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(-^"7^)
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«
*
PRÉCIS ANALYTIQUE
DES TRAVAUX
DE
JL'ACADÉMIE ROYALE
DES SCaBNCES, BELLES-LETTRES ET MIS
DE ROUEN,
PEifDAiiT l'akhée i8a8.
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L'Académie déclare que les propositions et
les opiaions consignées dans les Ouvrages pré-
sentés ou lus à ses Séances , appartiennent à
leurs Auteurs , qui en sont seuls responsables.
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PRECIS ANALYTIQUE
DES TRAVAUX
DE
L'ACADÉMIE ROYALE
DES SCIENCES , BELLES-LETTRES ET ARTS
DE ROUEN ,
PEHDANT l'année ]8a8 ,
fi^inb LB OOMPTS QUI ER A ini BSNDU PAR lOL USB SBCRiTAIBIS ,
A Là, 3ÀAHCB PUHJ^UX DU 9 AOUT OB LA iribu AStdOL -
DISCOURS
vnonoHCÉ A l'ouvertube de la séance publique ,
Pae h. TaioD. LIGQUET» Pbbsidbbt.
M
ES81EURS ;
£h interprëtant un moraliste de Tantiquitë , Fun de
nos vieux écrivains français a dit , dans le langage naïf
de son temps : La source et la racine de toute bonté et
tome pnti'hommU , est offoir été de jeunesse hkn mstruii.
I
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(O
Yëritt^ sans ri^plique , Messieurs ; le savoir est un bien ,
le plus précieux qu il soit donné à Thomme d'acquérir ;
le bien unique peut-être qu'il lui soit aussi donné
de conserver. Un flot peut engloutir nos richesses ,
Tenvie ternir notre gloire , la calomnie en abréger la
durée ; tout décline , s'eiïace ou s^altère chez nous
pendant la vie : le savoir seul nous est fidèle et ne
meurt qu'avec nous.
Il s^est pourtant trouvé des hommes , et parmi eux
Técrivain le plus éloquent du dernier siècle , qui au-
raient voulu anéantir jusqu^au nom des Lettres. 11 sem-
blait f à les entendre , que la littérature fût un arbre à
couper dans la racine parce que certains rameaux
pouvaient porter des fruits amers. 11 agissait sous Tin-
fluence d'un raisonnement pareil , ce roi de Thrace
qui , pour guérir quelques-uns de ses sujets du défaut
de l'ivresse , imagina de faire détruire toutes les vignes
de son royaume. Nous n'adoptons point ces doctrines :
établis sur le beau domaine des Sciences , des Lettres
et des Arts , nous ne laisserons point en jachère les
champs féconds dont nous avons entrepris la culture ;
nous leur demanderons , au contraire , une fertilité
toujours nouvelle , alors même que parmi les trésors
de la récolte devraient se découvrir , çè et là , quelques
traces de v^étation malfaisante.
Il ne faut pas non plus s'y tromper : les Lettres
sortiront toujours victorieuses de la lutte qu'on voudrait
engager avec elles. Nulle puissance humaine ne par-
viendrait à comprimer l'exercice d'une faculté qui n'a
pas son origine sur la terre. S'attaquer h la pensée ,
à la littérature son organe , ce serait une seconde fois
vouloir enchaîner les vagues de la mer ; ce serait
imiter ce peuple sauvage qui lançait des flèches vers
le ciel , pour punir la Divinité d'avoir fait briller Téclair
dans la nue.
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(3)
Je ne reproduirai point ici de» arguments^ devenu}
Ueax communs. Tout le monde a dit , tout le mondé
^l^ tout le monde a senti que IVtude des Lettres est
^me source inépuisable de bonheur ou de consolation
pour celui qui peut s^ livrer. £n vain de brillants
sophismes ont été accumulés àTappui d'une prétention
contraire v ennemie généreuse ^ la Littérature a relevé les
traits dirigés contre elle , et en a formé un trophée à
la gloire de son adversaire étonné.
Ce n*est pas , d'ailleurs , uniquement à Thomme
considéré dans sa vie privée que Tétude prodigue
ses bien£aûts ^ elle embrasse dans le cercle de son in-»
fluence la nation tout entière chez qui elle est particu-
lièrement honorée. Où. fleurissent les Lettres , là aussi
fleurit la civilisation. Avec les Lettres , Messieurs ^ il y
aura dans un royaume des idées religieuses et des
mœurs ; il y aura un prince pour gouverner avec sa-
gesse , des magistrats pour rendre également la justice ^
<ks administrateurs pour veiller aux intérêts de tous ; il
y aura des citoyens qui revendiqueront des droits peut-
être , mais qui reconnaîtront , qui accepteront toujours
des devoirs. Sans les Lettres , il n'y a plus dans TÉtat que
deux espèces d'honmies, des. esclaves et des maîtres!
Sans les Lettres , vous cherchez en vaiala religion , la
morale et les lois. Tout disparaît, tout s^abtme dans le
chaos immense qui se forme partout oii elles ne sont
pas. Cest alors que le commandement appartient tou^
jours au plus fort on- au plus perfide v que des enfants
sans podeur détrônent un père sans autorité v que les
fr^ se livrent de sacrilèges combats ; que des chefs
cmeis pèsent de tout le poids du despotisme sur des
pc^Mlations abruties ; que le vice étend ses ravages ; que
Fassassinat n^est plus en quelque sorte qu'un acte
ordinaire de la vie. Vient ensuite la superstition qui
»eagle les écrits , décade le caractère ^ légitime tout
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fes crimes , sanctifie tous les ridicules. Voilà ce que nous
montre trop fréquemment le moyen âge , Messieurs , et
cette longue période est appelée barbare , par cela sur-
tout qu'elle fut ignorante.
Continuons d'interroger l'histoire. Ouvrons encore ce
vaste dépôt des vertus et des faiblesses de l'humanité ,
de ses erreurs et de ses talents ^ nous y verrons constam-
ment Tinfluence de la Littérature sur les hommes , dans
les situations les plus différentes. Lycurgue va chercher
des leçons de politique dans Homère ; Pisistrate croit
honorer Minerve en faisant chanter les vers du poète
h la fête des panathénées. Que Thèbes soit emportée
d'assaut par l'armée victorieuse d'Alexandre , une seule
maison va échapper h l'arrêt de destruction générale ,
et ce sera la maison de Pindare. Aux yeux d'Alexandre
lui'-méme , le plus grand bonheur d'Achille était d'avoir
été chanté par Homère. La flamme dévore Carthage ;
Scipion pleure sur sa victime , et c'est le chantre d'Ilion
qui hiî fournit l'expression de sa douleur. Brutus
vaincu a la journée de Phi lippes , donne encore \m sou-
venir h la patrie , et meurt en récitant des vers d'Euri-
pide. Quel est donc ce génie des Lettres qui préside h
la législation des États , qui redit au ciel les hommages
de la terre » qui s'interpose , quand il le veut , entre la
défaite et la victoire , que la pitié d'un grand homme
appelle aux derniers moments de Outhage , que 1^
patriotisme invite au dernier soupir de Brutus?
La Littérature , Messieurs , fut le talisman de Péri-
clés dans Athènes , l'arme de Démosthènes contre
Philippe , l'instrument de Cicéron contre CatiHna.
Puissante sous Auguste , qui suspendait les airéts de
mort à la voix de Mécène , protégée par Trajan , Titus
et Marc-Aurèle , dont la postérité ne cesse de redire
les bienfaits , elle se glorifie aussi des persécutions d'mi
Tibère , des mépris d'un Domitien ; et si , plus tard ,
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(5)
cnluUe , Th(k>doric encouragea le commeroe et Its arts ,
c'est qu'^elle dirigeait , sous le nom du savant Cassio-
dore , la conduite de ce fNrince qui ne sut jamais
signer son nom. Dans notre befle patrie , les Lettres
ont consacre le règne de François i*' : c^est parce qu'il
les aima beaucoup que nous lui pa)^k>nnons d*avotr
an peu trop aimé la guerre \ et la protection quVHes
trowèrent jadis près de lui , il la retrouTe maintenant
aiprès d^elles.
Henri IV , cbeE qui le peuple ne Toit guère qu^un
triple XaietA où la Littérature est peu intéressée >
Henri IV disait qu'il eût donné une province de son
Boyaume pow la décowerte d'une décade de Tite^
live. Quant à Louis XIV y prononcer ce grand nom
c*tsi nous placer an milieu de toutes nos gloires Jîtté-
laires ; c'est proclamer un siècle qui n'eut jamais
d'égal , qui n'en anra jamais peut-ôtre , pour l'éternel
bouKur de la France!
Le domaine des I^ettres , Messieurs , n'a de homes
qne cellfs de l'esprit humain. Elles interviennent «v^c
accès dans le gouvernement des Etats , ^soitent leb
causes de leur grandeur ou de leur décadence , ^ «
pour le bien de Thumanité tout entière , elles prennent
place qiieiqnefiMS è cAté des itris sur le trône. Com-
pagnes de la philosophie , elles étalent avec magnifi-
cence devant les hommes les trésors immenses de la
sagesse ; protearices de U civilisation , elles tu>us en-
toàlnent vers tous les sentiment généreux , et nous
conifanscnt au bonheur par la morale et par lairerta ;
imerprètes de la religion même , elles élèvent k Dicta
Ms plas beaux trophées sur la terre.
Que la Litti^atnre s'empare de l'histoire ^ elle ^ra
iianformer e» un t^eau majestueux et sublime -oea
ioQomblables esquisses grossièrement tracées par ta
mmn des chroniqueurs; elle ^a recréer la matière , It^
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(6) ^
imprimer le mouvement et la vie\ réunir « coordomier
cette multitude infinie de matériaux dispersés , et livrer
enfin à l'admiration du monde le monument élevé par
la puissance de son génie.
Réduite à ses propres forces ^ Thistoire raconte , et
. ne sait que raconter. Soumise à Tinfluence littéraire ,
elle signalera les causes et fera méditer sur les consé-
quences. Dans le premier cas , elle dira simplement ce
qui s^est fait ; dans le second , elle enseignera ce qu^il
aurait fallu faire ; ne se bornant, plus à noter un évé-
nement sous une date , mais soigneuse de joindre ua
précepte au récit. Alors , forte de cette arme terrible
et pourtant salutaire qu^on nonufie éloquence , This-
toire est certaine d^accompiir glorieusement sa mis-
sion. Non contente de jeter une vive lumière sur les
ténèbres des temps passés , elle exhumera ces grandes
figures historiques qui jadb ont apparu sur la. terre ;
elle les citera aux pieds de son tribunal auguste, discu-
tera leurs titres , vérifiera leurs droits , leur assignera
des rangs, soit qu'elle inscrive leur nom dans une au*
réole de gloire immortelle , soit qu'elle firappe leur
mémoire d'une empreinte indélébile de hsûne et de
réprobation générale.
Le monde n'aurait peut-être point à déplorer les infa-
mies d'un Tibère , les fureurs d'un Caligu|a , les atrocitéi
d'un Néron , si tous trois avaient pu penser qu'ils 8«
trouveraient quelque jour en (ace d'un grand (énie lit-
téraire, lis eussent tremblé d'avance à la seule idée que
l'étude et les lettres pouvaient enfanter contre eux on
Tacite.
En descendant de ces considérations, nous voyons
encore la Littérature s'intéressant au bonheur de l'hu-
manité , prodiguant partout les chefs-d'oBuvres , étalant
en tous lieux ses trésors , formant les grands hommea
dont «^honorent la Grèce et l'ItaUe » dont s^énoiigueil-»
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lîsseDl la France et les autres États de TEurope ^clair^e ,
immant tous les esprits d'une généreuse admiration pour
cei Illustres modèles , et du noble désir de les imiter.
Pour ne parler que des anciens^ reconnaissons que Tétude
ta est indispensable h quiconque veut prendre rang dans
\e monde littéraire. Les langues de Tantiquité sont
mortes ^ dit-on ; non , Messieurs , elles sont pleines de
svt et de jeunesse , de firatcheur et de grâces. LHgnorer
serait un malheur ; le savoir et le méconnaître serait de
l^ingratitude. Que de chefs-d'œuvres nous applaudissons
au théâtre ; que de grands mouvements oratoires nous
étonnent dans nos auteurs sacrés ; que de pages élo-
quentes nous séduisent dans nos écrivains philosophes ,
qui ne sont que de brillants reflets de cette antiquité
mal connue! Près de deux siècles écoulés n^ont rien
diminué de notre admiration pour ces vers où Tempe-*
reor Auguste reproche à Cinna sa trahison ; ch bien !
Messieurs , cet imposant langage , cette énergie d^ex-
pression, ce prodigieux effet dramatique , le soyons
tmâs , Gnna lui-même , tout cela , c'est Sénèque , mais
reproduit , mais interprété , mais ennobli par le génie
du grand Corneille !
Ce beau mouvement oratoire , oùTun des plus célèbres
prédicateurs du dix-septième siècle fait apparaître la
Divinité elle-même au milieu de ceux qui Técoutent ;
cette exclamation fameuse qui jeta tout-à-coup Tefiroi
dans un auditoire consterné ; ch bien ! cette page su-
Mime serait peut-être encore à écrire si Massillon n^avait
coDnu le discours de Symmaque demandant à Gratien
le T^ablissement de la statue de la Victoire dans ses
temples. Et c'est ici le moment de soumettre aux parti-
sans de la nouvelle école cette remarque importante
que Je christianisme , cette religion véritable , qu'ils
iofoquent exclusivement dans leurs chants, ne dédaigne
poîm, pour mieux assurer SQa triomphe ^ tf emprunter
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(8)
quelquefois sa parure aux ornements de Tantiquité fabu-
leuse.
Enfin Y Messieurs , vous connaissez tous Tëloquente
prosopopée de Fabricius , dont Jean-Jacques a si heu*
reusement doté notre langue. Cette éloquente proso-
popée existe depuis dix-huit siècles environ dans la
langue de Virgile , et c^est Pline Tancien qui Ta fournie
à Rousseau.
Il me serait bien facile , Messieurs , de multiplier ici
les exemples. La littérature moderne s^honore , à bon
droit , de mille et mille conquêtes sur celle des anciens.
Pour ne plus invoquer qu'un seul témoignage , je dirai
que récrivain placé aujourd'hui , selon quelques-uns , à
la tête de la littérature française , et derrière lequel se
retranchent le plus volontiers les partisans de la nou-
velle école ; que cet écrivain est celui de tous les mo-
dernes qui s^est montré courtisan le plus assidu des
muses grecques et latines. Il est tel de ses ouvrages oik
Ton ne s'attend pas peut-être à rencontrer , mais oik
Ton rencontre en effet Hésiode et Euripide, Horace
et Lucrèce , Ovide et Catulle , César et Tacite ,
et , h chaque pas , pour ainsi dire , Homère et Vir-
gile. Les Martyrs , nous dit-on , sont une production
romantique ! Nous y consentons volontiers ; mais c'est
assurément aussi l'hommage le plus éclatant, le plus
solennel , qui jamais ait été rendu h l'antiquité*
Etudions les langues anciennes , Messieurs , surtout
les idiomes d'Athènes et de Rome. Ces deux grands
fleuves coulent encore ; il y a toujours de l'or dans leurs
ondes , il ne tient qu'à nous d'y puiser. N'oublions pas ,
et c'est un de leurs plus beaux titres à notre gratitude ,
n'oublions pas que de ces deux idiomes naquit en partie
cette langue française , héritière des attraits maternels ,
riche de mille autres charmes encore , digne en un mot
de tout l'amour que nous portons à sa beauté.
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(9)
Plus que î«mais , BfessieurSf les temps sont favorables
nx Sdencres ^ aux Lettres et aux Arts. Ils reçoivent du
foi de Fr^Qce de salutaires encouragements et de nobles
(Mreurs. Cette Académie , dont Je m'honore en ce mo-
ment d^être ToTgsuie , est heureuse et fière de pouvoir
cnpoTliU' personnellement témoi^^iage. Que Charles X^
ffà vient de la remettre en possession légale de ses
bona^irs et de ses droits, partage donc à l'avenir ,
avec son aSèul notre fondateur i le tribut de reconnais-
sauce ^ue nous impose aujourd'hui sa royale protection,
Phis que famais aussi les esprits paraissent diqiosés
irétode.Lebon sens de la génération présente a reconnu
que le dix-huitième siècle , encore bien que nous lui
devions des dhefs-d'onivres , avait quelquefois détourné
les Lettres de leur destination naturelle , du ndble but
^'elles doivent atteindre. Elle ne veut point , la gêné-*
ration {«ésente , de cette philosophie étroite et pourtant,
prétentiense qui ne voyait que la mi^re et ne conduis
sait qn^au néant , qui érigeait Tëgoïsme en doctrine et
repoussait la doctrine du devoir , qui dessécha&t le
cflBor de lliomme et dégradait sa nature. Elle renonce
à ces productions futiles nées de Toisiveté pour le dé^
laasement des oisifs ; elle désavoue surtout , elle répudie
la licence littà^aire du dernier siècle. Ce qu'elle veut
qu'cm lui enseigne , c'est le bon , l'honnête et l'utile. Il
est, pour la vertu elle*méme , des préceptes dont le
iév^koppetn^i appartient h la littérature. La parole est
a roreiOe ce que la lumière est aux yeux ; et , par un
retour qu^on ne saurait assez admirer , la vertu est quel-
queins aussi le plus puissant auxiliaire de la parole^
VoQs Tons souvenez tous que le sénat de Lacédémone «
trouvant bonne l'opinion d'un homme de mauvaises
Bftors , s'en empara , mais en la faisant proposer au
peuple par un sage. Quoi qu'il en soit , aujourd'hui «
Hmtfurs 9 la littérature ne prodiguerait point ses
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(lo)
charmes 2i l^immoralitë : elle a fait alliance d<5finitive
^vec la sagesse. Elle ne veut plus que de chastes embras-
-sements. Quelque téméraire pourrait encore Tinsulter
^ans doute ; mais un larcin commis n^est point une
faveur obtenue , et elle en rougirait la première , comme
4ine vierge pure dont on aurait outragé la pudeur.
Le plus bel ornement de la littérature nouvelle ,
Messieurs , sera le voile même dont elle a paré ses at-
traits. Du reste , nous aimons à la trouver ce qu'elle
•fut aux époques mémorables de sa gloire. Son front
«st toujours le si^e de la jeunesse éternelle. Comme le
»Dieu dont elle est la fille , elle a des accents prophé-
tiques et rend en tous lieux ses oracles. Elle porte un
flambeau qui éclaire ^ et projette au loin des rayons
iqui fécondent , une lyre pour charmer les sens et ravir
les esprits , un arc et des flèches , quVlle consacre à la
défiense de tout ce qu'il y a de bon , de noUe et de
fénéreux parmi les hommes.
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CLASSE
DES SCIENCES ET ARTS.
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( 13)
CLASSE
DES SCIENCES ET AET&
RAPPORT
Fàrr par M. Cazâlis , Secrétaire perpétuel de la Classe
des Sdenees.
Hessieubs^
Eo me voyant assis 2i ce bureau^y chacun de vou»
B^éUmae , sans doute , de ne plus y voir un homme
aussi conna' de vous connue savant distingué que
comme habile écrivain. Lorsque je vais prendre la parole
pour vous rendre compte des travaux de 'F Académie
rojale , vous vous deihandez tous ce qui vous prive"
d'entendre une voix que , depuis ptasienrs années , vou»^
Aies accoutoinés h écouter avec un si vif intérêt* Yous
Kgretteres donc , Messieurs , comme nous tous\ que
ia santé de M. Marquis ne lui ait pas permis de coliti--
Oier des fonctions qu'il a toujours* remplies avec tant
de talent. Désigné par le choix de rAcadâniê |)our
k TOBplacser ^ je sena. tout le poids dé -la tftche qui m'est
C(mfi€e; benreiisr si les travaux de mes confrères ne
perdent pas trop en passant' par ma bouche , et si
cette anâljse , nécessairement ttès^uccincte, peut vous
vne îuste idée de leur mérite !
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( 4)
Mathématiques et Phtsique.
ex M. Vr»figny a lu une Notice sur la dilatation de la
/pfrrt'f» Frrt[)|)i* de rincortitude que présentent les me-
ikurvà doniit^'A jusqu^ici relativement b la dilatation de
la pirrrr , vi Ao ruHUté dont la détermination de cet
i^lt^iMMil ftoralt pour les architectes , notre confrère a
Inuif^iiif^ f pour arriver à cette détermination , un ap-
pnroll iiigt^nirux ti^s-scnsible : on peut , par son moyen ,
tiliiK'rvor h VmW nu des variations de longueur de ^ de
inllllmi^hv». Auwi peut-on croire que les résultats que
IVl« hofiUguy a obtenus sont d'une grande exactitude,
t^\ qu*iU pou\ml *Hrt* omplo>ifs avec confiance.
O^^pi^"^» It** o\|M*rionct>s déjJi failes, la dilatation de U
plon^ de \ oriHui $erail environ le tiers de celle du fer »
t^l U iiiUlAtiou ilo la pierre de S.-Leu en serait presque
U moiUt* i^ îtî ^ M» IW*tii;uy se propose de Goatmoer
m^ r«'^')^«^«'t'h<s& Mr d'aulnes «espèces de piemes.
« M. TabW (hi.<<*^ iKms a ocimmanigiié «a travail
iVmKl^ ^U^^ WH)Uirl il $^^nK^t ^ aae cxitH^e rtraaie et
^^^v^\ ^<^H^<H>ie Kh«$ W^s et.irt:^^ aî:rib>jê& cmfc«»rinertt ^
t\^uW^'<i%\V\W' U Im««<^ U (vartJuy ors «âHj>«tt«k«& ciaste^z
|s^^v aH%^ ^U'>^ ii^n;-Ny^«»c:^ ; ^«a» ia «rcMiAe se m^^eaa
iiWW^ >:<« W i^VvK^sftftogw^ À var»t* ^» se
f^M^vv vv ^ im^^ V< ^aall^ ^àeti^ Jf«i|^ <Ârij
^ >»«4^^>. ^*vii^^ 4iiA^ ^^pae ^^^^urn^v x.auau: ;
#«*\ )vu<jBia^> 4 tet«a 4iLi^ ^£ iiesait À su
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(i5)
({ai nous porte sans cesse i trouver une cause h un effet
observé, ce préjugé perd de jour en jour de son autorité.
A mesure que la vérité fait des progrès , le domaine
de la lune se rétrécît.
s Nous devons encore h M. Tabbé Gossier une Notice
ar lia méridien à style mobile , d^une nouvelle invention.
= Organe d^une commission , M. Léoy nous a rendu
compte d^un Mémoire sur le phénomène de la yision , que
H. Vingbinier avait adressé à TAcadémie.
L^anteur de ce Mémoire a eu pour objet de prouver ,
par des faits, qne Ton doit regarder comme impossibles
rallongement et le raccourcissement de Tceil , à l'aide
desqueb on a quelquefois voulu expliquer la faculté
âoanante dont jouit YaàX humain d'apercevoir les
objets distinctement à des distances très-diverses. Ce
Mémoire , disent les conclusions du rapport , annonce
^ son auteur un homme instruit , laborieux et bon
obsen^ur.
= M. Pugh a adressé à l'Académie un Mémoire ma-
nant , dans lequel il s'est proposé de déterminer d'où
provient la grande quantité de chaleur qui se développe
lorsque Ton verse de Teau sur la chaux vive. M. Cazalis
tt>Qs a Eût connaître ce travail par un rapport verbal.
= M. Meaume a lu un rapport fort avantageux sur
>D Recueil de machines de M. Antide Janvier , bor-
ner du Roi , et correspondant de l'Académie.
^ Nous avons reçu de M. Morin le second numéro
^ u Correspondance météorologique ; et de M. Tarbé des
Sablons, correspondant , un Ouvrage ayant pour titre :
ih—e/ des poids , des monnaies et du calcul décimal.
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( 4)
Mathématiques et Physique.
= M. DesHgny a lu une Notice sur la dilatation de la
pierre. Frappé de rincertitude que présentent les me-
sures données jusqu'ici relativement b la dilatation de
la pierre , et de Tutilité dont la détermination de cet
élément serait pour les architectes , notre confrère a
imaginé , pour arriver à cette détermination , un ap-
pareil ingénieux très-sensible : on peut , par son moyen ,
observer à Tœil nu des variations de longueur de -^ de
millimètres. Aussi peut-on croire que les résultats que
M. Destigny a obtenus sont d'une grande ex^^titudc; ,
et qu'ils peuvent être employés avec confiance.
D'après les expériences déjà faites, la dilatation de la
pierre de Vernon serait environ le tiers de celle du fer ^
et la dilatation de la pierre de S.-Leu en serait presque
la moitié ( jff ). M. Destigny se propose de continuer
ses recherches sur d'autre^ espèces de pierres,
=; M. l'abbé Gossier nous a communiqué .iin travail
étendu, dans lequel il soumet b une criti^que savante et,
consciencieuse tous les effe^ attribués pomm^nément à;
l'influence de la lune. Il partage ces effets endeux classes^
la première comprend les effets réguliers, constants et,
pour ainsi dire uniformes ; daqs la seconde se rangent
les effets irr^;uliers de leur nature. L'influence de 1a.
lune sur les phénomènes A variés qui se passent au.
sein de notre atmosphère ont principaleqoKent occupé
M. l'abbé Gossier, et son travail est bien fait pour
renverser cette opinion encore si géoér^lenienirépan**
due que les changements de temps sont i^Ms par les^
phases de la lune. Né dan^ des temps d'jigaoranca et.,
4e superstition , alors que la science n'avait pas appris^.
aux hommes à bien diriger ce besoin de notre esprit «
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( i5 )
qoî nous porte sans cesse h trouver une cause II un effet
observé , ce préjugé perd de jour en jour de son autorité.
\ mesure que la vérité fait des progrès, le domaine
de la lune se rétrécit .
= Nous devons encore h M. Tabbé Gossier une N(^e
m un méridien à style mobile , d'une nouvelle invention.
= Organe d^une commission, M. JL^oynousa rendu
cmnpte d^un Mémoire sur le phénomène de la vision , que
M. Vingtrinier avait adressé à TAcadémie.
L'auteur de ce Mémoire a eu pour objet de prouver ,
par desfaiU, que l'on doit regarder comme impossibles
rallongement et le raccourcissement de Tceil , à l'aide
desquels cm a quelquefois voulu expliquer la faculté
étonnante dont jouit Toril humain d'apercevoir les
objets distinctement à des distances très^verses. Ce
Mémoire , disent les conclusions du rapport , annonce
dans son auteur un homme instruit , laborieux et bon
observateur.
= M. Pugh a adressé à l'Académie un Mémoire ma-
nuscrit , dans lequel il s'est proposé de déterminer d'où
provient la grande quantité de chaleur qui se développe
lorsque Ton verse de l'eau sur la chaux vive. M. Cazalis
nous a fait connaître ce travail par un rapport verbal.
=: M. Meaume a lu un rapport fort avantageux sur
en Recueil de machines de M. Antîde Janvier , hor-
Vijer du Roi , et correspondant de l'Académie.
s Nous avons reçu de M. Morin le second numéro
de sa Correspondance météorologique ; et de M. Tarbé des
Sabkms , correspondant , un Ouvrage ayant pour titre :
Mamcl des poids , des monnaies et du calcul décimal
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( «6>
CaiâiiE.
s M. Monn et M. le docteur Prévost ^ oot^ Tun et
et i^autre , communiqué à 1^ Académie une Note sur la
question de savoir si Ton doit donner i la combi-
naison de Tammoniaque et de Pbuile d'olive le nom
de savon ou celui de savonule.
ss M. Frospor Pimont a soumis ii Texamen de TAca-
dëmie une pièce de foulards , façon des Indes , fabri-
quée dans ses ateliers* Une commission a étë nommée
pour £ûre cet examen. Organe de cette commission ,
M. Duhuc nous a rendu compte des épreuves auxquelles
ont été soumis les foulards de M. Pimont , pour s'assurer »
•oit de la bonté du tissu y soit de la solidité des couleurs.
Il résulte de ces épreuves que ces couleurs résistent ,
i« à Faction prolongée de Peau firoide ; a^ à Taction
prolongée du vinaigre aqueux ; 3* à Taction de l'eau de
savon ; et ce qui est une des preuves les plus concluantes
en faveur de la solidité des couleurs, elles ont résisté à
une exposition au grand air prolongée pendant plus
de quarante jours.
Les autres résultats annoncés dans le rapport de
M. Dubuc ne sont pas moins en faveur des foulards
de M. Pimont. Enfin les documents obtenus sur l'user
et le prix marchand de ces foulards ont aussi été
très-satisfaisants.
=: M. Dubuc a communiqué à l'Académie un travail
intéressant sur les Moyens d*éprower ks vinaigres et ht
eaDuxnâe-vie du commerce.
Ayant eu plusieurs fois occasion de constater les
falsifications que la fraude fait éprouver ^ dans un inté-
rêt mercantile , aux fluides végétaux les plus ordinaire-
ment employés aux usages de la vie , M. Dubuc a cm
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(«7)
rendre un service au commerce et aux arts industriels
tu offrant des procédés simples , à la portée de tout le
moade , et cependant trcs-sûrs pour reconnaître la pu-
reté et Tinnocuîté de ces fluides.
= Le même membre nous a fait connaître par un
Tipport détaillé un Mémoire fort important de M. Grer-
main, correspondant, sur la couleur rouge que prennent
les tests d'écre visses par la cuisson.
Par une nombreuse série d^expériences y M. Grermain
établit que M. Lassaigne s'est trompé en disant que la
coulear rouge que prennent les écrevisses par la cuissoQ
dans Teau , était due à un principe colorant que recèle
one membrane adhérente intâieurement au test des
cmstacées. Cette couleur existe toute formée dans le test
hn-méme. Suivant Tauteur du Mémoire, le test serait
bnné de trois couches bien distinctes : la première ,
oa extérieure , est très-mince et composée d'une subs-
tance calcaire , sur laquelle est appliquée , ou à laquelle
est intimement liée une couleur vert-olive , plus ou
mcmu foncée ; la seconde , ou intermédiaire , très-mine^
aussi , adhérent très-4brtement à la première , est formée
de b partie organique du test , et recèle en totalité la
coolenr ronge , dont la cuisson , ou Faction de diff^
renis agents peut .développer la manifestation ; et enfin
la troisième , ou intérieure , beaucoup plus épaisse à
elle seule que les deux autres ensemble , n'est composée
^ae de carbonate de chaux incolore.
M. Germain ne dit rien sur la nature de la couleur
rongç des écrevisses ; il s'en rapporte à cet égard au
travail de M. Lassaigne.
Les recherches de notre correspondant ne lui ont rien
ippris sur la nature de la couleur olive , et sur ce
fiVUe devient lorsque la couleur rouge a éternise à nu
^l'action des agents convenables.
3
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( i8)
Médecine.
s M. des AUeurs nous a communique des Observa-
lions intéressantes sur le rhumatisme , Tune des affections
les plus doulotu'euses qui puissent altérer la santé.
Sans entrer dans une définition du rhumatisme , qui
serait inutile puisque cette affection est bien connue des
médecins , M. des Alleurs établit qu'on doit la consi-*
dérer comme une affection distincte et sui generis. II
cite à Tappui de ^son opinion plusieurs observations
qui lui sont propres , et dans lesquelles ce mode de
traitement a été couronné du plus entier succès. Mais
inexpérience et l'observation ont démontré que dans
certaines affections ainsi déterminées , quelques médi-
caments avaient une vertu , sinon spécifique , du moins
spéciale. De cette espèce sont le soufre dans les mala-
dies dartrenses , le quinquina dans les fièvres inter-
mittentes , etc. , etc. ; et Fauteur croit qu'on peut ajouter
& cette liste , sans crainte de se tromper , Topium dans
les affections rhumatismales , chroniques ou aiguës.
= Une Thèse et une Observation manuscrite sur un
cas rare de déviation des menstrues y adressés à TAca-
déraie par M. Bonfils fils aîné , docteur-médecin à
Nancy, ont été Tobjet de rapports favorables de la part de
•M. des Alleurs, L'Académie a ordonné l'impression dans le
Précis de ses travaux d'un extrait de l'Observation de
M. Bonfils et du rapport auquel elle a donné lieu.
s= Le même membre nous a fait connaître par deux
autres rapports une Thèse latine de M. Cottereau , et trois
brochures de M. Virey.
= M, Vîngtritder a adressé à l'Académie deux Obser-
vations sur l'efficacité de Témétique à hautes doses dans
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( »9 )
Vs inflammations pulmonaires. Au nom d^une com-
mission nommée pour examiner ce travail , M. des
AUeun vous en a rendu un compte avantageux. Les
Observations de M. Vinglrinîer ont le mérite d^ajouter
aux lumières dont le talent pourra profiter , sur la mé-
thode d'employer le tartre stibié.
= Un Mémoire de M. Jnlia-Fontenelle , Tun de
nos correspondants j sur les combustions humaines spon-
tanées , a aussi été Tobjet d'un rapport de M. des ÀUeurs.
La première question que s'est proposée l'auteur da
Mémoire a été celle-ci : existe-t-îl réellement des com-
bustions humaines spontanées ? La réponse affirmative
a cette question est appuyée sur quinze observations
bien constatées.
Dans la seconde partie de son Mémoire , M. Jnli»
discute les théories à l'aide desquelles on a cherché h
expliquer ta combustion en elle-même : l'explication
proposée par M. Berzélius hii paraît être le plus en
rapport avec l'état actuel de la scfence.
Enfin , dans une troisième partie , l'auteur discute
les opinions émises sur les causes réelles des combustions
humaines spontanées , fait sentir leur peu de fonde-
ment f et propose une explication nouvelle de ce singu-
lier phénomène : selon lui , les combustions humaines
spontanées devraient être considérées comme le résultat
d'une d^énérescence putride y qui , portée à un certaii^
point , permet à la combustion de s'exercer sponta-
D^ent par les causes que M. Berzélius a assignées k
cet acte chimique.
La théorie de M. Julia paratt h M. des Alleurs
phs satisfaisante que celles proposées jusqu'ici ; mais ,
sans la condamner , il la blâme cependant , parce qu'elle
se tient pas compte de l'action vitale qui a lieu ici.
Cest cette action seule qui , selon lui , modifie d'une
a.
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(ao)
manière si notable les phénomènes ordinaires de la
combustion des corps organiques , ce qui doit (aire
sortir ce fait du domaine des lois purement chimiques.
s M. Heliis nous a rendu compte d^un Mémoire de
M. Ladvèze , dans lequel est traitée cette question im-
portante .: £xiste-t-il des maladies dans lesquelles les
propriétés vitales soient lésées seulement , sans altération
des tissus organiques ? Ces maladies peuvent-elles être
reconnues et caractérisées par des caractères positifs , et
démontrées ultérieurement par l'ouverture des cadavres?
M. Ladvèze soutient dans son Mémoire Topinion de
l-ancienne école , mais il paraît à votre rapporteur avoir
trop généralisé son système. Cependant , dit M, Heliis ^
on ne saïu-ait trop louer la méthode , la clarté , rérudi-
lion qui régnent dans ce Mémoire.
= Nous avons encore entendu de M. HeUU , parlant
au nom d'une commission , un rapport sur un nouveau
traitement appliqué aux scrophules , par M. Chaponnier.
= M. Godefroy nous a fait connattre par un rapport
un Mémoire de M. Franck Chaussier^ dans lequel se
trouve établi que le verre pilé porté dans Testomac
n'est pas un poison , et ne peut causer aucun accident.
Les faits rapportés par l'auteur sont précieux i et les
conclusions qu'ib amènent doivent faire autorité dans U
Médecine légale.
=: M. Blanche a (ait un rapport sur une Observation
curieuse adressée à l'Académie par M. Bonfils , docteur-
médecin à Nancy. Cette observation porte sur une ma-
ladie grave de I humérus guérie par l'amputation du
bras dans son articulation avec l'épaule , et suivie plus
tard d'une maladie de poitrine à laquelle succomba
le malade.
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(ai )
c Admis h siëger dans le sein de l^Acadëmie , M.
VagfrînUr a fait son entrée par un discours de ré-
ception dans lequel il traite une question d^un haut
intérêt social , et sur laquelle se sont portées depuis
quelque temps les méditations des légistes et des phi-
losophes : il s^agit de la réforme de nos lois pénales.
CeUe réforme , déjà commencée en partie , tout en lais-
saat encore beaucoup à désirer , montre , par les heu-
reux résultats qui ont suivi les premiers essais , toute
futilité que Ton doit en attendre.
« Aujourd'hui , dit M, Vingtrinier , punir n'est plus
le seul but que Ton se propose. Plus prévoyante et plus
humaine , la loi nouvelle cherche non-seulement à ob-
tenir la réparation due à ta société par la punition
du coupable , elle s'étudie encore h lui rendre des
membres qui puissent utilement la servir , et , pour y
parvenir f elle veut que l'on s'occupe d'instruire les
prisonniers et de les former au travail. »
C'est principalement dans le régime des prisons que
dleoreuses améliorations ont été introduites ; mais des
râbrmes dans nos lois pénales doivent accompagner ces
iméliorarions , si l'on veut arriver sûrement au but que
Ton se propose.
M. Vingtrinier, parcourant les diverses parties de
aotre législation criminelle , fait ressortir quelques vices
dont cette législation lui paratt encore entachée. La Ion-
S«ur des peines , leur peu de gradation , qui souvent
ks met en désaccord avec la gravité des fautes , la nature
de os mêmes peines dans certains cas , sont , selon lui ^
autant de circonstances qm appellent impérieusement
l'alteadon des l^sUtenrs , «t qui doivent éprouver da
fnHBfên et importantes améliorations..
Ce travail , auquel la position sociale de M. Yingtri*
Bicr hd permettait de donner un haut degré de vérité , %
^ fttfîja avec un vif intérêt par l'Académie,
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{22 )
— Dans sa réponse , M. le président montre la philo-»
Sophie du dix-huitième siècle s^occupant de législation
criminelle , et les philosophes de cette époque parais-
sant , en quelque sorte , s'être concertés pour attaquer
le système péndi alors établi. « La raison du dix-huitième
siècle a obtenu en grande partie ce qu'elle voulait obte-
nir. De nos jours , la morale et l'humanité font aussi
entendre leur langage pour demander de nouvelle?
améliorations. On doit appeler de tous ses vœux une
étude vraiment approfondie de questions si difficiles
et d'un intérêt social si élevé. »
^ M. Dubuc a mis sous les yeux de l'Académie une
concrétion arthritique extraite sur le coude-pied d'un
homme âgé de quatre^vingt ans. Cette concrétion a été
plus de vingt ans pour atteindre sa grosseur , qui est
pissez considérable ; elle se compose de couches concen*
triques assez irrégulières. M. Dubuc se propose de la
soumettre b l'analyse chimique.
Histoire naturelle»
=: M. Du6uc a communiqué à TAcadémie une Note
sur deux œufs bardés , réunis et mis en communication
par un ligament. Ces œufs présentent b la vue des cou-
leurs différentes ; l'un , tout-b-fait blanc à l'intérieur
comme à l'extérieur , paraît renfermer une matière
albumineuse ; l'autre est d'une couleur jaune-cuivré,
= Le même membre nous a lu une Notice sur ie
puceron lanigère. Plus heureux cette fois que dans les
deux circonstances où il a déjà eu à nous entretenir
de cet insecte , M, Dubuc se félicite d'avoir à annoncer
sa disparition de plusieurs de nos contrées. Cet heu-
reux événement lui paraît être attribué à leur extrênoie
multiplication. Il est , en effet, d'observation que là oii ua.
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(^3)
insecte se propage dans une grande proportion, il finit
bientôt par disparaître.
HDubuc a consigné deux autres faits dans sa Notice*
La présence de la carminé dans le puceron lanigère lui
a Eût tenter la culture de cet insecte ; mais jusqu'ici ses
tentatives ont été infructueuses.
Le puceron lanigère , en périssant , laisse aux endroits
où il meurt une couche qui paraît propre à favoriser
la végétation de Tarbre qu'elle recouvre , et à réparer
ainsi le mal produit par Tinsecte vivant.
= M. Le Turquter a rendu compte du Supplément à
la Botanographie Belgique , et aux Flores du nord de la
France^ adressé à 1 Académie par notre correspondant
M. Demazières. Cet ouvrage a obtenu de justes éloges
de M. le rsqpporteur ; en le publiant , M. Demazières a
rendu un important service aux botanographes de la
France septentrionale et de la Belgique,
= Nous devons h M. Aug, Le Prévost un rapport sur
une brochure de M. Benj. Gaillon ayant pour titre ;
Résumé méthodique des class'ificaûons des thalassio^phytes»
Ce mot thiUassio^phytes paraît à M. le rapporteur
ne présenter qu'un démembrement assez artificiel de
la grande famille des algues ; il est d'ailleurs loin de
faire à M. Gaillon un reproche de l'avoir adopté ,
lorsque , appelé fort tard à la composition du diction-
naire dliistoire naturelle de Levrault , il lui offrait une
occasion de déposer dans cet ouvrage le résultat de ses
ioo|iie5 recherches sur la classification des algues ma-
nnes. On doit d'ailleurs espérer le voir bientdt com-
piéter son travail par un mémoire du même genre sur
les ilgatê d eau douce.
le travail de M. Gaillon porte la double empreinte
ii connaissances profondes et d'un excellent esprit.
Hionoear qu'il ^ Ââ^ ^ $on Wtçur rej^ôUit néceMaîre*
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ment sur le pajs qui lui a donné le jour , et sur les
Compagnies savantes qui ont encouragé ses travaux.
= M. VinginnUr a mis sous les yeux de TAcadëmie
un petit poulet monstrueux. 11 a quatre pattes , quatre
ailes et deux anus ; il présente une circonstance tout-b->
fait extraordinaire ; le cœur , qui est simple , est situé
dans Tabdomen.
s M. Aug. Le PreQost a fait hommage ^ TAcadémie
de plusieurs exemplaires d'un Mémoire sur les lichens
caUdéideSm
AOAiCULlUBB ET AeTS INDCSTEIELS.
s Deux ouvrages adressés \ TAcadémie par M. Bur*
ridge , et ayant pour titre , Fun , Perfectionnement dans
Varchiiecture , ou la nécessUé , utUké ei économie d'un bon
système de ventilation dans les édifices ; Tautre , la Qé du
tanneur^ servant ii établir un nouveau système pour le
tannage du cuir, etc. Ces deux ouvrages , dictés par un
désir ardent d'être utile ^ son pays , que n'edraient ni
soins , ni démarches , ni dépenses , ont mérité à leur
auteur , de la part de M. Tabbé Gossier , à Texamen
duquel ces ouvrages avaient été renvoyés , un juste tri-
but d'hommage et d'estime.
s= M. Tabbé Gossier nous a aussi communiqué des
réflexions curieuses sur pluneurs opinions assez généra-
lement accrédUfeées , mak qui ne lui paraissent mille-
ment avoir acquis le degré de certitude qui pourrait les
faire entrer dans le domaine de la science , et qui de-
mandent encore des expériences &ites avec soin et
méthode. Ainsi les bois de charpente sont sujets à des
maladies qui les détrubent plus ou moins promptement,
et plusieurs personnes font dépendre le développement
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(a5)
des causes de destruction de ces bob de la saison à
laquelle ils ont été coupes , d'autres croyent à une in7
floence de la phase lunaire qui a présidé à la coupe.
Par son travail , notre confrère a simplement voulu
appeler Tattention siur ces questions douteuses , et en-
gager les personnes quelles peuvent particulièrement
mtéresser aux recherches et aux expériences qui doivent
les éclairer.
= Le même membre , toujours empressé de recueil-
lir tout ce qui peut être utile h Tindustrie ^ ayant vu
annoncée , dans un numéro du journal d'Agriculture du
rojanme des Pays-Bas , une découverte d'une impor-
tance majeure , a cru devoir appeler sur elle l'attention
de l'Académie. Il s'agit d'un moyen propre à conserver
les bois contre la vermoulure et les attaques des pho^
lades , et à rendre les bois de sapin , de pin , de bou-
leau , etc. f aussi solides que le bois de chêne , et même
supérieurs pour les constructions navales et civiles. Cette
découverte paraît avoir subi l'épreuve de l'expérience ,
et l'An^eterre et la Russie sont annoncées comme ayant
sooscrit des marchés avec son auteur; mais elle est
conservée secrl^te. M. l'abbé Gossier s'est donc proposé
de chercher , dans les principes généralement connus,
dans les £ûts constatés par la science , des indications
propres à diriger dans leurs recherches ceux qui vou-
draient tenter quelques essais sur ce sujet , et il l'a fait
a?ec talent et méthode. .
s H. jffofl&i nous a communiqué des renseignements
fou curieux sur la proportion qui existe à Rouen entre
fe prix du pain et celui du blé.
= M. HkOrel d'Arbood a fait hommage \ l'Académie
it son Dictionnaire de médecine et de chirurgie vétéri-
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(a6)
= L'Académie a reçu des principales Soci^tfe sa-
vantes de la France , telles que celles de l'Eure , d'Indre-
et-Loire , de Tarn-et-Garonne , de Strasbourg , du
Puy , etc. ; des Sociétés d'émulation et d'agriculture de
Kouen .; de la Société centrale d'agriculture de Paris , les
recueils de leurs travaux : elle a entendu avec un vif
intérêt les rapports dans lesquels plusieurs de ses
membres lui ont fait connaître les résultats des efforts
de ces Sociétés pour le progrès des sciences et le per-
fectionnement de l'industrie.
Ici ce termine , Messieurs , le compte que j'avais à
vçus rendre des travaux de l'Académie de Rouen. IL
rempli son but s'il vous a prouvé que , dans son
i , les diverses branches de connaissance» humaines
^ont toujours cultivées avec zèle et succès.
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(*7)
PROGRAMME BES PRIX
qn SBB09T DÉCEBHiS DANS LA SÉANCE PUBUQUB DE 1829,
^Académie rappelle que , dans sa Séance publique
it Tannée dernière , elle a proclamé^ qu^elIe prorogeait
jusqu'au i5 mars i8ag le concours ouvert pour le
prix extraordinaire qu^elle décernera à Tauteur qui lui
aura présenté un travail satisfaisant sur la Statistitfue
mmérahpque du départefneui de la Seme^lnjérieure,
« On devra , dit le Programme , faire connattre les
» difliérenies couches minérales qui constituent le' sol du
> département , indiquer Tordre de superposition de ces
> couches, les décrire séparément ou par groupes, «n
» indiquant les minéraux accidentels et les rentes de
» corps organisés fossiles qu^elles renferment , et faire
» ressortir Tinfluence que la constitution intérieure du
» sol exerce sur sa configuration extérieure , sur la dis*
» tribution et la nature des eaux , sur la végétation en
> général et sur Fagriculture.
» On s^attachera ,^ faire connaître» avee {ffécision^
> les gisements des substances utiles dans les arts que
» renferme ce Département ^ S décrire sommairement
» les établissements qu'ils alimentent comme matières
• premières , et à indiquer ceux qui pourraient encore
• y être introduits avec avantage.
> Le Mémnitt sera accompagné* d'une Carte en r^-
> pOTt exact avec le texte , et d'un nombre de conpes de
* tcrrein suffisant pour la parfaite intelligence du travail.
» il serait bon qu'on indiquât , avec précision , la
« Aauteur au-dessus du niveau de la Mer , des points
' am pr^entent un intérêt quelconque pour la géologie.
a L'Académie désirerait aussi , mais sans en faire une
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(a8)
» condition expresse , qu^on fît connaître les rappro-
Mchements auxquels les observations contenues dans
» le Mémoire pourraient conduire entre les divers ter^
n reins qui se rencontrent dans le Département et ceux
M ' qui ont âé observés et décrits dans d^autres contrées ».
Le prix sera une médaille d'or de la valeur de i5oo fr.,
et sera décernée dans la Séance publique du mois
d'août 1839.
Aucun mémoire sur la question mise au concours
pour le prix ordinaire qui devait être décerné dans cette
Séance , n'a été adressé' h l'Académie ; l'importance ^
Futilité de la question proposée , a cependant engagé
l'Adadémie à continuer cette question au concours.
Elle propose donc , pour sujet d'un prix qui sera dé-
cerné dans la Séance publique de 1839 , la question
suivante :
Indiquer un moyen simple, peu dispendieux, applicable i
tous les fourneaux et aux cheminées de toutes espèces, pour
brûler ou détruire la fianée qui émane de laiourbe , du cbar»
bon de terre ^ et autres combustibles anrtlogi$es*
ht prix sera une MédaiHe d*or de la valeur de 3oo fir.
Chacun des auteurs mettra en tête de son ouvrage
une devise , qui sera répétée sur un billet cacheté où il
fera connaître son nom et sa demeure. Le billet ne sera
ouvert que dans le cas où l'ouvrage aurait obtenu le pnx.
. Les Académiciens résidants sont seuls exclus du
concours*
Les Ouvrages des Concurrents devront être adressés »
francs de pott , à M. Cazalis , Secrétaire perpétuel de
r Académie, pour la Qasse des Sciences , avant le i*' Juin
1839, pour le Prix ordinaire, et avant le i5 Mars 1839 ,
pour le Prix extraordinaire. Ces termes seront de rigueur^
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(»9)
MÉMOIRES
Dorr l'acadbmie a BÈLiBÉKi l'impression £N
CNTIER DANS SES ACTES.
NOTICE
SC& BEUX CEUrS JUMEAUX HAROÉS , ET DE COULEUR
DIFFÉRENTE ^
Pondus par une Poule de deux ans ;
Par M. DoBuc
Messieurs ,
Un étrange phénomène , bien contre nature et peu(^
être sut generis , vient d'avoir lieu en cette ville , le ii
et ce mois, chez M. Gmet, demeurant place Cauchoise.
Une poule de grandeur ordinaire , mais forte et trapue ^
donnant souvent de beaux œufs h deux jaunes avec co-
que , a pondu deux œu& jumeaux hatdés , c'est-b-dire
t9ns écale , et réunis Tun à Fautre par Tune de leurs ex-
li^mités au moyen d'un cordon ou membrane ronde >
Wigue de trois à quatre lignes, sur huit à dix lignes de
ccBtonr.
«Tai cm qu'une pareille production était bien digne ,
▼o SI rareté, d^étre exposée aux regards de TÂcadémie.
•Eb examinant attentivement ces œufs anomales , vous
'^Bttrquerez que « ' comme des frères jumeaux , ils sont
CD communication par une sorte de cordon que je n'ose
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(3o)
appeler ombilical, cordon dont les ramifications sem-
blent s'étendre également aux deux sujets. Ces œufs ju-
meaux, et d'une grosseur un peu inégale, ont encore cela
de singulier , c'est d'offirir à la vue une couleur différente
et bien tranchante.
L'un est tout-à-fait blanc à Textérieur comme dans
son intérieur , et paraît rempli d'une matière albumi-
neuse , ainsi que le cordon de communication dont on
vient de parler.
L'autre , au contraire , est d'une couleur jaune cuivre*
dans son ensemble , et contraste singulièrement par son
aspect avec son congénère.
Cette sorte de monstruosité œuQée , et dont on cher-
cherait probablement en vain d'expliquer la cause ,
n'offre rien d'utile considérée en elle-même. Néanmoins
le naturaliste éprouve toujours, dit Buffon, un sentiment
particulier indéfinissable , mais d'intérêt , à l'aspect des
aberrations dont la nature offre parfois des exemples ,
et les deux œufs jumeaux dont nous donnons ici la des-
cription sont une nouvelle preuve de la vérité de cette
assertion.
J'ai montré ces œufs à M. Flaubert , chirurgien en
chef de THôtel-Dieu de Rouen , h M. Labillardière ^
professeur de chimie , et à bon nombre d'autres savants
distingués , et tous conviennent n'avoir jamais rien vu de
semblable , ni de si singulier que cette production
amorphe.
Dans ces sortes de monstruosités l'opinion de cer*
taines ménagères joue aussi son rôle , quant aux causes
qui les font naître ; c'est ainsi , par exemple , qu'elles
disent que la poule qui a pondu ces œufs jumeaux a
été cocfiée par un corbeau ou par un épervier ; d'autres
pensent que cette poulette a forniqué avec un canard
ou avec un oie , etc. : circonstances qui influent sur le^
œufs pondus par les poules infidèles aux vrais coqs«
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(3i )
Hâs Vopînion la plus accréditée est que les ùBufs
«n qaeslîon proviennent d^ln coq aux œufs (i) et de
U poiAe ^ dont raccouplement produit plus d^un genre
à'mGmaUes parmi les gallînacées.
Nous livrons ces conjectures ^ TAcadëmie pour ce
qn^elles valent , étant bien convaincu que tout rentre
dans le chapitre des hypothèses quand on veut expli-
quer les phénomènes ou plutôt les causes qui produisent
les monstruosités animales et végétales.
Mais, en définitif, il reste constant que Forganisa-
tion singulière de ces deux œufs peut être rangée
dans U classe des choses rares dans la nature , et
qui contraste d'une manière bien étrange avec Fœuf
ordinaire de la poule.
On prétend aussi quHl n^y a que les poules malades ou
trop nourries qui donnent des œufs hordes ou sans
coqae ; mais la poule aux deux œufs jumeaux n'est ni
bien nourrie ni malade , et vit de ce qu'elle trouve dans
U rae avec les autres poules de M. Gruet ; je J^ai
vue avant-hier , et elle continue , comme d'usage , à
pondre un bel œuf à écàle tous les deux jours.
Enfin on a vu un œuf dans un œuf , ovum in oqo ;
mais rien que je sache n'a été publié par les naturalistes
concernant deux ceufs bardés réunis par une sorte de
cordon ombilical , dont Tun est blanc et Tautre d*un
jaune cuivré , teb que ceux qui font Tobjet de cette
totice.
Messieurs , dans le Précis analytique de vos travaux ,
(0 Bon nombre de personnes en Normandie croient encore que
«rta« cofs , snrtoat les blancs on tachetés de blanc , sont berma-
rMtteSy et pondent parfois des orafs sans jaune, et que les ponlet
<*ckécs par enz «ont anjettes à prodnire des oeufs balés et sonrent
ifldOMs; ffffu ici toat est encora assertion , car rien da positif n*est
JMiTi à cet égard.
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(3i )
année 182a, on voit une belle description (avec planche )
du végétal roi des forêts , je veux dire le chêne gëant
d^Allouville , gëant , non par sa grande élévation , mais
bien , comme le dit notre savant confrère M. Marquis ,
par sa longévité , et encore plus par son énorme contour
ou grosseur.
Dans le Précis de i8a5 se trouve aussi une curieuse
notice de M. des Alleurs ( avec gravure de Tobjet ) ,
sur un chat amorphe à deux têtes.
Peut-être jugerez-vous convenable d'ordoùner égale-
ment Timpression de cette courte notice dans le pro-
chain recueil de vos travaux, vu la rareté de Tobjet
qui en est le motif.
Si 1^ Académie en jugeait ainsi, je lui proposerais
alors de faire faire , par notre confrère M. Langlois ,
une estampe figurative de ces œu& amorphes , avec leurs
couleurs , et tels que je viens de les exposer à ses regards.
Ce dessin ajouté à la notice en ferait mieux ressortir
la narration et Tintérêt (i)
En définitif , quelque soit votre opinion sur cette
étonnante production, toujours est-il certain qu^elle
peut être rangée au nombre de ces anomalies rares
dans Tespèce , et offrir un sujet nouveau de méditation
pour les naturalistes, et en général pour les savants.
Rouen , le 18 avril 1828.
(1) Voir U Utognphie cî-joînUy où sont destînés les deux Qtn£ê
umosfhtê I tel* qtt*iU ont été «xposét «nx rtgtrdt à% TAcadéaie.
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(33)
RAPPORT
SUR USE OfiSEaVATION MANUSCRITE ^
•
Eafimyée à rAcéÊdémie par OL BoNFlLS^ ataé, Dr-M.
^ Nstècy y corre^ondant.
MsasiEmis,
Vous m^avez char^ de vous rendre compte d'une
observation manuscrite qui vous a été adressée psff*
M. Bonfib fils atoé, dooteur-mëdecin à Nancy, notre
coirespondant : je m'acquitte de ce devoir avec empres-
seanent et sairtout avec plaisir»
M. Bonfik, pénétré de cette idée que nous avons
noos-mfime émise dans cfiite enceinte , qu'il est toujours
ntile de puhlier les cas eiKtraordinaires qin se présentent
dans la pratique , vous a adressé une observation , qui
sans être unique dans les iastes de Part , n'en est pas
moins curieuse et digne d'être méditée par tous les
médecins observateurs.
n s'agit d'un cas rare de démtion^ des «kenslrues.
Une fiUe Yincent , âgée jde vingtr^^uK ans^ admiie
% la maison de secours de Nancy :pout une onaladie
■philitîque , est le sujet de cette observation. Cette
Be, d'un tem3>éramentjaenreux., Jiystéâqne , fitt pubère
^r%e de neuf ans. Les flux sanguins .périodiques
âneot cfaec elle asaes abondants ; mais il aitrivait sour
fotf que y par la phis légère .cause., surtout morale ,|
/(âioii/eaiefit siormal se supptîsnaît et était aussitôt
nmnlêcé par un écoulement séro-sanguioQlent qui se
/
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(34)
faisait par le mamelon et Taisselle gauches. Cet écoule-
ment métastatique cprrespondait , par sa durëe , à celle
4e la période menstruelle habituelle qui était de huit
jours environ.
La fille Vincent sVtait présentée à Thôpital enceinte
de cinq mois ; elle déclara que la menstruation avait
continué r^ulièrement pendant toute la grossesse , ainsi
que Técoulement par le sein et par Faisselle. L'accou-
chement se fit à sept mois , et ne fut point accompagné
d^accidents notables. La malade sortit de Thôpital pour
y rentrer deux mois après , atteinte d'une nouvelle ma-
ladie vénérienne. L'écoulement menstruel se faisait en-
core par les parties ^indiquées ci-dessus y et voici la
marche du phénomène , telle que M. Bonfils la décrit :
« Pendant tout le temps de l'écoulement , la malade
est obligée de garnir de linge Taisselle et le mamelon
surtout ; si Ton essuie les parties avec un linge sec et
que Ton attende quelques secondes , on voit bientôt la
peau , qui n'ofire aucun changement de couleur , se
couvrir , dans Tétendue d'une pièce de cinq francs ,
d'une multitude de gouttelettes de sang infiniment
petites, qui grdssissent à vue d'œil, et, se réunissant
enfin, forment, dans l'espace de quatre à cinq minutes,
deux ou trois grosses gouttes , qui se confondent et
coulent en nappe. Tous ces accidents ne forcent pas la
malade h s'aliter ; elle a bon appétit et dort bien ; son
pouls est petit , serré , mais r^ulier : toutes les autres
fonctions s'exécutent parfaitement. »
Mais , Messieurs , cette déviation continua et devint
tellement persistante que des accidents génâ*aux , suite
naturelle des pertes de sang trop considérables , se ma<-
iiifestèrent. Dès-lors la déviation se fit par d'autres
parties , soit alternativement , soit simultanément avec
celle par le mamelon et par Tais^elle. C'est ainsi qu'un
flux sanguin eut lieu premièrement par le flanc gauche ,
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(35)
awnte par les reins , ensuite par la r^on tfpigastriqiiet
puis par Tépaule , etc.
Un r^pme tonique , des applications de ventouses aux
abes et à la partie interne des cuisses , etc. , 6rent cëder
ks (Aénom^es généraux ; la malade , lors de la mens*
mtion suivante , n^éprouva plus de symptômes graves ^
sais récoolemenl anormal primitif a continué , et conti*
mera sans doute tout le temps que durera chez cette
femme l'écoulement périodique..
M. Bonfils rapporte succinctement, en là rappro*
dnnt de celle-ci, une autre observatioa d'une demoi-^
telle qui (ut atteinte d'une déviation, sinon semblable t'
do moins identique. Chez celle-ci , . les premières érup-
tiaos menstruelles disparurent au bout de trois mois^
et furent remplacées par une leiAConiiée abondante.
Les gangHcms lymphatiques du col s'engorgèrent , s'en-^
flammèrent et suppurèrent, et il y eut aménorrhée
complète pendant huit ans. La maUck fut atteinte alors
4'mie intermittente tierce qui guérit à l'aide du quin-*
^BÎaa ; et tout-^*-coup , b des Coques mensuellta
péiodiques, il se mamfesta h l'index de la main
gaodie un gonflement œdémateux, qui prit bientôt
^irès Tapparence d'une dartre Vive^ et il se £t par
cette plaie un écoulement de sang qui durait diaque
(ns trois à quatre jours. Cette déviation persista pen*
faut plus de trob aos^; mais enfin des voyages d'agré«
sent, l'usage des eaux minérales martiales , etc. ^
(«dirent i l'utérus ses fonctions , et . les acâdents-
«âastatiques disparurent complètement.
H. Bonfils , dans une note , cite des auteurs recomt-
mjodables qui ont rapporté des observations analogues.
Noos pourrions nous-méme en présenter de semblables,.
^ aoos avons eu L'occasion de vous parler d^une dé«
5.
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(36)
viation pareille qui se faisait p» la pommette, chez
une jciine femme des environs de Rooen; nous en
connaissons encore nue, en ce moment, qui a lieu
par la lèvre inftrieiire, dtez mie demoiselle de cette
villo. A chaqoe ëpoque menstruelle il s'ëfeablil it la
lèvre inférieure un gros bouton qui donne une q«a»*
tîté de sang notable, à deux on trois reprises diflë-
rentes, pendant Fespace de quatre jours. Tout rentre
ensuite dans Tordre jusqu^à IVpoque savante.
Ce que le médecin observaieur doit remarquer ici,
Messieurs, diaprés la juAcicnse rfflexion de noire cor-
respondant, c'est que cette déviation ait lieu sans
altération consécutive et nécessaire dans la santé g6>
nérde , puisque Texcès seul de Téceulement a prodoit
chez la fille Vincent des accidents qui am'aieiit été
de même la suite de la fimction exercée d'one maniète
normale, mais avec excès. C'est un avertissement pour
le médecin praticien de ne pas toufoors considérer
isolément, et comme un accident pathcdogiqoe, oerlasns
phénomènes fonctionnels simplement déplacés. J^ai
communiqué a la Société de Médecine de Rouen,
dans une de ses dernières réunions, qvdques obser-
vations, parmi lesquelles s'en trouve une qoi a quel-
ques rapports avec ceUe de M. Bonfils, et qui confirme
les principes que je rappelle ici : il j est question d'une
tumeur sjmptomatique h la main , dteiL la fille d'un
boucher de cette' ville , âgée de seize ans , et qui au-
rait pu , au premier abord, simuler une pnstule ma«-
ligne , tandis que ^e n'était, en réalité, qu'une métastase
humorale dont la première éruption menstruelle fiit
la crise.
L'esprit d'observation hrppoeratique dondne dans le
travail de notre confrère de Nancy. Notts ne pompons
que souhaiter qu'il continue à suivre la mêaate row
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(37)
et a nous communiquer ses travaux. Nous sommes ar-
rivés k une époque où les médecins hippocratiques doi-
veoc serrer leurs rangs , surtout dans un instant où des
iotrigoes oi^anisées de longue main s'eflforcent de faire
fivrer, dans de grands hôpitaux , le service médical ii
des hommes pour lesquels la médecine proprement dite
n'edste pas ; céder à ces prétentions serait un scandale
hien grand et un plus grand malheur encore ; je ne crains
pas de le proclamer , si Ton osait dire que c'est une
exigence du siècle, nous répondrions quVn lui cé-
dant il serait plus que satisfait; Tanarchie médicale
le dépasserait.
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(39)
RAPPORT
fm h V Académie royale de Rouen , dans sa Séance du i4
Décembre 1827 ,
XK LA TAXE DU PAIN ET L*ÉTAT BE LA BOULANGERIE
A EOUENy
Par M. A. G. Biuxm.
MEssmnas,
Je vais avoir ITioimeur de vous commnnîquer les
wnse^cmenu que j'ai recueillis pour répondre à la
qwstion qui nous a été adressée par M. le secrétaire
* la Société d'agriculture , sciences , arts et commerce
Ai Pay, sur la proportion qui existe à Rouen entre le
prix du pain et celui du blé.
Cette question étant d'un grand intérêt, puisqu'il
«Vde notre principal aliment , j'ai pensé qu'il pour-
rait vous être agréable que je la traitasse d'une manière
w» peu plus étendue que ne le demande notre corres-
pondant
On sait que dans les pays oîi il règne une certaine
•«nce , comme dans ce département , et surtout dans
k» villes, le froment est presque la seule espèce dp
Pm qu'on emploie à faire du pain ; aussi m'en oc-
^■pwai-je exclusivement,
I^tpuis long-temps des expériences sont faites chaque
*noée, par ordre du gouveraement , dans les principales
^5 du royaume , pour consUter le poids légal des
^^•^^ ; il en résulte , en ce qui concerne ce dépar-
^'^ent, que l'hectolitre de froment pèse , terme moyen,
74 kilogrammes , lesquels produisent environ 54 kilo*
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(4o)
grammes de farine de première qualité , dont on &it
67 kilogrammes de pain. Un sac de farine pèse ordi-
nairement, déduction faite du sac, 157 kilogrammes,
qui donnent ig6 kilogrammes de pain.
Le prix du blé a dû servir autrefois , et sert même
encore , dans plusieurs localités , de base au prix du
pain; mais on doit t:oncevoir que le commerce des
farines ayant pris une grande extension , et les bou-
langers ne faisant plus guère moudre pour leur compte ,
il vaut mieux taxer le prix du pain diaprés celui de la
£mne ; aussi est-ce la méthode suivie par la mairie de
Rouen. Elle est d'autant plus convenable que d'un
côté c'est la farine qui est employée immédiatement
à la panification , et que de l'autre son prix û^est pas
toujours dans une proportion exacte avec celui du blé,
soit qu'il rende plus ou moins , selon sa qualité , soit
que l'activité dans la mouture amène , à certaines épo-
ques , dans le prix de la £mne , une baisse avantageuse
au consommateur.
Cela posé, il est d'usage de taxer le pain 2i Rouen
de manière à ce qu'il revienne au boulanger 5 cent,
par kilogramme de plus qu'il ne lui coûte en farine ,
ce qui , pour un quintal métrique de pain , fait 5 firancs ,
sur lesquels il faut prélever ses frab , dont voici le dé-
tail approximatif:
i** Chauffage (i), 6 fagots ^ ai centimes, i f. a6 c*
a» Loyer de maison, entretien du four,
salaires des garçons , etc. • • • a
ToUl 3 f. a6 c
Ainsi le bénéfice net se trouve réduit à
environ i ji
(1) Le fagot employé génénleinentparU boolangerir de Rooen est ât
bois de bouleao; il a 17 à 18 poocte de tour «t 14 p«ac<* d« loup Lt
ctatt coûte de ao fr. 5o c. 4 ai f» 5o c f rendu ches le boaUii|er.
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(4I)
Uest à remarquer que ce prix ne se rapporte qu'au
pain oïdiDaire, ou pain bourgeois, qui est d^une très-bonne
(pilitëen cette ville ; on y fait aussi du pain inférieur,
^ est taxé à 8 c. de moins par kilogramme , et du pain
à bae , qui est taxé à 5 c. de plus , et sur lequel
les boulangers ont encore l'avantage d'une tolérance
it poids , c'est-à-dire que les pains d^une livre ne
pèsent que i4 onces , d'une demi-livre , tout au plus
yooces, et d'un quarteron, environ 3 onces. Il est k
remarquer toutefois que ce pain coûte plus cher de ma-
ootention et se fait au levain de bière , tandis que U
pain bourgeois se fait au levain naturel.
Voici au surplus un extrait du tarif qui sert à dé-
lenniiier la taxe du pain à Rouen :
FAaiKE.
PAIN.
TAXE
1
Piix
Prix
J>V KIL06. OS PAIN. H
<iacdci57kilo(.,
proportionnel da
^ ' ■■■ ^Si>-,
^■1 A
WulionCùt.
kilof. , sans les frais
ier«
Unt.
de manatention.
quadité.
a«.
3«.
3of.
i5 c.
a5 c.
ao c.
la c.
5o
a5
35
3o
33
70
35
45
io
33
90
45
55
5o
4a
J'ajoute que Texercice de la profession de boulanger
^assa)étie , à Rouen , par un décret du 17 septembre
iSi3t et une ordonnance de M. le Maire , du 3i mars
'fiiS, \ certaines règles dont la plus intéressante pour le
P^iic, puisqu'elle concerne l'approvisionnement de ta
^ , est l'obligation imposée à chaque boulanger d'a-
^ tottîours ea réserve un nombre de sacs de farine 9
6
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(40
calcule de manière à assurer la subsistance des habî
tants pendant environ un mois.
Ces boulangers sont divisés en trois classes, dont voie
TëUt actuel :
r.rr^<?^-«-
NOMBBE.
APPROVISlONNEMEirr
de réserve pour
OBSERVATIONS.
CHACUN.
TOUS.
1"
2«
3«
rToTAOT.
59-
46
9
84 sacs.
58 id.
3a id.
4g56 sacs.
3668 id.
a88 id.
Cet «oproTisioiine-
^ifié ebaqvc mois par
letMÎiisacl'aotorit^mii.
Un« foaniéc conlîcBt
coTÎroii »oo quintaux
bonlangcrt de i" cUsM
"4
»
79"
A à a, eicmxdc 3« a.
Tels sont, Messieurs, les détails que j'ai cru devoî
VOUS présenter, et dont il suffira, je crois , d'adresser
notre correspondant un extrait que j'ai préparé dans ceti
intention.
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(43)
OBSERVATIONS
Lues à r Académie de Rouen , en décembre 1827 ,
Par M. DU AusuBS.
Messieues,
Bans les dernières sëances qui ont précédé les va-
cances d^aoùt de 1827 , je me rendis plusieurs fois h
TAcadëmie dans Tintention de lui communiquer quel-
ques réflexions, résultats d^expériences sur le rhuma-*
tisme. Des occupations d^urgence ne me permirent pas
d'obtenir la parole , et j*ai dû remettre à cette année
la lecture de ce travail très-court , mais que je re-
garde comme important , parce que c'est le résuma
de beaucoup de faits pratiques.
II s^agit, ai'je dit, du rhumatisme. Cette affection,
Tone des plus douloureuses qui puissent altérer la santé,
a été l'objet des travaux de beaucoup de médecins;
On Fobserve dans tous les pays, mais fréquemmeat
surtout dans certaines parties du midi de la France.
La chaleur du jour, suivie de la frakheur dispropoiv*
tioonée des nuits dans ces contrées , Vy a rendu très-
coomiun , notamment chez les employés des octrois ,
^ douanes , chez les militaires , les étudiants , et en
fénâal chez tous ceux qui sont forcés de veiller la
nuit J'ai eu l'occasion de l'observer bien des fois dans
ies Mpitaux , et chez plusieurs de mes condisciples à
îfoirtpellier.
iVadquant h Rouen depuis huit ans , je l'ai de
ooQveao rencontré firéquemment dans les diverses classes
6,
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(U)
A a ^H^eV, mais plus souvent chez les hommes de
^ . le employés sur notre port ; et j'ai pu , dans nos
V uujit$> constater la réalité des avantages que présente
W traitement que je vais avoir llionneur de vous
exposer.
11 est inutile , Messieurs , de vous définir le rhuma-
tisme ; cette affection est suffisamment connue , et a
d'ailleurs été décrite par tous les nosologistes. U suit
tantôt la marche aiguë , tantôt la marche chronique ;
il s'accompagne de tous les signes de Tinflammation
locale , ou bien se montre avec la seule douleur , sans
rougeur, ni chaleur, ni tumeur apparentes. Quelle que
soit celle de ces formes qu^il affecte , il est essentiel-
lement de nature métastatique , cVst-à-^ire qu'il se
transporte facilement d'une partie dans une autre , des
articulations qu'il occupe le plus souvent aux organes
internes , et réciproquement. Cette propriété a servi de
base au traitement dans bien des cas , et a fait triom-
pher maintes fois la méthode révulsive. Printitif et
essentiel le plus souvent , il est également susceptible
de compliquer les affections goutteuses et siphilitiques.
C^est alors au tact du médecin h distinguer ces diverses
complication^ , et à baser sur la nature essentielle de
la cause les variétés du traitement Tous les médecins
sont d'accord sur ces points; voilà pourquoi je ne fais
que les indiquer.
Mais , Messieurs , ils ne sont pas paiement d'accord
SUIT le traitement du rhumatisme, soit aigu, soit chro-
nique , dépourvu de toute complication spéciale.
L'invasion de la doctrine dite physiologique a voulu
iaire re^rder toutes ces affections comme des phlegma-
eies, soit locales, soit sympathiques de celles des or-
ganes de la digestion. Or , Messieurs , Fexpérience, qui
l'emporte sur les thécMÎes, m'a démontré que, dans l'une
et l'autre hypotlièse, le traitement anti-phlogistique
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(45)
^Uit le plus souvent nuisible , ou insuffisant pour le
moins; c^est même un fait notoire que Tapplication
£recte des sangsues sur les enflures rhumatiques dé-
tennine fréquemment des métastases très-graves, qui
résistent souvent aux révulsifs les plus énergiques , et
peuvent même causer Tapoplexie foudroyante, quand
elles se font sur le cerveau. Je dis le traitement anti-
phlogistique local ; quant au général , il nVst pas un
médecin qui ignore que , dans Tété surtout , les rhu-
matismes ont souvent été guéris par Temploi des
vomitifs et des préparations antimoniales ; cela éloigne
donc ridée d^une inflammation légitime, soit locale,
soit sjrmpathique , et il faut admettre dans le rhuma-
tisme une spécialité identique à celles de la goutte ,
de la siphilis , etc. L'esprit de système s'est long-temps
révolté contre ces données de la médecine hippocra-
tique, mais ses efforts ont été impuissants, et la vérité
a triomphé.
L'expérience et l'observation ont démontré que , dans
certaines affections déterminées et std generis ^ quelques
médicaments avaient une vertu sinon spécifique du
moins spéciale ; de ces espèces sont : le soufre dan$
les maladies dartreuses et psoriques , le mercure dans
la siphilis , le quinquina dans les fièvres intermit-
tentes, etc. Je crois qu'à c^tte liste on peut ajouter,
sans craindre de se tromper, l'opium dans les affec-
tions rhumatismales , soit aiguës, soit chroniques.
On ne manquera pas de m'objecter. Messieurs , que
€« médicament est connu depuis long-temps pour ses
Ixns effets en pareil czs. A cela je répondrai que je
oai nullement la prétention de dire quelque chose
<l*absoIument nouveau , mais que je crois que la ma-
nière dont on emploie habituellement l'opium dans
^fXte affection , est trop timide et surtout trop tardive.
Quelques observations serviront d'appui à cette pro-
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(46)
position. Or, Messieurs, il y a déjà plusieurs annëet
que ma conviction s'est formée l^dessus ; et f ai dû ,
contre Tavis d'estimables confrères , soutenir les avanta-
ges de remploi primitif de Topium dans les affections
rhumatismales , au soutien d'une observation commu-
niquée à la Société de Médecine , en i8a3 , par uo
médecin mort depuis cette époque (i).
Première Obseroation.
M. D , Âgé de 28 ans, maintenant docteur en
médecine , ex-chirurgien entretenu de la marine royale
au port de Toulon , avait hérité de son père d'une dis-
position particulière au rhumatisme. Doué d'un tem-
pérament sanguin et ner\'eux , ayant fait sur mer plu-
sieurs campagnes longues et pénibles , il avait en
plusieurs attaques rhumatismales contre lesquelles les
anti-phlogistiques avaient peu réussi , car l'aflèction
s'était souvent prolongée plusieurs mois avant qu'il parût
des sueurs critiques , qui étaient la solution habituelle
de la maladie.
En 18 18, vers le mois de janvier, après des tra^
vaux anatomiques prolongés pendant la nuit et de
longs séjours à l'hdpital , M. D , alors en résidence
à Monlpellier, pour prendre le grade de docteur eri
médecine , est atteint d'une attaque de rhumatisme.
Les articulations des extrémités supérieures et infé-
rieures sont simultanément entreprises. Les douleur^
sont bientôt intolérables; il y aune légère tuméfaction
sans grande rougeur , céphalalgie , délire fugace , soiT
assez vive , langue rouge sur les bords , blanchâtre au
milieu , jaune a la base , nausées , vomituritions. On
donne un émctique , on applique localement des fo—
(1) Le docteur Piednoâ.
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(47)
mentations f des vapeurs émoUientes, etc., sans soula-
gement notable. Une saignée générale , puis des sangsues
109^, sont appliquées sans effet sensible. Le malade,
fd vent se traiter lui-même , sans négliger cependant
les conseib de quelques condisciples dont je fais partie ,
et qui le gardent nuit et jour, ordonne qu'on lui
^rte de quoi se composer une potion calmante. On
net près de lui les objets qu'il a demandés , parmi le»-
qoels se trouve une bouteille qui contient quatre onces
et demie de sirop diacode , et une autre un gros de lau-
danum liquide de Sydenham.
Vers les trois heures du matin, les douleurs deviennent
atroces ; cependant il faut remarquer que le malade
n'avait jamais eu de symptômes vénériens d'aucune
espèce. D....... veillé à cette heure par un jeune homme
îécemment arrivé à la &culté, demande la bouteille de
sirop diacode et le laudanum ; il en fait verser , dans un
ferre d'eau sucrée tiède, environ les deux tiers de la pre-
mière et la moitié de la seconde , et avale tout d'un trait.
I43 douleurs deviennent bientôt affireuses, au rapport du
ninreillant. Vers les cinq heures et demie j'arrive : le
pouls est mou et souple , il y a une légère moiteur à la
peau, somnolence et rêvasserie. Inquiet en apprenant la
quantité d'opium prise en une seule fois , j'avais déj5
préparé une potion acidulée , lorsque D....... s'endort
profondément ; dès-lors sueur plus considérable , repos
i^a'à neuf heures du matin. Le malade éveillé se
llaint d'un sentiment de pesanteur qui a succédé aux
^Bokiirs lancinantes des articulations ; à midi , retour
^ ces douleurs , mais moins fortes que la veille ; le
iD^iade exige un second verre d'eau sucrée, avec une once
et demie environ de sirop diacode et quinze gouttes de
i^udanum ; on les lui donne. Au bout d'une heure , re-
te de la rêvasserie , somnolence vers huit heures du
ffky sommeil profond depuis dix heures du soir jusques
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( 48 )
à dix heures du matin. Au réveil , pesanteur de tête ,
une nausée suivie d'une gorgée de matière glaireuse «
sentiment de bien-être , disparition des douleurs , deux
lavements émollients. Le lendemain et le surlendemain
point de retour des douleurs , sueurs abondantes et
urines briquetées ; le pouls est mou et ondoyant ; mé-
decine ordinaire , convalescence , point de rechute jus-
ques en juillet i8ao , époque it laquelle le malade nous
a quittés.
Vous devez le penser , Messieurs , cette observation
nous parut remarquable , et nous nous promîmes de re-
nouveler les expériences. L'occasion s'en présenta bientôt
pour moi.
Deuadème Observation.
En 1819, dans les mob d'ao&t et de septembre , je
voyageai à cheval, de nuit et de jour, dans la Provence
et le Dauphiné, avec un de mes condisciples , M. Charles
D , de Paris : mon compagnon , âgé de a6 ans , ardent
pour la science , était malheureusement d'un lempé*
rament lymphatique et d'une santé délicate. Égarés vers
le soir , et forcés d'errer la nuit dans les montagnes ,
surpris par un orage affreux, obligés de coucher à la
belle étoile à une grande élévation , vêtus légèrement ,
exposés à une pluie battante , nous demeurâmes sans
abri et sans avoir pris d'aliments depuis trois heures de
rélevée jusqu'au lendemain à neuf heures. Charles D......
en arrivant à Draguignan , est saisi d'un firisson qui se
prolonge pendant plus de deux heures. Il y a une cé^
phalalgie violente , vomituritions bilieuses , douleurs de
reins atroces, gonflement œdémateux des extrémités
inférieures , douleur vive de toutes les articulations ,
pouls dur et fréquent. Saignée de huit onces , puis vo-^
miti£ Point de soulagement ; le malade me dit que
c'est son rhumatisme dont il a été déjà deux fois at«
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( 49 )
lôaL Nous loi prescrivons une tisane diaphorëtique et
ue potion calmante de quatre onces , dont deux et
demie de sirop diacode et quinze gouttes de laudanum,
éprendre en deux heures. Rémission lëgère au bout de
qoatre beures , puis sommeil de cinq heures environ ;
reloar des dooleurs le lendemain. Renouvellement de
h potion it prendre par cuillerées de demi-heure en
deim- heure. Point d*amëlioration sensible. A cinq
beures du soir , ennui , découragement , douleurs vives
ettttigantes; deux grains d'opium brut ; point de sou-*
bgement jusqu'h dix heures du soir. A cette heure , un
nouveau grain d^opium , agitation , puis , à onze heures
et demie , somnolence et sommeil jusqu^au lendemain
neuf heures du matin. Sentimetit de pesanteur au ré*
vcîl, mais point de douleurs; nausées sans vomisse^
BKnts , langue blanchâtre et très-sale à la base : pur^
{^ordinaire , convalescence, santé parfaite le septième
jour de Tinvasion.
Ces observations , communiquées b-des confrères ca-»
pables de les r^iéter, amenèrent des essais semblables ;
te iQccès les suivit , au rapport de ces médecins , et je
dus conserver une confiance assez forte en ce mode
de mëfication lorsque je vins pratiquer à Rouen. J'ai
enToccasion d'employer dans nos murs cette même
Aédiode , et avec un bonheur presque constant. Je
diDiând donc , parmi plusieurs autres , trois obser«
ntioDs tirées de ma pratique , et qui me semblent
ftoaver d*nne manière péremptoire les avantages de
'emploi de Topium ^ haute dose , dès le début , dans
^ iffections rhumatismales aiguës et chroniques*
Troisihne obsewation. ^
En i8a5 , au mois de février , je suis prié d'aller
miter, \ Saint-Sever , rue des Brouettes , l'en&nt d'une
7
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(5o)
{emme Toumel , faisant partie de celles soignées pa:
l'association de Charité maternelle dont je suis le mé
decin. L'enfant a six ans environ ; assez mal vêtu , i
joue habituellement , avec les enfants du voisinage , dan
un carrefour situé près de Thabitation de sa mère , i
l'endroit où la rue des Brouettes est croisée à angl
droit par celle qui se rend de Saint-Yon à la ru<
d'Elbeuf. Le petit malade est fort. Il a été très-mouill
l'avant-veille , et en rentrant le soir , après avoir mang<
un peu de soupe , il a été saisi d^un frisson violent
au bout d'une heure il a rendu les aliments quHl avai
pris. Il est très-rouge , se plaint d'un mal de tête vio-
lent , et de douleurs insupportables aux mains , au:
cuisses , aux genoux et aux pieds. Ces parties sont ei
effet enflées , rouges et douloureuses ; la langue est rosée
très^chargée à sa base ; il y a inappétence complète
vomissement des boissons prises , agitation et cri
continuels.
Je prescris an vomitif , des fomentations sur le
parties douloureuses , des bouillons coupés pour ali
ments , une tisane d'orge et dlaigremoine , avec l
sirop de limon et le nitre. La mère , dont j'ai vu sou
vent les enfants malades, suit les prescriptions a 1
lettre. Le lendemain à onze heures, point de soula
gement , exaspération^es douleurs , continuation , mais
pour le soir , prescription d'un grain d'opium brut
€t un autre le matin à six heures , s*il n'y a pas eu d
soulagement. Je reviens le troisième jour à onze heure
lies deux grains d'opium ont été avalés , l'enfant
été agité , puis a dormi : au moment où je le visite
le ventre est tendu , mais sans douleurs ; il y a , a
lieu de cris et d'agitation, un murmure plaintif; il. m
regarde fixement et d'un air hébété. Les ' articulatior
sont moins rouges , mais toujours gonflées et douloi
reuses. Deux lavements émollients avec le son et 1
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( 5i )
ïïùel. Pour \e soir , ^ prendre en deux fois , \ une
Wc dHntervalle y deux grains d'opium/ Une potion
simple dans la joumëe , du poids de trois onces , avec
çDÎiize gouttes de laudanum. Le lendemain , à midi ,
je trouve Tenfant dormant profondffment depuis cinq
heures du matin. Le ventre est souple , la peau moite ,
les articulations dëgonflées et si peu douloureuses que
je puis les presser, même assez fortement, sans réveiller
le malade. A partir de ce jour , convalescence ; pur«*
gation le cinquième jour ; guérison.
Quatrième Observation,
Pierre Duchesne , employé dans les bateaux h vapeur,
se trouve, en i8a5, exposé à quelques dangers au
passage de Quillebeuf, par un temps d^orage, une
ploie abondante et froide. 11 se donne beaucoup de
mouvement et de peines pour lutter contre les dangers
qui l'environnent ; il transpire abondamment , et reste
sur le pont sans changer de vêtements ni prendre
d'antres précautions. Arrivé à Rouen , encore tout ému
des périls que son navire a courus, ses parents lui
trouvent l'air malade; la peau est ictérique , les yeux
abaUns. Il y a anorexie complète , quoique le malade
s<nt habituellement gros mangeur. Il ne se décide
qu'avec peine h prendre un peu d^aliments. 11 se couche
it bonne heure , près de sa femme ; et à- dix heures
laioir il est pris d'un (irisson assez fort, de nausées,
d de douleurs insupportables dans les reins. Je le
i«s le lendemain dès le matin. La langue est très-
dargée ; il y a de la céphalalgie sus-orbitaire , et
une douleur intolérable des lombes, qui se fait peu
sentir dans les vertèbres dorsales, mais retentit dans
les vertèbres cervicales. Le ventre est Couple , le pouls
ferré et assez fort , la peau diaudc et sèche. Le malade,
7-
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(5a)
âgé de quarante-deux ans, est hémorroïdaire depui
trente-quatre. Dix-huit sangsues au si^e, tartre stibié
trois grains en trois doses ; tisane de quatre fleur
avec le miel.
Vomissements abondants, les sangsues ont beaucou|
saigné, la douleur des lombes, loin d'avoir diminué
est tellement forte que le malade jette des cris et su
de douleur t suivant son expression. Lavement avec quatn
têtes de pavot, un demi-gros de laudanum. A cin<
heures du soir, point de rémission, malgré Tappli
cation réitérée de serviettes chaudes sur la partie dou
loureuse. Potion de cinq onces, avec deux onces d<
.sirop diacode , vingt gouttes de laudanum , à prendn
par cuillerées de demi-heure en demi-heure. Le kn
demain à huit heures, je ne vois point d^améliora
tion , la douleur est atroce. Un grain d'opium brut d<
trois heures en trois heures, .deux lavements opiacée
A huit heures du soir, moins de douleurs. Encore deu
grains d'opium en deux heures ; la potion par cuil
lerées d'heure en heure. A trois heures du matin
suivant le rapport de sa femme , agitation considéra
ble, délire gai; h quatre heures, rêvasseries , somno
lence , sommeil : il ne cessa que le lendemain à troi
heures de relevée. Quand je vis le malade, à neii
heures , il dormait profondément , en supination. L
peau était baignée de sueur , le pouls mou et lent L.
douleur n^a plus reparu. Un purgatif a complété L
cure, qui a été radicale.
Cinquième Observation.
Louis Fessard , homme de journée , employé à dé
charger un bâtiment sur le port , tomba dans û Seine
c'était au mois de mars. Sa lerreur fut si grande , qu<
ce malheureux, encore bien qu'il eût saisi un câbl
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(53)
àm sa cbote^ et qu'on lui eftt porté de tiûte èa ac«
c«n, îetail encore des cm d'effiroi aprèà qa'il fiit
tiié de TeaiL Un firisson prolongé s'empira de lui , et
ne le quitta qu'après plus de trois heures. Je le vis
biadeiBam. U j avait des nausées ^ la langue était
coBvcrte d'un enduit jaunâtre épais | le pouls était dur
et fréquent, la physionomie portait l'expression de la
lEneur, et il parlait de son accid«at avec eraphaaa
et Toiabilité. Saignée du bras de douze onces , les
jtt&bes dana un ptiihive synapiaé. Deux grains de
tetre stibié , tisane de quatre fleurs édukorée. Yo*
■nsrmentt abondants de matières bilieuses» Le soir,
nuMnrement fébrile prononcé , douleurs vives de toutes
les articalataons des numbies , avec un peu de gon-
flement. Le malade n'a îamais eu la goutte, mais
piosîenrs rhumatisnies à la suite de campagnes pâûbks
en Itafie et en Allemagne. Continnation des mâmes
nojens , fionentalioBS anx membres. Sa fiemme , qui
bb. arec inieUîgence un petit commerce , exécute pono-
tadienent les prescriptions, et me rend compte de tout
>*K exactitude. Insomnie, douleurs atroces pendanl
hoiiii, gonflement asses considâiaUe des articulations
ntecarpîennes et métatarsiennes j avec rougeur et
(dateur. Continuation des émollients, sous fiorme de
Wtties. Les douleurs augmentent* Le soir b 5 heures,,
dUs sont intolâraUes , le malade jette les hauts cris,
ffeesaiption : quatre grains d'opium brut^ à prendre
cifiatre heures. Rêvasseries à cinq heures du matin ;
i leif heures , retour des douleurs. Quatre têtes de
pam en décoction dans une chopinc d'eau réduite
^i'oa fars, avec addition de deux onces de sirop diacode,.
^^St gouttes de laudanmn , à prendre dans la journée..
A nxheures, nausées l^res, subdeliman. Deux grains^
'•paaa brut en deux heunsw Sommeil profond ^ onze
^QDcs jusqa^am Ifndpnwtn à use heure. Réu
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(54)
complète -, sueurs critiqQes, convalescence. Le malade
ne consent à se laisser purger que quinze jours après*
Point de rechute.
Il me serait facile , Messieurs , de vous citer d^autres
faits où Topium employé h moins forte dose a produit
les meilleurs effets. Un personnage ëminent qui mlio-
nore de sa confiance , sujet h des accès irréguliers d'un
rhumatisme goutteux qui occupe une partie de la mi-
choire inférieure , nVprouve de soulagement que de
remploi de Topium ^ doses fractionnées , et toujours
sans trouble général dans les fonctions , ni dans les ca*
vités splanchniques.
Je ne crains pas de citer ces faits aux praticiens,
afin de les engager à employer hardiment Fopium en
pareille circonstance , et j'ose leur prédire qu'ils en
obtiendront de bons effets. Ce médicament , Tun des
plus héroïques et de l'effet le mieux constaté de toute
la matière médicale , se tolère parfaitement dans les
cas de douleurs aiguës et vives , et cela ne surprendra
pas quand on songera que l'inflammation pulmonaire
a souvent permis de tolérer une dose notable de tartrite
antimonié de potasse : l'exaltation insolite des propriétés
vitales commande une médication sédative énergique ,
et les praticiens habiles savent bien que leurs succès ,
dans des cas où d'autres plus timides échouent par une
médication modérée , ne tiennent qu'à la hardiesse avec
laquelle ils emploient des substances dont l'ef&t spé-
cial est notoirement constaté ; et si moi-même j'ai
donné aussi fortement les préparations d'opium , c'est
que j'avais vu ce médicament précieux administré avec
vigueur et avec un succès soutenu par des mains ha-
biles et exercées.
Telles étaient les observations que je voulais vous
soumettre dès l'année dernière , Messieurs , et que j'ar
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(65)
^ même laissées ici en dëpôt jusque ce qu'il se prë^
sentit une occasion de les lire ; quelle n'a donc pas
èé ma satisfaction , en ouvrant le numéro de juillet et
d'octobre 1827 , du journal de physiologie expérimentale
et pathologique du docteur Magendie , que Ton m'a
remis aujourd'hui même , d'y trouver des observations
pratiques du docteur Cazenave , médecin h Pau , qui
a de même employé l'opium à haute dose dans le rhu-
matisme soit aigu , soit chronique ! Les réflexions de
M. Cazenave sont complètement d'accord avec les nô-
tres; mais, bien plus hardi que nous, ce praticien
n'a pas craint , chez un individu adulte , de porter
la dose de Topium brut , en huit jours , du ao
aa 3o janvier iSay , à soixante-trois grains, avec le
plus grand succès et sans accidents d'aucune es-
!*ce(i).
Le mémoire de M. Cazenave est très-remarquable , et
i^engage les praticiens à en prendre connaissance. C'est
apiès de nombreuses tentatives qu'il vante les effets de
ropiaui dans le rhumatisme exempt de complications
constatées; et s'il a porté les doses beaucoup plus haut
^ nous, c'est que son expérience est plus formée à
cet ^ard , puisque dans la ville de Pau qu^il habite
ks ihomatismes sont si fréquents , qu'il dit : le rhana^
imt ai la seule maladie qui soà très-commune à Pau, Il y
oûk comme endémique; il simuie ou complique imites ou
^ttçw toutes nos affections pathologiques {i).
^oos pourrions en dire autant chez nous du catarrhe^
Ikâenrs , et tous mes confrères connaissent les liens
de parenté qui Funissent au rhumatisme ; c'est ce qui
^ a déterminé à vous communiquer ces observations ,
(0 Loc cît. , page aa6.
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(56)
dont le but est et solliciter des essais oa plutôt de
contre-^premres. Or, quand jVmets ce ¥cn dans Rouei
et dans le sein de FAcadéinie , je sms sàr que les occa
sions d'expériences ne manqueront pas , et encor
moins les talents pour les £ûre.
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(5; )
M^tMim^mÊMmM^mmt*MiMmtymmmMiMimMmf¥it^iMyvk^^¥¥¥^vy^
ESSAI
SUR LES MOYENS DE CONSERVER LES BOIS ;
Par M. VAhhi Gossur.
Messieurs,
Voe circonstance particulière ayant £iit passer par
nosmaios le second numéro pour Tannée i8a8 du Jour»
^ i'ûgicuUure , d'économie rurale et des manufactures du
nymme des Pt^s^Bas^ notre attention fut tout d'abord
attirée par le moins frappant peut-être des articles.
L'intérêt qu'il nous faisait éprouver venait en grande
pvtic sans doute d'une analogie assez remarquable entre
k sujet âmncé et celui d^un ouvrage anglais , dont Tau-
to, M. Burridge , vous a fait hommage il y a quelques
aoîsf et dont nous avons eu Thonneur de vous entre-
tenir dans un rapport qui nous fiit demandé par M. le
Pt^^ident. Cet Opuscule contenait des considérations sur
h^Mmterv sècfuy maladie à laquelle les bois de construc^
^sontsujets^ du moins en Angleterre (i), et l'article de
foBrrage périodique avait pour titre Conservation des bois*
(OM. B«rid^ attribue cette makdie des bob ihe dry rot, qu'il
<**t^aBcieiiney et que ches ooiu on regarde quelquefois comino
P^^^inkre à TAngleteire , eu reppcl de certaines lois qui fixaient It
t^Vi it la coope des chênes de construction. On était obligé autre-
^ de la abftttre dans rbiVer; mais maintenant que Técorce en est
^"'■M m objet é» grande ia^rtance pour le Tendeur et pour les arts ,
^leiakat aa printemps lorsque la Urt est abondante et en moureijienty
** ceondércr le détrincnt que pu U on peut occasionner à la qualité
8
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(sa)
Notre curiosité fut encore plus vivement excitée quand
nous pemargoAnie» que cetr article tout entier étadt
une traduction d'une lettre écrite de Londres , Tannée
dernière , ii un correspondant sar le continent.
Nous y apprenons qu'une découverte a été récem-
ment faite en Angleterre, pour conserver le Ms €tfnir€ la
vermouture ei Us attaques des photades , et peur rtnâre^ les
bois de sapin , de pin , de bouleau , etc. , ausd solides que le bois
de chine , et même supérieurs pour les constructions naoales ei
cii^iles. Deux expériences comparatives ont été faites
sous les yeux d'une commission i^ommée par le gouver^
nement anglais ; dans la première , des bois préparés
par l'inventeur avaient été laissés sous l'eau pendant
trois ans à l'embouchure de la Tamise , et ils furent
retirés, après cette intervalle de temps, parGiitemem
saiiK, tandis que des bois coupés des mêmes aiin>es
et placés dans la même situation , mais sans aucune
préparation préalable , étaient entièrement gâtés et percés
dioutre en outre par des pbolades. Dans la seconde ex-
périence , prolongée l'espace de cinq ans , les résultats
oxit.été absolument les mêmes* En conséquence, dit
Técrivain ^ le gom^pmement anglais a proposé à Vinoenieur
de faire pr^^arey de suite tout le bms mécsssmre pour ia
construiction d'un vaisseau sur ses principes , ei la Rassiéra
souscrit atfec Vinçenieur un contrat pour la prépûNiÊèên db
bois pour Un marins , pendant 5o ans.
L'invention paraît , ainsi que vous pouvez le remar-
quer, Messieurs, être encore un secret , et deux États
qjtt'assurément nous ne voudrions pas appeler nos en-
nemis naturek , mais que nous devons regarder comme
émules et même antagonistes, se disposent à en recueillir
les avantages. Ils sont grands assurément^ et.iJb Sioal de
ns^^ure h ne demaxider aucun développement. Si lesJbnîs
de construction navale civile et domestique , toujours si
utiles et si nécessaires » de nos jours si cbers et si rares ,
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(Sg)
^ttkt«rfols dSme dtirée si courte et si précaire, pouvaient,
«if«r quelque procédé ni trop difficile tii trop âîspèn-
èeiK, être mis k Fabri d'un principe interne de cor-
f^lion ) aos8i bien que des effets ordinaires de la chaleur
et di llmmidité ; et-si , de phis , ils étaient encore , par ce
mojetk , ftésetyés des déprédations extérieures des in -
aeeies en gi^néral et de tous les genres d^animaux de^-
Mctms , assitt^émènt lliomme trouverait dans cette
«nie découverte tine source de commodités, de salu-
biilé, de yovâssànce et d*économi<^ aus$i intarissable que
{Nfétieiise.
Malgré les doutes que quelques Anglais , maintenant
sur fe continent , nous ont témoignés lorsque nous leur
avons communiqué l'article du journal des Pays-Bas,
lÈom nous sentons portée h croire ce qui nous y e^t
annoncé, et notre persuasion procède principalement,
nous I avouons, de Topinion que nous nous sommes
bile de la possibilité de reflfet promis. Noh, cet eflfet
ne nous paraît point au-delà de c-e qu'on peut espérer
ie Tindustrie et de la sagacité humaine. Beaucoup de
thoses sai)s doute sont impossibles a Vhomme ; on peut
même dire encore que beaucoup de choses, très-possi-
bles en elles-mêmes , ne seront probablement jamais
zotenées par l'homme hors dés limites d'une pure pos-
MVxê; itiais donner au bois, sinon une incorruptibilité
complète et absolue , du moins une incorruptibilité im-
porf^e y une ittcortuptibilité comparable h celle dès
pierres et des métaux, où analogue peut-être a celle
^ est communiquée au cuir par Vimprégnatibn du prin-
àpe tanniti , cela, dis-je , et on ne peut raisonnablement
attendre autre chose , cela ne paraît nullement au-dessus
àt Ilndnstile de l'homme et des ressoiirces de la chimie.
Sopposom 9 comme nous le faisons volontiers ,'la vé-
rité de la découverte d'un procédé capable dé rendre le
hais incorruptîtte » et , pouf nous servir d'une des e^preS-
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(6o)
sions de la lettre angl^se , presque ùnpémsMe , il est très-
certain que le moyen employé ne peut rester long-temps
un véritable secret. Les communications et les rapports
entre les difTérentes nations de FËurope sont si £rë-
quents , si multipliés et si intimes , d'un autre côté les
tentations qui affaiblissent la jalousie nationale sont ai
puissantes y et aussi la subtilité du talent d'analyse est si
grande , qu'une nouvelle invention est rarement exploi-
tée long-temps au bénéfice d'un seul peuple. D'ail-
leurs, il suiBt presque , ce nous semble , dç dottùer une
direction aux recherches des savants pour obtenir les
résultats désirés , et nous sommes perstudés que si
nous appelons seulement l'attention de la chimie sur la
découverte annoncée d'Angleterre , le secret sera bienlAt
dévoilé , ou du moins que quelque procédé également
bon sera bientôt trouvé et communiqué au public. On
ne restera point en arrière : des récompenses propor-
tionnées peuvoni être regardées comme certaines , et
d'ailleurs, l'esprit national et français, stimulé par la cer-
titude de la possibilité d'atteindre le but propos^ , sera
toujours , à notre avis , un gage peu doi|teux d'un succès
complet. C'est dans cette persuasion , Messieurs , que
nous répandons , autant qu'il est en nous , l'avis du
grand avantage dont il semble que nos voisins spnt ;Hir
le point de jouir , et dont nous pensons que la science
et la connaissance des arts peuvent nous faire jouir pres-
que aussitôt que leur secours sera, imploré, ou n^éme
que l'idée leur en aura été su^érée.
Notre intention toutefois n'est pas de nous contenter
d'annoncer qu'un moyen de conserver les bois et de
donner à des espèces inférieures des qualités ^ales ou
même supérieures au chêne , a été trouvé en Angleterre
et y est tenu secret; nous nous proposons encore de
rappeler quelques vérités incontestables, et d'indiquer
quelques principes assez généralement connus , qui
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(.6. )
fenvent diriger les recherches de ceux qui roudraient
beat quelques essais. Il est souvent plus aisé de montrer
V diemin que d*y marcher soi-même ; il faut souvent
ika peu de connaissances pour suggérer une idée que
de grands talents pourront seuls bien saisir , poursuivre
et rendre féconde.
La seule donnée que la lettre du correspondant anglais
jyrésente pour arriver h la découverte du moyen em-
ployé pour rendre le chêne de construction presque
impérissable , et pour communiquer aux bois de sapin ,
de pb , de bouleau , de frêne , etc. , une aussi grande
solidité qu'an chêne , est contenue dans ce peu de mots :
« Le principe de cette grande découQerte consiste, dit la
kttrty dans Vimprégnation du bois açec une substance in--
às%ohible. » C'est donc en parlant de ce principe , Mes-
sieurs f que nous nous proposons de conduire aux
moyens de trouver la solution du problême. Le bois ,
nous annonce-t-on , est rendu presque impérissable,
et cet effet est obtenu par un procédé qui l'a imprégné
complètement avec une substance indissoluble. Obser-
vons d'abord que cette es^ression, une substance in^
dhsolMe , ne peut pas , et conséquemment nç doit pas
être prise dans un sens trop strict et trop rigoureux.
Oq ne reconnaîl point , et probablement il n'existe
pmut dans la nature de substance douée d'uiW iudisso-
liAilité parfaite. Nous devons raisonnablement entendre
id par une substance indissoluble une substance qui
i^âste aux agents desU*ucteurs les plus communs dans
la nature, ou du moins qui leur résiste un tqmps* très-
ciMdérable , un temps indéterminé. Dans ce sens large
^ nécessaire , on découvre aisément la connexion dcâ
m)^ pr&entées dans la lettre ; car assurément on
conçoit qu'un bois qu'on parviendra à imprégner avec
■oe substance presque indissoluble , doit ,' par cette
<¥6atîon , devenir presque impérissable.
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(fe)
Quand on se demande quelles totA les sobstan
insolubles avec lesquelles on poarrait imprégner le 1
pour le ren<!re pins durable qu'il n'est de sa natu
plasieurs s'offrent comme spontanemenl. Consîdero
les en détail , poorvoir ce que nous ponvons en espt-i
MM. d\\rcet et Th^oard ont, il j a senlement qu
qnes annifes , annonr<^ an public qu'ib étaient oar^^ei
^ imprégner des pierres assez dures , jusque la profc
deur de deux lignes ou deux lignes pt demie , avec
mélange de cire et d'huile lithargirée. Le dedans de
coupole de Saînte-Génwève , à Paris , a été pr^p
avec cette composition, avant de recevoir les bel
peintures qui le décorent , et qm promettent , en con:
quence de cette impr^nation, une durée égaie au mo
3i celles des meilleures fresques de ritalîe. Déjà de
établissements se sont formés dans la capitale , ou V<
exploite , ce nous semble , la décom-erle des deux cF
mistes que nous venons de nommer , et où sont mis •
vente des enduits hydrofuges qui s^apptiquent sur 1
pierres , les briques , les plâtres , ciments et mortiers ,
quif les imprégnant jusque une certaine profondeui
doivent pénétrer ces substances, en remplir les porcj
et leur donner une solidité et des qualités particulier
qui les rendront inattaquables à la plupart des agen
naturels. Dans cet enduit, la résine remplace quelqu
fois la cire , et quelquefois aussi des oxides métalliqui
y entrent pour une portion assez remarquable et ind
quée par les premiers inventeurs. Ceux-ci n^avaientpoi
parle de faire Tapplicafion de leur découvert' à
préservation des bois ; mais on étend jusque-Ia Tusaj
des enduits hydrofuges dans les prospectus qui noi
viennent , soit de M. Maison-Rouge , soit de M. Feh
11 ne nous paraît point .impossible de faire pénétrer ce
compositions , non pas seulement jusqil^à la profondei
de quelques lignes dans le bois ,> maïs même jusqu^a
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(63)
ctiAie des pVëces , dans les grosseurs employées par les
«n5lnicieur&. Alors les bois ainsi pénétrés de substances
însoioUes et incorruptibles pourraient être regardes
comme presque impérissables. Si quefqu^un objectait
<[ue \e& huiles et les résines ne mettent pas nos bois
de construction navale à Pabri des déprédations des
phohdes , on répondrait aisément que parmi les oxides
métalliques , qui tous , nous pensons , pourraient entrer
dans la composition des enduits hydrofuges , il en est
assurément qui repousseraient les attaques et des plio-
Jades et de tout autre animal connu. Ainsi toute
l^opération consisterait à imprégner complètement le
bois arec des subtances huileuses et résineuses char-
gées d'oxides métalliques ; et , quoique cette imprégna-
tion complète présente assurément des difficultés dans
Fétat présent dos manipulations ordinaires , cependant
peu de personnes voudraient , nous le croyons ainsi ,
positivement déclarer que cette complète pénétration
est absolument et évidemment au-delà des puissances
de Fart.
£n second lieu, il serait posssible dHmprégner le bois
avec des substances terreuse^ insolubles, et voici comment
an peut se rendre raison de cette autre opération : sup*
posons qu^au moyen de quelque procédé chimique , ou
peut-^tre seulement d'une immersion prolongée et ac-
compagnée d^une chaleur convenable , on parvînt à im-
frégner un morceau de bois de construction avec de
Tcau tenant en solution un sel terreux ; ensuite qu^on
waae à imprégo/RT cette même pièce de bois avec un
second liquide chargé d'une substance capable de pré-
^piter la substance en solution dans le premier liquide :
^ors, Messieurs, qu'arrivera- 1- il? il arrivera alors
éridemment que le précipité formé pacioette double
«léaCîbo restera comme emprisonné dans les interstices ,
dhof leê pores àa bois. Ainsi une substance insoluble
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( 64 )
ne fera plus qu^ua corps avec la matière du bois ; elL
environnera de toutes parts la fibre ligneuse, lui former;
une gaîne ou fourreau qui l'enveloppera, la protégera
et par là communiquera au bois une véritable indisso
iubilité.
L'opt5ration lente , mais fréquente dans la nature, A
la pétrification de substances végétales , est , ce nou
semble , une opération dont celle dont vous venez d'en
tendre le détail n'est qu'une espèce de copie (i). 1
est de temps en temps donné h Thomme de découvrir l
marche que la nature tient, dans des circonstances par
ticulières, pour amener certains résultats et former cei
tains produits ; alors il réussit quelquefois à tirer ui
parti avantageux de sa découverte. Veut-il obtenir le
mêmes produits et les mêmes résultats , il commence pa
amener , s'il est possible , toutes les circonstances qu'i
a remarquées ; ensuite il recueille au besoin et apport
en un lieu de son choix les matières premières, puis
se reposant , il laisse agir les affinités naturelles. Dan
ces hauts procédés il nous semble voir un maître qu
combine et qui ne fait que surveiller , qui donne
la nature une tâche , et qui ensuite lui dit : tu tra
VAILLEEAS ICI ET POUH MOI. C'est ainsi que maintenar
on obtient , dans des fosses préparées à cette fin , près
que tout le salpêtre du commerce ; on les remplit d
substances convenables , et tout le reste du travail ei
confié au jeu des affinités ; c'est ainsi pareillement qu
(i) Nous avons soos nos yeux un morceau de rextrémité supérieoi
d*un pilotis trouTé dans les fondations d'une maison située dans c
des quartiers les moins élevés de la ville de Rouen. La partie extériea
en est couverte di mortier, et toute la partie ligneuse, ainsi <ine Técort
qui se trouve entre le bois et le mortier, sont pétrifiées , ckâcnoc fti
servant sa couleur et sa texture ; mais Técorce ne parait pas avoir su]
■ne pétxificatioo aussi compléta que celle do boit.
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(65)
VWniiie peut , ce nous semble , axoener une espèce de
fétcîficadon du bois.
Nous disons une espèce de pétrification , parce que,
^Vopération prompte et pour ainsi dire hâtive dont
iKMis venons de parler, la partie fibreuse ne serait pas
détnûie conune elle paraît Tétre dans les pétrifications
butes mais spontanées de la nature. Cependant on
conçoit que cette partie fibreuse étant totalement in-*
cmstée et recouverte d^une substance insoluble , de*-
viendrait par cela même capable de résister à Faction
de la plupart des principes qui causent la pourriture
des bois et en amènent la destruction.
Quant aux pbolades , il est vrai qu^elles s^ouvrent un
chemin ou du moins une demeure dans la pierre. Mais
il tst anssi bien reconnu qu^on ne les trouve que dans
des roches d'une dureté médiocre et d^une espèce par-*
ticnlim, dans celle principalement qu'on appelle Uanche.
Conséqoemment le bois împr^;né d'un précipité pier*
Kuz produit par les réactifs chimiques devrait avoir
me dureté suffisante pour repousser leurs attaques , ou
posséder des cpialités qui empêcheraient leurs dépréda-
tions. Tout ceci est dans les bornes de la possibilité ,
et pour notre sujet cette observation suffit. Peut^tre
que des précipités de la nature du silex ne sont point
dbsohuBent impossibles h la chimie, qui sait déjà ré-
ènre la silice en une gelée , et il semble que de pa*
ic3s précipités, remplissant les pores du bois, pro-*
enraient tous les effets annoncés dans la lettre de
Loadres.
Outre les substances terreuses dont on pourrait im-
pr<^goer le bois pour le rendre presque incorruptible ,
i en e^ d'autres dont on oserait encore espérer des
dkts analogues. Il paraît très-possible de former dans
^ pores et dans les interstices du bob , non-seulement
k% précipita terrem ou pierreux , mais encore à»%
9
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(66)
précipîê^ o^tdli^pies. Le procédé serait in^ii-près le
même que celui que nous avons indiqué , et bous en
trcN^roas des exeaiples dans la natsre. £n voici un
entre plnsieiirs.
Nous avoDS en notre possession un marcem de boit
de cfaéne qui provient de l'extrémité inférieure dW pieu
de fondation d'une des piles du pont biti h Bnnen, sur
la Seine , en i i5o. Ce morceau est tout noir , dur ^ prend
«m beau poli , et quoique la partie fibreuse n'en soit
pas détruite ^ cependant le bois ressemble assez bien è
du jet , et paraU posséder , do moins à quelque degré^
Tindissolubilité et rincomiptibililté. Ces propriétés re*
niarquables , et aussi cette couleur noire , août Teffet
d*un précipité métallique^ et il ne sera pas difficile de
▼ous en convaincre. Tout le pieu dont ce morceau a
été scié n'était pas notr , il Tétait seulement aotonr
et à «pielque diaUnce du sabot de fer dont on s'était
servi dans cette construction snbilmriaAe. Voua com*
prenez déjà certainement , Messieurs , la cause de lu
couletu* du bois et de la propriété qn'il a évidemment
acquise de résister à la plupart des principes de cor-
ruption. Étant de chêne , il contenait ongiBaîrement ,
comme tous les bois de cette espèce , du tannin y et
k tannin ne se trouve , je crois , jamaia , ou presque
jamais sans acide gatlique ; ensuite te sabot ajaMt&Mmni
du tritoxide de fer , il en est résulté une substeoce
insoluble qui , semblable à celle dont on teint les
étoffes en noir et dont on fait Tencre , a rempli les
pores , a communiqué au bois sa couleur , «t lui a
donné cette solidité et cette espèce d'incovruptiMlité
qu'on attend naturellement 4'an prédpilé méfealls^ne.
On n'ob)ectera pas que tous les bois n'ont point de
tannin «t d'acide gallique , car beaucoup possèdent Tun
ot l'autre ; de plus , on f>e«t assurément , pur des immer-
sions scientifiques, entonnera ceuaqui n'ai ont pus Y et
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C 67 )
même (Fb-probdblemeiit en ajouter, s'il ëtait heaom^ de
DotfvUes doaes à ceux qui en posaèdent le pkiSb Voilii
donc éndemment dëmootrée la poasibililë d'imprégner
ksbok» non-seulement de diéne , maïs cPautres espèeesy
9tc ine substance insoluble , avec un précipite mélallî^
fpt qû paraît deroîr les garantir et de Faction des
a^EOts aatnreb ordinaires et des attaques des pholadcs.
Oatre ce précipité ferrugineux ^ il est probable que
la chimie parviendrait à former , dans Tépabseur de
008 bsîs de cbarp^ile, d'autres précipités métalbqnes qui
pcocbnraâeut lea mêmes eflfels (i). Un moyen d'un genre
pa différent a été déjâi, ce nous semble ^ employé avec
svccb ï PostduEm ; ob y a découvert qu'une dîssolutkm
de dento-cMorure de mercure dans de Teau de pluie ,
appliqwfL avec une certaine quantité de chaux sur le
Ut, le peréserve de moisissure. I^ nécesMté de la chaux
dans ce cas peut assurément être contestée i elle donne
à b Térilé une incrustation au bots , qui , dans certaines
cromstances , a probablement son utilité , mais assu»^
meot la dissolution de sublimé corrosif ayant pénétré
k bois, lui communiquerait des qualités précieuses
dont les sols et en particulier Tarcbitecture pourraient
^ partL Si , comme nous le savons tous ^ les ma«
&es animales, plongées dans cette dissolution , ac-
fubent la solidité du plus fort cuir, et deviennent
(1) 9f. Jotia de Fontenelle qui , dans ta Biblîotbèqne pbysico"
^^«aai^e , n^ 19 , joUlet 1838 , a communiqué au public nos
FCBÎiRs idées tor \tê moyens d« préserver le boîti ajoute : on
l>«uil f«iiUr f tant doute avec avolaf e , d*inmerger b bois dani.
■K «btioa de noriate de cbaux , an boni de quelque* jours Vtm
"^y et le plonger dans un bain contenant une solution de sul&te
"* foade et de sulfate de fer , dans des proportions que Pexpérience
^oit déterminées ; on pourrait tenter d'ajouter an baîn par le muriate
^ cku , de Tarséiûate de soude.
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(68)
imputrescibles, que n^en pourraient pas attendre les
matières végétales en gëntfral , et en particulier les bois
de construction ? Doctor-Black recommandait aussi le
deutoxide d'arsenic pour empêcher la moisissure de
se former sur la surface de certaines dissolutions, et
on pourrait de ce principe être conduit à £adre quelques
tentatives avec la dissolution de ce sel, et en espérer
des effets analogues à ceux qu^on obtient de la disso-
lution aqueuse du deutoxide de mercure.
En commençant ces réflexions , Messieurs, nous avons
exprimé , comme notre opinion , qu'on ne peut proba-
blement jamab espérer de donner aux bois qu'une
incorruptibilité imparfaite, une incorruptibilité ana-
logue à celle que nous communiquons au cuir, par
une opération très-anciennement connue et pratiquée^
mais bien curieuse et bien extraordinaire. C'est h cette
opération là même que nous désirons vous ramener ici
en finissant , et il nous semble qu'elle offre une grande
probabilité de succès. Les différents procédés dont nous
venons d'avoir Phonneur de vous développer et les prin-
cipes et l'application, ont, nous l'espérons, leur mérite ;
ils peuvent être dignes de quelques essais, et assurément
des essais de ce genre ne seraient point entièrement
perdus pour la science et pour l'économie domestique ,
mais le procédé qui nous reste à indiquer se présente
tout d'abord sous un aspect encore plus favorable et
plus séduisant. Ce n'est plus un procédé nouveau , c'est
un procédé dont, depuis un temps immémorial, l'homme
recueille de grands avantages , et dont il suffit d'étendre
l'usage par une application nouvelle , à la vérité , mais
qui nous semble si naturelle qu'on est tout étonné qu'elle
ne se soit pas offerte des milliers de fois à tout homme
qui a quelque connaissance de la chimie. Nous tannons
nos cuirs , et pourquoi ne tannerions-nous pas nos
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(69)
lïo\s(i) ? Assurëmenl la seconde opération ne paratt pas
plos impossible que l'autre. Vous allez vous convaincre,
Messieurs, qu^elle n'est que Tinverse de la première.
Le cuir est naturellement imprëgnë de gratine , Thomme
j ajoate un principe , le tannin , qui se trouve dans le
chêne, quoique principalement dans IVcorce , et voici le
cnir tannë. Eh bien , prenons TopAration d une manière
inverse. Le cbênc est naturellement imprëgnd de tannin ;
ainsi , que Phomme j ajoute ce principe qui est ëmi-^
nemment dans le cuir , la gélatine , et nous aurons tanné
le bois. Alors le bois aura toutes les propriétés que Tart
du tanneur donne au cuir ; il sera complètement im-
prégné d'une substance insoluble ; il sera devenu presque
impérissable, presque inattaquable par Teau. Il pourra,
comme le bois de Texpérience anglaise, rester trois
années dans les eaux de la mer , et en être retiré après
ce temps sans être pojrri , et assez probablement sans
être détruit ou rongé par les pholades.
Peut-être c'est une illusion , Messieurs , mais si c'est
une illusion , elle méritera ; nous Tespérons , quelque in-
dulgence , car elle est fondée sur des principes incontes-
tables. Le tannin et la gélatine sont deux substances qui ,
prises isolément , ne promettent pas assurément le phé-
nomène qui résulte de leur combinaison ; maïs ce phé-
nomène est commun , il est constant. Dans tous les cas
connus , la gélatine et le tannin venant d'une manière
fielconque en contact , se combinent , et de leur combi-
lâson résulte une substance qui, indissoluble elle-même,
comnunique son indissolubilité aux corps qui s'en trou-
^'WA imprégnés. Le cuir, seul corps presque sur lequel
(i) Peat-étre qu'an lieu de se senrir de Texpression tanner le bois ,
^ iandrait dire le gèlatiner» Toutefois si par tannage on vent en-
^^àn TopéTation ^oà. résulte la combinaison des denx tubstances tas
't fdatine , on poiim dire tanner le bois.
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( 7o>
on a essaye les efifets de cette extraordinaire combinaison ^
est par lui-même très-soluble , très-destructible par Teau
accompagnée de chaleur ; mais une fois imprégné de
cette substance insoluble , qui résulte de la combinaison
de la gélatine et du tannin, voilà qu^il est insoluble
comme le précipité qu^il renferme et quHl emprbonne.
Dans un temps où ta réflexion et l'analyse ne venaient
pas éclairer les opérations naturelles , on conçoit que
des accidents ont pu seuls découvrir Tart de tanner le cuir.
Une peau d'ammal , ou seulement un morceau de cette
peau , a pu se trouver immergé dans quelque amas d^eau
dormante où des feuilles et des branchages de chêne
étaient tombées et se macéraient. Le changement opéré
sur ce cuir aura plutôt ou plus tard éveillé Inattention y
et on aura fini par préparer des fosses chargées de tan
pour y plonger le cuir auquel on désirait donner les
propriétés qu'on avait remarquées dans le cuir qui
sVtait trouvé tanné sans les soins de Thomme.
Tant que la chimie ne peut pas analyser un phénomène,
tant qu'elle ne peut pas rapporter un effet naturel à
certaines lois, à certaines combinaisons et au jeu de cer-
taines affinités , tout ce temps-là évidemment le phéno-
mène demeure pour ainsi dire isolé , et Teflet produit
reste seul de son genre ; mais lorsque la cause qui a pro-
duit le phénomène est découverte, alors il est souvent pos-
sible de la préparer, de la reproduire dans des circon-
stances plus ou moins différentes , il est souvent possible
d'en multiplier, d'en varier, d'en modifier les eflets»
C'est ainsi , pour ne pas nous éloigner de Tart qui a
donné lieu à ces réflexions , qu'on a dernièrement tanné
des os et de l'ivoire. La chose était assez naturelle : les
os et Tivoire contiennent beaucoup de gélatine ; il suf-
fisait de la mettre à nu, et ensuite de lui présenter du
tannin, c'est aussi ce que Ton a fait. C'est ainsi encore
qu'on tanne quelquefois sans tannift ; la ehisùe a trouvé
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(7' )
des substances ntinërales qui peuvent le remplacer en
prodmsaoi des dfeis semblables.
Toutefois jusqu'à présent on n'a songé, ce nous semble,
qu'à donner du tannin aux corps qui codltenaent de la
^tiae. Aujcmrd'bui nous proposons de donner de la
g^tîoe aux corps qui contiennent du tannin. Beaucoup
ie bms possèdent ce principe , aucun peut-être plus
^ le chêne , mais quelques autres espèces de bob en
ont une quantité asseï considérable. Toujours d'ailleurs
paraît*il possible de leur en donner et d^en ajouter à
celles qui en ont le plus. Et comme quelques bois ont
<ks qualités différentes de celles du cliéne^ et sous cer-v
tains rapports supérieures aux qualités inhâ'^ates h cette
espèce, on conçoit que des bois de pin, par exemple,
00 de hêtre ou de frêne , ayant été tannés par des im-
pn^oations successives de tannin et de gélatine , pour^
nient, selon l'expression de la lettre an^aise, être
itndus supërieiurs au bois de chêne pour les construc-
tioQs navres et civiles, supérieurs, disons-nous même,
an bois de chêne préparé de la même manière.
B paraît encore , et c'est une observation que nous
ijooterons ici , il paraît que la seule addition de tannin
pv des bains préparés à cet effet est capable de com-
Booiqoer k la fibre v^étale ou d'augmenter en elle des
propriétés antiseptiques bien connues et bien appréciées
'épais long-temps (i). C'est ainsi que les filets dont on
t sert dans la pêche du poisson sont ordinairement tan-
>é^ c'est-à-dire qu'on les a préparés avec du tannin. Des
Immersions dans des bains de tan les rendent beaucoup
0) QnoiqiM le tannin rési4e Àms tîntes les partiel au chêne ,
il est en ploa grande quantité dan« récorca , qui par cela seul , et
■^Ipé an caractère apongieux et pulvérulent , se conseive mieux que
^ ^^, Quand on découvre les pilotis d* anciennes fondations y sou-
^t Fécorce sVn tronre saine et intacte, lors mémo que le pilotis
^i-aéat est «liièrasicnt décomposé.
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(70
plus durables , beaucoup moins sujets à la putriditë.
Probablement que ces filets ainsi prépares peuvent être
regardés comme ayant éprouvé un tannage dans le sens
que nous prenons ordinairement ce mot, c'est-à-dire
qu^ils sont réellement imprégnés de cette substance inso-
luble qui est formée par la combinaison du tannin et de
la gélatine , car les chimistes reconnaissent maintenant
une gélatine végétale ; cVst-à-dire on a reconnu dans
les plantes , ou du moins dans quelques-unes , un prin-
cipe entièrement analc^e h la gélatine. Si nous sup-
posons donc , ce qui est probable, que les fibres du lin et.
du chanvre contiennent de la gélatine v^étale, il est
évident qu^en j ajoutant le tannin on parviendra in-
failliblement h opérer sur les toiles et sur les filets un
véritable tannage. Enfin il nous semble permis d'avancer,
comme dernière conséquence, que le bois, que tous
les bois contiennent, quoiqu^en différentes quantités et
proportions , non-seulement du tannin , mais encore de
la gélatine ; qu^ls sont susceptibles de recevoir de Tari
de plus fortes doses de Tune et de Tautre de ces deux
substances , et quUI est probable qu'ils acquerraient de
cette opération une grande solidité et une incomiptibi*
lité, imparfaite sans doute , mais très-précieuse , et U
seule qu'on puisse jamais espérer de procédés physiques.
Le but de la communication que nous venons d'avoir
rhonneur de vous faire , et des réflexions dont elle a
été accompagnée, est, comme vous Tavez déjà en-
tendu , Messieurs , d'appeler l'attention des chimistes ,
soit au-dedans, soit au-dehors de notre société, sur
une découverte annoncée au public et qui promet beau-
coup. Etrangère et restée jusqu'à présent un secret, le
gouvernement de deux nations espère sans doute en
tirer des avantages dont nous serions privés, et qui
pourraient jeter un grand poids contre nous dans la
balance du commerce ^ de l'indosthe et de Tarchitec-
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(75 )
tare marine. Beaucoup de découvertes sont dues à un
Itrareux hasard ; celle dont vous venez de recevoir la
communication a peut-être eu chez nos voisins cette
source peu glorieuse, et avant notre siècle aucune dëcou-
rerte presque n*a été due h un autre principe ; mais de
nos jours la connaissance de beaucoup de propriétés des
corps , en permettant des essais raisonnes , encourage
les inventions originales et la reproduction aussi bien
que Taméltoration de celles qui ont été perdues ou
qu'on veut tenir secrètes. Dans la circonstance présente,
il suffit presque de le vouloir, et nous nous placerons
ici encore au niveau de nos voisins; nous devrons à
noas-mémes , i la véritable science , ce quHls ne
possèdent peut-être que par une chance heureuse.
N'attendons pas du temps, de circonstances fortuites
ou d'importations furtives , ce qui doit à la fin être
connu chez nous ; il est maintenant peu de secrets ,
soit nationaux , soit môme personnels. L'analyse , la
rédprocité des communications , Tappât du gain , une
infinité de causes, ne permettent guère la longue durée
des secrets ; mais il est plus glorieux de faire des
découvertes au moyen de la réflexion et d'une appli-
cation scientifique de moyens connus que de l'obtenir
p«r tonte autre voie. La chimie, après avoir, pendant
<ks siècles entiers, accpiis et recueilli des forces , est
depuis peu sortie de ses ateliers pour le bien de l'hu*
vunté , pour l'avancement de tous les arts et de toutes
Vssdences, et nous avons lieu d'espérer que la conser-
vation d'une substance aussi généralement utile que le
^ sera encore ^ un , mais non pas encore sans doute
^ Araier , des bienfaits dont l'hpinme social lui sera
redtvêbh.
10
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(75)
ESSAI
SUB LES INFLUENCES LUNAIRES £,
Par IL TAbb^ F.-F. Gossin.
BSessieoes I,
Quelques r^exions jetëès comme par hasard et 6<r
passant sur les influences lunaires , ont occasionné plus
à'nœ réclamation. Il est juste à*j fidre droit. Les per-
loimes qui nous les ont adressées méritent , de notve
part surtout , la plus grande déférence.
Pour mettre dans nos réponses quelque ordre ^ et leur
dooner une fiorme qui les rapproche d'une discussion
académique, on peut diviser en deux classes tous les
cSets attribués plus ou moins, communément et plus
on moins heureusement aux influences lunaires. La
première classe comprendra tous les eSiets r^;uliers
constants, et pour ainsi dire uniformes; la seconde
<ifrtra les efiets irréguliers et variables de leur nature.
(^ classification est d'autant plus nécessaire ici que
Wancoup de physiciens qui n'admettent pas ceux de
l> seconde division admettent ceux de la première, et
^ lors même qu'ils nient que les phases de la lune
^tcanonnent la plupart des changements remarquables
^ les phénomènes atmosphériques , ils sont cepen-
^ (Masque tous portés à croire que la lune agissant ,
râ en raison de sa masse , comme corps matériel ,
*Q en raison de ses rayons y comme corps lumineux »
P^t exercer upe influence constante ,. régulière et gra-
10^
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(76)
duée , sur des corps appartenant aux trois règnes de la
nature.
De tous les effets de noire satellite sur les êtres inor-
ganiques, le plus remarquable et aussi le moins contesté,
est sans doute celui qu'il produit sur les eaux de Tocëan.
Ici il agit comme masse, il agit comme (^orps doué
de cette vertu singulière et incompréhensible qui , in-
hérente ce semble à la matière, a été dans ces der-
niers temps désignée sous le nom d'attraction. La lune ,
quoique non pas seule , mais la lune avec le soleil j oc-
casionne les marées. Les attractions de ces deux corps
célestes, tantôt opposées, tantôt réunies, et constam-
ment modifiées, ici Tune par Tantre, Gt par des chan*
gements de distimce relative , sont les éléments de cal-
culs qui nous rendant capables non^settlement d'expli-
quer les plus grandes, les moyennes et les moîwkes
élévations des eaux , mais encore de les prédire long-
temps auparavant pour toute époque donnée , élèvent
la théorie des marées au phis grand degré de certitude.
Quelques personnes peut-être seront étonnées d'appren-
dre que la planète qui, dans le langage familier, a
tout le crédit des marées, est puissamment aidée dans
ce phénomène par le corps qui occupe le centre de
notre système solaire. Selon Newton , la force de Tat-
traction de la lune sur les eaux de l'ooëan, prise en
terme moyen, est à celle du soleil comme 4 i/^ est
à I ; et , selon les observations de notre compatriote
Laplace , dont on ne niera pas l'exactitude , TînChience
de la lune comparée à relie du soleil n'est ^e comme
3 à I dans le port de Brest.. Pour se former nne idée
distincte de la part que le soleil prend dans le phéno-
mène des marées, il sufilt de se rappeler qne c'est lui
qui dans un sens assez exact peut véritablement être
dit la cause des grandes dffîerenros que la hauteur des
eaux présente dans le cours d*nne lunaison. Si la mer
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( 77 )
néuit pas soumise à Tinflueiice de cet astre 9 centre
de notre système , les marées arriveraient à-peu-jprès
an mêmes heures qa^elles arrivent maintenant , mais
en seraient toutes d'une force ^ale; elles s'élève-
nient toutes à nne m^ôme hauteur, sauf une petite diffé-
rence périodique amenée par la distance plus ou moins
grande où la lune se trouve de la terre en parcourant
œ œurbe elliptique.
U est encore un effet attribué à la lune, c'est ce mouve-
neot dans l'atmosphère qu'on croit opéré sur les côtes de
Tooéan, à l'approdie ou plutôt peut-être au retour de la
marée descendante, et qui occasionne des ondées su-
bites et pass^res. Nous ferons observer que ce mouve-
méat est évidemment nul dans ce qu'on appelle commu-
némeot le beau fixe , et nul encore dans les jours d'une
phie continue , abondante et réglée. Ainsi la discussion
K bornerait à ces jours d'un temps douteux et d'une
i^onçlexion incertaine où à chaque moment on attend
<ioe ood^ , et où chaque ondée donne une pluie pas-
s^gàrv , mais assez grosse. Alors l'inconstance même du
^«nips occasionnera des accidents de pluies iotermit^
boites, qui se prêteront h presque toute espèce d'inter-
fv^tion , et chacun peut les expliquer à sa manière ,
OQ même simplement dire que ce ne sont que des ac-^
ôdenU. D^ailleurs , Messieurs , cet effet, ces pluies su*
wcs, fussent-elles les compagnes constantes et journa-
Sères de la marée qui se retire , on pourrait ou devrait
^attribuer non à la lune , mais seulement a un mou-
*^^eiit dans Tatmosphère, remarqué et calculé par
JLLiplace , et occasionné par le mouvement des eaux
*^ «arées montantes et descendantes. Si le phéno-
*^ atmosphérique était produit par la lune elle^
*^, il aurait quelque rapport avec le temps du pas-
■^ de la lune au méridien ; et cependant ceux qui en
pvWot ne kû reeonnaissent de rapport qu'avec le mou-
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(78)
vement de la mar^e , au lieu même ou il se fait re-
marquer.
Les effets de la lune sur les substances inertes autres
que les eaux des mers, ont peu excite, jusqu'h nos jours,
la curiosité des savants, et il semble qu'ik aient ëchapptf
aux recherches faites de notre temps. Il est très-pro-
bable cependant que la lune , du moins comme corps
lumineux , agit sur les corps même dépourvus de la vie,
soit animale, soit v^étale. Ses rayons excitant dans
l^atmosphère une lumière assez forte, et de plus étant
réfrangibles dans le prisme comme ceux du soleil,
on peut y soupçonner un pouvoir de produire sur les
corps quelques phénomènes chimiques , d^altérer , par
exemple , soit seuls , soit avec le concours de Tair ,
quelques couleurs minérales , et toutes les couleurs vé^
gétales et animales ; si , comme nous Ta confirmé un
professeur distingué, secrétaire de notre société pour la
classe des sciences; si, d'après des expériences Cûtes
avec soin , il est certain que les rayons de ce satellite
ne noircissent point le chlorure d'argent , nous en
concluerons la faiblesse plutôt que la nullité de leur
pouvoir.
Quelquefois pourtant il a été regardé comme bien
grand par l'ignorance ou le préjugé, et c'est avec quel-
que degré de surprise, pour ne pas dire de peine y
que nous avons entendu une personne de notre tlépar-
tement , d'ailleurs fort instruite et de beaucoup d*esprit^
maintenir que du moins la lune détruisait les murailles
construites de moellon et en calcinait les mortiers.
Comment ne peut-on pas remarquer que toute munùUc
qui est exposée aux rayons de la lune , doit nécessai-
rement être tournée de manière i se trouver aussi beau-
coup exposée aux rayons du soleil, et comment n<
peut-on pas soupçonner que la chaleur excitée p&i
ceux-ci soit capable de produire , conjointement ave<
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(79)
4es alternatives d'humidité et de gelée , les effets qi^e
Too attribue à des rayons bien inférieurs en puissance ?
Les mariniers aussi , voyant quelquefofs des nuées
l^res se dissiper au lever de la lune , disent qu'elle
oaoge les nuages. £t vraiment si quelques-uns ombrent
ledel dans le moment où cet astre s'élève sur Tho-
riiûQ , il n'y a , quant au résultat , et même indépen-
duDment de la lune , que trois chances possibles : ou
ils se maintiendront dans leur état actuel , ou ils aug*
oeoteront de volume et d^épaisseur, ou enfin ils se
&iperont. Dans le dernier cas la circonstance esl
<la moins favorable à l'opinion , et on ne manque pas
de s^en prévaloir ; dans les deux autres on n'est pas
sans excuse ^ car le plus hardi luniste se garde bien
<le prétendre à des effets toujours très-tranchants , très«
i^Qàb et bien constants ; il a soin de prendre beau-
coop de latitude ; il avoue , et c'est une remarque que
Boos aurons encore l'oecasion de faire dans le cours de
cette discussion , il confesse que la lune ne peut pas
^jours toute chose ; elle ne peut pas toujours pro-
^ son effet spécial. Ainsi , lorsque la chance n'a-
^ rien de favorable ^ alors on en reporte la faute
<v des accidents contrariants , et on croit ainsi sauver
^ système ; mais si la chance a été heureuse , oh ! alors
^ les accidents possibles qui peuvent avoir donné
^ au résultat ne sont , ce semble , plus rien ; on met
^ sur le compte de la théorie , et le système est dit
^^^^emment prouvé par des faits irrécusables. Qui ne
** pourtant qu'avec cette manière de procéder en fait
^ preuve , on peut parvenir à se persuader toute chose
** nonde , et ^ croire avec Virgile que te septième et
*rtOttile dixième jour de lune doivent être choisis pour
Panter les vignes , pour ployer les bœufs au joug , et
^^fort pour tisser la toile ; que le neuvième est favo-
''Ue aux voyageurs I mais que les voleurs doivent
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(8û )
IV'viter (i). Ainsi pareillement quelques personnes se
sont convaincues de la vérité de certains pronostics ou
axiomes concernant les douze jours après Noël , le ma-
riage des vents h la Saint-Denis , la pluie tombant le
dimanche avant Teau bénite , les quarante jours après
la Saint-Benoît , etc. ^ etc. ; de la même manière encore
sont venues ces observances du temps de la lune pour
maintes opérations dans les diamps, dans les jardins
et dans nos celliers.
Dans les temps éloignés de nous on a souvent voulu
faire honneur à la lune d^eflfets aussi variés que prodi-
gieux. De nos jours encore, Bernardin de Saint-PSerre,
fondé beaucoup plus sur Tautorité de Pline Tancien
que sur l'expérience , reconnaît en elle le pouvoir de
liquéfier la neige et de dissoudre la glace des deux
pôles. Il y voit la cause des marées , quoique dans un
sens bien différent de celui de tous les philosof^es ses
devanciers et ses successeurs : tout au contraire , quel-»
ques-uns de ces derniers, prenant ici probablement Teffet
pour la cause , et trouvant que sa lumière ne brille ja-
mais d'un plus vif éclat que ^uand Pair est très-firoid ,
maintiennent que c^est elle qui produit la gelée et forme
la glace. Que d'incertitude donc plane encore mainte-
nant , non-seulement sur la force , mais même sur la
nature , sur la vérité des effets attribués à la lune ! Cet
astre, au milieu de nos nuits, est trop remarquable, trop
utile pour que Tesprit de Thomme , toujours guidé par
(t) Ipaa dies aUoê alio dédit ordine luna
Félices opêrum,
Seplima post decimam felix et ponere vitem,
Bt prensoê domitare bottes , et licia telœ
Addere : nona fugœ mtlior, conimna furtis.
Georg. T., 4769 etc.
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(8i)
\ia firincipe itmé , VanalogU , ne lui ait pas souven at-
triboé une utilité , une influence imaginaire ; il est trop
âogulier dans ses phases , trop bizarre pour ainsi dire
iàûs ses mouvements , trop mystérieux dans les acci*
3eats que produit sa lumière argentine , douteuse et
vacillante , pour ùe pas prêter , non-seulement h toutes
les absurdités d'ames crédules , craintives et ignorantes,
nais aussi aux rêves du théoriste et du praticien , à
renthousiasme du poète et du naturaliste.
Les corps organiques du moins ne nous dévoileront*
ib pas quelques effets frappants de Tiafluence lunaire?
Ceseflkts, assez faibles d^ailleurs pour ne pas être uni-
venellement admis , sont ordinairement représentés
comme résultant de Faction des rayons de la lune ou
àt la lumière qu^ils excitent; et vraiment, si c'était
leolement comme masse , comme corps doué d'attrao»
tioQ que ce satellite agit sur les plantes , par exemple ,
•Ion, sauf quelques petites modifications que sa po«
<itioo relative par rapport au soleil pourrait apporter ,
ks e&ts qu^il produirait sur les végétaux seraient tous
ks jours les mSmes , puisque tous les jours la lune ,
ficelle soit visible ou non , vient h Test , passe au mé-
ô&Q et va rejoindre Touest ; de plus , ils présenteraient
te les jours un rapport constant, d^un côté avec les
kires très-variables du lever et du coucher de la lune,
tt it Tantre avec son périgée et son apogée , aussi biea
!iWc se^s différents d^és de déclinaison. Mais ce ne
*tt point des phénomènes de cette sorte qu^on ré«
dîne en faveur de cet astre ; tous ceux qu'on lui at«»
'n^ sur le règne v^étal suivent Tordre des phases*
Occasionoés, dit-on , par les rayons lumineux , ils sont
phis grands lorsque la lune approche de son plein, et
i^mdres ou nuls, ou même contraires, lorsqu'elle
est dans son décours. Ici se préseole tout d'abord une
*Uervation qui paraîtra sans doute un peu contrariante :
II
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(8a)
celui qui reconnaît les effets prodoits par la litmière
lunaire, et qui les trouve aogmentant en proportion
que le disque éclairé se tourne vers nous , devrait , si
son système est vrai , avoir remarqué de très-grandes
différences dans leur intensité, considérées à de mêmes
époques et lors des mêmes phases ; par exemple , ta
lune étant pleine lors de sa plus grande distance de nous,
n'envoyé à la terre que deux tiers des rayjons qu'elle
lui fait parvenir lorsque, dans la même phase , elle est
le plus près de nous possible (i). Dans le dernier cas les
effets, s'ils croiflient en proportion du nombre des
rayons, seront d'une quantité considérable, c'est-à^ire
d^un tiers plus grands que dans le premier* Cependant
cette différence ne paraît pas avoir été observée par
les horticulteurs physiciens *, bien plus, on ne paraît pas
avoir pensé à en tenir compte , ni mêfne réfléchi sur la
nécessité de son existence.
Toute personne tant soit peu versée dans l'éltiile des
phénomènes atmosphériques et dans ceux de la végéta^
tion, n'aura aucune difficulté h reconnattfe, en général (3),
que la lumière est ou peut bien être un agent de^
mouvements de la sève (3) ; mats il ne suflit pas qu'il
soit possible, qu'il soit probable même qde ta lumière
excitée par les rayons de la lune agisse su^ les plantes
cette action , pour être crue , doit être rendue sensible 1
les circonstances de la découverte doivent être indi^
(1) Le diunètîè de U pleine lune i rapogcè est à celui da (érigée à
pftii- près comme 5 à 6 ; conséqaemment la surface rayonnante ti
comme a5 à 36, c*est-à-dire environ comme 3 à 3.
(3) Quelques naturaiisteft praticiens maintienoeot qu'une forte It
mièc% artificielle, celle par exemple de flambeaux, est capable de rompi
le tomaeil des plantes.
(3) Quelques-ans ont ttaseigné que la lumière hâtait la maturité i
irwk'àên» ua» fruitiers*
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(83)
qaé^f et les faits doivent être de salure , je ne dirai
pas à commander rassentiment , mais du moins h
fiérenir tout soupçon de cette illusion que Tfunour
ftonel pour tm système est presque sûr de cr^er.
Oa nous a écrit que « des graines semées dans les
> deux derniers jours de la nouvelle lune, et dans son
' croissant , éprouvaient dans leur sève un mouven^ent
> plus considérable d'ascension jusqu'à la pleine lune ;
* qu'il valait mieux greffer h œil poussant dans le même
» intervalle ; qu'alors aussi les arbres dont on taillait
* les branches éprouvaient une plus grande perte de
' sève I et qae ceux qu'on abattait étaient plus faciles à
> se décomposer, (i) » Mais ne peut-on pas d'abord de-
sunder si ces £ûts sont très-sensibles, assez sensibles
pour convaincre celui qui a nié et qui doute encore ?
Peut-on même présenter comme £adts, peut-on appeler
biis des différences en plus ou moins, ces différences
surtout que l'attention peut h peine suivre, que la
[H^ention seule peut avoir remarquées? Une branche de
vigne , tout le monde le sait , pleure après l'opération
^ la taille ; eh bien ! on compte les gouttes qui en
Mrteot, et si par hasard peut-être, lorsque la lune est
croissante, on en trouve une ou deux de plus que lors«>
fi elle est en son déclin , alors , au lieu de chercher
<bas Tétat hyg;rométrique de l'atmosphère ou du sol la
canse peut-être seulement casucUe d'une différence si
petite, on en prend acte pour y asseoir tout un système.
On aura, il est vrai, préalablement déclaré que la
^f^pàviure n'éiwii pas trop basse ^ U moindre ejjfori peut
âtrer le fluide séveux dans les vaisseaux capillaires des
pbotes. Cela est assurément très-vraisemblable; il est
de plos très-possible que le petit ^citement occasionné
(i) Ltttf* à» M. Féhuxm à TanUm an ^éient mémoire.
J I.
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(84)
par les rajoos de la lune soit capable d*im petit eflbii
cependant toute la difficulté reste : il faut prouver qu
refiort a été produit, et qull est le &it de la lune
il faut trouver le moyen de bien détadier ce pel
effet additionnel opéré par la lune , des effets constao
et si puissants que le soleil opère (i).
Un auteur anglais , que M. F. reconnaît peut -et
comme son maître on son disciple (3), a cru pouvc
avancer que la sève est ascendante dans la premiè
partie des lunaisons, et qu'elle atteint le sommet d
arbres avec la pleine lune; quVnsuite elle descend
proportion que Porbe lumineux décroît. Disons-le sa
craindre d'être désavoué par la majorité des phy^
ciens, si de tels effets existent et sont incontestable
assurément ils résultent d'un pouvoir entièrement i
connu jusqu'à nos jours. La lune aurait ici une i
fluence dont le principe est ignoré ; il faudrait reconn;
tre quelques lois dans la nature , quelques principes <
mouvement dans la matière , quelque qualité, quelq
vertu, qui n'ont point encore été découvertes. On
pourrait point attribuer cet effet h la lune corne
masse et corps doué d'attraction, ni i la lune comi
corps lumineux. Comme masse elle agit ^alem<
tous les jours , tant à son opposition qu'à sa conjoi
tion; toute la différence dans son pouvoir proviens
de son approche vers l'apogée ou le périgée, et
mouvement de ces points de l'orbite est entièrem
indépendant des phases. Comme corps lumineux, <
n'agit que lorsqu'elle est sur l'horison : encore j
pouvoir sera-t-il diminué, annulé même quelquefois
(i) Booguer « truoTé par rexpérience que la lamièrc de la pi
lise est trois cent mille fois pitts faible qne celle da soleil. ( K,
Place, Exp. du Systèaw du Monde, ire pastie).
(a) Rerae britannique , a<> 5 , noy.
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(85)
lloterposition des nuages ; toujours sera-t-il si petit en
comparaison du pouvoir souvent simultané du soleil ,
^'oD n^en pourra point discerner les effets , qui sont
fropres à la planète. Enfin, si ses efiers provenaient
it Faction des rayons, il semblerait qu^ils devraient
«fmenter encore pour quelque temps après la pleine
loDe et après le moment du périgée , comme les effets
<ie$ rajons du soleil sur Tatmosphère augmentent encore
^fès te solstice dVté , et sont plus grands après ce
moment qu^auparavant.
Depuis qu'on a remarqué que la sève s'élève non-
seulement dans les végétaux, mais qu'elle y a aussi
on mouvement contraire , l'horticulteur philosophe a
étudié la marche alternative de ce fluide ; il a cher-
ché les lois qui gouvernent ses différents mouvements.
Quand les phénomènes les plus frappants de la v^é-
taiion ont été connus , alors on a voulu considérer les
choses de plus près ; c'est ainsi que le naturaliste ,
>près avoir suivi l'histoire des grands animaux et
i$ grands v^étaux , renforcit sa vue par des vçrres ,
pooT observer les animaux et les plantes microsco-
piques. Dans la plupart des sciences on est mainte-
nant parvenu presque à l'infiniment petit , et là
vraiment se trouvent bien des dangers d'erreur et
dlUasion. 11 est probable que tant que le v^étal a
▼ie^etque, même dans l'hiver, la sève est constam-
>^t ascendante et aussi constamment descendante ,
« très-vraisemblablement il n'y a de différence que
^ plus au moins dans la force individuelle et dans
b farce relative de ces deux mouvements» Ainsi, il
^ constant qu'aii renouvellement annuel de la na-
tort , la vttesse de la sève est augmentée , la quantité
in fluide en mouvement plus grande : ainsi encore ,
soivant du moins quelques-uns , la sève montante est
plas abondante au printemps , et la sève descendante
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(86)
plus copieuse en mouvement d^aoAt. Maintenant on
publie qu'on a remarqué dans les phénomènes de
la sève des différences qui ont des rapports avec les
phases de la lune ; mais que veut-on dire , en An-
gleterre et en France , quand on annonce que la sève
monte depuis la nouvelle jusqu'à la pleine lune , et
qu'elle descend ensuite quand l'astre est dans son
décliri? Voudrait-on maintenir que dans des beaux
jours de printemps , sous Tinfluence puissante d'un
soleil chaud et vivifiant , la sève ne monte pas , pen-
dant le jour, tout le temps que la lune est en de'cours?
