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Full text of "Précis analytique des travaux de l' Académie. [With] Tables des matières, de ..."

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(-^"7^) 


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« 

* 


PRÉCIS  ANALYTIQUE 

DES  TRAVAUX 


DE 


JL'ACADÉMIE  ROYALE 

DES  SCaBNCES,  BELLES-LETTRES  ET  MIS 
DE  ROUEN, 

PEifDAiiT  l'akhée  i8a8. 


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L'Académie  déclare  que  les  propositions  et 
les  opiaions  consignées  dans  les  Ouvrages  pré- 
sentés ou  lus  à  ses  Séances  ,  appartiennent  à 
leurs  Auteurs ,  qui  en  sont  seuls  responsables. 


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PRECIS  ANALYTIQUE 

DES  TRAVAUX 

DE 

L'ACADÉMIE  ROYALE 

DES  SCIENCES  ,  BELLES-LETTRES  ET  ARTS 

DE  ROUEN , 

PEHDANT  l'année  ]8a8  , 

fi^inb  LB  OOMPTS  QUI  ER  A  ini  BSNDU  PAR  lOL  USB  SBCRiTAIBIS  , 
A  Là,  3ÀAHCB  PUHJ^UX  DU  9  AOUT  OB  LA  iribu  AStdOL    - 

DISCOURS 

vnonoHCÉ  A  l'ouvertube  de  la  séance  publique  , 

Pae  h.  TaioD.  LIGQUET»  Pbbsidbbt. 


M 


ES81EURS  ; 


£h  interprëtant  un  moraliste  de  Tantiquitë ,  Fun  de 
nos  vieux  écrivains  français  a  dit ,  dans  le  langage  naïf 
de  son  temps  :  La  source  et  la  racine  de  toute  bonté  et 
tome  pnti'hommU ,  est  offoir  été  de  jeunesse  hkn  mstruii. 

I 


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(O 

Yëritt^  sans  ri^plique  ,  Messieurs  ;  le  savoir  est  un  bien  , 
le  plus  précieux  qu  il  soit  donné  à  Thomme  d'acquérir  ; 
le  bien  unique  peut-être  qu'il  lui  soit  aussi  donné 
de  conserver.  Un  flot  peut  engloutir  nos  richesses , 
Tenvie  ternir  notre  gloire ,  la  calomnie  en  abréger  la 
durée  ;  tout  décline ,  s'eiïace  ou  s^altère  chez  nous 
pendant  la  vie  :  le  savoir  seul  nous  est  fidèle  et  ne 
meurt  qu'avec   nous. 

Il  s^est  pourtant  trouvé  des  hommes ,  et  parmi  eux 
Técrivain  le  plus  éloquent  du  dernier  siècle ,  qui  au- 
raient voulu  anéantir  jusqu^au  nom  des  Lettres.  11  sem- 
blait f  à  les  entendre  ,  que  la  littérature  fût  un  arbre  à 
couper  dans  la  racine  parce  que  certains  rameaux 
pouvaient  porter  des  fruits  amers.  11  agissait  sous  Tin- 
fluence  d'un  raisonnement  pareil ,  ce  roi  de  Thrace 
qui ,  pour  guérir  quelques-uns  de  ses  sujets  du  défaut 
de  l'ivresse ,  imagina  de  faire  détruire  toutes  les  vignes 
de  son  royaume.  Nous  n'adoptons  point  ces  doctrines  : 
établis  sur  le  beau  domaine  des  Sciences ,  des  Lettres 
et  des  Arts ,  nous  ne  laisserons  point  en  jachère  les 
champs  féconds  dont  nous  avons  entrepris  la  culture  ; 
nous  leur  demanderons  ,  au  contraire ,  une  fertilité 
toujours  nouvelle ,  alors  même  que  parmi  les  trésors 
de  la  récolte  devraient  se  découvrir ,  çè  et  là ,  quelques 
traces  de  v^étation  malfaisante. 

Il  ne  faut  pas  non  plus  s'y  tromper  :  les  Lettres 
sortiront  toujours  victorieuses  de  la  lutte  qu'on  voudrait 
engager  avec  elles.  Nulle  puissance  humaine  ne  par- 
viendrait à  comprimer  l'exercice  d'une  faculté  qui  n'a 
pas  son  origine  sur  la  terre.  S'attaquer  h  la  pensée  , 
à  la  littérature  son  organe  ,  ce  serait  une  seconde  fois 
vouloir  enchaîner  les  vagues  de  la  mer  ;  ce  serait 
imiter  ce  peuple  sauvage  qui  lançait  des  flèches  vers 
le  ciel ,  pour  punir  la  Divinité  d'avoir  fait  briller  Téclair 
dans  la  nue. 


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(3) 
Je  ne  reproduirai  point  ici  de»  arguments^  devenu} 
Ueax  communs.  Tout  le  monde  a  dit ,  tout  le  mondé 
^l^  tout  le  monde  a  senti  que  IVtude  des  Lettres  est 
^me  source  inépuisable  de  bonheur  ou  de  consolation 
pour  celui  qui  peut  s^  livrer.  £n  vain  de  brillants 
sophismes  ont  été  accumulés  àTappui  d'une  prétention 
contraire  v  ennemie  généreuse  ^  la  Littérature  a  relevé  les 
traits  dirigés  contre  elle  ,  et  en  a  formé  un  trophée  à 
la  gloire  de  son  adversaire  étonné. 

Ce  n*est  pas  ,  d'ailleurs ,  uniquement  à  Thomme 
considéré  dans  sa  vie  privée  que  Tétude  prodigue 
ses  bien£aûts  ^  elle  embrasse  dans  le  cercle  de  son  in-» 
fluence  la  nation  tout  entière  chez  qui  elle  est  particu- 
lièrement honorée.  Où.  fleurissent  les  Lettres ,  là  aussi 
fleurit  la  civilisation.  Avec  les  Lettres  ,  Messieurs  ^  il  y 
aura  dans  un  royaume  des  idées  religieuses  et  des 
mœurs  ;  il  y  aura  un  prince  pour  gouverner  avec  sa- 
gesse ,  des  magistrats  pour  rendre  également  la  justice  ^ 
<ks  administrateurs  pour  veiller  aux  intérêts  de  tous  ;  il 
y  aura  des  citoyens  qui  revendiqueront  des  droits  peut- 
être  ,  mais  qui  reconnaîtront ,  qui  accepteront  toujours 
des  devoirs.  Sans  les  Lettres ,  il  n'y  a  plus  dans  TÉtat  que 
deux  espèces  d'honmies,  des.  esclaves  et  des  maîtres! 
Sans  les  Lettres ,  vous  cherchez  en  vaiala  religion ,  la 
morale  et  les  lois.  Tout  disparaît,  tout  s^abtme  dans  le 
chaos  immense  qui  se  forme  partout  oii  elles  ne  sont 
pas.  Cest  alors  que  le  commandement  appartient  tou^ 
jours  au  plus  fort  on-  au  plus  perfide  v  que  des  enfants 
sans  podeur  détrônent  un  père  sans  autorité  v  que  les 
fr^  se  livrent  de  sacrilèges  combats  ;  que  des  chefs 
cmeis  pèsent  de  tout  le  poids  du  despotisme  sur  des 
pc^Mlations  abruties  ;  que  le  vice  étend  ses  ravages  ;  que 
Fassassinat  n^est  plus  en  quelque  sorte  qu'un  acte 
ordinaire  de  la  vie.  Vient  ensuite  la  superstition  qui 
»eagle  les  écrits ,  décade  le  caractère  ^  légitime  tout 


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(4) 

fes  crimes ,  sanctifie  tous  les  ridicules.  Voilà  ce  que  nous 
montre  trop  fréquemment  le  moyen  âge  ,  Messieurs ,  et 
cette  longue  période  est  appelée  barbare  ,  par  cela  sur- 
tout qu'elle  fut  ignorante. 

Continuons  d'interroger  l'histoire.  Ouvrons  encore  ce 
vaste  dépôt  des  vertus  et  des  faiblesses  de  l'humanité , 
de  ses  erreurs  et  de  ses  talents  ^  nous  y  verrons  constam- 
ment Tinfluence  de  la  Littérature  sur  les  hommes  ,  dans 
les  situations  les  plus  différentes.  Lycurgue  va  chercher 
des  leçons  de  politique  dans  Homère  ;  Pisistrate  croit 
honorer  Minerve  en  faisant  chanter  les  vers  du  poète 
h  la  fête  des  panathénées.  Que  Thèbes  soit  emportée 
d'assaut  par  l'armée  victorieuse  d'Alexandre ,  une  seule 
maison  va  échapper  h  l'arrêt  de  destruction  générale  , 
et  ce  sera  la  maison  de  Pindare.  Aux  yeux  d'Alexandre 
lui'-méme  ,  le  plus  grand  bonheur  d'Achille  était  d'avoir 
été  chanté  par  Homère.  La  flamme  dévore  Carthage  ; 
Scipion  pleure  sur  sa  victime  ,  et  c'est  le  chantre  d'Ilion 
qui  hiî  fournit  l'expression  de  sa  douleur.  Brutus 
vaincu  a  la  journée  de  Phi  lippes ,  donne  encore  \m  sou- 
venir h  la  patrie ,  et  meurt  en  récitant  des  vers  d'Euri- 
pide. Quel  est  donc  ce  génie  des  Lettres  qui  préside  h 
la  législation  des  États ,  qui  redit  au  ciel  les  hommages 
de  la  terre  »  qui  s'interpose  ,  quand  il  le  veut ,  entre  la 
défaite  et  la  victoire  ,  que  la  pitié  d'un  grand  homme 
appelle  aux  derniers  moments  de  Outhage ,  que  1^ 
patriotisme  invite  au  dernier  soupir  de  Brutus? 

La  Littérature ,  Messieurs ,  fut  le  talisman  de  Péri- 
clés  dans  Athènes  ,  l'arme  de  Démosthènes  contre 
Philippe  ,  l'instrument  de  Cicéron  contre  CatiHna. 
Puissante  sous  Auguste ,  qui  suspendait  les  airéts  de 
mort  à  la  voix  de  Mécène ,  protégée  par  Trajan ,  Titus 
et  Marc-Aurèle  ,  dont  la  postérité  ne  cesse  de  redire 
les  bienfaits  ,  elle  se  glorifie  aussi  des  persécutions  d'mi 
Tibère  ,  des  mépris  d'un  Domitien  ;  et  si ,  plus  tard  , 


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(5) 
cnluUe ,  Th(k>doric  encouragea  le  commeroe  et  Its  arts , 
c'est  qu'^elle  dirigeait ,  sous  le  nom  du  savant  Cassio- 
dore  ,  la  conduite  de  ce  fNrince  qui  ne  sut  jamais 
signer  son  nom.  Dans  notre  befle  patrie ,  les  Lettres 
ont  consacre  le  règne  de  François  i*'  :  c^est  parce  qu'il 
les  aima  beaucoup  que  nous  lui  pa)^k>nnons  d*avotr 
an  peu  trop  aimé  la  guerre  \  et  la  protection  quVHes 
trowèrent  jadis  près  de  lui ,  il  la  retrouTe  maintenant 
aiprès  d^elles. 

Henri  IV ,  cbeE  qui  le  peuple  ne  Toit  guère  qu^un 
triple  XaietA  où  la  Littérature  est  peu  intéressée  > 
Henri  IV  disait  qu'il  eût  donné  une  province  de  son 
Boyaume  pow  la  décowerte  d'une  décade  de  Tite^ 
live.  Quant  à  Louis  XIV  y  prononcer  ce  grand  nom 
c*tsi  nous  placer  an  milieu  de  toutes  nos  gloires  Jîtté- 
laires  ;  c'est  proclamer  un  siècle  qui  n'eut  jamais 
d'égal ,  qui  n'en  anra  jamais  peut-ôtre  ,  pour  l'éternel 
bouKur  de  la  France! 

Le  domaine  des  I^ettres ,  Messieurs ,  n'a  de  homes 
qne  cellfs  de  l'esprit  humain.  Elles  interviennent  «v^c 
accès  dans  le  gouvernement  des  Etats ,  ^soitent  leb 
causes   de  leur  grandeur  ou  de  leur  décadence ,  ^  « 
pour  le  bien  de  Thumanité  tout  entière  ,  elles  prennent 
place  qiieiqnefiMS  è  cAté  des  itris  sur  le  trône.   Com- 
pagnes de  la  philosophie ,  elles   étalent  avec  magnifi- 
cence devant  les  hommes  les  trésors  immenses  de  la 
sagesse  ;  protearices  de  U  civilisation  ,  elles  tu>us  en- 
toàlnent  vers   tous  les  sentiment  généreux  ,  et  nous 
conifanscnt  au  bonheur  par  la  morale  et  par  lairerta  ; 
imerprètes  de  la  religion  même ,   elles  élèvent  k  Dicta 
Ms  plas  beaux  trophées  sur  la  terre. 

Que  la  Litti^atnre  s'empare  de  l'histoire  ^  elle  ^ra 
iianformer  e»  un  t^eau  majestueux  et  sublime  -oea 
ioQomblables  esquisses  grossièrement  tracées  par  ta 
mmn  des  chroniqueurs;  elle  ^a  recréer  la  matière ,  It^ 


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(6)     ^ 
imprimer  le  mouvement  et  la  vie\  réunir  «  coordomier 
cette  multitude  infinie  de  matériaux  dispersés ,  et  livrer 
enfin  à  l'admiration  du  monde  le  monument  élevé  par 
la  puissance  de  son  génie. 

Réduite  à  ses  propres  forces  ^  Thistoire  raconte ,  et 
.  ne  sait  que  raconter.  Soumise  à  Tinfluence  littéraire , 
elle  signalera  les  causes  et  fera  méditer  sur  les  consé- 
quences. Dans  le  premier  cas  ,  elle  dira  simplement  ce 
qui  s^est  fait  ;  dans  le  second ,  elle  enseignera  ce  qu^il 
aurait  fallu  faire  ;  ne  se  bornant,  plus  à  noter  un  évé- 
nement sous  une  date  ,  mais  soigneuse  de  joindre  ua 
précepte  au  récit.  Alors ,  forte  de  cette  arme  terrible 
et  pourtant  salutaire  qu^on  nonufie  éloquence ,  This- 
toire  est  certaine  d^accompiir  glorieusement  sa  mis- 
sion. Non  contente  de  jeter  une  vive  lumière  sur  les 
ténèbres  des  temps  passés ,  elle  exhumera  ces  grandes 
figures  historiques  qui  jadb  ont  apparu  sur  la.  terre  ; 
elle  les  citera  aux  pieds  de  son  tribunal  auguste,  discu- 
tera leurs  titres ,  vérifiera  leurs  droits ,  leur  assignera 
des  rangs,  soit  qu'elle  inscrive  leur  nom  dans  une  au* 
réole  de  gloire  immortelle ,  soit  qu'elle  firappe  leur 
mémoire  d'une  empreinte  indélébile  de  hsûne  et  de 
réprobation  générale. 

Le  monde  n'aurait  peut-être  point  à  déplorer  les  infa- 
mies d'un  Tibère  ,  les  fureurs  d'un  Caligu|a ,  les  atrocitéi 
d'un  Néron ,  si  tous  trois  avaient  pu  penser  qu'ils  8« 
trouveraient  quelque  jour  en  (ace  d'un  grand  (énie  lit- 
téraire, lis  eussent  tremblé  d'avance  à  la  seule  idée  que 
l'étude  et  les  lettres  pouvaient  enfanter  contre  eux  on 
Tacite. 

En  descendant  de  ces  considérations,  nous  voyons 
encore  la  Littérature  s'intéressant  au  bonheur  de  l'hu- 
manité ,  prodiguant  partout  les  chefs-d'oBuvres ,  étalant 
en  tous  lieux  ses  trésors ,  formant  les  grands  hommea 
dont  «^honorent  la  Grèce  et  l'ItaUe  »  dont  s^énoiigueil-» 


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(7) 
lîsseDl  la  France  et  les  autres  États  de  TEurope  ^clair^e , 
immant  tous  les  esprits  d'une  généreuse  admiration  pour 
cei  Illustres  modèles ,  et  du  noble  désir  de  les  imiter. 
Pour  ne  parler  que  des  anciens^  reconnaissons  que  Tétude 
ta  est  indispensable  h  quiconque  veut  prendre  rang  dans 
\e  monde  littéraire.   Les  langues  de    Tantiquité  sont 
mortes  ^  dit-on  ;  non  ,  Messieurs ,  elles  sont  pleines  de 
svt  et  de  jeunesse  ,  de  firatcheur  et  de  grâces.  LHgnorer 
serait  un  malheur  ;  le  savoir  et  le  méconnaître  serait  de 
l^ingratitude.  Que  de  chefs-d'œuvres  nous  applaudissons 
au  théâtre  ;  que  de  grands  mouvements  oratoires  nous 
étonnent  dans  nos  auteurs  sacrés  ;  que  de  pages  élo- 
quentes nous  séduisent  dans  nos  écrivains  philosophes , 
qui  ne  sont  que  de  brillants  reflets  de  cette  antiquité 
mal  connue!  Près  de  deux  siècles  écoulés  n^ont  rien 
diminué  de  notre  admiration  pour  ces  vers  où  Tempe-* 
reor  Auguste  reproche  à  Cinna  sa  trahison  ;  ch  bien  ! 
Messieurs ,  cet  imposant  langage ,  cette  énergie   d^ex- 
pression,   ce  prodigieux   effet  dramatique  ,   le   soyons 
tmâs  ,  Gnna  lui-même  ,  tout  cela  ,  c'est  Sénèque ,  mais 
reproduit ,  mais  interprété ,  mais  ennobli  par  le  génie 
du  grand  Corneille  ! 

Ce  beau  mouvement  oratoire ,  oùTun  des  plus  célèbres 
prédicateurs  du  dix-septième  siècle   fait  apparaître  la 
Divinité  elle-même  au  milieu  de  ceux  qui  Técoutent  ; 
cette  exclamation  fameuse  qui  jeta  tout-à-coup  Tefiroi 
dans  un  auditoire  consterné  ;  ch  bien  !  cette  page  su- 
Mime  serait  peut-être  encore  à  écrire  si  Massillon  n^avait 
coDnu  le  discours  de  Symmaque  demandant  à  Gratien 
le  T^ablissement  de  la  statue  de  la  Victoire  dans  ses 
temples.  Et  c'est  ici  le  moment  de  soumettre  aux  parti- 
sans de  la  nouvelle  école  cette  remarque  importante 
que  Je  christianisme  ,  cette  religion  véritable ,  qu'ils 
iofoquent  exclusivement  dans  leurs  chants,  ne  dédaigne 
poîm,  pour  mieux  assurer  SQa  triomphe  ^  tf  emprunter 


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(8) 
quelquefois  sa  parure  aux  ornements  de  Tantiquité  fabu- 
leuse. 

Enfin  Y  Messieurs ,  vous  connaissez  tous  Tëloquente 
prosopopée  de  Fabricius  ,  dont  Jean-Jacques  a  si  heu* 
reusement  doté  notre  langue.  Cette  éloquente  proso- 
popée  existe  depuis  dix-huit  siècles  environ  dans  la 
langue  de  Virgile  ,  et  c^est  Pline  Tancien  qui  Ta  fournie 
à  Rousseau. 

Il  me  serait  bien  facile  ,  Messieurs ,  de  multiplier  ici 
les  exemples.  La  littérature  moderne  s^honore ,  à  bon 
droit ,  de  mille  et  mille  conquêtes  sur  celle  des  anciens. 
Pour  ne  plus  invoquer  qu'un  seul  témoignage ,  je  dirai 
que  récrivain  placé  aujourd'hui  ,  selon  quelques-uns ,  à 
la  tête  de  la  littérature  française ,  et  derrière  lequel  se 
retranchent  le  plus  volontiers  les  partisans  de  la  nou- 
velle école  ;  que  cet  écrivain  est  celui  de  tous  les  mo- 
dernes qui  s^est  montré  courtisan  le  plus  assidu  des 
muses  grecques  et  latines.  Il  est  tel  de  ses  ouvrages  oik 
Ton  ne  s'attend  pas  peut-être  à  rencontrer ,  mais  oik 
Ton  rencontre  en  effet  Hésiode  et  Euripide,  Horace 
et  Lucrèce  ,  Ovide  et  Catulle  ,  César  et  Tacite  , 
et ,  h  chaque  pas  ,  pour  ainsi  dire  ,  Homère  et  Vir- 
gile. Les  Martyrs  ,  nous  dit-on  ,  sont  une  production 
romantique  !  Nous  y  consentons  volontiers  ;  mais  c'est 
assurément  aussi  l'hommage  le  plus  éclatant,  le  plus 
solennel  ,  qui  jamais  ait  été  rendu  h  l'antiquité* 
Etudions  les  langues  anciennes ,  Messieurs ,  surtout 
les  idiomes  d'Athènes  et  de  Rome.  Ces  deux  grands 
fleuves  coulent  encore  ;  il  y  a  toujours  de  l'or  dans  leurs 
ondes ,  il  ne  tient  qu'à  nous  d'y  puiser.  N'oublions  pas , 
et  c'est  un  de  leurs  plus  beaux  titres  à  notre  gratitude  , 
n'oublions  pas  que  de  ces  deux  idiomes  naquit  en  partie 
cette  langue  française ,  héritière  des  attraits  maternels  , 
riche  de  mille  autres  charmes  encore ,  digne  en  un  mot 
de  tout  l'amour  que  nous  portons  à  sa  beauté. 


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(9) 

Plus  que  î«mais ,  BfessieurSf  les  temps  sont  favorables 
nx  Sdencres  ^  aux  Lettres  et  aux  Arts.  Ils  reçoivent  du 
foi  de  Fr^Qce  de  salutaires  encouragements  et  de  nobles 
(Mreurs.  Cette  Académie ,  dont  Je  m'honore  en  ce  mo- 
ment d^être  ToTgsuie ,  est  heureuse  et  fière  de  pouvoir 
cnpoTliU'  personnellement  témoi^^iage.  Que  Charles  X^ 
ffà  vient  de   la  remettre  en  possession  légale  de  ses 
bona^irs  et  de  ses  droits,   partage  donc  à  l'avenir , 
avec  son  aSèul  notre  fondateur  i  le  tribut  de  reconnais- 
sauce  ^ue  nous  impose  aujourd'hui  sa  royale  protection, 
Phis  que  famais  aussi  les  esprits  paraissent  diqiosés 
irétode.Lebon  sens  de  la  génération  présente  a  reconnu 
que  le  dix-huitième  siècle ,  encore  bien  que  nous  lui 
devions  des  dhefs-d'onivres ,  avait  quelquefois  détourné 
les  Lettres  de  leur  destination  naturelle ,  du  ndble  but 
^'elles  doivent  atteindre.  Elle  ne  veut  point ,  la  gêné-* 
ration  {«ésente ,  de  cette  philosophie  étroite  et  pourtant, 
prétentiense  qui  ne  voyait  que  la  mi^re  et  ne  conduis 
sait  qn^au  néant ,  qui  érigeait  Tëgoïsme  en  doctrine  et 
repoussait  la  doctrine   du  devoir  ,  qui  dessécha&t  le 
cflBor  de  lliomme  et  dégradait  sa  nature.  Elle  renonce 
à  ces  productions  futiles  nées  de  Toisiveté  pour  le  dé^ 
laasement  des  oisifs  ;  elle  désavoue  surtout ,  elle  répudie 
la  licence  littà^aire  du  dernier  siècle.  Ce  qu'elle  veut 
qu'cm  lui  enseigne ,  c'est  le  bon ,  l'honnête  et  l'utile.  Il 
est,  pour  la  vertu  elle*méme ,  des  préceptes  dont  le 
iév^koppetn^i  appartient  h  la  littérature.  La  parole  est 
a  roreiOe  ce  que  la  lumière  est  aux  yeux  ;  et ,  par  un 
retour  qu^on  ne  saurait  assez  admirer ,  la  vertu  est  quel- 
queins  aussi  le  plus  puissant  auxiliaire  de  la  parole^ 
VoQs  Tons  souvenez  tous  que  le  sénat  de  Lacédémone  « 
trouvant  bonne  l'opinion  d'un  homme   de  mauvaises 
Bftors ,  s'en   empara ,  mais  en  la  faisant  proposer  au 
peuple  par  un  sage.  Quoi  qu'il  en  soit ,  aujourd'hui  « 
Hmtfurs  9    la    littérature   ne   prodiguerait  point  ses 


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(lo) 
charmes  2i  l^immoralitë  :  elle  a  fait  alliance  d<5finitive 
^vec  la  sagesse.  Elle  ne  veut  plus  que  de  chastes  embras- 
-sements.  Quelque  téméraire  pourrait  encore  Tinsulter 
^ans  doute  ;  mais  un  larcin  commis  n^est  point  une 
faveur  obtenue  ,  et  elle  en  rougirait  la  première ,  comme 
4ine  vierge  pure  dont  on  aurait  outragé  la  pudeur. 

Le  plus  bel  ornement  de  la  littérature  nouvelle  , 
Messieurs ,  sera  le  voile  même  dont  elle  a  paré  ses  at- 
traits. Du  reste  ,  nous  aimons  à  la  trouver  ce  qu'elle 
•fut  aux  époques  mémorables  de  sa  gloire.  Son  front 
«st  toujours  le  si^e  de  la  jeunesse  éternelle.  Comme  le 
»Dieu  dont  elle  est  la  fille  ,  elle  a  des  accents  prophé- 
tiques et  rend  en  tous  lieux  ses  oracles.  Elle  porte  un 
flambeau  qui  éclaire  ^  et  projette  au  loin  des  rayons 
iqui  fécondent ,  une  lyre  pour  charmer  les  sens  et  ravir 
les  esprits ,  un  arc  et  des  flèches ,  quVlle  consacre  à  la 
défiense  de  tout  ce  qu'il  y  a  de  bon ,  de  noUe  et  de 
fénéreux  parmi  les  hommes. 


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CLASSE 


DES   SCIENCES  ET  ARTS. 


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(  13) 


CLASSE 


DES   SCIENCES  ET  AET& 


RAPPORT 

Fàrr  par  M.  Cazâlis  ,  Secrétaire  perpétuel  de  la  Classe 
des  Sdenees. 


Hessieubs^ 

Eo  me  voyant  assis  2i  ce  bureau^y  chacun  de  vou» 
B^éUmae  ,  sans  doute  ,  de  ne  plus  y  voir  un  homme 
aussi  conna'  de  vous  connue  savant  distingué  que 
comme  habile  écrivain.  Lorsque  je  vais  prendre  la  parole 
pour  vous  rendre  compte  des  travaux  de 'F  Académie 
rojale ,  vous  vous  deihandez  tous  ce  qui  vous  prive" 
d'entendre  une  voix  que ,  depuis  ptasienrs  années ,  vou»^ 
Aies  accoutoinés  h  écouter  avec  un  si  vif  intérêt*  Yous 
Kgretteres  donc ,  Messieurs ,  comme  nous  tous\  que 
ia  santé  de  M.  Marquis  ne  lui  ait  pas  permis  de  coliti-- 
Oier  des  fonctions  qu'il  a  toujours*  remplies  avec  tant 
de  talent.  Désigné  par  le  choix  de  rAcadâniê  |)our 
k  TOBplacser  ^  je  sena.  tout  le  poids  dé  -la  tftche  qui  m'est 
C(mfi€e;  benreiisr  si  les  travaux  de  mes  confrères  ne 
perdent  pas  trop  en  passant'  par  ma  bouche  ,  et  si 
cette  anâljse  ,  nécessairement  ttès^uccincte,  peut  vous 
vne  îuste  idée  de  leur  mérite  ! 


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(  4) 

Mathématiques  et  Phtsique. 

ex  M.  Vr»figny  a  lu  une  Notice  sur  la  dilatation  de  la 
/pfrrt'f»  Frrt[)|)i*  de  rincortitude  que  présentent  les  me- 
ikurvà  doniit^'A  jusqu^ici  relativement  b  la  dilatation  de 
la  pirrrr ,  vi  Ao  ruHUté  dont  la  détermination  de  cet 
i^lt^iMMil  ftoralt  pour  les  architectes  ,  notre  confrère  a 
Inuif^iiif^  f  pour  arriver  à  cette  détermination ,  un  ap- 
pnroll  iiigt^nirux  ti^s-scnsible  :  on  peut ,  par  son  moyen , 
tiliiK'rvor  h  VmW  nu  des  variations  de  longueur  de  ^  de 
inllllmi^hv».  Auwi  peut-on  croire  que  les  résultats  que 
IVl«  hofiUguy  a  obtenus  sont  d'une  grande  exactitude, 
t^\  qu*iU  pou\ml  *Hrt*  omplo>ifs  avec  confiance. 

O^^pi^"^»  It**  o\|M*rionct>s  déjJi  failes,  la  dilatation  de  U 
plon^  de  \  oriHui  $erail  environ  le  tiers  de  celle  du  fer  » 
t^l  U  iiiUlAtiou  ilo  la  pierre  de  S.-Leu  en  serait  presque 
U  moiUt*  i^  îtî  ^  M»  IW*tii;uy  se  propose  de  Goatmoer 
m^  r«'^')^«^«'t'h<s&  Mr  d'aulnes  «espèces  de  piemes. 

«  M.  TabW  (hi.<<*^  iKms  a  ocimmanigiié  «a  travail 
iVmKl^  ^U^^  WH)Uirl  il  $^^nK^t  ^  aae  cxitH^e  rtraaie  et 
^^^v^\  ^<^H^<H>ie  Kh«$  W^s  et.irt:^^  aî:rib>jê&  cmfc«»rinertt  ^ 
t\^uW^'<i%\V\W'  U  Im««<^  U  (vartJuy  ors  «âHj>«tt«k«&  ciaste^z 

|s^^v  aH%^  ^U'>^  ii^n;-Ny^«»c:^  ;  ^«a»  ia  «rcMiAe  se  m^^eaa 

iiWW^  >:<«  W  i^VvK^sftftogw^  À  var»t*  ^»  se 

f^M^vv  vv  ^  im^^   V<  ^aall^  ^àeti^  Jf«i|^  <Ârij 
^  >»«4^^>.  ^*vii^^  4iiA^  ^^pae  ^^^^urn^v  x.auau:  ; 
#«*\  )vu<jBia^>  4  tet«a  4iLi^  ^£  iiesait  À  su 


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(i5) 

({ai  nous  porte  sans  cesse  i  trouver  une  cause  h  un  effet 
observé,  ce  préjugé  perd  de  jour  en  jour  de  son  autorité. 
A  mesure  que  la  vérité  fait  des  progrès ,  le  domaine 
de  la  lune  se  rétrécît. 

s  Nous  devons  encore  h  M.  Tabbé  Gossier  une  Notice 
ar  lia  méridien  à  style  mobile ,  d^une  nouvelle  invention. 

=  Organe  d^une  commission ,  M.  Léoy  nous  a  rendu 
compte  d^un  Mémoire  sur  le  phénomène  de  la  yision ,  que 
H.  Vingbinier  avait  adressé  à  TAcadémie. 

L^anteur  de  ce  Mémoire  a  eu  pour  objet  de  prouver , 
par  des  faits,  qne  Ton  doit  regarder  comme  impossibles 
rallongement  et  le  raccourcissement  de  Tceil  ,  à  l'aide 
desqueb  on  a  quelquefois  voulu  expliquer  la  faculté 
âoanante  dont  jouit  YaàX  humain  d'apercevoir  les 
objets  distinctement  à  des  distances  très-diverses.  Ce 
Mémoire ,  disent  les  conclusions  du  rapport ,  annonce 
^  son  auteur  un  homme  instruit ,  laborieux  et  bon 
obsen^ur. 

=  M.  Pugh  a  adressé  à  l'Académie  un  Mémoire  ma- 
nant ,  dans  lequel  il  s'est  proposé  de  déterminer  d'où 
provient  la  grande  quantité  de  chaleur  qui  se  développe 
lorsque  Ton  verse  de  Teau  sur  la  chaux  vive.  M.  Cazalis 
tt>Qs  a  Eût  connaître  ce  travail  par  un  rapport  verbal. 

=  M.  Meaume  a  lu  un  rapport  fort  avantageux  sur 
>D  Recueil  de  machines  de  M.  Antide  Janvier ,  bor- 
ner du  Roi ,  et  correspondant  de  l'Académie. 

^  Nous  avons  reçu  de  M.  Morin  le  second  numéro 
^  u  Correspondance  météorologique  ;  et  de  M.  Tarbé  des 
Sablons,  correspondant ,  un  Ouvrage  ayant  pour  titre  : 
ih—e/  des  poids ,  des  monnaies  et  du  calcul  décimal. 


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(  4) 

Mathématiques  et  Physique. 

=  M.  DesHgny  a  lu  une  Notice  sur  la  dilatation  de  la 
pierre.  Frappé  de  rincertitude  que  présentent  les  me- 
sures données  jusqu'ici  relativement  b  la  dilatation  de 
la  pierre ,  et  de  Tutilité  dont  la  détermination  de  cet 
élément  serait  pour  les  architectes  ,  notre  confrère  a 
imaginé ,  pour  arriver  à  cette  détermination ,  un  ap- 
pareil ingénieux  très-sensible  :  on  peut ,  par  son  moyen , 
observer  à  Tœil  nu  des  variations  de  longueur  de  -^  de 
millimètres.  Aussi  peut-on  croire  que  les  résultats  que 
M.  Destigny  a  obtenus  sont  d'une  grande  ex^^titudc; , 
et  qu'ils  peuvent  être  employés  avec  confiance. 

D'après  les  expériences  déjà  faites,  la  dilatation  de  la 
pierre  de  Vernon  serait  environ  le  tiers  de  celle  du  fer  ^ 
et  la  dilatation  de  la  pierre  de  S.-Leu  en  serait  presque 
la  moitié  (  jff  ).  M.  Destigny  se  propose  de  continuer 
ses  recherches  sur  d'autre^  espèces  de  pierres, 

=;  M.  l'abbé  Gossier  nous  a  communiqué  .iin  travail 
étendu,  dans  lequel  il  soumet b  une  criti^que  savante  et, 
consciencieuse  tous  les  effe^  attribués  pomm^nément  à; 
l'influence  de  la  lune.  Il  partage  ces  effets endeux  classes^ 
la  première  comprend  les  effets  réguliers,  constants  et, 
pour  ainsi  dire  uniformes  ;  daqs  la  seconde  se  rangent 
les  effets  irr^;uliers  de   leur  nature.  L'influence  de  1a. 
lune  sur  les  phénomènes  A  variés  qui  se  passent  au. 
sein  de  notre  atmosphère  ont  principaleqoKent  occupé 
M.   l'abbé  Gossier,  et  son  travail  est  bien  fait  pour 
renverser  cette  opinion  encore  si  géoér^lenienirépan** 
due  que  les  changements  de  temps  sont  i^Ms  par  les^ 
phases  de  la  lune.  Né  dan^  des  temps  d'jigaoranca  et., 
4e  superstition ,  alors  que  la  science  n'avait  pas  appris^. 
aux  hommes  à  bien  diriger  ce  besoin  de  notre  esprit  « 


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(  i5  ) 

qoî  nous  porte  sans  cesse  h  trouver  une  cause  II  un  effet 
observé ,  ce  préjugé  perd  de  jour  en  jour  de  son  autorité. 

\ mesure  que   la  vérité  fait  des  progrès,  le  domaine 

de  la  lune  se  rétrécit . 

=  Nous  devons  encore  h  M.  Tabbé  Gossier  une  N(^e 
m  un  méridien  à  style  mobile ,  d'une  nouvelle  invention. 

=  Organe  d^une  commission,  M.  JL^oynousa  rendu 
cmnpte  d^un  Mémoire  sur  le  phénomène  de  la  vision ,  que 
M.  Vingtrinier  avait  adressé  à  TAcadémie. 

L'auteur  de  ce  Mémoire  a  eu  pour  objet  de  prouver , 
par  desfaiU,  que  l'on  doit  regarder  comme  impossibles 
rallongement  et  le  raccourcissement  de  Tceil  ,  à  l'aide 
desquels  cm  a  quelquefois  voulu  expliquer  la  faculté 
étonnante  dont  jouit  Toril  humain  d'apercevoir  les 
objets  distinctement  à  des  distances  très^verses.  Ce 
Mémoire ,  disent  les  conclusions  du  rapport ,  annonce 
dans  son  auteur  un  homme  instruit ,  laborieux  et  bon 
observateur. 

=  M.  Pugh  a  adressé  à  l'Académie  un  Mémoire  ma- 
nuscrit ,  dans  lequel  il  s'est  proposé  de  déterminer  d'où 
provient  la  grande  quantité  de  chaleur  qui  se  développe 
lorsque  Ton  verse  de  l'eau  sur  la  chaux  vive.  M.  Cazalis 
nous  a  fait  connaître  ce  travail  par  un  rapport  verbal. 

=:  M.  Meaume  a  lu  un  rapport  fort  avantageux  sur 
en  Recueil  de  machines  de  M.  Antîde  Janvier ,  hor- 
Vijer  du  Roi ,  et  correspondant  de  l'Académie. 

s  Nous  avons  reçu  de  M.  Morin  le  second  numéro 
de  sa  Correspondance  météorologique  ;  et  de  M.  Tarbé  des 
Sabkms ,  correspondant ,  un  Ouvrage  ayant  pour  titre  : 
Mamcl  des  poids ,  des  monnaies  et  du  calcul  décimal 


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(  «6> 
CaiâiiE. 

s  M.  Monn  et  M.  le  docteur  Prévost  ^  oot^  Tun  et 
et  i^autre  ,  communiqué  à  1^ Académie  une  Note  sur  la 
question  de  savoir  si  Ton  doit  donner  i  la  combi- 
naison de  Tammoniaque  et  de  Pbuile  d'olive  le  nom 
de  savon  ou  celui  de  savonule. 

ss  M.  Frospor  Pimont  a  soumis  ii  Texamen  de  TAca- 
dëmie  une  pièce  de  foulards ,  façon  des  Indes  ,  fabri- 
quée dans  ses  ateliers*  Une  commission  a  étë  nommée 
pour  £ûre  cet  examen.  Organe  de  cette  commission , 
M.  Duhuc  nous  a  rendu  compte  des  épreuves  auxquelles 
ont  été  soumis  les  foulards  de  M.  Pimont ,  pour  s'assurer  » 
•oit  de  la  bonté  du  tissu  y  soit  de  la  solidité  des  couleurs. 
Il  résulte  de  ces  épreuves  que  ces  couleurs  résistent , 
i«  à  Faction  prolongée  de  Peau  firoide  ;  a^  à  Taction 
prolongée  du  vinaigre  aqueux  ;  3*  à  Taction  de  l'eau  de 
savon  ;  et  ce  qui  est  une  des  preuves  les  plus  concluantes 
en  faveur  de  la  solidité  des  couleurs,  elles  ont  résisté  à 
une  exposition  au  grand  air  prolongée  pendant  plus 
de  quarante  jours. 

Les  autres  résultats  annoncés  dans  le  rapport  de 
M.  Dubuc  ne  sont  pas  moins  en  faveur  des  foulards 
de  M.  Pimont.  Enfin  les  documents  obtenus  sur  l'user 
et  le  prix  marchand  de  ces  foulards  ont  aussi  été 
très-satisfaisants. 

=:  M.  Dubuc  a  communiqué  à  l'Académie  un  travail 
intéressant  sur  les  Moyens  d*éprower  ks  vinaigres  et  ht 
eaDuxnâe-vie  du  commerce. 

Ayant  eu  plusieurs  fois  occasion  de  constater  les 
falsifications  que  la  fraude  fait  éprouver  ^  dans  un  inté- 
rêt mercantile  ,  aux  fluides  végétaux  les  plus  ordinaire- 
ment employés  aux  usages  de  la  vie ,  M.  Dubuc  a  cm 


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(«7) 
rendre  un  service  au  commerce  et  aux  arts  industriels 
tu  offrant  des    procédés  simples  ,  à  la  portée  de  tout  le 
moade ,  et  cependant  trcs-sûrs  pour  reconnaître  la  pu- 
reté et  Tinnocuîté  de  ces  fluides. 

=  Le  même  membre  nous  a  fait  connaître  par  un 
Tipport  détaillé  un  Mémoire  fort  important  de  M.  Grer- 
main,  correspondant,  sur  la  couleur  rouge  que  prennent 
les  tests  d'écre visses  par  la  cuisson. 

Par  une  nombreuse  série  d^expériences  y  M.  Grermain 
établit  que  M.  Lassaigne  s'est  trompé  en  disant  que  la 
coulear  rouge  que  prennent  les  écrevisses  par  la  cuissoQ 
dans  Teau ,  était  due  à  un  principe  colorant  que  recèle 
one  membrane  adhérente  intâieurement  au  test  des 
cmstacées.  Cette  couleur  existe  toute  formée  dans  le  test 
hn-méme.  Suivant  Tauteur  du  Mémoire,  le  test  serait 
bnné  de  trois  couches  bien  distinctes  :  la  première  , 
oa  extérieure  ,  est  très-mince  et  composée  d'une  subs- 
tance calcaire ,  sur  laquelle  est  appliquée  ,  ou  à  laquelle 
est  intimement  liée  une  couleur  vert-olive  ,  plus  ou 
mcmu  foncée  ;  la  seconde ,  ou  intermédiaire ,  très-mine^ 
aussi ,  adhérent  très-4brtement  à  la  première  ,  est  formée 
de  b  partie  organique  du  test ,  et  recèle  en  totalité  la 
coolenr  ronge  ,  dont  la  cuisson ,  ou  Faction  de  diff^ 
renis  agents  peut  .développer  la  manifestation  ;  et  enfin 
la  troisième ,  ou  intérieure ,  beaucoup  plus  épaisse  à 
elle  seule  que  les  deux  autres  ensemble ,  n'est  composée 
^ae  de  carbonate  de  chaux  incolore. 

M.  Germain  ne  dit  rien  sur  la  nature  de  la  couleur 
rongç  des  écrevisses  ;  il  s'en  rapporte  à  cet  égard  au 
travail  de  M.  Lassaigne. 

Les  recherches  de  notre  correspondant  ne  lui  ont  rien 
ippris  sur  la  nature  de   la  couleur  olive ,  et  sur  ce 
fiVUe  devient  lorsque  la  couleur  rouge  a  éternise  à  nu 
^l'action  des  agents  convenables. 

3 


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(  i8) 
Médecine. 

s  M.  des  AUeurs  nous  a  communique  des  Observa- 
lions  intéressantes  sur  le  rhumatisme ,  Tune  des  affections 
les  plus  doulotu'euses  qui  puissent  altérer  la  santé. 

Sans  entrer  dans  une  définition  du  rhumatisme  ,  qui 
serait  inutile  puisque  cette  affection  est  bien  connue  des 
médecins ,  M.  des  Alleurs  établit  qu'on  doit  la  consi-* 
dérer  comme  une  affection  distincte  et  sui  generis.  II 
cite  à  Tappui  de  ^son  opinion  plusieurs  observations 
qui  lui  sont  propres ,  et  dans  lesquelles  ce  mode  de 
traitement  a  été  couronné  du  plus  entier  succès.  Mais 
inexpérience  et  l'observation  ont  démontré  que  dans 
certaines  affections  ainsi  déterminées  ,  quelques  médi- 
caments avaient  une  vertu  ,  sinon  spécifique  ,  du  moins 
spéciale.  De  cette  espèce  sont  le  soufre  dans  les  mala- 
dies dartrenses  ,  le  quinquina  dans  les  fièvres  inter- 
mittentes ,  etc. ,  etc.  ;  et  Fauteur  croit  qu'on  peut  ajouter 
&  cette  liste ,  sans  crainte  de  se  tromper ,  Topium  dans 
les  affections  rhumatismales ,  chroniques  ou  aiguës. 

=  Une  Thèse  et  une  Observation  manuscrite  sur  un 
cas  rare  de  déviation  des  menstrues  y  adressés  à  TAca- 
déraie  par  M.  Bonfils  fils  aîné ,  docteur-médecin  à 
Nancy,  ont  été  Tobjet  de  rapports  favorables  de  la  part  de 
•M.  des  Alleurs,  L'Académie  a  ordonné  l'impression  dans  le 
Précis  de  ses  travaux  d'un  extrait  de  l'Observation  de 
M.  Bonfils  et  du  rapport  auquel  elle  a  donné  lieu. 

s=  Le  même  membre  nous  a  fait  connaître  par  deux 
autres  rapports  une  Thèse  latine  de  M.  Cottereau ,  et  trois 
brochures  de  M.  Virey. 

=  M,  Vîngtritder  a  adressé  à  l'Académie  deux  Obser- 
vations sur  l'efficacité  de  Témétique  à  hautes  doses  dans 


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(  »9  ) 
Vs  inflammations  pulmonaires.  Au  nom  d^une  com- 
mission nommée  pour  examiner  ce  travail ,  M.  des 
AUeun  vous  en  a  rendu  un  compte  avantageux.  Les 
Observations  de  M.  Vinglrinîer  ont  le  mérite  d^ajouter 
aux  lumières  dont  le  talent  pourra  profiter  ,  sur  la  mé- 
thode d'employer  le  tartre  stibié. 

=  Un  Mémoire  de  M.  Jnlia-Fontenelle  ,  Tun  de 
nos  correspondants  j  sur  les  combustions  humaines  spon- 
tanées ,  a  aussi  été  Tobjet  d'un  rapport  de  M.  des  ÀUeurs. 

La  première  question  que  s'est  proposée  l'auteur  da 
Mémoire  a  été  celle-ci  :  existe-t-îl  réellement  des  com- 
bustions humaines  spontanées  ?  La  réponse  affirmative 
a  cette  question  est  appuyée  sur  quinze  observations 
bien  constatées. 

Dans  la  seconde  partie  de  son  Mémoire ,  M.  Jnli» 
discute  les  théories  à  l'aide  desquelles  on  a  cherché  h 
expliquer  ta  combustion  en  elle-même  :  l'explication 
proposée  par  M.  Berzélius  hii  paraît  être  le  plus  en 
rapport  avec  l'état  actuel  de  la  scfence. 

Enfin ,  dans  une  troisième  partie  ,  l'auteur  discute 
les  opinions  émises  sur  les  causes  réelles  des  combustions 
humaines  spontanées  ,  fait  sentir  leur  peu  de  fonde- 
ment f  et  propose  une  explication  nouvelle  de  ce  singu- 
lier phénomène  :  selon  lui ,  les  combustions  humaines 
spontanées  devraient  être  considérées  comme  le  résultat 
d'une  d^énérescence  putride  y  qui ,  portée  à  un  certaii^ 
point  ,  permet  à  la  combustion  de  s'exercer  sponta- 
D^ent  par  les  causes  que  M.  Berzélius  a  assignées  k 
cet  acte  chimique. 

La  théorie  de  M.  Julia  paratt  h  M.  des  Alleurs 
phs  satisfaisante  que  celles  proposées  jusqu'ici  ;  mais  , 
sans  la  condamner ,  il  la  blâme  cependant ,  parce  qu'elle 
se  tient  pas  compte  de  l'action  vitale  qui  a  lieu  ici. 
Cest  cette  action  seule  qui ,  selon  lui ,  modifie  d'une 

a. 


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(ao) 

manière  si  notable  les  phénomènes  ordinaires  de  la 
combustion  des  corps  organiques  ,  ce  qui  doit  (aire 
sortir  ce  fait  du  domaine  des  lois  purement  chimiques. 

s  M.  Heliis  nous  a  rendu  compte  d^un  Mémoire  de 
M.  Ladvèze  ,  dans  lequel  est  traitée  cette  question  im- 
portante .:  £xiste-t-il  des  maladies  dans  lesquelles  les 
propriétés  vitales  soient  lésées  seulement ,  sans  altération 
des  tissus  organiques  ?  Ces  maladies  peuvent-elles  être 
reconnues  et  caractérisées  par  des  caractères  positifs ,  et 
démontrées  ultérieurement  par  l'ouverture  des  cadavres? 

M.  Ladvèze  soutient  dans  son  Mémoire  Topinion  de 
l-ancienne  école  ,  mais  il  paraît  à  votre  rapporteur  avoir 
trop  généralisé  son  système.  Cependant ,  dit  M,  Heliis  ^ 
on  ne  saïu-ait  trop  louer  la  méthode  ,  la  clarté ,  rérudi- 
lion  qui  régnent  dans  ce  Mémoire. 

=  Nous  avons  encore  entendu  de  M.  HeUU ,  parlant 
au  nom  d'une  commission  ,  un  rapport  sur  un  nouveau 
traitement  appliqué  aux  scrophules ,  par  M.  Chaponnier. 

=  M.  Godefroy  nous  a  fait  connattre  par  un  rapport 
un  Mémoire  de  M.  Franck  Chaussier^  dans  lequel  se 
trouve  établi  que  le  verre  pilé  porté  dans  Testomac 
n'est  pas  un  poison  ,  et  ne  peut  causer  aucun  accident. 
Les  faits  rapportés  par  l'auteur  sont  précieux  i  et  les 
conclusions  qu'ib  amènent  doivent  faire  autorité  dans  U 
Médecine  légale. 

=:  M.  Blanche  a  (ait  un  rapport  sur  une  Observation 
curieuse  adressée  à  l'Académie  par  M.  Bonfils ,  docteur- 
médecin  à  Nancy.  Cette  observation  porte  sur  une  ma- 
ladie grave  de  I  humérus  guérie  par  l'amputation  du 
bras  dans  son  articulation  avec  l'épaule ,  et  suivie  plus 
tard  d'une  maladie  de  poitrine  à  laquelle  succomba 
le  malade. 


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(ai  ) 

c  Admis  h  siëger  dans  le  sein  de  l^Acadëmie ,  M. 
VagfrînUr  a  fait  son  entrée  par  un  discours  de  ré- 
ception dans  lequel  il  traite  une  question  d^un  haut 
intérêt  social ,  et  sur  laquelle  se  sont  portées  depuis 
quelque  temps  les  méditations  des  légistes  et  des  phi- 
losophes :  il  s^agit  de  la  réforme  de  nos  lois  pénales. 
CeUe  réforme  ,  déjà  commencée  en  partie ,  tout  en  lais- 
saat  encore  beaucoup  à  désirer ,  montre  ,  par  les  heu- 
reux résultats  qui  ont  suivi  les  premiers  essais ,  toute 
futilité  que  Ton  doit  en  attendre. 

«  Aujourd'hui ,  dit  M,  Vingtrinier ,  punir  n'est  plus 
le  seul  but  que  Ton  se  propose.  Plus  prévoyante  et  plus 
humaine ,  la  loi  nouvelle  cherche  non-seulement  à  ob- 
tenir la  réparation  due  à  ta  société  par  la  punition 
du  coupable ,  elle  s'étudie  encore  h  lui  rendre  des 
membres  qui  puissent  utilement  la  servir ,  et ,  pour  y 
parvenir  f  elle  veut  que  l'on  s'occupe  d'instruire  les 
prisonniers  et  de  les  former  au  travail.  » 

C'est  principalement  dans  le  régime  des  prisons  que 
dleoreuses  améliorations  ont  été  introduites  ;  mais  des 
râbrmes  dans  nos  lois  pénales  doivent  accompagner  ces 
iméliorarions ,  si  l'on  veut  arriver  sûrement  au  but  que 
Ton  se  propose. 

M.  Vingtrinier,  parcourant  les  diverses  parties  de 
aotre  législation  criminelle  ,  fait  ressortir  quelques  vices 
dont  cette  législation  lui  paratt  encore  entachée.  La  Ion- 
S«ur  des  peines ,  leur  peu  de  gradation  ,  qui  souvent 
ks  met  en  désaccord  avec  la  gravité  des  fautes ,  la  nature 
de  os  mêmes  peines  dans  certains  cas ,  sont ,  selon  lui  ^ 
autant  de  circonstances  qm  appellent  impérieusement 
l'alteadon  des  l^sUtenrs ,  «t  qui  doivent  éprouver  da 
fnHBfên  et  importantes  améliorations.. 

Ce  travail ,  auquel  la  position  sociale  de  M.  Yingtri* 
Bicr  hd  permettait  de  donner  un  haut  degré  de  vérité ,  % 
^  fttfîja  avec  un  vif  intérêt  par  l'Académie, 


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{22    ) 

—  Dans  sa  réponse ,  M.  le  président  montre  la  philo-» 
Sophie  du  dix-huitième  siècle  s^occupant  de  législation 
criminelle  ,  et  les  philosophes  de  cette  époque  parais- 
sant ,  en  quelque  sorte  ,  s'être  concertés  pour  attaquer 
le  système  péndi  alors  établi.  «  La  raison  du  dix-huitième 
siècle  a  obtenu  en  grande  partie  ce  qu'elle  voulait  obte- 
nir. De  nos  jours ,  la  morale  et  l'humanité  font  aussi 
entendre  leur  langage  pour  demander  de  nouvelle? 
améliorations.  On  doit  appeler  de  tous  ses  vœux  une 
étude  vraiment  approfondie  de  questions  si  difficiles 
et  d'un  intérêt  social  si  élevé.  » 

^  M.  Dubuc  a  mis  sous  les  yeux  de  l'Académie  une 
concrétion  arthritique  extraite  sur  le  coude-pied  d'un 
homme  âgé  de  quatre^vingt  ans.  Cette  concrétion  a  été 
plus  de  vingt  ans  pour  atteindre  sa  grosseur ,  qui  est 
pissez  considérable  ;  elle  se  compose  de  couches  concen* 
triques  assez  irrégulières.  M.  Dubuc  se  propose  de  la 
soumettre  b  l'analyse  chimique. 

Histoire  naturelle» 

=:  M.  Du6uc  a  communiqué  à  TAcadémie  une  Note 
sur  deux  œufs  bardés ,  réunis  et  mis  en  communication 
par  un  ligament.  Ces  œufs  présentent  b  la  vue  des  cou- 
leurs différentes  ;  l'un  ,  tout-b-fait  blanc  à  l'intérieur 
comme  à  l'extérieur ,  paraît  renfermer  une  matière 
albumineuse  ;  l'autre  est  d'une  couleur  jaune-cuivré, 

=  Le  même  membre  nous  a  lu  une  Notice  sur  ie 
puceron  lanigère.  Plus  heureux  cette  fois  que  dans  les 
deux  circonstances  où  il  a  déjà  eu  à  nous  entretenir 
de  cet  insecte  ,  M,  Dubuc  se  félicite  d'avoir  à  annoncer 
sa  disparition  de  plusieurs  de  nos  contrées.  Cet  heu- 
reux événement  lui  paraît  être  attribué  à  leur  extrênoie 
multiplication.  Il  est ,  en  effet,  d'observation  que  là  oii  ua. 


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(^3) 
insecte  se  propage  dans  une  grande  proportion,  il  finit 
bientôt  par  disparaître. 

HDubuc  a  consigné  deux  autres  faits  dans  sa  Notice* 
La  présence  de  la  carminé  dans  le  puceron  lanigère  lui 
a  Eût  tenter  la  culture  de  cet  insecte  ;  mais  jusqu'ici  ses 
tentatives  ont  été  infructueuses. 

Le  puceron  lanigère  ,  en  périssant ,  laisse  aux  endroits 
où  il  meurt  une  couche  qui  paraît  propre  à  favoriser 
la  végétation  de  Tarbre  qu'elle  recouvre  ,  et  à  réparer 
ainsi  le  mal  produit  par  Tinsecte  vivant. 

=  M.  Le  Turquter  a  rendu  compte  du  Supplément  à 
la  Botanographie  Belgique ,  et  aux  Flores  du  nord  de  la 
France^  adressé  à  1  Académie  par  notre  correspondant 
M.  Demazières.  Cet  ouvrage  a  obtenu  de  justes  éloges 
de  M.  le  rsqpporteur  ;  en  le  publiant ,  M.  Demazières  a 
rendu  un  important  service  aux  botanographes  de  la 
France  septentrionale  et  de  la  Belgique, 

=  Nous  devons  h  M.  Aug,  Le  Prévost  un  rapport  sur 
une  brochure  de  M.  Benj.  Gaillon  ayant  pour  titre  ; 
Résumé  méthodique  des  class'ificaûons  des  thalassio^phytes» 

Ce  mot  thiUassio^phytes  paraît  à  M.  le  rapporteur 
ne  présenter  qu'un  démembrement  assez  artificiel  de 
la  grande  famille  des  algues  ;  il  est  d'ailleurs  loin  de 
faire  à  M.  Gaillon  un  reproche  de  l'avoir  adopté , 
lorsque ,  appelé  fort  tard  à  la  composition  du  diction- 
naire dliistoire  naturelle  de  Levrault ,  il  lui  offrait  une 
occasion  de  déposer  dans  cet  ouvrage  le  résultat  de  ses 
ioo|iie5  recherches  sur  la  classification  des  algues  ma- 
nnes. On  doit  d'ailleurs  espérer  le  voir  bientdt  com- 
piéter  son  travail  par  un  mémoire  du  même  genre  sur 
les  ilgatê  d  eau  douce. 

le  travail  de  M.  Gaillon  porte  la  double  empreinte 
ii  connaissances  profondes  et  d'un  excellent  esprit. 
Hionoear  qu'il  ^  Ââ^  ^  $on  Wtçur  rej^ôUit  néceMaîre* 


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ment  sur  le  pajs  qui  lui  a  donné  le  jour ,  et  sur  les 
Compagnies  savantes  qui  ont  encouragé  ses  travaux. 

=  M.  VinginnUr  a  mis  sous  les  yeux  de  TAcadëmie 
un  petit  poulet  monstrueux.  11  a  quatre  pattes  ,  quatre 
ailes  et  deux  anus  ;  il  présente  une  circonstance  tout-b-> 
fait  extraordinaire  ;  le  cœur ,  qui  est  simple ,  est  situé 
dans  Tabdomen. 

s  M.  Aug.  Le  PreQost  a  fait  hommage  ^  TAcadémie 
de  plusieurs  exemplaires  d'un  Mémoire  sur  les  lichens 
caUdéideSm 

AOAiCULlUBB  ET  AeTS  INDCSTEIELS. 

s  Deux  ouvrages  adressés  \  TAcadémie  par  M.  Bur* 
ridge ,  et  ayant  pour  titre  ,  Fun ,  Perfectionnement  dans 
Varchiiecture  ,  ou  la  nécessUé ,  utUké  ei  économie  d'un  bon 
système  de  ventilation  dans  les  édifices  ;  Tautre  ,  la  Qé  du 
tanneur^  servant  ii  établir  un  nouveau  système  pour  le 
tannage  du  cuir,  etc.  Ces  deux  ouvrages ,  dictés  par  un 
désir  ardent  d'être  utile  ^  son  pays ,  que  n'edraient  ni 
soins  ,  ni  démarches  ,  ni  dépenses  ,  ont  mérité  à  leur 
auteur ,  de  la  part  de  M.  Tabbé  Gossier ,  à  Texamen 
duquel  ces  ouvrages  avaient  été  renvoyés  ,  un  juste  tri- 
but d'hommage  et  d'estime. 

s=  M.  Tabbé  Gossier  nous  a  aussi  communiqué  des 
réflexions  curieuses  sur  pluneurs  opinions  assez  généra- 
lement accrédUfeées ,  mak  qui  ne  lui  paraissent  mille- 
ment  avoir  acquis  le  degré  de  certitude  qui  pourrait  les 
faire  entrer  dans  le  domaine  de  la  science ,  et  qui  de- 
mandent encore  des  expériences  &ites  avec  soin  et 
méthode.  Ainsi  les  bois  de  charpente  sont  sujets  à  des 
maladies  qui  les  détrubent  plus  ou  moins  promptement, 
et  plusieurs  personnes  font  dépendre  le  développement 


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(a5) 

des  causes  de   destruction  de  ces  bob  de  la  saison  à 
laquelle  ils  ont  été  coupes ,  d'autres  croyent  à  une  in7 
floence  de  la   phase  lunaire  qui  a  présidé  à  la  coupe. 
Par   son  travail ,  notre  confrère  a  simplement  voulu 
appeler  Tattention  siur  ces  questions  douteuses ,  et  en- 
gager les   personnes  quelles  peuvent  particulièrement 
mtéresser  aux  recherches  et  aux  expériences  qui  doivent 
les  éclairer. 

=  Le  même  membre ,  toujours  empressé  de  recueil- 
lir tout  ce  qui  peut  être  utile  h  Tindustrie  ^  ayant  vu 
annoncée  ,  dans  un  numéro  du  journal  d'Agriculture  du 
rojanme  des  Pays-Bas ,  une  découverte  d'une  impor- 
tance majeure ,  a  cru  devoir  appeler  sur  elle  l'attention 
de  l'Académie.  Il  s'agit  d'un  moyen  propre  à  conserver 
les  bois  contre  la  vermoulure  et  les  attaques  des  pho^ 
lades ,  et  à  rendre  les  bois  de  sapin  ,  de  pin  ,  de  bou- 
leau ,  etc.  f  aussi  solides  que  le  bois  de  chêne ,  et  même 
supérieurs  pour  les  constructions  navales  et  civiles.  Cette 
découverte  paraît  avoir  subi  l'épreuve  de  l'expérience  , 
et  l'An^eterre  et  la  Russie  sont  annoncées  comme  ayant 
sooscrit  des  marchés  avec  son  auteur;  mais  elle  est 
conservée  secrl^te.  M.  l'abbé  Gossier  s'est  donc  proposé 
de  chercher  ,  dans  les  principes  généralement  connus, 
dans  les  £ûts  constatés  par  la  science ,  des  indications 
propres  à  diriger  dans  leurs  recherches  ceux  qui  vou- 
draient tenter  quelques  essais  sur  ce  sujet ,  et  il  l'a  fait 
a?ec  talent  et  méthode.   . 

s  H.  jffofl&i  nous  a  communiqué  des  renseignements 
fou  curieux  sur  la  proportion  qui  existe  à  Rouen  entre 
fe  prix  du  pain  et  celui  du  blé. 

=  M.  HkOrel  d'Arbood  a  fait  hommage  \  l'Académie 
it  son  Dictionnaire    de  médecine  et  de  chirurgie  vétéri- 


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(a6) 

=  L'Académie  a  reçu  des  principales  Soci^tfe  sa- 
vantes de  la  France  ,  telles  que  celles  de  l'Eure ,  d'Indre- 
et-Loire  ,  de  Tarn-et-Garonne ,  de  Strasbourg ,  du 
Puy ,  etc.  ;  des  Sociétés  d'émulation  et  d'agriculture  de 
Kouen .;  de  la  Société  centrale  d'agriculture  de  Paris ,  les 
recueils  de  leurs  travaux  :  elle  a  entendu  avec  un  vif 
intérêt  les  rapports  dans  lesquels  plusieurs  de  ses 
membres  lui  ont  fait  connaître  les  résultats  des  efforts 
de  ces  Sociétés  pour  le  progrès  des  sciences  et  le  per- 
fectionnement de  l'industrie. 

Ici  ce  termine  ,  Messieurs ,  le  compte  que  j'avais  à 
vçus  rendre  des  travaux  de  l'Académie  de  Rouen.  IL 
rempli  son  but  s'il  vous  a  prouvé  que ,  dans  son 
i ,  les  diverses  branches  de  connaissance»  humaines 
^ont  toujours  cultivées  avec  zèle  et  succès. 


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(*7) 
PROGRAMME  BES  PRIX 

qn  SBB09T  DÉCEBHiS  DANS  LA  SÉANCE  PUBUQUB  DE  1829, 

^Académie  rappelle  que ,  dans  sa  Séance  publique 
it  Tannée  dernière  ,  elle  a  proclamé^  qu^elIe  prorogeait 
jusqu'au  i5  mars  i8ag  le  concours  ouvert  pour  le 
prix  extraordinaire  qu^elle  décernera  à  Tauteur  qui  lui 
aura  présenté  un  travail  satisfaisant  sur  la  Statistitfue 
mmérahpque  du  départefneui  de  la  Seme^lnjérieure, 

«  On  devra ,  dit  le  Programme ,  faire  connattre  les 
»  difliérenies  couches  minérales  qui  constituent  le'  sol  du 

>  département ,  indiquer  Tordre  de  superposition  de  ces 

>  couches,  les  décrire  séparément  ou  par  groupes,  «n 
»  indiquant  les  minéraux  accidentels  et  les  rentes  de 
»  corps  organisés  fossiles  qu^elles  renferment ,  et  faire 
»  ressortir  Tinfluence  que  la  constitution  intérieure  du 
»  sol  exerce  sur  sa  configuration  extérieure ,  sur  la  dis* 
»  tribution  et  la  nature  des  eaux  ,  sur  la  végétation  en 

>  général  et  sur  Fagriculture. 

»  On  s^attachera  ,^  faire  connaître»  avee  {ffécision^ 

>  les  gisements  des  substances  utiles  dans  les  arts  que 
»  renferme  ce  Département  ^  S  décrire  sommairement 
»  les  établissements  qu'ils  alimentent  comme  matières 

•  premières  ,  et  à  indiquer  ceux  qui  pourraient  encore 

•  y  être  introduits  avec  avantage. 

>  Le  Mémnitt  sera  accompagné*  d'une  Carte  en  r^- 

>  pOTt  exact  avec  le  texte ,  et  d'un  nombre  de  conpes  de 

*  tcrrein  suffisant  pour  la  parfaite  intelligence  du  travail. 

»  il  serait  bon  qu'on  indiquât ,  avec  précision ,  la 

«  Aauteur  au-dessus  du  niveau  de  la  Mer ,  des  points 

'  am  pr^entent  un  intérêt  quelconque  pour  la  géologie. 

a  L'Académie  désirerait  aussi ,  mais  sans  en  faire  une 


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(a8) 

»  condition  expresse  ,  qu^on  fît  connaître  les  rappro- 
Mchements  auxquels  les  observations  contenues  dans 
»  le  Mémoire  pourraient  conduire  entre  les  divers  ter^ 
n  reins  qui  se  rencontrent  dans  le  Département  et  ceux 
M  '  qui  ont  âé  observés  et  décrits  dans  d^autres  contrées  ». 

Le  prix  sera  une  médaille  d'or  de  la  valeur  de  i5oo  fr., 
et  sera  décernée  dans  la  Séance  publique  du  mois 
d'août  1839. 

Aucun  mémoire  sur  la  question  mise  au  concours 
pour  le  prix  ordinaire  qui  devait  être  décerné  dans  cette 
Séance ,  n'a  été  adressé'  h  l'Académie  ;  l'importance  ^ 
Futilité  de  la  question  proposée  ,  a  cependant  engagé 
l'Adadémie  à  continuer  cette  question  au  concours. 
Elle  propose  donc ,  pour  sujet  d'un  prix  qui  sera  dé- 
cerné dans  la  Séance  publique  de  1839 ,  la  question 
suivante  : 

Indiquer  un  moyen  simple,  peu  dispendieux,  applicable  i 
tous  les  fourneaux  et  aux  cheminées  de  toutes  espèces,  pour 
brûler  ou  détruire  la  fianée  qui  émane  de  laiourbe ,  du  cbar» 
bon  de  terre  ^  et  autres  combustibles  anrtlogi$es* 

ht  prix  sera  une  MédaiHe  d*or  de  la  valeur  de  3oo  fir. 

Chacun  des  auteurs  mettra  en  tête  de  son  ouvrage 
une  devise ,  qui  sera  répétée  sur  un  billet  cacheté  où  il 
fera  connaître  son  nom  et  sa  demeure.  Le  billet  ne  sera 
ouvert  que  dans  le  cas  où  l'ouvrage  aurait  obtenu  le  pnx. 

.  Les   Académiciens   résidants   sont  seuls  exclus  du 
concours* 

Les  Ouvrages  des  Concurrents  devront  être  adressés  » 
francs  de  pott ,  à  M.  Cazalis  ,  Secrétaire  perpétuel  de 
r Académie,  pour  la  Qasse  des  Sciences ,  avant  le  i*'  Juin 
1839,  pour  le  Prix  ordinaire,  et  avant  le  i5  Mars  1839  , 
pour  le  Prix  extraordinaire.  Ces  termes  seront  de  rigueur^ 


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(»9) 

MÉMOIRES 
Dorr  l'acadbmie  a  BÈLiBÉKi  l'impression  £N 

CNTIER  DANS    SES   ACTES. 


NOTICE 

SC&   BEUX     CEUrS     JUMEAUX   HAROÉS  ,    ET    DE    COULEUR 
DIFFÉRENTE  ^ 

Pondus  par  une  Poule  de  deux  ans  ; 
Par  M.  DoBuc 

Messieurs  , 

Un  étrange  phénomène ,  bien  contre  nature  et  peu(^ 
être  sut  generis ,  vient  d'avoir  lieu  en  cette  ville ,  le  ii 
et  ce  mois,  chez  M.  Gmet,  demeurant  place  Cauchoise. 

Une  poule  de  grandeur  ordinaire ,  mais  forte  et  trapue  ^ 
donnant  souvent  de  beaux  œufs  h  deux  jaunes  avec  co- 
que ,  a  pondu  deux  œu&  jumeaux  hatdés ,  c'est-b-dire 
t9ns  écale  ,  et  réunis  Tun  à  Fautre  par  Tune  de  leurs  ex- 
li^mités  au  moyen  d'un  cordon  ou  membrane  ronde  > 
Wigue  de  trois  à  quatre  lignes,  sur  huit  à  dix  lignes  de 
ccBtonr. 

«Tai  cm  qu'une  pareille  production  était  bien  digne , 
▼o  SI  rareté,  d^étre  exposée  aux  regards  de  TÂcadémie. 

•Eb  examinant  attentivement  ces  œufs  anomales ,  vous 
'^Bttrquerez  que  «  '  comme  des  frères  jumeaux ,  ils  sont 
CD  communication  par  une  sorte  de  cordon  que  je  n'ose 


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(3o) 

appeler  ombilical,  cordon  dont  les  ramifications  sem- 
blent s'étendre  également  aux  deux  sujets.  Ces  œufs  ju- 
meaux, et  d'une  grosseur  un  peu  inégale,  ont  encore  cela 
de  singulier ,  c'est  d'offirir  à  la  vue  une  couleur  différente 
et  bien  tranchante. 

L'un  est  tout-à-fait  blanc  à  Textérieur  comme  dans 
son  intérieur ,  et  paraît  rempli  d'une  matière  albumi- 
neuse ,  ainsi  que  le  cordon  de  communication  dont  on 
vient  de  parler. 

L'autre ,  au  contraire ,  est  d'une  couleur  jaune  cuivre* 
dans  son  ensemble ,  et  contraste  singulièrement  par  son 
aspect  avec  son  congénère. 

Cette  sorte  de  monstruosité  œuQée ,  et  dont  on  cher- 
cherait probablement  en  vain  d'expliquer  la  cause , 
n'offre  rien  d'utile  considérée  en  elle-même.  Néanmoins 
le  naturaliste  éprouve  toujours,  dit  Buffon,  un  sentiment 
particulier  indéfinissable  ,  mais  d'intérêt ,  à  l'aspect  des 
aberrations  dont  la  nature  offre  parfois  des  exemples  , 
et  les  deux  œufs  jumeaux  dont  nous  donnons  ici  la  des- 
cription sont  une  nouvelle  preuve  de  la  vérité  de  cette 
assertion. 

J'ai  montré  ces  œufs  à  M.  Flaubert ,  chirurgien  en 
chef  de  THôtel-Dieu  de  Rouen ,  h  M.  Labillardière  ^ 
professeur  de  chimie ,  et  à  bon  nombre  d'autres  savants 
distingués ,  et  tous  conviennent  n'avoir  jamais  rien  vu  de 
semblable ,  ni  de  si  singulier  que  cette  production 
amorphe. 

Dans  ces  sortes  de  monstruosités  l'opinion  de  cer* 
taines  ménagères  joue  aussi  son  rôle ,  quant  aux  causes 
qui  les  font  naître  ;  c'est  ainsi ,  par  exemple  ,  qu'elles 
disent  que  la  poule  qui  a  pondu  ces  œufs  jumeaux  a 
été  cocfiée  par  un  corbeau  ou  par  un  épervier  ;  d'autres 
pensent  que  cette  poulette  a  forniqué  avec  un  canard 
ou  avec  un  oie ,  etc.  :  circonstances  qui  influent  sur  le^ 
œufs  pondus  par  les  poules  infidèles  aux  vrais  coqs« 


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(3i  ) 
Hâs  Vopînion  la  plus  accréditée    est  que  les  ùBufs 
«n  qaeslîon  proviennent  d^ln  coq  aux  œufs  (i)  et  de 
U  poiAe  ^  dont  raccouplement  produit  plus  d^un  genre 
à'mGmaUes  parmi  les  gallînacées. 

Nous  livrons  ces  conjectures  ^  TAcadëmie  pour  ce 
qn^elles  valent ,  étant  bien  convaincu  que  tout  rentre 
dans  le  chapitre  des  hypothèses  quand  on  veut  expli- 
quer les  phénomènes  ou  plutôt  les  causes  qui  produisent 
les  monstruosités  animales  et  végétales. 

Mais,  en  définitif,  il  reste  constant  que  Forganisa- 
tion  singulière  de  ces  deux  œufs  peut  être  rangée 
dans  U  classe  des  choses  rares  dans  la  nature  ,  et 
qui  contraste  d'une  manière  bien  étrange  avec  Fœuf 
ordinaire  de  la  poule. 

On  prétend  aussi  quHl  n^y  a  que  les  poules  malades  ou 
trop  nourries  qui  donnent  des  œufs  hordes  ou  sans 
coqae  ;  mais  la  poule  aux  deux  œufs  jumeaux  n'est  ni 
bien  nourrie  ni  malade  ,  et  vit  de  ce  qu'elle  trouve  dans 
U  rae  avec  les  autres  poules  de  M.  Gruet  ;  je  J^ai 
vue  avant-hier  ,  et  elle  continue ,  comme  d'usage  ,  à 
pondre  un  bel  œuf  à  écàle  tous  les  deux  jours. 

Enfin  on  a  vu  un  œuf  dans  un  œuf ,  ovum  in  oqo  ; 
mais  rien  que  je  sache  n'a  été  publié  par  les  naturalistes 
concernant  deux  ceufs  bardés  réunis  par  une  sorte  de 
cordon  ombilical ,  dont  Tun  est  blanc  et  Tautre  d*un 
jaune  cuivré ,  teb  que  ceux  qui  font  Tobjet  de  cette 
totice. 

Messieurs ,  dans  le  Précis  analytique  de  vos  travaux , 


(0  Bon  nombre  de  personnes  en  Normandie  croient  encore  que 
«rta«  cofs  ,  snrtoat  les  blancs  on  tachetés  de  blanc ,  sont  berma- 
rMtteSy  et  pondent  parfois  des  orafs  sans  jaune,  et  que  les  ponlet 
<*ckécs  par  enz  «ont  anjettes  à  prodnire  des  oeufs  balés  et  sonrent 
ifldOMs;  ffffu  ici  toat  est  encora  assertion ,  car  rien  da  positif  n*est 
JMiTi  à  cet  égard. 


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(3i  ) 
année  182a,  on  voit  une  belle  description  (avec  planche  ) 
du  végétal  roi  des  forêts ,  je  veux  dire  le  chêne  gëant 
d^Allouville ,  gëant ,  non  par  sa  grande  élévation  ,  mais 
bien ,  comme  le  dit  notre  savant  confrère  M.  Marquis  , 
par  sa  longévité ,  et  encore  plus  par  son  énorme  contour 
ou  grosseur. 

Dans  le  Précis  de  i8a5  se  trouve  aussi  une  curieuse 
notice  de  M.  des  Alleurs  (  avec  gravure  de  Tobjet  )  , 
sur  un  chat  amorphe  à  deux  têtes. 

Peut-être  jugerez-vous  convenable  d'ordoùner  égale- 
ment Timpression  de  cette  courte  notice  dans  le  pro- 
chain recueil  de  vos  travaux,  vu  la  rareté  de  Tobjet 
qui  en  est  le  motif. 

Si  1^ Académie  en  jugeait  ainsi,  je  lui  proposerais 
alors  de  faire  faire ,  par  notre  confrère  M.  Langlois , 
une  estampe  figurative  de  ces  œu&  amorphes ,  avec  leurs 
couleurs ,  et  tels  que  je  viens  de  les  exposer  à  ses  regards. 
Ce  dessin  ajouté  à  la  notice  en  ferait  mieux  ressortir 
la  narration  et  Tintérêt  (i) 

En  définitif ,  quelque  soit  votre  opinion  sur  cette 
étonnante  production,  toujours  est-il  certain  qu^elle 
peut  être  rangée  au  nombre  de  ces  anomalies  rares 
dans  Tespèce ,  et  offrir  un  sujet  nouveau  de  méditation 
pour  les  naturalistes,  et  en  général  pour  les  savants. 

Rouen ,  le  18  avril  1828. 


(1)  Voir  U  Utognphie  cî-joînUy  où  sont  destînés  les  deux  Qtn£ê 
umosfhtê  I  tel*  qtt*iU  ont  été  «xposét  «nx  rtgtrdt  à%  TAcadéaie. 


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(33) 
RAPPORT 

SUR  USE  OfiSEaVATION  MANUSCRITE  ^ 

• 

Eafimyée  à  rAcéÊdémie  par  OL  BoNFlLS^  ataé,  Dr-M. 
^  Nstècy  y  corre^ondant. 

MsasiEmis, 

Vous  m^avez  char^  de  vous  rendre  compte  d'une 
observation  manuscrite  qui  vous  a  été  adressée  psff* 
M.  Bonfib  fils  atoé,  dooteur-mëdecin  à  Nancy,  notre 
coirespondant  :  je  m'acquitte  de  ce  devoir  avec  empres- 
seanent  et  sairtout  avec  plaisir» 

M.  Bonfik,  pénétré  de  cette  idée  que  nous  avons 
noos-mfime  émise  dans  cfiite  enceinte  ,  qu'il  est  toujours 
ntile  de  puhlier  les  cas  eiKtraordinaires  qin  se  présentent 
dans  la  pratique  ,  vous  a  adressé  une  observation  ,  qui 
sans  être  unique  dans  les  iastes  de  Part ,  n'en  est  pas 
moins  curieuse  et  digne  d'être  méditée  par  tous  les 
médecins  observateurs. 

n  s'agit  d'un  cas  rare  de  démtion^  des  «kenslrues. 

Une  fiUe  Yincent ,  âgée  jde  vingtr^^uK  ans^  admiie 
%  la  maison  de  secours  de  Nancy  :pout  une  onaladie 
■philitîque ,  est  le  sujet  de  cette  observation.  Cette 
Be,  d'un  tem3>éramentjaenreux., Jiystéâqne  ,  fitt  pubère 
^r%e  de  neuf  ans.  Les  flux  sanguins  .périodiques 
âneot  cfaec  elle  asaes  abondants  ;  mais  il  aitrivait  sour 
fotf  que  y  par  la  phis  légère  .cause.,  surtout  morale  ,| 
/(âioii/eaiefit  siormal  se  supptîsnaît  et  était  aussitôt 
nmnlêcé  par  un  écoulement  séro-sanguioQlent  qui  se 


/ 


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(34) 
faisait  par  le  mamelon  et  Taisselle  gauches.  Cet  écoule- 
ment métastatique  cprrespondait ,  par  sa  durëe  ,  à  celle 
4e  la  période  menstruelle  habituelle  qui  était  de  huit 
jours  environ. 

La  fille  Vincent  sVtait  présentée  à  Thôpital  enceinte 
de  cinq  mois  ;  elle  déclara  que  la  menstruation  avait 
continué  r^ulièrement  pendant  toute  la  grossesse ,  ainsi 
que  Técoulement  par  le  sein  et  par  Faisselle.  L'accou- 
chement se  fit  à  sept  mois ,  et  ne  fut  point  accompagné 
d^accidents  notables.  La  malade  sortit  de  Thôpital  pour 
y  rentrer  deux  mois  après ,  atteinte  d'une  nouvelle  ma- 
ladie vénérienne.  L'écoulement  menstruel  se  faisait  en- 
core par  les  parties  ^indiquées  ci-dessus  y  et  voici  la 
marche  du  phénomène ,  telle  que  M.  Bonfils  la  décrit  : 

«  Pendant  tout  le  temps  de  l'écoulement ,  la  malade 
est  obligée  de  garnir  de  linge  Taisselle  et  le  mamelon 
surtout  ;  si  Ton  essuie  les  parties  avec  un  linge  sec  et 
que  Ton  attende  quelques  secondes ,  on  voit  bientôt  la 
peau ,  qui  n'ofire  aucun  changement  de  couleur ,  se 
couvrir ,  dans  Tétendue  d'une  pièce  de  cinq  francs , 
d'une  multitude  de  gouttelettes  de  sang  infiniment 
petites,  qui  grdssissent  à  vue  d'œil,  et,  se  réunissant 
enfin,  forment,  dans  l'espace  de  quatre  à  cinq  minutes, 
deux  ou  trois  grosses  gouttes ,  qui  se  confondent  et 
coulent  en  nappe.  Tous  ces  accidents  ne  forcent  pas  la 
malade  h  s'aliter  ;  elle  a  bon  appétit  et  dort  bien  ;  son 
pouls  est  petit ,  serré ,  mais  r^ulier  :  toutes  les  autres 
fonctions  s'exécutent  parfaitement.  » 

Mais ,  Messieurs  ,  cette  déviation  continua  et  devint 
tellement  persistante  que  des  accidents  génâ*aux ,  suite 
naturelle  des  pertes  de  sang  trop  considérables  ,  se  ma<- 
iiifestèrent.  Dès-lors  la  déviation  se  fit  par  d'autres 
parties  ,  soit  alternativement ,  soit  simultanément  avec 
celle  par  le  mamelon  et  par  Tais^elle.  C'est  ainsi  qu'un 
flux  sanguin  eut  lieu  premièrement  par  le  flanc  gauche , 


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(35) 
awnte  par  les  reins ,  ensuite  par  la  r^on  tfpigastriqiiet 
puis  par  Tépaule ,  etc. 

Un  r^pme  tonique ,  des  applications  de  ventouses  aux 
abes  et  à  la  partie  interne  des  cuisses ,  etc. ,  6rent  cëder 
ks  (Aénom^es  généraux  ;  la  malade ,  lors  de  la  mens* 
mtion  suivante  ,  n^éprouva  plus  de  symptômes  graves  ^ 
sais  récoolemenl  anormal  primitif  a  continué ,  et  conti* 
mera  sans  doute  tout  le  temps  que  durera  chez  cette 
femme  l'écoulement  périodique.. 

M.  Bonfils  rapporte  succinctement,  en  là  rappro* 
dnnt  de  celle-ci,  une  autre  observatioa  d'une  demoi-^ 
telle  qui  (ut  atteinte  d'une  déviation,  sinon  semblable t' 
do  moins  identique.  Chez  celle-ci , .  les  premières  érup- 
tiaos  menstruelles  disparurent  au  bout  de  trois  mois^ 
et  furent  remplacées  par  une  leiAConiiée  abondante. 
Les  gangHcms  lymphatiques  du  col  s'engorgèrent ,  s'en-^ 
flammèrent  et  suppurèrent,  et  il  y  eut  aménorrhée 
complète  pendant  huit  ans.  La  maUck  fut  atteinte  alors 
4'mie  intermittente  tierce  qui  guérit  à  l'aide  du  quin-* 
^BÎaa  ;  et  tout-^*-coup  ,  b  des  Coques  mensuellta 
péiodiques,  il  se  mamfesta  h  l'index  de  la  main 
gaodie  un  gonflement  œdémateux,  qui  prit  bientôt 
^irès  Tapparence  d'une  dartre  Vive^  et  il  se  £t  par 
cette  plaie  un  écoulement  de  sang  qui  durait  diaque 
(ns  trois  à  quatre  jours.  Cette  déviation  persista  pen* 
faut  plus  de  trob  aos^;  mais  enfin  des  voyages  d'agré« 
sent,  l'usage  des  eaux  minérales  martiales ,  etc.  ^ 
(«dirent    i   l'utérus  ses   fonctions ,  et .  les  acâdents- 

«âastatiques  disparurent  complètement. 

H.  Bonfils ,  dans  une  note ,  cite  des  auteurs  recomt- 
mjodables  qui  ont  rapporté  des  observations  analogues. 
Noos  pourrions  nous-méme  en  présenter  de  semblables,. 
^  aoos  avons  eu  L'occasion  de  vous  parler  d^une  dé« 

5. 


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(36) 
viation  pareille  qui  se  faisait  p»  la  pommette,  chez 
une  jciine  femme  des  environs  de  Rooen;  nous  en 
connaissons  encore  nue,  en  ce  moment,  qui  a  lieu 
par  la  lèvre  inftrieiire,  dtez  mie  demoiselle  de  cette 
villo.  A  chaqoe  ëpoque  menstruelle  il  s'ëfeablil  it  la 
lèvre  inférieure  un  gros  bouton  qui  donne  une  q«a»* 
tîté  de  sang  notable,  à  deux  on  trois  reprises  diflë- 
rentes,  pendant  Fespace  de  quatre  jours.  Tout  rentre 
ensuite  dans  Tordre  jusqu^à  IVpoque  savante. 

Ce  que  le  médecin  observaieur  doit  remarquer  ici, 
Messieurs,  diaprés  la  juAcicnse  rfflexion  de  noire  cor- 
respondant, c'est  que  cette  déviation  ait  lieu  sans 
altération  consécutive  et  nécessaire  dans  la  santé  g6> 
nérde ,  puisque  Texcès  seul  de  Téceulement  a  prodoit 
chez  la  fille  Vincent  des  accidents  qui  am'aieiit  été 
de  même  la  suite  de  la  fimction  exercée  d'one  maniète 
normale,  mais  avec  excès.  C'est  un  avertissement  pour 
le  médecin  praticien  de  ne  pas  toufoors  considérer 
isolément,  et  comme  un  accident  pathcdogiqoe,  oerlasns 
phénomènes  fonctionnels  simplement  déplacés.  J^ai 
communiqué  a  la  Société  de  Médecine  de  Rouen, 
dans  une  de  ses  dernières  réunions,  qvdques  obser- 
vations, parmi  lesquelles  s'en  trouve  une  qoi  a  quel- 
ques rapports  avec  ceUe  de  M.  Bonfils,  et  qui  confirme 
les  principes  que  je  rappelle  ici  :  il  j  est  question  d'une 
tumeur  sjmptomatique  h  la  main ,  dteiL  la  fille  d'un 
boucher  de  cette'  ville ,  âgée  de  seize  ans ,  et  qui  au- 
rait pu ,  au  premier  abord,  simuler  une  pnstule  ma«- 
ligne ,  tandis  que  ^e  n'était,  en  réalité,  qu'une  métastase 
humorale  dont  la  première  éruption  menstruelle  fiit 
la  crise. 

L'esprit  d'observation  hrppoeratique  dondne  dans  le 
travail  de  notre  confrère  de  Nancy.  Notts  ne  pompons 
que  souhaiter  qu'il  continue  à  suivre  la  mêaate  row 


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(37) 
et  a  nous  communiquer  ses  travaux.  Nous  sommes  ar- 
rivés k  une  époque  où  les  médecins  hippocratiques  doi- 
veoc  serrer  leurs  rangs ,  surtout  dans  un  instant  où  des 
iotrigoes  oi^anisées  de  longue  main  s'eflforcent  de  faire 
fivrer,  dans  de  grands  hôpitaux ,  le  service  médical  ii 
des  hommes  pour  lesquels  la  médecine  proprement  dite 
n'edste  pas  ;  céder  à  ces  prétentions  serait  un  scandale 
hien  grand  et  un  plus  grand  malheur  encore  ;  je  ne  crains 
pas  de  le  proclamer ,  si  Ton  osait  dire  que  c'est  une 
exigence  du  siècle,  nous  répondrions  quVn  lui  cé- 
dant il  serait  plus  que  satisfait;  Tanarchie  médicale 
le  dépasserait. 


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(39) 


RAPPORT 

fm  h  V Académie  royale  de  Rouen  ,  dans  sa  Séance  du  i4 
Décembre  1827  , 

XK  LA  TAXE  DU  PAIN  ET  L*ÉTAT  BE  LA  BOULANGERIE 
A  EOUENy 

Par  M.  A.  G.  Biuxm. 
MEssmnas, 

Je  vais  avoir  ITioimeur  de  vous  commnnîquer  les 
wnse^cmenu  que  j'ai  recueillis  pour  répondre  à  la 
qwstion  qui  nous  a  été  adressée  par  M.  le  secrétaire 
*  la  Société  d'agriculture ,  sciences ,  arts  et  commerce 
Ai  Pay,  sur  la  proportion  qui  existe  à  Rouen  entre  le 
prix  du  pain  et  celui  du  blé. 

Cette  question  étant  d'un  grand  intérêt,  puisqu'il 
«Vde  notre  principal  aliment ,  j'ai  pensé  qu'il  pour- 
rait vous  être  agréable  que  je  la  traitasse  d'une  manière 
w»  peu  plus  étendue  que  ne  le  demande  notre  corres- 
pondant 

On  sait  que  dans  les  pays  oîi  il  règne  une  certaine 
•«nce ,  comme  dans  ce  département ,  et  surtout  dans 
k»  villes,  le  froment  est  presque  la  seule  espèce  dp 
Pm  qu'on  emploie  à  faire  du  pain  ;  aussi  m'en  oc- 
^■pwai-je  exclusivement, 

I^tpuis  long-temps  des  expériences  sont  faites  chaque 
*noée,  par  ordre  du  gouveraement ,  dans  les  principales 
^5  du  royaume ,  pour  consUter  le  poids  légal  des 
^^•^^  ;  il  en  résulte  ,  en  ce  qui  concerne  ce  dépar- 
^'^ent,  que  l'hectolitre  de  froment  pèse  ,  terme  moyen, 
74  kilogrammes ,  lesquels  produisent  environ  54  kilo* 


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(4o) 

grammes  de  farine  de  première  qualité ,  dont  on  &it 
67  kilogrammes  de  pain.  Un  sac  de  farine  pèse  ordi- 
nairement, déduction  faite  du  sac,  157  kilogrammes, 
qui  donnent  ig6  kilogrammes  de  pain. 

Le  prix  du  blé  a  dû  servir  autrefois ,  et  sert  même 
encore ,  dans  plusieurs  localités ,  de  base  au  prix  du 
pain;  mais  on  doit  t:oncevoir  que  le  commerce  des 
farines  ayant  pris  une  grande  extension ,  et  les  bou- 
langers ne  faisant  plus  guère  moudre  pour  leur  compte , 
il  vaut  mieux  taxer  le  prix  du  pain  diaprés  celui  de  la 
£mne  ;  aussi  est-ce  la  méthode  suivie  par  la  mairie  de 
Rouen.  Elle  est  d'autant  plus  convenable  que  d'un 
côté  c'est  la  farine  qui  est  employée  immédiatement 
à  la  panification ,  et  que  de  l'autre  son  prix  û^est  pas 
toujours  dans  une  proportion  exacte  avec  celui  du  blé, 
soit  qu'il  rende  plus  ou  moins ,  selon  sa  qualité ,  soit 
que  l'activité  dans  la  mouture  amène  ,  à  certaines  épo- 
ques ,  dans  le  prix  de  la  £mne ,  une  baisse  avantageuse 
au  consommateur. 

Cela  posé,  il  est  d'usage  de  taxer  le  pain  2i  Rouen 
de  manière  à  ce  qu'il  revienne  au  boulanger  5  cent, 
par  kilogramme  de  plus  qu'il  ne  lui  coûte  en  farine  , 
ce  qui ,  pour  un  quintal  métrique  de  pain ,  fait  5  firancs , 
sur  lesquels  il  faut  prélever  ses  frab ,  dont  voici  le  dé- 
tail approximatif: 

i**  Chauffage  (i),  6  fagots  ^  ai  centimes,   i  f.  a6  c* 

a»  Loyer  de  maison,  entretien  du  four, 
salaires  des  garçons ,  etc.  •  •  • a 

ToUl 3  f.  a6  c 

Ainsi  le  bénéfice  net  se  trouve  réduit  à 
environ i       ji 

(1)  Le  fagot  employé  génénleinentparU  boolangerir  de  Rooen  est  ât 
bois  de  bouleao;  il  a  17  à  18  poocte  de  tour  «t  14  p«ac<*  d«  loup  Lt 
ctatt  coûte  de  ao  fr.  5o  c.  4  ai  f»  5o  c  f  rendu  ches  le  boaUii|er. 


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(4I) 

Uest  à  remarquer  que  ce  prix  ne  se  rapporte  qu'au 
pain  oïdiDaire,  ou  pain  bourgeois,  qui  est  d^une  très-bonne 
(pilitëen  cette  ville  ;  on  y  fait  aussi  du  pain  inférieur, 
^  est  taxé  à  8  c.  de  moins  par  kilogramme  ,  et  du  pain 
à  bae ,  qui  est  taxé  à  5  c.  de  plus  ,  et  sur  lequel 
les  boulangers  ont  encore  l'avantage  d'une  tolérance 
it  poids  ,  c'est-à-dire  que  les  pains  d^une  livre  ne 
pèsent  que  i4  onces ,  d'une  demi-livre ,  tout  au  plus 
yooces,  et  d'un  quarteron,  environ  3  onces.  Il  est  k 
remarquer  toutefois  que  ce  pain  coûte  plus  cher  de  ma- 
ootention  et  se  fait  au  levain  de  bière ,  tandis  que  U 
pain  bourgeois  se  fait  au  levain  naturel. 

Voici  au  surplus  un  extrait  du  tarif  qui  sert  à  dé- 
lenniiier  la  taxe  du  pain  à  Rouen  : 


FAaiKE. 

PAIN. 

TAXE 

1 

Piix 

Prix 

J>V  KIL06.  OS  PAIN.        H 

<iacdci57kilo(., 

proportionnel  da 

^        '  ■■■           ^Si>-, 

^■1      A 

WulionCùt. 

kilof. ,  sans  les  frais 

ier« 

Unt. 

de  manatention. 

quadité. 

a«. 

3«. 

3of. 

i5  c. 

a5  c. 

ao  c. 

la  c. 

5o 

a5 

35 

3o 

33 

70 

35 

45 

io 

33 

90 

45 

55 

5o 

4a 

J'ajoute  que  Texercice  de  la  profession  de  boulanger 
^assa)étie  ,  à  Rouen ,  par  un  décret  du  17  septembre 
iSi3t  et  une  ordonnance  de  M.  le  Maire  ,  du  3i  mars 
'fiiS,  \  certaines  règles  dont  la  plus  intéressante  pour  le 
P^iic,  puisqu'elle  concerne  l'approvisionnement  de  ta 
^ ,  est  l'obligation  imposée  à  chaque  boulanger  d'a- 
^  tottîours  ea  réserve  un  nombre  de  sacs  de  farine  9 

6 


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(40 

calcule  de  manière  à  assurer  la  subsistance  des  habî 
tants  pendant  environ  un  mois. 

Ces  boulangers  sont  divisés  en  trois  classes,  dont  voie 

TëUt  actuel  : 


r.rr^<?^-«- 

NOMBBE. 

APPROVISlONNEMEirr 

de  réserve  pour 

OBSERVATIONS. 

CHACUN. 

TOUS. 

1" 

2« 

3« 

rToTAOT. 

59- 
46 

9 

84  sacs. 
58  id. 
3a  id. 

4g56  sacs. 
3668  id. 
a88  id. 

Cet    «oproTisioiine- 

^ifié  ebaqvc  mois  par 
letMÎiisacl'aotorit^mii. 

Un«  foaniéc  conlîcBt 
coTÎroii    »oo    quintaux 

bonlangcrt  de  i"  cUsM 

"4 

» 

79" 

A  à  a,  eicmxdc  3«  a. 

Tels  sont,  Messieurs,  les  détails  que  j'ai  cru  devoî 
VOUS  présenter,  et  dont  il  suffira,  je  crois  ,  d'adresser 
notre  correspondant  un  extrait  que  j'ai  préparé  dans  ceti 
intention. 


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(43) 

OBSERVATIONS 
Lues  à  r Académie  de  Rouen ,  en  décembre  1827 , 

Par  M.  DU  AusuBS. 

Messieues, 

Bans  les  dernières  sëances  qui  ont  précédé  les  va- 
cances d^aoùt  de  1827 ,  je  me  rendis  plusieurs  fois  h 
TAcadëmie  dans  Tintention  de  lui  communiquer  quel- 
ques réflexions,  résultats  d^expériences  sur  le  rhuma-* 
tisme.  Des  occupations  d^urgence  ne  me  permirent  pas 
d'obtenir  la  parole ,  et  j*ai  dû  remettre  à  cette  année 
la  lecture  de  ce  travail  très-court ,  mais  que  je  re- 
garde comme  important ,  parce  que  c'est  le  résuma 
de  beaucoup  de  faits  pratiques. 

II  s^agit,  ai'je  dit,  du  rhumatisme.  Cette  affection, 
Tone  des  plus  douloureuses  qui  puissent  altérer  la  santé, 
a  été  l'objet  des  travaux  de  beaucoup  de  médecins; 
On  Fobserve  dans  tous  les  pays,  mais  fréquemmeat 
surtout  dans  certaines  parties  du  midi  de  la  France. 
La  chaleur  du  jour,  suivie  de  la  frakheur  dispropoiv* 
tioonée  des  nuits  dans  ces  contrées ,  Vy  a  rendu  très- 
coomiun ,  notamment  chez  les  employés  des  octrois , 
^  douanes ,  chez  les  militaires ,  les  étudiants ,  et  en 
fénâal  chez  tous  ceux  qui  sont  forcés  de  veiller  la 
nuit  J'ai  eu  l'occasion  de  l'observer  bien  des  fois  dans 
ies  Mpitaux ,  et  chez  plusieurs  de  mes  condisciples  à 
îfoirtpellier. 

iVadquant    h    Rouen  depuis  huit  ans  ,    je  l'ai  de 
ooQveao  rencontré  firéquemment  dans  les  diverses  classes 

6, 


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(U) 

A  a  ^H^eV,  mais  plus  souvent  chez  les  hommes  de 
^ .  le  employés  sur  notre  port  ;  et  j'ai  pu ,  dans  nos 
V  uujit$>  constater  la  réalité  des  avantages  que  présente 
W  traitement  que  je  vais  avoir  llionneur  de  vous 
exposer. 

11  est  inutile ,  Messieurs ,  de  vous  définir  le  rhuma- 
tisme ;  cette  affection  est  suffisamment  connue ,  et  a 
d'ailleurs  été  décrite  par  tous  les  nosologistes.  U  suit 
tantôt  la  marche  aiguë ,  tantôt  la  marche  chronique  ; 
il  s'accompagne  de  tous  les  signes  de  Tinflammation 
locale ,  ou  bien  se  montre  avec  la  seule  douleur ,  sans 
rougeur,  ni  chaleur,  ni  tumeur  apparentes.  Quelle  que 
soit  celle  de  ces  formes  qu^il  affecte ,  il  est  essentiel- 
lement de  nature  métastatique ,  cVst-à-^ire  qu'il  se 
transporte  facilement  d'une  partie  dans  une  autre  ,  des 
articulations  qu'il  occupe  le  plus  souvent  aux  organes 
internes ,  et  réciproquement.  Cette  propriété  a  servi  de 
base  au  traitement  dans  bien  des  cas ,  et  a  fait  triom- 
pher maintes  fois  la  méthode  révulsive.  Printitif  et 
essentiel  le  plus  souvent ,  il  est  également  susceptible 
de  compliquer  les  affections  goutteuses  et  siphilitiques. 
C^est  alors  au  tact  du  médecin  h  distinguer  ces  diverses 
complication^ ,  et  à  baser  sur  la  nature  essentielle  de 
la  cause  les  variétés  du  traitement  Tous  les  médecins 
sont  d'accord  sur  ces  points;  voilà  pourquoi  je  ne  fais 
que  les  indiquer. 

Mais ,  Messieurs ,  ils  ne  sont  pas  paiement  d'accord 
SUIT  le  traitement  du  rhumatisme,  soit  aigu,  soit  chro- 
nique ,  dépourvu  de  toute  complication  spéciale. 

L'invasion  de  la  doctrine  dite  physiologique  a  voulu 
iaire  re^rder  toutes  ces  affections  comme  des  phlegma- 
eies,  soit  locales,  soit  sympathiques  de  celles  des  or- 
ganes de  la  digestion.  Or , Messieurs ,  Fexpérience,  qui 
l'emporte  sur  les  thécMÎes,  m'a  démontré  que,  dans  l'une 
et  l'autre  hypotlièse,  le   traitement  anti-phlogistique 


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(45) 
^Uit  le  plus  souvent  nuisible ,  ou  insuffisant  pour  le 
moins;  c^est  même  un  fait  notoire  que  Tapplication 
£recte  des  sangsues  sur  les  enflures  rhumatiques  dé- 
tennine  fréquemment  des  métastases  très-graves,  qui 
résistent  souvent  aux  révulsifs  les  plus  énergiques ,  et 
peuvent  même  causer  Tapoplexie  foudroyante,  quand 
elles  se  font  sur  le  cerveau.  Je  dis  le  traitement  anti- 
phlogistique  local  ;  quant  au  général ,  il  nVst  pas  un 
médecin  qui  ignore  que ,  dans  Tété  surtout ,  les  rhu- 
matismes ont  souvent  été  guéris  par  Temploi  des 
vomitifs  et  des  préparations  antimoniales  ;  cela  éloigne 
donc  ridée  d^une  inflammation  légitime,  soit  locale, 
soit  sjrmpathique ,  et  il  faut  admettre  dans  le  rhuma- 
tisme une  spécialité  identique  à  celles  de  la  goutte , 
de  la  siphilis ,  etc.  L'esprit  de  système  s'est  long-temps 
révolté  contre  ces  données  de  la  médecine  hippocra- 
tique,  mais  ses  efforts  ont  été  impuissants,  et  la  vérité 
a  triomphé. 

L'expérience  et  l'observation  ont  démontré  que  ,  dans 
certaines  affections  déterminées  et  std  generis  ^  quelques 
médicaments  avaient  une  vertu  sinon  spécifique  du 
moins  spéciale  ;  de  ces  espèces  sont  :  le  soufre  dan$ 
les  maladies  dartreuses  et  psoriques ,  le  mercure  dans 
la  siphilis  ,  le  quinquina  dans  les  fièvres  intermit- 
tentes, etc.  Je  crois  qu'à  c^tte  liste  on  peut  ajouter, 
sans  craindre  de  se  tromper,  l'opium  dans  les  affec- 
tions rhumatismales ,  soit  aiguës,  soit  chroniques. 

On  ne  manquera  pas  de  m'objecter.  Messieurs ,  que 
€«  médicament  est  connu  depuis  long-temps  pour  ses 
Ixns  effets  en  pareil  czs.  A  cela  je  répondrai  que  je 
oai  nullement  la  prétention  de  dire  quelque  chose 
<l*absoIument  nouveau ,  mais  que  je  crois  que  la  ma- 
nière dont  on  emploie  habituellement  l'opium  dans 
^fXte  affection ,  est  trop  timide  et  surtout  trop  tardive. 
Quelques  observations  serviront  d'appui  à  cette  pro- 


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(46) 
position.  Or,  Messieurs,  il  y  a  déjà  plusieurs  annëet 
que  ma  conviction  s'est  formée  l^dessus  ;  et  f  ai  dû , 
contre  Tavis  d'estimables  confrères ,  soutenir  les  avanta- 
ges de  remploi  primitif  de  Topium  dans  les  affections 
rhumatismales ,  au  soutien  d'une  observation  commu- 
niquée à  la  Société  de  Médecine ,  en  i8a3 ,  par  uo 
médecin  mort  depuis  cette  époque  (i). 

Première  Obseroation. 

M.  D ,  Âgé  de  28  ans,  maintenant  docteur  en 

médecine ,  ex-chirurgien  entretenu  de  la  marine  royale 
au  port  de  Toulon ,  avait  hérité  de  son  père  d'une  dis- 
position particulière  au  rhumatisme.  Doué  d'un  tem- 
pérament sanguin  et  ner\'eux ,  ayant  fait  sur  mer  plu- 
sieurs campagnes  longues  et  pénibles ,  il  avait  en 
plusieurs  attaques  rhumatismales  contre  lesquelles  les 
anti-phlogistiques  avaient  peu  réussi ,  car  l'aflèction 
s'était  souvent  prolongée  plusieurs  mois  avant  qu'il  parût 
des  sueurs  critiques ,  qui  étaient  la  solution  habituelle 
de  la  maladie. 

En  18 18,  vers  le  mois  de  janvier,  après  des  tra^ 
vaux  anatomiques    prolongés  pendant  la  nuit    et  de 

longs  séjours  à  l'hdpital ,  M.  D ,  alors  en  résidence 

à  Monlpellier,  pour  prendre  le  grade  de  docteur  eri 
médecine ,  est  atteint  d'une  attaque  de  rhumatisme. 
Les  articulations  des  extrémités  supérieures  et  infé- 
rieures sont  simultanément  entreprises.  Les  douleur^ 
sont  bientôt  intolérables;  il  y  aune  légère  tuméfaction 
sans  grande  rougeur  ,  céphalalgie ,  délire  fugace ,  soiT 
assez  vive ,  langue  rouge  sur  les  bords ,  blanchâtre  au 
milieu ,  jaune  a  la  base ,  nausées ,  vomituritions.  On 
donne  un  émctique ,  on  applique  localement  des  fo— 


(1)  Le  docteur  Piednoâ. 


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(47) 
mentations f  des  vapeurs  émoUientes,  etc.,  sans  soula- 
gement notable.  Une  saignée  générale ,  puis  des  sangsues 
109^,  sont  appliquées  sans  effet  sensible.  Le  malade, 
fd  vent  se  traiter  lui-même ,  sans  négliger  cependant 
les  conseib  de  quelques  condisciples  dont  je  fais  partie , 
et  qui  le  gardent  nuit    et   jour,   ordonne    qu'on  lui 
^rte  de  quoi  se  composer  une  potion  calmante.  On 
net  près  de  lui  les  objets  qu'il  a  demandés ,  parmi  le»- 
qoels  se  trouve  une  bouteille  qui  contient  quatre  onces 
et  demie  de  sirop  diacode ,  et  une  autre  un  gros  de  lau- 
danum liquide  de  Sydenham. 

Vers  les  trois  heures  du  matin,  les  douleurs  deviennent 
atroces  ;  cependant  il  faut  remarquer  que  le  malade 
n'avait  jamais  eu  de   symptômes  vénériens  d'aucune 
espèce.  D.......  veillé  à  cette  heure  par  un  jeune  homme 

îécemment  arrivé  à  la  &culté,  demande  la  bouteille  de 
sirop  diacode  et  le  laudanum  ;  il  en  fait  verser ,  dans  un 
ferre  d'eau  sucrée  tiède,  environ  les  deux  tiers  de  la  pre- 
mière et  la  moitié  de  la  seconde ,  et  avale  tout  d'un  trait. 
I43  douleurs  deviennent  bientôt  affireuses,  au  rapport  du 
ninreillant.  Vers  les  cinq  heures  et  demie  j'arrive  :  le 
pouls  est  mou  et  souple  ,  il  y  a  une  légère  moiteur  à  la 
peau,  somnolence  et  rêvasserie.  Inquiet  en  apprenant  la 
quantité  d'opium  prise  en  une  seule  fois ,  j'avais  déj5 
préparé  une  potion  acidulée ,   lorsque  D.......  s'endort 

profondément  ;  dès-lors  sueur  plus  considérable ,  repos 
i^a'à  neuf  heures  du  matin.  Le  malade  éveillé  se 
llaint  d'un  sentiment  de  pesanteur  qui  a  succédé  aux 
^Bokiirs  lancinantes  des  articulations  ;  à  midi ,  retour 
^  ces  douleurs ,  mais  moins  fortes  que  la  veille  ;  le 
iD^iade  exige  un  second  verre  d'eau  sucrée,  avec  une  once 
et  demie  environ  de  sirop  diacode  et  quinze  gouttes  de 
i^udanum  ;  on  les  lui  donne.  Au  bout  d'une  heure ,  re- 
te  de  la  rêvasserie  ,  somnolence  vers  huit  heures  du 
ffky  sommeil  profond  depuis  dix  heures  du  soir  jusques 


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(  48  ) 

à  dix  heures  du  matin.  Au  réveil ,  pesanteur  de  tête  , 
une  nausée  suivie  d'une  gorgée  de  matière  glaireuse  « 
sentiment  de  bien-être ,  disparition  des  douleurs ,  deux 
lavements  émollients.  Le  lendemain  et  le  surlendemain 
point  de  retour  des  douleurs ,  sueurs  abondantes  et 
urines  briquetées  ;  le  pouls  est  mou  et  ondoyant  ;  mé- 
decine ordinaire ,  convalescence  ,  point  de  rechute  jus- 
ques  en  juillet  i8ao ,  époque  it  laquelle  le  malade  nous 
a  quittés. 

Vous  devez  le  penser ,  Messieurs ,  cette  observation 
nous  parut  remarquable ,  et  nous  nous  promîmes  de  re- 
nouveler les  expériences.  L'occasion  s'en  présenta  bientôt 
pour  moi. 

Deuadème  Observation. 

En  1819,  dans  les  mob  d'ao&t  et  de  septembre  ,  je 
voyageai  à  cheval,  de  nuit  et  de  jour,  dans  la  Provence 
et  le  Dauphiné,  avec  un  de  mes  condisciples ,  M.  Charles 

D ,  de  Paris  :  mon  compagnon ,  âgé  de  a6  ans ,  ardent 

pour  la  science ,  était  malheureusement  d'un  lempé* 
rament  lymphatique  et  d'une  santé  délicate.  Égarés  vers 
le  soir ,  et  forcés  d'errer  la  nuit  dans  les  montagnes , 
surpris  par  un  orage  affreux,  obligés  de  coucher  à  la 
belle  étoile  à  une  grande  élévation ,  vêtus  légèrement , 
exposés  à  une  pluie  battante ,  nous  demeurâmes  sans 
abri  et  sans  avoir  pris  d'aliments  depuis  trois  heures  de 
rélevée  jusqu'au  lendemain  à  neuf  heures.  Charles  D...... 

en  arrivant  à  Draguignan ,  est  saisi  d'un  firisson  qui  se 
prolonge  pendant  plus  de  deux  heures.  Il  y  a  une  cé^ 
phalalgie  violente ,  vomituritions  bilieuses ,  douleurs  de 
reins  atroces,  gonflement  œdémateux  des  extrémités 
inférieures ,  douleur  vive  de  toutes  les  articulations  , 
pouls  dur  et  fréquent.  Saignée  de  huit  onces ,  puis  vo-^ 
miti£  Point  de  soulagement  ;  le  malade  me  dit  que 
c'est  son  rhumatisme  dont  il  a  été  déjà  deux  fois  at« 


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(  49  ) 
lôaL  Nous  loi  prescrivons  une  tisane  diaphorëtique  et 
ue  potion  calmante  de  quatre  onces ,  dont  deux  et 
demie  de  sirop  diacode  et  quinze  gouttes  de  laudanum, 
éprendre  en  deux  heures.  Rémission  lëgère  au  bout  de 
qoatre  beures ,  puis  sommeil  de  cinq  heures  environ  ; 
reloar  des  dooleurs  le  lendemain.  Renouvellement  de 
h  potion  it  prendre  par  cuillerées  de  demi-heure  en 
deim- heure.  Point  d*amëlioration  sensible.  A  cinq 
beures  du  soir ,  ennui ,  découragement ,  douleurs  vives 
ettttigantes;  deux  grains  d'opium  brut  ;  point  de  sou-* 
bgement  jusqu'h  dix  heures  du  soir.  A  cette  heure  ,  un 
nouveau  grain  d^opium ,  agitation ,  puis ,  à  onze  heures 
et  demie  ,  somnolence  et  sommeil  jusqu^au  lendemain 
neuf  heures  du  matin.  Sentimetit  de  pesanteur  au  ré* 
vcîl,  mais  point  de  douleurs;  nausées  sans  vomisse^ 
BKnts ,  langue  blanchâtre  et  très-sale  à  la  base  :  pur^ 
{^ordinaire ,  convalescence,  santé  parfaite  le  septième 
jour  de  Tinvasion. 

Ces  observations ,  communiquées  b-des  confrères  ca-» 
pables  de  les  r^iéter,  amenèrent  des  essais  semblables  ; 
te  iQccès  les  suivit ,  au  rapport  de  ces  médecins ,  et  je 
dus  conserver  une  confiance  assez  forte  en  ce  mode 
de  mëfication  lorsque  je  vins  pratiquer  à  Rouen.  J'ai 
enToccasion  d'employer  dans  nos  murs  cette  même 
Aédiode ,  et  avec  un  bonheur  presque  constant.  Je 
diDiând  donc ,  parmi  plusieurs  autres ,  trois  obser« 
ntioDs  tirées  de  ma  pratique  ,  et  qui  me  semblent 
ftoaver  d*nne  manière  péremptoire  les  avantages  de 
'emploi  de  Topium  ^  haute  dose ,  dès  le  début ,  dans 
^  iffections  rhumatismales  aiguës  et  chroniques* 

Troisihne  obsewation.  ^ 

En  i8a5 ,  au  mois  de  février ,  je  suis  prié  d'aller 
miter,  \  Saint-Sever ,  rue  des  Brouettes ,  l'en&nt  d'une 

7 


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(5o) 
{emme  Toumel  ,  faisant  partie  de  celles  soignées  pa: 
l'association  de  Charité  maternelle  dont  je  suis  le  mé 
decin.  L'enfant  a  six  ans  environ  ;  assez  mal  vêtu  ,  i 
joue  habituellement ,  avec  les  enfants  du  voisinage ,  dan 
un  carrefour  situé  près  de  Thabitation  de  sa  mère  ,  i 
l'endroit  où  la  rue  des  Brouettes  est  croisée  à  angl 
droit  par  celle  qui  se  rend  de  Saint-Yon  à  la  ru< 
d'Elbeuf.  Le  petit  malade  est  fort.  Il  a  été  très-mouill 
l'avant-veille  ,  et  en  rentrant  le  soir ,  après  avoir  mang< 
un  peu  de  soupe ,  il  a  été  saisi  d^un  frisson  violent 
au  bout  d'une  heure  il  a  rendu  les  aliments  quHl  avai 
pris.  Il  est  très-rouge  ,  se  plaint  d'un  mal  de  tête  vio- 
lent ,  et  de  douleurs  insupportables  aux  mains ,  au: 
cuisses ,  aux  genoux  et  aux  pieds.  Ces  parties  sont  ei 
effet  enflées ,  rouges  et  douloureuses  ;  la  langue  est  rosée 
très^chargée  à  sa  base  ;  il  y  a  inappétence  complète 
vomissement  des  boissons  prises  ,  agitation  et  cri 
continuels. 

Je  prescris  an  vomitif  ,  des  fomentations  sur  le 
parties  douloureuses  ,  des  bouillons  coupés  pour  ali 
ments ,  une  tisane  d'orge  et  dlaigremoine ,  avec  l 
sirop  de  limon  et  le  nitre.  La  mère  ,  dont  j'ai  vu  sou 
vent  les  enfants  malades,  suit  les  prescriptions  a  1 
lettre.  Le  lendemain  à  onze  heures,  point  de  soula 
gement ,  exaspération^es  douleurs ,  continuation ,  mais 
pour  le  soir ,  prescription  d'un  grain  d'opium  brut 
€t  un  autre  le  matin  à  six  heures  ,  s*il  n'y  a  pas  eu  d 
soulagement.  Je  reviens  le  troisième  jour  à  onze  heure 
lies  deux  grains  d'opium  ont  été  avalés  ,  l'enfant 
été  agité ,  puis  a  dormi  :  au  moment  où  je  le  visite 
le  ventre  est  tendu  ,  mais  sans  douleurs  ;  il  y  a ,  a 
lieu  de  cris  et  d'agitation,  un  murmure  plaintif;  il. m 
regarde  fixement  et  d'un  air  hébété.  Les  '  articulatior 
sont  moins  rouges ,  mais  toujours  gonflées  et  douloi 
reuses.  Deux   lavements  émollients  avec  le  son  et  1 


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(  5i  ) 

ïïùel.  Pour  \e  soir ,    ^  prendre  en  deux  fois ,  \  une 

Wc  dHntervalle  y   deux  grains  d'opium/  Une  potion 

simple  dans  la  joumëe ,  du  poids  de  trois  onces  ,  avec 

çDÎiize  gouttes  de  laudanum.  Le  lendemain ,  à  midi , 

je  trouve  Tenfant  dormant  profondffment  depuis  cinq 

heures  du  matin.  Le  ventre  est  souple ,  la  peau  moite  , 

les  articulations  dëgonflées  et  si  peu  douloureuses  que 

je  puis  les  presser,  même  assez  fortement,  sans  réveiller 

le  malade.  A  partir  de  ce   jour ,   convalescence  ;  pur«* 

gation  le  cinquième  jour  ;  guérison. 

Quatrième  Observation, 

Pierre  Duchesne ,  employé  dans  les  bateaux  h  vapeur, 
se  trouve,  en  i8a5,  exposé  à  quelques  dangers  au 
passage  de  Quillebeuf,  par  un  temps  d^orage,  une 
ploie  abondante  et  froide.  11  se  donne  beaucoup  de 
mouvement  et  de  peines  pour  lutter  contre  les  dangers 
qui  l'environnent  ;  il  transpire  abondamment ,  et  reste 
sur  le  pont  sans  changer  de  vêtements  ni  prendre 
d'antres  précautions.  Arrivé  à  Rouen ,  encore  tout  ému 
des  périls  que  son  navire  a  courus,  ses  parents  lui 
trouvent  l'air  malade;  la  peau  est  ictérique ,  les  yeux 
abaUns.  Il  y  a  anorexie  complète ,  quoique  le  malade 
s<nt  habituellement  gros  mangeur.  Il  ne  se  décide 
qu'avec  peine  h  prendre  un  peu  d^aliments.  11  se  couche 
it  bonne  heure ,  près  de  sa  femme  ;  et  à-  dix  heures 
laioir  il  est  pris  d'un  (irisson  assez  fort,  de  nausées, 
d  de  douleurs  insupportables  dans  les  reins.  Je  le 
i«s  le  lendemain  dès  le  matin.  La  langue  est  très- 
dargée  ;  il  y  a  de  la  céphalalgie  sus-orbitaire  ,  et 
une  douleur  intolérable  des  lombes,  qui  se  fait  peu 
sentir  dans  les  vertèbres  dorsales,  mais  retentit  dans 
les  vertèbres  cervicales.  Le  ventre  est  Couple ,  le  pouls 
ferré  et  assez  fort ,  la  peau  diaudc  et  sèche.  Le  malade, 

7- 


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(5a) 
âgé  de  quarante-deux  ans,  est  hémorroïdaire  depui 
trente-quatre.  Dix-huit  sangsues  au  si^e,  tartre  stibié 
trois  grains  en  trois  doses  ;    tisane  de   quatre  fleur 
avec  le  miel. 

Vomissements  abondants,  les  sangsues  ont  beaucou| 
saigné,  la  douleur  des  lombes,  loin  d'avoir  diminué 
est  tellement  forte  que  le  malade  jette  des  cris  et  su 
de  douleur  t  suivant  son  expression.  Lavement  avec  quatn 
têtes  de  pavot,  un  demi-gros  de  laudanum.  A  cin< 
heures  du  soir,  point  de  rémission,  malgré  Tappli 
cation  réitérée  de  serviettes  chaudes  sur  la  partie  dou 
loureuse.  Potion  de  cinq  onces,  avec  deux  onces  d< 
.sirop  diacode ,  vingt  gouttes  de  laudanum ,  à  prendn 
par  cuillerées  de  demi-heure  en  demi-heure.  Le  kn 
demain  à  huit  heures,  je  ne  vois  point  d^améliora 
tion ,  la  douleur  est  atroce.  Un  grain  d'opium  brut  d< 
trois  heures  en  trois  heures,  .deux  lavements  opiacée 
A  huit  heures  du  soir,  moins  de  douleurs.  Encore  deu 
grains  d'opium  en  deux  heures  ;  la  potion  par  cuil 
lerées  d'heure  en  heure.  A  trois  heures  du  matin 
suivant  le  rapport  de  sa  femme  ,  agitation  considéra 
ble,  délire  gai;  h  quatre  heures,  rêvasseries ,  somno 
lence ,  sommeil  :  il  ne  cessa  que  le  lendemain  à  troi 
heures  de  relevée.  Quand  je  vis  le  malade,  à  neii 
heures ,  il  dormait  profondément ,  en  supination.  L 
peau  était  baignée  de  sueur ,  le  pouls  mou  et  lent  L. 
douleur  n^a  plus  reparu.  Un  purgatif  a  complété  L 
cure,  qui  a  été  radicale. 

Cinquième  Observation. 

Louis  Fessard ,  homme  de  journée ,  employé  à  dé 
charger  un  bâtiment  sur  le  port ,  tomba  dans  û  Seine 
c'était  au  mois  de  mars.  Sa  lerreur  fut  si  grande ,  qu< 
ce  malheureux,  encore  bien  qu'il  eût  saisi  un  câbl 


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(53) 
àm  sa  cbote^  et  qu'on  lui  eftt  porté  de  tiûte  èa  ac« 
c«n,  îetail  encore  des  cm  d'effiroi  aprèà  qa'il  fiit 
tiié  de  TeaiL  Un  firisson  prolongé  s'empira  de  lui ,  et 
ne  le  quitta  qu'après  plus  de  trois  heures.  Je  le  vis 
biadeiBam.  U  j  avait  des  nausées  ^  la  langue  était 
coBvcrte  d'un  enduit  jaunâtre  épais  |  le  pouls  était  dur 
et  fréquent,  la  physionomie  portait  l'expression  de  la 
lEneur,  et  il  parlait  de  son  accid«at  avec  eraphaaa 
et  Toiabilité.    Saignée  du  bras  de  douze  onces ,   les 
jtt&bes  dana  un  ptiihive  synapiaé.  Deux   grains  de 
tetre  stibié  ,  tisane  de  quatre  fleurs  édukorée.  Yo* 
■nsrmentt  abondants  de  matières  bilieuses»  Le  soir, 
nuMnrement  fébrile  prononcé ,  douleurs  vives  de  toutes 
les  articalataons  des  numbies ,  avec  un  peu  de  gon- 
flement. Le  malade  n'a  îamais  eu  la  goutte,  mais 
piosîenrs  rhumatisnies  à  la  suite  de  campagnes  pâûbks 
en  Itafie  et  en  Allemagne.  Continnation  des  mâmes 
nojens ,  fionentalioBS  anx  membres.  Sa  fiemme  ,  qui 
bb.  arec  inieUîgence  un  petit  commerce ,  exécute  pono- 
tadienent  les  prescriptions,  et  me  rend  compte  de  tout 
>*K  exactitude.  Insomnie,  douleurs  atroces  pendanl 
hoiiii,  gonflement  asses  considâiaUe  des  articulations 
ntecarpîennes   et   métatarsiennes  j   avec  rougeur    et 
(dateur.  Continuation  des  émollients,  sous  fiorme  de 
Wtties.  Les  douleurs  augmentent*  Le  soir  b  5  heures,, 
dUs  sont  intolâraUes ,  le  malade  jette  les  hauts  cris, 
ffeesaiption  :  quatre  grains  d'opium  brut^  à  prendre 
cifiatre  heures.  Rêvasseries  à  cinq  heures  du  matin  ; 
i  leif  heures ,  retour  des  douleurs.   Quatre  têtes  de 
pam  en  décoction  dans  une  chopinc  d'eau  réduite 
^i'oa  fars,  avec  addition  de  deux  onces  de  sirop  diacode,. 
^^St  gouttes  de  laudanmn ,  à  prendre  dans  la  journée.. 
A  nxheures,  nausées  l^res,  subdeliman.  Deux  grains^ 
'•paaa  brut  en  deux  heunsw  Sommeil  profond  ^  onze 
^QDcs  jusqa^am  Ifndpnwtn  à  use  heure.  Réu 


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(54) 

complète -,  sueurs  critiqQes,  convalescence.  Le  malade 
ne  consent  à  se  laisser  purger  que  quinze  jours  après* 
Point  de  rechute. 

Il  me  serait  facile ,  Messieurs ,  de  vous  citer  d^autres 
faits  où  Topium  employé  h  moins  forte  dose  a  produit 
les  meilleurs  effets.  Un  personnage  ëminent  qui  mlio- 
nore  de  sa  confiance ,  sujet  h  des  accès  irréguliers  d'un 
rhumatisme  goutteux  qui  occupe  une  partie  de  la  mi- 
choire  inférieure ,  nVprouve  de  soulagement  que  de 
remploi  de  Topium  ^  doses  fractionnées ,  et  toujours 
sans  trouble  général  dans  les  fonctions ,  ni  dans  les  ca* 
vités  splanchniques. 

Je  ne  crains  pas  de  citer  ces  faits  aux  praticiens, 
afin  de  les  engager  à  employer  hardiment  Fopium  en 
pareille  circonstance ,  et  j'ose  leur  prédire  qu'ils  en 
obtiendront  de  bons  effets.  Ce  médicament ,  Tun  des 
plus  héroïques  et  de  l'effet  le  mieux  constaté  de  toute 
la  matière  médicale ,  se  tolère  parfaitement  dans  les 
cas  de  douleurs  aiguës  et  vives ,  et  cela  ne  surprendra 
pas  quand  on  songera  que  l'inflammation  pulmonaire 
a  souvent  permis  de  tolérer  une  dose  notable  de  tartrite 
antimonié  de  potasse  :  l'exaltation  insolite  des  propriétés 
vitales  commande  une  médication  sédative  énergique , 
et  les  praticiens  habiles  savent  bien  que  leurs  succès , 
dans  des  cas  où  d'autres  plus  timides  échouent  par  une 
médication  modérée  ,  ne  tiennent  qu'à  la  hardiesse  avec 
laquelle  ils  emploient  des  substances  dont  l'ef&t  spé- 
cial est  notoirement  constaté  ;  et  si  moi-même  j'ai 
donné  aussi  fortement  les  préparations  d'opium ,  c'est 
que  j'avais  vu  ce  médicament  précieux  administré  avec 
vigueur  et  avec  un  succès  soutenu  par  des  mains  ha- 
biles et  exercées. 

Telles  étaient  les  observations  que  je  voulais  vous 
soumettre  dès  l'année  dernière ,  Messieurs  ,  et  que  j'ar 


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(65) 
^  même  laissées  ici  en  dëpôt  jusque  ce  qu'il  se  prë^ 
sentit  une  occasion  de  les  lire  ;  quelle  n'a  donc  pas 
èé  ma  satisfaction ,  en  ouvrant  le  numéro  de  juillet  et 
d'octobre  1827  ,  du  journal  de  physiologie  expérimentale 
et  pathologique  du  docteur  Magendie ,  que  Ton  m'a 
remis  aujourd'hui  même  ,  d'y  trouver  des  observations 
pratiques  du  docteur  Cazenave  ,  médecin  h  Pau ,  qui 
a  de  même  employé  l'opium  à  haute  dose  dans  le  rhu- 
matisme soit  aigu ,  soit  chronique  !  Les  réflexions  de 
M.  Cazenave  sont  complètement  d'accord  avec  les  nô- 
tres; mais,  bien  plus  hardi  que  nous,  ce  praticien 
n'a  pas  craint ,  chez  un  individu  adulte ,  de  porter 
la  dose  de  Topium  brut  ,  en  huit  jours  ,  du  ao 
aa  3o  janvier  iSay  ,  à  soixante-trois  grains,  avec  le 
plus  grand     succès    et    sans   accidents   d'aucune    es- 

!*ce(i). 

Le  mémoire  de  M.  Cazenave  est  très-remarquable ,  et 
i^engage  les  praticiens  à  en  prendre  connaissance.  C'est 
apiès  de  nombreuses  tentatives  qu'il  vante  les  effets  de 
ropiaui  dans  le  rhumatisme  exempt  de  complications 
constatées;  et  s'il  a  porté  les  doses  beaucoup  plus  haut 
^  nous,  c'est  que  son  expérience  est  plus  formée  à 
cet  ^ard ,  puisque  dans  la  ville  de  Pau  qu^il  habite 
ks  ihomatismes  sont  si  fréquents ,  qu'il  dit  :  le  rhana^ 
imt  ai  la  seule  maladie  qui  soà  très-commune  à  Pau,  Il  y 
oûk  comme  endémique;  il  simuie  ou  complique  imites  ou 
^ttçw  toutes  nos  affections  pathologiques  {i). 

^oos  pourrions  en  dire  autant  chez  nous  du  catarrhe^ 
Ikâenrs ,  et  tous  mes  confrères  connaissent  les  liens 
de  parenté  qui  Funissent  au  rhumatisme  ;  c'est  ce  qui 
^  a  déterminé  à  vous  communiquer  ces  observations , 


(0  Loc  cît. ,  page  aa6. 


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(56) 
dont  le  but  est  et  solliciter  des  essais  oa  plutôt  de 
contre-^premres.  Or,  quand jVmets ce  ¥cn  dans  Rouei 
et  dans  le  sein  de  FAcadéinie  ,  je  sms  sàr  que  les  occa 
sions  d'expériences  ne  manqueront  pas  ,  et  encor 
moins  les  talents  pour  les  £ûre. 


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(5;  ) 


M^tMim^mÊMmM^mmt*MiMmtymmmMiMimMmf¥it^iMyvk^^¥¥¥^vy^ 


ESSAI 

SUR  LES  MOYENS  DE  CONSERVER  LES  BOIS  ; 

Par  M.  VAhhi  Gossur. 

Messieurs, 

Voe  circonstance  particulière  ayant  £iit  passer  par 
nosmaios  le  second  numéro  pour  Tannée  i8a8  du  Jour» 
^  i'ûgicuUure ,  d'économie  rurale  et  des  manufactures  du 
nymme  des  Pt^s^Bas^  notre  attention  fut  tout  d'abord 
attirée  par  le  moins  frappant  peut-être  des  articles. 
L'intérêt  qu'il  nous  faisait  éprouver  venait  en  grande 
pvtic  sans  doute  d'une  analogie  assez  remarquable  entre 
k  sujet  âmncé  et  celui  d^un  ouvrage  anglais ,  dont  Tau- 
to,  M.  Burridge ,  vous  a  fait  hommage  il  y  a  quelques 
aoîsf  et  dont  nous  avons  eu  Thonneur  de  vous  entre- 
tenir dans  un  rapport  qui  nous  fiit  demandé  par  M.  le 
Pt^^ident.  Cet  Opuscule  contenait  des  considérations  sur 
h^Mmterv  sècfuy  maladie  à  laquelle  les  bois  de  construc^ 
^sontsujets^  du  moins  en  Angleterre  (i),  et  l'article  de 
foBrrage  périodique  avait  pour  titre  Conservation  des  bois* 


(OM.  B«rid^  attribue  cette  makdie  des  bob  ihe  dry  rot,  qu'il 
<**t^aBcieiiney  et  que  ches  ooiu  on  regarde  quelquefois  comino 
P^^^inkre  à  TAngleteire ,  eu  reppcl  de  certaines  lois  qui  fixaient  It 
t^Vi  it  la  coope  des  chênes  de  construction.  On  était  obligé  autre- 
^  de  la  abftttre  dans  rbiVer;  mais  maintenant  que  Técorce  en  est 
^"'■M  m  objet  é»  grande  ia^rtance  pour  le  Tendeur  et  pour  les  arts  , 
^leiakat  aa  printemps  lorsque  la  Urt  est  abondante  et  en  moureijienty 
**  ceondércr  le  détrincnt  que  pu  U  on  peut  occasionner  à  la  qualité 

8 


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(sa) 

Notre  curiosité  fut  encore  plus  vivement  excitée  quand 
nous  pemargoAnie»  que  cetr  article  tout  entier  étadt 
une  traduction  d'une  lettre  écrite  de  Londres  ,  Tannée 
dernière  ,  ii  un  correspondant  sar  le  continent. 

Nous  y  apprenons  qu'une  découverte  a  été  récem- 
ment faite  en  Angleterre,  pour  conserver  le  Ms  €tfnir€  la 
vermouture  ei  Us  attaques  des  photades ,  et  peur  rtnâre^  les 
bois  de  sapin ,  de  pin ,  de  bouleau ,  etc. ,  ausd  solides  que  le  bois 
de  chine ,  et  même  supérieurs  pour  les  constructions  naoales  ei 
cii^iles.  Deux  expériences  comparatives   ont  été  faites 
sous  les  yeux  d'une  commission  i^ommée  par  le  gouver^ 
nement  anglais  ;  dans  la  première ,  des  bois  préparés 
par  l'inventeur  avaient  été  laissés  sous  l'eau  pendant 
trois  ans  à  l'embouchure  de  la  Tamise ,  et  ils  furent 
retirés,  après  cette  intervalle  de  temps,  parGiitemem 
saiiK,  tandis  que  des  bois  coupés  des  mêmes  aiin>es 
et  placés  dans  la  même  situation ,  mais  sans  aucune 
préparation  préalable ,  étaient  entièrement  gâtés  et  percés 
dioutre  en  outre  par  des  pbolades.  Dans  la  seconde  ex- 
périence ,  prolongée  l'espace  de  cinq  ans ,  les  résultats 
oxit.été  absolument  les  mêmes*  En  conséquence,  dit 
Técrivain  ^  le  gom^pmement  anglais  a  proposé  à  Vinoenieur 
de  faire  pr^^arey  de  suite  tout  le  bms  mécsssmre  pour  ia 
construiction  d'un  vaisseau  sur  ses  principes ,  ei  la  Rassiéra 
souscrit  atfec  Vinçenieur  un  contrat  pour  la  prépûNiÊèên  db 
bois  pour  Un  marins ,  pendant  5o  ans. 

L'invention  paraît ,  ainsi  que  vous  pouvez  le  remar- 
quer, Messieurs,  être  encore  un  secret ,  et  deux  États 
qjtt'assurément  nous  ne  voudrions  pas  appeler  nos  en- 
nemis naturek ,  mais  que  nous  devons  regarder  comme 
émules  et  même  antagonistes,  se  disposent  à  en  recueillir 
les  avantages.  Ils  sont  grands  assurément^  et.iJb  Sioal  de 
ns^^ure  h  ne  demaxider  aucun  développement.  Si  lesJbnîs 
de  construction  navale  civile  et  domestique ,  toujours  si 
utiles  et  si  nécessaires  »  de  nos  jours  si  cbers  et  si  rares  , 


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(Sg) 

^ttkt«rfols  dSme  dtirée  si  courte  et  si  précaire,  pouvaient, 
«if«r  quelque  procédé  ni  trop  difficile  tii  trop  âîspèn- 
èeiK,  être  mis  k  Fabri  d'un  principe  interne  de  cor- 
f^lion  )  aos8i  bien  que  des  effets  ordinaires  de  la  chaleur 
et  di  llmmidité  ;  et-si ,  de  phis  ,  ils  étaient  encore ,  par  ce 
mojetk ,  ftésetyés  des  déprédations  extérieures  des  in  - 
aeeies  en  gi^néral  et  de  tous  les  genres  d^animaux  de^- 
Mctms  ,  assitt^émènt  lliomme  trouverait  dans  cette 
«nie  découverte  tine  source  de  commodités,  de  salu- 
biilé,  de  yovâssànce  et  d*économi<^  aus$i  intarissable  que 
{Nfétieiise. 

Malgré  les  doutes  que  quelques  Anglais ,  maintenant 
sur  fe  continent ,  nous  ont  témoignés  lorsque  nous  leur 
avons  communiqué  l'article  du  journal  des  Pays-Bas, 
lÈom  nous  sentons  portée  h  croire  ce  qui  nous  y  e^t 
annoncé,  et  notre  persuasion  procède  principalement, 
nous  I avouons,  de   Topinion  que  nous  nous  sommes 
bile  de  la  possibilité  de  reflfet  promis.  Noh,  cet  eflfet 
ne  nous  paraît  point  au-delà  de  c-e  qu'on  peut  espérer 
ie  Tindustrie  et  de  la  sagacité  humaine.  Beaucoup  de 
thoses  sai)s  doute  sont  impossibles  a  Vhomme  ;  on  peut 
même  dire  encore  que  beaucoup  de  choses,  très-possi- 
bles en  elles-mêmes ,   ne  seront  probablement  jamais 
zotenées  par  l'homme  hors  dés  limites  d'une  pure  pos- 
MVxê;  itiais  donner  au  bois,  sinon  une  incorruptibilité 
complète  et  absolue  ,  du  moins  une  incorruptibilité  im- 
porf^e  y   une  ittcortuptibilité  comparable  h  celle  dès 
pierres  et  des  métaux,  où  analogue  peut-être  a  celle 
^  est  communiquée  au  cuir  par  Vimprégnatibn  du  prin- 
àpe  tanniti ,  cela,  dis-je  ,  et  on  ne  peut  raisonnablement 
attendre  autre  chose ,  cela  ne  paraît  nullement  au-dessus 
àt  Ilndnstile  de  l'homme  et  des  ressoiirces  de  la  chimie. 
Sopposom  9  comme  nous  le  faisons  volontiers  ,'la  vé- 
rité de  la  découverte  d'un  procédé  capable  dé  rendre  le 
hais  incorruptîtte  »  et ,  pouf  nous  servir  d'une  des  e^preS- 


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(6o) 
sions  de  la  lettre  angl^se ,  presque  ùnpémsMe ,  il  est  très- 
certain  que  le  moyen  employé  ne  peut  rester  long-temps 
un  véritable  secret.  Les  communications  et  les  rapports 
entre  les  difTérentes  nations  de  FËurope  sont  si  £rë- 
quents ,  si  multipliés  et  si  intimes ,  d'un  autre  côté  les 
tentations  qui  affaiblissent  la  jalousie  nationale  sont  ai 
puissantes  y  et  aussi  la  subtilité  du  talent  d'analyse  est  si 
grande ,  qu'une  nouvelle  invention  est  rarement  exploi- 
tée long-temps  au  bénéfice  d'un  seul  peuple.  D'ail- 
leurs, il  suiBt  presque ,  ce  nous  semble  ,  dç  dottùer  une 
direction  aux  recherches  des  savants  pour  obtenir  les 
résultats  désirés ,  et  nous  sommes  perstudés  que  si 
nous  appelons  seulement  l'attention  de  la  chimie  sur  la 
découverte  annoncée  d'Angleterre  ,  le  secret  sera  bienlAt 
dévoilé ,  ou  du  moins  que  quelque  procédé  également 
bon  sera  bientôt  trouvé  et  communiqué  au  public.  On 
ne  restera  point  en  arrière  :  des  récompenses  propor- 
tionnées peuvoni  être  regardées  comme  certaines ,  et 
d'ailleurs,  l'esprit  national  et  français,  stimulé  par  la  cer- 
titude de  la  possibilité  d'atteindre  le  but  propos^ ,  sera 
toujours  ,  à  notre  avis ,  un  gage  peu  doi|teux  d'un  succès 
complet.  C'est  dans  cette  persuasion ,  Messieurs ,  que 
nous  répandons ,  autant  qu'il  est  en  nous ,  l'avis  du 
grand  avantage  dont  il  semble  que  nos  voisins  spnt  ;Hir 
le  point  de  jouir ,  et  dont  nous  pensons  que  la  science 
et  la  connaissance  des  arts  peuvent  nous  faire  jouir  pres- 
que aussitôt  que  leur  secours  sera, imploré,  ou  n^éme 
que  l'idée  leur  en  aura  été  su^érée. 

Notre  intention  toutefois  n'est  pas  de  nous  contenter 
d'annoncer  qu'un  moyen  de  conserver  les  bois  et  de 
donner  à  des  espèces  inférieures  des  qualités  ^ales  ou 
même  supérieures  au  chêne ,  a  été  trouvé  en  Angleterre 
et  y  est  tenu  secret;  nous  nous  proposons  encore  de 
rappeler  quelques  vérités  incontestables,  et  d'indiquer 
quelques   principes    assez   généralement  connus ,  qui 


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(.6.  ) 
fenvent  diriger  les  recherches  de  ceux  qui  roudraient 
beat  quelques  essais.  Il  est  souvent  plus  aisé  de  montrer 
V  diemin  que  d*y  marcher  soi-même  ;  il  faut  souvent 
ika  peu  de  connaissances  pour  suggérer  une  idée  que 
de  grands  talents  pourront  seuls  bien  saisir  ,  poursuivre 
et  rendre  féconde. 

La  seule  donnée  que  la  lettre  du  correspondant  anglais 
jyrésente  pour  arriver  h  la  découverte  du  moyen  em- 
ployé pour  rendre  le  chêne  de  construction  presque 
impérissable  ,  et  pour  communiquer  aux  bois  de  sapin  , 
de  pb ,  de  bouleau  ,  de  frêne  ,  etc. ,  une  aussi  grande 
solidité  qu'an  chêne  ,  est  contenue  dans  ce  peu  de  mots  : 
«  Le  principe  de  cette  grande  découQerte  consiste,  dit  la 
kttrty  dans  Vimprégnation  du  bois  açec  une  substance  in-- 
às%ohible.  »  C'est  donc  en  parlant  de  ce  principe  ,  Mes- 
sieurs f  que  nous  nous  proposons  de  conduire  aux 
moyens  de  trouver  la  solution  du  problême.  Le  bois , 
nous  annonce-t-on ,  est  rendu  presque  impérissable, 
et  cet  effet  est  obtenu  par  un  procédé  qui  l'a  imprégné 
complètement  avec  une  substance  indissoluble.  Obser- 
vons d'abord  que  cette  es^ression,  une  substance  in^ 
dhsolMe ,  ne  peut  pas ,  et  conséquemment  nç  doit  pas 
être  prise  dans  un  sens  trop  strict  et  trop  rigoureux. 
Oq  ne  reconnaîl  point ,  et  probablement  il  n'existe 
pmut  dans  la  nature  de  substance  douée  d'uiW  iudisso- 
liAilité  parfaite.  Nous  devons  raisonnablement  entendre 
id  par  une  substance  indissoluble  une  substance  qui 
i^âste  aux  agents  desU*ucteurs  les  plus  communs  dans 
la  nature,  ou  du  moins  qui  leur  résiste  un  tqmps*  très- 
ciMdérable  ,  un  temps  indéterminé.  Dans  ce  sens  large 
^  nécessaire ,  on  découvre  aisément  la  connexion  dcâ 
m)^  pr&entées  dans  la  lettre  ;  car  assurément  on 
conçoit  qu'un  bois  qu'on  parviendra  à  imprégner  avec 
■oe  substance  presque  indissoluble ,  doit ,'  par  cette 
<¥6atîon ,  devenir  presque  impérissable. 


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(fe) 

Quand  on  se  demande  quelles  totA  les  sobstan 
insolubles  avec  lesquelles  on  poarrait  imprégner  le  1 
pour  le  ren<!re  pins  durable  qu'il  n'est  de  sa  natu 
plasieurs  s'offrent  comme  spontanemenl.  Consîdero 
les  en  détail ,  poorvoir  ce  que  nous  ponvons  en  espt-i 

MM.  d\\rcet  et  Th^oard  ont,  il  j  a  senlement  qu 
qnes  annifes  ,  annonr<^  an  public  qu'ib  étaient  oar^^ei 
^  imprégner  des  pierres  assez  dures ,  jusque  la  profc 
deur  de  deux  lignes  ou  deux  lignes  pt  demie ,  avec 
mélange  de  cire  et  d'huile  lithargirée.  Le  dedans  de 
coupole  de  Saînte-Génwève ,  à  Paris ,  a  été  pr^p 
avec  cette  composition,  avant  de  recevoir  les  bel 
peintures  qui  le  décorent ,  et  qm  promettent ,  en  con: 
quence  de  cette  impr^nation,  une  durée  égaie  au  mo 
3i  celles  des  meilleures  fresques  de  ritalîe.  Déjà  de 
établissements  se  sont  formés  dans  la  capitale ,  ou  V< 
exploite  ,  ce  nous  semble  ,  la  décom-erle  des  deux  cF 
mistes  que  nous  venons  de  nommer ,  et  où  sont  mis  • 
vente  des  enduits  hydrofuges  qui  s^apptiquent  sur  1 
pierres ,  les  briques ,  les  plâtres ,  ciments  et  mortiers , 
quif  les  imprégnant  jusque  une  certaine  profondeui 
doivent  pénétrer  ces  substances,  en  remplir  les  porcj 
et  leur  donner  une  solidité  et  des  qualités  particulier 
qui  les  rendront  inattaquables  à  la  plupart  des  agen 
naturels.  Dans  cet  enduit,  la  résine  remplace  quelqu 
fois  la  cire  ,  et  quelquefois  aussi  des  oxides  métalliqui 
y  entrent  pour  une  portion  assez  remarquable  et  ind 
quée  par  les  premiers  inventeurs.  Ceux-ci  n^avaientpoi 
parle  de  faire  Tapplicafion  de  leur  découvert'  à 
préservation  des  bois  ;  mais  on  étend  jusque-Ia  Tusaj 
des  enduits  hydrofuges  dans  les  prospectus  qui  noi 
viennent ,  soit  de  M.  Maison-Rouge  ,  soit  de  M.  Feh 
11  ne  nous  paraît  point  .impossible  de  faire  pénétrer  ce 
compositions ,  non  pas  seulement  jusqil^à  la  profondei 
de  quelques  lignes  dans  le  bois  ,>  maïs  même  jusqu^a 


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(63) 
ctiAie  des  pVëces  ,  dans  les  grosseurs  employées  par  les 
«n5lnicieur&.  Alors  les  bois  ainsi  pénétrés  de  substances 
însoioUes    et  incorruptibles   pourraient    être   regardes 
comme  presque    impérissables.  Si  quefqu^un  objectait 
<[ue  \e&  huiles  et  les  résines  ne  mettent  pas  nos  bois 
de  construction  navale  à    Pabri   des  déprédations  des 
phohdes  ,  on  répondrait  aisément  que  parmi  les  oxides 
métalliques  ,  qui  tous ,  nous  pensons ,  pourraient  entrer 
dans  la  composition  des  enduits  hydrofuges ,  il  en  est 
assurément  qui  repousseraient  les  attaques  et  des  plio- 
Jades    et    de    tout    autre  animal    connu.    Ainsi    toute 
l^opération    consisterait  à  imprégner  complètement  le 
bois  arec  des  subtances  huileuses  et  résineuses  char- 
gées d'oxides  métalliques  ;  et ,  quoique  cette  imprégna- 
tion complète  présente  assurément  des  difficultés  dans 
Fétat  présent  dos  manipulations  ordinaires  ,  cependant 
peu  de  personnes  voudraient ,  nous  le  croyons  ainsi , 
positivement   déclarer  que    cette  complète  pénétration 
est  absolument  et  évidemment  au-delà  des  puissances 
de  Fart. 

£n  second  lieu,  il  serait  posssible  dHmprégner  le  bois 
avec  des  substances  terreuse^  insolubles,  et  voici  comment 
an  peut  se  rendre  raison  de  cette  autre  opération  :  sup* 
posons  qu^au  moyen  de  quelque  procédé  chimique ,  ou 
peut-^tre  seulement  d'une  immersion  prolongée  et  ac- 
compagnée d^une  chaleur  convenable  ,  on  parvînt  à  im- 
frégner  un  morceau  de  bois  de  construction  avec  de 
Tcau  tenant  en  solution  un  sel  terreux  ;  ensuite  qu^on 
waae  à  imprégo/RT  cette  même  pièce  de  bois  avec  un 
second  liquide  chargé  d'une  substance  capable  de  pré- 
^piter  la  substance  en  solution  dans  le  premier  liquide  : 
^ors,  Messieurs,   qu'arrivera- 1- il?  il  arrivera  alors 
éridemment  que   le  précipité  formé  pacioette  double 
«léaCîbo  restera  comme  emprisonné  dans  les  interstices , 
dhof  leê  pores  àa  bois.  Ainsi  une  substance  insoluble 


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(  64  ) 

ne  fera  plus  qu^ua  corps  avec  la  matière  du  bois  ;  elL 
environnera  de  toutes  parts  la  fibre  ligneuse,  lui  former; 
une  gaîne  ou  fourreau  qui  l'enveloppera,  la  protégera 
et  par  là  communiquera  au  bois  une  véritable  indisso 
iubilité. 

L'opt5ration  lente  ,  mais  fréquente  dans  la  nature,  A 
la  pétrification  de  substances  végétales  ,  est ,  ce  nou 
semble ,  une  opération  dont  celle  dont  vous  venez  d'en 
tendre  le  détail  n'est  qu'une  espèce  de  copie  (i).  1 
est  de  temps  en  temps  donné  h  Thomme  de  découvrir  l 
marche  que  la  nature  tient,  dans  des  circonstances  par 
ticulières,  pour  amener  certains  résultats  et  former  cei 
tains  produits  ;  alors  il  réussit  quelquefois  à  tirer  ui 
parti  avantageux  de  sa  découverte.  Veut-il  obtenir  le 
mêmes  produits  et  les  mêmes  résultats ,  il  commence  pa 
amener ,  s'il  est  possible  ,  toutes  les  circonstances  qu'i 
a  remarquées  ;  ensuite  il  recueille  au  besoin  et  apport 
en  un  lieu  de  son  choix  les  matières  premières,  puis 
se  reposant ,  il  laisse  agir  les  affinités  naturelles.  Dan 
ces  hauts  procédés  il  nous  semble  voir  un  maître  qu 
combine  et  qui  ne  fait  que  surveiller  ,  qui  donne 
la  nature  une  tâche ,  et  qui  ensuite  lui  dit  :  tu  tra 
VAILLEEAS  ICI  ET  POUH  MOI.  C'est  ainsi  que  maintenar 
on  obtient ,  dans  des  fosses  préparées  à  cette  fin ,  près 
que  tout  le  salpêtre  du  commerce  ;  on  les  remplit  d 
substances  convenables  ,  et  tout  le  reste  du  travail  ei 
confié  au  jeu  des  affinités  ;  c'est  ainsi  pareillement  qu 


(i)  Nous  avons  soos  nos  yeux  un  morceau  de  rextrémité  supérieoi 
d*un  pilotis  trouTé  dans  les  fondations  d'une  maison  située  dans  c 
des  quartiers  les  moins  élevés  de  la  ville  de  Rouen.  La  partie  extériea 
en  est  couverte  di  mortier,  et  toute  la  partie  ligneuse,  ainsi  <ine  Técort 
qui  se  trouve  entre  le  bois  et  le  mortier,  sont  pétrifiées ,  ckâcnoc  fti 
servant  sa  couleur  et  sa  texture  ;  mais  Técorce  ne  parait  pas  avoir  su] 
■ne  pétxificatioo  aussi  compléta  que  celle  do  boit. 


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(65) 
VWniiie  peut ,  ce  nous  semble  ,  axoener  une  espèce  de 
fétcîficadon  du  bois. 

Nous  disons  une  espèce  de  pétrification ,  parce  que, 
^Vopération  prompte  et  pour  ainsi  dire  hâtive  dont 
iKMis venons  de  parler,  la  partie  fibreuse  ne  serait  pas 
détnûie  conune  elle  paraît  Tétre  dans  les  pétrifications 
butes  mais  spontanées  de  la  nature.  Cependant  on 
conçoit  que  cette  partie  fibreuse  étant  totalement  in-* 
cmstée  et  recouverte  d^une  substance  insoluble  ,  de*- 
viendrait  par  cela  même  capable  de  résister  à  Faction 
de  la  plupart  des  principes  qui  causent  la  pourriture 
des  bois  et  en  amènent  la  destruction. 

Quant  aux  pbolades ,  il  est  vrai  qu^elles  s^ouvrent  un 
chemin  ou  du  moins  une  demeure  dans  la  pierre.  Mais 
il  tst  anssi  bien  reconnu  qu^on  ne  les  trouve  que  dans 
des  roches  d'une  dureté  médiocre  et  d^une  espèce  par-* 
ticnlim,  dans  celle  principalement  qu'on  appelle  Uanche. 
Conséqoemment  le  bois  împr^;né  d'un  précipité  pier* 
Kuz  produit  par  les  réactifs  chimiques  devrait  avoir 
me  dureté  suffisante  pour  repousser  leurs  attaques ,  ou 
posséder  des  cpialités  qui  empêcheraient  leurs  dépréda- 
tions. Tout  ceci  est  dans  les  bornes  de  la  possibilité  , 
et  pour  notre  sujet  cette  observation  suffit.  Peut^tre 
que  des  précipités  de  la  nature  du  silex  ne  sont  point 
dbsohuBent  impossibles  h  la  chimie,  qui  sait  déjà  ré- 
ènre  la  silice  en  une  gelée  ,  et  il  semble  que  de  pa* 
ic3s  précipités,  remplissant  les  pores  du  bois,  pro-* 
enraient  tous  les  effets  annoncés  dans  la  lettre  de 
Loadres. 

Outre  les  substances  terreuses  dont  on  pourrait  im- 
pr<^goer  le  bois  pour  le  rendre  presque  incorruptible  , 
i  en  e^  d'autres  dont  on  oserait  encore  espérer  des 
dkts  analogues.  Il  paraît  très-possible  de  former  dans 
^  pores  et  dans  les  interstices  du  bob ,  non-seulement 
k%  précipita  terrem  ou  pierreux ,  mais  encore  à»% 

9 


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(66) 
précipîê^  o^tdli^pies.  Le  procédé  serait  in^ii-près  le 
même  que  celui  que  nous  avons  indiqué ,  et  bous  en 
trcN^roas  des   exeaiples  dans  la  natsre.  £n   voici  un 
entre  plnsieiirs. 

Nous  avoDS  en  notre  possession  un  marcem  de  boit 
de  cfaéne  qui  provient  de  l'extrémité  inférieure  dW  pieu 
de  fondation  d'une  des  piles  du  pont  biti  h  Bnnen,  sur 
la  Seine ,  en  i  i5o.  Ce  morceau  est  tout  noir ,  dur  ^  prend 
«m  beau  poli ,  et  quoique  la  partie  fibreuse  n'en  soit 
pas  détruite  ^  cependant  le  bois  ressemble  assez  bien  è 
du  jet ,  et  paraU  posséder ,  do  moins  à  quelque  degré^ 
Tindissolubilité  et  rincomiptibililté.  Ces  propriétés  re* 
niarquables ,  et  aussi  cette  couleur  noire ,  août  Teffet 
d*un  précipité  métallique^  et  il  ne  sera  pas  difficile  de 
▼ous  en  convaincre.  Tout  le  pieu  dont  ce  morceau  a 
été  scié  n'était  pas  notr  ,  il  Tétait  seulement  aotonr 
et  à  «pielque  diaUnce  du  sabot  de  fer  dont  on  s'était 
servi   dans  cette  construction  snbilmriaAe.  Voua  com* 
prenez  déjà  certainement ,  Messieurs ,  la  cause  de  lu 
couletu*  du  bois  et  de  la  propriété  qn'il  a  évidemment 
acquise  de  résister  à  la  plupart  des  principes  de  cor- 
ruption. Étant  de  chêne  ,  il  contenait  ongiBaîrement  , 
comme  tous  les  bois  de  cette  espèce ,  du  tannin  y   et 
k  tannin  ne  se  trouve  ,  je  crois  ,  jamaia  ,  ou  presque 
jamais  sans  acide  gatlique  ;  ensuite  te  sabot  ajaMt&Mmni 
du  tritoxide  de  fer ,   il  en  est  résulté   une  substeoce 
insoluble  qui  ,    semblable  à   celle    dont  on  teint   les 
étoffes  en  noir  et  dont  on  fait  Tencre  ,  a  rempli   les 
pores  ,   a  communiqué  au  bois  sa  couleur  ,  «t  lui  a 
donné  cette   solidité  et  cette  espèce  d'incovruptiMlité 
qu'on  attend  naturellement  4'an  prédpilé  méfealls^ne. 

On  n'ob)ectera  pas  que  tous  les  bois  n'ont  point  de 
tannin  «t  d'acide  gallique  ,  car  beaucoup  possèdent  Tun 
ot  l'autre  ;  de  plus ,  on  f>e«t  assurément ,  pur  des  immer- 
sions scientifiques,  entonnera  ceuaqui  n'ai  ont  pus  Y  et 


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C   67  ) 

même  (Fb-probdblemeiit  en  ajouter,  s'il  ëtait  heaom^  de 
DotfvUes  doaes  à  ceux  qui  en  posaèdent  le  pkiSb  Voilii 
donc  éndemment  dëmootrée  la  poasibililë  d'imprégner 
ksbok»  non-seulement  de  diéne ,  maïs  cPautres  espèeesy 
9tc  ine  substance  insoluble ,  avec  un  précipite  mélallî^ 
fpt  qû  paraît  deroîr  les  garantir  et  de  Faction  des 
a^EOts  aatnreb  ordinaires  et  des  attaques  des  pholadcs. 
Oatre  ce  précipité  ferrugineux  ^  il  est  probable  que 
la  chimie  parviendrait  à  former ,  dans  Tépabseur  de 
008  bsîs  de  cbarp^ile,  d'autres  précipités  métalbqnes  qui 
pcocbnraâeut  lea  mêmes  eflfels  (i).  Un  moyen  d'un  genre 
pa  différent  a  été  déjâi,  ce  nous  semble  ^  employé  avec 
svccb  ï  PostduEm  ;  ob  y  a  découvert  qu'une  dîssolutkm 
de  dento-cMorure  de  mercure  dans  de  Teau  de  pluie  , 
appliqwfL  avec  une  certaine  quantité  de  chaux  sur  le 
Ut,  le  peréserve  de  moisissure.  I^  nécesMté  de  la  chaux 
dans  ce  cas  peut  assurément  être  contestée  i  elle  donne 
à  b  Térilé  une  incrustation  au  bots ,  qui ,  dans  certaines 
cromstances  ,  a  probablement  son  utilité ,  mais  assu»^ 
meot  la  dissolution  de  sublimé  corrosif  ayant  pénétré 
k  bois,  lui  communiquerait  des  qualités  précieuses 
dont  les  sols  et  en  particulier  Tarcbitecture  pourraient 
^  partL  Si ,  comme  nous  le  savons  tous  ^  les  ma« 
&es  animales,  plongées  dans  cette  dissolution ,  ac- 
fubent  la  solidité  du  plus  fort  cuir,  et  deviennent 


(1)  9f.  Jotia  de  Fontenelle  qui  ,  dans  ta  Biblîotbèqne  pbysico" 
^^«aai^e ,  n^  19 ,  joUlet  1838 ,  a  communiqué  au  public  nos 
FCBÎiRs  idées  tor  \tê  moyens  d«  préserver  le  boîti  ajoute  :  on 
l>«uil  f«iiUr  f  tant  doute  avec  avolaf e ,  d*inmerger  b  bois  dani. 
■K  «btioa  de  noriate  de  cbaux ,  an  boni  de  quelque*  jours  Vtm 
"^y  et  le  plonger  dans  un  bain  contenant  une  solution  de  sul&te 
"*  foade  et  de  sulfate  de  fer ,  dans  des  proportions  que  Pexpérience 
^oit  déterminées  ;  on  pourrait  tenter  d'ajouter  an  baîn  par  le  muriate 
^  cku ,  de  Tarséiûate  de  soude. 


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(68) 
imputrescibles,  que  n^en  pourraient  pas  attendre  les 
matières  végétales  en  gëntfral ,  et  en  particulier  les  bois 
de  construction  ?  Doctor-Black  recommandait  aussi  le 
deutoxide  d'arsenic  pour  empêcher  la  moisissure  de 
se  former  sur  la  surface  de  certaines  dissolutions,  et 
on  pourrait  de  ce  principe  être  conduit  à  £adre  quelques 
tentatives  avec  la  dissolution  de  ce  sel,  et  en  espérer 
des  effets  analogues  à  ceux  qu^on  obtient  de  la  disso- 
lution aqueuse  du  deutoxide  de  mercure. 

En  commençant  ces  réflexions  ,  Messieurs,  nous  avons 
exprimé ,  comme  notre  opinion  ,  qu'on  ne  peut  proba- 
blement jamab   espérer  de  donner  aux  bois  qu'une 
incorruptibilité  imparfaite,   une  incorruptibilité  ana- 
logue à  celle  que  nous  communiquons  au  cuir,  par 
une  opération  très-anciennement  connue  et  pratiquée^ 
mais  bien  curieuse  et  bien  extraordinaire.  C'est  h  cette 
opération  là  même  que  nous  désirons  vous  ramener  ici 
en  finissant  ,  et  il  nous  semble  qu'elle  offre  une  grande 
probabilité  de  succès.  Les  différents  procédés  dont  nous 
venons  d'avoir  Phonneur  de  vous  développer  et  les  prin- 
cipes et  l'application,  ont,  nous  l'espérons,  leur  mérite  ; 
ils  peuvent  être  dignes  de  quelques  essais,  et  assurément 
des  essais  de   ce  genre  ne  seraient  point  entièrement 
perdus  pour  la  science  et  pour  l'économie  domestique , 
mais  le  procédé  qui  nous  reste  à  indiquer  se  présente 
tout  d'abord  sous  un  aspect  encore  plus  favorable   et 
plus  séduisant.  Ce  n'est  plus  un  procédé  nouveau  ,  c'est 
un  procédé  dont,  depuis  un  temps  immémorial,  l'homme 
recueille  de  grands  avantages ,  et  dont  il  suffit  d'étendre 
l'usage  par  une  application  nouvelle ,  à  la  vérité ,  mais 
qui  nous  semble  si  naturelle  qu'on  est  tout  étonné  qu'elle 
ne  se  soit  pas  offerte  des  milliers  de  fois  à  tout  homme 
qui  a  quelque  connaissance  de  la  chimie.  Nous  tannons 
nos   cuirs  ,  et  pourquoi  ne  tannerions-nous  pas  nos 


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(69) 
lïo\s(i)  ?  Assurëmenl  la  seconde  opération  ne  paratt  pas 
plos  impossible  que  l'autre.  Vous  allez  vous  convaincre, 
Messieurs,  qu^elle  n'est  que  Tinverse  de  la  première. 
Le  cuir  est  naturellement  imprëgnë  de  gratine ,  Thomme 
j  ajoate  un  principe ,  le  tannin ,  qui  se  trouve  dans  le 
chêne,  quoique  principalement  dans  IVcorce ,  et  voici  le 
cnir  tannë.  Eh  bien  ,  prenons  TopAration  d  une  manière 
inverse.  Le  cbênc  est  naturellement  imprëgnd  de  tannin  ; 
ainsi ,  que  Phomme  j  ajoute  ce  principe  qui  est  ëmi-^ 
nemment  dans  le  cuir ,  la  gélatine ,  et  nous  aurons  tanné 
le  bois.  Alors  le  bois  aura  toutes  les  propriétés  que  Tart 
du  tanneur  donne  au  cuir  ;  il  sera  complètement  im- 
prégné d'une  substance  insoluble  ;  il  sera  devenu  presque 
impérissable,  presque  inattaquable  par  Teau.  Il  pourra, 
comme  le  bois  de  Texpérience  anglaise,  rester  trois 
années  dans  les  eaux  de  la  mer ,  et  en  être  retiré  après 
ce  temps  sans  être  pojrri  ,  et  assez  probablement  sans 
être  détruit  ou  rongé  par  les  pholades. 

Peut-être  c'est  une  illusion ,  Messieurs ,  mais  si  c'est 
une  illusion  ,  elle  méritera  ;  nous  Tespérons ,  quelque  in- 
dulgence ,  car  elle  est  fondée  sur  des  principes  incontes- 
tables. Le  tannin  et  la  gélatine  sont  deux  substances  qui , 
prises  isolément ,  ne  promettent  pas  assurément  le  phé- 
nomène qui  résulte  de  leur  combinaison  ;  maïs  ce  phé- 
nomène est  commun ,  il  est  constant.  Dans  tous  les  cas 
connus ,  la  gélatine  et  le  tannin  venant  d'une  manière 
fielconque  en  contact ,  se  combinent ,  et  de  leur  combi- 
lâson  résulte  une  substance  qui,  indissoluble  elle-même, 
comnunique  son  indissolubilité  aux  corps  qui  s'en  trou- 
^'WA  imprégnés.  Le  cuir,  seul  corps  presque  sur  lequel 


(i)  Peat-étre  qu'an  lieu  de  se  senrir  de  Texpression  tanner  le  bois , 
^  iandrait  dire  le  gèlatiner»  Toutefois  si  par  tannage  on  vent  en- 
^^àn  TopéTation  ^oà.  résulte  la  combinaison  des  denx  tubstances  tas 
't  fdatine ,  on  poiim  dire  tanner  le  bois. 


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(  7o> 
on  a  essaye  les  efifets  de  cette  extraordinaire  combinaison  ^ 
est  par  lui-même  très-soluble  ,  très-destructible  par  Teau 
accompagnée  de  chaleur  ;  mais  une  fois  imprégné  de 
cette  substance  insoluble ,  qui  résulte  de  la  combinaison 
de  la  gélatine  et  du  tannin,  voilà  qu^il  est  insoluble 
comme  le  précipité  qu^il  renferme  et  quHl  emprbonne. 

Dans  un  temps  où  ta  réflexion  et  l'analyse  ne  venaient 
pas  éclairer  les  opérations  naturelles ,  on  conçoit  que 
des  accidents  ont  pu  seuls  découvrir  Tart  de  tanner  le  cuir. 
Une  peau  d'ammal ,  ou  seulement  un  morceau  de  cette 
peau ,  a  pu  se  trouver  immergé  dans  quelque  amas  d^eau 
dormante  où  des  feuilles  et  des  branchages  de  chêne 
étaient  tombées  et  se  macéraient.  Le  changement  opéré 
sur  ce  cuir  aura  plutôt  ou  plus  tard  éveillé  Inattention  y 
et  on  aura  fini  par  préparer  des  fosses  chargées  de  tan 
pour  y  plonger  le  cuir  auquel  on  désirait  donner  les 
propriétés  qu'on  avait  remarquées  dans  le  cuir  qui 
sVtait  trouvé  tanné  sans  les  soins  de  Thomme. 

Tant  que  la  chimie  ne  peut  pas  analyser  un  phénomène, 
tant  qu'elle  ne  peut  pas  rapporter  un  effet  naturel  à 
certaines  lois,  à  certaines  combinaisons  et  au  jeu  de  cer- 
taines affinités ,  tout  ce  temps-là  évidemment  le  phéno- 
mène demeure  pour  ainsi  dire  isolé ,  et  Teflet  produit 
reste  seul  de  son  genre  ;  mais  lorsque  la  cause  qui  a  pro- 
duit le  phénomène  est  découverte,  alors  il  est  souvent  pos- 
sible de  la  préparer,  de  la  reproduire  dans  des  circon- 
stances plus  ou  moins  différentes ,  il  est  souvent  possible 
d'en  multiplier,  d'en  varier,  d'en  modifier  les  eflets» 
C'est  ainsi ,  pour  ne  pas  nous  éloigner  de  Tart  qui  a 
donné  lieu  à  ces  réflexions ,  qu'on  a  dernièrement  tanné 
des  os  et  de  l'ivoire.  La  chose  était  assez  naturelle  :  les 
os  et  Tivoire  contiennent  beaucoup  de  gélatine  ;  il  suf- 
fisait de  la  mettre  à  nu,  et  ensuite  de  lui  présenter  du 
tannin,  c'est  aussi  ce  que  Ton  a  fait.  C'est  ainsi  encore 
qu'on  tanne  quelquefois  sans  tannift  ;  la  ehisùe  a  trouvé 


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(7'  ) 
des  substances  ntinërales  qui  peuvent  le  remplacer  en 
prodmsaoi  des  dfeis  semblables. 

Toutefois  jusqu'à  présent  on  n'a  songé,  ce  nous  semble, 
qu'à  donner  du  tannin  aux  corps  qui  codltenaent  de  la 
^tiae.  Aujcmrd'bui  nous  proposons  de  donner  de  la 
g^tîoe  aux  corps  qui  contiennent  du  tannin.  Beaucoup 
ie  bms  possèdent  ce  principe  ,  aucun  peut-être  plus 
^  le  chêne  ,  mais  quelques  autres  espèces  de  bob  en 
ont  une  quantité  asseï  considérable.  Toujours  d'ailleurs 
paraît*il  possible  de  leur  en  donner  et  d^en  ajouter  à 
celles  qui  en  ont  le  plus.  Et  comme  quelques  bois  ont 
<ks  qualités  différentes  de  celles  du  cliéne^  et  sous  cer-v 
tains  rapports  supérieures  aux  qualités  inhâ'^ates  h  cette 
espèce,  on  conçoit  que  des  bois  de  pin,  par  exemple, 
00  de  hêtre  ou  de  frêne ,  ayant  été  tannés  par  des  im- 
pn^oations  successives  de  tannin  et  de  gélatine ,  pour^ 
nient,  selon  l'expression  de  la  lettre  an^aise,  être 
itndus  supërieiurs  au  bois  de  chêne  pour  les  construc- 
tioQs  navres  et  civiles,  supérieurs,  disons-nous  même, 
an  bois  de  chêne   préparé  de  la  même  manière. 

B  paraît  encore ,  et  c'est  une  observation  que  nous 
ijooterons  ici ,  il  paraît  que  la  seule  addition  de  tannin 
pv  des  bains  préparés  à  cet  effet  est  capable  de  com- 
Booiqoer  k  la  fibre  v^étale  ou  d'augmenter  en  elle  des 
propriétés  antiseptiques  bien  connues  et  bien  appréciées 
'épais  long-temps  (i).  C'est  ainsi  que  les  filets  dont  on 
t  sert  dans  la  pêche  du  poisson  sont  ordinairement  tan- 
>é^  c'est-à-dire  qu'on  les  a  préparés  avec  du  tannin.  Des 
Immersions  dans  des  bains  de  tan  les  rendent  beaucoup 

0)  QnoiqiM  le  tannin  rési4e  Àms  tîntes  les  partiel  au  chêne , 
il  est  en  ploa  grande  quantité  dan«  récorca ,  qui  par  cela  seul ,  et 
■^Ipé  an  caractère  apongieux  et  pulvérulent ,  se  conseive  mieux  que 
^  ^^,  Quand  on  découvre  les  pilotis  d* anciennes  fondations  y  sou- 
^t  Fécorce  sVn  tronre  saine  et  intacte,  lors  mémo  que  le  pilotis 
^i-aéat  est  «liièrasicnt  décomposé. 


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(70 
plus  durables ,  beaucoup  moins  sujets  à  la  putriditë. 
Probablement  que  ces  filets  ainsi  prépares  peuvent  être 
regardés  comme  ayant  éprouvé  un  tannage  dans  le  sens 
que  nous  prenons  ordinairement  ce  mot,  c'est-à-dire 
qu^ils  sont  réellement  imprégnés  de  cette  substance  inso- 
luble qui  est  formée  par  la  combinaison  du  tannin  et  de 
la  gélatine  ,  car  les  chimistes  reconnaissent  maintenant 
une  gélatine  végétale  ;  cVst-à-dire  on  a  reconnu  dans 
les  plantes ,  ou  du  moins  dans  quelques-unes ,  un  prin- 
cipe entièrement  analc^e  h  la  gélatine.  Si  nous  sup- 
posons donc ,  ce  qui  est  probable,  que  les  fibres  du  lin  et. 
du  chanvre  contiennent  de  la  gélatine  v^étale,  il  est 
évident  qu^en  j  ajoutant  le  tannin  on  parviendra  in- 
failliblement h  opérer  sur  les  toiles  et  sur  les  filets  un 
véritable  tannage.  Enfin  il  nous  semble  permis  d'avancer, 
comme  dernière  conséquence,  que  le  bois,  que  tous 
les  bois  contiennent,  quoiqu^en  différentes  quantités  et 
proportions  ,  non-seulement  du  tannin ,  mais  encore  de 
la  gélatine  ;  qu^ls  sont  susceptibles  de  recevoir  de  Tari 
de  plus  fortes  doses  de  Tune  et  de  Tautre  de  ces  deux 
substances ,  et  quUI  est  probable  qu'ils  acquerraient  de 
cette  opération  une  grande  solidité  et  une  incomiptibi* 
lité,  imparfaite  sans  doute ,  mais  très-précieuse ,  et  U 
seule  qu'on  puisse  jamais  espérer  de  procédés  physiques. 
Le  but  de  la  communication  que  nous  venons  d'avoir 
rhonneur  de  vous  faire ,  et  des  réflexions  dont  elle  a 
été  accompagnée,  est,  comme  vous  Tavez  déjà  en- 
tendu ,  Messieurs ,  d'appeler  l'attention  des  chimistes  , 
soit  au-dedans,  soit  au-dehors  de  notre  société,  sur 
une  découverte  annoncée  au  public  et  qui  promet  beau- 
coup. Etrangère  et  restée  jusqu'à  présent  un  secret,  le 
gouvernement  de  deux  nations  espère  sans  doute  en 
tirer  des  avantages  dont  nous  serions  privés,  et  qui 
pourraient  jeter  un  grand  poids  contre  nous  dans  la 
balance  du  commerce  ^  de  l'indosthe  et  de  Tarchitec- 


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(75  ) 
tare  marine.  Beaucoup  de  découvertes  sont  dues  à  un 
Itrareux  hasard  ;  celle  dont  vous  venez  de  recevoir  la 
communication  a  peut-être  eu  chez  nos  voisins  cette 
source  peu  glorieuse,  et  avant  notre  siècle  aucune  dëcou- 
rerte  presque  n*a  été  due  h  un  autre  principe  ;  mais  de 
nos  jours  la  connaissance  de  beaucoup  de  propriétés  des 
corps ,  en  permettant  des  essais  raisonnes ,  encourage 
les  inventions  originales  et  la  reproduction  aussi  bien 
que  Taméltoration   de  celles  qui  ont  été  perdues  ou 
qu'on  veut  tenir  secrètes.  Dans  la  circonstance  présente, 
il  suffit  presque  de  le  vouloir,  et  nous  nous  placerons 
ici  encore  au  niveau  de  nos  voisins;  nous  devrons  à 
noas-mémes  ,  i    la  véritable  science  ,    ce   quHls  ne 
possèdent    peut-être    que    par  une    chance    heureuse. 
N'attendons  pas  du  temps,  de  circonstances  fortuites 
ou  d'importations  furtives  ,  ce   qui  doit  à  la  fin  être 
connu  chez  nous  ;  il  est  maintenant  peu  de  secrets  , 
soit  nationaux  ,  soit  môme  personnels.  L'analyse ,  la 
rédprocité  des  communications ,  Tappât  du  gain ,  une 
infinité  de  causes,  ne  permettent  guère  la  longue  durée 
des  secrets  ;    mais  il  est   plus  glorieux    de  faire  des 
découvertes  au  moyen  de  la  réflexion  et  d'une  appli- 
cation scientifique  de  moyens  connus  que  de  l'obtenir 
p«r  tonte  autre  voie.  La  chimie,  après  avoir,  pendant 
<ks  siècles  entiers,  accpiis  et  recueilli  des  forces  ,  est 
depuis  peu  sortie  de  ses  ateliers  pour  le  bien  de  l'hu* 
vunté ,  pour  l'avancement  de  tous  les  arts  et  de  toutes 
Vssdences,  et  nous  avons  lieu  d'espérer  que  la  conser- 
vation d'une  substance  aussi  généralement  utile  que  le 
^  sera  encore  ^  un ,  mais  non  pas  encore  sans  doute 
^  Araier ,  des  bienfaits  dont  l'hpinme  social  lui  sera 
redtvêbh. 


10 


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(75) 
ESSAI 

SUB  LES  INFLUENCES   LUNAIRES  £, 

Par  IL  TAbb^  F.-F.  Gossin. 
BSessieoes  I, 

Quelques  r^exions  jetëès  comme  par  hasard  et  6<r 
passant  sur  les  influences  lunaires  ,  ont  occasionné  plus 
à'nœ  réclamation.  Il  est  juste  à*j  fidre  droit.  Les  per- 
loimes  qui  nous  les  ont  adressées  méritent ,  de  notve 
part  surtout ,  la  plus  grande  déférence. 

Pour  mettre  dans  nos  réponses  quelque  ordre  ^  et  leur 
dooner  une  fiorme  qui  les  rapproche  d'une  discussion 
académique,  on  peut  diviser  en  deux  classes  tous  les 
cSets  attribués  plus  ou  moins,  communément  et  plus 
on  moins  heureusement  aux  influences  lunaires.  La 
première  classe  comprendra  tous  les  eSiets  r^;uliers 
constants,  et  pour  ainsi  dire  uniformes;  la  seconde 
<ifrtra  les  efiets  irréguliers  et  variables  de  leur  nature. 
(^  classification  est  d'autant  plus  nécessaire  ici  que 
Wancoup  de  physiciens  qui  n'admettent  pas  ceux  de 
l> seconde  division  admettent  ceux  de  la  première,  et 
^  lors  même  qu'ils  nient  que  les  phases  de  la  lune 
^tcanonnent  la  plupart  des  changements  remarquables 
^  les  phénomènes  atmosphériques ,  ils  sont  cepen- 
^  (Masque  tous  portés  à  croire  que  la  lune  agissant , 
râ  en  raison  de  sa  masse  ,  comme  corps  matériel , 
*Q  en  raison  de  ses  rayons  y  comme  corps  lumineux  » 
P^t  exercer  upe  influence  constante ,.  régulière  et  gra- 

10^ 


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(76) 
duée  ,  sur  des  corps  appartenant  aux  trois  règnes  de  la 
nature. 

De  tous  les  effets  de  noire  satellite  sur  les  êtres  inor- 
ganiques, le  plus  remarquable  et  aussi  le  moins  contesté, 
est  sans  doute  celui  qu'il  produit  sur  les  eaux  de  Tocëan. 
Ici  il  agit  comme  masse,  il  agit  comme  (^orps  doué 
de  cette  vertu  singulière  et  incompréhensible  qui ,  in- 
hérente ce  semble  à  la  matière,  a  été  dans  ces  der- 
niers temps  désignée  sous  le  nom  d'attraction.  La  lune , 
quoique  non  pas  seule ,  mais  la  lune  avec  le  soleil  j  oc- 
casionne les  marées.  Les  attractions  de  ces  deux  corps 
célestes,  tantôt  opposées,  tantôt  réunies,  et  constam- 
ment modifiées,  ici  Tune  par  Tantre,  Gt  par  des  chan* 
gements  de  distimce  relative ,  sont  les  éléments  de  cal- 
culs qui  nous  rendant  capables  non^settlement  d'expli- 
quer les  plus  grandes,  les  moyennes  et  les  moîwkes 
élévations  des  eaux ,  mais  encore  de  les  prédire  long- 
temps auparavant  pour  toute  époque  donnée ,  élèvent 
la  théorie  des  marées  au  phis  grand  degré  de  certitude. 
Quelques  personnes  peut-être  seront  étonnées  d'appren- 
dre que  la  planète  qui,  dans  le  langage  familier,  a 
tout  le  crédit  des  marées,  est  puissamment  aidée  dans 
ce  phénomène  par  le  corps  qui   occupe  le  centre  de 
notre  système  solaire.  Selon  Newton ,  la  force  de  Tat- 
traction  de  la   lune  sur  les  eaux  de  l'ooëan,  prise  en 
terme  moyen,  est  à  celle  du  soleil  comme  4  i/^  est 
à  I  ;  et ,  selon  les  observations  de  notre  compatriote 
Laplace ,  dont  on  ne  niera  pas  l'exactitude ,  TînChience 
de  la  lune  comparée  à  relie  du  soleil  n'est  ^e  comme 
3  à  I  dans  le  port  de  Brest..  Pour  se  former  nne  idée 
distincte  de  la  part  que  le  soleil  prend  dans  le  phéno- 
mène  des  marées,  il  sufilt  de  se  rappeler  qne  c'est  lui 
qui  dans  un  sens  assez  exact  peut  véritablement  être 
dit  la  cause  des  grandes  dffîerenros  que  la  hauteur  des 
eaux  présente  dans  le  cours  d*nne  lunaison.  Si  la  mer 


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(  77  ) 
néuit  pas  soumise  à  Tinflueiice  de  cet  astre  9  centre 
de  notre  système  ,  les  marées  arriveraient  à-peu-jprès 
an  mêmes  heures  qa^elles  arrivent  maintenant ,  mais 
en  seraient  toutes  d'une  force  ^ale;  elles  s'élève- 
nient  toutes  à  nne  m^ôme  hauteur,  sauf  une  petite  diffé- 
rence périodique  amenée  par  la  distance  plus  ou  moins 
grande  où  la  lune  se  trouve  de  la  terre  en  parcourant 
œ  œurbe  elliptique. 

U  est  encore  un  effet  attribué  à  la  lune,  c'est  ce  mouve- 
neot  dans  l'atmosphère  qu'on  croit  opéré  sur  les  côtes  de 
Tooéan,  à  l'approdie  ou  plutôt  peut-être  au  retour  de  la 
marée  descendante,  et  qui  occasionne  des  ondées  su- 
bites et  pass^res.  Nous  ferons  observer  que  ce  mouve- 
méat  est  évidemment  nul  dans  ce  qu'on  appelle  commu- 
némeot  le  beau  fixe ,  et  nul  encore  dans  les  jours  d'une 
phie  continue ,  abondante  et  réglée.  Ainsi  la  discussion 
K  bornerait  à  ces  jours  d'un  temps  douteux  et  d'une 
i^onçlexion  incertaine  où  à  chaque  moment  on  attend 
<ioe  ood^  ,  et  où  chaque  ondée  donne  une  pluie  pas- 
s^gàrv ,  mais  assez  grosse.  Alors  l'inconstance  même  du 
^«nips  occasionnera  des  accidents  de  pluies  iotermit^ 
boites,  qui  se  prêteront  h  presque  toute  espèce  d'inter- 
fv^tion ,  et  chacun  peut  les  expliquer  à  sa  manière , 
OQ  même  simplement  dire  que  ce  ne  sont  que  des  ac-^ 
ôdenU.  D^ailleurs ,  Messieurs ,  cet  effet,  ces  pluies  su* 
wcs,  fussent-elles  les  compagnes  constantes  et  journa- 
Sères  de  la  marée  qui  se  retire ,  on  pourrait  ou  devrait 
^attribuer  non  à  la  lune  ,  mais  seulement  a  un  mou- 
*^^eiit  dans  Tatmosphère,  remarqué  et  calculé  par 
JLLiplace ,  et  occasionné  par  le  mouvement  des  eaux 
*^  «arées  montantes  et  descendantes.  Si  le  phéno- 
*^  atmosphérique  était  produit  par  la  lune  elle^ 
*^,  il  aurait  quelque  rapport  avec  le  temps  du  pas- 
■^  de  la  lune  au  méridien  ;  et  cependant  ceux  qui  en 
pvWot  ne  kû  reeonnaissent  de  rapport  qu'avec  le  mou- 


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(78) 
vement  de  la  mar^e ,  au  lieu  même  ou  il  se  fait  re- 
marquer. 

Les  effets  de  la  lune  sur  les  substances  inertes  autres 
que  les  eaux  des  mers,  ont  peu  excite,  jusqu'h  nos  jours, 
la  curiosité  des  savants,  et  il  semble  qu'ik  aient  ëchapptf 
aux  recherches  faites  de  notre  temps.  Il  est  très-pro- 
bable cependant  que  la  lune ,  du  moins  comme  corps 
lumineux ,  agit  sur  les  corps  même  dépourvus  de  la  vie, 
soit  animale,  soit  v^étale.  Ses  rayons  excitant  dans 
l^atmosphère  une  lumière  assez  forte,  et  de  plus  étant 
réfrangibles  dans   le   prisme   comme  ceux  du  soleil, 
on  peut  y  soupçonner  un  pouvoir  de  produire  sur  les 
corps  quelques  phénomènes  chimiques ,  d^altérer ,  par 
exemple ,  soit  seuls ,  soit  avec  le  concours  de  Tair , 
quelques  couleurs  minérales ,  et  toutes  les  couleurs  vé^ 
gétales  et  animales  ;  si ,  comme  nous  Ta  confirmé  un 
professeur  distingué,  secrétaire  de  notre  société  pour  la 
classe  des  sciences;  si,  d'après  des  expériences  Cûtes 
avec  soin ,  il  est  certain  que  les  rayons  de  ce  satellite 
ne  noircissent  point   le   chlorure   d'argent ,    nous  en 
concluerons  la  faiblesse  plutôt  que  la  nullité  de  leur 
pouvoir. 

Quelquefois  pourtant  il  a  été  regardé  comme  bien 
grand  par  l'ignorance  ou  le  préjugé,  et  c'est  avec  quel- 
que degré  de  surprise,  pour  ne  pas  dire  de  peine  y 
que  nous  avons  entendu  une  personne  de  notre  tlépar- 
tement ,  d'ailleurs  fort  instruite  et  de  beaucoup  d*esprit^ 
maintenir  que  du  moins  la  lune  détruisait  les  murailles 
construites  de  moellon  et  en  calcinait  les  mortiers. 
Comment  ne  peut-on  pas  remarquer  que  toute  munùUc 
qui  est  exposée  aux  rayons  de  la  lune ,  doit  nécessai- 
rement être  tournée  de  manière  i  se  trouver  aussi  beau- 
coup exposée  aux  rayons  du  soleil,  et  comment  n< 
peut-on  pas  soupçonner  que  la  chaleur  excitée  p&i 
ceux-ci  soit  capable  de  produire ,  conjointement  ave< 


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(79) 
4es  alternatives  d'humidité  et  de  gelée ,  les  effets  qi^e 
Too  attribue  à  des  rayons  bien  inférieurs  en  puissance  ? 

Les  mariniers  aussi ,  voyant  quelquefofs  des  nuées 
l^res  se  dissiper  au  lever  de  la  lune ,  disent  qu'elle 
oaoge  les  nuages.  £t  vraiment  si  quelques-uns  ombrent 
ledel  dans  le  moment  où  cet  astre  s'élève  sur  Tho- 
riiûQ ,  il  n'y  a ,  quant  au  résultat ,  et  même  indépen- 
duDment  de  la  lune ,  que  trois  chances  possibles  :  ou 
ils  se  maintiendront  dans  leur  état  actuel ,  ou  ils  aug* 
oeoteront  de  volume  et  d^épaisseur,  ou  enfin  ils  se 
&iperont.  Dans  le  dernier  cas  la  circonstance  esl 
<la  moins  favorable  à  l'opinion  ,  et  on  ne  manque  pas 
de  s^en  prévaloir  ;  dans  les  deux  autres  on  n'est  pas 
sans  excuse  ^  car  le  plus  hardi  luniste  se  garde  bien 
<le  prétendre  à  des  effets  toujours  très-tranchants  ,  très« 
i^Qàb  et  bien  constants  ;  il  a  soin  de  prendre  beau- 
coop  de  latitude  ;  il  avoue ,  et  c'est  une  remarque  que 
Boos  aurons  encore  l'oecasion  de  faire  dans  le  cours  de 
cette  discussion ,  il  confesse  que  la  lune  ne  peut  pas 
^jours  toute  chose  ;  elle  ne  peut  pas  toujours  pro- 
^  son  effet  spécial.  Ainsi ,  lorsque  la  chance  n'a- 
^  rien  de  favorable  ^  alors  on  en  reporte  la  faute 
<v  des  accidents  contrariants  ,  et  on  croit  ainsi  sauver 
^  système  ;  mais  si  la  chance  a  été  heureuse ,  oh  !  alors 
^  les  accidents  possibles  qui  peuvent  avoir  donné 
^  au  résultat  ne  sont ,  ce  semble ,  plus  rien  ;  on  met 
^  sur  le  compte  de  la  théorie  ,  et  le  système  est  dit 
^^^^emment  prouvé  par  des  faits  irrécusables.  Qui  ne 
**  pourtant  qu'avec  cette  manière  de  procéder  en  fait 
^  preuve ,  on  peut  parvenir  à  se  persuader  toute  chose 
**  nonde ,  et  ^  croire  avec  Virgile  que  te  septième  et 
*rtOttile  dixième  jour  de  lune  doivent  être  choisis  pour 
Panter  les  vignes  ,  pour  ployer  les  bœufs  au  joug ,  et 
^^fort  pour  tisser  la  toile  ;  que  le  neuvième  est  favo- 
''Ue  aux  voyageurs  I  mais  que   les  voleurs  doivent 


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(8û  ) 
IV'viter  (i).  Ainsi  pareillement  quelques  personnes  se 
sont  convaincues  de  la  vérité  de  certains  pronostics  ou 
axiomes  concernant  les  douze  jours  après  Noël ,  le  ma- 
riage des  vents  h  la  Saint-Denis ,  la  pluie  tombant  le 
dimanche  avant  Teau  bénite ,  les  quarante  jours  après 
la  Saint-Benoît ,  etc.  ^  etc.  ;  de  la  même  manière  encore 
sont  venues  ces  observances  du  temps  de  la  lune  pour 
maintes  opérations  dans  les  diamps,  dans  les  jardins 
et  dans  nos  celliers. 

Dans  les  temps  éloignés  de  nous  on  a  souvent  voulu 
faire  honneur  à  la  lune  d^eflfets  aussi  variés  que  prodi- 
gieux. De  nos  jours  encore,  Bernardin  de  Saint-PSerre, 
fondé  beaucoup  plus  sur  Tautorité  de  Pline  Tancien 
que  sur  l'expérience ,  reconnaît  en  elle  le  pouvoir  de 
liquéfier  la  neige  et  de  dissoudre  la  glace  des  deux 
pôles.  Il  y  voit  la  cause  des  marées ,  quoique  dans  un 
sens  bien  différent  de  celui  de  tous  les  philosof^es  ses 
devanciers  et  ses  successeurs  :  tout  au  contraire ,  quel-» 
ques-uns  de  ces  derniers,  prenant  ici  probablement  Teffet 
pour  la  cause  ,  et  trouvant  que  sa  lumière  ne  brille  ja- 
mais d'un  plus  vif  éclat  que  ^uand  Pair  est  très-firoid , 
maintiennent  que  c^est  elle  qui  produit  la  gelée  et  forme 
la  glace.  Que  d'incertitude  donc  plane  encore  mainte- 
nant ,  non-seulement  sur  la  force ,  mais  même  sur  la 
nature  ,  sur  la  vérité  des  effets  attribués  à  la  lune  !  Cet 
astre,  au  milieu  de  nos  nuits,  est  trop  remarquable,  trop 
utile  pour  que  Tesprit  de  Thomme  ,  toujours  guidé  par 


(t)  Ipaa  dies  aUoê  alio  dédit  ordine  luna 
Félices  opêrum, 

Seplima  post  decimam  felix  et  ponere  vitem, 
Bt  prensoê  domitare  bottes ,  et  licia  telœ 
Addere  :  nona  fugœ  mtlior,  conimna  furtis. 

Georg.  T.,  4769  etc. 


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(8i) 

\ia  firincipe  itmé ,  VanalogU ,  ne  lui  ait  pas  souven  at- 
triboé  une  utilité  ,  une  influence  imaginaire  ;  il  est  trop 
âogulier  dans  ses  phases ,  trop  bizarre  pour  ainsi  dire 
iàûs  ses  mouvements ,  trop  mystérieux  dans  les  acci* 
3eats  que  produit  sa  lumière  argentine ,  douteuse  et 
vacillante ,  pour  ùe  pas  prêter  ,  non-seulement  h  toutes 
les  absurdités  d'ames  crédules ,  craintives  et  ignorantes, 
nais  aussi  aux  rêves  du  théoriste  et  du  praticien ,  à 
renthousiasme  du  poète  et  du  naturaliste. 

Les  corps  organiques  du  moins  ne  nous  dévoileront* 
ib pas  quelques  effets  frappants  de  Tiafluence  lunaire? 
Ceseflkts,  assez  faibles  d^ailleurs  pour  ne  pas  être  uni- 
venellement  admis ,  sont  ordinairement  représentés 
comme  résultant  de  Faction  des  rayons  de  la  lune  ou 
àt  la  lumière  qu^ils  excitent;  et  vraiment,  si  c'était 
leolement  comme  masse ,  comme  corps  doué  d'attrao» 
tioQ  que  ce  satellite  agit  sur  les  plantes ,  par  exemple , 
•Ion,  sauf  quelques  petites  modifications  que  sa  po« 
<itioo  relative  par  rapport  au  soleil  pourrait  apporter , 
ks  e&ts  qu^il  produirait  sur  les  végétaux  seraient  tous 
ks  jours  les  mSmes ,  puisque  tous  les  jours  la  lune  , 
ficelle  soit  visible  ou  non ,  vient  h  Test ,  passe  au  mé- 
ô&Q  et  va  rejoindre  Touest  ;  de  plus ,  ils  présenteraient 
te  les  jours  un  rapport  constant,  d^un  côté  avec  les 
kires  très-variables  du  lever  et  du  coucher  de  la  lune, 
tt  it  Tantre  avec  son  périgée  et  son  apogée ,  aussi  biea 
!iWc  se^s  différents  d^és  de  déclinaison.  Mais  ce  ne 
*tt  point  des  phénomènes  de  cette  sorte  qu^on  ré« 
dîne  en  faveur  de  cet  astre  ;  tous  ceux  qu'on  lui  at«» 
'n^  sur  le  règne  v^étal  suivent  Tordre  des  phases* 
Occasionoés,  dit-on ,  par  les  rayons  lumineux  ,  ils  sont 
phis grands  lorsque  la  lune  approche  de  son  plein,  et 
i^mdres  ou  nuls,  ou  même  contraires,  lorsqu'elle 
est  dans  son  décours.  Ici  se  préseole  tout  d'abord  une 
*Uervation  qui  paraîtra  sans  doute  un  peu  contrariante  : 

II 


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(8a) 
celui  qui  reconnaît  les  effets  prodoits  par  la  litmière 
lunaire,  et  qui  les  trouve  aogmentant  en  proportion 
que  le  disque  éclairé  se  tourne  vers  nous ,  devrait ,  si 
son  système  est  vrai ,  avoir  remarqué  de  très-grandes 
différences  dans  leur  intensité,  considérées  à  de  mêmes 
époques  et  lors  des  mêmes  phases  ;  par  exemple ,  ta 
lune  étant  pleine  lors  de  sa  plus  grande  distance  de  nous, 
n'envoyé  à  la  terre  que  deux  tiers  des  rayjons  qu'elle 
lui  fait  parvenir  lorsque,  dans  la  même  phase ,  elle  est 
le  plus  près  de  nous  possible  (i).  Dans  le  dernier  cas  les 
effets,  s'ils  croiflient  en  proportion  du    nombre    des 
rayons,  seront  d'une  quantité  considérable,  c'est-à^ire 
d^un  tiers  plus  grands  que  dans  le  premier*  Cependant 
cette  différence  ne  paraît  pas  avoir  été  observée  par 
les  horticulteurs  physiciens  *,  bien  plus,  on  ne  paraît  pas 
avoir  pensé  à  en  tenir  compte ,  ni  mêfne  réfléchi  sur  la 
nécessité  de  son  existence. 

Toute  personne  tant  soit  peu  versée  dans  l'éltiile  des 
phénomènes  atmosphériques  et  dans  ceux  de  la  végéta^ 
tion,  n'aura  aucune  difficulté  h  reconnattfe,  en  général  (3), 
que  la  lumière  est  ou  peut  bien  être  un  agent  de^ 
mouvements  de  la  sève  (3)  ;  mats  il  ne  suflit  pas  qu'il 
soit  possible,  qu'il  soit  probable  même  qde  ta  lumière 
excitée  par  les  rayons  de  la  lune  agisse  su^  les  plantes 
cette  action ,  pour  être  crue  ,  doit  être  rendue  sensible  1 
les  circonstances  de  la  découverte  doivent  être   indi^ 


(1)  Le  diunètîè  de  U  pleine  lune  i  rapogcè  est  à  celui  da  (érigée  à 
pftii-  près  comme  5  à  6  ;  conséqaemment  la  surface  rayonnante  ti 
comme  a5  à  36,  c*est-à-dire  environ  comme   3  à  3. 

(3)  Quelques  naturaiisteft  praticiens  maintienoeot  qu'une  forte  It 
mièc%  artificielle,  celle  par  exemple  de  flambeaux,  est  capable  de  rompi 
le  tomaeil  des  plantes. 

(3)  Quelques-ans  ont  ttaseigné  que  la  lumière  hâtait  la  maturité  i 
irwk'àên»  ua»  fruitiers* 


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(83) 
qaé^f  et  les  faits  doivent  être  de  salure ,  je  ne  dirai 
pas  à  commander  rassentiment ,  mais  du  moins  h 
fiérenir  tout  soupçon  de  cette  illusion  que  Tfunour 
ftonel  pour  tm  système  est  presque  sûr  de  cr^er. 
Oa  nous  a  écrit  que  «  des  graines   semées  dans   les 

>  deux  derniers  jours  de  la  nouvelle  lune,  et  dans  son 
'  croissant ,  éprouvaient  dans  leur  sève  un  mouven^ent 

>  plus  considérable  d'ascension  jusqu'à  la  pleine  lune  ; 

*  qu'il  valait  mieux  greffer  h  œil  poussant  dans  le  même 
»  intervalle  ;  qu'alors  aussi  les  arbres  dont  on  taillait 

*  les  branches  éprouvaient  une  plus  grande  perte  de 
'  sève  I  et  qae  ceux  qu'on  abattait  étaient  plus  faciles  à 

>  se  décomposer,  (i)  »  Mais  ne  peut-on  pas  d'abord  de- 
sunder  si  ces  £ûts  sont  très-sensibles,  assez  sensibles 
pour  convaincre  celui  qui  a  nié  et  qui  doute  encore  ? 
Peut-on  même  présenter  comme  £adts,  peut-on  appeler 
biis  des  différences  en  plus  ou  moins,  ces  différences 
surtout  que  l'attention  peut  h  peine  suivre,  que  la 
[H^ention  seule  peut  avoir  remarquées?  Une  branche  de 
vigne ,  tout  le  monde  le  sait ,  pleure  après  l'opération 
^  la  taille  ;  eh  bien  !  on  compte  les  gouttes  qui  en 
Mrteot,  et  si  par  hasard  peut-être,  lorsque  la  lune  est 
croissante,  on  en  trouve  une  ou  deux  de  plus  que  lors«> 
fi  elle  est  en  son  déclin ,  alors ,  au  lieu  de  chercher 
<bas  Tétat  hyg;rométrique  de  l'atmosphère  ou  du  sol  la 
canse  peut-être  seulement  casucUe  d'une  différence  si 
petite,  on  en  prend  acte  pour  y  asseoir  tout  un  système. 

On  aura,  il  est  vrai,  préalablement  déclaré  que  la 
^f^pàviure  n'éiwii  pas  trop  basse  ^  U  moindre  ejjfori  peut 
âtrer  le  fluide  séveux  dans  les  vaisseaux  capillaires  des 
pbotes.  Cela  est  assurément  très-vraisemblable;  il  est 
de  plos  très-possible  que  le  petit  ^citement  occasionné 

(i)  Ltttf*  à»  M.  Féhuxm  à  TanUm  an  ^éient  mémoire. 

J  I. 


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(84) 
par  les  rajoos  de  la  lune  soit  capable  d*im  petit  eflbii 
cependant  toute  la  difficulté  reste  :  il  faut  prouver  qu 
refiort  a  été  produit,  et  qull  est  le  &it  de  la  lune 
il  faut  trouver  le  moyen  de  bien  détadier  ce  pel 
effet  additionnel  opéré  par  la  lune ,  des  effets  constao 
et  si  puissants  que  le  soleil  opère  (i). 

Un  auteur  anglais ,  que  M.  F.  reconnaît  peut -et 
comme  son  maître  on  son  disciple  (3),  a  cru  pouvc 
avancer  que  la  sève  est  ascendante  dans  la  premiè 
partie  des  lunaisons,  et  qu'elle  atteint  le  sommet  d 
arbres  avec  la  pleine  lune;  quVnsuite  elle  descend 
proportion  que  Porbe  lumineux  décroît.  Disons-le  sa 
craindre  d'être  désavoué  par  la  majorité  des  phy^ 
ciens,  si  de  tels  effets  existent  et  sont  incontestable 
assurément  ils  résultent  d'un  pouvoir  entièrement  i 
connu  jusqu'à  nos  jours.  La  lune  aurait  ici  une  i 
fluence  dont  le  principe  est  ignoré  ;  il  faudrait  reconn; 
tre  quelques  lois  dans  la  nature ,  quelques  principes  < 
mouvement  dans  la  matière ,  quelque  qualité,  quelq 
vertu,  qui  n'ont  point  encore  été  découvertes.  On 
pourrait  point  attribuer  cet  effet  h  la  lune  corne 
masse  et  corps  doué  d'attraction,  ni  i  la  lune  comi 
corps  lumineux.  Comme  masse  elle  agit  ^alem< 
tous  les  jours ,  tant  à  son  opposition  qu'à  sa  conjoi 
tion;  toute  la  différence  dans  son  pouvoir  proviens 
de  son  approche  vers  l'apogée  ou  le  périgée,  et 
mouvement  de  ces  points  de  l'orbite  est  entièrem 
indépendant  des  phases.  Comme  corps  lumineux,  < 
n'agit  que  lorsqu'elle  est  sur  l'horison  :  encore  j 
pouvoir  sera-t-il  diminué,  annulé  même  quelquefois 


(i)  Booguer  «  truoTé  par  rexpérience  que  la  lamièrc  de  la  pi 
lise  est  trois  cent  mille  fois  pitts  faible  qne  celle  da  soleil.  (  K, 
Place,  Exp.  du  Systèaw  du  Monde,  ire  pastie). 


(a)  Rerae  britannique  ,  a<>  5 ,  noy. 


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(85) 
lloterposition  des  nuages  ;  toujours  sera-t-il  si  petit  en 
comparaison  du  pouvoir  souvent  simultané  du  soleil , 
^'oD  n^en  pourra  point  discerner  les  effets ,  qui  sont 
fropres  à  la  planète.  Enfin,  si  ses  efiers  provenaient 
it  Faction  des  rayons,  il  semblerait  qu^ils  devraient 
«fmenter  encore  pour  quelque  temps  après  la  pleine 
loDe  et  après  le  moment  du  périgée ,  comme  les  effets 
<ie$  rajons  du  soleil  sur  Tatmosphère  augmentent  encore 
^fès  te  solstice  dVté ,  et  sont  plus  grands  après  ce 
moment  qu^auparavant. 

Depuis  qu'on  a  remarqué  que  la  sève  s'élève  non- 
seulement  dans  les  végétaux,  mais  qu'elle  y  a  aussi 
on  mouvement  contraire  ,  l'horticulteur  philosophe  a 
étudié  la  marche  alternative  de  ce  fluide  ;  il  a  cher- 
ché les  lois  qui  gouvernent  ses  différents  mouvements. 
Quand  les  phénomènes  les  plus  frappants  de  la  v^é- 
taiion  ont  été  connus ,  alors  on  a  voulu  considérer  les 
choses  de  plus  près  ;  c'est  ainsi  que  le  naturaliste  , 
>près  avoir  suivi  l'histoire  des  grands  animaux  et 
i$  grands  v^étaux  ,  renforcit  sa  vue  par  des  vçrres , 
pooT  observer  les  animaux  et  les  plantes  microsco- 
piques. Dans  la  plupart  des  sciences  on  est  mainte- 
nant parvenu  presque  à  l'infiniment  petit ,  et  là 
vraiment  se  trouvent  bien  des  dangers  d'erreur  et 
dlUasion.  11  est  probable  que  tant  que  le  v^étal  a 
▼ie^etque,  même  dans  l'hiver,  la  sève  est  constam- 
>^t  ascendante  et  aussi  constamment  descendante , 
«  très-vraisemblablement  il  n'y  a  de  différence  que 
^  plus  au  moins  dans  la  force  individuelle  et  dans 
b farce  relative  de  ces  deux  mouvements»  Ainsi,  il 
^  constant  qu'aii  renouvellement  annuel  de  la  na- 
tort ,  la  vttesse  de  la  sève  est  augmentée  ,  la  quantité 
in  fluide  en  mouvement  plus  grande  :  ainsi  encore , 
soivant  du  moins  quelques-uns ,  la  sève  montante  est 
plas  abondante  au  printemps ,  et  la  sève  descendante 


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(86) 
plus  copieuse  en  mouvement  d^aoAt.  Maintenant  on 
publie  qu'on  a  remarqué  dans  les  phénomènes  de 
la  sève  des  différences  qui  ont  des  rapports  avec  les 
phases  de  la  lune  ;  mais  que  veut-on  dire ,  en  An- 
gleterre et  en  France ,  quand  on  annonce  que  la  sève 
monte  depuis  la  nouvelle  jusqu'à  la  pleine  lune ,  et 
qu'elle  descend  ensuite  quand  l'astre  est  dans  son 
décliri?  Voudrait-on  maintenir  que  dans  des  beaux 
jours  de  printemps ,  sous  Tinfluence  puissante  d'un 
soleil  chaud  et  vivifiant ,  la  sève  ne  monte  pas ,  pen- 
dant le  jour,  tout  le  temps  que  la  lune  est  en  de'cours? 
Qui  serait  assez  hardi  pour  avancer  ceci  comme  un 
iait  ?  Nous  croyons  sincèrement  qu'aucun  tliéoriste  ne  va 
jusque  là.  Si  on  veut  seulement  enseigner  que  la  sève 
monte  quand  la  lune  croît ,  et  qu'elle  descend  quand  la 
lune  est  décroissante  ,  cela  est  incontestable  ;  mais  on 
pourrait  paiement  déclarer  qu'elle  descend  dans  le  pre- 
mier cas  et  monte  dans  le  second  ,  puisque  ,  dans  une 
supposition  très-probable  ,  la  sève  a  constamment  et 
simultanément  les  deux  mouvements  contraires.  On 
sera  donc  réduit  à  dir£  qu'elle  monte  plus  fortement 
lorsque  la  portion  illuminée  de  la  lune  augmente  par 
rapport  à  nous,  et  qu'elle  descend  en  plus  grande 
quantité  quand  cette  même  apparence  diminue.  Alors 
nous  voici  revenus  à  ces  diflférences  vagues  et  incer* 
taines  que  l'on  voudrait  appeler  des  faits  ;  différences 
en  plus  ou  en  moins ,  qui  prêtent  tant  à  l'illusion ,  et 
contre  l'admission  desquelles  il  est  souvent  bien  per- 
mis de  réclamer.  Nous  disons  souvent ,  mais  nous  ne 
voudrions  pas  assurément  dire  toujours ,  car  ,  sans 
sortir  de  notre  sujet,  le  physicien  même,  celui  qui 
reconnaît,  dans  tous  les  temps  de  l'année ,  un  double 
mouvement  dans  la  sève,  ne  nierait  pas  qu*à  certaines 
époques  ce  mouvement  est  beaucoup  plus  sensible  que 
dans  d'autres. 


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(  8;  ) 
D'ailleurs,  et  dîsons-Ie  ici  à  Tindustriel ,  ce  qui  sur- 
prendra,  au  politique ,  à  radministrateur,  ces  discus- 
àm  sur  le  mouvement  de  la  sève  ne  sont  pas  en- 
tiffcmcm  oiseuses;  elles  ne  sont  pas  sans  quelques 
lapports  avec  la  pratique ,  sur  des  points  mùme  qui 
cooceraent  IVconomie  politique  aussi  bien  que  Féco- 
Oûmic  domestique.  Ceux  qui  assurent  que  la  sève  monte 
ins  la  première  partie  des  lunaisons ,  et  descend  dans 
I»  dernière,  en  tirent  des  conclusions  qui  conduiraient 
à  un  choix  des  temps  de  la  lune  pour  abattre  le  bois, 
rt  assurément  sous  ce  point  de  vue  les  questions  élevées 
ici (i) prennent  un  grand  intérêt.  Toutefois,  ceux  qui 
doutent  des  effets  sensibles  et  appréciables  de  Tinfluence 
lunaire  sur  la  sève  croyent  que,  dans  un  siècle  où 
on  aime  à  revenir  sur  les  anciennes  opinions,  à  vanter 


COn  semble  qn*oo  ne  soit  pu  beiucoup  d*accord  même  sur  Tavan* 
t«p  it  couper  le  boit ,  loreqa*tl  est  plus  ou  mora»  plein  de  «évc.  I^ 
**«ne  ici  est  dpulease ,  et  U  pratique  n'a  mis  rien  au-delà  d'une 
"sioUlioa  raisonnable.  Pent-élre  les  différentes  espèces  d'arbres  ne 
^m  pas,  ,ar  ce  point ,  être  traitées  de  la  même  manière.  Ici,  et  dans 
«ïKoap  de  circonstances  à-peu-près  semblables,  on  peut  s*élonner 
•i>fm>f>»ce  des  siècles  passés  et  de  celle  de  notre  siècle.  Il  serait  si  aisé 
ï^éts  hommes  qui  ont  beaucoup  de  loBir,d*en  consacrer  une  petite 
^")oa  i  des  expériences  qui  ne  leur  demanderaient  qu'on  peu  d'atten- 
**nde  bonne  volonté.  Qui  ne  pourrait ,  pour  ne  pas  sortir  du  sujet 
«Ujjte,  Je  procurer  quelques ' morceaux  de  bois  de  différentes  e$- 
F*«»i  coupés  en  différents  temps  de  l'année ,  dans  l'hiver  et  au  prin- 
^y  OU  nème  dans  les  différentes  phases  de  la  lune ,  et  observer 
*^^'t  pendant  quelques  aiinées ,  les  différences  de  certains  effets  que 
f^i^t  occasionner  la  sécheresse  et  l'humi^té ,  le  firoid  et  le  chaud, 
f"^  onpuer  leur  dureté  ralative ,  leur  tendance  plut  oo  moins  {rande 
^"swttou  à  céder  à  l'intempérie  de  l'air,  et  à  Fattaque,  soit 
^tfisectes,  soit  de  certaines  maladies?  Assurément  ces  observations 
^'^''nicat  Uen  pea  de  sacrifices ,  soit  d'argent  ,soit  de  repos.  Il  est 
^qaifeis  sî  ûaé  dt  se  rendre  utile!  Nous  observerons  encore  qne 
^  avens  entendu  recommander  l'immersion  du  bois  de  hêtre  pendant 
p>«««i  mois  avant  la  mise  en  centre. 


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(88  ) 
là  sagesse  antique;  et  jusqu'à  justifier  les  proverbes  des 
bons  vieux  temps,  on  peut  leur  permettre  de  soup- 
çonner que  depuis  quelque  temps  on  s^est  assez  géné- 
ralement épris  d*une  estime  toute  nouvelle  en  faveur 
de  doctrines  qui  avaient  été  abandonnées.  Ils  peuvent 
croire  que  ce  ne  sont  pas  toujours ,  même  à  présent , 
les  faits  qui  conduisent  au  système ,  mais  que  le  sys- 
tème étant  vu  avec  prédilection,  on  a  cherché  des 
faits  pour  Tappuyer  ,  et  nous  savons  tous  que ,  dans  d« 
pareils  cas ,  on  ne  cherche  pas  long-temps  sans  trouver. 
Ce  qui  surprendra  aussi  beaucoup  de  personnes,  et 
ce  qui  n^est  assurément  pas  capable  de  concilier,  sans 
des  preuves  bien  incontestables,  un  grand  nombre  de 
partisans  aux  influences  lunaires  sur  les  plantes^  c^est 
que  ceux  qui  disent  que  la  lune  fait  monter  la  sève 
dans  les  tubes  capillaires  des  végétaux ,  sont  les  mêmes 
qui  désignent  cet  astre  comme  la  cause  des  petites  gelées 
qui ,  dans  les  premières  heures  du  jour ,  vers  Téqui- 
noxe  du  printemps ,  au  mois  d'avril ,  roussissent ,  flétris- 
sent et  perdent  les  jeunes  pousses.  Il  est  vrai  que  peu  de 
physiciens  accoutumés  h  considérer  les  phénomènes  que 
la  nature  nous  offre,  et  ceux  que  les  manipulations 
chimiques  produisent  sous  nos  yeux,  se  sentiront  portés 
à  nier  que  la  même  cause  ne  puisse  produire  des  effets 
diamétralement  opposés  ;  cependant  l'application  de  ce 
principe  ou  de  cette  concession  h  un  fait  ou  une  série  de 
faits,  a  besoin  de  preuves.  Aussi  ,  pour  obtenir  plus 
aisément  notre  foi  en  ce  double  pouvoir  de  la  lune, 
on  assure  que  pareillement  les  rayons  du  solci^  pro- 
duisent le  froid  aussi  bien  que  la  chaleur,  le  froid  dès 
le  matin,  à  son  lever,  quand  sa  lumière  agit  douce- 
ment et  légèrement,  ensuite  de  la  chaleur  lorsqu'il 
s'élève  sur  l'horizon  et  répand  des  torrents  de  lumière. 
En  preuve  du  froid  produit  par  le  soleil  levant ,  on 
cite  une  expérience  où  ,  en  recueillant  alors  ses  rayons 


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(«9) 
tftt  im  miroir    el   les  réfléchiâsani  dessus  un   vase 
rempli  d'eau,  on  procure  la  congélation  du  liquide.  Ce-' 
ftoôèot  il  est  fort  aisé  de  se  rendre  compte  de  cette 
ûnçéUlion  sans  avoir  recours  à  des  rayons  réfrigérants  ; 
OQ  peut  maintenir  comme  au  moins  possible  que  cet 
efa  provient  du  refroidissement  occasionné  par  une 
(^vaporation  encouragée  par  les  rayons  réfléchis.  Après 
ifieJqaes  moments  tout  change  ;  la  chaleur  occasionnée 
J«r  les  rayons  du   soleil  l'emporte  sur    le  froid   qui 
Insulte  de  Tévaporation ,  et  ainsi  au  sentiment  de  froid 
ttccède  celui  de  chaleur.  Il  est  plus  que  probable  que 
les  rayons  du  soleil ,  réfléchis  de  la  même  manière  sur 
le  globe  d'un  thermomètre  bien  sec ,  nje  feraient  pas 
desceadre  le  liquide  dans  le  tube.  D'ailleurs ,  que  lea 
rajoos  du  soleil   ^  son  lever  occasionnent  du  froid  ^ 
que  cet  efiEet  soit  augmenté  à  raison  du  nombre  des 
rajonsrffléchis  sur  un  objet,  on  n'en  peut  guère  conclure 
B^e  la  probabilité  d'une  pareille  vertu  dans  les  rayons 
<)e  notre  satellite.^  Le  raisonnement  même  dont  on  se 
ieit  pour  tirer  parti  de  cette  expérience  ,  qui  d'ailleurs 
OMS  est  inconnue  ,  semble  peu  exact.  Les  rayons  du 
MlnlsoDtréfirigérants,  dit-on,  quand  ils  agissent  I4g^ 
mènent ,  doucemeùt ,  et  c'est  le   cas  au  lever  de  cet 
vtit«  Mais  ne  pouvons-nous  pas  répondre  que  ,  dans 
^  opérience  citée  ,  le  nombre  des  rayons  du  soleil  qui 
^<"Bkiit  sur  la  surface  de  l'eau ,  étant  doublé  par  l'aor 
c^oQ  des  rayons  réfléchis ,  l'action  des  rayons  doit 
^  moins  douce ,  moins  l^re ,  et  qu'ainsi ,  au  lieu 
^  <Kcasionner  un  plus  grand  refraidissement ,  ils  doivent 
éfn  moins  réfrigérants  ?  11  n'est  pas  nécessaire  de  faire 
ohsenv  ici  que   ce  raisonnement  suppose    toujours 
exactitude  de  l'expérience  annoncée. 
Quant  aux  accidents  qui  détruisent  les  espérattces  « 
nît  de  nos  jaidins,  soit  de  nos  vergers,  en  détruisent 
es  flcurt  et  les  tendres  pousses,  une  saine  physique 

la 


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(y) 

ne  peut,  ce  nous  semble,  les  attribuer  anz  rayons  de  b 
hme ,  ni  coasëqneminent  admettre  la  bme  rousse ,  ou 
plutôt  ce  qa^on  entend  par  cette  expression.  Les  effets 
Bcheux  des  gflées  printannières  n^arrivent  qae  vers  le 
lever  do  sdetl  ;  ik  n^ont  aucun  rapport  ni  avec  les 
phases  de  la  lune ,  ni  même  avec  son  existence  sur  Tfao^ 
râon.  Il  7  ^  des  gelées  blanches  en  avril  et  dans  Tau- 
tdfnne,  dans  toutes  les  phases  de  Tastie  auquel  on 
voudrait  les  rattacher.  Si  la  lune  est  en  son  plein ,  elle 
aura  lui  tonte  la  nuit,  et  cependant  les  plantes  ne 
roussiront  qu^^  Tapproche  du  jour  ;  si  la  lune  est  nou- 
velle ,  aucun  de  ses  rayons  n^aura  firappé  les  plantes  ,  e 
elles  n'en  seront  pas  moins  endonunagées.  Ici ,  comnM 
en  bien  d^antres  circonstances ,  la  lune  d^avril  doit  étn 
prise  pour  le  mois  même  qui  porte  ce  nom ,  et  il  se- 
rait  un  peu  moins  inexact  de  parler  du  mois  roux  qui 
de  la  bine  rousse. 

Tout  en  reconnaissant  la  grande  et  soudaine  ab 
sorption  de  calorique  qui  doit  avoir  lieu  sur  une  fleu 
et  une  tendre  pousse ,  lorsque  ,  couvertes  de  friniats  d 
la  nuit ,  elles  reçoivent  les  premiers  rayons  d^un  solei 
étittcelant  à  travers  une  atmosphère  pure  et  transparent! 
recoimatssant  pareillement  le  refroidissement  qui  do 
être  occasionné  par  la  double  transition  du  frimât  c 
éau  et  de  Peau  en  vapeur,  nous  sommes  plus  porti 
i  croire  que  c'est  moins  un  refroidissement  occasion! 
éans  des  objets  déjà  très-froids,  qu'une  chaleur  trc 
soudaine  et  un  mouvement  trop  rapide  produits  dai 
des  fleurs  et  des  boutons  par  un  soleil  actif,  quoiqi 
naissant ,  qui  détruit  l'économie  v(%étale.  C'est  un  efl 
entièrement  semblable  à  celui  que  Téconomie  anima 
éprouve  dans  les  mêmes  cas.  Exposons  à  une  chale 
même  modérée ,  une  main ,  je  ne  dirai  pas  gelée  ,  m; 
sin^lement  très-froide ,  alors  le  mouvement  des  fluid< 
qui  se  rétablit  ou  s'augmente  d'une  manière  un  peu  tn 


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(9»  ) 
brusque  dant  des  parties  resserrées  et  retirées,  par  i« 
bid,  se  fait  infailliblement  avec  effort  et  avec  peine.  La 
douleur  que  nous  ressentons  indique  des  déchirements  ; 
ces  déchirements  deviendront  terribles  si  le  change- 
Beat  de  température  est  rendu  trop  soudain  y  la  p«rte 
de  la  main  peut  en  être  la  conséquence.  De  même  sans 
ikute  le  faible  tissu  d'une  plante  ,  d'un  bouton  ,  d'une 
tendre  pousse  sera  certainement  déchiré  par  une  tran- 
âdoQ  à-peu-près  semblable,  lorsque  condensé,  res-i 
sorë  par  la  gelée,  il  reçoit  soudainement  les  rayons 
d'un  soleil  qui  se  lève  sans  nuages  dans  Torient.  Le 
remède  dans  les  deux  cas  présente  aussi  une  grande 
aaalûgie.  On  applique  de  la  neige  sur  le  membre  gelé  ^ 
et  on  arrose  copieusement  la  plante  que  la  ^elée  blan- 
die  a  attaquée. 

U  est  des  corps  organiques  qui ,  à  cause  d'un  tissu 
jJus  fin ,  d'une  fibre  plus  délicate  ,  d'une  économie  . 
tout  à  la  fois  décelant  plus  d'art ,  et  étant  plus  aisé- 
ment  dérangés  ,*  paraissant  encore  plus  propres  que  les 
plantes  ^  être  affectés  par  des  influences  môme  légères , 
et  à  nous  en  faire  suivre  et  saisir  les  moindres  effets. 
Ici,  fhomme  trouvant  en  lui-même  la  perfection, 
J0U8  plus  d'un  rapport  du  moins ,  de  l'économie  ani- 
male, et  appartenant  à  cette  classe  supérieure  douée 
«Tnae  organisation  subtile ,  il  n'a ,  pour  ainsi  dire ,  qu'à 
«étudier,  quà  se  considérer  lui-même,  pour  s'assureir 
«  la  fibre  animale  ou  les  fluides  qui ,  soit  la  parcourent 
etl  abreuvent ,  soit  l'animent  et  lui  impriment  du  mou- 
Hment,  sont  sujets  à  des  secousses ,  \k  des  afïèctions  pé- 
nodiques  qui  aient  rapport  avec ,  soît  les  phases  de  la 
W ,  soit  la  disUnce  de  cette  planète  de  la  terre ,  soit 
sa  déclinaison.  Eh  bien  !  là  où  nous  devrions  sans  doute, 
ce  me  semble ,  trouver  plus  de  preuves  des  influences 
liOMTCf,  c'est  là  ott  on  en  trouve -le  moins,  où  oa 
a'eu  trouve  point,  et,  dans  cette  partie  de  la  discussion, 


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qui  aurait  dû  être  la  plus  intéressante  ,  et  o&  ka  fatU 
auraient  dû  être  le  plus  nombreux  et  le  mieux  con* 
statés ,  on  ne  trouve  presque  rien  h  r^ter,  rien  h  expli*- 
quer ,  rien  h  dire* 

A  la  vérité  f  presque  toutes  les  nations  anciennes  et 
modernes  ont  adopte ,  pour  désigner  celui  qui  est  sujet 
à  des  aliénations  mentales  ,   le  mot   lunatique  ou  un 
mot  de  semblable  acception.  Ce  concert  semble  d^abord 
déposer  bien  haut  en  faveur  d^influences  lunaires  sur 
Torganisation  de  Thomme.  Cependant ,  quelque  puisse 
être  Torigine,  soit  du  vocable  lui-même^  soit  de  Vo*- 
pinion  quHl  représente  ,  on  peut ,  ce  me  semble  ^  dire 
qu^h  présent  Topinion  ne  reste  plus  guère  que  sur  le 
mot  j    et   que   le    mot   est  de    nos  jours   presque   la 
seule  garantie  de  Topinion.  Nous  Tavons  trouvée  dé- 
savouée par  tous  tes  hommes  de  l'art,   tant  en  An- 
gleterre qu'en  France  ;  rarement  fournit-^lle  matière  à 
discussion  ou   même  à  conversation  ,    et  elle    paraît 
tombée  dans  une  espèce  de  désuétude  et  d'oubli.  D'un 
autre  côté,  les  avis  que  contiennent  encore  peut-être 
certains  almanachs  nouveaux  ,  continués  sous  des  titres 
et  des  formes  antiques ,  ne  sont  plus  écoutés,  même  par 
la  faiblesse  de  l'âge  ;  et ,  pour  suivre  les  ordonnances 
de  la  thérapeutique ,  on  ne  considère  plus  si  on  est  ou 
n'est  pas  en  décours.  Partout,  dans  cette  question,  le  pré- 
jugé a  cédé  ht  une  expérience  journalière  et  personnelle. 
Aussi,  tandis  que  les  exaspérations  dans  les  maladies 
chroniques  sont  si  souvent  attribuées  h  l'état  de  Tatmos- 
phère  et  au  rhumb  des  vents,  aucune,  que  nous  sàcTiions, 
n'est  reportée    sur  la  lune.  Quelques  médecins  ,    soit 
répondant  à  Tappcl  fait  par  un  de  nos  confrères  (i^  ^  soit 
le  prévenant ,  ont  fait  h  dessein  des  observations  suivies 


(i)  PrécU  dn  traTanx  àt  FAcadéale  de  RoufO,  iSoS,  paft  16a. 


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(93) 
pour  s'assurer  si  cet  ftstre ,  iors  de  quelques  -  unes  de 
M  phases  y  occasionnait  quelques  effets  sur  rëconomie 
ttimale  dans  des  personnes  en  santé  ou  affligées  de 
ttrttmes  6èvres  ou  de  certaines  maladies ,  et  jamais 
ib  D'en  ont  dérouvert  aucun. 

Personne  toutefois  ne  niera  Teiistence  de  certains 
efiets  de  la  lane  sur  Fhomme ,  et  en  général  sur  Té^ 
œoomie  animaie;  mais  ici  encore,  comme  partout 
âRears,  ce  satellite  agit  comme  corps  lumineux.  Faible 
en  comparaison  de  celle  du  soleil  ,  sa  lumière  est 
assez  grande  pour  agir  puissamment  sur  nos  yeux , 
quoique  couverts  même  de  leur  paupière  ;  elle  inter- 
rompt quelquefois  notre  sommeil  ,  et  Texcitement 
qu'elle  occasionne  dans  certaines  circonstances  et  dans 
certaiiies  crises  de  fièvre  ,  pourrait  y  selon  l'opinion 
(Tm  médecin  éclairé  de  notre  ville ,  avoir  créé  l'o- 
pinion qui  a  donné  lieu  au  mot  bfnaUque.  De  plus ,  cet 
ase  de  Tcsprit ,  cette  élévation  de  Tame ,  cette  émo- 
tion donce  et  agréable  que  Faction  du  soleil  sur  nos 
sensproduit  ordinairement  dans  Thomme,  peuvent  aussi 
jusqu'à  un  certain  degré  être  produits  par  les  rayons 
^  la  lunf .  Quelque  soit  la  source  de  là  lumière  ,  le 
^il,  une  planète ,  ou  le  plus  commun  des  combus- 
tiUes  à  nôtre  usage ,  son  action  est  toujours  fort  sen- 
âUe ,  et  il  est  plus  que  probable  qu'elle  ne  se  borne 
P»  entièrement  au  sens  de  la  vue.  On  peut  conclinre 
^  tout  ceci  que  l'influence  lunaire  sur  le  règne 
*BBial  est  bien  peu  sensible  ;  et ,  conime  nous  avons 
^  vo  que  y  faisant  abstraction  du  mouvement  des 
>B>^,  cette  infiuence  est  bien  faible  sar  les  corps 
ioo^niques,  bien  faible  encore  y  et  en  bien  des  cir- 
constances parement  hypodiétiques ,  sur  les  végétaux;^ 
Qoos  pouvons  dire  en  général  qu'à  bien  peu  de  ohoses 
^  Induisent  ces  effets  constants,  réguliers  etiroiformes 
q«  on  peut  attribuer  h  la  lune. 


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f  94) 
Mais ,  tandis  que  les  effets  consUnts  et  réguliers  des  in* 
fluences  lunaires ,  quels  qu'ils  puissent  être  dansTétendue 
des  trois  règnes ,  sont  partout  trop  faibles ,  trop  insensibles 
pour  intéresser  d'autres  observateurs  que  les  savants,  il 
y  a  dans  la  nature  des  phénomènes  frappants  et  presque 
journaliers  ,  des  phénomènes  contribuant  trop ,  soit 
aux  aises,  soit  aux  inconvénients  de  la  vie  privée  et 
publique  ,  pour  ne  pas  occuper  lattention de  la  généra- 
lité des  Jhommes ,  et  qui ,  par  beaucoup  d^entre  eux , 
sans  distinction  de  plus  ou  de  moins  de  connaissances 
acquises ,  sont  attribués  i  des  influeuices  exercées  par 
le  satellite  de  notre  planète.  Cette  espèce  de  phéno- 
mènes comf)$i^.  notre  seconde  classe  d'effets  dont  la 
lune  est  réputée  fa^ause  ;  nous  les  avons  appelés  efTets^ 
irréguliers  et  inconstants ,  parce  qu'ils  n'ont  point  de 
caractère  particulier ,  et  qu'ils  ne  sont  point,  en  un  lieu 
donné,  ks  mêmes  dans  les  mêmes  phases,  ni  les. 
mêmes  en  différents  lieux  dans  le  même  temps.  11  fait 
sec ,  on  aurait  besoin  de  pluie ,  on  l'espère  à  la  nouvelle 
ou  à  la  pleine  lune ,  ou  encore  quelquefois,  quoique  peut-r 
être  avec  moins  de  confiance ,  aux  quadratures  i  si  le 
temps  eût  été  opiniâtrement  humide  on  aurait  espéré 
du  sec  aux  mêmes  phases.  L'habitant  de  nos  contrées 
méridionales  attend  souvent  de  la  pluie  de  la  même 
lune  et  de  la  même  phase  de  lune  dont  l'habitant 
des  contrées  septentrionales  attend  avec  autant  de 
raison  le  retour  d'un  ciel  serein.  C'est  le  temps  précé- 
dent qui  alors  décide  de  la  nature  de  l'effet  ;  mai& 
l'effet  attendu  est  toujours  quelque  changemen^t.  Si 
aucun  n'a  eu  lieu ,  on  se  réjouit  ou  on  s^afllige ,  suivant 
les  circonstances  et  les  besoins  immédifSits  de  chacun.; 
mais  on  se  résigne  :  le  moment  critique  est  passé ,  il 
faut  attendre  jusqu'à  la  phase  suivante. 

Pour  rejeter  toute  espèce  de  foi  en, cette  influence 
que  la  luno,  selon  quelques  personnes ,  exerce  ,  dan^  ses 


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(95) 
principales  phases ,  sur  l'atmosphère  et  sur  les  phëno^ 
sèoes  atmosphériques ,  il  ne  suffît  certainement  pas 
d'objecter  qu'on  ne  peut  se  rendre  raison  de  cette  in- 
hence ,  et  que  'sa  nature  est  entièrement ,  soit  ignorée  , 
nit  incompréhensible.  Dans  Thistoire  naturelle ,  il  n'est 
pm  donné  à  Thomme  de  connaître  autre  chose  que 
les  effets  :  veut-il  aller  jusqu'aux  causes  et  h  la  nature  des 
cuises f  de  ce  moment  tout  est  pour  lui  un  mystère  dont 
nni  ne  lui  soulèvera  le  voile.  Le  premier  pas  dans 
Fânde  des  connaissances  physiques  nous  place  dans 
ttK  situation  qui  exige  les  plus  grands  sacrifices  de  notre 
intelligence  ;  et  l'homme  qui ,  après  avoir  reconnu 
Tcxistente  de  l'attraction ,  cette  première ^li>i  de  l'uni- 
^'«îs  matériel ,  vient  h  réfléchir  sur  les  effets  qui  en  résul- 
^tt  pour  remonter  à  leur  cause ,  cet  homme  a  déjà 
TcçQ  une  grande  leçon ,  il  a  dû  bien  y  apprendre  à  ne 
pfwque  rien  croire  d'impossible  ,  ou  du  moins  à  ne 
nen  regarder  comme  tel ,  sous  le  prétexte  d'une  appa- 
^te  impossibilité.  L'attraction  ,  je  le  confesse  ,  me 
^^onibnd  j  et  en  me  confondant  atterre  ma  raison  et 
Ia  dispose  à  presque  tout  admettre.  Le  génie  qui  la 
Couvrit  ne  voulut  pas,  n'aurait  pas  certainement  pu 
^  définir  ;  il  ne  voulut  que  donner  un  nom  h  ce  pouvoir 
inconnu,  h  cette  cause  cachée  dont  l'effet  sur  la  ma- 
fee  et  sur  les  masses  matérielles  est  un  effort  mutuel 
rt  T^proque  vers  le  rapprochement  et  l'union.  Tous 
^  corps  tendent  à  s'approcher ,  à  s'unir ,  et  si  aucun 
•^cle  invincible  en  soi  ou  par  la  nature  des  cir- 
constances ne  s'y  oppose,  ils  s'approchent  en  effet  et 
Ki^nissent.  Yoilh  ce  que  le  philosophe  anglais  a 
^^  exprimer  par  le  mot  attraction  ,  et  voilà  une 
influence  réciproque  et  universelle  qui  ,  absolument 
inconcevable ,  prépare  notre  esprit ,  dès  le  commen- 
<^ent  de  nos  études,  à  se  réconcilier  avec  toutes  les 
^ces  d'influences  que   nous  devons  trouver  ensuite 


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(96) 
sur  notre  chemin ,  dans  le  cours  de  nos  observations. 
Les  influences  lunaires  ,  telles  même  qu'elles  sont 
représentées  par  le  plus  hardi  ,  le  plus  avantureux 
enthousiasme ,  confessons-le  franchement ,  n'ont  rien  de 
plus  éloigné  de  la  portée  de  notre  intelligence  que  les 
phénomènes  de  l'attraction. 

Voici  f  nous  disons -nous  à  nous -même,  dans  un 
moment  d'abstraction  et  de  méditation,  voici  un  corps 
pesant  et  matériel,  une  masse  lourde,  insensible,  où 
n'çxiste  aucun  principe  d'activité,  où  ne  réside  qu'une 
inertie  complète  et  un  morne  repos,  symbole  de  mort ,  un 
corps  enfin  autant  étranger  à  tout  mouvement  spontané 
qu'à  la  pensée.  Si  nous  supposons  ce  corps  seul  dans  le 
vide  immense ,  infini ,  alors ,  dans  sa  complète  indiflé* 
rence  soit  au  mouvement  en  général,  soit  au  mouve* 
ment  en  un  sens  plutôt  qu'en  un  autre  ,  il  demeurerait , 
ce  semble ,  pour  toute  l'éternité,  parfaitement  immo- 
bile ;  mais  que  la  voix  du  créateur  appelle ,  des  profon- 
deurs du  néant ,  un  second  corps  aussi  insensible ,  aussi 
inerte  que  le  premier ,  et  voilà  que  tout-à-coup  cet  ancien 
et  immobile  inhabitant  de  l'espace  semble  à  l'instant 
même  revêtu  de  facultés  actives  et  comme  'spontanées; 
il  s'ébranle ,  il  se  meut ,  il  devient  animé  pour  ainsi 
dire,  et  il  se  porte  avec  un  mouvement  accéléré  vers 
ce  nouveau  corps,  qui,  quoique  semblable  à  lui  eu 
insensibilité  et  en  inertie,  lui  épargne  une  partie  du 
chemin,  et  s'avance  de  son  côté  comme  doué  d'une 
même  sympathie,  (i)  Quand  bien  même  ces  daus 
corps  aiu'aient  été ,  dans  le  commencement ,  séparés  pai 
un  espace  presque  infini,  et  qu'une  éternité  presque  fû! 


/ 

(i)  Si  on  supposait  le  premier  corps  en  mouvement ,  alors  le  sscon^ 
corps  f  dès  le  premier  moment  de  son  eiistenee  ,  changerait  ou  du  moini 
modifierait  le  mouvement  du  premier;  le  pouvoir  d'attraction  produirai! 
toujour»  ion  effet ,  et' cet  effet  serait  toujours  incomprébeiyiblc. 


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(  97  ) 
D&essaire  pour  effectuer  leur  réunion ,  oui ,  même  alors , 
i  cette  distance  immense  ,  ils  se  sentiraient ,  si  je  puis 
Aaprimer  ainsi ,  ils  se  sentiraient ,  ils  se  verr^ien 
VuTaotre,  ils  se  précipiteraient  Tun  vers  Tautre,  et 
panîtraient  tous  les  deux  animés  d'un  mouvement  qui , 
«linnt  notre  manière  de  voir,  semblerait  ne  devoir 
^  le  partage  que  de  la  vie  et  de  F  intelligence.  Tel 
«aitreffet  de  l'attraction ,  Messieurs,  si  toute  la  matière 
créée  était  réunie  en  seulement  deux  masses  ,  et  qu^au* 
eue  force  semblable  à  celle  que  les  astronomes  appellent 
k  force  projectile ,  ne  balançait  et  ne  modifiait  le 
pouvoir  de  Tattraction ,  sans  toutefois  le  détruire. 

Dans  le  présent  ordre  des  choses  ,  un  grand  nombre 

de  corps  peuple   Tunivers   et  sillonne  l'espace  ;  ainsi 

le  jea  des    attractions  différentes    se  multiplie   et  se 

complique  ;  mais  il  n'en  est ,  h  dire  vrai ,   que  plus 

étooDint  ,    comme    il    n'en  est  que    plus   difficile    à 

suivre ,  et  même  quelquefois  à  reconnaître.  D'un  autre 

côté,  l'attraction  dans    l'univers   est   encore  modifiée 

ittA  ses  effets  par  un  pouvoir  aussi  étonnant  qu'elle 

Test  eUe-méme  par  ce   pouvoir  qu'on    appelle   force 

de  projection  ,  et    qui  ,    s'opposant    aux  masses    qui 

todeot  à  se  réunir ,    (ait  circuler  la  plus  légère  au-* 

te  de  la  plus  pesante  ;  combinaison   admirable  due 

a  sue  intelligence    infinie  ,   et  sans  laquelle   tous  les 

c^  matériels  placés  à  des  distances  moindres  que 

^>Am ,  ne  présenteraient  bientôt  qu'une  seule  masse* 

^  la  force   de  projection  ,   chaque  satellite  s'uniraôt 

«  ta  planète   principale ,   chaque   planète    rejoindrait 

*  «oUil ,    centre   du  système  auquel   elle   appartient , 

*<*»  les  soleils  de  tous  les  différents  systèmes  se  por- 

•^ï^afent  l'un  vers  l'autre  ,  et  ne  formeraient  enfin  qu'un 

Rnd  tout,  qu'un  seul  corps  énorme  ,  immense ,  infini, 

^  de  plus  éternellement  immobile. 

I^  variété  des  mouvements  dans  les  différents  corps 

i3 


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(98) 
qui  appartiennent  è  notre  sysième  solafre  et  la  mul* 
tiplicité  de  ces  corps  eux-mêmes ,  ont  sur  notre  es- 
prit un  effet  qu'on  ne  remarque  peut-être  pas  suffisam- 
ment ,  et  qui  est  fort  différent  de  celui  qui  peut-être 
serait  produit  par  la  vxie  de  mouvements  moins  com- 
pliqués et  d'objets  moins  nombreux.  Qu'un  globe,  qu'mi 
corps  quelconque  se  présente  seul  et  paraisse  doué 
d'un  mouvement  progressif ,  il  est  sâtr  d'attirer  et  de 
fixer  notre  attention,  et  aussi  d'exciter  notre  curiosité 
h  connaître  la  cause  qui  le  fait  mouvoir  ;  mais  si  un 
grand  nombre  de  corps  animés  de  difit'rcnts  mouve- 
ments s'offre  à  notre  vue ,  alors ,  soit  que  l'impression 
partant  de  plusieurs  points  divise  l'attention  et  ne 
produise  réellement  pas  la  même  force  et  la  même 
vivacité ,  soit  que  toute  reclierche  paraisse  alors  inu- 
tile ^  toujours  du  moins  voit-on  qu'alors  l'homme  se 
contente  d'une  admiration  vague  et  pour  ainsi  dire 
stupide.  Ainsi ,  ce  n'a  été  qu'en  dégageant  l'attraction 
de  ses  accessoires  ,  ce  n'a  été  qu'en  la  considérant 
seule  et  dans  ses  accidents  les  plus  simples  ,  que  nous 
avons  pu ,  ce  semble  ,  nous  rendre  sensible  et  peut-être 
aussi  faire  pareillement  sentir  aux  autres  tout  ce  que  cette 
force  d'attraction  a  vraiment  d'étonnant  ;  c'est  ainsi , 
du  moins ,  que  nous  avons  appris  à  ne  pas  rejeter  les 
influences  planétaires  par  le  seul  motif  que  leur  manière 
d'agir  nous  est  tout-à-fait  inconnue. 
*  De  plus ,  le  mouvement  des  astres  ne  fait  point  ,  à  la 
£stance  où  nous  sommes  placés ,  une  \-ive  imj-  ^'ssion  ; 
on  peut  quasi  dire  qu'il  n'agit  point  sur  nos  sens ,  et 
que  nous  ne  le  connaissons  qu'à  l'aide  de  la  mémoire 
et  de  la  réflexion.  Nous  nous  rappelons  que  la  lune  , 
par  exemple  ,  était  il  y  a  quelques  moments  à  un  point 
du  ciel ,  et  maintenant  nous  la  voyons  à  un  autre  ;  de 
là  nous  concluons  qu'elle  s'est  mue.  Nous  admirons 
tranquillement,  mais  rien  ne  nous  a  ébranlé,  rien  ne 


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(99) 
Boos  a  frappés.  Pareillement  si  nous  montrons  h  un 
criait  une  pendule  qui  n^a  que  Tatguille  des  heures  , 
ctsr,  lui  ayant  fait  remarquer  le  point  du  cadran 
«à  est  Taiguille  ,  nous  voulons  ,  un  qbart-d'heure  ou 
pbs  après  le  convaincre  qu^elle  marche ,  parce  qu'elle 
l'est  pios  an  même  point  oâi  il  Tavait  vue  d'abord , 
i  écoute  notre  remarque  sans  attention  ,  et  regarde 
nDstnanem'  sans  beaucoup  d^întérét  ;  mais  si  la  pen- 
Ue  a  cettfe  aiguille  des  secondes  qui  parcourt  rapi- 
fanent  el  à  vue  d'œil  la  circonférence  du  cadran  , 
abfsil  est  vivement  intéressé  par  ce  mouvement  ra- 
pt^, S]rmbole  de  la  vie  ;  il  admire ,  et  sa  curiosité , 
par  rapport  h  la  cause  ^  est  excitée.  Quelle  impression 
fie  fruit  point  pareillement  sur  nous  le  mouvement 
de  la  lune  ^  si  stationnés  sur  un  point  de  l'espace  nous 
^9poui  cet  imposant  satellite  se  rouler  majestueuse- 
méat  dans  son  orbite  ,  en  traversant  environ  un  quart 
de  Ueae  par  seconde  !  avec  quel  degré  de  stupeur 
aobaenreriens-nous  pas  ce  mouvement  composé^  de 
fan  pouvoirs  ,  la  force  d^attraction  et  la  force  de 
pniection  ! 

Par  lattraction ,  les  corps  agissent  Tun  sur  Tautre,  à 

b  manière  des   esprits  ou   du  moins  d'une  manière 

Vt  nous  regardons  comme  appartenant  aux  esprits  et 

fiappartenant  qu'à»  eux  ;  ils  agissent  ii  distance  et  non 

peint  par  contact  immédiat ,  cVst-à-dire  ,  leur  mode 

'tcdon  n'est  point  celui  que  nous  croyons  le  seul 

'■Boé  à  U  matière  et  aux  corps  matériels.  Par  elle , 

*%é  réloignement  où  ils  se  trouvent ,  ils  entrent  en 

i^pport,  ou  plutôt  ils  sont  constamment  en  rapport  les 

vu  avec  les  autres  ;  ils  produisent  les  uns  sur  les  ao- 

te  des  efibts  sensibles ,  frappants ,  des  effets  accom* 

noés  du  symbole   de  la  vie ,   le  mouvement  spon- 

^>né.  Oui ,  Messieurs ,  je  le  répète ,    et  ne  puis ,    ce 

tte  semble  ,  assez  le  répéter ,  quand  on  s'est  formé 

i3. 


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(    lOO   ) 

de  cette  loi  gënâ-ale  de  la  nature  qu'on  appelle  attnc'- 
tion  une  idée  juste  et  véritable ,  quand  on  Ta  saine 
dans  tout  ce  qu^elle  a  dVtonnant ,  de  contradictoire , 
j^oserais  quasi  dire  h  nos  notions  les  plus  communes , 
les  plus  accréditées ,  et  selon  la  manière  humaine  de 
voir  les  plus  justes  ,  alors ,  oui  certainement  alors 
on  ne  se  permettra  pas  de  nier  les  influences  de  la 
luné  sur  les  changements  irréguliers  de  notre  atmos- 
phère ,  simplement  parce  qu^on  ne  peut  en  comprendre 
l'action  et  le  jeu. 

Toutefois ,  Messieurs  ,  après  avoir  reconnu  incon- 
testablement de  bonne  foi  les  bornes  des  connaissances 
htmiaines ,  il  nous  sera  permis  sans  doute  de  montrer 
ce  que  ces  connaissances ,  telles  qu'elles  peuvent  élre  , 
ont  d'étendue  et  ce  qu'elles  ont  de  certain.  On  peut 
abaisser  Thomme  sans  toutefms  Tavilir.  11  y  a  chez 
lui  et  dans  sa  nature  quelque  chose  de  si  étonnamment 
grand  qu'on  peut  lui  6ter  beaucoup  sans  qu'il  paraisse 
se  rapetisser  ;  ses  richesses  intellectuelles  semblent  ne 
rien  perdre  par  les  plus  fortes  défalcations.  L'homme 
ne  devant  pouvoir  ni  changer ,  ni  modifier  la  nature 
des  choses  ,  il  est  évident  que  toute  connaisance  de 
la  constitution  naturelle  des  corps ,  aussi  bien  que  la  . 
nature  des  principes  qui  r^issent,  soit  leur  mouvement , 
soit  leur  influence  »  lui  était  absolument  inutile.  Biais 
rhomme  connaît  les  lois  auxquelles  sont  soumis  les 
corps ,  ou  du  moins  il  est  sûr  de  connaître  plusieurs 
de  ces  lois ,  et  surtout ,  oui  surtout ,  il  connaît  la  fixité , 
l'immutabilité  de  toutes  les  lois  naturelles  ,  quelles 
qu'elles  puissent  être.  Cette  connaissance  lui  était 
presque  indispensable  ;  comment  pourrait-il  sans  elle 
exercer  ce  domaine  secondaire  et  toutefois  admirable  ^  et 
merveilleux  qu'il  exerce  sur  la  création  ?  Ainsi ,  tout  ce 
qui  est  autour  de  lui  est  pour  lui ,  si  vous  le  voulez ,  un 
problème  ,  une  énigme,  un  secret  impénétrable  ;  mais. 


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(  loi  ) 
d^tra  latre  côté,  il  voit,  il  réfléchit,  il  combine,  il 
nisonne  ;  l^  il  est  sur  son  terrein ,  là  il  est  fort,  et  sa 
faice  est  immense.  Il  a  vu ,  il  a  éprouve  ;  le  passé  est 
i  lui  L^expérience  et  Tinduction ,  voili  les  sources  de 
ses  connaissances  pour  le  présent  ;  il  compte  sur  la 
fait^,  sur  Tinvariabilité  des  lois  de  la  nature  pour  le 
bur  ;  là  il  ne  peut  jamais  être  trompé ,  et  il  ne  peut 
se  tromper  ;  il  compte  sur  Tidentité  des  efiets  produits 
par  les  causes  premières ,  quelqu^elles  soient  ;  en  cela 
est  son  savoir  ,  en  cela  réside  son  infaillibilité.  11 
ignore  ce  que  c^est  que  Tattraction ,  mais  il  a  observé 
ses  efiets  ;  il  ne  peut  se  rendre  compte  du  mouve- 
■eut,  mais  il  en  a  découvert  les  lois  ;  il  ne  sait  ce 
que  sont  ces  masses  énormes  ,  ces  planètes  qui 
roulent  sous  ses  pieds  et  se  promènent  sur  sa  tête  , 
mais  il  pèse  leurs  masses  ;  il  calcule  leur  distance , 
il  compte  leurs  pas ,  il  indique  leur  retour ,  il  montre 
^  doigt  la  place  que  chacune  occupera  dans  tout 
tortant  donné ,  et  cela  des  millions  d'anùées  en  avance. 
Ainsi,  que  ceux  qui  veulent  nous  faire  reconnaître 
<les  influences  si  irrëgulières ,  si  variables  dans  la  lune 
lors  de  ses  phases ,  ne  viennent  pas  nous  dire  que 
>OBs  ne  connaissons  rien  à  Funivers ,  que  tout  y  est 
pour  nous  un  mystère  hors  à  tout  jamais  de  la  portée 
Je  notre  esprit  ;  quHls  ne  nous  disent  pas  que  nous 
•'atons  découvert  encore  qu'un  petit  nombre  des  pro- 
pi^  de  la  matière  et  des  lois  de  la  nature  ;  que 
(■Aséquemment  nous  ne  pouvons  rejeter  Texistence 
'ttcon  phénomène  naturel  sur  le  principe  que  la 
csbe  qui  le  produit  est  ignorée ,  et  la  manière  dont 
celte  cause  ag^t  inexplicable.  Nous  répondrons  im- 
■i^fiatement  que  ce  n'est  point  aussi  sur  ce  principe 
fie  se  f<mdent  soit  nos  doutes  ,  soit  ce  refus  positif 
<le  notre  croyance.  Montrez-nous  ,  et  voilà  notre  pro- 
poâtion ,  montrez ,  lors  des  mêmes  phases  de  la  lune  ^ 


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(  loa  ) 
et  à  des  intervalles  constants ,  le  retour  constaot  de» 
mêmes  effets;  montrez-nous  des  phénomènes  atmosr 
phériques  qui ,  attribués  h  la  lune  ,  soient  aussi  r^u- 
liers  que  le  lever  de  cet  astre  ,  aussi  invariables  que 
les  effets  de  son  attraction ,  aussi  fixes  et  aussi  im- 
muables que  les  lois  naturelles.  Alors  ,  oui  certainement 
alors  y  nous  admettrons ,  nous  professerons  même  ces 
influences  contre  lesquelles  notre  esprit  maintenant  se 
révolte.  ' 

Autrefois  on  croyait  assez  universellement  h  la  pos- 
sibilité de  prédire  l'espèce  de  changement  que  telle 
lune  et  telle  phase  d'une  lune  ,  pour  l'année  courante 
ou  Tannée  qui  allait  commencer ,  devait  amener  dans 
l'atmosphère  ;  maintenant   les  moins  enthousiastes  se 
contentent  de  prédire  vaguement  pour  toute  lune  et 
toute    phase    de    lune    un    changement    quelconque. 
Voilà  où    les    plus   raisonnables    se    retranchent  ;    le 
premier  poste  a  été  irrévocablement  enlevé.  Cependant 
assurément  rien  ne  montre  plus  évidemment  la  force 
du  préjugé  en  faveur  des  influences  lunaires  sur  l'at- 
mosphère de   notre  globe ,  que  cette  multitude  d'al- 
manachs  faits  pour  le  peuple  ,  et  où  pour  le  peuple 
l'état    de   l'atmosphère  est  indiqué,  annoncé  souvent 
douze  mois    en  avance  pour  chacune  des  phases  de 
notre  satellite.  Quoique  l'expérience  soit  là  quatre  fois 
chaque  lunaison ,  et  qu'elle  crie  aussi  haut  au  moins 
que  la  raison  pour  dissuader  chacun  de  toute  croyance 
en  de  semblables  prophéties ,  cependant  beaucoup  de 
gens  ne  sont  point  et  ne  seront  peut-être  jamais  ébranlés 
dans  leur  foi  endémique.  L'almanach  peut  mentir  tant 
de  fois  ,  je  ne  dirai  pas  qu'il  voudra  y  car  il  n'a  pas  de 
mauvaise  intention ,  mais  il  mentira  tant  que  possible  ^ 
cependant  y  toujours ,  et  en  dépit  de  toute  méprise  > 
maintes  et  maintes  personnes  ne  cesseront  point  en- 
tièrement de  croire  en  ce  qu'il  avance.  On  l'excuse  , 


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(  io3) 
OU  on  se  tait ,  ou  peut-être  seulement  on  sVtonne 
quand  il  n^a  pas  frappé  juste  ;  on  espère  toujours 
pow  Favenir,  et  c'est  un  vëritable  et  bien  sensible 
triomphe  pour  certaines  bonnes  gens  ,  quand  elles 
trouvent  qu'il  a  véritablement  annoncé  de  la  gelée 
i-peu-près  pour  le  jour  ou  le  vent  de  N.-E.  se  fait 
xtideotellement  sentir  dans  les  mois  de  décembre  et 
de  janvier  ,  et  que ,  parlant  de  la  température  aux  en- 
virons du  temps  de  la  canicule  ,  il  a  tomîbé  exacte- 
aeot  sur  quelques  jours  chauds  dans  la  saison  de 
Tamiée  la  plus  chaude. 

Ce  préjugé,  cette  espèce  de  superstition  astrologique, 
est  nourrie ,  sinon  par  la  science ,  du  moins  par  Tes-* 
prit  mercantile.  Dans  des  pays  civilisés  et  oti  Ton  se 
pique  de  sacrî6er  à  la  raison  ,  et  de  favoriser  l'instruc- 
tion des  classes  même  inférieures  de  la  population , 
on  n'a  point  honte  de  spéculer  sur  la  faiblesse  de  leur 
esprit ,  et  sur  la  profondeur  de  le\ir  ignorance  ;  on 
«courage  l'une  et  l'autre ,  et  on  leur  donne  au  plus 
^  prix  possible  un  aliment  toujours  nouveau.  An- 
■wHement  une  des  plus  précieuses  industries  des  temps 
oodemes  est  employée  h  entretenir  des  opinions  que 
1>  nison  ne  peut  appuyer,  et  qui,  accoutumant  le 
peuple  ï  croire  sottement,  s'opposent  au  développe- 
ment de  ses  facultés  intellectuelles ,  vicient  et  faussent 
^  jogement,  accoutument  son  esprit  h  se  contenter 
^  tout,  même  de  Tabsurdité. 

Ce  pouvoir  de  la  lune  semblerait  presque  être  un 
•We  de  l'astrologie  judiciaire.  Seulement,  tandis  que 
injoence  des  astres  les  plus  éloignés  de  notre  globe 
^  supposée  régulière  et  uniforme ,  celle  de  la  lune 
^  supposée  irrégulière  et  variée.  Peut-être  l'idée  de 
<=ette  différence  e^t  venue  des  changements  frappants 
fK  présente  et  la  marche  de  la  lune  ,  et  la  forme  de  sa 
pvtie  iumineusie  y  et  la  grandeor  de  son  disque.  Cban* 


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(  io4  ) 
geanl  coDsUmment  de  grandeur,  de  %iire  et  de  place , 
elle  dut,  chez  des  peuples  siqierstitieux  et  ignorants, 
être  regardée  comme  le  symbole  et  l'image  de  tout 
diaiigement ,  de  toute  variation.  Et  dans  des  temps 
ou  tout  ce  qui  pr^ntait  des  con&rmitfb  et  des  ana* 
logîes  extérieures  était  supposé  avoir  de  véritables 
rapports,  et  souvent  des  rapports  d'effets  et  de  cause , 
dans  des  siècles  ou  un  homme  devait  être  brave  parce 
qu^à  sa  naissance  une  planète  se  trouvait  dans  la  conr- 
steliation  du  Lion ,  où  aussi  une  plante  devait  guérir  les 
maladies  de  celui  de  nos  organes  avec  lequel  elle 
avait  quelque  rapport ,  soit  de  figure ,  soit  de  cou- 
leur, assurément  alors  ii  n^est  pas  étonnant  que  le 
changeant  satellite  de  notre  terre  ne  fftt  cru  présider 
à  tous  les  changements  dans  notre  changeante  atmos- 
phère et  même  dans  les  affections  du  cerveau.  Ainsi  la 
lune  devait  changer  tout,  brouiller  tout,  renverser 
tout,  présider  à  tout  ce  qui  ne  pouvait  être  réduit  à 
une  cause  certaine ,  fixe  et  rc^ulière. 

D'ailleurs,  quelque  chose  de  mystérieux  se  rattache 
presque  naturellement  à  la  lune.  Le  temps  de  la  nuit, 
ten^s  où  sa  présence  sur  l'horizon  est  plus  remarqua- 
ble et  mieux  observée  ;  le  silence  qui  accompagne 
$es  heures  de  garde  ;  la  lueur  paie ,  tremblante  ,  dou- 
teuse pour  ainsi  dire,  qu'elle  jette  ;  les  forts  contrastes 
de  lumière  et  d'ombres  qu'elle  occasionne;  ce  disque 
large  et  sanglant  à  l'horizon ,  qui  ensuite  diminue  de 
volume  et  pâlit  à  mesure  qu'il  monte  vers  le  zénith  j 
cette  marche  compliquée  résultante  d'un  mouvement 
apparent  vers  l'ouest ,  et  d'un  autre  réel  vers  l'est  ^ 
qui  la  rapproche  et  l'éloigné  alternativement  et  promp« 
tement  des  points  lumineux  dont  la  voûte  céleste  est 
marquée  ;  cette  progression  dans  le  zodiaque ,  qui  se 
laisse  considérer  h  l'œil  nu,  tandis  que  celle  du  soleil 
est  cachée  par  les  rayons  même  dont  cet  astre  â>louis- 


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(  io5) 
sml s^eiiYÎronne  ,  tout  a  dû ,  dans  les  premiers  temps, 
«Kdrer  vers  la  lune  les  regards,  rattention  de  peuples, 
\snl  a  dÀ  la  £ûre  observer  avec  admiration  et  avec 
OQ  respect  religieux ,  la  &ire  regarder  comme  douëé 
(Tane  force  active ,  ll^  faire  considérer  comme  une 
pirissMice  dans  la  aatare. 

L'âade  savante  de  Tastronomie  n'ôta  rien  d'abord 
m  profond  myst^  dont  la  lune  était  cnveloppée^r  Sa 
■arche ,  qoi  se  déroba  long-temps  à  nos  calculs ,  et 
àfyma,  pendant  des  siècles  entiei«  toutes  nos  combinai- 
sons et  tous  nos  systèmes ,  la  rendit ,  plus  encore  peut- 
ërt  qn^auparavant ,  un  objet  d'étonnement.  Non-Seule- 
ment rhomme  qui  n^avait  que  des  yeux ,  mais  encore 
œhd  qui  réflëdiissait  et  raisonnait ,  la  regarda  ccnnme 
me  dose  prodigieuse ,  et ,  ne  pouvant  la  soumettre  ^ 
aocnne  loi,  il  la  crut  capable  de  produire  des  effets 
esctraordinaires  en  proportion  de  la   difficulté  même 
quHl  éprouvait  h  suivre  des   aberrations  multipUées. 
D  trouva,  dans  des  recherches  soutenues  et  dans  un 
travail  opinifttre ,  la  source  de  quelques  joies  et  celle 
4e  toutes  ses  peines  ;  bientôt ,  semblable  à  ces  personnes 
qù  s'attachent  fortement  h  Tobjet  qui  cause  soit  toutes 
knrs  jouissances,    soit  même   tous  leurs  maux,  il  se 
préoccupa  tellement  de  la  lune,  quMl  crut  découvrir 
p^rtoat  Tinfluence  de  cet  étonnant  satellite. 

Si  la  science  et   Tignorance  ont  ^însi ,    chacun  de 
•on  côté,  et  à  sa   manière  ,   contribué  à  étendre  le 
'ttmaine  de  la  lune  ,  faut-il  sVtonner  que  des  hommes 
^  se  sentaient   invinciblement 'portés  h  rapporter  h 
^  tne  l'effet  surprenant  des  marées ,  lors  même  qu'ils 
^  pouvaient  aucunement  le  comptendre ,  faut-il  s'éton- 
ner, disons-nous  ,  quMIs  aient  attribué  a  la  lune  tous  ou 
presque  tous  les  effets  naturels  qui  surpassaient  la  force 
*  kar  intelligence ,   et  principalement  tous  les  effeU 
(pi  peuvent  se  rapporter  au  mouvement  et  au  balan- 


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t  «06) 

tement  des  liquides  et  fluides  qui  recouvrent  la  sur&ci 
du  globe  terrestre. 

Oo  n^a  pas  encore,  Messieurs,  abandonné  de  no 
jours  l'idée  de  rapports  entre  la  mer  et  l'atmosphère 
entre  les  eaux  pesamment  gravitantes  de  Tocéan  e 
le  fluide  aérien  qui  compose  l'atmosphère  terrestre 
L'ouvrage  d'où  est  extrait  un  article  météorologiqu 
assez  firappant  qui  se  lit  dans  l'extrait  de  nos  travau 
pour  1808 ,  et  que ,  dans  l'intérêt  de  la  science  ,  nou 
avons  cru  devoir,  il  y  a  déjà  quelque  temps,  vous  si 
gnaler,  considère  comme  preuve  démonstrative  Tin 
duction  qu'il  tire  des  marées ,  pour  conclure  l'iuflueQC 
de  la  lune  sur  les  mouvements  de  Tair. 

Sans  doute  l'argument  le  plus  spécieux  en  fiveur  de 
influences  que  les  phases  de  la  lune  peuvent  exercer  su 
le  temps ,  et  ses  changements  sur  l'atmosphère  et  sur  se 
diflférents  phénomènes  ,  consiste  évidemment  dans  1 
comparaison  qu'on  établit  entre  les  eaux  mobiles  qii 
recouvrent  une  grande  partie  de  notre  globe  et  ce  fliii<j 
plus  mobile  encore  qui ,  constituant  l'atmosphère,  forxn 
sur  ce  globe  une  enveloppe  non  interrompue.  Not 
voyons  tous  les  jours,  dit-on,  les  eaux  de  la  mer  s'élcvc 
et  s'abaisser  deux  fois  suivant  des  lois  qui  nous  soc 
connues ,  et  dans  leur  effet  générai ,  et  dans  les  régi 
lîères  variations  que  cet  eiïet  subit  La  lune,  qui  pren 
dans  ce  phénomène  des  marées  la  plus  grande  pari 
doit  aussi,  contiaue-t-on ,  avoir  la  part  la  plus  grand 
dans  les  mouvements  généraux  de  Tatmosplièrc ,  dai 
ces  oscillations  ,  dans  ces  flux  et  reflux  qui  existei 
nécessairement  au  milieu  de  cette  mer  aérienne  soumis 
à  «ne  double  action,  à  Taction  du  satellite  d«*  noti 
globe  et  à  celle  du  soleil  de  notre  système. 

Cet  argument  ,(|iu  d'abord  paraît  spécieux ,  perd  beai 
coup  de  son  pouvoir  d'illusion  quand  la  prétendue  an; 
logie  sur    laquelle  il  se  base   est  exprimée  en  termi 


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(  107  )  • 
exKts ,  et  qaand  elle  est  attentivement  et  matur^ment 
coosidà^e.  Oui,  Messieurs,  quelque  soit  Tentraînement 
im  premier  aperçu ,  il  est  évident  que  toute  analogie 
eotTP  les  marées  de  Tocéan  et  les  changements  de  temps 
lors  des  phases  de  la  lune  est  absolument  &usse.  D'un 
côte,  nous  voyons  un  effet  constant'  et  régulier ,  et 
k  plus  universellement  le  même  dans  le  même  temps , 
m  toote  la  surface  du  globe  ;  il  ne  se  fait  point  sentir 
brusquement  et  seulement  aux  principales  phases  de 
la  hme  :  il  commence  à  un  moment  invariablement 
ixe  ;  il  fragmente  par  des  degrés  toujours  les  mêmes 
cttonjoiirs  insensibles  :  il  cesse  de  s'accroître  après  une 
époque  déterminée,  pour  décroître  ensuite  en  passant 
par  les  même&  degrés ,  et  toujours  insensiblement  et 
t^Snlièrement. 

De  bonne  for,  que  voyons-nous  en  tout  ceci  d^ana- 
b^  aox  variations  atmosphériques  attribuées  h  la 
aéme  cause  P  Dans  ces  derniers  phénomèuesi,  rien  n'es^ 
régulier,  rien  n'est  gradué,  rien  conséquemment.  ne 
pnit  être  soumis  au  calcul  ou  annoncé  d'avance.  Tout 
^  soudain  et  brusque;  de  plus.,  on  ne  reconnaît  d'effets 
faedans  deux  ou  quatre  époques,  et  entre  ces  époques 
Tcfrt  de  la  lune  n'est  point  graduellement  augmentant 
«Q  graduellement  diminuant  ;  il  est  nul ,  il  est  consi- 
^ comme  nul.  D'ailleurs,  ce  n'est  point  tel  ou  tel 
det  qu'elle  produira,  mais,  elle  produira  partout  ce 
fB  n'existait  point  auparavant,  ou  plutôt  elle  pro- 
^  le  contraire  de  ce  (pii  existait  :  ici  de  l'humidité , 
P*re  qu'il  y  avait  de  la  sécheresse ,  et  Ih  de  la  sé« 
ckcresse ,  parce  qu'il  y  avait  de  l'humidité.  De  la 
■âme  manière  elle  distribue  le  froid  et  le  chaud,  le 
*^  et  le  calme ,  les  brouillards  et  des  cieux  serein^  ; 
de  donne  toujours  du  nouveau  ,  elle  se  montre  l'en- 
■Ottie  déclarée  de  l'uniformité;  et,  h  entendre  les 
^Oies  partisans  de  la  lune,  si  quelquefois,  pour  des 

i4- 


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(  io8  ) 
causes  qui ,  comme  tant  d^autres ,  sont  inexplicables  ^ 
elle  ne  peut  à  tonte  force  changer  le  temps,  du  moins 
est  elle  toujours  sûre ,  croienl-ils  ,  de  montrer  son  pou- 
voir en  y  occasionnant  un  petit  mouvement. 

C'est  en  cela  surtout  qu"*on  p<'iit  vcritablemcnt  admirer 
la  sagacité  et  Tingonuité  de  tous  ceux  qui  croient  aux 
influences  lunaires  :  ils  savent  gré  à  la  lune  des  appa- 
rences les  plus  communes  et  les  plus  insignifiantes. 
Quelque  petit  brouillard  a-t-il  voilé  lliorizon  vers  le 
matin,  quelque  vapeur  s'est-elle  élevée  vers  le  soir, 
quelqne  petit  nuage  a-t-il  passé  dans  le  cours  de  U 
journée  sur  la  surface  du  ciel,  le  baromètre  a-t-il 
éprouvé  quelques  Itères  oscillations,  ch  bien!  ils  se 
contentent  de  tout  ceci ,  et  si ,  lorsqu'une  de  ses  petites 
choses  arrive  le  jour  même  d'une  des  {Aases,  oi 
seulement  deux  ou  trois  jours  avant  ou  autant  après 
alors  ils  triomphent;  il  est  évident  que  la  lune  nesl 
point  en  défaut  ;  tout  cela  est  l'ouvrage  spécial  de  h 
lune. 

Pour  vous ,  Messieurs ,  il  en  est  autrement,  A  vo 
yeux  ,  entre  les  marées  de  l'océan  et  les  variation 
de  l'atmosphère ,  il  n'y  a  aucun  rapport  ,  aucune  res 
semblance  ,  aucune  analogie.  D'un  côté,  tout  est  par 
faitcment  régulier  ,  tout  procède  avec  Tuniformité  et  1 
gradation  la  plus  complète;  de  l'autre,  tout  est  brusque 
saccadé  ,  tout  annonce ,  non  pas  l'influence  soutenu 
et  constante  d'un  corps  céleste  ,  mais  l'influtnce  d 
causes  partielles  ,  Tinfluenre  peut-^tre  de  vents  ace 
denlels  modifiés  par  des  localités  particulières. 

L'atmosphère  est  composée  d'un  fluide  si  léger  ,  l( 
parties  qui  le  composent  sont  si  tenues  et  ont  enti 
elles  si  peu  d'adhésion  ,  qu'on  peut  bien  conclui 
même  à  priori,  qu'il  est  pnîSque  hors  de  la  prise  c 
l'attraction  ,  de  ce  pouvoir  qui  n'agit  qu  à  raison  d 
masses.  Nous  savons  encore  que  les  effets  des  marécî 


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C  *o9  ) 
»  grands,  si  ^toimant&  sur  nos  côtes,  et  principale- 
nHOt  dans  les  golfes  ,  oia  les  eaux  se  trouvent  resserrées 
pir  la  disposition  du  terrein  ,  sont  toutefois  bien 
Boindres  en  pleine  mer  et  même  sur  des  plages  en- 
tièrement ouvertes.  L.^attraction  de  la  lune  et  du  soleil, 
lors  même  que  ces  corps  agissent  de  concert ,  n-ëlè- 
vfQt  rëelleiuenl  les  colonnes  d'eau  de  Tocéan  ouvert 
et  libre  que  d^une  quantité  beaucoup  moindre  qu'elle 
De  Vtst  sur  nos  rivages  ,  et  conséquemment  son  influence 
SOT  Fair  fluide  léger  ,  et  que  d*ailleurs  nul  golfe  ,  nul 
détroit  ne  resserre  ,     doit  être  presque  insensible. 

Cet  ai^umeat    qui    à    priori  est  d'une  grande  force 
poOT  ceux  qui  ont    étudié  les   lois  de    Tattraclion ,  se 
tioiwe  de  nos  jours  puissamment  confirmé  par  les  cal- 
culs d'un  homme    sur    Texactitude   duquel  la  science 
p«l  compter  C»)-  L'astronome  Laplace ,  étant  persuadé 
qw  ratmospbère  terrestre  était  sujette  à  un  véritable 
flox  et  reflux  ,   à    une   oscillation  diurne  ,  chercha  et 
psrint  à  en  apprécier    la  valeur.  D'après  le  résultat 
de  son  opération  ,  on  trouve  qu'entre  les  colonnes  d'eau 
<bu  leur  plus  grande  ascension  et  ces  mêmes  colonnes 
dans  leur  plus  grande  dépression  ,  l'excès  équivaut  à  une 
hauteur  de  huit  dixièmes  de  millimètre  ,  à-peu-près  un 
tiers  de    ligne    dans    les   tubes    barométriques.  Mais 
tomme  ces    oscillations   atmosphériques    résultent   de 
ropératiou  simultanée  de  la  lune  ,  du  soleil  et  des  eaux 
ie  Tocéan     ascendantes  et  descendantes  ,  il  voulut  en- 
core examiner   quelle  part    la   lune  spécialemeni  avait 
àms  ces  oscillations ,  et  il  trouva  cette    part  presque 
inappréciable  ,  quoique  réelle.  Ainsi ,  Messieurs ,  nous 
soflunes  certains  que  ce  flux  et  reflux  de  l'atmosphère 
est  petit ,  tiès-petit ,  et  que  dans  ce  petit  effet  la  lune 


(0  AuMiM  de  Chimie  tl  de  Physique ,  année  182^ 


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(HO) 

netdre  encore  que  pour  une  petite  part;  de  plus,* 
ce:  eflFet  est  îoomalier ,  il  est  r^guKer  quant  au  temps 
de  son  retour  et  a  Tintensité  de  son  mouvement ,  et 
eonsëquemment  il  n^a  rien  de  common  avec  ces  in- 
flui^nces  atmosphériques  qui  occasionnent  et  le  beau 
et  le  mauvais  temps,  qui  sont  dormantes  pendant 
certains  jours  dlntervalle  ,  et  se  réveillent  à  chacune 
des  principales  phases  de  la  lune. 

II  faut  en  convenir  y  et  les  partisans  dn  pouvoir 
de  la  lune  en  conviennent  assez  souvent,  le  raison- 
nement sert  mal  ici  Fopinion  vulgaire;  beaucoup  de 
personn<>s  reconnaissent  une  grande  puissance  dans  la 
lune ,  même  celle  de  troubler  les  têtes  et  de  détruire 
les  pierres  ;  mais  bien  peu  prétendent  raisonner  sur 
aucun  de  ces  effets  ,  et  Bi.  Toaldo  lui-même ,  dans 
Textrait  qu'a  (ait  de  son  ouvrage  Tavant-demier  des 
secrétaires  de  notre  Académie  pour  le  département  des 
sciences ,  M.  Toaldo  lui-même  n'en  appelle  qu'à  fex- 
périence ,  ou  du  moins  l'abrégé  de  son  ouvrage  inséré 
dans  l'Extrait  de  nos  travaux  pour  Tannée  i8oS,  et 
l'abrégé  encore  plus  concis  imprimé  dans  le  journal 
de  Rouen,  prennent  l'expérience  seule  pour  base  de 
la  doctrine  qu'ils  adoptent  et  qn'ik  publient. 

Nous  trouvons  toutefois  une  amélioration  et  un  perTec- 
tionnement  dans  le  journal  de  Rouen,  car  en  cette 
matière  tout  retranchement  est  une  amélioration.  Le 
journal  ne  nous  donne  les  chances  d'un  changement  de 
temps  que  pour  les  quatre  principales  phases  de  la 
lune,  et  pour  le  moment  du  périgée  et  de  l'apogée, 
tandis  que  M.  Toaldo  les  avait  donnés  encore  pour  les 
équinoxes  ascendants  et  pour  les  équinoxes  descendants , 
pour  les  lunistices  méridionaux  et  encore  pour  les 
lunistices  septentrionaux.  Ceci  occasionne  donc  quatre 
tableaux ,  outre  ceux  que  notre  honorable  confrère  noua 
donne  chaque  année.  Tous  les  dix  de  M.  Toaldo  sont 


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(  "I  ) 

iatts d'après ,  dit-il,  Tinspection  d^un  grand  nombre  de 
tables  météorologiques  Y  d'où  il  a  déduit  et  fixé  la 
mesure  des  probabilités  pour  un  changement  de  temps 
dans  les  phases  et  circonstances  indiquées. 

Au  premier  coup  d'œil ,  les  principaux  traits  de  ces 
tableaux  paraissent  satisfaisants ,  raisonnables ,  et  assez 
d'accord  avec  Tidée  que  nous  avons  dHnfluences  véritables. 
Noas  y  trouvons  ,  par  exemple  ,  que  lorsque  la  lune  est 
phu  proche  de  la  terre ,  elle  augmente  la  chance  d'un 
changement  de  temps  ;  elle  l'augmente  même  tellement 
que ,  selon  M.  Toaido ,  quoiqu'il  y  ait  seulement  sept 
pour  un  à  parier  qu'il  y  aura  un  changement  de  temps 
à  une  nouvelle  lune  j  qui  arrive  lors  de  l'apogée ,  cepen- 
dant quand  cotte  phase  ,  appelée  nouvelle  lune  ,  coïncide 
avec  le  périgée  ,  alors  il  y  a  trente-trois  contre  un  h 
parier.  Cela  va  bien  assurément  jusque  là  ;  nous  recon- 
uissons  ici  quelque  chose  des  lois  de  l'attraction ,  et  nous 
doonons  à  l'auteur  une  confiance  entière,  parce  que 
BOUS  croyons  qiiHl  enseigne  que  les  chances  de  change- 
ment aux  nouvelles  lunes  sont  d'autant  plus  grandes 
^  la  tuuf;  est  plus  près  de  sa  planète  principale,  et 
d'autant  pins  petites  qu'elle  en  est  plus  éloignée.  Essayons 
donc,  et  raisonnons  dans  cette  hypothèse:  la  valeur 
des  chances ,  lors  de  la  nouvelle  lune ,  peut  monter 
JBsqo'à  trente-trois  pour  un,  nous  l'avons  au  périgée; 
i^is  elle  ne  peut  descendre  plus  bas,  puisque  la  lune 
^  peut  jamais  être  plus  éloignée  qu'elle  ne  l'est  à  son 
^•e,  et,  suivant  M.  Toaido,  la  chance  lors  d'une 
B>«Tflie  lune  à  Tapogée,  est  de  sept  contre  an.  Ainsi, 
Mmicurs,  et  vous  êtes  priés  d'y  l'aire  bien  attention, 
les  chances  pour  un  changement  de  temps  aux  nouvelles 
looes  seront ,  dans  un  cas  unique ,  seulement  de  sept 
contre  un,  et  ce  cas  unicpie  est  lorsque  la  lune  se 
trouve  exactement  au  point  le  plus  éloigné  de  la  terre  : 
partottt  ailleurs,   c'est-à-dire   quand  la  lune  est  dans 


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(  lia  ) 
loat  autre  point  de  son  ellipse ,  la  chance  sera  plus 
grande  et  s'approchera  d'autant  plus  de  trente-trois 
pour  un  que  la  lune  sera  plus  près  de  son  périgée.  £h 
bien!  Messieurs  ^  il  n'en  est  point  ainsi  ;  non  ,  car  selon 
M.  Toaido  lui-même ,  et  ordinairement ,  ce  semble ,  la 
chance  est  plus  petite  que  sept ,  et  lui-même  en  fournit 
la  preuve  puisqu'il  avait  commencé  par  mettre  en  thèse 
générale  que  la  chance  lors  de  la  nouvelle  lune ,  dans 
les  cas  ordinaires  sans  doute ,  n^est  que  de  six  contre 
un.  Au  nom  de  tout  ce  qu'il  y  a  de  vrai  et  de  certain , 
ou  même  de  ce  qu'il  y  a  de  probable  et  de  raisonnable , 
en  quel  endroit  de  son  ellipse  la  lune  sera-t-elle  plus 
éloignée  de  la  terre  qu'elle  ne  l'est  à  son  apogée,  ou 
quand  aura-t-elle  sur  notre  atmosphère  une  influence 
moindre  que  quand  elle  en  est  le  pliis  éloigné  ?  Si  ï 
l'apogée  la  chance  pour  l'effet  de  la  nouvelle  lune  est  de 
sept  contre  un  j  quand  cette  chance  ne  sera-t-ellc  plu 
que  de  six,  quand  pourra-t-elle  n'être  plus  que  de  su 
seulement  ?  Assurément  il  y  a  ici  une  erreur  ,  qui 
outre  la  destruction  entière  de  tout  le  système  ,  amèa 
aussi  des  preuves  d'un  mapque  étonnant  de  réflexion 
Un  corps  ,  dont  la  distance  par  rapport  à  un  aulr 
est  variable ,  produit  sur  ce  second  corps  des  effets  qu'o 
représente  par  des  nombres  ,  et  qui  sont  moindre 
lorsciue  la  distance  est  plus  grande.  Quand  le  premii 
corps  est  le  plus  près  du  second  y  son  effet  y  est  conm 
ircnte-trois  ;  quand  il  en  est  le  plus  éloigné ,  il  e 
comme  sept ,  et  cependant  on  nous  dit  qu'en  gënér; 
cet  effet  n'est  que  comme  six. 