Qui serait assez hardi pour avancer ceci comme un
iait ? Nous croyons sincèrement qu'aucun tliéoriste ne va
jusque là. Si on veut seulement enseigner que la sève
monte quand la lune croît , et qu'elle descend quand la
lune est décroissante , cela est incontestable ; mais on
pourrait paiement déclarer qu'elle descend dans le pre-
mier cas et monte dans le second , puisque , dans une
supposition très-probable , la sève a constamment et
simultanément les deux mouvements contraires. On
sera donc réduit à dir£ qu'elle monte plus fortement
lorsque la portion illuminée de la lune augmente par
rapport à nous, et qu'elle descend en plus grande
quantité quand cette même apparence diminue. Alors
nous voici revenus à ces diflférences vagues et incer*
taines que l'on voudrait appeler des faits ; différences
en plus ou en moins , qui prêtent tant à l'illusion , et
contre l'admission desquelles il est souvent bien per-
mis de réclamer. Nous disons souvent , mais nous ne
voudrions pas assurément dire toujours , car , sans
sortir de notre sujet, le physicien même, celui qui
reconnaît, dans tous les temps de l'année , un double
mouvement dans la sève, ne nierait pas qu*à certaines
époques ce mouvement est beaucoup plus sensible que
dans d'autres.
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( 8; )
D'ailleurs, et dîsons-Ie ici à Tindustriel , ce qui sur-
prendra, au politique , à radministrateur, ces discus-
àm sur le mouvement de la sève ne sont pas en-
tiffcmcm oiseuses; elles ne sont pas sans quelques
lapports avec la pratique , sur des points mùme qui
cooceraent IVconomie politique aussi bien que Féco-
Oûmic domestique. Ceux qui assurent que la sève monte
ins la première partie des lunaisons , et descend dans
I» dernière, en tirent des conclusions qui conduiraient
à un choix des temps de la lune pour abattre le bois,
rt assurément sous ce point de vue les questions élevées
ici (i) prennent un grand intérêt. Toutefois, ceux qui
doutent des effets sensibles et appréciables de Tinfluence
lunaire sur la sève croyent que, dans un siècle où
on aime à revenir sur les anciennes opinions, à vanter
COn semble qn*oo ne soit pu beiucoup d*accord même sur Tavan*
t«p it couper le boit , loreqa*tl est plus ou mora» plein de «évc. I^
**«ne ici est dpulease , et U pratique n'a mis rien au-delà d'une
"sioUlioa raisonnable. Pent-élre les différentes espèces d'arbres ne
^m pas, ,ar ce point , être traitées de la même manière. Ici, et dans
«ïKoap de circonstances à-peu-près semblables, on peut s*élonner
•i>fm>f>»ce des siècles passés et de celle de notre siècle. Il serait si aisé
ï^éts hommes qui ont beaucoup de loBir,d*en consacrer une petite
^")oa i des expériences qui ne leur demanderaient qu'on peu d'atten-
**nde bonne volonté. Qui ne pourrait , pour ne pas sortir du sujet
«Ujjte, Je procurer quelques ' morceaux de bois de différentes e$-
F*«»i coupés en différents temps de l'année , dans l'hiver et au prin-
^y OU nème dans les différentes phases de la lune , et observer
*^^'t pendant quelques aiinées , les différences de certains effets que
f^i^t occasionner la sécheresse et l'humi^té , le firoid et le chaud,
f"^ onpuer leur dureté ralative , leur tendance plut oo moins {rande
^"swttou à céder à l'intempérie de l'air, et à Fattaque, soit
^tfisectes, soit de certaines maladies? Assurément ces observations
^'^''nicat Uen pea de sacrifices , soit d'argent ,soit de repos. Il est
^qaifeis sî ûaé dt se rendre utile! Nous observerons encore qne
^ avens entendu recommander l'immersion du bois de hêtre pendant
p>«««i mois avant la mise en centre.
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(88 )
là sagesse antique; et jusqu'à justifier les proverbes des
bons vieux temps, on peut leur permettre de soup-
çonner que depuis quelque temps on s^est assez géné-
ralement épris d*une estime toute nouvelle en faveur
de doctrines qui avaient été abandonnées. Ils peuvent
croire que ce ne sont pas toujours , même à présent ,
les faits qui conduisent au système , mais que le sys-
tème étant vu avec prédilection, on a cherché des
faits pour Tappuyer , et nous savons tous que , dans d«
pareils cas , on ne cherche pas long-temps sans trouver.
Ce qui surprendra aussi beaucoup de personnes, et
ce qui n^est assurément pas capable de concilier, sans
des preuves bien incontestables, un grand nombre de
partisans aux influences lunaires sur les plantes^ c^est
que ceux qui disent que la lune fait monter la sève
dans les tubes capillaires des végétaux , sont les mêmes
qui désignent cet astre comme la cause des petites gelées
qui , dans les premières heures du jour , vers Téqui-
noxe du printemps , au mois d'avril , roussissent , flétris-
sent et perdent les jeunes pousses. Il est vrai que peu de
physiciens accoutumés h considérer les phénomènes que
la nature nous offre, et ceux que les manipulations
chimiques produisent sous nos yeux, se sentiront portés
à nier que la même cause ne puisse produire des effets
diamétralement opposés ; cependant l'application de ce
principe ou de cette concession h un fait ou une série de
faits, a besoin de preuves. Aussi , pour obtenir plus
aisément notre foi en ce double pouvoir de la lune,
on assure que pareillement les rayons du solci^ pro-
duisent le froid aussi bien que la chaleur, le froid dès
le matin, à son lever, quand sa lumière agit douce-
ment et légèrement, ensuite de la chaleur lorsqu'il
s'élève sur l'horizon et répand des torrents de lumière.
En preuve du froid produit par le soleil levant , on
cite une expérience où , en recueillant alors ses rayons
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(«9)
tftt im miroir el les réfléchiâsani dessus un vase
rempli d'eau, on procure la congélation du liquide. Ce-'
ftoôèot il est fort aisé de se rendre compte de cette
ûnçéUlion sans avoir recours à des rayons réfrigérants ;
OQ peut maintenir comme au moins possible que cet
efa provient du refroidissement occasionné par une
(^vaporation encouragée par les rayons réfléchis. Après
ifieJqaes moments tout change ; la chaleur occasionnée
J«r les rayons du soleil l'emporte sur le froid qui
Insulte de Tévaporation , et ainsi au sentiment de froid
ttccède celui de chaleur. Il est plus que probable que
les rayons du soleil , réfléchis de la même manière sur
le globe d'un thermomètre bien sec , nje feraient pas
desceadre le liquide dans le tube. D'ailleurs , que lea
rajoos du soleil ^ son lever occasionnent du froid ^
que cet efiEet soit augmenté à raison du nombre des
rajonsrffléchis sur un objet, on n'en peut guère conclure
B^e la probabilité d'une pareille vertu dans les rayons
<)e notre satellite.^ Le raisonnement même dont on se
ieit pour tirer parti de cette expérience , qui d'ailleurs
OMS est inconnue , semble peu exact. Les rayons du
MlnlsoDtréfirigérants, dit-on, quand ils agissent I4g^
mènent , doucemeùt , et c'est le cas au lever de cet
vtit« Mais ne pouvons-nous pas répondre que , dans
^ opérience citée , le nombre des rayons du soleil qui
^<"Bkiit sur la surface de l'eau , étant doublé par l'aor
c^oQ des rayons réfléchis , l'action des rayons doit
^ moins douce , moins l^re , et qu'ainsi , au lieu
^ <Kcasionner un plus grand refraidissement , ils doivent
éfn moins réfrigérants ? 11 n'est pas nécessaire de faire
ohsenv ici que ce raisonnement suppose toujours
exactitude de l'expérience annoncée.
Quant aux accidents qui détruisent les espérattces «
nît de nos jaidins, soit de nos vergers, en détruisent
es flcurt et les tendres pousses, une saine physique
la
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(y)
ne peut, ce nous semble, les attribuer anz rayons de b
hme , ni coasëqneminent admettre la bme rousse , ou
plutôt ce qa^on entend par cette expression. Les effets
Bcheux des gflées printannières n^arrivent qae vers le
lever do sdetl ; ik n^ont aucun rapport ni avec les
phases de la lune , ni même avec son existence sur Tfao^
râon. Il 7 ^ des gelées blanches en avril et dans Tau-
tdfnne, dans toutes les phases de Tastie auquel on
voudrait les rattacher. Si la lune est en son plein , elle
aura lui tonte la nuit, et cependant les plantes ne
roussiront qu^^ Tapproche du jour ; si la lune est nou-
velle , aucun de ses rayons n^aura firappé les plantes , e
elles n'en seront pas moins endonunagées. Ici , comnM
en bien d^antres circonstances , la lune d^avril doit étn
prise pour le mois même qui porte ce nom , et il se-
rait un peu moins inexact de parler du mois roux qui
de la bine rousse.
Tout en reconnaissant la grande et soudaine ab
sorption de calorique qui doit avoir lieu sur une fleu
et une tendre pousse , lorsque , couvertes de friniats d
la nuit , elles reçoivent les premiers rayons d^un solei
étittcelant à travers une atmosphère pure et transparent!
recoimatssant pareillement le refroidissement qui do
être occasionné par la double transition du frimât c
éau et de Peau en vapeur, nous sommes plus porti
i croire que c'est moins un refroidissement occasion!
éans des objets déjà très-froids, qu'une chaleur trc
soudaine et un mouvement trop rapide produits dai
des fleurs et des boutons par un soleil actif, quoiqi
naissant , qui détruit l'économie v(%étale. C'est un efl
entièrement semblable à celui que Téconomie anima
éprouve dans les mêmes cas. Exposons à une chale
même modérée , une main , je ne dirai pas gelée , m;
sin^lement très-froide , alors le mouvement des fluid<
qui se rétablit ou s'augmente d'une manière un peu tn
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(9» )
brusque dant des parties resserrées et retirées, par i«
bid, se fait infailliblement avec effort et avec peine. La
douleur que nous ressentons indique des déchirements ;
ces déchirements deviendront terribles si le change-
Beat de température est rendu trop soudain y la p«rte
de la main peut en être la conséquence. De même sans
ikute le faible tissu d'une plante , d'un bouton , d'une
tendre pousse sera certainement déchiré par une tran-
âdoQ à-peu-près semblable, lorsque condensé, res-i
sorë par la gelée, il reçoit soudainement les rayons
d'un soleil qui se lève sans nuages dans Torient. Le
remède dans les deux cas présente aussi une grande
aaalûgie. On applique de la neige sur le membre gelé ^
et on arrose copieusement la plante que la ^elée blan-
die a attaquée.
U est des corps organiques qui , à cause d'un tissu
jJus fin , d'une fibre plus délicate , d'une économie .
tout à la fois décelant plus d'art , et étant plus aisé-
ment dérangés ,* paraissant encore plus propres que les
plantes ^ être affectés par des influences môme légères ,
et à nous en faire suivre et saisir les moindres effets.
Ici, fhomme trouvant en lui-même la perfection,
J0U8 plus d'un rapport du moins , de l'économie ani-
male, et appartenant à cette classe supérieure douée
«Tnae organisation subtile , il n'a , pour ainsi dire , qu'à
«étudier, quà se considérer lui-même, pour s'assureir
« la fibre animale ou les fluides qui , soit la parcourent
etl abreuvent , soit l'animent et lui impriment du mou-
Hment, sont sujets à des secousses , \k des afïèctions pé-
nodiques qui aient rapport avec , soît les phases de la
W , soit la disUnce de cette planète de la terre , soit
sa déclinaison. Eh bien ! là où nous devrions sans doute,
ce me semble , trouver plus de preuves des influences
liOMTCf, c'est là ott on en trouve -le moins, où oa
a'eu trouve point, et, dans cette partie de la discussion,
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qui aurait dû être la plus intéressante , et o& ka fatU
auraient dû être le plus nombreux et le mieux con*
statés , on ne trouve presque rien h r^ter, rien h expli*-
quer , rien h dire*
A la vérité f presque toutes les nations anciennes et
modernes ont adopte , pour désigner celui qui est sujet
à des aliénations mentales , le mot lunatique ou un
mot de semblable acception. Ce concert semble d^abord
déposer bien haut en faveur d^influences lunaires sur
Torganisation de Thomme. Cependant , quelque puisse
être Torigine, soit du vocable lui-même^ soit de Vo*-
pinion quHl représente , on peut , ce me semble ^ dire
qu^h présent Topinion ne reste plus guère que sur le
mot j et que le mot est de nos jours presque la
seule garantie de Topinion. Nous Tavons trouvée dé-
savouée par tous tes hommes de l'art, tant en An-
gleterre qu'en France ; rarement fournit-^lle matière à
discussion ou même à conversation , et elle paraît
tombée dans une espèce de désuétude et d'oubli. D'un
autre côté, les avis que contiennent encore peut-être
certains almanachs nouveaux , continués sous des titres
et des formes antiques , ne sont plus écoutés, même par
la faiblesse de l'âge ; et , pour suivre les ordonnances
de la thérapeutique , on ne considère plus si on est ou
n'est pas en décours. Partout, dans cette question, le pré-
jugé a cédé ht une expérience journalière et personnelle.
Aussi, tandis que les exaspérations dans les maladies
chroniques sont si souvent attribuées h l'état de Tatmos-
phère et au rhumb des vents, aucune, que nous sàcTiions,
n'est reportée sur la lune. Quelques médecins , soit
répondant à Tappcl fait par un de nos confrères (i^ ^ soit
le prévenant , ont fait h dessein des observations suivies
(i) PrécU dn traTanx àt FAcadéale de RoufO, iSoS, paft 16a.
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(93)
pour s'assurer si cet ftstre , iors de quelques - unes de
M phases y occasionnait quelques effets sur rëconomie
ttimale dans des personnes en santé ou affligées de
ttrttmes 6èvres ou de certaines maladies , et jamais
ib D'en ont dérouvert aucun.
Personne toutefois ne niera Teiistence de certains
efiets de la lane sur Fhomme , et en général sur Té^
œoomie animaie; mais ici encore, comme partout
âRears, ce satellite agit comme corps lumineux. Faible
en comparaison de celle du soleil , sa lumière est
assez grande pour agir puissamment sur nos yeux ,
quoique couverts même de leur paupière ; elle inter-
rompt quelquefois notre sommeil , et Texcitement
qu'elle occasionne dans certaines circonstances et dans
certaiiies crises de fièvre , pourrait y selon l'opinion
(Tm médecin éclairé de notre ville , avoir créé l'o-
pinion qui a donné lieu au mot bfnaUque. De plus , cet
ase de Tcsprit , cette élévation de Tame , cette émo-
tion donce et agréable que Faction du soleil sur nos
sensproduit ordinairement dans Thomme, peuvent aussi
jusqu'à un certain degré être produits par les rayons
^ la lunf . Quelque soit la source de là lumière , le
^il, une planète , ou le plus commun des combus-
tiUes à nôtre usage , son action est toujours fort sen-
âUe , et il est plus que probable qu'elle ne se borne
P» entièrement au sens de la vue. On peut conclinre
^ tout ceci que l'influence lunaire sur le règne
*BBial est bien peu sensible ; et , conime nous avons
^ vo que y faisant abstraction du mouvement des
>B>^, cette infiuence est bien faible sar les corps
ioo^niques, bien faible encore y et en bien des cir-
constances parement hypodiétiques , sur les végétaux;^
Qoos pouvons dire en général qu'à bien peu de ohoses
^ Induisent ces effets constants, réguliers etiroiformes
q« on peut attribuer h la lune.
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f 94)
Mais , tandis que les effets consUnts et réguliers des in*
fluences lunaires , quels qu'ils puissent être dansTétendue
des trois règnes , sont partout trop faibles , trop insensibles
pour intéresser d'autres observateurs que les savants, il
y a dans la nature des phénomènes frappants et presque
journaliers , des phénomènes contribuant trop , soit
aux aises, soit aux inconvénients de la vie privée et
publique , pour ne pas occuper lattention de la généra-
lité des Jhommes , et qui , par beaucoup d^entre eux ,
sans distinction de plus ou de moins de connaissances
acquises , sont attribués i des influeuices exercées par
le satellite de notre planète. Cette espèce de phéno-
mènes comf)$i^. notre seconde classe d'effets dont la
lune est réputée fa^ause ; nous les avons appelés efTets^
irréguliers et inconstants , parce qu'ils n'ont point de
caractère particulier , et qu'ils ne sont point, en un lieu
donné, ks mêmes dans les mêmes phases, ni les.
mêmes en différents lieux dans le même temps. 11 fait
sec , on aurait besoin de pluie , on l'espère à la nouvelle
ou à la pleine lune , ou encore quelquefois, quoique peut-r
être avec moins de confiance , aux quadratures i si le
temps eût été opiniâtrement humide on aurait espéré
du sec aux mêmes phases. L'habitant de nos contrées
méridionales attend souvent de la pluie de la même
lune et de la même phase de lune dont l'habitant
des contrées septentrionales attend avec autant de
raison le retour d'un ciel serein. C'est le temps précé-
dent qui alors décide de la nature de l'effet ; mai&
l'effet attendu est toujours quelque changemen^t. Si
aucun n'a eu lieu , on se réjouit ou on s^afllige , suivant
les circonstances et les besoins immédifSits de chacun.;
mais on se résigne : le moment critique est passé , il
faut attendre jusqu'à la phase suivante.
Pour rejeter toute espèce de foi en, cette influence
que la luno, selon quelques personnes , exerce , dan^ ses
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(95)
principales phases , sur l'atmosphère et sur les phëno^
sèoes atmosphériques , il ne suffît certainement pas
d'objecter qu'on ne peut se rendre raison de cette in-
hence , et que 'sa nature est entièrement , soit ignorée ,
nit incompréhensible. Dans Thistoire naturelle , il n'est
pm donné à Thomme de connaître autre chose que
les effets : veut-il aller jusqu'aux causes et h la nature des
cuises f de ce moment tout est pour lui un mystère dont
nni ne lui soulèvera le voile. Le premier pas dans
Fânde des connaissances physiques nous place dans
ttK situation qui exige les plus grands sacrifices de notre
intelligence ; et l'homme qui , après avoir reconnu
Tcxistente de l'attraction , cette première ^li>i de l'uni-
^'«îs matériel , vient h réfléchir sur les effets qui en résul-
^tt pour remonter à leur cause , cet homme a déjà
TcçQ une grande leçon , il a dû bien y apprendre à ne
pfwque rien croire d'impossible , ou du moins à ne
nen regarder comme tel , sous le prétexte d'une appa-
^te impossibilité. L'attraction , je le confesse , me
^^onibnd j et en me confondant atterre ma raison et
Ia dispose à presque tout admettre. Le génie qui la
Couvrit ne voulut pas, n'aurait pas certainement pu
^ définir ; il ne voulut que donner un nom h ce pouvoir
inconnu, h cette cause cachée dont l'effet sur la ma-
fee et sur les masses matérielles est un effort mutuel
rt T^proque vers le rapprochement et l'union. Tous
^ corps tendent à s'approcher , à s'unir , et si aucun
•^cle invincible en soi ou par la nature des cir-
constances ne s'y oppose, ils s'approchent en effet et
Ki^nissent. Yoilh ce que le philosophe anglais a
^^ exprimer par le mot attraction , et voilà une
influence réciproque et universelle qui , absolument
inconcevable , prépare notre esprit , dès le commen-
<^ent de nos études, à se réconcilier avec toutes les
^ces d'influences que nous devons trouver ensuite
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(96)
sur notre chemin , dans le cours de nos observations.
Les influences lunaires , telles même qu'elles sont
représentées par le plus hardi , le plus avantureux
enthousiasme , confessons-le franchement , n'ont rien de
plus éloigné de la portée de notre intelligence que les
phénomènes de l'attraction.
Voici f nous disons -nous à nous -même, dans un
moment d'abstraction et de méditation, voici un corps
pesant et matériel, une masse lourde, insensible, où
n'çxiste aucun principe d'activité, où ne réside qu'une
inertie complète et un morne repos, symbole de mort , un
corps enfin autant étranger à tout mouvement spontané
qu'à la pensée. Si nous supposons ce corps seul dans le
vide immense , infini , alors , dans sa complète indiflé*
rence soit au mouvement en général, soit au mouve*
ment en un sens plutôt qu'en un autre , il demeurerait ,
ce semble , pour toute l'éternité, parfaitement immo-
bile ; mais que la voix du créateur appelle , des profon-
deurs du néant , un second corps aussi insensible , aussi
inerte que le premier , et voilà que tout-à-coup cet ancien
et immobile inhabitant de l'espace semble à l'instant
même revêtu de facultés actives et comme 'spontanées;
il s'ébranle , il se meut , il devient animé pour ainsi
dire, et il se porte avec un mouvement accéléré vers
ce nouveau corps, qui, quoique semblable à lui eu
insensibilité et en inertie, lui épargne une partie du
chemin, et s'avance de son côté comme doué d'une
même sympathie, (i) Quand bien même ces daus
corps aiu'aient été , dans le commencement , séparés pai
un espace presque infini, et qu'une éternité presque fû!
/
(i) Si on supposait le premier corps en mouvement , alors le sscon^
corps f dès le premier moment de son eiistenee , changerait ou du moini
modifierait le mouvement du premier; le pouvoir d'attraction produirai!
toujour» ion effet , et' cet effet serait toujours incomprébeiyiblc.
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( 97 )
D&essaire pour effectuer leur réunion , oui , même alors ,
i cette distance immense , ils se sentiraient , si je puis
Aaprimer ainsi , ils se sentiraient , ils se verr^ien
VuTaotre, ils se précipiteraient Tun vers Tautre, et
panîtraient tous les deux animés d'un mouvement qui ,
«linnt notre manière de voir, semblerait ne devoir
^ le partage que de la vie et de F intelligence. Tel
«aitreffet de l'attraction , Messieurs, si toute la matière
créée était réunie en seulement deux masses , et qu^au*
eue force semblable à celle que les astronomes appellent
k force projectile , ne balançait et ne modifiait le
pouvoir de Tattraction , sans toutefois le détruire.
Dans le présent ordre des choses , un grand nombre
de corps peuple Tunivers et sillonne l'espace ; ainsi
le jea des attractions différentes se multiplie et se
complique ; mais il n'en est , h dire vrai , que plus
étooDint , comme il n'en est que plus difficile à
suivre , et même quelquefois à reconnaître. D'un autre
côté, l'attraction dans l'univers est encore modifiée
ittA ses effets par un pouvoir aussi étonnant qu'elle
Test eUe-méme par ce pouvoir qu'on appelle force
de projection , et qui , s'opposant aux masses qui
todeot à se réunir , (ait circuler la plus légère au-*
te de la plus pesante ; combinaison admirable due
a sue intelligence infinie , et sans laquelle tous les
c^ matériels placés à des distances moindres que
^>Am , ne présenteraient bientôt qu'une seule masse*
^ la force de projection , chaque satellite s'uniraôt
« ta planète principale , chaque planète rejoindrait
* «oUil , centre du système auquel elle appartient ,
*<*» les soleils de tous les différents systèmes se por-
•^ï^afent l'un vers l'autre , et ne formeraient enfin qu'un
Rnd tout, qu'un seul corps énorme , immense , infini,
^ de plus éternellement immobile.
I^ variété des mouvements dans les différents corps
i3
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(98)
qui appartiennent è notre sysième solafre et la mul*
tiplicité de ces corps eux-mêmes , ont sur notre es-
prit un effet qu'on ne remarque peut-être pas suffisam-
ment , et qui est fort différent de celui qui peut-être
serait produit par la vxie de mouvements moins com-
pliqués et d'objets moins nombreux. Qu'un globe, qu'mi
corps quelconque se présente seul et paraisse doué
d'un mouvement progressif , il est sâtr d'attirer et de
fixer notre attention, et aussi d'exciter notre curiosité
h connaître la cause qui le fait mouvoir ; mais si un
grand nombre de corps animés de difit'rcnts mouve-
ments s'offre à notre vue , alors , soit que l'impression
partant de plusieurs points divise l'attention et ne
produise réellement pas la même force et la même
vivacité , soit que toute reclierche paraisse alors inu-
tile ^ toujours du moins voit-on qu'alors l'homme se
contente d'une admiration vague et pour ainsi dire
stupide. Ainsi , ce n'a été qu'en dégageant l'attraction
de ses accessoires , ce n'a été qu'en la considérant
seule et dans ses accidents les plus simples , que nous
avons pu , ce semble , nous rendre sensible et peut-être
aussi faire pareillement sentir aux autres tout ce que cette
force d'attraction a vraiment d'étonnant ; c'est ainsi ,
du moins , que nous avons appris à ne pas rejeter les
influences planétaires par le seul motif que leur manière
d'agir nous est tout-à-fait inconnue.
* De plus , le mouvement des astres ne fait point , à la
£stance où nous sommes placés , une \-ive imj- ^'ssion ;
on peut quasi dire qu'il n'agit point sur nos sens , et
que nous ne le connaissons qu'à l'aide de la mémoire
et de la réflexion. Nous nous rappelons que la lune ,
par exemple , était il y a quelques moments à un point
du ciel , et maintenant nous la voyons à un autre ; de
là nous concluons qu'elle s'est mue. Nous admirons
tranquillement, mais rien ne nous a ébranlé, rien ne
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(99)
Boos a frappés. Pareillement si nous montrons h un
criait une pendule qui n^a que Tatguille des heures ,
ctsr, lui ayant fait remarquer le point du cadran
«à est Taiguille , nous voulons , un qbart-d'heure ou
pbs après le convaincre qu^elle marche , parce qu'elle
l'est pios an même point oâi il Tavait vue d'abord ,
i écoute notre remarque sans attention , et regarde
nDstnanem' sans beaucoup d^întérét ; mais si la pen-
Ue a cettfe aiguille des secondes qui parcourt rapi-
fanent el à vue d'œil la circonférence du cadran ,
abfsil est vivement intéressé par ce mouvement ra-
pt^, S]rmbole de la vie ; il admire , et sa curiosité ,
par rapport h la cause ^ est excitée. Quelle impression
fie fruit point pareillement sur nous le mouvement
de la lune ^ si stationnés sur un point de l'espace nous
^9poui cet imposant satellite se rouler majestueuse-
méat dans son orbite , en traversant environ un quart
de Ueae par seconde ! avec quel degré de stupeur
aobaenreriens-nous pas ce mouvement composé^ de
fan pouvoirs , la force d^attraction et la force de
pniection !
Par lattraction , les corps agissent Tun sur Tautre, à
b manière des esprits ou du moins d'une manière
Vt nous regardons comme appartenant aux esprits et
fiappartenant qu'à» eux ; ils agissent ii distance et non
peint par contact immédiat , cVst-à-dire , leur mode
'tcdon n'est point celui que nous croyons le seul
'■Boé à U matière et aux corps matériels. Par elle ,
*%é réloignement où ils se trouvent , ils entrent en
i^pport, ou plutôt ils sont constamment en rapport les
vu avec les autres ; ils produisent les uns sur les ao-
te des efibts sensibles , frappants , des effets accom*
noés du symbole de la vie , le mouvement spon-
^>né. Oui , Messieurs , je le répète , et ne puis , ce
tte semble , assez le répéter , quand on s'est formé
i3.
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( lOO )
de cette loi gënâ-ale de la nature qu'on appelle attnc'-
tion une idée juste et véritable , quand on Ta saine
dans tout ce qu^elle a dVtonnant , de contradictoire ,
j^oserais quasi dire h nos notions les plus communes ,
les plus accréditées , et selon la manière humaine de
voir les plus justes , alors , oui certainement alors
on ne se permettra pas de nier les influences de la
luné sur les changements irréguliers de notre atmos-
phère , simplement parce qu^on ne peut en comprendre
l'action et le jeu.
Toutefois , Messieurs , après avoir reconnu incon-
testablement de bonne foi les bornes des connaissances
htmiaines , il nous sera permis sans doute de montrer
ce que ces connaissances , telles qu'elles peuvent élre ,
ont d'étendue et ce qu'elles ont de certain. On peut
abaisser Thomme sans toutefms Tavilir. 11 y a chez
lui et dans sa nature quelque chose de si étonnamment
grand qu'on peut lui 6ter beaucoup sans qu'il paraisse
se rapetisser ; ses richesses intellectuelles semblent ne
rien perdre par les plus fortes défalcations. L'homme
ne devant pouvoir ni changer , ni modifier la nature
des choses , il est évident que toute connaisance de
la constitution naturelle des corps , aussi bien que la .
nature des principes qui r^issent, soit leur mouvement ,
soit leur influence » lui était absolument inutile. Biais
rhomme connaît les lois auxquelles sont soumis les
corps , ou du moins il est sûr de connaître plusieurs
de ces lois , et surtout , oui surtout , il connaît la fixité ,
l'immutabilité de toutes les lois naturelles , quelles
qu'elles puissent être. Cette connaissance lui était
presque indispensable ; comment pourrait-il sans elle
exercer ce domaine secondaire et toutefois admirable ^ et
merveilleux qu'il exerce sur la création ? Ainsi , tout ce
qui est autour de lui est pour lui , si vous le voulez , un
problème , une énigme, un secret impénétrable ; mais.
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( loi )
d^tra latre côté, il voit, il réfléchit, il combine, il
nisonne ; l^ il est sur son terrein , là il est fort, et sa
faice est immense. Il a vu , il a éprouve ; le passé est
i lui L^expérience et Tinduction , voili les sources de
ses connaissances pour le présent ; il compte sur la
fait^, sur Tinvariabilité des lois de la nature pour le
bur ; là il ne peut jamais être trompé , et il ne peut
se tromper ; il compte sur Tidentité des efiets produits
par les causes premières , quelqu^elles soient ; en cela
est son savoir , en cela réside son infaillibilité. 11
ignore ce que c^est que Tattraction , mais il a observé
ses efiets ; il ne peut se rendre compte du mouve-
■eut, mais il en a découvert les lois ; il ne sait ce
que sont ces masses énormes , ces planètes qui
roulent sous ses pieds et se promènent sur sa tête ,
mais il pèse leurs masses ; il calcule leur distance ,
il compte leurs pas , il indique leur retour , il montre
^ doigt la place que chacune occupera dans tout
tortant donné , et cela des millions d'anùées en avance.
Ainsi, que ceux qui veulent nous faire reconnaître
<les influences si irrëgulières , si variables dans la lune
lors de ses phases , ne viennent pas nous dire que
>OBs ne connaissons rien à Funivers , que tout y est
pour nous un mystère hors à tout jamais de la portée
Je notre esprit ; quHls ne nous disent pas que nous
•'atons découvert encore qu'un petit nombre des pro-
pi^ de la matière et des lois de la nature ; que
(■Aséquemment nous ne pouvons rejeter Texistence
'ttcon phénomène naturel sur le principe que la
csbe qui le produit est ignorée , et la manière dont
celte cause ag^t inexplicable. Nous répondrons im-
■i^fiatement que ce n'est point aussi sur ce principe
fie se f<mdent soit nos doutes , soit ce refus positif
<le notre croyance. Montrez-nous , et voilà notre pro-
poâtion , montrez , lors des mêmes phases de la lune ^
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( loa )
et à des intervalles constants , le retour constaot de»
mêmes effets; montrez-nous des phénomènes atmosr
phériques qui , attribués h la lune , soient aussi r^u-
liers que le lever de cet astre , aussi invariables que
les effets de son attraction , aussi fixes et aussi im-
muables que les lois naturelles. Alors , oui certainement
alors y nous admettrons , nous professerons même ces
influences contre lesquelles notre esprit maintenant se
révolte. '
Autrefois on croyait assez universellement h la pos-
sibilité de prédire l'espèce de changement que telle
lune et telle phase d'une lune , pour l'année courante
ou Tannée qui allait commencer , devait amener dans
l'atmosphère ; maintenant les moins enthousiastes se
contentent de prédire vaguement pour toute lune et
toute phase de lune un changement quelconque.
Voilà où les plus raisonnables se retranchent ; le
premier poste a été irrévocablement enlevé. Cependant
assurément rien ne montre plus évidemment la force
du préjugé en faveur des influences lunaires sur l'at-
mosphère de notre globe , que cette multitude d'al-
manachs faits pour le peuple , et où pour le peuple
l'état de l'atmosphère est indiqué, annoncé souvent
douze mois en avance pour chacune des phases de
notre satellite. Quoique l'expérience soit là quatre fois
chaque lunaison , et qu'elle crie aussi haut au moins
que la raison pour dissuader chacun de toute croyance
en de semblables prophéties , cependant beaucoup de
gens ne sont point et ne seront peut-être jamais ébranlés
dans leur foi endémique. L'almanach peut mentir tant
de fois , je ne dirai pas qu'il voudra y car il n'a pas de
mauvaise intention , mais il mentira tant que possible ^
cependant y toujours , et en dépit de toute méprise >
maintes et maintes personnes ne cesseront point en-
tièrement de croire en ce qu'il avance. On l'excuse ,
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( io3)
OU on se tait , ou peut-être seulement on sVtonne
quand il n^a pas frappé juste ; on espère toujours
pow Favenir, et c'est un vëritable et bien sensible
triomphe pour certaines bonnes gens , quand elles
trouvent qu'il a véritablement annoncé de la gelée
i-peu-près pour le jour ou le vent de N.-E. se fait
xtideotellement sentir dans les mois de décembre et
de janvier , et que , parlant de la température aux en-
virons du temps de la canicule , il a tomîbé exacte-
aeot sur quelques jours chauds dans la saison de
Tamiée la plus chaude.
Ce préjugé, cette espèce de superstition astrologique,
est nourrie , sinon par la science , du moins par Tes-*
prit mercantile. Dans des pays civilisés et oti Ton se
pique de sacrî6er à la raison , et de favoriser l'instruc-
tion des classes même inférieures de la population ,
on n'a point honte de spéculer sur la faiblesse de leur
esprit , et sur la profondeur de le\ir ignorance ; on
«courage l'une et l'autre , et on leur donne au plus
^ prix possible un aliment toujours nouveau. An-
■wHement une des plus précieuses industries des temps
oodemes est employée h entretenir des opinions que
1> nison ne peut appuyer, et qui, accoutumant le
peuple ï croire sottement, s'opposent au développe-
ment de ses facultés intellectuelles , vicient et faussent
^ jogement, accoutument son esprit h se contenter
^ tout, même de Tabsurdité.
Ce pouvoir de la lune semblerait presque être un
•We de l'astrologie judiciaire. Seulement, tandis que
injoence des astres les plus éloignés de notre globe
^ supposée régulière et uniforme , celle de la lune
^ supposée irrégulière et variée. Peut-être l'idée de
<=ette différence e^t venue des changements frappants
fK présente et la marche de la lune , et la forme de sa
pvtie iumineusie y et la grandeor de son disque. Cban*
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( io4 )
geanl coDsUmment de grandeur, de %iire et de place ,
elle dut, chez des peuples siqierstitieux et ignorants,
être regardée comme le symbole et l'image de tout
diaiigement , de toute variation. Et dans des temps
ou tout ce qui pr^ntait des con&rmitfb et des ana*
logîes extérieures était supposé avoir de véritables
rapports, et souvent des rapports d'effets et de cause ,
dans des siècles ou un homme devait être brave parce
qu^à sa naissance une planète se trouvait dans la conr-
steliation du Lion , où aussi une plante devait guérir les
maladies de celui de nos organes avec lequel elle
avait quelque rapport , soit de figure , soit de cou-
leur, assurément alors ii n^est pas étonnant que le
changeant satellite de notre terre ne fftt cru présider
à tous les changements dans notre changeante atmos-
phère et même dans les affections du cerveau. Ainsi la
lune devait changer tout, brouiller tout, renverser
tout, présider à tout ce qui ne pouvait être réduit à
une cause certaine , fixe et rc^ulière.
D'ailleurs, quelque chose de mystérieux se rattache
presque naturellement à la lune. Le temps de la nuit,
ten^s où sa présence sur l'horizon est plus remarqua-
ble et mieux observée ; le silence qui accompagne
$es heures de garde ; la lueur paie , tremblante , dou-
teuse pour ainsi dire, qu'elle jette ; les forts contrastes
de lumière et d'ombres qu'elle occasionne; ce disque
large et sanglant à l'horizon , qui ensuite diminue de
volume et pâlit à mesure qu'il monte vers le zénith j
cette marche compliquée résultante d'un mouvement
apparent vers l'ouest , et d'un autre réel vers l'est ^
qui la rapproche et l'éloigné alternativement et promp«
tement des points lumineux dont la voûte céleste est
marquée ; cette progression dans le zodiaque , qui se
laisse considérer h l'œil nu, tandis que celle du soleil
est cachée par les rayons même dont cet astre â>louis-
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( io5)
sml s^eiiYÎronne , tout a dû , dans les premiers temps,
«Kdrer vers la lune les regards, rattention de peuples,
\snl a dÀ la £ûre observer avec admiration et avec
OQ respect religieux , la &ire regarder comme douëé
(Tane force active , ll^ faire considérer comme une
pirissMice dans la aatare.
L'âade savante de Tastronomie n'ôta rien d'abord
m profond myst^ dont la lune était cnveloppée^r Sa
■arche , qoi se déroba long-temps à nos calculs , et
àfyma, pendant des siècles entiei« toutes nos combinai-
sons et tous nos systèmes , la rendit , plus encore peut-
ërt qn^auparavant , un objet d'étonnement. Non-Seule-
ment rhomme qui n^avait que des yeux , mais encore
œhd qui réflëdiissait et raisonnait , la regarda ccnnme
me dose prodigieuse , et , ne pouvant la soumettre ^
aocnne loi, il la crut capable de produire des effets
esctraordinaires en proportion de la difficulté même
quHl éprouvait h suivre des aberrations multipUées.
D trouva, dans des recherches soutenues et dans un
travail opinifttre , la source de quelques joies et celle
4e toutes ses peines ; bientôt , semblable à ces personnes
qù s'attachent fortement h Tobjet qui cause soit toutes
knrs jouissances, soit même tous leurs maux, il se
préoccupa tellement de la lune, quMl crut découvrir
p^rtoat Tinfluence de cet étonnant satellite.
Si la science et Tignorance ont ^însi , chacun de
•on côté, et à sa manière , contribué à étendre le
'ttmaine de la lune , faut-il sVtonner que des hommes
^ se sentaient invinciblement 'portés h rapporter h
^ tne l'effet surprenant des marées , lors même qu'ils
^ pouvaient aucunement le comptendre , faut-il s'éton-
ner, disons-nous , quMIs aient attribué a la lune tous ou
presque tous les effets naturels qui surpassaient la force
* kar intelligence , et principalement tous les effeU
(pi peuvent se rapporter au mouvement et au balan-
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t «06)
tement des liquides et fluides qui recouvrent la sur&ci
du globe terrestre.
Oo n^a pas encore, Messieurs, abandonné de no
jours l'idée de rapports entre la mer et l'atmosphère
entre les eaux pesamment gravitantes de Tocéan e
le fluide aérien qui compose l'atmosphère terrestre
L'ouvrage d'où est extrait un article météorologiqu
assez firappant qui se lit dans l'extrait de nos travau
pour 1808 , et que , dans l'intérêt de la science , nou
avons cru devoir, il y a déjà quelque temps, vous si
gnaler, considère comme preuve démonstrative Tin
duction qu'il tire des marées , pour conclure l'iuflueQC
de la lune sur les mouvements de Tair.
Sans doute l'argument le plus spécieux en fiveur de
influences que les phases de la lune peuvent exercer su
le temps , et ses changements sur l'atmosphère et sur se
diflférents phénomènes , consiste évidemment dans 1
comparaison qu'on établit entre les eaux mobiles qii
recouvrent une grande partie de notre globe et ce fliii<j
plus mobile encore qui , constituant l'atmosphère, forxn
sur ce globe une enveloppe non interrompue. Not
voyons tous les jours, dit-on, les eaux de la mer s'élcvc
et s'abaisser deux fois suivant des lois qui nous soc
connues , et dans leur effet générai , et dans les régi
lîères variations que cet eiïet subit La lune, qui pren
dans ce phénomène des marées la plus grande pari
doit aussi, contiaue-t-on , avoir la part la plus grand
dans les mouvements généraux de Tatmosplièrc , dai
ces oscillations , dans ces flux et reflux qui existei
nécessairement au milieu de cette mer aérienne soumis
à «ne double action, à Taction du satellite d«* noti
globe et à celle du soleil de notre système.
Cet argument ,(|iu d'abord paraît spécieux , perd beai
coup de son pouvoir d'illusion quand la prétendue an;
logie sur laquelle il se base est exprimée en termi
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( 107 ) •
exKts , et qaand elle est attentivement et matur^ment
coosidà^e. Oui, Messieurs, quelque soit Tentraînement
im premier aperçu , il est évident que toute analogie
eotTP les marées de Tocéan et les changements de temps
lors des phases de la lune est absolument &usse. D'un
côte, nous voyons un effet constant' et régulier , et
k plus universellement le même dans le même temps ,
m toote la surface du globe ; il ne se fait point sentir
brusquement et seulement aux principales phases de
la hme : il commence à un moment invariablement
ixe ; il fragmente par des degrés toujours les mêmes
cttonjoiirs insensibles : il cesse de s'accroître après une
époque déterminée, pour décroître ensuite en passant
par les même& degrés , et toujours insensiblement et
t^Snlièrement.
De bonne for, que voyons-nous en tout ceci d^ana-
b^ aox variations atmosphériques attribuées h la
aéme cause P Dans ces derniers phénomèuesi, rien n'es^
régulier, rien n'est gradué, rien conséquemment. ne
pnit être soumis au calcul ou annoncé d'avance. Tout
^ soudain et brusque; de plus., on ne reconnaît d'effets
faedans deux ou quatre époques, et entre ces époques
Tcfrt de la lune n'est point graduellement augmentant
«Q graduellement diminuant ; il est nul , il est consi-
^ comme nul. D'ailleurs, ce n'est point tel ou tel
det qu'elle produira, mais, elle produira partout ce
fB n'existait point auparavant, ou plutôt elle pro-
^ le contraire de ce (pii existait : ici de l'humidité ,
P*re qu'il y avait de la sécheresse , et Ih de la sé«
ckcresse , parce qu'il y avait de l'humidité. De la
■âme manière elle distribue le froid et le chaud, le
*^ et le calme , les brouillards et des cieux serein^ ;
de donne toujours du nouveau , elle se montre l'en-
■Ottie déclarée de l'uniformité; et, h entendre les
^Oies partisans de la lune, si quelquefois, pour des
i4-
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( io8 )
causes qui , comme tant d^autres , sont inexplicables ^
elle ne peut à tonte force changer le temps, du moins
est elle toujours sûre , croienl-ils , de montrer son pou-
voir en y occasionnant un petit mouvement.
C'est en cela surtout qu"*on p<'iit vcritablemcnt admirer
la sagacité et Tingonuité de tous ceux qui croient aux
influences lunaires : ils savent gré à la lune des appa-
rences les plus communes et les plus insignifiantes.
Quelque petit brouillard a-t-il voilé lliorizon vers le
matin, quelque vapeur s'est-elle élevée vers le soir,
quelqne petit nuage a-t-il passé dans le cours de U
journée sur la surface du ciel, le baromètre a-t-il
éprouvé quelques Itères oscillations, ch bien! ils se
contentent de tout ceci , et si , lorsqu'une de ses petites
choses arrive le jour même d'une des {Aases, oi
seulement deux ou trois jours avant ou autant après
alors ils triomphent; il est évident que la lune nesl
point en défaut ; tout cela est l'ouvrage spécial de h
lune.
Pour vous , Messieurs , il en est autrement, A vo
yeux , entre les marées de l'océan et les variation
de l'atmosphère , il n'y a aucun rapport , aucune res
semblance , aucune analogie. D'un côté, tout est par
faitcment régulier , tout procède avec Tuniformité et 1
gradation la plus complète; de l'autre, tout est brusque
saccadé , tout annonce , non pas l'influence soutenu
et constante d'un corps céleste , mais l'influtnce d
causes partielles , Tinfluenre peut-^tre de vents ace
denlels modifiés par des localités particulières.
L'atmosphère est composée d'un fluide si léger , l(
parties qui le composent sont si tenues et ont enti
elles si peu d'adhésion , qu'on peut bien conclui
même à priori, qu'il est pnîSque hors de la prise c
l'attraction , de ce pouvoir qui n'agit qu à raison d
masses. Nous savons encore que les effets des marécî
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C *o9 )
» grands, si ^toimant& sur nos côtes, et principale-
nHOt dans les golfes , oia les eaux se trouvent resserrées
pir la disposition du terrein , sont toutefois bien
Boindres en pleine mer et même sur des plages en-
tièrement ouvertes. L.^attraction de la lune et du soleil,
lors même que ces corps agissent de concert , n-ëlè-
vfQt rëelleiuenl les colonnes d'eau de Tocéan ouvert
et libre que d^une quantité beaucoup moindre qu'elle
De Vtst sur nos rivages , et conséquemment son influence
SOT Fair fluide léger , et que d*ailleurs nul golfe , nul
détroit ne resserre , doit être presque insensible.
Cet ai^umeat qui à priori est d'une grande force
poOT ceux qui ont étudié les lois de Tattraclion , se
tioiwe de nos jours puissamment confirmé par les cal-
culs d'un homme sur Texactitude duquel la science
p«l compter C»)- L'astronome Laplace , étant persuadé
qw ratmospbère terrestre était sujette à un véritable
flox et reflux , à une oscillation diurne , chercha et
psrint à en apprécier la valeur. D'après le résultat
de son opération , on trouve qu'entre les colonnes d'eau
<bu leur plus grande ascension et ces mêmes colonnes
dans leur plus grande dépression , l'excès équivaut à une
hauteur de huit dixièmes de millimètre , à-peu-près un
tiers de ligne dans les tubes barométriques. Mais
tomme ces oscillations atmosphériques résultent de
ropératiou simultanée de la lune , du soleil et des eaux
ie Tocéan ascendantes et descendantes , il voulut en-
core examiner quelle part la lune spécialemeni avait
àms ces oscillations , et il trouva cette part presque
inappréciable , quoique réelle. Ainsi , Messieurs , nous
soflunes certains que ce flux et reflux de l'atmosphère
est petit , tiès-petit , et que dans ce petit effet la lune
(0 AuMiM de Chimie tl de Physique , année 182^
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(HO)
netdre encore que pour une petite part; de plus,*
ce: eflFet est îoomalier , il est r^guKer quant au temps
de son retour et a Tintensité de son mouvement , et
eonsëquemment il n^a rien de common avec ces in-
flui^nces atmosphériques qui occasionnent et le beau
et le mauvais temps, qui sont dormantes pendant
certains jours dlntervalle , et se réveillent à chacune
des principales phases de la lune.
II faut en convenir y et les partisans dn pouvoir
de la lune en conviennent assez souvent, le raison-
nement sert mal ici Fopinion vulgaire; beaucoup de
personn<>s reconnaissent une grande puissance dans la
lune , même celle de troubler les têtes et de détruire
les pierres ; mais bien peu prétendent raisonner sur
aucun de ces effets , et Bi. Toaldo lui-même , dans
Textrait qu'a (ait de son ouvrage Tavant-demier des
secrétaires de notre Académie pour le département des
sciences , M. Toaldo lui-même n'en appelle qu'à fex-
périence , ou du moins l'abrégé de son ouvrage inséré
dans l'Extrait de nos travaux pour Tannée i8oS, et
l'abrégé encore plus concis imprimé dans le journal
de Rouen, prennent l'expérience seule pour base de
la doctrine qu'ils adoptent et qn'ik publient.
Nous trouvons toutefois une amélioration et un perTec-
tionnement dans le journal de Rouen, car en cette
matière tout retranchement est une amélioration. Le
journal ne nous donne les chances d'un changement de
temps que pour les quatre principales phases de la
lune, et pour le moment du périgée et de l'apogée,
tandis que M. Toaldo les avait donnés encore pour les
équinoxes ascendants et pour les équinoxes descendants ,
pour les lunistices méridionaux et encore pour les
lunistices septentrionaux. Ceci occasionne donc quatre
tableaux , outre ceux que notre honorable confrère noua
donne chaque année. Tous les dix de M. Toaldo sont
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( "I )
iatts d'après , dit-il, Tinspection d^un grand nombre de
tables météorologiques Y d'où il a déduit et fixé la
mesure des probabilités pour un changement de temps
dans les phases et circonstances indiquées.
Au premier coup d'œil , les principaux traits de ces
tableaux paraissent satisfaisants , raisonnables , et assez
d'accord avec Tidée que nous avons dHnfluences véritables.
Noas y trouvons , par exemple , que lorsque la lune est
phu proche de la terre , elle augmente la chance d'un
changement de temps ; elle l'augmente même tellement
que , selon M. Toaido , quoiqu'il y ait seulement sept
pour un à parier qu'il y aura un changement de temps
à une nouvelle lune j qui arrive lors de l'apogée , cepen-
dant quand cotte phase , appelée nouvelle lune , coïncide
avec le périgée , alors il y a trente-trois contre un h
parier. Cela va bien assurément jusque là ; nous recon-
uissons ici quelque chose des lois de l'attraction , et nous
doonons à l'auteur une confiance entière, parce que
BOUS croyons qiiHl enseigne que les chances de change-
ment aux nouvelles lunes sont d'autant plus grandes
^ la tuuf; est plus près de sa planète principale, et
d'autant pins petites qu'elle en est plus éloignée. Essayons
donc, et raisonnons dans cette hypothèse: la valeur
des chances , lors de la nouvelle lune , peut monter
JBsqo'à trente-trois pour un, nous l'avons au périgée;
i^is elle ne peut descendre plus bas, puisque la lune
^ peut jamais être plus éloignée qu'elle ne l'est à son
^•e, et, suivant M. Toaido, la chance lors d'une
B>«Tflie lune à Tapogée, est de sept contre an. Ainsi,
Mmicurs, et vous êtes priés d'y l'aire bien attention,
les chances pour un changement de temps aux nouvelles
looes seront , dans un cas unique , seulement de sept
contre un, et ce cas unicpie est lorsque la lune se
trouve exactement au point le plus éloigné de la terre :
partottt ailleurs, c'est-à-dire quand la lune est dans
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( lia )
loat autre point de son ellipse , la chance sera plus
grande et s'approchera d'autant plus de trente-trois
pour un que la lune sera plus près de son périgée. £h
bien! Messieurs ^ il n'en est point ainsi ; non , car selon
M. Toaido lui-même , et ordinairement , ce semble , la
chance est plus petite que sept , et lui-même en fournit
la preuve puisqu'il avait commencé par mettre en thèse
générale que la chance lors de la nouvelle lune , dans
les cas ordinaires sans doute , n^est que de six contre
un. Au nom de tout ce qu'il y a de vrai et de certain ,
ou même de ce qu'il y a de probable et de raisonnable ,
en quel endroit de son ellipse la lune sera-t-elle plus
éloignée de la terre qu'elle ne l'est à son apogée, ou
quand aura-t-elle sur notre atmosphère une influence
moindre que quand elle en est le pliis éloigné ? Si ï
l'apogée la chance pour l'effet de la nouvelle lune est de
sept contre un j quand cette chance ne sera-t-ellc plu
que de six, quand pourra-t-elle n'être plus que de su
seulement ? Assurément il y a ici une erreur , qui
outre la destruction entière de tout le système , amèa
aussi des preuves d'un mapque étonnant de réflexion
Un corps , dont la distance par rapport à un aulr
est variable , produit sur ce second corps des effets qu'o
représente par des nombres , et qui sont moindre
lorsciue la distance est plus grande. Quand le premii
corps est le plus près du second y son effet y est conm
ircnte-trois ; quand il en est le plus éloigné , il e
comme sept , et cependant on nous dit qu'en gënér;
cet effet n'est que comme six.
Vous ne pourrez certainement vous empêcher <
vous demander comment il est possible que M. Toalc
ait annoncé , écrit et publié comme principes d
propositions qui se combattent, se détruisent Tui
l'autre ? Vou3 vous demanderez encore comment se fa
il qu'elles aient été copiées par plusieurs personn
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( «i3)
wccesnvemeat ? Messieurs, les uns et les autres ne
iOBt pas sur ce point en un cas matériellement diffé-
Rit du nôtre , du mien aussi bien que du vôtre. Vous
et moi nous avons lu plus d'une fois Tarticle dans le
joQnal de Rouen ; beaucoup d'autres Tont lu aussi ,
et peat-étre personne n'a pensé h rapprocher l'une de
Tiotre la valeur des rapports indiqués et des chances
■oQinées. Probablement que M. Toaldo lui-même a
kni les chifiîres qui exprimaient cette valeur sans com-*
(ver et rapprocher les résultats. Le hasard seul suffit ,
et qadquefob le seul hasard sert ; souvent c'est plutôt
le hasard que le bonheur d'une attention forte qui
fait découvrir de telles erreurs. Nous ne dirons pas que
pbsiions réfléchissons 9 plus nous sommes persuadés
que M. Toaddo se trompe ; qu'il enseigne une doctrine
fn M détruit elle-même , et que la série de valeurs
fù, partant de trente-trois ne descend que jusqu'à sept,
■e peut comprendre six ; mais nous dirons que ceci
ifptrtîent à une de ces vérités premières , qui ne peu*
veat le démontrer parce qu'elles sont évidentes.
De cette erreur ou inadvertance ressort une preuve
ffàAft contre tout le système de M. Toaldo ; la voici
(• deux mots : si la chance de changement de temps
tti nouvelles lunes n'est que de six contre un, il
^'tmk qu'on ne peut attribuer à Tinfluence lunaire
cette petite chance qui, d'ailleurs , n'arrangerait pas
^ beaucoup de lunistes ; car si la chance d'un
<Wgaiienl était due à la lune , elle ne serait que
^ aa cas très-rare aussi bas que sept ; mais elle
'émit être presque toujours au-dessus , et dans la
*otté des lunaisons elle devrait être plus près de
iieflte>trois que de sepU
Noos venons de dire , Messieurs , que la chance de
 contre un ne satisferait pas la plupart des lunistes
">^ les plus modérés. A les entendre parler du temps ,
i5
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( "4 )
lorsqu'une des quatre phases principales de la lone
arrive ou va arriver , ils trouvent toujours , oui toujours,
du changement. Ce changement est à la vérité plus
ou moins complet ; quelquefois ce n^est qu'un mou-
vement passager, une espèce de velléité si vous le
voulez ; mais le changement , selon eux , réellement
existe, et si M. Toaldo et ceux qui le suivent peuvent,
en parlant dHme chance de six contre un en faveur
d'un changement, s'imaginer qu'ils appuient la cause
des fauteurs de nos influences lunaires , ils se trompent
beaucoup : de tek défenseurs seraient rejeta tout
d'abord.
Remarquons encore qu'il y a quelque diose de si
vague dans ces mots un changement de temps , ils sont
pris ici par beaucoup de personnes d'une manière si
indéterminée , et de plus si étendue , les vamtions
atmosphériques sont si fréquentes dans nos climats ,
et en même temps si différentes de leur nature , qu'il
n'est aucunement étonnant qu'on ait trouvé des chances
de changement, non pas dans deux situations de la
lune , comme le font quelques personnes qui se piquent
en ceci , soit de modération , soit d'exactitude , non
pas dans quatre situations , comme plus d'un vieux
partisan continue de le faire , mais dans les dix situations
que M. Toaldo désigne. Et si , négligeant six d^entre
elles , nous prenons seulement le jour où tombent les
quatre phases principales , et y ajoutons les trois jours
d'avant et les trois jours d'après accordés ordinairement
avec le jour même pour la manifestation ou la com-
plétion des effets de la lune , alors nous aurons vingt-
huit jours complets , ce qui est presque une lunaison
entière. Ainsi , dans quelque jour que le changement
arrive , il est à point pour le luniste.
Dans les zones tempérées , où se trouve la plus grande
population de notre globe , les variations de l'atmos-
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( "5 )
pUre sont si nmlUpUées et si diversifiées , que nons
tommes surpris qa*avec la latitude de trois jours devant^
et trois jours après, ou même avec celle de la ^ veille et
àê lendemain , il n^y ait que six contre un à parier pour
m changement da temps, nous ne dirons pas a 1»
nouvelle lune seulement, mais h chaque phase, à
chaque situation de la lune , ou plutôt à chacun peut-
Itre des trois cent soixante-cinq jours dont est oom-
fotêi Tannée ordinaire. Sans^ exagérer on ne risquerait
ortûnement rien de prendre ui> grand nombre de
paris diSérenU ii six contre un poitf un changement-
fais ^ois jcxirs consécutifs , pris d^arance dans le-
Cakfidrier , entièrement à volonté et au hazard, sans.
aocQn ^gard à la lune. Nous disons- changements ,
fais le sens que ce mot est pris par ceux qui s'en^
servent en faveur de la lune , car , comme eux , nous
appellerions changement tout petit phénomène atmos-
phérique, toute variation , tout mouvement durable ou
•oo, et certainement on trouverait ainsi que la chance
<k quelque changement pour tous les jours de Tannée
Ht beaucoup plus grande que six pour un. Le frère
'^on savant ecclésiastique anglais et catholique romain ,
le frère du révérend Joseph Berrington à fait pendant
ringt-sept ans des observations météorologiques, dans
finlention spéciale de trouver quels rapports existaient
fte les phases de la lune et les phâiomènes qui ont
liea dans Tatmosphère terrestre. Quel a été le résultat
'observations si soutenues? Le voici. Messieurs : il
>W convaincu que peu de jours, très-peu de jours
s'te)Qlent sans qu'il se passe dans les phénomènes
teosphériques quelque accident, quelque change-
vent, quelque modification, quelque vacillatioii ou
tfidUation ; mais que tout cela n'a aucune correspond
fakre, aucun rapport avec la position ou les pliases
de la lune.
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( ii6)
Il nous arrive anssi quelquefois d'exammer de près
et en détail ce qui se passe dans notre atmosphire ,
aux approches de quelques-unes des principales phases
de la lune , et presque toujours nous y trouvons , et
nous sommes persuadés que tout candide observateur
y trouvera avec nous , assez de mouvement ^ sans
doute f dans les phénomènes , pour satisfaire Fhonune-
qui est prévenu par Tidée de quelque changemenl ^.
et qui est de plus déterminé à l'attribuer h la lune ;.
mais aussi ^ sans doute , il trouvera « d'un autre cdté «
que ce mouvement dans les phénomènes atmosphé-
riques n'est pas assez diffôrent de celui qui a souvent
lieu dans les jours intermédiaires enir.e les phases Tune
de l'autre , pour convaincre L'incrédule sur le poinl
d'influences lunaires.
Cette dernière observation donne la solution de
grandes difficultés qui se présentent assez souvent dans
des matières même d'un autre intérêt que les inOuences
lunaires. Quel homme qui réfléchit n'a pas eu plus
d'une fois l'occasion de se dire : quoique mon opi-
nion sur ce point et tel autre encore soit celle aussi
de beaucoup de personnes , cependant cette opinion
là même est réprouvée par beaucoup d'autres ; d'où
vient donc , d'où peut provenir cette di$$ideni:e P Nous
sommes fréquemment surpris que tout le monde ne
pense pas comme nous , et un bon nombre de nos
semblables sont persuadés que -ce ne peut ceitaiite-
ment être qu'opiniâtreté si nous ne pensons pas comnie
eux. Ne semblerait^il pas que chacun , sur presque
tout sajet f de quelque nature qu'il soit , a d'abord reçu
du dehors et de quelques circonstances extérieures ,
ou s'est fait , en conséquence de quelque étude parti-
culière ou de quelque incident , xme certaine ma-^
nière de voir ou de sentir , une certaine opinion ^ nn
certain système. IJk chacun se stationne , convdncu
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( i«7)
oa ds moins persuade de la solidité du terrein ; 1^ ,
chacun a pris pour ainsi dire une thèse , et de la vé-
rité de cette thèse il ne doute nullement. Dès-lors
toot semMe se grouper autour d^elle pour Tappuyer ;
nisonnements y faits , tout paraît s'y rapporter pour
b confirmer. Si quelque argument , si quelque fait
wèmt est avancé par la partie contraire , on les traite
œmne un argumentant en logique traité une objection.
Fort de sa preuve , toute objection n'est aux yeux du
logicîen qu'une difficulté qui a , et ne peut pas ne
|K>mt avoir sa réponse ; pour repousser une objection
toot est bon ^ le moindre doute la détruit , et, dans tous
ks cas , n'étant qu'une difficulté , elle ne doit retirer
rien de la démonstration. Mais celui qui , selon les
lob de la dispute , présente aujourd'hui son opinion
ssasfimne d 'objections , la présente demain sous forme
<ie preuves y et il traite les arguments de son adversaire
Misi péremptoirement que les siens avaient été traités..
Ainsi , presque partout chacun croit ce qu'il a cru ;
BOQs trouvons assez de raisons pour demeurer chacun
^ notre opinion , et presque jamais assez pour j
Miener un seul de nos adversaires ; celui qui a cru
• riofluence des phases de la lune voit constamment
^ preuves de cette influence ; celui qui n'y a pas
on d'abord ne la voit nulle part.
INiisque nous avons déjà cité un Anglais dans cette
tsnission , qu^il nous soit permis d*en citer un encore.
& second n'est rien moins qu'un des premiers astro-
*n&es de ces derniers temps , c'est le docteiu- Herschell
'n^méme. On a remarqué que dés esprits d'un caractère
^ et de connaissances étendues , des hommes ac-
roBiiiiiiés à des études sévères , semblent quelquefois
^ iatigiier lorsqu'il» atleignenl un certain âge. Alors ^
povr continuer d'employer leur temps , et comme par
>^ère d'occupation , ils s'atucfaent b des objeU bîem
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( ii8)
inférieurs à ceux quHls avaient autrefois affectes ; alors v
rlit-on , le mathématicien fait des cadrans solaires , et
Tastronome des alraanachs. Le docteur Herschell n^a
point (ait des almanachs ; mais , après que, dans la force
de Page , il avait été saisir une planète à une distance
plus que double de celle où se trouve la plus éloignée
des planètes connue jusqu'à lui , il voulut , déjà sur le
déclin y s^amuser h examiner les changements que la
lune pourrait opérer sur notre atmosphère. £h bien ,
Messieurs , il a trouvé dans cette nouvelle étude tout
autre chose que ce qu^on avait trouvé avant lui , tout
autre diose que ce qu'on a trouvé depuis. Ce qui est
assez étonnant , c'est qu'il ne tient , ce semble , aucua
compte de l'intensité plus ou moins grande des effets,
selon que , dans l'une ou dans l'autre de ses déclinaisons ^.
la lune est h son apogée ou h son périgée. De plus , il
ne parie nullement de changements ; il ne prononce pas
même le mot ; et enfin les règles qu'il donne sont entière-
ment fixes. Il vous dit hardiment : dans telle circonstance
il y aura de la pluie , dans telle autre il y aura du beau
temps. En deux mots , Messieurs , voici son système : il
divise en six parties les douze heures du jour , et en autant
celles de la nuit , et il vous prédit le temps qu'il doit
faire lorsque , soit la nouvelle lune ou la pleine , ou une
des quadratures, tombe en l'une ou en l'autre de ses divi-
sions. Ainsi , Messieurs , si une de ces phases arri%'e en-
tre midi et deux heures , il y aura beaucoup de pluie ^
si elle arrive entre deux. et quatre heures y le temps sera
inconstant ; mais que ce soit entre quatre et sir , alors
il fera beau temps, et ainsi des aiiltes : heures.
Vous voyez , Messieurs , que de celte manière on a ^
quoique peut-être seulement à l'usage de l'Ângteterre ,
un almanach perpétuel pour le beau et le mauvais temps*
Il suffit de connaître à quelle heure la lune entre dans
une de ses principales phases , et en ceosttltaat la table on
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( îig)
sait è quoi s^en tenir. Ceux qui n^ont pas , comme nous,
le bonheur d^âvoir cette table , peuvent absolument s^en
passer en mettant en leur mëmoire une note de Fauteur ;
elle est une espèce de résumé général de toutes les
prédictions , et en voici la traduction littérale : « Plus le
* moment des phases est près de minuit , plus le temps sera
> heau dans l'été (du moins) ; mais plus il est près de midi^
■ moins beau sera le temps. »
Voici , Messieurs , ce qu'un homme de talent annonce
comme le résultat de cette souveraine et infaillible
expérience , où tant d'autres lisent toute autre chose.
Non-seulement l'expérience provenant d'observations
positives faites pendant plusieurs années , mais encore
des considérations philosophiques appuyées sur l'attrao-
tioo du soleil et de la lune , dans leurs différentes posi-
tions par rapport à la terre , lui ont , dit-il ^ servi 2i
construire sa table. La doctrine de l'astronome anglais
est assurément bien éloignée de celle de nos écrivains
en matière niëtéorologique ; probablement elle n'est pas
moins éloignée de la vérité. Déjà nous avons vu le sys-
tème météorologique (i)que Virgile base sur les phases
^ la lune. Dans l'intervalle qui sépare ce poète et
Rerschell, beaucoup , sans doute , d'autres systèmes ont
pvn et sont tombés ; d'autres encore auront leur jour |
H partageront ensuite le sort de leurs devanciers.
Llomme aime à s'occuper de l'avenir : compte-t-il
«r sa propre expérience , sur la force et l'étendue de
«0 esprit , alors il veut prévenir et connaître les évé-
nements futurs ; n'a-t-il que d'humbles prétentions ,
^ ce cas il s^en rapporte aux autres , et est porté à
croire ceux qui lui promettent de lui prédire ce qui
(i) Gé«. 1 , aa6.
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V »a" )
doit lui arriver ; et si l'un et i*aulre , après , soit de
vains essais , soit de vaincs attentes , désespère d'ar-
river à la connaissance du bonheur ou du malheur
personnel qui doit faire leur sort , alors ils se réuniront,
Us se consoleront peut-être dans Tespérance de pouvoir
désigner d'avance les jours de pluie ou de froid , ceux
de beau temps ou de chaleur. Cette connaissance là
même aurait sans doute ses avantages , et ainsi le
critique le plus sévère ou le moins confiant ne peut
trouver en lui le courage (i) de réprouver les tentatives
et la hardiesse de celui qui entreprend de longs travaux ,
persuadé qu'il peut parvenir à Eatire connaître le temps
beaucoup à l'avance sur un point donné de la terre , et
ainsi rendre la météorologie une science usuelle , le
guide du voyageur , le conseil du cultivateur et de
tous ceux dont les occupations ont des rapports avec
les vicbsitudes atmosphériques.
Pour compléter les remarques que le Traité composé
par M. Toaido a suggérés tout d'abord, nous devons
signaler encore trois propositions ou assertions du même
météorologiste.
Premièrement , quarante années d'observations ont
appris à M. Toaido que les hauteurs moyennes du
baromètre sont plus grandes lorsque la lune est apogée
que lorsqu'elle est périgée. Nous nous permettrons ici
seulement une réflexion ; assurément l'exactitude et la
précision dans les observations n'a jamais été plus
grande qu'elle ne l'est maintenant dans les établisse-
ments nationaux de plusieurs états de l'Europe , et
rien n'est venu à notre connaissance de cette part , rien ,
disons-nous , qui confirme la découverte de M. Toaido ;
(i) Mémoires composés au snjet d'unt conesponHuict météoiolo-
|ique; par P. £. Moiin , ingémeur , etc.
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( lai )
M coDtrare , ce que nous avons cit^ de M. de LapUce
est du moins un argument présomptif contre elle.
Deuxièmement, dans les tables deM.Toaldo, la
ffîérence entre les chaqces que donnent le périgée et
Tapogée lors de la nouvelle lune est si grande , et celle que
ànoeot les'mêmes situations lors de la pleine lune , est
camparativement si petite que Tesprit se refuse spon*
tmément à admettre un système qui , fondé sur des
lises déjà si mobiles , présente encore des anomalies
li extraordinaires. Le périgée ^ lors de la nouvelle lune j
donne trente-trois y et Tapogée seulement sept chances
contre une , tandis qu^a la pleine lune le périgée ne
donnant que dix , Tapogée donne huit. Nous savons
bien qu'on dira qu^on ne prétend point proposer des
xaisons, et qu'on indique seulement des faits sans aucun
commentaire; mais assurément quand les faits sont si
mgnes et si aisément amenés h supporter un système ^
on peut bien regarder comme permis de les examiner
dutt leurs conséquences*
Troisièmement enfin y un météorologiste ayant trouvé
fiela période de Tapogée lunaire est de huit à neuf ans ,
pais tenant comime démontré que la lune est la cause des
aonvements de l'atmosphère , et enfin tranchant le doute
it huit ou neuf , pour prendre hardiment le second
■ambre j il nous (ait espérer qu'on pourra arriver à pré-
dire, et cela très-aisément ^ non pas seulement les
changements , mais encore tous les phénomènes at*
BKphériques, ie retour des saisons et les constitutions des
^■lées y pour tout le temps h venir, Yoici comment il
i^ttsonne : les résolutions périodiques ae ia lun& doùfent ^
&-il, amener de «^m^^/(e« mouvements aux mêmes
^MMjoes dans le cours des années; la conclusion cst.évi-
^te : la même situation de la lune dan^ son orbite
^oinbaia tous les neuf ans aux mêmes jours , nous aurons
^09A les neuf ans un retour et une répétition, des mê^a
^ i6
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( 1^2 )
phénomènes atmosphériques, atnc mêmes saisons, au
même temps, aux mêmes jom^s. Chaque année nous
déroulera la même série , les mêmes vicissitudes, les
mêmes défauts ou les mêmes excès de froid et de chaud ,
de sec et dliumidité , de jours sereins et de jours nébu-
leux que la neuvième année en arrière.
Ainsi , quand nous aurons observé et noté, suivant
leur ordre , tous les phénomènes de neuf années consé-
cutives, nous pourrons, au moyen de cette période, et
en nous répétant de neuf en neuf ans , faire des aima-
nachs perpétuels , non pas seulement pour les épactes ,
le nombre d^or et les autres indications du calendrier,
mais aussi pour la pluie , la nei^e , le tonnerre , les ge-
lées et les grandes chaleurs. Déjà , continue Tauteur , on
a trouvé six suites de neuf ans oà les quantités de pluie
sont correspondantes , et il ajoute aussi comme autorité
Topinion de Rozier , qui , dans son Cours complet d'agri-
culture, dit : « qu^on pourrait penser avec raison que b
» coutume de passer des baux pour neuf ans , vient âc
* l'observation faite , de temps immémorial , de cette
» période lunaire. »
Ces idées et ces espérances venaient peut-être asses
naturellement dans Tesprit d^un savant, lorsquHl se
disposait à observer et i consigner chaque jour siir
ses tablettes toutes les variations atmosphériques, et
lorsqu'il sVtait prévenu en faveur de l'importance de
ce travail. A quoi bon , s'était-îl probableihent demande
bien des fois h lui-même , b quoi bon compiler des
tables atmosphér^ues, si on n'avait pas l'espérance
qu'elles pourront être utiles aux générations futures ?
et comment leur seraient- elles utiles, si nos descendants
ne peuvent s^en servir pour s'assurer de ce qu'ils ont à
craindre ou h attendre des phénomènes atmosphériques ,
dans les difiérents jours de l'année et dans les difl&enU
dimats du globe.
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( »3)
Ne Qo«8 exagérons 'point , Heseieurs , TutilU^ des
ibervatioos mâéorologiques £ûles en tant de lieux,
9KC Uot de soin , et consignées dans des tabies an*
■ttircs. On peut assurément craindre que les arts j
S^oent peu y Tagriculture peut-être eile-méme n^y trour
ma que peu de resources ; mais il ne faut pas les né-
gliger toutefiais , et nous pouvons assurer qoe des sciences
fii font honnaur k Tesprit humain y pmseront un jour
et y puisent àéyk des rensei^iements précieux. Si nos
mcàres eussent possédé les instruments dont nous
jonsscms, et s'ib eussent pu faire et nous transmettre les
AKrentes observations que nous transmettrons, i nos
soccesseurs, il y aurait dans la météorologie et dans la
(édogie beaucoup moins de ces problèmes qui pour
ooQs sont absolument insolubles.
Toutes les personnes instruites , nous Tespérons du
notos, auront senti dès le commencement la diflé*»
nace qui existe entre les deux classes de phénomènes ,
mis ou réputés véritables, qui ont servi à mettre de
Tordre dans les réiexioos que nous soumettons au
JQgemeot de TAcadëmie. Bien dans tout ce que nous
aroM dit ne s^oppose à Topinion qui recouiatt ou
iiNi|iiçonne dans le sateBite de notre globe une force
^•etcoDqne, une certaine puissance ind^mie, dont la
tttore, la cause et les effets seraient absolument
isconnus. Au contraire , nous admettons très^explicite«-
ucnt comme possibles , comme fort probables, des
«bences lunaires constantes , régulières, que nous ne
munes pas encore parvenus h connaître , et que nous
tt connaissons point , par cela mâme qu'étant régulières
et constantes, elles ne peuvent être distinguées desautrea
ciets de chaque jour ou de chaque instant , produits par
lei autres corps célestes ou par iout autre cause natu*
nile et permanente. La lune , même lorsqu'elle n'est pas
^MiUe, passe presque aussi sonvent ^e le soleil par le
x6.
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("4)
méridien de tous les points de la terre ; comme le soleil
elle a sa déclinaison australe et septentrionale , et elle
passe plus rapidement que lui de Tune à Fautre posi-
tion : serait- il présumable qu'un corps si grand , si
lumineux , et qui circule si près de nous, n^agit aucu-
nement sur les fluides électriques , magnétiques , et
autres peut-ôtre qui , flottant dans Tatmosphère et peut-
être au-delà , nous sont encore ignorés ? L'action de la
lune serait connue si on découvrait quelque phénomène
qui eût un rapport constant avec Tapogée et le périgée
de la lune , ou avec Tune ou l'autre de ses déclinaisons.
De plus , si une comète , en passant près de nous ,
venait à nous enlever notre satellite , ce qui est regardé
comme possible par tous les astronomes physiciens , on
s'en apercevrait très-probablement autre part que sur
les bords de Tocéan , et en d'autre temps. que celui de
l'obscurité des nuits ; alors sans doute plus d'un équi-
libre serait rompu , et dans l'espace que renferme notre
système solaire et sur la surface de notre globe. La
lune peut aussi agir , non^seulement conune masse ,
mais aussi comme corps lumineux. Ses effets « dans ce
second cas, peuvent plus aistfment ^tre remarqués et
suivis , par cela seul qu'ils doivent être plus frappants
dans leur régulière variété. Des effets en rapport avec
le périgée et Tapogée de la lune ne seraient dçs effets
comparables que par une plus ou moins grande in-
tensité ; mais ceux qui auraient des rapports avec ia
quantité de rayons que la terriî reçpit de la lune , par-
courraient une sëcie, de. degrés comm^ençantà zéro et
s'élevant à une certaine hauteur.
Persuadés que de nos jours on observe boaucpup mieux
qu'autrefois, nous sommes portés à croire que. des effets
qui échappaient aux générations passées deviennent pour
la présente véritablement palpables , et nous regret-
Ions beaucoup que notre éloâgnement de la c^tale
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( "5)
fxms ait empêché d^avoir accès à tom les renseigne*
seots que nous aurions désire nous procurer sur
les dëcoQvertes de M. Fëburier , et sur ses moyens
d'observation. Nous osons toutefois dire quHl existe
«bas notre siècle une tendance h étendre les influences
àt la lune , du moins sur le règne v^étal , beaucoup
ao-deià de la croyance de nos devanciers immédiats,
et beaucoup plus loin , ce nous semble , que soit
fexpërience , soit des inductions sobres et modérées ,
soit aussi Tétat présent de nos connaissances, parais-
sent garantir.
Noos n'avotis véritablement combattu que Texis-
tence de ces effets irréguiiers , variables , inconstants ,
fui D'ont jamais été imputés 3t la lune que faute pour
ûosi dire d'une autre cause ostensible. De tout temps
IVmime qui sVlève à la dignité d^un être réfléchissant ,
dierche a se rendre raison des phénomènes qui se pas-
sent soos ses yeux; mais dans des temps, soit d'igno-
fnce , soit de superstition , il se laisse aisément pré-
^Km par des apparences inexactes et des analogies bi-
orres. Les préjugés se forment rapidement ; des siècles
»ol nécessaires pour les extirper. Ceux que nous avons
sipaiés dans cet essai sont , il faut Tavouer , de na-
^ à âuder long-temps la force de toute attaque. Ne
dierchant point d'appui dans le raisonnement , mais
*»i récusant son autorité quand on veut la lui opposer ,
^lant expérience et fait des phénomènes aussi mo-
Wes que les vicissitudes d'une atmosphère variable et
^Tone température inconstante , quiconque professe que
lihuie amène des changements , est toujours sûr de trou-
^ quelque changement aux jours voulus , et il se per-
*^»lera toujours avoir raison , parce qu'il sera presque
AJOUTS impossible de trouver, même dans la plus
^^^'ïrte série de jours consécutifs , une stabilité parfaite
^cc qu'il y a de plus inconstant au monde. Cepen-
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("6)
Janl, que le natmliste qui léBéànt , que llioaime qn
nîsoiNie oe se dâcspfav pas : mêoie sur ce tertcin difficîk
et glîssaol, U vërité afait des progrès, le domaine de
la lune se rétiécii , sa puissance est de tenaps en temps
contestée sur quelque nouveau point; on ne voudra plus,
dans Texplication des phënomènes atmo^hériques , sf
contenter de raisons douteuses, et partout on refusen
«B jour d'admettre d'autres causes que celles qui soni
immuayes comme les lois de la nature.
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CLASSE
DES BELLES-LETTRES ET ARTS.
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( "9)
< ■ I II
CLASSE
DES BELLES-LETTKES ET AHTS.
RAPPORT
fjrr par M. Bignon , Secrétaire perpétuel.
IlESStEUBS,
Dans le partage de« Sociétés savantes entre les deux
dasies de rAcadémie , sont ëchus i cette année , ^ celle
tlont nous avons Thonncur d^étre l^oi^ane ^ l^archéofo-*
^ publiée par la Société des antiquaires de Londres ;
b mémoires des Académies de Dijon et de Besançon ;
teux des Sociétés de la Loire-Inférieure et du Bas-'Rhin,
K les comptes rendus en assemblée générale de deux
Sociétés d'amélioration séantes à Paris, l'une pour Ten-
Kigoement élémentaire , et Tautre pour la morale chré*
tirone.
Les rapports faits sur ces diverses communications
ont mis la Compagnie Si portée de rendre un nouvel hom«
mage de reconnaissance à ces savantes réunions , qui ,
na^ la différence des directions , tendent toutes au
ntéme but avec autant de zèle que de succès. Mais vo^s
tfez distingué , Messieurs, dans le rapport de M. Lepas^
fwr, sur l'Académie de Dijon, des matériaux l>isjori-
qiies et archéologiques du plus grand intérêt , exposés
^«c méthode et précision dans une an^^se parsemée
»7
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(i3o)
ÂNtne feule d*observatioii8 aussi dâicates que judi-
cieuses.
SB Dans le compte rendu de l'intéressant Journal de la
Société du Bas-Rhin , où se trouve un dbcours traitant
de IHnUuence de la solitude sur la littérature , M. Le FU»
lad des Guerrots a cru devoir prendre acte contre des at-
taques outrageantes pour les premiers tragiques fran-
çais, et contre Finexactitudc de quelques citations de
Fauteur. Par exemple , Fauteur prétend que la perfec^
tion d'Athalie n^est due qu'à la solitude de Racine
après sa disgrâce à la cour y et M. des Guerrots établit
que la disgrâce du poète n'eut lieu que six années après
la représentation d'Athalie. L*auteur prétend encore
que Racine est mort d'un regard de Louis XIV, et
M. des Guerrots , tout au contraire , de ce que le Roi
ne Tavait pas regardé. Néanmoins , conclut notre con-
frère, une pareille histoire peut bien être fort roman-
tique.
= Quant aux deux Sociétés d'amélioration de l'ensei-
gnement élémentaire et de la morale chrétienne , leur
titre seul les recommande* Ce sont deux compléments
précieux de quelques-unes de nos institutions sociales ,
lesquelles ont pour objet l'instruction, qui mène à la con^
naissance et à Taccomplissement du devoir, et en môme
temps le soulagement de l'humanité malheureuse , con-
. sidérée sans restriction dans toute son étendue.
^^ L'Académie a reçu de M. Edouard Smith un
Opuscule écrit en anglais , intitulé : T7ie Voyager; de M.
Charles Durand, un Cours d'éioquence, en deux volumes ;
de M. Tougard , avocat à la Cour royale , un Ouvrage
sur les vices et les abus de l'instruction criminelle en
France; un second sur l'abolition de la peioe de mort
iniltgée aux faux monnayeurs en matière d'or et d'ar-
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( i3»)
gent ; un troisième ayant pour titre : Gnûfe âes juréSé
Ces trois publications d^un jurisconsulte distingué par
retendue et la profondeur de ses connaissances, ont
⣠renvoyées k une commission dont les c irconstancet
iCoot pas encore permis d^entendre le rapport.
= Cest aussi \k la générosité noblement désintéressée
it M. Tougard^ qui sait allier Theureux goût de la littéra-
tare à la science honorable du barreau , que T Académie
est redevable de la collection complète des Soirées litté-
raines de M. Qi^es Durand, recueillies dans chaque
iéance, publiées par ce laborieux ami du célèbre pro-,
fesseur, et enrichies de notes littéraires e( biographiques
fd dooment un nouveau mérite à ce t intéressant recueiL
«: Quant âi M. Durand lui-mâme , fiïe^ieurs , vous
Tavez enteodu. des premiers dans une de vos séances ^ vous
liez suivi le savant voyageur, et dans les ruiop^ décou*
mtes de Pompéia et sur le Mont-Vésuve , et jusqu^au
faad du redoutable cratère» La ville a suivi ses lefonsavec
«oe attieatioQ, qu il a ^iv captiver jusqu^au dernier mo-
ment; tout est donc pensé , tout doit être dit sur l^s
r^res talents de M. Charles Durand. « Qu^il né s'écarte
«'jamais des principes de son cours , a conclu M. Houel
« à la fin d'un rapport sur son livre , et nous pouvons
« garantir que sa morale sera utile , son éloqUeoc^
« lotide et philantropique. «» - 'l
;= M, Floquet ^.greffier en chef à. la Cour royale dé
BoQçil ^ a fait hpmmage d'ua {llloge de Bossuet , su?
kqael il demande le sentiment ^e TAcadémie ; 1»
nomination de la commission a été renvoyée à U
rentrée prochaine.
^ Les J<tunes fleuri , apologue dé M; Frédéric'
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( i3a )
Lequesne , avocat stagiaire h la mdme cour , sont ua
petit cadre de saine morale | dédié h Mesdemoiiselles ^**^
r == La Compagnie a entendu avec satisfaction la lec-<
lure d'une pièce de vers h Thotineur de S. A. R. M"* la
Dauphine , passant le i8 juin dernier par les Aqdeiys.
MeMBKES CQRBESPONOAlTrS.
îï L'Académie a reçu de M. Spencer Smith un
Opuscule sur un monument arabe du moyen âge dé-
couvert en Normandie, et un Mémoire sur là culture
de la musique à Caen', etc.
De M. Briquet, des Leçons de littérature h l^usage
d'une maison d'éducation à Niort.
De M. Bôucharlat , vn tribut poétique de presque tous
les ans , composé pour cette fois d'un discours «n vers à
M . Mathôn de la Cour, de l'Académie de Ljon^ et des
Itnprécatiùàs du pieiiliùrdj traduites en vers du CaakoëDs.
JDe M. Charles lAalo , un petit Pbèîne sar lé néàtit de
l'homme.
Pe M. ^ergasse, une Allocutipn ;sur là fermeté du
Miagistrat , pr^oncée à la dernière rentrée de la Cour
çQyale de Montpetliei-. :. , , |,
Dé M. le baron de Mort!emart-*Boi88e| ime Aaalyse de
la statistique du département de l'Ain.
' De ift. l'abbé la IB^ouderie , la tfadûctîon française
d'iine lettre de Saint- Vincent de Paiilê, écrîte en lâftin
au cardinal dé la Rochefoucaull , sûr l^s désordres de
Taobaye dé Longchàmjp.
De M. le comte Blanchard de la Musse, une Épitre à un
^iuin qui bd reprochait de Vovoùr oublié ^ et des StaRce& qui
pnt pour refrain : Le irisée préserU que la vie !
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( «33)
De H. César Mor^au , ageni àvt gonvernemeni (raoçaia
i Londres, des Documenld fort ëteados y publiés par
k soàété royale asiatique de la Grande-Bretagne et de
rUinde.
De M. Boînvilliers , de$ Stances intitniëes : R^kxtoêts
fUhsopktques au là du maladf.
De M. Patin, un Éloge de Bossuet, qui a partagé le
prk d'âoquence à Tlnstitut , Tannée dernière. Si le juge-
ment de TAxadémie française pouvait avoir besoin des
nfiages de la province, Panalyse raisonnée d*un
oamge aussi difficile a bien faire , lue h l'Académie par
M. Dêmesfdl^ ne serait à dédaigner ni pour les juges ni
peur Tauteur.
s Un autre Éloge du grand tiomme , qui a concouru ,
p» M. Maillet Lacoste , nous a paru écrit avec beau-
coup de soin et dVlégancc , sur un plan scrupuleusement
méthodique ; mais ici la critique serait une inconve-
lance, et Télogc même, sous un autre rapport, pourrait
ivoir Pair d'une critique,
= Dans le parallèle de Cîcéron et de l'Acitè , dU
même écrivain , M. DevUtc , qui eh à retidii CômJ)tt* , SI
trooré de Télévation et de la nolitessé dans là pétïséc;
mus an style un peu trop tçndu, qui lui a paru tenir
«b nature du travail, et |Seut-étrè h la difïicittté^ ries
npprochements entre deux éârivaiiis d*ûn gtnh; rf
Afférent, etc.
=: M. t>elac, auteunlè là rbufe suivie ^ Afulib^ %
travers les Gaules pour àtrivei^^ Italie', T6vrs a Ij^atsthis
^renseignemetits -ptédmsi^vlt V\SA% ^iamdémfku^sçê
àa petit Satht-Bèmard , compari à ée qé-Hl pouvait être
) Tépoque de PexpédittOh de^ Carth^llotsr - ' *
'^ctre confrère aimdiicè qu'il ;iLr^àdu'àtsoii aàucf^
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( i34 )
saire , feu M. Laransa, quHl répond aussi à M. Larenan-
dière Comment nVt-il pas compris, dit-il , que si
le passage du Mont-du-Chat n'est pas ce que Pelybe
appelle Tentrëe des Alpes , on retombe néccssairenieni
dans toutes les incertitudes où Ton était auparavant?...
= Notre célèbre compatriote M. Bnmet ^ qui continue
de tenir TAcadémie au courant de sa merveilleuse en-
treprise, vous a adressé , le lo mai de cette année , le*
détails d^un état de situation très-satis£iisant , datés de
ses galeries sous la Tamise ; et le résultat de rassemblée ,
tenue immédiatement après dans le Tunnel , a pleine-
ment justifié la confiance de Tingénieur dans la haute
protection et les libéralités du premier ministre d^ùne
nation généreuse. « Un temps viendra peut-être , dit
<c M. Brunel , qu'une semblable opération joindra
« votre boulevard Cauchoise au faubourg Saint-Sever. n
Excellent moyen , sans doute , d'éviter les inconvé-
nients graves d'un pont sur la rivière en cet endroit ;
mais la Seine ne charie pas l'or comme la Tamise.
Ainsi , Messieurs , dans l'espace d'une quarantaine
d'ann^s, le génie inventif des habitants d'Andelys nous
aura tracé des routes inconnues dans les airs, dams
les eaux , et jusque sous le Ut des grands fleuves.
= Le drame de Cromtvei^ dont l'auteur , M. Victor
Hugo, a fait hommage h la Compagnie, a été l'objet d*un
rapport fort étendu par M. Guttinguer. M. Guttinguer a
débuté par une profession de foi qu'il a crue nécessaire!^
« Partageant avec passion , 4it-^il , les doctrines de l'au-
« teur , j'ai voulu , avant d'arriver à une analyse qui met
m en feroientation toutes les pmssances de mon cœur et
« de mon esprit , déclarer que le sentiment qui m'anime
« est surtout l'agrandissement et T^ancipation du ^^^
9 nie ) le besoin d'y paj^ciper de mes faibles moyens ^
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(i35)
% él kion le puéril dësir de faire prévaloir mes opimôné
^ OQ d^oflfenser celles des autres..^ » A cette déclaration
iQccède Texamefi de la préface , et celui du poème , qui
m est TappUcation oa le principe.
Ce phénomène poétique , rempli de vers et de mor-
tnwL pleins de verve et du plus beau talent, est bien
connu des gens de Tart ; et les principes de M. le rap-
porteur ont été mis trop en évidence pour laisser aucun
tkmte à Tc^ard du jugement quHl a dû porter sur les
^tails. Il suflira donc de rapporter et de donner ici h
H. Gattinguer acte de ses dernières expressions, « Il y a,
* dit-il, dans le drame de M. Victor Hugo, de la poé-
« sie , des caractères , des situations , de quoi faire vingt
* tragédies comme les commandent les poétiques. »
£t comme M. Hugo a déclaré qu*îl n*en pourrait titrer
^'une , gui , à-conp~sâr , dit le poète , serait stfflée , M.
Gurtinguer se plaît h lui offrir , dans un mot célèbre de
Chamfort , des consolations sur le jugement du public ;
^t il termine en prédisant à son ami « un triomphe assuré
« sur nos froides tragédies et nos pâles comédies, et
« SOT nos habitudes théâtrales , dont les autours et les
« spectateurs sont , dit-il , enveloppés ^ etc. »
s Le mémoire sur le vieU Et^ewv , publié par le plus
avant et le plus modeste de nos antiquaires , M. Re-
w , paraît avoir irrévocablement confirmé tous les
tonpçons d*un antique établissement romain h une lieue
environ de la ville d'£vreux actuelle. L'auteur ne pense
pas que ce vaste établissement puisse raisonnablement
SÉ reporter au-delà du règne de l'empereur Claude. « Si
* nous osions placer ici nos conjectures , dit ici M. A.
* Le Preoost , nous dirions qu'il nous paraît bien vraisem-
« blable que le chef*lieu des Aiderci y existait beaucoup
* plus anciennement , et que les Romains , au lieu de
« fonder une ville , n'auront fait qu'agrandir et embel-
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( i33 )
« lir , etc. 11 est vrai que jusque dans les foiidcmenU
«< mi^rae on n'a point trouve de maçoanarîc qui ne fût
M romaine. Mats y aurait-il bien de la témérité à siippor^
« ser que tout vestige des frêles et superficielles de-
« meures des premiers fondateurs aura été anéanti par
•( les constructions plus solides qui se sont succédi$
<• sur le même sol ? »* •
Quoi qu'il en sait de cette conjecture , M. Le Pré-
vost trouve dans le xncmoire la solution d'une foule de
problêmes curieux , et une rare universalité de conoais*
sances réunie à Tart de discuter et de transmettre*
z M. //« £tf Prévost a fait aussi une mnntion très-hon(>-
rable d'un mémoire adressé par M. Feret aîné, secrétaire
de la société archéologique nouvell^nent formée dans
Tarrondissement de Dieppe. A ce mémoire est joint un
excellent plan de Voppldam goUo-helge^ dit ciU de Li"
mes ou cflmp de César, C'est, dit M. le Rapporteur,
«c un des travaux les plus louables que puisse iuspacr
« l'amour de la scicuce et du pays. »
=5 Un ouvrage manuscrit , de longue haleine , sur les
Cérémonies symboliques usitées dans l'ancienne Jurispru-
dence des Français ^ a été envoyé par M. Arthur Beugnot,
avec invitation à la Compagnie de lui transxnettre le sen-
timent de quelques-uns de ses men^bres versés dans cette
matière. Une commission ^ composée de MM. Adam ,
Licquet et Devillo , a fait son rapport par Toigane de ce
dernier. Cet envoi d*un ouvrage destiné h l'impression
étant un acte de confidence , nous devons eous iioraer h
dire ici que la critique a été courte pour l'étendue du
travail et la part de l'éloge très-ample, çt que la com^
mission a manifesté un grand désir de voir publier uo
U«cueii d'un si grand intérêt pojur notne histoÂrf •
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( i37 )
Membres résidants.
= M. Théodore Llcquet , prtfsidenl pour cette annëe , a
ouvert les travaux par un discours. Des remercîments
nprîm^s avec autant de modestie que de délicatesse ,
ft des témoignages d'incertitude sur les motifs d'une
promotion dont , sans paraître y croire , l'orateur avait
A)flDé d'avance toutes les garanties , composent la pre-
Bière partie de cette allocution préliminaire. La seconde
* pour objet de réclamer auprès de la Chancellerie la
reconnaissance de notre ancien titre d'institution royale.
■ Espérons, a dit M. le Président, que nos lettres de
« création , la parole royale , etc. , prévaudront contre
« une loi imaginée par le vandalisme pour le triomphe
• des ténèbres. »
Messieurs, nous nous trouvons heureux de l'obliga-
tioD de le publier aujourd'hui ; l'espérance n'a pas été
niite : de nouvelles lettres patentes , accordées par Sa
Kajesté, sont venues ajouter dans tous nos cœurs le
sentiment profond d'une vive reconnaissance particu-
lière à ceux du commun respect et de l'entier dévoue-,
œnt que tout Français doit à la personne sacrée du
Roi et à l'auguste dynastie. Qu'on ne vienne plus donc
iOQs menacer du retour à l'ancienne barbarie , quand
ic Monarque lui-même ranime et entretient les flam-
beaux destinés à propager les lumières !
^M. GuUinguer a offert un exemplaire de son Discours
pnmoQcé l'année dernière h la distribution des prix do
^kjcÀt gratuite d'enseignement mutuel. La Compagnie
t entendu avec intérêt son premier acte d'une comédie
û>titiilée : Vingirquaire heures d*un hom$nfi sensible.
= Un exemplaire d'une Notice imprimée des vues de
ftooen gravées par Bacheley , et une Dissertation
18
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t .38 )
tnaiiuscrite sur les portraits de Henri VIII et de
François I" , existant à Thôtel du Bourgtheroulde à
Rouen , forment le contingent de M. Dêlaquérîère aine.
La dissertation a pour but principal de confirmer , à
Fegard de ces deux portraits , l'opinion consignée dans
Fouvrage de Fauteur sur les maisons de Rouen les plus
remarquables. Ainsi , après un nouvel examen très-sérieux
des figures , il a fait tirer de chacune un moule en plâtre ,
comparé les moules avec les images reconnues des deux
rois, et obtenu par ce moyen la certitude , dit-il, d'une
ressemblance parfaite ; et , pour réfuter toutes les objec-
tions d'inconvenance dans la situation des portraits des
deux monarques à la porte d'entrée de l'hôtel , il a cru
suffisant d'alléguer des exemples de pareille négligence
dans les costumes.
En conséquence, M. Delaquérière regarde comme
erronées toutes les interprétations contraires à la sienne.
Toutefois il avoue que ceux qui se sont bornés aux gra-
vures de son livre , n'ont pu que difficilement y recon-
naître les deux illustres personnages.
= M. Léi>y a lu des considérations sur l'état ac-
tuel de la France , sous le point de vue moral.
« Religion , philosophie , mœurs , institutions , tout ,
« dit-il , présente un aspect nouveau et particulier. »
Et notre confrère passe immédiatement en revue toutes
les variations subites du caractère national , dont il
trouve le principe dans les phases de la révolution
politique : à l'époque de la Charte , il explique com-
ment il pense que l'homme a dû devenir nécessai-
rement sérieux ; mais- il distingue soigneusement le
sérieux de cette prétendue mélancolie qui ne peut être ,
suivant lui (c'est une niéprise ) , que le produit de l'oisi-
veté, du désappointement des passions , etc. , et non une
disposition actuellement inhérente an caractère français ;
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( t39 )
ei co rangeant au nombre des ridicules de notre ëpoque
cette étrange maladie , qui ne peut être épidëmique
(0 France , M. Lévy lui donne toutefois une grande
pt^nce sur le ton déhonté du libertinage de quelques
qwques prcce'denles.
= M. j|> PasqîUéT a lu la i*^' partie d'un Mémoire
sar les Monls-de-Pieto , dans laquelle il expose Tori-*
gioe , le but et les modifications de ces établissements ,
créés pour subvenir au malheur , mais souvent une
Kssoorce bien ruineuse. L'Académie attend avec in^
t^t le développement des idées de Fauteur sur les
moyens de rendre cette institution d'écoilomie poli^
tique à toute la pureté de sa destination primitive.
^ M. Devûle a lu une Dissertation sur un fait do
FHisioire de France , attribué à Philippe-Auguste,
« On lit , dit Fauteur , dans toutes nos histoires de
fnnce , que le jour de la bataille de Bouvines ,
Pbilippe-Auguste , au moment de marcher à. Tenneroi ,
fit dresser un autel en présence da son armée , et ,
îpes y avoir déposé sa. couronne , s'écria en s'adres-
sât aux guerriers rangés autour de lui : « S'il en es^
< 00 plus digne ^ qu'il la prenne ; je le suis au
« combat ! » Que toute l'armée s'écria : « vive Phi-^
« Kppe ! Vive notre Roi ! Qu'il reste notre Roi ! »
« Il est peu de faits de notre histoire qui aient été
plos répétés et plus admirés en même temps. Il n'en est
point sur lequel oa se soit arrêté avec plus de complair
^^e ; nos poètes et surtout nos peintres s'en son/.
emparés depuis long-temps k Tenvi (i) ; enfin il a
Êit fortune. ».
(i) n tient d*étre représenté , tout nouvellement encore , sur U
Moùà à'unt de» grapdu salles dn Loa?re , par Horace Vernet.
18.
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( i4o )
Notre confrère commence par exprimer des doutes
sur la vérité de ce fait, qui lui paraît une sorte de fan-
faronade peu conforme au caractère du prince et in-
digne de la majesté du trône Ensuite , remontant à
Torigine de l'anecdote , il acquiert la conviction que
nos historiens modernes se sont copiés les uns les
autres sur la garantie de Scipion Dupleix, sans se
douter qu'ils racontaient un fait purement imaginaire. Or,
Dupleix prétend l'avoir puisé dans Rigord ou Rigordan ;
mais Rigord , reprend M. Deville , n'a conduit l'his-
toire de Philippe que jusqu'en 1209 , cinq ans avant la
bataille de Bouvines ; et le fait est que Pilhou et Du-
chesne ont commis une erreur en mettant la suite de
cette histoire sous le nom de Rigord (ce qui a pu trom-
per Dupleix ) j et que c'est Guillaume Le Breton, cha-
pelain du Roi , continuateur de Rigord , qui a donné le
récit de cette journée , oh il se trouva lui-même aux
côtés de Philippe. Or, Guillaume Le Breton, qui parle
de QÎsu et auditu de cette grande scène , ne dil dans son
histoire , ni dans sa Philippide , pas un mot qui puisse
faire soupçonner la réalité du fait en question.
«< Nous avons consulté toutes les chroniques de l'é-
« poque, dît notre confrère : aucune ne vient justifier
« l'anecdote de nos historiens modernes. » Et puis
revenant à Dupleix , il regarde comme possible que
celui-ci ait trouvé dans le fatras indig^este de Richer,
abbé de Sénones, le germe de son historiette ; et, après
avoir détruit l'autorité du bon moine par le jugement
du savant dom Brial , M. Devilte conclut en ces
termes : ,
« Quoi qu'il en soit, au surplus, du degré de confiance
que mérite Tabbé Ridier, et des emprunts qu'aurait
pu lut faire Dupleix ^ le récit de GuiUaume Le Breton s
de ce témoin occulaire , est là pour répondre à tout.
Il tranche la questioxL On serait trop heureux si llii^
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(. i4i )
(oire marchait toujours appuyée sur de pareils docu-
meofs.
« Ainsi il reste constant * que le discours attribué h
PUippe-Auguste par nos historiens modernes , le
joor de la bataille de Bouvines , discours traduit tant
^ lob par le pinceau de nos artistes et la plume de
B05 poètes , n'est qu'un jeu dé Timagination de This-
torien Scipion Dupleix , dont Mézeray, Velly , An-
qoftil et autres se sont faits les échos , et qu'il doit
^ rangé dans la foule de ces faits apocryphes
<loot fourmillent malheureusement toutes nos histoires
<fc France. »
s L *Essai historique et descriptif de l 'Abbaye de St- Georges,
publié par le même M. De^Ule , est un des monuments
<ie ce genre les plus importants de notre département.
M. Auguste Le Prévost en a fait un rapport Ires-étendu,
et qui relève par la magnificence à^$ éloges Topinion
mntageuse que le public avait déjà conçue de cette
belle composition.
Histoire . et figures, tout est de la main de Tauteur,
Potage assez rare et précieux, dit M. le Rapporteur,
surtout dans mie partie aussi délicate à traiter que Tar-
tteJogie Fondation primitive de la collégiale de
Saim-Georges ; transformation en abbaye ; sa destinée
l^jqn'ice jour; description exacte; diplômes impor-
tait* retrouvés par Tauteur ; chartes ; liste des protec-
tetirs de rétablissement; renseignements précieux de
tonte espèce qu*il est possible de rattacher à la respec-
^le enceinte : tel est le sommaire de la première
pwtie de Touvrag^.
Quant aux figures, qui forment la seconde, sans entrer
i^oi les détails , il suffit d'en a{^Ier au jugement de
M. le rapporteur sur le total de l'ouvrage ; il le met ,
« pour l'exactitude et le fini , etc. , beaucoup au-dessus de
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( i40
« toutes les productions archëologiques des temps ant^-
«t rieurs, y comprises même celles du dix-huitième siècle,
li le range parmi les publications nombreuses quUl voit
dclore autour de lui , et qui ne seront , dit-il , jamais
effact^es ; il y reconnaît les recherches d'une savante
érudition , parée de tous les charmes que peuvent y
ajouter la beauté et la fidélité des figures ; il n'a pas
connaissance qu'il existe , dans la France entière , au-
cun travail de ce genre qui lui soit préférable. . . »
= Dans son discours de réception , M. Prosper Pîmont
a pris pour texte : Aperçu des progrès de ^industrie en
France.
Ce sont d'abord des idées générales sur la valeur
que l'industrie donne aux produits agricoles , sur la
supériorité des premières nations manufacturières , sur
la lenteur des progrès, causée par des préjugés divers|»
que Torateur s'attache à combattre. l)e là passant à
l'industrie française , M. Pimont la voit naître sous
Charlemagne , languir sous ses successeurs , dépérir par
l'effet des invasions des Normands , conquérir quelques
procédés et machines dans le douzième siècle , demeu-
rer stationnaire durant les deux suivants , se ranimer
par la découverte de l'imprimerie , s'agrandir , dans le
midi de l'Europe , par la découverte du Nouveau-
Monde , tandis que la France , indifférente aux sucras
de ses voisins , la France ne savait que faire la guerre
au-dehors et se déchirer au-dedans
Le règne paternel de Henri IV rend à la France le
goût des intérêts positifs , qui retombe dans l'assoupisse*
ment h la mort du bon Roi , pour ne se réveiller d^un^
manière sensible que sous le règne de Louis XIV. . ••
Des crises politiques , des règlements , bons peut-être
dans le principe , mais trop rigoureusement exécutés ,
enchaînent le génie des améliorations. Enfin , après.
%
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( «43 )
DM lutte pénible contre les entraves et la routine , vers
le milieu du dix-huitième siècle , éclairée par les théories
et les expériences de la mécanique et de la chimie , l'in-
àistrie prend une marche plus franche ; et bientôt ,
soutenue dans son essor par Tindépendancc , son premier
lïesoin, elle s'élève à ce haut degré de développement
qui £iit la gloire et la véritable richesse des nations ,
clat de prospérité dont M. Pimont se complaît à dé-
crire tous les éléments tels qu'il les voit dans sa patrie.
— Rien de ce qui se rattache h la gloire nationale ,
a répondu M. le Président , ne saurait être étranger
à TAcadémie. M. Licquet a bien reconnu la néces-
sité actuelle de Tindépendance pour Findustrie ; mais
I enfance a besoin d'un guide y et partout où il voit
on berceau , il s'explique aisément les lisières. Il a
Wancé les torts des hommes du Nord par les faveurs
feducs et la sagesse de leurs règlements sur la mà-
fee« A l'influence de l'imprimerie il a ajouté les
résultats antérieurs des connaissances acquises dans les
croisades.
Les noms d'Henri IV et de Louis XIV lui ont
^pelé la réanion de toutes nos gloires , sauf une
grande erreur politique , funeste à l'industrie , sous le
grand Roi. Mais , a repris M. le Président , aujour-
^^ qu'elle a obtenu son émancipation , espérons
^ la France n'aura bientôt plus à craindre ni su-
Prieure ni rivale.
^ Rectification de quelques erreurs dans l'Histoire de
^Normandie : tel est le titre d'un Mémoire lu par
M. Ucquct, D'abord l'autqur conteste h RoUon Tori-
gioe de la clameur de haro , « parce qu'elle existait ,
* dit41 , avant lui sous une autre désignation. » De
^aéme pour T^rhiquier , « parce qu'il n'en est proba-
' blement point l'instituteur. » De même encore pour
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( lu)
'es brassclets d'or , etc. , suspendus dans nos forêts ,
« parce que , avant Rollon , Alfred en Angleterre ,
w et Frotlion en Danemarck , en avaient donné
*t l'exemple >»
En second lieu , M. Licquet révoque en doute le
mariage de Rollon avec une fille de Charles-le-Simple ,
nommée Giseile , parce que Charles-le-Simple n'a
jamais eu de princesse de ce m^me nom ; parce qu'ellç
serait sortie de Fréderune ou d'Ogive , les deux seules
It'iumos de ce prince admises par M. Licquet; parce
(jue de son alliance avec la première femme , céle'brée
en 907, il n'aurait eu, h Tt'poque du traité de Sainte-
Clère , qu'une princesse de quatre ans à offrir au duc
de Normandie , quoi qu'en dise Mczerai , qui reporte
ce premier mariage à Tannée goS , et malgré l'asser-
tion de M. Depping , qui transpose le mariage d'Ogive
en 901 ; parce que , si l'on admettait , avec quelques
écrivains , que cette GiselIe fût une filLe naturelle du
roi de Franœ , en lui supposant quinze^ ans à l'époque
du mariage , Charles n'en ayant que, trente-deux , « je
u me croirais , dit notre confrère , h l'existence de la
u princesse autant de part pour le moins que le
« père qu'on lui donne. »
«< D'un autre côté, continue M. Licquet, en donnant
V au duc de Normandie la main d'aae pnnce^e de
« quatre ou cinq ans , on l'aurait mis dans le cas de
» n'entrer au lit nuptial qu'avec les espérances que
<c peuvent donner soixante-quinze ans accomplis. Du
« reste , cette Griselle ne laisse aucime trace dans
« l'histoire »
Maintenant , pour rétablir les faits et les mettre k
leur place , M. Licquet invoque un passage de Réginon,
a^ud pisiorùsm, page 60, et l'autorité ide Sigebert ,
qui , tous deux , r>opiés par les autres clirouiques ,
marient li Godefiroy, chef des Nonoands, une princesse
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( i45 )
nommée Giselle , fille de Lothaire , avec les circons-
tances du Baptême , Tmi en SS^a et Tautre en 884.
M. Licqnet développe ensuite plusieurs moyens d^une
critiqae de détail , pour confirmer le témoignage des au-
teurs précités , et débrouiller la confusion ; et le mé-
Boîre est terminé par cette conclusion : que notre
premier duc n'a point épousé -une fille du roi de
France , ni une sœur , puisque Charles n^avait ni filTe
m sœur.
= H. MaUle^Dubaullqy , architecte de la ville , a pré-
senté trois dessins des bas-reliefs , de sa composition ,
destinés à décorer le péristile de THôlel communal
de Rouen.
Le premier dessin se compose des armes de la
ville et de deux figures allégoriques , Mercure et
IGnerve , avec les attributs du commerce et de la
navigation, des arts et de Tindustrie.
Le but des deux autres bas-reliefs a pour objet de
'«ndre hommage aux hommes célèbres que la ville a
▼os naître ; le nom du grand Corneille et d'autres noms
diers à la ville de Rouen sont gravés auprès des objets
fn rappellent le genre de la célébrité qu'ils ont acquise.
\
=: En réponse ^ la demande faite h TAcadémie , par
H. Adrien Balbi , de Paris , M. Ballln a fait un
npport dans lequel on remarque le passage suivant :
< On compte à Rouen à peu près constamment ,
depmt plusieurs années , environ 4oo mendiants. Les
pauvres secourus à domicile ont été, pendant les trois
^cnnères années , au nombre d^environ 8,000 , terme
moyen formant près de 2,700 fiamilles ; mais celte
proportion a été dépassée de beaucoup pendant le 1"
*«ûe$tre de cette année : on en compte aujourd'hui
9ii24i appartenant ii 3^ai8 familles.
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( i46 )
a Ce fâcheux état de choses paraît devoir être attribua
au ralentissement des afiiaires du commerce. La ville
de Dieppe compte environ 3oo mendiants i et de i4 ^
i5oo pauvres secourus à domicile. »
Notre confrère regrette de n'avoir pas eu le temps
de j>orter ses recherches sur les autres viHes du dépar-
tement Il donne aujourd'hui ce résultat pour ne pas
se faire trop attendre , et il promet de procurer , raoniéa
prochaine , des renseignements plus étendus.
= Une Notice sur F Asile des aliénés à Rouen ^ par
M. Balim.
Une Notice bibliographique sur un opuscule en vers
du temps de la Ligue , intitulé : Prosa Cieri parisiensis ad
éucem de Menâ^ post cœdem HemiciUI^ par M. DupuUL
Une Dissertation historique sur Alain Blanchard
( Réfutation des Historiens modernes ) ^ par M. Tk,
Ucquei.
La Description da dernier tableau de M. Court , de
Rouen , ( Antoine haranguant le ptupU après la mort de
Césœ^) , par M. Des AUeurs fils.
Le Renard et ta Pirdade , fable , par M. Le FiBml
des Guerrots,
Des Stances improvisées dans une promenade au
Cimetière monumental , par M. Dupulei,
, Une Traduction libre de FOde d'Horace : M^uam
mémento , etc. , par BI. Deville.
Une Scène d^une Tragédie inédite (ffenn/r^/ Biron)^
par M. Dupias.
L'Académie a ordonné l'impression de tous ces ou*
vrages , dont plusieurs vont faire partie des lectures
«d^ns cette séance.
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(«4?)
Puisse , Mes$iears , le compte général que nous avons
lliooneur de vous soumettre , satisfaire votre zèle pour
U propagation des lumières , répondre aux vues bien-
disantes du Monarque , h la bienveillance de Tadminis^
tralion municipale , aux encouragements accordés par
Tadministration du département , et offrir , pour la*
continuation de ces mêmes faveurs , quelques garanties
ila sagesse d'un administrateur éclairé (i), et dont la
présence dans cette enceinte . h son entrée dans le
^^partement , est , pour les Sciences , les Lettres et les
Arts, d'un augure favorable , et déjà pour T Académie
an véritable bienfait.-
PRIX PROPOSÉ
POUR 1829.
L'Académie n'ayant reçu aucun mémoire pour le
çtîx de i8a8, a remis le même sujet au concours pour
Tannée 1829, avec la rédaction suivante:
Examen critique des Oui^rages composés dans les
II* e/ la* siècles, sur V Histoire de la Normandie^
Le prix sera une Médaille d'or de la valeur de 3oo fr.
Chacun des Auteurs mettra en tête de son Ouvrage
une devise qui sera répétée sur un billet cacheté où il
fera connaître son nom et sa demeure. Le billet ne sera
ouvert que dans le cas où l'Ouvrage aurait obtenu le
Prix.
Cl) M. le comte de Mnrtt , nou^reau Préfet da dépaiUment.
'9-
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( i48)
Les Académiciens résidants sont seuls exclus du
Concours.
Les ouvrages devront être adresses, (irancs de port, à
M. N. BiGNON y Secrétaire perpétuel de V Académie pour
la Classe des Belles-^Lettres , avant le i*' Juin 183g.
Ce terme sera de rigueur.
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( i49)
MÉMOIRES
DONT l'académie A DÉLIBéftÉ L^IMVRESSTON EN ENTIEit
BANS SES ACTES.
PROPOSITION
FAITE A L^ACADÉMIE DE AOUEN ' ,
Dans sa Séance du 7 Mars i8a8 ,
Par M* DES Alleubs FUs , D.-M. M.
BIessieurs,
Tout le monde connaît ce trait célèbre de THistoire
romaine , l'assassinat de Jules-Cësar , le premier jour
des Ides de Mars, dans le sein même du Sénat ; il est
donc inutile de vous retracer les détails donnés par les
historiens sur ce forfait politique ', commis par les pre-
niers de Rome , le fils adoptif du dictateur lui-même,
(^ssius et d'autres romains chez lesquels Tesprit répu-
Micain vivait encore. Vous savez qu'Antoine , le confi-
dent intime de César , accusé de n'avoir pas ignoré le
crime que Ton méditait ,. tâcha , en adroit politique ,
d'exploiter ^ son profit ce terrible événement. Il prononça
en public l'oraison funèbre du grand homme , dont il
exposa le corps sur le forum. A l'exemple do tant d'au-
tres ambitieux , il avait trop bien vu que ce peuple dé-
f^oM avait besoin d'un maître , et, dévoré du désir de
' M. le Piésîâeiit 1 procUmé A U SéftBce pubttqot qne rAcadémie
>^t iàofU U Proposition dé M. D«i AUeait , tt ^*an tabltaa des-
tiné i omtr U Salle des séances de rAcadémie araît été commandé k
M. CoQit. Le sujet adopté est Corneille reçu au Théâtre par U
hmctiù Condé.
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Google
( i5o)
le devenir ^ il profita de cette circonstance pour exciter
ce même peuple , à l'aide d'une éloquence appropriée ,
à immoler ceux qui venaient de le délivrer; cherchant
à se débarrasser ainsi lui-même des républicains , qui
devaient lui réserver le sort de César, s'il parvenait à
lui succéder.
L'histoire a depuis long-temps jugé les auteurs de ce
drame funèbre , et fait à chacun d'f ux sa part de gloire
et d'infamie.
Ce n'est pas ici le lieu de motiver ces divers juge-
ments ; mais ce que tout le monde voit au premier
abord , c'est que ce meurtre mémorable révéla le vé-
ritable état du peuple romain h cette époque; qu'il
fut le signal de la décadence de la république ; qu'il mit
en jeu des passions et des ambitions qui ensanglantè-
tèrent l'Italie et changèrent les destins du monde.
Cet événement fameux offrait un trop grand intérêt
pour n'être pas mis à la scène , et la mort de César a
fourni le sujet d'une belle tragédie. Mais il est extraor-»
dinaire qu'aucun peintre , jusqu'à ce jour, ne se fût
emparé de ce fait éminemment tragique , et capable
d'émouvoir le cœur par les yeux : il est pourtant vrmi
que , soit qu'ib n'en eussent pas deviné les beautés , soit
qu'ils en eussent redouté les difficultés , les artistes n^a-
vaient point encore entrepris de nous retracer cetXe
grande page historique.
Un jeune peintre, né dans nos murs , lauréat de TA-
cadémie de peinture , vient , pour son coup d'essai ,
d^aborder ce ' beau sujet , et il n^est personne d'entre
vous , Messieurs, qui n'ait entendu parler avec éloge de
cette vaste et belle composition.
Jugée de la manière la plus favorable , b sa première
apparition aux Petits-Augustins , lors de l'exposition
des travaux des élèves de l'école de Rome , elle fut en-
core perfectionnée depuis par l'auteur , docile aux re-
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( i5i )
proches d'une critique judicieuse et aux conseils d'une
amitié sincère.
Mise à Texposition du Louvre près des tableaux des
{rands maîtres , elle a soutenu avec honneur cette
redoutable comparaison, et n^a rien perdu auprès du
pablic ; mais , ce qui est plus rare et plus glorieux en-
core , elle a acquis une grande faveur auprès des ar-
tistes : aussi , d^une voix unanime, le Marc -Antoine
de M. Court a été proclamé Tun des plus beaux mor-
ceaux de Texposition de 1827, un titre d'honneur pour
son auteur dès-à-présent , et , aux yeux de tous les con-
oaisieurs , le gage de grands succès pour l'avenir (1).
Admis dans l'atelier du peintre , h même de nous pé-
nétrer de ses intentions , nous avons examiné son ta-
bleau avec toute l'attention que commande un travail
de cette importance , tout l'intérêt que doit nous ins-
pirer un compatriote , et enfin toute Timpartialité
d w homme qui sait que Tamour-propre de l'auteur
oe viendra jamais se placer entre la manifestation sin-
cère de ses opinions et la réponse du peintre : car,
Messieurs, et je me plais à le publier ici, le jeune
^uri joint à un talent du premier ordre une modestie
popre à en rehausser Téclat , et , forcé d'admirer ses
Ctnres, on ne peut se défendre d'aimer sa personne.
J'ai dû penser que l'Académie, qui a compté parmi
les membres les plus illustres les Lecat , les Descamps,
ces admirateurs et ces protecteurs des arts , qui voit en-
core dans son sein des artistes d'un rare mérite et des
routeurs qui peuvent rivaliser avec des maîtres habiles,
(0 Le GooTCfiieBMiit a «cquii le iâblem dont il s*«|;it ici; cette ac-«.
tûsifion t été proclamée à U Séance solennelle où Sa Majesté a
"^tiilmé des récompenses aux artistes qni s*étaicnt distingués dans Tex-
'*"^on de 1817* 11 est maintenant placé aa Musée royal da Laxem->
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( i5a )
f ai cru , dis-je , que TAcadémie n^entendrait pas sans
intérêt une courte description du tableau de notre com-
patriote , et qu'elle protégerait de son ombre tutélaire
une jeune illustration qui , grâce k son appui , peut
devenir une réputation glorieuse pour la patrie des Jou-
venet, des Lemonnier, des Barbier, des Robert, des
Lemoine , etc.
Je nai aucune mission spéciale pour vous entretenir
d'une pareille ^matière , Messieurs : aussi n^ai - je pas
la prétention de le faire en connaisseur. Je sens vive-
ment , voilà tout. Voué exclusivement b la science , et
la cultivant avec ardeur , je ne puis cependant me
défendre d'aimer les arts. Notre institution m'y autorise,
je crois : Lecat et Descamps , vous le savez , partagè-
rent le même amphithéâtre , et sur nos médailles on
remarque Le Poussin h côté de Fontenelle.
Voici comment M. Court a conçu et exécuté son
sujet : il a choisi l'instant où Antoine, saisissant le man-
teau ensanglanté qui recouvre le cadavre du dictateur ,
le présente au peuple , en lui répétant les dernières pa-
roles adressées par César expirant à son fils adoptif,
Brutus , le chef de la conspiration : Tu quoque , mi Bruie !
Les principaux personnages sont : Marc^Antoine ,
Brutus et Cassùis , et , disons-le , le corps du dictateur
assassiné.
La scène a lieu sur le forum. Vers le milieu de Ta
composition , mais un peu sur la droite du tableau , on
voit la tribune aux harangues ; une colonne qui porte îè.
louve avec ses deux nourrissons est placée derrière ; on
ne peut en douter, nous sommes h Rome. Le cadavre
livide de César, la tête encore ceinte de la couronne de
laurier, la poitrine découverte et portant les traces de
nombreux coups de poignard , est déposé sur la tribune,
dans un brancard orné. En avant, Antoine, tenant le
manteau ensanglanté du héros, le montre au peuple ^
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( «53)
en Alignant les.meurtriers. Derrière le corps, sur UQ
plan plus reculé, se trouvent plusieurs personnages de
distinction , mais notamment Lépidus , portant le tes-
tament entoure d^une bandelette. Des deux côtés de la
tribane, aux extrémités du brancard qu'ils ont porté.
Ton voit des licteurs, dont la figure grossière et im-
passible contraste d'une manière heureuse avec la dou*
leur, la fureur , le désespoir , rattendrisscment , la
crainte, Tindignation ^ fincertitude , la terreur, qui se
peignent dans les traits des nombre ux^ personnages qui
animent cette scène de deuil. Tous ces sentimeïits dé-
nient être là , Messieurs, et ib y sont retracés en effet
trec une variété, une énergie,, des oppositions, et
cependant , dans l'ensemble , avec une harmonie digniç,
^splus grands éloges. C'est ainsi. que Marc- Antoine ^
auquel on a reproché, peut-être avec quelque raison,
Si petite taille et le manque d'élévation dans la physio-
nomie , a bien cependant l'expression d'un fourbe /
cette couleur de peau qui convient à l'ambitieux, et
ce coup d'œil douteux qui annonce un homme à qui
>oas les moyens sont bons, capable de feindre tous
les sentiments qu'il n'a pas, et de soutenir avec vigueur
les fureurs d'une sédition. Derrière ce manteau ensan-
ilinté qu'il tient à la main , que voit-on , dan^ la d^mi-
teinte? la figure immobile et commune d'un sojdat;
pins bas, en avant, un homme qui baise la robe de
C6ar; un autre, penché sur ses pieds, les embrasse
conrolsivement, et son attitude annonce le désespoir
^ les traits de sa figure qu'on ne voit pas. Sur 1q
troisième plan de la tribune , c'est Lépide « levant les
jenx an ciel ; son front chauve est brûlé par le soleil
^ l'Afrique dont il arrive ; l'expression de sa physio^^
aomie est celle de la douleur, mais avec cette incer'-
titnde politique qui fut son partage , et que l'on pour-
^ peut-être caractériser par u^ tenneplus expressif*
ao
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( >54)
A ses cAt^Sf mais plus bas, est un des porteurs,
homme robuste, auquel sa tête et son corps recou-
verts d'une peau die léopard donnent un aspect sau-
vage qui contraste avec la physionomie attendrie d*un
jeune homme, d'une beautë ravissante , qui, cédant aux
sentiments d'expansion propres h cet âge, sans doute
aussi à la reconnaissance , saisit la main glacée du die»
Cateur et la baigne de ses larmes.
Que vous dirais-je ? Messieurs ; la science des contras-
tes, l'art de l'arrangement, l'heureuse variété des tons
et des costumes , celle des poses , l'agencement des
figures , disposées de sorte que les lignes qui se déta-
chent sur le ciel , h l'horizon, et même dans toutes les
directions , soient rompues sans choc et de la manière
là plus heureuse , se font remarquer dans toute cette
|>artie du tableau.
Le second groupe qui attire et doit attiret de suite
ifes yeux, est formé de trois personnages et occupe la
gauche ; il se compose d'abord, et sur le premier plan,
en dedans, de Brutus, couvert de la toge; de Cassius,
lé casque en tête ; enfin , h un pas derrière , et an bord*
du tableau , d'un autre conjuré revêtu de la cuirasse
et du manteau, mais sans casque.
Brutus descend du Capitole ; la forme de' sa* tête et
jnsques à sa chevelure, ses traits prononcés, ses^ yeux
caves , le front proéminent du courage et de la fe^iieté»
annoncent assez le fanatique do la liberté. Mais com-
ment vous rendre la sombre énergie de cette belle têt^ ?
Il paraît au milieu de ce peuple auquel on vient de
donner le spectacle toujours si puissant d'un grand*
homme assassiné ï Tinstant est critique ; il est déisigné,
dans un discours virulent, comme le' cHfef des conjurés ,
h une populace ameutée qui oublie le tyran pour ne
plus voir que le héros lâchement immolé; ses libéra-*'
leurs ne sont pliis pour ce peuple que des àss^asitiis ;
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Ci55)
Bhifus M eii¥Îiona^ de dangers, «t sa maia est sur
9QB poignard prête à le saisir s'il le faut. On voit, que
a grande ame est plongée en elU-m£me; il médiie
ne forte résolution , et réprime de sa main drcita-
k mouvement de Cassius qjui tire son épée pMir aller
bpper Antoine. Mais, Messieurs, et suivant moi
ceu ce qu'il faut le plus admirer ici-, b travers Jb
poà homuM, à travers le sauveur de Rome, à ira*
im Bnitos cn^ , on reconnaît le fils adoptif de César :
k tu fÊ0fie^ nU BnUe^ vient de retentir à son oreille ;• le
tjran aesjt plus là, c'est le bienfaiteur assassiné, la
aatnre réclan&e ^s droits; ce double sentiment est
Ibible sur cette terrible figure» Oui, il y a des larmes-
^ ces lèvres tremblantes, la nature vaincue se débat
eocorej la tragique physionomie de !&*utus exprime les.
logpisses de son ame, et Ton ne peut s'empêcher de
£re, en voyant ce beau contraste : sa tête et son bras^
sootàRome, mais son coeur est ir César!
A U droite de Brutus on voit Cassius, exalté'par Ten*
ibousîasme de la liberté , et portant dans ses traits cette
w^ militaire avec laquelle Thistoire nous le repré^
fCQte. Sa figure exprime Tardeur du pateiotisme , et c'esl
1'^ à la main qu'il veut achever la délivrance des Ro<t
A côté de ce guerrier, mais un peu plus en arrière^
nranarque un autre conjuré ; il retient aussi Cassius |
et rcmpêcbe de tirer entièrement son épée. Son teint
csi jaune , ses sourcils froncés , son attitude exprime la
^, c'est trop peu ». Tindignation contre Antoine ; le
^ de la vengeance est parfaitement exprimé sur cette
bce de conspirateur ; mais quelle dUTérence avec U
Brutus! chez celui-ci on trouve encore quelque chose
dliomain , ehea Tautce la nature est morte (i).
(i) H^as ciojMii fB« c*«t Cin^ fM U pmvU« « tpaIu tt^iéêmulm^
aoâ
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( i56)
Il nous semble q\]e c^^st une iàie bien heureuse de
Talrtiste d'avoir mis la figure ouverte et loyale d^uo
guerrier entre celles de Brutus et de Tautre conjuré;
mais une autre opposition encore plus belle, à mon
avis \ est l'opposition morale qui se trouve ici.
L^action de Brutus , monstrueuse dans nos moeurs et
suivant les préceptes de notre morale divine, est un
acte de vertu, suivant le paganisme et dans Rome. Le
sentiment d'exaltation qu'elle produit est généreux , et
il retentit dans Tame de Cassius , qui , en guerrier , tins
son épée pour achever l'ouvrage des conjurés : au con-
traire l'action d'Antoine est celle d'un intrigant , dont
la douleur affectée n'exciterait pas l'éloquence si elle n'é*
tait soutenue par' l'ambition. Aussi c'est au peuple qu'il
s^adresse , c'est la multitude qu'il invoque ; il agit sur
elle encore plus par les yeux que par les paroles ; c'est
en présence du cadavre de César , sa robe ensanglantée
à la main , qu'il l'excite b venger sa mort ; c'est un
orateur de carrefour qui demande un mouvement po-
pulaire pour en profiter ; aussi la populace répond-elle
à sa voix , et un homme de cette classe , apercevant
les conjurés , ramasse une pierre pour les lapider. On
a blâmé cette figure , que l'on a dit empruntée à d'autres
tableaux ; elle est fort bien faite comme peinture , et
d'ailleurs c'est s'enrichir que d'emprunter ainsi. L'idée
profonde qui a préside au contraste que nous venons
de signaler annonce que M. Court saura creuser l'es-
prit de rhîstoire, et que la force de ses conceptions
sera digne de la vigueur de son pinceau , car il possède
éminemment ces deux qualités, si précieuses pour le
peintre d^histoire.
Je viens de vous décrire les deux groupes principaux ,
et je le devais par respect pour l'intention du peintre
et pour TefTet du tableau ; mais, Messieurs, nous sommes
sur la place publique ; il s'agit des destinées du peuple
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( '57 )
toi. Un grand coup d'état rient d'être frappé, Rome
est en émoi , toutes les passions sont en jeu , tous les
partis en présence ; on partage les intérêts des conjurés ,
00 plaint César , on répond aux inspirations d'Antoine !
Les deux groupes principaux sont donc séparés , ou
mienx, réunis par une foule de personnages qui, partî-
dpnt à Faction , loin de nuire h l'intérêt , Taugmentenf.
ao contraire , en exprimant la multitude de nuances que
peat exciter la passion , nuances qui sont rendues sous
its formes aussi variées que la nature elle-même. Le
S^ie du peintre ne Ta pas abandonné ici , Messieurs ,
et la preuve en est facile.
Rappelez-vous ce jeune homme qui baise la main
<ie C^ar , et qui, placé au pied de la tribune , fait tous
ses efforts pour atteindre jusques h lui. Ses pleurs vous
attendrissent ; un héros mort , la jeunesse en deuil , avec
un sentiment d'amour et d'expansion , forment un rap-
prochement sublime. Savez- voufe ce qui se trouve situé
su-dessous de cette figure intéressante? une autre figure ^
que ta pensée du peintre d'histoire peut seule rencon-
^, et que l'illustre maître de M. Court a lui-même
admirée : c'est un de ces êtres vils et désœuvrés qui
vivent de scandales , et dont le physique ignoble réfléchit
me ame digne d'une telle enveloppe ; c'est un de ces
pns qui cherchent leurs plaisirs dans les tribunaux,
l^nrs spectacles aux exécutions , et sont toujours prêts à
rendre h l'appel de la haine et h servir les fureurs de
l'esprit de parti. Celui-ci est assis au pied de la tribune ,
tt place d'habitude , je le parierais ; enveloppé d'un
ottnteau de couleur rouge sale, il écoute la harangue
<b consul (i) , son cœur répond h cette éloquence , la
fintor brille dans ses yeux, il mord ses lèvres, et sem-'
(0 Antoine araît été fait consul cette année par Cé$it
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(158)
ble une béte féroce prête à s^ëUncer sur sa proie ; les
plis de son manteau indiquent la contraction de ses
membres j et il est difiOcile de se Cadre une idée de la
profonde énergie de cette figure d^enfer, de cette tête
d'artiste ! La chevelure arrondie sur le firont ^ à la ma*
nière de Rome , la proéminence des rebords supérieurs
des oreilles heurtés par la lumière , la teinte livide de
CCS joues cavées par la misère et toutes les passions
honteuses , donnent à cette figure Taspect d'un homme
des bois. Après avoir éprouvé la terreur et le d^ût
qu'elle doit naturellement inspirer ^ je ne pus m'empé-
cher de sourire de cette remarque qui me fut faite par
l'artiste lui-même : je craignis un instant que cette
comparaison ne fût répétée ^ et que le public français
li'eût pas l'instinct de reconnaître une beauté sous une
plaisanterie ; je l'engageai donc à modifier ceUe télé ,
mais j^appris avec joie qu^un des plus grands maîtres
de notre école s*opposait vivement à ce sacrifice, qu'il
appelait une profanation*
Dans la partie droite du tableau se trouvent enroue
beaucoup d'autres figures qui expriment plus ou moins
vivement leurs diverses passions; miis parmi celles-1^
je ne puis m'empécher de citer celle d*uue femme,
vue de profil, qui est d'une beauté de faire et de cxiik^
ception étonnante ; c'est ce qu'on appelle , en peinture ,
une figure trouvée. On en peut dire autant d'une autre
fi^mme dont je parlerai tout-à-l'heure.
En revenant vers le milieu du tableau , en avant
de la tribune, est un vieillard assis; il a l'air vénérablet
mais simple ; sa crédulité l'empêche de sentir l'artifice
d'Antoine , et il désigpe fi son jeune fils , qui tourne le
dos aux spectateurs , Brutes et %t^ complices. Ce groupe
rappelle un morceau antique peut-être , mais ce jeune
homme h moitié nud est une belle étude , bien placée
là , et personne ne peut s'empêcher d^admirer û tête
du vieillard*
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( iSg >
Entre et groupe et celui de Brutus s^en trouve un
antre h deiùi-sacrifié et de liaison , mais qùî renferme
iés beautés de détail. Les principaux personnages qui
le forment sont la femme que j'ai annoncide pl'us haut^
(tse$ deux enfants. SajCQiRure , composée de tresses re-
couvertes de bandelettes en forme de réseau , convient
parfaitement h son caractère de tête. Les yeux et les
bras levés vers la tribune j elle exprime la part bien
we qu'elle prend a l'événement ; mais, par un sentiment
particulier qui doit dominer dans son sexe , la curiosité ,
ses jeux se portent surtout sur le corps de César assas-
siné, et elle fait tout ce qu'elle peut pour lé bien voirt
A sa droite , un enfant nud se cramponne h sa cuisse ^
et semble la prier de Télever dans ses bras pour qu'il*
poisse voir aussi : cette étude ne laisse rien à désirer. A'
sa gauche est son autre enfant, debout sur une pierre r
il domine le corps de sa mère , qui s'appuie* sur son
épaule. Cette tête d'enfant est ravissante.
La peau est un peu brune , ce qui forme une heureuse
opposition avec: celle de la mère. Au milieu de celte
xèoe tumultueuse ^ sa figure eM sans émotion bien vive ;
il regarde attentivement Bmtus , et ses yeux expressifs
annoncent une raison précoce. La coupe de la tête , les
afflies frontale et pariétales très-prononcées , prouvent
«ne grande capacité cérébrale , et Ton démêlé facilement
tns ces regards fixés sur Brutus les germes de l'énergie'
et les traiti d'une grande àme ; c'est uil petit Romabi
ins toute la force du terme i aussi, admiré par tous,
le nom lui en est-il resté.
Ua autre enfant, porté sur les épaules de éon père ,
doQt la figure est très-jolie ^ mais rappelle m peu les
Christ de Mignard , est vu de profil , et mérite aussi de
jastes éloges. ^
Le fond de la sc^ne est occupé par la &çade du
temple de Jupiter , dont la foule inonde le pënstile
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( i6û)
fpmië de colonnes d'ordre corinthien , surmontâmes d^on
fronton que couronne iui-mOme la statue colossale du
dieu. L'horizon est borné par les édiCces qui entourent
le forum Y couvert d'une multitude dont l'attitude et les
mouvements indiquent une sédition ou un grand événc^
ment.
J'ai n^ligé dans cette énumération un grand nombre
de personnages qui , sacrifiés , suivant l'expression tech-
nique , dans le talileau, doivent Tétre aussi dans la
description.
L'ensemble de cette vaste composition est imposant ;
on éprouve involontairement ^ quand on la voit pour
la première fois, l'impression que ne manquent jamais
de causer. les ouvrages d'un mérite supérieur. Mais lors-
qu'on y revient , ce dont il est difficile de s'empêcher ,
il faut être bien peu instruit ou bien peu sensible pour
ne pas éprouver de profondes émotions.
Trois reproches principaux ont été faits à ML Court.
Le premier est le manque d'air, et la cpofusion dans les
groupes. Il y a ici jugement précipité par défaut d'e)ca*
men assez approfondi : cet cfiet n'a plus lieu b une
seconde inspection. Je l'éprouvai un instant moi-même
h la première vue : je l'avouai au peintre , mais j'ajoutai
que, dans mon opinion, cela tenait aux proportions de
sa toile, et non à la disposition des groupes eux-mêmes;,
il me serra la main avec expression, en me disant:
vous êtes; juste , vous , et cela me fait grand plaisir ;
je me suis aperçu trop tard que ma toile était un
peu trop étroite, je n'avais plus le temps de recom-
mencer (i),
K
(i) Je me suis convaioca depuis » par on nouvel examen, quVn cfTet
cette confusion n*est qu*apparente ; cependant nous ne pouvons noos
empêcher dVngager M. Court , dàni •#• autres compositions » à é^t«K
•el incom^nient.
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( i6« )
Le second reproche est celui fait h la couleur , de
laquelle on a dit qu^elle était trop crue , trop terne et
Irop calme. La vérité est, Messieurs, qu'elle n'est point
fcrillantéè, fausse et de convention , comme on semble
le désirer de nos jours; mais tranquille comme la
naUire, brillante où il le faut, et surtout vraie et
llaUeuse h Tœil du connaisseur, (i) ,
M. G>urt n'étudie que la nature , dont il veut être Tin-
terprète fidèle ; aussi , dans son tableau , on reconnaît
f abord un style noble mais simple, une belle en-
tente, de Timagination , mais avec sévérité, une noble
indépendance de ces règles abusives ou surannées de
0) L« preoTe qae c*est avec intention que M. Court a donné à son
>>^Q cette couleur calme et tranquille , c'est que, dans d'autres com-
foiitietts qui ont fignré à la même exposition , il a prouvé qu'il pouvait
c^loyer aussi avec succès les tons chauds et brillants. Des connaisseurs
ont partagé notre avis sur ce point , et nous citerons , à leur exemple ^
ifn. taUeanx de ce pôotre , remarquables par la beauté et le brillant
^ U coaleor. L'on représente une jeune &lle italienne , baisant la maia
fin capucin assis; Tautre^ le portiait d'une jeune italienne, coiffée
(acbeveuxy et pinçant de la mandoline. {Annales des arts, 1827 ,
Kp 36 ), Cette même figure a été reproduite par Tauteur , à gauche de
h icf , dans le beau tableau du Méocama , qui représente la basilique de
Saat-Rerre à Rome.
Id eacorc nous engagerons M. Court i céder un peu au goût de
Maâcelc, qui aime Téclat de la couleur; il saura toujours éviter le
fittbdUant. Maïs une main, même habile, sait combien il est difficile
'atteindre le vrai ton de la nature ; et il faut que les grands artistes de
>etxe pajs fassent oublier le reproche fait tant de fois à TécoU fron-
tale 3e prodiguer les tons gris. Quand on a vécu en Italie , on peut ,
^■émoire, prêter du charme à notre ciel sombre , qui est la véritable
CMK du défaut reproché à nos artistes : ils ont été fidèles à la nature
Ib'îW vvjaîent dans notre climat où les tons- pâles et ardoisés sont» s^
fr^inits , tvoM on ciel souvent pluvieux. C'est sous ce rapport surtout
IkU voyage d'Italie est otiley et nous sommes certains que M. Court ,
911 va encore visiter cette terre classique, profitera, pour sa gloire et
Mi flaiiiis , de ctitt aovycUt énigntîoB.
ai
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(i6a )
^ école que Ton a eu raison de flftrir du nom de rou^
ine; mais surtout, et c'est la le gage de son avenir,
un ëloignement invincible pour ces barbouillages h effets
de charlatanisme dont on a déshonoré Pexposition
dernière (i), et dont Taspect repoussant pour les yeux et
pour le cœur blesse a la fois le bon sens, le goût et la
nature ! M. Court a beaucoup étudié les belles fresques
de ritalie ; c'est dans les inspirations et les œuvres des
Raphaël, des Michel- Ange, etc., qu'il a puisé des
exemples et des préceptes ; aussi sa couleur , que je
l'engage h conserver, imite un peu la sévérité et la
tranquillité des fresques , et loin d'être blâmé sous ce
rapport, nous pensons qu'il mérite d'être applaudi.
Enfin , Messieurs , on a dit , en dernier lieu , que le
style de son architecture était lourd : c'est s'attaquer au
manteau de la statue. Il est convenable et noble ; il y a
(i) Nous atirîons pu ajouter, et t exposition de 1827. Nous arons
tù en effet avec peine, maU sans 5ur][»ri$e, que la médiocrité se fàt
élancée dans une carrière ouverte par un talent remarquable, mais
égaré. Les concessions faites au mauvais goût devaient entratner une
pareille conséquence. Quelqu^un eùt-il jamais pu penser que', an dix-
neuvième siècle , après la restauration opérée par Vien , David et les
maîtres de cette école, on concevrait de nouveau la beauté , en pein^
ture, sans dessin, sans ordonnance, sans style? que le cbarlatanisme
d'un coloris à antithèse, qu'on pie passe cette expression, trouverait
des sectateurs, des admirateurs, et, par conséquent, des imitateurs?
Remonter aux causes de cette décadence de Técole, qu*on voudrait
faire marcher si près de sa splend-eur, serait trop long et trop étran»
ger à notre sujet. Nous nous verrions entraînés dans le domaine det
lettres, des sciences, de la politique même, et nous n'avons pour cela
ni le temps , ni les forces. Espérons dans la justice du simple bon sent
elle ne se fera pas long-temps attendre. Il faut quelquefois laisser le»
erreurs avoir proniptrment leurs résultats liécessaires : ils leur serrent
de contre-poison. Les combattre trop tôt, c'est expoier des esprits
bibles à leur accorder du crédit, parce ^u^ntie oppositibfl itotempë»->
tive leur prête une importance qbCdtés A^atmiléht jtrtiiiè acqdii ^p^à
•llcs-mèm^ !
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(i63 )
pTus, ce mâTique d^âdgance raffiné est un mérite de
localité; l'architecture grecque, transportée h Rome , ne
doit point y conserver le caractère de Tarchitecture
d^Atbèoes.
Je ne fais pas mention d'autres critiques moins spé-
deuses. Que penser du blâme ou des éloges , quand la
maovaise foi ou la passion sont évidentes ?
Disons-le donc avec franchise, parce que le talent
n^te la vérité , il y a des défauts dans la compositioiv
ia jeune lauréat ^ eh ! qu'on me eite un tableau sanf
iSànts ! Mais, en revanche , que de beautés d'ensemble
et de détail! Quelle énergie,, quelle profondeur! quelle
kardiesse- dans l'emploi, et encore plus dans l'élusion
des règles ! Quand on réfléchit que ce tableau , fait
en dix mois , est ta première production historique de
grande dimension de son auteur ; quand on se rappelle,
après son tableau de concours (i), cette Scène dit-
Dâugt exposée dans notre Musée , et si forte d'études
et d'expression (a) ; cet Hippoljte renversé de son char ,
fn Fa suivie, et qui va orner la riche galerie d'un
prince du svig ; quand on se rappelle le passé, dis-je ,
çie Ton voit le présent et que l'on songe b l'avenir ,
fd pourrait s^empécher de s'écrier : il y a Ui un grand
peintre!
Messieurs , nous vous avons rendu avec franchise et
QDs art les impressions que nous avons ressenties;
(i) Le tableau qnî a mérité le grand prix à M. Court , représentait
S>BMa lirré aux Philistins par Dalila qui vient de lui couper les che^
*c«x. Cette composition est brûlante du feu sacré : die annonçait et qufe
X* Coort dcrait tenir. Le pitraier mouvement de Semson surpris, qnî
F^te U main à ses chereux , avait été généralement admiré. Ce tableau
«tpb^ «vec les antres ouvrages couronnés, dans la salle d^ exposition,
« If osée àeê Petits-Angnstins.
W UHippolyie m été ac^uU par S. A. R. Monseigneur le due
éOdéaas»
SI*
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( iG4)
mais nous n^avons point eu la prétention d^en parier
en connaisseur. Plusieurs de nos confrères auraient ce
pouvoir , et je désire que d'heureuses circonstances les
mettent à même de vous rendre un compte plus fidèle
et plus savant de ce bel ouvrage ! Quant à moi , je
n'ai eu qu'un but, c'était de motiver la proposition
que je vais avoir Fhonneur de vous faire.
M. Court est de Rouen , Messieurs : deux membres
/ de notre Académie (i) ont guidé ses premiers pas ; sui-
vons leur exemple et continuons leur ouvrage. L'artiste,
le peintre surtout, a besoin d'indépendance et d'aisance ,
principalement lorsqu'il doit faire des sacrifices pour
habiter plus long-temps la terre des beaux-arts. Vous
savez d'où notre compatriote est parti , où il est arrivé,
où il peut parvenir ; à personne plus qu'à nous , Mes-
sieurs^ qui possédons dans notre sein des confrères dont
les pinceaux reproduisent avec tant de succès les diefs-
d'œuvres de l'art ; à personne plus qu'à nous » dis-je ,
n'appartient le droit d'aider le jeune peintre à attein-
dre le noble but où il tend ; c'est notre mission , notre
devoir. C'est dans le sein de l'Académie que prit
naissance cette école de Descamps , glorieusement sur^
nommée TEcole normande. C'est à nous de nous mon-
trer dignes de nos aînés , en soutenant , en encourageant
le plus illustre élève qu'ait encore fourni cette école.
Vous avez entendu le rapport favorable qui nous a été
fait sur l'état de nos finances , dans une de nos réu-
nions ; vous savez que l'on nous prépare une nouvelle
salle de séances plus vaste : mettons-y le plus noble ^
le plus glorieux ornement qui puisse la décorer, char-
geons Court de reproduire quelque trait histori<]ue
(t) M. Descamps y consenratenr clu Musée de Rouen | et feu Car—
|> entier, professeur à YÈcoXt de dessin de Rouen.
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( i65)
ëdairci par nos travaux, illustre par nos concours.
Ceux qui nous succéderont conserveront de nous un
souvenir de reconnaissance et un germe toujours présent
d'émulation. La ville de Rouen , la France vous devront
peot-^tre un chef-d'œuvre, car, ne vous y trompez
pas, Messieurs, un tableau commandé à Court par
nne autorité bienveillante et généreuse excitera sa
reconnaissance et son zèle ; commandé par nous ,
je le dis parce que je le crois, il excitera, avec ce
sentiment , la joie et Fenthousiasme , et c'est la pre-
mière inspiration des chefs-d'œuvre ; car on m'ob-
jecterait en vain que nous serons peut-être chargés de
d&igner le sujet d'un tableau que l'administration doit
commander âi Court. Ce sera un double honneur pour
nous, procurons-lui donc aussi une double gloire. Un
tableau demandé par l'Académie sera, je le répète,
la plus douce , la plus fertile récompense de ses travaux
et de ses succès. Ne lui laissons pas décerner par d'au-
tres la palme quHl a méritée. Je le proteste devant
TOUS , Messieurs , amateur , riche , et membre de l'Aca-
di^e, je contraindrais mon cœur à lui laisser avant
moi le droit de donner des encouragements au talent.
Telle est, en effet, notre plus belle prérogative;
exerçons- la donc , puisque notre situation nous
le permet : nous ne trouverons jamais une plus belle
occasion. Vous avez proposé un prix scientifique d'une
ïrtilité directe pour le département , un prix de littéra-
ire peut être aussi remporté; quel triomphe pour vous,
si, le jour de votre séance solennelle, un tableau de
Court figurait à cette fête. Jamais vous n'auriez mieux
loérité votre triple titre, et les applaudissements de
DOS compatriotes^ de toute la France, retentiraient au-
tour de nous , car, n'en doutez pas , Messieurs , un tel
triomphe serait populaire !
Que diraient les nouveaux conseillers de la couronne ,
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( i66)
en apprenant le noble usage que nous disons de ses.
dons ! Ils seraient plus que surpris que Ton eût pu
avoir Fidée de nous priver d^une dotation , toujours si
bien employée ! Ils nous la rendraient , Messieurs , en
l^augmentant peut-^tre ^ pour en enrichir , par nos
mains, les Sciences, les Lettres et les Arts (i).
J^ignore comment PAcadëmie accueillera ma pro-
position ; je ne Tai puisée que dans mon cœur , et je
proteste, sur mon honneur, que personne au monde
ne me Ta suggérée , que le jeune peintre surtout Tignore.