Vous  ne  pourrez  certainement  vous  empêcher  < 
vous  demander  comment  il  est  possible  que  M.  Toalc 
ait  annoncé  ,  écrit  et  publié  comme  principes  d 
propositions  qui  se  combattent,  se  détruisent  Tui 
l'autre  ?  Vou3  vous  demanderez  encore  comment  se  fa 
il    qu'elles   aient  été  copiées  par  plusieurs  personn 


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(  «i3) 
wccesnvemeat ?  Messieurs,  les  uns  et  les  autres  ne 
iOBt  pas  sur  ce  point  en  un  cas  matériellement  diffé- 
Rit  du  nôtre ,  du  mien  aussi  bien  que  du  vôtre.  Vous 
et  moi  nous  avons  lu  plus  d'une  fois  Tarticle  dans  le 
joQnal  de  Rouen  ;  beaucoup  d'autres  Tont  lu  aussi , 
et  peat-étre  personne  n'a  pensé  h  rapprocher  l'une  de 
Tiotre  la  valeur  des  rapports  indiqués  et  des  chances 
■oQinées.  Probablement  que  M.  Toaldo  lui-même  a 
kni  les  chifiîres  qui  exprimaient  cette  valeur  sans  com-* 
(ver  et  rapprocher  les  résultats.  Le  hasard  seul  suffit , 
et  qadquefob  le  seul  hasard  sert  ;  souvent  c'est  plutôt 
le  hasard  que  le  bonheur  d'une  attention  forte  qui 
fait  découvrir  de  telles  erreurs.  Nous  ne  dirons  pas  que 
pbsiions  réfléchissons  9  plus  nous  sommes  persuadés 
que  M.  Toaddo  se  trompe  ;  qu'il  enseigne  une  doctrine 
fn  M  détruit  elle-même ,  et  que  la  série  de  valeurs 
fù,  partant  de  trente-trois  ne  descend  que  jusqu'à  sept, 
■e  peut  comprendre  six  ;  mais  nous  dirons  que  ceci 
ifptrtîent  à  une  de  ces  vérités  premières ,  qui  ne  peu* 
veat  le  démontrer  parce  qu'elles  sont  évidentes. 

De  cette  erreur  ou  inadvertance  ressort  une  preuve 
ffàAft  contre  tout  le  système  de  M.  Toaldo  ;  la  voici 
(•  deux  mots  :  si  la  chance  de  changement  de  temps 
tti  nouvelles  lunes  n'est  que  de  six  contre  un,  il 
^'tmk  qu'on  ne  peut  attribuer  à  Tinfluence  lunaire 
cette  petite  chance  qui,  d'ailleurs ,  n'arrangerait  pas 
^  beaucoup  de  lunistes  ;  car  si  la  chance  d'un 
<Wgaiienl  était  due  à  la  lune  ,  elle  ne  serait  que 
^  aa  cas  très-rare  aussi  bas  que  sept  ;  mais  elle 
'émit  être  presque  toujours  au-dessus ,  et  dans  la 
*otté  des  lunaisons  elle  devrait  être  plus  près  de 
iieflte>trois  que  de  sepU 

Noos  venons  de  dire ,  Messieurs ,  que  la  chance  de 
  contre  un  ne  satisferait  pas  la  plupart  des  lunistes 
">^  les  plus  modérés.  A  les  entendre  parler  du  temps , 

i5 


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(  "4  ) 

lorsqu'une  des  quatre  phases  principales  de  la  lone 
arrive  ou  va  arriver ,  ils  trouvent  toujours ,  oui  toujours, 
du  changement.  Ce  changement  est  à  la  vérité  plus 
ou  moins  complet  ;  quelquefois  ce  n^est  qu'un  mou- 
vement passager,  une  espèce  de  velléité  si  vous  le 
voulez  ;  mais  le  changement ,  selon  eux ,  réellement 
existe,  et  si  M.  Toaldo  et  ceux  qui  le  suivent  peuvent, 
en  parlant  dHme  chance  de  six  contre  un  en  faveur 
d'un  changement,  s'imaginer  qu'ils  appuient  la  cause 
des  fauteurs  de  nos  influences  lunaires ,  ils  se  trompent 
beaucoup  :  de  tek  défenseurs  seraient  rejeta  tout 
d'abord. 

Remarquons  encore  qu'il  y  a  quelque  diose  de  si 
vague  dans  ces  mots  un  changement  de  temps ,  ils  sont 
pris  ici  par  beaucoup  de  personnes  d'une  manière  si 
indéterminée  ,   et  de  plus  si  étendue  ,  les  vamtions 
atmosphériques  sont  si  fréquentes  dans  nos  climats  , 
et  en  même  temps  si  différentes  de  leur  nature ,  qu'il 
n'est  aucunement  étonnant  qu'on  ait  trouvé  des  chances 
de  changement,  non  pas   dans  deux  situations  de  la 
lune ,  comme  le  font  quelques  personnes  qui  se  piquent 
en  ceci ,  soit  de  modération ,   soit  d'exactitude ,  non 
pas  dans  quatre  situations  ,  comme  plus  d'un  vieux 
partisan  continue  de  le  faire ,  mais  dans  les  dix  situations 
que  M.  Toaldo  désigne.  Et  si ,    négligeant  six  d^entre 
elles  ,  nous  prenons  seulement  le  jour  où  tombent  les 
quatre  phases  principales ,  et  y  ajoutons  les  trois  jours 
d'avant  et  les  trois  jours  d'après  accordés  ordinairement 
avec  le  jour  même  pour  la  manifestation  ou  la  com- 
plétion  des  effets  de  la  lune ,  alors  nous  aurons  vingt- 
huit  jours  complets ,  ce  qui  est  presque  une  lunaison 
entière.  Ainsi ,  dans  quelque  jour  que  le  changement 
arrive ,  il  est  à  point  pour  le  luniste. 

Dans  les  zones  tempérées ,  où  se  trouve  la  plus  grande 
population  de  notre  globe ,  les  variations  de  l'atmos- 


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(  "5  ) 
pUre  sont  si  nmlUpUées  et  si  diversifiées ,  que  nons 
tommes  surpris  qa*avec  la  latitude  de  trois  jours  devant^ 
et  trois  jours  après,  ou  même  avec  celle  de  la ^ veille  et 
àê  lendemain ,  il  n^y  ait  que  six  contre  un  à  parier  pour 
m  changement  da  temps,  nous  ne  dirons  pas  a  1» 
nouvelle  lune  seulement,  mais  h  chaque  phase,  à 
chaque  situation  de  la  lune ,  ou  plutôt  à  chacun  peut- 
Itre  des  trois  cent  soixante-cinq  jours  dont  est  oom- 
fotêi  Tannée  ordinaire.  Sans^  exagérer  on  ne  risquerait 
ortûnement  rien  de  prendre  ui>  grand  nombre  de 
paris  diSérenU  ii  six  contre  un  poitf  un  changement- 
fais  ^ois  jcxirs  consécutifs  ,  pris  d^arance  dans  le- 
Cakfidrier  ,  entièrement  à  volonté  et  au  hazard,  sans. 
aocQn  ^gard  à  la  lune.  Nous  disons-  changements  , 
fais  le  sens  que  ce  mot  est  pris  par  ceux  qui  s'en^ 
servent  en  faveur  de  la  lune ,  car ,  comme  eux ,  nous 
appellerions  changement  tout  petit  phénomène  atmos- 
phérique, toute  variation ,  tout  mouvement  durable  ou 
•oo,  et  certainement  on  trouverait  ainsi  que  la  chance 
<k  quelque  changement  pour  tous  les  jours  de  Tannée 
Ht  beaucoup  plus  grande  que  six  pour  un.  Le  frère 
'^on  savant  ecclésiastique  anglais  et  catholique  romain , 
le  frère  du  révérend  Joseph  Berrington  à  fait  pendant 
ringt-sept  ans  des  observations  météorologiques,  dans 
finlention  spéciale  de  trouver  quels  rapports  existaient 
fte  les  phases  de  la  lune  et  les  phâiomènes  qui  ont 
liea  dans  Tatmosphère  terrestre.  Quel  a  été  le  résultat 
'observations  si  soutenues?  Le  voici.  Messieurs  :  il 
>W  convaincu  que  peu  de  jours,  très-peu  de  jours 
s'te)Qlent  sans  qu'il  se  passe  dans  les  phénomènes 
teosphériques  quelque  accident,  quelque  change- 
vent,  quelque  modification,  quelque  vacillatioii  ou 
tfidUation  ;  mais  que  tout  cela  n'a  aucune  correspond 
fakre,  aucun  rapport  avec  la  position  ou  les  pliases 
de  la  lune. 


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(  ii6) 

Il  nous  arrive  anssi  quelquefois  d'exammer  de  près 
et  en  détail  ce  qui  se  passe  dans  notre  atmosphire , 
aux  approches  de  quelques-unes  des  principales  phases 
de  la  lune ,  et  presque  toujours  nous  y  trouvons ,  et 
nous  sommes  persuadés  que  tout  candide  observateur 
y  trouvera  avec  nous  ,   assez   de  mouvement  ^   sans 
doute  f  dans  les  phénomènes ,  pour  satisfaire  Fhonune- 
qui   est  prévenu  par  Tidée  de   quelque  changemenl    ^. 
et  qui  est  de  plus  déterminé   à  l'attribuer   h  la  lune  ;. 
mais  aussi  ^  sans  doute ,  il  trouvera  «  d'un  autre  cdté  « 
que  ce  mouvement  dans  les  phénomènes   atmosphé- 
riques n'est  pas  assez  diffôrent  de  celui  qui  a  souvent 
lieu  dans  les  jours  intermédiaires  enir.e  les  phases  Tune 
de  l'autre ,  pour  convaincre  L'incrédule  sur  le    poinl 
d'influences  lunaires. 

Cette  dernière  observation  donne  la  solution  de 
grandes  difficultés  qui  se  présentent  assez  souvent  dans 
des  matières  même  d'un  autre  intérêt  que  les  inOuences 
lunaires.  Quel  homme  qui  réfléchit  n'a  pas  eu  plus 
d'une  fois  l'occasion  de  se  dire  :  quoique  mon  opi- 
nion sur  ce  point  et  tel  autre  encore  soit  celle  aussi 
de  beaucoup  de  personnes  ,  cependant  cette  opinion 
là  même  est  réprouvée  par  beaucoup  d'autres  ;  d'où 
vient  donc  ,  d'où  peut  provenir  cette  di$$ideni:e  P  Nous 
sommes  fréquemment  surpris  que  tout  le  monde  ne 
pense  pas  comme  nous  ,  et  un  bon  nombre  de  nos 
semblables  sont  persuadés  que  -ce  ne  peut  ceitaiite- 
ment  être  qu'opiniâtreté  si  nous  ne  pensons  pas  comnie 
eux.  Ne  semblerait^il  pas  que  chacun ,  sur  presque 
tout  sajet  f  de  quelque  nature  qu'il  soit ,  a  d'abord  reçu 
du  dehors  et  de  quelques  circonstances  extérieures  , 
ou  s'est  fait ,  en  conséquence  de  quelque  étude  parti- 
culière ou  de  quelque  incident  ,  xme  certaine  ma-^ 
nière  de  voir  ou  de  sentir  ,  une  certaine  opinion  ^  nn 
certain  système.   IJk  chacun  se  stationne  ,  convdncu 


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(  i«7) 
oa  ds  moins  persuade  de  la  solidité  du  terrein  ;  1^  , 
chacun  a  pris  pour  ainsi  dire  une  thèse ,  et  de  la  vé- 
rité de  cette  thèse  il  ne  doute  nullement.  Dès-lors 
toot  semMe  se  grouper  autour  d^elle  pour  Tappuyer  ; 
nisonnements  y  faits ,  tout  paraît  s'y  rapporter  pour 
b  confirmer.  Si  quelque  argument  ,  si  quelque  fait 
wèmt  est  avancé  par  la  partie  contraire  ,  on  les  traite 
œmne  un  argumentant  en  logique  traité  une  objection. 
Fort  de  sa  preuve  ,  toute  objection  n'est  aux  yeux  du 
logicîen  qu'une  difficulté  qui  a  ,  et  ne  peut  pas  ne 
|K>mt  avoir  sa  réponse  ;  pour  repousser  une  objection 
toot  est  bon  ^  le  moindre  doute  la  détruit ,  et,  dans  tous 
ks  cas ,  n'étant  qu'une  difficulté ,  elle  ne  doit  retirer 
rien  de  la  démonstration.  Mais  celui  qui ,  selon  les 
lob  de  la  dispute  ,  présente  aujourd'hui  son  opinion 
ssasfimne  d 'objections ,  la  présente  demain  sous  forme 
<ie  preuves  y  et  il  traite  les  arguments  de  son  adversaire 
Misi  péremptoirement  que  les  siens  avaient  été  traités.. 
Ainsi ,  presque  partout  chacun  croit  ce  qu'il  a  cru  ; 
BOQs  trouvons  assez  de  raisons  pour  demeurer  chacun 
^  notre  opinion  ,  et  presque  jamais  assez  pour  j 
Miener  un  seul  de  nos  adversaires  ;  celui  qui  a  cru 
•  riofluence  des  phases  de  la  lune  voit  constamment 
^  preuves  de  cette  influence  ;  celui  qui  n'y  a  pas 
on  d'abord  ne  la  voit  nulle  part. 

INiisque  nous  avons  déjà  cité  un  Anglais  dans  cette 
tsnission ,  qu^il  nous  soit  permis  d*en  citer  un  encore. 
&  second  n'est  rien  moins  qu'un  des  premiers  astro- 
*n&es  de  ces  derniers  temps ,  c'est  le  docteiu-  Herschell 
'n^méme.  On  a  remarqué  que  dés  esprits  d'un  caractère 
^  et  de  connaissances  étendues  ,  des  hommes  ac- 
roBiiiiiiés  à  des  études  sévères  ,  semblent  quelquefois 
^  iatigiier  lorsqu'il»  atleignenl  un  certain  âge.  Alors  ^ 
povr  continuer  d'employer  leur  temps ,  et  comme  par 
>^ère  d'occupation  ,  ils  s'atucfaent  b  des  objeU  bîem 


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(  ii8) 
inférieurs  à  ceux  quHls  avaient  autrefois  affectes  ;  alors  v 
rlit-on ,  le  mathématicien  fait  des  cadrans  solaires ,  et 
Tastronome  des  alraanachs.  Le  docteur  Herschell  n^a 
point  (ait  des  almanachs  ;  mais ,  après  que,  dans  la  force 
de  Page  ,  il  avait  été  saisir  une  planète  à  une  distance 
plus  que  double  de  celle  où  se  trouve  la  plus  éloignée 
des  planètes  connue  jusqu'à  lui ,  il  voulut ,  déjà  sur  le 
déclin  y  s^amuser  h  examiner  les  changements  que  la 
lune  pourrait  opérer  sur  notre  atmosphère.  £h  bien , 
Messieurs ,  il  a  trouvé  dans  cette  nouvelle  étude  tout 
autre  chose  que  ce  qu^on  avait  trouvé  avant  lui ,  tout 
autre  diose  que  ce  qu'on  a  trouvé  depuis.  Ce  qui  est 
assez  étonnant ,  c'est  qu'il  ne  tient ,  ce  semble ,  aucua 
compte  de  l'intensité  plus  ou  moins  grande  des  effets, 
selon  que  ,  dans  l'une  ou  dans  l'autre  de  ses  déclinaisons  ^. 
la  lune  est  h  son  apogée  ou  h  son  périgée.  De  plus ,  il 
ne  parie  nullement  de  changements  ;  il  ne  prononce  pas 
même  le  mot  ;  et  enfin  les  règles  qu'il  donne  sont  entière- 
ment fixes.  Il  vous  dit  hardiment  :  dans  telle  circonstance 
il  y  aura  de  la  pluie ,  dans  telle  autre  il  y  aura  du  beau 
temps.  En  deux  mots ,  Messieurs  ,  voici  son  système  :  il 
divise  en  six  parties  les  douze  heures  du  jour ,  et  en  autant 
celles  de  la  nuit ,  et  il  vous  prédit  le  temps  qu'il  doit 
faire  lorsque ,  soit  la  nouvelle  lune  ou  la  pleine ,  ou  une 
des  quadratures,  tombe  en  l'une  ou  en  l'autre  de  ses  divi- 
sions. Ainsi ,  Messieurs ,  si  une  de  ces  phases  arri%'e  en- 
tre midi  et  deux  heures ,  il  y  aura  beaucoup  de  pluie  ^ 
si  elle  arrive  entre  deux. et  quatre  heures  y  le  temps  sera 
inconstant  ;  mais  que  ce  soit  entre  quatre  et  sir ,  alors 
il  fera  beau  temps,  et  ainsi  des  aiiltes  :  heures. 

Vous  voyez  ,  Messieurs ,  que  de  celte  manière  on  a  ^ 
quoique  peut-être  seulement  à  l'usage  de  l'Ângteterre  , 
un  almanach  perpétuel  pour  le  beau  et  le  mauvais  temps* 
Il  suffit  de  connaître  à  quelle  heure  la  lune  entre  dans 
une  de  ses  principales  phases ,  et  en  ceosttltaat  la  table  on 


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(  îig) 

sait  è  quoi  s^en  tenir.  Ceux  qui  n^ont  pas ,  comme  nous, 
le  bonheur  d^âvoir  cette  table ,  peuvent  absolument  s^en 
passer  en  mettant  en  leur  mëmoire  une  note  de  Fauteur  ; 
elle  est  une  espèce  de  résumé  général  de  toutes  les 
prédictions  ,  et  en  voici  la  traduction  littérale  :  «  Plus  le 
*  moment  des  phases  est  près  de  minuit ,  plus  le  temps  sera 
>  heau  dans  l'été  (du  moins)  ;  mais  plus  il  est  près  de  midi^ 
■  moins  beau  sera  le  temps.  » 

Voici ,  Messieurs ,  ce  qu'un  homme  de  talent  annonce 
comme  le  résultat  de  cette  souveraine  et  infaillible 
expérience  ,  où  tant  d'autres  lisent  toute  autre  chose. 
Non-seulement  l'expérience  provenant  d'observations 
positives  faites  pendant  plusieurs  années ,  mais  encore 
des  considérations  philosophiques  appuyées  sur  l'attrao- 
tioo  du  soleil  et  de  la  lune ,  dans  leurs  différentes  posi- 
tions  par  rapport  à  la  terre ,  lui  ont ,  dit-il  ^  servi  2i 
construire  sa  table.  La  doctrine  de  l'astronome  anglais 
est  assurément  bien  éloignée  de  celle  de  nos  écrivains 
en  matière  niëtéorologique  ;  probablement  elle  n'est  pas 
moins  éloignée  de  la  vérité.  Déjà  nous  avons  vu  le  sys- 
tème météorologique  (i)que  Virgile  base  sur  les  phases 
^  la  lune.  Dans  l'intervalle  qui  sépare  ce  poète  et 
Rerschell,  beaucoup ,  sans  doute  ,  d'autres  systèmes  ont 
pvn  et  sont  tombés  ;  d'autres  encore  auront  leur  jour  | 
H  partageront  ensuite  le  sort  de  leurs  devanciers. 

Llomme  aime  à  s'occuper  de  l'avenir  :  compte-t-il 
«r  sa  propre  expérience  ,  sur  la  force  et  l'étendue  de 
«0  esprit ,  alors  il  veut  prévenir  et  connaître  les  évé- 
nements futurs  ;  n'a-t-il  que  d'humbles  prétentions  , 
^  ce  cas  il  s^en  rapporte  aux  autres ,  et  est  porté  à 
croire  ceux  qui  lui  promettent  de  lui  prédire  ce  qui 


(i)  Gé«.  1 ,  aa6. 


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V  »a"  ) 
doit  lui  arriver  ;  et  si  l'un  et  i*aulre ,  après  ,  soit  de 
vains  essais ,  soit  de  vaincs  attentes ,  désespère  d'ar- 
river à  la  connaissance  du  bonheur  ou  du  malheur 
personnel  qui  doit  faire  leur  sort ,  alors  ils  se  réuniront, 
Us  se  consoleront  peut-être  dans  Tespérance  de  pouvoir 
désigner  d'avance  les  jours  de  pluie  ou  de  froid ,  ceux 
de  beau  temps  ou  de  chaleur.  Cette  connaissance  là 
même  aurait  sans  doute  ses  avantages  ,  et  ainsi  le 
critique  le  plus  sévère  ou  le  moins  confiant  ne  peut 
trouver  en  lui  le  courage  (i)  de  réprouver  les  tentatives 
et  la  hardiesse  de  celui  qui  entreprend  de  longs  travaux , 
persuadé  qu'il  peut  parvenir  à  Eatire  connaître  le  temps 
beaucoup  à  l'avance  sur  un  point  donné  de  la  terre  ,  et 
ainsi  rendre  la  météorologie  une  science  usuelle ,  le 
guide  du  voyageur  ,  le  conseil  du  cultivateur  et  de 
tous  ceux  dont  les  occupations  ont  des  rapports  avec 
les  vicbsitudes  atmosphériques. 

Pour  compléter  les  remarques  que  le  Traité  composé 
par  M.  Toaido  a  suggérés  tout  d'abord,  nous  devons 
signaler  encore  trois  propositions  ou  assertions  du  même 
météorologiste. 

Premièrement ,  quarante  années  d'observations  ont 
appris  à  M.  Toaido  que  les  hauteurs  moyennes  du 
baromètre  sont  plus  grandes  lorsque  la  lune  est  apogée 
que  lorsqu'elle  est  périgée.  Nous  nous  permettrons  ici 
seulement  une  réflexion  ;  assurément  l'exactitude  et  la 
précision  dans  les  observations  n'a  jamais  été  plus 
grande  qu'elle  ne  l'est  maintenant  dans  les  établisse- 
ments nationaux  de  plusieurs  états  de  l'Europe  ,  et 
rien  n'est  venu  à  notre  connaissance  de  cette  part ,  rien , 
disons-nous ,  qui  confirme  la  découverte  de  M.  Toaido  ; 


(i)  Mémoires  composés  au  snjet  d'unt  conesponHuict  météoiolo- 
|ique;  par  P.  £.  Moiin ,  ingémeur ,  etc. 


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(  lai  ) 
M  coDtrare  ,  ce  que  nous  avons  cit^  de  M.  de  LapUce 
est  du  moins  un   argument  présomptif  contre  elle. 

Deuxièmement,  dans  les  tables  deM.Toaldo,  la 
ffîérence  entre  les  chaqces  que  donnent  le  périgée  et 
Tapogée  lors  de  la  nouvelle  lune  est  si  grande ,  et  celle  que 
ànoeot  les'mêmes  situations  lors  de  la  pleine  lune ,  est 
camparativement  si  petite  que  Tesprit  se  refuse  spon* 
tmément  à  admettre  un  système  qui  ,  fondé  sur  des 
lises  déjà  si  mobiles ,  présente  encore  des  anomalies 
li  extraordinaires.  Le  périgée  ^  lors  de  la  nouvelle  lune  j 
donne  trente-trois  y  et  Tapogée  seulement  sept  chances 
contre  une  ,  tandis  qu^a  la  pleine  lune  le  périgée  ne 
donnant  que  dix  ,  Tapogée  donne  huit.  Nous  savons 
bien  qu'on  dira  qu^on  ne  prétend  point  proposer  des 
xaisons,  et  qu'on  indique  seulement  des  faits  sans  aucun 
commentaire;  mais  assurément  quand  les  faits  sont  si 
mgnes  et  si  aisément  amenés  h  supporter  un  système  ^ 
on  peut  bien  regarder  comme  permis  de  les  examiner 
dutt  leurs  conséquences* 

Troisièmement  enfin  y  un  météorologiste  ayant  trouvé 
fiela  période  de  Tapogée  lunaire  est  de  huit  à  neuf  ans , 
pais  tenant  comime  démontré  que  la  lune  est  la  cause  des 
aonvements  de  l'atmosphère ,  et  enfin  tranchant  le  doute 
it  huit  ou  neuf  ,  pour  prendre  hardiment  le  second 
■ambre  j  il  nous  (ait  espérer  qu'on  pourra  arriver  à  pré- 
dire, et  cela  très-aisément  ^  non  pas  seulement  les 
changements  ,  mais  encore  tous  les  phénomènes  at* 
BKphériques,  ie  retour  des  saisons  et  les  constitutions  des 
^■lées  y  pour  tout  le  temps  h  venir,  Yoici  comment  il 
i^ttsonne  :  les  résolutions  périodiques  ae  ia  lun&  doùfent  ^ 
&-il,  amener  de  «^m^^/(e«  mouvements  aux  mêmes 
^MMjoes  dans  le  cours  des  années;  la  conclusion  cst.évi- 
^te  :  la  même  situation  de  la  lune  dan^  son  orbite 
^oinbaia  tous  les  neuf  ans  aux  mêmes  jours ,  nous  aurons 
^09A  les  neuf  ans  un  retour  et  une  répétition,  des  mê^a 

^       i6 


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(  1^2  ) 

phénomènes  atmosphériques,  atnc  mêmes  saisons,  au 
même  temps,  aux  mêmes  jom^s.  Chaque  année  nous 
déroulera  la  même  série  ,  les  mêmes  vicissitudes,  les 
mêmes  défauts  ou  les  mêmes  excès  de  froid  et  de  chaud , 
de  sec  et  dliumidité ,  de  jours  sereins  et  de  jours  nébu- 
leux que  la  neuvième  année  en  arrière. 

Ainsi ,  quand  nous  aurons  observé  et  noté,  suivant 
leur  ordre ,  tous  les  phénomènes  de  neuf  années  consé- 
cutives, nous  pourrons,  au  moyen  de  cette  période,  et 
en  nous  répétant  de  neuf  en  neuf  ans  ,  faire  des  aima- 
nachs  perpétuels ,  non  pas  seulement  pour  les  épactes  , 
le  nombre  d^or  et  les  autres  indications  du  calendrier, 
mais  aussi  pour  la  pluie ,  la  nei^e ,  le  tonnerre ,  les  ge- 
lées et  les  grandes  chaleurs.  Déjà ,  continue  Tauteur ,  on 
a  trouvé  six  suites  de  neuf  ans  oà  les  quantités  de  pluie 
sont  correspondantes ,  et  il  ajoute  aussi  comme  autorité 
Topinion  de  Rozier ,  qui ,  dans  son  Cours  complet  d'agri- 
culture, dit  :  «  qu^on  pourrait  penser  avec  raison  que  b 
»  coutume  de  passer  des  baux  pour  neuf  ans ,  vient  âc 
*  l'observation  faite  ,  de  temps  immémorial ,  de  cette 
»  période  lunaire.  » 

Ces  idées  et  ces  espérances  venaient  peut-être  asses 
naturellement  dans  Tesprit  d^un  savant,  lorsquHl  se 
disposait  à  observer  et  i  consigner  chaque  jour  siir 
ses  tablettes  toutes  les  variations  atmosphériques,  et 
lorsqu'il  sVtait  prévenu  en  faveur  de  l'importance  de 
ce  travail.  A  quoi  bon ,  s'était-îl  probableihent  demande 
bien  des  fois  h  lui-même ,  b  quoi  bon  compiler  des 
tables  atmosphér^ues,  si  on  n'avait  pas  l'espérance 
qu'elles  pourront  être  utiles  aux  générations  futures  ? 
et  comment  leur  seraient- elles  utiles,  si  nos  descendants 
ne  peuvent  s^en  servir  pour  s'assurer  de  ce  qu'ils  ont  à 
craindre  ou  h  attendre  des  phénomènes  atmosphériques  , 
dans  les  difiérents  jours  de  l'année  et  dans  les  difl&enU 
dimats  du  globe.  


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(  »3) 

Ne  Qo«8  exagérons  'point ,  Heseieurs ,  TutilU^  des 
ibervatioos  mâéorologiques  £ûles  en  tant  de  lieux, 
9KC  Uot  de  soin ,  et  consignées  dans  des  tabies  an* 
■ttircs.  On  peut  assurément  craindre  que  les  arts  j 
S^oent  peu  y  Tagriculture  peut-être  eile-méme  n^y  trour 
ma  que  peu  de  resources  ;  mais  il  ne  faut  pas  les  né- 
gliger toutefiais ,  et  nous  pouvons  assurer  qoe  des  sciences 
fii  font  honnaur  k  Tesprit  humain  y  pmseront  un  jour 
et  y  puisent  àéyk  des  rensei^iements  précieux.  Si  nos 
mcàres  eussent  possédé  les  instruments  dont  nous 
jonsscms,  et  s'ib  eussent  pu  faire  et  nous  transmettre  les 
AKrentes  observations  que  nous  transmettrons,  i  nos 
soccesseurs,  il  y  aurait  dans  la  météorologie  et  dans  la 
(édogie  beaucoup  moins  de  ces  problèmes  qui  pour 
ooQs  sont  absolument  insolubles. 

Toutes  les  personnes  instruites ,  nous  Tespérons  du 
notos,  auront  senti  dès  le  commencement  la  diflé*» 
nace  qui  existe  entre  les  deux  classes  de  phénomènes , 
mis  ou  réputés  véritables,  qui  ont  servi  à  mettre  de 
Tordre  dans   les   réiexioos  que   nous  soumettons  au 
JQgemeot  de  TAcadëmie.  Bien  dans  tout  ce  que  nous 
aroM  dit  ne  s^oppose  à  Topinion    qui   recouiatt  ou 
iiNi|iiçonne  dans  le  sateBite  de  notre  globe  une  force 
^•etcoDqne,  une  certaine  puissance  ind^mie,  dont  la 
tttore,  la    cause   et    les  effets   seraient   absolument 
isconnus.  Au  contraire ,  nous  admettons  très^explicite«- 
ucnt  comme   possibles ,  comme  fort  probables,  des 
«bences  lunaires  constantes ,  régulières,  que  nous  ne 
munes  pas  encore  parvenus  h  connaître ,  et  que  nous 
tt  connaissons  point ,  par  cela  mâme  qu'étant  régulières 
et  constantes,  elles  ne  peuvent  être  distinguées  desautrea 
ciets  de  chaque  jour  ou  de  chaque  instant ,  produits  par 
lei  autres  corps  célestes  ou  par  iout  autre  cause  natu* 
nile  et  permanente.  La  lune ,  même  lorsqu'elle  n'est  pas 
^MiUe,  passe  presque  aussi  sonvent  ^e  le  soleil  par  le 

x6. 


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("4) 

méridien  de  tous  les  points  de  la  terre  ;  comme  le  soleil 
elle  a  sa  déclinaison  australe  et  septentrionale ,  et  elle 
passe  plus  rapidement  que  lui  de  Tune  à  Fautre  posi- 
tion :  serait- il  présumable  qu'un  corps  si  grand ,  si 
lumineux  ,  et  qui  circule  si  près  de  nous,  n^agit  aucu- 
nement sur  les  fluides  électriques ,  magnétiques  ,  et 
autres  peut-ôtre  qui ,  flottant  dans  Tatmosphère  et  peut- 
être  au-delà  ,  nous  sont  encore  ignorés  ?  L'action  de  la 
lune  serait  connue  si  on  découvrait  quelque  phénomène 
qui  eût  un  rapport  constant  avec  Tapogée  et  le  périgée 
de  la  lune ,  ou  avec  Tune  ou  l'autre  de  ses  déclinaisons. 
De  plus  ,  si  une  comète  ,  en  passant  près  de  nous , 
venait  à  nous  enlever  notre  satellite ,  ce  qui  est  regardé 
comme  possible  par  tous  les  astronomes  physiciens ,  on 
s'en  apercevrait  très-probablement  autre  part  que  sur 
les  bords  de  Tocéan ,  et  en  d'autre  temps. que  celui  de 
l'obscurité  des  nuits  ;  alors  sans  doute  plus  d'un  équi- 
libre serait  rompu ,  et  dans  l'espace  que  renferme  notre 
système  solaire  et  sur  la  surface  de  notre  globe.  La 
lune  peut  aussi  agir  ,  non^seulement  conune  masse  , 
mais  aussi  comme  corps  lumineux.  Ses  effets  «  dans  ce 
second  cas,  peuvent  plus  aistfment  ^tre  remarqués  et 
suivis ,  par  cela  seul  qu'ils  doivent  être  plus  frappants 
dans  leur  régulière  variété.  Des  effets  en  rapport  avec 
le  périgée  et  Tapogée  de  la  lune  ne  seraient  dçs  effets 
comparables  que  par  une  plus  ou  moins  grande  in- 
tensité ;  mais  ceux  qui  auraient  des  rapports  avec  ia 
quantité  de  rayons  que  la  terriî  reçpit  de  la  lune ,  par- 
courraient une  sëcie,  de.  degrés  comm^ençantà  zéro  et 
s'élevant  à  une  certaine  hauteur. 

Persuadés  que  de  nos  jours  on  observe  boaucpup  mieux 
qu'autrefois,  nous  sommes  portés  à  croire  que. des  effets 
qui  échappaient  aux  générations  passées  deviennent  pour 
la  présente  véritablement  palpables  ,  et  nous  regret- 
Ions  beaucoup  que  notre  éloâgnement  de  la  c^tale 


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(  "5) 
fxms  ait  empêché  d^avoir  accès  à  tom  les  renseigne* 
seots  que  nous  aurions  désire  nous  procurer  sur 
les  dëcoQvertes  de  M.  Fëburier ,  et  sur  ses  moyens 
d'observation.  Nous  osons  toutefois  dire  quHl  existe 
«bas  notre  siècle  une  tendance  h  étendre  les  influences 
àt  la  lune ,  du  moins  sur  le  règne  v^étal ,  beaucoup 
ao-deià  de  la  croyance  de  nos  devanciers  immédiats, 
et  beaucoup  plus  loin ,  ce  nous  semble  ,  que  soit 
fexpërience  ,  soit  des  inductions  sobres  et  modérées , 
soit  aussi  Tétat  présent  de  nos  connaissances,  parais- 
sent garantir. 

Noos  n'avotis  véritablement  combattu  que  Texis- 
tence  de  ces  effets  irréguiiers ,  variables ,  inconstants , 
fui  D'ont  jamais  été  imputés  3t  la  lune  que  faute  pour 
ûosi  dire  d'une  autre  cause  ostensible.  De  tout  temps 
IVmime  qui  sVlève  à  la  dignité  d^un  être  réfléchissant , 
dierche  a  se  rendre  raison  des  phénomènes  qui  se  pas- 
sent soos  ses  yeux;  mais  dans  des  temps,  soit  d'igno- 
fnce ,  soit  de  superstition ,  il  se  laisse  aisément  pré- 
^Km  par  des  apparences  inexactes  et  des  analogies  bi- 
orres.  Les  préjugés  se  forment  rapidement  ;  des  siècles 
»ol  nécessaires  pour  les  extirper.  Ceux  que  nous  avons 
sipaiés  dans  cet  essai  sont ,  il  faut  Tavouer ,  de  na- 
^  à  âuder  long-temps  la  force  de  toute  attaque.  Ne 
dierchant  point  d'appui  dans  le  raisonnement ,  mais 
*»i  récusant  son  autorité  quand  on  veut  la  lui  opposer , 
^lant  expérience  et  fait  des  phénomènes  aussi  mo- 
Wes  que  les  vicissitudes  d'une  atmosphère  variable  et 
^Tone  température  inconstante ,  quiconque  professe  que 
lihuie  amène  des  changements ,  est  toujours  sûr  de  trou- 
^  quelque  changement  aux  jours  voulus ,  et  il  se  per- 
*^»lera  toujours  avoir  raison ,  parce  qu'il  sera  presque 
AJOUTS  impossible  de  trouver,  même  dans  la  plus 
^^^'ïrte  série  de  jours  consécutifs  ,  une  stabilité  parfaite 
^cc  qu'il  y  a  de  plus  inconstant  au  monde.  Cepen- 


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("6) 

Janl,  que  le  natmliste  qui  léBéànt ,  que  llioaime  qn 
nîsoiNie  oe  se  dâcspfav  pas  :  mêoie  sur  ce  tertcin  difficîk 
et  glîssaol,  U  vërité  afait  des  progrès,  le  domaine  de 
la  lune  se  rétiécii ,  sa  puissance  est  de  tenaps  en  temps 
contestée  sur  quelque  nouveau  point;  on  ne  voudra  plus, 
dans  Texplication  des  phënomènes  atmo^hériques  ,  sf 
contenter  de  raisons  douteuses,  et  partout  on  refusen 
«B  jour  d'admettre  d'autres  causes  que  celles  qui  soni 
immuayes  comme  les  lois  de  la  nature. 


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CLASSE 


DES  BELLES-LETTRES  ET  ARTS. 


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(  "9) 

<  ■      I      II 

CLASSE 

DES  BELLES-LETTKES   ET   AHTS. 

RAPPORT 
fjrr  par  M.  Bignon  ,  Secrétaire  perpétuel. 

IlESStEUBS, 

Dans  le  partage  de«  Sociétés  savantes  entre  les  deux 
dasies  de  rAcadémie ,  sont  ëchus  i  cette  année ,  ^  celle 
tlont  nous  avons  Thonncur  d^étre  l^oi^ane  ^  l^archéofo-* 
^  publiée  par  la  Société  des  antiquaires  de  Londres  ; 
b  mémoires  des  Académies  de  Dijon  et  de  Besançon  ; 
teux  des  Sociétés  de  la  Loire-Inférieure  et  du  Bas-'Rhin, 
K  les  comptes  rendus  en  assemblée  générale  de  deux 
Sociétés  d'amélioration  séantes  à  Paris,  l'une  pour  Ten- 
Kigoement  élémentaire ,  et  Tautre  pour  la  morale  chré* 
tirone. 

Les  rapports  faits  sur  ces  diverses  communications 
ont  mis  la  Compagnie  Si  portée  de  rendre  un  nouvel  hom« 
mage  de  reconnaissance  à  ces  savantes  réunions ,  qui , 
na^  la  différence  des  directions  ,  tendent  toutes  au 
ntéme  but  avec  autant  de  zèle  que  de  succès.  Mais  vo^s 
tfez  distingué  ,  Messieurs,  dans  le  rapport  de  M.  Lepas^ 
fwr,  sur  l'Académie  de  Dijon,  des  matériaux l>isjori- 
qiies  et  archéologiques  du  plus  grand  intérêt ,  exposés 
^«c  méthode  et  précision  dans  une  an^^se  parsemée 

»7 


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(i3o) 
ÂNtne  feule   d*observatioii8  aussi  dâicates  que  judi- 
cieuses. 

SB  Dans  le  compte  rendu  de  l'intéressant  Journal  de  la 
Société  du  Bas-Rhin ,  où  se  trouve  un  dbcours  traitant 
de  IHnUuence  de  la  solitude  sur  la  littérature  ,  M.  Le  FU» 
lad  des  Guerrots  a  cru  devoir  prendre  acte  contre  des  at- 
taques outrageantes  pour  les  premiers  tragiques  fran- 
çais, et  contre  Finexactitudc  de  quelques  citations  de 
Fauteur.  Par  exemple ,  Fauteur  prétend  que  la  perfec^ 
tion  d'Athalie  n^est  due  qu'à  la  solitude  de  Racine 
après  sa  disgrâce  à  la  cour  y  et  M.  des  Guerrots  établit 
que  la  disgrâce  du  poète  n'eut  lieu  que  six  années  après 
la  représentation  d'Athalie.  L*auteur  prétend  encore 
que  Racine  est  mort  d'un  regard  de  Louis  XIV,  et 
M.  des  Guerrots ,  tout  au  contraire ,  de  ce  que  le  Roi 
ne  Tavait  pas  regardé.  Néanmoins ,  conclut  notre  con- 
frère, une  pareille  histoire  peut  bien  être  fort  roman- 
tique. 

=  Quant  aux  deux  Sociétés  d'amélioration  de  l'ensei- 
gnement élémentaire  et  de  la  morale  chrétienne ,  leur 
titre  seul  les  recommande*  Ce  sont  deux  compléments 
précieux  de  quelques-unes  de  nos  institutions  sociales  , 
lesquelles  ont  pour  objet  l'instruction,  qui  mène  à  la  con^ 
naissance  et  à  Taccomplissement  du  devoir,  et  en  môme 
temps  le  soulagement  de  l'humanité  malheureuse ,  con- 
.  sidérée  sans  restriction  dans  toute  son  étendue. 

^^  L'Académie  a  reçu  de  M.  Edouard  Smith  un 
Opuscule  écrit  en  anglais ,  intitulé  :  T7ie  Voyager;  de  M. 
Charles  Durand,  un  Cours  d'éioquence,  en  deux  volumes  ; 
de  M.  Tougard  ,  avocat  à  la  Cour  royale  ,  un  Ouvrage 
sur  les  vices  et  les  abus  de  l'instruction  criminelle  en 
France;  un  second  sur  l'abolition  de  la  peioe  de  mort 
iniltgée  aux  faux  monnayeurs  en  matière  d'or  et  d'ar- 


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(  i3») 
gent  ;  un  troisième  ayant  pour  titre  :  Gnûfe  âes  juréSé 
Ces  trois  publications  d^un  jurisconsulte  distingué  par 
retendue  et  la  profondeur  de  ses  connaissances,  ont 
⣠ renvoyées  k  une  commission  dont  les  c  irconstancet 
iCoot  pas  encore  permis  d^entendre  le  rapport. 

=  Cest  aussi  \k  la  générosité  noblement  désintéressée 
it  M.  Tougard^  qui  sait  allier  Theureux  goût  de  la  littéra- 
tare  à  la  science  honorable  du  barreau ,  que  T  Académie 
est  redevable  de  la  collection  complète  des  Soirées  litté- 
raines  de  M.  Qi^es  Durand,  recueillies  dans  chaque 
iéance,  publiées  par  ce  laborieux  ami  du  célèbre  pro-, 
fesseur,  et  enrichies  de  notes  littéraires  e(  biographiques 
fd  dooment  un  nouveau  mérite  à  ce  t  intéressant  recueiL 

«:  Quant  âi  M.  Durand  lui-mâme ,  fiïe^ieurs ,  vous 
Tavez  enteodu.  des  premiers  dans  une  de  vos  séances  ^  vous 
liez  suivi  le  savant  voyageur,  et  dans  les  ruiop^  décou* 
mtes  de  Pompéia  et  sur  le  Mont-Vésuve ,  et  jusqu^au 
faad  du  redoutable  cratère»  La  ville  a  suivi  ses  lefonsavec 
«oe  attieatioQ,  qu  il  a  ^iv  captiver  jusqu^au  dernier  mo- 
ment; tout  est  donc  pensé  ,  tout  doit  être  dit  sur  l^s 
r^res  talents  de  M.  Charles  Durand.  «  Qu^il  né  s'écarte 
«'jamais  des  principes  de  son  cours ,  a  conclu  M.  Houel 
«  à  la  fin  d'un  rapport  sur  son  livre ,  et  nous  pouvons 
«  garantir  que  sa  morale  sera  utile  ,  son  éloqUeoc^ 
«  lotide  et  philantropique.  «»  -  'l 

;=  M,  Floquet  ^.greffier  en  chef  à.  la  Cour  royale  dé 
BoQçil  ^  a  fait  hpmmage  d'ua  {llloge  de  Bossuet ,  su? 
kqael  il  demande  le  sentiment  ^e  TAcadémie  ;  1» 
nomination  de  la  commission  a  été  renvoyée  à  U 
rentrée  prochaine. 

^  Les    J<tunes  fleuri  ,    apologue   dé   M;  Frédéric' 


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(  i3a  ) 

Lequesne ,  avocat  stagiaire  h  la  mdme  cour ,  sont  ua 
petit  cadre  de  saine  morale  |  dédié  h  Mesdemoiiselles  ^**^ 

r  ==  La  Compagnie  a  entendu  avec  satisfaction  la  lec-< 
lure  d'une  pièce  de  vers  h  Thotineur  de  S.  A.  R.  M"*  la 
Dauphine ,  passant  le  i8  juin  dernier  par  les  Aqdeiys. 

MeMBKES   CQRBESPONOAlTrS. 

îï  L'Académie  a  reçu  de  M.  Spencer  Smith  un 
Opuscule  sur  un  monument  arabe  du  moyen  âge  dé- 
couvert en  Normandie,  et  un  Mémoire  sur  là  culture 
de  la  musique  à  Caen',  etc. 

De  M.  Briquet,  des  Leçons  de  littérature  h  l^usage 
d'une  maison  d'éducation  à  Niort. 

De  M.  Bôucharlat ,  vn  tribut  poétique  de  presque  tous 
les  ans ,  composé  pour  cette  fois  d'un  discours  «n  vers  à 
M .  Mathôn  de  la  Cour,  de  l'Académie  de  Ljon^  et  des 
Itnprécatiùàs  du  pieiiliùrdj  traduites  en  vers  du  CaakoëDs. 

JDe  M.  Charles  lAalo ,  un  petit  Pbèîne  sar  lé  néàtit  de 
l'homme. 

Pe  M.  ^ergasse,  une  Allocutipn  ;sur  là  fermeté  du 
Miagistrat ,  pr^oncée  à  la  dernière  rentrée  de  la  Cour 
çQyale  de  Montpetliei-.  :.  ,  ,   |, 

Dé  M.  le  baron  de  Mort!emart-*Boi88e|  ime  Aaalyse  de 
la  statistique  du  département  de  l'Ain. 

'  De  ift.  l'abbé  la  IB^ouderie ,  la  tfadûctîon  française 
d'iine  lettre  de  Saint- Vincent  de  Paiilê,  écrîte  en  lâftin 
au  cardinal  dé  la  Rochefoucaull ,  sûr  l^s  désordres  de 
Taobaye  dé  Longchàmjp. 

De  M.  le  comte  Blanchard  de  la  Musse,  une  Épitre  à  un 
^iuin  qui  bd  reprochait  de  Vovoùr  oublié  ^  et  des  StaRce&  qui 
pnt  pour  refrain  :  Le  irisée  préserU  que  la  vie  ! 


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(  «33) 

De  H.  César  Mor^au ,  ageni  àvt  gonvernemeni  (raoçaia 
i  Londres,  des  Documenld  fort  ëteados  y  publiés  par 
k  soàété  royale  asiatique  de  la  Grande-Bretagne  et  de 

rUinde. 

De  M.  Boînvilliers ,  de$  Stances  intitniëes  :  R^kxtoêts 
fUhsopktques  au  là  du  maladf. 

De  M.  Patin,  un  Éloge  de  Bossuet,  qui  a  partagé  le 
prk d'âoquence  à  Tlnstitut ,  Tannée  dernière.  Si  le  juge- 
ment de  TAxadémie  française  pouvait  avoir  besoin  des 
nfiages  de  la  province,  Panalyse  raisonnée  d*un 
oamge  aussi  difficile  a  bien  faire  ,  lue  h  l'Académie  par 
M.  Dêmesfdl^  ne  serait  à  dédaigner  ni  pour  les  juges  ni 
peur  Tauteur. 

s  Un  autre  Éloge  du  grand  tiomme ,  qui  a  concouru , 
p»  M.  Maillet  Lacoste ,  nous  a  paru  écrit  avec  beau- 
coup de  soin  et  dVlégancc ,  sur  un  plan  scrupuleusement 
méthodique  ;  mais  ici  la  critique  serait  une  inconve- 
lance,  et  Télogc  même,  sous  un  autre  rapport,  pourrait 
ivoir  Pair  d'une  critique, 

=  Dans  le  parallèle  de  Cîcéron  et  de  l'Acitè ,  dU 
même  écrivain  ,  M.  DevUtc ,  qui  eh  à  retidii  CômJ)tt* ,  SI 
trooré  de  Télévation  et  de  la  nolitessé  dans  là  pétïséc; 
mus  an  style  un  peu  trop  tçndu,  qui  lui  a  paru  tenir 
«b  nature  du  travail,  et  |Seut-étrè  h  la  difïicittté^ ries 
npprochements  entre  deux  éârivaiiis  d*ûn  gtnh;  rf 
Afférent,  etc. 

=:  M.  t>elac,  auteunlè  là  rbufe  suivie  ^  Afulib^  % 
travers  les  Gaules  pour  àtrivei^^  Italie',  T6vrs  a  Ij^atsthis 
^renseignemetits  -ptédmsi^vlt  V\SA%  ^iamdémfku^sçê 
àa  petit  Satht-Bèmard ,  compari  à  ée  qé-Hl  pouvait  être 
)  Tépoque  de  PexpédittOh  de^  Carth^llotsr     -        '      * 

'^ctre  confrère  aimdiicè  qu'il  ;iLr^àdu'àtsoii  aàucf^ 


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(  i34  ) 
saire ,  feu  M.  Laransa,  quHl  répond  aussi  à  M.  Larenan- 

dière Comment  nVt-il   pas  compris,  dit-il ,  que  si 

le  passage  du  Mont-du-Chat  n'est  pas  ce  que  Pelybe 
appelle  Tentrëe  des  Alpes ,  on  retombe  néccssairenieni 
dans  toutes  les  incertitudes  où  Ton  était  auparavant?... 

=  Notre  célèbre  compatriote  M.  Bnmet  ^  qui  continue 
de  tenir  TAcadémie  au  courant  de  sa  merveilleuse  en- 
treprise, vous  a  adressé ,  le  lo  mai  de  cette  année  ,  le* 
détails  d^un  état  de  situation  très-satis£iisant ,  datés  de 
ses  galeries  sous  la  Tamise  ;  et  le  résultat  de  rassemblée , 
tenue  immédiatement  après  dans  le  Tunnel ,  a  pleine- 
ment  justifié  la  confiance  de  Tingénieur  dans  la  haute 
protection  et  les  libéralités  du  premier  ministre  d^ùne 
nation  généreuse.  «  Un  temps  viendra  peut-être  ,  dit 
<c  M.  Brunel  ,  qu'une  semblable  opération  joindra 
«  votre  boulevard  Cauchoise  au  faubourg  Saint-Sever.  n 
Excellent  moyen  ,  sans  doute  ,  d'éviter  les  inconvé- 
nients graves  d'un  pont  sur  la  rivière  en  cet  endroit  ; 
mais  la  Seine  ne  charie  pas  l'or  comme  la  Tamise. 
Ainsi  ,  Messieurs  ,  dans  l'espace  d'une  quarantaine 
d'ann^s,  le  génie  inventif  des  habitants  d'Andelys  nous 
aura  tracé  des  routes  inconnues  dans  les  airs,  dams 
les  eaux ,  et  jusque  sous  le  Ut  des  grands  fleuves. 

=  Le  drame  de  Cromtvei^  dont  l'auteur ,  M.  Victor 
Hugo,  a  fait  hommage  h  la  Compagnie,  a  été  l'objet  d*un 
rapport  fort  étendu  par  M.  Guttinguer.  M.  Guttinguer  a 
débuté  par  une  profession  de  foi  qu'il  a  crue  nécessaire!^ 
«  Partageant  avec  passion ,  4it-^il ,  les  doctrines  de  l'au- 
«  teur ,  j'ai  voulu  ,  avant  d'arriver  à  une  analyse  qui  met 
m  en  feroientation  toutes  les  pmssances  de  mon  cœur  et 
«  de  mon  esprit ,  déclarer  que  le  sentiment  qui  m'anime 
«  est  surtout  l'agrandissement  et  T^ancipation  du  ^^^ 
9  nie  )  le  besoin  d'y  paj^ciper  de  mes  faibles  moyens  ^ 


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(i35) 
%  él  kion  le  puéril  dësir  de  faire  prévaloir  mes  opimôné 
^  OQ  d^oflfenser  celles  des  autres..^  »  A  cette  déclaration 
iQccède  Texamefi  de  la  préface  ,  et  celui  du  poème  ,  qui 
m  est  TappUcation  oa  le  principe. 

Ce  phénomène  poétique  ,  rempli  de  vers  et  de  mor- 
tnwL  pleins  de  verve  et  du  plus  beau  talent,  est  bien 
connu  des  gens  de  Tart  ;  et  les  principes  de  M.  le  rap- 
porteur ont  été  mis  trop  en  évidence  pour  laisser  aucun 
tkmte  à  Tc^ard  du  jugement  quHl  a  dû  porter  sur  les 
^tails.  Il  suflira  donc  de  rapporter  et  de  donner  ici  h 
H.  Gattinguer  acte  de  ses  dernières  expressions,  «  Il  y  a, 

*  dit-il,  dans  le  drame  de  M.  Victor  Hugo,  de  la  poé- 
«  sie ,  des  caractères ,  des  situations  ,  de  quoi  faire  vingt 

*  tragédies  comme  les  commandent  les  poétiques.  » 
£t  comme  M.  Hugo  a  déclaré  qu*îl  n*en  pourrait  titrer 
^'une ,  gui ,  à-conp~sâr ,  dit  le  poète ,  serait  stfflée ,  M. 
Gurtinguer  se  plaît  h  lui  offrir ,  dans  un  mot  célèbre  de 
Chamfort ,  des  consolations  sur  le  jugement  du  public  ; 
^t  il  termine  en  prédisant  à  son  ami  «  un  triomphe  assuré 
«  sur  nos  froides  tragédies  et  nos  pâles  comédies,  et 
«  SOT  nos  habitudes  théâtrales ,  dont  les  autours  et  les 
«  spectateurs  sont ,  dit-il ,  enveloppés  ^  etc.  » 

s  Le  mémoire  sur  le  vieU  Et^ewv ,  publié  par  le  plus 
avant  et  le  plus  modeste  de  nos  antiquaires ,  M.  Re- 
w ,  paraît  avoir  irrévocablement  confirmé  tous  les 
tonpçons  d*un  antique  établissement  romain  h  une  lieue 
environ  de  la  ville  d'£vreux  actuelle.  L'auteur  ne  pense 
pas  que  ce  vaste  établissement  puisse  raisonnablement 
SÉ  reporter  au-delà  du  règne  de  l'empereur  Claude.  «  Si 

*  nous  osions  placer  ici  nos  conjectures ,  dit  ici  M.  A. 

*  Le  Preoost ,  nous  dirions  qu'il  nous  paraît  bien  vraisem- 
«  blable  que  le  chef*lieu  des  Aiderci  y  existait  beaucoup 

*  plus  anciennement ,  et  que  les  Romains ,  au  lieu  de 
«  fonder  une  ville ,  n'auront  fait  qu'agrandir  et  embel- 


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(  i33  ) 
«  lir ,  etc.  11  est  vrai  que  jusque  dans  les  foiidcmenU 
«<  mi^rae  on  n'a  point  trouve  de  maçoanarîc  qui  ne  fût 
M  romaine.  Mats  y  aurait-il  bien  de  la  témérité  à  siippor^ 
«  ser  que  tout  vestige  des  frêles  et  superficielles  de- 
«  meures  des  premiers  fondateurs  aura  été  anéanti  par 
•(  les  constructions  plus  solides  qui  se  sont  succédi$ 
<•  sur  le  même   sol  ?  »*    • 

Quoi  qu'il  en  sait  de  cette  conjecture ,  M.  Le  Pré- 
vost trouve  dans  le  xncmoire  la  solution  d'une  foule  de 
problêmes  curieux ,  et  une  rare  universalité  de  conoais* 
sances  réunie  à  Tart  de  discuter  et  de  transmettre* 

z  M.  //«  £tf  Prévost  a  fait  aussi  une  mnntion  très-hon(>- 
rable  d'un  mémoire  adressé  par  M.  Feret  aîné,  secrétaire 
de  la  société  archéologique  nouvell^nent  formée  dans 
Tarrondissement  de  Dieppe.  A  ce  mémoire  est  joint  un 
excellent  plan  de  Voppldam  goUo-helge^  dit  ciU  de  Li" 
mes  ou  cflmp  de  César,  C'est,  dit  M.  le  Rapporteur, 
«c  un  des  travaux  les  plus  louables  que  puisse  iuspacr 
«  l'amour  de  la  scicuce  et  du  pays.  » 

=5  Un  ouvrage  manuscrit ,  de  longue  haleine ,  sur  les 
Cérémonies  symboliques  usitées  dans  l'ancienne  Jurispru- 
dence des  Français  ^  a  été  envoyé  par  M.  Arthur  Beugnot, 
avec  invitation  à  la  Compagnie  de  lui  transxnettre  le  sen- 
timent de  quelques-uns  de  ses  men^bres  versés  dans  cette 
matière.  Une  commission  ^  composée  de  MM.  Adam  , 
Licquet  et  Devillo ,  a  fait  son  rapport  par  Toigane  de  ce 
dernier.  Cet  envoi  d*un  ouvrage  destiné  h  l'impression 
étant  un  acte  de  confidence ,  nous  devons  eous  iioraer  h 
dire  ici  que  la  critique  a  été  courte  pour  l'étendue  du 
travail  et  la  part  de  l'éloge  très-ample,  çt  que  la  com^ 
mission  a  manifesté  un  grand  désir  de  voir  publier  uo 
U«cueii  d'un  si  grand  intérêt  pojur  notne  histoÂrf  • 


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(  i37  ) 
Membres  résidants. 

=  M.  Théodore  Llcquet ,  prtfsidenl  pour  cette  annëe  ,  a 
ouvert  les  travaux  par  un  discours.  Des  remercîments 
nprîm^s  avec  autant  de  modestie  que  de  délicatesse , 
ft  des  témoignages  d'incertitude  sur  les  motifs  d'une 
promotion  dont ,  sans  paraître  y  croire  ,  l'orateur  avait 
A)flDé  d'avance  toutes  les  garanties ,  composent  la  pre- 
Bière  partie  de  cette  allocution  préliminaire.  La  seconde 

*  pour  objet  de  réclamer  auprès  de  la  Chancellerie  la 
reconnaissance  de  notre  ancien  titre  d'institution  royale. 
■  Espérons,  a  dit  M.  le  Président,  que  nos  lettres  de 
«  création  ,  la  parole  royale  ,  etc. ,  prévaudront  contre 
«  une  loi  imaginée  par  le  vandalisme  pour  le  triomphe 

•  des  ténèbres.   » 

Messieurs,  nous  nous  trouvons  heureux  de  l'obliga- 
tioD  de  le  publier  aujourd'hui  ;  l'espérance  n'a  pas  été 
niite  :  de  nouvelles  lettres  patentes  ,  accordées  par  Sa 
Kajesté,  sont  venues  ajouter  dans  tous  nos  cœurs  le 
sentiment  profond  d'une  vive  reconnaissance  particu- 
lière à  ceux  du  commun  respect  et  de  l'entier  dévoue-, 
œnt  que  tout  Français  doit  à  la  personne  sacrée  du 
Roi  et  à  l'auguste  dynastie.  Qu'on  ne  vienne  plus  donc 
iOQs  menacer  du  retour  à  l'ancienne  barbarie ,  quand 
ic  Monarque  lui-même  ranime  et  entretient  les  flam- 
beaux destinés  à  propager  les  lumières  ! 

^M.  GuUinguer  a  offert  un  exemplaire  de  son  Discours 
pnmoQcé  l'année  dernière  h  la  distribution  des  prix  do 
^kjcÀt  gratuite  d'enseignement  mutuel.  La  Compagnie 
t  entendu  avec  intérêt  son  premier  acte  d'une  comédie 
û>titiilée  :  Vingirquaire  heures  d*un  hom$nfi  sensible. 

=  Un  exemplaire  d'une  Notice  imprimée  des  vues  de 
ftooen  gravées   par  Bacheley  ,   et    une   Dissertation 

18 


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t  .38  ) 
tnaiiuscrite    sur   les   portraits    de   Henri    VIII   et     de 
François  I" ,    existant  à  Thôtel  du  Bourgtheroulde     à 
Rouen ,  forment  le  contingent  de  M.  Dêlaquérîère  aine. 
La  dissertation  a  pour   but  principal  de  confirmer  ,   à 
Fegard  de  ces  deux  portraits ,  l'opinion  consignée  dans 
Fouvrage  de  Fauteur  sur  les  maisons  de  Rouen  les  plus 
remarquables.  Ainsi ,  après  un  nouvel  examen  très-sérieux 
des  figures ,  il  a  fait  tirer  de  chacune  un  moule  en  plâtre , 
comparé  les  moules  avec  les  images  reconnues  des  deux 
rois,  et  obtenu  par  ce  moyen  la  certitude ,  dit-il,  d'une 
ressemblance  parfaite  ;  et ,  pour  réfuter  toutes  les  objec- 
tions d'inconvenance  dans  la  situation  des  portraits  des 
deux  monarques  à  la  porte  d'entrée  de  l'hôtel ,  il  a  cru 
suffisant  d'alléguer  des   exemples  de  pareille  négligence 
dans  les  costumes. 

En  conséquence,  M.  Delaquérière  regarde  comme 
erronées  toutes  les  interprétations  contraires  à  la  sienne. 
Toutefois  il  avoue  que  ceux  qui  se  sont  bornés  aux  gra- 
vures de  son  livre ,  n'ont  pu  que  difficilement  y  recon- 
naître les  deux  illustres  personnages. 

=  M.  Léi>y  a  lu  des  considérations  sur  l'état  ac- 
tuel de  la  France  ,  sous  le  point  de  vue  moral. 
«  Religion ,  philosophie  ,  mœurs  ,  institutions  ,  tout , 
«  dit-il ,  présente  un  aspect  nouveau  et  particulier.  » 
Et  notre  confrère  passe  immédiatement  en  revue  toutes 
les  variations  subites  du  caractère  national  ,  dont  il 
trouve  le  principe  dans  les  phases  de  la  révolution 
politique  :  à  l'époque  de  la  Charte  ,  il  explique  com- 
ment il  pense  que  l'homme  a  dû  devenir  nécessai- 
rement sérieux  ;  mais-  il  distingue  soigneusement  le 
sérieux  de  cette  prétendue  mélancolie  qui  ne  peut  être  , 
suivant  lui  (c'est  une  niéprise  ) ,  que  le  produit  de  l'oisi- 
veté, du  désappointement  des  passions  ,  etc. ,  et  non  une 
disposition  actuellement  inhérente  an  caractère  français  ; 


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(  t39  ) 

ei  co  rangeant  au  nombre  des  ridicules  de  notre  ëpoque 
cette  étrange  maladie  ,  qui  ne  peut  être  épidëmique 
(0  France ,  M.  Lévy  lui  donne  toutefois  une  grande 
pt^nce  sur  le  ton  déhonté  du  libertinage  de  quelques 
qwques  prcce'denles. 

=  M.  j|>  PasqîUéT  a  lu  la  i*^'  partie  d'un  Mémoire 
sar  les  Monls-de-Pieto  ,  dans  laquelle  il  expose  Tori-* 
gioe ,  le  but  et  les  modifications  de  ces  établissements , 
créés  pour  subvenir  au  malheur ,  mais  souvent  une 
Kssoorce  bien  ruineuse.  L'Académie  attend  avec  in^ 
t^t  le  développement  des  idées  de  Fauteur  sur  les 
moyens  de  rendre  cette  institution  d'écoilomie  poli^ 
tique  à  toute  la  pureté  de   sa   destination  primitive. 

^  M.  Devûle  a  lu  une  Dissertation  sur  un  fait  do 
FHisioire  de  France  ,  attribué  à  Philippe-Auguste, 

«  On  lit ,  dit  Fauteur ,  dans  toutes  nos  histoires  de 
fnnce  ,  que  le  jour  de  la  bataille  de  Bouvines  , 
Pbilippe-Auguste  ,  au  moment  de  marcher  à.  Tenneroi , 
fit  dresser  un  autel  en  présence  da  son  armée ,  et , 
îpes  y  avoir  déposé  sa.  couronne  ,  s'écria  en  s'adres- 
sât aux  guerriers  rangés  autour  de  lui  :  «  S'il  en  es^ 
<  00  plus  digne  ^  qu'il  la  prenne  ;  je  le  suis  au 
«  combat  !  »  Que  toute  l'armée  s'écria  :  «  vive  Phi-^ 
«  Kppe  !  Vive  notre  Roi  !  Qu'il  reste  notre  Roi  !  » 

«  Il  est  peu  de  faits  de  notre  histoire  qui  aient  été 
plos  répétés  et  plus  admirés  en  même  temps.  Il  n'en  est 
point  sur  lequel  oa  se  soit  arrêté  avec  plus  de  complair 
^^e  ;  nos  poètes  et  surtout  nos  peintres  s'en  son/. 
emparés  depuis  long-temps  k  Tenvi  (i)  ;  enfin  il  a 
Êit  fortune.  ». 


(i)  n  tient   d*étre  représenté  ,    tout  nouvellement    encore  ,  sur    U 
Moùà  à'unt  de»  grapdu  salles  dn  Loa?re ,  par  Horace  Vernet. 

18. 


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(  i4o  ) 

Notre  confrère  commence  par  exprimer  des  doutes 
sur  la  vérité  de  ce  fait,  qui  lui  paraît  une  sorte  de  fan- 
faronade  peu  conforme  au  caractère  du  prince  et  in- 
digne de  la  majesté  du  trône Ensuite  ,  remontant  à 

Torigine  de  l'anecdote ,  il  acquiert  la  conviction  que 
nos  historiens  modernes  se  sont  copiés  les  uns  les 
autres  sur  la  garantie  de  Scipion  Dupleix,  sans  se 
douter  qu'ils  racontaient  un  fait  purement  imaginaire.  Or, 
Dupleix  prétend  l'avoir  puisé  dans  Rigord  ou  Rigordan  ; 
mais  Rigord ,  reprend  M.  Deville ,  n'a  conduit  l'his- 
toire de  Philippe  que  jusqu'en  1209  ,  cinq  ans  avant  la 
bataille  de  Bouvines  ;  et  le  fait  est  que  Pilhou  et  Du- 
chesne  ont  commis  une  erreur  en  mettant  la  suite  de 
cette  histoire  sous  le  nom  de  Rigord  (ce  qui  a  pu  trom- 
per Dupleix  )  j  et  que  c'est  Guillaume  Le  Breton,  cha- 
pelain du  Roi ,  continuateur  de  Rigord  ,  qui  a  donné  le 
récit  de  cette  journée  ,  oh  il  se  trouva  lui-même  aux 
côtés  de  Philippe.  Or,  Guillaume  Le  Breton,  qui  parle 
de  QÎsu  et  auditu  de  cette  grande  scène  ,  ne  dil  dans  son 
histoire ,  ni  dans  sa  Philippide ,  pas  un  mot  qui  puisse 
faire  soupçonner  la  réalité  du  fait  en  question. 

«<  Nous  avons  consulté  toutes  les  chroniques  de  l'é- 
«  poque,  dît  notre  confrère  :  aucune  ne  vient  justifier 
«  l'anecdote  de  nos  historiens  modernes.  »  Et  puis 
revenant  à  Dupleix  ,  il  regarde  comme  possible  que 
celui-ci  ait  trouvé  dans  le  fatras  indig^este  de  Richer, 
abbé  de  Sénones,  le  germe  de  son  historiette  ;  et,  après 
avoir  détruit  l'autorité  du  bon  moine  par  le  jugement 
du  savant  dom  Brial  ,  M.  Devilte  conclut  en  ces 
termes  :  , 

«  Quoi  qu'il  en  soit,  au  surplus,  du  degré  de  confiance 
que  mérite  Tabbé  Ridier,  et  des  emprunts  qu'aurait 
pu  lut  faire  Dupleix  ^  le  récit  de  GuiUaume  Le  Breton  s 
de  ce  témoin  occulaire ,  est  là  pour  répondre  à  tout. 
Il  tranche  la  questioxL  On  serait  trop  heureux  si  llii^ 


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(.  i4i  ) 

(oire  marchait  toujours  appuyée  sur  de  pareils  docu- 
meofs. 

«  Ainsi  il  reste  constant  *  que  le  discours  attribué  h 
PUippe-Auguste  par  nos  historiens  modernes  ,  le 
joor  de  la  bataille  de  Bouvines  ,  discours  traduit  tant 
^  lob  par  le  pinceau  de  nos  artistes  et  la  plume  de 
B05  poètes ,  n'est  qu'un  jeu  dé  Timagination  de  This- 
torien  Scipion  Dupleix ,  dont  Mézeray,  Velly  ,  An- 
qoftil  et  autres  se  sont  faits  les  échos  ,  et  qu'il  doit 
^  rangé  dans  la  foule  de  ces  faits  apocryphes 
<loot  fourmillent  malheureusement  toutes  nos  histoires 
<fc  France.  » 

s  L  *Essai  historique  et  descriptif  de  l 'Abbaye  de  St-  Georges, 
publié  par  le  même  M.  De^Ule ,  est  un  des  monuments 
<ie  ce  genre    les  plus  importants  de  notre  département. 

M.  Auguste  Le  Prévost  en  a  fait  un  rapport  Ires-étendu, 
et  qui  relève  par  la  magnificence  à^$  éloges  Topinion 
mntageuse  que  le  public  avait  déjà  conçue  de  cette 
belle  composition. 

Histoire .  et  figures,  tout  est  de  la  main  de  Tauteur, 
Potage  assez  rare  et  précieux,  dit  M.  le  Rapporteur, 
surtout  dans  mie  partie  aussi  délicate  à  traiter  que  Tar- 

tteJogie Fondation    primitive  de  la  collégiale  de 

Saim-Georges  ;  transformation  en  abbaye  ;  sa  destinée 
l^jqn'ice  jour;  description  exacte;  diplômes  impor- 
tait* retrouvés  par  Tauteur  ;  chartes  ;  liste  des  protec- 
tetirs  de  rétablissement;  renseignements  précieux  de 
tonte  espèce  qu*il  est  possible  de  rattacher  à  la  respec- 

^le  enceinte  : tel  est  le  sommaire  de  la  première 

pwtie  de  Touvrag^. 

Quant  aux  figures,  qui  forment  la  seconde,  sans  entrer 
i^oi  les  détails ,  il  suffit  d'en  a{^Ier  au  jugement  de 
M.  le  rapporteur  sur  le  total  de  l'ouvrage  ;  il  le  met , 
«  pour  l'exactitude  et  le  fini ,  etc. ,  beaucoup  au-dessus  de 


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(  i40 

«  toutes  les  productions  archëologiques  des  temps  ant^- 
«t  rieurs,  y  comprises  même  celles  du  dix-huitième  siècle, 
li  le  range  parmi  les  publications  nombreuses  quUl  voit 
dclore  autour  de  lui ,  et  qui  ne  seront ,  dit-il ,  jamais 
effact^es  ;  il  y  reconnaît  les  recherches  d'une  savante 
érudition ,  parée  de  tous  les  charmes  que  peuvent  y 
ajouter  la  beauté  et  la  fidélité  des  figures  ;  il  n'a  pas 
connaissance  qu'il  existe ,  dans  la  France  entière ,  au- 
cun travail  de  ce  genre  qui  lui  soit  préférable. . .  » 

=  Dans  son  discours  de  réception ,  M.  Prosper  Pîmont 
a  pris  pour  texte  :  Aperçu  des  progrès  de  ^industrie  en 
France. 

Ce  sont  d'abord  des  idées  générales  sur  la  valeur 
que  l'industrie  donne  aux  produits  agricoles ,  sur  la 
supériorité  des  premières  nations  manufacturières  ,  sur 
la  lenteur  des  progrès,  causée  par  des  préjugés  divers|» 
que  Torateur  s'attache  à  combattre.  l)e  là  passant  à 
l'industrie  française ,  M.  Pimont  la  voit  naître  sous 
Charlemagne  ,  languir  sous  ses  successeurs  ,  dépérir  par 
l'effet  des  invasions  des  Normands  ,  conquérir  quelques 
procédés  et  machines  dans  le  douzième  siècle ,  demeu- 
rer stationnaire  durant  les  deux  suivants ,  se  ranimer 
par  la  découverte  de  l'imprimerie ,  s'agrandir  ,  dans  le 
midi  de  l'Europe  ,  par  la  découverte  du  Nouveau- 
Monde  ,  tandis  que  la  France ,  indifférente  aux  sucras 
de  ses  voisins  ,  la  France  ne  savait  que  faire  la  guerre 
au-dehors  et  se  déchirer  au-dedans 

Le  règne  paternel  de  Henri  IV  rend  à  la  France  le 
goût  des  intérêts  positifs ,  qui  retombe  dans  l'assoupisse* 
ment  h  la  mort  du  bon  Roi ,  pour  ne  se  réveiller  d^un^ 
manière  sensible  que  sous  le  règne  de  Louis  XIV. .  •• 

Des  crises  politiques ,  des  règlements  ,  bons  peut-être 
dans  le  principe ,  mais  trop  rigoureusement  exécutés , 

enchaînent  le  génie  des  améliorations. Enfin ,  après. 

% 


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(  «43  ) 

DM  lutte  pénible  contre  les  entraves  et  la  routine ,  vers 
le  milieu  du  dix-huitième  siècle ,  éclairée  par  les  théories 
et  les  expériences  de  la  mécanique  et  de  la  chimie  ,  l'in- 
àistrie  prend  une  marche  plus  franche  ;  et  bientôt , 
soutenue  dans  son  essor  par  Tindépendancc  ,  son  premier 
lïesoin,  elle  s'élève  à  ce  haut  degré  de  développement 
qui  £iit  la  gloire  et  la  véritable  richesse  des  nations , 
clat  de  prospérité  dont  M.  Pimont  se  complaît  à  dé- 
crire tous  les  éléments  tels  qu'il  les  voit  dans  sa  patrie. 

—  Rien  de  ce  qui  se  rattache  h  la  gloire  nationale  , 
a  répondu  M.  le  Président ,  ne  saurait  être  étranger 
à  TAcadémie.  M.  Licquet  a  bien  reconnu  la  néces- 
sité actuelle  de  Tindépendance  pour  Findustrie  ;  mais 
I enfance  a  besoin  d'un  guide  y  et  partout  où  il  voit 
on  berceau  ,  il  s'explique  aisément  les  lisières.  Il  a 
Wancé  les  torts  des  hommes  du  Nord  par  les  faveurs 
feducs  et  la  sagesse  de  leurs  règlements  sur  la  mà- 
fee«  A  l'influence  de  l'imprimerie  il  a  ajouté  les 
résultats  antérieurs  des  connaissances  acquises  dans  les 
croisades. 

Les  noms  d'Henri  IV  et  de  Louis  XIV  lui  ont 
^pelé  la  réanion  de  toutes  nos  gloires  ,  sauf  une 
grande  erreur  politique ,  funeste  à  l'industrie  ,  sous  le 
grand  Roi.  Mais ,  a  repris  M.  le  Président  ,  aujour- 

^^  qu'elle  a  obtenu  son  émancipation , espérons 

^  la  France  n'aura  bientôt  plus  à  craindre  ni  su- 
Prieure  ni  rivale. 

^  Rectification  de  quelques  erreurs  dans  l'Histoire  de 
^Normandie  :  tel  est  le  titre  d'un  Mémoire  lu  par 
M.  Ucquct,  D'abord  l'autqur  conteste  h  RoUon  Tori- 
gioe  de  la  clameur  de  haro  ,  «  parce  qu'elle  existait  , 
*  dit41 ,  avant  lui  sous  une  autre  désignation.  »  De 
^aéme  pour  T^rhiquier ,  «  parce  qu'il  n'en  est  proba- 
'  blement  point  l'instituteur.  »  De  même  encore  pour 


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(  lu) 

'es  brassclets  d'or  ,  etc.  ,  suspendus  dans  nos  forêts , 
«  parce  que  ,  avant  Rollon  ,  Alfred  en  Angleterre  , 
w  et   Frotlion    en     Danemarck  ,    en    avaient    donné 

*t  l'exemple >» 

En  second  lieu  ,  M.  Licquet  révoque  en  doute  le 
mariage  de  Rollon  avec  une  fille  de  Charles-le-Simple , 
nommée  Giseile  ,  parce  que  Charles-le-Simple  n'a 
jamais  eu  de  princesse  de  ce  m^me  nom  ;  parce  qu'ellç 
serait  sortie  de  Fréderune  ou  d'Ogive  ,  les  deux  seules 
It'iumos  de  ce  prince  admises  par  M.  Licquet;  parce 
(jue  de  son  alliance  avec  la  première  femme ,  céle'brée 
en  907,  il  n'aurait  eu,  h  Tt'poque  du  traité  de  Sainte- 
Clère ,  qu'une  princesse  de  quatre  ans  à  offrir  au  duc 
de  Normandie ,  quoi  qu'en  dise  Mczerai ,  qui  reporte 
ce  premier  mariage  à  Tannée  goS ,  et  malgré  l'asser- 
tion de  M.  Depping  ,  qui  transpose  le  mariage  d'Ogive 
en  901  ;  parce  que ,  si  l'on  admettait ,  avec  quelques 
écrivains ,  que  cette  GiselIe  fût  une  filLe  naturelle  du 
roi  de  Franœ ,  en  lui  supposant  quinze^  ans  à  l'époque 
du  mariage  ,  Charles  n'en  ayant  que,  trente-deux  ,  «  je 
u  me  croirais ,  dit  notre  confrère  ,  h  l'existence  de  la 
u  princesse  autant  de  part  pour  le  moins  que  le 
«  père  qu'on  lui  donne.  » 

«<  D'un  autre  côté,  continue  M.  Licquet,  en  donnant 
V  au  duc  de  Normandie  la  main  d'aae  pnnce^e  de 
«  quatre  ou  cinq  ans ,  on  l'aurait  mis  dans  le  cas  de 
»  n'entrer  au  lit  nuptial  qu'avec  les  espérances  que 
<c  peuvent  donner  soixante-quinze  ans  accomplis.  Du 
«  reste ,  cette   Griselle    ne    laisse  aucime  trace  dans 

«  l'histoire » 

Maintenant ,  pour  rétablir  les  faits  et  les  mettre  k 
leur  place  ,  M.  Licquet  invoque  un  passage  de  Réginon, 
a^ud  pisiorùsm,  page  60,  et  l'autorité  ide  Sigebert , 
qui ,  tous  deux  ,  r>opiés  par  les  autres  clirouiques , 
marient  li  Godefiroy,  chef  des  Nonoands,  une  princesse 


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(  i45  ) 
nommée  Giselle ,  fille  de  Lothaire ,  avec  les  circons- 
tances du  Baptême ,  Tmi  en  SS^a  et  Tautre  en  884. 

M.  Licqnet  développe  ensuite  plusieurs  moyens  d^une 
critiqae  de  détail ,  pour  confirmer  le  témoignage  des  au- 
teurs précités ,  et  débrouiller  la  confusion  ;  et  le  mé- 
Boîre  est  terminé  par  cette  conclusion  :  que  notre 
premier  duc  n'a  point  épousé  -une  fille  du  roi  de 
France ,  ni  une  sœur ,  puisque  Charles  n^avait  ni  filTe 
m  sœur. 

=  H.  MaUle^Dubaullqy ,  architecte  de  la  ville  ,  a  pré- 
senté trois  dessins  des  bas-reliefs  ,  de  sa  composition , 
destinés  à  décorer  le  péristile  de  THôlel  communal 
de  Rouen. 

Le  premier  dessin  se  compose  des  armes  de  la 
ville  et  de  deux  figures  allégoriques ,  Mercure  et 
IGnerve ,  avec  les  attributs  du  commerce  et  de  la 
navigation,  des  arts  et  de  Tindustrie. 

Le  but  des  deux  autres  bas-reliefs  a  pour  objet  de 
'«ndre  hommage  aux  hommes  célèbres  que  la  ville  a 
▼os  naître  ;  le  nom  du  grand  Corneille  et  d'autres  noms 
diers  à  la  ville  de  Rouen  sont  gravés  auprès  des  objets 
fn  rappellent  le  genre  de  la  célébrité  qu'ils  ont  acquise. 
\ 

=:  En  réponse  ^  la  demande  faite  h  TAcadémie ,  par 
H.  Adrien  Balbi ,  de  Paris ,  M.  Ballln  a  fait  un 
npport  dans  lequel  on  remarque  le  passage   suivant  : 

<  On  compte  à  Rouen  à  peu  près  constamment , 
depmt  plusieurs  années ,  environ  4oo  mendiants.  Les 
pauvres  secourus  à  domicile  ont  été,  pendant  les  trois 
^cnnères  années  ,  au  nombre  d^environ  8,000 ,  terme 
moyen  formant  près  de  2,700  fiamilles  ;  mais  celte 
proportion  a  été  dépassée  de  beaucoup  pendant  le  1" 
*«ûe$tre  de  cette  année  :  on  en  compte  aujourd'hui 
9ii24i  appartenant  ii  3^ai8  familles. 


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(  i46  ) 

a  Ce  fâcheux  état  de  choses  paraît  devoir  être  attribua 
au  ralentissement  des  afiiaires  du  commerce.  La  ville 
de  Dieppe  compte  environ  3oo  mendiants  i  et  de  i4  ^ 
i5oo  pauvres  secourus  à  domicile.  » 

Notre  confrère  regrette  de  n'avoir  pas  eu  le  temps 
de  j>orter  ses  recherches  sur  les  autres  viHes  du  dépar- 
tement Il  donne  aujourd'hui  ce  résultat  pour  ne  pas 
se  faire  trop  attendre ,  et  il  promet  de  procurer ,  raoniéa 
prochaine ,  des  renseignements  plus  étendus. 

=  Une  Notice  sur  F  Asile  des  aliénés  à  Rouen  ^  par 
M.  Balim. 

Une  Notice  bibliographique  sur  un  opuscule  en  vers 
du  temps  de  la  Ligue  ,  intitulé  :  Prosa  Cieri  parisiensis  ad 
éucem  de  Menâ^  post  cœdem  HemiciUI^  par  M.  DupuUL 

Une  Dissertation  historique  sur  Alain  Blanchard 
(  Réfutation  des  Historiens  modernes  )  ^  par  M.  Tk, 
Ucquei. 

La  Description  da  dernier  tableau  de  M.  Court ,  de 
Rouen ,  (  Antoine  haranguant  le  ptupU  après  la  mort  de 
Césœ^)  ,  par  M.  Des  AUeurs  fils. 

Le  Renard  et  ta  Pirdade  ,  fable ,  par  M.  Le  FiBml 
des  Guerrots, 

Des  Stances  improvisées  dans  une  promenade  au 
Cimetière  monumental ,  par  M.  Dupulei, 

,    Une  Traduction  libre   de  FOde  d'Horace  :  M^uam 
mémento ,  etc. ,  par  BI.  Deville. 

Une  Scène  d^une  Tragédie  inédite  (ffenn/r^/  Biron)^ 
par  M.  Dupias. 

L'Académie  a  ordonné  l'impression  de  tous  ces  ou* 
vrages  ,  dont  plusieurs  vont  faire  partie  des  lectures 
«d^ns  cette  séance. 


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(«4?) 

Puisse ,  Mes$iears ,  le  compte  général  que  nous  avons 
lliooneur  de  vous  soumettre  ,  satisfaire  votre  zèle  pour 
U  propagation  des  lumières  ,  répondre  aux  vues  bien- 
disantes  du  Monarque  ,  h  la  bienveillance  de  Tadminis^ 
tralion  municipale  ,  aux  encouragements  accordés  par 
Tadministration  du  département ,  et  offrir  ,  pour  la* 
continuation  de  ces  mêmes  faveurs  ,  quelques  garanties 
ila  sagesse  d'un  administrateur  éclairé  (i),  et  dont  la 
présence  dans  cette  enceinte  .  h  son  entrée  dans  le 
^^partement ,  est ,  pour  les  Sciences ,  les  Lettres  et  les 
Arts,  d'un  augure  favorable  ,  et  déjà  pour  T Académie 
an  véritable  bienfait.- 


PRIX  PROPOSÉ 

POUR    1829. 

L'Académie  n'ayant  reçu  aucun  mémoire  pour  le 
çtîx  de  i8a8,  a  remis  le  même  sujet  au  concours  pour 
Tannée  1829,  avec  la  rédaction  suivante: 

Examen  critique  des  Oui^rages  composés  dans  les 
II*  e/  la*  siècles,  sur  V Histoire  de  la  Normandie^ 

Le  prix  sera  une  Médaille  d'or  de  la  valeur  de  3oo  fr. 

Chacun  des  Auteurs  mettra  en  tête  de  son  Ouvrage 
une  devise  qui  sera  répétée  sur  un  billet  cacheté  où  il 
fera  connaître  son  nom  et  sa  demeure.  Le  billet  ne  sera 
ouvert  que  dans  le  cas  où  l'Ouvrage  aurait  obtenu  le 
Prix. 


Cl)  M.  le  comte  de  Mnrtt ,  nou^reau  Préfet  da  dépaiUment. 

'9- 


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(  i48) 
Les    Académiciens  résidants   sont   seuls  exclus    du 
Concours. 

Les  ouvrages  devront  être  adresses,  (irancs  de  port,  à 
M.  N.  BiGNON  y  Secrétaire  perpétuel  de  V Académie  pour 
la  Classe  des  Belles-^Lettres ,  avant  le  i*'  Juin  183g. 
Ce  terme  sera  de  rigueur. 


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(  i49) 
MÉMOIRES 

DONT  l'académie   A    DÉLIBéftÉ  L^IMVRESSTON  EN   ENTIEit 
BANS  SES  ACTES. 


PROPOSITION 

FAITE    A    L^ACADÉMIE   DE    AOUEN  '  , 

Dans  sa  Séance  du  7  Mars  i8a8 , 

Par  M*  DES  Alleubs  FUs  ,  D.-M.  M. 

BIessieurs, 

Tout  le  monde  connaît  ce  trait  célèbre  de  THistoire 
romaine ,  l'assassinat  de  Jules-Cësar ,  le  premier  jour 
des  Ides  de  Mars,  dans  le  sein  même  du  Sénat  ;  il  est 
donc  inutile  de  vous  retracer  les  détails  donnés  par  les 
historiens  sur  ce  forfait  politique  ',  commis  par  les  pre- 
niers  de  Rome ,  le  fils  adoptif  du  dictateur  lui-même, 
(^ssius  et  d'autres  romains  chez  lesquels  Tesprit  répu- 
Micain  vivait  encore.  Vous  savez  qu'Antoine ,  le  confi- 
dent intime  de  César ,  accusé  de  n'avoir  pas  ignoré  le 
crime  que  Ton  méditait ,.  tâcha ,  en  adroit  politique , 
d'exploiter  ^  son  profit  ce  terrible  événement.  Il  prononça 
en  public  l'oraison  funèbre  du  grand  homme ,  dont  il 
exposa  le  corps  sur  le  forum.  A  l'exemple  do  tant  d'au- 
tres ambitieux  ,  il  avait  trop  bien  vu  que  ce  peuple  dé- 
f^oM  avait  besoin  d'un  maître ,  et,  dévoré  du  désir  de 

'  M.  le  Piésîâeiit  1  procUmé  A  U  SéftBce  pubttqot  qne  rAcadémie 
>^t  iàofU  U  Proposition  dé  M.  D«i  AUeait ,  tt  ^*an  tabltaa  des- 
tiné i  omtr  U  Salle  des  séances  de  rAcadémie  araît  été  commandé  k 
M.  CoQit.  Le  sujet  adopté  est  Corneille  reçu  au  Théâtre  par  U 
hmctiù  Condé. 


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(  i5o) 
le  devenir  ^  il  profita  de  cette  circonstance  pour  exciter 
ce  même  peuple ,  à  l'aide  d'une  éloquence  appropriée , 
à  immoler  ceux  qui  venaient  de  le  délivrer;  cherchant 
à  se  débarrasser  ainsi  lui-même  des  républicains ,  qui 
devaient  lui  réserver  le  sort  de  César,  s'il  parvenait  à 
lui  succéder. 

L'histoire  a  depuis  long-temps  jugé  les  auteurs  de  ce 
drame  funèbre  ,  et  fait  à  chacun  d'f  ux  sa  part  de  gloire 
et  d'infamie. 

Ce  n'est  pas  ici  le  lieu  de  motiver  ces  divers  juge- 
ments ;  mais  ce  que  tout  le  monde  voit  au  premier 
abord ,  c'est  que  ce  meurtre  mémorable  révéla  le  vé- 
ritable état  du  peuple  romain  h  cette  époque;  qu'il 
fut  le  signal  de  la  décadence  de  la  république  ;  qu'il  mit 
en  jeu  des  passions  et  des  ambitions  qui  ensanglantè- 
tèrent  l'Italie  et  changèrent  les  destins  du  monde. 

Cet  événement  fameux  offrait  un  trop  grand  intérêt 
pour  n'être  pas  mis  à  la  scène  ,  et  la  mort  de  César  a 
fourni  le  sujet  d'une  belle  tragédie.  Mais  il  est  extraor-» 
dinaire  qu'aucun  peintre  ,  jusqu'à  ce  jour,  ne  se  fût 
emparé  de  ce  fait  éminemment  tragique ,  et  capable 
d'émouvoir  le  cœur  par  les  yeux  :  il  est  pourtant  vrmi 
que  ,  soit  qu'ib  n'en  eussent  pas  deviné  les  beautés ,  soit 
qu'ils  en  eussent  redouté  les  difficultés ,  les  artistes  n^a- 
vaient  point  encore  entrepris  de  nous  retracer  cetXe 
grande  page  historique. 

Un  jeune  peintre,  né  dans  nos  murs ,  lauréat  de  TA- 
cadémie  de  peinture ,  vient ,  pour  son  coup  d'essai , 
d^aborder  ce  '  beau  sujet ,  et  il  n^est  personne  d'entre 
vous ,  Messieurs,  qui  n'ait  entendu  parler  avec  éloge  de 
cette  vaste  et  belle  composition. 

Jugée  de  la  manière  la  plus  favorable ,  b  sa  première 
apparition  aux  Petits-Augustins ,  lors  de  l'exposition 
des  travaux  des  élèves  de  l'école  de  Rome ,  elle  fut  en- 
core perfectionnée  depuis  par  l'auteur ,  docile  aux  re- 


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(  i5i  ) 
proches  d'une  critique  judicieuse  et  aux  conseils  d'une 
amitié  sincère. 

Mise  à  Texposition  du  Louvre  près  des  tableaux  des 
{rands  maîtres  ,  elle  a  soutenu  avec  honneur  cette 
redoutable  comparaison,  et  n^a  rien  perdu  auprès  du 
pablic  ;  mais ,  ce  qui  est  plus  rare  et  plus  glorieux  en- 
core ,  elle  a  acquis  une  grande  faveur  auprès  des  ar- 
tistes :  aussi ,  d^une  voix  unanime,  le  Marc -Antoine 
de  M.  Court  a  été  proclamé  Tun  des  plus  beaux  mor- 
ceaux de  Texposition  de  1827,  un  titre  d'honneur  pour 
son  auteur  dès-à-présent ,  et ,  aux  yeux  de  tous  les  con- 
oaisieurs ,  le  gage  de  grands  succès  pour  l'avenir  (1). 

Admis  dans  l'atelier  du  peintre ,  h  même  de  nous  pé- 
nétrer de  ses  intentions ,  nous  avons  examiné  son  ta- 
bleau avec  toute  l'attention  que  commande  un  travail 
de  cette  importance ,  tout  l'intérêt  que  doit  nous  ins- 
pirer un  compatriote ,  et  enfin  toute  Timpartialité 
d  w  homme  qui  sait  que  Tamour-propre  de  l'auteur 
oe  viendra  jamais  se  placer  entre  la  manifestation  sin- 
cère de  ses  opinions  et  la  réponse  du  peintre  :  car, 
Messieurs,  et  je  me  plais  à  le  publier  ici,  le  jeune 
^uri  joint  à  un  talent  du  premier  ordre  une  modestie 
popre  à  en  rehausser  Téclat ,  et ,  forcé  d'admirer  ses 
Ctnres,  on  ne  peut  se  défendre  d'aimer  sa  personne. 

J'ai  dû  penser  que  l'Académie,  qui  a  compté  parmi 
les  membres  les  plus  illustres  les  Lecat ,  les  Descamps, 
ces  admirateurs  et  ces  protecteurs  des  arts ,  qui  voit  en- 
core dans  son  sein  des  artistes  d'un  rare  mérite  et  des 
routeurs  qui  peuvent  rivaliser  avec  des  maîtres  habiles, 


(0  Le  GooTCfiieBMiit  a  «cquii  le  iâblem  dont  il  s*«|;it  ici;  cette ac-«. 
tûsifion  t  été  proclamée  à  U  Séance  solennelle  où  Sa  Majesté  a 
"^tiilmé  des  récompenses  aux  artistes  qni  s*étaicnt  distingués  dans  Tex- 
'*"^on  de  1817*  11  est  maintenant  placé  aa  Musée  royal  da  Laxem-> 


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(  i5a  ) 
f  ai  cru ,  dis-je ,  que  TAcadémie  n^entendrait  pas  sans 
intérêt  une  courte  description  du  tableau  de  notre  com- 
patriote ,  et  qu'elle  protégerait  de  son  ombre  tutélaire 
une  jeune  illustration  qui ,  grâce  k  son  appui ,  peut 
devenir  une  réputation  glorieuse  pour  la  patrie  des  Jou- 
venet,  des  Lemonnier,  des  Barbier,  des  Robert,  des 
Lemoine  ,  etc. 

Je  nai  aucune  mission  spéciale  pour  vous  entretenir 
d'une  pareille  ^matière  ,  Messieurs  :  aussi  n^ai  -  je  pas 
la  prétention  de  le  faire  en  connaisseur.  Je  sens  vive- 
ment ,  voilà  tout.  Voué  exclusivement  b  la  science ,  et 
la  cultivant  avec  ardeur  ,  je  ne  puis  cependant  me 
défendre  d'aimer  les  arts.  Notre  institution  m'y  autorise, 
je  crois  :  Lecat  et  Descamps ,  vous  le  savez ,  partagè- 
rent le  même  amphithéâtre ,  et  sur  nos  médailles  on 
remarque  Le  Poussin  h  côté  de  Fontenelle. 

Voici  comment  M.  Court  a  conçu  et  exécuté  son 
sujet  :  il  a  choisi  l'instant  où  Antoine,  saisissant  le  man- 
teau ensanglanté  qui  recouvre  le  cadavre  du  dictateur , 
le  présente  au  peuple  ,  en  lui  répétant  les  dernières  pa- 
roles adressées  par  César  expirant  à  son  fils  adoptif, 
Brutus ,  le  chef  de  la  conspiration  :  Tu  quoque ,  mi  Bruie  ! 

Les  principaux  personnages  sont  :  Marc^Antoine , 
Brutus  et  Cassùis ,  et ,  disons-le ,  le  corps  du  dictateur 
assassiné. 

La  scène  a  lieu  sur  le  forum.  Vers  le  milieu  de  Ta 
composition ,  mais  un  peu  sur  la  droite  du  tableau ,  on 
voit  la  tribune  aux  harangues  ;  une  colonne  qui  porte  îè. 
louve  avec  ses  deux  nourrissons  est  placée  derrière  ;  on 
ne  peut  en  douter,  nous  sommes  h  Rome.  Le  cadavre 
livide  de  César,  la  tête  encore  ceinte  de  la  couronne  de 
laurier,  la  poitrine  découverte  et  portant  les  traces  de 
nombreux  coups  de  poignard ,  est  déposé  sur  la  tribune, 
dans  un  brancard  orné.  En  avant,  Antoine,  tenant  le 
manteau  ensanglanté  du  héros,  le  montre  au  peuple ^ 


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(  «53) 
en  Alignant  les.meurtriers.  Derrière  le  corps,  sur  UQ 
plan  plus  reculé,  se  trouvent  plusieurs  personnages  de 
distinction ,  mais  notamment  Lépidus ,  portant  le  tes- 
tament entoure  d^une  bandelette.  Des  deux  côtés  de  la 
tribane,  aux  extrémités  du  brancard  qu'ils  ont  porté. 
Ton  voit  des  licteurs,  dont  la  figure  grossière  et  im- 
passible contraste  d'une  manière  heureuse  avec  la  dou* 
leur,  la  fureur ,  le   désespoir ,    rattendrisscment ,  la 
crainte,  Tindignation ^  fincertitude ,  la  terreur,  qui  se 
peignent  dans  les  traits  des  nombre  ux^  personnages  qui 
animent  cette  scène  de  deuil.  Tous  ces  sentimeïits  dé- 
nient être  là ,  Messieurs,  et  ib  y  sont  retracés  en  effet 
trec  une  variété,  une  énergie,,  des  oppositions,    et 
cependant ,  dans  l'ensemble ,  avec  une  harmonie  digniç, 
^splus  grands  éloges.  C'est  ainsi. que  Marc- Antoine ^ 
auquel  on  a  reproché,  peut-être  avec  quelque  raison, 
Si  petite  taille  et  le  manque  d'élévation  dans  la  physio- 
nomie ,  a  bien  cependant  l'expression  d'un  fourbe  / 
cette  couleur  de  peau  qui  convient  à  l'ambitieux,   et 
ce  coup  d'œil  douteux  qui  annonce  un  homme  à  qui 
>oas  les  moyens  sont  bons,  capable  de  feindre  tous 
les  sentiments  qu'il  n'a  pas,  et  de  soutenir  avec  vigueur 
les  fureurs  d'une  sédition.  Derrière  ce  manteau  ensan- 
ilinté  qu'il  tient  à  la  main ,  que  voit-on ,  dan^  la  d^mi- 
teinte?  la  figure  immobile  et  commune  d'un  sojdat; 
pins  bas,  en  avant,  un  homme  qui  baise  la  robe  de 
C6ar;  un  autre,  penché  sur  ses  pieds,  les  embrasse 
conrolsivement,  et  son  attitude  annonce  le  désespoir 
^  les  traits  de  sa  figure  qu'on  ne  voit  pas.  Sur  1q 
troisième  plan  de  la  tribune ,  c'est  Lépide  «  levant  les 
jenx  an  ciel  ;  son  front  chauve  est  brûlé  par  le  soleil 
^  l'Afrique  dont  il  arrive  ;  l'expression  de  sa  physio^^ 
aomie  est  celle  de  la  douleur,  mais  avec  cette  incer'- 
titnde  politique  qui  fut  son  partage ,  et  que  l'on  pour- 
^  peut-être  caractériser  par  u^  tenneplus  expressif* 

ao 


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(  >54) 

A  ses  cAt^Sf  mais  plus  bas,  est  un  des  porteurs, 
homme  robuste,  auquel  sa  tête  et  son  corps  recou- 
verts d'une  peau  die  léopard  donnent  un  aspect  sau- 
vage qui  contraste  avec  la  physionomie  attendrie  d*un 
jeune  homme,  d'une  beautë  ravissante ,  qui,  cédant  aux 
sentiments  d'expansion  propres  h  cet  âge,  sans  doute 
aussi  à  la  reconnaissance ,  saisit  la  main  glacée  du  die» 
Cateur  et  la  baigne  de  ses  larmes. 

Que  vous  dirais-je  ?  Messieurs  ;  la  science  des  contras- 
tes, l'art  de  l'arrangement,  l'heureuse  variété  des  tons 
et  des  costumes ,  celle  des  poses ,  l'agencement  des 
figures ,  disposées  de  sorte  que  les  lignes  qui  se  déta- 
chent sur  le  ciel ,  h  l'horizon,  et  même  dans  toutes  les 
directions ,  soient  rompues  sans  choc  et  de  la  manière 
là  plus  heureuse  ,  se  font  remarquer  dans  toute  cette 
|>artie  du  tableau. 

Le  second  groupe  qui  attire  et  doit  attiret  de  suite 
ifes  yeux,  est  formé  de  trois  personnages  et  occupe  la 
gauche  ;  il  se  compose  d'abord,  et  sur  le  premier  plan, 
en  dedans,  de  Brutus,  couvert  de  la  toge;  de  Cassius, 
lé  casque  en  tête  ;  enfin ,  h  un  pas  derrière ,  et  an  bord* 
du  tableau ,  d'un  autre  conjuré  revêtu  de  la  cuirasse 
et  du  manteau,  mais  sans  casque. 

Brutus  descend  du  Capitole  ;  la  forme  de' sa* tête  et 
jnsques  à  sa  chevelure,  ses  traits  prononcés,  ses^  yeux 
caves  ,  le  front  proéminent  du  courage  et  de  la  fe^iieté» 
annoncent  assez  le  fanatique  do  la  liberté.  Mais  com- 
ment vous  rendre  la  sombre  énergie  de  cette  belle  têt^  ? 
Il  paraît  au  milieu  de  ce  peuple  auquel  on  vient  de 
donner  le  spectacle  toujours  si  puissant  d'un  grand* 
homme  assassiné  ï  Tinstant  est  critique  ;  il  est  déisigné, 
dans  un  discours  virulent,  comme  le'  cHfef  des  conjurés  , 
h  une  populace  ameutée  qui  oublie  le  tyran  pour  ne 
plus  voir  que  le  héros  lâchement  immolé;  ses  libéra-*' 
leurs  ne  sont  pliis  pour  ce  peuple  que  des  àss^asitiis  ; 


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Ci55) 
Bhifus  M  eii¥Îiona^  de  dangers,  «t  sa  maia  est  sur 
9QB  poignard  prête  à  le  saisir  s'il  le  faut.  On  voit,  que 
a  grande  ame  est  plongée  en  elU-m£me;  il  médiie 
ne  forte  résolution ,  et  réprime  de  sa  main  drcita- 
k  mouvement  de  Cassius  qjui  tire  son  épée  pMir  aller 
bpper  Antoine.  Mais,  Messieurs,  et  suivant  moi 
ceu  ce  qu'il  faut  le  plus  admirer  ici-,  b  travers  Jb 
poà  homuM,  à  travers  le  sauveur  de  Rome,  à  ira* 
im  Bnitos  cn^ ,  on  reconnaît  le  fils  adoptif  de  César  : 
k  tu  fÊ0fie^  nU  BnUe^  vient  de  retentir  à  son  oreille  ;•  le 
tjran  aesjt  plus  là,  c'est  le  bienfaiteur  assassiné,  la 
aatnre  réclan&e  ^s  droits;  ce  double  sentiment  est 
Ibible  sur  cette  terrible  figure»  Oui,  il  y  a  des  larmes- 
^  ces  lèvres  tremblantes,  la  nature  vaincue  se  débat 
eocorej  la  tragique  physionomie  de  !&*utus  exprime  les. 
logpisses  de  son  ame,  et  Ton  ne  peut  s'empêcher  de 
£re,  en  voyant  ce  beau  contraste  :  sa  tête  et  son  bras^ 
sootàRome,  mais  son  coeur  est  ir César! 

A  U  droite  de  Brutus  on  voit  Cassius,  exalté'par  Ten* 
ibousîasme  de  la  liberté ,  et  portant  dans  ses  traits  cette 
w^  militaire  avec  laquelle  Thistoire  nous  le  repré^ 
fCQte.  Sa  figure  exprime  Tardeur  du  pateiotisme ,  et  c'esl 
1'^  à  la  main  qu'il  veut  achever  la  délivrance  des  Ro<t 


A  côté  de  ce  guerrier,  mais  un  peu  plus  en  arrière^ 
nranarque  un  autre  conjuré  ;  il  retient  aussi  Cassius | 
et  rcmpêcbe  de  tirer  entièrement  son  épée.  Son  teint 
csi  jaune ,  ses  sourcils  froncés ,  son  attitude  exprime  la 
^,  c'est  trop  peu  ».  Tindignation  contre  Antoine  ;  le 
^  de  la  vengeance  est  parfaitement  exprimé  sur  cette 
bce  de  conspirateur  ;  mais  quelle  dUTérence  avec  U 
Brutus!  chez  celui-ci  on  trouve  encore  quelque  chose 
dliomain ,  ehea  Tautce  la  nature  est  morte  (i). 

(i)  H^as  ciojMii  fB«  c*«t  Cin^  fM  U  pmvU«  «  tpaIu  tt^iéêmulm^ 

aoâ 


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(  i56) 

Il  nous  semble  q\]e  c^^st  une  iàie  bien  heureuse  de 
Talrtiste  d'avoir  mis  la  figure  ouverte  et  loyale  d^uo 
guerrier  entre  celles  de  Brutus  et  de  Tautre  conjuré; 
mais  une  autre  opposition  encore  plus  belle,  à  mon 
avis  \  est  l'opposition  morale  qui  se  trouve  ici. 

L^action  de  Brutus  ,  monstrueuse  dans  nos  moeurs  et 
suivant  les  préceptes  de  notre  morale  divine,  est  un 
acte  de  vertu,  suivant  le  paganisme  et  dans  Rome.  Le 
sentiment  d'exaltation  qu'elle  produit  est  généreux  ,  et 
il  retentit  dans  Tame  de  Cassius ,  qui ,  en  guerrier ,  tins 
son  épée  pour  achever  l'ouvrage  des  conjurés  :  au  con- 
traire l'action  d'Antoine  est  celle  d'un  intrigant ,  dont 
la  douleur  affectée  n'exciterait  pas  l'éloquence  si  elle  n'é* 
tait  soutenue  par' l'ambition.  Aussi  c'est  au  peuple  qu'il 
s^adresse ,  c'est  la  multitude  qu'il  invoque  ;  il  agit  sur 
elle  encore  plus  par  les  yeux  que  par  les  paroles  ;  c'est 
en  présence  du  cadavre  de  César ,  sa  robe  ensanglantée 
à  la  main ,  qu'il  l'excite  b  venger  sa  mort  ;  c'est  un 
orateur  de  carrefour  qui  demande  un  mouvement  po- 
pulaire pour  en  profiter  ;  aussi  la  populace  répond-elle 
à  sa  voix  ,  et  un  homme  de  cette  classe ,  apercevant 
les  conjurés ,  ramasse  une  pierre  pour  les  lapider.  On 
a  blâmé  cette  figure ,  que  l'on  a  dit  empruntée  à  d'autres 
tableaux  ;  elle  est  fort  bien  faite  comme  peinture ,  et 
d'ailleurs  c'est  s'enrichir  que  d'emprunter  ainsi.  L'idée 
profonde  qui  a  préside  au  contraste  que  nous  venons 
de  signaler  annonce  que  M.  Court  saura  creuser  l'es- 
prit de  rhîstoire,  et  que  la  force  de  ses  conceptions 
sera  digne  de  la  vigueur  de  son  pinceau  ,  car  il  possède 
éminemment  ces  deux  qualités,  si  précieuses  pour  le 
peintre  d^histoire. 

Je  viens  de  vous  décrire  les  deux  groupes  principaux , 
et  je  le  devais  par  respect  pour  l'intention  du  peintre 
et  pour  TefTet  du  tableau  ;  mais,  Messieurs,  nous  sommes 
sur  la  place  publique  ;  il  s'agit  des  destinées  du  peuple 


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(  '57  ) 
toi.  Un  grand  coup  d'état  rient  d'être  frappé,  Rome 
est  en  émoi ,  toutes  les  passions  sont  en  jeu ,  tous  les 
partis  en  présence  ;  on  partage  les  intérêts  des  conjurés  , 
00  plaint  César ,  on  répond  aux  inspirations  d'Antoine  ! 
Les  deux  groupes  principaux  sont  donc  séparés ,  ou 
mienx,  réunis  par  une  foule  de  personnages  qui,  partî- 
dpnt  à  Faction ,  loin  de  nuire  h  l'intérêt ,  Taugmentenf. 
ao  contraire ,  en  exprimant  la  multitude  de  nuances  que 
peat  exciter  la  passion ,  nuances  qui  sont  rendues  sous 
its  formes  aussi  variées  que  la  nature  elle-même.  Le 
S^ie  du  peintre  ne  Ta  pas  abandonné  ici ,  Messieurs , 
et  la  preuve  en  est  facile. 

Rappelez-vous  ce  jeune  homme  qui  baise  la  main 
<ie  C^ar ,  et  qui,  placé  au  pied  de  la  tribune ,  fait  tous 
ses  efforts  pour  atteindre  jusques  h  lui.  Ses  pleurs  vous 
attendrissent  ;  un  héros  mort ,  la  jeunesse  en  deuil ,  avec 
un  sentiment  d'amour  et  d'expansion ,  forment  un  rap- 
prochement sublime.  Savez- voufe  ce  qui  se  trouve  situé 
su-dessous  de  cette  figure  intéressante?  une  autre  figure ^ 
que  ta  pensée  du  peintre  d'histoire  peut  seule  rencon- 
^,  et  que  l'illustre  maître  de  M.  Court  a  lui-même 
admirée  :  c'est  un  de  ces  êtres  vils  et  désœuvrés  qui 
vivent  de  scandales ,  et  dont  le  physique  ignoble  réfléchit 
me  ame  digne  d'une  telle  enveloppe  ;  c'est  un  de  ces 
pns  qui  cherchent  leurs  plaisirs  dans  les  tribunaux, 
l^nrs  spectacles  aux  exécutions ,  et  sont  toujours  prêts  à 
rendre  h  l'appel  de  la  haine  et  h  servir  les  fureurs  de 
l'esprit  de  parti.  Celui-ci  est  assis  au  pied  de  la  tribune  , 
tt  place  d'habitude ,  je  le  parierais  ;  enveloppé  d'un 
ottnteau  de  couleur  rouge  sale,  il  écoute  la  harangue 
<b  consul  (i)  ,  son  cœur  répond  h  cette  éloquence  ,  la 
fintor  brille  dans  ses  yeux,  il  mord  ses  lèvres,  et  sem-' 


(0  Antoine  araît  été  fait  consul  cette  année  par  Cé$it 


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(158) 
ble  une  béte  féroce  prête  à  s^ëUncer  sur  sa  proie  ;  les 
plis  de  son  manteau  indiquent  la  contraction  de  ses 
membres  j  et  il  est  difiOcile  de  se  Cadre  une  idée  de  la 
profonde  énergie  de  cette  figure  d^enfer,  de  cette  tête 
d'artiste  !  La  chevelure  arrondie  sur  le  firont  ^  à  la  ma* 
nière  de  Rome ,  la  proéminence  des  rebords  supérieurs 
des  oreilles  heurtés  par  la  lumière ,  la  teinte  livide  de 
CCS  joues  cavées  par  la  misère  et  toutes  les  passions 
honteuses ,  donnent  à  cette  figure  Taspect  d'un  homme 
des  bois.  Après  avoir  éprouvé  la  terreur  et  le  d^ût 
qu'elle  doit  naturellement  inspirer  ^  je  ne  pus  m'empé- 
cher  de  sourire  de  cette  remarque  qui  me  fut  faite  par 
l'artiste  lui-même  :  je  craignis  un  instant  que  cette 
comparaison  ne  fût  répétée  ^  et  que  le  public  français 
li'eût  pas  l'instinct  de  reconnaître  une  beauté  sous  une 
plaisanterie  ;  je  l'engageai  donc  à  modifier  ceUe  télé , 
mais  j^appris  avec  joie  qu^un  des  plus  grands  maîtres 
de  notre  école  s*opposait  vivement  à  ce  sacrifice,  qu'il 
appelait  une  profanation* 

Dans  la  partie  droite  du  tableau  se  trouvent  enroue 
beaucoup  d'autres  figures  qui  expriment  plus  ou  moins 
vivement  leurs  diverses  passions;  miis  parmi  celles-1^ 
je  ne  puis  m'empécher  de  citer  celle  d*uue  femme, 
vue  de  profil,  qui  est  d'une  beauté  de  faire  et  de  cxiik^ 
ception  étonnante  ;  c'est  ce  qu'on  appelle ,  en  peinture , 
une  figure  trouvée.  On  en  peut  dire  autant  d'une  autre 
fi^mme  dont  je  parlerai  tout-à-l'heure. 

En  revenant  vers  le  milieu  du  tableau ,  en  avant 
de  la  tribune,  est  un  vieillard  assis;  il  a  l'air  vénérablet 
mais  simple  ;  sa  crédulité  l'empêche  de  sentir  l'artifice 
d'Antoine  ,  et  il  désigpe  fi  son  jeune  fils ,  qui  tourne  le 
dos  aux  spectateurs ,  Brutes  et  %t^  complices.  Ce  groupe 
rappelle  un  morceau  antique  peut-être ,  mais  ce  jeune 
homme  h  moitié  nud  est  une  belle  étude ,  bien  placée 
là ,  et  personne  ne  peut  s'empêcher  d^admirer  û  tête 
du  vieillard* 


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(  iSg  > 
Entre  et  groupe  et  celui  de  Brutus  s^en  trouve  un 
antre  h  deiùi-sacrifié  et  de  liaison ,  mais  qùî  renferme 
iés  beautés  de  détail.  Les  principaux  personnages  qui 
le  forment  sont  la  femme  que  j'ai  annoncide  pl'us  haut^ 
(tse$  deux  enfants.  SajCQiRure ,  composée  de  tresses  re- 
couvertes de  bandelettes  en  forme  de  réseau ,  convient 
parfaitement  h  son  caractère  de  tête.  Les  yeux  et  les 
bras  levés  vers  la  tribune  j  elle  exprime  la  part  bien 
we  qu'elle  prend  a  l'événement  ;  mais,  par  un  sentiment 
particulier  qui  doit  dominer  dans  son  sexe ,  la  curiosité , 
ses  jeux  se  portent  surtout  sur  le  corps  de  César  assas- 
siné, et  elle  fait  tout  ce  qu'elle  peut  pour  lé  bien  voirt 
A  sa  droite  ,  un  enfant  nud  se  cramponne  h  sa  cuisse  ^ 
et  semble  la  prier  de  Télever  dans  ses  bras  pour  qu'il* 
poisse  voir  aussi  :  cette  étude  ne  laisse  rien  à  désirer.  A' 
sa  gauche  est  son  autre  enfant,  debout  sur  une  pierre  r 
il  domine  le  corps  de  sa  mère ,  qui  s'appuie*  sur  son 
épaule.  Cette  tête  d'enfant  est  ravissante. 

La  peau  est  un  peu  brune  ,  ce  qui  forme  une  heureuse 
opposition  avec:  celle  de  la  mère.  Au  milieu  de  celte 
xèoe  tumultueuse  ^  sa  figure  eM  sans  émotion  bien  vive  ; 
il  regarde  attentivement  Bmtus ,  et  ses  yeux  expressifs 
annoncent  une  raison  précoce.  La  coupe  de  la  tête  ,  les 
afflies  frontale  et  pariétales  très-prononcées ,  prouvent 
«ne  grande  capacité  cérébrale  ,  et  Ton  démêlé  facilement 
tns  ces  regards  fixés  sur  Brutus  les  germes  de  l'énergie' 
et  les  traiti  d'une  grande  àme  ;  c'est  uil  petit  Romabi 
ins toute  la  force  du  terme i  aussi,  admiré  par  tous, 
le  nom  lui  en  est-il  resté. 

Ua  autre  enfant,  porté  sur  les  épaules  de  éon  père , 
doQt  la  figure  est  très-jolie  ^  mais  rappelle  m  peu  les 
Christ  de  Mignard ,  est  vu  de  profil ,  et  mérite  aussi  de 
jastes  éloges.  ^ 

Le  fond  de  la  sc^ne  est  occupé  par  la  &çade  du 
temple  de  Jupiter ,  dont  la  foule   inonde  le  pënstile 


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(  i6û) 
fpmië  de  colonnes  d'ordre  corinthien ,  surmontâmes  d^on 
fronton  que  couronne  iui-mOme  la  statue  colossale  du 
dieu.  L'horizon  est  borné  par  les  édiCces  qui  entourent 
le  forum  Y  couvert  d'une  multitude  dont  l'attitude  et  les 
mouvements  indiquent  une  sédition  ou  un  grand  événc^ 
ment. 

J'ai  n^ligé  dans  cette  énumération  un  grand  nombre 
de  personnages  qui ,  sacrifiés ,  suivant  l'expression  tech- 
nique ,  dans  le  talileau,  doivent  Tétre  aussi  dans  la 
description. 

L'ensemble  de  cette  vaste  composition  est  imposant  ; 
on  éprouve  involontairement  ^  quand  on  la  voit  pour 
la  première  fois,  l'impression  que  ne  manquent  jamais 
de  causer. les  ouvrages  d'un  mérite  supérieur.  Mais  lors- 
qu'on y  revient ,  ce  dont  il  est  difficile  de  s'empêcher , 
il  faut  être  bien  peu  instruit  ou  bien  peu  sensible  pour 
ne  pas  éprouver  de  profondes  émotions. 

Trois  reproches  principaux  ont  été  faits  à  ML  Court. 
Le  premier  est  le  manque  d'air,  et  la  cpofusion  dans  les 
groupes.  Il  y  a  ici  jugement  précipité  par  défaut  d'e)ca* 
men  assez  approfondi  :  cet  cfiet  n'a  plus  lieu  b  une 
seconde  inspection.  Je  l'éprouvai  un  instant  moi-même 
h  la  première  vue  :  je  l'avouai  au  peintre ,  mais  j'ajoutai 
que,  dans  mon  opinion,  cela  tenait  aux  proportions  de 
sa  toile,  et  non  à  la  disposition  des  groupes  eux-mêmes;, 
il  me  serra  la  main  avec  expression,  en  me  disant: 
vous  êtes;  juste ,  vous ,  et  cela  me  fait  grand  plaisir  ; 
je  me  suis  aperçu  trop  tard  que  ma  toile  était  un 
peu  trop  étroite,  je  n'avais  plus  le  temps  de  recom- 
mencer (i), 

K 

(i)  Je  me  suis  convaioca  depuis  »  par  on  nouvel  examen,  quVn  cfTet 
cette  confusion  n*est  qu*apparente  ;  cependant  nous  ne  pouvons  noos 
empêcher  dVngager  M.  Court ,  dàni  •#•  autres  compositions  »  à  é^t«K 
•el  incom^nient. 


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(  i6«  ) 

Le  second  reproche  est  celui  fait  h  la  couleur ,  de 
laquelle  on  a  dit  qu^elle  était  trop  crue ,  trop  terne  et 
Irop  calme.  La  vérité  est,  Messieurs,  qu'elle  n'est  point 
fcrillantéè,  fausse  et  de  convention ,  comme  on  semble 
le  désirer  de  nos  jours;  mais  tranquille  comme  la 
naUire,  brillante  où  il  le  faut,  et  surtout  vraie  et 
llaUeuse  h  Tœil  du  connaisseur,  (i)    , 

M.  G>urt  n'étudie  que  la  nature ,  dont  il  veut  être  Tin- 
terprète  fidèle  ;  aussi ,  dans  son  tableau ,  on  reconnaît 
f abord  un  style  noble  mais  simple,  une  belle  en- 
tente, de  Timagination ,  mais  avec  sévérité,  une  noble 
indépendance  de  ces  règles  abusives  ou  surannées  de 


0)  L«  preoTe  qae  c*est  avec  intention  que  M.  Court  a  donné  à  son 
>>^Q  cette  couleur  calme  et  tranquille ,  c'est  que,  dans  d'autres  com- 
foiitietts  qui  ont  fignré  à  la  même  exposition ,  il  a  prouvé  qu'il  pouvait 
c^loyer  aussi  avec  succès  les  tons  chauds  et  brillants.  Des  connaisseurs 
ont  partagé  notre  avis  sur  ce  point ,  et  nous  citerons  ,  à  leur  exemple  ^ 
ifn.  taUeanx  de  ce  pôotre ,  remarquables  par  la  beauté  et  le  brillant 
^  U  coaleor.  L'on  représente  une  jeune  &lle  italienne  ,  baisant  la  maia 
fin  capucin  assis;  Tautre^  le  portiait  d'une  jeune  italienne,  coiffée 
(acbeveuxy  et  pinçant  de  la  mandoline.  {Annales  des  arts,  1827  , 
Kp  36  ),  Cette  même  figure  a  été  reproduite  par  Tauteur ,  à  gauche  de 
h  icf ,  dans  le  beau  tableau  du  Méocama ,  qui  représente  la  basilique  de 
Saat-Rerre  à  Rome. 

Id  eacorc  nous  engagerons  M.  Court  i  céder  un  peu  au  goût  de 
Maâcelc,  qui  aime  Téclat  de  la  couleur;  il  saura  toujours  éviter  le 
fittbdUant.  Maïs  une  main,  même  habile,  sait  combien  il  est  difficile 
'atteindre  le  vrai  ton  de  la  nature  ;  et  il  faut  que  les  grands  artistes  de 
>etxe  pajs  fassent  oublier  le  reproche  fait  tant  de  fois  à  TécoU  fron- 
tale 3e  prodiguer  les  tons  gris.  Quand  on  a  vécu  en  Italie ,  on  peut  , 
^■émoire,  prêter  du  charme  à  notre  ciel  sombre ,  qui  est  la  véritable 
CMK  du  défaut  reproché  à  nos  artistes  :  ils  ont  été  fidèles  à  la  nature 
Ib'îW  vvjaîent  dans  notre  climat  où  les  tons-  pâles  et  ardoisés  sont»  s^ 
fr^inits ,  tvoM  on  ciel  souvent  pluvieux.  C'est  sous  ce  rapport  surtout 
IkU  voyage  d'Italie  est  otiley  et  nous  sommes  certains  que  M.  Court , 
911  va  encore  visiter  cette  terre  classique,  profitera,  pour  sa  gloire  et 
Mi  flaiiiis ,  de  ctitt  aovycUt  énigntîoB. 

ai 


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(i6a  ) 
^ école  que  Ton  a  eu  raison  de  flftrir  du  nom  de  rou^ 
ine;  mais  surtout,  et  c'est  la  le  gage  de  son  avenir, 
un  ëloignement  invincible  pour  ces  barbouillages  h  effets 
de  charlatanisme  dont  on  a  déshonoré  Pexposition 
dernière  (i),  et  dont  Taspect  repoussant  pour  les  yeux  et 
pour  le  cœur  blesse  a  la  fois  le  bon  sens,  le  goût  et  la 
nature  !  M.  Court  a  beaucoup  étudié  les  belles  fresques 
de  ritalie  ;  c'est  dans  les  inspirations  et  les  œuvres  des 
Raphaël,  des  Michel- Ange,  etc.,  qu'il  a  puisé  des 
exemples  et  des  préceptes  ;  aussi  sa  couleur ,  que  je 
l'engage  h  conserver,  imite  un  peu  la  sévérité  et  la 
tranquillité  des  fresques ,  et  loin  d'être  blâmé  sous  ce 
rapport,  nous  pensons  qu'il  mérite  d'être  applaudi. 

Enfin ,  Messieurs ,  on  a  dit ,  en  dernier  lieu ,  que  le 
style  de  son  architecture  était  lourd  :  c'est  s'attaquer  au 
manteau  de  la  statue.  Il  est  convenable  et  noble  ;  il  y  a 


(i)  Nous  atirîons  pu  ajouter,  et  t exposition  de  1827.  Nous  arons 
tù  en  effet  avec  peine,  maU  sans  5ur][»ri$e,  que  la  médiocrité  se  fàt 
élancée  dans  une  carrière  ouverte  par  un  talent  remarquable,  mais 
égaré.  Les  concessions  faites  au  mauvais  goût  devaient  entratner  une 
pareille  conséquence.  Quelqu^un  eùt-il  jamais  pu  penser  que',  an  dix- 
neuvième  siècle ,  après  la  restauration  opérée  par  Vien  ,  David  et  les 
maîtres  de  cette  école,  on  concevrait  de  nouveau  la  beauté ,  en  pein^ 
ture,  sans  dessin,  sans  ordonnance,  sans  style?  que  le  cbarlatanisme 
d'un  coloris  à  antithèse,  qu'on  pie  passe  cette  expression,  trouverait 
des  sectateurs,  des  admirateurs,  et,  par  conséquent,  des  imitateurs? 
Remonter  aux  causes  de  cette  décadence  de  Técole,  qu*on  voudrait 
faire  marcher  si  près  de  sa  splend-eur,  serait  trop  long  et  trop  étran» 
ger  à  notre  sujet.  Nous  nous  verrions  entraînés  dans  le  domaine  det 
lettres,  des  sciences,  de  la  politique  même,  et  nous  n'avons  pour  cela 
ni  le  temps  ,  ni  les  forces.  Espérons  dans  la  justice  du  simple  bon  sent 
elle  ne  se  fera  pas  long-temps  attendre.  Il  faut  quelquefois  laisser  le» 
erreurs  avoir  proniptrment  leurs  résultats  liécessaires  :  ils  leur  serrent 
de  contre-poison.  Les  combattre  trop  tôt,  c'est  expoier  des  esprits 
bibles  à  leur  accorder  du  crédit,  parce  ^u^ntie  oppositibfl  itotempë»-> 
tive  leur  prête  une  importance  qbCdtés  A^atmiléht  jtrtiiiè  acqdii  ^p^à 
•llcs-mèm^  ! 


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(i63  ) 
pTus,  ce  mâTique  d^âdgance  raffiné  est  un  mérite  de 
localité;  l'architecture  grecque,  transportée  h  Rome ,  ne 
doit  point  y  conserver  le  caractère  de  Tarchitecture 
d^Atbèoes. 

Je  ne  fais  pas  mention  d'autres  critiques  moins  spé- 
deuses.  Que  penser  du  blâme  ou  des  éloges ,  quand  la 
maovaise  foi  ou  la  passion  sont  évidentes  ? 

Disons-le  donc  avec  franchise,  parce  que  le  talent 
n^te  la  vérité ,  il  y  a  des  défauts  dans  la  compositioiv 
ia  jeune  lauréat  ^  eh  !  qu'on  me  eite  un  tableau  sanf 
iSànts  !  Mais,  en  revanche ,  que  de  beautés  d'ensemble 
et  de  détail!  Quelle  énergie,,  quelle  profondeur!  quelle 
kardiesse-  dans  l'emploi,  et  encore  plus  dans  l'élusion 
des  règles  !  Quand  on  réfléchit  que  ce  tableau ,  fait 
en  dix  mois ,  est  ta  première  production  historique  de 
grande  dimension  de  son  auteur  ;  quand  on  se  rappelle, 
après  son  tableau  de  concours  (i),  cette  Scène  dit- 
Dâugt  exposée  dans  notre  Musée ,  et  si  forte  d'études 
et  d'expression  (a)  ;  cet  Hippoljte  renversé  de  son  char , 
fn  Fa  suivie,  et  qui  va  orner  la  riche  galerie  d'un 
prince  du  svig  ;  quand  on  se  rappelle  le  passé,  dis-je , 
çie  Ton  voit  le  présent  et  que  l'on  songe  b  l'avenir , 
fd  pourrait  s^empécher  de  s'écrier  :  il  y  a  Ui  un  grand 
peintre! 

Messieurs ,  nous  vous  avons  rendu  avec  franchise  et 
QDs  art  les   impressions  que  nous   avons  ressenties; 


(i)  Le  tableau  qnî  a  mérité  le  grand  prix  à  M.  Court ,  représentait 
S>BMa  lirré  aux  Philistins  par  Dalila  qui  vient  de  lui  couper  les  che^ 
*c«x.  Cette  composition  est  brûlante  du  feu  sacré  :  die  annonçait  et  qufe 
X*  Coort  dcrait  tenir.  Le  pitraier  mouvement  de  Semson  surpris,  qnî 
F^te  U  main  à  ses  chereux ,  avait  été  généralement  admiré.  Ce  tableau 
«tpb^  «vec  les  antres  ouvrages  couronnés,  dans  la  salle  d^ exposition, 
«  If  osée  àeê  Petits-Angnstins. 

W  UHippolyie  m  été  ac^uU  par  S.  A.  R.  Monseigneur  le  due 
éOdéaas» 

SI* 


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(  iG4) 
mais  nous  n^avons  point  eu  la  prétention  d^en  parier 
en  connaisseur.  Plusieurs  de  nos  confrères  auraient  ce 
pouvoir ,  et  je  désire  que  d'heureuses  circonstances  les 
mettent  à  même  de  vous  rendre  un  compte  plus  fidèle 
et  plus  savant  de  ce  bel  ouvrage  !  Quant  à  moi ,  je 
n'ai  eu  qu'un  but,  c'était  de  motiver  la  proposition 
que  je  vais  avoir  Fhonneur  de  vous  faire. 

M.  Court  est  de  Rouen ,  Messieurs  :  deux  membres 
/  de  notre  Académie  (i)  ont  guidé  ses  premiers  pas  ;  sui- 
vons leur  exemple  et  continuons  leur  ouvrage.  L'artiste, 
le  peintre  surtout,  a  besoin  d'indépendance  et  d'aisance  , 
principalement  lorsqu'il   doit  faire  des  sacrifices  pour 
habiter  plus  long-temps  la  terre  des  beaux-arts.  Vous 
savez  d'où  notre  compatriote  est  parti ,  où  il  est  arrivé, 
où  il  peut  parvenir  ;  à  personne  plus  qu'à  nous ,  Mes- 
sieurs^ qui  possédons  dans  notre  sein  des  confrères  dont 
les  pinceaux  reproduisent  avec  tant  de  succès  les  diefs- 
d'œuvres  de  l'art  ;  à  personne  plus  qu'à  nous  »  dis-je , 
n'appartient  le  droit  d'aider  le  jeune  peintre  à  attein- 
dre le  noble  but  où  il  tend  ;  c'est  notre  mission ,  notre 
devoir.  C'est  dans   le    sein   de  l'Académie   que    prit 
naissance  cette  école  de  Descamps ,  glorieusement  sur^ 
nommée  TEcole  normande.  C'est  à  nous  de  nous  mon- 
trer dignes  de  nos  aînés ,  en  soutenant ,  en  encourageant 
le  plus  illustre  élève  qu'ait  encore  fourni  cette  école. 
Vous  avez  entendu  le  rapport  favorable  qui  nous  a  été 
fait  sur  l'état  de  nos  finances ,  dans  une  de  nos  réu- 
nions ;  vous  savez  que  l'on  nous  prépare  une  nouvelle 
salle  de  séances  plus  vaste  :  mettons-y  le  plus  noble  ^ 
le  plus  glorieux  ornement  qui  puisse  la  décorer,  char- 
geons Court   de   reproduire   quelque   trait  histori<]ue 


(t)  M.  Descamps  y  consenratenr  clu  Musée  de  Rouen  |  et  feu  Car— 
|> entier,  professeur  à  YÈcoXt  de  dessin  de  Rouen. 


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(  i65) 
ëdairci  par  nos  travaux,  illustre  par  nos  concours. 
Ceux  qui  nous  succéderont  conserveront  de  nous  un 
souvenir  de  reconnaissance  et  un  germe  toujours  présent 
d'émulation.  La  ville  de  Rouen ,  la  France  vous  devront 
peot-^tre  un  chef-d'œuvre,  car,  ne  vous  y  trompez 
pas,  Messieurs,  un  tableau  commandé  à  Court  par 
nne  autorité  bienveillante  et  généreuse  excitera  sa 
reconnaissance  et  son  zèle  ;  commandé  par  nous  , 
je  le  dis  parce  que  je  le  crois,  il  excitera,  avec  ce 
sentiment ,  la  joie  et  Fenthousiasme ,  et  c'est  la  pre- 
mière inspiration  des  chefs-d'œuvre  ;  car  on  m'ob- 
jecterait en  vain  que  nous  serons  peut-être  chargés  de 
d&igner  le  sujet  d'un  tableau  que  l'administration  doit 
commander  âi  Court.  Ce  sera  un  double  honneur  pour 
nous,  procurons-lui  donc  aussi  une  double  gloire.  Un 
tableau  demandé  par  l'Académie  sera,  je  le  répète, 
la  plus  douce  ,  la  plus  fertile  récompense  de  ses  travaux 
et  de  ses  succès.  Ne  lui  laissons  pas  décerner  par  d'au- 
tres la  palme  quHl  a  méritée.  Je  le  proteste  devant 
TOUS ,  Messieurs ,  amateur ,  riche ,  et  membre  de  l'Aca- 
di^e,  je  contraindrais  mon  cœur  à  lui  laisser  avant 
moi  le  droit  de  donner  des  encouragements  au  talent. 

Telle  est,  en  effet,  notre  plus  belle  prérogative; 
exerçons-  la  donc  ,  puisque  notre  situation  nous 
le  permet  :  nous  ne  trouverons  jamais  une  plus  belle 
occasion.  Vous  avez  proposé  un  prix  scientifique  d'une 
ïrtilité  directe  pour  le  département ,  un  prix  de  littéra- 
ire peut  être  aussi  remporté;  quel  triomphe  pour  vous, 
si,  le  jour  de  votre  séance  solennelle,  un  tableau  de 
Court  figurait  à  cette  fête.  Jamais  vous  n'auriez  mieux 
loérité  votre  triple  titre,  et  les  applaudissements  de 
DOS  compatriotes^  de  toute  la  France,  retentiraient  au- 
tour de  nous ,  car,  n'en  doutez  pas ,  Messieurs ,  un  tel 
triomphe  serait  populaire  ! 

Que  diraient  les  nouveaux  conseillers  de  la  couronne , 


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(  i66) 
en  apprenant  le  noble  usage  que  nous  disons  de  ses. 
dons  !  Ils  seraient  plus  que  surpris  que  Ton  eût  pu 
avoir  Fidée  de  nous  priver  d^une  dotation ,  toujours  si 
bien  employée  !  Ils  nous  la  rendraient ,  Messieurs ,  en 
l^augmentant  peut-^tre  ^  pour  en  enrichir ,  par  nos 
mains,  les  Sciences,  les  Lettres  et  les  Arts  (i). 

J^ignore  comment  PAcadëmie  accueillera  ma  pro- 
position ;  je  ne  Tai  puisée  que  dans  mon  cœur ,  et  je 
proteste,  sur  mon  honneur,  que  personne  au  monde 
ne  me  Ta  suggérée ,  que  le  jeune  peintre  surtout  Tignore. 
Car  je  Tai  jugé,  Messieurs ,  et  je  n^aurais  pas  voulu  lui 
donner  Tespoir  d'une  si  grande  joie ,  s'il  ne  devait  pas 
le  voir  réalisé.  Mais  j'ose  espérer  qu'il  le  sera  :  ma  pro- 
position trouvera  un  appui  dans  vos  cœurs ,  dans  votre 
dévouement  à  la  science  et  aux  arts ,  dans  votre  zcle 
héréditaire  pour  illustrer  et  encourager  tout  ce  qui  tient 
à  la  gloire  et  à  la  prospérité  de  notre  belle  patrie  ! 

J'ai  donc  l'honneur  de  vous  proposer  de  voter  une 
somme  pour  demander  à  M.  Court  un  tableau  destiné  à  orner 
notre  nouvelle  Salle  des  séances. 

Plein  d'espoir  et  de  confiance ,  je  dépose  ma  propo- 
sition sur  le  bureau ,  et  je  la  recommande  avec  instance 
au  zèle  et  à  la  bienveillance  de  mes  confrères. 


(i)  L* Académie  recevait  du  département  ane  dotation  de  i5oo  fir. 
Le  conseil-général  Ta  votée  Tannée  dernière  |  comme  de  contomc;  mûi» 
elle  a  été  retranchée  par  le  ministre. 


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(  .67  ) 
NOTICE 

SUR  ALAIN    BLAKCHARD  , 

(  AirCTÂTIOH    DES    H18T0EII5S    BODUITES  )  , 

Par  M.  Thtfod.  Jjcf^wr. 

Messieurs, 

Entre  tous  les  sièges  soutenus  par  la  ville  de  Rouen , 
le  plus  c«flèbre  sans  contredit  est  celui  de  i4i8,  com- 
maïklé  par  le  roi  d'Angleterre  en  personne.  Quelques 
Mvains  modernes  ont  vu,  dans  un  individu  nomme 
Alain  Blanchard ,  le  héros  de  ce  siëge  mémorable.  Leur 
opinion  sVst  propagée  depuis  comme  un  fait.  Tel  a 
Aé  même  le  résultat  de  leur  amour  pour  cette  idole  ^ 
<|ue  la  gloire  réelle  des  habitants  a  tout- a-coup  pâli 
<Wanl  le  gloire  factice  de  Blanchard.  Je  viens  deman- 
ir  justice  pour  qui  elle  est  due  ;  je  viens  réclamer  pour 
I*  ville  de  Rouen  toute  entière  des  honneurs  h  tort 
iécernés  à  qui  n'en  fut  jamais  digne  ;  je  viens  enfin 
pUider,  contre  une  réputation  usurpée  ,  la  cause  de 
nngt  mille  renomm«*'es  légitimes.  D'abord  on  a  fait 
^  Blanchard  un  homme  généreux ,  ensuite  on  lui  a 
prête  une  réponse  magnanime  ,  enfin  on  n'a  plus 
frouvé  assez  de  trompettes  pour  célébrer  son  héros: 
^QJoard'huif  Messieurs,  nous  en  sommes  a  délibérer 
<il  ne  conviendrait  pas  de  lui  élever  des   trophées. 

Le  continuateur  de  Velly  a  probablement  la  plus 
grande  part  à  la  propagation  de  Terreur  que  je  signale. 
•  Les  habitants  de  Rouen ,  dit-il ,  étaient  excités  prin- 
npalement  par  Alain  Blanchard,  le  même  qui  avait 
pr&édenuneDt  soulevé   la  ville   contre  Gaucourt.  Ce 


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(  i68) 
chef  du  peuple  était  devenu  un  hëros.  Ils  entreprirent, 
ious  sa  conduite  ,  de  faire  une  sortie ,  au  nombre  de  dix 
mille.  Déjà  une  partie  avait  pénétre  jusqu'au  camp 
ennemi ,  lorsque  le  pont ,  dont  le  perfide  gouverneur 
avait  fait  scier  les  soutiens  ,  s'ahyma  dans  le  fl^ÊOt  \st!c. 

tous  ceux  qui  se  trouvèrent  dessus Il  fallut  céder 

à  la  nécessité Les  articles  de  la  capitulation  furent 

rédigés.  Ils  contenaient ,  en  substance ,  que  la  garnison 
sortirait  désarmée  y  ^....  et  qu^on  remettrait  au  pouvoir 
du  Roi  un  petit  nombre  de  citoyens ,  parmi  lesquels 
était  Alain  Blanchard.  Ces  victimes  publiques  fléchirent 
le  monarque  h  force  d'argent  ;  le  seul  Blanchard  le  trouva 
inexorable.  Son  courage  ,  qui  aurait  dû  le  faire  res- 
pecter ,  fut  ce  qui  le  perdit.  On  appréhendait  qu'il 
n'excitât  quelque  nouveau  tumulte.  On  eût  dit  que  les 
Anglais  n'osaient  s'assurer  de  la  paisible  possession 
de  leur  conquête  sans  ordonner  son  supplice.  11  mourut 
avec  une  constance  héroïque ,  qui  dut  faire  rougir  le 
vainqueur.  » 

Tout  cela,  ouVpeu-près,  est  faux. 

L'histoire  ne  s'invente  pas ,  Messieurs  ;  les  écrivains 
modernes  doivent  nécessairement  consulter  leurs  de- 
vanciers ,  en  remontant  ainsi  jusqu'à  la  narration 
contemporaine.  Nous  avons  ici  des  contemporains; 
ch  bien  !  à  Texception  de  la  mort  de  Blanchard  ^  tout 
est  inexact  dans  le  rapport  de  Villaret. 

Il  dit  que  les  habitants  de  Rouen  étaient  excités  prin- 
cipalement par  Alain  Blanchard  ;  Saint-Remy  et  Mons- 
trelct  désignent  un  autre  individu  comme  l'amour  et 
l'espoir  des  habitants  de  Rouen.  Cet  individu  se  nom- 
mait Laghen ,  bastard  d'Ally.  «  Ils  se  fiaient  plus  en 
lui ,  déclare  Saint-Remy ,  que  en  nul  des  autres  ca- 
pitaines. Il  avait  acquis,  dit  Monstrelet,  la  rcnonnnée 
et  bienveillance  de  tous  les  bourgeois  et  àianans  d'irelle 
ville.  Sous  la  conduite  de  Blanchard  ,  prétend  Villaret , 


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(  i69) 

les  babiUots  entreprirent  de  faire  une  sortie  au  nombre 
de  dix  mille.  »  Mais  les  contemporains  ne  prononcent 
même  pas  le  nom  de  Blanchard  à  cette  occasion  , 
H  donnent ,  au  contraire,  h  entendre  que  la  sortie 
était  commandée  par  Laghen  ,  bastard  d^Ally.  «  Le 
poDt ,  ajoute  Yillaret  ,  dont  le  perfide  gouverneur 
mit  £ut  scier  les  soutiens  ,  s^abyma  dans  le  JUuqc  , 
avec  tous  ceux  qui  se  trouvèrent  dessus.  »  L^auteur 
se  trompe  ici  grossièrement  :  Faction  se  passa  au 
oord  de  la  ville,  et  non  pas  au  midi  ;  il  ne  s^agit  point  du 
pont  de  la  Seine ,  mais  d^un  pont-levis  ;  les  soldats 
tombèrent  dans  un  fossé ,  et  non  dans  la  rivière.  Tout 
ce  que  Yillaret  ajoute  sur  Théroïsme  de  Blanchard  est 
de  pore  invention.  L^s  documents  authentiques  pré- 
sentent lliomme  sous  un  aspect  tout  diflérent.  Ouvrons 
aussi  Monstrelet ,  celui  de  tous  les  écrivains  du  temps 
que  les  historiens  modernes  citent  de  préférence  ,  celui- 
&  même  sur  lequel  s^appuie  Yillaret  ;  et  voyons  d^a- 
bord  ce  quHl  dit  de  Blanchard  et  de  sa  conduite  dans 
Rouen,  deux  ans  avant  le  siège  de  la  ville. 

«  En  ces  propres  iours ,  par  Texhortation  d'aucuns  qui 
estoient  favorables  et  aymoient  le  duc  de  Bourgongne , 
le  meirent  sus  par  manière  de  rébellion  aucuns  mes-* 
dians  gens  et   de  petit  estât  en  la  \âlle  de  Roiicn  : 
desquels  estait  le  principal  tm  nommé  Alain  Blanchart , 
fm  depuis  fut  capitaine  du  commun  d'icelle  ville.  £t  de 
Ùt  allèrent  à  la  maisop  du  BaUUf  royal  de  ladicte  ville 
de  Roâen ,   nommé  messire  Kaoul  de  Gaucourt ,  et 
tOQs  armez  et  embastonnez  ,  busquèrent  h  son  huys  très 
brt,  disant  à  ceux  de  dedans  :  nous  voulons  cy  entrer 
H  parler  à  Monseigneur  le  Baillif  pour  lui  présenter 
uitraistre  que  nous  avons  maintenant  prins  en  la  ville , 
et  pouvoit  estre  environ  dix  heures  de  nuict.  Ausquels 
tt  re^>ondu  par  iceux  serviteurs,  qu'ils  meissent  leur 
pisonnierseiareiBWt  iius<iiie$9itt  leademain  :  neantmoins^ 

aa 


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(  i7o  ) 
^lit  par  leur  importunité  tant  par  force  comme  au-* 
irementf  ouverture  leur  fut  faicte.  Et  tantost  ledit  Baillif 
se  leva ,  et  affutlé  d^un  grand  mântel  vint  parler  à 
-eux  :  et  lors  aucuns  de  la  compaignic  qui  avotent  les 
faces  mucées  Toccirent  cruellement.  Et  après  eux 
partans  de  I^  allèrent  en  Thostel  de  son  lieutenant 
Aommé  lean  Léger ,  et  le  meirent  h  mort ,  et  de  1^ 
en  autres  lieux  en  tuèrent  iusques  h  dix.  »  (T.  i*'',  p.  240). 

Qu^arriva-t-il  !  cVst  que  le  Dauphin ,  depuis  Char- 
les YII  j  instruit  de  Texpëdition  héroYque  commandée 
par  Alain  Blanchard  ,  vint  h  Rouen  avec  des  forces ,  et 
nomma  un  nouveau  Baillif,  «  commandant  à  icelnj, 
ajoute  Monstrelet,  quHl  prensîst  punition  de  tous  les 
homicides  trouvez  coulpables  par  bonne  information, 
de  la  mort  de  son  prédécesseur ,  et  ainsi  en  fut  fait  des 
aucuns  :  mais  le  dessusdit  Alain  Blanchart  s'absenta 
certaine  espace  de  temps ,  et  depuis  retourna  en  la- 
-dicte  ville  de  Rouen  ou  il  eut  grand  auctoritë  et  gou- 
vernement ,  comme  cy  après  sera  declairé  »•• 

Vous  le  voyez ,  Messieurs,  peu  sVn  est  fallu  qu^ Alain 
Blanchard  n'ait  été  mis  au  gibet  ;  il  était  certainement 
pendu  ou  décapité  sHl  eût  été  pris,  et  il  demeure  des 
h  présent  démontré  quHl  méritait  le  dernier  supplice. 

Louis  I*'  de  Harcourt ,  archevécjue  de  Rouen ,  s'ef- 
força ,  en  bon  pasteur  ,  d'excuser  les  roupableâ ,  en  pré- 
textant ,  a-t-on  dit ,  la  surcharge  des  impôts  5  le  véri- 
table motif,  c'est  celui  que  donnent  5aint-Rcmy, 
Monstrclet  et  d'autres  contemporains.  En  effet,  plus 
d'une  émeute  de  ce  genre ,  opérée  par  la  même  espèce 
<le  gens,  et  sous  la  même  influence,  avaient  déjà  eu 
lieu  sur  différents  point.  «  Au  niols  de  taay ,  dit  Jac- 
ques Lebouvier  ,  écrivain  du  temps  ,  par  le  comman- 
dement du  duc  de  Bourgongne  ,  se  mirent  sus  iin  tas 
de  bouchers  et  escorchours  de  bestes,  qui  firent  capitaine 
un  de  leur  compagnéc ,  nommé  Sîmonnet  Caboche.  » 


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Xi70 

L'AIala  Blanchard  de  Monstrelet  est  le  Simonoelî 
Caboche  de  Jacques  Lebouvier. 

Prâendra-t-oo  que  Blanchard  sVst  repenti  depuis?* 
qu'il  a  cherché  à  faire  oublier  son  crime  par  un  dé- 
Tooement  sans  réserve  ?  Mais^  dans  ce  cas ,  ceux  des- 
contemporains  qui  parlent  de  Tindividu  en  feraient 
menlioo;  il  leur  échapperait  au  moins  un  mot  qui 
le  donnerait  à  entendre.  £h  bien  !  non ,  Messieurs  ^ 
Satat-Aemj  et  Monstrelet  racontent  les  horreurs  du- 
iM%e  ;  ils  parlent  de  la^  capitulation ,  de  l'entrée  triom- 
phante de  Henri  Y  ;  et  dans  tout  cela  ,  pas  une  exprès-- 
sioo  en  Thonneur  d* Alain  Blanchard.  A  la  fin  du  récit 
seulement  ils  laissent  tomber  négligenunent  ce  peu^^ 
de  paroles  l  «  Et  le  lendemain ,  ledit  Boy  d* Angleterre 
feist  coupper  la  teste  à  Alain  Blanchart,  capitaine  duk 
commun.  »  (  Monst. ,  p.  a  70.  )  Yoilb ,  Messieurs ,  toul 
ce  que  disent  les  contemporains  ^  et  pas  autre  chose. 
Ce  qu'ajoutent  les  modernes  ne  repose  sur  rien. 

Parce  que  Saint-Bemy  et  Monstrelet  ont  dit  que 
Bbochard  était  capitaine  du  menu  commun^  quelques- 
^▼ains  se  sont  empressés  d'ea  Caire  ua  capUaine  dc^ 
kmgeois. 

Messieurs,  menu €ommun,e.i  bourgeoisie  n'étaient  point 
qrnoDjrmes.  Les  écrivains  de  L'époque  ne  les  confondent 
jamais  :  ^  £t  pour  ce ,  dit  une  ancienne  chronique  ^ 
qu'en  icelle  année ,  le  très  noble  et  très  chrestien  royaume 
it  France  »  et  la  bonne  cité  de  Paris ,  estoient  au  plus 
but  honneur  ,  auctorité  et  renommée  de  tous  les. 
royaumes  cbrestiens,  où  abondoit  le  plus  de  noblesse  , 
dlionneur ,  de  biens  et  richesses  largement ,  tant  ei^ 
nombre  de  princes ,  prélats ,  chevaliers^  cl^TCs^marchandSf 
H  commun,.^  »  —  «  Et  ainsi ,  ajoute  plus  loin  la  mémç 
dvoDÎque  ,  et  ainsi  eurent  tout  le  commun  du  peuple 
pour  eux.  En  suite  ils  prirent  en  leurs  maisons  le^ 
lôgoeors  et  bmirgws..^  t  et  en  pillèrent  et  tuèrent  beau^ 


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coup. .. ,  soU  prélats  ,  barons  ,  chevaliers  ,  el  escnycrs , 
bourgeois ,  et  marchands....  »•  Vous  le  voyez  ,  Messieurs  , 
les  bourgeois  sont  ici  pillt^s  et  tués  par  le  commun  : 
commun  et  bourgeois  notaient  donc  pas  la  même  chose. 
De  nos  jours  on  dît  encore  bourgeois  ;  au  lieu  de  menm 
commun ,  nous  disons  bas  peuple,  Blanchard  commandait  3i 
ses  ^aux  ;  il  n'était  point  capitaine  des  bourgeois  ,  en- 
core moins  maire  de  Rouen ,  comme  on  Ta  prétendu. 

On  a  répété  partout ,  on  répète  encore  aujourd'hui 
que  Blanchard  fit  partie  de  trois  hommes  exigés  3i 
discrétion  par  le  vainqueur.  Pour  embellir  le  récit, 
on  a  dit  que  Blanchard  sVtait  volontairement  offert 
h  la  vengeance  de  Henri  V.  De  là  cette  réponse  ma- 
gnanime :  «  Je  n^ai  pas  de  bien  ;  mais  quand  j'en  aurais , 
je  ne  l'emploierais  pas  pour  empêcher  un  Anglais  de 
se  déshonorer!  » 

Yoilb  les  paroles  attribuées  à  lliomme  que  nous  avons 
vu  dirigeant  les  assassins  du  Baillif  royal ,  de  son  lieti^ 
tenant ,  et  de  dix  autres  ;  paroles  qui  ne  se  trouvent  dans 
aucun  document  respectable ,  imaginées ,  si  je  ne  me 
trompe ,  par  Saint-Foix ,  et  que  Yillaret  lui-même  n^a 
pas  osé  répéter. 

Ici,  Messieurs,  je  n'accuse  les  modernes  que  d'am- 
plification. Ils  ont  été  induits  en  erreur  par  les  contem- 
porains eux-mêmes ,  011  je  trouve  ce  passage  ;  «  ....  Fut 
ordonné  que  ledit  Roy  d'Angleterre  auroit...  trois  hommes 
à  faire  sa  voulenté  ;  lesquels  fiirent  dénommez ,  c'est 
à  sçavoir  maistre  Robert  de  Linet ,  vicaire  gênerai  de 
l'archevesque  de  Rouen  ;....  le  second  fiit  un  boui^eois 
nommé  lean  lourdain,  qui  avoit  eu  le  gouvernement 
des  canonniers  ;  le  tiers  fiit  nommé  Alain  Blanchart  , 
qui  estait  capitaine  du  menu  commun ,  et  avoit  esté 
le  principal  de  ceux  qui  à  l'autre  fois  avoient  mis  à 
mort  messire  Raoul  de  Gaucourt,  bailltf  de  Roilcn.  m 

Les  contemporains  sont  ici  en  défaut.  Les  conteia-» 


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(  «73) 
porains,  Messieurs ,  ne  figurent  qu^en  seconde  ligne 
pour  le  degré  d'authenticité.  Une  autorité  plus  puis- 
sante les  domine;  ce  sont  les  actes  publics,  les  traités 
oflkieb.  Ici  nous  en  avons  un  :  c*est  la  capitulation , 
qne  les  historiens   du  temps  n'ont   connue   que  par 
om-dirc.  Ils  se  trompent  donc  eux-mêmes,  quand  il» 
ne  se  trouvent  point  d'accord  avec  cette  pièce  diplo- 
matique ,  qui  présente  les  choses  sous  un  aspect  tout 
disant.  £lle  dit  que  la  ville  remettra  au  Roi  quatre- 
Tîi^  otages....  Plus  loin ,  après  la  permission  accordée 
m  soldats  étrangers  de  se  retirer  où  bon  leur  semble- 
rail,  elle  ajoute  :  «  Excepté  les  Normands  qui  n'ont  pas 
▼oula  se  soumettre  au  Roi ,  et  qui  resteront  ses  prison- 
niers; excepté  Luc ,  italien ,  qui  sera  aussi  prisonnier  de 
notre  seigneur  Roi  (je  traduis  littéralement ,  Messieurs) , 
acepté  aussi  Guillaume   Hodicot ,  chevalier  baillif  ; 
Alain  Branche ,  (  sans  doute  notre  Blanchard  )  ;  Jean 
Scignet ,    maire  ;   maître  Robert  de    Linet  ;  excepté 
«usi  la  personne  qui  a  proféré  dUnjurieuses  paroles , 
à  r<m  peut  la   trouver  ;   excepté  aussi  le  baillif  de 
Valmont,  et  deux  marchands  de  poisson;  et  généra- 
lement tous  ceux  qui  ont  trahi  notre  dit  seigneur  Roi , 
soit  anglais,  français,  hybemois,  gascons  ou  autres, 
<Fn  d'abord  soutenaient  la  cause  dudit  seigneur  Roi.  » 
Vous  le  voyez ,  Messieurs ,  il  est  faux  que  le  roi  d' An- 
gleterre ait  demandé  trois   hommes  h  discrétion.  Au 
Bombre  de  ces  trois  individus  figure ,  dans  les  histo* 
riens,  un  nommé  Jean  Jourdain,  capitaine  des  ca- 
notmiers.  La  pièce  officielle  ne  parle  point  de  Jean 
Jourdain;  et  je  vois,  au  contraire,  dans  l'exception 
prononcée  par  le  vainqueur,  plusieurs  noms  qui  ne 
se  trouvent  pas  chez  les  historiens.  D'un  autre  côté, 
Jnvenal  des  Ursins  parie  d'une  rançon  de  a 00,000  écus 
pour  la  ville  ;  elle  aurait  été  de  345,ooo  h  en  croire 
StrRemy;  Monstrelet  le  porte  à  365,ooo;  l'acte  officiel 
*l  :  trescerUa  millîa  scuiorum.  La  confusion  est  évidente. 


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(  174) 

Cependant  I  il  est  un  fait  rapporte  par  les  contem- 
porains ,  et  que  rien  ne  contredit ,  c^est  la  décapitatiim 
d^ Alain  Blanchard  par  ordre  du  Roi.  Je  veux  Tad- 
mettre  ce  fait,  et  je  Tadmets  sur  cette  petite  phrase 
que  j^ai  citée  plus  haut  :  le  lendemain ,  Icdà  Roi  d'Att^ 
gUterre  Ju  couper  la  tite  à  Alain  Blanchard. 

£h  !  Messieurs ,  les  annales  de  cette  époque  funeste 
ne  parlent  que  de  têtes  coupées  et  de  gens  attachés 
au  gibet.  Il  ne  se  prenait  pas  de  ville ,  pas  de  château, 
pour  ainsi  dire ,  qu'il  n'en  résultât  aussitôt  de  sanglantes, 
exécutions ,  dont  il  est  quelquefois  impossible  d'assigner 
la  cause.  On  voit  seulement  que  le  vainqueur  se  dé^ 
faisait  le  plus  souvent  de  ceux  qui  n'avaient  pas  de 
quoi  payer  une  rançon.  A  la  reddition  du  château  de 
Beaumont ,  il  y  eut,  dit  la  chronique,  «  onze  des  assit%és 
qui  eurent  la  tête  coupée  ;  les  autres  furent  mis  pri- 
sonniers ,  sinon  aucuns  des  plus  grands ,  qui  s'en  allèi'ent 
par  composition  de  finances.  » 

Le  Roi  d'Angleterre  s'est  emparé  de  Montereau  ;  le 
château  seul  résiste  encore  ;  Henri  veut  que  ses  pri- 
sonniers emploient  leur  propre  crédit  pour  obtenir  la 
reddition  de  la  forteresse  ;  le  gouverneur  assi^  résiste 
à  leur  prière;  on  les  ramène  au  camp  du  Roi,  qui  les 
fait  pendre  aussitôt. 

JParmi  ceux  que  Henn  Y  fit  décapiter  après  la  prise 
de  Melun,  on  trouve  deux  pauvres'  moines  dont  l'un 
était  le  celleiier  de  son  couvent,  et  le  motif  de  leur 
supplice  n'est  point  connu. 

A  peu  près  dans  le  même  temps  que  Blanchard, 
Jean  d'Angennes,  commandant  de  Cherbourg,  eut 
aussi  la  tête  tranchée  par  ordre  du  Roi  d'Angleterre  ; 
et  ce  ne  fut  point  pour  son  opini&treté  à  se  dâendre^ 
puisque  au  contrûre  Jean  d'Angennes  s'était  laisië 
conrompre  par  l'or  des  Anglais.  Aussi  Daniel  dit-il  fort 
prudemment,  en  parlant   de  ce  goovemeuur,  «  quel-- 


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(175) 
qœ  temps  après,  le  Roi  lui  fit  couper  la  tête,  je  né 
tm  pat  quêUe  raison.  »  Et  de  Ce  que  Blanchard,  entre 
mille ,  aura  été  décapité  par  ordre  de  Henri  V ,  sans 
li'on  sache  pourquoi ,  en  concluera-t-on  ndcessaire- 
Mat, infailliblement,  qu'il  faut  lui  dresser  des  statues? 

Ed  songeant  à  Tavarice  bien  connue  de  ce  Roi  d^ An- 
gleterre; en  se  rappelant  qu'il  faisait  des  prisonniers 
par  spéculation  financière  ;  qu'il  en  achetait  de  ses 
loMats  pour  les  revendre  ensuite  à  profit;  qu'il  faisait 
enlerer  du  champ  de  bataille,  après  la  victoire,  et 
par  on  motif  d' intérêt  sordide ,  les  corps  de  ceux  qui 
^ûtnaif  nt  quelque  signe  d'existerice  ;  en  songeant  surtout 
ao  reproche  qu'on  lui  adresse  d'avoir  quelquefois  fait 
trancher  la  tête  h  l'un  de  ses  prisonniers ,  seulement 
pHir  que  les  autres  se  tinssent  bien  avertis  quMIs  ne 
Renient  pas  marchander  sur  le  prix  de  leur  rançon  : 
(0  se  rappelant  tout  cela ,  dis-je ,  on  ne  sVtonnerait 
plus  qiie  Henri  V  eût  fait  mourir  celui  de  ses  pri- 
«nniers  dont  il  n'avait  rien  à  espérer.  Et  je  dis  qu'il 
^t  mieux  que  le  sort  tombât  sur  un  assassin  que 
>»  un  autre. 

Je  ne  prétends  nullement  vous  faire  adopter  cette  ex- 
plication ,  Messieurs  ;  une  discussion  historique  n'admet 
point  de  peut-être.  Je  dis  seulement  que  personne  n'est 
«i  état  de  prouver  ce  qu'ont  avancé ,  trois  cents  ans 
»ptè$  Févènement ,  Saint -Foix  et  Villaret;  d'antres 
fetoriens  plus  estimés  que  ceux-ci ,  tels  que  Mézerây, 
Daniel,  Voltaire,  Millot,  sans  parler  d'Anquetil ,  ne 
proooncent  pas  même  le  nom  d'Alain  Blanchard.  Ju- 
▼nial  des  Ursins  ,  et  d'autres  chroniqueurs  contetti- 
porains ,  n'en  parlent  pas  davantage.  Nous  n'avons ,  je 
le  r^te ,  que  Saint  -  Reray ,  le  plus  souvent  copié 
par  Monstrelet ,  et  ce  qu'ils  en  disent  n'est  assurément 
pas  de  nature  à  lui  faire  décerner  des  couronnes.  Le 
parti  le  plus  sage,  le  seul  parti  raisonnable ,  t'est  ffap- 


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(  «76  ) 
pUqaer  ik  Blanchard  les  expressions  de  Daniel  à  Végsrà 
du  gouverneur  d^Angennes  :  il  eut  la  tête  tranchée  ;  pour- 
quoi ?  La  vérité  est  qu'on  n'en  sait  rien. 

Quant  h  ce  beau  dévouement  à  son  prince  et  à  sa 
patrie,  dont  quelques  modernes  ontEadt  honneur  à  Blan- 
chard ,  il  est  facile  de  prouver  que  cet  individu  s'est 
constamment  agité  en  faveur  du  duc  de  Bourgogne, 
qui  trahissait  sa  patne  et  son  Roi. 

Veuillez  vous  rappeler  Tétat  de  la  France  en  ces 
temps  déplorables  :  un  roi  privé  de  sa  raison  ;  les  Bour- 
guignon^  et  les  Armagnacs  se  disputant  Fautorité  sou- 
veraine ,  promenant  partout  le  ravage  et  la  désolation; 
une  rein  o  acharnée  à  la  perte  de  son  fils  ,  héritier  pré- 
somptif de  la  couronne  ;  et ,  pour  comble  de  malheur , 
l'invasion  étrangère  /avec  toutes  les  misèros  qu'elle  en- 
&nte.  Résolu ,  à  tout  prix  ,  de  s'emparer  du  pouvoir  , 
le  duc  de  Bourgogne  trahit  honteusement  son  prince 
et  sa  patrie ,  signe  avec'  Henri  Y  un  traité  secret  par 
lequel  il  reconnaît  les  droits  du  roi   d'Angleterre  au 
royaume  de  France ,  et  promet  ,   je  vais  citer  textuel- 
lement :  «  Que  sitost  que ,  â  l'ayde  de  Dieu ,  de  Nostre- 
Dame  et  de  Monsieur  saint  George,  ledit  Roy  d'An- 
gleterre aura  notable  partie  recouverte  dodit  royaume  de 
France ,  luy  duc  de  Bourgongne  fera  aadil  Roy  d^  Angle- 
terre hommaige  liège  et  serement  de  foiaulté  ,   tiel 
comme  soubjet  du  royaulme  de  France  doit  £ûre  à  son 
souverain  seigneur  Roy  de   France.....  et  que  tout  le 
temps  que  ledit  Roy  d'Angleterre  se  vuet  employer  à  la 
recouvere  desdits  royaulme  et  corooe  de  France  y  lui 
duc  de  Bourgongne  fera  guerre  avec  toute  sa  puissance  à 
ceux  qui  seront  desobéissans  audit  Roy  d'Angleterre  ». 

Le  duc  de  Bourgogne  ajoute  ,  (  admirez,  Messieurs , 
l'infamie  ,  )  que  si ,  dans  les  traités  à  intervenir  entre 
lui  et  Henri  V,  il  lui  arrivait  de  stipuler  des  excep- 
tions en  faveur  de  Vadçenaire  ou  de  son  fis  ;  c'est  ainsi 


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(  177  ) 
qu'il  désigne  le  Roi  et  le  Dauphin,  ce  serait  unique-* 
ment  pour  mieux  assurer  les  intérêts  du  Roi  d'Angle- 
terre ,  déclarant  d'avance   ces    exceptions  voides   et  de 
ïïulie  value. 

Ce  traité  est  du  mois  d'octobre  14.16.  Au  commen- 
cement de  14179  I^  duc  de  Bourgogne  met  ses  gens 
en  mouvement;  et  c'est  ici  qu'il  faut   vous  rappeler 
celle  phrase  du  contemporain  Monstre  le  t  :  «  En  ces  pro- 
pres iours,  par  l'exhortation  d'aucuns  qui  cstoient  fa- 
vorables, et  aymoient  le  duc  de  Bourgongne  ,  se  meirent 
sus  par  manière  de  rébellion  aucuns  meschans  gens  et 
de  petit  estât..... ,  des  quels  estait  le  principal  un  nommé 
Alain  Blanchart.  »  Le  résultat  de  cHle  belle  expédition , 
îDus  le  savez,  Messieurs,  ce  fut  l'assassinat  du  bailli  £ 
rojal,  de  son  lieutenant  et  de  dix  autres.  Vous  savez 
encore  que  Blanchard  ,  le  chef  des  assassins  ,  n'échappa 
^e  par  la  fuite  au  châtiment  infligé  à  ses  complices. 
Ce  sont  là  <Jes  faits  qu'il  est  impossible   de  nier  ;  et 
Blanchard  demeure  convaincu  de  meurtre ,   au  profit 
^  duc  de  Bourgogne  qui  vendait  la  France  aux  Anglais. 
Prouvez  que  la  narration  contemporaine  est  fausse  ; 
proavei-le ,  comme  je  l'ai  fait  moi-môme  ,  par  des  actes 
^tbentiques,  irrécusables;  si  vous  n'avez  à  m'opposcr 
çie  des  peiU^'é^  et  des  suppositions ,  le  renseignement 
'■ksiste  tout  entier, 

Blanchard  se  cache  pendant  plusieurs  mois.  On  ne 
fe  trouve  plus  dans  l'histoire.  Il  ne  reparaît  sur  la 
«iœ  qu'au  moment  du  siège,  et  il  ne  faut  point  s'en 
Awmer.  Le  duc  de  Bourgogne  était  alors  maître  ab- 
*oln  en  France  :  son  agent  pouvait  impunément  se 
■»Qtrer.  Le  gouverneur  Guy  Le  Bouteiller  avait  été 
pbcé  par  le  duc;  tous  les  officiers  de  la  garnison 
Paient  du  parti  de  Bourgogne.  Les  habitants  seuls  se 
battaient  loyalement ,  je  ne  dirai  pas  précisément  pour 
k  Roi,  attendu  Tétai  de  nullité  où  le  réduisait  sa  mala- 

a3 


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(178) 

ûie  ;  mais  pour  leurs  Femmes,  pour  leurs  enfanh,  pont 
leurs  foyers,  pour  eux-mêmes,  et  surtout  contre  le^i 
Anglais.  A  celte  époque,  Messieurs,  la  rivalité  entra 
les  deux  peuples  existait  déjà  depuis  près  de  trois 
siècles. 

De  tout  ce  qui  précède  il  me  sem'jle  résulter  évi- 
demment qu'Alain  Blanchard  iigure  d^abord  dans  l'his- 
toire comme  chef  d'une  troupe  d'assassins  ;  que  Henri  \ 
n'a  point  demandé  trois  hommes  à  discrétion;  qu<^ 
Blanchard  a  bien  pu  être  décapité,  mais  que  rien, 
absolument  rien,  ne  justilie  les  exclamations  de  Villarel 
&  celte  occasion ,  puisque  les  contemporains  sont  tons 
muets  sur  la  cause  de  cette  mort  ;  enfin  que  Blan- 
chard ne  fut  jamais  autre  chose  que  Tobscur  a^^ent  du 
parti  Bourguignon.  £t  qu'on  ne  dise  pas  que  l'opinion 
qui  a  fait  de  Blanchard  un  héros  est  de  celles  qn  il 
ne  faut  point  réfuter  :  qu'y-a-t-il  de  commun  entre  la 
gloire  de  cette  ville  héroïque  et  les  guet-à-pens  noc- 
turnes d'un  homme  dont  rien  n'établit  la  naissanro 
dans  nos  murs?  Remarquez- le  bien.  Messieurs,  h 
fable  de  Blanchard  écartée ,  la  valeur  de  nos  ancêtres 
n'en  reste  pas  moins  complète,  admirable,  authenti-* 
que.  L'énergie  de  l'attaque,  l'opini&treté  de  la  défense, 
la  résignation  sublime  des  habitants ,  qui  ne  cédèrent  à 
la  force  que  vaincus  par  la  faim ,  par  la  traliison  et 
par  la  misère  :  tout ,  dans  cette  lutte  désespérée,  assure 
une  part  immense  de  gloire  à  nos  aïeux  ;  et  plus  l'action 
fut  grande,  noble,  généreuse,  plus  il  faut  la  présentiT 
dégagée  de  toute  allégation  mensongère ,  de  tout  inci- 
dent controuvé.  Si  l'histoire  est  instructive.  Messieurs, 
c'est  quand  la  vérité  l'accompagne;  si  l'or  jette  un 
vif  éclat,  c'est  quand  il  est  pur  de  tout  allia^. 


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(  «79  ) 
NOTICE. 

l\$ILE   nCS  ALIÉNJÉS    DE    ftOCEN  , 

lui  à  t Académie  rojral^  ds  Rouen  ,  dans  sa  Séance   du  aS 
Ayril  i8a8  * 

Par  M.  A.  G.  Ballin. 

Messicubs  I 

Ux  établissement  d^une  haute  importance  a  ëtt^  form^ 
^pais  peu  d'annifes  en  cette  ville  ;  consacré  aux  in- 
fortunés dégrades  par  la  plus  affligeante   des  maladies 
fl  à  une  branche  pour  ainsi  dire  nouvelle   de  Fart  de 
gn^r ,  il  a  droit  de  vous  int<^resser  à  un  triple  titre  : 
l'amoarde  Thumanitcf ,  Taraour  de  la  science  et  Tamour 
Ai  pays  a  Tillustration  duquel  il  doit  contribuer.  Vous 
ïvei  déjà  deviné  que  je  veux  vous  parler  de  V Asile  des' 
^és;  et  comme  aucun  de  vous,  h  ma  connaissance  , 
ne  s'en  est  encore  occupé  dans  cette  enceinte,  je  me 
«lis  flatté  que  vous   c^couteriez   avec  bienveillance  les 
t'iails  que  je  vais  avoir  Thonneur  de  vous  communi- 
<peT  snx  cet  établissement. 

L'idée  première  en  est  due  ,  il  est  vrai ,  à  M.  Malouet , 
alors  Préfet  de  la  Seine-Inférieure  ;  mais  M.  de  Vanssay  ^ 
5on  successeur  ,  ne  doit  pas  moins  en  être  consi- 
^  comme  l'unique  fondateur  ,  puisque  lui  seul  a 
tt^nçu  les  moyens  d'exécution  et  les  a  mis  en  œuvre 
*vec  un  zèle  qu'aucune  difficulté  n'a  pu  arrêter  et  un 
SQccès  au-dçssus  de  tout  éloge. 

J'ai  d'ailleurs  pensé,  Messieurs,  qu'au  moment  où 

23. 


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(  .8o  ) 

nous  venons  de  pt-rdrc  cet  achninîstratour  dont  les  utiles 
travaux  doivent  laisser  de  longs  el  honorables  souvenirs, 
il  pouvait  i  Irc  convenable  de  vous  rappeler  un  de  ses 
plus  beaux  titres  à  la  reconnaissance  de  ce  vaste  dtf- 
parle  me  ni. 

Déjà  notre  ili^iie  président ,  dans  son  Précis  sur 
l'Histoire  de  Rouen  ,  a  traité  ce  sujet  avec  le  talent 
qui  le  distingue;  mais  la  brièveté  qu'il  sVtait  im|)osce 
ne  lai  a  pas  permis  dVntrer  dans  des  développements 
que  vous  n'entendrez  peut-elre  pas  sans  intér<!t. 

Nous  en  sommes  tous  convaincus,  Messieurs,  la 
raison  est  la  plus  belle  prérOç;alive  de  Thomme,  c'est 
elle  qui  en  fait  le  roi  de  la  nature  ;  aussi  celui  qu'elle 
abandonne  devient-il  un  objet  de  pitié  pour  ses  sem- 
blabltrs ,  quoique  lui-mOme  ne  sente  pas  Thorreur  de 
sa  position.  Long- temps  les  infortunés  attaqués  d'alû?- 
nation  mentale  furent  traités  avec  une  insouciance  ,  j(' 
dirai  même  avec  une  barbarie  à  laquelle  on  ne  peut 
penser  sans  éprouver  un  sentiment  pénible  (i)î  elle 
aggravait  leur  maladie  et  leur  causait  souvent  des  accès 
de  fureur  qui  justifiaient  en  quelque  sorte  les  violences 
qu'on  employait  pour  les  contenir. 

Ce  n'est  que  vers  le  commencement  du  dix-septième 
siècle  qu'on  s'occupa  des  aliénés  d'une  manière  spéciale  ; 
mais  aucun  établissement  remarquaJblc  n'avait  été  con- 
sacré à  leur  traitement,  avant  la  fin  du  dix-huitième. 
La  maison  des  frères  de  la  charité  de  Charenton  admet- 
tait des  pensionnaires  aliénés  depuis  1660,  mais  ils 
y  étaient  en  petit  nombre  ;  l'accroissement  de  cet  éla- 


(i)  Voyez,  dam  le  Dictionnaire  des  sciences  médicales,  l'article 
Maisons  d'aliénés  ;  l'auteur  ,  ISI.  Esquirol ,  y  donne  le  détail  des  tor- 
tures que  ces  malbeoTenx  y  souffraient  ;  on  y  trouvera  les  renseigne- 
ments les  plus  intéic6sants  sur  les  principaux  faospices  «le  TEuropc  oà 
•ont  admis  des  aliénés. 


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(  i8i  ) 
blîssemenl  ne  date  que  de  1796,  et  encore  n'est-ce  que 
depuis  peu  d'années  que  les  malades  y  reçoivent  un  trai- 
tement analogue  aux  progrès  de  cette  partie  de  l'art  de 
guérir.  Le  fameux  Bethléem  ,  de  Londres  ,  ne  mérite 
(T^  cite  que  pour  sa  magnifique  construction  ;  il 
Boffire ,  dit  M.  Esquirol ,  aucun  des  avantages  des  éta- 
Wissements  semblables  construits  de  nos  jours ,  et  ne 
remplira  jamais  le  but  pour  lequel  il  a  été  bâti.  Vers 
1786,  des  loges  furent  établies  à  Lyon  et  a  Rouen  pour 
renfermer  les  fous  ;  elles  attestent  encore  aujourd'hui 
dans  quel  état  de  misère  ils  y  vivaient. 

Depuis  cette  époque  des  administrateurs  éclairés ,  des 
savants  et  des  médecins  se  sont  occupés  de  rechercher 
les  moyens  d'adoucir  la  situation  des  aliénés ,  et  môme 
de  les  rappeler  à  la  raison.  M.  Pinel ,  nommé  mé- 
decin en  chef  de  Bicétre,  près  Paris,  en  1793,  J 
contribua  puissamment,  et  l'influence  de  ses  travaux 
ne  se  fit  pas  sentir  seulement  dans  les  principales 
nlles  de  France ,  mais  s'étendit  à  toute  l'Europe. 

La  ville  de  Rouen  fut  une  des  premières  h  suivre  cet 
exemple  :  en  1802  on  bâtit  à  l'Hospice  général  deux  cours 
ponr  les  insensés  ;  quoique  les  loges  ,  au  nombre  de 
trente-cinq  pour  les  hommes  et  de  cinquante  pour  les 
bornes ,  y  soient  humides  et  mal  faites ,  c'était  déjà 
l>eaucoup  alors ,  et  l'on  doit  rendre  hommage  aux  heureux 
tt  constants  efforts  que  le  docteur  Yigné ,  médecin  en 
Arf  de  cette  maison ,  fit  pour  l'amélioration  du  service 
(ies  aliénés. 

L'impulsion  était  donnée,  mais  les  progrès  furent 
knts;  il  n'y  a  pas  dix  ans  que,  dans  la  plupart  des 
hôpitaux  généraux,  les  aliénés  étaient  encore  li\Tés  au 
plus  triste  abandon  ;  les  maisons  mêmes  qui  leur  étaient 
spécialement  consacrées  manquaient  de  plan  général  et 
«e  distributions  convenables  pour  le  service. 

Ou  n'est  pas  mâmc  bien  fixé  aujourd'hui  sur  l'espèct 


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(i8a) 

ic  construction  la  plus  propre  h  atteindre  le  but  désire  ; 
mais  on  a  reconnu  que  le  classement  des  aliénés  par  genre 
de  maladie  (i),  toute  la  liberté  compatible  avec  leurétat^ 
clés  soins  attentifs ,  et  beaucoup  de  douceur,  doivent  ^tre 
les  premières  bases  de  leur  traitement.  La  gloire  de  mettre 
ces  théories  en  pratique,  sur  une  grande  échelle,  était 
réservée  à  Tadminislration  du  département  de  la  Seine* 
Inférieure. 

Dès  18^9,  sur  la  proposition  du  Préfet,  le  Conseil 
général  du  département  pensa  sérieusement  h  fonder  ua 
hospice  en  faveur  des  aliénés  ;  la  suppression  du  dép&l  de 
mendicité  donna  Tidéc  d'y  consacrer  le  local  de  Saint- 
Yon(2)  qui,  par  son  étendue,  son  heureuse  situation  et 
ses  vastes  bâtimens,  parut  présenter  les  éléments  d'un 
établissement  de  premier  ordre  ,  dont  Tercet  ion  fut 
autorisée  par  ordonnances  royales  des  12  jan\ier  et  6 
décembre  i8ao.  M.  de  Vanssay  en  posa  la  première 
pierre  le  a 5  août  18a a. 

Le  conseil  général  affecta  d'abord  à  cotte  importante 
création  un  fonds  de  près  de  six  cent  mille  francs,  auquel 
des  sommes  considérables  furent  successivement  ajou- 
tées; une  partie  fut  convertie  en  une  rente  de  trente  mille 
francs  pour  former  une  dotation  ,  et  le  reste  fut  employé 
en  frais  de  constructions ,  de  réparations  et  d^ameubU— 
ment.  Le  mi^me  conseil  contribue  en  outre  aux  dépenses 
annuelles. 

L'établissement,  qui  fut  ouvert  le  1 1  juillet  iSaS,  sem- 


(i)  On  trouvera  les  principes  cl«  ce  classement  dans  les  ouvrages  àet 
docteurs  Pincl ,  Fédéré ,  Gcorget ,  Ësquirol,  (  article  déjà  cité  ) ,  eU.  Vï 
rapport  de  M.  de  Pastoret ,  sur  les  hApitaux  de  Paris ,  et  le  programmi 
d'un  hospice  d'aliénés  par  M.  Desportes ,  administrateur  des  Hpitaœ 
de  Paris ,  donnent  à  cet  égard  des  détails  encore  pl«s  positifii. 

(a)  Voir,  sur  Torigmc  de  cette  maison,  le  Précis  de  TUisloire  d< 
Rouen ,  par  M.  Th.  Licquet ,  conservateur  de  la  Bibliothèque  de  cett* 
ville  ,  etc.,  etc.  (Rouen ,  1827  ,  page  107  ). 


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(i83) 
klf  aroir  surpassé  les  espérances  qu^on  en  avait  conçues  : 
il  a  excité  ralmiration  des  Français  et  des  étrangers  qui 
l'ont  visité  (i);  tous  se  sont  accordés  II  le  considérer 
comme  un  des  plus  beaux  monuments  de  notre  siècle.  Les 
kureux  résultats  quHl  présente  déjli  et  des  guérisons  assez 
DOfflbreuses  présagent  des  succès  toujours  croissants. 

La  promptitude  et  Téconomie  avec  lesquelles  cet 
important  établissement  fut  formé,  méritent  d'îître  remai^ 
qoées,  et  font  le  plus  grand  honneur  h  l'administration.  11 
s.Tait  facile  de  rendre  cette  assertion  plus  frappante  par 
pinsieurs  citations  ;  ainsi  THôtel-Dieu  de  Rouen ,  com- 
mencé en  174.9  9  ne  reçut  les  malades  que  neuf  ans  après , 
et  lliôpital  Saint-Louis ,  fondé  par  Henri  IV  en  1607  ,  ne 
fut  ouvert  qu'en  1619;  il  coûta  sept  cent  quatre-vingt- 
qmoze  mille  livres  d^alors ,  près  de  deux  millions  de  nos 
jours. 

C'est  ici  le  lieu  de  payer  aussi  un  juste  tribut  d'élojos 
aa  lèle  et  aux  lumières  du  directeur  ,  M.  Vidal ,  qui 
lon^îcmps  à  l'avance  s'était  occupé  de  recueillir  des 
observations  sur  l'ensemble  des  dispositions  a  prendre 
pour  l'organisation  de  la  maison.  11  avait  même  visité 
1)4  établissements  de  Paris  ,  de  Cliarenton  ,  de  Caen  et 
d«  provinces  méridionales  de  la  France  ,  et  contribua  , 
par  ses  rapports  ,  h  assurer  la  marche  de  l'administration , 


(1)  KoQS  citerons  enti' antres  MM.  le  baron  àt  Gérando,  le  mar- 
fô»  àt  Pasloret  ,  le  baron  Becqaey ,  le  baron  Capelle ,  clés  Préfets ,  ât» 
^t■iea^s;  le  docttur  Ësqûrol;  plusieurs  mcmbru  àt  TËcole  royale  <le 
^ecine,  des  administrateurs  de  plusieurs  hôpitaux;  le  docteur  Martini, 
^«KUw  de  THospice  des  aliénés  récemment  ouvert  à  Leubus,  près  Bies- 
In»  en  Silésîe;  le  docteur  Yulpes ,  médecin  en  cbef  de  PHôpital  des 
tliénét  de  Naples  ;  un  médecin  chargé  par  TEmpercttr  du  Brésil  de  re- 
cueillir des  renaei^ements  sur  les  maisons  d'aliénés  ;  les  pages  du  Roi  de 
Wre,  etc.,  etc.  Rétablissement  s*honore  en  outre  de  la  visite  de  Son 
^kitctse  Royale  MabaME  ,  Dnchesse  de  Berry,  et  de  S.  A.  £.  Monsei- 
PKir  le  prince  de  Croy  »  oaidlnil  p  arckevé^e  et  Rouen» 


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(  i84  ) 

daas  cette  entreprise  toute  nouvelle  ,  dont  je  vaU  es* 
sayor  de  vous  donner  une  idJe  plus  pnfcise.  C'est  à 
la  complaisance  de  M.  Vidal  que  je  dois  une  partie 
des  renseignements  consignes  dans  cette  notice  ;  je  puis 
.  garantir  également  1  exactitude  de  ceux  que  j'ai  puises 
à  d'autres  sources. 

L'établissement  occupe  ,  h  l'une  des  extrémités  de  la 
ville  ,  dans  un  quartier  peu  fréquenté ,  en  bon  air  ,  ua 
terrein  de  sept  à  huit  hectares  (  plus  de  vingt  arpents  de 
Paris)  ;  les  anciennes  constructions  contiennent  de  vastes 
dortoirs  pour  les  malades  tranquilles ,  des  logements  sé- 
parés pour  diverses  classes  de  pensionnaires  ,  une  fort 
belle  cuisine  avec  ses  dépendances,  une  buanderie  très- 
bien  entendue,  des  magasins  ,  et  tous  les  autres  locaux 
nécessaires  au  service  d'un  établissement  destiné  ^  une 
population  d'environ  cinq  cents  individus.  Les  cons- 
tructions nouvelles  conbistcnt  en  cinq  cours  affectées 
aux  malades  qui  exij^ent  une  attention  plus  particulière. 
42uatre  sont  semblables  enlr'ellcs  et  actuellement  occu- 
pées ,  deux  par  des  hommes  et  deux  par  des  femmes. 
Chacune  forme  à-peu-près  un  carré  de  cent  trente-cinq 
pieds  de  côté.  On  y  entre  par  un  petit  pavillon  où 
se  trouvent  les  chambres  des  sœurs  et  des  infirmiers  ; 
3i  droite  et  à  gauche  sont  les  cellules  ,  au  nombre  de 
vingt  ;  en  face  une  belle  grille  en  fonte  (i) ,  qui  basse 
voir  le  jardin  ;  une  galerie  couverte  ,  de  six  pieds  de 
large  ,  règne  tout  autour  ;  au  milieu  est  un  gazon  , 
orné  d'arbustes  et  de  fleurs,  que  les  aliénés  ne  cherchent 
jamais  h  détruire  ;  quelques-uns  mi^me  s'amusent  à  les 
cultiver.  Il  semble,  dit  M.  Licquet  (v.  note ,  p.  182) ,  que 
leur  imaginaiion  troublée  se  calme  à  la  vue  des  productions 


(i)  Les  grilles  et  grillages  foiHlas  ont  éXi  exécutés,  avec  beaucoup 
de  soin  y  dans  les  ateliers  lie  MM*  Waddington  frères,  k  Saint-Renj- 
sur-Epte ,  département  de  TËure. 


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(  i85) 
graclatses  de  la  nature.  Les  cellules ,  qui  ont  environ  dix 
pieds  de  Iqng,  huit  de  large  et  onze  de  haut,  ont  une 
croisée  sur  la  galerie  ;  toutes  les  croisses  sont  garnies 
dune  fenêtre  vitrée  et  d'un  volet  de  bois  ;  mais  celles  des 
malades  qui  inspirent  quelque  défiance  ont  en  outre  un 
fort  grillage  en  fil  de  fer  ou  en  fer  fondu  à  losanges  serrés. 
G«tle  clôture  a  fixé  Fattention  des  gens  de  Fart;  elle  ofire, 
avec  économie  ,  toute  la  solidité  nécessaire  ,  et  n'a  pas' 
Taspect  aflHigeant  des  barreaux  usités  dans  les  maisons 
(Faliéués.  De  l'autre  côté  est  un  large  corridor ,  sur  lequel 
donnent  les  portes  des  cellules,qui  contiennent  chacune  un 
lit,  une  table  et  une  chaise.  Les  malades  sont  presque 
toQJours  libres  dans  leurs  cours ,  et  il  n'en  résulte  jamais 
incun  inconvénient.  Les  surveillants  ont  soin  de  faire  ren- 
trer ceux  qui  donnent  quelques  signes  d'agitation  ou  de 
foreur  ;  et  un  moyen  employé  avec  succ^^s  pour  les  appai- 
ser  est  de  les  priver  du  jour ,  qui  paraît  contribuer  à  les 
exaspérer  durant  leurs  crises.  Toutefois  cette  séquestration 
n  a  lieu  qu'après  avoir  pris  les  ordres  du  médecin ,  et , 
loin  de  s'en  plaindre ,  ces  infortunés  la  demandent 
quelquefob  ;  mais  de  longs  intervalles  se  passent  sans 
qu'il  soit  nécessaire  d'avoir  recours  h  cette  mesure. 

La  cinquième  cour,  qui  vient  d'être  achevée  ,  est 
ttn  peu  plus  grande  que  les  autres  ;  elle  a  trente-deux 
celiles. 

Entre  les  cours  des  hommes  et  celles  des  femmes 
%âè\e  le  pavillon  des  bains,  où  l'on  accède  par  des 
galeries  couvertes.  Il  renferme  vingt-quatre  baignoires , 
dans  des  salles  différentes  pour  chaque  sexe ,  avec  un 
appareil  de  douches,  et  réunit  toutes  les  commodités 
désirables.  La  manière  dont  l'eau  arrive  aux  baignoires, 
«ans  robinets  et  sans  conduits  apparents ,  est  fort  ingé- 
nieuse. On  vient  d'établir  dans  ce  pavillon  une  pompe 
i  feu  très-soignée,  de  la  force  de  deux  chevaux,  pro- 
Tenant  des  ateliers  de  MM.  Périer ,  de  Chaillot.  Son 


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(  '8&  ) 
'travail ,  qui  ne  sera  que  de  cinq  a  six  heares  par  joar , 
suffira  pour  alimenter  deux  rt5servoirs  contenant  en- 
semble cinquante  mètres  cubes  d'eau ,  et  pour  chaufier 
simultanément  Teau  des  bains ,  au  moyen  d^un  emprunt 
de  vapeur  fait  ï  la  cliaudière  de  l 'appareil.  On  s^occupe 
en  ce  moment  d\itiliser  Tcau  de  condensation,  afin 
dMconomiser  le  combustible.  Ce  système  hjxlraulique 
doit  fournir  en  même  temps  Teau  nécessaire  aux  cui- 
sines, à  la  buanderie  ,  h  l'arrosage  des  jardins,  etc.,  etc. 

Le  régime  et  le  traitement  des  malades ,  dirigés  par 
•un  habile  médecin,  M.  Foville ,  élève  distingué  de 
M.  Esquirol ,  ont  généralement  reçu  Tapprobation  des 
gens  de  Tart  et  des  savants  distingués  qui  ont  été  h 
.portée  d'en  prendre  connaissance.  Rien  ne  prouve 
mieux  sans  doute  TefFicacité  des  soins  donnés  aux 
aliénés  que  leur  soumission  et  leur  docilité ,  qui ,  dans 
certains  moments,  pourrait  faire  croire  qu'ils  jouissent 
de  toute  leur  raison.  Les  hommes  s'emploient  de  bonne 
volonté  à  divers  travaux  proportionnés  à  leur  degré  de 
force  ou  d'aptitude  ;  les  femmes  travaillent  à  l'aiguille^ 
s'occupent  h  la  manutention  du  linge,  ou  secondent 
le  zèle  exemplaire  des  sœurs  dans  les  soins  qu'elles 
prodiguent  particulièrement  aux  infirmes  et  aux  aliéna 
atteints  de  maladies   corporelles. 

Cet  établissement ,  qu'une  décision  ministérielle  a 
rendu  en  quelque  sorte  central  pour  plusieurs  départe- 
ments I  est  d'ailleurs  si  bien  administré  qu'il  n'exige 
qu'un  petit  nombre  d'employés ,  eu  égard  à  sa  grande 
importance.  £n  effet ,  on  n'en  compte  que  quarante  , 
dont  quelques-uns  sont  aux  frais  particuliers  des  pen- 
sionnaires qu'ils  servent  exclusivement  ;  ce  sont  :  le 
directeur,  le  médecin,  le  chirurgien,  un  interne  ,  un 
économe ,  un  commis  aux  écritures ,  un  aumônier , 
vingt-et-une  sœurs  de  Saint-Joseph  de  Cluny  et  douze 
Hifirmiers  ;  cependant  les  malades  n'en  sont  pas  moins 


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(  »«7  ) 
tbhjei  d*uiie  surveillance  continuelle ,  de  soins  et  d'é^ 
gards  de  tous  les  instants ,  ce  que  Ton  doit  attribuer 
à  la  bonne  disposition  des  localités ,  et  surtout  au  zèle 
éclaire  des  principaux  employés.  Mais  je  dois  mW- 
réter  pour  ne  pas  fatiguer  votre  attention ,  car  il  fait- 
draU  tout  mentionner .  dans  cet  hospice ,  si  l'on  voulait  dé^ 
taUler  UmU  ce  qm  est  purfaU^  dit  encore  M.  Licquet. 

Tout  ce  qu'on  vient  de  lire  doit  vous  faire  juger , 
Messieurs  f  que  cette  fondation.,  fùt-elle  uniquement 
consacrée  à  des  pensionnaires ,  serait  encore  un  im* 
mense  service  rendu  \  l'humanité  ;  mais  le  conseil 
général  ,  dont  les  vues  philantropiques  lui  font  le  plus 
grand  honneur ,  a  voulu  que  les  pauvres  eussent  aussi 
part  ^  ce  bienfait;  il  a,  en  conséquence,  fondé  cent 
places  gratuites ,  dont  quatre-vingt-dix  sont  accordées, 
sor  la  proposition  de  MM.  les  sous-préfets,  à. des  in-^ 
digents  domiciUés  dans  le  département  y  et  dix  restent 
à.la  disposition  de  M.  lé  Préfet ,  en  faveur  des  aliénés, 
étrangers  au.  département  et  dont  le  domicile  est  in-r 
connu. 

Le  nombre  des  aliénés  existants  à  T Asile,  au.i''  janvier 
1826,  n'était  encore  que  de  cinquante-six  pensionnaires 
et  vingt-cinq  indigents  ;  voici  le  tableau  de  sa  population, 
au  i*'  janvier  1828  : 

PtDsioiiBJlRf  des  c»inniiiiies  et  hospioes 

da  déptrtencnt  de  k  Seine*Infëficore. . . 

PeatîoaBÛreft  ««  compte  des  familles. ...... 

lodifeaU 

PciMÎoaiiaifses  de  déptnementt  ëtisofert. . . 

ToUui 


btNHM. 

ftmacs. 

44 

9» 

49 

4» 

3». 

a6 

»4 

■8 

.40 

.84 

1^ 


La  proportion  des  divers  genres  d'aliénations  mentajes 
m'ayant  paru,  d'un  assez  grand  intérêt,  j'ai  demandé 
communication  de  l'état  général  oii  sont  spécifiées  les 
affection»  de  chaque  individu;  mais  comme  plusieurs. 

24. 


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(  i88) 
ont  beaucoup  d'analogie  cnir'clles,  je  les  aï  réduites  h 
quelques  classes  principales ,  dont  voici  la  comparaison 
établie  proportionnellement  h  cent  malades  : 


niCUEABLES. 


homme». 

Démence,  y  compris  quelques  para- 
lytiques   ai 

Démence  avec  ëpilepsie S 

Idëes  fixes. a 

Monomanies 4 

Démence  ou  manie ,  avec  fureur 5 

Affections  diverses a 

Imbécillité  ,  idiotisme ,  esprit  faible. .      5 


4a 


femmes. 

a6 

4 

I 
3 
6 

9 
3 


5a 


CURABLES. 


homme». 


94 


Je  n'ai  pu  faire  entrer  séparément  dans  cette  compa- 
raison les  affections  dont  il  ne  se  trouve  qu'un  exemple 
sur  deux  ou  trois  cents  sujets ,  telles  que  la  mélancolie, 
la  panophobie ,  la  démonomanie ,  etc. ,  etc. ,  et  je  les 
ai  réunies  sous  le  titre  d'affections  dherses. 

Les  deux  tableaux  précédents  donnent  une  idée  exacte 
de  la  population  actuelle  de  l'Asile  des  aliénés  ;  mais  il 
est  a  remarquer  que  si  l'on  recommençait  le  dernier  dans 
quelques  années ,  il  présenterait  des  résultats  différents  et 
beaucoup  plus  satisfaisants  ,  parce  que  dans  l'origine 
encore  si  récente  de  l'établissement,  on  y  a  transféré,  de 
divers  hospices,  un  grand  nombre  de  malades  incurables^ 
très-âgés ,  paralytiques ,  épileptiques  et  idiots,  qui  désor- 
mais ne  seront  plus  reçus  que  fort  rarement ,  l'Asile  étant 
principalement  destiné  aux  malades  qui  laissent  quelque 
espérance  de  guérison  ou  qui  ne  pourraient  rester  en 
liberté  sans  inconvénient  pour  la  sûreté  publique. 


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(  i89  ) 

Ce  que  je  viens  d'avancer  est  au  surplus  déjà  vérifie 
par  Texpérience  ,  puisque  sur  trois  cent  quatre-vingt 
quatre  malades  admis  en  1826  et  1827 ,  il  en  est  sorti 
soixante-six ,  c^est-à-dire  environ  dix-huit  sur  cent ,  par- 
faitement  guéris. 

L'établissement  s^organise  pour  cinq  c^nts  individus , 
et  Ton  suppose  que ,  dès  Tannée  courante ,  il  y  en  aura 
environ  quatre  cents.  Les  pensions  sont  fixées  ainsi  quUI 
suit  :  première  classe  ,  treize  cents  francs  et  au-dessus  ; 
deuxième  ,  neuf  cent  soixante-quinze  ;  troisième  ,  six 
cent  cinquante  ;  et  quatrième  ,  quatre  cent  cinquante. 
On  a  en  outre  la  faculté  de  prendre  des  arrangements 
avec  le  directeur ,  pour  les  commodités  et  les  avantages 
particuliers  qu'on  voudrait  assurer  aux  malades.  Il  est 
permis  à  leurs  parents  de  venir  les  voir  deux  fois  par 
mois,  mais  les  visites  des  curieux  pouvant  occasionner 
des  inconvénients  de  plus  d^une  espèce ,  on  n^est  admis 
dans  Pintérieur  des  bâtiments  que  sur  une  autorisation 
spéciale  de  M.  le  Préfet ,  qui  en  accorde  très-peu  ;  en- 
core ne  voit-on  jamais  les  pensionnaires  des  premières 
classes. 

Nota,  ht  Conseil  général ,  dans  sa  session  du  mois  de  septembre 
de  cette  année  ,  a  consacré  à  1* Asile  des  aliénés  un  long  article  de  son 
procès'Verbal  ;  il  s* est  plu  à  reconnaître  que  la  prospérité  de  cet 
établissement  s*accroit  de  jour  en  jour ,  que  les  guérisons  continuent 
is*opérer  daa^  des  proportions  tout-à-fait  inconnues  dans  les  bospices 
deBicètreet  At  Charenton;  que  les  tableaux  de  mortalité  présentent 
des  résultats  non  moins  satisfaisants  ,  et  qu'enfin  Tordre  règne  dans 
toutes  les  parties  du  service.  Après  avoir  payé  un  juste  tribut 
d*éloges  aux  principaux  employés  de  {la  maison  ,  le  Conseil  a 
donné  un  témoignage  particulier  de  sa  satisfaction  an  directeur  et 
au  médecin  ;  il  a  en  outre  invité  ce  dernier  à  ouvrir  un  registre  qui 
doit  devenir  un  jour  fort  intéressant ,  puisqu'il  sera  destiné  à  consta- 
ter, pour  cbaque  malade ,  l'époque,  les  causes  et  le  caractère  de  son 
aliéoaiion ,  ainsi  qua  les  effets  successift  des  traitements  auxquels  il 
>ur»  été  soumis. 


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(  19'  ) 

NOTICE  BIBLIOGRAPHIQUE 

Sur  m  Ouçrage  trh^are  iniHulé:  Prosa  ClSMl  P4MiSiKNSIS 
AD  DVCEM  DE  MSNA  ,  POST  CœOJSM  HeNRICI  IH  ; 

Lue  dans  la  Séance  du  4  Juillet  i8a8  , 
Par  M.  DuPUTEL. 

Messieurs  , 

Jasqu*ii  U  fin  du  dix-huitième  siècle  ,  où  nos  mœurs , 
nos  habitudes  et  notre  caractère  national  ont  éprouve  un 
changement  que  Voltaire  pressentait  sans  doute  lors- 
qu'il sVcriait ,  avec  l'expression  du  regret, 

Le  monter  tnstement  a*tccrédite  : 

te  cachet  distinctîf  du  peuple  français  ^tait  un  fonds 
inépuisable  de  gaiet(?  qui  ne  manquait  jamais  l'occasion 
()e  se  manifester  ,  même  au  milieu  des  circonstances  les 
plus  graves  et  des  plus  effrayantes  agitations  politiques. 
De  là  cette  quantité  prodigieuse  de  facéties  ,  de  satires, 
vaudevilles,  etc. ,  dont  le  catalogue  seul  contiendrait  plu- 
sieurs volumes ,  que  virent  naître  ,  sans  remonter  plus 
Haut ,  et  les  troubles  dç  la  Ligue  ,  et  les  intrigues  de  la 
Fronde ,  et  les  désordres  de  la  Régence  ,  et  les  horreurs 
àe  la  dernière  révolution ,  qui  a  détruit  Tantique  monar- 
chie de  saint  Louis  et  de  Henri  IV ,  pour  les  rétablir 
sur  une  base  constitutionnelle. 

Je  n'ignore  pas  que  la  plupart  de  ces  pamphlets  ,  éphé- 
mères enfants  de  la  circonstance ,  meurent  ordinaire- 
ment avec  elle.  Il  en  est  cependant  quelques-uns  que 
des  amateurs  recherchent  encore  comme   singularités 


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(    Î92    ) 

historiques  ou  littt^raircs,  attiras  le  plus  souvent  par 
Tamorce  trompeuse  de  la  bizarrerie  du  titre ,  et  que  Ton 
voit  figurer  dans  certaines  bibliothèques,  comme  le 
font,  dans  le  cabinet  de  quelques  curieux  ,  des  collections 
d^anciennes  monnaies  depuis  long- temps  hors  de  la 
circulation. 

Tel  est  y  Messieurs ,  Topuscule  dont  je  me  propose 
devons  entretenir  aujourd'hui  ,  dans  le  but  de  recti- 
fier Topinion  erronée  qu'auraient  pu  vous  en  faire 
concevoir  différents  bibliographes  qui  ne  Font  jugé  que 
sur  le  titre  ,  et  sans  avoir  probablement  jamais  eu  Toc- 
casion  de  le  lire. 

Cet  opuscule,  imprimé  à  Paris  chez  Sébastien  Nivelle, 
en  iSSg  ,  est  intitulé  :  Prosa  Cleri  parisiensis  ,  adducem 
de  Mena ,  post  cautem  Henrici  lll,  11  ne  contieni  que  vingt- 
quatre  pages  in-8°de  texte  latin ,  auxquelles  on  a  joint 
une  traduction  ou  plutôt  une  imitation  libre  de  cette 
pièce  singulière ,  sous  le  nom  supposé  de  Pierre  Pighe^ 
nat ,  curé  de  Stùnl-Nicolas-^es^Champs,  Cette  tradaction 
paraît  avoir  été  détachét^  d'un  autre  recueil  dont  elle  oc- 
cupait les  pages  i3  à  ai.  Ce  petit  volume  est  indiqué 
dans  tous  les  catalogues  conune  excessivement  rare  ;  et  ce 
qui  prouve  qu'il  Test  en  effet,  c'est  que  le  seul  exem- 
plaire que  l'on  en  connût  alors  a  été  vendu  plus  de 
trois  cent  soixante  francs  à  la  vente  de  M.  Tabb^  Shé- 
pher,  en  1786  ;  mais  un  bibliophile,  peut-être  celui-là 

ataire  a  si  haut  prix , 
crainte  de  voir  périr 
plusieurs  copies,  le 
1787  ou  1788,  sous 
du  premier  impci- 
empjiaires  seulement 
m  H  bonheur  de  me 
iseignements  qui|  je 
?ttre. 


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(  193  ) 

M.  V^bhé  DucloSf  dans  son  Dictionnaire  bibliogra- 
phique ,  généralement  attribué  au  libraire  Cailleau ,  est 
le  premier ,  que  je  sache ,  qui ,  après  en  avoir  donné  une 
description  assez  exacte ,  a  cité  ce  livre  comme  un  ma^ 
mtnunt  du  plus  odieux  fan/Uisme.  M.  Fournier  a  copié , 
sans  la  moindre  restriction ,  l'article  de  M.  l'abbé  Du- 
clos.  Mais  M.  Pseaume  a  été  plus  loin  :  non-seulement 
il  signale  la  prose  du  clergé  de  Paris  comme  un  monur- 
moit  du  pbu  hanteu»  et  du  plus   barbare  Janaiisme  *   il 
ajoute  :  «  Quand  un  parti  a  perdu  toute  pudeur ,  il  n'est 
«  sorte  d'excès  qu'il  ne  soit  disposé  à  sanctifier.  Certes 
«  le  prêtre   sacrilège    Pigenat  était  bien  digne  d'être 
«  le  chantre  et  le  traducteur  de  cette  horrible  prose  - 
«  car  c'était  un  de  ces  furieux  prédicateurs  de  la  Ligue , 
«  qui  faisait  retentir  les  chaires  de  Paris  de  l'apologie 
«  de  l'assassinat  de  Henri  III  ,  et  des  invectives  les 
«  plus  grossières  contre  le  Béarnais.  » 

Il  faut  convenir  qœ  ceux  qui  ont  porté  de  pareils  ju* 
gcmenu  sur  l'étiquette  du  sac,  pour  ainsi  dire,  plutôt  que 
sor  le  vu  des  pièces,  ont  pris  le  change  d'une  manière 
bien  extraordinaire.  En  effet,  cette  pro^e  ,  qu'ils  nous 
présentent  comme  l'œuvre  du  plus  odieux  fanatisme ,  et 
que  l'on  serait ,  d'après  cela ,  tenté  de  croire  n'avoir  été 
composée  que  pour  être  chantée  dans  une  de  ces  messes 
impies  qu'on  assure  que  les  ligueurs  eurent  la  sacril^e 
audace  de  faire  célébrer  en  l'honneur  de  leur  bien- 
heureux martyr  Jacques  Clément,  n'est  qu'une  satire 
très-piquante ,  où ,  sous  le  voile  quelquefois  trop  peu 
transparent  d'un  éloge  ironique  ^  l'auteur  ,  loin  de  par- 
tager les  fureurs  de  la  Ligue,  en  poursuit  avec  achamo- 
ment  les  deux  principaux  soutiens ,  le  duc  <iu  Maine 
on  de  Mayenne  ,  et  la  duchesse  de  Montpensier ,  sa 

NBUr. 

Je  pourrais ,  pour  prouver  combien  l'on  s'est  mépris 
SOT  l'objet  de  cette  singulière  prose  |  me  borner  à  vous 

a5 


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(  igi  ) 

^apporter  deux  épigrammes  que  l'on  trouve  h  la  suite, 
et  qui  suflirai^'ut ,  au  besoin ,  pour  révéler  la  véritable 
intention  de  celui  qui  Ta  composée.  La  première  est 
un  distique  latin,  adressé  ad  dementem  Parisinomm  phhem^ 
quiZ  ùnpwissùnum  Arsacidam  in  aumerum  Dhorum  refert , 
et  ainsi  conçu  : 

Famosos  quomam  petiterani  iura  UbeUos 
Spargere  ,famosis ,  S  plebs ,  resipisce  UéelMs, 

La  seconde,  intitulée  :  Sur  la  mesme  Apothéose ,  est  ce 
^quatrain ,  contenant  une  anagramme  h  la  manière  da 
4eraps  : 

Çtfi  est  ce  maUnè, 

Non  sainct ,  iniîs  daimé  ? 

Tu  le  Tsi  nommant , 

Cett  laques  Clément. 

Mais  )*ose  me  flatter,  Messieurs,  que  vous  ne  me 
saurez  pas  mauvais  gré  dVntrer  dans  plus  de  détails  pour 
irons  faire  mieux  connaître  cette  curieuse  production, 
et  justifier  Popinion  que  je  tente  de  faire  prévaloir  sur 
celle  évidemment  fausse  que  Ton  en  a  généralement 

La  prose  dont  il  s'agit  est  composée  de  vingt^uatre 
strophes  de  chacune  six  lignes  en  latin  et  douze  en 
français  ,  car ,  malgré  les  rimes ,  souvent  douteuses ,  qui 
les'  terminent ,  je  ne  puis  me  résout  k  les  appeller 
des  vers ,  et  les  citations  que  je  vais  faire  pourront 
vous  mettre  à  même  de  voir  si  c'est  ^  tort. 

C'est  au  duc  de  Mayenne  que  l'auteur  s'adresse  pour 
I^excitcr  ,  au  nom  du  clergé ,  à  sortir  des  murs  de  Parts  y 
iàfin  d'en  repousser  le  Béarnais ,  dont  il  prend  occasion 
de  faire  indirectement  l'éloge ,  comme  on  en  pefut  juger 
par  ces  deux  strophes  : 

<c  Helas  !  vostre  vaillance , 
•(  O  guerrier  valeoreux , 
m  Ne  cbauera  de  France 
«  L^ orage  malheureux  ! 


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(195) 

t^  La  gaerre  y  àuxz  cours 

«  las^tQ  bout  âe  hob  ioai  ? 
«  'Hél  combatex  sans  feinta , 
«  Composez  vos  squadroDS  ; 
«  Chefs  y  marchez  à  la  pointe 
«  Hardis  comme  lyons  : 

«  Le  Clergé  qui  se  perd , 

«  Charles  y  vous  en  reqoîezt* 

«  Voila  pas  gtandVergoiigne  ? 
««  Il  n'y  a  pas  six  mois 
«  Qu'an  fond  de  la  Gzacongne, . 
«  Ce  Piînce  Beamois 

«  Da  force  dépouillé 

«  Estait  comme  accuUë  ; 
«  Or,  en  toutes  promncea 
«  U  braoe  et  fait  le  Roy , 
«  Aux  seifneurs^.et  aux  princes 
«  U  impose  la  Loy  : 

«  Chacun ,  fois  le  Lonain  , 

K  L«  tient  pour  sonuecaiiu  ^ 

Bkmôt^  D^ligeant  même  Iqs  ptécautiope  oratoires  ^ 
a  reproche  ouvertement  h  ûcê^  prétendu  héros  soa. 
avarice  qui  le  fit  accuser  de  pécu!at ,  jure  et  non  injuria^ 
comine  il  le  dit  ^  dans  une  strophe  latine  paraphrasée 
ainsi: 

«  Voua  «tas  (qui  astOBBè)»», 
«  Pêurpecuiai  commis, 
«  Adioumè  en  personne 
«  Deuani  Us  Trenfe-sis  ; 
«  ITespcrez  estra  ahf««i 
«  Si  T019  n'allai  aux  ocnips. 

Et  pour  donner  plus  de  dévelopement  à  sa  pensée  ^. 
il  continue: 

«  Cest  un  mal  qu'auatice 
«  Familier  à  voz  meurs  ; 
«  Mais  TOUS,  aufien  dTfn'tice, 
«  Auez  doubles  valeura,  etc. 

Mais  ce  a'cst  pas  assez  que  d'avoir  accusé  le  duc 


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(  196) 

de  Mayenne  d'avarice  ;  l'auteur  le  raille  également  sur 
son  ainbition  dcçue  : 

«  Il  vous  f ai  elle  peut  estre  (*  dit-il) 
«  Qu'aux  estats  il  n*a  pieu 
«  Pour  leur  Ho/  et  leur  miistre 
«  la  vous  avoir  esleu  ; 

«•Et  du  mcsme'soucy 

«  Autres  sont  poincts  aussi , 
«t  Le  Roy  dit  Catholique , 
«  £t  vostre  Duc  Lorrain  : 
«  Mais  nostrc  Loy  saliqae 
«  Résiste  à  leur  dessein; 

«  Ou  Ton  Taboliroit 

«  UAnglob  le  droit  auroit. 

Puis  il  ajoute  aussitôt  : 

«  Nous  n'auouons  pour  Pxînce* 
«  Successeurs  a  nos  Royz 
«  £n  toutes  leurs  Pronioces 
«  Par  1*  ordre  de  nos  loix , 

«  Autres  que  ceux  du  nom 

«  £t  anses  de  Bovrbon; 
«  Ils  ont  leur  origine 
«  Du  bon  Roy  sainrC  Louys 
«  £n  masle  et  droite  Ii<>:ne , 
«  Portans  les  fleurs  de  lis 

«  Dedans  leurs  esciUiOBs 

«  Que  BOUS  recognoissons» 

Enfin,  ce  singulier  panégyrique  du  chef  de  la  Ligue, 
se  termine  par  la  promesse ,  s'il  succombe  ^  Parmëe  , 
d'une  apothéose. égale  h  celte  dé  Jacques  Clément. 
Après  ,  lui  dit-on  y 

n  Apres  maints  beaux  esloges 
«  Maint  riche  monument , 
«  Dans  nos  Martyrologes 
«  Vous  et  laques  Clém^t 

«(  Serez  canonises 

«  Au  reng  des  mieux  prises* 

Permettez  que  je  vous  le   demande  ici ,  Messieurs , 


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{  197  ) 
comment  pourrait-on,  d'après  ce  qae  je  viens  de  vouf 
CD  citer,  se  méprendre  encore  sur  les  motifs  que  Ton 
i  eus  en  composant  cette  prose  singulière  ,  et  la 
supposer  irrite  par  un  fanatique  sous  l'inspiration  des 
ligueurs?  Maïs ,  pour  achever  de  démontrer  combien  est 
{rande  l'erreur  de  ceux  qui  en  ont  porté  ce  jugement, 
je  Tais  vous  donner  une  idée  des  infamies  que  l'on  y 
reproche  à  la  duchesse  de  Montpensier. 

Vous  vous  rappelez  peut-être,  Messieurs,  avoir  lu  , 
dans  le  Pyrrhonisme  de  Thistoire ,  par  Voltaire  , 
chapitre  3i ,  sous  le  titre  d'Autre  anecdote  hasardée , 
re  passage  remarquable  : 

'^  On  dit  que  la  duchesse  do  Montpensier  avait 
«accordé  ses  faveurs  au  m^rae  Jacques  Clament ,  pour 

•  l'engager  à  assassiner  son  Roi.  Il  eût  été  plus  habile 
«  de  les  promettre  que  de  les  donner  :  mais  ce  n'est  pas 

•  ainsi  qu'on  excite  un  prêtre  fanatique  au  parricide  ;  on 
«  lai  montre   le  ciel  et  non  une  femme.  Son  prieur 

■  Bouif  oin  était  plus  capable   de  le  déterminer  que  la 
«  plus  grande   beauté  de  là  terre  ;  il  n'avait  point  de 

•  lettres  d'amour  sur  lui  quand   il  tua  le  Roi ,   mais 
«  bien  les  histoires  de  Judith  et  d'Aod,  toutes  déchirées, 

•  toutes  grasses  \k  force  d'avoir  été  lues.  » 

H.  Tabbé  Duvemet,  dans  son  histoire  de  la  Sorbonne 
(tome  2 ,  page  a8) ,  répète  le  mjême  bruit ,  sans  y  ajouter 
phs  de  confiance.  «  On  assure^  dit-il  en  parlant  du  duc 
'  de  Mayenne  ,  que  "sa  soeur  promit  à  ce  jeune  moine 
•(Jacques  Clément)  des  plaisirs  plus  convenables  à  la 
«rigueur  de  son  tempérament  déjà  embrasé  par  le 
"jeûne,  l'abstinence  et  la  superstition.  On  veut  même 

■  qu^elle  Ten  ait  enivré  ;  mais ,  àjoute-t-il,  peut-on  établir 

•  des  faits  historiques  sur  des  rumeurs  populaires?  » 

Cela  n'a  pas  empêché  l'auteur  de  l'article  Jacques 
^^Ànent ,  dans  la  Biographie  connue  sous  le  nom  des 
^^  Michaud,  de  reproduire  encore  ce  fait  :  «  Les  seixç, 


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(  19») 
n  dit-ily  eurent  coniubsance  de  son  projet  ;  ils  en  parièrent 
«  aux  ducs  de  Mayenne  et  d'Aumale ,  et  à  la  duchesse  de 
«  Montpensier,  qui  voulut  voir  le  moine ,  et  c^da,  dit-on, 
«  à  ses  infâmes  désirs  pour  achever  de  le  déterminer.  » 

£h  bien  !  cette  rumeur  populaire  ^  c^  om  dit  dont 
aucun  de  ceux  qui  les  ont  répétés  n'a  indiqué  la  source , 
tout  me  porte  à  croire  que  c'est  dans  la  prose  dont  j'ai 
llionneur  de  vous  entretenir  quHb  ont  été  puisés.  Cette 
prose  est  le  premier,  peut-^tre  même  le  seul  des  ouvrages 
contemporains  où  cette  anecdote  scandaleuse  soit  consi- 
gnée, non  pas  comme  un  bruit  vague,  mais  comme  ua 
fait  positif  et  constaté. 

L'auteur  s'exprime ,  à  cet  ^ard ,  scvec  un  cynisme  qui 
ne  me  permet  pas  de  vous  citer  sans  restrictions  ce 
passage ,  même  en  latin.  S'adressant  toujours  au  duc 
du  Maine  :  Laudatur  ,  lui  dit-il , 

«  Ltadatwr  tuià  lororis 
«(  Adfectva  pltaiw  aaMni  ^ 
«  Qa«  se  magna  consUBliâ 
«  Subjecit  DomimcanOi 
«  PacUy  ut  mortem  tyranno 
u  Daret  vi  y  vel  astuiià. 

«  Hsc  nacta  virum  haud  sefntm  : 
«  £ia ,  inquit 


«  Ergo  pius  Slle  fritcr 


«  O  ter  qoaterqae  beatoa 
«  Ventm  Catkaniue  fniciiif 
«(  Compresatt  pro  ccckiîâf 


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(  »99) 

«  0  felix  lacobos  Clemens  ! 
«  Félix  martyr  y  feHx  anant 
«  later  millie»  miUia  1 

Ee  plus  loin,  reveiMnt  à  la  charge  sur  ce  fait,  dans  une 
wpère  de  prosopopée  où  il  fait  parler  le  peuple  exha- 
lant son  mécontentement ,  il  ajoute  : 

«  0  quJim  aequnta  libenter 
•«  Est  filia  matris  iter 
«  De  Estensi  fsmilia  ! 

«  Ecquid  non  rogit  libido  , 
«  Atqut  vindict»  cupido 
«  In  nente  mali  conseil  ? 

«  In-Clemens  Dominirane  » 
«  y  m  tibi  f  et  Lape  plenx 
«  Ex  tui  rimlentii! 

«  Vm  monstre  qaod  est  la  tara 
«  Statim  post  te  migratara 
«  In  demonum  consortia  ! 

Je  crois,  Messieurs,  avoir  complété  la  preuve  que 
j'avais  entreprise ,  de  manière  à  ne  laisser  aucun  doule 
dans  vos  esprits;  et  regardant  avec  raison  ma  tâche 
comme  terminée  ,  je  devrais  m'arr<?ter  ici  ;  mais  j'ai ,  en 
finissant,  à  vous  soumeltrj  encore  une  observation  qui 
pourra  ne  pas  paraître  tout-à-fait  dépourvue  d'intérêt 
aux  amateurs  de  recherches  historiques  et  bibliogra- 
phiques. 

J'ai  déjà  insinué  que  la  traduction  française  de  la  fa- 
meuse prose  du  clergé  de  Paris ,  attribuée  à  Pigenal , 
Oit  de  Sidnt-Ni'coias^es^Champs,  notait  pas  de  lui,  mais 
<ie  quelque  malin  pseudonyme  qui  aura  trouvé  plaisant  de 
le  d^iser  sous  ce  masque.  Ce  fait  ne  me  paraît  pas  de 
nature  à  pouvoir  être  même  contesté ,  pour  peu  que  Ton 
connaisse  Touvrage  ,  le  but  dans  lequel  il  a  évidem- 
ment été  composé,  et  les  principes  diamétralement 
oppoiés  qui  n^ont  cessé  de  diriger  les  actions  et  les 
discours  du  prêtre  fa^iiatiqne  que  les  ligueiu's  impatro- 


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(    200   ) 

nisèrenC,  en  i588,  dans  la  cure  de  Saint-Nicolas-des- 
Champs^  au  préjudice  du  sieur  Legeay  ou  Laugeais  ,  au- 
quel Jean  Perrière^  qui  en  était  pourvu,  Tavait  rësignëe. 
Mais  ce  qui  achève  de  démontrer  la  fraude  ,  c^est  Ter- 
reur du  prénom  de  Pierre ,  faussement  donné  à  Pigeaat 
en  tête  de  la  traduction  dont  il  s'agit,  tandis  quil  s'ap- 
pelait François ,  ainsi  que  l'attestent  tous  les  biographes 
qui  en  ont  (ait  mention ,  et  plus  encore  Tapologic  que 
public  de  lui,  en  iSgo  ,  Georges  Lapotre,  sous  le  titre 
de  Regrets  sur  la  mort  de  François  Pigenai. 

On  connaît  deux  autres  personnages  du  nom  de  Pige- 
nat,  qui  paraissent  n'avoir  pas  embrassé  avec  moins  de 
fureur  ,  que  le  curé  de  St-Nicolas-des-Champs  ,  le  parti 
de  la  Ligue,  mais  dont  aucun  n*a  porté  le  prénom  de 
Pierre.  L'un  est  Odon  Pigenat ,  frère  de  François ,  qui 
était  provincial  des  Jésuites ,  et  que  l'on  cite  dans  la 
satire  Ménippée  comme  membre  du  conseil  des  seize. 
L'autre  est  le  frère  Jean  Pigenat ,  auquel  M.  Barbier 
attribue  un  volume  in-S**  publié,  sans  nom  d'auteur, 
à  Paris, -chez  Thierry,  en  1592,  sous  ce  titre  :  Aveur 
glemcnt  des  politiques  ,  hérétiques  et  maUieutres  ,  lesquels 
veulent  introduire  Henri  de  Bourbon ,  jadis  Roi  de  Navarre, 
à  la  couronne  de  France ,  à  cause  de  sa  prétendue  succession. 
On  ignore  si  ce  dernier ,  qui  n'est  connu  que  par  la 
mention  qu'a  faite  de  lui  M.  Barbier ,  a  eu  ,  avec  les 
deux  autres ,  d'autres  rapports  que  ceux  résultant  de 
l'identité  du  nom  et  de  la  conformité  des  opinions. 


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(  ao»  ) 
FRAGMENT 

DU  SECOXD  ACIE  DE  L\  TRAGEDIE  INÉDITE  DE  BlBON , 

Par  M.  Duras  y  de  Roaen. 
ACTE  SECOND. 

SCilTE    PREMIÈRE. 

BIBON  ,   NEMOURS. 
BinON. 

Oni  I  c'en  e»t  £ûty  Nemours ,  il  nVtt  rien  qui  m*anjte: 

Aa  fer  dee  cODJartfs  il  a  Toutf  sa  t^te. 

Ses  flaUenra  lans  retour  ont  flétri  ks  vertus  ^ 

St  de  tons  nos  bienfaits  il  ne  se  souvient  plus. 

Vainement  notre  épëe  a  préparé  sa  gloire  ; 

Il  reporte  à  loi  seul  tant  de  jours  de  rictoire , 

Et  la  Ligue ,  et  les  Seize  ,  et  Mayenne  vaincus  » 

Ce  trône  qu'il  nous  doit,  il  ne  s*ett  souvient  plus. 

nteouas. 
7e  te  rania  prédîjU 


Mais  c'est  peu  qn^l  oublie 
Notre  sang  tant  de  fois  esposé  pour  sa  vie  : 
Quitte  envers  nous  ,  dit-il ,  il  ne  nous  doit  plus  rien  ; 
Je  ne  suis  à  um  yeux  qu'un  premier  citoyen , 
jQu'un  sujet  qn*il  invite  à  plus  d*obëissaiice , 
On  je  poomla  enfin  lasser  ai  patînce. 

a6 


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t  ^oi  ) 

De  unt  d*iDgraiilttde  il  recevri  lé  prix  t 
J*apprott?c  vos  projets  :  le  dessein  en  est  pris  ^ 
Henri  n'ezbte  plas  1. .  Demain  la  France  libre 
Accomplira  les  yœnx  el  dn  Tage  el  du  Tibre  ! 
Vole  et  reviens  ,  ami ,  je  veux  prendre  avec  toi 
)L*instaat  où  mxu  le  fort  je  l'entraîne  après  moi. 

SClkNE    II.    . 

BiBOiv,  seml 

Ooi ,  tn  Tas  mérita  ce  trépas  qoi  s'ftppr^te  , 

Toi  seul  as  amassé  la  fondre  sor  ta  tête  ! 

Qoel  orgneil  !.. .  Il  est  Roi  ;  mais  il  fot  mon  anki. 

Ponr  la  première  fois  mon  front  à  donc  rongi  ! 

L'ingrat  !  il  m'outrageait. ...  et  mon  lâche  silence 

L'enhardissait  cncor  à  poursuivre  l'offense  ! 

Je  n'étais  plus  Biron  :  il  m'avait  avili  ; 

On  plut6t  envers  moi  ce  n'était  plus  Henri. 

Que  dis-je  ?. . .  Dès  long- temps  il  a  cessé  de  l'ét^  ! 

L'ami  n'existait  plus  où  commença  le  maître. 

imitons  son  exemple  ,  oublions  us  bienfaits  , 

Et  y  puisqu'il  m'y  contraint ,  régnons  par  des  forfaits. 

SCÈNE    III. 
BiaON  ,  SULLT. 


Ministre  complaisant  d'un  monarqae  infidelle-» 

Qne  voulez-vous  de  moi  ?  Qoi  vers  moi  vous  appelle  ? 

Venez-vovi  insulter... 

SDUT. 

Mon  ,  ]t  sois  votre  amL 

BIBOIC. 

Vous  trompex  votre  Roi  t 


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SDixr. 

Je  respecte  Henri: 
Et  )iisqifiIorf  ma  bouche  étrange  «a  parjore|. 
Biron  y  de  le  Ibtter  ne  lui  fit  pas  l'Injure  ; 
Je  puis  même  ajonicr  qac ,  seol  parmi  les  Rois  ,. 
D'un  austère  langa^  il  ne  craint  point  la  voii. 
Faius  ainsi  que  lui  ;  souffrerà  ma  franchise  , 
Un  discours  ,  qu'entre  nons  l'intérêt  autorise  ; 
]!(on  celai  de  l'Etat ,  mais  l'intérêt  sacré 
Qu'on  doit  à  l*un  des  siens  que  l'on  croit  épaté. 

maoK. 

Vous  croyairf^His  permis,  un  discours  qui  m'outrage  ^ 

Qui  TOUS  a  donc  sur  moi  donné  cet  avantage 

Que  tout  autie ,  peut-être  i  eût  pajé  de  son  san^  ?> 

Sully  y  n'abuses  plus  de  la  fayenr  d'un  rang 

Qui  d*an  pareil  discours  augmente  l'insolence  i^ 

Ou  TOUS  me  forceries  à  quelq^  TÎolence.^ 

8UU.T. 

Alors  que  d'un  devoir  je  m'impose  la  loi  , 
libre  dans  mes  discours  y  je  parle  sans  effroi. 


Oui ,  chargé  des  honneurs  dont  un  Roi  tous  acci^le , 
Sans  doute  qu*à  vos  yeni  je  dois  être  coupable  ; 
Et  Sully ,  satisfait  par-delà  son  espoir ,  ' 

Doit  condamner  en  nous  le  besoin  du  pouvoir; 
Mab  je  veni  l'écouter. 

8UIXT. 

Heureuse  par  vos  armes , 
la  France  TQm  devait  un  tei^e  à  tant  d'alarmes  : 
Faible  cncor  par  des  m^nx  éprouvés  trop  longtemps , 
Elle.  atUndait  un  calme  après  d'affreux  tourments  , 
Et  î'osaia  espérer  que  sous  un  prince  habile 
Ocrait  avtUje  po^velle  un  ciel  p^r  et  tranquille: 

a6. 


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(  2o4  > 

Vain  cspoI(  !  Le  rëveîl  it  mifle  ambitions 
Ranime  de  noaveaa  Thydre  des  factions. 
Vainement  d*an  parti  Tor  combla  Fesp^ranoc  : 
Chèrement  acheté  pour  le  biep  de  la  France  | 
Il  vent  encor  de  Tor  et  oVst  point  satisfait  ; 
Sans  pudeur  il  demande»  on  refuse...  il  nous  hait; 
Et  d*un  peuple  appanvri  dédaignant  la  misère  , 
Moins  lâche,  il  deviendrait  on  perfide  adreisaire. 
Ce  parti  ne  vaut  pac  qu'on  daigne  Tëcrascr^ 
Et  sans  aucuns  périls  on  le  peut  mépriser. 
Mais  celui  qui  du  Roi  seconda  la  Taîllance  y 
Qui  lui  conquit  le  trÀne  et  délivra  la  France , 
La  rendit  imposante  à  Tombre  de  son  bias , 
Celui  qu'ont  signalé  mille  et  miU«  combats, 
Qui  des  fastes  henreux  d'une  immoricHe  MsUûè 
Pouvait  être  à  jamais  et  ^orgueil  «i  )a  gtobt , 
Ce  parti  deThonneur,  venMl  yreiMncet?.. 
Ce  Henri  de  lenr  choix,  ils  l^osent  ttenac«rl..«   : 
Que  prétend-il ,  en6n ,  ^ t  quelle  est  sa  démence  ?. . 
Veut-il  servir,  détmire,  ou  commander  la  France?.. 
De  Mayenne  et  des  Seize  en  fuyant  les  drapeaux 
Pourquoi  rechercha-t-il  la  palme  des  héros? 
Courut-il  dans  nos  rangs  ?  Le  temps  était  propice  : 
11  poavait  asservir  la  France  à  son  caprice , 
Démembrer  cet  état,  se  l'entre-partager : 
On  pouvait  tout  alors ,  et  même  sans  danger. 
Alors,  épouvanté  d'un  si  sanglant  outrage 
Il  a  craint  aux  Français  d'imposer  l'esclavage  :. 
Aujourd'hui ,  près  du  trône  assis  avec  6erté, 
Il  ose  menacer  sa  noble  liberté, 
L'attaquer  dans  son  prince ,  et ,  d'une  main  hardie  , 
Lever  la  hache  encor  sur  sa  triste  pa^é  l 
Et  de  tels  factieux  Biron  serait  i'appm, 
Biron,  l'honneur  du  siècle  et  Famî  dé  fienri^ 
Biron,  de  nos  guerriers  le  modèle  et  U  glwf*^ 
Pourrait  flétrir  son  nom  aux  pages  et.  l'IlIsMii^li  -  -. . 


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(   305   ) 

Non,  je  ne  le  crois  pas! Justemem  respecta, 

Biroo  Tcni  l'être  encor  dans  la  posUriië  ! 

A  qui  pot  s*ëgarer  donnes  toute  espérance  ; 
Sans  crainte  de  Henri  promettez  l'indnlgence  : 
Yoos  le  sarez ,  son  cttur  n'aime  point  à  punir 
Et  ne  toit  pins  d'oflbnse  oii  brille  ud  rtpentir. 
Oflirez  leilr  donc ,  Seigneur ,  après  un  tel  outrage  , 
Le  seul  port  qui  les  mette  à  l'abri  de  l'orage. 
S'ils  craignent  près  du  Roi  la  honte  d'un  pardon , 
Parlez  :  je  le  promets ,  je  le  jure  en  son  nom. 

BiRON. 

De  ce  discours ,  Seigneur ,  j'admire  la  prudence  : 
Mais  oui  de  mes  amis  n'a  besoin  d'indulgence , 
Et  je  dois  m'étonner  qu'il  s'adresse  à  Biron. 
Sait-on  bien  qui  je  suis?... Si  d'un  honteux  pardon 
Ja?ais  quelque  besoin  peior  prot^er  ma  vie , 
Ce  fer  m'arracherait  à  tant  d'ignominie  : 
Seul  il  est  mon  recours;  et  ce  fidèle  ami 
Me  senrira  du  moins  aussi  bien  que  Sully. 
On  connaît  ce  qu'il  peut;  il  apprendra,  peut-être , 
Kon  à  me  redouter ,  mais  à  mieux  me  connaître. 

SULLT. 

J'ai  dA 

Biron. 

Se  pourrait-il  que  l'on  me  sonpçonnit  ? 
Et  m*attrîbueFait-on  quelque  lâche  attenUt  ? 

SullV  (  açec  une  intention  tres-marynée.  ) 

Seigneur  I  cette  demande  a  lieu  de  me  surprendre. 
Henri  dans  peu  d'instants  en  ces  lieux  fa  se  rendre. 
Vous  le  suives  au  fort. . .  Et  c'est  à  Totre  foi 
Que  se  va  confier  totre  ami ,  votre  Roi. 


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(ao6) 
BnoK. 

Il  suffit 

SuUT. 

Yotrc  coeur  ii*a-t-il  rien  qui  le  bleue  ?. .  ^ 
Voos  ne  répondez  pas?..  A  regret  je  toos  laisse. 
Qae  Tois-je  !.  • .  c'est  Nemonrs!. . .  Ah  !  Biron  »  se  pent-il 
Que  TOQs  resties  muet  en  on  sî  grand  péril  !«. . 


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(2107   ) 


•w^i^oDKmwtMWKKKaotwxtww^oxwMrirm 


TkADUCTlON  libre  de  l'Ode  Z*  du  a«  ihre  d'Horace , 
Par    M.   A.   Dstulb. 

A  DELLIUS, 

Aeçois  du  même  front  les  coup»  de  la  Forlone  ; 
Fnia  la  superbe  joie  et  la  plainte  importmie , 
-Soit  que  le  sort  jaloax  te  condamne  à  souffrir  ^ 
X)u  bien  qn'i  t'enîfrer  an  banquet  de  la  tie 

Le  plaisir  te  con?ie  ; 
5oaTUns-t*en ,  Bellins ,  un  jour  tu  dois  mourir. 

Ans  lieux  où  le  ruisseau  »  luttant  contre  sa  rive , 
La  presse  en  monanrant  de  son  eau  fogitlve , 
Où  le  pin  toujours  vert ,  le  pâle  peuplier , 
L*im  vers  Tautre  inelînant  »  4  leurs  amours  fidèles , 

Leurs  têtes  fraternelles, 
Mêlent  de  leurs  rameaux  Foml^age  hospitalier , 

Fais  porter  les  parfums ,  les  guirlandes'  t  ces  roses  ^j 
Qoe  fanera  le  soir ,  et  du  matin  écluses  $ 
Là  fais  fumer  Tencens  i  là  fais  couler  le  TÎn , 
Tandis  que  y  respectant  le  printemps  de  ta  vie  , 

Atropos  endormie 
Laîjae  courir  le  fil  de  ton  heureux  destin. 

Un  jour  tu  quitteras  cette  maison  charmante , 
Ces  parcs  Toluptoeux  où  le  Tibre  serpente  , 
Ces  jardins ,  ce  talion  si  fertile  p  n  beau  ^ 


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(    208    ) 

Oai ,  ta  les  quîtleras.  Denuio  ,  demain ,  peot-étre , 

Les  pas  d*nii  nouveau  maître 
Fouleront  ces  gazons  i  ce  marbre ,  et  ton  tombeau* 

Vil  pâtre  ,  fils  de  Roi,  riche  ,  pauvre  ,  n'importe; 
L'impitoyable  mort  doit  frapper  à  ta  porte. 
Vers  Fabtme  ëtemel  nous  marchons  chaque  jour  ; 
lïotre  nom  tÂt  ou  tard  sort  de  l'urne  ûtale  p 

Et  la  barque  infernale 
An  lien  de  notre  exil  nous  passe  sans  retour. 


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(«9  ) 


■è(wmM»oi>w»»iM»*iw*w  <<iw^<M4<i^^ 


STANCES 


IMPROVISEES    DANS    UNE    PROMENADE    À^Ù   dMlTIÈRE 
MONUMENTAL  , 

fâr   M.    DuPUTSL. 

Des  ^nndlrei  lieu  ^uid  Vaaw  éépifit  ^ 
Vert  nn  moii4e  hic«iimi  itrî^e  «on  essor  •,' 
Dans  U  noit  de  rerrenr  reste-t*eile  plongée  « 
Et  de  TÛDs  préjugés  rsTeugleDi-ils  encor  ? 

Non  y   sans  doate  ;  an  inilîea  (tes  torrents  de  lomièrt  » 
Qui  rinondent  alors  ,  la  seule  vérité 
Im  montre ,  à  »ti  regards  en  brillant  toute  entière 
Le  néant  de  Torgneil  et  de  la  vanité. 

Cette  ponpe  des  morts ,  à  quoi  donc  leur  sert-elle  ? 
Et  pourquoi  surcharger  d*nn  marbre  fastueux 
De  lliomme  qui  n*est  plus  la  dépouille  mortelle  » 
Que  des  ▼en  afEunés  se  parUgent  entre  eux  ? 

De  parents  on  d'amis  qn*à  grands   frais  on  rassemble 
Les  osseaens  épars  dans  un  étroit  cafeau  : 
Croit-on  que  du  bonheur  de  se  trouver  ensemble  ^    . 
Us  sâTonrent  le  charme  à  Tombre  du  tombeau  ? 

O  Tooa  qui  m'êtes  chers  ,  vous  à  qui  je  dois  Tétre , 
Si  j'en  crob'de  mon  cœur  le  doux  pressentiment, 
Quand  la  mort  à  vos  yeux  m'aura  fait  disparaître  , 
ITinscriTCX  point  mon  nom  sur  un  froid  monument. 

2J 


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(MO) 

Sotas  quelque  hamblf  gazon ,  dam  on  lieu  solitaire  , 
Sans  faste  déposes  d*insensibles  débris  : 
A  la  terre  rendez  ce  qui  vient  de  la  terre  ; 
Nous  avons  tons  reçu  Tcxistence  à  ce  prix. 

Mais  Tame  est  le  retet  d'une  flamme  divine  ; 

£t,  du  ciel  descendue  ,  elle  y  doit  remonter  : 

Oser  même  douter  de  sa  noble  origine  , 

C'est  Fattester  encor  ; l'esprit  seul  peut  douter. 

Puisse  donc  votre  cœur  conserver  tea  mémoire  , 
Jusqu'au  jour  on  la  mort  viendra  nous  réunir  ! 
Des  plus  beaux  monumcuts  la  aplendeur  iHusdM 
Ne  saurait  compenser  un  fiev  soaveoir. 


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(mi   >: 
lE  RENAIO)  ET  LA  PINTADJa , 

Par  M.  Lv  Filleul  des  GasBROTi^ 


Un  Pintade  éult  captive , . 
Et  son  (eolier  était  un  fiilageoîs  : 
Ainsi  dn  sort  ravalent  prescrit  les  lois^ 
Wn  joor  de  la  saison  où  rhirondelle  anÎTe , 
Aq  tnvers  des  Karreanx  de  sa  cage  de  fer  ^ 
L*innocente  allongeait  la  tête  et  prenait  Tair  , 
Qnod  des  moseauz  gloutons  elle  aperçoit  le  pire  ^^ 
Le  mosean  d*nn  renard  et  so»-«&il  de  vampire. 
U  paiiTrç  volatile  eût  dû ,  sans  différer , 
Se  retirer  ; 
CVuit  bien  le  cas  d'être  preste  ! 
Hais  avant  qu'elle  en  fît  le  geste  » 
D'an  coup  de  dent  le  perfide  mosean 
S'était  vite  adjuge  l'oiseau. 
Si  j'ai  dit  l'oiseau,  je  m'arrête.: 
L'escroc  n'avait  mire  que  le  bec  et  la  crête, 
Ct  n*aTait  attrape  que  la  crête  et  le  bec  : 
Le  grillage  jaloux  le  tenant  en  échec , 
Il  n'avait  pu  prétendre  au  reste. 
Mais  qu'avait  donc  coGa  voulu  le  garnement  , 
Eb  donnant  pour  si  peu  ce  maître  coup  de  dent?' 
B^  !  le  croira-t-on ,  encor  que  je  l'atteste  ? 
Ce  qu'il  avait  vouln  ?..•  se  distraire  un  instant  , 

27. 


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(  M»  > 

Et  d*aiie  pintade  sans  tête  , 
Dans  sa  cage  setUUltair» 
Se  beortant , 
CnlbaUnt 
La  paoTre  béte  y 
Avoir  ,  faute  ^e  miens ,  le  spectacle  sanglant  ! 
Jeo  barbare  et  bien  fait  pour  plaire 
A  Tinventenr  froidement  sanguinaire. 

Le  trait  que  je  viens  de  citer 
Peint  de  certain  méchant  Todieux  caractère: 
Qoand  du  mal  qu'il  médite  il  ne  peut  profiter  ^ 
Il  le  6it  seulement  pour  le  plaisir  d'en  faixf. 


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TABLEAU 


DE 


L'ACADÉMIE  RÛTAXÊ 

DES  SCIENCES,  BELLES-LETTftBS  HT  ARTS 

DE  ROUEN, 

JOUR  l'anitée   i8a8 — iSag. 


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SIGNES  POUR  LES  DÉCORATIONS 

ijti   Ordre  de  Saint-Micheh 
:)fe   Ordre  royal  et  miUtaire  de  Smint^Lom's^ 
^   Ordre  royal  de  la  Légion  d^hoimeun 
^    Ordre  de  VEperon  d^orde  Rome, 
G.  signifie  Officier. 

C       Commandeur^ 

G,       —  Grand-Officier. 
G.  C  —  Grand-Croix. 


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TABLEAU 

DE  L'ACADÉi>nE  ROYALE  DES  SCffiNCES 

BELLES-LETTRES  ET  ARTS  DE  ROUEN , 

POUR  l'aNHÉE    1838—1829. 

OFFICIERS  EN  EXERCICE. 

M.  Lbp&ktost  y  D.  m.  y  Président, 

M.  Vice-Présidenl. 

M.  Cazalis  ,  Secrétaire  perpétuel  pour  la  Classe  des  Sciences. 

Il  BcGiKHf  (  N.  )  ,  Secrétaire  perpétuel  pour  ta  Classe  des  Belies- 

Lettres  et  des  Arts, 
IL  DuBUC  y  Bibiiotkécaire^Arclùviste , 
M.  Lkpbevost  y  TëtérinAire ,  Trésorier, 

ACADÉMICIENS  VÉTÉRANS,  MM. 

*>«n«  AVHLKt 

•K»^  lion  à  la 

M».  "V-'léran- 

ct. 

iSoi  Le   Comte  Beugnot  (  G.  C  i)f(  )  ,    Ministre  dVut ,   1806. 
«Dcien  Préfet  du  dépirtement  de  la  Seioe-Inréricore , 
à  Paris  9  rme  newe  dm  Luxembourg ,  n»  3i. 

i-j^  D*Orkat  (Jean-François-Gabriel)  ,  doyen  des  Acade-   1807. 
■ûciens  y  membre  de  rAcadémie  de  Lyon ,  de  celles 
des  Arcades  de  Rome  et  des  Georgifiles  de  Florence , 
à  St-Martin-de-Bocherfille. 

tSu.  Le  Baron  Asseun  db  Villeqdier  (  0.  ^)y  premier   1819. 
Président  de  la  Cour  royale  y  membre  de  la  Chambre 
des  Députés ,  rue  de  la  SeiHe,  n®  10. 

>8eX  ViTAus  ^,  ancien  Secrétaire  perpétuel  de  T Académie   iSaa. 
ponr  la  classe  des  sciences;  Doctenr  es  sciences  de 
lUniTcrsité;  Profiesscar  émériu  des  sciences  pby-    ^ 


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(  ai6  ) 

tiques  tm  Collège  royal  de  Roaen  ;  ancien  Profcsaenf 

4e  <;^imîe  «pplîqv^  «u  arU  ;  aienibre  de  plnsUon 

Acadëmics  cl  Sociétés  savantes,  à    Paris ,    ne  et 

Par^^s^-^BoUsannitre  ^  n«  ji. 
iHi5.  BiuinB  ^  ,    Conseiller   à  la  Goar   de   cassation  ,  \%n* 

à  Paris ,  me  de  Bani^  ,  n<>  44- 
1808.  Le   Baron  Lezuror  dk  la  Mâetkl    (0.    ^  )  ,  i8a3. 

à  Hantot 
1775.  Dbsca.bips  (  Jean-Baptiste  ) ,  Consenrateur  du  Mos^   1824* 

de  Boaen ,  membre  de   l'Académie   des  Arcades  de 

Rome ,.  me  Beaupoisme  ^  n®  3j. 
i8o3.   Pavis  ( Benjamin ) 9  Manniact,  Trésorier  honoraire,   1837. 

fe^tbourg  St-ffileire,  n®  jS. 
iSi9.   RiBAiu)  (Prosper)  ^,  ancien  Maire  de  Bon^y  rue  i8a8. 
de  !a  Vicomte,  n»  34. 

ACADÉMICIENS  RÉSIDANTS ,  MM. 

Académiciens  de  droit. 

1834.  S.  A.  E.  MgT  le  Cardinal  Prince  de  Crot  ,  grand  AamAnict 
et  Pair  de  France ,  Commandeur  de  Tordre  dn  St-Esprit , 
Arche?^qne  de  Roaen,  etc.,  em  som  Palais  archiépiseopûl, 

i8a8.  Le  Comte  de  Murât  (  C.  Sfe  ) ,  Conseiller  dVlat ,  Préfe 
de  la  Seine-Inférieure ,  en  VHâiel  de  la  prèfectare. 

i8o3.  ViGîïé  (Jean-Baptiste),  D.-M. ,  correspondant  de  U  So- 
ciété de  médecine  de  Paris ,  rue  de  ia  StiUe ,  «•  4. 
Leteluer  ,  Inspecteur  de  ^Académie   oni^ersitaire ,  rme  de 
SoUeçille ,  no  7 ,  à  St-Se?er, 

1804.  G0DEFROY,  D.-M.,  rue  des  Champs-if oHIef s ,  w>  ti. 

BiGWON  (  N.  ) ,  Docteur  ès-lettres ,  Professeur  éme'rite  de 
rhétorique  au  Collège  royal  de  Rouen  et  à  la  fiuult^  des 
lettres ,  officier  de  TUniTersité  de  France,  r.  Sènétamx ,  tifi  55. 

i8o5.  le   Baron  Chapais  de  Marivaux  #  ,  Conseiller  à  U  Cow 
royale ,  rue  St'-Jacçues ,  n«  10. 


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C  217  ) 

iloS.  fsBiàxjx  (Pierre) y  tmâea  Imprimctr  èa  Roi»  meiibre  4i 

rAcadémie  de  Caen    et  des    Sociétés  d'agricsltiipe    et  de 

commerce  de  Rooen  et  de  Caen ,  $ott/.  Beauroisine ,  n»  7^. 

Meaiwe  (  Jean- Jacqnet-ficmain  ) ,  Professew  de  mathéma- 

tiqaes  spéciales  au  Collège  royal ,  rue  Pû/isom  ,  b»  3i. 

iSod  DoBDC  l'ainéy  Apothicaîrc-ChimisCe ,  membre  dn  Jtrî  mé- 
dical do  département  de  la  Sclne-Iafériearey  correspond 
daikt  de  la  Société  de  médecine  dn  dëpartemem  de  TEarCy 
de  celle  de  pharmacie  de  Paris  ^  membre  correspondant  de 
la  Société  rojale  de  médecine ,  et  de  pknieurs  aatres  Sociétés 
savantes,  rir^ /V/r/V/r y  no  9o* 

i^>  fkfwcnL  (  Picrfe),  nte  dé  ia  Pnnn^  fi«  31.  .  - 

Lk  PmivosT  (Angnste),  de  la  Sociéti<  àt%  anti^aaires  de 
Londres  ;  de  la  Société  royale  des  antiqoaires  de  France  ; 
des  Sociétés  d^agricnltnre  de  Rouen,  Caeû,  Evreiiz  et 
Bemay;  de  U  Commission  dts  antignîté»  de  la  Seine* 
laférieore  ,  rue  de  Buffon ,  n»  ai. 
liCQOBT  (  Théodone) ,  Bibliothécaire,  à  VHàtél'-de^Vme. 
GoTTOiGUER  fils  9  rue  de  FonteuelU, 

iH  TAbbé  Lbtukquiik  db  Lq«6Ciump,  ^  rHdpital  général. 

iSiS.  Flaubert,  Docteur-Médecin,  Chirurgien  en  chef  de  i'HA- 
lei-iKeii,  tae  de  Leeat  ^  n»  7. 
Lepbsvost  ,  Vétérinaire ,  rue  St-Laurenf,  ■<>.  3^ 

i8t(k  LBvimz  y  Commissaire  du  Roi  pt As  k  Monaaie  de  Rouen , 
à  V Hôtel  des  Monnaies, 

1817.  Lt  Baron  Adah  ^,   Président  do  Tribonal   de  ]^remière 

instance  ,  pkue  Si'^Onen ,  n»  a3. 
IhmouBBAiJ  4f(i  ^  ,  Conseiller  à  la  Cour  royak ,  plbce  Sl-^ 

Ehi ,  n»  & 
IxPBBvoST  y  Doeteor-MédecÎB I  me  Mnljutbif  n»  iia. 

1818.  Ibrilbol  des  Gvbbhots  ^  ^nse  du  Mou&nel. 

Blahchb  I  D.-M.  y  ne  Bourfêrue  ,    eip-kreh  VHospkû 

générmL 
TnEL  ,  AToeat,  membie  de  h  Chambre  des  Dëptftés,  mn 

Dmnndericj  n<>i5.  • 

1819.  Bisvifiinr .  Horloger,  jplacê  de  la  CuMérak. 

a8 


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(«8  ) 

'tSao.  Hblus  fils,D.-M. ,  Médecin  encbcf  de  rH6tel«*IKe«,  fox- 

Uffart  Cauchoise ,  n*  (îg. 
Le  Comte  rit  Rivmjd  La  Raffinucmi  (  C«  %  )  (€  O.  i)^  ) , 

lietatrnant-GéAéffai  oommaodaot  la  i5*  division  militaire  , 

rue  du  Moulinet. 
Le  Marquis   db  -MAnTAinmLE    ^  ,    Genlilkooinie    de  U 

cbamlire  dô Roi ,  Maire  de Roncn ,  rue  4u  Moulinet,  n»  1 1. 
^13.   DELÀQuiiOÀAÈ  (  £.  )  »  Nëi^ant ,  rue  du  iFurdeau ,  n»  a4. 
i8a3.   HouEL  ,  Avocat ,  rue  Séuédau» ,  n»  lo. 

Caeaus  y  Professeaf  de  sciences  phyitqves  «a  Goll/ge  royal , 

place  de  la  Bougemare,  n»  39. 
LbVT,  Professear  de  natbtfnatiqaes  et  de  «ëcaniqoe  ;  des 

Acaèe'mies  de  Dijon  et  Bordeaux;  des  Soetétés  acade'miques 

de  Strasbourg  y  Metz,  Nantes  et  LUlef  Maâtit  de  pension, 

rue  S/ùnt-Pairice,  n*»  36. 
Ls  Pasquieb  ^,  Chef  de    division   à  la   Préfeclnre,    rue 

Porte- aux'-Rats, 
Dis-Alliùas  fib,  D.-M. ,  Mëdecîn  adjôitil  de  rHétel-Dien , 

etc. ,  rue  des  Charrettes ,  n^  nu 
VAifDZuvaE  (  O  ^  ) ,  Procdrenr  fénërai,  rue  de  ia  QMne, 

«•  la. 
-«834.  L'Abbé  Gossisa ,  Chanoine  honortire  à  la  Gatlrédraie  »  rma  du 

Ifo/df  n»  1. 
MAiLLBT^DuEOtJiXAT ,  AtchitecCe  eh  chef  de  la  ¥îlle  ^  fuai 

de  la  Romaine  ,  n»  7  a. 
Fbxvost  iîls.  Pépiniériste,  an  Béfs-GniUftnme.,  t  son  adresse 

à  Rouen,  rue  du  Champ-des^iscaux ^  n<>  68  ); 
BVBRAJII.,  Direct,  du  Jardin  des  plantes ,  au- Jardin  dçsjtlautes, 
Lahglois  (  E.-H. } ,  Peintre ,  Professeur  de  desnn  à  l'École 

municipale ,  rue  des  Carmélites ,  no  5. 
Lb  Tblubb  ^ ,  Ingénieur  en  chef  ^%  Pontt-«t-Chansséea  , 

rue  du  Guay-Trouin* 
Reiset  ^  ,  Receveur  général  des  îïtnànet^yfuaid^HeÊrtomFi. 
ScHWiLGDB  ,  In^nieur,  iouiepari  B^am^uisine  ^  o»  7a. 
Houtou-Labillabdièbe  ,  Profe««ear  de  chinie  appliquée  aaz 


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(  219  ) 

iSaS   Bauin  ,  Cbtt  de  dirtsion  à  h  Préfecture ,  me  dé  Crosne ,  n<^; 
DuMESML  (  Pierre  } ,  rue  de  la  Chaîne ,  n»  ai. 

1837.  MoRm  y  Pharmacien  ,  correspondant  de  l'Académie  royale 
de  médecine ,  de  la  Société  de  chimie  médicale  de  Paris  » 
de  la  Société-  linnéenoe  et  dés  sciences  physiques  et  cki* 
niqnes  de  la  même  ville;  de  là  Société  académique  de* 
Kantfs ,  et  de  plosiears  antres  Sociétés  satantes,  rue  Bou-^ 
çreaii ,  n»  27. 
Dtyou  (  Achille  ) ,  memhre  de  la  Commissibn  des  anti- 
qnités  dn  département  de  la  Seine-Inférienre ,  de  la  So« 
ciété  des  antiquaires  de  IVormandie  ,  et  de  la  Société  d'ému- 
lation de  Rouen ,  rue  de  Fontenettè,  nfl'  a  bif. 

i3i8.  ViKGTRiNiEB,  D.-M. ,  Chirurgien  en  chef  des  Prisons,  me 
de  la  Prison^  n»  33. 
BiMORT  (Prosper),  Négociant,  me  Herbiire^  n»  a8.. 

ACJVDÉMICiENS  CORRESPONDANTS ,  MM: 

17G6.  Le  Colonel  Vieomto  Toustaih  de  Richkboubo  if^ ,  à  St^ 

Martin— dtt-Manoîr ,  près  Montitilliars. 
17S7.  LevayasseuR  le  jeune ,  Officier  d'artillerie. 
i78&.  Le  Baron  Dssgehettes  (  G.  ^),  Médecin,  à^Paril ,  quai 

Foliaire  y  n»  1. 
1789.  Monhet  ,  ancien  Inâpectenr  des  Mines ,  ^Pariï ,  me  dk  VUnt* 
persilé^  n^  61. 
Le  Chet^er  Tbmier  iQc^  ,  mrmhrc  de  l'Institut,  Inspee^ 
teur  général   des    Bergeries   royales  ,  à-  Paris ,  me  des. 
Petite^Airputias ,  no  26. 
iSo3.  GusBSENT  ,  Docteur-Médecin-,  à > Parti  y  meda  Pamdts  ^ 
no  16 ,  au  Maraud 
Lbostb  ,  \  SartiJIy ,  prèa  Avranches ,  départ^  de  la  Manche. 
L1B00LLEK6BR  ^,  Ingénieur  en  chef  des  ponts  et  chaussées, 

à  Melon  ,  département  de  Seine-et*Marne. 
Le  Comte  C|iaptal  ^  (G.  Sfe),  Pair  de  France  ,  memhre 
de  rinatitnt,  à  Paris,  mfi  de  Grenelle^ t. -Oermainf  n»  83. 
MoujcvAULt  (CL.) ,  membre derinsiitot ,à  Issy  ,près  Paria 

a8. 


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(  aao  ) 
iSo3.  L*AbL^  DuARins ,  mtnhn  de  l'Acadénîc  de  Cacn ,  corres- 
pondant de  rin&tîtnt,  à  Cacn. 
le  Baron  Cc^ibb  (  G.  0.  ^  )^  Conseiller  d'Eut ,  membre 

de  rinstitat ,  k  Paris  ,  au  Jardin  du  Moi, 

Le  Marquis  D*HERBcyuTiLLB3)(c  (  G.  0.  ^  ) ,  Pair  de  Fnoce  »  à 

St-Jean-dn-Cardonnay ,  département  de  la  Seine-Inférieore. 

1804.  BonnriLUERS ,  membre    de  l'Institut  ,  à  Paris ,  rieilie  rue 

du  Temple^  n»  19. 

Dbglahd  ,  D.  m.  ,  Professeur  d'histoire  natofclle ,  à  Rennes. 

1804.  Le  Baron  Devadièiuss  ^ ,  à  Paris  ,  /v^  ^«r  Fûssis-Uont- 

martre» 
i8o5.  Boucher  ,  correspondant  de  Tlnstitat,  Directeur  dea  Douanes , 

à  AbbeTille. 
1806.   Le  Baron  de  Gsrakdo  (  C.  i}((  ) ,  Conseiller  d'Etat  ^  membre 
de  r Institut ,  à  Paris  »  impasse  Férou ,  a»  7. 
Delabouisse  y  Homme  de  lettres ,  à  Paris. 
BoiBLDiEU ,  Avocat ,  à  Paris  ,  rue  de  Vaugàrmrd^  •»   19  , 
au  Luxembourg, 
1808.  Lbbovyieh  des  Mohticbs  ,  ancien  Magistrat ,  à  Rennes. 

Sbrain  ,  ancien  Officier  de  santé ,  à  Canon ,  près   Crois- 

sanville. 
Lair  (  Pierre-Aimé) y  Conseiller  de   Préfecture,  Sccrétaîee 

de  la  Société  d'Agriculture  et  de  Commerce,  à  Gaen. 
DELANcriii^,  Chef  de  division  an  Ministère  de  riatériciir, 
à  Paris  ,  rue  Neuçe  Saint -Augustin ,  n»  54. 
1S09.   Fl^X^CŒUE  ^  ,  Professeur  à  la   faculté  des   sciences  ,    b 
Paris  ,  rue  CAercAe-Afidi ,  n»  a5. 
Hernakdez  y  Professeur  à  TEcole  de   médecine  de  h  Ma- 
rine ,  etc. ,  à  Toulon. 
Lamoureux  (Justin),  à  Bruxelles. 

Gasteuer  jgc ,  Médecin ,  à  Paris ,  me  du  Foar^Saint^ 
Germain  ,  n»  17. 
1810.  I^OSNAT  DR  ViLLERS,  Directeur  du  Dépôt  de   mendicité,  à 
Amiens. 
Le  CbevaUer  Vauqidslik  igc  ^,  membre  de  Tlnatitut ,  an 
Jardin  dm  Roi. 


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(    MI    ) 

itio.  DowiSsON ,  Méil«cb ,  à  Pam  >  nu  4ë  Fmiipufi  Si^AatMe^ 
••333. 

DoBOU-llAi$oimsinrBy  HomMe  de  leitret  ^  à  Paris»  me  de 
Vaugiraré  ^  d»  36. 

Dms ,  D.-M.  »  à  ArgenUii ,  d^firicnent  «le  TOrne. 

Le  Marqais  de  Bohardi-Dumeskil  ^  aRcieo  Officier  de  ca- 
rabiniers, aa  Meanil-Lieubraj  y  canton  d'Argaeil,  arron- 
disAement  de  Kenfeliâtcl. 

DiLAHus ,  Pharmadeii ,  secrétaire  de  la  S«citfU  médicale  , 
à  Errenz. 

Le  Comte  de  SuMàisovs  (  Donatien  )  ^  (  C.  jfs  ) ,  Gen- 
tilhomme de  la  chambre  du  Roi,  membre  de  la  Chambre 
des  Dépotas,  è  Paris,  rue  de  y^mgimrd ^  n»  ai  bis. 

LisCÀLUKR  ,  ancien  Préfet  maritime ,  an  Ilavre. 

Saisst  ,  Doctenr-Mëdecin ,  à  Lyon. 

Balmx  ,  secrétaire  de  la  Socie'tc  de  méiiecine ,  à  Lyon. 

Lbboox  des  Taois-Pieebes  y  Propriétaire  ,  aux Trois-Pierrei , 
près  St-Romain-de-Colbosc. 
iSii.  L*Abbé  Lbpuoi.  ,  ex-Recteur  de  TAcadémle  de   Rouen  ,  à 
Rennes. 

De  Lapoete-Lalaivne  ^ ,  Conseiller  rVRtat ,  à  Tintendance 
du  Trésor  de  la  Couronne ,  place  du  CarrouseL 

LisAfivAAB ,  D.~M. ,  à  Caen. 

Latime  ,  D.-SL  ,  à   Paris ,  ne  Neuve-des-Petiis-Champs  ^ 
vfi  54. 
iSu.  HBtLOT  eKS,  à  Paris,  r»eé*Aitorgy  n»  17. 

BwiLLAY  ^ ,  Pharmacien ,  à  Paris ,  rue  des  Fùssis-Moui^ 
martre ,  if  \^ 

L*Abbé  VK  RiviiBE ,  inspecteur  de  TUni? erslté ,  à  Strasbourg. 

BaïQuET,  Professeur  de  BcUes-Lcttres ,  à  KiorL 
tSil  LAMARDii  ^ ,  Inspecteur  dirîsioonaire  des  Pools  et  Chaus* 
secs,  à  Paris ,  rue  du  Megard ,  n«  1. 

Gois  fils.  Sculpteur,  à  Paris,  fmai  Conti ^  n^  a3. 

ITiAUGBiiavES  y  Aatronome ,  correspondant  de  rinatitot  ,  à 
Vivien, 
>'i(.  TAui  DES  Sablons  ^ ,  à  Paria ,  ruê  du  Graud-Çèaniier,  n»  \%. 


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(    332    ) 

i8if  PAch8DX|  Peintre,  à  Paris,  rue  St-^Florattin ,  tfi  14. 

Hassov  db  Saikt-Amahd  ^ ,  ancien  Préfet  do  déparlement 

de  l'Eure,  à  Paris,  rue  de  Bette-Chasse^  n»  i5. 
i8i5    Le   Maréchal  Comte    Jouroan  ^  (  G.  C.  ^  ) ,    Pair  de 

France ,  GooTcmenr  de  1*  ;^  DÎTision  militaire ,   rue  de 

BourioH,  vfi  52. 
Pbrcelat,  ancien  Recteur  de  rUniversité  de  Rouen ,  à  Paris. 
Geoffbot  ,  Avocat ,  à  Valognes. 
Fabbe  ,  correspondant  de  Tlnstitut ,  Ingénieur  en  chef  des 

Ponts  et  Chaussées ,  à  Brignoles. 

1816.  Rêver,  correspondant  de  Tlnstitut,  à  Conteville  ,  près  le 
Pont-Andemer. 

Bom,  Médecin  en  chef  des  Hospices,  à  Bourge?. 
LcnsELBUR  DES   LoHGCHAMPS   ^ ,  D.-M. ,  à  Pa  is  ,  rue  de- 

Joujr  %  n»  10. 
DuTROCHET  ,  D.*M. ,    correspondant  de  Tlnstitut ,  à  Cha* 

reaux ,    près  Château-Renault  (  Indre-et-Loire  ). 

1817.  Patih,  Bibliothécaire  do  château  royal  deSt-Clond  ,  maître 
des  conférences  a  Tancienne  Acole  normale ,  à  Paris  ,  rue 
Cassette^  n©  i5. 

Desoumeaox  ,    Docteur-Médecin   à  la   Faculté  de   Méde- 
cine,  à  Paris ,  rue  de  VAbhaye ,  vp  16. 
MÀRAT  ,  Médecin,  à  V^n^^ruedesPetiU'Augustins^vfi  i5. 
HuRTREL  d*Arboval  ,  Vétérinaire ,  à  Montreuil-sur-Mcr. 
MoREAU  DE  Joimès  ^  ^  ,  Chef  de  bataillon ,  correspondant 
de  rinstitut,  à  Paris  ,  rue  de  VVnioersité,  n»  18. 
t8i8.  De  Gourkat  ,  Avocat  et  DocUur-ès-iettres ,  à  Cac& 

Pattu  ,  Ingénieur  en  chef  des  Ponts  et  Chaussées ,  à  Caen. 
W  Botta  ,  Homme  de  lettres  ,  à  Paris ,  plmce  ShSuipice ,  n»  8. 

f,.  Le    Comte   de  Kergarioo  (O.  i^S),    Pair  de    France,  à 

'\  Paris,  rue  du  Petit-V augimrd ,  n»  5. 

!'  Le  Chevalier  Aliuah  de  Chazet  (0.  4^  )  ,  Homme    de 

.  I  lettres ,  à  Paris ,  rue  Godot,  n»  37. 

l  lit  Comte  DE  MoHTADT  ^  ,  à  îtointot,  par  etàBolhcc 

]  Le  Marquis  Eudes  de  Mirville  iff^    Maire,  à  Gommer-- 

▼ille  ,  par  et  à  St-Romain. 


■j 


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(m3) 

1S19.  BtxJCBABLAT ,  membre  de  laSocle'lé  philotechniqne  »  k  Parb, 

fKûi  des  Augustins  y  n»  11. 
Le  Baron  Malouet  (  C.  ^  ) ,  ancleo    Préfet  de    la  Seine- 

Inféneure  ,  à  Paris,  rue  Godot^  n«  5. 
Depauus  ,  Gravenr ,  à  Paris ,  rue  dûs  Grands- A ugtutMs  ,1101. 
1S30.  Gmum,  Natonliste,  à  Abbeville. 

Le  Baron  Cachin  >9<  (^*  ^  )  9  lD«pecUar  général  des  Ponte 

et  Chaussées ,  à  Paris  y  hétel  de  la  Monnaie, 
iSii.  VàNE])fe  ^,  Capitaine  de  génie,  an  Sénégal. 

finTHDCR,  membre  de    rinstitnt,   à  Paris,  rue  d* Enfer, 

0*34. 

L'Abbé  Jamet,  Rectenr-Institôteur  des  sourds-maeti ,  \  Caen. 
li».  Chaobrt  ,  Inspecteur  des  Ponts  et  Chavssëes  en  retraite ,  à 

Paris. 
TAbbé  Labouderik,  Grand-Vicaire   d'Avignon,  à    Paris, 

doUre  Notne-Dame  ,  no  10. 
Le  MoKisnR  (  Hippolyte) ,  Avocat ,  à  Paris ,  ruê  de  Vaw 

iirard  y  n»  9. 
Xo&éoir  (de)  ^ ,  Ingénieur  des  domaines  de  la  Couronne, 

à  Paris,  rue  Tmilhomty  n»  6. 
ÎBtÉBAxri  DK  Bbbhsaud  ,  Secrétaire  de  la  Société  linnéenne , 

à  Paris,  ne  des  Sainis^Pkrts,  n»  46. 
Bedgrot  (Arthur),  Atocat,  à  Paiîa,  rue  du fauhonrg St.- 

Honoré  f  o*  ii9i 
l^mourr ,  D.-M*,  à  Pari»,  me  Ste^Marguerile ,  n»  S^. 
^  Chaqmitts  DBS  Fossés ,  ancien  Consul  de  France  en  Suéde , 

à  Paris,  me  Daaphine,  n«  iX 
H  SoxiGQPPBB  "^ ,  Directeur  des  Douanes ,  à  St.--Malo. 
CffABdUN,  lospecteur  des  foréte  de  S.  A.  R.  Mg«  le  Duc 

d'Oriéans,  à  brille  d'Eu. 
FoBTAnER  9  Homme  de  lettiês ,  à  St-Flour ,  département 

du  Cantal 
Maur  ^  ,  Ingénieur  en  ckef  des  Ponti-et-Ghausiées  ,  à 

Paris,  me  dm  Regard,  n«  14. 
Jqoidaii  ^  y  D.-M.  y  à  Farii^  /8»  de  Bourgogne,  u«  4« 

MovAKam»  D.-^ ,  à  L701L 


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(   32^   0 

t834*  BoDiiGBOU  (Ch^)»   Peintre  en  portraiu,  k  Paris,  piace 
Dauphine^  Tfl  %^ 
Janyier  (Aiitide),  Horloger  ordinaire  da  Koi,à  Paris,  ^uai 

Contjr^  n®  a3. 
DsLAQUBSHEUK ,  Proprietaîrc-agricoltenr ,  i  St-Ândré-sur- 
Cailly. 
i8s5.  DsscHAMPS ,  Biblîotliëcaire-'Archîtisle  des  Conseils  de  gncrre , 
à  Paris  ,  rue  Cherche^Midi^  jfi  89. 
Sausues,  Médecin  9  &  Dijon. 
Le  Baron  Boullengsr  i)^  ,  Procarcvr  généra)  à  U  Cour 

royale  de  Gaen. 
Pnm.  #  ,  Jnge-dc-paîi ,  an  HaVre. 
D'AHOLBtenrr  (  Edonard) ,  à  Paris,  rme  de  Su^oie ,  n»  24. 
Desmarest,  Professeur  à  FEcole  royale  d'Alfort,  à  Paris, 

nrr  St-^àcques  ,  n»  161 
BfiHOisT ,  Lieutenant  au  corps  royal  d*£tat-Maîor  ,  à  Paris. 
Juuâ-FoNVSNELLS,  D.-M. ,  Cbiniîste ,  à   Paris ,   rue  des 

Grandr-jiagusii'ns,  n»  a6. 
GcViALB  ^  »  D.-M. ,  à  Paris ,  rke  Godùt^e^Meitny ,  n»  3o 
Feret  ,  Antiquaire ,  à  Dieppe. 

Patbn  ^,  Mannfactnrter',  à  Paris,  rue dei- Jeûneurs^  n«  4. 
Le  Comte  Blakoiabd  nk  la  Mussb,  ancien  Conseiller  an 
Parlement  de  BnUgne,  &  Montforc ,  dép^  dllte^t-Tillalne. 
i8a6.   MoREAU  (  César  ) ,  Vice-Consul  de  France ,  à  Londres. 

MomtEBiOKT  (Albert),  Homme  de  letfk'esi  à  Paris,  rue  du 

Fomr-Si^itetmaia  ^  no  1^. 
Ladeyeze  ,  D.-M. ,  à  Bordeaux. 
%hyfSi ,  D^M. ,  À  MoMmorilh». 
LEROBkAVD,  R^acfliBnr  dea  Annalrs  de  rindustrie  nationale, 

&  Paris ,  rue  Percée^ t-^Audri^-des^AHs ,  n»  n . 
BûtBLDiBU  ^ ,  toembrt  de  riiutltiil ,  k  Paris  ,  hulet^urt 
!1  Montmartre  ^  n»  10. 

I  BiMAASB  ^  ^  Pfocnmr   féntel  ptJs  U  Cour  royale  de 

/  MontpeUier. 

I  iSa}.  "GiMUOiy  FkamicicB»  à  Fécamp. 

'i  HoQo  (Victor),  Homn»  de  ktti«f ,  4  Pwia* 


•< 


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(  aaS  ) 

1837.  Di  Blossbvuu  (Erneftt),  à  AnfreTille,  4^p*  de  rEore. 

Bi  BuMtevnxB  (Joies) ,  à  Parit ,  rue  d4  Richelieu^  d«. 

DniASfKRiy  BoUnUte,  à  Lille,  nr^  4/^/  Fossés, 

Malo  (Charles) ,  Homme  de  bitres ,  à  Belletille ,  près  Paris. 
àA.  Le  BaroB  C  A.  01  Vasssat  (  C  e^^  ) ,  Conseiller  dVut  ^ 

aocien  Préfet  de  la  Seine-Inférieure  |  i  Nantes. 
CoDBT  »  Peintre  »  à  Paris  ,  /ir^  i/fj  Beaux^Arts ,  n»  i. 
Doras  ,    PercepCenr  des  Conlribmtions ,  à  Roamare. 
SnKCEA  SmTH ,  memlire  de  I4  Société  des  Antiquaires  de 

Nonnandte ,  à  Caea. 
Le  BaroA  BB  MoATEiuaT-BoissE  ^  ^  *   Inspectav  dei 

Bergiriea  royales,  à  Paris ,  r^tf  Dui^hot^  «o  i^. 
MoBRi ,  Ingénieur  das  Ponts  ei  Cbavssées. 

CORRESPONDANTS  ÉTRANGERS,  MM. 

17SI  Le  Cbetalier  os  T^noRm,  membre  de  la  Sooiété  au  AbIî- 
qoaires ,  à  Londres. 
Miss  Anna  MooR,  à  Londres. 
i;85.  AsQuoif ,  Pasteur  de  l'Eglise  firançaîsa ,  à  Berlin. 
iSo3.  Le  Comte  De  Volta  ,  Professe»  de  physique ,  associé   de 
riastNiit,  à  Pavie. 
Dsiiou. ,  Directeur  de  la  Chambra  des  finances  ,  et  corres- 
pondant da  Conseil  des  mines  de  Pans ,  à  Salibowg. 
Le  Comte  Dkbeat»  Ministre  et  Ambassade»  da  S.  M.  le 

Roi  de  Barière  »  à  Yientie. 
GsmoT  y  Professeur  d'anatomie  à  l'Unêfarsité  de  Glascov. 
EmiLSTorr ,  Doctear  en  pbîlosophia  »  Profeaaenr  adf dnt 

d'Histoire  à  FUnifersIté  de  Copenhagw. 
CAtAiiaLE  y  Botmistc  y  à  Ma^d. 
John   SniCLAiRy   PrësidenI   da    Bmrtan   ^agricoRne  ,    à 

Edimbourg. 
Fabiori,  MatbémaMen,  Dineotenr  èa  Cabinet  d^hîstmnt 
naturelle,  conespondant  de  riastîtaty  à  Florence. 
iSix  ^06IL  y  Professeur  de  chimie  à  l'Académie  de  MunkL 
i8i6l  CspaBLL,  Prof,  de  poésie  à  l'Institution  royale  de  Londres» 
iti7-  KncKHOFPt  9  Médecin  militaire,  à  Rnrcaaonde. 


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(  !«»6  ) 

iSiS.  bAWsoM  iTuKmîB  ,  Botaniste ,  à  Londr^l. 

le  R.  Th.  FROGKAtt  DiBDiN  ,  Antiquaire  ,  à  Lonérés. 
i8a5.   Le  Comte  Vikcekzo  Db  Abbatb,  Antiquaire  ,  à  Alba. 
1*327.  Deluc,  Professeur  de  Géologie»  à  Génère. 
i8a8.  Bbukki.  ,  Ingénieur  ,  inventeor  et  constrnctenr  ds  Pa^aagt 
sons  la  Tamise  f  correspondant  de  Tlnstitnt ,  à  Londres. 

SOCIÉTÉS  CORRESPONDANTES. 

X*Institnt  f  à  Paris  ,  am  Palais  des  Qaaire^Natioms, 

TAthënée  des  ArU  »  à  Pari^  rue  des  Bms-Emfanis 

La  Société  rojale  d'Agriculture,  à  Paris,  k  VUdiet-^t-Vaie. 

La  Société  médicale  d'Emdation ,  \  Paris. 

La  Société  des  Sciences  physiques,  à  Paris. 

La  Société  des  Pharmaciens  ,  à  Paris. 

L'Académie  ^  Sciences  ,  etc.,  à  Amiens, 

La  Société  des  Sciences,  Lettres  et  Arts,  à  AnrerSk 

L'Académie  des  Sciences  ,  h  Besançon. 

La  Société  tles  Sciences ,  etc. ,  à  Bordeaux. 

La  Société  des  Sciences ,  etc. ,  à  Bonlogne-sut^Mer. 

L'Académie  des  Sciences,  Arts  et  Belles-Lettres,  à  Gaea. 

La  Société  d'Agriculture  et  de  Commerce  ^  à  Cacn. 

La  Société  académique ,  à  Cherbourg. 

La  Société  médicale ,  à  Etreux. 

La  Société  des  Sciences ,  etc. ,  à  GrevoUe. 

L'Académie  des  Sciences ,  etc. ,  à  Dijon. 

La  Société  des  Sciences ,  Lettres  et  ArU  ,  à  Nancy. 

La  Société  des  Sciences  et  ArU ,  à  Niort 

La  Société  des  Sciences  physiques  et  médicales ,  à  Orléans.. 

L'Académie  des  Sciencas ,  etc. ,  à  HarsetUe. 

L'Acadûnie  des  Sciences  ,  etc. ,  à  Rennes. 

La  Société  àit%  Sciences  et  ArU ,  à  Strasbourg. 

L'Académie  des  Jeux  floraux  ,  à  Toulouse. 

La  Société  d'Agriculture,  des  Sciences  et  dM  ArU,  k  Tmv». 

La  Société  d'Agriculture,  à  Versailles. 

!«' Académie  des  Sdences,  etc.,  à  Ijon* 


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(  aa7  ) 
il  MM  des  Lettres»  Sdeoces  et  Arts,  k  Douiî.  " 
La  SoàiU  de  Médecine ,  à  Lyon. 
laSédëtë  des  Sciences  et  des  Arts,  à  Mantes. 
rAcadéflûe  du  Gard,  à  Nismcs. 
b  Société  lilire  d'EnnUtion  éi  d'Encouragement  pour  les  Sciences 

et  les  Arts ,  &  Ué^ 
h  Société  d'Agricoltnie  ,  SdencM  et  ArU  de  la  Baute-Vienne ,  à 

limofes. 


^9- 


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TABLE 

DES  MATIÈRES. 

DiSCOUMS  prononcé  à  VouQerture  de  la  Séance  publique  » 
par  M.  Licquety  président  ^  page  i 

SCIENCES  ET  ARTS. 

BàPPORT  faîi  par  Af.  Catalis,  secrétaire  perpétuel ,         i3 

Ma.tb£icâtiques  et  Physique. 

Notice  sur  la  dUaiaiion  de  la  piètre ,  par  M,  Vestigny  ,  i4 
Mémoire  sur  les  ir^bsences  lunaires^  par  M.  FabbéGossier,  ih. 
N<aice  sur  un  méridien  à  style  moiUe,  de  nouvelle  imention , 

par  le  mime  t  i5 

Mémoire  sur  le  phénomène  de  la  fdsûm  ,  par  M.  Vingêri*- 

nier;  rapport  de  M,  Létff  ,  ibid. 

Rapport  de  M.  Cazalîs ,  sur  un  mémoire  de  M.  Pugh  ,  ibid. 
Rapport  de  M.  Meaume  ,  sur  un  recueil  de  machines  de  M. 

Antide  Janoîer ,  ibid. 

Correspondance  météorologique  (  a*    nutti^ro)   >  par  M, 

Marin  ^  ibid* 

Manuel  des  poids ,  des  monnaies  et  dà  eàlèid  décimal ,  par 

M.  Tarie  des  Sablons ,  ibid. 

Chimie. 

tfoUs  sur  la  çueitioB  de  sam^r  si  l'on  doit  appeler^  saçpu  au 
soQoaule  la  combinaison  de  Vammoniaque  et  de  VlmUe 
d'olifie ,  par  MM,  Morin  et  le  doctaar  Prévost ,  i6 

Rapport  par  M.  DiUmc^  4tu  nom  d'une  commission  ,  sur  des 
éprtm»esfaàUs  sur  une  piice  de  foulards  fabriquée  dans  les 
ateliers  de  M.  Broker  Pimont,  ibid. 


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(a3o) 

Moyens  d^éprower  les  vinaigres  ei  les  eaux-de^ie  du  com- 
merce ,  par  M,  Dubuc ,  i6 

Mémoire  sur  la  couleur  rouge  que  prennent  les  tests  d*écre^ 
çisses  par  la  cuisson  ,  par  M,  Germain  ;  rapport  par  M. 
Dubuc  y  ij 

MÉDECINE. 

Ohserçaiions  sur  le  rhumatisme  r  par  M,  Des  AlUurs  »  iS 
Thèse  et  observations  sur  un  cas  de  déviation  des  menstrues , 

par  M,  BonJUsJUs  aine;  rapport  par  M.  Des  AUeurs ,  ibid. 
Rapport  par  M.  Des  AUeurs ,  sur  une  thèse  latine  de  M.  Qtt- 

iereau  ,  et  sur  trois  brochures  de  M.  Virey,  ibid^ 

Obseroations  sur  V efficacité  de  Vémétique  à  hautes  doses  dans 

les  ir^Lmtmations  pulmonaires ,  par  M.  Vingtrinier;  rap^ 

port  par  M.  Des  AUeurs ,  ibid. 

Mémoire  sur  les  combustions  humaines  spontanées  »  par  M. 

Juliar-Fontenelle  ;  rapport  par  M,  Des  AUeurs ,  ig 

Rapport  de  M.  Hellis ,  sur  un  mémoire  de  M,  Ladvèze ,  ao 
Nouveau  traitement  appliqué  aux  scrophuks ,  par  M.  Ouh 

ponnier  ;  rapport  par  M,  Hellis  ,  ibid* 

Rapport  de  M.    Godefroy  sur  un  mémoire  de  M.  Franck 

Chaussier ,  ibid.. 

Rapport  de  M.  Blanche  sur  une  observation  adressée  à  l'Aca- 

demie ,  par  M,  Bonfils ,  ibid., 

De  la  ré/orme  des  lois  pénales  :  discours  de  réception  de  M, 

Vingtrinier  ;  et  réponse  de  M.  le  président ,  2» 

Concrétion  arthritique  mise  sous  les  yeux  de  V Académie ,  par 

M.  Dubuc ,  22 

Histoire  natubelle. 

Note  sur  deux  œufs  hardés  réunis  par  un  Ugameni,  par  M, 
Dubuc,  22 

Notice  sur  le  puceron  lanigère  ,  ibid. 

Supplément  à  la  botanographie  de  la  Belgique  et  aaxflaresès 
nord  de  la  France ,  par  M.  Dèmmières;  rapport  par  M. 
Le  Turquier ,  a  3 


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(a3i  ) 

Hémmé  méAodique  des  ciasstficaiiofis  des  Aatassio-phytes  ; 

parM,  Benj.  Gaiilon;  rapport  par  M.Aug,  Le  Prei^osi ,  a3 

Poulei  monstre  mis  sous  les  yeuv  de  l* Académie ,  par  M. 

Vlngjtrlmer ,  24 

iléauflre  sur  les  lichens  calicidides  »  par  M,  Aug.  Le  PreQost , 

ibid. 
Agaiculture  et  Arts  industriels. 

Perfectionnement  dans  Varchitecture  ,  011  la  nécessité  ,  uiiUié 

et  économie  d'wt  bon  système  de  ventilaiion  dans  les  édi- 
fices »  par  Af.  Burridge  ;  rapport  par  M.  Vahhé  Gossier,  a^ 
La  clé  du  tanneuf  ,  par  M,  Burridge;  rapport  par  M.  l'aèbé 

Gossier,  ibid. 

Réflexions  sur  les  malades  des  bois  de  charpente  ,  par  M. 

Vabbé  Gossier ,  ibid, 

Eiudsur  les  moyens  de  conserçer  les  bois  ,  par  le  même ,  a  5 
Nodce  sur  la  proportion  existant  à  Rouen  entre  le  prix  du 

hlé  et  celui  Ai  pain ,  par  M,  BalUn  ^  aS 

Dictionnaire  de  médecine  et  de  chirurgie  vétérinaire ,  par  Af . 

Hurtrel  i'Arbooal ,  ibid. 

TroMOix  des  Sociétés  correspondantes  ,  a6 

fnoGBAMMS  des  pris  proposés  pour  182g  ,  27 

VÈMOIàES  DONT  L'ACADÈMIE  A  DÈLiBiâÈ  L* IMPRESSION 
EN  ENTIER  DANS  SES  ACTES. 

Xorics  sur  deux  ceufs  Jumeaux  hordes  »  et  de  couleur  é&ffé--   • 
rente ,  pondus  parunepoule  de  deux  ans ,  par  M.  Duhuc,  29 

Bjpport  sur  une  observation  manuscrite  relative  à  une  dévia- 
tion des  menstrues  ,  envoyée  à  V Académie  par  M.  Bonfils 
fils  câné  ,D.M.à  Nancy;  par  M.  Des  Alleurs ,  33 

Rapport  sur  la  taxe  du  pain  et  l'état  de  la  boulangerie  à 
Rouen ,  par  M.  A.-G.  BaUin  ,  Sg 

OssBRrATiONSsurlerlaunatisme ,  parM.  Des  Alleursfils ,  43 

Essai  sur  les  moyens  de  conserver  les  bois  ,  par  Af.  l'abbé 
Gossier ,  Sj 

Essai  sur  les  influences  lunaires  ,  par  M,  l'abbé  Gossier,  7S 


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(  23a  ) 
BELLES-LETTRES  ET  ARTS, 

Rapport  fait  par  M,  Bignon  ,  secrétaire  perpétuel ,  ia6 

Our RAGES  ANNONCÉS  OU  ANALYSES  DANS  CE  RAPPORT. 

Travaux  des  Sociétés  cùrrespandaates  ,  139 

Rapport  de  M.  Le  Pasqwer  sur  les  mémoires  de  l^Acadéade 

de  Dijon,  ibid. 

Rapport  sur  le  journal  de  la  société  du  Bas-Rhin ,  par  M. 

Le  Filleul  des  Guerrots ,  '  i3o 

Mémoires  des  sociétés  d'amélioration  de  renseignement  âé" 

mentaire  et  de  la  morale  chrétienne ,  ibid. 

Opuscule  anglais  intitulé  :  The  Voyager ,  par  M.  Edouard 

Smith ,  ibîd. 

Cours  d'éloquence  de  M,  Ch,  Durand ,  ibid. 

Mémoires  sur  les  vices  et  les  abus  de  Vinstruction  crimineUe 

en  France  ,  par  M.  Tougard ,  ibid. 

Mémoire  sur  V abolition  de  la  peine  de  mort  infligée  aux  faux 

monnayeurs  ,  par  le  mér^ ,  ibid. 

Guide  des  Jurés ,  par  le  même ,  i3f 

Soirées  littéraires  de  M.  Charles  Durand ,  publiées  par  M, 

Tougard,  ibid. 

Rapport  de  M.  Houflsur  l'ouvrage  précédent,  ibid. 

Eloge  de  Bossuet ,  par  M.  Floquet ,  ibid. 

Les  jeunes  Fleurs  ^  apologue  ,  par  M.  F.  Lequesne ,  i3j 

Vers  à  l'honneur  de  S,  A.  R.  M**  la  Dauphine  ,  à  roccaskm 

de  son  passage  par  les  Andefys ,  ibid. 

Memirbs  correspondants. 

Opuscule  sur  un  monument  arabe  du  moyen  âge ,  découvert  en 

Normandie ,  par  M,  Spencer  Smith  ,  1 32 

Mémoire  sur  la  culture  da  la  musique  à  Caen  ,  par  le  même , 

ibid. 
Leçons  de  littérature  f  par  M,  Briquet ,  ibid. 


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(a33) 
Discours  en  i^ers  à  M,  Maihon  de  la  Caur,piB'  M.  Bouekarlai^ 

Imprécations  du  pialiard,  traduetbmpar  U  mime  »  ibid. 
Poème  sur  le  néant  de  thomme ,  par  M.  Charles  Malo  ,  ibid. 
AUoaUion  sur  la  fermeté  du  montrai  ,  par  M,  Bergasse, 

ibid. 
Analyse  de  la  statistique  du  département  de  TAin ,  par  Af.  le 

baron  de  Mortemart ^Baisse ,  ibid. 

Traàiction  d'une  lettre  de  Si  Vincent  de  Poule,  écrite  en 

latin  au  cardinal  de  la  Rochejoucault ,  par  M,  Vahbé  La 

Bouderie.  ibid. 

fyUre  à  un  and,  par  M,  le  comte  Blanchard  de  La  Musse,  ib. 
SUmces  ayant  pour  refrain  :  Le  triste  présent  de  la  vie  ;  par 

le  mime,  ibid. 

Documents  publiés  par   la  société  royale  asiatique  de  la 

Grande-Bretagne  et  de  l'Irlande  ,  em^oyés  par  M.  César 

Moreau ,  1 33 

Stances  intitulées  :  Réflexions  philosophiques  au  lit  du 

malade  ;  par  M,  BainçUliers ,  ibid, 

Éioge  de  Bossuet ,  par  M,  Patin  ;  et  rapport  par  Af.  Dumes^ 

nil,  ibid. 

Ehge  de  Bossuet ,  par  M,  Maillet-Lacoste ,  ibid. 

Parallèle  de  Gcéron  et  de  Tacite  ,  par  le  mime;  rapport  de 

M.  DeinUe ,  ibid. 

Mémoire  sur  le  passage  du  petà  St-Bemard ,  par  M.  Deluc, 

ibid. 
Lettres  de  Af.  Brunel ,  ingénieur  du  passage  sous  la  Tamise, 

i34 
Cromwel ,  drame ,  par  M.  Victor  Hugo  ;  rapport  par  Af.  Gitf- 

tinguer ,  ibid. 

Mémoire  sur  le  vieil  Enfreux  ,  par  Af.   Reoer;  rapport  pop 

Af.  Aug.  Le  Preçost,  i35 

Bappori  de  M.  Aug.  Le  Preçost ,  sur  un  mémoire  de  Af.  Fe- 

ret  aîné,  secrétaire  de  la  Société  archéologique  de  Varron^ 
dissement  de  Dieppe,  «36 

3o 


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Des  ctrémonies  spnboHques  usitées  dans  Vancierine  jurispnt^ 

dence  des  Français ,  par  M,  Arthur  Beugnot ,  1 36 

Rapport  de  M,  De9ttte  ,  au  nom  d*une  commission  »    ibid. 

Membres  nàsiDANTs^ 

Discours   de    rentrée  ,  prononcé  par  M,   Théod.  Ucquet , 

président,  i3j 

Discours  prononcé ,  l'année  dernière,  à  la  distnhution  des  prix 

de  l'école  gratuite  d'enseignement  mutuel ,  par  M.  Guttin^ 

guer ,  ibid. 

Premier  acte  d'une  comédie  intitulée  :  Vingt-quatre  heures 

dW  homme  sensible  ,  par  le  même  ,  ibid. 

Notice  des  vues  de  Rouen  gradées  par  Bacheley ,  par  M.  De- 

laquérière  tdné ,  ibid. 

Dissertation  sur  les  portraits  de  Henri  VIII  et  de  François  /*' , 

existants  à  l'hâtel  du  Bourgtheroulde  à  Rouen ,  par  le 

même ,  ibid. 

Considération  sur  l'état  actuel  de  la  France,  sous  le  point  de 

vue  moral,  par  M.  Lévy ,  i38 

Mémoire  sur  les  Monts-de-Piété  (  i"  partie  ) ,  par  M,  A,  Le 

Pasquier ,  1 3g 

Dissertation  sur  un  fait  de    Vlustoire  de  France  attribué  à 

Philippe  Auguste  ,  par  M.  A,  DcqUIc  ,  ibid. 

Essai  historique  et  descriptif  sur  Vahhaye  de  St-^Georges ,  par 

M.  A,  DeçiUe  ;  rapport  par  M,  Aug.  Le  Preoost^  i4x 
Aperçu  de  Vindustrie  en  France  :  discours  de  réception  de  M. 

Pr.  Pimont  ;  et  réponse  de  M.  le  président ,  1 4^ 

BecHficaiion  de  quelques  erreurs  dans  Vhistoire  de  la  Nof^ 

mandie^parM.  Ucquet,  i4.3 

Dessins  des  bas-reliefs  destinés  à  décorer  le  péristile  de  Vhâ^ 

tel  communal  de  Rouen  ,  x^S 

Rapport  de  M.  Ballin  sur  une  demande  /aitc  à  V Académie 

par  M,  Adrien  Balhi  ,  ibid. 

Notice  sur  f  Asile  des  aliénés  de  Rouen ,  par  M,  Ballin ,   i46 

3o 


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(a35) 
îlotke  UUiùgraphùpte  sur  un  opuscule  en  vers ,  ùUiiuîé  :  Prosa 

Cleri  parîsiensis ,  ad  ducem  de  Mena,  post  cœdem 

Henrici  III ,  par  M.  Dupuiel,  ibid. 

d'aterlailon  historique  sur  Alain  Blanchard,  par  AT  Théod* 

Utffùet ,  ibid. 

descriptioa  d*ua  tableau  de  AT.  Courte  par  M.  Des  Àlleurs 

fis,  ibid, 

UKawrd  et  la  Pintade  ,fahle  ,  par  M,  Le  Fiileul  des  Guer^ 

rots  «  ibid. 

Stances  ûnproçisees  dans  une  promenade  au  Gmeiière  monu^ 

mental ,  par  M.  Duputel ,  ibid, 

Traêttction  Ubrs  de  tode  d'Horace  :  GEquam  mémento , 

par  3f.  Deçille  ,  ibid. 

Scène  d'une  tragédie  inédile  (  Henri  lY  et  Biron  )  ,  par  M. 

Dupias ,  i46 

Piix  proposé  pour  iSag  ,  i47 

ViMOJRES  DONr  l'ACADÈMIS  A  ORDONlfi   L*IMPRESSIOH 
EN  ENTIER  DANS  SES  ACTES. 

hoPOsmON  faite  à  l' Académie ,  par  M.  Des  AUeursfds ,  à 
h  suite  d'une  description  d'un  tableau  de  M.  Court ,     i4g 

IfOTics  sur  Alain  Blanchard  (  Réfutation  des  historiens 
modernes  )  ,  par  M.  Théod.  Ucquet ,  167 

Notice  sur  l'Asile  des  aliénés  de  Rouen ,  par  M,  Ballin  ,179 

Notice  bibUographique  sur  un  ouvrage  très-rare  intitulé  : 
Prosa  Cleri  parisiensis ,  ad  ducem  de  Mena ,  post 
cœdem  Henrici  III ,  par  A/.  Dupuiel .  igx 

Poésie. 

Fragment  du  second  acte  de  la  tragédie  inédite  de  Biron , 
par  Af.  Dupias ,  de  Rouen  ,  20% 

Traduction  l^re  de  Tode  3*  du  %^  livre  d'Horace  ,  par  M. 
A.  DeQ'dk ,  «07 


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(336) 

Stances  impromées  dans  une  promenade  lu  Cimetière  mo^ 
numented ,  par  M,  Duputel ,  309 

Le  Renard  et  la  Pintade ,  Jabic  ,  par  M.  Le  Filleul  des 
'  Guerrots ,  an 

'     •  Tableau  de  r Académie  royale  des  sciences^  beUeS'4ettr€S  et 

I  arts  de  Rouen ,  pour  l'année  i8a8 — 183g ,  aiS 


Fin  de  Lk  Tabli. 


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PRÉCIS  ANALYTIQUE 

DES  TRAVAUX 


DE 


L'ACADÉMIE  ROYALE 

I>£S  SCIENCES,  BELLES-LETTRES  ET  ARTS 
DE  ROUEN, 

'skoaiit  i.'Ann£B  1829. 


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PRÉCIS  ANALYTIQUE 

DES  TRAVAXJX 

DE 

L'ACADÉMIE  ROYALE       - 

DES  SCIENCES,  BELLES-LETTRES  ET  ARTS 

DE  ROUEN  > 

PENDANT  L^ANNÉB  l8a]), 


ROUEN, 

IMPRIMERIE  DE  NICÉTAS  PEaiAIJX  LE  JEUNE, 

Mjx  DB  LA  ytcamà ,  tv  55. 


1829. 


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LETTRES  PATENTES. 


Charles,  parla  grâce  de  Dieu ,  Roi  de  France 
et  de  Navarre ,  à  tous  présents  et  à  venir ,  salut. 

L'Académie  des  Sciences,  des  Belles-Lettres 
et  des  Arts,  instituée  en  notre  bonne  ville  de 
Rouen  ,  département  de  la  Seine-Liférieure , 
par  les  lettres  patentes  de  notre  auguste  aïeul 
et  prédécesseur  le  Roi  Louis  XV  ,  données 
à  Lille,  au  mois  de  juin  de  l'an  1744*  contre- 
signées Phelypeaux  ,  dûment  visées  et  re- 
gistrées  où  besoin  a  été  , .  nous  a  fait  exposer 
que  ,  par  ces.  mêmes  lettres  patentes^  il  lui 
a  été  permis  d'avoir  un  sceau  à  telle  marque, 
ligure  et  inscription  '  qu'il  lui  plairait ,  pour 
sceller  les  actes  qui  émaneraient  d'elle  ;  qu'elle 


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tt^  en  coAsè<{ueiice ,  adopté  un  sceau  dont  elle 
a  déjà  fait  usage  ,  mais  dans  la  possession  du-^ 
quel  elle  désire  être  maintapue  et  confirmée 
en  exécution  de  la  loi  du  a6  septembre  i8i4; 
&  cet  effet ,  TAcadémie  de  Rouen  s'est  retirée 
par-devant  notre  Garde  des  Sceaux^  PaÎK  de 
France  5  Ministre  et  Secrétaire  d'état  au  dé« 
partement  de  la  Justice  ^  lequel  nous  a  pré* 
sente  les  concluâiyar  du  Conseiller  d'état^ 
Commissaire  pour  nous  au  sceau  ,  et  Favis 
de  notre  Commission  du  sceau  j  tendant  à  la 
délivrance  des  présentes  lettres  patentes. 

A  CES  CAUSES  ^  nous  avons  confirmé  et  maiii* 
tenu  TAcadémie  des  Sciences  ,  d^  Belles-^ 
Lettres  et  des  Arts,  établie  en  ladite  ville  de 
«Bouen,  dans  la  possession  »  T  usage  et  Temploi 
du  sceau  par  elle  adopté ,  pour  sceller  les  actes 
émanés  d'elle  y  lequel  sceau  ou  laquelle  enn- 
«preinte  représente  le  portique  d'un  Temple 
k  quiitre  cc4onnes  faisant  trois  ouvertures  , 
avec  la  devise  :  TnaUmina  pandit,  et  a  pour 
exei^gue  :  SeienHœ ,  Idtterœ  et  Artes ,  Acade^ 
nua  regiaRothomagensis  ,  I744-     * 

Voulons  que  les  actes  de  ladite  Académie 
^puissent  être  revêtus  de  cette  empteime  ea 
toute  €ÎrcaBstaoce« 


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VIJ 

Mandons  à  nos  armés  et  féaux  Conseillers 
en  notre  Cour  royale ,  séante  à  Rouen  ,  de 
publier  et  registrer  les  présentes;  car  tel  est 
notre  bon  plaisir.  Et  afin  que  ce  soit  chose 
ferme  et  stable  à  toujours  ,  notre  Garde  des 
Sceaux  ,  Pair  de  France  ,  y  a  fait  apposer 
notre  grand  Sceau  ,  en  présence  de  notre 
Conmiission  du  Sceau. 

Donné  au  château  4^  St-Cloud ,  le  dixième 
jour  de  juin  de  Tan  de  grâce  mil  huit  cent 
yingt-huit  ,   et  de  notre  règne   le   quatrième. 

Signé  CHARLES. 

Vu  au  Sceau  :  Par  le  Roi  : 

Ijê  Fair  dt  France  et  Garde  des  Le  Pair  de  France  ei  Garde  des 
Sceaux ,  Ministre  et  Secré-  Sceaux  ,  Ministre  et  Secré- 
taire détat  au  département  taire  détat  au  département 
de  la  Justice ,  de  la  Justice, 

Signé  Ct«  PoRTALis.  Signé  C**  Portalis. 

Enregistré  à  la  Commission  du  Sceau  , 

Le  Secrétaire  général  du  Sceau, 
CUYILLIBR. 

Les  présentes  ont  été  lues  et  publiées  en 
Taudience  publique  de  la  Cour  royale  ,  séante 


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VUJ 

à  Rouen  ,  le  lundi  3o  juin  1828  ^  et,  de  suite ^ 
transcrites  sur  les  registres  de  ladite  Cour  ^ 
au  désir  de  son  Arrêt. 

Lt  Xrrgffier  en  chef  de  la  Cour  royaU  de  Rouen, 

A.  Floquet. 


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T» 


PRÉCIS  ANALYTIQUE 

DES  TRAVAUX 

DE 

L'ACADÉMIE  ROYALE 

DES  SCIENCES,  BELLES-LETTRES  ET  ARTS 
DE  ROUEN, 

FBHDAHT  L^ANNÉB    iSag. 

»*Altàf  U  OQHFTB  Ç^OI  Bl  A  ili  MmSU  PAR  HH.  tU  SëCêAiAIÊMM^ 
A  Là  siAMCS  HIBUQim  DU  7  AOUT  DB  LA  MÉMB  ABHil. 


DISCOURS  D'OUVERTURE 

DE  LA   SiAlICE   PUBLIQUE   DE   L'AlflTÉE    iSsQ, 
Pam  m.  le  Docnra  LE  PREVOST ,  PBteDwr. 


M 


ESSIEURSi 


Urb  des  connaissances  les  plus  utiles  à  Thomme  es| 
celle  de  la  minéralogie  ;  cependant  cette  branche  de 
lliistoire  naturelle  a  été  jusqu'à  présent  cultivée  avec  bien 
soins  d'ardeur  que  le  règne  v^tal  et  le  règne  animal.  11 


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(O 

est  vrai  que  les  êtres  organisés  intéressent  plus  rhomme 
et  ont  des  rapports  plus  directs  avec  lui  que  les 
êtres  inorganiques  ;  mais,  sans  eux,  que  seraient  les 
animaux  et  les  végétaux?  Ils  tirent  tous  leur  exis- 
tence physique  des  nombreux  matériaux  dont  la  terre 
est  composée  ;  cette  terre  est  notre  mère  commune  ; 
nous  sommes  tous  sortis  de  son  sein ,  et  nous  7 
rentrerons  tous.  Que  de  motifs  puissants  pour  étudier 
avecsoin  les  différents  êtres  qui  la  composent  et  qui, 
par  un  concours  admirable ,  peuvent  fournir  ii  tous 
les  besoins  de  notre  passagère  existence  ;  car  la  vraie 
richesse  d^un  peuple  consiste  dans  les  produits  de 
son  territoire. 

Quoique  Tétude  du  règne  minéral  ne  présente  pas 
les  mêmes  attraits  que  celle  du  règne  animal  et  du 
règne  v^tal;  néanmoins ,  en  jetant  un  coup  d^c^ 
sur  la  composition  de  notre  globe  et  sur  les  phéno- 
mènes curieux  qui  se  passent  à  sa  surface  et  dans 
son  intérieur ,  on  peut  se  convaincre  que  ce  règne 
mérite  autant  que  les  deux  autres  de  fixer  nos  regards 

I  et  notre  attention. 

I  La  terre,  diaprés  les  plus  célèbres  géologues,  est  for- 

mée ,  dans  sa  croûte  superficielle  ,  de  trois  couches  de 

I  terrains  superposées.  Dans  les  excavations  qui  ont  été 

faites  pour  les  mines  ,  on  n^a  pu  parvenir  qu^à  une  pro- 
fondeur d^eùviron  une  demi-lieue  ;  il  paraît  impossible 
de  pénétrer  plus  avant  :  en  admettant  que  notre  globe  ait 
deux  mille  huit  cents  lieues  de  diamètre,  il  est  au-dessus 
de  la  puissance  humaine  de  pouvoir  jamais  creuser  jus- 
qu'au centre  de  la  terre ,  puisqu'à  peine  parvenu  à 
une  demi ^ lieue  de  profondeur,  on  trouve  déjà  de  si 
g[rands  obstacles.  Côntentons-nous  d'examiner  les  cou- 
ehes  qui  ont  pu  être  explorées  :  la  coadie  la  plus 

I  profonde  est  celle  des  tetrains  primitifs  ;  on  la  trouve 

composée  de  masses  étiormes  de  granits ,  de  pGorpbj- 


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(3) 
Tes,  de  marbres  plus  ou  moins  denses;  ce»  masses 
s^ëlèvent  quelquefois  au-dessus  de  la  sur£atce  de  l|i 
terre ,  et  y  forment  de  grandes  chaînes  de  montagnes, 
telles  que  les  Alpes  ^t  les  Pyrénées  ;  ce^^  première 
couche  ne  contient  aucuns  débris  des  corps  des  ani- 
maux ni  des  végétaux  ,  et  elle  n'e^t  pas  propre  à  la 
v^éUtion. 

La  seconde  couche  est  posée  sur  cette  ha^  ,  ou 
quelquefois  pénètre  dans  ses  interstices  ;  elle  paraît 
fermée  par  le  dépôt  des  eaux  ;  on  y, trouve  des  pierres 
moins  dures  ,  des  ardoises ,  pl^sieur^  carbonates  cal* 
caires ,  des  restes  d^animaux  et  de  v^é^iux  décom- 
posés ,  des  filons  métalliques ,  du  charbon  de  terre , 
des  masses  d'eau^  plus  ou  moins  considérables:  cVsi 
dans  ces  terrains  qu'il  se  forme  quelquefois  des  ex- 
cavations où  se  conduisent  des  vapeurs  sulfureuses, 
bitumineuses  ,  et  d'autres  gaz  de  différente  nature  , 
et  qui ,  venant  à  s'enflammer  ,  font  une  explosion ,  et 
paraissent  être  la  cause  des  tremblements  de  terre  et 
des  éruptions  volcaniques. 

Les  terrains  de  la  troisième  couche  sont  les  plus 
extérieurs  ;  ils  sont  composés  d'argile  ^  de  craie  ,  de 
marne  ,  de  silex  ,  de  plâtre  ,  de  sable  et  de  terre 
vitale  ;  on  y  trouve  aussi  des  restes  de  productions 
végétales  et  animales ,  fluviatiles  ou  marines  ;  des 
miues  de  soufre ,  de  différents  sels  ,  de  métaux  purs 
Ou  combinés  avec  d'autres  substances  ;  des  courants 
d'eau ,  qui  ,  parvenus  à  la  surface  de  la  terre  ^  y  for- 
ment différentes  sources  suivant  la  nature  des  terrains 
^  travers  lesquels  elles  ont  filtré  ;  de  là  les  eaux  douces 
et  les  eaux  minérales  gazeuses  ,  sulfureuses  ,  salines 
et  métalliques ,  qui  toutes  vont  se  perdre  dans  la 
mer ,  cette  masse  immense  d'eau  qui ,  dans  des  exca- 
vations profondes ,  occupe  à-peu-près  les  deux  tiers  de 
la  surface  de  notre  globe. 


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(4) 

Tel  est  Taperçu  succinct  des  diffifrentes  substances 
qui  composent  la  croûte  superficielle  de  la  terre  ;  ces 
objets  sont  bien  dignes  de  fixer  les  regards  d'un  ami 
de  la  nature  :  c'est  d'elle  que  nous  tirons  les  princi- 
paux matériaux  pour  la  construction  de  nos  édifices , 
pour  la  fabrication  des  vases  nécessaires  aux  usages  de 
la  vie  ;  c^est  elle  qui  nous  fournit  ces  métaux  pré- 
cieux qui  font  la  force  et  la  puissance  de  Tbomme. 
Le  plus  utile  de  tous  est  le  fer  :  c^est  avec  lui  que 
rhomme  fait  fi*uctifier  la  terre  ;  c^est  avec  lui  qu'il 
pénètre  dans  son  sein  pour  y  découvrir  les  richesses 
qui  Y  sont  cachées  ;  c'est  avec  lui  que  la  mécanique 
à  créé  ces  ingénieuses  machines  qui  nous  sont  si 
utiles  ;  c'est  avec  lui  qu'un  peuple  défend  ses  droits 
et  repousse  les  invasions  étrangères  :  c'est  enfin  avec 
le  fer  que  la  bravoure  fi*ançaise  a  triomphé  dans  toutes 
les  parties  du  monde  ;  sans  lui  tous  les  arts  langui- 
raient. L'or  et  l'argent  sont  recherchés  avec  plus  d'ar- 
deur que  le  fer ,  parce  qu'ils  sont  plus  rares  et  qu'ils 
ont  été  choisis  par  toutes  les  nations  pour  le  signe 
représentatif  de  la  valeur  des  difiérents  biens  ;  mais 
leur  utilité  n'est  pas  ccmiparable  à  celle  du  fer;  ik 
ne  pourraient  jamais  rendre  les  mêmes  services  i 
l'homme.  Les  autres  métaux  ont  aussi  un  grand  de- 
gré d'utilité  pour  les  arts ,  et  la  médecine  en  tire  seê 
remèdes  les  plus  énergiques.  Enfin ,  c'est  du  sein  de 
la  terre  que  sortent  chaque  année  les  productions 
céréales  et  l^umineuses  ,  les  graminées  qui  servent 
^  la  nourriture  de  l'homme  et  des  animaux  ;  c'est 
encore  de  son  sein  que  s'élèvent  vers  le  ciel  ces 
arbres  et  arbustes  si  précieux  par  leurs  finits  ;  c'est 
avec  eux  que  nous  noiis  bâtissons  des  demeures  pour 
nous  préserver  des  injures  de  l'air  ;  c'est  avec  eux 
que  sont  construits  ces  édifices  flottants  qui  vont  at-^ 
tester   dans  toutes  les  régions  du  globe  notre  puis- 


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(5) 
sance  et  notre  industrie  ;  c^est  enfin  avec  eux  quVst 
alimenté  le  feu  de  nos  foyers ,  cet  agent  si  paissant 
et  si  nécessaire  dans  Tunivers.  La  diminution  pro- 
gressive des  bois  de  chauffage  a  forcé  I^homme  de 
chercher  à  le  remplacer  par  d^autres  substances  com- 
bustibles ;  des  tourbières  et  des  mines  de  charbon 
de  terre  ont  été  découvertes  dans  quelques  contrées  : 
il  serait  ^  désirer  qu^on  en  découvrît  encore  d'autres. 

La  minéralogie  offre  donc  beaucoup  d'objets  in- 
téressants aux  yeux  des  amis  des  sciences.  Combien 
il  est  utile  pour  un  pays  de  connaître  les  avantages 
qu^ii  peut  tirer  de  son  territoire  !  Ce  sont  ces  consi- 
dérations qui  ont  déterminé  TAcadémie  royale  de 
Rouen  à  proposer,  pour  sujet  d'un  prix  extraordinaire , 
la  statbtique  minéralogique  du  département  de  la 
Seine -Inférieure;  ce  prix  va  être  décerné  dans  cette 
séance. 

Le  sol  de  notre  département  est  fertile  en  produc- 
tions diverses  ;  il  a  des  terres  propres  à  la  fabrication 
des  porcelaines  ,  de  la  faïence  et  de  la  poterie  ;  il 
a  des  grès  de  différente  nature ,  des  craies  plus  ou 
moins  pures  ,  dans  lesquelles  il  se  rencontre  des 
pétrifications  d'animaux  et  de  végétaux  ;  on  y  trouve 
aussi  des  tourbières ,  mais  point  de  mines  de  charbon 
de  terre ,  dont  le  besoin  se  fait  de  plus  en  plus 
sentir.  Il  n'y  a  pas  non  plus  de  mines  métalliques; 
cependant  on  y  rencontre  beaucoup  de  sources  mi- 
nérales ferrugineuses  ,  qui  décèlent  des  couches  de 
minerai  de  fer  qu'on  pourrait  peut-être  exploiter 
avec  avantage  ;  les  principales  de  ces  sources  sont 
celles  d'Aumale  ,  de  Goumay  ,  de  Forges ,  de  Rouen  , 
de  Bapaume ,  et  de  Rançon  près  de  Caudebec  ;  celles 
de  Forges  ont  joui  d'une  grande  célébrité,  et  elles 
la  méritent.  Nous  aimons  à  rappeler  qu'en  i634i 
Louis  XIII  les  fit  mettre  dans   l'état    où  elles   sont 


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(6) 
aujourd'hui  ,  et  vint  Us  prendre  avec  la  reine  Anne 
d'Autriche  et  le  cardinal  de  Richelieu  ;  qu'en  1749^ 
l'auguste  mère  de  Sa  Majesté  Charles  X  vint  aussi 
les  prendre  et  en  obtint  les  effets  Ie;s  plus  salutaires. 
La  dernière  Princesse  du  sang  royal  qui  en  ait  fait 
usage  est  feue  Madame  la  duchesse  d'Orléans  ,  qui 
les  prit  en  177a,  et  trouva  dans  leur  efficacité  le  ré- 
tablissement de  sa  santé.  Ces  eaux  ne  sont  pas  au- 
jourd'hui aussi  fréqiiontées  qu'autrefois  :  cependant 
elles  ont  toujours  les  mêmes  vertus.  Chaque  siècle 
a  ses  goûts  ,  ses  habitudes  ,  ses  prédilections  ;  depuis 
douze  à  quinze  ans  les  bains  de  mer  ont  obtenu  la 
préférence  ,  et  les  eiaux  de  Forges  sont  négligées. 
Les  bains  de  mer  sont  d'une  utilité  incontestable  pour 
la  guérison  de  quelques  maladies  ,  mais  il  en  est 
d'autres  pour  lesquelles  les  eaux  de  Forges  leur  sont 
préférables ,  et  tôt  ou  tard  elles  recouvreront  leur  antique 
célébrité. 

£n  étudiant  le  règne  minéral ,  on  y  découvre  une 
foule  de  phénomènes  qui  inspirent  le  plus  grand  in- 
térêt ;  on  acquiert  la  certitude  que  tout  ce  qui  sort 
de  la  terre  y  rentre  infailliblement  ;  la  niatière ,  sans 
cesse  en  mouvement ,  passe  successivement  du  règne 
minéral  au  règne  végétal  et  au  règne  animal ,  sans 
qu'il  s'en  perde  la  plus  petite  molécule.  Si  nous 
considérons,  en  effet ,  ce  qui  a  lieu  dans  les  corps  des 
animaux  ,  nous  verrons  que  tous  les  jours  ils  font 
des  pertes  ,  et  que  tous  les  jours  ils  ont  besoin  de 
les  réparer  par  des  substances,  soit  végétales,  soit 
animales  et  minérales.  Ces  pertes  se  font  sous  la 
forme  de  vapeur  ,  de  liquide  et  de  solides  :  les  va- 
peurs s'élèvent  dans  l'atmosphère  ;  les  liquides  vont 
s'infiltrer  dans  la  terre  ou  se  réunir  h  d'autres  li- 
quides i  les  solides  se  mêlent  à  d'autres  solides  et 
forment  l'humus  végétal  ;  les  substances  animales  va- 


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(7) 
poris^es  restent  suspendues  dans  Tatmosphère  jusqu'h 
ce  que  des«.  brouillards  ou  des  pluies  les  ramènent  à  la 
surface  de  la  terre  pour  la  fiertiliser  ;  une  partie 
des  eaux  phmales  coulent  dans  les  rivières  et  entraî- 
nent avec  elles  des  substances  animales ,  vëgëtales  et 
minérales  ,  qui  servent  h  la  nourriture  des  poissons  ; 
Tautre  partie  s'infiltre  dans  les  interstices  de  la  ferre, 
et  forme  ces  réservoirs  souterrains ,  d'où  sortent  des 
fontaines  qui  se  réunissent  en  ruisseaux  ,  puis  en 
rivières,  en  fleuves,  et  vont  reporter  h  la  mer  les 
eaux  qui  en  étaient  sorties  ,  en  déposant  dans  son  sein 
ou  sur  ses  bords  les  matières  qu'elles  avaient  entraî- 
nées dans  leur  cours.  Le  soleil,  par  la  force  et  la 
chaleur  de  ses  rayons,  aspire  sans  cesse  de  nouvelles 
eaux  sur  la  vaste  étendue  des  mers ,  en  forme  des 
vapeurs  qui  se  condensent  en  nuages  ,  que  le  vent 
soutient  et  fait  voyager  dans  l'atmosphère  ,  jusqu'à 
ce  que ,  devenus  trop  pesants  par  leur  agglomération , 
ils  retombent  en  pluies  salutaires  sur  la  surface  de 
la  terre ,  pour  animer  ,  féconder  et  nourrir  tous  les 
êtres  de  la  nature.  Ainsi  la  terre  fournit  les  végétaux; 
ces  v^étaux  servent  à  la  nourriture  des  animaux  ; 
ces  animaux  sont  détruits  à  leur  tour,  et  rentrent 
dans  le  domaine  du  règne  minéral ,  pour  ensuite  re- 
prendre une  nouvelle  vie  sous  différentes  formes,  et 
parcourir  ainsi  par  un  mouvement  perpétuel  les  trois 
règnes  de  la  nature ,  de  sorte  que  rien  ne  s'anéantit 
sur  la  terre  ;  il  n'y  a  que  la  matière  qui  change  de 
forme  ;  la  nature  sans  cesse  animée  d'un  principe  de 
rie ,  tend  continuellement  h  décomposer  des  êtres  pour 
^n  recomposer  d'autres  avec  leurs  débris  ;  tout  est 
infini  dans  ce  monde  pour  celui  qui  fixe  sa  pensée 
sur  ce  qui  se  passe   en  lui  et  autour  de  lui. 

Que  de  réflexions  profondes  ne    font  pas  naître  cet 
ordre  admirable ,   cette   merveilleuse  harmonie  ,   qui 


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(») 

règlent  tous  les  moavemeats  de  notre  monde  physique  ! 
L^homme ,  qui,  par  ses  destinées,  est  le^premier ,  le 
plus  puissant  des  êtres  de  la  terre  ,  peut-il  mécon- 
naître une  suprême  intelligence  qui  préside  à  tout 
dans  ce  v^te  univers?  Si  les  astres,  par  leur  brillant 
éclat,  célèbrent  la  gloire  de  Dieu  ,  les  phénomènes 
terrestres  démontrent  également  son  immensité  et  sa 
puissance  étemelle. 


w 


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m 


' 


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(") 

CLASSE 

DES  SCIENCES  ET  ARTS. 


RAPPORT 

Fait  par  M.  Cazalis  ,  Secrétaire  perpétuel  de  la  Oasse 
des  Sciences, 

Messieurs  ^ 

Il  serait  inutile  que  je  cherchasse  ,  dans  un  exorde 
qui  ne  ferait  que  prolonger  votre  attente  ,  à  exciter 
votre  intérêt  pour  les  travaux  dont  j'ai  à  vous  entre- 
tenir. Vous  témoignez  assez  haut ,  en  venant  assister 
i  cette  séance  f  que  cet  intérêt  est  tout  vivant  dans 
votre  esprit.  Puissé-je  ,  malgré  la  concision  néces- 
saire à  ce  rapport ,  vous  présenter  Tanalyse  des  travaux 
des  membres  de  cette  Académie  sous  une  forme  capable 
de  vous  les  faire  dignement  apprécier* 

Phtsique  et  Mathématiques. 

s  M.  Dubuc  ,  qui,  plusieurs  fois*,  a  protesté  dans 
le  sein  de  TAcadémie  contre  Tefficacité  des  para- 
tonnerres ,  nous  a  communiqué  de  nouvelles  réflexions 
sur  cet  important  sujet.  11  a  présenté  ,  comme  pouvant 
appuyer  son  opinion  ,  cette  circonstance  qu^en  Italie 
et  en  Allemagne  ,  dans  les  années  1827  et  1828 , 
des  champs  en  plein  rapport  ont  été  foudroyés  et 
ravagés  par  des  averses  épouvantables ,  quoique  armés 

de  nombreux  paragrêles* 

s. 


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A  Paris,  le  a  juillet  1827 ,  un  ouragan  tiès-violentt 
aoÎTi  immédiatement  d^ane  averse  qui  transforma 
en  on  clin  d*iBil  le  beau  jardin  des  Tuileries  en 
mi  vaste  lac  ,  et  pendant  lequel  la  foudre  tomba  2i 
plusieurs  reprises  sur  des  maisons  de  la  rue  Richelieu, 
éclata  et  sembla  se  concentrer  sur  un  quartier  de  la 
capitale  où  existe  un  grand  nombre  de  paratonnerres. 

M.  Dubuc  cite  aussi  Tëvénement  arrivé  au  ma- 
gasin à  poudre  de  Bayonne.  Ce  bâtiment ,  quoique 
armé  d'un  paratonnerre  ^  a  été  endommagé  par  la 
foudre  d'une  manière  assez  grave  pour  que  le  mi- 
nistre de  la  guerre  ,  auquel  un  procès-verbal  de  cet 
accident  avait  été  adressé  par  les  autorités  du  .  lieu  , 
demandât  à  TAcadânie  des  sciences  un  rapport  sur 
cet  important  sujet.  Notre  savant  confrère ,  par  suite 
de  ses  idées  relativement  ii  rinfluenqs  sur  la  foudre , 
des  appareils  métalliques  élevés  dans  l'atmosphère , 
craint  qu'en  construisant  en  fonte  la  flèche  de  la 
cathédrale  de  cette  ville  ,  on  n'élève  qu'un  monu- 
ment peu  durable  à  raison  des  secousses  puissantes 
que  lui  fera  subir  l'électricité  atmosphérique.  Il  craint 
encore  qu'une  semblable  masse  métallique  ,  présen- 
tant ,  en  tout  sens ,  prise  aux  détonations  électriques 
ou  hydro-électriques ,  n'occasionne  des  trombes  aâiennes 
ou  aqueuses  dont  les  propriétés  voisines  de  l'édifice 
auront  à  souffrir.  II  aurait  voulu ,  par  ces  raisons , 
voir  construire  cette  flèche  en  pierres  de  taille. 

«-  Répondant  aux  doutes  de  M.  Dubuc ,  M.  Lévy 
s'est  attaché  à  prouver ,  dans  une  discussion  rapide , 
que  les  faits  les  mieux  observés  démontrent  l'efficacité 
des  moyens  proposés  par  le  célèbre  Francklin  pour 
pr^rver  nos  édifices  de  l'action  de  la  foudre.  Les 
vrais  principes  de  la  science  sont  ,  d'ailleurs  ,  ici 
d'accord  avec  les  faits.  Or,  est-ce  par  un  scepticisme 


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(  '3) 
fond^  sur   des  considérations   plus   on   moins   vagues 
que   Ton  pourra  renverser  cet  accord  ?   Il  n'en  peut 
être  ainsi. 

L'opinion  de  M.  Lëvy  a  en  sa  faveur  d'être  celle 
de  l'Académie  des  sciences.  Elle  est  consignée  dans  un 
rapport  qui  avait  été  demandé  h  cette  Société  savante 
par  le  Ministre  de  l'Intérieur.  M.  Lévy  rappelle  les 
parties  les  plus  importantes  de  ce  rapport. 

L'efficacité  des  paratonnerres  démontrée ,  M.  Lévy 
rejette  bien  loin  les  Craintes  que  Ton  pourrait  élever 
au  sujet  de  la  présence  dans  l'atmosphère  de  la  flèche 
métallique  que  l'on  va  construire  sur  la  cathédrale. 
Qu'on  la  munisse  de  conducteurs  bien  disposés ,  ayant 
une  communication  bien  intime  avec  le  sol ,  et  elle 
soutirera  aux  nuages  orageux  la  matière  de  la  foudre , 
sans  dommage  pour  elle  et  au  grand  avantage  de  nos 
habitations. 

—  Peu  convaincu  par  la  réponse  de  M.  Lévy, 
M.  Dubuc  a  reproduit  ^  avec  de  nouveaux  développe- 
ments ,  les  raisonnements  et  les  faits  qui  prouvent , 
selon  lui ,  le  peu  de  confiance  que  Ton  doit  avoir  dans' 
refBcacité  des  paratonnerres.  Il  persiste  donc  dans 
son  opinion,  et  croit  que  la  flèche  toute  métallique 
qu'on  va  élever  è  Rouen  aura  de  graves  inconvénients. 

—  M.  Lévy  a  terminé  cette  discussion  en  communi- 
quant à  l'Académie  deux  lettres,  Tune  de  M.  Gay-Lussac, 
Tautre  de  M.  Fourier,  tous  deux  membres  de  T Académie 
des  sciences  ;  ces  deux  savants  se  montrent ,  dans  ces 
lettres ,  convaincus  de  l'efficacité  des  paratonnerres  ; 
selon  eux ,  aucun  danger  n'est  h  redouter  de  la  cons- 
truction en  fer  de  la  flèche  de  la  cathédrale  :  elle 
garantira ,  au  contraire ,  tout  le  voisinage  des  atteintes 
de  la  foudre. 


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(  I4  ) 

Enfin  M,  Lëvy  a  donné  lecture  d'un  extrait  du 
rapport  fait  à  TAcadémie  des  sciences  ,  relativement 
aux  dégâts  occasionnés  par  la  foudre  sur  le  magasin 
h  poudre  de  Bayonne  ,  quoiqu'il  fût  armé  d'un  pa- 
ratonnerre. Tout  le  mal  est  provenu  de  la  mauvaise 
communication  que  l'on  avait  établie  entre  le  conducteur 
du  paratonnerre  et  le  sol.  Cette  mauvaise  commu- 
nication a  permis  à  la  matière  de  la  foudre  de  s  ac- 
cumuler sur  la  tige  du  conducteur ,  d'où  elle  a  fait 
explosion  sur  diverses  parties  d^  l'édifice. 

=  Nous  devons  à  M.  Pénaux  un  rapport  sur 
la  i3k"*  édition  du  Manuel  des  poids  et  mesures, 
excellent  ouvrage  dû  ii  M.  Tarbé  des  Sablons,  l'un 
de   nos  correspondants. 

=  M.  Morin ,  ingénieur  des  ponU  et  chaussées ,  a 
adressé  le  deuxième  et  le  troisième  caliier  de  sa  corres- 
pondance météorologique  ;  M.  Cazalis  les  a  fait  con- 
naître par  un  rapport  verbal. 

Le  même  membre  a  fait  un  rapport  sur  un  Mémoire 
d'optique  de  M.  Bourgeois. 

Chimie. 

=  M.  Dubuc  a  communiqué  h  l'Académie  des 
recherches  sur  le  principe  vénéneux  du  coriana  myr- 
iifoUa ,  suivis  d'une  notice  sur  les  propriétés  tinctoriales 
de  cet  arbrisseau. 

Un  empoisonnement  arrivé  Tannée  dernière  \  Ha- 
zebrouck  ,  département  du  Nord  ,  par  l'emploi  du 
p;rabeau  de  séné  mêlé  de  feuilles  de  coriaria ,  a  suggéré 
à  notre  savant  confrère  l'idée  de  faire  des  recherches 
rhimico-analytiques  pour  découvrir  la  nature  du  prin- 
cipe qui  rend  cette  plante  si  vénéneuse. 

D'après  ces  recherches ,  ce  ne  serait  pas  au  taniiin , 
comme   quelques  personnes   l'ont   prétendu  ,  que   le 


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(  i5) 
coriaria  devrait  ses  qualités  vénéneuses ,   puisque   ce 
principe  y  entre  lout  au  plus  pourT^^,   mais  bien  à 
Tacide  gallique  qui  s'y  trouve  en  proportion  beaucoup 
plus  gfande,  rs  environ. 

On  peut  facilement  reconnaître ,  h  Paide  de  la  saveur  ^ 
on  plus  sûrement  h  Taide  d'un  sel  ferrugineux ,  le 
ccrima  mêlé  au  séné  médical  ou  h  toute  autre  plante. 
Une  infusion  qui  renferme  les  plus  petites  proportions 
de  coriaria  devient  noire  par  Faction  d'un  sel  de  fer. 

L'ammoniaque  paraît  youvoir  servir  de  contre-poison, 
dans  le  cas  d'empoisonnement  par  le   coriaria. 

Ces  recherches  sont  terminées  par  la  notice  suivante^ 
sor  les  propriétés  tinctoriales  du  redoul. 

«  Les  propriétés  astringentes  et  tinctoriales  de  cet 
arbrisseau  ne  sont  pas  assez  connues.  Notre  compatriote, 
le  savant  M.  Damboumay  ,  n'en  dit  pas  même  un  mot 
dans  son  ouvrage  sur  les  qualités  tinctoriales  d'un 
grand  nombre  de  nos  végétaux  indigènes  qu'il  a  essayés  ; 
et  il  allait  peut-être  une  circonstance  comme  celle 
qui  m'a  déterminé  à  en  faire  une  sorte  d'analyse , 
pour  pouvoir  les  apprécier....  En  effet,  qui  aurait  cru 
que  ce  coriaria^  récolté  à  Rouen  ,  à  Lille  ,  etc. ,  récèle 
près  d'un  dixième  de  son  poids  ,  étant  sec ,  d'acide 
gallique  ;  et  comme  cet  acide ,  combiné  à  Toxide  de 
fer  ,  forme  en  général  la  base  des  belles  couleurs 
noires  sur  les  étoffes  et  pour  faire  de  l'encre,  quel 
avantage  ne  tirerait-on  pas  en  France  de  la  culture 
de  cet  arbrisseau ,  surtout  dans  les  nombreux  terrains 
arides  ,  secs  et  caillouteux  non  cultivés,  et  encore  si 
communs  dans  le  royaume  ?  On  pourrait  en  faire  deux 
coupes  chaque  année;  et  je  suis  convaincu  que  ce 
genre  d'exploitation  agricole  serait  d'un  excellent  rap- 
port pour  ceux  k  qui  les  localités  permettent  la  culture 
de  cette  plante  vraiment  tmctonaicy  et  sans  nuire 
toutefois  à  la  récolte  des  céréales. 


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(t6) 

w  J^ai  fait  plusieurs  essais  avec  lies  feuilles  et  le  bois 
haché  de  cet  arbrisseau ,  pour  teindre  en  noir  du  coton  et 
de  la  laine;  ces  essais  m'ont  parfaitement  réussi ,  malgré 
mon  peli  de  connaissance^  dans  Tart  du  teinturier. 

<«  .  J'ai  également  préparé  une  bonne  encre  avec 
les  feuilles  sèches  du  coiiaria  myrlifoUa^  surtout  en  j 
ajoutant  un  peu  de  noix  de  galle  ordinaire.  Yoici 
la  recette  pour  faire  cette  encre  : 

tr  Prenez  :  feuilles  de  coriaria  myrtifolia,  quatre  gros  ; 
noix  de  galle  noire  j  un  gros  ;  Tune  et  Tautre  écrasées. 
On  verse  dçssus  douze  onces  d'eau  bouillante,  puis 
on  laisse  infuser  dans  les  cendres  chaudes,  en  agitant 
de  temps  en  temps  le  mélange*  Après  vingt-quatre 
heures  d'infusion ,  on  coule  avec  expression  ;  alors  on 
ajoute  à  la  colature  quatre  gros  de  gomn^e  arabique 
ordinaire  concassée ,  et  trois  gros  de  sulfate  vert  de  fer. 
On  tient  le  tout  chaudement ,  mais  sans  bouillir,  pendant 
quelques. minutes  ;  on  agit^  ,  et  l'encre  est  faite. 

te  Cette  encre  est  belle ,  coule  bien  sous  la  plume , 
et  j^en  expose  l'effet  aux  yeux  de  l'Académie. 

«  £nfm,  des  essais  comparés  prouvent  aussi  que  ce 
coriaria  (  qui  n*est  pas  un  sumac  ) ,  est  plus  riche  en 
principe  teignant  que  le  sumac  ordinaire  du  commerce, 
et  dont  nous  sommes  tributaires  de  l'étranger  pour 
approvisionner  les  ateliers  de  teinturerie  en  France.  Par 
tous  ces  motifs ,  on  ne  peut  trop  s'empresser  d'indiquer 
les  propriétés  tinctoriales  di%  redoul,  afin  qu'on  en 
multiplie  la  culture   parmi  nous,  etc.,  etc.. 

<c  Peut-être  semblera-t-il  étrange  que  j'aie  parlé  tout- 
h- la-fois,  dans  le  même  travail ,  des  propriétés  toxiques 
et  tinctoriales  de  ce  genre  de  coriaria  ;  mais ,  en 
chimie ,  tout  se  tient,  et  il  est  difficile  de  taire  ce  qu'on 
croit  utile  à  l'agriculture  ,  au  commerce  et  i  l'in- 
dustrie, surtout  quand  les  circonstances  nous  j  amènent 
presque  naturellement. 


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(«7) 

«  En  d^nitif,  cette  notice  sur  les  propriëtës  tinc- 
toriales du  cùriaria  à  feuilles  de  myrthc  est  encore 
iacomplète,  je  Tavoue  ;  mais  elle  peut  donner  nais- 
sance à  de  nouvelles  recherches  sur  ce  végétal  y  que  je 
r^arde  déjà  comme  pouvant  suppléer ,  par  sa  culture 
en  France ,  la  plupart  des  ingrédients  astringents  que 
le  commerce  tire  à  grands  frais  de  l'autre  hémisphère 
pour  le  besoin  tle  nos  ateliers. 

«  Je  crois ,  Messieurs  ,  que  ce  Mémoire  n'est  pas 
dénié  d'intérêt ,  soit  pour  l 'art  de  guérir ,  soit  pour  les 
Arts  agricoles  et  industriels.  Ces  motifs  m'oat  déterminé 
à  TOUS  le  conununiquer  et  h  le  soumettre  à  vos  mé* 
ditations. 

•  ^qUju  Postérieurement  a  la  rédaction  de  ce  Mé- 
moin* ,  j'ai  lu ,  dans  le  fiuUetin  que  publie  périodi- 
quement de  ses  travaux  la  Société  académique  4^ 
Limoges ,  que  cette  Société  avait  admis  ^  Tannée  der- 
nière ,  \  Texposition ,  des  bois  de  teinture  que  produit 
le  département  de  la  Tienne ,  le  redoul  qu'on  recueille 
dans  les  inontagnes  du  Quercy,  comme  pouvant  rem- 
placer avec  succès  le  sumac  étranger  dans  les  ateliers 
de  teinturerie  de  France  -,  mais  on  n'y  rapporte  aucunes 
expériences  pouf  justifier  *  celte  assertion  ;  de  ma- 
nière que  ma  notice  sur  le  coriaria  myriifoUa  ^  comme 
ingrédient  tinctorial ^  sembte  faite  tout  à- propos  pour 
confirmer  Tidée  émise  sur  ce  végétal  par  la  société 
scientifique  de  Limoges.  (  VoirXt  Bulletin  n»  i,  tome  7, 
imprimé  par  ordi^e  de  cette  Société.  )  » 

=:  H.  Morin  %  aossi  soumis  les  feuilles  de  coriaria 
\  ui  examen  chimique»  -  Son  attention  a  été  appelée 
lur  ces  feuilles  remaïquables  par  leurs  qualités  vé- 
néneuses y  parce  que ,  dans  ces  derniers  temps ,  une  cu- 
pidité criminelle  les  a  employées  à  la  sophistication 

3 


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(  i8) 
du  grabeau  de  séné.  Son  iravaii  oflfre  un  expose  complet 
de  son  analyse  ;    en  voici  les  résultats  : 

i<>  De  rhuile   volatile  ; 

a<*  De  Tacide  gallique  en  petite  quantité  ; 

3**  Du  tannin  ; 

4®  Un   sucre  liquide  analogue  h  celui    qu^on  ren- 
contre dans  quelques  végétaux  ; 

5®  De  la   chlorophyle  ; 

6**  Une  matière  jaune ,  de  nature  albumineuse,  éta- 
blissant le  passage  entre  le  chlorophyle  et  la  chromule  ; 

7"  Du  soufre  ; 

8<*  Des  sels  minéraux  ,  de  la  silice  ,  de  Toxide  de 
fer  ; 

9<*  Enfin ,  qu'il  n^existe  pas  dans  ce  v^tal  d^alcali- 
organique. 

M.  Morin  ne  s'est  pas  proposé  de  rechercher  à  quel 
principe  les  feuilles  de  coriaria  doivent  leur  propriété 
toxique  ;  il  abandonne  cette  question  au  médecin , 
tout  en  regardant  comme  peu  probable  Topinion  qui 
Vattribuerait  li   T acide  gallique. 

=  Une  question  d'un  grand  intérêt  pour  la  médecine 
légale  a  été  Tobjet  d'un  travail  fort  important  de  la 
part  de  M.  Morin»  Appelé ,  par  les  Magistrats ,  pour 
établir  quelle  pouvait  être  la  nature  de  taches  brunes- 
rougeâtres  qui  existaient  sur  un  vêtement ,  et  qui ,  au 
dire  de  Taccusé,  était  le  résultat  de  l'application  du 
sang  de  poisson  j  notre  confrère  a  été  nécessairement 
conduit  h  rechercher  la  nature  des  principes  qui 
composent  ce  liquide  animal.  Aucun  travail  antérieur 
sur  le  même  sujet  ne  pouvant  l'aider  dans  ses  re- 
cherches ,  il  a  dii  recourir  à  des  essab  multipliés  pour 
obtenir  le  meilleur  mode  d'analyse  applicable  dans 
cette    circonstance. 

Son  travail  lui  a  permis  de  conclure  que  les  taches  pro- 


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(  î9) 
duites  sur  les  vêtements  par  le  sang  de  poisson ,  ne  peur- 
vent  être  confondues  avec  celles  qui  résultent  de  Tappli- 
cation  du  sang  des  mammifères ,   par  la  nature  de  la 
matière  colorante  et  par  Pabsence  de  la  fibrine. 

=  Nous  devons  encore  à  M.  Morin  la  communi- 
cation d'une  note  de  M.  J.  Thibourmëry ,  qui  constate 
la  présence  du  bleu  de  Prusse  dans  les  sels  de  soude 
du  commerce  ;  observation  qui ,  d'ailleurs ,  n'est  pas 
nouvelle. 

L^auteur  de  cette  note  se  propose  de  rechercher  à 
quelle  époque  de  la  fabrication  ce  composé  se  forme, 
s'il  existe  dans  les  soudes  factices  et  dans  les  alcalis 
naturels,  et  pourquoi  certains  sels  de  soude  en  sont 
privés. 

Médecine. 

=  M.  Cottcreau,  auquel  l'Acad^le  a  accordé  Te 
titre  de  membre  correspondant ,  a  adressé  un  Mé^ 
moire  intitulé  :  De  quelques  effets  singuliers  produits  par 
i*usage  interne  ou  externe  de  certains  médicaments.  L'élude 
à  laquelle  s'est  livré  M.  Cotlereau  dans  son  Mémoire  , 
est  des  plus  importantes  pour  lés  médecins  praticiens. 
11  a  reconnu  que  les  idiosyncrasies  particulières  contre- 
indiquaient  souvent  l'application  des  médicaments  Ibs 
plus  simples  et  les  plus  inoffensifs  en  apparence. 
Vérité  dont  tout  médecin  doit  bien  se  pénétrer ,  et 
qui  a ,  d'ailleurs ,  été  professée  de  tout  temps  par  les 
bons  observateurs.  Les  observations  que  M.  Cottereau 
a  apportées  h  l'appui  de  sa  proposition  sont  très-bien 
faites,  et  son  travaiï  est  digne  de  Testime  des  mé- 
decins praticiens  :  telles  sont  les  conclusions  du  rapport 
qui  vous  a  été  fait  sur  son  Mémoire  par  M.  Des 
Alleurs  fils,   au  nom  d'une   commission. 

=  Nous  devons  encore  à  M»  Des  Alleurs ,.  organe 

3. 


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(M) 

d^une  autre  commbsion  ,  un  rapport  sur  un  Mémoire 
de  M.  Patel ,  docteur  médecin  à  Evrem  ,  sur  les  vers 
plats  dans  Tespèce  humaine.  Ce  travail,  qui  annonce  dans 
son  auteur  une  bonne  méthode,  de  la  réserve  et  un 
bon  tact  médical ,  est  partagé  en  deux  parties ,  Tune 
théorique  et  technologique  ,  et  Tautre  entièrement  pra- 
tique. 

Les  idées  générales  sur  les  entozoaires  et  sur  les 
causes  et  le  mode  de  leur  formation ,  mises  en  avant 
par  M.  Patel ,  sont  sages  et  empreintes  de  ce  doute 
philosophique  qui  n^exclut  pas  les  opinions  respectables. 
Il  combat  avec  succès  cette  opinion ,  qui  tendrait  à 
faire  regarder  les  vers  comme  la  suite  des  irritations 
intestinales. 

Ses  descriptions  des  vers  plats  ,  la  manière  très-claire 
dont  il  démontre  que  le  toenia  armé  ,  que  Ton  doit 
bien  distinguer  du  botryocéphale  ou  tœnia  non  armé, 
est  le  ver  solitaire  des  Français ,  annoncent  dans  leur 
auteur  des  connaissances  assez  étendues  en  anatomie 
comparée.  Enfin ,  il  n*y  aurait  rien  k  redire  à  la  des- 
cription des  accidents  causés  par  les  vers  en  général , 
et  par  le  tœnia  en  particulier ,  si  M.  Patel  n^avait 
pas  omis  un  symptôme  qui  est  caractéristique  du 
tœnia  dans  quelques  circonstances  ;  c^est  une  toox  farte, 
rauque  ,  stomacale,  qui  prend  par  crise  et  devient 
quelquefois  convulsive. 

Dans  la  partie  pratique  de  son  Mémoire  ,  M.  Patel 
suit  la  meilleure  marche  et  la  seule  qui  convienne 
en  pareil  cas  ;  il  cite  un  grand  nombre  d'observations 
dans  lesquelles  l'emploi  de  Técorce  de  grenadier  a 
parfûtement  réussi.  L'huile  empyreumatique  réussit 
bien  aussi  ;  mais  la  saveur  a&euse  de  ce  médicament 
doit  j  faire  renoncer.  Enfin,  M.  Patel  a  soin  de  décrire 
la  forme  et  la  dose  suivant  le^uelles  il  emploie  Té- 
corce  de  grenadier  ;  tout  en  disant   que  c^est  au  tact 


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(ai  ) 
du  mëdecin  ik  varier  la  prescription  de  ce  mëdicament  f 
lur  rage  et  le   tempérament  des  individus. 

Les  conclusions  de  ce  Mémoire  sont  sages ,  mo*- 
d^ées ,  et ,  en  le  lisant ,  on  peut  se  convaincre  qu^elles 
sont  appuyées  sur  des  raisonnements  justes  «  sur  des 
Uts  vrais  et  bien  observés.  Elles  annoncent  une  bonne 
méthode  ^  de  la  réserve  et  un   bon  tact  médical. 

M.  Patel  a  été  élu  membre  correspondant. 

=:  Une  thèse  sur  Vinjluence  des  tnn^aiix  tniettectueis 
S¥r  le  système  physique  de  Vhomme  y  adressée  à  FAca- 
iémt  par  son  auteur  M.  Begin  ^  a  été  Tobjet  d'un 
rapport  de  M.  Hellis.  Le  sujet  a  paru  à  votre  rap- 
porteur traité  avec  une  érudition  et  une  rectitude 
d*esprit ,  qui  attestent  à-la-fois  un  bon  jugement  et 
des  études  solides. 

=  M.  Godefroy  nous  a  fait  connaître ,  par  un  rapport, 
une  brochure  de  M.  Palman  ,  ayant  pour  titre  :  Re- 
cherches sur  les  propriétés  médicales  du  charbon  de  bois, 
M.  Palman  présente  le  charbon  comme  un  spécifique 
contre  un  très-grand  nombre  de  maladies  les  plus 
cruelles  qui  attaquent  Thomme.  Il  lui  prête  des  qua- 
lités infinies,   mais  trop  souvent  imaginaires. 

=  Appelé  à  la  présidence  de  TAcadémie  ,  M.  Le 
Prévost  a  ouvert  nos  travaux  par  un  discours  dans 
lequel  il  a  renfermé  des  recherches  fort  intéressantes 
sur  la  monomanie  homicide*  On  a  présenté,  dans  ces 
derniers  temps  ,  comme  une  maladie  nouvelle ,  une 
monomanie  atroce  qui  porterait  ceux  qui  en  sont 
atteints  à  forger  des  enfants.  La  monomanie  homi«« 
cide  n'est  pa!s  une  maladie  nouvelle  ;  M.  Le  Prévost 
cite  plusieurs  observations  de  cette  maladie  ,  que  lui 
^  présentées  sa  pratique  ;   mais  Tinvasion   d'un  mal 


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(M) 

issi  terrible  nVst  jamais  subite  ;  elle  s^airoonce  par 

»  symptômes  qui ,  d^abord  faibles,  augmentent  avec 

s  pr<^;res  du  mal  lui-même.  C'est  donc  h  tort  qa^on 

vcmlu  faire   déclarer  innocents  Papavoine  et  la  fille 

omier ,  que   les  crimes  atroces  quUls    ont  commis 

nt  rendus  si  fameux ,    en  soutenant    quHb  avaient 

^  sans  discernement  y  quHls  avaient  obéi  ^  une  in* 

uence  irrésistible ,  à  une  nouvelle  espèce  de  mono- 

lanie  homicide  dont  ils  avaient  été  atteints  subitement 

cns  aucune  cause  probable  apparente. 

«  Que   la  société  se  rassure  «   dit  en  terminant  M. 

Le  Prévost,  contre  la  nouvelle  monomanîe  atroce  dont* 

on  a  épouvantée  ;  elle  n'a  existé  que  dans  la  tête  de 

quelques    médecins  à   système.   Que    Tordre    social 

s'améliore  ,  que  les  mœurs  deviennent  plus  pures  ,  et 

les  âmes  sensibles  ne  seront  plus  attristées  par  des 

forfaits  aussi  révoltants.   » 

—  M.  Vingtrînier  a  aussi  communiqué  ^  TAc^démie 
n  travail  sur  la  monomanie  homicide.  Les  aberrations 
B  rintelligence  ont  été ,  selon  lui  ,  mal  connues  des 
nciens  ;  ils  en  ont  donné  de  mauvaises  classifications* 
a  distinction  expressément  recommandée  de  la  manie 
ms  délire  ,  ou  monomanie  ,  appartient  aux  observa- 
ions  modernes.  Parmi  tous  les  genres  de  monomanie  , 
i  monomanie  homicide  a  dû  prendre  rang  ;  c'est  en 
ain  qu'on  a  voulu  la  révoquer  en  doute  :  qu'on  a  voulu 
smbattre  son  existence  par  des  considérations  abs- 
aites  d'ordre,  tirëes  d'idées  religieuses  ou  morales^ 
uî  ne  peuvent  rien  contre  des  taits  bien  observés, 
l'est  après  sVtre  '  long-temps  refusé  h  croire  à  Tcxis- 
ince  d'une  aussi  terribre  maladie,  que  la  conviction 
e  M.  Vingtrinier  a  dû  se  former  d'après  les  faits 
ombreux  consignés  dans  les  ouvrages  d'observateurs 
labiles ,  et  d'après  ceux  que  sa  pratique  lui  a  fournis» 


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Ca3  J 
En  vous  citant  ces  faits ,  en  discutant  devant  vous  les 
objections  qu^on  leur  a  opposées ,  en  recherchant  leurs 
conséquences  nécessaires ,  Fauteur  vous  a  découvert  les 
basés  qui  fondent  son  opinion.  £nfin  ,  il  admet  Texis- 
tence  d'une  monomanie  homicide  dont  Tinvasion  peut 
être  subite,  et  qui  ne  se  manifesterait  par  aucun  désordre 
apparent  de  Tintelligence  ,  soit  avant ,  soit  après  Tacte 
qu'elle  aurait  nécessité, 

—  Tout  en  reconnaissant  de  nouveau  Texistcnce  de 
la  monomanie  homicide ,  M.  Le  Prévost  a  cru  devoir 
combattre  de  nouveau  cette  dernière  opinion,  qui  est 
d'ailleurs  celle  de  plusieurs  médecins  distingués.  Tous 
les  individus  atteints ,  selon  lui ,  de  ce  genre  de  maladie, 
qu'il  a  observés ,  avaient  donné  des  signes  d'aliénation 
mentale  avant  de  se  porter  h  des  actes  de  fureur ,  et 
cette  aliénation  a  continué  après  la  consommation  de 
ces  actes.  Mais  Papavoine  et  la  fille  Comier  n'ont 
donné  aucun  signe   de   folie    ni  avant  ni  après  leur 

crime Eh  bien  !  ils  n'étaient  pas  monomaniaques. ... 

Qui  a  donc  pu  les  porter  à  commettre  des  meurtres 
semblables  ?  aucun  intérêt  particulier  ne  paraît  les 
avoir  guidés.  Dans  un  temps  où  les  passions  sont  si 
exaltées  et  où  la  dépravation  des  mœurs  va  toujours 
croissant ,  est-il  étonnant  qu'il  se  trouve  des  êtres  qui , 
mus  par  des  passions  cachées,  se  portent  aux  plus  hor- 
ribles forfaits?  L'état  actuel  de  la  société  mérite  d'ailleurs 
de  semblables  reproches  ;  c'est  ce  que  s'attacRe  ^  prouver 
BL  Le  Prévost. 

—  M.  Yingtrinier  a  répondu  :  il  persiste  dans  son 
opinion.  Les  &its  cités  par  M.  Le  Prévost  ne  lui  pa- 
raissent pas  rentrer  dans  l'espèce  ;  il  s'attache  surtout 
à  arracher  le  cachet  d'immoralité  dont  M.  Le  Prévost 
a  vonla  marquer  notre  époque.  Il  a  mis,  pour  cela, 


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V 


(a4) 

SOUS  ses  yeux  des  relevas  statistiques  qui  lui  ont  semblé 
prouver  qu'aujourd'hui  il  n'y  a  pas  plus  d'en&nts  na- 
turels qu'autrefois ,  et  que  les  crimes  ne  sont  pas  plus 
multipliés  ;  bien  loin  de  là  ,  les  chifires  sont  en  faveur 
de  notre  époque. 

II  résulte  d'un  rele^'ë  des  enfants  trouvés,  reçus 
dans  l'hospice  de  cette  ville  ,  que  ,  depuis  douie  ans , 
dans  ce  département  ,  le  chiflirc  de;s  enfants  exposés 
est  fixé  à  gSo  environ ,  et  que  celui  des  enfants  aban- 
donnés est  diminué  de  13 1  à  ^u 

Quant  aux  crimes ,  Je  nombre  des  condamnations 
capitales  a  été  en  diminuant  depub  38  ans,  et ,  depuis 
i8i3,  il  paraît  fixé  au  terme  moyen  de  4*  Le  nombre 
des  préventions ,  pour  l'arrondissement  de  Rouen ,  est 
resté  le  môme  depuis  i8a3;  il  est  de   ySo. 

Des  recherches  semblables  ,  faites  sur  une  plus 
grande  échelle  %  publiées  par  le  ministère  de  la  justice 
et  par  M.  Ch  Dupin,  donnent  des  résultats  dans  le 
m(^me  sens. 

—  Cette  discussion ,  toute  dans  Tintér^t  de  la  science, 
s'est  terminée  par  de  nouvelles  réflexions  dans  les- 
quelles M.  Le  Prévost  combat  encore  les  idées  de 
M.  Yingtrinier  ,  en  reproduisant  avec  de  nouveaux 
développements,  et  les  faits  qu'il  avait  cités,  et  les  consi- 
dérations générales  dont  il  les:  avait  accompagnés.  H 
s'attache  à  montrer  que  les  objections  qu'on  lui  a 
faites  ne  sont  nullement  concluantes  ;  enfin ,  il  appuie 
son  opinion  par  la  citation  des  faits  dont  l'obser- 
vation est  due  à  M.  Esquirol ,  et  qui  lui  paraissent 
montrer  que  l'opinion  qu'on  lui  oppose  est  erronée. 
11  cite  aussi  un  long  passage  où  ,  comme  lui,  M. 
Esquirol  se  plaint  de  l'immoralité  de  notre  époque, 
en  la  présentaïit  comme  la  cause  la  plus  firéquente 
des  aliénations  mentales. 


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IL 


(a6) 
arbres f  même  ceux  qui  oat  le  plus  souffert,  couioerfs 
des  couches  grasses  lancelleuses  formées  par  raccumu- 
latioQ  des  débris  des  insectes  qui  ont  vécu  sur  eux , 
reprennent  une.  vigueur  extraordinaire  de  v^tadon. 

Notre  confrère  a  consigné ,  dans' sa  notice,  un  (ait 
qui  lui  a  été  attesté  par  des  personnes  dignes  de  foi  ; 
c'est  que  le  hant ,  ou  parcours  des  moutons  t  a  la  pro- 
priété de  préser^r  les  arbres  des  ravages  du  puceron 
lanigère. 

=  Au  nom  d^une  commission  »  M.  Houtou-Labil- 
lardière  a  fait  un  rapport  sur  un  ouvrage  adressé  h 
l'Académie  par  M.  Girardin,  et  ayant  pour  titre  :  Élémenis 
de  minéralogie  appUifuée  aux  sciences  chimiques  ,  par 
AIM.  Girardin  et  Le  Coq. 

Cet  ouvrage ,  basé  sur  la  méthode  de  Berzélius ,  est 
partagé  en  quatre  livres. 

Le  premier  livre  est  destiné  ^  Texposé  des  prin- 
cipes sur  lesquels  repose  la  science  des  corps  inor- 
ganiques. Il  comprend  les  caractères  des  minéraux , 
leur  composition  chimique  ,  les  signes  employés  pour 
le$  représenter ,  la  classification ,  etc. 

Le  deuxième  livre  comprend  la  description  de  l'espèce 
minérale. 

La.géognosie  fait  Tobjet  du  troisième  livre;  le  qua- 
trième est  consacré  à  la  métallurgie  et  in  la  docimasie. 

lies  détaik  dans  lesquels  entre  le  rapport  sur  chacune 
de  ces  parties,  sont  faits  pour  donner  une  haute  idée  de 
Timportance  de  cet  ouvrage  ,  qui  manquait  d'ailleurs 
totalement  aux  personnes  qui,  ne  pouvant  pas  s^  livrer 
exclusivement  h  J'étude  de  la  minéralogie  ,  doivent  ou 
veulent  cependant  posséder  des  connaissances  réelles 
sur  cet  objet. 

La  même  commission  a  eu  aussi  à  examiner  une 
brochure  de  M.  Girardin ,  intitulée  :  Anafyse  du  damiu 


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(«7) 
Uget  Al  Puy-de-Dime.  Ce  travail ,  intéressant  pour  le 
géologue  ,    prouve  dans  son  auteur   un  habile  mani- 
pulateur.  M.  Girardifi  a  été  appelé  à  faire  partie  de» 
membres  résidents  de  TAcadémie. 

=  VI.  Lévy  a  mis  sous  les  yeux  de  TAcadémie  des 
os  iinpr^;nés  d^une  couleur  verte  ,  qui  ont  été  trouvés 
enfouis  dans  le  sol  ;  quelques-uns  présentaient  une 
couleur  violette. 

=  M.  Le  Prévost ,  vétérinaire ,  a  lu  une  notice  sur 
deux  ttah  de  poule  bardés  et  réunis  par  un  cordon 
membraneux. 

=  M.  Aug.  Le  Prévost  a  fait  hommage  h  TAca- 
demie  d*une  brochure  intitlïléè  :  àts  Lichens  calicUndes. 
M.  Levieux  en  a  rendu  compte  ;  c'est  une  traduction 
du  suédois  d'un  mémoire  d'Erik  Achàrius.  Cette  tra- 
duction est  précédée  d'une  préface  très-étendue  ,  dans 
laquelle  notre  confrère  développe  de  profondes  connais- 
sances sur  la  famille  des  lichens  ,  objet  de  son  af- 
fection particuliètf'e ,  et  dont  il  s'attache  b  faire  sentir  | 
par  des  considérations  neuves  et  élevées  ,  Timportanc^ 
des  fonctions  dans  Tordre  de   la  nature. 

=  M.  Loiseleur  des  Longchamps  a  aussi  fait  hom- 
mage de  sa  Flora  ùalUca,  M.  Le  Turquier  vous  a  fait 
connattre  cet  important  ouvrage  dans  un  rapport  dé- 
taillé. 

=  L'Académie  a  reçu  de  M.  ^Prévost  ^  pépiniériste  i 
un  exemplaire  de  son  Cataiague  descriptif ,  mélhoâUfue 
et  raisonné  des  espèces ,  variétés  et  sous^ariétés  du  genre 
rosier ,  qui  sont  cultivées  chez  lui,  M.  Dubreuil  a  (ail 
un  rapport  sur  cet  ouvrage. 

=  Nous  devons  b  M.  Levieux  deux  rapports  sur  deux 

4. 


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(a8) 
vrages  adressas  à  TÂcadëmie  par  deux  savants  coi^ 
ipondants ,  Tun  de  M.  Fée  ,  sur  le  Lotos  des  anciens  ^ 
utre  de   M.  Desmazières ,  professeur  de  botanique 
Lille. 

Industrie.  —  Agriculture. 

:s  M.  Deville  a  fait  un  rapport  sur  un  Mémoire 
\  MM.  Langlumë  et  Chevallier  ^  contenant  Texposé 
>  plusieurs  procédés  lithographiques  ;  des  nombreuses 
rpériences  auxquelles  s^est  livré  M.  Deville ,  en  sui- 
mt  avec  soin  les  indications  des  auteurs ,  soit  pour 
îSaçage  des  pierres  ,  soit  pour  la  retouche  des  dessins, 
[}nt  conduit  à  conclure  que  les  procédés  indiqués  n^at- 
lignaient  pas  le  but  annoncé. 

ss  M.  Prosper  Pimont  nous  a  fait  connaître  qu'il  était 
arvenu  h  tirer  du  dépôt  des  bains  de  teinture  un  nouveau 
ombustible ,  qui  a  beaucoup  de  rapport  avec  la  tourbe, 
le  nouveau  combustible ,  sans  pouvoir  être  employé 
ans  toutes  les  opérations ,  pourrait ,  comme  la  tourbe 
e  nos  marais,  lui  être  substitué  avec  avantage  dans 
uelques  circonstances.  Au  reste  ,  M.  Pimont  a  promis 
e  nouvelles  recherches  à  ce  sujet. 

=:  Chargé  dé  rendre  compte  d^une  brochure  de 
ff.  Héricart  de  Thury ,  sur  les  puits  artésiens ,  M. 
jévy  a  profité  de'  cette  occasion  pour  traiter  devant 
'Académie  les  principales  questions  qui  se  rattachent 
i  ce  moyen  si  précieux  de  se  procurer  de  l'eau  en 
abondance.  Il  s'est  surtout  atUché  à  faire  connaître 
'origine  que  Ton  peut  attribuer  à  ces  eaux  qui 
•'élèvept  naturellement  jusqu'au  niveau  du  sol  ,  et 
{uelquefois  au-dessus,  et  à  indiquer  les  conditions 
Idéologiques   dans  lesquelles    se   trouvent  les   terrains 


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(=»9) 
les  plus  favorables  pour   rétablissement  des  puits  ar- 
tésiens. ' 

=  Nous  devons  encore  à  M.  hévy  une  traduction 
d*un  mémoire  de  sir  William  Gongrève  ,  renfermant 
le  prospectus  d^une  machine  pour  &ire  marcher  les 
vaisseaux  en  mer  par  la  force  des  vagues. 

=  M.  Gossier  a  lu  les  réponses  faite^ux  questions 
adressées  par  la  Société  d'Agriculture  de  Paris,  relati- 
vement à  la  culture  ,  au  rouissage  et  au  broiement  du 
dianvre  et  du  lin  dans  ce  pays. 

s  Une  école  centrale  des  arts  et  des  manufactures 
vient  de  s'établir  i  Paris.  Les  administrateurs  ont  adressé 
\  TAcadémie  un  prospectus  dans  lequel  le  but  et  les 
avantages  de  cet  établissement  sont  exposés  avec  détail; 
et  qui  renferme  aussi  les  programmes  des  différents 
cours  qui  y  seront  faits.  M.  Destigny  a  donné  ,  dans 
un  rapport  spécial ,  une  idée  fort  avantageuse  d'un 
établissement  qui  peut  être  si  utile  h  notre  industrie, 
et  d'où  devront  sortir  des  ingénieurs  civils  et  des  chefs 
d'ateliers  instruits  par  la  théorie  et  par  la  pratique. 

Une  demi-bourse  a  été  mise  à  la  disposition  de 
r Académie  par  les  fondateurs  de  l'école. 

s  Plusieurs  numéros  des  Annales  de  l'industrie  fran- 
cise et  étrangère  ont  été  l'objet  d'un  rapport  très- 
favorable  de  M.  Lévy. 

=  M.  Brunel,  membre  correspondant  ,  a  assisté 
^  une  de  nos  séances ,  et  l'Académie  a  eu  le  précieux 
avantage  de  recevoir  de  cet  habile  ingénieur  des  dé- 
tails sur  les  travaux  qu'il  avait  exécutés  jusqu'alors 
pour  la  construction  d'un  passage  sous  la  Tamise  ; 
il  nous  a  fait  connaître   les  moyens  qu'il  a  employés 


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(3o) 
et  les  obstacles  qu'il  a  eus  h  surmonter.  Des  plans 
figuratifs  ,  sur  lesquels  chacun  pouvait  suivre  les  ex- 
plications de  M.  Brunel ,  ont  facilité  Tintelligence  de 
travaux  aussi  remarquables  par  leur  nouveauté  que  par 
leur  hardiesse. 

Le  bouclier  de  cette  machine  puissante,  à  laquelle 
M.  Brunel  doit  en  grande  partie  tous  ces  succès ,  a 
fixé  vivementjVattention.  On  n'a  pas  vu  non  plus  «ans 
étonnement  comment ,  lorsque ,  par  deux  fois ,  le  lit 
de  la  Tamise  s'est  crevé  au-dessus  du  bouclier,  et  le 
fleuve  a  fait  éruption  dans  les  galeries  ,  Thabile  in- 
génieur est  parvenu  à  boucher  l'excavation  et  à  sur- 
monter de  tels   obstacles. 

Dans  ces  derniers  temps  des  bruits  se  sont  élevés, 
qui  semblaient  annoncer  que  Ton  prétendait  enlever 
^  M.  Brunel  la  gloire  de  terminer  des  travaux  dont 
il  a  déjà  poussé  l'exécution  si  loin  et  avec  tant  de 
succès  ;  mais ,  nous  sommes  heureux  de  le  dire ,  ces 
craintes  sont  dénuées  de  fondement  :  celui-là ,  qui  a 
trouvé  dans  son  génie  les  ressources  nécessaires  pour 
entreprendre  un  semblable  ouvrage  ,  aura  l'honneur  de 
le  terminer. 

M.  le  préfet  a  su  ménager  à  l'Académie  une  vive 
jouissance  en  faisant  ,  clans  cette  même  séance  , 
remettre  a  M.  Brunel  une  lettre  du  ministre  de 
l'intérieur ,  dont  lecture  a  été  donnée  de  suite ,  an- 
nonçant que  Sa  Majesté  accordait  à  M.  Brunel  le  titre 
de  chevalier  de  la  Légion  d'honneur ,  comme  témoi- 
gnage du  haut  intérêt  qu'elle  prenait  à  ses  importants 
travaux. 

M.  Bruno!  a  offert  h  l'Académie  un  exemplaire  de 
l'esquisse  des  travaux  du  passage  sous  la  Tamise. 

=  Deux  volumes  publiés  par  la  Société  centrale  et 
royale  d'agriculture  de  Paris,  avaient  été  renvoyés  à 


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M.  Dubuc, 
étendu. 

Ce  recueil 
de  ces  Ûiéc 
suivies,  met 
cultiver  les  i 
de  notre  coi 
ceux  qui  éci 

=:  Nous  a 
sant  de  M.  V 
Société  d'en 
a  fait  conna 
se  compose 

=  L'Acaà 
de  ia  plapj 
communicat 
publient  leu 

Nous  cite 
Douai,  Lin 

Les  Socié 
Metz  ,  Au 
de  Seine -e 
et- Loire  ; 

Des  Acad 

Ces  publj 
et  des  letti 
mérité  tout 
Dubuc,  A 
Gossier ,  P 
d'agriculturi 
volume  de 
rapport. 

as  En  t 


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(30 

tretenir  de  la  perte  si  douleureuse  et  si  vivement 
sentie  par  chacun  de  vous ,  qu'a  faitç  TAcadémie  dans 
la  personne  de  M.  Marquis  ;  mais  vous  entendrez  au- 
)Ourd%ui  une  y6ix  amie,  et  plus  digne  que  la  mienne, 
payer  h  la  mémoire  de  cet  homme  de  bien  le  tribat 
d'âoge  qui  lui  est  si  bien  dû ,  soit  qtie  nous  voa- 
lions  considérer  en  lui  Thomme  savant  ou  le  litté- 
rateur. 


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(33) 


<M<WMMWM>¥»»»%»»»»»<WWWWX<WI 


Prix  proposé  pour  i83o. 


Aucun  Mëmoire  sur  la  question  mise  au  concours 
pour  le  prix  ordinaire  qui  devait  être  décerné  dans 
cette  séance  ,'  n'a  été  adressé  à  TAcadémie.  Cette 
question  est  retirée  du  concours. 

L'Académie  propose ,  pour  sujet  d'un  prix  qui  sera 
décerné  dans  sa  séance  publique  de  i83o,  la  question 
suivante  : 

«  Etablir  la  différence  chimique  qui  existe  entre  les 
sulfates  de  fer  (  couperoses  \  du  commerce ,  particu- 
lièrement entre  ceux  que  Ton  extrait  des  pyrites  et 
terres  pyriteuscs ,  et  ceux  que  Ton  obtient  directe- 
ment de  la  combinaison  du  fer ,  de  Tacide  sulfurique 
et  de  Peau  (i).  On  devra  non-seulement  indiquer  cette 
différence  par  rapport  aux  diverses  quantités  d'acide 
sulfurique ,  d'oxide  de  fer  et  d'eau  qui  enli^nt  essen- 
tiellement dans  la  composition  de  ce  sel ,  mais  exa- 
miner encore  s'il  n'est  pas  parfois  mélangé  ou  combiné 
avec  des  substances  étrangères  provenant  des  matières 
employées  à  sa  préparation  ;  et ,  en  supposant  ce  fait 
déipontré  ,  déterminer  quelle  doit  être  l'influence  de 
ces  substances  dans  les  différents  emplois  du  sulfate 
de  fer  ,  tels  que  le  montage  des  cuves  d'indigo ,  la 
préparation  des  mordants  ,  les  différentes  teintures, 
afin  de  connaître  positivement  si  la  préférence  ac- 
nordée  au  sulfate  de  fer  de  certaines  fabriques  est 
fondée  et  justifie  suffisamment  la  grande  élévation  de 
son  prix,    ou   si   elle  tient  seulement  à  un  préjugé , 

(i)  Oa  âm  toÎD  de  comprendre  dans  cet  csamen  la  couperose 
^  Saltboarf . 


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(34) 
comme  cela  a  ea  lieu  pour  les  aluns  de  Rome  2i  T^ard 
de  ceux  de  France. 

«  En  supposant  toujours  quHl  existe  dans  le  sulfate 
de  fer  des  corps  étrangers  ,  rechercher  des  moyens 
faciles  et  économiques  pour  les  en  séparer  ou  pour 
en  neutraliser  les  mauvais  effets ,  et  tels  que  les  sul&tes 
de  fer  les  moins  estimés,  étant  traités  de  cette  manière, 
présentent  des  résultats  aussi  avantageux  que  les  autres, 
et  sans  que  le  prix  en  ait  été  beaucoup  élevé.  » 

Les  concurrents  devront  joindre  à  leur  Mémoire  les 
échantillons  des  sulfates  de  fer  sur  lesquels  ils  auront 
opéré,  et  dont  ils  feront  connaître  Torigine  et  le  prix 
courant.  Ces  échantillons  porteront  des  numéros  qui  se 
rapporteront  aux  analyses  exposées  dans  le  Mémoire. 

Le  prix  sera  une  médaille  d'or  de  la  valeur  de 
3oo  fiancs. 

Chacun  des  auteurs  mettra  en  tête  de  son  ouvrage 
une  devise ,  qui  sera  répétée  sur  un  billet  cacheté  où 
il  indiquera  son  nom  et  sa  demeure.  Le  billet  ne  sera 
ouvert  que  dans  le  cas  où  l'ouvrage  aurait  obtenu  le 
prix. 

Les  Académiciens  résidants  sont  ^euls  exclus  du 
concours. 

Les  ouvrages  des  concurrents  devront  être  adresses, 
francs  de  port,  à  M.  Lévt  ,  chef  d'institution ,  secrétaire 
perpétuel  de  r Académie  pour  la  classe  des  Sciences ,  avant 
le  1*'  juillet  i83o.  Ce  terme  est  de  rigueur. 


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(35) 
RECHERCHES  CHIMIQUES 

nr» 

LÉ   SANG    DE   POISSON^ 

FaUes  sous  le  rapport  de  la  Chùnie  JtuEcùdre; 

Pae  m.  HORINi  FflABHAcnir, 

Vmbfc  de  ràcadânle  roytie  de  Médecine ,  de  lâ  Sodiié  db 
Chimie  mtfdicak»  etc^ 

MBssncufis, 

Jamais,  sans  doute,  Je  n^auraîs  pens^  E  déterminer 
les  principes  constituants  du  sang  de  poisson ,  si,  der- 
nièrement, je  n'eusse  été  appelé  par  les  Magistrats  pour 
établir  quelle  pouvait  être  la  nature  de  taches  brunes- 
roogeâtres  qui  existaient  sur  un  vêtement ,  et  qui  ^  au 
dire  de  Faccusé ,  étaient  le  résultat  de  Tapplication  du 
sang  de  poisson ,  au  lieu  d'être  produites  par  celui  de 
Homme*  Dès-lors  je  sentis  toute  l'importance  d'un  sem- 
blable travail,  et  de  quelle  utilité  eût  été  pour  moi  la 
coonaissance  des  principes  qui  composent  ce  liquide 
animal.  Je  cherchai  dans  les  ouvrages  les  pkis  com- 
plets qui  traitent  particulièrement  de  l'analyse  orga- 
nique, et  je  ne  trouvai  aucun  (ait  qui  pût  m'éclairer 
sur  sa  composition.  Pour  répondre  k  la  question  qui 
m'âait  proposée ,  je  fus  donc  réduit  k  faire  quelques 
essais  sur  des  taches  formées  par  du  sang  de  poisson^ 
et  a  les  examiner  comparativement  avec  celles  pro- 
duites par  le  sang  des  n^ammiferes«  Les  résultats  que 

5. 


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(36) 
f ai  obtenus  ne    permirent   pas   dVtablir  la    moindre 
identité.  L^anaiyse  que  je  fis  de  ce  liquide  corrobora 
ces  résultats  d'une   manière  non  équivoque. 

Le  sang  qui  a  servi  à  nos  expériences  a  été  fourni 
par  le  saumon  (^Sahno  Salard,  de  linnée  ).  11  était  d^une 
couleur  rouge  très-foncée ,  ayant  une  teinte  violacée. 
Sa  consistance  était  celle  d'un  sirop  très-épais  ;  il 
pr^ntait  quelque  chose  de  gélatineux  ,  et  rougissait 
les  couleurs  bleues  végétales.  Je  ne  décrirai  point  les 
essais  que  j'ai  faits  pour  la  recherche  du  meilleur 
mode  d*analyse  h  appliquer  au  sang  de  poisson  :  celui 
que  j'ai  choisi  était  fondé  sur  la  propriété  que  possède 
la  matière  colorante  de  se  dissoudre  dans  l'alcool  ;  mais 
je  ne  tardai  pas  à  me  convaincre  que,  par  ce  moyen , 
je  ne  pourrais  l'isoler  :  néanmoins  l'alcool  fut  le  pre- 
mier agent  à  l'action  duquel  je  soumis  ce  liquide , 
me  réservant  toutefois  d'employer  un  mode  particulier 
pour  l'obtention  du  principe  colorant.  En  conséquence, 
nous  avons  délayé  le  sang  de  poisson  dans  de  l'alcool 
2i  ^o^'  ;  il  en  est  résulté  un  coagulum  brun-rougeâtre , 
qui  a  été  traité  par  ce  menstrue  jusqu'b  nullité  d'action. 
L'alcool  avait  acquis  une  couleur  brune  qu'il  ne  devait 
nullement  h  la  matière  colorante  du  sang.  On  ré\'a- 
pora  au  bain-marie  jusqu'à  siccité  ;  le  résidu  de  l'é- 
vaporation  était  brunâtre  ;  on  l'épuisa  par  Teau  firoide 
de  tout  ce  qu'il  contenait  de  soluble.  L'eau  laissa  in- 
dissoute une  matière  brunâtre ,  tachant  les  doigts  à 
la  manière  des  graissos.  Cette  matière  fut  mise  en 
contact  avec  l'éther,  qui  en  a  opéré  la  dissolution, 
à  l'exception  d'une  petite  quantité  de  matière  animale 
sur  laquelle  nous  aurons  occasion  de  revenir  dans  le 
cours  de  ce  travail.  La  matière  grasse  obtenu^  alors 
par  Tévaporation  spontanée  de  l'éther  avait  la  consistance 
du  miel  ;  elle  se  dissolvait  dans  l'alcool ,  d'où  elle  était 
précipitée  par  le  moyen  de  l'eau,  sous  forme  d^émulsion* 


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(37) 
Elle  était  également  soluble  dans  les  huiles  grasses  el 
volatiles.  Son  odeur  rappelait  celle  du  poisson  ;  elle 
^t  sans  action  sur  les  réactifs  colorés.  L^analogie  que 
présente  cette  matière  grasse  avec  celle  que  nous  avons 
extraite  des  œufs  de  truite  et  de  carpe  ,  nous  porta 
i  rechercher  si ,  comme  dans  cette  dernière ,  le  phos- 
phore n'était  point  un  de  ses  éléments  ;  pour  parvenir 
à  en  démontrer  Texistence,  nous  décomposâmes,  à  Taide 
du  nitrate  d^ammoniaque  ,  une  petite  quantité  de  cette 
matière  huileuse  dans  un  creuset  de  platine.  Elle  brûla 
<^s  laisser  de  résidu  appréciable ,  et  sans  le  moindre 
indice  d^acidité.  Ce  résultat  négatif  prouve  que  le  phos- 
phore n'entre  point  dans  la  composition  de  Thuile 
£oumie  par  le  sang  de  poisson.  ^ 

Le  liquide  aqueux  résultant  de  Faction  4l^  Teau  sur 
l'extrait  alcoolique  obtenu  plus  haut ,  a  été  réduit  h 
siccité  par  Tévaporation  au  bain-marie  ;  on  a  ob- 
tenu un  résidu  d*un  brun-jaunâtre ,  entièrement  dé- 
pourvu d*odeur  de  poisson.  Cette  matière ,  exposée  à 
l'air,  est  déliquescente ,  sans  doute  à  causé  de  quelques 
matières  salines  qu'elle  renferme.  La  dissolution  dans 
l'eau  est  précipitée  en  flocons  jaunâtres  par  la  teinture 
de  noix  de  galles.  Les  acides  sulfurique  et  nitrique 
versés  en  petite  quantité  dans  la  liqueur ,  y  produisirent 
des  flocons.  Le  perrhlorure  de  mercure  y  forme  égale- 
ment un  précipité  \  Tacétate  de  plomb  donne  lieu  à  un 
précipité  blanchâtre.  JLe  chlore  liquide  y  développe  de 
Mgers  flocons  jaunâtres ,  qui ,  par  un  excès  de  chlore , 
deviennent  blancs  et  se  divisent  dans  le  liquide.  La  saveur 
de  cette  matière  se  rapproche  beaucoup  de  celle  du 
bouillon  concentré.  La  manière  dont  elle  se  comporte 
ivec  les  réactifs ,  et  sa  saveur  caractéristique ,  établissent 
ime  grande  idenAté  entre  elle  et  Tosmazôme  de  la  chair 
musculaire.  Cette  matière  était  entièrement  semblable 
i  celle  que  Téther  avait  isolée  en  agissant  sur  la  matièi:e 


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(38) 
grasse  que  nous  avons  étudiée.  Calcinée ,  elle  a  laissé' da 
sous-carbonate  de  soude  et  du  chlorure  de  sodium.  Il 
est  probable  que  le  sous-carbonate  alcalin  provenait  de 
la  présence  de  Tacétate  àe  cette  base  ,  qui  presque 
toujours  existe  dans  Tosmazôme. 

Le  coagulum  obtenu ,  en  traitant  le  sang  par  Falcopl 
concentré,  avait  pris  par  ces  divers  traitements  une 
couleur  grisâtre  ;  on  le  mit  en  digestion  dans  Téther, 
h  la  température  ordinaire*  Après  quelques  jours  de 
contact ,  on  filtra  la  liqueur ,  qui  donna ,  par  une  éva*^ 
poration  spontanée ,  une  matière  grasse  d^une  odeur 
rance  très-prononcée  ,  sans  cependant  avoir  de  pro- 
priétés acides  ;  sa  couleur  était  blanche-jaunâtre.  En 
exposant  cette  matièce  grasse  à  une  basse  température , 
on  remarqua  quelques  cristaux  qui  étaient  en  trop 
petite  quantité  pour  être  examinés  rigoureusement  Cette 
matière  grasse,  saponifiée  par  le  procédé  de  M.  ChevreuU 
nous  a  donné  des  acides  oleïque  et  margarique. 

Le  résidu  qui  avait  subi  l'actio^t  de  l'éther ,  mis  en 
contact  avec  Teau,  s'y  est  légèrement  gonflé.  Il  se  dis- 
solvait dans  la  solution  de  potasse  caustique ,  même  à  la 
température  ordinaire.  La  teinture  aqueuse  de  noix  de 
galles  versée  dans  la  dissolution  y  produisit  des  flocons 
brunâtres  ;  Tacide  hydrochlorique  occasionna  un  préci- 
pité soluble  dans  un  excès  d'acide.  Exposé  à  Taction 
du  calorique,  il  devint  pâteux  à  la  manière  de  Talbu- 
raine  placée  dans  les  mêmes  circonstances.  Mis  en 
contact  avec  Tacide  hydrochlorique  ,  il  ne  prit  point 
de  teinte  violacée ,  mais  seuleinent  une  couleur  brune 
qu'on  pourrait  rapporter  ii  celle  du  café  à  Teau.  Traitée 
par  Tacide  acétique  ,  elle  s'y  est  dissoute  en  quantité 
notable  ;  nous  regardons  cette  matière  comme  de 
l'albumine  possédant  quelques-unes  des  propriétés  du 
mucus. 

Il  nous  restait  maintenant  à  nous  occuper  de  Tez-» 


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(39) 
raction  de  la  matière  colorante  et  de  l'expose  de  ses 
M'opriëtés. 

Malgré  la  très-grande  solubilité  du  principe  colorant 
ia  sang  de  poisson  dans  Talcool ,  ce  menstrue  n'a  pu 
tre  employé  pour  l'isoler  h  cause  de  son  intime  com- 
binaison avec  Talbumine,  qui,  en  se  précipitant ,  en- 
ratae  avec  elle  la  matière'  colorante.  Pour  parvenir 

son  isolement ,  nous  lui  avons  appliqué  le  procédé 
Dcliqué  par  M.  Yauquelin,  pour  extraire  le  principe 
«lorant  du  sang  des  mammifères,  en  le  modifiant  sui-* 
ant  la  nature  de  la  matière  qui  nous   occupe. 

£a  conséquence,  nous  avons  pris  une  certaine  quantité 
le  sang  de  pobson ,  que  nous  avons  traité  h  Taide  d'une 
%ère  ébullition  par  Tacide  sulfurique  h  lo^;  on  réitéra 
«  traitement  jusqu'à  ce  que  le  liquide  ne  se  cdorât  plus  ; 
m  filtra  les  liqueurs  après  les  avoir  réunies ,  et  on  les 
atura  par  la  magnésie  en  léger  excès  ;  puis  on  y  versa 
le  Falcool ,  qui  n'a  dissous  que  la  matière  colorante 
!t  une  petite  quantité  de  matière  animale  brunâtre. 
Alcool  prit  une  couleur  rouge -cramoisi  fort  belle; 
>u réduisit  le  liquide  alcoolique  à  siccité,  et  on  soumit 
e  résidu  à  Taction  de  Téther,  qui  n'a  dissous  que  la 
natière  colorante  rouge  qui  s'est  alors  présentée  avec 
les  propriétés  caractéristiques ,  en  évaporant  le  liquide 
spontanément. 


'\r 


il 


fM 


De  la  matière  colorante  rouge  du  sang  de  poisson. 


Le  principe  colorant  du  sang  de  poisson  est  d'une 
:ouleur  rouge-cramoisi  très-belle  ;  sa  saveur  est  amère , 
^t  son  odeur  est  nulle.  L^eau  ne  le  dissout  point;  elle 
est  paiement  insoluble  dans  les  huiles  grasses.  Ses 
iréritables  dissolva&ts  sont  l'alcool  et  l'éther.  La  tein- 
ture de  noix  de  galles  forme ,  dans  la  dissolution  alcoo- 
lique I  un  précipité   brunâtre   très -léger  ;    quelques 


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m 


(4o) 

gouttes  diacide  sulfarique  concentre,  verscfes  dans  le 
solutum ,  ne  lui  font  éprouver  qu^une  intensité  de 
couleur;  mais,  par  une  plus  grande  quantité,  elle  prit 
une  teinte  brunâtre  ;  Feau  ajoutée  au  mélange  lui 
donna  un  aspect  opalin,  qui  devint  bientôt  It^èrement 
verdâtre. 

L^acide  nitrique  avive  d^abord  la  couleur  de  la 
matière  colorante  ,  puis  ensuite  en  précipite  des 
flocons  rougeâtres ,  qui  deviennent  blancs  par  une  noa- 
velle  addition  diacide.  L'acétate  de  plomb  y  forme  un 
précipité  d'une  couleur  rosacée.  L'ammoniaque  n'en 
change  nullement  la  teinte  ,  tandis  que  la  potasse 
communique  une  couleur  jaunâtre.  Le  perchlorure  de 
mercure  dissous  dans  l'alcool  ne  trouble  point  la 
solution'  du  principe  colorant.  Le  chlore  ,  ajouté  en 
petite  quantité ,  en  détruit  instantanément  la  couleur , 
sans  lui  communiquer  de  teinte  verte. 

La  matière  colorante  du  sang  de  poisson ,  soumise 
à  l'acrion  du  calorique ,  donna  une  fumée  blanche  qui 
rappelait  au  bleu  le  papier  de  tournesol  rougi  par 
un  acide.  £n  soutenant  'raction  du  feu ,  on  obtint 
un  résidu  qui  s'est  dissous  dans  l'acide  hydrochlorique 
pur  ;  la  dissolution  prenait ,  par  Faddition  de  l'hydre- 
cyanate  de  potasse,  une  couleur  bleuâtre,  ce  qui  in- 
diquerait des  traces  de  fer  dans  la  matière  colorante. 
L'oxalate  d*ammoniaque  y  forme  un  précipité  soluble 
dans  l'acide  nitrique.  L'eau  de  chaux  donna  lieu  h 
quelques  flocons.  Ces  différentes  propriétés  démon- 
trent évidemment  que  la  matière  colorante  du  sang 
de  poisson  n'e^t  point  exempte  de  fer,  et  qu'elle  ren- 
ferme des  indices  de  phosphate  de  chaux.  Biais 
comment  le  fer  s'y  trouve-t-il  combiné  ?  il  est  pro- 
bable, ainsi  que  le  pense  H.  Berzellus  pour  la  ma- 
tière colorante  du  sang  des  mammifères ,  que  ce  métal 
y  existe  en  état  de  combinaison  avec  les  autres  élémenU 


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(40 

da  la  même  manière  que  Thydrogène  i  le  carbone  i 
etc. ,  puisqu'il  a  résisté  à  Taction  d'un  des  acides  kt 
plus  forts  r 

Il  résulte  des  propriétés  que  possède  la  matière 
colorante  du  sang  de  poisson,  qu'elle  ne  peut  toe 
comparée  au  principe  qui  colore  le  sang  des  mam-9 
■ûftres  ,  surtout  par  sa  solubilité  dans  Talcool  et 
Tâber,  et  sa  couleur  rouge -cramoisi  dans  son  état 
d^isolement  On  ne  peut  donc  se  refuser  à  admettre 
la  matière  colorante  du  sang  de  poisson  comme  un 
principe  immédiat  des  animaux  distinct  de  tous  les 
autres. 

Avant  d'énuméror  les  principes  qui  entrent  dans  la 
composition  du  sang  de  poisson  ,  je  rapporterai  Texa- 
men  comparatif  des  taches  produites  par  ce  liquide 
et  celles  occasionnées  par  le  sang  de  bœuf  ou  de  mou- 
ioa  lur  des  vêtements.  Les  caractères  de  ces  dernières 
ont  déjà  été  données  par  M.  Orfila  y  avec  le  talent  et 
la  précisicm  qui  distinguent  les  productions  de  ce 
avant. 

Du  sang  de  poisson  considéré  sous  le  rapport  chimico^ 
judiciaire. 

Le  sang  de  poisson  ,  déposé  sur  des  vêtements  , 
produit  des  taches  dont  la  couleur  est  moins  foncée 
que  celles  qui  résultent  de  Tapplication  du  sang  des 
mammifères*.  Elles  ont  un  aspect  gris-brunâtre.  Ces 
taches,  enlevées  avec  le  tissu  qui  les  supportait,  ont 
iié  mises  en  macération  dans  de  l'eau  distillée  pen- 
dant quelques  heuies.  Par  ce  traitement  elles  perdirent 
leur  couleur  :  le  liquide  qui  en  résulta  était  légè- 
rement rougeâtre  et  trouble.  Le  tissu  offrait  quelques 
points  blanchâtres  ;  enlevés  par  un  moyen  mécanique  , 
ils  ne  présentèrent  aucune  élasticité;  ils  étaient ,  au  con- 

6 


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(40 
traire ,  sans  consistance  et  assez  semblables  au  muciiif' 
par  leur  aspect.  Afin  de  les  enlever  plus  facilement,  on 
plongea  les  taches  décolorées  dans  un  bain  d^alcool  ; 
par  ce  moyen  les  points  blanchâtres  devinrent  plus 
consistants  ;  enlevés  de  dessus  le  tissu  ,  on  en  jeta 
quelques-uns  dans  Teau  bouillante  ,  qui  les  réduisit  en 
une  matière  cornée  qui  avait  les  plus  grands  rapports 
avec  Talbumine  coagulée.  Cette  matière  se  dissolvait 
très -facilement  dans  la  solution  de  potasse  caustique. 
Décomposée  par  le  feu  dans  un  tube  de  verre ,  elle 
donna  une  fumée  qui  rétablissait  la  couleur  bleue  du 
papier  de  tournesol  rougi  par  un  acide. 

Le  liquide  dans  lequel  les  taches  avaient  macéré 
était  légèrement  alcalin  ,  tandis  que  celui  qui  résulte 
de  la  macération  des  taches  du  sang  ordinaire  n  a 
aucune  action  sur  les  réactifs  colorés.  L'acide  nitrique 
n'y  produit  point  de  flocons;  mais  seulement  il  lui 
communique  une  teinte  opaline.  Le  sang  des  mam- 
mifères ,  placé  dans  les  mêmes  circonstances ,  donne , 
au  contraire  ,  par  Tacide  nitrique  ,  des  flocons  d'un 
blanc  grisâtre. 

Le  chlore  liquide  n'y  forme  qu^un  léger  louche ,  sans 
produire  de  teinte  verte  ,  tandis  que  ce  réactif  préci- 
pite le  liquide  de  comparaison ,  et  le  verdit 

L'ammoniaque  n'occasionne  qu'une  faible  intensité 
de  couleur,  et  elle  ne  produit  point  de  changement 
dans  l'autre  cas. 

L'hydrocyanate  ferrure  de  potasse  ne  donne  lieu 
h  aucun  précipité  dans  les  deux  liquides  ;  la  teinture 
de  noix  les  précipite  et  les  décolcye.  Ce  liquide  ex- 
posé à  l'action  du  calorique  devint  opalin ,  et  se 
réduisit  en  flocons  grisâtres  par  une  évaporation  à 
siccité.  Il  résulte  bien  évidemment  de  cet  examen  qu^on 
ne  peut  établir  de  comparaison  entre  les  tacites  produites 


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(43) 

par  le  sang  des  mammifères  et  celles  qai  rësullent  de 
1  upplicatioa  du  sang  de  poisson* 

Résumé. 

Des  expériences  ci-dessus  décrites ,  on  peut  conclure 
que  le  sang  de  poisson  contient , 

1*  Une  huile  grasse  brune ,  ayant  Todeur  du  poisson  \. 

a*  Une  autre  matière  grasse ,  d^une  odeur  rance ,  sans- 
aucune  acidité ,  trës-soluble  dans  Téthcr  ; 

3>  Une  substance  animale  possédant  les  propriétés 
de  Fosmazôme  ; 

4^  De  Tacétate  de  soude  ,  du  chlorure  de  sodium  et 
du  phosphate  de  chaux  ; 

5®  Un  principe  colorant  rouge,  distinct  de  la  ma- 
tière colorante  du  sang  des  mammifères ,  et  dans  lequel 
le  fer  est  un  des  éléments  \ 

fif  Une  matière  albumineuse  très-soluble  dans  les- 
alcalis  et  les  adîdes ,  et  se  rapprochant  du  mucus  par 
celte  dernière  propriété  ; 

7*  Enfin,  que  les  taches  produites  sur  tes  vêtements 
par  le  sang  de  poisson,  ne  peuvent  être  conjfondues  avec 
celles  qui  résultent  de  Tapplication  du  sang  des  mam- 
miières ,  par  la  nature  de  la  matière  colorante  et 
l'absence  de  la  fibrine. 


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(45) 
RAPPORT 

SUR  LE  MÉMOIRE  GÉOLOGIQUE  ET9V0TE  AU  C019COURS  ;. 
Par  M.  A.  Li  Privost. 
^Messieurs, 

La  Compagnie  a  charge  une  commission  composée 
de  MM.  Meaume  ,  Dubuc ,  de  Labillardière  ,  Morin  et 
A.  Le  Prévost ,  de  lui  rendre  compte  du  résultat  du 
concours  qu'elle  a  ouvert  concernant  la  géologie  de  la 
Seine-Inférieure.  Nous  venons ,  au  nom  de  cette  com- 
mission ,  nous  acquitter  de  la  tâche  qui  lui  a  été  imposée. 

11  y  a  près  de  4  ^^^  i  Messieurs ,  que  l'importante 
question  qui  fait  Tobjet  de  ce  concours  fut  proposée  par 
la  Compagnie.  Depuis  long-temps  tous  les  bons  esprits, 
tous  les  amis  de  la  science  et  du  pays  s'afHigeaient  de 
voir  exclue  des  études  de  nos  concitoyens  et  d'appli- 
cations à  nos  localités  la  plus  importante  des  trois 
branches  de  l'histoire  naturelle  :  celle  qui  sert  de  base 
à  l'agriculture  ,  a  la  statistique  ,  a  toutes  les  industries , 
à  toutes  les  connaissances  qui  s'appuient  sur  le  sol; 
celle  qu'on  doit  considérer  comme  le  point  de  départ 
de  ce  cercle  immense  de  recherches  qui  embrasse  le 
ciel  et  la  terre  dans  ses  travaux  et  dans  ses  leçons.  Une 
pareUle  lacune  était  une  calamité  dans  un  département 
>ù  l'industrie  dispose  d^autant  de  bras  et  de  capitaux 
)ue  dans  le  nôtre.  Au  19*  siècle ,  et  h  3o  lieues  de  la 
:apitale ,  c'était  un  scandale. 

Toutefois ,  nous  devons  nous  hâter  de  le  dire  ,  ce 
léfaut  de  culture  sur  notre  sol  de  la  plus  utile  et  de  la 


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(  46  ) 
plus  imporUate  portion  de  rhistoire  naturelle  ,  tenait  h 
une  réunion  de  circonsts^nces  fâcheuses  ,  beaucoup  plus 
qu^h  un  défaut  de  zèle  de  la  part  de  nos  concitoyens. 
Vous  le  savez ,  Messieurs  ,  c^  n'est  que  d^hier  que  les 
sciences  physiques  ont  commencé  h  être  ,  nous  ne  di- 
rons pas  exposées ,  mais  au  moins  indiquées  dans  nos 
écoles  ;  ce  n^est  que  d^hier  aussi  que  la  géologie  régéné- 
rée s^est  débarrassée  de  Téchafaudage  de  ses  anciennes 
rêveries  cosmogoniques  ,  pour  devenir  Tune  des  connais* 
sances  les  plus  positives  ,  les  plus  méthodiques  dans 
leur  marche ,  qui  puissent  éclairer  et  honorer  le  génie 
de  rhomme*  Le  plus  grand  nombre  d'entre  nous  avait 
terminé  son  éducation  ,  avait  quitté  sans  retour  la  vie 
spéculative  de  Tadolescent  pour  la  vie  active  et  sou- 
cieuse de  rhomme  fait ,  avant  que  cette  r^énération 
se  fût  accomplie ,  avant  surtout  qu'elle  eût  été  procla- 
mée. 

Nous  étions  placés  d'ailleurs  dans  des  circonstances 
moins  favorables  que  partout  ailleurs  pour  cette  élude. 
Malgré  Textréme  proximité  oh  nous  nous  trouvons  de  la 
capitale  ,  notre  sol  ,  tout-h-fait  différent  de  celui  des 
environs  de  Paris  sous  le  rapport  géologique  ,  ne  nous 
permet  de  profiter  que  d'^ine  manière  incomplète  des 
savants  travaux  dont  ils  ont  été  Tob |et.  Nous  n'avons 
rien  à  démêler  avec  leurs  gypses  ,  leurs  pierres  meu- 
lières j  leur  calcaire  grossier ,  m  la  plupart  de  leurs 
autres  terrains  tertiaires.  C'est  en  vain  que  nous  cher- 
clicrions  h  appliquer  chez  nous  les  règles ,  les  défini  tiens , 
los  observations  qui  concernent  un  ordre  de  choses  si 
différent  du  n6tre  :  autant  vaudrait  chercher  h  étudier 
nos  plantes  avec  une  Flore  d'Espagne  ou  d'Italie. 

Les  parties  méridionales  de  l'Aigle  terre  noiK  offri- 
raient des  terrains  beaucoup  plus  analogues  aux  nôtres  ^ 
et  les  travaux  qu'on  leur  a  consacrés  pourraient  nous 
être  bien  plus  utiles.  Mais  ces  ouvrages  ,  d'un  prix  élevé , 


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pea  connus  chez  nous  ,  entourés  de  la  double  obscurité. 
d^uQ  idiome  étranger  et  du  langage  technique  de  la 
science ,  s'appliquant  à  des  objets  placés  hors  de  la  portée 
de  nos  observations  y  ne  sauraient  nous  être  non  plus  d^un 
grand  secours  dans  nos  études  géologiques  locales.  Ce 
qu'il  nous  fallait  y  c^était  un  manuel  particulièrement 
applicable  à  notre  propre  contrée  y  aux  faits ,  aux  objets 
que  nous  ayons  sans  cesse  sous  la  main  et  sous  les  yeux. 
MaDieureuseroent  les  recherches  à  faire  avant  de  le 
composer  ne  présentaient  pas  aux  savants  un  grand  at- 
trait A  l'exception  du  pays  de  Bray  y  qui  offre  une  dé- 
nodation  et  un  relèvement  curieux  des  couches  infé- 
lieures  ;  à  Texceplion  encore  de  quelques  points  de  nos 
falaises,  notre  département  appartient  tout  entier  à  la 
formation  crayeuse.  Il  n'y  a  I«i  à  espérer ,  ni  cette  variété 
de  produits  ,  ni  ces  faits  piquants  et  inattendus  y  qui , 
chez  nos  voisins  du  Calvados  ,  de  TOrne  et  de  la 
Haoche  ,  tiehnent  sans  cesse  éveillée  même  la  curiosité 
la  plus  vulgaire.  Notre  soi  présentait  assez  de  diffé- 
rence avec  celui  des  contrées  environnantes  y  assez  de 
questions  graves  y  agricoles  et  industrielles  y  pour  récla- 
mer un  examen  particulier  et  approfondi  ;  et  cepen- 
dant, il  était  peu  vraisemblable  qu'il  l'obtînt  de  long- 
temps sans  un  puissant  encouragement  Tout  le  monde 
en  formait  le  vœu ,  mais  personne  ne  s'apprêtait  à  le 
satisfaire.  Quelques  savants  venaient  bien  de  temps  en 
temps  efiQeurer  nos  richesses  et  recueillir  les  fossiles  de 
la  côte  Sainte-Catherine  ou  de  nos  falaises  maritimes  ; 
nuis  c'était  dans  l'intérêt  de  leurs  collections ,  et  non 
dans  celui  de  notre  topographie  géognostique.  Cette 
attente  sans  résultat  menaçait  de  se  prolonger  indé- 
finiment I  si  l'Académie  de  Rouen  n'eût  cherché  à  y 
mettre  un  terme.  La  Compagnie  a  senti  que  là  était 
le  principal  besoin  scientifique  et  industriel  du  pays  ; 
elle  l'a  proclamé  h  haute  voix  ;  elle  s'est  empressée  de 


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(48) 
consacrer  h  la  solution  de  ce  grand  problème  des  fonds 
proportionnas  lu  sa  gravite.  Ces  fonds  ,  généreusement 
octroyés ,  sans  condition  ,  par  le  conseil  général  du  dé- 
partement ,  n'ont  été  considérés  par  elle  que  comme  un 
dépôt  sacré  ,  et  n^auront  passé  par  ses  mains  que  pour 
attester  son  désintéressement  et  son  zèle.  Jamais  ,  nou^ 
croyons  pouvoir  le  dire ,  la  Compagnie  n'est  entrée  plus 
franchement,  plus  glorieusement  dans  Tesprit  de  son 
institution  ,  et ,  n'eût-elle  rendu  que  ce  seul  service  au 
pays ,  c'en  serait  assez  pour  appeler  sur  elle  la  vénéra- 
tion, et  la  reconnaissance  publiques. 

Mais  la  description  géologique  d'une  contrée  4pssi 
vaste ,  aussi  importante  que  le  département  dp  la  Semé- 
Inférieure  ,  n'est  pas  du  nombre  de  ces  travaux  qui 
peuvent  s'improviser  en  quelques  mois.  Des  recherches 
préparatoires  approfondies,  des  rapprochements  nom- 
breux ,  tant  avec  les  terrains  contigus  qu'avec  les  ter- 
rains analogues  ,  de  minutieuses  investiga\ions  locales 
sont  indispensables  à  quiconque  veut  y  réussir.  Aussi, 
malgré  tous  les  soins  pris  par  la  Compagnie  pour  que 
sa  généreuse  résolution  portât  le  plus  promptement 
possible  ses  fruits  ,  vous  le  voyez ,  Messieurs  ,  près  de 
4  ans  se  seront  écoulés  avant  que  nous  les  ayons  recueil- 
lis. C'est  dans  les  premiers  mois  de  i8a6  que  l'Académie 
adopta  ce  sujet  de  prix ,  et  que  le  programme  en  fut 
publié.  On  se  flatta  d'abord  que  le  travail  pourrait  être 
accompli  pour  l'époque  de  votre  séance  publique  de 
1827.  Un  mémoire  assez  étendu  vous  fut ,  en  eiïet,  alors 
envoyé  ;  mais ,  quoiqu'on  y  reconnût  l'ouvrage  d'un 
naturaliste  distingué ,  bien  au  courant  de  Tétat  actuel  de 
la  science ,  et  en  relation  avec  ses  plus  dignes  inter- 
prètes ,  tant  en  France  qu'en  Angleterre  ,  bien  capable , 
en  un  mot,  de  concevoir  et  de  traiter  la  question  ,  il 
portait  des  traces  trop  nombreuses  de  précipitation  et 
dHmperfectipn  pour  qu'il  fût  possible  de  lui  accorder 


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(49) 
le  prix.  Afin  d'encoura2;er  L'auteur  à  le  perfectionner , 
et  d^autres  concurrents  h  se  présenter  |  vous  donnâtes , 
dans  un  rapport  dëtaillé ,  de  nouvelles  explications  sur 
la  direction  h  suivre ,  sur  les  lacunes  h  éviter ,  sur  les 
développements  a  ajouter,  et  vous  accordâtes  un  an  et 
demi  de  délai  pour  Tenvoi  des  travaux. 

A  Tépoque  fixée  par  ce  second  appel ,  il  vous  a  été 
adressé  un  seul  mémoire  portant  pour  épigraphe  ces 
mots  du  chancelier  Bacon  : 

«  Homo  naturœ  minister  et  inUrpres  ^  tantitm  fadt  et 
ùUeiEgit ,  quantum  de  natura  ordine  ,  re ,  vel  mente  observa^ 
pcrit,  nec  ampiius  scU  autpoiest.  »  (  Nov.  organ. ,  aphor.  I.) 

Qt  mémoire  ,  qui  est  évidemment  le  précédent ,  cor- 
rigé ,  augmenté  et  remanié  dans  toutes  ses  parties ,  est 
en  même-temps ,  disons-nous  v  le  seul  qui  vous  ait  été 
adressé;  mais  aussi  c'est  un  volume,  et  votre  pro- 
gramme ne  demandait  pas  moins.  Vous  ne  devez  donc 
poiot  être  surpris  de  ce  que  ,  malgré  le  puissant  intérêt 
de  la  question  proposée  ,  et  vos  soins  pour  appeler  sur 
eDc  l'attention  de  tous  les  amis  de  la  science  ,  il  ne 
se  soit  pas  présenté  plus  de  concurrents  ;  on  ne  jette 
point  h  l'aventure  des  travaux  aussi  étendus  -et  aussi 
compliqués  ;  c'est  déjh  beaucoup  qu'une  personne  par 
déjpartement  veuille  bien  s'y  dévouer.  Celui-ci  est  un 
volume  de  3oo  pages  in-folio  ,  accompagné , 

!•  D'une  magnifique  carte  géologique ,  coloriée  ,  sur 
U  même  échelle  que  celle  des  environs  de  Paris ,  par 
MH.  Cuvier  et  Brongpiart  ; 

a»  De  quatorze  dessins  représentant  des  coupes  et 
vues  des  terrains  de  la  Seine-Inférieure ,  et  quelques-uns 
de  leurs  fossiles  les  plus  remarquables  ; 

3*  D'une  collection  de  quatre-vingt-onze  échantillons 
des  roches,  terres ,  fossiles  et  minéraux  mentionnés  dans 
Toavrage. 

Une  introduction,  à-la-fois  savante  et  claire  ,  ouvre 

7 


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(  5o  ) 
ce  travail  et  nous  rappelle ,  à  grands  traits ,  les  phé- 
nomènes et  les  révolutions  qui  ont  formé  Tenveloppe 
actuelle  du  globe,  les  circonstances  qui  la  modifient 
encore  sous  nos  yeux  ,  T utilité  scientifique  et  indus- 
trielle de  la  géologie  ,  la  marche  que  cette  étude  doit 
suivre  et  les  révolutions  qu^elle  a  subies.  L^auteur 
examine  ensuite  notre  département  sous  le  rapport  de 
la  topographie  physique  ,  et  fait  connaître  successive- 
ment la  configuration  du  sol ,  ses  vallées  et  rivières , 
et  enfin  ses  deux  plateaux  principaux.  Il  nous  a  paru 
donner  une  idée  aussi  neuve  que  précise  et  heureuse 
de  l'intluencp  que  la  nature  de  chaque  terrain  exerce 
sur  la  disposition  de  ses  plaines  et  de  ses  vallons"!  et 
qui  suffirait  désormais  à  un  observateur  exercé  pour 
reconnaître ,  sur  une  carte  exacte  h  grand  point ,  à  quelle 
région  géologique  appartient  une  contrée  (i).  Nous  avons 
encore  remarqué  la  description  et  Texplication  de  ces 
espèces  de  gradins ,  qui ,  dans  les  environs  de  Dieppe 
surtout ,  impriment  une  physionomie  particulière  à  la 
plupart  des    coteaux  (2), 

Les  terrains  qui  se  rencontrent  dans  la  Seine-Infé- 
rieure peuvent  être  rangés  sous  5  divisions  ;  savoir  : 

i^  Ceux  qui  sont  dûs  à  Taction  des  eaut  actuelles  ; 

a®  Ceux  qui  proviennent  d^une  action  générale  des 
eaux  anciennes; 

3"  La  formation  secondaire  de  la  craie  ; 

4**  Les  sables  ferrugineux  et  glauconieux  ; 

Et  S"  y  les  calcaires  du  pays  de  Bray  (3). 

L'auteur  indique  sommairement  la  nature  de  chacun 
de  ces  terrains ,  puis  leur  gissement  dans  le  département  y 
au  moyen  de  5  grandes  lignes  qu'il  tire  (4)  y 

i»  Du  Havre  h  Âumale  ; 

(1)  Page  a3  da  Manuscrit.  (3)  9.  49. 

(a)  P.  3i.  (4)  P.  5i. 


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(5i  ) 

»•  D'Elbeuf  au  Trëporl  ; 

^**  De  Rouen  à  Gournay  ; 

^'^  Du  Pont-de-l^Arche  au  Havre  ,  en  suivant  le  cours 
^  la  Seine  ; 

^^  Ou  Havre  au  Tr^ort ,  en  suivant  les  falaises. 

I^  planches  i3  et  i4  présentent  la  figure  des  terrains 
àécrits  sur  cette  dernière  ligne  ;  il  serait  à  désirer  qu'il 
en  existât  de  semblables  pour  les  4  précédentes. 

Confonnément  au  désir  que  vous  en  aviez  témoigpé , 
^  appendice  étendu  a  été  consacré  aux  fouilles  de 
Meulers  (i).  Cet  appendice  ,  rédigé  diaprés  la  notice  de 
notre  savant  confrère  M.  Yitalis  ,  et  d'après  vos  échan- 
tillons ,  ceux  de  l'Ecole  royale  des  mines ,  et  ceux  de 
lu.  Feret ,  pharmacien  h  Dieppe  ^  accompagné  d'une 
coupe  des  terrains  traversés  (a)  y.  et  d'une  liste  raison- 
née  des  objets  recueillis ,  ne  nous  a  paru  laisser  rien 
a  désirer  (3).  Il  en  résulte  ce  fait  géologique  bien-  im- 
portant, qu'à  plus  de  looo  pieds  de  profondeur,  à 
Meulers  ,  on  n'atteint  que  les  mêmes  couches  qui  se 
présentent  à  la  sur&ce  du  sol  dans  le  centre  du  pays 
k  Bray  et  au  çap  de  la  Hève  ;  qu'ainsi  la  masse  sur 
^quelle  repose  le  sol  de  la  Seine -Inférieure  consiste 
partout  dans  ces  terrains  de  sable ,  d'argile  et  de 
^caire  marneux,  qui  composent  le  3^  étage  de  la 
ormation oolithique  ,  et  que,  dans  l'espace  de  la  lieues 
[  d'Hécourt  à  Meulers)  ,  il  descendent  de  ago  mètres , 
K)ur  remonter  àe  aoo  dans  l'espace  de  a  5  autres  lieues 
de  Meulers  au  Havre  )•  U  était  donc  difficile  de  plus 
tial  choisir  l'emplacement  de$  fouilles  de  Meulers  * 
i  la  géologie    du    département  eût  été  plus  avancée 


(i)  p.  55.  (ir)  P.  %^y 

(a)  Planche  3,  figure  i. 


k 


l: 


s 


kh 


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(  5a  ) 
I  IVpoque  ou  elles  ont  eu .  lieu ,  ce  nVst  point  sur  ce 
point  qu^on  les  aurait  établies  ;  mais  ,  dans  les  environ» 
de  Goumay ,  où  elles  auraient  présenté  quelques  chances 
de  succès  ;  et  là ,  dans  le  cas  même  où  elles  n^auraient 
point  amené  de  charbon  de  terre ,  au  moins  eussent- 
elles  produit  des  résultats  plus  avantageux  pour  Tétude 
de  la  géologie. 

Ici  est  la  liste  des  terrains  de  la  Seine-Inférieure  (i) , 
avec  une  planche  h  Tappui ,  qui  en  donne  une  coupe 
idéale  (a). 

Les  premiers,  appartenant  à  la  formation  contem- 
poraine ,  sont  : 

I®  La  terre  végétale  ; 

a<^  Les  alluvions  et  attérissements  ; 

3**  Les  sables  et  galets  ; 

4.®  Les  tourbes  ; 

Et  5° ,  le  tuf  calcaire. 

L'auteur  fait  remarquer  qu'aucun  de  ces  terrains 
n'atteint ,  dans  le  département ,  un  développement  ex- 
traordinaire. A  la  suite  du  paragraphe  de  la  terre  v^é- 
tale  ,  figure  un  tableau  de  l'analyse  de  plusieurs  sols 
arables ,  pris  dans  diverses  contrées  (3).  Deux  de  ces 
analyses  sont  Touvrage  d'un  de  nos  confrères  ;  mais 
aucun  ne  se  rapporte  h  des  terrains  appartenant  è  la 
Seine-Inférieure.  Nous  pensons  qu'il  serait  bon  de  faire 
cesser  cette  lacune ,  en  faisant  recueillir ,  dans  chacun  de 
nos  arrondissements,  un  échantillon  de  sa  meilleure 
terre  de  labour.  On  pourrait  en  faire  autant  pour  la 
meilleure  terre  d'herbage  du  pays  de  Bray ,  et  les  li- 
vrer ensuite  à  une  analyse  comparée.  Nous  ne  doutons 


(1)  P.  68. 
(a)  PI.  2. 


(32  P.  7a. 


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(53) 
pas  que  les  savants  chimistes  que  la  Compagnie  compte 
dans  ses  rangs  ne   se    partageassent    avec    plaisir  ce 
traTaii. 

Le  paragraphe  des  alluvions  et  attérissements  est 
fort  complet  et  fort  instructif  (i)  ;  nous  en  dirons  au- 
tant de  ceux  qui  concernent  les  tourbières  et  le  tuf. 
Dans  le  premier ,  Fauteur  attribue  particulièrement  la 
conservation  des  parties  végétales  dont  elles  se  com- 
posent à  la  présence  du  tannin  et  de  Tacide  gallique. 
L'onde  vos  commissaires,  qui  a  examiné  avec  soin 
la  tourbe  de  Jumièges,  n'y  a  trouvé  que  quelques 
traces  bien  légères  de  ces  deux  substances ,  mais  un 
peu  d'oxide  de  fer  ;  toutefois ,  la  décoction  aqueuse  de 
cette  tourbe  avait  une  saveur  atramentaire.  L'auteur 
indique  un  amendement  pratiqué  avec  succès  en  Ân- 
^eterre  j  et  pouvant  trouver  son  application  dans  notre 
département ,  pour  rendre  h  la  culture  les  terrains  où  la 
tourbe  n'est  pas  d'assez  bonne  qualité  pour  que  l'ex- 
ploitation en  soit  avantageuse  (a).  Le  tuf  calcaire  (3) , 
employé  avec  prédilection  chez  nous  par  les  Romains 
et  nos  devanciers  du  moyen  âge  ,  semblait  avoir  dis- 
paru entièrement  de  notre  sol.  M.  Emmanuel  Gaillard 
en  a  retrouvé  au  niveau  des  eaux  courantes ,  dans  la 
▼allée  de  Lillebonne  ,  et  on  a  recommencé  h  l'employer 
dans  les  environs  de  Bolbec.  L'auteur,  d'après  ses 
propres  observations  et  celles  de  plusieurs  autres  géo- 
logues ,  rapproche  ce  tuf  d'importantes  formations  du 
même  genre  employées  en  Toscane  et  dans  les  monu- 
ments de  Poestum  ,  mais  surtout  du  fameux  Traver- 
tin de  Rome. 

Le  chapitre  II  est  consacré  aux  terrains  superficiels 


(0  P..  7<.  (3)  P.  90. 

W  P  85. 


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(54) 
anciens,  trop  long-temps  confondus  ensemble  ;  Tauteur 
les  divise  en  terrains  transportes  par  les  eaux ,  et  ter- 
rains qui  n'ont  été  que  remaniés  par  elles.  C'est  aux 
premiers  seulement  qu'il  restreint  le  nom  de  d&mtan , 
dont  Tapplication  avait  été  trop  vague  jusqu'ici.  Dans 
la  première  cat^rie  figurent , 

I*  Le  terrain  de  transport  du  bassin  de  la  Seine  ; 

a*  L^alluvion  ancienne  de  son  embouchure  ; 

3*  Le  terrain  de  transport  des  plateaux ,  ou  dUuçium 
des  Anglais; 

4."  Un  calcaire  d'eau  douce  de  Varengéville. 

Dans  la  seconde  catégorie  nous  trouvons, 

i<*  Les  terrains  remaniés  et  leurs  silex  pyromaques; 

st^  Le  minerai  de  fer  ; 

3®  Les  argiles  plastiques  ; 

4*  Les  grès  h  silex  pyromaques  ; 

5®  Les  poudingues  ; 

Et  6® ,  une  brèche  crayeuse. 

Nous  ne  saurions  trop  applaudir  aux  soins  que  l'au- 
teur a  apportés  dans  la  distinction  et  le  classement  de 
ces  divers  terrains.  Peut-être  reste-t-il  encore  quelque 
chose  h  faire  pour  régulariser  la  rédaction  de  cette 
portion  de  son  travail  ;  mais  il  a  rassemblé  tous  les 
matériaux  propres  h  l'éclairer  ,  et  nous  n'avons  pas 
connaissance  qu'elle  ait  été  traitée  nulle  part  avec  plus 
de  développement  ni  dans  un  meilleur  esprit.  C'est 
dans  la  3'  section  de  la  V^  catégorie  que  trouvent  leur 
place  les  ossements  d'éléphant  recueillis  à  la  ville  d'Eu  y 
par  M.  Estancelin  (i). 

Dans  l'article  des  terrains  remaniés  par  les  eaux  , 
l'auteur  donne  des  détails  curieux  sur  l'emploi  des 
silex  pyromaques  h  la  construction  des  routes ,  ainsi 


(i)  P.  ii<. 


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(  55; 
que  sur   la   fabrication  des  pierres  h  fusil,    industrie 
qu'il  croit  pouvoir  être  introduite  avec  succès  dans  le 
département  de  la  Seine-Inférieure  (i). 

Le  minerai  de  fer  paraît  avoir  ^té  exploite  dès  la 
période  romaine ,  dans  le  pays  de  Bray  ;  votre  rap« 
porteur  a  iait  récemment  la  même  remarque  dans  les 
environs  de  Bemay.  U  y  avait  encore  des  forges  dans 
le  pays  de  Bray,  au  'i5'  et  au  i6'  siècle,  et  même 
jusqu'au  milii;u  du  17*.  On  ignore  quelle  espèce  de  fer 
OQ  fabriquait  dans  ces  établisseihents  ,  depuis  long- 
temps abandonnés,  ainsi  que  dans  ceux  de  Bellen- 
combre.  Le  minerai  est  un  fer  limoneux  assez  riche , 
mais  en  masses  trop  peu  considérables  et  trop  ac- 
cideotelles  pour  pouvoir  alimenter  aujourd'hui  des 
fourneaux  (a). 

L'argile  plastique  a  été  traitée  dans  cet  ouvrage  avec 
tous  les  développements  qu'elle  réclamait ,  et  sous  le 
rapport  scientifique  et  sous  celui  de  l'industrie*  L'au* 
tcur  commence  par  examiner  les  différentes  situations 
géologiques  dans  lesquelles  on  peut  la  rencoatren  U 
rapproche  celles  de  la  Seine-Inférieure  de  celles  qui  se 
trouvent  ailleurs  en  France ,  et  notamment  à  Noyers , 
au-<iessous  du  calcaire  grossier  qui  n'existe  pas  chez 
nous ,  et  il  diidse  les  unes  et  les  autres  en  trois  assises» 
Le  dépôt  du  phare  d'Ailly  appartient  à  la  première  ; 
les  lignites  de  Noyers  h  la  seconde ,  et  enfin  le  dépôt 
de  Saint-Aubin-la-Campagne  h  la  troisième.  U  est  à 
r^retter  que  cette  dernière  n^ail  point  été  analysée. 
L'auteur  donne  en  place  l'analyse  de  celle  de  Dreux , 
qui  paraît  avoir  avec  elle  les  plus  grands  rapports.  C'est 
encore  une  lacune  que  nous  recommanderons  au  zèle 
de  ceux  de  nos  confrères  qui  s'occupent  de  chimie  (3). 


(1)  P.  «7.  (3)  P.  148. 

W  P.  i3o. 


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(56) 

Un  paragraphe  particulier  est  consacré  aux  substances 
minérales  et  fossiles  animaux  ou  végétaux  contenus  dans 
l'argile  plastique.  L'auteur  appelle  spécialement  Tat- 
tention  sur  les  lignites ,  et  sur  le  succin  de  Noyers  (Eure), 
qui  n'avait  été  connu  que  d'une  manière  impar&ite 
avant  lui  (i)-  Les  dépôts  de  Saint- Aubin-U-Campagne 
et  de  Yarengéville  sont  décrits  avec  les  soins  les  plus 
scrupuleux.  Les  usages  auxquels  l'industrie  fait  servir 
leurs  produits  ;  l'emploi  qu'ils  pourraient  recevoir  eu 
agriculture ,  sous  la  forme  de  cendres  v^étatives  ;  les 
autres  gissements  de  même  nature  sur  divers  points 
du  département,  ne  sont  pas  indiqués  avec  moins 
d'exactitude  (a). 

Les  trois  paragraphes  suivants  traitent  du  grès  h  silex 
pyromaques  que  l'on  rencontre  à  Rocquemont ,  à  Ya- 
rengéville, aux  environs  de  Torcy,  et  depuis  Cany 
jusqu'à  Fontaine-le-Dun ,  des  poudingues  de  St-Saëos, 
d'£tretat  et  de  Yarengéville ,  et  enGa  de  la  brèche 
crayeuse  qui  se  trouve  en  beaucoup  d'endroits  sur  la 
craie ,  et  de  puits  cylindroïdcs  qui  descendent  h  tra- 
vers les  assises  de  cette  formation.  Les  grès  sont  em- 
ployés pour  les  constructions  et  le  pavage  ;  ils  pa- 
raissent appartenir  évidemment  âi  la  même  formation 
que  l'argile  plastique  ,  tandis  que  la  position  géolo- 
gique des  poudingues  et  de  la  brèche  crayeuse  est 
beaucoup  moins  bien  constatée.  La  description  des  ex- 
cavations cylindroïdes  remplies  de  débris  du  sol  supé- 
rieur ,  et  traversant  les  premières  couches  de  la  craie  , 
est  aussi  neuve  qu'intéressante  (3). 

Le  chapitre  III  est  consacré  âi  la  formation  crayeuse. 
La  formation  crayeuse   occupe  ,  parmi  les  terrains 


(■)  P.  iSi.  (3)  P.  163—178 ,  pL  7  d  1». 

(s)  P.  i53— i6b. 


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(5;) 
calcaires  marins  ,  un  rang  indépendant  entre  les  cal- 
caires h  câites  ^dont  elle  semble  séparée  par  une  couch» 
<Ie  Fargile  plastique  vers  le  haut ,  et  le  calcaire  h  oo- 
tithes,  qu'une  série  de  sables  et  de  marnes  en  éloigne 
vers  le  bas. 

Cette  formation  est  remarquable  par  Tespace  qu^elle 
occupe  et  la  puissance  de  sa  masse  homogène  ,  qui 
semble  avoir  été  déposée  dans  un  liquide  tranquille. 
£lie  renferme  peu  de  couches  de  matières  étrangères  ; 
ses  flancs  h  pic  au  bord  de  la  mer  présentent  des'  fa- 
laises d'une  centaine  de  mètres  d'élévation  ,  remar- 
quables par  leur  brillante  blancheur  ;  les  éboulements 
y  sont  fréquents  et  dangereux  (i). 

Après  avoir  décrit  ses  couches  presque  toujours  ho^ 
rizontales ,  et  sa  surface  tourmentée  de  fréquentes  ondu- 
lations et  de  pressions  >  Tauteur  nous  fait  connaître  les 
contrées  qu'elle  occupe  autour  des  terrains  tertiaires  de 
Paris,  en  Belgique,  en  Angleterre  et  ailleurs  ;  puis  il 
la  divise  en  craie  blanche ,  craie  marneuse  et  craie 
glauconieuse* 

La  craie  blanche  est  la  première  que  Ton  rencontre 
après  les  terrains  superficiels  anciens  ;  elle  est  caracté- 
risée ,  surtout  à  sa  partie  supérieure ,  par  des  lits  hori- 
Eontaux  de  silex  pyromaques ,  et  par  de  nombreuses 
Gssures. 

Parmi  les  variétés  existant  dans  le  département  y  on 
lîstingue  ,  i<*  la  craie  subcristalline  de  la  forêt  de 
Rouvray  ,  de  Sainte-Marguerite  et  autres  lieux ,  com- 
lacte  ,  jaunâtre ,  à  cassure  un  peu  brillante  ,  pouvant 
prendre  un  poli  semblable  à  celui  du  marbre  ;  a^  la 
raie  blanche,  veinée  de  lignes  jaunes  ,  occupant  la 
Qéme  position  géologique  que   la   précédente  ,  et   se 


(i)  P.  179;  pL  5  et  e. 


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(58) 
trouvant  an  Boshyon  ;  3<^  la  craie  blanche  compacte , 
fournissant  des  pierres  à  bâtir  remarquables  par  leur 
extrême  blancheur  :  elle  ne  présente  plus  de  fissures 
ni  de  lits  horizontaux  de  silex ,  mais  seulement  ces 
mêmes  silex  disposés  en  rognons ,  par  assises  moins 
rapprochées.  Cette  craie ,  dont  Tauteur  indique  les 
foissiles  ,  occupe  une  portion  considérable  de  la  côte 
Sainte-Catherine  ;  on  la  retrouve  le  long  des  coteaux 
de  la  Seine  ,  depuis  Rouen  jusqu^à  Caudebec ,  et  des 
£ilaises ,  depuis  Saint-Valery  jusqu^au  Tréport  Les 
célèbres  carrières  de  Caumont  y  dans  le  département  de 
l'Eure ,  lui  appartient  ent  y  ainsi  que  toutes  celles  du 
voisinage  (i). 

Dans  la  côte  Sainte-Catherine  et  ^  Mont-Roty  on 
prouve  la  craie  grise  {grey-^halk  des  anglais)  ,  qui  pa- 
raît n'être  qu'une  modification  de  la  craie  marneuse  (3), 
Les  caractères  les  plus  saillants  de  la  craie  marneuse 
sont  la  présence  de  parcelles  de  mica  et  de  grains  noirs , 
et  le  petit  nombre  de  ses  silex  pyromaques  noirs.  On 
y  trouve  encore  des  masses  d'alumine  et  de  silice  réu- 
nies en  gros  nodules»  ou  formant  une  croûte  autour 
des  silex  dont  nous  venons  de  parler.  La  craie  marneuse 
occupe  la  partie  moyenne  de  la  côte  Sainte-Catherine  , 
des  roches  St-Adrien  et  de  Tourville.  On  la  retrouve 
depuis  Caudebec  jusqu'à   Sandouville  y  depuis  le  cap 
d'Antifcr  jusqu'au  Tréport ,  dans  les   échantillons  du 
puits  de  Meulers ,  et  sur  la  lisière  occidentale  du  pays 
de  Bray  (3). 
«  La  craie  glauconieuse  consiste 
En  bancs  durs  et  tendres ,  contenant  des  lits  de  silex  et 
des  nodules  cornés  ;  ces  bancs  sont  parsemés  de  grains 
verts  de  silicate  de  fer  (4)  ; 


(1)  P.  189. 
(a)  P.  199. 


(3)  P.  199-ioa. 

(4)  P.  ao3. 


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(Sg) 

En  arples  et  marnes  micacées  ; 

£iifia  ea  sables  verts,  contenant  un  grès  calcaire 
bstré. 

«  £lle  occupe  le  dessous  de  la  craie  marneuse  ,  mais 
quelquefois  se  montre  seule  de  toutes  les  variétés  de  la 
craie  au-dessus  des  sables  ferrugineux.  Sa  masse  est  de 
ceDt  pieds  à  Orcher  et  au  Havre ,  tandis  qu'elle  n'oc- 
cupe que  peu  d'épaisseur  dans  quelques  localités  du 
pays  de  Bray*  » 

G^est  dans  la  ligne  qui  sépare  la  craie  marneuse  de 
ia  craie  glauconieuse  que  Ton  trouve  les  fossiles  les. 
plus  précieux  de  la  côte  Sainte-Catherine  ,  les  scaphites , 

turrilites,  nautilites  ,  Tammonite  de  Rouen  ,  etc (i) 

Cette  montagne  prouve  ,  contre  Topinion  des  anglais  y 
l'impossibilité  de  séparer  la  craie  glauconieuse  des^ 
autres  formations  crayeuses.  L'auteur  indique  et  décrit 
tous  les  autres  gissements  de  craie  glauconieuse  exis- 
tant dans  le  département ,  et  particulièrement  à  Lille- 
bonne  «  à  Orcher ,  à  la  Hève ,  h  Fécamp  ^  et  sur  un  grand 
nombre  de  points  du  pays  de  Bray  (a). 

Les  principaux  usages  économiques  de  la  craie  sont , 
en  agriculture ,  le  mamage  des  terres  ;  en  industrie  ,  son 
emploi  comme  pierre  à  bâtir ,  la  fabrication  de  la  chaux 
hydraulique    et  celle    du   blanc   d'Espagne.   La  craie 


(i)  Cette  indication  n*est  pas  complètement  exacte.  Il  y  a  dans 
la  montage  Sainte-Catbtrine  deux  bancs  contenant  les  fossiles 
précieux  dont  nous  venons  da  parler.  Ils  présentent  cette  cir^ 
constaBce  remarquable  que  ïwat  ne  renferme  presqna  pas  de 
acapkites  f  et  Tautre  presque  pu  de  tnrrrilitcs.  Ces  bancs  soni 
de  peu  dVpaxssenr. 

Il  sera  nécessaire  aussi  de  vérifier  dans  quelle  position  (éolo* 
giqoe  se  trouvent  les  fossiles  de  Tenrville. 

O)  p.  iii 

& 


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(6o) 
blanche  ,  dépourvue  de  sol  su  périeur ,  ne  produit  guère 
que  du  buis  et  de  Tif.  La  craie  marneuse  ^  et  surtout 
la  craie  glauconieuse ,  peuvent  devenir  très-fertiles  par 
la  culture  ,  mais  non  dans  la  Seine-Inférieure ,  où  elles 
ne  se  trouvent  jamais  à  la  surface  du  sol.  L^auteur  donne 
des  détails  aussi  précis  que  curieux  sur  la  fabrication 
encore  peu  connue  de  la  chaux  hydraulique  ou  ciment 
romain  des  Anglais.  Le  blanc  d'Espagne  est  de  la  craie 
blanche  d'où  Ton  a  enlevé  le  sable  par  un  lavage  ;  les 
meilleures  pierres  h  bâtir  se  trouvent  dans  la  craie  com- 
pacte ,  comme  à  Caumont ,  ou  dans  la  craie  marneuse  ', 
ou  enfin  dans  la  craie  glauconieuse  ,  comme  à  Fé- 
camp  (i). 

Les  eaux  traversent  avec  la  plus  grande  facilité  les 
lits  supérieurs  de  la  craie,  et  quelquefois  même  toute 
sa  masse  ;  mais  ordinairement  elles  sont  arrêtées  par 
la  craie  marneuse.  Les  puits  des  plaines  voisines  de 
Rouen  ,  comme  tous  ceux  qui  existent  dans  la  craie, 
sont  entretenus  par  des  pleureurs  ,  c'est-à-dire  par  des 
gouttes  d'eau  sortant  des  fissures.  On  est  obligé ,  pour 
les  obtenir ,  de  traverser  toute  la  craie  blanche ,  afin 
de  les  asseoir  dans  la  craie  marneuse.  Les  ruisseaux 
et  fontaines  sortent  rarement  de  la  craie  blanche  , 
plus  souvent  de  la  craie  marneuse  ,  très-souvent  de 
la  craie  glauconieuse.  Ces  circonstances  rendent  fort 
probable  le  succès  de  puits  artésiens  dans  la  Seine- 
Inférieure  ,  dont  le  sol  présente  absolument  les  mêmes 
données  géologiques  que  celui  des  départements  où 
cette  industrie  est  le  plus  florissante.  Une  entreprise 
de  cette  nature ,  exécutée  h  Pont-Audemer ,  n'a  pas 
réussi ,  parce  qu'elle  a  eu  lieu  au-dessous  des  terrains 
de  la  craie.  A  Gisors ,  au   contraire  ,  qui  se  trouve 


(i)  P.  ai3. — ai8. 


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(6i) 

SOT  le  bord  de  la  formation  crayeuse  ,  on  a  toujours 
obtenu  des  eaux  plus  ou  moins  élevées.  Cette  partie 
da  Mémoire ,  qui  est  pour  nous  d^ua  si  haut  et  si 
pressant  intérêt ,  formera  le  sujet  d^un  nouveau  travail 
de  lauteur ,  qui  vous  sera  bientôt  soumis ,  et  où  il 
vous  rendra  compte  des  travaux  exécutés,  ainsi  que 
des  résultats  obtenus  dans  six  départements  (i). 

Les  eaux  minérales  des  terrains  crayeux  de  la  Seine- 
Inférieure  sont  en  général  purement  ferrugineuses.  Quel- 
ques-unes sortent  des  parties  supérieures  de  la  craie  ; 
et  c^esi  en  traversant  Targile  plastique  qu'elles  se  sont 
chargées  de  fer.  Telles  sont  celles  de  Ry  ,  d'Aumale , 
d'Oherville  ,   de  Bléville  et  de  Nointot. 

Celles  de  Rouen  et  des  environs  paraissent  provenir 
àe  la  base  de  la  craie ,  et  devoir  leurs  qualités  fer- 
rugineuses aux  marnes  bleues  dans  lesquelles  elles  s'ac- 
cumulent. Celles  de  Bolbec  et  de  Saint- Wandrille 
viennent  peut-être  de  la  tourbe.  Il  y  a  dans  cette  partie 
de  l'ouvrage  quelques  omissions  faciles  à  réparer.  C'est 
ainsi ,  par  exemple  ,  qu'il  existe  sur  le  territoire  de 
Rouen ,  vis-h-vis  Bapaume ,  plusieurs  sources  miné- 
rales ,  aujourd'hui  abandonnées  ,  dont  l'une  paraît  être 
très-riche.  Nous  les  recommanderons  encore  à  l'examen 
de  ceux  de  nos  confrères  qui  cultivent  la  chimie  (a). 
Nous  verrons  plus  loin  les  sources  minérales  du  pays 
de  Bray  (3). 


(i)  P.  aiS-aii. 

(%)  P.  333.  M.  Gaillard  noiu  a  signale  aussi ,  dans  le  terri- 
totit  de  Lillcbonne ,  une  source  qu'il  regarde  comme  dou^  dt 
vcrtm  très-e'nergiqiies. 


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(6») 

Chapitre  IV.  —  Terrains  Inférieurs  à  la  craie*  <—  Pay$de 
Bray. 

Le  pays  de  Bray  est  une  petite  région  naturelle  ,  de 
i8  lieues  de  long  sur  4  «^  5  de  large  ,  constituée  par 
Tabsence  de  la  craie  ;  une  dénudation  de  terrains  in- 
férieurs et  plus  anciens ,  qui  y  viennent  au  jour  (i). 
Cette  contrée  ,  dont  le  nom  paraît  emprunté  à  juste  titre 
à  un  mot  celtique  qui  signifie  boue ,  n^a  jamais  formé 
une  division  politique  ou  administrative.  Elle  se  dis- 
tingue des  terrains  crayeux  qui  l'entourent  de  tous 
côtés  ,  non-seulement  par  la  nature  du  sol ,  mais  en- 
core par  son  agriculture  particulière ,  toute  vouée  à 
Téducation  des  bestiaux ,  et  qui  «  sauf  le  mauvais  état 
des  chemins  ,  rappelle  au  souvenir  du  voyageur  les 
plus  fertiles  contrées  de  TAngletcrre.  Elle  est  divisée 
en  deux  zones ,  Tune  sableuse  ,  Tautre  calcaire  et  mar- 
neuse. Sa  physionomie  toute  particulière  forme  un 
contraste  frappant  avec  les  plateaux  unis  et  arides  qui 
Tenvironnent.  Ici,  au  contraire,  c'est  une  agglomération 
de  collines ,  de  mamelons  ,  de  vallées  sinueuses  ,  où 
des  sources  jaillissent  de  toutes  parts  ,  et  qu'arroscut 
d'innombrables  ruisseaux  (a). 

Cette  circonstance  conduit  Tauteur  à  des  considé- 
rations aussi  neuves  que  curieuses  sur  certaines  contrées 
qui  portent  un  nom  vulgaire  indépendant  des  divisions 
politiques  et  administratives  ,  et  dont  la  délimitation  est 
presque  toujours  parfaitement  justiÇée  par  la  constitu- 
tion géologique  du  terrain.  Tels  sont,  en  Angleterre,  les 
IVealds  et  le  Farest  Rîdge  du  Sussex ,  qui  ofirent  pré- 
ci^ment   les  analogues  des    deux   zones  du  pays  de 


(i)  P  9a3. 


(a)  P.  339. 


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(63) 
Bray ,  les  Downs ,  etc.,  ;    en    France  ,  la  Brie  ,  la 
fieaucd  ,  le   Gatinais ,    le    Perche  ,    la   Sologne  ,   la 
Puisaye  ,  la  Camargue  ,  la  Crau ,  les  Landes  ,  le  Sund- 
Gau ,  TArgonne  ,  le  Morvan  ;  en  Normandie  ,  le  Bes- 
sio,  la  plaine  de  Caen  ,  le  Lieuvin  ,  le  Roumois ,  le 
pays  d'Ouche  ,  le  Bocage  ,  le  grand  et  petit  Caux ,  etc. 
Les  observations  très -curie  uses  de  M.    Trouvé  ,  mé- 
decin en  chef  de  Fhospice  de  Caen ,  prouvent  que  ces 
caractères  des  localités  exercent  une  influence  notable  , 
même  à  des  distances  très-rapprochées  ,  sur  la  consti- 
tution physique  de   la  population.  Il  serait   à  désirer 
que  quelques-uns  de   nos  savants  confrères  quî  s'oc- 
cupent de  médecine ,  et  particulièrement  ceux  \{m  sont 
attachés  au  service  des  hôpitaux ,  voulussent  bien  faire 
chez  nous  des  recherches  semblables ,  et  fournir  ainsi 
un  chapitre  d'un  grand  prix  h  la  topographie  départe- 
mentale. Dans  notre   Rapport  de  1827  ,  nous  avions 
témoigné  le  désir  de  voir  ce  travail  exécuté  par  l'auteur 
de  la   Géologie    de    la    Seine-Inférieure  ;  mais    nous 
convenons  qu'il  n'y  a  qu'un  médecin ,  sans  cesse  en 
contact  a^ec  les  diverses  variétés  de  notre  population , 
qui  soit  h  portée  ,  et  de  saisir  de  pareilles  nuances , 
et  de  les  rencontrer  journellement.  Nous  croyons  de- 
voir citer   en  entier  les  réflexions    qui   terminent   ce 
paragraphe  ^  et  qui  nous  ont  paru  pleines  de  justesse  (i)« 
Après  avoir  délimité  avec  précision  le  pays  de  Bray , 
l'auteur  remarque   que  les  calcaires    marneux   y  oc- 
i^upent  le  milieu  de  la  vallée  ,  et  que  les  sables  les  en- 
tourent et  les  recouvrent  en  partie. 

«  Ces  calcaires  marneux  ou  Jumachelles  se  trou- 
vant ainsi  h  nu  ,  cette  disposition  de  terrains  peut 
!tre  entendue  comme   te  sonmiet.  d'un  dôme    aplati 


(i)  Voyes  p.  a4o-34i  da  Mémoire. 


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(64) 
ti  alongé  y  formé   par   les  couches  du  calcaire  infé- 
rieur ,  et  dont  les  flancs  sont  recouverts  4)ar  des  grès 
et  des  sables  ferrugineux.  La  craie  se   présente  tout 
autour  en  amphithéâtre  »  (i). 

«  La  position  des  couches  semble  néanmoins  paral- 
lèle à  rhorizon.  »  Cette  assertion  est  appuyée  sur  une 
observation  extrêmement  curieuse  de  feu  M.  Groussier , 
ancien  ingénieur  des  ponts  et  chaussées  ,  plusieurs  /ois 
cité  dans  le  cours  de  Touvrage.  On  ne  saurait  donner 
trop  de  publicité  è  cette  observation ,  qui  pourrait  être 
renouvelée  avec  beaucoup  d^avantage  dans  d'autres 
localité^  f  pour  reconnaître  l'existence  et  la  direction 
de  couches  suivies  d'argile  (a). 

Les  terrains  du  pays  de  Bray  peuvent  se  diviser  en 
deux  sections  ;  savoir  : 

i<>  terrains  glauconiens  ; 

Et  a<*  terrains  du  calcaire  marneux. 

Ces  deux  divisions  passent  néanmoins  de  Tune  ^ 
l'autre  par  les  grès  glauconiens  qui  recouvrent  le  cal- 
caire spathique. 

Les  terrains  compris  dans  la  première  section  se 
composent  de  nombreuses  couches  d*argile  ,  de  marne , 
de  sable,  de  grès  et  de  calcaire,  qui  séparent  la  craie  infé- 
rieure de  la  partie  supérieure  de  la  formation  cfolï" 
thique  (  ou  calcaires  marneux  )  du  pays  de  Bray  et  de 
la  Hève  (3).  Ils  sont  désîjgnés  ordinairement  sous  le 
nom  de  sables  ferrugineux  ;  m^is  comme  les  sables 
n'en  forment  ordinairement  qu'une  petite  portion  ,  et 
que  la  glauconie  si  abondante  dans  la  craie  se  retrouve 
dans  les  grès  verts  ,-4'auteur  a  pensé  que  le  nom  de 
terrains  glauconiens  exprimait  mieux  le  caractère  gé- 


(i)  P.  143—^44. 
(a)  P.  a44— aie. 


(3)  P.  a48. 


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(65) 
n^ral  de  cette  série,  lis  ont  des  rapports  plus  intimes 
avec  la  craie  qu^avec  la  formation  oolithique  à  laquelle 
appartient  la  section  suivante. 

On  trouve ,  i^  une  marne  glauconieuse  micacée  « 
dernière  formation  de  la  craie  ,  et  à  laquelle  on  peut 
laisser  le  nom  de  gault  qu^elle  a  reçu  en  Angleterre  ; 
OQ  doit  la  distinguer  du  blue  mari  ; 

^  Des  sables  et  grès  ferrugineux  ayant  quelquefois 
70  pieds  dVpaisseur  ,  renfermant  souvent  du  fer  li- 
moneux ou  sulfuré ,  et  des  veines  plus  blanches  em- 
ployées dans  les  verreries  ; 

3*  Des  argiles  bigarrées,  alternant  ordinairement 
arec  les  grès  ferrugineux  ,  et  paraissant  former  une 
couche   continue  sous  les  sables   du  pays  de  Bray; 

4*  La  marne  bleue  (  bbic  mari  des  Anglais) ,  renfer- 
mant les  mêmes  fossiles  précieux  qu^on  recueille  h  la 
côte  Sainte-Catherine  ;  elle  recouvre  à  Savignies  (Oise) 
Targile  exploitée  par  les  potiers ,  sous  le  nom  de  terre  h 
grès  ou  \  pîommure,  A  Neufchâtel  et  h  Forges ,  cette 
dernière  est  accompagnée  de  lignites ,  et  pareillement 
employée  pour  la  fabrication  de  la  faïence  ,  du  verre , 
«t  même  pour  celle  des  glaces  à  Saint-Gobin  ,  où  il 
«'en  fait  une  grande  consommation.  L'un  de  vos  com- 
missaires a  fait  la  remarque  fort  juste  qu'elle  devrait 
plutôt  s'appeler  silice  alumineuse  ,  puisque  son  analyse, 
par  M.  Yauquelin  ^  a  douaé  63  parties  de  silice  ,  et 
16  seulement  d'argile  ; 

5^  Un  grès  calcaire  à  grains  verts  ,  ordinairement 
grisâtre ,  sableux ,  un  peu  friable  ,  exploité  à  Dampierre , 
et  se  trouvant  \  Ferrières  ,  Saumont ,  Courcelles- 
Rançon ,  etc...  ; 

6*  Ua  calcaire  spathique  coquillier  ,  composé  de 
fra^ents  de  coquilles  agglomérés,  par  des  grains  spa- 
thiques  de  chaux  carbonatée  ,  exploité  comme  pierre 
i  bâtir ,  et  formant  la  masse  supérieure  des  collines 

9 


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(66) 
à  la  gâttcbe  de  TEpte  ;  -on  le  veit  aussi  sur  fpielqaei 
points  de  la  rive  droite  { 

7<*  Un  calcaire  marneux  coquillier ,  alternant  quel* 
quefois  avec  les  deux  dernières  couches.,  renfermant 
déjà,  comme  la  précédente^  des  gryphées  ,  et  visible  k 
Neuville^Ferrières  et  au  Pont-du-Coq  (i). 

a«  Section.  , 

Nous  voici  enfin  parvenus  aux  couches  qui  Ibrment 
la  base  de  tous  les  terrains  de  la  Seine-Infèrieure. 
Nous  lès  trouvons  relevées  au  niveau  du  sol ,  à  ses  deux 
extrémités  >,  dans  les  gissements  de  la  Hève  et  du  pays 
de  Bsay ,  et,  au  contraire ,  enfouies  à  une  immense 
profondeur  dans  le  puits  de  Meulers ,  de  manière  à 
présenter  la  Ibrme  d^un  bassin  dans  lequel  tous  ces 
terrains  se  sei^ient  successivement  déposés  (a).  Nous 
avons  déjà  dit  qu^elles  appartenaient  au  troisième 
étage  de  la  formation  oolithique.  «  Cette  formation , 
remarquable  par  le  nombre  de  ses  couches  et  son 
étendue ,  est  très-répandue  en  Angleterre  et  en  France. 
Le  département  du  Calvados  en  contient  des  couches 
puissantes  qui  occupent  presque  toute  sa  superficie. 
Elle  -est  caractérisée  par  le  grand  nombre  d^oolithes 
de  diverses  grosseurs ,  qui  donnent  un  aspect  parti- 
culier à  sa  contexture  ,  et  la  font  paraître  i^omposée 
de  grains  ovoïdes.  »  On  n'a  point  encore  trouvé  jus- 
quHci  d^oolithes  véritables  dans  aucune  des  couches 
du  pays  de^Bray  ;  mais  le  calcaire  lumachelle  qui 
s  y  rencontre  repose  ailleurs  sur  de  véritables  oolitlies  , 


(0  P.  169 

(a)  Peut-être  lenlt-il    bon    d*en   préienter  uic  coope  iàétk 
•uas  cet  aspect  ? 


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(6r7 

«^  Tes  couches  qui  raccompagnent  chez  nous  ont  pa* 
reillemeat  été  reconnues  par  les  meilleurs  obsenrateurs , 
MM.  de  Humboldt ,  Elie  de  Beaumont ,  Graves  , 
Oelcroz  ,  etc. ,  comme  appartenant  h  la  formation 
oolithique.  Tous  ces  terrains  ne  sont  qu'une  masse- 
<Ie  marne  ,  contenant  des  liW  plus  eu  moins  nom- 
breux de  calcaire  marneux  et  de  grès.  Dans  le  pajs- 
de  Bray. ,  à-  Meulers ,  et  surtout  au  cap  de  la  Hève  « 
on  les  voit  alterner  un  grand  nombre  de  fois  les  un» 
avec  les  autres  (i)» 

L'auteur  décrit  avec*  le  plus  grand  soin  le  marbre  Itr; 
machelle  h  gryphëes  virgules  ,  découvert  à  JHécourt 
(Oise)  y  par  M.  Graves ,  et  maintenant  en-  exploita- 
tion. 11  donne  la  coupe  des  terrains  de  cette  localité  (a)  ^ 
puis  de  Molagnies  (3)  ^  puis  enfin  de  la  Hève  (i)  » 
qui  offrent  une  si  curieuse  ooFrespoilfenee  avec  le» 
précédents ,  et  se  prolongent  du  même  côté  de  la 
Seine  jusqu'à  Orcher  ,.  et  de  l'autre  jusqu'à  Honfleur 
et  Heuqueville..  C'est  dans  les  marnes  de  ces  derniers 
gissemenls  qu'on  a  retrouvé  de  nos  jours  les  os^  de 
deux  espèces  de  gavials  ,  déjà  annoncés  par  l-abbé 
Dicquemare  ,  en>  1786*  Ce  sont  encore  ces  "hiarnes 
qui  servent  à  faire  les  tuiles. ,  briques  et  carreaux,  du 
Havre  ,  bien  connus  par  leur  couleur  d'un  blanc  jau- 
nâtre j  et  dont  la  plus  grande  partie  s'exporte  aux 
colonies.  Uauteur  donne  la  liste  de  tous  les^  fiossiles 
de  ce  dernier  étage  qui  ont  pu  être  déterminés  (5). 

Ces  terrains  renferment  dans  lé  pays,  de  Bray ,  et 
surtout  aux  environs,  de  Gournay ,.  un  assez-  grand 
nombre   de  sources   d'eaux  minérales.  Les  seules  qui 


(1)  P.  271.  (4)  PI  3;fig.  a. 

(a)PL4;«g^3.  '  (^)P.  a;»- 


(3)  PL4;%<. 


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(68) 
soient  encore  employées  $ont  ceUes  de  forges ,  j^dis 
fort  célèbres ,  et  qui  paraissent  tenir  leurs  qualités  de 
la  tourbe  exploitée  au-dessus  d^elles.  On  en  trouve  ici 
l'analyse  d'après  notre  confirère  M.  Robert  ,  avec 
quelques  notes  sur  leur  histoire.  Les  autres  sources 
du  même  genre  paraissent  jouir  de  propriétés  sem- 
blables Y  mais  moins  énergiques. 

Ici  V  Messieurs  ,  se  termine  le  corps  de  Touvrage  , 
suivi  de  trois  listes  d'un  grand  intérêt.  Nous  avons 
déjà  parlé  de  la  dernière  •  où  se  trouvent  rangés  dans 
leur  ordre  de  superposition  tous  les  terrains  recueillis 
dans  les  fouilles  de  Meulers. 

La  première  est  un  tableau  des  hauteurs  baro- 
métriques d'un  grand  nombre  de  points  de  la  Seine- 
Inférieure  et  des  départements  voisins.  Cette  liste  se 
compose  de  fÊ  articles  j  dont  54  se  rapportent  à  la 
Seine-Inférieure  «  ai  a  l'Oise  ^  5  à  la  Seine,  a  h 
Seine-et-Oise  et  3  à  l'Eure.  On  peut  avoir  une 
pleine  confiance  dans  les  résultats  de  ces  observations , 
qui*  demandent  des  soins  si  délicats  et  des  calculs 
si  compliqués.  Une  grande  partie  a  été  faite  de  concert 
par  l'auteur  et  par  M.  Delcroz ,  l'un  des  ingénieurs 
géographes  les  plus  versés  dans  ce  genre  d'opérations  ; 
d'autres  par  M.  Delcroz  et  ses  collègues ,  par  l'hi^iie 
explorateur  de  la  géologie  de  l'Oise  (  M.  Graves  )  ,  et 
enfin  par  notre  savant  compatriote,  M.  Nell  de  Bréauté. 
Nous  avons  été  nous-méme  témoin  de  quelques-unes 
des  opérations  ,  et  nous  pouvons  porter  témoignage 
de  l'admirable  précision  des  résultats  obtenus.  Ces  ob- 
servations deviennent  au  reste  plus  faciles  et  plus  sàres 
de  jour  en  jour  ,  et  il  n'est  aucun  de  nous  qui  ne 
pût  les  pratiquer  au  moyen  des  nouveaux  baromètres 
et  de  quelques  leçons  sur  le  terrain.  On  doit  espérer  que 
le  goût  s'en  répandra  ,  et  que  cet  instrument  aura 
bientôt   été  porté  sur  tous  les  points  du  département 


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(70) 

Des  bois  fossiles  ; 

Des  écailles  de  poisson  ; 

Des  dents  de  squale  et  de  diodon  ; 

Des  os  de  crocodile  et  de  gavial  ; 

Enfin  des  os   de  baleine   et  d'élëphant. 

Ces  listes  s'accroîtront  rapidement ,  nous  nVn  doutons 
pas ,  aussitôt  que  des  observateurs  locaux  voudront 
bien  s'adjoindre  aux  savants  étrangers  qui  seuls  jusqu'à 
ce  jour  se  sont  donné  la  peine  d'explorer  nos  richesses* 
Dans  l'état  de  choses  actuel ,  il  était  impossible  de  la 
faire  plus  précise  et  plus  complète. 

La  planche  i^  renferme  quelques-unes  des  espèces 
les  plus  rares  ;  l'auteur  a  promis  la  continuation  de 
ces  dessins. 

Les  autres  planches  sont  toutes  des  coupes  ou  des 
vues  destinée^  à  faciliter  l'intelligence  du  texte ,  et  qui 
atteignent  parfaitement  ce  but.  Nous  en  avons  indiqué 
a  ou  3  qu'on  pourrait ,  ce  nous  semble  ,  y  ajouter ,  pour 
ne  rien  laisser  h  désirer  sous  un  rapport  si  important. 
Nous  soumettons ,  du  reste ,  cette  observation  au  juge- 
ment de  l'auteur.  ^ 

Quatre-vingt-onze  échantillons  ,  la  plupart  remar- 
quables par  leur  beauté  et  leur  rareté ,  accompagnent 
le  Mémoire  ,  et  fournissent  les  pièces  probantes  les 
plus  authentiques  qu'on  pût  demander  h  l'appui  de  ces 
assertions.  Cette  collection  ,  lorsqu'on  y  aura  réuni 
surtout  les  précieux  échantillons  de  la  fouille  de 
Meulers  que  vous  tenez  du  zèle  et  de  l'attachement 
d'un  respectable  et  savant  confrère  (  M,  Vitalis)  , 
deviendra  un  objet  du  plus  haut  prix ,  non-seulement 
pour  l'examen  du  Mémoire  ,  mais  encore  pour  l'étude 
de  la  géologie  départementale.  L'un  des  principaux 
objets  que  vous  vous  êtes  proposés  y  dans  ce  concours , 
est  d'encourager  de  toute  votre  influence  ,  de  popu- 
lariser de  tout  votre  pouvoir  une  si  importante  étude 


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(71) 
p^rmi  nos  concitoyens  ;  la  commission  n^hésitera  donc 
point  à  vous  déclarer  qu'elle  regardera  comme  indis- 
pensable h  rentier  accomplissement  de  vos  généreuses 
iotentions  que  cette    collection    soit  déposée    dans  le 
Mus^e  municipal  d'histoire   naturelle  ,    aussitôt  qu'il 
^ra  définitivement  organisé  et  ouvert  au  public  ,  en 
prenant,  au  reste  ,  toutes  les  mesures  nécessaires  pour 
en  assurer  la  conservation  intégrale.  Nous  ne  doutons 
pas  que  cette  disposition  n'inspire  h  l'auteur  une  nou- 
velle ardeur  pour  compléter ,  autant  que  cela  lui  serait 
possible ,  le  don   déjà  si  précieux  qu'il  vous  (ait  au- 
jourd'hui (i). 

Enfin ,  Messieurs ,  le  plus  précieux  des  objets  joints 
^  cet  ouvrage ,  à  cause  de  la  clarté  et  de  la  rapidité 
ivec  lesquelles  il  met  a  portée  d'en  saisir,  d'un  coup- 
<l*œil ,  Tensemble  et  les  détails ,  est  une  magnifique 
carte  géologique  ,  faisant  ^uite  à  celle  de  MM.  Cu- 
vier  et  Brongniart ,  et  qui  fournira  désormais  d'inap- 
préciables renseignements,  même  aux  personnes  les 
pius  étrangères  à  la  science*  Nous  ne  croyons  pas  trop 
i^ire  ,  en  effet ,  quand  nous  affirmerons  qu'il  n'est  aucun 
i^e  nos  concitoyens  ,  dans  quelque  situation  que  la 
ileslinée  l'ait  pla'cé ,  qui  n'éprouve  à  chaque  moment 
te  besoin  de  connaître  le  terrain  de  sa  demeure  j  de 
K)n  voisinage  ,  de  ses  propriétés  ;  ce  sol ,  dont  la  com- 
position exerce  une  si  puissante  influence  sur  son 
inculture  ,  son  industrie  ,  ses  constructions  ,  la  répa- 
ation  de  ses  chemins  ;  enfin ,  sur  toutes  les  circons- 
ances ,  tous  les  intérêts ,  toutes  les  habitudes  locales 
le  sa  vie.  Désormais  il  suffira ,  même  à  l'homme  le  plus 


(i)  Il  serait  à  désirer  que  notre  confrère  M.  Dabrenil  Toolài 
>΀a  y  joindre  dès  échantillons  de  sa  belle  collection  de  terrains 
«Itîfës  da  département. 


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borné  ,  de  jeter  un  regard  sur  la  carte  qu^  nous  d^roiH 
Ions  devant  vous,  pour  savoir ,  au  moins  en  gros ,  è  quoi 
s*en, tenir  sur  des  objets  si  nombreux  et  si  importants. 

Les  détails  dans  lesquels  nous  sommes  entré  vous 
ont  de'jà  ,  sans  doute ,  Messieurs ,  fait  pressentir  Topi- 
nion  de  votre  commission  sur  ce  grand  travail.  Nous 
devons  vous  dire  ,  au  reste ,  que  cette  opinion  ne  s^est 
formée  ^  chez  chacun  de  ses  membres  «  qu'après  un 
examen  attentif  et  isolé.  Il  y  a  eu  entre  eux  unani- 
mité complète  sur  ce  point ,  que  Fauteur ,  non-seule* 
ment  mérite  de  remporter  le  prix  proposé ,  mais  encore 
a  droit  à*vos  remerctments  et  à  vos  félicitations  pour  la 
patience  infatigable  quMl  a  apportée  dans  un  travail 
si  long  et  si  pénible.  Nous  ne  voulons  pas  dire  par- 
lé que  ce  travail  soit  absolument  exempt  d^omisions 
ou  dUnexactitudes ,  encore  moins  qu'il  ne  soit  point  sus- 
ceptible d*étre  régularisé  et  perfectionné  ;  mais  si ,  sous 
quelques  rapports ,  Tauteur  est  resté  en-deçà  du  but , 
sous  d'autres  il  a  fait  plus  que  vous  ne  lui  aviez  de- 
mandé ,  et  Ton  a  peine  à  concevoir  qu'avec  aussi  peu 
de  devanciers  et  de  coopérateurs  ,  il  ait  recueilli  tant 
de  renseignements  ,  soit  en-dedans  ,  soit  en-dehors  du 
département.  Quant  h  leur  complètement  ultérieur 
jusqu'à  la  publication  ,  et  bien  au-delà ,  vous  pouvez , 
nous  oserons  vous  l'affirmer ,  vous  en  rapporter  i  ses 
propres  méditations ,  à  l'intérêt  de  sa  propre  gloire , 
qui  en  fera  un  travail  de  toute  sa  vie  ;  à  ses  rapports , 
tant  avec  les  chefs  de  la  science  qu'avec  nos  conci- 
toyens ,  et  surtout  les  membres  de  la  Compagnie  ,  dont 
il  réclame  de  la  manière  la  plus  pressante  les  obser- 
vations. 

U  n'est  pas  entré  dans  vos  intentions ,  en  proposant 
une  question  aussi  importante  y  il  peut  encore  moins 
y  entrer ,  en  recevant  un  si  beau  travail  ,  de  l'ensevelir 
dans  vos  cartons.  U  est ,  au  contraire  ^  de  votre  honneur , 


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(73) 

autant  que  de  Fint^rét  général  ^  de  lui  assurer  la  plus 

prompte    et  is^  plus  complète  publicité  ;   mais    cette 

publicité  ne    peut  s^obtenir  sans  d'assez  grands  irais , 

surtout  pour  ce  qui  concerne  la  carte  géologique  et 

les  planches   qui  en  sont  une  portion  si  importante* 

^s  renseignements  que  nous  avions  demandés  sur  ce 

point  ne  nous  sont  point  encore  entièrement  parvenus* 

•nous  savons  seulement    que  la  gravure   de  la  carte 

coûtera  à  elle  seule  iSoo  francs.  Nous  ne  doutons  point 

9^6  le  conseil  général  ,  dont  les  libéralités  envers  la 

Compagnie  n'ont  été  suspendues  que  par  des   circons- 

^^ces  indépendantes   de  sa  volonté  ,    ne   donsenttt  à 

faire  la  dépense  de  cette  carte  ,  quand  vous  lui  auriez 

&t  connaître  et  le  noble  usage  que  vous  avez  fait  de 

ses  dons  antérieurs ,  et  l'utilité  tout-à-fait  départemen- 

^e  de  cette  publication* 

En  conséquence  ,  la  commission  nous  propose  ,•  âi 
l'unanimité , 

1®  D'adjuger  le  prix  à  l'auteur  du  mémoire  ; 

a"  De  voter  l'impression  de  l'ouvrage  t  cp  un  volume 
publié  à  part  de  vos  mémoires  ,  et  livré  au  commerce  , 
ainsi  que  la  carte  géologique  et  les  planches  ; 

3®  De  déposer  les  échantillons  a  l'appui-,  réunis  h 
:eux  de  Meulers  ,  et  étiquetés  par  l'auteur ,  au  Cabinet 
l'histoire  naturelle  de  la  ville  de  Rouen ,  à  condition 
[u'ils  y  formeront  une  collection  distincte,  portant 
rotre  nom  ,  et  restant  votre  propriété  ; 

4.®  De  réclamer  du  conseil  général ,  par  l'entremise 
Le  M.  le  Préfet ,  son  concours  dans  la  dépense  de  cette 
publication. 


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(74) 


L'Académie  ajant  adoplé  les  conclusions  da  rapport  y 
M.  le  Président  a  ouvert ,  en  séance  publique  y  le  billet 
cacheté  qui  était  joint  au  Mémoire  ,  et  a  proclamé  le 
nom  de  M.  Antoine  Passt  ,  demeurant  à  Paris. 


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CLASSE 


DES  BELLES-LETTRES  ET  ARTS. 


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(77) 

CLASSE 

DES  BELLES-LETTRES  ET   ARTS. 

RAPPORT 
Fait  par  M.  BiGNON ,  Secrétaire  perpétuel 

JMEessieurs  9 

Si  les  petites  choses  ne  conduisent  pas  toujours 
grandes ,  les  premiers  ëlémenls  de  renseignement 
sont  pas  moins  la  condition  nécessaire  de  la  vie  i 
lectuelle  du  corps  social ,  et  le  premier  besoin  de 
ses  membres.  Aussi  TAcadëmie  a-t-elle  toujours 
cueilli  avec  un  vif  intérêt  tous  les  moyens  q< 
multiplient  d^abr^er  encore  la  durée,  déjà  bien 
treinte,  de  renseignement  élémentaire;  objet  bien 
portant ,  en  général ,  pour  le  progrès  de  la  civilisi 
(  puia^e  c'est  là  sa  première  origine  ) ,  et  en  par 
lier  pour  le  sort  des  classes  inférieures  ;  car  c*est 
grande  fortune  pour  elles  d\)btenir  promptement 
à  peu  de  frais  ,  l'avantage  de  pouvoir  de  bonne  I 
tirer  leur  subsistance  de  leurs  bras ,  et  de  n'étr< 
toute  leur  vie  dans  la  nécessité  toujours  gênante  , 
vent  coûteuse  ,  et  rarement  sans  danger ,  de  chen 
dans  les  yeux  et  la  main  d'autrui ,  un  interprète 
leurs  relations  les  plus  secrètes  et  les  plus  intime 

£t  pourquoi  donc  les  classes  supérieures  ne  tr< 


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(  78  ) 
raient-elles  pas  aussi  un  grand  avantage  dans  Tadoptioi» 
des  nouvelles  méthodes  ?  Peut-il  être  indifférent  pour 
elles  de  mettre  leurs  enfants  plus  sûrement  et  plutôt 
à  portée  de  recevoir  une  instruction  plus  étendue ,  et 
d^entrer  dans  la  voie  des  études  sérieuses  avec  moins^ 
de  répugnance ,  par  la  facilité  des  premiers  pas  ? 

Le  temps  est  de  l'argent ,  disait  B*^"  FranckBn  ,  pour  de 
simples  ouçriers.  Mais ,  pauvres  ou  riches  ,  le  temps  y 
pour  tous ,  est  un  trésor  qui  doit  être  Tobjet  de  la 
plus  stricte  économie  ,  surtout  dans  cet  âge  tendre  , 
déjb  plus  qu^on  ne  pense  susceptible  d^une  applica- 
tion dont  la  faculté  perd  souvent  toute  son  énergie  , 
quelquefois  un  brillant  avenir ,  dans  les  lenteurs  sys- 
tématiques d'une  méthode  routinière  qui  tue  Técolier 
au  profit  du  maître. 

Apprendre  h  lire  et  à  écrire  ,  était ,  suivant  Duclos  ^ 
une  des  choses  les  plus  difficiles  ;  tant  il  est  vrai  que, 
malgré  sa  haute  intelligence ,  il  avait  dû  essuyer  de 
longs  dégoûts  b  se  morfondre ,  cloué  sur  une  bancelle 
deux  ou  trois  heures  de  suite ,  sans  autres  distractions,  la 
plupart  du  temps ,  que  des  supplices  ,  et  cela  dans  un 
état  de  contrainte  mortelle  aussi  funeste  aux  facultés 
du  corps  qu'à  celles  de  l'esprit  ;  et  cependant  c'est  le 
développement  des  facultés  intellectuelles  qui  sert  de 
prétexte  à  cette  violence  inutile  et  barbare  !  comme  si 
Ton  croyait  s'être  acquis  une  sorte  de  prescriptiçn  lé- 
gale contre  Tintelligence  et  l'innocent  bonheur  du  pre- 
mier âge  y  et  que  l'homme  ne  dût  être  initié  dans  la 
carrière  sociale  que  pour  apprendre  i  souffrir  sous  le 
despotisme  de  la  verge  ! 

Et  voil^  pcécisément ,  disait  avant  Duclos  notre  vieux 
Montaigne ,  voilà  pourquoi  nos  pauvres  enfants  re* 
viennent  ordinairement  si  mawinUux  de  leurs  écoles. 

Mais  il  ne  soupçonnait  pas  ,  le  savant  secrétaire  de 
l'Académie  française ,  que  si  peu  de  temps  après  loi , 


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(79) 
rcnfancë  pourrait  aller  gaîment  h  pas  de  gëant  dans 
une  carrière  alors  si  trbte  et  si  longue  à  parcourir , 
et  qu^on  pourrait  ,  en  quelques  jours ,  même  en  quel- 
ques heures  ,  faire  plus  de  progrès  dans  certaine  partie 
que  ,  de  son  temps ,  quelquefois  en  plusieurs  années. 

Les  proverbes  sont ,  a  quelques  égards ,  les  formules 
algébriques  de  Tignorance  ,  et  il  n^est  pas  rare  que  le 
savoir  en  soit  la  dupe.  Mais  le  génie  de  Tliomme  a 
toujours  en  réserve  quelque  moyen  d^établir  qu'il  peut 
7  avoir  du  nouveau  sous  le  soleil  ;  et  la  fin  de  non- 
recevoir  toujours  invoquée  contre  les  inventions 
utiles  est  ici  victorieusement  repoussée  par  Tévidence 
des  faits. 

Honneur  donc  aux  sensibles  amis  de  Tenfance  et 
de  la  jeunesse  ,  reconnaissance  éternelle  h  toutes  les 
âmes  généreuses  qui  se  dévouent  spontanément  h 
Tœuvre  modeste ,  si  dédaignée  par  les  hautes  puissances 
de  Tinstruction ,  d'extirper  du.  premier  vestibule  des 
sciences  les  épines  dont  il  est  encore  couvert  ! 

Mous  devons  ranger  dans  cette  honorable  catégorie 
M.  Maître ,  de  Brignoles  ,  dont  les  succès  merveilleux 
ont. été  attestés  par  des  commissaires  de  la  Société 
académiques  d'Aix,  ainsi  que  l'association  pour  l'en- 
seignement mutuel  de  notre  faubourg  Saint-Sever  , 
dont  le  discours  de  M.  Aug.  Le  Prévost ,  son  prési- 
dent ,  constate  la  sollicitude  et  les  progrès. 

La  Société  de  la  morale  chrétienne  ,  établie  h  Paris , 
s'efforce  constamment ,  par  de  nouveaux  sacrifices ,  ^  se 
maintenir  h  la  hauteur  du  généreux  système  d'une 
bienfaisance  universelle. 

=  La  Compagnie  a  reçu  avec  reconnaissance  les 
communications  ordinaires  de  l'Académie  de  Besançon , 
des  Sociétés  d'émulation  du  Jura  et  d'Abbeville.  Les  ao« 
et  ai*  tomes  de  la  Société  des  antiquaires  de  Londres, 


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(8o) 
accompagaës  d'un  beau  dessin  colorié ,  de  gftede  di- 
mension,  de  la  célèbre  tapisserie  de  Bayeux  ,  sont  aa 
rang  des  monuments  les  plus  précieux  de  vos  archives. 

=  Une  Epître  en  vers ,  d'un  vîeuz  poète  à  son  ami 
âeoenu  poète  de  cour^  par  M.Frédéric  Lequesne,  et  une 
Notice  sur  la  tour  de  Londres  ,  par  M^  Tougard ,  tous 
deux  avotats  et  membres  de  notre  Société  d'émula- 
tion ,  ayant  déjh  obtenu  de  ce  corps  savant  Thono- 
rable  distinction  d'une  lecture  publique ,  ne  pouvaient 
manquer  d'étrie  distingués  par  l'Académie. 

=  L^analyse  de  notre  Précis  de  1828,  par  M.Lau- 
tard  ,  de  F  Académie  de  Mar^ille,  est  un  travail  cons- 
ciencieux f  où  la  critique  ,  sous  des  formes  pleines  de 
modestie  et  dWbanité  ,  ne  décolore  point  hes  éloges. 

=s  Une  Notice  sur  les  hôpitaux  3e  Rouen  ,  par  M.  Le- 
gras ,  archiviste  de  THôtel-Dieu ,  sera ,  comme  objet 
d'intérêt  local ,  signalée  ultérieurement  par  l'analyse 
du  rapport  de  M.  Hellis. 

=:  La  Domfrontlenne ,  épttre  ,  en  vers  libres ,  de*  M. 
B***  à  M.  Casimir.  Delavigne  ,  est  une  petite  bhiettc 
critique ,  sané  fiel.  Dans  son  discours  d'inauguration 
pour  le  théâtre  du  Havre ,  après  avoir  fait  briser  la 
pomme  de  discorde  en  Normandie ,  M.  Delavigne  avait 
ajouté  : 

«  fit  si  àts  Doirs  pépins  le  |ermc  trop  fécond 
«  A  semé  les  procès  qo^on  rëcolte  4  Domfront, 
«  La  blancheur  àt  U  pomme ,  où  l'incarnat  se  joae  j^ 
«  Embellit  la  caachoise  et  brille  sor  sa  jooe.  » 

Malgré  Tél^ance  des  deux  derniers  vers ,  né  k 
Domfront ,  selon  toute  apparence ,  M.  B***  n'a  point 


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(8i) 
trouvé  \^  fktion  de  bon  goût;  il  a  répudia  rbën^age 
pour  son  pays ,  et  l^on  peut  voir  que  ce  n^est  pas  s^ms 
raison. 

=  Un  second  extrait  des  Etudes  poétiques  de  M. 
Etienne  Thuret ,  de  i^ Académie  de  Caen ,  trop  tardive- 
ment reçu  ,  a  été  mis  au  rapport  de  M.  Fossé ,  pour 
l^année  procfaaioe. 

Membres  correspondants* 

=:  M.  Yandeuvre  a  adressé  h  la  Compagnie  son  Dis- 
cours de  rentrée ,  prononcé  en  qualité  de  procureur 
général  h  la  Cour  royale  de  Rouen; 

'  M«  Tabbé  la  Bouderie ,  une  Notice   historique  si)( 
Zwingli  ; 

M.  Fée  ,  une  Tragédie  de  Pelage ,  que  M.  Fossé  s 
jugée  susceptible  de  diverses  corrections  ; 

M.  Albert  Montemont,  un  extrait  de  son  Journal 
des  Voyages  dans  les  quatre  parties  du  monde  ; 

M.  Spencer  Smith ,  une  seconde  édition  de  sa  No- 
tice sur  M.  Bruguière  de  Sorsum^  précédée  d^une 
«econde  édition  de  la  traduction  en  vers  français  ^  par 
M.  Edouard  Smith  ,  du  Ûie  Voyager  ^  de  M.  de  Sorsum  ; 

M.  Gois  ,  un  Groupe  de  Léda ,  en  plâtre ,  d'une 
Irès-bclle  exécution; 

M,  Boinvilliers ,  une  Pièce  de  vers  ayant  pour  titre  : 
Tnbie  mourant.  Ce  sont  des  leçons  d^une  m«rale  pure 
et  religieuse,  léguées  par   un  père  vertueux  à  son  fils» 

Ici ,  Messieurs ,  se  termine  l'article  de  vos  mem- 
bres correspondants  ,  auquel  un  triste  devoir  nous 
oblige  d^'attacher  un  cr(?pe  funèbre  ,  en  mémoire  d'un 

II 


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(8a) 
iborateur   infatigable   que  la  mort  vient  de  noui 
*    b  la  fin   d'une    carrière    de  76  années  d'utiles, 
lux  et  de  bonnes  œuvres. 

é  k  D0I9  en  1753,  mort  à  Aizicr-sur-Seine ,  le 
novembre  dernier  ,  Marie-François  Reyer  éuii 
iquaire  le  plus  actif,  et ,  de  Taveu  de  tous  «  le  plus 
bnd  des  deux  départements  qui  composent  notre 
ndissement  judiciaire.  D'autres  pourront  le  repr^- 
er  dans  les  modestes  et  philosophiques  habitudes 
la  vie  privée ,  occupant  avec  honneur  des  places 
nguëes  dans  le  ministère  de  Tëglise ,  Fëpiscopat 
ae  ,  si  la  simplicité  de  ses  goûts  eût  pu  s'accom* 
1er  avec  Téclat  de  la  grandeur  ;  figurant  avec  distioc- 

dans  l'enseignement  public  ,  h  l'assemblée  législa- 
,  et  à  l'institut  de  France  !....  Mais  il  s'agit  ici  moins 
le  notice  biographique ,  qui  déjà  ne  manque  point , 
eaucoup  près,  à  sa  mémoire,  que  d'une  simple 
t  indicative  de  son  talent  et  du  caractère  général 
ses  ouvrages ,  dont  plusieurs  occupent  une  place 
inguée  dans  vos  archives. 

^ire  que  M.  Rêver  réunissait ,  dans  son  grand  sa- 
'  I  toutes  les  parties  essentielles  et  utiles  qui  cons- 
ent le  profond  antiquaire ,  avec  la  sagacité  d'une 
ique  habile  et  judicieuse,  si  nécessaire  dans  une 
nce  qui  offre  tant  de  problèmes  h  résoudre  ,  ce 
serait  que  résumer  ce  qui  tant  de  fois  a  été  cons- 

dans  vos  annales, 
^oint  de  charlatanisme  dans  les  ouvrages  de  M.  Re- 
,  point  de  ces  apologies  vagues  de  la  science ,  et 
ne  l'avancent  pas.  Renfermé  dans  l'analyse  et  Tin- 
»rétation  des  faits,  c'est  Diogène  qui  se  contente 
marcher  pour  prouver  l'existence  du  mouvement; 
t  la  vertu  qui  se  recommande  par  l'efficacité  des 
tnples ,  bien  autrement  que  par  l'étalage  des  paroles, 
lonne  pour  positif  et   pour  conjectural  ce  qui  lui 


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(83) 
paraît  Tétre  ;  il  dit  :  jt  ne  sais  pas  y  avec  franchise  et 
sans  employer  ces  euphémismes ,  voile  traoïparent  de 
rameur  propre  ,  qui  trahit  le  secret  de  son  incertitude 
par  le  soin  même  de  la  dissimuler. 

Oui  y  Messieurs  y  c'est  une  véritable  y  une  très-grande 
perte  pour  la  science  que  celle  d'un  pareil  homme. 
Mais  nous  avons  Tespoir  de  le  voir  revivre  dans  qiiet- 
qoes-uns  de  nos  confrères ,  qui ,  depuis  longtemps  « 
marchent  avec  succès  sur  les  traces  de  leur  honorable 
▼élëran  ;  et  y  s'il  est  difficile  de  dépasser  M.  Bever  dans 
la  carrière  des  antiquités,  il  sera  toujours  bien  hono* 
Tible  pour  eux  y  et  bien  flatteur  pour  l'Académie  i 
qo'ib  aient  le  grand  avantage  de  l'atteindre. 

Membres  résibakts. 

s  L'Académie  a  reçu  y  en  ouvrages  imprimés  y 

De  M.  Delaquérière  y  une  Dissertation  sur  les  por-* 
traits  de  Henri  YIII  et  de  François  Ps  existant  \ 
notre  hôtel  du  Bourgtheroulde  ; 

Be  M.  Floquet  fils  y  un  Eloge  de  Bossuet ,  qui ,  sur 
le  rapport  de  M.  Durouzeau ,  organe  d'une  commission 
Ipéciale ,  a  procuré  h  Tauteur  son  admission  au  sein  de 
la  Compagnie ,  et  à  la  Compagnie  un  collaborateur 
d'on  vrai  talent  ; 

De  M.  A.  Le  Prévost  y  un  exemplaire  de  ses  Ré« 
flexions  sur  Alain  Blanchard  ; 

De  M.  Deville  y  une  Traduction  en  vers  des  Buco- 
Kques  de  Virgile  y  entreprise  hardie  ,  a  dit ,  dans  son 
rapport  y  M»  Dop'utel  ;  travail  d'une  exécution  bien 
difficile ,  à  ne  considérer  que  le  grand  nombre  des 
traducteurs  qui  ont  vainement  essayé  de  rendre  le 
^jle  pur  et    harmonieux  du  poète  de  Mantoue  y  le 


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(84) 
channe  de  ces  petits  poèmes,  premier  rudiment  poé* 
tique  de  Tenfance ,  qu'on  ne  peut  apprécier  qu^avec 
un  goût  délicat  et  exercé. 

M.  le  rapporteur  a  félicité  M.  Deville  d'avoir  eu  , 
comme  il  le  dit  dans  sa  préface ,  très-)eune  encore  ^ 
le  courage  d^affronter  des  difficultés  jusqu'alors  invin- 
cibles ;  mais  il  a  tiré  un  augure  favorable  de  la  revue 
sévère  ,  dans  un  âge  mûr ,  d'un  travail  qui  doit  au- 
jourd'hui mériter  à  son  auteur  le  prix  de  ses  généreux 
efforts..  •• 

=  Dans  le  compte  rendu  par  M.  Licquet ,  des  deux 
tomes  de  VArcheologia  de  la  Société  des  antiquaires  de 
Londres,  se  trouve  l'analyse  de  deux  pièces  qui  ap- 
partiennent à  notre  propre  histoire.  La  première  est  un 
poëme  anglais ,  en  vieux  langage ,  sur  le  si<%e  de  Rouen 
par  Henri  V  ;  on  y  voit  des  détails  qu'on  ne  trouve 
pas  ailleurs.  Par  exemple,  l'incendie,  par  les  rouen- 
nais ,  de  huit  paroisses  de  leur  ville ,  à  l'approche  de 
l'ennemi  ;  le  déguisement  d'un  corps  d'anglais  sous  l'u- 
niforme bourguignon  ,  pour  attirer  les  assiégés,  qui 
attendaient  un  renfort  de  la  Bourgogne ,  et  qui  toute-^ 
fois  eurent  la  prudence  ou  le  bonheur  de  ne  pas 
donner  dans  un  tel  piège  ;  enfin  ,  l'énumération  de 
la  population  de  la  ville ,  portée  à  plus  de  l^oo^ooo 
âmes  ,  y  compris  la  garnison  ,  qui  aurai  c  été  au 
moins  de  80,000  hommes  :  ce  qui  s'appelle ,  dit  notrQ 
confrère ,  user  largement  des  licences  poétiques ,  etc. 

La  seconde  pièce  intéresse  particulièrement  nos 
antiquités ,  c'est  la  relation  de  l'entrevue  célèbre  de 
Henri  YID  et  de  François  I^'  au  champ  du  Drap- 
d'Or,  représentée  aussi  sur  les  bas-reUefs  de  notre 
hôtel  du  Bourgtheroulde.  Tout  y  est  décrit  avec  Texac- 
titude   la   plus  scrupuleuse ,   jusques  aux  plus  minu- 


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(85) 
tienses  mesures  de  l'espionnage  réciproque ,  prise9  « 
d'accord  par  les  deux  princes  ,  sur  toutes  les  routes 
oilt  ils  pouvaient  se  rencontrer  ;  ce  qui  prouve ,  suivant 
M.  Lîcquet ,  le  degré  de  confiance  des  deux  monarques 
l  cette  époque. 

L'analyse  d'un  trobième  monument  anglais,  tirée 
do  troisième  tome  de  VArcheologia ,  offre  la  descrip- 
tion d'un  vaste  tableau  représentant  la  scène  fastueuse 
da  champ  du  Drap-d^Or ,  dans  te  plus  grand  détail  ;  et 
ce  qui  prouve  rattachement  des  insulaires  \  cette 
production  de  Tart ,  qu'il  serait  curieux  de  comparer 
avec  nos  bas-reliefs  de  lliôtel  du  Bourgtheroulde  ,  c'est 
qu'un  agent  français  ayant  montré  le  désir  de  l'acheter 
pendant  les  troubles  politiques  ,  le  comte  de  Pembrok 
fn  détacha  clandestinement  -  la  tôte  de  Henri  YID  , 
et  ne  la  rendit  qu^h  la  restauration ,   sous  Charles  D, 

=  M.  Rellis  ,  en  rendant  compte  de  la  Notice  histo- 
rique des  hôpitaux  de  Rouen  ,  a  rendu  hommage  à 
l'exactitude  des  faits  et  à  la  clarté  du  style  ;  mais  il 
n'a  point  trouvé  de  titre  authentique  sur  l'origine  de 
indtel-Bieu ,  à  moins  qu'on  ne  veuille  le  voir  dans  un 
concile  de  Rome  ,  en  334  9  qui  consacre  le  pre- 
mier quart  du  revenu  des  évéques  au  soulagement  des 
pauvres. 

C'est  a  la  piété  de  nos  ducs,  surtout  d^Henri  II  et  de 
Kichard  Cœur-de-Lion ,  qu'on  doit  attribuer  les  pre- 
miers développements  de  notre  hôpital.  Etabli  d'abord 
dans  le  cloître  des  Chanoines ,  transféré  au  Nid-de- 
Chien^  près  la  porte  St-Hilaire ,  reporté,  vers  la  fin 
du  ia«  siècle,  auprès  de  la  Cathédrale  ,  sous  l'invoca* 
tion  de  Notre-Dame ,  il  prit  bientôt  après  le  titre  de 
la  Madeleine  ,  d'où  vient  le  nom  donné  à  la  rue  qui 
passait  devant  cet  établissement. 

Suivent ,  par  ordre  de  dates ,  l'acquisition  du  terrain 


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(86  ) 

de  Cauchoise  pour  les  pestifôrës  ;  rérection  de  deux 
petits  hôpitaux  sur  ce  lieu  de  satUé  ;  la  translation  de 
la  Madeleine  f  qui  les  réunit,  en  17 58,  sous  le  titre 
d'Hôtel-Dieu  ;  la  réunion  à  cet  hôtel  du  prieuré  de 
St-Julien  et  de  la  léproserie  du  Mont-aux-Malades  ; 
Thistorique  de  THospice  général,  d^abord  simple  bureau 
de  mendicité,  rue  Sainte-Croix-Saint-Ouen ,  etc. ,  etc. 
Mais  c^en  est  assez  pour  donner  une  idée  de  l'intérêt 
que  doit  présenter  un  ouvrage  déjà  recommandé  par 
le   sujet  môme    et  par  les  éloges  du  rapporteur. 

=  M.  Lévy  a  lu  des  considérations  contre  le  main- 
tien ,  dans  les  mémoires  de  la  Compagnie  ,,  de  la  lettre 
i  au  pluriel  des  noms  masculins  polysyllabiques ,  ter- 
minés en  eiU  et  en  ont.  D^abord,  c^est  une  série  de  ques- 
tions que  notre  confrère  laisse  à  d^autres  le  soin  de 
résoudre  ,  sur  la  possibilité  d^une  réforme  orthogra- 
phique complète  ,  sur  les  avantages  et  les  inconvénients, 
de  Texécution ,  sur  les  noms  qui  n'ont  pas  de  dérivés, 
ou  qui  en  forment  avec  d^autres  lettres  que  la  finale  du 
radical,  etc.  Ensuite  ,  partant  de  ce  principe  que  ré- 
criture doit  représenter  la  parole ,  pour  prouver  l'utilité 
d'une  réforme  ,  il  compte  ,  suivant  le  calcul  de  la  réfor- 
mation ,  dans  Jean-Jacques  et  Voltaire ,  y.  compris  le 
Dictionnaire  de  l'Académie  française,  7, oaa,3oo  lettre 
à  supprimer ,  etc^  Et ,  après  avoir  insinué  le  soupçon 
d'une  vue  d'intérêt  de  U  part  des  imprimeurs  dans 
le  maintien  des  lettres  oiseuses ,  il  a  fini  par  invoquer , 
contre  le  /,  le  Dictionnaire  de  l'Académie  française. 

—  M.  Bigiioa  a  répondu  verbalement  aux  géi^âalités 
du  mémoire  de  M.  Lévy  :  quant  à  la  question  princi- 
pale ,  relative  î^  la  lettre  < ,  il  en  a  soutenu  le  maintien 
par  les  motifs  suivants  : 

«  La  plus  simple  des  règles  grammaticales  qui  puisse 


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(87) 
exister  dans  aucune  langue ,  est ,  sans  contredit ,  celle 
qui ,  dans  le  français  ,  exige  simplement  Taddition 
fune  3  pour  former  le  pluriel  des  noms;  la  suppres- 
sion du  /  dans  les  cas  en  question*  est  une  exception 
bisarre,  contraire  à  tous  les  principes  de  Tëconomie 
^nërale  de  ta  langue  ,  et  une  dérogation  ridicule  dans 
l'espèce.  Elle  confond ,  sans  utilité ,  les  noms  terminés 
par  une  n  avec  ceux  qui  se  terminent  par  un  t  ;  car 
le  pluriel  ne  donne  plus  alors  la  lettre  finale  du  sin- 
juUer. 

«  D'un  autre  côté,  le  /  est  ici  une  lettre  essen- 
ielie ,  caractéristique  pour  la  dérivation ,  et  qui ,  par 
Donséquent ,  doit ,  en  quelque  soi::te  y  tenir  nature  de 
Pond. 

«  La  suppression  du  /  est  sans  utilité  pour  le  peu  de 
temps  et  de  place  quHl  occupe  dans  Técriture.  Le 
5upprime-t-on  comme  lettre  sourde  ?  Mais  il  faudrait , 
pour  être  conséquent ,  le  supprimer  au  singulier  même  , 
(t  à  la  suite  de  toutes  les  voyelles ,  dans  le  pluriel 
de  tous  les  noms  ,  etc.  ;  et  pourquoi  ne  supprimerait- 
on  pas,  au  même  titre ,  les  autres  consonnes  qui  se 
trouvent  dans  la  position  où  Ton  supprime  le  /  ?...• 

«  Etablir  une  exception  pour  les  monosyllabes  ,  ce   > 
n^est  que  déroger  arbitrairement  à  une  dérogation  ar- 
bitraire ;  et ,  pour  compléter  le  système  des  anomalies , 
on  écrit  tous ,  gens  sans  /  ,   temps  sans  p  et  corps  avec 
un;>,  etc. 

«  Il  semble  que  Ton  soit  en  droit  de  demander  la 
raison  d'une  si  étrange  pratique  avant  de  Tadopter  ; 
mais ,  dit-on ,  ce  n^est  ici  qu^un  essai  :  à  la  bonne 
heure  ;  cependant  il  n'en  serait  pas  moins  à  désirer 
que  la  marche  des  réformateurs  fût  plus  régulière ,  et 
qu'elle  se  portât  sur  des  vices  plus  saillants ,  où ,  avec 
un  succès  plus  sûr  et  plus  rapide  ,  Ton  pourrait  tailler 
dn  vif  sans  estropier  les  malades;  par  exemple,  les. 


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(88) 
lettres  étymologiques  superflues  ne  peuvent  guère  étr 
conservée^  que  pour  ceux  qui  n^en  peuvent  tirer  aucu 
parti  ^  ou  qui  pourraient  s'en  passer  ;  car  si  Torigine  d'ui 
mot  tiré  du  g^ec  ^a  du  latin  se  reconnaît  bien  à  1 
simple  prononciation ,  on  n'a  pas  besoin  de  lettres  no 
articulées  pour  la  reconnaître  dans  Técriture ,  dan 
ortografe  par  e^femple ,  etc.  » 

—  M.  Ballin ,  intervenant  par  la  suite  à  ce  petit  àé 
bat ,  a  expliqué  comment  le  retranchement  du  i  d'ej 
point  le  fait  de  TAcadémie  française  dans  son  diction 
naire  ,  mais  bien  de  ceux  qui  en  ont  fait  de  nouvelle 
éditions ,  avec  divers  changements ,  suivant  leur  goi) 
particulier  ;  en  conséquence ,  la  réforme  ne  pourrai 
ici  valablement  s'autoriser  du  sufïirage  de  cette  Académi( 

Après  avoir  combattu  ,  par  des  principes  tirés  de  I 
constitution  .et  de  la  génération  des  motSt  une  inno 
vation  qu'il  avait  lui-môme ,  dit-il ,  adoptée  avec  m 
peu  trop  de  légèreté ,  N.  Ballin  a  cité  t  en  faveur  du  t 
des  autorités  respectables ,  des  grammairiens  de  haul 
considération,  et  l'Académie  française  elle-même,  qui 
dans  ses  publications  diverses ,  ne  s'intitule  plus  Acadé 
ime  française  ;  et  h  1*  occasion  de  ce  changement  dan 
l'orthographe  de  l'autorité  souveraine  en  fait  de  langage 
notre  confrère  a  indiqué  l'origine  de  la  nouvelle  pro 
nonciation  dans  l'affluence  des  beaux  esprits  d'Italie 
venus  successivement  en  France  à  la  suite  de  Catherioi 
et  de  Marie  de  Médicis,  etc.  Quant  au  cbangrmen 
dans  l'écriture ,  il  en  trouve  les  premiers  exemples  dan 
I^esclache ,  en  i668 ,  et  dans  Molière  ,  q^i ,  d^s  soi 
Taiufij  fait  rimer  paroiù'e  avec  étre^  çoimotte  ave< 
maltife ,  etc. 

Une  lettre  de  M.  Jouy ,  de  l'Académie  française 
et  deux  autres  de  M.  Andrieu,  secrétaire  perpétue 
de  la  même  Compagnie  y  ont  terminé  le  différend  pai 


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(  89  ) 
Tannonce  du  maintien  très-probable  du  /  dans  le  nou- 
veau Dictionnaire   prêt  h    paraître ,  et   de  Foi  en  ai , 
suivant  Torthographe  dite  de  Voltaire. 

L^ Académie  de  Rouen  a  pris  acte  de  ces  disposi- 
tions pour  s^y  conformer  dans  ses  publications  impri- 
mées. 

On  doit  tenir  compte  a  M.  Lévy  ,  qui  a  reçu  une 
des  trois  lettres  précitées ,  de  la  loyauté  avec  laquelle 
il  en  a  lui-même  le  premier  donné  lecture  à  la 
Compagnie. 

zs.  M.  le  C2^itaine  Fossé  a  semé  des  fleurs  poétiques 
sur  jsa  réception  à  TAcadémie ,  par  la  lecture  d^un 
poëme  élégiaque  inédit ,  intitulé  :  Ylnfanticîâe. 

L'auteur  débute  par  la  description  du  lieu  de  la  scène  , 
et  Tannonce  du  sujet. 

Non  loin  des  bor^s  du  Tarn ,  dans  ces  champs  où  Lescure 
Portait  josqaes  aux  cieox  Torgueil  de  ses  crtTneaaXy 
Qai,  cachés  anjoard*hui  dans  une  poudre  obscure, 
SVchappent  sons  nos  pas  et  roulent  dans  les  eaux; 
Près  d^un  orme  isolé  dont  Tombre  séculaire 
Jamais  des  feux  du  jour  ne  défend  les  troupeaux , 
Brille,  au  sein  de  la  nuit,  une  flamme  légère 

Qui  se  glisse  dans  les  rameaux, 

Et,  de  sa  lueur  passagère  , 

De  la  chapelle  solitaire 

Embrase  no  instant  les  vitraux. 
l<à ,  jamais  le  printemps  ne  rit  ii  la  nature  ; 
Jamais,  près  de  cet  orme  an  front  échcTelé, 
Le  mois  riant  des  fleurs  n*oublia  sa  ceinture, 

Et  d'un  doux  réseau  de  verdure 
Ne  daigna  tapisser  le  tertre  dépouillé. 
Là ,  si  j*en  crois  les  récits  du  village , 

Le  pâtre  ^  à  la  chute  du  jour , 


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1 90  ) 

£ntend  des  cris  plaintifs  sVloigner  do  feniUftgey 
Se  prolonger  ensuite  en  un  mnrmnre  sourd  ^ 

Et  puis  mourir  sur  le  rifage 
Comme  expire  un  rafliier  sous  le  bec  d'un  vautour. 

Viennent  ensuite  les  acteurs  de  ce  petit  drame. 

Riche  d*attraits  et  d'innocence , 
Laure  croissait  jadis  sous  le  toit  paternel 
D'un  berger  dont  les  soins  protégeaient  son  enfance , 

£t  défendaient  son  indigence 
Des  vœux  empoisonnes  du  galant  me'nestrel  , 
Qui  Tenait  sur  ces  bords  soupirer  sa  romance , 

Et  s*eniTrer  en  espérance 
Des  coupables  baisers  d'un  amonr  criminel. 
Laure  n'écoutait  point  la  plainte  cadencée 
Qu'à  la  brise  du  soir  livrait  le  troubadour  : 
Son  oreille  était  offensée 
Des  chants  qui  la  priaient  d'amour. 
Cependant  ,  lorsqu*au  fond  -de  l'humide  vallée , 

Elle  conduisait  son  troupeau, 
D'un  doux  pressentiment  son  ame  était  troublée 
Si  ses  regards  émus  rencontraient  le  château , 
Qui ,  du  front  belliqueux  de  la  roche  pelée , 

Noble  protecteur  du  hameau, 
Élevait  dans  les  airs  sa  tête  crénelée. 

Un  jour  qu'elle  arrêtait  sts  yeux 

Sur  sts  tourelles  menaçantes, 
Et  que,  loin  du  présent,  ses  vœux  ambitieux 
Se  perdaient  enivrés  d'illusions  brillantes , 

Elle  aperçut  près  de  ces  lieux 
Un  pitre  qui ,  penché  sur  les  ondes  bruyantes  ^ 
Interrogeait  des  flots  le  cours  mystérieux. 
L'avenir  pour  lui  seul  se  dépouillait  de  voiles; 
La  tombe  à  ses  accents  Répondait  par  des  cris; 
Et  son  regard  perçant,  dans  le  feu  des  étoiles, 

Contemplait  nos  destins  écrits. 


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(91  ) 
Le  pâtre  fait  concevoir  à  Laure   Tespoir  d'obtenir 
la  main  du  seigneur  châtelain ,  et  l'engage  de  se  rendre  , 
au  point  du  jour  ,  au  pied  de  l'orme  isolé. 

L*hcare  fuit  :  la  cloche  el>raiilëe 
Retentit  sourdement  sous  les  coups  du  marteau , 

Qui  proclame  dans  la  vallée 
Que  le  ciel  à  la  terre  accorde  un  jour  nouveau. 

Tremblante ,  respirant  à  peine , 
Laore,  d*un  pas  craintif,  s'éloigne  du  hameau  , 
Et ,  pâle  de  frayeur  ,  péniblement  se  traîne 

Jusqu'au  pied  du  lugubre  ormeau. 

Le  châtelain  arrive  mystérieusement. 

Il  court  :  Laure  i  se^  pieds  tombe ,  et  le  séducteur 

Attache  à  sa  bouche  muette 
Des  baisers  dont  lui  seul  goâte  Taffreux  bonheur  ! 

C'était  alors  que  Taubépine 
Couronnait  de  ses  fleurs  les  guère ts  d'alentour; 
Alors  la  riante  églantine 
Parait  le  front  du  troubadour , 
Et  y  sur  le  corset  de  Kosine, 
Brillait  comme  un  gage  d'amour. 
Bientôt  sur  sa  tige  effeuillée 
La  rose  perdit  nos  regards , 
Et  le  ruisseau  de  la  vallée 
De  sa  couronne  dépouillée 
Emporta  les  débrb  épars. 
Avec  la  rose  printanièri» 
Laure  aussi  perdit  sa  fraîcheur; 
Son  front  se  couvrit  de  pâleur  ; 
Et ,  presque  éteint  sous  sa  paupièrt , 
Son  regard  morne  et  sans  coulrur 
Ne  s'ouvrit  plus  à  la  lumière 
,   Qoe  pour  attester  sa  douleur. 


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(90 

£t  qoftsd  la  jtfelle  dor^e 
Ne  flotu  plas  daof  uoâ  gs^réU; 
Quand  de  la  grappe  colorée 
Jaillit  un  nectar  pur  et  frais  : 
Tout  entière  aux  ennuis  secrets 
Dont  son  ame  était  déchirée , 
Laure  courut  dans  les  forêts 
Cacher  sa  honte  et  ses  regrets 
A  sa  mère  déshonorée. 

Après  avoir  long-temps  erré ,  Tinforlunée  se  retrouve 
tout-h-coup  au  pied  de  l'orme  fatal ,  y  devient  mère  , 
immole  son  enfant  et  l'enterre  ,  pour  mourir  bientôt 
après  elle-même  sur  Téchafaud  y  en  face  du  lieu  de  son 
crime. 

C'est  au  pied  de  l'orme  que  l'on  voit ,  dans  la  nuit , 
celle  flamme  légère  annoncée  par   le  poète  à  son  début. 

Tandis  que  sur  le  tertre  où  le  trépas  de  Laure 
Effraya  les  humains  et  satisfit  les  deux  , 

Jjt  berger  aperçoit  encore 

Une  tète  dont  les  yeux  creux , 

Comme  un  sinistre  météore , 
Au  traters  de  la  nuit  semble  jeter  des  feux. 
Et  quand  l'ombre  des  nuits  descend  dans  la  vallée  , 
Le  spectre  gémissant  d'une  femme  voilée 
A  pas  précipités  s'élance  vers  Tonneau  , 
De  sa  main  décharnée  cntr'ouvre  le  tombeau  y 
En  arrache  d'un  fils  la  dépouille  chérie  , 
Et ,  pour  ouvrir  au  ciel  sa  paupière  endormie  , 
Invente  chaque  nuit  un  soin  toujours  nouveau  ; 
Mais ,  froid  à  sts  baisers  ,  l'enfant  reste  sans  vie  , 
Et  le  spectre  en  pleurant  regagne  le  coteau. 

Cette  élégie  ,  presque  toute  dans  le  genre  descriptif, 
classique  ou  romantique  par  le  fonds  ,  n'en  doit  pas 


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(93) 
moios  être  regardée ,  par  les  couleurs  poétiques  qui  la 
distinguent ,  comme  appartenant  à  une  bonne  école^ 

—  M.  Dumesnil ,  répondant  comme  vice-président , 
a  trouvé,  dans  la  palme  décernée  en  1826  b  M.  Fossé, 
et  dans  les  nouveaux  suflfirages  qui  viennent  de  l'appeler 
au  sein  de  TAcadlmie ,  une  garantie  pour  le  récipien- 
daire du  plaisir  que  l'on  éprouve  à  Vy  recevoir  ;  dans 
la  brièveté  du  discours  de  réception,  une  obligation 
d'abréger  la  réponse  ;  et  dans  la  lecture  du  poème ,  oi!l 
brille  Télégante  facilité  ordinaire  de  l'auteur ,  une  heu- 
reuse compensation  de  tout  ce  que  l'on  peut  dire  de 
mieux  en  prose.  Il  a  félicité  notre  nouveau  confrère 
d'avoir  su  conserver  et  nourrir  ,  dans  la  carrière  des 
armes  ,  ce  goût  naturel  pour  la  poésie  ,  heureux  moyen 
de  distractions  ,  et  il  a  terminé  par  l'espérance  de  voir 
souvent  M.  Fossé  contribuer  à  l'intérêt  et  à  l'agrément 
des  séances  de  la  Compagnie. 

=  Le  Discours  de  réception  de  M.  Floquet  fils ,  sur 
Sunleul; 

Les  Stances  de  M.  P'«  Dumesnil  ,  sur  la  Mort  de 
T  Impie  ; 

Une  Notice  nécrologique ,  de  M.  E.-H.  Langlois  ,  sur 
feu  notre   estimable  confrère  M.  Marquis; 

Et  un  Poème  de  M.  Alexis  Fossé  ,  sur  le  Voyage  dé 
S.  M.  Charles  X  »  en  1828  ,  dans  les  départements  de  l'Est 
de  la  France  ,  ont  obtenu  les  honneurs  de  l'impression , 
et  vont  faire  partie  des  lectures  de  cette  séance. 

Ainsi  ,  Messieurs  ,  se  termine  le  compte  général 
que  nous  étions  chargé  de  vous  rendre.  Si  l'Académie 
pouvait  trouver  que  le  nombre  des  produits  ne  répondît 
pas  cette  année  b  l'étendue  de  son  zèle  ,  elle  peut  offrir 


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(94) 
public  une  honorable  compensation  dans  les  bonnes 
vres  qu'elle  a  faites  :  près  de  6,000  fr. ,  consacrés , 
te  annt^e  ,  à  Tencouragement  des  sciences  et  des  arts , 
amment  pour  le  prix  extraordinaire  qui  va  être  dé- 
né,  et  pour  un  tableau,  de  grande  dimension,  par 
re  compatriote  M.  Court ,  à  Thonneur  de  notre  grand 
rneille  ,  voilà ,  sans  doute  ,  une  bonne  preuve  que  la 
mpagnie  sait  noblement  dispenser  les  subventions  de 
Iministration  centrale  ,  et  une  solide  garantie  pour 
nploi  de  celles  que  la  munificence  éclairée  de  M.  le 
fet  et  du  conseil  général  peut  encore  permettre  d'at- 
dre. 

M[.  D'Ornay ,  qui ,  par  honneur ,  figurait  au  bureau 
is  cette  séance,  offrait  à  la  vénéra^on  publique,  dans 
)ersonne ,  un  respectable  vieillard  de  100  ans,  et  un 
démicien  de  67. 


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(95) 

PRIX  PROPOSÉ 
POCA  i83o. 

L^Examen  critique  des  historiens  de  la  Nonnandie 
ijant  été  mis  inutilement  au  concours  pour  .i8a8  et 
iSag  ;  le  sujet  a  été  retiré  et  remplacé  par  le  suivant. 

L'Académie  demande  des  Programmes  de  Tableaux 
tirés  de  VHistwre  de  Normandie. 

Elle  décernera  une  médaille  d'or  de  3oo  francs  h 
celui  qui  aura  envoyé  les  meilleurs ,  et  en  plus  grand 
nombre. 

Elle  désire  que  chaque  programme  ,  éclairé  de  notes 
critiques  ,  soit  accompagné  d'un  simple  trait  ou  croquis. 

Chacun  des  auteurs  mettra  en  tête  de  son  ouvrage 
une  devise  ,  qui  sera  répétée  sur  un  billet  cacheté  où 
il  fera  connaître  son  nom  et  sa  demeure.  Le  billet  ne 
sera  ouvert  que  dans  le  cas  où  Touvrage  aurait  obtenu 
le  prix. 

Les  Académiciens  résidants  sont  seuls  exclus  du 
concours. 

Les  ouvrages  devront  être  adressés  ,  francs  de  port , 
a  M.  N.  BiGNON  ,  Secrétaire  perpétuel  de  V Académie  ,  pour 
la  Classe  des  Belles- Lettres  ,  avant  le  i'^  juin  i83o.  Ce 
Urme  sera  de  rigueur. 


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(  S7  ^ 
MÉMOIRES 

Di^SSBS  ACIXS., 


ESSAI 

^•Ca  iBS  HYMNES  Dl^  SAMTEUL  , 

Par  M.  Floqoix. 


Vers  la  fin  du  dix-seplième  siècle ,  lorsque  la  religion 
brilhic ,  en  France ,  de  toutes  les  splendeurs  des  arts 
*t  du  génie  ;  ktfsque ,  dans  des  temples  taiagnifiques 
flevës  par  Mansard ,  embellb  par  le  pinceau  de  Le 
iueuT  f  de  Jouven^^  et  du  Poussin  }  par  le  ciseau  de 
xitardon  ^  de  Coyzevox  et  de  Coustou ,  on  venait  d^ad- 
lirer  i^ëloquence  de  Massillon  ,  de  Flëchier ,  de  Bour- 
alooe  j  de  fiossuet^  combien  on  devait  être  étonne 
'entendre  succéder  h  ces  accents  sublimes  ,  h  ces  dis- 
ours pleins  de  force  ^  da  noblesse  et  de  douceur ,  les 
liants  barbares  qui  départent  alors  notre  liturgie  ,  ces 
ymnes  triviales  ,  triste  monument  de  la  rudesse  et  de 
ignorance  des  temps  qui  nous  les  avaient  louées  !  Sans 
ouïe  les  andens  du  Sanctuaire  ne  ressentirent  pas  moins 

i3 


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(.98) 
de  chagrin  que  d'enthousiasme  ,  lorsquHIs  entendirent 
le.  triomphanl  éloge  du  pnnoe  de  Condé,  lorsqifib 
comparèrent  cette  ode  faite  h  la  gloire  d'un  conquérant 
avec  celtes  consacrées  pisqu'k  c<;  joi|r  au  Dieu  qui  fait  les 
conquérants  (i).  Sans  doute  ils  s'indignèrent  que  la  gloire 
éphémèoe  d*un  mortel  eû^  in^iré  à^s  chajuts  plus  noblçs 
et  plus  hatdis  que  la  gloire  impéris^ble  de  celui  en  pré- 
sence de-  qui  lliomme  et  runi^rs.ne%ont  que  néant. 
Ce  fut  alors  que  deux  vénérables  pontifes  (2)  arrêtè- 
rent que  ces  chants  surannés  feraient  place  à  des  chants 
nouveaux  que  le  peuple  le  plus  religieux  et  le  plus  éclairé 
de  Tunivcrs  pût  avouer  sans  fougir  et  répéter  en  chœur. 
Mais  où  trouver  un  poète  qui  ne  soit  po«pt  inférieur  à 
cette  noble  tâche  ,  un  poêle  dont  la  pensée  s'élève  jus^ 
qu'à  la  hauteur  du  sujet ,  et  dont  le  langage  puisse  attein- 
dre la  pensée  ?  Siècle  privilégié  où  ,  quelque  fût  TefTort 
qu'on  demandât  au  génie ,  toujours  quelque  grand  homme 
se  levait  et  répondait  à  l'appel  !  Alors  vivait  dans  le  cloître 
de  Saint-Victor,  dirai-jc  un  religieux ,  dirais-je  un  bouf- 
fon «  un  esprit  trivial  et  burlesque  ,  ou  un  génie  sublime  ? 
un  sage  ,  ou  un  fou  Y  un  homme  ,  ou  un  enfant  plein  de 
boutades  et  de  caprices  ?  Disons  ^  avec  l«a  Br^yèce ,,  un 
enfant  à  cheveux  gris  (3) ,  et  nous  a^rons  peint  y  ^un 


(1)  Bossuet,  Onison  funèbre  do  prince  de  Cond^. 

(a)  M.  le  cardinal  de  IfcNullef  y  archeféqne  de  Paris  ,  et  TabW 
de  Cinny. 

(3)  Cest  ainsi  que  La  Bmyère  Ta  peint  dans  m  des  Deillenn 
portraits  qu*offrent  st$  Carac/ères.  II  edkte  ,  en  outre ,  une  lettre 
de  ce  grand  écrivain ,  adressée  à  Santeul  y  dans  laquelle  il  loi  dit  : 
J'e  cous  ai  fort  bien  défini  la  première  fois ,  mon  cher  Monsieur; 
vous  a9ez  le  'plus  beau  génie  du  monde  *^  et  la  plus  fertile  imagi-' 
nation  çu  *il  soit  possible  de  concevoir;  mais^  pour  les  mmnrs  et  kS 
manières 'y  vous  êtes  un  enfant  de  douze  ans  et  demi. 


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(  99  )  ^ 

seul  trait,  cet  dti«  insaisissable  par  sa  mobiKté,  ce 
caractère  inégal  ,  en  qui  se  réunissaient  tous  les  con-^ 
trastes  ;  ce  Prolée  ,  tocnr-à-toof ,  et  presque  ati  même 
insUot  )  doux  et  coière  ,  inti^taWè  et  facile  ,  se  rotslàrfl 
dans  la  poussière  et  tout-^-co^p  îÀvi  dans  le^  cieuk  • 
Mais  hâtons*-no«is  de  dire ,  avec  Wûs  les  rofeitempo-^ 
rains  de  cet  bômtitiê  si  bizarre  ,  q\ie  l^  nature  Tavait 
doué  de  r^me  la  plus  ardente  ,  de  Vitnagihalioh  la  plui 
brillante ,  de  Tespril   le  pins  élevé  ;  qu'épris  y  dès  he 
jeune  âge  ,  de  ces  impérissables  chefs-d'œuvre  ,  gloire 
étemelle  du  siède  d'Auguste  ;  aôurri  ,  îiUba  de  leuir»  . 
immortelles  beautés  ^  oki  l'avait  vu ,  sur  }es  bancs  de 
l'école ,  écrire  ,  en  se  jouant ,  des  poèmes  dignes  d'Utt' 
CDnlemporaiu  de^Virgile  et  d'Horace  ,  des  vers  qu'an- 
rtient  applaudis  ces  grands  poètes  eux*-mêmes ,  et  qui 
leur  auraient  fait  craindre  Un   émule.  Disons  sprtoUt 
qa'entralûé  par  un  goût  irrésistible  ,  et  peut-être  par 
un  pressetitiment  secret  de  la  mission  difficile  qu'on 
devait  lui  confier  un  jour  y  il  avait  lu  y  telu  y  dévoré  les 
ëcrits  d^Isa9fo  y  de  David ,  ces  maîtres  de  la  poéMé  ly-^ 
rique ,  auprès  desquels  pâlissent  Alct'e ,  Virgile ,  Horace 
et  Pindare  ;  que  leurs  chants  inspirés  avaient  fait  ses 
délices ,   et  que  peu  d'hommes  étaient  aussi  familier^ 
avec  les  vives  et  fortes  images  de  la  Muse  hébraïque  ; 
et  enfin ,  si  ,  au  milieu  des  fréquents  écarts  d'un  ca- 
ractère si  indépendant  des  autres  et  de  lui-môme  ,  cet 
homme ,  qui  ne  sut  jamais  résister  à  ses  vives  et  tumul- 
tueuses impressions  y  se  recommanda  toujours  par  des 
mœurs   irréprochc^l>les  et  par  la  vertu  la   plus  pure  ; 
si  y  dans    ce   Monastère,    que   troublèrent  quelquefois 
ses  fantaisies  soudaines   et  ses  bruyantes^  saillies  y  sa 
booré ,  sa  candeur ,  la  sincérité  de  sa  foi ,  la  régularité 
de  sa  vie  lui  avaient  mérité  le  respect  et  l'affection  de 
tous ,  osons    dire  qu'il  n'était  pas  indigne   de  chan- 
ter les  louanges  de  ce  Dieu  dont  il  n'est  permis  qu'à 

i3. 


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(  *oo  ) 

des  lèvres  pures  de  proférer  le  nom  et  de  câëbrer  la 
gloire. 

Jusqu^alors  i  de  moindres  objets  ont  amusé  plutAt 
qu^occupé  le  génie  de  Santeul.  Ravi  de  ce  grand  ëdat 
que  jette  Tastre  de  Louis  ,  émerveille  des  créations  qui  i 
chaque  jour,  se  succèdent  dans  la*  France  glorieuse  «t 
conquérante  ^  il  a  célébré  dans  ses  chants  la  magni- 
ficence du  grand  Roi  et  les  exploits  des  héros  qui  hû 
servent  de  cortège  ;  il  a  peint ,  dans  des  vers  pleins  de 
pompe  f  ces  palais  spleodides ,  ces  temples  majes- 
tueux t  ces  formidables  arsenaux ,  ces  arcs  de  triomphe , 
ces  j'ardins  enchantés  qui  s'élèvent  de  toutes  parts  ï 
la  voix  du  monarque  ;  ces  eaux  qui ,  dociles  ^  sa  voix , 
sont  accourues  sur  les  montagnes  ;  ce^  fleuves  auxquels 
il  a  ouvert  des  voies  nouvelles  ,  ces  jeis  d'eau  9»  f^ 
se  taisent  ni  journi  nuâ  (i).  Mais  combien  ces  sujets 
sont  inférieurs  à  ceux  qui  ,  désormais  ,  s^offirent  à  sa 
Muse  !  Il  ne  s'agit  plus  ,  maintenant  ,  d'exagérer  quel- 
ques faibles  actions  des  hommes  ,  afin  que  le  monde 
les  admire  ;  d'exhausser  quelques  faibles  mortels  sur 
un  piédestal ,  pour  les  faire  paraître  grands  :  il  faut , 
laissant  ramper  ^  ses  pieds  et  le  monde  et  ce  qui 
charme  le  monde  ,  atteindre  ,  s'il  est  possible  ,  jusqu'à 
la  haute  sphère  qu'habitent  les  intelligences  heureuses  , 
et  peindre  la  félicité  qui  les  enivre*  Il  faut  célébrer 
dignement  ces  conquérants  qui ,  sans  autre  arme  que 
la  Croix ,  sans  autre  séduction  que  l'Évangile  ,  ont 
triomphé  de  l'univer^  ;  ces  martyrs  qui  ont  vaincu 
plus  que  l'univers  ,  puisqu'ils  ont  su  se  vaincre  eux- 
méùies  et  vaincre  les  tourments  et  la  mort.  H  faut  » 
enfin  ,  s'élever  jusqu'au  sanctuaire  secret  quliabite  ce 
redoutable  Jéhovah ,  pour  qui  David  ,  lui-même  »  le 


(i)  BoMuet^  Oxiûon  fîinèbre  daprincs  de  Cond£ 


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(  101,  ) 

mattre  de  la  lyre ,  ne  trouvait  quelquefois  d^autre  éloge 
que  le  silence.  NHmporte  ,  Santeui  accepte  la  tâche , 
et  bientôt  le  succès  a  justifié  cette  tentative  qui  avait 
paru  téméraire.  U  brillait  au  Parnasse  ;  sur  le  Calvaire 
il  se  couvre  de  glpire  :  ce  n'est  plus  ce  poète  vulgaire  , 
ce  chantre  des  choses  humaines  ,  c'est  le  Vates ,  le 
Barde  sacré  qui  s'avance  la  palme  à  la  main ,  dont 
^1  tête  est  surmontée  d'une  auréole  ,  qui  parle  des 
choses  divines,  et  dont  le  langage  est  divin.  Dé)à 
il  ne  se  passe  presque  plus  de  jour  où ,  ^ans  les 
temples  de  la  capitale ,  ne  retentissent  ses  hymnes 
inspirées ,  et  toujours  la  damière  surpasse  en  beauté 
celle  que  l'on  chantait  la  veille*  Des  acclamations  una- 
mmes  accueillent  ces  poë'mes  ;  Bourdaloue  ,  Fénélon , 
Nicole ,  Rancey ,  Fleury  les  admirent  ;  le  détracteur 
Saint-Simon  les  loue  ;  le  grand  Corneille  ne  dédaigne 
pas  de  les  traduire  ;  et  Bossuct  y  toujours  grave , 
toujours  un  peu  sévère  au  milieu  même  des  transports 
de  l'admiration  la  plus  vive  ,  reproche  ^  son  indo- 
cile ami  de  n'avoir  pas  plutôt  abjuré  Pomone  et  les 
faux  dieux. 

Ces  suffrages  imposants  v  ces  applaudissements  una- 
nimes retentissent  au  loin  *,  .  bier^tôt  il  n'y  a  plus 
une  ^lise  en  France  où  les  Odes  sacrées  de  Santeui 
ne  soient  répétées  en  chœur  ;  on  les  chante  dans  nos 
antiques  cathédrales ,  on  les  chante  dans  les  monastères , 
dans  des  temples  de  chauibe  ,  dans  les  solitudes  de  la 
Tr^pe,  dans  les  forêts  de  Saint-Bruhô;  et  Rome  s'étonne 
qu'un  étranger  ait  su  retrouver  cette  belle  langue  poétique 
de  Virgile  et  d'Horace ,  dont ,  depuis  tant  de  siècles , 
elle  avait  perdu  le  secret  ! 

Quel  charme  si  fort  ,  au  milieu  de  tant  de  mer- 
veilles qu'enfante  chaque  jour  un  règne  si  fécond 
en  prodiges  ,  a  pu  susciter  tant  d'admirateurs  a  quel- 
ques cantiques ,  ouvrage  d'un  obscur  habitant  du  cloî- 


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C  ià2  ) 

tre  t  et  les  faire  retentir  ainsi  de  là  capitale  aux  pro- 
vinces ,  des  provinces  au  disert,  et  <lu  désert  au 
Vatican  ?  C^est  ,  dans  un  siècle  où  la  foi  et  tout  ce 
qui  touche  à  la  foi  tient  une  si  grande  place  dans 
les  imaginations  et  dans  tes  cœurs  ;  où  les  solennités 
du  Christianisme  sont  des  événements ,  où  son  culte 
et  ses  pompes  sont  un  plaisir ,  un  besoin  pour  des 
hommes  "religieux  et  sensuels  ,  une  pompe  nouvelle 
et  jusqu'alors  inconnue  ,  qui  semble  ajouter  h  la  ma- 
jesté des  aateb  et  à  la  religion  des  peuples  ;  c'est  , 
pour  tous  les  pays  et  pour  tous  les  temps  \  la  hauteur 
des  pensées  ,  la  richesse  A  la  mai^sté  de  Télocution  ^ 
la  grandeur  et  la  noblesse  des  images ,  qui**  éclatent 
partout  dans  ces  poèmes  étincelants  de  verve  et  de 
génie  ;  c'est  cette  prodigieuse  flexibilité  de  ton  qui 
sait  peindre  ,  tour-à-tour ,  et  toujours  avec  des  cou-^ 
leurs  si  vraies  ,  et  la  Vierge  timide  ,  et  le  Maître  du 
tonnerre^  I  la  marche  triomphante  de  la  Croix  et  les 
tortures  du  Martyr ,  les  joies  indicibles  du  Ciel  ,  et 
les  angoisses  de  T Univers  qui  chancelé  sur  ses  bases 
et  va  s^abîmer  dans  le  chaos  ;  c'est ,  enfm  ,  dans  la 
bouché  d'un  contemporain  ,  des  accents  que  Rome 
eût  vivement  admirés ,  des  vers  dignes  d'Horace  ,  dont 
il  semble  que  Cet  audacieux  français  a  violé  le  sé- 
pulcre et  ^dérobé  la  lyre.  Mais  expliquons  mieux  cet 
enthousiasme  ,  en  citant  quelques-unes  dt  s  hymnes 
qui    rinspirent. 

Commençons  par  celle  où  il  célèbre  l'Apôtre  (i) 
que  Bossuet  ,  dans  son  langage  pittoresque  et  su- 
blime ,  appelle  raigie  des  Eçangéii'sUs  ,  t enfant  du 
tonnerre.  11  le  Voit  qui  va  s'élever  dans  le  .  sein  de 
Dieu  ,    et  il   semble  redouter  l'issue   de    son   auda*- 


(i)  Saint  Jean  rÉtang^iste. 


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(  :^o4  .) 
tes  mains  le  toaciièrcnt  ;   que  dis-je  ?  il  te  fut  docin^ 
de  t'entretenfr  familièrement  avec  lui  !  !  !  (i)  » 

L'hymne  de  la  Toussaint  doit  être  signalée  tout 
entière  comme  une  des  plus  belles  créations  du  génie 
de  Santeul.  Ici ,  ce  n'est  plus  assez  pour  le  poète  de 
célébrer  un  prophète  ou  de  couronner  un  martyr* 
Son  hommage  s'adresse  à  tous  les  habitants  do 
r Olympe  chrétien;  et,  transporté  dans  ces.r^ons 
heureuses ,  il  voit  ce  que  jusqu'alors  l'œil  d'un  mortel 
n'avait  point  vu  ;  ces  concerts  célestes  ,  inouis  pour 
l'oreille  humaine  j  ^  il  lui  est  4>ermis  de  les  entendre  ; 
et ,  ravi  de  ce  beau  spectacle ,  de  ces  ineffables  har- 
monies t  il  s'écrie  (a)  : 


(i)  Ta  f  qaem  prc  rcliqnis  Chriitoi  aaufenty 
C^  dalces  hominif  deltciae  Dei , 
Cnranmi  tocias ,  fîincris  et  cornes , 
Et  testa  qaoqve  glorÎB  : 

Fortnnate  mmis,  coi  Kcitmi  fut 
Attrectare  mana  Verbam,  hominem  Deam  , 
Honctodirey  ocalis  cemerey  miitao 
Qiiîd  et  collocpio  fnà  ! 

(a)  €œlo  ^aos  eadcD  gloria  conMcnt , 
Terris  vos  eadem  concélébrât  dies  : 
Lcti  festra  simnl  premia  pangûnos 
Dnris  parta  laboribas. 

Jam  vos  pascit  amor ,  nodaqne  Terîtas  , 
De  pleno  bibitis  §aadia  flamine; 
Illic  perpetnam  mens  satîat  sitim 
Sacris  ebria  fontibns. 


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(io5) 
«  0  vous  que  le  ciel  unit  dans  la  jouissance  d^une 
i%ale   félicité  !  pourquoi  la  terre   vous  sépàrerait-elle 
dans  ses    hommages  ?  Qu'un    même  jour   vous  soit 
consacré,  qu'une  même  hymne  de  joie  célèbre  votre 
gloire  immortelle  ,  digne  récompense  des  rudes  épreu- 
ves dont  vous    avez  triomphé  !  —  *Vôus  vivez  ,  main- 
tenant f  d'amour  et  de  vérité  ;  des  abtmes  de  *bonheur 
rendent   ii  des   abîmes  de    désirs  ;    des    fleuves    de 
délices   étanchent ,  sans   cesse  ,  une    soif  qui  •  renaît 
toujours  pour  être  toujours  apaisée.  ^  Dans  les  pro- 
EMideurs  augustes    du    Sanctuaire ,   Jéhovah    règne  ^ 
éternellement  heureux  de  4'étemclle  ^ntemplation  d# 
lui-même  et  de  ses  inénarrables  perfections.   Ses  élus 
ne  sont  pas  oubliés  :  de   sa   divinité    découlent  sans 
cesse  des  émanations  qui  pénètrent   subtilement   jus- 
qu'au plus  intime  des  intelligences   heureuses  ,   et  en 
font  presque  des  Dieux.  --  Sur  l'autel  qui  lui  sert  de 
marcRè-pied  ,    le  sang    innocent    de    l'Agneau  fume 
encore  :    cette    victime     qui    naguère    s'ofirit   à   son 
père  ,  et  que  le  monde  vit  mourir  ,  victime  encore  , 
victime  immolée  sans  cesse  ,   continue  dans  les  Cieux  , 
sans  l'interrompre  jamais,  son   sanglant    sacrifice.— 
Au  milieu  des  éclairs  ,  des  voix  et    des   tonnerres  , 
vingt-quatre  vieillards  '  sont  assis  sur  des  trônes  rangés 
en  cercle  autour  du  grand  Trône..*.  Us    descendent  , 
<e  prosternent ,   inclinent    leurs   têtes    blanchies ,    et 
déposent  aux  pieds  du  Roi  des    Rois  leurs  diadèmes 
d'or    dont    ils    lui    font   hommage.    Cependant    des 
peuples  innombrables  s'avancent ,  revêtus  de  tuniques 


Altis  Mcara  bajiîuiu  ia  peoelniUlHi* 
Se  Rex  ifêt  soo  conuûtu  beat ,  * 
IlIabeBtque ,  tnt  prodi^*  ,  îbUidU 
Stst  meotîbiis  iiiMrit. 


i4 


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*  f«>ire  jt   fj  '*»»  -e^s  rf^  ,    "" 


*^  a'est^^      '    ^^^  9"«  ne  lai  oui 
■— . ^1»»  »'««r  aussi  deviné  1 


'"•i»  tel.  «r*^  ■^■*», 

^'•*"n*  Demi. 


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(1.07) 

bonheur  de  la  divinité ,  que  de  le  montrer  dans  rëtemelle 
'  contemplation  d'elle-même  ?  Aimer  et  comprendre  étant 
le  bonheur  des  esprits  ,  quel  autre  être  le  Grand- 
Esprit  pourrait-il  aimer  que  lui-même?  quel  autre 
spectacle  serait  plus  digne  de  ses  regards  ? 

A  ce  chant  de  triomphe  succède  Thymne  lugubre  des 
morts.  Le  poète  peint  ce  jour  terrible  après  lequel 
il  n'y  aura  plus  de  jour  ;  ^il  fait  retentir  ;  la  trompette 
funèbre  qui  son^mc  les  tombeaux  de  s^ouvrir  et  de* 
montrer  les  pâles  habitants  qu'ib  recèlent  depuis  tant 
de  siècles».  <«  Ce  bruit  ,  dit  le  poète  (ij  »  va  étonner 
la  Mort  au  fond  de  so^  antre  ;  tremblante  et  désar- 
mée ,  elle  obéit  \k  regret ,  et  rend  a  la  lumière  des 
corps  qu'elle  se  flattait  de  lui  avoir  ravis  pour 
toujours.  —  Cependant  les  étoiles  sont  précipitées  d'en  • 
haut ,  la  lune  a  disparu  ,   le  soleil   est    éteint  ;  à  la 


(1)  Tduc  Mort  inerims  et  tremenA 
Sardlft  ab  uitrit  aadiet  /  ' 

Et  jnsst  reddet  Imnim 
Defancte  lace  corpora; 

Raeot  ab  alto  $idera  y. 
iEterna  dox  Lunam  premet. 
Lux  deserét  Solem  sanm  , 
Et  cancta  nÛAcebit  chaos. 

Tocbata  clade  pablicA 
l^atara  dissipabitar  : 
Sots  solati  legibas 
Rnmpentor  orbis  cardioea» 

FUmmis  nibeiu  altriciboi 
Iras  Dei  Cœlnm  ploet. 
TcIIqs  sno  qase  pondère 
Immota  stat,  motebitnr. 


>4. 


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(  109  ') 
semenU  !  Marie .  triomphe  ,  sa  mort  fut  douce  comme 
le  sommeil  ;  et  qtiel  réveil  !  Le  ciel  est  ouvert ,  le 
Christ  attend  sa  mère  et  la  conromie»  —  O  Vierge  l 
quels  doos  ce  fils  te  prodigue  dans  son  amour  !  Tous 
les  trésors  du  Ciel  te  sont  ouverts  ;  tu  revêtis  le  Verbe 
de  ta  chair  mortelle ,  et  le  voilà  qui ,  en  échange  » 
te  revêt  de  sa  lumière  et  de  son  immortalité.  —  Quel 
pouvoir  immense  t'est  donné!  Tu  parles  ,  cl  le 
inonde  est  comblé  de  grâces  ;  devant  toi  toutes  les 
hiérarchies  du  Ciel  sHiumilient...  Naguère  Vierge  si 
timide ,  tu  ne  yois  plus  au-dessus  de  toi  que  le  Maître 
du  tonnerre.  —  Du  haut  de  ce  trône  que  ton  fils  par- 
tage avec  toi ,  entends  nos  vœux  et  nos  prières.  Est- 
il  irrité  contre  l'univers  ,  un  mot  de  ta  bouche  le 
dâarme.  Ah  !  parle  pour  qous  !  n'es-tu  pas  aussi 
notre  mère  ?  » 

Venons ,  maintenant  ,  b  cette,  hymne  doublement 
célèbre  par  la  beauté  de  sa  poésie ,  et  par  Tanecdotc 
*i  souvent  répétée  sur  la  circonstance  fortuite  et  bizarre 
qui  en  fournit  à  l'auteur  Téloquent  début  que  l'inspi- 
ration lui  avait  refusé  jusqu'alors.  On  sait  d'avance 
çic  c'est  du  Stupele   Génies  que  nous  roulons  parler; 

•  (  1  )  O  terre  !  regarde  et  tressaille  d'étonnement  I 
na  Dieu  s'ofire  pour  victime  ,  le  Législateur  suprême 
se  soumet  h  la  loi  qu'il  a  faite  ,  le   Rédempteur  du 

(i)  Stopett  Gcntes  :  fit  Dent  hostk  ,     ^ 
Se  spontè  legi  Le^if^r  obtigtt; 
Orbis  reéetiptor ,  ntuic  ndenptos  ^ 
Se  que  piat  tîne  bbe  mater. 

De  more^matraiî)  Virgo  pierpeia 
Templo  %\à\MMè  «bstHiiit  diei  : 
Intrare  sinctam  qnld  patebas  , 
Facta  Deiy  pri^^  ipia>  tem)»lwBp 


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(    IIO   ) 

monde  se  rachète  ;  ene  mère  sans  lâche  se  piiri6e. 
—  Le  temple  est  ferme  aux  femmes  qui  viennent 
d'enfanter  ;  Moïse  Ta  voulu*  Humilité  sans  seconde  l 
la  Yierge  mère  obëit  comme  les  mères  des  enfants 
des  hommes.  O  la  plus  pure  des  femmes  1  pourquoi 
craignais-tu  de  paraître  dans  ce  temple  P  toi-même  , 
n'es-iu  pas  le  temple  de  Dieu  ?  — Je  ne  vois  qu^un 
autel ,  et  trois  sacrifices  s'apprêtent  ;  c'est  une  Vierge 
qui ,  pontife  un  instant ,  immole  ii  Dieu  son  honneur 
virginal  ;  c'est  un  vieillard  qui  a  vu  le  Désiré  des  na- 
tions 9  et  qui  veut  mourir  ;  c'est  un  enfant  de  quelques 
jours  qui  sacrifie  ses  membres  délicats  et  formés  à 
peine  :  encore  un  instant ,  et  cet  enfant  devenu  homme 
va  sacrifier  sa  vie.  » 

«  (  I  )  Hélas  !  combien  de  glaives  menacent  le  coeur 
de  la  Vierge  mère  ,  et  le  percerpnt  d'outre  en  outre  1 
Infortunée  ,  il  £aut  te  préparer  à  d'indicibles  douleurs  ! 
Cet  enfant  qui  sourit  dans  tes  bras  ,  cet  Agneau  si  doux  ^ 
est  promis  au  couteau ,  et  ensanglantera  les  autels. — Vic- 
time désignée  ,  d^à  le  Christ  enfant  connaît  la  douleur  ; 
déjà  il  prélude  à  son  horrible  trépas.  L'avenir  se  dévoile  à 

Arâ  ftab  viiâ  le  TOtet  hoitia 
Triplei ,  honorem  ▼irgineaiii  immolât 
Virgo  tacerdo»,  pam  moUit 
Mcmbrt  puer  y  Mnior  quetittm. 

(i)  Eheo!  q«ot  eDses  truuadigent  tam» 
Pectos  !  qvot  altis  naU  doloribos  , 
O  Virgo  !  qoem  gesUi  criienUm 
Imbœt  hic  saccr  Agniu  tram. 

Chrif  tos  foturo ,  corpiU'adliùc  |eiier  f 
Pnelodit  insgoi  fietima  fontri  : 
Crescet ,  profvfo  tir  cmore 
Omnt  Kthu  mMians  paibit 


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(  lil  ) 

stkes  jeux  ;  je  vois  l*en(ant  devenir  homme  ;   il  verse 
son  sang  par  torrents  ,  et  l'Univers  est  absous.  >» 

Ainsi  chantait  le  Barde  de  Saint- Victor ,  si ,  toute- 
fois ,  cette  langue  française  quHl  dédaignait  tant  (i) 
n'a  point  calomnié  son  génie»  Et  qu'on  imagine  l'effet 
qne  peuvent  produire  de  pareilles  pensées  ,  dans  le 
plus  bel  idiome  ,  revêtues  des  formes  de  la  plus  bril- 
lante poésie  qui  fût  jamais  ,  et  televées  encore  par  le 
prestige  d'une  musique  digne  de  s'élever  aux  cieux  avec 
elles  sur  un  nuage  d'encens  et  de  myrrhe.  Transporlez- 
Tous  en  idée  dans  la  Métropole  de  Paris  ,  le  jour  où 
y  fut  chantée ,  pour  la  première  fois ,  l'hymne  si  suave 
et  si  belle  dans  laquelle  le  Pindare  chrétien  célèbre 
TAssomption  de  Marie.  Voyez  les  gardes  du  grand 
Roi  qui  s'avancent ,  tandis  que  le  pesant  bourdon 
qui  s'ébranle  et  qui  tonne  dans  les  tours ,  annonce 
que  le  monarque  va  venir  dans  ce  temple  ,  entouré 
de  tous  les  grands  ^de  son  royaume  ,  pour  y  déposer , 
aux  pieds  de  la  protectrice  de  la  France ,  son  sceptre 
et  sa  couronne  I  Le  voilh  qui  entre  ,  au  bruit  des 
&n(ares ,  dans  l'auguste  Basilique  ,  et  les  ombres  de 
tous  les  Rois  ses*  aîieifx  se  sont  levées  h  son  aspect 
pour  honorer  sa  venue.  Quel  cortège  de  héros  l'ac- 
compagne !  Luxembourg,  Boufflers,  Vauban,  Du- 
quesne  ,  Villars  ,  Vendôme  ,  Catinat ,  semblent  se 
reposer  h  l'ombre  des  drapea\ix  qu'ils  ont  pris   dans 


(i)  «  La  langue  française ,  disait  Santeal ,  est  ane  grande  reine 
^  change,  de  siècle  en  siècle,  dVqnipage  et  de  conleuri,  parce 
^ac  Tosags  est  son  tyran ,  qoi  la  gonTeme  sans  raison.  £e  grand 
Comeilie  me  dit  irèssoMPcnt  (  Imt  dont  le  théâtre  est  si  bien  paré  ) , 
f>V7  sera,  un  jonr^  hahilié  à  la  çieille  mode,  >»  (  Réponse 
^  Santeui  à  la  Critique  des  inscriptions  faites  poor  Tarsenal  de 
Brest) 


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ceat  batailles  ,  et  qui  sont  suspendus  sur  leurs  têtes  (i). 
Dans  le  Sanctuaire  »  brillent  les  flambeaux  de  rËglise 
gallicane  ,  Flëchier ,  Mascaron  ,  Féoéloo ,  Boardaloue, 
Fleury,  Massillon ,  et  plus  que  tous  les  autres  ^  Bossuet , 
le  grand  Bossuet ,  que  signalent  ses  cheveux  blancs , 
ses  yeux  d^aigle  ,  et  son  air  de  prophète.  Tout-à- 
coup  ,  Torgae  (ait  entendre  ses  hautbois  ,  ses  clairons , 
ses  cors  ,  ses  trompettes ,  sa  voix  humaine  et  son 
tonnerre  qui  gronde  majestueusement  sous  les  voûtes , 
et  auquel  rëpondent  les  citants  de  Taugustc  assemblée  , 
les  serpents  d^airain  qui  frémissent ,  et  les  édios  de 
la  Basilique  ,  qui  semblent  se  comjplaire  à  répéter  de 
si  beaux  accords.  C)  merveille  !  le  musicien  s^est 
montré  digne  du  po^te  ;  il  ne  devait ,  Ce  semble , 
que  charmer  nos  oreilles  ,  et  voilà  que ,  par  un  pro- 
dige inattendu  de  son  art ,  nos  yeux  ,  oui  nos  yeux 
voient  la  Vierge  quitter  la  terre  ,  et  qui ,  par  degrés  , 
monte  et  s'élève  au-dessus  de  toutes  les  hiérarchies , 
au  milieu  des  concerts  du  Ciel ,  qui  répondent  à  ceux 
de  la  terre.  £nfin  les  chants  des  hommes  et  des  anges 
ont  cessé  ;  mais ,  quel  est ,  sous  Torgue  ,  cet  homme 
qui  chante  encore  lorsque  tout  se  tait  ;  qui  crie , 
s'agite,  gesticule  et  danse,  dont  les  yeuxjancent  des 
éclairs  ,  qui  est  tout  hors  de  lui  ,  qui  est  fou  ,  enfin , 
s'il  n'est  pas  inspiré  ?  c'est  Tauteur  de  Thymne  nou- 
velle ,  c'est  Santeul.  Il  vient  d'assister  à  son  triomphe  , 
et  vous  le  voyez  tout  étonné  ,  tout  ravi  de  lui-même , 

(i)  Aotrcfoi»,  les  drapeaai  pris  sur  les  nations  ennemies  étaient 
suspen<iiu  aui  tiitées  an  chœur  de  la  cathédrale  de  Paris.  On 
connaU  ce  mot  d'an  homme  do  pf  aple  qni ,  Tojant  le  auréchal  de 
Laxerohourg  se  faire  joar  difficilement  à  travers  la  foule  rassembla 
sur  le  partis  de  cette  église ,  ponr  Toir  d^lcr  quelque  cortège , 
sVcria  :  «  3fc/  amis ,  laissons  donc  entrer  le  tapissier  ée  Notre- 
Dame  !  » 


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•        ("3) 

qui  s'aime ,  qui  s^admire  ,  qui  s^applaudit ,  qui  se 
promet  l'immortalité^  Elle  lui  est  assurée  ,  n'en  doutons 
pas }  OFui ,  il  vivra  ,  ce  lyrique  de  la  Rome  nouvelle  ; 
les  beautés  sublimes  qu'oSrent ,  en  foule ,  ses  merveilleux 
urnibes  (i) ,  lui  feront  pardonner,  comme  à  Saint 
Augustin  ,  quelques  jeux  de  mots  ,  quelques  antithèses 
qui  ne  méritaient  pas  qu'il  les  recherchât  avec  tant 
d'eflforts ,  et  sans  lesquels  ce  français  aurait  peu  de 
rivaux  parmi  les  poètes  du  siècle  d'Auguste. 

(i)  Eipresftions  de  Bossuet  y  tu  parlant  des  hymnes  de  Santeul  : 
«  J*di  ftça ,  loi  ^crifaît~il ,  les  trots  exemplaires  de  fos  mer- 
▼BiLEUZ  UmEa  t  je  n  *em  saurais  trop  avoir,  » 


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C"5) 

NOTICE 
Sua  M.  A.^L.  Marquis  , 

Docteur  en  médecine  de  la  Faculté  de  Paris  ,  Professeur  de 
botanique  au  Jardin  des  Plantes  de  Rouen,  ancien  Secré' 
taire  perpétuel,  pour  la  classe  des  Sciences,  de  V Académie 
royale  des  Sciences-,  Belles-Lettres  et  Arts  de  la  même  pille  (i), 
et  membre  d'un  grand  nombre  <f  autres  Compagnies  savantes  ; 

Par  M.  E.-H.  Lakglois. 

Ifon  tcrribilif  cit  iit  quanta  evm  Tiil 
•Bttia  cxlinfuntor  ,  aoa  qmonm  Um 
morl  non   pottsf. 

M.  T,  eu. 

Messieurs  , 

Lorsque  la  mort  nous  ravit ,  dans  le  personne  de 
M.  Marquis ,  un  des  membres  des  plus  utiles  et  des 
plus  distingues  que  FAcadémie  ait  jamais  comptés 
dans  son  sein ,  je  me  trouvai  chargé  de  partager ,  avec 
notre  honorable  président,  le  pieux  et  douloureux  de- 
voir  de  répandre  quelques  fleurs  sur  sa  tombe  encore 

(i)  M.  Marquis  fat  do  membre  de  TAcail^mie  le  $  férner 
i8i3  y  tice^prësident  en  1819,  pre'sident  en  i8aO|  et  secrétaire 
perpétuel  en  18a!»,  emploi  qn*il  remplit  presqae  jnsqa*à  sa  mort 
Il  était  en  outre  membre  des  Sociétés  d*£maIakion  et  d'Agriculture 
de  Rouen,  de  la  Commission  des  Antiquités  du  département  de  la 
Seine-Inférieare ,  des  Sociétés  de  Médecine  de  la  Faculté  de  Paris 
et  do  département  de  TEure ,  des  Académies  de  Dijon  et  des  Jeui 
Floraux,  de  la  Société  royale  des  Antiquaires  de  France  et  de 
celle  des  Antiquaires  de  l^ormaodie,  de  la  Société  Minéralogiqne 
de  Jéna ,  des  Sociétés  Linnéennes  de  Paris  et  de  Bordeaux ,  de  la 


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(  "6) 
ouverte.  Une  tâche  plus  difficile ,  plus  compliquée  y 
m'est  offerte  aujourd'hui  :  celle  de  retracer ,  dans  cette 
circonstance  solennelle ,  les  vertus  aimables ,  les  rare» 
talents ,  en  un  mot,  tous  les  genres  de  mérite  que  réunis- 
sait en  sa  personne  notre  excellent  confrère.  Cette  tâche  , 
je  le  sens  y  est  au-dessus  de  mes  faibles  moyens ,  et , 
je  Tavoue  ,  Messieurs ,  j'aurais  reculé  devant  elle  ,  si 
déjà ,  depuis  long-temps  ,  l'opinion  publique  n^avait 
fait  de  M.  Marquis  un  éloge  gravé  dans  tous  les  cœurs. 

Alexandre-Louis  Marquis  naquît  à  Dreux,  le  20  fé- 
vrier 1777  ,  de  M.  Louis-Jacques  Marquis,  et  de  dame 
Charles-Hélène-Elisabeth  Genty-Dumesnil.  Son  père  , 
magistrat  honorable  et  d'un  mérite  distingué,  voulant 
développer  de  bonne  heure ,  et  sous  ses  yeux ,  ses  heu- 
reuses dispositions,  lui  fit  faire  ses  prem.ières  études 
dans  le  collège  de  sa  ville  natale.  Mais ,  en  peu  de 
temps ,  l 'intéressant  adolescent  se  montrant  digne  d'un 
théâtre  plus  convenable  à  ses  moyens  extraordinaires, 
sa  famille  l'envoya  cultiver  à  Paris  des  exercices  dans 
lesquels  11  marchait  à  pas  de  géant. 

Bientôt  la  fièvre  politique  qui  déjà  consumait  la 
France  ,  exerça  ses  terribles  ravages.  La  capitale  surtout 
n'offrait  qu'un  spectacle  continuel  de  délire  et  de  tu- 
multe ,  de  terreur  et  de  désolation.  Le  jeune  Marquis , 
moins  propre  que  tout  autre  à  vivre  au  milieu  de  ce 
funeste  et  dangereux  tourbillon ,  revint  à  Dreux  dans 

Société  d*Agricultare  de  Cien ,  etc. ,  etc. ,  etc.  C'est  k  TobUgeance 
de  mon  estimahle  confrère ,  M.  Carault ,  D.-M. ,  aatenr  d*ane  Notice 
historique,  fort  bien  écrite  ,  sor  Thonorable  sifant  dont  il  éH 
question,  et  publiée  daos  les  Mémoires  delà  Société  d*£muIadoB 
de  Rouen  (année  iSag),  que  je  suis  redevable  de  la  plupart  des 
renseignements  sur  les  particnlarilés  de  la  ?ie  de  M.  Marquis 
avant  son  arrivée  à  Rouen. 


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(  117  ) 
la  ijVannëe.  Là ,  sous  Tabri  du  toit  paternel  ^  il  contî^ 
naa  île  cultiver  avec  ardeur  les  belles-lettres  et  les 
arts ,  et  de  s^ouvrir  la  route  qui  devait  le  conduire  au 
rang  si  distingue  que  Tavcnir  lui  réservait  parmi  les 
savants  et  les  gens  du  monde. 

Au  bout  de  quelque  temps ,  le  désir  de  se  créer  un 
étal  le  ramena  dans  Paris ,  pour  s'y  livrer  h  l'étude  de 
la  médecine  ;  mais  son  organisation  délicate  et  son  ex- 
trême sensibilité  ne  purent  tenir  contre  les  épreuves 
de  cette  science  austère  ,  qui  dans  les  débris  des  morts 
étudie  le  salut  des  vivants.  Après  une  longue ,  mais 
impuissante  insistance ,  M.  Marquis  prit  le  parti  de 
retourner  dans  sa  patrie.  Une  chance  favorable  Vy  réu- 
nit bientôt  h  M.  Loiseleur  des  Longschamps ,  dont  les 
travaux  honorent  aujourd'hui  les  sciences  naturelles. 
L'intimité  des  deux  amis ,  qui  ne  devait  finir  qu'avec 
la  vie  de  notre  confrère ,  s'accrut  encore  par  la  parité 
de  leurs  goûts.  La  botanique  surtout  devint  le  but  spé- 
cial de  leurs  études ,  de  leurs  amusements  môme. 

A  la  culture  des  théories  médicales,  h  laquelle  il 
s'adonnait  en  mémc-temps ,  M.  Marquis  joignit  une 
foule  d'autres  études.  Non  content  de  posséder  à  fond 
la  langue  de  Virgile  et  d'Horace ,  il  voulut  encore  se 
perfectionner  dans  celle  d'Homère  ,  et  pouvoir  conver- 
ser ,  sans  interprète ,  avec  le  Dante ,  Milton  et  l'im- 
mortel  auteur  du  chevalier  de  la  Manche.  L'extrême 
facilité  de  ses  perceptions ,  la  localité  de  sa  mémoire , 
et  surtout  la  jouissance  qu'il  recueillait  de  ses  veilles  , 
applanissaient  sous  ses  pas  les  difficultés  de  la  vaste 
carrière  où  l'avait  engagé  son  honorable  ambition.  Ces 
précieux  avantages  durent  être  alors  de  puissants  auxi- 
liaires pour  la  constitution  frêle  et  délicate  de  notre 
confrère  ;  mais  il  ne  pouvait  toujours  trouver ,  dans  l'é- 
nergique vitalité  de  la  jeunesse ,  le  contre-poids  des 
fatigues   qui    devaient  un .  jour  ,    hélas  !  en  excédant 


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(  ii8) 

la  somme  de  ses  forces ,  devenir  'fatale  3i  son  exis* 
tence. 

M.  Marquis  s'abandonnait  avec  dëlices  ii  cette  vie 
toute  intellectuelle,  lorsqu'en  1810,  son  honorable 
frère ,  et  M.  Loiseleur  des  Longschamps  le  pressèrent 
de  tourner  h  l'avantage  de  la  science  et  de  Thumanitë 
une  branche  importante  de  son  savoir.  Il  s'agissait  de 
rqpiplacer  M.  Guersent  ,  professeur  de  botanique  à 
Rouen.  M.  Marquis ,  aussi  modeste  que  savant ,  hësita 
long-temps  h  se  charger  de  cet  emploi  où  Tattcndaient 
de  si  brillants  succès  ;  et ,  lorsqu'on  Vy  eût  enfin  dëcîdë , 
il  se  soumit  aux  conditions  exigées  pour  occuper  cette 
place  ,  en  passant ,  dans  la  science  d'Esculape ,  de  la 
candidature   au  doctorat. 

Ici  f  Messieurs ,  notre  digne  confrère  se  présente  in- 
vesti de  fonctions  dans  la  gestion  desquelles  il  ne 
m'est  guère  permis  de  le  juger  ;  d'ailleurs  ,  dix-huit 
ans  d'exercice  dans  le  sein  de  nos  murs  vous  ont  mis 
à  portée  de  connaître  sa  haute  capacité  comme  pro- 
fesseur. Pour  mon  propre  compte  ,  il  m'était  plus  facile 
d'apprécier  en  lui  l'amateur  passionné  des  arts  et  des  ta- 
lents qui  charment  la  vie  ;  il  m'était  plus  facile  encore 
de  le  chérir  comme  un  de  mes  plus  tendres  et  plus 
sincères  amis. 

Pendant  le  cours  de  son  mémorable  professorat, 
M.  Marquis  se  proposa  constamment  un  but  d'une 
haute  importance  ,  qu'il  atteignit  en  partie  :  ce  fut  celui 
de  dégager  l'étude  de  l'histoire  naturelle  et  de  la  bota-^ 
nique  de  son  appareil  rebutant  et  superflu.  U  ne  savait 
que  trop  combien  les  rudiments  de  la  plupart  des 
sciences  affaissent  la  mémoire  et  le  courage  des  élèves 
sous  le  poids  des  principes  surabondants  dont  ils  sont 
surchargés.  Ce  fut  donc  sur  la  simplification  des  élé- 
ments qui  formaient  la  base  de  son  enseignement  que 
M.  Marquis  concentra  tous,  ses  efforts. 


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(••9) 

Admirateur  du  câèbre  Linné  ^  il  tâchait  toujours , 
dans  ses  descriptions  botaniques  ,  d^ôtre  précis  comme 
lui ,  et  de  se  rapprocher  de  l'admirable  concision  de  cet 
illustre  suédois.  Par  une  méthode  lumineuse ,  il  réduisit 
en  groupes  resserrés  ,  faciks  h  disposer ,  sans  danger  de 
les  confondre ,  les  classifications  innombrables  ,  sans 
cesse  croissantes ,  de  familles  végétales.  Il  sut ,  en  les 
réduisant  à  leurs  simples  caractères  différentiels  ,  en  fa-* 
ciliter  prodigieusement  la  connaissance.  Il  méditait 
pour  les  genres  une  semblable  réformation  ,  extrême- 
ment désirée  par  tous  ses  disciples.  Il  est  en  quelque 
sorte  inutile  de  dire  que ,  dans  ses  leçons ,  il  s'attachait 
paiement  à  présenter  les  renseignements  les  plus  exacts 
sur  rhistoire  des  plantes ,  sur  leurs  usages  [domestiques 
et  sur  leurs  propriétés  médicales. 

La  méthode  naturelle  de  M.  Marquis ,  plus  facilement 
praticable  que  celle  de  Jussieu  ,  n'exige  pas ,  comme 
cette  dernière  ^  le  secours  des  instruments  d'optique  ;  et 
toujours  elle  est  disposée  avec  un  ordre  admirable  et 
une  telle  harmonie  ^  qu'elle  se  grave  dans  la  mémoire 
à  la  première  vue. 

Telle  fut  f  en  peu  de  mots ,  la  doctrine  qu'adopta 
M.  Marquis ,  et  qu'il  exposa  dans  le  grand  Diction- 
naire des  sciences  médicales,  à  Tarticle  Méthode >  Il 
fit  presque  toute  la  partie  botanique  de  cet  ouvrage  , 
où  la  plus  vaste  érudition  signale  les  nombreux  articles 
sortis  de  sa  plume.  Il  ne  faut ,  pour  juger  combien  il 
âait  sage  et  conséquent  dans  ses  principes ,  que  com- 
parer entr'elles  ses  publications  scientifiques  ,  parmi 
lesquelles  surtout  nous  citerons  ici  son  Esquisse  du  Règne 
végétai^  et  ses  Fragments  de  Philosophie  botanique. 

En  zoologie  ,  les  vues  de  notre  confrère  n'étaient 
pas  moins  ingénieuses  ,  et  toujours  il  y  essayait  de 
K>ustraire  la  science  à  ces  innovations  sans  nombre , 


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(    120   ) 

qui  la  menacent  d'une  subversion  totale  et  peut-être 
prochaine  (i). 

Comme  savant  naturaliste 
eh  a  fait  assez  pour  sa  gloi 
quand  ia  mort  le  frappa  di 
de  rage ,  il  ne  se  croyait  pc 
société,  et  notre  affliction 
n'a  point  assez  vécu  pour  i 
travaux  quHl  avait  conçus 
beaucoup  plus  vastes ,  mai 
qu'il  avait  suivis  jusqu'alors 

Au  reste ,  vous  vous  en 
dant  la  courte  durée  de  son 
M.  Marquis  ne  voulut  échi 
indépendance  contre  les  av 
blement  offert  la  pratique 
aussi  Tamitié  seule  fut-elle  ^  ^   _ 

tirer  quelquefois  auprès  du  lit  d'un  malade. 

Qu'il  me  soit ,  à  ce  propos ,  permis  d'effleurer  en 
passant  des  faits  qui  se  retracent  h  mes  souvenirs  atten- 
dris. Us  me  sont  personnels ,  il  est  vrai ,  mais  ils  ré- 
vèlent, en  revanche  ,  le  cœur  de  l'homme  que  nous 
aimions  tous. 

Ah  !  combien  de  fois,  dans  les  langueurs  accablantes 
auxquelles  je  me  suis  vu  souvent  en  proie,  cet  ami 
compatissant ,  fatigué  par  l'étude ,  éprouvant  le  besoin 
des  distractions  et  de  l'hilarité,  n'est-il  pas  venu  relever 


(i)  Puur  la  rédaction  de  cette  coorte  analyse  de  la  Mét]iode  de 
M.  Marquis ,  j*ai  invoque'  i  l'appui  de  mes  propres  sonfénlrs  ceax 
de  M.  Puuchet ,  élève  et  successeur  de  notre  digne  aonfrire  dans 
son  professorat  ;  je  m*empresse  de  lui  renouveler  ici  mes  rentfci' 
ments  pour  les  renseignements  dont  je  auis  redevable  à  soi 
•Uigeance. 


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(    122    ) 

uche  éloquente ,  la  clarté  du  sens ,  le  ciioix  de  Tex- 
ession ,  charmaient  à-la-fois  ,  et  toujours  ,  Tesprit  et 
oreille  de  ses  auditeurs. 
Formé  sur  les  grands 
{ue   et  mo^rne ,  doui 
[.  Marquis  ne  pouvait 
is.  Toujours  fidèle  au 
rec  passion  le  beau ,  n 
1 ,  mais  encore  dans 
lies  du  style.  U  croyai 
mve ,  qu^une  opinion  j 
nde  ,  dépouillées  du  c< 
lUS  la  plume    de  Técri 
ette    persuasion    dut  i 
yle  séduisant ,   qui  ré( 
ujours  vif  et  soutenu  ,  i 
ir  les  sujets  les  plus  ari 

U  ne  suffit  pas ,  Messieurs ,  d*admirer  les  succès  de 
3tre  confrère  dans  les  sciences  ^  dans  tous  les  genres 
î  littérature ,  et  dans  la  plupart  des  arts  d'imitation, 
ersonne ,  mieux  que  lui ,  ne  fit ,  en  raisonnant  sur 
!S  diverses  opérations  du  génie  ,  sentir  leurs  imperfec- 
ons  ou  leurs  beautés.  Dans  ses  jugements  sur  de  sem- 
tables  matières ,  il  se  montre  constamment  rennemi 
fclaré  du  pédantisme  ,  du  mauvais  goût ,  de  la  viola- 
on  des  principes ,  et  des  innovations  hétéroclites  ou 
lonstrueuses.  Toujours  il  disserte  en  législateur  éclairé, 
ins  avoir  la  prétention  de  Tétre  ;  partout ,  h  côté  des 
réceptes  du  judicieux  critique  ^  il  offire  le  modèle  de 
écrivain  gracieux  ,  élégant  et  pur.  H  ne  sVtait  pas 
indu  moins  propre  à  donner  encore  de  bien  pla$ 
ïutes,  de  bien  plus  importantes  leçons.  LVtude  du 
eur  humain  ,  étude  abstraite  et  presque  toujours 
(isolante ,  avait  souvent  exercé  ses  pensées.  Car  il 
>ulut ,  en  voguant  sur  le  fleuve  de  la  vie ,  connattre 


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C  "3  ) 
anssi  ses  compagnons  de  voyage.  Ceux-ci  gagnèrent  peu  | 
sans  doute  ,  h  ses  observations  attentives  ;  cependant  | 
chez  notre  estimable  confrère ,  le  profond  moraliste  ne 
cessa  jamais  d^étre  d'accord  avec  le  philosophe  ver- 
tueux ,  mais  aimable  et  '  tolérant. 

Cette  courte  analyse  des  vastes  connaissances  de 
H.  Marquis  serait  plus  incomplète  encore ,  si  je  ne 
vous  disais  souvenir ,  Messieurs  y  que  ses  talents  ne  se 
bornèrent  point  h  Tëmission  ou  au  perfectionnement 
d'idées  plus  ou  moins  positives.  £n  effet ,  le  domaine 
de  la  fiction  ,  domaine  sans  bornes  et  dans  lequel  tant 
d'auteurs  aventuriers  errent  ^arés  ^  lui  offrit  une  autre 
carrière  ,  oh  ^  bien  jeune  encore ,  il  prit  un  heureux  essor* 

Sa  première  production,  purement  idéale  ,  fut  son 
roman  chevaleresque ,  Aiide  et  Ooridan  y  ou  TEpée  de 
Charles-Martel.  Malgré  son  mérite  réel ,  cet  agréable 
ouvrage  peut  difficilement  être  comparé  h  celui  qu'on 
connaît  beaucoup  plus ,  sous  le  titre  de  Podalyre  ,  ou  le 
premier  Age  de  la  Médecine,  Cette  conception ,  éminem- 
ment remarquable  et  fortement  poétique ,  ne  parut ,  il 
est  vrai ,  que  plusieurs  années  après  la  première. 

Ce  poème  (  car  il  serait  difficile  de  le  qualifier  autre- 
ment ) ,  renferme  le  double  mérite  de  joindre  à  Tori- 
g^ialité  du  sujet  une  élévation ,  une  douceur  de  style 
qui  rappellent  souvent  la  sublimit^du  chantre  d'Achille  , 
et  les  pages  harmonieuses  du  cygne  de  Cambray*  Un 
incident  singulier  donne ,  en  quelque  mai^ère  ,  un  nou- 
veau prix  au  mérite  de  ce  gracieux  ouvt^ge^^Ën  effet , 
l'auteur  le  composa  au  fond  d'une  campagne,  sans 
autres  auxiliaires  que  son  imagination  féconde  et  les 
souvenirs  lumineux  de  ses  études  grecques. 