Car je Tai jugé, Messieurs , et je n^aurais pas voulu lui
donner Tespoir d'une si grande joie , s'il ne devait pas
le voir réalisé. Mais j'ose espérer qu'il le sera : ma pro-
position trouvera un appui dans vos cœurs , dans votre
dévouement à la science et aux arts , dans votre zcle
héréditaire pour illustrer et encourager tout ce qui tient
à la gloire et à la prospérité de notre belle patrie !
J'ai donc l'honneur de vous proposer de voter une
somme pour demander à M. Court un tableau destiné à orner
notre nouvelle Salle des séances.
Plein d'espoir et de confiance , je dépose ma propo-
sition sur le bureau , et je la recommande avec instance
au zèle et à la bienveillance de mes confrères.
(i) L* Académie recevait du département ane dotation de i5oo fir.
Le conseil-général Ta votée Tannée dernière | comme de contomc; mûi»
elle a été retranchée par le ministre.
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( .67 )
NOTICE
SUR ALAIN BLAKCHARD ,
( AirCTÂTIOH DES H18T0EII5S BODUITES ) ,
Par M. Thtfod. Jjcf^wr.
Messieurs,
Entre tous les sièges soutenus par la ville de Rouen ,
le plus c«flèbre sans contredit est celui de i4i8, com-
maïklé par le roi d'Angleterre en personne. Quelques
Mvains modernes ont vu, dans un individu nomme
Alain Blanchard , le héros de ce siëge mémorable. Leur
opinion sVst propagée depuis comme un fait. Tel a
Aé même le résultat de leur amour pour cette idole ^
<|ue la gloire réelle des habitants a tout- a-coup pâli
<Wanl le gloire factice de Blanchard. Je viens deman-
ir justice pour qui elle est due ; je viens réclamer pour
I* ville de Rouen toute entière des honneurs h tort
iécernés à qui n'en fut jamais digne ; je viens enfin
pUider, contre une réputation usurpée , la cause de
nngt mille renomm«*'es légitimes. D'abord on a fait
^ Blanchard un homme généreux , ensuite on lui a
prête une réponse magnanime , enfin on n'a plus
frouvé assez de trompettes pour célébrer son héros:
^QJoard'huif Messieurs, nous en sommes a délibérer
<il ne conviendrait pas de lui élever des trophées.
Le continuateur de Velly a probablement la plus
grande part à la propagation de Terreur que je signale.
• Les habitants de Rouen , dit-il , étaient excités prin-
npalement par Alain Blanchard, le même qui avait
pr&édenuneDt soulevé la ville contre Gaucourt. Ce
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( i68)
chef du peuple était devenu un hëros. Ils entreprirent,
ious sa conduite , de faire une sortie , au nombre de dix
mille. Déjà une partie avait pénétre jusqu'au camp
ennemi , lorsque le pont , dont le perfide gouverneur
avait fait scier les soutiens , s'ahyma dans le fl^ÊOt \st!c.
tous ceux qui se trouvèrent dessus Il fallut céder
à la nécessité Les articles de la capitulation furent
rédigés. Ils contenaient , en substance , que la garnison
sortirait désarmée y ^.... et qu^on remettrait au pouvoir
du Roi un petit nombre de citoyens , parmi lesquels
était Alain Blanchard. Ces victimes publiques fléchirent
le monarque h force d'argent ; le seul Blanchard le trouva
inexorable. Son courage , qui aurait dû le faire res-
pecter , fut ce qui le perdit. On appréhendait qu'il
n'excitât quelque nouveau tumulte. On eût dit que les
Anglais n'osaient s'assurer de la paisible possession
de leur conquête sans ordonner son supplice. 11 mourut
avec une constance héroïque , qui dut faire rougir le
vainqueur. »
Tout cela, ouVpeu-près, est faux.
L'histoire ne s'invente pas , Messieurs ; les écrivains
modernes doivent nécessairement consulter leurs de-
vanciers , en remontant ainsi jusqu'à la narration
contemporaine. Nous avons ici des contemporains;
ch bien ! à Texception de la mort de Blanchard ^ tout
est inexact dans le rapport de Villaret.
Il dit que les habitants de Rouen étaient excités prin-
cipalement par Alain Blanchard ; Saint-Remy et Mons-
trelct désignent un autre individu comme l'amour et
l'espoir des habitants de Rouen. Cet individu se nom-
mait Laghen , bastard d'Ally. « Ils se fiaient plus en
lui , déclare Saint-Remy , que en nul des autres ca-
pitaines. Il avait acquis, dit Monstrelet, la rcnonnnée
et bienveillance de tous les bourgeois et àianans d'irelle
ville. Sous la conduite de Blanchard , prétend Villaret ,
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( i69)
les babiUots entreprirent de faire une sortie au nombre
de dix mille. » Mais les contemporains ne prononcent
même pas le nom de Blanchard à cette occasion ,
H donnent , au contraire, h entendre que la sortie
était commandée par Laghen , bastard d^Ally. « Le
poDt , ajoute Yillaret , dont le perfide gouverneur
mit £ut scier les soutiens , s^abyma dans le JUuqc ,
avec tous ceux qui se trouvèrent dessus. » L^auteur
se trompe ici grossièrement : Faction se passa au
oord de la ville, et non pas au midi ; il ne s^agit point du
pont de la Seine , mais d^un pont-levis ; les soldats
tombèrent dans un fossé , et non dans la rivière. Tout
ce que Yillaret ajoute sur Théroïsme de Blanchard est
de pore invention. L^s documents authentiques pré-
sentent lliomme sous un aspect tout diflérent. Ouvrons
aussi Monstrelet , celui de tous les écrivains du temps
que les historiens modernes citent de préférence , celui-
& même sur lequel s^appuie Yillaret ; et voyons d^a-
bord ce quHl dit de Blanchard et de sa conduite dans
Rouen, deux ans avant le siège de la ville.
« En ces propres iours , par Texhortation d'aucuns qui
estoient favorables et aymoient le duc de Bourgongne ,
le meirent sus par manière de rébellion aucuns mes-*
dians gens et de petit estât en la \âlle de Roiicn :
desquels estait le principal tm nommé Alain Blanchart ,
fm depuis fut capitaine du commun d'icelle ville. £t de
Ùt allèrent à la maisop du BaUUf royal de ladicte ville
de Roâen , nommé messire Kaoul de Gaucourt , et
tOQs armez et embastonnez , busquèrent h son huys très
brt, disant à ceux de dedans : nous voulons cy entrer
H parler à Monseigneur le Baillif pour lui présenter
uitraistre que nous avons maintenant prins en la ville ,
et pouvoit estre environ dix heures de nuict. Ausquels
tt re^>ondu par iceux serviteurs, qu'ils meissent leur
pisonnierseiareiBWt iius<iiie$9itt leademain : neantmoins^
aa
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( i7o )
^lit par leur importunité tant par force comme au-*
irementf ouverture leur fut faicte. Et tantost ledit Baillif
se leva , et affutlé d^un grand mântel vint parler à
-eux : et lors aucuns de la compaignic qui avotent les
faces mucées Toccirent cruellement. Et après eux
partans de I^ allèrent en Thostel de son lieutenant
Aommé lean Léger , et le meirent h mort , et de 1^
en autres lieux en tuèrent iusques h dix. » (T. i*'', p. 240).
Qu^arriva-t-il ! cVst que le Dauphin , depuis Char-
les YII j instruit de Texpëdition héroYque commandée
par Alain Blanchard , vint h Rouen avec des forces , et
nomma un nouveau Baillif, « commandant à icelnj,
ajoute Monstrelet, quHl prensîst punition de tous les
homicides trouvez coulpables par bonne information,
de la mort de son prédécesseur , et ainsi en fut fait des
aucuns : mais le dessusdit Alain Blanchart s'absenta
certaine espace de temps , et depuis retourna en la-
-dicte ville de Rouen ou il eut grand auctoritë et gou-
vernement , comme cy après sera declairé »••
Vous le voyez , Messieurs, peu sVn est fallu qu^ Alain
Blanchard n'ait été mis au gibet ; il était certainement
pendu ou décapité sHl eût été pris, et il demeure des
h présent démontré quHl méritait le dernier supplice.
Louis I*' de Harcourt , archevécjue de Rouen , s'ef-
força , en bon pasteur , d'excuser les roupableâ , en pré-
textant , a-t-on dit , la surcharge des impôts 5 le véri-
table motif, c'est celui que donnent 5aint-Rcmy,
Monstrclet et d'autres contemporains. En effet, plus
d'une émeute de ce genre , opérée par la même espèce
<le gens, et sous la même influence, avaient déjà eu
lieu sur différents point. « Au niols de taay , dit Jac-
ques Lebouvier , écrivain du temps , par le comman-
dement du duc de Bourgongne , se mirent sus iin tas
de bouchers et escorchours de bestes, qui firent capitaine
un de leur compagnéc , nommé Sîmonnet Caboche. »
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Xi70
L'AIala Blanchard de Monstrelet est le Simonoelî
Caboche de Jacques Lebouvier.
Prâendra-t-oo que Blanchard sVst repenti depuis?*
qu'il a cherché à faire oublier son crime par un dé-
Tooement sans réserve ? Mais^ dans ce cas , ceux des-
contemporains qui parlent de Tindividu en feraient
menlioo; il leur échapperait au moins un mot qui
le donnerait à entendre. £h bien ! non , Messieurs ^
Satat-Aemj et Monstrelet racontent les horreurs du-
iM%e ; ils parlent de la^ capitulation , de l'entrée triom-
phante de Henri Y ; et dans tout cela , pas une exprès--
sioo en Thonneur d* Alain Blanchard. A la fin du récit
seulement ils laissent tomber négligenunent ce peu^^
de paroles l « Et le lendemain , ledit Boy d* Angleterre
feist coupper la teste à Alain Blanchart, capitaine duk
commun. » ( Monst. , p. a 70. ) Yoilb , Messieurs , toul
ce que disent les contemporains ^ et pas autre chose.
Ce qu'ajoutent les modernes ne repose sur rien.
Parce que Saint-Bemy et Monstrelet ont dit que
Bbochard était capitaine du menu commun^ quelques-
^▼ains se sont empressés d'ea Caire ua capUaine dc^
kmgeois.
Messieurs, menu €ommun,e.i bourgeoisie n'étaient point
qrnoDjrmes. Les écrivains de L'époque ne les confondent
jamais : ^ £t pour ce , dit une ancienne chronique ^
qu'en icelle année , le très noble et très chrestien royaume
it France » et la bonne cité de Paris , estoient au plus
but honneur , auctorité et renommée de tous les.
royaumes cbrestiens, où abondoit le plus de noblesse ,
dlionneur , de biens et richesses largement , tant ei^
nombre de princes , prélats , chevaliers^ cl^TCs^marchandSf
H commun,.^ » — « Et ainsi , ajoute plus loin la mémç
dvoDÎque , et ainsi eurent tout le commun du peuple
pour eux. En suite ils prirent en leurs maisons le^
lôgoeors et bmirgws..^ t et en pillèrent et tuèrent beau^
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coup. .. , soU prélats , barons , chevaliers , el escnycrs ,
bourgeois , et marchands.... »• Vous le voyez , Messieurs ,
les bourgeois sont ici pillt^s et tués par le commun :
commun et bourgeois notaient donc pas la même chose.
De nos jours on dît encore bourgeois ; au lieu de menm
commun , nous disons bas peuple, Blanchard commandait 3i
ses ^aux ; il n'était point capitaine des bourgeois , en-
core moins maire de Rouen , comme on Ta prétendu.
On a répété partout , on répète encore aujourd'hui
que Blanchard fit partie de trois hommes exigés 3i
discrétion par le vainqueur. Pour embellir le récit,
on a dit que Blanchard sVtait volontairement offert
h la vengeance de Henri V. De là cette réponse ma-
gnanime : « Je n^ai pas de bien ; mais quand j'en aurais ,
je ne l'emploierais pas pour empêcher un Anglais de
se déshonorer! »
Yoilb les paroles attribuées à lliomme que nous avons
vu dirigeant les assassins du Baillif royal , de son lieti^
tenant , et de dix autres ; paroles qui ne se trouvent dans
aucun document respectable , imaginées , si je ne me
trompe , par Saint-Foix , et que Yillaret lui-même n^a
pas osé répéter.
Ici, Messieurs, je n'accuse les modernes que d'am-
plification. Ils ont été induits en erreur par les contem-
porains eux-mêmes , 011 je trouve ce passage ; « .... Fut
ordonné que ledit Roy d'Angleterre auroit... trois hommes
à faire sa voulenté ; lesquels fiirent dénommez , c'est
à sçavoir maistre Robert de Linet , vicaire gênerai de
l'archevesque de Rouen ;.... le second fiit un boui^eois
nommé lean lourdain, qui avoit eu le gouvernement
des canonniers ; le tiers fiit nommé Alain Blanchart ,
qui estait capitaine du menu commun , et avoit esté
le principal de ceux qui à l'autre fois avoient mis à
mort messire Raoul de Gaucourt, bailltf de Roilcn. m
Les contemporains sont ici en défaut. Les conteia-»
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( «73)
porains, Messieurs , ne figurent qu^en seconde ligne
pour le degré d'authenticité. Une autorité plus puis-
sante les domine; ce sont les actes publics, les traités
oflkieb. Ici nous en avons un : c*est la capitulation ,
qne les historiens du temps n'ont connue que par
om-dirc. Ils se trompent donc eux-mêmes, quand il»
ne se trouvent point d'accord avec cette pièce diplo-
matique , qui présente les choses sous un aspect tout
disant. £lle dit que la ville remettra au Roi quatre-
Tîi^ otages.... Plus loin , après la permission accordée
m soldats étrangers de se retirer où bon leur semble-
rail, elle ajoute : « Excepté les Normands qui n'ont pas
▼oula se soumettre au Roi , et qui resteront ses prison-
niers; excepté Luc , italien , qui sera aussi prisonnier de
notre seigneur Roi (je traduis littéralement , Messieurs) ,
acepté aussi Guillaume Hodicot , chevalier baillif ;
Alain Branche , ( sans doute notre Blanchard ) ; Jean
Scignet , maire ; maître Robert de Linet ; excepté
«usi la personne qui a proféré dUnjurieuses paroles ,
à r<m peut la trouver ; excepté aussi le baillif de
Valmont, et deux marchands de poisson; et généra-
lement tous ceux qui ont trahi notre dit seigneur Roi ,
soit anglais, français, hybemois, gascons ou autres,
<Fn d'abord soutenaient la cause dudit seigneur Roi. »
Vous le voyez , Messieurs , il est faux que le roi d' An-
gleterre ait demandé trois hommes h discrétion. Au
Bombre de ces trois individus figure , dans les histo*
riens, un nommé Jean Jourdain, capitaine des ca-
notmiers. La pièce officielle ne parle point de Jean
Jourdain; et je vois, au contraire, dans l'exception
prononcée par le vainqueur, plusieurs noms qui ne
se trouvent pas chez les historiens. D'un autre côté,
Jnvenal des Ursins parie d'une rançon de a 00,000 écus
pour la ville ; elle aurait été de 345,ooo h en croire
StrRemy; Monstrelet le porte à 365,ooo; l'acte officiel
*l : trescerUa millîa scuiorum. La confusion est évidente.
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( 174)
Cependant I il est un fait rapporte par les contem-
porains , et que rien ne contredit , c^est la décapitatiim
d^ Alain Blanchard par ordre du Roi. Je veux Tad-
mettre ce fait, et je Tadmets sur cette petite phrase
que j^ai citée plus haut : le lendemain , Icdà Roi d'Att^
gUterre Ju couper la tite à Alain Blanchard.
£h ! Messieurs , les annales de cette époque funeste
ne parlent que de têtes coupées et de gens attachés
au gibet. Il ne se prenait pas de ville , pas de château,
pour ainsi dire , qu'il n'en résultât aussitôt de sanglantes,
exécutions , dont il est quelquefois impossible d'assigner
la cause. On voit seulement que le vainqueur se dé^
faisait le plus souvent de ceux qui n'avaient pas de
quoi payer une rançon. A la reddition du château de
Beaumont , il y eut, dit la chronique, « onze des assit%és
qui eurent la tête coupée ; les autres furent mis pri-
sonniers , sinon aucuns des plus grands , qui s'en allèi'ent
par composition de finances. »
Le Roi d'Angleterre s'est emparé de Montereau ; le
château seul résiste encore ; Henri veut que ses pri-
sonniers emploient leur propre crédit pour obtenir la
reddition de la forteresse ; le gouverneur assi^ résiste
à leur prière; on les ramène au camp du Roi, qui les
fait pendre aussitôt.
JParmi ceux que Henn Y fit décapiter après la prise
de Melun, on trouve deux pauvres' moines dont l'un
était le celleiier de son couvent, et le motif de leur
supplice n'est point connu.
A peu près dans le même temps que Blanchard,
Jean d'Angennes, commandant de Cherbourg, eut
aussi la tête tranchée par ordre du Roi d'Angleterre ;
et ce ne fut point pour son opini&treté à se dâendre^
puisque au contrûre Jean d'Angennes s'était laisië
conrompre par l'or des Anglais. Aussi Daniel dit-il fort
prudemment, en parlant de ce goovemeuur, « quel--
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(175)
qœ temps après, le Roi lui fit couper la tête, je né
tm pat quêUe raison. » Et de Ce que Blanchard, entre
mille , aura été décapité par ordre de Henri V , sans
li'on sache pourquoi , en concluera-t-on ndcessaire-
Mat, infailliblement, qu'il faut lui dresser des statues?
Ed songeant à Tavarice bien connue de ce Roi d^ An-
gleterre; en se rappelant qu'il faisait des prisonniers
par spéculation financière ; qu'il en achetait de ses
loMats pour les revendre ensuite à profit; qu'il faisait
enlerer du champ de bataille, après la victoire, et
par on motif d' intérêt sordide , les corps de ceux qui
^ûtnaif nt quelque signe d'existerice ; en songeant surtout
ao reproche qu'on lui adresse d'avoir quelquefois fait
trancher la tête h l'un de ses prisonniers , seulement
pHir que les autres se tinssent bien avertis quMIs ne
Renient pas marchander sur le prix de leur rançon :
(0 se rappelant tout cela , dis-je , on ne sVtonnerait
plus qiie Henri V eût fait mourir celui de ses pri-
«nniers dont il n'avait rien à espérer. Et je dis qu'il
^t mieux que le sort tombât sur un assassin que
>» un autre.
Je ne prétends nullement vous faire adopter cette ex-
plication , Messieurs ; une discussion historique n'admet
point de peut-être. Je dis seulement que personne n'est
«i état de prouver ce qu'ont avancé , trois cents ans
»ptè$ Févènement , Saint -Foix et Villaret; d'antres
fetoriens plus estimés que ceux-ci , tels que Mézerây,
Daniel, Voltaire, Millot, sans parler d'Anquetil , ne
proooncent pas même le nom d'Alain Blanchard. Ju-
▼nial des Ursins , et d'autres chroniqueurs contetti-
porains , n'en parlent pas davantage. Nous n'avons , je
le r^te , que Saint - Reray , le plus souvent copié
par Monstrelet , et ce qu'ils en disent n'est assurément
pas de nature à lui faire décerner des couronnes. Le
parti le plus sage, le seul parti raisonnable , t'est ffap-
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( «76 )
pUqaer ik Blanchard les expressions de Daniel à Végsrà
du gouverneur d^Angennes : il eut la tête tranchée ; pour-
quoi ? La vérité est qu'on n'en sait rien.
Quant h ce beau dévouement à son prince et à sa
patrie, dont quelques modernes ontEadt honneur à Blan-
chard , il est facile de prouver que cet individu s'est
constamment agité en faveur du duc de Bourgogne,
qui trahissait sa patne et son Roi.
Veuillez vous rappeler Tétat de la France en ces
temps déplorables : un roi privé de sa raison ; les Bour-
guignon^ et les Armagnacs se disputant Fautorité sou-
veraine , promenant partout le ravage et la désolation;
une rein o acharnée à la perte de son fils , héritier pré-
somptif de la couronne ; et , pour comble de malheur ,
l'invasion étrangère /avec toutes les misèros qu'elle en-
&nte. Résolu , à tout prix , de s'emparer du pouvoir ,
le duc de Bourgogne trahit honteusement son prince
et sa patrie , signe avec' Henri Y un traité secret par
lequel il reconnaît les droits du roi d'Angleterre au
royaume de France , et promet , je vais citer textuel-
lement : « Que sitost que , â l'ayde de Dieu , de Nostre-
Dame et de Monsieur saint George, ledit Roy d'An-
gleterre aura notable partie recouverte dodit royaume de
France , luy duc de Bourgongne fera aadil Roy d^ Angle-
terre hommaige liège et serement de foiaulté , tiel
comme soubjet du royaulme de France doit £ûre à son
souverain seigneur Roy de France..... et que tout le
temps que ledit Roy d'Angleterre se vuet employer à la
recouvere desdits royaulme et corooe de France y lui
duc de Bourgongne fera guerre avec toute sa puissance à
ceux qui seront desobéissans audit Roy d'Angleterre ».
Le duc de Bourgogne ajoute , ( admirez, Messieurs ,
l'infamie , ) que si , dans les traités à intervenir entre
lui et Henri V, il lui arrivait de stipuler des excep-
tions en faveur de Vadçenaire ou de son fis ; c'est ainsi
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( 177 )
qu'il désigne le Roi et le Dauphin, ce serait unique-*
ment pour mieux assurer les intérêts du Roi d'Angle-
terre , déclarant d'avance ces exceptions voides et de
ïïulie value.
Ce traité est du mois d'octobre 14.16. Au commen-
cement de 14179 I^ duc de Bourgogne met ses gens
en mouvement; et c'est ici qu'il faut vous rappeler
celle phrase du contemporain Monstre le t : « En ces pro-
pres iours, par l'exhortation d'aucuns qui cstoient fa-
vorables, et aymoient le duc de Bourgongne , se meirent
sus par manière de rébellion aucuns meschans gens et
de petit estât..... , des quels estait le principal un nommé
Alain Blanchart. » Le résultat de cHle belle expédition ,
îDus le savez, Messieurs, ce fut l'assassinat du bailli £
rojal, de son lieutenant et de dix autres. Vous savez
encore que Blanchard , le chef des assassins , n'échappa
^e par la fuite au châtiment infligé à ses complices.
Ce sont là <Jes faits qu'il est impossible de nier ; et
Blanchard demeure convaincu de meurtre , au profit
^ duc de Bourgogne qui vendait la France aux Anglais.
Prouvez que la narration contemporaine est fausse ;
proavei-le , comme je l'ai fait moi-môme , par des actes
^tbentiques, irrécusables; si vous n'avez à m'opposcr
çie des peiU^'é^ et des suppositions , le renseignement
'■ksiste tout entier,
Blanchard se cache pendant plusieurs mois. On ne
fe trouve plus dans l'histoire. Il ne reparaît sur la
«iœ qu'au moment du siège, et il ne faut point s'en
Awmer. Le duc de Bourgogne était alors maître ab-
*oln en France : son agent pouvait impunément se
■»Qtrer. Le gouverneur Guy Le Bouteiller avait été
pbcé par le duc; tous les officiers de la garnison
Paient du parti de Bourgogne. Les habitants seuls se
battaient loyalement , je ne dirai pas précisément pour
k Roi, attendu Tétai de nullité où le réduisait sa mala-
a3
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(178)
ûie ; mais pour leurs Femmes, pour leurs enfanh, pont
leurs foyers, pour eux-mêmes, et surtout contre le^i
Anglais. A celte époque, Messieurs, la rivalité entra
les deux peuples existait déjà depuis près de trois
siècles.
De tout ce qui précède il me sem'jle résulter évi-
demment qu'Alain Blanchard iigure d^abord dans l'his-
toire comme chef d'une troupe d'assassins ; que Henri \
n'a point demandé trois hommes à discrétion; qu<^
Blanchard a bien pu être décapité, mais que rien,
absolument rien, ne justilie les exclamations de Villarel
& celte occasion , puisque les contemporains sont tons
muets sur la cause de cette mort ; enfin que Blan-
chard ne fut jamais autre chose que Tobscur a^^ent du
parti Bourguignon. £t qu'on ne dise pas que l'opinion
qui a fait de Blanchard un héros est de celles qn il
ne faut point réfuter : qu'y-a-t-il de commun entre la
gloire de cette ville héroïque et les guet-à-pens noc-
turnes d'un homme dont rien n'établit la naissanro
dans nos murs? Remarquez- le bien. Messieurs, h
fable de Blanchard écartée , la valeur de nos ancêtres
n'en reste pas moins complète, admirable, authenti-*
que. L'énergie de l'attaque, l'opini&treté de la défense,
la résignation sublime des habitants , qui ne cédèrent à
la force que vaincus par la faim , par la traliison et
par la misère : tout , dans cette lutte désespérée, assure
une part immense de gloire à nos aïeux ; et plus l'action
fut grande, noble, généreuse, plus il faut la présentiT
dégagée de toute allégation mensongère , de tout inci-
dent controuvé. Si l'histoire est instructive. Messieurs,
c'est quand la vérité l'accompagne; si l'or jette un
vif éclat, c'est quand il est pur de tout allia^.
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( «79 )
NOTICE.
l\$ILE nCS ALIÉNJÉS DE ftOCEN ,
lui à t Académie rojral^ ds Rouen , dans sa Séance du aS
Ayril i8a8 *
Par M. A. G. Ballin.
Messicubs I
Ux établissement d^une haute importance a ëtt^ form^
^pais peu d'annifes en cette ville ; consacré aux in-
fortunés dégrades par la plus affligeante des maladies
fl à une branche pour ainsi dire nouvelle de Fart de
gn^r , il a droit de vous int<^resser à un triple titre :
l'amoarde Thumanitcf , Taraour de la science et Tamour
Ai pays a Tillustration duquel il doit contribuer. Vous
ïvei déjà deviné que je veux vous parler de V Asile des'
^és; et comme aucun de vous, h ma connaissance ,
ne s'en est encore occupé dans cette enceinte, je me
«lis flatté que vous c^couteriez avec bienveillance les
t'iails que je vais avoir Thonneur de vous communi-
<peT snx cet établissement.
L'idée première en est due , il est vrai , à M. Malouet ,
alors Préfet de la Seine-Inférieure ; mais M. de Vanssay ^
5on successeur , ne doit pas moins en être consi-
^ comme l'unique fondateur , puisque lui seul a
tt^nçu les moyens d'exécution et les a mis en œuvre
*vec un zèle qu'aucune difficulté n'a pu arrêter et un
SQccès au-dçssus de tout éloge.
J'ai d'ailleurs pensé, Messieurs, qu'au moment où
23.
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( .8o )
nous venons de pt-rdrc cet achninîstratour dont les utiles
travaux doivent laisser de longs el honorables souvenirs,
il pouvait i Irc convenable de vous rappeler un de ses
plus beaux titres à la reconnaissance de ce vaste dtf-
parle me ni.
Déjà notre ili^iie président , dans son Précis sur
l'Histoire de Rouen , a traité ce sujet avec le talent
qui le distingue; mais la brièveté qu'il sVtait im|)osce
ne lai a pas permis dVntrer dans des développements
que vous n'entendrez peut-elre pas sans intér<!t.
Nous en sommes tous convaincus, Messieurs, la
raison est la plus belle prérOç;alive de Thomme, c'est
elle qui en fait le roi de la nature ; aussi celui qu'elle
abandonne devient-il un objet de pitié pour ses sem-
blabltrs , quoique lui-mOme ne sente pas Thorreur de
sa position. Long- temps les infortunés attaqués d'alû?-
nation mentale furent traités avec une insouciance , j('
dirai même avec une barbarie à laquelle on ne peut
penser sans éprouver un sentiment pénible (i)î elle
aggravait leur maladie et leur causait souvent des accès
de fureur qui justifiaient en quelque sorte les violences
qu'on employait pour les contenir.
Ce n'est que vers le commencement du dix-septième
siècle qu'on s'occupa des aliénés d'une manière spéciale ;
mais aucun établissement remarquaJblc n'avait été con-
sacré à leur traitement, avant la fin du dix-huitième.
La maison des frères de la charité de Charenton admet-
tait des pensionnaires aliénés depuis 1660, mais ils
y étaient en petit nombre ; l'accroissement de cet éla-
(i) Voyez, dam le Dictionnaire des sciences médicales, l'article
Maisons d'aliénés ; l'auteur , ISI. Esquirol , y donne le détail des tor-
tures que ces malbeoTenx y souffraient ; on y trouvera les renseigne-
ments les plus intéic6sants sur les principaux faospices «le TEuropc oà
•ont admis des aliénés.
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( i8i )
blîssemenl ne date que de 1796, et encore n'est-ce que
depuis peu d'années que les malades y reçoivent un trai-
tement analogue aux progrès de cette partie de l'art de
guérir. Le fameux Bethléem , de Londres , ne mérite
(T^ cite que pour sa magnifique construction ; il
Boffire , dit M. Esquirol , aucun des avantages des éta-
Wissements semblables construits de nos jours , et ne
remplira jamais le but pour lequel il a été bâti. Vers
1786, des loges furent établies à Lyon et a Rouen pour
renfermer les fous ; elles attestent encore aujourd'hui
dans quel état de misère ils y vivaient.
Depuis cette époque des administrateurs éclairés , des
savants et des médecins se sont occupés de rechercher
les moyens d'adoucir la situation des aliénés , et môme
de les rappeler à la raison. M. Pinel , nommé mé-
decin en chef de Bicétre, près Paris, en 1793, J
contribua puissamment, et l'influence de ses travaux
ne se fit pas sentir seulement dans les principales
nlles de France , mais s'étendit à toute l'Europe.
La ville de Rouen fut une des premières h suivre cet
exemple : en 1802 on bâtit à l'Hospice général deux cours
ponr les insensés ; quoique les loges , au nombre de
trente-cinq pour les hommes et de cinquante pour les
bornes , y soient humides et mal faites , c'était déjà
l>eaucoup alors , et l'on doit rendre hommage aux heureux
tt constants efforts que le docteur Yigné , médecin en
Arf de cette maison , fit pour l'amélioration du service
(ies aliénés.
L'impulsion était donnée, mais les progrès furent
knts; il n'y a pas dix ans que, dans la plupart des
hôpitaux généraux, les aliénés étaient encore li\Tés au
plus triste abandon ; les maisons mêmes qui leur étaient
spécialement consacrées manquaient de plan général et
«e distributions convenables pour le service.
Ou n'est pas mâmc bien fixé aujourd'hui sur l'espèct
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(i8a)
ic construction la plus propre h atteindre le but désire ;
mais on a reconnu que le classement des aliénés par genre
de maladie (i), toute la liberté compatible avec leurétat^
clés soins attentifs , et beaucoup de douceur, doivent ^tre
les premières bases de leur traitement. La gloire de mettre
ces théories en pratique, sur une grande échelle, était
réservée à Tadminislration du département de la Seine*
Inférieure.
Dès 18^9, sur la proposition du Préfet, le Conseil
général du département pensa sérieusement h fonder ua
hospice en faveur des aliénés ; la suppression du dép&l de
mendicité donna Tidéc d'y consacrer le local de Saint-
Yon(2) qui, par son étendue, son heureuse situation et
ses vastes bâtimens, parut présenter les éléments d'un
établissement de premier ordre , dont Tercet ion fut
autorisée par ordonnances royales des 12 jan\ier et 6
décembre i8ao. M. de Vanssay en posa la première
pierre le a 5 août 18a a.
Le conseil général affecta d'abord à cotte importante
création un fonds de près de six cent mille francs, auquel
des sommes considérables furent successivement ajou-
tées; une partie fut convertie en une rente de trente mille
francs pour former une dotation , et le reste fut employé
en frais de constructions , de réparations et d^ameubU—
ment. Le mi^me conseil contribue en outre aux dépenses
annuelles.
L'établissement, qui fut ouvert le 1 1 juillet iSaS, sem-
(i) On trouvera les principes cl« ce classement dans les ouvrages àet
docteurs Pincl , Fédéré , Gcorget , Ësquirol, ( article déjà cité ) , eU. Vï
rapport de M. de Pastoret , sur les hApitaux de Paris , et le programmi
d'un hospice d'aliénés par M. Desportes , administrateur des Hpitaœ
de Paris , donnent à cet égard des détails encore pl«s positifii.
(a) Voir, sur Torigmc de cette maison, le Précis de TUisloire d<
Rouen , par M. Th. Licquet , conservateur de la Bibliothèque de cett*
ville , etc., etc. (Rouen , 1827 , page 107 ).
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(i83)
klf aroir surpassé les espérances qu^on en avait conçues :
il a excité ralmiration des Français et des étrangers qui
l'ont visité (i); tous se sont accordés II le considérer
comme un des plus beaux monuments de notre siècle. Les
kureux résultats quHl présente déjli et des guérisons assez
DOfflbreuses présagent des succès toujours croissants.
La promptitude et Téconomie avec lesquelles cet
important établissement fut formé, méritent d'îître remai^
qoées, et font le plus grand honneur h l'administration. 11
s.Tait facile de rendre cette assertion plus frappante par
pinsieurs citations ; ainsi THôtel-Dieu de Rouen , com-
mencé en 174.9 9 ne reçut les malades que neuf ans après ,
et lliôpital Saint-Louis , fondé par Henri IV en 1607 , ne
fut ouvert qu'en 1619; il coûta sept cent quatre-vingt-
qmoze mille livres d^alors , près de deux millions de nos
jours.
C'est ici le lieu de payer aussi un juste tribut d'élojos
aa lèle et aux lumières du directeur , M. Vidal , qui
lon^îcmps à l'avance s'était occupé de recueillir des
observations sur l'ensemble des dispositions a prendre
pour l'organisation de la maison. 11 avait même visité
1)4 établissements de Paris , de Cliarenton , de Caen et
d« provinces méridionales de la France , et contribua ,
par ses rapports , h assurer la marche de l'administration ,
(1) KoQS citerons enti' antres MM. le baron àt Gérando, le mar-
fô» àt Pasloret , le baron Becqaey , le baron Capelle , clés Préfets , ât»
^t■iea^s; le docttur Ësqûrol; plusieurs mcmbru àt TËcole royale <le
^ecine, des administrateurs de plusieurs hôpitaux; le docteur Martini,
^«KUw de THospice des aliénés récemment ouvert à Leubus, près Bies-
In» en Silésîe; le docteur Yulpes , médecin en cbef de PHôpital des
tliénét de Naples ; un médecin chargé par TEmpercttr du Brésil de re-
cueillir des renaei^ements sur les maisons d'aliénés ; les pages du Roi de
Wre, etc., etc. Rétablissement s*honore en outre de la visite de Son
^kitctse Royale MabaME , Dnchesse de Berry, et de S. A. £. Monsei-
PKir le prince de Croy » oaidlnil p arckevé^e et Rouen»
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( i84 )
daas cette entreprise toute nouvelle , dont je vaU es*
sayor de vous donner une idJe plus pnfcise. C'est à
la complaisance de M. Vidal que je dois une partie
des renseignements consignes dans cette notice ; je puis
. garantir également 1 exactitude de ceux que j'ai puises
à d'autres sources.
L'établissement occupe , h l'une des extrémités de la
ville , dans un quartier peu fréquenté , en bon air , ua
terrein de sept à huit hectares ( plus de vingt arpents de
Paris) ; les anciennes constructions contiennent de vastes
dortoirs pour les malades tranquilles , des logements sé-
parés pour diverses classes de pensionnaires , une fort
belle cuisine avec ses dépendances, une buanderie très-
bien entendue, des magasins , et tous les autres locaux
nécessaires au service d'un établissement destiné ^ une
population d'environ cinq cents individus. Les cons-
tructions nouvelles conbistcnt en cinq cours affectées
aux malades qui exij^ent une attention plus particulière.
42uatre sont semblables enlr'ellcs et actuellement occu-
pées , deux par des hommes et deux par des femmes.
Chacune forme à-peu-près un carré de cent trente-cinq
pieds de côté. On y entre par un petit pavillon où
se trouvent les chambres des sœurs et des infirmiers ;
3i droite et à gauche sont les cellules , au nombre de
vingt ; en face une belle grille en fonte (i) , qui basse
voir le jardin ; une galerie couverte , de six pieds de
large , règne tout autour ; au milieu est un gazon ,
orné d'arbustes et de fleurs, que les aliénés ne cherchent
jamais h détruire ; quelques-uns mi^me s'amusent à les
cultiver. Il semble, dit M. Licquet (v. note , p. 182) , que
leur imaginaiion troublée se calme à la vue des productions
(i) Les grilles et grillages foiHlas ont éXi exécutés, avec beaucoup
de soin y dans les ateliers lie MM* Waddington frères, k Saint-Renj-
sur-Epte , département de TËure.
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( i85)
graclatses de la nature. Les cellules , qui ont environ dix
pieds de Iqng, huit de large et onze de haut, ont une
croisée sur la galerie ; toutes les croisses sont garnies
dune fenêtre vitrée et d'un volet de bois ; mais celles des
malades qui inspirent quelque défiance ont en outre un
fort grillage en fil de fer ou en fer fondu à losanges serrés.
G«tle clôture a fixé Fattention des gens de Fart; elle ofire,
avec économie , toute la solidité nécessaire , et n'a pas'
Taspect aflHigeant des barreaux usités dans les maisons
(Faliéués. De l'autre côté est un large corridor , sur lequel
donnent les portes des cellules,qui contiennent chacune un
lit, une table et une chaise. Les malades sont presque
toQJours libres dans leurs cours , et il n'en résulte jamais
incun inconvénient. Les surveillants ont soin de faire ren-
trer ceux qui donnent quelques signes d'agitation ou de
foreur ; et un moyen employé avec succ^^s pour les appai-
ser est de les priver du jour , qui paraît contribuer à les
exaspérer durant leurs crises. Toutefois cette séquestration
n a lieu qu'après avoir pris les ordres du médecin , et ,
loin de s'en plaindre , ces infortunés la demandent
quelquefob ; mais de longs intervalles se passent sans
qu'il soit nécessaire d'avoir recours h cette mesure.
La cinquième cour, qui vient d'être achevée , est
ttn peu plus grande que les autres ; elle a trente-deux
celiles.
Entre les cours des hommes et celles des femmes
%âè\e le pavillon des bains, où l'on accède par des
galeries couvertes. Il renferme vingt-quatre baignoires ,
dans des salles différentes pour chaque sexe , avec un
appareil de douches, et réunit toutes les commodités
désirables. La manière dont l'eau arrive aux baignoires,
«ans robinets et sans conduits apparents , est fort ingé-
nieuse. On vient d'établir dans ce pavillon une pompe
i feu très-soignée, de la force de deux chevaux, pro-
Tenant des ateliers de MM. Périer , de Chaillot. Son
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( '8& )
'travail , qui ne sera que de cinq a six heares par joar ,
suffira pour alimenter deux rt5servoirs contenant en-
semble cinquante mètres cubes d'eau , et pour chaufier
simultanément Teau des bains , au moyen d^un emprunt
de vapeur fait ï la cliaudière de l 'appareil. On s^occupe
en ce moment d\itiliser Tcau de condensation, afin
dMconomiser le combustible. Ce système hjxlraulique
doit fournir en même temps Teau nécessaire aux cui-
sines, à la buanderie , h l'arrosage des jardins, etc., etc.
Le régime et le traitement des malades , dirigés par
•un habile médecin, M. Foville , élève distingué de
M. Esquirol , ont généralement reçu Tapprobation des
gens de Tart et des savants distingués qui ont été h
.portée d'en prendre connaissance. Rien ne prouve
mieux sans doute TefFicacité des soins donnés aux
aliénés que leur soumission et leur docilité , qui , dans
certains moments, pourrait faire croire qu'ils jouissent
de toute leur raison. Les hommes s'emploient de bonne
volonté à divers travaux proportionnés à leur degré de
force ou d'aptitude ; les femmes travaillent à l'aiguille^
s'occupent h la manutention du linge, ou secondent
le zèle exemplaire des sœurs dans les soins qu'elles
prodiguent particulièrement aux infirmes et aux aliéna
atteints de maladies corporelles.
Cet établissement , qu'une décision ministérielle a
rendu en quelque sorte central pour plusieurs départe-
ments I est d'ailleurs si bien administré qu'il n'exige
qu'un petit nombre d'employés , eu égard à sa grande
importance. £n effet , on n'en compte que quarante ,
dont quelques-uns sont aux frais particuliers des pen-
sionnaires qu'ils servent exclusivement ; ce sont : le
directeur, le médecin, le chirurgien, un interne , un
économe , un commis aux écritures , un aumônier ,
vingt-et-une sœurs de Saint-Joseph de Cluny et douze
Hifirmiers ; cependant les malades n'en sont pas moins
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( »«7 )
tbhjei d*uiie surveillance continuelle , de soins et d'é^
gards de tous les instants , ce que Ton doit attribuer
à la bonne disposition des localités , et surtout au zèle
éclaire des principaux employés. Mais je dois mW-
réter pour ne pas fatiguer votre attention , car il fait-
draU tout mentionner . dans cet hospice , si l'on voulait dé^
taUler UmU ce qm est purfaU^ dit encore M. Licquet.
Tout ce qu'on vient de lire doit vous faire juger ,
Messieurs f que cette fondation., fùt-elle uniquement
consacrée à des pensionnaires , serait encore un im*
mense service rendu \ l'humanité ; mais le conseil
général , dont les vues philantropiques lui font le plus
grand honneur , a voulu que les pauvres eussent aussi
part ^ ce bienfait; il a, en conséquence, fondé cent
places gratuites , dont quatre-vingt-dix sont accordées,
sor la proposition de MM. les sous-préfets, à. des in-^
digents domiciUés dans le département y et dix restent
à.la disposition de M. lé Préfet , en faveur des aliénés,
étrangers au. département et dont le domicile est in-r
connu.
Le nombre des aliénés existants à T Asile, au.i'' janvier
1826, n'était encore que de cinquante-six pensionnaires
et vingt-cinq indigents ; voici le tableau de sa population,
au i*' janvier 1828 :
PtDsioiiBJlRf des c»inniiiiies et hospioes
da déptrtencnt de k Seine*Infëficore. . .
PeatîoaBÛreft «« compte des familles. ......
lodifeaU
PciMÎoaiiaifses de déptnementt ëtisofert. . .
ToUui
btNHM.
ftmacs.
44
9»
49
4»
3».
a6
»4
■8
.40
.84
1^
La proportion des divers genres d'aliénations mentajes
m'ayant paru, d'un assez grand intérêt, j'ai demandé
communication de l'état général oii sont spécifiées les
affection» de chaque individu; mais comme plusieurs.
24.
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( i88)
ont beaucoup d'analogie cnir'clles, je les aï réduites h
quelques classes principales , dont voici la comparaison
établie proportionnellement h cent malades :
niCUEABLES.
homme».
Démence, y compris quelques para-
lytiques ai
Démence avec ëpilepsie S
Idëes fixes. a
Monomanies 4
Démence ou manie , avec fureur 5
Affections diverses a
Imbécillité , idiotisme , esprit faible. . 5
4a
femmes.
a6
4
I
3
6
9
3
5a
CURABLES.
homme».
94
Je n'ai pu faire entrer séparément dans cette compa-
raison les affections dont il ne se trouve qu'un exemple
sur deux ou trois cents sujets , telles que la mélancolie,
la panophobie , la démonomanie , etc. , etc. , et je les
ai réunies sous le titre d'affections dherses.
Les deux tableaux précédents donnent une idée exacte
de la population actuelle de l'Asile des aliénés ; mais il
est a remarquer que si l'on recommençait le dernier dans
quelques années , il présenterait des résultats différents et
beaucoup plus satisfaisants , parce que dans l'origine
encore si récente de l'établissement, on y a transféré, de
divers hospices, un grand nombre de malades incurables^
très-âgés , paralytiques , épileptiques et idiots, qui désor-
mais ne seront plus reçus que fort rarement , l'Asile étant
principalement destiné aux malades qui laissent quelque
espérance de guérison ou qui ne pourraient rester en
liberté sans inconvénient pour la sûreté publique.
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( i89 )
Ce que je viens d'avancer est au surplus déjà vérifie
par Texpérience , puisque sur trois cent quatre-vingt
quatre malades admis en 1826 et 1827 , il en est sorti
soixante-six , c^est-à-dire environ dix-huit sur cent , par-
faitement guéris.
L'établissement s^organise pour cinq c^nts individus ,
et Ton suppose que , dès Tannée courante , il y en aura
environ quatre cents. Les pensions sont fixées ainsi quUI
suit : première classe , treize cents francs et au-dessus ;
deuxième , neuf cent soixante-quinze ; troisième , six
cent cinquante ; et quatrième , quatre cent cinquante.
On a en outre la faculté de prendre des arrangements
avec le directeur , pour les commodités et les avantages
particuliers qu'on voudrait assurer aux malades. Il est
permis à leurs parents de venir les voir deux fois par
mois, mais les visites des curieux pouvant occasionner
des inconvénients de plus d^une espèce , on n^est admis
dans Pintérieur des bâtiments que sur une autorisation
spéciale de M. le Préfet , qui en accorde très-peu ; en-
core ne voit-on jamais les pensionnaires des premières
classes.
Nota, ht Conseil général , dans sa session du mois de septembre
de cette année , a consacré à 1* Asile des aliénés un long article de son
procès'Verbal ; il s* est plu à reconnaître que la prospérité de cet
établissement s*accroit de jour en jour , que les guérisons continuent
is*opérer daa^ des proportions tout-à-fait inconnues dans les bospices
deBicètreet At Charenton; que les tableaux de mortalité présentent
des résultats non moins satisfaisants , et qu'enfin Tordre règne dans
toutes les parties du service. Après avoir payé un juste tribut
d*éloges aux principaux employés de {la maison , le Conseil a
donné un témoignage particulier de sa satisfaction an directeur et
au médecin ; il a en outre invité ce dernier à ouvrir un registre qui
doit devenir un jour fort intéressant , puisqu'il sera destiné à consta-
ter, pour cbaque malade , l'époque, les causes et le caractère de son
aliéoaiion , ainsi qua les effets successift des traitements auxquels il
>ur» été soumis.
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( 19' )
NOTICE BIBLIOGRAPHIQUE
Sur m Ouçrage trh^are iniHulé: Prosa ClSMl P4MiSiKNSIS
AD DVCEM DE MSNA , POST CœOJSM HeNRICI IH ;
Lue dans la Séance du 4 Juillet i8a8 ,
Par M. DuPUTEL.
Messieurs ,
Jasqu*ii U fin du dix-huitième siècle , où nos mœurs ,
nos habitudes et notre caractère national ont éprouve un
changement que Voltaire pressentait sans doute lors-
qu'il sVcriait , avec l'expression du regret,
Le monter tnstement a*tccrédite :
te cachet distinctîf du peuple français ^tait un fonds
inépuisable de gaiet(? qui ne manquait jamais l'occasion
()e se manifester , même au milieu des circonstances les
plus graves et des plus effrayantes agitations politiques.
De là cette quantité prodigieuse de facéties , de satires,
vaudevilles, etc. , dont le catalogue seul contiendrait plu-
sieurs volumes , que virent naître , sans remonter plus
Haut , et les troubles dç la Ligue , et les intrigues de la
Fronde , et les désordres de la Régence , et les horreurs
àe la dernière révolution , qui a détruit Tantique monar-
chie de saint Louis et de Henri IV , pour les rétablir
sur une base constitutionnelle.
Je n'ignore pas que la plupart de ces pamphlets , éphé-
mères enfants de la circonstance , meurent ordinaire-
ment avec elle. Il en est cependant quelques-uns que
des amateurs recherchent encore comme singularités
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( Î92 )
historiques ou littt^raircs, attiras le plus souvent par
Tamorce trompeuse de la bizarrerie du titre , et que Ton
voit figurer dans certaines bibliothèques, comme le
font, dans le cabinet de quelques curieux , des collections
d^anciennes monnaies depuis long- temps hors de la
circulation.
Tel est y Messieurs , Topuscule dont je me propose
devons entretenir aujourd'hui , dans le but de recti-
fier Topinion erronée qu'auraient pu vous en faire
concevoir différents bibliographes qui ne Font jugé que
sur le titre , et sans avoir probablement jamais eu Toc-
casion de le lire.
Cet opuscule, imprimé à Paris chez Sébastien Nivelle,
en iSSg , est intitulé : Prosa Cleri parisiensis , adducem
de Mena , post cautem Henrici lll, 11 ne contieni que vingt-
quatre pages in-8°de texte latin , auxquelles on a joint
une traduction ou plutôt une imitation libre de cette
pièce singulière , sous le nom supposé de Pierre Pighe^
nat , curé de Stùnl-Nicolas-^es^Champs, Cette tradaction
paraît avoir été détachét^ d'un autre recueil dont elle oc-
cupait les pages i3 à ai. Ce petit volume est indiqué
dans tous les catalogues conune excessivement rare ; et ce
qui prouve qu'il Test en effet, c'est que le seul exem-
plaire que l'on en connût alors a été vendu plus de
trois cent soixante francs à la vente de M. Tabb^ Shé-
pher, en 1786 ; mais un bibliophile, peut-être celui-là
ataire a si haut prix ,
crainte de voir périr
plusieurs copies, le
1787 ou 1788, sous
du premier impci-
empjiaires seulement
m H bonheur de me
iseignements qui| je
?ttre.
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( 193 )
M. V^bhé DucloSf dans son Dictionnaire bibliogra-
phique , généralement attribué au libraire Cailleau , est
le premier , que je sache , qui , après en avoir donné une
description assez exacte , a cité ce livre comme un ma^
mtnunt du plus odieux fan/Uisme. M. Fournier a copié ,
sans la moindre restriction , l'article de M. l'abbé Du-
clos. Mais M. Pseaume a été plus loin : non-seulement
il signale la prose du clergé de Paris comme un monur-
moit du pbu hanteu» et du plus barbare Janaiisme * il
ajoute : « Quand un parti a perdu toute pudeur , il n'est
« sorte d'excès qu'il ne soit disposé à sanctifier. Certes
« le prêtre sacrilège Pigenat était bien digne d'être
« le chantre et le traducteur de cette horrible prose -
« car c'était un de ces furieux prédicateurs de la Ligue ,
« qui faisait retentir les chaires de Paris de l'apologie
« de l'assassinat de Henri III , et des invectives les
« plus grossières contre le Béarnais. »
Il faut convenir qœ ceux qui ont porté de pareils ju*
gcmenu sur l'étiquette du sac, pour ainsi dire, plutôt que
sor le vu des pièces, ont pris le change d'une manière
bien extraordinaire. En effet, cette pro^e , qu'ils nous
présentent comme l'œuvre du plus odieux fanatisme , et
que l'on serait , d'après cela , tenté de croire n'avoir été
composée que pour être chantée dans une de ces messes
impies qu'on assure que les ligueurs eurent la sacril^e
audace de faire célébrer en l'honneur de leur bien-
heureux martyr Jacques Clément, n'est qu'une satire
très-piquante , où , sous le voile quelquefois trop peu
transparent d'un éloge ironique ^ l'auteur , loin de par-
tager les fureurs de la Ligue, en poursuit avec achamo-
ment les deux principaux soutiens , le duc <iu Maine
on de Mayenne , et la duchesse de Montpensier , sa
NBUr.
Je pourrais , pour prouver combien l'on s'est mépris
SOT l'objet de cette singulière prose | me borner à vous
a5
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( igi )
^apporter deux épigrammes que l'on trouve h la suite,
et qui suflirai^'ut , au besoin , pour révéler la véritable
intention de celui qui Ta composée. La première est
un distique latin, adressé ad dementem Parisinomm phhem^
quiZ ùnpwissùnum Arsacidam in aumerum Dhorum refert ,
et ainsi conçu :
Famosos quomam petiterani iura UbeUos
Spargere ,famosis , S plebs , resipisce UéelMs,
La seconde, intitulée : Sur la mesme Apothéose , est ce
^quatrain , contenant une anagramme h la manière da
4eraps :
Çtfi est ce maUnè,
Non sainct , iniîs daimé ?
Tu le Tsi nommant ,
Cett laques Clément.
Mais )*ose me flatter, Messieurs, que vous ne me
saurez pas mauvais gré dVntrer dans plus de détails pour
irons faire mieux connaître cette curieuse production,
et justifier Popinion que je tente de faire prévaloir sur
celle évidemment fausse que Ton en a généralement
La prose dont il s'agit est composée de vingt^uatre
strophes de chacune six lignes en latin et douze en
français , car , malgré les rimes , souvent douteuses , qui
les' terminent , je ne puis me résout k les appeller
des vers , et les citations que je vais faire pourront
vous mettre à même de voir si c'est ^ tort.
C'est au duc de Mayenne que l'auteur s'adresse pour
I^excitcr , au nom du clergé , à sortir des murs de Parts y
iàfin d'en repousser le Béarnais , dont il prend occasion
de faire indirectement l'éloge , comme on en pefut juger
par ces deux strophes :
<c Helas ! vostre vaillance ,
•( O guerrier valeoreux ,
m Ne cbauera de France
« L^ orage malheureux !
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(195)
t^ La gaerre y àuxz cours
« las^tQ bout âe hob ioai ?
« 'Hél combatex sans feinta ,
« Composez vos squadroDS ;
« Chefs y marchez à la pointe
« Hardis comme lyons :
« Le Clergé qui se perd ,
« Charles y vous en reqoîezt*
« Voila pas gtandVergoiigne ?
«« Il n'y a pas six mois
« Qu'an fond de la Gzacongne, .
« Ce Piînce Beamois
« Da force dépouillé
« Estait comme accuUë ;
« Or, en toutes promncea
« U braoe et fait le Roy ,
« Aux seifneurs^.et aux princes
« U impose la Loy :
« Chacun , fois le Lonain ,
K L« tient pour sonuecaiiu ^
Bkmôt^ D^ligeant même Iqs ptécautiope oratoires ^
a reproche ouvertement h ûcê^ prétendu héros soa.
avarice qui le fit accuser de pécu!at , jure et non injuria^
comine il le dit ^ dans une strophe latine paraphrasée
ainsi:
« Voua «tas (qui astOBBè)»»,
« Pêurpecuiai commis,
« Adioumè en personne
« Deuani Us Trenfe-sis ;
« ITespcrez estra ahf««i
« Si T019 n'allai aux ocnips.
Et pour donner plus de dévelopement à sa pensée ^.
il continue:
« Cest un mal qu'auatice
« Familier à voz meurs ;
« Mais TOUS, aufien dTfn'tice,
« Auez doubles valeura, etc.
Mais ce a'cst pas assez que d'avoir accusé le duc
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( 196)
de Mayenne d'avarice ; l'auteur le raille également sur
son ainbition dcçue :
« Il vous f ai elle peut estre (* dit-il)
« Qu'aux estats il n*a pieu
« Pour leur Ho/ et leur miistre
« la vous avoir esleu ;
«•Et du mcsme'soucy
« Autres sont poincts aussi ,
«t Le Roy dit Catholique ,
« £t vostre Duc Lorrain :
« Mais nostrc Loy saliqae
« Résiste à leur dessein;
« Ou Ton Taboliroit
« UAnglob le droit auroit.
Puis il ajoute aussitôt :
« Nous n'auouons pour Pxînce*
« Successeurs a nos Royz
« £n toutes leurs Pronioces
« Par 1* ordre de nos loix ,
« Autres que ceux du nom
« £t anses de Bovrbon;
« Ils ont leur origine
« Du bon Roy sainrC Louys
« £n masle et droite Ii<>:ne ,
« Portans les fleurs de lis
« Dedans leurs esciUiOBs
« Que BOUS recognoissons»
Enfin, ce singulier panégyrique du chef de la Ligue,
se termine par la promesse , s'il succombe ^ Parmëe ,
d'une apothéose. égale h celte dé Jacques Clément.
Après , lui dit-on y
n Apres maints beaux esloges
« Maint riche monument ,
« Dans nos Martyrologes
« Vous et laques Clém^t
«( Serez canonises
« Au reng des mieux prises*
Permettez que je vous le demande ici , Messieurs ,
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{ 197 )
comment pourrait-on, d'après ce qae je viens de vouf
CD citer, se méprendre encore sur les motifs que Ton
i eus en composant cette prose singulière , et la
supposer irrite par un fanatique sous l'inspiration des
ligueurs? Maïs , pour achever de démontrer combien est
{rande l'erreur de ceux qui en ont porté ce jugement,
je Tais vous donner une idée des infamies que l'on y
reproche à la duchesse de Montpensier.
Vous vous rappelez peut-être, Messieurs, avoir lu ,
dans le Pyrrhonisme de Thistoire , par Voltaire ,
chapitre 3i , sous le titre d'Autre anecdote hasardée ,
re passage remarquable :
'^ On dit que la duchesse do Montpensier avait
«accordé ses faveurs au m^rae Jacques Clament , pour
• l'engager à assassiner son Roi. Il eût été plus habile
« de les promettre que de les donner : mais ce n'est pas
• ainsi qu'on excite un prêtre fanatique au parricide ; on
« lai montre le ciel et non une femme. Son prieur
■ Bouif oin était plus capable de le déterminer que la
« plus grande beauté de là terre ; il n'avait point de
• lettres d'amour sur lui quand il tua le Roi , mais
« bien les histoires de Judith et d'Aod, toutes déchirées,
• toutes grasses \k force d'avoir été lues. »
H. Tabbé Duvemet, dans son histoire de la Sorbonne
(tome 2 , page a8) , répète le mjême bruit , sans y ajouter
phs de confiance. « On assure^ dit-il en parlant du duc
' de Mayenne , que "sa soeur promit à ce jeune moine
•(Jacques Clément) des plaisirs plus convenables à la
«rigueur de son tempérament déjà embrasé par le
"jeûne, l'abstinence et la superstition. On veut même
■ qu^elle Ten ait enivré ; mais , àjoute-t-il, peut-on établir
• des faits historiques sur des rumeurs populaires? »
Cela n'a pas empêché l'auteur de l'article Jacques
^^Ànent , dans la Biographie connue sous le nom des
^^ Michaud, de reproduire encore ce fait : « Les seixç,
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( 19»)
n dit-ily eurent coniubsance de son projet ; ils en parièrent
« aux ducs de Mayenne et d'Aumale , et à la duchesse de
« Montpensier, qui voulut voir le moine , et c^da, dit-on,
« à ses infâmes désirs pour achever de le déterminer. »
£h bien ! cette rumeur populaire ^ c^ om dit dont
aucun de ceux qui les ont répétés n'a indiqué la source ,
tout me porte à croire que c'est dans la prose dont j'ai
llionneur de vous entretenir quHb ont été puisés. Cette
prose est le premier, peut-^tre même le seul des ouvrages
contemporains où cette anecdote scandaleuse soit consi-
gnée, non pas comme un bruit vague, mais comme ua
fait positif et constaté.
L'auteur s'exprime , à cet ^ard , scvec un cynisme qui
ne me permet pas de vous citer sans restrictions ce
passage , même en latin. S'adressant toujours au duc
du Maine : Laudatur , lui dit-il ,
« Ltadatwr tuià lororis
«( Adfectva pltaiw aaMni ^
« Qa« se magna consUBliâ
« Subjecit DomimcanOi
« PacUy ut mortem tyranno
u Daret vi y vel astuiià.
« Hsc nacta virum haud sefntm :
« £ia , inquit
« Ergo pius Slle fritcr
« O ter qoaterqae beatoa
« Ventm Catkaniue fniciiif
«( Compresatt pro ccckiîâf
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( »99)
« 0 felix lacobos Clemens !
« Félix martyr y feHx anant
« later millie» miUia 1
Ee plus loin, reveiMnt à la charge sur ce fait, dans une
wpère de prosopopée où il fait parler le peuple exha-
lant son mécontentement , il ajoute :
« 0 quJim aequnta libenter
•« Est filia matris iter
« De Estensi fsmilia !
« Ecquid non rogit libido ,
« Atqut vindict» cupido
« In nente mali conseil ?
« In-Clemens Dominirane »
« y m tibi f et Lape plenx
« Ex tui rimlentii!
« Vm monstre qaod est la tara
« Statim post te migratara
« In demonum consortia !
Je crois, Messieurs, avoir complété la preuve que
j'avais entreprise , de manière à ne laisser aucun doule
dans vos esprits; et regardant avec raison ma tâche
comme terminée , je devrais m'arr<?ter ici ; mais j'ai , en
finissant, à vous soumeltrj encore une observation qui
pourra ne pas paraître tout-à-fait dépourvue d'intérêt
aux amateurs de recherches historiques et bibliogra-
phiques.
J'ai déjà insinué que la traduction française de la fa-
meuse prose du clergé de Paris , attribuée à Pigenal ,
Oit de Sidnt-Ni'coias^es^Champs, notait pas de lui, mais
<ie quelque malin pseudonyme qui aura trouvé plaisant de
le d^iser sous ce masque. Ce fait ne me paraît pas de
nature à pouvoir être même contesté , pour peu que Ton
connaisse Touvrage , le but dans lequel il a évidem-
ment été composé, et les principes diamétralement
oppoiés qui n^ont cessé de diriger les actions et les
discours du prêtre fa^iiatiqne que les ligueiu's impatro-
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( 200 )
nisèrenC, en i588, dans la cure de Saint-Nicolas-des-
Champs^ au préjudice du sieur Legeay ou Laugeais , au-
quel Jean Perrière^ qui en était pourvu, Tavait rësignëe.
Mais ce qui achève de démontrer la fraude , c^est Ter-
reur du prénom de Pierre , faussement donné à Pigeaat
en tête de la traduction dont il s'agit, tandis quil s'ap-
pelait François , ainsi que l'attestent tous les biographes
qui en ont (ait mention , et plus encore Tapologic que
public de lui, en iSgo , Georges Lapotre, sous le titre
de Regrets sur la mort de François Pigenai.
On connaît deux autres personnages du nom de Pige-
nat, qui paraissent n'avoir pas embrassé avec moins de
fureur , que le curé de St-Nicolas-des-Champs , le parti
de la Ligue, mais dont aucun n*a porté le prénom de
Pierre. L'un est Odon Pigenat , frère de François , qui
était provincial des Jésuites , et que l'on cite dans la
satire Ménippée comme membre du conseil des seize.
L'autre est le frère Jean Pigenat , auquel M. Barbier
attribue un volume in-S** publié, sans nom d'auteur,
à Paris, -chez Thierry, en 1592, sous ce titre : Aveur
glemcnt des politiques , hérétiques et maUieutres , lesquels
veulent introduire Henri de Bourbon , jadis Roi de Navarre,
à la couronne de France , à cause de sa prétendue succession.
On ignore si ce dernier , qui n'est connu que par la
mention qu'a faite de lui M. Barbier , a eu , avec les
deux autres , d'autres rapports que ceux résultant de
l'identité du nom et de la conformité des opinions.
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( ao» )
FRAGMENT
DU SECOXD ACIE DE L\ TRAGEDIE INÉDITE DE BlBON ,
Par M. Duras y de Roaen.
ACTE SECOND.
SCilTE PREMIÈRE.
BIBON , NEMOURS.
BinON.
Oni I c'en e»t £ûty Nemours , il nVtt rien qui m*anjte:
Aa fer dee cODJartfs il a Toutf sa t^te.
Ses flaUenra lans retour ont flétri ks vertus ^
St de tons nos bienfaits il ne se souvient plus.
Vainement notre épëe a préparé sa gloire ;
Il reporte à loi seul tant de jours de rictoire ,
Et la Ligue , et les Seize , et Mayenne vaincus »
Ce trône qu'il nous doit, il ne s*ett souvient plus.
nteouas.
7e te rania prédîjU
Mais c'est peu qn^l oublie
Notre sang tant de fois esposé pour sa vie :
Quitte envers nous , dit-il , il ne nous doit plus rien ;
Je ne suis à um yeux qu'un premier citoyen ,
jQu'un sujet qn*il invite à plus d*obëissaiice ,
On je poomla enfin lasser ai patînce.
a6
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t ^oi )
De unt d*iDgraiilttde il recevri lé prix t
J*apprott?c vos projets : le dessein en est pris ^
Henri n'ezbte plas 1. . Demain la France libre
Accomplira les yœnx el dn Tage el du Tibre !
Vole et reviens , ami , je veux prendre avec toi
)L*instaat où mxu le fort je l'entraîne après moi.
SClkNE II. .
BiBOiv, seml
Ooi , tn Tas mérita ce trépas qoi s'ftppr^te ,
Toi seul as amassé la fondre sor ta tête !
Qoel orgneil !.. . Il est Roi ; mais il fot mon anki.
Ponr la première fois mon front à donc rongi !
L'ingrat ! il m'outrageait. ... et mon lâche silence
L'enhardissait cncor à poursuivre l'offense !
Je n'étais plus Biron : il m'avait avili ;
On plut6t envers moi ce n'était plus Henri.
Que dis-je ?. . . Dès long- temps il a cessé de l'ét^ !
L'ami n'existait plus où commença le maître.
imitons son exemple , oublions us bienfaits ,
Et y puisqu'il m'y contraint , régnons par des forfaits.
SCÈNE III.
BiaON , SULLT.
Ministre complaisant d'un monarqae infidelle-»
Qne voulez-vous de moi ? Qoi vers moi vous appelle ?
Venez-vovi insulter...
SDUT.
Mon , ]t sois votre amL
BIBOIC.
Vous trompex votre Roi t
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SDixr.
Je respecte Henri:
Et )iisqifiIorf ma bouche étrange «a parjore|.
Biron y de le Ibtter ne lui fit pas l'Injure ;
Je puis même ajonicr qac , seol parmi les Rois ,.
D'un austère langa^ il ne craint point la voii.
Faius ainsi que lui ; souffrerà ma franchise ,
Un discours , qu'entre nons l'intérêt autorise ;
]!(on celai de l'Etat , mais l'intérêt sacré
Qu'on doit à l*un des siens que l'on croit épaté.
maoK.
Vous croyairf^His permis, un discours qui m'outrage ^
Qui TOUS a donc sur moi donné cet avantage
Que tout autie , peut-être i eût pajé de son san^ ?>
Sully y n'abuses plus de la fayenr d'un rang
Qui d*an pareil discours augmente l'insolence i^
Ou TOUS me forceries à quelq^ TÎolence.^
8UU.T.
Alors que d'un devoir je m'impose la loi ,
libre dans mes discours y je parle sans effroi.
Oui , chargé des honneurs dont un Roi tous acci^le ,
Sans doute qu*à vos yeni je dois être coupable ;
Et Sully , satisfait par-delà son espoir , '
Doit condamner en nous le besoin du pouvoir;
Mab je veni l'écouter.
8UIXT.
Heureuse par vos armes ,
la France TQm devait un tei^e à tant d'alarmes :
Faible cncor par des m^nx éprouvés trop longtemps ,
Elle. atUndait un calme après d'affreux tourments ,
Et î'osaia espérer que sous un prince habile
Ocrait avtUje po^velle un ciel p^r et tranquille:
a6.
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( 2o4 >
Vain cspoI( ! Le rëveîl it mifle ambitions
Ranime de noaveaa Thydre des factions.
Vainement d*an parti Tor combla Fesp^ranoc :
Chèrement acheté pour le biep de la France |
Il vent encor de Tor et oVst point satisfait ;
Sans pudeur il demande» on refuse... il nous hait;
Et d*un peuple appanvri dédaignant la misère ,
Moins lâche, il deviendrait on perfide adreisaire.
Ce parti ne vaut pac qu'on daigne Tëcrascr^
Et sans aucuns périls on le peut mépriser.
Mais celui qui du Roi seconda la Taîllance y
Qui lui conquit le trÀne et délivra la France ,
La rendit imposante à Tombre de son bias ,
Celui qu'ont signalé mille et miU« combats,
Qui des fastes henreux d'une immoricHe MsUûè
Pouvait être à jamais et ^orgueil «i )a gtobt ,
Ce parti deThonneur, venMl yreiMncet?..
Ce Henri de lenr choix, ils l^osent ttenac«rl..« :
Que prétend-il , en6n , ^ t quelle est sa démence ?. .
Veut-il servir, détmire, ou commander la France?..
De Mayenne et des Seize en fuyant les drapeaux
Pourquoi rechercha-t-il la palme des héros?
Courut-il dans nos rangs ? Le temps était propice :
11 poavait asservir la France à son caprice ,
Démembrer cet état, se l'entre-partager :
On pouvait tout alors , et même sans danger.
Alors, épouvanté d'un si sanglant outrage
Il a craint aux Français d'imposer l'esclavage :.
Aujourd'hui , près du trône assis avec 6erté,
Il ose menacer sa noble liberté,
L'attaquer dans son prince , et , d'une main hardie ,
Lever la hache encor sur sa triste pa^é l
Et de tels factieux Biron serait i'appm,
Biron, l'honneur du siècle et Famî dé fienri^
Biron, de nos guerriers le modèle et U glwf*^
Pourrait flétrir son nom aux pages et. l'IlIsMii^li - -. .
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( 305 )
Non, je ne le crois pas! Justemem respecta,
Biroo Tcni l'être encor dans la posUriië !
A qui pot s*ëgarer donnes toute espérance ;
Sans crainte de Henri promettez l'indnlgence :
Yoos le sarez , son cttur n'aime point à punir
Et ne toit pins d'oflbnse oii brille ud rtpentir.
Oflirez leilr donc , Seigneur , après un tel outrage ,
Le seul port qui les mette à l'abri de l'orage.
S'ils craignent près du Roi la honte d'un pardon ,
Parlez : je le promets , je le jure en son nom.
BiRON.
De ce discours , Seigneur , j'admire la prudence :
Mais oui de mes amis n'a besoin d'indulgence ,
Et je dois m'étonner qu'il s'adresse à Biron.
Sait-on bien qui je suis?... Si d'un honteux pardon
Ja?ais quelque besoin peior prot^er ma vie ,
Ce fer m'arracherait à tant d'ignominie :
Seul il est mon recours; et ce fidèle ami
Me senrira du moins aussi bien que Sully.
On connaît ce qu'il peut; il apprendra, peut-être ,
Kon à me redouter , mais à mieux me connaître.
SULLT.
J'ai dA
Biron.
Se pourrait-il que l'on me sonpçonnit ?
Et m*attrîbueFait-on quelque lâche attenUt ?
SullV ( açec une intention tres-marynée. )
Seigneur I cette demande a lieu de me surprendre.
Henri dans peu d'instants en ces lieux fa se rendre.
Vous le suives au fort. . . Et c'est à Totre foi
Que se va confier totre ami , votre Roi.
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(ao6)
BnoK.
Il suffit
SuUT.
Yotrc coeur ii*a-t-il rien qui le bleue ?. . ^
Voos ne répondez pas?.. A regret je toos laisse.
Qae Tois-je !. • . c'est Nemonrs!. . . Ah ! Biron » se pent-il
Que TOQs resties muet en on sî grand péril !«. .
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(2107 )
•w^i^oDKmwtMWKKKaotwxtww^oxwMrirm
TkADUCTlON libre de l'Ode Z* du a« ihre d'Horace ,
Par M. A. Dstulb.
A DELLIUS,
Aeçois du même front les coup» de la Forlone ;
Fnia la superbe joie et la plainte importmie ,
-Soit que le sort jaloax te condamne à souffrir ^
X)u bien qn'i t'enîfrer an banquet de la tie
Le plaisir te con?ie ;
5oaTUns-t*en , Bellins , un jour tu dois mourir.
Ans lieux où le ruisseau » luttant contre sa rive ,
La presse en monanrant de son eau fogitlve ,
Où le pin toujours vert , le pâle peuplier ,
L*im vers Tautre inelînant » 4 leurs amours fidèles ,
Leurs têtes fraternelles,
Mêlent de leurs rameaux Foml^age hospitalier ,
Fais porter les parfums , les guirlandes' t ces roses ^j
Qoe fanera le soir , et du matin écluses $
Là fais fumer Tencens i là fais couler le TÎn ,
Tandis que y respectant le printemps de ta vie ,
Atropos endormie
Laîjae courir le fil de ton heureux destin.
Un jour tu quitteras cette maison charmante ,
Ces parcs Toluptoeux où le Tibre serpente ,
Ces jardins , ce talion si fertile p n beau ^
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( 208 )
Oai , ta les quîtleras. Denuio , demain , peot-étre ,
Les pas d*nii nouveau maître
Fouleront ces gazons i ce marbre , et ton tombeau*
Vil pâtre , fils de Roi, riche , pauvre , n'importe;
L'impitoyable mort doit frapper à ta porte.
Vers Fabtme ëtemel nous marchons chaque jour ;
lïotre nom tÂt ou tard sort de l'urne ûtale p
Et la barque infernale
An lien de notre exil nous passe sans retour.
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(«9 )
■è(wmM»oi>w»»iM»*iw*w <<iw^<M4<i^^
STANCES
IMPROVISEES DANS UNE PROMENADE À^Ù dMlTIÈRE
MONUMENTAL ,
fâr M. DuPUTSL.
Des ^nndlrei lieu ^uid Vaaw éépifit ^
Vert nn moii4e hic«iimi itrî^e «on essor •,'
Dans U noit de rerrenr reste-t*eile plongée «
Et de TÛDs préjugés rsTeugleDi-ils encor ?
Non y sans doate ; an inilîea (tes torrents de lomièrt »
Qui rinondent alors , la seule vérité
Im montre , à »ti regards en brillant toute entière
Le néant de Torgneil et de la vanité.
Cette ponpe des morts , à quoi donc leur sert-elle ?
Et pourquoi surcharger d*nn marbre fastueux
De lliomme qui n*est plus la dépouille mortelle »
Que des ▼en afEunés se parUgent entre eux ?
De parents on d'amis qn*à grands frais on rassemble
Les osseaens épars dans un étroit cafeau :
Croit-on que du bonheur de se trouver ensemble ^ .
Us sâTonrent le charme à Tombre du tombeau ?
O Tooa qui m'êtes chers , vous à qui je dois Tétre ,
Si j'en crob'de mon cœur le doux pressentiment,
Quand la mort à vos yeux m'aura fait disparaître ,
ITinscriTCX point mon nom sur un froid monument.
2J
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(MO)
Sotas quelque hamblf gazon , dam on lieu solitaire ,
Sans faste déposes d*insensibles débris :
A la terre rendez ce qui vient de la terre ;
Nous avons tons reçu Tcxistence à ce prix.
Mais Tame est le retet d'une flamme divine ;
£t, du ciel descendue , elle y doit remonter :
Oser même douter de sa noble origine ,
C'est Fattester encor ; l'esprit seul peut douter.
Puisse donc votre cœur conserver tea mémoire ,
Jusqu'au jour on la mort viendra nous réunir !
Des plus beaux monumcuts la aplendeur iHusdM
Ne saurait compenser un fiev soaveoir.
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(mi >:
lE RENAIO) ET LA PINTADJa ,
Par M. Lv Filleul des GasBROTi^
Un Pintade éult captive , .
Et son (eolier était un fiilageoîs :
Ainsi dn sort ravalent prescrit les lois^
Wn joor de la saison où rhirondelle anÎTe ,
Aq tnvers des Karreanx de sa cage de fer ^
L*innocente allongeait la tête et prenait Tair ,
Qnod des moseauz gloutons elle aperçoit le pire ^^
Le mosean d*nn renard et so»-«&il de vampire.
U paiiTrç volatile eût dû , sans différer ,
Se retirer ;
CVuit bien le cas d'être preste !
Hais avant qu'elle en fît le geste »
D'an coup de dent le perfide mosean
S'était vite adjuge l'oiseau.
Si j'ai dit l'oiseau, je m'arrête.:
L'escroc n'avait mire que le bec et la crête,
Ct n*aTait attrape que la crête et le bec :
Le grillage jaloux le tenant en échec ,
Il n'avait pu prétendre au reste.
Mais qu'avait donc coGa voulu le garnement ,
Eb donnant pour si peu ce maître coup de dent?'
B^ ! le croira-t-on , encor que je l'atteste ?
Ce qu'il avait vouln ?..• se distraire un instant ,
27.
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( M» >
Et d*aiie pintade sans tête ,
Dans sa cage setUUltair»
Se beortant ,
CnlbaUnt
La paoTre béte y
Avoir , faute ^e miens , le spectacle sanglant !
Jeo barbare et bien fait pour plaire
A Tinventenr froidement sanguinaire.
Le trait que je viens de citer
Peint de certain méchant Todieux caractère:
Qoand du mal qu'il médite il ne peut profiter ^
Il le 6it seulement pour le plaisir d'en faixf.
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TABLEAU
DE
L'ACADÉMIE RÛTAXÊ
DES SCIENCES, BELLES-LETTftBS HT ARTS
DE ROUEN,
JOUR l'anitée i8a8 — iSag.
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SIGNES POUR LES DÉCORATIONS
ijti Ordre de Saint-Micheh
:)fe Ordre royal et miUtaire de Smint^Lom's^
^ Ordre royal de la Légion d^hoimeun
^ Ordre de VEperon d^orde Rome,
G. signifie Officier.
C Commandeur^
G, — Grand-Officier.
G. C — Grand-Croix.
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TABLEAU
DE L'ACADÉi>nE ROYALE DES SCffiNCES
BELLES-LETTRES ET ARTS DE ROUEN ,
POUR l'aNHÉE 1838—1829.
OFFICIERS EN EXERCICE.
M. Lbp&ktost y D. m. y Président,
M. Vice-Présidenl.
M. Cazalis , Secrétaire perpétuel pour la Classe des Sciences.
Il BcGiKHf ( N. ) , Secrétaire perpétuel pour ta Classe des Belies-
Lettres et des Arts,
IL DuBUC y Bibiiotkécaire^Arclùviste ,
M. Lkpbevost y TëtérinAire , Trésorier,
ACADÉMICIENS VÉTÉRANS, MM.
*>«n« AVHLKt
•K»^ lion à la
M». "V-'léran-
ct.
iSoi Le Comte Beugnot ( G. C i)f( ) , Ministre dVut , 1806.
«Dcien Préfet du dépirtement de la Seioe-Inréricore ,
à Paris 9 rme newe dm Luxembourg , n» 3i.
i-j^ D*Orkat (Jean-François-Gabriel) , doyen des Acade- 1807.
■ûciens y membre de rAcadémie de Lyon , de celles
des Arcades de Rome et des Georgifiles de Florence ,
à St-Martin-de-Bocherfille.
tSu. Le Baron Asseun db Villeqdier ( 0. ^)y premier 1819.
Président de la Cour royale y membre de la Chambre
des Députés , rue de la SeiHe, n® 10.
>8eX ViTAus ^, ancien Secrétaire perpétuel de T Académie iSaa.
ponr la classe des sciences; Doctenr es sciences de
lUniTcrsité; Profiesscar émériu des sciences pby- ^
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( ai6 )
tiques tm Collège royal de Roaen ; ancien Profcsaenf
4e <;^imîe «pplîqv^ «u arU ; aienibre de plnsUon
Acadëmics cl Sociétés savantes, à Paris , ne et
Par^^s^-^BoUsannitre ^ n« ji.
iHi5. BiuinB ^ , Conseiller à la Goar de cassation , \%n*
à Paris , me de Bani^ , n<> 44-
1808. Le Baron Lezuror dk la Mâetkl (0. ^ ) , i8a3.
à Hantot
1775. Dbsca.bips ( Jean-Baptiste ) , Consenrateur du Mos^ 1824*
de Boaen , membre de l'Académie des Arcades de
Rome ,. me Beaupoisme ^ n® 3j.
i8o3. Pavis ( Benjamin ) 9 Manniact, Trésorier honoraire, 1837.
fe^tbourg St-ffileire, n® jS.
iSi9. RiBAiu) (Prosper) ^, ancien Maire de Bon^y rue i8a8.
de !a Vicomte, n» 34.
ACADÉMICIENS RÉSIDANTS , MM.
Académiciens de droit.
1834. S. A. E. MgT le Cardinal Prince de Crot , grand AamAnict
et Pair de France , Commandeur de Tordre dn St-Esprit ,
Arche?^qne de Roaen, etc., em som Palais archiépiseopûl,
i8a8. Le Comte de Murât ( C. Sfe ) , Conseiller dVlat , Préfe
de la Seine-Inférieure , en VHâiel de la prèfectare.
i8o3. ViGîïé (Jean-Baptiste), D.-M. , correspondant de U So-
ciété de médecine de Paris , rue de ia StiUe , «• 4.
Leteluer , Inspecteur de ^Académie oni^ersitaire , rme de
SoUeçille , no 7 , à St-Se?er,
1804. G0DEFROY, D.-M., rue des Champs-if oHIef s , w> ti.
BiGWON ( N. ) , Docteur ès-lettres , Professeur éme'rite de
rhétorique au Collège royal de Rouen et à la fiuult^ des
lettres , officier de TUniTersité de France, r. Sènétamx , tifi 55.
i8o5. le Baron Chapais de Marivaux # , Conseiller à U Cow
royale , rue St'-Jacçues , n« 10.
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C 217 )
iloS. fsBiàxjx (Pierre) y tmâea Imprimctr èa Roi» meiibre 4i
rAcadémie de Caen et des Sociétés d'agricsltiipe et de
commerce de Rooen et de Caen , $ott/. Beauroisine , n» 7^.
Meaiwe ( Jean- Jacqnet-ficmain ) , Professew de mathéma-
tiqaes spéciales au Collège royal , rue Pû/isom , b» 3i.
iSod DoBDC l'ainéy Apothicaîrc-ChimisCe , membre dn Jtrî mé-
dical do département de la Sclne-Iafériearey correspond
daikt de la Société de médecine dn dëpartemem de TEarCy
de celle de pharmacie de Paris ^ membre correspondant de
la Société rojale de médecine , et de pknieurs aatres Sociétés
savantes, rir^ /V/r/V/r y no 9o*
i^> fkfwcnL ( Picrfe), nte dé ia Pnnn^ fi« 31. . -
Lk PmivosT (Angnste), de la Sociéti< àt% anti^aaires de
Londres ; de la Société royale des antiqoaires de France ;
des Sociétés d^agricnltnre de Rouen, Caeû, Evreiiz et
Bemay; de U Commission dts antignîté» de la Seine*
laférieore , rue de Buffon , n» ai.
liCQOBT ( Théodone) , Bibliothécaire, à VHàtél'-de^Vme.
GoTTOiGUER fils 9 rue de FonteuelU,
iH TAbbé Lbtukquiik db Lq«6Ciump, ^ rHdpital général.
iSiS. Flaubert, Docteur-Médecin, Chirurgien en chef de i'HA-
lei-iKeii, tae de Leeat ^ n» 7.
Lepbsvost , Vétérinaire , rue St-Laurenf, ■<>. 3^
i8t(k LBvimz y Commissaire du Roi pt As k Monaaie de Rouen ,
à V Hôtel des Monnaies,
1817. Lt Baron Adah ^, Président do Tribonal de ]^remière
instance , pkue Si'^Onen , n» a3.
IhmouBBAiJ 4f(i ^ , Conseiller à la Cour royak , plbce Sl-^
Ehi , n» &
IxPBBvoST y Doeteor-MédecÎB I me Mnljutbif n» iia.
1818. Ibrilbol des Gvbbhots ^ ^nse du Mou&nel.
Blahchb I D.-M. y ne Bourfêrue , eip-kreh VHospkû
générmL
TnEL , AToeat, membie de h Chambre des Dëptftés, mn
Dmnndericj n<>i5. •
1819. Bisvifiinr . Horloger, jplacê de la CuMérak.
a8
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(«8 )
'tSao. Hblus fils,D.-M. , Médecin encbcf de rH6tel«*IKe«, fox-
Uffart Cauchoise , n* (îg.
Le Comte rit Rivmjd La Raffinucmi ( C« % ) (€ O. i)^ ) ,
lietatrnant-GéAéffai oommaodaot la i5* division militaire ,
rue du Moulinet.
Le Marquis db -MAnTAinmLE ^ , Genlilkooinie de U
cbamlire dô Roi , Maire de Roncn , rue 4u Moulinet, n» 1 1.
^13. DELÀQuiiOÀAÈ ( £. ) » Nëi^ant , rue du iFurdeau , n» a4.
i8a3. HouEL , Avocat , rue Séuédau» , n» lo.
Caeaus y Professeaf de sciences phyitqves «a Goll/ge royal ,
place de la Bougemare, n» 39.
LbVT, Professear de natbtfnatiqaes et de «ëcaniqoe ; des
Acaèe'mies de Dijon et Bordeaux; des Soetétés acade'miques
de Strasbourg y Metz, Nantes et LUlef Maâtit de pension,
rue S/ùnt-Pairice, n*» 36.
Ls Pasquieb ^, Chef de division à la Préfeclnre, rue
Porte- aux'-Rats,
Dis-Alliùas fib, D.-M. , Mëdecîn adjôitil de rHétel-Dien ,
etc. , rue des Charrettes , n^ nu
VAifDZuvaE ( O ^ ) , Procdrenr fénërai, rue de ia QMne,
«• la.
-«834. L'Abbé Gossisa , Chanoine honortire à la Gatlrédraie » rma du
Ifo/df n» 1.
MAiLLBT^DuEOtJiXAT , AtchitecCe eh chef de la ¥îlle ^ fuai
de la Romaine , n» 7 a.
Fbxvost iîls. Pépiniériste, an Béfs-GniUftnme., t son adresse
à Rouen, rue du Champ-des^iscaux ^ n<> 68 );
BVBRAJII., Direct, du Jardin des plantes , au- Jardin dçsjtlautes,
Lahglois ( E.-H. } , Peintre , Professeur de desnn à l'École
municipale , rue des Carmélites , no 5.
Lb Tblubb ^ , Ingénieur en chef ^% Pontt-«t-Chansséea ,
rue du Guay-Trouin*
Reiset ^ , Receveur général des îïtnànet^yfuaid^HeÊrtomFi.
ScHWiLGDB , In^nieur, iouiepari B^am^uisine ^ o» 7a.
Houtou-Labillabdièbe , Profe««ear de chinie appliquée aaz
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( 219 )
iSaS Bauin , Cbtt de dirtsion à h Préfecture , me dé Crosne , n<^;
DuMESML ( Pierre } , rue de la Chaîne , n» ai.
1837. MoRm y Pharmacien , correspondant de l'Académie royale
de médecine , de la Société de chimie médicale de Paris »
de la Société- linnéenoe et dés sciences physiques et cki*
niqnes de la même ville; de là Société académique de*
Kantfs , et de plosiears antres Sociétés satantes, rue Bou-^
çreaii , n» 27.
Dtyou ( Achille ) , memhre de la Commissibn des anti-
qnités dn département de la Seine-Inférienre , de la So«
ciété des antiquaires de IVormandie , et de la Société d'ému-
lation de Rouen , rue de Fontenettè, nfl' a bif.
i3i8. ViKGTRiNiEB, D.-M. , Chirurgien en chef des Prisons, me
de la Prison^ n» 33.
BiMORT (Prosper), Négociant, me Herbiire^ n» a8..
ACJVDÉMICiENS CORRESPONDANTS , MM:
17G6. Le Colonel Vieomto Toustaih de Richkboubo if^ , à St^
Martin— dtt-Manoîr , près Montitilliars.
17S7. LevayasseuR le jeune , Officier d'artillerie.
i78&. Le Baron Dssgehettes ( G. ^), Médecin, à^Paril , quai
Foliaire y n» 1.
1789. Monhet , ancien Inâpectenr des Mines , ^Pariï , me dk VUnt*
persilé^ n^ 61.
Le Chet^er Tbmier iQc^ , mrmhrc de l'Institut, Inspee^
teur général des Bergeries royales , à- Paris , me des.
Petite^Airputias , no 26.
iSo3. GusBSENT , Docteur-Médecin-, à > Parti y meda Pamdts ^
no 16 , au Maraud
Lbostb , \ SartiJIy , prèa Avranches , départ^ de la Manche.
L1B00LLEK6BR ^, Ingénieur en chef des ponts et chaussées,
à Melon , département de Seine-et*Marne.
Le Comte C|iaptal ^ (G. Sfe), Pair de France , memhre
de rinatitnt, à Paris, mfi de Grenelle^ t. -Oermainf n» 83.
MoujcvAULt (CL.) , membre derinsiitot ,à Issy ,près Paria
a8.
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( aao )
iSo3. L*AbL^ DuARins , mtnhn de l'Acadénîc de Cacn , corres-
pondant de rin&tîtnt, à Cacn.
le Baron Cc^ibb ( G. 0. ^ )^ Conseiller d'Eut , membre
de rinstitat , k Paris , au Jardin du Moi,
Le Marquis D*HERBcyuTiLLB3)(c ( G. 0. ^ ) , Pair de Fnoce » à
St-Jean-dn-Cardonnay , département de la Seine-Inférieore.
1804. BonnriLUERS , membre de l'Institut , à Paris , rieilie rue
du Temple^ n» 19.
Dbglahd , D. m. , Professeur d'histoire natofclle , à Rennes.
1804. Le Baron Devadièiuss ^ , à Paris , /v^ ^«r Fûssis-Uont-
martre»
i8o5. Boucher , correspondant de Tlnstitat, Directeur dea Douanes ,
à AbbeTille.
1806. Le Baron de Gsrakdo ( C. i}(( ) , Conseiller d'Etat ^ membre
de r Institut , à Paris » impasse Férou , a» 7.
Delabouisse y Homme de lettres , à Paris.
BoiBLDiEU , Avocat , à Paris , rue de Vaugàrmrd^ •» 19 ,
au Luxembourg,
1808. Lbbovyieh des Mohticbs , ancien Magistrat , à Rennes.
Sbrain , ancien Officier de santé , à Canon , près Crois-
sanville.
Lair ( Pierre-Aimé) y Conseiller de Préfecture, Sccrétaîee
de la Société d'Agriculture et de Commerce, à Gaen.
DELANcriii^, Chef de division an Ministère de riatériciir,
à Paris , rue Neuçe Saint -Augustin , n» 54.
1S09. Fl^X^CŒUE ^ , Professeur à la faculté des sciences , b
Paris , rue CAercAe-Afidi , n» a5.
Hernakdez y Professeur à TEcole de médecine de h Ma-
rine , etc. , à Toulon.
Lamoureux (Justin), à Bruxelles.
Gasteuer jgc , Médecin , à Paris , me du Foar^Saint^
Germain , n» 17.
1810. I^OSNAT DR ViLLERS, Directeur du Dépôt de mendicité, à
Amiens.
Le CbevaUer Vauqidslik igc ^, membre de Tlnatitut , an
Jardin dm Roi.
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( MI )
itio. DowiSsON , Méil«cb , à Pam > nu 4ë Fmiipufi Si^AatMe^
••333.
DoBOU-llAi$oimsinrBy HomMe de leitret ^ à Paris» me de
Vaugiraré ^ d» 36.
Dms , D.-M. » à ArgenUii , d^firicnent «le TOrne.
Le Marqais de Bohardi-Dumeskil ^ aRcieo Officier de ca-
rabiniers, aa Meanil-Lieubraj y canton d'Argaeil, arron-
disAement de Kenfeliâtcl.
DiLAHus , Pharmadeii , secrétaire de la S«citfU médicale ,
à Errenz.
Le Comte de SuMàisovs ( Donatien ) ^ ( C. jfs ) , Gen-
tilhomme de la chambre du Roi, membre de la Chambre
des Dépotas, è Paris, rue de y^mgimrd ^ n» ai bis.
LisCÀLUKR , ancien Préfet maritime , an Ilavre.
Saisst , Doctenr-Mëdecin , à Lyon.
Balmx , secrétaire de la Socie'tc de méiiecine , à Lyon.
Lbboox des Taois-Pieebes y Propriétaire , aux Trois-Pierrei ,
près St-Romain-de-Colbosc.
iSii. L*Abbé Lbpuoi. , ex-Recteur de TAcadémle de Rouen , à
Rennes.
De Lapoete-Lalaivne ^ , Conseiller rVRtat , à Tintendance
du Trésor de la Couronne , place du CarrouseL
LisAfivAAB , D.~M. , à Caen.
Latime , D.-SL , à Paris , ne Neuve-des-Petiis-Champs ^
vfi 54.
iSu. HBtLOT eKS, à Paris, r»eé*Aitorgy n» 17.
BwiLLAY ^ , Pharmacien , à Paris , rue des Fùssis-Moui^
martre , if \^
L*Abbé VK RiviiBE , inspecteur de TUni? erslté , à Strasbourg.
BaïQuET, Professeur de BcUes-Lcttres , à KiorL
tSil LAMARDii ^ , Inspecteur dirîsioonaire des Pools et Chaus*
secs, à Paris , rue du Megard , n« 1.
Gois fils. Sculpteur, à Paris, fmai Conti ^ n^ a3.
ITiAUGBiiavES y Aatronome , correspondant de rinatitot , à
Vivien,
>'i(. TAui DES Sablons ^ , à Paria , ruê du Graud-Çèaniier, n» \%.
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( 332 )
i8if PAch8DX| Peintre, à Paris, rue St-^Florattin , tfi 14.
Hassov db Saikt-Amahd ^ , ancien Préfet do déparlement
de l'Eure, à Paris, rue de Bette-Chasse^ n» i5.
i8i5 Le Maréchal Comte Jouroan ^ ( G. C. ^ ) , Pair de
France , GooTcmenr de 1* ;^ DÎTision militaire , rue de
BourioH, vfi 52.
Pbrcelat, ancien Recteur de rUniversité de Rouen , à Paris.
Geoffbot , Avocat , à Valognes.
Fabbe , correspondant de Tlnstitut , Ingénieur en chef des
Ponts et Chaussées , à Brignoles.
1816. Rêver, correspondant de Tlnstitut, à Conteville , près le
Pont-Andemer.
Bom, Médecin en chef des Hospices, à Bourge?.
LcnsELBUR DES LoHGCHAMPS ^ , D.-M. , à Pa is , rue de-
Joujr % n» 10.
DuTROCHET , D.*M. , correspondant de Tlnstitut , à Cha*
reaux , près Château-Renault ( Indre-et-Loire ).
1817. Patih, Bibliothécaire do château royal deSt-Clond , maître
des conférences a Tancienne Acole normale , à Paris , rue
Cassette^ n© i5.
Desoumeaox , Docteur-Médecin à la Faculté de Méde-
cine, à Paris , rue de VAbhaye , vp 16.
MÀRAT , Médecin, à V^n^^ruedesPetiU'Augustins^vfi i5.
HuRTREL d*Arboval , Vétérinaire , à Montreuil-sur-Mcr.
MoREAU DE Joimès ^ ^ , Chef de bataillon , correspondant
de rinstitut, à Paris , rue de VVnioersité, n» 18.
t8i8. De Gourkat , Avocat et DocUur-ès-iettres , à Cac&
Pattu , Ingénieur en chef des Ponts et Chaussées , à Caen.
W Botta , Homme de lettres , à Paris , plmce ShSuipice , n» 8.
f,. Le Comte de Kergarioo (O. i^S), Pair de France, à
'\ Paris, rue du Petit-V augimrd , n» 5.
!' Le Chevalier Aliuah de Chazet (0. 4^ ) , Homme de
. I lettres , à Paris , rue Godot, n» 37.
l lit Comte DE MoHTADT ^ , à îtointot, par etàBolhcc
] Le Marquis Eudes de Mirville iff^ Maire, à Gommer--
▼ille , par et à St-Romain.
■j
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(m3)
1S19. BtxJCBABLAT , membre de laSocle'lé philotechniqne » k Parb,
fKûi des Augustins y n» 11.
Le Baron Malouet ( C. ^ ) , ancleo Préfet de la Seine-
Inféneure , à Paris, rue Godot^ n« 5.
Depauus , Gravenr , à Paris , rue dûs Grands- A ugtutMs ,1101.
1S30. Gmum, Natonliste, à Abbeville.
Le Baron Cachin >9< (^* ^ ) 9 lD«pecUar général des Ponte
et Chaussées , à Paris y hétel de la Monnaie,
iSii. VàNE])fe ^, Capitaine de génie, an Sénégal.
finTHDCR, membre de rinstitnt, à Paris, rue d* Enfer,
0*34.
L'Abbé Jamet, Rectenr-Institôteur des sourds-maeti , \ Caen.
li». Chaobrt , Inspecteur des Ponts et Chavssëes en retraite , à
Paris.
TAbbé Labouderik, Grand-Vicaire d'Avignon, à Paris,
doUre Notne-Dame , no 10.
Le MoKisnR ( Hippolyte) , Avocat , à Paris , ruê de Vaw
iirard y n» 9.
Xo&éoir (de) ^ , Ingénieur des domaines de la Couronne,
à Paris, rue Tmilhomty n» 6.
ÎBtÉBAxri DK Bbbhsaud , Secrétaire de la Société linnéenne ,
à Paris, ne des Sainis^Pkrts, n» 46.
Bedgrot (Arthur), Atocat, à Paiîa, rue du fauhonrg St.-
Honoré f o* ii9i
l^mourr , D.-M*, à Pari», me Ste^Marguerile , n» S^.
^ Chaqmitts DBS Fossés , ancien Consul de France en Suéde ,
à Paris, me Daaphine, n« iX
H SoxiGQPPBB "^ , Directeur des Douanes , à St.--Malo.
CffABdUN, lospecteur des foréte de S. A. R. Mg« le Duc
d'Oriéans, à brille d'Eu.
FoBTAnER 9 Homme de lettiês , à St-Flour , département
du Cantal
Maur ^ , Ingénieur en ckef des Ponti-et-Ghausiées , à
Paris, me dm Regard, n« 14.
Jqoidaii ^ y D.-M. y à Farii^ /8» de Bourgogne, u« 4«
MovAKam» D.-^ , à L701L
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( 32^ 0
t834* BoDiiGBOU (Ch^)» Peintre en portraiu, k Paris, piace
Dauphine^ Tfl %^
Janyier (Aiitide), Horloger ordinaire da Koi,à Paris, ^uai
Contjr^ n® a3.
DsLAQUBSHEUK , Proprietaîrc-agricoltenr , i St-Ândré-sur-
Cailly.
i8s5. DsscHAMPS , Biblîotliëcaire-'Archîtisle des Conseils de gncrre ,
à Paris , rue Cherche^Midi^ jfi 89.
Sausues, Médecin 9 & Dijon.
Le Baron Boullengsr i)^ , Procarcvr généra) à U Cour
royale de Gaen.
Pnm. # , Jnge-dc-paîi , an HaVre.
D'AHOLBtenrr ( Edonard) , à Paris, rme de Su^oie , n» 24.
Desmarest, Professeur à FEcole royale d'Alfort, à Paris,
nrr St-^àcques , n» 161
BfiHOisT , Lieutenant au corps royal d*£tat-Maîor , à Paris.
Juuâ-FoNVSNELLS, D.-M. , Cbiniîste , à Paris , rue des
Grandr-jiagusii'ns, n» a6.
GcViALB ^ » D.-M. , à Paris , rke Godùt^e^Meitny , n» 3o
Feret , Antiquaire , à Dieppe.
Patbn ^, Mannfactnrter', à Paris, rue dei- Jeûneurs^ n« 4.
Le Comte Blakoiabd nk la Mussb, ancien Conseiller an
Parlement de BnUgne, & Montforc , dép^ dllte^t-Tillalne.
i8a6. MoREAU ( César ) , Vice-Consul de France , à Londres.
MomtEBiOKT (Albert), Homme de letfk'esi à Paris, rue du
Fomr-Si^itetmaia ^ no 1^.
Ladeyeze , D.-M. , à Bordeaux.
%hyfSi , D^M. , À MoMmorilh».
LEROBkAVD, R^acfliBnr dea Annalrs de rindustrie nationale,
& Paris , rue Percée^ t-^Audri^-des^AHs , n» n .
BûtBLDiBU ^ , toembrt de riiutltiil , k Paris , hulet^urt
!1 Montmartre ^ n» 10.
I BiMAASB ^ ^ Pfocnmr féntel ptJs U Cour royale de
/ MontpeUier.
I iSa}. "GiMUOiy FkamicicB» à Fécamp.
'i HoQo (Victor), Homn» de ktti«f , 4 Pwia*
•<
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( aaS )
1837. Di Blossbvuu (Erneftt), à AnfreTille, 4^p* de rEore.
Bi BuMtevnxB (Joies) , à Parit , rue d4 Richelieu^ d«.
DniASfKRiy BoUnUte, à Lille, nr^ 4/^/ Fossés,
Malo (Charles) , Homme de bitres , à Belletille , près Paris.
àA. Le BaroB C A. 01 Vasssat ( C e^^ ) , Conseiller dVut ^
aocien Préfet de la Seine-Inférieure | i Nantes.
CoDBT » Peintre » à Paris , /ir^ i/fj Beaux^Arts , n» i.
Doras , PercepCenr des Conlribmtions , à Roamare.
SnKCEA SmTH , memlire de I4 Société des Antiquaires de
Nonnandte , à Caea.
Le BaroA BB MoATEiuaT-BoissE ^ ^ * Inspectav dei
Bergiriea royales, à Paris , r^tf Dui^hot^ «o i^.
MoBRi , Ingénieur das Ponts ei Cbavssées.
CORRESPONDANTS ÉTRANGERS, MM.
17SI Le Cbetalier os T^noRm, membre de la Sooiété au AbIî-
qoaires , à Londres.
Miss Anna MooR, à Londres.
i;85. AsQuoif , Pasteur de l'Eglise firançaîsa , à Berlin.
iSo3. Le Comte De Volta , Professe» de physique , associé de
riastNiit, à Pavie.
Dsiiou. , Directeur de la Chambra des finances , et corres-
pondant da Conseil des mines de Pans , à Salibowg.
Le Comte Dkbeat» Ministre et Ambassade» da S. M. le
Roi de Barière » à Yientie.
GsmoT y Professeur d'anatomie à l'Unêfarsité de Glascov.
EmiLSTorr , Doctear en pbîlosophia » Profeaaenr adf dnt
d'Histoire à FUnifersIté de Copenhagw.
CAtAiiaLE y Botmistc y à Ma^d.
John SniCLAiRy PrësidenI da Bmrtan ^agricoRne , à
Edimbourg.
Fabiori, MatbémaMen, Dineotenr èa Cabinet d^hîstmnt
naturelle, conespondant de riastîtaty à Florence.
iSix ^06IL y Professeur de chimie à l'Académie de MunkL
i8i6l CspaBLL, Prof, de poésie à l'Institution royale de Londres»
iti7- KncKHOFPt 9 Médecin militaire, à Rnrcaaonde.
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( !«»6 )
iSiS. bAWsoM iTuKmîB , Botaniste , à Londr^l.
le R. Th. FROGKAtt DiBDiN , Antiquaire , à Lonérés.
i8a5. Le Comte Vikcekzo Db Abbatb, Antiquaire , à Alba.
1*327. Deluc, Professeur de Géologie» à Génère.
i8a8. Bbukki. , Ingénieur , inventeor et constrnctenr ds Pa^aagt
sons la Tamise f correspondant de Tlnstitnt , à Londres.
SOCIÉTÉS CORRESPONDANTES.
X*Institnt f à Paris , am Palais des Qaaire^Natioms,
TAthënée des ArU » à Pari^ rue des Bms-Emfanis
La Société rojale d'Agriculture, à Paris, k VUdiet-^t-Vaie.
La Société médicale d'Emdation , \ Paris.
La Société des Sciences physiques, à Paris.
La Société des Pharmaciens , à Paris.
L'Académie ^ Sciences , etc., à Amiens,
La Société des Sciences, Lettres et Arts, à AnrerSk
L'Académie des Sciences , h Besançon.
La Société tles Sciences , etc. , à Bordeaux.
La Société des Sciences , etc. , à Bonlogne-sut^Mer.
L'Académie des Sciences, Arts et Belles-Lettres, à Gaea.
La Société d'Agriculture et de Commerce ^ à Cacn.
La Société académique , à Cherbourg.
La Société médicale , à Etreux.
La Société des Sciences , etc. , à GrevoUe.
L'Académie des Sciences , etc. , à Dijon.
La Société des Sciences , Lettres et ArU , à Nancy.
La Société des Sciences et ArU , à Niort
La Société des Sciences physiques et médicales , à Orléans..
L'Académie des Sciencas , etc. , à HarsetUe.
L'Acadûnie des Sciences , etc. , à Rennes.
La Société àit% Sciences et ArU , à Strasbourg.
L'Académie des Jeux floraux , à Toulouse.
La Société d'Agriculture, des Sciences et dM ArU, k Tmv».
La Société d'Agriculture, à Versailles.
!«' Académie des Sdences, etc., à Ijon*
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( aa7 )
il MM des Lettres» Sdeoces et Arts, k Douiî. "
La SoàiU de Médecine , à Lyon.
laSédëtë des Sciences et des Arts, à Mantes.
rAcadéflûe du Gard, à Nismcs.
b Société lilire d'EnnUtion éi d'Encouragement pour les Sciences
et les Arts , & Ué^
h Société d'Agricoltnie , SdencM et ArU de la Baute-Vienne , à
limofes.
^9-
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TABLE
DES MATIÈRES.
DiSCOUMS prononcé à VouQerture de la Séance publique »
par M. Licquety président ^ page i
SCIENCES ET ARTS.
BàPPORT faîi par Af. Catalis, secrétaire perpétuel , i3
Ma.tb£icâtiques et Physique.
Notice sur la dUaiaiion de la piètre , par M, Vestigny , i4
Mémoire sur les ir^bsences lunaires^ par M. FabbéGossier, ih.
N<aice sur un méridien à style moiUe, de nouvelle imention ,
par le mime t i5
Mémoire sur le phénomène de la fdsûm , par M. Vingêri*-
nier; rapport de M, Létff , ibid.
Rapport de M. Cazalîs , sur un mémoire de M. Pugh , ibid.
Rapport de M. Meaume , sur un recueil de machines de M.
Antide Janoîer , ibid.
Correspondance météorologique ( a* nutti^ro) > par M,
Marin ^ ibid*
Manuel des poids , des monnaies et dà eàlèid décimal , par
M. Tarie des Sablons , ibid.
Chimie.
tfoUs sur la çueitioB de sam^r si l'on doit appeler^ saçpu au
soQoaule la combinaison de Vammoniaque et de VlmUe
d'olifie , par MM, Morin et le doctaar Prévost , i6
Rapport par M. DiUmc^ 4tu nom d'une commission , sur des
éprtm»esfaàUs sur une piice de foulards fabriquée dans les
ateliers de M. Broker Pimont, ibid.
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(a3o)
Moyens d^éprower les vinaigres ei les eaux-de^ie du com-
merce , par M, Dubuc , i6
Mémoire sur la couleur rouge que prennent les tests d*écre^
çisses par la cuisson , par M, Germain ; rapport par M.
Dubuc y ij
MÉDECINE.
Ohserçaiions sur le rhumatisme r par M, Des AlUurs » iS
Thèse et observations sur un cas de déviation des menstrues ,
par M, BonJUsJUs aine; rapport par M. Des AUeurs , ibid.
Rapport par M. Des AUeurs , sur une thèse latine de M. Qtt-
iereau , et sur trois brochures de M. Virey, ibid^
Obseroations sur V efficacité de Vémétique à hautes doses dans
les ir^Lmtmations pulmonaires , par M. Vingtrinier; rap^
port par M. Des AUeurs , ibid.
Mémoire sur les combustions humaines spontanées » par M.
Juliar-Fontenelle ; rapport par M, Des AUeurs , ig
Rapport de M. Hellis , sur un mémoire de M, Ladvèze , ao
Nouveau traitement appliqué aux scrophuks , par M. Ouh
ponnier ; rapport par M, Hellis , ibid*
Rapport de M. Godefroy sur un mémoire de M. Franck
Chaussier , ibid..
Rapport de M. Blanche sur une observation adressée à l'Aca-
demie , par M, Bonfils , ibid.,
De la ré/orme des lois pénales : discours de réception de M,
Vingtrinier ; et réponse de M. le président , 2»
Concrétion arthritique mise sous les yeux de V Académie , par
M. Dubuc , 22
Histoire natubelle.
Note sur deux œufs hardés réunis par un Ugameni, par M,
Dubuc, 22
Notice sur le puceron lanigère , ibid.
Supplément à la botanographie de la Belgique et aaxflaresès
nord de la France , par M. Dèmmières; rapport par M.
Le Turquier , a 3
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(a3i )
Hémmé méAodique des ciasstficaiiofis des Aatassio-phytes ;
parM, Benj. Gaiilon; rapport par M.Aug, Le Prei^osi , a3
Poulei monstre mis sous les yeuv de l* Académie , par M.
Vlngjtrlmer , 24
iléauflre sur les lichens calicidides » par M, Aug. Le PreQost ,
ibid.
Agaiculture et Arts industriels.
Perfectionnement dans Varchitecture , 011 la nécessité , uiiUié
et économie d'wt bon système de ventilaiion dans les édi-
fices » par Af. Burridge ; rapport par M. Vahhé Gossier, a^
La clé du tanneuf , par M, Burridge; rapport par M. l'aèbé
Gossier, ibid.
Réflexions sur les malades des bois de charpente , par M.
Vabbé Gossier , ibid,
Eiudsur les moyens de conserçer les bois , par le même , a 5
Nodce sur la proportion existant à Rouen entre le prix du
hlé et celui Ai pain , par M, BalUn ^ aS
Dictionnaire de médecine et de chirurgie vétérinaire , par Af .
Hurtrel i'Arbooal , ibid.
TroMOix des Sociétés correspondantes , a6
fnoGBAMMS des pris proposés pour 182g , 27
VÈMOIàES DONT L'ACADÈMIE A DÈLiBiâÈ L* IMPRESSION
EN ENTIER DANS SES ACTES.
Xorics sur deux ceufs Jumeaux hordes » et de couleur é&ffé-- •
rente , pondus parunepoule de deux ans , par M. Duhuc, 29
Bjpport sur une observation manuscrite relative à une dévia-
tion des menstrues , envoyée à V Académie par M. Bonfils
fils câné ,D.M.à Nancy; par M. Des Alleurs , 33
Rapport sur la taxe du pain et l'état de la boulangerie à
Rouen , par M. A.-G. BaUin , Sg
OssBRrATiONSsurlerlaunatisme , parM. Des Alleursfils , 43
Essai sur les moyens de conserver les bois , par Af. l'abbé
Gossier , Sj
Essai sur les influences lunaires , par M, l'abbé Gossier, 7S
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( 23a )
BELLES-LETTRES ET ARTS,
Rapport fait par M, Bignon , secrétaire perpétuel , ia6
Our RAGES ANNONCÉS OU ANALYSES DANS CE RAPPORT.
Travaux des Sociétés cùrrespandaates , 139
Rapport de M. Le Pasqwer sur les mémoires de l^Acadéade
de Dijon, ibid.
Rapport sur le journal de la société du Bas-Rhin , par M.
Le Filleul des Guerrots , ' i3o
Mémoires des sociétés d'amélioration de renseignement âé"
mentaire et de la morale chrétienne , ibid.
Opuscule anglais intitulé : The Voyager , par M. Edouard
Smith , ibîd.
Cours d'éloquence de M, Ch, Durand , ibid.
Mémoires sur les vices et les abus de Vinstruction crimineUe
en France , par M. Tougard , ibid.
Mémoire sur V abolition de la peine de mort infligée aux faux
monnayeurs , par le mér^ , ibid.
Guide des Jurés , par le même , i3f
Soirées littéraires de M. Charles Durand , publiées par M,
Tougard, ibid.
Rapport de M. Houflsur l'ouvrage précédent, ibid.
Eloge de Bossuet , par M. Floquet , ibid.
Les jeunes Fleurs ^ apologue , par M. F. Lequesne , i3j
Vers à l'honneur de S, A. R. M** la Dauphine , à roccaskm
de son passage par les Andefys , ibid.
Memirbs correspondants.
Opuscule sur un monument arabe du moyen âge , découvert en
Normandie , par M, Spencer Smith , 1 32
Mémoire sur la culture da la musique à Caen , par le même ,
ibid.
Leçons de littérature f par M, Briquet , ibid.
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(a33)
Discours en i^ers à M, Maihon de la Caur,piB' M. Bouekarlai^
Imprécations du pialiard, traduetbmpar U mime » ibid.
Poème sur le néant de thomme , par M. Charles Malo , ibid.
AUoaUion sur la fermeté du montrai , par M, Bergasse,
ibid.
Analyse de la statistique du département de TAin , par Af. le
baron de Mortemart ^Baisse , ibid.
Traàiction d'une lettre de Si Vincent de Poule, écrite en
latin au cardinal de la Rochejoucault , par M, Vahbé La
Bouderie. ibid.
fyUre à un and, par M, le comte Blanchard de La Musse, ib.
SUmces ayant pour refrain : Le triste présent de la vie ; par
le mime, ibid.
Documents publiés par la société royale asiatique de la
Grande-Bretagne et de l'Irlande , em^oyés par M. César
Moreau , 1 33
Stances intitulées : Réflexions philosophiques au lit du
malade ; par M, BainçUliers , ibid,
Éioge de Bossuet , par M, Patin ; et rapport par Af. Dumes^
nil, ibid.
Ehge de Bossuet , par M, Maillet-Lacoste , ibid.
Parallèle de Gcéron et de Tacite , par le mime; rapport de
M. DeinUe , ibid.
Mémoire sur le passage du petà St-Bemard , par M. Deluc,
ibid.
Lettres de Af. Brunel , ingénieur du passage sous la Tamise,
i34
Cromwel , drame , par M. Victor Hugo ; rapport par Af. Gitf-
tinguer , ibid.
Mémoire sur le vieil Enfreux , par Af. Reoer; rapport pop
Af. Aug. Le Preçost, i35
Bappori de M. Aug. Le Preçost , sur un mémoire de Af. Fe-
ret aîné, secrétaire de la Société archéologique de Varron^
dissement de Dieppe, «36
3o
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Des ctrémonies spnboHques usitées dans Vancierine jurispnt^
dence des Français , par M, Arthur Beugnot , 1 36
Rapport de M, De9ttte , au nom d*une commission » ibid.
Membres nàsiDANTs^
Discours de rentrée , prononcé par M, Théod. Ucquet ,
président, i3j
Discours prononcé , l'année dernière, à la distnhution des prix
de l'école gratuite d'enseignement mutuel , par M. Guttin^
guer , ibid.
Premier acte d'une comédie intitulée : Vingt-quatre heures
dW homme sensible , par le même , ibid.
Notice des vues de Rouen gradées par Bacheley , par M. De-
laquérière tdné , ibid.
Dissertation sur les portraits de Henri VIII et de François /*' ,
existants à l'hâtel du Bourgtheroulde à Rouen , par le
même , ibid.
Considération sur l'état actuel de la France, sous le point de
vue moral, par M. Lévy , i38
Mémoire sur les Monts-de-Piété ( i" partie ) , par M, A, Le
Pasquier , 1 3g
Dissertation sur un fait de Vlustoire de France attribué à
Philippe Auguste , par M. A, DcqUIc , ibid.
Essai historique et descriptif sur Vahhaye de St-^Georges , par
M. A, DeçiUe ; rapport par M, Aug. Le Preoost^ i4x
Aperçu de Vindustrie en France : discours de réception de M.
Pr. Pimont ; et réponse de M. le président , 1 4^
BecHficaiion de quelques erreurs dans Vhistoire de la Nof^
mandie^parM. Ucquet, i4.3
Dessins des bas-reliefs destinés à décorer le péristile de Vhâ^
tel communal de Rouen , x^S
Rapport de M. Ballin sur une demande /aitc à V Académie
par M, Adrien Balhi , ibid.
Notice sur f Asile des aliénés de Rouen , par M, Ballin , i46
3o
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(a35)
îlotke UUiùgraphùpte sur un opuscule en vers , ùUiiuîé : Prosa
Cleri parîsiensis , ad ducem de Mena, post cœdem
Henrici III , par M. Dupuiel, ibid.
d'aterlailon historique sur Alain Blanchard, par AT Théod*
Utffùet , ibid.
descriptioa d*ua tableau de AT. Courte par M. Des Àlleurs
fis, ibid,
UKawrd et la Pintade ,fahle , par M, Le Fiileul des Guer^
rots « ibid.
Stances ûnproçisees dans une promenade au Gmeiière monu^
mental , par M. Duputel , ibid,
Traêttction Ubrs de tode d'Horace : GEquam mémento ,
par 3f. Deçille , ibid.
Scène d'une tragédie inédile ( Henri lY et Biron ) , par M.
Dupias , i46
Piix proposé pour iSag , i47
ViMOJRES DONr l'ACADÈMIS A ORDONlfi L*IMPRESSIOH
EN ENTIER DANS SES ACTES.
hoPOsmON faite à l' Académie , par M. Des AUeursfds , à
h suite d'une description d'un tableau de M. Court , i4g
IfOTics sur Alain Blanchard ( Réfutation des historiens
modernes ) , par M. Théod. Ucquet , 167
Notice sur l'Asile des aliénés de Rouen , par M, Ballin ,179
Notice bibUographique sur un ouvrage très-rare intitulé :
Prosa Cleri parisiensis , ad ducem de Mena , post
cœdem Henrici III , par A/. Dupuiel . igx
Poésie.
Fragment du second acte de la tragédie inédite de Biron ,
par Af. Dupias , de Rouen , 20%
Traduction l^re de Tode 3* du %^ livre d'Horace , par M.
A. DeQ'dk , «07
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(336)
Stances impromées dans une promenade lu Cimetière mo^
numented , par M, Duputel , 309
Le Renard et la Pintade , Jabic , par M. Le Filleul des
' Guerrots , an
' • Tableau de r Académie royale des sciences^ beUeS'4ettr€S et
I arts de Rouen , pour l'année i8a8 — 183g , aiS
Fin de Lk Tabli.
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PRÉCIS ANALYTIQUE
DES TRAVAUX
DE
L'ACADÉMIE ROYALE
I>£S SCIENCES, BELLES-LETTRES ET ARTS
DE ROUEN,
'skoaiit i.'Ann£B 1829.
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PRÉCIS ANALYTIQUE
DES TRAVAXJX
DE
L'ACADÉMIE ROYALE -
DES SCIENCES, BELLES-LETTRES ET ARTS
DE ROUEN >
PENDANT L^ANNÉB l8a]),
ROUEN,
IMPRIMERIE DE NICÉTAS PEaiAIJX LE JEUNE,
Mjx DB LA ytcamà , tv 55.
1829.
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LETTRES PATENTES.
Charles, parla grâce de Dieu , Roi de France
et de Navarre , à tous présents et à venir , salut.
L'Académie des Sciences, des Belles-Lettres
et des Arts, instituée en notre bonne ville de
Rouen , département de la Seine-Liférieure ,
par les lettres patentes de notre auguste aïeul
et prédécesseur le Roi Louis XV , données
à Lille, au mois de juin de l'an 1744* contre-
signées Phelypeaux , dûment visées et re-
gistrées où besoin a été , . nous a fait exposer
que , par ces. mêmes lettres patentes^ il lui
a été permis d'avoir un sceau à telle marque,
ligure et inscription ' qu'il lui plairait , pour
sceller les actes qui émaneraient d'elle ; qu'elle
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tt^ en coAsè<{ueiice , adopté un sceau dont elle
a déjà fait usage , mais dans la possession du-^
quel elle désire être maintapue et confirmée
en exécution de la loi du a6 septembre i8i4;
& cet effet , TAcadémie de Rouen s'est retirée
par-devant notre Garde des Sceaux^ PaÎK de
France 5 Ministre et Secrétaire d'état au dé«
partement de la Justice ^ lequel nous a pré*
sente les concluâiyar du Conseiller d'état^
Commissaire pour nous au sceau , et Favis
de notre Commission du sceau j tendant à la
délivrance des présentes lettres patentes.
A CES CAUSES ^ nous avons confirmé et maiii*
tenu TAcadémie des Sciences , d^ Belles-^
Lettres et des Arts, établie en ladite ville de
«Bouen, dans la possession » T usage et Temploi
du sceau par elle adopté , pour sceller les actes
émanés d'elle y lequel sceau ou laquelle enn-
«preinte représente le portique d'un Temple
k quiitre cc4onnes faisant trois ouvertures ,
avec la devise : TnaUmina pandit, et a pour
exei^gue : SeienHœ , Idtterœ et Artes , Acade^
nua regiaRothomagensis , I744- *
Voulons que les actes de ladite Académie
^puissent être revêtus de cette empteime ea
toute €ÎrcaBstaoce«
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VIJ
Mandons à nos armés et féaux Conseillers
en notre Cour royale , séante à Rouen , de
publier et registrer les présentes; car tel est
notre bon plaisir. Et afin que ce soit chose
ferme et stable à toujours , notre Garde des
Sceaux , Pair de France , y a fait apposer
notre grand Sceau , en présence de notre
Conmiission du Sceau.
Donné au château 4^ St-Cloud , le dixième
jour de juin de Tan de grâce mil huit cent
yingt-huit , et de notre règne le quatrième.
Signé CHARLES.
Vu au Sceau : Par le Roi :
Ijê Fair dt France et Garde des Le Pair de France ei Garde des
Sceaux , Ministre et Secré- Sceaux , Ministre et Secré-
taire détat au département taire détat au département
de la Justice , de la Justice,
Signé Ct« PoRTALis. Signé C** Portalis.
Enregistré à la Commission du Sceau ,
Le Secrétaire général du Sceau,
CUYILLIBR.
Les présentes ont été lues et publiées en
Taudience publique de la Cour royale , séante
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VUJ
à Rouen , le lundi 3o juin 1828 ^ et, de suite ^
transcrites sur les registres de ladite Cour ^
au désir de son Arrêt.
Lt Xrrgffier en chef de la Cour royaU de Rouen,
A. Floquet.
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T»
PRÉCIS ANALYTIQUE
DES TRAVAUX
DE
L'ACADÉMIE ROYALE
DES SCIENCES, BELLES-LETTRES ET ARTS
DE ROUEN,
FBHDAHT L^ANNÉB iSag.
»*Altàf U OQHFTB Ç^OI Bl A ili MmSU PAR HH. tU SëCêAiAIÊMM^
A Là siAMCS HIBUQim DU 7 AOUT DB LA MÉMB ABHil.
DISCOURS D'OUVERTURE
DE LA SiAlICE PUBLIQUE DE L'AlflTÉE iSsQ,
Pam m. le Docnra LE PREVOST , PBteDwr.
M
ESSIEURSi
Urb des connaissances les plus utiles à Thomme es|
celle de la minéralogie ; cependant cette branche de
lliistoire naturelle a été jusqu'à présent cultivée avec bien
soins d'ardeur que le règne v^tal et le règne animal. 11
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(O
est vrai que les êtres organisés intéressent plus rhomme
et ont des rapports plus directs avec lui que les
êtres inorganiques ; mais, sans eux, que seraient les
animaux et les végétaux? Ils tirent tous leur exis-
tence physique des nombreux matériaux dont la terre
est composée ; cette terre est notre mère commune ;
nous sommes tous sortis de son sein , et nous 7
rentrerons tous. Que de motifs puissants pour étudier
avecsoin les différents êtres qui la composent et qui,
par un concours admirable , peuvent fournir ii tous
les besoins de notre passagère existence ; car la vraie
richesse d^un peuple consiste dans les produits de
son territoire.
Quoique Tétude du règne minéral ne présente pas
les mêmes attraits que celle du règne animal et du
règne v^tal; néanmoins , en jetant un coup d^c^
sur la composition de notre globe et sur les phéno-
mènes curieux qui se passent à sa surface et dans
son intérieur , on peut se convaincre que ce règne
mérite autant que les deux autres de fixer nos regards
I et notre attention.
I La terre, diaprés les plus célèbres géologues, est for-
mée , dans sa croûte superficielle , de trois couches de
I terrains superposées. Dans les excavations qui ont été
faites pour les mines , on n^a pu parvenir qu^à une pro-
fondeur d^eùviron une demi-lieue ; il paraît impossible
de pénétrer plus avant : en admettant que notre globe ait
deux mille huit cents lieues de diamètre, il est au-dessus
de la puissance humaine de pouvoir jamais creuser jus-
qu'au centre de la terre , puisqu'à peine parvenu à
une demi ^ lieue de profondeur, on trouve déjà de si
g[rands obstacles. Côntentons-nous d'examiner les cou-
ehes qui ont pu être explorées : la coadie la plus
I profonde est celle des tetrains primitifs ; on la trouve
composée de masses étiormes de granits , de pGorpbj-
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(3)
Tes, de marbres plus ou moins denses; ce» masses
s^ëlèvent quelquefois au-dessus de la sur£atce de l|i
terre , et y forment de grandes chaînes de montagnes,
telles que les Alpes ^t les Pyrénées ; ce^^ première
couche ne contient aucuns débris des corps des ani-
maux ni des végétaux , et elle n'e^t pas propre à la
v^éUtion.
La seconde couche est posée sur cette ha^ , ou
quelquefois pénètre dans ses interstices ; elle paraît
fermée par le dépôt des eaux ; on y, trouve des pierres
moins dures , des ardoises , pl^sieur^ carbonates cal*
caires , des restes d^animaux et de v^é^iux décom-
posés , des filons métalliques , du charbon de terre ,
des masses d'eau^ plus ou moins considérables: cVsi
dans ces terrains qu'il se forme quelquefois des ex-
cavations où se conduisent des vapeurs sulfureuses,
bitumineuses , et d'autres gaz de différente nature ,
et qui , venant à s'enflammer , font une explosion , et
paraissent être la cause des tremblements de terre et
des éruptions volcaniques.
Les terrains de la troisième couche sont les plus
extérieurs ; ils sont composés d'argile ^ de craie , de
marne , de silex , de plâtre , de sable et de terre
vitale ; on y trouve aussi des restes de productions
végétales et animales , fluviatiles ou marines ; des
miues de soufre , de différents sels , de métaux purs
Ou combinés avec d'autres substances ; des courants
d'eau , qui , parvenus à la surface de la terre ^ y for-
ment différentes sources suivant la nature des terrains
^ travers lesquels elles ont filtré ; de là les eaux douces
et les eaux minérales gazeuses , sulfureuses , salines
et métalliques , qui toutes vont se perdre dans la
mer , cette masse immense d'eau qui , dans des exca-
vations profondes , occupe à-peu-près les deux tiers de
la surface de notre globe.
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(4)
Tel est Taperçu succinct des diffifrentes substances
qui composent la croûte superficielle de la terre ; ces
objets sont bien dignes de fixer les regards d'un ami
de la nature : c'est d'elle que nous tirons les princi-
paux matériaux pour la construction de nos édifices ,
pour la fabrication des vases nécessaires aux usages de
la vie ; c^est elle qui nous fournit ces métaux pré-
cieux qui font la force et la puissance de Tbomme.
Le plus utile de tous est le fer : c^est avec lui que
rhomme fait fi*uctifier la terre ; c^est avec lui qu'il
pénètre dans son sein pour y découvrir les richesses
qui Y sont cachées ; c'est avec lui que la mécanique
à créé ces ingénieuses machines qui nous sont si
utiles ; c'est avec lui qu'un peuple défend ses droits
et repousse les invasions étrangères : c'est enfin avec
le fer que la bravoure fi*ançaise a triomphé dans toutes
les parties du monde ; sans lui tous les arts langui-
raient. L'or et l'argent sont recherchés avec plus d'ar-
deur que le fer , parce qu'ils sont plus rares et qu'ils
ont été choisis par toutes les nations pour le signe
représentatif de la valeur des difiérents biens ; mais
leur utilité n'est pas ccmiparable à celle du fer; ik
ne pourraient jamais rendre les mêmes services i
l'homme. Les autres métaux ont aussi un grand de-
gré d'utilité pour les arts , et la médecine en tire seê
remèdes les plus énergiques. Enfin , c'est du sein de
la terre que sortent chaque année les productions
céréales et l^umineuses , les graminées qui servent
^ la nourriture de l'homme et des animaux ; c'est
encore de son sein que s'élèvent vers le ciel ces
arbres et arbustes si précieux par leurs finits ; c'est
avec eux que nous noiis bâtissons des demeures pour
nous préserver des injures de l'air ; c'est avec eux
que sont construits ces édifices flottants qui vont at-^
tester dans toutes les régions du globe notre puis-
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(5)
sance et notre industrie ; c^est enfin avec eux quVst
alimenté le feu de nos foyers , cet agent si paissant
et si nécessaire dans Tunivers. La diminution pro-
gressive des bois de chauffage a forcé I^homme de
chercher à le remplacer par d^autres substances com-
bustibles ; des tourbières et des mines de charbon
de terre ont été découvertes dans quelques contrées :
il serait ^ désirer qu^on en découvrît encore d'autres.
La minéralogie offre donc beaucoup d'objets in-
téressants aux yeux des amis des sciences. Combien
il est utile pour un pays de connaître les avantages
qu^ii peut tirer de son territoire ! Ce sont ces consi-
dérations qui ont déterminé TAcadémie royale de
Rouen à proposer, pour sujet d'un prix extraordinaire ,
la statbtique minéralogique du département de la
Seine -Inférieure; ce prix va être décerné dans cette
séance.
Le sol de notre département est fertile en produc-
tions diverses ; il a des terres propres à la fabrication
des porcelaines , de la faïence et de la poterie ; il
a des grès de différente nature , des craies plus ou
moins pures , dans lesquelles il se rencontre des
pétrifications d'animaux et de végétaux ; on y trouve
aussi des tourbières , mais point de mines de charbon
de terre , dont le besoin se fait de plus en plus
sentir. Il n'y a pas non plus de mines métalliques;
cependant on y rencontre beaucoup de sources mi-
nérales ferrugineuses , qui décèlent des couches de
minerai de fer qu'on pourrait peut-être exploiter
avec avantage ; les principales de ces sources sont
celles d'Aumale , de Goumay , de Forges , de Rouen ,
de Bapaume , et de Rançon près de Caudebec ; celles
de Forges ont joui d'une grande célébrité, et elles
la méritent. Nous aimons à rappeler qu'en i634i
Louis XIII les fit mettre dans l'état où elles sont
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(6)
aujourd'hui , et vint Us prendre avec la reine Anne
d'Autriche et le cardinal de Richelieu ; qu'en 1749^
l'auguste mère de Sa Majesté Charles X vint aussi
les prendre et en obtint les effets Ie;s plus salutaires.
La dernière Princesse du sang royal qui en ait fait
usage est feue Madame la duchesse d'Orléans , qui
les prit en 177a, et trouva dans leur efficacité le ré-
tablissement de sa santé. Ces eaux ne sont pas au-
jourd'hui aussi fréqiiontées qu'autrefois : cependant
elles ont toujours les mêmes vertus. Chaque siècle
a ses goûts , ses habitudes , ses prédilections ; depuis
douze à quinze ans les bains de mer ont obtenu la
préférence , et les eiaux de Forges sont négligées.
Les bains de mer sont d'une utilité incontestable pour
la guérison de quelques maladies , mais il en est
d'autres pour lesquelles les eaux de Forges leur sont
préférables , et tôt ou tard elles recouvreront leur antique
célébrité.
£n étudiant le règne minéral , on y découvre une
foule de phénomènes qui inspirent le plus grand in-
térêt ; on acquiert la certitude que tout ce qui sort
de la terre y rentre infailliblement ; la niatière , sans
cesse en mouvement , passe successivement du règne
minéral au règne végétal et au règne animal , sans
qu'il s'en perde la plus petite molécule. Si nous
considérons, en effet , ce qui a lieu dans les corps des
animaux , nous verrons que tous les jours ils font
des pertes , et que tous les jours ils ont besoin de
les réparer par des substances, soit végétales, soit
animales et minérales. Ces pertes se font sous la
forme de vapeur , de liquide et de solides : les va-
peurs s'élèvent dans l'atmosphère ; les liquides vont
s'infiltrer dans la terre ou se réunir h d'autres li-
quides i les solides se mêlent à d'autres solides et
forment l'humus végétal ; les substances animales va-
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(7)
poris^es restent suspendues dans Tatmosphère jusqu'h
ce que des«. brouillards ou des pluies les ramènent à la
surface de la terre pour la fiertiliser ; une partie
des eaux phmales coulent dans les rivières et entraî-
nent avec elles des substances animales , vëgëtales et
minérales , qui servent h la nourriture des poissons ;
Tautre partie s'infiltre dans les interstices de la ferre,
et forme ces réservoirs souterrains , d'où sortent des
fontaines qui se réunissent en ruisseaux , puis en
rivières, en fleuves, et vont reporter h la mer les
eaux qui en étaient sorties , en déposant dans son sein
ou sur ses bords les matières qu'elles avaient entraî-
nées dans leur cours. Le soleil, par la force et la
chaleur de ses rayons, aspire sans cesse de nouvelles
eaux sur la vaste étendue des mers , en forme des
vapeurs qui se condensent en nuages , que le vent
soutient et fait voyager dans l'atmosphère , jusqu'à
ce que , devenus trop pesants par leur agglomération ,
ils retombent en pluies salutaires sur la surface de
la terre , pour animer , féconder et nourrir tous les
êtres de la nature. Ainsi la terre fournit les végétaux;
ces v^étaux servent à la nourriture des animaux ;
ces animaux sont détruits à leur tour, et rentrent
dans le domaine du règne minéral , pour ensuite re-
prendre une nouvelle vie sous différentes formes, et
parcourir ainsi par un mouvement perpétuel les trois
règnes de la nature , de sorte que rien ne s'anéantit
sur la terre ; il n'y a que la matière qui change de
forme ; la nature sans cesse animée d'un principe de
rie , tend continuellement h décomposer des êtres pour
^n recomposer d'autres avec leurs débris ; tout est
infini dans ce monde pour celui qui fixe sa pensée
sur ce qui se passe en lui et autour de lui.
Que de réflexions profondes ne font pas naître cet
ordre admirable , cette merveilleuse harmonie , qui
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(»)
règlent tous les moavemeats de notre monde physique !
L^homme , qui, par ses destinées, est le^premier , le
plus puissant des êtres de la terre , peut-il mécon-
naître une suprême intelligence qui préside à tout
dans ce v^te univers? Si les astres, par leur brillant
éclat, célèbrent la gloire de Dieu , les phénomènes
terrestres démontrent également son immensité et sa
puissance étemelle.
w
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m
'
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(")
CLASSE
DES SCIENCES ET ARTS.
RAPPORT
Fait par M. Cazalis , Secrétaire perpétuel de la Oasse
des Sciences,
Messieurs ^
Il serait inutile que je cherchasse , dans un exorde
qui ne ferait que prolonger votre attente , à exciter
votre intérêt pour les travaux dont j'ai à vous entre-
tenir. Vous témoignez assez haut , en venant assister
i cette séance f que cet intérêt est tout vivant dans
votre esprit. Puissé-je , malgré la concision néces-
saire à ce rapport , vous présenter Tanalyse des travaux
des membres de cette Académie sous une forme capable
de vous les faire dignement apprécier*
Phtsique et Mathématiques.
s M. Dubuc , qui, plusieurs fois*, a protesté dans
le sein de TAcadémie contre Tefficacité des para-
tonnerres , nous a communiqué de nouvelles réflexions
sur cet important sujet. 11 a présenté , comme pouvant
appuyer son opinion , cette circonstance qu^en Italie
et en Allemagne , dans les années 1827 et 1828 ,
des champs en plein rapport ont été foudroyés et
ravagés par des averses épouvantables , quoique armés
de nombreux paragrêles*
s.
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A Paris, le a juillet 1827 , un ouragan tiès-violentt
aoÎTi immédiatement d^ane averse qui transforma
en on clin d*iBil le beau jardin des Tuileries en
mi vaste lac , et pendant lequel la foudre tomba 2i
plusieurs reprises sur des maisons de la rue Richelieu,
éclata et sembla se concentrer sur un quartier de la
capitale où existe un grand nombre de paratonnerres.
M. Dubuc cite aussi Tëvénement arrivé au ma-
gasin à poudre de Bayonne. Ce bâtiment , quoique
armé d'un paratonnerre ^ a été endommagé par la
foudre d'une manière assez grave pour que le mi-
nistre de la guerre , auquel un procès-verbal de cet
accident avait été adressé par les autorités du . lieu ,
demandât à TAcadânie des sciences un rapport sur
cet important sujet. Notre savant confrère , par suite
de ses idées relativement ii rinfluenqs sur la foudre ,
des appareils métalliques élevés dans l'atmosphère ,
craint qu'en construisant en fonte la flèche de la
cathédrale de cette ville , on n'élève qu'un monu-
ment peu durable à raison des secousses puissantes
que lui fera subir l'électricité atmosphérique. Il craint
encore qu'une semblable masse métallique , présen-
tant , en tout sens , prise aux détonations électriques
ou hydro-électriques , n'occasionne des trombes aâiennes
ou aqueuses dont les propriétés voisines de l'édifice
auront à souffrir. II aurait voulu , par ces raisons ,
voir construire cette flèche en pierres de taille.
«- Répondant aux doutes de M. Dubuc , M. Lévy
s'est attaché à prouver , dans une discussion rapide ,
que les faits les mieux observés démontrent l'efficacité
des moyens proposés par le célèbre Francklin pour
pr^rver nos édifices de l'action de la foudre. Les
vrais principes de la science sont , d'ailleurs , ici
d'accord avec les faits. Or, est-ce par un scepticisme
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( '3)
fond^ sur des considérations plus on moins vagues
que Ton pourra renverser cet accord ? Il n'en peut
être ainsi.
L'opinion de M. Lëvy a en sa faveur d'être celle
de l'Académie des sciences. Elle est consignée dans un
rapport qui avait été demandé h cette Société savante
par le Ministre de l'Intérieur. M. Lévy rappelle les
parties les plus importantes de ce rapport.
L'efficacité des paratonnerres démontrée , M. Lévy
rejette bien loin les Craintes que Ton pourrait élever
au sujet de la présence dans l'atmosphère de la flèche
métallique que l'on va construire sur la cathédrale.
Qu'on la munisse de conducteurs bien disposés , ayant
une communication bien intime avec le sol , et elle
soutirera aux nuages orageux la matière de la foudre ,
sans dommage pour elle et au grand avantage de nos
habitations.
— Peu convaincu par la réponse de M. Lévy,
M. Dubuc a reproduit ^ avec de nouveaux développe-
ments , les raisonnements et les faits qui prouvent ,
selon lui , le peu de confiance que Ton doit avoir dans'
refBcacité des paratonnerres. Il persiste donc dans
son opinion, et croit que la flèche toute métallique
qu'on va élever è Rouen aura de graves inconvénients.
— M. Lévy a terminé cette discussion en communi-
quant à l'Académie deux lettres, Tune de M. Gay-Lussac,
Tautre de M. Fourier, tous deux membres de T Académie
des sciences ; ces deux savants se montrent , dans ces
lettres , convaincus de l'efficacité des paratonnerres ;
selon eux , aucun danger n'est h redouter de la cons-
truction en fer de la flèche de la cathédrale : elle
garantira , au contraire , tout le voisinage des atteintes
de la foudre.
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( I4 )
Enfin M, Lëvy a donné lecture d'un extrait du
rapport fait à TAcadémie des sciences , relativement
aux dégâts occasionnés par la foudre sur le magasin
h poudre de Bayonne , quoiqu'il fût armé d'un pa-
ratonnerre. Tout le mal est provenu de la mauvaise
communication que l'on avait établie entre le conducteur
du paratonnerre et le sol. Cette mauvaise commu-
nication a permis à la matière de la foudre de s ac-
cumuler sur la tige du conducteur , d'où elle a fait
explosion sur diverses parties d^ l'édifice.
= Nous devons à M. Pénaux un rapport sur
la i3k"* édition du Manuel des poids et mesures,
excellent ouvrage dû ii M. Tarbé des Sablons, l'un
de nos correspondants.
= M. Morin , ingénieur des ponU et chaussées , a
adressé le deuxième et le troisième caliier de sa corres-
pondance météorologique ; M. Cazalis les a fait con-
naître par un rapport verbal.
Le même membre a fait un rapport sur un Mémoire
d'optique de M. Bourgeois.
Chimie.
= M. Dubuc a communiqué h l'Académie des
recherches sur le principe vénéneux du coriana myr-
iifoUa , suivis d'une notice sur les propriétés tinctoriales
de cet arbrisseau.
Un empoisonnement arrivé Tannée dernière \ Ha-
zebrouck , département du Nord , par l'emploi du
p;rabeau de séné mêlé de feuilles de coriaria , a suggéré
à notre savant confrère l'idée de faire des recherches
rhimico-analytiques pour découvrir la nature du prin-
cipe qui rend cette plante si vénéneuse.
D'après ces recherches , ce ne serait pas au taniiin ,
comme quelques personnes l'ont prétendu , que le
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( i5)
coriaria devrait ses qualités vénéneuses , puisque ce
principe y entre lout au plus pourT^^, mais bien à
Tacide gallique qui s'y trouve en proportion beaucoup
plus gfande, rs environ.
On peut facilement reconnaître , h Paide de la saveur ^
on plus sûrement h Taide d'un sel ferrugineux , le
ccrima mêlé au séné médical ou h toute autre plante.
Une infusion qui renferme les plus petites proportions
de coriaria devient noire par Faction d'un sel de fer.
L'ammoniaque paraît youvoir servir de contre-poison,
dans le cas d'empoisonnement par le coriaria.
Ces recherches sont terminées par la notice suivante^
sor les propriétés tinctoriales du redoul.
« Les propriétés astringentes et tinctoriales de cet
arbrisseau ne sont pas assez connues. Notre compatriote,
le savant M. Damboumay , n'en dit pas même un mot
dans son ouvrage sur les qualités tinctoriales d'un
grand nombre de nos végétaux indigènes qu'il a essayés ;
et il allait peut-être une circonstance comme celle
qui m'a déterminé à en faire une sorte d'analyse ,
pour pouvoir les apprécier.... En effet, qui aurait cru
que ce coriaria^ récolté à Rouen , à Lille , etc. , récèle
près d'un dixième de son poids , étant sec , d'acide
gallique ; et comme cet acide , combiné à Toxide de
fer , forme en général la base des belles couleurs
noires sur les étoffes et pour faire de l'encre, quel
avantage ne tirerait-on pas en France de la culture
de cet arbrisseau , surtout dans les nombreux terrains
arides , secs et caillouteux non cultivés, et encore si
communs dans le royaume ? On pourrait en faire deux
coupes chaque année; et je suis convaincu que ce
genre d'exploitation agricole serait d'un excellent rap-
port pour ceux k qui les localités permettent la culture
de cette plante vraiment tmctonaicy et sans nuire
toutefois à la récolte des céréales.
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(t6)
w J^ai fait plusieurs essais avec lies feuilles et le bois
haché de cet arbrisseau , pour teindre en noir du coton et
de la laine; ces essais m'ont parfaitement réussi , malgré
mon peli de connaissance^ dans Tart du teinturier.
<« . J'ai également préparé une bonne encre avec
les feuilles sèches du coiiaria myrlifoUa^ surtout en j
ajoutant un peu de noix de galle ordinaire. Yoici
la recette pour faire cette encre :
tr Prenez : feuilles de coriaria myrtifolia, quatre gros ;
noix de galle noire j un gros ; Tune et Tautre écrasées.
On verse dçssus douze onces d'eau bouillante, puis
on laisse infuser dans les cendres chaudes, en agitant
de temps en temps le mélange* Après vingt-quatre
heures d'infusion , on coule avec expression ; alors on
ajoute à la colature quatre gros de gomn^e arabique
ordinaire concassée , et trois gros de sulfate vert de fer.
On tient le tout chaudement , mais sans bouillir, pendant
quelques. minutes ; on agit^ , et l'encre est faite.
te Cette encre est belle , coule bien sous la plume ,
et j^en expose l'effet aux yeux de l'Académie.
« £nfm, des essais comparés prouvent aussi que ce
coriaria ( qui n*est pas un sumac ) , est plus riche en
principe teignant que le sumac ordinaire du commerce,
et dont nous sommes tributaires de l'étranger pour
approvisionner les ateliers de teinturerie en France. Par
tous ces motifs , on ne peut trop s'empresser d'indiquer
les propriétés tinctoriales di% redoul, afin qu'on en
multiplie la culture parmi nous, etc., etc..
<c Peut-être semblera-t-il étrange que j'aie parlé tout-
h- la-fois, dans le même travail , des propriétés toxiques
et tinctoriales de ce genre de coriaria ; mais , en
chimie , tout se tient, et il est difficile de taire ce qu'on
croit utile à l'agriculture , au commerce et i l'in-
dustrie, surtout quand les circonstances nous j amènent
presque naturellement.
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(«7)
« En d^nitif, cette notice sur les propriëtës tinc-
toriales du cùriaria à feuilles de myrthc est encore
iacomplète, je Tavoue ; mais elle peut donner nais-
sance à de nouvelles recherches sur ce végétal y que je
r^arde déjà comme pouvant suppléer , par sa culture
en France , la plupart des ingrédients astringents que
le commerce tire à grands frais de l'autre hémisphère
pour le besoin tle nos ateliers.
« Je crois , Messieurs , que ce Mémoire n'est pas
dénié d'intérêt , soit pour l 'art de guérir , soit pour les
Arts agricoles et industriels. Ces motifs m'oat déterminé
à TOUS le conununiquer et h le soumettre à vos mé*
ditations.
• ^qUju Postérieurement a la rédaction de ce Mé-
moin* , j'ai lu , dans le fiuUetin que publie périodi-
quement de ses travaux la Société académique 4^
Limoges , que cette Société avait admis ^ Tannée der-
nière , \ Texposition , des bois de teinture que produit
le département de la Tienne , le redoul qu'on recueille
dans les inontagnes du Quercy, comme pouvant rem-
placer avec succès le sumac étranger dans les ateliers
de teinturerie de France -, mais on n'y rapporte aucunes
expériences pouf justifier * celte assertion ; de ma-
nière que ma notice sur le coriaria myriifoUa ^ comme
ingrédient tinctorial ^ sembte faite tout à- propos pour
confirmer Tidée émise sur ce végétal par la société
scientifique de Limoges. ( VoirXt Bulletin n» i, tome 7,
imprimé par ordi^e de cette Société. ) »
=: H. Morin % aossi soumis les feuilles de coriaria
\ ui examen chimique» - Son attention a été appelée
lur ces feuilles remaïquables par leurs qualités vé-
néneuses y parce que , dans ces derniers temps , une cu-
pidité criminelle les a employées à la sophistication
3
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( i8)
du grabeau de séné. Son iravaii oflfre un expose complet
de son analyse ; en voici les résultats :
i<> De rhuile volatile ;
a<* De Tacide gallique en petite quantité ;
3** Du tannin ;
4® Un sucre liquide analogue h celui qu^on ren-
contre dans quelques végétaux ;
5® De la chlorophyle ;
6** Une matière jaune , de nature albumineuse, éta-
blissant le passage entre le chlorophyle et la chromule ;
7" Du soufre ;
8<* Des sels minéraux , de la silice , de Toxide de
fer ;
9<* Enfin , qu'il n^existe pas dans ce v^tal d^alcali-
organique.
M. Morin ne s'est pas proposé de rechercher à quel
principe les feuilles de coriaria doivent leur propriété
toxique ; il abandonne cette question au médecin ,
tout en regardant comme peu probable Topinion qui
Vattribuerait li T acide gallique.
= Une question d'un grand intérêt pour la médecine
légale a été Tobjet d'un travail fort important de la
part de M. Morin» Appelé , par les Magistrats , pour
établir quelle pouvait être la nature de taches brunes-
rougeâtres qui existaient sur un vêtement , et qui , au
dire de Taccusé, était le résultat de l'application du
sang de poisson j notre confrère a été nécessairement
conduit h rechercher la nature des principes qui
composent ce liquide animal. Aucun travail antérieur
sur le même sujet ne pouvant l'aider dans ses re-
cherches , il a dii recourir à des essab multipliés pour
obtenir le meilleur mode d'analyse applicable dans
cette circonstance.