«  N'employez  ,  dit  M.  Armstrong  (toujours  traduit 
«  par  M.  Marquis) ,  n'employez  votre  esprit  qu'à 
«  d'utiles  études,  qu'à  des  arts  agréables;  occupez-le, 
•  mais  ne  le  fatiguez  pas.  «  Outre  que  ce  précepte  en-r 

i6. 


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(  "4) 

trait    parfaitement    dans 
confrère  ,  la  déiibité   de  se 
espèce  de  loi.  11  éprouvait 
besoin  de  se  délasser,  et  : 
bituel  était  dans  la  variété 

L'archéologie  surtout  ,  c 
numents  antiques  et  sur  o 
de  puissants  attraits  pour 
fruits  des  loisirs  qu'il  consa 
révéleront  toujours  Tantiqu; 
exact. 

Après  avoir ,  dans  sa  jei 
M.  Marquis  avait  abandon 
plus  librement  à  celui  du 
succès  dans  ce  dernier  ,  il 
les  plus  nécessaires  :  le  sei 
productions  en  ce  genre  ,  c 

du  fcdrt ,  sont-elles  empreintes  du  cachet  qui  caracté- 
rise ses  écrits.  Naturellement  ami  des  forêts  et  des 
champs  ,  où  rappelaient  souvent  ses  utiles  et  savantes 
excursions ,.  il  se  plaisait  principalement  dams  le  genre 
du  paysage.  Ordinairement  il  animait  ses  sujets  de 
scènes  rêveuses  et  douces  comme  son  ame  ;  mais  presque 
toujours  on  y  découvre  les  traces  de  cette  l^ère  mé- 
lancolie ,  compagne  inquiète  de  la  faiblesse  physique , 
des  longues  méditations  ,  et  des  cœurs  tendres.  Tantôt 
ses  dessins  offrent  un  tombeau  solitaire  arrosé  des 
larmes  de  Tamour  ou  de  Tamitié.  Tantôt  la  jeune  fille , 
assise  sous  la  verte  feuillée  ,  y  paraît  agitée  par  Tim- 
patience  ou  par  les  regrets.  Ailleurs ,  de  pieux  ermites , 
courbés  sous  le  poids  des  années ,  donnent  aux  dtes 
de  notre  confrère  un  caractère  plus  solennel ,  en  retra- 
çant les  religieux  rapports  qu'établit  la  prière  entre  la 
terre  et  le  ciel. 

M.  Marquis  se  complaisait  surtout  dans  ces  dernières 


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(  "S) 
images.  Il  souriait  au  souvenir  de  ces  enfants  du 
disert ,  qui  flattait  ses  inclinations  paisibles  :  Hœe 
trahit  sua  quemque  voluptas  !  Oui  ,  cet  excellent  homme 
aimait  la  solitude  ;  elle  aiguisait  sa  pansée  ;  elle  agran- 
dissait ^n  ame.  Il  se  plaisait  h  méditer ,  dans  le  sein 
de  la  nature ,  sur  cet  ordre  de  choses  au-dessus  d'elle 
et  hors  d^elle  ;  ordre  suhlime ,  dont  Timpénétrahle  se- 
cret échappe  h  nos  faibles  perceptions,  et  provoque 
nos  doutes  inquiets ,  mais  dont  pourtant  une  voix  my^ 
t^rîeuse  semble  nous  révéler  intérieurement  Inexistence • 

Il  s'en  fallait  cependant  que  notre  confrère  se  $entît 
né  pour  vivre  dans  une  retraite  absolue  ;  mais  il  ne 
rechercha  le  monde  que  pour  y  faire  usage  de  son 
cœur  f  que  pour  y  répandre  les  fruits  de  ses  affections 
bienveillantes.  Il  lui  devait  d'ailleurs  l'emploi  de  ses 
talents ,  l'exemple  de  ses  vertus*  Vous  savez  comment 
il  a  payé  cette  honorable  dette. 

J'aurais  voulu ,  Messieurs ,  pouvoir  vous  entretenir 
plus  méthodiquement  du  savant  dbtingué,  mais  en 
vain  l'eussé-je  entrepris  ,  quand ,  malgré  moi ,  mon 
cœur  me  ramenait  sans  cesse  h  l'homme  de  la  nature. 
Ouif  c'était  plus  sans  doute  h  la  prédilection  de  cette 
mère  commune  qu'à  la  brillante  éducation  qu'il  avait 
reçue  que  M.  Marquis  devait  son  admirable  caractère  ; 
car  ,  si  l'homme  acquiert  Tesprit  par  l'étude  ,  le  cœur 
naît  avec  lui  ;  et  c'était ,  h  coup-sûr ,  de  ee  dernier  seul 
qa'émanaient  les  vertus  domestiques  et  sociales  qui 
méritèrent  à  ce  digne  professeur  l'amour  de  ses  élèves  , 
celui  de  ses  nombreux  amis ,  et  le  glorieux  tribut  de  la 
vénération  publique. 

On  a  dit  d'un  de  nos  plus  illustres  compatriotes , 
de  Thomas  Corneille ,  qu'il  mourut  sans  s'être  jamais 
fait  un  ennemi.  Heureuse  et  trop  rare  destinée  !  Tel 
fut  le  partage  de  M.  Marquis.  Eh  !  comment  la  haine 
eût-elle  pu  s'armer  contre  le  meilleui'  et  le  plus  doux 


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(  »6  ) 

des  hommes  ?  contre  celui ,  dis-je ,  dont  Tame  bienveil- 
lante et  pure  se  refusait  toujours  à  croire  le  mal ,  ou 
qui'n^en  voulait  admettre  la  preuve  que  pour  en  cher- 
cher aussitôt  le  remède? 

Je  me  souviens  d^avoir  entendu  dire  ,  d'un  ton  ba- 
din il  est  vrai ,  quo  la  position  inofTensive  dans  la- 
quelle M.  Marquis  ne  cessa  de  se  maintenir,  était 
peut-être  une  petite  transaction  avec  son  propre  repos  ; 
niais ,  quand  cela  serait ,  quel  est  Thomme  vraiment 
sensé  qui  ne  sacrifie  ,  quand  il  le  peut ,  h  sa  tranquillité , 
la  triste  gloire  de  froisser  la  vanité  d'autrui  ?  Mais  notre 
confrère ,  Messieurs  ,  était  mu  par  de  plus  généreux 
principes ,  et  vous  le  connûtes  assez  pour  en  être  convain- 
cus avec  moi.  Oui ,  son  amour  de  Tunion  ,  de  Tordre 
et  des  convenances  sociales ,  fut  la  véritable  source  de 
Tesprit  de  conciliation  qu'il  mit  constamment  en  œuvre 
dans  le  commerce  de  la  vie  ;  qu'il  mit  en  œuvre ,  dis- 
je  ,  comme  sHI  eût  oublié  combien  le  langage  de  la 
raison  est  impuissant  contre  Pamour  propre  et  les  mi- 
sérables prétentions  des  hommes.  Heureux  si  la  plupart 
des  savants  eux-mêmes  n'en  étaient  pas,  peut-être t 
encore  plus  susceptibles  que  d'autres 

Ici ,  Messieurs ,  je  touche  à  l'instant  où  je  vais ,  pour 
ainsi  dire ,  adresser  une  seconde  fois,  à  notre  excellent, 
h  notre  honorable  confrère  ,  un  éternel  adieu*  Bientôt 
va  disparaître  le  savant  illustre  ,  le  littérateur  distingué, 
Tami  des  Muses  et  des  arts.  Le  sage ,  l'homme  de  bien 
seul  va  rester ,  mais,  hélas!  pour  s'étendre  sur  le  lit  de 
douleur  et  nous  échapper  dans  la  nuit  de  l'éternité! 

Les  travaux  de  l'esprit ,  comme  ceux  du  corps ,  £iti- 
guent,  consument,  exténuent.  Dans  son  cabinet ,  ou  dans 
le  mouvement  de  ses  herborisations ,  M.  Marquis  £ûsait, 
depuis  long-temps ,  l'expérience  de  cette  double  vérité* 
Avec  une  constitution  aussi  £dble  ,  aussi  délicate  que 
la  sienne,  la  prolongation  de  son  existence  dépendait. 


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(  "7  ) 
peut-être  ,  d'an  repos  physique  incompatible  avec  se% 
devoirs,  et  d'une  inertie  de  pensée  qui  ne  TAait  pas 
moins  avec  l'étendue  et  l'activité  de  son  intelligence. 
Quoi  qu'il  en  soit ,  sa  santé  ,  depuis  plusieurs  années  , 
éprouvait  de  firéquents  échecs  ,  qui  semblaient  prendre 
dans  leurs  retours  irréguliers  un  caractère  de  plus  en 
plus  grave* 

Lear  symptôme  le  plus  ordinaire  était  d'intolérables 
épreintes  dans  la  région  de  l'estomac ,  organe  dont  un 
vice  occulte  a  probablement  occasionné  l'irréparable 
perte  que  nous  déplorons. 

Outre  que  M.  Marquis  se  confiait  difficilement  b  la 
fci  des  remèdes ,  il  prit  long-temps  pour  de  simples 
douleurs  nerveuses  ce  mal  que  probablement  il  eût  dû 
sérieusement  combattre  dès  ses  premières  atteintes. 
Enfin ,  ses  forces  déclinèrent  au  point  qu'après  s'être , 
quelques  mois  avant  sa  mort,  démis  de  $es  divers  em» 
plois  académiques  ,  il  se  vit  contraint  encore  de  sus- 
pendre ,  avec  douleur  ,  ses  études  chéries  et  les  exercices 
de  son  professorat. 

Soii  existence  ,  depuis  ,  ne  fut  plus  qu'un  enchaîne- 
ment continuel  d'ennuis,  de  langueurs  et  d^angoisses. 
«  Vous  vous  plaignez  de  votre  santé ,  me  disait-il  un 
«  jour  ,  que  diriez-vous  donc  si  vous  étiez ,  comme 
«  moi ,  réduit  h  ne  plus  pouvoir  travailler.  Je  ne  crains 
«  pas  la  mort ,  ajouta- t-il ,  je  suis  prêt  h  partir  quand 
«  Dieu  m'appellera  ;  mais  je  vous  l'avoue ,  je  redoute 
«  les  longues  souffrances  :  la  nature  m'a  refusé  la  force 
«  de  les  supporter  avec  résignation.  » 

Oh  !  combien  il  se  trompait  lui-même  ,  celui  qui  ,  ne 
cessant  de  soufinr  ,  et  qui ,  conservant  jusqu^au  dernier 
soupir  toute  l'énergie  de  son  amc ,  ne  démentit  pas 
un  seul  instant  l'égalité  d'humeur,  le  calme  inaltérable, 
et  l'admirable  douceur  qui  le  caractérisaient.  A  mesure 
que  la  mort  s'emparait  lentement  de  son  être  ,  la  vie 


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semblait   se  réfugier  et  se  retrancher  dans  son  cceai 
««  Mes  amis  m'abandonnent  »  ,  répétait-il  souvent ,  ( 

cette  plainte  était  la  seule  qv 

ses  amis ,  sans  doute ,  étaient 

fatale  si  près  de.  le  frapper. 

moi-mâme*  En  accourant ,  un 

poète  Chaucer  sous  le  bras , 

sant  malade  :  il  désirait  revoi 

vieux  trouvère   anglais,   qui  i 

déplorable  surprise  !  une  femn 

ne  me  salue  que  par  ce  cri  te 
Ordinairement ,  quand  Thoi 

heure  ,  la  nature  a  déjà  suspei 

achever  de  s'éteindre.  Le  mou 

guer,  dans  Tombre  qui  Tenvi 

Tengloutir.  M.  Marquis  ,  au  c< 

vie  )  semble  calculer  la  pénib 

moments*  Il  réfléchit  ^    il   mt 

son  immobilité,  Teffrayante  li 

clament  le  triomphe  de  la  ix 

parènces,  une  main  impruder 

funèbre  sur  sa  face  décolorée.   «  Un  moment  y  dit-i 

«  avec    douceur ,  il  n'est   pas  temps  encore.  »  Cim 

minutes  après  il  cessait  de  vivre. 
Ce  fut  le  17  septembre  1828 ,  que  les  sciences  éprou 

vèrent  cette  irréparable  perte.  Nos  annales  particulière 

la  signaleront  comme  une   des  plus  fatales  que  TAca 

demie   ait  jamais  déplorées.  Nous  suspendîmes  alor 

l'expression   de   notre   propre    douleur  pour   partage 

celle  de    son  inconsolable  famille.  Nous  vîmes  ,  dan< 

l'interversion  de  l'ordre  de   la  nature,  un  père  octo- 

génairc ,  une  mère  également  courbée  sous  le  poids  àa 
ans ,  redemander  en  vain  au  Ciel  un  fils ,  l'orgueil  di 
leurs  cheveux  blancs.  Nous  vîmes  leur  autre  fils ,  digne 
ami  de  son  digne  frère  «  placé  douloureusement  entre 


w^ 


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(  «29) 

\t  devoir  d'essuyer  les  larmes  de  ces  vénérables  vieil- 
l^ids  y  et  le  besoin  dVpancher  les  siennes. 

Je  n'ai  pu ,  sans  doute  ,  Messieurs ,  payer  en  partie 
la  dette  que  réclamait  la  mémoire  de  notre  commun 
ami ,  sans  susciter  dans  vos  âmes  de  douloureuses 
émotions.  Mais  long-temps  encore  tos  réunions  par- 
ticulières ,  vos  assemblées  solennelles  éveilleront  le 
souvenir  de  M  Marquis  ;  long-temps  encore ,  vos  yeux , 
trompés  par  une  longue  et  douce  habitude  ,  le  cher- 
dieront  en  vain  dans  cette  enceinte  ,  où  Ton  applaudit 
tant  de  fois  h  sa  voix  éloquente.  Aujourd'hui  ses  mânes 
silencieux  attendent  de  moins  frivoles ,  de  plus  religieux 
dommages.  Accordons-leur  au  moins  une  palme  funé- 
raire ;  que  la  tombe  qui  les  recèle  en  soit  humblement 

•mbragée.  Mais  y  que  dis-je  ! où  donc  est-elle  ,  et 

qui  nous  la  désignera ,  cette  tombe  muette  et  délaissée  , 
où  cependant  nos  regards  désolés  plongèrent  avec  le 
cercueil?  Ah!  Messieurs,  la  sépulture  d'un  homme 
niémorable  par  de  hautes  vertus  ,  par  de  rares  talents , 
ne  doit-elle  consister  que  dans  la  misérable  poignée  de 
terre  qu'on  ne  peut  refuser  h  la  dépouille  du  plusmé-* 
prisable  ,  du  plus  coupable  qiéme  des  mortels  ? 


CATALOGUE   ABRÉGÉ 

D£S  DIFFÉBENTS  OUVRAGES    BB    M.  MARQUIS. 
Sciences  naturelles, 

I.  Histoire  naturelle  et  mëdicalk    de  la  famille   des   Gentianes  ; 

în-4®.  Paris,   1810. 
s.  RëflexioDS  sur  le  Nëpenthès  d'Homère  ;  in-S».  Rouen ,  i8i5. 
1  Plan  m^ibodiqae  et  raisonné  d'un  cours  de  Botanique  spécialt 

et  médicale  3  in-S»-  Rouen,  1818. 

17 


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(  i3o  ) 
{.  ObscrralloDi  sur  rinflocnce  nuisible  qu*on  attribue  à  IVpine- 

▼inette  sur  les  moissons.  (Actes  de  rAcade'mie  ,  1818.  ) 
5.  Etquisse  do  Règne  T^gëtal,  00  Tableau  caracte'ristique  des  fa^ 

milles  de  Plantes;  in-8^.  Rouen  ,  1830. 
€.  Fra^cnls  de  Philosophie  botanique ,  ou  de  la  manière  la  ploi 

conTenable   deiwoîr  tt  de  travail 

particulièrement  en  Botanique  ,  et 

science  plus  simple  et  plus   facile 

1820. 

7.  Plusieurs  articles    remarquables   foc 

Sciences  me'dicales. 

8.  Considérations  sur  quelques   ve'gtftaux  du  dernier  ordre ,  pour 

faire  suite  aux  Fragments  de   Pbilosopliie  botanique;  io-S». 
Rouen,  i8a6. 
g.  Histoire  inédite  des  Plantes  de  France  (  a?ec  M.  Loiselear  àe$ 
Longschamps.  ) 

10.  lïouTeau  Toyage  dans  IVmpire  de  Flore.  (La  première  partie ). 

11.  Essai  sur  les  Orchidées.  (  Actes  de  TAcadémie.) 

13.  Obserrations  sur  les  Plaies  de  Tëcorce  des  te'gétaux  ligneux  (Jàid.) 
i3.  Histoire  naturelle  et  médicale  des  Aconits.  (16id,) 

14.  Exposé  analytique   des  principaux   Phénomènej  de  la  végéta- 

tion, {laid.) 
i5.  Dialogue  sur  Tart  de  guérir,  entre  Chiron  et  Podalyre. (/^/Vl) 

16.  Mémoire  relatif  à  THistoire  n&furelle  en  général ,  et  i  la  Bota- 

nique en  particulier.  {Ibid.  ) 

Uttéraiwre. 

17.  Éloge  de  linné;  in-80.  Rouen. 

18.  Notice  nécrologique  sur  M.  Deu.  (  Actes  de  TAcadémie.) 

19.  Articles  nombreux  insérés  dans  la  Biographie  médicale. 

ao.  Alide   etCloridan,  ou  TÉpée  de  Charles-Martel,  roman  che- 

taleresque ,  publié  en  1809. 
11.  Podaljre ,  on  le  premier  Age  de  la  médecine  ;  in-ia ,  6g. ,  i8i5. 
aa.  Réflexions  sur  le  mot  d^Horace  :  Ui  pictora  poesis;    ou  de 

Tapplication  à  la  poésie  des  principes  de  la  peinture  ;  in-8». 

Rouen,  i8ai. 


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(i3i  ) 

i3.  La  petite  CenUar^e  ,  oo  la  Vierge  do  chêne  ;  idjlle  ,  1819. 
a4*  Conside'ratioDs  sur  Tëtat  actael  de  qnelqaes  parties  des  Sciences, 

des  Lettres  et  des  Arts;  in-8^  Roaen,  i8a3. 
aS.  Considérations  sue  TÉcole  romantique ,  et  particulièrement  sur 

le  caractère  de  sts  productions;  in- 80.  Rouen,  i8a4f 
26.  Du  Caractère  distinctif  de  la  Poésie;  in-^.  Rouen,  1827. 
37.  De  la  Délicatesse  dans  les  Arts  ,  in-8*.  Rouen  ,  1827. 
^  Considérations  sur  TArt  d'écrire;  in-8^  Rouen,  1827. 
^  Les  Solanées,  ou  les  Plantes  vénéneuses;  idylle.  Rouen,  1827. 
3o.  Le    Hibou  maitre  de   chant,   et  les    Rossignols  du  clocher; 

apologue. 
3i.  Traduction  de  plusieurs  fragments  da  Poëme  anglais  du  docteur 

Armstrong ,  sur  Tart  de  conserver  sa  santé. 
^-  Un  grand  nombre  de  Discours  et  de  Rapports  lus  à  l'Académie. 

Archéologie^ 

33.  Dent  Dissertations  sur  le  Temple  antique  auquel  on  croit  qu'a 
succédé  l'église  de  St-Lo  de  Rouen  ;  in-8*.   Rouen ,  i8ao. 
^4*  Ifotice  sur  un  Monument  celtique  inédit ,  in-8^ ,  fig..  Rtnen , 
1820. 

3^-  Notice  sur  le  Chéne-Chapelle  d*Allou?ille-en-Caui  ;  in-8°;  fig.. 
Rouen. 
36l   Notice  sur  quelques  Antiquités  observées  k  Dreui|  ia-8^i  fig.. 

Rouen ,  1824. 
S'j.  dissertation  relative  à  la  composition  et  an   dessin  des  Mé- 
dailles. 

M»  Plusieurs  autres  Opuscules ,  imprimés  à  part ,  on  insérés ,  ainsi 
qu'une  partie  des  ouvrages  dont  les  titres  composent  cette 
liste  ,  dans  les  mémoires  de  l'Académie ,  dans  ceux  de  la 
Société  d'Émulation,  et  autres  Recneils  scientifiques  et  litté- 
raires. 


«7- 


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(i3S) 
VOYAGE  DU  ROI 

EU  A15ACE  , 

LA  VEILLÉE  DU  HAMEAU, 
Ptr  M.  Alexb  Fossi. 

•  T«  ,  Tcale«u  dit ,  u  ,  dcctdealt ,  uatbak  « 

Heiiren  le  tiein  soldat  qui  peot  ,  dans  si  chaamière  » 
Sans  soins  do  lendemain  ,  acherer  sa  carrière  ! 
Loin  des  camps  oraçcox  ,  il  goûte  enfin  le  prii 
Des  trente  ans  de  traranx  qn*il  atait  entrepris  ; 
Et ,  libre  désormais  de  ses  jennes  pensées  « 
Il  sourit ,  en  songeant  anx  fatigaes  passées  , 
Sans  craindre  le  trëpas ,  bêlas  !  peu  glorieux , 
Qui  Tattend  sous  le  cbanme  où  dormaient  ses  sîfenx. 

Dis  que  Tombre  du  soir  descend  dans  la  ?allée  p 
Ses  enfants  empressés  courent  à  la  Teillée. 
Là  ,  bravant  a?ec  eux  la  rigueur  des  bi?ers, 
U  aime  à  raconter  les  maux  qu'il  a  soufferts  ; 
Et  des  guerriers  frappés  aux  cbamps  de  la  rictoirt 
Ses  récits  belliqueux  honorent  la  mémoire. 

En  disant  k  tt»  fils  nos  magiques  succès  , 

Il  nourrit  dans  leur  cœur  Torgneil  d*étre  français  ; 

Et  si  le  souTenir  de  nos  longues  disgrâces 

Aux  entretiens  du  soir  laisse  encor  quelques  traces^  / 


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(  i34  ) 

Pour  chasser  loin  de  lui  ces  penseirs  douloureux  ^ 
Il  regarde  la  paix  qu'appelaient  tant  de  vœux  ; 
£t  ,  passant  tout-à-coup  de  nos  revers  sublime* 
Au  retour  dësirë  de  nos  rois  légitimes  , 
li«f(aceà  jamais  des  regrets  superflus 
£n  ne  montrant  eo  eux  que  des  français  de  plus» 

C*est  ainsi  qu'un  des  preux  de  cette  grande  armet 
Qui  conquit  tant  d'e'tats  et  tant  de  repommëe  , 
Sous  un  toit  ignoré  de  la  faveur  des  cours  , 
Dans  un  repos  obscur  passait  sec  derniers  jours. 

Fier  d'attacher  son  nom  aux  fastes  de  la  guerre  , 

Son  fils  ,  Jule  j  à  sa  voix,  ceignit  le  cimeterre, 

Alors  que  nos  guerriers  ,  pour  lui  rendre  ses  lois  , 

A  l'Espagne  éperdue  imposaient  leurs  exploits. 

Mais,  hélas!  quand  le  Roi  ,  les  regards  sur  Athènes  , 

Désigna  les  sauveurs  de  ces  plages  lointaines  , 

Les  projets  séduisants  qu'enfantait  sa  valeur 

Se  sont  évanouis  comme  un  rêve  trompeur. 

La  Grèce  ,  en  bénissant  les  drapeaux  de  la  France , 

Ne  le  nommera  point  dans  sa  reconnaissance  ; 

Et  son  glaive  ,  exilé  des  murs  du  Parthénon  , 

Sur  leurs  nobles  débris  n'inscrira  point  son  nom. 

Poursuivi  nuit  et  jour  de  cette  seule  image  , 
Il  pleurait  les  lauriers  ravis  k  son  courage , 
Lorsqu'un  bruit  ,  que  le  Rhin  écoute  avec  transports , 
Annonce  que  le  Roi  vient  visiter  $ts  bords* 

Des  rives  de  la  Marne  aux  champs  de  la  Moselle  , 
Tout  a  repris  soudain  une  face  nouTelle* 
Le  peuple  des  cités  ,   jaloux  de  us  travaux  f 
Décore  tti  remparts  de  portiques  nonvcanx; 


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(  i35) 

Elèfe  arec  o'rg:aeiI  dW^anles  colonnes  ; 

De  festons  somptueux  ,  de  drapeaux  ,  de  couronnes  ^ 

Emblèmes  re'vc'rifs  de  Tcmpire  des  lys  , 

Sème  de  toutes  parts  sti  chemins  embellis  : 

Tandis  que  du  hameau  les  habitants  agrestes 

De  Terdure  et  de  fleurs  couvrent  leurs  toits  modestes  ; 

Trop  heureux  mille  fois  si  leurs   soins  empressés 

Ad  Tillage  voisin  ne  sont  point  surpassés  ; 

£t  si  le  Roi  ,  surtout  ,  d*un  regard  d*indnlgenc« 

Honone  les  tributs  de  leur  reconnaissance 


I 


Spectateur  assidu  de  ces  brillants  apprêts  , 
Joie  au  fond  de  son  cœur  ne  sent  plus  de  regrets. 
Si  de  nombreux  exploits  manquent  à  sts  services  ; 
Si  ion  front  est  prive'  de  nobles  cicatrices  ; 
£t  s*il  ne  peut ,  un  jour  ,  à  son  humble  foyer  , 
Pour  prix  de  sa  valeur  ,  rapporter  un  laurier  : 
A  de'faot'de  combats  et  dt  chants  de  victoire  , 
De  plus  doux  souvenirs  riront  à  sa  mémoire  ; 
Et  les  récits  touchants  de  la  bonté  du  Roi 
Du  moins  k  la  Teillée  épargneront  Teffroi. 

Le  Prince  ,  cependant ,    loin  des  bords  où  la  Seine 

Roule  entre  des  palais  son  onde  sonTeraine  , 

D*nn  voyage  embelli  par  des  fêtes  d*amonr  , 

A  vu  trop  vite  ,  hélas  !  briller  le  dernier  jour. 

Partout  ,   dans  les  cités ,  aux  champs  comme  an  Tillage  , 

Le  peuple  ,  à  flots  pressés  ,  Tole  sur  son  passage  ; 

Partout  les  vœux  bruyants  de  la  fidélité 

Lui  disent  un  amour  qu*il  a  tant  mérité 

Alors  que  cette  France  ,  on  grondaient  tant  d*onges  f 

A  sa  voix  pat^elle  oqblia  sts  naufrages. 

Mais  des  soins  plus  pressants  ont  arrêté  sts  yeux  , 

Et  l'Alsace  attristée  a  reça  sts  adieux. 


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Bëjà  r^DftieDt  les  jours  où  PAatomne  tccabl^ 

SonlèTc  iTec  effort  «a  Ule  dépouillée. 

Le  rapide  Aquilon  ,  en  tourmentant  les  tirs  , 

Sur  son  aile  de  neige  apportait  les  hi?ers; 

Et ,  loin  des  camps  muets  où  le  cri  des  trompettes 

lie  se   confondait  plus  à  Tappel  des  tedettes , 

Le  semestre  inactif  à  nos  jeunes  guerriers 

De  leur  chaumière  absente  indiquait  les  foyers  , 

Jusqu*à  Theure  où  ,   paré  de  sa  robe  éclatante  , 

Le  Printemps  les  retrouve  assemblés  sous  la  tente. 


Vers  le  toit  paternel  que  demandent  tes  vœux  , 
Jules,  avec  transport ,  s^est  élancé  comme  eux; 
Et  déjà  y  dans  le  fond  de  Tobscure  yallée  , 
Ses  yeux  ont  deviné  la  chaumière  isolée 
Où ,  près  de  son  vieux  père ,  il  eût  tu  le  bonheur 
Si  la  gloire  jamais  n*eùt  enflammé  son  cœur. 
Son  retour  du  vilbge  a  comblé  Tespérance. 
On  s*empresse  ,  on  demande  avec  impatience 
Ces  fêtes  où  le  Roi  recevait  chaque  jour 
Des  hommages  touchants  de  respect  et  d  amour  ; 
£t  lui  f  pour  satisfaire  aux  vœux  de  la  veillée  , 
Rassemble  à  ces  récits  la  foule  émerveillée  : 


«  Oui ,  j*ai  suivi  le  Roi  sur  ces  bords  orageux 
«  On  ,  fières  de  lever  un  front  toujours  neigeux  , 
«  Les  Vosges  en  grondant  enfantent  la  Moselle. 
«  Je  Taî  vu  dans  les  champs  de  ce  peuple  fidèle 
«  D*où ,  grossi*des  tributs  de  vingt  fleuves  divers  « 
«  Le  Rhin  court  s^engloutir  dans  Tablme  des  mers. 
«  Je  Tai  vu  ,  mille  fois  ,  sous  des  arcs  de  feuillage  'p 
«  Sourire  aux  doux  efforts  des  pitres  du  village  , 
«  Qui ,  des  grandes  cités  rivaux  ambitieux  , 
«  Cherchaient  à  lui  prouver  à  qui  Taimait  le  mieux. 


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(i37) 

Je  Vu  TU  ,  dans  le  sein  des  ci  Us  opaleutes  , 

Prodiguer  à  Tenvi  ces  paroles  touchantes  , 

Ces  mots  afTectnenz  où  le  cœor  attendri 

Retrouve  arec  ivresse  on  des  fils  de  Henri. 

Je  l'ai  TU  ,  tous  les  jours,  au^ pieds  du  sanctuaire  , 

Humilier  son  front  courbé  par  la  prière  , 

£t  pour  tous  ses  sujets  demander  au  Seigneur 

La  paiz  et  l'union ,  h  gloire  et  le  honheur.  S 

Je  dirai  les  transports  qu'enfantait  sa  présence , 
les  vœux  ,  les  cris  du  peuple  et  sa  reconnaissance. 
Mais  c'est  à  votre  coeur  ,  qui  parlera  pour  moi  , 
A  juger  de  l'amour  que  nous  devons  au  Roi. 

A  peine  a-t-U  franchi  les  portes  de  Lutèce 
Qu'éclatent  sur  ses  pas  mille  cris  d'allégresse. 
Jaloux  ,  et  dans  l'espoir  de  contempler  us  traits , 
Les  laboureurs  au  loin  ont  quitté  leurs  guérets  ; 
Et  y  mêlés  aux  bergers  de  l'heureuse  vallée ,  ' 
Ib  dressent ,  dans  les  champs  ,  des  tentes  de  feuillée  , 
Où  les  cris  du  hautbois  ,  les  sons  du  tambourin  , 
D'une  chanson  rustique  appellent  le  refrain. 
Le  front  paré  de  fleurs  ,  de  timides  bergères 
Entrelacent  Ifurs  pas  dans  des  danses  légères  ; 
Tandis  que  les  \ieillards  ,  pour  un  autre  Henri  , 
Des  couplets  du  bon  Roi  répètent  l'air  chéri. 

Cependant  le  soleil  ,  déjà  loin  de  ces  phges  y 
Cachait  son  front  chargé  d'un  bandeau  de  nuages  , 
Et  d'un  dernier  regard  il  embrasait  les  cieux  , 
Quand  les  remparts  de  Meaux  s'offrirent  à  nos  yeux. 
Au  seuil  de  la  cité ,  des  parvis  de  verdure 
S'élevaient,  orgueilleux  de  leur  simple  parure  ; 
Et,  sous  des  toits  de  fleurs  ,  des  drapeaux  éclatants 
A  la  brise  da  soir  livraient  leurs  plis  flottants. 

18 


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(  .38  ) 

«  Soudain  le  canon  gronde ,  el  la  clocbe  ébranlée 

«  Du  bonbeur  de  la  ville  avertit  la  vallée. 

«  Lts  magistrats  émus ,  poar  lui  dire  us  foeux , 

«  N*ont  qu*i  montrer  au  Roi  ce  peaple  affectaeax 

«  Dont  les  élans  dUvresse  et  de  reconnaissance 

«  Ont  trouvé  ponr  tonjouj-s  tant  ct*écbos  dans  la  France. 

«  Guerriers  et  citoyens ,  pontifes  ,  magistrats  , 

«  Tons  ,  pour  bénir  son  nom  y  se  pressent  sur  us  pas  ; 

«  Et  9  soit  que  ,  de  nos  arts  explorant  les  merveilles , 

«  Il  accorde  an  sourire  aux  fruits  de  tant  de  veilles  | 

«  Soit  que  ,  des  bboureurs  consultant  les  besoins  , 

«  Jusque  sar  leur  chaumière  il  étende  ses  soins  ; 

«  Ou  qu*aux  pieds  des  autels  sa  pieuse  constance 

«  Demande  chaque  jour  le  bonheur  de  la  France  : 

«  Partout  des  cris  d*amour  ,  élancés  vers  le  ciel  , 

«  Portent  les  voeux  du  peuple  aux  pieds  de  rÉtemeL 

«  Enfin  la  nuit  s*éconle  %  et ,  dans  les  airs  moins  sombres  » 
«  Les  feux  naissants  du  jour  éclaircissent  U\  ombres* 
«  De  rapides  coursiers  précipitent  son  char  ; 
N  Mab  ,  pour  le  retenir  ,  pour  briguer  un  regard  , 
«  Les  pâtres  attentifs  ,  av  seuil  de  leurs  villages  , 
«I  Ont  couvert  les  chemins  de  festons  ,  de  feuillages  ; 
«  Tant  leur  reconnaissance  a  besoin  d'exprimer 
«  Que  le  cœur  des  français  n*a  cessé  de  Taimer  ! 

«  C'est  ainsi  qn'Épemat ,  Toul ,  Nancy ,  Lunéville  , 

«  Et  Colmar  ,  et  Savemc ,  et  cette  antique  ville 

«  Qui  de  Francns ,  dit-on ,  reçut  avec  fierté 

N  Un  nom  que  trois  mille  ans  le  temps  a  respecté, 

N  Rivales  pour  montrer  leur  profonde  allégresse  » 

«  De  leur  fidélité  feront  parler  Tivrcsse  ^ 

«  Qnai^  le  Roi ,  dans  leur  sein  ,  daignera  tovr-à-4o«r 

«  Recoelilir  lear  hommage  et  leurs  tribats  d'ailovr. 


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('39) 

«  Aoi  foréu  da  Ttlloo  empmnUnt  sa  parure  , 

«  Chilons  n*oflrait  partoot  qa*an  berceau  de  TerdorCi 

«  Où  de  nombreni  drapeam ,  soas  des  Toutes  de  fleurs  ^ 

«  Dans  les  airs  embaumés  mariaient  leurs  couleurs. 

«  Là  ,  par  les  mêmes  cris  notre  amour  se  déploie. 

«  Attaché  sur  ks  pas  ,  le  peuple  ,  irre  de  joie , 

«  Poursuit  de  Toeux  touchants  ce  Roi  dont  les  bienfaits 

«  Ont  soumis  pour  toujours  le  cœur  de  sts  sujets  ; 

*  Qui ,  quand  des  jours  de  deuil  6*étendaient  sur  la  France  , 

*  D*un  meilleur  arcnir  ralluma  l'espérance  ; 

«  Et  qui  y  fort  de  Tappui  d'un  pacte  respecté  , 
«  ÂUie  enfin  le  trône  arec  la  liberté. 

«  Il  admire  long-temps  IVcoIe  où  l'industrie 

«  De  modestes  travaux  enrichit  la  patrie. 

«  Là  ,  les  métaux  ,  domptés  par  de  poissants  efforts  ^ 

*■  Se  courbent  avec  grèce  en  flexibles  ressorts  ; 

«  Ici ,   le  bois  qui  cède  à  des  haches  pesantes  , 

«  Revêt  d'un  char  léger  les  formes  élégantes  ; 

«  Plus  loin ,  en  un  brasier  ,  l'airain  coule  enflammé  » 

«  Et  des  traits  les  plus  chers  reparaît  animé. 

*■  Honneur  à  Liancourt ,  qui ,  par  sa  bienfaisance  , 
«  A  conquis  ,  dans  ces  murs ,  tant  de  reconnaissance  l 
«  Athènes  sur  son  front  n'eût  rien  vu  de  mortel , 
«  Et  près  de  Triptolème  eût  dressé  son  auteL 

«  Le  Roi  s'arrache  enfin  à  ces  nobles  hommages  ; 

«  Et ,  loin  de  la  Champagne  ,  il  atteint  les  rivages 

«  Où  Verdun  ,  à  l'abri  de  ses  dormantes  eaux , 

«  Peut  long-temps  de  la  guerre  ignorer  les  fléaux. 

«  Là ,  soit  que  le  soleil  ait  dissipé  les  ombres  y 

«  Soit  que  l'astre  des  nuits  ,  couvert  de  voiles  sombras  | 

«  Dérobe  à  la  cité  son  cours  silencieux  , 

•  Et  s*âvance  inconna  sur  la  voûte  des  cieux  , 

18. 


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(  i4o) 
«  Le  nom  chéri  du  Roi,  qo*implore  on  peuple  immense  y 
«  josqne  dans  U$  prisons  réveille  Tespérance  , 
«  Et  du  fond  des  tachots  ,  échappé  dans  les  airs  ,* 
«  Des  mains  de  l'infortune  a  fait  tomber  les  fers. 

«  Cependant  les  vallons  qn*arros 
«  S*animent  des  transports  de  c 
«  Dont  le  sol  belliqueux  enfante 
«  Les  moissons ,  et  le  fer  dont 
«  Si ,  ponssé  dans  leurs  champs 
«  Un  autre  Charles-Qnint  défiai 

«  Sous  un  ciel  dé^é  de  nuages  brumeux  , 

«  Metz  nous  ouvre  à  son  tour  ses  remparts  orgueilleus  » 

«  Qui  protègent  au  loin  de  fertiles  rivages  , 

«  Et  jamais  d'un  vainqueur  n'ont  subi  les  outsages. 

«  Son  fils....  Mab  quel  spectacle  a  frappé  ses  regards  ? 

«  Dans  un  camp  que  les  flots  ceignent  de  toulu  parts  , 

«  S'élèvent  devant  lui  de  superbes  portiques , 

«  Où  du  Tfocadéro  les  palmes  ibériques 

«  S'nnissent  aux  lauriers  que  les  vaisseaux  français 

«  Aux  mers  de  Navarin  ont  conquis  pour  la  paix. 

«  Tout -à-coup  le  canon ,  dans  la  plaine  enflammée  , 

«  Mugit  f  en  vomissant  des  torrents  de  fumée. 

«  Le  bonlet  ,  échappé  de  sa  bouche  de  fer , 

«  Suit  le  chemin  que  l'œil  lui  commande  dans  l'air  ; 

«  Et  brise ,  plus  terrible  et  plus  prompt  que  la  foudre  f 

«  Le  but  inoflensif  qu'il  a  réduit  en  pondre. 

«  Ici  des  bataillons ,  par  des  feux  redoublés  , 
«  Réveillent  l'ennemi  dans  set  forts  crénelés  ; 
«  A  pas  précipités  s'élancent  dans'  la  plaine  » 
^  Et  fixent  un  instant  la  victoire  incertaine. 


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(  i4i  ) 

Mais ,  loin  des  bastion»  qo'ilj  aTaient  menaces , 
Sons  des  fenx  pins  poissants  y  ils  s*^oi|;nent  chassas» 
En  Tain  ponr  r^îster  ils  s*arment  de  conra^  ; 
Vaincns ,  leur  désespoir  feint  une  areugle  rage. 
Le  salpêtre  ,  enferme  dans  nn  gouffre  brûlant , 
Déchire  arec  fracas  le  sol  étincelant  ; 
Mais  la  foudre  riTale,  k  son  tour  allumée  , 
Parmi  des  tourbillons  de  flamme  et  de  fomée , 
Dans  les  airs  obscurcis  ,  jette  an  loin  dispersés 
De  leurs  murs  de  gasons  les  débris  renversés. 

Du  pied  de  ces  remparts  qui  s'entouraient  naguère 

Du  prestige  qu*enfante  un  siège  imaginaire , 

S'éloignent  tout-à-coup  de  fragiles  vaisseaui 

Que  la  rame  empressée  emporte  sur  les  eaux  ; 

£t  qui  ,  fixés  enfin  sur  les  Tagues  profondes  , 

Réunissent  les  bords  que  séparaient  les  ondes. 

Sur  ce  chemin  douteux  le  Roi  s*est  avancé. 

Mais  de  quelle  terreur  notre  sang  s'est  glacé 

Quand  ,  sous  stè  pieds ,  le  pont  s'aflaisse  ,  se  balance  ! 

Nous  écoutons  tits  pas  dans  un  morne  silence.... 

Mais  bientôt  t<lus  les  cœurs  ont  déposé  l'effroi  ; 

Et  des  cris  de  bonheur  ont  salué  le  Roi 

Qui ,  tranquille  et  serein  sur  le  loifitaia  rivage , 

De  notre  amour  pour  lui  reçoit  ce  nouveau  gage. 

Enfin  il  a  grari  ces  rochers  sourcilleux 

D'où  s'élançaient  jadis  deux  peuples  belliqueux  » 

Qui,  dans  leurs  champs  rÎTaux  disputant  de  furie  p 

Le  cimeterre  en  main  déchiraient  la  patrie. 

Abjurant  leur  querelle  et  leurs  sanglants  exploits  » 

Ils  ont  soumis  leur  front  au  sceptre  de  nos  rois; 

Et ,  jaloux  de  subir  sa  noble  dépendance  , 

Me  forment  plus  de  Toeu  qui  ne  sok  ponr  ta  France. 


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(  i40 

«  UÂlstce  alors  ^Ule  à  nos  regtrds  siirprU 

M  Ces  riantes  cïiés ,  ces  villages  fleuris  ^ 

«  Où  des  fih  d* Israël  les  tribus  fagitÎTef 

«  Ont  d*an  autre  Jourdain  trouvé  les  douces  rives  ;: 

«  Et ,  des  murs  de  Sion  exilant  leurs  regrets  » 

«  Goûté  dans  nos  foyers  les  douceurs  de  la  paix. 

«  Sur  des  chars  gracieux  ,  dans  leurs  habits  de  fête  ^ 

«  £t  brilbntes  des  fleurs  qui  couronnent  leur  tête  , 

«  Les  fille4  du  vallon,  des  cités,  des  hameaux, 

«  Voient  ,  et  dans  les  airs  ,  agitent  des  drapeaux  : 

«  Tandis  que  leurs  époux  ,  leurs  amants  ou  leurs  frère»  ^ 

«  Parés  de  sa  couleurs  et  d'écharpes  légères  , 

«  Aux  cris  de  la  trompette  et  des  clairons  guerriers  » 

«  Précipitent  le  vol  de  leurs  nobles  coursiers. 

«  Des  rives  de  la  Sort  jusqu'aux  plaines  fécondes 

«  Où  nu  révèle  au  loin  b  source  de  ses  ondes  , 

«  Ce  cortège  empressé  volera  sur  ses  pas  , 

«  Pour  lui  montrer  ces  monts  qui  ,  chargés  de  frimas  , 

«  Abandonnent  le  Rhin  sur  les  bords  de  1* Alsace  , 

«  Et  cachent    dans  les  airs  leur  couronne  de  glace. 

«  Dès  qu*anx  champs  de  Saverne  il  a  jeté  les  yeux  y 
«  L*ombre  épaisse  des  nuits ,  qui  recouvrait  les  deux  ^ 
«  Resplendit  tout-à-coup  des  torrents  de  lumière 
«  Dont  se  revêt  au  loin  TAlsace  tout  entière. 
«  A  cet  heureux  signal  ,  Strasbourg  a  tressailli  ; 
«  Et  le  Roi  y  dans  ies  murs  par  Tamour  accueilli  ^ 
«  Voit  enfin  que  ce  peuple  et  soumis  et  fidèle 
«  Du  plus  pur  dévouement  peut  offrir  le  modèle. 

«  Ses  sujets  empressés  ont  seuls  «  jusqu'à  ce  jour  ^ 
«  Fait  parler  à  ses  pieds  leurs  vœux  et  leur  amour. 


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(  i43) 

Ici ,  ponr  le  fèier  désertant  leurs  provinces  , 
Accourent  avec  nous  une  foule  de  princes 
Qui  des  bords  du  Neker  Tiennent  de  toutes  paris 
Confondre  sur  lui  seul  leurs  avides  regards  ; 
Et  puiser  à  la  fois ,  dans  Texemple  qu^il  donne , 
La  grâce  et  les  vertus  qui  parent  la  couronne. 

Dans  la  plaine  enflammée  ,  il  revoit  ie$  soldats 

Que  naguère  son  fils  conduisait  aux  combats  , 

Quand  àes  monts  de  Pyrène  aux  limites  d*Alcide 

La  victoire  avec  eux  marcha  d*un  pas  rapide. 

Là  ,  sur  le  fleuve  immense ,  H  voit  d^autres  vaisseaux 

Construire  des  chemins  qui  ftittent  sbr  les  eaux , 

Et  de  nos  bataillons  les  colonnes  profondes  , 

  pas  précipités ,  s*avancer  sur  les  ondes , 

Comme  si  des  combats  le  signal  destructeur 

Aux  bords  du  Tanaïs  appelait  leur  valeur. 

Ici ,  Tairain  brûlant  sVchappe  en  flots  liquide^  , 

Pour  reparaître  armé  des  boulas  homicides 

Qui  vomissent  au  loin  la  mort  et  la  terreur  , 

Et  du  tonnerre  en  fea  nous  prêtent  la  fureur. 

Plus  loin  s'offre  à  ses  yeux  la  chapelle  éplorée 

Où  repose  à  jamais  la  dépouille  sacrée 

Du  preux  dont  Fontenoi  vit  les  derniers  hauts  faits  ; 

Et  veuve  cependant  des  cendres  du  français  (t) 

Qui  y  confiant  au  bois  la  parole  tracée , 

Sur  un  papier  muet  la  retrouva  fixée  ^ 

Et  ,  nouveau  Prométhée  ,  alluma  de  »ts  mains 

Le  flambeau  dont  la  presse  éclaire  les  humains« 


«  Enfin  s'oovre  à  sa  voix  le  solitaire  asile 
«  Où  la  faible  vieillesse  et  Tenfance  débile  , 


(i)  Gattcm^f. 


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(  44) 

«  Près  da  lit  où  sou? ent  gémissent  leors  douleurs  # 

«  TrooTent  la  charité  pour  essayer  lears  pleort. 

«  Lentement  consnmés  d*ane  atteinte  homicide , 

«  Là  ,  qnelqnef  malheareox  ,  an  teint  pâle  et  livide  , 

«  Poussaient  atec  effort  des  sonpirs  oppressés 

«  Que  semblaient  refuser  leurs  poumons  embrasés. 

«  En  Tain  des  magbtrats  la  fonle  consternée 

«  Lni  montre  de  ces  maoz  la  trace  empoisonnée  ; 

«  Rien  n*arréte  le  Prince  ;   il  voie ,  sans  frayeur  , 

«  Leur  donner  un  espoir  qui  n*est  plus  dans  son  cœur  ; 

«  Et ,  pour  prix  du  bienfait  qui  s*attache  à  sa  Yue  , 

«  Les  mourants  >  animés  d*une  forcç  imj»ré?ue , 

«  Sur  un  bru  défaillant  se  soolèreat  encor , 

«  Et  tombent  satisfaits  sur  leur  couche  de  mort. 


«  Colmar  anit  reçu  sa  fisité  chérie. 

«  Fière  de  ttê  traraux  et  de  son  industrie  , 

«  Mulhausen ,  dans  its  murs  ,  appelle  sts  regards 

«  Sur  les  prodoits  nouTeaux  qu*ont  enfantés  nos  arts. 


«  De  bonheur  et  de  joie  agiles  messagères  , 

«  S'éloignent  devant  nous  des  colombes  légères , 

«  Qui  y  remontant  de  TIU  les  bords  industrieux  , 

«  Se  perdent  tour-à-tour  dans  la  Toûte  des  cieux  , 

«  Volent  ;  et ,  dans  les  champs  témoins  de  leur  passage , 

«  D*uoe  auguste  fat eur  laissent  Theureux  présage. 

«  Sur  le  sommet  des  tours  qui  parent  la  cité  » 

«  Leur  prophétique  essor  soudain  s*est  arrêté  ; 

«  Et  Mulhausen  ravie  avec  grâce  déploie 

«  Ses  pavillons  de  gaxe  et  ses  tentes  de  soie. 

«  Sur  les  bords  animés  de  ces  larges  canaux  | 

«  Que  la  main  des  mortels  «  dotés  de  leurs  eaux , 


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(  '45  ) 

SVIèTe  le  palais  où  Tactlfe  industrie 
Des  merveilles  de  Fart  enrichit  la  pairie. 
Là  ,  se  trouvent  ëpars  ces  voiles  ,  ces  tissus , 
Qoe  la  France  impuissante  enviait  â  Tlndas 
Avant  que  ,  dans  Tairain  la  vapeur  enfermée 
Prêtât  à  nos  métiers  sa  force  comprimée. 
Là  y  de  neif^eux  duvets  ,  transformés  en  réseaux  , 
S'échappent  lentement  des  flancs  de  ces  rouleaux 
Qui ,  chargés  avec  suin  de  couleurs  étrangères  , 
Déposent  en  glissant  leurs  nuances  légères. 
Là  ,  les  tissus  vieillis  et  long-temps  rebutés 
Des  vêtements  de  lin  que  le  pauvre  a  portés  , 
Du  pilon  obstiné  subissent  les  injures  , 
Et  ,  dépouillés  bientôt  de  letrs  formes  impures , 
Sous  un  aspect  nouveau  renaissent  à  nos  yeux , 
Pour  se  parer  eo&n  des  dessins  onctueux 
Que  la  main  d'Âloys  (i)  confia  la  première 
ÂQ  marbre  obéissant  des  monts  de  la  Bavière. 

Aujourd'hui  que  nos  arts,  désormais  sans  rivaux  , 

Des  peuples  de  l'Asie  ont  vaincu  les  travaux  , 

Ces  tissus  voyageurs  ,  dans  les  champs  du  Tropique  | 

Vogueraient  de  l'Oxus  aux  mers  de  l'Atlantique , 

Si  le  commerce  ,  enfin  ouvrant  &es  ailes  d'or, 

Vers  ces  lointains  climats  dirigeait  son  essor. 

Mais  hélas  !  d'autres  soins  commandent  sa  souffrance  : 

L'Amérique  est  fermée  aux  vaisseaux  de  la  France; 

Et  le  Prince  en  secret  gémit  d'une  rigueur 

Que  les  destins  encore  imposent  à  son  cœur. 

Luuéville  ,  à  son  tour ,  l'appelait  à  ces  fêtes 
Ou  nos  jeunes  guerriers  préludent  aux  conquêtes 


(i)  Alo7*  Scnefeldcr. 


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(  t46  ) 

«  Que  11  Fiance  avec  eux  poorrait  un  jour  tenter 
«  Si  jamais  quelques  rois  osaient  nous  insulter  , 
«  On  si  I  pour  son  bonheur ,  il  lui  fallait  encore 
«  Retroufer  les  chemins  des  mers  où  natt  l'aurore. 
«  Le  tonnerre ,  en  grondant  sur  la  TOÛte  des  airs  ^ 
«  N'embrasait  plus  la  mût  du  feu  de  us  éclairs  ; 
«  Et ,  loin  des  flancs  épais  de  ces  pesants  nuages 
«  Que  poussait  sur  son  front  le  souffle  des  orages  y 
«  Le  soleil ,  en  montrant  son  disque  radieux  , 
«  Ramenait  la  journée  où  le  bronxe  pieux 
«  Appelle  les  chrétiens  aux  pieds  du  sanctuaire  , 
«  Pour  célébrer  du  ciel  la  fête  hebdomodaire. 


«  L'autel  du  sacrifice  avait  reçu  nos  tobux. 
«  Soudain  ,  mille  coursiers  au  yoI  impétueux 
«  S'élancent  i  la  fois  dans  la  lice  guerrière  , 
«  En  jeUnt  dans  les  airs  des  torrents  de  poussière. 


«  Je  ne  tous  dirai  point  ces  brillants  eKadrons 

«  Qui  dévoraient  l'espace  k  la  voix  des  clairons  ; 

«  Ces  housards  ,  ces  chaiilurs  ,  ces  dragons  intrépides. , 

«  De  dangers  et  de  gloire  également  arides  , 

«  Qui  y  pleins  du  souvenir  de  leurs  derniers  exploits  ^ 

«  A  TunÎTers  soomis  pourraient  dicter  nos  lois. 


«  Je  ne  vous  dirai  point  qu'aux  bords  de  h  Moselle 
«  Il  retrouva  partout  une  fête  nouvelle  ; 
«  Et  que  ,  depuis  l'instant  qui  voit  naître  le  jour 
«  Jusqu'à  l'heure  où  la  nnit  annonce  son  retour  , 


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(  i47) 
«  La  joie  et  le  bonheur ,  TiTreise  et  Tesp^rance  , 
«  Do  plos  aime'  des  Rois  rërëUient  U  présence. 


•  Enfin  il  a  quitte  les  bocages  chéris 

«  Où  serpente  la  Seine  en  fuyant  rers  Paris  ; 
«  Kt ,  plein  do  souvenir  de  ces  brillantes  fêtes  , 

•  De  Tamour  de  son  peuple  éclatants  interprètes  , 
«  11  rentre  dans  Lntèce  ,  à  la  fois  satisfait 

«  Du  bonheur  de  la  France  et  du  bien  qu'il  a  fait.  » 

Joies  avait  parle  :  les  pâtres  du  villa|[e 

Du  Prince  en  même  temps  ont  regardé  Timage 

Qu'au  retonr  des  combats  jadis  le  vieux  guerrier 

Apporta  de  la  Loire  i  son  humble  foyef. 

On  Tinterroge  encor  ;  on.  le  presse  de  dire 

Si ,  dans  ces  traits  chéris  où  la  bonté  respire  , 

Le  fidèle  burin  a  rendu  tour-à-tour 

La  grâce  et  les  vertus  qui  commandent  Famour  , 

La  majesté  du  trdne  unie  à  la  clémence  , 

Et  surtout  la  douceur  qui  prescrit  Findulgence. 


«  Oui ,  dit  Jule  ;  et  bientôt  vous  pooifes  comme  moi 
«  Lire  dans  wti  regards  votre  amour  pour  le  Roi. 
«  Quand  l*or  de  vos  moissons  flottera  dans  la  plaine  , 
«  Vous  le  verrez  vous-même  aux  rives  de  la  Seine  ; 
«  Et  vous  saurez  alors  ,  en  contemplant  w.h  traits , 
«  Qu'il  snffit  de  le  voir  pour  Taimer  à  Jamais.    » 


Telle  était  des  Normands  Fespérance  chérie. 
«  Il  Tiendra ,  disaient-ils ,  anx  champs  de  la  Neustrie  ; 

»9- 


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(  »48  ) 

Et ,  de  notre  bonheur  témoin  affectueux  , 
Il  recevra    partout  rhommage  de  nos  vœux. 


fiais  bc1as  !  ces  dësirs  ,  que  nous 
Laisseraient ,  en  fuyant ,  des  doul 
>i  la  Glle  des  Bois  ,  en  venant  pai 
i'tdt  fait  naître  i*espoir  ^*un  bon 
Ella  entendra  nos  cris  ,  nos  trans] 
Et  quand  ,  auprès  de  Cbarles ,  au 
Le  temps  aura  marque  Thenre  de  i 
Thébèse  lui  dira  jusqa*où  va  noi 


(Avril  1829.) 


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(  '49) 


LA  MORT  DE  L'IMPIE, 


'XïSîX! 


Par  M.  Pr«  DuMESNU. 

L*[MPis  ,  affamé  de  richesses  , 
De  crëdit,  d^hoaneors,  de  pouvoir, 
A  vu  le  sort,  par  ses  largesses, 
Surpasser  même  sou  espoir: 
Il  a  su ,  par  un  art  perfide , 
Grossir  sa  fortune  rapide 
Des  dépouilles  de  Torphelio  ; 
Et ,  d*apparences  légitimes 
Voilant  its  plus  énormes  crimes, 
Des  grandeurs  s^ouvrir  le  chemin. 

Lui-même  en  son  faste  il  s*adore. 
Ifre  d*impures  voluptés, 
Il  se  promet  long-temps  eocore 
De  nouvelles  prospérités. 
LUnsolent  bonheur  qu*il  étale  , 
Trouble  d*un  horrible  scandale 
Les  témoins  de  s^ts  attentats  : 
Voyant  sa  gloire  et  sa  puissance , 
Ils  /lontent  que  la  Providence 
Règle  les  choses  d'ici-bas. 

Hommes  sans  foi,  d*un  doute  impie 
Abjures  les  troubles  secrets, 


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(  i5o) 
Et  de  U  sagesse  infinie , 
Trembltnls,  adorez  les  décrets: 
Si  Dieu ,  clëment  dans  sa  jastice  » 
Souvent  difTère  le  supplice , 
Cest  qu^il  attend  le  repentir; 
£t  sur  cet  obstine  coupable 
Le  châtiment  inévitable 
Viendra  bientôt  s*appesantir. 

Au  milieu  de  its  pompes  vaines  » 
Frappé  Q*une  invuible  main  , 
11  sent  dans  sts  brûlantes  veines 
Circuler  un  mortel  venin* 
Lui  dont  cbaque  jour  la  mollesse 
Buvait  la  coupe  enchanteresse 
Que  les  plaisirs  ornaient  de  fleurs» 
£n  proie  au  mal  qui  le  consume» 
Il  tombe ,  abreuvé  d*amertnme  » 
Et  glt  sur  un  lit  de  douleurs. 

BientAt  sVteint  son  espérance  ; 
Il  va  vous  perdre  pour  jamais, 
Voluptés  ,  grandeurs ,  opulence  , 
Qu*il  paya  de  tant  de  forfaits. 
Sa  conKÎence  se  réveille, 
Et  du  remords  à  son  oreille 
Retentit  la  terrible  voii, 
Que  sa  perversité  profonde , 
Dans  le  bruyant  fracas  du  monde 
Savait  étouffer  autrefois. 

Quel  délire  sombre  et  farouche 
Tourmente  ses  sens  agités  ! 
Autour  de  sa  funèbre  couche , 
A  sts  regards  épouvantés 


I 
l 

II 

K 

Tan 
Croj 


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C  i5i  ) 

Paraissent  les  spectres  livides 
Des  Tierces  simples  et  timides 
Qu'abusèrent  $ti  faux  serments, 
Et  qui,  par  sts  fourbes  séduites, 
A  l'opprobre,  tu  malheur  réduites, 
Ont  expiré  dans  leur  printemps. 

Tremblant ,  à  Faspect  de  sts  cnmes, 
Loin  d'an  specUcle  si  hideux 
Il  voudrait  fuir;  d'autres  vicUmes 
Soudain  s'offrjBnl  devant  sti  yeux  ; 
C'est  l'orphelin,  en  son  enfance. 
Par  lui  dépouillé  sans  défense  ; 
Ce  sont  ses  rivaux  de  grandeur, 
Dont  sa  haine  et  sa  noire  envie 
Ont ,  par  l'atroce  calomnie , 
Détruit  la  fortune  et  l'honneur. 

Lorsque  de  ces  affreux  nuages 
Sa  raison  sort  pour  quelque  temps , 
De  plus  effroyables  images 
Viennent  redoubler  sts  tonrmenU  : 
A  son  ame,  aux  doutes  en  proie , 
Tour-à-tour  sa  terreur  déploie 
Le  néant ,  gouffre  redouté , 
Qui  contre  le  souverain  Juge 
Lui  promet  à  peine  un  refuge , 
Et  rimf>lacable  éternité. 

Tu  peux  te  la  rendre  propice  , 
Pécheur;  ton  sort  est  dans  tes  mains, 
Tant  que  la  céleste  justice 
Suspend  sts  foudres  incertains. 
Crois  au  Seigneur;  d'un  cœur  sincère 
Déteste  tes  crimes  ;  espère  ; 


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(   i52  ) 
Aime  an  Dieo  qui  tcuI  te  saaver  ; 
Et  de  tes  plus  noires  souillares , 
Ainsi  que  desiorrents  d'eaux  parei, 
Sa  grâce  Tiendra  te  laver. 

Dieu  daigne  ei 
Offrir  des  soii 
Tandis  quMngr 
Tes  faux  amis, 
Te  délaissent  i 
Qui  ,  pour  de 
T*ont  secondé 
Je  vois  TeuTO] 
De  la  clémence 
Heurter  au  seuil  de  ton  palais. 

Le  perrers ,  en  sa  rage  extrême , 

Repousse  le  divin  secours  ; 

Sa  bouche  vomit  le  blasphème.... 

Bientôt  il  se  tait  pour  toujours  : 

Le  sang  vers  son  cœur  se  relire 

Ses  yeux  s'éteignent,  il  expire 

Dans  sa  brutale  impiété; 

Et  son  Dieu,  qui  pour  lui  naguère 

Avait  les  entrailles  d*un  père , 

N'est  plus  qu'un  monarque  irrité. 

Pour  aller  subir  la  sentence 
Du  grand  arbitre  de  son  sort , 
Son  ame ,  dans  l'espace  immense 
N*a  point  à  prendre  un  long  essor  : 
Du  corps  des  qu'elle  se  dégage, 
Dieu  /  comme  une  mer  sans  rivage , 
L'environne  de  toutes  parts  ; 
Et,  dans  un  seul  trait  de  lumière, 


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(  i53  ) 

Des  crimes  de  sa  TÎe  entière 
Offre  la  suite  à  h$  regards.  ' 

Que  peut  nue  langae  mortelle , 
Pour  dire  Taflireuse  stnpenr 
Qn*ISproaTe  cette  ame  rebelle , 
En  présence  doDien  tengenr? 
L*£nfer  même  et  st$  fenx  horribles 
Loi  semblent  alors  moins  terribles 
Qne  Vaspect  du  courroux  divin. . 
Bientôt ,  comme  un  coup  de  tonnerre  ^ 
Gronde  Tarrét  juste  et  sévère  : 
«  Va ,  maudit ,  aux  tourments  sans  fin. 


so 


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TABLEAU 


DE 


^'ACADÉMIE  ROYALE 

DES    SCIENCES,  BELLES-LETTRES  ET  ARTS 

DE  ROUEN, 

POUR  h'ANJxiE  1829 — i83o. 


ftO. 


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SIGNES  POUR  LES  DÉCORATIONS 

jgc   Ordre  de  Saint-Michel 

if(.   Ordre  royal  ci  militaire  de  Saint-Louis. 

^   Ordre  royal  de  la  Légion  d* honneur, 

♦    Ordre  de  V Eperon  d*orde  Homt^ 

O,  signifie  Officier, 

C       —  Commandeur, 

G,      ' —  Grand-Officier, 

G,  C,  —  Grand^roix, 


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TABLEAU 

DE  L'ACADÉMIE  ROYALE  DES  SCIENCES 

BELLES-LETTRES  ET  ARTS  DE  ROUEN , 
POUR  l'aNKEE    1839—1830. 

OFFICIERS  EN  EXERCICE. 

M.  le  Comte  de  Murât  (G.  ^) ,  Président. 
M.  HouEL,  Vice-Président, 

M.  Lkvt  ,  Secrétaire  perpétuel  pour  la  Classe  deî  Sciences. 
M.  BiGNon  (  N.  )  ,  Secrétaire  perpétuel  pour  la  Classe  des  Belles- 
Lettres  et  des  Arts. 
M.  DuBuc  l*aîne',  Bibliothécaire-Archiviste  ^ 
M.  Lepabvost  ,  Tcl^rinaire ,  Trésorier, 

ACADÉMICIENS  VÉTÉRANS,  MM. 

AimFU  ANNFBS 

ic  d*adniis- 

re>ep-  sion  à  la 

lio«.  Vélêran- 

ee. 

i8o3.    Le  Comte  Beugnot  (  G.  C.  ^)  ,    Ministre   dVlat  ,    1806. 
ancien  Préfet  do  département  de  la  Seine- Inférieure, 
président  da  Bureau  de  Commerce  et  des  Colonies, 
à  Paris  9  rue  Neuve-du-Luxemfiourg  .^  n«  3i. 

i;(>a.    D'Orkay  (Jean-François-Gabriel) ,  doyen  des  Acadé-    1807. 
mirîens  »  membre  de  TAcadémic  de  Lyon,  de  celles 
des  Arcades  de  Rome  et  des  Georgi6Ies-de  Florence, 
à  St-Martin-de-BocherTÎHe. 
1811.    Le  Baron  Asselin  db  Villequier  (  O.  ^),  pcemier   1819. 
Président  de  la  Cour  royale ,  membre  de  la  Chambre 
des  Dépalés  ,  rue  dé  la  Seillet  n»  10. 
i$o3.    ViTALis  ^,  ancien  Secrétaire  perpétuel  de  TAcadémie    1822. 
pour  la  classe  des  sciences;  Docteur  es  sciences  de 
rUnîTcrsité;  Professeur  éméritc   des   sritnccs  phy- 


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(  «58) 

siques  au  Collège  royal  de  Rouen  ;  ancien  ProfesMor 

de  chimie  appliquée  aux  arts;  membre  de  plotteors 

Académies  et  Sociétés  saTantes,    Curé   de   Saint- 

Eustacbe  ,  k  Paris. 
18 1 5.   Brière  ijt  ,    ConseiHer  à   la  Cour   de   cassation  ,   iSa». 

à  Paris ,  niff  de  Bondy  ,  n»  44. 
1808.   Le    Baron  Lezurivr  dk  la   Mabtel    (  O.    #  )  ,  i8a3 

ancien  Maire  de  Rouen  ,  à  Hautot 
1775.   Descamps  (  Jean-Baptiste  ) ,  Conservateur  du  Musée  iSa^ 

de  Rouen ,  membre  de  l'Académie   des  Arcades  de 

Rome  ,  rue  Beauvoisinc  ^  n»  3i. 
i8o3.   Pavie  ( Benjamin ) ,  Manufact.,  Trésorier  honoraire,   1837. 

faubourg  St-Hilahe ,  n»  75. 
1819,    Ribard  (Prosper)    ijfc  ,    ancien   Maire    de  Rouen,   i8a8. 
rue  de  la  Vicomte ,  n»  34. 

ACADÉMICIENS  HONORAIRES ,  MM. 

1824.  S.  A.  S.  Mgr  le  Cardinal  Prince  de  Crot  ,  grand  Aumônier 
et  Pair  de  France ,  Commandeur  de  Tordre  du  St-£sprit , 
Archevêque  de  Rouen,  etc.,  en  son  Palais  arckiépiscofël 

1828.  Le  Comte  de  Murât  (  C.  ^),  Conseiller  d'état, Mem- 
bre de  la  Chambre  des  Députés  ,  Préfet  de  la  Seine-Infé- 
rieure ,  en  V hôtel  de  la  Préfecture. 

ACADÉMICIENS  RÉSIDANTS ,  MM. 

i8o3.   ViGTiÉ  (Jean-Baptiste),  D.-M  ,'  correspondant  de  la  So- 
ciété de  médecine  de  Paris ,  me  de  la  Seille ,  n^  ^, 
Leteluer  ,  Inspecteur  de  TAcadémie   unitersitaire ,  rue  de 
Sotteville ,  n®  7  ,  faubourg  Sl-Seper. 

1804.   GoDEFROT,  D.-M.  y  me  des  Champs^MmUets  ^  n»  11. 

BiGKON  (  N.  ) ,  Docteur  ès-lettres ,  Professeur  émérite  de 
rhétorique  an  Collège  royal  de  Rouen  et  à  la  faculté  des 
lettres ,  offic.  de  rUniversité de  France ^rmêSinicaux ,  n^SS. 

i8o5.  Le  Baron  Chapais  db  Mabitaux  ^ ,  Conseilier  à  la  Coor 
royale ,  rue  St-^acques ,   no  10. 


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(  '59  ) 
iSo5.  Pebiaux  (  Pierre  ),  ancien  Imprimear  du   Roî ,  membre  de 
TÂcad^mie  de  Caen,    et  des  Socie'iës   d^agricolture    et  de 
commerce  de  Rouen  et  de  Caen,  ùoul.  EeauçDîsine ^  n«74. 
Mbaume  (  Jean- Jacques-Germain  ) ,  Professeur  de  mathéma- 
tiques spéciales  au  Collège  royal ,  rue  Poisson  ,  n®  3i. 

1808.  DuBUC  l*ainë ,  Chimiste ,  ancien  Pharmacien  à  Rouen  ,  mem- 

bre du  Jnri  me'dical  du  département  de  la  Sein«-Inférieure, 
de  la  Socie'të  centrale  d^agriculture  de  même  département , 
correspondant  de  TAcade'roie  royale  de  médecine  de  Paris, 
etc.,  etc.,  rue  Perciere  ^  n®  ao.  * 

1809.  DvPUTEL  (  Pierre),  rue  du  Duc  de  Bordeaux^  no  la. 

Le  Prévost  (Auguste),  de  la  Société  des  antiquaires  de 
Londres  ;  de  la  Société  royale  des  antiquaires  de  France  ; 
des  Sociétés  d^agriculture  de  Rouen ,  Caen ,  Evreux  et 
Bemay  ;  de  la  Commission  des  antiquités  de  la  Seine- 
Inférieure  ,  rue  de  Buffon ,  n»  ai. 

LiCQUKT  (Théodore),  Bibliothécaire,  à  rHôtel-de-Ville, 
i8i5.   Flaubert,  Docteur-Médecin,  Chirurgien  en  chef  de  THA- 
tel-Dien ,  rue   de  Lecat ,  n®  7. 

Leprevost  ,  Vétérinaire ,  rue  St^Laurent,  n®  3. 
181B.   Levieux  ,  Commi;sj>aire  du  Roi  près  la  Monnaie  de  Rouen  , 
à  r  Hôtel  des  Monnaies. 

1817.  Jjf  Baron  Adam   i^.    Président  du   Tribunal    de   première 

instance  ,  place  Si-Ouen ,  n®  a3. 
BuROUZEAu  ^  *!'  ,  Conseiller  à  la  Cour  royale ,  place  Sl- 

Eloi  y  n«  6. 
Leprevost  ,  Docteur-Médecin,  rue  Malpalu,  n®  11a. 

1818.  LEniXEUL  DES  GuERROTS  ^  ,  rue  de  Florence  y  no  1. 
BI,A^'CHE  ,   D.-M.  ,   rue    Bourgerue  ,    çis-à-pis   l'Hospice 

général. 
Thil  ,  Avocat ,  membre   de  la  Chambre  des  Députés ,  rue 
Dinanderie ,  no  i5. 

181 9.  Destignt,  Horloger,  place  de  la  Cathédrale. 

i8ao.    Hellis  fils,D.-M. ,  Médecin  en  chef  deTHôtel-Dien,  /»/ii<-^ 
de  la  Madeleine. 


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(  i6o) 
iSao.   Le  Comte  de  Rivaud  La  Raffinikios  (C  9)(c )  (G  0.  i)f^), 
Lieutenant- Général  commandant  la  i5«  division  militaire  y** 
rue  du  Moulinet  ,  n»  5. 

Le  Marqnis   de  Mabtainyille    ^  ,    Gentilhomme    de  la 
chambre  du  Roi ,  Maire  de  Rouen ,  rue  du  Moulinet ,  n»  ii. 
183a.   Delaqukr£è&e  (£.  )  )  Négociant,  rue  du  Fardeau,  xfi  a4- 
i8a3.    HouEL  ,  ÂTOcat ,  rue  Sénécaux  ,  vfi  10. 

LévT,  Professeur  de  mathématiques  et  de  mécanique;  des 
/académies  de  Dijon  et  Bordeanx;  des  Sociétés  académiques 
de  Strasbourg ,  Metz ,  Nantes  et  Lille  ;  Maître  de  pension , 
rue  S aittt'Patrice  ^  n»  36. 

Le  Pasquier  ^ ,  Chef  de  division  à  la  Préfecture ,  ne 
des  Bons-' Enfant  s  y  vfi  7g. 

Bes-Alleuiis  fils,  D.-M. ,  Médecin  adjoint  de  rH6tel-Dieu , 
etc.,  rue  des  Charrettes,  n°  121. 
iSaf.   L*Abbé  Gossieb  ,  Chanoine  honoraire  à  la  Cathédrale ,  ror^ /« 
Nord ,  no  i. 

Maillet-Duboullay  ,  Architecte  en  chef  de  la  Ville  ^far^' 
de  la  Romaine  ,  n»  7  a. 

Prévost  fib,  Pépiniériste,  au  Bois-Guillaume,  (  son  adresse 
k  Rouen ,   rue  du  Champ-des-Oiseaux ,  n®  68  ). 

DuBREUiL,  Direct,  du  Jardin  des  plantes,  tftf  Jardin  des  plantes, 

LAI9GL0IS  (  £.'H.  ) ,  Peintre ,  Professeur  de  dessin  à  TEcoU 
municipale,  rue  Beauçoisine^  enclave  Sainte-Mqrie, 

Le  Tellier  ^ ,  Ingénieur  en  chef  des  Ponts-et-Chaussées  , 
rue  du  Guay-Trouin. 

Reiset  ^  ,  Receveur  général  des  inZTictSyÇuaid'ffarcouri, 

HouTOU-LunLLARDiÈHE ,  ancien  Professeur  de  chimie  appli- 
quée aux  arts,  à  Dépille. 
1 8a5.    Balun  ,  Chef  de  division  à  la  Préfecture ,  rue  de  Crosne,  nfi  a. 

DuMESKiL  (Pierre),  rue  de  la  Chaîne ,  n»  ai. 
1827.   MoRiN  ,    Pharmacien  ,   correspondant  de  TAcadémie  rojale 
de  médecine ,   de  la  Société  de  chimie  médicale  de  Paris , 
de  la  Société  linnéenne  et  des  Sciences  physiques  et  chi- 
miques de  bi   même  ville;  de  la  Société   académique  dt 


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(  i60 

Nantes  >  et  de  pluiieim  aatret  Socîëtës  tafantes,  rme  Bom^ 
pnmil  r  n®  27. 
1837.  Dkvills  (  Achille  ) ,  membre  de  la  Sociëtë  des  antiquaires 
de  Normandie ,  de  la  Soci^t^  des  antiquaires  d*Écosse  ,  des 
Commissions  des  antiquités  et  des  archiTes  do  département 
de  la  Seine-InfiMeure,  et  de  la  Société    dVmulation  de 
Rooen ,  rue  de  Fontenelle^  n»  a  bis. 
i8a8.  VfKOTBiiiiBB,  D.-M.,  Chimr^en  en  chef  des  Prisons,  rue 
de  lu  Prison^  vfi  33. 
PtMOiiT  (Prosper),  Négociant,  rue  Herhiere^  n»  a8. 
1839.  Fotsi  (  AL  )  ik'f^  y  CapiUine  de  reerutement  du  départe- 
ment, bouleçurt  Beuuvoisiue  ,  n®  70. 
FLOQinvr  (A.)  fils ,  Greffier  en  chef  à  la  Cour  royale. 
GiRABDiN  (J.),  Professeur  de  chimie  appliquée  aui  arts, 
membre   de   plusieurs  Sociétés  savantes,  co-rédacteur  du 
Bulletin  nnÎTersei  des  Kienccs  et  de  Tindustrie,  rue  Beuu- 
euisiue,  ancien  iocal  Samte-'Han'e, 

ACADÉMICIENS  CORRESPONDANTS ,  MM. 

i7()6.   Le  Colonel  Vicomte  Toustain   db  Richebourg  9)(c  ,  ji  St- 
Martin-du-Manoir ,  près  Montivilliers. 

1787.  LsvAVAssKUR  le  jeune,  Officier  d'artillerie. 

1788.  Le  Baron  Desgekettes  (  C.  ^),  Médecin,  Inspecteur  gé- 

néral des  armées  ,  à  Paris  ,  quai  Voltaire  ^  xfi  i. 

1 789.  HoNNET ,  ancien  Inspecteur  des  Mines ,  à  Paris ,  rue  de  VUni- 
,  fiersité,  n®  61. 

Le  ChcTalier  Tessier  iQc  ^  ,  membre  de  Tlnstitot ,  Inspec- 
teur général    des    Bergeries    royales  ,  à   Paris ,  rue   des 
Petits-Augusiins  ^  n«  a6. 
i8o3.   GuEBSEVT  ,   Professeur  agrégé  à  la  Faculté  de  Médecine,  à 
Paris  ,  rue  du  Paradis  ,  n»  16 ,  au  Marais, 
Lhosts  ,  à  Sartilly ,  près  ATranches ,  départ'  de  la   Manche. 
Le  Comte  Cbaptal  >S<  (G.  ^),  Pair  de  France  ,  membre 
de  rinstitut,  à  Paris,  rue  de  Grenelle-St, -Germain,  no  88. 

ai 


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48o3.   Mou.E\'AULT  (C L) ,  membre  èe rim titat ,kl$if, près  Paris. 
VAhué  Dft  U  Bu£ ,  membre  de  TAcadémie  de  Cien ,  cor- 
respondant de  rinstilDt,  4  Caen. 
U  Baron  CimsB  (G.  O.  ^),  Conseiller  d'Eut,  memWt 
de  rinstitoi ,  4  Paris  ,  am  Jatëim  dm  Roi, 
1804.   BofNViLUBRSy  membre   de  l'Insthot ,  à   Paris ,  pùiîk  ne 
du  Temple ,  a»  1^ 
DaaLAKO,  D.  M.,  Proimiear  d'histoire  oaiarelle,  à  Rennes. 
1S04.   Le  Baron  DEMAoïàiuts  ^ ,  \  Pads  ,  rme  des  Fossis-MotU- 
martre, 

i8tt5.   BoiKJiBR,correspoBdaaCdtriostitvc,DiiecltwdètDooaaes, 

à  Abbe^e. 
1806.  Le  Baron  de  GiEAiiDo  (  C.  ^  )  ,  Consriller  d'Eut,  membre 
de  rinstitot ,  à  Paris ,  iw^msse  Fénu ,  ii»  7. 
Delabouissb  y  Homme  de  lettres ,  à  Paris. 
BoïcuMEUy  Arocat ,  \  Paris  ,  rue  de  VOdéom,  no  3&. 
1808.   Sebaoc,  ancien   Oflkier   de  saai^,  àCamvi,  près   Crotr 
sanvîUe. 
LAin  (Pierre-Aim^),   Conseiller  de   Prtfleetore,  Secrétaire 

de  la  Société  d'Agriculture  et  de  Commerce,  à  Caen. 
Belakct  ^y  Chef  de  difision  au  Ministère  de  Tiniérienr, 
à  Paris  ,  rue  Dupkot,  n^  14. 
■809.   F&ANCŒUR  ^  ,  Professeur  à  la    faculté  des    sciences  ,   à 
Paris  ,  rue  Ckerche^Midi ,  n»  aS. 
Hërnakdez  ,  Professeur  à  TEcoIe  de    médecine  de  la  Ma> 

rine  ,  etc. ,  à  Toulon. 
Lamoureux    (Ju&tln  ) ,  à  Bruxelles. 
1810.   RosKAT  DE  ViLLBBs  ^  Directeur  du  Dépét  de    mendirité,  à 
Amiens. 
DoBUESSOif ,  Médecin ,  à  Paris ,  rue  Èàutevilie ,  n»  ta 
Dcnois-MAisoNnEUVB,  Homme  de  lettres,  à  Paris,  rue  de 

Vaugirard  ^  xfi  36. 
DiiNis ,  D.-M. ,  à  ArçenlM,  département  de  TOme. 
Le  Marquis  de  BoNABDf-OuifESKiL ,  ancien  Officier  4e  ca- 
rabiniers, ao  Mesnrl-Lleubray ,  canton  d' A rjueil,  arron- 
dissement de  Itenfcbâtel. 


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(  i63  ) 

iSio.   DsLAmoK ,  Pharmacien ,  aecrëUirc  de  la  Société  médicafe  ^ 

à  Efreux. 
Le   Comte    Donatien   db  Srsmhis/ovs  Sft    (  C.  Hgt),  Gen- 
tilhomme  4e  la  chambre  dn  Roi,  membre  de  ia  Chambre 

des  Oépatës,  à  Paris,  nt^  de  Vaugirard ^  «<>  ai  bis. 
Saisst  ,  Docteur-Médecin ,  À  LyoDv 
Balmb  ,  secrétaire  de  la  Société  de  médecine ,  à  Lj^on. 
Leboox  dis  Tums-Pierres  ^,    Propriétaire,  aux  Trois- 

Pierres,  prèa  Sl-*Romain-de-Colbosc. 
1811.  L*Âbbé  Lkpiuol,  ancien  Recteur  de  TÂcadémie  nniversi taire 

de  Rouen  ,  à  Rennes. 
De  Lapoutb-Lalanhb  $,  Conseiller  d'Etat,  à  L*intcndance 

du  Trésor  de  la  Couronne,  atà  Carnusek 
Lbsauvaae  ,  D.-M. ,  à  Caen. 
Lafuse,  Médecin    du  Roi,  à  Paris,  ne  de   Grammont ^ 

n«  a3. 
18 1).   Hellot  iji(,  à  Paris,  rue  d*Asiorg^  nP  17. 

BouixAT  ^ ,  Pharmacien ,  à  Paris ,  rue  des  Fossés-Moni" 

martre  y  n*  17. 
L*AbbéLA  Rivière,  inspecteordeTUniversité,  à  Strasbourg. 
Briquet»  Professeur  de  jBelles-Lettres ,  à  T^iort. 
i8i3.   LAMANDé  ^ ,  Inspecteur  divisionnaire  der  Poou  et  Chans-* 

Utèy  À  Paris ,  rue  du  Regard ,  a»  i» 
Gois  fils.  Sculpteur,  à  Paris,  ^uai  Conti ^  n«  a3. 
Flaugergues  ,  Astronome ,  correspondant  de  rinstilnt  ,  à 

"Viriers. 
1814.   T ARBÉ  DES  Sablons  ^ ,  à  Paris ,  mu  du  Grand'Ckumtier^  n»  1 3w 
PâttEux ,  Peintre  ^  à  Paris ,  rue  Si-Florentin ,  n»  14.     c 
Massom  de  Saikt-Amaio)  ^,  ancien  E^fet  du  département 

de  TEure,  à  Paris,  rue  de  BelUchasse^  n»  iS. 
i8i5.   Le    Maréchal   Cumte    Jourdatt  ^  (  G.  C.  ^  ) ,    Pair  de 

France  ,  GouTernenr  de  la  7*  Dirision  militaire ,   rue  de^ 

Bourbon  i  rfi  Sa. 
PXBCXLAT,   ancien   Recteur   de    l'Académie  uniTersitiire  de 

Rouen ,  à  Paris. 
Geoffbot  I  Afocat ,  à  Valo^nes. 

ai. 


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(  »64) 

181 5.  Fabeb  ,  coiresponiUiit  de  Tlnstitat,  Ingtfniear  en  chef  des 

PonU  et  Chauftsëes ,  à  Bricoles. 

1816.  Bom,  Médecin  eo  chef  des  Hospices,  à  Boarges. 
LOESBLEUB  DES    LOHGCHAIIPS    ^,  B.-M.,  à    Parîs ,  ne  de 

Jowf  ^  no  8. 
Ddtbochet  ,  B.-M.  9    correspondant  de  rinstîtot ,  à  Gii- 
'  reaa ,    près  Château-Renault   (  Indre-et-Loire  ). 

1817.  Patih,  Bihliothëcaire  dn  château  royal  deSt-Cload ,  maître 

des  conférences  à  l'ancienne  École  normale ,  à  Paris  ,  ne 

Cassette  j  n»  i5. 
Besorhbaux  ,    Professeur  à  la   Faculté    de  Médecine,  à 

Paris ,  rue  de  l*Abhmye ,  n»  iG. 
MÉRàT  ,  Médecin ,  à  Paris ,  rue  des  Sumt^Pères ,  n»  17  i. 
HuRTREL  d*Arboval  ,  Vétérinaire ,  à  Montreoil-sar-Mer. 
MoRBAU  DB  JoKNàs  iffi  ^  ,  Chef  de  hataillon ,  correspondant 

de  rinstitnt ,  à  Paris  ,  me  Neuçe-BeUechasse ,  n»  10. 

1818.  De  GouaKAY  ,  ÀTocat  et  Doctenr-ès-Iettre s ,  à  Caen. 
Pattu  ,  Ingénieor  en  chef  des  Ponts  et  Chaussées ,  à  Csen. 
Botta  ,  Homme  de  lettres ,  à  Paris ,  ptace  StSutpiee ,  n«  8. 
Le   Comte  de  Kergariou  (O.  ^),    Pair  de    France,  à 

Paris,  rue  du  Petit-V augirard ^  n»  5. 
Le  Chcfalier  âussak  de  Chazet  (  O.  ij{(  ) ,  Homme  de 

lettres,  à  Paris,  rue  Godot ,  n»  37. 
Le  Comté  de  Montaut  ^  ,  à  Nointot ,  par  et  à  Bolbec 
Le  Marquis  Eudes  de  Mirville  ^,    Maire,  à  Gonuser- 

ville  ,  par  et  à  St-Romain. 

1819.  BocCHARt^T,  membre  de  U  Société  philotechnîqoe ,  à  Paris, 

rue  de  Sapote,  n*  19,^/^/  du  çuétt  de  ta  VatBe. 
Le  Baron  Malqoet  (  C.  ^),  ancien    Préfet  de    la  Seine- 

Inférieure  ,  à  Paris,  rue  Godot ,  n«  5. 
Depadlis  ,  GraTcnr ,  à  Paris ,  rue  St-Germain-des-'Prés  ^  n«  i5. 
i8ao.   Garlon  ,  Naturaliste ,  Rece? enr  principal   des   Douanes ,  à 
Ahhefille. 
Le  Baron  Cachin  )S^  (0.  iji^  ) ,  Inspecteur  général  des  PonU 
et  Chaussées ,  à  Paris ,  hâtel  de  lu  Monnaie. 
i8ai.   VàvB  %  ^y  Capitaine  de  génie,  au  Sénégal. 


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(  «65) 
iSsi.  BeBTHiBR,  menbre  df    rinstitil^  à  Paris,  rue  i* Enfer , 

L*Âbbë  J<kMET,  Recteur,  lostiluleiir  de«  sourds-moets ,  I  Caen. 
1812.  Chavuit  ,  Inspecteur  è^i  PodU  et  Chaussées  en  retraite  ,  à 
Ojr^,  près  la  Flèche. 
L*Abbé  La  Boudebie  ,  Graod-Vicaire  d*Â?ignon ,  à    Paris  , 

cloiirt  Notre-Dame ,  n«  ao. 
Lb  Mokicier  (  Hippolytc  ) ,  Avocat  ,  4  Paris ,  rue  Je  Vau^ 

girard  ^  vfi  ^ 
Moiiov  (  de }  i^  ,   Ingénieur  des  domaines  de  la  Couronne , 

à  Paris,  ne  Taitboui^  n*»  6. 
Thiébaut  de  Berne aud  ,  Secrétaire  de  la  Société  linnéenne , 

à  Paris ,  me  Cherche-Midi,  n*  5. 
Beughot  (Arthar),  Avocat,  à  Paru,  rue  du  faubourg  S  t,- 

Honoré,   d«   119. 
Destodet  ,  D.-M.,  à  Paris,  rue  Ste-Marguerite,  n«  3j. 
i8i3.  Chaumrtte  des  Fossés  ,  Consul  général  de  France ,  à  Lima. 
1824.  SoLUGOFFRB  ^ ,  Directeur  des  Douanes  ,  à  St.-Malo. 

EsTAHCELiH,  Inspecteur  ^t%  forêts  de  S.  A.  R.  Mgr  le  Doc 

d*Orléâxis,à  £a. 
FovTAïUES ,  Homme  de  lettres ,  à  St-Flour ,   département 

du  Cantal. 
Maixet  ^  ,  Ingénieur  en  chef  ^^^  Ponts-et -Chaussées  ,    à 

Paris,  rue  du  Regard,  n»  14. 
JouRDAV  ^  ,  D.-M. ,  k  Paris,  rue  de  Bourgogne,  no  4. 
HoNTAtoOff ,  D.-M. ,  à  Lyon. 
Bourgeois  (Ch«»),   Peintre   en   portraits,  à  Paris,  place 

Dauphine,  VP  24. 
Janvier  (Anlide),  Horloger  ordinaire  dil  Roi, à  Paris,  çuai 

Contfy  no  a3. 
Delaquesherie ,  Propriétaire-Agriculteur,  à  St-André-sur- 

Cailly. 
i8a3.  Deschamps  ,  Bibliothécaire-Archiviste  des  Conseils  de  guf rre , 

\  Paris  ,  rue  Cherche-Midi,  no  3r). 
Salcues  ,  Médecin ,  à  Dijon. 


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C  i6S) 
i8a5.  ht  Baron  Boulluuuoi  ik  »  Proctircnr  gâiéral  à  U  Cmv 

rojile  de  Rouen. 
PnuL  ^  ,  Jofe  de  pais ,  ta  HiTie. 
D'Anglbmomt  (  Edooard  ) ,  à  Pirit ,  me  de  Sm^oh ,  ■•  \^ 
Desmarest,  Professeur  à  TEcole  royile  fëtérinaire  d*Alfort, 

à  Pjiris  ,  ne  S  (Jacques  ^  o«  i6i. 
Behoist  ,  Lieatenaot  la  corps  royal  d'Éut-Major ,  è  Paris. 
JuuA-FoNTEKELLi  y  D.-M. ,    Chlmstc ,    à    Pins  y   Fue  de 

VEcoU-de-Mèdecine  ^  n*  la. 
CiviALi  ^ ,  D.-M. ,  à  Paris ,  rme  God^t-^e-Mmmrox  >  n*  3o. 
Feret,  Antiquaire,  à  Bîeppe. 

Patbtc  ^ ,  Manafactorier ,  i  Paris  ,  rme  des  Jeàmemn ,  n»  4- 
Le  Comte  Blancrard  de  la  Musse  ,  ancien  Conseiller  ai 

Parlement  de  Bretagne,  à  Montfort ,  dëp^  d*lUe-et-ViUaine. 
1826.   More  AU  (  Cësar  ) ,  Vice-Consol  de  France ,  à  Londres. 

MoRTEiiONT  (Albert),  Homme  de  Icttfct,  à  Paris,  rme  dm 

FourS i~Germmim  y  n»  17. 
Laoetbzi  ,  D.-M. ,  à  Bordeao). 
Savih  ,  D.-M.  ,  à  Montmorillon. 
Lenormatcd,  Rédacteur  des  Annales  de  Tlndostrie  nationale, 

i  Paris,  rue Percée^St^André^es-Arls ^  n»  11. 
BoïELOiEU  ^  ,   membre  de   Tlnstitut ,  À  Paris  ,  èomU^srt 

Montmartre  ,  n*  lo. 
Berçasse  ^ ,   Procnreor   général  près  la   Cour  royale  de 

Montpellier. 
1837.   Germain  ,  Pharmacien ,  ii  Fécamp. 

Hugo  (Victor),    Homme   de  lettres,  à  Paris,  rme  Noire» 

Dmme^es-Chawips ,  n«  11. 
De  Blossevillb  (  Ernest  ) ,  à  Amfrerille ,  dép'  de  TEore. 
Dr  Blossevillb  (Joies) ,  à  Paris,  rme  de  Rieheliem^  n«. 
Demaeiàres  (J.-B-H.'J.),  BoUnbte,  à  Lille. 
Malo( Charles) ,  Homme  de  leUres ,  è  Paris  ,  rme  Dmmpiime^ 

no  33. 
1828.   Le  Baron  C.  A.  de  Vahssat  (  C  i)f(  ) ,  Conseiller  déut , 

ancien  Préfet  de  la  Seine -Inférieure  ,  Préfet ,  à  Nantes. 
CoimT  I  Peintre  ,  à  Paris  ,  rme  des  BemmX'-Arts^  tfi  1. 


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(  '67  ) 

i8i8.   ViEEY  ,  Docteur-Mëdecia  ,  à  Paris ,  place  du  Panthéon. 
BorcnLS,  DocUor-Mtfdecin  ,  à  Nancy. 
Maillkt-Lacostb  ,  ProresMur  au  Collège  royal  de  Caen. 
Lautabo  ,  Membre  de  i*Acadéaiie  ,   à  Marseille. 
Dotias  ,  è  Roomare. 
Spekcbb  Smitb  ,  membre  de  b  Sociétë  des  Antiquaires  de 

Normandie  ,  à  Caen. 
Le  Baron  db  Mobtemart-Boissb  ^  ,  Membre  de  la  Société 

royale  et  centrale  d'a^ricnltore  ,  etc. ,  à  Paris ,  rue  Duphot^ 

n«  13. 
MoBni ,  Ingénieur  des  Ponts  et  Chaussées. 
18*9.  CoTTBRKAu ,  Professenr  agrégé  à  la    Faculté  de  Médecine , 

à  Paris,  rue  du  Petii-Carreau ,  n<»  19. 
Fis ,  Chimiste ,   Pharmacien  en  chef  de  ThApital  militaire  , 

PoTBL ,  D.-M. ,  à  Erreux. 
GumiiGUEn  (Ulric) ,  à  Paru. 

Cazaus  ,  Professeur  de  physique  au  Collège  royal  de  Bour- 
bon, i  Paris. 
Saiwicené  ,  Ingénieur  At%  ponts  et  chausséea ,  au  Ha? re. 

CORRESPONDANTS  ÉTRANGERS,  MM. 

1783.   Le  Chevalier  OB  Turnob,  membre  de  la  Société  des  Anti- 
quaires ,  à  Londres. 
Miss  Anna  Mooii,  à  Londres. 
1785.  Ahciuok  ,  Pasteur  de  TEglUe  française ,  à  Berlin. 
i8o3.  Le  Comte  Db  Volta  ,  Professeur  de  physique  ,  associé    de 
r Institut,  à  Pavie. 
Demoll  ,  Directeur  de  la  Chambre  àt%  finances ,  et  corres- 
pondant du  Conseil  des  mines  de  Paris ,  à  SaUbourg. 
Le  Comte  I](bbbat,  Ministre  et  Ambassadeur  de  S.  M.  le 

Roi  de  Bavière ,  i  Vienne. 
Gbffbot  y  Profesaeur  d'anatomie  à  TUnifersité  de  Glascow. 


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Goo^k 


(  168) 

t8o3.    Ekgblstoft  ,  Docteor  en  philotophie  ,   ProfeMeor  «djdBt 
d*Histoire  à  rUnîfersittf  de  Copenhi^e. 
Gatatollc  ,  Botaniste ,  k  Madrid. 
John    SniCLAiB,    Président    da    Boreaa    d*agricalt«re  ,  à 

Edimbourg. 
FABiumi ,   Math^matiâen ,  Directeur  du  Calunet  d*lu*«toirt 
naturelle ,  coirespopdant  de  Flnstitot,  à  Florence. 
i8i3.   VoGKL ,  Professeur  de  cbinie  à  TAcadénie  de  Mvnidi. 

1816.  Campbell,  Prof,  de  poésie  à  Tlnstitation  royale  de  Londres. 

1817.  Le  Chevalier  db  Kirckhoff  ,  Médecin  militaire»  à  Anters. 

1818.  Dawson  TuBifBB  ,  Bolaniite,  à  Londres. 

Le  R.  Th.  Frookall  DiBoni  ,  Antiquaire  t  à  Londres. 
1825.   Le  Comte  Vikcekzo  db  Abbatb,  Antiquaire  ,  à  Alba. 
1827.  Deloc,  Professeur  de  Géologie,  à  Genète. 
i8a8.   Brukel  ^j  Ingénieur,  inventeuret  constructeur  du  Passage 
sous  la  Tamise  ^  correspondant  de  Tlnstitut ,  à  Londres. 

SOCIÉl'ÉS  CORRESPONDANTES. 

L'Institut  j  k  Paris  ,  ag  Palais  des  Quatre^Natioms, 

L* Athénée  des  Arts  ,  à  Paris,  fue  des  Bons-Eafaats, 

La  Société  royale  d'Agriculture,  à  Paris,  à  r Hâtel-de-ViOe, 

La  Société  médicale  d'Emulation ,  \  Paris. 

La  Société  des  Sciences  physiques ,  è  Paris. 

La  Société  des  Pharmaciens ,  à  Paris. 

L'Académie  des  Sciences  ,  etc.,  k  Amiens. 

La  Société  des  Sciences,  Lettres  et  Arts,  k  Anrers. 

L'Académie  des  Sciences  ,  à  Besançon. 

La  Société  df  s  Sciences ,  etc. ,  k  Bordeaux. 

La  Société  des  Sciences ,  etc. ,  à  Bonlogne-sUf^Mer. 

L'Académie  des  Sciences,  Arts  et  Belles-Lettres,  à  Caen. 

La  Société  d'Agriculture  et  de  Commerce ,  à  Caen. 

La  Société  médicale ,  k  Evreux. 

La  Société  ^t%  Sciencea  ,  etc.  ,  k  Grenoble! 

L'Académie  des  Sciences ,  etc. ,  k  Dijon. 

La  Société  des  Sciences  ,  Lettres  et  Arts  »  à  Nancy. 


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(  i«9) 

La  SociëU  des  Sciences  et  Arts  ,  à  Niort. 

La  SociéU  des  Sciences  physiques  et  médicales ,  à  Orlëans. 

L'Académie  des  Sciences ,  etc.  ,  à  Marseille. 

If'Aradémie  des  Sciences  ,  etc. ,  Ji  Rennes. 

La  Société  des  Sciences  et  Arts ,  à  Strasbourg. 

L*Acadén)ie  des  Jeux  floraux  ,  k  Toulouse. 

La  Société  d'Agriculture ,  des  Sciences  et  des  Arts ,  i  Tours. 

La  Société  d'Agriculture ,  à  Versailles. 

L'Académie  des  Sciences  ,  etc  ,  à  Lyon. 

La  Société  des  Lettres,  Sciences  et  Arts,  ik  DouaL 

La  Société  de  Médecine ,  à  Lyon. 

La  Société  des  Sciences  et  des  Arts ,  A  Nantes. 

L'Académie  du  Gard,  i  Nismes. 

La  Société  libre  d*£mulation  et  d'Encouragement  pour  les  Sciences 

et  les  Arts ,  A  Liège. 
La  Société  d'Agriculture  ,  Sciences  et  Arts  de  la  Haute-Vienne ,  A 

Limoges. 
La  Société  d'Émulation  du  Jura ,  A  Lons-le-Saulnier. 
La  Société  académique ,  A  Mets. 
La  Société  académique,  A  Aîi. 
La  Société  d'Agriculture  ,  Sciences  ci  Arts  de  Chcrixnirg. 


»    I  ■>»(§«■  i" 


22 


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TABLE 

DES  MATIÈRES. 


Discours  d'ouoerture  de  la  Séance  publique ,  par  M, 
docteur  Le  PreQOst ,  président , 

SCIENCES  ET  ARTS. 

ïiapport  fait  par  M.  Cazalis ,  secrétaire  perpétuel   de 
classe  des  sciences , 

OUFRAGES  ANNONCÉS  OU  ANALYSAS  DANS  CE  RAPPORT 

PflTsiQUE  ET  Mathématiques. 

R^îexions  (  nowelles  )    sur  les  paratonnerres  ,  par  il 

Dubuc ,  ibj 

Discussion  de  M.  Lé^y  y   sur  le  même  sujet ,  et  réponse 

M,  Dubuc  f 
Communication  ,  par  M,  Léçy  ,   d'une   lettre  de  M.  Ga 

Lussac  y  et  d'une  autre  de  M.  Fourier ,  membre  de  Vb 

titut,  sur  le  même  sujet , 
Extrait  d'un  rapport  fait  à  V académie  des  sciences  ,  relatii 

ment  aux  dégâts  occasionnés  par  la  fourbre  sur  le  maga 

à  poudre  de  Bayonne ,  quoiqu'il  fût  armé  d'un  paratonnet 

par  M.  Lé^y , 
Rapport  sur  le  manuel  des  poids  et  mesures  ,   de  M,  Tai 

des  Sablons;  par  M.  Periauv  ,  ibi 

Correspondance  météorologique  (  2*  et  3«   cahiers  )  ,  / 

M.  Morin  ,  ingénieur  ,  ib 

Rapport  de  M,    Cazalis  sur  un  mémoire  d* optique  de 

Uourgeois ,  ib 


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(  «7*  ) 
Chimie. 

Èecherches  sur  le  prindpe  vénéheUx  et  sur  les  ptùpriélii 
tùtctoriales  du  C0T\ds\^  m.yv\\{o\\di  ^  par  M kDuhuc  t     t^ 

Examen  chimique  des  feuilles  de  corîarîa  ,  par  M,  Monn^ 
pharmacien ,  i? 

Recherches  sur  la  nature  des  principes  qui  composent  te  sang 
de  poisson  ,  par  M,  Morin  ,  l8 

Note  de  M,  Thibourmery ,  sur  la  présence  du  bleu  de  PrUssê 
dans  les  sels  de  soude  du  commerce ,  communiquée  pcf 
M,   Morin  ,  ig 

Médecine* 

De  ifuelques  fjjels  singuliers  produits  par  V usage  intenU 
'   ou  externe  de  certains  médicaments ,  par  M*  Cottereau  ;  et 

rapport  de  M,  Des  Alleurs  fils  »  19 

Mémoire  de  M.  Pattel  ^   sur  les   vers  plait.  dans  Vespèce 

humaine  ;  et  rapport  par  M,  De^  Alleurs  fils ,  ao 

Thèse  sur  F  influence  des  trasxmx  intellectuels  sur  le  système 

physùpte  de  r homme  ,   par  M,  Bégin  ;   et  rapport  de 

M.  llellis.  ai 

Recherches  sur  les  propriétés  médicales  du  charbon  de  èoii  « 

par  M,  Palman  ;  et  rapport  de  3/.  Godefiroy  ,  ibid. 

Recherches  sur  la  monomanie  homicide  ;  discours  de  rentrée 

de  M,  Leprei>ost ,  D.-M,  «  président ,  2t  et  2i 

Obsenfotions  sur  la  monomanie  homicide  >  por  M»  Vingtri- 

nier  /  2a  cf  a3 

Relew  statistiques  sur  les  enfimts  troui^s  et  sur  tes  condam* 

nattons  capitales  ;  par  M-  Fingtrinier  ,  a  4 

Dissertations    sur    les    affections   cancéreuses     du    col  de 

l'utérus  >  par  M.  Açenel;  rapport  de  M.  Vingtrinier^  a5 
Mémoire  sur  dù^ers  points  de  médecine  ;  par  M^  AQcnei ,  aS 
Mémoite  sur  les  sangsues ,  par  M.  Renaît ,  ibid. 

Histoire  naturelle. 

Notice  sur  une  espèce  de  pomme  de  terre  récoltée  à  Saint- 
Georges  ;  par  M,  Dubuc  ,  aS 


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(  »73  ) 
Jfott  sur  ta  dispatuUon  du  puceron  lanigère  ;  par  M.  Du 

Eléments  de  mfneralogie  appliquée  aux  sciences  chimùjf 

par  MM   Girardin  et  Leroq  ;  et  rapport  de  M.  Ho\ 

LabiUartitère , 
Analyse  du  domite  léger  du  Puy-de-Dôme  «  par  M.  G 

din^  i 

Ifotice  sur  des  os  imprégnés  d'une  couleur  verte  ,  trowéi 

fouis  dans  le  sol;  par  M.  Léi^y  , 
AWcf  sur  deux  veufs  de  poule  bardés  et  réunis  par  un  ce 

memliraneux  ;  par  M,  Leprés?ost ,  vétérinaire  »  i 

Des  lichens  calicidides  ,  par  M.  Aug,  Le  Prévost  ;  ra^ 

par  M*  Levieux , 
flora  Gallicay  par  M.  Loiseleur  de  Longchamps;  ra^ 

par  M.  Le  Turquier ,  i 

Catalogue  descriptifs  méthodique  et  raisonné  des  espè 

variétés  et   sous-variétés  du  genre  rosier  y  cultivées 

l'auteur  ;  par  M.   Prévost  ,  pépiniériste  ;  rapport  de 

Dubreuil^  i 

Rapport  de  M»  Levieux ,  stsr  un  Ouvrage  de  Af.  Fée^  s 

Lotos  des  anciens ,  et  sur  un  autre  de  M.  Desmatières ,  i 

Industrie.  —  Agriculture. 

B^port  de  M.  Devilk ,  sur  un  Mémoire  de  MM.  Long 

et  Chevalier  ,   contenant  l'exposé  de  plusieurs  proi 

lithographiques  , 
Notice  sur  un  nouveau  combustible  tiré  du  dépit  des  l 

de  teinture  ;  par  M.  Prosptr  Pimont ,  î 

Rapport  de  M,  Lévy ,  sur  une  brochure  de  M,  Héricar 

Thury  ,  sur  les  puits  artésiens , 
Traduction  d'un  Mémoire  de  sir  William  Con grève  ^  sur 

machine  pour /aire  marcher  les  vaisseaux  en  mer ,  pi> 
force  des  vagues  ;  par  M,  Lévy  , 
Notice  sur  la  culture  ,  le  rouissage  et  le  broyement  du  chc 

et  du  lin  dans  ce  pays  ;  par  M,  l'abbé  Gossier ,  i 


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Ëi:ole  àertt 

rapport 
Rapport  di 

Vindust» 
Détails   de 

pour  la 
Rapport  s 

d'Agn'ci 
Rapport  d 

dlLrnu/t 
Traoaux  à 

Dubuc , 

Pcrlaux 
Travcnix   i 

par  M, 
Prix  pro} 

mé.vojjie, 

Reciierci 
le  rappt 


Rapport 

par  M, 
Proclamât 

CLASSJ 

Rapport  fi 

OvrRAGES 

Rapport  à 
d'éducai 


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(  «75  ) 
Discours  de  M.  Aug*  Le  PreiH>sù ,  présidenl  de  V associât 

pour  renseignement  mutuel  ^  à  Rouen  ,  ib 

Travaux  de  la  société  de  la  morale  chrétienne ,  à  Ptuis  , 
Trtwaux  des  sociétés  correspondantes ,  ib 

ao'  et  21*  vol.  de  la  société  des  arUiquaires  de  Londres , 
EpUre  d*un  vieux  poète  à  son  ami  devenu  poète  de  coi 

par  M.  Frédéric  Lequesne  , 
Notice  sur  la  tour  de  Londres ,  par  M.  Tougard  ^  ib 

Analyse  du  précis  de  1828  ,  par  M,  Lautard  ^  de  VAcadéi 

de  Marseille  ,  ib 

Notice  sur  les  hôpitaux  de  Rouen ,  par  M,  Legras  ^  ib 

La   Domfrontienne  ,   épitre   en  vers    liljres ,  M.  de  B** 

à  M.  Casimir  Delavigne  ,  ib 

Second  extrait  des  études  poétiques  de  M.  Et,  ITiuret , 

r Académie  de  Caen  , 
Discours  de  M.    Vandeuore  ,    en    sa   qualité  de  procur 

général  à  la  Cour  royale  de  Rouen. 
Notice  historique  sur  Zivitigli ,  par  M.  F  abbé  La  Bouderie^ 
Pelage ,  tragédie  de  M.  Fée  ;  et  rapport  de  M.  Fossé , 
Voyage  dans  les  quatre  parties  du  monde ,  par  M,  AU 

Montemont ,  il 

Notice  sur  M.  Bruguière  de  Sorsum ,  par  M.  Spencer Smith^ 
Traduction  en  vers  français  du  The  Voyager ,  de  M. 

Sorsum  ,  par  M.  Ed.  Smith  ,  il: 

Groupe  de  Léda,  en  plâtre  ^  de  M.  Gois  ^  ik 

Tobie  mourant^  pièce  de  vers  de  M.  Boinvilliers ^  il 

Notice  nécrologique  sur  M.  Rêver  ,  il 

Dissertation  sur  les  portraits  de  Henry  VIII  et  de  François 

existants  à  thâtel   de   Bourgtheroulde  ,   par  M.   Dt 

quenère , 
Eloge  de   Bossuet  ,   par  M.  Fioquet  JUs  ;   et  rapport 

M*  Durouzeau  ,  il 

Réflexions  sur  Alain  Blanchard^  par  M.  Aug.  Le  Preoosl , 
Traduction  en  vers  des  Bucoliques  de  Virgile ,  par  M.  j 

Deville;  et  rapport  de  M.  Duputcly  i 


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PRÉCIS  ANALYTIQUE 

DES  TRAVAUX 

DE 

L'ACADÉMIE  ROYALE 

DES  SCIENCES,  BEIXES-LETTRES  ET  AR' 
DE  ROUEN, 

rESDAMT  i'annés  i83o. 


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science  prenai< 
fendre  d'un  se 
du  devoir  qu 
suffrages.  Je  n 
vaux  de  mes  c 
prédécesseurs  ; 
si,  dans  Panai 
présenter  ,  je 

MATHÉMATl 

=  Nous  de^ 
et  chaussées  , 
un  mémoire  si 
rosses,  M.  Men 
déclare  que  c 
MM.  les  ingéi 
des  ponts  et  ( 
cette  matière  , 
favorable    ou  c 

=   M.  Tarli 
demie  de  la  i4 
Cet  ouvrage  , 
les  nombreusoi 
jamais  confond 
on  prétend  me 
monde ,  et  qui 
spéculation.   L( 
mot  son  vTai 
tables    et    de 
^tre  appris  de  i 
dans  la  pratiq 
est  aussi  le  m; 
duclions  de  ce 


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(3) 
dVclat  sur  leur  auteur  ,  elles  leur  mérite  au  moins  la 
reconnaissance  de  leurs  concitoyens. 

=  Deux  mémoires  contenant  la  résolution  de  trois 
propositions  de  mathématiques ,  envoyés  par  M.  Gâchoi  ^ 
officier  de  la  marine  royale  ,  ont  fait  Tobjet  d^un 
rapport  de  M.  Meaume. 

La  première  de  ces  propositions  est  un  théorème 
qui  a  pour  but  de  prouver  que  de  tous  les  triangles 
inscrits  dans  un  cercle  et  ayant  pour  base  la  même  corde , 
celui  tpii  a  le  plus  grand  périmètre  est  le  triangle  isocèle. 
Ce  théorème  n'est  point  de  simple  curiosité  :  l'auteur  y 
a  été  conduit  par  une  application  assez  intéressante  à 
la  pratique  de  la  marine* 

Le  second  théorème  démontré  par  M.  Gâchot  est 
celui-ci  :  ^i  des  sommets  d'un  triangle  rcctiligne  on  abaisse 
des  perpendiculaires  sur  les  côtes  opposés ,  ces  perpendi- 
culaires se  rencontrent  en  un  même  point,  M.  Gâchot  an- 
nonce qu'il  n'a  vu  cette  démonstration  consignée  dans 
aucun  ouvrage.  Personne  ne  doutera  de  sa  bonne  foi  ; 
mais  il  est  dans  l'erreur  :  cette  démonstralion  est  connue 
et  consignée   dans  des  ouvrages  élémentaires. 

Le  second  mémoire  de  M.  Gâchot  renferme  la  solution 
d'un  problème  de  mécanique  appliquée  h  la  navigation. 
Il  s'agit  de  déterminer  l^ angle  qu'une  voile  doit  faire  atfec 
la  quille  et  aoec  la  direction  du  vent ,  pour  que  la  vitesse 
du  naifire  soit  la  plus  grande  possible.  Bouguer  a  donné 
de  ce  problème  une  solution  purement  géométrique; 
l'auteur  a  obtenu ,  à  l'aide  du  calcul  différentiel  »  une 
formule  applicable  à  tous  les  cas  d'une  route  oblique. 
Il  ne  considère  que  les  voiles  enverguées  et  bordées 
sur  les  vergues  ,  qui  sont  les  voiles  importantes  des 
bricks  et  des  trois-mâls  ;  les  autres  voiles,  appelées  voile» 
latines  f  ne  présentant  aucune  difficulté  dans  la  pra- 
tique. 

1. 


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(4) 

L'auteur  ne  se  dissimule  pas  que  Taction  du  vent 
n^est  pas  aussi  régulière  dans  la  pratique  qu^on  le 
suppose  en  théorie,  que  plusieurs  circonstances ,  comme 
la  forme,  de  la  caréné  ,  le  mouvement  des  lames , 
peuvent  favoriser  ou  contrarier  la  marche  d'un  navire  « 
et  qu'ainsi  les  résultats  du  calcul  ne  sont  pas  toujours 
confirmés  par  l'observation.  Quoi  qu'il  en  soit,  les  for^ 
mules  sont  toujours  précieuses  ,  puisque ,  étant  conve- 
pablement  modifiées  pour  la  pratique ,  elles  donnent  les 
moyens  d'approcher  du  but  autant  que  possible, 

w  II  résulte  du  travail  de  M.  Gàchot,  dit  IVT.  Neauroe, 
u  que  la  marine  possède  en  lui  un  in{>énieur  instruit 
fc  et  laborieux ,  qqe  l'Académie  doit  lui  savoir  gré  de 
«  la  communication  de  ses  mémoires,  et  que  le  rappor-^ 
«  teur  lui-m^me  éprouve  de  la  satisfaction  ïx  reconnaître 
«  parmi  ses  anciens  élèves  un  homme  distingué.  » 

=  Nous  avons  continué  à  recevoir  les  numéros  de 
l'intéressante  correspondance  météorologique  de  M.  Tin- 
génieur  Morin.  Nous  devons  le  féliciter  de  sa  persévé- 
rance I  et  de  ce  qu'il  a  déjh  décidé  un  assez  grand 
nombre  d'hommes  instruits  de  divers  pays  à  faire  les 
observations  jourpalières  et  rigoureuses  qu'il  désire  re- 
cueillir. 

.  :?  M.  Antide  Janvier  ,  membre  correspondant ,  a 
payé  son  tribut  académique  par  l'envoi  de  la  deu- 
xième édition  du  RecucH  des  machines  de  son  invention 
(  M.  Lévy  ,  rapporteur  ),  Cette  deuxième  édition  est 
augmentée  de  développements  mathématiques  d'un  grand 
intérêt  pour  le  calcul  des  rouages.  L'auteur  y  a  joint 
aussi  le  texte  des  premières  leçons  qu'il  reçut  sur  ce 
calcul  ,  de  l'abbé  Toumier ,  et  qui  sont  encore  pré- 
sentes h  sa  mémoire  ,  quoique  plus  de  cinquante  années 
se  soiei^t  écoulées  depuis  cette  époque.  Trop  instruit 


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(5) 
bienlAt  pour  ne  pas  apercevoir  le&  erreurs  de  son 
maître  ,  M.  Janvier  n'en  a  pas  moins  reconnu  que  ces 
leçons  Tout  conduit  sur  le  chemin  de  la  vérité  ,  et 
la  publication  qu'il  en  fait  aujourd'hui  est  un  hom- 
mage rendu  par  la  reconnaissance  h  un  digne  institu- 
teur ,  dont  le  nom  ne  sera  pas  obscur ,  grâce  au  mérite 
de  son  Ahve* 

=  M.  Tabbé  Crâi^el ,  curé  de  Saint-Romain  ,  a 
désiré  qu'une  commission  examinât  le  moyen  qu'il  a 
inventé  ,  et  pour  lequel  il  s'est  fait  breveter ,  par  lequel 
il  se  propose  de  faire  sonner  les  cloches  sans  les  mettre 
en  volée.  MM.  l'abbé  Gossier,  Meaume  et  Dubuc  , 
oommés  h  cet  effet ,  vous  ont  fait  connaître  leur  opinion 
par  l'organe  de  M.  Meaume ,  rapporteur.  Les  commis- 
saires ont  reconnu  qu'il  est  incontestable  , 

i^  Qu'il  sera  plus  aisé  de  sonner  les  cloches  par  ce 
procédé ,  par  lequel  des  marteaux  seulement  sont  mis 
en  mouvement; 

;i«  Que  le  clocher  sera  moins  ébranlé  ; 

3^  Que  la  cloche  sera  moins  exposée  à  âtre  fendue 
par   un  coup  brusque  et  dur  du  battant. 

MM.  les  commissaires  doutent  cependant  que^  par 
celte  manière  de  sonner  les  cloches ,  le  son  soit  trans- 
mis avec  autant  de  force  et  d'avantages  que  par  le  pro- 
cédé qui  consiste  à  les  mettre  en  volée. 

s  M.  Bnmel  a  procuré  une  seconde  fois  bl'Âcadémie 
la  satisfaction  de  l'entendre  parler  de  sa  grande  et  in- 
génieuse entreprise  pour  pratiquer  un  passage  sous 
la  Tamise.  On  voit ,  au  plaisir  que  prend  M.  Brunel 
à  entretenir  ses  compatriotes  de  ses  travaux ,  que  s'ils 
sont  exécutés  en  pays  étranger  ,  c'est  h  la  France,  au 
moins,  qu'il  voudrait  pour  ainsi*  dire  faire  la  dé- 
dicace  de  la  gloire  qu'il  en  recueille.  11  a  fait  bom- 


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(6) 

mage  a  rAcadémie  d^iin  dessio  représentant  une  conpe 
de  la  Tamise  ,  des  terrains  traverses  par  la  galerie ,  et 
de  la  galerie  elle-même.  On  y  remarque  aussi  la  coope 
d^une  première  galerie  qui  avait  été  commencée  |  et 
qui  y  selon  quelques  personnes  ^  aurait  donné  à  M. 
Brunel  Tidée  de  la  sienne.  Cette  tentative ,  faite  en 
1808  f  avait  pour  but  la  construction  d'une  simple 
galerie  de  mineur.  La  surface  de  sa  section  est  à  celle 
de  la  tonnelle  à-peu-prèsdans  le  rapport  de  1  à  61.  Elle 
avait  atteint  une  longueur  de  io4.5  pieds ,  lorsque  le 
fleuve  fit  irruption ,  et ,  quoiqu^il  n'y  eût  plus  qoe 
i3o  pieds  de  terrain  à  creuser  pour  terminer  roa- 
vrage  ,  on  déclara  qu^il  était  impossible  d'aller  plu$ 
loin.  En  1809,  on  proposa  un  prix  à  celui  qui  pré- 
senterait le  meilleur  plan  à  suivre  pour  rachèvement 
de  ces  travaux  :  des  projets  furent  envoyés  en  grand 
nombre  ;  une  commission  d'ingénieurs  fut  nommée 
pour  les  examiner.  Elle  déclara  qu^elle  croyait  impossible 
de  terminer  la  galerie  autrement  que  par  l'établisse- 
ment de*  batardeaux  ,  moyen  qui  ne  pourrait  non  plus 
être  employé  ,  vu  les  énormes  dépenses  qu'il  orca- 
sionnerait  ;  qu'elle  ne  prétendait  pas  imposer  de  bornes 
au  génie  ^  mais  qu'elle  n'apercevait  pas  la  possibilité 
de  conduire  ce  travail  h  une  fin  heureuse. 

Il  est  donc  évident  que  ce  premier  essai,  loin  de  pouvoir 
fournir  à  M.  Brunel  l'idée  de  sa  galerie  ,  n'était  propre 
qu'à  le  détourner  d'une  semblable  conception  ,  car , 
dans  des  entreprises  aussi  hardies  ^  le  non  succès  dé- 
tourne plutôt  d'un  projet  qu'il  n'y  rallie  les  esprits. 
Heureusement  que  M.  Brunel  ge  fit  aucune  attention 
à  ce  premier  travail  ,  lorsqu'il  conçut  le  sien  dix  à 
douze  ans  après  ;  mais  on  ne  peut  l'entendre  sans  intérêt 
raconter  comment  lui  vint  la  première  idée  de  l'exé- 
cution. Étant  employé  h  l'arsenal  de  Chatam  ,  il  re* 
marqua  un  morceau  de  bois  d'environ  un  pied  carréi 


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(7  ) 
qui  avait  fait  partie  de  ia  quille  d^iin  vaisseau ,  perc^ 
d'outre  en  outre  par  l'insecte  nommé  taret^  dont  la 
forme  de  la  tête  fournit  à  M.  Brunel  Tidée  de  son 
bouclier  ;  car  le  terrain  à  traverser  était  si  mauvais 
qu'il  conçut  qu'il  fallait  être  ,  pour  ainsi  dire  ,  toujours 
armé ,  pour  résister  sans  cesse  b  l'irruption  du  fleuve , 
de  même  que  cet  insecte  ,  par  la  conformation  de 
sa  tête ,  qui  porte  une  espèce  de  bouclier  ,  résiste 
à  l'irruption  de  Teau  au  milieu  de  laquelle  il  tra- 
vaille. 

M.  Brunel  a  donné  aussi  lecture  d'un  mémoire  qui 
accompagne  le  dessin  dont  j'ai  parlé ,  et  dans  lequel 
il  rend  compte  des  principaux  travaux  auxquels  il  s'est 
livré,  de  l'opportunité  de  chacun  d'eux,  et  des  obs- 
tacles qu'il  a  eus  à  surmonter  ,  s'arrêtant  particulière- 
ment aux  deux  grandes  irruptions  qui  ont  eu  lieu  ,  et 
exposant  les  moyens  qu'il  a  mis  en  usage  pour  y  porter 
remède. 

AGn  de  ne  rien  laisser  a  désirer  à  TAcadémie  ,  M. 
Brunel  a  fait  passer  sous  les  yeux  des  membres  de 
la  Compagnie  une  perspective  fort  exacte  de  la  galerie; 
ce  charmant  diorama  produit    une  complète  illusion. 

M.  Brunel  a  donné  ,  en  même  temps  ,  la  consolante 
assurance  que,  malgré  les  clameurs  et  les  menées  des 
covieux ,  il  resterait  seul  chargé  de  la  continuation  de 
ces  travaux.  Il  ne  paraît  pas  douter  non  plus  que  les 
sommes  nécessaires  pour  son  entier  achèvement  ne 
soient  prochainement  allouées* 

Il  y  a  peu  de  jours  encore  ,  il  écrivait  \k  notre 
respectable  confrère  M.  l'abbé  Gossier  :  »  ayez  la  bonté 
>»  de  donner  à  l'Académie  l'assurance  que  les  espé- 
»  rances  qu'elle  a  conçues ,  par  intérêt  pour  le  succès 
»»  de  mon  entreprise ,  ne  souffriront  point  de  mécompte. 
»  Elle  vevra  le  passage  sous  la  Tamise  terminé  par  un 
»  français  ,  par  un  de  ses  membres. 


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Evtra/t  d 


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dammeni 

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mètre,  c 
chaussée. 

«  Le  < 
sale  ;  deu: 
séparées 
rieur  de 

<«  La  i 
ment  co 

«r  La§ 
sur  38  d 

Â.  Banc  c 

B.  Couake 

galet 
un  8 
alors 
libre. 

C.  Rocher 

D.  Argile  s 

qucfc 
aTef 
4  chai 
£.  Argile 

F.  Veiofi 

leuse 
confi 
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G.  Argile  ( 
H.  Silice  fl 

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L  ITcrreîii  uiplcuz  |  contenaiit  soaTent  des  pyrites. 

J.  Argile  marbrée* 

Il  Dépôt  àt  galet  et  autres  substances ,  proyenant  des  égo^ts  de  U 

ville  ,  teb  qae  fragments  de  briques  ,  de   poteries ,  de  verreries  > 

os  I  etc.  I  etc. 


t±  La  cénue  française  est-elle  ùiférUwe  à  celle  dé 
Hollande  y  ou  un  simple  préjugé  fidt^U  préférer  cette  der^ 
iûère  ?  Telle  est  la  question  sur  laquelle  on  a  vu  quelques 
opinions  divergentes.  M«  Dubuc  avait  déjà  eu  occasion 
de  faire  connaître  la  sienne  sur  rinfëriorité  de  la  céruse 
française  :  pour  Tétayer  encore  ,  il  a  soumis  aux  regards 
de  la  Compagnie  deux  échantillons  de  céruse  ,  Tun  de  cé- 
ruse de  Hollande  ,  Tautre  de  céruse  préparée  h  Rouen  j 
qui  ont  été  etpos^s  pendant  deux  ans  au  grand  air  et  à 
la  lumière.  La  céruse  de  Hollande  a  conservé  son  beau 
blanc  mat ,  et  reflète  bien  la  lumière  ;  Tautre  est  devenue 
d'un  gris  terne  et  sans  reflet  solaire» 

s  En  offrant  à  TAcadémie  son  Traité  sur  les  pare^ 
menis  et  encollages ,  «  j'éprouve ,  a  dit  M.  Dubuc ,  d'autant 
«  plus  de  satisfaction  en  faisant  hommage  de  ce  traité 
«r  à  l'Académie ,  que  ce  fut  en  i8ao  |  dans  cette  société  ^ 
«  que  je  disposai  les  premiers  rudiments  du  travail  qui 
ce  m'a  fait  avoir  le  prix  Monthyon  ,  qui  m'a  été  décerné 
«I  par  l'Académie  royale  des  sciences»  » 

as  Le  même  membre  a  donné  lecture  d'une  notice 
contenant  l'examen  physique  et  chimique  d'une  con- 
crétion extraite  sur  le  cou-de-pied  d'un  individu  âgé 
de  quatre-vingts  ans ,  et  qui  s'était  manifestée  dès  l'âge 
de  vingt  ans.  Cette  concrétion  étant  devenue  de  la  gros- 
seur d'un  petit  œuf  de  pigeon ,  il  se  décida  à  la  faire 

a 


..  ! 


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(  »o) 
ce    qui  e,ut    lieu  sans  de  grandes  doûleuri 
et  sans  grande  effusion  de  sang. 

L'analyse  chimique  de  Ce  corps  a  prësenti: 
Eau  interposée ,  a  grains> 

Carbonate  de  chaux  mélëe  d'un  peu  de  silice ,  8  i/a 
grains. 

Pellicule ,  ou  matière  animalisée  9  1  grain> 
Gholestérine ,  ou  matière  animale  ,   i/a  grain. 

=:  Un  mémoire  de  M.  Marin  ayant  pour  titre  :  dt 
ta  bouse  de  ifoche  considérée  sous  le  rapport  de  îa  tech^ 
noiogie ,  a  paru  assez  important  à  T  Académie  pour  Teo- 
gager  à  le  faire  connaître  par  la  voie  de  l'impression. 

&p  M.  Gonfre^ille  fils ,  notre  compatriote  ,  chimiste 
du  gouvernement  à  Pondichéry  ,  a  envoyé  une  col** 
lection  de  substances  végétales  et  minérales  employées 
dans  rinde  à  la  teinture  des  étoffes ,  ainsi  que  àt$ 
échantillons  dVtoffes  teintes  d'après  les  procédés  des 
naturels  du  pays  ,  une  collection  de  graines  et  ane 
foule  d'objets  très-curieux  en  usage  dans  les  Indes* 
Parmi  ceux  de  ces  objets  qui  offrent  le  plus  grand 
intérêt ,  la  Compagnie  a  pu  remarquer  ^ 

i**  Des  échantillons  de  coton  écru  et  de  coton  teint 
à  Madras; 

a<»  Le  coquillage  appelé  chanque  dans  le  pays,  et 
qui    sert  à  lustrer  les  étoffes  dites  ^e  Madras; 

Z^  Une  pagne  coton  et  soie  ,  qui  forme  le  seul  vé-* 
tement  des  femmes  indiennes; 

4**  Un  petit  sachet  en  soie  brochée  de  diverses  cou- 
leurs ,  etc. ,  etc» 

Une  commission  composée  de  MM.  Houtou-Labil*- 
lardière  ,  Girardin  ,  Pouchet ,  Prévost ,  pépiniériste ,  et 
Pimont ,  s'occupe  de  l'examen  de  ces  divers  objets ,  et 
son  rapport  ne   peut  manquer  de  former  une  partie 


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C    M     ) 

Men  ihti5ire$sanie   des  travawt  àe  l'Acad^ime  pour  la 
prochaine  année. 

ARTS.  INDUSTRIELS. 

=;  M..  Pimont  vous  a  communiqué ,  Messieurs ,  le 
moyen  qn'ii  emploie  pour  utiliser  les  résidus  des  cuves 
de  teinture,  avec  lesquels  il  fabrique  une  tourbe  très* 
économique^ 

Outre  cet  avantage,  il  résultera^  encore  de  Temploi  de 
ce  nouveau  combustible ,  que  le  lit  des  rivières  ne  sera 
plus  encombré  par  les  matières  qui  s'y  déposent  sans 
cesse  ,  ce  qui  r«nd  le  curage  plus  long  y  plus  difHcile 
et  pks  dispendieux.  On  évitera ,  en  outre ,  de  se  mettre 
en  contravention  avec  les  règlements  de  police  ,  en  ré^ 
pandant  dans  les  rivières  des  bains  qui ,  ayant  servi  à 
U  teinture  ,  altèrent  la  pureté  de  Teau  et  contrarient 
souvent  les  opérations,  des  teinturiers.  Ce  mémoire  est 
accompagné  de  ^ombreux  détails  sur  les  expériences 
comparatives  faites  avec  le  bo's,  le  charbon  et  la  tourbe» 
eu  égard  à  la  chaleur  produite  et  h  la  dépense  ccca«- 
sioDoée   par  ces  divers  combustibles. 

=?  Le  même  membre  vous  a  fait  connattre  aussi 
h  procédé  «  de  son  invention  y  par  lequel  on  parvient 
à  filer  la  laine  çans  Temploi  de  T huile ,  ou  au  moins 
avec  une  très-grande  économie  d^huile  ,  pour  quelques, 
laines  plus  difficiles  à  filer,  et  pour  lesquelles  il  ne  pense 
pas  que  Ton  puisse  entièrement  Téviter. 

Il  ne  se  dissimule  pas  que  ,  par  suite  de  Femploi 
de  ce  procédé,  on  pourra  peut-être  décomTir quelques 
perfectionnements  h  y  apporter  ;  mais  ,  tel  quUl  est  en 
ce  moment,  il  doit  déjà  offi'ir  un  assez  grand  intérêt 
aux  fabricants  de  draps.  Plusieurs  déjà  Tont  employé 
avec  succès  et  en  ont  témoigné   leur  satisfaction. 


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(•O 

Notre  confrère  a  fait  passer»  sous  les  yeux  des  membre* 
de  la  Compagnie  ,  plusieurs  pièces  de  drap  préparée^ 
par  ce  procède,  qui,  outre  Tavantage  de  procurer  uoe  éco- 
fiomie  d'huile ,  paraît  encore  devoir  doni^er  plus  de 
consistance  h  la  couleur^ 

r=  Une  commission  composée  de  MM.  Meaume , 
des  Alleurs  et  Girardin  ,  chargée  par  T Académie  ,  sur 
l'invitation  de  MM.  Cavelier  et  C* ,  de  voir  fonctionner 
le  pétriss  ur  mécanique  ^  a  fait  son  rapport  par  Torgaoe 
de  M*  Girarâîth 

M.  le  rapporteur  décrit  d^abord  la  construction  d^ 
pétrisseur  mécanique  ,  et  expose  sa  manière  d'opérer. 

Il  combat  ensuite  Topinion  de  quelques  persomios 
qui  pensent  que  le  pain  fabriqué  par  ce  procédé  serait 
moins  nourrissant ,  parce  quMl  renferme  plus  d'eau  que 
celui  préparé  \  bras.  D'après  les  expériences  &ites  par 
Parmentier ,  les  proportions  de  deux  parties  d'eau  contre 
trois  de  farine  sont  celles  qui  fournissent  le  pain  le 
plus  nourrissant  ;  le  pain  des  boulangers  ne  contient 
ordinairement  que  cinquante  h  cinquante-deux  parties 
d'eau  contre  cent  de  farine  ;  le  pétrisseur  mécanique 
emploie  l'eau  dans  une  plus  grande  proportion  ,  mais 
en  moins  grande  quantité  encore  que  le  demande  Par- 
mentier. ^.a  manière  d'opérer  du  pétrisseur  permet 
d'employer  plus  d'eau  que  le  procédé  ordinaire ,  maif 
on  peut  en  employer  moins  ,  selon  le  goût  des  consom^ 
mateurs ,  car  il  permet  de  pétrir  aussi  ferme  et  aussi 
mou  qu'op  le  désire.  La  commission  réfute  paiement 
bien  le  second  grief,  <^ui  consisterait  en  ce  que  celle 
pâte  absorberait  moins  d'air  que  celle  préparée  à  bras. 

La  commission  présente  aussi  un  tableau  des  in-i 
.convénients  qui  accompagnent  l'ancienne  méthode  dV 
pérer,  inconvénients  qui  intéressent  fortement  les  con-. 
sommateurs  et  les  boulangers. 


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(  »3) 
«  Ces  considërations ,  dit  «a  torminant  M.  le  rap« 
«  porteur ,  sont  du  plus  haut  intérêt ,  et  votre  corn- 
«  mission  a  cru  devoir  les  exposer  avec  tout  le  dtfve- 
«  loppemeot  qu'elles  nécessitent.  £n  les  livrant  aux  mé* 
«  dilations  du  public  ,  elle  espère  qu'elles  produiront 
«(  les  heureux  résultats  '  qu'elle  en  attend  ,  savoir  de 
«  vaincre  les  répugnances  que  manifeste  la  masse  des 
«  boulangers  pour  les  pétrins  mécaniques  «  et  surtout 
«  d'engager  les  consommateurs  i  exiger  de  ceux-ci 
^  l'emploi  des  machines  qui  permettent  de  préparer 
«(  le  pain  avec  pluç  d'économie  ,  de  promptitude  ,  de 
«  soins  et  de  propreté,    » 

=  M.  Léiy  vous  a  £atit  un  rapport  sur  le  Manuel  au 
Boulanger  et  du  Meunier  ^  par  MM.  Benoît  et  Julia  Fon^ 
ttheUe*  Il  trouve  presque  tous  les  chapitres  bien  faits ,  et 
oSrant  chacun  isolément  une  notice  soMvent  intéres-t 
Mnte  ;  mais  il  ne  lui  paraît  pas  que  l'eosemble  puisse 
atteindre  le  but  qu'ont  paru  se  proposer  leur  auteur» 

HISTOIRE   NATURELLE, 

9  U.  Poucheêj  dans  son  Discours  de  réception  ^  a  suivi 
la  marche  de  l'histoire  naturelle  depuis  les  âges  les 
plus  reculés  jusqu'h  nos  jours. 

Les  premiers  naturalistes  fixèrent  leurs  regards  sur 
les  productions  du  sol  y  et  ne  purent  que  constater 
des  faits.  L'histoire  naturelle  de  Pline ,  àpqt  les  écrits 
ne  furent  précédés  que  de  ceux  d'Aristote  ,  préseatet 
plutôt  l^stoire  des  erreurs  accréditées  de  son  ^en^psque 
le  vrai  tableau  des  progrès  des  sciences^ 

Pendant  le  moyen  âge ,  l'histoire  naturelle  fut  (irap^ 
P^e  d'inertie;  elle  ne  put  se  soustraire  aux  ténèbres 
4e  l'ignorance  qui  se  répandaient  de  toutes  parts. 

Vers  le  seizièi^e  siècle  «  l'qbsefvatioq  succéda  au)c 


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(  i5) 

— M.  ffoii^/,  vice-^président,  répondant  au  rëcipien^ 
daire ,  Ta  félicité  d'avoir  senti  que  nous  ne  sommes 
plus  dans  le  siècle  des  compliments  ;  que  le  plus  sdr 
moyen  d'être  écouté  aujourd'hui  est  de  citer  des  fait3 
et  de  parler  de  choses  utiles  ;  il  se  gardera  donc  bieqi 
lui-mtîmc ,  en  paraphrasant  le  discours  de  M.  Pouchet , 
de  chercher  à  en  relever  le  mérite  h  ses  yeux  ;  mais  il 
ne  peut  s*empécher  de  le  louer  d'avoir  saisi  le  caractère 
des  naturalistes  de  Tantiquité  «  qui  n'étudiaient  l'histoire 
d'aucuil  être  que  pour  faire  tourner  le  résultat  de  leurs 
recherches  au  profit  de  l'humanité. 

:=  M.  Germain  y  membre  correspondant  de  l'Acadé- 
mie 9  lui  a  envoyé  une  Notice  sur  les  écremses  ^  et  particw 
UèremerU  sur  une  espèce  naturellement  à  test  rouge, 

GEOLOGIE. 

slVI.  Duhuc  a  donné  lecture  d'une  notice  renfer- 
mant quelques  observations  sur  quatre  produits  du  règne 
minéral,  dont  il  a  exposé  des  échantillons  aux  regards 
des  membres  de  1  Académie. 

Le  premier  porte  le  nom  de  grison^  dans  le  paya 
d'Ouche  ;  c'est ,  selon  notre  confrère  y  une  aggloméra- 
tion informe ,  dans  la  couleur  de  laquelle  domine  c  gris- 
rougeàtre.  Elle  est  caverneuse  ,  quoique  très^lourde  ; 
on  y  remarque  à  la  vue  cinq  ou  six  minerais  divers  ;  elle 
ne  produit  pas  d'étincelle  par  le  choc  du  briquet.  Le 
gissement  de  ces  cailloux  est  très-divers  :  souvent  le 
•oc  de  la  charrue  les  fait  sortir  de  terre  en  grande  quan- 
tité ,  on  les  enlève  avec  soin  ;  mais  ils  reparaissent  après 
quelques  années.  Le  grison  durcit  par  son  exposition 
prolongée  à  l'air,  et  sert  à  la  bitisse.  Il  ne  ibrme  point 
de  str^ta  dans  le  sol  s  on  le  tco^ve  disséminé.  Il  nuit 


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(  «7) 
peUs  ^  îuger  ce  diffiârend^  trop  éloigné  même  de  ce  pays 
pooravoiruaeconaaissance  suffisamment  exacte  du  point 
en  litige  ;  mais  nous  ne  pouvons  nous  empêcher  d'ap* 
prouver  notre  correspondant  de  son  zèle  h  défendre  les 
talents  et  les  bonnes  intentions  du  corps  honorable  dont 
il  lait  partie. 

=  M.  Auguste  ht  Préçost  vous  à  fait  connaître  «  Mes- 
sieurs ,  la  Topographie  géognostique  du  département  du  Cal" 
9ado$f  par  M.  de  Caumont. 

Ce  travail ,  selon  M.  le  rapporteur ,  et  celui  de  M. 
Possy  y  suscité  et  couronné  par  l'Académie  de  Rouen , 
sont  compléments  nécessaires  Tun  de  l'autre.  Il  suffira , 
pour  s'en  convaincre,  de  se  rappeler  que  notre  départe- 
ment appartient  tout  entier  aux  terrains  secondaires 
supérieurs  du  bassin  de  Paris ,  tandis  que  le  Calvados  , 
placé  à  l'une  des  extrémités  de  ce  même  bassin  et  au 
point  de  relèvement  de  toutes  ses  couches  inférieures  f 
ofSre  la  jonction  de  nos  terrains  avec  tous  ceux  qui  leur 
servent  de  base,  et  même  une  portion  de  l'immense 
coupe  dans  laquelle  les  uns  et  les  autres  ont  été  déposés» 
Cet  ouvrage  prendra  place  à  côté  de  celui  de  M.  Passy, 
tant  sous  le  rapport  du  mérite  que  sous  celui  des  ser- 
vices qu'en  pourront  tirer  nos  compatriotes. 

M.  le  rapporteur  profite  de  cette  circonstance  pour 
payer  un  tribut  d'éloge  aux  travaux  nombreux  et  variés 
de  M.  de  Gaumont. 

L'Académie  espère  pouvoir  publier  sous  peu  de 
mois  la  Statistique  géologique  du  départemetU  de  la  Seine^ 
Inférieure ,  de  M.  Passy  ;  cette  publication  ne  se  trou- 
vant retardée  que  par  la  gravure  de  la  magnifique  carte 
qui  y  est  jointe ,  et  dont  l'exécution  doit  répondre  au 
mérite  de  l'ouvrage. 

s  BI-  Girardin^  appelé  à  coopérer  aux  travaux  de 

3 


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<  ^8  5 
TAcad^nûe  ,  û  exprun^ ,  dans  un  discours  ^crU  vret  aa» 
f aat  de  modestie  que  ^'^ëlëgaRce  ,  la  roeonnaîss^ioc  ^Hl 
ëpcoaiv4i  pour  ce  qu'il  appeli(e  4a  faveur  qui  lui  a  éié 
accordée*  £a  passant  «a  ravue  ies  diverses  brancbes 
des  4;onaaissaoces  humakies ,  l«  récipiendaire  remarque 
qu'à  chacune  déciles  se  rattachent  bien  honorablement  les 
travaux  de  plusieurs  hommes  qui  ont  illustré  par  leurs 
écrits  les  différentes  époques  que  -t'Acadëgiie  a  Irarer- 
«ées  >depuis  sa  fondation* 

La  Compagnie  a  éprouvé  uoe  toachante  H  visitle 
i&nodon ,  lorsque ,  après  4(es  noms  des  Lecat ,  des  Gide- 
|éU«,  des  FoateneH«,  des  Pinard ,  des  Damboumajrt 
jdes  i>eseroiKÎiUes ,  elle  a  entendu  prononcer  ceux  de 
MM.  Marquis  et  Le  T«i;quier ,  qui  n'ont  disparu  pour 
aânsi  dire  que  depuis  peu  de  jours  du  milieu  de  nous. 
fi  Citernes  nomç,  a  dit  M.Girardin,  cVst  réveiller  pour 
m  .vous  «t  pour  vos  concitoyens  des  souvenirs  de  gloire 
f(  ÀosA  vjûus  éies  fiers.  Le  temps  qui  promène  sa  but 
Pi  desftrudrice  sur  nos  empires ,  et  se  platt  à  niveler  les 
¥  plus  fautes  comme  les  plus  obscures  destinées,  res- 
M  pec^  tottjonrs  les  4'eaoraraées  fondées  sur  le  talent 
/r  et  1  amour  du  bien  public  ;  et  i  ce  titre  la  mémoire 
€i  des  aavaats  modea^s ,  des  artistes  laborieux ,  des 
«  poètes  aimables  ,4«it ,  tous  dans  la  sphère  qui  leur  est 
<c  propre ,  s'efibrceat  à  faire  chérir  la  vertu  et  à  rendre 
il  lus  hommes  raeîHettrs ,  survivra  h  la  destruction  de 
«  nos  sociétés ,  comme  nous  avons  vu  les  célébrité^  de 
»  reiii#quké  ressortir  plus  brillantes  des  ténèbres  de  la 
«  Jbarbane  dans  lesquelles  ettes  furent  ensevelies  pen- 
«  dant  taat  d'Muiées.  y 

«T-  IMl.  Hçud^  .vicerpcésîdent  y  4laiis  sa  réponse  )  H. 
Girardin  ,  le  félicite  des  succès  que ,  feune  encore  ,  il  a 
obtenus  dans  les  sciences  et  dans  les  arts.  <«  Vous  devei 
^  Q9M»  4jre  part ,  a  ^^outé  M.  }e  vice^préâdeat ,  ^im 


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«  travail  sut  les  Vbtcans ,  et  cfejï  j'ai  éù  lé  prîvîlVgé 
«  dé  lé  lire  :  je  voudrais  être  assez  savant  pour*  que 
«  rtion  sùffîragé  fût  de  quelque  importance  pour  vous  ; 
«  mais  je  dois  iùe  borner  à  vous  dire ,  qu'élevé  Sôus 
"  les  yeux  (ïe  Jean  Hôuel»  rtïon  ortcte ,  auteur  du  Voyagé 
"  en  Sicile  y  et  ayant  appris,  pour  ainsi  dire,  tu  lire  dans 
«  la  description  des  éruptions  volcani(}ués ,  f  éprouve 
«  combien  il  est  utile  d^analyser ,  avec  le  secours  de  là 
"  science ,  ce  que  tes  arls  nous  avaient  seuleitiént  ap- 
«  pris  à  admirer.  » 

=M.  Girardin  a  communiqué,  en  effet ,  b'FAcadémie  un 
Mém^îrg  sur  les  Volcans ,  dont  je  vais  tâcher  de  présenter 
au  moins  le  plan ,  dans  l'impossibilité  où  je  me  trouve 
d'en  parler  aussi  longuement  que  fe  demanderait  le 
sujet. 

Ce  mémoire ,  divisé  en  cinq  parties ,  offre ,  dans  îa  pre- 
Tnière,  la  valeur  des  principaux  termes  en  iisage  ,  fexa- 
mcn  et  la  discussion  des  diverses  classifications  des  ter- 
rains volcaniques. 

Dans  la  deuxième  partie ,  M.  Girardin  établit  les 
caractères  g^ognostiques  et  minéralogiques  des  terrains 
volcaniques  ;  et ,  dans  la  troisième,  il  examine  la  positioti 
géognostique  et  géographique  des  volcans  à  ta  surface 
du  globe  ,  sans  omettre  la  considération  des  volcans 
sous-marins  ,  particulièrement  ceux  de  PArchipel  grec  et 
de  l 'Archipel  des  Açores  ;  de  quelle  manière  ils  donnent 
naissance  à  ces  îles  que  l'on  voit  sortir  de  temps  à 
autre  du  sein  de  la  mer.  Les  détails  circonstanciés  sur 
un  grand  nombre  d'entre  elles  ne  permettent  pas  de  ré- 
voquer en  doute  que  le  fond  de  la  mer  ne  soit  cou- 
vert de  bouches  ignirémes  comme  le  continent ,  et  que 
le  feu  n'agisse  avec  autant  d'intensité^  dans  ces  profon- 
deurs que  sur  nos  côtes. 
Dans   la*  quatrième  partie  ,  M.   Crirardin  décrit  les 

3. 


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(ao) 
phénomènes  que  présentent  les  volcans  dans  leurs  mo- 
ments d'activité  et  dans  leur  état  de  repos.  Dans  cette 
partie  si  curieuse  de  son  ouvrage  ,  notre  confrère  a  con- 
tinué à  réunir,  dans  un  cadre  habilement  approprié  au 
sujet)  toutes  les  dissertations  les  plus  importantes  qui 
ont  été  faites  sur  les  volcans.  Et ,  quoiquHl  ne  se  soit  at- 
taché ensuite  qu'à  une  description  exacte  et  concise  de 
Tordre  dans  lequel  ces  phénomènes  se  succèdent  dans 
le  plus  grand  nombre  de  cas ,  il  a  su  les  exposer  avec 
ce  charme  de  style  qui  rend  le  lecteur  pour  ainsi  dire 
témoin  du  terrible  et  magnifique  spectacle  d'une  éruption 
volcanique. 

Dans  la  cinquième  partie  ,  il  se  livre  à  Texamen  cri- 
tique des  diverses  théories  que  Ton  a  tour-à-tour  ad- 
mises pour  expliquer  l'origine  des  phénomènes  volca- 
niques. 

D'abord ,  celle  de  Lémery ,  comme  la  plus  ancienne- 
ment émise ,  qui  les  attribue  à  la  réaction  du  soufre , 
du  fer  et  de  l'eau  qui  se  trouvent  dans  le  sein  de  la 
terre.  Cette  hypothèse  est  détruite  par  la  nécessité  de 
la  présence  de  l'air  pour  l'inflammation  du  mélange, 
et  par  l'impossibilité  de  son  introduction  pendant  le 
phénomène  de  l'éruption.  D'autres  objections  non 
moins  fortes  se  réunissent  pour  détruire  de  fond  en 
comble  cette  théorie,  qui  est  toute  spécieuse. 

Passant  en  revue  les  hypothèses  des  géologues  de  la 
fin  du  dix-huitième  siècle ,  M.  Girardin  examine  tour 
h  tour  celle  de  Werner ,  dont  Topinion  est  professée  en- 
core par  quelques  naturalistes,  qui  pensent  que  les 
volcans  sont  produits  par  l'embrasement  des  couches 
de  houille  et  de  pyrites  qui  s'enflamment  lorsqu'elles 
sont  humectées  par  les  eaux,  et  que  notre  confrère  dé- 
montre être  complètement  fausse  ;  celle  de  Breislacl , 
qui  a  supposé  que  le  pétrole  était  la  matière  qui  oc- 
casionnait les  éruptions ,  théorie  qui  n'a  pas  plus  de 


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(  ,al  ) 

fondement  que  la  prëcédente  ;  celle  de  Bernardin  de 
Saint-Pierre ,  prosateur  habile  et  mauvais  physicien , 
qui  a  jpris  le  plus  souvent  ses  rêveries  ppur  des  rëalilés , 
et  qui  n'a  pas  été  plus  heureux  dans  son  explication  de 
la  formation  des  volcans  que  dans  sa  théorie  des  marées  ; 
celle  de  Patrin ,  dont  Texposë  suffit  à  la  réfutation  ;  celles 
enfin  de  plusieurs  autres  géologues,  qui,  dans  leurs  expli- 
cations ,  n'ont  été  ni  plus  satisfaisants ,  ni  plus  habiles 
que  leurs  prédécesseurs. 

Arrivé  à  l'hypothèse  de  sir  Humphrey  Davy ,  M,  Gi- 
rardin  la  discute  avec  d'autant  plus  de  soin  que  le  nom 
justement  célèbre  de  son  auteur  peut  lui  donner  une 
plus  grande  autorité;  il  ne  balance  pas  h  la  repousser, 
après  l'avoir  examinée  et  discutée  avec  autant  d'indépen* 
dance  que  d'impartialité. 

Après  avoir  paiement  exposé  et  examiné  celles  de 
MM.  Gay-Lussac  et  Brongniard  ,  notre  confrère  trouve 
qu'elles  reposent  sur  des  faits  trop  peu  certains  pour 
qu'on  puisse  les  adopter  comme  l'expression  de  la  vérité. 

Arrivant  enfin  aux  opinions  émises  par  les  géologues 
les  plus  distingués  de  nos  jours ,  il  expose  la  théorie  des 
neptuaiêns  et  celle  des  vukanistes  ou  plutonistes  ^  sur  l'état 
antérieur  et  actuel  de  notre  globe. 

Après  avoir  déduit  les  nombreuses  conséquences  qui 
en  résultent,  M.  Girardin  expose,  d'après  Cordier',  la 
formation  des  volcans.  Les  phénomèmes  volcaniques  lui 
paraissent  être  un  résultat  simple  et  naturel  du  refroi- 
dissement extérieur  du  globe ,  un  effet  purement  ther- 
roométrique. 

La  vérité  de  cette  théorie  est  d'autant  plus  plausible , 
qu'aucuns  des  phénomènes  connus  qui  accompagnent 
les  éruptions  volcaniques ,  ne  viennent  la  contrarier  ;  que 
tous,  au  contraire,  sont  expliqués  avec  son  secours  de  la 
manière  la  plus  satisfaisante. 

Ce  mémoire  est  terminé  par  une  litte  raisonnéè  de 


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Mus  Tés  vofcjnâ  aefueAement  brâlanats  i  la  surface  du 
globe. 

Tel  est  le  rapide  aperçu  des  considérations  renfermées 
dans  ce  m<^moire,  dont  la  lecture  a  occupé  six  des 
séances  de  ^a  Compagnie ,  sans  avoir  cessé  un  sevl  instant 
de  fixer  vivement  ('attention  de  ses  membres.  JVprou- 
verais  beaucoup  de  regret  d'avoir  été  obligé  d'en  parler 
aussi  brièvement ,  si  1* Académie  n'avait  pris  la  résolu- 
tion de  le  faire  imprimer  en  entier ,  ce  qui  permettra 
aux  amateurs  de  la  science  de  le  lire  et  de  le  méditer 
a  loisir. 

BOTANIQUE. 

=:M.  Lecoiji  y  professeur  d'histoire  naturelle  à  Clermoot, 
était  déjà  connu  par  sa  coopâation  aux  Eléments  de 
Minéralogie  de  M.  Girardin ,  qui  ont  ouvert  à  ce  profes* 
seur  les  portes  de  l'Académie.  C'est  en  présentant  ua 
nouvel  ouvrage ,  ayant  pour  titre  :  Précis  élémentaire  de 
Botanique  j  qu'il  a  demandé  ,  h  son  tour  ,  h  partager  les 
travaux  de  la  Compagnie. 

MM.  Blanche^  Duàreuii  et  Paucheli  rapporteurs,  Mt 
rendu  un  compte  fort  avantageux  de  cet  ouvrage,  dont 
le  plan ,  suivant  la  commission ,  est  tel  qne  rien  d'essen- 
tiel n'a  pu  y  être  omis. 

a  Je  ne  trouve  ,  dit  M.  le  rapporteur ,  qu'un  seul  in- 
«  convénient  dans  cet  ouvrage  ,  du  reste  excellent  sons 
n  tous  les  rapports ,  c'est  un  peu  de  monotonie ,  dont 
«  la  source  est  dans  la  méthode  rigoureuse  qui  y  règne 
le  constamment  et  dont  l'art  n'a  point  cacheté  cadre ,  en 
«  le  dérobant  sous  les  agréments  d'une  élocatîonétéganfe 
«  et  variée  ;  mais ,  blLlon«->tioii$  de  le  dire ,  Taiiteurfirit 
(«  bien  agréablement  oublier  ce  défaut  ;  quand  il  traite 
«  de  pins  importantes  fonctions  de  la  vie  végétale  i  et 


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(a3  ) 
«  il  iroiBre  ^ttoes,  pour  .les  4éerke ,  une  grâce  toute  nou- 
«  vdk.  » 

ssM.  JkAme^  «««imofiçftnt  un  travail  étendu  sur  le 
phùoiueca  duandn ,  fck  eonnillre  provisoirement  que  , 
contre  une  opinion  qui  lui  avait  été  communiquée  , 
cette  plante  de  TAmérique  ^méridionale  peut  supporter 
nos  forts  hivers  e€  ^rivre  dans  nos  climats,  comme  le 
lui  a  prouvé  une  expérience  de  trois  années. 

M.  Pubuc  a  pnésenté  k  l'Académie  deux  plantes  du 
pbiiiolfl£C0  j  dont  l^jfue  est  beaucoup  p1i|s  Ibrte  et  phis 
âev)ée  que  TajMlre ,  ce  ^'il  ^Uri}>ue  à  rinftuepce  d'un 
arrosemefit  fint  avec  le  muriate  de  cha«x ,  qu'il  regarde 
coince  fin  puî^saBi  stinmUafr-vi^étattf. 

is  VfSsiai^  noàirelig  ei  médicale  de  la  fcamtte  des 
^lmé€S  yj0^s  jà  4$é  nfferte  par  M.  Pauchet 

Dans  la  preniière  partie,  M.  Pouchet  s'efforce  de 
venger  cette  famille  des  épithètes  injurieuses  par  les- 
qnetlcs  on  la  désigna  iong-temps.  Après  avoir  exa- 
miné Icor  aspect  sous  divers  climats  et  leurs  propriétés 
m^caitts ,  U  fait  un  brillant  tableau  des  désordres  qu'elles 
produisent  dans  l'organistttion  physique  et  morale , 
lorsqu'elles  sont  données  h  des  doses  immodérées.  Le 
genre  meoHana  ,  auquel  nous  devons  te  tabac ,  a  été  pour 
M.  Pouchet  l'objet  d'intéressantes  recherches.  Dans  la 
seconde  partie  de  son  ouvrage ,  l'auteur  décrit  avec 
beaucoup  de  soin  et  d'exactitude  tous  les  genres  de  la 
fannUe  d«^  solanées  et  leurs  espèces  principales ,  indi- 
quaatméme ,  pour  quelques-unes,  des  caractères  qui  jus- 
qu'alors étaient  restés  inaperçus. 

Tel  est  en  substance  le  rap^rt  fait  sur  cet  ouvrage  , 
fw  M.  Bhmehe ,  rapporteur ,  chargé  de  son  examen  ayçc 
MM.  Duùreidl  et  Le  PrépBst^  médecin. 

«  Volve  commission ,  dit  en  terminant  M.  le  rappor- 


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(ai) 

n  teur  ^  est  heureuse  de  a'avoir  que  des  âoges  à  donner 
«  à  Touvrage  dont  elle  vous  rend  compte  ;  l'ordre  et  h 
«  clarté  avec  lesquelles  de  nombreuses  et  intéressantes 
«  observations  y  sont  énoncées ,  placent  son  auteur  dans 
«  un  rang  fort  distingué  parmi  les  savants  et  les  amis  des 
«  sciences  naturelles.  » 

MÉDECINE  ET  CHIRURGIE. 

s  Chargé  de  faire  connaître  l'ouvrage  de  M.  le  doc- 
teur Aventl  sur  plusieurs  nouveaux  procédés  pour  com- 
battre le  phimosis  et  le  paraphùaosis ,  M.  Blanche  partage 
Topinion  de  ce  médecin ,  qui  préfire  le  procédé  opéra- 
toire employé  par  M.  Li^anc  à  tous  les  autres»  M.  le 
rapporteur  regarde  le  mémoire  de  M.  Avenel  comme 
Tœuvre  d'un  médecin  instruit ,  qui  sait  unir  aux  avan- 
tages du  style  et  de  l'â'udition ,  une  critique  prudente  et 
mesurée. 

=  Nous  devons  aussi  à  M.  Blanche  le  compte  rendu 
d'une  Thèse  sur  les  kystes  hydatifères  du/oie ,  soutenue  par 
M.  Debouis  devant  la  faculté  de  médecine  de  Paris ,  et 
dont  l'auteur  a  fait  hommage  à  l'Académie. 

«  Remercions  M.  Debouis ,  dit  M.  Blanche ,  de  noos 
<«  avoir  communiqué  ses  intéressantes  observations ,  et 
*(  félicitons-le  d'avoir  si  bien  profité  des  exemples  et  des 
«  préceptes  de  ses  illustres  maîtres.  » 

=  Organe  d'une  commission  composée  de  MM.  Flau- 
bert ,  des  Alleurs  et  Le  Prévost ,  M.  Le  Preçosi  a  rendu 
compte  de  l'ouvrage  de  M.  le  docteur  Chapannier^  ayant 
pour  titre  Physiologie  des  gens  du  monde. 

La  commission  ne  pense  pas  que  cet  ouvrage  soit 
véritablement  à  la  portée  des  personnes  étrangères  aux 
sciences;  elle  ne  partage  pas  non  plus  l'opinion  ie 


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Paat^ur,  qui  pense  que  ce  n'est  pas  f^mme  seul  qui 
parfois  termine  ses  jours  par  un  suicide;  qu'il  y  a 
aussi  des  animaux  qui  se  donnent  la  mort,  et  ed 
elle  pour  exemple  un  chien  qui ,  ayant  vxi  son  maître 
passer  sous  la  glace ,  ne  voulut  plus  quitter  Tendrait  où 
il  Tavait  vu  disparaître ,  refusa  tout  aliment ,  et  mourut 
victime  de  sa  fidélité.  «  Mais  j  dit  M.  le  rapporteur , 
«  mourir  de  chagrin  ou  de  joie ,  ce  n'est  pas  là  un  sui- 
«  cide ,  et  il  n'y  a  que  l'homme  qui ,  par  le  dérèglement 
«  de  ses  passions ,  se  porte  h  ce  coupable  excès,  m 

Nonobstant  ces  observations ,  la  commission  se  plaîc 
à  reconnaître  que  le  style  de  l'ouvrage  est  pur  et  agréable, 
et  qu'il  annonce  de  grandes  connaissances  dans  son 
auteur. 

=:  Combien  sont  à  plaindre  ces  infortunés  privés  d^ 
la  raison ,  qui ,  distinguant  l'homme  de  tous  les  étre^ 
créés,  le  rapprochent  de  son  créateur!  combien,  par 
suite,  ne  devons-nous  pas  de  reconnaissance  aux  hommes 
estimables  qui  consacrent  leur  vie  au  soulagement  de 
cette  classe  malheureuse  !  Notre  département  a  vu  des 
premiers  s'élever  un  asile  spécial  pour  les  aliénés ,  qui  y 
reçoivent  les  soins  les  plus  généreux  et  les  mieux  entendus» 
Mais  cet  hospice  ne  pouvait  procurer  tout  le  bien  qu'on 
en  espérait  qu'autant  que  ces  soins  seraient  dirigés  par  un 
médecin  habile  et  zélé.  Nous  ne  pouvions  que  nous  féli- 
citer d'y  voir  placé  un  élève  du  célèbre  Esquirol,  et  si  les 
talents  distingués  de  M.  FovîUe  n'étaient  déjà  connus ,  on 
ne  tarderait  pas  à  en  concevoir  la  plus  haute  idée  par  la 
lecture  de  ses  ouvrages.  M.  Blanche  a  mis  l'Académie  à 
même  de  les  apprécier ,  en  lui  offrant  l'analyse  d'un  Mé^ 
moire  sur  V Aliénation  mentale^  dont  M.  Foville  est  auteur, 
et  qui  avait  été  soumis  à  l'examen  de  MM.  Blanche , 
Godefiroy  et  Vigne.  M.  Foville  ,  en  conservant ,  dans 
son  mémoire,  les  divisions  principales  établies  par  M. 
Eiquirol  »   tes  a  cependant  modifiées  de  manière  à  en 

4 


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(36) 

rendre  IVtude  plus  facile  et  plus  claire*  Il  cUvise  tes 
symptAmes  de  cette  redoutable  maladie  en  trois  ordres 
principaux,  selon  qu'ils  se  rapportent  à  la  seosibiliiéf 
aux  fonctions  intellectuelles  ou  aux  mouvements  mus- 
culaires. 

Dans  le  premier  ordre,  lauteur  place  les  fausses 
perceptions,  qu'il  distingue  en  spéciales  et  en  générales, 
et  qui  peuvent  exister  avec  ou  sauf  altération  des  organes 
ou  des  parties  auxquelles  elles  sont  rapportées  ;  cite 
un  grand  nombre  d'exemples  de  ce  genre  de  folies,  et 
termine  ses  remarques,  sur  ce  premier  caractère,  en  assu- 
rant que  les  aliénés  qui  éprouvent  les  fausses  perceptions 
sont  toujours  les  plus  dangereux  pour  eux-mêmes  et  pour 
les  personnes  dont  ils  reçoivent  des  soins. 

Dans  le  deuxième  ordre ,  M.  Foville  comprend  les 
désordres  des  facultés  intellectuelles ,  morales  et  affec- 
tives. Ces  désordres  se  présentent  sous  deux  formes 
différentes.  Liante ur  fait  ressortir  avec  toute  la  puissance 
d^un  style  entraînant  les  caractères  de  chacune  de  ces 
anomalies  des  fonctions  intellectuelles. 

Le  troisième  ordre  des  symptômes  de  Taliénation  men- 
tale comprend  les  désordres  du  mouvement ,  qui  consis- 
tent dans  une  altération  passagère  et  locale,  ou  dans  une 
altération  générale  et  persévérante  des  mouvements  volon* 
iaires ,  désignée  sous  le  nom  de  paralysie  des  alîëhës. 
M.  Foville  est ,  selon  la  commission  ,  un  des  premiers 
médecins  qui  aient  bien  connu  et  bien  décrit  cette 
redoutable  maladie ,  dont  la  marche  leote  et  progressive 
conduit  le  malade  à  une  mort  inévitable. 

La  commission  rend  à  M.  Foville  le  témoignage  que 
ses  recherches  sur  Taliénation  mentale  ne  décclent  pas 
moins  Técrivain  éloquent  que  le  médecin  philosophe 
et  profondément  observateur. 

s  Admis  au  nombre  des  membres  résidants  de  TAca- 


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(^7) 
définie ,  IVL  FooiUe  f  dans  son  discours  de  réception ,  a 
exprime  à  la  Compagnie  les  sentiments  de  sa  vive  re- 
connaissance,  et  a  su  faire  apprécier  de  nouveau  ses 
titres  à  cette  admission,  par  la  lecture  d'une  Disseria/à>n 
sur  Vét4d  des  aliénés  frappés  des  désordres  connus  sous  le 
nom  d^hallucination.  Je  regrette  de  ne  pouvoir  suivre  M.  le. 
docteur  Foville  dans  les  détails  qu'offre  son  mémoire, 
et  auxquels  il  a  su  donner  un  si  vif  intérêt  qa^on  ne 
peut  les  entendre  sans  éprouver  une  douloureuse, 
compassion  pour  les  infortunés  qu'ils  concernent  ;  mais, 
un  intérêt  plus  grand  encore  ressort  de  la  partie  du 
mémoire  dans  laquelle  M.  Foville  examine  cette  question 
sur  laquelle  s'est  élevée  ,  de  nos  jours ,  une  controverse 
animée  :  £xiste-t-il  une  monomanie  suicide ,  homicide? 
Il  pense  qu'elle  serait  bientôt  résolue ,  si  l'on  pouvait 
reconnaître  qu'elle  peut  être  traduite  par  cette  autre  :  Les 
hallucioalions  peuvent-elles  porter  au  meurtre  des  autres 
et  de  soi-même  ?  Il  se  croit  fondé  à  résoudre  afiirmati^ 
vement  cette  question. 

NoU'e  nouveau  confrère  accDrde  d'autant  plus  d^m- 
portance  aux  hallucinations,  qu'au  lieu  de  les  reléguer 
dans  la  cat^orie  si  nombreuse  des  symptômes  des 
infirmités  mentales ,  il  les  regarde  comme  caractère  fon- 
damental d'une  grande  classe  de  ces  maladies,  con- 
sidération dont  la  théorie  et  la  pratique  peuvent  tirer 
un  grand  parti. 

«  La  Compagnie  ,  dit  M.  le  comte  de  Murât ,  dans 
«  sa  réponse  au  récipiendaire ,  qui  se  félicite  de  compter 
«  dans  son  sein  plusieurs  des  hommes  éclairés  qui  ont 
«  consacré  les  études  et  les  soins  de  toute  leur  vie  à 
«  cette  science ,  la  première  de  toutes  pour  Thumanité 
«  souffrante ,  qui  exige  tant  de  travail  y  tant  de  connais- 
«  sances  théoriques ,  tant  de  discernement  et  d'habileté 
«  dans  les  applications ,  ne  pouvait  négliger  d'acquérir 
9  encore   celui  qui  s'est  livré  plus  spécialement  à  la 

4. 


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(a8) 
«  partie  de  la  science  médicale ,  qui  ofire  peut-être  le 
*f  plus  dHntérét    a  l'observateur,   au   philantrope-,  au 
«  moraliste.   » 

Suivant  ensuite  M.  Foville  dans  sa  dissertation  sur 
les  hallucinations ,  M.  le  président  demande  si  un  tel 
état  ne  se  rapproche  pas  de  celui  où  le  sommeil  nous 
plonge,  et  si  la  magie  des  rêves  ne  présente  pas  une 
frappante  analogie  avec  les  phénomènes  de  rhalluci- 
nation  ;  puis,  examinant  en  particulier  Tétat  dHdiotisme, 
cite  des  faits  dont  il  a  été  témoin  ,  qui  portent  âr  croire 
que  les  malheureux  plongés  dans  ce  triste  état ,  ne 
sont  plus  mus  que  par  un  instinct  semblable  à  celui 
qui  dirige  quelques  animaux. 

Après  des  développements  pleins  d'intérêt,  M,  le  comte 
de  Murât  continue  en  ces  termes  :  «  Dans  des  temps 
«  d'ignorance  et  de  superstition ,  on  attribuait  divers 
«  effets  de  Faliénation  mentale  h  des  causes  surnaturelles, 
w  Le  développement  successif  des  lumières ,  les  progrès 
«  de  la  science  et  de  la  raison ,  ont  fait  justice  de  ces 
«  idées  fantastiques,  ont  substitué  le  vrai  au  mer\'eilleux, 
«  l'examen  des  faits  et  la  déduction  de  leurs  consé- 
((  quences  aux  hypothèses  et  aux  préjugés,  un  système 
«  rationnel,  enfin ,  aux  théories  de  l'absurde.  Toutefois 
«  les  hommes  les  plus  savants  ne  sauraient  se  flatter  au- 
«  jourd'hui  d'expliquer  tous  les  phénomènes  de  Taliéna- 
«  tion.  Il  reste  des  faits  inexplicables ,  des  questions  inso- 
«  lubies  dans  un  sujet  qui  semble  réunir  tous  les  mystères 
«»  de  rhomme ,  toutes  les  abstractions  de  la  méta- 
«  physique.  Peut-être  même  est-ce  h  ce  motif  que  tient 
n  l'intérêt  qu'inspire  généralement  l'aliénation  mentale. 
«  On  ne  saurait  en  donner  une  preuve  plus  convain- 
«  cante  que  cette  curiosité,  mêlée  de  tristesse  et  de 
a  pitié,  qui  nous  porte  vers  les  malheureux  qui  en 
«  sont  atteints,  le  plus  souvent,  pour  avoir  éprouvé, 
«<  dans  toute  leur  exaltation ,  des   sentiments    qui  ne 


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«  nous  sont  pas  étrangers ,  ou  des  malheurs  qui  peu* 
«  vent  devenir  les  nôtres.  » 

En  terminant  cette  éloquente  réponse  h  M.  Foville , 
et  après  lui  avoir  rappelé  que  ses  talents  et  ses  efforts 
ajoutent  encore  à  la  réputation  du  bel  établissement 
confié  à  ses  soins ,  «  je  me  félicite  aujourd'hui ,  dit 
«  M.  le  président,  de  pouvoir  joindre  au  suffrage 
«  flatteur  de  mes  honorables  confrères,  les  éloges  de 
«  Tadministration  et  l'expression  de  sa  gratitude.  » 

==  L'opération  de  la  pupille  artificielle ,  Tune  des 
plus  délicates  de  la  chirurgie ,  a  été  faite  par  M.  Vmg- 
trinier ,  sur  le  nommé  Vanier ,  qui  avait  perdu  la  vue 
par  suite  d'un  coup  de  feu.  Cet  homme  a  été  pré- 
sente à  l'Académie  ;  les  membres  de  la  G>mpagnie , 
et  particulièrement  MM.  les  médecins  présents  à  la 
séance ,  ont  pu  s'assurer  du  succès  de  l'opération ,  qui 
a  été  faite  par  le  procédé  de  Wenzel ,  c'est-à-dire  par 
excision. 

=M.  le  docteur  BonfUs  fils  aîné,  de  Nancy,  vous  ayant 
^nvoyé  un  Mémoire  à  consulter  sur  un  cas  de  dwision  congé- 
nlale  du  palais,  et  sur  une  modification  de  l'opération  delà  star 
phyloraphicj  MM.  Flaubert^  Blanche  et  Fingùinier^  rappor- 
teur, furent  chargés  de  son  examen;  d'après  l'exposé  donné 
par  M.  Bonfîls  sur  l'état  du  malade  sur  lequel  il  se 
propose  d'opérer ,  la  commission  pense  que  l'opération 
ordinaire  de  la  staphyloraphie  serait  probablement  inu- 
tile ;  que  le  moyen  donné  par  M.  Bonfils  ,  qui  consiste 
à  combiner  le  procédé  connu  de  la  suture  du  voile 
du  palais  à  celui  de  la  rhinoplastie ,  c'est-à-dire  en 
empruntant  aux  parties  voisines  un  lambeau  suffisant 
pour  remplir  l'ouverture  dont  les  bords  n'auraient  pu 
être  rapprochés ,  lui  paraît  ingénieux  et  seul  applicable 
au  su>et. 


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(3o^ 
D'après  le  d^sir  émis  par  la  commission,  M.  Bonfils 
a  été  prié  de  faire  connaître  h  l'Académie  le  résullal 
de  l'opération  ;  mais  le  malade  ne  s'y  étant  pas  soumis, 
ce  médecin  n'a  pu  la  satisfaire  sur  ce  point  :  il  lui  a 
transmis  une  copie  de  sa  réponse  h  des  objections  qui 
lui  avaient  été  faites  par  M.  le  docteur  Roux,  de  Paris, 
sur  ce  nouveau  procédé  opératoire. 

=  Une  épidémie  varîolique  observée  a  l'hospice  géné- 
ral de  Rouen ,  dans  le  mois  de  décembre  1 82g ,  a  été, 
pour  M.  le  docteur  Blanche^  le  sujet  d'observatioas 
qui  seront  imprimées  dans  les  actes  de  la  Compagnie. 

s  A  l'occasion  de  prétendues  guérisons  de  la  phthisie 
pulmonaire  par  le  chlore ,  annoncées  dans  un  journal 
dont  M.  le  docteur  Heliis 3l  rendu  compte ,  notre  confrère 
rappelle  qu'il  y  a  peu  de  temps  encore,  on  prétendait 
aussi  guérir  cette  maladie  par  l'aconit  et  la  digitale , 
et  cite  à  cette  occasion  des  faits  tirés  de  sa  pratique , 
qui  lui  ont  prouvé  que  ces  moyens,  loin  d'être  avantageux, 
ne  servaient  qu'h  augmenter  les  douleurs  du  malade, 
aussitôt  qu'avait  disparu  le  bien-être  passager  qu'avait 
fait  naître  chez  lui  l'espérance  qu'il  avait  conçue  de 
l'essai  d'un  remède  nouveau. 

=:  Le  même  membre  vous  a  fait  connaître  la  thèse 
de  M.  le  docteur  Béchet^  sur  les  monstruosités  hunuanes 
ou  vices  congéniaux  de  la  conformation.  «  La  thèse  de 
»  M.  Béchet,  dit  M.  Hellis,  se  fait  remarquer  par  une 
«  excellente  méthode,  le  choix  de  ses  citations  et  ta 
«  sagesse  de  ses  jugements;  elle  décèle  dans  son  aateor 
«  un  médecin  instruit  et  réservé,  gages  assurés  de 
«  succès  dans  l'art  difficile  qu'il  est  appelé  à  exercer.  » 

=:  Un  Mémoire  de  M.  le  docteur  Sauvage ,  sur  te* 


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(3i  ) 
monstroosUëls  dites  par  inclusion,  a  &it  Tobjet  d'un 
rapport  de  M.  des  AUeurs,  M.  le  rapporteur  adhère  aux 
opinions  émises  sur  cet  ouvrage  par  M.  Dumérii ,  dans 
un  rapport  fait  à  Tlnstitut;  il  témoigne  cependant  le 
désir  de  voir  les  hommes  du  mérite  de.  M.  Sauvage 
sWcuper  plutôt  de  médecine^ratique  que  de  rechercbes 
savantes  si  Ton  veut,  mais  qui  ne  peuvent  être  d^aucun^ 
utilité  pour  le  bonheur  de-  Thumanité* 

=  M.  le  baron  de  Vanssay^  membre  correspondant, 
a  envoyé  à  TÂcadémie  le  Précis  des  traoauiv  du  Conseil 
de  saluante  de  la  ville  de  Nantes;  vous  avez  entendu*, 
Messieurs,  un  rapport  très-favorable  sur  cet  ouvrage, 
par  M.  le  docteur  Le  Préi^st,  et  vous  avez  fait  témoi- 
gner h  M.  de  Vanssay  la  satisfaction  que  vous  aves 
éprouvée  en  reconnaissant ,  par  cet  ouvrage ,  le  zèle  et 
le  dévouement  des  administrateurs  du  département  de 
la  Loire-Inférieure .  pour  le  bien-étre  de"*  leurs  adminis- 
trés. 

AGRICULTURE. 

=  L* Académie  a  reçu  de  M.  Vanier  un  Mémoire  sur 
les  aoanlages  du  partage  et  de  Valiénation  des  biens  commu- 
naux^ que  M.  Tabbé  Gossier  a  fait  connaître  par  un 
rapport. 

=  M.  Prévost  fils  a  publié  un  Supplém^t  au  Catalogue 
des  roses  çu'il cultive.  Cet  ouvrage  ,  dit  M.  DubreuU  dans 
son  rapport ,  joint  è  <:elni  dont  il  est  le  supplément , 
forme  une  excellente  monographie  du  genre  rosier. 

=9  Les  nombreux  ouvrages  des  sociétés-  d'agriculture 
de  France  ont  donné  lieu  à  des  rapports  qui  ont  fait 
ressortir  tout  Tintérét  de  leuçs  travaux. 


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(30 
•^  En  rendant  compte  du  naméro  5,  tome  7  àaByBetk 
de  la  Société  royale  de  Limoges ,  M.  BaUîn  a  fixé  Pattention 
de  la  Compagnie  sur  le  rapport  relatif  à  la  culture  de 
la  pomme  de  terre  ,  qui  paraît  produire  dans  ce  pays 
environ  trente-cinq  pour  un ,  tandis  que ,  dans  le  nôtre , 
on  n'en  retire  généralement  que  douze  \  quinze  pour 
un.  D'après  le  désir  de  M.  le  rapporteur,  des  rensei- 
gnements ont  été  demanda, .  dans  le  mois  d'ayril  dernier,         | 
^  la  Société  royale  de  Limoges ,  sur  la  culture  employée 
dans  le  pays ,  et  aussi  sur  la  nature  du  terrain  qui  pro- 
duit cet  avantage.  Nous  devons  regretter  de  n'avoir  pas        | 
encore  reçu  de  réponse.  j 

-*  La  Société  d'Agriculture  de  Seine-et-Oise  a  publié 
une  Notice  sur  une  nouvelle  machine  à  battre  le  blé^  inçentn 
par  M.  de  MadroUes  ;  il  en  résulte ,  selon  les  conclusions 
du  rapport  fait  par  M.  de  Polonceau ,  adoptées  par  la 
Société  de  Seine-et-Oise,  et  aussi  par  M.  Dubuc^  chargé 
de  l'examen  de  cet  ouvrage  ,  que  cette  machine  est  | 
préférable  à  celles  dites  suédoises  et  écossaises ,  par  les  j 
raisons  suivantes  :  I 

i^  Elle  coûte  moins  à  établir ,  et  exige  moins  d'efforts        1 
pour  ^tre  mise  en  mouvement  ; 

2^  Elle  est  plus  portative  ,  et  peut  être  niue  à  bras        1 
d'homme  ; 

y*  Le  graiu  qu'elle  tire  de  l'épi  est  bien  entier. 

STATISTIQl}£. 

5=  M.  Ballin  a  communiqué  des  Henseigneme/Us  statis^ 
tiques  sur  la  mortalité  des  enfants  en  bas  âge ,  dans  le 
ressort  du  département. 

Il  a  étendu  ses  recherches  sur  vingt  communes  des  plus 
populeuses  dans  les  cinq  arrondissements  qui  le  com- 
posent, sans  y  comprendre  les  chefs-lieux.   Il  les  a 


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(  33  ) 
prises  dans  des  circonstances  différentes  pour  la  localité 
et  par  rapport  à  Tagglomération  de  leur  population. 
Cet  examen  porte  sur  les  années  1826,  1827,  1828; 
chacune  d'elles  divisée  en  quatre  parties ,  par  rapport 
i  la  température. 

Il  en  résulte  que  la  mortalité  des  enfants  au-dessous 
de  trois  mois  est  plus  grande  pendant  la  saison  froide.  La 
mortalité  est  plus  grande  aussi  dans  les  communes  oh  la 
population  est  disséminée. 

On  remarque ,  par  les  tableaux  joints  à  ce  travail ,  que 
Tarrondissement  rural  de  Rouen  est  celui  où  la  mor* 
talité,  pour  les  jeunes  enfants,  est  la  plus  grande  ;  ce  que 
notre  confrère  attribue  au  grand  nombre  d^enfants  mis 
en  nourrice  dans  les  environs  de  la  ville. 

Ces  observations  sont  conformes  à  celles  commu- 
niquées h  r Académie  royale  des  sciences ,  et  qui  ont 
provoqué  une  enquête  du  ministère;  mais  doit-on,  comme 
elle,  attribuer  l'excès  de  mortalité  que  l'on  remarque 
dans  la  saison  froide ,  h  l'obligation  imposée  par  la 
loi  de  présenter  les  enfants  aux  mairies ,  dans  les  trois 
jours  qui  suivent  leur  naissance  ,  ou  bien  à  l'influence 
génâ'ale  d*une  température  rigoureuse  qui  se  fait  sentir 
même  dans  les  maisons  des  villes  où  règne  l'aisance , 
et  à  plus  forte  raison  dans  les  campagnes  et  dans  les 
asiles  de  la  misère  ? 

=  M.  le  docteur  Blanche ,  comme  médecin  en  chef 
de  l'Hospice  général  de  cette  ville ,  devant  observer , 
avec  la  plus  scrupuleuse  attention ,  tout  ce  qui  se  passe 
dans  cet  établissement  relativement  h  la  santé  des  indi- 
vidus qui  y  sont  confiés ,  a  porté  son  attention  sur  la 
mortalité  effrayante  dont  sont  frappés  les  enfants  trouvés 
pendant  les  premiers  temps  qui  suivent  leur  exposition. 
Sur  cent  enfants  exposés ,  soixante-douze  succombaient 
dans  la  première  année ,  dont  cinquante-cinq  environ 

5 


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(34) 

dans  les  trois  premiers  mois.  Notre  confrore  n'adople , 
pas  Topinion  de  M.  Dupin ,  qui  attribue  les  mortalités, 
si  nombreuses  chez  les  enfants  trouves,  à  la  misère  et 
à  la  débauche  de  leurs  parents  ;  mais  il  en  trouve  la 
cause  dans  la  négligence  des  soins  que  nécessite  une 
foule  de  maladies  inséparables  du  premier  âge,  dans 
l'inobservation  des  règles  hygiéniques  relatives  à  la  tem- 
pérature, à  la  propreté,  etc.,  et  aussi  dans  quelques  vices 
de  localité.  M.  Blanche  trouve  très-nuisible  encore  à 
la  santé  des  enfants  nouveaux  nés  le  départ  précipité 
pour  la  campagne  ;  ils  arrivent  débiles  et  fatigués  du 
voyage  ,  chez  des  nourrices  presque  toujours  indigentes  t 
où  ils  ont  à  lutlor  sans  cesse  contre  lesbesoinssi  fréquents 
h  leur  âge. 

Notre  confrère  a  conçu  qu'il  ne  remplirait  qu*uoe 
partie  de  son  devoir  en  signalant  les  causes  du  mal; 
il  indique ,  en  outre ,  les  moyens  d'y  porter  remède. 

Ces  observations  ont  fait  le  sujet  d'un  mémoire  pré- 
senté par  M.  le  docteur  Blanche,  à  Tadministration  des 
Hospices ,  c'est  dire  assez  qu'il  a  été  pris  en  considéra- 
tion par  les  hommes  honorables  et  généreux  qui  la  com- 
posent, et  déjà  de  nolables  améliorations  ont  été  ap- 
portées dans  cette  partie  du  service  de  rétablissement* 

ss  M.  Le  Pasquier  a  donné  lecture  d'une  Notice  his- 
torique et  statistique  sur  les  enf<mts  trout^s. 

Dans  la  première  partie ,  il  examine  s'il  est  possible 
d'assigner  une  époque  où ,  pour  la  première  fois,  de 
maliieureux  enfants  furent  exposés,  et  remarque  que  des 
traces  de  cette  coutume  se  retrouvent  dans  les  temps 
les  plus  éloignés.  11  passe  en  revue  les  lois  et  règle- 
ments faits  à  cette  occasion  chez  les  Grecs  et  chez 
les  Ko  mains  ,  afnsi  que  les  moyens  su^érés  par  la 
charité  chrétienne,  dès  les  premiers  siècles  de  notre 
ère.  X)e  quelle  manière  la  cupidité  vient ,  par  im  trafic 


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(  35) 
scandaleux ,  paralyser  les   ressources  crét^es  pour  ces 
infortunés. 

*  li  était  réservé- à  saint  Vincent  de  Paule ,  dit  M. 
«  Le  Pasquier ,  de  mettre  un  terme  à  de  si  coupables 
«  abus ,  et  de  procurer,  à  force  de  soins  et  de  persé- 
«  vérance  ,  un  asile  décent  et  assuré  aux  enfants  trouvés 
«  de  la  capitale.  » 

Notre  confrère  passe  en  revue  toute  la  législation 
relative  à  cet  objet,  et  examine  particulièrement  l'état 
des  Hospices  des  enfants  trouvés  des  villes  de  Rouen , 
de  Dieppe  et  du  Havre  ;  indique  la  source  de  leurs 
revenus  et  les  dépenses  dans  chacun  d'eux  par  jour, 
pour  chaque  enfant  qui  y  est  confié.  Ces  dépenses  ne 
sont  point  les  mêmes  dans  ces  divers  établissements  ; 
Tauteur  du  mémoire  en  examine  les  motifs ,  et  fait  pré- 
voir qu'on  arrivera,  par  de  bons  règlements ,  aune  éco- 
nomie possible  et  désirable. 

Ces  observations  sont  suivies  de  tableaux  qui  indiquent 
pour  les  trois  Hospices  précités  ,  le  mouvement  et  la 
dépense  des  enfanls  trouvés  dans  le  département,  pendant 
dix  années  consécutives,  depuis  et  y  compris  1819 
jusqu'en  1828. 

=  M.  Le  Pasquier  a  joint  aussi  un  document  sta- 
tbtique  fort  curieux  au  rapport  qu'il  a  fait  sur  l'ouvrage 
de  M.  Dupont-BoisjouQÙi ,  relatif  à  la  conservation  du 
pont  de  bateaux^  et  que  cet  honorable  négociant  a  fait 
parvenir  à  l'Académie. 

=  D'après  le  désir  exprimé  par  M.  le  comte  de  Murât , 
TAcadénûe  a  chargé  une  commission  de  douze  membres 
de  la  confection  d'un  plan  d'une  Statùsiique  générale  du 
département  de  la  Seine-Inférieure.  La  commission  s'étant 
occupée  avec  zèle  et  assiduité  du  travail  qui  lui  était 
demandé)  il  se  trouve  en  ce  moment  à-peu-près  terminé, 

5. 


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(36) 
et  sera  soumis  h  la  Compagnie  immédiatement  après 
les  vacances;  elle  se  trouvera  heureuse  de  pouvoir 
contribuer  à  la  confection  d'un  ouvrage  <}ui  doit  être 
d^un  haut  intérêt  pour  notre  beau  ,  riche  et  industrieux 
département.  Car  c'est  en  signalant,  d^une  part,  ce 
qui  est  bien,  de  Tautre,  ce  qui  pourrait  être  mieux, 
que  Ton  fait  naître  Témulation ,  que  Ton  appelle  l'atten- 
tion des  hommes  vers  un  mieux  toujours  désirable,  et 
que  les  Académies  atteignent  vraiment  le  but  de  leur 
institution,  en  concourant  aux  progrès  des  sciences, 
des   lettres  et  des  arts. 

NÉCROLOGIE. 

=  Pourquoi  faut-il  que  la  satisfaction  que  nous  éprou- 
vons en  voyant  entrer  au  milieu  de  nous  des  hommes 
d'un  mérite  reconnu  ,  soit  troublée  par  des  regrets!  Ah! 
ne  désirons  pas  cependant  voir  nos  cœurs  se  fermer  à  la 
douleur,  lorsqu'un  de  nos  honorables  amis  vient  à  payer 
le  tribut  que  chaque  mortel  doit  acquitter  ;  le  jour  oà 
cette  insensibilité  nous  atteindrait ,  serait  aussi  celui  où 
une  douce  et  aimable  confraternité  cesserait  d'exister 
au  milieu  de  nous.  Ne  craignons  donc  pas  de  nous  li- 
vrer h  ce  sentiment  bien  naturel  ;  nous  trouverons  de 
la  consolation  en  nous  rappelant  les  titres  à  l'estime 
public  acquis  par  cet  homme  dont  le  souvenir  appelle 
nos  larmes  et  la  vie  nos  éloges. 

M.  Joseph  -  Alexandre  Le  TwquUr  de  Longchamp 
naquit  en  la  commune  de  Bois-Héroult ,  le  6  novembre 
174^- Fils  d'un  gentilhomme  peu  fortuné  ,  il  fut  destiné 
h  la  carrière  ecclésiastique.  Après  avoir  fait  ses  études 
au  séminaire  Saint-Nicaise  de  Rouen ,  il  fut  poanm 
de  la  cure  de  Cqlmar  ;  Ih  il  sd  Ht  aimer  et  respecter 
de  SCS  paroissiens.  Livré  tout  entier  aux  devoirs  de  sob 
état  I  il  consacrait  ses  loisirs  ï  Tétude  de  la  botamqoei 


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(37  ) 
la  seule  passion  de  sa  vie.  Cette  science  avait  lix^  ses 
regards  par  l^espoir  quHl  avait  conçu  de  reconnaître  les 
vertus  médicales  des  plantes ,  pour  être  utile  aux  pauvres 
de  sa  paroisse  :  c'est  dans  cette  intention  aussi  quUl 
s'était  occupé  de  médecine.  Il  donnait  des  soins  aux 
malades  indigents ,  et  leur  procurait  les  remèdes  qu'il 
croyait  propres  a  leur  genre  d'indisposition  ;  son  zèle 
était  souvent  couronné  du  succès ,  et  la  science  ïk  la- 
quelle il  s'adonna  tout  entier  dans  la  suite ,  devait  avoir 
pour  lui  d'autres  charmes  encore  que  ceux  qu'elle  pro- 
cure aux  hommes  qui  étudient  les  merveilles  de  la  na- 
ture ,  puisque  son  bon  cœur  avait  été  son  premier  maître. 
La  loi  de.  la  déportation  arracha  l'abbé  Le  Turquier  à 
sa  vie  laborieuse ,  h  ses  études ,  à  ses  amis  ,  en  le  forçant 
à  s'expatrier.  Il  parcourut  d'abord  la  Belgique  et  la  West- 
phalie ,  puis  la  Hollande ,  où  il  éprouva  les  effets  de  la 
plus  touchante  hospitalité.  11  avait  fait  une  multitude 
d'observations  curieuses,  non-seulement  sur  le  sol ,  mais 
sur  les  usages ,  les  mœurs  et  les  coutumes  des  différentes 
contrées  qu'il  avait  visitées  pendant  ses  voyages.  Quand 
il  les  racontait,  il  se  mêlait  h  son  récit  une  multitude 
d'anecdotes  personnelles  extrêmement  piquantes,  et  l'on 
savait  qu'il  n'usait  jamais  du  privilège  des  voyageurs , 
car  il  était  vrai  par  excellence,  et  n'aurait  pas  altéré  la 
vérité ,  lors  même  que  sa  vie  eût  été  compromise  :  il 
le  prouva  pendant  l'émigration.  Arrivé  dans  un  petit 
village  ,  il  y  fut  surpris  par  les  avant-postes  de  l'armée 
française  ,  et  s'attendait  à  être  fusillé  immédiatement  ;  il 
enteedait  le  roulement  du  tambour ,  et  voyait  les  troupes 
se  former  en  carré  sous  sa  fenêtre  ;  interrogé  par  Fofïi-» 
cier  républicain  ,  il  répondit ,  sans  hésiter  :  prêtre  déporté, 
La  mort  lui  paraissait  inévitable ,  on  frissonnait  en  écou- 
tant le  récit  de  ses  angoisses  et  de  sa  résignation  9  et 
l'on  était  bien  soulagé  en  apprenant  que  l'oflicier  passa 
tranquillement  la  soirée  avec  le  proscrit ,  et  lui  facilita 


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(38) 
les  moyens  de  s'avancer  dans  le  pays ,  lui  indiquant  les 
endroits  qu'il  ferait  bien  dVviter ,  ne  pouvant  répondre 
des  sentiments  des  camarades  qui  lui  succéderaient 

Après  un  séjour  assez  long ,  b  La  Haye ,  M.  Tabbé  Le 
Turquier  passa  en  Angleterre  ;  il  se  livra  avec  ardeur 
a  Tétude  delà  botanique ,  et  en  donna  des  leçons  aux- 
quelles il  dut  son  existence  ,  et  forma  aussi  des  liaisons 
avec  tous  les  savants  de  l'époque  ,  particulièrement  avec 
sir  J.  Banks. 

Nous  étonnerons-nous  maintenant  de  sa  passion  pour 
une  science  qu'il  étudia  par  philantropie ,  qui  lui 
procura  dans  l'exil  les  choses  nécessaires  à  la  vie ,  et 
l'amitié  des  hommes  qui  seuls  étaient  capables  d'ap- 
précier ses  talents  et  ses  vertus  ? 

M.  Le  Turquier  aurait  été  heureux  en  Angleterre,  où 
il  vécut  de  la  manière  la  plus  conforme  à  ses  goûts  ; 
mais  le  désir  de  revoir  le  sol  natal  le  fit  résister  à  toutes 
les  sollicitations  de  ses  amis  et  protecteurs  anglais ,  qui 
lui  firent  les  offres  les  plus  généreuses  et  les  plus  sédui- 
santes pour  le  fixer  parmi  eux.  L'amour  de  la  patrie 
l'emporta  ;  il  revint  en  France  en  1800  ;  mais  il  n'y 
trouva  plus  son  modeste  héritage.  Quelques  effets  même , 
confiés  h  des  mains  infidèles,  ne  lui  furent  point  rendus; 
il  se  décida  à  retourner  dans  l'île  hospitalière  ,  où  une 
existence  agréable  lui  était  assurée.  Un  léger  retard  dans 
l'obtention  de  son  passe-port  le  priva  de  cette  ressource  : 
vingt-quatre  heures  décidèrent  de  son  sort  ;  il  ne  fut 
plus  permis  de  partir ,  et  quelques-uns  de  ses  anciens 
amis  de  Rouen  lui  ayant  offert  un  asile  ,  il  resta  en 
France ,  au  lieu  de  lui  dire  adieu  pour  jamais. 

11  avait  acquis  d'assez  grandes  connaissances  en  bo- 
tanique, pour  s'occuper  alors  de  l'ouvrage  le  plus  im- 
portant qui  soit  sorti  de  sa  plume  ,  et  il  dota  son  pays 
de  la  Flore  des  environs  de  Rouen.  Cet  ouvrage  ,  sans 
avoir  atteint  la  perfection  qu'on  pourrait  lui  désirer, 


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(39) 
est  encore  le  seul  guide  des  hommes  instruits  qui ,  dan* 
notre  ville ,  s'occup-nt  de  cette  branche  si  intéressîwte 
de  l'histoire  naturelle.  Ceux  qui  étudient  les  caractères 
de  Timmense  famille  des  champignons  ne  lui  sont  pas 
moins  redevables ,  pour  une  Concordance  des  divers 
noms  donnés  aux  champignons  par  les  auteurs  qui  se 
sont  le  plus  récemment  occupés  de  cette  partie  de  la 
botanique.  Cette  Concordance  ayant  été  publiée  par  les 
soins  de  l'Académie  ,  M.  Le  Turquier  en  éprouva  au- 
tant de  joie  que  de  reconnaissance.  11  composa,  avec 
une  patience  infatigable,  un  herbier  des  plantes  de 
notre  contrée ,  probablement  le  plus  complet  qui  existe  ; 
faisons  des  vœux  pour  que  ce  précieux  recueil  puisse 
devenir  la   propriété  de  la  ville. 

M.  Tabbé  Le  Turquier ,  doué  de  grands  talents  et  de 
toutes  les  vertus ,  ne  se  doutait  pas  lui-mOme  de  son 
mérite.  D'un  caractère  doux  et  facile  à  vivTc ,  ce  n'est 
que  dans  Tintimité  que  se  développaient  les  qualités  de 
son  cœur  et  de  son  esprit.  Ses  amis  malades  ou  mal- 
heureux étaient  sûrs  de  le  voir  tous  les  jours ,  et  quoique 
s^s  jambes  fussent  très-affaiblies,  il  endurait  toutes  les 
souffrances  pour  être  exact  au  rendez-vous  de  l'amitié. 
Profondément  instruit,  au  milieu  de  la  société,  il  était 
toujours  écouté  avec  intérêt  ;  il  supportait  sans  peine 
la  raillerie  ;  et,  quoique  son  genre  d'esprit  ne  se  refusât 
pas  b  employer  lui-même  cette  arme,  il  savait  s'en 
servir  avec  assez  de  grâce  et  de  bon  goût  pour  la  rendre 
tout -à -fait  inoffensive.  Il  avait  parfois  des  réparties 
pleines  de  sel  et  de  doute  malice  ;  on  aimait  à  les 
provoquer ,  parce  qu'elles  ne  faisaient  naître  que  la 
gaieté ,  et  jamais  l 'amour-propre  le  plus  susceptible 
n'avait  à  sVn  plaindre. 

Sobre  et  frugal ,  il  était  fort  peu  sensible  aux  faveurs 
de  la  fortune.  Dans  ses  dernières  années  ,  il  parut 
presque  indifférent  à  la  perte  qu'il  fit  d'une  somme  qui 


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(4o) 

composait  tout  son  avoir ,  et  qu'il  avait  prêtée  bien  plus 
pour  obliger  que  pour  en  tirer  intérêt  ;  pour  être  entière- 
ment délivré  des  soins  du  ménage ,  il  se  mit  en  pension  à 
THospice  général  ;  c'est-là  que,  pendant  quatorze  années, 
il  partagea  son  temps  entre  l'étude  et  lamitié.  (i) 

M.  Le  Turquier  s'est  éteint  paisiblement  h  l'âge  de 
qnatre-^vingt-un  ans,  entouré  des  amis  respectables  que  ses 
vertus  et  ses  talents  lui  avaient  attachés ,  et  regretté  de 
tous  ceux  qui  l'ont  connu. 

=  La  perte  de  M.  Lemasson ,  ancien  ingénieur  en 
chef  des  ponts  et  chaussées  de  ce  département ,  où  il  a 
laissé  des  souvenirs  bien  honorables  de  ses  travaux,  a 
été  vivement  sentie  ,  particulièrement  de  ceux  de  vous, 
Messieurs ,  qui  avez  été  à  même  de  l'apprécier  comme 
savant,  homme  de  bien  et  bon  confrère.  Pour  moi,  qui 
n'ai  eu  l'avantage  de  le  connaître  que  par  la  réputation 
qu'il  a  laissée ,  je  me  trouverais  heureux  si ,  en  jetant 
quelques  fleurs  sur  sa  tombe,  elles  pouvaient  être 
agréables  à  son  intéressante  famille ,  à  ses  enfants ,  qui 
semblent  avoir  hérité  des  talents  et  des  vertus  de  leur 
père  ,  à  M.  Mallet,  son  gendre  ,  dont  le  zèle  et  les  tra- 
vaux ,  soit  comme  ingénieur  ,  soit  comme  académicien , 
ne  s'est  jamais  ralenti,  et  que  nous  aurions  vu  nous 
quitter  avec  tant  de  regret ,  si  nous  n'avions  pas 
senti  que  ses  talents  devaient  se  déployer  sur  un  plus 
vaste  théâtre. 

Mais  je  n  élèverai  pas  ma  faible  voix  ,  lorsque  M.  ht 
baron  de  Prony  a  fait  entendre  la  sienne  sur  ia  tombe 


(  I  j  «  Pendant  vingt  ans  (  dit  une  des  daines  les  plos  instruites  et  les 
plus  respectables  de  notre  ville ,  à  Tobligeance  de  laquetle  je  dois  m* 
grande  partie  des  circonstances  qui  ont  accompagné  ia  vie  de  nette  vé- 
nérable  confrèse  )  ,  «  je  Tai  vu  tous  les  joun  î  ciuuiae  jour  fai  été  à 
«  aème  d*apprécier  sas  rares  et  précieuses  qualités,  et  je  ae  loi  al  pas  ttoiif4 
«  un  défaut*  » 


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(  4«  ) 

de  M.  Lemasson ,  dans  un  discours  que  M.  Me&ume 
TOUS  a  (ait  connaître ,  et  dont  je  me  contenterai  de  vous 
pnfsenter  {^analyse. 

M.  Louis  Letnasson ,  né ,  en  1743 ,  h  la  Vieille-Lyre , 
département  de  FEure,  fut  admis,  en  1770»  iiTEcole  des 
ponts  et  chaussées /sous  les  auspices  du  maréchal  de 
Broglie  ;  bientôt  il  fut  employé,  comme  élève ,  aux  tra- 
vaux des  ponts  <le  Sâumur,  de  Tours,  de  Saint- 
Maxence ,  sous  la  direction  du  MM.  de  Ccssart , 
Perronei ,  de  Vogtie.  En  1776 ,  il  fut  promu  au  grade 
d'ingénieur,  et,  peu  de  temps  après,  il  fut  envoyé  en  Italie 
pour  y  explorer  les  objets  d'art  de  cette  classique  con- 
trée. Il  en  rapporta  de  riches  collections ,  telles  que 
temples  de  Jupiter-Tonnant ,  Jupiter^Strator ,  Mors  le 
Vengeur,  Antonin  et  Faustine ,  etc.,  etc.  Il  r^pc^ta  aussi 
une  vue  générale  de  Rome,  qui  peut  donner  à  la  France 
le  droit  de  revendiquer  Tinvention  |de«  panoramas» 

Lorsqull  revint  dltaiic  en  1780 ,  M.  Lemasson 
fut  choisi  pour  être  attaché  à  Téducation  des  enfants 
de  France  ,  en  qualité  de  professeur  dWchitecture  civile 
et  militaire  :  ayant  rempli  ces  fonctions  pendant  neuf 
ans ,  il  fut  promu  au  grade  d'inspecteur ,  et,  en  179 1,  h 
celui  d'ingénieur  en  chef  dans  le  département  de  Seine- 
et-Oise.  (Destitué  et  obligé  de  se  tenir  caché  en  ijgS» 
ilfiit  rappelée  Paris  en  179S,  et  nommé  ingénieur 
en  chef  du  département  de  la  Seine-Inférieure. 

M.  Lemasson  a  occupé  ce  poste  pondant  dix-huit  ans. 
Il  appliqua  à  quelques  constructions  les  principes  qu'il 
avait  observés  en  Italie ,  et  s'occupât  de  la  composition 
d'un  ciment  propre  à  remplacer  la  pouzzolane. 

Le  pont  de  bateaux  de  Rouen  ayant  été  emporté, 
en  i8oa  ,  par  une  débâcle ,  M.  Lemasson  fut  chargé  do 
le  rétablir.  L'exécution  de  cette  missioo  le  mit  ë  mime 
d'observer  les  inconvénients  graves  d'un  pont  flottant  1 


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(4») 

et  le  dëterminërenl  à  lui  substituer  uq  pont  fixe.  I) 
composa  trois  projets  de  ponU  en  pierre ,  dont  V'ua 
devait  être  placé  près  de  Tancien  pont  attribué  à  la 
reine  Mathilde.  C'est  avec  les  débris  de  cet  ancien  pont, 
et  la  pouzzolane  artificielle  dont  la  découverte  lui  élait 
,dûe  I  qu'il  fit  construire  un  mur  de  quai  remarqoabk 
.par  sa  solidité. 

Le  projet  définitif  d'un  pont  sur  la  Seine ,  ^  Rouen, 
fut  produit,  en  1811 ,  par  M.  Lemasson,  qui  mit  à 
profit  SCS  observations  en  Italie  et  les  fruits  de  sa 
.iongue  expérience.  A  ce  projet  étaient  joints  ceux  d*ane 
façade  de  bâtiments  longeant  le  quai ,  et  d'une  bourse 
.jpgur  le  commerce  ,  dont  les  conceptions  pourraient  être 
jpise^  en  parallèle  avec  celles  des  monuments  qu'on  ad* 
mirp  4^^  \^  capitale.  On  doit  aussi  h  M.  Lemasson 
•k  projet  d'un  Dépôt  de  mendicité  à  Rouen ,  et  d'one 
restauration  de  la  façade  de  T Hôtel -de-Vilie.  En  i8ia, 
parve^V  à  ^a  soii^Qte-<dixième  année ,  il  voulut  jouir 
4'mi  repo#  bien  mérité ,  et  obtint  sa  retraite  ;  mais , 
en  i8i4  t  les  princes,  qui  ne  l'avaient  pas  oublié^  le 
rappelèrent  près  d'eux ,  avec  le  titre  d'adjudaot-com- 
mimd^uait  le  château  de  Rambouillet..  Ce  ne  fut  qu^en 
l8ai ,  et  dins  sa  soixante-dix-huitième  année ,  qu'il  se 
flctira  au  sein  de  sa  famille ,  pour  préparer  une  publi* 
ralion  des  travaux  de  sa  vie  entière  i  la  mort,  qui  Ta 
enlevé  e»  1899 1  ^^°^  ^  quatre-vingt-septième  année  » 
ne  lui  a  pas  permis  d^achever  ce  travail* 

La  longue  carrière  que  le  ciel  lui  accorda  ne  saurait 
aSacer  les  regrets  que  sa  perte  inspire;  ;  mais  félicitons, 
avec  M.  de  Prony,  les  amis  des  sciences  et  des  arts,  de 
trouver  t  dans  la  fiimille  de  M.  lemasson ,  une  garantie 
assurée  de  la  conservation  de  ses  œuvre»  et  de  la  pn- 
Ukation  à  laquaUe  kur  auteur  les  êv»it  dçstîate 


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(43) 


<IW^>»»»WM<>M<I1WM<W<WM<»% 


IP&U    PROPOSÉ  POUft  l83l. 


Aucun  mémoire  sur  la  question  mise  au  concours 
pour  le  prix  ordinaire  qui  devait  élre  décerné  dans 
cette  séance,  n'a  été  adressé  h  T Académie  ;  l'importance 
dont  serait,  pour  les  manufactures,  la  solution  de  la 
questiod  proposée ,  a  engagé  TAcadémie  à  continuer 
atte  qoestion  au  concours.  Elle  propose  donc ,  pour 
sujet  4e.  prix  qui  sera  décerné  dans  la  Séance  publique 
de  f 8^1  ^  la  question  suivante  : 

«  Ktablir  la  différence  chimique  qui  existe  entre  les 
salfates  de  fer  (couperoses)  du  commerce  (i),  parlî- 
culièrement  entre  ceux  que  l'on  extrait  des  pj^tet  et 
terres  pyriteuses ,  et  ceux  que  Ton  obtient  directement 
de  la  combinaison  du  fer,  de  Tacide  sulfurique  et  de 
Teau.  On  devra,  non-seulement  indiquer  cette  diffé- 
rence par  rapport  aux  diverses  quantités  d'acide  sulfu- 
rique ,  d'oxide  de  fer  et  d^eau ,  qui  entrent  dans  ta  com- 
position de  ce  sel ,  mais  examiner  s'il  o'est  pas  parfois 
mélangé  et  combiné  avec  des  substances  étrangères 
provenant  des  matière^  employées  à  sa  préparation ,  ^  « 
en  supposant  ce  fait  démontré ,  déterminer  quelle  doh 
être  l'infloence  de  ces  substances  dans  les  différents 
emplois  du  sulfate  de  fer,  tels  que  le  montage  des 
cuves  d'indigo  ,  la  préparation  des  mordants  y  les  diffé- 
rentes, teintures,  afin  de  connaître  posîtiveisent  si  U 
pféEéirence  accordée  au  sulfate  de  fer  de  certaines  fa- 
briques est  fondée,  et  justifie  suffisamment  la  grande 
él^^ion  de  son  prix,  ^u  si  elle  tient  seulement  à  un 


(i)  On  eomprendia  dam  cet  examen  la  couperote  de  Salzbouif  • 


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(U) 

j^éjugf^  f  comme  cela  a  ea  lieu  pour  tes  alun*  de  Rome  « 
h  l'ëgard  de  ceux  de  Franceir 

«  En  supposant  toujours  qu^il  etistc  dans  le  sulfate  de 
fer  des  corps  étrangers ,  rechercher  des  moyens  faciles 
et  économiques  pour  les  en  s(Cparcr  ou  pour  en  neu- 
traliser les  mativais  effets ,  et  tels  que  les  sulfates  de 
fer  tes  moins  estimés ,  étant  traités  de  cette  manière , 
présentent  des  résultats  aussi  avantageux  que  les  autres  , 
et  sans  que  le  prix  en  ait  été  beaucoup  élevé.  <• 

Les  concurrents  devront  joindre  à  leur  mémoire  les 
échantillons  des  sulfates  de  fer  sur  lesquels  ils  auront 
opéré  y  et  dont  ils  feront  connaître  l'origine  et  le  prix 
courant.  Ces  échantillons  porteront  des  numéros  qui  se 
rapporteront  aux  analyses  exposées  dans  le  mémoire. 

Le  prix  sera  une  médaille  d'or  de  la  valeur  de 
3oo  francs. 

Chacun  des  auteurs  mettra  en  fête  de  son  ouvrage 
une  devise ,  qui  sera  répétée  sur  un  billet  cacheté  où 
il  indiquera  son  nom  et  sa  demeure.  Le  billet  ne 
sera  ouvert  que  dans  le  cas  où  Touvrage  aurait  obtenu 
le  prix. 

Les  Académiciens  résidants  sont  seuls  exclus  du 
concours. 

Les  ouvrages  des  concurrents  devront  être  adressés , 
rancs  de  port ,  b  M.  Lévt  ,  chef  dinsiUutlon  ,  Secrétaùre 
perpétuel  de  V Académie,  pour  la  classe  des  Sciences,  avant 
le  I*'  juillet  i83i.  Ce  terme  est  de  rigueur. 


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(45> 
MÉMOIRES 

toOKT  L'A.GADiMIE   A.  DÉLIBÉRÉ    L'iimilSIOV    XV 
SHTISR   DA.]fS   8BS  ACTES. 

NOTICES 

Mjm  TRofs  PUITS  FORiS  ,  DITS  AMTÉSIÉNS  , 

Etablis  4  Roiwa,  ea    1829  et    i83o; 

^p«c  V analyse  de  l'eau  qui  en  pro^ieni  ,   etc*f 

Par  M.  DoBCC 

Messieurs  9 

Une  heureuse  invention  ,  connue  depuis  long-temps 
des  peuples  orientaux,  les  puits  forés,  et  qui  fut,  dit-on, 
introduite  en  France,  en  Italie  et  ailleurs,  lors  des 
croisades,  devient  aujourd'hui  le  sujet  de  profondes 
méditations ,  et  souvent  de  grandes  dépenses,  en  raison 
de  Tapplication  qu'on  cherche  à  &ire  des  eaux  qui 
en  proviennent  aux  besoins  de  la  vie ,  pour  les  irri- 
gations en  agriculture ,  dans  les  arts  industriels,  etc.,  etc. 

On  voit  maintenant,  à  Rouen,  trois  de  ces  sortes  de 
puits ,  savoir  :  deux  affluents ,  et  le  troisième  dont  Tean 
jaillit  au-dessus  du  sol. 

L'eau  des  deux  premiers  sert  Si  alimenter  des  pompes 
h  feu,  destinées.  Tune  à  la  mouture  du  blé  et  de  grainea 
de  toutes  espèces.  Le  moulin  où  cette  machine  à  fea 
est  établie  est  situé  rue  des  Espagnols ,  et  occupé  par 
M.  Papillon, 


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Èj  autre  existe  h  lliAtel  des  Monnaies  de  cette  ville  r 
et  fait  mouvoir  leâ  marteaux ,  coins  et  autres  machines 
pour  la  confection  des  pièces  d^or,  d^argent,  etc.,  qu'on 
j  &brique. 

Le  troisième  de  dss  puits,  dn  celui  qui  donne  une 
eau  jaillissante  au-dessus  du  sol ,  a  été  construit  par 
M.  Le  Cerf,  brasseur,  me  Martainville,  ef  te  fluide 
qui  en  provient  sert  à  brasser  la  bière  et  autres  boisson» 
servant  à  Tusage  de  la  vie ,  ^  la  buanderie ,  etc.  Ces  trois 
puits  ,  d'invention  nouvelle  pour  la  ville  de  Rouen ,  vont 
faire  le  sujet  des  courtes  notices  que  voici  i 

De  nos  jours,  personne,  que  je  sache,  ne  met  en  doute 
l'utilitë  des  puits  artésiens.  Néanmoins ,  maigre  tout  ce 
qui  a  été  dit  et  écrit  h  cet  égard,  et  en  particulier  par 
M.  Garnier,  et  dernièrement  par  le  savant  Héricarl 
de  Thury,  je  crois  devoir  encore  reproduire  ici  en  peu 
de  lignes  les  immenses  avantages  qu'on  a  droit  d'attendre, 
surtout  en  Normandie ,  pays  de  fabrique  et  de  grande 
culture,  de  cette  singulière  mais  utile  invention: 

i^'  LVau  des  puits  forés,  affluents  ou  jaillissants ,  doit 
augmenter  nécessairement  la  valeur  des  biens  ruraux 
dans  les  lieux  où  ce  fluide  est  rare,  surtout  dans  les 
fortes  exploitations  agraires  qui  exigent  une  grande 
consommation  d'eau ,  notamment  dans  les  pays  éleva. 
Je  pourrais  citer  pour  exemple,  en  Normandie,  te  beau 
pays  de  Caux ,  dont  le  sol  est  naturellement  humide , 
mais  où  Teau  potable  est  rare ,  surtout  en  été.  (i)  Il 


(i)  Souvent  les  nombreux  habitants  de  cette  ricbc  contrée  n*oat 
que  (fe  Teav  stagnante  et  parfois  fifonpié  .  poar  y  préparer  les  aliments 
et  pour  abreuver  Ir  bétail.  Ce  grattd  înconvénieat  mît  à  la  Talent  réelle 
de»  kéritagea  ^raifwa  ,  aaf  écba  k  BraltipliMUioa  àtê  i 
daas  le»  fermes  y  etc. 

Quelques  puita  aitésicm ,  creuset  çà  et  là  ,  paieraîcnt   à   cas 
inconvénients. 


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(47) 
«liste  bieo  dans  les  fermes  quel'|ues  puiis  ordinaires, 
mais  dont  U  profondeur  désespérante  empêche  souvent 
d'y  recourir. 

a<*  Dans  les  pays  chauds  et  arides,  comme  dans  plusieurs 
provinces  du  midi  de  la  France,  Teau  des  puits  jaillissants 
servira  à  alimenter  les  canaux  dUrrigation,  dont  Tinflueace 
double  souvent  le  produit  des  récoltes ,  sans  nuire  à 
l'essence  du  terrain.  Cette  autre  application  du  fluide 
jaillissant  est  sans  doute  une  des  plus  précieuses  qu^on 
puisse  faire  des  puits  artésiens,  en  économie  rurale, partout 
oii  le  sol  permettra  d'en  établir.  La  même  application 
peut  en  ^tre  faite  en  jardinage  et  en  horticulture. 

3^  L^eau  de  ces  puits  étant  presque  toujours  de 
bonne  qualité, servira  également è  préparer  les  aliments, 
mais  encore  h  faire  en  tout  temps  les  boissons  ordinaires, 
telles  que  la  bière ,  la  piquette ,  le  petit  cidre ,  Teau 
de  genièvre  fermentée  ,  h  couper  le  vin  ,  toutes  boissons 
qui  sont  plus  ou  moins  salubres  et  agréables  au  goût , 
en  raison  de  la  pureté  de  Teau  qui  en  fait  la  base. 

estait  spécialement  pour  atteindre  ce  but  que  M.  Le 
Cerf  a  fait  creuser,  à  grands  frais,  un  puits  artésien 
dans  sa  propriété,  d'où  il  jaillit  une  eau  dont  la  pureté 
peut  servir  h  alimenter  sa  vaste  brasserie  de  bière* 

4**  L'eau  extraite  de  ces  réservoirs  souterrains  sera 
encore  utiiisée^  soit  seule,  soit  ajoutée  à  d'autres  courants 
d'eau  de  rivière ,  suivant  leur  position  et  direction  à  faire 
mouvoir  toutes  sortes  de  machines  à  l'usage  des  arts , 
dans  les  fabriques,  à  l'exploitation  dqs  mines  (i),  etc.,  etc. 


(i)  Un  négocUnt  manafacluner  de  Rouen,  M.  Am,,  fait  en  c« 
moment  crenscr  an  puits  artésien ,  non  loin  de  sa  filature ,  sise  dansFar* 
rondissenent  de  Lisienx  ,  afin  d'augmenter  ,  de  l*eau  qui  en  proviendra, 
le  Tolume  d*eau  provenant  d*une  petite  rÎTière,  et  de  donner  plus  d'action 
lidt  TittaM  à  la  machiat  ^jdnnUqat  déjà  employée  dans  cette  u^ine. 


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(48) 
Voilby  ce  nous  semble ,  Messieurs,  mais  en  abr^', 
les  avantages  incontestés  qui  doivent  résulter  de  Tintro- 
duction  multipliée  des  puits  artésiens  sur  le  sol  français, 
Ui  où  Teau  manque  ou  nVst  pas  de  bonne  qualité. 

Le  puits  foré  par  M.  Le  Cerf  a  près  de  207  pieds 
de  profondeur  (  environ  70  mètres  )  ,  et  il  n'obtint 
de  Tcau  vraiment  potable ,  inodore  et  non  ferrugineuse , 
qu^après  avoir  traversé,  non  le  calcaire  jurassique  des 
géologues ,  mais  bien  un  calcaire  très-dur ,  très-bomo- 
gène,  de  couleur  blanchâtre  et  de  nature  un  peu  siliceuse, 
ayant  au-delà  de  trente-cinq  pieds  dVpaisseur. 

Ici,  Messieurs,  je  m^arréte  :  c*est  à  M.  Le  Cerf  quHl 
doit  être  réservé  Thonneur  de  communiquer  au  public 
les  curieux  détails  d*une  entreprise  qui  a  été  couronnée 
d^un  succès  presqu'inespéré ,  surtout  en  considérant  la 
nature  et  la  position  du  terrain  géologique  011  il  a  fait 
creuser  son  puits. 

J'ajoute  que  les  nombreux  échantillons  géognostiques 
provenant  des  couches  successives  traversées  avant 
d^atteindre  la  bonne  eau  jaiUi$sante ,  ont  été  remis 
par  M.  Le  Cerf  à  M.  Passy ,  pour  être  examinés 
et  analysés  par  ce  savant ,  et  l'Académie  verra  proba- 
blement le  résultat  de  cette  analyse  consigné  dans  le 
beau  travail  de  M.  Passy,  concernant  la  statistique 
géologique  du  département  de  la  Seine-Inférieure. 

Je  passe  maintenant  à  Texamen  et  à  ^analyse  de 
i*eau  provenant  des  trois  puits  forés  à  Rouen ,  en  com- 
mençant par  celle  qui  jaillit  de  celui  pratiqué  par  H.  Le 
Cerf.  Les  résultats  obtenus  de  ces  diverses  analyses 
feront  le  sujet  principal  du  résumé  qui  terminera  ce 
mémoire. 


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(49) 

Propriétés  physiques  et  chimiques  de  Peau  prise  au  puits 
foré ,  rue  MartaimnUe» 

Ce  fluide,  étant  bien  dépose,  est  inodore,  sans  saveur 
(étrangère  à  la  bonne  eau  ordinaire.  Il  est  spécifiquement 
uo  peu  moins  lourd  que  l 'eau  des  fontaines  de  Kouen  ; 
il  entre  facilement  en  ébuliition  ,  cuit  bien  les  légumes 
Mcs,  pois ,  fèves,  etc.,  et  dissout  complètement  le  savon 
ordinaire.  Cette  eau  de  savon  est  très-détcrsive ,  et 
convient  au  lavage  et  au  blanchiment  de  toutes  sortes 
de  tissus ,  quelle  qu^en  soit  la  nature    (i}. 

Effets  des   réactifs  chimiques  sur  cette  mime  eau» 

I®  Le  goûi ,  le  prussiate  de  potasse ,  Tacide  gallique 
pur,  ne  décèlent  aucune  trace  de  fer  (carbonate),  ni 
de  sel  ferrugineux.  Ces  trois  réactifs  seuls  sont  en  géné- 
ral plus  que  suffisants  pour  découvrir  ce  métal  (  le  fer  ) 
^lans  Feau  qui  en  «st  minéralisée  ; 

2^  La  baryte  et  son  muriate  la  rendent  légèrement 
opaque ,  mais  le  sulfate  de  chaux  qu'ils  en  précipitent 
ne  s  y  trouve  quVn  très-petite  quantité  {à-peu-près  i/a 
grain  par  titre  )  ; 

3^  Les  nitrates  d'argent  et  de  mercure  y  occasionnent 
un  l^er  précipité.  Ce  précipité  (  chlorure  )  n'était  que 
du  muriate  d'argent  ou  de   mercure. 


(i)  Âraiit  défaire  L*  analyse  de  celle  eao ,  je  Tai  laissé  s*éclaîrcit 
pendant  vingt-quatre  heures ,  parce  qu*en  sortant  du  petit  tube  dt 
proicction  (  le  puits  n*était  pas  encore  tube  )  mis  exprès  pour  avoir 
Teau  iailiissante,  ce  fluide  était  un  peu  opaque,  vu  que  la  force 
d'ascension  de  ce  même  fluide  y  avait  entraîné  une  faible  dose  de  oatière 
calcaire  micacée  très-tenue.  Mais ,  comme  je  vieiu  de  le  dire  , 
cette  eau  se  clarifie  complètement  par  un  repo«  de  vingt-quatre  heures. 
Cet  effet  doit  cesser  quand  le  puits  sera  en  lepos ,  et  surtout  bien 
tobé. 

7 


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(5o) 

Le  premier  de  ces  deux  sels ,  le  nitrate  d'argent , 
décèle  aussi  de  Textractif  dan$  cette  même  eau,  par 
la  couleur  jaunc-rougeâtre  que  ce  protochlorure  d^argent 
insoluble  prend  à  la  longue  (  en  deux  h  trois  jours); 
car  cet  effet  n^a  jamais  lieu  quand  Teau  est  tout-à-fail 
exempte  d^extractif. 

Ici,  je  dois  faire  observer  que  j^ai  toujours  vu ,  dans 
ma  longue  pratique,  que  les  fluides  extractifs,  aqueux, 
salés  par  un  muriate^  tels  que  les  bouillons ,  tisanes, 
les  eaux  de  rivière ,  finissent  par  colorer  en  jaune- 
orange  le  précipite  qui  y  occasionne  Taddition  du  nitrate 
d'argent  liquide.  Cet  effet  est  moins  sensible  si  Ton  opère 
avec  du  nitrate  de  mercure. 

Enfin ,  un  kilogramme  de  ce  fluide,  évaporé  jusqu'à 
siccité  dai^s  une  capsule  de  verre ,  a  donné  moins  de 
trois  graiqs  de  résidu  peu  coloré.  Ce  résidu ,  légèrement 
hygrométrique  ,  avait  une  saveur  un  peu  salée ,  amère. 
L'analyse  y  a  fait  reconnaître  environ  un  demi-grain 
de  sélénite  ;  chlorure  de  cakium  et  de  sodb/m  un  grain;  le 
s^rplus  ét^it  de  Textractif.  Cet  extractif ,  qu'on  rencontre 
spuvent  dans  les  ea^ux  de  source  ,  et  toujours  dans  les 
e^ux  de  rivière ,  provieqt  du  détritus  de  matières  végé- 
tales et  animales  ;  mais  la  quantité  en  est  généralement 
insignifiante ,  et  n'altère  aucunement  la  qualité  potable 
dç  ces  eaux  (i). 

Ainsi ,  en  résumant  les  propriétés  physiques  et  chi- 
miques de  Teau  prise  au  puits  foré  rue  Martainville , 
on  voit  que  ce  fluide  est  plus  pur  que  Teau  qui  jaillit 
des  meilleures  fontaines  de  Rouen,  et  même  que  Teau 
de  la  Seine,   que  j'ai  analysées  Ta)    précédemment, 

(i)  Les  e»ax  eo  qae«Uon  ou  celles  qui  recèlent  cet  •stnctif 
conyiennent  mieqx  ftoni  les  bnanderies  et  poor  -dissoniire  le  savoB, 
que  Teav  qui  en  est  exempte. 

(3)  Voir,  à  cet  égard ,  le  Précu  analytique  4cs  Trarau  de  TAcadéiue 
royale  des  Sciences  de  Roaen,  année  1828,  où  ce^  analyses  sont  consipées. 


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(Si  ) 
puîsquVIIe  ne  tient  guère  que  deux  grains  t/â  de  matière 
étrangère  en  dissolution   par  kilogramme  ; 

Savoir  : 

Sulfate  calcaire  ou  sélënite grains    jB. 

Chlorures  ou  muriates  de  sodium  et  de  calcium.       »         j. 
tlxtractif  végëlo-auimal ,   b-peu-près »        j. 

Total grains  jjjS. 

Résultat  qui  prouve ,  comme  nous  Tavons  déjà  fait 
observer,  la  bontë  de  Peau  jaillissante  de  ce  puits , 
vu  la  faible  portion,  et  encore  vu  Tinnocuitë  des  matières 
hétérogènes  qu'elle  renferme. 

Nous  croyons  devoir  ajouter  ici,  ne  fût-ce  que  comme 
objet  de  renseignement  pour  ceux  qui  font  ou  feront 
creuser  des  puits  artésiens ,  que  Teau  qui  jaillit  de  celui 
de  M.  Le  Cerf,  arrive  de  sa  source  à  près  de  deux  cent 
dix  mètres  au-dessus  de  la  terre  ,  en  prenant  le  niveau 
du  sol  sur  le  grand  plateau  à  fonds  rocailleux  calcaire 
qui  se  termine  à  la  côte  Sainte-Catherine ,  qu'on  voit 
au  sud-est  de  la  ville  de  Rouen,  route  de  Paris. 

Puits  artésiens  affluents ,   ou  dont  Veau  ne  jaillit  pas  au'- 
dessus  du  sol ,  mais  dont  feau  est  intarissable* 

J^ai  donc  examiné  physiquement  et  chimiquement 
Feau  que  donnent  les  deux  puits  affluents  forés  h  Rouen , 
et  dont  j^ai  parlé  ailleurs ,  en  citant  les  lieux  où  ils  sont 
établis  et  leur  usage  actuel.  Voici  succinctement  les 
résultats  que  j^ai  obtenus  de  cet  examen  : 

i<*  L'eau  prise  au  puits  creusé  rue  des  Espagnols, 
quoiquHnodore  et  très-limpide,  dissout  mal  le  savon; 
en  outre ,  elle  est  spécifiquement  plus  lourde  que  celle 
que  donne  le  puits  de  M.  Le  Cerf. 

Enfin,  elle  contient  plus  de  deux  décigrammes ,  ou  près 

7- 


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(5a) 
de  cinq  grains  de  matières  étrangères  en  dissolntion,  par 
chaque  litre  ; 

SAVOia  : 

Sulfate  de  chaux. • .       grains  ']\i. 

Muriatc  de  chaux grains     j. 

Extractif  f  au  moins grains      y 

Silice  et  alumine  très-divisees  ,   quelques 
traces. 

Total 4  grains  1/2. 

Ainsi,  Teau  de  ce  puits,  dont  la  profondeur  peut  avoir 
seize  mètres,  ou  environ  cinquante  pieds,  tient  le  milieu, 
pour  la  pureté ,  entre  Teau  des  puits  ordinaires  qui  ejtis* 
tent  de  temps  immémorial  dans  celle  ville  et  celle  qui 
provient  de  la  Seine.  Ce  qui  fait  présumer  que  le  priil- 
£ipal  affluent  de  ce  puils  lui  arrive  de  ce  fleuve,  dont 
il  nVst  pas  éloigné.  Celte  eau  pourrait,  faute  de  mieux, 
servir  aux  usages  de  la  vie ,  mais  en  général  elle  est 
peu  convenable  au  blanchtment  par  le  savon,  pour  couper 
le  vin ,  pour  la  préparation  des  boissons  alcooliques,  eto 

a*  Que  l'eau  prise  au  puits  creuse  à  l'hôlcl  des  Mon- 
naies, à  Rouen  ,  et  dont  la  profondeur  est  d'environ 
trente  mètres,  nVst  ni  bonne  h  dissoudre  le  savon,  ni 
à  cuire  les  légumes.  C'est  une  eau  dure,  lourde,  peu 
aérée ^  quoique  très-limpide,  et  qui  ne  convient  aucu- 
nement aux  usages  de  la  vie.  Enfin,  elle  contient  plus 
de  deux  décigrammes  de  séténite ,  deux  grains  de  muriate 
calcaire  par  litre.  Ce  puits,  vu  le  niveau  de  son  eau, 
pourrait  donner,  nous  le  croyons  du  moins,  une  eau 
jaillissante,  sHl  était  bien  tube  (1). 

Enfin ,  nous  devons  noter  ici  que  Teau  des  trois  puits 


(f)  On  fait  en  ce  moment  de  nouveaux  travaux  à  ce  puits ,  qai  au- 
ront probablement  cet  benreux  résultat. 


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(53) 
artésiens  établis  h  Rouen,  dans  des  bas-*fonds,  ne  contient 
aucune  trace  de  fer  ni    de  sels  h  bases  métalliques. 

En  définitive ,  il  résulte  des  observations  et  des  expé- 
riences précédentes, 

Qu'un  seul  de  ces  trois  puits  produit  une  eau  jaillis- 
sante au-dessus  du  sol  ;  que  ce  fluide,  vu  sa  pureté,  peut 
servir  h  tous  les  usages  de  la  vie ,  à  la  préparation  des 
boissons,  quelle  qu'en  soit  Tespèce  ;  aux  fabriques,  tein- 
tureries ,  buanderies ,  etc. ,  etc. 

Que  les  deux  puits  affluents  sont  intarissables ,  mais 
qu'un  seul  fournit  de  Teau  dont  on  pourrait  encore  faire 
usage  dans  l'économie  domestique,  vu  que  ce  fluide  n'est 
pas  très-chargé  de  matières  étrangères. 

Qu'enfin ,  ces  deux  derniers  puits  donnent  assez  d'eau 
pour  alimenter  chacun  une  pompe  h  feu,  sans  diminuer 
sensiblement  de  niveau  (i).  Nous  avons  dit  ailleurs 
Tusage  qu'on  fait  de  ces  deux  machines  pyro-^ydrauitques. 

Tels  sont,  en  abrégé,  les  avantages  signalés  que  pré- 
sente déjà ,  dans  notre  vaste  et  populeuse  cité ,  l'éta- 
blissement des  puits  artésiens,  et  dont  la  réussite 
semble  annoncer  la  possibilité  d'en  creuser,  avec  succès, 
dans  les  divers  quartiers  de  la  ville  de  Rouen  où  la 
bonne  eau  manque. 

Je  termine  ces  observations  en  offrant  particulière- 
ment h  M.  Le  Cerf  mon  tribut  d'éloges  et  de  reconnais- 
sance, pour  avoir,  le  premier,  enrichi  la  ville  de  Rouen 
d'un  véritable  puits  artésien,  bien  tube  ou  à  eau  jaillis- 
sante. Ce  succès  prouve  encore  deux  choses  importantes; 
savoir  : 

i<*  Qu'on  peut  obtenir  une  bonne  eau  jaillissante 
des  puits  forés ,  sans  avoir  besoin  de  traverser  le  calcaire 
dit  jurassique  des  naturalistes  et  des  géologues  ; 

(f  )  On  nous  a  assuré  qu'après  donze  heure*  de  traTiil  Teau  de  ces  deux 
puits  ne  baissait  pas  de  deux  pouces  dans  chacun. 


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(54) 

È^  Qu^on  pèul  tenter,  avec  grande  espérance  de  succès, 
dVtablir  des  puits  artësiens  sur  les  bas-fonds  comme 
ailleurs ,  puisque  celui  de  M.  Le  Cerf  existe  dans  le 
prolongement  d'une  profonde  vallëe  à  sol  &ngettx  et 
ferrugineux ,  (  on  y  voit  des  sources  d'eau  minérale-ferru- 
gineuse ) ,  dans  laquelle  coulent  deux  rivières  qui  vien- 
nent se  perdre  à  Rouen  dans  la  Seine. 

J'ai  cru  ^  Messieurs  «  que  ce  mémoire  chimico'-bisto^ 
rique  nVtait  pas  dénué  de  quelqu'intérét  pour  la  ville 
de  Rouen  Y  pour  son  Académie ,  et  en  général  pour  ceux 
qui  voudront  établir  des  puits  forés  à  eau  jaillissante 
Hu  affluente.  Ces  motifs  m'ont  donc  déterminé  à  vou* 
l'offrir.  J'aurais  pu  lui  donner  plus  d'extension  ^  caf 
le  sujet  est  vaste  et  riche  en  observations  de  bien  des 
genres;  mais,  d'une  part,  j'ai  craint  d'abaser  de  voa 
moments;  de  l'autre,  d'entrer  dans  un  terrain  que  mes 
connaissances  ne  permettent  pas  d'éxplorei^  convenà*» 
blement* 


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(55) 
OBSERVATIONS 

SVH  USS  FAUSSES  SENSATIOIïS  ,  HÂLLUCINÂTIOIIS  ; 
Par  M.  FcnnxxB. 
Messieurs  , 

Encouragé  par  un  des  membres  de  l'Académie  à  sol- 
liciter rhonneur  d'être  admis  dans  votre  sein,  je  me 
suis  déterminé  ,  non  sans   défiance  ,  b  suivre  ce  conseil. 

Je  connaissais  trop  mon  peu  de  titres  pour  mériter 
cette  faveur ,  et  en  osant  prétendre  à  m^asseoir  parmi 
Télite  des  savants,  des  littérateurs  et  des  artistes  d'une 
<les  premières  villes  du  royaume ,  je  ne  pouvais  compter 
que  sur  votre  bienveillance. 

L'accueil  que  vous  avez  daigné  me  faire  y  Messieurs, 
a  surpassé  mes  espérances  ;  il  me  laisse  un  regret ,  c'est 
de  ne  pouvoir  vous  offrir  en  échange  que  l'expression 
sincère  d'une  vive  reconnaissance* 

Le  premier  devoir  que  j'ai  à  remplir,  en  paraissant  au 
milieu  de  vous ,  suffirait  pour  me  faire  sentir  ce  qui  me 
manque  pour  justifier  le  titre  honorable  que  vous  avez 
ilaigné  me  conférer. 

Habitués  comme  vous  l'êtes ,  Messieurs ,  à  entendre 
dans  cette  enceinte  les  discours  les  plus  éloquents,  h 
suivre  de  profondes  recherches  scientifiques ,  comment 
oserai'je  solliciter  votre  attention  pour  quelques  obser- 
vations tracées  sans  art?  Puissent-elles ,  au  moins, 
Messieurs ,  vous  paraître  recueillies  dans  un  but  utile  ! 

Parmi  les  nombreux  désordres  intellectuels  qui  sont 
du  ressort  de  la  médecine ,  il  n'en  est  pas  sans  doute  de 


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(.56) 
plus  merveilleux  que  ceux  qui  ont  été  désignés  par  le^ 
noms  de  fausses  sensations ,  hallucinations. 

On  a  peine  à  croire,  lorsqu^oii  n^a  pas  eu  occasion 
d^observcr  ces  phénomènes,  quel  degré  d'illusion  ils 
peuvent  produire. 

Comment  comprendre  ,  en  eflfet ,  'qu'yen  Tabsence  de 
tout  excitant  extérieur,  un  malade  perçoive  des  sensations 
relatives  au  sens  de  Touïe  ,  de  la  vue  ou  de  tout  autre,  et 
que  leur  eiïet  sur  rintellcct  soit  le  même  qu'éprouverait 
un  homme  exempt  de  toute  alFcction  morbide ,  s*il  était 
soumis  à  Taction  de  causes  extérieures  capables  de  pro- 
curer les  mêmes  sensations  7 

Tout  surprenants  qu'ils  sont,  ces  symptômes  sont  fort 
communs  dans  les  maisons  d'aliénés  ;  une  grande  pro- 
portion des  malheureux  qui  les  habitent  n*éprouve  guère 
d^autres  accidents ,  ou ,  pour  mieux  dire ,  tous  les  tra- 
vers de  leurs  jugements,  toute  la  violence  de  leurs 
actions  ,  Thorrcur  de  leur  désespoir  »  ne  recomiaissent 
pour  cause,  pour  point  de  départ,  que  des  halluci- 
nations. 

Mon  but  n'est  pas ,  Messieurs ,  de  vous  ofirir  ici  une 
histoire  complète  de  ces  altérations  de  la  sensibilité  ;  je 
voudrais  seulement  vous  soumettre  quelques  exemples 
des  effets  variés  auxquels  elles  peuvent  donner  lieu ,  et 
vous  indiquer  les  avantages  que  leur  étude  pooirait 
procurer  à  la  théorie  et  à  la  pratique  médicales. 

L'influence  des  hallucinations  varie  suivant  leur  in- 
tensité, leur  nature,  le  caractère  de  ceux  qui  les  éprouveat. 

Cet  aliéné  que  vous  voyez  passer  les  journées  entières 
contre  une  porte  ou  une  ienétre,  à  travers  laquelle  il  coa* 
verse  avec  un  interlocuteur  invisible ,  ne  fait  que  ré- 
pondre aux  interpellations  qu'il  croit  lui  être  adressées. 

Cet  autre  qui  marche  à  grands  pas,  vocifère ,  lance  à 
droite  et  à  gauche  des  coups  qui  n'atteignent  que  l'air, 
est  encore  un  halluciné  qui  cherche ,  par  ses  menaces , 


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(57  ) 
par  ses  coups ,  h  repousser  ceux  qu'il  entend ,  quHl  voit 
acharnes  h  sa  poursuite. 

La  rixe  qui  vient  d'avoir  lieu  entre  ces  deux  in- 
sensés ,  la  fureur  avec  laquelle  ils  se  sont  élancés  l'un 
sur  l'autre  y  reconnaissaient  un  motif  du  même  genre  : 
Tun  d'eux  a  vu ,  dans  son  adversaire ,  l'auteur  d'insultes 
dont  il  est  obsédé  ;  l'autre  a  vu  des  grimaces ,  des  gestes 
menaçants. 

Un  halluciné,  libre  dans  notre  ville,  entend  sans  cesse^ 
chez  lui,  dans  les  rues,  dans  les  cercles,  d'horribles 
menaces  :  il  cherche  les  lieux  les  plus  solitaires ,  sans  y 
trouver  plus  de  calme.  Il  ne  >  peut  s'expliquer  les  at- 
taques dirigées  contre  lui,  qu'en  supposant  une  vaste 
conspiration  ourdie  par  des  hommes  jaloux  de  son  mé- 
rite ;  on  soudoyé  des  agents  de  police  pour  troubler  son 
repos^  Mais  il  va  leur  échapper  :  il  passe  en  Angleterre , 
où  les  gens  du  peuple ,  les  agents  de  police  parlent  une 
langue  qu*il  n'entend  pas  ;  vain  espoir ,  les  mêmes  in- 
jures Tatteignent  à  Londres ,  et  bientôt  il  revient  plus 
d^spéré  dans  sa  ville.  Que  fera-t-il  ? 

Mais  vous  n'avez  pas  encore  entençhi ,  Messieurs , 
les  conséquences  les  plus  graves  defMHprations  de  la 
sensibilité.  ^ 

Cet  homme ,  fumant  encore  du  sang  de  son  semblable , 
vient  de  le  tuer  ;  il  a  cru  punir  en  lui  l'auteur  de 
propos  outrageants  ,  un  ennemi  qui ,  depuis  des  mois  , 
jour  et  nuit ,  proclamait  h  ses  oreilles  son  déshonneur. 

Ub  autre,  qui  éprouvait  les  mêmes  souffrances,  ne  s'est 
donné  la  mort  que  pour  se  soustraire  h  un  supplice 
qu'il  désespérait  de  voir  finir. 

Quelquefois  ces  deux  déterminations  s'enchaînent  et 
se  succèdent  chez  l'halluciné  :  il  tue  l'homme  qu'il 
croit  acharné  à  le  persécuter  ;  il  se  détruit  ensuite , 
pour  se  soustraire  ^  la  vengeance  des  lois. 

8 


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(58) 

Quelle  persévérance  ,  quelle  obstination  de  désespoir! 
Ce  cadavre  décharné ,  exsangue  ,  est  celui  d'un  malheu- 
reux qui  vient  d'expirer  d'inanition  !  Pendant  près  de 
deux  mois  ,  on  a  pu  le  soutenir  avec  des  liquides 
nourrissants  injectés,  malgré  lui,  au  moyen  d'une  sonde, 
jusque  dans  Testomac  ;  il  ne  refusait  d'aliments  avec 
tant  de  constance  que  parce  qu'il  trouvait ,  à  tout  ce 
qui  entrait  dans  sa  bouche ,  une  saveur  affreuse  qu  il 
attribuait  au  poison  ,  en  un  mot ,  que  parce  qu'il  avait 
des  hallucinations  du  goût. 

Je  ne  multiplierai  pas,  Messieurs  ,  les  déplorables 
exemples  de  ce  genre  ;  j'en  ai  dit  assez  ,  j'espère  ,  pour 
justifier  les  conséquences  auxquelles  m'a  conduit  l'élude 
des  hallucinations. 

Je  me  crois  fondé  ,  quelque  imposante  que  soit  l'au- 
torité des  hommes  qui  professent  une  opinion  contraire, 
h  considérer  la  plupart  des  suicides  et  des  homicides 
commis  par  des  insensés  ,  comme  des  effets  d'hallu- 
cinations. 

Ces  cas  ne  sont  pas ,  à  mes  yeux  ,  des  monomanies 
homicides  ou  suicides  ,  comme  on  l'entend  de  ces  pré- 
tendues impuKons  irrésistibles  au  meurtre  des  autres 
ou  de  soi-même ,  impulsions  dont  on  ne  peut  donner 
aucun  motif  plausible  en  négligeant  l'hallucination  qui 
les  produit. 

L'halluciné  ne  tue  pas  pour  le  plaisir  de  tuer  ;  il 
ne  se  détruit  pas  parce  qu'il  est  dégoûté  de  la  vie  en 
clle>môme  :  il  tue  par  vengeance  ;  il  tue  pour  obtenir 
quelque  tranquillité ,  en  anéantissant  celui  qu'il  regarde 
comme  son  persécuteur  ;  il  se  détruit  parce  que  le 
néant  est  préférable  au  déshonneur  ,  est  préférable  à 
un  supplice  de  tous  les  moments,  dont  il  ne  peut  espérer 
la  ^n  ;  il  ne  se  tue  qu'après  avoir  cherché  mille  autres 


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(59) 

moyens  de  se  soustraire  à  la  cause  qui  dtftermîne  enfin 
son  suicide. 

Mais  ce  n'est  pas  ,  ainsi  qu'on  envisage  d'ordinaire 
le  meurtre  ,  le  suicide  commis  par  des  insensés  ;  on 
ignore  sa  véritable  cause  ,  et ,  frappé  d'un  effet  terrible  , 
on  s'évertue  h  expliquer  ou  du  moins  à  constater  com- 
ment ,  sans  motif  aucun ,  un  homme  se  trouve  irré- 
sistiblement poussé  a  des  actes  sanguinaires. 

La  controverse  qui  existe  encore  aujourd'hui  sur 
cette  question  :  existe-t-il  une  monomanie  suicide,  ho- 
micide? serait  bientôt  terminée  si  l'on  pouvait  recon- 
naître qu'elle  doit  être  traduite  par  celte  autre  :  les 
.  hallucinations  peuvent-elles  porter  au  meurtre  des  autres 
ou  de  soi-même  ? 

Si  je  i^e  me  suis  abusé  ,  Messieurs ,  dans  l'impor- 
tance que  j'accorde  aux  hallucinations  ,  vous  ne  serez 
pas  surpris  qu'au  lieu  de  les  réléguer  dans  la  catégorie 
si  nombreuse  des  symptômes  des  infirmités  mentales  » 
je  les  regarde  comme  caractère  fondamental  d'une  grande 
classe  de  ces  maladies.  Les  avantages  qui  n-sultent  de 
l'étude  attentive  de  ces  phénomènes ,  ne  se  bornent 
pas  ,  dans  ma  manière  de  voir  ,  à  fournir  des  données 
théoriques  plus  précises^  la  pratique  peut  aussi  en 
tirer  profit. 

Je  vous  citerais  ^  Messieurs ,  si  je  ne  craignais 
d'abuser  de  votre  attention  ,  des  cas  dans  lesquels  nous 
avons  vu  le  calme  le  plus  parfait  rétabli  chez  des 
hommes  que  des  hallucinations  de  l'ouïe  avaient  poussés 
aux  plus  horribles  tentatives.  Il  n'avait  fallu  que  traiter 
le  sens  spécialement  affecté ,  pour  obtenir  cet  heureux 
changement. 

Mais  je  craindrais  d'abuser  des  moments  de  l'Acadé- 
mie en  entrant  aujourd'hui  dans  de  plus  longs  détails  ; 

8. 


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(6o) 
p4us  tard  ,  si  les  développements  dont  ce  sujet  est  sus- 
ceptible ne  vous  semblaient  pas  trop  indignes  de  votre 
examen,  j^aurai  Thonneur  de  vous  présenter  ce  que 
ma  position  m'a  permis  d'observer  a  cet  égard. 


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(6i  ) 

NOTE 
SUR    DEUX   OPÉRATIONS 

DE  PUPILLE-  ARTinCIELLE  ; 
Par  M.  YiHGTiniiER,  Chimrgieii  àts  Prisons  (i). 

Messieurs  ^ 

L'altération  de  Toeil  gauche ,  qui  a  nécessité  Topé- 
ration  ,  est  remarquable  en  ce  que  la  cornée ,  l'iris  et 
une  portion  seulement  de  la  membrane  rristalloïde  ont 
été  lésés  à  la  fois.  Le  malade  a  reçu  ,  dans  la  figure  , 
un  coup  de  fusil  chargé  h  petit  plomb  ;  un  grain  a 
frappé  l'œil  gauche ,  h-peu-près  au  milieu  de  la  cir- 
conférence de  la  cornée  ^  contre  la  sclérotique ,  et  il 
en  est  résulté  : 


(0  Le  sujet  qui  a  snbi  les  deux  opérttions  dont  il  est  question 
ici  f  est  un  jeune  homme  de  vingt-deux  ans  ;  il  s* est  présenté ,  aveugle  et 
défiguré,  sur  le  banc  des  criminels  ,  accusé  d*avoir  commis  une  tentative 
de  meurtre  sur  la  personne  d'un  garde.  La  nature  des  blessures  reçues 
par  les  deux  blessés  fit  naître  la  question  de  savoir  lequel  avait  tiré  le 
premier;  plusieurs  médecins  furent  consultés  ,  les  uns  crurent  que 
c'était  le  garde ,  les  antres  que  c'était  le  braconnier.  Pour  moi ,  la  pre- 
mière opinion  ne  fit  pas  l*  objet  d*un  doute,  et,  malgré  la  condamnation 
à  mort  prononcée  contre  le  malheureux  Vanier,  je  le  crois  toujours 
victime  d'une  erreur  de  la  justice  des  hommes.  Quoi  qu'il  en  8oit,Vanier 
est  on  jeune  homme  doux  «  honnête  et  laborieux.  Le  désir  d'avoir  un 
dtfvreuil  pour  le  jour  de  ses  noces ,  l'a  fait  braconer  un  seul  jour,  et  l'a 
perdu!  Le  Roi  a  commué  sa  peine  en  une  détention  à  vie;  et  les  secours 
de  l'art  l'ont  sauvé  des  ténèbres  perpétuelles  auxquelles  il  est  destine. 
Repère  que  l'intérêt  que  lui  porte  l'administration  lui  fera  obtenir  de 
U  clémence  du  Prince  une  nouvelle  grâce  ! 


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God^k 


(60 

i^  Une  adhérence  du  bord  pupiUaire  de  l'iris  à 
la  partie  inférieure  de  la    cornée  ; 

2**  Un  rétrécissement  considérable  de  la  pupille  ainsi 
déplacée  ; 

3<*  Une  opacité  de  la  membrane  cristaiioïde ,  laquelle 
fermait  la  pupille  presque  totalement. 

Cette  dernière  complication  rendait  le  diagnostic  assez 
délicat  ,  en  ce  qu'il  était  difficile  de  savoir  jusqu  où 
allait  Fopacité  de  la  cristalloïde ,  ou  peut-être  du  nns- 
tallin  ,  et  y  par  suite  y  sHl  ne  faudrait  pas  faire  en  même- 
temps  l'opération  de  la  cataracte  et  celle  de  la  pu- 
pille artificielle. 

L'excision  faite  à  Tiris  a  démontré  que  F  opacité  de 
la  membrane  cristalloïde  était  peu  étendue ,  et  que ,  re- 
marquable en  face  de  la  pupille  ,  elle  allait  en  dimi* 
nuant  du  côté  de  la  circonférence  du  cristallin  ;  et  en 
effet ,  dans  ce  moment ,  la  lumière  ne  passe,  que  par 
cette  partie  de  Tœil  y  ainsi  qu'on  peut  le  voir  dans 
le  dessin  colorié  que  je  joins  ici.   (^Fig.  i  e/  a). 

L'opération  a  été  faite  par  le  procédé  de  Wenzel, 
c'est-à-dire  par  excision.  Un  couteau  de  Richter  a  été 
enfoncé  dans  la  chambre  antérieure  de  Tœil,  et  a  incisé 
en  un  même  temps  la  cornée  et  l'iris  ;  des  ciseaux 
courbes  et  très-déliés  ont  ensuite  été  portés  derrière 
l'iris  ,  et  une  portion  assez  grande  de  cette  membrane 
a  été  excisée  en  haut  et  en  dehors. 

Le  malade  ,  présenté  à  l'Académie  y  grâce  à  la  pei^ 
mission  obligeante  de  M.  le  procureur  générai ,  a  fait 
connaître  lui-même  combien  le  succès  obtenu  le  rend 
heureux.  Il  voit  pour  se  conduire  y  jouer  au  domino , 
aux  cartes  y  et  pour  s'occuper  de  quelques  travaux.  H 
distingue  mieux  lorsqu'il  se  sert  de  verres  à  cata- 
ractes. 

L'œil  droit  présentait  moins  de  chances  f  en  £iveur 
de  l'opération  qui  était  aussi  indiquée  pour  lui  rendre 


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(63) 
la  lumière  ;  une  suppuration  occasionnée  par  le  choc 
ou  Tintroduction  de  grains  de  plomb  ,  avait  réduit  cet 
œil  d'un  tiers  au  moins  de  son  volume  et  changé  sa 
forme  ;  la  sclérotique  portait  les  traces  de  deux  ci- 
catrices profondes  ,  Tune  verticale  ,  au-dessous  de  la 
cornée  ;  Fautre  transversale  ,  touchant  à  la  première ,  et 
se  terminant  au  repli  ou  membrane  clignotante.  La 
cornée  transparente  était  réduite  h  la  moitié  de  sa  surface 
ordinaire  ;  mais  ce  qu'il  en  restait  était  sain  y  très- 
transparent.  On  voyait  derrière  une  partie  de  Tiris 
tendue  et  écartée  de  la  cornée  ;  mais  il  n'y  avait  pas 
de  trace  de  pupille. 

Malgré  ce  désordre  ,  Vanier  distinguait  le  grand  jour 
d'avec  les  ténèbres  ,  et  il  s'apercevait  du  passage  de 
la  main  devant  son  œil.  Ceci  m'a  fait  penser  qu'en 
détruisant  l'obstacle  que  l'iris  mettait  au  passage  de 
la  lumière ,  en  faisant  une  pupille  ^  le  malade  pourrait 
voir  aussi  de  cet  œil. 

J'ai  donc  tenté  l'opération.  Ici  l'étroitesse  de  l'espace 
d^u^  lequel  il  fallait  manœuvrer  changea  le  mode  opé- 
ntoire ,  et  je  mis  en  pratique  une  modification  opé- 
ratoire que  j'ai  proposée,  en  1818  ,  dans  une  disserta- 
tion faite  h  ce  sujet.  J  ai  fait  h  la  partie  inférieure  de 
la  cornée  une  ouverture  grande  seulement  pour  laisser 
passer  une  airigne  ;  avec  cet  instrument  j'ai  décollé 
l'iris,  en  la  prenant  à  sa  grande  circonférence,  et  l'ai 
amenée  b  l'ouverture  pour  Texciser.  J'ai  obtenu  ainsi 
une  pupille  représentant  un  triangle,  dont  chaque  côté  a 
une  ligne  et  demie  ;  on  en  voit  ici  le  dessin.  (  Fig.  3.  ). 

Le  malade  n'a  tiré  aucun  avantage  de  cette  seconde 
opération  ;  la  rétine  est  paralysée.  Heureusement  que 
l'œil  gauche  se  fortifie  ,  et  qu'il  peut  suffire  au  malade. 


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ces  j 

RENSEIGNEMENTS 
STATISTIQUES  , 

SVK    LA    MORTALITÉ    BES    ENFAKTS    EN    BAS     AGE  ^ 

Présentés  à  VMaàémie  des  Sciences ,  BeUes-LeUtes  et  Arts 
de  Rouen ,  dans  sa  séance  du  12  mars  i83o  ; 

Par  M.  A.-G.  Balun. 

Messieurs  , 

La  statistique  est  une  science  nouvelle^  dont  on  s'occupe 
beaucoup  aujourd^ui^  et  quia  fait  d'immenses  progrès 
en  peu  d'années.  Ses  applications  sont  sans  bornes;  mais  ^ 
parmi  les  faits  innombrables  qu'elle  constate ,  ceux  qui 
$e  rapportent  à  la  vie  humaine  méritent  sans  doute 
une  attention  toute  particulière.  J'ai  donc  pense  que 
vous  accueilleriez  avec  quelque  intérêt  les  observations 
que  je  vais  avoir  l'honneur  de  vous  présenter. 

Des  recherdies  de  statistique  médicale  ont  établi  que 
ia  plupart  des  enfants  nouveaux  nés  n'ont  pas  acquis  ^ 
dans  les  premiers  instants  de  leur  ejcistence  y  une  cha- 
leur suffisante  pour  supporter  le  refroidissement  de  l'at- 
mosphère pendant  Thiver.  L'Académie  royale  des 
sciences ,  supposant  que  la  nécessité  de  présenter  les  en* 
iaats  à  la  mairie  dans  les  trois  jours  de  leur  naissance , 
conformément  aux  dispositions  de  l'article  55  du  code 
civiT,  doit  avoir  une  influence  ficheuse  sur  leur  santé 
lorsque  la  saison  est  rigoureuse  ,  s'occupa  de  recueillie 
des  renseignements  propres  ii  reconnaître  si  cette  opinion 
est  plus  ou  moins  fondée. 

D'après  le  vobu  émis  par  cette  Académie ,  le  mi- 
nistre da  l'intérieur  a  invité  les  préfeU  à  rédiger,  pour, 

9 


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(66) 
chaque  dt^partemont  ,   des  tableaux   de   mortalité  des 
enfants  de   un  à   trois  mois  ,  dans  douze  communes 
différentes ,  pendant  les  années  i8a6  ,    1827  et  i8a8. 

Chargé  de  ce  travail ,  en  ce  qui  concerne  le  dépar- 
tement de  la  Seine-Inférieure ,  je  me  suis  convaincu 
de  la  nécessité  de  l'envisager  un  peu  plus  largement. 

Au  lieu  de  douze  communes  seulement ,  j'en  ai  pns 
quatre  dans  chacun  des  cinq  arrondissements  ,  ce 
qui  fait  en  total  vingt.  Je  les  ai  choisies  parmi  les 
plus  populeuses  ,  sans  toutefois  y  comprendre  les 
che&-lieux  d'arrondissement  ;  et  j'ai  eu  soin  qu'elles 
fussent  dans  des  circonstances  différentes ,  je  veux  dire 
que  les  unes  sont  situées  sur  les  bords  de  la  mer  oa 
de  la  Seine  ,  les  autres  dans  Tintérieur  des  terres. 
Dix  d'entr'elles  ont  leurs  populations  agglomérées  ;  dans 
les  dix  autres  elles  sont  disséminées. 

£n  formant  les  tableaux  partiels  de  chaque  com- 
mune y  dont  le  modèle  n'avait  pas  été  indiqué  ,  j'ai 
remarqué  que  les  résultats ,  par  année  et  par  mois  , 
étaient  trop  faibles  et  trop  différents  pour  qu'on  pût 
en  tirer  des  inductions  propres  à  connaître ,  avec  qnelquc 
exactitude ,  l'état  des  choses  ;  je  les  ai  donc  compensés 
les  uns  par  les  autres ,  en  les  réunissant  pour  les  trois 
années  et  par  trimestre.  J'ai,  en  outre,  divisé  Tannée 
en  guaire  températures^  sans  égard  à  l'époque  de  son 
commencement,  ce  qui  me  semble  plus  convenable 
au  but  qu'on  se  propose  d'atteindre. 

Au  surplus  ,  les  résultats  de  ces  tableaux  partiels 
présentent  encore  des  différences  si  considérables 
que  j'ai  jugé  nécessaire  de  les  rapprocher  dans  uo 
tableau  récapitulatif. 

C'est  celui  que  j'ai  l'honneur  de  mettre  sous  vos  yeux  : 
il  fait  connaître  que  ,  pour  les  vingt  communes  prises 
ensemble  ,  la  mortalité  des  enGuits  au-dessous  de  trois 
mois  est   proportionnellement  plus  forte   pendant  la 


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Ji^n  froide  ei  humide  y  c'est-à-dire  pendant  les  mois 
eptembre  ,  octobre  et  novembre  ;  elle  Test  moins , 
contraire  ,  pendant  la  saison  Jroide  ,  c'est-b-dire 
/"•lanl  les  mois  de  décembre  ^  janvier  et  février.  Dan» 
"emier  cas  ,  elle  est  de  i  sur  5,6a  ;  dans  le  second  , 
sur  8,53  :  différence  très-considérabic ,  mais  qui 
evient  moins  sur  une  plus  grande  échelle,  ainsi 
m  le  vterra  bientôt. 

mortalité  est  plus  fojrte  dans  les  communes  où 

FER  M      copulation  est  disséminée  que  dans  celles  oii  elle  est 

jj^   oméréc  ,  et  elle  est  aussi  plus  forte  dans  Tintérieur 

I5SAX        terres  que  sur  les  bords  de  la  mer  ou  de  la  Seine. 

par        proportion  est  1  sur  5,84  et  i  sur  7,49^;  >  sur  6,»o 

^^^      :  sur  7,3o. 

IaoBn ,  Messieurs  ,  dans  le  désir  de  rendre  mon  travail 
ore  plus  satisfaisant ,  et  d'approcher  le  plus  près- 
«ibie  de  la  vérité ,  j'ai  formé  un  tableau  comparatif 
^apiiuialif  des  naissances  et  décès  aoant  trois  mois  , 
ir  les  mêmes  années  ,  dans  les  cinq  arrondissements 
a.5,  jdans  la  ville  de  Rouen  ,  présentant  le  résultat  final 
Jr  tout  le  département.  11  est  également  ri-joint, 
ue  tableau  prouve  que  rarrondissoment  rural  de 
•uen  est  celui  ou  la  mortalité,  parmi  les  jeunes 
mnts,  est  le  plus  considérable  :  ce  qu^on  doit  sans. 
Bte  attribuer  au  grand  nombre  d^enfants  mis  en  nour- 
9..  4,  ('41  dans  les  environs  de  cette  ville» 

Voici  f  au  surplus  ^  Tordre  progressif  décroissant  de 
Ile  mortalité  ,  pour  une  année  moyenne  : 
Arrf^n/lUftftTnpnt  rural  dc  Roucn  •.•.••••   I  sur  5,09* 

Arrondissement  de  Neufchâtel i  sur  5,41 

^        Arrondissement  de  Dieppe •...••   1  sur  6,97 

^'^      Arrondissement  du  Havre i  sur  8,0g 

Ville  de  Rouen • 1  sur  8,37 

^^Arrondissement  d'Yvetot i  sur  1 1, 1 1 

Terme  moyen I pour  tout  le  département,  i  sur  7,07 

9- 


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(68) 
De  même  que  dans  le  tableau  des  vingt  communes, 
la  mortalité  est  ici  plus  forte  pendant  la  saison  froide 
et  humide  ;  mais  c^est  pendant  la  saison  modérée  des 
mois  de  mars ,  avril  et  mai ,  qu'elle  est  moins  forte. 
Dans  le  premier  cas  elle  est  de  i  sur  6,14  ;  ^^ns  le 
second  de   i   sur  8,57. 

Partout ,  excepté  dans  l'arrondissement  de  NeufcbiteK 
elle  est  plus  considérable  pendant  les  six  mois  froids  de 
septembre  à  février  ;  mais  Faugmentaion  est  pea  sen- 
sible ,  puisqu'elle  n'est  que  d'environ  i/63'. 

On  voit  que  ce^  résultats  diffèrent  très-peu  de  ceux 
du  tableau  des  vingt  communes  ;  mais  ils  doivent  être 
considérés  comme  plus  sûrs ,  puisqu'ils  portent  sur  des 
bases  ^beaucoup  plus  étendues. 

Ainsi  se  trouvent  vérifiées  ,  pour  ce  département,  les 
observations  communiquées  à  l'Académie  royale  des 
sciences  ;  mais  doit-on  y  comme  elle  ,  attribuer  cet 
excès  de  mortalité  à  l'obligation  imposée  par  la  loi 
de  présenter  les  enfants  aux  mairies  dans  les  trois 
jours  qui  suivent  leur  naissance  ,  ou  bien  h  l'influence 
générale  d'une  température  rigoureuse  ,  qui  se  fait  sentir 
même  dans  les  maisons  des  villes  où  règne  Taisance^ 
^  et ,  à  plus  forte  raison  ,  dans  les  campagnes  et  dans 
les  asiles  de  la  misère  ? 

Cette  question  ne  me  semble  pouvoir  être  résolue 
que  par  les  observations  longues  et  minutieuses  des 
hommes  qui  pratiquent   l'art  des  accouchements. 

II  est  évident ,  au  surplus  «  que  la  présentation  des 
enfants  h  la  mairie  doit  offrir  bien  moins  de  danger 
que  la  cérémonie  du  baptême ,  qui  a  lieu  dans  des 
églises  toujours  froides  et  humides. 


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(69) 
RÉFLEXIONS 

sua    imS    ÉVIDiviE   VARlOUQUEf 

Ohsmvée  à  l'Hospice  général  de  Rtmen ,  dans  le  mois  de 
décembre  iSag  ; 

Ptr    M.    BlARCHB. 

Messievbs  , 

Ost  lorsqu'une  maladie  se  développe  sur  un  grand 
nombre  d'individus  ^  la  fois,  qu'on  en  apprécie  bien  les 
caractères,  et  qu'on  embrasse  les  formes  variées  sous 
lesquelles  elle  peut  s'offrir. 

Dans  le  commencement  de  septembre  1829,  un  enfant 
fut  reçu  à  l'hospice  général ,  qui  était  atteint  de  la  va- 
riole parvenue  h  la  période  de  suppuration  ;  il  mourut 
au  douzième  jour,  c'est-h-dire  lorsque  la  dessication 
était  complète.  Dix  jours  après  sa  mort ,  les  prodromes, 
ou  signes  précurseurs  de  la  même  maladie ,  éclatèrent 
sur  dix  ou  douze  enfants  à  la  fois,  et  une  variole 
discrète  parcourut  sa  marche  accoutumée.  Plusieurs 
autres  enfants  furent  successivement  atteints,  et  le 
nombre  total  des  varioleux  fut  de  vingt-neuf.  Au- 
jourd'hui tous  sont  convalescents  ,  et  deux  seulement 
ont  succombé  après  la  suppuration  ;  chez  l'un  d'eux ,  les 
yeux  semblaient  détruits  par  une  véritable  résorbstion , 
chez  l'autre  ,  scrophuleux  et  infirme ,  plusieurs  escarres 
gangreneuses  s'étaient  développées  aux  différentes  par- 
ties du  corps. 

y oici,  Messieurs,  ce  que  cette  petite  épidémie  m'a 


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(70) 
paru  oflirir  de  remarquable  :  le  principe  contagieux, 
dont  la  source  ne  pouvait  être  douteuse  «  a  eu ,  chez  dix 
enfants  au  moins ,  une  incubation  uniforme  ,  et  Tinva- 
sion  a  éclaté  chez  eux  au  même  moment  et  par  les 
mêmes  symptômes  :  vomissements,  rougeur  dç  la 
langue  ,  déglutition  douloureuse ,  gonflement  des  pau- 
pières ,  larmoiement ,  etc.  La  douleur  lombaire  qui  pré- 
cède si  habituellement  la  variole  notait  accusée  que  par 
les  plus  âgés.  Chaz  trois  de  ces  malades  seulement ,  le 
visage  et  les  mains  se  sont  tuméfiés ,  quoique  chez  tous 
la  variole ,  sans  être  confluente ,  se  composât  d^un  grand 
nombre  de  pustules.  Chez  aucun ,  la  salivation  ou  la  diar- 
rhée ne  se  manifestèrent,  et  sur  les  deux  qui  mou- 
rurent, Tun  avait  eu  la  main  et  le  visage  fort  tuméfiés. 

Un  grand  nombre  d'enfants  occupant  la  même  salle, 
et  qui  avaient^été  vaccinés  ,  éprouvèrent,  pendant  celte 
épidémie ,  ceci  me  paraît  un  fait  curieux ,  tous  les 
signes  précurseurs  de  la  variole  :  vomissements ,  rougeur 
de  la  langue ,  tuméfaction  des  paupières  j  fièvre ,  etc. 
Mais  cette  petite  maladie  se  terminait  chez  tous  brus- 
quement ,  après  deux  ou  trois  jours  de  durée ,.  époque 
a  laquelle  serait  apparue  Téruption,  s'ils  n'avaient  été 
dans  des  conditions  h  en  être  garantis*  C'était  chose 
remarquable  de  voir,  dans  une  salle  de  près  de  quatre- 
vingts  lits ,  une  maladie  s'offrir  sous  des  formes  identi- 
ques chez  des  enfants  dans  des  conditions  opposées, 
avec  cette  notable  différence  qu'elle  se  bornait  anx 
signes  de  l'invasion  chez  ceux  qui  avaient  été  vaccinés, 
et  qu'elle  parcourait,  chez  les  autres,  ses  périodes  ac- 
coutumées. 

Voici  maintenant  les  réflexions  que  peut  faire  naitire 
cette  observation  :  la  tuméfaction  du  visage  et  des 
mains ,  la  salivation  et  la  diarrhée ,  ne  sont  pas ,  dans  la 
variole ,  des  phénomènes  aussi  constants  qu'on  poiôrait 
le  croire ,  si  on  ne  connaissait  cette  maladie  que  par  ce 


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(  7»  ) 
qu'en  ont  écrit  les  auteurs.  Le  gonflement  de  la  figure  et 
des  mains  ne  serait  pas  davanrage  une  condition  néces- 
saire à  une  terminaison  favorable  ,  puisque  ,  chez  aucun 
des  vingt-sept  malades  convalescents  aujourd'hui ,  pas  un 
de  ces  phénomènes  n'a  été  observé,  et  qu'au  con- 
traire la  tuméfaction  a  existé  chez  l'un  des  deux  ma* 
lades  qui  ont  perdu  la  vie.  L'absence  de  ces  symptômes 
serait  bien  moins  encore  l'indice  constant  d'une  termi- 
naison funeste ,  ainsi  que  Tont  écrit  quelques  anciens. 

Sans  doute ,  il  est  bien  de  connattrules  anciens  ,  de 
respecter  leurs  ouvrages  ;  mais  les  anciens  n'ont  pas 
tout  vu  ;  mais  le  temps  n'avait  pas  pour  eux  une 
marche  moins  rapide  que  pour  nous.  Le  vaste  génie 
d'Hippocrate  n'a  pu  tout  embrasser ,  et ,  au  milieu  de  ses 
sublimes  préceptes,  se  trouvent  des  erreurs  que  le 
temps  a  proclamées» 

Quant  aux  signes  précurseurs  de  la  variole  qui  se 
sont  développés ,  pendant  cette  épidémie  ,  chez  un  grand 
nombre  d'enfants  vaccinés ,  ils  sembleraient  prouver  que 
la  vaccine  ne  préserve  que  d'une  partie  de  la  variole , 
la  plus  importante  à  la  vérité  ,  l'éruption  ;  que  le 
principe  contagieux  exerce  quelque  action  chez  les  en^ 
fants  vaccinés,  après  une  incubation  plus  ou  moins 
prolongée ,  mais  sans  produire  d'autres  accidents  que 
les  symptômes  les  plus  innocents  de  cette  redoutable 
maladie. 

J'ai  pensé,  Messieurs ,  que  cette  observation  pourrait 
n^étre  pas  sans  quelque  intérêt  pour  vous,  et  depuis  long- 
temps j'aurais  eu  l'honneur  de  vous  la  communiquer  « 
si  je  n'avais  été  chargé  par  vous  de  quelques  autres 
travaux. 


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(73) 
NOTICE 

HISTORIQUE   ET   STATISTIQUE 
SUR  LES  ENFANTS  TROUVÉS  ; 

Par  M.  Le  Pasquibr. 

Messieurs  y 

LVxposilion  des  enfants  nouveaux  nés  ne  doit  point 
être  seulement  reprochée  aux  temps  modernes  :  on 
retrouve  encore  des  traces  de  cette  coutume  aux 
époques  mêmes  dont  lliistoire  s'est  embellie  des  orne- 
ments de  la  fable.  CXdipe  et  Paris  furent  exposés ,  l'un 
sur  le  mont  Citheron ,  Tautre  sur  le  mont  Ida. 

Depuis  lors  ,  à  la  vérité ,  cet  exemple  n'a  point  été 
commun  dans  les  matsons  royales  ;  mais  on  a  vu 
fréquemment  «  chez  les  Grecs  et  chez  les  Romains ,  des 
pères  de  famille  trop  pauvres  pour  élever  leurs  enfants 
les  exposer  ,  dans  les  carrefours  ou  à  la  porte  des 
temples.  La  pitié  les  recueillait ,  et  ils  appartenaient 
à  ceux  qui  en  prenaient  soin.  (  Dictionnaire  des  Sciences, 
verbo  Enfants  trouvés.  ) 

Les  empereurs  G)nstantin ,  Valens  y  Gratien  et  Va- 
lentinien  ,  publièrent  des  règlements  dans  l'intérêt  des 
enfants  dont  l'exposition  avait  lieu.  Justinien  les  déclara 
libres  ,  et  défendit  aux  personnes  qui  avaient  pris  soin 
de  les  élever  ,  de  les  vendre  ou  de  les  traiter  en  es- 
claves,  soit  que,  nés  dans  une  condition  libre  ,  ils 
eussent  été  exposés  par  leurs  propres  parents ,  soit 
que  ,  nés  dans  la  servitude  ,  ils  eussent  été  exposés  par 
leurs  maîtres. 

lO 


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(  74) 
Dès  les   premiers  siècles   de   noire  ère  ,  la  xharité 
chrtfûeniie  étendit  sa  solUcifude  au  sort  de  ces  enfants; 
ils   étaient  baptisés  ,  élevés  et  entretenus  aux  dépens 
du  trésor  de  chaque  église  à  la  porte  de  laquelle  avait 
eu  lieu  Texposition ,  dans  une  espèce  de  coquille  en 
marbre  disposée  pour  le    recevoir.   (^  Dictiomnmn  des 
sciences ,  ut  suprà  ).  Plus  tard ,  et  en  diverses  localités , 
sous  Tautorité  de  pieux  évéques ,  il  se  forma  des  éta- 
blissements spéciaux  où  ils  étaient  recueillis.  On  citera 
entr'autre     ceux  qui  furent  fondés  à  Angers  dans  le 
septième    siècle  ,  à  Montpellier  dans  le   douzième  , 
h  Paris  dans  le  quatorzi  me  Mais,  en  il^ifiy  ce  dernier 
établissement  fut  exclusivement  affecté  aux  enfants  né& 
en  l(%itime  mariage;  les  autres  furent,  dès-lors,  portés 
dans  une  maison  particulière  vulgairement  appelée  k 
Couche,  {Histoire  de  Veidministralion  des  secours  publics ,  piff 
le  bai\>n  D  pin  ;   loai  ) 

Ort  provoquait  les  secours  des  fidèles  pour  contribuer 
aux  dépenses  dont  ces  enfants  étaient  Tobj'et.  Il  existe , 
k  cet  ^rd ,  dans  des  lettres-patentes  du  4  a^ât  i44S, 
un  passage  df  ni  il  ne  sera  pas  sans  quelque  intérêt 
de  citer  ici  le  texte  littéral. 

»  Et  jb  soit  que  ,  de  toute  ancienneté  ,  c'en  ail 
«  accoutumé  pour  lés  enfants  trouvés  et  inconnus, 
•t  quêter  en  Téglise  de  Paris,  eu  certain  lit  c'tant  à 
«  l'entrée  de  la  dite  église  ,  par  certaines  personnes  qui 
«  des  aumônes  et  charités  qu'ils  en  reçoivent ,  ils  les 
«r  ont  accoutumé  gouverner  et  nourrir ,  en  criant  pu- 
*  bHquement  aux  passants  par  devant  le  lieu  où  les  dits 
«  enfants  sont  ,  ces  mots  :  faites  bien  à  ces  paums 
«  enfants  trouçe's.  » 

La  mauon  où  ils  étaient  élevés  paraît  avoir  conservé 
long-temps  la  dénomination  de  couche.  Dans  un  ouvrage 
publié  par  Delamare  ,  en  1722 ,  sous  le  titre  de  Traité 
de  la  police  ,  on  lit ,  (  tome  I*'  ,  page  22j  )  ,  qu'une 


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(75) 
des  ftUributiods   des  commissaires  de  police  consiste 
dans  le  soin  de  «  lever  les  enfants  exposés,  et  les  faire 
porter  Si  la  couche.  » 

Insensiblement ,  le  nombre  des  enfants  exposés  aug- 
menta an  point  que  cette  maison  devint  à  peine  suf- 
fisante pour  la  cité  proprement  dite  ;  et  bientôt  on 
en  refusa  Tentrée  à  ceux  qui  étaient  trouvés  dans  les 
autres  quartiers  de  Paris  dépendants  de  la  circons- 
cription des  hautes  justices  .qu'exerçaient  alors  dif- 
férents seigneurs.  Comme  ces  seigneurs  profitaient  des 
épaves  et  biens  vacants  ,  on  prétendit  qu'ils  devaient 
ttre  naturellement  chargés  des  dépenses  de  nourriture 
et  entretien  des  enfants  exposés  dans  leur  juridiction , 
et  auxquels  ils  étaient  a  pelés  h  succéder ,  en  cas  de 
dt'sliérence. 

Cette  prétention  fut  confirmée  par  des  arrêts  du  par- 
lement de  Paris»  qui  remontent  à  i547  ^^  tSSa.  Une 
taxe  fut  alors  imposée  aux  seigneurs ,  pour  contribuer 
aut  dépenses  de  tous  les  enfants  trouvés  de  la  ville  t 
admis  dans  un  plus  vaste  emplacement  ;  mais  le  recouvre* 
ment  de  cette  taxe  présenta  souvent  des  difùcultés  :  le  dé- 
sordre que  ne  tardèrent  point  à  introduire  dans  toutes 
les  branches  de  Tadministration  les  guerres  de  religion  et 
les  dissentions  politiques  qui  en  furent  la  suite  ,  fit 
négliger  presque  entièrement  le  service  des  enfants 
trouvés.  Ces  enfants  devinrent  même  Tobjet  d'un  trafic 
scandaleux  ,  de  la  ,'ar*  des  préposés  aux  soins  desquels 
ils  étaient  confiés.  Ceux-ci  les  vendaient  pour  ainsi 
dire  publiquement,  au  prix  courant  de  vingt  sols,  à 
des  bateleurs  ,  h  des  mendiants,  et,  selon  plusieurs  mé- 
moires écrits  dans  ces  temps  de  crédulité  ,  b  des  ma- 
giciens* 

Il  était  réservé  à  saint  Vincent  de  Paulc  de  mettre 
un  terme  à  de  si  coupables  abus,  et  de  procurer,  à 
force  de  soins  et  de  persévérance  ,  un  asile   décent  et 

io« 


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(76) 
assuré  aux   enfants  trouvés  de  la  capitale.  Il  né   Iqî 
fallut  rien  moins ,  pour  obtenir  ce  résultat  ^  qu'un  grand 
crédit  à  la   cour ,  appuyé  de  cette  éloquence  que  son 
ardente  charité  rendait  si  persuasive. 