Son travail lui a permis de conclure que les taches pro-
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( î9)
duites sur les vêtements par le sang de poisson , ne peur-
vent être confondues avec celles qui résultent de Tappli-
cation du sang des mammifères , par la nature de la
matière colorante et par Pabsence de la fibrine.
= Nous devons encore à M. Morin la communi-
cation d'une note de M. J. Thibourmëry , qui constate
la présence du bleu de Prusse dans les sels de soude
du commerce ; observation qui , d'ailleurs , n'est pas
nouvelle.
L^auteur de cette note se propose de rechercher à
quelle époque de la fabrication ce composé se forme,
s'il existe dans les soudes factices et dans les alcalis
naturels, et pourquoi certains sels de soude en sont
privés.
Médecine.
= M. Cottcreau, auquel l'Acad^le a accordé Te
titre de membre correspondant , a adressé un Mé^
moire intitulé : De quelques effets singuliers produits par
i*usage interne ou externe de certains médicaments. L'élude
à laquelle s'est livré M. Cotlereau dans son Mémoire ,
est des plus importantes pour lés médecins praticiens.
11 a reconnu que les idiosyncrasies particulières contre-
indiquaient souvent l'application des médicaments Ibs
plus simples et les plus inoffensifs en apparence.
Vérité dont tout médecin doit bien se pénétrer , et
qui a , d'ailleurs , été professée de tout temps par les
bons observateurs. Les observations que M. Cottereau
a apportées h l'appui de sa proposition sont très-bien
faites, et son travaiï est digne de Testime des mé-
decins praticiens : telles sont les conclusions du rapport
qui vous a été fait sur son Mémoire par M. Des
Alleurs fils, au nom d'une commission.
= Nous devons encore à M» Des Alleurs ,. organe
3.
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(M)
d^une autre commbsion , un rapport sur un Mémoire
de M. Patel , docteur médecin à Evrem , sur les vers
plats dans Tespèce humaine. Ce travail, qui annonce dans
son auteur une bonne méthode, de la réserve et un
bon tact médical , est partagé en deux parties , Tune
théorique et technologique , et Tautre entièrement pra-
tique.
Les idées générales sur les entozoaires et sur les
causes et le mode de leur formation , mises en avant
par M. Patel , sont sages et empreintes de ce doute
philosophique qui n^exclut pas les opinions respectables.
Il combat avec succès cette opinion , qui tendrait à
faire regarder les vers comme la suite des irritations
intestinales.
Ses descriptions des vers plats , la manière très-claire
dont il démontre que le toenia armé , que Ton doit
bien distinguer du botryocéphale ou tœnia non armé,
est le ver solitaire des Français , annoncent dans leur
auteur des connaissances assez étendues en anatomie
comparée. Enfin , il n*y aurait rien k redire à la des-
cription des accidents causés par les vers en général ,
et par le tœnia en particulier , si M. Patel n^avait
pas omis un symptôme qui est caractéristique du
tœnia dans quelques circonstances ; c^est une toox farte,
rauque , stomacale, qui prend par crise et devient
quelquefois convulsive.
Dans la partie pratique de son Mémoire , M. Patel
suit la meilleure marche et la seule qui convienne
en pareil cas ; il cite un grand nombre d'observations
dans lesquelles l'emploi de Técorce de grenadier a
parfûtement réussi. L'huile empyreumatique réussit
bien aussi ; mais la saveur a&euse de ce médicament
doit j faire renoncer. Enfin, M. Patel a soin de décrire
la forme et la dose suivant le^uelles il emploie Té-
corce de grenadier ; tout en disant que c^est au tact
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(ai )
du mëdecin ik varier la prescription de ce mëdicament f
lur rage et le tempérament des individus.
Les conclusions de ce Mémoire sont sages , mo*-
d^ées , et , en le lisant , on peut se convaincre qu^elles
sont appuyées sur des raisonnements justes « sur des
Uts vrais et bien observés. Elles annoncent une bonne
méthode ^ de la réserve et un bon tact médical.
M. Patel a été élu membre correspondant.
=: Une thèse sur Vinjluence des tnn^aiix tniettectueis
S¥r le système physique de Vhomme y adressée à FAca-
iémt par son auteur M. Begin ^ a été Tobjet d'un
rapport de M. Hellis. Le sujet a paru à votre rap-
porteur traité avec une érudition et une rectitude
d*esprit , qui attestent à-la-fois un bon jugement et
des études solides.
= M. Godefroy nous a fait connaître , par un rapport,
une brochure de M. Palman , ayant pour titre : Re-
cherches sur les propriétés médicales du charbon de bois,
M. Palman présente le charbon comme un spécifique
contre un très-grand nombre de maladies les plus
cruelles qui attaquent Thomme. Il lui prête des qua-
lités infinies, mais trop souvent imaginaires.
= Appelé à la présidence de TAcadémie , M. Le
Prévost a ouvert nos travaux par un discours dans
lequel il a renfermé des recherches fort intéressantes
sur la monomanie homicide* On a présenté, dans ces
derniers temps , comme une maladie nouvelle , une
monomanie atroce qui porterait ceux qui en sont
atteints à forger des enfants. La monomanie homi««
cide n'est pa!s une maladie nouvelle ; M. Le Prévost
cite plusieurs observations de cette maladie , que lui
^ présentées sa pratique ; mais Tinvasion d'un mal
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(M)
issi terrible nVst jamais subite ; elle s^airoonce par
» symptômes qui , d^abord faibles, augmentent avec
s pr<^;res du mal lui-même. C'est donc h tort qa^on
vcmlu faire déclarer innocents Papavoine et la fille
omier , que les crimes atroces quUls ont commis
nt rendus si fameux , en soutenant quHb avaient
^ sans discernement y quHls avaient obéi ^ une in*
uence irrésistible , à une nouvelle espèce de mono-
lanie homicide dont ils avaient été atteints subitement
cns aucune cause probable apparente.
« Que la société se rassure « dit en terminant M.
Le Prévost, contre la nouvelle monomanîe atroce dont*
on a épouvantée ; elle n'a existé que dans la tête de
quelques médecins à système. Que Tordre social
s'améliore , que les mœurs deviennent plus pures , et
les âmes sensibles ne seront plus attristées par des
forfaits aussi révoltants. »
— M. Vingtrînier a aussi communiqué ^ TAc^démie
n travail sur la monomanie homicide. Les aberrations
B rintelligence ont été , selon lui , mal connues des
nciens ; ils en ont donné de mauvaises classifications*
a distinction expressément recommandée de la manie
ms délire , ou monomanie , appartient aux observa-
ions modernes. Parmi tous les genres de monomanie ,
i monomanie homicide a dû prendre rang ; c'est en
ain qu'on a voulu la révoquer en doute : qu'on a voulu
smbattre son existence par des considérations abs-
aites d'ordre, tirëes d'idées religieuses ou morales^
uî ne peuvent rien contre des taits bien observés,
l'est après sVtre ' long-temps refusé h croire à Tcxis-
ince d'une aussi terribre maladie, que la conviction
e M. Vingtrinier a dû se former d'après les faits
ombreux consignés dans les ouvrages d'observateurs
labiles , et d'après ceux que sa pratique lui a fournis»
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Ca3 J
En vous citant ces faits , en discutant devant vous les
objections qu^on leur a opposées , en recherchant leurs
conséquences nécessaires , Fauteur vous a découvert les
basés qui fondent son opinion. £nfin , il admet Texis-
tence d'une monomanie homicide dont Tinvasion peut
être subite, et qui ne se manifesterait par aucun désordre
apparent de Tintelligence , soit avant , soit après Tacte
qu'elle aurait nécessité,
— Tout en reconnaissant de nouveau Texistcnce de
la monomanie homicide , M. Le Prévost a cru devoir
combattre de nouveau cette dernière opinion, qui est
d'ailleurs celle de plusieurs médecins distingués. Tous
les individus atteints , selon lui , de ce genre de maladie,
qu'il a observés , avaient donné des signes d'aliénation
mentale avant de se porter h des actes de fureur , et
cette aliénation a continué après la consommation de
ces actes. Mais Papavoine et la fille Comier n'ont
donné aucun signe de folie ni avant ni après leur
crime Eh bien ! ils n'étaient pas monomaniaques. ...
Qui a donc pu les porter à commettre des meurtres
semblables ? aucun intérêt particulier ne paraît les
avoir guidés. Dans un temps où les passions sont si
exaltées et où la dépravation des mœurs va toujours
croissant , est-il étonnant qu'il se trouve des êtres qui ,
mus par des passions cachées, se portent aux plus hor-
ribles forfaits? L'état actuel de la société mérite d'ailleurs
de semblables reproches ; c'est ce que s'attacRe ^ prouver
BL Le Prévost.
— M. Yingtrinier a répondu : il persiste dans son
opinion. Les &its cités par M. Le Prévost ne lui pa-
raissent pas rentrer dans l'espèce ; il s'attache surtout
à arracher le cachet d'immoralité dont M. Le Prévost
a vonla marquer notre époque. Il a mis, pour cela,
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V
(a4)
SOUS ses yeux des relevas statistiques qui lui ont semblé
prouver qu'aujourd'hui il n'y a pas plus d'en&nts na-
turels qu'autrefois , et que les crimes ne sont pas plus
multipliés ; bien loin de là , les chifires sont en faveur
de notre époque.
II résulte d'un rele^'ë des enfants trouvés, reçus
dans l'hospice de cette ville , que , depuis douie ans ,
dans ce département , le chiflirc de;s enfants exposés
est fixé à gSo environ , et que celui des enfants aban-
donnés est diminué de 13 1 à ^u
Quant aux crimes , Je nombre des condamnations
capitales a été en diminuant depub 38 ans, et , depuis
i8i3, il paraît fixé au terme moyen de 4* Le nombre
des préventions , pour l'arrondissement de Rouen , est
resté le môme depuis i8a3; il est de ySo.
Des recherches semblables , faites sur une plus
grande échelle % publiées par le ministère de la justice
et par M. Ch Dupin, donnent des résultats dans le
m(^me sens.
— Cette discussion , toute dans Tintér^t de la science,
s'est terminée par de nouvelles réflexions dans les-
quelles M. Le Prévost combat encore les idées de
M. Yingtrinier , en reproduisant avec de nouveaux
développements, et les faits qu'il avait cités, et les consi-
dérations générales dont il les: avait accompagnés. H
s'attache à montrer que les objections qu'on lui a
faites ne sont nullement concluantes ; enfin , il appuie
son opinion par la citation des faits dont l'obser-
vation est due à M. Esquirol , et qui lui paraissent
montrer que l'opinion qu'on lui oppose est erronée.
11 cite aussi un long passage où , comme lui, M.
Esquirol se plaint de l'immoralité de notre époque,
en la présentaïit comme la cause la plus firéquente
des aliénations mentales.
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IL
(a6)
arbres f même ceux qui oat le plus souffert, couioerfs
des couches grasses lancelleuses formées par raccumu-
latioQ des débris des insectes qui ont vécu sur eux ,
reprennent une. vigueur extraordinaire de v^tadon.
Notre confrère a consigné , dans' sa notice, un (ait
qui lui a été attesté par des personnes dignes de foi ;
c'est que le hant , ou parcours des moutons t a la pro-
priété de préser^r les arbres des ravages du puceron
lanigère.
= Au nom d^une commission » M. Houtou-Labil-
lardière a fait un rapport sur un ouvrage adressé h
l'Académie par M. Girardin, et ayant pour titre : Élémenis
de minéralogie appUifuée aux sciences chimiques , par
AIM. Girardin et Le Coq.
Cet ouvrage , basé sur la méthode de Berzélius , est
partagé en quatre livres.
Le premier livre est destiné ^ Texposé des prin-
cipes sur lesquels repose la science des corps inor-
ganiques. Il comprend les caractères des minéraux ,
leur composition chimique , les signes employés pour
le$ représenter , la classification , etc.
Le deuxième livre comprend la description de l'espèce
minérale.
La.géognosie fait Tobjet du troisième livre; le qua-
trième est consacré à la métallurgie et in la docimasie.
lies détaik dans lesquels entre le rapport sur chacune
de ces parties, sont faits pour donner une haute idée de
Timportance de cet ouvrage , qui manquait d'ailleurs
totalement aux personnes qui, ne pouvant pas s^ livrer
exclusivement h J'étude de la minéralogie , doivent ou
veulent cependant posséder des connaissances réelles
sur cet objet.
La même commission a eu aussi à examiner une
brochure de M. Girardin , intitulée : Anafyse du damiu
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(«7)
Uget Al Puy-de-Dime. Ce travail , intéressant pour le
géologue , prouve dans son auteur un habile mani-
pulateur. M. Girardifi a été appelé à faire partie de»
membres résidents de TAcadémie.
= VI. Lévy a mis sous les yeux de TAcadémie des
os iinpr^;nés d^une couleur verte , qui ont été trouvés
enfouis dans le sol ; quelques-uns présentaient une
couleur violette.
= M. Le Prévost , vétérinaire , a lu une notice sur
deux ttah de poule bardés et réunis par un cordon
membraneux.
= M. Aug. Le Prévost a fait hommage h TAca-
demie d*une brochure intitlïléè : àts Lichens calicUndes.
M. Levieux en a rendu compte ; c'est une traduction
du suédois d'un mémoire d'Erik Achàrius. Cette tra-
duction est précédée d'une préface très-étendue , dans
laquelle notre confrère développe de profondes connais-
sances sur la famille des lichens , objet de son af-
fection particuliètf'e , et dont il s'attache b faire sentir |
par des considérations neuves et élevées , Timportanc^
des fonctions dans Tordre de la nature.
= M. Loiseleur des Longchamps a aussi fait hom-
mage de sa Flora ùalUca, M. Le Turquier vous a fait
connattre cet important ouvrage dans un rapport dé-
taillé.
= L'Académie a reçu de M. ^Prévost ^ pépiniériste i
un exemplaire de son Cataiague descriptif , mélhoâUfue
et raisonné des espèces , variétés et sous^ariétés du genre
rosier , qui sont cultivées chez lui, M. Dubreuil a (ail
un rapport sur cet ouvrage.
= Nous devons b M. Levieux deux rapports sur deux
4.
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(a8)
vrages adressas à TÂcadëmie par deux savants coi^
ipondants , Tun de M. Fée , sur le Lotos des anciens ^
utre de M. Desmazières , professeur de botanique
Lille.
Industrie. — Agriculture.
:s M. Deville a fait un rapport sur un Mémoire
\ MM. Langlumë et Chevallier ^ contenant Texposé
> plusieurs procédés lithographiques ; des nombreuses
rpériences auxquelles s^est livré M. Deville , en sui-
mt avec soin les indications des auteurs , soit pour
îSaçage des pierres , soit pour la retouche des dessins,
[}nt conduit à conclure que les procédés indiqués n^at-
lignaient pas le but annoncé.
ss M. Prosper Pimont nous a fait connaître qu'il était
arvenu h tirer du dépôt des bains de teinture un nouveau
ombustible , qui a beaucoup de rapport avec la tourbe,
le nouveau combustible , sans pouvoir être employé
ans toutes les opérations , pourrait , comme la tourbe
e nos marais, lui être substitué avec avantage dans
uelques circonstances. Au reste , M. Pimont a promis
e nouvelles recherches à ce sujet.
=: Chargé dé rendre compte d^une brochure de
ff. Héricart de Thury , sur les puits artésiens , M.
jévy a profité de' cette occasion pour traiter devant
'Académie les principales questions qui se rattachent
i ce moyen si précieux de se procurer de l'eau en
abondance. Il s'est surtout atUché à faire connaître
'origine que Ton peut attribuer à ces eaux qui
•'élèvept naturellement jusqu'au niveau du sol , et
{uelquefois au-dessus, et à indiquer les conditions
Idéologiques dans lesquelles se trouvent les terrains
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(=»9)
les plus favorables pour rétablissement des puits ar-
tésiens. '
= Nous devons encore à M. hévy une traduction
d*un mémoire de sir William Gongrève , renfermant
le prospectus d^une machine pour &ire marcher les
vaisseaux en mer par la force des vagues.
= M. Gossier a lu les réponses faite^ux questions
adressées par la Société d'Agriculture de Paris, relati-
vement à la culture , au rouissage et au broiement du
dianvre et du lin dans ce pays.
s Une école centrale des arts et des manufactures
vient de s'établir i Paris. Les administrateurs ont adressé
\ TAcadémie un prospectus dans lequel le but et les
avantages de cet établissement sont exposés avec détail;
et qui renferme aussi les programmes des différents
cours qui y seront faits. M. Destigny a donné , dans
un rapport spécial , une idée fort avantageuse d'un
établissement qui peut être si utile h notre industrie,
et d'où devront sortir des ingénieurs civils et des chefs
d'ateliers instruits par la théorie et par la pratique.
Une demi-bourse a été mise à la disposition de
r Académie par les fondateurs de l'école.
s Plusieurs numéros des Annales de l'industrie fran-
cise et étrangère ont été l'objet d'un rapport très-
favorable de M. Lévy.
= M. Brunel, membre correspondant , a assisté
^ une de nos séances , et l'Académie a eu le précieux
avantage de recevoir de cet habile ingénieur des dé-
tails sur les travaux qu'il avait exécutés jusqu'alors
pour la construction d'un passage sous la Tamise ;
il nous a fait connaître les moyens qu'il a employés
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(3o)
et les obstacles qu'il a eus h surmonter. Des plans
figuratifs , sur lesquels chacun pouvait suivre les ex-
plications de M. Brunel , ont facilité Tintelligence de
travaux aussi remarquables par leur nouveauté que par
leur hardiesse.
Le bouclier de cette machine puissante, à laquelle
M. Brunel doit en grande partie tous ces succès , a
fixé vivementjVattention. On n'a pas vu non plus «ans
étonnement comment , lorsque , par deux fois , le lit
de la Tamise s'est crevé au-dessus du bouclier, et le
fleuve a fait éruption dans les galeries , Thabile in-
génieur est parvenu à boucher l'excavation et à sur-
monter de tels obstacles.
Dans ces derniers temps des bruits se sont élevés,
qui semblaient annoncer que Ton prétendait enlever
^ M. Brunel la gloire de terminer des travaux dont
il a déjà poussé l'exécution si loin et avec tant de
succès ; mais , nous sommes heureux de le dire , ces
craintes sont dénuées de fondement : celui-là , qui a
trouvé dans son génie les ressources nécessaires pour
entreprendre un semblable ouvrage , aura l'honneur de
le terminer.
M. le préfet a su ménager à l'Académie une vive
jouissance en faisant , clans cette même séance ,
remettre a M. Brunel une lettre du ministre de
l'intérieur , dont lecture a été donnée de suite , an-
nonçant que Sa Majesté accordait à M. Brunel le titre
de chevalier de la Légion d'honneur , comme témoi-
gnage du haut intérêt qu'elle prenait à ses importants
travaux.
M. Bruno! a offert h l'Académie un exemplaire de
l'esquisse des travaux du passage sous la Tamise.
= Deux volumes publiés par la Société centrale et
royale d'agriculture de Paris, avaient été renvoyés à
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M. Dubuc,
étendu.
Ce recueil
de ces Ûiéc
suivies, met
cultiver les i
de notre coi
ceux qui éci
=: Nous a
sant de M. V
Société d'en
a fait conna
se compose
= L'Acaà
de ia plapj
communicat
publient leu
Nous cite
Douai, Lin
Les Socié
Metz , Au
de Seine -e
et- Loire ;
Des Acad
Ces publj
et des letti
mérité tout
Dubuc, A
Gossier , P
d'agriculturi
volume de
rapport.
as En t
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(30
tretenir de la perte si douleureuse et si vivement
sentie par chacun de vous , qu'a faitç TAcadémie dans
la personne de M. Marquis ; mais vous entendrez au-
)Ourd%ui une y6ix amie, et plus digne que la mienne,
payer h la mémoire de cet homme de bien le tribat
d'âoge qui lui est si bien dû , soit qtie nous voa-
lions considérer en lui Thomme savant ou le litté-
rateur.
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(33)
<M<WMMWM>¥»»»%»»»»»<WWWWX<WI
Prix proposé pour i83o.
Aucun Mëmoire sur la question mise au concours
pour le prix ordinaire qui devait être décerné dans
cette séance ,' n'a été adressé à TAcadémie. Cette
question est retirée du concours.
L'Académie propose , pour sujet d'un prix qui sera
décerné dans sa séance publique de i83o, la question
suivante :
« Etablir la différence chimique qui existe entre les
sulfates de fer ( couperoses \ du commerce , particu-
lièrement entre ceux que Ton extrait des pyrites et
terres pyriteuscs , et ceux que Ton obtient directe-
ment de la combinaison du fer , de Tacide sulfurique
et de Peau (i). On devra non-seulement indiquer cette
différence par rapport aux diverses quantités d'acide
sulfurique , d'oxide de fer et d'eau qui enli^nt essen-
tiellement dans la composition de ce sel , mais exa-
miner encore s'il n'est pas parfois mélangé ou combiné
avec des substances étrangères provenant des matières
employées à sa préparation ; et , en supposant ce fait
déipontré , déterminer quelle doit être l'influence de
ces substances dans les différents emplois du sulfate
de fer , tels que le montage des cuves d'indigo , la
préparation des mordants , les différentes teintures,
afin de connaître positivement si la préférence ac-
nordée au sulfate de fer de certaines fabriques est
fondée et justifie suffisamment la grande élévation de
son prix, ou si elle tient seulement à un préjugé ,
(i) Oa âm toÎD de comprendre dans cet csamen la couperose
^ Saltboarf .
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(34)
comme cela a ea lieu pour les aluns de Rome 2i T^ard
de ceux de France.
« En supposant toujours quHl existe dans le sulfate
de fer des corps étrangers , rechercher des moyens
faciles et économiques pour les en séparer ou pour
en neutraliser les mauvais effets , et tels que les sul&tes
de fer les moins estimés, étant traités de cette manière,
présentent des résultats aussi avantageux que les autres,
et sans que le prix en ait été beaucoup élevé. »
Les concurrents devront joindre à leur Mémoire les
échantillons des sulfates de fer sur lesquels ils auront
opéré, et dont ils feront connaître Torigine et le prix
courant. Ces échantillons porteront des numéros qui se
rapporteront aux analyses exposées dans le Mémoire.
Le prix sera une médaille d'or de la valeur de
3oo fiancs.
Chacun des auteurs mettra en tête de son ouvrage
une devise , qui sera répétée sur un billet cacheté où
il indiquera son nom et sa demeure. Le billet ne sera
ouvert que dans le cas où l'ouvrage aurait obtenu le
prix.
Les Académiciens résidants sont ^euls exclus du
concours.
Les ouvrages des concurrents devront être adresses,
francs de port, à M. Lévt , chef d'institution , secrétaire
perpétuel de r Académie pour la classe des Sciences , avant
le 1*' juillet i83o. Ce terme est de rigueur.
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(35)
RECHERCHES CHIMIQUES
nr»
LÉ SANG DE POISSON^
FaUes sous le rapport de la Chùnie JtuEcùdre;
Pae m. HORINi FflABHAcnir,
Vmbfc de ràcadânle roytie de Médecine , de lâ Sodiié db
Chimie mtfdicak» etc^
MBssncufis,
Jamais, sans doute, Je n^auraîs pens^ E déterminer
les principes constituants du sang de poisson , si, der-
nièrement, je n'eusse été appelé par les Magistrats pour
établir quelle pouvait être la nature de taches brunes-
roogeâtres qui existaient sur un vêtement , et qui ^ au
dire de Faccusé , étaient le résultat de Tapplication du
sang de poisson , au lieu d'être produites par celui de
Homme* Dès-lors je sentis toute l'importance d'un sem-
blable travail, et de quelle utilité eût été pour moi la
coonaissance des principes qui composent ce liquide
animal. Je cherchai dans les ouvrages les pkis com-
plets qui traitent particulièrement de l'analyse orga-
nique, et je ne trouvai aucun (ait qui pût m'éclairer
sur sa composition. Pour répondre k la question qui
m'âait proposée , je fus donc réduit k faire quelques
essais sur des taches formées par du sang de poisson^
et a les examiner comparativement avec celles pro-
duites par le sang des n^ammiferes« Les résultats que
5.
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(36)
f ai obtenus ne permirent pas dVtablir la moindre
identité. L^anaiyse que je fis de ce liquide corrobora
ces résultats d'une manière non équivoque.
Le sang qui a servi à nos expériences a été fourni
par le saumon (^Sahno Salard, de linnée ). 11 était d^une
couleur rouge très-foncée , ayant une teinte violacée.
Sa consistance était celle d'un sirop très-épais ; il
pr^ntait quelque chose de gélatineux , et rougissait
les couleurs bleues végétales. Je ne décrirai point les
essais que j'ai faits pour la recherche du meilleur
mode d*analyse h appliquer au sang de poisson : celui
que j'ai choisi était fondé sur la propriété que possède
la matière colorante de se dissoudre dans l'alcool ; mais
je ne tardai pas à me convaincre que, par ce moyen ,
je ne pourrais l'isoler : néanmoins l'alcool fut le pre-
mier agent à l'action duquel je soumis ce liquide ,
me réservant toutefois d'employer un mode particulier
pour l'obtention du principe colorant. En conséquence,
nous avons délayé le sang de poisson dans de l'alcool
2i ^o^' ; il en est résulté un coagulum brun-rougeâtre ,
qui a été traité par ce menstrue jusqu'b nullité d'action.
L'alcool avait acquis une couleur brune qu'il ne devait
nullement h la matière colorante du sang. On ré\'a-
pora au bain-marie jusqu'à siccité ; le résidu de l'é-
vaporation était brunâtre ; on l'épuisa par Teau firoide
de tout ce qu'il contenait de soluble. L'eau laissa in-
dissoute une matière brunâtre , tachant les doigts à
la manière des graissos. Cette matière fut mise en
contact avec l'éther, qui en a opéré la dissolution,
à l'exception d'une petite quantité de matière animale
sur laquelle nous aurons occasion de revenir dans le
cours de ce travail. La matière grasse obtenu^ alors
par Tévaporation spontanée de l'éther avait la consistance
du miel ; elle se dissolvait dans l'alcool , d'où elle était
précipitée par le moyen de l'eau, sous forme d^émulsion*
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(37)
Elle était également soluble dans les huiles grasses el
volatiles. Son odeur rappelait celle du poisson ; elle
^t sans action sur les réactifs colorés. L^analogie que
présente cette matière grasse avec celle que nous avons
extraite des œufs de truite et de carpe , nous porta
i rechercher si , comme dans cette dernière , le phos-
phore n'était point un de ses éléments ; pour parvenir
à en démontrer Texistence, nous décomposâmes, à Taide
du nitrate d^ammoniaque , une petite quantité de cette
matière huileuse dans un creuset de platine. Elle brûla
<^s laisser de résidu appréciable , et sans le moindre
indice d^acidité. Ce résultat négatif prouve que le phos-
phore n'entre point dans la composition de Thuile
£oumie par le sang de poisson. ^
Le liquide aqueux résultant de Faction 4l^ Teau sur
l'extrait alcoolique obtenu plus haut , a été réduit h
siccité par Tévaporation au bain-marie ; on a ob-
tenu un résidu d*un brun-jaunâtre , entièrement dé-
pourvu d*odeur de poisson. Cette matière , exposée à
l'air, est déliquescente , sans doute à causé de quelques
matières salines qu'elle renferme. La dissolution dans
l'eau est précipitée en flocons jaunâtres par la teinture
de noix de galles. Les acides sulfurique et nitrique
versés en petite quantité dans la liqueur , y produisirent
des flocons. Le perrhlorure de mercure y forme égale-
ment un précipité \ Tacétate de plomb donne lieu à un
précipité blanchâtre. JLe chlore liquide y développe de
Mgers flocons jaunâtres , qui , par un excès de chlore ,
deviennent blancs et se divisent dans le liquide. La saveur
de cette matière se rapproche beaucoup de celle du
bouillon concentré. La manière dont elle se comporte
ivec les réactifs , et sa saveur caractéristique , établissent
ime grande idenAté entre elle et Tosmazôme de la chair
musculaire. Cette matière était entièrement semblable
i celle que Téther avait isolée en agissant sur la matièi:e
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(38)
grasse que nous avons étudiée. Calcinée , elle a laissé' da
sous-carbonate de soude et du chlorure de sodium. Il
est probable que le sous-carbonate alcalin provenait de
la présence de Tacétate àe cette base , qui presque
toujours existe dans Tosmazôme.
Le coagulum obtenu , en traitant le sang par Falcopl
concentré, avait pris par ces divers traitements une
couleur grisâtre ; on le mit en digestion dans Téther,
h la température ordinaire* Après quelques jours de
contact , on filtra la liqueur , qui donna , par une éva*^
poration spontanée , une matière grasse d^une odeur
rance très-prononcée , sans cependant avoir de pro-
priétés acides ; sa couleur était blanche-jaunâtre. En
exposant cette matièce grasse à une basse température ,
on remarqua quelques cristaux qui étaient en trop
petite quantité pour être examinés rigoureusement Cette
matière grasse, saponifiée par le procédé de M. ChevreuU
nous a donné des acides oleïque et margarique.
Le résidu qui avait subi l'actio^t de l'éther , mis en
contact avec Teau, s'y est légèrement gonflé. Il se dis-
solvait dans la solution de potasse caustique , même à la
température ordinaire. La teinture aqueuse de noix de
galles versée dans la dissolution y produisit des flocons
brunâtres ; Tacide hydrochlorique occasionna un préci-
pité soluble dans un excès d'acide. Exposé à Taction
du calorique, il devint pâteux à la manière de Talbu-
raine placée dans les mêmes circonstances. Mis en
contact avec Tacide hydrochlorique , il ne prit point
de teinte violacée , mais seuleinent une couleur brune
qu'on pourrait rapporter ii celle du café à Teau. Traitée
par Tacide acétique , elle s'y est dissoute en quantité
notable ; nous regardons cette matière comme de
l'albumine possédant quelques-unes des propriétés du
mucus.
Il nous restait maintenant à nous occuper de Tez-»
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(39)
raction de la matière colorante et de l'expose de ses
M'opriëtés.
Malgré la très-grande solubilité du principe colorant
ia sang de poisson dans Talcool , ce menstrue n'a pu
tre employé pour l'isoler h cause de son intime com-
binaison avec Talbumine, qui, en se précipitant , en-
ratae avec elle la matière' colorante. Pour parvenir
son isolement , nous lui avons appliqué le procédé
Dcliqué par M. Yauquelin, pour extraire le principe
«lorant du sang des mammifères, en le modifiant sui-*
ant la nature de la matière qui nous occupe.
£a conséquence, nous avons pris une certaine quantité
le sang de pobson , que nous avons traité h Taide d'une
%ère ébullition par Tacide sulfurique h lo^; on réitéra
« traitement jusqu'à ce que le liquide ne se cdorât plus ;
m filtra les liqueurs après les avoir réunies , et on les
atura par la magnésie en léger excès ; puis on y versa
le Falcool , qui n'a dissous que la matière colorante
!t une petite quantité de matière animale brunâtre.
Alcool prit une couleur rouge -cramoisi fort belle;
>u réduisit le liquide alcoolique à siccité, et on soumit
e résidu à Taction de Téther, qui n'a dissous que la
natière colorante rouge qui s'est alors présentée avec
les propriétés caractéristiques , en évaporant le liquide
spontanément.
'\r
il
fM
De la matière colorante rouge du sang de poisson.
Le principe colorant du sang de poisson est d'une
:ouleur rouge-cramoisi très-belle ; sa saveur est amère ,
^t son odeur est nulle. L^eau ne le dissout point; elle
est paiement insoluble dans les huiles grasses. Ses
iréritables dissolva&ts sont l'alcool et l'éther. La tein-
ture de noix de galles forme , dans la dissolution alcoo-
lique I un précipité brunâtre très -léger ; quelques
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m
(4o)
gouttes diacide sulfarique concentre, verscfes dans le
solutum , ne lui font éprouver qu^une intensité de
couleur; mais, par une plus grande quantité, elle prit
une teinte brunâtre ; Feau ajoutée au mélange lui
donna un aspect opalin, qui devint bientôt It^èrement
verdâtre.
L^acide nitrique avive d^abord la couleur de la
matière colorante , puis ensuite en précipite des
flocons rougeâtres , qui deviennent blancs par une noa-
velle addition diacide. L'acétate de plomb y forme un
précipité d'une couleur rosacée. L'ammoniaque n'en
change nullement la teinte , tandis que la potasse
communique une couleur jaunâtre. Le perchlorure de
mercure dissous dans l'alcool ne trouble point la
solution' du principe colorant. Le chlore , ajouté en
petite quantité , en détruit instantanément la couleur ,
sans lui communiquer de teinte verte.
La matière colorante du sang de poisson , soumise
à l'acrion du calorique , donna une fumée blanche qui
rappelait au bleu le papier de tournesol rougi par
un acide. £n soutenant 'raction du feu , on obtint
un résidu qui s'est dissous dans l'acide hydrochlorique
pur ; la dissolution prenait , par Faddition de l'hydre-
cyanate de potasse, une couleur bleuâtre, ce qui in-
diquerait des traces de fer dans la matière colorante.
L'oxalate d*ammoniaque y forme un précipité soluble
dans l'acide nitrique. L'eau de chaux donna lieu h
quelques flocons. Ces différentes propriétés démon-
trent évidemment que la matière colorante du sang
de poisson n'e^t point exempte de fer, et qu'elle ren-
ferme des indices de phosphate de chaux. Biais
comment le fer s'y trouve-t-il combiné ? il est pro-
bable, ainsi que le pense H. Berzellus pour la ma-
tière colorante du sang des mammifères , que ce métal
y existe en état de combinaison avec les autres élémenU
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(40
da la même manière que Thydrogène i le carbone i
etc. , puisqu'il a résisté à Taction d'un des acides kt
plus forts r
Il résulte des propriétés que possède la matière
colorante du sang de poisson, qu'elle ne peut toe
comparée au principe qui colore le sang des mam-9
■ûftres , surtout par sa solubilité dans Talcool et
Tâber, et sa couleur rouge -cramoisi dans son état
d^isolement On ne peut donc se refuser à admettre
la matière colorante du sang de poisson comme un
principe immédiat des animaux distinct de tous les
autres.
Avant d'énuméror les principes qui entrent dans la
composition du sang de poisson , je rapporterai Texa-
men comparatif des taches produites par ce liquide
et celles occasionnées par le sang de bœuf ou de mou-
ioa lur des vêtements. Les caractères de ces dernières
ont déjà été données par M. Orfila y avec le talent et
la précisicm qui distinguent les productions de ce
avant.
Du sang de poisson considéré sous le rapport chimico^
judiciaire.
Le sang de poisson , déposé sur des vêtements ,
produit des taches dont la couleur est moins foncée
que celles qui résultent de Tapplication du sang des
mammifères*. Elles ont un aspect gris-brunâtre. Ces
taches, enlevées avec le tissu qui les supportait, ont
iié mises en macération dans de l'eau distillée pen-
dant quelques heuies. Par ce traitement elles perdirent
leur couleur : le liquide qui en résulta était légè-
rement rougeâtre et trouble. Le tissu offrait quelques
points blanchâtres ; enlevés par un moyen mécanique ,
ils ne présentèrent aucune élasticité; ils étaient , au con-
6
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(40
traire , sans consistance et assez semblables au muciiif'
par leur aspect. Afin de les enlever plus facilement, on
plongea les taches décolorées dans un bain d^alcool ;
par ce moyen les points blanchâtres devinrent plus
consistants ; enlevés de dessus le tissu , on en jeta
quelques-uns dans Teau bouillante , qui les réduisit en
une matière cornée qui avait les plus grands rapports
avec Talbumine coagulée. Cette matière se dissolvait
très -facilement dans la solution de potasse caustique.
Décomposée par le feu dans un tube de verre , elle
donna une fumée qui rétablissait la couleur bleue du
papier de tournesol rougi par un acide.
Le liquide dans lequel les taches avaient macéré
était légèrement alcalin , tandis que celui qui résulte
de la macération des taches du sang ordinaire n a
aucune action sur les réactifs colorés. L'acide nitrique
n'y produit point de flocons; mais seulement il lui
communique une teinte opaline. Le sang des mam-
mifères , placé dans les mêmes circonstances , donne ,
au contraire , par Tacide nitrique , des flocons d'un
blanc grisâtre.
Le chlore liquide n'y forme qu^un léger louche , sans
produire de teinte verte , tandis que ce réactif préci-
pite le liquide de comparaison , et le verdit
L'ammoniaque n'occasionne qu'une faible intensité
de couleur, et elle ne produit point de changement
dans l'autre cas.
L'hydrocyanate ferrure de potasse ne donne lieu
h aucun précipité dans les deux liquides ; la teinture
de noix les précipite et les décolcye. Ce liquide ex-
posé à l'action du calorique devint opalin , et se
réduisit en flocons grisâtres par une évaporation à
siccité. Il résulte bien évidemment de cet examen qu^on
ne peut établir de comparaison entre les tacites produites
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(43)
par le sang des mammifères et celles qai rësullent de
1 upplicatioa du sang de poisson*
Résumé.
Des expériences ci-dessus décrites , on peut conclure
que le sang de poisson contient ,
1* Une huile grasse brune , ayant Todeur du poisson \.
a* Une autre matière grasse , d^une odeur rance , sans-
aucune acidité , trës-soluble dans Téthcr ;
3> Une substance animale possédant les propriétés
de Fosmazôme ;
4^ De Tacétate de soude , du chlorure de sodium et
du phosphate de chaux ;
5® Un principe colorant rouge, distinct de la ma-
tière colorante du sang des mammifères , et dans lequel
le fer est un des éléments \
fif Une matière albumineuse très-soluble dans les-
alcalis et les adîdes , et se rapprochant du mucus par
celte dernière propriété ;
7* Enfin, que les taches produites sur tes vêtements
par le sang de poisson, ne peuvent être conjfondues avec
celles qui résultent de Tapplication du sang des mam-
miières , par la nature de la matière colorante et
l'absence de la fibrine.
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(45)
RAPPORT
SUR LE MÉMOIRE GÉOLOGIQUE ET9V0TE AU C019COURS ;.
Par M. A. Li Privost.
^Messieurs,
La Compagnie a charge une commission composée
de MM. Meaume , Dubuc , de Labillardière , Morin et
A. Le Prévost , de lui rendre compte du résultat du
concours qu'elle a ouvert concernant la géologie de la
Seine-Inférieure. Nous venons , au nom de cette com-
mission , nous acquitter de la tâche qui lui a été imposée.
11 y a près de 4 ^^^ i Messieurs , que l'importante
question qui fait Tobjet de ce concours fut proposée par
la Compagnie. Depuis long-temps tous les bons esprits,
tous les amis de la science et du pays s'afHigeaient de
voir exclue des études de nos concitoyens et d'appli-
cations à nos localités la plus importante des trois
branches de l'histoire naturelle : celle qui sert de base
à l'agriculture , a la statistique , a toutes les industries ,
à toutes les connaissances qui s'appuient sur le sol;
celle qu'on doit considérer comme le point de départ
de ce cercle immense de recherches qui embrasse le
ciel et la terre dans ses travaux et dans ses leçons. Une
pareUle lacune était une calamité dans un département
>ù l'industrie dispose d^autant de bras et de capitaux
)ue dans le nôtre. Au 19* siècle , et h 3o lieues de la
:apitale , c'était un scandale.
Toutefois , nous devons nous hâter de le dire , ce
léfaut de culture sur notre sol de la plus utile et de la
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( 46 )
plus imporUate portion de rhistoire naturelle , tenait h
une réunion de circonsts^nces fâcheuses , beaucoup plus
qu^h un défaut de zèle de la part de nos concitoyens.
Vous le savez , Messieurs , c^ n'est que d^hier que les
sciences physiques ont commencé h être , nous ne di-
rons pas exposées , mais au moins indiquées dans nos
écoles ; ce n^est que d^hier aussi que la géologie régéné-
rée s^est débarrassée de Téchafaudage de ses anciennes
rêveries cosmogoniques , pour devenir Tune des connais*
sances les plus positives , les plus méthodiques dans
leur marche , qui puissent éclairer et honorer le génie
de rhomme* Le plus grand nombre d'entre nous avait
terminé son éducation , avait quitté sans retour la vie
spéculative de Tadolescent pour la vie active et sou-
cieuse de rhomme fait , avant que cette r^énération
se fût accomplie , avant surtout qu'elle eût été procla-
mée.
Nous étions placés d'ailleurs dans des circonstances
moins favorables que partout ailleurs pour cette élude.
Malgré Textréme proximité oh nous nous trouvons de la
capitale , notre sol , tout-h-fait différent de celui des
environs de Paris sous le rapport géologique , ne nous
permet de profiter que d'^ine manière incomplète des
savants travaux dont ils ont été Tob |et. Nous n'avons
rien à démêler avec leurs gypses , leurs pierres meu-
lières j leur calcaire grossier , m la plupart de leurs
autres terrains tertiaires. C'est en vain que nous cher-
clicrions h appliquer chez nous les règles , les défini tiens ,
los observations qui concernent un ordre de choses si
différent du n6tre : autant vaudrait chercher h étudier
nos plantes avec une Flore d'Espagne ou d'Italie.
Les parties méridionales de l'Aigle terre noiK offri-
raient des terrains beaucoup plus analogues aux nôtres ^
et les travaux qu'on leur a consacrés pourraient nous
être bien plus utiles. Mais ces ouvrages , d'un prix élevé ,
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pea connus chez nous , entourés de la double obscurité.
d^uQ idiome étranger et du langage technique de la
science , s'appliquant à des objets placés hors de la portée
de nos observations y ne sauraient nous être non plus d^un
grand secours dans nos études géologiques locales. Ce
qu'il nous fallait y c^était un manuel particulièrement
applicable à notre propre contrée y aux faits , aux objets
que nous ayons sans cesse sous la main et sous les yeux.
MaDieureuseroent les recherches à faire avant de le
composer ne présentaient pas aux savants un grand at-
trait A l'exception du pays de Bray y qui offre une dé-
nodation et un relèvement curieux des couches infé-
lieures ; à Texceplion encore de quelques points de nos
falaises, notre département appartient tout entier à la
formation crayeuse. Il n'y a I«i à espérer , ni cette variété
de produits , ni ces faits piquants et inattendus y qui ,
chez nos voisins du Calvados , de TOrne et de la
Haoche , tiehnent sans cesse éveillée même la curiosité
la plus vulgaire. Notre soi présentait assez de diffé-
rence avec celui des contrées environnantes y assez de
questions graves y agricoles et industrielles y pour récla-
mer un examen particulier et approfondi ; et cepen-
dant, il était peu vraisemblable qu'il l'obtînt de long-
temps sans un puissant encouragement Tout le monde
en formait le vœu , mais personne ne s'apprêtait à le
satisfaire. Quelques savants venaient bien de temps en
temps efiQeurer nos richesses et recueillir les fossiles de
la côte Sainte-Catherine ou de nos falaises maritimes ;
nuis c'était dans l'intérêt de leurs collections , et non
dans celui de notre topographie géognostique. Cette
attente sans résultat menaçait de se prolonger indé-
finiment I si l'Académie de Rouen n'eût cherché à y
mettre un terme. La Compagnie a senti que là était
le principal besoin scientifique et industriel du pays ;
elle l'a proclamé h haute voix ; elle s'est empressée de
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(48)
consacrer h la solution de ce grand problème des fonds
proportionnas lu sa gravite. Ces fonds , généreusement
octroyés , sans condition , par le conseil général du dé-
partement , n'ont été considérés par elle que comme un
dépôt sacré , et n^auront passé par ses mains que pour
attester son désintéressement et son zèle. Jamais , nou^
croyons pouvoir le dire , la Compagnie n'est entrée plus
franchement, plus glorieusement dans Tesprit de son
institution , et , n'eût-elle rendu que ce seul service au
pays , c'en serait assez pour appeler sur elle la vénéra-
tion, et la reconnaissance publiques.
Mais la description géologique d'une contrée 4pssi
vaste , aussi importante que le département dp la Semé-
Inférieure , n'est pas du nombre de ces travaux qui
peuvent s'improviser en quelques mois. Des recherches
préparatoires approfondies, des rapprochements nom-
breux , tant avec les terrains contigus qu'avec les ter-
rains analogues , de minutieuses investiga\ions locales
sont indispensables à quiconque veut y réussir. Aussi,
malgré tous les soins pris par la Compagnie pour que
sa généreuse résolution portât le plus promptement
possible ses fruits , vous le voyez , Messieurs , près de
4 ans se seront écoulés avant que nous les ayons recueil-
lis. C'est dans les premiers mois de i8a6 que l'Académie
adopta ce sujet de prix , et que le programme en fut
publié. On se flatta d'abord que le travail pourrait être
accompli pour l'époque de votre séance publique de
1827. Un mémoire assez étendu vous fut , en eiïet, alors
envoyé ; mais , quoiqu'on y reconnût l'ouvrage d'un
naturaliste distingué , bien au courant de Tétat actuel de
la science , et en relation avec ses plus dignes inter-
prètes , tant en France qu'en Angleterre , bien capable ,
en un mot, de concevoir et de traiter la question , il
portait des traces trop nombreuses de précipitation et
dHmperfectipn pour qu'il fût possible de lui accorder
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(49)
le prix. Afin d'encoura2;er L'auteur à le perfectionner ,
et d^autres concurrents h se présenter | vous donnâtes ,
dans un rapport dëtaillé , de nouvelles explications sur
la direction h suivre , sur les lacunes h éviter , sur les
développements a ajouter, et vous accordâtes un an et
demi de délai pour Tenvoi des travaux.
A Tépoque fixée par ce second appel , il vous a été
adressé un seul mémoire portant pour épigraphe ces
mots du chancelier Bacon :
« Homo naturœ minister et inUrpres ^ tantitm fadt et
ùUeiEgit , quantum de natura ordine , re , vel mente observa^
pcrit, nec ampiius scU autpoiest. » ( Nov. organ. , aphor. I.)
Qt mémoire , qui est évidemment le précédent , cor-
rigé , augmenté et remanié dans toutes ses parties , est
en même-temps , disons-nous v le seul qui vous ait été
adressé; mais aussi c'est un volume, et votre pro-
gramme ne demandait pas moins. Vous ne devez donc
poiot être surpris de ce que , malgré le puissant intérêt
de la question proposée , et vos soins pour appeler sur
eDc l'attention de tous les amis de la science , il ne
se soit pas présenté plus de concurrents ; on ne jette
point h l'aventure des travaux aussi étendus -et aussi
compliqués ; c'est déjh beaucoup qu'une personne par
déjpartement veuille bien s'y dévouer. Celui-ci est un
volume de 3oo pages in-folio , accompagné ,
!• D'une magnifique carte géologique , coloriée , sur
U même échelle que celle des environs de Paris , par
MH. Cuvier et Brongpiart ;
a» De quatorze dessins représentant des coupes et
vues des terrains de la Seine-Inférieure , et quelques-uns
de leurs fossiles les plus remarquables ;
3* D'une collection de quatre-vingt-onze échantillons
des roches, terres , fossiles et minéraux mentionnés dans
Toavrage.
Une introduction, à-la-fois savante et claire , ouvre
7
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( 5o )
ce travail et nous rappelle , à grands traits , les phé-
nomènes et les révolutions qui ont formé Tenveloppe
actuelle du globe, les circonstances qui la modifient
encore sous nos yeux , T utilité scientifique et indus-
trielle de la géologie , la marche que cette étude doit
suivre et les révolutions qu^elle a subies. L^auteur
examine ensuite notre département sous le rapport de
la topographie physique , et fait connaître successive-
ment la configuration du sol , ses vallées et rivières ,
et enfin ses deux plateaux principaux. Il nous a paru
donner une idée aussi neuve que précise et heureuse
de l'intluencp que la nature de chaque terrain exerce
sur la disposition de ses plaines et de ses vallons"! et
qui suffirait désormais à un observateur exercé pour
reconnaître , sur une carte exacte h grand point , à quelle
région géologique appartient une contrée (i). Nous avons
encore remarqué la description et Texplication de ces
espèces de gradins , qui , dans les environs de Dieppe
surtout , impriment une physionomie particulière à la
plupart des coteaux (2),
Les terrains qui se rencontrent dans la Seine-Infé-
rieure peuvent être rangés sous 5 divisions ; savoir :
i^ Ceux qui sont dûs à Taction des eaut actuelles ;
a® Ceux qui proviennent d^une action générale des
eaux anciennes;
3" La formation secondaire de la craie ;
4** Les sables ferrugineux et glauconieux ;
Et S" y les calcaires du pays de Bray (3).
L'auteur indique sommairement la nature de chacun
de ces terrains , puis leur gissement dans le département y
au moyen de 5 grandes lignes qu'il tire (4) y
i» Du Havre h Âumale ;
(1) Page a3 da Manuscrit. (3) 9. 49.
(a) P. 3i. (4) P. 5i.
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(5i )
»• D'Elbeuf au Trëporl ;
^** De Rouen à Gournay ;
^'^ Du Pont-de-l^Arche au Havre , en suivant le cours
^ la Seine ;
^^ Ou Havre au Tr^ort , en suivant les falaises.
I^ planches i3 et i4 présentent la figure des terrains
àécrits sur cette dernière ligne ; il serait à désirer qu'il
en existât de semblables pour les 4 précédentes.
Confonnément au désir que vous en aviez témoigpé ,
^ appendice étendu a été consacré aux fouilles de
Meulers (i). Cet appendice , rédigé diaprés la notice de
notre savant confrère M. Yitalis , et d'après vos échan-
tillons , ceux de l'Ecole royale des mines , et ceux de
lu. Feret , pharmacien h Dieppe ^ accompagné d'une
coupe des terrains traversés (a) y. et d'une liste raison-
née des objets recueillis , ne nous a paru laisser rien
a désirer (3). Il en résulte ce fait géologique bien- im-
portant, qu'à plus de looo pieds de profondeur, à
Meulers , on n'atteint que les mêmes couches qui se
présentent à la sur&ce du sol dans le centre du pays
k Bray et au çap de la Hève ; qu'ainsi la masse sur
^quelle repose le sol de la Seine -Inférieure consiste
partout dans ces terrains de sable , d'argile et de
^caire marneux, qui composent le 3^ étage de la
ormation oolithique , et que, dans l'espace de la lieues
[ d'Hécourt à Meulers) , il descendent de ago mètres ,
K)ur remonter àe aoo dans l'espace de a 5 autres lieues
de Meulers au Havre )• U était donc difficile de plus
tial choisir l'emplacement de$ fouilles de Meulers *
i la géologie du département eût été plus avancée
(i) p. 55. (ir) P. %^y
(a) Planche 3, figure i.
k
l:
s
kh
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( 5a )
I IVpoque ou elles ont eu . lieu , ce nVst point sur ce
point qu^on les aurait établies ; mais , dans les environ»
de Goumay , où elles auraient présenté quelques chances
de succès ; et là , dans le cas même où elles n^auraient
point amené de charbon de terre , au moins eussent-
elles produit des résultats plus avantageux pour Tétude
de la géologie.
Ici est la liste des terrains de la Seine-Inférieure (i) ,
avec une planche h Tappui , qui en donne une coupe
idéale (a).
Les premiers, appartenant à la formation contem-
poraine , sont :
I® La terre végétale ;
a<^ Les alluvions et attérissements ;
3** Les sables et galets ;
4.® Les tourbes ;
Et 5° , le tuf calcaire.
L'auteur fait remarquer qu'aucun de ces terrains
n'atteint , dans le département , un développement ex-
traordinaire. A la suite du paragraphe de la terre v^é-
tale , figure un tableau de l'analyse de plusieurs sols
arables , pris dans diverses contrées (3). Deux de ces
analyses sont Touvrage d'un de nos confrères ; mais
aucun ne se rapporte h des terrains appartenant è la
Seine-Inférieure. Nous pensons qu'il serait bon de faire
cesser cette lacune , en faisant recueillir , dans chacun de
nos arrondissements, un échantillon de sa meilleure
terre de labour. On pourrait en faire autant pour la
meilleure terre d'herbage du pays de Bray , et les li-
vrer ensuite à une analyse comparée. Nous ne doutons
(1) P. 68.
(a) PI. 2.
(32 P. 7a.
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(53)
pas que les savants chimistes que la Compagnie compte
dans ses rangs ne se partageassent avec plaisir ce
traTaii.
Le paragraphe des alluvions et attérissements est
fort complet et fort instructif (i) ; nous en dirons au-
tant de ceux qui concernent les tourbières et le tuf.
Dans le premier , Fauteur attribue particulièrement la
conservation des parties végétales dont elles se com-
posent à la présence du tannin et de Tacide gallique.
L'onde vos commissaires, qui a examiné avec soin
la tourbe de Jumièges, n'y a trouvé que quelques
traces bien légères de ces deux substances , mais un
peu d'oxide de fer ; toutefois , la décoction aqueuse de
cette tourbe avait une saveur atramentaire. L'auteur
indique un amendement pratiqué avec succès en Ân-
^eterre j et pouvant trouver son application dans notre
département , pour rendre h la culture les terrains où la
tourbe n'est pas d'assez bonne qualité pour que l'ex-
ploitation en soit avantageuse (a). Le tuf calcaire (3) ,
employé avec prédilection chez nous par les Romains
et nos devanciers du moyen âge , semblait avoir dis-
paru entièrement de notre sol. M. Emmanuel Gaillard
en a retrouvé au niveau des eaux courantes , dans la
▼allée de Lillebonne , et on a recommencé h l'employer
dans les environs de Bolbec. L'auteur, d'après ses
propres observations et celles de plusieurs autres géo-
logues , rapproche ce tuf d'importantes formations du
même genre employées en Toscane et dans les monu-
ments de Poestum , mais surtout du fameux Traver-
tin de Rome.
Le chapitre II est consacré aux terrains superficiels
(0 P.. 7<. (3) P. 90.
W P 85.
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(54)
anciens, trop long-temps confondus ensemble ; Tauteur
les divise en terrains transportes par les eaux , et ter-
rains qui n'ont été que remaniés par elles. C'est aux
premiers seulement qu'il restreint le nom de d&mtan ,
dont Tapplication avait été trop vague jusqu'ici. Dans
la première cat^rie figurent ,
I* Le terrain de transport du bassin de la Seine ;
a* L^alluvion ancienne de son embouchure ;
3* Le terrain de transport des plateaux , ou dUuçium
des Anglais;
4." Un calcaire d'eau douce de Varengéville.
Dans la seconde catégorie nous trouvons,
i<* Les terrains remaniés et leurs silex pyromaques;
st^ Le minerai de fer ;
3® Les argiles plastiques ;
4* Les grès h silex pyromaques ;
5® Les poudingues ;
Et 6® , une brèche crayeuse.
Nous ne saurions trop applaudir aux soins que l'au-
teur a apportés dans la distinction et le classement de
ces divers terrains. Peut-être reste-t-il encore quelque
chose h faire pour régulariser la rédaction de cette
portion de son travail ; mais il a rassemblé tous les
matériaux propres h l'éclairer , et nous n'avons pas
connaissance qu'elle ait été traitée nulle part avec plus
de développement ni dans un meilleur esprit. C'est
dans la 3' section de la V^ catégorie que trouvent leur
place les ossements d'éléphant recueillis à la ville d'Eu y
par M. Estancelin (i).
Dans l'article des terrains remaniés par les eaux ,
l'auteur donne des détails curieux sur l'emploi des
silex pyromaques h la construction des routes , ainsi
(i) P. ii<.
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( 55;
que sur la fabrication des pierres h fusil, industrie
qu'il croit pouvoir être introduite avec succès dans le
département de la Seine-Inférieure (i).
Le minerai de fer paraît avoir ^té exploite dès la
période romaine , dans le pays de Bray ; votre rap«
porteur a iait récemment la même remarque dans les
environs de Bemay. U y avait encore des forges dans
le pays de Bray, au 'i5' et au i6' siècle, et même
jusqu'au milii;u du 17*. On ignore quelle espèce de fer
OQ fabriquait dans ces établisseihents , depuis long-
temps abandonnés, ainsi que dans ceux de Bellen-
combre. Le minerai est un fer limoneux assez riche ,
mais en masses trop peu considérables et trop ac-
cideotelles pour pouvoir alimenter aujourd'hui des
fourneaux (a).
L'argile plastique a été traitée dans cet ouvrage avec
tous les développements qu'elle réclamait , et sous le
rapport scientifique et sous celui de l'industrie* L'au*
tcur commence par examiner les différentes situations
géologiques dans lesquelles on peut la rencoatren U
rapproche celles de la Seine-Inférieure de celles qui se
trouvent ailleurs en France , et notamment à Noyers ,
au-<iessous du calcaire grossier qui n'existe pas chez
nous , et il diidse les unes et les autres en trois assises»
Le dépôt du phare d'Ailly appartient à la première ;
les lignites de Noyers h la seconde , et enfin le dépôt
de Saint-Aubin-la-Campagne h la troisième. U est à
r^retter que cette dernière n^ail point été analysée.
L'auteur donne en place l'analyse de celle de Dreux ,
qui paraît avoir avec elle les plus grands rapports. C'est
encore une lacune que nous recommanderons au zèle
de ceux de nos confrères qui s'occupent de chimie (3).
(1) P. «7. (3) P. 148.
W P. i3o.
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(56)
Un paragraphe particulier est consacré aux substances
minérales et fossiles animaux ou végétaux contenus dans
l'argile plastique. L'auteur appelle spécialement Tat-
tention sur les lignites , et sur le succin de Noyers (Eure),
qui n'avait été connu que d'une manière impar&ite
avant lui (i)- Les dépôts de Saint- Aubin-U-Campagne
et de Yarengéville sont décrits avec les soins les plus
scrupuleux. Les usages auxquels l'industrie fait servir
leurs produits ; l'emploi qu'ils pourraient recevoir eu
agriculture , sous la forme de cendres v^étatives ; les
autres gissements de même nature sur divers points
du département, ne sont pas indiqués avec moins
d'exactitude (a).
Les trois paragraphes suivants traitent du grès h silex
pyromaques que l'on rencontre à Rocquemont , à Ya-
rengéville, aux environs de Torcy, et depuis Cany
jusqu'à Fontaine-le-Dun , des poudingues de St-Saëos,
d'£tretat et de Yarengéville , et enGa de la brèche
crayeuse qui se trouve en beaucoup d'endroits sur la
craie , et de puits cylindroïdcs qui descendent h tra-
vers les assises de cette formation. Les grès sont em-
ployés pour les constructions et le pavage ; ils pa-
raissent appartenir évidemment âi la même formation
que l'argile plastique , tandis que la position géolo-
gique des poudingues et de la brèche crayeuse est
beaucoup moins bien constatée. La description des ex-
cavations cylindroïdes remplies de débris du sol supé-
rieur , et traversant les premières couches de la craie ,
est aussi neuve qu'intéressante (3).
Le chapitre III est consacré âi la formation crayeuse.
La formation crayeuse occupe , parmi les terrains
(■) P. iSi. (3) P. 163—178 , pL 7 d 1».
(s) P. i53— i6b.
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(5;)
calcaires marins , un rang indépendant entre les cal-
caires h câites ^dont elle semble séparée par une couch»
<Ie Fargile plastique vers le haut , et le calcaire h oo-
tithes, qu'une série de sables et de marnes en éloigne
vers le bas.
Cette formation est remarquable par Tespace qu^elle
occupe et la puissance de sa masse homogène , qui
semble avoir été déposée dans un liquide tranquille.
£lie renferme peu de couches de matières étrangères ;
ses flancs h pic au bord de la mer présentent des' fa-
laises d'une centaine de mètres d'élévation , remar-
quables par leur brillante blancheur ; les éboulements
y sont fréquents et dangereux (i).
Après avoir décrit ses couches presque toujours ho^
rizontales , et sa surface tourmentée de fréquentes ondu-
lations et de pressions > Tauteur nous fait connaître les
contrées qu'elle occupe autour des terrains tertiaires de
Paris, en Belgique, en Angleterre et ailleurs ; puis il
la divise en craie blanche , craie marneuse et craie
glauconieuse*
La craie blanche est la première que Ton rencontre
après les terrains superficiels anciens ; elle est caracté-
risée , surtout à sa partie supérieure , par des lits hori-
Eontaux de silex pyromaques , et par de nombreuses
Gssures.
Parmi les variétés existant dans le département y on
lîstingue , i<* la craie subcristalline de la forêt de
Rouvray , de Sainte-Marguerite et autres lieux , com-
lacte , jaunâtre , à cassure un peu brillante , pouvant
prendre un poli semblable à celui du marbre ; a^ la
raie blanche, veinée de lignes jaunes , occupant la
Qéme position géologique que la précédente , et se
(i) P. 179; pL 5 et e.
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(58)
trouvant an Boshyon ; 3<^ la craie blanche compacte ,
fournissant des pierres à bâtir remarquables par leur
extrême blancheur : elle ne présente plus de fissures
ni de lits horizontaux de silex , mais seulement ces
mêmes silex disposés en rognons , par assises moins
rapprochées. Cette craie , dont Tauteur indique les
foissiles , occupe une portion considérable de la côte
Sainte-Catherine ; on la retrouve le long des coteaux
de la Seine , depuis Rouen jusqu^à Caudebec , et des
£ilaises , depuis Saint-Valery jusqu^au Tréport Les
célèbres carrières de Caumont y dans le département de
l'Eure , lui appartient ent y ainsi que toutes celles du
voisinage (i).
Dans la côte Sainte-Catherine et ^ Mont-Roty on
prouve la craie grise {grey-^halk des anglais) , qui pa-
raît n'être qu'une modification de la craie marneuse (3),
Les caractères les plus saillants de la craie marneuse
sont la présence de parcelles de mica et de grains noirs ,
et le petit nombre de ses silex pyromaques noirs. On
y trouve encore des masses d'alumine et de silice réu-
nies en gros nodules» ou formant une croûte autour
des silex dont nous venons de parler. La craie marneuse
occupe la partie moyenne de la côte Sainte-Catherine ,
des roches St-Adrien et de Tourville. On la retrouve
depuis Caudebec jusqu'à Sandouville y depuis le cap
d'Antifcr jusqu'au Tréport , dans les échantillons du
puits de Meulers , et sur la lisière occidentale du pays
de Bray (3).
« La craie glauconieuse consiste
En bancs durs et tendres , contenant des lits de silex et
des nodules cornés ; ces bancs sont parsemés de grains
verts de silicate de fer (4) ;
(1) P. 189.
(a) P. 199.
(3) P. 199-ioa.
(4) P. ao3.
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(Sg)
En arples et marnes micacées ;
£iifia ea sables verts, contenant un grès calcaire
bstré.
« £lle occupe le dessous de la craie marneuse , mais
quelquefois se montre seule de toutes les variétés de la
craie au-dessus des sables ferrugineux. Sa masse est de
ceDt pieds à Orcher et au Havre , tandis qu'elle n'oc-
cupe que peu d'épaisseur dans quelques localités du
pays de Bray* »
G^est dans la ligne qui sépare la craie marneuse de
ia craie glauconieuse que Ton trouve les fossiles les.
plus précieux de la côte Sainte-Catherine , les scaphites ,
turrilites, nautilites , Tammonite de Rouen , etc (i)
Cette montagne prouve , contre Topinion des anglais y
l'impossibilité de séparer la craie glauconieuse des^
autres formations crayeuses. L'auteur indique et décrit
tous les autres gissements de craie glauconieuse exis-
tant dans le département , et particulièrement à Lille-
bonne « à Orcher , à la Hève , h Fécamp ^ et sur un grand
nombre de points du pays de Bray (a).
Les principaux usages économiques de la craie sont ,
en agriculture , le mamage des terres ; en industrie , son
emploi comme pierre à bâtir , la fabrication de la chaux
hydraulique et celle du blanc d'Espagne. La craie
(i) Cette indication n*est pas complètement exacte. Il y a dans
la montage Sainte-Catbtrine deux bancs contenant les fossiles
précieux dont nous venons da parler. Ils présentent cette cir^
constaBce remarquable que ïwat ne renferme presqna pas de
acapkites f et Tautre presque pu de tnrrrilitcs. Ces bancs soni
de peu dVpaxssenr.
Il sera nécessaire aussi de vérifier dans quelle position (éolo*
giqoe se trouvent les fossiles de Tenrville.
O) p. iii
&
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(6o)
blanche , dépourvue de sol su périeur , ne produit guère
que du buis et de Tif. La craie marneuse ^ et surtout
la craie glauconieuse , peuvent devenir très-fertiles par
la culture , mais non dans la Seine-Inférieure , où elles
ne se trouvent jamais à la surface du sol. L^auteur donne
des détails aussi précis que curieux sur la fabrication
encore peu connue de la chaux hydraulique ou ciment
romain des Anglais. Le blanc d'Espagne est de la craie
blanche d'où Ton a enlevé le sable par un lavage ; les
meilleures pierres h bâtir se trouvent dans la craie com-
pacte , comme à Caumont , ou dans la craie marneuse ',
ou enfin dans la craie glauconieuse , comme à Fé-
camp (i).
Les eaux traversent avec la plus grande facilité les
lits supérieurs de la craie, et quelquefois même toute
sa masse ; mais ordinairement elles sont arrêtées par
la craie marneuse. Les puits des plaines voisines de
Rouen , comme tous ceux qui existent dans la craie,
sont entretenus par des pleureurs , c'est-à-dire par des
gouttes d'eau sortant des fissures. On est obligé , pour
les obtenir , de traverser toute la craie blanche , afin
de les asseoir dans la craie marneuse. Les ruisseaux
et fontaines sortent rarement de la craie blanche ,
plus souvent de la craie marneuse , très-souvent de
la craie glauconieuse. Ces circonstances rendent fort
probable le succès de puits artésiens dans la Seine-
Inférieure , dont le sol présente absolument les mêmes
données géologiques que celui des départements où
cette industrie est le plus florissante. Une entreprise
de cette nature , exécutée h Pont-Audemer , n'a pas
réussi , parce qu'elle a eu lieu au-dessous des terrains
de la craie. A Gisors , au contraire , qui se trouve
(i) P. ai3. — ai8.
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(6i)
SOT le bord de la formation crayeuse , on a toujours
obtenu des eaux plus ou moins élevées. Cette partie
da Mémoire , qui est pour nous d^ua si haut et si
pressant intérêt , formera le sujet d^un nouveau travail
de lauteur , qui vous sera bientôt soumis , et où il
vous rendra compte des travaux exécutés, ainsi que
des résultats obtenus dans six départements (i).
Les eaux minérales des terrains crayeux de la Seine-
Inférieure sont en général purement ferrugineuses. Quel-
ques-unes sortent des parties supérieures de la craie ;
et c^esi en traversant Targile plastique qu'elles se sont
chargées de fer. Telles sont celles de Ry , d'Aumale ,
d'Oherville , de Bléville et de Nointot.
Celles de Rouen et des environs paraissent provenir
àe la base de la craie , et devoir leurs qualités fer-
rugineuses aux marnes bleues dans lesquelles elles s'ac-
cumulent. Celles de Bolbec et de Saint- Wandrille
viennent peut-être de la tourbe. Il y a dans cette partie
de l'ouvrage quelques omissions faciles à réparer. C'est
ainsi , par exemple , qu'il existe sur le territoire de
Rouen , vis-h-vis Bapaume , plusieurs sources miné-
rales , aujourd'hui abandonnées , dont l'une paraît être
très-riche. Nous les recommanderons encore à l'examen
de ceux de nos confrères qui cultivent la chimie (a).
Nous verrons plus loin les sources minérales du pays
de Bray (3).
(i) P. aiS-aii.
(%) P. 333. M. Gaillard noiu a signale aussi , dans le terri-
totit de Lillcbonne , une source qu'il regarde comme dou^ dt
vcrtm très-e'nergiqiies.
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(6»)
Chapitre IV. — Terrains Inférieurs à la craie* <— Pay$de
Bray.
Le pays de Bray est une petite région naturelle , de
i8 lieues de long sur 4 «^ 5 de large , constituée par
Tabsence de la craie ; une dénudation de terrains in-
férieurs et plus anciens , qui y viennent au jour (i).
Cette contrée , dont le nom paraît emprunté à juste titre
à un mot celtique qui signifie boue , n^a jamais formé
une division politique ou administrative. Elle se dis-
tingue des terrains crayeux qui l'entourent de tous
côtés , non-seulement par la nature du sol , mais en-
core par son agriculture particulière , toute vouée à
Téducation des bestiaux , et qui « sauf le mauvais état
des chemins , rappelle au souvenir du voyageur les
plus fertiles contrées de TAngletcrre. Elle est divisée
en deux zones , Tune sableuse , Tautre calcaire et mar-
neuse. Sa physionomie toute particulière forme un
contraste frappant avec les plateaux unis et arides qui
Tenvironnent. Ici, au contraire, c'est une agglomération
de collines , de mamelons , de vallées sinueuses , où
des sources jaillissent de toutes parts , et qu'arroscut
d'innombrables ruisseaux (a).
Cette circonstance conduit Tauteur à des considé-
rations aussi neuves que curieuses sur certaines contrées
qui portent un nom vulgaire indépendant des divisions
politiques et administratives , et dont la délimitation est
presque toujours parfaitement justiÇée par la constitu-
tion géologique du terrain. Tels sont, en Angleterre, les
IVealds et le Farest Rîdge du Sussex , qui ofirent pré-
ci^ment les analogues des deux zones du pays de
(i) P 9a3.
(a) P. 339.
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(63)
Bray , les Downs , etc., ; en France , la Brie , la
fieaucd , le Gatinais , le Perche , la Sologne , la
Puisaye , la Camargue , la Crau , les Landes , le Sund-
Gau , TArgonne , le Morvan ; en Normandie , le Bes-
sio, la plaine de Caen , le Lieuvin , le Roumois , le
pays d'Ouche , le Bocage , le grand et petit Caux , etc.
Les observations très -curie uses de M. Trouvé , mé-
decin en chef de Fhospice de Caen , prouvent que ces
caractères des localités exercent une influence notable ,
même à des distances très-rapprochées , sur la consti-
tution physique de la population. Il serait à désirer
que quelques-uns de nos savants confrères quî s'oc-
cupent de médecine , et particulièrement ceux \{m sont
attachés au service des hôpitaux , voulussent bien faire
chez nous des recherches semblables , et fournir ainsi
un chapitre d'un grand prix h la topographie départe-
mentale. Dans notre Rapport de 1827 , nous avions
témoigné le désir de voir ce travail exécuté par l'auteur
de la Géologie de la Seine-Inférieure ; mais nous
convenons qu'il n'y a qu'un médecin , sans cesse en
contact a^ec les diverses variétés de notre population ,
qui soit h portée , et de saisir de pareilles nuances ,
et de les rencontrer journellement. Nous croyons de-
voir citer en entier les réflexions qui terminent ce
paragraphe ^ et qui nous ont paru pleines de justesse (i)«
Après avoir délimité avec précision le pays de Bray ,
l'auteur remarque que les calcaires marneux y oc-
i^upent le milieu de la vallée , et que les sables les en-
tourent et les recouvrent en partie.
« Ces calcaires marneux ou Jumachelles se trou-
vant ainsi h nu , cette disposition de terrains peut
!tre entendue comme te sonmiet. d'un dôme aplati
(i) Voyes p. a4o-34i da Mémoire.
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(64)
ti alongé y formé par les couches du calcaire infé-
rieur , et dont les flancs sont recouverts 4)ar des grès
et des sables ferrugineux. La craie se présente tout
autour en amphithéâtre » (i).
« La position des couches semble néanmoins paral-
lèle à rhorizon. » Cette assertion est appuyée sur une
observation extrêmement curieuse de feu M. Groussier ,
ancien ingénieur des ponts et chaussées , plusieurs /ois
cité dans le cours de Touvrage. On ne saurait donner
trop de publicité è cette observation , qui pourrait être
renouvelée avec beaucoup d^avantage dans d'autres
localité^ f pour reconnaître l'existence et la direction
de couches suivies d'argile (a).
Les terrains du pays de Bray peuvent se diviser en
deux sections ; savoir :
i<> terrains glauconiens ;
Et a<* terrains du calcaire marneux.
Ces deux divisions passent néanmoins de Tune ^
l'autre par les grès glauconiens qui recouvrent le cal-
caire spathique.
Les terrains compris dans la première section se
composent de nombreuses couches d*argile , de marne ,
de sable, de grès et de calcaire, qui séparent la craie infé-
rieure de la partie supérieure de la formation cfolï"
thique ( ou calcaires marneux ) du pays de Bray et de
la Hève (3). Ils sont désîjgnés ordinairement sous le
nom de sables ferrugineux ; m^is comme les sables
n'en forment ordinairement qu'une petite portion , et
que la glauconie si abondante dans la craie se retrouve
dans les grès verts ,-4'auteur a pensé que le nom de
terrains glauconiens exprimait mieux le caractère gé-
(i) P. 143—^44.
(a) P. a44— aie.
(3) P. a48.
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(65)
n^ral de cette série, lis ont des rapports plus intimes
avec la craie qu^avec la formation oolithique à laquelle
appartient la section suivante.
On trouve , i^ une marne glauconieuse micacée «
dernière formation de la craie , et à laquelle on peut
laisser le nom de gault qu^elle a reçu en Angleterre ;
OQ doit la distinguer du blue mari ;
^ Des sables et grès ferrugineux ayant quelquefois
70 pieds dVpaisseur , renfermant souvent du fer li-
moneux ou sulfuré , et des veines plus blanches em-
ployées dans les verreries ;
3* Des argiles bigarrées, alternant ordinairement
arec les grès ferrugineux , et paraissant former une
couche continue sous les sables du pays de Bray;
4* La marne bleue ( bbic mari des Anglais) , renfer-
mant les mêmes fossiles précieux qu^on recueille h la
côte Sainte-Catherine ; elle recouvre à Savignies (Oise)
Targile exploitée par les potiers , sous le nom de terre h
grès ou \ pîommure, A Neufchâtel et h Forges , cette
dernière est accompagnée de lignites , et pareillement
employée pour la fabrication de la faïence , du verre ,
«t même pour celle des glaces à Saint-Gobin , où il
«'en fait une grande consommation. L'un de vos com-
missaires a fait la remarque fort juste qu'elle devrait
plutôt s'appeler silice alumineuse , puisque son analyse,
par M. Yauquelin ^ a douaé 63 parties de silice , et
16 seulement d'argile ;
5^ Un grès calcaire à grains verts , ordinairement
grisâtre , sableux , un peu friable , exploité à Dampierre ,
et se trouvant \ Ferrières , Saumont , Courcelles-
Rançon , etc... ;
6* Ua calcaire spathique coquillier , composé de
fra^ents de coquilles agglomérés, par des grains spa-
thiques de chaux carbonatée , exploité comme pierre
i bâtir , et formant la masse supérieure des collines
9
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(66)
à la gâttcbe de TEpte ; -on le veit aussi sur fpielqaei
points de la rive droite {
7<* Un calcaire marneux coquillier , alternant quel*
quefois avec les deux dernières couches., renfermant
déjà, comme la précédente^ des gryphées , et visible k
Neuville^Ferrières et au Pont-du-Coq (i).
a« Section. ,
Nous voici enfin parvenus aux couches qui Ibrment
la base de tous les terrains de la Seine-Infèrieure.
Nous lès trouvons relevées au niveau du sol , à ses deux
extrémités >, dans les gissements de la Hève et du pays
de Bsay , et, au contraire , enfouies à une immense
profondeur dans le puits de Meulers , de manière à
présenter la Ibrme d^un bassin dans lequel tous ces
terrains se sei^ient successivement déposés (a). Nous
avons déjà dit qu^elles appartenaient au troisième
étage de la formation oolithique. « Cette formation ,
remarquable par le nombre de ses couches et son
étendue , est très-répandue en Angleterre et en France.
Le département du Calvados en contient des couches
puissantes qui occupent presque toute sa superficie.
Elle -est caractérisée par le grand nombre d^oolithes
de diverses grosseurs , qui donnent un aspect parti-
culier à sa contexture , et la font paraître i^omposée
de grains ovoïdes. » On n'a point encore trouvé jus-
quHci d^oolithes véritables dans aucune des couches
du pays de^Bray ; mais le calcaire lumachelle qui
s y rencontre repose ailleurs sur de véritables oolitlies ,
(0 P. 169
(a) Peut-être lenlt-il bon d*en préienter uic coope iàétk
•uas cet aspect ?
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(6r7
«^ Tes couches qui raccompagnent chez nous ont pa*
reillemeat été reconnues par les meilleurs obsenrateurs ,
MM. de Humboldt , Elie de Beaumont , Graves ,
Oelcroz , etc. , comme appartenant h la formation
oolithique. Tous ces terrains ne sont qu'une masse-
<Ie marne , contenant des liW plus eu moins nom-
breux de calcaire marneux et de grès. Dans le pajs-
de Bray. , à- Meulers , et surtout au cap de la Hève «
on les voit alterner un grand nombre de fois les un»
avec les autres (i)»
L'auteur décrit avec* le plus grand soin le marbre Itr;
machelle h gryphëes virgules , découvert à JHécourt
(Oise) y par M. Graves , et maintenant en- exploita-
tion. 11 donne la coupe des terrains de cette localité (a) ^
puis de Molagnies (3) ^ puis enfin de la Hève (i) »
qui offrent une si curieuse ooFrespoilfenee avec le»
précédents , et se prolongent du même côté de la
Seine jusqu'à Orcher ,. et de l'autre jusqu'à Honfleur
et Heuqueville.. C'est dans les marnes de ces derniers
gissemenls qu'on a retrouvé de nos jours les os^ de
deux espèces de gavials , déjà annoncés par l-abbé
Dicquemare , en> 1786* Ce sont encore ces "hiarnes
qui servent à faire les tuiles. , briques et carreaux, du
Havre , bien connus par leur couleur d'un blanc jau-
nâtre j et dont la plus grande partie s'exporte aux
colonies. Uauteur donne la liste de tous les^ fiossiles
de ce dernier étage qui ont pu être déterminés (5).
Ces terrains renferment dans lé pays, de Bray , et
surtout aux environs, de Gournay ,. un assez- grand
nombre de sources d'eaux minérales. Les seules qui
(1) P. 271. (4) PI 3;fig. a.
(a)PL4;«g^3. ' (^)P. a;»-
(3) PL4;%<.
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(68)
soient encore employées $ont ceUes de forges , j^dis
fort célèbres , et qui paraissent tenir leurs qualités de
la tourbe exploitée au-dessus d^elles. On en trouve ici
l'analyse d'après notre confirère M. Robert , avec
quelques notes sur leur histoire. Les autres sources
du même genre paraissent jouir de propriétés sem-
blables Y mais moins énergiques.
Ici V Messieurs , se termine le corps de Touvrage ,
suivi de trois listes d'un grand intérêt. Nous avons
déjà parlé de la dernière • où se trouvent rangés dans
leur ordre de superposition tous les terrains recueillis
dans les fouilles de Meulers.
La première est un tableau des hauteurs baro-
métriques d'un grand nombre de points de la Seine-
Inférieure et des départements voisins. Cette liste se
compose de fÊ articles j dont 54 se rapportent à la
Seine-Inférieure « ai a l'Oise ^ 5 à la Seine, a h
Seine-et-Oise et 3 à l'Eure. On peut avoir une
pleine confiance dans les résultats de ces observations ,
qui* demandent des soins si délicats et des calculs
si compliqués. Une grande partie a été faite de concert
par l'auteur et par M. Delcroz , l'un des ingénieurs
géographes les plus versés dans ce genre d'opérations ;
d'autres par M. Delcroz et ses collègues , par l'hi^iie
explorateur de la géologie de l'Oise ( M. Graves ) , et
enfin par notre savant compatriote, M. Nell de Bréauté.
Nous avons été nous-méme témoin de quelques-unes
des opérations , et nous pouvons porter témoignage
de l'admirable précision des résultats obtenus. Ces ob-
servations deviennent au reste plus faciles et plus sàres
de jour en jour , et il n'est aucun de nous qui ne
pût les pratiquer au moyen des nouveaux baromètres
et de quelques leçons sur le terrain. On doit espérer que
le goût s'en répandra , et que cet instrument aura
bientôt été porté sur tous les points du département
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(70)
Des bois fossiles ;
Des écailles de poisson ;
Des dents de squale et de diodon ;
Des os de crocodile et de gavial ;
Enfin des os de baleine et d'élëphant.
Ces listes s'accroîtront rapidement , nous nVn doutons
pas , aussitôt que des observateurs locaux voudront
bien s'adjoindre aux savants étrangers qui seuls jusqu'à
ce jour se sont donné la peine d'explorer nos richesses*
Dans l'état de choses actuel , il était impossible de la
faire plus précise et plus complète.
La planche i^ renferme quelques-unes des espèces
les plus rares ; l'auteur a promis la continuation de
ces dessins.
Les autres planches sont toutes des coupes ou des
vues destinée^ à faciliter l'intelligence du texte , et qui
atteignent parfaitement ce but. Nous en avons indiqué
a ou 3 qu'on pourrait , ce nous semble , y ajouter , pour
ne rien laisser h désirer sous un rapport si important.
Nous soumettons , du reste , cette observation au juge-
ment de l'auteur. ^
Quatre-vingt-onze échantillons , la plupart remar-
quables par leur beauté et leur rareté , accompagnent
le Mémoire , et fournissent les pièces probantes les
plus authentiques qu'on pût demander h l'appui de ces
assertions. Cette collection , lorsqu'on y aura réuni
surtout les précieux échantillons de la fouille de
Meulers que vous tenez du zèle et de l'attachement
d'un respectable et savant confrère ( M, Vitalis) ,
deviendra un objet du plus haut prix , non-seulement
pour l'examen du Mémoire , mais encore pour l'étude
de la géologie départementale. L'un des principaux
objets que vous vous êtes proposés y dans ce concours ,
est d'encourager de toute votre influence , de popu-
lariser de tout votre pouvoir une si importante étude
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(71)
p^rmi nos concitoyens ; la commission n^hésitera donc
point à vous déclarer qu'elle regardera comme indis-
pensable h rentier accomplissement de vos généreuses
iotentions que cette collection soit déposée dans le
Mus^e municipal d'histoire naturelle , aussitôt qu'il
^ra définitivement organisé et ouvert au public , en
prenant, au reste , toutes les mesures nécessaires pour
en assurer la conservation intégrale. Nous ne doutons
pas que cette disposition n'inspire h l'auteur une nou-
velle ardeur pour compléter , autant que cela lui serait
possible , le don déjà si précieux qu'il vous (ait au-
jourd'hui (i).
Enfin , Messieurs , le plus précieux des objets joints
^ cet ouvrage , à cause de la clarté et de la rapidité
ivec lesquelles il met a portée d'en saisir, d'un coup-
<l*œil , Tensemble et les détails , est une magnifique
carte géologique , faisant ^uite à celle de MM. Cu-
vier et Brongniart , et qui fournira désormais d'inap-
préciables renseignements, même aux personnes les
pius étrangères à la science* Nous ne croyons pas trop
i^ire , en effet , quand nous affirmerons qu'il n'est aucun
i^e nos concitoyens , dans quelque situation que la
ileslinée l'ait pla'cé , qui n'éprouve à chaque moment
te besoin de connaître le terrain de sa demeure j de
K)n voisinage , de ses propriétés ; ce sol , dont la com-
position exerce une si puissante influence sur son
inculture , son industrie , ses constructions , la répa-
ation de ses chemins ; enfin , sur toutes les circons-
ances , tous les intérêts , toutes les habitudes locales
le sa vie. Désormais il suffira , même à l'homme le plus
(i) Il serait à désirer que notre confrère M. Dabrenil Toolài
>΀a y joindre dès échantillons de sa belle collection de terrains
«Itîfës da département.
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borné , de jeter un regard sur la carte qu^ nous d^roiH
Ions devant vous, pour savoir , au moins en gros , è quoi
s*en, tenir sur des objets si nombreux et si importants.
Les détails dans lesquels nous sommes entré vous
ont de'jà , sans doute , Messieurs , fait pressentir Topi-
nion de votre commission sur ce grand travail. Nous
devons vous dire , au reste , que cette opinion ne s^est
formée ^ chez chacun de ses membres « qu'après un
examen attentif et isolé. Il y a eu entre eux unani-
mité complète sur ce point , que Fauteur , non-seule*
ment mérite de remporter le prix proposé , mais encore
a droit à*vos remerctments et à vos félicitations pour la
patience infatigable quMl a apportée dans un travail
si long et si pénible. Nous ne voulons pas dire par-
lé que ce travail soit absolument exempt d^omisions
ou dUnexactitudes , encore moins qu'il ne soit point sus-
ceptible d*étre régularisé et perfectionné ; mais si , sous
quelques rapports , Tauteur est resté en-deçà du but ,
sous d'autres il a fait plus que vous ne lui aviez de-
mandé , et Ton a peine à concevoir qu'avec aussi peu
de devanciers et de coopérateurs , il ait recueilli tant
de renseignements , soit en-dedans , soit en-dehors du
département. Quant h leur complètement ultérieur
jusqu'à la publication , et bien au-delà , vous pouvez ,
nous oserons vous l'affirmer , vous en rapporter i ses
propres méditations , à l'intérêt de sa propre gloire ,
qui en fera un travail de toute sa vie ; à ses rapports ,
tant avec les chefs de la science qu'avec nos conci-
toyens , et surtout les membres de la Compagnie , dont
il réclame de la manière la plus pressante les obser-
vations.
U n'est pas entré dans vos intentions , en proposant
une question aussi importante y il peut encore moins
y entrer , en recevant un si beau travail , de l'ensevelir
dans vos cartons. U est , au contraire ^ de votre honneur ,
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(73)
autant que de Fint^rét général ^ de lui assurer la plus
prompte et is^ plus complète publicité ; mais cette
publicité ne peut s^obtenir sans d'assez grands irais ,
surtout pour ce qui concerne la carte géologique et
les planches qui en sont une portion si importante*
^s renseignements que nous avions demandés sur ce
point ne nous sont point encore entièrement parvenus*
•nous savons seulement que la gravure de la carte
coûtera à elle seule iSoo francs. Nous ne doutons point
9^6 le conseil général , dont les libéralités envers la
Compagnie n'ont été suspendues que par des circons-
^^ces indépendantes de sa volonté , ne donsenttt à
faire la dépense de cette carte , quand vous lui auriez
&t connaître et le noble usage que vous avez fait de
ses dons antérieurs , et l'utilité tout-à-fait départemen-
^e de cette publication*
En conséquence , la commission nous propose ,• âi
l'unanimité ,
1® D'adjuger le prix à l'auteur du mémoire ;
a" De voter l'impression de l'ouvrage t cp un volume
publié à part de vos mémoires , et livré au commerce ,
ainsi que la carte géologique et les planches ;
3® De déposer les échantillons a l'appui-, réunis h
:eux de Meulers , et étiquetés par l'auteur , au Cabinet
l'histoire naturelle de la ville de Rouen , à condition
[u'ils y formeront une collection distincte, portant
rotre nom , et restant votre propriété ;
4.® De réclamer du conseil général , par l'entremise
Le M. le Préfet , son concours dans la dépense de cette
publication.
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(74)
L'Académie ajant adoplé les conclusions da rapport y
M. le Président a ouvert , en séance publique y le billet
cacheté qui était joint au Mémoire , et a proclamé le
nom de M. Antoine Passt , demeurant à Paris.
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CLASSE
DES BELLES-LETTRES ET ARTS.
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(77)
CLASSE
DES BELLES-LETTRES ET ARTS.
RAPPORT
Fait par M. BiGNON , Secrétaire perpétuel
JMEessieurs 9
Si les petites choses ne conduisent pas toujours
grandes , les premiers ëlémenls de renseignement
sont pas moins la condition nécessaire de la vie i
lectuelle du corps social , et le premier besoin de
ses membres. Aussi TAcadëmie a-t-elle toujours
cueilli avec un vif intérêt tous les moyens q<
multiplient d^abr^er encore la durée, déjà bien
treinte, de renseignement élémentaire; objet bien
portant , en général , pour le progrès de la civilisi
( puia^e c'est là sa première origine ) , et en par
lier pour le sort des classes inférieures ; car c*est
grande fortune pour elles d\)btenir promptement
à peu de frais , l'avantage de pouvoir de bonne I
tirer leur subsistance de leurs bras , et de n'étr<
toute leur vie dans la nécessité toujours gênante ,
vent coûteuse , et rarement sans danger , de chen
dans les yeux et la main d'autrui , un interprète
leurs relations les plus secrètes et les plus intime
£t pourquoi donc les classes supérieures ne tr<
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( 78 )
raient-elles pas aussi un grand avantage dans Tadoptioi»
des nouvelles méthodes ? Peut-il être indifférent pour
elles de mettre leurs enfants plus sûrement et plutôt
à portée de recevoir une instruction plus étendue , et
d^entrer dans la voie des études sérieuses avec moins^
de répugnance , par la facilité des premiers pas ?
Le temps est de l'argent , disait B*^" FranckBn , pour de
simples ouçriers. Mais , pauvres ou riches , le temps y
pour tous , est un trésor qui doit être Tobjet de la
plus stricte économie , surtout dans cet âge tendre ,
déjb plus qu^on ne pense susceptible d^une applica-
tion dont la faculté perd souvent toute son énergie ,
quelquefois un brillant avenir , dans les lenteurs sys-
tématiques d'une méthode routinière qui tue Técolier
au profit du maître.
Apprendre h lire et à écrire , était , suivant Duclos ^
une des choses les plus difficiles ; tant il est vrai que,
malgré sa haute intelligence , il avait dû essuyer de
longs dégoûts b se morfondre , cloué sur une bancelle
deux ou trois heures de suite , sans autres distractions, la
plupart du temps , que des supplices , et cela dans un
état de contrainte mortelle aussi funeste aux facultés
du corps qu'à celles de l'esprit ; et cependant c'est le
développement des facultés intellectuelles qui sert de
prétexte à cette violence inutile et barbare ! comme si
Ton croyait s'être acquis une sorte de prescriptiçn lé-
gale contre Tintelligence et l'innocent bonheur du pre-
mier âge y et que l'homme ne dût être initié dans la
carrière sociale que pour apprendre i souffrir sous le
despotisme de la verge !
Et voil^ pcécisément , disait avant Duclos notre vieux
Montaigne , voilà pourquoi nos pauvres enfants re*
viennent ordinairement si mawinUux de leurs écoles.
Mais il ne soupçonnait pas , le savant secrétaire de
l'Académie française , que si peu de temps après loi ,
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(79)
rcnfancë pourrait aller gaîment h pas de gëant dans
une carrière alors si trbte et si longue à parcourir ,
et qu^on pourrait , en quelques jours , même en quel-
ques heures , faire plus de progrès dans certaine partie
que , de son temps , quelquefois en plusieurs années.
Les proverbes sont , a quelques égards , les formules
algébriques de Tignorance , et il n^est pas rare que le
savoir en soit la dupe. Mais le génie de Tliomme a
toujours en réserve quelque moyen d^établir qu'il peut
7 avoir du nouveau sous le soleil ; et la fin de non-
recevoir toujours invoquée contre les inventions
utiles est ici victorieusement repoussée par Tévidence
des faits.
Honneur donc aux sensibles amis de Tenfance et
de la jeunesse , reconnaissance éternelle h toutes les
âmes généreuses qui se dévouent spontanément h
Tœuvre modeste , si dédaignée par les hautes puissances
de Tinstruction , d'extirper du. premier vestibule des
sciences les épines dont il est encore couvert !
Mous devons ranger dans cette honorable catégorie
M. Maître , de Brignoles , dont les succès merveilleux
ont. été attestés par des commissaires de la Société
académiques d'Aix, ainsi que l'association pour l'en-
seignement mutuel de notre faubourg Saint-Sever ,
dont le discours de M. Aug. Le Prévost , son prési-
dent , constate la sollicitude et les progrès.
La Société de la morale chrétienne , établie h Paris ,
s'efforce constamment , par de nouveaux sacrifices , ^ se
maintenir h la hauteur du généreux système d'une
bienfaisance universelle.
= La Compagnie a reçu avec reconnaissance les
communications ordinaires de l'Académie de Besançon ,
des Sociétés d'émulation du Jura et d'Abbeville. Les ao«
et ai* tomes de la Société des antiquaires de Londres,
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(8o)
accompagaës d'un beau dessin colorié , de gftede di-
mension, de la célèbre tapisserie de Bayeux , sont aa
rang des monuments les plus précieux de vos archives.
= Une Epître en vers , d'un vîeuz poète à son ami
âeoenu poète de cour^ par M.Frédéric Lequesne, et une
Notice sur la tour de Londres , par M^ Tougard , tous
deux avotats et membres de notre Société d'émula-
tion , ayant déjh obtenu de ce corps savant Thono-
rable distinction d'une lecture publique , ne pouvaient
manquer d'étrie distingués par l'Académie.
= L^analyse de notre Précis de 1828, par M.Lau-
tard , de F Académie de Mar^ille, est un travail cons-
ciencieux f où la critique , sous des formes pleines de
modestie et dWbanité , ne décolore point hes éloges.
=s Une Notice sur les hôpitaux 3e Rouen , par M. Le-
gras , archiviste de THôtel-Dieu , sera , comme objet
d'intérêt local , signalée ultérieurement par l'analyse
du rapport de M. Hellis.
=: La Domfrontlenne , épttre , en vers libres , de* M.
B*** à M. Casimir. Delavigne , est une petite bhiettc
critique , sané fiel. Dans son discours d'inauguration
pour le théâtre du Havre , après avoir fait briser la
pomme de discorde en Normandie , M. Delavigne avait
ajouté :
« fit si àts Doirs pépins le |ermc trop fécond
« A semé les procès qo^on rëcolte 4 Domfront,
« La blancheur àt U pomme , où l'incarnat se joae j^
« Embellit la caachoise et brille sor sa jooe. »
Malgré Tél^ance des deux derniers vers , né k
Domfront , selon toute apparence , M. B*** n'a point
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(8i)
trouvé \^ fktion de bon goût; il a répudia rbën^age
pour son pays , et l^on peut voir que ce n^est pas s^ms
raison.
= Un second extrait des Etudes poétiques de M.
Etienne Thuret , de i^ Académie de Caen , trop tardive-
ment reçu , a été mis au rapport de M. Fossé , pour
l^année procfaaioe.
Membres correspondants*
=: M. Yandeuvre a adressé h la Compagnie son Dis-
cours de rentrée , prononcé en qualité de procureur
général h la Cour royale de Rouen;
' M« Tabbé la Bouderie , une Notice historique si)(
Zwingli ;
M. Fée , une Tragédie de Pelage , que M. Fossé s
jugée susceptible de diverses corrections ;
M. Albert Montemont, un extrait de son Journal
des Voyages dans les quatre parties du monde ;
M. Spencer Smith , une seconde édition de sa No-
tice sur M. Bruguière de Sorsum^ précédée d^une
«econde édition de la traduction en vers français ^ par
M. Edouard Smith , du Ûie Voyager ^ de M. de Sorsum ;
M. Gois , un Groupe de Léda , en plâtre , d'une
Irès-bclle exécution;
M, Boinvilliers , une Pièce de vers ayant pour titre :
Tnbie mourant. Ce sont des leçons d^une m«rale pure
et religieuse, léguées par un père vertueux à son fils»
Ici , Messieurs , se termine l'article de vos mem-
bres correspondants , auquel un triste devoir nous
oblige d^'attacher un cr(?pe funèbre , en mémoire d'un
II
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(8a)
iborateur infatigable que la mort vient de noui
* b la fin d'une carrière de 76 années d'utiles,
lux et de bonnes œuvres.
é k D0I9 en 1753, mort à Aizicr-sur-Seine , le
novembre dernier , Marie-François Reyer éuii
iquaire le plus actif, et , de Taveu de tous « le plus
bnd des deux départements qui composent notre
ndissement judiciaire. D'autres pourront le repr^-
er dans les modestes et philosophiques habitudes
la vie privée , occupant avec honneur des places
nguëes dans le ministère de Tëglise , Fëpiscopat
ae , si la simplicité de ses goûts eût pu s'accom*
1er avec Téclat de la grandeur ; figurant avec distioc-
dans l'enseignement public , h l'assemblée législa-
, et à l'institut de France !.... Mais il s'agit ici moins
le notice biographique , qui déjà ne manque point ,
eaucoup près, à sa mémoire, que d'une simple
t indicative de son talent et du caractère général
ses ouvrages , dont plusieurs occupent une place
inguée dans vos archives.
^ire que M. Rêver réunissait , dans son grand sa-
' I toutes les parties essentielles et utiles qui cons-
ent le profond antiquaire , avec la sagacité d'une
ique habile et judicieuse, si nécessaire dans une
nce qui offre tant de problèmes h résoudre , ce
serait que résumer ce qui tant de fois a été cons-
dans vos annales,
^oint de charlatanisme dans les ouvrages de M. Re-
, point de ces apologies vagues de la science , et
ne l'avancent pas. Renfermé dans l'analyse et Tin-
»rétation des faits, c'est Diogène qui se contente
marcher pour prouver l'existence du mouvement;
t la vertu qui se recommande par l'efficacité des
tnples , bien autrement que par l'étalage des paroles,
lonne pour positif et pour conjectural ce qui lui
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(83)
paraît Tétre ; il dit : jt ne sais pas y avec franchise et
sans employer ces euphémismes , voile traoïparent de
rameur propre , qui trahit le secret de son incertitude
par le soin même de la dissimuler.
Oui y Messieurs y c'est une véritable y une très-grande
perte pour la science que celle d'un pareil homme.
Mais nous avons Tespoir de le voir revivre dans qiiet-
qoes-uns de nos confrères , qui , depuis longtemps «
marchent avec succès sur les traces de leur honorable
▼élëran ; et y s'il est difficile de dépasser M. Bever dans
la carrière des antiquités, il sera toujours bien hono*
Tible pour eux y et bien flatteur pour l'Académie i
qo'ib aient le grand avantage de l'atteindre.
Membres résibakts.
s L'Académie a reçu y en ouvrages imprimés y
De M. Delaquérière y une Dissertation sur les por-*
traits de Henri YIII et de François Ps existant \
notre hôtel du Bourgtheroulde ;
Be M. Floquet fils y un Eloge de Bossuet , qui , sur
le rapport de M. Durouzeau , organe d'une commission
Ipéciale , a procuré h Tauteur son admission au sein de
la Compagnie , et à la Compagnie un collaborateur
d'on vrai talent ;
De M. A. Le Prévost y un exemplaire de ses Ré«
flexions sur Alain Blanchard ;
De M. Deville y une Traduction en vers des Buco-
Kques de Virgile y entreprise hardie , a dit , dans son
rapport y M» Dop'utel ; travail d'une exécution bien
difficile , à ne considérer que le grand nombre des
traducteurs qui ont vainement essayé de rendre le
^jle pur et harmonieux du poète de Mantoue y le
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(84)
channe de ces petits poèmes, premier rudiment poé*
tique de Tenfance , qu'on ne peut apprécier qu^avec
un goût délicat et exercé.
M. le rapporteur a félicité M. Deville d'avoir eu ,
comme il le dit dans sa préface , très-)eune encore ^
le courage d^affronter des difficultés jusqu'alors invin-
cibles ; mais il a tiré un augure favorable de la revue
sévère , dans un âge mûr , d'un travail qui doit au-
jourd'hui mériter à son auteur le prix de ses généreux
efforts.. ••
= Dans le compte rendu par M. Licquet , des deux
tomes de VArcheologia de la Société des antiquaires de
Londres, se trouve l'analyse de deux pièces qui ap-
partiennent à notre propre histoire. La première est un
poëme anglais , en vieux langage , sur le si<%e de Rouen
par Henri V ; on y voit des détails qu'on ne trouve
pas ailleurs. Par exemple, l'incendie, par les rouen-
nais , de huit paroisses de leur ville , à l'approche de
l'ennemi ; le déguisement d'un corps d'anglais sous l'u-
niforme bourguignon , pour attirer les assiégés, qui
attendaient un renfort de la Bourgogne , et qui toute-^
fois eurent la prudence ou le bonheur de ne pas
donner dans un tel piège ; enfin , l'énumération de
la population de la ville , portée à plus de l^oo^ooo
âmes , y compris la garnison , qui aurai c été au
moins de 80,000 hommes : ce qui s'appelle , dit notrQ
confrère , user largement des licences poétiques , etc.
La seconde pièce intéresse particulièrement nos
antiquités , c'est la relation de l'entrevue célèbre de
Henri YID et de François I^' au champ du Drap-
d'Or, représentée aussi sur les bas-reUefs de notre
hôtel du Bourgtheroulde. Tout y est décrit avec Texac-
titude la plus scrupuleuse , jusques aux plus minu-
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(85)
tienses mesures de l'espionnage réciproque , prise9 «
d'accord par les deux princes , sur toutes les routes
oilt ils pouvaient se rencontrer ; ce qui prouve , suivant
M. Lîcquet , le degré de confiance des deux monarques
l cette époque.
L'analyse d'un trobième monument anglais, tirée
do troisième tome de VArcheologia , offre la descrip-
tion d'un vaste tableau représentant la scène fastueuse
da champ du Drap-d^Or , dans te plus grand détail ; et
ce qui prouve rattachement des insulaires \ cette
production de Tart , qu'il serait curieux de comparer
avec nos bas-reliefs de lliôtel du Bourgtheroulde , c'est
qu'un agent français ayant montré le désir de l'acheter
pendant les troubles politiques , le comte de Pembrok
fn détacha clandestinement - la tôte de Henri YID ,
et ne la rendit qu^h la restauration , sous Charles D,
= M. Rellis , en rendant compte de la Notice histo-
rique des hôpitaux de Rouen , a rendu hommage à
l'exactitude des faits et à la clarté du style ; mais il
n'a point trouvé de titre authentique sur l'origine de
indtel-Bieu , à moins qu'on ne veuille le voir dans un
concile de Rome , en 334 9 qui consacre le pre-
mier quart du revenu des évéques au soulagement des
pauvres.
C'est a la piété de nos ducs, surtout d^Henri II et de
Kichard Cœur-de-Lion , qu'on doit attribuer les pre-
miers développements de notre hôpital. Etabli d'abord
dans le cloître des Chanoines , transféré au Nid-de-
Chien^ près la porte St-Hilaire , reporté, vers la fin
du ia« siècle, auprès de la Cathédrale , sous l'invoca*
tion de Notre-Dame , il prit bientôt après le titre de
la Madeleine , d'où vient le nom donné à la rue qui
passait devant cet établissement.
Suivent , par ordre de dates , l'acquisition du terrain
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(86 )
de Cauchoise pour les pestifôrës ; rérection de deux
petits hôpitaux sur ce lieu de satUé ; la translation de
la Madeleine f qui les réunit, en 17 58, sous le titre
d'Hôtel-Dieu ; la réunion à cet hôtel du prieuré de
St-Julien et de la léproserie du Mont-aux-Malades ;
Thistorique de THospice général, d^abord simple bureau
de mendicité, rue Sainte-Croix-Saint-Ouen , etc. , etc.
Mais c^en est assez pour donner une idée de l'intérêt
que doit présenter un ouvrage déjà recommandé par
le sujet môme et par les éloges du rapporteur.
= M. Lévy a lu des considérations contre le main-
tien , dans les mémoires de la Compagnie ,, de la lettre
i au pluriel des noms masculins polysyllabiques , ter-
minés en eiU et en ont. D^abord, c^est une série de ques-
tions que notre confrère laisse à d^autres le soin de
résoudre , sur la possibilité d^une réforme orthogra-
phique complète , sur les avantages et les inconvénients,
de Texécution , sur les noms qui n'ont pas de dérivés,
ou qui en forment avec d^autres lettres que la finale du
radical, etc. Ensuite , partant de ce principe que ré-
criture doit représenter la parole , pour prouver l'utilité
d'une réforme , il compte , suivant le calcul de la réfor-
mation , dans Jean-Jacques et Voltaire , y. compris le
Dictionnaire de l'Académie française, 7, oaa,3oo lettre
à supprimer , etc^ Et , après avoir insinué le soupçon
d'une vue d'intérêt de U part des imprimeurs dans
le maintien des lettres oiseuses , il a fini par invoquer ,
contre le /, le Dictionnaire de l'Académie française.
— M. Bigiioa a répondu verbalement aux géi^âalités
du mémoire de M. Lévy : quant à la question princi-
pale , relative î^ la lettre < , il en a soutenu le maintien
par les motifs suivants :
« La plus simple des règles grammaticales qui puisse
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(87)
exister dans aucune langue , est , sans contredit , celle
qui , dans le français , exige simplement Taddition
fune 3 pour former le pluriel des noms; la suppres-
sion du / dans les cas en question* est une exception
bisarre, contraire à tous les principes de Tëconomie
^nërale de ta langue , et une dérogation ridicule dans
l'espèce. Elle confond , sans utilité , les noms terminés
par une n avec ceux qui se terminent par un t ; car
le pluriel ne donne plus alors la lettre finale du sin-
juUer.
« D'un autre côté, le / est ici une lettre essen-
ielie , caractéristique pour la dérivation , et qui , par
Donséquent , doit , en quelque soi::te y tenir nature de
Pond.
« La suppression du / est sans utilité pour le peu de
temps et de place quHl occupe dans Técriture. Le
5upprime-t-on comme lettre sourde ? Mais il faudrait ,
pour être conséquent , le supprimer au singulier même ,
(t à la suite de toutes les voyelles , dans le pluriel
de tous les noms , etc. ; et pourquoi ne supprimerait-
on pas, au même titre , les autres consonnes qui se
trouvent dans la position où Ton supprime le / ?...•
« Etablir une exception pour les monosyllabes , ce >
n^est que déroger arbitrairement à une dérogation ar-
bitraire ; et , pour compléter le système des anomalies ,
on écrit tous , gens sans / , temps sans p et corps avec
un;>, etc.
« Il semble que Ton soit en droit de demander la
raison d'une si étrange pratique avant de Tadopter ;
mais , dit-on , ce n^est ici qu^un essai : à la bonne
heure ; cependant il n'en serait pas moins à désirer
que la marche des réformateurs fût plus régulière , et
qu'elle se portât sur des vices plus saillants , où , avec
un succès plus sûr et plus rapide , Ton pourrait tailler
dn vif sans estropier les malades; par exemple, les.
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(88)
lettres étymologiques superflues ne peuvent guère étr
conservée^ que pour ceux qui n^en peuvent tirer aucu
parti ^ ou qui pourraient s'en passer ; car si Torigine d'ui
mot tiré du g^ec ^a du latin se reconnaît bien à 1
simple prononciation , on n'a pas besoin de lettres no
articulées pour la reconnaître dans Técriture , dan
ortografe par e^femple , etc. »
— M. Ballin , intervenant par la suite à ce petit àé
bat , a expliqué comment le retranchement du i d'ej
point le fait de TAcadémie française dans son diction
naire , mais bien de ceux qui en ont fait de nouvelle
éditions , avec divers changements , suivant leur goi)
particulier ; en conséquence , la réforme ne pourrai
ici valablement s'autoriser du sufïirage de cette Académi(
Après avoir combattu , par des principes tirés de I
constitution .et de la génération des motSt une inno
vation qu'il avait lui-môme , dit-il , adoptée avec m
peu trop de légèreté , N. Ballin a cité t en faveur du t
des autorités respectables , des grammairiens de haul
considération, et l'Académie française elle-même, qui
dans ses publications diverses , ne s'intitule plus Acadé
ime française ; et h 1* occasion de ce changement dan
l'orthographe de l'autorité souveraine en fait de langage
notre confrère a indiqué l'origine de la nouvelle pro
nonciation dans l'affluence des beaux esprits d'Italie
venus successivement en France à la suite de Catherioi
et de Marie de Médicis, etc. Quant au cbangrmen
dans l'écriture , il en trouve les premiers exemples dan
I^esclache , en i668 , et dans Molière , q^i , d^s soi
Taiufij fait rimer paroiù'e avec étre^ çoimotte ave<
maltife , etc.
Une lettre de M. Jouy , de l'Académie française
et deux autres de M. Andrieu, secrétaire perpétue
de la même Compagnie y ont terminé le différend pai
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( 89 )
Tannonce du maintien très-probable du / dans le nou-
veau Dictionnaire prêt h paraître , et de Foi en ai ,
suivant Torthographe dite de Voltaire.
L^ Académie de Rouen a pris acte de ces disposi-
tions pour s^y conformer dans ses publications impri-
mées.
On doit tenir compte a M. Lévy , qui a reçu une
des trois lettres précitées , de la loyauté avec laquelle
il en a lui-même le premier donné lecture à la
Compagnie.
zs. M. le C2^itaine Fossé a semé des fleurs poétiques
sur jsa réception à TAcadémie , par la lecture d^un
poëme élégiaque inédit , intitulé : Ylnfanticîâe.
L'auteur débute par la description du lieu de la scène ,
et Tannonce du sujet.
Non loin des bor^s du Tarn , dans ces champs où Lescure
Portait josqaes aux cieox Torgueil de ses crtTneaaXy
Qai, cachés anjoard*hui dans une poudre obscure,
SVchappent sons nos pas et roulent dans les eaux;
Près d^un orme isolé dont Tombre séculaire
Jamais des feux du jour ne défend les troupeaux ,
Brille, au sein de la nuit, une flamme légère
Qui se glisse dans les rameaux,
Et, de sa lueur passagère ,
De la chapelle solitaire
Embrase no instant les vitraux.
l<à , jamais le printemps ne rit ii la nature ;
Jamais, près de cet orme an front échcTelé,
Le mois riant des fleurs n*oublia sa ceinture,
Et d'un doux réseau de verdure
Ne daigna tapisser le tertre dépouillé.
Là , si j*en crois les récits du village ,
Le pâtre ^ à la chute du jour ,
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1 90 )
£ntend des cris plaintifs sVloigner do feniUftgey
Se prolonger ensuite en un mnrmnre sourd ^
Et puis mourir sur le rifage
Comme expire un rafliier sous le bec d'un vautour.
Viennent ensuite les acteurs de ce petit drame.
Riche d*attraits et d'innocence ,
Laure croissait jadis sous le toit paternel
D'un berger dont les soins protégeaient son enfance ,
£t défendaient son indigence
Des vœux empoisonnes du galant me'nestrel ,
Qui Tenait sur ces bords soupirer sa romance ,
Et s*eniTrer en espérance
Des coupables baisers d'un amonr criminel.
Laure n'écoutait point la plainte cadencée
Qu'à la brise du soir livrait le troubadour :
Son oreille était offensée
Des chants qui la priaient d'amour.
Cependant , lorsqu*au fond -de l'humide vallée ,
Elle conduisait son troupeau,
D'un doux pressentiment son ame était troublée
Si ses regards émus rencontraient le château ,
Qui , du front belliqueux de la roche pelée ,
Noble protecteur du hameau,
Élevait dans les airs sa tête crénelée.
Un jour qu'elle arrêtait sts yeux
Sur sts tourelles menaçantes,
Et que, loin du présent, ses vœux ambitieux
Se perdaient enivrés d'illusions brillantes ,
Elle aperçut près de ces lieux
Un pitre qui , penché sur les ondes bruyantes ^
Interrogeait des flots le cours mystérieux.
L'avenir pour lui seul se dépouillait de voiles;
La tombe à ses accents Répondait par des cris;
Et son regard perçant, dans le feu des étoiles,
Contemplait nos destins écrits.
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(91 )
Le pâtre fait concevoir à Laure Tespoir d'obtenir
la main du seigneur châtelain , et l'engage de se rendre ,
au point du jour , au pied de l'orme isolé.
L*hcare fuit : la cloche el>raiilëe
Retentit sourdement sous les coups du marteau ,
Qui proclame dans la vallée
Que le ciel à la terre accorde un jour nouveau.
Tremblante , respirant à peine ,
Laore, d*un pas craintif, s'éloigne du hameau ,
Et , pâle de frayeur , péniblement se traîne
Jusqu'au pied du lugubre ormeau.
Le châtelain arrive mystérieusement.
Il court : Laure i se^ pieds tombe , et le séducteur
Attache à sa bouche muette
Des baisers dont lui seul goâte Taffreux bonheur !
C'était alors que Taubépine
Couronnait de ses fleurs les guère ts d'alentour;
Alors la riante églantine
Parait le front du troubadour ,
Et y sur le corset de Kosine,
Brillait comme un gage d'amour.
Bientôt sur sa tige effeuillée
La rose perdit nos regards ,
Et le ruisseau de la vallée
De sa couronne dépouillée
Emporta les débrb épars.
Avec la rose printanièri»
Laure aussi perdit sa fraîcheur;
Son front se couvrit de pâleur ;
Et , presque éteint sous sa paupièrt ,
Son regard morne et sans coulrur
Ne s'ouvrit plus à la lumière
, Qoe pour attester sa douleur.
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(90
£t qoftsd la jtfelle dor^e
Ne flotu plas daof uoâ gs^réU;
Quand de la grappe colorée
Jaillit un nectar pur et frais :
Tout entière aux ennuis secrets
Dont son ame était déchirée ,
Laure courut dans les forêts
Cacher sa honte et ses regrets
A sa mère déshonorée.
Après avoir long-temps erré , Tinforlunée se retrouve
tout-h-coup au pied de l'orme fatal , y devient mère ,
immole son enfant et l'enterre , pour mourir bientôt
après elle-même sur Téchafaud y en face du lieu de son
crime.
C'est au pied de l'orme que l'on voit , dans la nuit ,
celle flamme légère annoncée par le poète à son début.
Tandis que sur le tertre où le trépas de Laure
Effraya les humains et satisfit les deux ,
Jjt berger aperçoit encore
Une tète dont les yeux creux ,
Comme un sinistre météore ,
Au traters de la nuit semble jeter des feux.
Et quand l'ombre des nuits descend dans la vallée ,
Le spectre gémissant d'une femme voilée
A pas précipités s'élance vers Tonneau ,
De sa main décharnée cntr'ouvre le tombeau y
En arrache d'un fils la dépouille chérie ,
Et , pour ouvrir au ciel sa paupière endormie ,
Invente chaque nuit un soin toujours nouveau ;
Mais , froid à sts baisers , l'enfant reste sans vie ,
Et le spectre en pleurant regagne le coteau.
Cette élégie , presque toute dans le genre descriptif,
classique ou romantique par le fonds , n'en doit pas
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(93)
moios être regardée , par les couleurs poétiques qui la
distinguent , comme appartenant à une bonne école^
— M. Dumesnil , répondant comme vice-président ,
a trouvé, dans la palme décernée en 1826 b M. Fossé,
et dans les nouveaux suflfirages qui viennent de l'appeler
au sein de TAcadlmie , une garantie pour le récipien-
daire du plaisir que l'on éprouve à Vy recevoir ; dans
la brièveté du discours de réception, une obligation
d'abréger la réponse ; et dans la lecture du poème , oi!l
brille Télégante facilité ordinaire de l'auteur , une heu-
reuse compensation de tout ce que l'on peut dire de
mieux en prose. Il a félicité notre nouveau confrère
d'avoir su conserver et nourrir , dans la carrière des
armes , ce goût naturel pour la poésie , heureux moyen
de distractions , et il a terminé par l'espérance de voir
souvent M. Fossé contribuer à l'intérêt et à l'agrément
des séances de la Compagnie.
= Le Discours de réception de M. Floquet fils , sur
Sunleul;
Les Stances de M. P'« Dumesnil , sur la Mort de
T Impie ;
Une Notice nécrologique , de M. E.-H. Langlois , sur
feu notre estimable confrère M. Marquis;
Et un Poème de M. Alexis Fossé , sur le Voyage dé
S. M. Charles X » en 1828 , dans les départements de l'Est
de la France , ont obtenu les honneurs de l'impression ,
et vont faire partie des lectures de cette séance.
Ainsi , Messieurs , se termine le compte général
que nous étions chargé de vous rendre. Si l'Académie
pouvait trouver que le nombre des produits ne répondît
pas cette année b l'étendue de son zèle , elle peut offrir
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(94)
public une honorable compensation dans les bonnes
vres qu'elle a faites : près de 6,000 fr. , consacrés ,
te annt^e , à Tencouragement des sciences et des arts ,
amment pour le prix extraordinaire qui va être dé-
né, et pour un tableau, de grande dimension, par
re compatriote M. Court , à Thonneur de notre grand
rneille , voilà , sans doute , une bonne preuve que la
mpagnie sait noblement dispenser les subventions de
Iministration centrale , et une solide garantie pour
nploi de celles que la munificence éclairée de M. le
fet et du conseil général peut encore permettre d'at-
dre.
M[. D'Ornay , qui , par honneur , figurait au bureau
is cette séance, offrait à la vénéra^on publique, dans
)ersonne , un respectable vieillard de 100 ans, et un
démicien de 67.
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(95)
PRIX PROPOSÉ
POCA i83o.
L^Examen critique des historiens de la Nonnandie
ijant été mis inutilement au concours pour .i8a8 et
iSag ; le sujet a été retiré et remplacé par le suivant.
L'Académie demande des Programmes de Tableaux
tirés de VHistwre de Normandie.
Elle décernera une médaille d'or de 3oo francs h
celui qui aura envoyé les meilleurs , et en plus grand
nombre.
Elle désire que chaque programme , éclairé de notes
critiques , soit accompagné d'un simple trait ou croquis.
Chacun des auteurs mettra en tête de son ouvrage
une devise , qui sera répétée sur un billet cacheté où
il fera connaître son nom et sa demeure. Le billet ne
sera ouvert que dans le cas où Touvrage aurait obtenu
le prix.
Les Académiciens résidants sont seuls exclus du
concours.
Les ouvrages devront être adressés , francs de port ,
a M. N. BiGNON , Secrétaire perpétuel de V Académie , pour
la Classe des Belles- Lettres , avant le i'^ juin i83o. Ce
Urme sera de rigueur.
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( S7 ^
MÉMOIRES
Di^SSBS ACIXS.,
ESSAI
^•Ca iBS HYMNES Dl^ SAMTEUL ,
Par M. Floqoix.
Vers la fin du dix-seplième siècle , lorsque la religion
brilhic , en France , de toutes les splendeurs des arts
*t du génie ; ktfsque , dans des temples taiagnifiques
flevës par Mansard , embellb par le pinceau de Le
iueuT f de Jouven^^ et du Poussin } par le ciseau de
xitardon ^ de Coyzevox et de Coustou , on venait d^ad-
lirer i^ëloquence de Massillon , de Flëchier , de Bour-
alooe j de fiossuet^ combien on devait être étonne
'entendre succéder h ces accents sublimes , h ces dis-
ours pleins de force ^ da noblesse et de douceur , les
liants barbares qui départent alors notre liturgie , ces
ymnes triviales , triste monument de la rudesse et de
ignorance des temps qui nous les avaient louées ! Sans
ouïe les andens du Sanctuaire ne ressentirent pas moins
i3
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(.98)
de chagrin que d'enthousiasme , lorsquHIs entendirent
le. triomphanl éloge du pnnoe de Condé, lorsqifib
comparèrent cette ode faite h la gloire d'un conquérant
avec celtes consacrées pisqu'k c<; joi|r au Dieu qui fait les
conquérants (i). Sans doute ils s'indignèrent que la gloire
éphémèoe d*un mortel eû^ in^iré à^s chajuts plus noblçs
et plus hatdis que la gloire impéris^ble de celui en pré-
sence de- qui lliomme et runi^rs.ne%ont que néant.
Ce fut alors que deux vénérables pontifes (2) arrêtè-
rent que ces chants surannés feraient place à des chants
nouveaux que le peuple le plus religieux et le plus éclairé
de Tunivcrs pût avouer sans fougir et répéter en chœur.
Mais où trouver un poète qui ne soit po«pt inférieur à
cette noble tâche , un poêle dont la pensée s'élève jus^
qu'à la hauteur du sujet , et dont le langage puisse attein-
dre la pensée ? Siècle privilégié où , quelque fût TefTort
qu'on demandât au génie , toujours quelque grand homme
se levait et répondait à l'appel ! Alors vivait dans le cloître
de Saint-Victor, dirai-jc un religieux , dirais-je un bouf-
fon « un esprit trivial et burlesque , ou un génie sublime ?
un sage , ou un fou Y un homme , ou un enfant plein de
boutades et de caprices ? Disons ^ avec l«a Br^yèce ,, un
enfant à cheveux gris (3) , et nous a^rons peint y ^un
(1) Bossuet, Onison funèbre do prince de Cond^.
(a) M. le cardinal de IfcNullef y archeféqne de Paris , et TabW
de Cinny.
(3) Cest ainsi que La Bmyère Ta peint dans m des Deillenn
portraits qu*offrent st$ Carac/ères. II edkte , en outre , une lettre
de ce grand écrivain , adressée à Santeul y dans laquelle il loi dit :
J'e cous ai fort bien défini la première fois , mon cher Monsieur;
vous a9ez le 'plus beau génie du monde *^ et la plus fertile imagi-'
nation çu *il soit possible de concevoir; mais^ pour les mmnrs et kS
manières 'y vous êtes un enfant de douze ans et demi.
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( 99 ) ^
seul trait, cet dti« insaisissable par sa mobiKté, ce
caractère inégal , en qui se réunissaient tous les con-^
trastes ; ce Prolée , tocnr-à-toof , et presque ati même
insUot ) doux et coière , inti^taWè et facile , se rotslàrfl
dans la poussière et tout-^-co^p îÀvi dans le^ cieuk •
Mais hâtons*-no«is de dire , avec Wûs les rofeitempo-^
rains de cet bômtitiê si bizarre , q\ie l^ nature Tavait
doué de r^me la plus ardente , de Vitnagihalioh la plui
brillante , de Tespril le pins élevé ; qu'épris y dès he
jeune âge , de ces impérissables chefs-d'œuvre , gloire
étemelle du siède d'Auguste ; aôurri , îiUba de leuir» .
immortelles beautés ^ oki l'avait vu , sur }es bancs de
l'école , écrire , en se jouant , des poèmes dignes d'Utt'
CDnlemporaiu de^Virgile et d'Horace , des vers qu'an-
rtient applaudis ces grands poètes eux*-mêmes , et qui
leur auraient fait craindre Un émule. Disons sprtoUt
qa'entralûé par un goût irrésistible , et peut-être par
un pressetitiment secret de la mission difficile qu'on
devait lui confier un jour y il avait lu y telu y dévoré les
ëcrits d^Isa9fo y de David , ces maîtres de la poéMé ly-^
rique , auprès desquels pâlissent Alct'e , Virgile , Horace
et Pindare ; que leurs chants inspirés avaient fait ses
délices , et que peu d'hommes étaient aussi familier^
avec les vives et fortes images de la Muse hébraïque ;
et enfin , si , au milieu des fréquents écarts d'un ca-
ractère si indépendant des autres et de lui-môme , cet
homme , qui ne sut jamais résister à ses vives et tumul-
tueuses impressions y se recommanda toujours par des
mœurs irréprochc^l>les et par la vertu la plus pure ;
si y dans ce Monastère, que troublèrent quelquefois
ses fantaisies soudaines et ses bruyantes^ saillies y sa
booré , sa candeur , la sincérité de sa foi , la régularité
de sa vie lui avaient mérité le respect et l'affection de
tous , osons dire qu'il n'était pas indigne de chan-
ter les louanges de ce Dieu dont il n'est permis qu'à
i3.
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( *oo )
des lèvres pures de proférer le nom et de câëbrer la
gloire.
Jusqu^alors i de moindres objets ont amusé plutAt
qu^occupé le génie de Santeul. Ravi de ce grand ëdat
que jette Tastre de Louis , émerveille des créations qui i
chaque jour, se succèdent dans la* France glorieuse «t
conquérante ^ il a célébré dans ses chants la magni-
ficence du grand Roi et les exploits des héros qui hû
servent de cortège ; il a peint , dans des vers pleins de
pompe f ces palais spleodides , ces temples majes-
tueux t ces formidables arsenaux , ces arcs de triomphe ,
ces j'ardins enchantés qui s'élèvent de toutes parts ï
la voix du monarque ; ces eaux qui , dociles ^ sa voix ,
sont accourues sur les montagnes ; ce^ fleuves auxquels
il a ouvert des voies nouvelles , ces jeis d'eau 9» f^
se taisent ni journi nuâ (i). Mais combien ces sujets
sont inférieurs à ceux qui , désormais , s^offirent à sa
Muse ! Il ne s'agit plus , maintenant , d'exagérer quel-
ques faibles actions des hommes , afin que le monde
les admire ; d'exhausser quelques faibles mortels sur
un piédestal , pour les faire paraître grands : il faut ,
laissant ramper ^ ses pieds et le monde et ce qui
charme le monde , atteindre , s'il est possible , jusqu'à
la haute sphère qu'habitent les intelligences heureuses ,
et peindre la félicité qui les enivre* Il faut célébrer
dignement ces conquérants qui , sans autre arme que
la Croix , sans autre séduction que l'Évangile , ont
triomphé de l'univer^ ; ces martyrs qui ont vaincu
plus que l'univers , puisqu'ils ont su se vaincre eux-
méùies et vaincre les tourments et la mort. H faut »
enfin , s'élever jusqu'au sanctuaire secret quliabite ce
redoutable Jéhovah , pour qui David , lui-même » le
(i) BoMuet^ Oxiûon fîinèbre daprincs de Cond£
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( 101, )
mattre de la lyre , ne trouvait quelquefois d^autre éloge
que le silence. NHmporte , Santeui accepte la tâche ,
et bientôt le succès a justifié cette tentative qui avait
paru téméraire. U brillait au Parnasse ; sur le Calvaire
il se couvre de glpire : ce n'est plus ce poète vulgaire ,
ce chantre des choses humaines , c'est le Vates , le
Barde sacré qui s'avance la palme à la main , dont
^1 tête est surmontée d'une auréole , qui parle des
choses divines, et dont le langage est divin. Dé)à
il ne se passe presque plus de jour où , ^ans les
temples de la capitale , ne retentissent ses hymnes
inspirées , et toujours la damière surpasse en beauté
celle que l'on chantait la veille* Des acclamations una-
mmes accueillent ces poë'mes ; Bourdaloue , Fénélon ,
Nicole , Rancey , Fleury les admirent ; le détracteur
Saint-Simon les loue ; le grand Corneille ne dédaigne
pas de les traduire ; et Bossuct y toujours grave ,
toujours un peu sévère au milieu même des transports
de l'admiration la plus vive , reproche ^ son indo-
cile ami de n'avoir pas plutôt abjuré Pomone et les
faux dieux.
Ces suffrages imposants v ces applaudissements una-
nimes retentissent au loin *, . bier^tôt il n'y a plus
une ^lise en France où les Odes sacrées de Santeui
ne soient répétées en chœur ; on les chante dans nos
antiques cathédrales , on les chante dans les monastères ,
dans des temples de chauibe , dans les solitudes de la
Tr^pe, dans les forêts de Saint-Bruhô; et Rome s'étonne
qu'un étranger ait su retrouver cette belle langue poétique
de Virgile et d'Horace , dont , depuis tant de siècles ,
elle avait perdu le secret !
Quel charme si fort , au milieu de tant de mer-
veilles qu'enfante chaque jour un règne si fécond
en prodiges , a pu susciter tant d'admirateurs a quel-
ques cantiques , ouvrage d'un obscur habitant du cloî-
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C ià2 )
tre t et les faire retentir ainsi de là capitale aux pro-
vinces , des provinces au disert, et <lu désert au
Vatican ? C^est , dans un siècle où la foi et tout ce
qui touche à la foi tient une si grande place dans
les imaginations et dans tes cœurs ; où les solennités
du Christianisme sont des événements , où son culte
et ses pompes sont un plaisir , un besoin pour des
hommes "religieux et sensuels , une pompe nouvelle
et jusqu'alors inconnue , qui semble ajouter h la ma-
jesté des aateb et à la religion des peuples ; c'est ,
pour tous les pays et pour tous les temps \ la hauteur
des pensées , la richesse A la mai^sté de Télocution ^
la grandeur et la noblesse des images , qui** éclatent
partout dans ces poèmes étincelants de verve et de
génie ; c'est cette prodigieuse flexibilité de ton qui
sait peindre , tour-à-tour , et toujours avec des cou-^
leurs si vraies , et la Vierge timide , et le Maître du
tonnerre^ I la marche triomphante de la Croix et les
tortures du Martyr , les joies indicibles du Ciel , et
les angoisses de T Univers qui chancelé sur ses bases
et va s^abîmer dans le chaos ; c'est , enfm , dans la
bouché d'un contemporain , des accents que Rome
eût vivement admirés , des vers dignes d'Horace , dont
il semble que Cet audacieux français a violé le sé-
pulcre et ^dérobé la lyre. Mais expliquons mieux cet
enthousiasme , en citant quelques-unes dt s hymnes
qui rinspirent.
Commençons par celle où il célèbre l'Apôtre (i)
que Bossuet , dans son langage pittoresque et su-
blime , appelle raigie des Eçangéii'sUs , t enfant du
tonnerre. 11 le Voit qui va s'élever dans le . sein de
Dieu , et il semble redouter l'issue de son auda*-
(i) Saint Jean rÉtang^iste.
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( :^o4 .)
tes mains le toaciièrcnt ; que dis-je ? il te fut docin^
de t'entretenfr familièrement avec lui ! ! ! (i) »
L'hymne de la Toussaint doit être signalée tout
entière comme une des plus belles créations du génie
de Santeul. Ici , ce n'est plus assez pour le poète de
célébrer un prophète ou de couronner un martyr*
Son hommage s'adresse à tous les habitants do
r Olympe chrétien; et, transporté dans ces.r^ons
heureuses , il voit ce que jusqu'alors l'œil d'un mortel
n'avait point vu ; ces concerts célestes , inouis pour
l'oreille humaine j ^ il lui est 4>ermis de les entendre ;
et , ravi de ce beau spectacle , de ces ineffables har-
monies t il s'écrie (a) :
(i) Ta f qaem prc rcliqnis Chriitoi aaufenty
C^ dalces hominif deltciae Dei ,
Cnranmi tocias , fîincris et cornes ,
Et testa qaoqve glorÎB :
Fortnnate mmis, coi Kcitmi fut
Attrectare mana Verbam, hominem Deam ,
Honctodirey ocalis cemerey miitao
Qiiîd et collocpio fnà !
(a) €œlo ^aos eadcD gloria conMcnt ,
Terris vos eadem concélébrât dies :
Lcti festra simnl premia pangûnos
Dnris parta laboribas.
Jam vos pascit amor , nodaqne Terîtas ,
De pleno bibitis §aadia flamine;
Illic perpetnam mens satîat sitim
Sacris ebria fontibns.
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(io5)
« 0 vous que le ciel unit dans la jouissance d^une
i%ale félicité ! pourquoi la terre vous sépàrerait-elle
dans ses hommages ? Qu'un même jour vous soit
consacré, qu'une même hymne de joie célèbre votre
gloire immortelle , digne récompense des rudes épreu-
ves dont vous avez triomphé ! — *Vôus vivez , main-
tenant f d'amour et de vérité ; des abtmes de *bonheur
rendent ii des abîmes de désirs ; des fleuves de
délices étanchent , sans cesse , une soif qui • renaît
toujours pour être toujours apaisée. ^ Dans les pro-
EMideurs augustes du Sanctuaire , Jéhovah règne ^
éternellement heureux de 4'étemclle ^ntemplation d#
lui-même et de ses inénarrables perfections. Ses élus
ne sont pas oubliés : de sa divinité découlent sans
cesse des émanations qui pénètrent subtilement jus-
qu'au plus intime des intelligences heureuses , et en
font presque des Dieux. -- Sur l'autel qui lui sert de
marcRè-pied , le sang innocent de l'Agneau fume
encore : cette victime qui naguère s'ofirit à son
père , et que le monde vit mourir , victime encore ,
victime immolée sans cesse , continue dans les Cieux ,
sans l'interrompre jamais, son sanglant sacrifice.—
Au milieu des éclairs , des voix et des tonnerres ,
vingt-quatre vieillards ' sont assis sur des trônes rangés
en cercle autour du grand Trône..*. Us descendent ,
<e prosternent , inclinent leurs têtes blanchies , et
déposent aux pieds du Roi des Rois leurs diadèmes
d'or dont ils lui font hommage. Cependant des
peuples innombrables s'avancent , revêtus de tuniques
Altis Mcara bajiîuiu ia peoelniUlHi*
Se Rex ifêt soo conuûtu beat , *
IlIabeBtque , tnt prodi^* , îbUidU
Stst meotîbiis iiiMrit.
i4
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* f«>ire jt fj '*»» -e^s rf^ , ""
*^ a'est^^ ' ^^^ 9"« ne lai oui
■— . ^1»» »'««r aussi deviné 1
'"•i» tel. «r*^ ■^■*»,
^'•*"n* Demi.
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(1.07)
bonheur de la divinité , que de le montrer dans rëtemelle
' contemplation d'elle-même ? Aimer et comprendre étant
le bonheur des esprits , quel autre être le Grand-
Esprit pourrait-il aimer que lui-même? quel autre
spectacle serait plus digne de ses regards ?
A ce chant de triomphe succède Thymne lugubre des
morts. Le poète peint ce jour terrible après lequel
il n'y aura plus de jour ; ^il fait retentir ; la trompette
funèbre qui son^mc les tombeaux de s^ouvrir et de*
montrer les pâles habitants qu'ib recèlent depuis tant
de siècles». <« Ce bruit , dit le poète (ij » va étonner
la Mort au fond de so^ antre ; tremblante et désar-
mée , elle obéit \k regret , et rend a la lumière des
corps qu'elle se flattait de lui avoir ravis pour
toujours. — Cependant les étoiles sont précipitées d'en •
haut , la lune a disparu , le soleil est éteint ; à la
(1) Tduc Mort inerims et tremenA
Sardlft ab uitrit aadiet / '
Et jnsst reddet Imnim
Defancte lace corpora;
Raeot ab alto $idera y.
iEterna dox Lunam premet.
Lux deserét Solem sanm ,
Et cancta nÛAcebit chaos.
Tocbata clade pablicA
l^atara dissipabitar :
Sots solati legibas
Rnmpentor orbis cardioea»
FUmmis nibeiu altriciboi
Iras Dei Cœlnm ploet.
TcIIqs sno qase pondère
Immota stat, motebitnr.
>4.
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( 109 ')
semenU ! Marie . triomphe , sa mort fut douce comme
le sommeil ; et qtiel réveil ! Le ciel est ouvert , le
Christ attend sa mère et la conromie» — O Vierge l
quels doos ce fils te prodigue dans son amour ! Tous
les trésors du Ciel te sont ouverts ; tu revêtis le Verbe
de ta chair mortelle , et le voilà qui , en échange »
te revêt de sa lumière et de son immortalité. — Quel
pouvoir immense t'est donné! Tu parles , cl le
inonde est comblé de grâces ; devant toi toutes les
hiérarchies du Ciel sHiumilient... Naguère Vierge si
timide , tu ne yois plus au-dessus de toi que le Maître
du tonnerre. — Du haut de ce trône que ton fils par-
tage avec toi , entends nos vœux et nos prières. Est-
il irrité contre l'univers , un mot de ta bouche le
dâarme. Ah ! parle pour qous ! n'es-tu pas aussi
notre mère ? »
Venons , maintenant , b cette, hymne doublement
célèbre par la beauté de sa poésie , et par Tanecdotc
*i souvent répétée sur la circonstance fortuite et bizarre
qui en fournit à l'auteur Téloquent début que l'inspi-
ration lui avait refusé jusqu'alors. On sait d'avance
çic c'est du Stupele Génies que nous roulons parler;
• ( 1 ) O terre ! regarde et tressaille d'étonnement I
na Dieu s'ofire pour victime , le Législateur suprême
se soumet h la loi qu'il a faite , le Rédempteur du
(i) Stopett Gcntes : fit Dent hostk , ^
Se spontè legi Le^if^r obtigtt;
Orbis reéetiptor , ntuic ndenptos ^
Se que piat tîne bbe mater.
De more^matraiî) Virgo pierpeia
Templo %\à\MMè «bstHiiit diei :
Intrare sinctam qnld patebas ,
Facta Deiy pri^^ ipia> tem)»lwBp
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( IIO )
monde se rachète ; ene mère sans lâche se piiri6e.
— Le temple est ferme aux femmes qui viennent
d'enfanter ; Moïse Ta voulu* Humilité sans seconde l
la Yierge mère obëit comme les mères des enfants
des hommes. O la plus pure des femmes 1 pourquoi
craignais-tu de paraître dans ce temple P toi-même ,
n'es-iu pas le temple de Dieu ? — Je ne vois qu^un
autel , et trois sacrifices s'apprêtent ; c'est une Vierge
qui , pontife un instant , immole ii Dieu son honneur
virginal ; c'est un vieillard qui a vu le Désiré des na-
tions 9 et qui veut mourir ; c'est un enfant de quelques
jours qui sacrifie ses membres délicats et formés à
peine : encore un instant , et cet enfant devenu homme
va sacrifier sa vie. »
« ( I ) Hélas ! combien de glaives menacent le coeur
de la Vierge mère , et le percerpnt d'outre en outre 1
Infortunée , il £aut te préparer à d'indicibles douleurs !
Cet enfant qui sourit dans tes bras , cet Agneau si doux ^
est promis au couteau , et ensanglantera les autels. — Vic-
time désignée , d^à le Christ enfant connaît la douleur ;
déjà il prélude à son horrible trépas. L'avenir se dévoile à
Arâ ftab viiâ le TOtet hoitia
Triplei , honorem ▼irgineaiii immolât
Virgo tacerdo», pam moUit
Mcmbrt puer y Mnior quetittm.
(i) Eheo! q«ot eDses truuadigent tam»
Pectos ! qvot altis naU doloribos ,
O Virgo ! qoem gesUi criienUm
Imbœt hic saccr Agniu tram.
Chrif tos foturo , corpiU'adliùc |eiier f
Pnelodit insgoi fietima fontri :
Crescet , profvfo tir cmore
Omnt Kthu mMians paibit
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( lil )
stkes jeux ; je vois l*en(ant devenir homme ; il verse
son sang par torrents , et l'Univers est absous. >»
Ainsi chantait le Barde de Saint- Victor , si , toute-
fois , cette langue française quHl dédaignait tant (i)
n'a point calomnié son génie» Et qu'on imagine l'effet
qne peuvent produire de pareilles pensées , dans le
plus bel idiome , revêtues des formes de la plus bril-
lante poésie qui fût jamais , et televées encore par le
prestige d'une musique digne de s'élever aux cieux avec
elles sur un nuage d'encens et de myrrhe. Transporlez-
Tous en idée dans la Métropole de Paris , le jour où
y fut chantée , pour la première fois , l'hymne si suave
et si belle dans laquelle le Pindare chrétien célèbre
TAssomption de Marie. Voyez les gardes du grand
Roi qui s'avancent , tandis que le pesant bourdon
qui s'ébranle et qui tonne dans les tours , annonce
que le monarque va venir dans ce temple , entouré
de tous les grands ^de son royaume , pour y déposer ,
aux pieds de la protectrice de la France , son sceptre
et sa couronne I Le voilh qui entre , au bruit des
&n(ares , dans l'auguste Basilique , et les ombres de
tous les Rois ses* aîieifx se sont levées h son aspect
pour honorer sa venue. Quel cortège de héros l'ac-
compagne ! Luxembourg, Boufflers, Vauban, Du-
quesne , Villars , Vendôme , Catinat , semblent se
reposer h l'ombre des drapea\ix qu'ils ont pris dans
(i) « La langue française , disait Santeal , est ane grande reine
^ change, de siècle en siècle, dVqnipage et de conleuri, parce
^ac Tosags est son tyran , qoi la gonTeme sans raison. £e grand
Comeilie me dit irèssoMPcnt ( Imt dont le théâtre est si bien paré ) ,
f>V7 sera, un jonr^ hahilié à la çieille mode, >» ( Réponse
^ Santeui à la Critique des inscriptions faites poor Tarsenal de
Brest)
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ceat batailles , et qui sont suspendus sur leurs têtes (i).
Dans le Sanctuaire » brillent les flambeaux de rËglise
gallicane , Flëchier , Mascaron , Féoéloo , Boardaloue,
Fleury, Massillon , et plus que tous les autres ^ Bossuet ,
le grand Bossuet , que signalent ses cheveux blancs ,
ses yeux d^aigle , et son air de prophète. Tout-à-
coup , Torgae (ait entendre ses hautbois , ses clairons ,
ses cors , ses trompettes , sa voix humaine et son
tonnerre qui gronde majestueusement sous les voûtes ,
et auquel rëpondent les citants de Taugustc assemblée ,
les serpents d^airain qui frémissent , et les édios de
la Basilique , qui semblent se comjplaire à répéter de
si beaux accords. C) merveille ! le musicien s^est
montré digne du po^te ; il ne devait , Ce semble ,
que charmer nos oreilles , et voilà que , par un pro-
dige inattendu de son art , nos yeux , oui nos yeux
voient la Vierge quitter la terre , et qui , par degrés ,
monte et s'élève au-dessus de toutes les hiérarchies ,
au milieu des concerts du Ciel , qui répondent à ceux
de la terre. £nfin les chants des hommes et des anges
ont cessé ; mais , quel est , sous Torgue , cet homme
qui chante encore lorsque tout se tait ; qui crie ,
s'agite, gesticule et danse, dont les yeuxjancent des
éclairs , qui est tout hors de lui , qui est fou , enfin ,
s'il n'est pas inspiré ? c'est Tauteur de Thymne nou-
velle , c'est Santeul. Il vient d'assister à son triomphe ,
et vous le voyez tout étonné , tout ravi de lui-même ,
(i) Aotrcfoi», les drapeaai pris sur les nations ennemies étaient
suspen<iiu aui tiitées an chœur de la cathédrale de Paris. On
connaU ce mot d'an homme do pf aple qni , Tojant le auréchal de
Laxerohourg se faire joar difficilement à travers la foule rassembla
sur le partis de cette église , ponr Toir d^lcr quelque cortège ,
sVcria : « 3fc/ amis , laissons donc entrer le tapissier ée Notre-
Dame ! »
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• ("3)
qui s'aime , qui s^admire , qui s^applaudit , qui se
promet l'immortalité^ Elle lui est assurée , n'en doutons
pas } OFui , il vivra , ce lyrique de la Rome nouvelle ;
les beautés sublimes qu'oSrent , en foule , ses merveilleux
urnibes (i) , lui feront pardonner, comme à Saint
Augustin , quelques jeux de mots , quelques antithèses
qui ne méritaient pas qu'il les recherchât avec tant
d'eflforts , et sans lesquels ce français aurait peu de
rivaux parmi les poètes du siècle d'Auguste.
(i) Eipresftions de Bossuet y tu parlant des hymnes de Santeul :
« J*di ftça , loi ^crifaît~il , les trots exemplaires de fos mer-
▼BiLEUZ UmEa t je n *em saurais trop avoir, »
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C"5)
NOTICE
Sua M. A.^L. Marquis ,
Docteur en médecine de la Faculté de Paris , Professeur de
botanique au Jardin des Plantes de Rouen, ancien Secré'
taire perpétuel, pour la classe des Sciences, de V Académie
royale des Sciences-, Belles-Lettres et Arts de la même pille (i),
et membre d'un grand nombre <f autres Compagnies savantes ;
Par M. E.-H. Lakglois.
Ifon tcrribilif cit iit quanta evm Tiil
•Bttia cxlinfuntor , aoa qmonm Um
morl non pottsf.
M. T, eu.
Messieurs ,
Lorsque la mort nous ravit , dans le personne de
M. Marquis , un des membres des plus utiles et des
plus distingues que FAcadémie ait jamais comptés
dans son sein , je me trouvai chargé de partager , avec
notre honorable président, le pieux et douloureux de-
voir de répandre quelques fleurs sur sa tombe encore
(i) M. Marquis fat do membre de TAcail^mie le $ férner
i8i3 y tice^prësident en 1819, pre'sident en i8aO| et secrétaire
perpétuel en 18a!», emploi qn*il remplit presqae jnsqa*à sa mort
Il était en outre membre des Sociétés d*£maIakion et d'Agriculture
de Rouen, de la Commission des Antiquités du département de la
Seine-Inférieare , des Sociétés de Médecine de la Faculté de Paris
et do département de TEure , des Académies de Dijon et des Jeui
Floraux, de la Société royale des Antiquaires de France et de
celle des Antiquaires de l^ormaodie, de la Société Minéralogiqne
de Jéna , des Sociétés Linnéennes de Paris et de Bordeaux , de la
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( "6)
ouverte. Une tâche plus difficile , plus compliquée y
m'est offerte aujourd'hui : celle de retracer , dans cette
circonstance solennelle , les vertus aimables , les rare»
talents , en un mot, tous les genres de mérite que réunis-
sait en sa personne notre excellent confrère. Cette tâche ,
je le sens y est au-dessus de mes faibles moyens , et ,
je Tavoue , Messieurs , j'aurais reculé devant elle , si
déjà , depuis long-temps , l'opinion publique n^avait
fait de M. Marquis un éloge gravé dans tous les cœurs.
Alexandre-Louis Marquis naquît à Dreux, le 20 fé-
vrier 1777 , de M. Louis-Jacques Marquis, et de dame
Charles-Hélène-Elisabeth Genty-Dumesnil. Son père ,
magistrat honorable et d'un mérite distingué, voulant
développer de bonne heure , et sous ses yeux , ses heu-
reuses dispositions, lui fit faire ses prem.ières études
dans le collège de sa ville natale. Mais , en peu de
temps , l 'intéressant adolescent se montrant digne d'un
théâtre plus convenable à ses moyens extraordinaires,
sa famille l'envoya cultiver à Paris des exercices dans
lesquels 11 marchait à pas de géant.
Bientôt la fièvre politique qui déjà consumait la
France , exerça ses terribles ravages. La capitale surtout
n'offrait qu'un spectacle continuel de délire et de tu-
multe , de terreur et de désolation. Le jeune Marquis ,
moins propre que tout autre à vivre au milieu de ce
funeste et dangereux tourbillon , revint à Dreux dans
Société d*Agricultare de Cien , etc. , etc. , etc. C'est k TobUgeance
de mon estimahle confrère , M. Carault , D.-M. , aatenr d*ane Notice
historique, fort bien écrite , sor Thonorable sifant dont il éH
question, et publiée daos les Mémoires delà Société d*£muIadoB
de Rouen (année iSag), que je suis redevable de la plupart des
renseignements sur les particnlarilés de la ?ie de M. Marquis
avant son arrivée à Rouen.
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( 117 )
la ijVannëe. Là , sous Tabri du toit paternel ^ il contî^
naa île cultiver avec ardeur les belles-lettres et les
arts , et de s^ouvrir la route qui devait le conduire au
rang si distingue que Tavcnir lui réservait parmi les
savants et les gens du monde.
Au bout de quelque temps , le désir de se créer un
étal le ramena dans Paris , pour s'y livrer h l'étude de
la médecine ; mais son organisation délicate et son ex-
trême sensibilité ne purent tenir contre les épreuves
de cette science austère , qui dans les débris des morts
étudie le salut des vivants. Après une longue , mais
impuissante insistance , M. Marquis prit le parti de
retourner dans sa patrie. Une chance favorable Vy réu-
nit bientôt h M. Loiseleur des Longschamps , dont les
travaux honorent aujourd'hui les sciences naturelles.
L'intimité des deux amis , qui ne devait finir qu'avec
la vie de notre confrère , s'accrut encore par la parité
de leurs goûts. La botanique surtout devint le but spé-
cial de leurs études , de leurs amusements môme.