La  jurisprudence  du  parlement  de  Paris  ne  tarda 
poin  à  recevoir  son  application  ,  dans  diverses  localités 
du  ressort  de  ce  parlement.  Enfin,  un  arrêt  du  3o  juin  i664 
ordonna  que  tous  les  seigneurs  haut-justiciers,  sans 
exception ,  seraient  tenus  de  pourvoir  h  la  nourriture 
et  h  Fentretien  des  enfants  nés  de  pères  et  mères  in- 
connus ,  dans  l'étendue  de  leur  haute  justice.  (  Réper' 
toire  de  Jurisprudence  de  Merlin ,  verbo  Exposition  départ  ) 

Mais  on  ne  put  réussir  partout  ,  comme  dans  le 
ressort  du  parlement  de  Paris ,  à  rejeter  cette  charge 
sur  les  seigneurs  ;  et ,  pour  ne  parler  ici  que  de  ce  qni 
se  pratiquait  dans  Tancienne  province  de  Normandie , 
\  Pégard  des  enfants  trouvés  ,  nous  citerons  un  passage 
du  Commentaire  de  Basnage  sur  la  coutume  de  Nor- 
mandie ,  (  tome  I  ,  page  44^  )  \  il  <^s^  conçu  en  ces 
termes  : 

«  Par  la  jurisprudence  des  arrêts  du  parlement  de 
«  Paris  ,  les  haut-justiciers  dans  Téfendue  de  la  haute 
«  justice  desquels  un  enfant  est  exposé  ,  sont  tenus  de 
«  lui  pourvoir  de  nourriture  et  d'entretènement.  Nous 
«  en  usons  autrement  dans  cette  province;  dans  réiendae 
«r  de  la  banlieue  de  la  ville  de  Rouen  ,  Thôpital  a  été 
«  condamné  à  se  chaîner  de  la  nourriture  des  enfants 
ff  exposés.  Dans  les  autres  lieux  de  la  province  ,  cette 
«nourriture  tombe  en  cha  ge  au  trésor  de  la  paroisse.  » 

Bérard  cite  des  arrêta  postérieurs  qui  confirment 
cette  jurisprudence.  (  Tome  II ,   page  708.  > 

Au  reste ,  les  enfants  exposés  ne  se  trouvaient  point 
rangés  dans  la  classe  des  bâtards  ;  on  les  considérait 
tous  comme  Intimes,  par  la  seule  raison  que  plu- 
sieurs d'entr'eux  pouvaient  être  le  fruit  d*une  union 


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(77) 
ftvott^e  par  les  lois.  On  sait  qu'en   Espagne    les  pré- 
somptions leur  sont  encore  plus  favorables  :  à  Madrid 
ils  ont  droit  de  citë^  et  sont  réputés  gentilshommes» 

La  loi  du  4 — "  ^oût  1789  prononça  Tabolition 
de  tous  droits  seigneuriaux;  il  était  naturel,  dèsplors, 
que  ceux  qui  avaient  joui  jusque-là  de  ces  droits  cessassent 
d'être  obligés  de  pourvoir  aux  dépenses  de  nourriture 
et  entretien  des  enfants  trouvés  ;  aussi  une  loi  pos-* 
térieure  ^  du  ag  novembre^  10  décembre  1790  ,  mit-elle 
ces  dépenses  b  la  charge  de  Tétat ,  ou  de  ceux  des 
hospices  qui  se  trouvaient  appelés  h  y  pourvoir ,  en 
vertu  du  titre  de  leur  établissement. 

La  loi  du  a8  juin  1793 ,  en  déclarant  que  la  nation 
se  chargeait  de  l'éducation  physique  et  morale  des 
enfants  abandonnés  ,  détermina  diverses  dispositions 
propres  à  faire  atteindre  au   but  qu'elle  se  proposait. 

C'est  dans  cette  môme  loi  que  Ton  trouve  un  article 
ainsi  conçu  : 

«  Toute  fille  qui  déclarera  vouloir  allaiter  elle-même 
«  l'en&m  dont  elle  sera  enceinte  ,  et 'qui  aura  besoin  des 
«  secours  de  la  nation  ,  aura  droit  de  les  réclamer  ,  sans 
«  être  tenue  à  d'autres  formalités  que  celles  qui  sont 
«  prescrites  pour  les  mères  de  famille.  » 

Une  pareille  disposition  devait  avoir  pour  résultat 
de  fortifier  le  sentiment  de  la  maternité  dans  les  cœurs 
où  il  pouvait  être  combattu  par  la  crainte  du  dénue- 
ment ;  et  c'était  une  idée  to'ute  morale  que  celle  d'as- 
surer des  soins  maternels  à  l'enfant  né  d*un  commerce 
illégitime.  Les  applications  irréfléchies  qui  devaient  na- 
turellement avoir  lieu  ,  dans  ces  temps  de  désordre  « 
firent  bientôt  considérer  cette  aumône  comme  une 
prime  accordée  au  libertinage ,  et  Ton  manqua  ainsi  le 
but  utile   que  l'on   s'était  proposé 

Dans  la  vue  de  relever  en  quelque  sorte  les  enfants 
trouvés  de  l'état  d'abjection  où  ils  se  trouvaient  placés , 


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une  loi  du  4  juillet  1793  déclara  qu'ils  porteraienl  2i 
Tavenir  le  titre    d'enfants  de   la  patrie. 

Le  décret  du  19  janvier  1811  les  considéra  coolme 
appartenants  effecti  em  n  àT  at|  en  disposant  que  tous 
les  mâles  en  'tat  de  servir  seraient  mis  à  la  disposi* 
tion  du  ministre  de  la  marine,  aussitôt  qu'ils  auraient 
atteint  Tâge  de  douze  ans.  Ce  décret  porte  règlement 
sur  la  manière  d'élever  e  d'instruire  les  enfants  trouvés, 
et  doit  être  considéré ,  à  cet  égard  «  comme  le  com- 
plément d'un  précédent  arrêté  du  gouvernement ,  du  ao 
mars  1797  (  3o  ventôse  an  5  ) ,  qui  avait  été  rendu 
en  conformité  de  la  loi  du  17  d  cembre  1796  (27 
frimaire  même  année  ).  Il  Gxa  invariablement  à  quatre 
millions  la  somme  annuelle  mise  à  la  charge  du  trésor 
public  pour  subvenir  au  dépenses  du  service ,  auf , 
en  cas  d'iusufTisance  ,  aux  hospices  et  aux  communes 
h  pourvoir  à  l'es^cé^lent.  Il  divisa  enfin  les  enfants  dont 
l'éducation  devait  être  confiée  b  la  charié  publique ,  en 
trois  classes  distinctes  ;  savoir  : 

l<>  Les  enfants  tromés  ,  c'est-à-dire  ceux  qui ,  nés  de 
pères  et  mères  inconnus ,  ont  été  rencontrés  exposés 
en  un  lieu  quelconque,  ou  portés  à  l'hospice  destiné 
à  les  recevoir.  Sont  compris  dans  cette  classe  les  enfants 
nés  de  mères  admises  à  l'hospice  pour  y  faire  leurs 
couches  et  qui  ont  été  reconnues  hors  d'étal  de  les 
élever. 

a*  Les  enfants  abandonnés ,  c'est-à-dire  ceux  qui ,  nés 
de  pères  et  de  mères  c  nnu  «  e  élevé  •  pa  eu  ,  en  sont 
ensuite  délaissés  sans  qu'on  sa  he  ce  que  sont  devenus 
leurs  parents.  Sont  compris  dans  cette  classe  les  enfants 
d'indigents  détenus  ou  c  damnés  pour  faits  crimi- 
nels ou  de  police  eorrectionnelle* 

S"»  Les  orphelins p  >u  res ,  c'est-à-  ire  ceux  qui  «  n'ayant 
ni  père  ni  mère ,  sont  dépourvus  de  tout  moyen  d'exis- 
tence. 


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(79) 

Enfin  ta  loi  da  aS  mars  iBi^  mit  exclusivement 
la  dépense  des  enfants  trouvés  et  abandonnés  à  la 
charge  des  départements ,  sans  préjudice  du  concours 
des  communes  ;  et  cette  législation  s^est  maintenue 
fusques  à  aujourd'hui*  Puisque  Tétat  reste  maintenant 
complètement  étranger  aux  frais  de  nourriture  et  d'en- 
tretien desdits  enfants ,  il  semblerait  juste  que  les  dé- 
partements fussent  appelés,  par  dérogation  à  l'article 
539  du  code  civil ,  à  recueillir  celles  de  leurs  succes- 
sions   qui  deviendraient  vacant*,  s. 

Le  contingent  affecté ,  chaque  année  ,  au  départe- 
ment de  la  Seine-Inférieure  ,  dans  la  répartition  de  la 
somme  de  quatre  millions  mise  h  la  charge  du  trésor 
par  l'article  12  du  décret  du  19  janvier  181 1  ,  pour 
le  service  des  enfants  trouvés  et  abandonnés  ,  s'est 
élevé,  terme  moyen  ,  a  la  somme  de  cent  trente-sept 
mille  neuf  cent  vingt-cinq  francs.  Jusqu'en  1817  ,  cette 
somme  se  distribua  entre  les  trois  hospices  spécia- 
lement désignés  par  l'arrêté  du  3o  novembre  de  la  même 
année  ,  pour  recevoir  ,  exclusivement  a  tous  autres ,  les 
enfants  trouvés  et  abandonnés.  Ces  hospices  étaient  et 
6ont  encore  : 

!<*  Celui  de  Dieppe ,  où  sont  admis  ceux  qui  ap^ 
partiennent  à  l'arrondissement  de  Dieppe  ; 

2.^  Celui  du  Havre  ,  où  sont  admis  ceux  qui  ap- 
partiennent aux  arrondissements  du  Havre  et  d'Yvetot  ; 

3^  Celui  de  Rouen,  où  sont  admis  ceux  qui  ap- 
partiennent aux  arrondissements  de  Neufchâtel  et  de 
Rouen. 

Mais  les  (dépenses  excédant  chaque  année  les  sommes 
qui  résultaient  de  cette  distribution ,  et  les  ressources 
accessoires  qu'avait  indiquées  le  décret  du  19  janvier 
181 1  n'ayant  pu  être  complètement  réalisées  ,  les 
hospices  dépositaires  d'enfants  trouvés  et  abandonnés 
furent  successivement  obligés  à  faire  des  avances   qui 


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(8o) 
sVlevaient  à  cent  quatre-vingt-trois  mille  neuf  cent 
soixante  francs  quatré-vingt--quatre  centidies  ,  en  1819, 
à  Tépoque  où  Tadministration  s'occupa  des-  moyens  de 
faire  solder  cette  dette  trop  long-temps  arriérée.  Elle 
est  éteinte  depuis  i8a3 ,  et ,  chaque  année  ,  la  dépens 
des  enfants  trouvés  et  abondonnés  se  trouve  intégra- 
lement acquittée ,  au  moyen: 

i^'  D'une  allocation  spéciale,  qui  varie  de  cent  vingt 
mille  à  cent  vingt-cinq  mille  iranci,  inscrite  au  budget 
départemental  ; 

2^  D'une  somme  Gxe  de  soixante  mille  francs,  prélevée 
sur  les  tevenus  des  communes  ; 

3°  D'une  somme  qui  varie  de  trois  miRe  à  quatre 
mille  francs ,  formant  le  tiers  du  produit  des  amendes 
de  police  correctionnelle ,  et  dont  l'affectation  résulte 
de  la  loi  du  i5  mai  1800  (  a5  floréal  an  8  ),  et  de 
l'ordonnance  royale  du  3o  décembre  1823. 

Le  tableau  ci-contre  indique  le  mouvement  de  la 
dépense  des  enfants  trouvés  et  abandonnés  dans  le  dé- 
partement ,  pendant  dix  années  consécutives  ,  depuis  et 
y  compris  1819  jusqu'à  i8a8. 

En  prenant  un  terme  moyen  sur  ces  dix  années ,  on 
est  conduit  à  remarquer  : 

i<>  Que  le  nombre  des  enfants  trouvés  et  abandonnés 
restant  dans  les  trois  hospices  au  premier  )our  de  l'année 
moyenne  ,  est  de • •  a388 

2<*  Que  le  nombre  des  enfants  trouvés  et  aban- 
donnés restant  dans  les  trois  hospices  au  dernier  jour 
de  l'année  moyenne ,  est  de • a368 

3^    Qu'ainsi    ce  nombre  a    décru   dans   la    période 

décennale  ,  et  que  le  décroissement  est  exprimé  par  le 

chiffre • ao 

4**  Que  le  mouvement  de  la  population  des  ertfants 
trouvés  et  abandonnés  dans  les  trois  hospices  déposi- 


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(  8i  ) 
Uires    peut   être    approximativement  exprime  par   le 

chiffire 43a8 

5^  Qu^enfin  on  peut  évaluer  au  trentième  de  cette 
population  le  nombre  des  enfants  qui  sont  réclamés 
par  leurs  parents. 

LHiispeciioQ  du  tableau  dont  il  s^agit  fait  remarquer 
encore  que  la  dépense  relative  au  service  des  enfants 
trouvés  et  abondonnés  ne  se  trouve  point  propor- 
tionnelle ,  dans  chacun  des  trois  hospices  dépositaires , 
au  nombre  de  journées  qui  résulte  de  la  présence  desdits 
enfants.  Cela  provient  de  ce  que  la  fixation  du  prix  des 
mois  de  nourrice  et  pensions  nVst  pas  uniforme.  On 
en  jugera  par  le  tableau  ci-après ,  qui  indique  la 
quotité  de  ces  prix  pour  chaque  âge  ;  et ,  par  cette 
expression,  on  doit  entendre  une  des  périodes  de  la 
vie  d'un  enfant  comprise  entre  deux  limites  déter* 
minées. 


(Tablbau.) 


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(83) 

Frappëè  depuis  long- temps  de  la  disproportion  des 
dépenses  des  enfants  trouves  et  abandonnés  dans  les 
trois  hospices  dépositaires,  Tadministratioa  avait  pris, 
dans  le  courant  de  1828  ,  quelques  mesures  pour  ra- 
inener  à  un  taux  uniforme  la  fixation  du  prix  des  mois 
de  nourrice  et  des  pensions.  Elle  fut  arrêtée  dans  Pap- 
plication  de  ces  mesures  par  les  réclamations  qu^éle- 
vèrent  les  hospices  de  Dieppe  et  du  Havre  ,  en  les 
appuyant  principalement  sur  la  cherté  du  prix  des  grains 
qui  commençait  à  s^annoncer  ,  et  qui  devait  rendre  plus 
difficile  le  placement  des  enfants  à  la  campagne.  Ces 
réclamations  durent  être  prises  en  considération  ;  mais , 
aussitôt  que  les  circonstances  qui  les  ont  motivées 
coexisteront  plus ,  on  en  reviendra  au  projet  qui  a  été 
conçu  dans  la  vue  de  réaliser  une  économie  possible 
et  désirable. 

Les  enfants  trouvés  et  abandonnés  admis  dans  Thospice 
de  Dieppe  sont  placés,  soit  en  nourrice,  soit  en  pension  ^ 
selon  leur  âge  ,  aux  environs  de  la  ville  de  Dieppe, 
dans  un  rayon  de  quatre  à  cinq  lieues.  Ce  rappro- 
chement rend  facile  la  surveillance  dont  ils  doivent 
être   Tobjet. 

Les  enfants  trouvés  et  abandonnés  admis  dans  Thospice 
du  Havre  sont  plus  communément  placés  ,  soit  en 
nourrice  ,  soit  en  pension  ,  selon  leur  âge ,  dans  les 
communes  voisines  du  pays  de  Caux.  Des  visites  fré- 
quentes et  inattendues  que  font  dans  ces  communes 
les  dames  hospitalières  attachées  à  Thospice  ,  ont 
pour  but  de  veiller  h  ce  que  ces  enfants  reçoivent  tous 
les  soins  quHls  réclament.  A  Tâge  de  six  ou  sept  ans, 
ils  rentrent  presque  tous  à  Thospice  ,  pour  y  recevoir 
quelque  instruction. 

Enfin  les  enfants  trouvés  et  abandonnés  dans  Tbospice 
de  Rouen  sont  presque  exclusivement  placés  ,  soit  en 
aourrice ,  soit  en  pension ,  selon  leur  âge ,  dans  les 

II. 


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C  8»  ) 


^    6 


k'^!.  ^ 


>    < 
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ciiaque  canton; 
au  seivice ,  qui  parcourt 
^  arrondissements. 


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(85) 

DE  LA  BOUSE  DE  VACHE 
Gmudérée  sms  le  rappori  de  la  OunUe  techÊohgfque  ; 

MÉMOIBS 

PtéK&U  à  rAcadëmic  de  Eonen  »  1«  9  Jaillet  iS3o  ; 

Pir  M.  MoBiM,   Phannacien  , 

Memkrt  de  pUuiemn  Seeiéiés  smpentes* 

Messieurs  , 

La  bouse  de  vache ,  en  raison  du  rôle  important  qu^elle 
joue  dans  la  &brication  de  Tindienne ,  est  une  des  ma- 
tières qui  méritent  le  plus  de  fixer  Tattention  des  ch^ 
mistes.  On  sait  que  son  emploi  consbte  dans  le  d^or-* 
geage  des  toiles  de  coton  mordancées ,  en  formant  des 
combinaisons  insolubles  avec  certains  oxides  métal* 
liques.  Les  recherches  que  j^ai  Thonneur  de  soumettre 
à  l'Académie  ont  pour  but  de  déterminer  la  substance 
de  qui  elle  tient  cette  propriété.  Déjà  la  bouse  de  vache 
avait  été  Tobjet  des  travaux  de  Thaè'r  et  de  Einhof  ; 
mais  les  résultats  qu'ib  ont  obtenus  ne  jettent  aucun 
jour  sur  son  mode  d'action. 

AHÀLYSE. 

La  matière  qui  a  servi  à]  nos  expériences  était  d'une 
couleur  jaune  verdàtre  ,  possédant  l'odeur  qui  caracté- 


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(86) 
rise  celte  espèce  d^excrément.  Elle  né  rougissait  point 
le  papier  de  tournesol ,  et  elle  ne  ramenait  point  ao 
bleu  ce  rëactif  rougi  par  les  acides.  On  délaya  cinq 
cents  grammes  de  bouse  de  vache  dans  Teau  distillée, 
et  on  maintint  le  contact  jnsqu'à  ce  que  ce  liquide  ne 
parût  plus  agir.  Après  chaque  rechange ,  on  filtra  la 
liqueur  pour  la  concentrer  par  révàporatioa.  Ce  premier 
traitement  npus  a  fourni  un  résidu  d'un  brun  noirâtre , 
d^une  odeur  particulière ,  se  ra|^rochant  de  Turine  con- 
centrée par  le  feu  :  sa  consistance  était  celle  du  miel. 
On  le  traita  par  Téther ,  avec  lequel  on  lagita  pendant 
long-temps4  Ce  véhicule  tie  se  colora  pas  sensiblement  ; 
on  le  filtra ,  et  ^  en  Tabàndonnant  h  Tévaporaiion  spon- 
tanée ,  on  obtint  un  résidu  vcrdàtre  dont  le  poids  était 
de  six  décigrammes.  Nous  reviendrons  sur  cette  matière. 
L^extrait  qui  avait  subi  l'action  de  Téther  fut  mis  en 
contact  avec  Falcool  h  ^o^.  Ce  ménstrue  s^est  légère- 
ment coloré  ;  on  le  filtra  pour  Tévaporer. 

L'éther  laissa  une  matière  jautiàtre  qui  pesait  trois 
grammes.  £lle  était  spluble  dans  l'eau  ;  sa  saveur  l^gè« 
rement  acre ,  nauséabonde  ,  avait  quelque  chose  de  sticré. 
La  dissolution  aqueuse  de  cette  matière  précipitait  le 
sulfate  de  fer  et  l'acétate  de  plomb.  La  teinture  de  nois 
de  galles  j  formait  des  flocons  ;  les  acides  suUurique , 
nitrique  et  hydrochlorique ,  versés  dans  la  liqueur,  y 
déterminèrent  des  précipités  sur  lesquels  l'eau  n'a  pas 
d'action  sensible.  Traitée  par  Tacide  sulfurique  ,  elle  m 
exhalé  l'odeur  de  Tacide  acétique.  Cette  matière ,  sou* 
mise  h  la  distillation  dans  une  cornue  i  de  manière  3i 
rompre  l'équilibre  de  ses  élémetits ,  n'a  fourni  que  des 
traces  d':«mmoniaque.  Elle  ofire ,  d'après  ce  qui  précède  , 
plusieurs  des  caractères  qui  appartiennent  ~au  picromel  ; 
mais  elle  s'en  éloigne  par  sa  propriété  de- précipiter  la 
teinture  de  noix  de  galles.  Konobstant  cette  propriété 
fégative,  nous  admettrons  cette  matièpe  comme  «a^ 


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(8?) 
espèce  de  picromel  (  i  )  ,  ou  plutôt  comme  la  matière 
sucrée  du  picromel  ;  car ,  en  unissant  cette  matière  avec 
ime  substance  verte  dont  il  sera  question  dans  la  suite , 
pn  obtient  un  produit  amer  et  sucré  qui  rappelle  le 
picron^el ,  quant  à  la  saveur. 

L^exlrait  aqueux  duquel  nous  avons  sépai^ ,  h  l'aide 
de  l'alcool ,  la  matière  sucrée  que  nous  venons  d'étu-<^ 
J&ety  a  été  mis  en  coptact  avec  Teau  distillée.  Celle-ci 
s'est  emparée  d'une  subMance  qui ,  obtenue  par  éva- 
poration ,  était  brune  et  est  devenue  luisante  par  soi^ 
entière  dessiçation.  Elle  pesait  huit  grammes.  Cette 
matière  n'a  pas  d'odeur  sensible  ;  elle  est  presque  san$ 
saveur  ;  elle  ne  se  dissout  point  dans  l'alcool.  Dissoute 
dans  l'eau ,  elle  précipite  l'acétate  de  plomb  en  brun 
jaunâtre  «  le  sulfate  de  fer  en  gris  sale.  La  teinture  de 
noix  de  galles  y  produit  des  Qocpns  bruns.  L'alun  y 
donne  naissance  à  uq  précipité  qui  ne  disparaît  point 
par  l'addition  d'une  certaine  quantité  d'eau  ;  le  sulfate 
àe  cuivre  la  précipite  .en  vert  sale  ;  Thydrochlorate  de 
manganèse  y  occasionne  des  flocons  bruns.  La  dissolu- 
tion de  perchlorure  de  mercure  ne  lui  faisait  éprouver 
aucun  changement.  I^'eau  versée  sur  tous  les  précipités 
ne  faisait  que  les  diviser.  Les  acides  versés  dans  la  li-r 
queur  y  déterminent  des  flocpns  brunâtres  ,  tandis  que 
les  alcalis  n^  produisent  aucun  changement.  Exposée 
à  l'action  immédiate  du  calorique  ,  cette  matière  n'a 
pas  bunà  d'ammoniaque  en  quaptité  appréciable.  Il 
ne  reste  aucun  doute  que  ce  ne  soit  à  cette  matière 
que  la  bouse  de  vache  doivje  ses  propriétés  de  dégorger 
les  toiles  mordancées  «  par  suite  de  l'action  qu'elle  exerce 
sur  la  plupart  des  dissolutions  métalliques.  Les  pro- 


(i)  Il  j  a  f|aelq^oe«  années^  M.  Chcvreul  a  isolé  un  picromel  dé- 
poarya  d*amertume  ,  et  dont  la  sayear  araît  quelque  rapport  avec 
celle  de  U  légliMe, 


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(88) 
priétés  de  cette  matière  étant  connaes ,  ne  serait-il  pas 
possible  au  manufacturier  de  l'isoler  pre^que  à  Tëtat 
de  pureté,  en  traitant  la  bouse  par  Teau  et  filtrant? 
Alors  le  liquide  contiendrait  cette  matière  et  pourrait 
être  employé  au  dégorgeage  ;  ce  qui ,  je  crois  |  éviterait 
au  fabricant  un  grand  nombre  de  lavages. 

Les  propriétés  que  cette  matière  possède  ne  peuvent 
manquer  de  la  faire  regarder  comme  substance  parti- 
culière. Nous  lui  donnerons  le  nom  de  hubuUne  «  du  mot 
latin  bububan ,  excrément  de  vache. 

L^eau ,  en  agissant  sur  Textrait  aqueux  ,  a  isolé  une 
matière  floconneuse  brunâtre ,  qui  y  exposée  au  calorique^ 
a  pris  un  aspect  corné.  On  la  mit  en  contact  avec  la 
potasse ,  qui  enopéra  la  dissolution.  La  liqueur  alcaline 
précipitait  par  la  teinture  de  noix  de  galles;  Tacide 
hydrochlorique  y  produbit  un  précipité  qu^un  excès 
diacide  a  fait  disparaître.  Exposée  à  Taction  du  calo- 
rique ,  dans  une  cornue ,  elle  a  fourni  un  produit  qui 
ramenait  au  bleu  le  papier  de  tournesol  rougi.  L'inso- 
lubilité de  la  matière  dans  Teau,  et  son  aspect  corné» 
réunis  à  ses  autres  propriétés  chimiques ,  ne  laissent  au- 
cun doute  que  cette  matière  ne  soit  de  ralbomine 
coagulée.  Son  poids  était  de  deuK^ammes. 

De  la  bouse  de  vache  épmisée.por  l'eau* 

La  bouse ,  traitée  par  Teau  y  a  été  aaumise  à  Faction 
de  Talcool  bouillant,  qu'on  renouvela  jusqu'à  ce  qu'elle 
ne  parût  plus  rien  fournir  à  ce  liquide.  Les  liqueurs 
alcooliques ,  réunies  et  filtrées ,  ont  été  distillées  au  bêkt- 
marie  pour  en  séparer  l'alcool  ;  elles  laissèrent  un  ré- 
sidu d'une  couleur  verte  foncée  et  d'une  odeur  qui 
rappelait  un  peu  celle  du  fiel  de  bieuf  épaissi.  On  le 
réduisit  h  siccité  ,  et  on  le  traita  par  Téther ,  qu'on 
renouvela  jusqu'à  ce  qu'il  ces^t  de  se  colorer.  Les  lî- 


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(89  ) 
qaeurs  ëthârëes  forent  abaodoonëes  à  eUes-mémetdani 
une  capsule  de  porcelaine  ;  bientôt  la  paroi  interne  de 
celle-ci  fut  recouverte  d^une  matière  verle,  graisseuse  au 
toucher.  Le  poids  de  la  matière  verte  était  de  sept 
grammes  ,  lesquels  réunis  aux  six  dtfcigrammes  obtenus 
en  traitant  l'extrait  aipieux  par  Téther ,  portent  la  quan«- 
tité  de  cette  matière  b  sept  grammes  six  décigrammes; 
L'éther ,  en  s'emparant  de  la  matière  grasse  verte  ,  isoln 
une  substance  brunâtre  pulvérulente ,  à  laquelle  nous 
consacrerons  un  article  particulier.  £lle  pesait  neuf 
grammes. 

De  la  matière  grasse  verie* 

La  matière  verte  a.  une  odeur  qui  rappelle  celle  dies 
bouveries.  Sa  consistance  est  celle  du  saindoux;  sa 
saveur,  aromatique  et  fade  tout-à-la-(bis,  présente  quelque 
analogie  avec  celle  du  beurre  frais.  lM(ise  en  fusion ,  elle 
rougissait  le  papier  .de  tournesol  ;  craignant  que  cette 
propriété  de  rougir  les  couleurs  bleues  végétales  ne  fût 
due  à  de  Tacide  acétique ,  qui  se  produit  lorsqu'on  aban<- 
donnc  Téther  au  contact  de  Tair ,  nous  avons  maintenu 
la  matière  verte  en  fusion  pendant  quelque  temps  dans 
Teau  distillée  ,  sans  parvenir  à  lui  enlever  son  acidité* 
Cette  propriété  nous  indiqua  que  ,  loin  d'être  un  prin- 
cipe immédiat ,  elle  était  de  nature  complexe.  Alors 
nous  la  traitâmes  par  le  carbonate  de  magnésie ,  afin 
d'éviter  le  reproche  que  Ton  aurait  pu  nous  adresser ,  en 
employant  tout  autre  corps",  d'avoir  déterminé  la  fon- 
mation  d'un  ou  plusieurs  acides  gras.  Par  ce  traitement, 
le  carbonate  avait  laissé  dégager  de  l'acide  carbonique , 
et  la  matière  verte  acide  était  entrée  en  combinaison 
avec  la  base  du  carbonate  pour  former  un  composé  in- 
soluble. On  le  recueillit ,  et  on  le  décomposa  par  l'acide 
hydrocblorique ,  qui  s'empara  de  la  magnésie ,  et  mit  en 


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(9«>) 
liberté  la  matière  verte  acide  qui, traitée  par  l'eau  dis^ 
titiée  et  purifiée  par  Téther ,    nous  apparut  avec  tous 
«es  caractères»  Cette  expérience  -démontre  que  la  ma- 
tière verte  jouit  de  propriétés  acides  qfui  lui  sont  propres. 

Pour  en  déterminer  complètement  la  nature  ,  nous  en 
avons  traité  une  certaine  quantité  par  la  potasse  à  Talcool  ; 
le  composé  savonneux  qui  en  est  résulté  a  été  délayé 
dans  Teau  distillée  ;  on  remarqua  que  la  potasse  n^avait 
pu  dissoudre  une  matière  verte  que  nous  avons  séparée 
par  le  repos  et  la  décantation.  Nous  reviendrons  sur  ceUe 
substance.  Le  composé  savonneux  dissous  dans  Teau  a 
été  mis  en  contact  avec  Tacide  tartarique ,  qui  s'empara 
de  la  potasse  et  mit  en  liberté  la  matière  grasse.  On 
la  recueillit  sur  un  filtre  ,  et  on  la  lava  avec  de  Teau 
distHlée  ;  le  liquide  de  lavage  ,  réuni  h  la  liqueur  filtrée , 
fat  introduit  dans  une  cornue,  au  col  de  laquelle  oo 
adapta  un  récipient  entouré  de  linges  mouillés  pour 
recevoir  le   produit  de  la  distillation. 

Le  liquide  distillé  avait  une  odeUr  mixte  d'acide  acé- 
tique et  de  beurre  fort.  Il  rougissait  le  papier  de  tour- 
nesol ;  on  satura  le  liquide  avec  de  l'eau  de  bar3rte  ,  qui , 
«'emparant  de  l'acide  ,  fit  disparaître  lodeur.  On  éva- 
pora avec  ménagement  jusqu'à  siccité ,  et  on  introduisit 
le  résidu  dans  un  tube  de  verre  d'un  centimètre  de  dia- 
mètre >,  et  on  y  versa  de  l'acide  phospborique  qui  s'empara 
^e  la  baryte  ;  et ,  par  le  repos ,  il  se  produisit  une  légère 
couche  d'un  liquide  d'apparence  huileuse  ,  ayant  l'odeur 
mixte  d'acide  acétique  et  de  beurre  rance.  Pour  ob- 
tenir ce  corps ,  nous  tentâmes  la  distillation  ,  qui  nous  a 
ibumi  une  petite  quantité  d'un  acide  qui  tachait  le 
papier  à  la  manière  des  graisses.  £n  agitant  dans  l'air 
4e  corps  qui  Tavait  reçu ,  il  était  facile  de  reconnaître 
l'odeur  de  l'acide  acétique  et  du  beurre  rance.  Mêlé 
avec  de  l'alcool,  il  donnait  instantanément  l'odeur 
•4e  la  pomme  de  reinette.   Nous  avons  borné  là  nos 


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(9»  ) 
expériences  par  le  manque  de  la  matière  :  néanmoins 
nous  considérerons  cet  acide  comme  ayant  la  plus  grande 
analogie  avec  le  butyrique. 

La  matière  grasse  séparée  de  la  potasse  par  le  moyen 
de  Tacide  tartarique  et  purifiée  par  Talcool ,  a  été  mise 
en  contact  «vec  la  karyte  ,  qui  a  fourni  un  savon  inso- 
luble. Ce  savon,  décomposé  par  Tacide  hydrodilorique  v 
a  laissé  reparattre  la  matière  grasse  ;  on  la  traita  dé 
nouveau  par  la  potasse  pure ,  et  le  savon  obtenu^ 
dissous  dans  Teau  et  déposé  dans  un  lieu  lirais  ^  a  laissé 
précipiter  du  sur-magarate  de  potasse ,  qui ,  purifié  par 
Talcool,  et  décomposé  par  l'acide  hydrochlorique  ,  a 
fontni  de  Tacide  mai^arique.  La  liqueur  savonneuse, 
qui  ne  produisait  plus  de  suf^margarate  de  potasse , 
contenait  de  Toléate  de  cette  base.  Elle  fut  décomposée 
par  l'acide  tartrique  qui,  s'emparant  de  la  potasse, 
isola  l'acide  oleuîque  ,  qu'on  reprit  par  l'alcool. 

On  se  rappelle  que  la  potasse ,  en  agissant  primitive-^ 
ment  sur  la  matière  grasse,  laissa  indissoute  une  subsUnce 
verte  d'une  saveur  acre  amère  très-prononcée.  Elle  rou- 
gissait le  tournesol  ;  mise  sur  les  charbons  ardents,  elle 
iwûlait  h  la  manière  des  résines.  ElU  tsttrès-soluble  dans 
Talcoel  et  l'éther;  l'eau  en  dissout  une  petite  quantité; 
Cette  matière  est  celle  qui,  mêlée  avec  la  substance  su- 
crée ,  a  fourni  un  composé  dont  la  saveur  rappelait  ceU© 
du  picromel;  mais  sa  combinaison  la  plus  remarquablo 
est  celle  qu'elle  forme  avec  la  baryte.  Agitée  avec  une 
dissolution  de  cet  alcali .  et  chauffée  avec  ménagement, 
pour  obtenir  un  résidu  sec ,  elle  offrit  une  masse  qui 
se  dissolvait  en  petite  quantité  dans  l'alcool- 
*Il  est  donc  établi  par  ce  qui  précède  que  la  matière 
verte  est  composée  d'acides  margarique  et  oléïque ,  d'une 
substance  verle  particulière,  de  saveur  amère.  ayant 
quelque  analogie  avec  les  résines  ,  et  d  un  acide  qui  lut 


i^. 


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(9»  ) 
éonne  sa  saveur  et  son  odeor ,  et  qni  jouit  des  propriAés 
II»  plus  remarquables  de  Pacide  bulyrique. 

De  la  substance  irunàêre  iseiée  de  t extraie  alcnoUque. 

Cette  sdtKtance  est  brune- iaunâure ,  d*une  odeur  1^- 
rement  nauséabonde  ,  rappelant  un  peu  celle  de  la  bile. 
Sa  saveur  est  âi  peine  amère  ;  celte  légère  amertume 
pourrait  bien  ne  provenir  que  d'une  petite  quantité  de 
matière  verte  dont  il  nous  a  été  impossible  de  la  priver. 
Mise  en  contact  avec  Teau  froide ,  elle  ne  s'y  dissout 
point  ;  si  on  porte  ce  liquide  h  ébulli^ion»  elle  s'y  dissout 
en  petite  quantité,  et  forme  une  sorte  d^émulston*  Elle 
est  soluble  dans  Talcoot ,  d'où  «Ile  est  précipitée  par 
l'eau  b  la  manière  des  résines.  Les  huiles  grasses  et  vtH 
latiles  n'ont  sur  elle  qu'une  faible  action.  Les  alcalis  en 
opèrent  la  dissolution  ;  si  l'on  vjerse  dans  la  liqueur  un 
acide ,  la  matière  se  précipite  sOus  forme  de  flocons* 
Exposée  à  l'action  du  calorique ,  elle  exhale  d'abord 
une  odeur  fade,  nauséabonde  »  puis  elle  s'enflamme ,  ré- 
pand beaucoup  de  fumée  et  laisse  un  charbon  volu- 
mineux. Traitée  par  l'acide  nitrique,  elle  fat  convertie  en 
tannin  artificiel.  L'acide  acétique  la  dissout  avec  facilité , 
à  l'aide  de  la  chaleur.  Le  solutum  alcoolique  de  la  ma- 
tière résineuse ,  mis  en  contact  avec  quelques  dissolu- 
tions métalliques ,  s'y  comporte  de  la  manière  suivante: 
l'acétate  de  plomb  y  forme  des  flocons  qui  viennent  se 
rassembler  à  la  surface  du  liquide.  Le  sublimé  corrosif 
produit  un  précipité  jaune-brunâtre  ,  également  très- 
léger;  tandis  que,  avec  l'alun,  les  flocons  qiii  e«^  .ré- 
sultent occupent  le  fond  du  vase.  Le  sulfate  de  fer  fe 
précipite  en  brun:  Phydrochlorate  de  manganèse  et  le 
sulfate  de  zinc  fournissent ,  avec  le  solutum  de  matière 
résineuse  ,  df$  prc^cipités  qui  ont  la  même  teinte.  Les 
arides  nitrique  et  hydrochlorique  n'y  occasionnent  au- 


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(93) 
cun  trouble  ;  ils  en  avivent  seulement  la  couleur.  L^acide 
sulfurique  y  forme  un  précipita  verdâtre ,  qui ,  par  le  con- 
tact prolongé  de  Tacidc  ,  devient  brun.  Jusqu^ici  il  reste 
prouvé  Y  malgré  la  facilité  avec  laquelle  cette  matière  se 
combine  avec  les  dissolutions  métalliques  ,  qu'elle  ne 
joue  aucun  rôle  dans  le  dégorgeage  des  toiles  mor- 
dancées,  à  cause  de  son  insolubilité  dans  Teau. 

La  bouse  de  vache  ,  après  ces  divers  traitements , 
n'avait  plus  que  l'apparence  de  la  fibre  ligneuse.  Son 
poids  ,  après  la  dessication ,  était  de  1 20  gr.  4» 

Enfin  100  grammes  de  bouse  de  vache  1  sans  avoir 
subi  aucun  traitement ,  ont  été  calcinés  dans  un  creuset 
de  platine  ;  ils  laissèrent  un  résidu  du  poids  de  a 
grammes ,  composé  de  sulfate  et  d'hydrochlorate  de  po- 
tasse, d'hydrochlorate  de  chaux,  de  carbonate  et  de 
phosphate  de  la  même  base ,  de  silice ,  d'alumine  et 
d'oxide  de  fer. 

Il  résulte  de  ce  qui  précède  que  5oo  grammes  de 
bouse  de  vache  contiennent  : 

Eau  .  •  • • 35o  gr.  » 

Matière  fibreuse lao        4 

Matière  grasse  verte ••••       7        6 

Matière  sucrée ,  que  nous  considérons 

comme  le  principe  sucré  du  picromel 3         » 

Bubuline  •  •    •  • •  •  •  •       8        » 

Albumine  coagulée a        » 

Substance  brunâtre  résineuse*  ••#•••••       9        » 

5oo  gr.  » 


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(95) 
CONSIDÉRATIONS 

GÉNÉRALES 

SUR  LES  VOLCANS, 
n 

BXAXEN    CRITIQUE 

Ihi  âiçcnes  théories  qui  oni  été  succesiioemeni  prapi^ées 
pour  expliquer  les  phénomènes  volcanUptes  ; 

Par  M.  J.  Giiumuni , 

Professeur  de  ehiaue  MimstrUlU  à  Romen ,    meetàre  de  plmsieurs 
Sociétés  sa  fautes  ,  etc. 

tNTBODVCTION» 


De  tous  les  phénomènes  qui  se  passent  sous  nos  yeux,  à 
la  surface  ou  dans  les  profondeurs  de  notre  planète ,  les  plus 
menreilleux  sont ,  sans  contredit ,  ceux  que  nous  présentent 
les  mont^^es  ignivômes,  connues  vulgairement  sous  le 
nom  de  volcans ,  tant  à  raison  de  la  j^andeur  de  leurs  effets 
que  de  la  cause  mystérieuse  qui  les  fait  naître  et  les  perpétue . 
Les  ravages  immenses  qu'occasionnent  ordinairement  ces 
montagnes  dans  les  lieux  situés  à  leur  base  y  souvent  mrme 
dans  ceux  placés  à  une  très-grande  distance  d«  leur  œntrs 


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(Ô6) 
d* activité,  ont  de  tout  temps  frappé  T esprit  de  la  multitiida 
et  excité  la  curiosité  des  philosophes  de  tous  les  âges. 

Ohseryés  dès  la  plus  haute  antiquité  ,  les  Tolcans  ont 
donné  lieu  à  une  foule  de  conjectures,  tant  sur  leur  ori- 
gine que  sur  leur  rapport  avec  F  intérieur  du  globe.  Mais , 
malgré  les  recherches  innèmbrables  de  tant  de  généra* 
tions  de  savants  qui  se  sont  succédé ,  leur  histoire  est 
encore  bien  peu  avaneée  y  et  no&  delranciers  ne  nous  ont 
guère  transmis  que  Tétonnement  et  les  folles  rêveries  qœ 
des  phénomènes  aussi  surprenants  ont  (ait  naître  dans  leur 
esprit.  Les  observateurs  anciens ,  en  effet ,  se  sont  plutôt 
attachés  à  la  partie  hypothétique  qtfà  T  examen  des  fttts, 
et  c  est  un  défaut  dans  lequel  ik  sont  généralement  tombés 
par  rapport  à  presque  toutes  ItfS  piuplies  de  fhîstoîre  natu* 
relie.  Ce  n'est  guère  que  depuis  un  demi-sîtfofo  eti^von  que 
les  naturalistes ,  revenus  à  des  idées  plus  saines,  et  las  de 
ces  jeux  d* esprit  qui  n'enfantaient  que  des  systèmes  éphé- 
mères, ont  pris  le  sage  parti  d'étudier  les  faits  pour  eux- 
mêmes  ,  de  les  rassembler,  de  les  comparer  entre  eux,  et 
de  n  en  tirer  des  conséquences  qn  après  les  avoir  envisagés 
sous  toutes  leurs  faces.  Ce  n'est  pas  que,  de  nos  jours ,  on 
ne  voie  encore  de  ces  esprits  systématiques  pour  qui  les 
hypothèses  constituent  la  plus  gr^d?  partie  de  la  science  ; 
mais  heureusement  îk  sont  en  très-petit  nombre ,  et  d*  ailleurs 
on  attache  maintenant  si  peu  d^importance  k  ce  genre  de 
travaux,  surtout  quand  ils  ne  sont  pas  soutenus  par  une 
réunion  imposante  de  faits  bien  observés ,  queleur  exemple 
n'est  pas  contagieux  et  que  la  science  positive  continue 
à  marcher  de  progrès  en  progrès. 

I^  plus  grande  partie''  de  Ce  que  nous  savons  sli*  les  vol- 
cans est  due  aux  natur«Aistes  de  notre  époque,  et  en  par- 
ticulier à  Dolomieu  ,  De  Luc,  Guillaume  Thomson  , 
Breislack ,  Hamilton ,  Fleuriau  de  Bellevue,  Salmon ,  Fao- 
jas,  Léopold  de  Buch,  Humboldt,  Cordier,  MoalioeDF, 
CovelB,  Pouléit-Scrope,  tJngem-Stemberg  ,  etc.  Leurs 


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(  97  ) 
écrite  mont  été  très  utiles  pour  la  rédaction  du  travail 
que  f ai  riionueur  d'offrir  à  T Académie.  Mon  but,  en 
ce  moment,  n'est  pas  de  tracer  une  histoire  complète  et 
générale  des  volcans^  je  veux  seulement  présenter  en 
«Astance  ce  qu  il  y  a  d'essentiel  à  connaître  sur  la  nature 
géognostique  des  terrains  formés  par  l'action  des  feux  sou- 
terrains ,  et  sur  les  phénomènes  qui  leur  sont  particuliers. 
Munis  de  ces  données,  nous  pourrons  avec  plus  de  succès 
discuter  les  nombreuses  théories  qui  ont  tour-à-tour  été 
proposées  pour  expliquer  ces  phénomènes ,  et  rechercher 
celle  qui ,  dans  Tétat  actuel  de  nos  connaissances  chimiques , 
paraît  la  plus  pLnusible.  Tel  est  le  but  de  ceUe  disserta- 
tion. 

Mais ,  dans  un  sujet  aussi  vaste ,  aussi  épineux  que  celui 
que  je  vais  traiter,  il  faut ,  pour  en  faire  une  étude  appro- 
fondie, ne  marcher  que  pas  à  pas  et  d'après  Tordre  le  plua 
propre  à  bien  foire  saisir  l'importance  des  faits,  leurs  rela- 
tions et  les  conséquences  qui  s'en  déduisent  naturellement. 
Voici  la  marche  qui  doit ,  suivant  moi ,  remplir  le  plus 
avantageusement  ces  conditions  : 

I®  Définition  des  termes  volcans,  terrains  volcaniques , 
et  examen  des  divisions  établies  par  les  naturalistes  pour 
cette  classe  de  terrains^ 

2^  Exposé  des  principaux  caractères  géognostiques  et 
minéralogiques  de  ces  terrains  5 

3<*  Position  géognostique  des  volcans  à  la  surface  du 
globe,  et  géographie  physique  5 

4^  Phénomènes  qu'ik  présentent  dans  leurs  moments 
d'activité  comme  dans  leur  état  de  repos  j 

5^  Enfinr,  revue  des  diverses  hypothèses  enfantées  succes- 
sivement pour  expUquer  l'origine  de  ces  montagnes  si  singu- 
lières, et  les  causes  qui  entretiennent,  depuis  tant  de 
nècles,  les  phénomènes  qu'elles  présentent  à  Tadmiratioa 
des  hoounes. 


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(9») 
Chapitre  I'' .  —  Définitions.  Classificatiom* 

Le  mot  volcan ,  qui ,  au  premier  abord ,  parait  prêi;enlcr 
im  sens  net  et  précis ,  est  cependant  bien  vague  quand  on 
cherche  à  en  donner  une  définition  exacte.  £n  ef&t,  tan- 
tôt on  désigne  sous  ce  nom  une  montagne  terminée  par 
une  bouche  ignivôme ,  tantôt  la  cause  souterraine  de  tout 
phénomène  volcanique.  Pour  le  vulgaire  ,  les  volcans  sont 
des  montagnes  ordinairement  fort  élevées ,  dont  le  sommet , 
terminé  en  cône  tronqué  ,  présente  une  large  ouverture 
en  forme  d'entonnoir  ,  d'où  sortent,  à  des  époques  indé- 
terminées y  des  fl.:mmcs  y  de  la  fumée ,  et  des  matières 
embrasées,  soit  sous  une  forme  pulvéndente ,  soit  dans  un 
état  pâteux  semblable  à  celui  des  métaux  en  hision.  Les 
premières  sont  nommées  y  d  une  manière  générale  ^  cendrts 
volcaniques,  et  les  secondes  ,  lattes.  La  sortie  de  ces  ma- 
tières,  accompagnée  le  plus  habituellement  de  phéno- 
mènes terribles  et  multiphés,  est  connue  sous  le  nom 
d'éruption. 

On  appelle  foyer  y  dans  un  volcan,  le  réceptacle 
qui  contient  ces  matières  en  incandescence  et  les  causes 
incandescentes  -y  cheminée  y  le  conduit  qui  amène  les  va- 
peurs pendant  ou  après  les  éruptions  y  cratère  y  le  cône  ren- 
versé qui  teimime  la  cheminée ,  et  qui  sert  le  plus  ordinai- 
rement au  passage  des  laves  et  autres  produits  des  érup- 
tions. 

^ous  verrons  plus  tard  que  ces  mots  y  dont  je  viens 
de  donner  y  une  fois  pour  toutes  y  une  définition  aussi 
restreinte  que  possible  y  n  ont  pas  toujours  y  aux  jeux  des 
naturalistes,  la  même  valeur.  Telle  qu'elle  est,  néanmoins, 
cette  définition  suffit  pour  bien  faire  concevoir  les  objets 
d^ont  les  noms  reviendront  si  souvent  dans  le  cours  de  cette 
dissertation. 

Sous  la  dénomination  de  terrains  volcaniques  y    on  a 


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(99) 
fT abord  désigné  ceux  qui  présentaient  des  Tolcans  en  acti- 
vité. Phis  tard  on  a  étendu  cette  signification  ,  en  l'appli- 
quant a  tons  les  terrains  qui  ofYraient  des  marques 
éridentes  de  faction  du  feu.  On  a  ainsi  confondu  sous 
un  même  nom  des  réunions  de  roches  souvent  très 
différentes  les  unes  des  autres ,  tant  sons  le  rapport  de 
leur  nature  mméralogiqné  que  sons  celui  de  leur  mode 
de  formation.  Les  auteurs  méthodistes  ont  été  obligés^ 
pour  mettre  quelque  régularité  dans  la  nomenclature  de 
ces  terrains  y  d'établir  plusieurs  coupes  distinctes,  h  cha- 
cune desquelles  ib  ont  affecté  un  nom  particulier  ;  mal- 
heureusement,  r  envie  de  créer  des  noms  les  a  fait  tomber 
dkns  un  dé&nt  aussi  fâcheux  que  celui  qu'ils  voulaient  évi-^ 
ter  :  à  force  de  vouloir  trop  simplifier  et  épurer  le  lan- 
gage, ils  ont  fini  par  ne  plus  s  entendre.  Tachons  de  ne 
pas  les  imiter ,  en  voulant  donner  une  idée  de  cette  syno- 
nymie ,  partie  si  ingrate  des  sciences  naturelles. 

Il  existe  à  la  sur&ce  du  globe  un  certain  nombre  de 
terrains  qui  semblent  avoir  été  formés  par  le  feu ,  ou  du 
moins  sur  lesquels  le  feu  semble  avoir  agi ,  soit  avant ,  soit 
après  leur  formation  ,  mais  à  des  époques  très  éloigué(*s  de 
uous.  En  raison  de  cette  conformité  avec  ceux  qui  pré- 
sentent des  volcans  brûlants  dans  leur  sein ,  on  leur  avait 
donné  également ,  comme  je  Tai  déjà  dit ,  le  nom  de  ter- 
rains volcaniques  :  plus  tard ,  pour  les  distinguer  des  derniers , 
dont  ils  différent  sous  tant  de  rapports ,  on  leur  appliqua 
la  dénomination  particulière  de  terrains  pyrogènes  (de 
wv^QÇy  feu,  et  ysivih,  engendrer),  ou  engendrés  par 
le  feu. 

Les  produits  ou  les  roches  qui  composent  ces  deux  ordres 
de  terrains,  furent  d'abord  confondus  sous  le  nom  com- 
mun de  laves  y  que  l'on  partag^t  ensuite  en  un  grand 
nombre  d'espèces.  Les  deux  sections  principales  étaient  les 
laides  Uthoidesy  cest-â-dire  celles  qui  ne  paraissent  pas 
avoir  clé  fondues  ni  s  être  épanchées  d'im  cratère ,  et  le* 

i3. 


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'(    »O0   ) 

Im^s  vitreuses  ou  scoriformes  y  qui  oiGnent  éndemmoit 
Faction  du  feu ,  et  dont  la  disposition  y  sous  forme  de  ooa- 
rant  ou  coûtée  y  étroit  à  la  partie  supérieure  y  et  s' élargis- 
sant vers  la  base  ,  prouve  évidemment  F  origine.  Peu 
après ,  les  naturalistes  ayant  mieux  défini  la  vmtaMe  na- 
ture de  ces  différentes  roches ,  leur  donnèrent  des  noms 
plus  limités  j  qui  servirent  ensuite  à  distinguer  les  teiraii» 
volcaniques  les  uns  des  autres.  Cest  d'après  ce  principe ^ 
c  est-ù-dire  la  nature  minéralogique  des  roches  volcani- 
ques, quon  divisa  ces  difî'érenls  teriiuns  en  tracfytùpies, 
bcLsahiques  ou  trappéens,  et  volcamifues  proprement  dits, 
ou  ceux  qui  se  forment  journellement  ou  qui  ont  été  évi- 
demment formés  par  les  éruptions  de  montagnes  igni- 
vômes.  Cette  dernière  classe  fut  ensuite  partagée  en  deux 
sections ,  la  première  comprenant  les  terrains  volcaniques 
en  activité  y  c  est-à-dire  ceux  qui  of&ent  encore  de  nos 
jours  des  éruptions  semblables  à  celles  qu  ik  ont  éprouvées 
dans  des  temps  antérieurs ,  et  la  deuxième ,  les  terrains  vol- 
caniques anciens ,  ou  ceux  dont  les  montagnes ,  eu  tout  sem- 
blables à  celles  des  premiers ,  ont  cessé  de  vomir  des  ma- 
tières depuis  des  époques  reculées  y  et  dont  ou  a  perdu  le 
souvenir.  Ces  dernières  ont  aussi  été  nonuni'es  i^cans 
éteints,  I^es  terrains  volcaniques  proprement  dits  ont  encore 
reçu  les  noms  de  terrains  volcaniques  à  cratère  et  terrains 
de  lai*es. 

Je  pourrais  vous  exposer  on  détail  les  diverses  classifî- 
calions  qui  ont  été  successivement  proposées ,  mais  je  crain- 
drais qu  une  énumération  aussi  sèche  ne  fatiguât  votre  at- 
tention. Je  me  contenterai  de  dire  que,  parmi  les  géolo- 
gues ,  les  uns  ont  pris  pour  principe  de  leurs  classifications 
certains  caractères  physiques  que  présentent  les  montagnes 
ignivômes ,  tek  que  F  absence  ou  la  présence  d*un  cratère  , 
F  absence  ou  la  présence  de  laves  ou  coulées,  la  structure 
des  roches,  etc.  5  c'est  ce  qu'a  fait  Desmarets,  en  1779, 
pour  les  volcans  éteints  de  F  Auvergne  :  que  d'autres,  no- 


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(    «01    ) 

tamment  M.  Léopold  de  Bach ,  ont  basé  leurs  divisions  sur 
un  caractère  entièrement  géogénique  y  tel  que  la  manière 
dont  ces  terrains  ont  été  poussés  ou  formés  à  la  surface  du 
globe ,  ce  qui  établit  deux  groupes  bien  distincts ,  les  cra^ 
tères  volcaniipÀes  de  soulèvement  et  Xe&^raières  volcaniques 
d'éruption  j  enfin  j  que  d'autres^  tel  est  surtout  M.  Alexandre 
Brongniarty  ont  considéré  simultanément  F  époque  de 
formation  et  la  nature  des  roches  dominantes  (i).  Ces  di- 
verses claasificaticnis  ont  chacune  des  avantages  ;  mais  toutes 
peuvent  être  attaquées  dans  leurs  principes  y  qui ,  très  sou- 
vent,  sont  purement  spéculatifs.  Ainsi,  la  distinction  établie 
sur  la  manière  dont  les  volcans  ont  été  produits  est  vi- 
cieuse y  car,  comme  nous  n'avons  et  ne  pouvons  guère  avoir 
que  des  indices  sur  le  mode  de  formation  des  volcans  an- 
ciens, et  que  F  expression  terrains  de  soulèi^emenl  semble 


(i]  Dans  la  classification  adoptée  par  M.  Al.  Brongniart,  les  terrains 
pyrofçéocs  o«  ceux  qui  paraissent  avoir  subi  TacUondu  fende  quelque 
Duuiiére  que  ce  soit,  forment  deux  classes  distinctes  (  viii  eiix  de 
ton  tableau  ) ,  sous  la  désignation  générale  de  terrains  hors  de  série 
ou  massifs ,  ou  terrains  tjphoniens.  Voici  les  divisions  et  sub- 
divisions de  ces  terrains ,  avec  leurs  dénominations  particulières. 

vm«    Classe.  —  Terrains  plulont'çues  ou  i^èpanchement, 

i"  groupe  :  Terrains  platoniques  granitoîdes, 
a*    groupe  :  Terrains  platoniques  entritiques. 
3<    groupe  :  Terrains  platoniques  ophiolitiques* 
4«    groupe  :  Terrains  platoniques  trachytiques» 

IX*  Cbsse.  — —  Terrains  çulcaniques  ou  de  fusion. 

icr  groape  :  Terrains  vulcaniques  trappéens. 
ae    groupe  :  Terrains  vulcaniques  lauiques, 

(  Voir  •  pour  plus  de  détails ,  Texcellent  ouvrage  de  ce  savant 
géologue ,  intitulé  :  Tableau  des  Terrains  qui  composent  técorce 
du  Globe ,  ou  Essai  sur  la  structure  de  la  partie  connue  de  la 
Terre,  i  vol.  in-8<^,  Paris ,  1819 ,  Levrault.  ) 


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(    «02   ) 

prëjager  la  question  ,  et  même  la  rësoiulre  ^  tous  Tojex 
qu'dle  est  loin  de  représenter  une  idée  positîre.  On  peat 
faire  le  même  reproche  a  celle  qui  repose  snr  Tépoque  de 
formation.  Rien  n  est  plus  préjudiciable  aux  progrès  des 
sciences  naturelles  que  d'admettre  comme  faits  avérés  des 
idées  encore  susceptibles  de  discussion ,  et  surtout  de  fonder 
des  systèmes  sur  des  bases  aussi  (Vagiles  ;  cafr ,  une  (bis  que 
ces  bases  Tiennent  h  être  détruites  ^  tout  lécliafandage  la- 
borieusement construit  s'écroule  ,  et  il  faut  sans  œsse  re- 
commencer siu*  de  nouveaux  firais.  Ce  sont  donc  alors  de 
nouveaux  noms  k  créer ,  pour  remplacer  ceux  qui  deviennent 
inexacts  ou  insuffisants.  Ces  fréquents  changements  dans  la 
partie  méthodique  et  synonyraique  d'une  science,  en  retar- 
dent la  marche  ;  et ,  sans  aucun  doute  ,  plusieurs  parties  de 
Thistoire  naturelle  seraient  plus  avancées  au  moment  on  je 
parle ,  si  nos  prédécesseurs,  plus  sévères,  eussent  évité  avec 
soin  recueil  que  je  viens  de  signaler.  Malheureusement 
plusieurs  naturalistes  distingués  de  notre  époque  ont  con- 
tribué aussi  k  augmenter  la  confusion  ,  par  la  facilité  avec 
laquelle  ils  ont  tour-à-tour  établi  et  renversé  des  méthodes 
annoncées  d'abord  avec  un  engouement  et  une  confiance 
qui  devaient  faire  croire  à  leur  durée.  Cest  surtout  à 
l'égard  de  la  nomenclature  que  les  excès  en  ce  genre  ont 
été  les  pins  grands.  Aucun  auteur  ne  s'est  fait  scrupule  de 
changer  les  noms  que  ses  prédécesseurs  avaient  établis ,  e( 
de  les  remplacer  par  de  nouveaux  ,  souvent  moins  exacts , 
en  sorte  que  maintenant  la  synonymie  est  la  partie  U 
plus  difHcile  et  la  phis  obscure  de  la  science. 

Pour  en  revenir  à  notre  objet  spécial ,  il  me  semble 
que  la  seule  classification  qu'on  puisse  adopter,  pour  les 
terrains  volcaniques  ,  est  celle  qui  s'appuie  stu*  la  nature 
rainéralogique  des  roches  ,  prindpe  beaucoup  moins  va- 
riable que  tout  autre ,  et  d'une  plus  facile  observation.  Cest 
d'après  ces  idées  que,  dans  Fexamen  des  terrains  qui  ta 
nous  occuper  maintenant ,  je  préfère  employer  la  classifi- 


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(  io3) 
cation  suirante  ^  qui  est  beaucoup  plus  simple  que  tonte 
autre ,  et  qui  donne  une  idée  plus  précise  des  groupes 
naturels  ,  que  je  rrduis  h  trois  y  savoir  : 

Terrains  trachytiqnes  5 

Terrains  basaltiques; 

Terrains  laviques. 

Chapitre  H.  —  Caractères  géognostiçues  et  mùiére^iogi^ues 
des  terrains  volcaniques. 

Les  terrains  volcaniques  ne  sont  pas  moins  remarquables 
par  leur  mode  de  formation  que  par  leur  position  gëo- 
gnostique ,  et  surtout  par  la  nature  des  roches  qui  les  com- 
posent. C'est  de  celles-ci  surtout  que  je  vais  m' occuper 
dans  ce  chapitre  ,  mais  j  en  raison  des  limites  que  je  me 
suis  imposées  j  il  me  sera  impossible  de  vous  présenter 
une  histoire  complète  des  roches  vcdcaniques  ;  je  me  bor- 
nerai à  exposer  quelques  généralités  suffisantes  pour  le 
but  que  je  me  propose  d'atteindre. 

M.  Cordier  est  celui  qui  s'est  occupé  avec  le  plus  de 
succès  de  T  élude  de  ces  roches.  Avant  son  beau  travail , 
intitulé  :  Mémoire  sur  les  substances  volcaniques  dites  en 
masse  {Journal  de  physique  y  1816)^  nos  connaissances 
sur  cet  objet  étaient  fort  peu  avancées.  Il  résulte  de  F  examen 
profond  que  ce  célèbre  géologue  a  fait  de  ces  masses  mi- 
nérales y 

1°  Que  le  tissu  honaogène  et  uniforme  dont  ces  sub- 
stances semblent  douées ,  lorsqu'on  les  examine  à  la  vue 
simple  y  n  est  y  à  l'exception  de  certains  cas  déterminés 
très  rares  y  qu'une  fausse  apparence  ; 

a<>  Qu'elles  sont  presque  toutes  mécaniquement  com- 
posées de  cristaux  microscopiques  ;  appartenant  à  un  très 
petit  nombre  d'espèces  minérales  connues  y  auxquelles 
se  mêlent ,  dans  certains  cas  déterminés  y  des  matières 
vitreuses  plus  ou  mpins  abondantes } 


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C  io4) 

3»  Que  Jes  cristaux  microscopiques  élcmenUiîres  appar- 
tiennent au  yelspaih ,  au  pyroxène  ,  au  péridot  ,  au  fer 
titane  ^  moins  souvent  à  laniphigène  y  et  fort  rarement  aa 
mica^  kï  amphibole  ou  Siujèr  oligiste  ; 

4^  Que ,  dans  une  partie  des  substances  volcaniques  en 
masse  y  les  cnstaux  microscopiques  élémentaires  y  et  les 
matières  vitreuses ,  quand  elles  en  contiennent  y  se  trouvent 
souvent  dans  un  état  de  décomposition  plus  ou  moins  avancé  ; 

5**  Que  y  parmi  ces  substances  y  dont  les  éléments  sont 
plus  ou  moins  attaqués  par  la  décomposition  y  certaines 
doivent  leur  consistance  à  des  matières  étrangères  inter- 
posées en  particules  presque  toujours  indiscernables  ^ 

6°  Que  y  quelque  soit  F  état  de  conservation  ou  d'alté- 
ration de  ces  substances ,  les  minéraux  élémentaires  ne 
forment  communément  que  des  associations  ternaires  oq 
quaternaires  y  au  milieu  desquelles  y  tantôt  le  Jcispath  y 
tantôt  le  pyroxine ,  prédominent  constamment  y  ncm-seo- 
lement  par  leur  abondance  y  mais  encore  par  F  influence 
des  caractères  qui  leur  sont  propres  j 

7^  Que  cette  constante  prédominance  y  combinée  anx 
autres  conditions  que  présente  la  composition  mécanique , 
et  aux  caractères  extérieurs  qui  en  résultent ,  permet  de 
diviser  méthodiquement  les  roches  volcaniques ,  à  F  aide  de 
coupures  naturelles  assez  nettement  circonscrites,  et  même , 
à  la  rigueur,  de  leur  assigner  des  places  de  conventioo 
dans  la  méthode  minéralogique  ^  mais  qu'en  attendant  on 
peut  les  rapporter  à  seize  types  principaux  -y 
,  S*'  Que  ,  proportions  gardées  des  di£^rences  qui  tiennent 
il  F  ancienneté  relative,  les  différents  types  se  présentent 
avec  les  traits  de  F  identité  la  plus  parfaite  dans  les  roches 
volcûnir|ucs  de  tous  les  pays  et  de  tous  les  âges  ; 

9^  Que  le  sol  volcanique ,  considéré  dans  son  mii^f^hl^ 
et  sous  le  point  de  vue  le  plus  général ,  ofifre  mue  com- 
position toute  particulière  et  une  constitution  que  F  on  ne 
retrouve  pas  dans  les  autres  terrains. 


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(  io5  ) 

Cest  diaprés  ces  principes  que  Af.  Cordicjypartagc  toutes 
les  roches  volcaniques  en  deux  grands  groupes ,  savoir  : 
les  substances  fdspathiçues  ,  dans  lesquelles  les  particules  Je 
felspath  sont  très  pre'dcminantcs ,  et  les  substances  pj^ro^ 
xènées ,  dans  lesquelles  les  pa/ticules  de  pjrioxène  sont 
tns  prédominâmes.  Chacun  de  ces  groupes  est  ensuite  sub- 
divisé en  deux  sections^  Tune  pour  les  roches  non  .altérées , 
Tautre  pour  celles  qui  le  sont.  Les  principaux  types  de 
roches  renfermées  dans  le  premier  groupe  ,   c  est-à-dire 
les  substances  dans  lesquelles  le  felspath  prédomine  y  sont  : 
le  trachyte,   le  domite  ,   la   dolérite  ,    le  phonolite  ,   le 
pumite  ou    ponce  ,    Y  obsidienne  ou    ^erre    volcanique  , 
et  le  fpodite  ou  les  cendres  blanches  et  ponceuses  ayokor 
niques,  I^s  types  de  roches  du  deuxième  groupe  y  c*est- 
à-dire  les  substances  dans  lesquelles  le  pyroxène  prédomine, 
sont  :  le  basalte  ,  les  scoties ,  le  gallinace ,  et  les  cinérites  ou 
cendres  rouges  et  grises  volcaniques.  Toutes  ces  différentes 
roches  donnent  lieu  ,  par  les  altérations  diverses  qu  elles 
subissent  ,  à  une   foule  de    substances  nouvelles  dont  le 
nombre  est  infini  et  les  caractères  non  décrits.  Les  prin- 
cipaux agents  qui  les  modifient ,  de  manière  à  leur  fiedre 
acquérir  ainsi  des  propriétés  si  différentes  de  celles,qu* elles 
avaient  cT  abord,  sont  principalement  le  feu  ,  Tair,  F  eau  y 
les  différents  gaz  acides  qui  se  dégagent  des^voloans  ou 
des  solfatares,   etc.  Cest  de  ces  nombreuses   altérations 
que  résultent  les  tu/s  volcaniques  de  toutes  les  couleurs, 
les  pépérinOy  les  \\'ackesy  les  pouzzolanes  y  les  therman- 
tides  tripoléennes  et  cimentai res  y   e\  une  foule   d'autres 
produits    qu*il    serait  trop  long  d'éniunérer.    Enfin  y  la 
réaction  séculaire  de  fair  et  des  eaux  sur  ces  nouveaux 
produits ,  finit  par  les  décomposer  endèrement  et  les  trans- 
fbrmer  en  terre  fertile,  que  les  torrents  entraînent  dans 
les  plaines  sous  forme  d'alluvions  ,  et  dont  CAiivej^e  et 
beaucoup  d*autl«s  localités  nous  offrent  plnç  d^uu  ^xempU. 

T^es  trois  groupes  de  terrains  volcanicpies  que  j'ai  admis 


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C*o6) 
se  distinguent  assez  nettement  les  uns  des  autres  par  la 
uature  des  nklies  dominantes  qu  on  y  observe  ^  et  aussi 
par  leur  position  géognostique  à  la  surface  du  globe. 

^  I.  En  général,  les  terrains  trachytiques  se  composent 
de  roches  felspathiques  ;  ainsi  on  y  trouve ,  parmi  celles  dues 
à  une  cristnilisalion  ignée  ,  toutes  les  e^cces  de  tra- 
chjles  y  le  domitCy  ïargiloUte  ^  X  alunite  ^  le  pumite ,  le 
sligmite  pedaite  et  le  retinile,  ïewite  porphynqvue  y  etc.  ; 
et  parmi  les  conglomérats  ,  les  brèches  trachytiques  et 
pumites.  Ces  terrains,  qui  se  montrent  également ,  et 
dans  les  pays  où  les  forces  volcaniques  agissent  encore, 
et  dans  ceux  où  elles  sont  éteintes  ,  recouvren*:  immê> 
fliatcment ,  ou  les  roches  pi'imitives  ,  ou  les  poqphyres  de 
transition ,  porpliyres  avec  lesquels  les  trachytes  présentent 
la  plus^  gnindc  analogie  de  composition  ,  et  dans  lesquels 
on  remarque  que  le  felspalh  vitreux ,  T amphibole  ,  et 
quelquefois  le  pyroxène ,  deviennent  plus  fréquents  à  me- 
^uùre  qu  ils  se  trouvent    plus  près  des  roches  volcaniques. 

I.cs  tracliyies  superposés  aux  rocl^es  primitives  paraissent 
tantôt  ' sortir  d'un  granité  postérieur  au  gneis ,  tantôt 
des  micaschistes  supérieurs  à  ceux-ci  j  mais  tout  prouve^ 
suivant  M.  de  lIum])oldt ,  qu'ils  sont  sortis  au  dessous  de 
la  cro  ûle  granitique  du  globe. 

Les  tracliyies  qui  recouvrent  les  porphyres  de  tran- 
sition iappartiennent  a  deux  foimations  bien  distinctes, 
savoir  :  à  celle  des  porphyres  et  siénites  non  mëtallifêixs 
superposés  immédiatement  aux  terrains  primitifs  ,  et  à 
celle  des  porphyres  ,  siénites  et  diorites  ,  souvent  métalli- 
fères ,  reposant  sur  un  schiste  argileux  ou  sur  des  schistes 
tahpieux  avec  calcaire  de  transition.  Leur  gite  principal 
est  surtout  dans  ces  terrains  intermédiaires ,  et  plus  parti- 
culièrement dans  la  première  de  ces  formations porphyriques. 

Ces  trachytes  sont,  eu  général ,  peu  répandus  dans  l'an- 
cien continent  (,cha\neàxx  Caucase,  Hongne,  Transyh'aiik, 
^u^ergne,  îles  de  la  Grèce,  Italie,  etc.)  ;  mais  ils  acqiùèrenl 


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C  Ï07  ) 

^es  développements  énormes  dans  le  nouveau ,  prlnclpa-^ 
lement  dans  T  Amérique  méridionale  ,  (  crête  et  lisières 
des  Andes  duCliiU,  du  Pérou,  de  la  Nout^elle-Grenade, 
de  Smnte'Marthey  de  Méiida ,  vallée  de  Mexico ,  etc.  ) ,  dont 
ils  occupent  les  parties  les  plus  élevées.  Leurs  couches  ont 
jusqu  à  quatorze  mille  et  même  dii-buit  mille  pieds  d*é^ 
paisseur  ,  comme  au  Cfnmborazo  et  au  volcan  de  Gua^ua- 
R.chincha, 

Les  trachytcs  ne  sont  recouverts  que  par  d'autres  < 
roches  volcaniques ,  très  rarement  par  quelques  formations 
tertiaires  ou  de  petites  formations  de  g^'pse  et  d'oolites  in- 
tercalées ou  superposées  aux  tufs  ponccux.  Us  renferment 
des  conglomérats  qui  varient  beaucoup  selon  la  nature  des 
roches  y  et  qui  ont  empâté  des  moules  de  coquilles  ,  des 
troncs  d'arbres  qui  se  sont  changés  en  quart  résinite ,  des 
fragments  de  ponces ,  des  matières  terreuses ,  etc.  Cest 
dans  ces  terrains  qu*on   trouve  les  plus  belles  opales. 

^  lî.  Le  terrain  bascdtique  se  distingue  du  précédent  en 
ec  qu'il  n  admet  généralement  dans  sa  composition  quedts 
roches  pyroièniques  ou  celles  qui  composent  le  second 
grou|>e  des  roches  volcaniques  de  M.  Cordier.  Ainsi ,  on 
y  reconnaît ,  parmi  les  roches  formées  par  cristallisation 
ignée  ,  le  basalte  et  toutes  ses  variétés ,  la  doUrîte ,  le 
spilitCj  etc.  ,  et  parmi  celles  formées  par  voie  de  transport 
6u  de  sédiment,  le  vakite,  les  p^penno  de  diverses  es- 
les  breccioles  ,  etc. 

Le  terrain  basaltique  se  lie  d'un  c6té  aux  trachytes  , 
dans  lesqueb  le  pyroxène  devient  progressivement  plus 
abondant  que  le  felspath  ,  et  d'un  autre  y  aux  laves  dés 
Tolcans  qui  ont  coulé  sous  forme  de  courants.  On  remarque 
^e  généralement  les  grandes  masses  basaltiques  sont  très- 
poignées  des  masses  trachy tiques  ;  qu'ainsi  les  pays  qui 
abondent  le  plus  en  basaltes  (  Hesse,  Bohême  )  y  sont  dé- 
pourvus de  trachytes  y  et  qu'il  en  est  de  même  pour  les. 
pays  trachytiqaes  ,  comme  les  CordiUeres  des  Andes  ,  qnl 


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(  *o8) 
présentent  rarement  êes  basaltes.  Ces  deux  terrains  forment 
souvent  des  ligues  parallèles ,  ce  quia  fait  penser  à  plasiencs 
géologues  qu  il  y  a?ait  eu  une  formation  diflërenle  pou- 
les basaltes  et  les  tracb^tes.  Ils  croient  que  ces  derniers 
proviennent  de  granités  altérés ,  tandis  que  les  basaltes 
paraissent  provenir  de  laves  pvroxènées  ,  dont  les  ooolécs 
ont  été  jusqn  à  la  mer  (  alors  voisine  de  ces  volcans)  ,  où 
elles  ont  pris ,  par  le  retrait  y  les  formes  {MÎnnatiqnes 
qu'elles  présentent.  Les  terrains  tracbjtiques  semblent 
cependant  plus  anciens  que  les  basaltiques  y  et  sont  tfoàr 
qnefois  recouverts  par  ces  derniers. 

En  général ,  les  masses  volumineuses  de  basaltes  se  trou- 
vent inunédiatement  dans  les  terrains  primitifs ,  intermé- 
diaires et  secondaires  y  tandis  que  d'autres  masses  bien  movos 
considérables,  à  texture  homogène ,  et  oflranl  le  plus  son- 
vent  r apparence  d'anciennes  coulées  de  laves  lithoîdes, 
sont  superposées  au  terrain  trachytique.  Les  unes  et  les 
autres  enveloppent  quelquefois  des  fragments  de  grmite, 
de  gneis  ou  d'une  siénite  très  abondante  en  felspatb.  Dans 
la  dernière  circonstance  géologique  que  je  viens  d'indiquer, 
les  basaltes  gisent  rarement  aiq>rès  du  sommet  des  volcans 
en  activité  ;  ils  sont  placés  h  leur  pied ,  et  semblent  les  en- 
tourer de  toutes  parts  ;  cependant  on  en  cite  parfob  près  des 
cratères,  comme  au  Fulcano,  Ils  sont  toujours  reccoveris 
par  les  laves  vomies  par  ces  volcans,  ce  qui  conduit  natn- 
rellement  à  penser  que  leur  origine  est  antérieure  à  ceDe 
de  ces  produits.  Mais  c  est  surtout  dans  le  voisinage  des 
volcans  éteints  que  s'observent  les  basaltes.  On  voit  donc 
qu*Us  sont  entièrement  lies  aux  terrains  volcaniques  ii  cra- 
tères ou  aux  terrains  de  laves ,  par  leur  disposition ,  leor 
fi>rme ,  la  nature  des  minéraux  qu'ils  renferment ,  et  en  ce 
qu'ils  peuvent  reposer  aussi ,  comme  eux,  sur  les  temins 
les  plus  modernes. 

Le  basalte^  dont  certains  pays  présentent  des  miwef 
dune  très  grande  étendue ,  forme  presque  toujo«rs  des  pla- 


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(  «09  ) 
teaux.  élevés,  dénudés ,  on  pea concaves  dans  leur  milieu  « 
à  coupures  absolument  verticales.  Ces  plateaux  sont  souvent 
nombreux  dans  une  même  contrée ,  mais  ils  ne  sont  jamais 
disposés  de  manière  à  former  des  chaînes  entières  et  con* 
tinues.  Us  sont  formés ,  ou  par  des  couches,  ou  par  des  co- 
lonnes prismatoVdes ,  phis  rarement  par  des  sphères   om 
des  tables.  Les  couches,  variables  en  inclinaison  et  en  épais- 
seur, alternent  souvent  avec  d'autres  couches  ^  mais  plus 
habituellement  elles  leur  sont  superposées ,  sans  leur  être 
parallèles.  Quelquefois ,  comme  dans  les  environs  du  vol- 
can de  JoruUoj  au  ^lexique ,  le  basalte  se  montre  en  petits 
cônes ,  composés  de  boules  ii  couches  concentriques ,  à 
sommets  très  convexes ,  et  qui  paraissent  être  sortis  du  ter- 
rain environnant  par  une  espèce  de  soulèvement  occa- 
sionné par  une  force  élastique   agissant  de  T  intérieur  4 
r  extérieur.  Dans  la  localité  que  je  viens  de  citer ,  tous 
les  environs  de  la  montagne  igniv6me  sont  couverts  de  cet 
petits  cônes,  appelés  par  les  indigènesyburf  ou  hormtos, 
à  cause  de  leur  forme ,  et  parce  qu'il  s  exhale  des  crevasses 
qui   les  sillonnent   des  vapeurs  aqueuses  mêlées  d'acide 
sulfureux.  Ces  hormtos ,  qui  couvrent  par  millier»  la  partie 
centrale  de  la  plaine  du  Mat-Pois ,  où  s  élève  le  grand  vol- 
can de  JoruUo ,  sont  tous  isolés  et  disséminés,  de  manière 
que  y  pour  s'approcher  du  pied  du  volcan ,  on  passe  par  des 
ruelles  tortueuses.  Leiu*  élévation  est  de  six  à  neuf  pieds. 
La  fumée  sort  généralement  un  peu  au-dessous  de  la  pointe 
du  c&ne ,  et  reste  visible  jusqu'à  cinquante  pieds  de  hauteur. 
D'autres  filets  de  fumée  sortent  des  larges  crevasses  que  tra- 
versent les  ruelles  ;  ils  sont  dûs  au  sol  même  de  la  |>laine 
soulevée.  En  ii^do ,  la  chaleur  des  hormtos  était  encore  si 
grande,  qu'on  pouvait  allumer  un  cigarre  en  l attachant  à 
une  perche  ,  et  en  le  plongeant  à  deux  ou  trois'  ponces  de 
profondeur  dans  une  des  ouvertures  latérales.  En  appro- 
chant l'oreille  d'un  de  ces  c6nes ,  on  entend  un  bruit  sourd 
qui  parait  celui  d'une  cascade  souterraine  ;  il  est  peut-être 


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(     IfO    J 

éntkèc  par  les  eaux  dn  Rio-Cuîtamba,  qui  s^engoul&ent 
dans  le  Mal-Pois.  U  est  probable,  suivant  M.  de  Ham- 
boldt ,  h  qui  f  emprunte  ces  détails ,  que  c  est  la  force  élas- 
tique des  vapeurs  qui  a  couvert  de  ces  homitos,  en  forme 
d* ampoules,  la  plaine  bombée  du  Mal^Pais,  tout  comme 
la  surface  d'un  fluide  visqueux  se  couvre  de  bulles  par  V ac- 
tion des  gaz  qui  tendent  à  se  dégager.  La  croftle  qui  forme 
les  petits  d6mes  de  ces  homitos  est  si  peu  solide ,  qu'elle 
s'enfonce  sous  les  pieds  de  devant  d'un  mulet  que  Ton  jr 
force  d'y  monter.  Le  soulèvement  de  ces  basaltes  ne  re- 
monte donc  pas  à  une  époque  très  reculée.  (  Essai  poli- 
tique sur  le  rojaume  de  la  Noui^elle-Grenade  ,  liv.  m  y 
cbap.  VIII.  ) 

IjCS  pays  qui  offrent  des  formations  basaltiques  très  déve- 
loppées sont,  avec  ceux  que  fai  déjà  cités,  X Ecosse  (cote 
occidentale  ) ,  les  îles  Hébrides ,  parmi  lesquelles  se  trouve 
rUe  de  Staffa ,  si  fameuse  par  la  belle  grotte  de  Fingnfy 
V Irlande  (comté  d'u^ntn'm,  sur  la  côte  septentrionale,  ou 
Ton  voit  la  célèbre  chaussée  des  Géants),  la  Saxe ,  Y  Italie, 
le  Felay ,  Vu^ufergne,  le  Foret ,  le  Fii^araisj  etc.  On  ob- 
serve aux  parties  supérieure  et  inférieure  des  masses  de 
basalte ,  des  scories  provenant ,  h  la  partie  inférieure ,  defaîr 
du  terrain  sur  lequel  passa  la  coulée  ,  et  à  la  partie  supé- 
rieure ,  des  bulles  contenues  dans  la  masse ,  et  qui  n  ont  pli 
percer  la  croûte  supérieiu-e  soUdifiée.  Ces  masses  de  basalte 
présentent  beaucoup  d* altérations.  Dans  nombre  d'endroits, 
les  grandes  coulées  ont  été  dégradées ,  et  il  ne  reste  plus  que 
les  petites  portions  qui  étiiont  assises  sur  des  terrains  pri- 
mitifs. 

5  ni.  Le  terrain  la^içue,  postérieur  aux  formations  tn- 
cbytiques  et  basaltiques  dont  je  viens  d'esquisser  les  prin- 
cipaux caractères  ,  qui  appartient  aux  volcans  éteints  et  aux 
volcans  en  activité  ,'et  qui  est  le  seul  qui  se  continue  encore 
de  nos  jours ,  est  remarquable  ,  non-seulement  en  ce  que  ses 
rocbes  diffèrent  sensiblement  ^  par  leur  nature ,  de  celles  qui 


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(  "O 

constituent  les  deux  groupes  précédents^  mais  encore  par 
leur  manière  d'être  à  la  surface  du  sol.  Ces  roches  portent 
le  nom  général  de  lattes  ;  elles  présentent  tous  les  carac- 
tères des  matières  qui  ont  été  soumises  à  Faction  du  feu  et 
tenues  à  F  état  de  fusion  presque  toujours  complète  ^  quel- 
quefois cependant  simplement  pâteuse.  Elles  ont  une 
texture  plus  ou  moins  boursouflée ,  celluleuse  ou  scoriacée  y 
un  aspect  grenu  ou  presque  vitreux  y  un  toucher  rude  et 
âpre  ;  leur  densité  est  très  variable.  Tantôt  elles  sont  pures  et 
ne  diflerent  entre  elles  que  par  le  plus  ou  moins  de  va- 
cuoles qu*  elles  offrent  -y  tantôt  elles  contiennent  des  cristaux 
ou  des  fragments  de  divers  minéraux  y  ce  qui  constitue  une 
foule  de  variétés. 

Les  laves  des  volcans  éteints  diflcrent  essentiellement  de 
celles  qui  sont  rejetées  sous  nos  yeux  par  les  volcans  en 
activité.  Les  premières  sont  y  en  effet ,  généralement  abon- 
dantes en  felspath ,  et  se  présentent  sous  forme  de  larges 
nappes^  tandis  que  les  secondes  sont  presque  toutes 
pjroxènées  et  sous  forme  de  courants  très  étroits.  Les  pre- 
mières ont  donc  beaucoup  de  rapport  avec  les  tràchytes , 
les  secondes  avec  les  basaltes  ;  aussi  certains  auteiu*s  les 
distinguent-ils  sous  les  noms  de  lat»es  trachytiques ,  et  de 
Utiles  basaltiques  :  il  serait  préférable  de  les  nonmier  laides 
ftlspathiques  et  laides  pyroxèniques. 

Le  terrain  bvique  a  des  formes  extérieures  tellement  re- 
marquables ,  qu  il  est  impossible  de  confondre  les  montagnes 
qui  lui  appartiennent  avec  aucune  autre.  Il  est  formé ,  non 
par  la  succession  de  couches  régulières  plus  ou  moins  in- 
clinées ,  connue  les  terrains  que  Von  suppose  formés  par 
voie  de  dépôts,  mais  par  la  superposition  d'un  nombre  illi^ 
mité  de  coulées  qui  ont  été  produites  â  des  époques  plus  ou 
moins  éloignées.  Ces  coulc'es  constituent  des  montagnes  ou 
monticules  plus  ou  moins  élevés,  généralement  très  régulière- 
ment coniques  ,  offrant  souvent  à  leur  sommet  une  concavité 
qu  on  appelle  cratère  y  Aouni  le  milie«  est  criblé  d'ouvertures 


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(lia) 

qtti ,  dans  les  Tolcans  actifs,  correspon''enl  avec  des  canaul 
sbuterraÎDS. 

■  Les  courants  de  laves ,  ou  coulées ,  sont  ordinairement 
plus  compactes  vers  le  centre  de  la  masse  qii  à  la  partie  îif- 
périéure  et  inférieure ,  qui  sont  boursouflées,  souvent  même 
assez  légères  ,  à  cause  des  nombreuses  cellules  qui  s'y 
trouvent  et  qui  sont  dues  à  de  Tair  interposé.  Ces  cellules, 
plus  ou  moins  nombreuses  ,  varient  beaucoup  de  formes , 
suivant  la  nature  de  la  masse  et  la  place  oh  on  le» 
observe.  Généralement  elles  ont  une  forme  alongée  dans 
r  intérieur  de  la  coulée  et  principalement  vers  sa  partie 
la  plus  inclinée  ,  tandis  qu  elles  sont  plus  rondes  et  plus 
midtipliées  vers  sa  surface  et  vers  son  origine. 

Les  coulées  s'élargissent  beaucoup  k  leur  ëxtrémîtë  mft- 
rieure ,  qui  est  souvent  horizontale.  Leur  épaisseur  est  très 
variable ,  selon  F  état  de  liquidité  que  présentait  la  lave  lors 
lie  r  éruption,  et  selon  les  obstacles  qu'elle  d  épro«ré«  dans 
sa  mardie.  Tantôt  cette  lave  s'est  épanchée  dans  la  plaine, 
sous  forme  de  lai^s  nappes;  tantôt  elle  s'est  arrêtée  dans 
des  vallées ,  où  elle  s'est  solidifiée  en  énormes  amas.  La  sur- 
Cm^c  des  coulées ,  quelquefois  assez  plane ,  est  ordinaire- 
ment parsemée  de  crêtes  et  d'irrégnlarités  qui  indiquent 
l'état  péteux  du  courant  à  l'époque  de  sa  formation.  PIcr 
sieurs  coulées  peuvent  se  recouvrir ,  mais  elles  sont  tonjotffs 
séparées  par  des  matières  plus  ou  moins  terreuses ,  qui  ré> 
sultent  de  l'altération  que  la  surface  de  la  coulée  exté- 
rieure a  éprouvée. 

Les  roches  qui  appartiennent  particulièrement  an  terrain 
lavique  sont ,  parmi  celles  qui  ont  été  fondues  et  ont  en- 
suite été  solidifiées  complètement,  la  leucosdne  on  lave 
pétrosiliceuse  ,  la  téphrine  ou  lave  proprement  dite ,  et 
plus  rarement  le  stigmate  à  base  d'obsidienne,  \ obsidienne 
et  le  pumite;  et ,  parmi  les  roches  d'agrégation  formées  par 
toie  de  sédiment  ou  transport ,  soit  au  milieu  des  eaux ,  soît 
^^  milieu  des  air8,'to«»  les  débrii  de  roches  et  minéraux 


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(  »i3  ) 
ylMmiqiM»  coIrahWt  .par  àas  coucs  d'eau  oii  rejelés  soin 
forme  pulTéroiente  par  les  cratères ,  et  transportés  ensuit^ 
par  les  airs  à  des  dist4iK:cs  plus  ou  moias  considérables  j^ 
idasoot  des|7^<^>?o^  des  breçciojçs  pvicanigues  nonu&éfla 
trois  f.  des  brèches  volcaniques  noiumées  ti^a ,  des  pou^utq- 
lanes ,  désignée^ ,  suivant;  la  grosseur  de  leurs  parles,  rapiUi 
Ht  cendres-  volcaniques  p.  eufiu  le  nio^ay  n^tièr^  terreuse  ^ 
don  noir  brunâtre ,  contenant  im  {iriocipe  combustibk 
(  cfafurbon)  ea  si  {[rande  quantité  que  les  habitants;  du  Péroo 
a* en  senreut  comme  d'une  terre  tourbeuse  pour  leur  dooif- 

Les  roches  volcaniques ,  quelles  que  soient  T  époque  d« 
bsnr  fi^nnation.  et  la  manière  dont  elles  ant  été  produites  , 
rwTei^nieQt  pfe^que  toujofirs^  au  mili^q^de  leur  matse^ 
de$  apiMi^re^  ^trsuigères  à  leur  composition.  Ces  matière^ 
font 7  ou  des  espèces  minérales  déterminées,  ou  d^  fh^ 
memsde  i^oches  d'upe  autre  sorte  et  d'une  auti^e  origine.  Ces 
IDatièresa^  tr«iUFenf  de,phisieui;smani^re».  Certainesespèces 
fuûnéidea cristallisées  régulièrement,  te|^s  que  ïoliuiney 
ïamphigène  f  lejèlspath  vitreux ,  \  amphibole  y  lejèr  titane^ 
lep^TOxène  mt^te^  tica^ne  y  ete  j  sont  disiéminees  au  mi- 
Ijmiaôinede  i^  roche  volcanique,  çt  paraissent  avoir  cristal- 
lisé lon^i^elle  était  en  fusion  complète.  J>*autres  |  offranl 
les  mé^ie» .caractères  d'intégrité ,  aont  rassemblées  dans  1^ 
çoiichM  de  la  roche  ou  tapissept  ses  cavités ,  et  semblop^ 
avoir  été  formées  au  moment  ou  après  sa  consolidation  :. 
ielles  sont  prii^cqpaloment ,  la  més^pe,  la  stilbite  „  Vqnal* 
cime,  ïhyalite^  les  agates  calcédoines  ^\e^  jaspes  ,  laba-^ 
rytme  f  la  cékstine  y  le  calcaire  ^^athique  ^  ïarragonite  >  lo 
mica  p  V arsenic  suffuréj  le  sel  marin ,  Id  sel  ammoniac ,  Im 
so^ifre  f  etc.  f^nfin,  plusieurs  minéraux  et  quelques  roch^ 
élrangères  se  montrent  simplemo^t .  engagés  dans  1^ 
roches  volcaniques  de  cristallisat^)n  ou  dç  transpQd  :  t^ 

«QDl> paipi  Içt  premiers;  Uùrçoii^  le cfirindon ,  y^^p/n^ 

■'  '   '    '  '  ,5 


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(  >i4  ) 

pl/ffnasle ,  Xidoame  >  la  conâiénte  ,  les  grenats ,  la  n^ 
ph^ne ,  la  sodalite ,  le  meUilite ,  ta  woUastnnite ,  la  gismon" 
dine,  etc  ^  et,  parmi  les  secondes,  le  granité ,  la  nënîte,  le 
gnëîs ,  divers  calcaires ,  lies  galets  de  qnarx ,  le  lrach3rte  hn* 
même  ,  des  fragments  de  tbermanlide  /  élc.  Cbaqoe  ter- 
^ih  vofeanique  a  des  minémum  qui ,  sans  lai  rtre  paitîcii- 
bers ,  serrent  néanm#ins  dans  i>ien  des  circonstances  li  le 
earactériser.  H  a' entre  pas  dans  mon  ]dan  de  tons  éomn^ 
rer  ici  ces  minéranx  t>ii  œs  roches  étrangères ,  dont  il  est 
d'aiHeiirs  asset^  difficile  de  dresser  nne  liste  complète.  Je 
TOQS  prësenterai  seulement  qnei^ves  r^âesions  sur  la  pré- 
sence de  plusieurs  d'entre  «ux  au  milieu  des  laves  tant  an- 
ciennes ijue  modernes. 

Jaî  cité  quelques-unes  des  espèces  *minérales  qui  se 
trouvent  implamjes  ou  empâtées  dans  les  lares.  Les  mi- 
nél*^gistes  ont  discuté  pendant  long-temps  pour  se  rendre 
oonipte  de  la  présence  de  cristaurnussî  nettement  con- 
figurés dans  ees  produits  du  feu  ,  et  surtout  de  ceux  qtd  , 
coamnc  le  felspotli  et  les  pyroxfnes ,  sont  presque  aussi  fu- 
sibles et  même  plus  fusibles  qœ  la  matière  qui  les  en- 
velo{)iie. 

Deluc  et  Dolomien  ont  préteinda  q«e  ces  mmérux 
cristallisés  préexistaieni  ,  à  répancbemenlt  de  la  coidée, 
dans  les  roches  où  se  trouva  le  îojtr  volcanique  ;  qu  9s 
ont  été  entratués  par  la  lave  hors  du  sein  de  la  terre ,  sans 
avoir  éprouvé  la  fusion^  et  enfin  que  la  température  né- 
ccssaii*e  ii  cette  des  autres  parties  de  la  roche  qui  ont 
fbumi  la  base  de  la  lave  était  très  basse  et  n*  était  pas 
opc^rée  seulement  par  le  calorique.  D'autres  géologues, 
tels  que  Breislack  ,  Hall ,  MM.  Fleuriau  de  BeHevue  > 
de  Buch ,  Al.  Brongniart,  etc.  ,  admettent  avec  beau- 
coup phis  de  raison  que  ces  minénnix  ôîslallisés  se 
sont  fbiaués  par  voie  de  combinaison  chimique  et  de 
ci^stallisntion  ,  dans  la  masse  lavique  même  en  fusion, 
soit  dans  le  foyer   Tolcaaique  >   soft  après  s<m   épan- 


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(  r.S) 
dicaent  k  b  «nrÛMSe  du  «il  9  de  la  même  manière  que 
les  crialaïUL  de  fels^th  ont  d4  le  former  dans  la  pâte  dit 
porphyre,  les  grenats  dans  cella  de  la  serpentine  ou  de 
r  amphibole  ,  de  la  même  manière  enfin  que  se  prodniseul 
les  cristaux  au  miliei^  de  naisses  de  ,Terre  tenu  en  fusion. 
Ce  qui. fortifie  cette  opinion,  cest  que  MAI.  Fourmjr 
et  Mistcheriieh  sont. parvenus  à  faire  ,  artificiellement,  I 
faide  dun  feu  de  porceUine ,  dfi  mina  et  du  ipyroxhtàe 
cristallises  et  semblables  à. ceux  qu'on  trouve  dans  la  nature'. 
Et  d*aiUeiirs>  il  serait  bien  difficile  ,  pour  ne  pas  dire  an^ 
possible  ,  d'expliquer  autrement  que  par  cette  tUëorio 
la  présence  de  la  mati<»re  même  de  la  lave  au.  miheet  de 
plusieurs  de  ce%^rist«iux.  D'après  cela,  les lavts compactes 
à  structure  presque  cristallisée  sont  des  laves  cristallisées 
confosément ,  comme  les  expérieaees  de  Hall  et  de  Fleurtau 
de  Bellevue  ,  sur  Tefiet  d'une  fusion  à  haute  pression  ou 
d^un  refroidissement  lent,  semblent  Le  prouvée. 

Il  ne  serait  pas  bgîqoe ,  cependant ,  d'admettre  que.  tous 
les  cristaux  qui  sont  disséminés  dans  les  coulées  ont  «té 
formés  à  la  manièredes  minéraux  dont  jc'viena  de  parler. 
Plusieurs ,  comme  les  coiindons  ,  les  zircons  ,  etc.  ,  ont 
été  ,  sans  aucun  doute  ,  amracliés  au^  roches  granitiques 
dont  ils  faisaient  partie  ^  et  enveloppés  parla  matière  lavique 
sans  épnMHrer  presque  aucune  altération ,  à  la  manière 
des  fragments  de  roches  pins  ou^  moins  volumineux  qui 
96  trowfent  presque  toujours  empâtés  dans  la  lave.. 

Chapitx?  III.  -^  Position  géognostique  des  volcans  à  la 
swjbce^du  ghbe  y  el  géographie  physique.  r 

Dans  le  chapitre  précédent ,  j'ai  traeé  rhi8toii(e  géognes-* 
tique  et  mij^ralo^qm^  des  dilTér^ts  terrains  volcaniques  ; 
dans  celui-ci  fenvisa^rai  la  géognosie  dtS'Voleans  d'vuMr 
manière  plus  générale,  et  j' indiquerai,  autant^  que  eeU 
est  possible  ;fe  nombre  des  volcans  actife- et  éieiliia,  eii 

i5. 


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(  '16  ) 
leoip»  ifue  ieiMT  ilispenioA  b  k  Mr&ee  un  ghbe. 
Pou»  tniiler  ces  qoeitîett»  avec  tout  h  soin  qvfeHes  nié- 
filent,  faiirai  MUTent  recours  aul  éerfts  du  célèbre  Hum- 
hpklt. 

.  Le  feu  des  voloans  a  «gi  à  toutib  ies  époques  ,  lors 
de^  la  première  etidalmi  de  la  eroftie  du  globe ,  k  tràrtn 
les  roches  de  Iransîtieii  y  les  terrains  seeondaîres  et  ter- 
tiakvs.  A  Texceptioin  de  quelc|ue8  roches  lacustres  ou  d*eau 
douce ,  'les  focbes  Toleaniques  sent  les  seules  dont  la  for- 
mation eoutinue ,  pour  ainsi  dire ,  sous  nos  jeux.  Si  les  laves 
des  mêmes  rolcans  Tarient  à  diverses  époques  de  leurs 
éruptions  ,  on  conçoit  c<Anblen  des  matières  voloaniqnes 
qni  ,  pendant  des  milliers  d'années  ,  se  sftnt  progressiTe- 
VMnl  élevées  vers  la  surface  de  notre  pbnète ,  dans  des 
oiroonstaBftoes  de  mélange ,  de  pression  ,  de  refroid»semeat , 
si  différenles  ^  doivent  offrir  à  la  Ms  de  contrastes  et 
d*  analogies.  Il  j  a  des  trachytes ,  jdes  phonoittes ,  des  ba* 
sabes  ,  des  obsidiennes  et  des  perlîlesde  différents  âges, 
eomae  il  y  a  différentes  fonnations  de  granités  y  de  gneis  , 
de  calcaires  y  de  porpliTves ,  etc.  IHus  on  approche  dn 
temps  modernes ,  plus  les  formadoiis  voleamques  paraissent 
isolées ,  surajoutées  y  étrangères  au  sol  sur  lequel  elles  se 
sont  répandues.  Une  longue  intermittence  àc  ta  source 
semble  produire  ,  même  dans  les  volcans  actueb  ,  une 
grande  rariété  dans  les  produits,  et  s'opposer  à  Tagrou- 
pemeot  de  matières  andogues.  Dans  ce  dédale  de  fer- 
mations  volcaniques  de  dillerents  âges  ,  on  n  a  reoonna 
jusqu'à  présent  que  quelques  lois  de  gtsement,  qui  p- 
raissent  si  non  générales  y  du  nKHns  en  harmonie  avec 
des  phénomènes  observés  dans  les  deux  contÎDents  , 
sur  une  gifande  étendne  de  terrain. 

Les  terrains  volcaniquf  s  se  trouveflt  qpelquèfets  8upa^> 
pooés  &  des  temûns  Irèssnodemes  5  mais  y  en  générdl  y  3» 
lepesentsnr  des  termina  primordiaux ,  et  sont  peu  Acngnés 
ê»  gf«apes4Miehdiiea»de  moitlagnes  qui  nppartiemtent  i 


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(  i«7  ) 
éttlg grmde ^poy  jb foHwalieD.  DtnsleaMvfeaiiftMnide^ 
«MB  lei  rakïois  «etudi  ont  le«»8  cratères  fonaëi  danaf 
le  lemÔB  ttutAipup».  Jëjé  E«r#pe  ,  4es  voloftnt  tant  aii<^ 
ékeo»  qmê  moderoes  soal  assis  ^irtotemeiit  aussi  sur  le 
a»l  priâiâtii:  Le  aal  db  tMnqpoit  et  de  séteient ,  quatid 
on  le  rencontre  dans  les  montagnes  rokani^pies ,  est 
lowjolii  pkcë  an  ilcssM^des  eonelras  de  i&T^ ,  de  sorte 
qn^on  asi  teoé  d'admeiira  ^pi'A  a  été  le  résultat  #ttn^ 
oiriro  àe  Amm  subsëquant  iL  b  première  éraplion. 
On  ne  reoMr^ne  mÊom  vndean  dans  les  pbdnes  :  ttnb 
^  sent  on  qui  oat  ^  à  déoontert  ,  occupent  1er 
lesflns  ékff4ê  dos  régions  oà  ib  sont  phcés.  Dans* 
b  cbsAie  èeê  Gordfficres  y  qui  est  une  des  parties  du 
glohe  b  pins  enlevée  y  on- compte  un  très  grand  nombre 
de  Yoieans  tant  br^nts  qiMienrts ,  et  il  est  d^obserration 
qne,  ^dans  Timmense*  prolongement  de  cette  cbaffie^  les 
lAlês  iNrieanîqaes  j  sont  toujours  les  tètes  dominantes. 
Dcni  l'Asie ,  on  remarque  aussi  que  hi  sommets  igni- 
ff^wtxkt  au-desans  des  pitons  non  rolcaniqàes  , 
dam  b  ebatne  du  Tiumu  et  b  grande  péninsule 
da  KatntsdUtika.  En  Europe  y  b  même  obsertation  se 
sontient  :  en  France,  par  eiempb ,  les  pays  les  plus  élerés , 
t^  que  fjéui^ergne  et  le  Mottt-'Languedoc ,  -sont  ceux  qnt 
pvéeentent  des  ¥okMft.  LeSMtnnntés  qui  ont  br61é  depuis 
le  Bohtmah  jusqn^an  fimd  de  b  €aiabfic  y  se  distinguent 
par  leur  aération  dans  b  smte  des  Apennins.  Le  pbéno^ 
mène  de  T  extrême  élévation  des  yolcans  se  remarqué 
dans  les  Mes  «omme  sur  lesr  deux  continents.  Ké- 
cet  ordre  de  faits  annonce  y  par  sa  constance  ;, 
qu^fl  est  lié  à  des  circonstances  importantes. 

Un  autre  ftdt  non  moins  remarquable  que  le  précédent  y 
et  qm  a  beaucoup  occupé  les  géologues  qui  ont  cberché 
à  eopnakre  b  cause  des  feux  rolcaniques  y  est  b  poshioA 
de  tons  les  '▼obsitts  en  actitité  ai»  voisinage  de  b  meK 
LerécBi  tiers ,  h  peu  près,  des  volcans  dobt  b  sKuatioU 


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(  »«*) 

est  bien  oonnoe ,  $e  trmvrftax  «nr  les  fles  dé  tOttév»,  el 
la  plupart  de  ceux,  qui  composent  ïmtÈre  tien  sobé  sitoéi 
au  boitl  de  la  mer  ou  à  peu  de  diatanoe  des  côtes.  Dsns 
le  dernier  chiipitre,  jereyieudraî  sur  ce  phénomène ,  et 
jç  moairerai  qu'il  n^est  cependant. pas.  «MsloonsUBt  qnen 
le  prétend  génëralement. 

Les  rolcans  dont  les  cratères  roswsent  encore  de  nés. 
jours  des  laves,  ainsi  que  ceui.  dont  les  éhiptknis  ont  eesM 
depuis  les  temps  historiques  ,  ne.  sont  jamsi»  ou  presque 
jamais  iisolés  ;  îk  sont  réunis  par  greupes,  on  disposes  par 
bandes  ou  séries ,  sur  une  ou  plusieurs  Ugnes ,  UmtAi  paidr* 
lèles  y  Untàt  divergentes.  «  La  géographie  coniparée  ,  dit 
M.  de  Humboldt ,  nous  montre,  dun  c&té  ,  de  pelitèar» 
diipels  et  des  systèmes  entiers  de  montagnes  volcaniqnfls 
ayant  leurs  .cratères  et  leurs  courants  de  laves  , 
iles  Canaries  et  les  Açpres  :  de  Tautre ,  des 
cratères  et  sans  courants  de  lave  proprement  dits ,  oomm» 
les  Euganeens  et  les  sept  montagnes  de  jBonis;  «lôUeBis, 
elle  nous  montre  des  volcans  disposés  par  lignes  ^sinspbS' 
ou  doubles  ,  et  se  prolongeant  à  plusieurs  ccotaines  de. 
lieues,  tantôt. parallèlement  à  Taxe  de  la  chaîne  > 
dans  le  GuatenuUa  ,  le  Pérou  et  JoiHi  ;  tantôt  la  i 
perpendiculairement ,  comme  dfuis  le  pays  des  jizièfmtf 
où  des  monts  de  trachytes,  qui  vomissent  da  feu»  atteignait 
seuls  à  la  hauteur  des  neiges*  perpétuelles ,  et  sont  vrai- 
semblablement placés  sur  uniç  qtPTms^  qui  tistreiee  tout 
le  continent ,  sur  une  longueur  de  cent  cînq  lieues  géo» 
graphiques ,  depuis  le  grand  Océan  jusqu'à  FOoésik. 
atlantique, 

«  Cette  réunion  des  volcans  ,  e^t  p^  groupes  isolés. 
et  arrondis  ,  comme  en  Europe ,  soit  par  bandes  loofi- 
tndinales  ,  comme  en  Asie  et  en  Amérique  ,  démoiilre  ^ 
de  la  manière  la  plus  décisive,  que  les  efietii Tolcaniqnes 
ne  dépendent  pas  de  petites  causes,  voisines  de  la  sarfrœ 
de  la  terre ,  mais  sont  des  phénomènes  dont  forjgiBe  se 


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(  »*9  ) 

tiyMivë  à  ane  gràncle  profondeur  dans  Finiérieur  du  globe. 
IPonte  h  partie  orientale  du  continent  américain ,  paurre 
t!û  métaux  ,  est ,  dans  son  état  actuel  ,  sans  montagne 
l^iûrâoie  y  âm  tnasse  de  trachyte',  probablement  môme  sans 
liAsalte  avec  olivine.  Tous  les  volcans  d'Amérique  sonC 
réunis  dans  la  chaine  des  Andes ,  qui  est  située  dans  la 
partie  de  oe  eontinent  opposée  à  TAsie^  et  qui  s  étend  , 
-àitoê  le  sens  des  méridiens ,  sur  une  longueur  de  dix-huit 
^oents  lieues:  Tont  le  plateau  de  Quito,  dont  le  Fichineha , 
\^  CoiofuM  et  le  Timguragua  forment  les  cimes ,  est 
an  seul  féVer  Tolcanique.  Le  feu  souterrain  s*  échappe , 
lansAt  par  Tune  ,  tantôt  par  F  autre  de  ces  ouvertures  , 
que  F<m  s'est  accoutumé  à  regarder  comme  des  volcans 
p«rtfeuliers.  La  raai^e  progressive  du  feu  j  est ,  depuis 
trois  siècles  y  dirigée  dir  N.  au  S.  Les  tremblements  de 
tèffre*  méÊÊÈe ,  qui  eftusent  des  ravages  si  tefribles  dans 
cette  partie  du  monde  ,  offrent  des  {Meuves  remarquables 
de  Texistende  de  communications  souterraines  ^  non  seu- 
lement avee  des  pays  dét>ourvUs  de  volcans  ^  fait  connu 
deplnis  long-temps ,  mais  aussi  entre  des  montagnes  igni- 
rètoKs  qui  sont  très-Âotgnées  leé  unes  des  autres.  Cest 
Bitlsi  qu'en  1797  le  volcan  de  PastOy  à  Test  du  cours  du 
Guajrtara  ,  vomit  continuellement ,  pendant  trois  mois  , 
une  haute  colonne  de  fnïnée.  Cette  colonne  disparut 
à  F  instant*  même  ùh,  k  nue  distance  de  soixante  Beiieft, 
le  grand  tremblement  dé  terre  de  Biobamba  et  F  éruption 
boueuse  de  la  Moya  firent  perdre  la  vie  à  près  de 
quarante  mille  individus.  L* apparition  soudaine  de  File 
Sabrina  ,  dans  F  est  des  Açores  ,  le  3o  "janvier  r^i  1  ,  fut 
F  annonce  de  Fépouvantâble  tremblement  de  terre  qui , 
bien  f>lus  loin  y  à  F  ouest ,  depuis  le  mois  de  mai  181 1 
)usqu*en  juin  181  a  ,  ébranla ,  presque  sans  interruption  , 
d'abord  \es  Antres  y  ensuite  les  plaines  de  VOhio  et  du 
Mississipi  ,  enfin  les  c6tes  de  Féhésuéla  y  situées  du  cÀté 
opposé.  Trenle  jonrs  après  la  destruction  totale  die  lavillf 


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(  *^) 

d«  Caraâos ,  «riiva  fexpilMÎoa  ilv  .Tolcan  de  Saûu^FimettUt 
(le  àe$  Peiùes^AniUks  ,  ëloigoée  de  canl  trenle  lieues  de 
U  ooBûrée  oà  s  élevait  cette  cîtë>  .Ao.méae  moment  ei 
^eetle  érnptk»  tfvait  Leu>  le  3o  fvril  i8ik  ,  im  ianyl 
youlerraîa  ee  fil^attencbe  .e|  ?^ffliidit.reQxiî  dans  tonte 
fëtendae  d'un  pajjs  de  deftx.  wUe  .deax  ce»ti  lienet 
çaftréeft.  Les  iMb^tentedesiiTeft  def^^mr/,  aa  oonflaoït 
du  /&V)*/VM#  f  de  «lévie  ifiie:Oe«9^.^.k.c6te  mavil^ 
coittpaiii^t.ce  .liriiM»i*.ûebli  ^^(rffod«#.  la  dMiaffe  de 
grosse»  pièce»  ;d*avlilie|iek.  Oi*vy  vd^pûft>^le  confluent  de 
Bio^Nnta  «t  del'.4Spiu#ié  )9sVi|aa  foieif*  de  itoii6-^MMWif| 
on  eeniple  iceAt  «iiK|«iw>t»'^fl  ii^am  «a  Jigpe  dmie..Ge 
JmtH^qnîcerteiiieBiM^M^erpr^W^^  par  f  air, 

doit  avoiren99  jtoe^e  |Meii.|kTfH^  i^vPfsUtliwd  de  la  lenra. 

de  la  m^  def  ^fUUks^  fn^Ax^  vj^Im^  en,  < 

.J4I  Ï4M1S  JW.pMl^wèW^  Iw  foiOOi  I 

reinee  e^maBifeOeet,  i^itdy;p^oiD^ie«ip4^»,«B  séii 
«%  ee  ^imnlittt  p9ir  lot  U;eii|blemçpti|de  ten^^  aoil  en  po> 
dviisent  e4;en  ofiéraftf  .d|tifiifii<aof^  de».chengenieDU«  |^ 
.  lei  lëniptkNEifr  ,Txijkiii^4|«4q9'j  tt».  ê^flffpiot^eoX  aussi  que  ces 
ioroea  agiflienii.  ti^  pj»  iHjipfrC^eJlefn^t  da^  Tenveloffe 
9«ipéri6Mre  de  k  ^rrfî^^DffHt^à  dofl. profondeurs  imnM^y» 
dllni^nu(érii9v49jiQti«,|4^|iVR^  par  des.^^^vaaaes  el  do 
filons  noo-remplia  ^  qtd  oonduiaent  aux  Jpoùals  de  la  sor&oe 
de  la  terre  le^.  p)4s  é)<Mg|[)é9^.i».  (.  Tableaux  de  êa  Nature ^ 
^tc, ,  par  JËlUnibpIilt  j.  ^>i|^  %  ,  {»f^.  15.?.) 

I^e  mmbrp  dea.vokiun^  hfo^lani^  à  ]ia.  surCm  dn  |^oU 
est  îmineK^i  A>^ePc.coin||te  açlpeUement  troia  cent  tnusy 
pam^i  lesf  uek  oeni  quatre  viagi-quatorBe  sont  dans  les  fles. 
Il  s* eu  &ut  qu'on  cohniùsse  tous  ceux  qui  existent.  QBaot 
ateTok^ftéteitau ,  ou  en  %nore  k  nouabre  :  qoei^pesen^ 
teurs  prétendent  qu'U  dépasse  celui  des  volcaiis  en  «otîniéi 
fllttMm  vfiil  juteae  )iisq«  à^^tend»  «ee  10^ 


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(  «a'  ). 
Ugnes  Ont  eu  une  origine  volcanîqiie.  Cela  n  est  rien  moins 
que  prouvé  ;  mais  il  est  constant  que  les  recherches  les 
plus  éclairées  nous  montrent  de  jour  en  jour  le  nombre  des 
andens  volcans  comme  phis  grand  qu'on  ne  T avait  cru 
jusqu'ici.  On  ne  peut ,  en  France  ,  faire  des  fouilles  cin- 
quonte  lieues  dans  la  même  direction ,  sans  trouver  des 
couches  de  laves.  L'Itahe  présente  une  quantité  innom- 
braUe  d'anciens  cratères  et  quatre  volcans  modernes  se«- 
lenMfnt.  On  c<mipte  jusqu'à  soixante  anciens  cratères  en- 
viron entre  NapUs  et  Cumes  :  ces  deux  villes  ^  cependant , 
ne  sont  pas  fort  éloignées  l'une  de  l'autre.  La  Sicile ,  les 
ttes  de  la  Méditerranée,  de  T Archipel,  de  l'Adriatique  , 
«ont  le  siège  d'un  grand  nombre  de  ces  antiques  montagnes 
brûlantes.  Elles  constituent  le  sol  de  YAscemkmy  des 
Scores  y  de  Madère ,  de  Smnte-Hélène  j  des  îles  du  Cap* 
^ert  ;  on  en  connaît  aussi  dans  les  tles  Bourbon  et  Mou- 
nce*  Les  grands  Archipebde  l'Asie  en  présentent  danê  une 
partie  de  leur  étendue.  V  Islande  en  renferme  une  mul- 
titude, et  Wze  à  douze  seulement  enignition.  VAu9ergne 
est  toute  couverte  de  ces  volcans  éteints  ^  et  n'en  possède 
pas  un  seul  aujourd'hui  qui  soit  en  activité.  Sur  tontes  les 
hantes  et  longues  chaînes  du  continent  américain ,  oif  trouve 
des  marques  évidentes  de  l'action  du  feu  à  des  époques 
très  reculées ,  et  en  général  on  peut  dire  qu'il  n'y  a  pas  ou 
presque  pas  de  contrées  un  peu  étendues  où  l'on  ne  âisse 
les  mêmes  remarques. 

De  nos  jours,  de  nouveaux  volcans  ou  plutôt  de  nouveaux 
cratères  se  forment;  ï Islande j  en  1627,  Bakou ^  dans  la 
presqu'île  Sjipcheron^  en  1827,  etc.,  en  offrent  des 
exemples.  (  1  )  En  général ,  il  est  d'observation  que  c^est 


(1)  Il  panlt  foe  le«  ookmaes  .de  £qu  qui  ont  iorti  ck  terre ,  avec 
im  grand  bruit ,  a  la  suite  de  violentes  secousses  souterraines  , 
près  le  village  de  l/knutli,  à  i^  verstes  à  l'ouest  de  .SaA^oii  ^ 
dans  la  mer  Caspienne,  ne   proviennent  pas  d'un  vukan,  maia 

16 


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.  (  1"  ) 

dans  le8  lieux  où  se  trouTent  tfancieiu  vesti^  de  Ta^ 
lion  du  feu  souterrain  que  se  monlreat  la  plupart  des 
volcans  bradants  et  de  ceux  qui  apparaissent  joumellenieiil 
k  la  sor&ce  du  globe.  Ce  fait  porterait  à  établir  que  la  cause 
première  des  phénomènes  volcaniques  nest  rien  menas 
que  passagère  et  acoidenteUe^  qu  elle  peut  bien  cesser 
d'agir  pendant  des  espaces  de  temps  phis  ou  moins  longs, 
aiaia  qu'elle  n'en  existe  pas  moins  dans  le  sein  de  la  terre, 
et  qu'il  ne  faut  que  le  concours  de  certaines  fcirconstanoes 
lavot^^les  pour  détennîner  dé  nouveau  s6n  action. 

Si  Ton  doit  calculer  ïcbetgîe  d'un  votcan  d'après 
ràmpleûr  tt  ta  vaste  étendue  de  sou  cratèi-e ,  les  volcans 
jiteinU  ont  dû  être  sans  comparhiàbn  fXùk  àcdfe  «pie  les 
|ii<idemeë.  Le  vtBtère  Ai  yé$tu>e  est  trcs-peflt';  oomparatî- 
vement  à  ceux  SAstrum ,  de  Gemro ,  du  Uc  SAvemcy  et 
des  antres  des  Éh/impspM^gr^ni -^  les  volcans  éteints  de 
TEtat  romain  ^nt  encére  plus  efrands.  En"  France ,  c'ett 
dans  le  ^ifonds  et  le'  f^élayt^oii  trouve  les  traces  lei 
plus  élehdUes  de  ces  antiques  éitiptîôûs.  "Fanjas  a  recoara 
une  bande  de  terrain  volcanique'  tfe  pr^s  fe  ttetsxa  lieues  Je 
longoetu*  èurqiiatre  delargéuf^,  ce  i^  donne  nne soAce 
de  ce«ft  quatre  lieues  icai^es  ;  de  siwtë  qufe ,  quand  o«i  ne 
•uppOéerait  ^  à  ce  :  terirstin  une'  pfoJSbbdenî''  de  plus  de 
iOiiMte  pieds ,  on  atu^t  encore  niie  masse  asseï  ceosîdé- 
9aUe  pour  'être  bien  s6r  qu'elle  n'a  pu  être' ^irodahe  par 
la  ftision  de  rintérienf  d*aùcune  dies  montagnes  des  ea- 
Virona. 

Pïresque  tontes  les' bontreès  du'  gl<^be  pnétonteni  des.vol- 
iDai»s  br^dUnts.  L'Euh>pc»'eiii%)àfermè  im  pïus  grand  maa^ 
iM^q«'ontte]epeliiae.coùmùuëmânt.  VItcdît  elïUanii 


•ont  pcodoliM  pa9.1lBi«mfeyitiQad?«B«#s  tpisJuanliwaîNe  (  g" 
hy«kogène  eirb^ié  ).  €«  ne  aenit  ajon  qtfua  .pbénaniéae  •■■- 
kf  uc  à  c*ux  d«8  terrains  -ardents,  (.ÈalUtîn  dBS  •^edênces  natm 
•W/w  et  es  Géol9gi4^  mai  i^aS,  p  44  j  et  aiars  s8ag  ,p.  3«6.  ) 


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(  ta3) 
sont  tst  pi js  oti  il  eiJste  le  ^m  de  bouches  ifaivAme»- 
Dans  tout  leoDatinent  de  T  A^e  ^  oa  n  en  comiait  qu'un  asses 
petit  nombre  en  activité^  ce  sont  cewi  dn  Kamtschatka^ 
parmi  lesqnéb  ait  ont  des  ënqptions  presque  aussi  fré- 
quentes que  te  Féktwè*  U  n'en  est  pas  de  même  des  iles  qui 
Tentourtet.  lies  toIwis  »  en  effet ,  fourmillent ,  si  je  puis 
m' exprimer  ainsi  ^  dans  les  îles  KomiOeSy  Mariannes,  Phi-* 
lippinei^  Tarehipel  àe$  Mobtfues,  Sumatra,,  Java,  etc., 
QuelquesHms^sont  même  gigantesques.  Ces  dernières  iles 
sont  surtout  Tentorquabk|s  par  la  multitude  de  leurs  bouches 
ÔfHifdiiic»  ;  un  ne  conipte  pas  moins  de  trente^mit  yokaans 
an  adhrité  dans  Ja^.  Les  navigi^teurs  moAnties  ea  ont 
reemmu  dans  bt  plupart  c(ç8  iles  qui  sont  entre  les  tro^ 
^ficpÊè$,  depuis  fA6J|g)Usquaux.:c^tesoccidentfties<le  FAmë* 
rique. 

Tout  le  continent  d'Afriqui^  parait  pri?é  de  volcans 
acti&9  du  m^ins  t»  relations  des  royage^rs  ne  mentionnent 
que  des  soUàlares;  mais  1^  iles  qui  .en  dépendent  pa  ren- 
ferment qneiqnes-uns.  Cest  dans  une  des  Ca^wie$  qu^n 
trattve  celui  qu'on  nomme  Pic  de  Téhérfffi,  uu  des  plus 
consiâéraUes  :  il  a  dix-neuf  cent  qijntre  toises  dVIératton; 
c'est  deox  cents  toises  de  plus  que  VEtna»,  ,et  trois  fois  au 
moins  la  hauteur  totale,  du  f^ésu^e ,  ^qui  n'est  que  d'enviri^ 
sa  cents  toises.  Les  iles  de  Bourbon,  de  l' Ascension  et  dn  Cap^ 
Fert  ont  aussi  quelques  yoleansà  cratères.  Dans  les  v/çon?v, 
en  eu  compte  un  .grand  tiombré^  tant  éteints  que  bràknes. 

Cest  un  fiât  géotc^iqne  très  remarquable  que  toute 
là  okte  <^ievitile  de  J' Amérique ,  sur  une  étendue  d' en- 
viron deux  mille  lieu^ ,  naît  que  trois  ou  quatre  vol- 
eans  assez  médioeres  (sur  le  golfe  du  Mexique) ,  tandis 
que  ses  cèles  oi^eoideatales  en  offrent  ime  multitude  consi- 
dérable, eCquî  soiit  les  plus  puissants  de  la  terre.  Le  feu 
soutcntamtseodbb ,  ipoar  ainsi  4m ,  évoir  concentré  son 
action  sinr  une  4igne  qui  traversé  tfe  vaste,  continent  du 
Nord  au  Sud.  Ceux  du  ChUi  et  du  Pérou  sont  assez  célèbres 

i6. 


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(  1^4'  ) 
depuis  qu'ik  ont  été  décrits  par  le  célèbre  HunAoldt. 
Ils  oocapent  une  ligne,  du  18®  jusqu'au  aa<»  de  latitude, 
de  près  de  sept  cents  lieues  carrées  >  dont  Quito  est 
à  peu  près  le  milieu.  Dans  les  îles  d'Amérique,  on  en 
rencouU*e  un  grand  nombre  :  depuis  La  Terre  de  Feu 
jusqiinu  Tropique  du  Capeer  ^  tout  est  volcanîfié  dans  une 
étcmlue  de  plus  de  deux,  mille  ëeues. 

De  même  qu'il  y  a. des  tremblements ^ de. terre  sous-mA- 
tins,  il  y  a  aussi  des  :Toiean8i£(»uf«f7iaitn5;  On  en  connaît 
dans  ÏJmhipel  Grec^  dims4' Apchipèl  de»  AçoreSy  près  de 
\  Islande  y  sur  la  côte  du  KuniiJBchaékA\^  eteufLenr  existence 
est  incontestable^  et- leuite  éruptions^ soiilaccowpgnées  des 
mêmes  phénomènns  ique  oell^s  qni^on^  'Uea.sur  lea  con- 
tincnU;  ils  sont  ^.A»r6cWvi«8Ci4icu)boniiu$;>àicansedela 
difficullé  de  les  observer.  Ce  aoni  éuK  qui  donnent  nais- 
sance à  ces  lies  que  l'on  vois  sortir  de lemps; en  temps  du 
sein  des  mers.  Les  ëcrivaiusideirfintiqttilë  {laidskit  souvent 
de  ces  pbénomèDes,>et(r.on'tM0re:dassr<finsalMm,  Pline, 
Justin  ,  Cassiofiope  >  •  Dknw  .«(uspsiusrif .  Phitarqiie  ,  Sé- 
nèque ,  etc. ,  des.  détails tasam  «lincoHilanci^s  1  sur  k  forma- 
tion de  plusieurs  îles  de  l' Amliipél  Gveov  «Mifmiement 
nommées  les  Cydades  ;  qui  s'éudëtil  .élevée^  du  ioad  de  la 
mer.  .     . .    i.    .  .  .     u    "    i    .» . 

u  Les  célèbres  îles  de  ÏMos  et  AeBi9fipk$j  dit  Pline  le 

tïaturaliste ,  sont,  d3aprc6i  ce  qu?iifn'rapP**'**''''*^^  ^"* 
lesfiotsj  ensuite  on  en  «1  vu?  po^tne  de»  pkm  petites,  telles 
qàJInaphé,  au-d^  de  \Melos)  »i\5m^  entee  lenmos  et 
l'Hellespont;  j^/oiM,  enite  lebédos  et ''Thé».^  Them  ^ 
Therasia^  au  milieu  d»s  fjoiadesyh^*^*  nnnce  de  la  i35» 
olympiade  ^  Jliera  ou  ^nto/wûtt',^  skuéo  enM«lsddeux  pré- 
cédentes ,  et  fovmée  cent  tiente  ans  «prèsi Be  nerlre  t^mps, 
cent  dix  ans  après,  sonsile  uonsulat  de  M,  Jnnins  Sdi- 
nus  et  L.  Balbus,  le  8  avant  les  ides  de  pidlet  (fan  19 
de  notre  ère) ,  a  paru  Thia.  »  (  Pline ,  lir.  1 1 ,  diap.  38 
et  89.) 


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{  i»5  ) 

L*ile  de  Théra^  depuû  nommée  Sainie-Irine,  et  eikifin 
Santonni ,  est.  célèbre  par  le  grand  nombre  d'éruptions 
qui  se  sont  soooédé  autour  d'elle  et  qui  font  successive- 
ment agrandie.  Yoiei ,  en  abrégé ,  l'énumérationdes diverses, 
révolutions  qui  ont  eu  lieu  dans  celte  partie  de  F  Archipel. 

La  4*^  ansdede  lai  1 35*.  olympiade»  cest-à«dlre  deux 
cent  trente  si^  ans  avant  Jiésui^hrist^  File  doi  Themsia, 
( aujourd'hui  Aspmwyd')  scirtift  da  aein»  des  flots  «I  au  mi- 
lieu des  fenxf  Un  délvoit*  d'une  demi^^Uaue  la  sépare  de 
Santorini.  Cent  irenle  afaapfrèa,  lan  106  anrant  Jésus* 
Christ  y  naquit  tprcH.  d'elie^XHibjiutinhatéj  ttoà  ^  depuis  , 
ayant  été  coipacrés  k  .Vuleain<>>  Ait  plnS'  connue  «on»  le  nom 
d'Miéra  (6aovée)^.AptosiUfi  lapé  de  «i^nt  dii/ans ,  l-on^  de 
Fère  chrétienne  ^  <iLse/om|a>  sembliÉblenent  une  troisième 
lie,  nommée «I%ât,  jbdeiiaLetade54>u. deux  cent  cinquante 
pas  dJffiéniif  .(r^ye£  Pliney.^!»^  aiii;  8trabon>  >liv.  t.  5 
Senèque,  Quimtii  ma/L^*f\ui,  )c.>:i6.y  et-vty  c  ak  );L'«n  726, 
il  y  eut  de  itt«l0ttte»;é«hptîiMiajda.ckndc6By  de  roeb^s  em- 
brasées,, etd'tune  grandO'qn^tiAédé  lavea,  qui  réunit  TUa 
a  ifi^/u.  £nis437  9icelle'ile  s'acovutrencore,  toujfniraavec 
les  mtinfteaftbmiotncnws.  ilIfi.îmaÉrbre  alerté  près  la.porte  du 
foriScamiy  oth  Soaui»^  à»mSanUknnii  attesta  l'événement 
et  sa  date.  Une  sixième  éruption ,  en  1 570 ,  donna  une  île 
nouvelle,  qù'qn.iiffdla^la  PetUê^at»eni  (i)»  £n  i65o, 
une  éruption^  mlfi|i|ef,  4i|ui|dura  pcèi^  d!uae  .année  ,  tour-' 
uienta  de  noni>)eaai.çea  parage»^  Le  père  Kirober  a  f ait  oon» 
naître  tous  ies  déiaiU  defCettebéMption^  qui  se  fu  ressentir 
aaloin^  puiaqne  iSvs^ma  ei  C^nsinnùnopk  furent  incom- 
modées des  cendres  fui.s',étûient  échafipëe&,  dans  de»  tour- 
billons de  âammctty  dasein  de»  eaux.  Le  .23  mai  17P7  ^ 
au  lever  du  soleil,  «ya  vit  «n  mar,  à  une  lieue  des 
côtes  de  filei  de  Santontdj  un  rûdaer  flottant.  Des  mate- 


(O  C'ett-è-dire  ;  île  Brûlée. 


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(  ià6  ) 
Ute  tè  j^rii^nt  poar  un  b^Aent  qtd  ftUut  se  bruef  y  ei  âsae 
dirigèrent  ten  lui  dans  T  intention  de  le  ptter.  Arrivés  au- 
près y  el  ayant  Ta  ce  que  c*^t,  ik  eiferem  le  eoftvage  d'y 
descendre ,  et  ib  «M  rapp<Mtèrettt  de  b  pierre-fKMoe  el 
qàeli{aeft  bnhres  qui  y  étaient  adhérence.  Le  reoher  n*ëtaii 
VhliseiâblaUeiBent  qa*niVe  grinde  maSète  ée  pattes  qile  le 
tréihUènieilt  dé  ten^  <tui  arait  en  Ken  deiât  fosns  ai^ 
raVàÉIt  avait  détachée  da  hoé  de  U  itter.  Att  bôM  de 
quetqtféftJofittrS)  ilsefiiueifbliiiaakMiiÉnépélIte  ile>  du«kl 
h  gr^denr  aiigAieitta  de  jmr  en  jottTi  Le  i4  j^ifiy  ëUè 
avait  huit  6ent  naièvi^  de  drcnift ,  et  s^  a  htdt  de  kattt; 
étte  était  roûéé  éi  forittée  dnm  terre  blaUdhe  ^  lé^^. 
A  cette  (ipoqne ,  (a  tiier  eômmèéça  k  s'agiter ,  et  8  se  <k 
sentir  dans  ffle  une  ehaleiir  qin  en  empéeba  Taocès;  une 
fiw'te  odeur  de  soulbe  de  répandit  tout  à  Tenlonr.  Le  16 
^uillely  on  Vit  paraître  lOot  prèa  dili«6è|[»t  k  ttix*hmt  rodim 
Boirs^le  iSyâ  en  sortit,  pour  ta  ppciàftteo'fois»  anefiàmée 
épaisse ,  et^ohentènitit  dèstei^itteilèiiis  sdaterrains  ;  le  19 9 
fe  f^  Vsottiâiéoça  è  padttti«e  )  ^  sM-îttiei^^ 
doeUement.  Dans  les  nttiCs  y  Pile  semblait  ni  AUfe  qn'tni  as- 
sëhaMage  de  fonméaux  qu»  voteissaieM-  des  ^JAsaues.  Son 
Toltime  s* accroissait^  et  finfeelicM  dev&at-  ûKiilipponàUe  k 
SàMf^M.  fia  mer'boiifflodnaît  :(Wieinbn4y  et  jetàtt  mut  les 
c6te8  des  poissons  iMrls;  tes^  bruit»  è6/mfin¥^  àîadétA  MiÊÊf 
Màbles  à  de  fortes  décharges  id  antillNii»  i  le  fâb  ibMt 
èe  ûotivellé80tiveriures\  d'ojiilè6rtiiit'êèS'!^ili«adëeeiidPO 
et  de  pierres  etfflàafcttées,  q<ii  feWmihstelBt  ^udtyfefô»  k 
plus  de  detiiiL  lienea  de  di^nce.  Cet'  élat  de  <A<iaea  Arfa 
pendant  un  an.  (  M^moim  He  i'J^aMmeik»  Mri»tHpti$M, 
tome  3;  et  Mémoires  dti^Acùdéà^  dei'Seiene&8  ^  taasèt 
1708.)  -  ' 

'£h  1767  j  une  nouveifo  éruption  eut  Uèu  èntne  la 
Pettie-Kameni  et  la  Grande^Kamtrd  (Hiéra)..  Elle  oom- 
mença  avec  le  mois  de  juin ,  et,  après  dix  oudouse  jornsde 
travail,  une  ile  nouvelle  sortit  dlins  leToitioage  delà  PHke- 


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(  "7  ) 
UoÊÊMtd.  Panâant  quatre  mcût  ^  des  phénom^es  terribles  sa 
•oocédèreat  ;  des  porttoas  consîdéraUes  de  la  Petite-Kameni 
fiireot  englouties^  mais  d'autres  se  formèrent ,  et  enfin  une 
seconde  tk  appamt ,  et  Tint  se  réunir  à  celle  produite  en 
join.  Gb  la  nomma  Xik  IMrtiy  àû  la  couleur  de  son  sol« 
Jusqu'à  la  6|i  de  mai  de  Tamëe  suivanie ,  le  Srevail  sou* 
Urrain  continHa ^  el^  le  \&màj  îlyçut  uneëruptÎQn  de 
grosses  pierres  enflammées  q«i  s'abstttirent  à  deux  milles 
d€  ditfanoe.  (  Vptr  >  pnwr  plue  de  détaSs ,  la  dissertation  àt 
M.  Raspe^  imilulëe:  Specim$fi  Bhêorùt  ntUwxdb  Gipbi 
termjtm ,  pnttifm  ék  noms  i  mari  natis  imsulis;  la  Cho* 
fographie  de  ia  GrèiXi  par  Mialte^Brun  ,  aa  tome  i  de  sa 
£%#xiyifeiinm/vdfe,  elles  plans  de  oesUeset  dugolfe^ 
i^i^lfiTiiiyéigepinittwf^e'Aiaitpme,  futU.  deChoiseul*) 
h^  4éçpfïï9  i  dfcovmtœdsns  W  quinsième  sièoley  som 
x^flf^  à0  paMre  volcanique  ^etont  présentée  y  k  diverses 
4|^oq9^>  \»  mémos 'pb^nonènes  que  f  Ar^bipel  grec. 
Quatre  ^nqpiiMi,  ^^mtk  t»  lien  dans  un  «stervaHe  de 
OQm  $oixi««to-trtiae  vêSy  tri»  près  de  Si-Mhkely  la  plus 
gm^  de^  i}^  do  oe  groope  j  ont  prouvé  rexistenoe  en 
oçt  endroit  imi  j^otea»  «oiuhmerin»  Le  it  join  i638  , 
pendant  no  liekt  tremUensent  de  ^erre  ^  on  Tît,  non  Imn 
ile  St-Jlficfktl  y  ifi$  flontoes  et  des  bouffies  do  fîini<^  sortir 
^  la  m^t  aillée  ^  dos  watièpes  levrenses  et  des  Moes  de 
roches,  bn^  lai  f  eiP  >  retotebsÉent  dans  la  mer ,  où  as 
s^pnageatenly  ol  peu  après  S  se  ferasa  une  fié  qui  arail 
deux  Uenesiet  dettiie  de  longet  plosde  tfois  cent  aoiianto 
pieds  de  bout.-  Elle  ne  tarda  pas  à  disparaîtrf  complète- 
nient.  (  fFie^î^i^  MmJkUoh  >  ^i  j  707  f  CondoTro  , 
iSm^ria  deM.hhis  $uf&ta$  0  BoHufol ,  p.  i^o  ^  Kîndier  y 
Mund,  aubtexr* ,  1. 1  »  U>.  si ,  cep.  la,  p.  8^2 ^  Oossendus^ 
eb^a^iprîniri^  t.  |]>p.  loSo*  )  Le  3i  décembre  1719^ 
à  Je  flfuîte  A'm  grand  liwmlilement  de  tem  et  des  %yta^ 
tAiB0s  tes  .pbis  flfio;aiila  y  il  en  naquit  «ne  nonreHe  ^ntro 
IpTfiHtii^  iSf  dfaftff  ;  Jflg  jtteit  hffoonp  do  fimide  ,  de 


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(  is8  ) 
cendres  et  de  pierre-ponce  ]  un  torrent  der  lave  enflamliiéc 
descendait  de  ses  flancs  escarpés  }  1er  fond  *  de  la  mer 
Toisîne  fut  tronrë  très  chaud.  La  hauteur  de  File,  qui 
était  d'abord  assez  considérable  potir  qu'on  pût  Taper- 
ceroir  à  «ept  ou  huit  lieues  en  méf  *;  bïiissa  bientôt  au 
point  qn  en  1733  elle  était  déjà  à  fleur  d'eau  ;  elle  disparut 
complètement  le  17  norembre  1733.  On  dit  que  cette  ile 
était  à  douze  milles  et  demi  marins  de  la  terre.  (  D'AnviOe, 
Carte  d'Afr. ,  1749;  Fleurieu  y  Flore  ,  i  y  565$  Attunes  , 
Voyage  y  (Londres ,  i735) ,  p.  aS;  de  Montagnac  y  Mén. 
de  VAcad,  dessciences  de  Paris ,  1 7  2a ,  p.  m;  Codroudû , 
Comment,  Bonon.j  i y  ao5.)  Le  capitaine  Forster  a  laissé  one 
description  de  cette  dernière  éruption.  {Mémoires  de  l'Aca- 
démie des  sciences  y  année  1721 5  PhiL  ttansact»  y  173^9 
▼ol.  XXXII,  p.  100.)  Pendant  les  mois  de  juillet  et  d'août 
1810,  St'Michel  souffrit  de  violents  tremblements  de  terre; 
le  3i  janvier  1811  ,  une  secousse  très  violente,  et  bientâc 
après  une  très  forte  odeur  sulfureuse ,  annonça  la  rupture 
du  sol  du  c6té  £.  de  File  y  vis-à-vis  le  village  de  Gineiasy 
à  deux  milles  anglais  du  rivage.  De  la  fumée  ,  des  cendres, 
de  l'eau  et  des  terres  furent  projeti^es  hors  de  la  mer; 
la  fumée  s'élevait  par  grandes  masses ,  à  quelques  centaines 
de  pieds  ,  et  les  pierres  lancées  au-dessus  jusqu'à  deux 
mille  pieds.  Lorsque  ces  dernières  sortaient  de  F  eau  y  elles 
étaient  toutes  noires  ;  mais  aussitôt  qu'elles  dépassaient  les 
colonnes  de  fumée ,  elles  devenaient  incandescentes.  L'énqp- 
tion  dura  ainsi  pendant  huit  jours;  alors  elle  cessa,  et 
on  vit  à  sa  place  un  banc  contre  lequel  se  brisaient  les  flots 
de  la  mer ,  là  où  auparavant  on  ne  trouvait  le  fond  qn  à 
soixante  ou  quatre-vingts  brasses.  Une  seconde  éruption 
eut  lieu ,  le  i5  juin  de  la  même  année,  à  deux  milles  et 
demi  anglais ,  à  Fest  de  la  première,  et  à  un  miDe  de 
terre,  vis-à-vis  le  Pico  dos  Camarinhas  ;  alors  parut  une 
lie  qui  avait  un  mille  de  tour  et  trois  cents  pteds  de  haut, 
fille  consistait  en  un  cratère  d*une  forme  agréable  y  qm 


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(  "9) 
jutàentait  une  oayerture  rers  le  S>  £.,  doù  sortait  de  Teau 
chaude  qui  se  rendait  dans  la  mer.  Le  c«ipitaine.TiUardy 
qui  Tiaita  cette  île  ^  le  4  juillet  y.  et  T  appela  SaOnna ,  du  nom 
de  sou  bàtimeui ,  dessina  cette  vue  ti^lle  qu  on  l'apercevait 
du  rivtige  f  ain«i  que  le  plan  et  b  peFSpeclive  de  cette  .ile 
merveilleuse.  (  Philosof,  transact*  of  the  royal  Society  ^ 
London  y  îov  1813  ,  p.  iSi. }  L|e  consul  anglais  Read  a 
fait  connaître  qu  eu  octobve  cett«  île  avait  commencé  à 
disparaître  peu  à  peu  ,  et  que  >  vers  la  fin  de  février  1 823  ^ 
on  ne  voyait  plus  que  de, la  vapeur  sortir  de  temps  en 
temps  de  la  mer,  à  Tendroit  où  Tile  avait  précédemment 
existé. 

Le  singulier  Potto  de  Itheo,  près  Filla-Franca  j  ressemble 
en  tout  à  Sabiina  ^  et  parait  avoir  la  même  origine.  Les 
vaisseaux  y  mouillent  au  milieu  du  cratère ,  et  j  entrent 
par  cette  crevasse  propre  à  tous  les  cratères  semblables. 
XiCs  bords  de  ce  cratère  s  élèvent  à  quatre  cents  pieds,  et 
sont  formés  ae  tuf,  et  nou  de  substances  compactes, 
dans  lequel  des  morceaux  de  lave  ,  de  scories  et  de  ponce 
se  trouvent  mélangés.  Ou  trouve  un  dessin  de  Potto  de 
Jtftco  dans  ÏHistory  of  tite  Azores  y  181 3,  p.  8q  et  8a, 
de  Thomas  Ashe  j  et  sur  la  belle  carte  de  S,'Michel,  du 
consul  Read.   (Londres ,    1808.) 

Pendant  le  grand  tremblement  de  terre  de  1757  ,  qui 
bouleversa  File  de  S.  George  ou  Saô-Jorge ,  et  fit  périr  quinze 
cents  personnes  ou  un  septième  de  la  population  ,  on  vit , 
selon  plusieurs  témoignages  authentiques  y  mais  peu  cir- 
constanciés ,  dix-luiit  ilôts  sortir  de  ta  mer  à  trois  cents 
toises  du  rivage.  (  Me/vurede  Mad/id  ,  décembre  1757.  ) 
Selon  une .  tradition  portugaise ,  très  obscure  il  est  vrai  , 
rile  entière  de  Co/vo  serait  sortie  de  la  mer  h  la  suite 
d^une  éruption  volcanique. 

Le  capitaine  Kotzebuc  a  donné  les  détails  suivants  sur  la 
formation  subite  d'une  ile  dans  le  voisinage  d' Ufnnak, 
une   des  îles  Aleutes,    dans  la   région  nord -ouest   de 

'7 


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(  i3o) 
ÏAmérique.  {Endeck.  Beise,  ii,   io6.)  Le  7  mai  1796) 
M.  KmdJioflPy  a^ent  de  la  compagne  nuse-améncaine, 
«e  trottTail  sur  la  pointe  N.  £.  de  Umnak  ;  une  ten^iète 
soufflant  du  N.  O.  ne  permMait  pas  de  voir  en  mer.  Le 
8  y  le  temps  s  ëclairàt^  on  ?ît,  à  quelques  milles  dn  riTage, 
vue  colonne  sortir  de  la  mer,  et,  vers  le  soir,  quelque 
^ose  de  noir  s* élever  au-dessous  de  la  fîimée.  Pendant 
ta  iktlit  il  sortit  du  feu  de  la'  même  place ,  quelquefois 
«tec  une  intenaîtë  telle  qu'à  dix  milles  du  lieu  de  Fémption 
on  distinguait  parfiûtement  tous  les  objets.  Alors  un  ttem- 
Uement  de  terre ,  accon^agnë  d*un  bruit  effroyable  qui 
fut  rëflédii  par  les  montagnes  du  sud ,  ébranla  tout  le  sol; 
f  île  naissante  lança  des  pierres  jusques  sur  Umnak.  Le 
tremblement  de  terre  cessa  au  lever  du  soleil  5  le  feu  di- 
minua y  et  on  vit  paraître  la  nouvelle  île,  d'une  couleur 
noire  et  d'une  forme  conique.  Un  mois  après,  M.  Krînck- 
boffla  revit  :  ^e  était  plus  élevée;  pendimt  tout  ce  temps 
eDe  n'avaft  cessé  de  .vomir  du  feu.  Depuis  cette  ^'poque 
eSe  paraît  encore  avoir  acquis  en  circonférence .  et  en 
hauteur  ;  mais  les  flammes  ont  été  en  diminuant.    £lic 
ne  lançait  plus  ordKnairement  que  des  Tapeurs  et  de  la 
feunée  ',  quatre  ans  après,  celle-ci  même  disparut.  Enfin, 
buit  ans  plus  tard  ,  en  ido4  t  des  chasseurs  visitèrent  celte 
fie  ;  toutes  les  eaux  étaient  à  une  température  élevée,  et 
le  sol  si  chaud  que,   dans  beaucoup  d*.endroits,  il  était 
impossible  de  marcher  dessus.   Un  russe  dit  que  sa  cir^ 
conférence  ,  qui  avait  encore  augmenté ,  était  de  deux 
milles  et  demi,  son  élévation  de  trois  cent  cliquante  pieds; 
que  le  fond  de  la  mer  était  parsemé  de  pierres  jnsqa^à 
une  distance  de  trois  milles.  Depuis  le  miUeu  de  la  hauteur 
jusqu'au  sommet ,  il  trouva  le  sol  chaud  ,  et  la  vapeur  qui 
sortait  du  cratère  lui  parut  d'une  odeur  agréable  (  peut- 
être  à  cause  du  pétrole  ).  A  quelques  centaines  de  brasses 
an  N.  de  File ,  se  trouve  un  rocher  élevé,  en  forme  de 
colonne  ,  qui  avait  été  vu  parCook  et  ensuite  par  Tamnal 


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C  i3.  ) 
S^tntacliew.  $<ni  élëvatioii  ,  si  on  la  compare  à  sa  ctr* 
confërenee ,  est  vraisemblablement  plus  considérable  qu'on 
ne  tient  de  Tindiqner  5  elle  devrait  être  de  quelques  milGers 
de  pîeds  :  aussi  Langsdorf  dit  qu'elle  paraît  d'une  hauteur 
moyenne.  Lorsqiie'  ce  vorageur  râpèrent  ^  le  18  aoùl 
1806  ;  «m  voyait  sur  sa  partie  N.  O.  quatre  cAnes  disposés 
en  ëdielons  ;  le  plus  grand  avait  de  tous  cAtës  la  forme 
d*nne  colonne ,  et  s'élevait  perpendiculairement.  {Langs^ 
dorff*s  Rdst  y  ii ,  aog.  )  Elle  fut  encore  visitée  ,  en  avril 
1806,  par  de»  voyageurs  partis  ^Unala^hka.  (Elle  est 
évidemment  située  à.  quarante-dnq  werstes  à  FO.  de  la 
pointe  septentrionale  de  celte  fle  ).  On  employa  six  heures, 
pont  en  faire  le  tour  en  ramant  y  et  un  peu  plus  de  cinq 
heures  pour  arriver  en  droite  ligne  du  rivage  an  sommet 
du  pie.  n  hràlait  iù  o6té  du  nord ,  et  il  en  sortait  une 
Lite  molle  qui  coulait  depuis  te  soaunet  jusques  dans  là 
mer.  Du  o6té  du  sud,  le  sol  était  iroid  et  plus  uni.  On 
remarquait  sur  les  flancs  de  la  montagne  beaucoup  d'ou-^ 
vertures  et  de  créfvasses  lançant  de  grandes  quantités  de 
vapeurs  qui  déposaient  du  soufre.  On  s* apercevait  eneore^ 
à  cette  époque,  que  Ttle  continuait  à  erottre  en  circoit* 
fét^Uce  et' lé*  pic  en  hauteur. 

'  Vers  la  fin  de  Tannée  1780  ,  il  dix  lieues  de  Reî-- 
kianessy  sur  la  c6te  8.  O.  de  F  Islande,  des  flammes  sor* 
tirent  pendant  plusieurs  mois  de  la  mer  y  et  on  vit  une 
fle  s*  élever.  Cette  île  jeta  des  flammes  et  des  pierres-ponces  ^ 
mais  elle  disparut  bientôt.  Aussitôt  que  ces  flammes  cessèrent, 
la  grande  éruption  de  Skaptaa-Jokul  eut  lieu.  Pendant 
œ  temps  y  une  grande  quantité  de  ponee  (ut  lancée  sans 
interruption  sur  les  rivages  de  GuUbringe  et  du  Sna^ 
JùdU-SysseL  (Mackensie,  Travdsy  p.  565  ;  M.  de  Lœvenœnii 
LeUrt  sur  niè  nouvelle 'y  Copenhague^  1787.) 

Le  KanUsehaika  a  été  témoin ,  à  plusieurs  reprises ,  de 
{Aénomènes  semblables  ^  la  dernière  éruption  connue  est 

œUe  du  10  mai  i8i4  ;  qui  domia  naissance  à  une  petite 

"7- 


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(  i3a) 
tle  qui    Tomissait  da    bitume  par*  plusieurs  ouTerturcs. 
(  Jnnals  of  J  hiiosophy  ,   1 8i4.  ) 

Par  les  exemples  que'  je  viens  de  citer ,  on  ne  peut 
donc  révoquer  en  doute  que  le  fond  de  la  mer  nw  soit 
couvert  de  bouches  ignivômes* comme  les  continents,  et 
que  le  feu  n  agisse  avec  autant  d'intensité  dans  ces  pro- 
fondeurs que  sur  nos  côtes  :  seulement,  en  raison  de  la 
situation ,  ces  pliénomènes  volcaniques  ont  été  moins  souveot 
et  moins  bien  observés. 

Je  devrais ,  à  la  suite  des  considérations  que  je  yiem 
de  vous  présenter  sur  la  position  géognoslique  et  la  gca* 
graphie  physique  des  volcans  ,  vous  faire  connaître  tooi 
ceux  qui  sont  actuellement  brûlants  à  la  surface  du  globe; 
mais,  comme  ^ette  question  est  purement  de  statislîqoe, 
et  qu  elle  m'entraînerait  dans  de  trop  grands  développe- 
ments qui  ne  seraient  pas  ici  to«t-è-fait  à  leur  place  , 
je  préfère  la  renvoyer  à  la  fin  de  cette  dissertation.  Je 
donnerai  alors  le  recensement 'aussi  complet  que  possible 
des  volcans  actifs ,  avec  quelques  détails  sur  les  phénomènes 
les  plus  intéressants  que  chacun  d'eux  présente  en  partît 
culier. 

Chapitre  IV.   —  Phénomènes  que  présentent  les  volcans 
dans  leurs  moments  d'actwité  et  dans  leur  état  de  repos. 

Nous  voici  arrivés  à  la  partie  la  plus  intéressante  de 
r histoire  des  volcans  :  je  vais  décrire  les  phénomènes  à 
la  fois  majestueux  et  terribles  que  présentent  ces  mon- 
tagnes brûlantes  ;  j'examinerai  ensuite  ce  qu'elles  offrent 
de  particuUer  dons  les  moments  de  repos  qui  séparent 
les  éruptions. 

J'ai  dcHni ,  en  commençant  cette  dissertation  ,  les  dif- 
férentes parties  qui  composent  les  montagnes  volcaniques, 
c'est-à-dire  ce  qu'on  nomme  vulgairemueutyc^^r^  cheminée  y 
cratère.  Je  compléterai  ces  définitions  par  qudques  mois. 


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(  i33  ) 

Une  montagne  volcanique  a  la  figure  cTun  cane  droit, 
tronqué  h  une  certaine  distance  de  la  base  ,  de  sorte 
que  celle-ci  est  beaucoup  plus  étendue  que  la  cime  ou 
le  vertex.  Le  cône  tronqué  s'appelle  cratère  externe ,  ou 
seulement  cratère.  Cependant  ,  lorsqu'on  arrive  à  son 
sommet,  on  trouve  une  cavité  de  forme  conique ,  large 
à  son  embouchure ,  et  qui  se  resserre  vers  son  fond  5  on 
rappelle  entonnoir ,  cône  reni^ersé  ou  cratère  interne. 

Dans  les  volcans  très  anciens,  le  cratère  interne  est 
quelquefois  changé  en  lac  (i);  d'autres  fois,  rempli  de 
matières  qui  sont  tombées  des  parois  ,  il  s'est  transformé 
en  une  plaine. 

Le  sommet  des  volcans  actifs  est  sujet  à  des  variations 
contmueUes  }  les  matières  re  jetées  peudant  les  éruptions  ; 
et  qui  retombent  perpendiculairement  sur  le  cratère,  en 
augmentent  meessamment  la  hauteur,  tandis  que,  d'un  autre 
côté ,  des  éboulements  partiels  tendent  constamment  à  la 
diminuer.  Les  grandes  éruptions  font  toujours  varier  l'état 
du  cratère;  elles  F  agrandissent ,  en  faisant  voler  en  éclats 
ou  en  précipitant  dans  l'intérieur  de  l'abîme  les  parois 
qui  avaient  fini  par  en  obstruer  l'ouverture.  En  1660 , 
d'après  le  père  Kirpher,  une  éruption  violente  du  Fésu^e 
enleva  un  chapiteau  qui  avait  été  plusieurs  années  à  se 
former ,  et  qui  avait  donné  beaucoup  de  hauteur  à  la 
montagne.  {Monde  souterrain  y  chap.  III.  )  Avant  1822, 
ce  volcan    avait  quatre  mille  deux  cent  cinquante<leux 


CO  Les  lacs  de  Castello  Gandolfo ,  de  Nemiy  de  ValVAricia, 
de  Juturna ,  de  San-Gluliano  ,  de  Gabri  ,  de  la  Solfatara  près 
Tivoli,  deBaccano,  de  Bracciano,  de  Laga-Mërto,  d'jinagni , 
tous  dans  la  campagne  de  Home  ,  ne  sont  autre  chose  que  les  cra- 
tères d^anciens  volcans  .  qui  ont  servi  de  réceptacle  aux  eaux  plu- 
viales. [Pantogramrna .  ou  f^ue  descriptive  de  la  campagne  de 
Borne,  par  F.  Ch.  L.  Sicklcr^  in-80,  avec  cartes  et  vues.  Rome, 


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(  «34  ) 
pieds  de  baateur  :  depuis  il  en  a  perdu  huit  eentt.  Le  eratère 
n  avait  que  cinq  mille  six  cents  pieds  en  ciroonférenek^ 
et  à  présent  il  a  trois  milles  et  demi  de  tour  et  quinte 
cents  à  deux  mille  pieds  de  profondeor.  La  montagne 
a  recommencé  k  élcTcr  de  la  fumée  dn  fond  du  cratève. 
(  Edinb.  Joum.  qf  sciene ;  juillet  1827,  p.  11.  )  VEtnm 
présente  également  de  continuelles  Tariations  dans  la  forme  > 
la  grandeur  et  la  profondeur  de  son  cratère ,  ainsi  quon 
le  TOVI  par  les  mesures  qu*en  ont  données ,  en  différents 
temps ,  les  auteurs  qui  Tont  étudié.  U  s'est  écroulé  à  4BveHe» 
reprises ,  comme  en  ti&^f  iBag,  i444  9  1669,  etc., 
après  s*  être  reformé  en  s^élerant  peu  à  peu  à  la  suite 
de  nouvelles  éruptions.  Mais  la  grandeur  du  cratère  interne 
n  est  pas  toujours  relative  à^lïelle  du  volcan  qui  le  supporte; 
ainsi ,  le  volcan  de  Fulcanô  ,  Tune  des  îles  EoUennes , 
qoi  ne  s  élève  qu'à  huit  cents  mètres  au-dessus  de  la 
Méditerranée ,  et  pai*  conséquent  an  septième  de  U  haulenr 
de  VEtna ,  offre  un  des  cratères  les  plus  grands  après 
ce  dernier.  Le  Pic  de  Ténériffi  ne  possède  qu  un  cratère 
très  petit,  quoique  les  laves  qu'il  a  vomies  aient  couvert 
file  entière  et  produit  une  moptagne  beaucoup  |^ns  élevée 
que  XEtna.  Le  plus  vaste  cratère  connu  jusqu'à  présent 
est  celui  du  volcan  de  Kiranea ,  dans  les  WesSand^Mdi; 
il  a  plus  de  deux  lieues  de  citt^onférence.  Il  n  est  pas 
moins  remarquable  par  sa  situation  ;  il  se  tttHive  au  milieu 
d*une  plaine,  et ,  dans  son  fond ,  qui  est  immense ,  bouil- 
lonne une  mer  enflammée.  (  Norih-Amtncan  Ret4ew,  el 
Betme  àriiannùfuef  10*  numéro,  p.'i430 

Le  cratère  des  volcans  actifs  n'est  pas  toujours  penna- 
nent  :  souvent  il  se  ferme  après  chaque  éruption.  H  n  est 
pas  non  plus  constamment  placé  au  sommet  de  la  ÉDon- 
ta^e  :  quelquefois  il  est  sur  les  flancs.  Quelques  Tolcans 
ont  un  cratère  sur  la  cime  et  un  autre  latéral  ^  d'autres  en 
ont  plusieurs  sur  la  cime  -,  enfin ,  il  en  est  encore  d*aQtras 
qui,  quoique  ayant  des  courants  de  laves,  ne  présentent 


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(  i35  ) 
liucune  trace  de  yrai  cratère.  StromboU  a  sur  la  cime  uti 
cra^re  eontînaelleineiit  en  action  5  le  Fésuve  et  \Etna  ont 
sar  la  >ciine  un  cratçrc  qui  se  montre  actif  en  même  temps 
que  le*  éruptions  latérales  5  le  Fie  de  Ténénffk  a  sur  sa 
cime  un  cratère  éteint ,  et  rentre  ainsi  dans  la  classe  des 
▼olcans  dont  le  cratère  est  comme  transitoire  ',  sa  dernière 
éruplim  était  latérale.  Le  mont  CoUma  y  an  Mexique  j  a  y 
sur  la  cime  y  deux  cratères  qui  Tomissent  en  même  temps 
de  la  (nmée  et  des  laves.  h'Antisaruiy  dont  les  éruptions 
sont  Qonnues.,  n'a  point  de  cratère  à  son  sommet.  Il  en  est 
de  ffiéme  pour  le  Kiffer  y  situé  dans  T  intendance  de  Yera- 
CnUy  et  pour  XEpoméOy  aujourd'hui  Tripéta.  Souvent ,  sur 
le  penchant  des  collines  qui  ont  des  éruptions  latérales  y  il 
se  fonnf9ides  cratères  d'éruption  y  ce  qui  produit  des  mon- 
ticalâs  plus  ou  moins  élevés.  Ainsi  se  formèrent  ^  su»  XEtna, 
le  Mon$fi'NegrOy  en  i536,  et  le  Monie-diossoy  en  1669. 
Suivant  Breislack^  en  1794.7  quatre  cratères  d'éruption 
s'élevèrent  sur  le  f^ésupe.  II.  se  forme  aussi  des  ouvertures 
d'éruption  y  comme  au  Pic  de  Teyde  y  à  ÏEpoméo,  an 
Viêsm^e ,  et  à  d'autres  volcans  ;  ou  hien  des  cratères 
profonds  se  forment,  et  surpassent  en  grandeur  Toti* 
verture  de  la  cime ,  comme  la  Chahorra  à  Ténérijfe ,  qui 
est  cinq  fois  plus  grande  que  le  cratère  de  la  cime  du  Pic. 
Ces  fentes  ne  se  produisent  jamais  dans  une  autre  direction 
que  celle  quiv  suit  exactement  la  pente  du  cône  y  depuis 
le  sommet  jusqu'au  pied.  (Brongniart,  Dict.  des  Sciences 
natwvilesy  tome  68 ,  p.  896.  ) 

Les  éruptions  volcaniques  sont  ordinairement  précédées 
et  accompagnées  de  phénomènes  aussi  surprenants  que 
terribles.  Je  vais  essayer  d'en  donner  une  idée  aussi 
exacte  que  possible ,  d'après  les  observations  recueillies  par 
différents  naturalistes  qui  se  sont  occupés  de  ce  genre  de  faits, 
et  qui  ont  été  témoins  de  ces  convubions  remarquables  de 
la  nature. 

Les  phénomènes  volcaniques  proprement  dits  sont  en 


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(  i36) 
88862  grand  nombre.  Les  uns  sont  généraux  y  c  estè-Jône 
qu  ils  sont  communs  à  tous  les  volcans  ;  d'autres  ne  sont  i|iie 
pattieU ,  c'est-à-dire  qu  ils  n«  se  présentent  que  dans  idle 
ou  telle  localité.  Parmi  les  premiers,  on  doit  ranger  les 
tremblements  de  terre  et  les  bruits  souterrains ,  le  rejet 
de  matières  fondues  ou  de  laTes ,  de  matières  solides  et  pul- 
yérulentes ,  le  dégagement  de  gax  ou  de  vapeurs  :  parmi  les 
seconds  y  les  changements  dans  la  forme  du  sol ,  les  sou- 
lèvements de  terrains  et  lapparition  de  nouvelles  îles ,  les 
afiaissements  et  engloutissements  de  terrains ,  les  fentes  et 
crevasses  dans  la  superficie  de  la  terre,  les  cbangemauls 
et  phénomènes  dans  les  eaux  courantes,  dans  les  sources, 
dans  les  rivières  et  dans  les  eaux  de  la  meaty  le  rejet  de 
matières  liquides  ou  boueuses ,  de  bitume  ,  etc.  Je  vais 
jeter  un  coup-d'œil  sur  ces  divers  phénomènes,  et  rappeler 
ce  qu  ils  présentent  de  plus  intéressant. 

Phénomènes  génétmix, 

§  I.  Tremblements  de  terre.  Bruits  souterrains.  Il  est  im- 
possible de  ne  pas  reconnaître  une  connexion  intime  entre 
les  volcans  et  les  tremblements  de  terre ,  car  les  éruptioi» 
volcaniques  sont  accompagnées  ou  précédées  de  commo- 
tions plus  ou  moins  violentes ,  plus  ou  moins  étendues  -,  et 
Ion  a  vu  beaucoup  de  volcans  apparaître  à  la  suite  des 
secousses  qu  éprouvait  une  contrée  voisine,  ou  même 
éloignée ,  du  lieii  ou  le  feu  se  manifestait  pour  la  pr«nièffc 
fois.  Mais  on  doit  distinguer  deux  sortes  de  treinl>lement$ 
de  terre  :  les  uns ,  restreints  à  un  petit  espace  ,  semblait 
propres  à  un  volcan  5  leurs  secousses  ne  s  étendent  pas  as- 
delà  de  quelques  lieues ,  et  leurs  paroxtsmes  paraissent  lifs 
avec  ceux  de  ce  volcan  :  les  autres ,  plus  étendus ,  se  fbat 
sentir  à  des  distances  souvent  considérables ,  elsepropi^t 
avec  une  vitesse  incalculable  :  souvent  des  contrées  très 
éloignées  les  unes  des  autres  sont  remuées  violemmeat  et 


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(  i37  ) 
'fxxne  maïklère  simultanée.  Ces  derniers  sont  souvent  alo» 
Ittdëpendants  des  phénomènes  volcaniques ,  puisque  de  gran* 
dés  chaînes  de  montagnes  ntiReméTit  volcaniques ,  comme 
les  Alpes ^  par  exemple ,  en  ressentent  tr^s  fréquemment; 

'  mais,  dans  té  plus  grand  nombre  des  cas,  cependant,  on 
"|)ent  avancer  qu'ds  tiennent  k  la  même  cause.  Lors  du  trem- 
Mement  qui  renversa  Linm ,  en  1 746 ,  et  qui ,  au  rapport  des 
observateurs,  fut  un  des  plus  terribles  que  Ton  ait  ressentis^ 
il  s'ouvrit  quatre  volcans  dans  la  même  nuit,  et  aussitôt  après 
le'càlîne  reparut.  (Ulloa,  Foyage  en  Amérique).  On  ob- 

•  sei^e  généralement  que  les  tremblements  de  terre  se  termi- 
toit  par  une  éruption  :  ainsi  est-il  arrivé  à  Lima ,  comme  je 

'  tiens  de  le  dire  à  T instant  ;  près  de  Pouizole ,  dans  le  royaume 
de  Naples,  lors  de  la  formation  du  Monte-Nuoi^o ,  en  i538j 
au  Mexique,  en  1769,  lors  de  F  apparition  du  JoruUo  -y  à 
Samt-- Fincent y  une  des  Antilles,  où  le  Morne •Garou  fit 
éruption  en  181 2 ,  après  que  Ttle  eut  éprouvé  des  secousses 
souterraines  pendant  plus  d'une  année ,  etc. ,  etc.  Quelque- 
fois, cependant,  il  arrive  que  les  commotions  souterraines 
persistent  après  la  formation  d'un  cratère  :  témoin  ce  qui  eut 
lieu,  en  1780,  dans  lile  de  Lanceroie,  une  des  Canaries, 
où,  après  que  F  éruption,  eut  cessé,  le  tremblement  de  terre 
continua  encore  pendant  des  années. 

lies  tremblements  de  terre  sont  des  phénomènes  aussi 
extraordinaires  que  les  éruptions  volcaniques  ,  et  à  ce 
droit  ils  mériteraient  de  fixer  notre  attention;  mais  je 
me  contenterai  ,  et  cela  suffira  pour  le  but  que  je  me 
propose  ,  de  vous  avoir  fait  remarquer  les  grands  rapports 
qui  existent  entre  les  uns  et  les  antres.  Ainsi  j'omets  à 
dessein  de  vous  entretenir ,  et  des  effets  prodigieux  que 
ces  conunotions  produisent ,  tant  à  la  surface  des  continents 
^e  dans  les  profondeurs  des  mers  ,  et  de  la  rapidité  mer- 
veilleuse avec  laquelle  les  secousses  se  propagent ,  et  d'une 
foule  d* autres  particularités  aussi  intéressantes.  Les  ouvrages 
des  natoraliste»  et  des  voyageurs  sont  remplis  de  détails 

18 


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(  i38  ) 
k  oet  égard  (i).  Presque  toujours  ces  trembtemenU  sont 
précédés  par  des  bruits  sourds ,  semblables  à  celui  du  canon 
ou  au  fracas  des  voitures  roulant  sur  le  pavé  y  par  des  otn- 
gissements  souterrains  ^  sans  aucune  direction  déterminée. 
Les  terribles  tremblements  de  terre  qui  eurent  lieu ,  en  1 746,  * 
h  Lima,  en  1783,  à  Messine,  en  181:2 ,  à  Caraccas ,  furent 
précédés  par  des  bruits  souterrains  très-forts.  Les  éraptions 
volcaniques  soiit  également  annoncées  le  plus  habitudle- 
ment  par  de  pareils  pronostics,  u  Dans  quatre  voyages  que 
u  je  fis  sur  le  cratère  (du  Fésiu^)  au  mois  de  mars  (181 5)  9 
(c  ditsirHumpbry  Davy,  j'avais  appris  à  estimer  la  violence 
(c  de  F  éruption  d'après  la  nature  de  la  détonation  :  un 
((  tonnerre  souterrain  très  sonore  et  long-temps  continué 
(C  annonçait  une  explosion  considérable.  Avant  F  éruption, 


(1)  Voir  les  Mémoires  sur  les  tremblements  de  tehne,  par  Bff- 
traud;  la  Collection  académique,  t.  6;  le  Voyage  cTUlloai  en  Amé- 
rique-, le  Voyage,  dans  les  Deux  -  Siciles ,  par  SpallamaBÎ  j  lf< 
Institutions  géologiques  y  par  Breislack;  les  ouvrages  de  Deluc,  de 
Dolomicu,  d'Hamiltou,  de  M.  Humboldt,  etc. 

Voir  aussi  Von  den  Ursachen  der  Erdbeben ,  etc.  :  des  Causes 
des  tremblements  de  terre,  et  des  phénomènes  magnétiques;  deux 
mémoires  couronnés  ,  par  F.  Kries  ;  ia-80  ,  Leipzig,  1827. 

Tremblements  de  terre,  par  M.  Muncke;  (Phjsikalisch  Wor- 
terhuch ,  de  Gehler  ,  revu  par  Brandes  ,  Gmelin ,  Homer,  Mande 
et  Pfâff  î  5e  vol. ,  1817  ,  p.  800.  ) 

Catalogue  des  tremblements  de  terre  ,  des  éruptions  volcaniques 
et  de  phénomènes  semblables  depuis  iSai ,  par  M.  de  Hoff  ;  (  Ann, 
der  Pliysik  von  Poggendorf;  ?ol.  7  ,  p.  169  et  aSgj  et  vol.  9, 
cah.  4  .  p.  589.  ) 

Essai  dun  Catalogue  chronologique  des  tremblements  de  um 
et  des  éruptions  volcaniques ,  depuis  le  commencement  de  notre 
ère,  par  M.  Cli.  Kefers.ein  ;  (  Teutschland  geolog,  Uargestallt i 
vol.  4  ,  cab.  3 ,  p.  a8o,  1827,  ) 

Annales  de  Chimie  et  de  Physique  de  chaque  année  depuis  18  »5. 

Bulletin  des  Sciences  naturelles  et  de  Géologie ,  sous  U  diivctioo 
de  II.  de  Ferussac  ;  1823^1839. 


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(«39) 
«  le  cratère  paraissait  parfaitement  tranquille ,  et  son  fôncf^ 
«  sans  aucune  ouverture  apparente ,  était  couvert  de  cendres. 
«  Bientôt  des  bruits  sourds  et  confus  se  faisaient  entendre  ^ 
«  comme  s'ils  venaient  d'une  grande  distance  :  peu  à  peu 
«  le  son  approchait,  et  ressemblait  bientôt  à  celui  d'une 
«  artillerie  qui  aurait  été  sous  nos  pieds.  Alors  des  cendres 
«  et  de  là  fuàiée  commençaient  à  s'échapper  du  fond  du 
<f^  cratère  :  enfin  la  lave  et  les  matières  incandescentes  étaient 
*^  profelées  avec  les  plus  violentes  explosions.  Je  n'ai  pas 
«  besoin  de  dire  que ,  quand  fêtais  sur  le  bord  du  cratère, 
«  étudiant  le  phénomène,  le  vent  venait  de  mon  côté  et 
w  soufflait  avec  force.  Sans  cette  circonstance ,  il  y  aurait  eu 
M  du  danger  à  y  rester.  Toutes  les  fois  que  l'intensité  du 
«  tonnerre  m'annonçait  une  explosion  violente,  je  m'éloi- 
u  gnais  toujours,  en  courant  aussi  vite  que  possible,  du 
«  tiege  du  danger.  »  (Sur  les  phénomènes  dès  volcans ,  par 
8Îr  H.  Davyj  jinnales  de  chimie  et  dé  physique  y  t.  38^, 
p.  i33.) 

Ces  Bmits,  ces  détonations,  se  font  quelquefois  entendre 
à  des  distances  considérables.  Les  mugissements  souterrains 
du  Colopaxi  s'entendirent,  dans  F  éruption  de  i744>  )^*- 
qu'à  la  distance  de  220  lieues.  Les  détonations  qui  accom- 
pagnèrent la  violente  éruption  du  Tomboro^  dans  l'île  de 
Sumba^vay  en  181 5,  s'entendirent  à  Sumalta,  distant  de 
la  montagne ,  en  ligne  droite ,  de  3oo  lieues.  Les  explosions 
qui  annoncèrent,  le  27  avril  i8r2,  la  première  éruption 
de  cendres  du  volcan  de  S.-Fincent  CÂntilles) ,  ne  panu'ent 
pas  plus  fortes  aux  habitants  de  File  que  celles  d'un  canon 
de  gros  calibre  :  ces  explosions ,  cependant ,  furent  parfaite^ 
ment  entendiKS  sur  le  Rio -Apure,  au  confluent  du  Bio- 
Nuîa ,  à  210  lieues  du  volcan  ,  c'est-à-dire  à  la  distance  du 
Vésuve  à  Paris.  Le  bruit  paraissait  si  bien  transmis  par  l'air, 
qu'on  le  prit  pour  des  décharges  d' artillerie ,  et  qu'il  donna 
lieu ,  sur  beaucoup  de  points  du  continent  d'Amérique ,  k 
des  dispositions  militaires.  (Humboldt.) 

18. 


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(  i^o) 

5 II.  Eruption  des  laides.  Ce  qui  caractérise  prindpalenient 
les  éruptions  volcaniques  y  sous  toutes  les  zdnes  y  c  est 
le  rejet  de  matières  de  nature  terreuse  tenues  en  fusion 
à  Faide  d'une  haute  température.  On  a  donné  Tulgaire- 
ment  le  nom  de  laides  ,  du  mot  allemand  Imifen  (  cookr 
ou  courir  )  ,  à  toutes  les  matières  qui  sortent  d*an  cratère 
sous  cet  état  de  tluidité  ignée  ^  mais  on  conçoit  ûcUe- 
ment  que  cette  dénomination  ,  sudisante  quand  on  croyait 
que  toutes  les  laves  se  ressemblaient  sous  le  rappofrt  de 
leur  composition  minéralogique  y  ne  représente  plus  main- 
tenant à  r esprit  qu'une  manière  d*étre  commune  h  toutes 
les  roches  fondues  par  Faction  volcanique  y  et  non  une 
espèce  de  roche  déterminc'e  minéralogiquement.  Ansn, 
plusieurs  géologues  très  distingués  ,  notamment  MM. 
Cordier,  Poulett-Scrope,  BrongniartyUngem-Stemberg(i), 
ont-ib  fait  disparaître  cette  expression  de  leur  oo-^ 
menclature  ,  et  donné  des  noms  différents  aux  diversef 
variétés  de  laves  rejetées  par  les  bouches  ignivimes.  Quoi 
quil  en  soit,  on  conserve  encore  cette  qualificaiion  de 
laides  dans  le  langage  descriptif,  pour  désigner  coUedi- 
vement  les  diverses  matières  sortant  d'un  cratère  avec  les 
caractères  que  j'ai  indiqués.  Il  suffit  de  savoir  le  sens 
qu'on  doit  y  attacher  désormais. 

L'aspect  des  laves ,  à  leur  sortie  des  entrailles  de  h 
terre,  la  chaleur  élevée  qu'elles  possèdent,  ont  ùàl  penser 
de  tout  temps  aux  observateurs  que  ces  matières  étaient 
toujours  à  l'état  de  fusion  complète  dans  les  profondeurs 
du  globe.  Quelques  hommes  ,  doués  d'un  courage  plus 
qu'humain  ,  ont  été  assez  hardis  pour  s'exposer  jusque 
sur  les  bords    fragiles  de  ces  bouches^,  vomissant    le  feu 


(i)  L'ouvrage  très  intéressant  de  ce  dernier  géologue  e^t  intitulé  . 
W^rdên  und  Séyn  des  vulkaniachtn  Oehirges  :  Nature  des  Roches 
polcaniques;  in-8°,  de  3^0  p. ,  vrét  ft  table».  CarUrube,  i8«S, 
Briun. 


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(  i4i  ) 

et  la  mort  j  afin  de  porter  un  coup  d'oeil  scrutateur  dans 
ces  ténébreuses  fournaises  de  la  nature.  Tous  disent  avoir 
TU  la  laye  dans  un  état  de  liquidité  et  d'incandescence 
semblable  à    celui    des  matières    métalliques    que  nous 
soumettons  à  Faction  de  nos  fourneaux.  Le  célèbre  ar- 
chitecte Soufflot  se  fit  suspendre  ,  en  1750  ,  dans   l'in- 
térieur du  cratère  de  ÏEtna ,  à  laide  de  longiiies  cordes 
attachées  aux   bords  mêmes   de    la    cavité.   Un  éréque 
anglais  se  fit  aussi  descendre  ,  il  y  a  à  peu  près  soixante 
ans  y  sur  un  rocher  qui  faisait  saillie  dans  le   Fésuve  :  il 
▼it  ;  dans  le  fond  du  gou(&e  ,  comme  un  lac  de  feu  sur 
lequel  voltigeaient    des    flammes  bleuâtres.    Spallanzani 
étant  monté  y  en  1788,  à  la  cime  de  \ Etna  y  dans  un 
moment  où  le  volcan  était  parfaitement  tranquille ,  put, 
entrer  dans   le  cratère  :  au  fond  ,  il  vit   une  ouverture 
June  trentaine  de  pieds,  d'où  s'élevait  perpendiculaire- 
ment une  colonne  de  fumée  très  blanche ,  qui  pouvait 
avoir  vingt  pieds  de  diamètre  dans  sa  partie  inférieure. 
S' étant   approché  du  bord  dans  le  temps  où  la  colonne 
•  était  poussée  par  le  vent  dans  un  sens  opposé  y  il  aperçut , 
au  fond  de  F  ouverture ,  une  matière  liquide  y  embrasée  y 
^   avait  un   mouvement  d'ébuUition  très  léger;  on  la 
voyait   descendre   et  monter  presque  jusqu'au  cratère  ; 
c'était  de  lave.  Les  pierres  qu'on  y  jetait  faisaient  en* 
tendre  un  bruit  pareil  à  celui  qu'elles  auraient  produit  si 
elles  étaient  tombée»  sur  une  pâte.  Le  même  naturaliste 
a  pu  de  même  apercevoir  F  état  intérieur  du  cratère  du 
StrqmboU  :  la  lave  présentait  le  même  aspect ,  avec  cette  par- 
ticularité qu'elle  était  dans  une  agitation  continuelle  asses 
violente.  (  Fqyagc  dans  les  DeuxSicUes ,  chap.  vui  et  x.  ) 
Lorsque  le  cratère  d^un  volcan  est  assez  bas  pour  que 
la    lave    puisse    s'élever    jusqu'à  ses  bords  y   alors  elle 
dégorge  au  dehors  par  la  partie  la  moins  élevée  de  F  ouver- 
ture ou  par  celle  qui  lui  oppose  le  moins  de  résistance  ;  et 
produit  c^  courants  qui  descendent  du  sommet  €(n  c6ne.  vol- 


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(  i40 

Canîque  jusque  dans  les  plaines  enrironnantes^  portant  arec 
eux  r épouvante  et  la  destruction.  La  lave,  à  sa  sortie,  a  une 
liquidité  pâteuse  y  qu  on  peut  très  bien  comparer  à  ceDe 
des  scories  qui  s*  écoulent  sur  la  dame  des  hauts  fourneaux 
où  Ton  réduit  le  fer.  Quand ,  au  lien  de  déborder  parle 
cratère ,  elle  s'échappe  en  petite  quantité  par  une  oo- 
▼erture  latérale  de  la  montagne  ,  on  dirait  une  masse 
pâteuse  qu'on  force  à  sortir  du  vase  qui  la  contient ,  en 
exerçant  une  forte  pression  sur  elle. 

Les  courants  de  laves  s* avancent ,  en  suivant  les  inéga- 
lités du  sol^  avec  une  rapidité  qui  dépend  de  placeurs 
causes,  de  leur  fluidité,  de  F  inclinaison  du  terrain ,  des  obs- 
tacles accidentels  qui  peuvent  s'opposer  à  leur  cours,  et  du 
choc  qu'ils  reçoivent  de  la  matière  nouvelle  qui  s'épam^ 
de  la  fournaise.  Suivant  les  modifications  qu'apportent  ces 
circonstances  ,  les  laves  mettent  des  journées  entières  pour 
s' avancer  de  quelques  pas,  ou  bien  parcourent  des  distances 
considérables  en  fort  peu  de  temps.  Les  courants  de 
Y  Etna  font  ordinairement  un  trajet  de  quatre  cents  mè- 
tres par  heure,  sur  un  terrain  incb'né.  Dolomieu  en  cite 
un  qui  a  mis  deux  ans  pour  parcourir  trois  mille  huit 
cents  mètres.  Un  autre,  sorti  de  Y  Etna  en  i6i4,  se 
dirigea  sur  Randazzo  :  pendant  dix  ans  que  dura  Tirrup- 
tion,  il  eut  toujours  un  petit  mouvement  progressif,  et 
cependant  il  n'avança  que  de  deux  milles.  M.  de  la  Torre 
a  vu  des  courants  ,  au  Fésm^e ,  avancer  de  huit  cents 
mètres  dans  une  heure  5  Hamilton  en  a  observé  un  qui 
faisait  dix-huit  cents  mètres  dans  le  même  laps  de  temps: 
dans  l'éruption  de  1776,  on  en  vit  un  parcourir  plus  de 
deux  mille  mètres  en  quatorze  minutes.  M.  de  Buch  , 
présent  h  Féruption  de  i8o5,  aperçut  un  torrent  de 
laves  s'élancer  de  la  cime  avec  une  rapidité  extraordi- 
naire 5  en  trois  heures  de  temps,  il  fut  près  des  bords  de  b 
mer,  à  plus  de  sept  mille  mètres ,  en  ligne  droite  y  du  point 
de  départ.  (  De  Buch ,  Bibliothèque  Britannique ,  t.  3o.) 


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(  i43) 
La  surface  des  courants  ne  tarde  pas  à  perdre  sa 
fiuiditë  et  sa  haute  température  :  elle  noircit  peu  à  peu 
par  le  contact  de T air,  et  se  solidifie  complètement^  c'est 
la  première  partie  de  la  masse  qui  se  refroidit  3  les  pluies 
et  les  cours  d'eau  de  toute  espèce  en  accélèrent  le 
refroidissement.  "Quand  les  courants  rencontrent  des  obs- 
tacles, ils  s'accumulent  et  forment  dans  ces  endroits  des 
lacs  de  matières  fondues,  dont  la  cbaleur  se  conserve 
pendant  plusieurs  années.  La  lave  de  VEtna  ,  de  1669, 
était  encore  chaude  au  bout  dé  huit  ans  ;  d'autres  fumaient 
encore  sur  la  même  montagne  vingt-six  ans  après  leur 
sortie  de  la  bouche  volcanique.  Hamilton  ayant  jeté  des 
morceaux  de  bois  dans  les  fentes  d'une  lave  du  Fesupe 
sortie  depuis  trois  ans  et  demi ,  et  éloignée  de  deux  lieues 
du  cratère  ,  cette  matière  combustible  prit  feu  subitement. 
D  arrive  souvent  que,  long-temps  après  que  la  surfisice 
d'un  courant  de  lave  est  solidifiée ,  de  manière  à  permettre 
de  marcher  dessus,  on  voit  sortir  de  l'intérieur  un  courant 
de  matières  incandescentes ,  souvent  même  des  flammes. 
Le  torrent  qui  détruisit  en  1794  Torre  del  Greco  oCnt  ce 
phénomène.  Quelquefois  aussi  on  voit,  à  travers  des  fentes 
qui  se  forment  à  la  surface ,  la  matière  encore  brûlante 
dans  l'intérieiir.  Dans  les  volcans  qui  sont  situés  près  de  la 
mer ,  il  arrive  fréquemment  que  lés  courants  se  dirigent 
vers  ses  bords  et  coulent  sous  les  flots ,  où  ils  ne  se  re- 
froidissent qu'au  bout  d'un  temps  plus  ou  moins  long. 
£n  1669  ,  un  courant  échappé  de  VEtna,  après  avoir 
formé  le  Monte^Rosso ,  dont  la  masse  équivaut  h  celle  du 
F'esui^e ,  s'éleva  au-dessus  des  murs  de  Catane ,  couvrit  une 
partie  de  la  ville ,  et  fut  se  précipiter  dans  la  mer ,  où  il 
produisit  le  promontoire  de  la  Sciam,  (  Spallanzani , 
loc.  cit.  y  I.,  p.  223.  )  (i) 


(1)  ^^oD-ceuleinent    les    laves   continuent  à    brûler  long->temps 
«près  leur  sortie  du  cratère,  mais  on  a  vu  d'anciens  courants  se 


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(  lU  ) 

Les  parties  supérieure  et  inférieure  des  tx>urant5  sont 
ordinairement  plus  poreuses  ,  comme  je  F  ai  déjà  dit,  que 
les  parties  centrales ,  qui  sont  compactes.  Cette  règle  n'est 
cependant  pas  générale.  Par  le  refroidissement^  toute  k 
masse  se  fendille ,  quelquefois  en  tous  sens  ;  pendant  tout 
le  temps  qu'elle  est  incandescente  et  en  fusion ,  elle  émet 
une  grande  quantité  de  fumée  blanche ,  qui  diminue  à 
mesure  qu'elle  se  refroidit  et  devient  plus  pâteuse  ;  le 
dégagement  se  renouvelle  lorsque ,  étant  dans  cet  état , 
on  remue  la  partie  supérieure  et  que  Ton  met  à  découyert 
la  lave  contenue  dans  Tintérieur  du  courant.  Ces  vapeun 
ou  fumée  n'ont  pas  toujours  la  même  composition  ^  elles 
ne  sont  jamais  formé^^  par  de  Teau  pure;  le  plus  ordi- 
nairement elles  sont  dues  à  du  chlorure  de  sodium  su- 
blimé y  pur  ou  mêlé  de  chlorure  de  fer  ;  d'autres  fois  ^  avec 
les  sels  précédents  9  il  7  a  plus  ou  moins  de  sul&te  de  soude , 
de  sulfate  de  potasse  y  d'hjdrochlorate  de  potasse ,  plus 
rarement  de  l'oxide  de  cuivre.  On  j  indique  aussi  des 
sul£ftte  et  hjdrochlorate  d'ammoniaque.  Ces  sels  sublimés 
ne  tardent  pas  à  se  déposer  aux  environs  du  lieu  où  coule 
la  lave  ,  et  mcme  sur  les  parois  des  fissures  ou  de  la 
croûte  du  courant  refroidi  ;  on  en  trouve  y  du  reste  ,  tout 
à  Tentour  du  cratère ,  sous  forme  de  matières  pulvéru- 
lentes de  diverses  teintes  y  car  ces  vapeurs  accompagnent 
la  sortie  de  la  lave.  Les. sublimations  du  chlorure  de 
sodium  sont  quelquefois  des  plus  abondantes  ,  puisqu'on 
trouve  aux  environs  du  cratère  des  masses  non  agréées 


roQijner  et  reconsmencer  à  jeter  des  fumées  et  mêmes  des  flammes. 
Dolomieu  cite  une  lave  de  File  d'Ischia,  sortie  en  i3oi  da  cri- 
tère de  Crémate ,  au  pied  du  mont  Bupomeuê  ,  qui  prodnisaiit  de 
la  chaleur  et  un  d^sgemènt  de  vapeurs  aqueuses  et  ■GÎd4>-«nUa- 
reuses  ,  lorsqu'il  Tobseryait  en  1785.  (  Voya^  aux  ilwtdû  J^ipari, 
etc.,  p.  33etÔAa). 


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é 


(  «45  ) 
de  ce  sel  de  près  d'un  pied  d^épaissenr.  Le  Fésmfe  en 
a  rejeté  .quelquefois  des  mniriwfii  cMBidérables ;  en  i8a2, 
surtout,  il  en  a  lancé  une  très  grosse.  M.  Laugier,  qui 
a  analysé  de  ces  sufaGmations  salées^  les  a  trouTées 
composées  ainsi  qu'il  suit  ; 

Sel  marin • ^2,9 

Muriate  de  potasse 10  » 

Silice. •••••,••  1 1  )i 

Fer 4  » 

Alumine 3  » 

Chaux • I  » 

Sir  U.  Davy,  qui ,  dans  ses  ascensions  sur  le  Vésuve  pen- 
dant Féruption  de  décembre  1819  ,  janvier  et  février  1820 , 
▼érifia  la  nature  de  ces  vapeurs  blanches  dégagées  par 
la  lave  y  trouva  une  fois ,  dans  One  cavité  ,  non  loin  de 
la  bouche  ignivftme ,  un  grand  cristal  coloré  légèrement 
en  pourpre  ;  c'était  du  sel  marin  mêlé  à  une  très  petite 
proportion  d hydrochlorate  de  cobalt.  C'est  la  première 
fois  ,  à  ma  connaissance,  qu'on  a  signalé  ce  dernier  se 
parmi  les  produits  volcaniques. 

D'après  tout  ce  que  je  viens  de  rapporter  ,  on  voit 
que  la  nature  de  cette  fumée  peut  varier  à  l'infini  ,  et 
qu'elle  se  rapproche  de  celle  qui  se  dégage  des  cratères  et 
des  fissures  volcanique»,  quoique  celle-ci  ait  d'ailleurs  une 
composition  plus  compliquée  ,  conmie  je  l'indiquerai  plus 
bas. 

Les  masses  de  laves  qui  sortent  des  voIca^Eis  sont  im- 
menses; l'esprit  est  ef&ayé  de  cette  quantité  prodigieuse 
de  matières  fondues  qui  doit  se  trouver  dans  les  entrailles 
des  montagnes  brûlantes ,  pour  fournir  des  courants  aussi 
considérables  que  ceux  qui  descendent  du  haut  des  cratères. 

»9 


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<  «46  ) 
La  lave  qui  «6rtk  du  Fésui^e^  en  1737 ,  fat  cdcolée,  par 
Serrao  ,  à  ^A^^y^^  toises  cabii(aes.  Breisiack  ,  qui  a 
donné  une  description  de  l  éruption  de  1794  9  q^  détruiât 
k  ville  de  la  Torre  dd  Greco ,  a  calculé  que  la  lave  qui 
dégorgea  alors  du  Fésiwe  par  deux  points  difierents ,  arail 
a,8o4  944<>  toises  cubiques.  Ces  masses  ne  sont  rien ,  si 
on  les  compare  à  celles  que  vomit  YEina.  Dans  T  éruption 
de  1669,  qui  coûta  la  vie  à  17,000  personnes  dans  Caiane^ 
et  à  plus  de  60,000  dans  la  Sicik  ,  ÏEtna  couvrit  de  sa 
lave  un  espace  de  quatorze  milles  en  longueur  sur  six  milles 
en  largeur,  par  conséquent  quatre-vingt-quatre  milles  cairés 
de  surface  :  si  on  multipHe  ce  nombre  par  la  hauteur  de 
la  masse ,  on  obtient  un  total  qui  effraie  Fimagination.  Un 
courant  a  couvert,  en  1783,  dans  X Islande ,  une  étendue 
de  vingt  lieues  de  long  sur  qHsti^  de  large.  Qu'on  juge , 
d'après  cela ,  de  l'intensité  d'action  des  volcans  du  mouvean 
monde  ,  dont  les  ravages  se  font  sentir  à  plus  de  quarante 
lieues  à  la  roiide.  Pour  ne  citer  qu'un  seul  exemple,  je 
rappellerai  que  le  volcan  de  Swnbawa ,  dans  les  Moh^ueê , 
couvrit  de  ses  cendres  une  partie  de  Tile  de  /oms  ,  qui 
en  est  à  {dus  de  cent  lieues. 

Quand  le  torrent  de  laves  s'est  frayé  une  issne  hors  es 
volcan  ,  il  diminue  peu  à  peu,  et  l'éruption  se  tenuoe 
ordinairem^it  par  une  apparition  de  matières  pulvéru- 
lentes dont  je  parlerai  bientôt.  Il  n  est  pas  rare  de  vw 
des  érapti<ms  sans  laves.  Lorsque  cela  arrive,  la  montagne 
volcanique  éprouve  presque  toujoprs  un  bonlewnement 
complet  et  un  abaissement  sensible  de  son  somanet.  Da» 
les  Andes  j  des  montagnes  ont  perdu  jusqu'à  la  cinquième 
ou  sixiènijQ  partie  de  leur  hauteur  ;  mais ,  dans  ce  cas ,  U 
base  régalait  oe  que  le  sommet  perdait.  A  Jta^  ,  k 
montagne  de  Papandaynn  a  disparu ,  en  177a  ;  sa  hase, 
de  quinze  milles  de  long  sur  six  de  large ,  est  au  niveaa 
de  la  pUme  eavironn«nte^  et  y  dans  Fespace  qu'oocupift 


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(  »47  ) 
U    monfaiiie  ,  le   sol  oanseire   à  peine  an   mètre  à$ 
banteor. 

TcMU  le»  Tolcans  en  activité  ne  rejettent  pas  de  la  même 
manière  les  Ures  et  les  autres  produits  volcaniques  recéléf 
dans  leur  sein^  comme  il  en  a  déjÀ  été  question  au  com-$ 
mencement  de  ce  chapitre.  Tantôt  les  éruptions  se  font 
par  des-  bouches  igmv6me»  oi|  cratères  placés  à  leur 
sommet  (  petits  volcans  de  Y  Italie  méridionale  y  de  T^u- 
vergne  ^  grand  volcan  mexicain  de  Popocatepetl ,  etc.  ); 
tantôt  elles  ont  lieu  latéralement^  soit  qu'il  v  ait  un  eratère 
au  sommet  de  la  montagne  C  Pic  de  Ténénffe  )  »  ^it  que 
la  cime  n'ait  jamais  été  ouverte  (Antisana ,  dans  les  Ande^ 
de  Quito J.  Généralement,  en  Amérique  ;  les  volcans  n* ont 
pas  de  cratère  ;  ce  qui  tient  à  ce  que  les  montagnes  étant 
trop  hautes ,  la  nkatière  lavique  ne  peut  pas  être  portée 
au  sommet  et  s'écoule  naturellement  par  des  fentes  qui 
se  font  sur  leurs  flancs.  Certains  volcans  ,  creux  dans* 
leur  intérieur ,  comme  les  précédents ,  ne  présentent  point 
d'ouverture  au  sommet  et  sur  leurs  flancs  ^  et  ils  n* agissent 
que  dynamiquement  I  en  ébranlant  les  terrains  d*  alentour , 
en  fracturant  les  couches  et  en  changeant  la  surCsice  du 
sol  (Chimborazo,  Jiucw-Pichincha,  Capac-Urcu ,  ete.  ) 

Dans  plusieurs  localités  (  plateau  de  QuitOy  Islande,  etc.  ), 
des  laves  sous  forme  de  nappes  sortent  du  sein  de  la  terre 
entr' ouverte  et  s'amoncèlent  ^  ou  bien  ce  sont  de  petits 
cônes  d'une  matière  boueuse ,  nommée  mqya ,  dont  j'ai 
déjà  ûût  mention.  H  est  un  Csdt  curieux  et  généralement 
constaté ,  c'  est  que  ces  éruptions  volcaniques  sont  mod^ées  , 
tant  dans  leur  fréquence  que  dans  la  nature  de  lenr^ 
produits  y  par  la  hauteur  absolue  des  bouches  ignivômes, 
qui  varie  depuis  cent  à  deux  mille  neuf  cent  cinquante 
toises  environ  ;  le  StromboU  et  le  Cotopaxi  forment  les 
deux  termes  de  cette  échelle. 

§  UI.  Bejet  de  matières  solides  et  pulpéndenies.  Les  érup- 

»9- 


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(  i48  ) 

tions  de  laves  sont  ordinairement  prëc^écs  par  k  rejet  ^ 
matières  solides  on  pulvérulentes.  Ces  produits  portent 
différents  noms  .  suivant  leur  grosseur  et  leur  nature. 
On  les  appelle  cendres,  quand  ib  sont  sous  forme  de 
poussière  fme ,  rapiHi  ou  siAle ,  quand  ils  sont  en  petit» 
masses  isolées,  enfin  scories,  larmes,  amandes  et  bombes 
volcaniques  ,  quand  its  ont  une  grosseur  qui  excède 
cefle  des  rapilli ,  et  qui  peut  '^arier  à  Finfini.  Toutes  les 
matières  incohérentes  lancées  ainsi  par  les  volcans,  ne 
sont  pas  toujours  de  nature  volcanique  ;  ainsi  ,  plusieurs 
auteurs  signalent  des  bîocs  de  roches  primitives ,  du  granité , 
du  micaschiste,  de  la  diorite  ,  du  grès  ,  du  calcaire  ,  ete 
parmi  les  produite  des  déjections;  mais  ces  cas  sont  — 


rares 


Les  cendres  volcaniques  ne  sont  autre  chose  que  la  sx&isr 
tance   même  des  laves  réduite  à  une  extrême   ténuité. 
Elles  sont  ordinairement  noires  ,  ce  qui  provient  de  leur 
mélange  avec  de  petites  scories  j  rarement  elle  sont  sèches, 
mais  presque  toujours  pénétrées  de  vapeurs  aqueuses;  alors, 
en  tombant  à  la  surface  du  sol,  elles  peuvent  s'aggiom^'rer 
et  former  des  masses  solides  plus  ou  moins  considérable». 
Entraînées  par  les  gaz  et  les  vapeurs  qui  sortent  avec  elles 
des  cratères  ,  ces  cendres  sont  emportées  dans  F  atmosphère 
sous  forme  de  nuages  ,  que  les  vents  poussent  souvent 
à  des  disUnces  prodigieuses.  Procope  assure  qu'en  47' 
celles  du  Féstwe  furent  portées  jusqu'à  Constantàwpk , 
c'est-à-dire  à  deux  cent  cinquante  lieues.  Celles  deF^ûw , 
en   i329,  allèrent  jusqu'à  Malte;  ceUes  de  IHéda^esi 
1766  ,  se  répandirent  à  cinquante  lieues.  Borne ,  Vensey 
sont  très  souvent  incommodées  par  les  cendres  du  Fésxive^ 
En  1794,  toute  la  Calabre  fut  enveloppée  par  les  nuages 
épais  que  les  cendres  du  même  volcan  produisirent.  Beau- 
coup d  auteurs  esUment  que  celles  lancées  par  les  volcam 
de  r Asie  et  de  TAmérique  se  répandent  à  plus  de  cent 


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('49) 
lienes  de  distance.  Dans  V  éruption  considérable  da  Tomboro  ^ 
volcan  de  file  de  Sumbawa  y  qui  eut  lien  en  avril  iSiS^ 
les  cendres  vomies  par  ce  volcan  s'étendirent  sur  j€U>a , 
sur  Macassar,  svrBniaina;  elles  parvinrent  même  jusqaà 
Bencoolen  y  à  Sumatra ,  qui  est  aussi  éloigné  du  point  de 
départ  que  Y  Etna  Test  de  Hambourg. 

La  rapidité  avec  laquelle  ces  cendres  sont  entraînées  à  des 

distances  si  considérables ,  n  a  rien  qui  doive  étonner,  si  on 

fiut  attention  que  la  vitesse  du  vent  peut  aller  jusqu'à  cent 

trente-deux  pieds  par  seconde  ^  ce  qui  fait  vingt-neuf  lieues 

par  heure  et  sept  cents  par  vingt-quatre  heures  y  s'il  soufflait 

pendant  tout  ce  temps  dans  une  même  direction  et  avec 

la  même   violence.  Ces  cendres  forment  des   nuages  si 

épais ,  que  les  endroits  où  eUes  s'étendent  sont  plongés 

souvent  dans    une  obscurité  profonde.  Dans  la  fameuse 

éruption  du  Vésuve  ,   arrivée  le  22   octobre   1822  ,    et 

"  qui  dura  douze  jours  de  suite  j  l'atmosphère  était  tellement 

remplie  de  cendres  y  que  tout  le  pays  y  au  milieu  du  jour  ^ 

fai  y   durant   plusieurs    heures  y    enveloppé    de   ténèbres 

profondes,  et  qu'on  allait  dans  les  rues  des  villages  avec 

des   bnternes  y  comme  cela  arrive  si  souvent  à  Quito, 

pendant  les  éruptions  du  Pichincha.  Dans  l'éruption  de 

XHécla  y    en    1766  ,  de  pareils  nuages  produisirent  une 

telle  obscurité  9  qu'à  Giaumba,  éloigné  de  plus  de  cinquante 

lieues,  on  ne  pouvait  se  conduire  qu'à  tâtons.  (  Olaffen's, 

Rase  durch  Island.)  Le  premier  mai  1812 ,  un  nuage  de 

cendres  et  de  sables  volcaniques  y  venant  d'un  volcan  de 

l'île  Saint- Fincenf  ,  couvrit  toute  la  Bcûrbade  (  distant  de 

plus  de  vingt  lieues  )  y  et   j  répandit' une   obscurité  si 

profonde  qu'à  midi,  en  plein  air,  on  ne  pouvait  apercevoir 

les  arbres  et  autres  objets  près  desquels   on  était,   pas 

même  un  mouchoir  blanc  placé  à  six  pouces  des  yeux. 

(.  Annales  de  chimie  et  de  physique  y  octobre  1818.  )  A 

l'éruption  du    Cotopaxi  y  le  4  ^^l   1768,  la  pluie   de 

•endres  fut  si  forte,  qakSaint'Jmbato  et  à  Tacuagafles 


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(  i5o  ) 
habîtaniA  nutfdiaieiit  dans  les  vues  pendant  le  jour  arec 
des  bn^emes.  (i) 


pA«U 


(i)  M.  Tâuquetin  a  fait,  dans  ces  dernières  années  (  i8a5)  ,  Fana* 
Igrte  de»  cendres 'vomies  ^tVJBtna  dans  le  coctfant  de  i8aa  ,  etqvi 
lai  furea»  envoyées  par  M.  Ferrari  ,  professeur  d'histoi^  nata* 
relie  à  Falerme,  Ces  cendres  avaient  une  eouteor  grise  ,  une 
ténuité  assez  grande  ;  chauffées  au  rouge ,  avec  le  contact  de  Tair  ^ 
éBès  e&halaîent  de  Tacide  sulfureux  ;  dans  im  vase^  ck»  ,  elles 
donnaient  do  soufre  ;  lessivées  avec  de  Peau  ^  il  se  disêotrûl  ém 
sulfate  de  cuivre ,  du  sulfate  de  chaux ,  du  snlÊtte  d'alumioe , 
du  sulfate  de  magnésie ,  et  un  muriate  dont  la  base  n^a  pas  été 
déterminée.  D'après  les  expériences  du  célèbre  chiimste  français» 
ëOts  contenaîpnt  : 

Dtt  sttllate  de  chaux; 

IHi  sulfure  de  fer ,  ou  pyrite  ; 

De  l'alumine; 

De  la  silice  ; 

De  la  chaux  ,  ou  plutôt  une  roche  formée  de  ces  trois  terres; 

Du  sulfete  de  magnésie  ; 

D«  saifote  de  cuivre  ; 

Btt  suKate  d'akmine  ; 

Un  muriate  dont  l'espèce  est  inconime  ; 

Des  traces  de  soufre  isolé  ; 

Du  charbon; 

De  Veau.  > 

Voici  les  proportions  de  ces  substances  y  sur  loo  paitiei  : 

Silice » i8,io 

Sulfate  de  chaux i$ 

SulCuiedefer.. .......  2o,9% 

Alumine...  •• •..•    8 

C]pux 9,60 

Charbon.... •..     1 

L'ean ,  le  sulfate  de  cuivre  ,  le  snl&te  d*alumine  ,  le  sul&te  de 
magnésie  ,  les  traces  de  muriate  et  de  soufre  libre  ,  doivent  s*élever 
il  21,^3  pour  compléter  les    100  parties. 

M.  Vauquëlin  n'a  pu  vérifier  si  ces  cendres  renfennaienC  oa 
aicaU  y -faute  d'une  quantité  suffisante  de  matière. 

(^iNi,  ^  Chknk  H  de  ^hyùfue,  t.  3a ,  ft  106 )• 


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(  i5i  ) 

Les  sables  volcaniques ,  les  rapûRy  que  rejettent  égal^ 
ment  les  volcans  ,  sont  de  très  petits  fragments  de  scories 
provenant  de  la  matière  larique  même ,  qui ,  projetée  en 
Tair  sous  forme  de  gouttelettes ,  »*est  figi^e  suintement.  Ces 
petites  particules ,  ordinairement  d^une  couleur  noirâtre , 
sont  entremêlées  de  cristaux  d*augite  et  de  felspath  plus 
ou  moins  brisés ,  de  verre  volcanique  ,  quelquefois  de 
brèches.  Les  scories  y  les  ponces  et  autres  matières  in- 
cohérentes solides ,  qui  se  trouvent  souvent  à  la  surfece 
de  la  matière  lavique  incandescente  renfermée  dans  le 
cratère ,  soulevées,  par  les  courants  de  gaz  qui  s'échappent 
de  son  sein  ^  à  une  hauteur  considérable  au-dessus  de  la 
bouche  volcanique ,  et  maintenues  en  équilibre  dans  Faîr 
pendant  trente  ou  quarante  minutes ,  au  moyen  des  nouvelles 
matières  que  le  volcan  continue  à  vomir,  roulent  conti- 
nuellement les  unes  sur  les  antres ,  s^entre-choquent  ,  se 
brisem  et  finissent  par  se  réduire  en  grande  partie  en 
sable  ou  rapflli.  La  quantité  de  ces  rapiOi  que  les  volcans 
rejettent  eA  incalculable  5  ils  constituent  la  majeure  partie 
des  déjections  et  de  la  masse  de  plusieurs  montagnes 
vcdcaniques.  Leurs  particules  les  plus  fines  se  mêlent  aux 
cendres ,  et  sont  entrahiées  avec  elles  au  loin ,  tandis  que 
les  jAns  grossières  retombent  au  pied  et  sur  les  flancs  de 
h  montagne.  Elles  s'accunralent  alors,  et  forment  souvent 
4es  montîenles  plus  ou  moins  élevés. 

Les  9eeriesy  les  larmes ,  les  amandes  ,  les  bombes  voU 
commues ,  sont  lancées  en  même  temps  que  les  cendres 
et  les  rajHlli.  Les  premières  sont  le  plus  souvent  entraînées 
par  le  torrent ,  alors  qu  elles  sont  déjà  soUdifiées  depuis 
quelque  temps,  tandis  que  les  autres  proviennent  de  portions 
de  lave  incandescente  qui  se  concrètent  dans  les  airs  et 
retombent  sous  fome  de  blocs  auxquels  on  a  donné  des 
aomsdlffôrents  suivant  leur  volume.  Quelquefois  ces  matières 
•ont  encore  dans  un  état  de  mollesse  quand  elles  tombent 
«or  h$  flanctt  de  la  montagne,  et  alors  elles  s  applatissent 


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(  i5a  ) 
far  F  effet  de  leur  chute ,  et  prennent  T  empreinte  des  objets 
qu'elles  recouvrent.  Ces  larmes ^  ces  bombes ,  sont  souvent 
TÎtreuses  à  leur  sur&ce ,  ou  couvertes  d'une  croûte  sco- 
riforme ,  ijuelquefois  coooiposées  de  plusieurs  couches,  dont 
les  unes  sont  pierreuses ,  les  autres  vitreuses.  Ces  blocs 
ne  sont  jamais  par^tement  ibériques  y  mais  ordinaire- 
ment alongés.  Leur  volume  est  parfois  extraordinaire; 
ceux  que  le  Cotopaxi  et  le  Pic  de  Teyde  ont  lancés  ont 
plusieurs  toises  de  circonférence.  Plus  les  volcans  sont  élevés, 
plus  les  masses  qu  ils  lancent  sont  volumineuses.  Ainsi , 
tandis  que  le  Cotopaxi  vomit  des  morceaux  monstrueux 
que  toutes  les  forces  humaines  réunies  ne  pourraient 
mettre  en  mouvement ,  le  StromboU  ne  lance  ordinairement 
que  des  fragments  de  quelques  centimètres  de  diamètre. 

La  hauteur  à  laquelle  ces  masses  s'élèvent  dans  Pair 
est  souvent  prodigieuse.  IjC  P.  délia  Torre  raconte  (  His- 
toire du  Fésiwe  )  que  ,  dans  le  violent  incendie  du  30 
janvier  i755  ,  ayant  calculé  le  temps  que  les  cailloux 
lancés*  mettaient  à  tomber,  il  le  trouva  de  huit  secondes, 
d'où  il  conclut  qu'ils  étaient  montés  à  la  haatear  de 
neuf  cent  cinquante-six  pieds  de  Paris.  Les  pierres  que 
lança  le  Fésm^e ,  en  1 779  >  restèrent  &i  l'air  pendant  vingt- 
cinq  secondes  ^  ÏEtna.f  en  1669  et  en  1819,  lança  de 
grandes  masses  de  pierres  jusqu'à  une  lieue  de  distance. 
Le  Cotopaxi  a  rejeté ,  en  1 533  ,  des  masses  de  dix  mètres 
xubes  à  trois  lieues  au  loin  de  la  montagne.  M.  d' Aubuissoa 
de  Voisins  a  cherché  à  connaître  quelle  pouvait  être  U 
plus  grande  vitesse  de  projection  des  volcans,  et  il  a 
trouvé  ,  par  le  calcul ,  que  cette  plus  grande  vitesse  , 
pour  le  f^ésuife  et  ÏEtnaf  n'allait  pas  au  delà  de  cdie 
qu'ont  les  boulets  au  sortir  de  nos  canons ,  vitesse  q«i 
est  de  quatre  à  cinq  cents  mètres  par  seconde. 

Toutes  ces  matières  solides  incohérentes,  composées 
de  ceifdres  ,  de  rapiUi  ,  de  scories ,  de  ponces ,  de 
morceaux  de  laves  rompus  et  brisés,  de   pierre  mérat 


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(«s») 

Aanenlent  volcaniques ,  conàtitaent  donc  les  déjections  des 
takcsÊÈÈ.  Ces  déjections  se  font  par  jets  qui  paraissent 
auffammës  pendant  la  nuit ,  se  succèdent  avec  une  grande 
irrégularité ,  et  souvent  avec  tme  telle  Ô^uence  que  les 
pieires  d'un  jet  sortent  de  la  bouche  du  volcan  tandis  que 
eeHes  lancées  par  le  jet  précédent  sont  encore  en  Tair  ou  re^ 
tombeàt.  Dans  ce  cas ,  la  hauteur  à  laquelle  ces  pierres 
s*  élèvent  n*est  pas  ordinairement  très  grande  ;  d'autres  fois , 
an  contraire  y  comme  je  viens  de  le  dire  tout  à  rheiu*e  j 
ces  matières  sont  lancées  à  de  très  hautes  élévations ,  et 
offlrent  une  masse  volumineuse.  Dans  la  £uneuse  éruption 
du  Fésupe  j  en  1794 ,  aussitôt  que  le  dégorgement  de  la 
lave  par  les  iBancs  du  volcan  eut  cessé  ^  les  éruptions  de 
matières  détachées  du  sommet  commencèrent ,  et  durèrent 
pendant  plusieurs  jours  sans  interruption.  On  voyait  & 
^aque  instant  sortir  de  la  bouche  du  cratère  une  masse 
si  démesurée  de  pierres  et  de  matières  terreuses^  qu'elle 
en  rempfissait  tout  F  espace  ,  bien  qu'il  eût  un  mille  de 
circonférence  ;  elk  s'élevait  à  une  grande  hauteur ,  et  y 
s*  écartant  en  Tair,  elle  formait  une  autre  montagne  qui 
paraissait  plus  grande  que  celle  d'où  elle  sortait. 

Cependant  les  explosions  de  matières  incohérentes  sont 
quelquefois  isolées  et  forment  une  seule  grande  éruption  :  au 
lieu  de  se  succéder  les  unes  aux  autres  ,  on  voit  une  co- 
lonne immense  et  d'un  diamètre  égal  à  celui  de  la  bouche 
dn  volcan ,  se  soulever  en  Tair ,  s'élever  à  une  grande  élé- 
vation f  et  se  dilater  ensuite  par  son  sommet  en  prenant 
la  forme  d'un  pin,  forme  si  bien  décrite  par  Pline  le  jeune, 
dans  sa  lettre  à  Tacite  sur  la  mort  de  son  oncle  Pline 
le  Naturaliste.  Braccini  dit ,  dans  sa  relation  de  Fémption 
du  P^éguPe  de  i63f  ,  que  la  hauteur  de  la  colonne  qni 
sortait  du  cratère  ,  prise  de  Naples  avec  un  quart  de 
cercle ,  dépassait  trente  mUles.  Cette  mesure  paraît  un 
peu  exagérée.  (  Breblack.  } 

Cette  colonne ,  parvenue  à  sa  phis  grande  hauteur ,  né 

30 


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(  «56j 

tiettres  da  matin  ,  la fcerre  s'ouTrîli  une  lieoe  dek  cafitalt 
à  r  ouest  j  entre  Tao  et  Tia-jisua  >  et  à  une  demi-Ueue 
du  mont  Fronda.  De  ce  gouffre  sortirent  des  flammes 
et  «ne  si  grande  quânëtë  de  pierres ,  qu'en  ringt-qnatre 
liecires  une  montagne  en  fiit  formée.  L'éruption  fut  dans 
sa  plus  grande  Tiolence  pendtfnt  la  nuit,  et  tonte  file 
en  fut  écléirée.  Le  premier  août,'  à  dix  hem«s  du  matin  i  le 
ftu  cessa,  et  on  vit  beaucoup  de  fumée  qui  formait ,  le  deux , 
trois  colonnes  de  difEérentes  couleurs  ,  Time  blanche  , 
feutre  noire  et  la  troisième  rouge.  Cette  dernière  sortait 
isolément,  à  quelque  distance  des  autres.  Plusieurs  citernes 
séchèrent.  Le  4  M>&t ,  il  j  eut  encore  de  la  fumée  ;  et , 
le  33  ^  à  sept  heures  da  matin ,  le  rolcan  rejeta  beaucoup 
d'eau,  qui  continua  k  couler  encore  pendant  plusieurs  jours. 
La  laye  rejetée  coumt  un  espace  d'une  demi-Ueue  de  long 
et  de  trois  quarts  de  lieue  de  large.  Il  n  y  eut  pas  de  courant 
de  lare  proprement  dit.  Ces  lares  sont  poreuses  on  pesantes, 
•ou  même  ponceuses ,  et  elles  sont  couvertes  de  sel  ammoniac 
mêlé  d'un  peu  d'acide  arsenique ,  de  magnésie  et  de  deux 
antres  sels  de  sâénium  et  d'hydriodine.  (Joum.fûr  Ckame 
undPJ^siky  de  Schweigger,  t.  i5 ,  cah.  3; p.  laS,  iSaS.) 

Phénomènes  locaux* 

Je  viens  de  passer  en  revue  les  phénomènes  qui  se 
présentent  généralement  pendant  les  émpCîens  des  volcans, 
n  en  est  d'autres  qui ,  moins  constants^ ,  ne  se  montrent  que 
dans  teMe'  ou  telle  localité.  Je  vais  en  dire  quelques  mots. 

%  V,  ¥1^  VU ,  Vin.  De  ce  nombre  sont  tous  les  change- 
ments qui  pntlieu  dans  la  forme  du  sol  aux  environs  desmon- 
tagnes brûlantes.  Tantôt  des  portions  de  terrain  s'élèvent 
snbitement  au-dessus  de  la  surface  de  la  terre.  Ainsi , 
dans  la  province  de  FaUadblid  (  Mexique  )  ,  le  39  sep- 
tembre 1759  ,  une  plaine  de  quatre  Beues  cannées  fut 
âevée  en  formé  de  vessie  ;   la  convexité  du  sol  est ,  en 


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(  «5/  ) 
qfMÎqBès  ««droits ,  de  cent  ckiqiiânie^six  ttètres  p  danfr 
d'antres  de  cent  quatre-vingts.  (  llmnboldt.  )  Pendant  le 
tremblement  de  terre  arrÎTé  le  24  viai  1750  ,  dans  les 
Pyrénées ,  un  roclier  entouré  de  terre  et  peu  élevé  fut 
lancé  à  plusieurs  pas,  et  l'espace  en  fat  cpmblé  par  le 
sol  qui  s'éleva  k  sa  place.  Tantôt  des  rocbes  ou  des  lies 
entières  apparaissent  au-dessus  des  eaui^  de  la  mer^  faL 
déjà  parlé  de  ce  singulier  phénomène  dans  le  chapitre 
précédent.  D'autres  fois  le  sol  se  déchire  violemment,  et  des 
crevasses  plus  ou  moins  larges  le  sillonnent  de  tous  oôtés*i 
Ces  fentes  et  ces  crevasses  sont  surtout  produites  à  la  suites 
des  tremblements  de  teiTe .  Pendant  celui  qui  dévasta  Messine f , 
le  5  février  1783,  la  terre  se  fendit  depuis  l'entrée  du 
détroit  jusqu*à  la  ville  ;  des  fentes  semblables  furent  re- 
marquées pendant  les  commotions  souterraines  qui  ruir 
nèrent  Z4f Aonite ,  Caraccasy  Lima,  Cumana^  etc.  Sonreat 
encore ,  quand  les  tremblements  sont  les  plus  violents ,  de 
véritables  goufiSnes  se  forment  et  dés  portions  plus  ou  moins» 
considérables  de  terrain  sont  englouties  subitement.  Ainsi,, 
en  1692  y  la  plus  haute  montagne  de  la  Jamaïque,  s'écroula , 
et  iîit  remplacée  par  un  lac  ^  le  M61e,  près  de  Messine  y  fut 
englouti ,  en  1783,  au  rapport  de  Spallanzani.  Dans  l'ile 
de  Jat>a  y  à  la  suite  d'une  éruption  violente  du  Papan- 
dayan  et  d'un  tremblement  de  terre  y  entre  le  1 1  et  le 
\i  août  1779  ,  le  volcan  tout  entier  disparut  dans  les 
entrailles  de  la  terre  y  après  la  ibrmation  d'un  grand  nuage 
lumineux.  On  a  estimé  que  le  terrain  qui  s'engloutit  ainsi 
avait  quinze  milles  de  long  et  six  de  large.  Quarante  village» 
furent  détruits  et  trois  mille  hommes  périrent  dans  œtte 
catastrophe»  Je  pourrai  multiplier  à  l'infini  de  pareil» 
exemples. 

\  IX .  D'autres  phénomènes,  moins  grandset  surtout  moins 
désastreux ,  se  font  remarquer  à  l'égard  des  cours  d'eav 
qui  se  trouvent  dans  les  contrées  voisines  des  montagne^ 
ignivômes ,  ou  dans  cdles  qui  soQt  remuées  par  des  com-^ 


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(  i58) 
motioiis  soutmrahias.  On  obserre  des  dùngmento  dtas 
la  position  des  sources  ;  les  ririires  se  dessèoheni  souvent  ^ 
quelquefois  leurs  eaux  deviennent  bouSlantes;  leur  covn 
sobsinie  ;  les  eaux  minérales  r* allèrent;  les  eaux  donoes 
se  troublent ,  Tean  des  pnît»  change  de  niveau ,  et  dispank 
complètement  dans  quelques  cas.  Tpus  ces  phénomènes^ 
précurseurs  de  troubles  violenlt  dans  la  masse  intflrae  da 
globe  y  ont  été  observés  des  la  phis  haute  antiquité.  La 
mer  y  dont  les  Tolcans  sont  souvent  assez  vcHsins,  est  auai 
plus  ou  moins  tourmentée  par  suite  de  leurs  émptiont 
£lle  éprouve  des  oscillations  souvent  considérables.  Dans 
le  tremblement  de  terre  de  1 746  qui  ruina  Lima  y  la  mer 
ait  si  violemment  agitée  qu'il  y  eut  des  vaisseaux  qui  du 
port  de  Callao  furent  portés  à  deiix  lieues  dans  les  terras 
et  ensevelis  dans  les  sables.  Dura%%o  ,  dans  Xjélbame  y  fut 
enseveli  subitement,  avec  ses  habitants  plongés  dans  la 
sommeil  y  en  1269 ,  à  la  suite  d'un  violent  tremUemunt 
de  terre.  La  mer  sortit  de  son  lit  et  bakym  jusqu'à  set 
décombres.  (  Ldbeau  y  Hùtoire  pki  Boê-Entffire  y  t.  xxu  , 
p.  334.  ) 

^  X.  La  grande  quantité  de  vapeurs  aqueuses  qui  s'élèveut 
des .  cratères  pendant  les.  paroxismes  ,  ne  tardent  pas  à 
se  condenser  au  milieu  de  l'atmosphère  y  et  alors  dles 
retombent  sur  la  terre  qu  elles  inondent.  Ces  j^uies  abon- 
dantes y  rencontrant  dans  les  airs  les  cendires  et  les  sables 
vomis  par  le  volcan  y  les  entraînent  avec  elles  et  fermenl 
des  alluvions  instantanées  qui  descendent  de  la  moiilafM 
sous  la  forme  de  torrents  de  boue.  On  a  donné  souvcnti 
mais  à  tort ,  à  ces  alluvions  le  nom  iérupiùms  àouaut$. 
Je  vais  parler  dans  un  instant  des  véritables  éruptions  de 
boue  9  et  montrer  en  quoi  elles  diffèrent  des  ppemiàrcs. 
Ea  général  ,  l'apparition  de  la  pluie  caractmse  ,  sous 
toutes  les  s6nes ,  la  cessation  d'une  éruption.  (  Voir,  poi^ 
plus  de  détaik  y  le  mémoire  de  Ducaria  ,  sur  les  pUe^ 
e(  (es  inondations  i^okanifites,  Joi^n.  de  Phxàtptey  t.  xx.  ][ 


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■(  i59) 

^,  XI.  Les  antves  {^énimiènes  météorQlo^que&  qui 
aoeompagneat  les  ërûptioiis  sont  en  petit  nombre.  Cesl 
«n  fait  bien  constaté  que  la  liaisim  intime  <pû  existe 
entre  les  phénomènes  vdcaniques  et  Tétat  de  Tatmoq^bère. 
Les  aoleiirs  sont  rmnpUs  d'une  foule  de  citations  à  ce 
sujet.  En  voici ,  au  reste  y  un  des  exemples  les  plus  frappants^ 
M.  Sccffi  rapporte  ,  dans  sa  relation  de  rémption  du  i4 
jjoàk  1 794  y  que ,  le  même  jour  ,  à  Sienne  y  un  nuage 
fanaal  éa  sud-est  édata  avec  bruit  y  et  lança  des  flammes 
et  des  pierres  semUables  aux  laves  du  f^ésiu^.  Cependant^ 
k  pbs  babitueUenient  ^  Tatmosphère  reste  calme  pendanit 
les  émptkNM.  M.  de  Bueb  a  vu  le  baromètre  demeurer  fixe 
pen&nt  une  éruption  du  Fésuye.  11  n'en,  est  pas  de  même 
des  âectromètres^  qui  indiquent  constampient  une  sura- 
bondance d'électricitéiiégative.Aassî^  de  nombreux  éclairs, 
aooon^agnés  de  détonations  violentés ,  se  succèdent-ils  rapi- 
dement ou  milieu  des  colonnes  de  fumée  et  de  cendres  qui 
s*  élancent  des  cratères,  et  augmentent-ils  TeiBroi  quinq^ire 
ce  spectacle  à  la  Uà^  terrible  et  majestueux.  Quant  au 
thermomètre  y  il  indique^  comme  on  doit  bien  le  supposer , 
un  accroissement  plus  ou  moins  considérable  de  tempé- 
rature y  tant  dans  T  atmosphère  que  dans  le  sol  des  environs. 

^  Xn.  «Tai  parlé  un  peu  plus  haut  S  éruptions  boueuses. 
Presque  toutes  les  descriptions  d'éruptions  volcaniques 
signalent  de  pareik phénomènes.  Mais,  pendant  long-temps, 
on  a  confondu  sous  ce  nom  et  les  matières  boueuses 
rejetées  directement  par  les  altères ,  et  les  pluies  mêlées 
de  cendres  qui  ne  proviennent  que  de  la  condensation 
des  vapeurs  élevées  an-dessus  de  ces  ouvertures.  H  est 
certain  que  beaucoup  de  volcans  rejètent  ,  par  les  bords 
dncrat^.et  par  des  crevasses,  une  matière  demi-Hquide 
dont  la  quantité  est  souvent  prodigieuse.  Ces  éruptions 
bngeuses  sont  rares  en  Europe  ,  mais  communes  dans 
les  volcans  d'Amérique  ,  suivant  le  savant  M.  de  Hum^ 
boldt.  Les  éruptions  de  ces  volcans  se  bornent  même  k 


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(.6o) 
oes  aortes  de  matières ,  car  il  n  y  a  pas  de  seorenir  qa'îls 
éient  jeté  des  kfes  j  oe  qui  provient  »  sans  ancim  dooAe, 
de  leur  grande  âévntèon^  «pd  surpasse  cinq  fins  odle  dn 
J^éâutfêf  et  de  leur  dtoiaEtion  peu  isolée.  On  conçoit,  en 
^el  f  que  si  le  feo  de  œs  volcans  se  trouve  à  de  gtandes 
profondeurs ,  malgré  leâr  grande  intensité  de  force ,  la 
lové  fondue  ne  peut  être  souleihto  .jnsqn^aox  boids  du 
cratère^  ni  rompre  le  flanc  ds  ces  montagnes^  qni  se  troofcnt 
renforcées  par  les  plates^formes^qui  les  environneMt  JQsqu  à 
quatorze  cents  toises  de  hauteur.  H  semble  donc  naftnrel 
l|ue  des  volcans  si  élevés  ne  vomissent  par  leur  boucbe 
que  des  pierres  isolées,  des  cendfes,  des  flammes,  de 
f  eau  bouillante ,  dé  largiie  cavburée  et  imqprrgnee  de 
soufre,  etc.  (i) 

Les  éruptions  boueuses  sont  doue  dues  à  des  maJirrfi 
pulvérisées  et  imprégnées  d*eau  dans  Tintérieiir  des  volcans , 
puis  ensuite  comprimées  par  des  gas ,  et  lancées  au  dekon 
par  leur  expansion.  Quelquefois  ces  éruptions  ne  sortent 
pas  de  la  bouche  même ,  mais  sont  occasionnées  aodikn- 
tellement  par  la  fonte  des  ne^es  qui  entourent  la  cime 
des  montagnes  les  pliia  hautes.  Cest  ainsi ,  par  este 


(i)  Plusieurs  yplcaos  du  Japon  ont  des  éruptions  analogues  s 
ceux  de  l'Amérique  méridionale.  Le  i8  janvier  1793,  à  5  heures 
6  minutes,  toute  la  cime  du  mont  Vnsen  ,  djns  le  district  de 
Djozon  et  Gamba-Kori  ^  s*ëcronla,  et  il  en  sortit  des  tscraih 
d'eau  bouillante  pendant  plusieurs  {oors.  Le  i«t  «vril ,  «près  «a 
tretthlement  de  terre  eifroyabte ,  le  mont  llligigama ,  dans  l'dc 
de  Xiou-Siou  ,  vomit  d'abord  une  énorme  quantité  de  rochert 
dans  la  mer ,  ce  qui  fut  suivi  d*une  inondation ,  et  ensuite  il  sortît 
de  la  montagne  un  torrent  d'eau* qui  fit  périr  environ  53,oôo  âmes. 
Les  autres  volcans  connus  do  Japon  (Yjisamg€^Daki  et  le  .8m- 
no^Xûuhi  ,  dans  Ttie  de  Ni/on),  ont  des  dnipsiMs  analagaei 
aux  volcans  d'Europe ,  ai  ce  n'est  qu'ils  rejetteat  ausai  beaucoup 
de  boue»  (  ÏUlations  sur  le  Japon,  yu  Titstngb  ,  trad.  en  aiçte 
par  F.  Sboberl ,  sous  le  titre  Illustrât,  of  Jof^on  ;  Londres,  i8u. 
■—  Voyex  aussi  jinn,  of.  Philotoph,  ^  décembre  1826  j  p.  4(2  ). 


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(  .61  ) 
que  y  dans  les  Andes ,  où  la  cime  des  volcans  dépasse  presque 
toujours  la  région  des  neiges  ou  atteint  à  une  hauteur 
douUe  de  celle  de  ÏEina ,  les  vastes  glacières  qui  se  forment 
sur  leur  revers  et  même  près  de  leur  sommet  y  dans  les  in- 
tervalles de  repos,  se  fondent  lorsque  les  volcans  com- 
mencent à  agir  y  coulent  alors  vers  les  régions  inférieures , 
et  produisent  des  inondations  fréquentes  et  désastreuses. 
Cest  aussi  ce  qui  arrive  aux  volcans  de  ï  Islande  ,  mais 
dans  une  proportion  bien  plus  faible.  Mais  y  le  plus  ha- 
bituellement,  les  éruptions  aqueuses  sont  dues  aux  lacs 
souterrains  qui  se  forment  dans  de  vastes  cavités  placées 
tantôt  sur  la  pente  ,  tantôt  au  pied  des  volcans ,' et  dont 
les  eaux  communiquent  de  plusieurs  manières  avec  T  in- 
térieur de  ces  montagnes. 

Quand  les  commotions  terrestres  qui  précédent  toutes  les 
éruptions  ignées  dans  la  chaîne  des  Andes ,  ont  ébranlé  forte- 
ment toute  la  masse  des  volcans,  alors  les  goufïres  souter- 
rains s'entr'onvent,  et  il  en  sort  en  même  temps  de  Teau,  du 
tuf  argileux  y  et,  ce  qui  surprend  davantage  l'imagination  , 
nne  quantité  innombrable  de  poissons.  Cest  ce  qui  arriva , 
dans  la  nuit  du  19  au  30  juin  1798  ,  lorsque  la  cime  du 
CarguamizOy  montagne  haute  de  dix-liuit  mille  pieds,  an 
nord  du  Chimborazo ,  s  écroula  :  toutes  les  campagnes  envi- 
ronnantes ,  dans  un  rayon  de  deux  h'eues  carrées  ,  furent 
couvertes  de  boue  et  de  poissons.  Sept  ans  auparavant,  une 
fièvre  pernicieuse  qui  désola  la  ville  d'Jburra  avait  été  attri- 
buée à  une  semblable  éruption  de  poissons  du  volcan  dV/n- 
babuni,  , 

Le  Cotopaxiy  le  Tart^irahua  et  le  Sangay,  vomissent 
paiement  des  poissons ,  quelquefois  par  le  cratère  qui 
est  au  sommet  de  ces  montagnes ,  quelquefois  par  les  fentes 
latérales ,  mais  toujours  à  deux  mille  cinq  cents  ou  deux 
mille  six  cents  toises  de  hauteur  au-dessus  du  niveau  de 
la  mer.  Les  plaines  circon voisines  ayant  presque  treize 
cents  toises  d'élévation  ,  on  peutconchire  que  ces  animaux 

21  - 


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(  ï6a) 

sorteat  d*un  ^int  qui  est  treize  cents  fois  plus  âeré  qoe 
les  plaines  sur  lesquelles  ils  sont  jetés.  Quelques  indiens 
assurent  que  le  poi&soavomi  par  ces  volcans  descend  enooie 
vivant  le  long  du  revers  de  la  montagne  ;  mais,  ce  quil 
7  a  de  certain ,  cest  que,  parmi  la  pi^odigieuae  quantité 
de  poissons  que  rejette  le  Cotopaxi  y  avec  des  torrents  d*<an 
douce  et  froide  ,  il  y  en  a  très  peu  qui  soient  assec  dé- 
figurés pour  faire  croire  qu  ils  jàent  été  exposés  à  Faction 
d'une  forte  chaleur  :  ce  qui  est  très  singulier ,  si  Ton  fait  atten- 
tion à  la  mollesse  de  la  chair  de  ces  animaux  et  à  la  fumée 
très  dense  que  le  volcan  exhale  en  même  temps. 

Ces  diverses  circonstances  vont  nous  servir  â  trouTer  la 
source  de  Teau  vomie  par  les  Tolcans  dont  il  vient  d'être 
question.  Je  F  ai  déjà  fait  connaître  plus  haut,  en  F  attribuant 
à  des  lacs  souterrains  placés  dans  les  diverses  parties  de  ees 
montagnes.  Pendant  F  intervalle  qui  sépare  chaque  éruption, 
(  et  cet  intervalle  est  souvent  de  plus  d'un  siècle  ) ,  le  cratère 
de  ces  volcans  se  ferme ,  de  manière  que  le  fond  of&e  hienlÂt 
^ne  véritable  plaine  ,  comme  cela  se  présente  ordinaire- 
ment au  Fésw^e  et  sur  presque  tous  les  volcans  plus  rappro- 
ehés  de  nos  observations.  Cette  plaine  se  convertit  peu  de 
temps  après  en  un  lac,  et  cela  d'autant  plus  fiftcilement 
que  ,  loin  détre  ,  comme  nos  volcans  d'Europe,  de  petites 
montagnes  isolées ,  ces  volcans  forment  une  chaîne  non 
interrompue ,  de  sorte  que  ,  non  seulement  les  eaux 
pluviales  peuvent  se  rassembler  dans  la  profonde  cavité 
des  cratères  restée  firoide ,  mais  encore  que  les  antres  , 
provenant  de  réceptacles  éloignés^  peuvent  y  arriver  par 
des  canaux  souterrains.  Les  poissons  qui  se  trouvent  dans 
ces  réceptacles  suivent  les  eaux  dans  ce  nouveau  lac,  et 
s  y  multiplient.  Lorsque  ces  volcans  s'enflamment,  ou  qu  il 
se  manifeste  quelque  mouvement  intestin  dans  leurs  entrail- 
les, le  premier  eflet  qui  en  résulte  nécessairement,  cest  la 
rupture ,  le  soulèvement  de  la  voûte  qui  ferme  le  cratère . 
et  la  projection  au  loin  de  toutes  les  matières  qui  formeai 


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C  »63  ) 
cette  rrtûle  j  la  première  de  toutes  qui  eâ  alors  Tomic 
)>ar  le  volcan  ,  est  feau  du  lac  placé  immédiatement  au- 
dessus  du  lieu  d'où  part  Féruption. 

Les  poissons  Tomis  par  les  volcans  d* Amérique,  dans 
leurs  grandes  éruptions  périodiques  et  assez  rares  ,  sont 
identiques  à  ceux  que  Von  trouve  dans  les  ruisseaux  au 
pied  de  ces  mêmes  volcans  ,  et  que  les  habitanU  du  pays 
appellent  prermadiUas.  Cest  la  seule  espèce  de  poissons 
qu'on  trouve  dans  les  eaux  de  Quito  ,  k  quatorse  cents 
toises  d'élévation  5  elle  appartient  au  genre  SUurus ,  et  a 
reçu  des  naturalistes  le  n<MBi  de  Pimeiodes  cyclopum. 

Ces  éruptions  boueuses  ne  se  font  pas  seulement,  suivant 
M.  de  Humboldt ,  par  les  cratères  et  les  fentes  latérales 
des  volcans  ^  elles  ont  souvent  lieu  aussi  par  des  crevasses 
de  la  terre ,  à  la  suite  de  violents  tremblements.  Ainsi , 
dans  les  Andes  de  Quito  ,  le  4  février  1797  ,  un  rocher 
de  tracbyte  s' entr' ouvrit ,  dans  les  environs  de  Péidéo  ,  et 
les  couvrit  d'une  masse  boueuse,  nommée  moya  par  les 
naturek ,  qui  sortit  en  même  temps  de  terre  près  de 
Bio-Bamba ,  et  y  forma  des  collines^  coniques.  Ce  moja , 
qui  détruisit  alors  le  village  de  Péliléo,  sortit  du  rocher 
à  la  hauteur  de  quatre  cents  mètres.  Pendant  le  tremble- 
ment de  terre  de  Cumana  •  du  i4  septembre  1797  , 
plusieurs  crevasses  lancèrent  de  l'eau  et  du  bitume.  Dans 
une  plaine  qui  s^étend  vers  Cassany  ,  à  deux  lieues  au  sud 
de  Cariaco ,  la  terre  »'entr' ouvrit  et  lança  de  ses  crevasses 
de  l'eau  chargée  d'acide  sulfurique.  Pendant  le  tremble- 
ment de  terre  de  Caraccas,  la  terre  se  fractura  près  de  P^aii- 
cilJo,  à  quelques  lieues  de  Faïence  ,  et  lança  une  si  grande 
quantité  d' eau,qu'  il  s' en  forma  un  nouveau  fleuve.On  observa 
le  même  phénomène  à  Porto^Cabello,  A  F  ouest  de  la  Sienn 
de  Meapire ,  du  bitume  fut  lancé  d'un  terrain  creux ,  pen- 
dant les  commotions  souterraines  qui  dévastèrent  Cumana. 

Après  avoir  décrit  séparément  les  différents  phénomènes 
que  présentent  les  volcans  au  moment  de  leurs  éruptions, 

21. 


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(  i64^ 

il  reste  à  indiqaer  d'une  manière  générale  Tordre  dam 
lequel  ils  se  succèdent ,  au  moins  dans  le  pins  grand  nombre 
des  cas.  Je  pourrais,  pour  donner  plus  de  charmes  à  cette 
partie  de  mon  travail ,  vous  rapporter  textuellement  la 
description  dune  éruption  ,  faite  par  un  naturaliste  témoin 
oculaire  du  fait ,  et  par  conséquent  empreinte  de  T enthou- 
siasme et  de  r admiration  qu'un  pareil  spectacle  devait  lui 
inspirer.  Mais ,  entraîné  déjà  au-delà  des  bornes  d*un  simple 
mémoire  ,  je  dois  me  contenter  d'exposer  en  peu  de  mots 
les  différentes  phases  d'une  éruption  ordinaire. 

Les  premiers  indices  d'une  crise  volcanique  sont  toujours 
ou  presque  toujours  des  bruits  souterrains  qui  se  propagent 
à  plus  ou  moins  de  distance ,  et  l'augmentation  de  la  (umée 
qui  s'exhale  habituellement  du  cratère.  Des  tremblements 
de  terre  se  font  sentir  ;  en  même  temps,  tous  les  accidents 
qu'ib  entraînent  h  leur  suite  arrivent  isolément  ou  simul- 
tanément ,  comme  des  changements  dans  la  forme  du  sol , 
dans  les  cours  d'eau ,  le  tarissement  des  puits  et  des  sources, 
l'agitation  plus  ou  moins  forte  de  la  mer  ,  etc.  Les  caves 
,  des  environs  et  autres  lieux  enfoncés  sous  le  sol  se  remplissent 
d  acide  carbonique.  Quelquefois  il  se  répand  dans  les  alen- 
tours mie  odeur  de  bitume ,  ce  qui  avait  fait  penser  que 
les  phénomènes  volcaniques  étaient  dus  à  F  inflammation 
de  ce  combustible  ;  ce  qui  n'est  rien  moins  que  fondé, 
comme  je  le  montrerai  dans  le  chapitre  suivant.  1 /at- 
mosphère devient  agitée  et  le  théâtre  de  nombreux  phé^ 
nomènes  électriques.  La  fumée  qui  sort  de  la  cheminée 
•redouble ,  s'épaissit  ;  tantôt  elle  s'élève  dans  les  airs ,  sons  la 
forme  d'une  immense  colonne  ,  tantôt  elle  se  dissipe  au 
.  loin ,  et  forme  des  nuages  épais  qui  obscurcissent  le  jour. 
Le  cratère  commence  alors  à  vomir  des  cendres  embrasées , 
qui  apparaissent ,  au  miUeu  des  vapeurs ,  comme  des  jets 
de  flammes.  Des  pluies  abondantes,  en  balayant  l'atmos- 
phère, entraînent  ces  matières  pulvérulentes,  et  constituent 
des  courants  de  boue  qui  inondent  les  ftancs  de  la  mon- 


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(  i65  ) 
tagpe.  Les  éclairs  traversent  à  chaque  instant  la  colonne 
pyramidale  ,  et  leséclats  de  la  foudre  retentissent  au  loin. 
Il  se  fait  alors  ces  déjections  de  pierres  et  de  masses  scori- 
formes  en  fusion  y  qui  ^  lancées  sans  interruption  du  cratère 
avec  une  violence  extraordinaire  et  une  explosion  très 
forte  y  apparaissent  comme  d'immenses  gerbes  d'artifice  y 
qui ,  après  s'être,  épanouies  à  leur  sommet ,  disparaissent 
tout- à- coup  en  produisant  des  pluies  de  pierres  et  de 
scories ,  qui  retombent  tout  autour  du  soupirail  enflammé 
qui  les  a  vomies.  Les  commotions  souterraines  ne  cessent 
de  se  faire  sentir  ;  un  moment  elles  redoublent  :  c  est 
alors  que  la  lave  s'échappe  comme  avec  effort  des  entrailles 
de  la  terre  ,  et  s'épanche  ,  comme  une  mer  de  feu ,  sur 
le  penchant  du  cône  volcanique.  I^e  courant  grandit  ^ 
accélère  sa  marche,  entraine  tout  ce  qui  se  trouve  sur 
son  passage  y  surmonte  les  obstacles  et  les  inégaUtés  du 
sol  ,  arrive  bientôt  au  bas  de  la  montagne ,  et  continue , 
mais  avec  moins  de  vitesse  ,  son  cours  dévastateur  au 
miUeu  de  la  plaine  ,  qu'il  couvre  bientôt  de  ses  ondes 
brûlantes.  Malheur  alors  aux  imprudents  qui ,  oubliant  les 
leçons  du  passé, et  trop  confiants  dans  la  looguc  et  trompeuse 
tranquillité  de  la  montagne  ignivôme,  ont  fixé  leur  de- 
meure aux  environs,  attirés  par  la  fertiUté  d'une  terre 
sans  cesse  renouvelée!  Toutes  les  fatigues,  toutes  les  peines 
d'une  longue  suite  d'années  s'évanouissent  en  quelques 
instants  :  maisons  ,  troupeaux  ,  habitations ,  tout  disparaît 
pour  jamais  sous  les  torrents  de  feu  qui  s'écoulent  inces- 
samment de  la  foiunaise  ardente  ,  tout  devient  la  proie 
d'un  fléau  d'autant  plus  redoutable  que  rien  ne  peut 
s'opposer  à  ses  effets.  Mais ,  comme  si  le  feu  n'apportait 
pas  assez  de  malheurs  à  sa  suite ,  des*  inondations  terribles 
d'eau  et  de  boue  viennent  encore  ajouter  à  la  désolation 
générale.  On  dirait  que  tous  les  éléments  sont  conjurés 
pour  détruire  en  un  jour  une  terre  si  peu  favorisée  de 
la  nature  I  Peu  à  peu ,  cependant,  l'éruption  des  matières 


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(  i66  5 
fondaes  on  liquides  diminue;  une  nouvelle  nuée  de  caiUoax 
et  de  cendres  annonce  la  fin  prochaine  du  paroxisme  ;  les 
secousses  internes,  les  bruits  ,  les  explosions  s'affaiblissent 
graduellement ,  les  flammes  s*  éteignent ,  tout  semble  rentrer 
dans  le  calme.  Des  jets  de  vapeurs  corrosÎTeSy  qui  con- 
tinuent à  sortir  de  la  bouche  volcanique  et  des  fissures  de 
la  montagne,  sont  les  seuls  phénomènes  qui  persistent, 
comme  pour  annoncer  que  T  agitation  intérieure  survit  *à 
cette  tranquillité  apparente  da  dehors,  (i) 

J'ai  dit  plus  haut  que  les  éruptions  volcaniques  avaient 
lieu  ,  en  générai ,  à  des  époques  indéterminées.  Quelques 
volcans  restent  quelquefois  des  siècles  entiers  sans  donner 
aucun  signe  d'action,  puis  se  réveillent  et  ont  des  éruptions 
très  multipliées  dans  T  espace  de  quelques  années  seule- 
ment. Suivant  M.  de  Humboldt ,  les  éruptions  sont  d'autant 
plus  rares  que  les  volcans  sont  plus  élevés.  Le  plus  petit 
d'entre  eux,  le  Strombolij  est  dans  une  continuelle  acti- 
vité ;  son  cratère  est  toujours  rempli  d'une  lave  en  fosîon, 
qui  se  tuméfie ,  s'élève  jusqu'aux  bords  en  forme  de  cloche , 
fait  une  explosion  bruyante ,  et  lance  dans  les  airs  une 
partie  de  la  matière  fondue  ,  de  la  fumée  et  des  cendresL 


(i)  Virgile ,  ce  poète  amaDt  de  la  nature ,  et  qui  Va  si  bien  ob- 
servée ,  résume  en  quelques  vers  riches  d'harmonie  tous  les  détaîk 
d*une  éruption  : 

Interea  fessos  ventus  en  m  sole  reliquit  ; 
Jgnarique  vis ,  Cyclopum  allabimur  oris. 
Portus  ab  accessu  ventorum  immotus ,  et  ingens 
Ipso  ;  sed  horrificis  juxtà  fonat  ^tna  ruinis, 
Interdumque  atram  pronimpit  ad  aethern  nubem , 
Turbine  fumantem  ptceo ,  et  candente  favilU  ; 
Attoliitque  globos  flammanira ,  et  sidéra  lambit  : 
Interdum  scopulos  avulsaque  viscera  montis 
Erigit  erucfans ,  liquefactaque  saza  sub  auras 
Cum  gemitu  glomerat ,  fundoque  exaestuat  imo. 

(^iwiWf,  Uv.  lu.) 


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(  167  ) 
Pfeo  à  peu  la  lave  s*affiusse  et  redescend ,  pour  remonter  , 
comme  auparavant ,  après  un  demi-quart  d'heure  d*in- 
tenralte.  Les  éruptions  du  Fésu/pt  sont  fréquentes^  celles 
de  \Etna  sont  plus  rares  f  celles  du  Pic  de  Ténériffe  le 
sont  encore  davantage.  Les  dmes  colossales  des  Andes, 
le  Tangurahua,  le  Cotopaxiy  le  Sangajr  ,  etc.  y  offrent 
à  peine  une  éruption  dans  l'espace  d'un  siècle.  (  Relation 
historique  du  Voyage  y  etc.  ,  t.  i.  ) 

Beaucoup  de  volcans  brûlent  depuis  un  temps  immé- 
morial y  ea  conservant  toujours  la  même  énei^e.  Le  Fésuve 
et  Y  Etna  oui  en  des  éruptions  dans  les  temps  les  plus 
reculés.  U  paraît  qu avant  Tère  chrétienne,  le  Véswearait 
été  long-temps  en  repos  y  mais  Fou  conservait  la  mémoire 
de  ses  anciens  embrasements,  car  Yitruve  (  liv.  ii,  ch.  vi  ) , 
Diodore  de  Sicile  (  liv.  v  ,  ch.  xxi  )  ,  Strabon  (  liy.  v.  )  , 
SiUus  Italiens  y  Valerius  Flaccus ,  etc. ,  parlent  du  Fésm^e 
comme  ayant  jeté  des  flammes  à  des  époques  inconnues 
pour  eux.  On  regarde  communément  comme  la  plus  ancienne 
de  ses  éruptions  connues  celle  qui  arriva  le  a4  août  de 
Tannée  79  de  F  ère  chréUenne  ,  deux  mois  après  la  mort 
de  Vespasien  ,  celle  enfin  qui  fut  cause  de  la  mort  de 
Hine  le  Naturaliste ,  et  qui  ensevelit  le  même  jour  lier- 
culanum ,  Pompéia  et  Stabia  sous  un  déluge  de  cendres,  (i  ) 


(1)  On  a  commencé  à  découvrir  les  restes  d*Hercuianumen  1738 , 
et  ceux  de  Pompeïa  en  1748.  En  i8ai ,  il  n'y  avait  encore  que  le 
quart  de  cette  dernière  ville  qui  fût  déblayé  ,  et  cet  ouvrage  occu- 
pait alors  quatre-vingts  à  quatre-vingt-dix  personnes.  Depuis  ,  les 
fouilles  ont  été  continuées  avec  beaucoup  de  zèle. 

On  croit  généralement  que  l'éruption  boueuse  et  la  pluie  de 
œiMkes  qui  ont  couvert  Pompeïa  ,  ne  Tengloutirent  point  d*abord  ; 
qoe  set  habitants  n'y  furent  point  ensevelis  ;  qu'ils  eurent  le  temps 
de  sauver  les  objets  précieux  qu'ils  possédaient ,  ou  qu'ils  revinrent 
«près  la  catastrophe  pour  enlever  leurs  richesses.  La  plus  basse  des 
couches  qui  la  recouvre ,  et  qui  parait  avoir  été  remuée ,  le  petit 
nombre  de  squelettes  et  le  peu  d'argent  monnayé  qu'on  y  a  re- 


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(  i68) 
Cette  montagne  était  alors  couverte  cT  arbres  jtisqu  à  sod 
sommet.  Depuis  cette  époque  jusqu'en  182^1 ,  on  compte 
environ  trente-quatre  éruptions.  Les  premiers  embrase- 
ments connus  du  F'ésut'e  ne  produisirent  que  des  fiammes, 
des  cendres  et  des  scories  incohérentes  ^  ce  fbt  dans 
r éruption  de  1087  fP^  ^^  sortit  de  la  lave  pour  la  pre^ 
mière  fois ,  et  c  est  sur  ce  courant  de  laves  qu*esl  bâti  le 
château  royal  de  Portici, 

Les  éruptions  varient  beaucoup,  quant  à  leur  durée.  Tant^ 
elles  ne  durent  que  quelques  minutes ,  et  sont  alors  très 
fréquentes  :  telles  sont  les  éruptions  de  c^idres  et  de 
rapilli  qui  ont  lieu  au  Fésuve  et  à  Y  Etna  ^  telles  sont  celles 
de  ftunée  et  de  cendres  qui  ont  lieu  presque  continuelle^ 
ment  à  Fulcano  et  FulcaneUo,  D'autres  fois  elles  durent 
quelques  heures  j  omune  celle  de  \  Awatscha  (  Kamu- 
chatka  )  y  en  1737,  qui  continua  pendant  vingt-quatre 
heures.  Plus  habituellement  ,  elles  persistent  poidant 
plusieurs  jours  (  Vésuve  ^  Etna  y  etc.  ) ,  ou  pendant  plusieurs 
mois  (  Pic  de  Ténériffe  ).  Hus  rarement  elles  se  continuent 

trouvés ,  serviraient  de  preuves  à  cette  assertion.  Hait  couches  de 
déjections  volcaniques  se  succèdent  :  diverses  éruptions  ont  donc , 
k  plusieurs  reprises  ,  suivi  la  même  direction.  On  ne  voit  point  de 
lave  parmi  ces  produits  du  feu ,  mais  seulement  des  scories  et  do 
ponces.  On  peut  se  promener  dans  les  rues  de  Pompeïa  et  pénétrer 
dans  ses  maisors  :  on  suit  encore  la  route  garnie  de  larges  trottoin 
et  bordée  de  tombeaux.  La  trace  antique  des  chars  sur  la  chaussée , 
pavée  de  larges  dalles  en  lave ,  conduit  à  la  porte  de  la  ville.  Sff 
murailles  sont  debout  ;  quelques  caractères  gravés-  sur  les  pierres 
ont  fait  reconnaître  qu'elles  ont  été  bâties  par  les  Osques ,  Ua^ 
temps   avant   la    fondation  de  Rome.   Les  casernes ,  parfaitement 
conservées ,  portent  sur  leurs  murs  des  dessins   incorrects ,  fraiti 
du  désœuvrement  des  soldats  romains.  Deux  théâtres ,  on  amphi- 
théâtre ,  et  la  plupart  des  maisons  de  cette  ville  ,  sont  maintenant 
à  découvert.  On  y  voit  que  Tusage  des  anciens  était  d'écrire  au- 
dessus  de  la  porte  de  la  maison  les  noms  des  personnes  qui  rhabi> 
taient.  (  Voir ,  pour  plus  de  déUils ,  le  Fojrage  en  Italie  et  en 
Sicile ,  par  M.  Simon ,   t.  u  ,  p.  107. 


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(109) 
pendant  des  années  entières  (  Càtopaxi ,  Gunung^Api  AsnM 
les  Molxufues ,  volcans  de  X  Islande  ,  etc.  ) 

Le  plus  généralement  après  les  grandes  éruptions ,  la 
montagne  ne  fait  plus  qu  émettre  un  dégagement  très  lent 
et  paisible  de  vapeurs  peu  abondantes  y  mais  corrosives. 
Ces  vapeurs,  qui  sortent  en  différents  endroits  du  cône^ 
s* observent   aussi  dans  les  volcans  qui  sont  depuis  long- 
temps en  repos    ou   qui  s'éteignent  tout-à-fait.   Cçst  ce 
qu'on  appelle  solfatare  ou  fumerole.  Les    Champs  Phlé^ 
gréensj  sur  la  cote  de  Pouzzolcy  dans  le  royaume  de  Naples, 
oà  Ton  voit  les  restes  d'un  ancien  volcan  ayant  actuelle- 
ment r aspect  d'une  plaine  ,  présentent  des  milliers  de  ces 
fumerples.  £n  général  y  ces  vapeurs  sont  très  composées , 
puisqu'on  y  trouve  de  Veau ,  du  gaz  sulfureux ,  de  Tadde 
hydrochlorique  ,   de  T  acide  sulfurique  y  du  soufre  proba- 
blement dissous  d'abord  par  l'hydrogène  et  à  Pétat  d*hy*  ' 
drogène  sulfuré  y  qui  a  été  décomposé  ensuite  par  T  acide 
sulfureux  y  etc.  Sur  le  sol  où  se  fait  le  dégagement  de 
ces  vapeurs  y  et  dans  les  fissures  des  roches  qui  composent 
les  parois  du  cratère  y  on  trouve  ordinairement  de  petits 
dépôts    de   sel    marin  y    d'alun ,    de  sel  ammoniac  y   de 
chlorure  de  cuivre  y   d'acide    borique  ,  de  borate  d'am- 
moniaque y  du  sulfure  rouge  d'arsenic  y    de  métanix  su- 
blimés  y    etc.    On  remarque   aux  environs  des  sources 
bouillantes. 

Dans  l'intervalle  qui  sépare  chaque  éruption  y  on  pourrait 
croire;  qu'à  l'exception  AesJUmeroleSy  les  volcans  ne  pré- 
sentent plus  aucun  phénomène  remarquable.  Mais,  pendant 
ce  calme  apparent ,  les  parties  extérieures  les  plus  près 
de  la  bouche  ignivàme  ne  restent  pas  dans  l'inertie.  Elles 
présentent  un  vaste  laboratoire  où  les  substances  volca- 
niqaeà  exercent  leur  affinité  sons  l'influence  d'une  tem- 
périHore  plus  ou  moins  élevée  y  et  comme  la  chaleur  , 
tout  en  s' abaissant  graduellement  chaque  année,  se  conserve 
pendant  fort  long-temps ^  c'est  dans  les  mêmes  proportions 

32 


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(  *70  ) 
xpxe  leto  phénoiu^nes  cliimiqaes  se  perpétuent  et  diminuent 
Nolle  part  les  procluits  noavellement  formes  ne  sont  plus 
abondants  et  plus  Taries  que  dans  les  volcans  et  les  sol- 
fatares. Il  ne  vous  paraîtra  pas  sniprenant,  en  effets  qu'au 
milieu  de  ces  masses  minérales  portées  à  une  température 
élevée^  et  dont  la  plupart  même  ont  été  fendues.,  les 
affinités  chimiques  soient  mises  en  jeu ,  que  les  éléments 
primîtirs  ou  les  composés  qui  résultent  de  leurs  combi- 
naisons éprouvent  de  nouvelles  transmutations  ^  et  donnent 
naissance  à  des  produits  étrangers  aux  autres  terrains ,  ou 
à  des  substances  déjà  connues  y  maïs  dont  la  place  géo- 
gnostique  ordinaire  est  toute  différente  de  ceDe  où  elles 
se  forment*  Lés  gaz  ,  les  vapeurs  qui  s'échappent  sans 
cesse  des'  cratères  eh  activité  ,  t^gissent  à  leur  tovir  sar 
tes  roches  qui  avoisinent  ces  bouches  y  et  produisent  encore 
des  substances  propres  à  ces  lieux  y  et  dont  les  6aractèi^ 
dénotent  Torigine  ignée.  Le  soufre,  qu'on  regardé  souvent 
coiàme  ime  production  immédiate  de  ces  grandes  opé- 
rations y  mais  qui  n'est  peut-être  réellement  que  dégagé 
par  sublimation  des  roches  qui  le  renfermaient ,  y  est 
continuellement  en  combustion ,  et  donne  naissance  aux 
acides  sulfureux  et  suUurique  y  dont  le  premier  y  surtout  ^ 
se  dégage  en  abondance.  Ces  acides,  souvent  perdus  dans 
r  atmosphère  ,  se  trouvent  aussi  en  solution  daiis  les  eaux 
voisines  des  volcans  ou  qui  se  rassemblent  dans  les  an- 
fractuosîtés  des  laves ,  comme  on  T  observe  dans  les  grottes 
du  Fésiwe  et  de  Y  Etna ,  aU  volcan  de  Puracé  dans  b 
Popayan ,  où  le  cratère  ofiBre  on  petit  lac  nommé  Jli»- 
Finagre  (i),  au  Mont-Idienney  k  Jm^ay  où  Ton  observe  i^àt- 


(1}  Les  eaux  du  Rio- Finagre  contiennent,  suivant  M.  Bireio  , 
1  gr.  080  d'acide  sulfuHque ,  et  o  gr.  184  d'acide  fajdmciilùnqoe 
par  litre  ;  elles  renferinent  en  outre  on  peu  d^idnmme ,  de  datu, 
et  quelques  indices  de  fer. 


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(  '7^-  ) 
ment  un  hç  dont  les  eaux  sont  acides  (i)  ,  etc.  U»  agirent 
aussi  sur  les  roches  environnantes ,  et  produisent  des  sulfatesc 
de  cUau2L ,  d'alumine ,  de  potasse ,  de  soude  ,  de  fer  , 
de  manganèse ,  etc.  ^  (  principalement  à  la  soufrière  de 
la  Guadeloupe ,  à  Poitzzoie  près  de  Naples ,  etc.  )  ,  qui  ^ 
réagissant  aussi  les  uns  siir  les  autres  ,  forment  différentes* 
espèces  d'alun  à  bases  isomorphes  ,  de^  dépôts  d'alunite  ^ 
etc.  L'acide  bjdrochlorique  qui  se  dégage  souvent  aussi 
en  abondance  des  volcans  ,  comme  au  Fésuue  j  se 
répand  dans  V  atmosphère  ,  se  dissout  dans  les  eaux^  our 
reste  concentré  dans  certaines  roches  que  probablement, 
il  a  commencé  par  attaquer  j  tel  est  le  domiie  du  Pwy 
de  Swvoujf  y  en  Auvergne.  Il  donne  lieu  ,-  en  outre ,  à: 
la  formation  des  dilorures  ,  toujours  très  répandas  aux 
environs  &s  cratères ,  tels  que  ceux  de  cuivi-e,  de  fer^ 
de  sodium  et  de  potassium  y  qui  se  trouvent  ,  fes  uns 
dans  les  cavités  des  laves  ,  les  antres  dans  les  eaux  qui 
ruissellent  entre  leurs  interstices.  Les  autres  substances 
propres  à  ces  lieux  sont  surtout  des  sels  ammoniacaux  (a). 


(i)  Les  eau3(  du  lac  du  M^ntrldienno^  rapportëei  par  M.  Leiobe» 
naud ,  contiennent  beaucoup  d'acide  sulfuriqve  ,  on  peu  de  sul^ 
fale  d'alumine ,  de  sulfate  de  soude  et  d'acide  hydrocklorique. 

(2)  Le  sel  ammoniae  (  hydrochlorale)  n'existe,  à  TéUt  natif ,  dan» 
aucun  terrain ,  si,  ce  n'est  d^ns  les  volcans  brûlants  et  les  solfatares»  On 
Ta  plus  pa^ticuliéiement  pbservé  au  Véëuve  et  à  VBina ,  où  »par  son- 
abondance,  il  est  devenu,  à  diverses  époques,  un  objet  d*exploi« 
faction  et  de  copimer^.  Exhalé  des  cratères  et  des  eourants  de  lave  , 
arec  beaucoup  d'autwssj  matiècefr  gazeuses  ,  une  partie  se  dissipe 
pronptement  dans  l'air;  une  autre  se  condense  à  h  surface  des^ 
acoHes  et  da^s  leurs  fisnire»  f  mais  comme  ce  sel  est  très  soluble  ,  la 
VKMudre  pWie  suffit  ponr  l'entrainer.  On  ne  peut  recueillir  ses^ 
efflorescences  ,  ou  même  constater  sa  présence ,  que  lenque  les 
éruptions  se  font  par  un  beau  temps  ou  lorsqu'elles  ne  sont  point 
acconipagnées  d'averses  trop  fréquentes.  Suivant  Corrcra ,  la  lave 
vomie  en  i635  par  ÏMtna  a  fourni  des  chai^emenu  considé- 
rables de  ce  sel.  Boccone  et  Borelli ,  témoins;  de  la  iameuse  énip- 


aa. 


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(  '7*  ) 
vn  grand  nombre  de  sulfures  métaOiqiies ,  panm  lesqadt 
on  compte  ceux  de  plomb  et  de  enivre  déconrerts  tout 
récemment  an  Vésuve  par  M.  CoTelli  ,  le  fer  oligiile 
fpecnlaire ,  des  silicates  terrenx  de  tout  genre  y  et  snrtoot 
Tamphigène  j  le  pjroxène  augit  ,  lampbibole  y  le  mica , 
le  feispatb  ^  etc. ,  qni  se  forment  probablement  de  toutes 
pièces  dmis  ces  grandes  opérations   de  la   nature. 

Pour  TOUS  donner  ,  d'ailleurs  ,  nne  idée  des  nombreuses 
substances  minérales  qui  se  trouvent  dans  les  enTirons  des 
▼oicans^  soit  qu  elles  aient  été  rejetées  directement  pendant 
les  éruptions,  soit  quelles  aient  été  formées  postérieure- 
ment par  la  réaction  des  gaz  ca  des  vapeurs  sur  les  rocbes 
environnantes  ,  f  emprunterai  à  ï  (hyctognosie  du  FesupCf 
par  MM.  Monticelli  et  Covelli  (i)  ,  la  liste  des  principales 
espèces  minéralogiques  qui  se  trouvent  dans  les  roches 
laviques  du  Fcsupe  et  dans  celles  qui ,  ayant  été  rejetées 

tion  de  1G69,  font  mention  de  la  proiHg'euse  quantité  de  fel 
ammoniac  qui  m  est  n^ultc,  et  de  son  embarquement  pour 
différents  ports  dMtalie.  Ferrara  rapporte  que  la  lave  de  1^63  en  a 
produit  fort  abondamro^t  \  qu'il  en  a  été  recueilli  plus  de  1000 
livres  sur  celle  de  1780  ;  que  la  Uve  de  1791  en  a  donné  quelque 
^u ,  malgré  les  pluirs  qui  ont  accompagné  son  refroidissement , 
et  que  celle  de  idii  en  a  assez  fourni  pour  approvisionner  amplc^ 
ment  les  ateliers  et  les  pharmacies  de  la  SiciU,  —  Ce  sel  n*est  pas 
aussi  abondant  an  VésuPe-,  cependant  il  s'en  exhale  dans  toatr^ 
les  éruptions  j  il  en  sort  continuelleme nt  des  soupiranx  de  la  toi* 
fatare  de  Pouzzole.  —  Dans  la  Tartarie  centrale ,  il  J  a  deux  volcans 
brûlants ,  ou  plutôt  deux  solfatares ,  qui  produisent  une  si  grande 
quantité  de  ce  sel  «  qae  c'est  de  là  que  provient  tout  celui  que  les 
Kalmouks  portent  dans  les  différentes  contrées  de  F  Asie,  et  dont 
ces  peuples  faisaient  autrefois  un  conmierce  eonsidéraUe.  (  jÈnn.  dts 
Mines ,  t.  v ,  p.  1 35 ,  1800  ;  et  Joum.  Aaiau ,  juillet  1824 .  p.  44.) 

(1)  Prodrome  délia  Mineralogia   Veêuviana,  etc Prodrome 

de  la  Minéralogie  du  Vésuve ,  par  T.  Monticelli ,  secret,  peipét. 
de  TAcad  royale  des  sciences  de  Nftples,  et  N.  G)velli ,  membre 
associé  ordin.  de  oetlte  Acadc^raie  j  vol.  i  de  VOryctognosie  ;  in-8»  de 
570  p. ,  orne  de  19  pi .  ;  Naples ,  i8a5 ,  TVaroater. 


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(  '73) 
par  ce   yolcan  ,  font  partie  de  son  ancienne    masse  on 
des   dëbris  accumulés  au  pied  de  cette  masse  ,  nqmmëe 
la  Somma ,  principalement  dans  le  lieu  dit  Fossa-Grande. 
Cette  liste  est  due  à  MM.  T.  Monticelli  et  £.  di  N.  CoveUi. 


Soufre. 

Adde  sulftireux. 

—  soUtirique. 

— —  hjdroçhlorique. 

boracique. 

carbonique. 

-^ —  hydrosulfurique. 

Gaz  azote. 

Sëlëniure  de  soufre. 

Eau. 

SuUîire  d'arsenic. 

Qnarz. 

Sulfure  de  plomb. 

Chlorure  de  plomb. 

Cttirre  pyriteux. 

Sid&te  de  cuiyre. 

Chlorure  4^  cuivre. 

Pyrite. 

Fer  oligiste. 

—  oxidulé. 

—  oxidulé  titaniftre. 
Sul&te  de  fer. 
Perchlorure  de  fer. 
Sul&tes  de  manganèse. 
Chlorures  de  manganèse. 
Zircon. 

Soua-sulfate  d'alumine. 

Néphéline. 

Topaze. 

6uUate  de  magnésie. 


Hjdrochlorate  de  magnésie. 

Condrodite. 

Serpentine. 

Përidot. 

Talc. 

Spinelle.  ,, 

Sul&te  de  chaux. 

Fluate  de  chaux. 

Calcaires  divers. 

Dolomie. 

Arragonite. 

Phosphate  de  chaux. 

Sphène. 

WoUastonite. 

Amphibole. 

Pyroxène. 

Epidote. 

Thomsonite  de  Brook. 

Stilbite? 

Grenats. 

Idocrase. 

Gismondine. 

Tourmaline? 

Gehlénite. 

Mélilite. 

Chlorure  de  sodium. 

— —  de  potassium. 
Hjdrochlorate  d*  ammoniaquiB . 
Sulfate  de  soude. 

Sodahte. 


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(  1,6  ) 
tiious  de  nos  deTanciers  sur  le  sujet  qui  nous  occupe  ;  csf  i 
tout  erronées  quelles  puissent  être  ,  elles  nous  font 
connaître  la  marche  progressive  de  la  science  et  la  ten- 
dance continuelle  des  esprits  à  se  rapprocher  de  plus  en 
plus  de  la  vérité.  Les  hypothèses  ont  un  avantage  qu'on 
ne  saurait  leur  contester ,  c  est  de  préparer  les  esprits  k 

.  la  discussion  ,  de  conduire  à  Tobservation  des  fiûts  ,  et 
par  conséquent  d'amener  à  des  découvertes  que  pent- 
étre  sans  elles  on  serait  resté  plus  long-temps  à  faire.  Le 
sujet  que  je  vais  traiter  a  donné  naissance  à  une  feule 
d'écrits  y  d'ouvrages  même  très  volumineux.  Je  ferai  tons 

,  mes  efforts  pour  être  aussi  laconique  que  possible ,  d'au- 
tant plus  que  j  sans  m'en  douter ,  f  ai  dépassé  de  beaucoup 
les  limites  que  je  m'étais  prescrites! 

Hypothèse  de  Lémery.  Une  des  plus  anciennes  hypo- 
thèses émises  relativement  à  la  cause  qui  produit  les  én^ 
tions  des  v<dcans  ^  est  celle  de  Lémery ,  célèbre  chimiste 
du  siècle  dernier.  Ce  savant  avança  que  les  phénomènes 
volcaniques  étaient  dûs  à  la  réaction  mutuelle  du  soufre  y 
du  fer  et  de  l'eau  qui  se  trouvent  dans  les  entrailles 
de  la  terre. y  et  il  appuya  sa  théorie,  qui  fut  adoptée 
pendant  long-temp&sans  contradiction,  sur  une  expérience 
très  curieuse.  U  introduisait  dans  un  flacon  un  méUnge 
de  fer  et  de  soufre  très  divisés ,  réduit  en  pâte  molle  avec 
de  l'eau ,  laissait  réagir  pendant  quelque  temps»  puis  exposait 
la  matière  au  contact  de  Tair.  Au  bout  de  quelques  minutes, 
elle  s'échauffait  au  point  de  devenir  incandescente.  Vous 
concevec  facilement  ce  qui  se  passe  dans  cette  opération. 
L'eau ,  le  fer  et  le  soufre  forment  par  leur  mâange  une 
matière  noire  et  solide  y  qui  n'est  que  de  l' hydrosulfate 
de  protoxide  de  fer  ;  il  ne  se  dégage  aucun  gaa ,  et  la 
température  s'élève  considérablement.  Refrudi  et  exposé 
À  l'air,  cet  hydrosul&te  s' empare  promptement  de  Foxigène 
de  ce  fluide  ,  donne  lieu  à  de  l'eau ,  à  du  peroxide  de 
îer,  et  rend  libre  une  certaine  quantité  de  soufre.   Cest 


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(  «77  ) 
k  la  rapidi  é  de  Tab^orption  de  Foxigène  qu'eat  due  la 
grande  chaleur  qui  se  développe.  Lëmery  pensait  que 
ce  mélange  joue  le  plus  grand  râle  dans  les  volcans }  aussi 
le  nonuna-t-il  volcan  artificiel  y  nom  quil  porte  encore 
dans  les  laboratoires. 

Cette  expérience  ,  qui  a  fait  grand  bruit  dans  le  temps , 
ne  représente  en  aucune  manière  ce  qui  se  passe  dans 
les  éruptions  volcaniques.  D'abord  il  faudrait  admettre  , 
en  adoptant  les  idées  de  Lémery  ,  que  F  air  circule  libre- 
ment dans  les  abîmes  souterrains  ,  puisque  la  présence 
de  ce  fluide  est  indispensable  pour  Y  inflammation  du  mélange 
de  soufre  y  de  fer  et  d'eau  ;  or  ^  une  observation  bien  simple 
prouve  que  Tair  ne  peut  pas  pénétrer  ainsi  dans  F  intérieur 
des  volcans.  Lorsque  les  laves  dégorgent  par  les  cratères  y 
3  faut  nécessairement  qu'une  pression  très  forte  ^  exercée 
du  dedans  au  dehors ,  les  élève  au-dessus  du  foyer  principal. 
Cette  pression  doit  être  énorme ,  si  Ton  considère  que 
les  plus  petits  volcans ,  le  Fésuve  par  exemple ,  ont  plus 
de  mille  mètres  d'élévation  au-dessus  du  niveau  de  la  mer, 
et  que  les  laves  pèsent  environ  trois  fois  phis  que  Feau. 
Une  pression  de  mille  mètres  de  lave  (  en  supposant  que 
le  foyer  de  ces  volcans  se  trouve  au  niveau  de  la  mer 
seulement  )  y  équivalant  à  une  pression  de  trois  mifle  mètres 
d'eau  ou  à  celle  d'environ  trois  cents  atmosphèi*es  y  ne 
permet  pas  assurément  Feutrée  de  F  air  dans  F  intérieur 
des  cratères.  ï)* ailleurs  y  si  cette  introduction  de  Fair  avait 
lieu  ,  il  serait  impossible  de  concevoir  et  les  tremblements 
de  terre  et  F  ascension  des  laves. 

La  formation  des  laves  et  leur  sortie  hors  des  cra- 
tères ne  peuvent  pas  s'expliquer  d'après  cette  hypo- 
thèse. En  effet  y  la  chaleur  produite  par  F  inflamma- 
tion du  mélange  combustible  est  loin  d'être  assez  forte 
pour  faire  entrer  en  fusion  des  matières  aussi  réfrac- 
taires  que  celles  qui  composent  les  laves,  et  au  surplus,  une 

a3 


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(  178  ) 
fois  le  mélange  enflamme  ,  des  que  le  gat  hydrogène 
résultant  de  la  décomposition  de  Teau  par  le  soufre  sera 
pairenn  à  se  faire  jour  k  la  snrfàce  du  sol  y  F  éruption  ne 
consistera  plus  que  dans  la  continuation  du  dégagement 
de  ce  gaz  y  de  la  Vapeur  d^eau  et  de  Tadde  sulfureux.  Ces 
fluides  aérifbrmes  n'auront  certes  pas  assez  de  puissance  pour 
soulever  des  masses  aussi  énormes  de  matières  solides  (teDes 
que  ponces,  scories  ,  rapilli  ,  cendres,  etc.  )  et  de  laves, 
que  celles  qui  sortent  de  la  bouche  des  volcans  en  activité. 

Si  le  soufre  était  un  des  principes  nécessaires  à  la 
production  des  éruptions  ,  il  devrait  se  trouver  en 
masses  considérables  dans  certaines  couches  de  la  terre ,  et 
là  surtout  où  ces  pliénomèues  volcaniques  se  manifestent  ; 
en  (mire ,  parmi  les  produits  des  éruptions ,  on  devrait 
l«ncontrer  beaucoup  de  composés  dans  lesqueb  ce  corps 
combustible  est  un  des  éléments  constituants.  Ni  Tune  ni 
r autre  de  ces  conditions  ne  se  trouve  remplie. 

Une  dernière  objection ,  (  et  ce  n  est  pas  la  moins  forte  ) , 
eonsbte  dans  T identité  des  laves  rejetées  parles  volcans  les 
plus  éloignés,  oonmie  par  ceux  qiii  ont  brûlé  aux  époques 
les.  plus  reculées.  Si  ces  matières  n  étaient  que  le  résultat  de 
k  fusion  des  substances  minérales  qui  existent  près  du 
fojer  allumé  y  elles  devraient  différer  les  unes  des  autres 
comme  la  nattnre  des  terrains  où  se  trouve  ce  forer,  car, 
dans  les  idées  de  Lémery ,  T  inflammation  d*un  volcan  est 
un  phénomène  local  et  indépendant.  Vous  rojez  que  tout 
se  réunit  pour  renverser  de  fond  en  comble  cette*  théorie , 
qui  est  toute  spécieuse. 

Hypothèse  des  géologues  du  18*  siècle.  Vers  le  miheii 
du  siècle  dernier ,  une  hypothèse  qui  présente  assez  de 
rapports  avec  celle  de  Lémery ,  et  à  laquelle  le  célèbre 
Wemer  a  prêté  Tappui  de  son  nom ,  acquit  une  grande 
faveur  et  conïpte  encore  quelques  partisans ,  qnoiqu^eBe 


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(/Ï7S  > 
ne  puisse  »  ele  même  que  la  précédente ,  suppocter  ira 
examen  sérieux,  (i)  Qii  admit  généralement  que  i!e5i;o/c<in# 
sont,  produis  par  [embrasement  îles  couches  de  houille  et 
pyrites  qui  s*en''amment  lorsqu'elles  sont  luunectées  par  les 
eaux.  Il  est  facile  de  démontrer  que  cette  nouvelle  suppo- 
sition est  complètement  fausse. 

La  combustion  delà  houille  ne  donne  jamais  lieu  à  aucun 
des  phénomènes  qui  sont  propres  aux  bouches  ignirômes , 
c'est-à-dire  à  des  tremblements  de  terre  j  des  éruptions 
de  laves ,  des  formations  de  montagne  ,  etc.  On  connaît 
un    assez    grand   nombre  de  houillères  emlirasées   (  St^ 


(t)  Au  nombre  dos  naturali.^tcs  qui  professent  encore  Topinion 
dont  il  est  ici  question  ,  on  doit  surtout  citer  M  Rodolphe  de 
Pryttanowski ,  qui  a  publié ,  en  1823,  un  ouvrage  sur  l'origine 
des  volcans  dans  /'/la//tf  (  Berlin)  ,  très  remarquable  pur  les  faits 
intéressants  qu'il  fait  connaître.  Cet  auteur  préteml  qu'il  y  a,  dan» 
le  milieu  de  l'Italie,  deux  trafnées  de  matières  inflammables, 
courant  du  N.-O.  au  S.-E.  Le  soufre ,  Vasplialte  ,  la  bouille  et 
les  minerais  sulfureux  sont  ces  matières  inflammables.  Selon  ses 
idées,  les  volcans  doivent  leur  activité  au  eontoct  de  ces  matières 
avec  l'air  et  l'eau ,  et  il  cite  à  Tappui  de  son  opinion  la  quantité 
de  lacs  dans  les  régions  volcanisées  ,  l'abondance  des  sources  souter- 
raines et  l'éruption  boueuse  à  poissons  du  Pérou.  11  fait  dérivet 
l'adde  hydrocblorique  des  volcans  des  bancs  de  sel  et  des  sourcet 
saXées,  La  mer  ,  d'après  lui ,  n'aurait  d'influence  sur  les  volcans 
qu'en  empêchant  l'échappement  des  gaz,  etc. 

M.  Melograni  est  aussi  un  de  ceux  qui  attribuent  les  feux  volcj- 
BÎques  à  l'embrasement  de  matières  combustibles  ,  principalement 
4a  charbon  foinle  végétal  et  du  bitume  animal.  11  explique  l'inac- 
tivité passagère  des  volcans  et  leur  extinction  complète  par  le  manque 
de  ces  matières  et  l'éloignement  de  la  mer.  Il  croit,  en  outre,  que 
tou9  les  volcans  ont  commencé  par  être  sous-morins.  (  Description 
géologique  et  statistique  de  VAspromonte  et  de  la  contrée  enui" 
Tonnante ,  avec  trois  Mémoires  sur  l'origine  des  volcans ,  le  gra- 
I^iite  d'Olivadi  et  les  salines  de  la  Calabre,  par  M.  Giuseppe  Melo*- 
grani  ,  in-8'';  Naples,  1823  ;  De  l'origine  et  de  la  formation  det 
volcans ,  par  le  même  ;  Atti  del  real  Istit.  di  Napoli ,  t.  1 , 
p.  162.  ) 

23. 