A la culture des théories médicales, h laquelle il
s'adonnait en mémc-temps , M. Marquis joignit une
foule d'autres études. Non content de posséder à fond
la langue de Virgile et d'Horace , il voulut encore se
perfectionner dans celle d'Homère , et pouvoir conver-
ser , sans interprète , avec le Dante , Milton et l'im-
mortel auteur du chevalier de la Manche. L'extrême
facilité de ses perceptions , la localité de sa mémoire ,
et surtout la jouissance qu'il recueillait de ses veilles ,
applanissaient sous ses pas les difficultés de la vaste
carrière où l'avait engagé son honorable ambition. Ces
précieux avantages durent être alors de puissants auxi-
liaires pour la constitution frêle et délicate de notre
confrère ; mais il ne pouvait toujours trouver , dans l'é-
nergique vitalité de la jeunesse , le contre-poids des
fatigues qui devaient un . jour , hélas ! en excédant
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( ii8)
la somme de ses forces , devenir 'fatale 3i son exis*
tence.
M. Marquis s'abandonnait avec dëlices ii cette vie
toute intellectuelle, lorsqu'en 1810, son honorable
frère , et M. Loiseleur des Longschamps le pressèrent
de tourner h l'avantage de la science et de Thumanitë
une branche importante de son savoir. Il s'agissait de
rqpiplacer M. Guersent , professeur de botanique à
Rouen. M. Marquis , aussi modeste que savant , hësita
long-temps h se charger de cet emploi où Tattcndaient
de si brillants succès ; et , lorsqu'on Vy eût enfin dëcîdë ,
il se soumit aux conditions exigées pour occuper cette
place , en passant , dans la science d'Esculape , de la
candidature au doctorat.
Ici f Messieurs , notre digne confrère se présente in-
vesti de fonctions dans la gestion desquelles il ne
m'est guère permis de le juger ; d'ailleurs , dix-huit
ans d'exercice dans le sein de nos murs vous ont mis
à portée de connaître sa haute capacité comme pro-
fesseur. Pour mon propre compte , il m'était plus facile
d'apprécier en lui l'amateur passionné des arts et des ta-
lents qui charment la vie ; il m'était plus facile encore
de le chérir comme un de mes plus tendres et plus
sincères amis.
Pendant le cours de son mémorable professorat,
M. Marquis se proposa constamment un but d'une
haute importance , qu'il atteignit en partie : ce fut celui
de dégager l'étude de l'histoire naturelle et de la bota-^
nique de son appareil rebutant et superflu. U ne savait
que trop combien les rudiments de la plupart des
sciences affaissent la mémoire et le courage des élèves
sous le poids des principes surabondants dont ils sont
surchargés. Ce fut donc sur la simplification des élé-
ments qui formaient la base de son enseignement que
M. Marquis concentra tous, ses efforts.
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(••9)
Admirateur du câèbre Linné ^ il tâchait toujours ,
dans ses descriptions botaniques , d^ôtre précis comme
lui , et de se rapprocher de l'admirable concision de cet
illustre suédois. Par une méthode lumineuse , il réduisit
en groupes resserrés , faciks h disposer , sans danger de
les confondre , les classifications innombrables , sans
cesse croissantes , de familles végétales. Il sut , en les
réduisant à leurs simples caractères différentiels , en fa-*
ciliter prodigieusement la connaissance. Il méditait
pour les genres une semblable réformation , extrême-
ment désirée par tous ses disciples. Il est en quelque
sorte inutile de dire que , dans ses leçons , il s'attachait
paiement à présenter les renseignements les plus exacts
sur rhistoire des plantes , sur leurs usages [domestiques
et sur leurs propriétés médicales.
La méthode naturelle de M. Marquis , plus facilement
praticable que celle de Jussieu , n'exige pas , comme
cette dernière ^ le secours des instruments d'optique ; et
toujours elle est disposée avec un ordre admirable et
une telle harmonie ^ qu'elle se grave dans la mémoire
à la première vue.
Telle fut f en peu de mots , la doctrine qu'adopta
M. Marquis , et qu'il exposa dans le grand Diction-
naire des sciences médicales, à Tarticle Méthode > Il
fit presque toute la partie botanique de cet ouvrage ,
où la plus vaste érudition signale les nombreux articles
sortis de sa plume. Il ne faut , pour juger combien il
âait sage et conséquent dans ses principes , que com-
parer entr'elles ses publications scientifiques , parmi
lesquelles surtout nous citerons ici son Esquisse du Règne
végétai^ et ses Fragments de Philosophie botanique.
En zoologie , les vues de notre confrère n'étaient
pas moins ingénieuses , et toujours il y essayait de
K>ustraire la science à ces innovations sans nombre ,
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( 120 )
qui la menacent d'une subversion totale et peut-être
prochaine (i).
Comme savant naturaliste
eh a fait assez pour sa gloi
quand ia mort le frappa di
de rage , il ne se croyait pc
société, et notre affliction
n'a point assez vécu pour i
travaux quHl avait conçus
beaucoup plus vastes , mai
qu'il avait suivis jusqu'alors
Au reste , vous vous en
dant la courte durée de son
M. Marquis ne voulut échi
indépendance contre les av
blement offert la pratique
aussi Tamitié seule fut-elle ^ ^ _
tirer quelquefois auprès du lit d'un malade.
Qu'il me soit , à ce propos , permis d'effleurer en
passant des faits qui se retracent h mes souvenirs atten-
dris. Us me sont personnels , il est vrai , mais ils ré-
vèlent, en revanche , le cœur de l'homme que nous
aimions tous.
Ah ! combien de fois, dans les langueurs accablantes
auxquelles je me suis vu souvent en proie, cet ami
compatissant , fatigué par l'étude , éprouvant le besoin
des distractions et de l'hilarité, n'est-il pas venu relever
(i) Puur la rédaction de cette coorte analyse de la Mét]iode de
M. Marquis , j*ai invoque' i l'appui de mes propres sonfénlrs ceax
de M. Puuchet , élève et successeur de notre digne aonfrire dans
son professorat ; je m*empresse de lui renouveler ici mes rentfci'
ments pour les renseignements dont je auis redevable à soi
•Uigeance.
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( 122 )
uche éloquente , la clarté du sens , le ciioix de Tex-
ession , charmaient à-la-fois , et toujours , Tesprit et
oreille de ses auditeurs.
Formé sur les grands
{ue et mo^rne , doui
[. Marquis ne pouvait
is. Toujours fidèle au
rec passion le beau , n
1 , mais encore dans
lies du style. U croyai
mve , qu^une opinion j
nde , dépouillées du c<
lUS la plume de Técri
ette persuasion dut i
yle séduisant , qui ré(
ujours vif et soutenu , i
ir les sujets les plus ari
U ne suffit pas , Messieurs , d*admirer les succès de
3tre confrère dans les sciences ^ dans tous les genres
î littérature , et dans la plupart des arts d'imitation,
ersonne , mieux que lui , ne fit , en raisonnant sur
!S diverses opérations du génie , sentir leurs imperfec-
ons ou leurs beautés. Dans ses jugements sur de sem-
tables matières , il se montre constamment rennemi
fclaré du pédantisme , du mauvais goût , de la viola-
on des principes , et des innovations hétéroclites ou
lonstrueuses. Toujours il disserte en législateur éclairé,
ins avoir la prétention de Tétre ; partout , h côté des
réceptes du judicieux critique ^ il offire le modèle de
écrivain gracieux , élégant et pur. H ne sVtait pas
indu moins propre à donner encore de bien pla$
ïutes, de bien plus importantes leçons. LVtude du
eur humain , étude abstraite et presque toujours
(isolante , avait souvent exercé ses pensées. Car il
>ulut , en voguant sur le fleuve de la vie , connattre
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C "3 )
anssi ses compagnons de voyage. Ceux-ci gagnèrent peu |
sans doute , h ses observations attentives ; cependant |
chez notre estimable confrère , le profond moraliste ne
cessa jamais d^étre d'accord avec le philosophe ver-
tueux , mais aimable et ' tolérant.
Cette courte analyse des vastes connaissances de
H. Marquis serait plus incomplète encore , si je ne
vous disais souvenir , Messieurs y que ses talents ne se
bornèrent point h Tëmission ou au perfectionnement
d'idées plus ou moins positives. £n effet , le domaine
de la fiction , domaine sans bornes et dans lequel tant
d'auteurs aventuriers errent ^arés ^ lui offrit une autre
carrière , oh ^ bien jeune encore , il prit un heureux essor*
Sa première production, purement idéale , fut son
roman chevaleresque , Aiide et Ooridan y ou TEpée de
Charles-Martel. Malgré son mérite réel , cet agréable
ouvrage peut difficilement être comparé h celui qu'on
connaît beaucoup plus , sous le titre de Podalyre , ou le
premier Age de la Médecine, Cette conception , éminem-
ment remarquable et fortement poétique , ne parut , il
est vrai , que plusieurs années après la première.
Ce poème ( car il serait difficile de le qualifier autre-
ment ) , renferme le double mérite de joindre à Tori-
g^ialité du sujet une élévation , une douceur de style
qui rappellent souvent la sublimit^du chantre d'Achille ,
et les pages harmonieuses du cygne de Cambray* Un
incident singulier donne , en quelque mai^ère , un nou-
veau prix au mérite de ce gracieux ouvt^ge^^Ën effet ,
l'auteur le composa au fond d'une campagne, sans
autres auxiliaires que son imagination féconde et les
souvenirs lumineux de ses études grecques.
« N'employez , dit M. Armstrong (toujours traduit
« par M. Marquis) , n'employez votre esprit qu'à
« d'utiles études, qu'à des arts agréables; occupez-le,
• mais ne le fatiguez pas. « Outre que ce précepte en-r
i6.
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( "4)
trait parfaitement dans
confrère , la déiibité de se
espèce de loi. 11 éprouvait
besoin de se délasser, et :
bituel était dans la variété
L'archéologie surtout , c
numents antiques et sur o
de puissants attraits pour
fruits des loisirs qu'il consa
révéleront toujours Tantiqu;
exact.
Après avoir , dans sa jei
M. Marquis avait abandon
plus librement à celui du
succès dans ce dernier , il
les plus nécessaires : le sei
productions en ce genre , c
du fcdrt , sont-elles empreintes du cachet qui caracté-
rise ses écrits. Naturellement ami des forêts et des
champs , où rappelaient souvent ses utiles et savantes
excursions ,. il se plaisait principalement dams le genre
du paysage. Ordinairement il animait ses sujets de
scènes rêveuses et douces comme son ame ; mais presque
toujours on y découvre les traces de cette l^ère mé-
lancolie , compagne inquiète de la faiblesse physique ,
des longues méditations , et des cœurs tendres. Tantôt
ses dessins offrent un tombeau solitaire arrosé des
larmes de Tamour ou de Tamitié. Tantôt la jeune fille ,
assise sous la verte feuillée , y paraît agitée par Tim-
patience ou par les regrets. Ailleurs , de pieux ermites ,
courbés sous le poids des années , donnent aux dtes
de notre confrère un caractère plus solennel , en retra-
çant les religieux rapports qu'établit la prière entre la
terre et le ciel.
M. Marquis se complaisait surtout dans ces dernières
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( "S)
images. Il souriait au souvenir de ces enfants du
disert , qui flattait ses inclinations paisibles : Hœe
trahit sua quemque voluptas ! Oui , cet excellent homme
aimait la solitude ; elle aiguisait sa pansée ; elle agran-
dissait ^n ame. Il se plaisait h méditer , dans le sein
de la nature , sur cet ordre de choses au-dessus d'elle
et hors d^elle ; ordre suhlime , dont Timpénétrahle se-
cret échappe h nos faibles perceptions, et provoque
nos doutes inquiets , mais dont pourtant une voix my^
t^rîeuse semble nous révéler intérieurement Inexistence •
Il s'en fallait cependant que notre confrère se $entît
né pour vivre dans une retraite absolue ; mais il ne
rechercha le monde que pour y faire usage de son
cœur f que pour y répandre les fruits de ses affections
bienveillantes. Il lui devait d'ailleurs l'emploi de ses
talents , l'exemple de ses vertus* Vous savez comment
il a payé cette honorable dette.
J'aurais voulu , Messieurs , pouvoir vous entretenir
plus méthodiquement du savant dbtingué, mais en
vain l'eussé-je entrepris , quand , malgré moi , mon
cœur me ramenait sans cesse h l'homme de la nature.
Ouif c'était plus sans doute h la prédilection de cette
mère commune qu'à la brillante éducation qu'il avait
reçue que M. Marquis devait son admirable caractère ;
car , si l'homme acquiert Tesprit par l'étude , le cœur
naît avec lui ; et c'était , h coup-sûr , de ee dernier seul
qa'émanaient les vertus domestiques et sociales qui
méritèrent à ce digne professeur l'amour de ses élèves ,
celui de ses nombreux amis , et le glorieux tribut de la
vénération publique.
On a dit d'un de nos plus illustres compatriotes ,
de Thomas Corneille , qu'il mourut sans s'être jamais
fait un ennemi. Heureuse et trop rare destinée ! Tel
fut le partage de M. Marquis. Eh ! comment la haine
eût-elle pu s'armer contre le meilleui' et le plus doux
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( »6 )
des hommes ? contre celui , dis-je , dont Tame bienveil-
lante et pure se refusait toujours à croire le mal , ou
qui'n^en voulait admettre la preuve que pour en cher-
cher aussitôt le remède?
Je me souviens d^avoir entendu dire , d'un ton ba-
din il est vrai , quo la position inofTensive dans la-
quelle M. Marquis ne cessa de se maintenir, était
peut-être une petite transaction avec son propre repos ;
niais , quand cela serait , quel est Thomme vraiment
sensé qui ne sacrifie , quand il le peut , h sa tranquillité ,
la triste gloire de froisser la vanité d'autrui ? Mais notre
confrère , Messieurs , était mu par de plus généreux
principes , et vous le connûtes assez pour en être convain-
cus avec moi. Oui , son amour de Tunion , de Tordre
et des convenances sociales , fut la véritable source de
Tesprit de conciliation qu'il mit constamment en œuvre
dans le commerce de la vie ; qu'il mit en œuvre , dis-
je , comme sHI eût oublié combien le langage de la
raison est impuissant contre Pamour propre et les mi-
sérables prétentions des hommes. Heureux si la plupart
des savants eux-mêmes n'en étaient pas, peut-être t
encore plus susceptibles que d'autres
Ici , Messieurs , je touche à l'instant où je vais , pour
ainsi dire , adresser une seconde fois, à notre excellent,
h notre honorable confrère , un éternel adieu* Bientôt
va disparaître le savant illustre , le littérateur distingué,
Tami des Muses et des arts. Le sage , l'homme de bien
seul va rester , mais, hélas! pour s'étendre sur le lit de
douleur et nous échapper dans la nuit de l'éternité!
Les travaux de l'esprit , comme ceux du corps , £iti-
guent, consument, exténuent. Dans son cabinet , ou dans
le mouvement de ses herborisations , M. Marquis £ûsait,
depuis long-temps , l'expérience de cette double vérité*
Avec une constitution aussi £dble , aussi délicate que
la sienne, la prolongation de son existence dépendait.
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( "7 )
peut-être , d'an repos physique incompatible avec se%
devoirs, et d'une inertie de pensée qui ne TAait pas
moins avec l'étendue et l'activité de son intelligence.
Quoi qu'il en soit , sa santé , depuis plusieurs années ,
éprouvait de firéquents échecs , qui semblaient prendre
dans leurs retours irréguliers un caractère de plus en
plus grave*
Lear symptôme le plus ordinaire était d'intolérables
épreintes dans la région de l'estomac , organe dont un
vice occulte a probablement occasionné l'irréparable
perte que nous déplorons.
Outre que M. Marquis se confiait difficilement b la
fci des remèdes , il prit long-temps pour de simples
douleurs nerveuses ce mal que probablement il eût dû
sérieusement combattre dès ses premières atteintes.
Enfin , ses forces déclinèrent au point qu'après s'être ,
quelques mois avant sa mort, démis de $es divers em»
plois académiques , il se vit contraint encore de sus-
pendre , avec douleur , ses études chéries et les exercices
de son professorat.
Soii existence , depuis , ne fut plus qu'un enchaîne-
ment continuel d'ennuis, de langueurs et d^angoisses.
« Vous vous plaignez de votre santé , me disait-il un
« jour , que diriez-vous donc si vous étiez , comme
« moi , réduit h ne plus pouvoir travailler. Je ne crains
« pas la mort , ajouta- t-il , je suis prêt h partir quand
« Dieu m'appellera ; mais je vous l'avoue , je redoute
« les longues souffrances : la nature m'a refusé la force
« de les supporter avec résignation. »
Oh ! combien il se trompait lui-même , celui qui , ne
cessant de soufinr , et qui , conservant jusqu^au dernier
soupir toute l'énergie de son amc , ne démentit pas
un seul instant l'égalité d'humeur, le calme inaltérable,
et l'admirable douceur qui le caractérisaient. A mesure
que la mort s'emparait lentement de son être , la vie
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semblait se réfugier et se retrancher dans son cceai
«« Mes amis m'abandonnent » , répétait-il souvent , (
cette plainte était la seule qv
ses amis , sans doute , étaient
fatale si près de. le frapper.
moi-mâme* En accourant , un
poète Chaucer sous le bras ,
sant malade : il désirait revoi
vieux trouvère anglais, qui i
déplorable surprise ! une femn
ne me salue que par ce cri te
Ordinairement , quand Thoi
heure , la nature a déjà suspei
achever de s'éteindre. Le mou
guer, dans Tombre qui Tenvi
Tengloutir. M. Marquis , au c<
vie ) semble calculer la pénib
moments* Il réfléchit ^ il mt
son immobilité, Teffrayante li
clament le triomphe de la ix
parènces, une main impruder
funèbre sur sa face décolorée. « Un moment y dit-i
« avec douceur , il n'est pas temps encore. » Cim
minutes après il cessait de vivre.
Ce fut le 17 septembre 1828 , que les sciences éprou
vèrent cette irréparable perte. Nos annales particulière
la signaleront comme une des plus fatales que TAca
demie ait jamais déplorées. Nous suspendîmes alor
l'expression de notre propre douleur pour partage
celle de son inconsolable famille. Nous vîmes , dan<
l'interversion de l'ordre de la nature, un père octo-
génairc , une mère également courbée sous le poids àa
ans , redemander en vain au Ciel un fils , l'orgueil di
leurs cheveux blancs. Nous vîmes leur autre fils , digne
ami de son digne frère « placé douloureusement entre
w^
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( «29)
\t devoir d'essuyer les larmes de ces vénérables vieil-
l^ids y et le besoin dVpancher les siennes.
Je n'ai pu , sans doute , Messieurs , payer en partie
la dette que réclamait la mémoire de notre commun
ami , sans susciter dans vos âmes de douloureuses
émotions. Mais long-temps encore tos réunions par-
ticulières , vos assemblées solennelles éveilleront le
souvenir de M Marquis ; long-temps encore , vos yeux ,
trompés par une longue et douce habitude , le cher-
dieront en vain dans cette enceinte , où Ton applaudit
tant de fois h sa voix éloquente. Aujourd'hui ses mânes
silencieux attendent de moins frivoles , de plus religieux
dommages. Accordons-leur au moins une palme funé-
raire ; que la tombe qui les recèle en soit humblement
•mbragée. Mais y que dis-je ! où donc est-elle , et
qui nous la désignera , cette tombe muette et délaissée ,
où cependant nos regards désolés plongèrent avec le
cercueil? Ah! Messieurs, la sépulture d'un homme
niémorable par de hautes vertus , par de rares talents ,
ne doit-elle consister que dans la misérable poignée de
terre qu'on ne peut refuser h la dépouille du plusmé-*
prisable , du plus coupable qiéme des mortels ?
CATALOGUE ABRÉGÉ
D£S DIFFÉBENTS OUVRAGES BB M. MARQUIS.
Sciences naturelles,
I. Histoire naturelle et mëdicalk de la famille des Gentianes ;
în-4®. Paris, 1810.
s. RëflexioDS sur le Nëpenthès d'Homère ; in-S». Rouen , i8i5.
1 Plan m^ibodiqae et raisonné d'un cours de Botanique spécialt
et médicale 3 in-S»- Rouen, 1818.
17
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( i3o )
{. ObscrralloDi sur rinflocnce nuisible qu*on attribue à IVpine-
▼inette sur les moissons. (Actes de rAcade'mie , 1818. )
5. Etquisse do Règne T^gëtal, 00 Tableau caracte'ristique des fa^
milles de Plantes; in-8^. Rouen , 1830.
€. Fra^cnls de Philosophie botanique , ou de la manière la ploi
conTenable deiwoîr tt de travail
particulièrement en Botanique , et
science plus simple et plus facile
1820.
7. Plusieurs articles remarquables foc
Sciences me'dicales.
8. Considérations sur quelques ve'gtftaux du dernier ordre , pour
faire suite aux Fragments de Pbilosopliie botanique; io-S».
Rouen, i8a6.
g. Histoire inédite des Plantes de France ( a?ec M. Loiselear àe$
Longschamps. )
10. lïouTeau Toyage dans IVmpire de Flore. (La première partie ).
11. Essai sur les Orchidées. ( Actes de TAcadémie.)
13. Obserrations sur les Plaies de Tëcorce des te'gétaux ligneux (Jàid.)
i3. Histoire naturelle et médicale des Aconits. (16id,)
14. Exposé analytique des principaux Phénomènej de la végéta-
tion, {laid.)
i5. Dialogue sur Tart de guérir, entre Chiron et Podalyre. (/^/Vl)
16. Mémoire relatif à THistoire n&furelle en général , et i la Bota-
nique en particulier. {Ibid. )
Uttéraiwre.
17. Éloge de linné; in-80. Rouen.
18. Notice nécrologique sur M. Deu. ( Actes de TAcadémie.)
19. Articles nombreux insérés dans la Biographie médicale.
ao. Alide etCloridan, ou TÉpée de Charles-Martel, roman che-
taleresque , publié en 1809.
11. Podaljre , on le premier Age de la médecine ; in-ia , 6g. , i8i5.
aa. Réflexions sur le mot d^Horace : Ui pictora poesis; ou de
Tapplication à la poésie des principes de la peinture ; in-8».
Rouen, i8ai.
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(i3i )
i3. La petite CenUar^e , oo la Vierge do chêne ; idjlle , 1819.
a4* Conside'ratioDs sur Tëtat actael de qnelqaes parties des Sciences,
des Lettres et des Arts; in-8^ Roaen, i8a3.
aS. Considérations sue TÉcole romantique , et particulièrement sur
le caractère de sts productions; in- 80. Rouen, i8a4f
26. Du Caractère distinctif de la Poésie; in-^. Rouen, 1827.
37. De la Délicatesse dans les Arts , in-8*. Rouen , 1827.
^ Considérations sur TArt d'écrire; in-8^ Rouen, 1827.
^ Les Solanées, ou les Plantes vénéneuses; idylle. Rouen, 1827.
3o. Le Hibou maitre de chant, et les Rossignols du clocher;
apologue.
3i. Traduction de plusieurs fragments da Poëme anglais du docteur
Armstrong , sur Tart de conserver sa santé.
^- Un grand nombre de Discours et de Rapports lus à l'Académie.
Archéologie^
33. Dent Dissertations sur le Temple antique auquel on croit qu'a
succédé l'église de St-Lo de Rouen ; in-8*. Rouen , i8ao.
^4* Ifotice sur un Monument celtique inédit , in-8^ , fig.. Rtnen ,
1820.
3^- Notice sur le Chéne-Chapelle d*Allou?ille-en-Caui ; in-8°; fig..
Rouen.
36l Notice sur quelques Antiquités observées k Dreui| ia-8^i fig..
Rouen , 1824.
S'j. dissertation relative à la composition et an dessin des Mé-
dailles.
M» Plusieurs autres Opuscules , imprimés à part , on insérés , ainsi
qu'une partie des ouvrages dont les titres composent cette
liste , dans les mémoires de l'Académie , dans ceux de la
Société d'Émulation, et autres Recneils scientifiques et litté-
raires.
«7-
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(i3S)
VOYAGE DU ROI
EU A15ACE ,
LA VEILLÉE DU HAMEAU,
Ptr M. Alexb Fossi.
• T« , Tcale«u dit , u , dcctdealt , uatbak «
Heiiren le tiein soldat qui peot , dans si chaamière »
Sans soins do lendemain , acherer sa carrière !
Loin des camps oraçcox , il goûte enfin le prii
Des trente ans de traranx qn*il atait entrepris ;
Et , libre désormais de ses jennes pensées «
Il sourit , en songeant anx fatigaes passées ,
Sans craindre le trëpas , bêlas ! peu glorieux ,
Qui Tattend sous le cbanme où dormaient ses sîfenx.
Dis que Tombre du soir descend dans la ?allée p
Ses enfants empressés courent à la Teillée.
Là , bravant a?ec eux la rigueur des bi?ers,
U aime à raconter les maux qu'il a soufferts ;
Et des guerriers frappés aux cbamps de la rictoirt
Ses récits belliqueux honorent la mémoire.
En disant k tt» fils nos magiques succès ,
Il nourrit dans leur cœur Torgneil d*étre français ;
Et si le souTenir de nos longues disgrâces
Aux entretiens du soir laisse encor quelques traces^ /
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( i34 )
Pour chasser loin de lui ces penseirs douloureux ^
Il regarde la paix qu'appelaient tant de vœux ;
£t , passant tout-à-coup de nos revers sublime*
Au retour dësirë de nos rois légitimes ,
li«f(aceà jamais des regrets superflus
£n ne montrant eo eux que des français de plus»
C*est ainsi qu'un des preux de cette grande armet
Qui conquit tant d'e'tats et tant de repommëe ,
Sous un toit ignoré de la faveur des cours ,
Dans un repos obscur passait sec derniers jours.
Fier d'attacher son nom aux fastes de la guerre ,
Son fils , Jule j à sa voix, ceignit le cimeterre,
Alors que nos guerriers , pour lui rendre ses lois ,
A l'Espagne éperdue imposaient leurs exploits.
Mais, hélas! quand le Roi , les regards sur Athènes ,
Désigna les sauveurs de ces plages lointaines ,
Les projets séduisants qu'enfantait sa valeur
Se sont évanouis comme un rêve trompeur.
La Grèce , en bénissant les drapeaux de la France ,
Ne le nommera point dans sa reconnaissance ;
Et son glaive , exilé des murs du Parthénon ,
Sur leurs nobles débris n'inscrira point son nom.
Poursuivi nuit et jour de cette seule image ,
Il pleurait les lauriers ravis k son courage ,
Lorsqu'un bruit , que le Rhin écoute avec transports ,
Annonce que le Roi vient visiter $ts bords*
Des rives de la Marne aux champs de la Moselle ,
Tout a repris soudain une face nouTelle*
Le peuple des cités , jaloux de us travaux f
Décore tti remparts de portiques nonvcanx;
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( i35)
Elèfe arec o'rg:aeiI dW^anles colonnes ;
De festons somptueux , de drapeaux , de couronnes ^
Emblèmes re'vc'rifs de Tcmpire des lys ,
Sème de toutes parts sti chemins embellis :
Tandis que du hameau les habitants agrestes
De Terdure et de fleurs couvrent leurs toits modestes ;
Trop heureux mille fois si leurs soins empressés
Ad Tillage voisin ne sont point surpassés ;
£t si le Roi , surtout , d*un regard d*indnlgenc«
Honone les tributs de leur reconnaissance
I
Spectateur assidu de ces brillants apprêts ,
Joie au fond de son cœur ne sent plus de regrets.
Si de nombreux exploits manquent à sts services ;
Si ion front est prive' de nobles cicatrices ;
£t s*il ne peut , un jour , à son humble foyer ,
Pour prix de sa valeur , rapporter un laurier :
A de'faot'de combats et dt chants de victoire ,
De plus doux souvenirs riront à sa mémoire ;
Et les récits touchants de la bonté du Roi
Du moins k la Teillée épargneront Teffroi.
Le Prince , cependant , loin des bords où la Seine
Roule entre des palais son onde sonTeraine ,
D*nn voyage embelli par des fêtes d*amonr ,
A vu trop vite , hélas ! briller le dernier jour.
Partout , dans les cités , aux champs comme an Tillage ,
Le peuple , à flots pressés , Tole sur son passage ;
Partout les vœux bruyants de la fidélité
Lui disent un amour qu*il a tant mérité
Alors que cette France , on grondaient tant d*onges f
A sa voix pat^elle oqblia sts naufrages.
Mais des soins plus pressants ont arrêté sts yeux ,
Et l'Alsace attristée a reça sts adieux.
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Bëjà r^DftieDt les jours où PAatomne tccabl^
SonlèTc iTec effort «a Ule dépouillée.
Le rapide Aquilon , en tourmentant les tirs ,
Sur son aile de neige apportait les hi?ers;
Et , loin des camps muets où le cri des trompettes
lie se confondait plus à Tappel des tedettes ,
Le semestre inactif à nos jeunes guerriers
De leur chaumière absente indiquait les foyers ,
Jusqu*à Theure où , paré de sa robe éclatante ,
Le Printemps les retrouve assemblés sous la tente.
Vers le toit paternel que demandent tes vœux ,
Jules, avec transport , s^est élancé comme eux;
Et déjà y dans le fond de Tobscure yallée ,
Ses yeux ont deviné la chaumière isolée
Où , près de son vieux père , il eût tu le bonheur
Si la gloire jamais n*eùt enflammé son cœur.
Son retour du vilbge a comblé Tespérance.
On s*empresse , on demande avec impatience
Ces fêtes où le Roi recevait chaque jour
Des hommages touchants de respect et d amour ;
£t lui f pour satisfaire aux vœux de la veillée ,
Rassemble à ces récits la foule émerveillée :
« Oui , j*ai suivi le Roi sur ces bords orageux
« On , fières de lever un front toujours neigeux ,
« Les Vosges en grondant enfantent la Moselle.
« Je Taî vu dans les champs de ce peuple fidèle
« D*où , grossi*des tributs de vingt fleuves divers «
« Le Rhin court s^engloutir dans Tablme des mers.
« Je Tai vu , mille fois , sous des arcs de feuillage 'p
« Sourire aux doux efforts des pitres du village ,
« Qui , des grandes cités rivaux ambitieux ,
« Cherchaient à lui prouver à qui Taimait le mieux.
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(i37)
Je Vu TU , dans le sein des ci Us opaleutes ,
Prodiguer à Tenvi ces paroles touchantes ,
Ces mots afTectnenz où le cœor attendri
Retrouve arec ivresse on des fils de Henri.
Je l'ai TU , tous les jours, au^ pieds du sanctuaire ,
Humilier son front courbé par la prière ,
£t pour tous ses sujets demander au Seigneur
La paiz et l'union , h gloire et le honheur. S
Je dirai les transports qu'enfantait sa présence ,
les vœux , les cris du peuple et sa reconnaissance.
Mais c'est à votre coeur , qui parlera pour moi ,
A juger de l'amour que nous devons au Roi.
A peine a-t-U franchi les portes de Lutèce
Qu'éclatent sur ses pas mille cris d'allégresse.
Jaloux , et dans l'espoir de contempler us traits ,
Les laboureurs au loin ont quitté leurs guérets ;
Et y mêlés aux bergers de l'heureuse vallée , '
Ib dressent , dans les champs , des tentes de feuillée ,
Où les cris du hautbois , les sons du tambourin ,
D'une chanson rustique appellent le refrain.
Le front paré de fleurs , de timides bergères
Entrelacent Ifurs pas dans des danses légères ;
Tandis que les \ieillards , pour un autre Henri ,
Des couplets du bon Roi répètent l'air chéri.
Cependant le soleil , déjà loin de ces phges y
Cachait son front chargé d'un bandeau de nuages ,
Et d'un dernier regard il embrasait les cieux ,
Quand les remparts de Meaux s'offrirent à nos yeux.
Au seuil de la cité , des parvis de verdure
S'élevaient, orgueilleux de leur simple parure ;
Et, sous des toits de fleurs , des drapeaux éclatants
A la brise da soir livraient leurs plis flottants.
18
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( .38 )
« Soudain le canon gronde , el la clocbe ébranlée
« Du bonbeur de la ville avertit la vallée.
« Lts magistrats émus , poar lui dire us foeux ,
« N*ont qu*i montrer au Roi ce peaple affectaeax
« Dont les élans dUvresse et de reconnaissance
« Ont trouvé ponr tonjouj-s tant ct*écbos dans la France.
« Guerriers et citoyens , pontifes , magistrats ,
« Tons , pour bénir son nom y se pressent sur us pas ;
« Et 9 soit que , de nos arts explorant les merveilles ,
« Il accorde an sourire aux fruits de tant de veilles |
« Soit que , des bboureurs consultant les besoins ,
« Jusque sar leur chaumière il étende ses soins ;
« Ou qu*aux pieds des autels sa pieuse constance
« Demande chaque jour le bonheur de la France :
« Partout des cris d*amour , élancés vers le ciel ,
« Portent les voeux du peuple aux pieds de rÉtemeL
« Enfin la nuit s*éconle % et , dans les airs moins sombres »
« Les feux naissants du jour éclaircissent U\ ombres*
« De rapides coursiers précipitent son char ;
N Mab , pour le retenir , pour briguer un regard ,
« Les pâtres attentifs , av seuil de leurs villages ,
«I Ont couvert les chemins de festons , de feuillages ;
« Tant leur reconnaissance a besoin d'exprimer
« Que le cœur des français n*a cessé de Taimer !
« C'est ainsi qn'Épemat , Toul , Nancy , Lunéville ,
« Et Colmar , et Savemc , et cette antique ville
« Qui de Francns , dit-on , reçut avec fierté
N Un nom que trois mille ans le temps a respecté,
N Rivales pour montrer leur profonde allégresse »
« De leur fidélité feront parler Tivrcsse ^
« Qnai^ le Roi , dans leur sein , daignera tovr-à-4o«r
« Recoelilir lear hommage et leurs tribats d'ailovr.
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('39)
« Aoi foréu da Ttlloo empmnUnt sa parure ,
« Chilons n*oflrait partoot qa*an berceau de TerdorCi
« Où de nombreni drapeam , soas des Toutes de fleurs ^
« Dans les airs embaumés mariaient leurs couleurs.
« Là , par les mêmes cris notre amour se déploie.
« Attaché sur ks pas , le peuple , irre de joie ,
« Poursuit de Toeux touchants ce Roi dont les bienfaits
« Ont soumis pour toujours le cœur de sts sujets ;
* Qui , quand des jours de deuil 6*étendaient sur la France ,
* D*un meilleur arcnir ralluma l'espérance ;
« Et qui y fort de Tappui d'un pacte respecté ,
« ÂUie enfin le trône arec la liberté.
« Il admire long-temps IVcoIe où l'industrie
« De modestes travaux enrichit la patrie.
« Là , les métaux , domptés par de poissants efforts ^
*■ Se courbent avec grèce en flexibles ressorts ;
« Ici , le bois qui cède à des haches pesantes ,
« Revêt d'un char léger les formes élégantes ;
« Plus loin , en un brasier , l'airain coule enflammé »
« Et des traits les plus chers reparaît animé.
*■ Honneur à Liancourt , qui , par sa bienfaisance ,
« A conquis , dans ces murs , tant de reconnaissance l
« Athènes sur son front n'eût rien vu de mortel ,
« Et près de Triptolème eût dressé son auteL
« Le Roi s'arrache enfin à ces nobles hommages ;
« Et , loin de la Champagne , il atteint les rivages
« Où Verdun , à l'abri de ses dormantes eaux ,
« Peut long-temps de la guerre ignorer les fléaux.
« Là , soit que le soleil ait dissipé les ombres y
« Soit que l'astre des nuits , couvert de voiles sombras |
« Dérobe à la cité son cours silencieux ,
• Et s*âvance inconna sur la voûte des cieux ,
18.
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( i4o)
« Le nom chéri du Roi, qo*implore on peuple immense y
« josqne dans U$ prisons réveille Tespérance ,
« Et du fond des tachots , échappé dans les airs ,*
« Des mains de l'infortune a fait tomber les fers.
« Cependant les vallons qn*arros
« S*animent des transports de c
« Dont le sol belliqueux enfante
« Les moissons , et le fer dont
« Si , ponssé dans leurs champs
« Un autre Charles-Qnint défiai
« Sous un ciel dé^é de nuages brumeux ,
« Metz nous ouvre à son tour ses remparts orgueilleus »
« Qui protègent au loin de fertiles rivages ,
« Et jamais d'un vainqueur n'ont subi les outsages.
« Son fils.... Mab quel spectacle a frappé ses regards ?
« Dans un camp que les flots ceignent de toulu parts ,
« S'élèvent devant lui de superbes portiques ,
« Où du Tfocadéro les palmes ibériques
« S'nnissent aux lauriers que les vaisseaux français
« Aux mers de Navarin ont conquis pour la paix.
« Tout -à-coup le canon , dans la plaine enflammée ,
« Mugit f en vomissant des torrents de fumée.
« Le bonlet , échappé de sa bouche de fer ,
« Suit le chemin que l'œil lui commande dans l'air ;
« Et brise , plus terrible et plus prompt que la foudre f
« Le but inoflensif qu'il a réduit en pondre.
« Ici des bataillons , par des feux redoublés ,
« Réveillent l'ennemi dans set forts crénelés ;
« A pas précipités s'élancent dans' la plaine »
^ Et fixent un instant la victoire incertaine.
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( i4i )
Mais , loin des bastion» qo'ilj aTaient menaces ,
Sons des fenx pins poissants y ils s*^oi|;nent chassas»
En Tain ponr r^îster ils s*arment de conra^ ;
Vaincns , leur désespoir feint une areugle rage.
Le salpêtre , enferme dans nn gouffre brûlant ,
Déchire arec fracas le sol étincelant ;
Mais la foudre riTale, k son tour allumée ,
Parmi des tourbillons de flamme et de fomée ,
Dans les airs obscurcis , jette an loin dispersés
De leurs murs de gasons les débris renversés.
Du pied de ces remparts qui s'entouraient naguère
Du prestige qu*enfante un siège imaginaire ,
S'éloignent tout-à-coup de fragiles vaisseaui
Que la rame empressée emporte sur les eaux ;
£t qui , fixés enfin sur les Tagues profondes ,
Réunissent les bords que séparaient les ondes.
Sur ce chemin douteux le Roi s*est avancé.
Mais de quelle terreur notre sang s'est glacé
Quand , sous stè pieds , le pont s'aflaisse , se balance !
Nous écoutons tits pas dans un morne silence....
Mais bientôt t<lus les cœurs ont déposé l'effroi ;
Et des cris de bonheur ont salué le Roi
Qui , tranquille et serein sur le loifitaia rivage ,
De notre amour pour lui reçoit ce nouveau gage.
Enfin il a grari ces rochers sourcilleux
D'où s'élançaient jadis deux peuples belliqueux »
Qui, dans leurs champs rÎTaux disputant de furie p
Le cimeterre en main déchiraient la patrie.
Abjurant leur querelle et leurs sanglants exploits »
Ils ont soumis leur front au sceptre de nos rois;
Et , jaloux de subir sa noble dépendance ,
Me forment plus de Toeu qui ne sok ponr ta France.
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( i40
« UÂlstce alors ^Ule à nos regtrds siirprU
M Ces riantes cïiés , ces villages fleuris ^
« Où des fih d* Israël les tribus fagitÎTef
« Ont d*an autre Jourdain trouvé les douces rives ;:
« Et , des murs de Sion exilant leurs regrets »
« Goûté dans nos foyers les douceurs de la paix.
« Sur des chars gracieux , dans leurs habits de fête ^
« £t brilbntes des fleurs qui couronnent leur tête ,
« Les fille4 du vallon, des cités, des hameaux,
« Voient , et dans les airs , agitent des drapeaux :
« Tandis que leurs époux , leurs amants ou leurs frère» ^
« Parés de sa couleurs et d'écharpes légères ,
« Aux cris de la trompette et des clairons guerriers »
« Précipitent le vol de leurs nobles coursiers.
« Des rives de la Sort jusqu'aux plaines fécondes
« Où nu révèle au loin b source de ses ondes ,
« Ce cortège empressé volera sur ses pas ,
« Pour lui montrer ces monts qui , chargés de frimas ,
« Abandonnent le Rhin sur les bords de 1* Alsace ,
« Et cachent dans les airs leur couronne de glace.
« Dès qu*anx champs de Saverne il a jeté les yeux y
« L*ombre épaisse des nuits , qui recouvrait les deux ^
« Resplendit tout-à-coup des torrents de lumière
« Dont se revêt au loin TAlsace tout entière.
« A cet heureux signal , Strasbourg a tressailli ;
« Et le Roi y dans ies murs par Tamour accueilli ^
« Voit enfin que ce peuple et soumis et fidèle
« Du plus pur dévouement peut offrir le modèle.
« Ses sujets empressés ont seuls « jusqu'à ce jour ^
« Fait parler à ses pieds leurs vœux et leur amour.
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( i43)
Ici , ponr le fèier désertant leurs provinces ,
Accourent avec nous une foule de princes
Qui des bords du Neker Tiennent de toutes paris
Confondre sur lui seul leurs avides regards ;
Et puiser à la fois , dans Texemple qu^il donne ,
La grâce et les vertus qui parent la couronne.
Dans la plaine enflammée , il revoit ie$ soldats
Que naguère son fils conduisait aux combats ,
Quand àes monts de Pyrène aux limites d*Alcide
La victoire avec eux marcha d*un pas rapide.
Là , sur le fleuve immense , H voit d^autres vaisseaux
Construire des chemins qui ftittent sbr les eaux ,
Et de nos bataillons les colonnes profondes ,
 pas précipités , s*avancer sur les ondes ,
Comme si des combats le signal destructeur
Aux bords du Tanaïs appelait leur valeur.
Ici , Tairain brûlant sVchappe en flots liquide^ ,
Pour reparaître armé des boulas homicides
Qui vomissent au loin la mort et la terreur ,
Et du tonnerre en fea nous prêtent la fureur.
Plus loin s'offre à ses yeux la chapelle éplorée
Où repose à jamais la dépouille sacrée
Du preux dont Fontenoi vit les derniers hauts faits ;
Et veuve cependant des cendres du français (t)
Qui y confiant au bois la parole tracée ,
Sur un papier muet la retrouva fixée ^
Et , nouveau Prométhée , alluma de »ts mains
Le flambeau dont la presse éclaire les humains«
« Enfin s'oovre à sa voix le solitaire asile
« Où la faible vieillesse et Tenfance débile ,
(i) Gattcm^f.
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( 44)
« Près da lit où sou? ent gémissent leors douleurs #
« TrooTent la charité pour essayer lears pleort.
« Lentement consnmés d*ane atteinte homicide ,
« Là , qnelqnef malheareox , an teint pâle et livide ,
« Poussaient atec effort des sonpirs oppressés
« Que semblaient refuser leurs poumons embrasés.
« En Tain des magbtrats la fonle consternée
« Lni montre de ces maoz la trace empoisonnée ;
« Rien n*arréte le Prince ; il voie , sans frayeur ,
« Leur donner un espoir qui n*est plus dans son cœur ;
« Et , pour prix du bienfait qui s*attache à sa Yue ,
« Les mourants > animés d*une forcç imj»ré?ue ,
« Sur un bru défaillant se soolèreat encor ,
« Et tombent satisfaits sur leur couche de mort.
« Colmar anit reçu sa fisité chérie.
« Fière de ttê traraux et de son industrie ,
« Mulhausen , dans its murs , appelle sts regards
« Sur les prodoits nouTeaux qu*ont enfantés nos arts.
« De bonheur et de joie agiles messagères ,
« S'éloignent devant nous des colombes légères ,
« Qui y remontant de TIU les bords industrieux ,
« Se perdent tour-à-tour dans la Toûte des cieux ,
« Volent ; et , dans les champs témoins de leur passage ,
« D*uoe auguste fat eur laissent Theureux présage.
« Sur le sommet des tours qui parent la cité »
« Leur prophétique essor soudain s*est arrêté ;
« Et Mulhausen ravie avec grâce déploie
« Ses pavillons de gaxe et ses tentes de soie.
« Sur les bords animés de ces larges canaux |
« Que la main des mortels « dotés de leurs eaux ,
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( '45 )
SVIèTe le palais où Tactlfe industrie
Des merveilles de Fart enrichit la pairie.
Là , se trouvent ëpars ces voiles , ces tissus ,
Qoe la France impuissante enviait â Tlndas
Avant que , dans Tairain la vapeur enfermée
Prêtât à nos métiers sa force comprimée.
Là y de neif^eux duvets , transformés en réseaux ,
S'échappent lentement des flancs de ces rouleaux
Qui , chargés avec suin de couleurs étrangères ,
Déposent en glissant leurs nuances légères.
Là , les tissus vieillis et long-temps rebutés
Des vêtements de lin que le pauvre a portés ,
Du pilon obstiné subissent les injures ,
Et , dépouillés bientôt de letrs formes impures ,
Sous un aspect nouveau renaissent à nos yeux ,
Pour se parer eo&n des dessins onctueux
Que la main d'Âloys (i) confia la première
ÂQ marbre obéissant des monts de la Bavière.
Aujourd'hui que nos arts, désormais sans rivaux ,
Des peuples de l'Asie ont vaincu les travaux ,
Ces tissus voyageurs , dans les champs du Tropique |
Vogueraient de l'Oxus aux mers de l'Atlantique ,
Si le commerce , enfin ouvrant &es ailes d'or,
Vers ces lointains climats dirigeait son essor.
Mais hélas ! d'autres soins commandent sa souffrance :
L'Amérique est fermée aux vaisseaux de la France;
Et le Prince en secret gémit d'une rigueur
Que les destins encore imposent à son cœur.
Luuéville , à son tour , l'appelait à ces fêtes
Ou nos jeunes guerriers préludent aux conquêtes
(i) Alo7* Scnefeldcr.
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( t46 )
« Que 11 Fiance avec eux poorrait un jour tenter
« Si jamais quelques rois osaient nous insulter ,
« On si I pour son bonheur , il lui fallait encore
« Retroufer les chemins des mers où natt l'aurore.
« Le tonnerre , en grondant sur la TOÛte des airs ^
« N'embrasait plus la mût du feu de us éclairs ;
« Et , loin des flancs épais de ces pesants nuages
« Que poussait sur son front le souffle des orages y
« Le soleil , en montrant son disque radieux ,
« Ramenait la journée où le bronxe pieux
« Appelle les chrétiens aux pieds du sanctuaire ,
« Pour célébrer du ciel la fête hebdomodaire.
« L'autel du sacrifice avait reçu nos tobux.
« Soudain , mille coursiers au yoI impétueux
« S'élancent i la fois dans la lice guerrière ,
« En jeUnt dans les airs des torrents de poussière.
« Je ne tous dirai point ces brillants eKadrons
« Qui dévoraient l'espace k la voix des clairons ;
« Ces housards , ces chaiilurs , ces dragons intrépides. ,
« De dangers et de gloire également arides ,
« Qui y pleins du souvenir de leurs derniers exploits ^
« A TunÎTers soomis pourraient dicter nos lois.
« Je ne vous dirai point qu'aux bords de h Moselle
« Il retrouva partout une fête nouvelle ;
« Et que , depuis l'instant qui voit naître le jour
« Jusqu'à l'heure où la nnit annonce son retour ,
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( i47)
« La joie et le bonheur , TiTreise et Tesp^rance ,
« Do plos aime' des Rois rërëUient U présence.
• Enfin il a quitte les bocages chéris
« Où serpente la Seine en fuyant rers Paris ;
« Kt , plein do souvenir de ces brillantes fêtes ,
• De Tamour de son peuple éclatants interprètes ,
« 11 rentre dans Lntèce , à la fois satisfait
« Du bonheur de la France et du bien qu'il a fait. »
Joies avait parle : les pâtres du villa|[e
Du Prince en même temps ont regardé Timage
Qu'au retonr des combats jadis le vieux guerrier
Apporta de la Loire i son humble foyef.
On Tinterroge encor ; on. le presse de dire
Si , dans ces traits chéris où la bonté respire ,
Le fidèle burin a rendu tour-à-tour
La grâce et les vertus qui commandent Famour ,
La majesté du trdne unie à la clémence ,
Et surtout la douceur qui prescrit Findulgence.
« Oui , dit Jule ; et bientôt vous pooifes comme moi
« Lire dans wti regards votre amour pour le Roi.
« Quand l*or de vos moissons flottera dans la plaine ,
« Vous le verrez vous-même aux rives de la Seine ;
« Et vous saurez alors , en contemplant w.h traits ,
« Qu'il snffit de le voir pour Taimer à Jamais. »
Telle était des Normands Fespérance chérie.
« Il Tiendra , disaient-ils , anx champs de la Neustrie ;
»9-
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( »48 )
Et , de notre bonheur témoin affectueux ,
Il recevra partout rhommage de nos vœux.
fiais bc1as ! ces dësirs , que nous
Laisseraient , en fuyant , des doul
>i la Glle des Bois , en venant pai
i'tdt fait naître i*espoir ^*un bon
Ella entendra nos cris , nos trans]
Et quand , auprès de Cbarles , au
Le temps aura marque Thenre de i
Thébèse lui dira jusqa*où va noi
(Avril 1829.)
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( '49)
LA MORT DE L'IMPIE,
'XïSîX!
Par M. Pr« DuMESNU.
L*[MPis , affamé de richesses ,
De crëdit, d^hoaneors, de pouvoir,
A vu le sort, par ses largesses,
Surpasser même sou espoir:
Il a su , par un art perfide ,
Grossir sa fortune rapide
Des dépouilles de Torphelio ;
Et , d*apparences légitimes
Voilant its plus énormes crimes,
Des grandeurs s^ouvrir le chemin.
Lui-même en son faste il s*adore.
Ifre d*impures voluptés,
Il se promet long-temps eocore
De nouvelles prospérités.
LUnsolent bonheur qu*il étale ,
Trouble d*un horrible scandale
Les témoins de s^ts attentats :
Voyant sa gloire et sa puissance ,
Ils /lontent que la Providence
Règle les choses d'ici-bas.
Hommes sans foi, d*un doute impie
Abjures les troubles secrets,
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( i5o)
Et de U sagesse infinie ,
Trembltnls, adorez les décrets:
Si Dieu , clëment dans sa jastice »
Souvent difTère le supplice ,
Cest qu^il attend le repentir;
£t sur cet obstine coupable
Le châtiment inévitable
Viendra bientôt s*appesantir.
Au milieu de its pompes vaines »
Frappé Q*une invuible main ,
11 sent dans sts brûlantes veines
Circuler un mortel venin*
Lui dont cbaque jour la mollesse
Buvait la coupe enchanteresse
Que les plaisirs ornaient de fleurs»
£n proie au mal qui le consume»
Il tombe , abreuvé d*amertnme »
Et glt sur un lit de douleurs.
BientAt sVteint son espérance ;
Il va vous perdre pour jamais,
Voluptés , grandeurs , opulence ,
Qu*il paya de tant de forfaits.
Sa conKÎence se réveille,
Et du remords à son oreille
Retentit la terrible voii,
Que sa perversité profonde ,
Dans le bruyant fracas du monde
Savait étouffer autrefois.
Quel délire sombre et farouche
Tourmente ses sens agités !
Autour de sa funèbre couche ,
A sts regards épouvantés
I
l
II
K
Tan
Croj
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C i5i )
Paraissent les spectres livides
Des Tierces simples et timides
Qu'abusèrent $ti faux serments,
Et qui, par sts fourbes séduites,
A l'opprobre, tu malheur réduites,
Ont expiré dans leur printemps.
Tremblant , à Faspect de sts cnmes,
Loin d'an specUcle si hideux
Il voudrait fuir; d'autres vicUmes
Soudain s'offrjBnl devant sti yeux ;
C'est l'orphelin, en son enfance.
Par lui dépouillé sans défense ;
Ce sont ses rivaux de grandeur,
Dont sa haine et sa noire envie
Ont , par l'atroce calomnie ,
Détruit la fortune et l'honneur.
Lorsque de ces affreux nuages
Sa raison sort pour quelque temps ,
De plus effroyables images
Viennent redoubler sts tonrmenU :
A son ame, aux doutes en proie ,
Tour-à-tour sa terreur déploie
Le néant , gouffre redouté ,
Qui contre le souverain Juge
Lui promet à peine un refuge ,
Et rimf>lacable éternité.
Tu peux te la rendre propice ,
Pécheur; ton sort est dans tes mains,
Tant que la céleste justice
Suspend sts foudres incertains.
Crois au Seigneur; d'un cœur sincère
Déteste tes crimes ; espère ;
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( i52 )
Aime an Dieo qui tcuI te saaver ;
Et de tes plus noires souillares ,
Ainsi que desiorrents d'eaux parei,
Sa grâce Tiendra te laver.
Dieu daigne ei
Offrir des soii
Tandis quMngr
Tes faux amis,
Te délaissent i
Qui , pour de
T*ont secondé
Je vois TeuTO]
De la clémence
Heurter au seuil de ton palais.
Le perrers , en sa rage extrême ,
Repousse le divin secours ;
Sa bouche vomit le blasphème....
Bientôt il se tait pour toujours :
Le sang vers son cœur se relire
Ses yeux s'éteignent, il expire
Dans sa brutale impiété;
Et son Dieu, qui pour lui naguère
Avait les entrailles d*un père ,
N'est plus qu'un monarque irrité.
Pour aller subir la sentence
Du grand arbitre de son sort ,
Son ame , dans l'espace immense
N*a point à prendre un long essor :
Du corps des qu'elle se dégage,
Dieu / comme une mer sans rivage ,
L'environne de toutes parts ;
Et, dans un seul trait de lumière,
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( i53 )
Des crimes de sa TÎe entière
Offre la suite à h$ regards. '
Que peut nue langae mortelle ,
Pour dire Taflireuse stnpenr
Qn*ISproaTe cette ame rebelle ,
En présence doDien tengenr?
L*£nfer même et st$ fenx horribles
Loi semblent alors moins terribles
Qne Vaspect du courroux divin. .
Bientôt , comme un coup de tonnerre ^
Gronde Tarrét juste et sévère :
« Va , maudit , aux tourments sans fin.
so
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TABLEAU
DE
^'ACADÉMIE ROYALE
DES SCIENCES, BELLES-LETTRES ET ARTS
DE ROUEN,
POUR h'ANJxiE 1829 — i83o.
ftO.
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SIGNES POUR LES DÉCORATIONS
jgc Ordre de Saint-Michel
if(. Ordre royal ci militaire de Saint-Louis.
^ Ordre royal de la Légion d* honneur,
♦ Ordre de V Eperon d*orde Homt^
O, signifie Officier,
C — Commandeur,
G, ' — Grand-Officier,
G, C, — Grand^roix,
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TABLEAU
DE L'ACADÉMIE ROYALE DES SCIENCES
BELLES-LETTRES ET ARTS DE ROUEN ,
POUR l'aNKEE 1839—1830.
OFFICIERS EN EXERCICE.
M. le Comte de Murât (G. ^) , Président.
M. HouEL, Vice-Président,
M. Lkvt , Secrétaire perpétuel pour la Classe deî Sciences.
M. BiGNon ( N. ) , Secrétaire perpétuel pour la Classe des Belles-
Lettres et des Arts.
M. DuBuc l*aîne', Bibliothécaire-Archiviste ^
M. Lepabvost , Tcl^rinaire , Trésorier,
ACADÉMICIENS VÉTÉRANS, MM.
AimFU ANNFBS
ic d*adniis-
re>ep- sion à la
lio«. Vélêran-
ee.
i8o3. Le Comte Beugnot ( G. C. ^) , Ministre dVlat , 1806.
ancien Préfet do département de la Seine- Inférieure,
président da Bureau de Commerce et des Colonies,
à Paris 9 rue Neuve-du-Luxemfiourg .^ n« 3i.
i;(>a. D'Orkay (Jean-François-Gabriel) , doyen des Acadé- 1807.
mirîens » membre de TAcadémic de Lyon, de celles
des Arcades de Rome et des Georgi6Ies-de Florence,
à St-Martin-de-BocherTÎHe.
1811. Le Baron Asselin db Villequier ( O. ^), pcemier 1819.
Président de la Cour royale , membre de la Chambre
des Dépalés , rue dé la Seillet n» 10.
i$o3. ViTALis ^, ancien Secrétaire perpétuel de TAcadémie 1822.
pour la classe des sciences; Docteur es sciences de
rUnîTcrsité; Professeur éméritc des sritnccs phy-
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( «58)
siques au Collège royal de Rouen ; ancien ProfesMor
de chimie appliquée aux arts; membre de plotteors
Académies et Sociétés saTantes, Curé de Saint-
Eustacbe , k Paris.
18 1 5. Brière ijt , ConseiHer à la Cour de cassation , iSa».
à Paris , niff de Bondy , n» 44.
1808. Le Baron Lezurivr dk la Mabtel ( O. # ) , i8a3
ancien Maire de Rouen , à Hautot
1775. Descamps ( Jean-Baptiste ) , Conservateur du Musée iSa^
de Rouen , membre de l'Académie des Arcades de
Rome , rue Beauvoisinc ^ n» 3i.
i8o3. Pavie ( Benjamin ) , Manufact., Trésorier honoraire, 1837.
faubourg St-Hilahe , n» 75.
1819, Ribard (Prosper) ijfc , ancien Maire de Rouen, i8a8.
rue de la Vicomte , n» 34.
ACADÉMICIENS HONORAIRES , MM.
1824. S. A. S. Mgr le Cardinal Prince de Crot , grand Aumônier
et Pair de France , Commandeur de Tordre du St-£sprit ,
Archevêque de Rouen, etc., en son Palais arckiépiscofël
1828. Le Comte de Murât ( C. ^), Conseiller d'état, Mem-
bre de la Chambre des Députés , Préfet de la Seine-Infé-
rieure , en V hôtel de la Préfecture.
ACADÉMICIENS RÉSIDANTS , MM.
i8o3. ViGTiÉ (Jean-Baptiste), D.-M ,' correspondant de la So-
ciété de médecine de Paris , me de la Seille , n^ ^,
Leteluer , Inspecteur de TAcadémie unitersitaire , rue de
Sotteville , n® 7 , faubourg Sl-Seper.
1804. GoDEFROT, D.-M. y me des Champs^MmUets ^ n» 11.
BiGKON ( N. ) , Docteur ès-lettres , Professeur émérite de
rhétorique an Collège royal de Rouen et à la faculté des
lettres , offic. de rUniversité de France ^rmêSinicaux , n^SS.
i8o5. Le Baron Chapais db Mabitaux ^ , Conseilier à la Coor
royale , rue St-^acques , no 10.
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( '59 )
iSo5. Pebiaux ( Pierre ), ancien Imprimear du Roî , membre de
TÂcad^mie de Caen, et des Socie'iës d^agricolture et de
commerce de Rouen et de Caen, ùoul. EeauçDîsine ^ n«74.
Mbaume ( Jean- Jacques-Germain ) , Professeur de mathéma-
tiques spéciales au Collège royal , rue Poisson , n® 3i.
1808. DuBUC l*ainë , Chimiste , ancien Pharmacien à Rouen , mem-
bre du Jnri me'dical du département de la Sein«-Inférieure,
de la Socie'të centrale d^agriculture de même département ,
correspondant de TAcade'roie royale de médecine de Paris,
etc., etc., rue Perciere ^ n® ao. *
1809. DvPUTEL ( Pierre), rue du Duc de Bordeaux^ no la.
Le Prévost (Auguste), de la Société des antiquaires de
Londres ; de la Société royale des antiquaires de France ;
des Sociétés d^agriculture de Rouen , Caen , Evreux et
Bemay ; de la Commission des antiquités de la Seine-
Inférieure , rue de Buffon , n» ai.
LiCQUKT (Théodore), Bibliothécaire, à rHôtel-de-Ville,
i8i5. Flaubert, Docteur-Médecin, Chirurgien en chef de THA-
tel-Dien , rue de Lecat , n® 7.
Leprevost , Vétérinaire , rue St^Laurent, n® 3.
181B. Levieux , Commi;sj>aire du Roi près la Monnaie de Rouen ,
à r Hôtel des Monnaies.
1817. Jjf Baron Adam i^. Président du Tribunal de première
instance , place Si-Ouen , n® a3.
BuROUZEAu ^ *!' , Conseiller à la Cour royale , place Sl-
Eloi y n« 6.
Leprevost , Docteur-Médecin, rue Malpalu, n® 11a.
1818. LEniXEUL DES GuERROTS ^ , rue de Florence y no 1.
BI,A^'CHE , D.-M. , rue Bourgerue , çis-à-pis l'Hospice
général.
Thil , Avocat , membre de la Chambre des Députés , rue
Dinanderie , no i5.
181 9. Destignt, Horloger, place de la Cathédrale.
i8ao. Hellis fils,D.-M. , Médecin en chef deTHôtel-Dien, /»/ii<-^
de la Madeleine.
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( i6o)
iSao. Le Comte de Rivaud La Raffinikios (C 9)(c ) (G 0. i)f^),
Lieutenant- Général commandant la i5« division militaire y**
rue du Moulinet , n» 5.
Le Marqnis de Mabtainyille ^ , Gentilhomme de la
chambre du Roi , Maire de Rouen , rue du Moulinet , n» ii.
183a. Delaqukr£è&e (£. ) ) Négociant, rue du Fardeau, xfi a4-
i8a3. HouEL , ÂTOcat , rue Sénécaux , vfi 10.
LévT, Professeur de mathématiques et de mécanique; des
/académies de Dijon et Bordeanx; des Sociétés académiques
de Strasbourg , Metz , Nantes et Lille ; Maître de pension ,
rue S aittt'Patrice ^ n» 36.
Le Pasquier ^ , Chef de division à la Préfecture , ne
des Bons-' Enfant s y vfi 7g.
Bes-Alleuiis fils, D.-M. , Médecin adjoint de rH6tel-Dieu ,
etc., rue des Charrettes, n° 121.
iSaf. L*Abbé Gossieb , Chanoine honoraire à la Cathédrale , ror^ /«
Nord , no i.
Maillet-Duboullay , Architecte en chef de la Ville ^far^'
de la Romaine , n» 7 a.
Prévost fib, Pépiniériste, au Bois-Guillaume, ( son adresse
k Rouen , rue du Champ-des-Oiseaux , n® 68 ).
DuBREUiL, Direct, du Jardin des plantes, tftf Jardin des plantes,
LAI9GL0IS ( £.'H. ) , Peintre , Professeur de dessin à TEcoU
municipale, rue Beauçoisine^ enclave Sainte-Mqrie,
Le Tellier ^ , Ingénieur en chef des Ponts-et-Chaussées ,
rue du Guay-Trouin.
Reiset ^ , Receveur général des inZTictSyÇuaid'ffarcouri,
HouTOU-LunLLARDiÈHE , ancien Professeur de chimie appli-
quée aux arts, à Dépille.
1 8a5. Balun , Chef de division à la Préfecture , rue de Crosne, nfi a.
DuMESKiL (Pierre), rue de la Chaîne , n» ai.
1827. MoRiN , Pharmacien , correspondant de TAcadémie rojale
de médecine , de la Société de chimie médicale de Paris ,
de la Société linnéenne et des Sciences physiques et chi-
miques de bi même ville; de la Société académique dt
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( i60
Nantes > et de pluiieim aatret Socîëtës tafantes, rme Bom^
pnmil r n® 27.
1837. Dkvills ( Achille ) , membre de la Sociëtë des antiquaires
de Normandie , de la Soci^t^ des antiquaires d*Écosse , des
Commissions des antiquités et des archiTes do département
de la Seine-InfiMeure, et de la Société dVmulation de
Rooen , rue de Fontenelle^ n» a bis.
i8a8. VfKOTBiiiiBB, D.-M., Chimr^en en chef des Prisons, rue
de lu Prison^ vfi 33.
PtMOiiT (Prosper), Négociant, rue Herhiere^ n» a8.
1839. Fotsi ( AL ) ik'f^ y CapiUine de reerutement du départe-
ment, bouleçurt Beuuvoisiue , n® 70.
FLOQinvr (A.) fils , Greffier en chef à la Cour royale.
GiRABDiN (J.), Professeur de chimie appliquée aui arts,
membre de plusieurs Sociétés savantes, co-rédacteur du
Bulletin nnÎTersei des Kienccs et de Tindustrie, rue Beuu-
euisiue, ancien iocal Samte-'Han'e,
ACADÉMICIENS CORRESPONDANTS , MM.
i7()6. Le Colonel Vicomte Toustain db Richebourg 9)(c , ji St-
Martin-du-Manoir , près Montivilliers.
1787. LsvAVAssKUR le jeune, Officier d'artillerie.
1788. Le Baron Desgekettes ( C. ^), Médecin, Inspecteur gé-
néral des armées , à Paris , quai Voltaire ^ xfi i.
1 789. HoNNET , ancien Inspecteur des Mines , à Paris , rue de VUni-
, fiersité, n® 61.
Le ChcTalier Tessier iQc ^ , membre de Tlnstitot , Inspec-
teur général des Bergeries royales , à Paris , rue des
Petits-Augusiins ^ n« a6.
i8o3. GuEBSEVT , Professeur agrégé à la Faculté de Médecine, à
Paris , rue du Paradis , n» 16 , au Marais,
Lhosts , à Sartilly , près ATranches , départ' de la Manche.
Le Comte Cbaptal >S< (G. ^), Pair de France , membre
de rinstitut, à Paris, rue de Grenelle-St, -Germain, no 88.
ai
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48o3. Mou.E\'AULT (C L) , membre èe rim titat ,kl$if, près Paris.
VAhué Dft U Bu£ , membre de TAcadémie de Cien , cor-
respondant de rinstilDt, 4 Caen.
U Baron CimsB (G. O. ^), Conseiller d'Eut, memWt
de rinstitoi , 4 Paris , am Jatëim dm Roi,
1804. BofNViLUBRSy membre de l'Insthot , à Paris , pùiîk ne
du Temple , a» 1^
DaaLAKO, D. M., Proimiear d'histoire oaiarelle, à Rennes.
1S04. Le Baron DEMAoïàiuts ^ , \ Pads , rme des Fossis-MotU-
martre,
i8tt5. BoiKJiBR,correspoBdaaCdtriostitvc,DiiecltwdètDooaaes,
à Abbe^e.
1806. Le Baron de GiEAiiDo ( C. ^ ) , Consriller d'Eut, membre
de rinstitot , à Paris , iw^msse Fénu , ii» 7.
Delabouissb y Homme de lettres , à Paris.
BoïcuMEUy Arocat , \ Paris , rue de VOdéom, no 3&.
1808. Sebaoc, ancien Oflkier de saai^, àCamvi, près Crotr
sanvîUe.
LAin (Pierre-Aim^), Conseiller de Prtfleetore, Secrétaire
de la Société d'Agriculture et de Commerce, à Caen.
Belakct ^y Chef de difision au Ministère de Tiniérienr,
à Paris , rue Dupkot, n^ 14.
■809. F&ANCŒUR ^ , Professeur à la faculté des sciences , à
Paris , rue Ckerche^Midi , n» aS.
Hërnakdez , Professeur à TEcoIe de médecine de la Ma>
rine , etc. , à Toulon.
Lamoureux (Ju&tln ) , à Bruxelles.
1810. RosKAT DE ViLLBBs ^ Directeur du Dépét de mendirité, à
Amiens.
DoBUESSOif , Médecin , à Paris , rue Èàutevilie , n» ta
Dcnois-MAisoNnEUVB, Homme de lettres, à Paris, rue de
Vaugirard ^ xfi 36.
DiiNis , D.-M. , à ArçenlM, département de TOme.
Le Marquis de BoNABDf-OuifESKiL , ancien Officier 4e ca-
rabiniers, ao Mesnrl-Lleubray , canton d' A rjueil, arron-
dissement de Itenfcbâtel.
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( i63 )
iSio. DsLAmoK , Pharmacien , aecrëUirc de la Société médicafe ^
à Efreux.
Le Comte Donatien db Srsmhis/ovs Sft ( C. Hgt), Gen-
tilhomme 4e la chambre dn Roi, membre de ia Chambre
des Oépatës, à Paris, nt^ de Vaugirard ^ «<> ai bis.
Saisst , Docteur-Médecin , À LyoDv
Balmb , secrétaire de la Société de médecine , à Lj^on.
Leboox dis Tums-Pierres ^, Propriétaire, aux Trois-
Pierres, prèa Sl-*Romain-de-Colbosc.
1811. L*Âbbé Lkpiuol, ancien Recteur de TÂcadémie nniversi taire
de Rouen , à Rennes.
De Lapoutb-Lalanhb $, Conseiller d'Etat, à L*intcndance
du Trésor de la Couronne, atà Carnusek
Lbsauvaae , D.-M. , à Caen.
Lafuse, Médecin du Roi, à Paris, ne de Grammont ^
n« a3.
18 1). Hellot iji(, à Paris, rue d*Asiorg^ nP 17.
BouixAT ^ , Pharmacien , à Paris , rue des Fossés-Moni"
martre y n* 17.
L*AbbéLA Rivière, inspecteordeTUniversité, à Strasbourg.
Briquet» Professeur de jBelles-Lettres , à T^iort.
i8i3. LAMANDé ^ , Inspecteur divisionnaire der Poou et Chans-*
Utèy À Paris , rue du Regard , a» i»
Gois fils. Sculpteur, à Paris, ^uai Conti ^ n« a3.
Flaugergues , Astronome , correspondant de rinstilnt , à
"Viriers.
1814. T ARBÉ DES Sablons ^ , à Paris , mu du Grand'Ckumtier^ n» 1 3w
PâttEux , Peintre ^ à Paris , rue Si-Florentin , n» 14. c
Massom de Saikt-Amaio) ^, ancien E^fet du département
de TEure, à Paris, rue de BelUchasse^ n» iS.
i8i5. Le Maréchal Cumte Jourdatt ^ ( G. C. ^ ) , Pair de
France , GouTernenr de la 7* Dirision militaire , rue de^
Bourbon i rfi Sa.
PXBCXLAT, ancien Recteur de l'Académie uniTersitiire de
Rouen , à Paris.
Geoffbot I Afocat , à Valo^nes.
ai.
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( »64)
181 5. Fabeb , coiresponiUiit de Tlnstitat, Ingtfniear en chef des
PonU et Chauftsëes , à Bricoles.
1816. Bom, Médecin eo chef des Hospices, à Boarges.
LOESBLEUB DES LOHGCHAIIPS ^, B.-M., à Parîs , ne de
Jowf ^ no 8.
Ddtbochet , B.-M. 9 correspondant de rinstîtot , à Gii-
' reaa , près Château-Renault ( Indre-et-Loire ).
1817. Patih, Bihliothëcaire dn château royal deSt-Cload , maître
des conférences à l'ancienne École normale , à Paris , ne
Cassette j n» i5.
Besorhbaux , Professeur à la Faculté de Médecine, à
Paris , rue de l*Abhmye , n» iG.
MÉRàT , Médecin , à Paris , rue des Sumt^Pères , n» 17 i.
HuRTREL d*Arboval , Vétérinaire , à Montreoil-sar-Mer.
MoRBAU DB JoKNàs iffi ^ , Chef de hataillon , correspondant
de rinstitnt , à Paris , me Neuçe-BeUechasse , n» 10.
1818. De GouaKAY , ÀTocat et Doctenr-ès-Iettre s , à Caen.
Pattu , Ingénieor en chef des Ponts et Chaussées , à Csen.
Botta , Homme de lettres , à Paris , ptace StSutpiee , n« 8.
Le Comte de Kergariou (O. ^), Pair de France, à
Paris, rue du Petit-V augirard ^ n» 5.
Le Chcfalier âussak de Chazet ( O. ij{( ) , Homme de
lettres, à Paris, rue Godot , n» 37.
Le Comté de Montaut ^ , à Nointot , par et à Bolbec
Le Marquis Eudes de Mirville ^, Maire, à Gonuser-
ville , par et à St-Romain.
1819. BocCHARt^T, membre de U Société philotechnîqoe , à Paris,
rue de Sapote, n* 19,^/^/ du çuétt de ta VatBe.
Le Baron Malqoet ( C. ^), ancien Préfet de la Seine-
Inférieure , à Paris, rue Godot , n« 5.
Depadlis , GraTcnr , à Paris , rue St-Germain-des-'Prés ^ n« i5.
i8ao. Garlon , Naturaliste , Rece? enr principal des Douanes , à
Ahhefille.
Le Baron Cachin )S^ (0. iji^ ) , Inspecteur général des PonU
et Chaussées , à Paris , hâtel de lu Monnaie.
i8ai. VàvB % ^y Capitaine de génie, au Sénégal.
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( «65)
iSsi. BeBTHiBR, menbre df rinstitil^ à Paris, rue i* Enfer ,
L*Âbbë J<kMET, Recteur, lostiluleiir de« sourds-moets , I Caen.
1812. Chavuit , Inspecteur è^i PodU et Chaussées en retraite , à
Ojr^, près la Flèche.
L*Abbé La Boudebie , Graod-Vicaire d*Â?ignon , à Paris ,
cloiirt Notre-Dame , n« ao.
Lb Mokicier ( Hippolytc ) , Avocat , 4 Paris , rue Je Vau^
girard ^ vfi ^
Moiiov ( de } i^ , Ingénieur des domaines de la Couronne ,
à Paris, ne Taitboui^ n*» 6.
Thiébaut de Berne aud , Secrétaire de la Société linnéenne ,
à Paris , me Cherche-Midi, n* 5.
Beughot (Arthar), Avocat, à Paru, rue du faubourg S t,-
Honoré, d« 119.
Destodet , D.-M., à Paris, rue Ste-Marguerite, n« 3j.
i8i3. Chaumrtte des Fossés , Consul général de France , à Lima.
1824. SoLUGOFFRB ^ , Directeur des Douanes , à St.-Malo.
EsTAHCELiH, Inspecteur ^t% forêts de S. A. R. Mgr le Doc
d*Orléâxis,à £a.
FovTAïUES , Homme de lettres , à St-Flour , département
du Cantal.
Maixet ^ , Ingénieur en chef ^^^ Ponts-et -Chaussées , à
Paris, rue du Regard, n» 14.
JouRDAV ^ , D.-M. , k Paris, rue de Bourgogne, no 4.
HoNTAtoOff , D.-M. , à Lyon.
Bourgeois (Ch«»), Peintre en portraits, à Paris, place
Dauphine, VP 24.
Janvier (Anlide), Horloger ordinaire dil Roi, à Paris, çuai
Contfy no a3.
Delaquesherie , Propriétaire-Agriculteur, à St-André-sur-
Cailly.
i8a3. Deschamps , Bibliothécaire-Archiviste des Conseils de guf rre ,
\ Paris , rue Cherche-Midi, no 3r).
Salcues , Médecin , à Dijon.
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C i6S)
i8a5. ht Baron Boulluuuoi ik » Proctircnr gâiéral à U Cmv
rojile de Rouen.
PnuL ^ , Jofe de pais , ta HiTie.
D'Anglbmomt ( Edooard ) , à Pirit , me de Sm^oh , ■• \^
Desmarest, Professeur à TEcole royile fëtérinaire d*Alfort,
à Pjiris , ne S (Jacques ^ o« i6i.
Behoist , Lieatenaot la corps royal d'Éut-Major , è Paris.
JuuA-FoNTEKELLi y D.-M. , Chlmstc , à Pins y Fue de
VEcoU-de-Mèdecine ^ n* la.
CiviALi ^ , D.-M. , à Paris , rme God^t-^e-Mmmrox > n* 3o.
Feret, Antiquaire, à Bîeppe.
Patbtc ^ , Manafactorier , i Paris , rme des Jeàmemn , n» 4-
Le Comte Blancrard de la Musse , ancien Conseiller ai
Parlement de Bretagne, à Montfort , dëp^ d*lUe-et-ViUaine.
1826. More AU ( Cësar ) , Vice-Consol de France , à Londres.
MoRTEiiONT (Albert), Homme de Icttfct, à Paris, rme dm
FourS i~Germmim y n» 17.
Laoetbzi , D.-M. , à Bordeao).
Savih , D.-M. , à Montmorillon.
Lenormatcd, Rédacteur des Annales de Tlndostrie nationale,
i Paris, rue Percée^St^André^es-Arls ^ n» 11.
BoïELOiEU ^ , membre de Tlnstitut , À Paris , èomU^srt
Montmartre , n* lo.
Berçasse ^ , Procnreor général près la Cour royale de
Montpellier.
1837. Germain , Pharmacien , ii Fécamp.
Hugo (Victor), Homme de lettres, à Paris, rme Noire»
Dmme^es-Chawips , n« 11.
De Blossevillb ( Ernest ) , à Amfrerille , dép' de TEore.
Dr Blossevillb (Joies) , à Paris, rme de Rieheliem^ n«.
Demaeiàres (J.-B-H.'J.), BoUnbte, à Lille.
Malo( Charles) , Homme de leUres , è Paris , rme Dmmpiime^
no 33.
1828. Le Baron C. A. de Vahssat ( C i)f( ) , Conseiller déut ,
ancien Préfet de la Seine -Inférieure , Préfet , à Nantes.
CoimT I Peintre , à Paris , rme des BemmX'-Arts^ tfi 1.
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( '67 )
i8i8. ViEEY , Docteur-Mëdecia , à Paris , place du Panthéon.
BorcnLS, DocUor-Mtfdecin , à Nancy.
Maillkt-Lacostb , ProresMur au Collège royal de Caen.
Lautabo , Membre de i*Acadéaiie , à Marseille.
Dotias , è Roomare.
Spekcbb Smitb , membre de b Sociétë des Antiquaires de
Normandie , à Caen.
Le Baron db Mobtemart-Boissb ^ , Membre de la Société
royale et centrale d'a^ricnltore , etc. , à Paris , rue Duphot^
n« 13.
MoBni , Ingénieur des Ponts et Chaussées.
18*9. CoTTBRKAu , Professenr agrégé à la Faculté de Médecine ,
à Paris, rue du Petii-Carreau , n<» 19.
Fis , Chimiste , Pharmacien en chef de ThApital militaire ,
PoTBL , D.-M. , à Erreux.
GumiiGUEn (Ulric) , à Paru.
Cazaus , Professeur de physique au Collège royal de Bour-
bon, i Paris.
Saiwicené , Ingénieur At% ponts et chausséea , au Ha? re.
CORRESPONDANTS ÉTRANGERS, MM.
1783. Le Chevalier OB Turnob, membre de la Société des Anti-
quaires , à Londres.
Miss Anna Mooii, à Londres.
1785. Ahciuok , Pasteur de TEglUe française , à Berlin.
i8o3. Le Comte Db Volta , Professeur de physique , associé de
r Institut, à Pavie.
Demoll , Directeur de la Chambre àt% finances , et corres-
pondant du Conseil des mines de Paris , à SaUbourg.
Le Comte I](bbbat, Ministre et Ambassadeur de S. M. le
Roi de Bavière , i Vienne.
Gbffbot y Profesaeur d'anatomie à TUnifersité de Glascow.
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Goo^k
( 168)
t8o3. Ekgblstoft , Docteor en philotophie , ProfeMeor «djdBt
d*Histoire à rUnîfersittf de Copenhi^e.
Gatatollc , Botaniste , k Madrid.
John SniCLAiB, Président da Boreaa d*agricalt«re , à
Edimbourg.
FABiumi , Math^matiâen , Directeur du Calunet d*lu*«toirt
naturelle , coirespopdant de Flnstitot, à Florence.
i8i3. VoGKL , Professeur de cbinie à TAcadénie de Mvnidi.
1816. Campbell, Prof, de poésie à Tlnstitation royale de Londres.
1817. Le Chevalier db Kirckhoff , Médecin militaire» à Anters.
1818. Dawson TuBifBB , Bolaniite, à Londres.
Le R. Th. Frookall DiBoni , Antiquaire t à Londres.
1825. Le Comte Vikcekzo db Abbatb, Antiquaire , à Alba.
1827. Deloc, Professeur de Géologie, à Genète.
i8a8. Brukel ^j Ingénieur, inventeuret constructeur du Passage
sous la Tamise ^ correspondant de Tlnstitut , à Londres.
SOCIÉl'ÉS CORRESPONDANTES.
L'Institut j k Paris , ag Palais des Quatre^Natioms,
L* Athénée des Arts , à Paris, fue des Bons-Eafaats,
La Société royale d'Agriculture, à Paris, à r Hâtel-de-ViOe,
La Société médicale d'Emulation , \ Paris.
La Société des Sciences physiques , è Paris.
La Société des Pharmaciens , à Paris.
L'Académie des Sciences , etc., k Amiens.
La Société des Sciences, Lettres et Arts, k Anrers.
L'Académie des Sciences , à Besançon.
La Société df s Sciences , etc. , k Bordeaux.
La Société des Sciences , etc. , à Bonlogne-sUf^Mer.
L'Académie des Sciences, Arts et Belles-Lettres, à Caen.
La Société d'Agriculture et de Commerce , à Caen.
La Société médicale , k Evreux.
La Société ^t% Sciencea , etc. , k Grenoble!
L'Académie des Sciences , etc. , k Dijon.
La Société des Sciences , Lettres et Arts » à Nancy.
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( i«9)
La SociëU des Sciences et Arts , à Niort.
La SociéU des Sciences physiques et médicales , à Orlëans.
L'Académie des Sciences , etc. , à Marseille.
If'Aradémie des Sciences , etc. , Ji Rennes.
La Société des Sciences et Arts , à Strasbourg.
L*Acadén)ie des Jeux floraux , k Toulouse.
La Société d'Agriculture , des Sciences et des Arts , i Tours.
La Société d'Agriculture , à Versailles.
L'Académie des Sciences , etc , à Lyon.
La Société des Lettres, Sciences et Arts, ik DouaL
La Société de Médecine , à Lyon.
La Société des Sciences et des Arts , A Nantes.
L'Académie du Gard, i Nismes.
La Société libre d*£mulation et d'Encouragement pour les Sciences
et les Arts , A Liège.
La Société d'Agriculture , Sciences et Arts de la Haute-Vienne , A
Limoges.
La Société d'Émulation du Jura , A Lons-le-Saulnier.
La Société académique , A Mets.
La Société académique, A Aîi.
La Société d'Agriculture , Sciences ci Arts de Chcrixnirg.
» I ■>»(§«■ i"
22
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TABLE
DES MATIÈRES.
Discours d'ouoerture de la Séance publique , par M,
docteur Le PreQOst , président ,
SCIENCES ET ARTS.
ïiapport fait par M. Cazalis , secrétaire perpétuel de
classe des sciences ,
OUFRAGES ANNONCÉS OU ANALYSAS DANS CE RAPPORT
PflTsiQUE ET Mathématiques.
R^îexions ( nowelles ) sur les paratonnerres , par il
Dubuc , ibj
Discussion de M. Lé^y y sur le même sujet , et réponse
M, Dubuc f
Communication , par M, Léçy , d'une lettre de M. Ga
Lussac y et d'une autre de M. Fourier , membre de Vb
titut, sur le même sujet ,
Extrait d'un rapport fait à V académie des sciences , relatii
ment aux dégâts occasionnés par la fourbre sur le maga
à poudre de Bayonne , quoiqu'il fût armé d'un paratonnet
par M. Lé^y ,
Rapport sur le manuel des poids et mesures , de M, Tai
des Sablons; par M. Periauv , ibi
Correspondance météorologique ( 2* et 3« cahiers ) , /
M. Morin , ingénieur , ib
Rapport de M, Cazalis sur un mémoire d* optique de
Uourgeois , ib
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( «7* )
Chimie.
Èecherches sur le prindpe vénéheUx et sur les ptùpriélii
tùtctoriales du C0T\ds\^ m.yv\\{o\\di ^ par M kDuhuc t t^
Examen chimique des feuilles de corîarîa , par M, Monn^
pharmacien , i?
Recherches sur la nature des principes qui composent te sang
de poisson , par M, Morin , l8
Note de M, Thibourmery , sur la présence du bleu de PrUssê
dans les sels de soude du commerce , communiquée pcf
M, Morin , ig
Médecine*
De ifuelques fjjels singuliers produits par V usage intenU
' ou externe de certains médicaments , par M* Cottereau ; et
rapport de M, Des Alleurs fils » 19
Mémoire de M. Pattel ^ sur les vers plait. dans Vespèce
humaine ; et rapport par M, De^ Alleurs fils , ao
Thèse sur F influence des trasxmx intellectuels sur le système
physùpte de r homme , par M, Bégin ; et rapport de
M. llellis. ai
Recherches sur les propriétés médicales du charbon de èoii «
par M, Palman ; et rapport de 3/. Godefiroy , ibid.
Recherches sur la monomanie homicide ; discours de rentrée
de M, Leprei>ost , D.-M, « président , 2t et 2i
Obsenfotions sur la monomanie homicide > por M» Vingtri-
nier / 2a cf a3
Relew statistiques sur les enfimts troui^s et sur tes condam*
nattons capitales ; par M- Fingtrinier , a 4
Dissertations sur les affections cancéreuses du col de
l'utérus > par M. Açenel; rapport de M. Vingtrinier^ a5
Mémoire sur dù^ers points de médecine ; par M^ AQcnei , aS
Mémoite sur les sangsues , par M. Renaît , ibid.
Histoire naturelle.
Notice sur une espèce de pomme de terre récoltée à Saint-
Georges ; par M, Dubuc , aS
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( »73 )
Jfott sur ta dispatuUon du puceron lanigère ; par M. Du
Eléments de mfneralogie appliquée aux sciences chimùjf
par MM Girardin et Leroq ; et rapport de M. Ho\
LabiUartitère ,
Analyse du domite léger du Puy-de-Dôme « par M. G
din^ i
Ifotice sur des os imprégnés d'une couleur verte , trowéi
fouis dans le sol; par M. Léi^y ,
AWcf sur deux veufs de poule bardés et réunis par un ce
memliraneux ; par M, Leprés?ost , vétérinaire » i
Des lichens calicidides , par M. Aug, Le Prévost ; ra^
par M* Levieux ,
flora Gallicay par M. Loiseleur de Longchamps; ra^
par M. Le Turquier , i
Catalogue descriptifs méthodique et raisonné des espè
variétés et sous-variétés du genre rosier y cultivées
l'auteur ; par M. Prévost , pépiniériste ; rapport de
Dubreuil^ i
Rapport de M» Levieux , stsr un Ouvrage de Af. Fée^ s
Lotos des anciens , et sur un autre de M. Desmatières , i
Industrie. — Agriculture.
B^port de M. Devilk , sur un Mémoire de MM. Long
et Chevalier , contenant l'exposé de plusieurs proi
lithographiques ,
Notice sur un nouveau combustible tiré du dépit des l
de teinture ; par M. Prosptr Pimont , î
Rapport de M, Lévy , sur une brochure de M, Héricar
Thury , sur les puits artésiens ,
Traduction d'un Mémoire de sir William Con grève ^ sur
machine pour /aire marcher les vaisseaux en mer , pi>
force des vagues ; par M, Lévy ,
Notice sur la culture , le rouissage et le broyement du chc
et du lin dans ce pays ; par M, l'abbé Gossier , i
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Ëi:ole àertt
rapport
Rapport di
Vindust»
Détails de
pour la
Rapport s
d'Agn'ci
Rapport d
dlLrnu/t
Traoaux à
Dubuc ,
Pcrlaux
Travcnix i
par M,
Prix pro}
mé.vojjie,
Reciierci
le rappt
Rapport
par M,
Proclamât
CLASSJ
Rapport fi
OvrRAGES
Rapport à
d'éducai
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( «75 )
Discours de M. Aug* Le PreiH>sù , présidenl de V associât
pour renseignement mutuel ^ à Rouen , ib
Travaux de la société de la morale chrétienne , à Ptuis ,
Trtwaux des sociétés correspondantes , ib
ao' et 21* vol. de la société des arUiquaires de Londres ,
EpUre d*un vieux poète à son ami devenu poète de coi
par M. Frédéric Lequesne ,
Notice sur la tour de Londres , par M. Tougard ^ ib
Analyse du précis de 1828 , par M, Lautard ^ de VAcadéi
de Marseille , ib
Notice sur les hôpitaux de Rouen , par M, Legras ^ ib
La Domfrontienne , épitre en vers liljres , M. de B**
à M. Casimir Delavigne , ib
Second extrait des études poétiques de M. Et, ITiuret ,
r Académie de Caen ,
Discours de M. Vandeuore , en sa qualité de procur
général à la Cour royale de Rouen.
Notice historique sur Zivitigli , par M. F abbé La Bouderie^
Pelage , tragédie de M. Fée ; et rapport de M. Fossé ,
Voyage dans les quatre parties du monde , par M, AU
Montemont , il
Notice sur M. Bruguière de Sorsum , par M. Spencer Smith^
Traduction en vers français du The Voyager , de M.
Sorsum , par M. Ed. Smith , il:
Groupe de Léda, en plâtre ^ de M. Gois ^ ik
Tobie mourant^ pièce de vers de M. Boinvilliers ^ il
Notice nécrologique sur M. Rêver , il
Dissertation sur les portraits de Henry VIII et de François
existants à thâtel de Bourgtheroulde , par M. Dt
quenère ,
Eloge de Bossuet , par M. Fioquet JUs ; et rapport
M* Durouzeau , il
Réflexions sur Alain Blanchard^ par M. Aug. Le Preoosl ,
Traduction en vers des Bucoliques de Virgile , par M. j
Deville; et rapport de M. Duputcly i
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PRÉCIS ANALYTIQUE
DES TRAVAUX
DE
L'ACADÉMIE ROYALE
DES SCIENCES, BEIXES-LETTRES ET AR'
DE ROUEN,
rESDAMT i'annés i83o.
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science prenai<
fendre d'un se
du devoir qu
suffrages. Je n
vaux de mes c
prédécesseurs ;
si, dans Panai
présenter , je
MATHÉMATl
= Nous de^
et chaussées ,
un mémoire si
rosses, M. Men
déclare que c
MM. les ingéi
des ponts et (
cette matière ,
favorable ou c
= M. Tarli
demie de la i4
Cet ouvrage ,
les nombreusoi
jamais confond
on prétend me
monde , et qui
spéculation. L(
mot son vTai
tables et de
^tre appris de i
dans la pratiq
est aussi le m;
duclions de ce
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(3)
dVclat sur leur auteur , elles leur mérite au moins la
reconnaissance de leurs concitoyens.
= Deux mémoires contenant la résolution de trois
propositions de mathématiques , envoyés par M. Gâchoi ^
officier de la marine royale , ont fait Tobjet d^un
rapport de M. Meaume.
La première de ces propositions est un théorème
qui a pour but de prouver que de tous les triangles
inscrits dans un cercle et ayant pour base la même corde ,
celui tpii a le plus grand périmètre est le triangle isocèle.
Ce théorème n'est point de simple curiosité : l'auteur y
a été conduit par une application assez intéressante à
la pratique de la marine*
Le second théorème démontré par M. Gâchot est
celui-ci : ^i des sommets d'un triangle rcctiligne on abaisse
des perpendiculaires sur les côtes opposés , ces perpendi-
culaires se rencontrent en un même point, M. Gâchot an-
nonce qu'il n'a vu cette démonstration consignée dans
aucun ouvrage. Personne ne doutera de sa bonne foi ;
mais il est dans l'erreur : cette démonstralion est connue
et consignée dans des ouvrages élémentaires.
Le second mémoire de M. Gâchot renferme la solution
d'un problème de mécanique appliquée h la navigation.
Il s'agit de déterminer l^ angle qu'une voile doit faire atfec
la quille et aoec la direction du vent , pour que la vitesse
du naifire soit la plus grande possible. Bouguer a donné
de ce problème une solution purement géométrique;
l'auteur a obtenu , à l'aide du calcul différentiel » une
formule applicable à tous les cas d'une route oblique.
Il ne considère que les voiles enverguées et bordées
sur les vergues , qui sont les voiles importantes des
bricks et des trois-mâls ; les autres voiles, appelées voile»
latines f ne présentant aucune difficulté dans la pra-
tique.
1.
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(4)
L'auteur ne se dissimule pas que Taction du vent
n^est pas aussi régulière dans la pratique qu^on le
suppose en théorie, que plusieurs circonstances , comme
la forme, de la caréné , le mouvement des lames ,
peuvent favoriser ou contrarier la marche d'un navire «
et qu'ainsi les résultats du calcul ne sont pas toujours
confirmés par l'observation. Quoi qu'il en soit, les for^
mules sont toujours précieuses , puisque , étant conve-
pablement modifiées pour la pratique , elles donnent les
moyens d'approcher du but autant que possible,
w II résulte du travail de M. Gàchot, dit IVT. Neauroe,
u que la marine possède en lui un in{>énieur instruit
fc et laborieux , qqe l'Académie doit lui savoir gré de
« la communication de ses mémoires, et que le rappor-^
« teur lui-m^me éprouve de la satisfaction ïx reconnaître
« parmi ses anciens élèves un homme distingué. »
= Nous avons continué à recevoir les numéros de
l'intéressante correspondance météorologique de M. Tin-
génieur Morin. Nous devons le féliciter de sa persévé-
rance I et de ce qu'il a déjh décidé un assez grand
nombre d'hommes instruits de divers pays à faire les
observations jourpalières et rigoureuses qu'il désire re-
cueillir.
. :? M. Antide Janvier , membre correspondant , a
payé son tribut académique par l'envoi de la deu-
xième édition du RecucH des machines de son invention
( M. Lévy , rapporteur ), Cette deuxième édition est
augmentée de développements mathématiques d'un grand
intérêt pour le calcul des rouages. L'auteur y a joint
aussi le texte des premières leçons qu'il reçut sur ce
calcul , de l'abbé Toumier , et qui sont encore pré-
sentes h sa mémoire , quoique plus de cinquante années
se soiei^t écoulées depuis cette époque. Trop instruit
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(5)
bienlAt pour ne pas apercevoir le& erreurs de son
maître , M. Janvier n'en a pas moins reconnu que ces
leçons Tout conduit sur le chemin de la vérité , et
la publication qu'il en fait aujourd'hui est un hom-
mage rendu par la reconnaissance h un digne institu-
teur , dont le nom ne sera pas obscur , grâce au mérite
de son Ahve*
= M. Tabbé Crâi^el , curé de Saint-Romain , a
désiré qu'une commission examinât le moyen qu'il a
inventé , et pour lequel il s'est fait breveter , par lequel
il se propose de faire sonner les cloches sans les mettre
en volée. MM. l'abbé Gossier, Meaume et Dubuc ,
oommés h cet effet , vous ont fait connaître leur opinion
par l'organe de M. Meaume , rapporteur. Les commis-
saires ont reconnu qu'il est incontestable ,
i^ Qu'il sera plus aisé de sonner les cloches par ce
procédé , par lequel des marteaux seulement sont mis
en mouvement;
;i« Que le clocher sera moins ébranlé ;
3^ Que la cloche sera moins exposée à âtre fendue
par un coup brusque et dur du battant.
MM. les commissaires doutent cependant que^ par
celte manière de sonner les cloches , le son soit trans-
mis avec autant de force et d'avantages que par le pro-
cédé qui consiste à les mettre en volée.
s M. Bnmel a procuré une seconde fois bl'Âcadémie
la satisfaction de l'entendre parler de sa grande et in-
génieuse entreprise pour pratiquer un passage sous
la Tamise. On voit , au plaisir que prend M. Brunel
à entretenir ses compatriotes de ses travaux , que s'ils
sont exécutés en pays étranger , c'est h la France, au
moins, qu'il voudrait pour ainsi* dire faire la dé-
dicace de la gloire qu'il en recueille. 11 a fait bom-
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(6)
mage a rAcadémie d^iin dessio représentant une conpe
de la Tamise , des terrains traverses par la galerie , et
de la galerie elle-même. On y remarque aussi la coope
d^une première galerie qui avait été commencée | et
qui y selon quelques personnes ^ aurait donné à M.
Brunel Tidée de la sienne. Cette tentative , faite en
1808 f avait pour but la construction d'une simple
galerie de mineur. La surface de sa section est à celle
de la tonnelle à-peu-prèsdans le rapport de 1 à 61. Elle
avait atteint une longueur de io4.5 pieds , lorsque le
fleuve fit irruption , et , quoiqu^il n'y eût plus qoe
i3o pieds de terrain à creuser pour terminer roa-
vrage , on déclara qu^il était impossible d'aller plu$
loin. En 1809, on proposa un prix à celui qui pré-
senterait le meilleur plan à suivre pour rachèvement
de ces travaux : des projets furent envoyés en grand
nombre ; une commission d'ingénieurs fut nommée
pour les examiner. Elle déclara qu^elle croyait impossible
de terminer la galerie autrement que par l'établisse-
ment de* batardeaux , moyen qui ne pourrait non plus
être employé , vu les énormes dépenses qu'il orca-
sionnerait ; qu'elle ne prétendait pas imposer de bornes
au génie ^ mais qu'elle n'apercevait pas la possibilité
de conduire ce travail h une fin heureuse.
Il est donc évident que ce premier essai, loin de pouvoir
fournir à M. Brunel l'idée de sa galerie , n'était propre
qu'à le détourner d'une semblable conception , car ,
dans des entreprises aussi hardies ^ le non succès dé-
tourne plutôt d'un projet qu'il n'y rallie les esprits.
Heureusement que M. Brunel ge fit aucune attention
à ce premier travail , lorsqu'il conçut le sien dix à
douze ans après ; mais on ne peut l'entendre sans intérêt
raconter comment lui vint la première idée de l'exé-
cution. Étant employé h l'arsenal de Chatam , il re*
marqua un morceau de bois d'environ un pied carréi
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(7 )
qui avait fait partie de ia quille d^iin vaisseau , perc^
d'outre en outre par l'insecte nommé taret^ dont la
forme de la tête fournit à M. Brunel Tidée de son
bouclier ; car le terrain à traverser était si mauvais
qu'il conçut qu'il fallait être , pour ainsi dire , toujours
armé , pour résister sans cesse b l'irruption du fleuve ,
de même que cet insecte , par la conformation de
sa tête , qui porte une espèce de bouclier , résiste
à l'irruption de Teau au milieu de laquelle il tra-
vaille.
M. Brunel a donné aussi lecture d'un mémoire qui
accompagne le dessin dont j'ai parlé , et dans lequel
il rend compte des principaux travaux auxquels il s'est
livré, de l'opportunité de chacun d'eux, et des obs-
tacles qu'il a eus à surmonter , s'arrêtant particulière-
ment aux deux grandes irruptions qui ont eu lieu , et
exposant les moyens qu'il a mis en usage pour y porter
remède.
AGn de ne rien laisser a désirer à TAcadémie , M.
Brunel a fait passer sous les yeux des membres de
la Compagnie une perspective fort exacte de la galerie;
ce charmant diorama produit une complète illusion.
M. Brunel a donné , en même temps , la consolante
assurance que, malgré les clameurs et les menées des
covieux , il resterait seul chargé de la continuation de
ces travaux. Il ne paraît pas douter non plus que les
sommes nécessaires pour son entier achèvement ne
soient prochainement allouées*
Il y a peu de jours encore , il écrivait \k notre
respectable confrère M. l'abbé Gossier : » ayez la bonté
>» de donner à l'Académie l'assurance que les espé-
» rances qu'elle a conçues , par intérêt pour le succès
»» de mon entreprise , ne souffriront point de mécompte.
» Elle vevra le passage sous la Tamise terminé par un
» français , par un de ses membres.
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L ITcrreîii uiplcuz | contenaiit soaTent des pyrites.
J. Argile marbrée*
Il Dépôt àt galet et autres substances , proyenant des égo^ts de U
ville , teb qae fragments de briques , de poteries , de verreries >
os I etc. I etc.
t± La cénue française est-elle ùiférUwe à celle dé
Hollande y ou un simple préjugé fidt^U préférer cette der^
iûère ? Telle est la question sur laquelle on a vu quelques
opinions divergentes. M« Dubuc avait déjà eu occasion
de faire connaître la sienne sur rinfëriorité de la céruse
française : pour Tétayer encore , il a soumis aux regards
de la Compagnie deux échantillons de céruse , Tun de cé-
ruse de Hollande , Tautre de céruse préparée h Rouen j
qui ont été etpos^s pendant deux ans au grand air et à
la lumière. La céruse de Hollande a conservé son beau
blanc mat , et reflète bien la lumière ; Tautre est devenue
d'un gris terne et sans reflet solaire»
s En offrant à TAcadémie son Traité sur les pare^
menis et encollages , « j'éprouve , a dit M. Dubuc , d'autant
« plus de satisfaction en faisant hommage de ce traité
«r à l'Académie , que ce fut en i8ao | dans cette société ^
« que je disposai les premiers rudiments du travail qui
ce m'a fait avoir le prix Monthyon , qui m'a été décerné
«I par l'Académie royale des sciences» »
as Le même membre a donné lecture d'une notice
contenant l'examen physique et chimique d'une con-
crétion extraite sur le cou-de-pied d'un individu âgé
de quatre-vingts ans , et qui s'était manifestée dès l'âge
de vingt ans. Cette concrétion étant devenue de la gros-
seur d'un petit œuf de pigeon , il se décida à la faire
a
.. !
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( »o)
ce qui e,ut lieu sans de grandes doûleuri
et sans grande effusion de sang.
L'analyse chimique de Ce corps a prësenti:
Eau interposée , a grains>
Carbonate de chaux mélëe d'un peu de silice , 8 i/a
grains.
Pellicule , ou matière animalisée 9 1 grain>
Gholestérine , ou matière animale , i/a grain.
=: Un mémoire de M. Marin ayant pour titre : dt
ta bouse de ifoche considérée sous le rapport de îa tech^
noiogie , a paru assez important à T Académie pour Teo-
gager à le faire connaître par la voie de l'impression.
&p M. Gonfre^ille fils , notre compatriote , chimiste
du gouvernement à Pondichéry , a envoyé une col**
lection de substances végétales et minérales employées
dans rinde à la teinture des étoffes , ainsi que àt$
échantillons dVtoffes teintes d'après les procédés des
naturels du pays , une collection de graines et ane
foule d'objets très-curieux en usage dans les Indes*
Parmi ceux de ces objets qui offrent le plus grand
intérêt , la Compagnie a pu remarquer ^
i** Des échantillons de coton écru et de coton teint
à Madras;
a<» Le coquillage appelé chanque dans le pays, et
qui sert à lustrer les étoffes dites ^e Madras;
Z^ Une pagne coton et soie , qui forme le seul vé-*
tement des femmes indiennes;
4** Un petit sachet en soie brochée de diverses cou-
leurs , etc. , etc»
Une commission composée de MM. Houtou-Labil*-
lardière , Girardin , Pouchet , Prévost , pépiniériste , et
Pimont , s'occupe de l'examen de ces divers objets , et
son rapport ne peut manquer de former une partie
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C M )
Men ihti5ire$sanie des travawt àe l'Acad^ime pour la
prochaine année.
ARTS. INDUSTRIELS.
=; M.. Pimont vous a communiqué , Messieurs , le
moyen qn'ii emploie pour utiliser les résidus des cuves
de teinture, avec lesquels il fabrique une tourbe très*
économique^
Outre cet avantage, il résultera^ encore de Temploi de
ce nouveau combustible , que le lit des rivières ne sera
plus encombré par les matières qui s'y déposent sans
cesse , ce qui r«nd le curage plus long y plus difHcile
et pks dispendieux. On évitera , en outre , de se mettre
en contravention avec les règlements de police , en ré^
pandant dans les rivières des bains qui , ayant servi à
U teinture , altèrent la pureté de Teau et contrarient
souvent les opérations, des teinturiers. Ce mémoire est
accompagné de ^ombreux détails sur les expériences
comparatives faites avec le bo's, le charbon et la tourbe»
eu égard à la chaleur produite et h la dépense ccca«-
sioDoée par ces divers combustibles.
=? Le même membre vous a fait connattre aussi
h procédé « de son invention y par lequel on parvient
à filer la laine çans Temploi de T huile , ou au moins
avec une très-grande économie d^huile , pour quelques,
laines plus difficiles à filer, et pour lesquelles il ne pense
pas que Ton puisse entièrement Téviter.
Il ne se dissimule pas que , par suite de Femploi
de ce procédé, on pourra peut-être décomTir quelques
perfectionnements h y apporter ; mais , tel quUl est en
ce moment, il doit déjà offi'ir un assez grand intérêt
aux fabricants de draps. Plusieurs déjà Tont employé
avec succès et en ont témoigné leur satisfaction.
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(•O
Notre confrère a fait passer» sous les yeux des membre*
de la Compagnie , plusieurs pièces de drap préparée^
par ce procède, qui, outre Tavantage de procurer uoe éco-
fiomie d'huile , paraît encore devoir doni^er plus de
consistance h la couleur^
r= Une commission composée de MM. Meaume ,
des Alleurs et Girardin , chargée par T Académie , sur
l'invitation de MM. Cavelier et C* , de voir fonctionner
le pétriss ur mécanique ^ a fait son rapport par Torgaoe
de M* Girarâîth
M. le rapporteur décrit d^abord la construction d^
pétrisseur mécanique , et expose sa manière d'opérer.
Il combat ensuite Topinion de quelques persomios
qui pensent que le pain fabriqué par ce procédé serait
moins nourrissant , parce quMl renferme plus d'eau que
celui préparé \ bras. D'après les expériences &ites par
Parmentier , les proportions de deux parties d'eau contre
trois de farine sont celles qui fournissent le pain le
plus nourrissant ; le pain des boulangers ne contient
ordinairement que cinquante h cinquante-deux parties
d'eau contre cent de farine ; le pétrisseur mécanique
emploie l'eau dans une plus grande proportion , mais
en moins grande quantité encore que le demande Par-
mentier. ^.a manière d'opérer du pétrisseur permet
d'employer plus d'eau que le procédé ordinaire , maif
on peut en employer moins , selon le goût des consom^
mateurs , car il permet de pétrir aussi ferme et aussi
mou qu'op le désire. La commission réfute paiement
bien le second grief, <^ui consisterait en ce que celle
pâte absorberait moins d'air que celle préparée à bras.
La commission présente aussi un tableau des in-i
.convénients qui accompagnent l'ancienne méthode dV
pérer, inconvénients qui intéressent fortement les con-.
sommateurs et les boulangers.
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( »3)
« Ces considërations , dit «a torminant M. le rap«
« porteur , sont du plus haut intérêt , et votre corn-
« mission a cru devoir les exposer avec tout le dtfve-
« loppemeot qu'elles nécessitent. £n les livrant aux mé*
« dilations du public , elle espère qu'elles produiront
«( les heureux résultats ' qu'elle en attend , savoir de
« vaincre les répugnances que manifeste la masse des
« boulangers pour les pétrins mécaniques « et surtout
« d'engager les consommateurs i exiger de ceux-ci
^ l'emploi des machines qui permettent de préparer
«( le pain avec pluç d'économie , de promptitude , de
« soins et de propreté, »
= M. Léiy vous a £atit un rapport sur le Manuel au
Boulanger et du Meunier ^ par MM. Benoît et Julia Fon^
ttheUe* Il trouve presque tous les chapitres bien faits , et
oSrant chacun isolément une notice soMvent intéres-t
Mnte ; mais il ne lui paraît pas que l'eosemble puisse
atteindre le but qu'ont paru se proposer leur auteur»
HISTOIRE NATURELLE,
9 U. Poucheêj dans son Discours de réception ^ a suivi
la marche de l'histoire naturelle depuis les âges les
plus reculés jusqu'h nos jours.
Les premiers naturalistes fixèrent leurs regards sur
les productions du sol y et ne purent que constater
des faits. L'histoire naturelle de Pline , àpqt les écrits
ne furent précédés que de ceux d'Aristote , préseatet
plutôt l^stoire des erreurs accréditées de son ^en^psque
le vrai tableau des progrès des sciences^
Pendant le moyen âge , l'histoire naturelle fut (irap^
P^e d'inertie; elle ne put se soustraire aux ténèbres
4e l'ignorance qui se répandaient de toutes parts.
Vers le seizièi^e siècle « l'qbsefvatioq succéda au)c
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( i5)
— M. ffoii^/, vice-^président, répondant au rëcipien^
daire , Ta félicité d'avoir senti que nous ne sommes
plus dans le siècle des compliments ; que le plus sdr
moyen d'être écouté aujourd'hui est de citer des fait3
et de parler de choses utiles ; il se gardera donc bieqi
lui-mtîmc , en paraphrasant le discours de M. Pouchet ,
de chercher à en relever le mérite h ses yeux ; mais il
ne peut s*empécher de le louer d'avoir saisi le caractère
des naturalistes de Tantiquité « qui n'étudiaient l'histoire
d'aucuil être que pour faire tourner le résultat de leurs
recherches au profit de l'humanité.
:= M. Germain y membre correspondant de l'Acadé-
mie 9 lui a envoyé une Notice sur les écremses ^ et particw
UèremerU sur une espèce naturellement à test rouge,
GEOLOGIE.
slVI. Duhuc a donné lecture d'une notice renfer-
mant quelques observations sur quatre produits du règne
minéral, dont il a exposé des échantillons aux regards
des membres de 1 Académie.
Le premier porte le nom de grison^ dans le paya
d'Ouche ; c'est , selon notre confrère y une aggloméra-
tion informe , dans la couleur de laquelle domine c gris-
rougeàtre. Elle est caverneuse , quoique très^lourde ;
on y remarque à la vue cinq ou six minerais divers ; elle
ne produit pas d'étincelle par le choc du briquet. Le
gissement de ces cailloux est très-divers : souvent le
•oc de la charrue les fait sortir de terre en grande quan-
tité , on les enlève avec soin ; mais ils reparaissent après
quelques années. Le grison durcit par son exposition
prolongée à l'air, et sert à la bitisse. Il ne ibrme point
de str^ta dans le sol s on le tco^ve disséminé. Il nuit
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( «7)
peUs ^ îuger ce diffiârend^ trop éloigné même de ce pays
pooravoiruaeconaaissance suffisamment exacte du point
en litige ; mais nous ne pouvons nous empêcher d'ap*
prouver notre correspondant de son zèle h défendre les
talents et les bonnes intentions du corps honorable dont
il lait partie.
= M. Auguste ht Préçost vous à fait connaître « Mes-
sieurs , la Topographie géognostique du département du Cal"
9ado$f par M. de Caumont.
Ce travail , selon M. le rapporteur , et celui de M.
Possy y suscité et couronné par l'Académie de Rouen ,
sont compléments nécessaires Tun de l'autre. Il suffira ,
pour s'en convaincre, de se rappeler que notre départe-
ment appartient tout entier aux terrains secondaires
supérieurs du bassin de Paris , tandis que le Calvados ,
placé à l'une des extrémités de ce même bassin et au
point de relèvement de toutes ses couches inférieures f
ofSre la jonction de nos terrains avec tous ceux qui leur
servent de base, et même une portion de l'immense
coupe dans laquelle les uns et les autres ont été déposés»
Cet ouvrage prendra place à côté de celui de M. Passy,
tant sous le rapport du mérite que sous celui des ser-
vices qu'en pourront tirer nos compatriotes.
M. le rapporteur profite de cette circonstance pour
payer un tribut d'éloge aux travaux nombreux et variés
de M. de Gaumont.
L'Académie espère pouvoir publier sous peu de
mois la Statistique géologique du départemetU de la Seine^
Inférieure , de M. Passy ; cette publication ne se trou-
vant retardée que par la gravure de la magnifique carte
qui y est jointe , et dont l'exécution doit répondre au
mérite de l'ouvrage.
s BI- Girardin^ appelé à coopérer aux travaux de
3
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< ^8 5
TAcad^nûe , û exprun^ , dans un discours ^crU vret aa»
f aat de modestie que ^'^ëlëgaRce , la roeonnaîss^ioc ^Hl
ëpcoaiv4i pour ce qu'il appeli(e 4a faveur qui lui a éié
accordée* £a passant «a ravue ies diverses brancbes
des 4;onaaissaoces humakies , l« récipiendaire remarque
qu'à chacune déciles se rattachent bien honorablement les
travaux de plusieurs hommes qui ont illustré par leurs
écrits les différentes époques que -t'Acadëgiie a Irarer-
«ées >depuis sa fondation*
La Compagnie a éprouvé uoe toachante H visitle
i&nodon , lorsque , après 4(es noms des Lecat , des Gide-
|éU«, des FoateneH«, des Pinard , des Damboumajrt
jdes i>eseroiKÎiUes , elle a entendu prononcer ceux de
MM. Marquis et Le T«i;quier , qui n'ont disparu pour
aânsi dire que depuis peu de jours du milieu de nous.
fi Citernes nomç, a dit M.Girardin, cVst réveiller pour
m .vous «t pour vos concitoyens des souvenirs de gloire
f( ÀosA vjûus éies fiers. Le temps qui promène sa but
Pi desftrudrice sur nos empires , et se platt à niveler les
¥ plus fautes comme les plus obscures destinées, res-
M pec^ tottjonrs les 4'eaoraraées fondées sur le talent
/r et 1 amour du bien public ; et i ce titre la mémoire
€i des aavaats modea^s , des artistes laborieux , des
« poètes aimables ,4«it , tous dans la sphère qui leur est
<c propre , s'efibrceat à faire chérir la vertu et à rendre
il lus hommes raeîHettrs , survivra h la destruction de
« nos sociétés , comme nous avons vu les célébrité^ de
» reiii#quké ressortir plus brillantes des ténèbres de la
« Jbarbane dans lesquelles ettes furent ensevelies pen-
« dant taat d'Muiées. y
«T- IMl. Hçud^ .vicerpcésîdent y 4laiis sa réponse ) H.
Girardin , le félicite des succès que , feune encore , il a
obtenus dans les sciences et dans les arts. <« Vous devei
^ Q9M» 4jre part , a ^^outé M. }e vice^préâdeat , ^im
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« travail sut les Vbtcans , et cfejï j'ai éù lé prîvîlVgé
« dé lé lire : je voudrais être assez savant pour* que
« rtion sùffîragé fût de quelque importance pour vous ;
« mais je dois iùe borner à vous dire , qu'élevé Sôus
" les yeux (ïe Jean Hôuel» rtïon ortcte , auteur du Voyagé
" en Sicile y et ayant appris, pour ainsi dire, tu lire dans
« la description des éruptions volcani(}ués , f éprouve
« combien il est utile d^analyser , avec le secours de là
" science , ce que tes arls nous avaient seuleitiént ap-
« pris à admirer. »
=M. Girardin a communiqué, en effet , b'FAcadémie un
Mém^îrg sur les Volcans , dont je vais tâcher de présenter
au moins le plan , dans l'impossibilité où je me trouve
d'en parler aussi longuement que fe demanderait le
sujet.
Ce mémoire , divisé en cinq parties , offre , dans îa pre-
Tnière, la valeur des principaux termes en iisage , fexa-
mcn et la discussion des diverses classifications des ter-
rains volcaniques.
Dans la deuxième partie , M. Girardin établit les
caractères g^ognostiques et minéralogiques des terrains
volcaniques ; et , dans la troisième, il examine la positioti
géognostique et géographique des volcans à ta surface
du globe , sans omettre la considération des volcans
sous-marins , particulièrement ceux de PArchipel grec et
de l 'Archipel des Açores ; de quelle manière ils donnent
naissance à ces îles que l'on voit sortir de temps à
autre du sein de la mer. Les détails circonstanciés sur
un grand nombre d'entre elles ne permettent pas de ré-
voquer en doute que le fond de la mer ne soit cou-
vert de bouches ignirémes comme le continent , et que
le feu n'agisse avec autant d'intensité^ dans ces profon-
deurs que sur nos côtes.
Dans la* quatrième partie , M. Crirardin décrit les
3.
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(ao)
phénomènes que présentent les volcans dans leurs mo-
ments d'activité et dans leur état de repos. Dans cette
partie si curieuse de son ouvrage , notre confrère a con-
tinué à réunir, dans un cadre habilement approprié au
sujet) toutes les dissertations les plus importantes qui
ont été faites sur les volcans. Et , quoiquHl ne se soit at-
taché ensuite qu'à une description exacte et concise de
Tordre dans lequel ces phénomènes se succèdent dans
le plus grand nombre de cas , il a su les exposer avec
ce charme de style qui rend le lecteur pour ainsi dire
témoin du terrible et magnifique spectacle d'une éruption
volcanique.
Dans la cinquième partie , il se livre à Texamen cri-
tique des diverses théories que Ton a tour-à-tour ad-
mises pour expliquer l'origine des phénomènes volca-
niques.
D'abord , celle de Lémery , comme la plus ancienne-
ment émise , qui les attribue à la réaction du soufre ,
du fer et de l'eau qui se trouvent dans le sein de la
terre. Cette hypothèse est détruite par la nécessité de
la présence de l'air pour l'inflammation du mélange,
et par l'impossibilité de son introduction pendant le
phénomène de l'éruption. D'autres objections non
moins fortes se réunissent pour détruire de fond en
comble cette théorie, qui est toute spécieuse.
Passant en revue les hypothèses des géologues de la
fin du dix-huitième siècle , M. Girardin examine tour
h tour celle de Werner , dont Topinion est professée en-
core par quelques naturalistes, qui pensent que les
volcans sont produits par l'embrasement des couches
de houille et de pyrites qui s'enflamment lorsqu'elles
sont humectées par les eaux, et que notre confrère dé-
montre être complètement fausse ; celle de Breislacl ,
qui a supposé que le pétrole était la matière qui oc-
casionnait les éruptions , théorie qui n'a pas plus de
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( ,al )
fondement que la prëcédente ; celle de Bernardin de
Saint-Pierre , prosateur habile et mauvais physicien ,
qui a jpris le plus souvent ses rêveries ppur des rëalilés ,
et qui n'a pas été plus heureux dans son explication de
la formation des volcans que dans sa théorie des marées ;
celle de Patrin , dont Texposë suffit à la réfutation ; celles
enfin de plusieurs autres géologues, qui, dans leurs expli-
cations , n'ont été ni plus satisfaisants , ni plus habiles
que leurs prédécesseurs.
Arrivé à l'hypothèse de sir Humphrey Davy , M, Gi-
rardin la discute avec d'autant plus de soin que le nom
justement célèbre de son auteur peut lui donner une
plus grande autorité; il ne balance pas h la repousser,
après l'avoir examinée et discutée avec autant d'indépen*
dance que d'impartialité.
Après avoir paiement exposé et examiné celles de
MM. Gay-Lussac et Brongniard , notre confrère trouve
qu'elles reposent sur des faits trop peu certains pour
qu'on puisse les adopter comme l'expression de la vérité.
Arrivant enfin aux opinions émises par les géologues
les plus distingués de nos jours , il expose la théorie des
neptuaiêns et celle des vukanistes ou plutonistes ^ sur l'état
antérieur et actuel de notre globe.
Après avoir déduit les nombreuses conséquences qui
en résultent, M. Girardin expose, d'après Cordier', la
formation des volcans. Les phénomèmes volcaniques lui
paraissent être un résultat simple et naturel du refroi-
dissement extérieur du globe , un effet purement ther-
roométrique.
La vérité de cette théorie est d'autant plus plausible ,
qu'aucuns des phénomènes connus qui accompagnent
les éruptions volcaniques , ne viennent la contrarier ; que
tous, au contraire, sont expliqués avec son secours de la
manière la plus satisfaisante.
Ce mémoire est terminé par une litte raisonnéè de
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Mus Tés vofcjnâ aefueAement brâlanats i la surface du
globe.
Tel est le rapide aperçu des considérations renfermées
dans ce m<^moire, dont la lecture a occupé six des
séances de ^a Compagnie , sans avoir cessé un sevl instant
de fixer vivement ('attention de ses membres. JVprou-
verais beaucoup de regret d'avoir été obligé d'en parler
aussi brièvement , si 1* Académie n'avait pris la résolu-
tion de le faire imprimer en entier , ce qui permettra
aux amateurs de la science de le lire et de le méditer
a loisir.
BOTANIQUE.
=:M. Lecoiji y professeur d'histoire naturelle à Clermoot,
était déjà connu par sa coopâation aux Eléments de
Minéralogie de M. Girardin , qui ont ouvert à ce profes*
seur les portes de l'Académie. C'est en présentant ua
nouvel ouvrage , ayant pour titre : Précis élémentaire de
Botanique j qu'il a demandé , h son tour , h partager les
travaux de la Compagnie.
MM. Blanche^ Duàreuii et Paucheli rapporteurs, Mt
rendu un compte fort avantageux de cet ouvrage, dont
le plan , suivant la commission , est tel qne rien d'essen-
tiel n'a pu y être omis.
a Je ne trouve , dit M. le rapporteur , qu'un seul in-
« convénient dans cet ouvrage , du reste excellent sons
n tous les rapports , c'est un peu de monotonie , dont
« la source est dans la méthode rigoureuse qui y règne
le constamment et dont l'art n'a point cacheté cadre , en
« le dérobant sous les agréments d'une élocatîonétéganfe
« et variée ; mais , blLlon«->tioii$ de le dire , Taiiteurfirit
(« bien agréablement oublier ce défaut ; quand il traite
« de pins importantes fonctions de la vie végétale i et
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(a3 )
« il iroiBre ^ttoes, pour .les 4éerke , une grâce toute nou-
« vdk. »
ssM. JkAme^ «««imofiçftnt un travail étendu sur le
phùoiueca duandn , fck eonnillre provisoirement que ,
contre une opinion qui lui avait été communiquée ,
cette plante de TAmérique ^méridionale peut supporter
nos forts hivers e€ ^rivre dans nos climats, comme le
lui a prouvé une expérience de trois années.
M. Pubuc a pnésenté k l'Académie deux plantes du
pbiiiolfl£C0 j dont l^jfue est beaucoup p1i|s Ibrte et phis
âev)ée que TajMlre , ce ^'il ^Uri}>ue à rinftuepce d'un
arrosemefit fint avec le muriate de cha«x , qu'il regarde
coince fin puî^saBi stinmUafr-vi^étattf.
is VfSsiai^ noàirelig ei médicale de la fcamtte des
^lmé€S yj0^s jà 4$é nfferte par M. Pauchet
Dans la preniière partie, M. Pouchet s'efforce de
venger cette famille des épithètes injurieuses par les-
qnetlcs on la désigna iong-temps. Après avoir exa-
miné Icor aspect sous divers climats et leurs propriétés
m^caitts , U fait un brillant tableau des désordres qu'elles
produisent dans l'organistttion physique et morale ,
lorsqu'elles sont données h des doses immodérées. Le
genre meoHana , auquel nous devons te tabac , a été pour
M. Pouchet l'objet d'intéressantes recherches. Dans la
seconde partie de son ouvrage , l'auteur décrit avec
beaucoup de soin et d'exactitude tous les genres de la
fannUe d«^ solanées et leurs espèces principales , indi-
quaatméme , pour quelques-unes, des caractères qui jus-
qu'alors étaient restés inaperçus.
Tel est en substance le rap^rt fait sur cet ouvrage ,
fw M. Bhmehe , rapporteur , chargé de son examen ayçc
MM. Duùreidl et Le PrépBst^ médecin.
« Volve commission , dit en terminant M. le rappor-
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(ai)
n teur ^ est heureuse de a'avoir que des âoges à donner
« à Touvrage dont elle vous rend compte ; l'ordre et h
« clarté avec lesquelles de nombreuses et intéressantes
« observations y sont énoncées , placent son auteur dans
« un rang fort distingué parmi les savants et les amis des
« sciences naturelles. »
MÉDECINE ET CHIRURGIE.
s Chargé de faire connaître l'ouvrage de M. le doc-
teur Aventl sur plusieurs nouveaux procédés pour com-
battre le phimosis et le paraphùaosis , M. Blanche partage
Topinion de ce médecin , qui préfire le procédé opéra-
toire employé par M. Li^anc à tous les autres» M. le
rapporteur regarde le mémoire de M. Avenel comme
Tœuvre d'un médecin instruit , qui sait unir aux avan-
tages du style et de l'â'udition , une critique prudente et
mesurée.
= Nous devons aussi à M. Blanche le compte rendu
d'une Thèse sur les kystes hydatifères du/oie , soutenue par
M. Debouis devant la faculté de médecine de Paris , et
dont l'auteur a fait hommage à l'Académie.
« Remercions M. Debouis , dit M. Blanche , de noos
<« avoir communiqué ses intéressantes observations , et
*( félicitons-le d'avoir si bien profité des exemples et des
« préceptes de ses illustres maîtres. »
= Organe d'une commission composée de MM. Flau-
bert , des Alleurs et Le Prévost , M. Le Preçosi a rendu
compte de l'ouvrage de M. le docteur Chapannier^ ayant
pour titre Physiologie des gens du monde.
La commission ne pense pas que cet ouvrage soit
véritablement à la portée des personnes étrangères aux
sciences; elle ne partage pas non plus l'opinion ie
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Paat^ur, qui pense que ce n'est pas f^mme seul qui
parfois termine ses jours par un suicide; qu'il y a
aussi des animaux qui se donnent la mort, et ed
elle pour exemple un chien qui , ayant vxi son maître
passer sous la glace , ne voulut plus quitter Tendrait où
il Tavait vu disparaître , refusa tout aliment , et mourut
victime de sa fidélité. « Mais j dit M. le rapporteur ,
« mourir de chagrin ou de joie , ce n'est pas là un sui-
« cide , et il n'y a que l'homme qui , par le dérèglement
« de ses passions , se porte h ce coupable excès, m
Nonobstant ces observations , la commission se plaîc
à reconnaître que le style de l'ouvrage est pur et agréable,
et qu'il annonce de grandes connaissances dans son
auteur.
=: Combien sont à plaindre ces infortunés privés d^
la raison , qui , distinguant l'homme de tous les étre^
créés, le rapprochent de son créateur! combien, par
suite, ne devons-nous pas de reconnaissance aux hommes
estimables qui consacrent leur vie au soulagement de
cette classe malheureuse ! Notre département a vu des
premiers s'élever un asile spécial pour les aliénés , qui y
reçoivent les soins les plus généreux et les mieux entendus»
Mais cet hospice ne pouvait procurer tout le bien qu'on
en espérait qu'autant que ces soins seraient dirigés par un
médecin habile et zélé. Nous ne pouvions que nous féli-
citer d'y voir placé un élève du célèbre Esquirol, et si les
talents distingués de M. FovîUe n'étaient déjà connus , on
ne tarderait pas à en concevoir la plus haute idée par la
lecture de ses ouvrages. M. Blanche a mis l'Académie à
même de les apprécier , en lui offrant l'analyse d'un Mé^
moire sur V Aliénation mentale^ dont M. Foville est auteur,
et qui avait été soumis à l'examen de MM. Blanche ,
Godefiroy et Vigne. M. Foville , en conservant , dans
son mémoire, les divisions principales établies par M.
Eiquirol » tes a cependant modifiées de manière à en
4
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(36)
rendre IVtude plus facile et plus claire* Il cUvise tes
symptAmes de cette redoutable maladie en trois ordres
principaux, selon qu'ils se rapportent à la seosibiliiéf
aux fonctions intellectuelles ou aux mouvements mus-
culaires.
Dans le premier ordre, lauteur place les fausses
perceptions, qu'il distingue en spéciales et en générales,
et qui peuvent exister avec ou sauf altération des organes
ou des parties auxquelles elles sont rapportées ; cite
un grand nombre d'exemples de ce genre de folies, et
termine ses remarques, sur ce premier caractère, en assu-
rant que les aliénés qui éprouvent les fausses perceptions
sont toujours les plus dangereux pour eux-mêmes et pour
les personnes dont ils reçoivent des soins.
Dans le deuxième ordre , M. Foville comprend les
désordres des facultés intellectuelles , morales et affec-
tives. Ces désordres se présentent sous deux formes
différentes. Liante ur fait ressortir avec toute la puissance
d^un style entraînant les caractères de chacune de ces
anomalies des fonctions intellectuelles.
Le troisième ordre des symptômes de Taliénation men-
tale comprend les désordres du mouvement , qui consis-
tent dans une altération passagère et locale, ou dans une
altération générale et persévérante des mouvements volon*
iaires , désignée sous le nom de paralysie des alîëhës.
M. Foville est , selon la commission , un des premiers
médecins qui aient bien connu et bien décrit cette
redoutable maladie , dont la marche leote et progressive
conduit le malade à une mort inévitable.
La commission rend à M. Foville le témoignage que
ses recherches sur Taliénation mentale ne décclent pas
moins Técrivain éloquent que le médecin philosophe
et profondément observateur.
s Admis au nombre des membres résidants de TAca-
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(^7)
définie , IVL FooiUe f dans son discours de réception , a
exprime à la Compagnie les sentiments de sa vive re-
connaissance, et a su faire apprécier de nouveau ses
titres à cette admission, par la lecture d'une Disseria/à>n
sur Vét4d des aliénés frappés des désordres connus sous le
nom d^hallucination. Je regrette de ne pouvoir suivre M. le.
docteur Foville dans les détails qu'offre son mémoire,
et auxquels il a su donner un si vif intérêt qa^on ne
peut les entendre sans éprouver une douloureuse,
compassion pour les infortunés qu'ils concernent ; mais,
un intérêt plus grand encore ressort de la partie du
mémoire dans laquelle M. Foville examine cette question
sur laquelle s'est élevée , de nos jours , une controverse
animée : £xiste-t-il une monomanie suicide , homicide?
Il pense qu'elle serait bientôt résolue , si l'on pouvait
reconnaître qu'elle peut être traduite par cette autre : Les
hallucioalions peuvent-elles porter au meurtre des autres
et de soi-même ? Il se croit fondé à résoudre afiirmati^
vement cette question.
NoU'e nouveau confrère accDrde d'autant plus d^m-
portance aux hallucinations, qu'au lieu de les reléguer
dans la cat^orie si nombreuse des symptômes des
infirmités mentales , il les regarde comme caractère fon-
damental d'une grande classe de ces maladies, con-
sidération dont la théorie et la pratique peuvent tirer
un grand parti.
« La Compagnie , dit M. le comte de Murât , dans
« sa réponse au récipiendaire , qui se félicite de compter
« dans son sein plusieurs des hommes éclairés qui ont
« consacré les études et les soins de toute leur vie à
« cette science , la première de toutes pour Thumanité
« souffrante , qui exige tant de travail y tant de connais-
« sances théoriques , tant de discernement et d'habileté
« dans les applications , ne pouvait négliger d'acquérir
9 encore celui qui s'est livré plus spécialement à la
4.
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(a8)
« partie de la science médicale , qui ofire peut-être le
*f plus dHntérét a l'observateur, au philantrope-, au
« moraliste. »
Suivant ensuite M. Foville dans sa dissertation sur
les hallucinations , M. le président demande si un tel
état ne se rapproche pas de celui où le sommeil nous
plonge, et si la magie des rêves ne présente pas une
frappante analogie avec les phénomènes de rhalluci-
nation ; puis, examinant en particulier Tétat dHdiotisme,
cite des faits dont il a été témoin , qui portent âr croire
que les malheureux plongés dans ce triste état , ne
sont plus mus que par un instinct semblable à celui
qui dirige quelques animaux.
Après des développements pleins d'intérêt, M, le comte
de Murât continue en ces termes : « Dans des temps
« d'ignorance et de superstition , on attribuait divers
« effets de Faliénation mentale h des causes surnaturelles,
w Le développement successif des lumières , les progrès
« de la science et de la raison , ont fait justice de ces
« idées fantastiques, ont substitué le vrai au mer\'eilleux,
« l'examen des faits et la déduction de leurs consé-
(( quences aux hypothèses et aux préjugés, un système
« rationnel, enfin , aux théories de l'absurde. Toutefois
« les hommes les plus savants ne sauraient se flatter au-
« jourd'hui d'expliquer tous les phénomènes de Taliéna-
« tion. Il reste des faits inexplicables , des questions inso-
« lubies dans un sujet qui semble réunir tous les mystères
«» de rhomme , toutes les abstractions de la méta-
« physique. Peut-être même est-ce h ce motif que tient
n l'intérêt qu'inspire généralement l'aliénation mentale.
« On ne saurait en donner une preuve plus convain-
« cante que cette curiosité, mêlée de tristesse et de
a pitié, qui nous porte vers les malheureux qui en
« sont atteints, le plus souvent, pour avoir éprouvé,
«< dans toute leur exaltation , des sentiments qui ne
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« nous sont pas étrangers , ou des malheurs qui peu*
« vent devenir les nôtres. »
En terminant cette éloquente réponse h M. Foville ,
et après lui avoir rappelé que ses talents et ses efforts
ajoutent encore à la réputation du bel établissement
confié à ses soins , « je me félicite aujourd'hui , dit
« M. le président, de pouvoir joindre au suffrage
« flatteur de mes honorables confrères, les éloges de
« Tadministration et l'expression de sa gratitude. »
== L'opération de la pupille artificielle , Tune des
plus délicates de la chirurgie , a été faite par M. Vmg-
trinier , sur le nommé Vanier , qui avait perdu la vue
par suite d'un coup de feu. Cet homme a été pré-
sente à l'Académie ; les membres de la G>mpagnie ,
et particulièrement MM. les médecins présents à la
séance , ont pu s'assurer du succès de l'opération , qui
a été faite par le procédé de Wenzel , c'est-à-dire par
excision.
=M. le docteur BonfUs fils aîné, de Nancy, vous ayant
^nvoyé un Mémoire à consulter sur un cas de dwision congé-
nlale du palais, et sur une modification de l'opération delà star
phyloraphicj MM. Flaubert^ Blanche et Fingùinier^ rappor-
teur, furent chargés de son examen; d'après l'exposé donné
par M. Bonfîls sur l'état du malade sur lequel il se
propose d'opérer , la commission pense que l'opération
ordinaire de la staphyloraphie serait probablement inu-
tile ; que le moyen donné par M. Bonfils , qui consiste
à combiner le procédé connu de la suture du voile
du palais à celui de la rhinoplastie , c'est-à-dire en
empruntant aux parties voisines un lambeau suffisant
pour remplir l'ouverture dont les bords n'auraient pu
être rapprochés , lui paraît ingénieux et seul applicable
au su>et.
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(3o^
D'après le d^sir émis par la commission, M. Bonfils
a été prié de faire connaître h l'Académie le résullal
de l'opération ; mais le malade ne s'y étant pas soumis,
ce médecin n'a pu la satisfaire sur ce point : il lui a
transmis une copie de sa réponse h des objections qui
lui avaient été faites par M. le docteur Roux, de Paris,
sur ce nouveau procédé opératoire.
= Une épidémie varîolique observée a l'hospice géné-
ral de Rouen , dans le mois de décembre 1 82g , a été,
pour M. le docteur Blanche^ le sujet d'observatioas
qui seront imprimées dans les actes de la Compagnie.
s A l'occasion de prétendues guérisons de la phthisie
pulmonaire par le chlore , annoncées dans un journal
dont M. le docteur Heliis 3l rendu compte , notre confrère
rappelle qu'il y a peu de temps encore, on prétendait
aussi guérir cette maladie par l'aconit et la digitale ,
et cite à cette occasion des faits tirés de sa pratique ,
qui lui ont prouvé que ces moyens, loin d'être avantageux,
ne servaient qu'h augmenter les douleurs du malade,
aussitôt qu'avait disparu le bien-être passager qu'avait
fait naître chez lui l'espérance qu'il avait conçue de
l'essai d'un remède nouveau.
=: Le même membre vous a fait connaître la thèse
de M. le docteur Béchet^ sur les monstruosités hunuanes
ou vices congéniaux de la conformation. « La thèse de
» M. Béchet, dit M. Hellis, se fait remarquer par une
« excellente méthode, le choix de ses citations et ta
« sagesse de ses jugements; elle décèle dans son aateor
« un médecin instruit et réservé, gages assurés de
« succès dans l'art difficile qu'il est appelé à exercer. »
=: Un Mémoire de M. le docteur Sauvage , sur te*
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(3i )
monstroosUëls dites par inclusion, a &it Tobjet d'un
rapport de M. des AUeurs, M. le rapporteur adhère aux
opinions émises sur cet ouvrage par M. Dumérii , dans
un rapport fait à Tlnstitut; il témoigne cependant le
désir de voir les hommes du mérite de. M. Sauvage
sWcuper plutôt de médecine^ratique que de rechercbes
savantes si Ton veut, mais qui ne peuvent être d^aucun^
utilité pour le bonheur de- Thumanité*
= M. le baron de Vanssay^ membre correspondant,
a envoyé à TÂcadémie le Précis des traoauiv du Conseil
de saluante de la ville de Nantes; vous avez entendu*,
Messieurs, un rapport très-favorable sur cet ouvrage,
par M. le docteur Le Préi^st, et vous avez fait témoi-
gner h M. de Vanssay la satisfaction que vous aves
éprouvée en reconnaissant , par cet ouvrage , le zèle et
le dévouement des administrateurs du département de
la Loire-Inférieure . pour le bien-étre de"* leurs adminis-
trés.
AGRICULTURE.
= L* Académie a reçu de M. Vanier un Mémoire sur
les aoanlages du partage et de Valiénation des biens commu-
naux^ que M. Tabbé Gossier a fait connaître par un
rapport.
= M. Prévost fils a publié un Supplém^t au Catalogue
des roses çu'il cultive. Cet ouvrage , dit M. DubreuU dans
son rapport , joint è <:elni dont il est le supplément ,
forme une excellente monographie du genre rosier.
=9 Les nombreux ouvrages des sociétés- d'agriculture
de France ont donné lieu à des rapports qui ont fait
ressortir tout Tintérét de leuçs travaux.
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(30
•^ En rendant compte du naméro 5, tome 7 àaByBetk
de la Société royale de Limoges , M. BaUîn a fixé Pattention
de la Compagnie sur le rapport relatif à la culture de
la pomme de terre , qui paraît produire dans ce pays
environ trente-cinq pour un , tandis que , dans le nôtre ,
on n'en retire généralement que douze \ quinze pour
un. D'après le désir de M. le rapporteur, des rensei-
gnements ont été demanda, . dans le mois d'ayril dernier, |
^ la Société royale de Limoges , sur la culture employée
dans le pays , et aussi sur la nature du terrain qui pro-
duit cet avantage. Nous devons regretter de n'avoir pas |
encore reçu de réponse. j
-* La Société d'Agriculture de Seine-et-Oise a publié
une Notice sur une nouvelle machine à battre le blé^ inçentn
par M. de MadroUes ; il en résulte , selon les conclusions
du rapport fait par M. de Polonceau , adoptées par la
Société de Seine-et-Oise, et aussi par M. Dubuc^ chargé
de l'examen de cet ouvrage , que cette machine est |
préférable à celles dites suédoises et écossaises , par les j
raisons suivantes : I
i^ Elle coûte moins à établir , et exige moins d'efforts 1
pour ^tre mise en mouvement ;
2^ Elle est plus portative , et peut être niue à bras 1
d'homme ;
y* Le graiu qu'elle tire de l'épi est bien entier.
STATISTIQl}£.
5= M. Ballin a communiqué des Henseigneme/Us statis^
tiques sur la mortalité des enfants en bas âge , dans le
ressort du département.
Il a étendu ses recherches sur vingt communes des plus
populeuses dans les cinq arrondissements qui le com-
posent, sans y comprendre les chefs-lieux. Il les a
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( 33 )
prises dans des circonstances différentes pour la localité
et par rapport à Tagglomération de leur population.
Cet examen porte sur les années 1826, 1827, 1828;
chacune d'elles divisée en quatre parties , par rapport
i la température.
Il en résulte que la mortalité des enfants au-dessous
de trois mois est plus grande pendant la saison froide. La
mortalité est plus grande aussi dans les communes oh la
population est disséminée.
On remarque , par les tableaux joints à ce travail , que
Tarrondissement rural de Rouen est celui où la mor*
talité, pour les jeunes enfants, est la plus grande ; ce que
notre confrère attribue au grand nombre d^enfants mis
en nourrice dans les environs de la ville.
Ces observations sont conformes à celles commu-
niquées h r Académie royale des sciences , et qui ont
provoqué une enquête du ministère; mais doit-on, comme
elle, attribuer l'excès de mortalité que l'on remarque
dans la saison froide , h l'obligation imposée par la
loi de présenter les enfants aux mairies , dans les trois
jours qui suivent leur naissance , ou bien à l'influence
génâ'ale d*une température rigoureuse qui se fait sentir
même dans les maisons des villes où règne l'aisance ,
et à plus forte raison dans les campagnes et dans les
asiles de la misère ?
= M. le docteur Blanche , comme médecin en chef
de l'Hospice général de cette ville , devant observer ,
avec la plus scrupuleuse attention , tout ce qui se passe
dans cet établissement relativement h la santé des indi-
vidus qui y sont confiés , a porté son attention sur la
mortalité effrayante dont sont frappés les enfants trouvés
pendant les premiers temps qui suivent leur exposition.
Sur cent enfants exposés , soixante-douze succombaient
dans la première année , dont cinquante-cinq environ
5
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(34)
dans les trois premiers mois. Notre confrore n'adople ,
pas Topinion de M. Dupin , qui attribue les mortalités,
si nombreuses chez les enfants trouves, à la misère et
à la débauche de leurs parents ; mais il en trouve la
cause dans la négligence des soins que nécessite une
foule de maladies inséparables du premier âge, dans
l'inobservation des règles hygiéniques relatives à la tem-
pérature, à la propreté, etc., et aussi dans quelques vices
de localité. M. Blanche trouve très-nuisible encore à
la santé des enfants nouveaux nés le départ précipité
pour la campagne ; ils arrivent débiles et fatigués du
voyage , chez des nourrices presque toujours indigentes t
où ils ont à lutlor sans cesse contre lesbesoinssi fréquents
h leur âge.
Notre confrère a conçu qu'il ne remplirait qu*uoe
partie de son devoir en signalant les causes du mal;
il indique , en outre , les moyens d'y porter remède.
Ces observations ont fait le sujet d'un mémoire pré-
senté par M. le docteur Blanche, à Tadministration des
Hospices , c'est dire assez qu'il a été pris en considéra-
tion par les hommes honorables et généreux qui la com-
posent, et déjà de nolables améliorations ont été ap-
portées dans cette partie du service de rétablissement*
ss M. Le Pasquier a donné lecture d'une Notice his-
torique et statistique sur les enf<mts trout^s.
Dans la première partie , il examine s'il est possible
d'assigner une époque où , pour la première fois, de
maliieureux enfants furent exposés, et remarque que des
traces de cette coutume se retrouvent dans les temps
les plus éloignés. 11 passe en revue les lois et règle-
ments faits à cette occasion chez les Grecs et chez
les Ko mains , afnsi que les moyens su^érés par la
charité chrétienne, dès les premiers siècles de notre
ère. X)e quelle manière la cupidité vient , par im trafic
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( 35)
scandaleux , paralyser les ressources crét^es pour ces
infortunés.
* li était réservé- à saint Vincent de Paule , dit M.
« Le Pasquier , de mettre un terme à de si coupables
« abus , et de procurer, à force de soins et de persé-
« vérance , un asile décent et assuré aux enfants trouvés
« de la capitale. »
Notre confrère passe en revue toute la législation
relative à cet objet, et examine particulièrement l'état
des Hospices des enfants trouvés des villes de Rouen ,
de Dieppe et du Havre ; indique la source de leurs
revenus et les dépenses dans chacun d'eux par jour,
pour chaque enfant qui y est confié. Ces dépenses ne
sont point les mêmes dans ces divers établissements ;
Tauteur du mémoire en examine les motifs , et fait pré-
voir qu'on arrivera, par de bons règlements , aune éco-
nomie possible et désirable.
Ces observations sont suivies de tableaux qui indiquent
pour les trois Hospices précités , le mouvement et la
dépense des enfanls trouvés dans le département, pendant
dix années consécutives, depuis et y compris 1819
jusqu'en 1828.
= M. Le Pasquier a joint aussi un document sta-
tbtique fort curieux au rapport qu'il a fait sur l'ouvrage
de M. Dupont-BoisjouQÙi , relatif à la conservation du
pont de bateaux^ et que cet honorable négociant a fait
parvenir à l'Académie.
= D'après le désir exprimé par M. le comte de Murât ,
TAcadénûe a chargé une commission de douze membres
de la confection d'un plan d'une Statùsiique générale du
département de la Seine-Inférieure. La commission s'étant
occupée avec zèle et assiduité du travail qui lui était
demandé) il se trouve en ce moment à-peu-près terminé,
5.
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(36)
et sera soumis h la Compagnie immédiatement après
les vacances; elle se trouvera heureuse de pouvoir
contribuer à la confection d'un ouvrage <}ui doit être
d^un haut intérêt pour notre beau , riche et industrieux
département. Car c'est en signalant, d^une part, ce
qui est bien, de Tautre, ce qui pourrait être mieux,
que Ton fait naître Témulation , que Ton appelle l'atten-
tion des hommes vers un mieux toujours désirable, et
que les Académies atteignent vraiment le but de leur
institution, en concourant aux progrès des sciences,
des lettres et des arts.
NÉCROLOGIE.
= Pourquoi faut-il que la satisfaction que nous éprou-
vons en voyant entrer au milieu de nous des hommes
d'un mérite reconnu , soit troublée par des regrets! Ah!
ne désirons pas cependant voir nos cœurs se fermer à la
douleur, lorsqu'un de nos honorables amis vient à payer
le tribut que chaque mortel doit acquitter ; le jour oà
cette insensibilité nous atteindrait , serait aussi celui où
une douce et aimable confraternité cesserait d'exister
au milieu de nous. Ne craignons donc pas de nous li-
vrer h ce sentiment bien naturel ; nous trouverons de
la consolation en nous rappelant les titres à l'estime
public acquis par cet homme dont le souvenir appelle
nos larmes et la vie nos éloges.
M. Joseph - Alexandre Le TwquUr de Longchamp
naquit en la commune de Bois-Héroult , le 6 novembre
174^- Fils d'un gentilhomme peu fortuné , il fut destiné
h la carrière ecclésiastique. Après avoir fait ses études
au séminaire Saint-Nicaise de Rouen , il fut poanm
de la cure de Cqlmar ; Ih il sd Ht aimer et respecter
de SCS paroissiens. Livré tout entier aux devoirs de sob
état I il consacrait ses loisirs ï Tétude de la botamqoei
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(37 )
la seule passion de sa vie. Cette science avait lix^ ses
regards par l^espoir quHl avait conçu de reconnaître les
vertus médicales des plantes , pour être utile aux pauvres
de sa paroisse : c'est dans cette intention aussi quUl
s'était occupé de médecine. Il donnait des soins aux
malades indigents , et leur procurait les remèdes qu'il
croyait propres a leur genre d'indisposition ; son zèle
était souvent couronné du succès , et la science ïk la-
quelle il s'adonna tout entier dans la suite , devait avoir
pour lui d'autres charmes encore que ceux qu'elle pro-
cure aux hommes qui étudient les merveilles de la na-
ture , puisque son bon cœur avait été son premier maître.
La loi de. la déportation arracha l'abbé Le Turquier à
sa vie laborieuse , h ses études , à ses amis , en le forçant
à s'expatrier. Il parcourut d'abord la Belgique et la West-
phalie , puis la Hollande , où il éprouva les effets de la
plus touchante hospitalité. 11 avait fait une multitude
d'observations curieuses, non-seulement sur le sol , mais
sur les usages , les mœurs et les coutumes des différentes
contrées qu'il avait visitées pendant ses voyages. Quand
il les racontait, il se mêlait h son récit une multitude
d'anecdotes personnelles extrêmement piquantes, et l'on
savait qu'il n'usait jamais du privilège des voyageurs ,
car il était vrai par excellence, et n'aurait pas altéré la
vérité , lors même que sa vie eût été compromise : il
le prouva pendant l'émigration. Arrivé dans un petit
village , il y fut surpris par les avant-postes de l'armée
française , et s'attendait à être fusillé immédiatement ; il
enteedait le roulement du tambour , et voyait les troupes
se former en carré sous sa fenêtre ; interrogé par Fofïi-»
cier républicain , il répondit , sans hésiter : prêtre déporté,
La mort lui paraissait inévitable , on frissonnait en écou-
tant le récit de ses angoisses et de sa résignation 9 et
l'on était bien soulagé en apprenant que l'oflicier passa
tranquillement la soirée avec le proscrit , et lui facilita
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(38)
les moyens de s'avancer dans le pays , lui indiquant les
endroits qu'il ferait bien dVviter , ne pouvant répondre
des sentiments des camarades qui lui succéderaient
Après un séjour assez long , b La Haye , M. Tabbé Le
Turquier passa en Angleterre ; il se livra avec ardeur
a Tétude delà botanique , et en donna des leçons aux-
quelles il dut son existence , et forma aussi des liaisons
avec tous les savants de l'époque , particulièrement avec
sir J. Banks.
Nous étonnerons-nous maintenant de sa passion pour
une science qu'il étudia par philantropie , qui lui
procura dans l'exil les choses nécessaires à la vie , et
l'amitié des hommes qui seuls étaient capables d'ap-
précier ses talents et ses vertus ?
M. Le Turquier aurait été heureux en Angleterre, où
il vécut de la manière la plus conforme à ses goûts ;
mais le désir de revoir le sol natal le fit résister à toutes
les sollicitations de ses amis et protecteurs anglais , qui
lui firent les offres les plus généreuses et les plus sédui-
santes pour le fixer parmi eux. L'amour de la patrie
l'emporta ; il revint en France en 1800 ; mais il n'y
trouva plus son modeste héritage. Quelques effets même ,
confiés h des mains infidèles, ne lui furent point rendus;
il se décida à retourner dans l'île hospitalière , où une
existence agréable lui était assurée. Un léger retard dans
l'obtention de son passe-port le priva de cette ressource :
vingt-quatre heures décidèrent de son sort ; il ne fut
plus permis de partir , et quelques-uns de ses anciens
amis de Rouen lui ayant offert un asile , il resta en
France , au lieu de lui dire adieu pour jamais.
11 avait acquis d'assez grandes connaissances en bo-
tanique, pour s'occuper alors de l'ouvrage le plus im-
portant qui soit sorti de sa plume , et il dota son pays
de la Flore des environs de Rouen. Cet ouvrage , sans
avoir atteint la perfection qu'on pourrait lui désirer,
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(39)
est encore le seul guide des hommes instruits qui , dan*
notre ville , s'occup-nt de cette branche si intéressîwte
de l'histoire naturelle. Ceux qui étudient les caractères
de Timmense famille des champignons ne lui sont pas
moins redevables , pour une Concordance des divers
noms donnés aux champignons par les auteurs qui se
sont le plus récemment occupés de cette partie de la
botanique. Cette Concordance ayant été publiée par les
soins de l'Académie , M. Le Turquier en éprouva au-
tant de joie que de reconnaissance. 11 composa, avec
une patience infatigable, un herbier des plantes de
notre contrée , probablement le plus complet qui existe ;
faisons des vœux pour que ce précieux recueil puisse
devenir la propriété de la ville.
M. Tabbé Le Turquier , doué de grands talents et de
toutes les vertus , ne se doutait pas lui-mOme de son
mérite. D'un caractère doux et facile à vivTc , ce n'est
que dans Tintimité que se développaient les qualités de
son cœur et de son esprit. Ses amis malades ou mal-
heureux étaient sûrs de le voir tous les jours , et quoique
s^s jambes fussent très-affaiblies, il endurait toutes les
souffrances pour être exact au rendez-vous de l'amitié.
Profondément instruit, au milieu de la société, il était
toujours écouté avec intérêt ; il supportait sans peine
la raillerie ; et, quoique son genre d'esprit ne se refusât
pas b employer lui-même cette arme, il savait s'en
servir avec assez de grâce et de bon goût pour la rendre
tout -à -fait inoffensive. Il avait parfois des réparties
pleines de sel et de doute malice ; on aimait à les
provoquer , parce qu'elles ne faisaient naître que la
gaieté , et jamais l 'amour-propre le plus susceptible
n'avait à sVn plaindre.
Sobre et frugal , il était fort peu sensible aux faveurs
de la fortune. Dans ses dernières années , il parut
presque indifférent à la perte qu'il fit d'une somme qui
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(4o)
composait tout son avoir , et qu'il avait prêtée bien plus
pour obliger que pour en tirer intérêt ; pour être entière-
ment délivré des soins du ménage , il se mit en pension à
THospice général ; c'est-là que, pendant quatorze années,
il partagea son temps entre l'étude et lamitié. (i)
M. Le Turquier s'est éteint paisiblement h l'âge de
qnatre-^vingt-un ans, entouré des amis respectables que ses
vertus et ses talents lui avaient attachés , et regretté de
tous ceux qui l'ont connu.
= La perte de M. Lemasson , ancien ingénieur en
chef des ponts et chaussées de ce département , où il a
laissé des souvenirs bien honorables de ses travaux, a
été vivement sentie , particulièrement de ceux de vous,
Messieurs , qui avez été à même de l'apprécier comme
savant, homme de bien et bon confrère. Pour moi, qui
n'ai eu l'avantage de le connaître que par la réputation
qu'il a laissée , je me trouverais heureux si , en jetant
quelques fleurs sur sa tombe, elles pouvaient être
agréables à son intéressante famille , à ses enfants , qui
semblent avoir hérité des talents et des vertus de leur
père , à M. Mallet, son gendre , dont le zèle et les tra-
vaux , soit comme ingénieur , soit comme académicien ,
ne s'est jamais ralenti, et que nous aurions vu nous
quitter avec tant de regret , si nous n'avions pas
senti que ses talents devaient se déployer sur un plus
vaste théâtre.
Mais je n élèverai pas ma faible voix , lorsque M. ht
baron de Prony a fait entendre la sienne sur ia tombe
( I j « Pendant vingt ans ( dit une des daines les plos instruites et les
plus respectables de notre ville , à Tobligeance de laquetle je dois m*
grande partie des circonstances qui ont accompagné ia vie de nette vé-
nérable confrèse ) , « je Tai vu tous les joun î ciuuiae jour fai été à
« aème d*apprécier sas rares et précieuses qualités, et je ae loi al pas ttoiif4
« un défaut* »
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( 4« )
de M. Lemasson , dans un discours que M. Me&ume
TOUS a (ait connaître , et dont je me contenterai de vous
pnfsenter {^analyse.
M. Louis Letnasson , né , en 1743 , h la Vieille-Lyre ,
département de FEure, fut admis, en 1770» iiTEcole des
ponts et chaussées /sous les auspices du maréchal de
Broglie ; bientôt il fut employé, comme élève , aux tra-
vaux des ponts <le Sâumur, de Tours, de Saint-
Maxence , sous la direction du MM. de Ccssart ,
Perronei , de Vogtie. En 1776 , il fut promu au grade
d'ingénieur, et, peu de temps après, il fut envoyé en Italie
pour y explorer les objets d'art de cette classique con-
trée. Il en rapporta de riches collections , telles que
temples de Jupiter-Tonnant , Jupiter^Strator , Mors le
Vengeur, Antonin et Faustine , etc., etc. Il r^pc^ta aussi
une vue générale de Rome, qui peut donner à la France
le droit de revendiquer Tinvention |de« panoramas»
Lorsqull revint dltaiic en 1780 , M. Lemasson
fut choisi pour être attaché à Téducation des enfants
de France , en qualité de professeur dWchitecture civile
et militaire : ayant rempli ces fonctions pendant neuf
ans , il fut promu au grade d'inspecteur , et, en 179 1, h
celui d'ingénieur en chef dans le département de Seine-
et-Oise. (Destitué et obligé de se tenir caché en ijgS»
ilfiit rappelée Paris en 179S, et nommé ingénieur
en chef du département de la Seine-Inférieure.
M. Lemasson a occupé ce poste pondant dix-huit ans.
Il appliqua à quelques constructions les principes qu'il
avait observés en Italie , et s'occupât de la composition
d'un ciment propre à remplacer la pouzzolane.
Le pont de bateaux de Rouen ayant été emporté,
en i8oa , par une débâcle , M. Lemasson fut chargé do
le rétablir. L'exécution de cette missioo le mit ë mime
d'observer les inconvénients graves d'un pont flottant 1
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(4»)
et le dëterminërenl à lui substituer uq pont fixe. I)
composa trois projets de ponU en pierre , dont V'ua
devait être placé près de Tancien pont attribué à la
reine Mathilde. C'est avec les débris de cet ancien pont,
et la pouzzolane artificielle dont la découverte lui élait
,dûe I qu'il fit construire un mur de quai remarqoabk
.par sa solidité.
Le projet définitif d'un pont sur la Seine , ^ Rouen,
fut produit, en 1811 , par M. Lemasson, qui mit à
profit SCS observations en Italie et les fruits de sa
.iongue expérience. A ce projet étaient joints ceux d*ane
façade de bâtiments longeant le quai , et d'une bourse
.jpgur le commerce , dont les conceptions pourraient être
jpise^ en parallèle avec celles des monuments qu'on ad*
mirp 4^^ \^ capitale. On doit aussi h M. Lemasson
•k projet d'un Dépôt de mendicité à Rouen , et d'one
restauration de la façade de T Hôtel -de-Vilie. En i8ia,
parve^V à ^a soii^Qte-<dixième année , il voulut jouir
4'mi repo# bien mérité , et obtint sa retraite ; mais ,
en i8i4 t les princes, qui ne l'avaient pas oublié^ le
rappelèrent près d'eux , avec le titre d'adjudaot-com-
mimd^uait le château de Rambouillet.. Ce ne fut qu^en
l8ai , et dins sa soixante-dix-huitième année , qu'il se
flctira au sein de sa famille , pour préparer une publi*
ralion des travaux de sa vie entière i la mort, qui Ta
enlevé e» 1899 1 ^^°^ ^ quatre-vingt-septième année »
ne lui a pas permis d^achever ce travail*
La longue carrière que le ciel lui accorda ne saurait
aSacer les regrets que sa perte inspire; ; mais félicitons,
avec M. de Prony, les amis des sciences et des arts, de
trouver t dans la fiimille de M. lemasson , une garantie
assurée de la conservation de ses œuvre» et de la pn-
Ukation à laquaUe kur auteur les êv»it dçstîate
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(43)
<IW^>»»»WM<>M<I1WM<W<WM<»%
IP&U PROPOSÉ POUft l83l.
Aucun mémoire sur la question mise au concours
pour le prix ordinaire qui devait élre décerné dans
cette séance, n'a été adressé h T Académie ; l'importance
dont serait, pour les manufactures, la solution de la
questiod proposée , a engagé TAcadémie à continuer
atte qoestion au concours. Elle propose donc , pour
sujet 4e. prix qui sera décerné dans la Séance publique
de f 8^1 ^ la question suivante :
« Ktablir la différence chimique qui existe entre les
salfates de fer (couperoses) du commerce (i), parlî-
culièrement entre ceux que l'on extrait des pj^tet et
terres pyriteuses , et ceux que Ton obtient directement
de la combinaison du fer, de Tacide sulfurique et de
Teau. On devra, non-seulement indiquer cette diffé-
rence par rapport aux diverses quantités d'acide sulfu-
rique , d'oxide de fer et d^eau , qui entrent dans ta com-
position de ce sel , mais examiner s'il o'est pas parfois
mélangé et combiné avec des substances étrangères
provenant des matière^ employées à sa préparation , ^ «
en supposant ce fait démontré , déterminer quelle doh
être l'infloence de ces substances dans les différents
emplois du sulfate de fer, tels que le montage des
cuves d'indigo , la préparation des mordants y les diffé-
rentes, teintures, afin de connaître posîtiveisent si U
pféEéirence accordée au sulfate de fer de certaines fa-
briques est fondée, et justifie suffisamment la grande
él^^ion de son prix, ^u si elle tient seulement à un
(i) On eomprendia dam cet examen la couperote de Salzbouif •
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(U)
j^éjugf^ f comme cela a ea lieu pour tes alun* de Rome «
h l'ëgard de ceux de Franceir
« En supposant toujours qu^il etistc dans le sulfate de
fer des corps étrangers , rechercher des moyens faciles
et économiques pour les en s(Cparcr ou pour en neu-
traliser les mativais effets , et tels que les sulfates de
fer tes moins estimés , étant traités de cette manière ,
présentent des résultats aussi avantageux que les autres ,
et sans que le prix en ait été beaucoup élevé. <•
Les concurrents devront joindre à leur mémoire les
échantillons des sulfates de fer sur lesquels ils auront
opéré y et dont ils feront connaître l'origine et le prix
courant. Ces échantillons porteront des numéros qui se
rapporteront aux analyses exposées dans le mémoire.
Le prix sera une médaille d'or de la valeur de
3oo francs.
Chacun des auteurs mettra en fête de son ouvrage
une devise , qui sera répétée sur un billet cacheté où
il indiquera son nom et sa demeure. Le billet ne
sera ouvert que dans le cas où Touvrage aurait obtenu
le prix.
Les Académiciens résidants sont seuls exclus du
concours.
Les ouvrages des concurrents devront être adressés ,
rancs de port , b M. Lévt , chef dinsiUutlon , Secrétaùre
perpétuel de V Académie, pour la classe des Sciences, avant
le I*' juillet i83i. Ce terme est de rigueur.
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(45>
MÉMOIRES
toOKT L'A.GADiMIE A. DÉLIBÉRÉ L'iimilSIOV XV
SHTISR DA.]fS 8BS ACTES.
NOTICES
Mjm TRofs PUITS FORiS , DITS AMTÉSIÉNS ,
Etablis 4 Roiwa, ea 1829 et i83o;
^p«c V analyse de l'eau qui en pro^ieni , etc*f
Par M. DoBCC
Messieurs 9
Une heureuse invention , connue depuis long-temps
des peuples orientaux, les puits forés, et qui fut, dit-on,
introduite en France, en Italie et ailleurs, lors des
croisades, devient aujourd'hui le sujet de profondes
méditations , et souvent de grandes dépenses, en raison
de Tapplication qu'on cherche à &ire des eaux qui
en proviennent aux besoins de la vie , pour les irri-
gations en agriculture , dans les arts industriels, etc., etc.
On voit maintenant, à Rouen, trois de ces sortes de
puits , savoir : deux affluents , et le troisième dont Tean
jaillit au-dessus du sol.
L'eau des deux premiers sert Si alimenter des pompes
h feu, destinées. Tune à la mouture du blé et de grainea
de toutes espèces. Le moulin où cette machine à fea
est établie est situé rue des Espagnols , et occupé par
M. Papillon,
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Èj autre existe h lliAtel des Monnaies de cette ville r
et fait mouvoir leâ marteaux , coins et autres machines
pour la confection des pièces d^or, d^argent, etc., qu'on
j &brique.
Le troisième de dss puits, dn celui qui donne une
eau jaillissante au-dessus du sol , a été construit par
M. Le Cerf, brasseur, me Martainville, ef te fluide
qui en provient sert à brasser la bière et autres boisson»
servant à Tusage de la vie , ^ la buanderie , etc. Ces trois
puits , d'invention nouvelle pour la ville de Rouen , vont
faire le sujet des courtes notices que voici i
De nos jours, personne, que je sache, ne met en doute
l'utilitë des puits artésiens. Néanmoins , maigre tout ce
qui a été dit et écrit h cet égard, et en particulier par
M. Garnier, et dernièrement par le savant Héricarl
de Thury, je crois devoir encore reproduire ici en peu
de lignes les immenses avantages qu'on a droit d'attendre,
surtout en Normandie , pays de fabrique et de grande
culture, de cette singulière mais utile invention:
i^' LVau des puits forés, affluents ou jaillissants , doit
augmenter nécessairement la valeur des biens ruraux
dans les lieux où ce fluide est rare, surtout dans les
fortes exploitations agraires qui exigent une grande
consommation d'eau , notamment dans les pays éleva.
Je pourrais citer pour exemple, en Normandie, te beau
pays de Caux , dont le sol est naturellement humide ,
mais où Teau potable est rare , surtout en été. (i) Il
(i) Souvent les nombreux habitants de cette ricbc contrée n*oat
que (fe Teav stagnante et parfois fifonpié . poar y préparer les aliments
et pour abreuver Ir bétail. Ce grattd înconvénieat mît à la Talent réelle
de» kéritagea ^raifwa , aaf écba k BraltipliMUioa àtê i
daas le» fermes y etc.
Quelques puita aitésicm , creuset çà et là , paieraîcnt à cas
inconvénients.
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(47)
«liste bieo dans les fermes quel'|ues puiis ordinaires,
mais dont U profondeur désespérante empêche souvent
d'y recourir.
a<* Dans les pays chauds et arides, comme dans plusieurs
provinces du midi de la France, Teau des puits jaillissants
servira à alimenter les canaux dUrrigation, dont Tinflueace
double souvent le produit des récoltes , sans nuire à
l'essence du terrain. Cette autre application du fluide
jaillissant est sans doute une des plus précieuses qu^on
puisse faire des puits artésiens, en économie rurale, partout
oii le sol permettra d'en établir. La même application
peut en ^tre faite en jardinage et en horticulture.
3^ L^eau de ces puits étant presque toujours de
bonne qualité, servira également è préparer les aliments,
mais encore h faire en tout temps les boissons ordinaires,
telles que la bière , la piquette , le petit cidre , Teau
de genièvre fermentée , h couper le vin , toutes boissons
qui sont plus ou moins salubres et agréables au goût ,
en raison de la pureté de Teau qui en fait la base.
estait spécialement pour atteindre ce but que M. Le
Cerf a fait creuser, à grands frais, un puits artésien
dans sa propriété, d'où il jaillit une eau dont la pureté
peut servir h alimenter sa vaste brasserie de bière*
4** L'eau extraite de ces réservoirs souterrains sera
encore utiiisée^ soit seule, soit ajoutée à d'autres courants
d'eau de rivière , suivant leur position et direction à faire
mouvoir toutes sortes de machines à l'usage des arts ,
dans les fabriques, à l'exploitation dqs mines (i), etc., etc.
(i) Un négocUnt manafacluner de Rouen, M. Am,, fait en c«
moment crenscr an puits artésien , non loin de sa filature , sise dansFar*
rondissenent de Lisienx , afin d'augmenter , de l*eau qui en proviendra,
le Tolume d*eau provenant d*une petite rÎTière, et de donner plus d'action
lidt TittaM à la machiat ^jdnnUqat déjà employée dans cette u^ine.
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(48)
Voilby ce nous semble , Messieurs, mais en abr^',
les avantages incontestés qui doivent résulter de Tintro-
duction multipliée des puits artésiens sur le sol français,
Ui où Teau manque ou nVst pas de bonne qualité.
Le puits foré par M. Le Cerf a près de 207 pieds
de profondeur ( environ 70 mètres ) , et il n'obtint
de Tcau vraiment potable , inodore et non ferrugineuse ,
qu^après avoir traversé, non le calcaire jurassique des
géologues , mais bien un calcaire très-dur , très-bomo-
gène, de couleur blanchâtre et de nature un peu siliceuse,
ayant au-delà de trente-cinq pieds dVpaisseur.
Ici, Messieurs, je m^arréte : c*est à M. Le Cerf quHl
doit être réservé Thonneur de communiquer au public
les curieux détails d*une entreprise qui a été couronnée
d^un succès presqu'inespéré , surtout en considérant la
nature et la position du terrain géologique 011 il a fait
creuser son puits.
J'ajoute que les nombreux échantillons géognostiques
provenant des couches successives traversées avant
d^atteindre la bonne eau jaiUi$sante , ont été remis
par M. Le Cerf à M. Passy , pour être examinés
et analysés par ce savant , et l'Académie verra proba-
blement le résultat de cette analyse consigné dans le
beau travail de M. Passy, concernant la statistique
géologique du département de la Seine-Inférieure.
Je passe maintenant à Texamen et à ^analyse de
i*eau provenant des trois puits forés à Rouen , en com-
mençant par celle qui jaillit de celui pratiqué par H. Le
Cerf. Les résultats obtenus de ces diverses analyses
feront le sujet principal du résumé qui terminera ce
mémoire.
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(49)
Propriétés physiques et chimiques de Peau prise au puits
foré , rue MartaimnUe»
Ce fluide, étant bien dépose, est inodore, sans saveur
(étrangère à la bonne eau ordinaire. Il est spécifiquement
uo peu moins lourd que l 'eau des fontaines de Kouen ;
il entre facilement en ébuliition , cuit bien les légumes
Mcs, pois , fèves, etc., et dissout complètement le savon
ordinaire. Cette eau de savon est très-détcrsive , et
convient au lavage et au blanchiment de toutes sortes
de tissus , quelle qu^en soit la nature (i}.
Effets des réactifs chimiques sur cette mime eau»
I® Le goûi , le prussiate de potasse , Tacide gallique
pur, ne décèlent aucune trace de fer (carbonate), ni
de sel ferrugineux. Ces trois réactifs seuls sont en géné-
ral plus que suffisants pour découvrir ce métal ( le fer )
^lans Feau qui en «st minéralisée ;
2^ La baryte et son muriate la rendent légèrement
opaque , mais le sulfate de chaux qu'ils en précipitent
ne s y trouve quVn très-petite quantité {à-peu-près i/a
grain par titre ) ;
3^ Les nitrates d'argent et de mercure y occasionnent
un l^er précipité. Ce précipité ( chlorure ) n'était que
du muriate d'argent ou de mercure.
(i) Âraiit défaire L* analyse de celle eao , je Tai laissé s*éclaîrcit
pendant vingt-quatre heures , parce qu*en sortant du petit tube dt
proicction ( le puits n*était pas encore tube ) mis exprès pour avoir
Teau iailiissante, ce fluide était un peu opaque, vu que la force
d'ascension de ce même fluide y avait entraîné une faible dose de oatière
calcaire micacée très-tenue. Mais , comme je vieiu de le dire ,
cette eau se clarifie complètement par un repo« de vingt-quatre heures.
Cet effet doit cesser quand le puits sera en lepos , et surtout bien
tobé.
7
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(5o)
Le premier de ces deux sels , le nitrate d'argent ,
décèle aussi de Textractif dan$ cette même eau, par
la couleur jaunc-rougeâtre que ce protochlorure d^argent
insoluble prend à la longue ( en deux h trois jours);
car cet effet n^a jamais lieu quand Teau est tout-à-fail
exempte d^extractif.
Ici, je dois faire observer que j^ai toujours vu , dans
ma longue pratique, que les fluides extractifs, aqueux,
salés par un muriate^ tels que les bouillons , tisanes,
les eaux de rivière , finissent par colorer en jaune-
orange le précipite qui y occasionne Taddition du nitrate
d'argent liquide. Cet effet est moins sensible si Ton opère
avec du nitrate de mercure.
Enfin , un kilogramme de ce fluide, évaporé jusqu'à
siccité dai^s une capsule de verre , a donné moins de
trois graiqs de résidu peu coloré. Ce résidu , légèrement
hygrométrique , avait une saveur un peu salée , amère.
L'analyse y a fait reconnaître environ un demi-grain
de sélénite ; chlorure de cakium et de sodb/m un grain; le
s^rplus ét^it de Textractif. Cet extractif , qu'on rencontre
spuvent dans les ea^ux de source , et toujours dans les
e^ux de rivière , provieqt du détritus de matières végé-
tales et animales ; mais la quantité en est généralement
insignifiante , et n'altère aucunement la qualité potable
dç ces eaux (i).
Ainsi , en résumant les propriétés physiques et chi-
miques de Teau prise au puits foré rue Martainville ,
on voit que ce fluide est plus pur que Teau qui jaillit
des meilleures fontaines de Rouen, et même que Teau
de la Seine, que j'ai analysées Ta) précédemment,
(i) Les e»ax eo qae«Uon ou celles qui recèlent cet •stnctif
conyiennent mieqx ftoni les bnanderies et poor -dissoniire le savoB,
que Teav qui en est exempte.
(3) Voir, à cet égard , le Précu analytique 4cs Trarau de TAcadéiue
royale des Sciences de Roaen, année 1828, où ce^ analyses sont consipées.
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(Si )
puîsquVIIe ne tient guère que deux grains t/â de matière
étrangère en dissolution par kilogramme ;
Savoir :
Sulfate calcaire ou sélënite grains jB.
Chlorures ou muriates de sodium et de calcium. » j.
tlxtractif végëlo-auimal , b-peu-près » j.
Total grains jjjS.
Résultat qui prouve , comme nous Tavons déjà fait
observer, la bontë de Peau jaillissante de ce puits ,
vu la faible portion, et encore vu Tinnocuitë des matières
hétérogènes qu'elle renferme.
Nous croyons devoir ajouter ici, ne fût-ce que comme
objet de renseignement pour ceux qui font ou feront
creuser des puits artésiens , que Teau qui jaillit de celui
de M. Le Cerf, arrive de sa source à près de deux cent
dix mètres au-dessus de la terre , en prenant le niveau
du sol sur le grand plateau à fonds rocailleux calcaire
qui se termine à la côte Sainte-Catherine , qu'on voit
au sud-est de la ville de Rouen, route de Paris.
Puits artésiens affluents , ou dont Veau ne jaillit pas au'-
dessus du sol , mais dont feau est intarissable*
J^ai donc examiné physiquement et chimiquement
Feau que donnent les deux puits affluents forés h Rouen ,
et dont j^ai parlé ailleurs , en citant les lieux où ils sont
établis et leur usage actuel. Voici succinctement les
résultats que j^ai obtenus de cet examen :
i<* L'eau prise au puits creusé rue des Espagnols,
quoiquHnodore et très-limpide, dissout mal le savon;
en outre , elle est spécifiquement plus lourde que celle
que donne le puits de M. Le Cerf.
Enfin, elle contient plus de deux décigrammes , ou près
7-
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(5a)
de cinq grains de matières étrangères en dissolntion, par
chaque litre ;
SAVOia :
Sulfate de chaux. • . grains ']\i.
Muriatc de chaux grains j.
Extractif f au moins grains y
Silice et alumine très-divisees , quelques
traces.
Total 4 grains 1/2.
Ainsi, Teau de ce puits, dont la profondeur peut avoir
seize mètres, ou environ cinquante pieds, tient le milieu,
pour la pureté , entre Teau des puits ordinaires qui ejtis*
tent de temps immémorial dans celle ville et celle qui
provient de la Seine. Ce qui fait présumer que le priil-
£ipal affluent de ce puils lui arrive de ce fleuve, dont
il nVst pas éloigné. Celte eau pourrait, faute de mieux,
servir aux usages de la vie , mais en général elle est
peu convenable au blanchtment par le savon, pour couper
le vin , pour la préparation des boissons alcooliques, eto
a* Que l'eau prise au puits creuse à l'hôlcl des Mon-
naies, à Rouen , et dont la profondeur est d'environ
trente mètres, nVst ni bonne h dissoudre le savon, ni
à cuire les légumes. C'est une eau dure, lourde, peu
aérée ^ quoique très-limpide, et qui ne convient aucu-
nement aux usages de la vie. Enfin, elle contient plus
de deux décigrammes de séténite , deux grains de muriate
calcaire par litre. Ce puits, vu le niveau de son eau,
pourrait donner, nous le croyons du moins, une eau
jaillissante, sHl était bien tube (1).
Enfin , nous devons noter ici que Teau des trois puits
(f) On fait en ce moment de nouveaux travaux à ce puits , qai au-
ront probablement cet benreux résultat.
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(53)
artésiens établis h Rouen, dans des bas-*fonds, ne contient
aucune trace de fer ni de sels h bases métalliques.
En définitive , il résulte des observations et des expé-
riences précédentes,
Qu'un seul de ces trois puits produit une eau jaillis-
sante au-dessus du sol ; que ce fluide, vu sa pureté, peut
servir h tous les usages de la vie , à la préparation des
boissons, quelle qu'en soit Tespèce ; aux fabriques, tein-
tureries , buanderies , etc. , etc.
Que les deux puits affluents sont intarissables , mais
qu'un seul fournit de Teau dont on pourrait encore faire
usage dans l'économie domestique, vu que ce fluide n'est
pas très-chargé de matières étrangères.
Qu'enfin , ces deux derniers puits donnent assez d'eau
pour alimenter chacun une pompe h feu, sans diminuer
sensiblement de niveau (i). Nous avons dit ailleurs
Tusage qu'on fait de ces deux machines pyro-^ydrauitques.
Tels sont, en abrégé, les avantages signalés que pré-
sente déjà , dans notre vaste et populeuse cité , l'éta-
blissement des puits artésiens, et dont la réussite
semble annoncer la possibilité d'en creuser, avec succès,
dans les divers quartiers de la ville de Rouen où la
bonne eau manque.
Je termine ces observations en offrant particulière-
ment h M. Le Cerf mon tribut d'éloges et de reconnais-
sance, pour avoir, le premier, enrichi la ville de Rouen
d'un véritable puits artésien, bien tube ou à eau jaillis-
sante. Ce succès prouve encore deux choses importantes;
savoir :
i<* Qu'on peut obtenir une bonne eau jaillissante
des puits forés , sans avoir besoin de traverser le calcaire
dit jurassique des naturalistes et des géologues ;
(f ) On nous a assuré qu'après donze heure* de traTiil Teau de ces deux
puits ne baissait pas de deux pouces dans chacun.
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(54)
È^ Qu^on pèul tenter, avec grande espérance de succès,
dVtablir des puits artësiens sur les bas-fonds comme
ailleurs , puisque celui de M. Le Cerf existe dans le
prolongement d'une profonde vallëe à sol &ngettx et
ferrugineux , ( on y voit des sources d'eau minérale-ferru-
gineuse ) , dans laquelle coulent deux rivières qui vien-
nent se perdre à Rouen dans la Seine.
J'ai cru ^ Messieurs « que ce mémoire chimico'-bisto^
rique nVtait pas dénué de quelqu'intérét pour la ville
de Rouen Y pour son Académie , et en général pour ceux
qui voudront établir des puits forés à eau jaillissante
Hu affluente. Ces motifs m'ont donc déterminé à vou*
l'offrir. J'aurais pu lui donner plus d'extension ^ caf
le sujet est vaste et riche en observations de bien des
genres; mais, d'une part, j'ai craint d'abaser de voa
moments; de l'autre, d'entrer dans un terrain que mes
connaissances ne permettent pas d'éxplorei^ convenà*»
blement*
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(55)
OBSERVATIONS
SVH USS FAUSSES SENSATIOIïS , HÂLLUCINÂTIOIIS ;
Par M. FcnnxxB.
Messieurs ,
Encouragé par un des membres de l'Académie à sol-
liciter rhonneur d'être admis dans votre sein, je me
suis déterminé , non sans défiance , b suivre ce conseil.
Je connaissais trop mon peu de titres pour mériter
cette faveur , et en osant prétendre à m^asseoir parmi
Télite des savants, des littérateurs et des artistes d'une
<les premières villes du royaume , je ne pouvais compter
que sur votre bienveillance.
L'accueil que vous avez daigné me faire y Messieurs,
a surpassé mes espérances ; il me laisse un regret , c'est
de ne pouvoir vous offrir en échange que l'expression
sincère d'une vive reconnaissance*
Le premier devoir que j'ai à remplir, en paraissant au
milieu de vous , suffirait pour me faire sentir ce qui me
manque pour justifier le titre honorable que vous avez
ilaigné me conférer.
Habitués comme vous l'êtes , Messieurs , à entendre
dans cette enceinte les discours les plus éloquents, h
suivre de profondes recherches scientifiques , comment
oserai'je solliciter votre attention pour quelques obser-
vations tracées sans art? Puissent-elles , au moins,
Messieurs , vous paraître recueillies dans un but utile !
Parmi les nombreux désordres intellectuels qui sont
du ressort de la médecine , il n'en est pas sans doute de
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(.56)
plus merveilleux que ceux qui ont été désignés par le^
noms de fausses sensations , hallucinations.
On a peine à croire, lorsqu^oii n^a pas eu occasion
d^observcr ces phénomènes, quel degré d'illusion ils
peuvent produire.
Comment comprendre , en eflfet , 'qu'yen Tabsence de
tout excitant extérieur, un malade perçoive des sensations
relatives au sens de Touïe , de la vue ou de tout autre, et
que leur eiïet sur rintellcct soit le même qu'éprouverait
un homme exempt de toute alFcction morbide , s*il était
soumis à Taction de causes extérieures capables de pro-
curer les mêmes sensations 7
Tout surprenants qu'ils sont, ces symptômes sont fort
communs dans les maisons d'aliénés ; une grande pro-
portion des malheureux qui les habitent n*éprouve guère
d^autres accidents , ou , pour mieux dire , tous les tra-
vers de leurs jugements, toute la violence de leurs
actions , Thorrcur de leur désespoir » ne recomiaissent
pour cause, pour point de départ, que des halluci-
nations.
Mon but n'est pas , Messieurs , de vous ofirir ici une
histoire complète de ces altérations de la sensibilité ; je
voudrais seulement vous soumettre quelques exemples
des effets variés auxquels elles peuvent donner lieu , et
vous indiquer les avantages que leur étude pooirait
procurer à la théorie et à la pratique médicales.
L'influence des hallucinations varie suivant leur in-
tensité, leur nature, le caractère de ceux qui les éprouveat.
Cet aliéné que vous voyez passer les journées entières
contre une porte ou une ienétre, à travers laquelle il coa*
verse avec un interlocuteur invisible , ne fait que ré-
pondre aux interpellations qu'il croit lui être adressées.
Cet autre qui marche à grands pas, vocifère , lance à
droite et à gauche des coups qui n'atteignent que l'air,
est encore un halluciné qui cherche , par ses menaces ,
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(57 )
par ses coups , h repousser ceux qu'il entend , quHl voit
acharnes h sa poursuite.
La rixe qui vient d'avoir lieu entre ces deux in-
sensés , la fureur avec laquelle ils se sont élancés l'un
sur l'autre y reconnaissaient un motif du même genre :
Tun d'eux a vu , dans son adversaire , l'auteur d'insultes
dont il est obsédé ; l'autre a vu des grimaces , des gestes
menaçants.
Un halluciné, libre dans notre ville, entend sans cesse^
chez lui, dans les rues, dans les cercles, d'horribles
menaces : il cherche les lieux les plus solitaires , sans y
trouver plus de calme. Il ne > peut s'expliquer les at-
taques dirigées contre lui, qu'en supposant une vaste
conspiration ourdie par des hommes jaloux de son mé-
rite ; on soudoyé des agents de police pour troubler son
repos^ Mais il va leur échapper : il passe en Angleterre ,
où les gens du peuple , les agents de police parlent une
langue qu*il n'entend pas ; vain espoir , les mêmes in-
jures Tatteignent à Londres , et bientôt il revient plus
d^spéré dans sa ville. Que fera-t-il ?
Mais vous n'avez pas encore entençhi , Messieurs ,
les conséquences les plus graves defMHprations de la
sensibilité. ^
Cet homme , fumant encore du sang de son semblable ,
vient de le tuer ; il a cru punir en lui l'auteur de
propos outrageants , un ennemi qui , depuis des mois ,
jour et nuit , proclamait h ses oreilles son déshonneur.
Ub autre, qui éprouvait les mêmes souffrances, ne s'est
donné la mort que pour se soustraire h un supplice
qu'il désespérait de voir finir.
Quelquefois ces deux déterminations s'enchaînent et
se succèdent chez l'halluciné : il tue l'homme qu'il
croit acharné à le persécuter ; il se détruit ensuite ,
pour se soustraire ^ la vengeance des lois.
8
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(58)
Quelle persévérance , quelle obstination de désespoir!
Ce cadavre décharné , exsangue , est celui d'un malheu-
reux qui vient d'expirer d'inanition ! Pendant près de
deux mois , on a pu le soutenir avec des liquides
nourrissants injectés, malgré lui, au moyen d'une sonde,
jusque dans Testomac ; il ne refusait d'aliments avec
tant de constance que parce qu'il trouvait , à tout ce
qui entrait dans sa bouche , une saveur affreuse qu il
attribuait au poison , en un mot , que parce qu'il avait
des hallucinations du goût.
Je ne multiplierai pas, Messieurs , les déplorables
exemples de ce genre ; j'en ai dit assez , j'espère , pour
justifier les conséquences auxquelles m'a conduit l'élude
des hallucinations.
Je me crois fondé , quelque imposante que soit l'au-
torité des hommes qui professent une opinion contraire,
h considérer la plupart des suicides et des homicides
commis par des insensés , comme des effets d'hallu-
cinations.
Ces cas ne sont pas , à mes yeux , des monomanies
homicides ou suicides , comme on l'entend de ces pré-
tendues impuKons irrésistibles au meurtre des autres
ou de soi-même , impulsions dont on ne peut donner
aucun motif plausible en négligeant l'hallucination qui
les produit.
L'halluciné ne tue pas pour le plaisir de tuer ; il
ne se détruit pas parce qu'il est dégoûté de la vie en
clle>môme : il tue par vengeance ; il tue pour obtenir
quelque tranquillité , en anéantissant celui qu'il regarde
comme son persécuteur ; il se détruit parce que le
néant est préférable au déshonneur , est préférable à
un supplice de tous les moments, dont il ne peut espérer
la ^n ; il ne se tue qu'après avoir cherché mille autres
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(59)
moyens de se soustraire à la cause qui dtftermîne enfin
son suicide.
Mais ce n'est pas , ainsi qu'on envisage d'ordinaire
le meurtre , le suicide commis par des insensés ; on
ignore sa véritable cause , et , frappé d'un effet terrible ,
on s'évertue h expliquer ou du moins à constater com-
ment , sans motif aucun , un homme se trouve irré-
sistiblement poussé a des actes sanguinaires.
La controverse qui existe encore aujourd'hui sur
cette question : existe-t-il une monomanie suicide, ho-
micide? serait bientôt terminée si l'on pouvait recon-
naître qu'elle doit être traduite par celte autre : les
. hallucinations peuvent-elles porter au meurtre des autres
ou de soi-même ?
Si je i^e me suis abusé , Messieurs , dans l'impor-
tance que j'accorde aux hallucinations , vous ne serez
pas surpris qu'au lieu de les réléguer dans la catégorie
si nombreuse des symptômes des infirmités mentales »
je les regarde comme caractère fondamental d'une grande
classe de ces maladies. Les avantages qui n-sultent de
l'étude attentive de ces phénomènes , ne se bornent
pas , dans ma manière de voir , à fournir des données
théoriques plus précises^ la pratique peut aussi en
tirer profit.
Je vous citerais ^ Messieurs , si je ne craignais
d'abuser de votre attention , des cas dans lesquels nous
avons vu le calme le plus parfait rétabli chez des
hommes que des hallucinations de l'ouïe avaient poussés
aux plus horribles tentatives. Il n'avait fallu que traiter
le sens spécialement affecté , pour obtenir cet heureux
changement.
Mais je craindrais d'abuser des moments de l'Acadé-
mie en entrant aujourd'hui dans de plus longs détails ;
8.
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(6o)
p4us tard , si les développements dont ce sujet est sus-
ceptible ne vous semblaient pas trop indignes de votre
examen, j^aurai Thonneur de vous présenter ce que
ma position m'a permis d'observer a cet égard.
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(6i )
NOTE
SUR DEUX OPÉRATIONS
DE PUPILLE- ARTinCIELLE ;
Par M. YiHGTiniiER, Chimrgieii àts Prisons (i).
Messieurs ^
L'altération de Toeil gauche , qui a nécessité Topé-
ration , est remarquable en ce que la cornée , l'iris et
une portion seulement de la membrane rristalloïde ont
été lésés à la fois. Le malade a reçu , dans la figure ,
un coup de fusil chargé h petit plomb ; un grain a
frappé l'œil gauche , h-peu-près au milieu de la cir-
conférence de la cornée ^ contre la sclérotique , et il
en est résulté :
(0 Le sujet qui a snbi les deux opérttions dont il est question
ici f est un jeune homme de vingt-deux ans ; il s* est présenté , aveugle et
défiguré, sur le banc des criminels , accusé d*avoir commis une tentative
de meurtre sur la personne d'un garde. La nature des blessures reçues
par les deux blessés fit naître la question de savoir lequel avait tiré le
premier; plusieurs médecins furent consultés , les uns crurent que
c'était le garde , les antres que c'était le braconnier. Pour moi , la pre-
mière opinion ne fit pas l* objet d*un doute, et, malgré la condamnation
à mort prononcée contre le malheureux Vanier, je le crois toujours
victime d'une erreur de la justice des hommes. Quoi qu'il en 8oit,Vanier
est on jeune homme doux « honnête et laborieux. Le désir d'avoir un
dtfvreuil pour le jour de ses noces , l'a fait braconer un seul jour, et l'a
perdu! Le Roi a commué sa peine en une détention à vie; et les secours
de l'art l'ont sauvé des ténèbres perpétuelles auxquelles il est destine.
Repère que l'intérêt que lui porte l'administration lui fera obtenir de
U clémence du Prince une nouvelle grâce !
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God^k
(60
i^ Une adhérence du bord pupiUaire de l'iris à
la partie inférieure de la cornée ;
2** Un rétrécissement considérable de la pupille ainsi
déplacée ;
3<* Une opacité de la membrane cristaiioïde , laquelle
fermait la pupille presque totalement.
Cette dernière complication rendait le diagnostic assez
délicat , en ce qu'il était difficile de savoir jusqu où
allait Fopacité de la cristalloïde , ou peut-être du nns-
tallin , et y par suite y sHl ne faudrait pas faire en même-
temps l'opération de la cataracte et celle de la pu-
pille artificielle.
L'excision faite à Tiris a démontré que F opacité de
la membrane cristalloïde était peu étendue , et que , re-
marquable en face de la pupille , elle allait en dimi*
nuant du côté de la circonférence du cristallin ; et en
effet , dans ce moment , la lumière ne passe, que par
cette partie de Tœil y ainsi qu'on peut le voir dans
le dessin colorié que je joins ici. (^Fig. i e/ a).
L'opération a été faite par le procédé de Wenzel,
c'est-à-dire par excision. Un couteau de Richter a été
enfoncé dans la chambre antérieure de Tœil, et a incisé
en un même temps la cornée et l'iris ; des ciseaux
courbes et très-déliés ont ensuite été portés derrière
l'iris , et une portion assez grande de cette membrane
a été excisée en haut et en dehors.
Le malade , présenté à l'Académie y grâce à la pei^
mission obligeante de M. le procureur générai , a fait
connaître lui-même combien le succès obtenu le rend
heureux. Il voit pour se conduire y jouer au domino ,
aux cartes y et pour s'occuper de quelques travaux. H
distingue mieux lorsqu'il se sert de verres à cata-
ractes.
L'œil droit présentait moins de chances f en £iveur
de l'opération qui était aussi indiquée pour lui rendre
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(63)
la lumière ; une suppuration occasionnée par le choc
ou Tintroduction de grains de plomb , avait réduit cet
œil d'un tiers au moins de son volume et changé sa
forme ; la sclérotique portait les traces de deux ci-
catrices profondes , Tune verticale , au-dessous de la
cornée ; Fautre transversale , touchant à la première , et
se terminant au repli ou membrane clignotante. La
cornée transparente était réduite h la moitié de sa surface
ordinaire ; mais ce qu'il en restait était sain y très-
transparent. On voyait derrière une partie de Tiris
tendue et écartée de la cornée ; mais il n'y avait pas
de trace de pupille.
Malgré ce désordre , Vanier distinguait le grand jour
d'avec les ténèbres , et il s'apercevait du passage de
la main devant son œil. Ceci m'a fait penser qu'en
détruisant l'obstacle que l'iris mettait au passage de
la lumière , en faisant une pupille ^ le malade pourrait
voir aussi de cet œil.
J'ai donc tenté l'opération. Ici l'étroitesse de l'espace
d^u^ lequel il fallait manœuvrer changea le mode opé-
ntoire , et je mis en pratique une modification opé-
ratoire que j'ai proposée, en 1818 , dans une disserta-
tion faite h ce sujet. J ai fait h la partie inférieure de
la cornée une ouverture grande seulement pour laisser
passer une airigne ; avec cet instrument j'ai décollé
l'iris, en la prenant à sa grande circonférence, et l'ai
amenée b l'ouverture pour Texciser. J'ai obtenu ainsi
une pupille représentant un triangle, dont chaque côté a
une ligne et demie ; on en voit ici le dessin. ( Fig. 3. ).
Le malade n'a tiré aucun avantage de cette seconde
opération ; la rétine est paralysée. Heureusement que
l'œil gauche se fortifie , et qu'il peut suffire au malade.
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ces j
RENSEIGNEMENTS
STATISTIQUES ,
SVK LA MORTALITÉ BES ENFAKTS EN BAS AGE ^
Présentés à VMaàémie des Sciences , BeUes-LeUtes et Arts
de Rouen , dans sa séance du 12 mars i83o ;
Par M. A.-G. Balun.
Messieurs ,
La statistique est une science nouvelle^ dont on s'occupe
beaucoup aujourd^ui^ et quia fait d'immenses progrès
en peu d'années. Ses applications sont sans bornes; mais ^
parmi les faits innombrables qu'elle constate , ceux qui
$e rapportent à la vie humaine méritent sans doute
une attention toute particulière. J'ai donc pense que
vous accueilleriez avec quelque intérêt les observations
que je vais avoir l'honneur de vous présenter.
Des recherdies de statistique médicale ont établi que
ia plupart des enfants nouveaux nés n'ont pas acquis ^
dans les premiers instants de leur ejcistence y une cha-
leur suffisante pour supporter le refroidissement de l'at-
mosphère pendant Thiver. L'Académie royale des
sciences , supposant que la nécessité de présenter les en*
iaats à la mairie dans les trois jours de leur naissance ,
conformément aux dispositions de l'article 55 du code
civiT, doit avoir une influence ficheuse sur leur santé
lorsque la saison est rigoureuse , s'occupa de recueillie
des renseignements propres ii reconnaître si cette opinion
est plus ou moins fondée.
D'après le vobu émis par cette Académie , le mi-
nistre da l'intérieur a invité les préfeU à rédiger, pour,
9
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(66)
chaque dt^partemont , des tableaux de mortalité des
enfants de un à trois mois , dans douze communes
différentes , pendant les années i8a6 , 1827 et i8a8.
Chargé de ce travail , en ce qui concerne le dépar-
tement de la Seine-Inférieure , je me suis convaincu
de la nécessité de l'envisager un peu plus largement.
Au lieu de douze communes seulement , j'en ai pns
quatre dans chacun des cinq arrondissements , ce
qui fait en total vingt. Je les ai choisies parmi les
plus populeuses , sans toutefois y comprendre les
che&-lieux d'arrondissement ; et j'ai eu soin qu'elles
fussent dans des circonstances différentes , je veux dire
que les unes sont situées sur les bords de la mer oa
de la Seine , les autres dans Tintérieur des terres.
Dix d'entr'elles ont leurs populations agglomérées ; dans
les dix autres elles sont disséminées.
£n formant les tableaux partiels de chaque com-
mune y dont le modèle n'avait pas été indiqué , j'ai
remarqué que les résultats , par année et par mois ,
étaient trop faibles et trop différents pour qu'on pût
en tirer des inductions propres à connaître , avec qnelquc
exactitude , l'état des choses ; je les ai donc compensés
les uns par les autres , en les réunissant pour les trois
années et par trimestre. J'ai, en outre, divisé Tannée
en guaire températures^ sans égard à l'époque de son
commencement, ce qui me semble plus convenable
au but qu'on se propose d'atteindre.
Au surplus , les résultats de ces tableaux partiels
présentent encore des différences si considérables
que j'ai jugé nécessaire de les rapprocher dans uo
tableau récapitulatif.
C'est celui que j'ai l'honneur de mettre sous vos yeux :
il fait connaître que , pour les vingt communes prises
ensemble , la mortalité des enGuits au-dessous de trois
mois est proportionnellement plus forte pendant la
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, selon îa tempiu
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Gc bgle
I
(67 )
Ji^n froide ei humide y c'est-à-dire pendant les mois
eptembre , octobre et novembre ; elle Test moins ,
contraire , pendant la saison Jroide , c'est-b-dire
/"•lanl les mois de décembre ^ janvier et février. Dan»
"emier cas , elle est de i sur 5,6a ; dans le second ,
sur 8,53 : différence très-considérabic , mais qui
evient moins sur une plus grande échelle, ainsi
m le vterra bientôt.
mortalité est plus fojrte dans les communes où
FER M copulation est disséminée que dans celles oii elle est
jj^ oméréc , et elle est aussi plus forte dans Tintérieur
I5SAX terres que sur les bords de la mer ou de la Seine.
par proportion est 1 sur 5,84 et i sur 7,49^; > sur 6,»o
^^^ : sur 7,3o.
IaoBn , Messieurs , dans le désir de rendre mon travail
ore plus satisfaisant , et d'approcher le plus près-
«ibie de la vérité , j'ai formé un tableau comparatif
^apiiuialif des naissances et décès aoant trois mois ,
ir les mêmes années , dans les cinq arrondissements
a.5, jdans la ville de Rouen , présentant le résultat final
Jr tout le département. 11 est également ri-joint,
ue tableau prouve que rarrondissoment rural de
•uen est celui ou la mortalité, parmi les jeunes
mnts, est le plus considérable : ce qu^on doit sans.
Bte attribuer au grand nombre d^enfants mis en nour-
9.. 4, ('41 dans les environs de cette ville»
Voici f au surplus ^ Tordre progressif décroissant de
Ile mortalité , pour une année moyenne :
Arrf^n/lUftftTnpnt rural dc Roucn •.•.•••• I sur 5,09*
Arrondissement de Neufchâtel i sur 5,41
^ Arrondissement de Dieppe •...•• 1 sur 6,97
^'^ Arrondissement du Havre i sur 8,0g
Ville de Rouen • 1 sur 8,37
^^Arrondissement d'Yvetot i sur 1 1, 1 1
Terme moyen I pour tout le département, i sur 7,07
9-
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(68)
De même que dans le tableau des vingt communes,
la mortalité est ici plus forte pendant la saison froide
et humide ; mais c^est pendant la saison modérée des
mois de mars , avril et mai , qu'elle est moins forte.
Dans le premier cas elle est de i sur 6,14 ; ^^ns le
second de i sur 8,57.
Partout , excepté dans l'arrondissement de NeufcbiteK
elle est plus considérable pendant les six mois froids de
septembre à février ; mais Faugmentaion est pea sen-
sible , puisqu'elle n'est que d'environ i/63'.
On voit que ce^ résultats diffèrent très-peu de ceux
du tableau des vingt communes ; mais ils doivent être
considérés comme plus sûrs , puisqu'ils portent sur des
bases ^beaucoup plus étendues.
Ainsi se trouvent vérifiées , pour ce département, les
observations communiquées à l'Académie royale des
sciences ; mais doit-on y comme elle , attribuer cet
excès de mortalité à l'obligation imposée par la loi
de présenter les enfants aux mairies dans les trois
jours qui suivent leur naissance , ou bien h l'influence
générale d'une température rigoureuse , qui se fait sentir
même dans les maisons des villes où règne Taisance^
^ et , à plus forte raison , dans les campagnes et dans
les asiles de la misère ?
Cette question ne me semble pouvoir être résolue
que par les observations longues et minutieuses des
hommes qui pratiquent l'art des accouchements.
II est évident , au surplus « que la présentation des
enfants h la mairie doit offrir bien moins de danger
que la cérémonie du baptême , qui a lieu dans des
églises toujours froides et humides.
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(69)
RÉFLEXIONS
sua imS ÉVIDiviE VARlOUQUEf
Ohsmvée à l'Hospice général de Rtmen , dans le mois de
décembre iSag ;
Ptr M. BlARCHB.
Messievbs ,
Ost lorsqu'une maladie se développe sur un grand
nombre d'individus ^ la fois, qu'on en apprécie bien les
caractères, et qu'on embrasse les formes variées sous
lesquelles elle peut s'offrir.
Dans le commencement de septembre 1829, un enfant
fut reçu à l'hospice général , qui était atteint de la va-
riole parvenue h la période de suppuration ; il mourut
au douzième jour, c'est-h-dire lorsque la dessication
était complète. Dix jours après sa mort , les prodromes,
ou signes précurseurs de la même maladie , éclatèrent
sur dix ou douze enfants à la fois, et une variole
discrète parcourut sa marche accoutumée. Plusieurs
autres enfants furent successivement atteints, et le
nombre total des varioleux fut de vingt-neuf. Au-
jourd'hui tous sont convalescents , et deux seulement
ont succombé après la suppuration ; chez l'un d'eux , les
yeux semblaient détruits par une véritable résorbstion ,
chez l'autre , scrophuleux et infirme , plusieurs escarres
gangreneuses s'étaient développées aux différentes par-
ties du corps.
y oici, Messieurs, ce que cette petite épidémie m'a
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(70)
paru oflirir de remarquable : le principe contagieux,
dont la source ne pouvait être douteuse « a eu , chez dix
enfants au moins , une incubation uniforme , et Tinva-
sion a éclaté chez eux au même moment et par les
mêmes symptômes : vomissements, rougeur dç la
langue , déglutition douloureuse , gonflement des pau-
pières , larmoiement , etc. La douleur lombaire qui pré-
cède si habituellement la variole notait accusée que par
les plus âgés. Chaz trois de ces malades seulement , le
visage et les mains se sont tuméfiés , quoique chez tous
la variole , sans être confluente , se composât d^un grand
nombre de pustules. Chez aucun , la salivation ou la diar-
rhée ne se manifestèrent, et sur les deux qui mou-
rurent, Tun avait eu la main et le visage fort tuméfiés.
Un grand nombre d'enfants occupant la même salle,
et qui avaient^été vaccinés , éprouvèrent, pendant celte
épidémie , ceci me paraît un fait curieux , tous les
signes précurseurs de la variole : vomissements , rougeur
de la langue , tuméfaction des paupières j fièvre , etc.
Mais cette petite maladie se terminait chez tous brus-
quement , après deux ou trois jours de durée ,. époque
a laquelle serait apparue Téruption, s'ils n'avaient été
dans des conditions h en être garantis* C'était chose
remarquable de voir, dans une salle de près de quatre-
vingts lits , une maladie s'offrir sous des formes identi-
ques chez des enfants dans des conditions opposées,
avec cette notable différence qu'elle se bornait anx
signes de l'invasion chez ceux qui avaient été vaccinés,
et qu'elle parcourait, chez les autres, ses périodes ac-
coutumées.
Voici maintenant les réflexions que peut faire naitire
cette observation : la tuméfaction du visage et des
mains , la salivation et la diarrhée , ne sont pas , dans la
variole , des phénomènes aussi constants qu'on poiôrait
le croire , si on ne connaissait cette maladie que par ce
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( 7» )
qu'en ont écrit les auteurs. Le gonflement de la figure et
des mains ne serait pas davanrage une condition néces-
saire à une terminaison favorable , puisque , chez aucun
des vingt-sept malades convalescents aujourd'hui , pas un
de ces phénomènes n'a été observé, et qu'au con-
traire la tuméfaction a existé chez l'un des deux ma*
lades qui ont perdu la vie. L'absence de ces symptômes
serait bien moins encore l'indice constant d'une termi-
naison funeste , ainsi que Tont écrit quelques anciens.
Sans doute , il est bien de connattrules anciens , de
respecter leurs ouvrages ; mais les anciens n'ont pas
tout vu ; mais le temps n'avait pas pour eux une
marche moins rapide que pour nous. Le vaste génie
d'Hippocrate n'a pu tout embrasser , et , au milieu de ses
sublimes préceptes, se trouvent des erreurs que le
temps a proclamées»
Quant aux signes précurseurs de la variole qui se
sont développés , pendant cette épidémie , chez un grand
nombre d'enfants vaccinés , ils sembleraient prouver que
la vaccine ne préserve que d'une partie de la variole ,
la plus importante à la vérité , l'éruption ; que le
principe contagieux exerce quelque action chez les en^
fants vaccinés, après une incubation plus ou moins
prolongée , mais sans produire d'autres accidents que
les symptômes les plus innocents de cette redoutable
maladie.
J'ai pensé, Messieurs , que cette observation pourrait
n^étre pas sans quelque intérêt pour vous, et depuis long-
temps j'aurais eu l'honneur de vous la communiquer «
si je n'avais été chargé par vous de quelques autres
travaux.
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(73)
NOTICE
HISTORIQUE ET STATISTIQUE
SUR LES ENFANTS TROUVÉS ;
Par M. Le Pasquibr.
Messieurs y
LVxposilion des enfants nouveaux nés ne doit point
être seulement reprochée aux temps modernes : on
retrouve encore des traces de cette coutume aux
époques mêmes dont lliistoire s'est embellie des orne-
ments de la fable. CXdipe et Paris furent exposés , l'un
sur le mont Citheron , Tautre sur le mont Ida.
Depuis lors , à la vérité , cet exemple n'a point été
commun dans les matsons royales ; mais on a vu
fréquemment « chez les Grecs et chez les Romains , des
pères de famille trop pauvres pour élever leurs enfants
les exposer , dans les carrefours ou à la porte des
temples. La pitié les recueillait , et ils appartenaient
à ceux qui en prenaient soin. ( Dictionnaire des Sciences,
verbo Enfants trouvés. )
Les empereurs G)nstantin , Valens y Gratien et Va-
lentinien , publièrent des règlements dans l'intérêt des
enfants dont l'exposition avait lieu. Justinien les déclara
libres , et défendit aux personnes qui avaient pris soin
de les élever , de les vendre ou de les traiter en es-
claves, soit que, nés dans une condition libre , ils
eussent été exposés par leurs propres parents , soit
que , nés dans la servitude , ils eussent été exposés par
leurs maîtres.
lO
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( 74)
Dès les premiers siècles de noire ère , la xharité
chrtfûeniie étendit sa solUcifude au sort de ces enfants;
ils étaient baptisés , élevés et entretenus aux dépens
du trésor de chaque église à la porte de laquelle avait
eu lieu Texposition , dans une espèce de coquille en
marbre disposée pour le recevoir. (^ Dictiomnmn des
sciences , ut suprà ). Plus tard , et en diverses localités ,
sous Tautorité de pieux évéques , il se forma des éta-
blissements spéciaux où ils étaient recueillis. On citera
entr'autre ceux qui furent fondés à Angers dans le
septième siècle , à Montpellier dans le douzième ,
h Paris dans le quatorzi me Mais, en il^ifiy ce dernier
établissement fut exclusivement affecté aux enfants né&
en l(%itime mariage; les autres furent, dès-lors, portés
dans une maison particulière vulgairement appelée k
Couche, {Histoire de Veidministralion des secours publics , piff
le bai\>n D pin ; loai )
Ort provoquait les secours des fidèles pour contribuer
aux dépenses dont ces enfants étaient Tobj'et. Il existe ,
k cet ^rd , dans des lettres-patentes du 4 a^ât i44S,
un passage df ni il ne sera pas sans quelque intérêt
de citer ici le texte littéral.
» Et jb soit que , de toute ancienneté , c'en ail
« accoutumé pour lés enfants trouvés et inconnus,
•t quêter en Téglise de Paris, eu certain lit c'tant à
« l'entrée de la dite église , par certaines personnes qui
« des aumônes et charités qu'ils en reçoivent , ils les
«r ont accoutumé gouverner et nourrir , en criant pu-
* bHquement aux passants par devant le lieu où les dits
« enfants sont , ces mots : faites bien à ces paums
« enfants trouçe's. »
La mauon où ils étaient élevés paraît avoir conservé
long-temps la dénomination de couche. Dans un ouvrage
publié par Delamare , en 1722 , sous le titre de Traité
de la police , on lit , ( tome I*' , page 22j ) , qu'une
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(75)
des ftUributiods des commissaires de police consiste
dans le soin de « lever les enfants exposés, et les faire
porter Si la couche. »
Insensiblement , le nombre des enfants exposés aug-
menta an point que cette maison devint à peine suf-
fisante pour la cité proprement dite ; et bientôt on
en refusa Tentrée à ceux qui étaient trouvés dans les
autres quartiers de Paris dépendants de la circons-
cription des hautes justices .qu'exerçaient alors dif-
férents seigneurs. Comme ces seigneurs profitaient des
épaves et biens vacants , on prétendit qu'ils devaient
ttre naturellement chargés des dépenses de nourriture
et entretien des enfants exposés dans leur juridiction ,
et auxquels ils étaient a pelés h succéder , en cas de
dt'sliérence.
Cette prétention fut confirmée par des arrêts du par-
lement de Paris» qui remontent à i547 ^^ tSSa. Une
taxe fut alors imposée aux seigneurs , pour contribuer
aut dépenses de tous les enfants trouvés de la ville t
admis dans un plus vaste emplacement ; mais le recouvre*
ment de cette taxe présenta souvent des difùcultés : le dé-
sordre que ne tardèrent point à introduire dans toutes
les branches de Tadministration les guerres de religion et
les dissentions politiques qui en furent la suite , fit
négliger presque entièrement le service des enfants
trouvés. Ces enfants devinrent même Tobjet d'un trafic
scandaleux , de la ,'ar* des préposés aux soins desquels
ils étaient confiés. Ceux-ci les vendaient pour ainsi
dire publiquement, au prix courant de vingt sols, à
des bateleurs , h des mendiants, et, selon plusieurs mé-
moires écrits dans ces temps de crédulité , b des ma-
giciens*
Il était réservé à saint Vincent de Paulc de mettre
un terme à de si coupables abus, et de procurer, à
force de soins et de persévérance , un asile décent et
io«
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(76)
assuré aux enfants trouvés de la capitale. Il né Iqî
fallut rien moins , pour obtenir ce résultat ^ qu'un grand
crédit à la cour , appuyé de cette éloquence que son
ardente charité rendait si persuasive.
La jurisprudence du parlement de Paris ne tarda
poin à recevoir son application , dans diverses localités
du ressort de ce parlement. Enfin, un arrêt du 3o juin i664
ordonna que tous les seigneurs haut-justiciers, sans
exception , seraient tenus de pourvoir h la nourriture
et h Fentretien des enfants nés de pères et mères in-
connus , dans l'étendue de leur haute justice. ( Réper'
toire de Jurisprudence de Merlin , verbo Exposition départ )
Mais on ne put réussir partout , comme dans le
ressort du parlement de Paris , à rejeter cette charge
sur les seigneurs ; et , pour ne parler ici que de ce qni
se pratiquait dans Tancienne province de Normandie ,
\ Pégard des enfants trouvés , nous citerons un passage
du Commentaire de Basnage sur la coutume de Nor-
mandie , ( tome I , page 44^ ) \ il <^s^ conçu en ces
termes :
« Par la jurisprudence des arrêts du parlement de
« Paris , les haut-justiciers dans Téfendue de la haute
« justice desquels un enfant est exposé , sont tenus de
« lui pourvoir de nourriture et d'entretènement. Nous
« en usons autrement dans cette province; dans réiendae
«r de la banlieue de la ville de Rouen , Thôpital a été
« condamné à se chaîner de la nourriture des enfants
ff exposés. Dans les autres lieux de la province , cette
«nourriture tombe en cha ge au trésor de la paroisse. »
Bérard cite des arrêta postérieurs qui confirment
cette jurisprudence. ( Tome II , page 708. >
Au reste , les enfants exposés ne se trouvaient point
rangés dans la classe des bâtards ; on les considérait
tous comme Intimes, par la seule raison que plu-
sieurs d'entr'eux pouvaient être le fruit d*une union
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(77)
ftvott^e par les lois. On sait qu'en Espagne les pré-
somptions leur sont encore plus favorables : à Madrid
ils ont droit de citë^ et sont réputés gentilshommes»
La loi du 4 — " ^oût 1789 prononça Tabolition
de tous droits seigneuriaux; il était naturel, dèsplors,
que ceux qui avaient joui jusque-là de ces droits cessassent
d'être obligés de pourvoir aux dépenses de nourriture
et entretien des enfants trouvés ; aussi une loi pos-*
térieure ^ du ag novembre^ 10 décembre 1790 , mit-elle
ces dépenses b la charge de Tétat , ou de ceux des
hospices qui se trouvaient appelés h y pourvoir , en
vertu du titre de leur établissement.
La loi du a8 juin 1793 , en déclarant que la nation
se chargeait de l'éducation physique et morale des
enfants abandonnés , détermina diverses dispositions
propres à faire atteindre au but qu'elle se proposait.
C'est dans cette môme loi que Ton trouve un article
ainsi conçu :
« Toute fille qui déclarera vouloir allaiter elle-même
« l'en&m dont elle sera enceinte , et 'qui aura besoin des
« secours de la nation , aura droit de les réclamer , sans
« être tenue à d'autres formalités que celles qui sont
« prescrites pour les mères de famille. »
Une pareille disposition devait avoir pour résultat
de fortifier le sentiment de la maternité dans les cœurs
où il pouvait être combattu par la crainte du dénue-
ment ; et c'était une idée to'ute morale que celle d'as-
surer des soins maternels à l'enfant né d*un commerce
illégitime. Les applications irréfléchies qui devaient na-
turellement avoir lieu , dans ces temps de désordre «
firent bientôt considérer cette aumône comme une
prime accordée au libertinage , et Ton manqua ainsi le
but utile que l'on s'était proposé
Dans la vue de relever en quelque sorte les enfants
trouvés de l'état d'abjection où ils se trouvaient placés ,
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une loi du 4 juillet 1793 déclara qu'ils porteraienl 2i
Tavenir le titre d'enfants de la patrie.
Le décret du 19 janvier 1811 les considéra coolme
appartenants effecti em n àT at| en disposant que tous
les mâles en 'tat de servir seraient mis à la disposi*
tion du ministre de la marine, aussitôt qu'ils auraient
atteint Tâge de douze ans. Ce décret porte règlement
sur la manière d'élever e d'instruire les enfants trouvés,
et doit être considéré , à cet égard « comme le com-
plément d'un précédent arrêté du gouvernement , du ao
mars 1797 ( 3o ventôse an 5 ) , qui avait été rendu
en conformité de la loi du 17 d cembre 1796 (27
frimaire même année ). Il Gxa invariablement à quatre
millions la somme annuelle mise à la charge du trésor
public pour subvenir au dépenses du service , auf ,
en cas d'iusufTisance , aux hospices et aux communes
h pourvoir à l'es^cé^lent. Il divisa enfin les enfants dont
l'éducation devait être confiée b la charié publique , en
trois classes distinctes ; savoir :
l<> Les enfants tromés , c'est-à-dire ceux qui , nés de
pères et mères inconnus , ont été rencontrés exposés
en un lieu quelconque, ou portés à l'hospice destiné
à les recevoir. Sont compris dans cette classe les enfants
nés de mères admises à l'hospice pour y faire leurs
couches et qui ont été reconnues hors d'étal de les
élever.
a* Les enfants abandonnés , c'est-à-dire ceux qui , nés
de pères et de mères c nnu « e élevé • pa eu , en sont
ensuite délaissés sans qu'on sa he ce que sont devenus
leurs parents. Sont compris dans cette classe les enfants
d'indigents détenus ou c damnés pour faits crimi-
nels ou de police eorrectionnelle*
S"» Les orphelins p >u res , c'est-à- ire ceux qui « n'ayant
ni père ni mère , sont dépourvus de tout moyen d'exis-
tence.
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(79)
Enfin ta loi da aS mars iBi^ mit exclusivement
la dépense des enfants trouvés et abandonnés à la
charge des départements , sans préjudice du concours
des communes ; et cette législation s^est maintenue
fusques à aujourd'hui* Puisque Tétat reste maintenant
complètement étranger aux frais de nourriture et d'en-
tretien desdits enfants , il semblerait juste que les dé-
partements fussent appelés, par dérogation à l'article
539 du code civil , à recueillir celles de leurs succes-
sions qui deviendraient vacant*, s.
Le contingent affecté , chaque année , au départe-
ment de la Seine-Inférieure , dans la répartition de la
somme de quatre millions mise h la charge du trésor
par l'article 12 du décret du 19 janvier 181 1 , pour
le service des enfants trouvés et abandonnés , s'est
élevé, terme moyen , a la somme de cent trente-sept
mille neuf cent vingt-cinq francs. Jusqu'en 1817 , cette
somme se distribua entre les trois hospices spécia-
lement désignés par l'arrêté du 3o novembre de la même
année , pour recevoir , exclusivement a tous autres , les
enfants trouvés et abandonnés. Ces hospices étaient et
6ont encore :
!<* Celui de Dieppe , où sont admis ceux qui ap^
partiennent à l'arrondissement de Dieppe ;
2.^ Celui du Havre , où sont admis ceux qui ap-
partiennent aux arrondissements du Havre et d'Yvetot ;
3^ Celui de Rouen, où sont admis ceux qui ap-
partiennent aux arrondissements de Neufchâtel et de
Rouen.
Mais les (dépenses excédant chaque année les sommes
qui résultaient de cette distribution , et les ressources
accessoires qu'avait indiquées le décret du 19 janvier
181 1 n'ayant pu être complètement réalisées , les
hospices dépositaires d'enfants trouvés et abandonnés
furent successivement obligés à faire des avances qui
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(8o)
sVlevaient à cent quatre-vingt-trois mille neuf cent
soixante francs quatré-vingt--quatre centidies , en 1819,
à Tépoque où Tadministration s'occupa des- moyens de
faire solder cette dette trop long-temps arriérée. Elle
est éteinte depuis i8a3 , et , chaque année , la dépens
des enfants trouvés et abondonnés se trouve intégra-
lement acquittée , au moyen:
i^' D'une allocation spéciale, qui varie de cent vingt
mille à cent vingt-cinq mille iranci, inscrite au budget
départemental ;
2^ D'une somme Gxe de soixante mille francs, prélevée
sur les tevenus des communes ;
3° D'une somme qui varie de trois miRe à quatre
mille francs , formant le tiers du produit des amendes
de police correctionnelle , et dont l'affectation résulte
de la loi du i5 mai 1800 ( a5 floréal an 8 ), et de
l'ordonnance royale du 3o décembre 1823.
Le tableau ci-contre indique le mouvement de la
dépense des enfants trouvés et abandonnés dans le dé-
partement , pendant dix années consécutives , depuis et
y compris 1819 jusqu'à i8a8.
En prenant un terme moyen sur ces dix années , on
est conduit à remarquer :
i<> Que le nombre des enfants trouvés et abandonnés
restant dans les trois hospices au premier )our de l'année
moyenne , est de • • a388
2<* Que le nombre des enfants trouvés et aban-
donnés restant dans les trois hospices au dernier jour
de l'année moyenne , est de • a368
3^ Qu'ainsi ce nombre a décru dans la période
décennale , et que le décroissement est exprimé par le
chiffre • ao
4** Que le mouvement de la population des ertfants
trouvés et abandonnés dans les trois hospices déposi-
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( 8i )
Uires peut être approximativement exprime par le
chiffire 43a8
5^ Qu^enfin on peut évaluer au trentième de cette
population le nombre des enfants qui sont réclamés
par leurs parents.
LHiispeciioQ du tableau dont il s^agit fait remarquer
encore que la dépense relative au service des enfants
trouvés et abondonnés ne se trouve point propor-
tionnelle , dans chacun des trois hospices dépositaires ,
au nombre de journées qui résulte de la présence desdits
enfants. Cela provient de ce que la fixation du prix des
mois de nourrice et pensions nVst pas uniforme. On
en jugera par le tableau ci-après , qui indique la
quotité de ces prix pour chaque âge ; et , par cette
expression, on doit entendre une des périodes de la
vie d'un enfant comprise entre deux limites déter*
minées.
(Tablbau.)
Il
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(8a )
S
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(83)
Frappëè depuis long- temps de la disproportion des
dépenses des enfants trouves et abandonnés dans les
trois hospices dépositaires, Tadministratioa avait pris,
dans le courant de 1828 , quelques mesures pour ra-
inener à un taux uniforme la fixation du prix des mois
de nourrice et des pensions. Elle fut arrêtée dans Pap-
plication de ces mesures par les réclamations qu^éle-
vèrent les hospices de Dieppe et du Havre , en les
appuyant principalement sur la cherté du prix des grains
qui commençait à s^annoncer , et qui devait rendre plus
difficile le placement des enfants à la campagne. Ces
réclamations durent être prises en considération ; mais ,
aussitôt que les circonstances qui les ont motivées
coexisteront plus , on en reviendra au projet qui a été
conçu dans la vue de réaliser une économie possible
et désirable.
Les enfants trouvés et abandonnés admis dans Thospice
de Dieppe sont placés, soit en nourrice, soit en pension ^
selon leur âge , aux environs de la ville de Dieppe,
dans un rayon de quatre à cinq lieues. Ce rappro-
chement rend facile la surveillance dont ils doivent
être Tobjet.
Les enfants trouvés et abandonnés admis dans Thospice
du Havre sont plus communément placés , soit en
nourrice , soit en pension , selon leur âge , dans les
communes voisines du pays de Caux. Des visites fré-
quentes et inattendues que font dans ces communes
les dames hospitalières attachées à Thospice , ont
pour but de veiller h ce que ces enfants reçoivent tous
les soins quHls réclament. A Tâge de six ou sept ans,
ils rentrent presque tous à Thospice , pour y recevoir
quelque instruction.
Enfin les enfants trouvés et abandonnés dans Tbospice
de Rouen sont presque exclusivement placés , soit en
aourrice , soit en pension , selon leur âge , dans les
II.
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C 8» )
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ciiaque canton;
au seivice , qui parcourt
^ arrondissements.
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(85)
DE LA BOUSE DE VACHE
Gmudérée sms le rappori de la OunUe techÊohgfque ;
MÉMOIBS
PtéK&U à rAcadëmic de Eonen » 1« 9 Jaillet iS3o ;
Pir M. MoBiM, Phannacien ,
Memkrt de pUuiemn Seeiéiés smpentes*
Messieurs ,
La bouse de vache , en raison du rôle important qu^elle
joue dans la &brication de Tindienne , est une des ma-
tières qui méritent le plus de fixer Tattention des ch^
mistes. On sait que son emploi consbte dans le d^or-*
geage des toiles de coton mordancées , en formant des
combinaisons insolubles avec certains oxides métal*
liques. Les recherches que j^ai Thonneur de soumettre
à l'Académie ont pour but de déterminer la substance
de qui elle tient cette propriété. Déjà la bouse de vache
avait été Tobjet des travaux de Thaè'r et de Einhof ;
mais les résultats qu'ib ont obtenus ne jettent aucun
jour sur son mode d'action.
AHÀLYSE.
La matière qui a servi à] nos expériences était d'une
couleur jaune verdàtre , possédant l'odeur qui caracté-
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(86)
rise celte espèce d^excrément. Elle né rougissait point
le papier de tournesol , et elle ne ramenait point ao
bleu ce rëactif rougi par les acides. On délaya cinq
cents grammes de bouse de vache dans Teau distillée,
et on maintint le contact jnsqu'à ce que ce liquide ne
parût plus agir. Après chaque rechange , on filtra la
liqueur pour la concentrer par révàporatioa. Ce premier
traitement npus a fourni un résidu d'un brun noirâtre ,
d^une odeur particulière , se ra|^rochant de Turine con-
centrée par le feu : sa consistance était celle du miel.
On le traita par Téther , avec lequel on lagita pendant
long-temps4 Ce véhicule tie se colora pas sensiblement ;
on le filtra , et ^ en Tabàndonnant h Tévaporaiion spon-
tanée , on obtint un résidu vcrdàtre dont le poids était
de six décigrammes. Nous reviendrons sur cette matière.
L^extrait qui avait subi l'action de Téther fut mis en
contact avec Falcool h ^o^. Ce ménstrue s^est légère-
ment coloré ; on le filtra pour Tévaporer.
L'éther laissa une matière jautiàtre qui pesait trois
grammes. £lle était spluble dans l'eau ; sa saveur l^gè«
rement acre , nauséabonde , avait quelque chose de sticré.
La dissolution aqueuse de cette matière précipitait le
sulfate de fer et l'acétate de plomb. La teinture de nois
de galles j formait des flocons ; les acides suUurique ,
nitrique et hydrochlorique , versés dans la liqueur, y
déterminèrent des précipités sur lesquels l'eau n'a pas
d'action sensible. Traitée par Tacide sulfurique , elle m
exhalé l'odeur de Tacide acétique. Cette matière , sou*
mise h la distillation dans une cornue i de manière 3i
rompre l'équilibre de ses élémetits , n'a fourni que des
traces d':«mmoniaque. Elle ofire , d'après ce qui précède ,
plusieurs des caractères qui appartiennent ~au picromel ;
mais elle s'en éloigne par sa propriété de- précipiter la
teinture de noix de galles. Konobstant cette propriété
fégative, nous admettrons cette matièpe comme «a^
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(8?)
espèce de picromel ( i ) , ou plutôt comme la matière
sucrée du picromel ; car , en unissant cette matière avec
ime substance verte dont il sera question dans la suite ,
pn obtient un produit amer et sucré qui rappelle le
picron^el , quant à la saveur.
L^exlrait aqueux duquel nous avons sépai^ , h l'aide
de l'alcool , la matière sucrée que nous venons d'étu-<^
J&ety a été mis en coptact avec Teau distillée. Celle-ci
s'est emparée d'une subMance qui , obtenue par éva-
poration , était brune et est devenue luisante par soi^
entière dessiçation. Elle pesait huit grammes. Cette
matière n'a pas d'odeur sensible ; elle est presque san$
saveur ; elle ne se dissout point dans l'alcool. Dissoute
dans l'eau , elle précipite l'acétate de plomb en brun
jaunâtre « le sulfate de fer en gris sale. La teinture de
noix de galles y produit des Qocpns bruns. L'alun y
donne naissance à uq précipité qui ne disparaît point
par l'addition d'une certaine quantité d'eau ; le sulfate
àe cuivre la précipite .en vert sale ; Thydrochlorate de
manganèse y occasionne des flocons bruns. La dissolu-
tion de perchlorure de mercure ne lui faisait éprouver
aucun changement. I^'eau versée sur tous les précipités
ne faisait que les diviser. Les acides versés dans la li-r
queur y déterminent des flocpns brunâtres , tandis que
les alcalis n^ produisent aucun changement. Exposée
à l'action immédiate du calorique , cette matière n'a
pas bunà d'ammoniaque en quaptité appréciable. Il
ne reste aucun doute que ce ne soit à cette matière
que la bouse de vache doivje ses propriétés de dégorger
les toiles mordancées « par suite de l'action qu'elle exerce
sur la plupart des dissolutions métalliques. Les pro-
(i) Il j a f|aelq^oe« années^ M. Chcvreul a isolé un picromel dé-
poarya d*amertume , et dont la sayear araît quelque rapport avec
celle de U légliMe,
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(88)
priétés de cette matière étant connaes , ne serait-il pas
possible au manufacturier de l'isoler pre^que à Tëtat
de pureté, en traitant la bouse par Teau et filtrant?
Alors le liquide contiendrait cette matière et pourrait
être employé au dégorgeage ; ce qui , je crois | éviterait
au fabricant un grand nombre de lavages.
Les propriétés que cette matière possède ne peuvent
manquer de la faire regarder comme substance parti-
culière. Nous lui donnerons le nom de hubuUne « du mot
latin bububan , excrément de vache.
L^eau , en agissant sur Textrait aqueux , a isolé une
matière floconneuse brunâtre , qui y exposée au calorique^
a pris un aspect corné. On la mit en contact avec la
potasse , qui enopéra la dissolution. La liqueur alcaline
précipitait par la teinture de noix de galles; Tacide
hydrochlorique y produbit un précipité qu^un excès
diacide a fait disparaître. Exposée à Taction du calo-
rique , dans une cornue , elle a fourni un produit qui
ramenait au bleu le papier de tournesol rougi. L'inso-
lubilité de la matière dans Teau, et son aspect corné»
réunis à ses autres propriétés chimiques , ne laissent au-
cun doute que cette matière ne soit de ralbomine
coagulée. Son poids était de deuK^ammes.
De la bouse de vache épmisée.por l'eau*
La bouse , traitée par Teau y a été aaumise à Faction
de Talcool bouillant, qu'on renouvela jusqu'à ce qu'elle
ne parût plus rien fournir à ce liquide. Les liqueurs
alcooliques , réunies et filtrées , ont été distillées au bêkt-
marie pour en séparer l'alcool ; elles laissèrent un ré-
sidu d'une couleur verte foncée et d'une odeur qui
rappelait un peu celle du fiel de bieuf épaissi. On le
réduisit h siccité , et on le traita par Téther , qu'on
renouvela jusqu'à ce qu'il ces^t de se colorer. Les lî-
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(89 )
qaeurs ëthârëes forent abaodoonëes à eUes-mémetdani
une capsule de porcelaine ; bientôt la paroi interne de
celle-ci fut recouverte d^une matière verle, graisseuse au
toucher. Le poids de la matière verte était de sept
grammes , lesquels réunis aux six dtfcigrammes obtenus
en traitant l'extrait aipieux par Téther , portent la quan«-
tité de cette matière b sept grammes six décigrammes;
L'éther , en s'emparant de la matière grasse verte , isoln
une substance brunâtre pulvérulente , à laquelle nous
consacrerons un article particulier. £lle pesait neuf
grammes.
De la matière grasse verie*
La matière verte a. une odeur qui rappelle celle dies
bouveries. Sa consistance est celle du saindoux; sa
saveur, aromatique et fade tout-à-la-(bis, présente quelque
analogie avec celle du beurre frais. lM(ise en fusion , elle
rougissait le papier .de tournesol ; craignant que cette
propriété de rougir les couleurs bleues végétales ne fût
due à de Tacide acétique , qui se produit lorsqu'on aban<-
donnc Téther au contact de Tair , nous avons maintenu
la matière verte en fusion pendant quelque temps dans
Teau distillée , sans parvenir à lui enlever son acidité*
Cette propriété nous indiqua que , loin d'être un prin-
cipe immédiat , elle était de nature complexe. Alors
nous la traitâmes par le carbonate de magnésie , afin
d'éviter le reproche que Ton aurait pu nous adresser , en
employant tout autre corps", d'avoir déterminé la fon-
mation d'un ou plusieurs acides gras. Par ce traitement,
le carbonate avait laissé dégager de l'acide carbonique ,
et la matière verte acide était entrée en combinaison
avec la base du carbonate pour former un composé in-
soluble. On le recueillit , et on le décomposa par l'acide
hydrocblorique , qui s'empara de la magnésie , et mit en
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(9«>)
liberté la matière verte acide qui, traitée par l'eau dis^
titiée et purifiée par Téther , nous apparut avec tous
«es caractères» Cette expérience -démontre que la ma-
tière verte jouit de propriétés acides qfui lui sont propres.
Pour en déterminer complètement la nature , nous en
avons traité une certaine quantité par la potasse à Talcool ;
le composé savonneux qui en est résulté a été délayé
dans Teau distillée ; on remarqua que la potasse n^avait
pu dissoudre une matière verte que nous avons séparée
par le repos et la décantation. Nous reviendrons sur ceUe
substance. Le composé savonneux dissous dans Teau a
été mis en contact avec Tacide tartarique , qui s'empara
de la potasse et mit en liberté la matière grasse. On
la recueillit sur un filtre , et on la lava avec de Teau
distHlée ; le liquide de lavage , réuni h la liqueur filtrée ,
fat introduit dans une cornue, au col de laquelle oo
adapta un récipient entouré de linges mouillés pour
recevoir le produit de la distillation.
Le liquide distillé avait une odeUr mixte d'acide acé-
tique et de beurre fort. Il rougissait le papier de tour-
nesol ; on satura le liquide avec de l'eau de bar3rte , qui ,
«'emparant de l'acide , fit disparaître lodeur. On éva-
pora avec ménagement jusqu'à siccité , et on introduisit
le résidu dans un tube de verre d'un centimètre de dia-
mètre >, et on y versa de l'acide phospborique qui s'empara
^e la baryte ; et , par le repos , il se produisit une légère
couche d'un liquide d'apparence huileuse , ayant l'odeur
mixte d'acide acétique et de beurre rance. Pour ob-
tenir ce corps , nous tentâmes la distillation , qui nous a
ibumi une petite quantité d'un acide qui tachait le
papier à la manière des graisses. £n agitant dans l'air
4e corps qui Tavait reçu , il était facile de reconnaître
l'odeur de l'acide acétique et du beurre rance. Mêlé
avec de l'alcool, il donnait instantanément l'odeur
•4e la pomme de reinette. Nous avons borné là nos
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(9» )
expériences par le manque de la matière : néanmoins
nous considérerons cet acide comme ayant la plus grande
analogie avec le butyrique.
La matière grasse séparée de la potasse par le moyen
de Tacide tartarique et purifiée par Talcool , a été mise
en contact «vec la karyte , qui a fourni un savon inso-
luble. Ce savon, décomposé par Tacide hydrodilorique v
a laissé reparattre la matière grasse ; on la traita dé
nouveau par la potasse pure , et le savon obtenu^
dissous dans Teau et déposé dans un lieu lirais ^ a laissé
précipiter du sur-magarate de potasse , qui , purifié par
Talcool, et décomposé par l'acide hydrochlorique , a
fontni de Tacide mai^arique. La liqueur savonneuse,
qui ne produisait plus de suf^margarate de potasse ,
contenait de Toléate de cette base. Elle fut décomposée
par l'acide tartrique qui, s'emparant de la potasse,
isola l'acide oleuîque , qu'on reprit par l'alcool.
On se rappelle que la potasse , en agissant primitive-^
ment sur la matière grasse, laissa indissoute une subsUnce
verte d'une saveur acre amère très-prononcée. Elle rou-
gissait le tournesol ; mise sur les charbons ardents, elle
iwûlait h la manière des résines. ElU tsttrès-soluble dans
Talcoel et l'éther; l'eau en dissout une petite quantité;
Cette matière est celle qui, mêlée avec la substance su-
crée , a fourni un composé dont la saveur rappelait ceU©
du picromel; mais sa combinaison la plus remarquablo
est celle qu'elle forme avec la baryte. Agitée avec une
dissolution de cet alcali . et chauffée avec ménagement,
pour obtenir un résidu sec , elle offrit une masse qui
se dissolvait en petite quantité dans l'alcool-
*Il est donc établi par ce qui précède que la matière
verte est composée d'acides margarique et oléïque , d'une
substance verle particulière, de saveur amère. ayant
quelque analogie avec les résines , et d un acide qui lut
i^.
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(9» )
éonne sa saveur et son odeor , et qni jouit des propriAés
II» plus remarquables de Pacide bulyrique.
De la substance irunàêre iseiée de t extraie alcnoUque.
Cette sdtKtance est brune- iaunâure , d*une odeur 1^-
rement nauséabonde , rappelant un peu celle de la bile.
Sa saveur est âi peine amère ; celte légère amertume
pourrait bien ne provenir que d'une petite quantité de
matière verte dont il nous a été impossible de la priver.
Mise en contact avec Teau froide , elle ne s'y dissout
point ; si on porte ce liquide h ébulli^ion» elle s'y dissout
en petite quantité, et forme une sorte d^émulston* Elle
est soluble dans Talcoot , d'où «Ile est précipitée par
l'eau b la manière des résines. Les huiles grasses et vtH
latiles n'ont sur elle qu'une faible action. Les alcalis en
opèrent la dissolution ; si l'on vjerse dans la liqueur un
acide , la matière se précipite sOus forme de flocons*
Exposée à l'action du calorique , elle exhale d'abord
une odeur fade, nauséabonde » puis elle s'enflamme , ré-
pand beaucoup de fumée et laisse un charbon volu-
mineux. Traitée par l'acide nitrique, elle fat convertie en
tannin artificiel. L'acide acétique la dissout avec facilité ,
à l'aide de la chaleur. Le solutum alcoolique de la ma-
tière résineuse , mis en contact avec quelques dissolu-
tions métalliques , s'y comporte de la manière suivante:
l'acétate de plomb y forme des flocons qui viennent se
rassembler à la surface du liquide. Le sublimé corrosif
produit un précipité jaune-brunâtre , également très-
léger; tandis que, avec l'alun, les flocons qiii e«^ .ré-
sultent occupent le fond du vase. Le sulfate de fer fe
précipite en brun: Phydrochlorate de manganèse et le
sulfate de zinc fournissent , avec le solutum de matière
résineuse , df$ prc^cipités qui ont la même teinte. Les
arides nitrique et hydrochlorique n'y occasionnent au-
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(93)
cun trouble ; ils en avivent seulement la couleur. L^acide
sulfurique y forme un précipita verdâtre , qui , par le con-
tact prolongé de Tacidc , devient brun. Jusqu^ici il reste
prouvé Y malgré la facilité avec laquelle cette matière se
combine avec les dissolutions métalliques , qu'elle ne
joue aucun rôle dans le dégorgeage des toiles mor-
dancées, à cause de son insolubilité dans Teau.
La bouse de vache , après ces divers traitements ,
n'avait plus que l'apparence de la fibre ligneuse. Son
poids , après la dessication , était de 1 20 gr. 4»
Enfin 100 grammes de bouse de vache 1 sans avoir
subi aucun traitement , ont été calcinés dans un creuset
de platine ; ils laissèrent un résidu du poids de a
grammes , composé de sulfate et d'hydrochlorate de po-
tasse, d'hydrochlorate de chaux, de carbonate et de
phosphate de la même base , de silice , d'alumine et
d'oxide de fer.
Il résulte de ce qui précède que 5oo grammes de
bouse de vache contiennent :
Eau . • • • 35o gr. »
Matière fibreuse lao 4
Matière grasse verte •••• 7 6
Matière sucrée , que nous considérons
comme le principe sucré du picromel 3 »
Bubuline • • • • • • • • 8 »
Albumine coagulée a »
Substance brunâtre résineuse* ••#••••• 9 »
5oo gr. »
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(95)
CONSIDÉRATIONS
GÉNÉRALES
SUR LES VOLCANS,
n
BXAXEN CRITIQUE
Ihi âiçcnes théories qui oni été succesiioemeni prapi^ées
pour expliquer les phénomènes volcanUptes ;
Par M. J. Giiumuni ,
Professeur de ehiaue MimstrUlU à Romen , meetàre de plmsieurs
Sociétés sa fautes , etc.
tNTBODVCTION»
De tous les phénomènes qui se passent sous nos yeux, à
la surface ou dans les profondeurs de notre planète , les plus
menreilleux sont , sans contredit , ceux que nous présentent
les mont^^es ignivômes, connues vulgairement sous le
nom de volcans , tant à raison de la j^andeur de leurs effets
que de la cause mystérieuse qui les fait naître et les perpétue .
Les ravages immenses qu'occasionnent ordinairement ces
montagnes dans les lieux situés à leur base y souvent mrme
dans ceux placés à une très-grande distance d« leur œntrs
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(Ô6)
d* activité, ont de tout temps frappé T esprit de la multitiida
et excité la curiosité des philosophes de tous les âges.
Ohseryés dès la plus haute antiquité , les Tolcans ont
donné lieu à une foule de conjectures, tant sur leur ori-
gine que sur leur rapport avec F intérieur du globe. Mais ,
malgré les recherches innèmbrables de tant de généra*
tions de savants qui se sont succédé , leur histoire est
encore bien peu avaneée y et no& delranciers ne nous ont
guère transmis que Tétonnement et les folles rêveries qœ
des phénomènes aussi surprenants ont (ait naître dans leur
esprit. Les observateurs anciens , en effet , se sont plutôt
attachés à la partie hypothétique qtfà T examen des fttts,
et c est un défaut dans lequel ik sont généralement tombés
par rapport à presque toutes ItfS piuplies de fhîstoîre natu*
relie. Ce n'est guère que depuis un demi-sîtfofo eti^von que
les naturalistes , revenus à des idées plus saines, et las de
ces jeux d* esprit qui n'enfantaient que des systèmes éphé-
mères, ont pris le sage parti d'étudier les faits pour eux-
mêmes , de les rassembler, de les comparer entre eux, et
de n en tirer des conséquences qn après les avoir envisagés
sous toutes leurs faces. Ce n'est pas que, de nos jours , on
ne voie encore de ces esprits systématiques pour qui les
hypothèses constituent la plus gr^d? partie de la science ;
mais heureusement îk sont en très-petit nombre , et d* ailleurs
on attache maintenant si peu d^importance k ce genre de
travaux, surtout quand ils ne sont pas soutenus par une
réunion imposante de faits bien observés , queleur exemple
n'est pas contagieux et que la science positive continue
à marcher de progrès en progrès.
I^ plus grande partie'' de Ce que nous savons sli* les vol-
cans est due aux natur«Aistes de notre époque, et en par-
ticulier à Dolomieu , De Luc, Guillaume Thomson ,
Breislack , Hamilton , Fleuriau de Bellevue, Salmon , Fao-
jas, Léopold de Buch, Humboldt, Cordier, MoalioeDF,
CovelB, Pouléit-Scrope, tJngem-Stemberg , etc. Leurs
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( 97 )
écrite mont été très utiles pour la rédaction du travail
que f ai riionueur d'offrir à T Académie. Mon but, en
ce moment, n'est pas de tracer une histoire complète et
générale des volcans^ je veux seulement présenter en
«Astance ce qu il y a d'essentiel à connaître sur la nature
géognostique des terrains formés par l'action des feux sou-
terrains , et sur les phénomènes qui leur sont particuliers.
Munis de ces données, nous pourrons avec plus de succès
discuter les nombreuses théories qui ont tour-à-tour été
proposées pour expliquer ces phénomènes , et rechercher
celle qui , dans Tétat actuel de nos connaissances chimiques ,
paraît la plus pLnusible. Tel est le but de ceUe disserta-
tion.
Mais , dans un sujet aussi vaste , aussi épineux que celui
que je vais traiter, il faut , pour en faire une étude appro-
fondie, ne marcher que pas à pas et d'après Tordre le plua
propre à bien foire saisir l'importance des faits, leurs rela-
tions et les conséquences qui s'en déduisent naturellement.
Voici la marche qui doit , suivant moi , remplir le plus
avantageusement ces conditions :
I® Définition des termes volcans, terrains volcaniques ,
et examen des divisions établies par les naturalistes pour
cette classe de terrains^
2^ Exposé des principaux caractères géognostiques et
minéralogiques de ces terrains 5
3<* Position géognostique des volcans à la surface du
globe, et géographie physique 5
4^ Phénomènes qu'ik présentent dans leurs moments
d'activité comme dans leur état de repos j
5^ Enfinr, revue des diverses hypothèses enfantées succes-
sivement pour expUquer l'origine de ces montagnes si singu-
lières, et les causes qui entretiennent, depuis tant de
nècles, les phénomènes qu'elles présentent à Tadmiratioa
des hoounes.
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(9»)
Chapitre I'' . — Définitions. Classificatiom*
Le mot volcan , qui , au premier abord , parait prêi;enlcr
im sens net et précis , est cependant bien vague quand on
cherche à en donner une définition exacte. £n ef&t, tan-
tôt on désigne sous ce nom une montagne terminée par
une bouche ignivôme , tantôt la cause souterraine de tout
phénomène volcanique. Pour le vulgaire , les volcans sont
des montagnes ordinairement fort élevées , dont le sommet ,
terminé en cône tronqué , présente une large ouverture
en forme d'entonnoir , d'où sortent, à des époques indé-
terminées y des fl.:mmcs y de la fumée , et des matières
embrasées, soit sous une forme pulvéndente , soit dans un
état pâteux semblable à celui des métaux en hision. Les
premières sont nommées y d une manière générale ^ cendrts
volcaniques, et les secondes , lattes. La sortie de ces ma-
tières, accompagnée le plus habituellement de phéno-
mènes terribles et multiphés, est connue sous le nom
d'éruption.
On appelle foyer y dans un volcan, le réceptacle
qui contient ces matières en incandescence et les causes
incandescentes -y cheminée y le conduit qui amène les va-
peurs pendant ou après les éruptions y cratère y le cône ren-
versé qui teimime la cheminée , et qui sert le plus ordinai-
rement au passage des laves et autres produits des érup-
tions.
^ous verrons plus tard que ces mots y dont je viens
de donner y une fois pour toutes y une définition aussi
restreinte que possible y n ont pas toujours y aux jeux des
naturalistes, la même valeur. Telle qu'elle est, néanmoins,
cette définition suffit pour bien faire concevoir les objets
d^ont les noms reviendront si souvent dans le cours de cette
dissertation.
Sous la dénomination de terrains volcaniques y on a
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(99)
fT abord désigné ceux qui présentaient des Tolcans en acti-
vité. Phis tard on a étendu cette signification , en l'appli-
quant a tons les terrains qui ofYraient des marques
éridentes de faction du feu. On a ainsi confondu sous
un même nom des réunions de roches souvent très
différentes les unes des autres , tant sons le rapport de
leur nature mméralogiqné que sons celui de leur mode
de formation. Les auteurs méthodistes ont été obligés^
pour mettre quelque régularité dans la nomenclature de
ces terrains y d'établir plusieurs coupes distinctes, h cha-
cune desquelles ib ont affecté un nom particulier ; mal-
heureusement, r envie de créer des noms les a fait tomber
dkns un dé&nt aussi fâcheux que celui qu'ils voulaient évi-^
ter : à force de vouloir trop simplifier et épurer le lan-
gage, ils ont fini par ne plus s entendre. Tachons de ne
pas les imiter , en voulant donner une idée de cette syno-
nymie , partie si ingrate des sciences naturelles.
Il existe à la sur&ce du globe un certain nombre de
terrains qui semblent avoir été formés par le feu , ou du
moins sur lesquels le feu semble avoir agi , soit avant , soit
après leur formation , mais à des époques très éloigué(*s de
uous. En raison de cette conformité avec ceux qui pré-
sentent des volcans brûlants dans leur sein , on leur avait
donné également , comme je Tai déjà dit , le nom de ter-
rains volcaniques : plus tard , pour les distinguer des derniers ,
dont ils différent sous tant de rapports , on leur appliqua
la dénomination particulière de terrains pyrogènes (de
wv^QÇy feu, et ysivih, engendrer), ou engendrés par
le feu.
Les produits ou les roches qui composent ces deux ordres
de terrains, furent d'abord confondus sous le nom com-
mun de laves y que l'on partag^t ensuite en un grand
nombre d'espèces. Les deux sections principales étaient les
laides Uthoidesy cest-â-dire celles qui ne paraissent pas
avoir clé fondues ni s être épanchées d'im cratère , et le*
i3.
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'( »O0 )
Im^s vitreuses ou scoriformes y qui oiGnent éndemmoit
Faction du feu , et dont la disposition y sous forme de ooa-
rant ou coûtée y étroit à la partie supérieure y et s' élargis-
sant vers la base , prouve évidemment F origine. Peu
après , les naturalistes ayant mieux défini la vmtaMe na-
ture de ces différentes roches , leur donnèrent des noms
plus limités j qui servirent ensuite à distinguer les teiraii»
volcaniques les uns des autres. Cest d'après ce principe ^
c est-ù-dire la nature minéralogique des roches volcani-
ques, quon divisa ces difî'érenls teriiuns en tracfytùpies,
bcLsahiques ou trappéens, et volcamifues proprement dits,
ou ceux qui se forment journellement ou qui ont été évi-
demment formés par les éruptions de montagnes igni-
vômes. Cette dernière classe fut ensuite partagée en deux
sections , la première comprenant les terrains volcaniques
en activité y c est-à-dire ceux qui of&ent encore de nos
jours des éruptions semblables à celles qu ik ont éprouvées
dans des temps antérieurs , et la deuxième , les terrains vol-
caniques anciens , ou ceux dont les montagnes , eu tout sem-
blables à celles des premiers , ont cessé de vomir des ma-
tières depuis des époques reculées y et dont ou a perdu le
souvenir. Ces dernières ont aussi été nonuni'es i^cans
éteints, I^es terrains volcaniques proprement dits ont encore
reçu les noms de terrains volcaniques à cratère et terrains
de lai*es.
Je pourrais vous exposer on détail les diverses classifî-
calions qui ont été successivement proposées , mais je crain-
drais qu une énumération aussi sèche ne fatiguât votre at-
tention. Je me contenterai de dire que, parmi les géolo-
gues , les uns ont pris pour principe de leurs classifications
certains caractères physiques que présentent les montagnes
ignivômes , tek que F absence ou la présence d*un cratère ,
F absence ou la présence de laves ou coulées, la structure
des roches, etc. 5 c'est ce qu'a fait Desmarets, en 1779,
pour les volcans éteints de F Auvergne : que d'autres, no-
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( «01 )
tamment M. Léopold de Bach , ont basé leurs divisions sur
un caractère entièrement géogénique y tel que la manière
dont ces terrains ont été poussés ou formés à la surface du
globe , ce qui établit deux groupes bien distincts , les cra^
tères volcaniipÀes de soulèvement et Xe&^raières volcaniques
d'éruption j enfin j que d'autres^ tel est surtout M. Alexandre
Brongniarty ont considéré simultanément F époque de
formation et la nature des roches dominantes (i). Ces di-
verses claasificaticnis ont chacune des avantages ; mais toutes
peuvent être attaquées dans leurs principes y qui , très sou-
vent, sont purement spéculatifs. Ainsi, la distinction établie
sur la manière dont les volcans ont été produits est vi-
cieuse y car, comme nous n'avons et ne pouvons guère avoir
que des indices sur le mode de formation des volcans an-
ciens, et que F expression terrains de soulèi^emenl semble
(i] Dans la classification adoptée par M. Al. Brongniart, les terrains
pyrofçéocs o« ceux qui paraissent avoir subi TacUondu fende quelque
Duuiiére que ce soit, forment deux classes distinctes ( viii eiix de
ton tableau ) , sous la désignation générale de terrains hors de série
ou massifs , ou terrains tjphoniens. Voici les divisions et sub-
divisions de ces terrains , avec leurs dénominations particulières.
vm« Classe. — Terrains plulont'çues ou i^èpanchement,
i" groupe : Terrains platoniques granitoîdes,
a* groupe : Terrains platoniques entritiques.
3< groupe : Terrains platoniques ophiolitiques*
4« groupe : Terrains platoniques trachytiques»
IX* Cbsse. — — Terrains çulcaniques ou de fusion.
icr groape : Terrains vulcaniques trappéens.
ae groupe : Terrains vulcaniques lauiques,
( Voir • pour plus de détails , Texcellent ouvrage de ce savant
géologue , intitulé : Tableau des Terrains qui composent técorce
du Globe , ou Essai sur la structure de la partie connue de la
Terre, i vol. in-8<^, Paris , 1819 , Levrault. )
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( «02 )
prëjager la question , et même la rësoiulre ^ tous Tojex
qu'dle est loin de représenter une idée positîre. On peat
faire le même reproche a celle qui repose snr Tépoque de
formation. Rien n est plus préjudiciable aux progrès des
sciences naturelles que d'admettre comme faits avérés des
idées encore susceptibles de discussion , et surtout de fonder
des systèmes sur des bases aussi (Vagiles ; cafr , une (bis que
ces bases Tiennent h être détruites ^ tout lécliafandage la-
borieusement construit s'écroule , et il faut sans œsse re-
commencer siu* de nouveaux firais. Ce sont donc alors de
nouveaux noms k créer , pour remplacer ceux qui deviennent
inexacts ou insuffisants. Ces fréquents changements dans la
partie méthodique et synonyraique d'une science, en retar-
dent la marche ; et , sans aucun doute , plusieurs parties de
Thistoire naturelle seraient plus avancées au moment on je
parle , si nos prédécesseurs, plus sévères, eussent évité avec
soin recueil que je viens de signaler. Malheureusement
plusieurs naturalistes distingués de notre époque ont con-
tribué aussi k augmenter la confusion , par la facilité avec
laquelle ils ont tour-à-tour établi et renversé des méthodes
annoncées d'abord avec un engouement et une confiance
qui devaient faire croire à leur durée. Cest surtout à
l'égard de la nomenclature que les excès en ce genre ont
été les pins grands. Aucun auteur ne s'est fait scrupule de
changer les noms que ses prédécesseurs avaient établis , e(
de les remplacer par de nouveaux , souvent moins exacts ,
en sorte que maintenant la synonymie est la partie U
plus difHcile et la phis obscure de la science.
Pour en revenir à notre objet spécial , il me semble
que la seule classification qu'on puisse adopter, pour les
terrains volcaniques , est celle qui s'appuie stu* la nature
rainéralogique des roches , prindpe beaucoup moins va-
riable que tout autre , et d'une plus facile observation. Cest
d'après ces idées que, dans Fexamen des terrains qui ta
nous occuper maintenant , je préfère employer la classifi-
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( io3)
cation suirante ^ qui est beaucoup plus simple que tonte
autre , et qui donne une idée plus précise des groupes
naturels , que je rrduis h trois y savoir :
Terrains trachytiqnes 5
Terrains basaltiques;
Terrains laviques.
Chapitre H. — Caractères géognostiçues et mùiére^iogi^ues
des terrains volcaniques.
Les terrains volcaniques ne sont pas moins remarquables
par leur mode de formation que par leur position gëo-
gnostique , et surtout par la nature des roches qui les com-
posent. C'est de celles-ci surtout que je vais m' occuper
dans ce chapitre , mais j en raison des limites que je me
suis imposées j il me sera impossible de vous présenter
une histoire complète des roches vcdcaniques ; je me bor-
nerai à exposer quelques généralités suffisantes pour le
but que je me propose d'atteindre.
M. Cordier est celui qui s'est occupé avec le plus de
succès de T élude de ces roches. Avant son beau travail ,
intitulé : Mémoire sur les substances volcaniques dites en
masse {Journal de physique y 1816)^ nos connaissances
sur cet objet étaient fort peu avancées. Il résulte de F examen
profond que ce célèbre géologue a fait de ces masses mi-
nérales y
1° Que le tissu honaogène et uniforme dont ces sub-
stances semblent douées , lorsqu'on les examine à la vue
simple y n est y à l'exception de certains cas déterminés
très rares y qu'une fausse apparence ;
a<> Qu'elles sont presque toutes mécaniquement com-
posées de cristaux microscopiques ; appartenant à un très
petit nombre d'espèces minérales connues y auxquelles
se mêlent , dans certains cas déterminés y des matières
vitreuses plus ou mpins abondantes }
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C io4)
3» Que Jes cristaux microscopiques élcmenUiîres appar-
tiennent au yelspaih , au pyroxène , au péridot , au fer
titane ^ moins souvent à laniphigène y et fort rarement aa
mica^ kï amphibole ou Siujèr oligiste ;
4^ Que , dans une partie des substances volcaniques en
masse y les cnstaux microscopiques élémentaires y et les
matières vitreuses , quand elles en contiennent y se trouvent
souvent dans un état de décomposition plus ou moins avancé ;
5** Que y parmi ces substances y dont les éléments sont
plus ou moins attaqués par la décomposition y certaines
doivent leur consistance à des matières étrangères inter-
posées en particules presque toujours indiscernables ^
6° Que y quelque soit F état de conservation ou d'alté-
ration de ces substances , les minéraux élémentaires ne
forment communément que des associations ternaires oq
quaternaires y au milieu desquelles y tantôt le Jcispath y
tantôt le pyroxine , prédominent constamment y ncm-seo-
lement par leur abondance y mais encore par F influence
des caractères qui leur sont propres j
7^ Que cette constante prédominance y combinée anx
autres conditions que présente la composition mécanique ,
et aux caractères extérieurs qui en résultent , permet de
diviser méthodiquement les roches volcaniques , à F aide de
coupures naturelles assez nettement circonscrites, et même ,
à la rigueur, de leur assigner des places de conventioo
dans la méthode minéralogique ^ mais qu'en attendant on
peut les rapporter à seize types principaux -y
, S*' Que , proportions gardées des di£^rences qui tiennent
il F ancienneté relative, les différents types se présentent
avec les traits de F identité la plus parfaite dans les roches
volcûnir|ucs de tous les pays et de tous les âges ;
9^ Que le sol volcanique , considéré dans son mii^f^hl^
et sous le point de vue le plus général , ofifre mue com-
position toute particulière et une constitution que F on ne
retrouve pas dans les autres terrains.
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( io5 )
Cest diaprés ces principes que Af. Cordicjypartagc toutes
les roches volcaniques en deux grands groupes , savoir :
les substances fdspathiçues , dans lesquelles les particules Je
felspath sont très pre'dcminantcs , et les substances pj^ro^
xènées , dans lesquelles les pa/ticules de pjrioxène sont
tns prédominâmes. Chacun de ces groupes est ensuite sub-
divisé en deux sections^ Tune pour les roches non .altérées ,
Tautre pour celles qui le sont. Les principaux types de
roches renfermées dans le premier groupe , c est-à-dire
les substances dans lesquelles le felspath prédomine y sont :
le trachyte, le domite , la dolérite , le phonolite , le
pumite ou ponce , Y obsidienne ou ^erre volcanique ,
et le fpodite ou les cendres blanches et ponceuses ayokor
niques, I^s types de roches du deuxième groupe y c*est-
à-dire les substances dans lesquelles le pyroxène prédomine,
sont : le basalte , les scoties , le gallinace , et les cinérites ou
cendres rouges et grises volcaniques. Toutes ces différentes
roches donnent lieu , par les altérations diverses qu elles
subissent , à une foule de substances nouvelles dont le
nombre est infini et les caractères non décrits. Les prin-
cipaux agents qui les modifient , de manière à leur fiedre
acquérir ainsi des propriétés si différentes de celles,qu* elles
avaient cT abord, sont principalement le feu , Tair, F eau y
les différents gaz acides qui se dégagent des^voloans ou
des solfatares, etc. Cest de ces nombreuses altérations
que résultent les tu/s volcaniques de toutes les couleurs,
les pépérinOy les \\'ackesy les pouzzolanes y les therman-
tides tripoléennes et cimentai res y e\ une foule d'autres
produits qu*il serait trop long d'éniunérer. Enfin y la
réaction séculaire de fair et des eaux sur ces nouveaux
produits , finit par les décomposer endèrement et les trans-
fbrmer en terre fertile, que les torrents entraînent dans
les plaines sous forme d'alluvions , et dont CAiivej^e et
beaucoup d*autl«s localités nous offrent plnç d^uu ^xempU.
T^es trois groupes de terrains volcanicpies que j'ai admis
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C*o6)
se distinguent assez nettement les uns des autres par la
uature des nklies dominantes qu on y observe ^ et aussi
par leur position géognostique à la surface du globe.
^ I. En général, les terrains trachytiques se composent
de roches felspathiques ; ainsi on y trouve , parmi celles dues
à une cristnilisalion ignée , toutes les e^cces de tra-
chjles y le domitCy ïargiloUte ^ X alunite ^ le pumite , le
sligmite pedaite et le retinile, ïewite porphynqvue y etc. ;
et parmi les conglomérats , les brèches trachytiques et
pumites. Ces terrains, qui se montrent également , et
dans les pays où les forces volcaniques agissent encore,
et dans ceux où elles sont éteintes , recouvren*: immê>
fliatcment , ou les roches pi'imitives , ou les poqphyres de
transition , porpliyres avec lesquels les trachytes présentent
la plus^ gnindc analogie de composition , et dans lesquels
on remarque que le felspalh vitreux , T amphibole , et
quelquefois le pyroxène , deviennent plus fréquents à me-
^uùre qu ils se trouvent plus près des roches volcaniques.
I.cs tracliyies superposés aux rocl^es primitives paraissent
tantôt ' sortir d'un granité postérieur au gneis , tantôt
des micaschistes supérieurs à ceux-ci j mais tout prouve^
suivant M. de lIum])oldt , qu'ils sont sortis au dessous de
la cro ûle granitique du globe.
Les tracliyies qui recouvrent les porphyres de tran-
sition iappartiennent a deux foimations bien distinctes,
savoir : à celle des porphyres et siénites non mëtallifêixs
superposés immédiatement aux terrains primitifs , et à
celle des porphyres , siénites et diorites , souvent métalli-
fères , reposant sur un schiste argileux ou sur des schistes
tahpieux avec calcaire de transition. Leur gite principal
est surtout dans ces terrains intermédiaires , et plus parti-
culièrement dans la première de ces formations porphyriques.
Ces trachytes sont, eu général , peu répandus dans l'an-
cien continent (,cha\neàxx Caucase, Hongne, Transyh'aiik,
^u^ergne, îles de la Grèce, Italie, etc.) ; mais ils acqiùèrenl
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C Ï07 )
^es développements énormes dans le nouveau , prlnclpa-^
lement dans T Amérique méridionale , ( crête et lisières
des Andes duCliiU, du Pérou, de la Nout^elle-Grenade,
de Smnte'Marthey de Méiida , vallée de Mexico , etc. ) , dont
ils occupent les parties les plus élevées. Leurs couches ont
jusqu à quatorze mille et même dii-buit mille pieds d*é^
paisseur , comme au Cfnmborazo et au volcan de Gua^ua-
R.chincha,
Les trachytcs ne sont recouverts que par d'autres <
roches volcaniques , très rarement par quelques formations
tertiaires ou de petites formations de g^'pse et d'oolites in-
tercalées ou superposées aux tufs ponccux. Us renferment
des conglomérats qui varient beaucoup selon la nature des
roches y et qui ont empâté des moules de coquilles , des
troncs d'arbres qui se sont changés en quart résinite , des
fragments de ponces , des matières terreuses , etc. Cest
dans ces terrains qu*on trouve les plus belles opales.
^ lî. Le terrain bascdtique se distingue du précédent en
ec qu'il n admet généralement dans sa composition quedts
roches pyroièniques ou celles qui composent le second
grou|>e des roches volcaniques de M. Cordier. Ainsi , on
y reconnaît , parmi les roches formées par cristallisation
ignée , le basalte et toutes ses variétés , la doUrîte , le
spilitCj etc. , et parmi celles formées par voie de transport
6u de sédiment, le vakite, les p^penno de diverses es-
les breccioles , etc.
Le terrain basaltique se lie d'un c6té aux trachytes ,
dans lesqueb le pyroxène devient progressivement plus
abondant que le felspath , et d'un autre y aux laves dés
Tolcans qui ont coulé sous forme de courants. On remarque
^e généralement les grandes masses basaltiques sont très-
poignées des masses trachy tiques ; qu'ainsi les pays qui
abondent le plus en basaltes ( Hesse, Bohême ) y sont dé-
pourvus de trachytes y et qu'il en est de même pour les.
pays trachytiqaes , comme les CordiUeres des Andes , qnl
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( *o8)
présentent rarement êes basaltes. Ces deux terrains forment
souvent des ligues parallèles , ce quia fait penser à plasiencs
géologues qu il y a?ait eu une formation diflërenle pou-
les basaltes et les tracb^tes. Ils croient que ces derniers
proviennent de granités altérés , tandis que les basaltes
paraissent provenir de laves pvroxènées , dont les ooolécs
ont été jusqn à la mer ( alors voisine de ces volcans) , où
elles ont pris , par le retrait y les formes {MÎnnatiqnes
qu'elles présentent. Les terrains tracbjtiques semblent
cependant plus anciens que les basaltiques y et sont tfoàr
qnefois recouverts par ces derniers.
En général , les masses volumineuses de basaltes se trou-
vent inunédiatement dans les terrains primitifs , intermé-
diaires et secondaires y tandis que d'autres masses bien movos
considérables, à texture homogène , et oflranl le plus son-
vent r apparence d'anciennes coulées de laves lithoîdes,
sont superposées au terrain trachytique. Les unes et les
autres enveloppent quelquefois des fragments de grmite,
de gneis ou d'une siénite très abondante en felspatb. Dans
la dernière circonstance géologique que je viens d'indiquer,
les basaltes gisent rarement aiq>rès du sommet des volcans
en activité ; ils sont placés h leur pied , et semblent les en-
tourer de toutes parts ; cependant on en cite parfob près des
cratères, comme au Fulcano, Ils sont toujours reccoveris
par les laves vomies par ces volcans, ce qui conduit natn-
rellement à penser que leur origine est antérieure à ceDe
de ces produits. Mais c est surtout dans le voisinage des
volcans éteints que s'observent les basaltes. On voit donc
qu*Us sont entièrement lies aux terrains volcaniques ii cra-
tères ou aux terrains de laves , par leur disposition , leor
fi>rme , la nature des minéraux qu'ils renferment , et en ce
qu'ils peuvent reposer aussi , comme eux, sur les temins
les plus modernes.
Le basalte^ dont certains pays présentent des miwef
dune très grande étendue , forme presque toujo«rs des pla-
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( «09 )
teaux. élevés, dénudés , on pea concaves dans leur milieu «
à coupures absolument verticales. Ces plateaux sont souvent
nombreux dans une même contrée , mais ils ne sont jamais
disposés de manière à former des chaînes entières et con*
tinues. Us sont formés , ou par des couches, ou par des co-
lonnes prismatoVdes , phis rarement par des sphères om
des tables. Les couches, variables en inclinaison et en épais-
seur, alternent souvent avec d'autres couches ^ mais plus
habituellement elles leur sont superposées , sans leur être
parallèles. Quelquefois , comme dans les environs du vol-
can de JoruUoj au ^lexique , le basalte se montre en petits
cônes , composés de boules ii couches concentriques , à
sommets très convexes , et qui paraissent être sortis du ter-
rain environnant par une espèce de soulèvement occa-
sionné par une force élastique agissant de T intérieur 4
r extérieur. Dans la localité que je viens de citer , tous
les environs de la montagne igniv6me sont couverts de cet
petits cônes, appelés par les indigènesyburf ou hormtos,
à cause de leur forme , et parce qu'il s exhale des crevasses
qui les sillonnent des vapeurs aqueuses mêlées d'acide
sulfureux. Ces hormtos , qui couvrent par millier» la partie
centrale de la plaine du Mat-Pois , où s élève le grand vol-
can de JoruUo , sont tous isolés et disséminés, de manière
que y pour s'approcher du pied du volcan , on passe par des
ruelles tortueuses. Leiu* élévation est de six à neuf pieds.
La fumée sort généralement un peu au-dessous de la pointe
du c&ne , et reste visible jusqu'à cinquante pieds de hauteur.
D'autres filets de fumée sortent des larges crevasses que tra-
versent les ruelles ; ils sont dûs au sol même de la |>laine
soulevée. En ii^do , la chaleur des hormtos était encore si
grande, qu'on pouvait allumer un cigarre en l attachant à
une perche , et en le plongeant à deux ou trois' ponces de
profondeur dans une des ouvertures latérales. En appro-
chant l'oreille d'un de ces c6nes , on entend un bruit sourd
qui parait celui d'une cascade souterraine ; il est peut-être
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( IfO J
éntkèc par les eaux dn Rio-Cuîtamba, qui s^engoul&ent
dans le Mal-Pois. U est probable, suivant M. de Ham-
boldt , h qui f emprunte ces détails , que c est la force élas-
tique des vapeurs qui a couvert de ces homitos, en forme
d* ampoules, la plaine bombée du Mal^Pais, tout comme
la surface d'un fluide visqueux se couvre de bulles par V ac-
tion des gaz qui tendent à se dégager. La croftle qui forme
les petits d6mes de ces homitos est si peu solide , qu'elle
s'enfonce sous les pieds de devant d'un mulet que Ton jr
force d'y monter. Le soulèvement de ces basaltes ne re-
monte donc pas à une époque très reculée. ( Essai poli-
tique sur le rojaume de la Noui^elle-Grenade , liv. m y
cbap. VIII. )
IjCS pays qui offrent des formations basaltiques très déve-
loppées sont, avec ceux que fai déjà cités, X Ecosse (cote
occidentale ) , les îles Hébrides , parmi lesquelles se trouve
rUe de Staffa , si fameuse par la belle grotte de Fingnfy
V Irlande (comté d'u^ntn'm, sur la côte septentrionale, ou
Ton voit la célèbre chaussée des Géants), la Saxe , Y Italie,
le Felay , Vu^ufergne, le Foret , le Fii^araisj etc. On ob-
serve aux parties supérieure et inférieure des masses de
basalte , des scories provenant , h la partie inférieure , defaîr
du terrain sur lequel passa la coulée , et à la partie supé-
rieure , des bulles contenues dans la masse , et qui n ont pli
percer la croûte supérieiu-e soUdifiée. Ces masses de basalte
présentent beaucoup d* altérations. Dans nombre d'endroits,
les grandes coulées ont été dégradées , et il ne reste plus que
les petites portions qui étiiont assises sur des terrains pri-
mitifs.
5 ni. Le terrain la^içue, postérieur aux formations tn-
cbytiques et basaltiques dont je viens d'esquisser les prin-
cipaux caractères , qui appartient aux volcans éteints et aux
volcans en activité ,'et qui est le seul qui se continue encore
de nos jours , est remarquable , non-seulement en ce que ses
rocbes diffèrent sensiblement ^ par leur nature , de celles qui
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( "O
constituent les deux groupes précédents^ mais encore par
leur manière d'être à la surface du sol. Ces roches portent
le nom général de lattes ; elles présentent tous les carac-
tères des matières qui ont été soumises à Faction du feu et
tenues à F état de fusion presque toujours complète ^ quel-
quefois cependant simplement pâteuse. Elles ont une
texture plus ou moins boursouflée , celluleuse ou scoriacée y
un aspect grenu ou presque vitreux y un toucher rude et
âpre ; leur densité est très variable. Tantôt elles sont pures et
ne diflerent entre elles que par le plus ou moins de va-
cuoles qu* elles offrent -y tantôt elles contiennent des cristaux
ou des fragments de divers minéraux y ce qui constitue une
foule de variétés.
Les laves des volcans éteints diflcrent essentiellement de
celles qui sont rejetées sous nos yeux par les volcans en
activité. Les premières sont y en effet , généralement abon-
dantes en felspath , et se présentent sous forme de larges
nappes^ tandis que les secondes sont presque toutes
pjroxènées et sous forme de courants très étroits. Les pre-
mières ont donc beaucoup de rapport avec les tràchytes ,
les secondes avec les basaltes ; aussi certains auteiu*s les
distinguent-ils sous les noms de lat»es trachytiques , et de
Utiles basaltiques : il serait préférable de les nonmier laides
ftlspathiques et laides pyroxèniques.
Le terrain bvique a des formes extérieures tellement re-
marquables , qu il est impossible de confondre les montagnes
qui lui appartiennent avec aucune autre. Il est formé , non
par la succession de couches régulières plus ou moins in-
clinées , connue les terrains que Von suppose formés par
voie de dépôts, mais par la superposition d'un nombre illi^
mité de coulées qui ont été produites â des époques plus ou
moins éloignées. Ces coulc'es constituent des montagnes ou
monticules plus ou moins élevés, généralement très régulière-
ment coniques , offrant souvent à leur sommet une concavité
qu on appelle cratère y Aouni le milie« est criblé d'ouvertures
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(lia)
qtti , dans les Tolcans actifs, correspon''enl avec des canaul
sbuterraÎDS.
■ Les courants de laves , ou coulées , sont ordinairement
plus compactes vers le centre de la masse qii à la partie îif-
périéure et inférieure , qui sont boursouflées, souvent même
assez légères , à cause des nombreuses cellules qui s'y
trouvent et qui sont dues à de Tair interposé. Ces cellules,
plus ou moins nombreuses , varient beaucoup de formes ,
suivant la nature de la masse et la place oh on le»
observe. Généralement elles ont une forme alongée dans
r intérieur de la coulée et principalement vers sa partie
la plus inclinée , tandis qu elles sont plus rondes et plus
midtipliées vers sa surface et vers son origine.
Les coulées s'élargissent beaucoup k leur ëxtrémîtë mft-
rieure , qui est souvent horizontale. Leur épaisseur est très
variable , selon F état de liquidité que présentait la lave lors
lie r éruption, et selon les obstacles qu'elle d épro«ré« dans
sa mardie. Tantôt cette lave s'est épanchée dans la plaine,
sous forme de lai^s nappes; tantôt elle s'est arrêtée dans
des vallées , où elle s'est solidifiée en énormes amas. La sur-
Cm^c des coulées , quelquefois assez plane , est ordinaire-
ment parsemée de crêtes et d'irrégnlarités qui indiquent
l'état péteux du courant à l'époque de sa formation. PIcr
sieurs coulées peuvent se recouvrir , mais elles sont tonjotffs
séparées par des matières plus ou moins terreuses , qui ré>
sultent de l'altération que la surface de la coulée exté-
rieure a éprouvée.
Les roches qui appartiennent particulièrement an terrain
lavique sont , parmi celles qui ont été fondues et ont en-
suite été solidifiées complètement, la leucosdne on lave
pétrosiliceuse , la téphrine ou lave proprement dite , et
plus rarement le stigmate à base d'obsidienne, \ obsidienne
et le pumite; et , parmi les roches d'agrégation formées par
toie de sédiment ou transport , soit au milieu des eaux , soît
^^ milieu des air8,'to«» les débrii de roches et minéraux
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( »i3 )
ylMmiqiM» coIrahWt .par àas coucs d'eau oii rejelés soin
forme pulTéroiente par les cratères , et transportés ensuit^
par les airs à des dist4iK:cs plus ou moias considérables j^
idasoot des|7^<^>?o^ des breçciojçs pvicanigues nonu&éfla
trois f. des brèches volcaniques noiumées ti^a , des pou^utq-
lanes , désignée^ , suivant; la grosseur de leurs parles, rapiUi
Ht cendres- volcaniques p. eufiu le nio^ay n^tièr^ terreuse ^
don noir brunâtre , contenant im {iriocipe combustibk
( cfafurbon) ea si {[rande quantité que les habitants; du Péroo
a* en senreut comme d'une terre tourbeuse pour leur dooif-
Les roches volcaniques , quelles que soient T époque d«
bsnr fi^nnation. et la manière dont elles ant été produites ,
rwTei^nieQt pfe^que toujofirs^ au mili^q^de leur matse^
de$ apiMi^re^ ^trsuigères à leur composition. Ces matière^
font 7 ou des espèces minérales déterminées, ou d^ fh^
memsde i^oches d'upe autre sorte et d'une auti^e origine. Ces
IDatièresa^ tr«iUFenf de,phisieui;smani^re». Certainesespèces
fuûnéidea cristallisées régulièrement, te|^s que ïoliuiney
ïamphigène f lejèlspath vitreux , \ amphibole y lejèr titane^
lep^TOxène mt^te^ tica^ne y ete j sont disiéminees au mi-
Ijmiaôinede i^ roche volcanique, çt paraissent avoir cristal-
lisé lon^i^elle était en fusion complète. J>*autres | offranl
les mé^ie» .caractères d'intégrité , aont rassemblées dans 1^
çoiichM de la roche ou tapissept ses cavités , et semblop^
avoir été formées au moment ou après sa consolidation :.
ielles sont prii^cqpaloment , la més^pe, la stilbite „ Vqnal*
cime, ïhyalite^ les agates calcédoines ^\e^ jaspes , laba-^
rytme f la cékstine y le calcaire ^^athique ^ ïarragonite > lo
mica p V arsenic suffuréj le sel marin , Id sel ammoniac , Im
so^ifre f etc. f^nfin, plusieurs minéraux et quelques roch^
élrangères se montrent simplemo^t . engagés dans 1^
roches volcaniques de cristallisat^)n ou dç transpQd : t^
«QDl> paipi Içt premiers; Uùrçoii^ le cfirindon , y^^p/n^
■' ' ' ' ' ,5
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( >i4 )
pl/ffnasle , Xidoame > la conâiénte , les grenats , la n^
ph^ne , la sodalite , le meUilite , ta woUastnnite , la gismon"
dine, etc ^ et, parmi les secondes, le granité , la nënîte, le
gnëîs , divers calcaires , lies galets de qnarx , le lrach3rte hn*
même , des fragments de tbermanlide / élc. Cbaqoe ter-
^ih vofeanique a des minémum qui , sans lai rtre paitîcii-
bers , serrent néanm#ins dans i>ien des circonstances li le
earactériser. H a' entre pas dans mon ]dan de tons éomn^
rer ici ces minéranx t>ii œs roches étrangères , dont il est
d'aiHeiirs asset^ difficile de dresser nne liste complète. Je
TOQS prësenterai seulement qnei^ves r^âesions sur la pré-
sence de plusieurs d'entre «ux au milieu des laves tant an-
ciennes ijue modernes.
Jaî cité quelques-unes des espèces *minérales qui se
trouvent implamjes ou empâtées dans les lares. Les mi-
nél*^gistes ont discuté pendant long-temps pour se rendre
oonipte de la présence de cristaurnussî nettement con-
figurés dans ees produits du feu , et surtout de ceux qtd ,
coamnc le felspotli et les pyroxfnes , sont presque aussi fu-
sibles et même plus fusibles qœ la matière qui les en-
velo{)iie.
Deluc et Dolomien ont préteinda q«e ces mmérux
cristallisés préexistaieni , à répancbemenlt de la coidée,
dans les roches où se trouva le îojtr volcanique ; qu 9s
ont été entratués par la lave hors du sein de la terre , sans
avoir éprouvé la fusion^ et enfin que la température né-
ccssaii*e ii cette des autres parties de la roche qui ont
fbumi la base de la lave était très basse et n* était pas
opc^rée seulement par le calorique. D'autres géologues,
tels que Breislack , Hall , MM. Fleuriau de BeHevue >
de Buch , Al. Brongniart, etc. , admettent avec beau-
coup phis de raison que ces minénnix ôîslallisés se
sont fbiaués par voie de combinaison chimique et de
ci^stallisntion , dans la masse lavique même en fusion,
soit dans le foyer Tolcaaique > soft après s<m épan-
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( r.S)
dicaent k b «nrÛMSe du «il 9 de la même manière que
les crialaïUL de fels^th ont d4 le former dans la pâte dit
porphyre, les grenats dans cella de la serpentine ou de
r amphibole , de la même manière enfin que se prodniseul
les cristaux au miliei^ de naisses de ,Terre tenu en fusion.
Ce qui. fortifie cette opinion, cest que MAI. Fourmjr
et Mistcheriieh sont. parvenus à faire , artificiellement, I
faide dun feu de porceUine , dfi mina et du ipyroxhtàe
cristallises et semblables à. ceux qu'on trouve dans la nature'.
Et d*aiUeiirs> il serait bien difficile , pour ne pas dire an^
possible , d'expliquer autrement que par cette tUëorio
la présence de la mati<»re même de la lave au. miheet de
plusieurs de ce%^rist«iux. D'après cela, les lavts compactes
à structure presque cristallisée sont des laves cristallisées
confosément , comme les expérieaees de Hall et de Fleurtau
de Bellevue , sur Tefiet d'une fusion à haute pression ou
d^un refroidissement lent, semblent Le prouvée.
Il ne serait pas bgîqoe , cependant , d'admettre que. tous
les cristaux qui sont disséminés dans les coulées ont «té
formés à la manièredes minéraux dont jc'viena de parler.
Plusieurs , comme les coiindons , les zircons , etc. , ont
été , sans aucun doute , amracliés au^ roches granitiques
dont ils faisaient partie ^ et enveloppés parla matière lavique
sans épnMHrer presque aucune altération , à la manière
des fragments de roches pins ou^ moins volumineux qui
96 trowfent presque toujours empâtés dans la lave..
Chapitx? III. -^ Position géognostique des volcans à la
swjbce^du ghbe y el géographie physique. r
Dans le chapitre précédent , j'ai traeé rhi8toii(e géognes-*
tique et mij^ralo^qm^ des dilTér^ts terrains volcaniques ;
dans celui-ci fenvisa^rai la géognosie dtS'Voleans d'vuMr
manière plus générale, et j' indiquerai, autant^ que eeU
est possible ;fe nombre des volcans actife- et éieiliia, eii
i5.
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( '16 )
leoip» ifue ieiMT ilispenioA b k Mr&ee un ghbe.
Pou» tniiler ces qoeitîett» avec tout h soin qvfeHes nié-
filent, faiirai MUTent recours aul éerfts du célèbre Hum-
hpklt.
. Le feu des voloans a «gi à toutib ies époques , lors
de^ la première etidalmi de la eroftie du globe , k tràrtn
les roches de Iransîtieii y les terrains seeondaîres et ter-
tiakvs. A Texceptioin de quelc|ue8 roches lacustres ou d*eau
douce , 'les focbes Toleaniques sent les seules dont la for-
mation eoutinue , pour ainsi dire , sous nos jeux. Si les laves
des mêmes rolcans Tarient à diverses époques de leurs
éruptions , on conçoit c<Anblen des matières voloaniqnes
qni , pendant des milliers d'années , se sftnt progressiTe-
VMnl élevées vers la surface de notre pbnète , dans des
oiroonstaBftoes de mélange , de pression , de refroid»semeat ,
si différenles ^ doivent offrir à la Ms de contrastes et
d* analogies. Il j a des trachytes , jdes phonoittes , des ba*
sabes , des obsidiennes et des perlîlesde différents âges,
eomae il y a différentes fonnations de granités y de gneis ,
de calcaires y de porpliTves , etc. IHus on approche dn
temps modernes , plus les formadoiis voleamques paraissent
isolées , surajoutées y étrangères au sol sur lequel elles se
sont répandues. Une longue intermittence àc ta source
semble produire , même dans les volcans actueb , une
grande rariété dans les produits, et s'opposer à Tagrou-
pemeot de matières andogues. Dans ce dédale de fer-
mations volcaniques de dillerents âges , on n a reoonna
jusqu'à présent que quelques lois de gtsement, qui p-
raissent si non générales y du nKHns en harmonie avec
des phénomènes observés dans les deux contÎDents ,
sur une gifande étendne de terrain.
Les terrains volcaniquf s se trouveflt qpelquèfets 8upa^>
pooés & des temûns Irèssnodemes 5 mais y en générdl y 3»
lepesentsnr des termina primordiaux , et sont peu Acngnés
ê» gf«apes4Miehdiiea»de moitlagnes qui nppartiemtent i
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éttlg grmde ^poy jb foHwalieD. DtnsleaMvfeaiiftMnide^
«MB lei rakïois «etudi ont le«»8 cratères fonaëi danaf
le lemÔB ttutAipup». Jëjé E«r#pe , 4es voloftnt tant aii<^
ékeo» qmê moderoes soal assis ^irtotemeiit aussi sur le
a»l priâiâtii: Le aal db tMnqpoit et de séteient , quatid
on le rencontre dans les montagnes rokani^pies , est
lowjolii pkcë an ilcssM^des eonelras de i&T^ , de sorte
qn^on asi teoé d'admeiira ^pi'A a été le résultat #ttn^
oiriro àe Amm subsëquant iL b première éraplion.
On ne reoMr^ne mÊom vndean dans les pbdnes : ttnb
^ sent on qui oat ^ à déoontert , occupent 1er
lesflns ékff4ê dos régions oà ib sont phcés. Dans*
b cbsAie èeê Gordfficres y qui est une des parties du
glohe b pins enlevée y on- compte un très grand nombre
de Yoieans tant br^nts qiMienrts , et il est d^obserration
qne, ^dans Timmense* prolongement de cette cbaffie^ les
lAlês iNrieanîqaes j sont toujours les tètes dominantes.
Dcni l'Asie , on remarque aussi que hi sommets igni-
ff^wtxkt au-desans des pitons non rolcaniqàes ,
dam b ebatne du Tiumu et b grande péninsule
da KatntsdUtika. En Europe y b même obsertation se
sontient : en France, par eiempb , les pays les plus élerés ,
t^ que fjéui^ergne et le Mottt-'Languedoc , -sont ceux qnt
pvéeentent des ¥okMft. LeSMtnnntés qui ont br61é depuis
le Bohtmah jusqn^an fimd de b €aiabfic y se distinguent
par leur aération dans b smte des Apennins. Le pbéno^
mène de T extrême élévation des yolcans se remarqué
dans les Mes «omme sur lesr deux continents. Ké-
cet ordre de faits annonce y par sa constance ;,
qu^fl est lié à des circonstances importantes.
Un autre ftdt non moins remarquable que le précédent y
et qm a beaucoup occupé les géologues qui ont cberché
à eopnakre b cause des feux rolcaniques y est b poshioA
de tons les '▼obsitts en actitité ai» voisinage de b meK
LerécBi tiers , h peu près, des volcans dobt b sKuatioU
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( »«*)
est bien oonnoe , $e trmvrftax «nr les fles dé tOttév», el
la plupart de ceux, qui composent ïmtÈre tien sobé sitoéi
au boitl de la mer ou à peu de diatanoe des côtes. Dsns
le dernier chiipitre, jereyieudraî sur ce phénomène , et
jç moairerai qu'il n^est cependant. pas. «MsloonsUBt qnen
le prétend génëralement.
Les rolcans dont les cratères roswsent encore de nés.
jours des laves, ainsi que ceui. dont les éhiptknis ont eesM
depuis les temps historiques , ne. sont jamsi» ou presque
jamais iisolés ; îk sont réunis par greupes, on disposes par
bandes ou séries , sur une ou plusieurs Ugnes , UmtAi paidr*
lèles y Untàt divergentes. « La géographie coniparée , dit
M. de Humboldt , nous montre, dun c&té , de pelitèar»
diipels et des systèmes entiers de montagnes volcaniqnfls
ayant leurs .cratères et leurs courants de laves ,
iles Canaries et les Açpres : de Tautre , des
cratères et sans courants de lave proprement dits , oomm»
les Euganeens et les sept montagnes de jBonis; «lôUeBis,
elle nous montre des volcans disposés par lignes ^sinspbS'
ou doubles , et se prolongeant à plusieurs ccotaines de.
lieues, tantôt. parallèlement à Taxe de la chaîne >
dans le GuatenuUa , le Pérou et JoiHi ; tantôt la i
perpendiculairement , comme dfuis le pays des jizièfmtf
où des monts de trachytes, qui vomissent da feu» atteignait
seuls à la hauteur des neiges* perpétuelles , et sont vrai-
semblablement placés sur uniç qtPTms^ qui tistreiee tout
le continent , sur une longueur de cent cînq lieues géo»
graphiques , depuis le grand Océan jusqu'à FOoésik.
atlantique,
« Cette réunion des volcans , e^t p^ groupes isolés.
et arrondis , comme en Europe , soit par bandes loofi-
tndinales , comme en Asie et en Amérique , démoiilre ^
de la manière la plus décisive, que les efietii Tolcaniqnes
ne dépendent pas de petites causes, voisines de la sarfrœ
de la terre , mais sont des phénomènes dont forjgiBe se
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( »*9 )
tiyMivë à ane gràncle profondeur dans Finiérieur du globe.
IPonte h partie orientale du continent américain , paurre
t!û métaux , est , dans son état actuel , sans montagne
l^iûrâoie y âm tnasse de trachyte', probablement môme sans
liAsalte avec olivine. Tous les volcans d'Amérique sonC
réunis dans la chaine des Andes , qui est située dans la
partie de oe eontinent opposée à TAsie^ et qui s étend ,
-àitoê le sens des méridiens , sur une longueur de dix-huit
^oents lieues: Tont le plateau de Quito, dont le Fichineha ,
\^ CoiofuM et le Timguragua forment les cimes , est
an seul féVer Tolcanique. Le feu souterrain s* échappe ,
lansAt par Tune , tantôt par F autre de ces ouvertures ,
que F<m s'est accoutumé à regarder comme des volcans
p«rtfeuliers. La raai^e progressive du feu j est , depuis
trois siècles y dirigée dir N. au S. Les tremblements de
tèffre* méÊÊÈe , qui eftusent des ravages si tefribles dans
cette partie du monde , offrent des {Meuves remarquables
de Texistende de communications souterraines ^ non seu-
lement avee des pays dét>ourvUs de volcans ^ fait connu
deplnis long-temps , mais aussi entre des montagnes igni-
rètoKs qui sont très-Âotgnées leé unes des autres. Cest
Bitlsi qu'en 1797 le volcan de PastOy à Test du cours du
Guajrtara , vomit continuellement , pendant trois mois ,
une haute colonne de fnïnée. Cette colonne disparut
à F instant* même ùh, k nue distance de soixante Beiieft,
le grand tremblement dé terre de Biobamba et F éruption
boueuse de la Moya firent perdre la vie à près de
quarante mille individus. L* apparition soudaine de File
Sabrina , dans F est des Açores , le 3o "janvier r^i 1 , fut
F annonce de Fépouvantâble tremblement de terre qui ,
bien f>lus loin y à F ouest , depuis le mois de mai 181 1
)usqu*en juin 181 a , ébranla , presque sans interruption ,
d'abord \es Antres y ensuite les plaines de VOhio et du
Mississipi , enfin les c6tes de Féhésuéla y situées du cÀté
opposé. Trenle jonrs après la destruction totale die lavillf
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( *^)
d« Caraâos , «riiva fexpilMÎoa ilv .Tolcan de Saûu^FimettUt
(le àe$ Peiùes^AniUks , ëloigoée de canl trenle lieues de
U ooBûrée oà s élevait cette cîtë> .Ao.méae moment ei
^eetle érnptk» tfvait Leu> le 3o fvril i8ik , im ianyl
youlerraîa ee fil^attencbe .e| ?^ffliidit.reQxiî dans tonte
fëtendae d'un pajjs de deftx. wUe .deax ce»ti lienet
çaftréeft. Les iMb^tentedesiiTeft def^^mr/, aa oonflaoït
du /&V)*/VM# f de «lévie ifiie:Oe«9^.^.k.c6te mavil^
coittpaiii^t.ce .liriiM»i*.ûebli ^^(rffod«#. la dMiaffe de
grosse» pièce» ;d*avlilie|iek. Oi*vy vd^pûft>^le confluent de
Bio^Nnta «t del'.4Spiu#ié )9sVi|aa foieif* de itoii6-^MMWif|
on eeniple iceAt «iiK|«iw>t»'^fl ii^am «a Jigpe dmie..Ge
JmtH^qnîcerteiiieBiM^M^erpr^W^^ par f air,
doit avoiren99 jtoe^e |Meii.|kTfH^ i^vPfsUtliwd de la lenra.
de la m^ def ^fUUks^ fn^Ax^ vj^Im^ en, <
.J4I Ï4M1S JW.pMl^wèW^ Iw foiOOi I
reinee e^maBifeOeet, i^itdy;p^oiD^ie«ip4^»,«B séii
«% ee ^imnlittt p9ir lot U;eii|blemçpti|de ten^^ aoil en po>
dviisent e4;en ofiéraftf .d|tifiifii<aof^ de».chengenieDU« |^
. lei lëniptkNEifr ,Txijkiii^4|«4q9'j tt». ê^flffpiot^eoX aussi que ces
ioroea agiflienii. ti^ pj» iHjipfrC^eJlefn^t da^ Tenveloffe
9«ipéri6Mre de k ^rrfî^^DffHt^à dofl. profondeurs imnM^y»
dllni^nu(érii9v49jiQti«,|4^|iVR^ par des.^^^vaaaes el do
filons noo-remplia ^ qtd oonduiaent aux Jpoùals de la sor&oe
de la terre le^. p)4s é)<Mg|[)é9^.i». (. Tableaux de êa Nature ^
^tc, , par JËlUnibpIilt j. ^>i|^ % , {»f^. 15.?.)
I^e mmbrp dea.vokiun^ hfo^lani^ à ]ia. surCm dn |^oU
est îmineK^i A>^ePc.coin||te açlpeUement troia cent tnusy
pam^i lesf uek oeni quatre viagi-quatorBe sont dans les fles.
Il s* eu &ut qu'on cohniùsse tous ceux qui existent. QBaot
ateTok^ftéteitau , ou en %nore k nouabre : qoei^pesen^
teurs prétendent qu'U dépasse celui des volcaiis en «otîniéi
fllttMm vfiil juteae )iisq« à^^tend» «ee 10^
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( «a' ).
Ugnes Ont eu une origine volcanîqiie. Cela n est rien moins
que prouvé ; mais il est constant que les recherches les
plus éclairées nous montrent de jour en jour le nombre des
andens volcans comme phis grand qu'on ne T avait cru
jusqu'ici. On ne peut , en France , faire des fouilles cin-
quonte lieues dans la même direction , sans trouver des
couches de laves. L'Itahe présente une quantité innom-
braUe d'anciens cratères et quatre volcans modernes se«-
lenMfnt. On c<mipte jusqu'à soixante anciens cratères en-
viron entre NapUs et Cumes : ces deux villes ^ cependant ,
ne sont pas fort éloignées l'une de l'autre. La Sicile , les
ttes de la Méditerranée, de T Archipel, de l'Adriatique ,
«ont le siège d'un grand nombre de ces antiques montagnes
brûlantes. Elles constituent le sol de YAscemkmy des
Scores y de Madère , de Smnte-Hélène j des îles du Cap*
^ert ; on en connaît aussi dans les tles Bourbon et Mou-
nce* Les grands Archipebde l'Asie en présentent danê une
partie de leur étendue. V Islande en renferme une mul-
titude, et Wze à douze seulement enignition. VAu9ergne
est toute couverte de ces volcans éteints ^ et n'en possède
pas un seul aujourd'hui qui soit en activité. Sur tontes les
hantes et longues chaînes du continent américain , oif trouve
des marques évidentes de l'action du feu à des époques
très reculées , et en général on peut dire qu'il n'y a pas ou
presque pas de contrées un peu étendues où l'on ne âisse
les mêmes remarques.
De nos jours, de nouveaux volcans ou plutôt de nouveaux
cratères se forment; ï Islande j en 1627, Bakou ^ dans la
presqu'île Sjipcheron^ en 1827, etc., en offrent des
exemples. ( 1 ) En général , il est d'observation que c^est
(1) Il panlt foe le« ookmaes .de £qu qui ont iorti ck terre , avec
im grand bruit , a la suite de violentes secousses souterraines ,
près le village de l/knutli, à i^ verstes à l'ouest de .SaA^oii ^
dans la mer Caspienne, ne proviennent pas d'un vukan, maia
16
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. ( 1" )
dans le8 lieux où se trouTent tfancieiu vesti^ de Ta^
lion du feu souterrain que se monlreat la plupart des
volcans bradants et de ceux qui apparaissent joumellenieiil
k la sor&ce du globe. Ce fait porterait à établir que la cause
première des phénomènes volcaniques nest rien menas
que passagère et acoidenteUe^ qu elle peut bien cesser
d'agir pendant des espaces de temps phis ou moins longs,
aiaia qu'elle n'en existe pas moins dans le sein de la terre,
et qu'il ne faut que le concours de certaines fcirconstanoes
lavot^^les pour détennîner dé nouveau s6n action.
Si Ton doit calculer ïcbetgîe d'un votcan d'après
ràmpleûr tt ta vaste étendue de sou cratèi-e , les volcans
jiteinU ont dû être sans comparhiàbn fXùk àcdfe «pie les
|ii<idemeë. Le vtBtère Ai yé$tu>e est trcs-peflt'; oomparatî-
vement à ceux SAstrum , de Gemro , du Uc SAvemcy et
des antres des Éh/impspM^gr^ni -^ les volcans éteints de
TEtat romain ^nt encére plus efrands. En" France , c'ett
dans le ^ifonds et le' f^élayt^oii trouve les traces lei
plus élehdUes de ces antiques éitiptîôûs. "Fanjas a recoara
une bande de terrain volcanique' tfe pr^s fe ttetsxa lieues Je
longoetu* èurqiiatre delargéuf^, ce i^ donne nne soAce
de ce«ft quatre lieues icai^es ; de siwtë qufe , quand o«i ne
•uppOéerait ^ à ce : terirstin une' pfoJSbbdenî'' de plus de
iOiiMte pieds , on atu^t encore niie masse asseï ceosîdé-
9aUe pour 'être bien s6r qu'elle n'a pu être' ^irodahe par
la ftision de rintérienf d*aùcune dies montagnes des ea-
Virona.