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(  «8o) 
Etienne,  Aubin,  etc. ,  en  France  ;  Planitz  ,en  Saxe  ;  Hcsse, 
Bohème ,  etc.  )  ,  plusieurs  même  d'une  puissance  asses 
considérable  ;  dans  les  moments  de  combustion  les  plus 
actifs  ,  elles  produisent  parfois  des  jets  de  flammes ,  mais 
le  plus  ordinairement  elles  brûlent  sans  manifester  la 
moindre  explosion  ;  il  se  dégage  quelques  vapeurs  ,  des 
sels  anmaoniacaux  (  suUate  et  bydrochlorate  )  se  subliment 
dans  les  fissures  des  coucbes  supérieures;  les  rocbes  enri- 
ronnantes  éprouvent  des  modificajlions  par  l'action  conti- 
nuelle de  la  chaleur  :  les  unes ,  principalement  les  argiles, 
éprouvent  une  demi«vitrification ,  deviennent  dures  au  point 
d'étinceler  sous  T  acier  ,  prennent  T  aspect  de  F  émail  j  avec 
des  couleurs  variées  ;  en  un  mot ,  elles  sont  réduites  à 
Vétat  de  jaspes-porcelaines  ou  de  porcefnniies  ^  d'autres  se 
vitrifient  complètement,  même  celtes  qui  sont  les  plus  réfrac- 
taires,  comme  les  grès  ;  quelques-unes  très  fusibles,  les  argiles 
schisteuses  sont  surtout  dans  ce  cas ,  prennent  T aspect  de 
scories  presque  semblables  à  celles  des  volcans;  mais,  le 
plus  habituellement ,  les  roches  terreuses  qui  sont  snpeiposées 
aux  couches  de  houille  ne  sont  que  calcinées  légèrement , 
et  ressem})lent  assez  aux  briques  et  aux  tuiles  qu'on  prépare 
de  toutes  pièces  pour  nos  besoins.  Outre  ces  effets  ,  on 
remarque  encore  une  légère  dépi*ession  dans  la  surface  du 
sol ,  h  mesure  que  la  couche  de  houille  qui  lui  servait  de 
support  se  détruit  par  sa  paisible  combustion. 

Tels  sont  les  phénomènes  particuliers  aux  houillères  em- 
brasées. Qu'on  y  associe  des  couches  de  pyrites  plus  ou  moins 
considérables ,  ces  phénomènesme  deviendront  ni  plus  in- 
tenses ni  plus  apparents.  En  effet ,  on  sait  que  les  pyrites  ne 
s'enflamment  jamais  dans  le  sein  de  la  terre,  quel  que  soit 
le  degré  d'hiunidilé  où  elles  se  trouvent  ;  il  leur  faut  le  con- 
tact de  Tair  :  même ,  dans  ce  cas ,  leur  combustion  est  aussi 
tranquille  que  celle  de  Li  houille.  Il  existe  dans  plusieurs 
départements  de  la  France  (  Aisne,  Oise,  Aveyron  ,  etc.  ), 
h.  la  surface  du  sol  ,  des  masses  de  pyrites  ,   de  schistes 


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(  i8i  ) 
pyrîteux  et  alumioeax  y  auxquels  on  met  le  feu  :  celui-ci 
se  propage  très  leutemeut ,  la  température  s'élère  progres- 
sivement j  mais  jamais  à  un  degré  très  élevé  ;  les  roches 
se  disgrègent  ,  s'effleurissent  ,  leur  nature  change  ,  de 
nouveaux  produits  se  forment  (  sul&te  de  fer  ,  de  cuivre , 
d'alumine  j  etc.  )y  quelques  vapeurs  se  dégagent ,  les  tas  se 
déforment  et  s'éboulent  j  mais  du  reste    tout   se  borne  là. 

Cette  hypothèse  présente  encore  d'autres  difficultés.  En 
l'admettant,  il  est  impossible  de  concevoir  les  alterna- 
tives de  repos  et  d'action  d'un  même  volcan  y  et  la  masse 
incalculable  de  matières  qu'il  vomit.  Une  fois  que  les 
couches  de  houille  et  de  pyrites  ont  été  consumées,  la 
combustion  cesse  pour  toujours  ,  car  ces  matières  ne  se 
reforment  plus  là  où  elles  ont  été  détruites.  Quels 
énormes  lits  de  charbon  de  terre  et  de  pyrites  ne  fau- 
drait-il pas  supposer,  ensuite ,  pour  expliquer  la  formation 
de  ces  monstrueuses  coulées  de  laves  qui  sortent  des 
volcans ,  même  les  plus  petits  ?  U  aurait  fallu,  poiu*  former 
r  Etna  ,  une  couche  de  houille  dix  fois  aussi  volumineuse 
(pie  cette  montagne,  dont  la  largeur  et  la  hauteur  sont  si 
grandes  ;  on  ne  connaît  pas  encore  de  mine  de  houille 
d'une  telle  puissance;  les  mines  ide  pyrites  sont  dans  le 
même  cas. 

Ce  qui  a  donné  l'idée  que  les  houilles  et  les  pyrites 
pourraient  être  la  cause  première  des  éruptions  volca- 
niques, c'est  qu'on  avait  remarqué  que  les  prodm'ts  qui 
sont  communs  à  presque  tous  les  volcans  renferment  tous 
les  principes  de  ces  combustibles  minéraux.  Ainsi ,  on 
trouve  ordinairement  du  soufre  autour  des  cratères  ;  de 
l'acide  sulfureux  et  de  l'acide  sulfurique  s'en  dégagent 
presque  continuellement  ;  les  laves  contiennent  beaucoup 
de  fer  :  enfin,  les  fumées  qu'exhalent  les  volcans  en 
activité  et  les  solfatares,  ont  habituellement  une  odeur 
de  bitume.  Mais,  pour  que  ces  matières  (  les  houilles 
«t  les  pyrites  )  paissent  produire  par  leur  inflammation 


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M»*  X 

les  (4)ënoinèiufs  terribles  que. nous  oflrent  les  contrées 
ravagées  ^r  le  Sfiii.f  il  %udrait  de  toute  néciessité  que 
les  volcajss .  eussent  leur  assiette  dans  les  formations  se* 
condaires,  4^kns  les  couches  mêmes  de  houille  et  de 
pyrites.  Qr.,  f  observation  a  démontré  que  presque  tous 
les.  volcans  reposent  sur  les  granités  et  autres  terrains 
primitifs  ;  par  conséquent  bien  au-dessous  des  terrains 
0Ù  se  trouvent  toujours  les  combustibles  dont  nous  par- 
lons. Les  pyrites ,  il  est  vrai ,  se  rencontrent  dans  les 
formations  de  tous^les  âges  ;  mais ,  dans  les  plus  anciennes, 
elles  ne  s  y  prrse^tent  qu'en  petits  nids  ou.  rognons  disse- 
n^nés  y  rarement  en  pejtites  coucb^. 

.  Hypothèse  de  Buffbn,  «T aurais  àh^  peut-être,  en  raison 
de  la  grande  analogie  que  Ton  va. remarquer  entre  les 
idées  de  Buffon  sur  la  cause  des  éruptions  volcaniques 
et  colles  précédemment  discutées ,  ne  pas  séparer  Tex- 
plication  qu  il  a  donnée  de  ces  phénomènes  de  celle  que 
je  viens  d'examiner-  en  dernier  lieu  ^  mais,  comiiue  ce  na- 
turaliste a  émis  quelques  opinions  qui  lui  sont  tont-4-&it 
propres  ,  et  que  tout  ce  qui  provient  de  cet  homme  célèbre 
excite  à  un  hamt  degré  la  curiosité ,  j'ai  cru  devoir  faire 
une  mention  spéciale  de  son  hypothèse.  Voici  comment 
ce  poète  de  V  histoire  naturelle  entend  la  production  des 
iémptions. 

Il  se  trouve  dans  une  montagne  des  veines,  de  soufre , 
de  bitume  et  d'autres  matières  inflammables  ,  ainsi  que 
des  minéraux  ,  des  pyrites,  qui  peuvent  fermenter  et  qui 
fermentent,  en  effet,  toutes  les  fois  qu'elles  sont  exposées 
À  l'air  ou  à  l'humidité.  Toutes  ces  substances  sont  réunies 
ensemUe  en  très  grande  quantité.  Le  feu  s'y  met  et  cause 
«ne  explosion  proportionnée  à  la  quantité  des  matières 
enflammées ,  et  dont  les  effets  sont  ausn  plus  ou  moins 
grands  dans  la  même  proportion,  u  Voilà  ce  que  c'est  qu'un 
Ai  volcan  pour  un  physicien  ,  dit  Buffon,  et  il  lui  est  fedle 
»  d'imiter  l'action  de  ces  feux  souterrains  ,    en  mêUat 


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(  «83  ) 
n  ensemble  ane  certaine  quantité  de  soufre  et  de  limaille 
f(  de  fer  qa*on  enterre  h  une  certaine  profondettr  ,  et 
If  de  faire  ainsi  un  petit  volcan  dont  tes  effetsF  8<mt  le$ 
H  mêmes ,  proportion  gardée  ',  que  ceux  des  grands  :  car 
<f  il  s'enflamme  par  la  seule  fermentation  ,  il  jette  la  terre 
(f  et  les  pierres  dont  il  est  coutert ,  et  il  fait  de  la  fumée .. 
(t  de  la  flamme  et  des  explosions.  » 

Mais  les  feux  souterrrains  ne  peurent  agit*  avec  violence 
que  quand  ils  sont  aaset  voisins  des  mers  pour  éprouver  un 
choc  contre  un  grand  volume  d'eau.  Ainsi  XEtna  et  les  YiA*- 
cans  de  Sicile  ont  été  tranquilles  pendant  plusieurs  milliers 
Jannées ,  après  la  baisse  des  eaux  de  la  mer  universelle ,  et 
lorsque  la  Méditerranée  n  était  plus  quun  lac  d'asses  mé* 
diocre  étendue,  ses  eaux  s  étant  très  éloignées  de  b  Sicile  et 
de  toutes  les  contrées  dont  elle  baigne  aujourd'hui  les 
cèles,  ee  n  est  qu'après Faugmentation  de  la  Méditerranée 
par  les  eavx  de  fOcéen  et  de  la  mer  Noire,  c  est-à-dire 
âfprès  la  rupture  de  Gibraltar  et  du  Bosphore ,  que  les 
eaux  sont  venues  attaquer  de  nouveau  les  montagnes  de 
\Etna  par  teur  base ,  et  qu'elles  ont  produit  les  éruptions 
modernes  depuis  le  siècle  de  Pindare  jusqu'à  nos  jours. 
Il  en  a  été  de  m^me  pour  le  Vésmfe  :  long-temps  il  a 
bit  partie  des  volcans  éteints  de  l'Italie ,  et  ce  n  est  qu'apnes 
l'augmentation  de  la  Méditerranée  ,  que  les  eaux  s'en 
étant  rapprochées,  ses  éruptions  se  sont  renouvelées.  La 
mémoire  des  premières ,  et  même  de  toutes  celles  qui  avaient 
précédé  le  siècle  de  Pline,  était  en^erement  perdue,  et 
l'on  ne  doit  pas  en  être  surpris  ,  puisqu'il  s'est  passe 
peut-être  plus  de  dix  mille  ans  depuis  la  retraite  entière 
des  mers  jusqu'à  l'augmentation  de  la  Méditerranée  ,  et 
qu'il  7  a  ce  même  intervalle  de  temps  entre  la  première 
action  du  Fésîwe  et  son  renouvellement. 

D*  autres  phénomènes  particuliers  paraissent  encore  dé- 
montrer ,  suivant  Buffon  ,  l'influence  des  eaux  de  la  mer 
sur  les  éruptions  voleapiqueB  et  leur  communication  avec  U 


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(  i84  ) 
foyer  des  volcans.  Telles  sont  ces  masses  çoosîdéraUes  d'eao 
que  certains  volcans  rejettent  par  leors  cratères,  T  existence 
de  lacs  sur  le  sommet  de  beaucoup  de  volcans  éteints  ,  et 
celle  de  sources  chaudes  à  leur  base.  Enfin,  ce  qui  sert  en- 
core à  corroborer  cette  opinion  ,  c'est  la  situation  de  pres- 
que tous  les' volcans  dans  les  Iles  ou  sur  le  bord  des  conti- 
nents, ainsi  que  la  violence  de  leurs  éruptions.  Les  volcans 
étaient  jadis  beaucoup  plus  n<mibreux  qu*aujourd'kui,et  ibse 
sont  successivementéteints  à  mesure  que  les  mers  s  en  sont 
éloignées. 

Buffon  prétend  que  le  feu  qui  constune  les  volcans  ne 
vient  pas  de  la  profondeur  de  la  montagne  ,  mais  da 
sommet,  ou  du  moins  d'une  profondeur  assez  petite,  et 
que  le  foyer  de  F  embrasement  n'est  pas  éloigné  du  sommet; 
car,  s'il  n'en  était  pas  ainsi ,  les  grands  vents  ne  pourraient 
pas  contribuer  à  l'embrasement  de  ces  montagnes  ardentes; 
or  il  est  constant  pour  Buffon ,  que  les  vents  violents 
et  les  orages  augmentent  singulièrement  le  feu  qui  s  j 
manifeste.  Parmi  les  preuves  qu'il  avance  pour  soutenir 
l'opinion  que  le  feu  vient  plutôt  du  sonnmet  des  canes 
volcaniques  que  des  profondeurs  de  la  terre ,  on  remarque 
celle-ci  :  en  1669  ,  dans  ime  fameuse  éniption  de  ï Etna  y 
qui  commença  le  1 1  mars  ,  le  sommet  de  la  m<Hitagne 
baissa  considérablement ,  comme  tous  ceux  qui  avaient  tu 
cette  montagne  avant  cette  éruption  s'en  aperçurent.  Il 
faut  être  bien  aveuglé  en  faveur  d'un  système,  ou  ne  pas 
vouloir  raisonner ,  pour  se  servir  de  pareils  faits  comme 
de  preuves  convaincantes  !  Buffon ,  d'ailleurs ,  s'appuie 
beaucoup  du  sentiment  de  Borelli ,  qui  dit  précisément  que 
le  feu  des  volcans  ne  vient  pas  du  centre  ni  du  pied  de 
la  montagne  ,  mais  qu'au  contraire  il  sort  du  s<mmiet  et 
ne  s'allume  qu'à  une  très  petite  profondeur. 

Les  solfatares  ne  sont ,  d'après  Buffon,  ni  des  volcans 
agissants  ni  des  volcans  éteints ,  mais  elles  semblent  parti- 
ciper des  deux.  Les  eaux  themules;  ainsi  que  les  fontaines 


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(  i85) 
de  pétrole  et  des  autres  bitumes  et  huiles  terrestres,  doÎTeat 
être  regardées  ,  suÎTant  le  même  auteur  >  compie  une 
autre  nuance  entre  les  volcans  éteints  et  les  volcans  actifii. 
Lorsque  les  feux  souterrains  se  trouvent  voisins  d'une  mine 
de  charbon  y  ils  le  mettent  en  distillation  ;  c  est  là  T  origine 
de  la  plupart  des  sources  de  bitume  :  ils  causent  de  même 
la  chaleur  des  eaux  thermales  qui  coulent  dans  leur  voi- 
sinage. Mais  ces  feux  souterrains  br&lent  tranquillement 
aujourd'hui  :  on  ne  reconnaît  leurs  anciennes  explosions 
que  par  les  matières  qu'ils  ont  autrefois  rejetées  :  ils  ont 
cessé  d'agir  lorsque  les  mers  se  sont  retirées ,  et  l'on  ne 
doit  pas  craindre  le  retour  de  ces  funestes  explosions  , 
puisqu'il  y  a  toute  raison  de  penser  que  la  mer  se  retirera 
de  plus  en  plus.  (  Pneiu^es  de  la  théorie  de  la  Terre  , 
art.  XVI  ^  Des  volcans  et  des  tremblements  de  terre.  ) 

«Tai  déjà  fait  voir  que  le  soufre  y  les  bitumes  y  les 
pyrites  y  ne  pouvaient,  par  leur  embrasement,  produire 
les  phénomènes  que  nous  présentent  les  montagnes  igni- 
vômes.  Quant  à  l'opinion  que  les  eaux  de  la  mer  com* 
muniquent  avec  le  foyer  des  volcans  et  sont  une  des  causes 
influentes  de  leurs  éruptions ,  je  démontrerai  plus  loin  , 
à  l'occasion  d'une  autre  hypothèse  y  que  rien  n'est  plus 
douteux  que  cette  communication  et  cette  influence. 
G)mment  se  &it-il  que  Buffon  n^ait  pas  remarqué  que 
cette  opinion  est  tout-à-fait  en  opposition  avec  celle  qu'il 
professe  relativement  à  la  situation  du  foyer  du  feu  dans 
l'intérieur  des  volcans?  Si  ce  foyer  était  en  effirt  placé, 
comme  il  le  prétend ,  au  sommet  de  ceux-ci ,  comment 
les  eaux  de  la  mer ,  qui  ne  peuvent  nécessairement  com- 
muniquer qu'avec  la  base  de  ces  montagnes,  pourraient- 
elles  s'y  introduire  et  activer  l'embrasement  ?  Mais  cette 
dernière  opinion  ,  d'ailleurs ,  est  tout  aussi  gratuite  que 
la  première  ,  ainsi  que  l'attestent  les  nombceuses  éruptions 
qui  se  font  à  la  base  et  sur  les  côtés  de  certains  volcans. 
Tous  les  fiiits  démontrent  que  le  foyer  des  volcans  est 

24 


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(«86) 
litné  iam  les  pi^faajkuys  àt  la  terre  5  et  A  m  reflem 
plus  et  doute  à  o«t  ëgari  après  U  locstupe  de  oe  diapiti^. 
Si  quelque  ciiote  doit  ëtOMwr  ,  c  ni  qoe  BdCm ,  dont 
le  génie  a  deriné  ,  pom  ainsi  dire,  Tesislence  "du  fea 
central  y  n  ail  pas  saisi  les  rapports  q«i  eûleal  entre  et 
le«  prittûtif  et  les  ^rupti-^tn  vekaoiqoes  !  On  doit  snpposer 
que  cet  illuati^  naturaliste  n'araii  pas  saffisaniBenl  màii 
ses  idées  sur  son  ingénieuse  théorie  do  vulcanisme  primitif, 
ear  aUtremeat  il  n'eût  pas  manqué  d'en  déduire  une  des 
«onséquenoes  les  pl'.tSr rationnelles  j  celle  enfin  qui  devait 
•se  présenter  tout  d'abord  à  son  esprit. 

Hypothèse  de  Breisiack.  Breislad^ ,  un  des  géologues 
italiens  les  plus  distingua,  qui  matt  dans  le  18^  siècle, 
0  supposé  que  la  matière  qui  occasionnait  les  émptions 
▼olcaniqnes  était  le  pétrole  ,  substance  très  combustible 
comme  on  sait.  Pour  le  Fésm^e ,  par  exemple  ,  il  dcmnait 
iexplioaftion  snirante  de  «es  'embrasements. 

Il  eiisie  beaucoup  de  matières  bimmineuses  y  de  henille , 
dans  la  -diaine  des  Apennins  qui  passe  à  Test  du  Fésm^^ 
et  dans  les  provinces  environnantes  ;  la  pierre  caloaiie 
fétide  de  Ca^;dlamare  est  pénétrée  de  bitume  ,  el  le 
ealcaire  fiétide  est  ordinairement  voisin  des  substance» 
bilnminenses.  Il  y  a  des  sulfures  de  fer  dans  œtte 
même  chaîne  de  montagnes  y  il  est  très  probable  que 
ces  derniers  sont  mêlés  aux  matières  bitumineuses  en 
^leu  éloignées  d' dles  ^  car  ces  deux  genres  de  sufaatancet 
gisent  le  plus  ordinairement  ensemble  dans  les  mêmes 
contrées.  Si  les  pyrites  se  décomposent  lentement  et  sam 
inflammation  ,  il  en  résultera  une  chaletu*  qui  «^[ira  sur 
les  substances  bitumineuses,  et  en  fera  distilla'  le  piHiole,* 
en  outre  j  les  houilles  sont  riches  en  soufre ,  et  ptir  leur 
décomposition  elles  donnent  aussi  des  sels  ammomacanx; 
ces  deux  substances  se  réuniront  donc  an  pétrole ,  qui  a 
U  faculté  de  lès  dissoudre.  Ce  dernier  se  rendra  pur  des 
eananoL  souterrains  vers  les  profondemrs  dn  ^esutf e ,  sitné 


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(  i8t) 
à  la  plage  de  la  mer.  Le  pétrole  ëtaal  fias  léger  qoe  Feav 
salée  ^  doit  la  surnager  :  il  est  volatil ,  e(  comme  il  foiy*iii| 
du  gaz  hydrogène ,  il  s'enflamme  très  facilement.  Si  un  eoU"-- 
rant  de  matière  électrique  fulminante  »e  répand  dans  les^ 
cavernes  du  volcan ,  il  devra  enflammer  le  pétrole  ;  celui-ci 
pourra ,  d'ailleurs^  entrer  en  combustion  par  un  simple  chan* 
gement  de  température.  De  là  les  éruptions  yolcaniqim. 

Pour  expliquer  la  présence  d'une  grande  quantité  d'eait 
parmi  les  produits  rejetés  par  les  volcans,  Breislack  f  pli|t6t 
que  d'admettre  9  avec  les  anciens  auteurs,  la  communica* 
lion  de  la  mer  avec  l'intérieur  des  foyer»  volcaniques ,  sup^ 
pose  avec  plus  de  raison  que ,  dans  les  moments  de  tran« 
quillité ,  il  se  rassemble  une  grande  quantité  d'eap  dans  les 
abîmes  volcaniques,  laquelle,  lors  de  l'embrasement,  esi 
soulevée  à  l'état  de  vapeur,  conserve  cette  forme  aussi  long* 
temps  qu  elle  est  renfermée  entre  les  parois  du  volcan  en<» 
flammé,  et  se  condense  en  se  refroidissant  par  le  contact  de 
l'air  extérieur.  Une  partie  de  cette  vapeur  d'eau  sert  à  l'en* 
tretien  de  la  combustion  du  pétrole  par  sa  déoompositioa 
dans  l'intérieur  du  foyer. 

Telle  est  la  théorie  de  Breislack  ,  q^i  n'a  pas  plu(^ 
de  fondement  que  la  précédente.  La  première  invrai- 
semblance ,  c'est  la  présence  du  pétrole  dans  l'inténeur 
des  volcans  ;  la  seconde ,  c'est  le  mode  de  formation  ie 
cette  substance.  Comment  Breislack  a-t-il  pu  supposer 
d'ailleurs  qu'une  si  petite  couse  pût  produire  des  effetf 
aussi  gigantesques  ?  Comment  n  a-t-il  pas  été  effrayé  en 
songeant  à  la  masse  de  pétrole  qu'il  faudrait  pour  occa* 
sionner  les  éruptions  des  volcans  d'Amérique  ,  et  quelles 
couches  de  matières  bitumineuses  seraient  nécessaires  pour 
fournir  à  la  consommation  de  ces  bouches  monstrueuses? 
Cela  prouve  combien  la  manie  des  systèmes  est  puissante  , 
puisqu'elle  pervertit  le  jugement  des  hommes  les  plus  insr 
tmits,  au  point  de  leur  &ire  admettre  des  idées  aussi 
erronées. 

a/,. 


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(  i88  ) 

Hypothèse  de  Patrin.  A  F  époque  où  Breislack  pabBa 
M  théorie  sur  les  Tolcans ,  une  autre ,  encore  plussinguKèrc  , 
parut.  Elle  était  due  à  Patrin  ,  minéralogiste  français  assez 
distingué,  mais  remarquable  par  l'originalité  de  ses  idées. 
Je  me  bornerai  à  exposer  cette  théorie  ;  toute  réfutation 
sérieuse  serait  superflue. 

Patrin  part  de  Tobserration  que  tous  les  Tolcans,  sans 
exception  ,  sont  voisins  de  la  mer  ,  et  qu*à  mesure  que 
k  mer  s'est  éloignée  des  rolcans  anciens  y  ceux-ci  se  sont 
éteints  ;  il  déduit  de  cette  proposition  que  le  principal 
aliment  des  volcans  est  f  acide  muriatique  ^  qui  se  forme 
journellement  ,  existe  libre  à  la  superficie  des  eaux  de 
la  mer  ,  et  peut  descendre  rers  le  fond  par  sa  plus  grande 
densité  5  cet  acide  trouve  alors  les  schistes  argileux  pri- 
mitifs 'y  il  s'introduit  entre  leurs  lames  y  et  comme  il 
rencontre  en  ceux-ci  beaucoup  Joxides  métalliques  ,  il 
leur  enlève  leur  oxigène  et  devient  acide  muriatique  oxigéné 
(chlore).  Cependant  ces  substances  métalliques,  dépouillées 
de  leur  oxigène  ,  le  retirent  de  nouveau  de  V  air  et  de 
Teau  ,  et  le  perdent  encore  par- un  nouvel  afflux  d'acide 
muriatique.  Il  se  forme  de  cette  manière  une  drculation 
d'acide  muriatique  qui  sort  de  la  mer  ,  et  qui  s' oxigène 
par  le  contact  des  ox'des  métalliques  :  ceux-ci  restent 
toujours  oxides  ,  parce  qu'a  mesure  qu'ils  sont  privés 
d' oxigène ,  ils  en  absorbent  de  nouveau.  Cet  acide  mu- 
riatique oxigéné,  attiré  par  les  lames  schisteuses  qui  font 
l'office  de  tujanx  capillaires,  se  propage  à  des  distances 
très  grandes,  rencontre  partout  des  sulfures  de  fer  dont 
les  schistes  sont  remplis ,  et  les  décompose  avec  violence. 
Il  s'opère  alors  un  développement  considérable  de  calorique, 
une  formation  d'acide  sulfuriqiie  ,  et  une  décomposition 
d'eau  au  moyen  du  carbone,  l^ne  portion  de  F  hydrogène  de 
cette  eau  se  combine  avec  le  carbone  et  un  peu  d' oxigène, 
et  forme  de  l'huile;  l'acide  sulfurique  se  combine  avec 
l'huile ,  et  constitue  le  pétrole  j  l'autre  portion  de  C  hydrogène 


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(    »89) 
est  enflamme  par  le  nouveau  gaz  muriatique  oxigéné  5  le  pé- 
trole réduit  en  gaz  s  enflamme  aussi,  et  commence  T incendie. 

Palrin  croit  ensuite  que  cette  incendie  finirait  prompte- 
ment ,  si  une  autre  matière  ne  concourait  a  en  redoubler 
r  activité  j  et  il  suppose  que  c  est  le  fluide  électrique ,  dont  il 
se  prévaut  encore  pour  expliquer  T  origine  des  laves  et  des 
matières  solides  vomies  par  les  volcans.  H  établit  donc  que 
le  soufre  abonde  dans  les  laves  ;  que  le  soufre  est  le  fluide 
électrique  concret  ^  comme  le  diamant  est  la  concrétion  du 
cirbone  ;  que  le  phosphore  est  une  combinaison  du  soufre 
avec  une  autre  substance ,  peut-être  la  lumière.  Ensuite  Tin- 
flanmiation  de  T  hydrogène  par  la  détonation  électrique  lui 
semble  prouver  d'une  manière  directe  la  présence  du  phos- 
phore dans  le  fluide  électrique.  La  formation  journalière  du 
soufre  et  du  phosphore  dans  les  êtres  organiques  îa\X  penser 
à  Patrin  qu  ils  sont  dûs  à  la  présence  d'un  fluide  universelle- 
ment répandu ,  et  qu'il  ne  croit  pouvoir  être  que  le  fluide 
électrique.  En  admettant  la  présence  du  phosphore  dans  le 
fluide  électrique,  il  lui  attribue  la  propriété  de  fixer  Voxi- 
gène  et  quelques  autres  gaz  sous  forme  solide ,  de  sorte  qu'il 
arrive  à  établir  que  les  matières  solides  vomies  par  les  vol- 
cans sont  dues  à  des  substances  gazeuses  devenues  concrètes, 
et  sont  le  produit  de  ces  mêmes  substances ,  conmie  les 
fleuves  sont  le  produit  de  la  circulation  des  eaux.  Puis  il  re- 
garde particulièrement  la  terre  calcaire  comme  un  produit 
de  la  concrétion  d'une  partie  d'oxigène  et  d'azote ,  et  de 
cette  manière  il  explique  la  formation  de  cette  terre  et 
des  masses  calcaires  ,  qu'il  affirme  être  souvent  vomies  par 
le  Fésui^e  ,  ce  qui  a  tant  tourmenté  l'esprit  des  naturalistes. 
(  Joum.  de  physique ,  Mars  i8oo|,  et  Nout^eau  Dictionn, 
d  histoire  naturelie  ,    i«™  édition,  i8o4î  Déterville.) 

Cette  hypothèse  ,  ridicule  d'un  bout  à  Vautre,  semble 
être  le  produit  d'un  cerveau  dérangé.  C'est  pourtant  le 
fruit  des  méditations  d'un  naturaliste  qui  a  concouru  à  la  ré- 
daction du  premier  dictionnaire  d'histoire  naturelle  bien  fait 


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(  I9P  ) 
publié  en  France.  Les-  conclusion^  qui  tenuineni  Texpoié 
de  cette  théorie  sont  aussi  remaitpiables  qu  elle.  «  Job- 
((  serverai  en  finissant  y  dit  Patrin,  que  lorsque,  dans 
((  une  théorie  telle  que  celle-ci  j  tous  les  faits  Tienaest 
u  se  rattacher  d'eux-mêmes  au  fil  principal ,  il  semUe 
((  que  ce  soit  le  fil  même  de  la  nature.  Or  ,  non-seolement 
u  tous  les  phénomènes  volcaniques ,  mais  encore  la  pbi- 
«  part  des  autres  phénomènes  géologiques,  trouvent  leur 
<c  explication  naturelle  dans  ceUe  circulation  et  dans  les 
«  diverses  combinaisons  des  fluides  de  F  atmosphère  ,  etc.  > 
Hypothèse  de  Bernardin  de  Saint-Pierre.  Parmi  las 
ouvrages  que  Ton  met  entre  les  mains  de  la  jeunesie , 
il  n'en  est  pas  de  plus  dangereux  peut-être  que  oeox  de 
Bernardin  de  Saint-Pierre,  car  cet  auteur,  si  îuatement 
admiré  pour  la  fraîcheur  et  le  coloris  de  son  style ,  est 
malheureusement  remarquable  par  ses  nombreuses  errews 
dans  les  sciences  physiques  et  naturelles.  Les  personnes 
qui  le  lisent  sans  avoir  les  connaissances  nécessaires  pov 
distinguer  le  vrai  du  paradoxal ,  adoptent  avec  bonne  foi 
ses  assertions  erronées,  d'autant  plus  que  ses  raiscHmements 
ne  manquent  pas  d'une  certaine  logique  qui  en  impose. 
On  peut  dire  avec  raison  que  cet  auteur  est  i^lui  qui 
a  le  plus  répandu  de  préjugés  et  d'erreurs  dans  la  société 
relativement  à  l'histoire  naturelle  ,  et  cela  avec  d'autant 
plus  de  facilité  que  jusqu'à  présent  en  France  on  s  est 
peu  occupé  à  populariser  cette  étude ,  et  qu'elle  ne  ùà 
pas  encore  partie  de  l'instruction  qu'on  donne  commu- 
nément à  la  jeunesse.  Sous  ce  dernier  rapport,  les  étrangers 
nous  laissent  bien  loin  derrière  eux  ,  car  de  nombreux 
ouvrages  élémentaires ,  rédigés  par  des  hommes  du  premier 
mérite  ,  qui  ne  dédaignent  pas  d'écrire  dans  T intérêt  de 
la  masse  de  leurs  concitoyens ,  sont  répandus ,  pour  aîna 
dire  avec  un  luxe  de  profusion ,  dans  toutes  les  classes  de 
la  société.  11  est  donc  du  devoir  de  tout  naturaliste  qé 
veut  être  réellement  utile  ,  de  relever  les  fautes  qui  (bor- 


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(i9«  ) 
millent  dans  les  éerits  d^un  aatenr  qui  jouit  chez  nous  d* une 
faveur  aussi  grande  que  Bernardin  de  Saint*Pierre ,  et  de 
mettre  tout  le  monde  en  garde  contre  ses  idées  y  d'autant 
plus  dangereuses  qu'elles  sont  revêtues  d'une  élégance 
entramante.  Cest  par  de  tek  motifs  que  je  crois  devoir 
exposer  ici  F  opinion  que  cet  ëcrirain  a  émise  sur  F  origine 
des  feux  volcaniques ,  dans  ses  Etudes  de  la  Nature  ,  et  dé- 
montrer combien  ses  idées  sont  fausses  h  cet  égard. 

Entraîné  par  une  idée  dominante,  par  le  désir  d'expliquer 
les  phénomènes  naturels  au  moyen  des  causes  finales  , 
Bernardin  s'égare  ici  comme  ailleurs  dans  de  pures  spé- 
culations. Selon  lui ,  l'eau  de  la  mer  jouit ,  en  raison  de 
son  d^ré  de  salure ,  de  la  propriété  de  dissoudre  et  non 
de  conserver  toutes  les  matières  oi^aniques^  les  huiles , 
les  bitumes  et  les  nitres  des  végétaux  et  des  animaux  sont 
amenés  dans  l'Océan  par  le  concours  des  pluies  et  des 
fleuves  ;  il  s' j  joint  des  dissolutions  métalliques ,  surtout 
celle  du  fer.  —  L'Océan  serait  bientÀt  couvert  d'une  couche 
épaisse  de  ces  huiles  ,  si  les  courants  n'amenaient  ces 
matières  dans  le  voisinage  des  volcans  qui  ont  €K>mmu- 
nication  avec  la  mer.  —  Les  volcans  sont  de  vastes  fourneaux 
allumés  sur  les  rivages  de  l'Océan  pour  purger  ses  eaux, 
comme  le  tonnerre  purifie  l'air.  —  Les  volcans  se  sont 
allumés  primitivement  par  les  fermentations  végétales  et 
animales  dont  la  terre  int  couverte  après  le  déluge ,  lorsque 
les  dépouilles  de  tant  de  forêts  et  de  tant  d'animaux 
nageaient  à  la  surface  de  l'Océan  et  formaient  des  dépôts 
monstrueux  que  les  courants  accumulaient  dans  les  bassins 
des  montagnes  y  ils  s' j  enfbmmèrent  par  la  simple  fer- 
mentation ,  comme  nous  vojons  des  meules  de  foin  mouillées 
s'enflammer  dans  nos  prairies. 

Cette  théorie  est  appujée  ,  i*  sur  l'existence  constante 
des  volcans  sur  les  bords  de  la  mer  et  sur  la  quantité  d'eau 
qu'ils  vomissent  ;  a^  sur  l' extinction  d'anciens  volcans  qui , 
dan»  f  ordre  pmiitif,  setreutaîeBtsnrlesbordtderOoëaOy 


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(  «90 
«t  qui  ont  cesse  d'être  almientés  par  lui  y  quand  y  par  un 
changeaient  d'axe  de  notre  globe ,  les  eaux  en  ont  aban- 
donné une  partie  pour  envahir  T autre. 

Il  y  a  autant  d'erreurs  que  de  mots  dans  cette  théorie, 
contre  laquelle  je  n  élèverai  que  quelques  objections,  devant 
discuter  plus  tard  y  à  l'occasion  d'autres  hypothèses ,  la 
valeur  de  plusieurs  assertions  avancées  par  Bernardin. 
L'opinion  que  l'eau  de  la  mer  peut  dissoudre  les  matières 
organiques  au  lieu  de  les  conserver ,  est  en  opposition  avec 
tous  les  &its  'y  et  l'existence  de  ces  matières  en  dissotution 
dans  l'Océan  ,  en  quantité  assez  considérable  pour  alimenter 
les  volcans,  est  également  erronée.  Quel  rapport,  d'ailleurs, 
existe- t-il    entre   la  composition   de   ces  matières  et  les 

produits  rejetés  par  les  volcans  ? Il  faut  pardonner,  av 

reste,  à  Bernardin  ,  qni  n'était  nullement  chimiste,  de 
soutenir  des  opinions  qiii  sont  en  contradiction  manifeste 
avec  tQus  les  faits.  Le  peu  que  f  ai  dit  suffît  ponr  montrer 
conmient  un  écrivain  d'ailleurs  estimable  se  couvre  de 
ridicule  quand  il  veut  traiter  de  dioses  qui  sortent  du 
cercle  de  ses  connaissances,  et  quel  tort  il  fait  à  la  sod^ 
en  propageant  des  opinions  que  la  véritable  science  frappe 
de  réprobation. 

Hypothèses  de  quelques  autres  géologues.  Plusieurs  géo- 
logues ayant  remarqué  le  peu  de  chaleur  que  les  cou- 
lées de  laves  répandent  autour  d'elles ,  et  ayant  reconna 
dans  leur  intérieiu*  des  substances  minérales  très  fusîMes 
dans  un  état  parfait  d'intégi*ité ,  ont  prétendu  cpie  la  tem- 
pérature n'est  pas  très  élevée  dans  l'intérieur  des  volcans, 
et,  par  suite  ,  que  la  fusion  des  laves  s'était  opérée  à  une 
très  basse  température,  ou  même  quelles  n'étaient  pas 
en  fusion  lors  de  leur  sortie  des  cratères. 

Kirvan  a  supposé  que -les  laves  étaient  entraînées  par  des 
flots  de  bitume. 

Dolomieu  a  avancé  qu'il  y  avait  dans  ces  matières  une 
cause  ou  une  substance  particulière  qui  les  faisait  finidre 


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(  193) 
ou  rougir  k  un  degré  plus  bas  que  toule  autre  matière 
minëraJe  de  même  composition  ;  que  cette  substance  était 
le  soufre  y  et  que  c'était  ce  corps  qui  y  par  sa  combustion 
contkmelle  au  contact  de  fair ,  leur  donnait  la  faculté  de 
rester  chaudes  pendant  très  long-temps  et  dans  un  état  de 
mollesse  plus  ou  moins  grand. 

Pbisrécemment  y  M.  Poulett-Scrope  a  admis  ukie  autre  ex- 
}dkBlioa  rektiTement  à  la  manière  dont  les  laves  ont  coulé. 
H  suppose  que  la  plupart  d'entre  elles,  au  moment  où  elles 
cbuknt  sur  la  surface  de  la  terre  et  à  ^^couvert ,  ne  sont 
pas  dans  un  état  de  fusion  ^  mais  qu'elles  consistent  en  cris- 
taux solides ,  glissant  les  uns  sur  les  autres  à  cause  de  l'inter- 
Tention  de  petites  quantités  â*un  fluide  élastique ,  produit 
dans  la  masse  de  la  lave  resserrée ,  et  porté  à  une  grande 
iateosité  de  dialeur.  Or  y  lorsque  la  pression  exercée  sur 
eetle  masse  est  diminuée  par  suite  de  Féboulement  des  ro- 
ches superposées ,  ou  par  leur  crerassement ,  les  parcelles 
cristallines  et  les  vapeurs  ;  mêlées  intimement ,  s'élèvent  et 
s'échappent  ou  s'écoulent  y  précisément  comme  un  mélange 
d'eau  et  de  vapeur  s  échappe  par  l'embouchure  du  digesteur 
de  Perkins  ,  lorsqu'on  tourne  le  robinet.  M.  Poidett 
i»nvient  pourtant  que  quelques  volcans  ont  produit  des 
laves  dais  un  étal  de  fuMon  complète  :  il  met  dans  cette 
catégorie  ceux  de  Yîk  de  Bourbon  y  de  Monte-Bianco  y  à 
l'extrémité  orientale  àeUpariy  de  Ténériffe  et  de  Y  Irlande  • 
(  Considérations  on  Folcanos  ,  the  probable  caisses  qflheir 
phenomena,  etc^  Considérations  sur  les  volcans  y  sur  les 
lois  qui  président  à  la  disposition  de  leurs  produits  et  les 
causes  qui  déterminent  ces  phénomènes ,  stdtnes  d'un  exa- 
men sur  les  rapports  que  les  volcans  présentent  avec  les 
révolutions  que  notre  globe  à  subies  et  avec  son  état  actuel ^ 
rapports  qui  conduisent  à  une  nouvelle  théorie  de  la  Terre  ; 
par  M.  Pouleu-Scrope ,  esq.  y  secrétaire  de  la  Société 
géologique  5  i  vol.  in-8®.  Londres,  iSaS.  —  Memoir  on 
the  Geologx  of  central  France  ;  Mémoire  sur  la  Géologie 

25 


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(194). 
àe  la  France  centrale  ^  comprenant  ies  formations  volcor 
hiçues   de  VAupergnCj  du  Vélay  et  du  Fivanùsj  par  le 
même;  m-4° ,  avec  atlas.  Londres  j  1837.  ) 

Tontes  les  opinions  que  je  riens  de  rapporter  sont  oom- 
plètement  bosses.  Des  observations  multipliées  (  et  dles 
se  trouvent  exposées ctans  les  chapitres  précédent»)  étaUisseDt 
d'une  manière  irréfragable  que  la  température  de  rintérieur 
des  volcans  est  très  élevée  y  que  lés  laves  qui  en  sortent 
sont  toujours  dans  un  état  de  fusion  ignée  ,  que  la  dialenr 
qu  elles  dégagent  dans  Tatmoeplière  est  considéraUe  ^  mais 
qu'elle  s'affiiâ>lit  grardtfellement  à  mesut^  qite  la  surface 
des  courants  se  fige  et  se  consolide ,  etc.  Une  fois  qoe 
les  parties  intermédiaires  des  coulées  sont  protégées  da 
contact  de  r  air  par  une  Cro&te  qui  oupécbe  le  rayônne- 
menl  y  on  conçoit  facilement ,  étant  aussi  mauvais  a»- 
docteurs  de  la  chaleur  qu  elles  le  sont  j  comment  dks 
peuvent  conserver  pendant  si  long-temps  une  haute  tem- 
pérature et  une  liquidité  pâteuse.  On  sait  aussi  que  toutes 
les  fois  qu'on  met  à  nu  ces  parties  intermédiaires ,  en 
enlevant  la  croûte  qui  l^s  recouvre  y  elles  paraissent  de 
nouveau  incandescentes,  et  répandent  an  loin  une  forte 
chaleur.  D'ailleurs ,  la  structure  cristalline  et  parfaitement 
homogène  des  laves  démontre  claicement  que  tontes 
les  parties  qui  les  composent  ont  été  tuiles  en  fusion  (i). 


(1)  Les  bois  verts ,  les  arbres  atteints  par  les  laves,  s'enflamment 
subitement  ;  mais  aussitôt  que  celles-ci  les  recouvrent ,  la  oonba»' 
tion  8*arréte ,  et  ils  passent  à  l'état  de  charbon  ;  c^esf  ce  qui  airiva 
dans  une  grande  éruption  du  Tolcan  de  Vile  de  Bourbon,  Ce  Dut 
explique  très  bien  pourquoi  Ton  trouve  certaines  coulées  sur  àf^ 
lits  de  houille  y  ou  plutôt  de  lignttes.  Le  mont  Meissner^  en  Hesât- 
Cassel ,  en  offre  surtout  un  bel  eiemple. 

On  trouve  souvent  de  la  chaux  earbonatëe  au  milieu  des  Utes, 
avec  tous  ses  caractères  ;  elle  ^peanit  n'avoir  subi  aucune  atten- 
tion ;  ellie  a  conservé  son  acide  et  sa  consistance.  Faojas,  le  pie- 
mier,  observa  ce  fait  {Minéralogie  des  polcana ,  p.  162  et  son 


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(  -95) 
Quant  aux  substances  cristallines  frès  fusibles  que  Ton 
trouve  dans  tonte  leur  intégrité  au  milieu  de  la  matière 
lavique ,  leur  présence  n*a  rien  qui  puisse  étonner  j  jusque 
les  expériences  de  plusieurs  chimistes  et  physiciens ,  ex- 
périences que  f  ai  déjà  citées  y  établissent  positivemem 
qu* elles  ont  dû  se  former,  alors   même  que  la  matière 


Tantes  ) ,  que  ]es  expériences  de  Hall  expliquent  parfaitement. 
Mais  lorsque  cette  pierre  n*a  ^té  qu'en  partie  entoura  par  IfL 
matière  lavique ,  de  telle  sorte  qu'elle  n'est  pas  entièrement 
soustraite  au  contact  tle  l'air ,  on  remarque  qu'elle  se  nîduit  en 
poussière  ou  derient  farineuse  et  fendillée.  (  Thomson ,  cité  p» 
Breislack  ,  yoyage  en  Campante  ,  1. 1 ,  p.  ^84.  ) 

Les  silex  qu'on  rencontre  au  milieu  des  coulées  sopt  fendiUéf 
et  peu  tenaces  ;  ils  ont  un  aspect  gras  ;  aussi  leur  a-t-on  donné  le 
00m  de  pechsieint  ou  pierres  de  poix.  Ils  présentent  des  caractères 
analogues  lorsqu'on  les  soumet  à  l'action  de  nos  iourneaux. 

Thomson  a  publié  le  Catalogue  des  substances  de  diverses  natures 
c|ui  furent  altérées  plus  ou  moins  par  le  contact  de  la  lave  brûlante 
qui  détruisit  Torre  del  Greco,  et  qu'on  découvrit  c|^ns  les  fouilles 
qu'on  6t  pour  y  jeter  les  fondations  de  la  nouvelle  ville.  On  remar- 
que surtout  : 

lo  Que  le  verre  fut  changé  en  porcelanîle  i 

20  Que  le  fer  malléable  s'est  gonflé  et  comme  boursoufllé ,  est 
devena  cristallin  et  fragile  ;  que  plusieurs  pi^es  de  ce  fer  ont  pré- 
senté des  octaèdres  et  d'autres  cristaux  lamelleux  ; 

3»  Qu'on  a  trouvé  aussi  dans  des  ferrures  des  pierres  qui  avaient 
donné  naissance  à  du  sulfate  de  fer  déliquescent  ; 

4®  Que  le  cuivre  des  monnaies  s'est  souvent  changé  en  cuivre 
ronge; 

5o  Que  les  monnaies  d!or  n'ont  éprouvé  d'autre  altération  que 
de  se  couvrir  d'un  léger  enduit  noir ,  qui  est  probablement  dû 
à  leur  alliage  ; 

Qo  Que  les  reliquaires  d'argent  ont  été  trouvés  couverts  de 
petites  ampoules  qui  étaient  remplies.de  cristaux  d'argent  sublimé; 

70  Que  le  plomb,  s'est  converti  eu  sulfure  cristallisé  en  cubo- 
Qctaèdre ,  comme  le  sulfure  naturel  ;  que,  dans  d'autres  rircon»* 
tances ,  il  s'est  changé  en  minium  ou  litbarge  ; 

8»  Que  le  méul  des  cloches  a  été  décomposé ,  et  que  son  cuivre 
çt  son  zinc  se  so>nt  changés  en  sulfures  ; 

a5. 


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Urique  était  en  îimon  complète  y  soH  dans  rintcnenr  dn 
cratère  y  $oit  après  son  dégorgement,  et  an  moment  de 
son  refiroîdissement  lent  dans  T  atmosphère. 

Quelques  géologoes  ont  encore  apporté  en  preure  de 
la  non -fusion  des  laves  F  impossibilité  où  Ton  était  de 
fondre  ces  matières  par  aucun  procédé  artificiel.  D'abord 
cette  difficulté  n existe  plus,  puisque  M,  Mislcheriidi  est 
paryenu,  dans  ces  dernières  années,  à  former  des  subs- 
tances pierreuses  de  toutes  pièces  ,  en  exposant  à  la 
chaleur  de  hauts  fourneaux  les  principes  constituants  de 
plusieurs  d'entre  elles  (i)  j  mais,  en  outre,  les  expériences 
de  Hall,  celles  de  MM.  DartigtiesetFourmT,  nousexpUquent 
pourquoi  les  laves  refroidies  exigent  pour  leur  fusion  une 
température  qui   parait  de   beaucoup  supérieure  à  celle 


90  Que  le  laiton  s'est  décomposé  complètement ,  et  qoe  son 
cdivre  et  son  zinc  ont  passé  à  l'état  de  sulfures  cristallisés  ; 

100  Qu*enfin  on  n'a  trouyé  à  la  place  du  vin  qu'un  sulfate  de 
potasse  yitrifié  ,  cristallisé  eh  prismes  hexaèdres ,  ayec  ou  sans 
pyramides. 

(Thomson,  cité  pac  Breislack,  Voyage  en  Campante,  1. 1,  p.  aSf) 

Tous  ces  faits  établissent  donc  la  haute  température  des  laves  aa 
moment  où  elles  sont  rejetées  par  les  volcans  ,  et  par  suite  celle  de 
ces  vastes  soupiraux. 

(i)  «  Cette  précieuse  découverte,  dit  M.  Cuvier ,  parait  porter 
«  enGn  presque  au  degré  d'une  démonstration  rigoureuse  une  by- 
«  potbése  célèbre  avancée  sans  preave  pat  Descartee ,  Leibnita 
«  et  Bnffon ,  et  à  laquelle  les  travaux  récents  de  M.  de  Lapbœ 
«  avaient  déjà  d<Hmé  un  haut  degré  de  vraisemUance.  On  peut 
«  donc  regarder  aujourd'hui  comme  une  chose  k  peu  près  prouvée 
o  que  la  terre  a  une  chaleur  p^pre  ,  indépL-ndantc  de  celle  qu'elle 
«  reçoit  du  soleil ,  et  qui  est  un  reste  de  sa  chaleur  originaire.  Ce  retour 
a  aux  idées  éno^ncées  jadis  par  nos  plus  grands  homme»,  prouve  qu'il 
«  ne  faut  jamais  mépriser  les  conjectures  même  les  plus  hasardées 
c  des  honmies  de  génie  :  c'est  un  de  leurs  privilèges  que  la  vérité  leur 
«  apparaît  souvent  jusque  dans  leurs  rêves. 

(  Discours  sur  tes  progrès  récents  de  la  Chimie ,  prononcé  en 
mai  i6a6 ,  dans  une  séance  des  quatre  Académies.  ) 


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(  »97  ) 
qa  elles  avaient  lors  de  leur  éruption  hors  dn  sein  de  la 
terre }  c  est  qu  un  corps  terreux  tenu  long-temps  en  fusion» . 
et  à  la  même  température,  se  dévitrifie ,  c  est-à-dire  que 
9es  parties  se  combinent  dans  des  proportions  différentes  ^ 
se  réunissent  et  cristallisent  au  milieu  de  la  masse  vitrifiée , 
et  qu'alors  il  (àut,  pour  les  foudre  ,  une  température  bien, 
plus  élevée  que  celle  qui  les  a  tenues  en  liquéfaction  pour 
la  première  fois^ 

Si ,  comme  le  prétend  Dolomieu ,  le  soufre  était  la 
causd  du  long  refroidissement  qu  éprouvent  les  laves  aprè^ 
leur  sortie  des  cratères ,  on  devrait  trouver  ce  oqrps  en 
grande  quantité  dans  ces  matières.  D'abord ,  fort  peu  de 
laves  en  renferment ,  malgré  les  assertions  de  quelques 
géologues  modernes  nullement  chimistes  y  et ,  dans  celles 
eu  il  se  rencontre ,  il  est  toujours  en  très  petites  propor- 
tions. Ménard  de  la  Groye  combattit  dans  le  temps  Fopinion 
de  Dolomieu^  et  donna  une  explication  du  phénomène, 
qui  n  est  pas  plus  fondée  que  celle  de  son  antagoniste. 
(  Obserfotions  sur  le  Fésuve ,  etc.  )  Suivant  lui ,  la  chaleur 
qui  se  conserve  dans  les  laves  pendant  si  long-temps  est 
due  à  Teau  ou  à  son  oxigène,  dont  toutes  contiennent  dea 
quantités  plus  ou  moins  grandes  y  il  pense  que  les  laves 
refroidies  ont  perdu  la  faculté  de  prendre  F  état  fluide  ou 
pâteux ,  de  la  même  manière  que  le  fer  qui  ,  à  F  état 
de  fonte ,  est  facilement  fusible^  résiste ,  lorsqu'il  est  forgé, 
aux  plus  violents  coups  de  feu  de  nos  fourneaux.  Cette 
comparaison  n'est  pas  juste  ,  car  ce  n'est  pas  parce  qu© 
la  fonte  a  été  refroidie  qu  elle  a  perdu  sa  (Visibilité  , 
comme  les  laves ,  mais  bien  parce  que  le  cinglage'  à  la 
loupe  lui  a  enlevé  lès  matières  vitreuses  et  fusibles  qui 
se  trouvaient  mêlées  dans  sa  pâte. 

Hypothèse  de  sir  Uumphry  Da%^,  Cette  hypothèse  est 
célèbrç ,  non  seulement  par  le  nom  du  chimiste  qui  Fa 
én:dse ,  mais  encore  par  la  nouveauté  des  idées  et  F  espèce 
de  vérité  qu  elle  parait  présenter  lorsqu'on  ne  F  examine 


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(  «98) 
que  superficiellement.  Déjà  f ai  eu  occasion  ,  dans  un 
ji^utre  écrit  (  voyez  BtiUeiin  des  Sciences  naiurcUes  ei  de 
Géologie ,  a*  section  du  BuUetin  universel  des  Sciences  et 
de  l'Industrie  j  publié  sous  la  direction  de  M.  le  baroa 
de  Férussac  ,  t.  xv ,  p.  a3o  )  ,  de  prouver  ,  après  M. 
Gay  Lussac ,  combien  cette  théorie  ingénieuse  est  loin  de 
pouvoir  expliquer  tous  les  phénomènes  volcaniques.  En 
raison  de  Timportance  qu'elle  a  eue  y  et  surtout  à  cause 
de  la  réputation  de  son  auteur  y  permettez-moi  de  revenir 
sur  cette  hypothèse  et  de  développer  plus  au  long  les 
motifs. qui  me  portent  a  la  rejeter. 

Lorsqu'un  homme  de  génie  avance  une  proposition  y  on 
doit  r examiner  avec  d'autant  plus  de  sévérité ,  qu'elle  peut 
avoir  des  conséquences  plus  £àcheuses  si  elle  est  erronée. 
Tant  de  gens  sont  disposés  à  adopter  avec  engouement  les 
idées  même  les  plus  singulières  y  alors  qu'elles  viennent  d*nn 
homme  remarquable  par  la  grandeur  de  ses  travaux  y  et 
à  £ûre  partager  leur  enthousiasme  irréfléchi  au  plus  grand 
nombre  ,  qu  il  est  du  devoir  de  ceux  qui  jugent  avec  plus 
de  saug  froid  et  d'impartialité,  de  démontrer  Terreur,  même 
lorsqu'elle  a  reçu  une  espèce  de  conséorati<m  de  la  pari 
du  temps.  Il  est  sans  doute  pénible  d'abandonner  des  idées 
que  Ton  s'était  habitué  à  regarder  comme  I expression  de 
la  vérité  et  qui  satisfaisaient  l'esprit  en  levant  toutes  les 
difficultés  qu'offrait  un  sujet  épineux  y  mais  le  seul  moyen 
de  ne  pas  arrêter  la  mardie  progressive  des  sciences  » 
de  la  seconder ,  au  contraire  ,  c'est  de  soumettre  tout  au 
creuset  de  la  discussioii  y  de  ne  rien  adopter  sans  examen , 
et  de  frapper  du  sceau  de  la  réprobation,  quelle  qu'en 
«oit  la  source,  tout  ce  qui  ne  laisse  pas  dans  l'esprit 
une  conviction  pleine  et  entière,  u  Le  besoin  de  généralité, 
«  de  résultat  rationnel ,  dit  un  penseur  moderne  des  plus 
u  profonds,  est  le  plus  puissant  et  le  plus  glorieux  de 
«  tous  les  besoins  intellectuels  -,  mais  il  faut  bien  se  garder 
«  de  le  satisfidre  par  des  généralisations  incomplètes  et 


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(  »99) 
ce  précipitées^  Rien  de  plus  tentant,  qae  de  se  laisser  aller 
a  au  plaisir  d'assigner  sor-le-champ ,  et  à  la  première  Yue  > 
(f  le  caractère  général  j  les  résultats  permanents  d'une 
u  époque,  d'un  événement.  L'esprit  humain  est  comme 
(c  la  volonté  humaine  >  toujoiu^  pressé  d'agir ,  impatient  des 
«  obstacles,  avide  de  liberté  et  de  conclusion  5  il  oublie  vc-^ 
u  lontiers  les  faits  qui  le  pressent  et  le  gênent  ;  mais,  en 
u  les  oubliant ,  il  ne  les  détruit  pas,  et  ils  subsistent  pour 
«  le  convaincre  un  jour  d'erreur  et  le  condamner.  Il  n'y 
H  a ,  pour  l'esprit  humain  ,  qu'un  moyen  d'échapper  à 
«  ce  péril,  c'est  d'épuiser  courageusement,  patiemment 
M  l'étude  des  dits ,  avant  de  généraliser  et  de  conclure  * 
«  Les  faits  sont  pour  la  pensée  ce  que  les  règles  de  la 
u  morale  sont  pour  la  volonté.  Elle  est  tenue  de  les  con- 
«  naître ,  d'en  porter  le  poids }  et  c'est  seulement  lors- 
M  qu'elle  a  satisfait  à  ce  devoir,  lorsqu'elle  en  a  mesuré 
a  et  parcouru  ^oute  l'étendue  ,  c'est  alors  seulement  qu'il 
te  lui  est  permis  de  déployer  ses  ailes  et  de  prendre  son 
«<  vol  vers  la  haute  région  dou  elle  verra  toutes  choses 
«  dans  leur  ensemble  et  leurs  résultats.  Si  elle  y  veut 
M  monter  trop  vite,  et  sans  avoir  pris  connaissance  de. tout 
K  le  territoire  que  de  là  elle  aiu*a  à  contempler  ,  la  chance 
tt  d'erreur  et  de  chute  est  incalculable.  C'est  comme  dans 
M  un  calcul  de  chiffres,  où  une  première  erreur  en  entraine 
c<  d'antres  à  l'infini,  m  (  Guizot,  Cours  d'Histoire  moderne 
professé  à  ta  faculté  des  lettres  de   Paris  ,   1828.  ) 

Ces  réflexions  me  sont  suggérées  par  ce  qui  s'est  passé 
dans  ces  dernières  années ,  relativement  à  l'hypothèse  du 
célèbre  Davy,  qu'une  mort  récente  et  prématurée  est 
venue  arracher  aux  sciences  physiques  et  chimiques  qu'il 
avait  enrichies  de  tant  de  travaux  remarquables.  A  la 
fuite  de  ses  belles  recherches  sur  la  nature  chimique  des 
alcalis  et  des  terres  ,  qui  datent  de  1808  ,  sir  H.  Davy  , 
s^appuyant  sur  les  phénomènes  qu'oflraient  les  nouveaux 
métaux  dan^  leur  contact  avec  l'eau  et  l'air,  à  la  tempe- 


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(  aoo  ) 
rature  ordinaire  i  arança  qae  les  feax.  Tolcaniques  po«v 
raient  bien  être  le  résultat  de  la  combustion  de  ces 
substances  dans  F  intérieur  de  la  terre,  où  elles  exiatenûent 
à  Tëtat  métallique,  et  probablement  en  grande  quantité  , 
et  qu'à  laide  d'une  telle  hypothèse,  rien  n'était  plus  h- 
die  que  de  concevoir  la  formation  des  laves ,  des  basaltes 
et  autres  produits  d* origine  ignée.  Cette  idée>  aussi  hardie 
qu  originale  ,  avancée  dans  un  moment  où  les  esprits 
étaient  encore  émerveillé^  par  une  de  ces  découvertes 
qui  changent  totalem^it  la  ù\ce  des  sciences ,  ne  pouiait 
manquer  d'avoir  de  noD)brcux  partisans  ;  aussi  p^'sonne 
ne  mit-il  plus  en  doute  que  ,  sous  le  foyer  des  volcans , 
il  n'y  eût  des  dépôts  considérables  de  potassium  ,  de 
lodiura  et  des  autres  méuux  alcalins  et  terreux.  Cepen- 
dant,  peu  à  peu  F  admiration  ayant  fait  place  à  la  réflexion, 
on  commença  à  examiner  sérieusement  cette  brillante 
théorie  'y  bientôt  on  s'aperçut  de  ses  nombreuses  imper- 
fections y  et  y  dès  cet  instant ,  elle  perdit  beaucoup  de  son 
crédit,  Son  auteur,  cependant,  eontinua  à  la  professer,  et 
depuis  1812,  comme  il  le  dit  lui-même,  il  s'est  efforcé 
d'en  prouver  la  vérité  en  examinant  les  phénomènes  vol- 
caniques ,  tant  anciens  qua  modernes  ,  dans  les  diverses 
parties  de  l Europe.  L'année  dernière  encore ,  il  a  publié 
Un  mémoire  fort  intéressant,  dans  lequel  il  fait  rerivre 
ses  premières  idées.  (  Memoiœ  sur  les  phénomènes  des 
^volcans ,  par  sir  H.  Davy ,  lu  à  la  Société  royale  de 
Londres  y  le  20  mars  i8a8;  Philosoph,  Mag€tz,  y  mat 
1828 ,  p.  373  j  et  Ann^  de  Chimie  et  de  PJ^sique  ,  juin 
i8a8,  p.  i33.  )  Voyons  donc  plus  en  détail  les  Êiits 
4ur  lesqu^ek  il  s'appuie  pour  soutenir  son  opim'on. 

Sir  H.  Davy ,  envisageant  que  les  feux  des  volcans  se 
présentent  et  cessent  avec  tous  les  phénomènes  qui  indiquent 
une  action  chimique  intense  ,  que  des  phénomènes  Jane 
telle  grandeur  exigent  l'aetion  d'une  masse  immense  de 
matière ,  enfin  que  les  produits  qui  eaa    résultent  coat 


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(   201    ) 

*  des  mélanges  d*oxides  et  de  terres  (  sitice  ^  akumcie  j 
chaux  9  soude ,  oxide  de  fer  y  etc.  )  ,  dans  un  état  de 
fusion  et  de  vive  incandescence ,  de  Teau  et  des  subs- 
tances salines  >  sir  H.  Davy  ,  dis-je  ,  prétend  que  rien 
n  est  plus  naturel  que  de  regarder  les  éruptions  volcaniques 
comme  le  résultat  de  faction  de  Peau  de  la  mer  et  de 
Pair  sur  les  métaux  des  terres  et  des  alcalis.  Pour  répondre 
à  cette  objection,  que  si  Foxidation  de  ces  métaux  était 
la  véritable  cause  de  qss  éruptions  y  on  devrait  trouver 
quelquefois  dans  la  matière  lavique  quelques-uns  de  ces 
métaux  non  oxidés ,  et  au  moins  que  la  combustion  devrait 
s'augmenter  au  moment  oii  les  matériaux  passent  dans 
r  atmosphère  ,  il  fait  observer  que  tout  prouve  que  le  sol 
sur  lequel  reposent  les  volcans  renferme  d*  immenses  cavités 
souterraines,  et  que  c'est  dans  ces  cavités,  où  F  air  et  Teau 
de  la  mer  peuvent  pénétrer  sur  les  substances  actives  l<nig- 
temps  avant  que  celles-ci  n'atteignent  la  sur&ce  extérieure, 
que  s  opèrent  les  réactions  qui  donnent  naissance  aux  inflam- 
mations volcaniques.  Le  tonnerre  souterrain  entendu  à 
de  si  grandes  distances  sous  le  Vésuve ^  la  dépendance 
mutuelle  des  phénomènes  que  présentent  cette  montagne 
et  la  sol&tare  de  Pouzzoicy  dépendance  qui  est  telle ,  que 
lorsque  la  première  est  en  activité  ,  T  autre  est  dans  un 
repos  parfait,  et  vice  versa,  dépendance  enfin  qui  ne 
peut  avoir  lieu  qu'à  F  aide  d'une  communication  soutecraine ,  ' 
sont  autant  de  démonstrati^is  ,  soivant  lui ,  de  l'existence 
de  grandes  cavités  remplies  de  substances  aériformes. 

Quant  à  la  communication  des  eaux  de  la  mer  avec  le 
foyer  des  volcans ,  elle  est  étabUe  par  cette  circonstance 
que  presque  tous  les  grands  volcans  du  monde  sont  peu 
.  éloignés  de  la  mer  ,  et  que  lox^ue  le  contraire  a  lieu , 
comme  on  le  remarque  dans  l'Amérique  méridionale  , 
de  grands  lacs  souterrains  se  rendent  dans  leurs  abîmes, 
puisque,  d'après  M.  de  Humboldt,  quelques-uns  de  ces 
volcans  rejettent  des  poissons  au  moment  de  leurs  éruptions. 

26 


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(  ^ô^'  ) 

ir^6ft  BOBt  y  ea  peu  de  mots  /  les  idées  de  sir  H.  TWtj  , 
id^  fbrt  bien  eoerdomnées  entr*  elles  y  fliais  qui  malheii- 
reoagnieiift  te  Sdtit  (ms  en  rapport  arec  les  £dU  obserrés 
}»qa^ici  dans  ces  grandes  catastrophes'  périodiques  (i). 

Dans  cette  théorie ,  il  faut  de  toute  nécessité  que  Vair 
puisse  pénétrer  librement  dans  le  sein  des  montagnes 
^[uivômes  ;  or  y  j'ai  démontré  j  à  propos  de  lli  jpolhèse 
de  Lémery  y  que  cette  circulation  de  Taûr  dans  1  intérieur 
des  volcans  était  physiquement  impossible.  Sir  Davy,  à 
Texemple  de  plusieurs  autres  géologues  y  pense  qu^il  existe 
SDUs  la  croûte  du  globe  de  grandes  carités  remplies  de 
Aiatières  gazeuses  ou  d'air,  et  que  c'est  à  Taide  de  ges 


(i)  Parmi  les  géologues  qui  ont  soutenu  de  leurs  écrits  la  tbéorie 
de  sir  H.  Dayy ,  je  citerai  entr'autrcs  le  professeur  Carmelo  Mara- 
figioa  et  li*  Agatiii  Longo.  Tans  deux  s'eCTorcant  de  proorer  la 
TFaiaembUiice  des  idées  du  chiiniate  anglais  ;  seulement  If.  A«  Leogo 
élève  quelques  objections,  et  il  émet  le  doute  si  les  métaux 
alcalins  et  terreux  exbtent  dans  le  sein  de  la  terre ,  et  en  filons 
assez  considérables  pour  avoir  pu  fournir  à  une  éruption  telle  que 
ecAle  de  f  Etna ,  en  l'anode  1669.  Voici  comment  M.  Longe  explique , 
de  son  c6té  »  les  ph^noménet  volcaniques.  «  C'est  l'eau  ou  Fhnmidité 
«  souterraine  qui ,  en  se  décomposant,  cède  son  oxigène  au  fer,  act- 
«i  difie  le  soufre ,  et  dégage  du  gaz  hydrogène  sulfuré ,  lequel ,  mêla 
«  avec  le  gaz  acide  tarbonique ,  l'air  atmospbcrique  et  les  vapeurs , 
«  sort  par  torrents  de  la  bouche  enflammée  des  volcans.  Ces  gas , 
«  tant  qu'ils  sant  tenfern^c^s  daâs  les  entrailles  de  la  montagne , 
«  donnent  lien  aux  nmgisaements  et  dc^tonations  qui  sont  les  pr^ 
ft  curseurs  des  «rupUons.  Les  tremblements  de  tcrt«  locaux  ont 
«  la  même  origine.  »  L'eau  est  donc  Tunique  principe  wtoUur  des 
éruptions,  pour  me  servir  des  expressions  du  naturaliste  italien. 
(  Voir  ,  pour  plus  de  détails  ;  Memoria  sul  principio  motore  dei 
Vulcani,  etc.  ;  Mémoire  sur  le  principe  moteur  des  Volcans ,  par 
A.Longo  ,  in-^"»  de  30 pages.  Palerme ,  i8a3  ^Istoria  dellinc^nâm 
deltBtna,  del  mese  di  Maggio ,  1819;  et  Memoria  ss^ra  iFml- 
cani ,  par  le  docteur  Carmelo  Maravigina.  —  Voir  avsBÎ  Giamale 
di  scienze,  letterai,  ed  arti  per  la  Sicilia,  no  3,  p.  aa3»et 
n»4,  p.  3.) 


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(  ao3  ) 
vide»  que  les  mogiasements  soateirams ,  W  trenU^BietitB 
86  propa§peiU  à  des  disUmces  tmineiises.  Mais  il  n'est  mil  be- 
soin de  ces  voies  de  communication  et  de  ces  snWtMices 
aëriformes  pour  concevoir  la  manière  dont  se  fiût  la  transx» 
mission  du  son  dans  les  bruits  et  les  commotions  souter- 
raines. Voici  comment  M.  Gay  Lussac  s'exprime  à  ce  snjet. 
«  Un  tremblement  de  terre  ,  comme  Ta  très  bien  dit 
(c  le  docteur  Young  ,  est  analogue  à  un  tremblement 
cf  d'air.  C'est  une  très  forte  onde  sonore  ,  excitée  dans 
«  la  masse  solide  de  la  terre  par  une  commotion  quel* 
4c  conque ,  qui  s'y  propage  avec  la  même  vitesse  qoe 
i<  le  son  s'y  propagerait.  Ce  qui  surprend,  dans  ce  gr«Kl 
t(  et  terrible  phén<Hnène  de  la  nature  ,  c'est  l'étendue 
ic  immense  à  laquelle  il  se  fait  sentir  y  les  ravages  qu'il 
tf  produit  y  et  la  puissance  de  la  cause  qu'il  Êiut  supposer, 
u  Mais  on  n'a  pas  assez  fait  attention  à  T  ébranlement 
4c  facile  de  toutes  les  particules  d'une  masse  solide.  Le 
(f  cboc  produit  par  la  tète  d'une  épingle ,  à  Fun  des;ào«ls 
<«  d'une  longue  poutre ,  fait  vibrer  toutes  ses  fibres ,  et  se 
«  transmet  distinctement  à  l'autre  bout  ^  à  une  oreîUe  atfeen- 
u  tive.  Le  mouvement  d'une  voiture  sur  le  parvé  ébraide 
M  les  plus  vastes  édifices ,  et.  se  communiste  à  travers  des 
u  niasses  considérables ,  comme  dans  les  carrières  profemles 
«  au-dessous  de  Paris.  Qu'y  aurait-il  donc  d'étonnant^' umb 
«c  commotion  très  forte  dans  les  entraiU^  de  la  terre  la 
u  fit  trembler  dans  i^n  rayon  de  plusieurs  centaines  ^ 
a  lieues  ?  D'après  la  Iqâ  de  transmission  dn  momv^ 
(c  ment  dans  les  corps  élastiques ,  la  couche  extrême-  ae 
a  trouvant  pas  à  transmettre  son  mouvem^t  à  d'autres 
u  coucbes ,  tend  à  se  détacher  de  la  masse  ébranlée^  de 
ic  la  même  manière  que  y  dans  une  file  de  billes  j  dont  la 
Q  première  est  firappée  dans  le  sens  des  ccmtacts  ^  la  dernière 
^  seule  se  détache  et  prend  du  mouvement.  Cest  ainsi 
«  que  je  conçois ,  dit  toujours  M,  Gay  Lusssc  y  les  eAets 
41  des  treoiblements  à  la  surface  d»  U  terre  y  et  comment 

2Ç. 


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(  ao4) 

u  f  expliquerais  leur  grande  diversité ,  en  prenant  d*aBeiir» 
c<  en  coBadéralion  y  avec  M.  de  Humboldt  y  la  nature  an 
a  toi  et  les  sdudons  de  continuitë  qui  peuvent  sj  trourer. 
«  En  UQ  mot ,  les  tremblements  de  terre  ne  sont  qoe 
ce  la  propagation  d'une  commotion  à  travers  la  masse  de 
M  la  terre  ^  tellement  indépendante  des  cavités  souterraines, 
i(  qu'elle  s'étendrait  d'autant  pins  loin  que  la  terre  serait 
a  plus  hcmiogène.  >i  {Réflexions  sur  les  volcans;  Ann. 
de  Chimie  et  de  Physique ,  t.  xxn  ,  p.  4^^  ^  suivantes.  ) 
En  second  lieu  ,  sir  H.  Davj ,  comme  beaucoup  d*  autres 
auteurs ,  admet  que  la  mer  communique  avec  les  fojers 
volcaniques.  De  tout  temps  les  naturalistes  ont  attache 
une  grande  importance  k  cette  situation  des  volcans  près 
de  la  mer  ou  dans  les  îles.  Il  est  difficile  de  doûiier  une 
raison  bien  satisfaisante  de  ce  foit ,  et  il  Test  encore  plus 
de  se  rendre  compte  de  la  manière  dont  cette  commu- 
nication peut  avoir  lieu.  Tout  atteste  que  les  Hltrations 
de  la  mer  avancent  fort  peu  dans  Tinténeur  des  terres  j_ 
et  en  général  tout  ce  qu'on  a  dit  à  cet  égard  est  exagéré. 
S*il  était  vrai  j  d'ailleurs  ,  que  cette  communication  des 
eaux  de  la  mer  avec  les  volcans  (ikt  une  des  causes  de 
leurs  éruptions  y  comment  expliquer  le  repos  actuel  de 
certains  d'entre  eux  y  quoique  toujours  places  dans  les 
mêmes  circonstances?  Les  lies  Slschia,  èe  Ponce ^  de 
Procidoy  etc.  y  sont  toujours  entourées  de  la  mer  ;  les 
bases  des  cratères  SAuemcy  de  GaurOy  ê^Astrom,  etc. , 
sont  encore  baignées  par  elle  y  et  cependant  tous  ees  benx 
ne  donnent  aujourd'hui  aucun  signe  d'action.  Dira-t-on 
que  les  canaux  souterrains  par  lesqueb  les  eaux  s'intro- 
duisaient dans  les  abîmes  volcaniques  sont  fermés  actuelle- 
ment  j  ou  que  les  masses  de  métaux  alcalins  et  terreux  qui 
existaient  sous  ces  locaHtées  différentes  sont  épuisées  ?  H 
serait  phis  que  difficile  de  concevoir  de  telles  nnaons. 
H^ ailleurs,  si  l'opinion  que  je  cherche  à  réfuter  élMt  màe, 
on  devrait  s'étonner  de  voir  qu'un   grand    nombre  da 


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(    205    ) 

▼olcans  sont  situes  clans  F  intérieur  des  continents.  Les. 
volcans  les  plus  actifs  du  royaume  de  Quito ,  par  exemple , 
le  Cotopaxi ,  le  Picluncha  ,  le  Twiguragua  ,  le  Sangay , 
appartiennent  au  chaînon  oriental  des  Andes ,  et  par  con- 
séquent à  celui  qui  est  le  plus  éloigné  des  côtes;  le  Co^ 
topaxi  y  en tr autres^  est  à  plus  de  cinquante  lieues  de 
la  côte  Li  plus  voisine.  Les  deux  volcans  actuellement  en 
ignition  dans  les  régions  centrales  de  TAsie,  sont  à  quatre 
cents  lieues  de  la  mer  Caspienne  y  qui  est  la  mer  la  plus 
voisine  ,  etc.  Quels  moyens  de  communication  peut-»on 
supposer  à  des  distances  pareilles  ?  Il  est  vrai  qu  on  supplée 
aux  eaux  de  la  mer  par  de  grands  lacs  souterrains  dont 
r existence  est  attestée  par  d'immenses  éruptions  boueuses , 
de  grandes  inondations  y  et  surtout  par  ces  prennadillas  qui 
sont  rejetés  quelquefois  en  quantité  innombrable;  mais 
bien  des  circonstances  établissent  que  ces  lacs  n  ont  aucune 
communication  avec  le  foyer  même  des  éruptions.  Xen 
ai  parlé  très  en  détail  dans  le  chapitre  précédent  ;  je  n  y 
reviendrai  donc  pas  ici. 

11  reste  donc  bien  probable  que  cette  communication 
de  la  mer  ou  des  lacs  souterrains  avec  le  foyer  des  volcans 
est  tout-à-fait  chimérique.  Au  reste  ,  eu  l'admettant  y  il 
serait  tout  aussi  difficile  d'expliquer  certains  Êiits  dans  la 
discussion  desquels  je  vais  entrer.  Une  des  conséquences 
les  plus  importantes  de  l'action  de  l'eau  sur  les  métaux 
alcalins  et  terreux  serait  la  production  d'une  énorme 
quantité  d'hydrogène,  et,  par  suite  de  la  combustion  de  ce 
gaz  au  contact  de  l'air ,  le  dégagement  par  le  cratère  des 
volcans  d'une  masse  prodigieuse  de  vapeur  aqueuse.  On 
remarque ,  en  effet ,  dans  toutes  les  éruptions,  d'abondantes 
vapeurs  d'eau.  Mais  on  conçoit  difficilement  que  tout  Thy- 
drogène  rendu  libre  soit  brûlé  ,  car ,  quelque  grandes 
qu'on  suppose  les  cavités  souterraines  que  sir  H.  Davy 
admet  sous  les  montagnes  ignivômes,  il  est  plus  que  probable 
qu'il  ne  s'y  trouve  pas  une  quantité  d^air  assez  considérable 


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(  2o6  ; 
pour  opërer  ia  combustion  du  volume  ënerme  d'hydrogène 
qui  a  dû  se  dégager.  D'ailleurs ,  il  est  impossible ,  en 
supposant  que  les  deux  gaz  soient  dans  les  propoitioiis 
convenables  y  qu  une  partie  de  F  hydrogène  n  échappe  ii 
r inflammation  9  entraîné  par  les  vapeurs  aqueuses  ,  les 
gaz  acides  et  les  sublimations  salines  qui  ont  lieu  dans 
le  même  moment.  D'après  cela,  on  devrait  trouver  parmi 
les  produits  aériformes  qui  sortent  des  cratères  une  quantité 
d'hydrogène  assez  forte  p*  eu  égard  aux  masses  produites. 
Or ,  les  observations  prouvent  que  le  dégagement  de  ce 
gaz  est  très  rare  dans  les  éruptions. 

On  pourrait  supposer  alors  que  ce  gaz,  au  moment  où  11 
va  sortir  des  abîmes  volcaniques ,  se  combine  avec  quelque 
autre  cor[)s  combustible.  De  tous  les  composés  hydrogénés 
que  nous  connaissons,  on  ne  remarque  dans  les  Ueux  volca* 
niques  que  des  sels  ammoniacaux,  de  l'hydrogène  sulfuré  et 
de  l'acide  hydrocliloriquc.  Les  sels  anunoniacaux ,  dont  la 
base  proviendrait  de  la  combinaison  de  l'hydrogène  avec  Fa^ 
cote  de  l'air  décomposé ,  sont  en  trop  petite  quantité  pour 
qu'on  puisse  calculer  sur  une  grande  absorption  d'hydrogène 
par  ce  moyen.  Il  en  est  de  même  pour  l'hydrogène  sulfuré , 
qu'on  n  a  signalé  jusqu'ici  que  dans  une  proportion  assez 
faible.  H  est  vrai  que  ce  gaz  étant  facilement  inflammable 
au  contact  de  la  chaleur,  la  plus  grande  partie  pourrait 
<6tre  ainsi  décomposée,  puisque  les  tourbillons  de  fomée 
qui  suivent  chaque  explosion  sont  traversées  par  des  matières 
rouges ,  par  des  éclairs  qui  ne  manqueraient  pas  de  produire 
cet  effet.  Mais  alors  on  devrait  rencontrer  d'abondants 
dépots  de  soufre  autoiu*  des  cratères  et  dans  les  plaines  envi* 
ronnantes.  Si  dans  quelques  localités  (  volcans  du  Japon  y 
de  l'île  de  Java,  volcan  de  Kitnnea  dans  l'Qe  di'Hawài 
(  une  des  Sandwich  ) ,  etc. ,  etc.  ) ,  ce  corps  se  présente 
en  bancs  épais  ,  en  masses  considérables^  en  revanche,  dans 
presque  tontes  les  autres ,  il  est  en  fort  petites  proportions  : 
on  le  trouve  sous  forme  de  sublimations  ,  toujours  peq 


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(    207    ) 

étendaes;  ce  qui  ne  devrait  pas  être  s'il  se  produisait  cons-' 
tamment  par  suite  de  Finflammatioii  de  Fhydrogène  sulfure. 

Ce  serait  donc  avec  le  chlore  que  k  presque  totalité  de 
r hydrogène  s* unirait^  mais  alors  on  serait  force  d'admettre 
que  les  métaux  alcalins  et  terreux  ne  sont  plus  à  F  état 
de  liherté  dans  T  intérieur  de  la  terre ,  qu  ils  sont ,  au  moins 
en  partie ,  à  Fétat  de  chlorure ,  comme  quelques  chimistes, 
et  principalement  M.  Gay  Lussac,  Vont  avancé.  Dans  ce 
cas,  que  devient  la  théorie  de  sir  H.  Davy?  Du  reste, 
dans  cette  suppontion,  la  quantité  d*  acide  hydrochlorique 
produit  devrait  être  considérable.  Il  n'en  est  pas  ain^ 
cependant.  Tous  les  naturalistes  qui  ont  observé  les  phé- 
nomènes volcaniques  sur  place ,  ont  bien  reconnu  qu'au 
moment  des  éruptions  il  y  avait  production  de  cet  acide  ^ 
mais  aucun  d>ux  n'a  avancé  que  ce  fût  dans  des  pro- 
portions extraordinaires.  Il  résulte  de  tout  ce  qui  vient 
d'être  dit,  qu'il  est  loin  Jétre  démontré  rigoureusement 
que  l'eau  joue  dans  les  réactions  volcaniques  le  rôle  que 
sir  H.  Davy  lui  attribue. 

Une  autre  conséquence  de  la  théorie  du  cliimiste  anglais, 
c'est  que  les  parties  intérieures  du  globe  auraient  une 
pesanteur  spécifique  trc's  faillie  ,  puisqu'on  sait,,  en  effet , 
que  les  métaux  terreux  et  alcaUns  sont  généralement  plus 
légers  que  l'eau.  Or,  cette  grande  légèreté  est  contraire  à 
toutes  les  opinions  et  à  toutes  les  expériences  des  physiciens, 
qui  s^accordent  généralement  à  attribuer  aux  roches  internes 
de  notre  planète  une  densité  supérieure  à  celle  des  terres 
et  des  roches  qui  composent  sa  superficie.  On  peut  établir, 
d'après  les  calculs  de  Clairaut ,  de  Boscowich,  de  Laplace, 
du  docteur  MasLeline  et  les  expériences  de  Cavendish  ,  en 
prenant  un  terme  moyen ,  que  la  densité  du  noyau  interne 
de  la  terre,  comparée  à  celle  de  l'eau,  est  dans  le  rapport 
de  cinq  k  un  -,  par  conséquent  on  ne  peut  admettre  que  ce 
noyau  soit  formé  par  des  substances  dont  la  pesanteur 
spécifique  est  inférieure  k  celle  de  Teau. 


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(   208   ) 

D  après  tous  ces  faits ,  tons  ces  raisonnemeiits  ,  donl  )e 
pourrais  encore  augmenter  la  liste  ,  il  doit  tous  paraître 
éTÎdent  que  la  théorie  ingénieuse  de  sir  H.  Davy  est  in- 
suffisante pour  Texplication  de  ces  phénomènes  naturels , 
dont  la  grandeur  et  la  périodicité  ont  quelque  chose  de 
si  surprenant  (i). 

Hypothèse  de  M,  Gay  Lussac,  M.  Gay  Lussac  a  puUiéy 
il  y  a  quelques  années ^  un  mémoire  {Réflexions  sur  les 
volcans;  u4nn.  de  Chim,  et  de  Phjrsiç. ,  t.  xxu ,  p-  4"5  )i 
dans  lequel^  après  avoir  discuté  quelques-unes  des  théories 
proposées  pour  Texplication  des  phénomènes  Yolcaniqnes, 
et  notamment  celle  de  sir  H.  Davy ,  il  expose  ses  idées 
relativement  à  ce  point  si  obscur  de  la  géologie.  U  établit 
eu  principe  que  la  cause  la  plus^  influente  de  ces  phénomènes 
est  une  affinité  très  énergique  et  non  encore  satisfaite  entre 
des  substances  à  laquelle  un  contact  fortuit  leur  permet 
d'obéir,  d'où  résulte  une  chaleur  suffisante  pour  fondre 
les  laves  et  pour  donner  aux  fluides  élastiques  une  force 
capable  de  les  élever  et  de  les  verser  h  la  surface  de  la 
terre.  Or ,  ces  divers  effets  sont  produits  ,  suivant  lui,  par 
l'action  de  leau  sur  les  chlorures  des  métaux  des  terres , 
et  le  plus  ordinairement  par-  celle  de  Teau  de  la  mer  sur 
ces  mêmes  corps. 

J'ai  déjà  démontré  plus  haut  combien  il  est  difficile 
de  concevoir  la  conmiunication  des  eaux  de  la  mer  et 
même  celle  de  lacs  souterrains  avec  les  foyers  volcaniqnes. 


(i)  Ce  célèbre  chimiste ,  peu  de  temps  avant  sa  mort  prématurée , 
a  singulièrement  modifié  ses  idées  au  sujet  de  Torigine  des  volcans  ; 
il  a  renoncé  enfin  à  son  hypothèse,  et  reconnu  l'existence  d*nn  ira 
central  dont  les  volcans  ne  sont  Qu'une  dépendance.  (  Voir  on 
article  extrait  d'un  ouvrage  posthume  intitulé  :  ConsoUttions  en 
Vojrage,  ou  Les  derniers  jours  d'un  Phjcisien^  et  inséré  du» 
le  New  Edinb,  philos,  Joum,  ;  avril  i83o ,  p.  3ao,  sous  le  titre: 
Sur  la  Formation  de  la  terre  ,  par  sir  H.  Davy. 


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(  aog  ) 
Adoptons  néanmoins I  pour  un  instant^  les  idées  de  M. 
Gay  Lussac  k  cet  égard,  et  voyons  si  les  cous(  queuces 
qu'il  en  tire  sont  à  F  abri  de  toute  objection.  L'eau ,  en 
agissant  sur  les  chlorures  métalliques ,  devra  fournir  une 
masse  considérable  d'acide  hjdrochlorique.  La  présence 
de  cet  acide  dans  les  produits  gazéiformes  des  cratères 
est  bien  constante  ,  ainsi  que  je  Tai  déjà  dit ,  mais  il  s  en 
faut  qu'il  soit  en  aussi  grande  proportion  que  cela  devrait 
avoir  lieu  s'il  était  réellement  produit  par  cette  cause.  £n 
outre,  les  chlorures  métalliques  des  deux,  premières  sec- 
tions, mis  e^  contact  avec  l'eau,  à  nne  température  éle- 
vée ,  s'y  unissent  avec  force  ,  mais  ne  la  décomposent 
pas.  Il  n'y  a  que  le  chlorure  de  fer  qui  soit  dans  ce  cas. 
Mais  M.  Gay  Lussac  avance  qu'il  peut  se  former  de 
l'acide  hydrochlorique  par  la  réaction  de  Teau  sur  quelque 
chlorure ,  notamment  celui  de  sodium ,  s'il  se  trouve  en 
présence  d'oxides  métalliques.  On  sait ,  d'après  les  expé- 
riences qui  lui  sont  communes  avec  M.  Thénard,  que  le 
sel  marin  et  le  sable  très  secs ,  chauffés  à  une  tempéra- 
ture ronge ,  ne  se  décomposent  pas  ,  mais  que  lorsqu'on 
fait  passer  de  la  vapeur  aqueuse  sur  ce  mélange ,  il  se 
dégage  aussit6t  d'abondantes  vapeurs  d'acide  hydrochlo- 
rique. Or,  les  laves  contiennent  des  chlorures,  puisqu'elles 
en  exhalent  beaucoup  au  contact  de  l'air ,  et  que  MM. 
Monticelli  et  Covelli  ont  retiré ,  par  de  simples  lavages  à 
l'eau  bouillante  ,  plus  de  9  poiu*  cent  de  sel  marin  de 
b  lave  du  Fésuve  de  1822  ^  il  s'en  exhale  par  la  bouche 
des  volcans ,  puisqu'on  voit  de  très  beaux  cristaux  dans 
les  scories  recouvrant  la  lave  incandescente.  Si ,  par  consé- 
quent, dit  M.  Gay  Lussac ,  ces  laves  ont  le  contact  de 
Feau,  soit  dans  l'intérieur  du  volcan ,  soit  à  la  surface  de 
la  terre  y  par  le  moyen  de  l'air  ,  il  doit  nécessairement  se 
produire  de  l'acide  hydrochlorique  ,  toutes  les  circons- 
tances nécessaires  à  sa  formation ,  telles  que  présence  de 
l'eau,  des  clilorures  et  des  oxides,  se  trouvant  réunies. 

^7 


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(  ^ÏO  ) 

Une  autre  source  d'adde  hjdrodilorique  et  de  la  diakrar 
intense  nécessaire  à  rinflammatioo  des  Tolcans  se  trcNif« 
dans  la  réaction  de  F  eau  sur  les  chlorures  de  fer. 

t(  Si  on  prend  ,  en  effet ,  du  protochlorure  de  fer 
qui  aura  été  fondu  ,  qu'on  F  expose  à  une  chaleur  d*iui 
rouge  sombre ,  dans  un  tube  de  verre  ,  et  qu  alors  on 
fasse  arriver  à  sa  surface  un  courant  de  vapeur  d'eau  y 
on  obtiendra  beaucoup  d'acide  hydrodilorique  et  du  gaz 
hydrogène ,  et  il  restera  dans  le  tube  du  deuloxide  noir 
de  fer.  £n  employant  de  Toligène  sec ,  au  lieu  de  va- 
peur d'eau  y  on  obtient  du  chlore  et  du  peroxide  de  fer. 
Ij' expérience  s'en  fait  facilement ,  en  mébngeant  le  chlo- 
rure de  fer  avec  du  chlorate  de  potasse  sec  :  à  la  pha 
légère  chaleur  y  le  chlore  se  dégage  en  abondance.  Si 
on  fait  passer  de  l'air  humide  sur  le  cUonve  y  toujours 
il  une  température  voisme  du  rouge  y  on  obtient  du 
chlore  y  de  l'acide  hydrodilorique  et  du  peroxide  de  fer. 

u  Le  perchlorure  de  fer  se  comporte  d'une  manière 
semblable.  S'il  rencontre  de  Thumicfité ,  on  diitient  aussitôt 
de  l'acide  hydrocUorique  ,  ou  bien  du  chlore  s'il  ren- 
contre de  l'oxigène,  et  il  se  forme  du  peroxide  de  fer. 
Je  conçois  donc  que  le  fer  est  à  l'état  de  chlorure  dans 
les  fumées  exhalées  par  les  volcans  ou  par  leurs  laves 
au  contact  de  lair^  et  qu'au  moyen  de  la  chaleur ,  de 
l'eau  et  de  l'oxigène  de  lair,  il  se  change  en  peroxide 
qui  s'agrège  et  prend  une  forme  cristalline  en  se  pré- 
cipitant. 

u  En  faisant  arriver  du  chlore  sur  du  fil  de  fer  de 
clavecin  y  à  la  température  d'environ  4oo^,  le  fer  devient 
aussitôt  incandescent  ,  mois  pas  à  beaucoup  près  autant 
qu'avec  l'oxigène.  Le  perchlorure  est  très  volatil  ^  il  cris- 
tallise  par  le  refroidissement  en  petites  paillettes  très  légères 
qui ,  à  l'air  y  tombent  presque  instantanément  en  dâi- 
quescence.  Il  s  échauffe  si  fortement  avec  l'eau  ^  que  je 
ne  serais  point  surpris  qu'en  grande  massé ,  et  avec 


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(  ^'I  ) 

quantité  cTéau  convenable  y  il  ne  devint  incandescent.  Je 
ùia  cette  observation  pour  faire  sentir  que  si  le  silicium 
et  ralmnininm  étaient  réellement  à  Tétat  de  chlorure  datis 
les  entrailles  de  la  ten*e  ,  ib  pourraient  produire  une 
température  beaucoup  plus  élevée  dans  leur  contact  avec 
Feaa  y  puisque  leur  affinité  pour  Toxigène  est  très  supérieure 
à  celle  du  fer.  n  (  Gay  Lussac ,  /oc.  riV.  ,  p.  4^4-  ) 

S'il  est  très  vrai  que  le  chlorure  de  fer  se  comporte 
avec  Teau  et  Tair  y  ainsi  que  l'indique  M.  Gay  Lussac^ 
on  devrait  reconnaître  la  présence  du  chlore  au  milieu 
des  exhalaisons  volcaniques.  Personne ,  k  ma  connaissance  y 
n'en  a  pourtant  signalé  l'existence  dans  ces  circonstances. 
En  outre  ^  puisque  les  fumées  des  volcans  renferment  le 
fer  à  l'état  de  chlorure ,  on  devrait  trouver  ce  chlorure  en 
beaucoup  plus  grande  quantité  que  cela  n'a  lieu  dans 
les  environs  des  volcans  y  car  une  grande  partie  échapperait 
nécessairement  à  la  décomposition  et  viendrait  se  su])limer 
Il  r  extérieur.  Les  chlorures  métalliques  qui  se  trouvent 
autour  des  bouches  ignivômes  y  bien  loin  de  provenir  de 
l'intérieur  par  subUmâtion ,  paraissent  y  au  contraire,  se 
(armer  sous  nos  yeux  par  la  réaction  de  l'acide  bydro- 
chlorique  Ubre  sur  les  roches  volcaniques. 

Admettons,  au  reste,  malgré  tous  ces  faits  contradictoires , 
qne  l'explication  de  M.  Gay  Lussac  soit  fondée  poiu*  les 
éruptions  du  Fésm^  qu'il  a  étudiées ,  et  même  pour  la  plu- 
part de  nos  volcans  d  Europe  ;  mais  comment  expliquera- 
t-on  celle  des  volcans  du  Nouveau-Monde,  qui  sont  si  diffé- 
rentes par  la  nature  des  produits  qui  en  résultent?  Dans  b 
majeure  partie  des  volcans  américains ,  dans  ceux  du  Japon , 
de  rtle  de  Jas^Uy  etc. ,  les  éruptions  consistent  dans  des 
torrents  d'eau ,  de  boue  ,  de  bitume  ,  de  soufre ,  etc.  -y 
il  n'y  a  ni  laves  ,  ni  gaz  hydrochlorique ,  ni  sublimations 
de  chlorures  de  sodium  et  de  fer,  etc.  Cependant,  ces 
grandes  catastrophes  s'annoùcent  avec  les  mêmes  signes, 
sont  accompagnées  des  mêmes  phénomènes  accessoires^ 

27 


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(   212  ) 

ft6  terminent  de  la  même  manière  que  celles  de  nos  petits 
Tolcans  européens.  La  cause  qui  les  produit  doit  donc 
être  la  même  que  celle  qui  agit  dans  ces  derniers  ,  et 
alors  les  résultats  devraient  être  toujours  identiques.  Que 
conclure  de  tout  cela?  Que  la  théorie  de  M.  Gajr  LussaCj 
suivant  moi ,  présente  trop  de  difiicultésà  F  esprit,  repose 
siu*  des  fiuts  trop  peu  certains  ,  pour  qu'on  puisse  T adopter 
comme  F  expression  de  la  vérité.  Sans  doute  quelques- 
unes  des  i*ractions  que  ce  savant  physicien  suppose  devoir 
se  passer  pendant  les  éruptions,  peuvent  avoir  lien;  matt, 
considérer  ces  réactions  chimiques ,  qui  paraissent  purement 
secondaires  ,  comme  T  origine  première  de  ceç  grands 
bouleversements  de  la  nature  ,  c  est  donner  à  des  phé- 
nomènes bornés  une  plus  grande  importance  qu  ils  n  ont 
réellement ,  c  est  enfin  prendre  les  effets  pour  la  cause. 
Hjrpoihèie  de  M.  AL  Bi-angniati,  Celte  hypothèse  n  est 
antre  chose  que  les  deux  précrdentes  confondues  et  mto- 
difiées.  Son  auteur  pense  qu  un  phénomène  dont  les 
produits  sont  si  variés  peut  résulter  du  concours  de  plusieurs 
circonstances.  Il  regarde  comme  tri'S  vraisemblable  que 
Teau  ,  amenée  de  la  surface  de  la  terre  dans  son  in- 
térieiu*,  et  F  eau  salée  marine  surtout  ,  pénétrant,  par  la 
forte  et  continuelle  pression  qui  doit  résulter  de  ses  grandes 
masses  ou  de  ses  grandes  accumulations  ,  à  travers  les 
innombrables  fissures  des  rochers  qui  composent  Técorce 
du  globe  ,  fissures  encore  augmentées  par  le  phénomène 
lui-même  ,  an  ive  en  contact  avec  des  couches  de  la  terre 
qui  ,  abritées  de  faction  de  fair,  renferment  les  métaux 
des  terres  et  des  alcalis  ,  soit  encore  à  fétat  métallique , 
•oit  à  fétat  de  chlorure  ou  de  sulfure  ;  que  des  eaux  y 
sont  en  partie  décomposées  ,  en  partie  vaporisées  ;  que 
CCS  combinaisons  et  décompositions  rapides  font  nakre  une 
température  assez  élevée  pour  foudre  les  mélanges  terreux 
^  voisins  des  lieux  où  se  produit  cette  vive  action  chimique  ; 
que  les  gaz  et  vapeurs  dégagés  en  grande  abondance  par 


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(  ^i3  ) 
toutes  ces  réactions ,  ébranlent  et  soulèvent  Técorce  du 
globe ,  et  répandent  avec  violence  dans  Tatmosphere  des 
fluides  élastiques  mêlés  d  eau  en  vapeur ,  de  gaz  bydrogène 
sulfuré  j  de  gaz  acide  muriatique  y  d'acide  sulfureux  même. 
Celui-ci  ne  se  produit  probablement  qu'au  moment  où  le 
soufre  en  vapeur  arrive  dans  les  fissures  et  parties  creuses 
des  volcans  dans  lesquelles  Tair  atmo^hérique  peut  avoir 
quelque  accès  ;  ce  qui  paraît  expliquer  y  diaprés  M. 
Brongniart^  pourquoi  les  solfatares  tranquilles  produisent , 
en  général  y  plus  de  cet  acide  que  les  éruptions  violentes. 
On  conçoit  donc  y  ainsi ,  à  Taide  de  ces  idées  y  les  causes 
de  ces  productions  ,  la  raison  de  leur  mélange  et  la  diffi- 
culté que  doit  avoir  à  s'enflammer  le  gaz  hydrogène  sulfuré 
mêlé  d'une  si  grande  quantité  d'eau  en  vapeur  y  de  gaz 
acide  muriatique  y  d'acide  sulfureux  et  de  matières  pul» 
vérulentes. 

((  Ces  hypothèses ,  ainsi  modifiées  et  combinées ,  ajoute 
M.  Brongniart  y  expliquent  assez  bien  la  plupart  des 
grands  phénomènes  volcaniques  ,  les  tremblements  de 
terre  ,  les  soulèvements  du  sol  y  le  dégagement  si  abondant 
de  gaz  et  de  vapeurs  aqueuses  y  F  incandescence  et  la 
fusion  des  laves  y  la  présence  des  alcaUs  et  de  la  silice  en 
dissolution  dans  les  eaux  minérales }  on  sait  que  la  siHce 
naissante  est  dissoluble  dans  Teau ,  que  le  sulfure  de  silî* 
cium  est  décomposé  par  ce  Uquide  ;  elles  expliquent  y 
enfin  y  la  grandeur  des  phénomènes  y  ses  intermittences 
ou  sa  continuité  ,  suivant  que  l'eau  a  accès  y  rarement  y 
abondanmaent  ou  partiellement,  dans  les  parties  de  l'écorce 
du  globe  où  sont  encore  des  métaux  non  oxidés  des 
terres  et  des  alcaUs ,  le  soufre  ,  etc.  w  (  Dictionnaire  des 
Sciences  naturelles ,  t.   58 ,  p.  44^  9  article  Folcans,  ) 

Examiner  cette  théorie  ,  ce  serait  rentrer  dans  les  dis- 
cussions auxquelles  fai  soumis  celles  de  sLr  H.  Davy 
et  de  M.  Gay  Lussac.  Je  me  bornerai  donc  à  ce  simple 
rapport ,  vous  laissant  le  soin  de  vérifier  l'exactitude  des 


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(  >i4) 

preuves  que  f  ai  accnmulëes  contre  ses  suppositions  y  qu^ao 
premier  abord  on  serait  tenté  (T  adopter  complètement , 
tant  elles  paraissent  naturelles  et  plausibles. 

Hypothèse  des  FïUcanistes  au  Pkttonistes,  Je  Tiens  de 
passer  en  rerue  les  principales  hjpotbeses  que  Ton  a  sao 
cessivement  admises  pour  expliquer  ht  formation  des  phé- 
nomènes volcaniques.  Aucune  ,  comme  tous  TaTCz  tu  , 
n  a  pu  nous  en  ùàre  connaître  dëBnitivemeaC  la  cause 
immédiate  ^  aucune  n'est  l'expression  réelle  des  ûôts.  Ce 
qui  a  lieu  d* étonner,  c'est  la  grande diTei^ence  d'bpimom 
que  TOUS  aTez  pu  remarquer  chez  des  hommes  qui  partent 
des  mêmes  principes  pour  résoudre  le  même  pri^ème. 
a  Ne  serait-ce  pas,  dit  M.  CuTier  ^  que  les  conditions 
^  du  problème  n*ont  jamais  été  toutes  prises  en  considé^ 
«  ration  :  ce  qui  Ta  fait  rester  jusqu'à  ce  jour  indétenniné 
u  et  susceptible  de  plusieurs  Solutions ,  toutes  paiement 
«  bonnes  quand  on  fait  abstraction  de  teQe  ou  telle  con- 
<(  dition^  toutes  également  mauraises  quand  une  nooTdle 
((  condition  Tient  à  se  faire  connaître  y  ou  que  TattentiDn 
<c  se  reporte  Ters  une  condition  comme ,  mais  n^ligée  7 
<(  Pour  quitter  ce  langage  mathémathique  ,  nous  dirons 
(c  que  presque  tous  les  auteurs  de  ces  systèmes ,  n  «jant 
t(  en  égard  qu'à  certaines  difficultés  qui  les  frappaient  plus 
u  que  d'autres ,  se  sont  attachés  à  résoudre  ceUes4â  d'unt 
<c  manière  plus  ou  moins  plausible ,  et  en  ont  laissé  de 

a  côté  d'aussi  nombreuses,  d'aussi  importantes 

ce  Epuisant ,  sur  ces  d^ficultés ,  les  forces  de  lenr  e^rit , 
a  ils  croyaient  aToir  tout  fait  en  imaginant  un  moyen 
«  quelconque  d'y  répondre;  il  y  a  plus,  en  n^ligeant 
«  ainsi  tous  les  autres  phénomènes  ,  ib  ne  songeaient  pas 
cf  même  toujours  à  déterminer  aTCC  précision  la  mesore 
((  et  les  limites  de  ceux  qu'ils  cherchaient  à  expliquer.  » 
(  Cuvier ,  Discours  sur  les  RétH)lutions  de  la  sutfacc  du 
Globe  ,  p.  53  ,  3«  édition.  iSaS.  ) 

H  me  reste  maintenant  à  tous  exposer  les  idées  qoe 


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(  ai5  ) 
beaucoup  de  géologues  de  nos  jours  s  efforcent  à  répandre 
relativement  à  fétat  actuel  de  F  intérieur  du  globe ,  d'où 
dépendraient ,  suivant  eux  y  les  grands  effets  qui  boule- 
versent sa  sur&ce  par  T  intermédiaire  des  bouches  igni- 
vômes.  Mais ,  pour  traiter  convenablement  un  pareil  sujet  y 
je  serai  forcé  de  prendre  les  choses  de  plus  loin ,  et  de 
vous  rappeler  les  opinions  de  quelques  naturalistes  cé- 
lèbres du  siècle  dernier.  Mon  intention  n'est  pas  de  vous 
reproduire  ici  tous  les   systèmes  qu'on  a  laborieusement 
construits  sur  F  origine  de  notre  planète  et  les  modifica- 
tions qu*eUe  a  pu  éprouver  jusqu'à  nos  jours.  Un  volume 
ne  sufGrait  pas  pour  un  tel  travail ,  curieux  sans  doute  , 
parce  qu'il  nous  ferait  connaître  la  marche  de  l'esprit  bu- 
main  ,    et  la  tendance  qu'il  a  toujours  eue  à  se  rendre 
compte  des  faits  et  à  les  expliquer  ,    alors  même   que 
l'état  des  CQnnaissances  était  insuffisant  pour  conduire  à 
un  tel  résultat.  On  peut  voir  l'exposition  et  la  réfutation 
d'un  très  grand  nom]>re  de  ces  sptèmcss  dans  le  '6^  volume 
de  la  Théorie  de  la  Terre  y  par  J.  C.  Delamétbérie.  Il  suf- 
fira f  pour  mon  objet ,  de  vous  Eure  connaître  seulement , 
en  quelques  mots,  les  deux  opinions  principales  qui  depuis 
long-temps  partagent  le  monde  savant ,  et  qui  ont  donné 
lieu  à  des  discussions  très  animées,  surtout  dans  le  dernier 
siècle  ,  ou  la  partie  spéculative  de  la  science  était,  pour 
ainsi  ^e  y  la  seule  qui  fixât  l'attention  des  cisprits.  C'est 
par  suite^  de  ces  discussions  que  les  géologues  se  parta- 
gèrent en  deux  grandes  corporations ,  les  Neptuniens  et 
les  PitUonistes.  Nous  allons  vpir  l'origine  de  ce  schisme 
scientifique  ,  en  examinant  les  deux  grands  systèmes  de 
gëogénie,  qui  comptent  encore  l'un  et  l'autre  des  partisans 
très  recommandables. 

Dans  l'origine  des  choses ,  les  dilTérenles  matières  qui 
composent  la  masse  de  notre  planète  ont  été  fluides^ 
Gomme  tout  le  constate.  Tous  les  géologues  s'accordent 
sur   ce  points  mais  ik  diffèrent  ensuite  ,  lorsqu'il  s'agit 


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(3l6     ) 

de  préciser  quelle  était  T espèce  de  fluidité  dans  laqaeDe 
se  trouvaient  tous  ces  matériaux  constitutifs.  Les  uns 
teulent  qu'ik  aient  été  tenus  en  dissolution  ou  en  simple 
suspension  dans  un  liquide ,  d'où  ils  se  sont  ensuite  pré- 
cipités successirement ,  et  ont  ainsi  formé  les  diverses 
couches  que  Ton  remarque  lorsqu'pn  creuse  dans  la  terre  : 
tel  est  le  sentiment  des  Neptuniens,  Les  autres  soutiennent 
que  la  fluidité  j  bien  loin  d'avoir  été  aqueuse ,  était  ignée, 
c  esthà-dire  que  le  noyau  primitif  du  globe  était  tenu  en 
liquéfaction  par  la  chaleur  ^  comme  les  substances  métal- 
liques peuvent  Tétre  dans  nos,  fourneaux. ,  et  que  graduel- 
lement il  s'est  refiroidi  de  la  circonférence  au  centre ,  et 
s'est  consolidé  :  telle  est  T opinion  des  Piutom'stes.  Une 
divergence  si  prononcée  a  dû  nécessairement  être  motivée 
de  part  et  d'autre  sur  des  faits  concluants;  il  faut  cepen- 
dant que  l'erreur  se  trouve  dans  l'une  ou  l'autre  manière 
de  voir;  mais  qui  pourra  dir^er  l'esprit  dans  la  route 
la  plus  sage ,  et  lui  &ire  apercevoir  la  vérité  là  où  tout 
est  enveloppé  d'un  mystère  impénétrable?  L'étude  cmis- 
ciencieuse  et  approfondie  des  faits  est  le  seul  moyen  d'ar- 
river à  un  tel  résultat.  Cest  ce  qui  distingue  notre  siècle  ; 
qui  est  éminemment  porté  vers  les  choses  positives  :  aussi 
n'est-ce  que  depuis  une  vingtaine  d'années ,  tout  au  plus , 
qu'on  commence  à  revenir  à  des  idées  plus  sages  y  et 
que  la  science  marche  de  découvertes  en  découvertes. 

C'est  donc  en  recueillant  tous  les  faits  ,  en  discutant 
leur  valeur  respective  y  en  les  comparant ,  qu'on  peut  es- 
pérer d'arriver  à  la  connaissance  de  ce  qui  s'est  passé  aux 
premières  époques  de  la  formation  du  globe  que  nous 
habitons.  En  agissant  ainsi ,  les  géologues  de  nos  jours  sont 
parvenus  à  démontrer  y  d'une  manière  pour  ainsi  dire 
rigoureuse  y  que  l'opinion  des  PkUonistes  était  la  seule 
qui  fût  d'accord  avec  l'observation.  Les  idées  de  Buffin, 
sur  l'existence  d'un  feu  central  y  idées  qui  ont  été  Tobjet 
de  critiques  si  amères  de  la  part  des  naturalistes  qui  Fool 


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(  ai?  ) 
"BmëdiateBieirt  suivi,  reprcnneiit  aujonrd'lnii  me  {4eîne 
fiiteur ,  et  peuTebt  être  rangées  au  nombre  des  vérité  les 
plus  solidement  établies.  Vous  savez  avec  quelle  magie  de 
style  Buflbn  a  euj^sé  son  système  ingénieux  dans  son 
Discours  sur  la  théorie  de  la  Terre  et  dans  ses  Epoques 
de  la  Nature.  Je  reproduirai  ici  ses  principales  idées , 
avant  de  développer  celles  qui  ont  cours  dans  l'eut  actuel 
delà  science. 

Cet  illustre  naturaliste  a  supposé  qu'une  coipète^  pas-  . 
saat  aivec  rapidité  près  du  soleil ,  gM>e  de  matière  em- 
brasée et  bouillonnante,  avait  hewrté  obliquement  une 
portion  de  sa  surface^  l'avait  détachée  et  lancée  dans 
le^iace ,  et  que  cette  portion,  en  se  réunissant  autour 
de  divers  centres ,  avait  produit  les  différentes  parties  du 
systèoie  planétaire,  et  par  suite  la  terre.  Celle-ci  était 
donc ,  au  moment  de  sa  formation  y  une  masse  en  fusion, 
nie  se  refroidit  graduellement ,  et  se  consolida  d'abord  à 
sasur&ce;  une  partie,  des  vapeurs  qui  constituaient  Tinb- 
mense  atmosphère  de  ce  globe  de  feu  se  condensa  ,  se 
réduisit  en  eau  et  forma  les  mers.  Celles-ci  attaquèrent  la 
croûte  consolidée  ,  la  délayèrent ,  se  chargèrent  des  élé<- 
ments  par  dissolution  ,  les  modifièrent  ^  et,  les  laissant 
ensuite  tomber  sous  forme  de  précipités,  elles  donnèrent 
naissance  aux  couches  minérales.  Ces  mêmes  mers ,  par 
leurs  mouvements  et  par  leurs  courants  ,  sillonnèrent 
Técorce  qu  elles  venaient  de  produire  ,  et  formèrent  ainsi 
les  inégaUtés  qui  s'y  remarquent. 

Les  preuves  que  Buiibn  réunit  pour  démontrer  la  va- 
lidité de  sa  théorie  ,  il  les  tire  des  faits ,  des  monuments 
et  des  traditions.  Quant  aux  premières  ,  il  en  admet  cinq , 
savoir  :  i^  la  fortne  sphéroïdale  du  globe  -,  2<*  la  dial^ur 
intérieure,  qui  lui  est  propre  5  3^  la  plus  grande  intensité 
de  cette  chaleur  comparée  à  celle  qui  provient  du  soleil , 
celle-ci  n'étant  pas  suffisante  pour  maintenir  la  vie  sur  le 
globe  'y  4^  la  nature  des  matières  qui  composent  le  globe , 

28 


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(a'8) 
^6  Bûtfon  compare  à  celle  da  Terre  ;  5®  Ifes  coquiDes  on 
autres  corps  fossiles  que  Ton  trouve  jusqu  à  iSoo  et  3000 
toises  d'ëlévatiom. 

Lé  premier  de  ces  faite  lui  dëmontrè  que  te  gk>be  a 
été  y  dès  son  origine ,  dans  un  état  de  fluidité  ;  car  s  il  e&t 
été  solide  y  il  neût  jamais  pu  ,  malgré  la  rapidité  desoo 
mouvemeiit  de  rotation ,  prendre  d'autre  figure  que  celle 
d'une  sphère  exacte.  Le  second  fait  et  le  troisième  lui 
serrent  à  prouver  que  cette  fluidité  était  une  liquë&etioo 
opérée  par  le  feu  y  dont  la  dialeur  propre  du  globe  est  un 
reste  y  cette  chaleur  afugmentant  à  mesure  que  Toi»  pénètre 
plus  avant.  A  T époque  où  Buffon  écrivait,  la  géognosie 
positive  n  était  pas  asse2  avancée  pour  qu'il  pût  connaître 
quelle  était  la  nature  des  roehes  qui  composent  les  eouches 
du  gld)è;  dépendant  ce  génie  élevé  n'en  a  pas  moins 
avancé  cette  dpinioa  ^  étayée  aujourd'hui  sur  une  foule 
d'observations,  qUe  les  roches  antérieures  à  F  existence  d^ 
la  vie  sont  le  produit  du  feu  primitif,  et  que  beaucoup 
d'autres  postérieures  sont  également  dues  y  soit  à  des 
matières  liquéfiées  y  soit  à  des  roches  altérées  par  une 
chaleur  extrême.  Le  cinquième  fait ,  l'existence  de  dé- 
pouilles organiques  à  des  hauteurs  considérables  au-dessus 
du  niveau  actuel  des  mers ,  lui  fit  avancer  que  les  eaui 
avaient  coopéré  aussi  à  la  formation  d'un  certain  nombre 
de  roches  qui  se  trouvent  superposées  à  celles  qui  oc* 
cupent  la  partie  inférieure  de  l'écorce  minérale  de  U 
terre. 

Telles  sont ,  en  quelques  mots  ,  lés  idées  de  Bufibn 
sur  la  manière  dont  notre  sphéroïde  a  été  produit  et  amené 
a  l'état  dans  lequel  il  se  trouve  aujourd'hui.  Elles  ne  lui 
appartiennent  pas  toutes  cependant.  L'opinion  que  le 
centre  de  la  terre  ,  par  exemple,  conserve  encore  un 
reste  de  la  chaleur  qu'il  avait  primitivement ,  a  été  avan- 
cée ,  pour  la  première  fois  ,  par  Whiston  (  A  new  Theofj 
qfthe  Eiinh.  Londres  >  1708  ),  sur  des  suj^positions  entiè 


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(  ai9) 
rement  fausses ,  il  est  vrai  ;  mais  enfin  les  observations 
subséquentes  sont  venues  la  confirmer.  Leibnitz  ^  à  Fimi- 
tation  de  Descartes  ,  a  émis ,  en  i683  ^  im  système 
dont  celui  de  Buffon  n  lest  guère  qu'un  développement  ; 
en  effet,  il  a  considéré  les  plançtes  eomme  autant  de  pe- 
tits soleils  qui ,  après  avoir  brûlé  long-temps  ^  ont  fini 
|Mir  s'éteindre  ,  faute  de  matières  combustibles,  et  sont 
ainsi  devenus  des  cofps  opaques.  Aussi  le  feu  a-t-il ,  par 
la  fonte  des  matières ,  produit ,  selon  lui ,  une  couche  vi- 
trifiée y  et  tous  les  corps  qui  se  trouvent  à  la  surfiice  des 
planètes  sont ,  ou  éa  verre  réduit  en  parties  très  tenues 
comme  le  sable ,  on  du  verre  mêlé  aux  sels  fixes  et  à 
Feau.  Lorsque  la  surfiice  de  la  terre  fut  refi*oiâie ,  une 
très  grande  quantité  d'eau  qui  avait  été  réduite  en  va- 
peurs retomba  et  forma  les  mers  ,  qui  déposèrent  ensuite 
les  terrains  calcaires.  (Protogœa,  Act,  Ups.,  16835  (^ott., 
1 749*  )  Néanmoins  j  Bufibn  étant  le  premier  qui  ait  ap- 
puyé ses  idées  spéculatives  sur  des  faits  authentiques ,  et 
qui  se  soit  aidé  de  F  observation  j  on  doit  le  considérer 
comme  le  véritable  fondateur  du  vulcanisme  primitif,  et- 
lui  réserver  tout  Fhonneur  d'une  théorie  que  tout  concourt 
maintenant  à  établir  rigoureusement  (1). 

Parmi  les  naturalistes  qui  ^  après  Bufbn ,  se  sont  oc- 
cupes de  rechercher  les  causes  premières  qui  ont  présidé 
à  la  formation  de  notre  planète  y  plusieurs  ont  adopté  ses 
idées  ou  professé  des  opinions  qm  s'en  rapprochent  sur 
plusieurs  points.  De.  ce  nombre  sont  Hutton  et  Plajfair 
{Illustrations  of  the  UuUoman  Theoty  of  the  Earth. 
£dimb. ,  1 803  ) ,  Dolomieu ,  Lagr^nge ,  Laplace ,  le  baron 


(1)  Le  comte  de  Lacëpéde  a  reproduit  récemment  la  théorie  de 
Buffon ,  en  la  modifiant  un  peu  Son  ouvrage  posthume  le  fait 
Ivre  avec  le  yàm  vif  intérêt.  (JÇ«  jiges  de  la  nature,  eêHiêtoife 
^  f  espèce  humains  ;  a  vol.  in-S».  Paris ,  i83o.«  LevraulU  ) 

28. 


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Fourler.;  MM.  de  FérusAaCy  Cordier,  Von  Hoff  (  i  ), 
H.  Dary ,  de  HuQiboldt  y  Merian  (  «Sur  la  chaleur  inté- 
rieure de  la  ferre  i  fVissench.  Zeitschrtft.  BâU ,  iSaS, 
4^  pahier,  p.  82  ),  etc.  y- etc. 

Mais  9  de  tous  les  géologues  contemporains  ,  M.  le  bartm 
de  Ferussac  est  celui  qui  a  le  plu^  contribué  k  faire  revivre 
les  opinions  de  Buffon ,  ou  du  moins  celle  Jun  TulcanisBie 
prin^itif.  Depuis  une  douzaine  d'années,  il  a  oonatammuenft  di- 
rigé ses  recherches  dans  ce  but^  et  a  obtenu  le  plus  beau  de 
tous  les  résultats,  celui  d* avoir  convaincu  les  esprits  à  Taide 
de  faits  précis  et  multipliés ,  et  d'avoir  enfin  ramené  les  natu- 
ralistes sous  r empire  des  lois  naturelles  qui  r^issenl  Ten- 
semble  de  T univers.  Ce  savant,  qui  s'est  tant  occupé  de  This* 
tojre  des  coquilles  de  terre  et  d'eau  douce ,  s'est  efforcé  de 
l'appliquer  à  l'histoire  des  révolutions  du  gtobe.  U  a  pré- 
senté ,  en  1 8a I,  à  l'Académie  royale  des  Sciences ,  une  suite 
de  mémoires  géologiques  sur  les  terrains  tertiaires,  particu- 
lièrement sur  les  dépôu  de  lignites  et  sur  les  coquilles  flnvia- 
Ules  qui  les  accompagnent.  Voici  les  conclusions  qui  résul- 
tent des  faits  observés  par  lui  et  par  les  autres  géologues. 

Toutes  les  formations  tertiaires  qu'il  a  décrites  scmt  lo- 
cales. La  succession  des  divers  dépâts  marins  ou  d'eau 
douce  est  le  plus  souvent  différente  dans  des  bassins 
contigus.  Les  débris  de  l'ancienne  végétation  du  globe 
couvrent  des  parties  considérables  de  sa  surface  j  on  en 
trouve  à  toutes  les  hauteurs  et  à  toutes  les  latitudes. 
Cette  dernière  observation  prouve,  qu'il  des  élévations  ou 
à  un  degfé  de  température  qui  ne  permettent  plus  au- 
jourd'hui à  la  végétation  de  se  développer,  elle  était  au- 


(  I  )  Geschichte  der  durch  Ueherlieferung  nachgewietenen 
noi&rlichen  Verandtrungen  der  JBrdrObe/fiœche,  -^Recherrhft 
êur  les  changements  de  la  surface  de  la  ierre,  dont  Us  pitarrs 
se  trouvent  dans  les  documents  historiques i  par  M.  Von  Hoff;  a 
vol.  iQ-8*.   Gotha. 


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(  aai  ) 
trefois  ti^a^orle^  sos  débris  montrent  qu'elle  était  imaloguê 
à  pelle  qui  couvre  actuellement  la  zone  ou  nous  vivons, 
tandis  que  les  débris  des  végétaux  renfermés  dans  les  parties 
basses  de  notre  sol ,  sont ,  au  contraire ,  analogues  à  la  vé- 
gétation actuelle  de  la  zone  toiTÎde.  M.  de  Férussac  en 
tire  cette  conséquence  évidente  que  la .  température  de  la 
sur&ce  de  la  terre  a  notablement  cbangé  ;  qu'il  y  a  eu 
un  .  refoulement  de  la  végétation  des  parties  élevées 
vers  les  parties  moyennes  ,  et  de  celle9K;i  vers  les  parties 
basses  ;  enfin  que  l'anéantissanent  des  races  d'animaux 
perdues  est  dû  aux  mêmes  causes  qui  ont  fait  changer 
la  végétation  ,  c'est^rdire  à  rabaissement  de  la  tempé- 
rature et  à  celui  des  eaux. 

M.  Crichton ,  dans  ces  dernières  années ,  a  reproduit 
en  partie  les  idées  de  M.  de  Férussac ,  sans  toutefois 
faire  mention  des  travaux  de  ce  dernier  savant.  ï^e  mé- 
moire qu  il  a  publié  a  ce  sujet  est  très  intéressant ,  en  ce 
qu'il  prête  un  nouvel  appui  aux  explications  que  M.  de 
Férussac  a  données  sur  les  phénomènes  les  plus  curieux 
qui  se  sont  passés  à  la  surface  du  globe  h  des  époques 
très  reculées  de  nous.  ÇSur  la  températwe  du  monde  anté- 
diluvien, sur  son  indt'pendance  de  f  influence  selniie  et  sur 
lajbrmadon  du  granité ,  par  sir  Alex.  Crichton;  j4nnals 
of  Philos,  y  février ,  p.  97,  et  mars  i8a5 ,  p.  207.  )  M*  le 
professeur  Sdiouw  ,  de  Copenhague ,  pénétré  des  mêmes 
opinions  que  les  deux  naturalistes  précédents,  s'est  efibrcé, 
de  son  câté ,  d'en  démontrer  la  justesse  ,  en  réunissant  un 
grand  nonibre  de  preuves  relativement  à  la  température 
phis  élevée  qui  a  dû  régner  dans  les  zones  tempérées  h 
une  époque  bien  antérieure  à  l'apparition  de  l'homme  à 
la  surface  de  la  terre.  (  Voyez  Analyse  des  Mémoires  du 
professeur  Schouwy  de  Copenhague ,  sur  la  t&npéirUure  ; 
OErsied  ofersigt  over  detck,  Donshe  Fidcnskabs  seiskabs 
Jorhandly   18^4.) 

M.  Adolphe  Brongniart,  qui ,  dans  ces  derniers  temps  , 


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(   232   ) 

«est  livré  avec  on  très  grand  succès  à  rëtode  des T^éum 
fossiles  y  et  qui  a  tant  contribué  k  augmenter  les  con- 
naissances que  nous  possédions  déjà  sur  ces  restes  de 
r  ancien  monde ,  grâces  aux  travaux  de  Schendizer  ,  de 
MM.  de  Schlotheim  ,  de  Stemberg  y  Rhode  ,  Martios , 
Parkinson  ,  Artis  ,  Nilson  ^  Agardh  et  Steinhauer  y  M. 
Ad.  Brongniart  ,  dis-)e  y  a  tiré  de  ses  recherdies  les 
mêmes  conséquences  que  celles  présentées  par  MM.  de 
Férussac,  Crichton  et  Schouw.  Ce  jeune  et  laboneoi 
naturaliste  s'est  effi>roé  de  reconnaître  quelle  était  la 
répartition  et  la  nature  des  végétaux  à  la  surface  du  globe , 
aux  diverses  époques  de  sa  formation ,  et ,  par  la  com- 
paraison des  caractères  de  la  végétation  souterraine  propre 
aux  différents  terrains  ,  il  a  été  conduit  à  établir  quatre 
périodes  bien  distinctes  pendant  cbaeune  desquelles  la 
végétation  a  conservé  les  mêmes  caractères  essentiels  y  tandis 
que  ces  caractères  sont  totalement  différents  quand  oa 
passe  d'ime  période  ou  d'une  groupe  de  formatioa  à  un 
autre. 

La  première  période  ,  la  plus  ancienne ,  comprend 
r  espace  de  temps  qui  s'est  écoulé  depuis  la  formation  des 
premiers  terrains  de  transition  jusqu'après  le  dép6t  da 
terrain  bouillier.  Les  grandes  couches  de  houille  peuvent 
étfe  regardées  comme  le  résultat  de  la  destruction  de  cette 
végéution  primitive  de  la  terre.  Cette  première  période 
est  caractérisée  essentiellement  par  Fimmense  prédomi- 
nance numérique  des  cryptogames  vasculaires,  c  esl-4-^bv 
des  fougères ,  des  prèles ,  des  lyoopodes  y  et  le  grand  déve- 
loppement de  ces  plantes.  Ainsi  y  k  cette  époque  y  û  j 
avait  des  prèles  de  plus  de  dix  pieds  de  haut  et  de  cinq 
il  six  pouces  de  diam^tre  ;  des  fougères  en  arbre  de  quarante 
k  cinquante  pieds  d'élévation ,  et  des  lycopodiacées  arbores- 
centes de  soixante  à  soixante-dix  pieds  de  haut.  Ces  fiûts,  et 
r  analogie  de  cette  végétation  avec  celle  des  régions  les  fto 
chaude)  çX  le»  plu$  humides  de  F  Amérique  équinoxiak 


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(  a»3  ) 
et  des  tiet  dé  F  Archipel  d'Asie ,  nous  portent  à  conclure 
qu'à  r époque  de  la  formation  des  houilles  :  i^  la  surface 
dëcouTerte  de  la  terre  ne  formait  que  dçs  iles  ou  des 
archipek  épars  au  milieu  d'une  raste  mer  sans  grands 
continents  ;  i^  que  la  température  de  ces  lies  ëtait  beau- 
QOixf  plus  élevée  que  ne  Test  aujourd'hui  celle  d'aucun 
lieu  de  la  terre  j  et  de  plus ,  comme  partout  les  végétaul 
foasfles  de  la  première  période  présentent  à  peu  près 
les  mêmes  caractères  ,  nous  devons  en  inférer  que  cette 
température  plus  élevée  était  répandue  plus  uniformément 
sur  toute  la  surface  du  globe.  L'ancienneté  des  terrains 
dans  lesquels  se  rencontrent  les  végétaux  propres  à  cette 
époque ,  prouve  ,  ce  que  d'ailleurs  on  aurait  pu  admettre 
à  priori  y  que  la  vie  a  commencé  y  sur  la  terre ,  par 
le  règne  végétal.  Pendant  tout  l'intervalle  compris  entre 
le  commencement  et  la  fin  de  la  période  en  question  y 
les  invertébi*és  seuk  vivaient  sur  les  terrains  mis  à  découvert  : 
fl  est  douteux  que  les  mers  i^eofermassent  des  poissons. 

La  seconde  période  répond  à  l'époque  de  formation 
du  grès  bigarré  :  elle  est  essentiellement  caractérisée  par 
l'égalité  numérique  des  cryptogames  vasculaires  j  des  pha- 
nérogames gynmospermes  représentés  par  les  conifères, 
et  des  monocotylédones^  ainsi  que  par  le  moindre  développe- 
ment de  ces  végétaux  ,  ce  qui  indique  déjà  un  abaisse- 
ment sensible  dans  la  température  régnante. 

La  troisième  période  commence  au  dépôt  du  calcaire 
conchylién  (  muschelkalk  )  ou  du  grès  qui  le  recouvre  im- 
médiatement (  keuper  )  y  et  s'étend  jusqu'à  la  craie.  Elle 
se  distingue  particulièrement  des  deux  autres  ;  par  la  pré- 
dominance des  phanérogames  gymnospermes  ,  et  surtout 
des  cycadées  ;  les  cryptogames  vasculaires  tiennent  le 
second  rang  ;  puis  viennent  quelques  monocotylédones 
très  peu  nombreuses.  Pendant  ce  temps  y  aucun  mammifère 
terrestre  ne  parait  avoir  existé  sur  la  terre  y  qui  n  était 
habitée  que  par  les  grands  reptiles ,   au  nombre  desquels 


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(  ^^) 

se  trouvaient  ces  pksio-saurus ,  ces  plérodactylts  j  en 
ichtyo-saut-ui  ,  que  la  nature  avait  organbës  pour  le  vol 
^t  pour  la  ùatation.  La  température  avait  donc  ^Kiore 
subi  une  diminution  oonsidérable. 

La  quatrième  période  y  enfin  y  comprend  tous  les  terrdat 
supérieurs  à  la  craie  ,  désignés  ordinairement  sous  le 
nom  de  terrains  tertiaires.  Elle  présente  des  végétaux  de 
toutes  les  classes  actuellement  existantes ,  parmi  lesquelles  » 
comme  à  V  époque  acluelle  j  les  dicotylédones  sont  de 
beaucoup  les  plus  nombreuses  >  puis  les  monoootylëd<mes, 
les  phanérogames  gymnospermes  et  en  dernier  rasg  lei 
cryptogames  et  les  agames.  Cest  pendant  cette  période 
qu  ont  vécu  d'abord  des  palœoUienum  y  des  anoploihentm 
et  autres  genres  peixlus  aujourd'hui  y  dont  on  doit  la  eoa- 
naissance  au  célèbre  M.  Cuvier  y  puis  des  élépliuils^  des 
rhinocéros ,  et  autres  races  contemporaines.  La  régétatieft 
de  celte  dernière  période  était  donc  la  même  que  ceUe 
de  r  époque  actuelle  f  mais  les  plantes  qui  couvraient  alors 
le  sol  des  régions  septentrionales  n  étaient  pas  celles  qui 
r  embellissent  aujourd'hui;  elles  appartenaient  presque  toutes 
a  des  familles  propres  actuellement  aux  rég;ions  éqoino- 
xiales  :  tels  sont  les  palmiers ,  les  laïuiers  y  les  mâastomes , 
et  autres  végétaux  qui  ne  peuvent  être  rapprochés  qœ 
de  genres  exotiques  des  pays  cliauds.  On  a  iîx>uvé  à 
Montmartre  des  troncs  de  palmiers  et  d'autres  arbres 
monocotylédonés  ;  on  a  rencontré  des  feuilles  des  mêmes 
arbres  dans  les  platrières  $Mx  et  dans  la  molasse  des 
environs  de  Lausanne,  Ainsi ,  h  T époque  où  les  animaw 
de  Montmartre  (^palœotherium  et  anoplotherium) y  vivaient 
aux  environs  de  Paris  y  le  même  soi  nourrissait  dtas 
palmiers.  Ces  deux  circonstances  réunies  annoncent  d^ 
d'une  manière  évidente  un  climat  plus  chaud  que  eeU 
que  nous  supportons  actuellement  y  quoique  moins  bràlaot 
que  celui  des  régions  équatoriales. 

Ainsi  I  en  résumant  ce  qui  est  relatif  à  k  végétation 


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lie  I»  tenu  j  dan»  lef  ^ti^  gfaniks  pcrioch»  acbiisès 
par  M.  Ad.  Brongmarl  y  oa  h  iroii  d'abord  simple  comme 
lorgaoisatioB  du  règ^  «lûmal  ans  mi^me»  époques^  et 
dam  ses  caraotères  on  retroove  la  preuve  de  cette  tempé- 
jratare  élevée  qui  a  été  »  sena  aooim  doute  ;  cette  de,  k 
terre  au  moment  ou  se  déposaient  tes  eotiches  les  plus 
anciennes  de»  iernôns  de  transport.  La  distribution  des 
fiuEBiUes  et  des  genres  nous  représente  les  ppenûères  terret 
fnises  à  nu  comme  des  iles  sortant  à  peine  du  vastie  océan 
primitif,  qui  na  formé  que  plus  tard  nos  terrains  tm** 
tiaires.  Dans  la  deuxième  période  ,  les  plantes  com^ 
fBenoent  à  yarier  ^  on  peut  déduire  de  k  présence  d*une 
fougère  arborescente  dans  les  terrains  de  cette  époque 
(  grès  bigarré  )  ,  que  la  température  régnante  était  encore 
l>îen  plus  élevée  que  celle  de  nos  climats,  et  analogue 
pr(4>ablement  à  celle  des  régions  intertropicales.  A  la  troi- 
sième période,  la  régélatioa  se  complique  et  se  modifie 
clans  un  sens  qui  la  rapproclie ,  sous  tons  les  rapports  y 
file  ce  qu'elle  deviendra  dans  la  quatrième.  Elle  indique 
une  plus  grande  étendue  de  terre  sortie  dé  P  océan  ,  une 
iev^ratura  moins  élevée,  des  genres  de  végétaux  qui 
se  rapprochent  de  ceux  qui  prédominent  maintenant ,  sur* 
tout  de  ceux  qui  croissent  dans  les  régions  équatoriales. 
A  la  quatrième  période ,  apparaissent  enfin  des  monoco- 
tylédones  et  des  dicotylédones  ^  les  végétaux  sont  encore 
pins  variés ,  plus  parfaits  ;  mais  les  analogues  de  ceux  qui 
ont  existé  les  premiers  sont  réduits  à  une  taille  bien 
moindre  ;  c  est  aussi  Tépoque  de  Tapparition  des  ani- 
iBanx  les  plus  parfaits  ,  des  animaux  à  respiration 
aérienne,  des  mammifères  et  des  oiseaux  :  tout  annonce 
une  température  plus  modérée ,  en  un  mot ,  un  état 
dm  choses  qui  se   rapproche  de    plus  en  plus  de  F  état 

aoiael. 

(  OwsûiératioHs  générales  sur  la  nature  de  la  t^égétation 
nui  couvrait  la  surjùce  de  la  Terre  aux  diverses  rpoçues 

29 


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(    2%6  ) 

-de  Jbrmatiôn  de  son  écorce  ;  par  M;  Àd.  Brongniaft; 
Annales  des  Sciences  naturelles  y  t.  i5y  p.  !i!t5). 

Une  des  prearea  les  plus  convaincantes  qife  la  terre  a 
ilne  chalenr  propre ,  chaleur  qui  va  successivement  en 
augmentant  à  mesive  que  fou  va  de  la  circonférence  vers 
le  centre ,  est  celle  que  Ton  tire  des  expériences  faites 
dans  les  mines  ou  dains  toute  elcavation  profonde.  Il  n  t 
«  encore  qu  une  trentaine  d'années  qu'on  pensait  géné^ 
ralement  que  la  température,  dans  F  intérieur  du  globe  ^ 
était  constante  et  égale  ,  au  moins  dans  nos  latitudes 
moyennes  ^  à  1 2^  ennron.  Cependattt  ^  déjà  'depuis  long- 
temps^ Geûsanne^  directeur  des  mines  de  Girc^magny^ 
dans  les  Vosges  {Dissertation  sur  la  dacè,  pat  Mairan; 
Paris,  1 749  »  in- 1 3  ,  p.  60  et  suir.  ) ,  et  Saussure  (  Voyage 
dans  les  jélpes  ^  %  io88)>  avaient  démontré,  par  des 
^expériences  directes  ;  qu'il  y  avait  accroissement  de  dia- 
leur  en  raison  directe  de  la  profondeur*  Mais  ces  pretniers 
essais  ne  fireût  aucune  impression  sur  lès  géologues  tT  alors , 
'qui  contestaient  F  exactitude  de  ces  obserVati<ms ,  ou  les 
considéraient  comme  des  phénomènes  purement  locaux. 
M«  d*  Aubnisson  de  Voisins ,  un  des  élèves  les  plus  distin- 
gués de  Wemer,  fit,  il  y  a  a5  ans,  des  observations 
aux  mines  de  Freyùerg  en  Saœe,  avec  un  soin  parti- 
culier ,  et  dans  des  circonstances  varices ,  et  le  résolut 
lobtenu  fut  que  T  accroissement  de  température  indiqué  par 
le  thennomètre  nb  pouvait  être  attribué  qu'à  un  aocroîs- 
sement  de  chaleur  dans  la  masse  minérale  au  milien  de 
bquelle  on  s  enfonçait.  {Journal  des  Mines,  t.  11 ,  p.  617; 
t.  i3 ,  p.  1 13.  — Des  Mines  de  Frtyberg  et  de  leur  exploi- 
tation, t.  3 ,  p.  i5i  5  186  et  aoo.  ) 

En  1791  ,  MM..  Freisleben  et  de  Humboldl  avaient  re- 
cueilli des  faits  analogues  dans  les  mines  de  Saxe  (  Annaks 
de  Chimie  et  de  Physique ,  t.  i3,  p.  aïo).  Plus  taid. 
en  i8o5,  M.  Trehra,  directeur  général  des  mines  dn 
même  pa/s»    fit  Eure  de  nouvelles  expériences  dans  I* 


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(  aa;  ) 

même  sens ,  el  avec  des  précautions  innsîtëes  josqii^alors. 

11  fit  placer  deux   thermoniètres  dans  des  niches  prib" 

^quëes  à  cet  effet  dans  la  roche  y   à  la  mine  de  BeS'^ 

çhertgliick  ,  derrière  un  châssis  yitré  et  une  petite  porte  ; 

r^n  à  i8o  mètres  de  profondeur,  et  F  autre  à  a6o.  Ih 

furent  observés  régulièrçzi^nt  trois  fois  par  jour ,  pendant 

4eux  ans  ,  et  ils  indiquèrent  toujours  le  ipéme  degré , 

sans  la  moindre  variation  ,  le.  premier  se  tenant  à  1 1<>  i/4a 

et  le  second  à  1 5^.  M.  X^ebra  tira  de  ces  expériences  et 

de  plusieun»  autres  faites  dans  d'autres  mines  de  Frtyberg  , 

la  conclusion  que  la  température  augmente  d*un  degré 

par  38  mètres  de  profondeur ,  et  que  cette  temgératurç 

croissante  est  essentiellement  propre  à  Fintéirieurde  l^iten^, 

puisque  les  expériences  ftirçnt  Êiites  dans  des  roches  de 

gneis  y  lesquelles  i^e  contenaient  ni  beaucoup  de  pyrites , 

ni  d'autres  substances  susceptibles  d'élever  la  température, 

par  suite  ^Tunç  action  cl^imique  y  les  unes  sur  les  autres. 

D'après  M.  d'Aubuisson  de  Voisins,  cette  augmentation 

de  chaleur  serait  cVun  degré  par  87  mètres  jtnviron  d'en-» 

foncement ,  35  au  moins.  Des  observations  faites  ep  trèf 

grand  nombre  en  Angleterre,   depuis  181 5  jusque  dans 

ces   dernières  années,  dans  les  mines  de  plomb  et  de 

cuivre  de  ComouaiUes  et   du  Det^onshire ,    et  dans   les 

houillères  du  Nord  {Ann.  de  Chimie  et  de  Physique  ^  t.  i3j| 

p.  2003   t.  16,  p.  78;  t.  ig,  p.  438  il  t.  21,  p.  3o8. 

—  Geographical  distrib,  of  Plants,  by  N.  J.   Winch, 

p.  5i.  —   Tnms€u:t,  de  la  Société  royale  géologique  de 

Çornouaiiles ,  vol.   3,    p.  i5o^   p.  3i3}^    celles  fiâtes 

plus  anciennement  par  M.  de  Humboldt,  dans  plusieurs 

mines  du  Mecque  et  du  Pérou  (  Ann.  de   Chimie  et  de 

Physique ,  t.    1 3  ^  p«  207  ) ,  etc. ,  ont  conduit  au  même 

résultat. 

M.  Arago  ,  en  prenant  la  température  de  l'eau  de^ 
sources  dites  Artésiennes ,  de  celles  qui  viennent  de  pro- 
fo;ideurs  considérables,    et  qui  ^  d'après  la  loi  commupp 

*9. 


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(  «t8) 
^  f^^fwUbre  de  k  ekaleur  ,  nepecnneht  manquer  ie 
d«Mer  trèf  eftaetement  h  lémpërature  des  coacbes  dans 
leHpieHas  elldft  ont  €é\cfùmé  ,  â  èonfirmë  plemement  les 
obscrrations  de«  gf'ôlogues  qne  je  viens  de  cher ,  et  la 
M  qtt'iê  ont  dt^doke  9urT  Aération  constante  de  la  chaleur. 

Là  eiialeur  élevée  qn'ont  beancoup  de  sources  ther- 
WÊAm  qm  sonrdent  des  roches  primitiTes,  est  donc  due 
à' la  température  propre  des  coadies  quelles  trarerseni. 
Quelques  auteurs  ont  prétendu  qu'on  devait  en  chercher 
la  cause  dans  des  phénomènes  chimiques,  dans  des  réactions 
molécidaires  ;  mais  cette  opinion  ne  s'appuie  s«nr  aucun 
feit  plausible.  Parce  que  des  eaut,  coulant  dans  F  intérieur 
de  mines  où  se  trouvent  des  pyrites  ,  doivent  leur  cha- 
leur à  la  décomposition  de  celles-ci  au  contact  de  Tair , 
est-ce  une  raison  pour  que  celles  qui  sortent  des  terrains 
primordiaux  ;  oà  en  général  on  ne  rencontre  plus  ,  ou 
que  fort  rarement ,  de  pareilles  substances  minérales , 
éoient  élevées  en  température  par  la  môme  cause?  D'ailleurs, 
F  influence  Lmitée  et  variable  dune  telle  cause  ,  comparée 
Il  la  permanence  et  h  la  grandeur  de  F  effet,  démontre 
assez  son  insuflisance.  Ce  qui  tend  encore  à  (aire  rejeter 
cette  opinion ,  c'est  qu  on  voit  les  eaux  qui  sortent  des 
terrains  trachytiques  et  des  terrains  volcaniques,  tant  anciens 
que  modernes ,  présenter  les  mêmes  circonstances  de  tem- 
pérature et  de  composition  que  celles  qu  on  remarque 
dans  les  eaux  qui  proviennent  des  granités  et  autres  roches 
primordiales.  Il  est  évident  que  le  même  effet  est  produit 
par  la  même  cause  ,  c'est-à-dire  par  la  chaleur  centrale 
et  progressive  de  F  intérieur  du  globe. 

Les  géologues  qui  admettent  F  idée  d'une  fluidité  aqueuse 
ne  peuvent  expliquer,  d'aucune  manière  raisoûnaWe ,  la 
■formation  des  roches  cristallines  primordiales  ,  telles  que 
les  granités  ,  les  gneîs  ,  les  porphyres ,  les  euphotides  , 
etc.  Les  plus  simples  expériences  démontrent  F  impossibilité 
de  tenir  en  dissolution  deS  ma}^ères  de  celte  nature  ;  et , 


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(  ^29  ) 
m  ëUeé  n' étaient  que  suspendue»  dans  le  liquide  aqueiil,t 
comment  peut-on  concevoir  leur  structure  cristalUne  7 
Embarrussës  par  toutes  ces  difHciihës  ,  presque  tous  le^ 
partisans  de  la  fluidité  aqueuse  ont  été  obligés  d'admettre 
que  le  liquidç  prhnitif  renfermait  des  agents  inconnu^ 
capables  de  dissoudre  les  subsUtnces  les  plus  insolubles. 
Ainsi  y  les  uns  ont  prétendu  que  c  était  T  acide  flttoriqu* 
*  qui  avait  servi  de  dissolvant  général  (  Razumowski  )  j 
d*  autres  ont  avancé  que  c  était  une  matière  de  nature 
inconnue  qui  avait  disparu  au  moment  où  les  roches 
s'étaient  précipitées  (Dolomieu)  ;  d'autres  enfin  ont  sitp* 
posé  que  le  dissolvant  général  qui  donnait  à  feau  l'ac- 
tivité nécessaire  pour  dissoudre  toutes  les  subsUnces  mi* 
nérales  ,  est  entré  en  quelque  combinaison  avec  celles 
qui  se  sont  précipitées.  Quelques-uns  ,  au  lieu  d'une  dis^ 
solution  complète,  ont  admis  un  simple  mélange  entre 
Tean  et  les  substances  qui  formaient  la  partie  solide  de 
la  terre  :  suivant  eux,  et  Kirvan  est  à  leur  tête ,  le  globe 
aurait  été ,  dans  son  origine ,  une  masse  liquide  dans 
laquelle  les  molécules  destinées  à  former  les  solides  étaient 
suspendues  dans  une  boue  hétérogène  qui  contenait  les 
éléments  de  tout  ce  qui  a  existé  depuis  ;  l'eau  de  cette 
boue  était  chaude  ',  cette  masse  &ngeuse  ,  décorée  du  nom 
Ae  Jltdde  chaotique  y  formait  dans  son  tout  un  composé 
plus  compliqué  que  quelque  autre  que  ce  fôt,  et  dont 
les  parties  se  sont  précipitées  en  raison  de  leur*  densité 
spécifique,  c  est-à-dire,  les  plus  pesantes  les  premières, 
et  ensuite  les  plus  légères ,  qui  ont  formé  l'écorce  du 
globe.  (Voyez  l'exposition  détaillée  du  système  de  Kirvân, 
dans  le  tome  g  de  la  Bibliothèque  Britannique  ). 

Je  ne  chercherîd  pas  à  réfuter  sérieusement  ces  diverses 
opinions ,  qui  ne  reposent  que  sur  des  suppositions  pure- 
ment gratuites  ,  et  sont  en  opposition  avec  les  plus  simples 
lois  de  la  chimie  et  de  la  physique.  Toutes  ces  difficultés , 
et   tant  d'autres   qu'entraîne  T hypothèse  d'une   fluidité 


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(23a) 
mpeuse ,  diqparaisMiit  quand  on  subt^tue  à  ode-oi  oeBf 
de  la  fluidité  ignée.  Tout  le  monde  sait  qu'il  n  est  aucune 
substance  qui   résiste  à    Faction    de  la   dialeur;    loote^ 
peuvent  éire  fondues ^  soit  à  Taide  de  moyens  ordinaires, 
soit  à  Taide  d'appareils  particuliers;  dans  cet  ëtat^  elles 
conservent  pendant  fort  long-temps  une  haute  tempërature, 
et  à  mesure  que  oelle^i  diminue  y  leurs  molécules  se  rap? 
prodient  et  prennent  une  forme  cristallisée  trè»-régulièie. 
La  structure  des  roches  primordiales ,  l'analogie  qu  eDes 
présentent  avec  celles  qui  se  forment  jocM^ellement  soos 
nos  yeux  dans  le   travail  des  volcans  y   les  expériences 
récentes  de  plusieurs  chimistes  y  qui  ont  formé  de  toutes 
pièces  des  minéraux ,  par  Faction  dune  température  élevée 
exercée  sur  les  éléments  constitutifs  de  ces  matières  y  tout 
démontre   d'une   manière  évidente  que  les  couches  ^ 
composent  la  partie   inférieure  du  globe  ont  été  y  dans 
l'origine  des  choses ,  tenqes  en  fusion  à  l'aide  de  b  cha- 
leur. ((  Il  est  presqu  inutile,  dans  l'état  actuel  des  sciences 
u  physiques  ,  dit  un  géognoste  dont  le  nom  fisiit  autorité , 
«  de  rappeler  combien  l'hypothèse  d'une  solution  aqueuse 
ce  est  peu  applicable  aux  granités  et  aux  gneis ,  aux  por- 
te phyres  et  aux  siéuites ,  aux  euphoXides  et  aux  jaspes. 
M  Je  ne  hasarderai  pas  de  prononcer  ici  sur  les  circons^ 
«  tances  qui  peuvent  avoh*  accompagné  la  première  foTr 
«  mation  de  la  croi!lte  oxidée  de  notre  planète  ;  mais  je 
a  n'hésite  pas  k  me  ranger  du  c6té  des  géognostes  qui 
^c  conçoivent   plutôt  la   formation  des  roches    cristallines 
u  silioeuses  par  le   feu ,  que  par  une  solution  aqueuse , 
(f  à  la  manière   des    travertins  et   d'autres   calcaires  la- 
n  custres.  n  Telles  sont  les  propres  expressions  du  célèbre 
Uumboldt.  (  Essai  géognosii^uç  sur  le  gisement  des  roches 
{ions  les  deux  hémisphères  y  n^  édition ,  p.  3o6.    1826.) 
Mais,  à  ces  &its  purement  géologiques,  à  ces  observations 
^n  rapport  avec  nos  connaissances  actuelles  en  chimie  y  t\ 
qui  sufilraient  seigles  poHr  attester  l'existence  du  feu  cefitra^ 


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(i3i.) 
^  pieut  ajouter  d'autres  preuves  d'autant  plus  (bries  qu'ëHcn 
«ont  appuyées  sur  dei  calculs  et  les  lois  de  la  physiques 
M.  Fouriar ,  qui  y  dans  ces  detniers  tempe,  a  donné  une 
théorie  analytique  très  savante  de  la  propagation  de  la  cha- 
leur dans  les  corps  solides  y  en  a  fait  une  heureuse  applica- 
tion aux  questions  relatives  h  la  température  du  glohe  tei^ 
restre.  Le  mémoire  de  ce  célèhre  académicien  confirme  trop 
bien  tout  ce  que  f  ai  dit  jusqu  à  présent ,  pour  que  je  résiste 
1BU  plaisir  de  vous  en  exposer  les  principales  données. 

Suivant  M.  Fourier,  la  chaleur  lerresli'e  dérive  de  troiar 
source$  :  i**  La  terre  est  échauffée  par  les  rayons  solaires  , 
'dont  r inégale  distribution  pi*oduit  la  diversité  des  climats; 
q9  elle  partidpe  à  la  température  commune  des  espaces 
planétaires,  étant  exposée  à  f  irradiation  des  astres  innom* 
brables  qui  environnent  de  toutes  parts  le  système  solaire  ; 
3°  la  terre  a  conservé  dans  F  intérieur  de  sa  masse  une 
partie  de  la  chaleur  primitive  qu'elle  contenait  lorsque  les 
{planètes  ont  été  formées.  M.  Fourier  examine  ensuite  sé- 
parément chacune  de  ces  trois  causes ,  et  les  phénomènes 
qn  elle  produit.  Je  ne  le  suivrai  pas  dans  cet  examen  :  je 
n  en  présenterai  que  les  considérations  les  plus  importantes 
pour  la  géologie. 

u  L'opinion  d'un  feu  intérieur,  dit  M.  Fourier,  cause 
«  perpétuelle  de  plusieurs  grands  phénomènes  ,  s'est  re- 
Ci  nouveloe  dans  tous  les  âges  de  la  philosophie.  La  forme 
u  du  sphéroïde  terrestre ,  la  disposition  régulière  des  couches 
«  intérieures  rendue  manifeste  par  les  expériences  du 
«  pendule  ,  leur  densité  croissant  avec  la  profondeur ,  et 
ic  diverses  autres  considérations  ,  concourent  à  prouver 
t€  qu'une  chaleur  très  intense  a  pénétré  autrefois  toutes 
ic  les  parties  du  globe.  Cette  chaleur  se  dissipe  par  Firra- 
i<  diation  dans  l'espace  environnant  ^  dont  la  température 
u  est  très  inférieure  à  celle  de  la  congélation  de-  l'eau, 
ce  Or  >  r  expression  mathématique  de  la  loi  du  refroidisse- 
u  diekit  montre  que  la  chaleur  primitive  contenue  dam 


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(    «32    ) 

u  une  nuttse  tfphëriqtie  d'une  ausai  graade  dimtemigp  qttt 
«  la  lerre  y  diminue  beaucoup  plus  rapidemeot  à  la  superficie 
«  que  daus  les  paities  situées  à  une  grande  profondeur. 
u  Celles-ci  conservent  presque  toute  leur  chaleur  dunnt 
u  uu  temps  immense  ;  et  il  n'y  a  aucun  doute  sar  b 
u  vérité  des  conséquences ,  parce  que  nous  avons  caledlé 
ce  ces  temps  pour  des  substances  métalliques  pbs  co»* 
a  ductrices  que  les  matières  du  globe.  Mais  il  est  évident 
i(  que  la  théorie  seule  ne  peut  nous  enseigner  qneiks 
V  sont  les  lois  auxquelles  les  phénomènes  sont  assujétis. 
ic  U  reste  à  examiner  » ,  dans  les  couches  du  globe  ùk 
4(  nous  pouvons  péoétrer ,  on  trouve  quelque  indice  de 
u  cette  chaleur  centrale.  U  faut  vérifier ,  par  exemple  y 
u  si  au-dessous  de  la  surface  y  à  des  distances  oh  ki 
«  variations  diurnes  et  annuelles  ont  entièrement  cessé, 
u  les  températures  des  points  d'une  verticale  prolongée 
u  dans  la  terre  solide ,  augmentent  avec  la  profondeur  : 
u  or  y  toutes  les  observations  qui  ont  été  recueillies  et 
u  discutées  par  les  |plus  savants  physiciens  de  nos  jours  ; 
u  nous  apprennent  que  cet  accroissement  subsiste  :  il  « 
u  été  estimé  d'environ  un  degré  pour  trente  ou  qnavanle 
t(  mètres.  Les  expériences  dont  on  a  entretenu  récemmeut 
<(  r Académie  y  et  qui  concernent  la  chaleur  des  sources, 
i(  .confirment  les  résultats  précédemment  observés  y  eto. 

<(  , Il  est  facile  de  conclure,  et  il  résulte 

u  d' ailleurs  d*une  analyse  exacte  ;  que  F  augmentation  de 
«  température  dans  le  sens  de  la  profondeur  ne  peut  étie 
u  produite  par  Faction  prolongée  des  rayons  du  soleil 
((  La  chaleur  émanée  de  cet  astre  s'est  accumulé»  dans 
u  r  intérieur  du  globe  5  mais  le  progrès  a  cessé  presqur 
u  entièr^nent  ;  et  si  T  accumulation  continuait  encore  « 
((  on  observerait  F  accroissement  dans  un  sens  préeiseneaC 
fa  contraire  à  celui  que  nous  venons  d' indiquer*  La  omsf 
H  qui  donne  aux  couches  plus  profiindes  une  plus  haute 
M  température  est  d(mç  une  source  intérieure  de  ehaleir 


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(  i3S  ) 
«  constante  ùa  vaiiaMé  ,  placée  aH^essèus  des  pômtt 
t<  du  globe  où  Ton  a  pu  pénétrer.  Cette  cause  élève  la 
u  température  de  la  surfiice  terre&tre  au-dessus  de  la 
«  raleiir  que  Itii  donnerait  la  seule  action  du  soleil.  Mais 
«t  cet  excès  de  la  température  de  la  superficie  est  devenu 
u  presque  insensible  y  et  nous  en  sommes  assurés  y  parce 
(€  qoLÛ  «liste  un  rapport  matliémaCique  entre  la  valeur 
n  de  Tacicroissement  par  mètre  y  et  la  quantité  dont 
a  la  tenfjpérature  de  la  surface  excède  encore  celte 
«  qui  aurait  lieu  si  la  cause  intérieure  dont  il  s'agit 
«  n'existait  pas.  C^esC  pour  nous  une  même  chose  de 
(f  mesurer  T  accroissement  par  unité  de  pi^fondeur  y  où 
«  de  mesm'cr  T excès  de  température  de  la  sur&ce.  — 
c(  Lorsqu'on  examine  attentivement,  et  selon  les  pnncipes 
<i  àeê  théories  dynamiques ,  toutes  les  observations  relatives 
^  à  la  figure  de  la  terre  y  on  ne  peut  douter  que  cette 
^  planète  n'ait  reçu  à  son  origine  une  température  ti'ès 
<f  élevée  ;  et,  d'un  autre  côté ,  les  observations  thermo* 
a  métriques  montrent  que  la  distribution  actuelle  de  la 
te  chaleur  dans  Tenv^oppe  terrestre  est  précisément  celle 
H  qui  aurait  lieu  si  le  globe  atait  été  fbrmé  dans  un 
«  milieu  d'une  très  haute  température  y  et  qu'ensuite  il 
<f  se  fôt  continuellement  refroidi.  Il  importe  de  re- 
te  marquer  cet  accord  des  deux  genres  d'observations. 
«(  -I.  La  question  des  températures  terrestres  nous  a 
u  toujours  paru  un  des  plusf  grands  objets  des  études  cos- 
H  mologiques  y  et  nous  Pavions  principalement  en  vue  en, 
u  établissant   la  théorie  mathématique  de  la  chaleur,  i» 

Enfin  M.  Fourier  conclut  : 

({  i<^  Que  le  reiroidissement ,  et  par  suite  la  progre^On 
n  croissante  de  la  chaleur  à  mesure  qu'on  s'enfonce  9,  a 
«  été  autrefois  beaucoup  plus  rapide  qu'elle  ne  Test  au- 
((  jourJhui; 

c(  ^^  Qu^il  fâut  plus  de  trente  mille  ans  pour  que  la 
M  raison  de  la  progression  diminue  de  moitié ,  c'est-à-dire 

3o 


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(a34) 
\c  qm'eUe  ne  soit  plus  ^e  d'un  demi-dc^ré  par  trente 
«  mètres^ 

n  3**  Que  r  effet  de  la  chaleur  interne  est  maintenam 
«  presque  nul  à  la  surface  du  globe  -,  qu'il  n  y  élère  pas 
a  le  thermomètre  d'un  trentième  de  degré  ; 

te  40  Que  ;  depuis  près  de  deux  mille  ans,  cet  effirt 
a  n*j  a  pas  diminué  d'un  trois -centième  de  degré ,  et 
u  que  nous  retrouvons  encore  ici  ce  caractère  de  sta^ 
<c  bilité  que  présentent  tous  les  ^ands  phénomènes  de 
<c  runiyers.  » 

(  Remarques  générales  sur  la  Température  du  globe  ter- 
restre et  des  espaces  planétaires ,  par  M.  le  haron  Fon- 
rier;  jénnales  de  chimie  et  àe, physique  ,  t)ctobre  i8a4^ 
p.   i36.) 

Malgré  cet  accord  inattendu  des  faits  géologiques,  des 
observations  directes  et  des  théories  physico-mathématâqœs, 
malgré  un  tel  ensemble  de  témoignages  en  hveur  ^tuie 
hypothèse  que  tout  concourt  a  placer  au  rang  des  re- 
ntes les  plus  inébranlables  ;  beaucoup  de  naturaJistes  très 
distingués  professent  encore  les  idées  de  Wemer  ;  mais 
leur  nombre  diminuera  progressivement  à  mesure  que  de 
nouvelles  expériences^  de  nouvelles  observations,  Ioîd 
de  détruire  la  croyance  des  vulcanistes ,  viendront  la  for- 
tifier de  leur  appui.  Chaque  jour  amène  des  conversions 
de  ce  genre  ,  et  je  pourrais  citer  plusieurs  géologues  qui, 
de  neptuniens  très  prononcés  ,  sont  devenus  ibut-À-conp 
vulcanistes,  et  vulcanistes  exclusifs,  car  il  est  des  esirils 
]^ur  qui  l'exagération  est  un  besoin. 

Les  preuves  que  j'ai  rassemblées  en  faveur  de  fopi- 
nion  d'un  vulcanismê  primitif,  seraient  suffisantes,  sans 
doute,  pour  entrahier  la  conviction;  mais  comme,  dans 
Une  pareille  discussJion  ,  on  ne  saurait  apporter  trop  de 
feiU  et  surtout  démontrer  f  exactitude  et  la  vérité  de 
ceux  qu'on  met  en  avant ,  je  citerai  ici  les  recherche» 
récentes    que    l'on    doit    à    l'un    de    nos    plus    habiles 


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(  235  ) 
g^ognosteSi  M.  Cordier.  Dans  an  savaiit  mémoire  h| 
en  1827  à  r Institut  ,  M.  Cordier  examine  tontes  les 
observations  faites  sur  la  température  souterraine  par  les 
divers  physiciens  qur  Font  précédé  ,  discute  la  valeur  de 
toutes  les  objections  que  Ton  avait  proposées ,  et  établit 
sur  de  bonnes  preuves  la  vérité  du  principe  général.  Le 
nombre  des  mines  dans  lesquelles  ces  expériences  ont  été 
faites  dans  beaucoup  de  pays,  est,  suivant  M.  Cordier, 
de  plus  de  quarante  ,  et  celui  des  notations  de  tempérar 
ture  d'environ  trois  cents.  Les  unes  ont  été  Élites  sur  1* air  , 
d* autres  sur  Teau  et  sur  les  rocs  ,  dans  les  cavités  natu- 
relles ou  artificielles  ,  et  elles  ont  été  poussées  jusqu'à  des 
profondeurs  de  4  ^  5oo  mètre^.  Ce  géologue  ét^Ut  avec 
un  grand  soin  1^  causes  de  perturbations  qui  peuvent  afteen 
ter  les  observations  de  ce  genre  ,  détermine  le  degré 
d^inftuence  que  peuvent  avoir  les  causes  particulières  à 
certaines  localités,  et  conclut  que  les  observations  publiées 
jusqu'à  ce  jour  ont  un  mérite  réel ,  une  valeur  effective  et 
incontestable ,  quoiqu'elles  laissent  beaucoup  à  désirer  à 
certains  égards.  Afin  d'éviter  les  causes  d'inexactitude 
que  Ton  peut  reprocher  à  ces  observation^ ,  M.  Cordier 
fi  entrepris  une  série  4'e^P^^^e^ces  nouvelles  et  directes  ^ 
faites  avec  toutes  les  précautions,  imaginables ,  dans  plu<r 
sieurs  houillères  de  France  fort  éloignées  les  unes  des 
autres,  telles  que  celles  de  Carmeaux  (Tam),  de  Utry 
(  Calvados  )  et  de  Deàse  (Nièvre).  Voici  les  conclusions 
que  ces  expériences  Ipi^  opX  permis  de  tirer  : 

v^  EUes  confirment  pleinement  F  existence  d'une  char 
leur  interne  qui  est  propre  au  globe  terrestre ,  qui  ne 
tient  pas  à  F  influence  des  rayons  solaires,  et  qui  crq^t 
rapideipent  avec  les  profondeurs. 

0,^  L'augmentation  de  la  chaleur  souterraine  ne  suit 
pas  la  même  loi  par  toute  la  terre  ^  elle  peut  être  double^^ 
pu  même  triple,  d'un  pays  à  un  autre. 


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(  ^36  ) 
3«  Ces  diffénences  ne  sont  en  rafpert  oowtam ,  ai  «^ 
ies  latitudes,  ni  avec  le*  loogitudef. 

,4»  En/în  r  accroissement  est  certaincmeat  {dns  rap^k 
gn  on  »e  lavait  supposé  ;  fl  peut  aller  à  ua  degré  p« 
>5  et  même  i3  mètres,  eu  certaine*  contrées  :  proâ- 
Cernent  Ip  terme  moyen  ne  peut  p»*  être  fi«  ^  J^**» 
de  î>5  mètres  (|). 
Pe  ces  ftits,  SOT  l'exactitude  de^^H^  «•  nesann^ 


(i)  M.  K«ipffer,  membre  de  TAcadénne  de  Saint-P Aenbooif . 
vient  de  faire ,  dans  ces  derniers  temps  ,  un  certÛB  nombre  d'ob- 
iervationa  sur  la  tempërature  de  TinuSneur  de  la  terre ,  dans  un 
voyage  anx  monis  Ourals  En  constatant  la  terapiîraturc  de  soorefi 
écriant  de  profondenrf  vari  bki  ,  et  comparant  cette  tempërtime 
à  celle  de  l'air  des  menées  contrées ,  ce  naUinliate  a  iroové  «m 
accrpissetnent  de  chaleur  plus  rapide  qoe  celui  indiqué  par  M. 
Cordier ,  puisqu'il  évalue  le  terme  moyen  de  cet  accroissement  s 
1  degn^  centi&t^mal  par  ao»  ao^.  {Mémoire  sur  la  umpèrature 
moyenne  de  Vair  et  du  toi  dans  quelques  pûints  de  h  Mussi* 
ùrienUile ,  lu  à  VkoàA.  des  Sciences  de  Saint^Pëtardwarf ,  le  i» 
février  1829  ;  d^n.  de  Chimie  ei  dà  Pf^fue^  t  4»  ,  p.  Î67.) 

M  irleuriau  d.  Bi^llevue ,  en  surveillant  le  percement  d'un  pui» 
artësipn ,  à  la  Rochelle^  a  fait  plus  lécemment  encore  qnelqo» 
expériences  sur  la  température  de  Teau  provenant  de  ce  paît* 
comparée  à  la  température  moyenne  du  pays.  Le  puîu  ereuaédaa» 
la  partie  moyerme  de  U  formation  juraséque  ,  avait  io5«  33 ,  et 
plus  taid  123™  16  de  profondeur ,  lorsqu'il  entreprit  setcapéncscei- 
Le  thermomètro  marqua  180  is  à  la  dernière  profondeur  indi- 
quée j  la  teojpérature  moyenne  de  Tair,  à  6  mèires  au-dessus  dn 
sol ,  étant  de  1  x»  87  H  résulte  de  ces  observations  que  Fcau  do 
puits  ayant,  à  ia3^>  1^  de  profDodcar,  une  ^kar  aMpérieme de 
Ço  a5  4  la  températuie  moyenne  de  la  contrée ,  raccrwsBemenl  df 
cette  chaleur  est  d'un  degré  centigrade  au  moins  par  19»  71  de 
profondeur ,  terme  plus  faible  encore  qne  celui  indiqué  par  M. 
Kupffer.  (Notice  sur  la  tejnpéraHire  d^un  Puits  artésien  entrepris . 
en  iSa^i,  pt^s  des  Bains  de  mer  de  la  Rochelle,  lue  à  la  Sodc^é 
philomatique ,  le  10  avril  i83o ,  par  &U  Flcurian  de  Bcllevue  ^  cor- 
respondant de  r  Acad.  des  Sciences  ;  Bulletin  des  Sciences  noia^ 
relies  et  de  Géologie,  t.  at,  N«  d'avril  i83o>  p.  ao^  ) 


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(  a37  ) 
élever  aoeua  donte,  puisqu'ib  sont  dûs  à  on  homnitt 
aussi  habile  et  aussi  consciencieux.,  M.  Cordicr  en  lira 
des  applicali<Nis  nombreuses  et  importantes  à  la  tliéorie 
de  la  terre.  Forcé  de  me  restreindre,  je  me  bornerai 
à  prësenter  un  résumé  des  inductions  prinoipoles  quil 
émet.  ' 

i**  Tous  les  phénomènes  observés,  d'accord  arec  la 
théorie  mathématique  de  la  chaleur ,  annoncent  que  Fin* 
térieur  de  la  terre  est  pourvu  d'une  température  très 
élevée  qui  lui  est  particulière  et  qui  lui  appartient  de- 
puis Torigine  des  dioats  ^  et,  d'un  i^tre  côté,  le  volume 
de  la  masse  terrestre  étant  infiniment  plus  considérable 
que  celui  de  la  masse  des  eaux  (  environ  dix  mille  fois 
plus  grand  )  ,  il  est  extrêmement  vraisemblable  que  la 
fluidité  dont  le  globe  a  incontestablement  joui  avant  de 
prendre  sa  forme  spliéroïdale  y  était  due  h  la  chaleur. 

a^  Cette  dialeur  était  excessive  ,  car  celle  qui  actuelle* 
ment  pourrait  exister  au  centre  de  la  terre  y  en  supposant 
un  accroissement  continu  de  i  degré  poiu*  2  5  mètres  de 
profondeur,  excéderait  3y5oo^  du  pyromètre  de  Wedg- 
wood  (plus de  a5o,ooo^  centigrades). 

30  On  doit  admettre  que  la  température  de  100''  du 
pjromètre  de  Wedgwood  ,  température  qui  serait  capable 
de  fondre  toutes  les  laves  et  une  grande  partie  des  rodics 
connues ,  existe  à  une  profondeur  très  petite ,  eu  égard 
au  dkmèlre  de  la  terre ,  et  par  exemple  que  cette  pro- 
fondeur est  de  moins  de  55  lieues  de  5  mille  mètres  k 
CarmeauXy  de  3o  lieues  à  Utry^  et  de  23  lieues  à  De^ 
cise,  nombres  qui  correspondent  à  i/a3,  k  i/4a  et  i/55 
dis  mojen  rayon  terrestre. 

4^  Tout  porte  donc  à  croire  que  la  masse  intérieure  du 
f^ûbe  est  encore  douée  maintenant  de  sa  fluidité  origi*- 
naire ,  et  que  la  terre  est  un  astre  refroidi ,  qui  n'est  éteint 
qu  à  sa  surface ,  ce  71e  Descartes  et  Leibnitt  avaient  pensé. 

5^  Si  on  coMâère ,  d'un»  part ,  la  généinUlé  que  les  ob- 


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(  a38  ) 
senrations  de  Dolomieu  sur  le  gîaemeiit  de»  îoyen  d'é- 
ruption (rapport  sur  ses  voyages  en  1797^  Journal  des 
Mines  y  7,  p.  385)y  et  nos  expériences  sur  la  oompoâtioA 
des  laves ,  ont  donnée  aux  phénomènes  Tolcaniques  (  ife» 
cherches  sur  différents  produits  volcaniques  i  Journal  des 
Mines,  t.  21  ^  p.  2499  et  t.  nS,  p.  55.  —  Mémoire  sur  ia 
composition  des  lattes  de  tous  les  tiges ,  Joum.  de  phy- 
sique j  t.  83,  p.  i35)y  et  deFautre  la  grande  fusibilité  des 
matières  que  tous  les  volcans  de  la  terre  refettent  acto^ 
kment  et  même  depuis  long-temps ,  on  devra  penser  que 
la  fluidité  intérieure  i^ommence ,  du  moins  sur  beaucoup 
de  points,  à  une  profondeur  notablement  moindre  que 
eelle  où  réside  la  température  de  100®  du  pjromèlre  de 
Wedgwood. 

Ç9  L'écorce  de  la  terre,  abstraction  faite  de  cette  peUicok 
superficielle  et  incomplète  qu  on  nomme  sol  secomktire , 
s* étant  formée  par  refroidissement  ,  il  s'ensuit  que  la  con- 
solidation a  lieu  de  F  extérieur  à  F  intérieur,  et  par  con- 
séquent que  les  couches  du  sol  primitif  les  plus  voisines 
de  la  surface  sont  les  plus  anciennes.  £n  d'autres  termes, 
les  terrains  primordiai|X  sont  d'autant  plus  récents  qu'ils  ap- 
partiennent à  un  niveau  plus  profond ,  ce  qui  est  F  opposé 
de  ce  que  F  on  a  admis  jusqu  à  présent  en  géologie. 

7^*  L'écorce  du  globe  continue  journellement  de  s'ao- 
erottre,  à  F  intérieur,  par  de  nouvelles  couches  solides.  Ainsi, 
la  formation  des  terrains  primordiaux  n*a  pas  cesse  ;  elle  ne 
cessera  qu'après  un  temps  immense,  cest-4-dire  lorsque 
le  refroidissement  aura  atteint  ses  limites. 

8^  Si  Fécorce  de  la  terre  a  été  formée  comme  nous  le 
supposons,  les  couches  primordiales  que  nons  oonnaissoBS 
doivent  être  disposées  à  peu  près  dans  Fordre  des  fusibi- 
lités ;  or  les  couches  magnésiennes,  calcaires  et  quaneuses 
sont  en  effet  les  plus  voisines  de  la  surface. 

9^  Suivant  ce  qui  précède  ,  l'épaisseur  moyenne  de  Fâ 
corce  de  U  terre  n  ^xccde  probablement  pas  ao  lieues  dft 


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(aSg) 
5,000  mètres.  Je  dirai  même  que,/ d'après  plusieurs  don^ 
nëes  géologiques  non  encore  interprétées ,  il  est  à  croire 
que  cette  épaisseur  est  beaucoup  moindre.  A  s'en  tenir 
an  résultat  ci-dessus ,  cette  épaisseur  moyenne  n'équirau^ 
tirait  pas  à  la  63*  partie  du  moyen  rayon  terrestre.  Elle  ne 
serait  que  la  quatre-centième  partie  de  la  longueur  déve- 
loppée d'un  méridien. 

10®  L'épaisseur  de  Técorce  de  la  terre  est  probablement 
très  inégale  :  cette  grande  inégalité  nous  parait  annoncée 
par  celle  de  l'accroissement  dé  la  température  souterraine 
rfune  contrée  à  une  autre  :  la  diflTérénce  des  conduetibr^^ 
Ktés  ne  peut  seule  rendre  raison  des  phénomènes.  Plusieurs 
données  géologiques  nous  portent  également  à  présumer 
que  la  puissance  de  l'écorce  de  la  terre  est  très  variable. 

i3<*  L'on  doit  admettre  que  cette  écorce  jouit  d'une  cer* 
taihe  flexibilité. 

itf  L'excesnve  température  de  l'intérieur  maintenant  la 
matière  première  &  l'état  gazeux,  malgré  l'influence  de 
r excessive  pression  qu'elle  éprouve  aux  grandes  profon- 
deurs dont  il  s'agit,  cela  explique  très  naturellement  les 
phénomènes  des  tremblements  de  terre ,  dont  les  irrégu- 
larités tiennent  à  F  extrême  inégalité  de  la  surface  intérieure 
de  l'écorce  du  globe. 

no^  Les  phénomènes  volcaniques  paraissent  être  k  M.  Cor- 
dier  un  résultat  simple  et  naturel  du  refroidissement  exté- 
rieur du  gk>be,  un  effet  purement  thermométrique.  La  masse 
fluide  interne  est  soumise  à  une  pression  croissante  qui  est 
occasionnëe  par  deux  forces  dont  la  puissance  est  immense , 
quoique  les  effets  soient  lents  et  peu  sensibles  :  d'une  part, 
l'écorce  solide  se  contracte  de  plus  en  plus  k  mesure  que 
la  tempërative  diminue ,  et  cette  contraction  est  néces-' 
sairement  plus  grande  que  cefle  que  la  masse  centrale 
éprouve  dans  le  même  temps  :  de  l'autre ,  cette  même 
enveloppe  ,  par  suite  de  F  accélération  insensible  du  mou- 
vement de  rotation  ^  pei*d  de  sa  capacité  intérieare  à  me- 


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lUre  qu  elle  s'éloigiie  davantage  de  la  ferme  spbérifBtt.  Im 
matières  tkikles  intérieures  sont  forcées  de  s'épancher  m 
dehors^  sous  Tonne  de  laves,  par  les  ëvents  hâdbituels  qu'eat 
jionunés  volcans,  et  avec  les  circonstances  que  faccmiili* 
lion  préalable  des  matières  gaseuses>  qui  sont  natarcUb* 
ment  produites  à  T intérieur,  donne  aux  éruptions.  M.  C«f^ 
dier  établit  cette  hypothèse  sur  le  calcul  suivant  : 

11  a  cubé  à  Ténériffe  (  en  i8o3  )  ,  aussi  qipioximalîre- 
meut  que  cela  était  possible  >  les  matières  rejelées  par  ki 
éruptions  de  1706  et  de  1798.  Il  a  fait  la  même  opén* 
tion  à  regard  des  produits  de  deux  éruptions  encore  pfan 
parfiaitemeat  isolées ,  qui  existent  dans  les  volcans  cteipti 
de  Fintérieur  de  la  France  ;  savoir  :  en  1806;  ceux  4m 
volcan  de  Murol  en  Auvergne  ^  et  en  1809  ceux  du  volm 
de  CherchemuSy  auprès  à'Jssarlès,  au  Mesin.  U  a  troovë 
le  volume  des  matières  de  chaque  éruption  fort  infimenr 
à  celui  du  kilomètre  cube.  D'après  ces  données  et  celles  du 
même  genre  qu  il  a  rçcueillies  sur  d  autres  points ,  il  at 
croit  fondé  à  prendre  le  volume  d'un  kil<Mnètre  cube  oomaM 
le  terme  extrême  du  produit  des  éruptions  considétiées  en 
général.  Or,  une  telle  masse  est  bien  peu  de  dmses  re* 
lativement  à  celle  du  globe  y  répartie  à  la  surface ,  ette 
formerait  une  couche  qui  n  excéderait  pas  i/5oo  de  milli- 
mètre d'épaisseur.  £n  termes  exacts ,  si  Ton  suppose  à  Té- 
corce  de  la  terre  une  épaisseur  moyenne  de  ao  lieues  de 
5ooo  mètres,  il  suffirait,  dans  cette  enveloppe,  d'une  < 
traction  capable  de  raccourcir  le  rayon  moyen  de  la  i 
centrale  de  i/494  ^  millimètre,  pour  produire  la  i 
d'une  éruption. 

«  U  ne  faut  rien  moins  que  l'énorme  ptiissanoe  que  )r 
viens  d'indiqnar ,  dit  M.  Cordier ,  poor  élever  les  lufes. 
Dans  le  eas  particulier  où  elles  arriveraient  précasémest 
4* «ne  proCandeur  de  ao  lieues,  il  est  aiié  de  prouver,, 
d'après  leur  petosteur  spécifique  moyenne ,  qu'dles seraient 
prmdcs  par  «BAforoe  éqnivalaite  à  ceUe  d'environ  ^;0Oo 


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(  *40 

Mmospbères.  On  soit  d  ailleurs  qu'elles  s'épanchent  presque 
toujours  après  la  sortie  des  matières  gaceusès'^  ce  qui  se 
(Kinçoit  très  aisément  dans  mon  système. 

(f  Ce  n  est  point  ici  le  lieu  de  développer  T  hypothèse 
purement  thermométrique  que  je  propose  pour  expliquer 
les  phénomènes  volcaniques ,  et  de  montrer   avec  qud 
succès  elle  s'applique  h  tous  les  détaik  de  ces  phénomènes. 
Je  me  contente  de  faire  remarquer  qu'elle  rend  raison 
de  r  identité  des  circonstances  qui  caractérisent  le  travaâ 
de  la  volcanicité  dans  toutes  les  parties  de  la  terre ,  de 
la  prodigieuse  réduction   que  1q  nomhre   des  volèabs  a 
éprouvée  depuis  F  origine  des  choses ,    de  la  diminution 
qui  s'est  opérée  dans  la  quantité  des  matières  rejetéeé 
à  chaque  éruption ,  de  la  composition  presque  semblable 
des  produits  de  chaque  époque  géologique ,  et  des  petites 
différences  qui  existent  entre  les  laves  qui  appartiennent 
à  des  époques  diverses.    Enfin  ,  dans  cette  hypothèse  , 
les  directions  les   plus  habituelles  des  tremblements  de 
leiTe    annoncent  les  z6nes  de  moindre  épaisseiu*  de  Té- 
corce  de  la  terre  ^  et  les  centres  volcaniques ,  tant  anciens 
que  modernes  ;  constituent  tout  à  la  fois  les  points  de 
moindre    épaisseur    et   dé   moindre    résistance    de   cette 
écorce. 

((  Dans  ce  qui  précède ,  f  ai  fait  abstraction  des  matières 
gazeuses  que  produit  chaque  éruption ,  parce  que ,  les  sup* 
posant  réduites  à  l'état  de  liquidité  qu'elles  avaient  pri- 
mitivement dans  le  mélange  dont  elles  ont  été  dégagées , 
elles  auraient  peu  de  volume  ,  et  que  la  moyenne  de 
un  kilomètre  cube  ,  que  j'ai  adoptée  ^  excède  de  beaucoc^ 
la  moyenne  réelle,  n 

22**,  23°,  24**.  M.  Cordier  pense  que  Ton  peut  admettre, 
au  centre  dé  la  terre  des  matières  ayant ,  par  leur  nature , 
une  certaine  densité,  et  que  dès-lors  l'hypothèse  de  Halley, 
qui  attribuait  les  actions  magnétiques  à  T  existence  (fune 
masse  composée  en  grande  partie  de  fer  métallique ,  irrégu* 

3i 


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(  >4a  ) 
lière  et  jouiasant  d'un  mouvement  de  révolution  panioJkr 
au  centre  de  la  terre ,  n  est  pas  dépourvue  de  vraisem- 
blance. Si  cette  hypothèse  est  admissible ,  elle  fournit  la 
limite  de  la  température  intérieure  de  la  terre  :  c  est 
celle  de  la  résistance  qne  le  fer  forgé  ,  chargé  Joue 
pression  énorme ,  peut  opposer  à  la  fusion. 

(  Essai  sur  la  température  de  l*intérieur  de  la  Terre , 
par  L.  Cordier  y  lu  à  T  Académie  des  Sciences ,  dans  les 
séances  des  4  hûn  ,  9  et  a3  juillet  1827.  —  Mémoires 
du  Muséum  d histoire  naturelle  ^  8*  année,  3^  cahier,  p. 
161,  i5*^  vol.  ) 

Telles  sont ,  en  abrégé ,  les  inductions  que  M.  Cordier 
croit  pouvoir  avancer  et  déduire  des  faits  qu'il  a  rapportés. 
Mais  cest  avec  cette  prudente  réserve,  si  ordinaire  aux 
esprits  élevés  et  positifs ,  qu'il  présente  ce  fruit  de  ses  médita- 
tions. c(  La  fécondité  ,  dit-il ,  des  applications  de  la  chaleur 
et  de  la  fluidité  centrales  ,   est  remarquable  ,  et  cette  fé- 
condité ajoute  k  la  probabilité  du  principe.   II  n  en  a  pas 
été  de  même  du  système  neptunien  ,  qui  a  dominé  pen- 
dant si   long-temps  ,    et   qui  nous  représentait  le   globe 
comme  une  masse  solide  jusqu'au  centre  ,  froide  ,  inerte 
et  formée  de  bas  en  haut  par  des  dépôts  aqueux.    Ce 
système  a  été  stérile ,   et  aucune  de  ses  applications  ne 
soutient  maintenant  un  examen  sérieux,  n  va  se  réduire 
à  d'étroites  limites,  à  l'explication  de  ces  couches  super- 
ficielles   formées   de    sédiments  consolidés  ,    de    débns 
agglomérés  et  de  dépouiUes  organiques,  qui  constituent 
presque  en  entier  l'enveloppe  excessivement  mince  qu'on 
nomme  sol  secondaire.   Si  l'autorité  des  savants  qui  ont 
émis  ce  système  en  crédit,  n'eût  pas  fait  illusion ,  il  est 
à  croire  qu'on  lui  eût ,  dès  l'origine ,  (ait  subir  une  épreuve 
bien  simple  et  à  laquelle  il  n  eût  point  résisté  ,  celle  de  la 
comparaison  des  masses  d'eau  et  de  matières  terreuses  et 
métalliques  qui  entrent  dans  la  composition  du  globe.  11 
est  aisé  d'établir  que  le  poids  de  la  masse  des  eaux  n'excède 


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C  «43  ) 
pos  k  cinquante  millième  partie  du  poids  du  globe  entier. 
Or^  de  quelque  dissokant  que  Ton  reuille  aiguiser  cette 
masse,  il  est  inadmissible  qu'un  kilogramme  deau  ait  ja- 
mais pu  dissoudre  5o,ooo  kilogrammes  de  matières  terreuses 
et  métalliques.  »  (Loc,  citât,  ). 

Si  je  me  suis  étendu  un  peu  longuement  sur  les  idées 
de  M.  Cordier,  cest  qu'elles  sont  maintenant  professées 
par  les  plus  illustres  gédogues  de  notre  époque.  Elles 
reposent ,  d'ailleurs ,  sur  dès  faits  si  nombreux  et.  si  bien 
avérés,  qu'il  est  impossible  de  ne  pas* les  considérer  comme 
représentant  la  fidèle  image  de  ce  qui  a  dû  arriver  dans 
r  origine  des  cboses  et  de  ce  qui  est  encore  actuellement. 
L'h}rpothèse  du  feu  central^  et  par  suite  celle  qui  donne  pour 
origine  aux  matières  volcam'ques  la  masse  brûlante  de 
l'intérieur  du  globe,  peuvent  être  placées  au  rang  des  vérités 
le  plus  solidement  établies.  A  mesure  que  les  observations 
se  multiplieront  ,  ces  hypothèses  se  consolideront  ;  le 
petit  nombre  de  phénomènes  qui  restent  enveloppés  de 
quelque  obscurité  s'expliqueront  avec  autant  de  facilité  que 
ceux  exposés  précédemment ,  et  les  esprits  systématiques 
qui  se  refusent  encore  à  l'évidence  se  trouveront  bientôt  fon- 
cés de  répudier  de  vieilles  croyances  qui  déjà  sont  tombées 
dans  le  discrédit  le  plus  profond.. 

Cbapitbe  VI.  —  Liste  des  Volcans  actuellement  brûlant^ 
et  des  Solfatares  y  dispersés  sur  la  surface  du  globe. 

Il  est  assez  difficile  ,  dans  l'état  actuel  de  la  science, 
de  dresser  une  liste  complète  des  volcans  qm'  sont  actuelle- 
ment en  activité  sur  la  surface  du  globe.  D'abord,  les 
connaissances  géographiques  ne  sont  pas  assez  étendues  : 
très  souvent  les  observations  des  voyageurs  sont  fautives, 
et  d'ailleurs  il  n'est  pas  toujours  très  facile  de  tracer 
Mne  ligne  de  démarcation  bien  tranchée  entre  les  volcans 
actuels  ou-  ceux  qui  ont  encore  des  éruptions ,  et  les  volcans. 

3i. 


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(  »44) 

ëteints  y  entre  les  solfatares  et  les  volcans  proprement 
dils.  Quoi  qu  il  en  soit  ,  je  vais  essayer  de  donner  im 
catalogue  aussi  complet  que  possible  des  montagnes  igni- 
TÔmes  brûlantes  et  des  solfatares.  Xai  consulté  ,  pour 
fure  ce  travail,  tous  les  ouvia^es  d'histoire  naturelle, 
tout  les  mémoires  des  voyageurs  modernes  que  f  ai  eus 
à  ma  disposition  ,  et  j  ai  comparé  entre  elles  les  diverses 
listes  des  volcans  qui  ont  été  publiées  juaqu^ici.  Malgré 
les  soins  que  j'ai  apportés  à  ce  travail .  je  sois  loin  de 
le  regarder  comme  parfait  ;  c  est  une  simple  ébaudie , 
que  des  observations  subséquentes  et  bien  ûiites  pourront 
seules  perfectionner,  (i) 


(i)  Je  donne  ici  les  noms  des  principaux  ouvrages  que  fai  consul- 
tés pour  dresser  la  liste  des  volcans  que  je  présente.  J'aurai  mm, 
en  outre ,  d'indiquer  d'une  manière  plus  précise ,  dans  le  texte  , 
les  âutoritfb  sur  lesquelles  fe  m'appuie  pour  les  faits  particuliers. 

Histoire  naturelle  des  Volcans ,  comprenant  les  volcans  som^ 
marins,  ceux  de  boue  et  autres  phénomènes  analogues ,  par  C. 
M.  Ordinaire;  Paris,  iBoa.  —  Nouvau  Dictionnaire  d'histoire 
naturelle,  ir«  et  2«  édition  ;  Dëterville.  —  Dictionnaire  dis 
Sciences  naturelles,  t.  58;  Levrault.  —  Description  of  active 
emn  extinci  Volcans ,  etc.  ,  ou  Description  des  Volcans  brûlants 
et  éteints ,  etc.  ,  par  Ch  DauUeny  »  in-8<^.  Londres  ,  i8a6  ,  PhiBps. 
—  Critique  de  l'ouvrage  sur  les  Volcans ,  de  M,  Daubeny.  [Edin- 
hurgh  Reutew  .  mars  1827  ,  p.  396.  )  —  Liste  des  Volcans  itctuel- 
lement  erflammh ,  par  M.  Arago.  (  Annuaire  du  bumau  des 
Longitudes  ,  pour  1824  >  p-  168.  ]  —  Liste  des  Volcans  en  acti- 
vité et  de  leurs  éruptions  les  plus  connues.  (  Teutschl.  Geolog. 
Vargestellt;  toI.  4  »  cah.  3  ;  Gaz.  géolog.  ,  p.  361  à  977.  <  —  7^ 
bular  vien  of  Volcanic  pkœnomena,  etc.,  ou  Ta^lemm  dm 
phénomènes  volcaniques^  comprenant  »ne  liste  des  Volcans  q*i 
ont  brûlé  depuis  ou  avant  les  temps  historiques ,  ainsi  que  les 
dates  de  leurs  principales  éruptions  et  des  principaux  tremble- 
ments de  terre  y  par  C.  Daubeny  ;  1  grande  feuille.  Londres  ,  1828. 
«^  Ourragcs  de  M.  Poolett-Scrope  ,  cités  àê^k  dans  le  ooan  de 
cette  dissertation.  —  Arreng,  of  Volcanic  roks,  par  le  méoM; 
1826.  —  Précis  de  la  Géographie  universelle  ^  etc.^  par  Bhlte- 


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(245) 

EUROPE. 

^  I.  Volcans  du  Continente 

Fésuife  (  royaume  de  Naples  ).  —  C'est  le  seul  volcan 
sur  le  continent  qui  ait  de  véritables  éruptions.  (  Voir  j 
pour  sa  description ,  les  ouvrages  dfe  Breislack ,  les  Mémoires 
sur  le  Mont'Somma  ,  avec  deux  notes  sur  les  tufs  vol- 
caniques et  le  Yésuve ,  par  L.  A.  Necker ,  dans  les 
Mémoires  de  la  Société  dffisi.  natur,  et  de  Phjrsiq.  de 
Genève ,  vol.  ïi  ,  première  partie,  p.  i55.  —  Un  mémoire 
sur  le  District  volcanique  de  Naples,  par  G.  Poulett-Scrope^ 


Brun  ;  2*^  édition.  Paris,  18 19.  —  Catalogue  des  tremblements  de 
terre,  des  éruptions  volcaniques  ,  et  de  phénomènes  semblables 
depuis  i8ai,  par  de  Hoff.  (  Ann,  der  Physik  pon  Poggendorf; 
vol.  7 ,  p.  169  et  289;  vol.  9,  cah  4 ,  P»  ^-  )  —  JBssai  dun 
Catalogue  chronologique  des  trsmblements  de  terre  et  des  érup- 
tions  volcaniques  depuis  le  commencement  de  notre  ère  ;  par  Ch. 
Kefersteiu.  {Teutschl.  Geolog.  Dar^estellt  ;  V0I.4  ,  cah.  3,  p.  a8o  ; 
1817  )  ^  Bulletin  des  Sciences  naturelles  et  'de  Géologie,  1* 
wetûùn  du  BuUetin  universel  des  Sciences  et  de  l'Industrie  , 
soas  la  directtoD  de  M.  le  baron  de  Fërossac,  depuis  1824  joMp'^ 
i83o.  — '  Annales  de  Chimie ,  et  Annales  de  Physique  et  de 
Chimie.  —  Mémoires  du  Muséum  ^histoire  naturelle  de  Paris, 
—  Nouvelles  Annales  des  Voyages.  —  Théorie  de  la  Terre ,  par 
Delamethërie.  Paris,  1795.  —  Ouvrages  deFaujas  de  Saint-Fond  , 
de  Dolomieu  ,  de  Breislack.  etc. ,  etc.  —  Essai  politique  sur  la 
nouvelle  Espagne ,  par  A.  de  Humboldt.  —  Relation  historique 
de  mon  Voyage  aux  régions  équinoxiales ,  par  le  même.  —  Ni- 
vellement  barométrique  des  Andes  ,*  Vue  des  Cordillières ,  par  le 
même.  —  Ide^n  su  einem  vulcanischen  Erd-Olobue ,  etc.  j 
Idées  sur  un  globe  terrestre  volcanique  «  ou  sur  une  représenr- 
iation  de  tous  les  Volcans  anciens  et  modernes  de  la  surface 
de  la  terre,  et  sur  les  résultats  philosophiques  qui  en  découlent; 
par  F.  Sicàler  j  in-8«  de  84  pages ,  avec  une  mappe-monde.  Wei- 
roar»  1812.  — Sur  la  structure  et  l'action  des  Volcans  dans  les. 
dijfferentes  régions  du  globe  j  par  A.  de  Uumboldt  ;  mémoire  la 


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lu  à  la  Société  géologique  de  Londres ,  séance  du  2  mais 
1827  ,  et  Bulletin  des  Scienc,  nat.  et  de  dhlogie ,  t.  xiv^ 
Pt  ^12  f  n<*  36o  ,  etc.  )  Il  est  aussi  actif  de  nos  jours 
qu  il  y  a  dix-iiuit  siècles.  Sa  première  éruption  connue 
date  de  Tannée  79  de  Vère  chrétienne  j  depuis  celte  époque 
jusqu  en  1 828 ,  on  compte  trente-cinq  éruptions.  La  dernière 
est  du  i4  mars  1828.  Une  nouvelle  bouche  d'environ 
quinze  pieds  de  circonférence  se  forma  à  F  orient  du 
cratère  du  Fésui^e  y  et  devint  la  hase  d'une  immense 
quantité  de  fumée.  De  fréquentes  détonations  se  firent 
entendre ,  et  riaient  suivies  de  la  sortie  de  beaucoup  de  ma- 
tières liquides.  Le  18  ,  on  conmiença  à  apercevoir  du  feu. 
Le  1 9 ,  la  nouvelle  bouche  parut  considérablement  agrandie; 
les  pierres  lancées  par  le  volcan  s'élevaient  h  une  très  grande 
hauteur.  Le  21,  la  lave  s* écoulait  par  un  canal  qui  la  con- 
duisait vers  le  centre  du  grand  cratère.  L'eau  des  puits ^ 
dans  les  environs  de  la  montagne ,  ne  changea  pas  de  hau- 
teur. Dans  la  nuit  du  21  au  22  ^  il  se  forma  deux  nouvelles 
bouches;  dans  la  matinée  du  22  ^  elles  s'étaient  réunies;  la 
lave  qui  en  sortait  avait  rempli  une  partie  assez  considérable 
du  grand  cratère.  A  deux  heures  après-midi ,  il  y  eut  une 
violente  explosion;  en  un  instant,  il  s'éleva  dans  l'atmos- 
phère une  immense  colonne  de  cendres  entremêlées  de 
globes  d'une  fumée  très  dense.  I^e  24^  tous  ces  phénomènes 


à  r Académie  des  Sciences  de  Berlin  ,  le  aj  janvier  i8a3.  {Abharîdl, 
d/kœnigL  Akad.  der  FF'issensch  zu  Berlin,  1S12.  et  iSaS^p. 
iSy.  )  —  Physikalische  Beschreibung  der  Canarischen  Insein  ; 
Description  physique  des  Canaries ,  par  M.  Léopold  de  Budi  ; 
in-4A.  Berlin ,  i8a5.  ^  Mémoire  sur  la  nature  des  phénomènes 
volcaniques  des  îles  Canaries ,  et  sur  leurs  rapports  avec  les 
autres  Volcans  de  la  surface  de  la  Terre .  par  le  même  ;  traduit 
de  rallemand  par  M.  L.  de  la  Foye.  (  Mémoires  de  la  Société 
léinnéenne  de  Normandie ,  seconde  série  ,  i«'  vol.  ,  ir«  partie  > 
p.  76.  Caen ,  1829.  ) 


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(  >47  ) 
«taienl  moins  iutenses.  Il  y  avait  alors  dix-sept  petites  botlr- 
tjies,  d'où  il  sortait  du  feu,  de  la  fumëe  et  des  cendres  (i). 
Dajis  r  éruption  de  1822,  la  hauteiu*  de  la  montagne  a 
diminué  d'environ  cent  pieds 5  la  hauteur  de  Eocca  del  Palo^ 
le  point  septentrional  le  plus  élevé  du  Fésiwey  a  été  trouvée , 
en  novembre  1822,  par  M.  de  Huofiboldt,  de  8774  pieds j 
celle  du  bord  du  cratère  ,  à  Test,  de  3276. 

Les  parois  de  son  cratère  offrent  la  succession  d'un  grand 
nombre  de  couches  de  lave ,  qui  pourraient  presque  servir  à 
calculer  le  nombre  de  ses  éruptions.  Dans  cette  cavité  coni- 
que j  on  a  plusieurs  fois  observé  des  laves  prismatiques  pres- 
que aussi  régulières  que  les  plus  beaux  prismes  de  basalte. 
Le  Monl-Sommay  qui  était  le  sommet  du  Fésaùe,  au 
iemps  de  Strabon,  F  entoure  aujourd'hui  en  partie,  et  nen 
est  séparé  que  par  la  colline  volcanique  de  Cantaroni. 

Près  du  sommet ,  la  lave  retentit  sous  les  pas  ;  on  dirait 
qu'elle  va  incessamment  s'engloutir  dans  le  gouffre  qu  elle 
recouvre  :  des  vapeurs  brûlantes  sortent  d'un  grand  nombre 
■de  petites  crevasses  tapissées  de  soufre  en  eflflorescence ,  et 
dans  lesquelles  la  flamme  se  manifeste  lorsqu'on  y  présente 
une  matière  combustible. 


(1)  Au  commeiiceraent  de  cette  année  (avril  i83o),  il  s'est  formé 
dans  le  cratère  du  Tèsuve  deux  ouvertures  nouvelles  par  où  le  volcan 
Tomit  des  feux  et  des  matières  bitumineuses  qui  s'agglomèrent  au- 
tour de  rori6ce  du  cratère.  Depuis  quelques  jours,  la  montagne  fai- 
sait entendre  de  fortes  détonations ,  qui  ont  donné  de  graves  inquié- 
tudes y  parce  qu'elles  avaient  la  même  force  et  la  même  durée  que 
celles  qui  sont  le  symptôme  précurseur  des  plus  terribles  éruptions. 
Tout  semblait  s'agiter  ou  se  mouvoir  dans  les  entrailles  de  la  terre , 
et  ce  bruit  efiErayant  se  faisait  entendre  sous  Naples,  comme  si  le 
volcan  déversait  ses  matières  enflammées  sous  les  fondements  des 
maisons.  Heureusement  ces  secousses  n'ont  pas  été  renouvelées  trop 
souvent ,  et  line  fois  que  les  bouches  du  cratère  ont  été  formées , 
l'éruption  des  pierres  volcaiûsées  a  successivement  ralenti  la  fureur 
4iu  volcan,  et  toute*  les  craintes  ont  cessé.  (  Bulletin  des  Sciences 
naturelles  et  de  Géologie,  n»  7,  juillet  i83o  >  p-  ^7.  ) 


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(  248  ) 

Ce  volcan  est  isolé  an  mUiea  d'une  plaine }  il  n^esl  formé 
que  de  matières  vomies  du  sein  de  la  terre ,  en  sorte  que  » 
masse  donne  la  mesure  exacte  de  la  cavité  d'où  eDes  sont 
«orties. 

•  Il  est  évident  que  les  Champs  Phlegréens  forment ,  avec 
les  petites  îles  voisines  et  le  Vésm^ ,  un  seul  et  même  sp- 
tème^  cardiaque  éruption  sur  un  point  quelconque  de  ce 
district  empêche  qu'il  ne  s'en  manifeste  ailleurs. Tandis qn  un 
torrent  de  lave  s'ouvrait  une  issue  sur  YEpoméo,  à  Jschia, 
que  le  Monte-Nuoffo  s'élevait  jusqu'à  Pozzuolo  ,  et  que  les 
phénomènes  volcaniques  étaient  en  pleine  activité  dans  les 
plaines  de  PhL'gra  y  le  Vésm^e  restait  tranquille.  Depuis  qu'il 
est  dans  un  mouvement  continuel,  les  iles  et  les  cratères 
près  Pozzuolo  paraissent  tout>à-fait  éteints.  (HofT,  ii ,  209). 

On  ne  découvre  rien  autour  du  Fesuve  qui  rappelle,  même 
d'une  manière  éloignée,  le  trachyte ^  point  de  felspath  dans 
ses  laves,  point  d'amphihole.  Sous  ce  rapport,  il  est  unique, 
et  on  le  regarderait  comme  une  anomalie ,  dit  M.  de  Buch , 
si  le  Monte-Albano ,  près  de  Rome ,  volcan  central  beaucoup 
plus  grand ,  mais  éteint ,  ne  présentait  les  mêmes  circoo- 
stances  et  ne  prouvait  ainsi  qu'il  n'est  pas  indispensable  que 
les  volcans  ouvrent  leur  canal  de  communicati<m  à  travers  le 
trachyte.  {Mémoire  sur  la  nature  des  Phénomènes  volca- 
ni4/uesy^.  85.) 

Yoir  ce  qui  a  été  dit  du  Fésupe y  chap.  rv,  p.  i33, 
i38,  145,  i53,  167  et  17^. 

Monte- Nuouo  (  dans  le  golfe  de  Baies.  )  —  Dans  le  mois 
de  septembre  1 558 ,  il  se  forma  dans  le  sein  du  lac  Luaimo , 
au  milieu  des  Champs  Phlegréens,  un  petit  votcan  qui, 
pendant  sept  jours  ,  rejeta  des  matières  enflammées  , 
et  dont  la  lave  forme  aujourd'hui  une  colline  de  boit 
mille  pieds  de  circonférence  à  sa  base  ,  et  de  quatre  cents 
de  hauteur  ;  c'est  le  Monle-Nuot^o.  On  sent  au  fond  èm 
cratère  une  chaleur  considérable,  et  des  vi||peitfs  s  écbappenK 
de  quelques-unes  de  ses  crevasses. 


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Solfiuare  de  Pozzuolo  (  idem.  )  -^  Ce^t  le  reftjç  d'ua 
Tolcan  de  forme  elliptique  y  qui  a  eu  des  érppUoao^  a|^ 
commencement  du  douzième  siècle.  Il  ne  produit  plus  que 
des  Tapeurs  sulfureuses  $  le  sol  caTemeux  y  retentit  sous 
les  pas  du  voyageur  -,  \e  soufre  et  F  alun  qu'on  en  retire 
sont  une  richesse  inépuisable  pour  le  pajs.  Auprès  de 
la  Tille ,  le  temple  de  Sétnpis  y  situé  stu*  le  bord  de  la 
mer  y  à  quinze  pieds  au-dessus  de  sou  niveau  y  est  un  mo- 
nument digne  de  fi^-er  I  attention  de  TanUqu^ire  et  du 
géologue.  Il  fut,  à  une  époque  inconnue,  enieTeli  sous 
des  produits  volcaniques,  (  Voir  la  description  de  cette 
solfatare  par  Breislack ,  dans  son  Foyage  danf  h  Campanie , 
2 ,  p.  69.  ) 

Solfaiare  de  Pudoskegx  (  Transylvanie.  ) 

5  H.  Folcans  des  Jks. 

Etna  (  Sicile  ).  — l^es  Arabes  lui  avaient  donné  le  nom 
de  Gibel ,  mot  qui  signifie  monlagne.  Ce  puissant  volcan , 
^ni  le  cratère  domaine  par  un  rocher  pyramidal  a  plus  d'une 
lieue  de  circuit  et  700  pieds  de  profondeor  y  n*a  micuni^ 
lisism  «Too  les  monti^es  qui  rentonrent  y  oomme  Fm* 
diqne  sa  position  isolée  au  centra  d'un  grand  cirque. 
Sa  base  est  formée  de  tous  côtés  par  des  couches  de  ba-^ 
salte  et  d'amygdaloïde.  La  nature  de  ses  laTCS  fait  pré- 
sumer qu'elles  tirent  leur  origine  du  trachyte  et  non  du 
basalte  ou  de  couches  basaltiques.  Ses  éruptions  y  qui 
sont  très  nombreuses  y  se  font  le  plus  ordinairement  par 
les  flancs  de  la  montagne.  H  brûle  depuis  les  temps  les 
plus  reculés.  Piudare  le  cite  comme  enflammé.  Thucydide 
a  oonserTé  des  détails  sur  l'éruption  de  4?^  avant  l'ère 
dirétienne.  Le  silence  que  garde  Homère  sur  les  feux 
de  Y  Etna  fait  supposer  que  y  de  son  temps ,  il  était  dans  le 
même  état  de  calme  ^ue  le  Fésuue  au  temps  de  Strabon. 
Depuis  fqpoque  historique  la  plus  reculée  ;  le  nombre  dd 

3a 


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(    i52    ) 

As  frdduits  de  fSina,  par  Dolomicii;   1768^  Pm.) 

Fuleano  (mmûe^ûeêLipfvit^nEoUennes). — I*ttc,ipi 
«l'a  p4s  si%  lieivfes  4e  ctrcotifi^nc^  ,  elBre  deux  cratères 
dbnt  Tua  pftrîlh  être  ëpwisé  ,  et  dirni  f  autre  ,  dnae 
vaste  dhneii«0ii  «  envoie  dan»  les  airs  des  totirlâioBs  de 
ftoBiéè.  On  évahie  la  profondeur  de  oe  dernier  ii  \4^ 
mètrea)  eà  son  diamètre  à  770.  Sa  dernière  émpiiai 
date  de  1775.  On  jf^em  dépendre  dans  te  eratèni  éteint  ; 
on  f  Voit  ime  gtàite  tapiss<*o  de  stalactites  de  soufre. 

f^icartêito  (  iWd.  ).  —  €e  n'est  plus  qa'ime  sol&tare. 

Seromboli  (  ibid.  ).  — Cette  île ,  la  plus  septentrionale  da 
groupe  ,  nest  quun  volcan  escarpé  ,  dont  le  cratère, 
buverl  sur  fun  de  ses  flancs ,  est  toujours  en  feù.  (  Voir 
ce  qui  en  a  été  dit  chap.  iv,  p.  166.)  Depuis  a,ooo  ani, 
il  n'y  a  pas  eu  d'éruption  proprement  dite ,  quoiqu'il 
y  en  ait  eu  plus  anciennement.  Houel  en  a  donné  ua 
très  bon  dessin  dans  le  Foyage  pittoresque  dans  ia  Scik^ 
I  i,p.  70  et  71).  liCs  émanations  gazeuses  quî  sortent  de 
son  critère  n  éprouvant  jamais tT intermittence,  les  marins 
M  ont  donné  le  nom  de  Fanal  de  ia  Méditerfmiée. 

Tout  le  groupe  des  fies  Eoliennes  est  entièrement 
volcanique  j  elles  se  distinguent  de  tous,  les  autres  grou- 
pes analogues  en  ce  quelles  ne  sont  point  basaltiques; 
on  n  y  a  même  ,  jusqn'à  présent  y  rencontré  aueones  traces 
ffamjgdalofdea.  Tontes  les  'montagnes  sont  (bmiées  de 
trachyte ,  ou  de  masses  provenant  de  trachyte  altéré  par 
Faction  volcanique.  StromhoU  est  la  fin  d'une  ligne ,  oa 
plutôt  june  crevasse  trachy tique  qui,  partant  de  Fuleano^ 
te  divise  en  deux  brandies  à  Upari.  La  plus  oceideotak 
se  ootttinwe  à  trawM  Smlmas^  FéUtydi,  AUewsH,  et  se 
termine  &  Usîica.  Cette  cKrection  ne  permet  pas  de  pen- 
ser que  les  îles  lÀpari  aient  i»ne  communication  avec  le 
P'ésiwe  ou  ÏEtna;  aucun  phénomène  d'ërupticm  ne  pa- 
raît daiUeurs  y.  jnsipi'à  peéaent ,  appuyer  celle  opinion. 
Ces  îles  sont  sorties  de  la  mer ,  et  ne  doireal  pa«  lev 


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(  .a53  ) 
aooroissemeni  et  leur  élévation  progressive  aux  émp- 
tiens  réitérées ,  comme  quelques  géologues  Tout  prétendu. 
(  Léopold  de  Bnch  ,  Mémoire  sur  les  phénomènes  volca- 
miifmef  des  Ues  Cmnanes ,  etc.  •—  Voir  aussi  Fouvrage  de 
M.  Dai^«aj).  ^ 

•  Epoméo  (  kdiia  ).  —Le  sol  de  Tile  est  entièrement  vol^ 
«wniqne^  la  la^e  j  a  recouvert  Ifs  derniers  d^ts  marins. 
i/£p9fméOy  autant  qu'on  puisse  s'en  ressouvenir^  n'a  eu 
qu'une  éruption  en  1 3o2 ,  qui  dura  deux  mois  et  fit  déser* 
ter  file.  Sa  hauteor  y  d'après  les  observations  barométriques 
de  M.  Léopold  de  Bucb,  du  8  août  i8o5,  est  de  a356 
pieds  au-dessus  dn  niveau  de  la  mer  ;  le  point  le  plus  élevé 
du  cratère  ert  à  43o  pieds  athdessns  des  sources  de  Y^rso, 
el  le  Ibnd  de  ce  cratère  à  36o.  Ce  n'est  plus  actuelle-* 
sait  qu'une  solÊBitare.  Le  Montée- f^'ico j  dans  la  même 
ile  )  est  un  volcan  éteint  dont  rélévation  rivalise  aussi  avec 
œlledo  Fésm»€. 

r^icm  dn  St.-Nicolas  (  ie  de  St.-NiooIas,  l'une  des  Tre- 
mkij  non  loin  de  Tremoli  >  dans  le  royamne  de  liaples). 
—  Très  petit  volcan  en  activités 

So^atmre  de  Calamo  (  ile  de  Utile ,  i5  lieues  à  l'O.  de 
Samormi  ).  -^  L'époque  de  ses  éruptions  est  incoimue.  I>u 
snumet  ^mom  Caiamo  sortent  des  vapeurs  mlfureuaes  qui 
détruisent,  blanchissent  et  décomposent  les  roches  tracbj- 
tiques  -,  c'est  une  réritable  solfatare  formant  une  espèce  de 
mas'ais  suUbreox  ^,  au  premier  abord^  pwaît  sd^de  et 
tfacfajrtique ,  mais  qui  réeHement  n'a  point  de  fond.  OUvier 
et  Brngnières  ont  été  sur  le  point  d'y  périr.  (OBvi^r,  f^oy. 
en  Tunpde ,  i ,  334  )• 

L*tle  Sàrtêonni,  que  plusieurs  autevu^  plaeent  au  nombre 
des  volcans^  doit  en  être  retjée.  C'est  bien  le  produit  d'une 
éruption  sous-marine ,  maïs  non  un  vdican  véritable^  puis- 
qu'un'j  a  point  encore  de  canal  permanent  de  eonmnica- 
iîon  de  l'atmosphère  avec  l'intérieur  du  globe.  (  Voir  duip. 
iM,  p.  laS).     . 


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Islande, 

Hecla  (dans  la  partie  méridionale  de  F  île,  à  enviroo 
cinq  quarts  de  liene  de  la  mer.  )  —  Il  n'a  eu  que  dix  ënipr 
lions  dans  l'espace  de  800  ans  ^  savoir  :  dans  les  années  1  io4y 
1157,  12:13,  i3oo,  13419  13629  1^899  i558,  i636^ 
1693.  Chacune  de  ces  éruptions  a  duré  pendant  plnsieiiKS 
mois.  Sa  dernière  éruption  est  de  1766. 

KraJbla  (  au  N.  £.  de  TUe  ).  — Sa  dernière  éruptioudate 
de  1724. 

Kœtlugjan  ou  Katilagiaa-Jokul  (  au  Sud).  —  En  1756» 
entre  janvier  et  septembre  ,  il  j  eut  5  éruptions.  Ce  vol- 
can était  resté  en  repos  depuis  cette  époque  y  lorsque,  da 
22  au  26  juin  1823 ,  il  eut  trois  YÎolentes  éruplicMis  accom- 
pagnées de  tremblements  de  terre.  Cet  événement  causa 
de  tels  désastres  y  que  la  population  de  Tîle  diminua  de 
9^744  personnes.  Les  cendres  qui  sortirent  du  cratère  furent 
portées  à  1 00  milles  de  la  côte  ;  mais  le  vent  les  dirige» 
heureusement  vers  la  mer. 

Eya-falla^Johul  (au  S.  Ë.  de  ï Hecla  ).  —  Il  était  éteint 
depuis  plus  d'un  siècle ,  lorsque ,  le  20  décembre  1821,  do 
torrents  de  flammes  sortirent  par  son  sommet.  On  assure 
que  la  colonne  de  feu  était  encore  visible  le  1''  février 
1822,  et  quil  en  partait  .des  pierres  du  poids  de  5o  à  80 
livres  avec  assee  de  vitesse  pour  ne  tomber  ^'à  deux  lieues 
de  distance.  La  montagne  a  crevé  par  son  pied,  le  26  juA 
1822  y  et  il  eu  est  sorti  une  abondante  quantité  de  laves. 
La  belle  carte  hydrographique  de  MIVI.  Ohlsen,  Friesack  et 
Vetlesen  (  Copenh. ,  1823  )  office  une  vue  ooagnifiqpie  de  ce 
volcan  eu  pleiue  éruption  en  1822. 

Eyrtfa-Jokul,  —  Sa  dernière  éruption  date  de  1720. 

SkapUuMrJokul  i 

Skaptoa-Syssel  ; 

Ces  deux  volcans  voisins  éprouvèrent  y  en  1783^  de 


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(  »55  ) 
>ioleiite&ëraption$  qui  ravagèrent  une  immense  étendue  de 
pays.  La  lave  se  firaja  un  passage  par  trois  sources  dans  la 
plaine  y  à  la.  base  des  moniagaes,  à  envircm  8  milles  de 
distance  Tnne  de  Tautre  ;  ces  courants,  en  se  réunissant  ^ 
«ourrirent  un  espace  de  plus  de  1,200  milles  carrés  d'é- 
tendue. Le  fleuve  Skaptaa  ftit  entièrement  comblé  de  pierres- 
ponces  et  de  laves.  Pendant  une  année  entière ,  il  y  eut 
des  exhalaisons  suHureifses  et  des  éjections  pulvérulentes  -, 
Tatmosphère  de  V Islande  se  trouva  mêlée  à  des  nuages  de 
poussière  que  pénétraient  à  peine  quelques  rayons  de  soleil  ; 
ime  épidémie  fut  la  suite  de  ces  événements  désastreux. 
C est  un  peu  avant  ces  éruptions  que  parut ,  au  S.  O.  de 
ReUdaness  y  Tiie  volcanique  dont  il  a  été  question  cbap. 
in  y  p.  i3i. 

fVester-Jokul.  Eruption  de  pierres  et  de  cendres ,  en  jan- 
vier i8a3, 

U Islande  est  tellement  recouverte  de  cratères,  qu*on  a 
coutume  de  considérer  toute  son  étendue  comme  un  seul 
et  puissant  volcan.  Cependant,  parmi  les  vingt-neuf  bouches 
que  compte  Ebenezer  (  Résidence  in  Icelandy  1 8 1 8,  p.  1 1  ),  il 
^t  probable  que  la  plupart  ne  sont  que  des  éruptions  par- 
tielles ,  et  non  des  conduits  toujours  ouverts  ^  il  paraît  qu  il 
n  y  a  que  1 1  à  la  volcans  actifs  proprement  dits,  et  encore 
tous. ne  sont  pas  bien  connus.  Ils  se  trouvent  cqntenus  dans 
une  large  ceinture  volcanique  qui  traverse  Tiie  du  sud-ouest 
on  nord-ouest  (  Hoffy  1 1  ^  p-  55o  ).  Le  milieu  de  cette 
ceinture  est  coupé,  dans  toutes  ses  directions,  par  d'énormes 
crevasses }  il  en  sort  des  coulées  de  laves  dont  la  masse  ,  la 
largeur  et  la  longueur  surpassent  ce  qu  on  connaît  dans  les 
antres  pays  volcaniques.  C'est  par  une  telle'  crevasse  que 
se  fit  réruption  du  Skaptao-Jokid  y  en  1788  ;  une  autre 
seniblable  eut  lien  au  pied  de  Tindc^tUl  et  Blaqfell 
(Henderson ,  1,  65),  et,  de  même  quà  Lanceroie,  eUe  . 
est  encore  marquée  par  une  petite  ligne   de  cratères  3 


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(»S6) 
mais  les  ërapUons  ne  revienneat  pins  par  oet 
tures.  Krabia,  Lethmukuret  Troeliadùigm  Nord;  VH&ckf 
EyafiMà  et  KùstUg^a  an  and  ;  Mttfa  à  Féal ,  sont  aedb 
des  canauiL  fixes  et  perpëtnds  de  commimication  »  et  pat 
coùsëquent  peuvent  seuk  être  oonsidëréa  oomme  ka^okaai 
•de  ï Islande.  (  LéopoU  de  B«Kîh,  ioco  di.  ) 

£sk  (ile  de  /e<2n-«fe-ilfo^eA ,  sur  la  eftte  orientak  4« 
Groëniandy^^e  volcan  a  étédëeouvert^t  vîsîlé ,  en  1817, 
par  le  capitaine  W.  Scoresby.  H  est  snr  la  oontboAntion  iê 
la  ligne  des  volcans  de  T  Islande.  It'r  en  nne  éraplion  à 
la  fin  d'avril  1818  }  des  jets  de  fumée  s'ëlevoient,  lootai 
le  3  ou  4  minutes  ,  jnsqu'à  la  hauteur  de  la  li  i4oo  aaèlrei. 
Le  mont  Beerenberg ,  sur  cette  île ,  à  6,44^  pieds  j  hav 
teur  que  n  atteint  aucnn  volcan  de  X  Islande  (  jirct,  Rcgkuu  y 

p.  i54). 

Afmqub. 
\  I.  Fblcans  du  ContinenL 

Suivant  tous  les  auteurs ,  on  ne  oomiak  nuctin  voictt 
brâlant  sur  le  continent  africain.  Ordinaire  en  oompu 
cependant  huit  >  daprès  le  jëflute  Kîrcfaer  ;  mais  ancoi 
voyageur  n'en  fait  mention. 

n  existe  y  h  oe  qn'û  parait ,  plusieurs  solfatares  qu'^a 
potnralt  à  la  rigneiu*  considérer  conune  des  volcans  ac- 
tifs ,  puisqu'il  y  a  des  éraptions  de  cendres  et  dëgagemeot 
de  fumée»  Voici  les  senls  renseignements  ^'on  possède» 
sur  ces  solfatares. 

«  Dons  le  Kardoufiin  (Abyaainie),  il  existe  toute  mdt 
chaSne  dé  voleans  demi-^teints ,  don  grand  intérêt  ^  non»- 
mément  à  Oebel^Koldagi  y  où  on  sommet  oojDÔqne  très 
haut  fnme  coatinse&ement  et  jette  des  cendres  chande» 
sans  interruption.  < Extrait  dune  kttre  de  M.  Ed.  Rùp- 
P^,  datée  4:Amimk0ly  ks  3  mat  iSa4  »  à  M.  le  baraa 


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(  a57  j 
ie  Zach^  Correspond,  astron,,  vol.  9,  n<>  3,  page  269)» 
u  11  existe  entre  le  Nil  cT  Egypte  et  la  Mer  rouge  ,  à  la 
bauteur  de  f  Egypte  moyenne ,  au  midi  des  carrièret 
d* albâtre ,  une  montagne  appelée  Djebel-Dokkan  y  c'est- 
à-dire  Montagne  de  la  Fumée,  Les  Arabes  parlent  de  Té- 
coolement  de  pétrole  qu'on  observe  à  quelque  distance. 
Djebel-KebQ'tf  ou  la  Montagne  de  Soufre ,  est  plus  au  midi , 
sous  le  24*"  parallMe  y  et  au  bord  de  la  mer.  D'après  les 
renseignements  des  Arabes,  il  parait  que  le  Djebel-Dokkàn , 
fume  constamment,  n  (  Indications  fournies  par  M.  Jomard  ^ 
membre  de  la  commission  d'Egypte  ^  Bulletin  des  Scienc. 
naturelles  et  de  GéologUy  t.  4?  P-  166  y  n»  146.  ) 

5  n.  Folcans  des  Iles, 
lie  de  Bourbon  om  de  Mascareign^, 

Cette  Ue  tout  entière  semble  composée  de  deux 
montagnes  volcaniques  ,  dont  l'origine  y  dit  M.  Bory  de 
Saint-Vincent,  remonte  sans  doute  à  deux  époques  éloi- 
gnées l'une  de  l'autre.  Dans  la  partie  méridionale ,  U 
plus  petite ,  les  feux  souterrains  exercent  encore  leurs 
ravages  :  celle  du  nord  est  bien  plus  vaste  \  les  éruptioos 
volcaniques  qui  l'ont  jadis  bouleversée  ne  s'y  font  plus 
ressentir.  Des  espèces  de  bassins  ou  de  vallons  ;  des  ri- 
vières rapides  cernées  par  des  remparts  perpendiculaires  ; 
des  monticules  jetés  dans  ces  vallons ,  dont  ils  embaras- 
sent  le  cours  ^  des  prismes  basaltiques  souvent  disposés  , 
conmie  dans  l'ile  de  Stajfay  en  colonnes  régulières^  des 
couches  de  laves  les  plus  variées  ;  des  fissures  profondes  ; 
des  indices  d'un  fracassement  général,  tout  rappelle  d'an- 
ciennes et  terribles  révolutions  physiques.  (  Bory  de  Saint- 
Vincent  ,  Voyage  aux  îles  d'Jfrique  ,  t.  i ,  p.  264  5  n  , 
37a;  m,  147) 

A  r époque  actuelle  ,  cette  île  ne  renferme  qu'un  seul 
volcan  en  activité^  nommé  Us  Trois-Salasses  ou  Salazes, 

33 


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(a58) 
Ce  volcan  est  un  clés  plus  puissanfs  de  la  terre  ;  il  y  «n 
a  peu  qui  soient  dans  une  plus  grande  activité.  Sa  der- 
iiière  éruption  est  du  27  février  1821.  Hubert  (  Bory  de 
Saint-Vincent ,  ioc,  citât ^  1,  p.  3 20),  dit  que,  depuis  17  85, 
époque  k  laquelle  il  a  commencé  à  T observer ,  jnsquai 
1801  ,  des  coulées  de  lave  étaient  sorties  de  ses  flancs 
au  moins  deux  fois  par  an  ^  huit  d'entr' elles  avaient 
atteint  le  rivage  de  la  mer.  Chaque  coulée  de  lare 
provenant  des  parties  inférieures  est  suivie  d" éruptions 
des  cratères  du  sonmiet  (Bory,  p.  25o  )  ;  mais  il  est 
rare  que  ceux-ci  émettent  des  coulées  de  lave ,  et  dans 
ce  cas  elles  sont  faibles.  La  lave  est  soulevée  dans  F  in- 
térieur de  la  montagne  y  et  agit  par  sa  pression  sur  les 
ouvertures  qui  se  trouvent  à  son  pied ,  et  par  lesqudks 
elle  sort.  Ce  volcan  lance  presque  continuellement  de  longs 
fUs  de  verre  flexible  semblables  à  des  cheveux  de  cou- 
leur d'or  :  c'est  de  1* obsidienne  capillaire. 

Archipel  du  Cap^Vert, 

L'tle  de  F^t^  ou  de  Fea  est  la  seule  de  toat  cet  Ar- 
chipel qui  renferme  un  volcan  actif.  Suivant  le  capitaine 
Sabine ,  son  élévation  doit  surpasser  7000  piedi  (  /mit». 
tffSciene.  j  xxix  ).  Il  parait  qu'autrefois  ce  volcan  était  en 
éruption  continue  comme  StromboH  ;  c'est  ainsi  que  Ro> 
bert  le  décrit  en  1721  5  il  parie  aussi  des  ooolëes  de 
laves  sortant  de  ses  flancs.  {"Previ^lj  Voyages  y  n,  Sga.  ) 

Àrûkîpd  dês  Cûmmries, 

Pic  de  Teyde,  ou  plus  exactement  d'Echeyde  ,  c'est-à- 
dire  de  \ Enfer  (  Aya^Dyrma  des  Guanches) ,  dans  File  de 
Ténériffe,  —  Volcan  célèbre  par  sa  grande  élévation  ,  qoi 
est  de  4ooo  mètres  environ.  Le  cratère  proprement  dit 
n'a  guère  plus  de  4^  toises  (  88  mètres)  de  diamètre ,  ei 
de  18  toises  (35  mètres)  dé  profondeur.  De  temps  im- 


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mf^morîal^  il  B^en  eifc  sorti  nî laves ^  ni  flammes,  ni  même 
de  fumée  visible  de  loin.  Sa  dernière  éruption  y  qui  date 
du  9  juin  1798,  se  fit  latéralement ,  par  la  montagne  de 
Chahorra.  Elle  dura  plus  de  trois  mois.  Divers  fragments 
de  roches  très  considérables ,  que  le  volcan  projetait  en 
Tair  de  temps  en  temps ,  employaient  à  retomber  à  terre  , 
suivant  M.  Cologuan ,   de  12  à  i5  secondes.  H  n'y  avait 
pas  eu  d'éruption  depuis  92  ans  ,   lors  de  la    dernière. 
(Voir  :  Sur  le  Pic  Ténénjffe,  par  M.  L.  de  Buch  f  MineraL 
Taschenb.,  4«  partie,  i8a3,  p.  8i3.)  Le  cône  volcanique 
proprement  dit  offre  une  déclivité  si   rapide,  quil   nest 
possible  d'y  monter  qu'en  suivant  un  ancien  torrent   de 
lave.  Le  cratère  lance  de  temps  à  autre  des  fumées,   et 
Je  sol  qui  Fenvironne  est  en  plusieurs  endroits  assez  échauffé 
pour  qu  en  y  marchant  on  s'expose  à  avoir  ses  souliers 
brûlés.   Ce  volcan  agit  plutôt  par  ses  flancs  que  par  le 
sommet.  Plusieurs  indices  prouvent  qu'il  s'amasse,  dans  les 
cavernes  intérieures  du  Pic,  de  grands  dépôts  d'eau  qui 
s*eihale  en  vapeurs  par  divers  soupiraux ,  dont  les  deux  plus 
remarquables  portent  le  nom  de  Narines,  (A.  de  Hum- 
boldt,  Foyag.,  Relat.  historiq. ,  t.  1^  liv.  i,  chap.  2.)  (1) 
/  La^anda    (  île  de  Pahna  ) ,    distante  de  la  précédente 
de  25  lieues.  —  Eruption  violente  par  une  ouverture  laté 
raie ,  en  1 585.  La  coulée  de  lave  atteignit  la  mer,  après 
une  course  de  deux  lieues,  et,  en  l'échauffant ,  elle  fit 
périr  beaucoup  de  poissons.  De  nouvelles  bouches  se  for- 
mèrent en  164.6  et  1677  ,  et  des  éruptions  considérables 
eurent  lieu.  (  Physikalische  Beschreibung  der  Canarischen 
Insein  j  Description  physique  des  Canaries  5    par  L.   de 
Buch,   in-4«.  Berlin,  1825.) 


(1)  On  peut  consulter  :  Relation  (tune  excursion  au  sommet  du 
Pic  de  Ténériffis,  les  a3  et  24  £évrier  1829;  ptr  R.  Edw.  Alisoo. 
(Ann,  of  Philos.,  juillet  i83o,p.  a3.) 

33. 


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(  iGo  ) 

Lancerote  (  île  de  Lancerote  ).  —  Eruption  ▼idcnlc,  ai 
1730  ,  qui  dura  trois  années  consécutives  ,  et  qui  boo- 
lerersa  File  de  fond  en  comble.  Une  grande  partie  de 
sa  surface  fut  courerte  par  des  torrents  de  lave ,  et  le 
reste  enseveli  sous  des  scories  et  des  cendres.  En  août 
1824,  éruption  Jeau  ^  de  pierres,  de  flammes  et  de 
fumée  ,  accompagnée  de  bruits  souterrains  et  de  trem- 
blements de  terre  ;  à  une  lieue  N.  O.  de  Puerto  dt 
Noos. 

Les  autres  îles  de  cet  Archipel  paraissent  avoir  éprouré 
jadis  Faction  dir  feu.  L'/Ze  d'Hierro  où  Ferro  (  FUe  de 
Fer),  la  plus  occidentale  des  sept  Canaries,  a  le  sol 
Tolcanisé  et  peu  fertile.  Tout  concourt  à  fidre  regarder 
les  Canaries  comme  un  groupe  d'iles  qui,  pen-a-peu  et 
successivement ,  sont  sorties  du  sein  de  la  mer. 

Les  cratères  d'éruption  des  Canaries  sont  rangés  h  peu 
près  sur  une  même  ligne  dirigée  du  S.  O.  au  N.  E. , 
comme  toutes  les  autres  lignes  volcaniques  de  la  terre. 
(  L.  de  Buch  ,  loc,  cit,  ) 

Vile  de  Madère  présente  des  traces  de  Faction  volca- 
nique 'y  mais  depuis  long-temps  elle  est  épuisée.  Sur  e 
sommet  du  Pic  Ridi^o  ,  haut  de  5, 068  pieds ,  on  remarqua 
un  enfoncement  appelé  par  les  habitants  Fol ,  et  qui 
paraît  être  la  bouche  d'un  ancien  cratère  ,  idée  confirmée 
par  les  laves ,  la  plupart  légères  et  bleuâtres  ,  qu  on  j 
Toit  disséminées,  et  dont  la  mer  jette  même  de  temps 
à  autre  des  débris  dans  les  baies  du  Sud  ,  mais  on  uj 
trouve  point  de  pierre-ponce ,  et  rien  n  annonce ,  d'ailleurs, 
une  origine  volcanique  de  F  île.  Elle  est  néanmoins  sujette 
à  des  tremblements  de  terre  assez  fréquents. 

Archipei  des  Açores, 

Tout  cet  archipel  est  de  nature  volcanique,  ce  qu'at- 
testent les  fréquents  tremblements  de  terre  qui  s'y  font 


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(  aGi  > 
sentir  f  la  forme  des  montagnes  ,  les  cratères  nombreux , 
les  déchirements  du  sol ,  les  nombreuses  cavernes ,    les 
laves,  pierres-ponces  et  cendres  qu*on  y  foule  partout. 
On  connaît  les  volcans  actifs  suivants  : 

El  Pico  ,  ou  Pic  des  Aqores  (dansFile^fe/  Pied),  —  Cest 
le  seul  de  toutes  les  Aqores  qui  soit  conique  et  à  cratère  , 
et  entièrement  trachy tique.  L'ancien  cratère,  dont  les  bords 
ne  sont  conservés  qu'à  TE.  et  au  S.  £. ,  paraît  avoir  un 
mille  anglais  de  tour.  De  son  milieu  s'élève  un  c6ne 
escarpé,  de  3oo  pieds  de  haut,  dont  les  côtés  laissent 
fréquemment  échapper  de  la  fumée  à  travers  des  crevasses, 
n  est  entièrement  formé  de  couches  de  lave ,  de  la 
dAreté  du  fer,  qui  ont  dû  être  autrefois  à  l'état  de 
fusion.  Le  sommet,  singulièrement  aigu,  n'a  que  sept 
pas  de  long  et  cinq  de  large  j  T  ouverture  est  située  au 
nord ,  un  peu  au-dessous  du  sonunet ,  et  a  environ  vingt 
pas  de  diamètre.  Cette  ouverture  lance  continuellement 
des  vapeurs  ,  mais  elle  est  presque  remplie  de  pierres 
altérées  par  le  feu.  Du  côté  de  l'ouest ,  le  pic  est  con- 
tinué par  une  crête,  sur  laquelle  se  trouvent  les  ouver- 
tures de  plusieurs  anciens  cratères  qui  ne  produisent  plus 
de  ftunée.  (John  Webster,  A  Descript.  of  the  Island  of 
Si-Michael;  Boston,  etc.,   1821,  p.  233.) 

Folcan  de  S  -Georges  (  Açores.  )  —  Le  i*'  mai  1800 ,  à 
3  lieues  au  N.  £.  de  FeUas ,  dans  la  partie  N.  O.  de 
rile  ,  et  vis-à-vis  le  Pic  des  Açores ,  le  sol  s'ouvrit  avec 
on  bruit  semblable  à  des  coups  de  canon ,  et  il  se  forma 
de  suite  un  énorme  cratère  d'au  moins  24  acres  ,  au 
milieu  de  terrains  en  pleine  culture.  En  deux  jours ,  il 
avait  vomi  une  telle  quantité  de  scories  et  de  ponce  , 
qu'elles  couvraient  entièrement  le  sol ,  et  foitnaient  une 
couche  de  presque  quatre  pieds  dVpaisseur,  sur  une  étendue 
de  trois  lieues  de  long ,  et  d'une  de  large.  Le  1  mai  ,  il 
se  forma  une  autre  ouverture  au  N.  de  la  précédente  , 
et  seulement  à  deux  lieues  de  FeUas,  On  pouvait  s'en  ap- 


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(262) 

procher^  elle  était  au  milieu  d*ane  grande  quaotîte  de* 
crevasses  qui  avaient  jusqu'à  six  pieds  de  large ,  et  tra- 
versaient  le  terrain  dans  toutes  les  directions  :  cette  on* 
verlure  avait  à  peu  près  1 5o  pieds  de  diamètre.  Le  5  et  les 
jours  suivants,  douze  à  quinze  petits  cratères  s' ouvrirent  sur 
ce  terrain  -y  il  en  sortit  une  grande  quantité  de  lave  qui 
s'avança  du  côté  de  Fellas;  c  était  vraisemblablement  une 
lave  obsidienne  ,  puisqu  elle  avak  été  précédée  par  une 
éruption  de  ponce  :  ces  deux  matières  anaoncent  la  pré- 
sence du  trachyte  dans  File,  he  1 1  mai,  la  lave  cessa  de 
couler  ,  mais  aussitôt  de  nouvelles  éruptions  très  violentes 
eurent  lieu  par  V  ancien  cratère ,  et  on  aperçut  de  Fajral 
on  fleuve  de  feu  sortir  de  son  flanc  sans  intermptioa 
jusqu'au  5  juin  ,  et  se  précipiter  dans  la  mer  ;  tout  alon 
redevint  calme.  Le  grand  cratère  est  à  quatre  milles  anglais 
du  rivage ,  et  a  une  élévation  de  3,5oo  pieds.  (  JVe\%yori 
philosoph.  Transact. ,  t8i5,  i,  etc. — Lettre  du  consul  amé- 
ricain à  Faycd ,  adressée  au  président  des  Etats-Unis). 

Volcan  de  Fayal,  —  Sa  plus  grande  bauteur  est  d'environ 
3ooo  pieds,  selon  Webster.  Les  flancs  de  cette  élévation 
s'abaissent  doucement  jusqu'à  un  bassin  qui  a  cinq  milles 
anglais  de  circonférence ,  et  contient  de  quatre  à  cinq  pieds 
Jeau.  Il  est  douteux  que  ce  bassin  soit  celui  qu'Adanson 
prétend  s'être  formé  lors  de  la  dernière  énq>tioB  de 
Fayid  y  en  1673.  Labat  dit  seulement  yissi  que  la  mon- 
tagne s'était  ouverte  du  côté  de  l'O.  ,  et  qu'il  en  était 
sorti  un  fleuve  de  lave  qui  avait  dévasté  200  arpents  .dn 
meilleur  terrain.  (Aom^.  relat.  de  VJfr,  occid.^  ^3^5^ 
Foy.  3o3). 

L'île  de  Saint-Michel  ou  de  San-Miguel^  où  toutes  les 
montagnes  présentent  d'anciens  cratères  transformés  actael- 
lement  en  lacs,  est  célèbre  par  le  volcan  sous-nuirin  qni 
a  donné  naissance  à  ces  îles  volcaniques  dont  il  a  élé 
question  cbap.  lu^  pag.  i24- 


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(  263  ) 


Ile  de  Saint-Paul. 


Cette  ile  de  T  Océan  austral  a  été  nommée  par  erreur 
Ife  d  Amsterdam  ;  ce  nom  appartient  à  File  Saini-Pierre , 
Toisine  de  la  première.  Lat.  S.  3S**^i'  ;  long.  E.  de  Parti 
75<'28'.  L'île  Saint-Paul éîtàt  tout  en  feu ,  quand  d* Entre* 
cftfltc^nix  Taperçnt,  dans  le  mois  de  mars  179a.  On  admet 
d'après  cela  qu  elle  possède  un  rolcan  actif. 

Ile  de  V Ascension. 

Cette  île  de  F  Océan  atlantique  méridional  (  lat.  S. 
7^55'  3o''  )  longit.  E.  de  Paris  i6*>  35'  3o"  )  est  la  seide 
qui  y  dans  cette  région  océanique ,  porte  les  traces  d'un 
véritable  volcan.  Partout  on  trouve  des  coulées  de  lave; 
mais  on  n  y  remarque  aucun  cratère ,  selon  le  capitaine 
Basil  Hall.  Cependant  il  en  existe  plusieurs  aux  environs 
du  Green-MoiUain  y  la  plus  haute  colline  de  F  intérieur, 
dont  le  pied  est  entouré  de  quatre  coulées  de  laves  sorties 
June  roche  trachytique.  La  hauteur  du  Green-Moutain 
est  de  2645  pieds,  d'après  les  mesures  trigonométriques 
du  capitaine  Campbell,  f  Edinib,  phil,  Joum, ,  xxvii ,  47.) 
On  ne  connaît  pas  d'éruptions  dans  cette  ile  ;  il  s'en  est 
peu  fallu  qu'elle  ne  devînt  un  volcan  actif.  Elle  est  entière- 
ment trachytique. 

Quant  au  volcan  de  Madagascar ,  qui  lance  y  dit-on  y 
une  immense  colonne  de  vapeur  aqueuse  visible  à  la  distance 
de  dix  lieues  9  son  existence  ,  d'après  M.  Arago,  n'est 
pas  assez  constatée  pour  qu  on  le  range  au  nombre  de 
ceux  qui  sont  actuellement  brûlants.  (  Annuaire  des  Long, 
pour   1824.  ) 

n  en  est  de  même  du  volcan  qui  a  ravagé  ancienne- 
ment File  Hinzouan  (  Anjouan  ou  Joanna  )  y  dans  F  ar- 
chipel des  lies  Comores  y  au  nord  du  canal  de  MozcunhiqiUy 
entre  Madagascar  et  F  Afrique. 


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(.64) 

Asie. 
5  ï*  Volcans  du  Continent. 

On  a  josqu  à  présent  fort  pea  de  renseignements  exacts 
sur  les  volcans  actifs  du  continent  Asiatique.  Je  vais  énmné- 
rer  ceux  que  Ton  croit  dans  ce  cas  : 

Elburs,  Elburus,  Elbours  (  Perse  )y  vers  rextrémité  orien- 
tale des  monts  de  ï  Irak-y^dfenUf  au  32'  parallèle. — Cest  le 
pic  le  pins  élevé  de  la  chaîne  du  Caucase  ;  il  a  5,4ûo  pieds 
au-dessus  de  la  mer  Noire.  (Reineggs,  Descript.  du  Caur 
casCf  etc. ,  i,  16^  en  allem.  )  Il  est  douteux  qu'il  soit  ac- 
tif. U  paraît  que  ce  nest  pas  la  seule  cime  volcanique 
de  cette  chaîne  (Olivier,  Voyait  dans  t Empire  Ottoman , 
la  Perse^  etc.,  v.,  p.  126).  Il  y  a  de  violentset  fréquents 
tremblements  de  terre  dans  cette  partie  de  la  Perse. 

Dernavend  (Perse),  dans  la  grande  chaîne  des  Monts 
jilpons  qui  environne  le  Ghilan  et  le  Mazanderan ,  entre 
la  mer  Caspienne  et  les  plaines  de  la  Perse.  —  Olivier  dit 
que  son  sommet  s'élève  beaucoup  au-dessus  des  autres  pics, 
qu  il  est  toujours  couvert  de  neige  et  que  souvent  il  en  sort 
beaucoup  de  fumée  (ibid.  ,  11 ,  126  ).  Suivant  un  voya- 
geur français,  ce  pic  s'élèverait  à  une  hauteur  de  12  à 
i3oo  toises  au-dessus  du  niveau  des  plaines  de  Téhéran  j 
qui  sont  au  moins  à  5oo  toises  aunlessus  de  la  mer  Cas- 
pienne (  Foyage  dans  le  Ghilan ,  de  M.  Trézel ,  manuscrit 
cité  par  Malte-Brun,  m,  p.  281  ).  Morier  a  donné  un 
beau  dessin  de  ce  pic  {Se,  joum.  to  Persia^  p.  335). 
De  Téhéian  jusqu'à  cette  montagne  ,  il  y  a  beaucoup  de 
fragments  de  lave  épars,  et,  au  tiers  de  sa  hauteur,  dé- 
normes rochers  de  basalte  en  colonnes ,  à  cinq  pans  asses 
réguliers. 

Cophant  (Perse  ) ,  dans  le  Khorasanj  province  au  N.  E. 
de  ÏJrak.  —  Plusieurs  auteurs  le  disent  sujet  à  de  très  vio- 
lentes éruptions  -,  mais  on  n  a  rien  de  certain  à  cet  égard. 


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(  265  ) 
Les  montagnes  de  la  Perse,  suivant  le  major  W .  Monthei^ 
n'offrent  pas  de  volcans  brûlants  ,  mais  des  traces  d'action 
volcanique.  Le  Sepellan  paraît  avoir  eu  un  cratère ,  car 
son  pic  est  couvert,  sur  plusieurs  points,  de  courants  de  lave 
et  de  déjections  volcaniques.  La  dernière  éruption  paraît 
s'être  portée  jusqu'à  30  milles.  UArarat^  une  plaine  au- 
dessus  de  Makor ,  près  du  fleuve  Ai  as  y  le  sol  de  Tiflis-^ 
A'Eriifan ,  et  depuis  Erivûn  jusqu'à  la  rivière  Guesney  ,  pré- 
sentent des  roches  et  des  traces  évidemment  volcaniques. 
(  Obsetp,  physic(h-géog/aph,  sur  la  Perse  f  par  le  major 
W.  Montheit;  he.tlia,  vol.  ix  ,  cah.  3.    p.  ^55  ). 

Le  Seiban-Dagh  (Arménie  )  ,  à  l'extrémité  nord  du  lac 
de  fFan  ,  est  une  montagne  énorme  dont  le  sommet  est 
toujours  couvert  de  neige ,  et  le  pied  entouré  de  laves  jus- 
qu'à une  grande  dislance  (Jaubert,  Foyage  en  Perse  ^  1821, 
p.  123  ).  C'est  un  volcan  éteint  sans  douteu 

Dgebel'Nimroud ,  ou  Mont  de  Nimrod  (  Arménie  ),  a 
vomi  autrefois  des  flammes,  et  offire  encore  sur  son  sommet 
un  petit  lac,  qui,  d'après  la  description  d'un  géographe  turc, 
semble  être  un  ancien  cratère  (  Hagdi  Khalfah ,  GéogrO" 
phie  turque  y  p.  1088,  1099,  iï2o,etc.  ). 

Touifan,  ou  Montagne  de  Feu  (région  centrale  de  F  Asie, 
grande  chaîne  de  V Altaï  :  43^3o'  de  latitude  j  870,^1' 
de  longitude  )  5 

Ija  Montagne  Manche  (Pe-Chan)  ,  dans  le  Bisch-Balikh^ 
(  ibid. ,  46^  o'   de  latitude  ;  76®  1 1'  de  longitude  )  5 

On  trouve  dans  un  article  de  l'édition  japonnaise  de 
\ Encyclopédie  cMnoisey  traduite  par  M.  A.  Remusat,  que 
ces  deux  montagnes  exhalent  continuellement  des  flammes, 
de  la  fumée  et  des  vapeurs  ammoniacales  ;  c  est-là  ,  dit-on, 
qufe  les  kalmoucks  recueillent  le  sel  ammoniac  qu'ils  trans- 
portent dans  les  différentes  contrées  de  l'Asie.  Il  est  pro- 
bable que  ce  sont  de  simples  solfatares.  Elles  sont  à  4oo 
lieues  de  la  mer  Caspienne. 

(Voir,  pour  plus  de  détails,  i«une  note  de  M.  Kbproth 

34 


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(  a66  ) 

suf  loi  Folcans  de  Vintérieur  de  l'^tsUyAim  le  Bulletin  des 
Se.  nat.  et  de  Géol.  ;  t.  3  ,  p.  8  ^  —  a^  une  lettre  de  M. 
Abel  Remusat  à  M.  Cordier,  sur  le  màme  sujet,  et  ks 
observations  4e  ce  dernier  sur  cette  lettre  ;  Ann,  des  Mines  ^ 
t.  V,  1820,  p.  i35  et  187,  etJoum.  Jsiatiq. ,  juillet  i8a4, 
J).  44  >  —  ^**  enfiu^  les  observations  de  M.  de  Férussac  sur 
les  documents  précédents  y  Bulletin  des  Sciences  naturelles 
et  de  GeoL,  t.  3,  p.  i4). 

D'après  un  auteur  arabe ,  Jbn  el  ffaidi ,  cite  par  M.  Hj- 
lander  père,  il  y  aurait  une  troisième  montagne  volcanique 
dans  r intérieur  de  rAsie^  d'où  Ton  voit  sortir  de  la  fumée 
pendant  le  jour  et  des  flammes  pendant  la  nuit.  Elle  est 
située  dans  le  pays  de  Tint ,  à  160  de  nos  lieues  communes 
à  TE.  du  lac  Araly  et  à  23o  aussi  à  TE.  delà  merCa^ienne; 
39^  de  latitude  N.  et  65°  de  longitude  à  Test  du  méri- 
dien de  Paris.  Le  pays  de  Tint  fournit  du  sel  ammoniac. 
(  Operis  cosmogmphici  Jbn  el  fVardi ,  caput  primum  :  de 
regionibus  et  otis»  Ei^cod.  Upsaliensi  edidit  et  btinè  vertit 
A.  Hylander,  theol.  doct.  ac  professer.  Lnnd^,  1823.) 

M.  Léopold  de  Bucb  dit  quon  doit  compter  avec  autant 
de  raison  y  parmi  les  volcans  actifs  du  continent  asiatique, 
les  montagnes  brûlantes  de  Sibérie  y  qui  fournissent  du  sel 
ammoniac  ',  elles  se  trouvent  près  le  Chatanga  y  dans 
la  partie  septentrionale  de  la  contrée  arrosée  par  le  Je- 
niseyy  et  vers  les  sources  du  ffilui  y  au-delà  de  Jahtisk, 
(  Strahlenberg ,  JVord  und  ostl  j4sien,  1780  ^  p.  3ii» 
324  ,  377. ) 

*  Les  mon^  HimmaUiya  (  Indostan  )  y  sujets  à  de  fréquent» 
et  violents  tremblements  de  terre^  et  présentant  des  sonrcei 
chaudes  dans  les  défilés  (  Tune  délies,  celle  de  Badaii- 
nathy  à  58°  88  centigr.),  n'ofi&-aient  jusque  dans  ces  demien 
temps  aucune  trace  des  feux  volcaniques  qui  sont  ordinai- 
rement la  suite  de  ces  secousses  souterraines.  11  paraît  que, 
dans  le  commencement  de  Tannée  1825,  cette  cause  agis* 
jointe  a  enfin  produit  une  éruption.  Ce  phénomène  a  eu 


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(  ^6^  ) 
lieu ,  dans  le  district  de  Pumeah  ^  sur  imë  des  plus  hauteè 
montagnes  de  la  chaîne,  qui  est  parfois  visible  de  la  rive 
orientale  du  Surhampouter,  D'ap^^s  une  lettre  datée  de 
thoon  ke  Pumeah ,  le  i3  juin  182^  y  on  aperçut ,  dans  les 
premiers  jours  de  février,  une  colonne  cte  fumée  très  épaisse 
qui  s*  élevait  à  une  hauteur  considérable  du  sommet  di 
cette  montagne ,  et  qui  fut  visible  jusqu  à  la  saison  des  cha- 
leursj  personne  ne  vit  de  flammes.  (  Edim,  Joum.  qf  scien- 
ces, avril  1826  ,  p.   209.  ) 

D'après  l'extrait  d'un  voyage  dans  le  pays  des  Birmans  , 
aux  sources  dhuite  de  pétrole  et  aux  volcans  de  Memboo^ 
extrait  inséré  dans  le  London  and  Paris  observery  4  <lé- 
cembre  1825,  il  paraîtrdt  qu'il  existe  un  assez  grand 
nombre  de  petits  volcans  actifs  dans  le  voisinage  desquels 
on  trouve  des  sources  d'huile  de  pétrole  et  d'eau  salée. 

D'autres  parties  du  continent  asiatique  paraissent  aroir 
été  jadis  en  proie  aux  éruptions  volcaniques  ;  la  région 
à  l'est  de  ThyaHray  dansTAnatolie,  (région  nommée  par 
les  anciens  Katakekauméné  ou  Pays  brûlé  ),  le  bassin 
du  Jourdain  en  Syrie,  les  montagnes  de  Daourie  dans 
la  Sibérie  orientale  ,  offi*ent  beaucoup  de  traces  d'an- 
ciens volcans. 

La  péninsule  du  Kamtschatka  renferme  un  plus  grand 
nombre  de  volcans  qu'on  ne  l'avait  cru  jusqu'à  présent. 
Deux  chaînes  de  montagnes  très  dif^rentes  dans  leur 
composition  se  font  remarquer  dans  cette  partie  de  la 
Sibérie.  L'occidentale  n'offre  aucune  trace  de  volean, 
tandis  que  Forientale ,.  au  contraire ,  se  compose  et  de 
pics  très  élevés  qui  brûlent  encore  actuellement ,  et  d'au- 
tres qui ,  sans  être  en  éruption  ,  présentent  tous  les  ca- 
ractères des  volcans.  Vj^tlas  de  fiLrusenstem  en  retrace 
parâdtement  l'ensemble  et  ce  qu'ils  ont  de  particulier  dan^ 
leur  forme.  Ce  sont  de  véritables  fourneaux  élevés  au- 
dessus  d'une  crevasse  qui  traverse  l'intérieur  de  tonte^ 
cette  contrée.  Les  sources  chaudes   et   l'abondance  du 

34, 


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(a68) 
soufre  ^  qui  ^  en  plusiears  endroits ,  coorre  le  rivage  en 
forme  de  gravier  ^  prouvent  assez  que  toute  cette  chaîne 
de  montagne  est  la  proie  du  feu.  Elle  se  lie  avec  les 
volcans  du  Japon ,  de  Uquejo ,  de  Fomtose  et  des  PU- 
lippines.  Voici  fënumëration  de  ces  pics  volcanisës  : 

Le  Mont  Opaliuski  ;  Pic  Koscheleff  (  Rnisenst.  )•  — 
Chwostow  le  regarde  comme  plus  élevë  que  le  pic  de 
Ténériffe.  Apn>s  une  longue  interruption ,  il  a  recommencé 
&  être  agité  vers  la  fin. du  siècle  dernier.  (Lat.  5i**  21' j 
long.  Grew,  1 57**  E.  ) 

Le  second  Pic.  Lat.  5i°  82'  ;  long.   1.57**  5'  E. 

le  troisième  Pic.  Lat.  5io  35'  ;  long.   i57<»  34'  E. 

Le  quatrit^me  Pic.  Lat.  Si**  2'  ;  long.  1 57**  62'  E. 

Le  Pic  Po^vo/vtnai.  Lat.  Si*»  22' j  long.  i58*»  18'  E. 

Le  Pic  ffiliiUscfuNsko/y  riloutchins\aya  ou  Paratunka- 
Sopka.  Lat.  520  39';  long.  i58«  21^^  E.  —  A  la  distance 
de  22  milles  marins ,  son  sommet  est  î\  2°  47'  au-dessus 
de  r horizon  ,  ce  qui  suppose  une  hauteur  de  6444  pi^ 
de  roi  (Homer). 

Le  Pic  jéwatschinskoy  ,  au  N.  O.  de  la  baie  ^  Awal- 
scha. 

Le  Pic  Streloschnoy  ou  volcan  à' Jtwaischa  ,  au  N.  de 
la  baie  de  ce  nom.  —  Sa  plus  grande  éruption  est  celle 
de  1737  î  elle  fut  accompagnée  d'un  violent  tremble- 
ment de  terre  et  d'une  agitation  extraordinaire  de  la 
mer,  qui  envahit  et  inonda  la  terre.  Une  autre  éruption 
eut  lieu  en  1779  9  pendant  que  le  capitaine  Clerk  était 
au  Havre  de  St.-Pierre-St.  Paul.  En  1787,  La  Peyrouse 
et  ses  compagnons  voyaient  continuellement  de  la  fumée 
et  des  flammes  au  sommet  de  la  même  montagne.  Elle 
exhale  de  temps  en  temps  de  la  fumée.  Elle  serait  élevée 
de  10,704  pieds  de  roi,  suivant  le  docteur  Uomer. 

Schupanovi'skaja'Sop!(a ,  a  F  embouchure  du  Schupa- 
no^v  ,  entre  le  fleuve  et  le  cap  ScMpum,  —  Il  est  douteux 
^e  ce  soit  un  volcan. 


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(  afig) 

Toba&schiuskoy.  Lat.  55^  3o'.  — Volcan  au  milieu  de  la 
grande  plaine  du  KanUscïuUka ,  et  tjoujours  appartenant 
à  la  même  chaine.  Il  fume  constamment.  Il  aëté  en  grande 
activité,  surtout  en  1793.  Lesseps  en  a  encore  aperçu 
un  autre  dans  son  voisinage  :  c'est  sans  doute  celui  que 
M.  Stein  appelle  Kamskaikoi-Shapka,  Celui-ci  est  très 
élcTé.  Depuis  1728,  il  a  éprouré  de  fréquentes  éruptions 
d'une  force  considérable  :  quelques-unes  d'entr^ elles  ont 
recouvert  de  cendre?  ,  dans  un  rayon  ^e  3op  kilomè- 
tres ,  le  pays  à  Ten^om*  du  volcan. 

Kronotzkoi,  —  Ce  volcan  est  peut-être  le  second  de 
ceux  aperçus  par  Lesseps  (  Résen  ubers.  von  Forster, 
p.  86).  U  paraît  être  situé  à  Test  d'un  lac.  Lat.  54^^  5o' 
(  Sleller  ). 

KliUschewskaja,  Lat.  56^  10' ,  de  7  miUes  au  S.  de 
Nischnei'Kamtschatka.  —  C  est  le  volcan  le  plus  élevé 
de  cette  presqu'île ,  et  le  dernier  vers  le  Nord.  Ses  flancs 
sont  recouverts  de  glace.  Souvent  les  laves  qui  coulent 
du  sommet  sont  arrêtées  par  les  glaces,  quelles  brisent 
etj  poussent  devant  elles  ;  alors  elles  roulent ,  mêlées 
avec  des  masses  de  glaces  y  sur  le  penchant  de  la  mon- 
tagne y  en  faisant  un  bruit  qui  porte  T  épouvante  à 
100  werstes  à  la  ronde.  Il  y  a  beaucoup  de  soufre 
au  pied  du  cône.  Le  cratère ,  qui  a  une  werste  d'éten- 
due y  mais  dont  la  forme  varie  souvent  y  lance  continuel- 
lement des  flammes  y  des  étincelles  ou  des  vapeurs  ; 
ces  dernières,  blanches  et  épaisses,  sortent  sous  la  forme 
de  grosses  boules,  qui  se  transforment  ensuite  en  anneaux 
et  disparaissent  dans  l'atmosphère.  Avant  1763  ce  volcan 
était  terminé  en  pointe  :  peu  à  peu  le  cratère  s'abaissa 
et  le  sommet  s' aplatit j  mais,  depuis  1772,  la  lave  s'est 
élevée  de  nouveau ,  et  la  pointe  terminale  a  reparu.  En 
février  i8ai  ,  forte  éruption  qui  fut  précédée  de  plu- 
sieurs secousses  violentes  et  continues.  Ce  phénomène 
occasionna  Taffi^issement  des  deux  tiers  du  c6ne  i^  A  laide  y 


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(  vo  ) 

pelile  île  de  forme  conique ,  de  la  âociëlë  des  KuriOts. 
—  Cette  montagne  peut  être  aperçue  dès  îles  Behring, 
ce  qui  suppose  une  hauteur  au  moins  égale  à  celle  an 
fie  de  Ténériffe  (Sauer,  BUHng's  Etped.,  1802,  p,  3o6.) 

Schet^elatsch  ou  Kmsnaja-Sopka ,  â  80  werstes  au  N. 
du  précédent ,  près  des  sources  de  tttschusch  et  du  Bakus, 
qui  coulent  dans  le  Kamtschatka  y  et  de  celle  du  TigiL 
(  Sauer^  loc.  cit, ,  p.  3o6.  ) 

Plusieurs  de  ces  montagnes  volcaniques  y  ou  Sopka  oa 
Shapka  y  sont  éteintes  depuis  long-temps.  Le  nombre  de 
telles  qui  sont  encore  activés  n'est  pas  fixé. 

(  Voir^  pour  plus  de  détails ,  Krascheninikqfs  Bcschr, 
von  Kamt. ,  17 66.  — *  Forage  à  la  montagne  'oolcamque 
de  Stréloschnaya-Shapka ,  au  Kamtschatka ,  Jait  dans  le 
courant  des  mois  d'août  et  de  sept.  i8i4  5  St.^Pâers^ 
burg  Zeitschriji'y  mars  i8tx5,  p.  333.) 

\  II.  Fokans  des  Iles, 
Archipel  du  Japon. 

n  j  a  ttm  assez  grand  notnbre  de  volcans  dans  cette  partie 
de  FAsie.  Ils  font  suite  à  ceux  des  Philippines,  et  sont 
yés  à  ceox  des  îles  KuriUes. 

TanegO'Sima,  ou  17^  de  Sou/te,  k  Test  de  KiuSiu.'^ 
Selon  Kampfer ,  elle  serait  sortie  du  sein  de  Li  mer  en 
1 694 ,  ce  qni  ne  paraît  pas  probable ,  à  cause  de  son  étendue. 

Fuego  ou  Fulcanus.  —  Petite  île  qui  Imce  contînueik- 
ment  des  vapeurs  sulfureuses  et  de  la  fumée. 

uésù  y  au  N.  de  Salzuma.  ^-  Des  flanunes  sortent  conti- 
ituellement  de  son  sommet ,  et  sa  base  est  entoorée  de 
sources  d'eau  cbaude.  (  Kampf,  Jap,  von  Dohm  ,  i ,  lao.  ) 

Unsen,  sur  la  presqu'île  de  NangastM.  -^  Cette  mon- 
tagne y  autrefois  large  y  unie ,  fnais  peu  élevée ,  lançait 
clés  vapeurs  qu'on  apercevait  d<»  tltris  teilles  de  i 


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(  »7«  ) 

(Kampf. ,  1 ,  1 20.  )  IMais ,  le  1 8  da  preniier  mois  (  1 793  ) , 

elle  s*  abîma  et  laissa  à  sa  place  ane  excavation  û  profonde , 

qu'en  y  lançant  une  pierre  on  ne  F  entendait  pas  frapper 

le  fond.  Pendant  plusieurs  jonrs  il  en  sortit  de  la  fiimce. 

—  Le  6  du  second  mois^  le  volcan  Bwo-no-Koubi  s'ouvrit 

à  un  demi-mille  de  son  sommet  :  il  en  sortait  des  flammes 

qui  s'ëlevaiept  à  une  grande  hauteur  ^   la   lave  qui  en 

dccoi^lait  était  si  abondante  ^  sa  marche  était  si  rapide  , 

que  tout  ce  qui  eiistait  sur  un  e^ce  de  plusieurs  milles 

devint  la  proie  des  flammes.  Le  i^*^  du  troisième  mois  , 

à  dix  heures  dt|  soir ,   un  violent  tremblement  de  terre 

se  fit  sentir  dans  toute  F  étendue  de  Kin-Siu  (  Kidjo  )  y  et 

principalement  k  Simabara  ^  il  renversa  des  montagnes 

et  des  édifices  ^  et  des  crevasses  se  formèrent  sur  le  sol. 

Pendant  tout  ce  temps  la  lave  ne  cessa  de  couler.  (Titsingh^ 

Mém.  ((es  Djogouns  ,  par  Abel  Remnsat,  i8ao,  p.  ao3.  ) 

Le  i^  du  quatrième  mois^  la  terre  trembla  de  nouveaii 

pendant  des  heures  entières  :  les  secousses  étaient  si  fortes 

que  des  montagnes  s'écroulèrent  en  entraînant  avec  elles  des 

TÎUages  entiers  -,  on  entendait  des  bruits  affireux  au-dessous 

de  la  surface  de  la  terre.  Tout-^-coup  la  montagne  Miyi^ 

Ycuna  sauta  en  Tair  et  retomba  dans  la  mer  \  les  vagues 

soulevées  engloutirent  beaucoup  d'habitations  situées  près 

du  rivage  ,  en  même  temps  que  les  eaux  qui  sortaient 

en   abondance  des  ravins  des  montagnes  inondaient  tout 

le  pays.  En  peu  d'instans,  Simabara  et  Figone  furent  plus 

qu^iin  désert  :  on  estime  le  nombre  des  hommes  qui  ont 

péri  à  537OO0. 

Firando  ,  la  plus  occidentale  des  iles  Kiu^Sîil»  -*-  Près 
d' elle  se  trouve  un  petit  rocher  qui  brûle  toujours  (](ampf.  ^ 
I  ^  j  30  ).  Tous  ces  volcans  sont  à  peu  prèç  dirigé^  du 
S.-E.  au  N.-O. 

Fatsisio.  —  Selon  Kampfer  ^  une  île  s  est  éler^e  4^i\s  ^e^ 
environs^  en  1606.  11  est  vraisemblable  que  c  est  ell^  que 
Brouijhton  a  vu  fumer  en  1796  (Q^ff?  n,  4-^0*  l^'#Brà» 


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(  *7^  ) 
son  dessin  y  eQe  pahijtrait  arbit  3ooa  pieds  JcIeTation,  et 
serait  située  pins  près  de  Jedo. 

Fusi.  —  C  est  le  volcan  le  pins  considérable  et  la  mon- 
tagne la  plus  ëlevëe  du  Japon.  D  est  un  peu  moins  haut 
que  le  pic  de  Ténenjffe.  Il  se  trouTe  un  peu  an  S.-O. 
de  /afo  ,  dans  la  province  de  Suruga.  —  Son  sommet , 
couvert  de  neige  ,  ne  lance  que  de  la  fumée  :  autrefois 
il  en  sortait  des  flanunes ,  qui  ont  disparu  lorsque  les  flancs 
de  la  montagne  se  sont  ouverts  (Kampf. ,  i ,   lao  ). 

Alamo  ,  dans  la  province  centrale  de  Sinano ,  au  N.-O. 
de  Jedo.  —  Le  premier  août  1783  ,  après  un  violent  trem- 
blement de  terre ,  des  flammes  sortirent  du  sommet  de 
la  montagne  ;  elles  furent  suivies  d'une  telle  quantité  de 
sable  et  de  pierres  ,  que  la  clarté  du  jour  fut  remplacée  par 
d'épaisses  ténèbres.  Les  habitants  des  environs  voulurent 
fuir  y  mais  le  sol  qui  sVntr  ouvrait  partout  les  engloutissait , 
et  le  feu  sortant  des  crevasses  brûla  les  habitations  -,  vingt- 
sept  villages  disparurent.  Un  bruit  horrible  accompagnait 
cette  catastrophe  y  et  une  pluie  continuelle  de  pierres  incan- 
descentes y  de  quatre  à  cinq  onces  y  forma  à  Yasouya  une 
couche  de  quinze  pouces  ,  et  de  trois  pieds  à  Matsejda, 

Le  1 4  août  y  à  dix  heures  du  matin  y  un  fleuve  de 
soufre  mêlé  avec  de  la  boue  ,  des  pierres  et  des  gros 
fragments  de  rocher  ,  sortit  du  haut  de  la  montagne  et 
coula  jusque  dans  le  fleuve  uïsouma-Gawa  ,  dont  les  eaux 
débordèrent  et  inondèrent  tous  les  terrains  adjacents.  Le 
nombre  des  victimes  de  ce  désastre  est  incalculable.  — 
Le  dessin  japonais  colorié  et  couvert  de  flammes  ,  joint 
à  la  relation  y  prouve  évidemment  que ,  pendant  cette 
éruption  y  une  grande  quantité  de  cônes  s  étaient  formés 
au-'dessus  d'une  crevasse  et  agissaient  comme  des  soupiraux 
par  lesquek  sortait  le  feu.  Il  est  vraisemblable  que  beau- 
coup de  villages  ont  été  recouverts,  comme  en  1780,  à 
Lancerote.  (  Titsingb,   M/m.  des  Djogouns  y  p.  180). 

Fie  Tilésius  ;  sur  la  c6te  occidentale  de  ISlphou ,  un 


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(2,3) 
peu  ao  S.  du  détroit  de  Sondeur.  -»  H  est  trë$  Âerë  et 
ooayert  de  neige.  Sniyiait  M.  de  Buch,  il  serait  possible 
que  cette  montagne  ^  que  le  docteur  Tilesius  appelle  toujours 
un  Tolcan  y  ne  fût  autre  chosQ  que  le  MorU^Jesan  y  dans 
la  partie  septentrionale  du  Japon ,  à  sept  milles  de  IVambu, 
qui  lance  fréquemment  dé  la  ponce  ;  souvent  même  jusques 
dans  la  mer.  (  Georgi ,  Russ.  Reisè  ,  1775,  i,  4  )- 

Les  deux  petites  îles  Oosima  et  Coosima  ,  près  du  cap 
SangOTy  sont  volcaniques.  La  dernière  est  sous  la  forme 
d*ttn  pic  qui  fume  toujours  :  son  sommet  seul  s'élève  au- 
dessus  de  feau  à  i5o  pieds  seulement  :  c'est  probable- 
ment le  pltis  petit  volcan  de  notre  globe.  H  est  situé  entre 
le  4^^  ^^  latitude  et  le  ïio^  i4'  45"  de  longitude  (i). 
-^  Oosima  ,  qui  est  à  peu  de  distance  de  la  précédente 
et  à  Fouest  y  est  un  peu  plus  grande.  (  Tilesius ,  Mém. 
de  l'jicad,  impériale  des  Sciences  de  Pétersbourgy  t.  z , 
p.  309  )  i8a6.  ) 

Folcan  de  Matsmaiy  quatre  milles  à  Test  de  Chacodade^ 
Brougbton  a  vu  beaucoup  de  fumée  en  sortir  du  côté  du 
nord,  {f^oy,  to  the  north,  Pacif.  Oc.  y  18049  p.  94*) 
Latit.  41»  5'j  longit.  Grew.  i4°  10'  E. 

Autrevolcan ,  à  4  nulles  auN.  de  Chacodade.  Lat.  ^if^Q'^ 
longit.  Grew.  i4o°  ^o''E.(^Bicordin  Golownm's  Grfang,^ 
II,  a36.  —  Brougbton,  p.  102.  ) 

Volcan  au  nbrd  de  Fulcansbayy  sur  Maismai ,  et  près 
ia  c&te  S.  £.  de  la  baie  de  Sirogonqf.  ^  D  a  été  va  par 
Krusenstem ,  auj^rès  du  pic  Rumosski.  Cest  sans  doute  le 
3*  des  volcans  observés  par  Broughion  dans  ces  parages. 
(Id. ,  p.  104.  ) 


CO  M.  Homer  lui  donne  700  pieds  de  haut  environ  (  LéopoU  de 
Buch). 


35 


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(»74) 

Arckîpd  4e  Ltâm-KSe» ,  uu  de  L^fmtfo, 

bans  cet  archipel  ^  ou  plat&t  cette  série  de  petits 
ârcïiipels  qui  forment  ^  depuis  Ttle  de  Kiu-Siu  ,  la  pi» 
taiëridioiiaie  des  grandes  îles  du  Japon,  une  espèce  de 
chaîne  qui  aboutit  à  Vile  de  Formose ,  3  y  en  a  une 
nommée  Lung-ffoong-Chau  y  c  est-à-dire  l'île  du  Soufre, 
parce  qu  on  y  en  recueille  beaucoup ,  qui  paraît  être  le 
sîëge  d'actions  volcaniques.  Cette  île  jetait  une  épaisK 
lumëe  sulfureuse  ,  quand  la  I^ra ,  commandée  par  le 
capitaine  Basil  Hall  ^  passa  dans  son  voisinage  ,  le  4  3  sep- 
tembre i8i6« 

Archipel  ies  Kouriles  au  ÈuriSes. 

La  ohatee  des  ^oiih&y «A  «iseproloiigaiiîina  de  hcfaabe 
Volcanique  du  Kamtschatka,  et  paraît  consister  ^1  une 
attité  de  ttonUgnes  V^^aiqaes  dont  plusieurs  sont  eiMore 
«alijèctes  k  dea  ^nsptîoii&.  Void  les  Tenseig^ements  q«e 
l'on  possède  à  ce  sujet. 

Volcan  sur  Iturup ,  au  Jf  «  d  VrbitBck  ^  à  peu  près  au 
«îlieli  de  b  tsâte  oocîdealkalie  de  «ette  lie  étroite  «t  akin^ , 
la  ^^  des  Kouriksy  ^d'après  k  carte  de  Golowiim  ^  les 
Neu  Nord.  Beitr.  (  iv ,  1 1^  )  y  ^  eBfe  est  désignée  sou» 
ié  <iaom  A"£ionpa.  Ce«t  fe  Staatemland  des  «uàeanes 
xntes.  ifioky^p.  -Gefang^  ^  ^  a8}. 

Tsohiffm  (  Totpid,  Krusemttm  Mydrogr,^^,  88).  -- 
Ce  iscMt  dftux  petites  iies  contenant  «haciuie  «oa  ftoica». 
(Neu Nord.  Beitr.,  lac.  citai. ^ 

Le  Pic  La  Peyrouse,  sur  lile  Marekan  oa  Simasir  (La 
Peyrouse ,  f^'oy.  m  ;  96  }. 

tkôhischir  y  b  i^*'  fle.  -^  Yobm  >  avec  des  souro» 
chaudes  jaiUissantes  ,  près  du  rivage.  (  Neu  Beitr.  j  ioc. 
citât.) 

Matua  (Raschkoke  de  Exusenstem  y  et  Muiowa  du  Neu 


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iVbiW.  Meilr.y  — ^  Wh  «rnUknl  le  pio  Sarytschew^  ipM  prë« 
teolo  im  cratère  anr  m  partie  otcBdasUile  ^  d'où  sert  co»* 
tinaenement  de  la  fiimëe  d'un  gris  jaunàtie,  8a  haniwÉi 
csl  de  4^37  pieds,  d* après  M.  Uorocr. 

Ruscbkoke  {Neu  Dhfd.  Bmir.);  b  onnèwie  de  cesUes. 

Jkarma  ^  la  8^  tle.  «-«-  Des  couvées,  diandcs  et  snlAireusea 
coulent  près  du  riTage.  On  a  qnelquefoia  i^rçu  du  feu 
acnrtnr  du  Tolcaa.   (  Neu  I^ord.  Bâtr,  ) 

Omekatan.  -*«•  Elle  possède  tro»  volcans  o|>6er?és  par 
V  amiral  SaryUchew* 

Panimusir  ou  Poromu-Schir.  —  C'est  la  plus  grande  des 
petites  Kouriles,  Un  pic  éle?ë  se  montre  sur  sa  partie 
septentrionale.  —  C'est  la  continuation  des  cônes  de  la  câte 
orientale  du  Kamtschatka  y  tpl  se  suivent  avec  un  ordre 
remarquable.  (Stiller,  Kamt.  y  1774»  P*  46.  —  Cook  , 
3«  Fay.) 

A  lait  ou  Alcude ,  un  peu  à  TO.  et  en  dehors  de  la  ligne. 
—  Cest  une  montagne  en  forme  de  c6ne,  que  Ton  aperçoit 
de  loin.  Dès  le  5  septembre  i3oa ,  Cbwostow  Fa  vue  cou- 
yertede  neige  (  Reise^  p.  i38.  —  Stiller,  p.  ^6).  Après  un 
long^repos,  elle  a  recommence  à  fumer  en  1 7901  et^  ea 
février  1798 ,  il  y  eut  une  violente  éruption  f  Sauer^  3o4). 

On  ne  sait  si  le  pic  Tshatschanoburi y  sur  l'île  Kunashir^ 
et  Tschikitun  (île  Spanberg  )  sont  des  volcans^  on  Je  pré- 
sume. 

Le  Pic  de  Langle  y  île  au  N.  O.  de  Matsnuù  f  est  aussi 
vraisemblablement  un  volcan  {  il  s' élève  à  5, 020  pieds  derçi^ 
d*après  M.  Homer. 

lU  Gfiel'Tar  ou  Gehbel-Taer. 

Cette  île  ^  longue  j  du  M.  an  S.  ,  de  4  ndlles  anglais  y 
est  située  dans  le  golfe  Arabique ,  devant  Loheia,  Lat.  1 5^ 
38'.  Dans  son  centre  s'élève  une  montagne  pyramidale , 
4e  m4m«  nom  i^ii'eUf  >  ^nt  1^  ^o^mejt  pr^pte  <|«atre 

35, 


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(a76) 
oaTeitnres  qni  émettent  constamment  de  la  famée  et  qod-t 
quefois  du  feu.  L'ile  est  entièrement  déserte,  et  conrerte  dt 
soufre  et  de  ponce. 

La  plupart  des  !les,  dans  le  golfe  Persîque ,  Omua  y 
Larck  y  etc. ,  sont  volcaniques  et  riches  en  fer  (  Zeiischr^ 
Jiir  Minerai. ,  jauTier  1826,  p.  60 ,  et  mars,  p.  271  )•  . 

Le  Pic  d'Adamy  dans  Ftle  de  C^larij  placé  an  rang 
des  volcans  par  plusieurs  voyageurs,  ne  montre  aucune 
trace  d* éruptions  ni  anciennes  ni  modernes,  d'après  M. 
John  Davy  ,  qui  Ta  visité  en  1817. 

Les  montagnes  volcaniques  brûlantes  abondent  dans  cette 
partie  du  monde. 

%  I.  Folcan^  du  Continent. 
Gnëniamé. 

On  en  connaît  trois  qui  paraissent  former  le  prolon- 
gement de  la  chaîne  volcanique  des  îles  Aleutes.  Un  à 
Textrëmité  du  promontoire  SAUiskay  au  55^  de  latitode, 
et  ai  4^  de  longitude,  a  été  reconnu  par  Cook  \  il  est  dune 
hauteur  prodigieuse.  Les  deux  autres  ,  plus  au  N.-E. 
de  cette  pointe ,  ont  été  observés  par  ce  navigateur  et  ptf 
La  Peyrouse.  (Voyage  de  La  Peyrouse.  ) 

Suivant  La  Peyrouse  ,  don  Maurelle  a  remarqué  mi 
volcan,  au  4^®  4^'  de  latitude  N.  du  cap  Mendodnoy 
qu'il  regardait  comme  en  éruption  violente  ^  on  a  re- 
connu plus  tard  que  ce  n  était  qu'une  illusion  provenant 
de  r  incendie  d'une  forêt  allumée  par  les  naturds  do 
pays.  (  Roquefeuille ,  Fuyag*  autour  du  Monde ,  n ,  a38.  ) 

Cmlifomie. 
Suivant  le   P.  Alexandre  Pérez,  il  y  a  cinq  vbkaiis 


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(  277  ) 
dans  la  Califbmiè  y  savoir  :  trois  dans  T intérieur  de  oetta 
grande    presqufîle  ^   et    deux    sur    ses   c6tes    maritimes 
(  Yo jez  Histoire  du  Mexique  )  -y  mais  on  est  peu  certain 
ide  leur  existence. 

Suivant  M.  de  Humboldt  y  le  point  le  plus  élevé  de  la 
Cali/bmie,  qui  a  4^600  pieds,  pourrait  bien  être  un  vol- 
pan  (  /.  c,  y  II,  4^3);  on  trouve  aussi  sur  sa  grande 
carte  ,  sous  la  latitude  2S^ ,  le  volcan  de  Las-Fir^nes , 
aVec  l'indication  qu'il  a  été  aperçu  en  1746.  €Ui  ne  sait 
inen  de  plus  sur  ces  montagnes, 

Mexique, 

Le  Mexique  contient  cinq  volcans  actifs  y  savoir  : 

Tuxtla  y  au  S.-E.  de  la  Fera-Cruz.  —  Sa  dernière 
éruption  ,  qui  fut  très  considérable,  eut  lieu  en  1793. 
Les  déjections  de  cendres  furent  alors  transportées  jus- 
qu'à Perote,  à  57  lieues  en  ligne  droite. 

Pic  dOrizaba  ou  Càlaltepetl  (montagne  Étoilée).  — • 
On  ne  connaît  pas  d'éruptions  récentes.  Les  plus  vio- 
lentés ont  eu  lieu  depuis  i545  jusqu'en  i566.  On  doit 
une  très  belle  vue  de  ce  vdcan  à  M.  de  Humboldt 
(/.  c.y  tab.  17  ).  Il  a  i6,3oa  pieds ,  suivant  le  même  au- 
teur. {Tableau  des  régions  équatoriales,  p.  i48.  —  Fues 
et  Monumens ,  p.  a33.  )  Les  Indiens  le  nomment  Ciilal- 
tepetly  ou  Montagne  Etoilée,  à  cause  des  exhalaisons  lu- 
mineuses qui  sortent  de  son  cratère  et  jouent  autour 
de  son  sommet ,  couvert  de  neiges  étemelles. 

Popocatepetl  (  montagne  Fumante  ) ,  ou  volcan  de  la 
Puebla.  — *-  Cest  la  montagne  la  plus  haute  du  Mexique; 
son  élévation  est  de  16,626  pieds.  Ce  volcan  fumait 
déjà  du  temps  de  la  conquête  du  Mexique.  Il  est'tour 
)ours  enflammé.  De  temps  immémorial  il  n*a  pas  jeté 
de  laves.  Il  eut,  en  i53o,  use  violente  éruption.  En 


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i8o4 ,  il  Tomil  une  énorme  quaatitë  de  cendres  ti  dt 
fumée.  Son  cratère  a  une  demi-lieue  de  cireonfëreBcei 
à  ce  qu'on  dit;  mais  il  est  à  présent  inacoeseible. 

Xorulio  ou  Joruilo.  —  Dans  la  nuit  du  si8  mi  ^  sep- 
tembre 1 759  9  un  terrain  de  trois  à  quatre  milles  carrés, 
situé  au  milieu  d'une  plaine ,  entre  le  yoloan  delà  PuMa 
et  celui  de  CoUma  ,  à  trente-six  lieues  des  cotes  et  à  q«»* 
rante-deux  lieues  de  tout  Tolcan  actif,  se  souleva  en  forme 
de  vessie  ]  au  centre  d'un  millier  de  cônes  enflammés, 
six  montagnes  de   quatre  à  cinq   cents    mètres    s'élevè- 
rent subitement  au-dessus  du  niveau  primitif  des  plaines 
voisines.   La  principale ,   le  volcan  de  JaruUo  y   a   8703 
pieds  y  elle  s  est  élevée  ,  en  un  seul  jour,  de  i^So  pieds. 
Ses  éruptions  ont  continué  sans  interruption  )iisqu  en  fé* 
vrier  1760  ;  elle  a  maintenapt  moins  d'actmté.  MM.  de 
Humboldt  et  Bonpland  descendirent  dans  le  cratère  em- 
brasé,  jusquà  a5d  pieds  de  (m>ft>ndeQr  perpendicolaîre , 
sautant  sur  des  crevasses  qui  exhalaient  de  l'hydrogène 
sulfuré  enflammé  ;  ils  parvinrent ,  :^près  beaucoup  de  dan- 
gers ,  à  cause  de  la  fragilité  des  laves  basaltiques  et  sié- 
nitiques^     presque  jusqu^an  fond    du   cratère ,    où   Pair 
était  surchargé  d  acide  carbonique.  (Hnmb. ,  Now,  Esp., 
II,  290.) 

CoUma.  —  Cest  le  plus  oriental  de  tous.  U  fume  sou- 
vent et  ne  vomit  maintenant  que  des  cendres.  11  a  8619 
pieds  de  haut  y  d'après  Testhnation  de  don  Manuel  Abad 
(  id. ,  II ,  309  ).  Dampier ,  qui  le  vit  en  éruption  ,  dit  qn  3 
a  deux  bouches  cratériformes  y  qui  étaient  alors  en  adinté 
simultanément. 

Outre  ces  volcans  actifs ,  on  en  oonnatl  beanoonp  dT  an- 
tres qui  sont  actuellement  éteints ,  tds  que  : 

Le  Nouhaampa-Tepetl  ou  Coffre  de  Ptroie^  an  onrd  dm 
pic  XOrizaba,  -—  Cest  une  montagne  de  traehjte^  de 
1 1534  pieds  de  haut ,  qui  représente  un  sarcophage  an* 
lîqae  somaonté,  à  une  cfeses  e]UrémMs^.d'nne  pjnaBÎdr. 


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(  ^79  ) 
^HniHb.,  f^u^  et  Momanens  j  pi.  zxxiv.  )  Elle  est  entourée 
(MT  4es  cottcfaes  poissanleft  de  ponce  et  de  coulées  de  lave. 
Son  sonmieil  Me  retrfermaiit  pas  de  cratèi«  y  elle  a  dà  né- 
cessairement «Toir  des  éruptions  latérales. 

U ittacci-MhiêUl  {  ùVL  Femme ^ Biahche ,  la  Sierra- Ae^ 
■fitfrfar  des  Ë6paj;nols  )y  au  N.  et  sur  la  même  chaîne  que 
le  volcan  de  la  Puebia  ^  a  i475o  pieds. 

Le  NeMtth  4e  Tolmca,  k  i4a20  pieds.  ^-  Il  a  été  gravi  ^ 
le  ^  mam  18^ ,  par  M4  Bnriart  (  Karstenê  Arch,,  xv  j 
106).  Son  sommet,  fcrmé  de  trachyte,  est  escarpé  et  en- 
tooré  (d'un  cratère  «qu  oentient  denx  lacs^  il  a  un  quart 
A%  lîeue  de  diamètre  ^  et  sa  profondeur  y  depuis  le  bord 
supérieur  jusqu'au  niveau  de  Teau  y  est  de  1 1 53  pieds  de 
roi 5  la  paitie  la  moins  basse  à  FEst  en  a  au  moins  55o. 
L*eafu  des  lacs  n'a  aucun  gote  paiticuli^  I  cependant  eBe 
dépose  du  soufre  sur  le  rivage. 

Le»  YoloaiM  actife  et  éteints  du  Mexique  sont  alignés  ^ 
ainsi  que  Tobserve  M.  de  HumboMt,  comme  s'ils  étaient 
•SOFIÎB  par  une  crevasse  ou  (ilon  unique  y  dans  une  direc- 
tî<m  perpendiculaire  à  ceUe  de  la  grande  chaîne  de  mon- 
tagnes qui  traverse  le  Mexique  du  N.  O  au  S.  £.  Le  J6- 
rulio  est  venu  s  intercaler,  en  1 7  59,  dans  la  traînée  des  volcans 
«Aoîens.  Mexico  est  situé  au  milieu  de  cette  chaîne  volca- 
'Oique. 

Guatimala  et  Nicaragua, 

Dans  la  répubb'que  de  Guatimala  ^  il  y  a  trente-cinq 
Volcans  y  dont  quinze  ont  brûlé  encore  dans  \e  dernier 
siècle-  Ds  sont  placés  sur  une  ligne  entre  les  roches  pri- 
mitives ^  Feragua  et  Oaxaoa  y  et  eaftre  te  110  et  le 
160  de  latitude.  Ces  chaînes  de  grès  et  de  micaschiste 
4e  f^eragua  les  Uent  avec  la  cludne  occiâentde  >die  la 
NouueUcGrenade ,  et  œlle.de  granité  et  de  ^hs^Oaxacu 
les  aiéudlt  au  gnand  plalean  du  Mexique  qui  a  été  soulevé 
^nnnoie  eux.  Oe  :ça^  est  donc  Jun  de  >cemL  eji  rimérieiv* 


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(  »8o  ) 
du  globe  est  le  plus  libremeoi  en  ctnnmuiuoatioD  aftt 
Tair.  Pas  un  seul  de  ces  volcans  n  a  été  examine  de  près, 
et  on  ne  sait  presque  rien  de  positif  sur  leurs  émptimis; 
mais  on  connaît  mieux  leur  position  le  long  de  U  càte. 
Tous  les  cônes  volcaniques  s'élèvent  ù  haut  et  si  rapide- 
ment^ qu'ils  frappent  de  loin  les  navigateurs  qui  les  oit 
déterminés  avec  soin.  Ces  cônes  sont  si  escarpés ,  si  isdéi 
en  même  temps  les  uns  des  autres ,  et  tellement  [daoés 
dans  la  même  direction ,  qu^on  semble  retrouver  ici  ki 
îles  Kurilles  ;  en  effet  les  pics  paraissent  souvent  sortir  de 
la  mer  et  ne  pas  poser  sur  le  sol,  qui  est  très  peu  âefé. 
Il  y  a  probablement  des  dômes  tracbytiques  parmi  ces 
volcans.  Ceux^i  portent  souvent  plusieurs  noms  dans  k 
pays  j  ce  qui  rend  leur  synonymie  fort  incertaine  5  et  on 
donne  aussi  le  nom  de  volcan  aux  dômes  traehytiqses. 
Je  vais  essayer  de  commettre  le  moins  d'erreurs  en  fiusafit 
rénumération  de  ces  volcans.  Voici  leurs  noms ,  en  aun- 
mençant  par  le  plus  méridional; 

Barua  ou  Borna  y  à  sept  milles  au  N.  du  Goyb  Duke. 

Zapanzas ,  dans  le  port  de  Fêlas.  ^-  Funnel  Fa  men- 
tionné (  Dampier^  iv,  ^9  )  ?  >^s  d*  autres  auteurs  nea 
parlent  pas. 

Papagayo  ^  à  quatre  mille  toises  de  la  côte  et  à  cinq 
nulles  au  N.  du  cap  de  Santa-Catalina.  —  Cest  une  mon- 
tagne élevée  et  très  remarquable. 

Orasi  ou  Osori ,  entre  le  Rio-Zabalu  et  le  Rto-Fer- 
biga; 

Tenorio  ; 

Bincon  de  la  Fieja  ; 

Ces  trois  volcans  sont  situés  près  le  bord  sud  du  lac  de 
Nicaragm. 

Au  nord  de  Nicaragua  ^  entre  10®  3o'  et  12®  5o'  de 
latitude ,  se  trouvent  les  volcans  suivants  : 

Mombacho  ou  volcan  de  Grenada  y  à  TE.  de  Grenade 
^—  On  le  voit  de  la  mer.  Cest  à  tort  qu'il  est  nommé  i^^w- 


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(aSi  ) 
bacho  sur  la  carte  du  dëpartement  de  la  Marine  à  Paris. 
Funnel  dit  quil  a  la  forme  d'une  ruche* 

Sapahcaj  dans  le  lac  de  Nicaragua  ^  au  N.  de  Tile 
Ometopcf  selon  Antonio  de  la  Cerda. — Selon  Juarros,  il 
se  trouve  sur  une  ile  habitée  que  les  Indiens  nomment 
Ometep. 

Masaya  ou  Masaya,  entre  Ciudad  de  Grenada  et  Ciudad 
de  Léon ,  près  du  petit  lac  Masaya  et  au  N.  de  Rio 
Tepetapa ,  qui  réuoit  les  lagunes  de  Léon  avec  le  lac  de 
Nicaragua,  —  Son  cratère  ,  qui  a  une  demi-lieue  de^  cir- 
conférence et  deux,  cent  cinquante  brasses  de  profondeur , 
ne  rejette  ni  cendres ,  ni  fumée  ;  la  matière  enflammée  qui 
y  bouillonne  répand  une  clarté  visible  à  plus  de  vingt 
lieues  :  elle  ressemble  tellement  à  de  Tor  en  fusion ,  que 
les  premiers  Espagnols  la  prirent  réellement  pour  ce 
métal  objet  de  leurs  vœux ,  et  que  même  leur  téméraire 
avidité  essaya  ^  mais  en  vain^  de  saisir  avec  des  drochets 
de  fer  une  partie  de  cette  lave  singulière.  (  Gomara  , 
Bistoria  de  las  Indias  ,  chap.  2o3  ). 

Mormo:ombo  ou  Mamotombo  ,   à  Test  de  L^n. 
Malaxa,  —  Son  cratère  n  a  que  trente  pas  de  diamètre , 
mais  la  lave  y  bouillonne  toujours. 

Mindiii  ou  Nidiri.  —  Il  a  en  une  violente  éruption  latérale 
en  1775  ,  et  les  laves  coulèrent  jusques  dans  les  Laguna 
de  Léon. 

Ces  deux  volcans  sont  situés  près  des  précédents. 
Telica.  —  Plus  élevé  que  toutes  les  montagnes  voisines. 
Il  fume  beaucoup,  et  lance  des  pierres. 

f^iejo ,  près  Eealexo.  —  Très  élevé  et  d'une  très  grande 
circonférence  j  il  est  situé  sur  un  terrain  très  bas,  ce  qui 
le  fait  ressortir  davantage  ;  ordinairement  il  lance  beau- 
coup de  fumée. 

Gilotepe  ou  Cocivina  ou  Cosiguina ,  dans  l'intérieur  du 
golfe  de  Fonseca  ou  AmapaUa ,  sur  la  c6te  méridionale^ 

et  non  loin  du  cap  Cosiguina. 

36 


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(  *«a  ) 

^èuanMoûns  j  tôut-li'fcit  dans  rintërieur  y  à  TE.  du  golfe 
de  Fonseca, 

Ces  quatre  yol^ans  Bont  iîtuës  entre  Léon  et  k  baie 
^AmapaJUa  cm  Fhnstea, 

Les  Tolcans  qoi  soÎTeni  sDnt  «ilaés  à  TO.  ^jimapaUa, 
sur  une  fente  qui  va  de  FE.  à  TO.  ,  entre  iS**  t5'  d 
\i^  M  de  latitude  nord  : 

San^Mîguel,  —  C'est  un  très  grand  volcan. 

Bosatlan, 

Tecapa. 

San-Fineents  ou  &u:a1tcoluca  ,  près  du  Riû  éd  Empa. 
— -  n  s'ouvrit  en  i643  y  et  donna  issue  à  une  coulëe  de  lare 
(sulphur  ).  U  lança  en  même  temps  des  cendres  (  Fmmel  ). 

Sarî^-Snhfodor. 

Isalûo;  situe  ekifh*e  jplUsieurs  autres  mbntagnes,  loules 
^luB  ëlevëes.  —  U  a  eu  de  violentes  éruptions,  nolamment 
<en  avril  1798  et  depuis  i8o5  jusqu'en  1807  :  on  en  vît  alon 
sortir  fréquemment  des  âammes.  Il  fume  très-souvoit  et 
beaucoup.  Il  exhale  beaucoup  de  sel  ammoniac. 

jipaneca  \  tm  peu  à  TO.  du  précédent,  -i^  Fniinel  loi 
donne  le  ttom  de  volcan  de  Sonsonaie  ou  de  Trirdud^ 
à  cause  de  son  voisinage  de  la  ville  située  près  de  la  ner. 

Facaya  ;  à  trois  Inities  du  village  yématàlan ,  ci  à  TE. 
du  volcan  SA^m  de  Guatimala.  ^«-  H  se  prolonge  en  une 
énbrtne  croupe  qui  présente  trois  sominets  visîUes  au 
loin.  Des  coulées  de  lave  j  de  la  ponce ,  des  scories  et 
du  sable  >  ont  dévasté  toiit  le  pays  environnant.  A  la  fin  do 
16^  siècle^  des  flammes  sortirent  jour  et  nuit  du  vokaai 
(  Chronisia  Fuentes  j  i  ^  liv.  ix  ,  cap«  9  ).  Les  plus  eëlèhres 
éruptions  sont  celles  de  i565 ,  i65i ,  1661  y  t668,  1671, 
1677  et  celle  du  1 1  juillet  1775  >  cette  dernière  sortit  d'une 
éminence  voisine  du  sommet  y  et  plus  basse  que  lui. 

Agua.  -—  Cest  une  des  plus  hantes  montagnes  do 
qenire  de  rAmérique  y  entre  Antigîia-Giiatimala ,  Afixto- 
Amatitlan  et  San^CristoifaL  Sa  hauteur  doit  être 


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(  a83  ) 
1750  et  a4oo  Uiiaef.  M.  Hall  Ini  en  donne  a,33o.  H  a 
rejeté  de  F  eau  ^   ses  éruptions  sont  probablement  sem- 
blables à  ceUes  de  Yimbaburuy  dans  le  royamne  de  Quito. 
Fokan  de  Fuego,  ou  de  GucUimala  ;  cinq  milles  à  TO, 
du  volcan  d'Eau  (  Wasser  yulcan  )  ^  et  à  deux  milles  S.  £. 
de  la  Tille  u^ntigua-Guatimoia.  —  H  se  compose  de  deo^ 
pics  près  Fun  de  F  autre.  Suivant  les  observations  du  ca- 
pitaine Basil  Hall  ^    ils  sont  plus  élevés  que  le  pic  de 
Ténerjffe.   L'un  d'eux ,   dit   Funnel ,   lance  souvent  du 
feu ,  principalement  dans  la  saison  des  pluies.^  depuis  le 
milieu  d'avril  jusqu'au  commencement  d'octobre.    Seloa 
liumboldt ,  ce  sont  les  seuls  volcans  de  cette  ligne  qui  se 
couvrent  de  neige.  Les  plus  grandes  éruptions  sont  celles, 
de  i58i ,  i586,  i6a3  ,   1705,   1710,   1717,    «73a  et 

«737- 

u^catenango, 

Tob'man. 

Atitlan,  —  Très  grande  montagne  qui  fume  toujours. 

Tofonudco,  près  de  Texuka ,  dans  le  Quetahmanga. 
—  Il  est  souvent  en  éruption ,  et  il  a  fourni  à  Fanzié# 
d*Alvanulo  du  soufre  pour  Ure  de  la  pondre. 

Sunil ,  au  S.  de  Quelalzinango ,  et  à  une  distance  d«L 
volcan  de  Pacaya ,  moindre  que  a3  milles  marins. 

SucfutefK'ifues ,  ou  Suchilsepègues. 

SapotUlan,  -—  Suivant  Funnel ,  il  br&lait  violemment 
avant  F  arrivée  des  Espagnols  au  Mexique. 

Las  Hanùlpas.  —  Montagne  très  élevée^  ou  plutôt  deux 
vdcans  voisins  Fun  de  Fautre. 

SoconiucOf  entre  iS""  58^  ie  latitude  et  93^'  a3'  de 
longitude.  —  C'est  le  dernier  et  le  plus  septentrional  des 
Tolcans  de  la  longue,  série  de  Guaiimabf.  On  n'en  revoit 
plus  qu'à  220  milles  de  distance  ^  et  le  premiw  ^  c'est 
Colima  (Mexique).  Le  Soconusco  est  la  montagne  la, 
phas  haute  de  toutes  celles  qui  Fentourent  ^  le  pays  eftt 
lui-même  très  élev^.  Il  est  en  forme  de  pain  de  si^re  ji 

36. 


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(  a84  ) 
à  deux  on  trois  kagues  de  la  c^te  ;  il  famé  quelquefois , 
mais  rarement. 

Les  lignes  des  Yoleans  entre  Nuet^a  -  Guatimala  et 
Sapotitlan ,  ont  fair  d'être  deux  fentes  dirigées  de  FE. 
à  rO.  Elles  ressemblent  k  une  fente  de  filon  qui  aurtit 
été  séparée  en  deux  par  une  fiiille  ,  et  dont  les  deux 
parties  auraient  été  éloignées  de  quatre  lieues  de  distance. 
Sur  la  fente  £.  sont  les  volcans  de  Pacaya  y  Hu^gua^ 
de  Fuego  et  d' uécatenango  ;  sur  l'autre  sont  les  volcan^ 
de   Toltman ,  SAtitlan  et  SuniL 

(  Extrait  de  lettres  de  M.  de  Humboldt  :  Herîha ,  2< 
année ^  6*  vol.,  a«  cahier,  !'•  partie,  p.  i3i.  —  Voir 
aussi  Compendio  de  In  Historia  de  la  Ciudadde  Guatimala , 
3*  vol.,  1809-1818,  par  Domingo  Juarros,  et  les mann»- 
çrits  de  Antonio  de  la  Cerda,  alcade  de  Granada). 

NompêUe-Grenadg, 

•  Cette  provmce ,  dans  l'Amérique  méridionale ,  renfenne 
quatre  volcans. 

Sotara  ,  au  S.  E.  de  Popayan,  —  Ccst  un  cAoe 
tronqué  qui  ,  par  sa  couleur  noire  et  sa  forme  ,  pré- 
sente un  aspect  eflrayant.  Depuis  5o  à  60  ans,  son  sommet 
a  changé  de  forme  5  autrefois  il  était  pointu  ,  maintenant 
il  est  large  ,  et  on  remarque  son  a&issement  sons  la 
neige  (Humboldt). 

Puracéj  ou  Paraeé  j  à  VE.  de  Popayan,  — Ceslune 
pyramide  quadrangulaire  tronquée,  haute  de  1 3,648  pieds, 
composée  supérieurement  d  obsidienne ,  et ,  depub  la  vallée 
jusqu'à  8000  pieds,  entourée  de  granit  (Humb.^  iV«». 
barom.y  p.  a4  )•  ^^  dernière  éruption  est  du  18  novembre 
1 8^7  ^  elle  a  été  précédée  d'un  violent  tremblement  de  terre 
qui  a  détruit  la  ville  de  Popayan,  (  Globc^  22  mars  i8a8, 
et  Bulletin  des  Se.  nat,  et  de  Géologie,  juin  1829 ,  p.  355, 
^  •7) 


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(  285  ) 

Pasto  y  au  N.  de  la  ville  du  même  nom  ;  et  tont-à-fai| 
séparé  des  GirdiUières.  —  Il  est  souvent  couvert  de  neige. 
U  a  environ  ia^6oo  pieds  d'élévation.  Son  cratère  est  placé 
de  r  autre  côté  de  Pasto ,  de  sorte  qu'on  ne  peut  Taperce- 
voir  de  la  vallée.  Au  sommet  d'une  élévation  ,  dans  Tinté- 
rieur  de  ce  cratère,  se  trouvent  deux  ouvertures  d'où  sor- 
tent sans  cesse  y  non-seulement  de  la  fumée ,  mais  aussi  desi 
flammes.  £n  novembre  et  décembre  1796,  il  s'en  éleva  une 
colonne  de  fumée  si  haute,  qu'on  l'apercevait  de  Pasto  y 
phénomène  auquel  on  n'était  pas  accoutumé.  Cette  colonne 
di^rut  en  février  1 797  ,  lorsque  la  province  de  Quào  fut 
ravagée  par  des  tremblements  de  terre. 

Folcan  près  Eio-Fragua ,  à  l'E.  des  sources  de  la  Mag- 
deleiaej  au  N.  O.  de  la  mission  de  SarUa-Rasay  et  à  FO. 
de  Puerto  del  Pescado.  —  Il  fume  ccmtinuellement.  (Hum^ 
boldt,  Relat.  hist.  ,  11,  462.  ) 

rénésttébL 

Pic  de  ToUma.  -—  Cest  on  volcan  actif,  suivant  M.  Bou- 
lin. De  Santanay  il  a  vu,  plusieurs  matins  de  suite,  la  fû-* 
mée  s'en  élever  en  colonne  verticale.  L'on  n'avait  observé, 
de  mémoire  d'homme,  rien  de  semblable  avant  le  tremUe* 
ment  de  1826.  M.  Rocdin  a  trouvé,  dans  une  histoire  iné- 
dite de  la  conquête,  écrite  en  1628,  le  détail  très  circon- 
stancié d'une  éruption  de  ce  volcan.  C était  le  12  mars 
iSgS;  après  trois  violentes  détonations,  on  vit  fondre  tout- 
à-coup  tonte  la  neige  du  sommet  5  deux  rivières  qui  prennent 
leur  naissance  près  de  là,  furent  un  moment  arrêtées  dans 
leur  course ,  puis  causèrent  une  inondation  très  étendue  ^ 
roulant  avec  leurs  eaux  des  pierres-ponces  et  des  quartiers 
de  rocs  énormes.  Leurs  eaux  furent  infectées,  et  pendant 
quelque  temps  on  n'y  trouva  aucun  poisson.  Ce  volcan,  peu 
connu  des  voyageurs  qui  ont  jusqu'ici  visité  cette  partie  de 
l'Amérique  méridionale,  est  di^ut  de  quarante  lieues  an 


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(>86) 
moins  de  la  mer.  (Lettre  de  M.  Ronlm  à  rAcadëmie  dei 
Sciences  y  en  date  da  4  nud  iSaQ;  sur  les  drconstaDces 
qui  accompagnent  les  tremblements  de  terre  en  Amérique  i 
dans  la  république  de  Yënésuéla  ;  Jnn.  de  Cbimie  d  d$ 
Phys.y  t.  42,  p.  4lo.  ) 

Propincg  de  Los  Pasios, 

Elle  renferme  trois  toloans  s 

ChiUs  y  situé  sur  une  chatne  perpétnenemcnt  oonTcrle  dft 
neige  ,  à  FO.  de  Tulcan.  (  Homb. ,  JiL  pUtar.  ,  p.  36.  ) 

ùjonbaly  au  N.  4a  précédent,  auquel  il  esl  révni.  —  0 
peut  avoir  1 3,6oo  pieds  de  haut.  Il  offine  plosienrs  cratèrei 
près  de  son  sommet  et  un  peu  plus  bas  5  ils  lanoent  ooiit 
ttnuellement  une  grande  quantité  de  Tapeurs  et  de  famée, 
n  paraît  qu'il  n'a  jamais  eu  d'éruptioa  yioleiile  (  Hmar 
boldt  ). 

jizufral ,  encore  plus  loin  y  au  N. ,  et  toujours  dans  la 
même  chaîne. — Montagne  dont  le  dos  est  dentelé^  et  dont 
le  flanc  s'abaisse  doucement  au  S.  et  se  perd  dans  la  plaine. 
Le  sommet  est  rarement  visible  et  contient  plusieurs  cra- 
tères fumants  ;  mais  la  fumée  ne  peut  pas  s'aperoeTotr  du 
pied,  comme  au  volcan  de  Cumbai  ;  un  de  ces  cratères  pré- 
sente un  marais  sulf\u%ux  bouillant  ;  d'énormes  niasses  de 
soufre ,  tantôt  en  amas ,  tantôt  en  filons ,  traversent  le  trt^ 
dijte  dans  tous  les  sens  (  ibid.  ). 

GnnÊ^e  ée  Qaito. 

Toute  la  partie  élevée  de  Quito  y  ainsi  que  les  montagnes 

'  avoisinantes,  semblent  reposer,  selon  M.  de  Humboldt,  sur 

un  énorme  souterrain  volcanique  qqi  s'étend  du  S.  au  N.^ 

et  qui  occupe  un  espace  de  plus  de  six  cents  miUes  carrés. 

Voici  quelles  sont  les  bouches  enflammées  de  cette  chaîne  : 

Sangay^  hors  de  la  chaîne  orientale,  au  pied  de  la  pente. 
{Humb.^  BcUu,  hist.j  u^  ^^2.) lia néaxmoin^. 16,080  pedi 


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(  a87  ) 
de  hauteur.  (La  Conâamme,  Mes.  des  trois  premiers  degrés^ 
p.  56.)  : —  Personne  ne  Ta  visité,  mais  il  fume  constamment^ 
et  en  1 742  ,  on  vit  sortir  de  son  cratère  des  flammes  qui 
s*  élevaient  au-dessus  de  la  chaîne  de  montagnes. 

Tunguragua.  — '  Il  est  élevé  de  iSy^'ji  pieds.  Il  a  eu 
une  éruption  en  1641. 

Cotopaxi;  dans  la  chaîne  orientale  ;  haut  de  1 7,662  piedst 
— Cest  une  cône  immense ,  et ,  de  tous  les  volcans  de  Quito ^ 
6*  est  celui  dont  les  explosions  ont  été  les  plus  fréquentes  et 
les  plus  dévastatrices.  Les  scories  et  les  quartiers  de  roches 
lancés  par  lui  couvrent  les  vallées  environnantes  sur  une 
étendue  de  plusieurs  lieues  carrées.  Il  eut  une  éruption 
en  1 74^  >  pendant  que  Bouguer  et  La  Condamine  mesu^ 
t^ent ,  dans  le  voisinage ,  un  degré  du  méridien  ;  les  neiges 
fbndirent  et  ^  précipitèrent  dans  la  plaine  5  600  maisons 
^t  7  à  800  personnes  périrent.  Les  éruptions  de  174^  et 
t744  Au-ent  encore  plus  désastreuses.  Les  mugissements 
du  volcan  furent  entendus  jusqu'à  Honda  ,  ville  située  sur 
les  bords  de  la  Magdeleine ,  à  une  distance  de  deux  cents 
lieues  communes.  En  1758,  des  flammes  s'élevèrent  au-des* 
sus  des  bords  du  cratère  ,  à  la  hauteur  de  quatre  cent  cin- 
quante toises.  Le  4  avril  1768,  la  quantité  de  cendres  vomies 
fut  si  grande  que,  dans  les  villes  SHambato  et  de  Tacunga, 
la  nuit  se  prolongea  jusqu'à  trois  heures  de  l'après-midi. 
LVxplosion  qui  arriva  au  mois  de  janvier  i8o3  fut  pré- 
cédée de  la  fonte  subite  des  neiges  qui  couvraient  la  mon- 
tagne. Depuis  plus  de  vingt  ans,  aucune  ^mée,  aucune 
vapeur  visible  n'était  sortie  du  cratère ,  et ,  dans  une  seule 
Boit,  le  feu  souterrain  devint  si  actif,  ^'au  soleil  levant 
les  parois  extérieures  du  cône,  fortement  échauffées,  se  mon- 
trèrent à  nu  et  sous  la  couleur  noire  qui  est  propre  aux 
scories  vitrifiées.  An  port  de  Guayaçuil^  dans  un  éloigne- 
ment  de  cinquante-deux  lieues  en  Ugne  droite  du  bord  du 
cratère ,  M.  de  Humboldt  entendit,  jour  et  nuit,  les  mu- 
gissements du  volcan ,  comme  des  décharges  répétées  cf  une 


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(a88) 
batterie.  (  Hamb.  j  Fue$  et  Monumens  ^  pi.  x.  )  Lon  de 
rëmption  de  1 5^3  ^  des  pierres  de  douze  à  seize  toiset 
cubes  furent  lancées  à  plus  de  trois  lieues  de  distance , 
sqÎTant  les  académiciens  français  ,  puisqu'elles  formaieot 
en  tout  sens  des  tramées  dirigées  rers  le  rolcan.  Il  wt 
paraît  pas  que  le  Vésuve  ait  jamais  lancé  des  pierres  à  pfav 
de  i^aoo  mètres  de  hauteur  ! 

SinchulagUj  à  quelques  milles  au  N.  du  précédent.  —  Sob 
éruption  de  1660  suffit  pour  le  fiiire  regarder  comme  un 
Tolcan  actif.  Il  a  15,4^0  pieds  de  haut.  (La  Condamiae^ 
Mes.  7  p.  56.  ) 

GuachamayOj  au  pied  des  montagnes  du  c^  de  F  Orient^ 
près  des  sources  du  Bio-Napo,  (Humb.,  Rd.  hist.j  11 ,  4^3.) 

j^ndsmnay  dans  la  chaîne  orientale  ;  élévation  de  17,956 
pieds  ;  suivant  M.  de  Humboldt.  —  C est  le  seul  d» 
volcans  de  Quito  près  du  sommet  duquel  le  naturalàte 
prussien  ait  trouvé  quelque  chose  qui  ressemblât  à  une 
coulée  de  lave  :  elle  se  nqiprochait  presque  de  Tobsidienne. 
On  trouve  aussi  sur  les  flancs  des  scories  qui  ressemblent  aa 
pechstein  et  à  la  ponce.  (iVzV.  barom. ,  p.  29.  •  On  ne  con- 
naît pas  d'éruption  postérieure  à  celle  de  1590. 

Rucur-Pichincha.  —  Cest  un  des  volcans  les  plus  grandi 
de  la  terre  5  son  cratère ,  creusé  dans  un  trachyte  d'une 
couleur  très  foncée  qui  ressemble  au  basalte,  a  été  comparé, 
par  h».  Condamine,  au  chaos  des  poètes.  Cette  bouche  im- 
mense était  alors  remplie  de  neige ^  mais  M.  de  Humboldt 
la  trouva  embra9ée.  a  La  bouche  du  volcan  forme  on 
ic  trou  circulaire  de  près  d'une  lieue  de  circonférence  , 
cf  dont  les  bords ,  taillés  à  pic ,  sont  couverts  de  neige 
.  tt  par  en  haut.  L'intérieur  est  d'un  noir  foncé  ^  mais  le 
«  gouffre  est  si  immense  que  Ton  distingue  la  cime  de 
c(  plusieurs  montagnes  qui  y  sont  placées  ,  leur  sommet 
ff  semblait  être  à  deux  ou  trois  cents  toises  au-dessous 
«  de  nous.  Jugez  donc  où  doit  se  trouver  leur  base.  Je 
«  ne  doute  pas  que  le  fond  du  cratère  ne  $Qit  de  niveau 


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(>89) 
M  aTee  la  vHle  de  Quîto.  n  La  àfêtmère  ënqption  date  lU 
1660.   M.  de  Humboldt  en  donne  um  desan  dana  sob 
A tim  pittoresque  y  lab.  61. 

.  Fokan  dJmbaburky  dans  k  partie  occidentale  de  la 
vallée  ,  près  de  la  ville  àlbtirra  (  tb. ,  p.  27  ). 

Le  Chimborasko  ne  doit  pas  être  porte  snr  la  liste  dea 
Yolcans  brûlants  y  car  on  n'a  conservé  le  sottveaîr  d'anenne 
de  ses  ëmptions.  C  est  on  dArae  trachjtique. 

Il  en  est  de  même  du  CargtUfh-Baso  ou  Carguairato^ 
on  Cartfuairaro  ^  près  du  Ckimborazo.  L'inondation  boueuse 
qui  9  en  1698  ,  couvrit  dix-buit  lieues  carnés  de  terrain, 
ne  (ut  pas  Tefiet  d'une  éruption  proprement  dite.  Quand 
la  montagne  s  écroula  ,  les  eaux  qu'elle  recelait  dana  son 
sein  se  précipitèrent  dans  la  plaine  avec  impétuosité ,  et 
occasionnèrent  les  désastres  dont  parlent  les  historiens  de 
l'Amérique.  (  F'oyage  Mst,  de  don  AnUmio  de  Ulkki  , 
t.  t ,  p.  267  ).  Cependant  M.  de  Humboldt  dit  qu'il  est 
difficile  de  croire  que  cet  écroulement  n'ait  été  produit 
que  par  un  simple  tremblement  de  terre  (  AtL  pittor.  ^ 
p.  241  ). 

La  liaison  du  volcan  de  Pasto  (Grenade),  nvec  ceux 
de  Quito,  s'est  manifestée  en  1797 ,  d'tme  manière  bien 
frappante.  Une  épaisse  colonne  de  fumée  existait  depuis 
le  mois  de  novembre  1796,  au-dessus  de  Pasto  ^  comme 
il  a  été  dit  plus  haut  ^  mais ,  au  grand  étonnement  de  tous 
les  habitants  de  la  vUle  du  même  nom  ,  la  fumée  dis^ 
parut  tout-à-coup,  le  4  février  1797.  C était  précisément 
l'instant  où ,  à  soixante-cinq  lieues  plus  au  sud  ,  là  ville 
de  Riobnmba  ,  près  du  Temguragua ,  était  renversée  par 
un  épouvantable  tremblement  de  terre.  (  Humboldt.  ) 

Piron. 

On  ne  connaît  qu'un  seul  volcan  véritablement  actif, 
XAréqmpa  ou  Pic  de  Misié  ou  Misti^  au*delà  des  sources 

37 


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,  (  aigo  ) 
èù.  Mamnon  et  à  rextrëmite  du  nœud  formé  par  les  moii^ 
tagnes  dans  lesqueUies  le  lac  Titicaca  esl  renfermé.  11  esta 
trois  milles  au  N.-£.  de  la  ville  SAré^uipa  ,  dans  la  partie 
maritime  de  Vintendance  du  même  nom.  Lé  sommet  est 
à  trente-neuf  milles  et  demi  marine  de  la  mer  y  à  plus 
de  trois  mille  mètres  au-dessus  de  la  Tallée  é'y^régmpa^ 
et  à  environ  quinse  cents  mètres  de  sa  iiase.  Cest  le 
c&ne  volcanique  le  plus  parlait  et  le  plus  pittoresque  de 
la  chaîne  des  Andes.  Le  cratère ,  qui  est  grand ,  mais 
peu  -profond  ,  s* ouvre  au  S.-£.  ,  et  le  sommet  nesi 
entouré  que  de  blocs  de  pierres  et  de  sable  :  on  ne  trouve 
de  traces  d'éruption  qu'au  pied.  Le  volcan  est  entouré 
par  quatre  pics  de  la  montagne  Cacheni  y  et  on  ne  troore 
sur  la  partie  élevée  de  ses  flancs  que  du  tracbjte  et  do 
porphyre  noir.  11  sort  constamment  dû  cratère  d^  vapcon 
et  de  petites  quantités  de  cendres;  mais  il  n a  pas  en 
d'éruption  depuis  F  arrivée  des  Espagnols  en  Amérique. 

Suivant  M.  S.  Cuk'son,  ce  volcan  aurait  ii^Z'A  pieds, 
ou  7^253  mètres  de  haut  (  EXciirsUm  au  voican  suppoté 
ySAréquipa  ou  Pic  de  Mistéy  au  Pérou  ;  par  Samuel  Cursoo^ 
esq.  5  Bost,  Joum, ,  nov.  i8a3,  p.  35»;;  cette  mesure  noas 
parait  exagérée  ;  celle  que  lui  donne  M«  Pentland  est  pi» 
digne  de  croyance.  Ce  dernier  naturadiste  a  trouvé  5y6oa 
mètres.  (  Ann.  de  Chimie  et  de  Physique ,  t.  4^  ,  p.  43i*  } 

Fokan  d'Uinnas  y  à  qudques  milles  à  r£.-S.-£.  du  pré- 
cédent. -<-  U  est  moins  élevé.  Son  immeifse  cratère  est  ac- 
tuellement éteint;  Cest  de  ce  volcan  que  partirent  ^  dans 
le  i6^  siècle  ,  les  immenses  quantités  de  cendres  qui  ense- 
velirent presque  totalement  la  ville  d'Aréquipa^  et  pro- 
duisirent les  effets  les  plus  désastreux  dans  la  contrée  enri- 
ronnante.  (  Pentland ,  loc.  citât:  ) 

Sur  le  côté  occidental  de  la  montagne  de  Tacom  ou  Cki- 
picani  ^  il  y  a  une  solfatare  d'où  s'élève  une  grande  quantité 
de  vapeurs  acides;  Cest  à  leur  condensation  que  les  eaux 
du  Rio-Awfnuh  doirent  les  propriétés  d'où  la  rivière  a 


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(  ^l  ) 

tiré  son  nom.  —  La  face  orientale  de  la  même  mon*: 
tagne  présente  an  cratère  éteint  j  très  étendu  et  à  moitié 
^olé.  (  Pentland  ^   ibid.  ) 

Quoique  le  Pérou  ne  renferme ,  de  nos  jours  y  qu'un  sent 
volcan  brûlant  ,  il  est  peu  de  pays  dans  le  monde  ou  Ton 
riessente  plus  de  tremblements  de  terre ,  et  où  ils  fessent 
plus  de  dégâts.  Souvent  ils  occasionnent  d'immense^ 
crevasses  sur  lesquelles  on  doit  jeter  des  ponts  pour  rétablir 
les  communications  entre  les  différentes  provinces.  Une. 
de  ces  crevasses ,  k  la  suite  d'un  tremblement  de  terre, 
qui  détruisit  Lima  en  1 746  ,  avait  une  lieue  de  long  sur 
4eu%,  mètres  de  large,  (uénn,  des  Longitudes ^  pour  i8a4  )• 

ÇroMfe  é^^  Chili. 

Cette  région  renfi^rme  des  volcans  très  élevés  et  très 
9ombreuX5  ils  suivent  la  direction  des  Andes ,  et  sont  placâf 
entre  le  27®  de  latitude  sud  et  le  5i^ ,  et  entre  le  3o5° 
^t  le  3q7^  de  longitude.  C)n  nj^  connaît  guère  que  leurs^ 
noms.  On  en  compte  seize  dans  ÏHistorica  Belaz.  del 
regno  di  die,  di  Alonso  d'Ot^aglia  (Roma,  1646, 
p.  16  )  ;  leurs  noms  sont  les  mêmes  que  ceux  de  la 
grande  carte  de  La  Cruz  de  Olmedilla.  Voici  Tordre  dans 
lequel  ils  se  suivent  sur  la  carte  d'Amérique,  par  Brué  : 

Folcan  de  Saint-Clément ,  au  S.  de»  iles  Chiloè\ 

MedieUma, 

Minehimadawi ,  vis-à-vis  File  Chiloë, 

Quechucabi. 

CuanegiUi. 

Osomo, 

Ranco. 

Cfùnalf 

Fillanca, 

Notuco  ,  situé  hpra  des  Çordillières ,  sur  un  bras  latér4  3^ 
vers  Test. 

37. 


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{  aga  ) 

Catta^. 

Aniojo. 

Tueapel* 

Peteroa.  —  U  a  en  use  ihuptimi  latérale  le  3  èécaahn 
1762  y  et  non  en  1 760  comote  ledit  M.  de  HofT.  (  Molin , 
a*  éâh, ,  p.  39.  ) 

Maypo,  —  La  route  dn  Chih  à  Bumoê-Àyreg ,  à  traren 
les  CordiHîères,  passe  à  son  pied  da  e6të  du  nord  ;  k  Cota 
de  la  Cumbre ,  elle  atteint  une  hantenr  de  1 1 ,9^4  pieds  de 
n>i ,  ce  qui  surpasse  eelle  du  Pic  de  Ténértffe  ;  le  voîcan 
placé  au-dessus  doit,  être  bien  plus  élevé.  La  hauteur  de 
Saint' Ja^o ,  à  F  ouest  de  la  chaîne  de  montagnes  «  et  à 
▼ingt  ^lles  marins  du  sommet ,  est  de  t2458  pieds,  et  cdle 
de  Mendozn^  h  Test  et  à  douze  milles  des  montagnes  ,  de 
4»  58  pieds,  d'après  les  estimations  faites  en  179$  par  MM. 
Banza  et  Fspinosa.  Le  docteur  GîlHer  a  été  enveloppé  ,  le 
i*'  mai  1826,  par  une  éruption  de  cendres  qui  provenait 
vraisemblablement  de  ce  volcan.  Depuis  quelque  temps  3 
est  très  actif ,  et  surtout  depuis  le  grand  tremblement  de 
terre  de  1822 ,  qni  détruisit  Fatparaiso.  (Brewster,  Edimb, 
Joum,,  X,  3;6.  ) 

Folcan  de  Saint-Jago. 

j^conagua. 

Ligua. 

Chiapa. 

lÂmari. 

Coqnimbo, 

Copiapo,  —  C'est  le  dernier  volcan  de  cette  diahie.  Pha 
loin,  les  Cordillières  s  élargissent,  plusieurs  ramifications  s'en 
détochent  et  se  portent  à  lest.  Ce  n'est  qu'à  rextrémité  du 
grand  désert  i^Atacanuiy  à  11^  degrés  de  latitude ,  entre 
jitacama  et  Tarapara,  qu  on  indique  de  nouveau  trois  vol- 
cans appartenant  à  cette  ligne  5  mais  ils  sont  fixés  avec  trop 
peu  de  certitude  pour  qu'on  puisse  en  faire  mention  id. 


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(  «93  ) 

Outre  ces  volcans^  on  en  cite  encore  «T autres  dans  la 
chaîne  orientale  des  Andes,  Le  missionnaire  Havestadt 
{ChiiidugUy  Munster^  ^777  >  P-  9^5)  en  a  aperçu  deux  à 
Test  du  village  indien  Tomen  y  à  la  latitude  de  3S°  3o^ 
Le  premier  était  nommé  Pomahuida  ,  à  cause  de  ses 
éruptions  fréquent^  qui  obscurcissaient  Tair;  tous  les  en* 
▼irons  étaient  recouverts  de  scories  si  mobiles  qu'on  y 
enfonçait ,  et  que  les  bétes  de  somme  y  perdaient  leurs 
fers.  Le  deuxième  est  le  Decabeçado  (  Decapitato,  le  vol- 
can de  LongaiàJ  ;  Hairestadt  a  passé  près  de  son  pied  j 
la  description  qu'il  en  a  donnée  ressemble  à  celle  que 
Ton  pourrait  faire  du  Mont-Blanc ,  vu  de  V Aiguille  du 
Midi,  (  Léopold  de  Bucb ,  loc,  citai,  ) 

Ce  qu'il  y  a  de  remarquable,  c  est  qu'il  n  existe  aucun 
volcan  ni  entre  le  2«  et  le  i6«  degré  de  latitude  australe  ^ 
ni  entre  le  i  j*  et  le  ay*  degré.  Si  le  volcan  ^Aréqmpa 
(  Pérou  )  n  existait  pas  ,  la  rangée  de  Guntimala  et  de 
Nicaragua ,  les  groupes  de  Popayan  et  de  Los  Postas ,  se 
trouveraient  séparés  de  la  longue  traînée  du  ChiU  par  un 
espace  de  25^  en  latitude  totalement  dépourvu  de  volcans. 

Le  ClàH  est,  ainsi  que  le  Pérou  y  sujet  à  de  fréquents 
et  violents  tremblements  de  terre  ^  et  ce  qu'il  y  a  de  remar- 
quable y  c'est  que  ces  tremblements  se  font  principalement 
sentir  à  l'ouest  de  la  grande  chaîne  de  montagnes ,  et  très 
rarement  ou  même  pas  du  tout  à  Test  :  le  même  phénomène 
se  remarque  aussi  près  de  Lima,  de  Guayaquily  jusqu'aux 
cétes  du  Mexique.  On  peut  voir  des  détails  très  intéres- 
sants sur  ces  tremblements  de  terre  dans  les  mémoires 
du  capitaine  Basil  Hall  (  Joum.  writ,  on  the  Coast  of 
ChiU  ,  11 ,  aS  )  et  de  MM.  Graham  (  Géol,  Soc.  trans, , 
Sect.  I,  43i.) 


M.  Arag9  fait  remarquer  qu'on  ne  trouve  de  volcans 
actifi  ni  à  Buenas^Ayres  y  ni  au  Brésil  y  ni  à  là  Guyane ,  ni 
sur  le  littoral  de  Vénésuéla ,  ni  enfin  aux  Etats-Unis, 


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(294) 
ç  est-à-dire  dans  aucun  point  de  la  càte  orientale  de  ce  grand 
continent  (i).  Il  n  existe  même  à  Test  des  Andes  qne  trois 
petits  volcans  situes  près  des  sources  du  Caqueta ,  du  Napo 
çt  du  Momna^  et  qui  probablement  résultent  y  saÎTant  M.  de 
Humboldt,  des  actions  latérales  des  volcans  de  Fopayam  et 
de  Paslo.  (  y4nn.  des  Longitudes  j  pour  1824.  ) 

^  n^    Folcans  des  lies, 
lUs  AUmtes ,  diemitmmes  ou  AliimUemteSf 

Ces  îles  présentent  une  seule  et  imiqne  diaîne  \  dlçs 
ressemblent  aux  piles  d'un  pont  immense  qu'on  aurait 
voulu  jeter  de  continent  çn  continent.  Elles  décrivent ,  en- 
tre le  KanUschaika  en  Asie  et  le  prom^mtoire  S  Alaska, 
en  Amérique,  un  arc  de  cçrclç  qui  jçint  presque  ces 
deux  terres  ensemble.  On  y  en  distingue  douze  princi- 
pales j  accompagnées  d'un  très  grand  nombre  d'autres  pe- 
tites îles  et  de  rochers.  On  y  connaît  plusieurs  volcans  acti&. 

Semi-^poschna  ,  renferme  le  premier  volcan  occidental 
c^nnu  de  cette  série.  D'après  le  desjsin  de  Sauer  {Biliings 
Exped.y  1802,  p.  377),  ce  volcan  est  pointu  y  mais  peu  éle- 
vé 'y  il  est  situé  dans  la  partie  méridionale  de  Tîle.  Les  autres 
points  enflammés  ne  sont  peut-être  que  des  cônes  d*  éruption. 

Bocher-Goreloi  y  à  l  ouest  de  Tanaga  (  et  non  pas  Fil^ 
Goreloi,  qui  est  plus  à  Test.)  —  Cest  un  volcan  haut  et  e^ 
carpe  y  qui  s' élève  uniformément  <lepi|is  la  mer  jusqu'à  son 
spmmet  (Sauer,  p.  221  ). 

Tanaga  —  Ce  volcan ,  ^tué  dans  la  j^artie  N.  O.  de, 
rile,  es|  pçut-étre  le  plus  grand  de  cette  série.  Le  cânej^ 
qui  s'élève  rapidement,  a  près  de  dix  milles  géographiques^ 


(i)  Cette  observation  n*est  plus  exacte  par  rapport  à  Vinésaèla, 
puisque  ,  d'après  M.  Roulin  ,  cette  province  renferme  on  vokai^ 
açti(,  le  ^ic  de  Tplimi^  {Foy,  p.  a85.) 


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(  agS  ) 
de  contour,  ce  qui  est  presque  autant  que  XEtna.  Le  som- 
met est  divisé  en  plusieurs  pointes,  dont  la  plus  élerëe  fume 
constamment ,  et  des  neiges  perpétuelles  ,  souvent  recou-^ 
vertes  de  cendres ,  enveloppent  plus  de  la  moitié  de  ce  vol- 
can. (Ibid. ,  p.  2ai0 

Kanaga  oU  Kanagfûj  contient  beaucoup  de  sources 
chaudes  qui  sortent  près  du  rivage ,  et  dans  lesquelles  les 
habitants  font  cuire  la  viande  et  les  poissons.  Autrefois  on 
recueillait  beaucoup  de  soufre  dans  le  cratère  d  W  volcan 
très  élevé.  (Lasarew  in  Schiœzers  Nachr:  von  den  neu 
entd.  Inè.  Zwischen  Asien  n,  Amer,  Hamb. ,  1776,  p.  65. 
'—  Sauer,  p.  226;) 

Amuehta{  SchUesers  Nacht.fp,  167.) 

Umnak.  «— >  Les  volcans  de  cette  île,  que  F  on  confond  sou- 
vent avec  Uniniak  y  sont  très  actifs  (  Chamisso,  p.  166  ). 
C est  dans  ses  environs  qu'une  tie  nouvelle  apparut,  en  mai 
1796.  Nous  en  avons  parlé  chap.  3,  p.  129. 

Pic  Makuschhiny  dans  la  partie  septentrionale  SUna-^ 
iaschka,  — 11  n'a  pas  beaucoup  plus  de  cinq  mille  pieds  3 
^squ  il  est  moins  haut  que  le  pic  d' Unimak.  Cest  cepen- 
dant le  plus  élevé  de  toute  File.  Il  (ume  continuellement,  et 
on  recueille  du  soufre  dans  l'intérieur  de  son  cratère  :  il  est 
ééparé  de  toutes  les  autres  montagnes.  H  y  a  beaucoup  de 
sources  chaudes  au  pied  du  volcan  5  on  ne  voit  dans  son  voi- 
sinage aucun  indice  de  lave  ou  de  ponce.  (  Chamisso ,  ]65.) 

Akatan ,  entre  Unalasckka  et  Unimak ,  (  Schlœzer's 
Nachr.y  p.  167.  —  Sauer,  p.  i63.  ) 

Agaddany  sur  Unimak^  la  moyenne  de  trois  montagnes 
ëlievées  qui  s'aperçoivent  de  très  loin.  —  C'est  nu  c6ne  ré. 
gulier  dont  le  sommet  lance  une  grande  quantité  de  fumée. 
(Sauer,  p.  164.)  Ha  5167  pieds  de  roi,  suivant  l'évaluation 
de  Kotzebue. 

Alaska,  —  n  y  a  deux  volcans  à  l'extrémité  d'Alaska  5  ils 
sont  placés  sur  le  sommet  d'une  chaîne  de  montagnes  gra- 
nitiques et  de  sdûstê  argileux  >  qui  traversent  cette  pres- 


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qu'île  ;  ces  montagnes,  elles  deux  pîcsToIeanîqQes,  sonl  très 
ëlevës.  Le  premier,  au  N.  O.,  qui  s'est  aiLissé  lors  de  la  no* 
lente  éruption  de  1786,  paratt  être  encore,  maigre  son  som- 
met tr<Miquë ,  le  plus  ëlevë ,  plus  même  que  le  pie  d*  Uni- 
mah.  La  neige  recouvre,  non-seulement  le  cône  du  roican, 
mais  encore  le  tiers  de  la  base  au-dessus  de  laquelle  M  s'é- 
lève. (  Chamisso,  p.  i65.  ) 

Folcan  sur  le  rivage  septentrumal  du  passage  de  Cool , 
avec  un  grand  cratère  du  c6lë  du  fleuve.  Il  est  placé  tout- 
à-fait  sur  le  sommet  des  montagnes  et  à  l'endroit  où  celle 
chaîne  est  interrompue  par  le  détroit  de  Cook.  Les  navi- 
gateurs regardent  encore  4X)mme  des  volcans  deux  pks  qm 
sont  sur  le  prolongement  de  cette  chaîne  ;  le  Momt  Saùtt- 
EUcy  dont  la  hauteur  est  de  16,768  pieds,  sinvant  Malaspina 
(  Humb. ,  AbiiP.  Mex,j  i.,  2S8  ;  11,  4^75  Rrusenstem, 
Hydrogr.j  p.  227  ),  et  de  16,971 ,  suivant  ï  j4nmuûre  da 
longitudes  pour  1817  j  et  le  Cerro  de  Buen-Twmpo y  qui  a 
i3,8ig  pieds,  selon  Humboldt  {Mex,,  n,  487),  et  1 4^003, 
d'après  le  même  annuaire. 

Archipel  des  Iles  Gallapagos  ou  GaUopagos, 

Elles  forment' un  groupe  volcanique  remarquable  et  tm 
actif;  parmi  les  îles  qui  le  composent ,  celle  qui  est  le  phs 
à  l'ouest,  Narborough  Island y  paraît  être  le  volcan  prÔKi- 
pal;  c'est  le  plus  élevé  d'après  le  capitaine  Colnet  ^  Foyra§, 
to  the  South  Se. ,  p.  i44)-  ^^  milieu  à^tbemarU  s'élèw 
un  pic  que  Tîle  entoure  comme  un  cratère  d*éreclioB;  il 
est  vraisembbble  que  c'est  ce  pic  que  Scoulél*  voyait  brâkr 
tous  les  soh^  (Brevfster,  Edimb.  Jouni, ,  21a  ).  Le  li<»- 
tenant  Schillibeer  a  trouvé  sur  cette  île  deux  volcans ,  m 
pleine  activité,  le  4  août  181 4  ;  il  <lit  qu'elle  est  couverif  et 
volcans,  c'est-i-dire  d'éruptions  partielles  (Schillibeer,  The 
Britton's  Voyage^  181 7,  p.  32.  )  —  Toutes  les  vésfi 
Iles  de  ce  groupe  sont  couvertes  de  cdnes  Tokamqvc*' 


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y-©50gle 


(  «»7  ) 
Le  capitaine  towlej  y  qui  a  nomme  ces  îles,  fp.  a  adaai 
donné  une  carte  ^  mais  sa  description  très  courte  ne  fait  pas 
connaître  létat  dans  lequel  elles  se  trouvaient  en  1785. 
(Dampier,  Supplém.  ,  iv  ,  10»  ) 

Archipel  Colomèieu  ùa  des  AnêiUes, 

Les  Antilles  forment  une  chaîne  d'îles  qui  s'étend  en  arc 
de  cercle,  dont  T extrémité  méridionale  se  rattache  au  cap 
Paria  y  dans  T  Amérique  méridionale,  tandis  que  T  extrémité 
sepientrionale  se  Ue  à  la  Fio/îde  par  les  tles  Bahama. 
Cette  ligne  est  en  communication  avec  la  chaîne  de  mon- 
tagnes primitives  de  Caraccàs  ^  par  Fintehnédiaire,    sans 
doute ,  des  îles  Tortuga  et  Mar^ariia»  H  existe  un  grand 
nombre  de  volcans ,  tous  peu  élevés ,  puisqu'il  s'en  trouve 
à  peine  qui  atteignent  six  mille  pieds.  Ce  sont  néanmoins 
de  véritables  volcans ,   et  non  de  simples  soifiuares   qui 
auraient  cessé  de  brûler  et  ne  produiraient  plus  que  des 
vapeurs  sulfureuses  y  comme  quelques  auteurs  Tont  préten- 
du. L'expérience  a  démontré  que  l'action  volcanique  se  fu- 
sait jour  indifféremment  par  la  Guadeloupe,  St.^Christ^hcy 
la  Martinidjue  ou  St.'Finoeni.  —  Les  îles  volcaniques  des 
AntUUs  se  suivent  toutes  immédiatement  sans  aucun  inter- 
médiaire :  mais  à  l'Ë.  se  trouve  une  autre  rangée  d'îles  moins 
bien  temûnée ,  qui ,  jusqu'à  présent ,  n'a  offert  que   peu 
de  traces  de  l'action  du  feu,  et  qui  ne  contient  pas  un  seul 
vokan.  Voici  quelles  sont  les  îles  volcaniques  : 

lie  de  la  Grenade.  —  La  Monie-RougCy  trois  monticules 
coniques  de  cinq  cents  à  six  cents  pieds  de  haut ,  consistent 
en  scories  et  en  matière  vitrifiée  -,  c'est  vraisemblablement 
un  cône  d'éruption.  Des  colonnes  de  basalte,  nommées 
les  Orgues ,  se  montrent  sur  deux  points  de  la  côte.  (  /)■* 
ChishoUn  on  ihe  Melig,  Fe^erofthe  West  Indies,  1812 ,  t. 
II,  22.  )  ^^  y  ^  beaucoup  de  sources  d'eau  bouillante. 
Saint-Vincent.  — Le  Morne  Garou^  volcan  de  l'île,  et  par 

38 


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(  19»  ) 
tenêéfvidfit  là  montAgne  h  ptu»  éievée  ,  a  474^  P^^^  (^ 
Cfaisholm).  Il  a  jeté  des  lares  en  1718  et  1813.  Le  27  arril 
de  cette  dernière  année,  des  cendres  sortirent  du  cratère; 
elles  furent  suiiies  de  feu  pendant  la  ntut }  dans  celle  da  29  « 
il  Tomit  des  flammes  formant  une  pyramide  élevée ,  et  le 
3o  y  à  sept  heures  du  matin  ^  la  lave  se  fit  issue  à  travers 
le  flanc  N.  O.  de  la  montagne  $  elle  coiila  avec  une  telle 
irapidilé  qu'en  quatre  heures  de  temps  eHe  atteignit  le  ri- 
Vage  de  la  mer.  A  trœs  heures ,  il  y  eut  une  terrible  érup- 
tion de  pierres  et  dé  cettdi^es ,  provenant  du  grand  cratère, 
qui  détruisit  tontes  les  plantations  de  rîle.  Les  cendres  fo- 
rent transportées  par  le  contre^<Mnlrant  supérieur  des  alizés, 
jusqu'à  la  Barhade^  située  à  trtole  lieues  plus  k  TEst.  Cette 
éruption  îùl  précédée  de  plus  de  deux  cents  secousses  sou- 
terraines, qui  se  fli*ent  sentie  pendant  plus  d'une  année. 
X  Tmns.  ofNew-Forck  Phil.  So€.  i8i5,  i,  3i8.) 

Sainte-Lucie.  — ^  Le  crafeère  nonmié  OuaHàou  se  trouve 
«ur  Wie  chaiue  escarpée  et  stérile  qui  traverse  Tile  do 
N.  £.  aii  S.  O.  ,  mais  qui  a  tout  au  plus  douze  cents  à 
dix-huit  cents  pieds  de  haut.  (Humb. ,  Bel.  hisi. ,  it ,  tia.  ) 
Le  tour  do  Cratère  est  très  élevé  et  rapide  ,  surtout  an 
S*  £.  Des  vapeurs  sortent  de  toils  les  points ,  et  s^élèTeni 
le  long  des  flancs.  Le  fond  en  est  occupé  par  -xi  petib 
lacs  y  dont  Teau  paraît  être  dans  un  bouillonnement  per 
fiétuél  $  dans  quelques^ms  y  V  agitation  est  si  violente ,  qof 
les  vagues  sont  lancées  à  4  ^t  5  pieds  de  haut»  OnUt>uve 
beaucoup  d'endroits  recouverts  deisoufi:^  ^  et  les  misBeaia 
^  sortent  de  la  montagne  contiennent  beaucoup  d'acide 
carbonique.  On  prétend  que  ce  cratère  a  vomi  des  pierns 
et  des  cendres  en  1766.  (Cassan,  Stockh,  Fetensk^  Ataà. 
Ifya  Nandl. ,  xi  >  p.  i63.  ) 

La  Matfiniquc,  -^  La  Montagne-Pelée  ,  dans  le  N.  de 
file  y  contient  un  grand  cratère  ou  une  soafitèpe  ;  efe< 
44i6  p2«<k  selon  Dupuget.  {Jeum.  des  Mines  y  vi»  58.) 
D'antres  petits  cralères^  s  élevant  jusqu'à  trois  miUe  pieds« 


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(  999) 

prouvent  qu  il  y  «  eu  de<  éruptions  Uiéralea.  I^e  si  jan▼ie^ 
176a,  il  y  eut  un«  petite  éruption  précédée  d'un  riolent 
Iremblement  de  terre  ^  et  on  vit  sortir  des  vapeurs  sulfu*- 
reuses  et  de  F  eau  chaude.  Le  Piton  du  Carbet ,  au  milieu 
de  Fîle ,  présente  sur  ses  flancs  des  coulées  de  laves  raches 
eu  felspatli ,  et  des  colonnes  de  basalte  dans  les  fonds , 
entre  ce  pic  et  celui  de.  FaudUuy  le  3«  de  Vile.  (Moreau  de 
jlonnès ,  Humb- ,  ReL  hist, ,  h  ,  22,  )    . 

La  Dominique.  •—  Masse  confuse  de  montagnes^  dont 
les  plus  élevées  ont  cinq  mille  sept  cente  pieds  de  haut  j 
^les  contiennent  plusieurs  sel£itares  qui  ne  sont  pas  encore, 
épuisées  et  quj  causent  fréquemment  des  éruptions  suUi- 
reuses.  (Tuckej,  Marii.   Geogr.  ^  iv ,  272.) 

Gwukhupe.  —  Le  volcan  ou  soufrière  situé  au  milieu 
de  nie  a  ^794  pîeds  de  haut ,  d'après  Le  Boucher,  et  5 100. 
d'après  Anico.  Après  qae  les  jimilles  eurent  été  ébranlées 
pendflint  l'espace  de  huit  mois  ,  il  lança  y  le  27  septembre . 
17979  <^v^  tin  grand  bruit  souterrain,  des  poncet,  des 
cendres  et  d'épaisses  vapeurs  sulfureuses.  (Humb. ,  Relaî. 
hist, ,  I  y   3i6). 

Mont^Serrat.  -—  La  soufrière ,  sur  les  hauteurs  de  G<d^ 
h'wayy   a  environ  3   à  4aû  pieds   de   long  ,    et  moitié 
autant  de  large.  Une  vapeur  sulfureuse  sort  d'entre  les. 
pierres  détachées  du  fond  qu  elle  échauffe  ,  et  l'eau  qui 
passe   en   coulant   près  des  crevasses  s'échauffe  presque 
jusqu'à  Fébullition ,  tandis  que  celle  qui  passe  plus  loin 
reste  froide.    Le  soufre  ne  sort  pas  toujours  des  mêmes 
ouvertures  )    il  s'en   forme   journellement  de  nouvelles, 
tandb  que  d'anciennes  se  ferment  ^  c'est  pourquoi  toute, 
la  masse  des  roches  environnantes  est  remplie  de  soufre. 
n  existe  encore  une  autre  soufrière  semblable  ,  à  un  mille 
de  celle-ci.  (Nugent,   GeoL  trans.  y  i,   io5.  ) 

Net^iâ  possède  un  cratère  remarquable ,  qui  émet  des 
▼npenrs  suUureuses,  et  beaucoup  de  sources  chaude^ 
(  ÏX^  CUMm  ) 

38. 


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(  3k»  ) 

Saint-Cktiêtophe ,  on  Saint-Kiits,  —  McmUgnes  ftérikt 
et  escarpées.  La  plas  ëlerëe ,  le  Maunt-Miseryy  a  troii 
mille  quatre  cent  quatre-vingl-trots  pieds  au-dessus  de  la 
mer  j  elle  est  formée  de  trachyte  y  et  son  sommet  ren- 
ferme un  cratère  très  complet  (  D'  Chisholm  ).  Cette 
!le  était  autrefois  fréquemment  tourmentée  par  des  trem- 
blements de  terre  ^  mais ,  depuis  la  grande  éruption  èm 
mois  de  juin  1693,  qui  dura  plusieurs  semaines ,  le  sol 
est  tranquiHeou  rarement  agité.  (Phii,  Tftms, ,  xtiii,  99.) 

Saint-Eustache,  —  Cette  Ue  est  formée  par  deux  mon- 
tagnes qui  laissent  entre  elles  tm  Talion  très  resserré.  Le 
sommei  oriental ,  qui  est  conique  et  arrondi ,  a  i  o  mïHes 
marins  de  tour  ;  il  contient  un  cratère  qui  ,  sous  le 
rapport  de  la  hauteur  ,  de  la  circonférence  et  de  la 
régularité,  surpasse  tous  ceux  des  .fmilks;  aussi  les 
Anglais  le  nomment  le  Punchbo^K^t  ^Dupuget,  p.  4^.) 
On  trouve  autour  des  ponces  pesantes  et  des  roches  de 
gneis  ^  mais  peu  de  lares.  (Isert,  ^oyag,  à  ht  Guinée  ^ 
p.  3ao^) 

Tcrrg  de  Fem, 

Cet  archipel  ,  au  S.  de  la  Paf agonie  y  est  compose 
d'un  amas  d'fles  montagneuses ,  froides,  stériles,  où  les 
géographes  placent  une  grande  quantité  de  volcans  actifs. 
Danville  a  placé  deux  volcans  dans  file  dite  la  Terre  de 
Feu  :  Tun  presqu'en  face  du  cap  Frovi^ard  ^  milieu  do 
détroit  de  Magellan  ;  le  second  dans  le  centre  de  V  île  :  ce- 
lui-ci s*  appelle  le  Nevado,  Les  montagnes  de  cet  archipel 
sont  couvertes  de  neiges  perpétuelles ,  que  les  flammes  de$ 
volcans  éclairent,  sans  les  fondre. 

Ile  de  ia  Tnntté,  ou  de  Triuidmd, 

Cette  Ue ,  située  entre  Tile  de  Jo&igo  et  le  cootinent  de 
V  Amérique  espagnole ,  au  56^"  de  latitude  et  aod*  de  ioegî* 
tude^  reuferme  un  volcan  dont  <hi  a  vu  les  érnptioiiSn 


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(  3oi  ) 
Le  gronpe  de  Retnllagigedo  y  dans  F  Océan  pacifique  y 
entre  le  1 5*  et  ao*  de  ktitude,  et  le  1 1  o«  et  1 1 5®  de  longit. , 
est  entièrement  Tolcanique^  mais  on  n'a  pas  de  souTenïr 
qu'il  y  ait  eu  des  éruptions. 

.  I/archipel  des  îles  Chonos,  dans  le  golfe  de  Guaiteca  (nou- 
reau  Chili  )  y  composé  de  quarante-sept  îles  dont  la  plnparl 
9ont  incultes  et  désertes  y  paraît  entièrement  volcanique  ^ 
mais  on  n^a  aucun  renseignement  précis  sur  le  nombre 
et  rétat  actuel  de  ses  moutagnes. 

OciAKIQUI. 

Les  lies  de  \  Océanique ,  de  formation  récente  postérieure 
dans  l  histoire  du  globe  y  sont  volcaniques  et  madréporiques, 
(  Lesson  y  Coup-dœil  sur  les  îles  Océaniennes;  Ann.  des 
Se,  nat,  y  juin  iSsSi  p.  172  ).  Quoiqu'on  soit  encore 
loin  de  connaître  la  géologie  des  nombreux  archipels  de 
cette  cinquième  partie  du  monde  y  on  sait  déjà  qu  il  y 
existe  un  plus  grand  nombre  de  volcans  que  dans  aucune 
des  quatre  autres.  Mais  il  est  très  difficile  d'en  donner 
une  liste  bien  exacte  et  complète  y  attendu  le  peu  d'accord 
qui  règne  entre  les  différents  observateurs  relativement 
aux  noms  de  ces  myriades  d'îles  ,  ce  qui  expose  à  les 
confondre  les  unes  avec  les  autres. 

Il  j  a  un  grand  nombre  de  volcans  dans  cette  île  ; 
mais  on  est  loin  de  les  connaître  tous  y  l'intérieur  de  cette 
île  ia'a  jant  pas  encore  été  bien  -exploré.  Marsden  (  Hkt, 
de  Sumatra  )  a  marqué  quatre  volcans  actifs  dans  sa 
carte  de  Sumatra.  Voici  les  noms  de  ceux  qui  ont  été 
signalés  par  lui  et  les  observateurs  qui   Font  suivi. 

Gunong'Dempo  y  au  N.-£.  et  à  soixante  milles  anglais  de 
Bencoolen.  On  le  voit  du  rivage  lancer  presque  continuelle- 
ment  de  la  fumée  et  souvent  des  flammes.  (Heyne ,  Tracts. 


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(302) 

on  India^  p.  397. — Cliarles  Miller,  Phika.  Tnans.^  ut, 
i63.)  Le  docteur  Jack  estime  sa  hauteur  à  11,260  fkàk 
de  roi  $  sa  base  est  entourée  par  des  sources  d'eau  diaudci 
et  on  y  remarque  d'autres  phénomènes  Tolcaniqoes. 

Gwwng-Api  de  Penkalan-Jambi  ,  situé  à  soixute 
milles  du  cap  Idrapores  ,  à  la  souro^  d*une  nyière  p^ 
se  jette  dans  un  grand  lac.  —  Marsden  ne  Va  pas  connue 

Gunong'Ber-jépi  9  (  ou  Montaigne  par  excellence  ) ,  situé 
presque  sous  léquateur ,  dans  la  vallée  de  TigaUaSf  i 
l origine  du  grand  lac  Sophia.  —Il  jette  continuellement  de 
la  fumée,  et  fournit  une  grande  quantité  de  soufre  par. 
Il  s'élève  à  plus  de  12,000  pieds  au-dessus  de  la  mer.  Sa 
dernière  éruption  est  celle  du  23  juillet  18225  il  vomit  alors 
beaucoup  de  fumée  y  de  piewes  et  de  cendres  volcaniques. 
Gnquante  ans  auparavant,  il  avait  eu  une  pareiDe  éruption. 

Gunong'Talhng  ,  situé  à  quelque  distance  du  précè- 
dent, dans  la  même  province.  -«-Il  fiime  quelquefois,  mais 
ii  j  a  fort  long-temps  qu'il  n  a  eu  d'éruption.  (  Rdûtion 
de  l'Eruption  d\m  volcan  dans  tintétieur  de  Sumatnt; 
/ùum.  des  voyages ,  n«  29  ,  )nm  1826 ,  p.  343.  —  Anadc 
Jcum. ,  mai  1826  ,  p.  577  ). 

Gunong'AUas ,  à  TO.  de  DeU ,  dans  Tinténeur  des  terres. 
—  Marsden  Fa  désigné  sur  la  carte  }  mais  il  n  en  dons» 
pas  de  description. 

Barnn^Islamds  (  liês  Ariées  ). 

Cette  Ue,  qui  n  a  pas  plus  de  six  lieues  de  droonTéfenoe, 
contient  un  voloan  très  actif  d'euviroa  1200  mètres  de 
hauteur.  Il  est  çntouré  d'une  masse  de  montagnes  doit 
il  oocupe  ie  centre.  Il  est  constamment  couvert  d'os 
nuage  de  fiu»ée  Uanchâtre.  U  laaœ  souv^it  des  pîencs 
incandesoentes ,  du  poids  de  pisneurs  tonnes  ,  à  une  a«ea 
grande  distancot  La  chaleur  qu'il  dégage  est  leBe ,  qne 
uoa-seulenent  raimosphère  en  est  sufTocaute ,  maïs  ^ 
la  température  de  U  mer  eift  vuiaine  d#  TébulUlmt  à  ^i 


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(  3o3  ) 
très  grande  distance  du  rivage.  Le  eapitaine  Webstei* 
parvint  à  une  hauteur  d'où  il  avait  la  vue  pleine  du 
volcan  y  mais  il  ne  put  s  ëlever  jnsqtifau  cratère  \  les  amas 
de  cendres  dont  la  montagne  est  couverte  cédaient  ati 
mouvement  de  ses  pieds  ^  et  mehaçaient  de  Fengiotltir.  — 
liorsqu^on  le  vit  pour  la  première  fois ,  en  i  ^gS  ,  il  (kait 
en  pleine  éruption  et  lançait  d'immenses  nuages  de  futnée 
et  des  pîert*es  tncandeseentes.  —  L'île  est  à  la"  i5'  de 
latitude  'y  sa  distance  aux  plus  orientales  des  îles  Adaman 
fesi  de  quinze  lieues.  (  Asiat,  Research  ,  vol.  iv.  —  PhiL 
loum.y  juillet  iSaS,  p.  2o5). 

L'île  cle  Jai^a  renferme  un  grand  nombre  de  volcans^ 
ils  forment  une  chaîne  continue  qui  va  de  l'extrémité  orien- 
tale de  Tîle  jusqu'à  l'extrémité  ouest  -,  ils  sont  placés  sur  la 
ligue  qui  forme  le  milieu  de  Tîle  ;  peu  d'entr'eux  sont 
prés  du  rivage.  Leur  hauteur  les  £ait  aisément  distinguer 
des  montagnes  du  second  rang  ,  qui ,  en  grande  partie  , 
doivent  leur  origine  aux  éruptions  des  premiers.  A  l'excep- 
tion de  qnelques-ims  y  ils  ne  dépassent  pas  deux  mille 
mètres.  Tout  le  district  volcanisé  n'occupe  pas  deux  degrés 
de  latitude.  Quelques-uns  de  ces  volcans  rejettent  de  Teau 
et  de  la  boue  ;  presque  tous  lancent  des  cendres ,  des 
laves ,  et  exilaient  des  vapeurs  méphitiques.  Les  tremble^ 
ments  de  terre  sont  presque  toujours  les  précurseurs  des 
éruptions.  Celles-ci  ont  lieu  à  des  époques  irrégulières. 
La  belle  végétation  du  Salak  et  du  Ge'dé  atteste  qu'il  j  a 
long- temps  que  ces  volcans  n'ont  eu  d'éruptions. 

On  doit  la  connaissance  de  ces  volcans  importants ,  prin- 
cipalement aux  soins  de  l'ancien  gouverneur  Rallies ^  qui 
en  a  dressé  utie  très  bonne  carte  y  aux  données  du  docteur 
Rorsfield ,  contenues  dans  la  petite  Carie  nùntfralogiçue 
de  Java ,  jointe  à  la  grande  carte  ,  et  aux  recherches  plus 
^écenles  de  M.  Reinwardt. 


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(3o4) 

M.  Reinwardt ,  qui  a  visité  avec  soin  les  rolcam  de 
Jm^a^  n  a  trouvé  de  laves  qae  sur  les  plus  anciens  :  il  n  en 
a  point  vu  jeter  daiis  les  éruptions  dont  il  a  été  témoin. 
Voici  rénumération  de  ces  volcans. 

Eu  commençant  par  Fouest  : 

Jah. 

Gurung'Karan  ou  Gumm^^Keram,  dans  fe  rojanme 
de  Banlam ,  haut  de  434o  f^eàs  de  roi  (Raffles).  Le  doc- 
teur Abel  Ta  visité  et  décrit  en  i8j6  {Joum.  to  China ,  p. 
!i8.  )  —  Le  cratère  du  sommet  a  près  de  trob  cents  pieds 
de  profondeur,  et  on  ne  peut  y  parvenir  sans  échelles.  £a 
haut  y  le  bord  est  couvert  de  buissons  épais.  Le  fond  est  na, 
couvert  de  soufre  ;  une  grande  quantité  de  vapeurs  sortent 
des  crevasses. 
Pulusari, 

Ces  quatre  volcans  forment  les  monts  que  les  HoQandais 
ont  nommés  Pepet-Gebergle. 
Vers  Test  : 

Salak  ou  Montagnes  Bleues  des  marins.  —  Deux  mille 
cent  quatre-vingt-six  mètres.  Il  est  entièrement  compote 
de  basalte.  Eruption  en  1761. 

Gagak,  —  Inflammation  partielle  en  1807. 
GédeovL  Pangerando,  —  Deux  mille  sept  cent  soixante- 
six  mètres.  Est  entièrement  composé  de  basalte. 

Au  pied  et  à  Test  de  ce  dernier,  la  cliahie  volcanique  se 
partage  en  deux  branches  qui  renferment  en tr  elles  la  plaine 
de  Bandong,  Lune  de  ces  branches  se  compose  des  volcans 
'  suivans  : 

Patacka  y  Patuha  ou  Baduwa,  —  Deux  mille  deux  cent 
cinquante-sept  mètres.  Son  cratère  est  transformé  en  un 
grand  lac  d'eau  soufrée.  11  fournit  tant  de  soufre ,  qu  an 
milieu  de  ce  lac  il  s  est  formé  une  île  entièrement  com- 
posée de  cette  substance. 


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/ 


C  3o5  ) 

TUo  (m  TUu.  —  n  eal  forme  entièretnent  de  trach}  te. 

Swnbhig  ou  Sumbung, 

Malawar.  «—11  est  entièremeDt  compose  de  basalle. 

fVyahan. 

Papandayan, — Cëtak  un  des  principaux  Tolcans  de  Ttle  5 
mais  il  n'existe  plus  maintenant.  Entre  le  1 1  et  le  12  août 
177a  y  après  un  tremblement  de  terre,  tout  fut  en  flammes; 
3  knça  des  pierres  et  s*abtma  sous  terre.  Quarante  villages 
ftffent  détruits ,  et  trois  mille  individus  périrent  dans  cette 
catastrophe.  Le  terrain  qui  s'engloutit  ainsi  avait  quinze 
milles  de  long  sur  six  de  large. 

Tjikurai  ou  CMkura, 

Un  rameau  partant  du  Papandayan  se  compose  des  mon- 
tagnes volcaniques  nommées  : 

Gimung'Guntur,  -^  £n  octobre  1818,  apros  une  secousse 
ressentie  dans  la  partie  ouest  de  Jat^ay  il  lança  une  grande 
quantité  de  laves  ,  de  pierres  et  des  nuées  de  cendres  qui 
obscurcirent  F  air.  11  y  a  long-temps  qu'il  est  en  activité  ',  de- 
puis 1800  jusquù  1807  ,  il  n  a  cessé  d'être  en  éruption. 

Kiamis.  — 11  lance  des  eaux  chaudes  et  de  la  boue.  Le  sol 
y  est  aride ,  couvert  de  cendres  noires ,  de  soufre  et  de  sel  : 
la  terre  est  brûlante  et  exhale  des  vapeurs  ;  on  entend 
bouillonner  les  eaux  qui  jaillissent  par  plusieurs  gouffres, 
et  qui  alimentent  deux  ruisseaux  se  dirii^oant  vers  la  rivière 
de  Tjikauo,  Est-ce  une  montagne  volcanique?  D'autres 
montagnes  lancent  aussi  des  liquides  noirs  et  boueux  5  entre 
autres  le  Galunggung  ou  Galoengœng ,  dont  la  violente  érup- 
tion du  mois  d'octobre  1 82a  est  un  des  plus  grands  malheurs 
qui ,  de  mémoire  d'homme ,  soit  arrivé  à  Jai^a.  Par  suite  de 
cet  événement  quatre  mille  onze  personnes  ont  péri,  cent 
quatorze  campougs  ont  été  renversés,  deux  mille  neuf  cent 
quatre  -  vingt-trois  plantations  entièrement  détruites  ,  et 
cinq  mille  trois  cent  quatre-vingt-onze  considérablement  en- 
dommagées ;  le  nombre  des  cafiers  détruits  s'élève  à  sept 
cent  soixante-quinze  mille  sept  cent  quatre-vingt-quinze 

39 


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('3o6  ) 
et  le  nombre  de  ceux  qui  souifrireat  plus  ou  dkmus  ,  a  trois 
millions  huit  cent  soixante-onze  mille  sept  cent  quarante-deux. 
Ces  dëgats  furent  occasionnés  {mu*  des  masses  de  bone  et  de 
soufre  brûlant  qui  dégorgèrent  du  Tolcan  ,  an  miliea  da 
tonnerre  et  d'éclairs  épouvantables.  (Philos,  Magaz.  ^  août 
1823,  p.   16.  ) 

Talaga-Bodas  ou  Lac  Blanc,  —  Il  of&e  on  lac  très  graoïd 
d'eau  sulfureuse  blanche  dans  son  cratère.  Sa  hautenr  est 
de  six  mille  pieds.  U  est  entièrement  compose  de  basalte.  Les 
bords  du  cratère  exhalent  des  vapeurs  qui  corrodent  tout 

Gunung'Kraga . 

La  deuxième  branche ,  qui  se  dirige  droit  à  Test ,  se 
compose  de  : 

Buangrang, 

Tanhuban-Prau.  —  £n  i8o4  >  il  exhala  des  vapeurs  sul- 
fureuses. Son. cratère  a  un  mille  et  demi,  anglab  de  cir- 
conférence. 

Bukit'TungiL 

Bukit-Jarriang . 

Manglyand, 

Le  tronc  continue  à  se  diriger  aussi  vers  lest  y  et  forme  : 

Tampouras, 

Tjermai,  —  Sa  dernière  éruption  est  de  180  5. 

Arjunà.  — 11  lance  continuellement  de  la  (îunée.  Il  a 
9986  pieds  de  haut^  suivant  Raffies. 

L(pwa  ou  Lawu.  —  Des  vapeurs  chaudes  et  sulforeuses 
sortent  de  son  cratère. 

Merbabu. 

Ungarang  ou  Unarang. 

Tagal  ou  TegaL 

Mer-Âpie,  —  Eruption  en  1745.  Du  29  an  3 1  décembre 
1823,  nouvelle  éruption  de  cendres,  de  pierres  et  de  flammes. 
Les  cendres  furent  portées  jusqu'à  vingt  milles  du  cratère. 
On  avait  ressenti  auparavant  des  tremblements  de  terre. 
Un  rocher  formant  la  partie  nue  et  la  plus  élevée  du  Mer- 


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(  3«7  ) 
AjÂe  s  écroula  dans  le  cratère ,  accident  anquet  on  attribua 
le  bruit  souterrain  (^siVi/.  Joum.f  décembre  i8a3;  p.  6i4  j 
Jtmm.  de  Pfys, ,  vol.  96 ,  p.  80.  ) 
Japera, 

Klat  ou  dut,  —  Sa  dernière  éruption  est  de  1 786  ;  il  pa- 
raît en  avoir  eu  déjà  une  en  1019  (Hoff,  11,  44o*  ) 
Les  monticules  Indorowaii. 

Semiro  ou  Smeero. — Cest  peut-être  le  plus  élevé  de  Jat^a. 
fl  est  réuni  par  le  nord  aux  monts  Tenggar  ou  Tingert. 
Les  monticules  Tenggar  ou  Tingert ,  dans  lesqueb  se 
trouve  le  vaste  goufire  de.Dasar,*  qui,  en  i8o4,  eut  une 
éruption.  Horsfield  Ta  visité  en  1806.  {Trans.  ofthe  Batav. 
Soc. y  Batavia,  1814.  ) 

Lamongan.  -^Eruption  en  1806.  Eu  1818,  après  un  fort 
tremblement  de  terre  qui  ébranla  bipartie  orientale  deTîtC; 
il  vomit  beaucoup  de  laves. 
Jang, 

Ces  deux  derniers  tiennent  à  une  ramification  volca- 
nique qui  va  au  nord. 

Vers  le  nord ,  se  trouvent  : 

Einggit.  —  Yalentin  a  dit ,  et  d* autres  ont  répété  aprè^ 
hii,  qu'en  i586  cette  montagne,  à  la  suite  d'éruptions,  s'était 
affaissée.  Horsfield  prétend,  au  contraire  ,  et  ayec  raison ^ 
qu'elle  est  encore  parfaitement  visible. 
Iio^^fng. 

Teschim  (diaprés  RafHes),  Mont-Indien ^  ( d'après  Les; 
chenault) ,  et  Idjengsche-Gebergter  (d'après  Horsfield.) — U 
termine  la  cbatne.  H  a  six  mille  pieds  d'élévation.  En  1817, 
il  en  jaillit  tant  d'eau  bouillante  ,  mêlée  de  souû^  et  d'a- 
cide sulfurique,  qu'il  naquit  deux  rivières ,  et  que  toute  la 
campagne  entre  le  mont  et  la  mer  fiit  submergée.  La 
montagne  jette  encore  continuellement  de  l'eau  soufrée  et 
blancbe  comme  du  lait.  Le  cratère  forme  un  lac  d'eau  sul- 
fureuse blancbe  en  ébullition^  et  il  s' échappe  constamment 

39. 


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(3a8) 
du  soufre  enflammé  de  k  partie  topëneare  de  sei 
Cette  monUgne  a  été  décrite  par  Leachenaok , 
liste  de  l  expédition  du  capitaine  Bandin  (  ^nn.  4i  Mur 
séwn  d'Hist.  naturelley  vol.  i8  ,  p.  4^5  ),  mais  k  forme 
en  a  changé  depuis  sa  visite. 

Au  nord-est ,  et  auprès  de  TOcéai^,  8Ç  trouve  : 

Talaja-fVurung. 

Parmi  les  volcans  éteints  de  Java^  on  distingue  le  Tala^a- 
JBodas  cité  plus  haut.  M.  Reinwardt  a  trouvé  sur  cette  mon- 
tagne des  restes  d'animaux  y  tels  que  tigres ,  oiseaux ,  etc. , 
dont  les  os  étaient  entièrement  consumés  ,  tandis  que  les 
muscles  ,  les  poils  y  les  ongles  et  la  peau  étaient  restés  in- 
tacts. Le  Patuha  est  aussi  éteint;  la  ddérite  j  est  en  partie 
dissoute  par  les  vapeurs  et  par  F  acide  sulfuHque^ 

D'après  cela ,  la  liste  des  volcans  de  Jat^a  comprend  des 
volcans  actifs  et  des  volcans  éteints.  L'auteur  ne  les  sépare 
pas.  Il  dit  que  la' chaîne  en  contient  plus  de  trente-huit  j  3fi 
continuent  dans  les  (les  voisines  5  savoir  :  à  Bali,  Lomhok, 
Sumbawa  et  Flores, 

(  Visputatio  Geoiogica  de  incendiis  mendum  igni  anten- 
tium  insulœ  Javce^  eorumque  lapi  'Unis  ;  auctore  A.  H.  Vander 
Boon  Mesch  ;  in-S**  1 826.  Leyde  ;  ouvrage  en  partie  fiiit  sur 
les  manuscrits  de  M .  Reinwardt.  —  Voyez  aussi  Bulletin  des 
Sciences  nat.  et  de  Gtfolo^e;  janvier  1828,  p.  ^i,  oh 
il  est  rendu  compte  de  cet  ouvrage.  —  Sur  les  volcans  de 
V Archipel  de  l'Inde ,  par  C.  G.  C.  Reinwardt ,  profes- 
seur à  r  Université  de  Leyde  j  mémoire  lu  à  la  section  des 
beaux-arts  et  des  sciences  de  cette  société ,  le  aS  avril  iSiS, 
{Magaz,  voor  fFetensch,  Konst  en  lett, ,  part,  v,  cah.  l ,  p- 
7 1  ^  et  Bulletin  des  Sciences  naturelles  et  de  Géologie ,  arri 
1829,  p.  43,  t.  17.  )  —  Sur  les  éruptions  iH)lcam^ues  de 
Vile  de  Java  et  les  îles  voisines,  (  Journal  qfthe  rojral  insti" 
tution  y  n<^  1 1,  p.  245 y  dont  on  trouve  un  extrait  dans  les 
Annales  de  Chimie  et  de  Pl^sique,  t.  a  >  p*  33^.  ] 


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(3o9) 

Ctntcatoa ,  iaut  h  détroit  ée  ia  SomJê, 

Céftte  fle  tèt^erme  dq  volcan  qd  lie  la  ligne  des  voK 
cahs  de  /(Tp^^  avec  celle  Ae  Sumatra,  Le  mineur  en  chef 
Vogel  dît  (  Osttud.  heisebeschr,  Altenb,  )  que ,  le  i*^  fé* 
vrier  1681  ,  il  avait  aperçu  avec  ëtonneinent  cette  île,  au^ 
crefois  couverte  d'arbres  et  de  verdure ,  toute  déserte  et 
brûlée  ;  des  masses  de  feu  sortaient  de  plusiei^^  endroits. 
Son  capitaine  lui  dit  alors  que  cette  tle  avait  été  détruite 
en  mai  1680  ,  avec  un  bruit  éf&oyable  ^  à  la  suite  d'^uio^ 
tremblement  de  teri*e  qui  avait  été  fortement  ressenti  par 
les  vaisseaux  sur  la  mer  5  aussitôt  après  ^  on  avait  été  suffo- 
qué par  une  vapeur  sulfureuse  qui  s^étendait  très  loin  5 
la  pierre- ponce  lancée  de  Ttle  recouvrait  la  mer  ;  des  ma- 
telots en  recueillirent  :  il  y  en  avait  de  la  grosseur  du 
poing.  —  Des  sources  chaudes  sortent  encore  en  grande 
quantité  çle  la  partie  occidentale  de  Tfle.  (  King  in  Cook's, 
3^  Reiscy  II,  528.  ) 

Bomé9^ 

Tons  les  géographes  répètent  que  cette  île  possède  des 
Tolcans,  mais  sans  faire  connaître  leur  nombre,  leur  po- 
sition et  leur  état  actuel.  (  Malte-Brun  y  Précis  de  la  Géo^ 
graphie  unit^erselle ,  t.  4>  p.  îi8o.  ) 

Iles  Philippines. 

L'aspect  des  Philippines  est  à  la  fois  effrayant  et  ma- 
gnifique ,  dit  Tuckey  (Marit.  Geogr, ,  ni ,  407  )*.  Les  mon- 
tagnes qui  traversent  les  îles  dans  toutes  les  direcltions 
cactient  leur  tête  dans  les  nuages  ^  tandis  que  leurs  flancs , 
recouverts  de  scories  et  de  laves ,  offrent  Timage  dé  Ta  des- 
truction. Partout  on  rencontre  des  sources  d'eau  chaude , 
cft  dons  beaucoup  d'endroits  on  trouve  des  solÉitarés  avec 
dn  soufre  en  combustion.  Ici;  comme  à  Jauay  la  ligne  des 
volcans  occupé  toute  la  largetir  des  îles.   (  Léôpold  dé 


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(  3io  ) 
Budi  y  Ment,  sur  la  Nat.  des  phénom,  volcamçuts  des  tks 
Canaries,  ) 

Voici  la  liste  des  Tolcans  actifs  connus  arec  certitode, 

Mayon  (  sur  la  pointe  S.  E.  A,e  Tile  de  Luçon.  )  —  Piç 
ëlevé  qui  présentait  it  y  a  quelques  années  U  figure  du 
pain  de  suci*e  ;  il  jette  habituellement  de  la  fum^  »  qud- 
quefois  des  flammes  et  des  suibles  Yolcaniquçs.  lie  30  juiO^ 
1 766  y  le  flanc  de  la  montagne  s'ouvrit  et  donna  issue  à  m 
énorme  fleuye  de  lave  qui  cojula  pendant  deux  mon  comme 
de  Teau.  (  Le  Gentil,  Foy.  dans  les  Mers  de  l'Inde,  11,  i3.) 
Une  éruption  de  février  1 800  a  causé  beauc<mp  de  ravages. 
(Hoff,  11,45.  ) 

Taal  (ausud  de  Manille.  )  —  Le  cône  est  beaucocqp pi» 
bas  que  le  bassin  dans  lequel  il  est  situé ,  et  ne  s'élève  qu'à 
quelques  centaines  de  pieds.  Un  lac  remplit  le  fond 
du  bassin.  Le  cratère  est  très  grand.  11  contient,  dans  son 
intérieur,  un  marais  sulfureux  bouillant  et  de  petites 
collines  qui  s'élèvent  ça  et  là.  La  plus  grande  én^rtion 
connue  du  Taal  eut  lieu  le  12  décembre  1754  :  il 
n'en  avait  pas  eu  depuis  1716.  Dès  le  mois  d'août ,  la  m<m- 
tagne  fumait  ;  le  7  ,  elle  lançait  même  des  flanunes  ,  et ,  le 
3  novembre,  elle  lança  de^ cendres  avec  un  bruit  sem- 
blable au  tonnerre  ^  il  se  forma  de  nouvelles  ouvertures , 
et  des  flanmies  s'élevèrent  des  eaux  du  marais ,  quoiqu'dks 
fussent  profondes.  Plusieurs  habitations  du  rivage  furent 
détruites.  Depuis,  il  j  a  eu  d'autres  éruptions  moins  con- 
sidérables. (Chamisso,  Kotzeb,  Endeckungsreùe,  ui^C^g. 
—  Foya^e  pittoresque  de  Charis  ,  1820  ,  vu  ,  tab.  3.  ) 

jiringuay  ,  dans  la  province  Ygorrotes  ,  au  sud  d/Zo- 
cas,  et  dans  l'intérieur  de  l'île.  Lat.  nord  16^  3o',  à  peu 
près.  —  Eruption  le  4  janvier  i64i  >  d'après  Fra  JuatL 
de  Concepcion  (  Chamisso.  ) 

Camigmn,  petite  île  au  nord  de  Luçon.  —  Son  extién 
mité  méridionale  contient  un  volcan  brûlant  qui  sect  df 
filial.  (  Le  Gentil  I  it,  pi.  4*  ) 


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(  3ii  ) 

Sanguilf  sur  MindanaOj  dans  le  sud  de  FSle^  et  à 
r ouest  des  lacs  de  Liguassin  et  Buloan.  -—  On  le  connait 
ordinairement  sous  le  nom  de  volcan  de  Mindanao  ;  mais 
sa  position  n  est  pas  Jbien  déterminée.  On  entendit  ^  en 
164.0  j  sur  toutes  les  îles  de  cette  mer  j  le  bruit  provenant 
d'une  violente  éruption  de  ce  volcan.  En  1764^  il  a  eu 
une  forte  éruption  y  qui  couvrit  les  pajs  environnants ,  à 
plusieurs  pieds  d'épaisseur ,  de  matières  fragmentaires^  et 
força  la  plupart  des  habitants  à  émigrer. 

AmbiLy  an  nord  de  Mndoro  j  à  Feutrée  de  la  baie  de 
Manille,  —  Les  flammes  de  cette  montagne  servent  de 
fanal  aur  vaisseaux  qui  se  rendent  à  Manille,  (  Plants^' 
folynes  ,  i ,  635.  ) 

Fuego  ou  Sujuihory  entre  Mindanao  et  Xile  des  Nègres, 

Molttt/ues. 

Les  tles  Moluquès ,  plus  morcelées ,  plus  déchirées 
t]ue  les  tles  de  la  Sonde  ^  renferment  un  plus  grand 
nombre  de  volcans  que  ces  dernières)  mais  beaucoup 
d'entr'eux  n'ont  pas  encore  été  bien  déèrjts. 

L'île  de  Celèbes  renferme  plusieurs  volcans  actift ,  sui- 
vant les  géographes  ^  mais  ils  n'en  indiquent  pas  la  po- 
sitioiK  Au  N.>£.  ^  dans  les  districts  de  Mongondo  et  de 
Manado  y  des  terrains  remplis  d'une  immense  quantité  de 
soufre  sont  bouleversés  par  de  fréquents  tremblements  de 
terre  (  Valenlyn,  Moluquès  y  vol.  i,  p.  64).  Kemas  ou 
les  Frères ,  montagne  dans  le  district  de  Manado  y  dans 
le  nord  de  Celèbes,  fut  lancée  en  Tair ,  en  1680  y  au  mi- 
lieu d'une  horrible  éruption  et  d'un  tremblement  de  terre 
qui  ébranla  principalement  Temateyei  répandit  l'obscurité 
dans  tous  les  environs  (  PhiL  Trans,  y  xix  ^  n®  7.  )  L'ile  fut 
détruite  dans  toute  sa  largeur  entre  Boelan  et  Gorontale. 
(  Valentyn,  i,  a,  64.  ) 


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t  3ia  ) 

Sanghir,  ou  SStmgmr,  ealre  Mlndanao  el  Célèbes,  a 
M  des  plus  grands  rolcans  du  globe. 

•Swuw  et  le  groupe  des  îles  Talautscj  renfermenl  denoa 
trois  redoutables  Tolcans  (  YdleutTu,  ml. ,  p.  37—61  ). 
Sûmw  possède  un  pic  ëlevë  qui  a  donne  souvent  des  sigao 
de  sa  nature  volcanique.  Le  16  janvier  171a,  k  monta^Be 
désignée  dans  les  Trans.  philos. ,  sons  le  nom  de  Chiaus, 
Vouvrit.  —  Valentjn  dit  que  les  éruptions  de  ce  «olcaa 
étaient  continuelles ,  mais  qu'elles  avaient  été  pbs  violentei 
en  janvier  et  février.  (  i ,  a ,  58.  ) 

^ôoe,  sur  1  extrémité  N.  de  File  Sanghir.  —  Une 
éruption  ,  qm  eut  lieu  du  10  au  16  déc^nbre  i3ii , 
couvrit  de  cendres  une  grande  étendue  de  terrain  ,  et 
tua  beaucoup  de  personiies. 

Tem€He.  —  U  y  a  un  volcan  qui  offre  un  exen^ 
tf  un  phénomène  semblable  à  celui  de  Banda ,  à  lexceptkm 
que  les  pierres  sont  d'un  noir  de  charbon  de  terre  rt 
qu'elles  présentent  une  masse  beaucoup  plus  étendue.  Ces 
débris ,  amoncelés  à  une  grande  hauteur ,  forment  une 
large  digue  Ou  croupe  ,  qui ,  sortant  du  sein  de  la  mer, 
s'étend  au  travers  du  rivage ,  de  là  franchit  une  vaste 
étendue  de  terrain  allant  en  pente  douce ,  et  enfin  va 
s'appuyer  à  la  montagne  même.  U  est  évident  que  ,  sem- 
blable  à  une  mine  qui  joue,  le  sol  se  soulevant  et  s  ouvrant 
dans  cette  direction  du  fond  de  la  mer,  aura  rejeté  de 
son  sein  cette  immense  quantité  de  maUères.  (  Reinwardt , 
foc.  citât.  )  Autrefois  les  éruptions  de  ce  volcan  étoiwit 
beaucoup  plus  fréquentes^  U  y  en  a  eu  en  1608 ,  i635, 
ï653,  et  le  1  a  août  1673.  Il  est  à  remarquer  qu'il  a  lancé 
de  la  ponce  f  ses  émanations  ont  fait  périr  bjcaucoup  de 
personnes.  Valentyn  dit  qu'U  a  été  mesuré ,  et  qu  d  a 
trois  cent-soixante-sept  verges  deux  pieds ,  ce  qui  fait  trois 
mille  huit  cent  quarante  pieds  de  roi ,  en  supposant  que 
cette  mesure  soit  celle  d'Amsterdam,  (i,  2,  5.) 

Tidore  (  île  d^  Tidore).  —  Ce  volcan  est  situé  dans 


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(3i3) 

le  midi  de  Ttle  ;  il  a  la  forme  du  pic  de  Temaie»  Forrett 
en  donne  une  vue. 

Modr.  —  Cette  île  contient  un  rotcan  qui  a  eu  une 
/orte  éruption  y  et  a  lancé  des  pierres  en  1778.  (  Forrest }» 

Machian ,  ou  Makian.  —  Le  cratère  du  volcan  est 
considérable  et  s'aperçoit  de  loin.  £n  1646,  ce  Tolcan, 
dans  la  nolence  de  son  éruption ,  se  déchira  complète- 
ment du  sommet  à  la  base  ^  il  en  sortit  d'horribles 
tourbillons  de  fumée  et  de  flammes.  Ce  sont  aujourd'hui 
deux  montagnes  rapprochées  et  distinctes. 

Près  de  Gammacanore ,  dans  la  partie  O.  de  Gilplo , 
et  vis-à-yis  de  Temate ,  une  montagne  est  sautée  en  l'air 
le  30  mai  1673  ,  à  la  suite  d'im  grand  bruit  et  d'un 
violent  tremblement  de  terre.  La  mer  s'éleva  beaucoup 
au-dessus  du  rivage  ,  et  la  montagne  lança  une  grande 
quantité  de  ponce.    (Yalentyn,  i,  a,  go  y  94 ^  33 1.) 

TolOy  situé  sur  Tile  Morefy^  Mortay  ou  Moroiay^  vis- 
«i-vis  la  pointe  septentrionale  de  Gilolo,  Il  a  brûlé  avec 
beaucoup  d'activité  pendant  le  siècle  dernier.  (Yalentyn  , 
1 ,  2  ,  95.  ) 

ff'awam  k  Amboine ,  situé  dans  la  partie  occidentale 
de  la  plus  grande  des  îles  Hiioe  ;  à  deux  milles  du  rivage 
septentrional  (  Yalentyn ,  11 ,  DeeL  ^  p.  i  o4  )  î  montagne 
très  élevée  et  très  rapide.  Le  bruit  y  semblable  à  un  fort 
bouillonnement  y  que  l'on  entendait  dans  son  intérieur  y  a 
fait  craindre  pendant  long-temps  une  éruption  7  en  effet , 
en  1674;  après  qu'un  violent  tremblement  de  terre  eut 
ébranlé  tout  Amboine,  elle  s'ouvrit  dans  deux  endroits 
différents  ;  la  lave  coula  jusqu'à  la  mer,  et  des  portions 
considérables  de  terrain  s'enfoncèrent.  Peu  de  temps  au- 
paravant,  le  roi  d'un  village  de  l'intérieur,  cliassé  par 
cette  éruption  y  ne  s'était  sauvé  qu'avec  peine  jusqu'aux 
villages  fVawani  et  Essen  y  situés  plus  bas.  On  aper- 
cevait distinctement  ce  village  supérieur  près  de  l'ouver- 
ture qui  venait  de  se  former  j  il  fut  englouti  avec  tous 

40 


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i  3i4) 
tes  habitants.  Ce  Tolcan  paraît  encore  arcit  brùlë  en  i6^ 
(  PhiL  Trans, ,  xix  ^  49  )  y  mais?  depuis  ce  temps  y  on  n a 
]^Im  entenén  parler  de  ses  moQTements.  Malgré  oda, 
La  BQIardière  dit  qne  cette  tle  est  souvent  tonmient^ 
JMdr  dès  tremblements  de  terre  ,  et  qu'elle  en  a  beaucoup 
souffert,  "particulièrement  en  1783  {^oy^^iy  3i4)-  Depoîs, 
en  i797>  Tuckey  se  plaignit  de  la  chaleur  insupportable 
et  des  vapeurs  étouffantes  auiquelles  il  avait  été  exposé 
pendant  dix  mois ,  dans  la  rade  iS^Amboine  j  et  qui 
provenaient  d'un  volcan  enflammé  (  Ntzrr,  of  thc  Con^à 
Exped,f\tix).  En  1816,  un  cratère  s'ouvrit,  et  en  1810, 
il  reprit  une  grande  activité.  Enfin  ,  le  18  avril  1824 1 
partit  xm  nouveau  cratère  ;  il  brûlait  encore  le  i4  mai. 
n  était  vraisemblablement  âtné  aussi  dans  le  voisinage  de 
Wawani  (  Gêogr,  Ephem.y  1824  >  p.  4^'  )• 

iSoommg-Jpi  ,  ou  Gûunapi  (^  dans  le  petit  groupe  vol- 
t;aniqne  qui  porte  le  nom  de  Banda  y  d'après  Tile  pria- 
xîîpale  ).  —  Volcan  très  actif,  puisqu*on  ne  Ta  jamais 
vu  en  repos.  On  a  connaissance  de  ses  éruptions  de  i586j 
1598  'et  1609.  En  i6i5  ,  il  7  en  eut  une  si  violente 
que  ce  n'est  qu  avec  une  peine  extrême  que  les  canots 
de  la  flotte  du  gouverneur  SAmbùine  parvinrent ,  à  traven 
une  pluie  de  ponce ,  jusqu'à  Ndra  ,  île  voisine.  En  1639. 
i63a,  t68à  ,  il  y  eut  encore  de  violentes  éruptions.  Le 
22  novembre  1 694 ,  de  grandes  flammes  sortirent  de  son 
tommet ,  accompagnées  d'un  bruit  semblable  à  celui  d'une 
violente  tempête.  Le  fond  de  la  mer  s'éleva  presque 
jusqu'à  la  hauteur  du  soi  -,  des  flammes  sortaient  du  mSiea 
des  eaux,  qui  étaient  si  chaudes  qu'on  ne  pouvait  na- 
viguer dessus,  n  régnait  dans  le  détroit  de  Ncira  one 
odeur  sulfureuse  si  insupportable ,  qu'elle  fut  la  caoïr 
d'un  grand  nombre  de  maladies  {^PhiL  Trans. ,  xix  ,  49^ 
D'autres  éruptions  eurent  lieu  en  1765  ,  1775  et  1778. 
Il  j  en  eut  une  très  considérable  le  1  r  juin  1820 ,  pen- 
dant laquelle  la  montagtie  s  ouvrit  au  N.  O.  ;  des  pierre» 


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(3.5) 
^candeaeeates,  aussi  graocles  que  les  mabons  des  iialuE«b 
du  pays ,  furent  jn^eiées  par  le  cratère  ^  piusieur^s d'entre 
elles  panriureu^t  à  des  hauteurs  doubles  de  celle  de  la 
montagne.  (  Bauuihauer  ,  Ann.  de  Pb^s.  y  xv ,  4^o.  ) 

Dans  la  partie  occidentale  de  Vtle  9  fqrxuëe  par  U 
Goupapiy  ie  trouvait  autrefois  une  vaste  profondeur  d'eu- 
viron  60  brasses.  Au  lieu  de  cette  baie ,  et  juaqu  au  pea^ 
cbant  de  cette  montagne ,  qui  a* en  trouve  à  une  grande 
distance.^  il  9e  forçia,  en  18:20^  un  va^te  promontoire  au 
moyen  duquel  toute  cette  baie  se  trouve  comblée  et 
exhaussée ,  et  qui  se  compose  de  blocs  de  baaake  d'une 
grosseur  prodigieuse  »  fortement  calcinés  et  grossièrement 
amoncelés.  Ces  monceaux  forment  divers  groupes  y  quii 
du  sein  de  la  mer ,  vont  se  ratta<^er  au^  flanc»  d^  U 
montagne.  Cette  nouvelle  formation  s  effectua  d'une  ma* 
oière  si  tranquille  et  avec  si  peu  d'agitation  inlériewe  > 
que  les  hahitans  dq  Banda  n'en  eurent  connaissai|pe  que. 
lorsqu'elle  se  trouvait  en  majeure  partie  consommé#i  eUte 
ne  s'était  manifestée  que  par  un  fort  bouillonnement  et 
une  chaleur  extraordinaire  de  Teau  de  la  mcir*  £n  i9ai| 
la  chaleur  n'avait  pas  encore  cessé ,  et,  de  tciu^  cAtés  j 
des  vapeurs  s'élevaient  d'entre  les  blocs.  Tous  ces  débris 
portent  des  marques  évidentes  qui  annoncent  qu'ils  ont. 
snbi  un  b^ut  degré  de  cpmbustion  ,  et  il  en  est  qui , 
par  la  calcination  ,  se  trouvent  réduits  à  l'état  de  pierre-, 
ponce  9  ou  qui  y  exposés  au  grand  air  ^  tombent  ^n 
poussière.  —  Cette  masse  de  pierres  a  surgi ,  sans  être 
accompagnée  de  cendres  j  ce.  qui  annonce  un  mode  d'é- 
ruplion  différent  dans  ses  principes  de  celui  suivant  lequel 
opèrent  le«  grands  vplçans.  (  Reinwardt^  loc.  citai.  ) 

Sorea  ou  Sorca  (  ilf  voisine  de  Banda  ).  —  Un  rapport 
«dresse  HAmboine  à  Wittseu,  bougmeotre  d'Amsterdam, 
dit  que,  le  4  )uin  1693,  la  montagne  de  celle  île  avait 
vomi  des  flammes  ,  et  qu'un  fleuve  de  lave  en  était  sorti. 
Co^  volcan  l'abima  ensuite,  et  (iit  remplacé  par  un  lac  de. 

40. 


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(3i6) 
fea  qui  y  augmentant  de  plus  en  plus,  força  les  habltaBls 
de  Hido  â  traverser  la  mer.  Celte  fie  ,  qui  avait  été 
précëdemment  agitée  ,  devint  tont-è-conp  tranqidle.  Le 
lac  de  feu  continuant  toujours  a  s'étendre  par  des  a&isBe- 
ments  imprévus  y  du  côté  de  fVorot  ,  les  habîtants  de 
ce  vilkge  furent  aussi  obligés  de  prendre  la  fuite  ;  il 
quittèrent  tous  File  et  parvinrent  à  Ambmnt  le  18  jolkt 
1693.  (  PhiL  Trans.  ,  xix  ,  49.  ) 

Nila  (  fle  voisine  de  la  précédente) ,  contient  une  sol- 
fatare y  et  par  conséquent  doit  avoir  aussi  un  volcan  j  elh 
est  très  élevée. 

Domma  ou  Damme  ,  à  FO.  de  Timor^Laout  j  contient 
un  grand  volcan  (  Valentyn,  m  ,  a  ,  4^  ). 

Gonung'u^pi  ,  volcan.  Ijatit.  6°  36'  S.  —  Dampier  dit 
que  cette  île  est  haute,  mais  petite,  s' élevant  doucement 
k  partir  du  rivage  ;  que  le  sommet  de  celte  fie  était  partagé 
en  deux  pics  ,  d'entre  lesquels  sortait  une  tdle  quantité 
de  fumée  qu'aucun  volcan  ne  lui  en  avait  présenté  autant 
(  11I9  ido  ).  n  lui  attribue  un  mâle  de  tour.  Dampier  vit 
ce  volcan  en  1699. 

Timor  renfermait ,  avant  i638>  le  volcan  du  Pkj  qu'on 
découvrait  en  mer  de  plus  de  3oo  milles  à  F  aide  de  ses 
feux.  A  cette  époque,  cette  montagne  dispamt  entière- 
ment,  par  suite  dune  grande  éruption;  elle  est  remplacée 
maintenant  par  un  lac. 

Pontare.  —  Celte  fle  offre  troi^  pics  y  dont  un  est  un 
volcan  (  Tuckey  ,  m  ,  382  ). 

Lombatta.  —  Pic  conique ,  pointu  et  très  élevé  ,  sœr 
le  détroit  de  Pontare,  Dampier  le  vît  fomer,  et  Bligh  obserrs 
la  même  chose  cent  ans  après. 

Mangera;^  ou  Flores,  contient  d«ax  volcans  élevés  q<^ 
sont  parfaitement  semblables.  Bh^  a  regardé  comme  votcsn 
t^Iui  qui  est  situé  sur  le  tiers  occidental  de  File  ;  il  paraît 
avoir  eu  des  éruptions  si  formidables  qiM  le  sol  de  cette 
tle  semble  iibsohuneni  brûlé.  (  Foy,  dans  la  Mer  At  Sud, 


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(6'7) 
«hap.  zix.  )  Tockey  ^  qui  a  aussi  idsité  cette  fle ,  dit  que 
la  montagne  orientale ,   Lobetobte ,    est  aussi   un  volcau 
(  Marit.  Geogr, ,  m,   382). 

La  grande  fle  de  Sandelbosch  renferme,  selon  Tockey, 
un  volcan  dans  sa  partie  occidentale  5  on  peut  fapercevoir. 
de  20  milles. 

Sumboiva  ou  Bima,  «-r-  Cette  grande  tle  contient  un 
voloan  oélèbre ,  le  Tomboro.  Sa  circonférence  est  étendue , 
mais  sa  hauteur  n'a  pas  plus  de  5oo  ou  700  pieds  :  la 
mer  entoure  les  trois  quarts  de  sa  base.  H  a  fait  une 
violente  éruption  eu  181 5.  Dès  Tannée  18149  on  avait 
été  attentif  sur  les  mouvements  de  cette  montagne  ^  on 
avait  aperçu ,  du  vaisseau  le  Temate  ,  beaucoup  de  fîimée 
et  de  vapeurs  en  sortir  dans  le  mois  de  dépembre  ;  enfin 
après  onze  jours  de  secousses  qui  furent  ressenties  dans 
les  îles  de  Jtwa,  de  Bornéo  et  de  Céièbes,  le  5  avril 
181 5  ,  tout  le  volcan  parut  enflammé ,  et  ses  éruptions 
furent  continuelles.  Le  10  avril ,  la  fumée  qui  en  sortait 
était  si  noire  et  les  cendres  si  épaisses,  que,  jusqu'au  la, 
le^î  environs  ,  même  à  une  grande  distance  ,  étaient  enve- 
loppés dans  le3  ténèbres;  elles  s'étendirent,  tant  sur  Su- 
rabaya  ,  sur  Jaua  ,  et  même  encore  sur  Samanap  et 
Madura  ,  où  les  nuages  de  cendres  étaient  portés  par 
les  vents  d'est ,  que  sur  Macass€ur  où  ces  nuages  arrivaient 
par  les  vents  du  sud.  Les  cendres  parvinrent  jusque  BaUunaj 
à  l'île  Minto  ,  prèai^^utca,  et  même  jusqu'à  Bencoolen, 
à  Swnalm  ,  qui  est  aussi  éloigné  du  point  de  départ, 
que  Y  Etna  l'est  de  Hambourg.  Une  tempête  joignit  ses. 
ravages  à  ceux  du  volcan  ;  1 2,000  personnes  périrent 
par  suite  de  cette  explosion  volcanique  5  une  partie  de 
fîle  fut  couverte  de  ponces ,  qui  encombrèrent  aussi 
plusieurs  ports.  Trois  coulées  de  lave  sortaient  de  la  mon- 
tagne. On  ne  ressenledt  aucun  vent  dans  le  voisinage  ; 
mais  la  mer  était  tellement  agitée ,  qu'elle  arracha  des 
maisons  situées  sur  le  rivage.  ^—  L'effet  de  léruptioa  se 


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(3ia) 

Ht  MDtir  Aànê  tout  f  ArcUpel  iiulitn,  à  «ne 
plus  de  i5®  à  U  voade  du  foyer  de  fMlkm.  Les 
fions  s'entendirent  fortement  à  Sumatra  ^  dans  des 
distants  du  Tolcas  de  3oo  lieues  en  ligne  droite;   on  les 
entendit  très  distinctement  au  centre  de  Joi^a  cl  à  Fcmolr. 

En  1821  9  il  y  eut  on.  tel  tremblement  de  terre  et  un 
tel  soulèvement  de  la  mer ,  que>  Bimit  eu  fui 
et  que  des  vaisseanx  naouillës  dans  le  port  furent 
par  les  vagues  jusqu'à  une  grande  distance  dans.  Fin- 
teneur  des  terres  y  et  même ,  sur  œrtaîns  points ,  psr 
dessus  les  habitations.  Dans  le  même  temps ,  une  mon- 
tagne Toloanique  située  au  sein  de  la  mer  9  asi  M.-E. 
de  rentrée  du  détroit  de  Bima ,  vomit  des  pierres  em- 
brasées y  des  cendres  et  d'épaisses  vapeurs.  Le  méma 
tremblement  se  fit  ressentir  dans  les  Iles  voisines ,  dans 
toute  retendue  de  File  de  Créées  ,  et  occasionna  y  no- 
tamment à  Mac€issar  y  qui  est  séparé  de  Fima  par  une 
mer  de  plus  de  4°  de  largeur  y  les  mêmes  débordements 
violents  y.  les  éoroulements  et  les  déva6tati€»B  dont  ce 
dernier  bea  avait  été  le  théâtre.  (  Reinwardt  y  ioe, 
cit£Êt.  ) 

Gommg-j^pL  —  Deux  pics  escarpés  y  à  peine  éloigufS 
de  deux  milles  de  F  extrémité  nord  de  Sumbawa  (  Tue- 
key.  )  Bligb  les  a  aussi  marqués  sur  sa  carte. 

Lombock  ou  Sàiapparang  y  contient  un  seul  pic  hast  de 
iSoo  pieds  y  selon  Tuc^ey. 

Kara-Asam  y  sur  F  île  BaU.  —  Connu  par  une  éiiqplion 
arrivée  en  1808.  (Hoif,  11  y  4%*  ) 


On  connaît  deux  petits  volcans  isolés  dans  F  immense  ar> 
Aipel  des  fies  de  la  Sonde  et  des  Moluques;  ce  sont  : 

i^  Un  volcan  toujours  actif ,  situé  sur  une  petite  He  prrs 
de  ceDe  de  Slakenbojurg ,  sur  la  côte  occidentale  de  Baméo , 
an  nord  de  Sambai.  Latit.  3  i/a  N. 

%^  Vn  volcan  observé  i^  Hermmeery  par  le 


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(3i9) 
itompton ,  sur  Fie  Cap,  àuu  le  détroit  de  Terres.  Laiit. 
^^^  48'  6''  i  loi^.  Grew.  i4a«  4i'  occ.  <  Fliader» ,  /iKtm/.  , 
ç.4i.) 

'  Uexiéteooe  d'iMi  ▼•lOMt  actif  près  de  Hunttr's  Ëiper^ 
{rivière  ée'lfunier  ou  du  Choêsew)^  dan»  la  Nom^dk^ 
"G^àks  dbi  tSco/,  vient  d'être  tout  réceiMBeiit  reconnue 
far  M.  Maoàie  ,  de  Cockie-ffa/^  Ce  natundisle  rapporte 
qae  le  volcan  est  diatant  d'environ  vingl^ciaq  »ille6|  el 
craque  N.  £.  de  Thabitatioii  de  M.  Intyire  f  à  Segenho , 
^m  tondie  à  Page*s  Biver.  Ce  volcan  est  tout-à-&it  sombre  y 
jusqu'à  ce  que  le  spectateur  s'en  approche  à  un  mille; 
et  alors  j  si  c  est  de  jour^  et  que  le  soleil  brille  y  une  masse 
compacte  de  flammes  frappe  soudain  les  yenx  :  elle  est 
d'ordinaire  mélëe  de  âunée,  et  quand  Tair  est  pesant  elle 
offre  tme  couleur  d*un  rouge  pâle.  La  nuit  y  on  voit  dis* 
tinctement  s* élever  une  colonne  sulftireuse  bleuâtre  qui  se 
dissipe  dans  l'atmosphère.  Le  cratère  du  volcan  est  situé 
entre  les  pics  de  deux  montagnes  que  les  noirs  natâ&  ap*> 
pellent  fVingen.  Il  n'y  a  nulle  apparence  de  lave  k  la 
base  en  le  long  des  flancs  des  montagnes  entre  lesquelles 
le  volcan  est  assb.  Le  cratère  à  douze  pieds  de  large  et 
trente  de  long.  Aux  environs,  la  terre  est  très  chaude,  et 
sa  températnre  augmente  à  mesure  qu'on  la  crense.  An- 
"dessous  de  la  couche  supérieure ,  M.  Mackie  découvrit  une 
couche  de  houille  fortement  bitumineuse.  Tout  autour  du  • 
volcan  y  le  sol  est  de  la  plus  gi*ande  aridité.  Pendant  qu^ 
M.  Mackie  et  ses  ouvriers  restèrent  sur  la  montagne ,  le 
«ratère  lança  des  flammes  ;  la  terre  n'offrait  aucune  soli^ 
dite  dans  les  environs  $  elle  se  crevassait  à  chaque  instant  5 
des  masses  s'en  détachaient  de  temps  en  temps ,  et  roulaient 
dans  le  cratère  ^  dont  la  flamme  semblait  s'accrottre{»ar  cet 
aliment.  Tont  &it  penser  que  œ  volcan  a  une  existenoe  ré- 
cente ;  il  ne  parait  pas  qu'il  y  ait  eu  fanaais  tTéraptîon  :  te 


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(  3ao  ) 
eratère  ii*esl  pas  très  considérable;  i  semblerait  qal 
s'aecrott  de  moment  en  moment  phis,  en  tons  sens.  II 
parait  érident  qu'il  existe  là  une  source  de  bitome  qui 
nourrit  le  feu  souterrain.  {jiustraUan  y  3o  juillel.— ^aalîc 
Joumaly  nf*  i6i,  mai  i8ag,p.  594(1)* 

A  r  exception  de  cette  montagne  yokaniipie  bràkiite,  3 
paraît  qu'il  n'en  existe  pas  d'autre  de  ce  genre  dans  la 
Notu^dk-ffoilande;  au  moins  jusqu'ici  lesTojagenrs  n'ont 
rien  fait  ccmnattre  de  pareil.  Seulement  le  capitaine  Flinders 
a  cru  trouver  quelques  indices  de  la  proximité  d*un  vokui  y 
près  la  rivière  des  Pierre^Ponccs ,  dans  la  Notwelle-^^aOei 
du  Sud.  (  Flinders ,  dté  par  Gillins  ^  11 ,  a^^ — ^^-  )  ^ 


(1)  M.  Wiltoû  de  ParamatU  a  Tinté  plot  récemmcDt  le  Tokaa 
exploré  par  M.  Blackic.  Il  pente  que  cette  montagne  est  en  cooi- 
bustion  depuis  un  temps  immémorial  ;  les  noirs  qui  forment  la 
population  actuelle  'sont  postérieurs  à  son  irruption  ;  il  croit  cm 
outre  que  Tintensité  du  feu  ira  toujours  en  aug^mentant.  La  snpcr- 
ficie  de  la  montagne  sur  laquelle  le  feu  est  aufourd'hui  en  pleine 
activité,  peut  avoir  une  étendue  d'un  acre  et  demi,  4*  ^'^  ^"^ 
yiron.  11  n'y  a  nulle  part  de  cratère  ,  de  lavet,  de  Irachyle  d'aiicaoc 
espèce,  nulle  trace  de  charbon.  Suivant  M.  Wilton,  les  phéno* 
mènes  qu'offre  cette  montagne  n*ont  aucune  similitude  avec  ceui 
des  volcans  ordinaires.  «  Ou  peut  donc  assurer  que  la  montagne 
brûlante  à*j4ustrali«  est  unique  en  son  genre  ;  que  c'est  un  noufH 
exemple  des  jeux  de  la  nature ,  qui ,  dans  cette  contrée  ,  t'aftio» 
chit  des  lois  que  lui  ont  assignées  depuis  les  savants  de  Vandea 
monde,  w  11  y  a  cependant  de  fréquents  tremblements  de  terre 
dans  cette  contrée ,  comme  dans  les  contrées  volcaniques.  On  en 
cite  dans  les  années  1788,  1800,  1804,  1806,  1826,  1837.  Vn 
bruit  épouvantaUe ,  ressemblant  à  Fexplosion  subite  cf  une  mine , 
fut  signalé  dans  le  voisignage,  et  partant  de  la  directioa  de  la 
montagne  brûlante  ,  avant  sa  découverte  en  i8a8.  Cet  demien 
phénomènes  sembleraient  indiquer,  contre  l'opinion  de  M  Wiltoa, 
que  la  cause  qui  produit  l'embrasement  de  cette  montagne  at 
identique  avec  celle  qui  entretient  le  feu  dans  nos  volcans.  (  Asiaiic 
Journal,  janrier  i83o;  et  Bulletin  de  Ut  Société  de  Géographie^ 
1. 13  ^  mars  i83oi  p.  127.  ) 


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(3»i  ) 

Mont^Giurdner ,  Toisin  du  [  o -t  Georges  ,  dans  b  terre  de 
Aî^/5  (  c6ie  méridionale  de  la  Nouveile-IIoUan  e),  pré- 
sente Taspect  d'nn  crne  Tolcanique.  {^Atitis  ctu  Voju^c 
aux  Terres  australes ,  pi.  vi^  %.  i.  ) 

ArMpel  du  Smimi-EspnL 

Cook  et  Forster  ont  reconnu  deux  volcans  dans  le  groupe 
que  Bougainville  uonuna  les  i\om'elles-C^cladesy  et  Cook  les 
jyoïwelieS'Héùndes,  Voici  ce  qu  on  sait  sur  ces»  derniers  : 

1"  Tanna  (  dans  Tile  de  ce  nom.  )  —  11  est  situé  sur  la 
partie  S.-E.  ,  à  la  fin  d'une  série  de  petites  collines  ,  der- 
r  ère  lesquelles  s'étend  une  chaîne  de  montagnes  deux  fois 
an  moins  aussi  hautes^  Le  sommet,  qui  a  la  forme  d'un 
cône  tronqué  ,  est  entièrement  dépourru  de  ▼égétation.  Il 
a  '43o  pieds  dVlévation  ,  et  se  trouve  à  deux  lieues  en- 
viron du  rivage.  En  août  1 774-9  Cook  fut  témoin  d'une  érup- 
tion 5  le  volcan  lançait  des  flammes ,  des  cendres  et  des 
pierres  d'une  grosseur  an  moins  égale  au  corps  de  k 
grande  chaloupe  du  l>âtiment.  Forster  et  ^parmann  es- 
sayèrent en  v«iin  de  pénétrer  jusqu'à  cette  montagne  igtti- 
vôme.  (Forster,  Foyag.  ,  ii ,  p.  212.  )  En  avril  179^, 
d'Entrecasteaux  ,  envoyé  à  la  recherche  de  La  Feyronse, 
aperçut  une  immense  colonne  de  fumée  sortir  de  ce  vo.can. 
(  La  Billardière,  11,  180.  ) 

2®  Ambrym  ,  à  Test  de  la  grande  tle  du  Saint-Esprit. 
—  Son  volcan  lançait  impétueusement  des  colonnes  d'une 
fumée  blancliâtre ,  lorsque  Forster  le  vit ,  et  les  habiUmts 
lui  assurèrent  qu'il  en  sortait  aussi  du  feu.  Le  rivage  de 
MaUicoUoy  vis-à-vis  le  volcan,  était  couvert  de  ponce. 
(Cook,  2«  Foyage,  m  ,  p.  241.  — Forster,  f^oyage,  iij 
p.  180.) 

Archipel  dt  Smntà^Cm. 

Jle  rokâ^o^  frè9  AMkt^hif^  décoitf Me  f«r  MemUna. 

4t 


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(3aa) 
*—  Son  cône,  déponmi  de  végétation  ,  lançait  du  fea  et  to 
pierres  tout  autour.  (  Bumey,  n,p.  149)-  Carteret,eii 
1767  ,  a  TU  de  la  Tapeur  s'élcTcr  de  rintérienr  de  TAe,  et 
Wilson  y  en  1797  y  des  flammes  sortir  de  la  montagne  co- 
nique ,  dont  il  estimait  TéléTation  à  200  pieds.  L'en 
de  ces  flammes  était  périodique  ^  elles  duraient 
une  minute ,  et  se  renouTelaient  au  bout  de  dix.  (^  Buroej, 
Discoif,  in  the  South  Sea ,  11,  176.  )  Pendant  le  séjour  de 
JEntrecasteaux  y  en  1793  ^  tout  était  tranquille.  (  La  B2- 
lardière ,  11  ^  a58.  ) 

Archipel  de  Sahmom» 

Parmi  les  îles  de  cet  archipel ,  Sesarga  près  Guadalr 
canoTy  renferme  un  Tolcan  d'où  Mendana  a  tu  sortir  con- 
tinuellement des  Tapeurs  et  de  b  fumée.  (  Bumey,  1  j  280.  ) 
Ce  Tolcan  n'a  point  été  retrouTé  ;  d'Entrecasteaux  pense 
qu'il  faut  le  chercher  au  nord  du  déiroit  Indisptnsabie  et 
de  Guadakanar;  mais  Bumej  croit  «Tec  qudque  raison 
que  c  est  la  montagne  nommée  par  Shortland  Jtfoit/ Lojw- 
mas,  sur  la  pointe  S.  O.  de  Guadalcanar,  non  loin  da 
cap  ffenslow. 

NottpellfSrt/agMe  t  om  Nam^eUe^AugMerre, 

On  compte  plusieurs  Tolcans  dans  cet  ardupel  : 
i<*  Volcan  à  Ventrée  du  canal  de  Saint-Gcorçes  et  sur 
la  riTC  £.  Dampier  Ta  tu  et  dessiné  (^o^.,  1729}  ni  y 
ao8  )  5  il  (umait  beaucoup  ^  était  élcTé  y  et  son  sommet  se 
terminait  en  pointe  aiguè.  Latk.  5^  la'  E.  ;  longit.  Grew. 
i5a^  £.  Cest  Traisemblabkment  le  même  que  celui  qoî 
a  été  aperçu  par  Carteret  y  et  dont  il  a  fixé  plus  exactement 
la  position  Tis-à-TÎs  File  de  Mon  y  un  peu  à  Test  du  cap 
PaiUser.  (  HaMfkesffiorihy  ly  586.)  Le 4ïapîtaîne  Hnnier  T a 


a«  Yolcan  de  k  partît  orioit^e  1  non  km  da  esp 


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(323) 
Gioster.  Dampior  Fa  va  en  avril  1700.  (^  Foy. ,  m  ,  218.  ) 
Des  flammes  sortaient  de  son  sommet  avec  un  bruit  sem- 
blable à  celui  du  tonnerre  ,  avec  des  intermittences  d'âne 
demi-minute.  Lors  d'une  des  plus  grandes  émptions,  une 
flamme  large  et  liante  de  vingt  à  trente  yards  sortit  ac-^ 
compagnée  d'un  fort  mugissement ,  et  on  vit  alors  fré» 
quemmeni  des  torrents  de  feu  couler  le  long  dn  flanc  de 
la  montagne  jusqu'à  son  pied  ;  pent-étreméme  atteignaient* 
ils  le  bord  de  la  mer.  Pendant  le  jour  j  une  épaisse  fumée 
s'élevait  au-dessus  de  ces  coulées.  Latit.  5^  a5'  S.  ^  longit. 
Grevr.  ilfi^  10'  £.  (  Rossel.  )  Tasman  a  vu  aussi  ce  volcan. 
(  Valentyn ,  m ,  356.  ) 

Z^  D'Entrecasteaux  aperçut,  le  219  juin  1793,  Téruption 
d*un  volcan  situé  dans  une  petite  île  de  cet  archipel ,  par 
5°  3a'  20''  S.  de  latitude  et  i48°  6'  E.  de  longitude. 
D^épaisses  colonnes  de  fumée  sortaient  périodiquement  de 
son  sommet  j  et  Taprès-midi  on  aperçut  une  coulée  de 
lave  sortir  de  son  flanc  et  se  rendre  jusqu'à  la  mer ,  dont, 
les  eaux  se  soulevèrent  aussitôt  et  formèrent  des  masses 
de  vapeurs  blanches  et  brillantes.  Pendant  l'éruption ,  la 
fumée  s'élevait  beaucoup  au-dessus  des  nuages.  (  La 
Billardière ,  Foy. ,  i ,  285.  ) 

fioupeUe-Guinie, 

Le  nombre  des  volcans  de  cet  archipel  n*est  pas  bien 
connu. 

1°  Volcan  sur  la  côte  septentrionale.  Latit.  4**  52'  S.  ; 
longit.  Grew.  i45''  16  1/2  £.  Décrit  par  Dampier.  11 
est  situé  à  deux  milles  du  rivage.  Son  sommet  est  extrême- 
ment pointu.   (  Voy.  y  m ,  223.  ) 

2<'  Volcan  situé  à  12  milles  de  la  terre  ferme ,  au  milieu 
de  cinq  îles  plus  petites.  Latit.  3°  55'  S.  5  longit.  Grevr. 
i44^i6'£.  Vu  d'abord,  ainsi  qne  le  précédent;  parSchouten 
et  Le  Maire ,  et  ensuite  par  Dampier. 


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(  3»4  ) 

3<»  Ces  navigateurs  ont  encore  aperçu  deux  antpes  fies 
lançant  de  ta  fumée  ;  mais  ils  n  ont  pas  dëtermiaé  lenr 
position  ,  et  josqu  à  présent  on  ne  les  a  point  retroorées. 

4**  Dampier  dit  (m,  225),  qne  ,  le  17  avril  1700, 
trois  jours  après  aroir  quitté  Ttle  de  Schouten  et  de  la 
Proi'.iknce ,  il  a  vu  sur  la  terre  ferme  une  très  hante 
menUgne,  du  sommet  de  laquelle  s'élevaient  de  grau.?ei 
masses  de  fumée.  L'apr^midi ,  il  appercnt  Ffle  dn  hù 
Guillaume.  Ce  voloan  ne  peut  donc  être  qne  sur  la  poialt 
extrême  occidentale  de  la  \ouifeUe»Guinée.  I^atit.  1**  5o'  S.j 
Ion  411.  Grew.  129®  20'  E.  Il  na  été  observé  ni  par 
Forie^t ,  ni  par  (rFntrecasteaux.  (  liCopokl  de  Bncfa,  Mém, 
sur  la  AcU.  des  Phénom.  ifolcaniquts^) 

Archipel  des  Marianmes. 

m 

11  paraît  qne ,  sur  les  quinze  ou  seize  îles  on  flots  doot 
se  compose  cet  arcliipel ,  il  j  en  a  un  bon  nombre  qui  sont 
de  nature  volcanique  ;  Cliamisso  dit  même  que  toute  cette 
chaîne  est  de  cette  nature  p.  77  ;  ;  mais  on  est  loin  d'avoir 
des  données  positives  sur  les  volcans  eux-mêmes  Dans  le 
Vo^  (îge  de  La  Peyi^use ,  on  trouve  indiqués  neuf  volcans  en 
activiti'  habituelle  dans  autant  d'îles  on  Ilots  ,  tels  qne  :  Xik 
du  Folcan  Saxnt-Franroisy  Saint- Antoine ^  Saint^-Denisy  File 
simplement  distinguée  sons  le  nom  du  Folcan  y  X île  du 
Grand- Folcan  y  Folcano  ,  ï  Assomption  et  une  lie  %aas 
nom. 

Le  volcan  de  V  Assomption  est  le  seul  bien  connu.  La 
PejTOuse  dit  que  celte  île  a  trois  milles  de  circonférence , 
1 .00  pieds  d'élévation  ,  et  qne  T imagination  la  plus  %ive  ne 
pourrait  se  représenter  rien  de  plus  eOrayantqne  son  sspttt. 
Le  volcan ,  lorsqu'il  le  vit ,  était  un  cAne  parfait  qni , 
jusqu'à  200  pieds  au-dessus  de  la  mer  ,  paraissait  tout- 
à-fait  noir.  L'odeur  stdfurense  qu'il  répandait  jusqu'à  b 
distance   d'un  demi-mille  en  mer  ne  permettait  pas  de 


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(3a5) 
doQter  <le  son  actÎTité  y  et  la  coulée  de  lave  que  Ton 
voyait  sur  les  flancs  parai^t  n'être  sortie  qne   depuis 
peu  de  temps.  (  La  Peyrouse ,   Foyages ,  ii ,  p.   346.  ) 

Ile  des  Amis, 

Elles  sont  toutes  très  basses ,  ayant  seulement  quelque» 
centaines  de  pieds  d'élévation  ,  probablement  moins  da 
mille.  Ordinaire  cite  trois  volcans  dans  cette  arcbipel. 
Suivant  M.  Leopold  de  Bnch ,  il  n  y  a  qu  un  seul  volcan  en 
activité,  Tofua  ou  Tafoua;  il  s'élève  jusqu'à  3ooo  pieds.  Les 
Casuatina  croissent  jusque  sûr  son  sommet.  11  paraît  être 
en  éruption  continuelle  y  car  ,  toutes  les  fois  qu  on  Fa 
observé  j  il  était  constamment  agité  ,  et  lorsque  Bligb  visita 
Fîle ,  une  coulée  de  lave,  s'étendant  du  pied  de  la  mon- 
tagne jusqu'à  la  mer^  avait  dévasté  d'une  n^anière  ef&ayante 
ane  grande  étendue  de  terrain.  (  Voyages j  ^792,  p.  167.) 
Le  capitaine  Edwards  a  trouvé  aussi  le  volcan  en  pleine 
ëruptiou  j  la  ponce  qui  couvre  les  rivages  de  Tongatebu 
et  ^ Anamoka  prouve  qu'il  est  de  nature  tracby tique. 
Ije  même  capitaine  a  remarqué  y  en  1791  >  à  l'extrémité 
nord  de  ce  groupe  y  et  sur  l'île  la  plus  septentrionsde, 
Gardner^s  Isiand  y  des  traces  d'une  éruption  très  récente  $ 
de  la  fumée  s'élevait  encore  tout  autour.  Cette  île  avait 
déjà  été  aperçue  en  1 781 ,  par  Maurelle  y  qui  lui  avait  donné 
le  notn  d'Amargura,  {  Knusenstem ,  ifydrogr.y  p.  iSg.  ) 

I/es  de  la  Société, 

Elles  paraissent  être  basaltiques  et  contenir  des  vc4cmi6 
étemts.  M.  Léopold  de  Bucli  dk  qa'cAes  présentent  des 
éruptions  partielles ,  sans  aucun  autre  détail.  (  Mén.  sur 
ia  nature  des  JPhénomènes  volcaniques  y  etc.  ) 


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(3i6) 


Sporades  Austrmies. 

Malte-Brun  a  donne  ce  nom  à  une  diatne  d'îles  i 
au  S.-O.  et  au  S.-E.  de  \  Archipel  de  la  Sodeie'.  Ce  géo- 
graphe dit  que  Vile  de  Parues  ,  qui  est  la  dernière  de 
ce  groupe ,  est  aride  et  yolcanique.  (  Précis  de  la  Géogr. 
universelky  4?  P*  4iO'  ) 

lies  Marf mises. 

Ces  fies  sont  basaltiques ,  mais  ne  contiennent  pas  de 
volcans  en  activité. 

Iles  Sandwich* 

Tout  le  groupe  des  Sandwich  est .  volcanique.  L*lb 
itOwhyée ,  ou  dLO\\*(uhi ,  ou  SHaviHu  ,  est  la  plus  grande 
et  la  plus  élevée  de  toutes  les  lies  de  la  mer  du  Sud , 
d'après  Gauss  (  Zimmermeon  y  Australien  y  l ,  34?  )•  £Be 
contient  216  ijio^  milles  géographiques  de  sor&ce^  et 
est  par  conséquent  cinq  fois  plus  grande  que  Ténériffe* 
Cest  un  massif  fendillé  de  laves  ;  renfermant  des  cra- 
tères nombreux  9  d'une  très-grande  dimension  ,  et  presque 
tons  éteints.  Tous  les  anciens  volcans  sont  très  élevés  au- 
dessus  de  la  mer.  Le  Mowna-Boa ,  une  des  plus  hantes 
montagnes  de  Tîle  ,  a  13,693  pieds  ,  d'après  M.  Homer. 
Cette  élévation  est  bien  plus  considérable  que  celle  dn 
Pic  de  Ténériffhy  et  on  trouverait  difficilement,  sur  toute k 
snr&ce  des  mers,  une  île  qui  présentât  une  montagne 
aussi  élevée.  Mowna-Koah ,  autre  volcan  <éteint ,  a  ,  seloa 
Kotsebuc,  i3;8oo  pieds.  On  ne  compte  plus  que  troè 
volcans  acti6 ,  savoir  : 

Le  Kuararai ,  dont  le  cratère  k  4oo  pieds  de  pro- 
fondeur ,  et  un  mille  de  circonférence. 

Le  Kiranea ,  dont  le  cratère  fimie  toujours  et  fonne 


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(  3a7  ) 
maintenant  un  immense  bas-fonds ,  dans  nn  pays  életé , 
au  pied  du  MownùrBoa.  L'on  j  descend  par  deux 
terrasses  formées  par  des  afiEiissements  de  la  montagne, 
n  y  a  60  petits  cratères  dans  le  fond  :  des  laves,  des 
scories  ,  forment  son  entourage  5  il  y  a  des  bancs  de 
soufire  et  des  précipices.  Le  cbevalier  Steward ,  qui  Ta 
▼isité  j  descendit  dans  le  véritable  fond  du  cratère  ;  qui 
a  dix-sept  cents  pieds  de  profondeur.  Les  laves  y  sont 
encore  cbaudes.  Il  a  inondé  le  pays  avec  scsjaves. 

Enfin  un  granc^  volcan.  {  Mowna^lVororay  ?  )  ^  qui  est 
à  5^0  milles  dans  T intérieur  de  File  ,  dont  le  cratère  a 
mille  pieds  de  profondeur ,  et  est  élevé  de  huit  à  dix 
mille  pieds  au-dessus  de  la  mer.  Il  exhale  de  T  acide  sul- 
fureux et  de  r  acide  hydrochlorique.  Il  a  eu  une  petite 
éruption  le  11  décembre  i8a4.  U  s'y  trouve  du  verre 
volcanique  capillaire  ,  que  le  vent  emporte  à  vingt  milles  j 
et  des  vapeurs  sortant  des  fentes  des  laves  j  depuis  le 
cratère  jusqu'à  i5  ou  20  milles  de  distance.  Il  y  a 
beaucoup  de  sou&e  4^ns  le  cratère. 

Suivant  Chamisso  y  presque  tontes  les  autres  îles  du 
groupe  contiennent  des  cratères  et  de  grandes  coulées 
de  lave  ,  ce  qui  est  confirmé  par  les  dessins  de  Van- 
couver, n  paraît  que  les  plus  petites  îles  sont  basaltiques. 

(Kotzeb. ,  Bidscy  m,  i4^.  —  Vancouver,  Voy.y  m. 

—  American  Joum,  of  Scienc. ,  vol.  xi ,  n°  i ,  p.  i  y 
juin  1826.  —  Extrait  de  l'ouvrage  intitulé  :  Journal  dun 
^^^c  autour  d'ffawài,  par  Ellis.  —  Americ.  Joum, 
<f  Scienc.  ,  vol.  xi ,  n®  2  ,  p.  Sôa  ,  octobre  1826.  — 
Herthuy  2«  année  ,  vol.  vi ,  2*cah.,  2«  partie,  p.  ii6- 

—  Butteiin  des  Scienc,  natur.  et  de  Géologie  ,  juin  et 
[>.  1826 ,  no»  i4o  et  29  ). 


lUs  du  Marquis  de  Traçersi, 

Ces  flei>  réeemment  découvertes  par  les  navtgateors 


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(328) 
russes,  entre  la  NouiféHe-^'orgie  et  la  terre  de  &wl- 
virichf  renferment  un  volcan  actif.  (  ^monoff,  In  ZacKs 
Comsp.  cuir. ,  v»  37  ). 

KésvmS  oénébal. 

Notnbrô  des  P'olcans  actifs  et  des  SoffaiareSy  dans  ks  cifuj 
parties  du  monde. 


PARTIES 
DU  UONDE. 

SUR  LES 

COHTIKERTS. 

DANS 
LES    ISLES. 

TOTAL.     )i 

i! 

Europe 

Afriqv  e 

Asie.  ••>• 

4 

17 
86 

M 

20 
9 

•     28 

108 

'•   1 

46    i 
108    1 

Amérique 

OcÉATTIQUE    .... 

1          Totaux  .... 

109 

194 

3o3     1 

II  y  a  donc  ,  sauf  quelques  erreurs  inévitables  dans  QB 
tel  recensement ,  3o3  volcans  actuellement  brùIaBls  à  b 
surface  du  globe  y  ou  au  moins  qui  sont  connus  oohob^ 
tels  des  naturalistes  et  des  géographes.  II  y  en  a  saos 
doute  encore  beaucoup  d*  autres  dont  on  ne  soupçonae 
pas  r existence.  Sur  les  3o3  connus  ,  109  sont  silvéssv 
les  continents  ,  et  194  ^^^^  ^^s  îles.  Jai  confondu,  àas^ 
ce  résumé  général ,  les  solfatares  avec  les  volcans  pro- 
prement dits  y  à  cause  de  la  difficulté  de  distinguer  tou- 
jours nettement  ces  deux  genres  de  montagnes  Ton  ^ 


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(Sag) 
r antre.    Peut-être  ai-je  mis  au  rang  des  volcans    actifs 
des  Toleans  éteints  ;  si  f  ai  commis  quelques  erreurs  k 
cet  égard  ;  cek  vient  du  peu  de  renseignements  précis 
que  donnent  les  voyageurs  sur  plusieurs  d'entre  eva. 

On  ne  connaît  pas  le  nondbre  des  volcans  éteints ,  et 
il  sera  assez  difficile  d*en  faire  un  relevé  complet.  Il  serait 
pourtant  curieux  de  posséder  une  pareille  statistique;  ce 
travail  démontrerait ,  d^ûne  manière  péremptoire  y  que  la 
terre  a  été,  à  une  époque  reculée >  embrasée  de  plus 
de  feux  qu'aujourd  faui ,  comme  beaucoup  de  géologues 
Taffirmeat ,  et  comme  tout  concourt  à  le  prouver. 


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(  334) 


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(  335  ) 

CLASSE 

DES  BELLES-LETTRES  ET  ARTS. 

RAPPORT 

Fait  par  A/.  BignoN  ^  Secrétaire  perpétuel  de  la  classe 
des  Belles-Lettres  et  Arts, 

Messieurs  , 

Dans  un  discours  d'entrée  en  exercice  de  la  prési- 
dence ,  pour  cette  année  ,  après  avoir  présenté  sous  l'ap- 
parence d'une  faveur  une  élection  qui  n'était  véritable- 
ment qu^un  appel  à  ses  lumières  ^  M.  le  comte  de 
Murai  a  exposé  combien  l'exigeance  des  fonctions  ad- 
ministratives tend  à  éloigner  des  études  qui  charment 

et  consolent  toutes  les  situations  de  la  vie Mais 

la  privation  de  ces  jouissances  lui  a  paru  compensée 
par  le  plaisir  de  faire  quelque  bien  en  marchant  cons- 
tamment dans  les  voies  de  la  légalité  et  de  la  justice. 
M.  le  préfet  a  aussi  accordé  aux  arts  de  l'esprit  une 
l)onne  part  d'influence  sur  la  paix  publique  ,  sur  les 
mœurs  et  la  prospérité  des  empires  ,  particulièrement 
à  une  époque  signalée  par  cette  marche  toujours 
ascendante  des  sciences  ,  des  lettres  et  des  arts ,  dont  il 
^  félicité  la  Compagnie  d'avoir  suivi  le  mouvement 
4ivec  distinction  ,  surtout  pour  les  spécialités  locales  ; 
et  il  2i  terminé  par  le  vœu  d'une  utile  application  dii 
système  des  localités  ii  une  statistique  élevée  et  comr 
plète  du  département  de  la  Seine-Inférieure.  «  Je  serais 

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<c  heureux ,  a  dit  M.  de  Mural ,  de  pouvoir  j  concoarir 
«t  par  la  communication  de  tous  les  documents  it  ma 
M  disposition.  » 

Nous  mettrons ,  comme  de  coutume  ,  en  pre- 
mière ligne ,  dans  ce  rapport,  les  ouvrages  reçus  d'auteurs 
étrangers  à  FÂcadànie ,  e|  d'abord  Ceux  que  nous  devons 
è  des  habitants  de  cette  ville. 

s  Un  ouvrage  ,  sous  le  titre  de  Lettres  sur  la  ville  it 
Rouen  ,  par  M.  A.  L. ,  a  été  regarda  par  M.  fio/fi» 
comme  un  (iruit  de  longues  recherdies  «  rempli  de  détaik 
curieux  qui  complètent  le  tableau  commence  par  nos 
confrères  MM. .  P.  Periaux  et  Delaquérière  ,  sauf 
le  style  et  la  vérification  des  faits ,  qui  ne  semblent 
pas  tout-à-fait  hors-de  la  critique. 

:=  Une  Notice  sur  la  vie  et  les  tmprages  de  J!m  M. 
Marquisy  par  M.  Carault ,  D.  M.  ,  a  rappelé  à  la 
Compagnie  tout  ce  qu'elle  a  penlu  d'amabilité  et  de 
savoir  dans  la  personne  de  cet  esâmable  collaborateur. 
Ce  troisième  monument  de  ce  genre  suppose  ,  par  loi 
seul ,  un  mérite  bien  reconnu  dans  celui  qui  en  est 
l'objet ,  et ,  d'après  le  rapport  de  M.  Pouchet^  la  notice 
est  écrite  de  manière  à  se  faire  encore  lire  avec  beau- 
coup d'intérêt  après  celles  qui  l'ont  précédée. 

=  Dans  le  troisième  extrait  des  Etudes  poétiques  de 
de  M.  Ktienne  Thuret ,  M.  Lefillmd  des  Guerrots  a  re- 
connu le  naturel  et  la  grâce  d'une  muse  qui  ,  loin  des 
fantasmagories  romantiques  ,  va  puiser  ses  inspirations 
aux  sources  antiques  ,  dans  les  grands  maîtres  de  k 
lyre ,  qu'il  imite  avec  succès. 

s:  Le  Recueil  de  Poésies  de  M.  Victor  J>e  Coupeur  a 
offert  à  M.  Daputd  matière  à  plusieurs  critiques  smr  les 
tkres  des  pièces  ^  dans  lesquelles  il  n'a  pas  toujoun 
trouvé  les  caractères  spéciaux  de  genre  et  de  localité 


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(337) 
convenables*  Dans  le  style  y  classique  en  général ,  notre 
confrérie  a  remarqué  quelques  nuances  de  romantisme , 
et  dans  le  Cimetière  monumenialj  une  imitation  d^une 
improvisation  sur  le  même  sujet,  dont  il  a  eu  la  mo-  * 
destie  de  ne  pas  nommer  Tauteur  ;  mais  il  a  y  signalé  des 
développements  qui  ont  emporté  son  suffrage. 

=1  M.  Alfred  Dapiel  ,  joignant  à  la  pratique  habi- 
tuelle du  barreau  l'étude  raisonnée  de  Thistoire  ,  qui  lui 
a  mérité  une  palme  dans  cette  Académie  y  a  composé 
sur  la  résistance  passive  un  mémoire  que  son  caractère 
politique  place  hors  des  limites  que  s'est  tracées  la 
G)mpagnie. 

=  L'Ortholégie  de  M.  Grisel ,  méthode  d'enseigne- 
ment en  seize  leçons  pour  la  lecture ,  a  été  soumise  , 
sur  la  demande  de  Fauteur ,  à  l'examen  d'une  commis- 
sion. G>nnaître  les  lettres  ,  apprendre  par  cœur  la  pro- 
nonciation de  syllabes  simples  ;  lire  des  mots  formés 
de  ces  syllabes  ,  puis  des  phrases  formées  de  ces  mots  , 
procéder  constamment  du  simple  au  composé  ,  du 
connu  à  l'inconnu  f  telle  est  la  substance  du  rapport 
de  M.  Fossé  sur  cette  méthode.  «  C'est ,  dit-il ,  la  plus 
«  simple  et  la  mieux  raisonnée  que  je  connaisse.  La 
<»  commission  recommande  donc  le  système  de  M.  Grisel 
»  comme  un  travail  utile  ,  hérissé  jusqu'à  ce  jour  de 
«  difficultés  vaincues  avec  autant  de  bonheur  que  de 
«  persévérance.  » 

£5  L'Académie  a  reçu  de  M.  Baudouin ,  de  Paris , 
un  ouvrage  tout  en  faveur  de  la  méthode  Jacotot; 

De  M.  Adrien  de  Balbi,  patricien  de  Venise  ,  un 
tableau  statistique  ayant  pour  titre  :  le  Monde  comparé 
à  Vempire  Britannique  ;  c'est  un  extrait  de  la  Reçue  des 
deux  Mondes ,  exécuté  avec  un  soin  qui  répond  h  l'im- 
portance de  la  matière  ; 

43 


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(  538  ) 

De  M.  Frédéric  Galleron ,  de  Falaise  ,  une  tragédie 
de  CamUle,  qui^  suivant  le  rapport  de  M.  Fosse,  aurait, 
\  plusieurs  égards ,  besoin  d'être  revue  par  Fauteur  ; 

De  M.  Edmond  du  Petit-Bois ,  deux  pièces  de  vers 
{Promenade  poétique  et  MoH  du  prince  Gilles  de  Bretagne)^ 
qui ,  malgré  les  dispositions  de  l'auteur  ,  ont  paru  ï 
Mv  des  Guerrots  sorties  un  peu  trop  tôt  du  porte-feuille. 

Membres  correspondants. 

i=:  M.  le  colonel  Toustain  de  Richebourg,  dojen 
d'âge  de  nos  correspondants ,  a  adressé  une  petite  bro- 
chure intitulée  :  Sincère  Ai^is^  où  l'écrivain,  comme  de 
coutume,  lie  étroitement  la  morale  à  la  politique. 

=  M.  Boucbarlat,  dans  son  édition  nouvelle  de 
J.-B.  Rousseau,  avec  les  notes  de  Le  Brun  et  de  Fontaoes, 
a  prouvé  par  ses  propres  observations  qu'il  restait  béas- 
coup  h  dire  après  ces  deux  célèbres  critiques  ;  peut-être 
resterait-il  encore  h  dire  même  après  lui* 

\ 

— '  Sa  pièce  de  vers  intitulée  :  la  Vierge  de  CorinAe^ 
imitation  de  Goë'te ,  peut  figurer  avec  avantage  parmi 
beaucoup  de  ses  autres  poésies. 

^  Si  les  Pensées  en  vers  (  deux  voK  ) ,  de  M.  C-L. 
MoUevault ,  ne  peuvent  être  un  modèle  de  poésie ,  à 
raison  de  la  matière ,  ce  sera  toujours  un  recueil  de 
morale  qu'on  lira  avec  autant  de  fruit  que  d'intérêt. 

=  Le  Festin  d'Alexandre  ,  traduction  en  vers  libres  de 
l'ode  de  Dryden  »  destinée  à  la  célébration  de  la  fête  de 
sainte  Cécile ,  par  M.  Spencer  Smith  ,  est  un  morceau 
précieux  avec  la  poésie  de  M.  Albert  Montemont,  et 
qui  doit  produire  un  grand  eŒet  avec  une  bonne  mu- 
sique. 


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(339  ) 
=  Trois  Œuvres  ^e  M.  J.  Berger  de  Xivrej  om 
été  mis  à  i'examea  d'une  commission  dont  M.  LicquH 
a  fait  le  rapport.  M.  le  rapporteur  ne  s'est  point  ar-» 
rétë  à  la  traduction  en  prose  de  la  Buirachomyomachie  ^  ni 
i  sa  littëralitë ,  que  Tauteur  regarde  comme  le  premier 
mérite  d*ui^  traduction  d'Homère  ;  n^ais  il  a  félicité 
M.  Berger  d'avoir  ajouté  aux  noms  propres  ,  dans  le 
texte ,  leur  signification  en  français ,  au  lieu  de  la  rejeter 
^ans  des  notes. 

~  Le  Traité  de  la  prononciation  fr€C<iue  moderne ,  étant 
composé  d'une  foule  de  détails ,  ainsi  que  l'analyse , 
nous  nous  bornerons  h  dire ,  sur  là  première  partie ,  avec 
M.  le  rapporteur ,  que  le  C  se  prononce  comme  notre 
y f  l'ii  comme  f ,  le  (  cpmme  le  th  anglais,  Ai  comme  e^ 
de  manière  que  l'on  prononce  sti^e  pour  (nCai  |  quoique 
l'ancienne  écriture  soit  conservée.  Sur  l'accent ,  l'auteur 
pense  qu^un  grec  moderne  ne  reconnaîtrait  pas  le  mot 
X^or,  si  l'on  transformait  l'accent  aigu  de  la  première 
syllabe  en  accent  grave  sur  la  seconde  ;  M.  Licquet 
ajoute  que  l'auteur  avait  des  exeniples  encore  plus 
sensibles  dans  les  mots  comppsés ,  comme  6siroj(^of, 
*X^^^^^y^^  »  6^c.,  qui  ont  à  la  fois  le  sens  actif  et  le 
passif  par  la  transposition  de  l'accent.  Quant  à  l'utilité 
de  Touvrage ,  M.  Licquet  n.e  balance  pas  ïn  la  recon- 
naître» et  elle  est  sans  contredit,  si  toutefois  la  bar- 
barie n'a  pas  prescrit  sans  retour  la  terre  classique 
des  lettres  et  des  arts  de  la  vieille  Europe. 

—  Le  troisième  ouvrage  de  M.  Berger  de  Xivrey, 
Recherches  sur  les  sources  antiques,  de  la  LiHéraiure  française  ^ 
qui  a  ouvert  à  l'auteur  les  portes  de  TAcadémie  de  Hox»- 
loiise,  a  déjà  obtenu  U  publicité  méritée  par  son  impor- 
lance.  Nous  nous  bornerons  donc  h  quelques  remar- 
ques t  que  nous  réunirons  ,  dans  l'intérêt  de  M.  Berger. 

43. 


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(Ho) 

a  i«  Nous  ne  savons  ,  dit  M.  Lkqoet ,  si  ranteor  n'a 
«  pas  trop  génëralisé ,  en  disant  qu'à   l'exception  des 
«  idiomes  primitifs  conservés   en  partie  dans  le  pays 
«  basque  et  dans  la  Basse-Bretagne  ,  la  langue  latine , 
«  introduite  dans  les  Gaules ,  devint  celle  de  toute  la 
«  société.  En  effet  ^  dit  M.  Licquet ,  six  cente  ans  après 
u  Foccupation  de  la  Gaule  par  les  romains  ,  le  grec  y 
«  était  assez  répandu;  Gontran  ,  frère  du  roi  Chilpénc, 
«  fut   harangué  à  Orléans ,   en  585 ,   en   hébreu ,  en 
«  arabe  ,  en  grec  et  en  latin.  Le  grec  était  encore  parié 
«  dans  la  ville  d'Arles  à  la  même  époque.  —  2*»  Peul- 
«  être  »  dit  ailleurs  M.  Licquet ,  ne  voudrions-nous  pas 
«  affirmer  avec  l'auteur  que  Cochin  faisait  sciemment 
«  l'application  de  tel  précepte  du  de  oratore  dans  tel  pas- 
«  sage  d'un  de  ses  plaidoyers.  Peut-être  encore  ne  som- 
«  mes-nous  pas  bien  convaincus  que  Bossuet  ait  youlo 
«  calquer  l'exorde  de  son  oraison  pour  la  reine  d'Angle- 

«  terre  sur   celui   du  plaidoyer  pro  Archia  poeta 

«  En  rendant  hommage  à  l'érudition  de  M.  Berger, 
n  nous  nous  sommes  demandé  si  son  enthousiasme 
«  ne  l'avait  pas  entraîné  au  delà  du  but  ;  nous  œ 
«  sommes  donc  pas  bien  certains  que  Pascal  dans  ses 
«  Proifînciales ,  Balzac  dans  son  ArisUppe ,  Boileau  dans 
w  son  ÎAUrUi  ,  ayent  sciemment  imité  le  Protugoms , 
«  YEutyphron  et  la  Batrachomyomachie.  —  S»*  M  Ber» 
«  ger  ne  trouve  aucune  notion  du  grec  en  France 
«  avant  le  douzième  siècle.  Nous  croyons ,  dit  M.  Lic- 
«  quet ,  qu'il  y  a  eu  ici  erreur  ;  toujours  est-il  que  saint 
«  Ouen  défend  aux  rouennais  du  septième  siècle  la 
«  lecture  de  Pythagore,  de  Socrate ,  de  Platon ,  SArisâok^ 
«  à' Homère  jusqu'h  Démosthènes^  et  l'histoire  littéraire 
«  ne  nous  montre  pas  les  traductions  latines  de  tons  ces 
«  ouvrages.  Au  douzième  siècle»  saint  Bernard  lisùt 
«  Aristote.  Au  commencement  du  treiaième ,  le  Pape 


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(  34i  )  ' 
«  écrivit  aux  ëvêques  de  France  et  de  runivcrsilé  de 
«  Paris  ,  pour  inviter  les  latins  h  Fdlude  du  grec ,  etc. 
«  Au  reste  ,  conclut  M.  le  rapporteur ,  quelques  légères 
«  taches  se  rencontrent  dans  cet  ouvrage  ;  mais  peu 
<c  de  personnes  ,  h  noire  avis ,  j  auraient  commis  moin^ 
«  d'erreurs.  >» 

:=  La  publication  du  seul  Manuscrit  complet  et  sonnu 
des  Fables  de  Phèdre ,  avec  Thistoire  critique  de  ce  raon 
nument  précieux ,  est  encore  un  grand  service  rendu  à 
la  littérature  par  M.  Berger  de  Xivrey  ,  et  l'exemplaire 
qui  décore  notre  bibliothèque  associe  plus  particuliè- 
rement la  Compagnie  h  la  reconnaissance  publique  en- 
vers l'éditeur,  qu'elle  peui  s'honorer  d'avoir  associé 
cette  année  à  ses  travaux ,  lorsqu'il  a  si  bien  payé  son 
agrégation  d'une  part  comptant  de  l'honneur  qu'il  se 
fait  lui-même   par  ses  utiles  composition^. 

^  L^  Histoire  des  sciences  et  de  la  civilisation  dans  le  pays 
Messin ,  depuis  les  gaulois  jusqu'à  nos  jours ,  par 
M.  E.-B.  Bëgin  ,  a  fourni  ,  dans  un  rapport ,  à  M.  Der 
ville  ,  matière  au  doute ,  à  la  critique  et  à  l'éloge. 

M.  Deville  a  trouvé  dans  cet  ouvrage  tous  les  élé- 
ments de  l'histoire  annoncée  ;  mais  il  lui  paraît  difficile 
de  vérifier ,  sans  documents  locaux  »  une  foule  immense 
de  faits  et  leur  rapport  avec  les  noms  propres  accu- 
mulés dans  un  volume  de  600  pages. 

M.  Bégin  ,  dans  un  passage ,  regarde  comme  le  plus 
ancien  ouvrage  français  l'Histoire  des  ducs  de  Normandie, 
publiée  en  1160,  sans  doute  le  Roman  de  Rou  ^  et  cer 
pendant ,  dans  un  autre  passage  ,  il  réclame  une  priorité 
de  quinze  ans  pour  un  poème  d'un  certain  Gantier 
de  Metz  ;  mais  les  vers  qu'il  en  cite  appartiennent  évi- 
demment, suivant  M.  Deville  ,  à  une  époque  posté- 
rieure de  deux  ou  trois  siècles*  M.  Deville  trouve  encore 
un  anachronisme  plus  fort  dans  l'importation  à  Metz, 


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(340 

au  treiziètne  siècle ,  du  fer-blanc,  du  salpétret  du  poivre , 
^  ttc.  M.  Bégin  prétend  que  les  ravages  des  Normands 

ruinèrent  une  partie  du  royaume  de  Charle»-le-Gros , 
depuis  781  jusqu'en  789  ,  et  Cbarles*le-Gros  r^pia 
depuis  884  jusqu'en  887.  «  U  me  serait  plus  facile  , 
«r  mais  en  même  temps  infiniment  plus  loog ,  conclut 
«  M.  le  rapporteur  f  de  citer  les  passages  où  l^^uteur 
«  fait  preuve  d^uiie  érudition  sûre  et  d^une  critique 
V  saine ,  etc.  » 

s»  Le  mén^e  rapporteur,  chargé  de  rendre  compte  des 
quatre  pren^ières  livraisons  de  V Iconographie  myAol»' 
gifie  >e$  monumentale  que  rAcadémie  tient  de  la  muni- 
ficence  de  M.  Benoît  Pécheux ,  a  jugé  que  cette  im- 
mense collection  ,  qui  doit  contenir  trois  cent  quatre 
planches,  se  recommande  par  sa  belle  exécution ,  par 
un  trait  pur  et  facile,  par  un  heureux  choii(  des  sujets, 
bien  appropriés  au  but  de  Tauteur  en  &veur  des  artistes 
et  des  décorateurs. 

«  Us  y  trouveront  réuni  tout  ce  qu*il  faudrait  chercher 
«  dans  un  grand  nçmbre  d'oi(vrages,  tous  d'an  prix 
«  fort  élevé  et  en  général  fort  rares.  »  Si  M.  Pécheox 
annonçait  moins  de  modestie  ,  M.  Deville  aurait  pu 
reprocher  quelques  anachronismcs  sous  le  rapport  du 
costume  ;  par  exemple  :  un  casque  h  visière  à  l'époque 
de  Charlemagne  ;  mais  ,  lorsquHI  s'agit  particulière* 
ment  de  modèles  de  décorations  et  d*ornements,  il  a 
îugé  trop  légères  quelques  fautes  qui  ne  sont  pas  rares 
dans  des  ouvrages  qui  s'annoncent  avec  plus  de  pré- 
tention que  celui  de  M.  Pécheux,  et  qui  sont  soirrent 
loin  d'en  avoir  le  mérite. 

ss  C'est  avec  ces  mêmes  sentiments  de  considâratîon 
et  d'estime  que  nous  devons  pubHer  l'offrande ,  par  M. 
Etienne  Gois,  sculpteur,  de  plusieurs  exemplaires  de 
quatre  dessins  représentant  :  I0  SkUue  équestre  d'Hemi  H  • 


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(  543) 
vue  de  proGl  ^  de  trois-qiiarts  et  de  face  ^  avec  deux  më- 
daillons  sur  l'entrée  du  boa  Roi  dans  Paris  ;  une  Extase 
de    St'Etienne  ,  YJpoMose  du  saint  ,  et  le  Mausolée  du 
duc  de  Beny. 

=  L'Académie  doit  à  M.  l'abbé  La  Bouderie  une 

brochure  sur  les  Ordres  religieujo ,   composée  d'extraits 

de  V Encyclopédie  moderne; 

A  M.  Rifaud,  une  notice  sur  les  objets  d*antî<ptàés 

par  lui   recueillis  en  Egypte  ,   en   Nubie   et  contrées 

voisines  ,  avec   un  prospectus   d'un   ouvrage    qu'il   se 

propose  d'en  publier; 

A    M.   le    comte  Blanchard  de   la  Musse  ,    quatre 

fûèces    manuscrites  de  vers  ^   dont  suivent  les  titres  : 
Voyage  de  S,  M»  ^    en  1838  ,  dans  les   départements  dû 

VElst;  Apologue  sur  le  mime  sujet  ;  On  vous  connaît  ^  beau 
masque  ;  Hommage  à  la  mémoire  de  Af  •  le  comte  Daru,  Par 
exception  à  la  règle  suivie  pour  nos  membres  corres- 
pondants! sur  la  demande  très  instante  de  l'auteur,  et 
en  considération  de  ce  que  c'est  ici  un  de  nos  confrères 
qui  jette  des  fleurs  sur  la  tombe  d'un  autre  ,  dont  nous 
déplorons  la  perte  avec  tout  le  monde  littéraire ,  qui 
sut  apprécier  ses  talents ,  la  quatrième  pièce  sera  im-* 
primée  à  la  suite  du  Précis.  C'est  l'expression  des 
regrets  d'un  ami  ,  une  guirlande  funèbre  que  l'Aca- 
démie accepte  dans  ses  annales  ,  avec  une  véritable 
sympathie ,  comme  un  témoignage  de  sa  propre  douleur  ; 
et  certes  ,  le  multis  Ule  bonis  du  lyrique  latin ,  souvent 
profané  par  la  flatterie ,  ne  peut  être  plus  justement 
appliqué  qu'à  l'él^ant  interprète  de  ses  œuvres. 

ss  M.  Pinel ,  du  Havre  ,  dans  une  de  nos  séances , 
a  fait  sourire  la  malice  par  la  lecture  d'une  petite 
pièce  de  vers  où  il  peint  en  style  délicat  et  dé- 
cent la  rechute  d'un  vieillard   converti  dans  le  piège 


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(  344  ) 
tendu    par   l'amour  ,    qui   rit    de    la   £aicilité  de  mo 

triomphe. 

«  Maïs  ,  adieo  !  jVnlcnds  là  Uftstit 

«  Qui  te  rappelle  à  petit  broit... . 

«  Elle  re?ient  quand  je  tous    laÎMc , 

«  Si  je  parais,  elle  s'enfuit. 

=  Une  traduction  en  vers  de  Juvenal ,  par  M.  Barré 
de  Jalais ,  a  été  adressée  trop  tard  pour  que  T Acadé- 
mie ait  pu  entendre  le  rapport  qui  doit  en  être  (ait 

=±  Un  ouvj-agé  en  deux  volumes  ,  sur  Vinstntctum  des 
sourds  "muets  de  naissance^  par  M.  Degerando  ,  a  été 
renvoyé  à  M.  Domesnil.  Dans  une  analyse  consdeB- 
cieuse  ^  M.  Dumesnil  a  fait  connaître  la  cause  ,  k 
but  ,  le  plan  et  les  principes  de  cet  important  travail  ^ 
résultat  précieux  d'une  longue  habitude  des  médita- 
tions abstraites ,  et  aussi  distingué  par  Tenchalnement 
et  la  profondeur  des  idées ,  que  par  le  généreux  épan- 
themcnt  des  sentiments  philantropiques  dont  toutes  les 
pages  sont  palpitantes. 

M.  Dumesnil  n'a  pas  la  prétention  ,  dit-il ,  de  mul- 
tiplier les  éloges  pour  un  métaphysicien  dont  la  ré- 
putation est  européenne  ,  encore  moins  de  hasarder  une 
critique  fêtant  presque  étranger  aux  études  métaphysiques. 
Mais  il  demande ,  avec  une  modestie  qu'il  regarde  ici 
surtout  comme  un  devoir  rigoureux  et  qui  est  véritable- 
ment dans  son  caractère ,  la  permission  de  présenter 
quelques  réflexions  sur  deux  opinions  de  l'auteur. 
Laissons  donc  parler  M.  le  rapporteur  lui-même. 

«  M.  Degerando  pose  en  principe  ,  non  pas  que  les 
hommes  ont  institué  la  langue  primitive  ,  ce  qu'il 
paraît  même  assez  disposé  h  rejeter  ,  mais  qu'il  leur 
eût  été  possible  de  l'instituer.  U  cite  l'argument  de 
Rousseau  qui  s'exprime  ainsi  :  Le  tangage  n^auraà  ^ 


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(345) 

itrt  institué  que  par  une  suite  de  conçentiens;  or^  comment 
établir  des  conçentions ,  si  l'on  ne  possède  déjà  un  langage 
pour  communiquer  et  s'entendre  F  Ce  raisonnement,  qui 
me  paraît  à  moi  sans  réplique,  n'est,  aux  yeux  de 
Tauteur,  qu*ua  paralogisme  ;  et  il  croit  le  réfuter  vic- 
torieusement en  lui  opposant  le  phénomène  des  sourds- 
muets  réunis  entr'eux ,  instituant  un  langage  de  signes , 
un  vrai  langage  conventionnel.  Cette  réfutation  ne  me 
paraît  pas  satisfaisante  :  lorsque  les  sourds-muets  se 
trouvent  réunis  ,  et  qu^ils  instituent  un  langage  de  signes , 
ils  ne  sont  point  dans  Tétat  où  se  seraient  trouvés  le 
premier  homme  et  la  première  femme ,  si  Dieu ,  après 
les  avoir  créés  ,  ne  leur  eût  révélé  une  langue.  Depuis 
le  moment  de  leur  naissance ,  ils  ont  été  en  commu- 
nication avec  leurs  parents  et  avec  d'autres  hommes , 
qui ,  ayant  reçu  ,  par  le  moyen  de  la  parole  ,  l'héritage 
de  la  raison  humaine ,  comme  M.  Degerando  s'exprime 
lui-même  ,  ont  pu ,  par  leurs  actions,  par  leurs  signes, 
développer  ,  quoique  d'une  manière  bien  imparfaite  , 
^intelligence  de  Tenfant  sourd-muet.  Adam  et  sa  com- 
pagne auraient ,  au  contraire  ,  été  obligés  de  créer  leurs 
premièresHdées.  Y  seraient-ils  jamais  parvenus  .^Auraient- 
ils  jamais  eu  autre  chose  que  de  simples  perceptions? 
Plusieurs  métaphysiciens  vous  répondront  négativement 
sans  balancer.  Us  vous  diront  que  nous  ne  pensons  qu'à 
l'aide  des  signes  de  nos  idées  ;  que ,  par  conséquent , 
privés  d'une  langue  qui  est  la  réunion  de  ces  signes , 
ils  n'auraient  jamais  pensé,  quoique  la  faculté  de  penser 
existât  en  eux.  Je  ne  serai  point  assez  hardi  pour 
trancher  la  question  d'une  manière  si  absolue  ;  mais 
il  me  semble  qu'il  ne  me  sera  pas  impossible  de 
prouver,  parles  aveux  mêmes  de  M.  Degerando,  qu'au 
moins  l'exercice  de  leur  intelligence  aurait  été  fort  im- 
parfait. Il  dit ,  en  eflet ,  que  les  langues  sont  le  seul  moyen 
de  mettre  de  tordre  dans  nos  idées  ,  et  que  l'ardre  est  la 

44 


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(  346) 
tumièrt  de  tinielUgence.  Il  reconnaît  encore  que  les  àmgmi 
sont  des  moyens  de  génératisadon  et  de  classification ,  des 
insÉruments  d'analyse  et  de  synthèse.  Il  me  semble,  dès- 
lors  ,  que  ,  diaprés  M.  Degerdndo ,  les  deux  premiers 
êtres  humains  privés  d'une  langue  n^auraient  pu  avoir 
qu^un  cercle  dUdëes  bien  borné ,  bien  confus.  Comment, 
dans  cet  état ,  auraient-il  pu  instituer  une  langue  ?  Si 
cela  ne  leur  eût  pas  été  absolument  impossible ,  combien 
de  temps  ne  leur  eût-il  pas  fallu  pour  l'instituer  ?  Jusqu"^ 
ce  qu^ils  y  fussent  parvenus ,  n^auraient-ils  pas  été  pres- 
que  réduits  h  Tétat    de  pur  idiotisme  ?  Il  me   paraît 
donc  évident  que  Dieu  a  révélé  une  langue  h  nos  pre- 
miers parents,  ce  qu^au  reste  Fauteur  ne  nie  pas,  et 
fort  probable  qu'ils  n'auraient  jamais  pu  en  instituer  une. 
«  La  seconde  question  sur  laquelle  je  ne  puis  adopter 
les  idées  de  M.  Degerando ,  est  relative  à  Tétat  moral 
du  sourd-muet    avant  Tinstruction.  Il  prétend  que  le 
sentiment  moral  existe  déjh  chez  lui  ;  qu'il  ne  conçoit 
pas  les  préceptes  de  morale  dans  leur  généralité ,  mais 
qu'ï  l'occasion  d'actions  particulières  et  déterminées, 
il  éprouve  l'approbation  ou  la  désapprobation  intérieure, 
glus  ou   moins  obscure    ou   confuse.   Ici   il    est  im-* 
portant  d'établir  une  distinction.  Je  crois  bien  que  le 
sourd-muet ,  qui ,  avant  l'instruction  proprement  dite , 
a  déjà  reçu  de  ses  parents  et  des  autres  hommes  avec 
lesquels  il  a  vécu ,  un  certain  degré  d^instruction ,  peut 
avoir  quelque   idée   du  bien  et  du  mal.  Mais  l'auteur 
me    semble    donner    à  entendre   que  l'homme  trouve 
dans  sa  conscience  la  règle  du  bien  et  du  mal  ;  et  c'est 
là  ce  quHl  m'est  impossible  d'admettre.  La  conscience 
est    cette  faculté  de  Tame   par  laquelle  ,    la  règle  et 
bien  et  du  mal  étant  connue ,  nous  distinguons  l'un  de 
l'autre.  La  règle  infaillible  du  bien  et  du  mal  n'existe 
pas  dans  Thomme  ;  elle  n'existe  qu'en  Dieu.  Le  bien, 
c^est  ce  qui  est  conforme  aux  volontés  de  l'être  in- 


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(  3*7  ) 
fiaiment  parfait  r  1^  m^  %  ce  qui  leur  esjt  coAtraire. 
Or ,  comoieat  l'homn\e  aurait-il  connu  de  lui-même 
les  volonti^s  divines?  La  morale  résulte  donc  des  pré- 
ceptes ,  et  Dieu  seul  a  pu  être  Fauteur  des  préceptes. 
Cette  vérité  n'a  pas  été  inconnue  des  anciens ,  même 
dans  le  paganisme.  Cicéron  aflirmait  que  la  m^orale  , 
et  les  lois  civiles  qui  en  dérivent  ,  ont  une  origine 
divine  ;  et  en  cela  il  oe  faisait  que  suivre  Fancienne 
tradition ,  qui  enseigiwût  que  les  dieux  avaient  conversa 
avec  les  premiers  hommes  ^  qu'ils  leur  avaient  donné 
des  préceptes  et  des  lois.  Ici  »  Messieurs  ^  la  vérité 
vous  apparaît  dans  tout  son  jour  à  travers  le  nuage 
transparent  interposé  par  le  polythéisme ,  qui  attribuait 
à  de  fausses  divinités  ce  qui  ,  d'après  la  tradition  pri- 
mitive consignée  dans  nos  livres  saints  y  a  été  réelle- 
ment opéré  par  le  vrai  Dieu.  » 

:^  M.  Arthur  Beugnot  «  dont  toutes  les  publications 
tendent  plus  ou  moins  directement  au  but  précieux  de 
Futilité  générale ,  a  fait  hommage  cPune  brochure  sur 
ks  inconoéments  dès  Banques  de  prêts  sur  gages.  M.  Le- 
pasquier,  rapporteur,  a  trouvé  les  inconvénients  fiort 
graves,  et  établis  par  une  suite  die  raisoimeménts  tris 
bien  enchaînés ,  formant  une  théorie  dTautant  pfus  in* 
téressante  que  c'est  le  premier  ouvrage  publié  en  France 
sur  ce  genre  d'établissements.  Mais ,  malgré  toute  la 
eonsîdéraÉioa  qu'il  aiaie  à  professer  pooR  ks  talents, 
dis^ngués  de  l'ai^ur,  il  aiiraîl  désiré  qve  la  ihéork 
eût  étë^accompagnéed'onf  série  dé  rtfsQltals  qfânériifiieiL 
tirés  des  opérattoqs  des  maisons  de  prêts  ,  arec  Fiadirr 
cation  des  moyens  capables  de  i^mener  à  sa  destina- 
tion priipitive  de  bienfai^Qce  une  institution,  que 
ViudiÔérenjCe  administrative  a  rendue  si  dangereuse 
pour  les  mœurs ,  et  la  cupidité  si  ruineuse  pour  ceux 
même  qui  sont  le  prétexte  de  la  charité. 

44- 


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(34«) 

=  Une  voie  de  oommunication  littérttre  d^aii  grand 
intérêt  vient  de  nous  être  ouverte  avec  l'ancîeime  Scan* 
dinavie.  M.  (e  docteur  Rafn ,  secrétaire  de  la  Sociélë 
royale  des  Antiquaires  du  Nord  ,  a  transmis  de  Copen- 
hague à  TAcadémie  des  documents  de  plus  d^un  genre 
sur  les  antiquités  des  contrées  boréales  «  qui  peuvent 
mettre ,  par  correspondance ,  la  Nprn^andie  à  portée  de 
remonter  à  ses  anciens  titres  de  famille  ,  et  qui  prouvent 
que  le  génie  de  la  civilisation  rallumait  son  flambeaii 
9U  milieu  des  glaces  du  Nord^  quand  tout  paraissait 
avoir  pour  but  principal  de  Téteindr^  sous  le  plus 
doux  ciel  de  TEurope. 

M.  A.  Le  Prévost  a  déchiffré  tous  ces  documents 
diatns  un  rapport  qui  lui-même  est  un  excellent  ou- 
vrage ,  par  les  développemec^ts  qu^il  contient  et  par 
la  traduction  que  notre  confrère  a  eu  te  courage  de 
faire  de$  monuments  historiques  que  l'activité  de  son 
zèle  a  su  lui  procurer.  (  Imprimé  à  la  suite.  ) 

En  terminant  cet  article  des  membres  correspoo- 
dants,  c^est  un  devoir  et  un  besoin  pour  la  Com- 
pagnie d'adresser  Thommage  de  sa  reconnaissance  aux 
Académies  et  autres  Sociétés  dont  elle  a  reçu  les  pré- 
cieuses communications  (i). 

Membres  R£sinAirts. 

s  M.  Langiois  «  qui ,  Tan  dernier ,  traça  la  notice  des 
talents  divers  et  des  vertus  sociales  de  feu  M.  Marquis , 
a  fiiit  cette  année  revivre  son  image  dans  un  portrait 
lithographie. 

"  =  Le  Code  de  la  chasse ,  de  M.  Houel^  a  ol&rt  à  M. 
'Adam  un  excellent  choix  de  tout  ce  que  la  jurispru- 
dence a  pu  fournir  ;  bonne  distribution  de  tout  ce  qu'il 

(i)  Voir»  4  la  fin  da  f«lame ,  U  Liste,  «▼€€  les  noms  des  iiffoitM». 


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(349) 
y  a  de  valablement  utile,  rien  de  trop,  style  ptip^ 
expression  propre  ,  un  petit  livre  ;  et ,  dit  M.  Adam  ^ 
c'est  là  son   mérite. 

^  M.  A,  I^e  PreQ^  a  prodiiit  un  lUcueît  dj^  (ficlques. 
Manun^nt^  du  dëpartemeat  de  TiiSure  ,  extrait  de  la 
Société  des  antiquaires  de  la  Normandie  ,  et  un  mém 
moire  sur  Iq  ch4ssê  de  &  Thaurin ,  fk  Effreux.  Ce  xiiémoire 
paraît  avoir  reipis  eq  évidence  la  châsse  du  saint ,  oubliée 
daqs  relise  qui  pqrte  son  nom,  M.  Deville  en  a  si-? 
gnaié  toqt  ce  qqi  peut  être  aMthentique  sur  la  vie  de 
S.  Thaurin,  dragée  de  ses  faits  et  gestes  énumérés  dan% 
le  recueil  fabuleux  des  l^endaires  ;  et,  après  avoir  exposé 
sommairement  la  description  du  reliquaire  «  exécuté 
en  ia55  par  Tabbé  Gillebert  de  St^artin,  il  en  a  pris 
occasion  de  certifier  Texbtence  dans  notre  ^lise  prin- 
cipale d^un  monument  de  ce  genre  à  peu  près  de 
même  date  ,  peu  inférieur,  sous  le  rapport  de  Part ,  au 
précédent,  que  Ton  -croyait  unique  en  Normandie ^ 
mais  qui  l'emporte  de  beaucoup  par  la  célébrité  ;  c'est 
la  châsse  primitive  de  S.  Romain ,  que  tous  les  his- 
toriens regardent  comme  brisée  en  i56s  par  les  cal-^ 
rinistes ,  et  que ,  d^une  autre  part,  on  croyait  détruite 
par  le  vandalisme  de  1793.  Un  examen  approfondi  de 
MM.  DêQiUe  et  Ltmglois  a  réfuté  toutes  ces  erreurs , 
et  constaté  l'identité  de  cette  châsse  avec  Tancienne* 

«  Des  recherches  ultérieures  m*ont  convaincu ,  dit 
«  M.  Deville  ,  que  c'est  le  même  reliquaire  qui  a 
«  échappé  à  la  fureur  des  calvinistes  en  i56a.  A 
«  dâaut  de  preuves  hbtoriques,  le  style  seul  suffirait 
«  pour  la  faire  remonter  au  i4*  siècle ,  et  même  an 
«  lî*.  » 

s=  M.  Tabbé  Gossier  a  présenté  des  considérations 
morales  contre  la  distribution  des  jetons  dans  les 
SociAés  savantes  et  autres,  «  C'est  faire  injure ,  dit-il  ^ 


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(35o) 
(T  ^  la  nature  de  l-homme  ,  que  Ton  d^ade  et  ca» 
««  lomnie  partout  où  on  l'attire  au  devoir  par  un  autre 
«r  motif  que  l'honneur,  »  Et,  après  uqe  longue  sûtede 
raisonnements  tendants  tous  a  prouver  que  llionnear 
peut  être ,  3i  quelques  exceptions  près ,  le  seul  moUle 
de  toutes  les  actions  humaines  bien  dirigë^es  ,  M.  Gosôer 
fait  l'application  de  sa  théorie  à  rhomme  dans  b 
plupart  des  situations  importantes  de  la  vie ,  sans  ea 
excepter  le  beau  sexe  ;  et  «  ce  serait  une  erreur  de 
u  croire  que  le  sentiment  dlionneur  est  de  trop  haut 
<f  lieu ,  pour  ne  pas  se  communiquer ,  même  aux  classes 
«  les  moins  élevées*  «t 

=:  Dans  une  diss43rtation  sur  les  propriétés  mosicales 
de  la  langue  anglaise  «  le  même  M.  Gossier  a  cherché 
à  établir ,  sous  ce  rapport ,  la  supériorité  de  cette  langue 
sur  U  nôtre  «  d'abord  par  la  consUtution  monosyllabique 
des  mots  an^is  ,  qui  donne  au  vers  une  mao^e 
turellemeut  sautillante  ;  en  second  lieu ,  par  les 
vénients  de  notre  e  muet  pour  le  compositeur  de  musiqnet 
U  a  poursuivi  cet  e  jjusque  dans  la  facture  du  vers  » 
OiUf  jpuant  le  rôle  d'hermaphrodite ,  dit-il,  il  est  tantôt 
inuet  f  tantôt  parlant^^  Une  syllabe  de  plus  au  moyea 
de  Ve  qu'on  appelle  muet ,  dans  nos  vers  féminins» 
n'offre  à  M.  Gossier,  dans  la  marche  de  la  poésie 
française ,  que  l'allurê  d'm^  baàeux..*^—  Pour  iaire  dis- 
fiaraître  tant  de  bîïdrreries,  notre  confrère  propose 
donc  d'éliaiiaer  le  son.  de  Ve  muet  „  non  seulement  de 
U  finale  du  vers  ,,  mais  même  du  corps  entier  des 
alcxai«dri«3  ,  ^  R^c  la  se  trouveraient  souvent  réduits 
à  la  mesuve  anglaise  de  dix  syllabes  ,  avec  tout  Tagré-^ 
ment  de  la  variété  dans  le  placement  des  césures. 

=s  A  la  suite  d-un  rapport  sur  la  bvocfamti  de  M« 
Baudouin  ,,  cooi:ernant  la.  méthode  Jacotot ,  M.  I^  < 
développé ,.  dans  ua  i|iénu>ice  d'une  gp^nde  éiendoet 


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(35i) 
»oa  opinion  particulière  sur  cette  mëthode.  D^abord 
il  a  expose  tous  les  motifs  de  {^opposition  qu^elle  ren^- 
contre  ,  et  quHi  voit ,  en  partie  ,  dans  l^originalitë  des 
axiomes  et  du  style  du  réformateur,  dans  les  fausses 
interprétations  de  sa  manière  d'instruire  ,  qu^on  a 
voulu  pratiquer  sans  l'approfondir  ;  dans  les  préjugés 
ordinaires  contre  tes  améliorations ,  toujours  combattues 
par  Fintérét  de  la  routine  et  par  de  vaines  modifia 
cations  ,  calculées  pour  retarder  Tinstruction  publique , 
sous  le  prétexte  de  l'avancer.  M.  Lévy  explique  ensuite 
le  fonds  de  la  théorie  et  de  la  pratique  du  maître  dans 
les  applications  les  plus  ordinaires  et  les  plus  utiles  : 
il  fait  voir  que  la  marche  du  système  qui  fait  tant 
de  bruit  n'est  que  la  simple  analyse  adaptée  h  l'étude 
des  langues  et  aux  arts  d'imitation  ,  les  seules  appli-> 
cations  dont  la  méthode  Jacotot  lui  paraisse  suscep- 
tible. Quant  aux  axiomes,  qui  mènent  au  ridicule  et 
à  l'absurde  ,  M.  Lévy  les  abandonne  h  la  critique  , 
s'ils  peuvent  en  valoir  la  peine  ;  et  il  se  renferme  dans 
un  éclectisme  qui  paraît  trés-raisonnable ,  de  ce  qu^:  la 
doctrine ,  qui  n'est  véritablement  guère  nouvelle  que 
dans  quelques-uns  de  ses  modes ,  offre  d'avantageux 
dans  la  pratique  bien  entendue. 

=3  Dans  l'examen  d'un  ouvrage  sur  l'industrie  na- 
"tionale ,  M.  HelHs  a  présenté  des  considérations  tendant 
toutes  a  substituer  cette  noble  émulation  qui  éveilte 
le  génie ,  à  cette  orgueilleuse  confiance  qui  ne  sert  qn'è 
l'endormir.  Il  trouve  inexactitude  et  prévention  dans 
la  comparaison  de  Tépoque  industrielle  où  nous  vivons , 
avec  le  grand  siècle  de  Louis  XIV  ;  il  ne  voit  dans 
l'industrie  qu'un  accroissement  de  richesses  et  des  com- 
modités de  la  vie  ,  mais  sans  illustration.  Carthagé 
et  Venise  furent  célèbres  plutôt  qu'illustres.  Le  temps 
a  enseveli  l'industrie  d'Athènes  5  et  Homère  se  présente 


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(  35a  ) 
encore  a  nous  avec  toute  sa  majesté  ,  sans  aucune 
idée  de  l'industrie.  L'industrie  française  paraît  à  M. 
Hellis  9  en  bien  des  points ,  au-de^us  de  celle  des 
autres  nations  ;  et  il  en  atteste  le  système  prohibitif 
de  nos  douanes  ,  la  finesse  des  métiers  et  des  tissus 
tirés  de  l'étranger ,  l'empressement  de  nos  dames  à 
se  disputer  la  dépouille  abandonnée  d'un  turc  ou  d*iin 
persan.  Malgré  les  savantes  théories  et  les  expériences 
de  nos  agriculteurs  au  sein  des  grandes  villes ,  notre 
agriculture  lui  semble  laisser  encore  beaucoup  à  désirer 
pour  être  au  pair  de  celle  de  nos  voisins  ;  et  nos 
machines  h  vapeur  l'effraient  par  les  désastres  quVUes 
causent  dans  des  mains  encore  inexpérimentées.  Toute- 
fois ,  M.  Hellis  reconnaît  avec  plaisir  quelques  amélio- 
rations dans  plus  d'un  genre.Cest  l'exagération  des  éloges 
qu'il  improuve ,  et  non  le  sentiment  patriotique  qui 
les  a  dictés,   et  qu'il  partage. 

Ces  réflexions  sur  l'industrie  conduisent  Tauteur 
au  projet  du  monument  à  élever,  par  souscription, 
dans  nos  murs,  h  Pierre  Corneille.  Un  journal  de 
Paris  avait  dit ,  dans  l'annonce  de  la  souscriptioo , 
que  rien  ne  rappelle  à  Rouen  le  souvenir  de  Pierre 
Corneille  ,  et  que  la  Société  d'Emulation  avait  pris, 
à  cet  égard  ,  une  honorable  initiative.  M  Hellis  re- 
pousse d'abord  ce  reproche  d'indifférence  générale  ^  par 
les  monuments  que  l'on  voit  au  Théâtre ,  au  Musée  « 
à  l'Hôtel-de-Ville ,  dans  les  édifices  publics  et  parti- 
culiers, jusqu'à  la  façade  de  la  mabon  qui  fut  k 
berceau  du  grand  homme.  En  second  lieu ,  quant  à  ce 
qui  pourrait  ici  insinuer  une  accusation  dHndifEi^«ace 
contre  l'Académie  ,  M.  Hellis  oppose  le  vote  d'une 
statue  h  l'honneur  de  Pierre  Corneille  ,  par  l'Académie . 
et  il  ses  frais ,  en  178^  -,  et  le  beau  tableau  qu'elle  vient 
de  faire  exécuter  par  M.  Court ,  et  qui  a  fait  naître 
ridée  de*la  souscription  actuelle  ,  h  laquelle  TAcadémie 


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(  353) 
ctolriboe  encore  pour  une  somme  égale  h  celle  de  Ifk 
Société  qui  iigure  honorabiemeot  dans  Tenlreprise*  Au 
|ur|yliis ,  sans  disputer  aucunement  Tinitiative  de  la 
souscription  ,  «  sHl  peut  y  avoir  ici  quelque  appareq(;e 
«  de  rivalité ,  conclut  M.  HelUs  ,  étant  toute  h  la  gloire 
«  du^and  homme ,  elle  prouve  encore  que  les  Bpu^nnais 
V  sont  loin  de  mériter  le  reproche  d'iad^fiférence ,  et 
«  surtout  TAcadémie,  » 

=  M.  Duputel  a  aussi  présenté  des  notes  qui  tendent 
i  établir  la  même  vérité  par  des  faits  ég^lemeAl  '\J^ 
contestables,     . 

s  M.  B(Min  ^  fait  au  Bef&pi  de  Rouen  une  visite  utile 
à  rhistoire ,  par  la  notice  qu'il  a  donnée  de  ce  monu- 
ment. D'abord,  sur  Tinscription  placée  au  bas  de  Tesca-* 
lier,  au  lieu  de  Bel/enges  écuyer^  suivant  Pommeraye , 
il  a  lu  seulement  Belleygues;  au  lieu  de  Lemier^  Leroux;  au 
Heu  de  i387,  époque  du  commencement  de  la  bjiti^se 
suivant  Fauteur  des  JLetires  sur  Rouen  ,  1.389.  D'un  ^utre 
côté ,  ce  dernier  présun^e  ,  avec  M.  Periaux ,  que  la 
cloche  actuelle  du  beffroi  serait  Tancienne  RemhoL  Mais  , 
suivant  Pommçraye  ,  la   Rembul  fut  confisquée  par  \e 
Roi,  en  iSgo,  a  cause  d'une  émeute  populaire  do^t 
elle  avait  été  rinstrument  «  et  M.  fialiin  conclut  du 
fait  de  la  confiscation  que  la  Rembol  ne  pouvait  âtre  dans 
le  beffroi  à  peine  commencé.  En  outre  ,  la  cloche  con- 
-iisqnée  fut  donnée  par  le  Roi ,  dit  Pommeraye ,  aux 
panoetiers  de  la  cour  ;.et  ceux-ci  n'ont  pas  dû  renoncer 
à  an  don  royal.  11  est  vrai  que  les  Rouennais  réclamèrent 
auprès  du  Roi  ;  mais  on  ne  trouve  aucune  trace  d^s 
^âuites  de  leur  réclan^ation.  Un  suppose  que  les  panne- 
tiers  l'auront  revendue,  qu'elle  aura  été  tratisférée  du 
lieu  appelé  Massficre  ,   où   elle  était  d'abord  t  dans  le 
bellrpi  actuel ,  ot  qu'elle  aura  porté  le  nom  de  cloche 


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(  8S4  ) 
d^argeUt ,  c6mme  ayant  été  payée  en  cette  monnaie. 
Mais  rien  de  tout  cela  ne  peut  établir  que  la  cloche 
actuelle  sotl  Tancienne  Rembol ,  car  Tinscription  lue  par 
M*  Ballin  porte  le  nom  de  Rouuei.  La  RemboidL  donc  dis- 
paru ;  autrement  ce  serait  un  faux  nom  qu'on  lui  aurait 
donné.  Après  tous  ces  arguments ,  notre  confrère  aban* 
donne  sagement  toutes  les  questions  sur  la  cloche ,  aioi 
conjecturcurs ,  trop  communs  en  fait  d'histoire. 

s:  L'Histoire  du  Château  -  GeMard  ^  par  M.  Be^iUe , 
^st  un  beau  monumeqt  élevé  b  la  gloire  des  lettres  et 
des  arts ,  et  qui  a  trouvé  dans  M.  A*  Le  Preoosi  un 
rapporteur  capable  d'en  apprécier  tout  le  mérite.  Il 
serait  difficile  d'ajoutée  aux  éloges  quHl  en  fait ,  et  notre 
analyse  lui  ferait  un  tort  qu'il  a  craint  lui-même  de  faire  « 
par  l'analyse ,  h  l'ouvrage.  Laissons  lui  la  parole. 

«  Il  y  a  un  trop  grarld  nombre  d'ouvrages  qui  sont 
facilement  dominés  par  la  critique  ;  il  y  en  a  d'autres 
qui  la  dominent.  Voltaire  dit  quelque  part  que  s'il 
était  obligé  de  composer  un  commentaire  sur  Racine) 
il  ne  trouverait  d'antre  moyen  de  s'en  tirer  que  d'écrire 
au  bas  de  chaque  page  :  beau  ,  harmonieux  ,  admiraUel 
Vous  m'avez  placé  h  peu  près  dans  la  même  situation  « 
c*n  me  chargeant  de  vous  rendre  compte  du  magni- 
fique volume  dont  notre  confrère  vous  a  fait  hommage* 
C'est  un  travail  si  heureusement  conçu ,  si  habilement 
et  si  consciencieusement  exécuté ,  entouré  de  tant  de 
charme  et  de  séductions ,  que  la  plume  d'un  ami  surtout 
se  refuse  h  le  décomposer  pour  ne  nous  en  offrir  qu'ooe 
aride  analyse.  Aussi  aimons-nous  mieux  nous  borner 
i  vous  peindre  quelques-unes  des  impressions  que  sa 
lecture  a  fait  naître  en  nous ,  que  de  vous  présenter^ 
soit  des  lambeaux  morcelés  ,  soit  un  squelette  décharné 
d'une  si  savante  et  si  brillante  composition. 

«  Notre  confrère  Ta  dit  arec  raison  ,  Messieurs  i  il  J 


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(  355  ) 
^  dans  les  annales  de  notre  province  deux  faits  capitaux , 
deux  faits  devant  lesquels  s'inclinent  tous  les  autres  : 
sa  cession  aux  hommes  du  Nord  en  912  ,  son  retour 
au  domaine  des  rois  dje  France  ,  trois  siècles  plus 
tard.  Le  premier  de  ces  événements  est  enveloppé  de 
ténèbres  que  tous  les  efforts  de  la  science  ne  pourront 
jamais  dissiper  ;  le  second ,  intimement  Ké  b  la  capi*- 
tulation  du  Château;  Gaillard  ,  n'était  lui'^méme  que 
bien  imparfaitement  connu  jusqu^à  Tépoque  oi!i  IMF. 
Deville  est  venu  éclairer  ce  monument  du  triple  flambeau 
de  rhistoire,  de  Tarchéologie  et  des  arts.  Pour  con- 
cevoir toute  ^importance  deis  souvenirs  attachés  à  la 
prise  du  Château-Gaillard  ,  ce  n'est  pas  assez  de  se 
rappeler  cçt  antique  boulevard  de  la  Normandie  étalant 
ses  pittoresques  débris^  au  milieu  de  Tun  des  paysages 
les  plus  gracieux  que  puisse  offrir  le  bassin  d'un  grand 
fleuve  ;  ce  n'est  pas  assez  de  se  représenter  les  plus 
braves  guerriers  des  deux  armées  épuisant  II  l'envi^ 
dans  la  lutte  terrible  qui  s'établit  sous  ^es  remparts, 
tous  les  exploits  de  la  vaillance  chevaleresque  du 
moyen  âge  ,  toutes  les  ressources  d'une  tactique  per- 
fectionnée sous  les  murs  de  Bysaff^ce  et  de  Saint- 
Jean-d'Acre  ,  il  faut  encore  se  dire  que  ,  sans  la  prise 
de  cette  forteresse ,  l'Angleterre  restait  colonie  nor- 
mande et  la  France  risquait  fort  de  le  devenir. 

Et  ce  point  de.  vue  politique  ,  que  M.  Le  Prévost 
a  fait  surgir  d'une  observation  de  M.  Deville ,  il  cherche 
à  l'établir  par  la  souverai^aeté  presque  nominale  des 
rois  de  France  ,  k  cette  époque  ,  par  la  supériorité 
d'étendue  ,  par  l'industrie  et  la  soumission  des  pro- 
vinces appartenant  à.  nos  ducs ,  et  par  le  grand  avan- 
tage pour  eux  ,  d'avoir ,  au  besoin  ,  une  retraite  tou- 
jours ouverte  au-delà  des  mers..«.. ,  d'où  il  résulte  , 
suivant  M.  Le  Prévost,  que  tôt  ou  tard  l'Angleterre 
jurait  consommé,  une  conquête  qu'auraient  bien   pu 

45..    . 


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(356) 
faire ,  au  i5«  siècle ,  mais  jamab  maintcn  r ,  les  sacce^ 
seurs  de  Richard ,  devenus  purement  anglais* 

Après  cette  digression  ,  revenant  à  Tauteur  :  «  Oa 
éprouve  le  besoin ,  dit  M.  Le  Prévost ,  de  savoir  par  quel 
concours  de  soins  habiles  et  de  circonstances  heureuses 
le  roi  de  France  panript  sitôt  ^  planter,  à  son  tour^ 
Tétendart  des  lys  sur  ces  murs  orgueilleux  »  qui  auraient 
pu  braver ,  pendant  plusieurs  siècles  t  les  armes  de  ses 
successeurs  ,  de  connaître  tous  les  faits  d'armes  qu'ils 
ont  vu  s'accompHr  pendant  quatre  siècles  ,  les  royales 
captives  qui  ont  gémi  sous  leurs  voûtes,  les  souveraim 
qui  les  ont  visités ,  de  se  rendre  compte  des  événements 
qui  ont  couché  sur  l'herbe  des  coqstruclions  aussi 
durables  q^e  les  ouvrages  de  la  nature  ,  des  souvenirs 
qu'on  peut  ratUcber  à  chacun  de  leurs  débris ,  des 
impressions  qu'ils  éveillent  dans  Iç  cœur  de  l'artiste 
et  du  poète.  Eh  bien ,  Messieurs  !  toutes  ces  questions 
de  la  génération  la  plus  inquisitive  qui  ait  jamais  existé  « 
JM,  Deville  y  a  repondu.  Tout  ce  qu'on  peut  apprendre 
sur  le  Château-Gaillard ,  en  fouillant  dans  la  poudre 
des  archives  et  des  bibliothèques  ;  tout  ce  qu'un  examen 
attentif  en  peut  faire  voir  sur  place  ;  tout  ce  qu'il 
peut  fournir  d'inspirations  à  une  ame  rêveuse  et  tendre , 
vous  le  trouverez  dans  son  livre  ,  exprimé  tantôt  avec 
ta  plume  de  Tétrivain  i  tantôt  avec  le  crayon  du  litho- 
graphe ,  tantôt  avec  la  pointe  du  graveur.  Jamais  on 
n'a ,  même  en  Angleterre ,  fait  si  complètement ,  si 
consciencieusement  fait  le  tour  d'un  monument.  On 
serait  tenté  de  croire  que  cinq  ou  six  personnes  au 
moins  ont  concouru  à  l'exécution  de  cet  ouvra^;  Il 
seiî^it  facile  de  vous  les  signaler  toutes  >  et  le  vieux 
bénédictin  qui  avait  lentement  amassé  les  matériaux  i 
et  rfaistorien  judicieux  qui  les  a  habilement  disposai 
et  l'archéologue  du  lo'  siècle  qui  a  su  cttscuter  les 
ipoipdres  débris  avec  une  sagacité  qui  n^avait  pas  été 


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(  357  ) 
accordée  aux  Mabillon  et -aux  Monlfaucon  ,  et  l'artiste 
qui  a  reproduit  avec  tant  de  charme  e,t  de  (inesse  , 
non-seulement  des  aspects  enchanteurs  ,  mais  jusqu'à 
de§  cfiarted  et  dfcs  sceaux ,  «t  rhamme  d«  lettres  qui 
a  tëin  étnly^IH  de  son  takm  de  rédaction ,  et  sut  r«aie 
du^el  àûcaHi  «ouVenir  du  raoyeii  lige  ne  saurait  passer 
saris;  en  tirer  des  9oflS  harmonieux.  Noos  n^en  finiriofts 
pas  «i  rtOiis  prétendions  ♦ohs  indiquer  tout  oe  t^u^'il  y 
a  éans  tsettê  magnifique  étude  ;  nous  ne  tous  meus 
pas  encore  parlé  du  fou^u*3Uit  ptéiat  qui  y  jette  aa 
crosse  au  milieu  des  travaux  guerriers  de  Richard ,  et 
qu'il  faut  désintéresser  par  d'immenses  concessions  ; 
mais,  nous  vous  en  avons  prévenus ,  en  commençant  ce 
rapport ,  Messieurs  ,  il  ne  faut  point  chercher  à  analyser 
les  ouvrages  de  M.  Deville  ,  mai^  les  lire  en  entier 
et  le  prier  de  nous  fournir  tous  les  ans  Toccasion  de 
lui  oflOrir  les  mêmes  tributs  (f  éloges  et  de  remerciments* 

=  M.  Fossé  a  rendu  compte  du  tome  i*'  de  VEcho 
poétique  des  Départements ,  en  écartant  d'abord  les  pièces 
composées  par  les  dames  ,  parce  qu'il  a  cru  plus  galant 
de  n'en  point  parler.  Il  à  àUssi  gardé  le  silence  sur 
une  épttre  de  MM.  Barthdéàiy  t*t  IVlé^y ,  publiée  sans 
leur  consentement ,  malgré  son  admiration  pour  leurs 
vers  ,  lorsque  la  muse  romantique  ne  leur  tourne  quà  demi 
la  tête,  M.  Fossé  a  trouvé  une  assez  bonne  élégie 
dans  la  Jeune  Mère  mourante  ;  et ,  dans  les  Ruines, 
du  château  de  Monfort  VAmaury,  une  assez  bizarre  com- 
position d'un  poète  qui ,  avec  du  génie ,  mais  san^ 
goût  et  sans  principe  de  langage ,  prétend  faire  école 
et  s'ériger  inconsidérément  l'Ërostrate  des  siècles  de 
Périclès  ,  d'Auguste  et  de  Louis  xiv.  Ami  de  la  vérité , 
qui  seule  peut  servir,  il  porte  sur  ces  deux  dernières  pièces 
Toeil  scrutateur  d'une  critique  franche ,  rarement  sévère  » 
mais  toujours  fine  et  piquante  par    la  tournure  des^ 


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(  35») 
idëes  et  la  précision  du  style  ;  et  il  a  termine  en  qobs 
rassurant  copire  Tinvasion  de  la  barbarie  littéraire. 

s  l^Ure  à  i'amUié  ;  à  mes  ckers,  Coilègues ,  les  êocr 
ieurs  Godejroy^  Flaubert  et  Burel,  qui  m'ont  prçdigii4  Um 
soins  dans  ma  dernière  maladie.  Tel  est  le  titre  et  la 
dédicace  d'une  pièce  de  ver$  lue  par  M.  le  doctev 
Vigne ,  et  qui  prouve  encore  \Mie  fois  que  Texpressioii 
de  tous  les,  sentinuents  honnêtes  se  trouve  qatureUenieil 
sous  la  plume  de  Tauteur. 

Amitié  ,  qae  tes  lois  , 

Qae  tes  nœads  ont  de  charmes  ! 

Que  d'ennais  et  d'alarmes 

Fait  cesser  h  la  fois 

Le  doQx  son  de  ta  Toix  ! 

Tu  fus  toujours  sensible 
Au  moindre  de  nos  vœux  , 
Et ,  pour  nous  rendre  heureox  ^ 
11  n*est  rien  d*im possible 
A  ton  cœnr  généreux. 

Par  de  ?aines  promesses , 
Par  de  feintes  largesses  , 
Xu  ne  pourrais  trahir.: 
Tes  offres  sont  certaines ,, 
Et  si  tu  nous  enchaînes 
C'est  pour  mieux  noqs  ser?îr« 


Amitié  que  j'implore  , 
Acquitte  mieux  encore 
La  dette  de  mon  cœnr  ; 
Veille  à  leurs  destinées , 
Accorde  à  leurs  années 
La  paix  et  le  bonheur  ! 


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(359) 
^    M.    Delaquériére  a   lu   un    Mémoire  sur  quelques 
mdquités  de  la  ville  de  Rouen  ,  et  sur  le  cuir  doré» 

s  M.  P.  Pimont  a  fait  hommage  d^une  lettre  au- 
tographe de  Fontenelle ,  sous  la  date  de  1 7^9  9  adresser 
i  uo  des  parents  du  donateur. 

=  Â  IVpoque  où  nous  allons  recevoir  dans  notre 
enceinte  la  décoration  d'un  tableau  précieux  h  Thonneur 
de  P.  Corneille ,  exécuté  avec  tant  d*ari  par  un  des 
premiers  peintres  du  siècle  f  notre  compatriote  et  con- 
frère M.  Court  p  M.  Duputel  a  voulu  mettre ,  sous  le 
rapport  de  l'illustre  personnage ,  la  bibliothèque  de  la 
Compagnie  enharmonie  avec  la  salle  des  séances»  En 
conséquence  ,  il  a  fait  hommage  des  œuvres  complètes 
des  deux  Corneilles,  édition  précieuse  et  rare  de  Joly, 
en  19  vol.  in-12.  L'Académie  a  reçu  cette  offrande 
avec  des  témoignages  unanimes  d'une  reconnaissance 
bien  méritée.  Car  c'est  par  cette  voie  de  donation  que 
s'était  formée  la  riche  bibliothèque  qu^elle  a  perdue  ; 
et  l'initiative  de  M.  Duputel^  a  paru  digne  de  la 
mention  la  plus  honorable.  L^ouvrage  qu^il  a  donné 
porte  en  tête  du  1'^  vol.  le  nom  du  donateur ,  avec  la 
date  de  Toflirande. 

=  Un  Essai  sur  ies  Monts-de-Piélé ,  qui  ne  doit  pas 
échapper  aux  méditations  des  administrateurs  écono- 
itiistes  ,  par  M.  Ang.  Lepasquier ,  a  été  destiné  à  l'im- 
pression dans  le  précis  de  cette  année* 

==  Même  destination  a  été  donnée  h  des  Réflexions 
de  M.  Floquet  sur  un  passage  de  M.  Taschereau  ,  dans  son 
histoire  de  la  vie  et  des  ouvrages  de  P.  Corneille; 

A  Bossuet  inspiré  par  les  livres  saints  ,  sorte  de 
dithyrambe  en  prose ,  du  même  auteur  ,  qu'on  pourrait 
dire  inspiré  lui-môme  par  fiossuet  ; 

£t  au  Rapport  de  M.  Aug.  Le  Prévost ,  surles  documents 


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f  36d  ) 
historiques  roças  de  la  Société  royale  ieê  Antiquâres 

du  Nord. 

c  Un  ouvrage  voiumioeux ,  tratvaU  péoible  i'sm 
grand  nonibre  d'années  ,  d'une  utilité  perpétuelle  pour 
l'Académie ,  dont  la  seule  entreprise  a  élé  un  giaad 
acte  de  dévouement,  et  rachèveraent  une  preuve  de 
constance  infatigable  ,  c'est  le  Tableau  hibUographiqÊt 
de  tous  les  Mémoires  de  C Académie  de  Rouen  ,  depuii 
1744  jusqu'en  1829  ,  offert  celle  année  par  notre 
honorable  vétéran  M.  P.  Periaux»  Cette  vaste  com- 
position ,  immense  par  ses  détails  ,  où  les  articles  sont 
r^ulièrement  classés  par  ordre  de  matières  et  de  dates, 
^vec  les  noms  des  auteurs  en  regard  ^  a  été  soîgneuse- 
xnent  revue  avec  l'auteur  ,  par  notre  confrère  M*  Ballin. 

M.  Periaux  ayant  ^dmis  M.  fiallin  au  partage  des 
honorables  remercîments  qu'il  a  reçus  et  bien  méritéi 
de  l'Académie  ,  l'Académie  a  fait  aussi  à  ce  dernier  um 
bppoe  part  dans  les  témoignages  de  sa  reconnaissance. 


Paix  PBOPo^  POiMt  i83i. 

L'Académie  royale  de  Rouen  propose  ^  pour  lé 
concours  de    i83i  ,  le  sujet   suivant: 

«  Hûblir  un  parallèle  entre  louées  les  expé^ons  contre 
Alger  et  celte  qui  nous  en  a  rendus  mmtres.  » 

Le  prix  sera  une  médaille  d'cNr  de  la  valeur  de  3oo  fr. 

Les  auteurs  mettront  en  tôte  de  leur  ouvrage  ont 
devise  ,  répétée  sur  un  billet  cacheté,  dans  lequel  ils 
feront  connaître  leur  nom  et  leur  demeure.  Le  billel 
ne  sera  ouvert  que  dans  le  cas  où  f  ouvrage  aurait 
obtenu  le   prix. 

Les  Académiciens  résidants  sont  exdos  du  concoors. 

Les  ouvrages  seront  adressés  ,  francs  de  port .  à  M. 
N.  BiGNON  ,  Secrétaire  perpétuel  pour  la  Gasse  desBdkf' 
Lettres  p  avant  le  i*'^  juin  i83t  ,   terme  de  rigueur. 


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(36.) 


MÉMOIRES 

i>ONT  l'académie    ▲   BÉJalBÉKi    l'iMPRESSION    Elf 
EXfXIER    DAlfS    SES   ACTES. 


E$3AI 

SOI   fclt 

MONTS-DE-PIÉTÉ; 

Par  HL.  A.  Lepasquieb. 

Sous  l'empire  de  notre  aqcicnne  législation ,  il  nVtait 
point  licite  à  un  capitaliste  de  prêter,  h  ua  intérêt 
modéré ,  une  somme  d'ai^ent  à  Tagriculteur ,  au  cqm- 
inerçant ,  à  Partisan ,  dont  ce  prêt  pouvait  contribuef 
h  développer  l'industrie,  en  lui  procurant  de$  profits 
considérables.  £n  vain  quelques  jurisconsultes  d'un  sens 
droit,  quelques  économistes  éclairés  (i),  avaient-ils,  en 
difTérentcs  occasions ,  élevé  la  voix  pour  justifier  ces 
sortes  de  transactions  ;  elles  demeurèrent  prohibées  jus- 
au" à  Tépoque  de  la  promulgation  de  la  loi  du  5  octobre— 
3  novembre  1789. 

Les  théologiens  ,  les  casuistes  se  fondant  sur  une 
interprétation  peu  réfléchie  de  quelques  passage^  de 
l'Ecriture  ,  condamnaient  aussi ,  en  thèse  générale  ,  le 

(1)  Diciionnaire  des  Science^  f  article  Usure  ^  lomt  17,  page  Sag, 
f  AtioD  de  Neofch^ui*  M^moirt  de  Tiugot ,  présenté  au  cooKii  d*£tat 
«•n  1759, 

46 


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prêt  h  întéFrét  qui  ne  dérivait  point  d'uAe  constitiition 
de  rente.  Us  ne  le  toléraient  qu'autant  qae  le  prêteur 
se  trouvait  placé  ,  par  rabandon  de  son  capital ,  dans 
Fune  des  deux  circonstances  quHIs  indiquaient  ainsi: 
-Lucmm  cessons  ,  damnwn  emergens  (i). 

Et  cependant,  chose  incroyable  peul-étre  si  Ton 
ti^avait  déj^  tant  d'exemples  des  ihconséquences  de  Tes- 
prit  humain  ,  les  uns  et  les  autres  appronvaient,  en 
même  temps  que  le  législateur  en  autorisait  et  en  pro- 
tégeait rétablissement ,  i:es  banques  publiques  de  prêts 
sur  gages  connues  sous  la  dénomination  de  Hl^onts- 
de-Piété ,  qui ,  sans  courir  le  moindre  risque  de  dom- 
mage ,  exigeaient  des  emprunteurs  une  rétribution  qui 
peut  paraître  excès^si^e. 

Recherchons  d'abord  quelle  a  été  Torigine  de  ces 
établissements  ;  nous  examinerons  ensuite  quels  en  peu- 
v<mt  être,  de  nos  jours,  les  avantages  et  les  inconvénients , 
'et  nous  fâcherons  d'indiquer ,  du  moins  en  partie  ,  les 
Modifications  qu'il  paraîtrait  utile  d'y  introduire. 

'l)ans  les  premiers  temps  de  la  république  romaine  « 
l'intérêt  de  l'argent  fut  porté  souvent  à  un  taux  exagéré 
qui  rendait  extrêmement  déplorable  la  condition  des 
emprunteurs  (à).  Vainement  chercha-t-on ,  en  plusieurs 
circonstances  ,  &  le  modérer  par  des  lois  ;  ee  but  ne 
^e  'trouva  jamais  complètement  atteint.  Les  causes  en 
sont  indiquées  dans  les  deux  derniers  chapitres  du  H* 
vre  al  de  VEsprU  des  Lots  ,  avec  toute  la  force  de  pensée 
qui  fait  le  caractère  distinctif  de  cet  admirable  ouvrage. 
Ainsi  l'usure  jeta ,  dès-lors ,  en  Italie  ,  de  profondes  ra- 
cines que,  plus  tard,  les  Empereurs  firent  aussi  d^ino- 
tiles  efforts  pour  extirper. 

(i)  Dictionnaire  des  Sciences  .  tome  17  ,  pa^e  53S« 
(i^  Il  en  résttlta   même  quelqoefois  «les  trdublet  dans  l*£ttl»  Voyci 
TiU  Live,  livre  2,  no  23 ,  an  de  Rome  260. 


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(  363  ) 

Dans  le  moyei^  âge  ,  de  nouvelles  cûrcoostances  con«» 
l^ribuant  h  lui  dpnuer  le  plus  funeste  dëveloppement , 
<;lle  y  causa  la  désolation  et  la  ruine  d^un  grand  nombre 
4e  familles.  Ce  pays  ^  ct^lèbre  par  tant  de  souvenirs  y 
se  trouvait  alors  divisé  en  plusieurs  petits  états  ,  oik 
s'agitaient  des  factions  rivales  et  que  déchiraient  sou- 
vent des  guerres  civiles.  Placés  dans  une  pareille  si- 
tuation, les  peuples,  les  grands  t  Us  pripces  eux-mémçs, 
se  trouvaient  fréquemment  expps^s  à  de  pressants  besoins 
dWgent  qu'il  fallait  satisfaire  à  tout  prix.,  Le^  i^^uriers, 
i^nt  le  npmbre  s'était  accru  par  les  émigrations  dei 
Juifs  expulsés  à  cet(e  époque  de  qi^elques  contrées  dç 
r£urope,  savaiei)t  profiter  de  ces.  circonstances  difficiles , 
et  la  faiblesse  des  gquverixement^  ne  leur  Ui^sait  point . 
le  pouvoir  de  réprimer  efffcar.emçnt  ces  n|anœuvres  cri-r 
minelles.  Toutefois  leurs  auteurs  se  voyaient  souy^i^ 
exposés  à  des  châtiments  exemplaires,  et  Tignominie  était 
llcvenne  leur  partage  ;  mais  cet  état  de  choses  ne  les 
rendait  que  plus  ardents  à  s'indemniser ,  par  dVnormea 
profits,  des  risques  et. des  humiliations  auxquels  ib  der 
meuraient  exposés. 

Dans  une  des  villes  op  ils  avaient  singulièrement 
multiplié  le  nombre  des  victin^es,  ou  les  pa^ivres ,  après 
avoir  épuisé  leurs  dernières  ressources  ,  se  voyaient 
exposés  à  périr  de  faim  et  de  misère  ,  des  citoyens 
<:haritables  ,  touchés  de  leur  déplorable  situation,  réso- 
lurent d'y  mettre  un  terme  :  ce  fut  h  Pérouse  (i),  verç 
la  fin  du  lS*^  siècle.  En  conséquence ,  ils  formèrent  ^  en 


{i)Peruzia,  ville  ancienne,  belle,  et  bien  peuplée ,  dans  Ta»!  de 
r£glUe  ,  capitale  du  Péni^n. 

Lin  pMsa^e  de  Touvrage  ayant  pour  titr^  :  Jut  canonicum  univer- 
sale^  dpnneriit  à  penser  que,  dès  Tannée  HB^,  U  avait  été  fondf 
nn  Mof»l-de-Piété  à  Fresingen,  en  Bavière. 

46. 


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(364) 
commun ,  vA  fonds  assets  ^coosidërable  qni  fut  ^posë 
ddris  tfn  bureau  public  où  ceux  qui  manquaieM  du 
hécessâli^  étaient  admis  à  emprunter  de  nkodîques 
.  sommés  ,  sous  la  éeule  condition  de  Idsser  un.gage  pour 
1^  sûreté  du  prêt.  Les  comnl^çants  ou  autres  ^  que  des 
circonstances  iïiopinfées  mettaient  dans  le  cas  de  rc« 
co^ir'ir  h  ieé  emprutits  pour  *  soutenir  leur  crédit ,  y 
trouvèrent  aussi  des  ressources  $  mais ,  imlépendanimeat 
idn  gage  de  la  somme  emprunffée  ,  ceux-ci  payaient  oo 
modique  intérêt  représentatif  des  frais  auxquels  donnait 
lieu  la  gestion  de  ce  pieux  établtMement.  Il  reçut  le  nom 
de  Marrée  dl  Pietàf  en  français,  Mont^de-^Piéié. 

A  Texeitipte  de  Pérouse  ^  plusieurs  dçs  principales 
villes  de  Tltalie  organisèrent  dans  leur  sein  de  som- 
blable>s  établissements.  Il  s^en  forma  successivement  à 
Savone  (i),  en  17^9;  ^  Gésène  (a),  à  Mantoue  (3j, 


(i)  Savond  «  grande  et  beUe  rille  de  Vancien  état  de  Gènes,  patrie 
du  pape  Sixte  IV,  qai  donna  une  bulle,  le  7  juillet  1749.  relathe- 
ment  à  rinstitution  d*un  Mont-de~Fiété  en  cette  ville. 

Quoique  les  Papes  n*  eussent  aucune  autorité  tempprelie  dans  SaT»ne , 
non  plus  que  dans  Mantoue ,  les  Monts-de-Piété  n*y  furent  cèpe»- 
dant  institués  qn*avec  lenr  assentiment  On  doit  présumer  qu*il  ne  fkt 
jollicité  qu^àtaispn  àtÈ  scnipales  de  conscience  qoè  purent  fd^  aàttre, 
dans  l'origine ,  lei  établissements  de  tttxit  nature.  Il  faot  senu^^vcr,  à 
Tappui  de  cette  réflexion  »  qa*on  trouve  dans  les  bulles  qui  ^concernent 

ces  deux  Monts-de-Piêté  la  formule  suivante Ordinandi  Mcn- 

'iêm  iHâtatis  faCuUatem  concedimus  ;  tânHu  qu'au  contraire  ^a 
bollei  relatives  aux  Monts-de-''Piété  'dte  villes  de  Chêne ^  de  Bftb^» 
et  de  Rome  ,  dépendantes  de  l'Etat  de  l'Eglise,  présentent  cette  autre 

formule Jlujuêmodl  Morids  'PietàiLf  crediionèm  âppro6am«i 

et  confirmamus, 

(3)  Cœsœna,  ville  de  U  Romàgne  :  labiinë  du  pape  Innocent  TIII, 
relative  au   Mont-de-Piété  de  cette  ville,  p«(rte  la  date  dû  6 'mai  1488. 

(3)  Mantaa^  capitale  du  MantoûâiA.  La  balle  ^  coiskcfte  le 
Mont-de-Piété  de  cette  ville  a  été  ^aleteeJlt  dbftnie  par  tniidcclic  VIH  , 
en  1488  j  on  en  connaît  le  texte  ^  nais  non  pas  la  date  précise. 


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(  365  ) 

il  Parme  (i) ,  en  i488  ;  Si  Pa(]oue  (a),  en  ligi  \ 
h  Florence  (3)  ,  en  1492  ;  à  Bologne  (4)  »  en  i5o8  ; 
à  ftome  (5)  ,  en  i539 ,  etc. ,  etc. 

Ces  Monls-de-Piélé  et  ceux  qui  furent  établis ,  ver^ 
le  même  temps ,  en  d'autres  villes  dltalje  ,  h  des  époques 
qui  ne  sont  point  connues  d'uqe  manière  aussi  pr^- 


Ct}  ParmOf  cs^îule  du  duché  de  ce  nom.  Le  décret  da  2a  octobre 
181 1,  portant  organisation  du  Mont-de-Piélé  de  cette  ville,  fait  men- 
tion de  lettres-patentes  du  18  janrier  1488,  en  vertu  desquelles  il  avait 
f  té  imiitaé. 

(j)  Il  ne  parait  pas  que  rétablissement  du  Mont-dfr-Pîété  4«  ctlU 
ville  ait  été  Tobjet  d*aucune  bulle.  Avant  de  le  former ,  les  magistral! 
avaient  eu  soin  de  consulter  les  théologiens  et  docteurs  de  rUoiversitc. 
Ceux-ci  répondirent  qu'il  était  permis ,  sans  contrevenir  aux  lois  dé 
TËglise,  d* exiger  des  emprunteurs  ,  selon  le  projet,  quatre  pour  cent 
par  an  fPour  subvenir  aux  frais  tfadmihUtraiion  seulement, 

(3)  Les  mêmes  scrupules  de  conscience  déterminèrent  aussi  les  ma- 
gistrats de  Florence  à  soumettre  à  une  assemblée  de  théologiens  les  bases 
de  rinâtitutiun  du  Mont-de-Piété  ,   en  ce  qui  concernait  rintérét.jles 

sommes  empruntées  ;  ils   le  firent  en  ces  termes Convejiiei%s  est 

ut  officiâtes  ,  ratione  locationis  operarum  et  induslriœ,  periculi, 

laborum etc.,  recepiant  convenientem  mercedem}  ^uœritur  an- 

cipitas  qliquo  modo  peccet  7 

'Voici  quelle  fut  la  réponse  : 

ïlemanet  conclusio  finha  quàd  mens  pîetatîs  rtctè  co'nstltutus 
fst per  communitàtem  ;  nec  incurritur  aliquod peccatum  y  àb  ipsâ 
4^el  à  prœsîâenlibus ,  eiiam  veniale  ;  sed  exercitur  maxirha  virtus  » 
imo  reginavirtutum,charîtas  Deietproximorum         ,  ^ 

(4)  Bononia,  grande  ,  riche  et  belle  ville  de  Tétat  de  TEglise,  ca- 
pitale, du  Boloiiais.  La  bulle  du  pape  Jules  II ,  relative  au  M ont-de- 
Piété  d^  cçtte  yi^le,  porte  la  date  du   16  mars  i5o6. 

^5)  La  bulle  relative  à  Vinstitutioa  du  Mont-de- Piété  de  Homte  fut 
4onnée  par  le  pape  Paul  III,  en  iSSq,  On  n'en  connaît 'point  la.  date 
pfécbe.  Cet  «AaUissement  «  ohtepu,  d'atUeursi  par  la  taitt ,  de  diveij^ 
poDtifes  ,  d^utiles  privilèges  et  d'importantes  concassions,  en  i56q,  1S671 
t58o,  i584  et  1 585. 


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(  366  ) 
cise  (i) ,  ne  tardèrent  point  en  général  à  prendre  nu 
rapide  accroissement.  En  i554  i  '^  Mont-de-Piëté  de 
Vicence  ,  exclusivement  institué  pour  les  pauvres  ,  de- 
puis quelques  années  ^  se  vit  dans  le  cas  d'étendre  ses 
opérations  aux  négociants  et  aux  autres  citoyens.  D»» 
U  vue  de  réaliser  des  ressources  suffisantes  ,  les  admi- 
nistrateurs imaginèrent  d'ouvrir  un  emprunt,  à  quatre 
pour  cent  par  an ,  hypothéqué  sur  tous  les  biens  de 
rétablissement.  Un  bref  de  Jules  II ,  sous  la  d^le  do 
8  janvier  i555  9  approuva  les  statuts  nouveaux  rédigés 
en  cette  occasion  .^ 

Les  mêmes  circonstances  firent  prendre  ,  peu  de  temps 
après,  aux  administrateurs  du  Mont-de-Piété  de  Rome, 
une  semblable  résolution  ,  qui  fiit  également  confirmée 
par  l'autorité  du  Saînt-Siége  (2). 


Cl)  Aa  nombre  de  ces  villes  il  faat  comptée  celle  de  MîUn.  Om 
trouve  le  passage  suivant  dans  un  ouvrage  publié  depuis  peo  dTafinéei 
CD  italien  y  et  traduit  en  français  i  la  même  époque. 

«  Il  7  avait  à  Milan  un  Mont-de-Piétc  très  riche  »  où  ae  conser- 
vaient, soit  gratuitement  et  4  titre  de  dépôt,  soit  à  intérêt,  comse 
nantbsement ,  de  fortes  sommes  d*or  et  d*argent ,  des  bijoux  de  la  pbi 
haute  valeur  »  et  différents  autres  objets  de  moindre  prix.  Selon  Tusage 
en  Italie ,  une  grande  partie  de  ces  dépôts  formait  la  dot  de  pantra 
dcmobelles,  et  s'y  tenait  en  réserve  par  let  parents  iu^qn'ao  «•■<■#  du 
mariage  de  leurs  enfant*  Cet  établissement  était  sacré  pour  tops ,  bab- 
aeulemcnt  parce  que  c'était  un  gage  de  foi  publique ,  mais  encore  parce 
que  la  majeure  partie  des  consignations  appartenait  à  des  personnes  peu 
favorisées  de  la  fortune,  ou  \ictimes  d'événements  malheureux.  «  (His- 
toire de  r Italie,  de  1789  à  181 4,  par  Botta;  traduction  française, 
par  Th.  Licquet;  tome  ter,  page  439-  ) 

A  en  juger  par  cet  extrait ,  il  paraîtrait  que  certains  Monts*dc-Piété , 
tn  Italie  ,  avaient  encore  une  autre  dotination  que  celle  de  prêter  sur 
nantissements,  et  qu'ils  remplissaient,  4  certains  égards  da  moins  « 
robjet  de  nos  caisses  d'épargnes. 

Il  est  fait  mention ,  dans  le  même  ouvrage  «  d'antrea  éCablitscmcatt 
de  ce  genre ,  et  notamment  de  celai  qui  existait  à  Vérone 

(«)  Bref  de  Grégoire  XIU,  en  iSSo. 


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(  36;  )  • 

Cependant  rétablissement  des  Monts-de-Piétë,  où  il 
ëtait  ainsi  perçu  quelques  modiques  rétributions  sur  les 
emprunteurs ,  avait ,  dès  le  commencement  du  i6* 
siècle ,  alarmé  les  consciences  trop  timorées  de  quel- 
ques théologiens.  Ils  qualifiaient  d'usufaires  ces  sortes 
tle  prêts  j  et  soutenaient  qu'ils  étaient  en  opposition 
avec  Tesprit  de  la  religion  et  la  doctrine  de  l'église.  La 
Question  fut  agitée  dans  le  concile  de  Latran ,  et  donna 
lieu  à  la  décH^ation  de  principes  énoncée  dans  le  décret 
publié  par  Léon  X ,  sous  la  date  du  9  mai  t5i5  (i). 

L'an  i553,  le  concile  de  Trente  exprima  aussi 
une  opinion  favorable  sur  les  Monts-de-Piété ,  qu'il 
tomprit  au  nombre  de  ces  établissements  sacrés  par 
destination,  dont  il  défend  de  s'approprier  les  biens 
et  les  revenus  (a)  9  et  qu'il  recommande  à  la  sollicitude 
des  évéques.  '^ 

Cet  exposé  sommaire  indique  assez  que  rétablisse- 
ment des  Monts-de-Piété ,  en  Italie  ,  fut  déterminé  par 
les  plus  louables  motifs.  Il  s'agissait  de  soustraire  à 
l'insatiable  avidité  de  l'usure ,  les  pauvres  et  les  autres 
citoyens  que  des  circonstances  imprévues  plaçaient  dans 
tme  situation  difficile  ;  de  leur  créer  des  ressources  tou- 
jours disponibles  dans  leurs  pressantes  nécessités  ;  de 
restreindre  enfin  l'intérêt  des  fonds  qui  leur  seraient 
prêtés ,  au  taux  strictement  nécessaire  pour  couvrir  les 
dépenses  inhérentes  b  chaque  établissement ,  lorsqu'il 
ne  pouvait  y  suffire  par  sa  propre  dotation. 

Ce  fut  parce  que  les  Monts -de-Piété  ,   en  Italie  , 

(1)  BijiUe  a  de  Léon  X,  paragraphes  a,  4  ^  ^*  Après s*ètre  ouverte- 
ment prononcé  en  favcor  des  Monts-de-Piété  ,  ce  pontife  déclare  exr.om- 
noniéf  tous  religieux,  ecclésiastiques  et  même  laïques  qui  disputtraient , 
soit  par  parole ,  soit  par  écrit ,  an  sujet  de  ces  établissements. 

(1)  Analyse  d^.s  CpnciUs ,  par  E.  P.  Richard.  Paris  ,  tome  2  , 
PHt  588. 


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'  C36a) 
remplissaient  admirablement  ces  conditions ,  qu^ils  0b- 
tion^nt  des  suffrages  universels  ,  et  que  les  peuples  ut 
pouvaient  entendre  ,  sans  scandale  ni  sans  murmure ,  seloa 
les  expressions  employées  par  Lëon  X ,  dans  sa  décl^ 
ration  dç  principes  mentionnée  ci-dessus ,  les  Accma- 
tions  irréfléchies  que  dirigeaient  quelques  personars 
tonire  ces  établissements. 

Ce  n'est  point  seulement  au-delà  des  Alpes ,  qa'i 
l'époque  dont  on  vient  de  parler  l'usure  dévorait  h 
substance  des  peuples  ;  en  d'autres  contrées  de  TËiBropei 
et  particulièrement  dans  les  Pays-Bas  ,  ils  étaient  avssi 
devenus  ses  tributaires.  Vers  le  commencement  du  17* 
siècle  ,  certain^  usuriers ,  connus  vulgairement  sous  la 
dénomination  de  Lombards^  y  prêtaient  habituellement, 
avec  l'autorisation  du  gouvernement  (i)  »  au  taux  Je 
ùtnte  et  trente-trois  pour  cent ,  Tinlérôt  étant  calculé 
semaine  par  semaine  »  de  sorte  que.  rempiunteur  qui 
déposait  son  gage  entre  leurs  mains  le  samedi ,  et  Tes 
retirait  le  lundi ,  payait  une  quinzaine.  Ils  avaient  sur 
tout  établi  à  Arwers  ,  Bnuueiles ,  Gond ,  etc.  y  fe  centre 
de  leurs  opérations.  Pour  guérir  celte  plaie ,  un  nomme' 
Vmcesiaus-Cobergher  y  qui  ^vait  vécu  plusieurs  années  en 
Italie  y  proposa  d'instituer  dans  chascune  de  ces  villes, 
un  Mont-de-^Piété  à  l'instar  de  ceux  doycU  il  avait  étudié 
les  opérations  et  apprécié  les  bons  effets.  Il  obtint  de 
l'archiduc  Albert ,  gouverneur  dç  la  principauté  ,  une 
ordonnance  9  portant  la  date  du  17  mars  1618,  ca 
faveur  de  ces  étabKssements  qui  s'oumrent  bientôt  au 
public.  Mais  il  ne  put  être  réalisé ,  du  moins  en  quantité 
suffisante  ,  des  dons  gratuits  pour  en'former  la  dotation  ; 
on  y  suppléa  par  voie   d'emprunt  :  les  chapitres ,  les 


(1)  E4it  du  duc  Jean  deBrabant,  de  t5ia;  de  PbiHppe  le  Beau»  ^« 
1499;  d*  Albert  ci  d'kabelle,  de  i6oo.  (Ljrpœus,) 


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(369) 
monastères  ,  les  particuliers  y  versèreot  des  fonds  au  taux 
de  six  et  un  quart  ;  aussi  Tintërét  des  sommes  que   prêta 
chaque  Mont-de-Piétë  dut- il  être  calculé  h  un  taux  beau- 
coup plus  considérable.  Il  s'éleva  jusqu'à  5^tz^ pour  cent. 

Ces  établissements  furent  approuvés  par  une  assem- 
blée consultative  composée  de  deux  archevêques  y  de 
six  évéques  et  de  plusieurs  docteurs  ,  réunis  à  JVIalines  , 
le  i4  novembre  1617.  Ils  les  déclarèrent,  ce  sont  leurs 
expressions  ,  utiles  à  VEiat ,  commodes  aux  pauvres  ,  et  re~ 
commandables  par  les  sentiments  pieux  et  charitables  qui  en 
étaient  le  principe. 

Il  paraît  que  le  voisinage  fit  apprécier  en  France 
Tutilité  des  Monts-de-Piété  ,  et  donna  l'idée  de  les  y 
introduire.  Louis  XIII  approuva  les  statuts  de  quelques- 
uns.  Bien  plus ,  lorsque  ce  prince  ,  par  son  édit  de 
février  1626  ,  institua  les  caisses  des  saisies-réelles  , 
il  voulut  que  chacune  d'elles  fît  Toffice  de  Monl-de- 
Piété ,  en  prêtant  aux  pauvres  ,  et  généralement  Si  tous 
ceux  qui  auraient  besoin  de  secours  ,  au  taux  du  denier 
seize  (i)  ;  mais  celte  intention  ne  put  être  réalisée ,  par 
des  motifs  dans  l'examen  desquels  il  serait  trop  long 
d'entrer  ici. 

Au  commencement  du  règne  de  Louis  XIV  ,  ce 
prince  se  proposa  d'instituer  des  Monts-de-Piété  à  Paris 
et  dans  les  principales  villes  du  royaume  ,  au  nombre 
de  cinquante-hiiit.  Le  préambule  des  lettres-patentes 
expédiées  au  mois  de  septembre  i643  ,  dans  la  vue  de 


(f  )  Dans  les  calculs  d^intérèt  de  Targent ,  on  entend  par  denier  le 
quotient  dn  nombre  cent  divisé  par  celui  qui  détermine  Tinterèt produit 
par  ce  même  nombre  cent.  Ainsi ,  Tintérèt  de  cinq  pour  cent  équiraot 
aa  denier  vingt ,  parce  que  l^  :=  10  •  Tintérèt  de  quatre  pour  cent 
équivaut  au  denier  a5,  parce  que  i^  =s  a5.  Le  denier  seize  repré- 
sentait donc  un  intérêt  de  six  et  un  quart  pour  cent. 

47 


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(37o) 
réaliser  cette  pensée  ,  indique  de  la  manière   la  plus 
explicite  les  motifs  qui  l^avaient  suggérée. 

Mais  le  but  que  I^on  sVtait  proposé  ne  (ut  point 
atteint.  Cb  n^est  que  plus  d'un  siècle  et  demi  après 
que  la  capitale  vit  s^organiser  un  Mont-de-Piétë  dans 
son  sein  ,  en  vertu  des  lettres-patentes  du  9  décembre 
1777,  enregistrées  au  parlement  le  i3  du  même  mois. 
L^hôpital  général  ,  au  profit  duquel  devaient  tourner 
les  bénéfices  ,  demeura  chargé  de  pourvoir  aux  (tais 
de  premier  établissement ,  et  fut  autorisé  à  emprunter  ^ 
dans  ce  but ,  une  somme  de  quatre  millions  au  taux 
de  cinq  pour  cent«  L'intérêt  des  prêts  demeura  fixé  à 
deux  deniers  pour  livre  par  mois  |  ce  qui  revenait  à 
dix  pour  cent  par  an  ^  indépendamment  des  droits  de 
prisée  et  de  vente* 

Le  Mont-'de-Piété  de  Paris ,  qui  a ,  depuis  lors ,  acquis 
une  extension  considérable ,  continua  sans  trouble  ses 
opérations  jusqu'en  178g  (i).  Le  9  octobre  de  cette 
année  ,  une  proclamation  du  Boi  ordonna  quHI  fût  (ait 
à  tous  dépositaires  de  linge  de  corps  et  vêtements  dliiver^ 
qui  s'y  trouvaient  à  titre  de  nantissement ,  ta  remise 
gratuite  desdits  effets ,  lorsque  la  valeur  du  prêt  n^ex- 
cèderait  pas  vingt-quatre  livres.  (  Collection  du  Lomrt  y 
tome  i" ,  page  170*) 

Le  ^3  janvier  1794  (4  pluviôse  an  a  )  ,  une  loi  fut 


(f>  A  cette  même  époqoe,  (lasîear«  villes  d^ndant  des  pvonDcct 
à*ArtoU^  àt  Cambrêsiê,  de  Flandre  et  de  Hainauli  ^  ffritédiirnt 
de«  Munts-^e^Piété  ddnt  le  maintien,  confoime  aux  lettrea^fatcadM  d« 
1618,  av^it  élé  stipulé  par  lea  traités  de  i658 ,  1668  et  i6;8  »  poitast 
réunion  de  ces  provinces  à  la  France.  U  exûtait^  d'ailleus,  de  sem- 
blables établissements  en  d'autres  villes  du  Royaume  ;  un  à  Mais«îll< , 
créé  par  lettres-patentes  de  i6g6  ;  un  à  Meti,  créé  par  lettres-patente» 
de  1774»  etc. 


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(  371  ) 
promulguée ,  portant  que  le  linge ,  les  vêtements ,  nippes  ♦ 
habillements  ,  hardes  ,  outils  ,  ustensiles  de  ménage  « 
et  tous  autres  objets  de  première  nécessite ,  déposés  au 
Mont-de-Piété  de  Paris  ou  en  d'autres  établissements 
de  ce  genre  ,  seraient  restitués  aux  porteurs  des  re* 
connaissances  de  dépôt,  sans  remboursement  de  Fargent 
prêté ,  droits ,  ni  intérêt.  Celte  disposition  devait  profiter 
seulement ,  i^  aux  porteurs  de  reconnaissances  qui 
n'excédaient  pas  vingt  livres  ;  a®  jusqu'à  concurrence 
de  vingt  livres  ,  aux  porteurs  de  reconnaissances  qui 
n'excéderaient  pas  cinquante  livres. 

Au  reste  ,  la  loi  du  a3  janvier  1 794  se  termine  par 
un  article  dont  il  paraît  essentiel  de  rapporter  ici  le 
texte  ;  le  voici  : 

«  Les  comités  des  secours  publics  et  des  finances 
réunis,  feront  incessamment  leur  rapport  à  la  convention 
nationale  ,  sur  la  question  de  savoir  s'il  est  utile  au 
bien  général  de  conserver  les  établissements  connus  sous 
la  dénomination  de  Monts-de-Piété.  » 

Ce  rapport  ne  fut  jamais  présenté  ;  mais  ,  le  20  jan- 
vier 4795  (  i«'  pluviôse  an  3  )  ,  il  intervint  une  loi 
analogue  à  la  précédente  ;  elle  voulait  que  tous  objets 
d*habiUement ,  couvertures  et  lits  déposés  aux  Monts- 
de-Piété  et  autres  établissements  de  ce  genre ,  dans  toute 
l'étendue  de  la  France  ,  fussent  remis  aux  propriétaires 
en  cas  d'indigence,  lorsque  la  valeur  du  prêt  ne  s'é- 
lèverait pas  au-dessus  de  cent  li\Tes.  Le  trésor  public 
demeurait  chargé  du  remboursement. 

Dix  jours  après,  cette  loi  fut  rapportée  et  le  co- 
mité des  secours  publics  chargé  de  présenter  à  la  con- 
vention nationale  ses  vues  pour  en  remplacer  la  bien- 
faisance par  un  genre  de  secours  plus  utile  et  dont  tous  les 
indigents  pussent  reccifoir  l'application. 

Il  est  facile  de  concevoir  que  de  telles  mesures  légis- 
latives durent  rendre  très  précaire  l'existence  des  Monts- 

47- 


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(370 

de-Pi^té.  LVmission  du  papier-monnaie  et  d^autres 
circonstances  inhérentes  à  la  situation  politique  de  la 
France  ^  interrompirent  presque  partout  le  service  de 
ces  établissements. 

Cet  état  de  choses  donna  lieu  bientôt  à  Touvertiire 
d'un  nombre  considérable  de  maisons  de  prêt  parti- 
culières ,  qui  se  substituèrent  aux  Monrs-de-Picté.  Elles 
trouvèrent ,  si  Ton  peut  s'exprimer  ainsi ,  une  clienielle 
toute  formée  dans  les  classes  inférieures  de  la  sociâé, 
en  qui  Thabitude  d'emprunter  pour  sati:>faîre  à  des 
besoins  souvent  frivoles  ,  avait  été  en  quelque  sorte 
imprimée.  Biais  ces  maisons,  dont  toutes  les  opéra- 
tions étaient  dirigées  par  une  infâme  cupidité ,  ne  tar- 
dèrent point  à  reproduire  tous  les  maux  auxquels  les 
lettres-patentes  du  g  décembre  1777  avaient  eu  pour 
objet  de  remédier. 

Il  parah  que  ,  dans  le  courant  de  Tannée  1 797  ,  le 
directoire  ^  touché  de  ces  maux  ,  crut  devoir  chercher 
Si  les  atténuer ,  en  rétablissant  une  banque  publique  de 
prêt  dont  les  opérations  eussent  lieu  concurremment 
avec  les  maisons  particulières  ;  cette  concurrence  pro- 
duisit un  bon  effet  ,  quoique  l'intérêt  des  prêts  se 
maintînt  h  un  taux  fort  élevé.  Hnfîn  le  Gouvernement 
consulaire  conçut  la  pensée  de  réserver  aux  seuls  Monts- 
de-Piété  le  privil^e  de  prêter  sur  nantissement.  Le  37 
juin  1801  (  8  messidor  an  9  )  ,  le  ministre  de  l'intérieur 
provoquait  auprès  des  administrations  départementales 
divers  renseignements  propres  h  mArîr  cette  pensée* 
Enfin,  le  6  fé\Tier  i8o4  (  16  pluviôse  an  la  ),  il  fut 
promulgué  une  loi  portant  ce  qui  suit  : 

n  Art.  i^^.  Aucune  maison  de  prêt  sur  nantissement 
ne  pourra  être  établie  qu'au  pn^  des  poÊUfres  ,  et  avec 
l'autorisation  du  gouvernement.  » 

C'est  en  conséquence  de  cette  loi  que  fut  réorganisé 
le  Mont-de-Piélé  de  Paris  ^  par  deux  décrets  en  date 


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(  373  ) 
des  i3  juillet  i8o4  (  24  messidor  an  12  )  et  27  juillet 
i8o5  (  8  thermidor  an  i3  ).  Le  premier  de  ces  décrets 
renferme  ,  article  li  ^  \^  disposition  suivante  : 

«  Les  préfets  des  départements  adresseront ,  le  plutôt 
possible  ,  au  ministre  de  Tintérienr ,  pour  être  soumis 
h  S.  M,  en  conseil  d'Etat,  des  projets  pour  rétablisse- 
ment et  l'organisation  ,  au  profit  des  pauvres  ,  des  Monts- 
de-Piélé  dans  les   lieux  ou  il  sera  utile  d'en  former.  » 

Le  5  septembre  1804  (18  fructidor  an  12  ),  le 
ministre  de  l'intérieur  faisait  connaître  aux  préfets  les 
principes  d'après  lesquels  ils  devaient  se  diriger  pour 
remplir  le  vœu  de  ce  décret  et  de  la  loi  du  6  février 
i8o4  V  dont  le  but  principal  consiste  ,  disait-il ,  en  premier 
lieu ,  à  remédier  aux  désordres  nés  de  Vexistence  des  maisons 
de  prêt  ^  et  y  en  second  lieu  ^  h  faire  profiter  exclusiçement 
les  pauQres  des  bénéfices  qui  pem^nt  résulter  des  établisse- 
ments  à  organiser  sous  le  titre  de  Monts-de-Piété. 

L'organisation  de  plusieurs  Monls-dè-Piété  a  eu  lieu 
successivement  depuis  lors  ;  et,  aux  termes  des  actes 
d'administration  portant  règlement  sur  ces  établisse- 
ments divers ,  les  capitaux  nécessaires  à  leur  exploitation 
durent  être  fournis,  soit  par  les  caisses  municipales, 
soit  par  les  caisses  des  hôpitaux  :  elles  furent  en  con- 
sifquence  autorisées  à  disposer ,  pour  remplir  cette  con- 
dition ,  de  certains  fonds  qu^elles  avaient  en  dépôt , 
indépendamment  de  ceux  qui  leur  étaient  propres  ,  ou 
même  ,  en  cas  de  besoin  ,  à  contracter  des  emprunts , 
xnais  sans  que  les  prêteurs  pussent  être  admis  au  partage 
des  bénéfîces  de  l'exploitation ,  dans  une  proportion 
quelconque.  Cette  restriction  dérivait  nécessairement  de 
l'article  i*^  de  la  loi  du  6  février  1804  (16  pluviôse 
an  12),  dont  le  texte  a  été  cité  précédemment ,  page  12, 
et  auquel  un  avis  du  conseil  d'Ëtat ,  du  6  juin—* 
s  2  juillet  1807  ,  a  donné  une  interprétation  non  équi-» 
yoque. 


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(  «74  ) 
Diaprés  les  explicalions  qui  précèdent ,  il  est  béi/e 
d^apercevoir  que  les  Monts-de-Piété  ne  se  trovreot 
point  institués^  en  France  ^  précisëmcnt  dam  le  même 
but  qu^ils  avaient  étë  destinés  à  remplir ,  dès  leur  ori- 
gine f  en  Italie.  Ici  on  sVtait  proposé  de  procurer  au 
pauvres  les  moyens  d'emprunter  à  titre  gratuit ,  on  peu 
s'en  faut  ;  là  on  a  cru  devoir  maintenir  les  àrvits  à 
prêt  h  un  taux  assez  élevé,  en  affectant  exclusivement 
aux  hôpitaux  les  bénéfices  qui  en  résultaient  ;  ou  plutât, 
pour  aborder  plus  franchement  la  question ,  pu  a  ré- 
servé à  ces  é^blîssements  le   monopole   du  prit  sv 

Voyofis  h  quelles  règles  générales  est  soumis ,  dans 
chaque  Mont-de-Pîété ,   l'exercice  de  ce  monopole. 

lo  Les  prâts  ont  lieu  sur  engagement  d'effets  mobi- 
liers, qui  demeurent  déposés  ,  à  titre  de  nantissement, 
dans  les  magasins  de  l'établissement ,  et  en  échange 
desquels  on  délivre  «i  l'emprunteur  une  reconnaissance. 

2°  La  valeur  des  nantissements  est  appréciée  par  des 
commissaires-priseurs  ,  et  le  Mont-de*Piété  prête  jus- 
qu'à concurrence  des  quatre  cinquièmes  du  montant  de 
cette  appréciation ,  s'il  s'agit  de  bijoux  d'or  et  d'ar- 
gent, et  jusqu^à  concurrence  des  deux  tiers  seulement, 
s'il  s'agit  d'autres  effets. 

3*^  L'intérêt  des  sommes  prêtées ,  ou  ,  pour  mieox 
dire ,  le  taux  du  droit  de  prêt ,  varie  dans  les  divers 
Monts-de-Piété  de  huii  à  guùize  pour  cent.  II  est  plos 
communément  fixé  à  douze  (i). 

(i)Cest  U  quotité  du  droit  perçu  dans  les  Monts- dc--Pîété  de  P^*»' 
Lyon,  Marseille ,  Bordeaux,  Rouen,  Lille,  etc.  Il  est  encoftsu" 
ccptibte  de  s*accroitre ,  i»  du  droit  de  rente  des  nantissements  cactf 
de  non-dégagement;  90  du  droit  dû  aux  commUsienDaires ,  lonfs  •" 
a  employé  leur  intermédiaire  pour  erapruntob  De  telle  aorte  qnc  €«ftai» 
emprunteurs  ne  paient  pas  au  Mont-de-Piété  moins  de  quinte  i  *fOf 
pour  i;ent. 


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(375) 
4^  La  darëe  de  chaque  prêt  est  d'un  an  ,  sauf  la 
faculté  laissée  ^  Temprunt^ur ,  soit  de  dégager  ses  effets 
avant  ce  terme ,   soit  d'en  renouveler  rengagement  à 
la  fin  du  douzième  mois. 

Dans  le  premier  cas,  le  décompte  du  droit  dû  par 
Temprunteur  se  calcule  par  chaque  mois ,  et  le  mois 
une  fois  commencé  est  censé  révolu. 

Dans  le  second  cas ,  Temprunteur  doit  d'abord  ac- 
quitter le  montant  du  droit  dû  pour  Tannée ,  consentir 
à  ce  que  son  gage  soit  soumis  à  une  nouvelle  apprécia^ 
tion,  et  payer ,  ^  Tinstant  i  la  différence  qui  peut  exister 
entre  la  valeur  actuelle  de  ce  gage  et  celle  qu'il  avait  au 
moment  de  rengagement  primitif. 

5"  Les  nantissements  dont  le  d^agement  ou  le  re- 
nouvellement n'a  point  eu  lieu ,  à  l'expiration  de  Tannée  ^ 
sont  vendus  publiquement.  Le  Mont-de-Piété  prélève 
sur  le  produit  de  la  vente  les  droits  qui  lui  soot  dûs  | 
Texcédant  est  remis  à  l'emprunteur ,  eu  cas  de  récla- 
mation faite  dans  les  trois  ans  de  la  date  du  prêt  : 
passé  ce  terme  ,  il  est  acquis  k  Thospice  du  lieu ,  et 
versé  dans  sa  caisse. 

6**  Dans  les  villes  de  quelque  importance ,  des  com- 
missionnaires attachés  au  Mont-de-Piété ,  et  distribués 
en  différents  quartiers ,  reçoivent  les  engagements  ,  réa- 
lisent les  prêts  et  opèrent  les  dégagements  h  l'égard 
des  emprunteurs  qui  préfèrent  s'adresser  à  eux  plutôt 
qu'à  l'établissement  central*  Us  perçoivent  pour  leurs 
soins  une  rétribution  déterminée ,  qui  accroît  d'autant 
les  droits  de  prêt. 

Voilà  les  principales  dispositions  que  renferment  les 
règlements  de  tous  les  Monts-de-Piété  légalement  ins- 
titués. Il  était  nécessaire  de  les  retracer ,  avant  de  cher- 
cher à  indiquer  les  inconvénients  et  les  avantages  que 
peuvent  présenter  ces  établissements. 

Les  Monts*de-Piété  n'ont  point  échappé  à   l'esprit 


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(376) 
dHnvestigation  el  de  rëflexion  qui  caractérise  l'époque 
actuelle  ,  et  depuis  long-temps  dëj^  bien  des  préven- 
tions se  sont  élevées  contre  eux.  Toutefois  il  n'avait 
été  publié  en  France  rien  de  spécial  sur  cette  matière , 
lorsqu'en  1829  parut  une  brochure  ayant  pour  titre  : 
Des  Banques  de  prêt  sur  gages  et  de  leurs  mconoémads. 
Cet  écrit ,  remarquable  par  de  judicieuses  réflexions 
qui  annoncent  une  étude  complète  du  cœur  humain , 
doit  être  considéré  comme  offrant  le  résumé  de  tons 
les  reproches  qui  sont  communément  adressés  à  Fin*- 
titution  actuelle  des  Monts-de-Piété.  Nous  allons  les 
exposer  succinctement  : 

i'^  Les  MontS'de- Piété  sont  contraires  an  goftt  da 
travail ,  à  l'économie  t  à  l'esprit  de  propriété  ; 

2»  Ils*  offrent  aux  pauvres  trop  de  facilités  pour  se 
procurer  de  l'argent  ; 

S**  Ils  sont ,  pour  les  indigents ,  moins  des  banques  de 
prêt  que  des  maisons  de  vente  ; 

4.^  Ils  font  naître  des  spéculations  coupables  sur  les 
reconnaissances  délivrées  aux  emprunteurs  ; 

5<*  Ils  favorisent  les  vols  et  les  soustractions  firao- 
duleuses  ; 

6^  Ils  servent  d'aliment  à  la  passion  du  jeu. 

Pour  justifier  ses  assertions,  l'auteur  établit  d'abord , 
par  une  suite  de  raisonnements  fort  bien  enchaînés,  que 
les  Monts-de-Piété  doivent  incessamment  détourner  la 
plupart  des  individus  de  la  classe  ouvrière  de  chercher , 
dans  les  produits  d'un  surcroît  de  travail ,  les  ressources 
extraordinaires  dont  ils  ont  momentanément  besoin; 
de  mettre  ,  dans  les  temps  favorables  ,  une  portion  de 
leur  gain  en  réserve  pour  subvenir  aux  nécessités  des 
temps  malheureux  ;  de  s'attacher  enfin  à  la  propriété 
mobilière  ,  la  seule  h  laquelle  il  leur  soit  en  général 
donné  d'atteindre ,  et  de  contracter  les  vertus  sociales 
qui    sont    la   conséquence    de    cet    attachement   :  il 


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tient  ensuite  qu'une  fois  conduits  aux  Monts^e-Pi^t^  5 
en  rougissant  peut-être,  par  la  faiblesse  et  Timprë- 
voyance ,  ils  j  retournent  habituellement  sans  pudeur  « 
pour  satisfaire  le  plus  souvent  de  brutales  passions  (i)  ; 
que  s'ils  se  voient  placés  dans  un  tel  état  de  dénuement 
et  d'abandon  qu'ils  n'aient  d'autres  ressources  que 
d'engager  au  Motit-de-Piété  leurs  effets  les  plus  né^ 
cessaires  ,  et  aux  conditions  tes  plus  onéreuses  ,  c'est 
un  indice  presque  certain  qu'arrivés  au  dernier  degré 
de  la  misère  ,  il  leur  sera  impossible  ,  dans  le  courant 
de  Tannée ,  de  retirer  leurs  gages ,  dont  la  vente  de- 
viendra dès  lors  inévitable  5  qu'enfin  cette  impossibilité  ^ 
commune  à  presque  tous  les  emprunteurs  »  a  naturelle^ 
ment  suggéré  aux  usuriers  l'idée  d'ofïrir  à  ceux-ci  de 
leur  compter ,  en  échange  de  leurs  reconnaissances  ,  le 
montant  de  la  valeur  de  leurs  effets  ,  et  que  ces  offres  , 
dont  une  impérieuse  nécessité  détermine  l'acceptation , 
sont  la  base  du  plus  infâme  trafic.  L'auteur  démontre 
enfin  que  les  Monts-de-Piété  présentent  toutes  sortes  de 
£aicilités ,  aux  voleurs  pour  dérober  à  la  police  les  traces 
de  leurs   larcins  et  pour  les  convertir  immédiatement 


(1)  On  troare  le  passage  saÎTant  dans  ane  nutice  conceraant  le  Mont- 
de-Piété  de  Lille  (  Mémoires  de  la  Société  royale  de  Lille ,  page  670, 
i8a9.  ) 

«  Un  homme  chancelant  sort  de  la  tayeme;  il  dit  à  sa  femme  en 
baibntiant ,  mais  arec  calme  :  Tu  iras  chercher  ma  peste,  tu  la  don-' 
neras  au  porteur,  tu  lui  demanderas  trente  sols,  et  tu  retiendras, 
U  y  a  de  tout  dans  cette  anecdote ,  recueillie  à  la  porte  d*un  cabaret 
par  un  obserratenr  réridique  qui  cherchait  un  ahri  contre  la  pluie  : 
ivrognerie  insurmontable ,  association  de  la  femme  an  )4m  grossières 
ovjgies;  elle  qui  derrait  retenir  son  mari ,  elle  Taceompagne ,  elle  Ten- 
eo«rag«a  «Ile  l'aide.  Ainsi|  fias  de  frein  ,  plus  de  retenue  dans  cett« 
communauté  de  déhanche ,  dans  cette  émulation  orduriére.  Voyes  ea<- 
anîte  ce  sang  froid  dans  l*nsage  d'une  détestable  ressource  ;  cette  triste 
facilité  de  Temprunt  ;  cette  obstination  du  vice,  qu'on  n'avait  jusqu'ici 
rencoittrée  que  dans  la  Airear  du'  joueor  !  » 

48 


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(378) 
%n  argent  j  aux  débiteurs  insolvables  y  pour  frustrer  leur» 
créanciers  ,  en  réalisai)t ,  sans  délai ,  au  détriment  de 
ceux-ci ,  la  valeur  des  meubles  et  marchandi^es  qui 
restent  en  leur  possession.  Il  fait  voir  que  ces  établisse- 
ments ,  où  chacun  peut  aller  puiser  de  Targent  à  toute 
heure  ,  procurent  aux  joueurs  des  moyens  toujours 
renaissants  de  satisfaire  leur  funeste  penchant  ;  conseillent 
aux  commis  ,  aux  domestiques  infidèles  ^  de  soustraire  à 
leurs  maîtres  quelques  effets  quHIs  vont  mettre  en  ga^, 
dans  Tintention ,  peut-être ,  de  les  dégager,  si  la  forcuoe 
leur  est  fa/orable. 

Voilà  ,  certes ,  des  reproches  bien  graves  articulô 
contre  une  institution  dont  les  motifs  ,  dans  son  ori^^ioef 
ont  été  dignes  de  tant  d^éloges.  Toutefois ,  s'il  est  permis 
de  penser  qu'h  beaucoup  dVgards  ils  ne  sont  point  dénués 
de  fondement ,  il  convient  aussi  de  ne  s^abandonner  en- 
tièrement à  cette  pensée  qu'avec  une  prudente  réserve, 
parce  qu'elle  repose  ,  quant  à  présent  ,  plutôt  sur  des 
raisonnements  spéculatifs  que  sur  une  série  de  faits  soi- 
gneusement étudiés.  Quelques  exemples  recueillis  an 
hasard  ne  suffisent  point  pour  justifier  complètement 
une  théorie  en  matière  d'économie  politique  ;  elle  doit 
être  encore  vérifiée  par  des  nombres ,  qui  ,  recueillis  avec 
choix  pendant  un  certain  laps  de  temps  ,  comparés  avec 
discernement ,  combinés  avec  les  calculs  qui  se  ratta- 
chent aux  premières  notions  de  cette  science ,  offrent 
souvent  à  Tesprit  des  révélations  tout  à  £ait  inattendues. 

Ainsi  donc,  avant  de  se  former  une  opinion  défi- 
nitive sur  la  nature  des  opérations  des  Monts-de-Piété, 
dans  les  différentes  villes  où  ils  se  trouvent  institua , 
il  serait  besoin  de  connaître  les  résultats  numâîques 
de  ces  o{.érations.  Le  gouvernement  seul  a  les  moyens 
de  recueillir  promptement  ,  et  avec  exactitude  ,  des 
données  aussi  essentielles ,  et  nous  devons  former  des 
vœux  pour  qu'il  charge  ses  agents  de  lui  fournir ,  dans 


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lAGE  ue  localktf ,  les  t!léments  d^un  tableau  dont  le  mo' 
jj^^|«oit  analogue  à  celui  ci-contre. 

^£Ôié  des  inconvénients  qui  viennent  d'être  signalés  , 
ont  il  est  probable  que  la  plupart  seraient  mis  en 
2nce  par  une  collection  de  documents  statistiques 
«uite  dans  la  forme  ci-dessus  indiquée,  quels  ont     ' 
*' quels  sont  donc  les  avantages  inhérents  aux  Monts-  , 
Hété? 

È  notice  historique  placée  en  tête  de  cet  écrit  at- 
ces  avantages.  Les  Monts-de-Piété  ont  été  institués , 
l 'origine ,  avec  l'approbation  de  toutes  les  pèr- 
es qui  étaient  h  portée  d'ea  apprécier  les  effets , 
quelques  objections  se  sont ,  h  cette  même  époque , 
§es  contre  ces  établissements  ,  elles  n'avaient  d'autre 
ement  que  les  scrupules  de  certains  théologiens  ri- 
}tes.  Lorsqu'il  a  été  question  de  les  introduire  dans 
fUys-Bas ,  et  de  là  en  France ,  les  mêmes  consi- 
tions  les  ont  fait  accueillir  avec  une  extrême  faveur , 
me  un  infaillible  moyen  de  mettre  un  frein  à  l'in-  - 
iblc  avidité  des  prêteurs  sur  gages ,  en  assujétissant 
imprunteurs  à  des  conditions  moins  onéreuses ,  et 
eur  offrant  des  garanties  complètes  pour  la  conser- 
on  et  la  restitution  de  leurs  effets.  Il  suffit ,  du  reste  , 
hr  ne  laisser  aucun  doute  au  lecteur  sur  les  avantages 
îbués ,   dans  les  temps  modernes  ,   à   l'institution 
tt  il  s'agit ,  de  consulter  le  préambule  de  l'édit  du 
is  de   septembre    i643  ;   celui  des  lettres-patentes 
g  décembre  1777  ;  un  rapport  soumis  au  tribunat 
is  la  séance  du  24.  janvier  i8o4  (  3  pluviôse  an  12  ) , 
le  projet  de  loi  relatif  aux  maisons  de  prêts,  qui 
^ra  le  rétablissement  des  Monts-de-Piété ,  et  enfin 
cpqsé  des  motifs  de  ce  projet  de  loi,  fait  au  corps 
1  tslatif  dans  la  séance  du  vingt-sept  du  même  mois  (  6 
^•■Vriôse  ). 

^ct  Que  si  nous  cherchons  ï  consulter  ^  sur  cette  même 
«^  48. 

•  cet 

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(  38o  ) 
que^tioin  i  une  opinion  beaucoup  plus  récente  et  qni 
doit  avoir  aussi  quelque  poids ,  nous  trouverons  dans 
l'ouvrage  publié  par  M.  le  baron  Charles  Dupin,  soiu 
le  titre  de  Farcêfs  productii^es  et  commerciales  de  la  Fnmce, 
tome  a  ,  page  a4o  ,  le  passage  suivant  : 

«  On  doit  regarder  le  Mont-de-Piété  comme  um 
institution  prudente  qui  fournit  des  secours  immédiats 
aux  personnes  nécessiteuses ,  en  les  empêchant  de  vendre 
leur  mobilier  ou  d'emprunter  à  usure.  Il  me  semble 
que  le  gouvernement  pourrait  rendre  à  la  classe  labo- 
rieuse un  immense  service,  en  diminuant  les  droits 
énormes  que  perçoit  l'administration  du  Mont-de-Piété. 
Ne  serait-il  point  possible  qu'il  fit  une  dotation  pour 
administrer  cette  institution  selon  le  mode  patemd 
des  caisses  d'épargnes  et  de  prévoyance  ,  sans  rien  de* 
mander  aux  personnes  qui  viennent  déposer  des  effets , 
au  moins  pour  tous  ceux  dont  la  valeiir  moyenne  est 
au-dessous  de  vingl-daq  francs  f  Les  personnes  néces* 
siteuses  auraient ,  de  la  sorte ,  intérêt  à  ne  déposer  ao 
Mont«de*Piété  que  des  objets  d'une  faible  valeur ,  et  à 
restreindre  de  plus  eo  plus  leurs  dépôts.  Il  faut  remarqua' 
que  souvent  c'est  un  sentiment  honorable  qui  porte  les 
individus  dans  le  besoin  h  déposer  leurs  effets  au  Moot- 
de-Piété ,  plutôt  que  de  recourir  k  l'aumAne  ou  à  des 
ressources  dégradantes.  » 

Que  doit-on  conclure  de  tQut  ceci?  Que  si,  Joû 
côté ,  les  Monts-de-^Piété  rendent ,  à  certains  ^ards ,  des 
services  réels  aux  classes  inférieures  de  la  société,  b 
facilité  avec  laquelle  se  font  les  prêts  ,  l'affluence  tou- 
jours progressive  du  nombre  des  cmprunteiu'S  (i)  1 1^ 


(t)  La  progression  des  eraprants  est  effraytiite  et  Ko»  et  <«•(• 
proportion  ,  en  ce  qui  concerne  le  Mont-de*Piêté  de  Peib  »  «  Tea 
compare  ce  <{ae  sont  actuellement  st$  opérations  avec  ce  qa'eOtsétsicBl 
4ans  rorigine.  Le  releri  ci*aprèt  donne  matière  à   de  séiinscs  it- 


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(38i) 
abus  aiixquck  peut  donner  liea  Fimperfection  de$  rè*^ 
glements  annoncent  des  inconvénients  auxquels  Tad* 
ministration  publique  doit  songer  enfin  à  pourvoir* 
C'est  en  recueillant  et  en  méditant  avec  soin  les  docu- 
ments statistiques  dont  nous  avons  précédemment  laissé 
entrevoir  la  forme  ,  qu^on  y  parviendra  d'une  manière 
aussi  prompte  qu'efficace  ,  autant  du  moins  qu'il  est 
donné  à  la  sagesse  humaine  d'atteindre  au  but  qu'elle 
se  propose. 

Nous  pouvons ,  au  reste ,  examiner  dès  b  présent  dem^ 
questions  qui  paraîtraient  n'avoir  point  encore  été  ap^ 
profondies.  Ce  sont  les  suivantes  :  Les  droits  de  prêt 
perçus  par  les  Monts-de-Piété  doivent-ils  être,  du  moins 
en  certaines  circonstances  ,  qualifiés  d'usuraires  ?  el 
comment  faudrait-il  les  calculer,  relativement  b  chaque 
emprunteur ,  pour  ne  point  encourir  un  semblable 
reproche  ? 

L'auteur  de  la  brochure  ayant  pour  titre  :  Des  Banques 
de  priis  sur  gages  et  de  lears  à^nve'ntenis  ,  semble  accuser 
les  Monts-de-Piété ,  dans  une  note  placée  au  bas  de 
la  page  20  de  cette  brochure  ,  d'être  en  contravention 
ouverte  à  la  loi  du  3  septembre  1807  9  9^1  fixe  le  taux 


ftexions.  On  doit  obaenrer  qn«  l'an  8  se  trounit  conprif  entre  le  aa 
septembre  1799  '^  ^  '^  septembre  1800.  C*est  précisément  Vép<M|ae  oà, 
par  les  raisons  indiquées  page  Syi,  1* activité  de  cet  établissement  se 
trouvait  fort  ralentie. 

Années.  Nombre  d*engagem.  Valeur  totale.  Yalenr  moyenne  d*an prêt. 


1780 

«50,689 

u,8:^3,8ii 

61  t6 

»79o 

5i6,o54 

16,143,122 

3i  38 

An  8 

a3o,a54 

<.794»5"9 

31  75 

1810 

886,317 

i8,<E^469 

33  03 

i8ao 

1,095,686 

18,005,373 

t»43 

18^3 

i»i9i,6ao 

31,937,084 

17  Si 

i8a6 

1,300,104 

34,531,157 

«043 

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(380 
èé  rintérêl  de  Targenl  à  cinq  pour  cent  par  an.  Ce  laur 
ne  saurait  être  la  limite  des  droits  que  perçoivent  les 
Monts-de-Pi*fté.  I-ies  écritures  auxquelles  donnent  lieu 
les  engagements  et  d^agements  des  effets  fournis  en 
nantissement ,  la  surveillance  et  les  soins  qu'exige  leur 
conservation ,  la  valeur  locative  des  magasins  ,  le  sa- 
laire des  employées  que  rend  nefcessaire  l'ensemble  dn 
service  ,  les  rétributions  attribuées  aux  commissaires- 
priseurs  pour  frais  d'appréciation  ,  toutes  ces  circons- 
tances réunies  occasionnent  des  dépenses  plus  ou  moins 
considérables  qui  peuvent  être  désignées  sous  la  déno- 
mination générique  de  frais  d  administration  ,  et  dont  il 
est  naturel  que  les  Monts-de- Piété  soient  remboursés 
par  les  emprunteurs  ;  mais  ils  reçoivent ,  pour  certains 
prêts,  au-delh  de  ce  remboursement  »  ainsi  qu'il  est 
facile  de  s'en  convaincre  par  les  observations  suivantes  : 

Soit  P  la  masse  des  intérêts  produits  par  toutes  les 
sommes  prêtées  par  un  Mont-de-Piété  dans  rintervalle 
d'une  année ,  et  Q  la  masse  des  frais  d'administration ,  il 
est  évident  que  P  +  Ç  représentera  la  somme  de  toutes 
les  dépenses  annuelles  ,  de  quelque  nature  que  ce  soit , 
auxquelles  donne  lieu  l'exploitation  de  ce  Mont-de-Piété. 

Soit  r  la  fraction  qui  représente  le  taux  de  la  ré- 
tribution perçue  à  titre  d'intérêt  de  l'argent  ;  soit  s  la 
fraction  qui  représente  le  taux  de  la  rétribution  perçue 
additionnellement  à  la  première ,  pour  couvrir  rétablis- 
sement des  frais  d'administration  ;  soit  v  un  prêt  quel- 
conque ,  soit  /  la  durée  de  ce  prêt  ;  soit  enfin  n  le 
nombre  des  nantissements  reçus  pendant  le  cours  d'une 
année  ,  on  en  concluera  (r-f-*)«  '  y=P-|-Ç. 

Il  s'agit  d'appliquer  cette   formule  ,    d'où  l'on  tire 

P  +  Q 
V  =  — .      :     :    aux  opérations   d'un  M ont-de-Piété. 
ni{r  +  s)  ^ 

Nous  choisirons ,  pour  faire  cette  application ,  le  Mont- 

de-Piété  de  Paris. 


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(  383  ) 

Le  compte  général  des  recettes  et  dépenses  de  cet 
établissement ,   pour  Tannée  1828  ,  fait  connaître  : 

I®  Que  ,  dans  le  cours  de  cette  année  ,  le  nombre  des 
nantissements  reçus  en  dépôt  a  été  de..     1,174161 5     » 

2®  Que  rintérêt  des  fonds  prêtés ,  calculés  au  taux  de 
quatre  pour  cent  par  an  (1) ,  s'est  élevé  à. .   545,437^  20* 

Et  les  frais  d^exploilation  a 658,702    07 

Total  général  des  dépenses. . . .  i, 204,139  f-  27 


(i)  L«  Mont-de-Piélé  de  Paris  ne  possède  point  la  totalité  des  fonda 
^u'il  distribue  chaque  année  aux  emprunteurs  sur  nantissement.  Il  est 
obligé  de  se  les  procurer  lui-même  par  voie  d'emprunt  ;  mais  le  taux 
de  rintérèt  qu*il  paie  aux  capitalistes  qui  font  des  dépôts  dans  la  caisse 
de  cet  établissement ,  n'excède  point  quatre  pour  cent  depuis  plusieurs 
années  ,  il  a  m*me  été  moindre ,  la  plupart  du  temps.  Or,  le  Mont-de- 
Piété  ne  doit  point  exiger  de  chaque  emprunteur  un  intérêt  plus  élevé, 
abstraction  faite  des  frais  d'administration. 

La  somme  de  545,43?  f.  ^o  c.  qui,  conséquemmenl  à  cette  dernière  ré- 
flexion, figoitt  ci-dessus  comme  représentative  de  Tintérèt  des  fonds  prêtés 
par  le  Mont-de-Piété,  n'est  point  explicitei^ient  indiquée  pat  le  compta 
dont  il  s'agit  ;  elle  se  déduit  d'un  calcul  fort  simple.  En  effet,  au  nom- 
bre des  recetus  de  l'établissement  se  trouve  compris  le  produit  det 
droiu  perdus  à  raison  de  un  pour  cent  par  mois  sur  les  prêts  rentrés , 

10  Par  dégagement   ..•• 717,463  f.     88  c* 

aoPar  renouvellement.  .......      6o9,335       81 

.VParyentes 3o9,5ii        9r 


Total f.B36.3ii  f.    doc. 