Pïresque tontes les' bontreès du' gl<^be pnétonteni des.vol-
iDai»s br^dUnts. L'Euh>pc»'eiii%)àfermè im pïus grand maa^
iM^q«'ontte]epeliiae.coùmùuëmânt. VItcdît elïUanii
•ont pcodoliM pa9.1lBi«mfeyitiQad?«B«#s tpisJuanliwaîNe ( g"
hy«kogène eirb^ié ). €« ne aenit ajon qtfua .pbénaniéae •■■-
kf uc à c*ux d«8 terrains -ardents, (.ÈalUtîn dBS •^edênces natm
•W/w et es Géol9gi4^ mai i^aS, p 44 j et aiars s8ag ,p. 3«6. )
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( ta3)
sont tst pi js oti il eiJste le ^m de bouches ifaivAme»-
Dans tout leoDatinent de T A^e ^ oa n en comiait qu'un asses
petit nombre en activité^ ce sont cewi dn Kamtschatka^
parmi lesqnéb ait ont des ënqptions presque aussi fré-
quentes que te Féktwè* U n'en est pas de même des iles qui
Tentourtet. lies toIwis » en effet , fourmillent , si je puis
m' exprimer ainsi ^ dans les îles KomiOeSy Mariannes, Phi-*
lippinei^ Tarehipel àe$ Mobtfues, Sumatra,, Java, etc.,
QuelquesHms^sont même gigantesques. Ces dernières iles
sont surtout Tentorquabk|s par la multitude de leurs bouches
ÔfHifdiiic» ; un ne conipte pas moins de trente^mit yokaans
an adhrité dans Ja^. Les navigi^teurs moAnties ea ont
reemmu dans bt plupart c(ç8 iles qui sont entre les tro^
^ficpÊè$, depuis fA6J|g)Usquaux.:c^tesoccidentfties<le FAmë*
rique.
Tout le continent d'Afriqui^ parait pri?é de volcans
acti&9 du m^ins t» relations des royage^rs ne mentionnent
que des soUàlares; mais 1^ iles qui .en dépendent pa ren-
ferment qneiqnes-uns. Cest dans une des Ca^wie$ qu^n
trattve celui qu'on nomme Pic de Téhérfffi, uu des plus
consiâéraUes : il a dix-neuf cent qijntre toises dVIératton;
c'est deox cents toises de plus que VEtna», ,et trois fois au
moins la hauteur totale, du f^ésu^e , ^qui n'est que d'enviri^
sa cents toises. Les iles de Bourbon, de l' Ascension et dn Cap^
Fert ont aussi quelques yoleansà cratères. Dans les v/çon?v,
en eu compte un .grand tiombré^ tant éteints que bràknes.
Cest un fiât géotc^iqne très remarquable que toute
là okte <^ievitile de J' Amérique , sur une étendue d' en-
viron deux mille lieu^ , naît que trois ou quatre vol-
eans assez médioeres (sur le golfe du Mexique) , tandis
que ses cèles oi^eoideatales en offrent ime multitude consi-
dérable, eCquî soiit les plus puissants de la terre. Le feu
soutcntamtseodbb , ipoar ainsi 4m , évoir concentré son
action sinr une 4igne qui traversé tfe vaste, continent du
Nord au Sud. Ceux du ChUi et du Pérou sont assez célèbres
i6.
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( 1^4' )
depuis qu'ik ont été décrits par le célèbre HunAoldt.
Ils oocapent une ligne, du 18® jusqu'au aa<» de latitude,
de près de sept cents lieues carrées > dont Quito est
à peu près le milieu. Dans les îles d'Amérique, on en
rencouU*e un grand nombre : depuis La Terre de Feu
jusqiinu Tropique du Capeer ^ tout est volcanîfié dans une
étcmlue de plus de deux, mille ëeues.
De même qu'il y a. des tremblements ^ de. terre sous-mA-
tins, il y a aussi des :Toiean8i£(»uf«f7iaitn5; On en connaît
dans ÏJmhipel Grec^ dims4' Apchipèl de» AçoreSy près de
\ Islande y sur la côte du KuniiJBchaékA\^ eteufLenr existence
est incontestable^ et- leuite éruptions^ soiilaccowpgnées des
mêmes phénomènns ique oell^s qni^on^ 'Uea.sur lea con-
tincnU; ils sont ^.A»r6cWvi«8Ci4icu)boniiu$;>àicansedela
difficullé de les observer. Ce aoni éuK qui donnent nais-
sance à ces lies que l'on vois sortir de lemps; en temps du
sein des mers. Les ëcrivaiusideirfintiqttilë {laidskit souvent
de ces pbénomèDes,>et(r.on'tM0re:dassr<finsalMm, Pline,
Justin , Cassiofiope > • Dknw .«(uspsiusrif . Phitarqiie , Sé-
nèque , etc. , des. détails tasam «lincoHilanci^s 1 sur k forma-
tion de plusieurs îles de l' Amliipél Gveov «Mifmiement
nommées les Cydades ; qui s'éudëtil .élevée^ du ioad de la
mer. . . . i. . . . u " i .» .
u Les célèbres îles de ÏMos et AeBi9fipk$j dit Pline le
tïaturaliste , sont, d3aprc6i ce qu?iifn'rapP**'**''''*^^ ^"*
lesfiotsj ensuite on en «1 vu? po^tne de» pkm petites, telles
qàJInaphé, au-d^ de \Melos) »i\5m^ entee lenmos et
l'Hellespont; j^/oiM, enite lebédos et ''Thé».^ Them ^
Therasia^ au milieu d»s fjoiadesyh^*^* nnnce de la i35»
olympiade ^ Jliera ou ^nto/wûtt',^ skuéo enM«lsddeux pré-
cédentes , et fovmée cent tiente ans «prèsi Be nerlre t^mps,
cent dix ans après, sonsile uonsulat de M, Jnnins Sdi-
nus et L. Balbus, le 8 avant les ides de pidlet (fan 19
de notre ère) , a paru Thia. » ( Pline , lir. 1 1 , diap. 38
et 89.)
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{ i»5 )
L*ile de Théra^ depuû nommée Sainie-Irine, et eikifin
Santonni , est. célèbre par le grand nombre d'éruptions
qui se sont soooédé autour d'elle et qui font successive-
ment agrandie. Yoiei , en abrégé , l'énumérationdes diverses,
révolutions qui ont eu lieu dans celte partie de F Archipel.
La 4*^ ansdede lai 1 35*. olympiade» cest-à«dlre deux
cent trente si^ ans avant Jiésui^hrist^ File doi Themsia,
( aujourd'hui Aspmwyd') scirtift da aein» des flots «I au mi-
lieu des fenxf Un délvoit* d'une demi^^Uaue la sépare de
Santorini. Cent irenle afaapfrèa, lan 106 anrant Jésus*
Christ y naquit tprcH. d'elie^XHibjiutinhatéj ttoà ^ depuis ,
ayant été coipacrés k .Vuleain<>> Ait plnS' connue «on» le nom
d'Miéra (6aovée)^.AptosiUfi lapé de «i^nt dii/ans , l-on^ de
Fère chrétienne ^ <iLse/om|a> sembliÉblenent une troisième
lie, nommée «I%ât, jbdeiiaLetade54>u. deux cent cinquante
pas dJffiéniif .(r^ye£ Pliney.^!»^ aiii; 8trabon> >liv. t. 5
Senèque, Quimtii ma/L^*f\ui, )c.>:i6.y et-vty c ak );L'«n 726,
il y eut de itt«l0ttte»;é«hptîiMiajda.ckndc6By de roeb^s em-
brasées,, etd'tune grandO'qn^tiAédé lavea, qui réunit TUa
a ifi^/u. £nis437 9icelle'ile s'acovutrencore, toujfniraavec
les mtinfteaftbmiotncnws. ilIfi.îmaÉrbre alerté près la.porte du
foriScamiy oth Soaui»^ à»mSanUknnii attesta l'événement
et sa date. Une sixième éruption , en 1 570 , donna une île
nouvelle, qù'qn.iiffdla^la PetUê^at»eni (i)» £n i65o,
une éruption^ mlfi|i|ef, 4i|ui|dura pcèi^ d!uae .année , tour-'
uienta de noni>)eaai.çea parage»^ Le père Kirober a f ait oon»
naître tous ies déiaiU defCettebéMption^ qui se fu ressentir
aaloin^ puiaqne iSvs^ma ei C^nsinnùnopk furent incom-
modées des cendres fui.s',étûient échafipëe&, dans de» tour-
billons de âammctty dasein de» eaux. Le .23 mai 17P7 ^
au lever du soleil, «ya vit «n mar, à une lieue des
côtes de filei de Santontdj un rûdaer flottant. Des mate-
(O C'ett-è-dire ; île Brûlée.
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( ià6 )
Ute tè j^rii^nt poar un b^Aent qtd ftUut se bruef y ei âsae
dirigèrent ten lui dans T intention de le ptter. Arrivés au-
près y el ayant Ta ce que c*^t, ik eiferem le eoftvage d'y
descendre , et ib «M rapp<Mtèrettt de b pierre-fKMoe el
qàeli{aeft bnhres qui y étaient adhérence. Le reoher n*ëtaii
VhliseiâblaUeiBent qa*niVe grinde maSète ée pattes qile le
tréihUènieilt dé ten^ <tui arait en Ken deiât fosns ai^
raVàÉIt avait détachée da hoé de U itter. Att bôM de
quetqtféftJofittrS) ilsefiiueifbliiiaakMiiÉnépélIte ile> du«kl
h gr^denr aiigAieitta de jmr en jottTi Le i4 j^ifiy ëUè
avait huit 6ent naièvi^ de drcnift , et s^ a htdt de kattt;
étte était roûéé éi forittée dnm terre blaUdhe ^ lé^^.
A cette (ipoqne , (a tiier eômmèéça k s'agiter , et 8 se <k
sentir dans ffle une ehaleiir qin en empéeba Taocès; une
fiw'te odeur de soulbe de répandit tout à Tenlonr. Le 16
^uillely on Vit paraître lOot prèa dili«6è|[»t k ttix*hmt rodim
Boirs^le iSyâ en sortit, pour ta ppciàftteo'fois» anefiàmée
épaisse , et^ohentènitit dèstei^itteilèiiis sdaterrains ; le 19 9
fe f^ Vsottiâiéoça è padttti«e ) ^ sM-îttiei^^
doeUement. Dans les nttiCs y Pile semblait ni AUfe qn'tni as-
sëhaMage de fonméaux qu» voteissaieM- des ^JAsaues. Son
Toltime s* accroissait^ et finfeelicM dev&at- ûKiilipponàUe k
SàMf^M. fia mer'boiifflodnaît :(Wieinbn4y et jetàtt mut les
c6te8 des poissons iMrls; tes^ bruit» è6/mfin¥^ àîadétA MiÊÊf
Màbles à de fortes décharges id antillNii» i le fâb ibMt
èe ûotivellé80tiveriures\ d'ojiilè6rtiiit'êèS'!^ili«adëeeiidPO
et de pierres etfflàafcttées, q<ii feWmihstelBt ^udtyfefô» k
plus de detiiiL lienea de di^nce. Cet' élat de <A<iaea Arfa
pendant un an. ( M^moim He i'J^aMmeik» Mri»tHpti$M,
tome 3; et Mémoires dti^Acùdéà^ dei'Seiene&8 ^ taasèt
1708.) - '
'£h 1767 j une nouveifo éruption eut Uèu èntne la
Pettie-Kameni et la Grande^Kamtrd (Hiéra).. Elle oom-
mença avec le mois de juin , et, après dix oudouse jornsde
travail, une ile nouvelle sortit dlins leToitioage delà PHke-
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( "7 )
UoÊÊMtd. Panâant quatre mcût ^ des phénom^es terribles sa
•oocédèreat ; des porttoas consîdéraUes de la Petite-Kameni
fiireot englouties^ mais d'autres se formèrent , et enfin une
seconde tk appamt , et Tint se réunir à celle produite en
join. Gb la nomma Xik IMrtiy àû la couleur de son sol«
Jusqu'à la 6|i de mai de Tamëe suivanie , le Srevail sou*
Urrain continHa ^ el^ le \&màj îlyçut uneëruptÎQn de
grosses pierres enflammées q«i s'abstttirent à deux milles
d€ ditfanoe. ( Vptr > pnwr plue de détaSs , la dissertation àt
M. Raspe^ imilulëe: Specim$fi Bhêorùt ntUwxdb Gipbi
termjtm , pnttifm ék noms i mari natis imsulis; la Cho*
fographie de ia GrèiXi par Mialte^Brun , aa tome i de sa
£%#xiyifeiinm/vdfe, elles plans de oesUeset dugolfe^
i^i^lfiTiiiyéigepinittwf^e'Aiaitpme, futU. deChoiseul*)
h^ 4éçpfïï9 i dfcovmtœdsns W quinsième sièoley som
x^flf^ à0 paMre volcanique ^etont présentée y k diverses
4|^oq9^> \» mémos 'pb^nonènes que f Ar^bipel grec.
Quatre ^nqpiiMi, ^^mtk t» lien dans un «stervaHe de
OQm $oixi««to-trtiae vêSy tri» près de Si-Mhkely la plus
gm^ de^ i}^ do oe groope j ont prouvé rexistenoe en
oçt endroit imi j^otea» «oiuhmerin» Le it join i638 ,
pendant no liekt tremUensent de ^erre ^ on Tît, non Imn
ile St-Jlficfktl y ifi$ flontoes et des bouffies do fîini<^ sortir
^ la m^t aillée ^ dos watièpes levrenses et des Moes de
roches, bn^ lai f eiP > retotebsÉent dans la mer , où as
s^pnageatenly ol peu après S se ferasa une fié qui arail
deux Uenesiet dettiie de longet plosde tfois cent aoiianto
pieds de bout.- Elle ne tarda pas à disparaîtrf complète-
nient. ( fFie^î^i^ MmJkUoh > ^i j 707 f CondoTro ,
iSm^ria deM.hhis $uf&ta$ 0 BoHufol , p. i^o ^ Kîndier y
Mund, aubtexr* , 1. 1 » U>. si , cep. la, p. 8^2 ^ Oossendus^
eb^a^iprîniri^ t. |]>p. loSo* ) Le 3i décembre 1719^
à Je flfuîte A'm grand liwmlilement de tem et des %yta^
tAiB0s tes .pbis flfio;aiila y il en naquit «ne nonreHe ^ntro
IpTfiHtii^ iSf dfaftff ; Jflg jtteit hffoonp do fimide , de
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( is8 )
cendres et de pierre-ponce ] un torrent der lave enflamliiéc
descendait de ses flancs escarpés } 1er fond * de la mer
Toisîne fut tronrë très chaud. La hauteur de File, qui
était d'abord assez considérable potir qu'on pût Taper-
ceroir à «ept ou huit lieues en méf *; bïiissa bientôt au
point qn en 1733 elle était déjà à fleur d'eau ; elle disparut
complètement le 17 norembre 1733. On dit que cette ile
était à douze milles et demi marins de la terre. ( D'AnviOe,
Carte d'Afr. , 1749; Fleurieu y Flore , i y 565$ Attunes ,
Voyage y (Londres , i735) , p. aS; de Montagnac y Mén.
de VAcad, dessciences de Paris , 1 7 2a , p. m; Codroudû ,
Comment, Bonon.j i y ao5.) Le capitaine Forster a laissé one
description de cette dernière éruption. {Mémoires de l'Aca-
démie des sciences y année 1721 5 PhiL ttansact» y 173^9
▼ol. XXXII, p. 100.) Pendant les mois de juillet et d'août
1810, St'Michel souffrit de violents tremblements de terre;
le 3i janvier 1811 , une secousse très violente, et bientâc
après une très forte odeur sulfureuse , annonça la rupture
du sol du c6té £. de File y vis-à-vis le village de Gineiasy
à deux milles anglais du rivage. De la fumée , des cendres,
de l'eau et des terres furent projeti^es hors de la mer;
la fumée s'élevait par grandes masses , à quelques centaines
de pieds , et les pierres lancées au-dessus jusqu'à deux
mille pieds. Lorsque ces dernières sortaient de F eau y elles
étaient toutes noires ; mais aussitôt qu'elles dépassaient les
colonnes de fumée , elles devenaient incandescentes. L'énqp-
tion dura ainsi pendant huit jours; alors elle cessa, et
on vit à sa place un banc contre lequel se brisaient les flots
de la mer , là où auparavant on ne trouvait le fond qn à
soixante ou quatre-vingts brasses. Une seconde éruption
eut lieu , le i5 juin de la même année, à deux milles et
demi anglais , à Fest de la première, et à un miDe de
terre, vis-à-vis le Pico dos Camarinhas ; alors parut une
lie qui avait un mille de tour et trois cents pteds de haut,
fille consistait en un cratère d*une forme agréable y qm
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( "9)
jutàentait une oayerture rers le S> £., doù sortait de Teau
chaude qui se rendait dans la mer. Le c«ipitaine.TiUardy
qui Tiaita cette île ^ le 4 juillet y. et T appela SaOnna , du nom
de sou bàtimeui , dessina cette vue ti^lle qu on l'apercevait
du rivtige f ain«i que le plan et b peFSpeclive de cette .ile
merveilleuse. ( Philosof, transact* of the royal Society ^
London y îov 1813 , p. iSi. } L|e consul anglais Read a
fait connaître qu eu octobve cett« île avait commencé à
disparaître peu à peu , et que > vers la fin de février 1 823 ^
on ne voyait plus que de, la vapeur sortir de temps en
temps de la mer, à Tendroit où Tile avait précédemment
existé.
Le singulier Potto de Itheo, près Filla-Franca j ressemble
en tout à Sabiina ^ et parait avoir la même origine. Les
vaisseaux y mouillent au milieu du cratère , et j entrent
par cette crevasse propre à tous les cratères semblables.
XiCs bords de ce cratère s élèvent à quatre cents pieds, et
sont formés ae tuf, et nou de substances compactes,
dans lequel des morceaux de lave , de scories et de ponce
se trouvent mélangés. Ou trouve un dessin de Potto de
Jtftco dans ÏHistory of tite Azores y 181 3, p. 8q et 8a,
de Thomas Ashe j et sur la belle carte de S,'Michel, du
consul Read. (Londres , 1808.)
Pendant le grand tremblement de terre de 1757 , qui
bouleversa File de S. George ou Saô-Jorge , et fit périr quinze
cents personnes ou un septième de la population , on vit ,
selon plusieurs témoignages authentiques y mais peu cir-
constanciés , dix-luiit ilôts sortir de ta mer à trois cents
toises du rivage. ( Me/vurede Mad/id , décembre 1757. )
Selon une . tradition portugaise , très obscure il est vrai ,
rile entière de Co/vo serait sortie de la mer h la suite
d^une éruption volcanique.
Le capitaine Kotzebuc a donné les détails suivants sur la
formation subite d'une ile dans le voisinage d' Ufnnak,
une des îles Aleutes, dans la région nord -ouest de
'7
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( i3o)
ÏAmérique. {Endeck. Beise, ii, io6.) Le 7 mai 1796)
M. KmdJioflPy a^ent de la compagne nuse-améncaine,
«e trottTail sur la pointe N. £. de Umnak ; une ten^iète
soufflant du N. O. ne permMait pas de voir en mer. Le
8 y le temps s ëclairàt^ on ?ît, à quelques milles dn riTage,
vue colonne sortir de la mer, et, vers le soir, quelque
^ose de noir s* élever au-dessous de la fîimée. Pendant
ta iktlit il sortit du feu de la' même place , quelquefois
«tec une intenaîtë telle qu'à dix milles du lieu de Fémption
on distinguait parfiûtement tous les objets. Alors un ttem-
Uement de terre , accon^agnë d*un bruit effroyable qui
fut rëflédii par les montagnes du sud , ébranla tout le sol;
f île naissante lança des pierres jusques sur Umnak. Le
tremblement de terre cessa au lever du soleil 5 le feu di-
minua y et on vit paraître la nouvelle île, d'une couleur
noire et d'une forme conique. Un mois après, M. Krînck-
boffla revit : ^e était plus élevée; pendimt tout ce temps
eDe n'avaft cessé de .vomir du feu. Depuis cette ^'poque
eSe paraît encore avoir acquis en circonférence . et en
hauteur ; mais les flammes ont été en diminuant. £lic
ne lançait plus ordKnairement que des Tapeurs et de la
feunée ', quatre ans après, celle-ci même disparut. Enfin,
buit ans plus tard , en ido4 t des chasseurs visitèrent celte
fie ; toutes les eaux étaient à une température élevée, et
le sol si chaud que, dans beaucoup d*.endroits, il était
impossible de marcher dessus. Un russe dit que sa cir^
conférence , qui avait encore augmenté , était de deux
milles et demi, son élévation de trois cent cliquante pieds;
que le fond de la mer était parsemé de pierres jnsqa^à
une distance de trois milles. Depuis le miUeu de la hauteur
jusqu'au sommet , il trouva le sol chaud , et la vapeur qui
sortait du cratère lui parut d'une odeur agréable ( peut-
être à cause du pétrole ). A quelques centaines de brasses
an N. de File , se trouve un rocher élevé, en forme de
colonne , qui avait été vu parCook et ensuite par Tamnal
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C i3. )
S^tntacliew. $<ni élëvatioii , si on la compare à sa ctr*
confërenee , est vraisemblablement plus considérable qu'on
ne tient de Tindiqner 5 elle devrait être de quelques milGers
de pîeds : aussi Langsdorf dit qu'elle paraît d'une hauteur
moyenne. Lorsqiie' ce vorageur râpèrent ^ le 18 aoùl
1806 ; «m voyait sur sa partie N. O. quatre cAnes disposés
en ëdielons ; le plus grand avait de tous cAtës la forme
d*nne colonne , et s'élevait perpendiculairement. {Langs^
dorff*s Rdst y ii , aog. ) Elle fut encore visitée , en avril
1806, par de» voyageurs partis ^Unala^hka. (Elle est
évidemment située à. quarante-dnq werstes à FO. de la
pointe septentrionale de celte fle ). On employa six heures,
pont en faire le tour en ramant y et un peu plus de cinq
heures pour arriver en droite ligne du rivage an sommet
du pie. n hràlait iù o6té du nord , et il en sortait une
Lite molle qui coulait depuis te soaunet jusques dans là
mer. Du o6té du sud, le sol était iroid et plus uni. On
remarquait sur les flancs de la montagne beaucoup d'ou-^
vertures et de créfvasses lançant de grandes quantités de
vapeurs qui déposaient du soufre. On s* apercevait eneore^
à cette époque, que Ttle continuait à erottre en circoit*
fét^Uce et' lé* pic en hauteur.
' Vers la fin de Tannée 1780 , il dix lieues de Reî--
kianessy sur la c6te 8. O. de F Islande, des flammes sor*
tirent pendant plusieurs mois de la mer y et on vit une
fle s* élever. Cette île jeta des flammes et des pierres-ponces ^
mais elle disparut bientôt. Aussitôt que ces flammes cessèrent,
la grande éruption de Skaptaa-Jokul eut lieu. Pendant
œ temps y une grande quantité de ponee (ut lancée sans
interruption sur les rivages de GuUbringe et du Sna^
JùdU-SysseL (Mackensie, Travdsy p. 565 ; M. de Lœvenœnii
LeUrt sur niè nouvelle 'y Copenhague^ 1787.)
Le KanUsehaika a été témoin , à plusieurs reprises , de
{Aénomènes semblables ^ la dernière éruption connue est
œUe du 10 mai i8i4 ; qui domia naissance à une petite
"7-
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( i3a)
tle qui Tomissait da bitume par* plusieurs ouTerturcs.
( Jnnals of J hiiosophy , 1 8i4. )
Par les exemples que' je viens de citer , on ne peut
donc révoquer en doute que le fond de la mer nw soit
couvert de bouches ignivômes* comme les continents, et
que le feu n agisse avec autant d'intensité dans ces pro-
fondeurs que sur nos côtes : seulement, en raison de la
situation , ces pliénomènes volcaniques ont été moins souveot
et moins bien observés.
Je devrais , à la suite des considérations que je yiem
de vous présenter sur la position géognoslique et la gca*
graphie physique des volcans , vous faire connaître tooi
ceux qui sont actuellement brûlants à la surface du globe;
mais, comme ^ette question est purement de statislîqoe,
et qu elle m'entraînerait dans de trop grands développe-
ments qui ne seraient pas ici to«t-è-fait à leur place ,
je préfère la renvoyer à la fin de cette dissertation. Je
donnerai alors le recensement 'aussi complet que possible
des volcans actifs , avec quelques détails sur les phénomènes
les plus intéressants que chacun d'eux présente en partît
culier.
Chapitre IV. — Phénomènes que présentent les volcans
dans leurs moments d'actwité et dans leur état de repos.
Nous voici arrivés à la partie la plus intéressante de
r histoire des volcans : je vais décrire les phénomènes à
la fois majestueux et terribles que présentent ces mon-
tagnes brûlantes ; j'examinerai ensuite ce qu'elles offrent
de particuUer dons les moments de repos qui séparent
les éruptions.
J'ai dcHni , en commençant cette dissertation , les dif-
férentes parties qui composent les montagnes volcaniques,
c'est-à-dire ce qu'on nomme vulgairemueutyc^^r^ cheminée y
cratère. Je compléterai ces définitions par qudques mois.
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( i33 )
Une montagne volcanique a la figure cTun cane droit,
tronqué h une certaine distance de la base , de sorte
que celle-ci est beaucoup plus étendue que la cime ou
le vertex. Le cône tronqué s'appelle cratère externe , ou
seulement cratère. Cependant , lorsqu'on arrive à son
sommet, on trouve une cavité de forme conique , large
à son embouchure , et qui se resserre vers son fond 5 on
rappelle entonnoir , cône reni^ersé ou cratère interne.
Dans les volcans très anciens, le cratère interne est
quelquefois changé en lac (i); d'autres fois, rempli de
matières qui sont tombées des parois , il s'est transformé
en une plaine.
Le sommet des volcans actifs est sujet à des variations
contmueUes } les matières re jetées peudant les éruptions ;
et qui retombent perpendiculairement sur le cratère, en
augmentent meessamment la hauteur, tandis que, d'un autre
côté , des éboulements partiels tendent constamment à la
diminuer. Les grandes éruptions font toujours varier l'état
du cratère; elles F agrandissent , en faisant voler en éclats
ou en précipitant dans l'intérieur de l'abîme les parois
qui avaient fini par en obstruer l'ouverture. En 1660 ,
d'après le père Kirpher, une éruption violente du Fésu^e
enleva un chapiteau qui avait été plusieurs années à se
former , et qui avait donné beaucoup de hauteur à la
montagne. {Monde souterrain y chap. III. ) Avant 1822,
ce volcan avait quatre mille deux cent cinquante<leux
CO Les lacs de Castello Gandolfo , de Nemiy de ValVAricia,
de Juturna , de San-Gluliano , de Gabri , de la Solfatara près
Tivoli, deBaccano, de Bracciano, de Laga-Mërto, d'jinagni ,
tous dans la campagne de Home , ne sont autre chose que les cra-
tères d^anciens volcans . qui ont servi de réceptacle aux eaux plu-
viales. [Pantogramrna . ou f^ue descriptive de la campagne de
Borne, par F. Ch. L. Sicklcr^ in-80, avec cartes et vues. Rome,
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( «34 )
pieds de baateur : depuis il en a perdu huit eentt. Le eratère
n avait que cinq mille six cents pieds en ciroonférenek^
et à présent il a trois milles et demi de tour et quinte
cents à deux mille pieds de profondeor. La montagne
a recommencé k élcTcr de la fumée dn fond du cratève.
( Edinb. Joum. qf sciene ; juillet 1827, p. 11. ) VEtnm
présente également de continuelles Tariations dans la forme >
la grandeur et la profondeur de son cratère , ainsi quon
le TOVI par les mesures qu*en ont données , en différents
temps , les auteurs qui Tont étudié. U s'est écroulé à 4BveHe»
reprises , comme en ti&^f iBag, i444 9 1669, etc.,
après s* être reformé en s^élerant peu à peu à la suite
de nouvelles éruptions. Mais la grandeur du cratère interne
n est pas toujours relative à^lïelle du volcan qui le supporte;
ainsi , le volcan de Fulcanô , Tune des îles EoUennes ,
qoi ne s élève qu'à huit cents mètres au-dessus de la
Méditerranée , et pai* conséquent an septième de U haulenr
de VEtna , offre un des cratères les plus grands après
ce dernier. Le Pic de Ténériffi ne possède qu un cratère
très petit, quoique les laves qu'il a vomies aient couvert
file entière et produit une moptagne beaucoup |^ns élevée
que XEtna. Le plus vaste cratère connu jusqu'à présent
est celui du volcan de Kiranea , dans les WesSand^Mdi;
il a plus de deux lieues de citt^onférence. Il n est pas
moins remarquable par sa situation ; il se tttHive au milieu
d*une plaine, et , dans son fond , qui est immense , bouil-
lonne une mer enflammée. ( Norih-Amtncan Ret4ew, el
Betme àriiannùfuef 10* numéro, p.'i430
Le cratère des volcans actifs n'est pas toujours penna-
nent : souvent il se ferme après chaque éruption. H n est
pas non plus constamment placé au sommet de la ÉDon-
ta^e : quelquefois il est sur les flancs. Quelques Tolcans
ont un cratère sur la cime et un autre latéral ^ d'autres en
ont plusieurs sur la cime -, enfin , il en est encore d*aQtras
qui, quoique ayant des courants de laves, ne présentent
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( i35 )
liucune trace de yrai cratère. StromboU a sur la cime uti
cra^re eontînaelleineiit en action 5 le Fésuve et \Etna ont
sar la >ciine un cratçrc qui se montre actif en même temps
que le* éruptions latérales 5 le Fie de Ténénffk a sur sa
cime un cratère éteint , et rentre ainsi dans la classe des
▼olcans dont le cratère est comme transitoire ', sa dernière
éruplim était latérale. Le mont CoUma y an Mexique j a y
sur la cime y deux cratères qui Tomissent en même temps
de la (nmée et des laves. h'Antisaruiy dont les éruptions
sont Qonnues., n'a point de cratère à son sommet. Il en est
de ffiéme pour le Kiffer y situé dans T intendance de Yera-
CnUy et pour XEpoméOy aujourd'hui Tripéta. Souvent , sur
le penchant des collines qui ont des éruptions latérales y il
se fonnf9ides cratères d'éruption y ce qui produit des mon-
ticalâs plus ou moins élevés. Ainsi se formèrent ^ su» XEtna,
le Mon$fi'NegrOy en i536, et le Monie-diossoy en 1669.
Suivant Breislack^ en 1794.7 quatre cratères d'éruption
s'élevèrent sur le f^ésupe. II. se forme aussi des ouvertures
d'éruption y comme au Pic de Teyde y à ÏEpoméo, an
Viêsm^e , et à d'autres volcans ; ou hien des cratères
profonds se forment, et surpassent en grandeur Toti*
verture de la cime , comme la Chahorra à Ténérijfe , qui
est cinq fois plus grande que le cratère de la cime du Pic.
Ces fentes ne se produisent jamais dans une autre direction
que celle quiv suit exactement la pente du cône y depuis
le sommet jusqu'au pied. (Brongniart, Dict. des Sciences
natwvilesy tome 68 , p. 896. )
Les éruptions volcaniques sont ordinairement précédées
et accompagnées de phénomènes aussi surprenants que
terribles. Je vais essayer d'en donner une idée aussi
exacte que possible , d'après les observations recueillies par
différents naturalistes qui se sont occupés de ce genre de faits,
et qui ont été témoins de ces convubions remarquables de
la nature.
Les phénomènes volcaniques proprement dits sont en
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( i36)
88862 grand nombre. Les uns sont généraux y c estè-Jône
qu ils sont communs à tous les volcans ; d'autres ne sont i|iie
pattieU , c'est-à-dire qu ils n« se présentent que dans idle
ou telle localité. Parmi les premiers, on doit ranger les
tremblements de terre et les bruits souterrains , le rejet
de matières fondues ou de laTes , de matières solides et pul-
yérulentes , le dégagement de gax ou de vapeurs : parmi les
seconds y les changements dans la forme du sol , les sou-
lèvements de terrains et lapparition de nouvelles îles , les
afiaissements et engloutissements de terrains , les fentes et
crevasses dans la superficie de la terre, les cbangemauls
et phénomènes dans les eaux courantes, dans les sources,
dans les rivières et dans les eaux de la meaty le rejet de
matières liquides ou boueuses , de bitume , etc. Je vais
jeter un coup-d'œil sur ces divers phénomènes, et rappeler
ce qu ils présentent de plus intéressant.
Phénomènes génétmix,
§ I. Tremblements de terre. Bruits souterrains. Il est im-
possible de ne pas reconnaître une connexion intime entre
les volcans et les tremblements de terre , car les éruptioi»
volcaniques sont accompagnées ou précédées de commo-
tions plus ou moins violentes , plus ou moins étendues -, et
Ion a vu beaucoup de volcans apparaître à la suite des
secousses qu éprouvait une contrée voisine, ou même
éloignée , du lieii ou le feu se manifestait pour la pr«nièffc
fois. Mais on doit distinguer deux sortes de treinl>lement$
de terre : les uns , restreints à un petit espace , semblait
propres à un volcan 5 leurs secousses ne s étendent pas as-
delà de quelques lieues , et leurs paroxtsmes paraissent lifs
avec ceux de ce volcan : les autres , plus étendus , se fbat
sentir à des distances souvent considérables , elsepropi^t
avec une vitesse incalculable : souvent des contrées très
éloignées les unes des autres sont remuées violemmeat et
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( i37 )
'fxxne maïklère simultanée. Ces derniers sont souvent alo»
Ittdëpendants des phénomènes volcaniques , puisque de gran*
dés chaînes de montagnes ntiReméTit volcaniques , comme
les Alpes ^ par exemple , en ressentent tr^s fréquemment;
' mais, dans té plus grand nombre des cas, cependant, on
"|)ent avancer qu'ds tiennent k la même cause. Lors du trem-
Mement qui renversa Linm , en 1 746 , et qui , au rapport des
observateurs, fut un des plus terribles que Ton ait ressentis^
il s'ouvrit quatre volcans dans la même nuit, et aussitôt après
le'càlîne reparut. (Ulloa, Foyage en Amérique). On ob-
• sei^e généralement que les tremblements de terre se termi-
toit par une éruption : ainsi est-il arrivé à Lima , comme je
' tiens de le dire à T instant ; près de Pouizole , dans le royaume
de Naples, lors de la formation du Monte-Nuoi^o , en i538j
au Mexique, en 1769, lors de F apparition du JoruUo -y à
Samt-- Fincent y une des Antilles, où le Morne •Garou fit
éruption en 181 2 , après que Ttle eut éprouvé des secousses
souterraines pendant plus d'une année , etc. , etc. Quelque-
fois, cependant, il arrive que les commotions souterraines
persistent après la formation d'un cratère : témoin ce qui eut
lieu, en 1780, dans lile de Lanceroie, une des Canaries,
où, après que F éruption, eut cessé, le tremblement de terre
continua encore pendant des années.
lies tremblements de terre sont des phénomènes aussi
extraordinaires que les éruptions volcaniques , et à ce
droit ils mériteraient de fixer notre attention; mais je
me contenterai , et cela suffira pour le but que je me
propose , de vous avoir fait remarquer les grands rapports
qui existent entre les uns et les antres. Ainsi j'omets à
dessein de vous entretenir , et des effets prodigieux que
ces conunotions produisent , tant à la surface des continents
^e dans les profondeurs des mers , et de la rapidité mer-
veilleuse avec laquelle les secousses se propagent , et d'une
foule d* autres particularités aussi intéressantes. Les ouvrages
des natoraliste» et des voyageurs sont remplis de détails
18
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k oet égard (i). Presque toujours ces trembtemenU sont
précédés par des bruits sourds , semblables à celui du canon
ou au fracas des voitures roulant sur le pavé y par des otn-
gissements souterrains ^ sans aucune direction déterminée.
Les terribles tremblements de terre qui eurent lieu , en 1 746, *
h Lima, en 1783, à Messine, en 181:2 , à Caraccas , furent
précédés par des bruits souterrains très-forts. Les éraptions
volcaniques soiit également annoncées le plus habitudle-
ment par de pareils pronostics, u Dans quatre voyages que
u je fis sur le cratère (du Fésiu^) au mois de mars (181 5) 9
(c ditsirHumpbry Davy, j'avais appris à estimer la violence
(c de F éruption d'après la nature de la détonation : un
(( tonnerre souterrain très sonore et long-temps continué
(C annonçait une explosion considérable. Avant F éruption,
(1) Voir les Mémoires sur les tremblements de tehne, par Bff-
traud; la Collection académique, t. 6; le Voyage cTUlloai en Amé-
rique-, le Voyage, dans les Deux - Siciles , par SpallamaBÎ j lf<
Institutions géologiques y par Breislack; les ouvrages de Deluc, de
Dolomicu, d'Hamiltou, de M. Humboldt, etc.
Voir aussi Von den Ursachen der Erdbeben , etc. : des Causes
des tremblements de terre, et des phénomènes magnétiques; deux
mémoires couronnés , par F. Kries ; ia-80 , Leipzig, 1827.
Tremblements de terre, par M. Muncke; (Phjsikalisch Wor-
terhuch , de Gehler , revu par Brandes , Gmelin , Homer, Mande
et Pfâff î 5e vol. , 1817 , p. 800. )
Catalogue des tremblements de terre , des éruptions volcaniques
et de phénomènes semblables depuis iSai , par M. de Hoff ; ( Ann,
der Pliysik von Poggendorf; ?ol. 7 , p. 169 et aSgj et vol. 9,
cah. 4 . p. 589. )
Essai dun Catalogue chronologique des tremblements de um
et des éruptions volcaniques , depuis le commencement de notre
ère, par M. Cli. Kefers.ein ; ( Teutschland geolog, Uargestallt i
vol. 4 , cab. 3 , p. a8o, 1827, )
Annales de Chimie et de Physique de chaque année depuis 18 »5.
Bulletin des Sciences naturelles et de Géologie , sous U diivctioo
de II. de Ferussac ; 1823^1839.
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(«39)
« le cratère paraissait parfaitement tranquille , et son fôncf^
« sans aucune ouverture apparente , était couvert de cendres.
« Bientôt des bruits sourds et confus se faisaient entendre ^
« comme s'ils venaient d'une grande distance : peu à peu
« le son approchait, et ressemblait bientôt à celui d'une
« artillerie qui aurait été sous nos pieds. Alors des cendres
« et de là fuàiée commençaient à s'échapper du fond du
<f^ cratère : enfin la lave et les matières incandescentes étaient
*^ profelées avec les plus violentes explosions. Je n'ai pas
« besoin de dire que , quand fêtais sur le bord du cratère,
« étudiant le phénomène, le vent venait de mon côté et
w soufflait avec force. Sans cette circonstance , il y aurait eu
M du danger à y rester. Toutes les fois que l'intensité du
« tonnerre m'annonçait une explosion violente, je m'éloi-
u gnais toujours, en courant aussi vite que possible, du
« tiege du danger. » (Sur les phénomènes dès volcans , par
8Îr H. Davyj jinnales de chimie et dé physique y t. 38^,
p. i33.)
Ces Bmits, ces détonations, se font quelquefois entendre
à des distances considérables. Les mugissements souterrains
du Colopaxi s'entendirent, dans F éruption de i744> )^*-
qu'à la distance de 220 lieues. Les détonations qui accom-
pagnèrent la violente éruption du Tomboro^ dans l'île de
Sumba^vay en 181 5, s'entendirent à Sumalta, distant de
la montagne , en ligne droite , de 3oo lieues. Les explosions
qui annoncèrent, le 27 avril i8r2, la première éruption
de cendres du volcan de S.-Fincent CÂntilles) , ne panu'ent
pas plus fortes aux habitants de File que celles d'un canon
de gros calibre : ces explosions , cependant , furent parfaite^
ment entendiKS sur le Rio -Apure, au confluent du Bio-
Nuîa , à 210 lieues du volcan , c'est-à-dire à la distance du
Vésuve à Paris. Le bruit paraissait si bien transmis par l'air,
qu'on le prit pour des décharges d' artillerie , et qu'il donna
lieu , sur beaucoup de points du continent d'Amérique , k
des dispositions militaires. (Humboldt.)
18.
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( i^o)
5 II. Eruption des laides. Ce qui caractérise prindpalenient
les éruptions volcaniques y sous toutes les zdnes y c est
le rejet de matières de nature terreuse tenues en fusion
à Faide d'une haute température. On a donné Tulgaire-
ment le nom de laides , du mot allemand Imifen ( cookr
ou courir ) , à toutes les matières qui sortent d*an cratère
sous cet état de tluidité ignée ^ mais on conçoit ûcUe-
ment que cette dénomination , sudisante quand on croyait
que toutes les laves se ressemblaient sous le rappofrt de
leur composition minéralogique y ne représente plus main-
tenant à r esprit qu'une manière d*étre commune h toutes
les roches fondues par Faction volcanique y et non une
espèce de roche déterminc'e minéralogiquement. Ansn,
plusieurs géologues très distingués , notamment MM.
Cordier, Poulett-Scrope, BrongniartyUngem-Stemberg(i),
ont-ib fait disparaître cette expression de leur oo-^
menclature , et donné des noms différents aux diversef
variétés de laves rejetées par les bouches ignivimes. Quoi
quil en soit, on conserve encore cette qualificaiion de
laides dans le langage descriptif, pour désigner coUedi-
vement les diverses matières sortant d'un cratère avec les
caractères que j'ai indiqués. Il suffit de savoir le sens
qu'on doit y attacher désormais.
L'aspect des laves , à leur sortie des entrailles de h
terre, la chaleur élevée qu'elles possèdent, ont ùàl penser
de tout temps aux observateurs que ces matières étaient
toujours à l'état de fusion complète dans les profondeurs
du globe. Quelques hommes , doués d'un courage plus
qu'humain , ont été assez hardis pour s'exposer jusque
sur les bords fragiles de ces bouches^, vomissant le feu
(i) L'ouvrage très intéressant de ce dernier géologue e^t intitulé .
W^rdên und Séyn des vulkaniachtn Oehirges : Nature des Roches
polcaniques; in-8°, de 3^0 p. , vrét ft table». CarUrube, i8«S,
Briun.
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( i4i )
et la mort j afin de porter un coup d'oeil scrutateur dans
ces ténébreuses fournaises de la nature. Tous disent avoir
TU la laye dans un état de liquidité et d'incandescence
semblable à celui des matières métalliques que nous
soumettons à Faction de nos fourneaux. Le célèbre ar-
chitecte Soufflot se fit suspendre , en 1750 , dans l'in-
térieur du cratère de ÏEtna , à laide de longiiies cordes
attachées aux bords mêmes de la cavité. Un éréque
anglais se fit aussi descendre , il y a à peu près soixante
ans y sur un rocher qui faisait saillie dans le Fésuve : il
▼it ; dans le fond du gou(&e , comme un lac de feu sur
lequel voltigeaient des flammes bleuâtres. Spallanzani
étant monté y en 1788, à la cime de \ Etna y dans un
moment où le volcan était parfaitement tranquille , put,
entrer dans le cratère : au fond , il vit une ouverture
June trentaine de pieds, d'où s'élevait perpendiculaire-
ment une colonne de fumée très blanche , qui pouvait
avoir vingt pieds de diamètre dans sa partie inférieure.
S' étant approché du bord dans le temps où la colonne
• était poussée par le vent dans un sens opposé y il aperçut ,
au fond de F ouverture , une matière liquide y embrasée y
^ avait un mouvement d'ébuUition très léger; on la
voyait descendre et monter presque jusqu'au cratère ;
c'était de lave. Les pierres qu'on y jetait faisaient en*
tendre un bruit pareil à celui qu'elles auraient produit si
elles étaient tombée» sur une pâte. Le même naturaliste
a pu de même apercevoir F état intérieur du cratère du
StrqmboU : la lave présentait le même aspect , avec cette par-
ticularité qu'elle était dans une agitation continuelle asses
violente. ( Fqyagc dans les DeuxSicUes , chap. vui et x. )
Lorsque le cratère d^un volcan est assez bas pour que
la lave puisse s'élever jusqu'à ses bords y alors elle
dégorge au dehors par la partie la moins élevée de F ouver-
ture ou par celle qui lui oppose le moins de résistance ; et
produit c^ courants qui descendent du sommet €(n c6ne. vol-
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( i40
Canîque jusque dans les plaines enrironnantes^ portant arec
eux r épouvante et la destruction. La lave, à sa sortie, a une
liquidité pâteuse y qu on peut très bien comparer à ceDe
des scories qui s* écoulent sur la dame des hauts fourneaux
où Ton réduit le fer. Quand , au lien de déborder parle
cratère , elle s'échappe en petite quantité par une oo-
▼erture latérale de la montagne , on dirait une masse
pâteuse qu'on force à sortir du vase qui la contient , en
exerçant une forte pression sur elle.
Les courants de laves s* avancent , en suivant les inéga-
lités du sol^ avec une rapidité qui dépend de placeurs
causes, de leur fluidité, de F inclinaison du terrain , des obs-
tacles accidentels qui peuvent s'opposer à leur cours, et du
choc qu'ils reçoivent de la matière nouvelle qui s'épam^
de la fournaise. Suivant les modifications qu'apportent ces
circonstances , les laves mettent des journées entières pour
s' avancer de quelques pas, ou bien parcourent des distances
considérables en fort peu de temps. Les courants de
Y Etna font ordinairement un trajet de quatre cents mè-
tres par heure, sur un terrain incb'né. Dolomieu en cite
un qui a mis deux ans pour parcourir trois mille huit
cents mètres. Un autre, sorti de Y Etna en i6i4, se
dirigea sur Randazzo : pendant dix ans que dura Tirrup-
tion, il eut toujours un petit mouvement progressif, et
cependant il n'avança que de deux milles. M. de la Torre
a vu des courants , au Fésm^e , avancer de huit cents
mètres dans une heure 5 Hamilton en a observé un qui
faisait dix-huit cents mètres dans le même laps de temps:
dans l'éruption de 1776, on en vit un parcourir plus de
deux mille mètres en quatorze minutes. M. de Buch ,
présent h Féruption de i8o5, aperçut un torrent de
laves s'élancer de la cime avec une rapidité extraordi-
naire 5 en trois heures de temps, il fut près des bords de b
mer, à plus de sept mille mètres , en ligne droite y du point
de départ. ( De Buch , Bibliothèque Britannique , t. 3o.)
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( i43)
La surface des courants ne tarde pas à perdre sa
fiuiditë et sa haute température : elle noircit peu à peu
par le contact de T air, et se solidifie complètement^ c'est
la première partie de la masse qui se refroidit 3 les pluies
et les cours d'eau de toute espèce en accélèrent le
refroidissement. "Quand les courants rencontrent des obs-
tacles, ils s'accumulent et forment dans ces endroits des
lacs de matières fondues, dont la cbaleur se conserve
pendant plusieurs années. La lave de VEtna , de 1669,
était encore chaude au bout dé huit ans ; d'autres fumaient
encore sur la même montagne vingt-six ans après leur
sortie de la bouche volcanique. Hamilton ayant jeté des
morceaux de bois dans les fentes d'une lave du Fesupe
sortie depuis trois ans et demi , et éloignée de deux lieues
du cratère , cette matière combustible prit feu subitement.
D arrive souvent que, long-temps après que la surfisice
d'un courant de lave est solidifiée , de manière à permettre
de marcher dessus, on voit sortir de l'intérieur un courant
de matières incandescentes , souvent même des flammes.
Le torrent qui détruisit en 1794 Torre del Greco oCnt ce
phénomène. Quelquefois aussi on voit, à travers des fentes
qui se forment à la surface , la matière encore brûlante
dans l'intérieiir. Dans les volcans qui sont situés près de la
mer , il arrive fréquemment que lés courants se dirigent
vers ses bords et coulent sous les flots , où ils ne se re-
froidissent qu'au bout d'un temps plus ou moins long.
£n 1669 , un courant échappé de VEtna, après avoir
formé le Monte^Rosso , dont la masse équivaut h celle du
F'esui^e , s'éleva au-dessus des murs de Catane , couvrit une
partie de la ville , et fut se précipiter dans la mer , où il
produisit le promontoire de la Sciam, ( Spallanzani ,
loc. cit. y I., p. 223. ) (i)
(1) ^^oD-ceuleinent les laves continuent à brûler long->temps
«près leur sortie du cratère, mais on a vu d'anciens courants se
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( lU )
Les parties supérieure et inférieure des tx>urant5 sont
ordinairement plus poreuses , comme je F ai déjà dit, que
les parties centrales , qui sont compactes. Cette règle n'est
cependant pas générale. Par le refroidissement^ toute k
masse se fendille , quelquefois en tous sens ; pendant tout
le temps qu'elle est incandescente et en fusion , elle émet
une grande quantité de fumée blanche , qui diminue à
mesure qu'elle se refroidit et devient plus pâteuse ; le
dégagement se renouvelle lorsque , étant dans cet état ,
on remue la partie supérieure et que Ton met à découyert
la lave contenue dans Tintérieur du courant. Ces vapeun
ou fumée n'ont pas toujours la même composition ^ elles
ne sont jamais formé^^ par de Teau pure; le plus ordi-
nairement elles sont dues à du chlorure de sodium su-
blimé y pur ou mêlé de chlorure de fer ; d'autres fois ^ avec
les sels précédents 9 il 7 a plus ou moins de sul&te de soude ,
de sulfate de potasse y d'hjdrochlorate de potasse , plus
rarement de l'oxide de cuivre. On j indique aussi des
sul£ftte et hjdrochlorate d'ammoniaque. Ces sels sublimés
ne tardent pas à se déposer aux environs du lieu où coule
la lave , et mcme sur les parois des fissures ou de la
croûte du courant refroidi ; on en trouve y du reste , tout
à Tentour du cratère , sous forme de matières pulvéru-
lentes de diverses teintes y car ces vapeurs accompagnent
la sortie de la lave. Les. sublimations du chlorure de
sodium sont quelquefois des plus abondantes , puisqu'on
trouve aux environs du cratère des masses non agréées
roQijner et reconsmencer à jeter des fumées et mêmes des flammes.
Dolomieu cite une lave de File d'Ischia, sortie en i3oi da cri-
tère de Crémate , au pied du mont Bupomeuê , qui prodnisaiit de
la chaleur et un d^sgemènt de vapeurs aqueuses et ■GÎd4>-«nUa-
reuses , lorsqu'il Tobseryait en 1785. ( Voya^ aux ilwtdû J^ipari,
etc., p. 33etÔAa).
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é
( «45 )
de ce sel de près d'un pied d^épaissenr. Le Fésmfe en
a rejeté .quelquefois des mniriwfii cMBidérables ; en i8a2,
surtout, il en a lancé une très grosse. M. Laugier, qui
a analysé de ces sufaGmations salées^ les a trouTées
composées ainsi qu'il suit ;
Sel marin • ^2,9
Muriate de potasse 10 »
Silice. •••••,•• 1 1 )i
Fer 4 »
Alumine 3 »
Chaux • I »
Sir U. Davy, qui , dans ses ascensions sur le Vésuve pen-
dant Féruption de décembre 1819 , janvier et février 1820 ,
▼érifia la nature de ces vapeurs blanches dégagées par
la lave y trouva une fois , dans One cavité , non loin de
la bouche ignivftme , un grand cristal coloré légèrement
en pourpre ; c'était du sel marin mêlé à une très petite
proportion d hydrochlorate de cobalt. C'est la première
fois , à ma connaissance, qu'on a signalé ce dernier se
parmi les produits volcaniques.
D'après tout ce que je viens de rapporter , on voit
que la nature de cette fumée peut varier à l'infini , et
qu'elle se rapproche de celle qui se dégage des cratères et
des fissures volcanique», quoique celle-ci ait d'ailleurs une
composition plus compliquée , conmie je l'indiquerai plus
bas.
Les masses de laves qui sortent des voIca^Eis sont im-
menses; l'esprit est ef&ayé de cette quantité prodigieuse
de matières fondues qui doit se trouver dans les entrailles
des montagnes brûlantes , pour fournir des courants aussi
considérables que ceux qui descendent du haut des cratères.
»9
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< «46 )
La lave qui «6rtk du Fésui^e^ en 1737 , fat cdcolée, par
Serrao , à ^A^^y^^ toises cabii(aes. Breisiack , qui a
donné une description de l éruption de 1794 9 q^ détruiât
k ville de la Torre dd Greco , a calculé que la lave qui
dégorgea alors du Fésiwe par deux points difierents , arail
a,8o4 944<> toises cubiques. Ces masses ne sont rien , si
on les compare à celles que vomit YEina. Dans T éruption
de 1669, qui coûta la vie à 17,000 personnes dans Caiane^
et à plus de 60,000 dans la Sicik , ÏEtna couvrit de sa
lave un espace de quatorze milles en longueur sur six milles
en largeur, par conséquent quatre-vingt-quatre milles cairés
de surface : si on multipHe ce nombre par la hauteur de
la masse , on obtient un total qui effraie Fimagination. Un
courant a couvert, en 1783, dans X Islande , une étendue
de vingt lieues de long sur qHsti^ de large. Qu'on juge ,
d'après cela , de l'intensité d'action des volcans du mouvean
monde , dont les ravages se font sentir à plus de quarante
lieues à la roiide. Pour ne citer qu'un seul exemple, je
rappellerai que le volcan de Swnbawa , dans les Moh^ueê ,
couvrit de ses cendres une partie de Tile de /oms , qui
en est à {dus de cent lieues.
Quand le torrent de laves s'est frayé une issne hors es
volcan , il diminue peu à peu, et l'éruption se tenuoe
ordinairem^it par une apparition de matières pulvéru-
lentes dont je parlerai bientôt. Il n est pas rare de vw
des érapti<ms sans laves. Lorsque cela arrive, la montagne
volcanique éprouve presque toujoprs un bonlewnement
complet et un abaissement sensible de son somanet. Da»
les Andes j des montagnes ont perdu jusqu'à la cinquième
ou sixiènijQ partie de leur hauteur ; mais , dans ce cas , U
base régalait oe que le sommet perdait. A Jta^ , k
montagne de Papandaynn a disparu , en 177a ; sa hase,
de quinze milles de long sur six de large , est au niveaa
de la pUme eavironn«nte^ et y dans Fespace qu'oocupift
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( »47 )
U monfaiiie , le sol oanseire à peine an mètre à$
banteor.
TcMU le» Tolcans en activité ne rejettent pas de la même
manière les Ures et les autres produits volcaniques recéléf
dans leur sein^ comme il en a déjÀ été question au com-$
mencement de ce chapitre. Tantôt les éruptions se font
par des- bouches igmv6me» oi| cratères placés à leur
sommet ( petits volcans de Y Italie méridionale y de T^u-
vergne ^ grand volcan mexicain de Popocatepetl , etc. );
tantôt elles ont lieu latéralement^ soit qu'il v ait un eratère
au sommet de la montagne C Pic de Ténénffe ) » ^it que
la cime n'ait jamais été ouverte (Antisana , dans les Ande^
de Quito J. Généralement, en Amérique ; les volcans n* ont
pas de cratère ; ce qui tient à ce que les montagnes étant
trop hautes , la nkatière lavique ne peut pas être portée
au sommet et s'écoule naturellement par des fentes qui
se font sur leurs flancs. Certains volcans , creux dans*
leur intérieur , comme les précédents , ne présentent point
d'ouverture au sommet et sur leurs flancs ^ et ils n* agissent
que dynamiquement I en ébranlant les terrains d* alentour ,
en fracturant les couches et en changeant la surCsice du
sol (Chimborazo, Jiucw-Pichincha, Capac-Urcu , ete. )
Dans plusieurs localités ( plateau de QuitOy Islande, etc. ),
des laves sous forme de nappes sortent du sein de la terre
entr' ouverte et s'amoncèlent ^ ou bien ce sont de petits
cônes d'une matière boueuse , nommée mqya , dont j'ai
déjà ûût mention. H est un Csdt curieux et généralement
constaté , c' est que ces éruptions volcaniques sont mod^ées ,
tant dans leur fréquence que dans la nature de lenr^
produits y par la hauteur absolue des bouches ignivômes,
qui varie depuis cent à deux mille neuf cent cinquante
toises environ ; le StromboU et le Cotopaxi forment les
deux termes de cette échelle.
§ UI. Bejet de matières solides et pulpéndenies. Les érup-
»9-
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( i48 )
tions de laves sont ordinairement prëc^écs par k rejet ^
matières solides on pulvérulentes. Ces produits portent
différents noms . suivant leur grosseur et leur nature.
On les appelle cendres, quand ib sont sous forme de
poussière fme , rapiHi ou siAle , quand ils sont en petit»
masses isolées, enfin scories, larmes, amandes et bombes
volcaniques , quand its ont une grosseur qui excède
cefle des rapilli , et qui peut '^arier à Finfini. Toutes les
matières incohérentes lancées ainsi par les volcans, ne
sont pas toujours de nature volcanique ; ainsi , plusieurs
auteurs signalent des bîocs de roches primitives , du granité ,
du micaschiste, de la diorite , du grès , du calcaire , ete
parmi les produite des déjections; mais ces cas sont —
rares
Les cendres volcaniques ne sont autre chose que la sx&isr
tance même des laves réduite à une extrême ténuité.
Elles sont ordinairement noires , ce qui provient de leur
mélange avec de petites scories j rarement elle sont sèches,
mais presque toujours pénétrées de vapeurs aqueuses; alors,
en tombant à la surface du sol, elles peuvent s'aggiom^'rer
et former des masses solides plus ou moins considérable».
Entraînées par les gaz et les vapeurs qui sortent avec elles
des cratères , ces cendres sont emportées dans F atmosphère
sous forme de nuages , que les vents poussent souvent
à des disUnces prodigieuses. Procope assure qu'en 47'
celles du Féstwe furent portées jusqu'à Constantàwpk ,
c'est-à-dire à deux cent cinquante lieues. Celles deF^ûw ,
en i329, allèrent jusqu'à Malte; ceUes de IHéda^esi
1766 , se répandirent à cinquante lieues. Borne , Vensey
sont très souvent incommodées par les cendres du Fésxive^
En 1794, toute la Calabre fut enveloppée par les nuages
épais que les cendres du même volcan produisirent. Beau-
coup d auteurs esUment que celles lancées par les volcam
de r Asie et de TAmérique se répandent à plus de cent
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('49)
lienes de distance. Dans V éruption considérable da Tomboro ^
volcan de file de Sumbawa y qui eut lien en avril iSiS^
les cendres vomies par ce volcan s'étendirent sur j€U>a ,
sur Macassar, svrBniaina; elles parvinrent même jusqaà
Bencoolen y à Sumatra , qui est aussi éloigné du point de
départ que Y Etna Test de Hambourg.
La rapidité avec laquelle ces cendres sont entraînées à des
distances si considérables , n a rien qui doive étonner, si on
fiut attention que la vitesse du vent peut aller jusqu'à cent
trente-deux pieds par seconde ^ ce qui fait vingt-neuf lieues
par heure et sept cents par vingt-quatre heures y s'il soufflait
pendant tout ce temps dans une même direction et avec
la même violence. Ces cendres forment des nuages si
épais , que les endroits où eUes s'étendent sont plongés
souvent dans une obscurité profonde. Dans la fameuse
éruption du Vésuve , arrivée le 22 octobre 1822 , et
" qui dura douze jours de suite j l'atmosphère était tellement
remplie de cendres y que tout le pays y au milieu du jour ^
fai y durant plusieurs heures y enveloppé de ténèbres
profondes, et qu'on allait dans les rues des villages avec
des bnternes y comme cela arrive si souvent à Quito,
pendant les éruptions du Pichincha. Dans l'éruption de
XHécla y en 1766 , de pareils nuages produisirent une
telle obscurité 9 qu'à Giaumba, éloigné de plus de cinquante
lieues, on ne pouvait se conduire qu'à tâtons. ( Olaffen's,
Rase durch Island.) Le premier mai 1812 , un nuage de
cendres et de sables volcaniques y venant d'un volcan de
l'île Saint- Fincenf , couvrit toute la Bcûrbade ( distant de
plus de vingt lieues ) y et j répandit' une obscurité si
profonde qu'à midi, en plein air, on ne pouvait apercevoir
les arbres et autres objets près desquels on était, pas
même un mouchoir blanc placé à six pouces des yeux.
(. Annales de chimie et de physique y octobre 1818. ) A
l'éruption du Cotopaxi y le 4 ^^l 1768, la pluie de
•endres fut si forte, qakSaint'Jmbato et à Tacuagafles
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( i5o )
habîtaniA nutfdiaieiit dans les vues pendant le jour arec
des bn^emes. (i)
pA«U
(i) M. Tâuquetin a fait, dans ces dernières années ( i8a5) , Fana*
Igrte de» cendres 'vomies ^tVJBtna dans le coctfant de i8aa , etqvi
lai furea» envoyées par M. Ferrari , professeur d'histoi^ nata*
relie à Falerme, Ces cendres avaient une eouteor grise , une
ténuité assez grande ; chauffées au rouge , avec le contact de Tair ^
éBès e&halaîent de Tacide sulfureux ; dans im vase^ ck» , elles
donnaient do soufre ; lessivées avec de Peau ^ il se disêotrûl ém
sulfate de cuivre , du sulfate de chaux , du snlÊtte d'alumioe ,
du sulfate de magnésie , et un muriate dont la base n^a pas été
déterminée. D'après les expériences du célèbre chiimste français»
ëOts contenaîpnt :
Dtt sttllate de chaux;
IHi sulfure de fer , ou pyrite ;
De l'alumine;
De la silice ;
De la chaux , ou plutôt une roche formée de ces trois terres;
Du sulfete de magnésie ;
D« saifote de cuivre ;
Btt suKate d'akmine ;
Un muriate dont l'espèce est inconime ;
Des traces de soufre isolé ;
Du charbon;
De Veau. >
Voici les proportions de ces substances y sur loo paitiei :
Silice » i8,io
Sulfate de chaux i$
SulCuiedefer.. ....... 2o,9%
Alumine... •• •..• 8
C]pux 9,60
Charbon.... •.. 1
L'ean , le sulfate de cuivre , le snl&te d*alumine , le sul&te de
magnésie , les traces de muriate et de soufre libre , doivent s*élever
il 21,^3 pour compléter les 100 parties.
M. Vauquëlin n'a pu vérifier si ces cendres renfennaienC oa
aicaU y -faute d'une quantité suffisante de matière.
(^iNi, ^ Chknk H de ^hyùfue, t. 3a , ft 106 )•
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( i5i )
Les sables volcaniques , les rapûRy que rejettent égal^
ment les volcans , sont de très petits fragments de scories
provenant de la matière larique même , qui , projetée en
Tair sous forme de gouttelettes , »*est figi^e suintement. Ces
petites particules , ordinairement d^une couleur noirâtre ,
sont entremêlées de cristaux d*augite et de felspath plus
ou moins brisés , de verre volcanique , quelquefois de
brèches. Les scories y les ponces et autres matières in-
cohérentes solides , qui se trouvent souvent à la surfece
de la matière lavique incandescente renfermée dans le
cratère , soulevées, par les courants de gaz qui s'échappent
de son sein ^ à une hauteur considérable au-dessus de la
bouche volcanique , et maintenues en équilibre dans Faîr
pendant trente ou quarante minutes , au moyen des nouvelles
matières que le volcan continue à vomir, roulent conti-
nuellement les unes sur les antres , s^entre-choquent , se
brisem et finissent par se réduire en grande partie en
sable ou rapflli. La quantité de ces rapiOi que les volcans
rejettent eA incalculable 5 ils constituent la majeure partie
des déjections et de la masse de plusieurs montagnes
vcdcaniques. Leurs particules les plus fines se mêlent aux
cendres , et sont entrahiées avec elles au loin , tandis que
les jAns grossières retombent au pied et sur les flancs de
h montagne. Elles s'accunralent alors, et forment souvent
4es montîenles plus ou moins élevés.
Les 9eeriesy les larmes , les amandes , les bombes voU
commues , sont lancées en même temps que les cendres
et les rajHlli. Les premières sont le plus souvent entraînées
par le torrent , alors qu elles sont déjà soUdifiées depuis
quelque temps, tandis que les autres proviennent de portions
de lave incandescente qui se concrètent dans les airs et
retombent sous fome de blocs auxquels on a donné des
aomsdlffôrents suivant leur volume. Quelquefois ces matières
•ont encore dans un état de mollesse quand elles tombent
«or h$ flanctt de la montagne, et alors elles s applatissent
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( i5a )
far F effet de leur chute , et prennent T empreinte des objets
qu'elles recouvrent. Ces larmes ^ ces bombes , sont souvent
TÎtreuses à leur sur&ce , ou couvertes d'une croûte sco-
riforme , ijuelquefois coooiposées de plusieurs couches, dont
les unes sont pierreuses , les autres vitreuses. Ces blocs
ne sont jamais par^tement ibériques y mais ordinaire-
ment alongés. Leur volume est parfois extraordinaire;
ceux que le Cotopaxi et le Pic de Teyde ont lancés ont
plusieurs toises de circonférence. Plus les volcans sont élevés,
plus les masses qu ils lancent sont volumineuses. Ainsi ,
tandis que le Cotopaxi vomit des morceaux monstrueux
que toutes les forces humaines réunies ne pourraient
mettre en mouvement , le StromboU ne lance ordinairement
que des fragments de quelques centimètres de diamètre.
La hauteur à laquelle ces masses s'élèvent dans Pair
est souvent prodigieuse. IjC P. délia Torre raconte ( His-
toire du Fésiwe ) que , dans le violent incendie du 30
janvier i755 , ayant calculé le temps que les cailloux
lancés* mettaient à tomber, il le trouva de huit secondes,
d'où il conclut qu'ils étaient montés à la haatear de
neuf cent cinquante-six pieds de Paris. Les pierres que
lança le Fésm^e , en 1 779 > restèrent &i l'air pendant vingt-
cinq secondes ^ ÏEtna.f en 1669 et en 1819, lança de
grandes masses de pierres jusqu'à une lieue de distance.
Le Cotopaxi a rejeté , en 1 533 , des masses de dix mètres
xubes à trois lieues au loin de la montagne. M. d' Aubuissoa
de Voisins a cherché à connaître quelle pouvait être U
plus grande vitesse de projection des volcans, et il a
trouvé , par le calcul , que cette plus grande vitesse ,
pour le f^ésuife et ÏEtnaf n'allait pas au delà de cdie
qu'ont les boulets au sortir de nos canons , vitesse q«i
est de quatre à cinq cents mètres par seconde.
Toutes ces matières solides incohérentes, composées
de ceifdres , de rapiUi , de scories , de ponces , de
morceaux de laves rompus et brisés, de pierre mérat
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(«s»)
Aanenlent volcaniques , conàtitaent donc les déjections des
takcsÊÈÈ. Ces déjections se font par jets qui paraissent
auffammës pendant la nuit , se succèdent avec une grande
irrégularité , et souvent avec tme telle Ô^uence que les
pieires d'un jet sortent de la bouche du volcan tandis que
eeHes lancées par le jet précédent sont encore en Tair ou re^
tombeàt. Dans ce cas , la hauteur à laquelle ces pierres
s* élèvent n*est pas ordinairement très grande ; d'autres fois ,
an contraire y comme je viens de le dire tout à rheiu*e j
ces matières sont lancées à de très hautes élévations , et
offlrent une masse volumineuse. Dans la £uneuse éruption
du Fésupe j en 1794 , aussitôt que le dégorgement de la
lave par les iBancs du volcan eut cessé ^ les éruptions de
matières détachées du sommet commencèrent , et durèrent
pendant plusieurs jours sans interruption. On voyait &
^aque instant sortir de la bouche du cratère une masse
si démesurée de pierres et de matières terreuses^ qu'elle
en rempfissait tout F espace , bien qu'il eût un mille de
circonférence ; elk s'élevait à une grande hauteur , et y
s* écartant en Tair, elle formait une autre montagne qui
paraissait plus grande que celle d'où elle sortait.
Cependant les explosions de matières incohérentes sont
quelquefois isolées et forment une seule grande éruption : au
lieu de se succéder les unes aux autres , on voit une co-
lonne immense et d'un diamètre égal à celui de la bouche
dn volcan , se soulever en Tair , s'élever à une grande élé-
vation f et se dilater ensuite par son sommet en prenant
la forme d'un pin, forme si bien décrite par Pline le jeune,
dans sa lettre à Tacite sur la mort de son oncle Pline
le Naturaliste. Braccini dit , dans sa relation de Fémption
du P^éguPe de i63f , que la hauteur de la colonne qni
sortait du cratère , prise de Naples avec un quart de
cercle , dépassait trente mUles. Cette mesure paraît un
peu exagérée. ( Breblack. }
Cette colonne , parvenue à sa phis grande hauteur , né
30
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( «56j
tiettres da matin , la fcerre s'ouTrîli une lieoe dek cafitalt
à r ouest j entre Tao et Tia-jisua > et à une demi-Ueue
du mont Fronda. De ce gouffre sortirent des flammes
et «ne si grande quânëtë de pierres , qu'en ringt-qnatre
liecires une montagne en fiit formée. L'éruption fut dans
sa plus grande Tiolence pendtfnt la nuit, et tonte file
en fut écléirée. Le premier août,' à dix hem«s du matin i le
ftu cessa, et on vit beaucoup de fumée qui formait , le deux ,
trois colonnes de difEérentes couleurs , Time blanche ,
feutre noire et la troisième rouge. Cette dernière sortait
isolément, à quelque distance des autres. Plusieurs citernes
séchèrent. Le 4 M>&t , il j eut encore de la fumée ; et ,
le 33 ^ à sept heures da matin , le rolcan rejeta beaucoup
d'eau, qui continua k couler encore pendant plusieurs jours.
La laye rejetée coumt un espace d'une demi-Ueue de long
et de trois quarts de lieue de large. Il n y eut pas de courant
de lare proprement dit. Ces lares sont poreuses on pesantes,
•ou même ponceuses , et elles sont couvertes de sel ammoniac
mêlé d'un peu d'acide arsenique , de magnésie et de deux
antres sels de sâénium et d'hydriodine. (Joum.fûr Ckame
undPJ^siky de Schweigger, t. i5 , cah. 3; p. laS, iSaS.)
Phénomènes locaux*
Je viens de passer en revue les phénomènes qui se
présentent généralement pendant les émpCîens des volcans,
n en est d'autres qui , moins constants^ , ne se montrent que
dans teMe' ou telle localité. Je vais en dire quelques mots.
% V, ¥1^ VU , Vin. De ce nombre sont tous les change-
ments qui pntlieu dans la forme du sol aux environs desmon-
tagnes brûlantes. Tantôt des portions de terrain s'élèvent
snbitement au-dessus de la surface de la terre. Ainsi ,
dans la province de FaUadblid ( Mexique ) , le 39 sep-
tembre 1759 , une plaine de quatre Beues cannées fut
âevée en formé de vessie ; la convexité du sol est , en
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( «5/ )
qfMÎqBès ««droits , de cent ckiqiiânie^six ttètres p danfr
d'antres de cent quatre-vingts. ( llmnboldt. ) Pendant le
tremblement de terre arrÎTé le 24 viai 1750 , dans les
Pyrénées , un roclier entouré de terre et peu élevé fut
lancé à plusieurs pas, et l'espace en fat cpmblé par le
sol qui s'éleva k sa place. Tantôt des rocbes ou des lies
entières apparaissent au-dessus des eaui^ de la mer^ faL
déjà parlé de ce singulier phénomène dans le chapitre
précédent. D'autres fois le sol se déchire violemment, et des
crevasses plus ou moins larges le sillonnent de tous oôtés*i
Ces fentes et ces crevasses sont surtout produites à la suites
des tremblements de teiTe . Pendant celui qui dévasta Messine f ,
le 5 février 1783, la terre se fendit depuis l'entrée du
détroit jusqu*à la ville ; des fentes semblables furent re-
marquées pendant les commotions souterraines qui ruir
nèrent Z4f Aonite , Caraccasy Lima, Cumana^ etc. Sonreat
encore , quand les tremblements sont les plus violents , de
véritables goufiSnes se forment et dés portions plus ou moins»
considérables de terrain sont englouties subitement. Ainsi,,
en 1692 y la plus haute montagne de la Jamaïque, s'écroula ,
et iîit remplacée par un lac ^ le M61e, près de Messine y fut
englouti , en 1783, au rapport de Spallanzani. Dans l'ile
de Jat>a y à la suite d'une éruption violente du Papan-
dayan et d'un tremblement de terre y entre le 1 1 et le
\i août 1779 , le volcan tout entier disparut dans les
entrailles de la terre y après la ibrmation d'un grand nuage
lumineux. On a estimé que le terrain qui s'engloutit ainsi
avait quinze milles de long et six de large. Quarante village»
furent détruits et trois mille hommes périrent dans œtte
catastrophe» Je pourrai multiplier à l'infini de pareil»
exemples.
\ IX . D'autres phénomènes, moins grandset surtout moins
désastreux , se font remarquer à l'égard des cours d'eav
qui se trouvent dans les contrées voisines des montagne^
ignivômes , ou dans cdles qui soQt remuées par des com-^
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( i58)
motioiis soutmrahias. On obserre des dùngmento dtas
la position des sources ; les ririires se dessèoheni souvent ^
quelquefois leurs eaux deviennent bouSlantes; leur covn
sobsinie ; les eaux minérales r* allèrent; les eaux donoes
se troublent , Tean des pnît» change de niveau , et dispank
complètement dans quelques cas. Tpus ces phénomènes^
précurseurs de troubles violenlt dans la masse intflrae da
globe y ont été observés des la phis haute antiquité. La
mer y dont les Tolcans sont souvent assez vcHsins, est auai
plus ou moins tourmentée par suite de leurs émptiont
£lle éprouve des oscillations souvent considérables. Dans
le tremblement de terre de 1 746 qui ruina Lima y la mer
ait si violemment agitée qu'il y eut des vaisseaux qui du
port de Callao furent portés à deiix lieues dans les terras
et ensevelis dans les sables. Dura%%o , dans Xjélbame y fut
enseveli subitement, avec ses habitants plongés dans la
sommeil y en 1269 , à la suite d'un violent tremUemunt
de terre. La mer sortit de son lit et bakym jusqu'à set
décombres. ( Ldbeau y Hùtoire pki Boê-Entffire y t. xxu ,
p. 334. )
^ X. La grande quantité de vapeurs aqueuses qui s'élèveut
des . cratères pendant les. paroxismes , ne tardent pas à
se condenser au milieu de l'atmosphère y et alors dles
retombent sur la terre qu elles inondent. Ces j^uies abon-
dantes y rencontrant dans les airs les cendires et les sables
vomis par le volcan y les entraînent avec elles et fermenl
des alluvions instantanées qui descendent de la moiilafM
sous la forme de torrents de boue. On a donné souvcnti
mais à tort , à ces alluvions le nom iérupiùms àouaut$.
Je vais parler dans un instant des véritables éruptions de
boue 9 et montrer en quoi elles diffèrent des ppemiàrcs.
Ea général , l'apparition de la pluie caractmse , sous
toutes les s6nes , la cessation d'une éruption. ( Voir, poi^
plus de détaik y le mémoire de Ducaria , sur les pUe^
e( (es inondations i^okanifites, Joi^n. de Phxàtptey t. xx. ][
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■( i59)
^, XI. Les antves {^énimiènes météorQlo^que& qui
aoeompagneat les ërûptioiis sont en petit nombre. Cesl
«n fait bien constaté que la liaisim intime <pû existe
entre les phénomènes vdcaniques et Tétat de Tatmoq^bère.
Les aoleiirs sont rmnpUs d'une foule de citations à ce
sujet. En voici , au reste y un des exemples les plus frappants^
M. Sccffi rapporte , dans sa relation de rémption du i4
jjoàk 1 794 y que , le même jour , à Sienne y un nuage
fanaal éa sud-est édata avec bruit y et lança des flammes
et des pierres semUables aux laves du f^ésiu^. Cependant^
k pbs babitueUenient ^ Tatmosphère reste calme pendanit
les émptkNM. M. de Bueb a vu le baromètre demeurer fixe
pen&nt une éruption du Fésuye. 11 n'en, est pas de même
des âectromètres^ qui indiquent constampient une sura-
bondance d'électricitéiiégative.Aassî^ de nombreux éclairs,
aooon^agnés de détonations violentés , se succèdent-ils rapi-
dement ou milieu des colonnes de fumée et de cendres qui
s* élancent des cratères, et augmentent-ils TeiBroi quinq^ire
ce spectacle à la Uà^ terrible et majestueux. Quant au
thermomètre y il indique^ comme on doit bien le supposer ,
un accroissement plus ou moins considérable de tempé-
rature y tant dans T atmosphère que dans le sol des environs.
^ Xn. «Tai parlé un peu plus haut S éruptions boueuses.
Presque toutes les descriptions d'éruptions volcaniques
signalent de pareik phénomènes. Mais, pendant long-temps,
on a confondu sous ce nom et les matières boueuses
rejetées directement par les altères , et les pluies mêlées
de cendres qui ne proviennent que de la condensation
des vapeurs élevées an-dessus de ces ouvertures. H est
certain que beaucoup de volcans rejètent , par les bords
dncrat^.et par des crevasses, une matière demi-Hquide
dont la quantité est souvent prodigieuse. Ces éruptions
bngeuses sont rares en Europe , mais communes dans
les volcans d'Amérique , suivant le savant M. de Hum^
boldt. Les éruptions de ces volcans se bornent même k
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(.6o)
oes aortes de matières , car il n y a pas de seorenir qa'îls
éient jeté des kfes j oe qui provient » sans ancim dooAe,
de leur grande âévntèon^ «pd surpasse cinq fins odle dn
J^éâutfêf et de leur dtoiaEtion peu isolée. On conçoit, en
^el f que si le feo de œs volcans se trouve à de gtandes
profondeurs , malgré leâr grande intensité de force , la
lové fondue ne peut être souleihto .jnsqn^aox boids du
cratère^ ni rompre le flanc ds ces montagnes^ qni se troofcnt
renforcées par les plates^formes^qui les environneMt JQsqu à
quatorze cents toises de hauteur. H semble donc naftnrel
l|ue des volcans si élevés ne vomissent par leur boucbe
que des pierres isolées, des cendfes, des flammes, de
f eau bouillante , dé largiie cavburée et imqprrgnee de
soufre, etc. (i)
Les éruptions boueuses sont doue dues à des maJirrfi
pulvérisées et imprégnées d*eau dans Tintérieiir des volcans ,
puis ensuite comprimées par des gas , et lancées au dekon
par leur expansion. Quelquefois ces éruptions ne sortent
pas de la bouche même , mais sont occasionnées aodikn-
tellement par la fonte des ne^es qui entourent la cime
des montagnes les pliia hautes. Cest ainsi , par este
(i) Plusieurs yplcaos du Japon ont des éruptions analogues s
ceux de l'Amérique méridionale. Le i8 janvier 1793, à 5 heures
6 minutes, toute la cime du mont Vnsen , djns le district de
Djozon et Gamba-Kori ^ s*ëcronla, et il en sortit des tscraih
d'eau bouillante pendant plusieurs {oors. Le i«t «vril , «près «a
tretthlement de terre eifroyabte , le mont llligigama , dans l'dc
de Xiou-Siou , vomit d'abord une énorme quantité de rochert
dans la mer , ce qui fut suivi d*une inondation , et ensuite il sortît
de la montagne un torrent d'eau* qui fit périr environ 53,oôo âmes.
Les autres volcans connus do Japon (Yjisamg€^Daki et le .8m-
no^Xûuhi , dans Ttie de Ni/on), ont des dnipsiMs analagaei
aux volcans d'Europe , ai ce n'est qu'ils rejetteat ausai beaucoup
de boue» ( ÏUlations sur le Japon, yu Titstngb , trad. en aiçte
par F. Sboberl , sous le titre Illustrât, of Jof^on ; Londres, i8u.
■— Voyex aussi jinn, of. Philotoph, ^ décembre 1826 j p. 4(2 ).
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( .61 )
que y dans les Andes , où la cime des volcans dépasse presque
toujours la région des neiges ou atteint à une hauteur
douUe de celle de ÏEina , les vastes glacières qui se forment
sur leur revers et même près de leur sommet y dans les in-
tervalles de repos, se fondent lorsque les volcans com-
mencent à agir y coulent alors vers les régions inférieures ,
et produisent des inondations fréquentes et désastreuses.
Cest aussi ce qui arrive aux volcans de ï Islande , mais
dans une proportion bien plus faible. Mais y le plus ha-
bituellement, les éruptions aqueuses sont dues aux lacs
souterrains qui se forment dans de vastes cavités placées
tantôt sur la pente , tantôt au pied des volcans ,' et dont
les eaux communiquent de plusieurs manières avec T in-
térieur de ces montagnes.
Quand les commotions terrestres qui précédent toutes les
éruptions ignées dans la chaîne des Andes , ont ébranlé forte-
ment toute la masse des volcans, alors les goufïres souter-
rains s'entr'onvent, et il en sort en même temps de Teau, du
tuf argileux y et, ce qui surprend davantage l'imagination ,
nne quantité innombrable de poissons. Cest ce qui arriva ,
dans la nuit du 19 au 30 juin 1798 , lorsque la cime du
CarguamizOy montagne haute de dix-liuit mille pieds, an
nord du Chimborazo , s écroula : toutes les campagnes envi-
ronnantes , dans un rayon de deux h'eues carrées , furent
couvertes de boue et de poissons. Sept ans auparavant, une
fièvre pernicieuse qui désola la ville d'Jburra avait été attri-
buée à une semblable éruption de poissons du volcan dV/n-
babuni, ,
Le Cotopaxiy le Tart^irahua et le Sangay, vomissent
paiement des poissons , quelquefois par le cratère qui
est au sommet de ces montagnes , quelquefois par les fentes
latérales , mais toujours à deux mille cinq cents ou deux
mille six cents toises de hauteur au-dessus du niveau de
la mer. Les plaines circon voisines ayant presque treize
cents toises d'élévation , on peutconchire que ces animaux
21 -
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( ï6a)
sorteat d*un ^int qui est treize cents fois plus âeré qoe
les plaines sur lesquelles ils sont jetés. Quelques indiens
assurent que le poi&soavomi par ces volcans descend enooie
vivant le long du revers de la montagne ; mais, ce quil
7 a de certain , cest que, parmi la pi^odigieuae quantité
de poissons que rejette le Cotopaxi y avec des torrents d*<an
douce et froide , il y en a très peu qui soient assec dé-
figurés pour faire croire qu ils jàent été exposés à Faction
d'une forte chaleur : ce qui est très singulier , si Ton fait atten-
tion à la mollesse de la chair de ces animaux et à la fumée
très dense que le volcan exhale en même temps.
Ces diverses circonstances vont nous servir â trouTer la
source de Teau vomie par les Tolcans dont il vient d'être
question. Je F ai déjà fait connaître plus haut, en F attribuant
à des lacs souterrains placés dans les diverses parties de ees
montagnes. Pendant F intervalle qui sépare chaque éruption,
( et cet intervalle est souvent de plus d'un siècle ) , le cratère
de ces volcans se ferme , de manière que le fond of&e hienlÂt
^ne véritable plaine , comme cela se présente ordinaire-
ment au Fésw^e et sur presque tous les volcans plus rappro-
ehés de nos observations. Cette plaine se convertit peu de
temps après en un lac, et cela d'autant plus fiftcilement
que , loin détre , comme nos volcans d'Europe, de petites
montagnes isolées , ces volcans forment une chaîne non
interrompue , de sorte que , non seulement les eaux
pluviales peuvent se rassembler dans la profonde cavité
des cratères restée firoide , mais encore que les antres ,
provenant de réceptacles éloignés^ peuvent y arriver par
des canaux souterrains. Les poissons qui se trouvent dans
ces réceptacles suivent les eaux dans ce nouveau lac, et
s y multiplient. Lorsque ces volcans s'enflamment, ou qu il
se manifeste quelque mouvement intestin dans leurs entrail-
les, le premier eflet qui en résulte nécessairement, cest la
rupture , le soulèvement de la voûte qui ferme le cratère .
et la projection au loin de toutes les matières qui formeai
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C »63 )
cette rrtûle j la première de toutes qui eâ alors Tomic
)>ar le volcan , est feau du lac placé immédiatement au-
dessus du lieu d'où part Féruption.
Les poissons Tomis par les volcans d* Amérique, dans
leurs grandes éruptions périodiques et assez rares , sont
identiques à ceux que Von trouve dans les ruisseaux au
pied de ces mêmes volcans , et que les habitanU du pays
appellent prermadiUas. Cest la seule espèce de poissons
qu'on trouve dans les eaux de Quito , k quatorse cents
toises d'élévation 5 elle appartient au genre SUurus , et a
reçu des naturalistes le n<MBi de Pimeiodes cyclopum.
Ces éruptions boueuses ne se font pas seulement, suivant
M. de Humboldt , par les cratères et les fentes latérales
des volcans ^ elles ont souvent lieu aussi par des crevasses
de la terre , à la suite de violents tremblements. Ainsi ,
dans les Andes de Quito , le 4 février 1797 , un rocher
de tracbyte s' entr' ouvrit , dans les environs de Péidéo , et
les couvrit d'une masse boueuse, nommée moya par les
naturek , qui sortit en même temps de terre près de
Bio-Bamba , et y forma des collines^ coniques. Ce moja ,
qui détruisit alors le village de Péliléo, sortit du rocher
à la hauteur de quatre cents mètres. Pendant le tremble-
ment de terre de Cumana • du i4 septembre 1797 ,
plusieurs crevasses lancèrent de l'eau et du bitume. Dans
une plaine qui s^étend vers Cassany , à deux lieues au sud
de Cariaco , la terre »'entr' ouvrit et lança de ses crevasses
de l'eau chargée d'acide sulfurique. Pendant le tremble-
ment de terre de Caraccas, la terre se fractura près de P^aii-
cilJo, à quelques lieues de Faïence , et lança une si grande
quantité d' eau,qu' il s' en forma un nouveau fleuve.On observa
le même phénomène à Porto^Cabello, A F ouest de la Sienn
de Meapire , du bitume fut lancé d'un terrain creux , pen-
dant les commotions souterraines qui dévastèrent Cumana.
Après avoir décrit séparément les différents phénomènes
que présentent les volcans au moment de leurs éruptions,
21.
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( i64^
il reste à indiqaer d'une manière générale Tordre dam
lequel ils se succèdent , au moins dans le pins grand nombre
des cas. Je pourrais, pour donner plus de charmes à cette
partie de mon travail , vous rapporter textuellement la
description dune éruption , faite par un naturaliste témoin
oculaire du fait , et par conséquent empreinte de T enthou-
siasme et de r admiration qu'un pareil spectacle devait lui
inspirer. Mais , entraîné déjà au-delà des bornes d*un simple
mémoire , je dois me contenter d'exposer en peu de mots
les différentes phases d'une éruption ordinaire.
Les premiers indices d'une crise volcanique sont toujours
ou presque toujours des bruits souterrains qui se propagent
à plus ou moins de distance , et l'augmentation de la (umée
qui s'exhale habituellement du cratère. Des tremblements
de terre se font sentir ; en même temps, tous les accidents
qu'ib entraînent h leur suite arrivent isolément ou simul-
tanément , comme des changements dans la forme du sol ,
dans les cours d'eau , le tarissement des puits et des sources,
l'agitation plus ou moins forte de la mer , etc. Les caves
, des environs et autres lieux enfoncés sous le sol se remplissent
d acide carbonique. Quelquefois il se répand dans les alen-
tours mie odeur de bitume , ce qui avait fait penser que
les phénomènes volcaniques étaient dus à F inflammation
de ce combustible ; ce qui n'est rien moins que fondé,
comme je le montrerai dans le chapitre suivant. 1 /at-
mosphère devient agitée et le théâtre de nombreux phé^
nomènes électriques. La fumée qui sort de la cheminée
•redouble , s'épaissit ; tantôt elle s'élève dans les airs , sons la
forme d'une immense colonne , tantôt elle se dissipe au
. loin , et forme des nuages épais qui obscurcissent le jour.
Le cratère commence alors à vomir des cendres embrasées ,
qui apparaissent , au miUeu des vapeurs , comme des jets
de flammes. Des pluies abondantes, en balayant l'atmos-
phère, entraînent ces matières pulvérulentes, et constituent
des courants de boue qui inondent les ftancs de la mon-
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( i65 )
tagpe. Les éclairs traversent à chaque instant la colonne
pyramidale , et leséclats de la foudre retentissent au loin.
Il se fait alors ces déjections de pierres et de masses scori-
formes en fusion y qui ^ lancées sans interruption du cratère
avec une violence extraordinaire et une explosion très
forte y apparaissent comme d'immenses gerbes d'artifice y
qui , après s'être, épanouies à leur sommet , disparaissent
tout- à- coup en produisant des pluies de pierres et de
scories , qui retombent tout autour du soupirail enflammé
qui les a vomies. Les commotions souterraines ne cessent
de se faire sentir ; un moment elles redoublent : c est
alors que la lave s'échappe comme avec effort des entrailles
de la terre , et s'épanche , comme une mer de feu , sur
le penchant du cône volcanique. I^e courant grandit ^
accélère sa marche, entraine tout ce qui se trouve sur
son passage y surmonte les obstacles et les inégaUtés du
sol , arrive bientôt au bas de la montagne , et continue ,
mais avec moins de vitesse , son cours dévastateur au
miUeu de la plaine , qu'il couvre bientôt de ses ondes
brûlantes. Malheur alors aux imprudents qui , oubliant les
leçons du passé, et trop confiants dans la looguc et trompeuse
tranquillité de la montagne ignivôme, ont fixé leur de-
meure aux environs, attirés par la fertiUté d'une terre
sans cesse renouvelée! Toutes les fatigues, toutes les peines
d'une longue suite d'années s'évanouissent en quelques
instants : maisons , troupeaux , habitations , tout disparaît
pour jamais sous les torrents de feu qui s'écoulent inces-
samment de la foiunaise ardente , tout devient la proie
d'un fléau d'autant plus redoutable que rien ne peut
s'opposer à ses effets. Mais , comme si le feu n'apportait
pas assez de malheurs à sa suite , des* inondations terribles
d'eau et de boue viennent encore ajouter à la désolation
générale. On dirait que tous les éléments sont conjurés
pour détruire en un jour une terre si peu favorisée de
la nature I Peu à peu , cependant, l'éruption des matières
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( i66 5
fondaes on liquides diminue; une nouvelle nuée de caiUoax
et de cendres annonce la fin prochaine du paroxisme ; les
secousses internes, les bruits , les explosions s'affaiblissent
graduellement , les flammes s* éteignent , tout semble rentrer
dans le calme. Des jets de vapeurs corrosÎTeSy qui con-
tinuent à sortir de la bouche volcanique et des fissures de
la montagne, sont les seuls phénomènes qui persistent,
comme pour annoncer que T agitation intérieure survit *à
cette tranquillité apparente da dehors, (i)
J'ai dit plus haut que les éruptions volcaniques avaient
lieu , en générai , à des époques indéterminées. Quelques
volcans restent quelquefois des siècles entiers sans donner
aucun signe d'action, puis se réveillent et ont des éruptions
très multipliées dans T espace de quelques années seule-
ment. Suivant M. de Humboldt , les éruptions sont d'autant
plus rares que les volcans sont plus élevés. Le plus petit
d'entre eux, le Strombolij est dans une continuelle acti-
vité ; son cratère est toujours rempli d'une lave en fosîon,
qui se tuméfie , s'élève jusqu'aux bords en forme de cloche ,
fait une explosion bruyante , et lance dans les airs une
partie de la matière fondue , de la fumée et des cendresL
(i) Virgile , ce poète amaDt de la nature , et qui Va si bien ob-
servée , résume en quelques vers riches d'harmonie tous les détaîk
d*une éruption :
Interea fessos ventus en m sole reliquit ;
Jgnarique vis , Cyclopum allabimur oris.
Portus ab accessu ventorum immotus , et ingens
Ipso ; sed horrificis juxtà fonat ^tna ruinis,
Interdumque atram pronimpit ad aethern nubem ,
Turbine fumantem ptceo , et candente favilU ;
Attoliitque globos flammanira , et sidéra lambit :
Interdum scopulos avulsaque viscera montis
Erigit erucfans , liquefactaque saza sub auras
Cum gemitu glomerat , fundoque exaestuat imo.
(^iwiWf, Uv. lu.)
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( 167 )
Pfeo à peu la lave s*affiusse et redescend , pour remonter ,
comme auparavant , après un demi-quart d'heure d*in-
tenralte. Les éruptions du Fésu/pt sont fréquentes^ celles
de \Etna sont plus rares f celles du Pic de Ténériffe le
sont encore davantage. Les dmes colossales des Andes,
le Tangurahua, le Cotopaxiy le Sangajr , etc. y offrent
à peine une éruption dans l'espace d'un siècle. ( Relation
historique du Voyage y etc. , t. i. )
Beaucoup de volcans brûlent depuis un temps immé-
morial y ea conservant toujours la même énei^e. Le Fésuve
et Y Etna oui en des éruptions dans les temps les plus
reculés. U paraît qu avant Tère chrétienne, le Véswearait
été long-temps en repos y mais Fou conservait la mémoire
de ses anciens embrasements, car Yitruve ( liv. ii, ch. vi ) ,
Diodore de Sicile ( liv. v , ch. xxi ) , Strabon ( liy. v. ) ,
SiUus Italiens y Valerius Flaccus , etc. , parlent du Fésm^e
comme ayant jeté des flammes à des époques inconnues
pour eux. On regarde communément comme la plus ancienne
de ses éruptions connues celle qui arriva le a4 août de
Tannée 79 de F ère chréUenne , deux mois après la mort
de Vespasien , celle enfin qui fut cause de la mort de
Hine le Naturaliste , et qui ensevelit le même jour lier-
culanum , Pompéia et Stabia sous un déluge de cendres, (i )
(1) On a commencé à découvrir les restes d*Hercuianumen 1738 ,
et ceux de Pompeïa en 1748. En i8ai , il n'y avait encore que le
quart de cette dernière ville qui fût déblayé , et cet ouvrage occu-
pait alors quatre-vingts à quatre-vingt-dix personnes. Depuis , les
fouilles ont été continuées avec beaucoup de zèle.
On croit généralement que l'éruption boueuse et la pluie de
œiMkes qui ont couvert Pompeïa , ne Tengloutirent point d*abord ;
qoe set habitants n'y furent point ensevelis ; qu'ils eurent le temps
de sauver les objets précieux qu'ils possédaient , ou qu'ils revinrent
«près la catastrophe pour enlever leurs richesses. La plus basse des
couches qui la recouvre , et qui parait avoir été remuée , le petit
nombre de squelettes et le peu d'argent monnayé qu'on y a re-
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( i68)
Cette montagne était alors couverte cT arbres jtisqu à sod
sommet. Depuis cette époque jusqu'en 182^1 , on compte
environ trente-quatre éruptions. Les premiers embrase-
ments connus du F'ésut'e ne produisirent que des fiammes,
des cendres et des scories incohérentes ^ ce fbt dans
r éruption de 1087 fP^ ^^ sortit de la lave pour la pre^
mière fois , et c est sur ce courant de laves qu*esl bâti le
château royal de Portici,
Les éruptions varient beaucoup, quant à leur durée. Tant^
elles ne durent que quelques minutes , et sont alors très
fréquentes : telles sont les éruptions de c^idres et de
rapilli qui ont lieu au Fésuve et à Y Etna ^ telles sont celles
de ftunée et de cendres qui ont lieu presque continuelle^
ment à Fulcano et FulcaneUo, D'autres fois elles durent
quelques heures j omune celle de \ Awatscha ( Kamu-
chatka ) y en 1737, qui continua pendant vingt-quatre
heures. Plus habituellement , elles persistent poidant
plusieurs jours ( Vésuve ^ Etna y etc. ) , ou pendant plusieurs
mois ( Pic de Ténériffe ). Hus rarement elles se continuent
trouvés , serviraient de preuves à cette assertion. Hait couches de
déjections volcaniques se succèdent : diverses éruptions ont donc ,
k plusieurs reprises , suivi la même direction. On ne voit point de
lave parmi ces produits du feu , mais seulement des scories et do
ponces. On peut se promener dans les rues de Pompeïa et pénétrer
dans ses maisors : on suit encore la route garnie de larges trottoin
et bordée de tombeaux. La trace antique des chars sur la chaussée ,
pavée de larges dalles en lave , conduit à la porte de la ville. Sff
murailles sont debout ; quelques caractères gravés- sur les pierres
ont fait reconnaître qu'elles ont été bâties par les Osques , Ua^
temps avant la fondation de Rome. Les casernes , parfaitement
conservées , portent sur leurs murs des dessins incorrects , fraiti
du désœuvrement des soldats romains. Deux théâtres , on amphi-
théâtre , et la plupart des maisons de cette ville , sont maintenant
à découvert. On y voit que Tusage des anciens était d'écrire au-
dessus de la porte de la maison les noms des personnes qui rhabi>
taient. ( Voir , pour plus de déUils , le Fojrage en Italie et en
Sicile , par M. Simon , t. u , p. 107.
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(109)
pendant des années entières ( Càtopaxi , Gunung^Api AsnM
les Molxufues , volcans de X Islande , etc. )
Le plus généralement après les grandes éruptions , la
montagne ne fait plus qu émettre un dégagement très lent
et paisible de vapeurs peu abondantes y mais corrosives.
Ces vapeurs, qui sortent en différents endroits du cône^
s* observent aussi dans les volcans qui sont depuis long-
temps en repos ou qui s'éteignent tout-à-fait. Cçst ce
qu'on appelle solfatare ou fumerole. Les Champs Phlé^
gréensj sur la cote de Pouzzolcy dans le royaume de Naples,
oà Ton voit les restes d'un ancien volcan ayant actuelle-
ment r aspect d'une plaine , présentent des milliers de ces
fumerples. £n général y ces vapeurs sont très composées ,
puisqu'on y trouve de Veau , du gaz sulfureux , de Tadde
hydrochlorique , de T acide sulfurique y du soufre proba-
blement dissous d'abord par l'hydrogène et à Pétat d*hy* '
drogène sulfuré y qui a été décomposé ensuite par T acide
sulfureux y etc. Sur le sol où se fait le dégagement de
ces vapeurs y et dans les fissures des roches qui composent
les parois du cratère y on trouve ordinairement de petits
dépôts de sel marin y d'alun , de sel ammoniac y de
chlorure de cuivre y d'acide borique , de borate d'am-
moniaque y du sulfure rouge d'arsenic y de métanix su-
blimés y etc. On remarque aux environs des sources
bouillantes.
Dans l'intervalle qui sépare chaque éruption y on pourrait
croire; qu'à l'exception AesJUmeroleSy les volcans ne pré-
sentent plus aucun phénomène remarquable. Mais, pendant
ce calme apparent , les parties extérieures les plus près
de la bouche ignivàme ne restent pas dans l'inertie. Elles
présentent un vaste laboratoire où les substances volca-
niqaeà exercent leur affinité sons l'influence d'une tem-
périHore plus ou moins élevée y et comme la chaleur ,
tout en s' abaissant graduellement chaque année, se conserve
pendant fort long-temps ^ c'est dans les mêmes proportions
32
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( *70 )
xpxe leto phénoiu^nes cliimiqaes se perpétuent et diminuent
Nolle part les procluits noavellement formes ne sont plus
abondants et plus Taries que dans les volcans et les sol-
fatares. Il ne vous paraîtra pas sniprenant, en effets qu'au
milieu de ces masses minérales portées à une température
élevée^ et dont la plupart même ont été fendues., les
affinités chimiques soient mises en jeu , que les éléments
primîtirs ou les composés qui résultent de leurs combi-
naisons éprouvent de nouvelles transmutations ^ et donnent
naissance à des produits étrangers aux autres terrains , ou
à des substances déjà connues y maïs dont la place géo-
gnostique ordinaire est toute différente de ceDe où elles
se forment* Lés gaz , les vapeurs qui s'échappent sans
cesse des' cratères eh activité , t^gissent à leur tovir sar
tes roches qui avoisinent ces bouches y et produisent encore
des substances propres à ces lieux y et dont les 6aractèi^
dénotent Torigine ignée. Le soufre, qu'on regardé souvent
coiàme ime production immédiate de ces grandes opé-
rations y mais qui n'est peut-être réellement que dégagé
par sublimation des roches qui le renfermaient , y est
continuellement en combustion , et donne naissance aux
acides sulfureux et suUurique y dont le premier y surtout ^
se dégage en abondance. Ces acides, souvent perdus dans
r atmosphère , se trouvent aussi en solution daiis les eaux
voisines des volcans ou qui se rassemblent dans les an-
fractuosîtés des laves , comme on T observe dans les grottes
du Fésiwe et de Y Etna , aU volcan de Puracé dans b
Popayan , où le cratère ofiBre on petit lac nommé Jli»-
Finagre (i), au Mont-Idienney k Jm^ay où Ton observe i^àt-
(1} Les eaux du Rio- Finagre contiennent, suivant M. Bireio ,
1 gr. 080 d'acide sulfuHque , et o gr. 184 d'acide fajdmciilùnqoe
par litre ; elles renferinent en outre on peu d^idnmme , de datu,
et quelques indices de fer.
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( '7^- )
ment un hç dont les eaux sont acides (i) , etc. U» agirent
aussi sur les roches environnantes , et produisent des sulfatesc
de cUau2L , d'alumine , de potasse , de soude , de fer ,
de manganèse , etc. ^ ( principalement à la soufrière de
la Guadeloupe , à Poitzzoie près de Naples , etc. ) , qui ^
réagissant aussi les uns siir les autres , forment différentes*
espèces d'alun à bases isomorphes , de^ dépôts d'alunite ^
etc. L'acide bjdrochlorique qui se dégage souvent aussi
en abondance des volcans , comme au Fésuue j se
répand dans V atmosphère , se dissout dans les eaux^ our
reste concentré dans certaines roches que probablement,
il a commencé par attaquer j tel est le domiie du Pwy
de Swvoujf y en Auvergne. Il donne lieu ,- en outre , à:
la formation des dilorures , toujours très répandas aux
environs &s cratères , tels que ceux de cuivi-e, de fer^
de sodium et de potassium y qui se trouvent , fes uns
dans les cavités des laves , les antres dans les eaux qui
ruissellent entre leurs interstices. Les autres substances
propres à ces lieux sont surtout des sels ammoniacaux (a).
(i) Les eau3( du lac du M^ntrldienno^ rapportëei par M. Leiobe»
naud , contiennent beaucoup d'acide sulfuriqve , on peu de sul^
fale d'alumine , de sulfate de soude et d'acide hydrocklorique.
(2) Le sel ammoniae ( hydrochlorale) n'existe, à TéUt natif , dan»
aucun terrain , si, ce n'est d^ns les volcans brûlants et les solfatares» On
Ta plus pa^ticuliéiement pbservé au Véëuve et à VBina , où »par son-
abondance, il est devenu, à diverses époques, un objet d*exploi«
faction et de copimer^. Exhalé des cratères et des eourants de lave ,
arec beaucoup d'autwssj matiècefr gazeuses , une partie se dissipe
pronptement dans l'air; une autre se condense à h surface des^
acoHes et da^s leurs fisnire» f mais comme ce sel est très soluble , la
VKMudre pWie suffit ponr l'entrainer. On ne peut recueillir ses^
efflorescences , ou même constater sa présence , que lenque les
éruptions se font par un beau temps ou lorsqu'elles ne sont point
acconipagnées d'averses trop fréquentes. Suivant Corrcra , la lave
vomie en i635 par ÏMtna a fourni des chai^emenu considé-
rables de ce sel. Boccone et Borelli , témoins; de la iameuse énip-
aa.
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( '7* )
vn grand nombre de sulfures métaOiqiies , panm lesqadt
on compte ceux de plomb et de enivre déconrerts tout
récemment an Vésuve par M. CoTelli , le fer oligiile
fpecnlaire , des silicates terrenx de tout genre y et snrtoot
Tamphigène j le pjroxène augit , lampbibole y le mica ,
le feispatb ^ etc. , qni se forment probablement de toutes
pièces dmis ces grandes opérations de la nature.
Pour TOUS donner , d'ailleurs , nne idée des nombreuses
substances minérales qui se trouvent dans les enTirons des
▼oicans^ soit qu elles aient été rejetées directement pendant
les éruptions, soit quelles aient été formées postérieure-
ment par la réaction des gaz ca des vapeurs sur les rocbes
environnantes , f emprunterai à ï (hyctognosie du FesupCf
par MM. Monticelli et Covelli (i) , la liste des principales
espèces minéralogiques qui se trouvent dans les roches
laviques du Fcsupe et dans celles qui , ayant été rejetées
tion de 1G69, font mention de la proiHg'euse quantité de fel
ammoniac qui m est n^ultc, et de son embarquement pour
différents ports dMtalie. Ferrara rapporte que la lave de 1^63 en a
produit fort abondamro^t \ qu'il en a été recueilli plus de 1000
livres sur celle de 1780 ; que la Uve de 1791 en a donné quelque
^u , malgré les pluirs qui ont accompagné son refroidissement ,
et que celle de idii en a assez fourni pour approvisionner amplc^
ment les ateliers et les pharmacies de la SiciU, — Ce sel n*est pas
aussi abondant an VésuPe-, cependant il s'en exhale dans toatr^
les éruptions j il en sort continuelleme nt des soupiranx de la toi*
fatare de Pouzzole. — Dans la Tartarie centrale , il J a deux volcans
brûlants , ou plutôt deux solfatares , qui produisent une si grande
quantité de ce sel « qae c'est de là que provient tout celui que les
Kalmouks portent dans les différentes contrées de F Asie, et dont
ces peuples faisaient autrefois un conmierce eonsidéraUe. ( jÈnn. dts
Mines , t. v , p. 1 35 , 1800 ; et Joum. Aaiau , juillet 1824 . p. 44.)
(1) Prodrome délia Mineralogia Veêuviana, etc Prodrome
de la Minéralogie du Vésuve , par T. Monticelli , secret, peipét.
de TAcad royale des sciences de Nftples, et N. G)velli , membre
associé ordin. de oetlte Acadc^raie j vol. i de VOryctognosie ; in-8» de
570 p. , orne de 19 pi . ; Naples , i8a5 , TVaroater.
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( '73)
par ce yolcan , font partie de son ancienne masse on
des dëbris accumulés au pied de cette masse , nqmmëe
la Somma , principalement dans le lieu dit Fossa-Grande.
Cette liste est due à MM. T. Monticelli et £. di N. CoveUi.
Soufre.
Adde sulftireux.
— soUtirique.
— — hjdroçhlorique.
boracique.
carbonique.
-^ — hydrosulfurique.
Gaz azote.
Sëlëniure de soufre.
Eau.
SuUîire d'arsenic.
Qnarz.
Sulfure de plomb.
Chlorure de plomb.
Cttirre pyriteux.
Sid&te de cuiyre.
Chlorure 4^ cuivre.
Pyrite.
Fer oligiste.
— oxidulé.
— oxidulé titaniftre.
Sul&te de fer.
Perchlorure de fer.
Sul&tes de manganèse.
Chlorures de manganèse.
Zircon.
Soua-sulfate d'alumine.
Néphéline.
Topaze.
6uUate de magnésie.
Hjdrochlorate de magnésie.
Condrodite.
Serpentine.
Përidot.
Talc.
Spinelle. ,,
Sul&te de chaux.
Fluate de chaux.
Calcaires divers.
Dolomie.
Arragonite.
Phosphate de chaux.
Sphène.
WoUastonite.
Amphibole.
Pyroxène.
Epidote.
Thomsonite de Brook.
Stilbite?
Grenats.
Idocrase.
Gismondine.
Tourmaline?
Gehlénite.
Mélilite.
Chlorure de sodium.
— — de potassium.
Hjdrochlorate d* ammoniaquiB .
Sulfate de soude.
Sodahte.
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( 1,6 )
tiious de nos deTanciers sur le sujet qui nous occupe ; csf i
tout erronées quelles puissent être , elles nous font
connaître la marche progressive de la science et la ten-
dance continuelle des esprits à se rapprocher de plus en
plus de la vérité. Les hypothèses ont un avantage qu'on
ne saurait leur contester , c est de préparer les esprits k
. la discussion , de conduire à Tobservation des fiûts , et
par conséquent d'amener à des découvertes que pent-
étre sans elles on serait resté plus long-temps à faire. Le
sujet que je vais traiter a donné naissance à une feule
d'écrits y d'ouvrages même très volumineux. Je ferai tons
, mes efforts pour être aussi laconique que possible , d'au-
tant plus que j sans m'en douter , f ai dépassé de beaucoup
les limites que je m'étais prescrites!
Hypothèse de Lémery. Une des plus anciennes hypo-
thèses émises relativement à la cause qui produit les én^
tions des v<dcans ^ est celle de Lémery , célèbre chimiste
du siècle dernier. Ce savant avança que les phénomènes
volcaniques étaient dûs à la réaction mutuelle du soufre y
du fer et de l'eau qui se trouvent dans les entrailles
de la terre. y et il appuya sa théorie, qui fut adoptée
pendant long-temp&sans contradiction, sur une expérience
très curieuse. U introduisait dans un flacon un méUnge
de fer et de soufre très divisés , réduit en pâte molle avec
de l'eau , laissait réagir pendant quelque temps» puis exposait
la matière au contact de Tair. Au bout de quelques minutes,
elle s'échauffait au point de devenir incandescente. Vous
concevec facilement ce qui se passe dans cette opération.
L'eau , le fer et le soufre forment par leur mâange une
matière noire et solide y qui n'est que de l' hydrosulfate
de protoxide de fer ; il ne se dégage aucun gaa , et la
température s'élève considérablement. Refrudi et exposé
À l'air, cet hydrosul&te s' empare promptement de Foxigène
de ce fluide , donne lieu à de l'eau , à du peroxide de
îer, et rend libre une certaine quantité de soufre. Cest
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( «77 )
k la rapidi é de Tab^orption de Foxigène qu'eat due la
grande chaleur qui se développe. Lëmery pensait que
ce mélange joue le plus grand râle dans les volcans } aussi
le nonuna-t-il volcan artificiel y nom quil porte encore
dans les laboratoires.
Cette expérience , qui a fait grand bruit dans le temps ,
ne représente en aucune manière ce qui se passe dans
les éruptions volcaniques. D'abord il faudrait admettre ,
en adoptant les idées de Lémery , que F air circule libre-
ment dans les abîmes souterrains , puisque la présence
de ce fluide est indispensable pour Y inflammation du mélange
de soufre y de fer et d'eau ; or ^ une observation bien simple
prouve que Tair ne peut pas pénétrer ainsi dans F intérieur
des volcans. Lorsque les laves dégorgent par les cratères y
3 faut nécessairement qu'une pression très forte ^ exercée
du dedans au dehors , les élève au-dessus du foyer principal.
Cette pression doit être énorme , si Ton considère que
les plus petits volcans , le Fésuve par exemple , ont plus
de mille mètres d'élévation au-dessus du niveau de la mer,
et que les laves pèsent environ trois fois phis que Feau.
Une pression de mille mètres de lave ( en supposant que
le foyer de ces volcans se trouve au niveau de la mer
seulement ) y équivalant à une pression de trois mifle mètres
d'eau ou à celle d'environ trois cents atmosphèi*es y ne
permet pas assurément Feutrée de F air dans F intérieur
des cratères. ï)* ailleurs y si cette introduction de Fair avait
lieu , il serait impossible de concevoir et les tremblements
de terre et F ascension des laves.
La formation des laves et leur sortie hors des cra-
tères ne peuvent pas s'expliquer d'après cette hypo-
thèse. En effet y la chaleur produite par F inflamma-
tion du mélange combustible est loin d'être assez forte
pour faire entrer en fusion des matières aussi réfrac-
taires que celles qui composent les laves, et au surplus, une
a3
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( 178 )
fois le mélange enflamme , des que le gat hydrogène
résultant de la décomposition de Teau par le soufre sera
pairenn à se faire jour k la snrfàce du sol y F éruption ne
consistera plus que dans la continuation du dégagement
de ce gaz y de la Vapeur d^eau et de Tadde sulfureux. Ces
fluides aérifbrmes n'auront certes pas assez de puissance pour
soulever des masses aussi énormes de matières solides (teDes
que ponces, scories , rapilli , cendres, etc. ) et de laves,
que celles qui sortent de la bouche des volcans en activité.
Si le soufre était un des principes nécessaires à la
production des éruptions , il devrait se trouver en
masses considérables dans certaines couches de la terre , et
là surtout où ces pliénomèues volcaniques se manifestent ;
en (mire , parmi les produits des éruptions , on devrait
l«ncontrer beaucoup de composés dans lesqueb ce corps
combustible est un des éléments constituants. Ni Tune ni
r autre de ces conditions ne se trouve remplie.
Une dernière objection , ( et ce n est pas la moins forte ) ,
eonsbte dans T identité des laves rejetées parles volcans les
plus éloignés, oonmie par ceux qiii ont brûlé aux époques
les. plus reculées. Si ces matières n étaient que le résultat de
k fusion des substances minérales qui existent près du
fojer allumé y elles devraient différer les unes des autres
comme la nattnre des terrains où se trouve ce forer, car,
dans les idées de Lémery , T inflammation d*un volcan est
un phénomène local et indépendant. Vous rojez que tout
se réunit pour renverser de fond en comble cette* théorie ,
qui est toute spécieuse.
Hypothèse des géologues du 18* siècle. Vers le miheii
du siècle dernier , une hypothèse qui présente assez de
rapports avec celle de Lémery , et à laquelle le célèbre
Wemer a prêté Tappui de son nom , acquit une grande
faveur et conïpte encore quelques partisans , qnoiqu^eBe
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(/Ï7S >
ne puisse » ele même que la précédente , suppocter ira
examen sérieux, (i) Qii admit généralement que i!e5i;o/c<in#
sont, produis par [embrasement îles couches de houille et
pyrites qui s*en''amment lorsqu'elles sont luunectées par les
eaux. Il est facile de démontrer que cette nouvelle suppo-
sition est complètement fausse.
La combustion delà houille ne donne jamais lieu à aucun
des phénomènes qui sont propres aux bouches ignirômes ,
c'est-à-dire à des tremblements de terre j des éruptions
de laves , des formations de montagne , etc. On connaît
un assez grand nombre de houillères emlirasées ( St^
(t) Au nombre dos naturali.^tcs qui professent encore Topinion
dont il est ici question , on doit surtout citer M Rodolphe de
Pryttanowski , qui a publié , en 1823, un ouvrage sur l'origine
des volcans dans /'/la//tf ( Berlin) , très remarquable pur les faits
intéressants qu'il fait connaître. Cet auteur préteml qu'il y a, dan»
le milieu de l'Italie, deux trafnées de matières inflammables,
courant du N.-O. au S.-E. Le soufre , Vasplialte , la bouille et
les minerais sulfureux sont ces matières inflammables. Selon ses
idées, les volcans doivent leur activité au eontoct de ces matières
avec l'air et l'eau , et il cite à Tappui de son opinion la quantité
de lacs dans les régions volcanisées , l'abondance des sources souter-
raines et l'éruption boueuse à poissons du Pérou. 11 fait dérivet
l'adde hydrocblorique des volcans des bancs de sel et des sourcet
saXées, La mer , d'après lui , n'aurait d'influence sur les volcans
qu'en empêchant l'échappement des gaz, etc.
M. Melograni est aussi un de ceux qui attribuent les feux volcj-
BÎques à l'embrasement de matières combustibles , principalement
4a charbon foinle végétal et du bitume animal. 11 explique l'inac-
tivité passagère des volcans et leur extinction complète par le manque
de ces matières et l'éloignement de la mer. Il croit, en outre, que
tou9 les volcans ont commencé par être sous-morins. ( Description
géologique et statistique de VAspromonte et de la contrée enui"
Tonnante , avec trois Mémoires sur l'origine des volcans , le gra-
I^iite d'Olivadi et les salines de la Calabre, par M. Giuseppe Melo*-
grani , in-8''; Naples, 1823 ; De l'origine et de la formation det
volcans , par le même ; Atti del real Istit. di Napoli , t. 1 ,
p. 162. )
23.
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( «8o)
Etienne, Aubin, etc. , en France ; Planitz ,en Saxe ; Hcsse,
Bohème , etc. ) , plusieurs même d'une puissance asses
considérable ; dans les moments de combustion les plus
actifs , elles produisent parfois des jets de flammes , mais
le plus ordinairement elles brûlent sans manifester la
moindre explosion ; il se dégage quelques vapeurs , des
sels anmaoniacaux ( suUate et bydrochlorate ) se subliment
dans les fissures des coucbes supérieures; les rocbes enri-
ronnantes éprouvent des modificajlions par l'action conti-
nuelle de la chaleur : les unes , principalement les argiles,
éprouvent une demi«vitrification , deviennent dures au point
d'étinceler sous T acier , prennent T aspect de F émail j avec
des couleurs variées ; en un mot , elles sont réduites à
Vétat de jaspes-porcelaines ou de porcefnniies ^ d'autres se
vitrifient complètement, même celtes qui sont les plus réfrac-
taires, comme les grès ; quelques-unes très fusibles, les argiles
schisteuses sont surtout dans ce cas , prennent T aspect de
scories presque semblables à celles des volcans; mais, le
plus habituellement , les roches terreuses qui sont snpeiposées
aux couches de houille ne sont que calcinées légèrement ,
et ressem})lent assez aux briques et aux tuiles qu'on prépare
de toutes pièces pour nos besoins. Outre ces effets , on
remarque encore une légère dépi*ession dans la surface du
sol , h mesure que la couche de houille qui lui servait de
support se détruit par sa paisible combustion.
Tels sont les phénomènes particuliers aux houillères em-
brasées. Qu'on y associe des couches de pyrites plus ou moins
considérables , ces phénomènesme deviendront ni plus in-
tenses ni plus apparents. En effet , on sait que les pyrites ne
s'enflamment jamais dans le sein de la terre, quel que soit
le degré d'hiunidilé où elles se trouvent ; il leur faut le con-
tact de Tair : même , dans ce cas , leur combustion est aussi
tranquille que celle de Li houille. Il existe dans plusieurs
départements de la France ( Aisne, Oise, Aveyron , etc. ),
h. la surface du sol , des masses de pyrites , de schistes
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( i8i )
pyrîteux et alumioeax y auxquels on met le feu : celui-ci
se propage très leutemeut , la température s'élère progres-
sivement j mais jamais à un degré très élevé ; les roches
se disgrègent , s'effleurissent , leur nature change , de
nouveaux produits se forment ( sul&te de fer , de cuivre ,
d'alumine j etc. )y quelques vapeurs se dégagent , les tas se
déforment et s'éboulent j mais du reste tout se borne là.
Cette hypothèse présente encore d'autres difficultés. En
l'admettant, il est impossible de concevoir les alterna-
tives de repos et d'action d'un même volcan y et la masse
incalculable de matières qu'il vomit. Une fois que les
couches de houille et de pyrites ont été consumées, la
combustion cesse pour toujours , car ces matières ne se
reforment plus là où elles ont été détruites. Quels
énormes lits de charbon de terre et de pyrites ne fau-
drait-il pas supposer, ensuite , pour expliquer la formation
de ces monstrueuses coulées de laves qui sortent des
volcans , même les plus petits ? U aurait fallu, poiu* former
r Etna , une couche de houille dix fois aussi volumineuse
(pie cette montagne, dont la largeur et la hauteur sont si
grandes ; on ne connaît pas encore de mine de houille
d'une telle puissance; les mines ide pyrites sont dans le
même cas.
Ce qui a donné l'idée que les houilles et les pyrites
pourraient être la cause première des éruptions volca-
niques, c'est qu'on avait remarqué que les prodm'ts qui
sont communs à presque tous les volcans renferment tous
les principes de ces combustibles minéraux. Ainsi , on
trouve ordinairement du soufre autour des cratères ; de
l'acide sulfureux et de l'acide sulfurique s'en dégagent
presque continuellement ; les laves contiennent beaucoup
de fer : enfin, les fumées qu'exhalent les volcans en
activité et les solfatares, ont habituellement une odeur
de bitume. Mais, pour que ces matières ( les houilles
«t les pyrites ) paissent produire par leur inflammation
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M»* X
les (4)ënoinèiufs terribles que. nous oflrent les contrées
ravagées ^r le Sfiii.f il %udrait de toute néciessité que
les volcajss . eussent leur assiette dans les formations se*
condaires, 4^kns les couches mêmes de houille et de
pyrites. Qr., f observation a démontré que presque tous
les. volcans reposent sur les granités et autres terrains
primitifs ; par conséquent bien au-dessous des terrains
0Ù se trouvent toujours les combustibles dont nous par-
lons. Les pyrites , il est vrai , se rencontrent dans les
formations de tous^les âges ; mais , dans les plus anciennes,
elles ne s y prrse^tent qu'en petits nids ou. rognons disse-
n^nés y rarement en pejtites coucb^.
. Hypothèse de Buffbn, «T aurais àh^ peut-être, en raison
de la grande analogie que Ton va. remarquer entre les
idées de Buffon sur la cause des éruptions volcaniques
et colles précédemment discutées , ne pas séparer Tex-
plication qu il a donnée de ces phénomènes de celle que
je viens d'examiner- en dernier lieu ^ mais, comiiue ce na-
turaliste a émis quelques opinions qui lui sont tont-4-&it
propres , et que tout ce qui provient de cet homme célèbre
excite à un hamt degré la curiosité , j'ai cru devoir faire
une mention spéciale de son hypothèse. Voici comment
ce poète de V histoire naturelle entend la production des
iémptions.
Il se trouve dans une montagne des veines, de soufre ,
de bitume et d'autres matières inflammables , ainsi que
des minéraux , des pyrites, qui peuvent fermenter et qui
fermentent, en effet, toutes les fois qu'elles sont exposées
À l'air ou à l'humidité. Toutes ces substances sont réunies
ensemUe en très grande quantité. Le feu s'y met et cause
«ne explosion proportionnée à la quantité des matières
enflammées , et dont les effets sont ausn plus ou moins
grands dans la même proportion, u Voilà ce que c'est qu'un
Ai volcan pour un physicien , dit Buffon, et il lui est fedle
» d'imiter l'action de ces feux souterrains , en mêUat
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( «83 )
n ensemble ane certaine quantité de soufre et de limaille
f( de fer qa*on enterre h une certaine profondettr , et
If de faire ainsi un petit volcan dont tes effetsF 8<mt le$
H mêmes , proportion gardée ', que ceux des grands : car
<f il s'enflamme par la seule fermentation , il jette la terre
(f et les pierres dont il est coutert , et il fait de la fumée ..
(t de la flamme et des explosions. »
Mais les feux souterrrains ne peurent agit* avec violence
que quand ils sont aaset voisins des mers pour éprouver un
choc contre un grand volume d'eau. Ainsi XEtna et les YiA*-
cans de Sicile ont été tranquilles pendant plusieurs milliers
Jannées , après la baisse des eaux de la mer universelle , et
lorsque la Méditerranée n était plus quun lac d'asses mé*
diocre étendue, ses eaux s étant très éloignées de b Sicile et
de toutes les contrées dont elle baigne aujourd'hui les
cèles, ee n est qu'après Faugmentation de la Méditerranée
par les eavx de fOcéen et de la mer Noire, c est-à-dire
âfprès la rupture de Gibraltar et du Bosphore , que les
eaux sont venues attaquer de nouveau les montagnes de
\Etna par teur base , et qu'elles ont produit les éruptions
modernes depuis le siècle de Pindare jusqu'à nos jours.
Il en a été de m^me pour le Vésmfe : long-temps il a
bit partie des volcans éteints de l'Italie , et ce n est qu'apnes
l'augmentation de la Méditerranée , que les eaux s'en
étant rapprochées, ses éruptions se sont renouvelées. La
mémoire des premières , et même de toutes celles qui avaient
précédé le siècle de Pline, était en^erement perdue, et
l'on ne doit pas en être surpris , puisqu'il s'est passe
peut-être plus de dix mille ans depuis la retraite entière
des mers jusqu'à l'augmentation de la Méditerranée , et
qu'il 7 a ce même intervalle de temps entre la première
action du Fésîwe et son renouvellement.
D* autres phénomènes particuliers paraissent encore dé-
montrer , suivant Buffon , l'influence des eaux de la mer
sur les éruptions voleapiqueB et leur communication avec U
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( i84 )
foyer des volcans. Telles sont ces masses çoosîdéraUes d'eao
que certains volcans rejettent par leors cratères, T existence
de lacs sur le sommet de beaucoup de volcans éteints , et
celle de sources chaudes à leur base. Enfin, ce qui sert en-
core à corroborer cette opinion , c'est la situation de pres-
que tous les' volcans dans les Iles ou sur le bord des conti-
nents, ainsi que la violence de leurs éruptions. Les volcans
étaient jadis beaucoup plus n<mibreux qu*aujourd'kui,et ibse
sont successivementéteints à mesure que les mers s en sont
éloignées.
Buffon prétend que le feu qui constune les volcans ne
vient pas de la profondeur de la montagne , mais da
sommet, ou du moins d'une profondeur assez petite, et
que le foyer de F embrasement n'est pas éloigné du sommet;
car, s'il n'en était pas ainsi , les grands vents ne pourraient
pas contribuer à l'embrasement de ces montagnes ardentes;
or il est constant pour Buffon , que les vents violents
et les orages augmentent singulièrement le feu qui s j
manifeste. Parmi les preuves qu'il avance pour soutenir
l'opinion que le feu vient plutôt du sonnmet des canes
volcaniques que des profondeurs de la terre , on remarque
celle-ci : en 1669 , dans ime fameuse éniption de ï Etna y
qui commença le 1 1 mars , le sommet de la m<Hitagne
baissa considérablement , comme tous ceux qui avaient tu
cette montagne avant cette éruption s'en aperçurent. Il
faut être bien aveuglé en faveur d'un système, ou ne pas
vouloir raisonner , pour se servir de pareils faits comme
de preuves convaincantes ! Buffon , d'ailleurs , s'appuie
beaucoup du sentiment de Borelli , qui dit précisément que
le feu des volcans ne vient pas du centre ni du pied de
la montagne , mais qu'au contraire il sort du s<mmiet et
ne s'allume qu'à une très petite profondeur.
Les solfatares ne sont , d'après Buffon, ni des volcans
agissants ni des volcans éteints , mais elles semblent parti-
ciper des deux. Les eaux themules; ainsi que les fontaines
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( i85)
de pétrole et des autres bitumes et huiles terrestres, doÎTeat
être regardées , suÎTant le même auteur > compie une
autre nuance entre les volcans éteints et les volcans actifii.
Lorsque les feux souterrains se trouvent voisins d'une mine
de charbon y ils le mettent en distillation ; c est là T origine
de la plupart des sources de bitume : ils causent de même
la chaleur des eaux thermales qui coulent dans leur voi-
sinage. Mais ces feux souterrains br&lent tranquillement
aujourd'hui : on ne reconnaît leurs anciennes explosions
que par les matières qu'ils ont autrefois rejetées : ils ont
cessé d'agir lorsque les mers se sont retirées , et l'on ne
doit pas craindre le retour de ces funestes explosions ,
puisqu'il y a toute raison de penser que la mer se retirera
de plus en plus. ( Pneiu^es de la théorie de la Terre ,
art. XVI ^ Des volcans et des tremblements de terre. )
«Tai déjà fait voir que le soufre y les bitumes y les
pyrites y ne pouvaient, par leur embrasement, produire
les phénomènes que nous présentent les montagnes igni-
vômes. Quant à l'opinion que les eaux de la mer com*
muniquent avec le foyer des volcans et sont une des causes
influentes de leurs éruptions , je démontrerai plus loin ,
à l'occasion d'une autre hypothèse y que rien n'est plus
douteux que cette communication et cette influence.
G)mment se &it-il que Buffon n^ait pas remarqué que
cette opinion est tout-à-fait en opposition avec celle qu'il
professe relativement à la situation du foyer du feu dans
l'intérieur des volcans? Si ce foyer était en effirt placé,
comme il le prétend , au sommet de ceux-ci , comment
les eaux de la mer , qui ne peuvent nécessairement com-
muniquer qu'avec la base de ces montagnes, pourraient-
elles s'y introduire et activer l'embrasement ? Mais cette
dernière opinion , d'ailleurs , est tout aussi gratuite que
la première , ainsi que l'attestent les nombceuses éruptions
qui se font à la base et sur les côtés de certains volcans.
Tous les fiiits démontrent que le foyer des volcans est
24
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(«86)
litné iam les pi^faajkuys àt la terre 5 et A m reflem
plus et doute à o«t ëgari après U locstupe de oe diapiti^.
Si quelque ciiote doit ëtOMwr , c ni qoe BdCm , dont
le génie a deriné , pom ainsi dire, Tesislence "du fea
central y n ail pas saisi les rapports q«i eûleal entre et
le« prittûtif et les ^rupti-^tn vekaoiqoes ! On doit snpposer
que cet illuati^ naturaliste n'araii pas saffisaniBenl màii
ses idées sur son ingénieuse théorie do vulcanisme primitif,
ear aUtremeat il n'eût pas manqué d'en déduire une des
«onséquenoes les pl'.tSr rationnelles j celle enfin qui devait
•se présenter tout d'abord à son esprit.
Hypothèse de Breisiack. Breislad^ , un des géologues
italiens les plus distingua, qui matt dans le 18^ siècle,
0 supposé que la matière qui occasionnait les émptions
▼olcaniqnes était le pétrole , substance très combustible
comme on sait. Pour le Fésm^e , par exemple , il dcmnait
iexplioaftion snirante de «es 'embrasements.
Il eiisie beaucoup de matières bimmineuses y de henille ,
dans la -diaine des Apennins qui passe à Test du Fésm^^
et dans les provinces environnantes ; la pierre caloaiie
fétide de Ca^;dlamare est pénétrée de bitume , el le
ealcaire fiétide est ordinairement voisin des substance»
bilnminenses. Il y a des sulfures de fer dans œtte
même chaîne de montagnes y il est très probable que
ces derniers sont mêlés aux matières bitumineuses en
^leu éloignées d' dles ^ car ces deux genres de sufaatancet
gisent le plus ordinairement ensemble dans les mêmes
contrées. Si les pyrites se décomposent lentement et sam
inflammation , il en résultera une chaletu* qui «^[ira sur
les substances bitumineuses, et en fera distilla' le piHiole,*
en outre j les houilles sont riches en soufre , et ptir leur
décomposition elles donnent aussi des sels ammomacanx;
ces deux substances se réuniront donc an pétrole , qui a
U faculté de lès dissoudre. Ce dernier se rendra pur des
eananoL souterrains vers les profondemrs dn ^esutf e , sitné
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( i8t)
à la plage de la mer. Le pétrole ëtaal fias léger qoe Feav
salée ^ doit la surnager : il est volatil , e( comme il foiy*iii|
du gaz hydrogène , il s'enflamme très facilement. Si un eoU"--
rant de matière électrique fulminante »e répand dans les^
cavernes du volcan , il devra enflammer le pétrole ; celui-ci
pourra , d'ailleurs^ entrer en combustion par un simple chan*
gement de température. De là les éruptions yolcaniqim.
Pour expliquer la présence d'une grande quantité d'eait
parmi les produits rejetés par les volcans, Breislack f pli|t6t
que d'admettre 9 avec les anciens auteurs, la communica*
lion de la mer avec l'intérieur des foyer» volcaniques , sup^
pose avec plus de raison que , dans les moments de tran«
quillité , il se rassemble une grande quantité d'eap dans les
abîmes volcaniques, laquelle, lors de l'embrasement, esi
soulevée à l'état de vapeur, conserve cette forme aussi long*
temps qu elle est renfermée entre les parois du volcan en<»
flammé, et se condense en se refroidissant par le contact de
l'air extérieur. Une partie de cette vapeur d'eau sert à l'en*
tretien de la combustion du pétrole par sa déoompositioa
dans l'intérieur du foyer.
Telle est la théorie de Breislack , q^i n'a pas plu(^
de fondement que la précédente. La première invrai-
semblance , c'est la présence du pétrole dans l'inténeur
des volcans ; la seconde , c'est le mode de formation ie
cette substance. Comment Breislack a-t-il pu supposer
d'ailleurs qu'une si petite couse pût produire des effetf
aussi gigantesques ? Comment n a-t-il pas été effrayé en
songeant à la masse de pétrole qu'il faudrait pour occa*
sionner les éruptions des volcans d'Amérique , et quelles
couches de matières bitumineuses seraient nécessaires pour
fournir à la consommation de ces bouches monstrueuses?
Cela prouve combien la manie des systèmes est puissante ,
puisqu'elle pervertit le jugement des hommes les plus insr
tmits, au point de leur &ire admettre des idées aussi
erronées.
a/,.
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( i88 )
Hypothèse de Patrin. A F époque où Breislack pabBa
M théorie sur les Tolcans , une autre , encore plussinguKèrc ,
parut. Elle était due à Patrin , minéralogiste français assez
distingué, mais remarquable par l'originalité de ses idées.
Je me bornerai à exposer cette théorie ; toute réfutation
sérieuse serait superflue.
Patrin part de Tobserration que tous les Tolcans, sans
exception , sont voisins de la mer , et qu*à mesure que
k mer s'est éloignée des rolcans anciens y ceux-ci se sont
éteints ; il déduit de cette proposition que le principal
aliment des volcans est f acide muriatique ^ qui se forme
journellement , existe libre à la superficie des eaux de
la mer , et peut descendre rers le fond par sa plus grande
densité 5 cet acide trouve alors les schistes argileux pri-
mitifs 'y il s'introduit entre leurs lames y et comme il
rencontre en ceux-ci beaucoup Joxides métalliques , il
leur enlève leur oxigène et devient acide muriatique oxigéné
(chlore). Cependant ces substances métalliques, dépouillées
de leur oxigène , le retirent de nouveau de V air et de
Teau , et le perdent encore par- un nouvel afflux d'acide
muriatique. Il se forme de cette manière une drculation
d'acide muriatique qui sort de la mer , et qui s' oxigène
par le contact des ox'des métalliques : ceux-ci restent
toujours oxides , parce qu'a mesure qu'ils sont privés
d' oxigène , ils en absorbent de nouveau. Cet acide mu-
riatique oxigéné, attiré par les lames schisteuses qui font
l'office de tujanx capillaires, se propage à des distances
très grandes, rencontre partout des sulfures de fer dont
les schistes sont remplis , et les décompose avec violence.
Il s'opère alors un développement considérable de calorique,
une formation d'acide sulfuriqiie , et une décomposition
d'eau au moyen du carbone, l^ne portion de F hydrogène de
cette eau se combine avec le carbone et un peu d' oxigène,
et forme de l'huile; l'acide sulfurique se combine avec
l'huile , et constitue le pétrole j l'autre portion de C hydrogène
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( »89)
est enflamme par le nouveau gaz muriatique oxigéné 5 le pé-
trole réduit en gaz s enflamme aussi, et commence T incendie.
Palrin croit ensuite que cette incendie finirait prompte-
ment , si une autre matière ne concourait a en redoubler
r activité j et il suppose que c est le fluide électrique , dont il
se prévaut encore pour expliquer T origine des laves et des
matières solides vomies par les volcans. H établit donc que
le soufre abonde dans les laves ; que le soufre est le fluide
électrique concret ^ comme le diamant est la concrétion du
cirbone ; que le phosphore est une combinaison du soufre
avec une autre substance , peut-être la lumière. Ensuite Tin-
flanmiation de T hydrogène par la détonation électrique lui
semble prouver d'une manière directe la présence du phos-
phore dans le fluide électrique. La formation journalière du
soufre et du phosphore dans les êtres organiques îa\X penser
à Patrin qu ils sont dûs à la présence d'un fluide universelle-
ment répandu , et qu'il ne croit pouvoir être que le fluide
électrique. En admettant la présence du phosphore dans le
fluide électrique, il lui attribue la propriété de fixer Voxi-
gène et quelques autres gaz sous forme solide , de sorte qu'il
arrive à établir que les matières solides vomies par les vol-
cans sont dues à des substances gazeuses devenues concrètes,
et sont le produit de ces mêmes substances , conmie les
fleuves sont le produit de la circulation des eaux. Puis il re-
garde particulièrement la terre calcaire comme un produit
de la concrétion d'une partie d'oxigène et d'azote , et de
cette manière il explique la formation de cette terre et
des masses calcaires , qu'il affirme être souvent vomies par
le Fésui^e , ce qui a tant tourmenté l'esprit des naturalistes.
( Joum. de physique , Mars i8oo|, et Nout^eau Dictionn,
d histoire naturelie , i«™ édition, i8o4î Déterville.)
Cette hypothèse , ridicule d'un bout à Vautre, semble
être le produit d'un cerveau dérangé. C'est pourtant le
fruit des méditations d'un naturaliste qui a concouru à la ré-
daction du premier dictionnaire d'histoire naturelle bien fait
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( I9P )
publié en France. Les- conclusion^ qui tenuineni Texpoié
de cette théorie sont aussi remaitpiables qu elle. « Job-
(( serverai en finissant y dit Patrin, que lorsque, dans
(( une théorie telle que celle-ci j tous les faits Tienaest
u se rattacher d'eux-mêmes au fil principal , il semUe
(( que ce soit le fil même de la nature. Or , non-seolement
u tous les phénomènes volcaniques , mais encore la pbi-
« part des autres phénomènes géologiques, trouvent leur
<c explication naturelle dans ceUe circulation et dans les
« diverses combinaisons des fluides de F atmosphère , etc. >
Hypothèse de Bernardin de Saint-Pierre. Parmi las
ouvrages que Ton met entre les mains de la jeunesie ,
il n'en est pas de plus dangereux peut-être que oeox de
Bernardin de Saint-Pierre, car cet auteur, si îuatement
admiré pour la fraîcheur et le coloris de son style , est
malheureusement remarquable par ses nombreuses errews
dans les sciences physiques et naturelles. Les personnes
qui le lisent sans avoir les connaissances nécessaires pov
distinguer le vrai du paradoxal , adoptent avec bonne foi
ses assertions erronées, d'autant plus que ses raiscHmements
ne manquent pas d'une certaine logique qui en impose.
On peut dire avec raison que cet auteur est i^lui qui
a le plus répandu de préjugés et d'erreurs dans la société
relativement à l'histoire naturelle , et cela avec d'autant
plus de facilité que jusqu'à présent en France on s est
peu occupé à populariser cette étude , et qu'elle ne ùà
pas encore partie de l'instruction qu'on donne commu-
nément à la jeunesse. Sous ce dernier rapport, les étrangers
nous laissent bien loin derrière eux , car de nombreux
ouvrages élémentaires , rédigés par des hommes du premier
mérite , qui ne dédaignent pas d'écrire dans T intérêt de
la masse de leurs concitoyens , sont répandus , pour aîna
dire avec un luxe de profusion , dans toutes les classes de
la société. 11 est donc du devoir de tout naturaliste qé
veut être réellement utile , de relever les fautes qui (bor-
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(i9« )
millent dans les éerits d^un aatenr qui jouit chez nous d* une
faveur aussi grande que Bernardin de Saint*Pierre , et de
mettre tout le monde en garde contre ses idées y d'autant
plus dangereuses qu'elles sont revêtues d'une élégance
entramante. Cest par de tek motifs que je crois devoir
exposer ici F opinion que cet ëcrirain a émise sur F origine
des feux volcaniques , dans ses Etudes de la Nature , et dé-
montrer combien ses idées sont fausses h cet égard.
Entraîné par une idée dominante, par le désir d'expliquer
les phénomènes naturels au moyen des causes finales ,
Bernardin s'égare ici comme ailleurs dans de pures spé-
culations. Selon lui , l'eau de la mer jouit , en raison de
son d^ré de salure , de la propriété de dissoudre et non
de conserver toutes les matières oi^aniques^ les huiles ,
les bitumes et les nitres des végétaux et des animaux sont
amenés dans l'Océan par le concours des pluies et des
fleuves ; il s' j joint des dissolutions métalliques , surtout
celle du fer. — L'Océan serait bientÀt couvert d'une couche
épaisse de ces huiles , si les courants n'amenaient ces
matières dans le voisinage des volcans qui ont €K>mmu-
nication avec la mer. — Les volcans sont de vastes fourneaux
allumés sur les rivages de l'Océan pour purger ses eaux,
comme le tonnerre purifie l'air. — Les volcans se sont
allumés primitivement par les fermentations végétales et
animales dont la terre int couverte après le déluge , lorsque
les dépouilles de tant de forêts et de tant d'animaux
nageaient à la surface de l'Océan et formaient des dépôts
monstrueux que les courants accumulaient dans les bassins
des montagnes y ils s' j enfbmmèrent par la simple fer-
mentation , comme nous vojons des meules de foin mouillées
s'enflammer dans nos prairies.
Cette théorie est appujée , i* sur l'existence constante
des volcans sur les bords de la mer et sur la quantité d'eau
qu'ils vomissent ; a^ sur l' extinction d'anciens volcans qui ,
dan» f ordre pmiitif, setreutaîeBtsnrlesbordtderOoëaOy
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( «90
«t qui ont cesse d'être almientés par lui y quand y par un
changeaient d'axe de notre globe , les eaux en ont aban-
donné une partie pour envahir T autre.
Il y a autant d'erreurs que de mots dans cette théorie,
contre laquelle je n élèverai que quelques objections, devant
discuter plus tard y à l'occasion d'autres hypothèses , la
valeur de plusieurs assertions avancées par Bernardin.
L'opinion que l'eau de la mer peut dissoudre les matières
organiques au lieu de les conserver , est en opposition avec
tous les &its 'y et l'existence de ces matières en dissotution
dans l'Océan , en quantité assez considérable pour alimenter
les volcans, est également erronée. Quel rapport, d'ailleurs,
existe- t-il entre la composition de ces matières et les
produits rejetés par les volcans ? Il faut pardonner, av
reste, à Bernardin , qni n'était nullement chimiste, de
soutenir des opinions qiii sont en contradiction manifeste
avec tQus les faits. Le peu que f ai dit suffît ponr montrer
conmient un écrivain d'ailleurs estimable se couvre de
ridicule quand il veut traiter de dioses qui sortent du
cercle de ses connaissances, et quel tort il fait à la sod^
en propageant des opinions que la véritable science frappe
de réprobation.
Hypothèses de quelques autres géologues. Plusieurs géo-
logues ayant remarqué le peu de chaleur que les cou-
lées de laves répandent autour d'elles , et ayant reconna
dans leur intérieiu* des substances minérales très fusîMes
dans un état parfait d'intégi*ité , ont prétendu cpie la tem-
pérature n'est pas très élevée dans l'intérieur des volcans,
et, par suite , que la fusion des laves s'était opérée à une
très basse température, ou même quelles n'étaient pas
en fusion lors de leur sortie des cratères.
Kirvan a supposé que -les laves étaient entraînées par des
flots de bitume.
Dolomieu a avancé qu'il y avait dans ces matières une
cause ou une substance particulière qui les faisait finidre
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( 193)
ou rougir k un degré plus bas que toule autre matière
minëraJe de même composition ; que cette substance était
le soufre y et que c'était ce corps qui y par sa combustion
contkmelle au contact de fair , leur donnait la faculté de
rester chaudes pendant très long-temps et dans un état de
mollesse plus ou moins grand.
Pbisrécemment y M. Poulett-Scrope a admis ukie autre ex-
}dkBlioa rektiTement à la manière dont les laves ont coulé.
H suppose que la plupart d'entre elles, au moment où elles
cbuknt sur la surface de la terre et à ^^couvert , ne sont
pas dans un état de fusion ^ mais qu'elles consistent en cris-
taux solides , glissant les uns sur les autres à cause de l'inter-
Tention de petites quantités â*un fluide élastique , produit
dans la masse de la lave resserrée , et porté à une grande
iateosité de dialeur. Or y lorsque la pression exercée sur
eetle masse est diminuée par suite de Féboulement des ro-
ches superposées , ou par leur crerassement , les parcelles
cristallines et les vapeurs ; mêlées intimement , s'élèvent et
s'échappent ou s'écoulent y précisément comme un mélange
d'eau et de vapeur s échappe par l'embouchure du digesteur
de Perkins , lorsqu'on tourne le robinet. M. Poidett
i»nvient pourtant que quelques volcans ont produit des
laves dais un étal de fuMon complète : il met dans cette
catégorie ceux de Yîk de Bourbon y de Monte-Bianco y à
l'extrémité orientale àeUpariy de Ténériffe et de Y Irlande •
( Considérations on Folcanos , the probable caisses qflheir
phenomena, etc^ Considérations sur les volcans y sur les
lois qui président à la disposition de leurs produits et les
causes qui déterminent ces phénomènes , stdtnes d'un exa-
men sur les rapports que les volcans présentent avec les
révolutions que notre globe à subies et avec son état actuel ^
rapports qui conduisent à une nouvelle théorie de la Terre ;
par M. Pouleu-Scrope , esq. y secrétaire de la Société
géologique 5 i vol. in-8®. Londres, iSaS. — Memoir on
the Geologx of central France ; Mémoire sur la Géologie
25
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(194).
àe la France centrale ^ comprenant ies formations volcor
hiçues de VAupergnCj du Vélay et du Fivanùsj par le
même; m-4° , avec atlas. Londres j 1837. )
Tontes les opinions que je riens de rapporter sont oom-
plètement bosses. Des observations multipliées ( et dles
se trouvent exposées ctans les chapitres précédent») étaUisseDt
d'une manière irréfragable que la température de rintérieur
des volcans est très élevée y que lés laves qui en sortent
sont toujours dans un état de fusion ignée , que la dialenr
qu elles dégagent dans Tatmoeplière est considéraUe ^ mais
qu'elle s'affiiâ>lit grardtfellement à mesut^ qite la surface
des courants se fige et se consolide , etc. Une fois qoe
les parties intermédiaires des coulées sont protégées da
contact de r air par une Cro&te qui oupécbe le rayônne-
menl y on conçoit facilement , étant aussi mauvais a»-
docteurs de la chaleur qu elles le sont j comment dks
peuvent conserver pendant si long-temps une haute tem-
pérature et une liquidité pâteuse. On sait aussi que toutes
les fois qu'on met à nu ces parties intermédiaires , en
enlevant la croûte qui l^s recouvre y elles paraissent de
nouveau incandescentes, et répandent an loin une forte
chaleur. D'ailleurs , la structure cristalline et parfaitement
homogène des laves démontre claicement que tontes
les parties qui les composent ont été tuiles en fusion (i).
(1) Les bois verts , les arbres atteints par les laves, s'enflamment
subitement ; mais aussitôt que celles-ci les recouvrent , la oonba»'
tion 8*arréte , et ils passent à l'état de charbon ; c^esf ce qui airiva
dans une grande éruption du Tolcan de Vile de Bourbon, Ce Dut
explique très bien pourquoi Ton trouve certaines coulées sur àf^
lits de houille y ou plutôt de lignttes. Le mont Meissner^ en Hesât-
Cassel , en offre surtout un bel eiemple.
On trouve souvent de la chaux earbonatëe au milieu des Utes,
avec tous ses caractères ; elle ^peanit n'avoir subi aucune atten-
tion ; ellie a conservé son acide et sa consistance. Faojas, le pie-
mier, observa ce fait {Minéralogie des polcana , p. 162 et son
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( -95)
Quant aux substances cristallines frès fusibles que Ton
trouve dans tonte leur intégrité au milieu de la matière
lavique , leur présence n*a rien qui puisse étonner j jusque
les expériences de plusieurs chimistes et physiciens , ex-
périences que f ai déjà citées y établissent positivemem
qu* elles ont dû se former, alors même que la matière
Tantes ) , que ]es expériences de Hall expliquent parfaitement.