Dèa-lors,  il  suffit  d'établir  la  proportion,  12  :  i,636,ii  i  60  :  :  4  :  z. 
Le  4'  tenn*  «^  545f457»  ^^* 

Le  Mont-de-Piété  de  Paris  ne  se  borne  point  à  prêter  aux  personnes 
^i  se  trouvent  dans  une  pressante  nécessité  ;  il  se  livre  encore  à  des 
opérations  de  banque.  On  remarque,  en  effet ,  4  l'inspection  du  compte 
de  1828,  qu'il  a  emprunté  sur  billeU ,  dans  le  cours  d^^  cette  année, 
une  somme  de  23,022,074  fr  •  c'est-à-dire  ejavlicn  deux  millions  au» 
Àt\k  du  éditai  qiû  eût  été  nécessaire  pour  as«urtr  le  suyice  du  prêt, 


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(384) 

Onadonc*  =  _^^:,p_:_^  ^6_:^ 
i,i74,6i5«0;ia.  /        /. 

On  a  vu^i  page  SjS ,  que  Tintërét  des  sommes  prêlëei 
par  le  Mont-de-Piélë  se  calcule  séparëment  pour  diaqoc 
mois  f  et  que  le  mots  une  fois  commence  est  censé  ré- 
volu. Ainsi  I  Temprunteur  qui  laisse  en  gage  ses  effets 
trente-deux  jours  ,  soixante-deux  jours  ,  etc. ,  paie  deox 
mois  ,  trois  mois ,  etc. ,  d'intérêt ,  selon  les  cas.  U 
fout  donc  faire  successivement  dans  la  formule  ci- 
dessus  ,  /  =  —  = —  =.-i«  etc. .  pour  avoir  les  dif- 

ftrentes  valeurs  de  v  qui  doivent  satisfaire  à  U 
condition  quVUe  exprime  dans  chaque  hypothèse. 
Ainsi  Ton  sera  conduit  à  conclure  que  le  Mont-de- 
Piétë  n^a  point  été  couvert  de  tous  les  frais  que  lu 
ont  occasionné  : 

Les  prêts  inférieurs  à     8^54',  qui  ont  en  lien  pour     i  an. 

g  3a if  mois. 

10  aS ••  10  mois. 

11  38 9  mois. 

13  8a S^mois. 

i4  64 7  mois. 

17  68 6  mois. 

ao  5o» •••••••••  5  mois. 

a5  62 4  ^^ 

34  16 ••••••  3  mois. 

5i  a4 a  mois. 

loa  48 I  nuns. 


fnr  ga^e,  même  dtnâ  Thypothèse  où  la  rentrée  des  somacs  prltées  a*cit 
pas  eu  Ken  joumellement  pir  dégagement ,  renoureneaMnta  et  TfBtff.  Tk 
pareil  état  de  choses  ne  derraît  point  subsistez.  L'esprit  de  «pécahtiea 
întrodait  dans  cet  étabKssement  loi  donne  nécesMarcmcnt  vac  tf 
dance  contraire  an  bot  de  son  institation* 


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(385) 
Poar  déduire  de  ce  calcul  ,  du  moins  en*  partie ,  le$ 
conséquences  qui  en  dérivent  naturellement ,  il  VôAvient 
de  placer  ici  un  tableau  dont  les  éléments  dont^eticore 
donnés  par  le  compte  général  des  recettes  et  dépenses 
du  Mant-de-Piété  pour  TeXercicc  iâ2&  Il  Indique,  eu 
supposant  les  prêts  divisés  en  neuf  catégorisa  9  selon 
leur  importance  , 

1*  Le  terme  moyen  de  chaque  prét$ 

s<^  Le  total  des  nantissements  reçus  dans  chaque  ca*^ 
tégorie  ; 

3*  Les  proportions,  qni  se  sont  établies  pendant 
Tannée ,  entre  le  total  des  nantissements  reçus  et  ceux 
des  dégagements,  des  renouv4?llements  et  des  ven- 
tes CO- 


CO Ob  pourrait  penser,  tu  premier  «bôrd^  que  U  somme  des  trois 
fractions  qai  expriment  chaque  proportion ,  dût  être  égale  à  Tunité.  Il 
n*en  saurait  être  ainsi ,  parce  que  la  totalité  des  ventes ,  de  même  qu*une 
partie  des  dégâ^^teients  et  des  renouvellements ,  se  compose  des  nan- 
tiasemcflts  reçus  dans  le  cours  de  l*«nnée  qui  a  précédé  celle  où  oist  eti 
lieu  les  prêts  dont  le  chiffre ,  indiqué  dans  la  colonne  a  du  tableau ,  t 
^é  Tun  des  éléments  du  calcul  ^  prop«rtions. 


49 


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(586) 


Tbrmk  moiykv 

des  Préu 

dans 

ch.  eattfgorit 


Total 

de« 

niDtîss^  reçiu 

et  4es 
•om.  prêtées. 


45fo3o 

3757 

3449 

9  40 
9  ^ 
8  i3 
661 
6  53 
6  35 


137,80^ 

i3f,a99 

1 10,43^ 

ia3,4i3 

i38,44i 

t4i}6ot 

140,094 

123,944 

t38,44i 


kÉHdfeË 


PBOPOftTiOM  entre  le  Total 
4es  iMiitissenienU  reçu  et  cclaî  èet  I 


Dëg^eMt* 


0,7a 
t),7a 
0,70 
ofio 
0,80 
o,'8a 
0,84 
0,86 
0,80 


Renoufel** 


Y>,aO 
0|i8 
0,17 
o,t4 
o,i4 

Oyl3 

o,i4 
0,1 4 


Ventes. 


0,08 
i>,07 

0,06 
0,07 
0,07 
0,06 
0,06 
0,07 


J 


On  remarque  d^abord,  à  nnspedion  de  ce  tableau  9 
que  les  eitipriintefurs  appartenanls  aux  V*^  a*  et  3*  caté- 
gories ,  dont  les  nantissements  ont  été  soumis  à  un  nouvel 
engagement  h  la  fin  de  Tannée  y  |i^  voie  de  reaoa- 
veliement ,  ou  vendus  à  Texpiratioa  et  ce*  terme ,  à 
défaut  de  dégagement ,  ont  pajré  bien  au-delà  de  leur 
part  contributive  dans  les  frais  d'administration  de  ré- 
tablissement. En  calculant  ces  divers  excédants ,  aa 
moyen  des  chiflres  qui  figurent  dani  le  compte ,  et  qu'il 
a  paru  inutile  de  rapporter  ici ,  on  trouverait  qulb 
sont  représentés  par  les  sommes  ci-après  9  savoir  : 

'  catégorie. . . .  .i4i ,438^   78» 


Renouvellements  ^^l^^  catégogie. 
(s*  catégorie.. 

Il**  catégorie.. 
a*  catégorie.. 
3*  cat^orie.» 


ïoa,899 
74.096 

52,000 

16,343 


3o 
55 

64 

9» 
65 


Total 4i3|559'  8a« 


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C3«7Ï 

Cette  somme  s^accrott  encore ,  dans  une  forte  pro- 
portion ,  des  excédants  correspondants  à  ceux  des  prêts 
compris  dans  les  méûies  catégories,  qui  ont  eu  lieu 
pour  plus  de  trois  mois  ;  mais  comme  le  nombre  n^en 
est  point  détermine  dans  le  compte  dont  on  a  déjà  fait 
mention  ,  il  devient  impossible  de  calculer  ici  ces  excé^ 
dants  accessoires. 

Au  reste ,  si  Ton  veut  se  faire  une  idée  plus  exacte 
des  bénéfices  que  s'attribue  le  Mont-de-Piété  de  Paris , 
au  moyen  des  rétributions  exagérées  qu'il  perçoit,  il 
suffit  de  se  rappeler  que  les  recettes  opérées  indistinc- 
tement sur  tous  les  emprimteurs,  dans  le  cours  de 
l'année  i8a8  ,  sont  représentées  (voir  la  note  de  la 
page  383  )  par  le  chiffre i^636,3i  i  f.  60  a 

Tandis  que  la  masse  des  dépenses 
de  toute  nature  ne  Vest  élevée  qu'à..   i^ao^fiSg    2j 

Reste  net.  • a      433, 1 73  f.  33  c*. 

Ce  sont ,  comme  on  le  voit  h  l'inspection  du  tableau 
ci-dessus,  les  emprunteurs  compris  dans  les  cinq  pre-» 
mières  catégories  qui  ont  contribué ,  selon  des  propor- 
tions plus  ou  moins  fortes ,  à  réaliser  cet  excédant  assea 
considérable  ;  et  dès-lors  on  peut  dire  que  le  Mont-de- 
Piété ,  en  leur  imposant  des  rétributions  supérieures  au 
chiffre  représentatif  de  leur  part  contributive  dans  les 
(rais  d'administration,  augmenté  de  l'intérêt  de  l'argent, 
n'a  point  rempli  vis-h-vis  d'eux  l'objet  de  son  insti- 
tution ;  il  a  dépouillé  le  caractère  d'établissement  cha- 
ritable pour  en  revêtir  un  autre  que  ne  saurait  avouer 
la  morale.  En  vain  objectera- t-on  qu'à  l'égard  des  em-* 
prunteufs  compris  dans  les  quatre  dernières  catégories , 
ceux  qui  paraissent  appartenir  aux  classes  les  moins 
aisées  de  la  société  ,  il  n'a  perçu  ,  ainsi  qu'il  est  d'ail- 
leurs facile  de  s'en  convaincre  ,  que  des  rétributions 
inférieures  aux  frais  dont   ils  ont  été  l'occasion  ;  que 

49- 


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(588) 
d'ailleurs  l'excëdant  des  recettes  sur  les  dépenses  tourne 
au  profit  des  Iiospices  tle  la  capitale  y  et  accroît  les 
ressources  applicables  au  soulagement  des  pauvres.  Une 
semblable  objection  n'a  rien  que  de  spécieux.  Pour 
pratiquer  la  cliarité  enrers  les  uns  j  est-il  permis  d'exer- 
cer L'usure  envers  les  autres  ? 

Ce  reproche  s'adresse  à  tous  les  Monts-de-Piélé . 
puisque  les  rétributions  correspondantes  à  chaque  prêt 
Y  scmt  calculées  d*après  une  même  échelle  proportion- 
nelle. On  peut  présumer  de  \b  que  les  prêts  les  pins 
élevés  sont  ceux  dont  les  emprunteurs  se  libèreat  k 
moins  facilement ,  et  cette  présomption  est  justifiée,  ea 
ce  qui  concerne  le  Mont-de-Piété  de  Paris  ,  par  k 
tableau  figuré  en  la.  page  386*  On  y  voit,  efiectîvement, 
en  prenant  pour  point  de  départ  la  piemière  cat^ric 
des  prêts  ,  que  la  proportion  des  dégagemei^  aux  en- 
gagements augmente  graduellement  de  0,7a  jusqu'à  0,86, 
tandis  que, par  la  même  raison,  celle  des  renouvellements 
et  des  ventes  diminue  ,ia  première  depub  o,ao  jusqu'à 
o,i4  %  et  la  seconde  depuis  0,8  jusqu'à  o^fi* 

Ainsi  les  Monts-de*^Piété ,  du  moins  tous  ceux  dont 
l'organisation  a  eu  lieu  en  vertu  de  la  loi  du  6  février 
i8o4  (  6  pluviôse»  an  la  ),  et  dont  les  opérations  sont 
r^ies  par  des  règlements  analogues  à  celui  du  97  îusUei 
180S  (  8  thermidor  an  i3  ),  se  trouvent  en  contra* 
diction  manifeste  avec  les  principes  q«i  en  ont  détenûie 
l'établissement  4  en  ce  qui  concerne  du  moins  uœ  cer- 
taine classe  d'emprunteurs.  Us  exigent  d'eux  ,  en  «flet , 
un  intérêt  véritablement  usuraire ,  et  Vçn  a  vu  que  les 
profits  illégitimes  que  procure  annuellement  cet  iolérèt 
au  Mont-ile-Piété  de  Paris ,  sont  représentés  par  uoe 
somme  assez  considérable  \  cela  aura  lieu  toutes  les  bii 
que  les  rétributions  pefçues  pom:  chaque  prêt  seront 
déterminées,  comme  pa  Ta  vu  précédemment*  par  l' 
formule  (  »•  +  ^  )  if- 


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(389) 
Il  faudraU  donc  ,  avant  tout ,  introduire  dans  le$  rè- 
glements une  modification  que  réclame  la  justice  dis- 
tributive  >  et  qui  aurait  pour  eiïet  de  ne  soumettre 
chaque  emprunteur  qu^au  paiement  d'un  droit  fixe  re- 
présentatif de  la  moyenne  des  frais  d'administration  , 
indépendamment  de  l'intérêt  proportionnel  h  la  quotité 
du  prêt  quHl  aurait  obtenu.  Dans  ce  système ,  les  ré- 
tributions seraient  déterminées  par  cette  autre  formule 

r  t  V  'i'—j  Q  représentant  toujours,  comme  on  Ta 
it 

fupposé  page  38a,  la  niasse  des  fixais  d'administration 
proprement  dits ,  et  n  le  nombre  des  nantissements 
reçus  dans  Tannée.  A  la  vérité ,  les  nombres  Q  et  n 
varient  d'une  année  i  Tautre  ;  mais  comme  ces  varia- 
tions sont  peu  sensibles ,  on  pourrait  sans  inconvénient 
les  supposer  ^  au  commencement  de  chaque  annre  ,  h 
peu  près  équivalents  h  ceux  qui  auraient  été  donnés  par 
l'expérience  de  Tannée  précédente. 

£a  insistant  sur  la  convenance  de  cette  modification  , 
il  ne  faut  point  en  dissimuler  les  conséquences  pro- 
bables. Elles  seraient  telles  que  les  Monts-de-Piété 
pourraient  se  trouver  dans  Ti  npossibilité  absolue  de 
continuer  leurs  opérations ,  s'ils  demeuraient  abandçnnés 
k  leurs  propres  moyens ,  pour  faire  face  aux  dépenses 
qu'elles  entraînent.  Alors  ,  en  effet ,  les  prêts  les  plus 
modiques  donneraient  lieu  h  la  perception  de  rétribu- 
tions exorbitantes ,  tandis  que  celles  qui  correspondent 
maintenant  aux  prêts  les  plus  élevés  diminueraient  dans 
une  notable  proportion*  Un  pareil  état  de  choses  de- 
viendrait tout-à-fait  inlolérable  pour  les  classes  infé- 
rieures de  la  population. 

Afin  de  donner  une  idée  plus  complète  de  ce  qui 
aurait  lieu  ,  nous  placerons  ici  un  tableau  où  ces  rétri- 
butiçins  seront  successivement  calculées  pour  deux  pi éts , 
Tun  éi  $epi  francs  i  l'autre  de  qualre^i^gtr^uaire francs, 


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(390) 
selon  le  système  actuel  et  selon  le  nouveau  système  que 
nous  proposons  de  lui  substituer;  et,  dans  Pun  et 
Tautre  cas ,  nous  supposerons  que  le  taux  de  Tîntérét 
de  Targent  soit  de  4  pour  cent;  cette  supposition 
est  permise,  diaprés  Tobservation  placée  au  bas  de 
la  page  383.  Quant  au  premier  de  ces  deux  prêts, 
les  chiffres  qui  représentent  Tune  et  Tautre  rétribua 
tion  sont  égaux  pour  douze  mois  ;  mais  ik  aug- 
mentent comparativement,  dans  ie  nouveau  système, 
h  mesure  que  celte  durée  diminue.  Quant  au  second, 
les  mêmes  chiffres  sont  égaux  pour  un  mois;  mais 
ils  diminuent  comparativement  h  mesure  que  cette  da- 
rée  augmente. 


f 

RiTRIBUTIOHS 

9 

RiTUBonoio 

g- 

r 

Bnrét, 

relatiTesàceprèt. 

1* 
g- 

3. 

Darér. 

relativesiceprêt 

Système 
ancien*. 

Système 
noavean 

Système 
ancien. 

Sysitec 

f  ' 
I  an... 

Il  mois. 

10  mois. 

9  mois. 

o84o 
0  770 
0  700 
o63o 

0  84u 
0  8a6 
0  793 
0  770 

/ 
1  an... 

11  mois. 

10  mois. 

9  mois. 

10  080 

9  »<® 
8  400 
7560 

364o 
3  36o 

3o8o 

8  mois. 

0  56o 

0746 

8  mois. 

6  7ao 

a  800 

'< 

7  mois. 
6  mois. 

0  {90 
0  430 

0  7a3 
0  700 

'H 

7  mois. 
6  mois. 

5  880 
5a4o 

a  5aô 
a  3oo 

5  mois. 
4  mois 

0  35o 
0  a8o 

0  676 
0  653 

5  mois. 
4  mois 

4aoo 
336o 

i960 
1  680 

3  mois. 

0  aïo 

0  63o 

3  mois. 

a  5ao 

I  36o 

a  mois 

0  i4o 

0  606 

a  mois. 

1  680 

1   ia8 

1  mois. 

0  070 

0  583 

1  mois. 
V 

0  840 

084^ 

*  Les  nombres  compris  en  cette  colonne  sont  calcnlés  as  meyia 
àt  la  foimule  (r+  s)  <  f',  et  lu  nombres  compris  en  la  colonne  smTsni* 


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C391  ) 

Ainsi  les  emprunteurs  de  sommes  supérieures  à  84  f* 
ocraient  les  seuls  intéressés,  dans  toutes  les  circonstances, 
&  Tadoption  du  nouveau  système  de  calcul  des  rétr^<* 
butions  qui ,  dans  toutes  les  circonstances  aussi  ,  se 
trouvera  plus  ou  moins  préjudiciable  aux  emprunteui^ 
de  sommes  inférieures  à  7  francs.  Entre  ces  deux  li- 
mites Y  il  deviendrait  tantôt  favorable  «t  tantôt  défa- 
vorable. 

Pour  atténuer  cet  inconvénient ,  qui  aggraverait  sin- 
gulièrement la  position  de  toute  une  classe  d*emprun- 
leurs ,  il  y  aurait  un  premier  moyen  h  employer  j  ce 
serait  d^apporter  une  révère  économie  dans  toutes  les 
dépenses  qui  se  rattachent  aux  frais  d^admintstration  y 
et  de  réduire  ainsi  la  valeur  du   second  terme  de  la 

Q 

formule  r  t  v  -^ — ^.  On  conçoit  que  les  détails  du  ser^ 

Vice  d'un  Mont-de-Piété  ddîvent  être  ,  par  leur  nature 
méme/extrêmement  multipliés  ;  mats,  indépendamment 
de  ce  quHl  deviendrait  probablement  possible  de  les 
simplifier  ,  il  est  permis  de  soupçonner  qu'il  existe  ^ 
dans  plusieurs  de  ces  établissements ,  un  luxe  d^mployés 
et  de  traitements  peu  compatible  avec  le  caractère  de 
leur  institution. Serait^il  donc,  par  exemple,  impossible 
d'administrer  le  Monr-de-Piété  de  Paris  h  moins  d'une 
dépense  annuelle  de  658,70a  f.  07  c?  Tel  est,  du  moins , 
le   chiffre  que  présente  le  compte  de  1828. 

Pourquoi,  d'un  autre  côté,  ne  chercherait-on  pas 
à  ramener  les  Monts-de-Piété  vers  le  but  de  leur  ins- 
titution primitive,  celui  que  se  proposèrent,  à  la  fin 


Q 

an  moyen  de  la  formule  r  f  f'  +  -^ ,   r  étant ,  comme  précédemment, 

supposé  égal  à  o.  o4»  c*est-jt-dire  le  tanx  de  l'intérêt  de  fargent  à  quatre 
ponrcent.  11  est  inutile  d^ ajouter  que  ces  calculs  se  rapportent  aux  opé- 
rations du  Mont-de-Piét  é  de  Pani|  en  i8a8. 


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(:3e,a) 

du  i5'  &iècle,  les  citoyens  de  Pérouse.  (x)  ?  Oa  Vattein- 
drait,  ce  but,  en  déterminant  une  limite  (a)  aa-dessoQs 
de  Is^quelle  tous  les  prêts  auraient  lieu  sans  iQt^ét,oa 
seraient,  même  entièrement  gratuits  (3)« 

Des  subventions  annuelles,  fournies  par  les  villes  oà 
il  existç  de  semblables  établissements,  une  dotation 
complétée  au  moyen  de  souscriptions  provoquées  parmi 
les  principaux  habitants ,  permettraient  de  venir  ainsi 
au  secours  des  classes  voisines  de  IHndigence  ,  dtns 
leurs  pressantes  nécessités*  Mais  comme  ce  nouvel  ordre 
de  choses  aurait  infailliblement  pour  résultat  de  £ûit 
affluer  soudainement ,  vers  chaque  Mont-de-Piété ,  lui 
nombre  immense  d'emprunteurs ,  il  serait  besoin  dV 
dopter  dçs  mesures  réglementaires  soigneusement  com* 
binées  et  mûrement  réfléchies ,  pour  que  les  prêts  ne 
fussent  répandus  qu'avec  un  sage  discernement  ;  pour 
que  des  secours  exclusivement  réservés  au  Aalhear  ne 
pussent  fournir ,  en  beaucoup  d'occasions  ,  un  funeste 
aliment  à  l'imprévoyance  ,  h  la  paresse  ,  à  rivrognerie , 
h  la  débauche ,  h  Tamour  du  jeu  ;  pour  que  les  bien- 
faits d'une  institution  devenue  toute  charitable  ne  se 
changeassent  point  quelquefois  en  une  espèce  de  prime 
d'encouragement  accordée  aux  vols  domestiques ,  anx 
soustractions  frauduleuses  des  débiteurs  envers  leois 
<:réanciers.  C'est  dire  assez  qu'un  prêt  g;ratuit  ne  de- 
vrait être  accordé  qu'après  une  espèce  d'enquête  faite 


(i)  Voir  ci-deMU»y  pa^e  363* 

(2)  La  limite  dont  ii  a*agU  ici  aemble  aatnrefteBeat  iB£q«ée  par 
4«s  xéflexioiis  foî  font  suite  an  tableau  figuré  page  390.  Elle  acnît  à&mc 
^e  84  fr. 

(3)  Il  ne  faut  pas  peréie  de  vue  tpit  Ton  doit  tonjoun 
d^na  les  rétributions  perçues  au  profit  du  Mont-de~Piété,  étmx  t 
i»iea  distinctes  ;  savoir  :  Tintérèt  de  Faig ent  prêté  et  U 1 
tatWe  des  Irais  radminii tration  correspondants  as  prêt. 


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(  395  ) 

sur  les  circonstances  dans  lesquelles  se  trouve  p\até 
l'emprunteur  ;  et  qu^on  ne  vienne  pas  objecter  ici  les 
iticonvdnients  d'une  semblable  condition  :  ce  ne  sont 
point,  en  glanerai,  les  véritables  nécessiteux  qui  seront 
contraries  des  retards  qu'elle  entraînerait. 

Il  a  été  fondé  b  Toulouse  ,  dans  le  courant  de  1827  , 
une  société  de  prêt  gratuit  dont  les  statuts  peuvent  être  , 
à  plusieurs  égards  ^  proposés  comme  modèles  des  mo* 
difications  dont  seraient  susceptibles  les  règlements  des 
Monts-de-Piété  ,  en  conséquence  des  réflexions  qui  pré- 
cèdent ^i). 


Ci)  Voîci  quelques-utis  des  articles  de  ces  stituls,  textuellement  rap* 
portés: 

jirtich  i***  Il  est  formé ,  par  le  présent,  une  société  anonyme  qui  a 
pour  but  de  venir  au  secours  des  personnes  indigentes  ou  mal-tisées  ^ 
par  des  prêts  charitables  et  gratuits ,  sur  nantissements» 

article  3.  Le  capital  de  la  société  se  compose  essentiellement  de 
la  somme  de  5o,ooo  francs,  divisée  en  cent  actions  de  5oo  francs  cha-* 
cune,  qui  ne  porteront  aucun  intérêt  et  dont  le  remboursement  nt 
pourra  point  être  exigé  avant  dix  ans* 

article  5.  L'Etablissement  recevra  aussi  les  offrandes  et  dons  de 
toutes  les  personnes  qui ,  désirant  concourir  à  la  bonne  oeuvre  que  se 
proposent  les  fondateurs,  ne  voudraient  pas  néanmoins  être  membres  d« 
la  société.  Ces  offrandes  et  dons  serviront ,  t<^  au  paiement  des  frais  mo^ 
diques,  mais  indispensables f  de  la  société;  a»  au  remboursement  des 
actions  dont  les  propriétaires  réclameraient  le  montant ,  après  le  délai 
fixé  enfarticle  3. 

Article  ai.  Tout  individu  qui  voudra  faire  un  emprunt,  devra  s*a« 
dresser  à  Tun  des  administrateurs  de  la  société,  lui  déclarer  la  somme 
qa*il  veut  emprunter,  et  lui  présenter  le  gage  qu*il  offre  en  nantissement» 
L'administrateur  prendra  des  renseignements  sur  la  moralité  de  Vtm^ 
prunteur  ;  il  estimera  ou  fera  estimer  le  gage  offert. 

Article  aa.  Les  lundis  de  chaque  semaine  ,  le  bureau  d'administrt' 
tîon  se  réunira. 

Les  admimstrateais  auxquels  on  se  sera  adressé  pour  emprunter ,  rtn"  * 

5o 


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(394) 
Dans  le   double  intcfiét  de  IVronomie  poKtiqae  el 
de  famélioratioa  du  moral  des  populatioos  ,  il  serait 
fort  important  d'instituer  auprès  de  chaque  Mout-de- 
Piété,  réorganisé  d'après  les  principes  qui  vienueRt  dètrt 
indiqués ,  une  caisse  d'épargnes  qui  s'ouvrirait  chaque 
:  jour  pour  recevoir  le  firUit  des  plus  modiques  économies. 
La  confusion  de  ces  deux  établissements  en  un  seul, 
régi  par  la  m(!me  administration ,  opérerait  sans  doute  no 
bien  immense  ,   en  offrant  h  ceux  que  des  circonstances 
impérieuses  auraient  obligés  h  contracter  un  emprunt, 
la  faculté  de  le   rembourser  graduellement    à   mesure 
qu'ils  auraient  réalisé   la  moindre  épargne.  Combien, 
d'ailleur^  d'ouvriers,  de  domestiques,  i\e  pauvres  mêmes, 
qui  ,  après  avoir  péniblement  amassé  quelque   argent 
au  bout  de  plusieurs  années  ,  s'en  trouvent  ensuite  em- 
barrassés 7    Le  conservent-ils  entre    leurs  mains  ?  ils 
courent  les  risques  d'un  vol  ou  de  quelqu'aufre  accideol 
imprévu.   Lé  coufient-its  h  un  négociant,  à  un  capita- 
liste ,  comme  cela  se  pratique  dans  la  plupart  des  villes 
de  commerce?  ils  sont  exposés  à  des  banqueroutes  dont 
on  n'a  vu  que  trop  d'exemples,  lis  n'auraient  h  conce- 
voir aucune  crainte  de  cette  nature  en  le  versant  au 
Mool-de-Piété ,  où  il  leur  produirait  un  intérêt ,  mo- 
dique peut-être  ,  mais  qui ,  cumulé  de  mois  en  mois , 
accroîtrait  encore  assez  rapidement  leur  pécule.  Ainsi 
on  mettrait  en  circulation  une.  foule  de  petits  capitaux 
^ui  demeurent  actuellement  improductifs  ;  on  eocoura* 
garait  le  goût  de  l'épargne  chez  ceux  qui  l'ont  contracté  ; 


4roat  compte  des   renseignements  qu'ils  anront  nc«eillu  et  ia»  4*- 
■i|rcli«*   qu'ils  auront  faites. 

Sur  leur  r apport,  le  bureau  délibérera  s'il  j  a  lieu  ou  s'î  a'j  a  fM 
)i#u  ie  prêter* 


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(395) 
en  Pinspirerait  à  ceux  qui  ne  dissipent  tout  ce  qu^ib 
gagnent  que   parce  qu'ils  ne  savent  point  se   tenir  en 
garde  contre  les  occasions  de  dépense.  A   aVié  de  la 
caisse  où  le  prolétaire  insouciant  vient  puiser  un  argent 
qui ,  le  plus  souvent ,  sera  follement  dissipé  dès  le  len- 
demain ,  qu'il  en  soit  placé  une  autre  oïli  Tart^san  labo- 
rieux ira  déposer  et  fai>e  fructifier  Pépargne  de  la  veille  : 
ces  deux  hommes  se  trouvant  habiiiieUement  en  contadt , 
dans  le  même  local ,  l'exemple  de  Tun  ne  manquera 
point  d'exercer  sur  le  moral  de  l'autre  une  favorable 
influence.  Celui-ci,  observant  presque  involontairement 
chaque  jour  les  avantages  d'une  vie  régulière  et  d'une 
bonne  conduite ,  sera  naturellement  porté  à  désirer  de, 
les  acquérir  pour  soi-même  ;  que  ,  par  l'effet  d'un  si 
louable  désir ,  il  se  soit  une  fois  ,  à  son  tour ,  rendu 
déjpositaire  de  quelque  modique  somme ,  on  peut  af- 
firmer qu'il  n'aura  plus  d'autre  pensée  que  celle  de 
Faccroîlre  ,   et  que  celte  pensée   dé^veloppera  chez  lui 
l'amour  du  travail,  le  goût  de   l'économie  et  l'esprit 
de  propriété;  qu'il   deviendra  dès-lors  un  des  mem- 
bres véritablement   utiles  de  la   sociéii^,  au  bonheur 
et  h  la   conservation  de    laquelle  soit  propre   intérêt 
lui  suggérera  incessamment  de  coopérer.  Car  les  hom- 
mes en  qui  l'on  remarque  le  plus  àe  vertus  sociales 
sont ,   en  général ,  dans  toutes   les   classes ,   ceux  qui 
sont  parvenus  b  s'élever  par  la  pratique   joumalièra 
des  vertus  privées* 

Dans  plusieurs  villes  de  France  ,  il  s'est  formé  entre 
divers  artisans,  ouvriers  et  autres  individus  appartenants 
aux  classes  inférieures  ,  des  associations  ayant  pour 
objet  de  réaliser  un  fonds  permanent  de  secoars  ,  en 
faveur  de  ceux  4Vntr*eux  que  des  cifcdhstances  acci- 
dentelles mettent  hors  d'état  de  pourvoh*  h  leur  siibsis- 

5o- 


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(396) 
tance  (i).  On  ne  saurait  croire  à  combien  de  besoins 
peut  suffire  ce  fonds  sagement  administré  ,  quelque 
modérées  que  soient  les  rétributions  imposées  aux  so- 
ciétaires. La  raison  en  est  simple  :  individuellement 
intéressés  à  ce  qu^aucun  d'eux  ne  devienne ,  par  incoo- 
duite ,  une  charge  pour  V association  ,  ils  exercent  IfS 
uns  sur  les  autres  une  surveillance  mutuelle  ;  et  chacun, 
ne  fût-ce  que  par  autour  propre  ,  embrasse  une  vie 
Taulière  exempte  de  ces  excès  qui  amènent  des  nialadies 
ou  de  fâcheux  événements. 

Quelque  philantropique  que  soit  l^iostitution  des 
Caisses  d'épargnes  ,  il  faut  avouer  que  celle  dont  il  s'agit 
mérite  encore  la  préférence.  Toutes  deux  ont  le  même 
but ,  celui  d'inspirer  le  goût  de  l'économie  et  du  tra- 
vail. Mab  l'une  ,  après  avoir  encaissé  les  modiques 
sommes  que  lui  confie  l'ouvrier ,  le  laisse  sans  exci- 
tation à  persévérer  dans  ses  bonnes  résolutions,  sans 
conseils  contre  les  tentations  qui  peuvent  lui  suggé- 
rer l'idée  de  retirer  son  argent ,  pour  en  faire  un 
mauvais  usage.  IJ' association ,  au  contraire ,  lui  im* 
pose  l'obligation  de  réaliser  à  la  Caisse  commune  des 
versements  périodiques  qui  sont  irrévocablement  alié- 
nés ;  les  avis  et  les  exemples  ne  lui  manquent  pas, 
au  besoin ,  pour  le  détourner  des  voies  dangereuses 
où  il  pourrait  s'engager. 

Voila ,  sans  doute ,  les  individus  auxquels  devrait  t 
b  tous  égards,  s'appliquer  le  bienfait  du  prêt  gratuit, 
lorsque  des  circonstances  malheureuses  leur  imposent 
la  triste    nécessité  de  mettre  leurs  effets  en  gage,  à 


(i)  Il  existe  à  Rouen  environ  trente  associations  de  ce  senrc, 
prenant  a5oo  à  5ooo  sociétaires» 


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(  397  ) 
cause  de  rinsuffîsance  des  secours  que  peut  leur  ac- 
corder la  Caisse  de  Vassodation^  Que  Tadministra- 
tion  publique ,  après  avoir  réorganisé  Tinstitution  des 
Monts*-d0-Pi^té  sur  les  nouvelles  bases  que  Texpé-* 
rience  aura  indiquées  ,  introduise  donc ,  dans  les  rè- 
glements ,  une  disposition  en  vertu  de  laquelle  les 
membres  des  sociétés  de  secours  mutuels  aient  droit 
à  emprunter  h  la  caisse  de  ces  établissements ,  sans 
intérêt ,  les  sommes  dont  ils  auraient  besoin ,  jusqu'à 
une  limite  déterminée. 

Nous  avons  signalé  les  principaux  inconvénients  que 
les  économistes  s'accordent  depuis  quelques  années  k 
reprocher  aux  Monts-de-Piété  ,  et  nous  avons  en  même 
temps  indiqué  le  seul  moyen  qui  nous  paraisse  propre  à 
faire  apprécier  ces  inconvénients  à  leur  juste  valeur. 
Nous  avons  rappelé  ensuite  les  avantages  qui  ont  été 
dans  tous  les  temps  attribués  a  une  institution  formée , 
il  y  a  plusieurs  siècles ,  dans  Tintérét  des  pauvres ,  et 
jQous  avons  cherché  h  mettre  en  évidence,  au  moyen 
du  calcul,  ce  quHI  y  aurait  à  faire  pour  la  ramener 
au  but  de  sa  destination  primitive  ,  en  procurant 
à  Tindigcnt  des  secours  qui  ne  devinssent  pas  ^ 
comme  dans  Tétat  actuel  des  choses ,  le  principe  de 
sa   ruine. 

La  tâche  que  nous  nous  étions  proposée  se  trouve 
^onc  remplie  ,  et  il  nous  reste  à  exprimer  le  désir  que  cet 
£ssai ,  quelque  imparfait  quHI  puisse  être,  fixe  Tattention 
du  gouvernement  sur  une  question  importante  dont  les 
économistes  et  les  moralistes  doivent  également  appeler 
la  solution  de  tous  leurs  vœux.  Dans  le  royaume  des 
Pays-Bas  ,  un  acte  du  3i  octobre  1826,  fruit  des  mé- 
ditations les  plus  réfléchies ,  a  eu  pour  objet  de  réor- 
ganiser les  maisons  publiques  de  prêt  sur  gages  ,   sur 


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(398) 
iêê  baset  aussi  favorable»  aux  empnmleiirs  que  la  nats^ 
des  choses  a  para  le  permettre»  Cet  exemple  dW 
sollicitude  réelle ,  dont  la  population  doit  ressentir  im- 
mëdialement  ks  effets ,  ne  saurait  élre  perdu  pour  li 
France 


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DE  BOSSUET 

INSPIRÉ  PAR  LES  LIVRES  SAINTS  ; 
PirM.  A.  Floqubt. 


Un  jeune  homme  ouvre  ,  au  hasard  ,  nn  livre  qui 
ne  sVtaît  jamais  oRert  h  ses  yeux  :  h  peine  il  en  a  lu 
quelques  pages ,  et  voilh  qu^à  Taspect  inattendu  des 
bcautc^  qui  y  brillent  de  toutes  parts ,  son  ame  a  tres- 
sailli ,  des  cris  d^admiration  lui  échappent ,  tout  sVclipse 
devant  les  hautes  conceptions  quMl  admire.  Pour  lui 
plus  de  passé  ,  plus  de  souvenirs.  C'est  de  ce  jour  seu- 
lement que  ses  destinées  commencent  :  elles  seront 
glorieuses  ,  ces  destinées  ;  et ,  d'une  rencontre  si  for- 
tuite ,  d'un  fait  si  simple  ,  naîtront  de  grands  événements 
et  de  nombreux  chefs-d'œuvre  ,  car  ce  livre  est  la  Bible , 
et  ce  jeune  homme  est  Bossuet. 

Quelle  lumière  vient  de  luire  h  cette  jeune  et  vive 
intelligence  ,  et  de  révéler  à  ce  génie  naissant  tout  ce 
qu'il  doit  être  un  jour  ?  Quelle  révolution  soudaine 
dans  les  affections  littéraires  de  ce  brillant  élève  tout 
chargé  des  palmes  de  l'école  ?  Ne  lui  parlez  plus  de 
ces  historiens,  de  ces  poètes  qu'idolâtra  son  enfance. 
Désormais  il  appartient  b  d'autres  maîtres  :  il  a  trouvé 
quelque  chose  de  plus  vrai  que  les  annales  des  hommes  , 
de  plus  doux  que  Virgile  et  de  plus  grand  qu'Homère. 
David,  avec  sa  harpe  d'or  et  ses  hymnes  dignes  du  Ciel  ; 
Salomon ,  avec  ses  chants  d'amour  et  les  oracles  de 
cette  sagesse  auprès  de  laquelle  toute  autre  sagesse  est 
folie  ;  Jérémie  i  avec  ses  lamentations  qui  égalent  le^ 


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(4oô) 
Cftlamîlës  :  voilà  les  nouveaux  mattres  de  Bossoet;  i 
Combien  surtout  il  écoute  avidement  le  Roi  de  tons 
les  peintres  et  de  tous  les  poètes  j  ce  grand  ,  ce  gi- 
gantesque Isaïe  ,  qui  fait  plus  que  de  peindre  les  choses , 
qui  les  montre  à  nos  sens  étonnes  ;  Isaïe ,  qui ,  animaot 
une  nature  inerte  j  lui  donne ,  avec  la  vie ,  des  passions , 
de  Téloquence ,  de  la  joie  et  des  larmes  ;  et  les  cèdres 
du  Liban,  devenu^  sensibles  par  son  art  tout  puissant, 
balancent  leurs  cimes  frémissantes  ,  se  félicirent  mu- 
tuellement de  la  mort  d'Assur  ,  et  se  disent  les  uns  aux 
autres  .*  nul  «  maintenant ,  ne  viendra  nous  abattre  ;  rt 
ces  vaisseaux  qui  ,  de  tous  les  points  du  monde ,  ar- 
rivent à  voiles  déployées ,  et ,  ne  trouvant  que  des  niioes 
ïk  où  naguèrcs  ils  avaient  vu  Tyr ,  Fentrepôt  des  nations, 
poussent  des  hurlements  d.Mtonnement  et  de  douleur  ! 

A  cet  âge ,  où  tout  ce  qui  est  beau  et  grand  saisit 
Tesprit ,  fait  battre  le  cœur ,  fait  pleurer  d^enthousiasme 
de  ravissement  et  de  bonheur ,  avec  quel  enchantement 
la  vive  et  forte  imagination  de  Bossuet  se  repaît  de 
cette  divine  poésie  pleine  de  vie  ,  de  chaleur  et  d'au- 
dace ,  s'enivre  de  ces  pensées  merveilleuses  qui  la  f<?- 
condent ,  s'imprègne  de  ces  fraîches  et  brillantes  cooleors 
qui  doivent  ne  s'effacer  jamais  ! 

Au  sein  de  ces  délicieuses  études ,  déjà  les  années 
de  sa  jeunesse  ont  passé  comme  une  ombre  ;  et  je  le 
vois  apparaître  au  grand  siècle  qui  l'appelle  ,  avec  je 
ne  sais  quoi  d'inspiré  ^  d'oriental  et  de  prophétique 
qui  étonne  ,  subjugue  ,  entraîne  une  cour  avide  de 
grandes  émotions  ,  un  monde  de  héros ,  de  savants 
et  de  génies  ,  qui  ne  peuvent  se  rassasier  de  Tentendre , 
et  proclament  h  l'envi  que  jamais  aucun  homme  n'avait 
parlé  comme  cet  homme. 

Et ,  en  effet ,  sans  rival  dans  les  temps  modernes  » 
qui  pourrait-on  lui  comparer  dans  les  temps  anciens? 
Nous  admirons  Démosthènes  réveillant ,  incessamment , 


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(  4oi  ) 

par  des  cris  d^alarme  ,  un  peuple  insouciant  et  frivole  , 
et  le  contraignant  de. prêter  l'oreille  au  bruit  de   plus 
e^  plus  prochain  des  chaînes  que  lui  apporte  Philippe  ; 
nous  .admirons  Cicéron  entouré  de  tous  les  dieux  qu'in- 
sulta Verres  ,  avec  eux  poursuivant ,  écrasant  ce  spo- 
liateur sacrilège  de  la  Sicile  opprimée  ;  chassant  Catilina 
de  Rome  ,  après  lui  avoir  arraché  son  masque  ,    ses 
torches  et  ses  poignards  ;  stigmatisant,  h  coups  de  foudre, 
cet  impur  et  ambitieux  Antoine ,  qui ,  esclave  de  tous  les 
vices  ,  voudrait  donner  des  lois  à  l'empire.  Mais  voyez  , 
dans  cette  tribune  plus  haute ,  un  homme  plus  grand  que   ' 
ces  deux  hommes  parler  ,  non  pas  à  un  sénat ,  non  pas  à 
un  peuple ,  mais  au  monde ,  et  l'entretenir  d'intérêts  plus 
vastes  que  la  conservation  de  Rome ,  que  les  richesses  de 
la  Sicile  ,  que  la  liberté d*  Athènes  ;  oui ,  aussi  long-temps 
que  l'on  croira  que  l'intelligence    est  un    soufle  divin 
et  que  Tame  ne  meurt  pas ,  il  faudra  que  toute  élo- 
quence se  taise  devant  l'orateur  qui  vient ,  au  nom  du 
Ciel ,   raconter  a  l'homme  l'histoire  de  son   origine  , 
lui  enseigner  ses  devoirs ,  lui  révéler  ses   destinées  fu- 
tures ,   lui   donner  eniin  ces  grandes  leçons  qui  em- 
brassent dans  leur  immensité  le  passé ,  te  présent  et 
l'avenir.  Mais  que  dire  ,  surtout ,  quand  cet  orateur  est 
un  Bossuet ,   auguste  et  pur  comme  la  vertu  qu'il  en- 
seigne f  comme  le  Ciel  qui  l'envoie  ;   égalant ,  par  la 
ferveur  et  la  vivacité  de  sa  foi ,  les  Pères  ,  les  orateurs 
de  l'Eglise  naissante  ;  les  surpassant  par  la  science  ,  par 
le  génie ,  par  tous  les  avantages  d'une  civilisation  plus 
avancée  ,  d'un  goût  plus  pur ,  d'un  idiome  plus  poli  , 
que  sa  pensée  énergique  et  puissante  sait  embellir  en- 
core^  que  dis-je  ?  le  disputant  aux  prophètes  eux-mêmes , 
par  la  hauteur  des  conceptions  àt  la  poétique  audace 
du  langage.  Ecoutons-le  : 

«  Dieu  nous  a  révélé  que  lui  seul  il  fait  les  conqué- 
rants ,  et  que  seul  il  les  fait  servir  h,  ses  desseins.  Quel 

5i 


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(4oO 

iaiitre  a  fait  un  Cyrus ,  si  ce  n'est  Dieu ,  qui  Tavait 
fi6mmé  deux  cents  ans .  avant  sa  naissance ,  dans  les 
oracles  dlsaïe  7  «  Tu  n^es  pas  encore  ,  lui  disait*il  (i), 
«  mais  je  te  vois  et  je  t*ai  nomme  par  ton  nom  :  ta 
'«  t'appelleras  Cyrus.  Je  marcherai  devant  toi  dans  les 
«  combats  :  à  ton  approche ,  je  mettrai  les  Rob  en  faite , 
(<  je  briserai  les  portes  d'airain.  C'est  moi  qui  étends  les 
tt  cieux ,  qui  soutiens  la  terre ,  qui  noibme  ce  qui  n'est  pas 
K  comme  ce  qui  est  ;  c'est-^ire^  c'est  moi  qui  &is  toat^ 
<t  et  moi  qui  vois ,  dès  l'^ternitë ,  tout  ee  que  fe  fais.  » 

«  Quel  autre  a  pu  former  un  Alexandre ,  si  ce  n'est 
te  même  Dieu  qui  en  a  fait  voir  de  si  loin ,  et  par 
des  figures  si  vives  ,  l'at-deur  indomptable  b  son  prophète 
Daniel  ?  «  Le  voyez-vous  ,  dit-il ,  ce  conquérant  ?  Avec 
«  quelle  rapidité  (a)  il  s'élève  de  l'Occident  comme  par 
^f  bonds  et  ne  touche  pas  ^  terre  !  Semblable ,  dans  ses 
«  sauts  hardis  \  et  dans  sa  légère  démarche  ,  à  ces  ani- 
A  maux  vigoureux  et  bondissants  ,  il  ne  s'avance»  que  par 
*  vives  et  impétueuses  saillies ,  et  n'est  arrêté  ni  par 
«  montagnes ,  ni  par  précipices.  Déjb  le  Rot  de  Perse 
«r  est  centre  ses  mains  (3)  ;  à  sa  vue  il  s'est  animé.... 
ft  ejferattts  est  m  tum ,  dit  le  prophète  ;  il  l'abat ,  il  le 
, 1 I 

(i)  Hœc  dicit  Dominas  Ckristo  meo  CjrrOfCujus  apprehenS        i 

dexteram Egô  aniè  te  ibo  ^   et  glorioso  terrm   humiUaho  :        \ 

portas  cereas  conte ram  ^  et  vtctes  ferreos  eonfringauu*.,  Utwcims        I 
quia  ego  Dominus,  qui  voco  nomen  ftfum....    P'œan  ie  namism 
tuo....  uiccinxi  ie^  et  non  cognovieti  me.,,,  .  Bgo  Dominas,  et  mem 
est  alter,  formans  lucem  et  créons  tenehras ,  facient  paeem  ,  et 

creans   malum JBgo  Dominas  faciens  omnia  IL^c.  (Isak, 

VLX  ,  I  ,  a  ,  3  et  suivantes.  ) 

(i)  V€niehat  ah  occidertte  super  faeiem  totius  terrm ,  et  nea 
tangebttt  terram.  (  Dtaiel ,  viii ,  5.  ) 

C3)  Cucurrit  ad  eum  in  impetu  fortitadinis  sam  ;  cumqwt  ^ 
propinquasset  propè  arietem,.,,  ;  cumque  eum  misissetin  urram , 
conculcavit ,  et  nemo  quibai  liberare  arietem  de  manm  ^t- 
(DmiUI,  nfi  ,6,7,  20.) 


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(  4^3  ) 

K  foule  aux  pieds  :  oui  ne  le  peut  défendre  des  coups  qu'il 
«  lui  porte  «  ni  lui  arracher  sa  proie.  »  A  n'entendfre  que 
ces  paroles  de  Daniel ,  qui  croiriez-vous  voir  sous  cette 
figure  ,  Alexandre  ou  le  prince  de  Cgndë  (i)?  >» 

£t  h  mon   tour,  je   le   demande   :  qui  croyez-vous 
que  vous  venez  d'entendre  ?  Daniel  «  sans    doute  ,    et 
le  fils   d'Amos  ?  Oui  ;    mais ,    avec    ces    prophètes  , 
le  grand  Bpssuet  qui  a  parle  avec  eux ,  qui  a  mêlé  ses 
paroles  h  leurs  paroles  ,  son  génie,  à  leur  génie ,   son 
enthousiasme    à    leur    enthousiasme  ,    qui  ,    nouveau 
Jacob  ,  a  osé    lutter  avec  fange  «  et ,   plus   heureux , 
n'a  pas  été  vaincu.  Cest  que ,    d'un  commerce  étroit 
et  intime  avec  des  intelligences  inspirées  ,  il  a  rapport^ 
un  idiome  tout  divin  que  l'on  ne  sait  plus  distinguer 
du  leur  ;  qu'à  l'école  de  ces  esprits  favorisés  du  Ciel , 
il  est  devenu  comme  l'un  d'eux  ;  et  désormais  il  n'y 
a  plus  de   pensées  si  hautes  que  ne  sache  égaler  sa 
parole  ,  plus  de  difficultés  si  grandes  dont  ne  triomphe 
son  pinceau  créateur.  £t  voyez  quels  sujets  va  choisir 
ce  génie  sûr  de  lui-même  !  Un  saint  Paul  qui ,  arrivant 
sur  la  place  publique   d'Athènes ,  aperçoit  au    fron- 
tispice d'un  temple  cette  inscription  :  AuDUu  inconnu  {2)^ 
et  soudain ,  tout  hors  de  lui ,  raconte ,  è  une  fouie  im- 
mense qui  l'entoure  ,  des   choses  merveilleuses  de  ce 
Dieu  qu'elle  ignore  et  que ,  lui ,  il  connaît  ^  et  simple , 
sans  art ,  sans  extérieur ,  disons-le  avec  lui ,  ignorant , 
g;rossier ,  barbare  ,  dépourvu  de  tout  ce  qui  fait  écouter  , 
n'ayant  rien  en  lui  qui  né  choque  et  ne  répugne ,  gagne , 
en  un  instant ,  à  ce  Dieu  mystérieux ,  cette  multitude 
qui  le  dédaignait  tout  ^  l'heure  ,  les  savants  et  les  îgno* 
rantSf  le  peuple  et  les  sages.  Le  pinceau  d'un  mortel 
pourra-t-il  retracer  dignement  de  semblables  prodiges  ? 


(1)  Oraiso|i  fonèbre  de  Condé. 

(*)  Aot  ^p09i,t  cap*.  Jtviil,  v.  a3et  »eq. 


5i. 


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(  4o4  ) 

Oui ,  mais  ce  ne   sera  point  la  palette  de  Hiômme 
qui  lui  fournira  des  couleurs. 

<v  Trois  choses  contribuent  ordinairement  à  rendre 
un  orateur  agréable  et  efficace  :  la  personne  de  celui 
qui  parle  ^  la  beauté  des  choses  quHI  traite  ,  la  manière 
ingénieuse  dont  il  les  explique  ;  et  la  raison  en  est  en- 
dente ,  car  IVstime  de  Torateur  prépare  une  attention 
favorable  ;  les  belles  choses  nourrissent  Tesprit ,  et  IV 
dresse  de  les  expliquer  d'une'  manière  qui  plaise  W 
fait  doucement  entrer  dans  le  cœur.  Mais ,  de  la  ma- 
nière que  se  présente  le  prédicateur  dont  je  parle ,  il 
est  bien  aisé  de  juger  qu'il  n'a  aucun  de  ces  avanta^s. 
Et  premièrement ,  si  vous  regardez  son  extérieur ,  il 
avoue  lui-même  que  sa  figure  n'est  point  relev^  (i); 
et  si  vous  considérez  sa  condition ,  il  est  misérable  et 
réduit  à  gagner  sa  vie  par  l'exercice  d'un  art  mécani- 
que. . . .  Chrétiens  ,  quel  prédicateur  pour  convertir  tant 
de  nations  !  Mais  peut-être  que  sa  doctrine  sera  si  plau- 
sible et  si  belle  ,  qu  elle  donnera  du  crédit  à  cet  homme 
si  méprisé.  Non  ,  il  n'en  est  pas  de  la  sorte  :  «  Il 
ne  sait ,  dit-il  ^  autre  chose  que  son  maître  crucifié  ;  • 
c'est-à-dire  qu'il  ne  sait  rien  que  ce  qui  choque , 
que  ce  qui  scandalise  ,  que  ce  qui  paraît  folie  et  extra- 
vagance. •  •  M&is  y  grand  Paul ,  si  la  doctrine  que  vous 
annoncez  est  si  étrange  et  si  difficile ,  cherchez  du  moins 
des  termes  polis ,  couvrez  des  fleurs  de  la  réthorique 
cette  face  hideuse  de  votre  évangile  ,  et  adoucissez  son 
austérité  par  les  charmes  de  votre  éloquence.  A  Dieu 
ne  plaise ,  répond  ce  grand  homme  ^  que  je  mêle  la 
sagesse  humaine  à  la  sagesse  du  fils  de  Dieu  :  c'est  la 
volonté  de  mon  maître  que  mes  paroles  ne  soient  pas 
moins  rudes  que  ma  doctrine  paraît  incroyable  (a). 

(i)  Prœsentia  corporis  infirma,  (  ii  Cot.  ,  x ,  to.  ) 
(i)  Non  in  persuoêibilikus  humanœ  sapientiœ  itérait.  (  i€^ 
rintk, ,  II  y  1.  ) 


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(^o5  ) 
N*attendez  donc  pas  de  lui  ,  ni  quHl  vienne  flattef 
les  oreilles  par  des  cadences  harmonieuses  ,  ni  quH| 
veuille  charmer  les  esprits  par  de  vaines  curiosités..,. 
Son  discours ,  bien  loin  de  couler  avçc  cettç  douceur 
agréable,  avec  cette  égalité  tempérée  que  nous  admir 
rons  dans  les  orateurs ,  paraft  inégal  et  sans  suite  à 
ceux  qui  ne  Tont  pas  assez  pénétré  ;  et  les  délicats  de 
la  terre  sont  offensés  de  la  dureté  de  son  style  irrégulier. 
Mais ,  o^en  rougissons  pas  ,  le  discours  de  Tapôtre  est 
simple  y  mais  ses  pensées  sont  toutes  divines.  S'il  ignore 
la  rhétarique  ,  s'il  méprise  la  philosophie ,  Jés^s-Chri$t 
lui  tient  l^eu  de  tout  ;  et  son  nom ,  quHl  a  toujours  à 
la  bouche  ^  les  mystères  qu'il  traite  si  divinement  ^  ren- 
dront la  simplicité  toi4te  puissante.  Il  ira  ,  cet  ignorant 
dans  Tart  de  bien  dire  ,  avec  cette  (ocution  rude  ,  avec 
cette  phrase  qui  sent  l'étranger ,  il  ira  en  cette  Grèce 
polie ,  la  n^ère  des  philosophes  et  des  orateurs  y  et  , 
malgré  la  résistance  du  monde  ,  il  y  établira  plus  d'é- 
glises que  Platon  n'y  a  gagné  de  disciples  par  cette 
éloquence  qu^on  a  cru  divine  ;  il  prêchera  Jésus  dans 
Athènes ,  et  le  plus  savant  de  ses  sénateurs  passera  de 
J'aréppage  en  l'école  de  ce  barbare.  Il  poussera  encore 
plus  loin  ses  conquêtes  ;  il  abattra  aux  pieds  du  Sauveur 
la  majesté  des  faisceaux  romains  en  la  personne  d'un 
proconsul  ,  et  il  fera  trembler  dans  leurs  tribunaux 
les  juges  devant  lesquels  on  le  cite.  Rome  même  en- 
tendra sa  voix  ;  et  un  jour  cette  ville  maîtresse  se  tiendra 
bien  plus  honorée  d'une  lettre  du  style  de  saint  Paul  , 
.  adressée  h  ses  citoyens ,  que  de  tant  de  fameuses  ha* 
rangues  qu^elle  a  entendues  de  son  Cicéron.  Et  d'où 
vient  cela  ? . .  •  C'est  que  Paul  ^.des  moyens  pour  per- 
suader ,  que  la  Grèce  n'enseigne  pas  et  que  Rome  n'a 
pas  appris.  Une  puissance  surnaturelle  ,  qui  se  platt 
^  relever  ce  que  les  superbes  méprisent ,  s'est  répandue 
et  mêlée  dans  l'auguste  simplicité  de  ses  paroles.  De 


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(4o6) 
Ih  vient  que  noas  trouvons ,  dans  ses  admirables  ëptlres, 
une  certaine  verta  plus  qu^humaine  ,  qui  penoade 
contre  les  règles  ,  ou  plulât  qui  ne  persuade  pas  tial 
qu'elle  captive  les  entendements  ;  qui  ne  flatte  pas  ks 
oreilles  ,  mais  qui  porté  ses  coups  droit  au  coBor.  Dt 
même  qu'on  voit  un  grand  fleuve  qui  retient  encore  « 
coulant  dans  la  plaine ,  cette  force  violente  et  impé- 
tueuse qu'il  avait  acquise  aux  montagnes  d'où  il  tire 
son  origine  ;  ainsi  cette  vertu  céleste  ^  qui  est  contenue 
dans  les  écrits  de  saint  Paul ,  même  dans  celte  sim- 
plicité de  style ,  conserve  toute  lit  vigueur  qu'elle  apt 

porte  du  Ciel  d'où  elle  descend »  (i) 

Le  génie  de  Bossuet  a  resplendi  tout  eotier  h  nés 
yeux  éblouis.  Ecoutez  maintenant  parier  son  arae  ; 
voyez  le  sortir  consterné  de  ce  palais. en  deuil  où  il 
vient  d'exhorter  h  la  mort  Henriette  d^Angleterre.  Na* 
guères  il  proclamait  si  fièrement  cette  dure  ioi  de  tatf- 
frir  (a)!  Et,  dans  cette  chaire  de  Saint-Denis,  ou  il  n'é- 
tait monté  que  pour  donner  de  sévères  leçons,  il  ne 
sait  plus  trouver  que  son  cœur  et  des  larmes  i  il  ne  sait 
plus  que  pleurer  et  défaillir  avec  cette  coiir  désolée  dont 
il  venait  censurer  la  faiblesse.  A  ce  cri  d'alarme  :  Ma- 
dame se  meurt ,  a  succédé  si  vite  ce  cri  de  désespoir  : 
Madame  est  morte ,  qu^en  présence  même  de  la  tombe 
l'orateur  a  peiiie  i  y  croire.  U  voit  encore  ,  il  montre 
cette  femme  si  jeune  et  si  belle  croissant 
des  bénédictions  des  pétales  (3}  ,  tanJHs  qme  ies 
cessent  de  lui  apporter  de  nomeUes  grâces  ;  apee  cei  esprit 
QÎf  et  perçant ,  apec  cette  jeunesse,  ce  insage  riani  ^i 
était  ne  promettre  que  des  Jeux  ,   avec  cet  esprh  ^^  i 


(i)  Panégyrique  de  saint  Paul,  par  Bossuet. 
(a)  Expressions  df  Bossaet. 

(3)  Bossuet ,  Oraison  funèbre  de  la  Duchesse  dOrtians,  To 
^e  ^ai  est  sooHgné  appartient  à  ce  ^iseoiifs« 


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(  4o7  ) 

pondu  dans  tout  son  extérieur ,  en  rendait  les  grâces  si 
vii^es  ;  et  lorsqu^un  mal  Jirange  et  terrible  est  venu  la 
surprendre  ,  lorsqu^arrive  ,  enfin ,  le  moment  suprême  ^ 
victime  résignée  ^  on  la  voit  douce  ençers  la  mort  y  qui, 
sans  pitié  ,  la  saisit  ainsi  toute  vivante  ,  et  ravage  tant 
de  fruits  dans  la  fleuri  A  ce  spectacle  déchirant  «  voyez 
s'offrir  en  foule  à  Torateur  mille  images  énergiques  de 
fragilité  :  un  tableau  plein  de  fraîcheur  et  de  vie  s^ef- 
façant  inachevé  sous  le  pinceau  qui  le  traçait  avec  or«» 
gueil  ;  une  fleur  qui  vit  quelques  jours  ;  Vherbe  des 
champs  qm  passe  du  matin  au  soir*  Le  matin ,  elle  fleurissaU , 
MQec  quelles  grâces  ?  vous  le  savez*  Le  soir^  nous  la  vîmes 
séchée  ,  et  la  voilà  telle  que  la  mort  nous  Va  faite ,  cette 
princesse  si  admirée  et  si  chérie;  encore  ce  reste  tel  quel 
va-t^il  ^paraître»  Elle  va  descendre  à  ces  sombres  lieux , 
à  ces  demeures  souterraines  pour  y  dormir  dans  la  poussière , 
avec  ces  rois  et  ces  princes  anéantis  ,  parmi  lesquels  à 
peine  peul^on  la  placer ,  tant  les  rangs  y  sont  pressés  , 
tant  la  mort  est  prompte  à  remplir  ces  places  ! 

La  plaintive  él^ie  laissa-t-elle  échapper  jamais  des 
soupirs  si  profonds  et  si  douloureux  !  Qui  a  donné 
a  ce  docteur  austère  ces  tendres  accents ,  ces  paroles 
de  mère  qui  tombent  avec  des  larmes  sur  les  froides 
dépouilles  de  la  jeunesse  et  de  la  beauté?  Ce  livre  divin 
où  sont  tous  les  contrastes ,  où  sont  marqués  les  in- 
nombrables degrés  de,  la  longue  échelle  des  joies  et 
des  douleurs  humaines  -,  ce  livre  qui  peint  Jehovah 
rugissant  du  haut  des  collines  ,  et ,  presque  aussitôt , 
retournant  le  lit  d'un  malade  consumé  de  fièvre  ,  et  sou- 
lageant des  douleurs  avec  cette  main  qui  vient  de 
lancer  la  foudre. 

Le  génie  de  Bossuet ,  devenu  flexible  à  Técole  de 
ces  maîtres  qui  -  savent  tout  dire  ,  laissait  quelquefois 
•on  pince^n  tracer  des  images  d^ïne  grâce  et  d'une 
naïveté  dont  rien  n^approcbe. 


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«r  Voyez  ce  përe  ^  dit-il ,  .quand  il  vient  da  pahis 
où  il  a  prononce  des  arrêts ,  où  il  a  fait  retentir  tout 
le  barreau  du  bruit  de  son  éloquence  ;  retourné  dans 
son  domestique  ,  parmi  ses  enfants  ,  il  nous  paraît  on 
autre  homme.  Ce  ton  grave  de  voix  s^est  adouci  et  s*est 
changé  en  bégayement  ;  ce  visage  naguère  si  grave 
a  pris  tout-h-coup  un  air  enfantin.  Une  troupe  d*en- 
fants  Penvironne  ;  et  ils  ont  tant  de  pouvoir  sur  ses  vo- 
lontés qu'il  ne  peut  leur  ^  rien  refuser  que  ce  qui  leur 
tauit.  Puisque  Tamour  des  enfants  produit  ces  effets , 
ne  vous  étonnez  pas  si  la  charité,  donnant  des  sentimenb 
maternels  ,  particulièrement  aux  pasteurs  des  âmes , 
inspire  en  même  temps  la  condescendance .  • .  »  (i) 

£t  si  Bossuet  a  pu  trouver  la  première  idëè  d^uue 
peinture  si  suave  dans  les  souvenirs  des  premiers  jours 
de  sa  vie  ;  si ,  né  d'une  nombreuse  famille  ,   fils  res- 
pectueux et  tendre  d^un  magistrat  vertueuse  et  intègre 
dont  les  mœurs  étaient  dignes  des  anciens  jours ,  il 
n'a  fait  que  retracer  de  douces  sensations  de  son  en- 
fance ,  h  quelle  autre  inspiration  qu'à  celle  de  la  Bible 
pourrait-on  attribuer  ce  livre  où  se  font  entendre^  tour- 
à  tour ,  l'historien ,  le  politique  ,  Torateur  ,   le  poète 
et  le  prophète  ;  ce  discours  sur  Vhislaire  utdoerseUé  »  qui 
semble  le  récit  retrouvé  de  quelque  vision  d^Elzéchiel  » 
vision   merveilleuse  où  les  Egyptiens ,  les  Mèdes ,  les 
Perses  ,  les  Chaldéens ,  les  Grecs ,  les  Romains ,  évo- 
qués par   une   voix  puissante  ,  se    lèvent    tout-à-coup 
de  leurs  tombeaux ,  poussent ,  l'un  après  l'autre  ,  de- 
vant celui  qui  les  a  réveillés ,  avouent    leurs  fautes , 
indiquent  les  causes  qui  devaient  les  faire  vivre  long- 
temps ,  montrent  les  plaies  qui  les  ont  fait  périr ,  et  « 
après  avoir  instruit  ,  par  leur  exemple  ,  les  peuples  qui 

(i)  Bossuet  I  Panégyrique  de  saint  François  ds  8mU$* 


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(4o9) 
survivent ,  entrent  dans  leur  poussière   pour  n^en  plus 
sortir  qu'h  la  voix  d'un  juge  plus  redoutable  encore. 

Mais  où  m'emporte  mon  admiration  profane?  J'ai 
peint  Bossuet  ne  cherchant  dans  la  Bible  que  les  mou- 
vements passionnas  de  Forateur ,  les  vives  couleurs  du 
poète  ,  et  je  Tai  calomnié.  Non ,  la  Bible  nViait  point 
h  ses  yeux  un  livre  bon  seulement  à  enflammer  Tima- 
gination ,  un  livre  qui  n'apprît  qu'a  bien  dire.  J'en 
atteste  ce  jour  mémorable  de  sa  jeunesse  où  il  reçut 
les  insignes  du  doctorat  ;  j'en  atteste  le  serment  so- 
lennel qu'il  substitua  aux  formules  glacées  qu'on  lui 
dictait  ;  les  autels  qui  tressaillirent  h  la  voix  du  brillant 
néophite  :  «  Auguste  Vérité ,  dit-il ,  Vérîtè  suprême  ,  qui , 
conçue  dans  le  sein  de  Dieu  ,  vous  manifestez  a  nous  dans 
les  saints  libres  ,  c*est  à  vous  que  je  m' enchaîne  ,  que  je 
me  voue  ,  que  je  me  consacre  tout  entier,  » 

Loin  de  nous  donc  «  comme  elles  le  sont  de  Bossuet , 
toutes  ces  idées  vulgaires  d'éloquence  et  de  poésie. 
Suivons  cet  aigle  dans  son  vol ,  et ,  des  hauteurs  où  il 
nous  élève  ^  voyons  la  vérité  découlant  du  Ciel ,  comme 
une  rosée  ,  sur  la  terre  qu'elle  vivifie  j  voyons ,  non  plus 
un  livre  ,  ouvrage  humain ,  mais  des  tables  indestruc- 
tibles sur  lesquelles  brillent ,  en  traits  de  feu  ,  d'ineffa- 
çables caractères  tracés  par  un  doigt  divin.  Lh  Bossuet 
trouve  toute  lumière  et  toute  doctrine  5  Ih  il  trouve  ces 
oracles  éternels  sur  lesquels  roulent  les  destinées  hu- 
maines. Fort  de  ces  armes  irrésistibles  ,  le  voilà  qui 
sVlance  dans  l'arène  ;  combattant ,  anéantissant  toutes 
les  erreurs ,  de  quelque  part  qu'elles  viennent  5  désa- 
busant Ferry  ,  réfutant  Richard  Simon  »  terrassant 
Claude  )  réduisant  Jurieu  au  silence  ou  à  l'absurde. 
£nGn ,  près  du  terme  d'une  vie  glorieuse  ,  suite  non  in- 
terrompue de  triomphes  ,  lorsqu'il  parle  de  consacrer 
à  des  soins  obscurs  les  restes  d'une  voix  qui  tombe  et 
d'une  ardeur  qui  s'éteint  ^  tout-à-coup  ,  au  premier  bruit 

52 


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(4io) 

d'un  difTereud  entre  la  France  et  Rome  ,  avec  quelle 
vivacité  cette  ardeur  se  rallume  !  avec  quel  rclat  retentit 
cette  voix  toujours  tonnante  !  Entre  Rome  et  la  France 
émues ,  au  milieu  des  passions  déchaînées  et  fréaiissantes, 
voyez  le  s'avancer,  tenant  d'une  main  les  titres  du  Sacer- 
doce et  de  r£mpire  ,  où  sont  fixées  les  limites  des  deux 
puissances  ,  et  de  l'autre  replaçant  ces  bornes  antiqut  s 
posées  naguères  par  la  sagesse  de  nos  pères  y  et  que , 
sans  doute  ,  les  siècles  futurs  ne  verront  point  ébranler. 
Plus  tard  ,  toujours  fort  de  la  paroie  de  Dieu  ,  dont  ob 
n*appelie  point ,  disait-il  (i)  ,  plein  d'une  vertueuse  io- 
digiiation  contre  ces  doctrines  perverses  »  contre  cette 
morale  impure  dont  eût  rougi  le  Paganisme  ,  voyei  le 
foudroyer  les  casuistes  corrompus  et  corrupteurs  que 
Pascal  avait  flétris  ,  et  aclievcr  ce  probabilisme  dé- 
bouté que  l'on  pouvait  croire  invincible  puisqu'il  avait 
résisté  aux  Provinciales.  El  quels  étaient  les  délassements 
du  pontife  après  tant  de  combats  ?  Elles  sont  encore 
debout  pour  le  dire  ,  ces  majestueuses  forêts  de  Tcr- 
saillcs  et  dç  Saint-Germain  ,  qui ,  tant  de  fois ,  virent 
Bossuet ,  F 'nélon  ,  Fleury  ,  La  Bruyère  ,  réunis  sous 
leurs  ombrages  ;  et  ce  n'était  pas ,  comme  ces  philo- 
sophes de  la  Grèce  ,  dans  les  jardins  d'Athènes ,  pour 
disputer  sans  point  de  départ ,  sans  objet  ,  sans  ré- 
sultat :  non  ;  on  voyait  une  Bible  au  milieu  de  ces 
philosophes  d'une  plus  haute  école  ;  tous  ces  grands 
génies  ensemble  en  relevaient  »  à  l'envi ,  les  beautés , 
en  mettaient  dans  tout  leur  jour  les  vérités  sublimes; 
les  vives  lumières  qui  jaillissaient  du  choc  de  leb  esprits 
n'étaient  point  perdues.  Bossuet  dictait ,  Fleury  écri- 
vait Il  existe  encore  ,  cet  exemplaire  des  saints  livres , 
témoin  naguère  des  doctes  entretiens  de  Fleury  ,  ^ 
Bossuet ,  de  Fénélon.  Mes  yeux  se  sont  arrêtés  avec 
respect  sur  ce  livre  dont  chaque  page  offre  des  inspi- 

(i)  UUioin  de  JBoiSuet^  pix  M.  de  Beaumt. 


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(4m) 

rations  du  g^nie  de  ces  grands  hommes ,  fixées  par  la 
main  de  quelqu'un  d'entre  eux.  Touchée  par  de  telles 
mains  ,  toute  resplendissante  des  traces  de  lumière 
qu'elles  y  ont  laisse'es ,  la  Bible  me  semblait  avoir  quel- 
que chose  de  plus  auguste  et  de  plus  divin. 

Cependant  la  mort  approche ,  et  l'ardeur  de  Bossuet 
semble  croître  au  lieu  de  s'éteindre.  Ses  heures  sont 
comptées  ;  il  les  multiplie  par  ses  veilles.  Avant  l'au- 
rore ,  dans  ce  moment  solennel  où  la  terre  se  tait , 
et  où  le  ciel  parle  si  haut  de  la  gloire  de  son  au- 
teur ,  où  ,  dégagé  des  sens ,  l'esprit  est  plus  net ,  les 
pensées  plus  pures  ,  Bossuet  lit  avidement  ces  livres 
sacrés  sur  lesquels  il  a  juré  de  vwre  et  de  mourir. 
Cette  magnifique  poésie  ,  ce  silence  de  la  nature  ,  ces 
mondes  étincelants  qui  roulent  suspendus  dans  l'espace  , 
ces  harmonies  du  Ciel ,  tout  l'inspire  »  et  il  adresse  à 
Dieu  cet  hymne ,  dernier  soupir  de  son  éloquence  : 

«  Je  me  suis  levé  pendant  la  nuit  avec 

"  David  pour  voir  vos  cieux  qui  sont  les  ouvrages  de 
«  vos  doigts ,  la  lune  et  les  étoiles  que  vous  avez  fon- 
«  dées.  »  (i).  Qu'ai-je  vu,  ô  Seigneur  !  et  quelle  admi- 
rable image  des  eficts  de  votre  lumière  infinie  !  Le  soleil 
s'avançait ,  et  son  approche  se  faisait  connaître  par 
une  céleste  blancheur  qui  se  répandait  de  tous  côtés  : 
les  étoiles  étaient  disparues ,  et  la  lune  sVtait  levée  avec 
son  croissant  d'un  argent  si  beau  et  si  vif  que  les  yeux  en 
étaient  charmés.  Elle  semblait  vouloir  honorer  le  soleil , 
en  paraissant  claire  et  illuminée  par  le  côté  qu'elle  tour- 
nait vers  lui  :  tout  le  reste  était  obscur  et  ténébreux  , 
et  un  petit  demi-cercle  recevait  seulement  dans  cet 
endroit  là  un  ravissant  éclat  par  les  rayons  du  soleil  , 
comme  du  père  de  la  lumière.  Mais  voici  un  nouvel 
hommage   qu'elle  rend  à  son  céleste  illuminateur  :  à 


Ci)Ps.  viii,4. 

52. 


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(4") 

mesure  quHl  approchait ,'  je  la  voyais  disparaître  :  le 

faible  croissant  diminuait  peu  à  peu  ;  et  quand  le  soleil 

se  fut  monlrë  tout  entier  ,  sa  pâle  et  dëbile  lumièir 

sVvanoulssant ,  se  perdit  dans  celle  du  grand   astre  qui 

paraissait ,  dans  laquelle  elle  fut  comme  absorbée.  On 

voyait  bien  qu'elle  ne  pouvait  avoir  perdu  sa  lumière 

par  rapproche  du  soleil  qui  Téclairait  ;  mais  un  petit 

astre  cédait  au  grand ,  une  petite  lumière  se  confondait 

avec   la  grande  ,   et  la  place  du  croissant  ne  parut  plus 

dans  le  Ciel ,   où  il  tenait  auparavant  un  si  beau  rang 

parmi  les  étoiles.  »>  —  «  Mon  Dieu  ,  lumière  étemelle  , 

continue  Bossue t  ^  c'est  la   figure  de  ce  qui  arrive  a 

mon  ame  quand  vous  Téclairez.  Elle   n'est   illuminée 

que  du  côté  que  vous  la  voyez  :  partout  où  vos  rayons 

ne   pc^nètrent   pas  ,  ce  n^est  que  ténèbres  ;    et   quand 

ils  se  retirent  tout-à-fait ,  Tobscurité  et  la  dé&illance 

sont  entières. . .  •  Je  reconnais  de  vous  toute  la  lumière 

que  je  reçois.  Si  vous  détournez  votre  face ,  une  nuit 

affreuse  nous  enveloppe  y  et  vous  seul  êtes  la  lumière 

de  notre  vie..««  Notre  lumière  ,  telle  quelle  ,  doit  se 

perdre  dans  la  vôtre  et  sWanouir  devant  vous.  ...•(!). 

Toute  peinture  s'efface  devant  des  beautés  d'un  tel 

ordre  ;  mais    combien  les  relève  encore  le  sentiment 

profond  qui    les  inspira  ,    cette  modestie  touchante, 

cette  humilité  profonde  d^un  vieillard  qui  ,  parvenu  an 

terme  de  sa  carrière ,  où ,  partout .,  on   ne   voit  qœ 

des  trophées  y  ne  peut  soufiîrir  qu'on  lui  parle  de  gloire , 

et  montre  au  monde  qui  Tadmire  cette    lumière  ptos 

vive  et  plus  pure  dont  son  génie  n'est  que  le  reflet, 

et  vers  laquelle ,  secouant  bientôt  le  joug  importun  du 

corps ,  son  intelligence  impatiente  va  s'élancer  ,  pour  s'j 

abîmer  et  s'y  perdre  ! 


(i)  Bossaet  «  Traité  de  la  CoTUUpiscence ,  chap.  3ae  et 


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(4i3) 
RÉFLEXIONS 

SUR  UN  PASSAGE  DE  l'hISTOIRE  DE  LA  VIE  ET  DES  OUVRAGES 

DE  P.  Corneille  ,  par  M.  Taschereau  ; 

Par  M.  A.  Floquet  , 

Greffier  en    chef  de  la  Cour  royale ,  coaserçaieur  des   Archives 
judiciaires, 

Fontenelle ,  dans  la  Vie  qu'il  nous  a  donnée  de  Pierre 
Corneille  ^   son  oncle  ,  dît  que  Mélite ,   premier  essai 
de  ce  poète  immortel ,  fut  représentée  en  i6a5.  D'autres 
écrivains  ,    les    frères   Parfait  entr*autres  ,    dans  leur 
Histoire  générale  du  Théâtre  françcds  ,   fixent  cette   re- 
présentation à  Tannée  1629.  M.  Taschereau  ,  dans  THm- 
UÀre  qn'il  a  récemment  publiée  de  la  Vie  et  des  Ouvrages 
de  Pierre  Corneille ,   se  déclare  hautement   pour   cette 
dernière  opinion  ,  et  relève  assez  vivement  Fontenelle  y 
qu'il  croit  trouver  en  défaut.  £n  assignant  cette  date 
b   la  première    représentation  de  Mélite  ,    l'oncle    de 
Corneille   a  commis  ,  dit- il  ,  une    erreur  é\>idente.  En 
i6a5  f  Pierre  Corneille  n'avait  que  ig  ans  ,  et  comment 
admettre  qu'à  cet  âge  il  avait  terminé  ses  études   clas- 
siques ,  plus  longues  alors  qu'aujourd'hui  ^  qu'il  avait 
fini  son  cours  de  droit  ^  s'était  fait  recevoir  au  barreau , 
et  y  avait ,  enfin  ,  exercé  la  profession  d'avocat  ?  Cette 
première  erreur ,  continue  M.  Taschereau  y  aurait  bien 
dû  éveiller  les  soupçons  des  biographes  qui  venaient 
après  lui,  et  les  faire  hésiter  à  ajouter  quelque  confiance 
à  toute  cette  partie  du  récit....  Né  cinquante-un  ans  après 
son  oncle  ,  Fontenelle  n'avait  recueilli,  dans  sa  famille , 
que  des  traditions  incertaines  y  que  des  souvenirs  effacés , 


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(4i4) 

sur  la  jeunesse  et  les  premiers  essab  de  celui  qui  à 
mûtwais  OQOcat  (îcQÎnt  poète  immortel. 

Ainsi  s'exprime  M.  Taschereau.  Je  dois  me  hâter 
de  le  dire ,  son  ouvrage  ,  résultat  de  recherches  cons- 
ciencieuses ,  est  une  nouvelle  preuve  du  talent  dis- 
tingue qu'il  avait  dejh  montré  dans  son  Wstt&re  delà 
Vie  et  des  Ouçrages  de  Molière. 

Mais ,  après  avoir  lu  celte  Histoire  de  Corneille  avec 
un  véritable  plaisir ,  je  n'ai  pu  m' empêcher  de  m' arrêter 
au  fragment  que  je  viens  d'en  citer.  Je  me  suis  demandé 
quelle  si  grande  difficulté  l'on  pouvait  trouver  à  ad- 
mettre qu'a  ig  ans  Pierre  Corneille  fût  reçu  avocat?  Jai 
cherché  en  quoi  cette  supposition  ,  implicitement  con- 
tenue dans  le  récit  de  Fontenelle ,  aurait  dii  éi^eiUer  Us 
soupçons  des  biographes  ,  et  les  empêcher  d'admettre 
la  date  qu'il  assigne  à  la  première  représeotatioa  de 
Mélàe. 

En  oubliant  un  instant  que  c'est  de  Pierre  Corneille 
qu'il  s'agit  ici  ,  et  en  supposant  qu'il  est  question 
d'un  jeune  homme  né  avec  des  facultés  ordinaires, 
on  ne  peut  être  étonné  que  ce  jeune  homme  eût  po , 
à  1 4  ou  1 5  ans ,  avoir  terminé  ses  études  du  collège , 
et  à  19  ans  être  reçu  avocat.  A  peine  est-il  besoin 
d'envisager  un  instant  cette  hypothèse  ,  pour  sentir 
que  le  fait  supposé  par  Fontenelle ,  très  possible  s'il 
se  fût  agi  de  tout  autre  étudiant ,  devenait  très  pro- 
bable lorsqu'il  parlait  de  Pierre  Corneille  »  et  pour 
rester  convaincu  qu'il  n'y  avait  rien ,  daas  tout  cela» 
qui  dût  éi^eiller  les  soupçons  des  biographes  et  leur  ins- 
pirer de  la  défiance. 

Mais,  en  s' efforçant  de  prouver  que  Fontenelle  s'était 
trompé ,  M.  Taschereau  a  lui-même  commis  une  erreur 
assez  grave  :  «  Corneille  ,  dit-il ,  h  sa  sortie  du  coU^t 
passa  aux  graves  études  du  barreau  »  ;  rien  de  pin* 
vrai  ;  mais  l'auteur  ajoute  :  «  En  décembre  1637,  ses 


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(  4i5  ) 
parents  lui  obtinrent  des  lettres- pâte  nies  de  dispense 
d'âge  ,  pour  exercer  les  fonctions  d'avocat  >».  Cest  ici 
qu'il  y  a  une  erreur  éi?idente.  Pourquoi  Pierre  Corneille  , 
en  décembre    1627  ,    aurait-il  eu    besoin  de   dispense 
d'âge  pour  exercer  la  profession  d'avocat?  Il  avait  alors 
2 1  ans  et  6  mois  ;  et ,  tous  les  jours  ,  les  parlements 
admettaient  au  serment ,  sans  dispense  ,  des  licencias 
qui  n  avaient  pas  encore  cet  âge.  La  règle   qui  veut 
aujourd'hui  qu'on  ne  puisse  sMnscrire  dans  une  faculté 
de   droit  qu'après   16   ans  accomplis  ,   nVxistait  pas. 
«<  Autrefois  (  dit  M.  Boucher  d'Argis ,  dans  son  Histoire 
ahrégée  de  l'ordre  des  Aoocats  ^  chapitre  7''  )  ,  l'âge  pour 
être  reçu  au  serment  d'ai^ocat  n  'était  point  fixé»  »  L'époque 
où  vivait  Pierre  Corneille  est   certainement  comprise 
dans  cette  expression:  autre/ois^  qu'emploie  M.  Boucher 
d'Argis  ;   car  ,   immédiatement  ,    il  parle    d'un  avocat 
nommé  Corbin ,  auteur  du  Traité  des  droits  de  patronage  , 
qui ,  à  rage  de  quatorze  ans ,  plaidait  au  Parlement  de 
Paris  ;   et    cet    avocat    était    contemporain  de   Pierre 
Corneille.  De  mon  côté ,  sans  faire  de  grandes  recherches 
sur  un  point  si  peu  controversé ,  je  trouve  que  Claude 
Erard  ,  avocat  célèbre  ,  dont  plusieurs  plaidoyers  ont 
été  recueillis  dans  le  Barreau  français^  né  en  1646 ,  fut 
reçu  au  serment  d'avocat  le  24  ^ivril  i664 ,    c'est-h- 
dire  à  18  ans  (i).  Pierre  Corneille  pouvait  donc  ,  en 
1625  f  être  déjh  avocat  depuis  quelque  temps.  Main- 
tenant je  sors  des  hypothèses ,  et  j'afBrme  qu'h  cette 
époque  il  était ,  depuis  un  an ,  inscrit  sur  le  tableau 
de  Tordre.  Ma  preuve  est  sans  réplique  ;  elle  résulte 
de    l'acte  authentique   de   sa  prestation  dé  serment  y 
extrait  des  minutes  de  la  grand'chambre  du  Parlement 


(i)    Notice  «ur   Claude    Ertrd,   tome    i«'  Barreau  Français  ^ 
page  3a5. 


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\  (  4i6  ) 

de  Normandie.  Cet  acte  ^  que  j*avais  en  vain  cherche 
précédemment  pour  M.  P.-A.  Corneille  ,  professeiff 
d^histoire  au  collège  de  cette  ville  ,  un  heureux  hasard 
me  Ta  fait  découvrir  il  y  a  peu  de  jours.  Au  milieu 
des  ennuis  d'une  recherche  fort  étrangère  à  Corneille , 
son  nom  est  venu  tout-à-coup  frapper  mes  yeux  d 
raviver  ma  patience. 

Pourquoi  ne  Tavouerais-je  pas?  je  me  suis  seod 
heureux  et  fier  de  trouver  le  nom  de  Corneille  inscrit 
sur  un  de  ces  vieux  registres  confiés  à  ma  garde.  II 
m'a  semblé  piquant  de  voir  ce  grand  nom  confondo 
parmi  tant  d'autres  noms  obscurs.  Je  me  suis  repré- 
senté mon  prédécesseur  y  le  greffier  pacifique  ,  comme 
disait  Boileau  en  parlant  de  son  père  ,  je  me  le 
suis  représenté  écrivant  ce  nom  sur  sa  feuille  d'au- 
dience f  et  l'écrivant  sans  trouble  t  sans  émotion ,  sans 
pressentiment  y  d'une  main  ferme  et  assurée  y  dans  les 
mêmes  dimensions  y  avec  les  mêmes  caractères ,  comme 
il  en  aurait  écrit  un  antre  y  en  un  mot  y  comme  il 
venait  d'écrire  celui  de  maître  GuUlaumt  Robinet ,  Uceodéf 
qui  (  le  registre  en  fait  foi  ) ,  prêta  serment  comme 
avocat  le  même  jour  que  Pierre  Corneille ,  et  quelques 
instants  avant  lui.  Ces  deux  noms  là  ne  devaient  pas 
courir  long- temps  même  fortune. 
.    Il  est  temps  de  rapporter  cet  acte  ;  le  voici  : 

«  Du  mardy  xviil«  jour  de  juing  MVicxxilii, 
«  M'  Pierre  Corneille ,  licentié  es  loix  ,  après  qw 
«  par  ordonnance  de  la  court  a  esté  informé  d'office  par 
»  les  conseillers  commissaires  à  ce  députez  ,  de  sa  \ity 
<c  mœurs,  actions,  comportement!,  religion  catholiape, 
«  apostolicque  et  romaine  ;  oy  sur  ce  le  procurem^ 
«  général  du  Roy^  et  de  son  consentement ,  a  esté  reçea 
«  advocat  en  la  dicte  court ,  et  a  fait  et  preste  k 
«  serment  en  tel  cas  requis  et  accoustumé  ». 


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(  417  ) 

Le  i8  juin  est  la  date  de  ce  jour.  Ainsi,  ce  fut,  il 
y  a  prëcist^ment  aujourd'hui  206  ans,  que  Pierre 
G>rneille  parut  à  la  grande  audience  du  Parlement , 
dans  cette  chambre  dorée  où  la  G>ur  d'assises  tient 
aujourd'hui  ses  séances  ,  et  prêta  serment ,  en  qualité 
d'avocat,  dans  les  mains  de  M.  Alexandre  de  Faucon, 
premier  président. 

Si  donc  ,  comme  l'assure  M.  Taschereau  ,  Pierre 
G)meille  obtint  du  Roi ,  en  162^  ,  des  lettres  de  dis- 
pense d'âge  ,  il  est  bien  certain  ,  maintenant ,  que  ce, 
ne  fut  pas ,  comme  il  le  dit ,  pour  exercer  la  pro- 
fession d'avocat ,  et  il  n'est  pas  di(H«ile  de  conjec- 
turer a  quelle  fin  il  les  obtînt.  Personne  n'ignore  qu'il 
exerça  quelque  temps  les  fonctions  d'avocat  du  Roi 
à  la  Table  de  Marbre.  Or,  l'ordonnance  de  Blois , 
qui  exigeait  que  les  juges  fussent  âgés  de  25  ans  ac- 
complis ,  s'étendait  aux  avocats  du  Roi.  Le  parlement 
de  Rouen ,  surtout ,  l'avait  ainsi  expressément  décidé  (  i); 
mais  on  obtenait  facilement  du  Roi  des  lettres  de 
dispense  d'âge  ,  et  le  Parlement  admettait  ceux  qui 
en  étaient  munis.  Si  donc  P.  Corneille  obtint ,  en  dé- 
cembre 1627 ,  des  lettres  de  cette  nature  ,  c'était  évi- 
demment pour  exercer  les  fonctions  d'avocat  du  Roi 
\  la  Table  de  Marbre.  Nul  doute  ,  en  effet ,  que  si 
P.  Corneille  fut  reçu ,  en  décembre  1627 ,  avocat  du 
Roi  près  cette  juridiction  ,  ce  ne  put  être  qu'en  vertu 
de  lettres  de  dispense  d'âge  ,  puisqu'il  n'était  âgé 
alors  que  de  21  ans,  et  que  la  loi  exigeait  25  ans 
accomplis. 

On  me  pardonnera  ces  longs  détails  à  propos  d'une 
date ,  si  Ton  veut  bien  considérer  que  nous  ne  savons 


(i)  Collection  de  dédiions  nouvelles,  par  Camus  et  Bayard;   Y* 
Avocat  du  RoL 


S3 


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\  (  4i6  ) 

de  Normandie.  Cet  acte  ,  que  j'avais  ^ 
prëcëdemment  pour  M.  P.-A.  Corqf^   ^ 
d'histoire  au  coll^^e  de  cette  ville  i^  %  ^ 
me  l'a  fait  de'couvrir  il  y  a  pev^"^  ^  9^ 
des  ennuis  d'une  recherche  ïoif  ^  ^  ^'   %^ 
son  nom  est  venu  tout-a-cc|^  ^   ^'  ^.  9r  ^ 
raviver  ma  patience.  if^  *V^^   ^ 

Pourquoi  ne   l'avoueraîj'        "t^  \/% 


heureux  et  fier  de  trouv^  T       \    %  %.    ej^     '^ 
Il   '%.%% 

l\\  Vt 

disait  Boileau  /V.  ^'V*^  ^-^ 

suis   représenta  \\<k^  ^ 

dience,   et  IV*  \^^V' 

pressentimer  4*  ^  ^  ^  ^-à»  ne  peut 


sur  un  ae  ces  vieux  J^    \  e^    ^    \.   ^ 

m'a  semblé  piquant^  %  %\  ^%^  ^^  * 

parmi  tant  d'autre^.  ^  \%^t  %  %^^  ^ 
sente  mon  prédé|  %\\  W 


/ 


/ 

/et 


mêmes  dinT'i,  ^  %  ane    preuve  <fe 

il  en  aur  ^  %  ^  ^o  nie  persuader  que 

venait  rf -î  // ^  ^ée    1625     la    première 

qui   (  I  ^  î-  ^uvrage  de  son  oncle ,  pourrait 

avocî  1} 

inslî  %  *  ^  point  cette   notice  sans  réclamer 

COI  *  Cession   de  M.  Taschereau  qui  blesse 

.    '  yfation  pour  notre  immortel  compatriote. 

/mt-il  ,    de   mauoais  avocat  deQÎnt   poèU  mt- 

Â.  Yictorin  Fabre,  auteur  d'un  bel  él<^c  * 

ydlo  ,  auquel  l'Académie  française  a  décerné  onc 

Àe    bien   méritée  ;    M.  Victorin  Fabre   avart .  k 

/emier ,  parlé  ainsi  dans  la  Biographie  unù^erseiie  (i)- 

^  e  n  aime  pas  celte  expression  appliquée  à  un  si  grand 

génie.  Fils  d'un  maître  particulier  des  eaux  et  forêts, 


(0  A  rarticle  Corneille  (P,) 


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V 


(  4'9  ) 
T  parvenir   aux  plus  grands  honneurs 
'^  '^ù  ,   sans  doute  ,   il  était  entré  par 

*^  %     Jv  "^^    ^"®  ^'  Corneille  ait  jamais 

Fis    "çjv  ^   '^^  U.  Dès  l 'école  ,  sans  doute  , 

^^'^c^  V  ^  .  Tialgré  lui  ,    comme    tant 

"    ^♦'  ^y^^^"^-  ^^^^  ^^  P'"*  grand ,  de 

^^'"-r,  SJ^"«'  ^'^  f  •>  Reçu  avocat 

>.       ^«  ">/•    ^^  ."^    ^.  C  £/«  sa  robe 

*>  "^2.         ^  "^  ^  >  evoir  avocat 

^  *^  ^  ^        %    "^  ^lême  ne  plaida 

^      95    ^       '  les  soins  de  sont 

/  ^    ^  de  Marbre,  il  revêtit 

,    />^  *^^  que  bientôt  son  génie   se 

^f»^  ^  *  des  productions  bien  supé- 

^/^  ^n  admirait  alors  ,  il  dit  de  bon 

/'  adieu  au  palais.    Mais  la  qualifica- 

^  de  mauvais  avocat  ne  peut  être  appli- 

qui ,   sans  doute  ,  nVut  jamais  le  dessein 

au  barreau  ,  qui  n^y  parut  que  par  condes- 

*vc-.^  pour  un   père  ,   et  abandonna  bientôt  cette 

.rièie    pour  s'élancer  vers  des  destinées  plus  hautes» 

Non  ,      ^e   ne  croirai    jamais  qu'il  eût  été  un  mauvais 

^    apdCoA  ,    celui    dont    le  génie   était   si  vaste   et  Pâme 

si  cbvaleureuse  ,  celui  qui  mit  des  paroles  si  éloquentes 

daA.9  la  bouche  des  héros  de  la  Grèce  et  de  Rome  ! 


(t)    Matières    dont    s'occupait    U    Juridiction    dite     Table    de 
Marbre, 


53. 


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(  4ï8  ) 
presque  rien  sur  les  premières  années  de  P.  CorneiHe  ; 
et  ces  premières  ann<?es  de  notre  grand  poète  ne  sont 
pas  sans  intérêt  pour  nous,    puisqu'il  les  passa  du» 
notre  ville.  D'ailleurs ,  en  (établissant  que  P.  Corneille 
n'avait   que    18  ans  lorsqu'il  fut  re«;u  avocat ,  il  m^i 
semble  que  la  date  assgnée,  par  Fontenflle,  à  la  pre- 
mière   reprc^sentation    de    Mëlite,    devenait    beaucoup 
plus  probable.  Cette  pièce  ,  premier  essai  de  sa  muse, 
ne  fut  certainement  reprësenti^e  qu'après  son  admissîoa 
au  barreau.  M.  Taschereau  ,   persuadé  que  cette  ad- 
mission n'avait  eu  lieu  qu'en  1627,  n*en  était  que  plus 
disposé  à  reculer   jusqu'en  1629    la   première    repré- 
sentation de  Mélite.    Le   voilà  maintenant  réduit  a« 
témoignage  des  frères  Parfait ,  dans  leur  Hisiùùre  gé^ 
nérale  du  Théâtre  français ,  ouvrage  où  les  erreurs  et  le» 
inexactitudes  ne  sont  pas  rares.  Sans  vouloir  discuter 
ce  point ,  je  me  sens  porté  à  admettre  un  fait  qui  ne  peat 
qu'honorer  Corneille  ,  puisqu'il  serait  une    preuve  de 
la  précocité  de  son  génie.  J'aime  à  me  persuader  que 
Fontenelle ,    en  fixant    à   l'année    iGaB     la    première 
représentation  du  premier  ouvrage  de  son  oncle  ,  pourrait 
bien  avoir  eu  raison. 

Je  ne  terminerai  point  cette  notice  sans  réclamer 
contre  une  expression  de  M.  Taschereau  qui  blesse 
ma  vive  admiration  pour  notre  immortel  compatriote. 
Corneille  ,  dit-il  ,  de  mauçais  apocai  det^ini  poète  wt- 
mortel  :  M.  Victorin  Fabrc  ^  auteur  d'un  bel  éloge  de 
Corneille  ,  auquel  l'Académie  française  a  décerné  une 
palme  bien  méritée  ;  M.  Victorin  Fabre  avait ,  le 
premier ,  parlé  ainsi  dans  la  Biographie  untQerseile  (i}« 
Je  n'aime  pas  cette  expression  appliquée  à  un  si  grand 
génie.  Fils  d'un  maître  particulier  des  eaux  et  forêts, 


(1)  A  ranicle  Corneille  {P,) 


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(  ^9  ) 
qui  voulait  le  voir  parvenir  aux  plus  grands  honneurs 
dans  une  carrière  où  ,  sans  doute  ,  il  était  entre  par 
choix,  il  ne  paraît  pas  que  P.  Corneille  ait  jamais 
goûté  ces  projets  paternels.  Dès  l 'école  ,  sans  doute , 
ce  jeune  homme  ,  légiste  malgré  lui  ,  comme  tant 
d^^utres ,  pressentait  quelque  chose  de  plus  grand ,  de 
plus  satisfaisant  pour  son  esprit  et  pour  son  cœur  , 
que  des  avaries  et  des  délits  forestiers  (i).  Reçu  avocat 
en  i6a4-  I  comme  nous  venons  de  le  voir  ,  il  est 
permis  de  supposer  que  rarement  il  btUaya  de  sa  robe 
4  longs  plis  notre  salle  des  Pas- Perdus. 

Je  croirai  donc  que  Corneille  se  fit  recevoir  avocat 
par  obéissance  ,  ne  plaida  guère  ,  ou  même  ne  plaida 
pas  ;  je  croirai  que ,  nommé ,  par  les  soins  de  sont 
père ,  avocat  du  Roi  à  la  Table  de  Marbre ,  il  revêtit 
la  toge  par  résignation  ;  et  que  bientôt  son  génie  se 
déclarant  chaque  jour  par  des  productions  bien  supé- 
rieures à  tout  ce  qu^on  admirait  alors  ,  il  dit  de  bon 
cœur  un  éternel  adieu  au  palais.  Mais  la  qualifica- 
tion flétrissante  de  mauvais  avocat  ne  peut  être  appli- 
quée à  celui  qui ,  sans  doute  ,  n'eut  jamais  le  dessein 
de  rester  au  barreau  ,  qui  n'y  parut  que  par  condes- 
cendance pour  un  père  ,  et  abandonna  bientôt  cette 
carrière  pour  s'élancer  vers  des  destinées  plus  hautes» 
Non  ,  je  ne  croirai  jamais  qu'il  eût  été  un  mauvais 
avocat ,  celui  dont  le  génie  était  si  vaste  et  l'âme 
si  chaleureuse  ,  celui  qui  mit  des  paroles  si  éloquentes 
dans  la  bouche  des  héros  de  la  Grèce  et  de  Rome  ! 


(t)    Matières    dont    s*o€capait    la    Juridiction    dite     Table    de 
Marbre, 


53. 


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(4>i  ) 
RAPPORT 

sua   LES   PIÈCES  ADRESSÉES   A    l'aCADÊMIE  , 

par  M.  le  Professeur  Raft?  ,  Secrétaire  de  la  Sociéié  ntyaie 
des  Antiquaires  du  Nord; 

Par  M.  Auf.  Lepbevost. 


La  G>mpagme  nous  a  charge  de  lui  rendre  compte 
des  pièces  qui  lui  ont  été  adressées  par  M.  le  docteur 
Charles-Christian  Raih  ,  professeur  à  Funiversité  de 
Copenhague  ',  chevalier  de  Tordre  de  Danebrog  ,  secré- 
taire de  la  Société  royale  des  Antiquaires  du  Nord. 

Ces  pièces  sont  au  nombre  de  neuf ,  savoir  : 

I*  Un  extrait  du  3*  Rapport  général  au  roi  de  Da- 
nemarck ,  sur  les  progrès  de  renseignement  mutuel  dans 
ce  royaume  ,  par  M.  d^Abrahamson  ,  aide*de-camp 
de  S.  M.  ; 

2<^  Un  extrait  du  5'  Rapport  sur  la  même  matière  ; 

3®  Un  extrait  du  6*  Rapport  ; 

4**  Un  exemplaire  de  la  copie  d'une  inscription  ru- 
nique  gravée  sur  pierre  et  trouvée,  en  K8a4 ,  sur  la  côte 
occidentale  du  Groenland ,  par  une  latitude  septen-* 
trionale  de  73®; 

5"  Le  fac-similé  d'une  page  d'un  manuscrit  islandais 
de  la  Jomsoikinga  Saga; 

&*  Le  Règlement  de  la  Société  royale  des  Antiquaires 
du  Nord  ; 

7®  et  8*»  Deux  exemplaires  d'une  liste  des  ouvrages 


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(4"  ) 

publitfs,  soit  par  la  Société,  soit  par  M.  Rafia,  son 
secrétaire,  avec  une  invitation  d*y  sonscrins  et  une 
courte  analyse  de  chacun  d'eux  ; 

9<*  Une  Notice  sur  les  travaux  de  la  Société  des  An- 
tiquaires du  Nord ,  par  M.  Louis  Giesebrecht. 

Comme  tes  trois  premières  pièces  sont  4;atièrement 
étrangères  à  M.  Hafn,  et  que  d'ailleurs  elles  ne  présentent 
guères  que  des  chiffres ,  nous  aurions  hésité  peut-être 
à  vous  en  entretenir  avec  quelque  détail ,  si  des  té- 
moignages récents  de  l'intérêt  que  vous  portez  à  cène 
méthode  ne  nous  rappelaienr  que  ce  n'est  pas  seulement 
pour  les  fleurs  et  les  fruits  de  sa  cime  que  vous  cul- 
tivez Tarbre  de  la  science  ;  mais  que  ses  racines  même 
n'échappent  ni  h  vos  regards  ni  h  vos  soins  généreux. 
Vous  apprendrez  avec  plaisir  ,  nous  n'en  doutoAs  pas« 
qu'en  Danemarck ,  l'enseignement  mutuel ,  objet  d'une 
protection  douce  et  tolérante  du  gouvernement  (  la 
seule  qui  convienne  en  pareil  cas  )  «  s'est  propagé  de- 
puis sept  ans  avec  une  rapidité  qui  pourra  paraître  in- 
croyable au  sein  de  conti'ées  infiniment  plus  peuplées 
et  plus  opulentes.  Cest  à  la  fin  de  i8aa  qu'il  y  fut 
autorisé.  Au  3i  décembre  lâaS,  il  y  était  déjà  en  vi- 
gueur dans  a44  écoles ,  et  a 63  avaient  déclaré  vouloir 
l'admettre  ;  total  pour  la  nouvelle  méthode,     Soj  écoles. 

Au  3i  décembre  1824  ,  il  existait  dans^ 
60S  écoles  ,  et  41 3  se  préparaient  à  le  re- 
cevoir; total ....••..••    1017 

Au  3i  décembre  idaS  ^  les  écoles  dans 
lesquelles  il  était  introduit  étaient  au  nom- 
bre de  >i4-3t  et  celles  qui  Pavaient  adopté 
à  celui  de  564;  ^^^^ '7^7 

«  On  doit  le  répéter  (dit  avec  raison  M.d*Abrahamsoo}, 
1707  écoles  qui  se  sont  déclar/es  de  bon  gré  <  car  le  roi , 
dans  sa  sagesse  ,  n'a  encore  rien  ordonné  pour  Tintro- 
duction  générale  de  cette  institution  utile  ),  au  sein  du 


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(4»3) 
pays  de  deux  millions  d^habitants ,  dans  le  court  espace 
de  trois  ans  ,  voilà  un  résultat  qui  surpasse  mt^me  nos 
espérances.  »» 

L^auteur  du  rapport  indique ,  comme  causes  princi- 
pales d'un  succès  si  prodigieux  ,  les  encouragemonts  et 
les  secours  distribués  par  le  gouvernement  avec  discré- 
tion ,  et,  comme  nous  Tavons  déjà  remarqué  ,  sans  vio- 
lence et  sans  exclusion  ;  la  protection  constante  de  la 
famille  royale  ,  du  clergé  et  de  Tadministration  ;  enfin 
le  soin  de  borner  Temploi  de  la  méthode  à  l'instruction 
primaire  :  la  lecture  ,  Técriture  ,  le  calcul  !,  la  géogra- 
phie ,  réducation  religieuse  :  tels  sont,  en  effet,  les  soûls 
objets  professés  par  l'enseignement  cputucl  jusqu  a  la 
fin  de  1835.  On  se  proposait  alors  de  l'introduire 
dans  Tétude  du  dessin  linéaire ,  du  chant ,  de  la  gym- 
nastique et  des  langues  étrangères,  au  moins  pour  leur 
partie  élémentaire.  On  avait  même  commencé  à  y  sou-* 
mettre  l'apprentissage  des  ouvrages  d'aiguille.  Des  écoles 
de  ce  genre  étaient  organisées  dans  cinq  villes,  et  der 
vaient  l'être  prochainement  dans  beaucoup  d'autres. 
L/expérience  avait  prouvé  qu^une  maitresse  qui  pou- 
vait à  peine  ,  autrefois ,  diriger  dans  ces  ouvrages  trente 
ou  quarante  jeunes  filles,  parvenait  avec  facilité  à 
en  instruire  plus  de  cent  au  moyen  de  la  nouvelle  mé- 
thode. 

Le  rapport  se  termine  par  l'énumération  des  avan- 
tages obtenus  dans  l'éducation  primaire  ,  au  moyen 
de  renseignement  mutuel.  G;s  avantages  portent  sur 
les  points  suivants  : 

1®  Economie  dans  le  matériel  ; 

3^  Rapidité  des  progrès; 

3^  Gafté  et  bonne  harmonie  dans  l'école  ; 

4.^  Avancement  de    la  moralité; 

5^  Préparation  heureuse  à  des  études  d'un  degré  plus 
élevé  ; 


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(4^4  ) 

&>  Soulagement  du  maître  ; 

7°  Diminution  du  nombre,  des  maîtres. 

Ce  dernier  avantage  est  présenté  comme  n^ayant  été 
obtenu  que  dans  quelques  localités  ,  et  non  dans  toutes. 
La  brièveté  du  rapport  ne  nous  permet  pas  de  re- 
chercher les  circonstances  qui  ont  pu  produire  cette 
anomalip ,  quand ,  partout  ailleurs ,  la  diminution  du 
nombre  des  maîtres  est  le  premier  fruit  de  la  mé- 
thode. 

Nous  avons  tenu ,  Messieurs  ,  à  vous  citer  ^  dans 
toute  leur  étendue ,  ces  témoignages  favorables  à  ren- 
seignement mutuel ,  et  nous  pensons  quHls  mâîtent 
une  grande  confiance  à  raison  du  caractère  grave  et 
sérieux  de  la  nation  qui  les  a  fournis  ,  de  récbelk 
étendue  sur  laquelle  les  résultats  ont  été  obteoos,  et 
enfin  de  Tabsence  de  toute  passion  politique  dans 
les  jugements  qui  ont  été  portés. 

Les  deux  autres  rapports,  du  même  genre  ,  encore 
plus  courts  que  celui  dont  nous  venons  de  vous  pré- 
senter la  substance  ,  n'offrent  pas  des  résultats  moins 
extraordinaires  ni  moins  satisfaisants.  Nous  avions  laissé 
renseignement  mutuel  en  possession  de  1 143  écoles  ï 
la  fin  de  iSaS  ;  il  en  comptait  k54.5  à  la  fin  de  1826, 
aoo3  h  la  fin  de  1837  ,  aSoa  à  la  fin  de  i8a8 ,  et 
allait,  à  cette  époque,  être  introduit  dans  344  autres^ 
Déjà  plusieurs  provinces  n'en  renfermaient  plus  d'é- 
trangères à  la  nouvelle  méthode.  Ainsi,  dans  Tun  des 
pays  les  plus  pauvres  de  TËurope  ,  T instruction  élé- 
mentaire aura  été  régénérée  complètement ,  et  sans  se- 
cousse, probablement  avant  Tespace  de  dix  ams  ;  elle 
y  embrassera  Tuniversalité  de  la  population,  et,  sur  celte 
terre  trop  souvent  ,  trop  long-temps  déshéritée  des 
rayons  de  Tastre  du  jour ,  en  Tabsence  de  cette-xba- 
leur  vivifiante  et  de  ces  parfums  au  milieu  desquels  fleu- 
rit la  molle  existence  des  nations  du  Midi ,  Vl 


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C4a5) 
du  Nord  se  consolera  de  la  longueur  de  ses  nuits  ,  puis- 
qu'il pourra  toujours  appeler  à  son  secours ,  pou  les 
charmer ,  la  lumière  de  la  science  ,  et  que  celle-là  ne 
se  couche  jamais  ;  elle  ennoblira  son  c«ur ,  elle  instnii> 
ra  son  esprit,  et  lui  apprendra  h  défier  ses  frères  du 
Midi ,  sous  le  rapport  des  travaux  intellectuels  aussi 
bien  que  sous  celui  de  la  force  du  corps.  Les  popu- 
lations entières  prendront  part  aux  bienfaits  de  l'in^ 
^uction ,  au  dt^veloppement  de  la  civilisation ,  et  lors- 
que quelque  g  ^'nt^reux  appel  leur  sera  fait ,  il  retentira, 
ainsi  que  nous  en  verrons  bientôt  des  exemples ,  dans  la 
cabane  du  pauvre  comme  dans  le  palais  du  riche  ,  dans 
la  mansarde  du  serviteur  comme  dans  le  cabinet  du 
maître. 

La  quatrième  pièce*  est  la  copie  d^une  inscription 
runique  trouvée  dans  une  île  voisine  de  la  côte  occi- 
dentale du  Groenland  ,  par  une  latitude  septentrionale 
de  73*.  11  est  à  regretter  que  cette  pièce  ne  soit 
accompagnée  d^aucun  document  propre  a  en  faire  appré-^ 
cier  rimportance  et  à  en  révéler  le  contenu  h  des  yeux 
aussi  peu  familiarisés  que  les  nôtres  avec  Falphabet 
runique  et  la  langue  islandaise»  Nous  sohrimks  heu- 
reusement à  portée  de  suppléer  à  cette  absence  com^ 
plète  de  renseignements  ,  au  moyen  du  compte  rendu 
h  la  Société  des  Antiquaires  du  Nord  pour  les  années 
1&25 ,  i&a6  et  1827  ,  que  votre  commissaire  tient 
directement  des  bontés  de  cette  illustre  G>mpagme« 
Voici  ce  qu'on  y  trouve  »  p.  37  ,  38  et  89  ,  au  sujet 
de  cette  inscription. 

«La  coloaisation  et  l^histoire  ancienne  du  Groenland  ^ 
xneis  surtout  la  démonstration  de  Texistence  d'une 
fastique  colonie  sur  sa  côte  occidentale  ,  ont  été  ^ur 
Jes  savants  Tobjet  de  beaucoup  de  recherches.  Notre 
oonivère  kprofesseiir  «t  docteur,  en  philosophie  Ëstrup , 
a  donné,  sur  ce  dernier  ftàaot  ,  dansies  MémmtwsiA 

54 


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C  4a6  ) 
ia  Sociêlé  de  liUérature  scandinwe^  pour  'Sf^,  itnf-  dis-* 
sertation  d^un  haut  intérêt  ,  appuyée  sur  plusieurs  ma- 
nuscrits de  la  Bibliothèque  royale  de  Drosdt?  :  et ,  dans 
les  mâmes  mémoires,  pour  Tannée  1824,  le  lieutenant 
Wormskiold  avait  inséré  des  obsen'^atîons  ingénieuses 
concernant  le  môme  sujet.  Tout  récemment ,  Fattention 
des  amis  des  antiquités  du  Nord  s'est  pareillement 
portée  d^une  manière  particulière  sur  cette  colonisation 
de  la  côte  occidentale  du  Groenland.  En  1B24.,  If*  premier 
lieutenant  Graah ,  de  Soe  Etat ,  apporta  et  donna  ao 
Musée  royal  des  antiquités  une  petite  pierre  runique 
extrêmement  curieuse ,  qui ,  dans  le  cours  de  Tann^^e 
précédente  (  i8a3  )  ,  avait  été  trouvée  par  un  \ne»x 
groënlandais  sur  Tîle  de  Kingiktorsoak  ,  par  7?/ 
de  latitude  septentrionale.  Cettfr  île  est  située  à  4-  milits 
N.-O.  de  rétablissement  danois  le  plus  septentrional  « 
Upernivik.  Dans  le  second  cahier  qui  vient  de  paraître 
du  quatrième  volume  des  Annales  archéologiques^  publiées 
par  la  Commission  royale  pour  la  conservation  de< 
antiquités ,  le  professeur  Rask  a  donné  rinterprétation 
de  l'inscription  gravée  sur  cette  pierre  ,  et  le  professeiiT 
Magnussen  Ta  éclaircie  par  d^excellentes  obserx'ations , 
aussi  bien  que  par  de  nouvelles  recherches  sur  la  coo* 
naissance  très  étendue  que  nos  ancêtres  avaient  des 
côtes  du  Groenland  ,  antérieurement  aux  voyages  récents 
de  découvertes.  Notre  confrère  le  missionnaire  P.  Kra; 
d'Egedesmind  visita  ,  dans  le  mois  d^août  de  iSsS , 
à  la  suite  du  marchand  Stephenscn  ,  islandais  y  qui 
sHntéresse  beaucoup  h  la  découverte  des  monumeais 
de  ses  compatriotes  dans  le  Groenland,  le  lieo  oè 
cette  pierre  runique  avait  été  trouvée,  et  il  a  con* 
muniqué  à  la  commission  un  mémoire  très  intéressât 
6ur  Ce  sujet  (  ainsi  que  sur  d'autres  souvenirs  archéok^- 
giques  du  Groenland  ) ,  que  Ton  trouve  inséré  dans  k 
même  cahier  de  ces  aiuujes.  » 


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(  4^7  ) 
«  L'inscription  est  conçue  de  la  manière  suivante  ^ 
it'après  l'interprc^ation  du  savant  que  nous  venons  de 
nonimer  : 

ELLlNr.R    SÎGVATSSONR   OK   BIARNI  THOADARSON 

©K    EINDRini     ODDSSON    LAUGARDAGI?^N    FYRIR    GAGNDAG 

«LODU  VARDA  JHE  (/I/ia)  OK  RUDDU  (ou  ritu)  MCXXXV. 

C'est-à-dire  : 

'(  Erling  SigiHitson ,  ^  Biame  Thorderson ,  et  Endride 
«  Oddsson ,  ont  élevé  ce  tertre  (  monceau  de  pierres  ,  co- 
«  lonne  ou  monument)  le  samedi  avant  (i)  le  jour  des 
«t  Rogations  (aS  avril)  ,  et  ont  netoyé  ce  lieu  (^ou  graoé 
«  f  inscription  )  1 1 35.  » 

<c  Le  GAGNDiu;  est,  dans  te  rite  catholique ,  ua  jour  de 
fête  ou  de  prières  des  mois  d'avril  ou  de  mai.  (a)- 
M  Krag  vit  les  ruines  du  tertre  encore  apparentes 
sur  le   lieu  où  la  pierre  avait  été   trouvée- 

«  Une  copie  de  celte  inscription  fut  envoyée  à  fea 
le  docteur  Brynjulfson  ,  en  Islande  ;  et  il  en  com- 
muniqua h  la  Société  l'interprétation  ,  accompagnée 
de  notes  explicatives.  Comme  il  ne  connaissait  pas 
du  tout  celle  que  nos  savants  d'ici  en  avaient  donnée  , 
il  est  intéressant  de  remarquer  la  parfaite  identité 
qui  existe  entre  elles ,  et  qui  confirme  d'autant  plus 
que  l'inscription  a  été"  bien  lue.  Il  lit  tous  les  mots 
précisément  comme  le  professeur  Rask  ,  excepté  le 
premier  ,  dans  lequel  il  doute  s'il  y  a  ellingr  ou 
plutôt  GUELLI6R,  c'est-h-dire  ,  d'après  l'orthographe 
ordinaire  :  gudlaugr.  Le  groupe  de  traits  au  bas  de 
l'inscription  ,     où    U    professeur  Rask    a  trouvé    le 

O)  £t  non  pas  le  vtndredi  après  le  jour  des  Rogations  ,  comme  on 
a  traduit  dans  le  Bulletin  universel. 

(i)  Noos  avons  cru  pouvoir  omettre  une  longue  et  savante  note  du 
professent  Magnussen  ,  qui  prouve  qu*il  s*agtt  ici  du  jour  des  Ro- 
^siions» 

54- 


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(4^8) 

millésime  ii35,  ne  lui  paraît  qu'an  ornement  deitioë 
h  compléter  la  ligne.  Quant  à  la  date  de  cette  in»^ 
cription ,  voici  comment  il  s'exprime  : 

<'  Relativement  à  son  âge,  je  ne  puis  rien  af/irmer  d'une 
«  manière  précise.  Qu'il  appai^ticnne  à  la  période  chn^ 
«'  tienne  du  Groenland  ,  c'est  ce  qui  est  prouvé  par 
«  la  mention  du  samedi  (  lœverda^  ) ,  et  mieux  encore 
«  par  la  supputation  chronologique  à  l'aide  de  la  fête 
««  des  Rogations ,  introduite  en  klande  antérieurement 
«  au  12*  siècle  ,  circonstance  qui  se  rapporte  à  l'an- 
'(  cienné  liturgie  chrétienne.  On  pourrait ,  d'après  cela, 
«  attribuer  très  convenablement  rinscription  au  ti* 
«  siècle,  car  je  ne  voudrais  pas  remonter  plus  haut, 
«  à  cause  des  caractères  iulrinsèques  que  Ibiirmt  U 
«  forme  des  runes  elles-mômes.  La  séparation  în- 
«  complète  des  mots ,  et  lemplot  accidentel  de  rwkfs 
<f  ponctuées  ou  inscrites  les  unes  sur  les  antres  ,  îst- 
ti  diquent  une  époque  d'antiquité  moyenne ,  que  ers 
»  deux  circonstaoces  prouvent  ne  pas  pouvoir  Itre 
'<  reportée  plus.lQÎi»  que  jusqu'au   ii^  siècle.  » 

Nous  avons  evu  devoir  rapporter.ee  passage  en  entier, 
à  cause  du  puissant  intérêt  géographique  qu'il  prtsenle 
par  lui-mOme  ;  puis  parce  qu'il  nous  parait  «voir 
été  impar&Uemcnt  analysé  dans,  le  Bulieêùt  unwtnglJt» 
Scie/i£es  (juillet  1828  et  avril  1829);  enfin,  pour  rap- 
peler, à  cette  occasion ,  l'attention  de  nos  coni|MlnotfS 
sur  ces  inscriptions  runiqucs  de  la  Scandinavie,  dont 
il  est  si  extraordinaire  .de  ne  pas  rencontrct  on  seul 
exemple  chez  nous. 

Nous  ne  pouvons  rien  vous  dire  de  la  cinquième  pi^« 
qui  nous  a  été  envoyée ,  comme  la  précédente,  sans  au- 
cuns renseignements  explicatif,  si  ce  n'est  que  noos  de- 
vons y  voir  un  fragment  de  manuscrit  de  la  Jomsvikâ^ 
Saga, 
La  sixième  pièce  est  le  règlement ,  rédigé  en  infsndf" 


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(  4^9  j 
et  en  danois  ,   de  la  Société   royale  des  Antiquaire»  du  ' 
!Nord  ,  dont  le  siège  est  à  Gipenhaguc.  Nous  venons 
d^avoir  Thonneur  de  vous  dire  que  nous  étions  entière** 
ment  étrangers  à  la   première   de   ces  langues  ;   nous 
ne  connaissions  pas  davantage  la  seconde ,  quand  vous* 
avez    bien    voulu    nous    confier    Fexamen   des   objets 
envoyés  par  M.   iV^fn  ;   mais  cette  circonstance   nouS' 
a  porté  h  consacrer  quelques  moments  à  son  étude , 
et  nous  devons  vous  dire   que  nous  n^en  avons  jamais 
trouvé  de   plus  simple   ni  de  plus  facile.   Nous  nous^^ 
hâlons  de  proclamer  ce  résultat ,  dans  Tespérance  quHl 
pourrait  encourager  quelques-uns  de   nos  confrères  à 
s^eft  occuper ,   et    qu'elle    leur   oflrirait   de    puissants  < 
secours   dans  leurs  recherches  sur  la  première  partie 
de  notre  histoire.  Nous  oe  vous  entretiendrons  point , 
au  reste  t  des  détails  de  ce  règlement ,  dont  toutes  les 
parties  dignes  de   votre  aMention  vont  se  trouver  re- 
prodaîtes  dans  un  autre  document. 

La  septième  et  la  huitième  pièce  sont  j  comme  nous 
avons  en  Thonneur  de  vouâ  le  dire  ci*dessus,  deux 
exemplaires  d'une  invitation  de  souscrire  aux  ouvrages 
publiés  par  la  Société  des  Antiquaires  du  Nord,  oa 
par  M.  Rafn  son  secrétaire.  Le  titre  de  chacun  de 
ces  ouvrages  est  suivi  d'une  courte  analyse.  Nous  avons 
cm  devoir  vous  présenter  la  traduction  littérale  de 
cette  annonce  ,  en  y  joignant  tes  prix  ,  qm  manquent 
ici  f  et  que  nons  avons  trouvés  ailleurs,  (i) 

fc  Invitation  aux  amis  de  la  UttèrcUure  antique  du  N^rd  ^  de 
souscrire  aux  ouvrages  suivants  : 

«    I*  Fommanna  Sœgur  ,  c'est-à-dire  Sagas  des  Ayeux  , 
ou   Sagas   historiques ,   concernant  les    événements   arrivés 

(i)  Litlerarische  Anzeii^e  der  Gesellscka/ifU^  nsrdkoke  Aller* 
thitmskmtét  zm  Mapéh/utgen , 


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(  43o  ) 
hêrs  de  VIsiandê  ,  d'après  de  vieux  maiiuscrUs  isbndaîs, 
publiés  dans  la  langue  originale ,  par  les  soins  de  la 
Société  royale   des  Antî^juaires  du   Nord  (i)  ; 

«  2»  Isiendinga  Sœgur  j  c'est-à-dire  Sagas  des  IsÊéÊndms. 
ou  Sagas  hîsinriques^  concernant  les  évèaemenis  arrwes  m 
Isùmde^  publiés  d«  la  même  manière  ,  el  par  les  soiiis 
de  la  même  Sociî'lé  : 

«  3®  ScHpta  histurka  Isiandonun ,  de  reins  gcs^js  veiewwn 
Boreailum ,  latine  reddUa  et  apparatu  rrkito  mstntchà , 
cjrante  Societaie  regia  AnUiptariarum  septeniriona&im  (a)  ; 

««  i*  Oldnordlske  Sagaer  ^  c'esi-^h-dire  Antiques  Sagm  ai 
Nord ,  traduites  d'après  les  ordres  de  la  Société  royale 
des  Antiquaires  du  Nord  ,  et  sur  le  texte  que  cette 
compagnie  a  publié  ,  par  le  professeur  ,  docteur  en 
plitlosopbie  et  chevalier  de  Danebrog ,  C.-C-  Rafn  (3). 

«  La  Société  royale  des  Antiquaires  de  Coperfiague 
s'est  proposé  pour  but  principal  de  publier  toutes  les 
anciennes  Sagas  historiques  du  Nord  ,  dans  leur  texte 
original ,  Scandinave  ou  islandais  ,  avec  une  traduction 
latine  ,  et  une  autre  danoise ,  imprimées  séparément 
U  paraîtra  ,  chaque  année  ,  un  volume  de  ao  à  3o 
feuilles  de  chacune  de  ces  quatre  collections.  L'utilité  de 
l'ancienne  langue  Scandinave,  pour  l'étude  des  idiomes 
de  la  même  famille  ;  les  secours  que  renferment  les 
sources  historiques  du  Nord  ,  pour  l'éclaircissemcDt 
de  la  portion  la  plus  ancienne  des  annales  et  de  la 
constitution  des  autres  pays  de  l'Europe  ,  et  particu- 
lièrement de  l'Allemagne  ,  de  la  Grande-Bretagne , 
de  la  Russie  et  de  la  France  ;  enfin ,  le  mérite  propre 


(l)  Prix  et  chaque  volume  :  papier  ordinaire  ,  i  ibaier  lO  gros;  pa* 
pier  véllB ,  i  thalers  3  gros. 

(a)  Prix  de  chaque  votume  :  papier  ordinaire ,  a  tliaJcrs  5  gios  ;  p*- 
pier  vélin,  a  thalert  20  gros. 

(5)  Mêmes  prix  que  poux  les  volumes  des  JP^iNmaumna-Smgmr, 


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iir-iiL.-T  ocir::!-:-  Jarai»  *■:  — '  •■»'»  -^*  "''•*• 
b  <j-anj  ■;  ^  y-  irr»  =ir:x:--Jr  — ■  î-'*-C\  ^.  *  *  -r.  ^_  k 
.;.»  ;V-^  à  *c*  i^j-;**,  *«  F^*  *-- -•  *"^-*  «^*'-'''' 
xvat  nra;j«  tV  f-J»  '»  f--»>  :*>;-*-  *- *^  *'**^ 
«ue  e^tr^raace  qa*  ia  S...»  :o  ixvi-  ;>:>  Aa;....»*»rr* 

de  duuofr  k*  U.Ti^  C  a  iOi  ï^o.-!.  ->iv  w  .*•.««  »*~* 
/in«ja— i«^,  on  des  /w*ï.r/J  -<  ^^-.  î*^  ^*  »"  *  "^  "^^^ 
Ji:uo^s  Isi-tadjfmm.  et  quatre  ùes  i  .  J«  jw^-- vV.;<«p<r  C 

l«V'»*^«>^'P'»'>'-'^*  '^^^  '"■^''  '""^'t  ^^'?''**V'  ^**"-'"^ 
a'anciea»  manuscrits  isuuidais»  par  C-C.  JfUu,  i— > 

volunies. 

tradniics  en  danoU,  et  publiées  pv  C,-C.  Raln.  \t- 

lames  i — 3.  .  ,  . 

-  Ce  cjcie  de  Sagas,  dout  nous  «ononçt«s  ici  If 
texte  et  U  tradnction  en  danois,  mia-rme  les  Sis»*, 
*n  partie  mylhologico-historiques  ,  en  i«rtie  »om*- 
«^oes,  qui  traitent  dV«oemenis  arri>^sda.w  l«  No«l 
antérieurement  aux  premiers  éiabUssemenls  dhlanik, 
4laiis  k  9'  siède,  ou  à  la  p^ricle  historiqu.-  pro|m<me«t 
dite.  Telles  sont  U  Rolf-krukrs  Saga ,  la  /  W*««*'..  à^f^, 
la  Rngnar  Lodbroks  Sog»,  ia  IM/s  .%..,  la  FnM,o(1 
Saga.  Comme  la  plus  grande  parlio  do  es  Sngas  sont 
dans  une  étroite  connexion  a>Tr  le  grand  c>clc  «.«i- 
manique  de  récils  relatifs  aux  NùUluugs  ,  o»  osi^re 
que  cette  publication  sera  également  aouc.lhe  av.c 
bienveillance  par  les  amis  de  lancienuo  Ullo.at.irc  air 
lemande. 


(.)P,eai«yolaine,2thaUrs  .9  gros.  ^ Dcutièm»  vo W.  »  tUr„ 
9  «toj. 


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.(43a  ) 

«  7^  Krahismnl,  etc. ,  Meios  Craca^  swe  Epieedum  lod- 
èroci;  ode  de  Kraka ,  cfu  Chant  du  cygne  de  Ladhrok ,  c'esè- 
à-*dire  Chant  des  exploits  et  de  lu  mort  hMUque  da  nùRtt- 
gnar  Lodbrok^  d'après  un  ^  i(*ux  manuscrit  sur  parchemin ^ 
€t  plusieurs  autres  manuscrits  inédits,  avec  traduction 
danoise ,  latine  et  française ,  diverses  variantes  et  leur 
examen,  des  remarques  critiques  et  philolngiqoes ,  un 
fac  similc ,  eic.  ;  le  tout  publié  par  C-C.  Rafn  (i). 

<r  Pour  la  demande  de  ces  divers  ouvrages,  on  doit 
s'adresser  b  la  libraine  de  t^ogei^  à  Leipsig  ,  cm  a  la 
librairie  de  Gyldendal  ^  àt  Copenhague.  JUans  les  pro- 
vinces danoises  ,  on  pourra  aussi  en  £iire  directement 
la  demande  au  bureau  de  la  Société  royale  des  An- 
tiquaires du  Nord ,  sous  l'adresse  de  son  secrëtairr , 
le  professeur  C.-C.  Rcrfn  ,  rue  du  Prince-Royal ,  ii*  (o , 
à  Copenhague.  » 

Enfin ,  la  9'  pièce,  et  la  plus 'importante  ,  puisqueUe 
nous  donne  une  idée  complète  de  rhistatre  de  la 
Société  des  Antiquaires  du  Nord,  de  sts  statuts,  de 
ses  travaux  et  de  son.  actif  et  savant  secrétaire  M.  Radi, 
est  la  iTotice  de  M.  I..CNifs  >Giesebrecht ,  sar  cette  coid* 
'pagnie,  insérée  dans  le  Journal  pro^meial  de  Pomérme, 
•«n  1837,  et  réimprimée  à  part,  avec  des  changproeDts, 
à  Stettin  ,  on  rôaS.  C'est  cette  dernière  édition  qm 
vous  a  été  adresst'e*  Malgré  TétPiidue  de  cette  notice, 
et  les  difficultés  notables  attachées  ^  sa  traAictiiQ 
littérale  ,  nous  avons  cru  devoir  vous  Toffrir ,  «t  noos 
tious  estimerons  amplement  récompensé  des  soins  qo'^ 
pu  nous  coûter  ce  petit  trav«l  ,  s>4l  vous  présente 
quelrjue  intérêt  ;  nous  vous  remerciereos  aiême  d'amir 
rappelé  notre  attention  vers  ceUe  belke  et  aaUehi^ 
allemande  ,  objet  de  quelques-unes  de  nos  çimàtti 


(  1  )  Prix»  «ar  beau  pipier  frao^ais  ,  i  tluicc  »a>|rM  ;  .4U  int  ^^ 
^  thalers  6  gros. 


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(433) 
Audes  ,  et  qui ,  malgré  la  complication  de  ses  formes 
et  le  peu  d*éclat  de  ses  sons ,  n^en  reste  pas  moins 
l'un  des  plus  riches  ,  Tun  des  plus  curieux  idiomes 
qui  aient  jamais  été  employés  à  la  manifestation  de 
la  pensée  humaine. 

Sur  la  Société  royale  des  Antiquaires  de  Copenhague , 
par  Louis  Giesebrecht. 

«  Pompeii  et  Herculanum  ,  leur  destruction  et  leur 
résurrection  ,  sont  partout  bien  connus  parmi  nous  ;  mais 
qu'est-ce  que  deux  villes  romaines  en  comparaison  d'un 
monde  entier  qui ,  situé  de  l'autre  côté  de  notre  mer , 
et  n'étant  séparé  de  nous  que  par  un  jour  de  naviga- 
tion f  quand  le  temps  est  favorable  ,  sort  de  Toubli  pour 
nous  rendre  des  races  complètes  d'hommes  dans  leur 
puissante  activité  ?  Et  cependant ,  combien  ce  grand 
événement ,  la  restauration  de  l'ancienne  littérature  du 
Nord ,  n'a-t-il  pas  été  imparfaitement  apprécié  jus- 
qu'à présent!  L'objet  que  nous  nous  proposons  dans 
ce  mémoire  est  d'appeler  sur  lui  l'attention  publique* 

«  Les  trois  royaumes  Scandinaves  ont  eu,  dans  les 
siècles  reculés ,  une  même  langue  ,  qui ,  étant  encore 
parlée  de  nos  jours  en  Islande  ,  a  pris  communément , 
ik  raison  de  cette  circonstance ,  le  nom  d'islandais  (i). 


(i)  ce  II  ne  s*est  conservé  presqo* aucun  monument  de  Tanciemie  exis- 
tence «les  peuples  du  Nord  dans  les  trois  royaumes  qui  composent  U 
presquMle  Scandinave.  Cest  un  pays  plus  reculé  vers  le  p^le,  plus  isolé 
du  reste  du  monde  ;  c*est  une  lie  qui  a  recueilli  et  nous  a  transmis 
ces  monuments.  L*lslande  a  été,  pour  les  autres  pays  Scandinaves, 
ce  qua  la  Scandinavie  elle-même  avait  été  ^oor  les  autres  nations  go- 
thiques ,  un  asyle  da  passé.  Au  9«  siècle ,  quand  U  Scandinavie  était 
tncote  toute  payenne ,  Tlslande  fut  peuplée  par  des  familles  qui  s« 
réfnsièrent  sur  cette  teira  libre  ,  pour  échapper  à  la  tyrannie  des  rois 
qoi^  vers  cttte  époque  ,  coqimencèrent  à  asservir  les  chefs   indépen- 

55 


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C'est  dans  cet  idiome  qu'ont  été  rédigés  une  fonte  i^ 
monuments  écrits  dont  nous  n'avons,  de  ce  côté  de  h 
Baltique  |  qu'une  idée  beaucoup  trop  étroite.  A  Copen- 
hague ,  et  sur  d'autres  points  du  Nord,  sont  rassemblées 
de  volumineuses  collections  de  ces  manuscrits  non  pu- 
bliés. La  plus  grande  partie  sont  consacrés  à  l'histoire 
et  à  la  poésie  ,  et  il  n'y  a  peut-êlre  point  d'autre  langue 
européenne  aussi  riche  que  l'islandais  en  écrits  relaûfs  à 
l'histoire  du  moyen   âge. 

«  De  tous  ces  écrits  ,  il  n'y  avait  guères  d'imprimé , 
avant  la  dernière  moitié  du  1 7^  siècle  ,  que  le  Code  du  roi 
Mugnus  Lagabœter  La  langue  même  dans  laquelle  ils 
sont  composés  ,  l'islandais ,  jouissait  en  Danemark  de 
si  peu  de  considération  ,  qu'on  alla  jusqu'à  vouloir  le 
bannir  entièrement  du  royaume.  C'est  alors  que ,  pour 
la  première  fois  ,  des  savants  isolés  ,  Worm  ,  R^enios , 
Verelius  ,  Peringskiœld ,  etc. ,  tournèrent  leur  attention 

-— ' ^ ; ^ 

dants.  Plus  tard  elle  abrita  ceux  que  Ton  penécotait  sur  la  t^ire  f«ise« 
il  cause  de  leur  attachement  à  Tancienne  religioa  et  aux  TÎeillcs  nsan 
nationales.  Cette  religion  ,  et  les  mœurs  primitives  de  la  ScandinaTie , 
furent  donc  transportées,  avec  sa  langue  et  sa  poésie,  au  sein  des  larcs 
»t  des  glaces  de  PlsUnde. 

-«  Ainsi  fut  fondée  ki  république  islatidaise ,  qui  a  duré  quatre  siècles* 
qui  a  eu  ses  annales,  sa  législation,  sa  littérature  Elle  offre  le  se«l 
exemple  que  nous  connaissions  de  Tespèce  de  civilisation  qui  pouvait 
se  développer  spontanément,  sans  l'influence  de  la  civilisalimi  roaaÎAc, 
par  le  seul  progrès  de  Tesprit  national,  cbex  les  peuples  dont  nous 
sortons  et  à  qui  étalent  réservés  les  temps  modernes. 

ce  L'Islande  était  constituée,  quand  le  christianisme  y  pénétra,  plus  d*aB 
siècle  après  la  colonisation.  11  fut  accepté  volontairement  «  et  en  as> 
semblée  générale;  il  ne  s'ensuivit  presqu*aucune  révolution  dans  les 
idées  et  les  h4bitudes  ;  s'il  adoucit  un  peu  les  mœurs,  il  ne  les  ckan- 
gea  point.  L'auciep  esprit  subsista;  Tancienae  mythologie  continua  à 
vivre  dans  les  chants  des  scaldes;  les  Sagaa^  ou  récits  des  temps  recales , 
continuèrent  à  charmer  les  Ages  suivants.  Kous  allons  voir  que  cet  in- 
térêt n'a  pas  cessé  même  de  nos  jours.  *  (  M.  J-J.  Ampère  ,  Gloàt,  30 
février  i83o. 


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(435  ) 
vers  l  a  vieille  iiltërature  dil  Nord.  Des  fragments  de& 
premiers  Edda  ,  le  texte  des  plus  récents  en  entier , 
l'histoire  des  rois  de  Norwège  par  Snorres  (  c'est  ainsi 
qu^on  désignait  VHeimskriiigla  )  ,  et  nombre  d'autres  pro- 
ductions historiques  et  poétiques  ,  furent  successivement 
publiés  ,  réunis  on  séparés  ,  plus  ou  moins  soigneu- 
sement imprimés ,  la  plupart  accompagnés  de  traduc- 
tions latines  et  de  notes  explicatives.  Cependant ,  cette 
étude  ,  se  propageant  lentement ,  resta  près  d'un  siècle 
confinée  dans  un  cercle  assez  borné ,  composé  princi* 
paiement  de  savants  appartenant  h  la  Scandinavie  , 
attendu  qu'on  manquait  encore  d'une  bonne  grammaire 
et  d'un  dictionnaire  complet  de  la  langue. 

«<  Lorsqu'Arne-Magnussen  fonda  h  Copenhague  le  col- 
lège qui  porte  son  nom  ,  il  le  dota  généreusement  d'une 
collection  considérable  de  manuscrits  appartenant  h  Tanr- 
cienoe  langue  du  Nord ,  et  rassemblés  par  lui-même , 
ainsi  que  d'amples  revenus  ,  et  le  consacra  b  avancer 
puissamment  les  études  irlandaises  ^  surtout  par  la  pu- 
blication et  l'interprétation  des  anciens  ouvrages.  A 
partir  de  ce  moment ,  la  restauration  marcha  avec  ré- 
gularité et  sur  un  plan  suivi.  Copenhague  et  le  collège 
Arna-Magnxanien  en  devinrent  le  point  central.  Tel  fut 
le  but  vers  lequel  on  tendit  de  la  manière  la  plus  ho^ 
norable  pendant  la  seconde  moitié  du  i8*  siècle  et 
les  dix  premières  années  du  suivant.  On  doit ,  en  partie  , 
b  Faction  directe  de  l'institution  d'Arnus-Magnussen , 
en  partie  à  la  coopération ,  provoquée  par  elle ,  de  la 
famille  rovale  et  de  quelques  particuliers  opulents ,  la 
publication  des  plus  anciens  Edda  dans  leur  inti^grîtc , 
de  V Heimskringla  ^  et  d'une  collection  intéressante  de  Sa- 
gas isolées  (i) ,  le  tout  splendidement  accompagné  de 


(i  )  «  Les  Sagas  sont  en  prose  :  assez  souvent  des  vers  sont  jetés  au  milien 
à%  It  narration.  Saga  signifie  ce  qu'on  dii,  ce  qu'on  ^raconte;  c'est 

55. 


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(436) 
traductions  latines  ,  glossaires ,  notes  et  disserfatiotu 
grammaticales  et  historiques.  Ces  nouvelles  recherches 
fournissaient  les  bases  d'une  grammaire  et  d*un  dic- 
tionnaire, impatiemment  attendus  depuis  long-temps,  et 
indispensables  surtout  pour  faire  de  ces  c^tudes  septen- 
trionales un  corps  de  doctrines  solides ,  et  en  répandre 
au  loin  le  goût.  On  fut  redevable  de  l^in  et  de  l'autre 
h  Rask.  Sa  Grammaire  islandaise  parut  en  1811 ,  et  trois 
ans  plus  tard  il  publia ,  après  Favoir  augmenté  et  re- 
manié ,  te  Lexicon  islandais  de  Bjcam  Haldorson  ,  que  son 
auteur  avait  lé^ué  en  manuscrit  au  collège  Ama-Ma- 
gmeanien* 

«  Pendant  que  Rask  ouvrait  ainsi  aux  recherches  des 
savants  l'accès  de  la  littérature  septentrionale  ,  Rafln 
commença  à  en  mettre  d'une  autre  manière  les  trésors 
âi  la  portée  des  personnes  étrangères  aux  études  philo- 
logiques. Jusques-lb  on  n'avait  guères  traduit  qu'en 
latin  les  Sagas  islandaises  ;  un  petit  nombre  seulement 
avait  été  transporté  dans  les  dialectes  modernes   par 


Vepos  des  grecs  ,  U  fabula  des  Utins,  pris  dans  leur  acxepUoo  ] 
tWe  ,  qaand  ils  nVraportaient  point  Pidêe  d*nBe  chose  feinte,  wuu 
celle  d*on  simple  récit,  de  la  tradition  naïve  des  faits.  Ce  qui  distingac 
U  saga  de  Thistoire  ,  c'est  Tabsence  de  critique;  ce  qvi  la  distingve  èm 
roman,  c*est  la  foi  à  ce  qo*elle  raconte.  Si  elle  n*apprend  pas  toa)oars  ce  q« 
est  arrivé ,  elle  apprend  ce  que  croyaient  les  conteurs,  et  cela  est  déyà  de 
Thistoire  ;  si  les  événements  qu'ils  racontent  n^oGFirent  rien  d*iocroyakle  ; 
a*ils  en  ont  été  témoins ,  on  peut  se  fier  i  eux  presque  entièrement  ; 
et  même,  lorsqu*iU  en  étaient  éloignés,  il  reste  toujours  quelque  cbose 
de  vrai  an  fond  d*une  tradition  qui  n*a  pas  tté  forgée  aibitrairemcnt 
ou   sciemment  altérée. 

«  La  Saga  est  le  début  de  Thistoire  :  c*cst  te  passage  de  la  poésie  à 
là  prose.  Sur  les  antiquités  grecques  et  les  pays  connus  de  U  Grèce, 
nous  aTons  on  précieux  recueil  de  Sagas  dans  le  livre  d'Hérodote* 
qui  commence  presque  tous  sts  récits  par  :  On  dit. .  Les  preaiicts  livres 
de  Titf-Live  sont  des  Sagas  altérées  tt  ornées  par  un  stjU  adflûnWo.  • 
(  klem,  ibid.) 


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(  1^7  ) 
Perinskioeld  ^  Reenhielm  ,  Goransson  ,  Biœmer ,  Afze^ 
lius ,  en  Suède  ;  par  Johnstone  et  Thorkelin  ,  en  An- 
gleterre ;  par  Graeter,  Herder,  Grimm  et  V,  D.  Hagen  » 
en  Allemagne.  Le  Danemark ,  quoique  les  études  is- 
landaises y  eussent  été  incontestablement  plus  profondes 
et  plus  florissantes  que  partout  ailleurs,  paraît  avoir 
été  le  moins  bien  partagé  sous  ce  rapport  :  Resenius , 
Erichson ,  Sandwig^  Nyerup,  j  avaient  seuls  frayé  les 
premiers  la  voie  que  Rafn  y  a  rouverte  de  nos  jours , 
et  quUl  parcourt  avec  un  zole  infatigable  aussi  bien 
qu^avec  des  succès  signales. 

•c  II  fallait  la  réunion  de  deux  hommes  de  ce  mérite  « 
avec  les  autres  honorables  amis  et  propagateurs  de  ces 
études  en  Danemark ,  pour  y  commencer  une  nouvelle 
période  de  la  littérature  islandaise  ;  c  est  ce  qui  arriva 
par  rétablissement  de  la  Société  des  Antiquaires  du  Nord. 

M  £n  1824 1  il  se  forma  h  Copenhague  une  association 
d'amis  de  Thistoire  nationale  ,  qui  posèrent  en  principe 
que  déjh  il  avait  été  exécuté  des  travaux  importants 
dans  l'intérêt  de  la  littérature  islandaise  ,  surtout  par  le 
collège  Arna-Magnaeanien  ;  mais  que,  cependant,  il  res- 
tait encore  beaucoup  de  manuscrits  inédits  à  préserver 
de  toutes  chances  de  destruction ,  et  qu'aucune  époque 
n'était  plus  propre  à  une  pareille  publication  que  la 
nôtre  précisément ,  où  se  trouvaient  levés  la  plupart  des 
obstacles  qui  s'opposaient  précédemment  aux  progrès 
de  ce  genre  d'études.  La  Société  arrêta,  en  conséquence , 
qu'elle  publierait  les  manuscrits  islandais  encore  inédits , 
par  volumes  annuels  de  vingt-quatre  feuilles  au  moins  y 
de  manière  h  ce  qu'on  pût  acquérir  séparément  le.  texte 
original  ;  une  traduction  latine ,  accompagnée  de  notes 
critiques  et  explicatives ,  destinée  particulièrement  pour 
les  philologues  et  les  antiquaires  ;  et  enfm  une  traduc- 
tion danoise  à  l'usage  de  la  masse  du  public ,  afin  d'en 
faciliter  la  diffusion  par  tous  les  moyens  possibles.  La 


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(  458  ) 
Saga  â'Oiaus  Tryg^eson  devait  ouvrir  ie  nouTeiu  recneS 
ayant  pour  titre  :  Fommanna  Sccgur^  Histoires  des  amcéùts. 
Dans  un  prospectus  imprimé  en  isUndab ,  en  latin , 
et  en  danois,  BrinjuIfson^E^ilson,  Gudmondson  et  IU£ei 
annoncèrent  ce  projet ,  et ,  comme  ^chantilloD  du  tra- 
vail et  de  rimpression ,  on  joignit  à  ce  prospectus  la 
Jomsçikinga  Saga ,  d'après  les  leçons  les  plus  courtes 
et  les  plus  anciennes.  C'est  ainsi  que  Ton  fut  invité 
en  m^me  temps  ii  la  souscription  au  FommaamM 
Sœgur ,  et  à  des  contributions  volontaires  dans  rintérél 
de  l^association. 

n  La  société  avait  compris  Tesprit  de  son  siècle  :  il  se 
manifesta  bientôt.  Le  projet  fut  accueilli  avec  enthou- 
siasme sur  plusieurs  points  du  Nord ,  tels  que  le  Da- 
nemark ,  la  Norwège  ,  les  îles  Faneé  ^  mais  surtout  es 
Islande  ,  où  savants  et  ignorants  portent  encore  le  plus 
grand  intérêt  a  Thistoire  nationale,  puisque,  dans  cette  Ile 
pauvre  et  séparée  par  une  si  grande  distance  du  reste 
de  l'Europe  civilisée  ,  il  y  eut ,  sur  une  population  dVu- 
viron  5a,ooo  habitants  ,  mille  souscripteurs  au  F«nr- 
manna  Sc^gur;  encore  la  plus  grande  partie  n'étaient- 
ils  pas  des  gens  instruits ,  mais  des  marchands  ,  des 
marins ,  des  artisans ,  des  laboureurs ,  et  jusqu'à  des 
domestiques  et  des  servantes  (i)  ! 

(i)  Le  recueil  auquel  noui  tTons  défà  emprunté  deux  cHatiofli, 
nous  indique  dans  quelle  proportion  chacune  de  cet  clwsce  coec—- 
tut  à   la  souscription  : 

K  Sur  5o,ooo  habitants  qui  forment  la  population  totale  de  ceUe  Be  » 
mille  souscrivirent  ;  savoir  : 
5oa  paysans  ; 

171  employés  et  étudiants  ; 
3f  ouvriers   et  matelots  ; 
58  maîtres  artisans  et  compagnons  ; 
a6o  domestiques  ; 

7  femmes  et  filles  de  service. 
Il  n^est  certes  pu  on  pays  de  rEorope  r  4  U  *piiblic«ti«B  das  neîH» 


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^(  439  ) 

<t  Cependant,  le  petit  nombre  de  chefs  primitifs  de  TeH^ 
Ireprise  s'était   adjoint  de  nombreux  coop^ateurs ,  et 
c'est  ainsi  qu'il  se  forma  une  société  régulière  et  stable 
des  antiquaires  du  Nord  ,  qui   comptait   Sg  membres 
en  janvier  i8a5  ,  époque  où  elle  tint  sa  première  séance 
dWganisation.  On  y  arrêta  les  statuts  de  la  compagnie, 
et  on  nomma  ses  officiers  ;  savoir  :  le  professeur  Rask , 
président  ;  M.  d'Abrahamson  ^  adjudant  du  roi ,  vice- 
président  ;  le  professeur  Rafn  ,  secrétaire  ,  et    le  con- 
seiller de   justice  Langeland  ,  trésorier.  Les  statuts  ont 
été  imprimés  en  islandais  et  en  danois ,   et  fournissent 
les   renseignements  les  plus  authentiques   et  les   plus 
précis  sur  Tobjet  de  Tassociation.  «  Le  but  de  la  so- 
ciété ,  y  est-il  dit ,  est  particulièrement  la  publication 
et  rinterpCétation  des  vieux  écrits  islandais  ;  mais  aussi 
en  outre  tout  ce  qui  peut  servir  en  géniVal  à  éclaircir 
Thistoire  ^  la  langue  et   les  antiquités  du  Nord ,  ainsi 
qu'è  réveiller  et  entretenir  par  là  Tamour  des  ancêtres 
et  du  pays.  Dans  cette   intention  ,  elle  se  propose  de 
publier  successivement  toutes  les  Sagas  islandaises  et  au- 
tres anciens  écrits  qui  intéressent  ces  trois  branches  de 
recherches.  On  évitera  autant  que  possible  de  se  ren- 
contrer, dans  ces  publications,  avec  la  commission  Arna- 
Magnseanienne.  Mais  si  jamais  |  contre  toute  attente , 
la  Société  se  trouvait  dans  la  nécessité  de  se  dissou'Ire, 
toutes  ses  collections  ,    tous    se$  fonds    deviendraient 
immédiatement  la  propriété  de  ce  m4mc  collège  d'Arnus- 
Magnussen.   Comme  Tun  des  buts  qu'on  se    propose 

chroniques  soit  aussi  popalaire.  Il  faut  se  souveuîrqae,  dans  te  Nord  , 
tout  le  monde  sait  lire ,  et  qu^en  hiver  une  famille  de  paysans  islan- 
dais a  coutume  de  se  rassembler  au  commencement  de  la  nuit,  c*e>t 
à  dire  vers  trois  heures ,  dans  une  grande  chambre  où  sont  tous  le» 
livres.  Chacun  se  couche,  et  Tun  d*eux  lit  aux  autres,  à  la  lueur  d'une 
torche  de  sapin  ,1es  vieux  réeits  nationaux  dans  la  langue  mMe  «t  riche 
de  leurs  pères  ,  qa'ila  ont  gardée.  » 


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(Uo) 
€st  aussi  particulièrement  d^entretenir  l^amour  existant  j 
de  temps  immémorial ,  en  Islande  ,  pour  la  littâ^ture 
nationale V  1<^  publications  en  langue  orî^nale  derroiA 
être  à  Tusage  des  habitants  de  ce  pays  ;  et  pour  cela 
on  aura  grand  soin  dVmpIoyer  les  caractères  dont  ils 
se  servent  et  tous  autres  moyens  auxiliaires  propres  ï 
favoriser  cette  destination.  Afin  de  rendre  la  lecture 
des  anciens  ouvrages  d^autant  plus  accessible  ,  on  aura 
.  pareillement  soin  de  traduire ,  surtout  en  danois ,  les 
Sagas  les  plus  intéressantes.  La  préparation  de  ces 
publications  sera  confiée  h  une  section  de  la  Com- 
pagnie f  qui  prendra  le  nom  de  section  des 'vieux  écrits, 
et  qui  se  composera  de  membres  ayant  fait  le  premier 
appel  pour  la  souscription  au  Fammanna  Sœgur.  Les 
devoirs  de  cette  commission  consisteront  à  exécuter 
les  travaux  scientifiques  nécessaires  à  rétablissement 
du  texte»  et  à  faire  procéder  h  l'impression  y  soit  aux 
firais  de  la  Compagnie  seule  ,  soit  à  ceux  d^un  libraire 
assisté  par  elle  ,  autant  que  cela  deviendrait  nécessaire  » 
en  outre  ,  la  Société  ,  pour  donner  nn  nouveau  témoi- 
gnage de  son  activité,  ainsi  que  pour  éveiller  et  en- 
tretenir la  coopération  à  ses  travaux ,  publiera  à  son 
compte  un  journal  d'une  feuille  par  trimestre  ^  qui  sera 
envoyé  gratuitement  à  tous  les  membres  et  aux  autres 
protecteurs  de  ^entreprise,  et  devra  contenir  des  nouvelles 
de  ses  travaux  ,  ses  comptes ,  puis ,  en  outre  ,  des 
annonces  littéraires  et  de  courtes  compositions  :  ce 
journal  sera  entièrement  sous  la  direction  du  présideirt. 
Il  paraîtra  aussi ,  aux  fixais  de  la  Compagnie ,  un  autre 
journal ,  par  cahiers ,  contenant  des  dissertations  propres 
a  éclairer  Thistoire  ,  la  langue  et  les  antiquités  du 
Nord  ,  au  moyen  d^anciens  monuments  Scandinaves  « 
ou  ceux-ci  au  moyen  d'autres  sources  ,  ainsi  que  des 
compositions  poétiques  tendant  à  réveiller  l'amour  des 
vieux  souvenirs  septentrionaux.  Le  contenu  de  ces  cahim 


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(  44i  ) 
devra  élre  préalablement  soumis  è  la  Compagnie  ,  dans 
Tune  de  ses  séances,  cl  approuvé  par  les  deux  riers 
des  membres  présents.  Enfin  la  Société  £aivorisera  la 
publication  d^autres  ouvrages  servant  à  atteindre  le 
même  but ,  et  c*ierchera  encore  (  autant  que  la  coopé- 
ration de  ses  membres  et  la  générosité  de  ses  bien- 
faitews  lui  en  fourniront  les  moyens  ) ,  à  propager  par 
toutes  autres  voies  la  connaissance  et  le  goàt  des 
antiquités,  ainsi  que  de  la  littérature  du  Nord,  de  manière, 
cependant ,  à  ne  jamais  perdre  de  vue  la  publication 
des  anciens  écrits ,  son  but  principal* 

«  Les  statuts  renferment  encore  des  règlements  sur 
la  nomination  des  membres  ,  qui  seront  choisis  parmi 
ks  hommes  distingués  ,  tant  du  Nord  que  d^autres  pays  , 
ayant  pris  une  part  effective  à  Tobjet  des  travaux  àe 
la  Société.  Ils  se  divisent  en  honoraires  ,  ordinaires 
et  correspondants.  Les  membres  ordinaires  ,  domiciliés 
dans  les  états  danois  ,  sont  assujétis  h  une  cotisation 
annuelle.  A  la  tête  de  la  Compagnie  sont  placés  un 
président  ,  un  vice-président  ,  un  secrétaire  et  un 
trésorier  ,  nommés  pour  trois  ans  et  rééligibles  à  Tex- 
piration  de  ce  terme.  Ces  quatre  officiers  ont ,  outre 
leurs  devoirs  particuliers ,  une  surveillance  commune 
h  exercer  sur  les  propriétés  et  les  revenus  de  la  Société  , 
et  sont  chargés  de  pourvoir  à  son  entretien  ,  à  son 
accroîséement  et  à  ses  travaux  ,  conformément  aux  ré^ 
solutions  prises  dans  ses  assemblées.  Ces  réunions  , 
ou  tous  les  membres  ordinaires  et  honoraires  ont  voix 
délibérative ,  doivent  se  tenir ,  d'après  les  statuts  ,  quatre 
fois  par  an  ,  dans  le  premier  mois  de  chaque  trimestre , 
et  plus  souvent  s'il  est  nécessaire. 

«  Trois  ans  se  sont  écoulés  depuis  cette  première 
organisation  de  ia  Compagnie.  Au  3i  janvier'  dernier 
(  i8a8  )  y  les  quatre  officiers  primitifs  sont  sortis  de 
cbarg|9«  et  à  leur  place  ont  été  élu$  ,  pour  les  trois  aqs 

56 


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^ui  suivront  ,  MM.  d'Abrahamson  ,  aide-de-câinp 
<ie  S.  M.  le  'Roi ,  aux  fondions  de  président  ;  If  pro- 
fesseur Finn  Magnussen  ,  à  celles  de  vice-prësident  ; 
le  conseiller  de  chancellerfe  Th.  MuHer ,  à  celles  de 
trésorier  ;  le  professeur  Rafn  a  été  nomme  de  nouveau 
secrétaire. 

«  A  Tépoque  de  ce  renouvellement  du  bureau,  la 
Compagnie  a  publié  son  premier  compte  rendu ,  pour 
les  années  i8aS  ^  i8a6  et  1827.  De  ce  document 
ressort  pour  elle  le  témoignage  honorable  que ,  dans 
ses  travaux  «  non-seulement  elle  nVst  pas  restée  en 
arrière  de  ses  îmtations ,  mais  encore  elle  est  allée  au- 
delà  de  ce  qu'elle  avait  promis ,  ao-delà  de  ce  qu'at* 
tendaient  ses  fondateurs  eux-mêmes ,  quand  ils  mireat 
pour  la  première  fois  la  main-  à  Tœuvre.  Le  roi  de 
Danemarck  Ta  reconnu  pareillement ,  dans  sa  haute 
sagesse  ,  quand  «  de  son  propre  mouvement  ,  et  en 
témoignage  de  sa  satisfaction  pour  les  travaux  de  la 
Compagnie ,  il  lui  a  conféré ,  le  9  mai  dernier  ^  le  titre 
de  Société  royale. 

«t  La  section  des  anciens  écrits  éprouva  ,  en  juin 
1827  ,  une  grande  perte  par  la  mort  du  docteur 
Brynjulfsson  ,  qui  fut  remplacé  dai^  son  sein  par  Th* 
Helgesen.  Malgré  ce  fâcheux  événement ,  la  publication 
des  Sagas  historiques  du  Nord ,  objet  principal  des 
travaux  de  la  Compagnie  ,  a  été  poursuivie  avec  ardeur 
et  activité. 

«  Mais  ces  Sagas  se  divisent  en  deux  classes,  selon 
qu'elles  sont  relatives  à  Thistoire  de  T  Islande  ou  à  celle 
du  reste  de  la  Scandinavie  (  Danemarck  ,  Suède  et 
Norwège  )  ;  telle  est  la  division  à  laquelle  correspondent, 
dans  le  plan  de  la  Société ,  deuk  grandes  collections  : 
Islendinga  Sœgur  et  Fommanna  Sœgur. 

«  On  commença  par  la  dernière ,  et  en  particulier 
par  YHistoîre   de  Noripège,   Aussi   les   trois    premiers 


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(  443  ) 

volumes  du  Fommanna  Sœgur  renfcrmcnt-Us  la  Snga 
A*OlaJ  Triggœescn ,  d'après  un  texte  non  encore  imprimé, 
et  dix  autres  petites  Sagas  liées  avec  riibtoire  de  ce 
prince  illustre  et  de  son  époque. 

«  On  en  était  déjà  parvenu  à  ce  point  ,  dans  l'été 
de  1827  ;  en  outre,  la  traduction  promise  de  ces  trois 
volumes ,  en  danois  ,  par  le  professeur  Rafn  :  Oldnoràiske 
Sagaer  wersattea/Rafn ,  était  aussi  complètement  publiée  » 
il  n'y  avait  plus  que  la  traduction  latine ,  qui  fut  un 
peu  retardée  par  la  mort  de  Brynjulfson  ,  de  telle 
manière  qu'on  fut  obligé  de  commencer  par  en  livrer 
au  public  le  second  volume  :  Scripta  hisiorica  Islandorum  , 
UUinè  reddita  et  apparatu  criiico  instructa  (vol.  II.)  Alors 
la  Société  considéra  qUe  les  Sagas  norwégiennes ,  qui 
devaient  entrer  dans  la  collection ,  composeraient  en  tout 
dix  volumes  ,  et  que ,  d'après  cela  ,  en  s'en  tenant  au 
plan  adopté,  le  tour  de  V Histoire  de  Danemarck  ne  pourrait 
arriver  qu'au  bout  de  sept  ans ,  quoique  ce  pays  fût , 
de  tous  les  royaumes  du  Nord ,  celui  où*  l'entreprise 
avait  trouvé  le  plus  de  secours.  En  conséquence ,  il  parut 
conforme  à  toutes  les  règles  de  l'équité  de  se  rendre 
au  vœu  exprimé  par  la  majorité  des  souscripteurs ,  et , 
au  lieu  du  iv«  volume  des  Fommanna  Sœgur ,  de  com- 
mencer par  publier  le  il* ,  en  le  composant  de  Sagas 
danoises. 

.  «  Ce  II**  volume  est  également  déjà  imprimé  ;  il 
renferme  un  texte  complet  de  la  Jomsvikinga  Saga ,  la 
Jomsçikinga  Drapa  de  l'évéque  Bjarne ,  la  KnytHnga  Saga  ^ 
des  fragments  relatifs  à  l'introduction  du  christianisme 
en  Danemarck ,  les  Sagas  d'Harald  Biaatandy  de  St^end 
Tçeskœg ,  et  dUakon  Harekson ,  et  le  récit  de  l'avarice 
de  révoque  Absalom.  Les  trois  premiers  morceaux  sont 
aussi  d'un  grand  intérêt  pour  l'histoire  des  côtes  méri- 
dionales de  la  Baltique ,  et,  de  même  que  le  dernier, 
n'avaient  jamais  été  imprimés. 

56. 


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(444) 

«  Quelque  avantageux  qu'aient  été ,  jusqu^iri  «  pour  la 
vieille  littérature  Scandinave  ,  les  rësultafs  des  efforts 
de  la  Société ,  on  doit  fonder  des  espérances  plus  con- 
sidérables encore  sur  ceux  des  trois  années  <)ul  vont 
suivre.  La  section  des  anciens  écrits  ,  encouragée  par 
Tintcrét  bien  mérité  avec  lequel  ses  honorables  travaux 
sont  accueillis  dans  le  Nord  et  ailleurs ,  a  pris  la  ré- 
solution de  commencer,  aussi  à  partir  de  Tannée  1839 1 
la  publication  des  Islendinga  Sœgnr  ,  et  de  la  faire 
marcher  désormais  de  front  avec  ceUe  des  Fommanm 
Sœgur,  de  sorte  que  nous  devons  nous  attendre  à  voir 
parahre  ,  d'ici  è  t83o  : 

«  1°  Les  4^  et  5'  volumes  des  Fommanna  Sœgur  (  ffir- 
ioire  dOlaf  U  Bienheureux,  avec  les  récits  qui  s'j 
rattachent  )  ;  et  puis  les  volumes  4^  ,  5^  et  11*  de  la 
traduction  danoise  ;  i*S  3®  9  4* ,  et  5®  de  la  traduction 
latine  ; 

«  a«  Et ,  de  plus ,  le  t^*^  et  te  %'  volume  des  Isiendkga 
SaguTy  renfermant:  Are frodes  Scheéae ^  tsloNês Latêmit' 
mahok  ,  Figasiyrs  Saga ,  Heùbuviga  Saga  ,  fLormaks  Saga , 
IfosQeinmga  Saga  ,  Sporfdada  Saga  ,  f^aUmatjais  Saga  , 
VigQskjuias  Saga  ,  Viga-gfums  Saga. 

«  Mais ,  outre  les  Sagas  historiques  que  la  Société  des 
antiquaires  du  Nord  s'est  chargée  de  publier ,  la  litté- 
rature islandaise  renferme  ua  nombre  considérable  de 
productions  de  ce  genre ,  purement  poétiques.  La  publi- 
cation de  ceux-ci,  ou  au  moins  àes  plus  intéressants  dVntfe 
eux ,  est  la  tâche  particulière  du  président  de  la  section . 
le  professeur  Rafn  ,  qui ,  malgré  l'assiduité  soutenue 
avec  laquelle  il  prend  part  è  tous  ses  travaux ,  n  7 
trouve  pas  encore  un  aliment  suffisant  pour  son  infati- 
gable activité* 

«  Ce  professeur  fit  paraître  ,^  en  i8a6 ,  le  tùrakumoÊ^ 
texte  original  du  chant  de  mort  de  Ragnar  Lodbrak  « 
avec  traduction  danoise^  latîae.  et  fruçaise,  ovvri^Be  an- 


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(UÎ5  ) 
^oel  Rask  rend  ce  témoignage  qu'il  est  la  publication 
Ae  poésie  Scandinave  ia  plus  importante,  la  plus  sarante^ 
le  plus  utile, la  mieux  entourée  desoins  et  de  critique  <}ont 
le  Danemark  puisse  se  glorifier  jusqu^^  ce  jour  dans  sa 
langue  primitive,  y, i)  En  ce  moment ,  Téditeur  du  Kra^ 
kumal  prépare  une  collection  complète  des  productions 
poétiques  et  mythologiques  du  Nord.  Elle  portera  le 
Bom  de  Fùnwidmr  Sœ^.r  (  Sagtu  du  temps  passé)  et 
se  divisera  en  trois  sections  différentes  •,  savoir  : 
«  I*  Foruabbar  Sœgur  Nardlanda  (  S<igtjs  des  anciens  temps 

(i)  Noos  tr««voiis ,  dons  vn  prospectus  aUcmattd  de  c«tte  édition , 
l«s  détails  suivants  sur  le  Krakumal  »  ^fix  iiotu  ont  para  aaénter  de 
Tons  élre  signalés. 

«t  Panni  les  chansons  historiques  Scandinaves, celle  des  exploits  de  Ragnar 
Lodbrok ,  et  de  la  mort  héroïque  et  cruelle  qu'il  subit  eu  Angleterie> 
oè  il  fu  t  fait  piisotinier  après  plasienrs  inrasîons  ,  est  une  des  plus  in- 
téressantes %mïÈ  le  rapport  historiqoe  et  pkHotogique;  «««n  a-t- elle  été 
'une  des  pUis  souvent  paUiées  et  trajuttes.  On  ta  cotuptem  mohis  a5  pu- 
klîcatiens.  éditions  et  traductions,  en  danois ,  latin,  allemand,  hollandais* 
anglais,  français  et  italien.  Cette  chanson  était  autrefois  principalement 
connue  des  lecteurs  anglais  (qui  pouvaient  aussi,  à  {uste  titre,  ta  réclamer 
pont  tour  ancieniie  littérature  ),  par  fédiiion  critique  de  Johfistone .  ar- 
covipa^sée  d*uae  tradacii«D  latine  et  anglaise,  et  des  kctêure  allcmaad»» 
par  rcKcellente  traductioa  que  le  professeur  Graeter  <&  avait  donnéa 
dans  ses  FUurs  du  Nord.  L'évéque  d'Islande  Biyniulf  Sveinasofi  avait 
envoyé  en  présent ,  au  roi  Frédéric  III .  un  manuscrit  sur  parchemin  de  la 
F'etlaunga  Saga  et  de  la  Ragnar  Lodbrok  Saga  ;  mais  ce  manus- 
crit fut  perdu  immédiatement  après ,  et  c*est  en  vain  que  le  même  ro^ 
le  fit  chercher  à  p Ivaiaan  rif  riaes  sv  la  dcmandt  du  savant  Torfaros. 
En  1831,  la  circonstance  de  chanfements  opérés  dans  le  Muaée  de  Co* 
penhague  le  fit  retrouver  par  le  plus  grand  bonheur  du  monde.  A  la  fin 
de  ce  manuscrit ,  d*après  lequel  les  deux  Sagas  que  nous  venons  de  nom- 
mer ont  passé  dans  Phist^ire  héroïque  du  Nord,  on  trouve  le  Krakumat, 
et  c'eat  c«  teste  ^  a  «arvi  d«  base  à  la  présente  pubtieation.  Cepen*^ 
dant  on  a  en  outre  consulté  dix  antres  maauscrita  et  publication! 
originales.  Cette  édition  est  imprimée  en  jolis  caractères  neufs,  et  ac- 
compagnée à*un  Jac  simile  exact ,  tiré  sur  cuivre ,  d'une  page  entièra 
du  manuscrit.  » 

Vojrei  aoasi,  stt  U  Krakumal^  le  Bulhtm  zmiversel  des  Sciences  t 
septembre  i8a8. 


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(446  ) 

du  Nord  )\  n^dis  mythologiques  concernant  les  événemtaHs 
du  Nord  antérieurs  à  Vépoque  historique  proprement 
dite  ; 

<i  2^  Fonuddar  Sœgur  Sudrlanda  (  Sagas  des  amàaa 
temps  du  Midi);  récits  du  même  genre  tirés  de  l'his- 
toire fabuleuse  des  peuples  méridionaux. 

«  3^  Kappa  Sctgur  ok  Hiddarra  (  Sagas  kérm^aes  et  rir- 
çaleresques)  {  romans  de  chevalerie.  Ces  dernières,  comme 
celles  de  la  seconde  section ,  sont  des  traductions  de 
Tallemand  ^  du  hollandais ,  de  Tanglais,  da  français  et 
de  Tespagnol ,  faites,  au  commencement  du  i3'  sièdey 
d'après  Tordre  du  roi  de  Norwège ,  Hakwi  Hakonsan* 

«  Les  Nordianda  Sœgur  ^  dont  on  annonce»  aussi  une 
traduction  danoise  ,  formeront  trois  volumes  contenant 
chacun  environ  trente  feuilles.  La  collection  des  Suià^ 
landa  Sœgur  et  des  Kappa  Sœgur  sera  à  peu  près  de  la 
même  étendue ,  peut-être  cependant  un  peu  moindre. 

«  Une  pareille  entreprise  ne  saurait  manquer  d'assu- 
rer h  Téditeur  la  reconnaissance  de  tous  les  amis  de 
la  littérature  du  Nord  ;  quel  est,  en  eflfet,  celui  d  entre 
eux  qui  pourrait  voir,  sans  un  vif  sentiment  de  )oie  t 
se  découvrir  en  même  temps  à  ses  regards ,  l^îstom  et 
la  poésie  septentrionales ,  les  Fomaldar  Sœgur  et  les  Fom- 
manna  Sœgur ,  et  d'obtenir  ainsi ,  pour  la  première  fois , 
une  connaissance  complète  de  cet  antique  ordre  de 
choses  ?  . 

«  Cependant,  et  tout  en  en  faisant  son  bot  principal,  la 
Société  des  antiquaires  du  Nord  ne  s'était  pas  seulement 
proposé  ,  dans  ses  statuts ,  la  publication  des  anciens 
écrits  Scandinaves ,  mais  elle  avait  encore  promis  deux 
feuilles  périodiques.  Cet  autre  engagement  n  a  pas  été 
moins  fidèlement  accompli. 

«(  Le  plus  petit  de  ces  journaux  (  Hermod^  dei  mcrdâke 
Oldskrijt-Selskabs  tidende ,  besœrget  a/R,  Rask  )  ,  a  paru  « 
dans  la  forme  que  nous  avons  indiquée ,  pendant  les  an* 


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(447) 

tiées  iSaS  et  1826,  et,  outre  les  nouvelles  qu'il  a  don- 
nées de  la  société,  a  traité  d'objets  intéressanU  ,  dans 
un  grand  nombre  d'annonces  et  de  jugements  scienti- 
fiques', particulièrement  sur  les  grammaires  Scandinave  et 
allemande.  Depuis  le  commencement  de  l'année  1827 
jusqu'à  la  publication  du  compte  rendu  ci-dessus  men- 
tionné ,  une  feuille  phis  petite  encore  (  Bereining  om  det 
noràiske  OldsknjïrSelskabs  arbeider  og  forhandlinger)^  a  don- 
né, tous  les  six  mois,  en  quelques  pages,  de  courtes  nou- 
velles de  la  compagniie. 

«  Le  grand  journal  des  antiquités  du  Nord  (  Tidshrift 
far  nordisk  Oldkyndighed )^  âété  continué,  sans  interrup- 
tion, dans  la  même  forme.  Il  en  a  déjà  paru  cinq  cahiers, 
dont  les  quatre  premiers  renferment  un  cours  d'ortho- 
graphe de  la  langue  danoise,  par  le  professeur  Rask,  et 
le  dernier,  une  dissertation  du  professeur  Paulsen  ,  sur 
l'utilité  de  la  connaissance  des  antiquités  en  général 
et  de  l'ancienne  législation  en  particulier  (i);  puis  la 
traduction  danoise  d'un  vieux  récit  islandais  de  Sné- 
gluhalle  ,  p2»r  le  professeur  Finn  M'agnussen,  ainsi  qu'un 
traité  du  docteur  BredsdorfT,  sur  le  rapport  de    l'al- 


(i)  Suivant  rtuteor  •  rétud«  de  Thistoire  du  droit  septeatiioual  est 
d'autant  plus  importante  que,  par  les  varègues  ,  les  danob  et  les  sué- 
dois, ce  droit  a  été  répandu  en  Russie,  et  par  les  danois  et  les  nor- 
mands dans  la  Normandie,  en  se  modifiant  suivant  les  localités  et  le 
ijiractère  particulier  des  nations  qui  Tout  adopté.  M.  Paulsen  a  trouvé  » 
d*aiUears,  dans  ce  droit  ancien,  des  prévisions  pour  toutes  sortes  de 
transactions  dans  la  vie  sociale.  (*e  Nord  avait  une  navigation  très  ac- 
tive ;  ainsi ,  le  droit  maritime  devait  prévoir  tous  les  différents  qui 
pouvaient  naître  du  commerce  sur  mer.  Dans  fintérieur,  il  existait  des 
contrées  agricoles  ,  pastorales  ,  des  forêts,  des  mines:  la  Scandinavie 
présentait  les  diverses  formes  de  gouvernement  depuis  le  régime  répu- 
blicain d'Islande  {usqu^à  la  monarchie  de  Norwège.  L'auteur  recom- 
mande surtout  ces  Sagas  islandaises,  comme  une  source  de  connaissances 
historiques  sur  le  droit  des  Scandinaves  ,  et  il  indique  celles  qui,  sous  ce 
rapport,  sont  les  plus  importantes.  (Bull,  univen,^  jaov.  1829.) 


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phabet.  runiqiie  Scandinave ,  avec  Talphabet  (iitlttf|Qe 
de»  archives  de  Maplçs ,  et  la  fixation  ,  par  le  même 
auteur,  de  Fëpoque  où  vivait  Ragnar  Lodbrok. 

<c  Quelque  éloigaée  qu'ait  été  la  Compagnie  de  toute 
spéculation  financière  dans  ses  entreprises  Kttéraires,  ce- 
pendant (  et  cela  ne  doit  pas  être  oublié  comme  ca- 
ractère de  Tépoque  ),  il  y  a  eu  du  bénéfice  ,  au  mojfea 
duquel  1  et  de  contributions  volontaires  «  on  a  déjà  pu , 
malgré  les  dépenses  considérables  du  premier  établisse- 
ment, mettre  en  réserve  un  capital  de  i5oo  rixdakrs, 
commencement  d'un  fonds  fixe  destiné  à  garantir  »  poor 
Tavepir,  la  durée  de  Tassociation*  Ainsi  Ton  doit  e^ié» 
rer  que  nos  successeurs  pourront ,  comme  les  amis  ar 
tuellement  existants  çà  et  là  des  antiquités  septentrio- 
nales ,  trouver  encore  ,  dans  cette  réunion ,  des  mojens 
de  s'instruire  et  une  impulsion  intellectuelle  ;  crar  c^est 
un  mérite  essentiel  de  la  Société  royale  des  Antiquaires 
du  Nord ,  et  une  supériorité  qu'elle  a  acquise  dès  le 
moment  de  son  origine  sur  le  collège  Arna-Magnxanien, 
que  d'avoir  fourni  un  lien  à  tous  ceux  qui  ont  ces  études 
à  cœur,  dans  toutes  les  contrées  de  l'Europe,  et  même  au- 
delà  de  ses  bornes ,  en  Afrique  et  en  Amérique. 

«(  Comme  le  sang  sort  du  cœur  par  les  artères ,  et  (k 
là  y  revient  par  une  circulation  sans  cesse  renouvelée , 
ainsi ,  ce  me  semble ,  la  connaissance  de  la  Scandinavie 
se  répand  du  Danemarck ,  de  Copenha^e,  chea  les 
membres  de  la  Société,  et  bien  au-delà  chex  ses  auHes 
amis  répandus  dans  toute  l'étendue  du  monde  civilisé  ; 
nous  continuerons  de  la  voir  sans  cesse  se  frayer  de 
nouveaux  chemins  et  prendre  une  extension  toujours 
croissante  ;  les  idées  qu'elle  aura  éveillées  retourne* 
ront  de  ces  divers  points  au  cœur ,  y  reporteront  Tes- 
citation ,  et  en  feront  jaillir  de  nouveaux  courants.  Ce 
sera  une  source  de  vie  intellectuelle ,  qnt  servira  pois» 
samment  à  la  civilisation  et  au  développement^  d^abord 


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(  449  ) 
des  nations  voisines  de  la  Baltiq^ye  i  puis ,  h  un 
déffé  plus  ou  moins  ëminent ,  de  tout  le  reste  de  l'Eu- 
rope. Ce  que  le  rapport  principal  de  la  Compagnie  ra- 
conte des  relations  établies  avec  les  lies  Farœé  (i)  ,  avec 
llslande ,  le  Groenland  et  la  Poméranie ,  ainsi  que  du 
mouvement  scientifique  qui  en  est  résulté  çb  et  là*,  me 
paraît  un  heureux  début  ,  les. premiers  germes  d'une 
moisson  destinée  peut-être  à  pousser  en  si  grande  abon- 
dance ,  que  les  granges  qui  en  ont  fourni  la  semence 
ne  pourront  suffire  b  en  renfermer  les  produits. 

«  Non  que  j'attende  de  la  restauration  de  Tancienne 
littérature  septentrionale  ces  grands  mouvements,  ces 
commotions  puissantes  qui  se  manifestèrent  à  Tépoque  où 
une  résurrection  du  même  genre  présenta  l'antiquité 
classique  à  l'Europe  réveillée.  C'était  alors  le  commen- 
cement de  la  nouvelle  civilisation  européenne  ,  qui  de- 
puis a  cherché ,  avec  une  constance  infatigable ,  à  s'em- 
parer du  savoir  de  tous  les  anciens  peuples  et  de  tous 
les  anciens  temps,  pour  élever  sur  cette  base  gigantesque 
l'édifice  de  ses  propres  connaissances.  L'histoire ,  les 
arts ,  la  poésie ,  les  diverses  sciences  des  nations  de 
rOrient ,  du  Midi  et  de  l'Occident ,  sont  aujourd'hui 
introduits  et  naturalisés  chez  nous.  Quand  même  la 
jnuse  du  Nord  serait  aussi  admirable  et  plus  admirable 
>  encore  que  sa  sœur  de  la  Grèce  ,  comment  pourrait- 
elle  attendre  de  la  génération  actuelle  cet  enthousiasme 
inspiré  de  la  jeunesse  ?  Cependant  elle  aura  aussi  sa  part 


(i)  On  parle  dans  ces  petites  lies,  qui  ne  sont  habitées  que  par  une 
population  de  5ooo  âmes ,  on  dialecte  de  l*ancien  Scandinave ,  diffé- 
rent de  l'islandais.  Ce  n'est  pins  que  là  qa*on  retrouve  dans  les  chan- 
sons de  noce ,  récitées  par  les  vieillards ,  les  traditions  épiques  qui  ort% 
^té  jadis  communes  à  toutes  les  nations  gothiques  ,  et  sur  lesquelles  re- 
posent à  la  fois  ici  fragments  existants  de  TEdd*  tt  le  po€me  des 
NicM«s|(em 

57 


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(  45o  ) 

èc  gloire  et  d'influence   sur  IVducation    de  la  graû^ 
famille  europtfeniie. 

tr  Cette  foule  de  productions  historiques  el  biogra- 
phiques, qui  jettent  un  nouveau  jour  sur  une  époque  où  la 
puissance  d^action  de  l'individu ,  si  peu  soutenue  par 
la  nature  >  souvent  même  comprimtfe  par  elle ,  tentait 
«t  accomplissait  les  entreprises  les  plus  audacieuses, 
ces  Eddas ,  qui  nous  font  connaître  les  idées  religieuses 
et  les  mythes  appartenant  en  propre  à  ces  âges  et  a 
ces  hommes  vigoureux  ;  enfin  ,  F  image  idéalisée  de 
cette  vie  agitée  qui  plane  au-dessus  d^elle  ,  comme  le 
Fervet  (i)  ^ur  les  figures  des  héros ,  dans  les  sculp- 
tures de  Persepolîs ,  et  qui  nous  est  révélée  dans  la 
poésie  des  Scaldes  et  les  Sagas  poétiques  du  I^ord  ;  tout 
cela  ne  saiirait  rester  la  propriété  morte  de  nos  biblio- 
thèques ^  il  en  résultera  ,  dans  la  sphère  d^idées  des 
érudits ,  un  mouvement  qui  se  communiquera  bientôt 
h  un  cercle  phis  étendu^  quand  des  traductions  dans 
tes  langues  modernes  auront  de  plus  en  plus  ouveit 
ces  filons.  Mais  on  de\Ta  Tespérer  encore  davantage , 
lorsque  la  poésie  ,  qui  sait  fondre ,  d'une  manière  si 
merveilleuse  ,  ce  quHI  y  a  dlmmuable  dans  la  vie 
des  races  humaines ,  avec  les  circonstances  variables 
qui  constituenl  Tancien  et  le  moderne ,  se  sera  de  plus 
en  plus  emparée  de  ce  canevas  Scandinave  ,  et  ,  le 
purgeant  de   tout  ce   qui  serait  devenu  trop  étranger 


(i)  Les  Ferrerssoiit  une  classe  de  génies  dt  Ta 
june  ;  cette  religion  en  renfenne  trois  ;  JAvoir  :  les  AmthospanàÊ^  \m 
Xzeds  et  \tiFerver*,  Les  premiefs  sont  au  nombre  dt  s^  «  In  Jtcondi 
de  vingt-huit ,  Us  Fetvocs  en  quantité  îndéteraûnéa.  Ces  4iiiiîss  mM 
les  prototypes  célestes  des  indivîdiis  »  en  flkènit  taw^s  f^e  Uan  ff^ 
lecteurs.  Aussi  les  rep réseotait-^n  planant  laav  c«is«  «u  U  lAlc  di 
rhomme  auquel  ils  servent  de  patron ,  dans  U  double 
notre  langue  accorde  à  ce  mot* 


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(  45i  ) 
au  préseot ,  n'en  reproduira  que  ce  que  la  génération 
actuelle  peut   amalgamer   avec  ses  idées  et  ses  émo» 
>  lions* 

«  La  première  ten«ati\'e  de  ce  genre  eut  lieu  dans  le 
commencement  de  la  seconde  moitié  du  siècle  dernier , 
époque  où  la  publication  de  TOssian  de  Macpbertsoa 
excita  en  Allemagne  un  enthousiasme  général.  11  naqu't 
une  nouvelle  poésie  bardique  ,  qui ,  étant  toot-b-fait 
nationale ,  n^eiïaça  pas  seulement  celle  ée$  nouveaux 
peuples  romans ,  mais  put  même  y  ài  raison  de  son 
caractère  complètement  original ,  être  opposée  il  Tan- 
tiquité  classique  et  h  ses  compositions.  On  ne  s^y 
proposa  pas  uniquement  ,  au  reste  ,  une  combinaison 
épique  ou  dramatique  des  événements  et  des  carac- 
tères du  passé ,  mais  on  voulut ,  >usques  sous  one  forme 
lyrique,  faire  entrer  le  présent  lui-même  dans  les  com- 
positions bardiques.  On  regardait  comme  indispen- 
sable a  ce  dernier  genre  de  poésie  (  la  poésie  lyrique  ) , 
une  base  mythologique  que  les  dieux  grecs  et  romains 
de  la  fable  avaient  fournie  jusque-là.  Cétail  h  TËdda 
a  en  prendre  la  place ,  puisque  Tantiquité  germanique 
n^avait  rien  de  semblable  h  ofiirir.  Le  Wingolf  de 
Klopstock  ,  et  plurieurs  autres  de  ses  odes ,  montrent 
comment  on  s'y  prit.  Mais  cette  tentative  ne  pouvait 
réussir  ,  d'abord  parce  que  cette  poésie  bardique ,  que 
l'on  voulait  fonder ,  ne  reposait  que  sur  des  suppo- 
sitions obscures  et  erronées ,  et  ensuite  parce  que  la 
connaissance  de  la  mythologie  et  des  Sagas  du  Nord 
ëtait  encore  ,  pour  la  plupart  des  lecteurs  ,  trop 
étrangère  et  trop  éloignée.  Toutefois ,  ces  «ffiortd  ne 
doivent  pas ,  pour  cela ,  être  regardés  comme  entière- 
ment infructueux.  C^est  depuis  eux  que  le  penchant  âi 
introduire  le  canevas  Scandinave  dam  la  poésie  mo- 
derne 9  n'a  jamais  été  complètement  abandonné  dans 
le  Nord  ni  en  Allemagne  ;   il  devait  nécessairèmem 

57. 


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(  450 
iaire  des   progrès  dans  la    masse ,  aasstt6t  que  cette 
mythologie  y  serait  plus  connue. 

«  Quand  on  Ut  les  Sagas  Scandinaves ,   dit  Boa»- 
tetten  ,    on  éprouve   continuellement  la  tentation  de 
terminer  ces  esquisses  poétiques  qui  renferment  tant 
de  trésors  inconnus  à  la  poésie  méthodique  des  peuples 
civilisés.  »   Je  pense  que  quiconque  aura  examiné  avec 
attention  seulement  les  deux  Sagas  qui  ont  été  insérées 
dans  le  journal  de  notre  province ,  acquiescera  à  ce 
jugement.    Dans   la  Jomsifikmga  Saga^    cette    rancom 
d^Harald  contre  Sveinn ,  quHl  ne  veut  pas  reconnaître 
pour  son  fils ,  et  auquel  cependant  il  cède  toujours, 
comme   subjugué   par    Tamour   paternel  ;    le   père  et 
le  fils    entretenus   dans   une   discorde  perpétuelle  par 
Palnatoke  et  Fiœlnir  t  qui  les  font  servir  d'intrumenis 
à  leurs  propres  passions  ,  jusqu^à  ce  que  le  père  soc- 
combe  ;  ensuite  ,  les  actes  continuels  de  ressentiment, 
d'abord  du  fils  pour  son  père  y  contre  Tami  et  Tios- 
tituteur  de   sa  jeunesse  ,   puis    de    Palnatoke   coatre 
•  Fiœlnir  ;  enfin  ,  le   bannissement  de  Palnatoke  par  la 
fourberie    de    Sigwald  ,  et  le  plan  de  vei^ance  de 
Sveinn   renaissant     de     cette    ruse    pour    s^accomplir 
dans  la   bataille  du  Hjœrungabrecht  ;  après  cela ,  le 
Jarl  Hakon  victorieux  ,  grâce  h  une  horrible  alliance 
avec  les  mauvais  génies  ,  mais  au   prix    du  sacrifice 
de  son  propre  enfant  •    de  même  ,  dans  l'histoire  de 
Tlu>rleif,  la  magie  du  chant  des  Scaldes,  tour-à-toor 
victorieuse  et  vaincue  dans  sa  lutte  contre  le  pouvoir 
des  enchantements  du  sombre  Hakon  ;  enfin ,  la  Saga 
attendrissante  de  la  consécration  d'HaJbjœrn ,  comme 
scalde  :  quelle  matière  ,  quels  caractères  pour  le  poète 
qui  sait  sonder  les  profondeurs  du  cœur   humain ,  et 
faire  jaillir  les  passions  ,  retrancher  ce  qu4l  y  a  d'in- 
forme ,  adoucir  les  aspérités  y  suppléer  aux  lacuDes, 
fcvétir  résolusse  de  ton  ^  de  couleur  et  de  vje ,  et  efl 


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(  453  ) 
tirer  des  êtres  complètement  animes  !  Et  quelle  quantité 
de  Sagas  plus  étendues  et  plus  fécondes  que  celle-ci 
le  Nord  ne  possède-t-il  pas  !  Aussi  les  poètes  de  notre 
époque  ont-ils  su  les  apprécier  :  grâce  h  eux,  commence 
une  nouvelle  époque  de  puissance  pour  les  Sagas  scan* 
dinaves ,  et  là  comme  ailleurs  ,  nous  marchons  vers 
un  avenir  chargé  des  plus  belles  espérances.  » 

Nous  désirons  vivement ,  Messieurs  ,  que  les  rensei- 
gnements renfermés  dans  cette  notice  ,  et  Ceux  que  nous 
avons  pu  y  joindre ,  vous  aient  offert  le  même  intérêt 
qu'à  nous,  vous  aient  fourni  quelque  idée  de    Tan- 
tique  littérature  historique  et  poétique  du  Nord  ,  des 
nombreux  débris  que   le  temps   en  a -respectés,  des 
soins  religieux  employés  pour  les  mettre  désormais  à 
Tabri  de  ses  atteintes ,   et  enfin ,    de  la  part  remar- 
quable que  M.  le  professeur  Rafn  a  prise  h  ces  grands 
travaux ,  et  qui  lui  confère  des   droits  si  légitimes  à 
vos  suffrages.  Sans  doute  ,    il  eût  pu  vous  présenter 
des  titres  plus  authentiques  encore  ,  en  adressant  à'  la 
Compagnie  quelqu'une  des  savantes  publications   qui 
lui  sont  dues  en  tout  ou  en  partie  ;   mais  ce  défaut 
de  forme  ,    qui  peut  tenir  h  des  circonstances  acci- 
dentelles ,  ne  saurait  l'emporter  sur  les  services  qu'il 
rend  journellement  h  une   littérature  ,   à  une  histoire 
si  dignes  d'être  l'objet  de  vos  études  les  plus  assidues. 
Ce    n'est  point ,   il  est   vrai ,   un  étroit  bras  de    mer 
qui  vous  sépare  du  théâtre  des  recherches  de  la  Société 
des  antiquaires  de  Copenhague  ;  moins  heureusement 
partagés ,   sous    ce   rapport ,  que  les  compatriotes  de 
M.  Giesebrecht  ,  le  vent  le  plus  favorable  ne  peut  vous 
faire  aborder   en  un  jour  sur  les  côtes  de  la  Scan- 
dinavie ;  mais  des  intérêts  d'un  ordre  plus  puissant  et 
plus  élevé  que  de  simples  relations  de  voisinage  ,  vous 
attachent   d'une  manière  indissoluble   à   ces    contrées 


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(454) 

lointaioes ,  et  k  Tantique  ordre  de  choces  dont  oo  j 
réveîHe  les  souvenirs.  Vous  descendez  y  par  une  filûlio» 
non  interrompue ,  des  hommes  du  Nord  ;  voas  vooi 
honorez  d'avoir  coaservé  leur  nom  au  milieu  de 
la  grande  famille  française  ;  vos  ancêtres  Toot  en- 
touré de  lauriers  et  de  couronnes  ,  Font  paré  de 
toutes  les  gloires.  Brillant  rameau  d^une  noble  tige, 
les  habitants  de  notre  province  ne  peuvent  entrer  avec 
trop  d'ardeur  dan-  toutes  les  mesures  tendant  à  re- 
nouer d'anciennes  liaisons  de  parenté  avec  ses  diverses 
branches  ,  à  échanger  ,  à  allier  leurs  souvenirs  avec 
ceux  de  la  mère  patrie  ,  à  y  recueillir  des  notions 
sur  la  première  partie  de  leur  histoire ,  jusqu'à  pré- 
sent entourée  ie  tant  de  nuages.  Vous  venez  de  voir 
avec  quel  enthousiasme  elles  étaient  accueillies  par 
les  plus  humbles  classes  d'une  population  perdue  dam 
les  glaces  du  p^e.  Puisse  lexemple  de  nos  frères 
d'Islande  nous  servir  de  leçon  !  Puisse  la  postérité ,  ea 
consignant  dans  les  annales  de  la  littérature  Scandinave 
leur  généreux  dévouement ,  ne  point  avoir  à  y  opposer 
le  contraste  affligeant  de  notre  indi&'reoce  ! 


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(455) 


iw%  VV^  v»'»«^^^i^»»^%^%»^^^^%''*<^»^^»^*<»^^^^' 


A  LA  MEMOIRE 

DE   M.    LE    COMTE    DARU; 

HOMMAGE  DÉPOSÉ  DANS  LE  SEIN  DE  l' ACADÉMIE  FRANÇAISE  , 

Pièce  imprimée  sur  la  demande  de  V auteur^  M.  le  Comte  BlAKCHABD 
DE  LA  Musse,  Membre  correspondant. 


Chargé  de  signaler  à  nos  derniers  neveux  (i) 
Les  mortels  accomplis ,  les  sarants  vertueux 
Dont  le  ciel  fut  toujouit  avare  pour  la  terre, 
Je  disais  de  Daru  :  son  n(^le  caractère, 
Dans  les  temps  orageux,  ne  s'est  pas  démenti  ; 
Pour  adopter  le  plus  sage  parti , 
Ccst  à  son  cœur  qu'il  s'en  réfère. 
Je  le  disais ,  hélas  !  j'avais  déji  perdu 
De  mes  amis  le  seul  qui  me  restât ,  peut-être. 

Mais  il  n'est  mort  que  pour  renaHre, 
Par.  d'antiques  amis  dès  long-temps  attendu  ; 
Dans  leur  doux  entretiens ,  il  retrempe  son  être. 

Aussi,  Daru ,  je  t'aperçoi 
Fêté  par  Hérodote,  accueilli  par  Horace  j 

De  U  vieille  amitié  pour  moi 
Oserais-je  espérer  (  je  tiens  si  peu  de  place  !) 
Que  tu  m'obtiendras  près  de  toi 
Un  tabouret  sur  le  Parnasse  ? 

(i)  L'»ttleur  trattillait  «loM  •  «»•  Biofrâphie. 


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TABLEAU 


BB 


L'ACADÉMIE  ROYALE 

DES  SCIENCES ,  BELLES-LETTRES  ET  ARTS 

DE  ROUEN. 

pooR  L'Airifiz  i83o— i83i. 


58 


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Signes  potm  les  décoeatioi». 

.  &  Orirtt  de  Samt-'MtchtL 
ilf,  Ordf^  tpjMl  €i  mMaire  dé  S^M-Z^mù. 
^   Ordre  fofët  de  Im  Légiam  d*àomumr. 
^   OrdiÊ  de  i'B^mm  d'or  de  Mewm. 
O.  lignifie  Offcier, 
€       --^  Commandemr. 
G.      —  Grmmd^ffkier. 
G,C  —  Grand  *€^ms. 


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TABLEAU 

DE  L'ACADÉMIE  ROYALE  DES  SCIENCE* 

BELLES-LETTRES  ET  ARTS  SE  ROOEH , 
POUR  l'aivhée  i83o— i83(. 

OFFICIERS  EN  EXERCICE, 

M.  Blavcbs  ,  Président, 

M.  Lepasquikr  (Augoitc)  ^^  Vice-Président, 

M.  \A\r ,  Secrétaire  perpétuel  pour  la  Classe  des  Sciences» 

M.  BiGifON  (K),  Secrétaire  perpétuel  pour  la  Classe  des  Belles^ 

Lettres  et  des  Arts, 
M.  Balun  (A.-G«),  Bibliothécaire- a rchipistCi 
H.  Lepbevost  )  Ttf Urinaire ,  Trésorier, 

r^r    ACADÉMICIENS  VÉTÉRANS,  MM.  '^î^n. 

tioa.  VilértB- 

ce. 

>8o3.  Le  Comte  Bioâi«crr  (  G.  C  iX^)  ,   «Dcien  Préfet  du  i8o6C 
dtfptrtemeDt  de  la  Seine-Iiifërieiire ,  à  Pari« ,  rv^  de 
la  Miehodikre^  n»  8. 

1^769    D'Obuat  (ieuHPftnçdiv^Gabriel) ,  doyen  dejl^cade'-  1807. 
aiicieBs ,  BiemWe  de  rÂcadémio  de  Lyon ,  de  cellcj 
de«  Arcadej  de  Rome  et  de«  Georgifile*  de  Florence , 
à  St-Martin--de--Bofchenrille. 

iJBit.  Le  Baron  Asseun  di  Tilleqdibr  (  0.  j|(),  premier   18194 
Prësident  de  la  Coor  royale  ;  membre  de  la  Chambre 
dea  Dépolis  ,  rue  de  la  SeiUe,  n»  10. 

i8o3.yViTALi3   (  O.  ^),    ancien   Secrétaire   perpëtaet  de   \^i 
FAcadëiûe  ponr  la  clasie  des  aciences;  Docteur  es 
sàoacaa    dt   rVnivenité;    Pmessenr  ëmérite  des 
sciences  pbyst^aesau  Collège  royal  de  Booen;  an- 

58. 


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(46o) 

cien  professear  de  chimie  appKqu^  aux  arts; 
membre  de  plosicurj  Acade'mie*  et  Soci^téi  a- 
▼antes,    Curtf  de   SaÎDt-Eiistacbe ,  à  Paris. 

i8i5.   Brikrs  ^  ,    CoDseîUer   à  la  Coor   de   cassatiiui  ,   i8m. 
à  Paris ,  ne  de  Bondy  ,  n»  44* 

1808.  Le   Baron  Lezurier  dis  la   Martbl    (  O.   ik)  y  iSsl 
ancien  Maire  de  Rooen ,  à  Hantot 

1775.   DsscAMPS  (  Jean-Baptiste  ) ,  Conserratew  da  Masée   i8i{. 
de  Rooen ,  membre  de  FAcadtfmîe   des  Arcades  de 
Rome  t  me  Beaupoùine  ^  xfi  3i. 

i8o3.   Pa VIE  (Benjamin),  Mannfact.,  Trésorier  honoraire ,   1817. 
faubourg  St-Hilaîre,  no  75. 

1819.   RiBARD  (  Prosper)    !Jt^  ,    ancien    Maire    de    Roncn,    1838. 
rut  de  la  Vicomte ,  n»  34* 

i8o5.    Periaux  (Pierre),  ancien  Imprimeor  do  Roi,  mem-   i83âL 
bre  de  l'Acade'mie  de  Caen,  et  des  Sociëtés  d'agri- 
culture et  de  commerce  de  Rouen  et  de  Caen ,  koui. 
Seaufoisine ,  n»  74. 
Meauhb,  Inspecteur  de  TAcadëmie ,  à  Amiens. 

ACADÉMICIENS  HONORAIRES ,  MM. 

1824.  S.  A.  S.  Mgr  le  Cardinal  Prince  de  Crot  ,   Arcbevé^ne  de 

Rouen,  etc.,  au  Palais  arthO^seopal, 
i83o.   Le  Lieutenant-Gtfne'ral  Baron  Tistb  ijf.  (O.  ^),  Com- 
mandant la  14*  difîsioa  ttiliiaire,  rue  dm  MauUmei^  ■•  1 
.     Le  Baron  Duport-Deuportb  ^,  Pftfct  de  la  Scioe-IiJe- 
rieure ,  en  Vhétel  de  la  ,Ptifectmre. 
Barbet  (Henri),  Maire  de  Rouen,  kaake,  Csmckoùe,  ■•Si. 

ACADEMICIENS  RÉSIDANTS ,  MM. 

i8o3.  ViGVÉ  (iean-Baptiate),  D.-M. ,  correspondasi  de  b  So- 
ciété de  médecine  de  Paris,  rue  de  la  SeÉÊle^  tf  4- 
Lbtbuubr,  Inspecteur  de  rAeadâiie  uûfcmtaiRv  rme  de 
Soltepille  9  Q*  7  1  /taàwrg  Si^tf^r. 


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t46«  ) 

1804.  GoDiFBOr,  D.-M. ,  ne  des  Champs-'Mmttets  ^  fio  11. 

BiGivoH  (  N.  ) ,  Docteur  ès-lettres  ,  Professeur  émërite  de 
rhëtoriqae  an  CoUëge  royal  de  Ronen  et  à  la  faculté  dei 
lettres,  offic.  de  rUniTersittf  de  France,  rue  Sénécamx ^ 
n«  55. 

i8o5.  Le  Baron  Chapais  db  MasivAux  ^  ,  Conseiller  à  la  Cour 
royale  ,  ne  Si~Jûcçues ,   n»  10. 

1806.  DoBOC  Tahië,  Chimiste ,  ancien  Pharmacien  à  Rouen ,  mem- 
bre du  Juri  médical  do  département  de  la  Seine-Inférieure , 
de  la' Société  centrale  d*agriciiltnre  du  même  département, 
correspondant  de  1* Académie  royale  de  médecine  de  Paris, 
etc. ,  etc. ,  ne  Pereière ,  no  ao. 

1809.  DuFDTSL  (  Pierre),  ne  du  Duc  de  Chartres,  n«  ta. 

181 3.  L£  Prévost  (Au^ste),  Membre  hononire  de  la  Société  des 
antiquaires  de  Londres;  Membre  des  Sociétés  des  anti- 
quaires de  France ,  d*£cosse  et  de  'Normandie  ;  de  la  Com- 
mission des  antiquités  de  la  Seine-Inférieure  ;  de  la  Société 
géologique  de  France  ;  de  la  Société  lînnéenne  de  l^or- 
mandie;  Correspondant  de  la  Société  royale  et  centrale 
d'agriculture;  des  Sociétés  d'agriculture  de  Rouen,  Etrei» 
et  Caen  ;  de  la  Société  d'émolatioo  d'Abberille ,  me  de 
Buffon^  n»  ai. 
LiCQUVr  (Théodore),  Membre  des  Sociétés  dos  antiquaire» 
d'Ecosse  et  de  Normandie  ;  de  la  Commission  des  antiquités 
du  département  de  la  Seine-Inférirure  ;  Conservateur  de  la 
Bibliothèque  publique  de  Rouen,  à  VHdlel-^e-ViUe, 

181 5.   Flaubert,  DocteOr-Médecin ,  Chirurgien  en  chef  de  THA- 
tcl-Dieu ,  ne  de  Lecat ,  n^  7. 
J^EPREVOBT  ,  Vétérinaire ,  ne  Si-Laurent  ^  n»  3. 

181  A.    Lkvibux,  Commissaire  du  Roi  près  la  Monnaie  de  Rouen  , 
à  VHâtet  des  Monnaies, 

1817.    Le  Baron  Adak  ^,   Président  du   Tribunal   de  premiiie 
instance  ,  place  St^Oaen ,  n»  a3. 
DurouzbAu  ^  ^  y  Conseiller  à  la  Cour  royale ,  ptace  Si- 

ifib/,no6. 
Ijc  Pbbyobt^  Docteur^lMédecin ,  nr^  Ma^aiuf  n»  11a. 


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t8i8.  Blakchs  ,  MédeeÎD  en  eheC^e  rHotpîce  g^oértl^  mt  MmH, 
gerae^  çiè-itfis  VHofpite  gémèrmL 
TmL  ^  Procarcor  giéaéral ,  nembredc  k  Chainikre  des  De 

1^19.   Destigvt,  Horloger,  ^/^r^  </^  Ai  Cmthèdrmte^, 
1820.   Hbt  us  «U ,  D.-W. ,  M^jem  ea  cbef  dtrBMcMK««,  pimu 
de  la  Madeleine. 

Le  Marquis  de  MA]iTAnmM.B  iK^,  ftaciéB  Miiîre  de  Komb, 
me  du  Jfâu&^ef,  m^  11. 
i&aa.  DELAQUBMà^  (E.  )»  I^^foënD^,  /sr/«  Fmtdemi^  ■•  34. 

LivY,  Professeur  de  nathéiAatiqiies  et  de  aëcun^fae;  Mem- 
bre des  A ca demies  de  Di^on,  Bordeaux  et  Mets,  des  So- 
cieUs  audémiques  de  Stfasbaarg,  Nantes  el  Lille;  CM 
d'intftittttioQ»  rue  Smiai^Painee ,  tfi  3^ 

Lkpasquier  (Aagnste)  '^i  Secrétaire  gënënd,  è  Vhètél  de 
ta  Préfeciure. 

D^»-All«urs  fib,  D.-M.  y  Mëdèeia  adîoiat  de  rHteel-Dîea , 

'  Associé  de  la  Société  royale  acadésîqaa  des  acieaces  de 
Pané  y  rme  des  Chanel f es  ^  n"  lai, 
tSa4.  L*AU»é  GossuB  y  Chaooine  honoraire  è  k  CaAédrak ,  ne  dm 
Noidy  n*  1. 

Maillet >DuBOULL AT ,  Architecte  en  chef  de  la  YOky^Mi 
.  .    ^  ia  Romaine  ,  ki»  71. 

Piiiv^v  fils ,  Pépiniériste ,  au  Bois^^aUhnae ,  (  smi  adicise 
à  Roaenj  me  du  Cham/h-de^^isemux  y  rfi  65  ). 

DuERKuiL,  Directeur  dn  Jardin  dee  plantes,  mu  Jmrdim^ 
plaAUSi  à  RoueMi 

Langlois  (E.-IL),  Peintre,  Professenr  de  deasia  à  FÉcale 
municipale  ,  rue  Beaut^oisine  ^  enclœe  Saimit-Mmiù. 

Le  Tblubr  ^y  Ingénlcor  en  chef  des  Ponts-«MIhaaiaéBs  » 
rue  du  Guay-Trouin, 

R BISET  ^  ,  Receveur glénéfal  \tM  fimnces  yfumid^Hanwmi 

HouTou-L^BiLLABDtiaB ,  ancien  Professeor  de  fàiaûe  appli- 
quée aux  arts,  avenue  du  Moni-Rikaudei^ 
l8a5.   Ballin  (A.-G.),  Secrétaire  des  Commisainns  des  antsfBtci 
et  des  archives  de  Rouen;  Chef  de  diti^oB  à  k  PrdfectnRi 
rue  de  Crosne  y  vfi  & 


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t  463  ) 

1S25.  bowiSlOL  ( Pierre) ,  rue  de  la  Chaine ,  n»  at. 

1827.  MouH  ,  Pharmacien  ,  corretpoudant  de  rAcadëmlé  royale 
de  mëdecioe ,  de  la  Société  de  chimie  médicale  de  Paris  « 
de  la  Sociëté  llnnéenne  et  des  Sciences  physiques  et  chi- 
miqaes  de  la  uiémt  tille;  de-  la  Société  académique  de 
Nantes,  et  de  plusieurs  autres  Sociétés  savantes,  rue  Bou- 
preui/,  no  17. 

1937.  Dimu  (  Achille  >,    membre  dei  Sociétés  des  antiquaires 

d*Écosse  et  de  Normandie ,  des  Commissions  des  antiquités 

<   et  des  archÎTes  du   département    de  la  Seine-Inférieure, 

et  de  la  Société    d'émulation    de    Rouen;   Receveur  des 

contributions  directes ,  me  de  Fonfenettet  no  a  bis. 

i8a8.  VncGTiUNiEH,  D.-M. ,  Chirurgien  en  chef  des  Prisons,  rue 
de  ta  Prison^  tfi  33. 
PiMcmr  (Prosper),  Négociant,  me  HerUhre^  vfi  a8. 

1829.  Floquet  (à.)  fils,  Greffier  en  chef  à  la  Cour  royale. 

GiEAittm  (1.),  Professeur  de  chimie  appliquée  aux  arts, 
membre  de  plusieurs  Sociétés  savantes,  co-rédacteur  du 
Bulletin  universel  des  sciences  et  de  l'industrie,  rue  Beaw 
poisine,  ancien  local  Saïnie-Marie, 

i83o.   PoucHBT,  D.-M; ,  Professeur  de  botanique ,  rue  Beauçoi-^ 
sinCf  n*  aoo. 
FdTiu.v,' Médecin  en  chef  de  l'Asile  des  aliénés,  rue  de  So^ 
crafe  f  no  la. 

ACADÉMICIENS  CORRESPONDANTS ,  MM. 

1766.  Le  Colonel  Vicomte  Toustaibi  pb  ^ichebourg  :)fc,  à  St- 

Maitin-do-Manoir ,  pris  MoativilUers. 
1787.   Levavassbub  le  jeune ,  Officier  d'artillerie, 
s 788.  Le  Baron  Desgbnbttbs  (  G.'  ^),  Médecin,  lospectenr  gé-« 

néral  des  armées  ,  à  Paris  f  q»ai  Voltaire ,  no  1. 
1789.   MoMHBT ,  ancien  Inspecteur  des  Mines  9  à  P&ris ,  rue  de  VUni-^ 

uter^fléf.  no  61. 
Le  Chevalier  TissiBR  ^  ^  ,  membre  de  l'Ins^tut»  lnftpe«^ 


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leur  (énénl   des   Bergeries    royales  >  à  Paris  ^  me  des 

PeiiiS'Jugusiîns  y  ii<>  a6. 
l8o3.   GuEASEMT  ^y  Profesécur  agrégé  à  la  FacalU  de  MéMoe, 

à  Paris  I  me  GaiUon,  n»  la. 
Lhostb  y  à  SarlâUy ,  pièi  ATranchea ,  départ^  de  la  Kaick. 
ie  Comte  Chaptal  iQc  (G.  i)fi),  Pair  de  France  ,  BcaWt 

de  rinatitnty  à  Paris,  ne  de  GremeUeSL-Genmaim,  ■•  88. 
MoixEVAULt  (G.  L}y  membie  de  riustitnty  à  Issy ,  pris 

Paris. 
L'Abbé  DB  La  Bub  ,  membre  de  rAcadémic  de  Cacn ,  ctr- 

respondant  de  Tlnstitiit ,  À  Caen. 
Le  BaroD  CmmE  (  G.  0.  {Us } ,  Conseiller  d*£tal , 

de  rinstitat,  \  Paris ,  mm  JmnUm  dm  RoL 
1S04.   Degland,  D.  m.,  Professeor  d*hîsloire  natniclk,  à] 

Le  Baron  de  Madiàbbs  4^,  4  Paris,  nu  des  Fotmés^emi'' 

miartre^  n<»  la. 

1 805.  BoDCHBE  y  correspondant  de  Tlnstitiity  Dirtctenr  des  Domms , 

à  Abbeville. 

1806.  Le  Baron  Dbgbhabdo  (  C.  4^  ) ,  membre  de  l'Iastttrt ,  à 

Paris ,  mpmsse  Firom ,  n«  7. 
Dblabouissb  I  Honune  de  lettres ,  à  Paris. 
BoîÏeu>ibu  ,  Avocat,  à  Paris ,  PmUùs  des  Pmirs, 
i8o3.   Serain,  ancien  Officier  de  sanlé,  à  Canon,  près  Croir 

sanville. 
Lair  (Pierre-Aimé),  Conseiller  de   Préfectoie ,  SccréùÎR 

de  la  Sodété  d*Agricnltore  et  de  Commerce,  à  Caea.    . 
Belakct  ^ ,  à  Paris  ,  rue  Daphoi,  n»  14. 

1809.  Fbakcosur  4^  ,  Professeur  à  la  faculté  des  scicaces ,  ^ 

Paris ,  rue  dm  Cherche-Midi,  n»  a5. 
Hebhakdbz,  Professeur  à  l'Ecole  de  médeÔM  de   la  X»- 

rine  ,  etc.,  à  Toulon. 
Lamouiueux    (Justin),  à  Bruxelles. 

1810.  RosKAY  DB  ViiXEBs  ,  à  Amiens. 

Domnsacm ,  Médcrin ,  ii  Paris ,  rmm  BamteeiBe ,  ■•  i«> 
DuBOis-MAisomiBDVB,  Homme  de  lettres  »  à  Paris»  ^m  ^ 
Péi'dt^er-^mimi'^mJ^ce  y  a»  if 


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(468) 

iSto.  Devis )  D.-M.,  à  Argentan,  a<fpaHèment  ib  VOrht. 

Le  Marquia  de  Bowardi-Dumeskil  >  ancien  OflBcier  4e  uu 

lakinier»,  au  Mesnil-Lienbray ,  canton  d'Argneil,  arron«- 

disiement  de  Neofcbàtel. 
Dblaeus  ,  Phannatien ,  secr^uire  de  la  Société  d'Agrical* 

tore,  Médecine  et  A rU,  à  EyreQx. 
Le  Comte  Doattien  de  Sesmaisoks  *  (C.  *),  Pair  de 
'      Fiance,  A  Pari»,  ruâ  dt  V^iagirani ^  no  54. 
Saissy  ,  Doctenr-Médecin ,  à  Lyon. 
fiALm,  secréUire  de  la  Société  de  médecine,  à  Lyon. 
Leroux  des   Trois-Pierbes  *,   Propriétaire,  aux  Trois- 

Pierres,  près  St-Romain-de-Colbosc. 
1811.   L'Abbé  Lbpbiol,  ancien  Recteur  deTAcadémie  uoWersiUire 

de  Rouen  ,  ii  Paris. 
Db  Laporte-Laiamik  *,  ancien  Recteur  de  l'Académie 

universitoire  de  Ronen,  k  Paris,  au  Carrousel 
Le  Sauvage^  D.-M.  ,  k  Caen. 

Lafisse,  Médecin,  k  Paris,  rue  de  Grammoni^  n©  a3. 
181a.   Heixot  ^,  à  Paris,  rue  d*Asiorg ,  n«  17. 

BouLLAY  e*,  Pharmacien,  à  Paris,  tue  des  Fossés-Mont 

martre^  n*  17. 
Briquet,  Professeur  de  Belles-Lellres ,  à  Niort 
i8i3.   Làmand^  eîfc,  Inspecteur  dirisionnaire  des  PonU  et  Chaos  1 

Uti^  k  Paris ,  rue  du  Regard ,  n©  t.   * 
Gois  fib,  Sculpteur,  à  Paris,  ^ai  Conit\  n«  a3. 
Flaugergubs  ,  Astronome ,  correspondant  de  l'Institut  ,  à 

Virier». 

i8i<.  Tarb^des  Sablons*,  à  Paris,  rue  du  Grand-Chantier, 
n»  la. 
PécHEux,  Peintre,  k  Paris,  rue  St-Ftorentin ,  n«  14. 
Masson  de  Saikt-Amand  ^ ,  ancien  Préfet  du  département 
de  l'Eure,  à  Paris,  rue  de  Betlechasse,  n<»  i5. 
i8i5.   Le   Maréchal   Comte    Jourdan  ^  (  G.  C.  >Jfc  ) ,    Pair  dt 
France ,  rue  de  Bourbon ,  n»  5a. 
Fbrcelat,  ancien  Recteur   de   l'Académie  unÎTersitaire  dt 
ftoiien,  Inspecteur  de  l'Académie  de  Metz. 

59 


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(  4G6  ) 

i8i5.  Fabkv  y  eorrespondant  de  riiutilnt,   lûçéwtm  tu  chef  en 

Ponts  et  Chaussées ,  à  Bri^Doica. 
1816.   Boiv,  Médecin  en  chef  des  Hospices ,  à  Bosrçet. 

LOISELEUR  DES    LONGCHAMPS    ^ ,  D.-M. ,  à    Pmtiê  ,   mc  de 

Joay ,  n«  8. 
DuTROCHET  ,  B.-M. ,    correspondant  de  rinstîtat ,  ii  Cht- 

reao ,    prfs  Châtean-Renauit   (  Indce-et-Loire  ). 
1S17.   Pativ,  maître  des  conférences  à  ri^«co1e  nomalc,  k  Paris, 

rae  Cassette  ^  n»   i5. 
MÉRAT  ,  Médecin,  à  Paris,  rue  des  Saini-Phns ^  b«  17/. 
BuRTREL  d'Arboval  ,  Vétérinaire ,  k  Montrenil-svr-Mer. 
MoREAu  DE  JONNitô  ^  ^  ,  Chef  de  baUilion ,  correspoadaiil 

de  r Institut,  à  Paris  ,  me  d'' Artois ^  n<»  3{. 

1818.  De  Gournat  ,  Avocat  et  Docteur-is-lettrrs ,  à  Caen. 
Pattu  ,    Ingénieur   en    chef  des   Ponis  et    Chansées ,  à 

Caen. 
Botta,  ancien  Recteur  de  i*Acadéaie  de  Rouen,  Hoaae 

de  lettres ,  à  Paris ,  place  St-Sulpice ,  r»  S. 
Le   Comte  de  Kerhariou  (  O.  ^)y    Pair  de    Fnnce,  à 
'  Paris,  rue  du  Peiit-Vaugirard^  n»  5. 
Le  Chevalier  Alissan  de  Chazbt  (  O.  ^  )  ,  Homme  de 

lettres ,  4  Paria ,  rue  Godai ,  no  37. 
Le  Comte  de  Montaut  ^,  à  Noîntot,  près  Bolbec 
Le  Marquis  fluDEs  de  Mirviub  ^,    Maire,  k  Gommer-       j 

viUe  ,  près  St-Romain.  1 

1819.  Boocharlat  ,  membre  de  la  Société  philotcdmi^at ,  4  Paris,       < 

rue  de  Sat^oie,  n°  9 ,  près  du  quai  de  la  Faëêt.  | 

Le  Baron  Malouet  (  C.  ^  ) ,  ancien    Préfet  de    h  Seine-       | 

Inférieure  ,  Maître   des   comptes ,    k  Paris ,   rma  Godai,       \ 

n*  5.  I 

DEPAutis,  GriTenr,  à  Paris,  rua  Fantemhergy  n*  S  ter.  I 

i8ao.   GAntON,  lUturaliste»  Receveur  principal   dea    Detuanes,! 

AbbeviiU* 
i8ai.  Berthier  '^^  membre  de  Flnstitut,  à  Paria,  rwe  é*Eafir, 
no  a3. 
L*Abbé  JiniTi  Inatitnteir  dct  sovda-«MÉts ,  4 


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(  467  ) 

iSaa.   Chaubry,  Inspecteur  des  Poots  et  Chaasstfét  en  ittnite ,  k- 

Oyré,  |»rps  la  Flèche. 
L'Alibe  Je  Labouderie,  Grand-Vicaire  d*A?ig  oc  ,  à  Paris  , 

finit re  Notre-Dame  ,  n^  ao. 
Lr  MoNNfEH  (  Hippolyte  ) ,  Avocat  ,  à  Paris ,  ntê  de  Van- 

girard  ^  xfi  9. 
Mol::on  (de)  ^,  Tnge'nîeor,  à  Paris,  rme  Godot y  vfi  a. 
TniècAuT  DE  Bernkaud  ,  Secrëuire  de  b  Société  linnéeniir, 

à  Paris,  tue  de  Vemeuil^  n»  5i. 
Brugnot  (  Arthur),  Avocat,  4  Paris,  rue  da  fmtbourg  St.- 
Honoré  ;  no  119. 
Destouet  ,  D.-M.,  à  Paris,  rue  Ste-Marguerite,  n»  V^. 
i8a4>   S0LLIC0FFBE  i^ ,  Directeur  des  Douanes ,  à  St-MaIo« 

EsTANCELiN ,  Membre  de  la  Chambre  des  Députés ,  à  Eu. 
FoNTAKiEB ,  Humme  de  lettres ,  k  St-Flonr ,   département 

du  Cantal. 
Mallet  ^,  Inspecteur  des  Ponts-et-Chausséés ,  à  Paris , 

rue  du  Regard^  n»  14* 
JouRDAïf  ^  ,  D.-M- ,  i  Paris ,  me  de  Bourgogne ,  ««  4- 
MoNFALCoif ,  D.*M. ,  k  Lyon. 
Bourgeois  (Ch«)  iky  Peintre  en  portraits,  à  Paris,  ^Av 

Dauphine^  u^  a4< 
Janvier  (Antide),  Horloger  ordinaire  du  Roi, à  Paris,  quai 

Ontffy  no  %\  • 

Delaquesnerie  ,  Propriétalre-AgricuUeur ,  à  St-André-sur- 

CaiUy. 
1 825.   Desct) AMPS ,  Bibliotbécaire^Archivbte  des  Conseils  de  guerre , 

à  Paris  ,  rue  du  Ckerche-Midi ,  n»  39. 
Salgubs  ,  Médecin ,  à  Dijon. 
1 825.   Le  Baron  Boullbnger  (  O.  i^  ) ,  ancien   Procureur  général 

à  la  Cour  royale  de  Rouen. 
P(NEL  ^  ,  Juge  de  paii ,  au  Havre. 

D'Akglemont  (  Edouard) ,  à  Paris,  rue  de  Savoie  ^  n»  34. 
DvSMAREST,  Pro(iesseur  à  TEcole  royale  vétérinaire  d*Aifnrt, 

à  Paris  ,   rue  S t~  Jacques  ,  n»  161, 
fcnOuT  )  Lieutenant  an  corps  royal  d'État-Major  ,  à  Parts. 

59. 


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A  m) 

ilaS.  JfjUA-F<»iTKTCKLLE ,  D.-M . ,    CbimUte ,    à   Paris ,   mt  dt 

V Ècole-dc-Médecine  ^  n"  12. 
CtviALB  ^  y  D.-M.,  à  Paris ,  ne  Godoi-ée-Mmurvf  ^  b«  3o. 
Fbret  aine ,  Antiquaire ,  à  Dieppe. 

Patbn  ^ ,  Manufacturier ,  à  Paris ,  me  des  Jeémemrs ,  n»  ^, 
Le  Comte  Blauchabd  db  la  Musse,  ancien  Conseiller  aa 

Parlement  de  Breta^e,  à  Montfort ,  dépt  d'IQe-et-ViUaiBe. 
iSafi.  MoREAU  (Céttr)   :^,  Yice-Consal,  Secrétaire  de  la  So~ 

ciëté  de  statistique  générale ,  à  Paris ,  pi.  Vendôme ,  n»  >{. 
MoiCTÉMONT  (Albert),  Homme  de  lettres,  à  Paris,  rue  dm 

Four^ t-Gennain  ^  n<»  17. 
Ladev^b  ,  D.-M. ,  à  Bordeaux. 
Savut  ,  D.-M.  ,  A  Montmorillon. 
Lenoruakd,  Rëdact6«r  der  Annales  de  Tlndutiie  oatioBalc» 

A  Paris,  rue  Pavèe-St-André^es^Aris ^  n»  11. 
B0ÏBLDIEU  ^  ,   membre  de   Tlnstitut ,  à  Paris  ,   àouterurt 

Mou^arlre  ^  n*  10. 
Bergassb  ^ ,  A  Montpellier. 
1827.   Gbhmaim,  Pharmacien,  A  Fécamp. 

Hugo  (Victor),  Homme  de  lettres  »  \  Paris. 
De  Blossbvillb  (  Emcsl  ) ,  A  Amfic?ille ,  dép*  de  FEwe. 
.De  Blosseville  (Jules)  »  A  Paris,  rue  de  Rtckeiiem. 
Dbbiaeibres  (J.-B-H.-J.),  Botaniste,  A  Lille. 
Malo(  Charles) ,  Homme  de  lettres ,  A  Paris  ,  rue  Dmupàme^ 

no  33. 
idi8.   Le -Baron  C.  A.  de  Varssay  (C  ^),  ancien  Prâet  de  b 

Seine -Inférieure  ,  A  la  Barre,  près  Saînt-Calût. 
Court  ,  Peintre  ,  A  Paris,  rue  des  Beuux-ArtSy  vfi  1. 
i8a8.   ViREY  ,  Docteur-Médecin  ,  A  Paris,  rue  Souf/Ui^  ■•  1. 
BoNFiu,  Docteur-Médecin  ,  A  Nancy. 
Maillet-Lacoste  ,  Professeur  au  CoUége  royal  de  Caen. 
Lautard  ,  Membre  de  TAcadéoiie ,  A  Marseille. 
DuPiAS,  A  Paris. 
Spbkcer  Smith  ,  membre  de  la  Société  des  Anti^piaîres  de 

Normandie  ,  A  Caen. 
te  Bacon  de  Morte3iart-Boissb  ^^%  Mcoibft  4e  k  Sa« 


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(469) 

tiété  royale  et  ceninle  d'agricultiire ^  etc.,  à  Pariii  fsr 
Jean^aajom^  tfl  9. 

1828.  MoBiN,  Ingéoienr  des  Ponti  et  Chansséei,  à  St-Brienx. 

1829.  CoTTERXAU,  Professeur  agr^^  à  la    Faculté  de  Médecine , 

à  Pari»,  rme  iu  Petit'Caneau  t  n»  19. 

Fil,  Chimiste,  Pharmacien  en  chef  de  ThApital  militaire , 
à  LiUe. 

PoTEL ,  D.^M. ,  à  Evreni. 

GurmiGUER  (Ulric),  à  Paris. 

Cazaus  ,  Professeur  de  physique  an  Collège  royal  de  Bour- 
bon, à  Paris. 

ScHwiLGui  ,  Ingëniear  des  ponts  et  chaussées ,  an  HaTre. 
i83o.   ALAvomE^,  Architecte,  chargé  des  travaux  de  la  flèche  de 
la  Cathédrale  de  Rooen,  à  Paris,   rue  Neupe-^es^BonS^ 
Enfants  y  n®  a5. 

BsGiN,  Homme  de  lettres,  à  Mets. 

Berger   de  Xivrkt,  Homme  de  lettres,  à  Paris,  ne  dm 
Guof-Trouin ,  près  le  Luxembourg,  Vf*  3. 

Le  chevalier  Chaponkier,  à  Paris,  rue  de  Cliry^  n»  iG. 

Passt  (  a.  ) ,  Préfet  de  TEnre ,  à  Errew. 

SoTSR-WiLLEMET ,  Botaniste ,  Membre  de  plusieurs  sociétés 
savantes.  Bibliothécaire  de  la  ville,  à  Nancy. 

Leooq  ,  Professeur  de  botanique ,  à  Clermont-Ferrand. 

Rifaud  ,  Naturaliste ,  Membre  de  plusieurs  sociétés  savantes , 
à  Paris ,  rue  Basse^VUle^  vfi  4^ 

Barré   de  Jallais  ,  Homme   de  lettres,  à    Jallak,   prit 
Chemillé,  département  de  Maine-et-Loire. 

HouEL ,  Président  du  Tribunal  civil ,  ii  Luuviers. 

Le  Comte  de  Murât  (C.  ^),  ancien  Préfet  de  la  Seine- 
Inférieure  ,  à  Paris ,  rue  de  Bourbon  ,  n^  79  bis. 

Le  Comte  de  Rivaud  La  RAFFimÈRE  (C.  ^ )  (G.  0.  i^), 
Lieutenant-Général,  à  b  Raffinière,  près  Civray. 

LEFaLEUL   DES  GuEBBOTS   1^,    aux   Guerrots,    commnno 
d^Heugleville-sur-Scie. 


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(470) 
CORRESPONDANTS  ÉTRANGERS,  MM. 

i8o3.   P&MOu; ,  Direcleor  de  la  Chambre  des  finances  ,  et  corres- 
pondant du  Cunseil  des  mines  de  Paris,  à  SaUbonrg. 
i8a3u    Le  Comte  Debbay,  Ministre  et  Ambassadeur  de  S.  M.  le 
Roi  de  Bavière ,  à  Vienne. 
Geffrot  ,  Professeur  d*anatomie  k  TUniversite'  de  Glascov. 
Engelstoft  ,  Doctenr  en   philosophie  »    Professeor  ac')oiBt 

d'Histoire  k  VUniversité  de  Copenhaj;ue. 
John    Sinclair,    Président    du    Bureau    d*a|priaiiture  ,    à 
Edimbourg. 
i8ia.    VoG^  ,  Professeur  de  chimie  à  TAcadëmie  de  Mookh. 

1816.  Caupbell,   Professeur   de   poésie  à   rinstitotion  royale  de 

Londres. 

1817.  Le  Chevalier  DE  KiRCCHOFF ,  Médecin  militaire ,  à  Anvers. 

1818.  Dawson  Turner  ,  Botaniste  »  à  Londres. 

Le  R.  Th.  Frognall  DiBDi!<f  ,  Antiquaire ,  à  Londres. 
i8ai.   Vènb  ijfc  f^,  Capitaine  de  génie,  au  Sénégal 
1823.   Chaumette  DBS  F0SSÉ5 ,  Consul  général  de  France ,  à  Lima. 
i8a5.   Le  Comte  Vincenxo  de  Abbatb,  Antiquaire,  à  Alba. 
1827.   Deluc,  Professeur  de  Géologie,  à  Genève. 
i8a8.   Brunel  ^,  Ingénieur,  correspondant  de  rinstilut,  Membte 

de  la  Société  royale  de  Londres ,  à  Londres. 
i83o.    Le  Professeur  Rafn  ,  Secréuire   de   la  Société  royale    des 

autiqnairts    du    Nord,    à  Côpeikhagiie,   r«#   dm  Mmtc- 

SOCIÉTÉS  CORRESPONDANTES, 

Qassées  selon  tordre  alphabétique  du  nom   des  Villes  ok 
elles  sont  établies, 

AiBefiiOe,  Lt  Société  royale  d'Emulation. 

Aix,  La  Société  académique. 

Amiens,  L'Académie  des  Sciences. 

jineers.  La  Société  des  Sciences,  Lettres  et  Art». 


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(  47») 

Besançon.  L'Acaèemie  dea  Sciences ,  BeHes-tieltres  et  Arts. 
Bardeaux   L*Acadcfl[iic  royale  d^s  Sciences,  Beflcs-Letlrs  et  Aris. 

—  La  Soriéle'  royale  de  médecim. 

BoulogJie^sur-Mer,  La  Socie'le'  des  Sciences ,  d'Agriculture ,  du  Com- 
merce cl  des  Arts. 
Caen.  L'Acade'mie  des  Sciences ,  Arts  el  Beltes-Kettres. 

—  La  Société'  royale  d'Agriculture  et  de  Commerce. 
Cambrai,  La  Société  d'EmiIttion. 

Chàlon.  La  Société  d'Agriculture,  Corameice,  Sciences  et  Arts  d« 

département  de  la  Marne. 
Cherboarg,  La  Société  d'Agriculture ,  Sciences  et  Arts. 
Dijon.  L'Académie  des  Scieaces ,  etc. 

Douai,  La  Société  centrale  d'Agricartiii<e ,  Scientes  et  Arts  du  dé- 
partement du  Nord. 
Ei^reux.  La  Société  d'Agriculture,  Sciences,  Arts  et  BeUes-Lettres 

du  département  de  l'Enne. 
GnnoHe»  La  Société  des  Sciences  ,  etc. 
Jéiége.  La  Société  libre  d'Emulation  et  d'Encouragcmeut  pour  les 

Sciences  et  les  Arts. 
Limoges,  La  Société  royale  d'Agriculture  ,    Sciences  et  Arts  de  la 

Haute-Vienne. 
Jjons-lt-Saêlnier.  La  Société  d*ÉmaUtion  du  Jura. 
Lyon,  V  Académie  royale  des  Sciences  ,  Belles-l<ettres  et  Arts. 

—  La  Société  de  Médecine. 
Marseilk,  L'Académie  des  Sciences ,  etc. 
Metz.  L'Académie  royale  des  Lettres  ^  Sciences  et  Arts  et  d'Agri-«^ 

cnlture. 
Moniauban,  La  Société  des  Sciences ,  Agricultare  et  Belles-Lettres 

du  département  du  Tam-et-Garonne. 
Nancy  ^  La  Société  des  Sciences  ,  Lettres  et  Arts. 
Nantes.  La  Société  des  Sciences  et  des  Arts» 
Ntmcs,  L'Académie  du  Gard. 
Niort,  La  Société  des  Sciences  et  Arts. 
Orléans,  La  Société  des  Sciences  physiques  et  médicales. 

—  La  Société  royale  des  Sciences ,  Belles-Lettres  et  Arts. 
Paris,  L*Athénée  des  Arts ,  ne  des  Bons-Enfants, 


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(47*) 

*^—  l'Institut  de  Fiance ,  au  Palais  des  Qmmtrt^Naîioas, 

— —  La  Société  d'EconolDie  domestique  et  iodnstriflle. 

— -*   La  Société  de  Géographie. 

*^  La  Société  de  la  Morale  chrétteDne. 

-—  La  Société  des  Pharmaciens. 

-—  La  Société  des  Sciences  phjsi^nes. 

—  La  Société  Linnéenne. 

— —  La  Société  médicale  d'Emulation. 

— ^   La  Société  royale  d'Agriculture. 
PùHiers.  La  Sociale  d'Agriculture,  Belles-Lettres,  Sciences  et  Arts. 
Le  Puy,  La  Scx.cté  d'Agriculture,  Sciences,  Arts  et  Commerce. 
Rennes.  L'Académie  des  Sciences  ,  etc. 

Bouen.  La  Société  centrale  d'Agriculture  du  département  de  b  Seine- 
Inférieure. 

*—  La  Société  libre  d'Emulation. 

— ^    La  Société  pour  l'encouragement  de  rinalmctîon  élànen- 
taire,  par  l'enseignement  mutuel,  dans  le  département 
de  la  Seine-lnféricure. 
S t-F tienne  (Loire).  La  Société  d'Agriculture,  Sciences,  Arts  et 

Commerce. 
St'Quentin,  La  Société  des  Sciences ,  Arts  et  Belles-Lettreft. 
Strasbourg.  La  Société  des  Sciences ,  Agriculture  et  Arts  dn  dépir 

tement  du  Bas-Rbin. 
Toulouse.  L'Académie  des  Jeux  floraux. 
Tours,  La  Société  d'Agriculture  ,    de  Sciences ,   d*Aj(ts  et  Bdks- 

Lcttres  du  département  d'Jndre-et-Loire. 
Versailles,  La  Société  centrale  d'Agriculture  et  des  Arts  du  d^ir- 

tement  de  Seine-ct-Oise. 


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TABLE  MÉTHODIQUE , 

OUTRE  L£S  MATIÈRES  CONTENUES  DANS  LE  PRÉSENT 
VOLUME  y 

La  mention  de  tous  les  owrages  reçus  par  VAcœ^ 
demie,  ou  dont  les  rapports  ont  été  faits  pendant 
Vannée  académique  1829-^  i83o. 


CLASSE  ])£S  SCIENCE^. 

HAPPOBTfaitparM.  Lévy  ^  secrétaire  perpétuel  de  la  classe 
des  sciences  ,  I 

Mathématiques. 

Mémoire  sur  les  moyens  de  calculer  les  terrasses  heaik' 
coup  plus  promptement  que  par  la  méûèode  ordmake  ; 
par  M,  P.-E'  Morin ,  ingénieur  des  ponts  et  chaussées  , 
membre  correspondant  -*  Rapporteur  ,  M.  Meaume ,     a 

Manuel  des  poids  et  mesures ,  par  M.  Tarée  des  Sablons , 
M.  corr.;  i4*  édit.  ,  2 

DewD  ménwires  manuscrits  de  Af.  Gâchot^  officier  de  la 
marine  royale.  —  /î.'  M.  Meaume  ,  3 

Problème  résolu  du  rapport  du  diamètre  à  la  circonférence , 
par  M.  Beaupicd,  officier  en  retraite,  —  A.  A/.  Meaume, 

Mécanique. 

Recueil    de     machines    composées   et   exécutées    par    ilf. 

Antide  Janvier  ,  M.  corr.\  2,^  édiL  —  R,  M,  Léçy^    4 

Nouçeau  procédé  pour  sonner  les  cloches ,  inçenté  par  Mm 

60 


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i'abbé  Creçelj  curé  de  St-Romain.  —  Rapport  par  MM^ 
-i^aèàé  Gossiet  (  rapporteur  )  ,  Meaume  et  Dubuc  ,        5 

Phtsiqle.  -^Météorologie. 

Correspondance  pour  Vavancemenl  de  la  météorologie  y  par 
M,  P.'E,  Marin ,  ingénieur  des  ponts  et  chaussées  ,  M. 
corr.  (  4*  cahier.  )  —  /l.   M,  ûirurdin  ,  4 

Arts  mécaniques  et  ikditstriels* 

Obserçaiions  sur  la  construction  du  passage  sous  la  Tamise , 

par  M.  Brunel ,  ingénieur  ,  M.  corr, ,  5 

Notice  manuscrite  sur  la  fabrication  d*une  tourbe  artificielle, 

par  M,  Pimont  ,  M.  résid»  ,  ii 

Mémoire  manuscrit  sur  un  procédé  propre  à  rendre  la  laine 

apte  à  être  JUée  sans  huile    ou  aoec  très  peu  d'kmile  ; 

^ar  le  mime  >  1 1 

Rapport  sur  le  pétrisseur  mécanique  de  MM,  CaoaHer  frères , 

par  MM,    Girardin   (  rapporteur  )  ,    Mâawne    et    Des^ 

yi Heurs  9  12 

Manuel  du  boulanger  et   du  meânier ,  par  MM.  Bendst , 

et  Julia-Fontenelle ,  U,-M. ,  M,  corr,  — /L  M.  Lé^jr ,  i3 

Chimie. 

Noiice  sur  la  céruse  française  ,  comparée  à  la  céruse  de 
Hollande  ;  par  M,  Dubuc  ,  M.  résid.  ,  g 

Traité  sur  tes  parements  et  encollages  ,  par  M.  Dubuc  , 
M,  résid, ,  9 

Examen  physique  et  chimique  d'une  concrétion  pierreuse 
extraite  sur  le  cou- de-pied  d*un  vieillard  âgé  de  80  ans  ; 
par  M,  Dubuc ,  M,   résid. ,  9 

De  la  bouse  de  vache ,  considérée  sous  le  rapport  de  la 
chimie  technologique  ,  par  M.  Marin,  phiarmodem, 
M*  résid,  y  10 

Imprimé  en   entier  y  p.  85. 


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C  <75  ) 
Stf^oT,  par  M,  GonJreQilkJils ,  chùnîite ,  de  substances  tîhc^ 

tonales  et  d'objets  très  curieux  en  usage  dans  l'Inde.  —  R. 

MM.  HouioU'Labiilardière ,  Gitardih^   Pouchet ,  Prévost 

{pépùiiériite)  j  etPimont 
Dissertation  sur  le  volume  des  atomes  et  sur  les  modifient' 

lions  çu'U suhit  dans  les  combinaisons  chimiques ^  par  M. 

Pofydore  Eoullay ,  docteur  ès-sciences  (  i'*  thèse).  —  /)/*- 

sertation  sur  Vubnine  (  acide  uhàque)  ,  et  sur  F  acide  azul-- 

mique ,  par  le  mime  (2*  thèse).  —  R.  pour  les  deux  ou- 

Qrages  ,  M.   Girardin. 
Sur  la  fabrication  des  eaux   minérales  acidulés  gazeuses-^ 

par  M,    Courdemanche  ,  phftrmacien  ,    à  Caen.   -—  R. 

M.  Marin. 

Histoire  naturelle. 

Discours  de  réception  de  M.  Pouchet ,  sur  la  marche  dç 
l'histoire  naturelle  ,  depuis  les  t^mps  le^  plus  reculés 
jusqu'à  nos  Jours  ,  i3 

Réponse  de  M,  Hounl ,  président  ^  i5 

Notice  sur  les  écre^isses  ,  et  en  particulier  sur  ufie  espèce 
à  test  naturellement  rouge  «  par  M.  Germain  ,  phar- 
macien ^  M.   corr.  •*-  R.   M.   Duiuc  ^  i5 

GÉOLOGIE. 

Obserçations,  chimico' géologiques  sur  les  produits  du  règne 

minéral^  par  M.  Dubuc ,  M.  résid,  ^  i^ 

Notice  sur  trois  puits  jorés ,  dits  artésiens ,  établis  à  Rouen  ; 

par  le  même  ,  16 

Imprimé  en  entier^  p.  43- 
Quelques  réflexions  sur  un  mémoire  de  M.  Edouard  Kœchlin  , 

intitulé  :  Aperçu  géologique  sur  les  environs  de  Mulhouse , 
•    par  M.  P,'E,  Morin  ,  M,  corr,  y  16 

Essai  sur  la  topographie  géognostique  du  département  du 

Cahados  ,   par  M,  de  Caumont ,   (  i8a8  ).  —   R*  M. 

Auguste  Le  Prévost  »  '7 

60. 


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(  476  ) 

SUdisiique  gêoiogi^e  du  difparUmeni  t&  ia  Seine^^InférioÊn , 
par  M  A.  Possy  ,  préfet  de  l'Eure,  Jtf.  corr.  {y,k 
r refis  (Ir  i.^Mj  ^  p,  ^S  J  y  i' 

Discours  de  réception  de  M,  Girardin  ,  professeur  de  chimie  , 
à  Rouen  ,  iT 

Réponse  de  M,   [Jouet ,  président ,  18 

Considérations  générales  sur  tes  voIçqms  ,  etc.  ,  par  M.  Gi- 
rardin ,  19 
Imprimé  m  entier ,  /.  95. 

Botanique* 
frécis  éiementaire  dt  botanique ,  par  M.  H.  Lecoq ,  prof, 

d'hfst.  naturelle  (  1828  )  ,    M.    corr.  —  R.  par  MM. 

Pouchet  (  rapporteur  )    Blanche  et  VubreuU  ,  la 

Notice  sur  le  pliitolacça  decandra,  par  M.  Duhuc  ,  M. 

résid,  y  a3 

Histoire  naturelle  et  médicale  de  la  famille  des   solanées , 

par  M.  A.-F,  Pouchet ,  M.  résid.  —  /?.  par  MM.  Blanche 

(  rapporteur  ) ,  Le  Prévost  et  Dubreuil^  a3 

Notice   sur  quelques  plantes  de  Frhnce  ,    par  M.  Sojet' 

Willemet  ,     bibl.    en    chef  de  la    'faille  de  Nancy  ,  M. 

corr. 

MÉDECIKE  et  CiiXaURGlK. 


Mémoire  sur  plusieurs  procédés  opératoires  propres  à 
battre  le phymosis  ,  le paraphymosis  ,  etc^,parM.  Aoend^ 
D.'M.  —  R.  M.  Blanche,  4 

Thèse  sur  les  kystes  hydatàfères  du  foie ,  par  M.  Debams , 
D.'M.  -  R.  M.  Blanche  ,  ai 

Im  physiologie  des  gens  du  monde ,  par  le  çkeoaHer 
Chaponnier^  D,-M. ,  A/,  corr.  —  R.  par  MM^  Le  Preoost 
(  rapporteur  )  ,  Flaubert  et  Des-AUeurs ,  a^ 

Recherches  sur  raliénation  mentale  ,  manuscrà  ,  per  M. 
FôçUle ,  médecin  en  chef  de  r  Asile  clés  aliénés  de  Rouen  ^ 
M.  résid.  —  R,  par  MM.  Blanche  (  rapporimer  ) , 
Godefroy  et  Figné ,  a5 


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(477) 

Réponse  de  M,  le  comte  de  Murai  ,  président ,  37 

Obsen^ations  sur  les  fausses  sensations  ,  haUueînattons  ;  par 
M,  F/hUle,  37 

Imprimé  en  entier  ^  p. '55. 

Observations  sur  deux  opérations  de  pupille  artificielle^  par 
M.   F'ingtrinier  ,  D.-Af.  ,  Af.  résid, ,  29 

Imprimé  eu  entier^  p,  61. 

Mémoire  à  consulter ,  sur  un  cas  de  division  congéniaie  eu 
voile  du  palais^  et  sur  une  modification  de  l'opération  de 
la  staphyloraphie  ,  par  M*  Jean-François  Bonfils ,  JUs 
aine  ,  D^-M.  ,  M.  corr^  —  H.  par  MM.  Vingtrinier 
(  rapporteur  )  ,  Flaubert  et  Blanche  ,  29 

ftefievions  sur  une  épidémie  variolique  observée  à  Vhospire 
général  de  Rouen ,  par  Af.  Blanche  ,  D.-M.^  M.  résid, ,  3lo 
Imprimé  en  en  fier ,  p.  69. 

Observations  sur  de  prétendues  guérisons  de  la  phthisie 
pulmonaire  ,  par  M.   HelUs ,  D.-AL  ,  M.  rwii/.  ,  '     3o 

Thèse  sur  les  monstruosités  humaines  ou  vices  congéniaux  de 
conformation  ,  par  M.  Béchet ,  D.-M.  — <-  R.  M.  HeUis  , 

3o 

Mémoire  sur  les  monstruosités  dites  par  inclusion ,  par  M. 
Le  Sauvage  ,  D.-M. ,  M,  corr,  —  il.  M.  Des-AUeurs  ,    3o 

Jlapport  général  sur  les  travaux  du  conseil  de  salubrité  de 
Nantes ,  (  i8a8  ).  —  R.  M.  Le  Prévost ,  D.-M.  ^      3i 

Recueil  de  mémoires  consultatifs  sur  divers  objets  de  mé^ 
decine  légale  y  par  M*  Chaussier  pèrtk 

fjxtrait  du  Préas  des  travaux  de  là  société  royale  des  sdences , 
Uttres  et  arts  de  Nancy ,  de  i8i4  à  1828 ,  contenant 
plusieurs  articles  d*histoire  nature&g  médicale  ,  de  mé- 
decine et  de  chirurgie  ,  par  M,  J.-F,  Bonfils  ,  fils  atné , 
(  1829  )  ,  A/,  corr.   —  R,  Af.  Des-Alleurs* 

Observations  sur  l'opération  delà  cataracte ^  recueillies  pendant 
Vannée  1829  ,  manuscrit ,  par  M,  N.  Dumont ,  oculiste. 

Mémoire  sur  l'usage  des  sangsues ,  par  M.  Hippolyte 
Raynult ,  profi  de  math.  —  R,  M.  Vingtrinier. 


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(47») 

Agriculture  et  Horticulture. 

Mémoire  sur  les  açaniages  du  partage  et  de  VaHénatiùtk 
des  biens  communaux  ,  par  M.  EL  Vanitr  ,  membrt 
de  plusieurs  sociétés  savantes,  —  R»  M.  l'abbé  Gossier , 

3i 

Supplément  au  Catahgiêe  des  roses  cnhi^ées  chez,  M.  Préçosê 
fis  ,  pépiniérisU  ,  M.  résid.  —  R.  M.  DubreuU ,      3i 

Bulletin  de  la  Société  royale  ^agriculture  de  Limoges.  — 
R.  M.  BaKa ,  3a 

Rapport  fait  à  la  Société  d'agriculture  et  des  arts  de  Sdne- 
et'Oise  sur  une  nou&elle  machine  à  battre  les  céréales^ 
inoentée  par  M^  de  MaroUes  ;  par  M.  Polonceau  , 
ing^  en  chef  du  département,  •*  R.  M,  Dubuc  ,  3a 

Rapport  sur  un  mémoire  intitulé  :  Des  jardins  et  des  pkm* 
tations  pittoresques  ,  par  sir  Walter-Scott ,  inséré  dams 
la  Revue  Britannique  ,  n^  \6  ;  par  M.  Preçostfis  ,  pépi- 
niériste y  M*  résid- 

Statistique. 

Renseignements  staHstiques  sur  la  mortalité  des  enfants  em 
bas  âge  ,  par   M.  Ballin ,  3f.  résid,  ,  3a 

Imprimé  en  entier,  p.  65. 
Obsen^ations  sur  la  mortalité  des  enfants  à  l'hospice  général 
de  Rouen  ,  par  M,  Blanche  ,  M,  résid, ,  33 

Imprimé  em  entier,  p,  69. 
Notice  historique  et  statistique  sur  les  enfants  tronoés  ,  par 
M.  Lepasquier ,   M,  résid,  »  34 

Imprimé  en  entier ,  p,  yZ. 
Obsen^ations   sur  l'importance  de  la  conservation  dm  pomt 
de  bateaux   de  Rouen  ,  par  Af.  Dupont-Boisjomçin»  — 
R.  M,  Lepasquier  ^  3i 

Le  Monde  comparé  à  l'empire  britannique  ,  tableau  stm^ 
tistique  y  par  M,  Adrien  de  Balbiy  patricien  de  Venise, 

337 


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(  479  ) 

Prcjel  de  staOstique  générale  du  déparlement  de  ia  Setne-^ 
Inférieure  ,  proposé  par  M.  le  comte  de  Murât ,         35 
Mémoire  et  rapport  de  M,  Licquei  sur  ce  sujet. 

Economie  politique. 

Sur  VouQerture  et  Ventretien  des  routes  du  royaume  de  France  « 
par  M.  P.'E.  Marin  (  i8a8  )  .  M.  corr.  —  R.  M. 
Lepasquier, 

Des  banques  publiques  de  prêts  sur  gages  ,  et  de  leurs  incon^ 
çénients  ,  par  M.  Arthur  Beugnot ,  M,  corr,  ;  mémoire 
couronné^  en  18219  ,  par  V académie  du  Gard,  —  jR.  M. 
Lepasquier ,  34.7 

Essai  sur  les  Monts-de-Piété  ^  par  M.  Auguste  Lepasquier  ^ 

359 

Imprimé  en  entier ,  p.  36i. 


Prix  proposés  pour  i83o. 

Pour  la  classe  des  sciences  ,  4-3 

Pour  la  classe  des  lettres ,  36o 


MÉMOIRES  DONT    L'ACADÈMIE  A  DÉLIBÈRE   L'JMPMSSSION 
EN   ENTIER    DANS   SES   ACTES. 

Notices  sur  trois  puits  forés ,  dits  artésiens  ,  établis  à  Rouen , 

en  1829  et  i83o  ,  at^ec  l'analyse  de  l'eau  qui  en  provient , 

etc. ,  par  M,  Dubuc  ,  M.  résid.  ,  4-5 

Propriétés  pfysiçues  et  chimiques  de  Veau  prise  au  puits 

foré  rue  MartainviUe  ,  49 

Effets  des  réactifs  chimiques  sur  cette  même  eau  ,  ib. 

Puits  artésiens  affluents,  etc.,  5i 

Observations  sur  les  fausses  sensations  ,  hallucinations  ;  par 

M.  Fdçiile  ,  55 


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(  i8«  ) 

Nt4e   sur  deux  ofèrcMons  de  pupQk   ^ri^ki^e ,  fm  M* 

Vingtiiniar^  6l 

Renseignements  statistiques  sw  la  mortuStd  des  emfimis  em 

bas  âge ,  par  M.  A.-G.  Btdlin  ,  65 

Réflexions  sur  une  épidémie  varioUque  observée  à  Phospict 

de  Rouen  ,  etc. ,  par  M.  Blanche  »  69 

Notice  historique  et  statistique  sur  les  enfants  trom^ ,  per 

M.  Lepasquierj  ji 

De    la  bouse    de  pache  considérée  sous  le  nq^port  de   la 

chimie  technologique  |  par  M.  Marin  ,  pharmacien  ,    85 

Anafyse ,  ik 

De  la  kouse  de  cache  épmisie  par  l'emm  ,  8t 

De  la  matière  grasse  perte ,  89 

De  la  suis  tance  ènmàtre  isolée  de  V extrait  akoolifoe,   91 

Considérations  générales  su^  les  volcans ,  etc.  j  par  M,  /• 

Girardin  ^  gS 

Imtroduciiom ,  ^ 

£hâp.   i«r.  DéfimtioaSp  class^catioms  ^  3$ 

Chap.   a.   Caractères  gèognostifmes  et   atiaéraSogifmes  ées 

terrains  volcaniques  ^  ie3 

CLap.  3.  Position  géognostiçne  des  eekmms  è  la  surface  en 

ghàe  ^   et  géographie  pkfsiqne  t  ii5 

Cbap.  >(.  Phénomènes  fue  présentent  les  poicaus  dans  ieun 

moments  d'actif  if é  et  dans  leur  état  ée  repos  ,         i33 

Cbap.  5.  Examen  critique  des  diverses  théories  fue  Vou  a 

tour  è  tour  admises  pour  expliquer  Vorigme   des  pkè^ 

nomèuêê  pokanifues  ,  17S 

Ckap.  6.  Liste  des   pùlcaus  oetueUeÊseut  hràtasOs  et  des 

solfatares ,  dispersés  sur  la  surface  du  giohe  «  ap 

EuKOPB. . .  -^  S  i«r.  Volcans  du  coutiueut^  ^ 

%  a.     Volcans  des  tles ,  a^S 

Afbiqdv.  .—Si.     Volcans  du  continent ,  aSS 

—  Sa.     Volcans  des  Ues ,  aS; 
Asie ""^  S  >•     Volcans  du  continent^                   i6( 

—  S  a.     Volcans  des  lies ,  ay» 


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(48<) 

ÂMiuQDB.  —  S  '•     VoUmns  du  com*in09ki ^  376 

—  S  a.     y^kwts  des  lies  ^  994 

Océanique  ,  3ot 

Résumé  géméral ,  M 

Eiépaiioa  des  prmcipmtx  pokans  êclifs  ei  éteùUs  (Ta^Uau)  , 

CLASSE  DES  BELLES-LETTRES  ET  ARTS. 

Rapport /où  par  M,  Bignon ,  secrétaire  perpétuel  de  ki  dusse 
des  bettes-lettres  et  arts  ,  336 

Discours  de  réception  de  M,  le  comte  de  Murai ,  pré/et  de  la 
Seine-inférieure ,  336 

Traités  généraux  ,  systèmes  D'ENS£iGNEM£irr« 

Rapport  à  M.  de  Vatimesnil  sur  la  médiede  Jacoiot ,  par  M: 
Baudouin^  aoocatà  la  cour  royale  de  Paris.  —  Rapporteur 
M.  Ui^y  ,  337  et  35o 

Ortholégie-Grisel ,  par  M.  Grisel ,  bachelier  ès-lettres  ,  jim- 
ù'tuteur,  —  R.  par  MM.  Fossé  (  rapporteur  )  ,  Léçy  et 
Des-Alleurs,  337. 

D^  Véàication  des  sourds-muets  de  naissance,  par  M,  Dege^ 
rando,  memb.  de  V Institut ,  M.  corr.^R.  M.  Uumesnil , 

344 

Eloqueiïce. 

De  Bossuet  inspiré  par  les  Uifres  saints  ,  par  M.  A,  Floquet^ 

M.  résida ,  3^ 

Imprimé  em  entier  ,  p.  399. 

Réflexions   sur  un  passage  de  rhistoire  de  la  vie  et   des 

ouvrages  de  P.  Corneille  j  par  Ai.  Tascliereau;  par  M. 

A.  Floquet,  SSg 

Imprimé  en  entier,  p.  4*3- 

61 


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PoÉsm. 

Egides  poêùques  de  M.  Etienne  Thwrei.  ^  Jt.  M.  Le  FUled 

des  Gûerrofs  f  336 

Etëgies  et  k  Bal  de  Taumâne ,  jfor  M.  Victor-Eugène  Le 

Coupeur.  ^  FL  M.  DupuUl^  336 

Ptomenaâe  poétique  ,  et  Mort  du  prince  GHies  de  Bretagne , 

par  M.  Edmond  du  Petit-Bois.  -^  R.  M,  Le  Filleul  des 

GuerrotS,  338 

%a  vierge  de  Corinthe  ,  par  M.  Boucharlat ,  M,  corr.  —  R. 

M.  Le  Filleul  des  Guerràîs  ,  ib. 

Pensées  en  vers  ,  par  M.  C-L.  MoUevauU ,  membre  de  fins- 

titiU ,  M.  corr, ,  îL 

Traduction  en  iters  Jrançais  d*une  oie  anglaise    intUâtlée  : 

Le  festin  d* Alexandre  ,  par  M,  Spencer  Smith ,  M.  corr. 

—  il.  M,  Vabbé  Gossier ,  A* 

Voyage  du  Roi  ,  en  i8a8 ,  dans  les  départements  de  l'Est; 

Apologue  sur  le  même  sujet  ;  On  vous  connaît^  h^au  masque; 

et  hommage  à  la  mémoire  de' M.  le  Crimte  Daru ,  par  M.  le 

temte  Blanchard  de  la  Musse ,  M.  corr. ,         H3  et  ^SS 
La  Rose  ,  par  M,  Pinel,  M.  corr, ,  343 

Les  Satyres  de  JuQénal ,  traduites  en  vers  français ,  et  suites 
•    des  lettres  à  Phiiinte  sur  rintetRgence  de  ce  poète  ,  par  M, 

Barré  de  Jallais,  —  R.  par  MM.   Fossé  (  rapporteur) , 

IJcquet  et  Le  Filleul  des  Guerrots ,  344 

L 'Echo  poétique  des  départements.  —  R.  M.  Foisé ,        357 
Epitre  à  f amitié  ^  par  M.  feigne  ^  M.  résid.  3SS 

L'Aumône ,  par  M,  F'ictor  Hugo ,  M.  corr, 

Abt  dr\m\tiqvY. 

Camille  ,  ou  le  Patriotisme  y  tragédie  en  cinq  actes  et  en  vers^ 
par  M.  Frédéric  Galleron.  —  A.  M.  Fossé,  338 


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(Biores  de  Pierre  et  de  Thomas  Comeiffè^  offeHes  à  rAca-^ 
demie  par  M..  Dupuiei ,.  M.  résid.  ,  35g 

Philologie. 

Nouvelle  édition  de  Jl-B.  Rousseau  ,  aoee  lés  noies  de  Le 
Brun  et  de.FontaneSy  et  denauçettes  observations  par  Jf. 
Boucharlat ,  M.  corr, ,  338 

Traduction  de  la  Batroâhomyomachie  ;  Traité  de  la  pronon^ 
dation  grecque  moderne;  Recherches  sur  les  sources  antiques 
de  la  littérature  française  ;  par  M.  Berger  de  Xi^rey  , 
M,  corr,  —  /?.  par  MMl  Th,  Licquet  (  rapporteur  ) , 
Le  Filleul  des  Guerrots  et  Floquet ,  33^ 

Phûuki  Aug,  Uberti  fahulàrum  œsopiarum  ,  ex  codice  olim 
PiÛUBano.^  mmc  in  bibl.  Lud.  Lepeletier  de  Rosanbo..,. 
edidit  JuUus  Berger  de  Xivrey.  —  R.  M.  Licquet^     34i 

Dissertation  sur  les  propriétés  musicales  de  la  langue  an-' 
'  ^aise ,  par  M.  Vùbbé  Gossier ,  M.  résid.  y,  35o 

JuRISPEUSEnCE. 

Code  de  la  chasse ,  par  M*  JustcHouel^  M.  résid.  -=-  A, 
AT.  le  baron  Adam  ,  348 

De  la  résistance  passive  {procès  du  Joum,  de  Rouen  )  ,  par 
M.  A.  Daviel ,  açtocat  y  337, 

Histoire. 

Lettres  sur  la  pille  de  Rouen,   ou  P^'écis  de  son  histoire  ^ 

*    depuis  son  origine  jusquen  i>8a6 ,   par  M.  A^^*    L , 

de  Rouen.  —  R.  M.  Ballin ,  336 

Histoire  des  sciences  et  delà  cicUisation  dans  le  pays  Messin , 
par  M,  Bégin  ,  M.  corr.  —  R,  par  MM,  Depille  (  rapport 
teur)  j  Girardin  et  Duputel^  34-1 

Ordres  religieux.  —  Article  extrait  de  l'Encyclopédie  mo- 
derne y  par  M,  l'abbé  de  Labouderie ,  M.  torr. ,         343 

6r. 


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Voyage  en  Egypte  et  en  N%Aie .  etc. ,  pw^  M.  R^tnif  JK 

corr. ,  S43 

Histoire  du  aâteauGaiUard ,  par  M. Achille  DeoOle ,  M. 

résicL  —  R.  M.  Auguste  Le  Pneinst^  354 

Compte  rendu  au  ministre  de  la  marine ,  par  M.  le  contre^ 

amiral  de  Rossel ,  de  la  comptée  Ât  la  Cbe^rrette  «  A.  « 

<i8a9).  -^R.M.DeifilU. 

Mémoire  sur  quelques  monuments  du  JiépaHmtaii  4e  tEm€  » 

patU.  Âug.  Le  Ptepo^^  M.  résid^^R^  M.  DemBe.H^ 
Noiice  sur  la  châsse  de  «S.-?Wm  ,   par  M.  jâmgmete  Le 

erefHOt^  M.  résid.  ^  R.  M^  OevOle  ,  34$ 

NoU  relalUQê  au  tieffrùi  de  ta  grasM  haeiage  de  Mmun , 

par  M,  SaHin  ',  M.  résida  ,   '  353 

Mémoire  sur. quelques  antiquités  de  4a  mtk  de&ouam  ^  et  eut 

le  cuir  doré,  par  M.  Jfelmquénère  ^  M.  féeid.^  35S 

Wérfiotociï. 

Notice  sur  M.  Le  Tm'quier  de  Longchamp ,  M,  nésié. ,  pm^ 
M.  Lévy  ,  39 

Vatiee  sur  M.  Le  Masean ,  M.  corr,  ,  par  M.  Léey  ,      4^ 

Discours  prononcé  sur  la  tombe  <<ftr  Af.  Louis  Le  Massem. , 
ingénieur  en  chef  des  ponts  et  chaussées  ,  M*  corr.  ,  par 
M.  le  baron  de  Prony ,  inspecteur  général  des  ponts  et 
chaussées.  —  R.  Af.  Meaume  ,  4^ 

Notice  historique  et  bihUographique  sur  M*  Manpds ,  M. 
résid. ,  anc.  sécrétant  perpétmel  de  la  ehsus  des^menees^ 
par  M.  E.  CarauU.  D.-M,  -  A.  Af.  Poucket^  53S 

BlBLIMRA^BIB. 

Tableau  bibliqg-aphique  de  tous  lesyouprmge» 


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(4«5) 

mm  onftnoÀ  dbu  ies  vj  p^kmes  du  preeû  anafyiique  des 
travaux  de  l'Académe  royale  de  Rouen ,  depuis  safon^ 
dation^  en  ijH-,  jmsquen  182 5  (1)  inclushement ,  par 
M.  P.  Periaux  ,  membre  de  t  Académie.  —  Rapport  par 
MM.  BalOm  {'rappcHeur).,  Léçy  ^  Btgnon  y  Duàuc  et 
JUcquety  36o 

Oàêerpatùmê  de  M.  Pénaux^  et  nouveau  rapport  de  M.  Baiîin^ 
sur  le  même  sujet. 

Mélanges.  . 

Owrages  envoyés  par  M.  Kafn  ,  secrétaire  de  la  société 

royale  des  antiquaires  du  Nord^    M,  corr. ,  relatifs  aux 

.  travaux  de  cette  société,  aux  progrès  de  renseignement 

.   mutuel  en  Danemarck ,  ete. ,   etc.  3^9 

Rapport  de  M.  Auguste  Le  PreQost  sur  ces  ouvrages ,      4^> 

Htècère  ams ,  annonce  et  déclaration  d'un  étage  et  volontaire 

royale  vétéran  de  formée ,  etc. ,  tic.  \  par  M*  le  vicomte 

de  ToustaiwRichebourg  y  M,  corr*  ,  338 

Considérations  morales   contre    ht   distribution    des  Jetons 

dans  les   sociétés  savantes    et   autres  »    par   M.    l'abbé 

Gossier ,  34-9 

Béfiexioas  sur  l'industrie   et  sur    le  riknnument  à   éleçer  à 

Pierre  Corneille  ,  par  M.  HelUs  ,  M.  résid, ,  353 

Sur  ie  même  sujet ,  par  M.  Duputel^  M,  résid.  ^         353 

LiettKe  mtiographe  de  FonteneBe  ^    adressée    à  M.  Fabbé 

«  Lherminierj  le  iSJéinier  17^9  ;  offerte  à  F  Académie  par 

M.  Pimont ,  M.  résid.  Z5g 

ARTS. 

leonogn^hie  mythologique  et  monumentale  ,  par  M.  BenoU 
Pécheux  »  M.  cwr.  —  R.  M.  Deçille  ,  34.2 


CO  II  est  dit ,  p.  36o,  jusqo'en  iSag  ,  parce  qu*en  effet  M.  Pénaux 
m  coBtinaé  et  eootiiuie  encore  de  s'occuper  de  préparer  la  soite  de  son 
•anafe. 


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(486) 

Mémoire  sur  Vart  du  UAofftaphe ,  par  M.  lé  chtQ. 

—  jR.  M.  Dubouliqy  , 
Bherses  gravures  de  M.  Gms ,  sculpteur ,  34^ 

Une  petite  Léda  regardant  ses  cmjs  ^  d^enoiron  la  À  iSpoÊices 

de  proportion  ,  pose  à-^peu-^près  semblMe  à  cette  db  Gia^ 

diateur  mourant ,  en  plâtre  »  par  le  méne> 
Un  buste  de  Montaigne  ^  grwfideur  jtiOureUe  ,  par  le  ntéma 


MÉMOIRES  DONT   L'JcJDÈMJE  A  DiUBÀMà  L'iMPMESSIOIf 
£ir  ENTIER    DANS  SES  ACTES^ 

Essai  sur  les  Monts^de-Piété ,  par  M,  A,  Lepasquier ^  36i 
De  Bossuet  inspiré  par  les  lucres  saints  ,  par  M,  A*  floquet , 

3» 

Réflexions  sur  un  passage   de  f  histoire  de  la   ine  et  des 

ouvrages  de  Pierre  Corneille  ^  par  M  Taschereau;  par 

M.  A.Floquei,  4i3 

Rapport  sur  les  pièces  adressés   à   y  Académie  par  M.  le 

projesseur  Rafn ,  secrétaire  de  la  société  roycie  des  omâr' 

quaires  du  Nord ,  4^> 

Sur  la  Société  royale  des  Amtifuairts  de  Copemàé^gae^  par 

Louis  Giesebrecht  ^  (^ 

A  la   mémoire  de  M*   le  comte,  Daru  ,.  hotnma^  ékposé 

dans  le  sein .  de  V Académie  française ,  par  M,  le  comte 

Blanchard  de  la  Musse  ,  45S 


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(  487  ) 
OUVRAGES 

ENVOYÉS  PAR  DES  SOCIÉTÉS  SAVATÎTES  , 

£T    OUVRAGES   PÉRIODIQUES  y 

Classés  suii^aHt  l'ordre  alphabétique  du   norn  de 
la   Ville  où  ils  sont  publies. 


Abbeville.  Statuts  de  la  Société  royale  d'émulation ,  i83o. 

^  R.  M.  l'abbé  Gossier. 
Besançon.  Act$démie  des  sciences  ,  belles^ettres  et   arts; 

Séances  publiques  de  1819.  —  A*  M.  Meaun(U. 
Bordeaux.  Séance  publique  de  l'Académie  royale  des  sciences  1 

belles-lettres  et  arts  ^  182g.  —  R,  M.  Durouteau, 

Caen.  Société  royale  d'agriculture  et  de  commerce.  —  Sût 

'-brochures  et  rapports  'concernant  la  culture  des  pommes 

de  terre  ,  les  melons ,  VéducaHon  des  moutons^  etc.;  R. 

Af.  Dest^rty.  -^  Sur  le  puceron  Uuugère  ;  R.  M.  Préçost 

Jiis  {pépiniériste).  —  Ses  mémoires,  U  3;  il.  M.  Prévost 

Jils  (  pépiniériste  ).  —  Catalogue  i  de  sa  bibUothèque.  — 

Sur  les  eaux  minérales  acidulés  gazeuses.  —  Sur  le  mou-- 

çement  des  voitures  et  inconvénients  des  roues  à  larges 

'^Jantes.  ^-  Sur  la  chandelle  de  M^  Le  Cavelier  ;  R.  M. 

PréQOStfis{  pépiniériste)» 
Châlons.  Société  d'agriculture  ,  commerce  ,  sciences  et  arts 
du  département   de    la  ^  Marne  ;  Séance  publique  du   9 
septembre  1829. 
Dijon.  Séance  publique  de  l'Académie  ,  tenue  le  ^i  ami 
1 829.  —  il.  M.  Le  Preçost. 


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(  m  ) 

£vTeux.  Recueti  de  la  êociété  d*QfficuHure ,  wdtnces ,  arU 
et  belUs'letires  du  déiàwrlemad  de  rEure.  —  Séame  p9^ 
blique  de  1839.  —  iV«  a3  et  %^^  1829  ;  n*  i  ,  i83o; 
fi.  Af .  Dubuc.  —  iV^  d  ;  R.M.  Bmhreml. 

—  Troisième  recueil^  pour  l'année  i83o,  de  ia  sodéâ 
d*agncuItMre  ,  médecme  ei  arêg.  *-  A.  AI •  Det-Mems. 

—  Journal  d'agriculture ,  de  médecine  et  des  sciences  acces- 
soires, par  les  membres,  résiiamts  du  sodéùis  d'agncultm, 
sciences  et  arts  et  de  médecine ,  chirurgie  et  pkcrmacte^ 
du  département  de  l'Eure  ;  u^  2i3  ef  a4  »  1^9*  *-  1^ 
M.  Dubuc , 

Lille.  Annales  de  la  société  académùpie*  —   fi.  M.  ht- 

pçsquier, 
Limoges.  Bulletin  de  la  société  roytde  d'agricuUar  ,  sdemces 

etarts^  n""  $  ,  t.  j\  R.  M.  BaUin.  ^  J¥^  6  ;  fi.  Jt 

Préifost  JUs  (pépmiériste).  —  A^*  4  etf  5  ,  I.  8 ,  18x9; 

R.  M*  Fmgtrinier.  ^  N^  6;  R.  AT.   GimtMn.  ^N^  ij 

t.  9  ,    i83o  ;  fi.  M.   Fingtrinier, 
MeU.  Annales  de  l'Académie  des  ktttes^  sciences  H  arts  et 

éPagneukure ,  1818  et  ^829.  ^  R.  M.  FimouL 
*-    L'Indicateur  de  l'Esté  journal  scieni^que  ,   UUéraire, 

commerciale  industriei^   pubUé  par   M.   E.-A.  Bég/n^ 

n^  I  ,  wec  carte. 
MoDtauhan.  Recueil  agrontmd^  de  la  sôdété  des  sdemces , 

agricutiure  et  belles-lettres  de  Tam-^t^Geevnne ,  1. 10,  n* 

6  à  la  ;  /.  1 1 ,  /!«  I  à  7.  ^  R.  M.  ÈÊcasme. 
Naocy^  Précis  des  trwamj^  de  la  société  royale  des  seiemes  ^ 

lettres  et  arts,   i8a4  à  i&^  ^  R.  M.  Dupatd. 
Nantes.  Annak.9  de  tAcadénuB  des  sciences  et  des  mts. 

^  ^.  M.  fabbé  Gossier  et  M.  PSmont, 
Origans.  Annales  de  la  Société  rojaàt  des  sdemces ,  éeief 

lettres  et  art^j  /.9,  n^^a;  R.  M.  Lepreoosi  {véféiindtey 

—  T.  10  ,  /i»  I  e/  a  ;  fi.  M.  Ballin.  —  JV*  3;  fi.  K 

Ues-AUeurs.  ^  N^  i^  ;  R.  M.  HèUis.  ^  N*^\R.M. 

DumesnH.  -  N^  6;  fi.    M.  Pré90st  fis  {pépmiéritU) 


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(489) 

Paris»  Ass€mbîé&  génitale  onwuellt   de  h  Société  de  la 

morale  chrélienne^  ^   i83o.^.->^  R»  M,  Vingtrinîèr. 
^  Annales  de  Vmdùstiie  Jrançmse  et  étrangère  y  et  èulletm  de 

l^école  centrale  des  arts  et  manufactures  ,  /.  3  ,  ii<*  5. 

— r  R,  M»  Léçy. 
««-  Journal  des  connaissances  usuelles  et  pratiques ,  etc.  |  n* 

58,  /.  ti.  -  R.  M.  HeUis. 

—  Journal  des  cours  fmhlics  de  la  ville  de  Paris  ,  12*  lA.  ^ 
iSag.  ^  R.  M.  BalUn.. 

—  Société  de  pharmacie;  Séance  puisque  du  ai  aoril  i83o, 
—  Notke  histmque  sur  N.-L.  VauqueUn ,  par  MM, 
Chevalier  et  Robinet.  —  R.  M.  Léfy. 

—  Société  de  géographie  ;  Programme  des  pria  ,  l83o» 

—  Société  d'économie  domestique  et  industrielle;  Programme 
des  prix  proposés^ 

Poitiers.  Bulletin  de  la  Société  d'agriculture  ,  belles  lettres , 
sciences  et  arts  j  n^*  ^5,  26  et  a8«  1^'^.  >  1829  ;  i*'  et 
a,  2«  y». ,  1839.  —  R*  M.  LeprcQost ^  vétérinairt. 

Puy  (  Le  ).  Annales  de  la  Société  d*agriadture ,  sciences  9. 
arts  et  commerce  du  Puy.  —  R,  M.  Dubreuil, 

Rennes.  Bulletin  industriel  de  l* Académie  royale  des  sciences , 
fi®  I  ,  t.   II. 

Rouen.  Société  libre  dt émulation  ;  Séante  publique  du  6  juin 
1829.  —  R.  M.  Heilis. 

—  Société  centrale  d* agriculture  du  département  de  la  Seine- 
Inférieure;  cahier  35  ,  1839  ;  cahiers  36  ,  37  et  38  , 
i83o  ;  Séance  publique  tenue  le  \\  octobre  i83o.  —  R, 
M.  Meaume. 

—  Société  pour  V encouragement  de  Vinstruution  élémentaire 
par  renseignement  mutuel,  dans  le  département  de  la  Seine- 
Inférieure  ,  1829.  —  Compte  rendu  de  ses  trawiux  ;  dis- 
tribution de  prix  ;  discours  de  M,  Auguste  Le  Prévost  y 
président ,   M.  résid.  —   R.  A/.  Lét^. 

St 'Etienne  (  Loire  ).  Bulletin  industriel  de  la  Société  d'agri- 
culture ,  sciences ,  arts  et  commerce  ,  /.  6 ,  5^  tiv.  ;  R. 

62 


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M.  BalUn.  —  r.  7 ,  n^  6 ,  7  «/  10 ,  iSag  ;  IL  M. 
Pîmoni.  —  JV^  1 1  ;  il.  M.  Meaume.  —  iV^  ii  ;  R.  M, 
Prévost  JUs,  péfntUériste.  —  T.  8  ,  a«  ii».  ,  |83o  ;  IL 
M.  Meaume. 

Strasbourg.  Journal  de  la  Société  des  sciences  »  agriadimt 
et  arts  du  Bas-Ehin  ,   1838  ,  rfi*  3  et  i.  ^  R.  M.  Dubuc. 

Toulouse.  Journal  pratique  de  médecine  vétérinaire ,  pubUée 
par  M.  Dupuy  ,  direct,  de  Vécole  vétérinaire  de  Tcmlmse , 
et  MM.  Cruzel,  Rodrt^  Gellé,  VaUax  et  Prince^  ^* série, 
5^  année  ^  n^  i ,  i83o.  —  R,  ^f.  LeprevosÉ  ,  vétérinaire. 

Tours.  Annales  d* agriculture  publiées  par  la  Société  d'agri" 
culture^  de  sciences^  d'arts  et  de  bettes-lettres  ^départemad 
d'Indre-et-Lmre ,«•«  1,2,6,7,  fo,  iii^ia,  1819 , 
/•  9  ;  R®*  I  «  a  ^  3 ,  i83o ,  t  f  o.  —  IL  MM.  Meaume , 
Morin  et  Dubuc. 

^Versailles.  Mémoires  de  la  Société  d*agriculiure  et  des  arts 
de  Seine-et'Oise  ,  ag*  année  ^  i^^g.  —  /l.  M.  Préocst 
Jils^  pépiniériste. 


Fm  HK    IsK  TaBL£« 


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AVIS  AU  RELIEUR. 


Les  Tatfleaux  et  les  Dessins  lithographies  doivent  être  placés  dajis 
l'ordre  suivant  : 

Coape  de  la  galerie  de  la  Tonnelle ,  etc. ,  en  regard  de  la  page    8. 
Les  Yeux ,  6a. 

Tableau  des  dikès  des  enfants  en  bas  âge  ,  66. 

Tableau  comparatif  et  récapitulatif  des  naissances  et  dëc^ ,  etc.    67. 
Tableau  {pour  la  Notice  sur  les  Enfants  trouvés) ,  80. 

Tableau  {p9ur  VBuai  sur  les  Monts-de-Piét  é) ,  379. 


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3^  ligne  i'*,  lisez:  d'ëclat  «ur  leurs  auteurs ,  elles  leur  méri- 
tent, etc. 
'  que  le  demande,  tuez  :  que  ne  le  demande. 
autrefrois,  iMév  :  autrefois, 
mamelonés ,  lisez  :.  mamelonnés» 
ignirômes',  lisez:  ignivômes. 
Sauyage ,  lisez  :  Le  Saurage. 
De  MadroUes ,  lisez  :  de  Marelles. 
public ,  lisez  :  publique. 
lisez  :  les  Pèpirino  de  diverses  espèces. 
c'était  de  lave,  lisez:  c*ëtait  la  lave, 
le  chevalier  Chaponnier,  «.  :  D.*M 


«1». 

i3. 

14, 

33, 

i6, 

". 

»9» 

3i, 

3o, 

dernière 

3a. 

«5... 

56. 

a4. 

■07. 

«5. 

i4'i, 

»4, 

469. 

»9. 

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4 


niai^pHhwCiO(?>gIp 


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