Mais lorsque cette pierre n*a ^té qu'en partie entoura par IfL
matière lavique , de telle sorte qu'elle n'est pas entièrement
soustraite au contact tle l'air , on remarque qu'elle se nîduit en
poussière ou derient farineuse et fendillée. ( Thomson , cité p»
Breislack , yoyage en Campante , 1. 1 , p. ^84. )
Les silex qu'on rencontre au milieu des coulées sopt fendiUéf
et peu tenaces ; ils ont un aspect gras ; aussi leur a-t-on donné le
00m de pechsieint ou pierres de poix. Ils présentent des caractères
analogues lorsqu'on les soumet à l'action de nos iourneaux.
Thomson a publié le Catalogue des substances de diverses natures
c|ui furent altérées plus ou moins par le contact de la lave brûlante
qui détruisit Torre del Greco, et qu'on découvrit c|^ns les fouilles
qu'on 6t pour y jeter les fondations de la nouvelle ville. On remar-
que surtout :
lo Que le verre fut changé en porcelanîle i
20 Que le fer malléable s'est gonflé et comme boursoufllé , est
devena cristallin et fragile ; que plusieurs pi^es de ce fer ont pré-
senté des octaèdres et d'autres cristaux lamelleux ;
3» Qu'on a trouvé aussi dans des ferrures des pierres qui avaient
donné naissance à du sulfate de fer déliquescent ;
4® Que le cuivre des monnaies s'est souvent changé en cuivre
ronge;
5o Que les monnaies d!or n'ont éprouvé d'autre altération que
de se couvrir d'un léger enduit noir , qui est probablement dû
à leur alliage ;
Qo Que les reliquaires d'argent ont été trouvés couverts de
petites ampoules qui étaient remplies.de cristaux d'argent sublimé;
70 Que le plomb, s'est converti eu sulfure cristallisé en cubo-
Qctaèdre , comme le sulfure naturel ; que, dans d'autres rircon»*
tances , il s'est changé en minium ou litbarge ;
8» Que le méul des cloches a été décomposé , et que son cuivre
çt son zinc se so>nt changés en sulfures ;
a5.
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Urique était en îimon complète y soH dans rintcnenr dn
cratère y $oit après son dégorgement, et an moment de
son refiroîdissement lent dans T atmosphère.
Quelques géologoes ont encore apporté en preure de
la non -fusion des laves F impossibilité où Ton était de
fondre ces matières par aucun procédé artificiel. D'abord
cette difficulté n existe plus, puisque M, Mislcheriidi est
paryenu, dans ces dernières années, à former des subs-
tances pierreuses de toutes pièces , en exposant à la
chaleur de hauts fourneaux les principes constituants de
plusieurs d'entre elles (i) j mais, en outre, les expériences
de Hall, celles de MM. DartigtiesetFourmT, nousexpUquent
pourquoi les laves refroidies exigent pour leur fusion une
température qui parait de beaucoup supérieure à celle
90 Que le laiton s'est décomposé complètement , et qoe son
cdivre et son zinc ont passé à l'état de sulfures cristallisés ;
100 Qu*enfin on n'a trouyé à la place du vin qu'un sulfate de
potasse yitrifié , cristallisé eh prismes hexaèdres , ayec ou sans
pyramides.
(Thomson, cité pac Breislack, Voyage en Campante, 1. 1, p. aSf)
Tous ces faits établissent donc la haute température des laves aa
moment où elles sont rejetées par les volcans , et par suite celle de
ces vastes soupiraux.
(i) « Cette précieuse découverte, dit M. Cuvier , parait porter
« enGn presque au degré d'une démonstration rigoureuse une by-
« potbése célèbre avancée sans preave pat Descartee , Leibnita
« et Bnffon , et à laquelle les travaux récents de M. de Lapbœ
« avaient déjà d<Hmé un haut degré de vraisemUance. On peut
« donc regarder aujourd'hui comme une chose k peu près prouvée
o que la terre a une chaleur p^pre , indépL-ndantc de celle qu'elle
« reçoit du soleil , et qui est un reste de sa chaleur originaire. Ce retour
a aux idées éno^ncées jadis par nos plus grands homme», prouve qu'il
« ne faut jamais mépriser les conjectures même les plus hasardées
c des honmies de génie : c'est un de leurs privilèges que la vérité leur
« apparaît souvent jusque dans leurs rêves.
( Discours sur tes progrès récents de la Chimie , prononcé en
mai i6a6 , dans une séance des quatre Académies. )
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( »97 )
qa elles avaient lors de leur éruption hors dn sein de la
terre } c est qu un corps terreux tenu long-temps en fusion» .
et à la même température, se dévitrifie , c est-à-dire que
9es parties se combinent dans des proportions différentes ^
se réunissent et cristallisent au milieu de la masse vitrifiée ,
et qu'alors il (àut, pour les foudre , une température bien,
plus élevée que celle qui les a tenues en liquéfaction pour
la première fois^
Si , comme le prétend Dolomieu , le soufre était la
causd du long refroidissement qu éprouvent les laves aprè^
leur sortie des cratères , on devrait trouver ce oqrps en
grande quantité dans ces matières. D'abord , fort peu de
laves en renferment , malgré les assertions de quelques
géologues modernes nullement chimistes y et , dans celles
eu il se rencontre , il est toujours en très petites propor-
tions. Ménard de la Groye combattit dans le temps Fopinion
de Dolomieu^ et donna une explication du phénomène,
qui n est pas plus fondée que celle de son antagoniste.
( Obserfotions sur le Fésuve , etc. ) Suivant lui , la chaleur
qui se conserve dans les laves pendant si long-temps est
due à Teau ou à son oxigène, dont toutes contiennent dea
quantités plus ou moins grandes y il pense que les laves
refroidies ont perdu la faculté de prendre F état fluide ou
pâteux , de la même manière que le fer qui , à F état
de fonte , est facilement fusible^ résiste , lorsqu'il est forgé,
aux plus violents coups de feu de nos fourneaux. Cette
comparaison n'est pas juste , car ce n'est pas parce qu©
la fonte a été refroidie qu elle a perdu sa (Visibilité ,
comme les laves , mais bien parce que le cinglage' à la
loupe lui a enlevé lès matières vitreuses et fusibles qui
se trouvaient mêlées dans sa pâte.
Hypothèse de sir Uumphry Da%^, Cette hypothèse est
célèbrç , non seulement par le nom du chimiste qui Fa
én:dse , mais encore par la nouveauté des idées et F espèce
de vérité qu elle parait présenter lorsqu'on ne F examine
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( «98)
que superficiellement. Déjà f ai eu occasion , dans un
ji^utre écrit ( voyez BtiUeiin des Sciences naiurcUes ei de
Géologie , a* section du BuUetin universel des Sciences et
de l'Industrie j publié sous la direction de M. le baroa
de Férussac , t. xv , p. a3o ) , de prouver , après M.
Gay Lussac , combien cette théorie ingénieuse est loin de
pouvoir expliquer tous les phénomènes volcaniques. En
raison de Timportance qu'elle a eue y et surtout à cause
de la réputation de son auteur y permettez-moi de revenir
sur cette hypothèse et de développer plus au long les
motifs. qui me portent a la rejeter.
Lorsqu'un homme de génie avance une proposition y on
doit r examiner avec d'autant plus de sévérité , qu'elle peut
avoir des conséquences plus £àcheuses si elle est erronée.
Tant de gens sont disposés à adopter avec engouement les
idées même les plus singulières y alors qu'elles viennent d*nn
homme remarquable par la grandeur de ses travaux y et
à £ûre partager leur enthousiasme irréfléchi au plus grand
nombre , qu il est du devoir de ceux qui jugent avec plus
de saug froid et d'impartialité, de démontrer Terreur, même
lorsqu'elle a reçu une espèce de conséorati<m de la pari
du temps. Il est sans doute pénible d'abandonner des idées
que Ton s'était habitué à regarder comme I expression de
la vérité et qui satisfaisaient l'esprit en levant toutes les
difficultés qu'offrait un sujet épineux y mais le seul moyen
de ne pas arrêter la mardie progressive des sciences »
de la seconder , au contraire , c'est de soumettre tout au
creuset de la discussioii y de ne rien adopter sans examen ,
et de frapper du sceau de la réprobation, quelle qu'en
«oit la source, tout ce qui ne laisse pas dans l'esprit
une conviction pleine et entière, u Le besoin de généralité,
« de résultat rationnel , dit un penseur moderne des plus
u profonds, est le plus puissant et le plus glorieux de
« tous les besoins intellectuels -, mais il faut bien se garder
« de le satisfidre par des généralisations incomplètes et
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( »99)
ce précipitées^ Rien de plus tentant, qae de se laisser aller
a au plaisir d'assigner sor-le-champ , et à la première Yue >
(f le caractère général j les résultats permanents d'une
u époque, d'un événement. L'esprit humain est comme
(c la volonté humaine > toujoiu^ pressé d'agir , impatient des
« obstacles, avide de liberté et de conclusion 5 il oublie vc-^
u lontiers les faits qui le pressent et le gênent ; mais, en
u les oubliant , il ne les détruit pas, et ils subsistent pour
« le convaincre un jour d'erreur et le condamner. Il n'y
H a , pour l'esprit humain , qu'un moyen d'échapper à
« ce péril, c'est d'épuiser courageusement, patiemment
M l'étude des dits , avant de généraliser et de conclure *
« Les faits sont pour la pensée ce que les règles de la
u morale sont pour la volonté. Elle est tenue de les con-
« naître , d'en porter le poids } et c'est seulement lors-
M qu'elle a satisfait à ce devoir, lorsqu'elle en a mesuré
a et parcouru ^oute l'étendue , c'est alors seulement qu'il
te lui est permis de déployer ses ailes et de prendre son
«< vol vers la haute région dou elle verra toutes choses
« dans leur ensemble et leurs résultats. Si elle y veut
M monter trop vite, et sans avoir pris connaissance de. tout
K le territoire que de là elle aiu*a à contempler , la chance
tt d'erreur et de chute est incalculable. C'est comme dans
M un calcul de chiffres, où une première erreur en entraine
c< d'antres à l'infini, m ( Guizot, Cours d'Histoire moderne
professé à ta faculté des lettres de Paris , 1828. )
Ces réflexions me sont suggérées par ce qui s'est passé
dans ces dernières années , relativement à l'hypothèse du
célèbre Davy, qu'une mort récente et prématurée est
venue arracher aux sciences physiques et chimiques qu'il
avait enrichies de tant de travaux remarquables. A la
fuite de ses belles recherches sur la nature chimique des
alcalis et des terres , qui datent de 1808 , sir H. Davy ,
s^appuyant sur les phénomènes qu'oflraient les nouveaux
métaux dan^ leur contact avec l'eau et l'air, à la tempe-
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( aoo )
rature ordinaire i arança qae les feax. Tolcaniques po«v
raient bien être le résultat de la combustion de ces
substances dans F intérieur de la terre, où elles exiatenûent
à Tëtat métallique, et probablement en grande quantité ,
et qu'à laide d'une telle hypothèse, rien n'était plus h-
die que de concevoir la formation des laves , des basaltes
et autres produits d* origine ignée. Cette idée> aussi hardie
qu originale , avancée dans un moment où les esprits
étaient encore émerveillé^ par une de ces découvertes
qui changent totalem^it la ù\ce des sciences , ne pouiait
manquer d'avoir de noD)brcux partisans ; aussi p^'sonne
ne mit-il plus en doute que , sous le foyer des volcans ,
il n'y eût des dépôts considérables de potassium , de
lodiura et des autres méuux alcalins et terreux. Cepen-
dant, peu à peu F admiration ayant fait place à la réflexion,
on commença à examiner sérieusement cette brillante
théorie 'y bientôt on s'aperçut de ses nombreuses imper-
fections y et y dès cet instant , elle perdit beaucoup de son
crédit, Son auteur, cependant, eontinua à la professer, et
depuis 1812, comme il le dit lui-même, il s'est efforcé
d'en prouver la vérité en examinant les phénomènes vol-
caniques , tant anciens qua modernes , dans les diverses
parties de l Europe. L'année dernière encore , il a publié
Un mémoire fort intéressant, dans lequel il fait rerivre
ses premières idées. ( Memoiœ sur les phénomènes des
^volcans , par sir H. Davy , lu à la Société royale de
Londres y le 20 mars i8a8; Philosoph, Mag€tz, y mat
1828 , p. 373 j et Ann^ de Chimie et de PJ^sique , juin
i8a8, p. i33. ) Voyons donc plus en détail les Êiits
4ur lesqu^ek il s'appuie pour soutenir son opim'on.
Sir H. Davy , envisageant que les feux des volcans se
présentent et cessent avec tous les phénomènes qui indiquent
une action chimique intense , que des phénomènes Jane
telle grandeur exigent l'aetion d'une masse immense de
matière , enfin que les produits qui eaa résultent coat
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( 201 )
* des mélanges d*oxides et de terres ( sitice ^ akumcie j
chaux 9 soude , oxide de fer y etc. ) , dans un état de
fusion et de vive incandescence , de Teau et des subs-
tances salines > sir H. Davy , dis-je , prétend que rien
n est plus naturel que de regarder les éruptions volcaniques
comme le résultat de faction de Peau de la mer et de
Pair sur les métaux des terres et des alcalis. Pour répondre
à cette objection, que si Foxidation de ces métaux était
la véritable cause de qss éruptions y on devrait trouver
quelquefois dans la matière lavique quelques-uns de ces
métaux non oxidés , et au moins que la combustion devrait
s'augmenter au moment oii les matériaux passent dans
r atmosphère , il fait observer que tout prouve que le sol
sur lequel reposent les volcans renferme d* immenses cavités
souterraines, et que c'est dans ces cavités, où F air et Teau
de la mer peuvent pénétrer sur les substances actives l<nig-
temps avant que celles-ci n'atteignent la sur&ce extérieure,
que s opèrent les réactions qui donnent naissance aux inflam-
mations volcaniques. Le tonnerre souterrain entendu à
de si grandes distances sous le Vésuve ^ la dépendance
mutuelle des phénomènes que présentent cette montagne
et la sol&tare de Pouzzoicy dépendance qui est telle , que
lorsque la première est en activité , T autre est dans un
repos parfait, et vice versa, dépendance enfin qui ne
peut avoir lieu qu'à F aide d'une communication soutecraine , '
sont autant de démonstrati^is , soivant lui , de l'existence
de grandes cavités remplies de substances aériformes.
Quant à la communication des eaux de la mer avec le
foyer des volcans , elle est étabUe par cette circonstance
que presque tous les grands volcans du monde sont peu
. éloignés de la mer , et que lox^ue le contraire a lieu ,
comme on le remarque dans l'Amérique méridionale ,
de grands lacs souterrains se rendent dans leurs abîmes,
puisque, d'après M. de Humboldt, quelques-uns de ces
volcans rejettent des poissons au moment de leurs éruptions.
26
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( ^ô^' )
ir^6ft BOBt y ea peu de mots / les idées de sir H. TWtj ,
id^ fbrt bien eoerdomnées entr* elles y fliais qui malheii-
reoagnieiift te Sdtit (ms en rapport arec les £dU obserrés
}»qa^ici dans ces grandes catastrophes' périodiques (i).
Dans cette théorie , il faut de toute nécessité que Vair
puisse pénétrer librement dans le sein des montagnes
^[uivômes ; or y j'ai démontré j à propos de lli jpolhèse
de Lémery y que cette circulation de Taûr dans 1 intérieur
des volcans était physiquement impossible. Sir Davy, à
Texemple de plusieurs autres géologues y pense qu^il existe
SDUs la croûte du globe de grandes carités remplies de
Aiatières gazeuses ou d'air, et que c'est à Taide de ges
(i) Parmi les géologues qui ont soutenu de leurs écrits la tbéorie
de sir H. Dayy , je citerai entr'autrcs le professeur Carmelo Mara-
figioa et li* Agatiii Longo. Tans deux s'eCTorcant de proorer la
TFaiaembUiice des idées du chiiniate anglais ; seulement If. A« Leogo
élève quelques objections, et il émet le doute si les métaux
alcalins et terreux exbtent dans le sein de la terre , et en filons
assez considérables pour avoir pu fournir à une éruption telle que
ecAle de f Etna , en l'anode 1669. Voici comment M. Longe explique ,
de son c6té » les ph^noménet volcaniques. « C'est l'eau ou Fhnmidité
« souterraine qui , en se décomposant, cède son oxigène au fer, act-
«i difie le soufre , et dégage du gaz hydrogène sulfuré , lequel , mêla
« avec le gaz acide tarbonique , l'air atmospbcrique et les vapeurs ,
« sort par torrents de la bouche enflammée des volcans. Ces gas ,
« tant qu'ils sant tenfern^c^s daâs les entrailles de la montagne ,
« donnent lien aux nmgisaements et dc^tonations qui sont les pr^
ft curseurs des «rupUons. Les tremblements de tcrt« locaux ont
« la même origine. » L'eau est donc Tunique principe wtoUur des
éruptions, pour me servir des expressions du naturaliste italien.
( Voir , pour plus de détails ; Memoria sul principio motore dei
Vulcani, etc. ; Mémoire sur le principe moteur des Volcans , par
A.Longo , in-^"» de 30 pages. Palerme , i8a3 ^Istoria dellinc^nâm
deltBtna, del mese di Maggio , 1819; et Memoria ss^ra iFml-
cani , par le docteur Carmelo Maravigina. — Voir avsBÎ Giamale
di scienze, letterai, ed arti per la Sicilia, no 3, p. aa3»et
n»4, p. 3.)
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( ao3 )
vide» que les mogiasements soateirams , W trenU^BietitB
86 propa§peiU à des disUmces tmineiises. Mais il n'est mil be-
soin de ces voies de communication et de ces snWtMices
aëriformes pour concevoir la manière dont se fiût la transx»
mission du son dans les bruits et les commotions souter-
raines. Voici comment M. Gay Lussac s'exprime à ce snjet.
« Un tremblement de terre , comme Ta très bien dit
(c le docteur Young , est analogue à un tremblement
cf d'air. C'est une très forte onde sonore , excitée dans
« la masse solide de la terre par une commotion quel*
4c conque , qui s'y propage avec la même vitesse qoe
i< le son s'y propagerait. Ce qui surprend, dans ce gr«Kl
t( et terrible phén<Hnène de la nature , c'est l'étendue
ic immense à laquelle il se fait sentir y les ravages qu'il
tf produit y et la puissance de la cause qu'il Êiut supposer,
u Mais on n'a pas assez fait attention à T ébranlement
4c facile de toutes les particules d'une masse solide. Le
(f cboc produit par la tète d'une épingle , à Fun des;ào«ls
<« d'une longue poutre , fait vibrer toutes ses fibres , et se
« transmet distinctement à l'autre bout ^ à une oreîUe atfeen-
u tive. Le mouvement d'une voiture sur le parvé ébraide
M les plus vastes édifices , et. se communiste à travers des
u niasses considérables , comme dans les carrières profemles
« au-dessous de Paris. Qu'y aurait-il donc d'étonnant^' umb
«c commotion très forte dans les entraiU^ de la terre la
u fit trembler dans i^n rayon de plusieurs centaines ^
a lieues ? D'après la Iqâ de transmission dn momv^
(c ment dans les corps élastiques , la couche extrême- ae
a trouvant pas à transmettre son mouvem^t à d'autres
u coucbes , tend à se détacher de la masse ébranlée^ de
ic la même manière que y dans une file de billes j dont la
Q première est firappée dans le sens des ccmtacts ^ la dernière
^ seule se détache et prend du mouvement. Cest ainsi
« que je conçois , dit toujours M, Gay Lusssc y les eAets
41 des treoiblements à la surface d» U terre y et comment
2Ç.
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( ao4)
u f expliquerais leur grande diversité , en prenant d*aBeiir»
c< en coBadéralion y avec M. de Humboldt y la nature an
a toi et les sdudons de continuitë qui peuvent sj trourer.
« En UQ mot , les tremblements de terre ne sont qoe
ce la propagation d'une commotion à travers la masse de
M la terre ^ tellement indépendante des cavités souterraines,
i( qu'elle s'étendrait d'autant pins loin que la terre serait
a plus hcmiogène. >i {Réflexions sur les volcans; Ann.
de Chimie et de Physique , t. xxn , p. 4^^ ^ suivantes. )
En second lieu , sir H. Davj , comme beaucoup d* autres
auteurs , admet que la mer communique avec les fojers
volcaniques. De tout temps les naturalistes ont attache
une grande importance k cette situation des volcans près
de la mer ou dans les îles. Il est difficile de doûiier une
raison bien satisfaisante de ce foit , et il Test encore plus
de se rendre compte de la manière dont cette commu-
nication peut avoir lieu. Tout atteste que les Hltrations
de la mer avancent fort peu dans Tinténeur des terres j_
et en général tout ce qu'on a dit à cet égard est exagéré.
S*il était vrai j d'ailleurs , que cette communication des
eaux de la mer avec les volcans (ikt une des causes de
leurs éruptions y comment expliquer le repos actuel de
certains d'entre eux y quoique toujours places dans les
mêmes circonstances? Les lies Slschia, èe Ponce ^ de
Procidoy etc. y sont toujours entourées de la mer ; les
bases des cratères SAuemcy de GaurOy ê^Astrom, etc. ,
sont encore baignées par elle y et cependant tous ees benx
ne donnent aujourd'hui aucun signe d'action. Dira-t-on
que les canaux souterrains par lesqueb les eaux s'intro-
duisaient dans les abîmes volcaniques sont fermés actuelle-
ment j ou que les masses de métaux alcalins et terreux qui
existaient sous ces locaHtées différentes sont épuisées ? H
serait phis que difficile de concevoir de telles nnaons.
H^ ailleurs, si l'opinion que je cherche à réfuter élMt màe,
on devrait s'étonner de voir qu'un grand nombre da
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( 205 )
▼olcans sont situes clans F intérieur des continents. Les.
volcans les plus actifs du royaume de Quito , par exemple ,
le Cotopaxi , le Picluncha , le Twiguragua , le Sangay ,
appartiennent au chaînon oriental des Andes , et par con-
séquent à celui qui est le plus éloigné des côtes; le Co^
topaxi y en tr autres^ est à plus de cinquante lieues de
la côte Li plus voisine. Les deux volcans actuellement en
ignition dans les régions centrales de TAsie, sont à quatre
cents lieues de la mer Caspienne y qui est la mer la plus
voisine , etc. Quels moyens de communication peut-»on
supposer à des distances pareilles ? Il est vrai qu on supplée
aux eaux de la mer par de grands lacs souterrains dont
r existence est attestée par d'immenses éruptions boueuses ,
de grandes inondations y et surtout par ces prennadillas qui
sont rejetés quelquefois en quantité innombrable; mais
bien des circonstances établissent que ces lacs n ont aucune
communication avec le foyer même des éruptions. Xen
ai parlé très en détail dans le chapitre précédent ; je n y
reviendrai donc pas ici.
11 reste donc bien probable que cette communication
de la mer ou des lacs souterrains avec le foyer des volcans
est tout-à-fait chimérique. Au reste , eu l'admettant y il
serait tout aussi difficile d'expliquer certains Êiits dans la
discussion desquels je vais entrer. Une des conséquences
les plus importantes de l'action de l'eau sur les métaux
alcalins et terreux serait la production d'une énorme
quantité d'hydrogène, et, par suite de la combustion de ce
gaz au contact de l'air , le dégagement par le cratère des
volcans d'une masse prodigieuse de vapeur aqueuse. On
remarque , en effet , dans toutes les éruptions, d'abondantes
vapeurs d'eau. Mais on conçoit difficilement que tout Thy-
drogène rendu libre soit brûlé , car , quelque grandes
qu'on suppose les cavités souterraines que sir H. Davy
admet sous les montagnes ignivômes, il est plus que probable
qu'il ne s'y trouve pas une quantité d^air assez considérable
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( 2o6 ;
pour opërer ia combustion du volume ënerme d'hydrogène
qui a dû se dégager. D'ailleurs , il est impossible , en
supposant que les deux gaz soient dans les propoitioiis
convenables y qu une partie de F hydrogène n échappe ii
r inflammation 9 entraîné par les vapeurs aqueuses , les
gaz acides et les sublimations salines qui ont lieu dans
le même moment. D'après cela, on devrait trouver parmi
les produits aériformes qui sortent des cratères une quantité
d'hydrogène assez forte p* eu égard aux masses produites.
Or , les observations prouvent que le dégagement de ce
gaz est très rare dans les éruptions.
On pourrait supposer alors que ce gaz, au moment où 11
va sortir des abîmes volcaniques , se combine avec quelque
autre cor[)s combustible. De tous les composés hydrogénés
que nous connaissons, on ne remarque dans les Ueux volca*
niques que des sels ammoniacaux, de l'hydrogène sulfuré et
de l'acide hydrocliloriquc. Les sels anunoniacaux , dont la
base proviendrait de la combinaison de l'hydrogène avec Fa^
cote de l'air décomposé , sont en trop petite quantité pour
qu'on puisse calculer sur une grande absorption d'hydrogène
par ce moyen. Il en est de même pour l'hydrogène sulfuré ,
qu'on n a signalé jusqu'ici que dans une proportion assez
faible. H est vrai que ce gaz étant facilement inflammable
au contact de la chaleur, la plus grande partie pourrait
<6tre ainsi décomposée, puisque les tourbillons de fomée
qui suivent chaque explosion sont traversées par des matières
rouges , par des éclairs qui ne manqueraient pas de produire
cet effet. Mais alors on devrait rencontrer d'abondants
dépots de soufre autoiu* des cratères et dans les plaines envi*
ronnantes. Si dans quelques localités ( volcans du Japon y
de l'île de Java, volcan de Kitnnea dans l'Qe di'Hawài
( une des Sandwich ) , etc. , etc. ) , ce corps se présente
en bancs épais , en masses considérables^ en revanche, dans
presque tontes les autres , il est en fort petites proportions :
on le trouve sous forme de sublimations , toujours peq
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( 207 )
étendaes; ce qui ne devrait pas être s'il se produisait cons-'
tamment par suite de Finflammatioii de Fhydrogène sulfure.
Ce serait donc avec le chlore que k presque totalité de
r hydrogène s* unirait^ mais alors on serait force d'admettre
que les métaux alcalins et terreux ne sont plus à F état
de liherté dans T intérieur de la terre , qu ils sont , au moins
en partie , à Fétat de chlorure , comme quelques chimistes,
et principalement M. Gay Lussac, Vont avancé. Dans ce
cas, que devient la théorie de sir H. Davy? Du reste,
dans cette suppontion, la quantité d* acide hydrochlorique
produit devrait être considérable. Il n'en est pas ain^
cependant. Tous les naturalistes qui ont observé les phé-
nomènes volcaniques sur place , ont bien reconnu qu'au
moment des éruptions il y avait production de cet acide ^
mais aucun d>ux n'a avancé que ce fût dans des pro-
portions extraordinaires. Il résulte de tout ce qui vient
d'être dit, qu'il est loin Jétre démontré rigoureusement
que l'eau joue dans les réactions volcaniques le rôle que
sir H. Davy lui attribue.
Une autre conséquence de la théorie du cliimiste anglais,
c'est que les parties intérieures du globe auraient une
pesanteur spécifique trc's faillie , puisqu'on sait,, en effet ,
que les métaux terreux et alcaUns sont généralement plus
légers que l'eau. Or, cette grande légèreté est contraire à
toutes les opinions et à toutes les expériences des physiciens,
qui s^accordent généralement à attribuer aux roches internes
de notre planète une densité supérieure à celle des terres
et des roches qui composent sa superficie. On peut établir,
d'après les calculs de Clairaut , de Boscowich, de Laplace,
du docteur MasLeline et les expériences de Cavendish , en
prenant un terme moyen , que la densité du noyau interne
de la terre, comparée à celle de l'eau, est dans le rapport
de cinq k un -, par conséquent on ne peut admettre que ce
noyau soit formé par des substances dont la pesanteur
spécifique est inférieure k celle de Teau.
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( 208 )
D après tous ces faits , tons ces raisonnemeiits , donl )e
pourrais encore augmenter la liste , il doit tous paraître
éTÎdent que la théorie ingénieuse de sir H. Davy est in-
suffisante pour Texplication de ces phénomènes naturels ,
dont la grandeur et la périodicité ont quelque chose de
si surprenant (i).
Hypothèse de M, Gay Lussac, M. Gay Lussac a puUiéy
il y a quelques années ^ un mémoire {Réflexions sur les
volcans; u4nn. de Chim, et de Phjrsiç. , t. xxu , p- 4"5 )i
dans lequel^ après avoir discuté quelques-unes des théories
proposées pour Texplication des phénomènes Yolcaniqnes,
et notamment celle de sir H. Davy , il expose ses idées
relativement à ce point si obscur de la géologie. U établit
eu principe que la cause la plus^ influente de ces phénomènes
est une affinité très énergique et non encore satisfaite entre
des substances à laquelle un contact fortuit leur permet
d'obéir, d'où résulte une chaleur suffisante pour fondre
les laves et pour donner aux fluides élastiques une force
capable de les élever et de les verser h la surface de la
terre. Or , ces divers effets sont produits , suivant lui, par
l'action de leau sur les chlorures des métaux des terres ,
et le plus ordinairement par- celle de Teau de la mer sur
ces mêmes corps.
J'ai déjà démontré plus haut combien il est difficile
de concevoir la conmiunication des eaux de la mer et
même celle de lacs souterrains avec les foyers volcaniqnes.
(i) Ce célèbre chimiste , peu de temps avant sa mort prématurée ,
a singulièrement modifié ses idées au sujet de Torigine des volcans ;
il a renoncé enfin à son hypothèse, et reconnu l'existence d*nn ira
central dont les volcans ne sont Qu'une dépendance. ( Voir on
article extrait d'un ouvrage posthume intitulé : ConsoUttions en
Vojrage, ou Les derniers jours d'un Phjcisien^ et inséré du»
le New Edinb, philos, Joum, ; avril i83o , p. 3ao, sous le titre:
Sur la Formation de la terre , par sir H. Davy.
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( aog )
Adoptons néanmoins I pour un instant^ les idées de M.
Gay Lussac k cet égard, et voyons si les cous( queuces
qu'il en tire sont à F abri de toute objection. L'eau , en
agissant sur les chlorures métalliques , devra fournir une
masse considérable d'acide hjdrochlorique. La présence
de cet acide dans les produits gazéiformes des cratères
est bien constante , ainsi que je Tai déjà dit , mais il s en
faut qu'il soit en aussi grande proportion que cela devrait
avoir lieu s'il était réellement produit par cette cause. £n
outre, les chlorures métalliques des deux, premières sec-
tions, mis e^ contact avec l'eau, à nne température éle-
vée , s'y unissent avec force , mais ne la décomposent
pas. Il n'y a que le chlorure de fer qui soit dans ce cas.
Mais M. Gay Lussac avance qu'il peut se former de
l'acide hydrochlorique par la réaction de Teau sur quelque
chlorure , notamment celui de sodium , s'il se trouve en
présence d'oxides métalliques. On sait , d'après les expé-
riences qui lui sont communes avec M. Thénard, que le
sel marin et le sable très secs , chauffés à une tempéra-
ture ronge , ne se décomposent pas , mais que lorsqu'on
fait passer de la vapeur aqueuse sur ce mélange , il se
dégage aussit6t d'abondantes vapeurs d'acide hydrochlo-
rique. Or, les laves contiennent des chlorures, puisqu'elles
en exhalent beaucoup au contact de l'air , et que MM.
Monticelli et Covelli ont retiré , par de simples lavages à
l'eau bouillante , plus de 9 poiu* cent de sel marin de
b lave du Fésuve de 1822 ^ il s'en exhale par la bouche
des volcans , puisqu'on voit de très beaux cristaux dans
les scories recouvrant la lave incandescente. Si , par consé-
quent, dit M. Gay Lussac , ces laves ont le contact de
Feau, soit dans l'intérieur du volcan , soit à la surface de
la terre y par le moyen de l'air , il doit nécessairement se
produire de l'acide hydrochlorique , toutes les circons-
tances nécessaires à sa formation , telles que présence de
l'eau, des clilorures et des oxides, se trouvant réunies.
^7
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( ^ÏO )
Une autre source d'adde hjdrodilorique et de la diakrar
intense nécessaire à rinflammatioo des Tolcans se trcNif«
dans la réaction de F eau sur les chlorures de fer.
t( Si on prend , en effet , du protochlorure de fer
qui aura été fondu , qu'on F expose à une chaleur d*iui
rouge sombre , dans un tube de verre , et qu alors on
fasse arriver à sa surface un courant de vapeur d'eau y
on obtiendra beaucoup d'acide hydrodilorique et du gaz
hydrogène , et il restera dans le tube du deuloxide noir
de fer. £n employant de Toligène sec , au lieu de va-
peur d'eau y on obtient du chlore et du peroxide de fer.
Ij' expérience s'en fait facilement , en mébngeant le chlo-
rure de fer avec du chlorate de potasse sec : à la pha
légère chaleur y le chlore se dégage en abondance. Si
on fait passer de l'air humide sur le cUonve y toujours
il une température voisme du rouge y on obtient du
chlore y de l'acide hydrodilorique et du peroxide de fer.
u Le perchlorure de fer se comporte d'une manière
semblable. S'il rencontre de Thumicfité , on diitient aussitôt
de l'acide hydrocUorique , ou bien du chlore s'il ren-
contre de l'oxigène, et il se forme du peroxide de fer.
Je conçois donc que le fer est à l'état de chlorure dans
les fumées exhalées par les volcans ou par leurs laves
au contact de lair^ et qu'au moyen de la chaleur , de
l'eau et de l'oxigène de lair, il se change en peroxide
qui s'agrège et prend une forme cristalline en se pré-
cipitant.
u En faisant arriver du chlore sur du fil de fer de
clavecin y à la température d'environ 4oo^, le fer devient
aussitôt incandescent , mois pas à beaucoup près autant
qu'avec l'oxigène. Le perchlorure est très volatil ^ il cris-
tallise par le refroidissement en petites paillettes très légères
qui , à l'air y tombent presque instantanément en dâi-
quescence. Il s échauffe si fortement avec l'eau ^ que je
ne serais point surpris qu'en grande massé , et avec
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( ^'I )
quantité cTéau convenable y il ne devint incandescent. Je
ùia cette observation pour faire sentir que si le silicium
et ralmnininm étaient réellement à Tétat de chlorure datis
les entrailles de la ten*e , ib pourraient produire une
température beaucoup plus élevée dans leur contact avec
Feaa y puisque leur affinité pour Toxigène est très supérieure
à celle du fer. n ( Gay Lussac , /oc. riV. , p. 4^4- )
S'il est très vrai que le chlorure de fer se comporte
avec Teau et Tair y ainsi que l'indique M. Gay Lussac^
on devrait reconnaître la présence du chlore au milieu
des exhalaisons volcaniques. Personne , k ma connaissance y
n'en a pourtant signalé l'existence dans ces circonstances.
En outre ^ puisque les fumées des volcans renferment le
fer à l'état de chlorure , on devrait trouver ce chlorure en
beaucoup plus grande quantité que cela n'a lieu dans
les environs des volcans y car une grande partie échapperait
nécessairement à la décomposition et viendrait se su])limer
Il r extérieur. Les chlorures métalliques qui se trouvent
autour des bouches ignivômes y bien loin de provenir de
l'intérieur par subUmâtion , paraissent y au contraire, se
(armer sous nos yeux par la réaction de l'acide bydro-
chlorique Ubre sur les roches volcaniques.
Admettons, au reste, malgré tous ces faits contradictoires ,
qne l'explication de M. Gay Lussac soit fondée poiu* les
éruptions du Fésm^ qu'il a étudiées , et même pour la plu-
part de nos volcans d Europe ; mais comment expliquera-
t-on celle des volcans du Nouveau-Monde, qui sont si diffé-
rentes par la nature des produits qui en résultent? Dans b
majeure partie des volcans américains , dans ceux du Japon ,
de rtle de Jas^Uy etc. , les éruptions consistent dans des
torrents d'eau , de boue , de bitume , de soufre , etc. -y
il n'y a ni laves , ni gaz hydrochlorique , ni sublimations
de chlorures de sodium et de fer, etc. Cependant, ces
grandes catastrophes s'annoùcent avec les mêmes signes,
sont accompagnées des mêmes phénomènes accessoires^
27
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( 212 )
ft6 terminent de la même manière que celles de nos petits
Tolcans européens. La cause qui les produit doit donc
être la même que celle qui agit dans ces derniers , et
alors les résultats devraient être toujours identiques. Que
conclure de tout cela? Que la théorie de M. Gajr LussaCj
suivant moi , présente trop de difiicultésà F esprit, repose
siu* des fiuts trop peu certains , pour qu'on puisse T adopter
comme F expression de la vérité. Sans doute quelques-
unes des i*ractions que ce savant physicien suppose devoir
se passer pendant les éruptions, peuvent avoir lien; matt,
considérer ces réactions chimiques , qui paraissent purement
secondaires , comme T origine première de ceç grands
bouleversements de la nature , c est donner à des phé-
nomènes bornés une plus grande importance qu ils n ont
réellement , c est enfin prendre les effets pour la cause.
Hjrpoihèie de M. AL Bi-angniati, Celte hypothèse n est
antre chose que les deux précrdentes confondues et mto-
difiées. Son auteur pense qu un phénomène dont les
produits sont si variés peut résulter du concours de plusieurs
circonstances. Il regarde comme tri'S vraisemblable que
Teau , amenée de la surface de la terre dans son in-
térieiu*, et F eau salée marine surtout , pénétrant, par la
forte et continuelle pression qui doit résulter de ses grandes
masses ou de ses grandes accumulations , à travers les
innombrables fissures des rochers qui composent Técorce
du globe , fissures encore augmentées par le phénomène
lui-même , an ive en contact avec des couches de la terre
qui , abritées de faction de fair, renferment les métaux
des terres et des alcalis , soit encore à fétat métallique ,
•oit à fétat de chlorure ou de sulfure ; que des eaux y
sont en partie décomposées , en partie vaporisées ; que
CCS combinaisons et décompositions rapides font nakre une
température assez élevée pour foudre les mélanges terreux
^ voisins des lieux où se produit cette vive action chimique ;
que les gaz et vapeurs dégagés en grande abondance par
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( ^i3 )
toutes ces réactions , ébranlent et soulèvent Técorce du
globe , et répandent avec violence dans Tatmosphere des
fluides élastiques mêlés d eau en vapeur , de gaz bydrogène
sulfuré j de gaz acide muriatique y d'acide sulfureux même.
Celui-ci ne se produit probablement qu'au moment où le
soufre en vapeur arrive dans les fissures et parties creuses
des volcans dans lesquelles Tair atmo^hérique peut avoir
quelque accès ; ce qui paraît expliquer y diaprés M.
Brongniart^ pourquoi les solfatares tranquilles produisent ,
en général y plus de cet acide que les éruptions violentes.
On conçoit donc y ainsi , à Taide de ces idées y les causes
de ces productions , la raison de leur mélange et la diffi-
culté que doit avoir à s'enflammer le gaz hydrogène sulfuré
mêlé d'une si grande quantité d'eau en vapeur y de gaz
acide muriatique y d'acide sulfureux et de matières pul»
vérulentes.
(( Ces hypothèses , ainsi modifiées et combinées , ajoute
M. Brongniart y expliquent assez bien la plupart des
grands phénomènes volcaniques , les tremblements de
terre , les soulèvements du sol y le dégagement si abondant
de gaz et de vapeurs aqueuses y F incandescence et la
fusion des laves y la présence des alcaUs et de la silice en
dissolution dans les eaux minérales } on sait que la siHce
naissante est dissoluble dans Teau , que le sulfure de silî*
cium est décomposé par ce Uquide ; elles expliquent y
enfin y la grandeur des phénomènes y ses intermittences
ou sa continuité , suivant que l'eau a accès y rarement y
abondanmaent ou partiellement, dans les parties de l'écorce
du globe où sont encore des métaux non oxidés des
terres et des alcaUs , le soufre , etc. w ( Dictionnaire des
Sciences naturelles , t. 58 , p. 44^ 9 article Folcans, )
Examiner cette théorie , ce serait rentrer dans les dis-
cussions auxquelles fai soumis celles de sLr H. Davy
et de M. Gay Lussac. Je me bornerai donc à ce simple
rapport , vous laissant le soin de vérifier l'exactitude des
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( >i4)
preuves que f ai accnmulëes contre ses suppositions y qu^ao
premier abord on serait tenté (T adopter complètement ,
tant elles paraissent naturelles et plausibles.
Hypothèse des FïUcanistes au Pkttonistes, Je Tiens de
passer en rerue les principales hjpotbeses que Ton a sao
cessivement admises pour expliquer ht formation des phé-
nomènes volcaniques. Aucune , comme tous TaTCz tu ,
n a pu nous en ùàre connaître dëBnitivemeaC la cause
immédiate ^ aucune n'est l'expression réelle des ûôts. Ce
qui a lieu d* étonner, c'est la grande diTei^ence d'bpimom
que TOUS aTez pu remarquer chez des hommes qui partent
des mêmes principes pour résoudre le même pri^ème.
a Ne serait-ce pas, dit M. CuTier ^ que les conditions
^ du problème n*ont jamais été toutes prises en considé^
« ration : ce qui Ta fait rester jusqu'à ce jour indétenniné
u et susceptible de plusieurs Solutions , toutes paiement
« bonnes quand on fait abstraction de teQe ou telle con-
<( dition^ toutes également mauraises quand une nooTdle
(( condition Tient à se faire connaître y ou que TattentiDn
<c se reporte Ters une condition comme , mais n^ligée 7
<( Pour quitter ce langage mathémathique , nous dirons
(c que presque tous les auteurs de ces systèmes , n «jant
t( en égard qu'à certaines difficultés qui les frappaient plus
u que d'autres , se sont attachés à résoudre ceUes4â d'unt
<c manière plus ou moins plausible , et en ont laissé de
a côté d'aussi nombreuses, d'aussi importantes
ce Epuisant , sur ces d^ficultés , les forces de lenr e^rit ,
a ils croyaient aToir tout fait en imaginant un moyen
« quelconque d'y répondre; il y a plus, en n^ligeant
« ainsi tous les autres phénomènes , ib ne songeaient pas
cf même toujours à déterminer aTCC précision la mesore
(( et les limites de ceux qu'ils cherchaient à expliquer. »
( Cuvier , Discours sur les RétH)lutions de la sutfacc du
Globe , p. 53 , 3« édition. iSaS. )
H me reste maintenant à tous exposer les idées qoe
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( ai5 )
beaucoup de géologues de nos jours s efforcent à répandre
relativement à fétat actuel de F intérieur du globe , d'où
dépendraient , suivant eux y les grands effets qui boule-
versent sa sur&ce par T intermédiaire des bouches igni-
vômes. Mais , pour traiter convenablement un pareil sujet y
je serai forcé de prendre les choses de plus loin , et de
vous rappeler les opinions de quelques naturalistes cé-
lèbres du siècle dernier. Mon intention n'est pas de vous
reproduire ici tous les systèmes qu'on a laborieusement
construits sur F origine de notre planète et les modifica-
tions qu*eUe a pu éprouver jusqu'à nos jours. Un volume
ne sufGrait pas pour un tel travail , curieux sans doute ,
parce qu'il nous ferait connaître la marche de l'esprit bu-
main , et la tendance qu'il a toujours eue à se rendre
compte des faits et à les expliquer , alors même que
l'état des CQnnaissances était insuffisant pour conduire à
un tel résultat. On peut voir l'exposition et la réfutation
d'un très grand nom]>re de ces sptèmcss dans le '6^ volume
de la Théorie de la Terre y par J. C. Delamétbérie. Il suf-
fira f pour mon objet , de vous Eure connaître seulement ,
en quelques mots, les deux opinions principales qui depuis
long-temps partagent le monde savant , et qui ont donné
lieu à des discussions très animées, surtout dans le dernier
siècle , ou la partie spéculative de la science était, pour
ainsi ^e y la seule qui fixât l'attention des cisprits. C'est
par suite^ de ces discussions que les géologues se parta-
gèrent en deux grandes corporations , les Neptuniens et
les PitUonistes. Nous allons vpir l'origine de ce schisme
scientifique , en examinant les deux grands systèmes de
gëogénie, qui comptent encore l'un et l'autre des partisans
très recommandables.
Dans l'origine des choses , les dilTérenles matières qui
composent la masse de notre planète ont été fluides^
Gomme tout le constate. Tous les géologues s'accordent
sur ce points mais ik diffèrent ensuite , lorsqu'il s'agit
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(3l6 )
de préciser quelle était T espèce de fluidité dans laqaeDe
se trouvaient tous ces matériaux constitutifs. Les uns
teulent qu'ik aient été tenus en dissolution ou en simple
suspension dans un liquide , d'où ils se sont ensuite pré-
cipités successirement , et ont ainsi formé les diverses
couches que Ton remarque lorsqu'pn creuse dans la terre :
tel est le sentiment des Neptuniens, Les autres soutiennent
que la fluidité j bien loin d'avoir été aqueuse , était ignée,
c esthà-dire que le noyau primitif du globe était tenu en
liquéfaction par la chaleur ^ comme les substances métal-
liques peuvent Tétre dans nos, fourneaux. , et que graduel-
lement il s'est refiroidi de la circonférence au centre , et
s'est consolidé : telle est T opinion des Piutom'stes. Une
divergence si prononcée a dû nécessairement être motivée
de part et d'autre sur des faits concluants; il faut cepen-
dant que l'erreur se trouve dans l'une ou l'autre manière
de voir; mais qui pourra dir^er l'esprit dans la route
la plus sage , et lui &ire apercevoir la vérité là où tout
est enveloppé d'un mystère impénétrable? L'étude cmis-
ciencieuse et approfondie des faits est le seul moyen d'ar-
river à un tel résultat. Cest ce qui distingue notre siècle ;
qui est éminemment porté vers les choses positives : aussi
n'est-ce que depuis une vingtaine d'années , tout au plus ,
qu'on commence à revenir à des idées plus sages y et
que la science marche de découvertes en découvertes.
C'est donc en recueillant tous les faits , en discutant
leur valeur respective y en les comparant , qu'on peut es-
pérer d'arriver à la connaissance de ce qui s'est passé aux
premières époques de la formation du globe que nous
habitons. En agissant ainsi , les géologues de nos jours sont
parvenus à démontrer y d'une manière pour ainsi dire
rigoureuse y que l'opinion des PkUonistes était la seule
qui fût d'accord avec l'observation. Les idées de Buffin,
sur l'existence d'un feu central y idées qui ont été Tobjet
de critiques si amères de la part des naturalistes qui Fool
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( ai? )
"BmëdiateBieirt suivi, reprcnneiit aujonrd'lnii me {4eîne
fiiteur , et peuTebt être rangées au nombre des vérité les
plus solidement établies. Vous savez avec quelle magie de
style Buflbn a euj^sé son système ingénieux dans son
Discours sur la théorie de la Terre et dans ses Epoques
de la Nature. Je reproduirai ici ses principales idées ,
avant de développer celles qui ont cours dans l'eut actuel
delà science.
Cet illustre naturaliste a supposé qu'une coipète^ pas- .
saat aivec rapidité près du soleil , gM>e de matière em-
brasée et bouillonnante, avait hewrté obliquement une
portion de sa surface^ l'avait détachée et lancée dans
le^iace , et que cette portion, en se réunissant autour
de divers centres , avait produit les différentes parties du
systèoie planétaire, et par suite la terre. Celle-ci était
donc , au moment de sa formation y une masse en fusion,
nie se refroidit graduellement , et se consolida d'abord à
sasur&ce; une partie, des vapeurs qui constituaient Tinb-
mense atmosphère de ce globe de feu se condensa , se
réduisit en eau et forma les mers. Celles-ci attaquèrent la
croûte consolidée , la délayèrent , se chargèrent des élé<-
ments par dissolution , les modifièrent ^ et, les laissant
ensuite tomber sous forme de précipités, elles donnèrent
naissance aux couches minérales. Ces mêmes mers , par
leurs mouvements et par leurs courants , sillonnèrent
Técorce qu elles venaient de produire , et formèrent ainsi
les inégaUtés qui s'y remarquent.
Les preuves que Buiibn réunit pour démontrer la va-
lidité de sa théorie , il les tire des faits , des monuments
et des traditions. Quant aux premières , il en admet cinq ,
savoir : i^ la fortne sphéroïdale du globe -, 2<* la dial^ur
intérieure, qui lui est propre 5 3^ la plus grande intensité
de cette chaleur comparée à celle qui provient du soleil ,
celle-ci n'étant pas suffisante pour maintenir la vie sur le
globe 'y 4^ la nature des matières qui composent le globe ,
28
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(a'8)
^6 Bûtfon compare à celle da Terre ; 5® Ifes coquiDes on
autres corps fossiles que Ton trouve jusqu à iSoo et 3000
toises d'ëlévatiom.
Lé premier de ces faite lui dëmontrè que te gk>be a
été y dès son origine , dans un état de fluidité ; car s il e&t
été solide y il neût jamais pu , malgré la rapidité desoo
mouvemeiit de rotation , prendre d'autre figure que celle
d'une sphère exacte. Le second fait et le troisième lui
serrent à prouver que cette fluidité était une liquë&etioo
opérée par le feu y dont la dialeur propre du globe est un
reste y cette chaleur afugmentant à mesure que Toi» pénètre
plus avant. A T époque où Buffon écrivait, la géognosie
positive n était pas asse2 avancée pour qu'il pût connaître
quelle était la nature des roehes qui composent les eouches
du gld)è; dépendant ce génie élevé n'en a pas moins
avancé cette dpinioa ^ étayée aujourd'hui sur une foule
d'observations, qUe les roches antérieures à F existence d^
la vie sont le produit du feu primitif, et que beaucoup
d'autres postérieures sont également dues y soit à des
matières liquéfiées y soit à des roches altérées par une
chaleur extrême. Le cinquième fait , l'existence de dé-
pouilles organiques à des hauteurs considérables au-dessus
du niveau actuel des mers , lui fit avancer que les eaui
avaient coopéré aussi à la formation d'un certain nombre
de roches qui se trouvent superposées à celles qui oc*
cupent la partie inférieure de l'écorce minérale de U
terre.
Telles sont , en quelques mots , lés idées de Bufibn
sur la manière dont notre sphéroïde a été produit et amené
a l'état dans lequel il se trouve aujourd'hui. Elles ne lui
appartiennent pas toutes cependant. L'opinion que le
centre de la terre , par exemple, conserve encore un
reste de la chaleur qu'il avait primitivement , a été avan-
cée , pour la première fois , par Whiston ( A new Theofj
qfthe Eiinh. Londres > 1708 ), sur des suj^positions entiè
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( ai9)
rement fausses , il est vrai ; mais enfin les observations
subséquentes sont venues la confirmer. Leibnitz ^ à Fimi-
tation de Descartes , a émis , en i683 ^ im système
dont celui de Buffon n lest guère qu'un développement ;
en effet, il a considéré les plançtes eomme autant de pe-
tits soleils qui , après avoir brûlé long-temps ^ ont fini
|Mir s'éteindre , faute de matières combustibles, et sont
ainsi devenus des cofps opaques. Aussi le feu a-t-il , par
la fonte des matières , produit , selon lui , une couche vi-
trifiée y et tous les corps qui se trouvent à la surfiice des
planètes sont , ou éa verre réduit en parties très tenues
comme le sable , on du verre mêlé aux sels fixes et à
Feau. Lorsque la surfiice de la terre fut refi*oiâie , une
très grande quantité d'eau qui avait été réduite en va-
peurs retomba et forma les mers , qui déposèrent ensuite
les terrains calcaires. (Protogœa, Act, Ups., 16835 (^ott.,
1 749* ) Néanmoins j Bufibn étant le premier qui ait ap-
puyé ses idées spéculatives sur des faits authentiques , et
qui se soit aidé de F observation j on doit le considérer
comme le véritable fondateur du vulcanisme primitif, et-
lui réserver tout Fhonneur d'une théorie que tout concourt
maintenant à établir rigoureusement (1).
Parmi les naturalistes qui ^ après Bufbn , se sont oc-
cupes de rechercher les causes premières qui ont présidé
à la formation de notre planète y plusieurs ont adopté ses
idées ou professé des opinions qm s'en rapprochent sur
plusieurs points. De. ce nombre sont Hutton et Plajfair
{Illustrations of the UuUoman Theoty of the Earth.
£dimb. , 1 803 ) , Dolomieu , Lagr^nge , Laplace , le baron
(1) Le comte de Lacëpéde a reproduit récemment la théorie de
Buffon , en la modifiant un peu Son ouvrage posthume le fait
Ivre avec le yàm vif intérêt. (JÇ« jiges de la nature, eêHiêtoife
^ f espèce humains ; a vol. in-S». Paris , i83o.« LevraulU )
28.
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Fourler.; MM. de FérusAaCy Cordier, Von Hoff ( i ),
H. Dary , de HuQiboldt y Merian ( «Sur la chaleur inté-
rieure de la ferre i fVissench. Zeitschrtft. BâU , iSaS,
4^ pahier, p. 82 ), etc. y- etc.
Mais 9 de tous les géologues contemporains , M. le bartm
de Ferussac est celui qui a le plu^ contribué k faire revivre
les opinions de Buffon , ou du moins celle Jun TulcanisBie
prin^itif. Depuis une douzaine d'années, il a oonatammuenft di-
rigé ses recherches dans ce but^ et a obtenu le plus beau de
tous les résultats, celui d* avoir convaincu les esprits à Taide
de faits précis et multipliés , et d'avoir enfin ramené les natu-
ralistes sous r empire des lois naturelles qui r^issenl Ten-
semble de T univers. Ce savant, qui s'est tant occupé de This*
tojre des coquilles de terre et d'eau douce , s'est efforcé de
l'appliquer à l'histoire des révolutions du gtobe. U a pré-
senté , en 1 8a I, à l'Académie royale des Sciences , une suite
de mémoires géologiques sur les terrains tertiaires, particu-
lièrement sur les dépôu de lignites et sur les coquilles flnvia-
Ules qui les accompagnent. Voici les conclusions qui résul-
tent des faits observés par lui et par les autres géologues.
Toutes les formations tertiaires qu'il a décrites scmt lo-
cales. La succession des divers dépâts marins ou d'eau
douce est le plus souvent différente dans des bassins
contigus. Les débris de l'ancienne végétation du globe
couvrent des parties considérables de sa surface j on en
trouve à toutes les hauteurs et à toutes les latitudes.
Cette dernière observation prouve, qu'il des élévations ou
à un degfé de température qui ne permettent plus au-
jourd'hui à la végétation de se développer, elle était au-
( I ) Geschichte der durch Ueherlieferung nachgewietenen
noi&rlichen Verandtrungen der JBrdrObe/fiœche, -^Recherrhft
êur les changements de la surface de la ierre, dont Us pitarrs
se trouvent dans les documents historiques i par M. Von Hoff; a
vol. iQ-8*. Gotha.
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( aai )
trefois ti^a^orle^ sos débris montrent qu'elle était imaloguê
à pelle qui couvre actuellement la zone ou nous vivons,
tandis que les débris des végétaux renfermés dans les parties
basses de notre sol , sont , au contraire , analogues à la vé-
gétation actuelle de la zone toiTÎde. M. de Férussac en
tire cette conséquence évidente que la . température de la
sur&ce de la terre a notablement cbangé ; qu'il y a eu
un . refoulement de la végétation des parties élevées
vers les parties moyennes , et de celle9K;i vers les parties
basses ; enfin que l'anéantissanent des races d'animaux
perdues est dû aux mêmes causes qui ont fait changer
la végétation , c'est^rdire à rabaissement de la tempé-
rature et à celui des eaux.
M. Crichton , dans ces dernières années , a reproduit
en partie les idées de M. de Férussac , sans toutefois
faire mention des travaux de ce dernier savant. ï^e mé-
moire qu il a publié a ce sujet est très intéressant , en ce
qu'il prête un nouvel appui aux explications que M. de
Férussac a données sur les phénomènes les plus curieux
qui se sont passés à la surface du globe h des époques
très reculées de nous. ÇSur la températwe du monde anté-
diluvien, sur son indt'pendance de f influence selniie et sur
lajbrmadon du granité , par sir Alex. Crichton; j4nnals
of Philos, y février , p. 97, et mars i8a5 , p. 207. ) M* le
professeur Sdiouw , de Copenhague , pénétré des mêmes
opinions que les deux naturalistes précédents, s'est efibrcé,
de son câté , d'en démontrer la justesse , en réunissant un
grand nonibre de preuves relativement à la température
phis élevée qui a dû régner dans les zones tempérées h
une époque bien antérieure à l'apparition de l'homme à
la surface de la terre. ( Voyez Analyse des Mémoires du
professeur Schouwy de Copenhague , sur la t&npéirUure ;
OErsied ofersigt over detck, Donshe Fidcnskabs seiskabs
Jorhandly 18^4.)
M. Adolphe Brongniart, qui , dans ces derniers temps ,
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( 232 )
«est livré avec on très grand succès à rëtode des T^éum
fossiles y et qui a tant contribué k augmenter les con-
naissances que nous possédions déjà sur ces restes de
r ancien monde , grâces aux travaux de Schendizer , de
MM. de Schlotheim , de Stemberg y Rhode , Martios ,
Parkinson , Artis , Nilson ^ Agardh et Steinhauer y M.
Ad. Brongniart , dis-)e y a tiré de ses recherdies les
mêmes conséquences que celles présentées par MM. de
Férussac, Crichton et Schouw. Ce jeune et laboneoi
naturaliste s'est effi>roé de reconnaître quelle était la
répartition et la nature des végétaux à la surface du globe ,
aux diverses époques de sa formation , et , par la com-
paraison des caractères de la végétation souterraine propre
aux différents terrains , il a été conduit à établir quatre
périodes bien distinctes pendant cbaeune desquelles la
végétation a conservé les mêmes caractères essentiels y tandis
que ces caractères sont totalement différents quand oa
passe d'ime période ou d'une groupe de formatioa à un
autre.
La première période , la plus ancienne , comprend
r espace de temps qui s'est écoulé depuis la formation des
premiers terrains de transition jusqu'après le dép6t da
terrain bouillier. Les grandes couches de houille peuvent
étfe regardées comme le résultat de la destruction de cette
végéution primitive de la terre. Cette première période
est caractérisée essentiellement par Fimmense prédomi-
nance numérique des cryptogames vasculaires, c esl-4-^bv
des fougères , des prèles , des lyoopodes y et le grand déve-
loppement de ces plantes. Ainsi y k cette époque y û j
avait des prèles de plus de dix pieds de haut et de cinq
il six pouces de diam^tre ; des fougères en arbre de quarante
k cinquante pieds d'élévation , et des lycopodiacées arbores-
centes de soixante à soixante-dix pieds de haut. Ces fiûts, et
r analogie de cette végétation avec celle des régions les fto
chaude) çX le» plu$ humides de F Amérique équinoxiak
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( a»3 )
et des tiet dé F Archipel d'Asie , nous portent à conclure
qu'à r époque de la formation des houilles : i^ la surface
dëcouTerte de la terre ne formait que dçs iles ou des
archipek épars au milieu d'une raste mer sans grands
continents ; i^ que la température de ces lies ëtait beau-
QOixf plus élevée que ne Test aujourd'hui celle d'aucun
lieu de la terre j et de plus , comme partout les végétaul
foasfles de la première période présentent à peu près
les mêmes caractères , nous devons en inférer que cette
température plus élevée était répandue plus uniformément
sur toute la surface du globe. L'ancienneté des terrains
dans lesquels se rencontrent les végétaux propres à cette
époque , prouve , ce que d'ailleurs on aurait pu admettre
à priori y que la vie a commencé y sur la terre , par
le règne végétal. Pendant tout l'intervalle compris entre
le commencement et la fin de la période en question y
les invertébi*és seuk vivaient sur les terrains mis à découvert :
fl est douteux que les mers i^eofermassent des poissons.
La seconde période répond à l'époque de formation
du grès bigarré : elle est essentiellement caractérisée par
l'égalité numérique des cryptogames vasculaires j des pha-
nérogames gynmospermes représentés par les conifères,
et des monocotylédones^ ainsi que par le moindre développe-
ment de ces végétaux , ce qui indique déjà un abaisse-
ment sensible dans la température régnante.
La troisième période commence au dépôt du calcaire
conchylién ( muschelkalk ) ou du grès qui le recouvre im-
médiatement ( keuper ) y et s'étend jusqu'à la craie. Elle
se distingue particulièrement des deux autres ; par la pré-
dominance des phanérogames gymnospermes , et surtout
des cycadées ; les cryptogames vasculaires tiennent le
second rang ; puis viennent quelques monocotylédones
très peu nombreuses. Pendant ce temps y aucun mammifère
terrestre ne parait avoir existé sur la terre y qui n était
habitée que par les grands reptiles , au nombre desquels
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( ^^)
se trouvaient ces pksio-saurus , ces plérodactylts j en
ichtyo-saut-ui , que la nature avait organbës pour le vol
^t pour la ùatation. La température avait donc ^Kiore
subi une diminution oonsidérable.
La quatrième période y enfin y comprend tous les terrdat
supérieurs à la craie , désignés ordinairement sous le
nom de terrains tertiaires. Elle présente des végétaux de
toutes les classes actuellement existantes , parmi lesquelles »
comme à V époque acluelle j les dicotylédones sont de
beaucoup les plus nombreuses > puis les monoootylëd<mes,
les phanérogames gymnospermes et en dernier rasg lei
cryptogames et les agames. Cest pendant cette période
qu ont vécu d'abord des palœoUienum y des anoploihentm
et autres genres peixlus aujourd'hui y dont on doit la eoa-
naissance au célèbre M. Cuvier y puis des élépliuils^ des
rhinocéros , et autres races contemporaines. La régétatieft
de celte dernière période était donc la même que ceUe
de r époque actuelle f mais les plantes qui couvraient alors
le sol des régions septentrionales n étaient pas celles qui
r embellissent aujourd'hui; elles appartenaient presque toutes
a des familles propres actuellement aux rég;ions éqoino-
xiales : tels sont les palmiers , les laïuiers y les mâastomes ,
et autres végétaux qui ne peuvent être rapprochés qœ
de genres exotiques des pays cliauds. On a iîx>uvé à
Montmartre des troncs de palmiers et d'autres arbres
monocotylédonés ; on a rencontré des feuilles des mêmes
arbres dans les platrières $Mx et dans la molasse des
environs de Lausanne, Ainsi , h T époque où les animaw
de Montmartre (^palœotherium et anoplotherium) y vivaient
aux environs de Paris y le même soi nourrissait dtas
palmiers. Ces deux circonstances réunies annoncent d^
d'une manière évidente un climat plus chaud que eeU
que nous supportons actuellement y quoique moins bràlaot
que celui des régions équatoriales.
Ainsi I en résumant ce qui est relatif à k végétation
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lie I» tenu j dan» lef ^ti^ gfaniks pcrioch» acbiisès
par M. Ad. Brongmarl y oa h iroii d'abord simple comme
lorgaoisatioB du règ^ «lûmal ans mi^me» époques^ et
dam ses caraotères on retroove la preuve de cette tempé-
jratare élevée qui a été » sena aooim doute ; cette de, k
terre au moment ou se déposaient tes eotiches les plus
anciennes de» iernôns de transport. La distribution des
fiuEBiUes et des genres nous représente les ppenûères terret
fnises à nu comme des iles sortant à peine du vastie océan
primitif, qui na formé que plus tard nos terrains tm**
tiaires. Dans la deuxième période , les plantes com^
fBenoent à yarier ^ on peut déduire de k présence d*une
fougère arborescente dans les terrains de cette époque
( grès bigarré ) , que la température régnante était encore
l>îen plus élevée que celle de nos climats, et analogue
pr(4>ablement à celle des régions intertropicales. A la troi-
sième période, la régélatioa se complique et se modifie
clans un sens qui la rapproclie , sous tons les rapports y
file ce qu'elle deviendra dans la quatrième. Elle indique
une plus grande étendue de terre sortie dé P océan , une
iev^ratura moins élevée, des genres de végétaux qui
se rapprochent de ceux qui prédominent maintenant , sur*
tout de ceux qui croissent dans les régions équatoriales.
A la quatrième période , apparaissent enfin des monoco-
tylédones et des dicotylédones ^ les végétaux sont encore
pins variés , plus parfaits ; mais les analogues de ceux qui
ont existé les premiers sont réduits à une taille bien
moindre ; c est aussi Tépoque de Tapparition des ani-
iBanx les plus parfaits , des animaux à respiration
aérienne, des mammifères et des oiseaux : tout annonce
une température plus modérée , en un mot , un état
dm choses qui se rapproche de plus en plus de F état
aoiael.
( OwsûiératioHs générales sur la nature de la t^égétation
nui couvrait la surjùce de la Terre aux diverses rpoçues
29
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( 2%6 )
-de Jbrmatiôn de son écorce ; par M; Àd. Brongniaft;
Annales des Sciences naturelles y t. i5y p. !i!t5).
Une des prearea les plus convaincantes qife la terre a
ilne chalenr propre , chaleur qui va successivement en
augmentant à mesive que fou va de la circonférence vers
le centre , est celle que Ton tire des expériences faites
dans les mines ou dains toute elcavation profonde. Il n t
« encore qu une trentaine d'années qu'on pensait géné^
ralement que la température, dans F intérieur du globe ^
était constante et égale , au moins dans nos latitudes
moyennes ^ à 1 2^ ennron. Cependattt ^ déjà 'depuis long-
temps^ Geûsanne^ directeur des mines de Girc^magny^
dans les Vosges {Dissertation sur la dacè, pat Mairan;
Paris, 1 749 » in- 1 3 , p. 60 et suir. ) , et Saussure ( Voyage
dans les jélpes ^ % io88)> avaient démontré, par des
^expériences directes ; qu'il y avait accroissement de dia-
leur en raison directe de la profondeur* Mais ces pretniers
essais ne fireût aucune impression sur lès géologues tT alors ,
'qui contestaient F exactitude de ces obserVati<ms , ou les
considéraient comme des phénomènes purement locaux.
M« d* Aubnisson de Voisins , un des élèves les plus distin-
gués de Wemer, fit, il y a a5 ans, des observations
aux mines de Freyùerg en Saœe, avec un soin parti-
culier , et dans des circonstances varices , et le résolut
lobtenu fut que T accroissement de température indiqué par
le thennomètre nb pouvait être attribué qu'à un aocroîs-
sement de chaleur dans la masse minérale au milien de
bquelle on s enfonçait. {Journal des Mines, t. 11 , p. 617;
t. i3 , p. 1 13. — Des Mines de Frtyberg et de leur exploi-
tation, t. 3 , p. i5i 5 186 et aoo. )
En 1791 , MM.. Freisleben et de Humboldl avaient re-
cueilli des faits analogues dans les mines de Saxe ( Annaks
de Chimie et de Physique , t. i3, p. aïo). Plus taid.
en i8o5, M. Trehra, directeur général des mines dn
même pa/s» fit Eure de nouvelles expériences dans I*
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( aa; )
même sens , el avec des précautions innsîtëes josqii^alors.
11 fit placer deux thermoniètres dans des niches prib"
^quëes à cet effet dans la roche y à la mine de BeS'^
çhertgliick , derrière un châssis yitré et une petite porte ;
r^n à i8o mètres de profondeur, et F autre à a6o. Ih
furent observés régulièrçzi^nt trois fois par jour , pendant
4eux ans , et ils indiquèrent toujours le ipéme degré ,
sans la moindre variation , le. premier se tenant à 1 1<> i/4a
et le second à 1 5^. M. X^ebra tira de ces expériences et
de plusieun» autres faites dans d'autres mines de Frtyberg ,
la conclusion que la température augmente d*un degré
par 38 mètres de profondeur , et que cette temgératurç
croissante est essentiellement propre à Fintéirieurde l^iten^,
puisque les expériences ftirçnt Êiites dans des roches de
gneis y lesquelles i^e contenaient ni beaucoup de pyrites ,
ni d'autres substances susceptibles d'élever la température,
par suite ^Tunç action cl^imique y les unes sur les autres.
D'après M. d'Aubuisson de Voisins, cette augmentation
de chaleur serait cVun degré par 87 mètres jtnviron d'en-»
foncement , 35 au moins. Des observations faites ep trèf
grand nombre en Angleterre, depuis 181 5 jusque dans
ces dernières années, dans les mines de plomb et de
cuivre de ComouaiUes et du Det^onshire , et dans les
houillères du Nord {Ann. de Chimie et de Physique ^ t. i3j|
p. 2003 t. 16, p. 78; t. ig, p. 438 il t. 21, p. 3o8.
— Geographical distrib, of Plants, by N. J. Winch,
p. 5i. — Tnms€u:t, de la Société royale géologique de
Çornouaiiles , vol. 3, p. i5o^ p. 3i3}^ celles fiâtes
plus anciennement par M. de Humboldt, dans plusieurs
mines du Mecque et du Pérou ( Ann. de Chimie et de
Physique , t. 1 3 ^ p« 207 ) , etc. , ont conduit au même
résultat.
M. Arago , en prenant la température de l'eau de^
sources dites Artésiennes , de celles qui viennent de pro-
fo;ideurs considérables, et qui ^ d'après la loi commupp
*9.
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( «t8)
^ f^^fwUbre de k ekaleur , nepecnneht manquer ie
d«Mer trèf eftaetement h lémpërature des coacbes dans
leHpieHas elldft ont €é\cfùmé , â èonfirmë plemement les
obscrrations de« gf'ôlogues qne je viens de cher , et la
M qtt'iê ont dt^doke 9urT Aération constante de la chaleur.
Là eiialeur élevée qn'ont beancoup de sources ther-
WÊAm qm sonrdent des roches primitiTes, est donc due
à' la température propre des coadies quelles trarerseni.
Quelques auteurs ont prétendu qu'on devait en chercher
la cause dans des phénomènes chimiques, dans des réactions
molécidaires ; mais cette opinion ne s'appuie s«nr aucun
feit plausible. Parce que des eaut, coulant dans F intérieur
de mines où se trouvent des pyrites , doivent leur cha-
leur à la décomposition de celles-ci au contact de Tair ,
est-ce une raison pour que celles qui sortent des terrains
primordiaux ; oà en général on ne rencontre plus , ou
que fort rarement , de pareilles substances minérales ,
éoient élevées en température par la môme cause? D'ailleurs,
F influence Lmitée et variable dune telle cause , comparée
Il la permanence et h la grandeur de F effet, démontre
assez son insuflisance. Ce qui tend encore à (aire rejeter
cette opinion , c'est qu on voit les eaux qui sortent des
terrains trachytiques et des terrains volcaniques, tant anciens
que modernes , présenter les mêmes circonstances de tem-
pérature et de composition que celles qu on remarque
dans les eaux qui proviennent des granités et autres roches
primordiales. Il est évident que le même effet est produit
par la même cause , c'est-à-dire par la chaleur centrale
et progressive de F intérieur du globe.
Les géologues qui admettent F idée d'une fluidité aqueuse
ne peuvent expliquer, d'aucune manière raisoûnaWe , la
■formation des roches cristallines primordiales , telles que
les granités , les gneîs , les porphyres , les euphotides ,
etc. Les plus simples expériences démontrent F impossibilité
de tenir en dissolution deS ma}^ères de celte nature ; et ,
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( ^29 )
m ëUeé n' étaient que suspendue» dans le liquide aqueiil,t
comment peut-on concevoir leur structure cristalUne 7
Embarrussës par toutes ces difHciihës , presque tous le^
partisans de la fluidité aqueuse ont été obligés d'admettre
que le liquidç prhnitif renfermait des agents inconnu^
capables de dissoudre les subsUtnces les plus insolubles.
Ainsi y les uns ont prétendu que c était T acide flttoriqu*
* qui avait servi de dissolvant général ( Razumowski ) j
d* autres ont avancé que c était une matière de nature
inconnue qui avait disparu au moment où les roches
s'étaient précipitées (Dolomieu) ; d'autres enfin ont sitp*
posé que le dissolvant général qui donnait à feau l'ac-
tivité nécessaire pour dissoudre toutes les subsUnces mi*
nérales , est entré en quelque combinaison avec celles
qui se sont précipitées. Quelques-uns , au lieu d'une dis^
solution complète, ont admis un simple mélange entre
Tean et les substances qui formaient la partie solide de
la terre : suivant eux, et Kirvan est à leur tête , le globe
aurait été , dans son origine , une masse liquide dans
laquelle les molécules destinées à former les solides étaient
suspendues dans une boue hétérogène qui contenait les
éléments de tout ce qui a existé depuis ; l'eau de cette
boue était chaude ', cette masse &ngeuse , décorée du nom
Ae Jltdde chaotique y formait dans son tout un composé
plus compliqué que quelque autre que ce fôt, et dont
les parties se sont précipitées en raison de leur* densité
spécifique, c est-à-dire, les plus pesantes les premières,
et ensuite les plus légères , qui ont formé l'écorce du
globe. (Voyez l'exposition détaillée du système de Kirvân,
dans le tome g de la Bibliothèque Britannique ).
Je ne chercherîd pas à réfuter sérieusement ces diverses
opinions , qui ne reposent que sur des suppositions pure-
ment gratuites , et sont en opposition avec les plus simples
lois de la chimie et de la physique. Toutes ces difficultés ,
et tant d'autres qu'entraîne T hypothèse d'une fluidité
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(23a)
mpeuse , diqparaisMiit quand on subt^tue à ode-oi oeBf
de la fluidité ignée. Tout le monde sait qu'il n est aucune
substance qui résiste à Faction de la dialeur; loote^
peuvent éire fondues ^ soit à Taide de moyens ordinaires,
soit à Taide d'appareils particuliers; dans cet ëtat^ elles
conservent pendant fort long-temps une haute tempërature,
et à mesure que oelle^i diminue y leurs molécules se rap?
prodient et prennent une forme cristallisée trè»-régulièie.
La structure des roches primordiales , l'analogie qu eDes
présentent avec celles qui se forment jocM^ellement soos
nos yeux dans le travail des volcans y les expériences
récentes de plusieurs chimistes y qui ont formé de toutes
pièces des minéraux , par Faction dune température élevée
exercée sur les éléments constitutifs de ces matières y tout
démontre d'une manière évidente que les couches ^
composent la partie inférieure du globe ont été y dans
l'origine des choses , tenqes en fusion à l'aide de b cha-
leur. (( Il est presqu inutile, dans l'état actuel des sciences
u physiques , dit un géognoste dont le nom fisiit autorité ,
« de rappeler combien l'hypothèse d'une solution aqueuse
ce est peu applicable aux granités et aux gneis , aux por-
te phyres et aux siéuites , aux euphoXides et aux jaspes.
M Je ne hasarderai pas de prononcer ici sur les circons^
« tances qui peuvent avoh* accompagné la première foTr
« mation de la croi!lte oxidée de notre planète ; mais je
a n'hésite pas k me ranger du c6té des géognostes qui
^c conçoivent plutôt la formation des roches cristallines
u silioeuses par le feu , que par une solution aqueuse ,
(f à la manière des travertins et d'autres calcaires la-
n custres. n Telles sont les propres expressions du célèbre
Uumboldt. ( Essai géognosii^uç sur le gisement des roches
{ions les deux hémisphères y n^ édition , p. 3o6. 1826.)
Mais, à ces &its purement géologiques, à ces observations
^n rapport avec nos connaissances actuelles en chimie y t\
qui sufilraient seigles poHr attester l'existence du feu cefitra^
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(i3i.)
^ pieut ajouter d'autres preuves d'autant plus (bries qu'ëHcn
«ont appuyées sur dei calculs et les lois de la physiques
M. Fouriar , qui y dans ces detniers tempe, a donné une
théorie analytique très savante de la propagation de la cha-
leur dans les corps solides y en a fait une heureuse applica-
tion aux questions relatives h la température du glohe tei^
restre. Le mémoire de ce célèhre académicien confirme trop
bien tout ce que f ai dit jusqu à présent , pour que je résiste
1BU plaisir de vous en exposer les principales données.
Suivant M. Fourier, la chaleur lerresli'e dérive de troiar
source$ : i** La terre est échauffée par les rayons solaires ,
'dont r inégale distribution pi*oduit la diversité des climats;
q9 elle partidpe à la température commune des espaces
planétaires, étant exposée à f irradiation des astres innom*
brables qui environnent de toutes parts le système solaire ;
3° la terre a conservé dans F intérieur de sa masse une
partie de la chaleur primitive qu'elle contenait lorsque les
{planètes ont été formées. M. Fourier examine ensuite sé-
parément chacune de ces trois causes , et les phénomènes
qn elle produit. Je ne le suivrai pas dans cet examen : je
n en présenterai que les considérations les plus importantes
pour la géologie.
u L'opinion d'un feu intérieur, dit M. Fourier, cause
« perpétuelle de plusieurs grands phénomènes , s'est re-
Ci nouveloe dans tous les âges de la philosophie. La forme
u du sphéroïde terrestre , la disposition régulière des couches
« intérieures rendue manifeste par les expériences du
« pendule , leur densité croissant avec la profondeur , et
ic diverses autres considérations , concourent à prouver
t€ qu'une chaleur très intense a pénétré autrefois toutes
ic les parties du globe. Cette chaleur se dissipe par Firra-
i< diation dans l'espace environnant ^ dont la température
u est très inférieure à celle de la congélation de- l'eau,
ce Or > r expression mathématique de la loi du refroidisse-
u diekit montre que la chaleur primitive contenue dam
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( «32 )
u une nuttse tfphëriqtie d'une ausai graade dimtemigp qttt
« la lerre y diminue beaucoup plus rapidemeot à la superficie
« que daus les paities situées à une grande profondeur.
u Celles-ci conservent presque toute leur chaleur dunnt
u uu temps immense ; et il n'y a aucun doute sar b
u vérité des conséquences , parce que nous avons caledlé
ce ces temps pour des substances métalliques pbs co»*
a ductrices que les matières du globe. Mais il est évident
i( que la théorie seule ne peut nous enseigner qneiks
V sont les lois auxquelles les phénomènes sont assujétis.
ic U reste à examiner » , dans les couches du globe ùk
4( nous pouvons péoétrer , on trouve quelque indice de
u cette chaleur centrale. U faut vérifier , par exemple y
u si au-dessous de la surface y à des distances oh ki
« variations diurnes et annuelles ont entièrement cessé,
u les températures des points d'une verticale prolongée
u dans la terre solide , augmentent avec la profondeur :
u or y toutes les observations qui ont été recueillies et
u discutées par les |plus savants physiciens de nos jours ;
u nous apprennent que cet accroissement subsiste : il «
u été estimé d'environ un degré pour trente ou qnavanle
t( mètres. Les expériences dont on a entretenu récemmeut
<( r Académie y et qui concernent la chaleur des sources,
i( .confirment les résultats précédemment observés y eto.
<( , Il est facile de conclure, et il résulte
u d' ailleurs d*une analyse exacte ; que F augmentation de
« température dans le sens de la profondeur ne peut étie
u produite par Faction prolongée des rayons du soleil
(( La chaleur émanée de cet astre s'est accumulé» dans
u r intérieur du globe 5 mais le progrès a cessé presqur
u entièr^nent ; et si T accumulation continuait encore «
(( on observerait F accroissement dans un sens préeiseneaC
fa contraire à celui que nous venons d' indiquer* La omsf
H qui donne aux couches plus profiindes une plus haute
M température est d(mç une source intérieure de ehaleir
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( i3S )
« constante ùa vaiiaMé , placée aH^essèus des pômtt
t< du globe où Ton a pu pénétrer. Cette cause élève la
u température de la surfiice terre&tre au-dessus de la
« raleiir que Itii donnerait la seule action du soleil. Mais
«t cet excès de la température de la superficie est devenu
u presque insensible y et nous en sommes assurés y parce
(€ qoLÛ «liste un rapport matliémaCique entre la valeur
n de Tacicroissement par mètre y et la quantité dont
a la tenfjpérature de la surface excède encore celte
« qui aurait lieu si la cause intérieure dont il s'agit
« n'existait pas. C^esC pour nous une même chose de
(f mesurer T accroissement par unité de pi^fondeur y où
« de mesm'cr T excès de température de la sur&ce. —
c( Lorsqu'on examine attentivement, et selon les pnncipes
<i àeê théories dynamiques , toutes les observations relatives
^ à la figure de la terre y on ne peut douter que cette
^ planète n'ait reçu à son origine une température ti'ès
<f élevée ; et, d'un autre côté , les observations thermo*
a métriques montrent que la distribution actuelle de la
te chaleur dans Tenv^oppe terrestre est précisément celle
H qui aurait lieu si le globe atait été fbrmé dans un
« milieu d'une très haute température y et qu'ensuite il
<f se fôt continuellement refroidi. Il importe de re-
te marquer cet accord des deux genres d'observations.
«( -I. La question des températures terrestres nous a
u toujours paru un des plusf grands objets des études cos-
H mologiques y et nous Pavions principalement en vue en,
u établissant la théorie mathématique de la chaleur, i»
Enfin M. Fourier conclut :
({ i<^ Que le reiroidissement , et par suite la progre^On
n croissante de la chaleur à mesure qu'on s'enfonce 9, a
« été autrefois beaucoup plus rapide qu'elle ne Test au-
(( jourJhui;
c( ^^ Qu^il fâut plus de trente mille ans pour que la
M raison de la progression diminue de moitié , c'est-à-dire
3o
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(a34)
\c qm'eUe ne soit plus ^e d'un demi-dc^ré par trente
« mètres^
n 3** Que r effet de la chaleur interne est maintenam
« presque nul à la surface du globe -, qu'il n y élère pas
a le thermomètre d'un trentième de degré ;
te 40 Que ; depuis près de deux mille ans, cet effirt
a n*j a pas diminué d'un trois -centième de degré , et
u que nous retrouvons encore ici ce caractère de sta^
<c bilité que présentent tous les ^ands phénomènes de
<c runiyers. »
( Remarques générales sur la Température du globe ter-
restre et des espaces planétaires , par M. le haron Fon-
rier; jénnales de chimie et àe, physique , t)ctobre i8a4^
p. i36.)
Malgré cet accord inattendu des faits géologiques, des
observations directes et des théories physico-mathématâqœs,
malgré un tel ensemble de témoignages en hveur ^tuie
hypothèse que tout concourt a placer au rang des re-
ntes les plus inébranlables ; beaucoup de naturaJistes très
distingués professent encore les idées de Wemer ; mais
leur nombre diminuera progressivement à mesure que de
nouvelles expériences^ de nouvelles observations, Ioîd
de détruire la croyance des vulcanistes , viendront la for-
tifier de leur appui. Chaque jour amène des conversions
de ce genre , et je pourrais citer plusieurs géologues qui,
de neptuniens très prononcés , sont devenus ibut-À-conp
vulcanistes, et vulcanistes exclusifs, car il est des esirils
]^ur qui l'exagération est un besoin.
Les preuves que j'ai rassemblées en faveur de fopi-
nion d'un vulcanismê primitif, seraient suffisantes, sans
doute, pour entrahier la conviction; mais comme, dans
Une pareille discussJion , on ne saurait apporter trop de
feiU et surtout démontrer f exactitude et la vérité de
ceux qu'on met en avant , je citerai ici les recherche»
récentes que l'on doit à l'un de nos plus habiles
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( 235 )
g^ognosteSi M. Cordier. Dans an savaiit mémoire h|
en 1827 à r Institut , M. Cordier examine tontes les
observations faites sur la température souterraine par les
divers physiciens qur Font précédé , discute la valeur de
toutes les objections que Ton avait proposées , et établit
sur de bonnes preuves la vérité du principe général. Le
nombre des mines dans lesquelles ces expériences ont été
faites dans beaucoup de pays, est, suivant M. Cordier,
de plus de quarante , et celui des notations de tempérar
ture d'environ trois cents. Les unes ont été Élites sur 1* air ,
d* autres sur Teau et sur les rocs , dans les cavités natu-
relles ou artificielles , et elles ont été poussées jusqu'à des
profondeurs de 4 ^ 5oo mètre^. Ce géologue ét^Ut avec
un grand soin 1^ causes de perturbations qui peuvent afteen
ter les observations de ce genre , détermine le degré
d^inftuence que peuvent avoir les causes particulières à
certaines localités, et conclut que les observations publiées
jusqu'à ce jour ont un mérite réel , une valeur effective et
incontestable , quoiqu'elles laissent beaucoup à désirer à
certains égards. Afin d'éviter les causes d'inexactitude
que Ton peut reprocher à ces observation^ , M. Cordier
fi entrepris une série 4'e^P^^^e^ces nouvelles et directes ^
faites avec toutes les précautions, imaginables , dans plu<r
sieurs houillères de France fort éloignées les unes des
autres, telles que celles de Carmeaux (Tam), de Utry
( Calvados ) et de Deàse (Nièvre). Voici les conclusions
que ces expériences Ipi^ opX permis de tirer :
v^ EUes confirment pleinement F existence d'une char
leur interne qui est propre au globe terrestre , qui ne
tient pas à F influence des rayons solaires, et qui crq^t
rapideipent avec les profondeurs.
0,^ L'augmentation de la chaleur souterraine ne suit
pas la même loi par toute la terre ^ elle peut être double^^
pu même triple, d'un pays à un autre.
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( ^36 )
3« Ces diffénences ne sont en rafpert oowtam , ai «^
ies latitudes, ni avec le* loogitudef.
,4» En/în r accroissement est certaincmeat {dns rap^k
gn on »e lavait supposé ; fl peut aller à ua degré p«
>5 et même i3 mètres, eu certaine* contrées : proâ-
Cernent Ip terme moyen ne peut p»* être fi« ^ J^**»
de î>5 mètres (|).
Pe ces ftits, SOT l'exactitude de^^H^ «• nesann^
(i) M. K«ipffer, membre de TAcadénne de Saint-P Aenbooif .
vient de faire , dans ces derniers temps , un certÛB nombre d'ob-
iervationa sur la tempërature de TinuSneur de la terre , dans un
voyage anx monis Ourals En constatant la terapiîraturc de soorefi
écriant de profondenrf vari bki , et comparant cette tempërtime
à celle de l'air des menées contrées , ce naUinliate a iroové «m
accrpissetnent de chaleur plus rapide qoe celui indiqué par M.
Cordier , puisqu'il évalue le terme moyen de cet accroissement s
1 degn^ centi&t^mal par ao» ao^. {Mémoire sur la umpèrature
moyenne de Vair et du toi dans quelques pûints de h Mussi*
ùrienUile , lu à VkoàA. des Sciences de Saint^Pëtardwarf , le i»
février 1829 ; d^n. de Chimie ei dà Pf^fue^ t 4» , p. Î67.)
M irleuriau d. Bi^llevue , en surveillant le percement d'un pui»
artësipn , à la Rochelle^ a fait plus lécemment encore qnelqo»
expériences sur la température de Teau provenant de ce paît*
comparée à la température moyenne du pays. Le puîu ereuaédaa»
la partie moyerme de U formation juraséque , avait io5« 33 , et
plus taid 123™ 16 de profondeur , lorsqu'il entreprit setcapéncscei-
Le thermomètro marqua 180 is à la dernière profondeur indi-
quée j la teojpérature moyenne de Tair, à 6 mèires au-dessus dn
sol , étant de 1 x» 87 H résulte de ces observations que Fcau do
puits ayant, à ia3^> 1^ de profDodcar, une ^kar aMpérieme de
Ço a5 4 la températuie moyenne de la contrée , raccrwsBemenl df
cette chaleur est d'un degré centigrade au moins par 19» 71 de
profondeur , terme plus faible encore qne celui indiqué par M.
Kupffer. (Notice sur la tejnpéraHire d^un Puits artésien entrepris .
en iSa^i, pt^s des Bains de mer de la Rochelle, lue à la Sodc^é
philomatique , le 10 avril i83o , par &U Flcurian de Bcllevue ^ cor-
respondant de r Acad. des Sciences ; Bulletin des Sciences noia^
relies et de Géologie, t. at, N« d'avril i83o> p. ao^ )
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( a37 )
élever aoeua donte, puisqu'ib sont dûs à on homnitt
aussi habile et aussi consciencieux., M. Cordicr en lira
des applicali<Nis nombreuses et importantes à la tliéorie
de la terre. Forcé de me restreindre, je me bornerai
à prësenter un résumé des inductions prinoipoles quil
émet. '
i** Tous les phénomènes observés, d'accord arec la
théorie mathématique de la chaleur , annoncent que Fin*
térieur de la terre est pourvu d'une température très
élevée qui lui est particulière et qui lui appartient de-
puis Torigine des dioats ^ et, d'un i^tre côté, le volume
de la masse terrestre étant infiniment plus considérable
que celui de la masse des eaux ( environ dix mille fois
plus grand ) , il est extrêmement vraisemblable que la
fluidité dont le globe a incontestablement joui avant de
prendre sa forme spliéroïdale y était due h la chaleur.
a^ Cette dialeur était excessive , car celle qui actuelle*
ment pourrait exister au centre de la terre y en supposant
un accroissement continu de i degré poiu* 2 5 mètres de
profondeur, excéderait 3y5oo^ du pyromètre de Wedg-
wood (plus de a5o,ooo^ centigrades).
30 On doit admettre que la température de 100'' du
pjromètre de Wedgwood , température qui serait capable
de fondre toutes les laves et une grande partie des rodics
connues , existe à une profondeur très petite , eu égard
au dkmèlre de la terre , et par exemple que cette pro-
fondeur est de moins de 55 lieues de 5 mille mètres k
CarmeauXy de 3o lieues à Utry^ et de 23 lieues à De^
cise, nombres qui correspondent à i/a3, k i/4a et i/55
dis mojen rayon terrestre.
4^ Tout porte donc à croire que la masse intérieure du
f^ûbe est encore douée maintenant de sa fluidité origi*-
naire , et que la terre est un astre refroidi , qui n'est éteint
qu à sa surface , ce 71e Descartes et Leibnitt avaient pensé.
5^ Si on coMâère , d'un» part , la généinUlé que les ob-
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( a38 )
senrations de Dolomieu sur le gîaemeiit de» îoyen d'é-
ruption (rapport sur ses voyages en 1797^ Journal des
Mines y 7, p. 385)y et nos expériences sur la oompoâtioA
des laves , ont donnée aux phénomènes Tolcaniques ( ife»
cherches sur différents produits volcaniques i Journal des
Mines, t. 21 ^ p. 2499 et t. nS, p. 55. — Mémoire sur ia
composition des lattes de tous les tiges , Joum. de phy-
sique j t. 83, p. i35)y et deFautre la grande fusibilité des
matières que tous les volcans de la terre refettent acto^
kment et même depuis long-temps , on devra penser que
la fluidité intérieure i^ommence , du moins sur beaucoup
de points, à une profondeur notablement moindre que
eelle où réside la température de 100® du pjromèlre de
Wedgwood.
Ç9 L'écorce de la terre, abstraction faite de cette peUicok
superficielle et incomplète qu on nomme sol secomktire ,
s* étant formée par refroidissement , il s'ensuit que la con-
solidation a lieu de F extérieur à F intérieur, et par con-
séquent que les couches du sol primitif les plus voisines
de la surface sont les plus anciennes. £n d'autres termes,
les terrains primordiai|X sont d'autant plus récents qu'ils ap-
partiennent à un niveau plus profond , ce qui est F opposé
de ce que F on a admis jusqu à présent en géologie.
7^* L'écorce du globe continue journellement de s'ao-
erottre, à F intérieur, par de nouvelles couches solides. Ainsi,
la formation des terrains primordiaux n*a pas cesse ; elle ne
cessera qu'après un temps immense, cest-4-dire lorsque
le refroidissement aura atteint ses limites.
8^ Si Fécorce de la terre a été formée comme nous le
supposons, les couches primordiales que nons oonnaissoBS
doivent être disposées à peu près dans Fordre des fusibi-
lités ; or les couches magnésiennes, calcaires et quaneuses
sont en effet les plus voisines de la surface.
9^ Suivant ce qui précède , l'épaisseur moyenne de Fâ
corce de U terre n ^xccde probablement pas ao lieues dft
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(aSg)
5,000 mètres. Je dirai même que,/ d'après plusieurs don^
nëes géologiques non encore interprétées , il est à croire
que cette épaisseur est beaucoup moindre. A s'en tenir
an résultat ci-dessus , cette épaisseur moyenne n'équirau^
tirait pas à la 63* partie du moyen rayon terrestre. Elle ne
serait que la quatre-centième partie de la longueur déve-
loppée d'un méridien.
10® L'épaisseur de Técorce de la terre est probablement
très inégale : cette grande inégalité nous parait annoncée
par celle de l'accroissement dé la température souterraine
rfune contrée à une autre : la diflTérénce des conduetibr^^
Ktés ne peut seule rendre raison des phénomènes. Plusieurs
données géologiques nous portent également à présumer
que la puissance de l'écorce de la terre est très variable.
i3<* L'on doit admettre que cette écorce jouit d'une cer*
taihe flexibilité.
itf L'excesnve température de l'intérieur maintenant la
matière première & l'état gazeux, malgré l'influence de
r excessive pression qu'elle éprouve aux grandes profon-
deurs dont il s'agit, cela explique très naturellement les
phénomènes des tremblements de terre , dont les irrégu-
larités tiennent à F extrême inégalité de la surface intérieure
de l'écorce du globe.
no^ Les phénomènes volcaniques paraissent être k M. Cor-
dier un résultat simple et naturel du refroidissement exté-
rieur du gk>be, un effet purement thermométrique. La masse
fluide interne est soumise à une pression croissante qui est
occasionnëe par deux forces dont la puissance est immense ,
quoique les effets soient lents et peu sensibles : d'une part,
l'écorce solide se contracte de plus en plus k mesure que
la tempërative diminue , et cette contraction est néces-'
sairement plus grande que cefle que la masse centrale
éprouve dans le même temps : de l'autre , cette même
enveloppe , par suite de F accélération insensible du mou-
vement de rotation ^ pei*d de sa capacité intérieare à me-
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lUre qu elle s'éloigiie davantage de la ferme spbérifBtt. Im
matières tkikles intérieures sont forcées de s'épancher m
dehors^ sous Tonne de laves, par les ëvents hâdbituels qu'eat
jionunés volcans, et avec les circonstances que faccmiili*
lion préalable des matières gaseuses> qui sont natarcUb*
ment produites à T intérieur, donne aux éruptions. M. C«f^
dier établit cette hypothèse sur le calcul suivant :
11 a cubé à Ténériffe ( en i8o3 ) , aussi qipioximalîre-
meut que cela était possible > les matières rejelées par ki
éruptions de 1706 et de 1798. Il a fait la même opén*
tion à regard des produits de deux éruptions encore pfan
parfiaitemeat isolées , qui existent dans les volcans cteipti
de Fintérieur de la France ; savoir : en 1806; ceux 4m
volcan de Murol en Auvergne ^ et en 1809 ceux du volm
de CherchemuSy auprès à'Jssarlès, au Mesin. U a troovë
le volume des matières de chaque éruption fort infimenr
à celui du kilomètre cube. D'après ces données et celles du
même genre qu il a rçcueillies sur d autres points , il at
croit fondé à prendre le volume d'un kil<Mnètre cube oomaM
le terme extrême du produit des éruptions considétiées en
général. Or, une telle masse est bien peu de dmses re*
lativement à celle du globe y répartie à la surface , ette
formerait une couche qui n excéderait pas i/5oo de milli-
mètre d'épaisseur. £n termes exacts , si Ton suppose à Té-
corce de la terre une épaisseur moyenne de ao lieues de
5ooo mètres, il suffirait, dans cette enveloppe, d'une <
traction capable de raccourcir le rayon moyen de la i
centrale de i/494 ^ millimètre, pour produire la i
d'une éruption.
« U ne faut rien moins que l'énorme ptiissanoe que )r
viens d'indiqnar , dit M. Cordier , poor élever les lufes.
Dans le eas particulier où elles arriveraient précasémest
4* «ne proCandeur de ao lieues, il est aiié de prouver,,
d'après leur petosteur spécifique moyenne , qu'dles seraient
prmdcs par «BAforoe éqnivalaite à ceUe d'environ ^;0Oo
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( *40
Mmospbères. On soit d ailleurs qu'elles s'épanchent presque
toujours après la sortie des matières gaceusès'^ ce qui se
(Kinçoit très aisément dans mon système.
(f Ce n est point ici le lieu de développer T hypothèse
purement thermométrique que je propose pour expliquer
les phénomènes volcaniques , et de montrer avec qud
succès elle s'applique h tous les détaik de ces phénomènes.
Je me contente de faire remarquer qu'elle rend raison
de r identité des circonstances qui caractérisent le travaâ
de la volcanicité dans toutes les parties de la terre , de
la prodigieuse réduction que 1q nomhre des volèabs a
éprouvée depuis F origine des choses , de la diminution
qui s'est opérée dans la quantité des matières rejetéeé
à chaque éruption , de la composition presque semblable
des produits de chaque époque géologique , et des petites
différences qui existent entre les laves qui appartiennent
à des époques diverses. Enfin , dans cette hypothèse ,
les directions les plus habituelles des tremblements de
leiTe annoncent les z6nes de moindre épaisseiu* de Té-
corce de la terre ^ et les centres volcaniques , tant anciens
que modernes ; constituent tout à la fois les points de
moindre épaisseur et dé moindre résistance de cette
écorce.
(( Dans ce qui précède , f ai fait abstraction des matières
gazeuses que produit chaque éruption , parce que , les sup*
posant réduites à l'état de liquidité qu'elles avaient pri-
mitivement dans le mélange dont elles ont été dégagées ,
elles auraient peu de volume , et que la moyenne de
un kilomètre cube , que j'ai adoptée ^ excède de beaucoc^
la moyenne réelle, n
22**, 23°, 24**. M. Cordier pense que Ton peut admettre,
au centre dé la terre des matières ayant , par leur nature ,
une certaine densité, et que dès-lors l'hypothèse de Halley,
qui attribuait les actions magnétiques à T existence (fune
masse composée en grande partie de fer métallique , irrégu*
3i
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( >4a )
lière et jouiasant d'un mouvement de révolution panioJkr
au centre de la terre , n est pas dépourvue de vraisem-
blance. Si cette hypothèse est admissible , elle fournit la
limite de la température intérieure de la terre : c est
celle de la résistance qne le fer forgé , chargé Joue
pression énorme , peut opposer à la fusion.
( Essai sur la température de l*intérieur de la Terre ,
par L. Cordier y lu à T Académie des Sciences , dans les
séances des 4 hûn , 9 et a3 juillet 1827. — Mémoires
du Muséum d histoire naturelle ^ 8* année, 3^ cahier, p.
161, i5*^ vol. )
Telles sont , en abrégé , les inductions que M. Cordier
croit pouvoir avancer et déduire des faits qu'il a rapportés.
Mais cest avec cette prudente réserve, si ordinaire aux
esprits élevés et positifs , qu'il présente ce fruit de ses médita-
tions. c( La fécondité , dit-il , des applications de la chaleur
et de la fluidité centrales , est remarquable , et cette fé-
condité ajoute k la probabilité du principe. II n en a pas
été de même du système neptunien , qui a dominé pen-
dant si long-temps , et qui nous représentait le globe
comme une masse solide jusqu'au centre , froide , inerte
et formée de bas en haut par des dépôts aqueux. Ce
système a été stérile , et aucune de ses applications ne
soutient maintenant un examen sérieux, n va se réduire
à d'étroites limites, à l'explication de ces couches super-
ficielles formées de sédiments consolidés , de débns
agglomérés et de dépouiUes organiques, qui constituent
presque en entier l'enveloppe excessivement mince qu'on
nomme sol secondaire. Si l'autorité des savants qui ont
émis ce système en crédit, n'eût pas fait illusion , il est
à croire qu'on lui eût , dès l'origine , (ait subir une épreuve
bien simple et à laquelle il n eût point résisté , celle de la
comparaison des masses d'eau et de matières terreuses et
métalliques qui entrent dans la composition du globe. 11
est aisé d'établir que le poids de la masse des eaux n'excède
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C «43 )
pos k cinquante millième partie du poids du globe entier.
Or^ de quelque dissokant que Ton reuille aiguiser cette
masse, il est inadmissible qu'un kilogramme deau ait ja-
mais pu dissoudre 5o,ooo kilogrammes de matières terreuses
et métalliques. » (Loc, citât, ).
Si je me suis étendu un peu longuement sur les idées
de M. Cordier, cest qu'elles sont maintenant professées
par les plus illustres gédogues de notre époque. Elles
reposent , d'ailleurs , sur dès faits si nombreux et. si bien
avérés, qu'il est impossible de ne pas* les considérer comme
représentant la fidèle image de ce qui a dû arriver dans
r origine des cboses et de ce qui est encore actuellement.
L'h}rpothèse du feu central^ et par suite celle qui donne pour
origine aux matières volcam'ques la masse brûlante de
l'intérieur du globe, peuvent être placées au rang des vérités
le plus solidement établies. A mesure que les observations
se multiplieront , ces hypothèses se consolideront ; le
petit nombre de phénomènes qui restent enveloppés de
quelque obscurité s'expliqueront avec autant de facilité que
ceux exposés précédemment , et les esprits systématiques
qui se refusent encore à l'évidence se trouveront bientôt fon-
cés de répudier de vieilles croyances qui déjà sont tombées
dans le discrédit le plus profond..
Cbapitbe VI. — Liste des Volcans actuellement brûlant^
et des Solfatares y dispersés sur la surface du globe.
Il est assez difficile , dans l'état actuel de la science,
de dresser une liste complète des volcans qm' sont actuelle-
ment en activité sur la surface du globe. D'abord, les
connaissances géographiques ne sont pas assez étendues :
très souvent les observations des voyageurs sont fautives,
et d'ailleurs il n'est pas toujours très facile de tracer
Mne ligne de démarcation bien tranchée entre les volcans
actuels ou- ceux qui ont encore des éruptions , et les volcans.
3i.
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( »44)
ëteints y entre les solfatares et les volcans proprement
dils. Quoi qu il en soit , je vais essayer de donner im
catalogue aussi complet que possible des montagnes igni-
TÔmes brûlantes et des solfatares. Xai consulté , pour
fure ce travail, tous les ouvia^es d'histoire naturelle,
tout les mémoires des voyageurs modernes que f ai eus
à ma disposition , et j ai comparé entre elles les diverses
listes des volcans qui ont été publiées juaqu^ici. Malgré
les soins que j'ai apportés à ce travail . je sois loin de
le regarder comme parfait ; c est une simple ébaudie ,
que des observations subséquentes et bien ûiites pourront
seules perfectionner, (i)
(i) Je donne ici les noms des principaux ouvrages que fai consul-
tés pour dresser la liste des volcans que je présente. J'aurai mm,
en outre , d'indiquer d'une manière plus précise , dans le texte ,
les âutoritfb sur lesquelles fe m'appuie pour les faits particuliers.
Histoire naturelle des Volcans , comprenant les volcans som^
marins, ceux de boue et autres phénomènes analogues , par C.
M. Ordinaire; Paris, iBoa. — Nouvau Dictionnaire d'histoire
naturelle, ir« et 2« édition ; Dëterville. — Dictionnaire dis
Sciences naturelles, t. 58; Levrault. — Description of active
emn extinci Volcans , etc. , ou Description des Volcans brûlants
et éteints , etc. , par Ch DauUeny » in-8<^. Londres , i8a6 , PhiBps.
— Critique de l'ouvrage sur les Volcans , de M, Daubeny. [Edin-
hurgh Reutew . mars 1827 , p. 396. ) — Liste des Volcans itctuel-
lement erflammh , par M. Arago. ( Annuaire du bumau des
Longitudes , pour 1824 > p- 168. ] — Liste des Volcans en acti-
vité et de leurs éruptions les plus connues. ( Teutschl. Geolog.
Vargestellt; toI. 4 » cah. 3 ; Gaz. géolog. , p. 361 à 977. < — 7^
bular vien of Volcanic pkœnomena, etc., ou Ta^lemm dm
phénomènes volcaniques^ comprenant »ne liste des Volcans q*i
ont brûlé depuis ou avant les temps historiques , ainsi que les
dates de leurs principales éruptions et des principaux tremble-
ments de terre y par C. Daubeny ; 1 grande feuille. Londres , 1828.
«^ Ourragcs de M. Poolett-Scrope , cités àê^k dans le ooan de
cette dissertation. — Arreng, of Volcanic roks, par le méoM;
1826. — Précis de la Géographie universelle ^ etc.^ par Bhlte-
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(245)
EUROPE.
^ I. Volcans du Continente
Fésuife ( royaume de Naples ). — C'est le seul volcan
sur le continent qui ait de véritables éruptions. ( Voir j
pour sa description , les ouvrages dfe Breislack , les Mémoires
sur le Mont'Somma , avec deux notes sur les tufs vol-
caniques et le Yésuve , par L. A. Necker , dans les
Mémoires de la Société dffisi. natur, et de Phjrsiq. de
Genève , vol. ïi , première partie, p. i55. — Un mémoire
sur le District volcanique de Naples, par G. Poulett-Scrope^
Brun ; 2*^ édition. Paris, 18 19. — Catalogue des tremblements de
terre, des éruptions volcaniques , et de phénomènes semblables
depuis i8ai, par de Hoff. ( Ann, der Physik pon Poggendorf;
vol. 7 , p. 169 et 289; vol. 9, cah 4 , P» ^- ) — JBssai dun
Catalogue chronologique des trsmblements de terre et des érup-
tions volcaniques depuis le commencement de notre ère ; par Ch.
Kefersteiu. {Teutschl. Geolog. Dar^estellt ; V0I.4 , cah. 3, p. a8o ;
1817 ) ^ Bulletin des Sciences naturelles et 'de Géologie, 1*
wetûùn du BuUetin universel des Sciences et de l'Industrie ,
soas la directtoD de M. le baron de Fërossac, depuis 1824 joMp'^
i83o. — ' Annales de Chimie , et Annales de Physique et de
Chimie. — Mémoires du Muséum ^histoire naturelle de Paris,
— Nouvelles Annales des Voyages. — Théorie de la Terre , par
Delamethërie. Paris, 1795. — Ouvrages deFaujas de Saint-Fond ,
de Dolomieu , de Breislack. etc. , etc. — Essai politique sur la
nouvelle Espagne , par A. de Humboldt. — Relation historique
de mon Voyage aux régions équinoxiales , par le même. — Ni-
vellement barométrique des Andes ,* Vue des Cordillières , par le
même. — Ide^n su einem vulcanischen Erd-Olobue , etc. j
Idées sur un globe terrestre volcanique « ou sur une représenr-
iation de tous les Volcans anciens et modernes de la surface
de la terre, et sur les résultats philosophiques qui en découlent;
par F. Sicàler j in-8« de 84 pages , avec une mappe-monde. Wei-
roar» 1812. — Sur la structure et l'action des Volcans dans les.
dijfferentes régions du globe j par A. de Uumboldt ; mémoire la
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lu à la Société géologique de Londres , séance du 2 mais
1827 , et Bulletin des Scienc, nat. et de dhlogie , t. xiv^
Pt ^12 f n<* 36o , etc. ) Il est aussi actif de nos jours
qu il y a dix-iiuit siècles. Sa première éruption connue
date de Tannée 79 de Vère chrétienne j depuis celte époque
jusqu en 1 828 , on compte trente-cinq éruptions. La dernière
est du i4 mars 1828. Une nouvelle bouche d'environ
quinze pieds de circonférence se forma à F orient du
cratère du Fésui^e y et devint la hase d'une immense
quantité de fumée. De fréquentes détonations se firent
entendre , et riaient suivies de la sortie de beaucoup de ma-
tières liquides. Le 18 , on conmiença à apercevoir du feu.
Le 1 9 , la nouvelle bouche parut considérablement agrandie;
les pierres lancées par le volcan s'élevaient h une très grande
hauteur. Le 21, la lave s* écoulait par un canal qui la con-
duisait vers le centre du grand cratère. L'eau des puits ^
dans les environs de la montagne , ne changea pas de hau-
teur. Dans la nuit du 21 au 22 ^ il se forma deux nouvelles
bouches; dans la matinée du 22 ^ elles s'étaient réunies; la
lave qui en sortait avait rempli une partie assez considérable
du grand cratère. A deux heures après-midi , il y eut une
violente explosion; en un instant, il s'éleva dans l'atmos-
phère une immense colonne de cendres entremêlées de
globes d'une fumée très dense. I^e 24^ tous ces phénomènes
à r Académie des Sciences de Berlin , le aj janvier i8a3. {Abharîdl,
d/kœnigL Akad. der FF'issensch zu Berlin, 1S12. et iSaS^p.
iSy. ) — Physikalische Beschreibung der Canarischen Insein ;
Description physique des Canaries , par M. Léopold de Budi ;
in-4A. Berlin , i8a5. ^ Mémoire sur la nature des phénomènes
volcaniques des îles Canaries , et sur leurs rapports avec les
autres Volcans de la surface de la Terre . par le même ; traduit
de rallemand par M. L. de la Foye. ( Mémoires de la Société
léinnéenne de Normandie , seconde série , i«' vol. , ir« partie >
p. 76. Caen , 1829. )
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( >47 )
«taienl moins iutenses. Il y avait alors dix-sept petites botlr-
tjies, d'où il sortait du feu, de la fumëe et des cendres (i).
Dajis r éruption de 1822, la hauteiu* de la montagne a
diminué d'environ cent pieds 5 la hauteur de Eocca del Palo^
le point septentrional le plus élevé du Fésiwey a été trouvée ,
en novembre 1822, par M. de Huofiboldt, de 8774 pieds j
celle du bord du cratère , à Test, de 3276.
Les parois de son cratère offrent la succession d'un grand
nombre de couches de lave , qui pourraient presque servir à
calculer le nombre de ses éruptions. Dans cette cavité coni-
que j on a plusieurs fois observé des laves prismatiques pres-
que aussi régulières que les plus beaux prismes de basalte.
Le Monl-Sommay qui était le sommet du Fésaùe, au
iemps de Strabon, F entoure aujourd'hui en partie, et nen
est séparé que par la colline volcanique de Cantaroni.
Près du sommet , la lave retentit sous les pas ; on dirait
qu'elle va incessamment s'engloutir dans le gouffre qu elle
recouvre : des vapeurs brûlantes sortent d'un grand nombre
■de petites crevasses tapissées de soufre en eflflorescence , et
dans lesquelles la flamme se manifeste lorsqu'on y présente
une matière combustible.
(1) Au commeiiceraent de cette année (avril i83o), il s'est formé
dans le cratère du Tèsuve deux ouvertures nouvelles par où le volcan
Tomit des feux et des matières bitumineuses qui s'agglomèrent au-
tour de rori6ce du cratère. Depuis quelques jours, la montagne fai-
sait entendre de fortes détonations , qui ont donné de graves inquié-
tudes y parce qu'elles avaient la même force et la même durée que
celles qui sont le symptôme précurseur des plus terribles éruptions.
Tout semblait s'agiter ou se mouvoir dans les entrailles de la terre ,
et ce bruit efiErayant se faisait entendre sous Naples, comme si le
volcan déversait ses matières enflammées sous les fondements des
maisons. Heureusement ces secousses n'ont pas été renouvelées trop
souvent , et line fois que les bouches du cratère ont été formées ,
l'éruption des pierres volcaiûsées a successivement ralenti la fureur
4iu volcan, et toute* les craintes ont cessé. ( Bulletin des Sciences
naturelles et de Géologie, n» 7, juillet i83o > p- ^7. )
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( 248 )
Ce volcan est isolé an mUiea d'une plaine } il n^esl formé
que de matières vomies du sein de la terre , en sorte que »
masse donne la mesure exacte de la cavité d'où eDes sont
«orties.
• Il est évident que les Champs Phlegréens forment , avec
les petites îles voisines et le Vésm^ , un seul et même sp-
tème^ cardiaque éruption sur un point quelconque de ce
district empêche qu'il ne s'en manifeste ailleurs. Tandis qn un
torrent de lave s'ouvrait une issue sur YEpoméo, à Jschia,
que le Monte-Nuoffo s'élevait jusqu'à Pozzuolo , et que les
phénomènes volcaniques étaient en pleine activité dans les
plaines de PhL'gra y le Vésm^e restait tranquille. Depuis qu'il
est dans un mouvement continuel, les iles et les cratères
près Pozzuolo paraissent tout>à-fait éteints. (HofT, ii , 209).
On ne découvre rien autour du Fesuve qui rappelle, même
d'une manière éloignée, le trachyte ^ point de felspath dans
ses laves, point d'amphihole. Sous ce rapport, il est unique,
et on le regarderait comme une anomalie , dit M. de Buch ,
si le Monte-Albano , près de Rome , volcan central beaucoup
plus grand , mais éteint , ne présentait les mêmes circoo-
stances et ne prouvait ainsi qu'il n'est pas indispensable que
les volcans ouvrent leur canal de communicati<m à travers le
trachyte. {Mémoire sur la nature des Phénomènes volca-
ni4/uesy^. 85.)
Yoir ce qui a été dit du Fésupe y chap. rv, p. i33,
i38, 145, i53, 167 et 17^.
Monte- Nuouo ( dans le golfe de Baies. ) — Dans le mois
de septembre 1 558 , il se forma dans le sein du lac Luaimo ,
au milieu des Champs Phlegréens, un petit votcan qui,
pendant sept jours , rejeta des matières enflammées ,
et dont la lave forme aujourd'hui une colline de boit
mille pieds de circonférence à sa base , et de quatre cents
de hauteur ; c'est le Monle-Nuot^o. On sent au fond èm
cratère une chaleur considérable, et des vi||peitfs s écbappenK
de quelques-unes de ses crevasses.
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Solfiuare de Pozzuolo ( idem. ) -^ Ce^t le reftjç d'ua
Tolcan de forme elliptique y qui a eu des érppUoao^ a|^
commencement du douzième siècle. Il ne produit plus que
des Tapeurs sulfureuses $ le sol caTemeux y retentit sous
les pas du voyageur -, \e soufre et F alun qu'on en retire
sont une richesse inépuisable pour le pajs. Auprès de
la Tille , le temple de Sétnpis y situé stu* le bord de la
mer y à quinze pieds au-dessus de sou niveau y est un mo-
nument digne de fi^-er I attention de TanUqu^ire et du
géologue. Il fut, à une époque inconnue, enieTeli sous
des produits volcaniques, ( Voir la description de cette
solfatare par Breislack , dans son Foyage danf h Campanie ,
2 , p. 69. )
Solfaiare de Pudoskegx ( Transylvanie. )
5 H. Folcans des Jks.
Etna ( Sicile ). — l^es Arabes lui avaient donné le nom
de Gibel , mot qui signifie monlagne. Ce puissant volcan ,
^ni le cratère domaine par un rocher pyramidal a plus d'une
lieue de circuit et 700 pieds de profondeor y n*a micuni^
lisism «Too les monti^es qui rentonrent y oomme Fm*
diqne sa position isolée au centra d'un grand cirque.
Sa base est formée de tous côtés par des couches de ba-^
salte et d'amygdaloïde. La nature de ses laTCS fait pré-
sumer qu'elles tirent leur origine du trachyte et non du
basalte ou de couches basaltiques. Ses éruptions y qui
sont très nombreuses y se font le plus ordinairement par
les flancs de la montagne. H brûle depuis les temps les
plus reculés. Piudare le cite comme enflammé. Thucydide
a oonserTé des détails sur l'éruption de 4?^ avant l'ère
dirétienne. Le silence que garde Homère sur les feux
de Y Etna fait supposer que y de son temps , il était dans le
même état de calme ^ue le Fésuue au temps de Strabon.
Depuis fqpoque historique la plus reculée ; le nombre dd
3a
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( i52 )
As frdduits de fSina, par Dolomicii; 1768^ Pm.)
Fuleano (mmûe^ûeêLipfvit^nEoUennes). — I*ttc,ipi
«l'a p4s si% lieivfes 4e ctrcotifi^nc^ , elBre deux cratères
dbnt Tua pftrîlh être ëpwisé , et dirni f autre , dnae
vaste dhneii«0ii « envoie dan» les airs des totirlâioBs de
ftoBiéè. On évahie la profondeur de oe dernier ii \4^
mètrea) eà son diamètre à 770. Sa dernière émpiiai
date de 1775. On jf^em dépendre dans te eratèni éteint ;
on f Voit ime gtàite tapiss<*o de stalactites de soufre.
f^icartêito ( iWd. ). — €e n'est plus qa'ime sol&tare.
Seromboli ( ibid. ). — Cette île , la plus septentrionale da
groupe , nest quun volcan escarpé , dont le cratère,
buverl sur fun de ses flancs , est toujours en feù. ( Voir
ce qui en a été dit chap. iv, p. 166.) Depuis a,ooo ani,
il n'y a pas eu d'éruption proprement dite , quoiqu'il
y en ait eu plus anciennement. Houel en a donné ua
très bon dessin dans le Foyage pittoresque dans ia Scik^
I i,p. 70 et 71). liCs émanations gazeuses quî sortent de
son critère n éprouvant jamais tT intermittence, les marins
M ont donné le nom de Fanal de ia Méditerfmiée.
Tout le groupe des fies Eoliennes est entièrement
volcanique j elles se distinguent de tous, les autres grou-
pes analogues en ce quelles ne sont point basaltiques;
on n y a même , jusqn'à présent y rencontré aueones traces
ffamjgdalofdea. Tontes les 'montagnes sont (bmiées de
trachyte , ou de masses provenant de trachyte altéré par
Faction volcanique. StromhoU est la fin d'une ligne , oa
plutôt june crevasse trachy tique qui, partant de Fuleano^
te divise en deux brandies à Upari. La plus oceideotak
se ootttinwe à trawM Smlmas^ FéUtydi, AUewsH, et se
termine & Usîica. Cette cKrection ne permet pas de pen-
ser que les îles lÀpari aient i»ne communication avec le
P'ésiwe ou ÏEtna; aucun phénomène d'ërupticm ne pa-
raît daiUeurs y. jnsipi'à peéaent , appuyer celle opinion.
Ces îles sont sorties de la mer , et ne doireal pa« lev
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( .a53 )
aooroissemeni et leur élévation progressive aux émp-
tiens réitérées , comme quelques géologues Tout prétendu.
( Léopold de Bnch , Mémoire sur les phénomènes volca-
miifmef des Ues Cmnanes , etc. •— Voir aussi Fouvrage de
M. Dai^«aj). ^
• Epoméo ( kdiia ). —Le sol de Tile est entièrement vol^
«wniqne^ la la^e j a recouvert Ifs derniers d^ts marins.
i/£p9fméOy autant qu'on puisse s'en ressouvenir^ n'a eu
qu'une éruption en 1 3o2 , qui dura deux mois et fit déser*
ter file. Sa hauteor y d'après les observations barométriques
de M. Léopold de Bucb, du 8 août i8o5, est de a356
pieds au-dessus dn niveau de la mer ; le point le plus élevé
du cratère ert à 43o pieds athdessns des sources de Y^rso,
el le Ibnd de ce cratère à 36o. Ce n'est plus actuelle-*
sait qu'une solÊBitare. Le Montée- f^'ico j dans la même
ile ) est un volcan éteint dont rélévation rivalise aussi avec
œlledo Fésm»€.
r^icm dn St.-Nicolas ( ie de St.-NiooIas, l'une des Tre-
mkij non loin de Tremoli > dans le royamne de liaples).
— Très petit volcan en activités
So^atmre de Calamo ( ile de Utile , i5 lieues à l'O. de
Samormi ). -^ L'époque de ses éruptions est incoimue. I>u
snumet ^mom Caiamo sortent des vapeurs mlfureuaes qui
détruisent, blanchissent et décomposent les roches tracbj-
tiques -, c'est une réritable solfatare formant une espèce de
mas'ais suUbreox ^, au premier abord^ pwaît sd^de et
tfacfajrtique , mais qui réeHement n'a point de fond. OUvier
et Brngnières ont été sur le point d'y périr. (OBvi^r, f^oy.
en Tunpde , i , 334 )•
L*tle Sàrtêonni, que plusieurs autevu^ plaeent au nombre
des volcans^ doit en être retjée. C'est bien le produit d'une
éruption sous-marine , maïs non un vdican véritable^ puis-
qu'un'j a point encore de canal permanent de eonmnica-
iîon de l'atmosphère avec l'intérieur du globe. ( Voir duip.
iM, p. laS). .
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Islande,
Hecla (dans la partie méridionale de F île, à enviroo
cinq quarts de liene de la mer. ) — Il n'a eu que dix ënipr
lions dans l'espace de 800 ans ^ savoir : dans les années 1 io4y
1157, 12:13, i3oo, 13419 13629 1^899 i558, i636^
1693. Chacune de ces éruptions a duré pendant plnsieiiKS
mois. Sa dernière éruption est de 1766.
KraJbla ( au N. £. de TUe ). — Sa dernière éruptioudate
de 1724.
Kœtlugjan ou Katilagiaa-Jokul ( au Sud). — En 1756»
entre janvier et septembre , il j eut 5 éruptions. Ce vol-
can était resté en repos depuis cette époque y lorsque, da
22 au 26 juin 1823 , il eut trois YÎolentes éruplicMis accom-
pagnées de tremblements de terre. Cet événement causa
de tels désastres y que la population de Tîle diminua de
9^744 personnes. Les cendres qui sortirent du cratère furent
portées à 1 00 milles de la côte ; mais le vent les dirige»
heureusement vers la mer.
Eya-falla^Johul (au S. Ë. de ï Hecla ). — Il était éteint
depuis plus d'un siècle , lorsque , le 20 décembre 1821, do
torrents de flammes sortirent par son sommet. On assure
que la colonne de feu était encore visible le 1'' février
1822, et quil en partait .des pierres du poids de 5o à 80
livres avec assee de vitesse pour ne tomber ^'à deux lieues
de distance. La montagne a crevé par son pied, le 26 juA
1822 y et il eu est sorti une abondante quantité de laves.
La belle carte hydrographique de MIVI. Ohlsen, Friesack et
Vetlesen ( Copenh. , 1823 ) office une vue ooagnifiqpie de ce
volcan eu pleiue éruption en 1822.
Eyrtfa-Jokul, — Sa dernière éruption date de 1720.
SkapUuMrJokul i
Skaptoa-Syssel ;
Ces deux volcans voisins éprouvèrent y en 1783^ de
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( »55 )
>ioleiite&ëraption$ qui ravagèrent une immense étendue de
pays. La lave se firaja un passage par trois sources dans la
plaine y à la. base des moniagaes, à envircm 8 milles de
distance Tnne de Tautre ; ces courants, en se réunissant ^
«ourrirent un espace de plus de 1,200 milles carrés d'é-
tendue. Le fleuve Skaptaa ftit entièrement comblé de pierres-
ponces et de laves. Pendant une année entière , il y eut
des exhalaisons suHureifses et des éjections pulvérulentes -,
Tatmosphère de V Islande se trouva mêlée à des nuages de
poussière que pénétraient à peine quelques rayons de soleil ;
ime épidémie fut la suite de ces événements désastreux.
C est un peu avant ces éruptions que parut , au S. O. de
ReUdaness y Tiie volcanique dont il a été question cbap.
in y p. i3i.
fVester-Jokul. Eruption de pierres et de cendres , en jan-
vier i8a3,
U Islande est tellement recouverte de cratères, qu*on a
coutume de considérer toute son étendue comme un seul
et puissant volcan. Cependant, parmi les vingt-neuf bouches
que compte Ebenezer ( Résidence in Icelandy 1 8 1 8, p. 1 1 ), il
^t probable que la plupart ne sont que des éruptions par-
tielles , et non des conduits toujours ouverts ^ il paraît qu il
n y a que 1 1 à la volcans actifs proprement dits, et encore
tous. ne sont pas bien connus. Ils se trouvent cqntenus dans
une large ceinture volcanique qui traverse Tiie du sud-ouest
on nord-ouest ( Hoffy 1 1 ^ p- 55o ). Le milieu de cette
ceinture est coupé, dans toutes ses directions, par d'énormes
crevasses } il en sort des coulées de laves dont la masse , la
largeur et la longueur surpassent ce qu on connaît dans les
antres pays volcaniques. C'est par une telle' crevasse que
se fit réruption du Skaptao-Jokid y en 1788 ; une autre
seniblable eut lien au pied de Tindc^tUl et Blaqfell
(Henderson , 1, 65), et, de même quà Lanceroie, eUe .
est encore marquée par une petite ligne de cratères 3
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(»S6)
mais les ërapUons ne revienneat pins par oet
tures. Krabia, Lethmukuret Troeliadùigm Nord; VH&ckf
EyafiMà et KùstUg^a an and ; Mttfa à Féal , sont aedb
des canauiL fixes et perpëtnds de commimication » et pat
coùsëquent peuvent seuk être oonsidëréa oomme ka^okaai
•de ï Islande. ( LéopoU de B«Kîh, ioco di. )
£sk (ile de /e<2n-«fe-ilfo^eA , sur la eftte orientak 4«
Groëniandy^^e volcan a étédëeouvert^t vîsîlé , en 1817,
par le capitaine W. Scoresby. H est snr la oontboAntion iê
la ligne des volcans de T Islande. It'r en nne éraplion à
la fin d'avril 1818 } des jets de fumée s'ëlevoient, lootai
le 3 ou 4 minutes , jnsqu'à la hauteur de la li i4oo aaèlrei.
Le mont Beerenberg , sur cette île , à 6,44^ pieds j hav
teur que n atteint aucnn volcan de X Islande ( jirct, Rcgkuu y
p. i54).
Afmqub.
\ I. Fblcans du ContinenL
Suivant tous les auteurs , on ne oomiak nuctin voictt
brâlant sur le continent africain. Ordinaire en oompu
cependant huit > daprès le jëflute Kîrcfaer ; mais ancoi
voyageur n'en fait mention.
n existe y h oe qn'û parait , plusieurs solfatares qu'^a
potnralt à la rigneiu* considérer conune des volcans ac-
tifs , puisqu'il y a des éraptions de cendres et dëgagemeot
de fumée» Voici les senls renseignements ^'on possède»
sur ces solfatares.
« Dons le Kardoufiin (Abyaainie), il existe toute mdt
chaSne dé voleans demi-^teints , don grand intérêt ^ non»-
mément à Oebel^Koldagi y où on sommet oojDÔqne très
haut fnme coatinse&ement et jette des cendres chande»
sans interruption. < Extrait dune kttre de M. Ed. Rùp-
P^, datée 4:Amimk0ly ks 3 mat iSa4 » à M. le baraa
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( a57 j
ie Zach^ Correspond, astron,, vol. 9, n<> 3, page 269)»
u 11 existe entre le Nil cT Egypte et la Mer rouge , à la
bauteur de f Egypte moyenne , au midi des carrièret
d* albâtre , une montagne appelée Djebel-Dokkan y c'est-
à-dire Montagne de la Fumée, Les Arabes parlent de Té-
coolement de pétrole qu'on observe à quelque distance.
Djebel-KebQ'tf ou la Montagne de Soufre , est plus au midi ,
sous le 24*" parallMe y et au bord de la mer. D'après les
renseignements des Arabes, il parait que le Djebel-Dokkàn ,
fume constamment, n ( Indications fournies par M. Jomard ^
membre de la commission d'Egypte ^ Bulletin des Scienc.
naturelles et de GéologUy t. 4? P- 166 y n» 146. )
5 n. Folcans des Iles,
lie de Bourbon om de Mascareign^,
Cette Ue tout entière semble composée de deux
montagnes volcaniques , dont l'origine y dit M. Bory de
Saint-Vincent, remonte sans doute à deux époques éloi-
gnées l'une de l'autre. Dans la partie méridionale , U
plus petite , les feux souterrains exercent encore leurs
ravages : celle du nord est bien plus vaste \ les éruptioos
volcaniques qui l'ont jadis bouleversée ne s'y font plus
ressentir. Des espèces de bassins ou de vallons ; des ri-
vières rapides cernées par des remparts perpendiculaires ;
des monticules jetés dans ces vallons , dont ils embaras-
sent le cours ^ des prismes basaltiques souvent disposés ,
conmie dans l'ile de Stajfay en colonnes régulières^ des
couches de laves les plus variées ; des fissures profondes ;
des indices d'un fracassement général, tout rappelle d'an-
ciennes et terribles révolutions physiques. ( Bory de Saint-
Vincent , Voyage aux îles d'Jfrique , t. i , p. 264 5 n ,
37a; m, 147)
A r époque actuelle , cette île ne renferme qu'un seul
volcan en activité^ nommé Us Trois-Salasses ou Salazes,
33
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(a58)
Ce volcan est un clés plus puissanfs de la terre ; il y «n
a peu qui soient dans une plus grande activité. Sa der-
iiière éruption est du 27 février 1821. Hubert ( Bory de
Saint-Vincent , ioc, citât ^ 1, p. 3 20), dit que, depuis 17 85,
époque k laquelle il a commencé à T observer , jnsquai
1801 , des coulées de lave étaient sorties de ses flancs
au moins deux fois par an ^ huit d'entr' elles avaient
atteint le rivage de la mer. Chaque coulée de lare
provenant des parties inférieures est suivie d" éruptions
des cratères du sonmiet (Bory, p. 25o ) ; mais il est
rare que ceux-ci émettent des coulées de lave , et dans
ce cas elles sont faibles. La lave est soulevée dans F in-
térieur de la montagne y et agit par sa pression sur les
ouvertures qui se trouvent à son pied , et par lesqudks
elle sort. Ce volcan lance presque continuellement de longs
fUs de verre flexible semblables à des cheveux de cou-
leur d'or : c'est de 1* obsidienne capillaire.
Archipel du Cap^Vert,
L'tle de F^t^ ou de Fea est la seule de toat cet Ar-
chipel qui renferme un volcan actif. Suivant le capitaine
Sabine , son élévation doit surpasser 7000 piedi ( /mit».
tffSciene. j xxix ). Il parait qu'autrefois ce volcan était en
éruption continue comme StromboH ; c'est ainsi que Ro>
bert le décrit en 1721 5 il parie aussi des ooolëes de
laves sortant de ses flancs. {"Previ^lj Voyages y n, Sga. )
Àrûkîpd dês Cûmmries,
Pic de Teyde, ou plus exactement d'Echeyde , c'est-à-
dire de \ Enfer ( Aya^Dyrma des Guanches) , dans File de
Ténériffe, — Volcan célèbre par sa grande élévation , qoi
est de 4ooo mètres environ. Le cratère proprement dit
n'a guère plus de 4^ toises ( 88 mètres) de diamètre , ei
de 18 toises (35 mètres) dé profondeur. De temps im-
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mf^morîal^ il B^en eifc sorti nî laves ^ ni flammes, ni même
de fumée visible de loin. Sa dernière éruption y qui date
du 9 juin 1798, se fit latéralement , par la montagne de
Chahorra. Elle dura plus de trois mois. Divers fragments
de roches très considérables , que le volcan projetait en
Tair de temps en temps , employaient à retomber à terre ,
suivant M. Cologuan , de 12 à i5 secondes. H n'y avait
pas eu d'éruption depuis 92 ans , lors de la dernière.
(Voir : Sur le Pic Ténénjffe, par M. L. de Buch f MineraL
Taschenb., 4« partie, i8a3, p. 8i3.) Le cône volcanique
proprement dit offre une déclivité si rapide, quil nest
possible d'y monter qu'en suivant un ancien torrent de
lave. Le cratère lance de temps à autre des fumées, et
Je sol qui Fenvironne est en plusieurs endroits assez échauffé
pour qu en y marchant on s'expose à avoir ses souliers
brûlés. Ce volcan agit plutôt par ses flancs que par le
sommet. Plusieurs indices prouvent qu'il s'amasse, dans les
cavernes intérieures du Pic, de grands dépôts d'eau qui
s*eihale en vapeurs par divers soupiraux , dont les deux plus
remarquables portent le nom de Narines, (A. de Hum-
boldt, Foyag., Relat. historiq. , t. 1^ liv. i, chap. 2.) (1)
/ La^anda ( île de Pahna ) , distante de la précédente
de 25 lieues. — Eruption violente par une ouverture laté
raie , en 1 585. La coulée de lave atteignit la mer, après
une course de deux lieues, et, en l'échauffant , elle fit
périr beaucoup de poissons. De nouvelles bouches se for-
mèrent en 164.6 et 1677 , et des éruptions considérables
eurent lieu. ( Physikalische Beschreibung der Canarischen
Insein j Description physique des Canaries 5 par L. de
Buch, in-4«. Berlin, 1825.)
(1) On peut consulter : Relation (tune excursion au sommet du
Pic de Ténériffis, les a3 et 24 £évrier 1829; ptr R. Edw. Alisoo.
(Ann, of Philos., juillet i83o,p. a3.)
33.
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( iGo )
Lancerote ( île de Lancerote ). — Eruption ▼idcnlc, ai
1730 , qui dura trois années consécutives , et qui boo-
lerersa File de fond en comble. Une grande partie de
sa surface fut courerte par des torrents de lave , et le
reste enseveli sous des scories et des cendres. En août
1824, éruption Jeau ^ de pierres, de flammes et de
fumée , accompagnée de bruits souterrains et de trem-
blements de terre ; à une lieue N. O. de Puerto dt
Noos.
Les autres îles de cet Archipel paraissent avoir éprouré
jadis Faction dir feu. L'/Ze d'Hierro où Ferro ( FUe de
Fer), la plus occidentale des sept Canaries, a le sol
Tolcanisé et peu fertile. Tout concourt à fidre regarder
les Canaries comme un groupe d'iles qui, pen-a-peu et
successivement , sont sorties du sein de la mer.
Les cratères d'éruption des Canaries sont rangés h peu
près sur une même ligne dirigée du S. O. au N. E. ,
comme toutes les autres lignes volcaniques de la terre.
( L. de Buch , loc, cit, )
Vile de Madère présente des traces de Faction volca-
nique 'y mais depuis long-temps elle est épuisée. Sur e
sommet du Pic Ridi^o , haut de 5, 068 pieds , on remarqua
un enfoncement appelé par les habitants Fol , et qui
paraît être la bouche d'un ancien cratère , idée confirmée
par les laves , la plupart légères et bleuâtres , qu on j
Toit disséminées, et dont la mer jette même de temps
à autre des débris dans les baies du Sud , mais on uj
trouve point de pierre-ponce , et rien n annonce , d'ailleurs,
une origine volcanique de F île. Elle est néanmoins sujette
à des tremblements de terre assez fréquents.
Archipei des Açores,
Tout cet archipel est de nature volcanique, ce qu'at-
testent les fréquents tremblements de terre qui s'y font
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( aGi >
sentir f la forme des montagnes , les cratères nombreux ,
les déchirements du sol , les nombreuses cavernes , les
laves, pierres-ponces et cendres qu*on y foule partout.
On connaît les volcans actifs suivants :
El Pico , ou Pic des Aqores (dansFile^fe/ Pied), — Cest
le seul de toutes les Aqores qui soit conique et à cratère ,
et entièrement trachy tique. L'ancien cratère, dont les bords
ne sont conservés qu'à TE. et au S. £. , paraît avoir un
mille anglais de tour. De son milieu s'élève un c6ne
escarpé, de 3oo pieds de haut, dont les côtés laissent
fréquemment échapper de la fumée à travers des crevasses,
n est entièrement formé de couches de lave , de la
dAreté du fer, qui ont dû être autrefois à l'état de
fusion. Le sommet, singulièrement aigu, n'a que sept
pas de long et cinq de large j T ouverture est située au
nord , un peu au-dessous du sonunet , et a environ vingt
pas de diamètre. Cette ouverture lance continuellement
des vapeurs , mais elle est presque remplie de pierres
altérées par le feu. Du côté de l'ouest , le pic est con-
tinué par une crête, sur laquelle se trouvent les ouver-
tures de plusieurs anciens cratères qui ne produisent plus
de ftunée. (John Webster, A Descript. of the Island of
Si-Michael; Boston, etc., 1821, p. 233.)
Folcan de S -Georges ( Açores. ) — Le i*' mai 1800 , à
3 lieues au N. £. de FeUas , dans la partie N. O. de
rile , et vis-à-vis le Pic des Açores , le sol s'ouvrit avec
on bruit semblable à des coups de canon , et il se forma
de suite un énorme cratère d'au moins 24 acres , au
milieu de terrains en pleine culture. En deux jours , il
avait vomi une telle quantité de scories et de ponce ,
qu'elles couvraient entièrement le sol , et foitnaient une
couche de presque quatre pieds dVpaisseur, sur une étendue
de trois lieues de long , et d'une de large. Le 1 mai , il
se forma une autre ouverture au N. de la précédente ,
et seulement à deux lieues de FeUas, On pouvait s'en ap-
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(262)
procher^ elle était au milieu d*ane grande quaotîte de*
crevasses qui avaient jusqu'à six pieds de large , et tra-
versaient le terrain dans toutes les directions : cette on*
verlure avait à peu près 1 5o pieds de diamètre. Le 5 et les
jours suivants, douze à quinze petits cratères s' ouvrirent sur
ce terrain -y il en sortit une grande quantité de lave qui
s'avança du côté de Fellas; c était vraisemblablement une
lave obsidienne , puisqu elle avak été précédée par une
éruption de ponce : ces deux matières anaoncent la pré-
sence du trachyte dans File, he 1 1 mai, la lave cessa de
couler , mais aussitôt de nouvelles éruptions très violentes
eurent lieu par V ancien cratère , et on aperçut de Fajral
on fleuve de feu sortir de son flanc sans intermptioa
jusqu'au 5 juin , et se précipiter dans la mer ; tout alon
redevint calme. Le grand cratère est à quatre milles anglais
du rivage , et a une élévation de 3,5oo pieds. ( JVe\%yori
philosoph. Transact. , t8i5, i, etc. — Lettre du consul amé-
ricain à Faycd , adressée au président des Etats-Unis).
Volcan de Fayal, — Sa plus grande bauteur est d'environ
3ooo pieds, selon Webster. Les flancs de cette élévation
s'abaissent doucement jusqu'à un bassin qui a cinq milles
anglais de circonférence , et contient de quatre à cinq pieds
Jeau. Il est douteux que ce bassin soit celui qu'Adanson
prétend s'être formé lors de la dernière énq>tioB de
Fayid y en 1673. Labat dit seulement yissi que la mon-
tagne s'était ouverte du côté de l'O. , et qu'il en était
sorti un fleuve de lave qui avait dévasté 200 arpents .dn
meilleur terrain. (Aom^. relat. de VJfr, occid.^ ^3^5^
Foy. 3o3).
L'île de Saint-Michel ou de San-Miguel^ où toutes les
montagnes présentent d'anciens cratères transformés actael-
lement en lacs, est célèbre par le volcan sous-nuirin qni
a donné naissance à ces îles volcaniques dont il a élé
question cbap. lu^ pag. i24-
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( 263 )
Ile de Saint-Paul.
Cette ile de T Océan austral a été nommée par erreur
Ife d Amsterdam ; ce nom appartient à File Saini-Pierre ,
Toisine de la première. Lat. S. 3S**^i' ; long. E. de Parti
75<'28'. L'île Saint-Paul éîtàt tout en feu , quand d* Entre*
cftfltc^nix Taperçnt, dans le mois de mars 179a. On admet
d'après cela qu elle possède un rolcan actif.
Ile de V Ascension.
Cette île de F Océan atlantique méridional ( lat. S.
7^55' 3o'' ) longit. E. de Paris i6*> 35' 3o" ) est la seide
qui y dans cette région océanique , porte les traces d'un
véritable volcan. Partout on trouve des coulées de lave;
mais on n y remarque aucun cratère , selon le capitaine
Basil Hall. Cependant il en existe plusieurs aux environs
du Green-MoiUain y la plus haute colline de F intérieur,
dont le pied est entouré de quatre coulées de laves sorties
June roche trachytique. La hauteur du Green-Moutain
est de 2645 pieds, d'après les mesures trigonométriques
du capitaine Campbell, f Edinib, phil, Joum, , xxvii , 47.)
On ne connaît pas d'éruptions dans cette ile ; il s'en est
peu fallu qu'elle ne devînt un volcan actif. Elle est entière-
ment trachytique.
Quant au volcan de Madagascar , qui lance y dit-on y
une immense colonne de vapeur aqueuse visible à la distance
de dix lieues 9 son existence , d'après M. Arago, n'est
pas assez constatée pour qu on le range au nombre de
ceux qui sont actuellement brûlants. ( Annuaire des Long,
pour 1824. )
n en est de même du volcan qui a ravagé ancienne-
ment File Hinzouan ( Anjouan ou Joanna ) y dans F ar-
chipel des lies Comores y au nord du canal de MozcunhiqiUy
entre Madagascar et F Afrique.
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(.64)
Asie.
5 ï* Volcans du Continent.
On a josqu à présent fort pea de renseignements exacts
sur les volcans actifs du continent Asiatique. Je vais énmné-
rer ceux que Ton croit dans ce cas :
Elburs, Elburus, Elbours ( Perse )y vers rextrémité orien-
tale des monts de ï Irak-y^dfenUf au 32' parallèle. — Cest le
pic le pins élevé de la chaîne du Caucase ; il a 5,4ûo pieds
au-dessus de la mer Noire. (Reineggs, Descript. du Caur
casCf etc. , i, 16^ en allem. ) Il est douteux qu'il soit ac-
tif. U paraît que ce nest pas la seule cime volcanique
de cette chaîne (Olivier, Voyait dans t Empire Ottoman ,
la Perse^ etc., v., p. 126). Il y a de violentset fréquents
tremblements de terre dans cette partie de la Perse.
Dernavend (Perse), dans la grande chaîne des Monts
jilpons qui environne le Ghilan et le Mazanderan , entre
la mer Caspienne et les plaines de la Perse. — Olivier dit
que son sommet s'élève beaucoup au-dessus des autres pics,
qu il est toujours couvert de neige et que souvent il en sort
beaucoup de fumée (ibid. , 11 , 126 ). Suivant un voya-
geur français, ce pic s'élèverait à une hauteur de 12 à
i3oo toises au-dessus du niveau des plaines de Téhéran j
qui sont au moins à 5oo toises aunlessus de la mer Cas-
pienne ( Foyage dans le Ghilan , de M. Trézel , manuscrit
cité par Malte-Brun, m, p. 281 ). Morier a donné un
beau dessin de ce pic {Se, joum. to Persia^ p. 335).
De Téhéian jusqu'à cette montagne , il y a beaucoup de
fragments de lave épars, et, au tiers de sa hauteur, dé-
normes rochers de basalte en colonnes , à cinq pans asses
réguliers.
Cophant (Perse ) , dans le Khorasanj province au N. E.
de ÏJrak. — Plusieurs auteurs le disent sujet à de très vio-
lentes éruptions -, mais on n a rien de certain à cet égard.
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( 265 )
Les montagnes de la Perse, suivant le major W . Monthei^
n'offrent pas de volcans brûlants , mais des traces d'action
volcanique. Le Sepellan paraît avoir eu un cratère , car
son pic est couvert, sur plusieurs points, de courants de lave
et de déjections volcaniques. La dernière éruption paraît
s'être portée jusqu'à 30 milles. UArarat^ une plaine au-
dessus de Makor , près du fleuve Ai as y le sol de Tiflis-^
A'Eriifan , et depuis Erivûn jusqu'à la rivière Guesney , pré-
sentent des roches et des traces évidemment volcaniques.
( Obsetp, physic(h-géog/aph, sur la Perse f par le major
W. Montheit; he.tlia, vol. ix , cah. 3. p. ^55 ).
Le Seiban-Dagh (Arménie ) , à l'extrémité nord du lac
de fFan , est une montagne énorme dont le sommet est
toujours couvert de neige , et le pied entouré de laves jus-
qu'à une grande dislance (Jaubert, Foyage en Perse ^ 1821,
p. 123 ). C'est un volcan éteint sans douteu
Dgebel'Nimroud , ou Mont de Nimrod ( Arménie ), a
vomi autrefois des flammes, et offire encore sur son sommet
un petit lac, qui, d'après la description d'un géographe turc,
semble être un ancien cratère ( Hagdi Khalfah , GéogrO"
phie turque y p. 1088, 1099, iï2o,etc. ).
Touifan, ou Montagne de Feu (région centrale de F Asie,
grande chaîne de V Altaï : 43^3o' de latitude j 870,^1'
de longitude ) 5
Ija Montagne Manche (Pe-Chan) , dans le Bisch-Balikh^
( ibid. , 46^ o' de latitude ; 76® 1 1' de longitude ) 5
On trouve dans un article de l'édition japonnaise de
\ Encyclopédie cMnoisey traduite par M. A. Remusat, que
ces deux montagnes exhalent continuellement des flammes,
de la fumée et des vapeurs ammoniacales ; c est-là , dit-on,
qufe les kalmoucks recueillent le sel ammoniac qu'ils trans-
portent dans les différentes contrées de l'Asie. Il est pro-
bable que ce sont de simples solfatares. Elles sont à 4oo
lieues de la mer Caspienne.
(Voir, pour plus de détails, i«une note de M. Kbproth
34
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( a66 )
suf loi Folcans de Vintérieur de l'^tsUyAim le Bulletin des
Se. nat. et de Géol. ; t. 3 , p. 8 ^ — a^ une lettre de M.
Abel Remusat à M. Cordier, sur le màme sujet, et ks
observations 4e ce dernier sur cette lettre ; Ann, des Mines ^
t. V, 1820, p. i35 et 187, etJoum. Jsiatiq. , juillet i8a4,
J). 44 > — ^** enfiu^ les observations de M. de Férussac sur
les documents précédents y Bulletin des Sciences naturelles
et de GeoL, t. 3, p. i4).
D'après un auteur arabe , Jbn el ffaidi , cite par M. Hj-
lander père, il y aurait une troisième montagne volcanique
dans r intérieur de rAsie^ d'où Ton voit sortir de la fumée
pendant le jour et des flammes pendant la nuit. Elle est
située dans le pays de Tint , à 160 de nos lieues communes
à TE. du lac Araly et à 23o aussi à TE. delà merCa^ienne;
39^ de latitude N. et 65° de longitude à Test du méri-
dien de Paris. Le pays de Tint fournit du sel ammoniac.
( Operis cosmogmphici Jbn el fVardi , caput primum : de
regionibus et otis» Ei^cod. Upsaliensi edidit et btinè vertit
A. Hylander, theol. doct. ac professer. Lnnd^, 1823.)
M. Léopold de Bucb dit quon doit compter avec autant
de raison y parmi les volcans actifs du continent asiatique,
les montagnes brûlantes de Sibérie y qui fournissent du sel
ammoniac ', elles se trouvent près le Chatanga y dans
la partie septentrionale de la contrée arrosée par le Je-
niseyy et vers les sources du ffilui y au-delà de Jahtisk,
( Strahlenberg , JVord und ostl j4sien, 1780 ^ p. 3ii»
324 , 377. )
* Les mon^ HimmaUiya ( Indostan ) y sujets à de fréquent»
et violents tremblements de terre^ et présentant des sonrcei
chaudes dans les défilés ( Tune délies, celle de Badaii-
nathy à 58° 88 centigr.), n'ofi&-aient jusque dans ces demien
temps aucune trace des feux volcaniques qui sont ordinai-
rement la suite de ces secousses souterraines. 11 paraît que,
dans le commencement de Tannée 1825, cette cause agis*
jointe a enfin produit une éruption. Ce phénomène a eu
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( ^6^ )
lieu , dans le district de Pumeah ^ sur imë des plus hauteè
montagnes de la chaîne, qui est parfois visible de la rive
orientale du Surhampouter, D'ap^^s une lettre datée de
thoon ke Pumeah , le i3 juin 182^ y on aperçut , dans les
premiers jours de février, une colonne cte fumée très épaisse
qui s* élevait à une hauteur considérable du sommet di
cette montagne , et qui fut visible jusqu à la saison des cha-
leursj personne ne vit de flammes. ( Edim, Joum. qf scien-
ces, avril 1826 , p. 209. )
D'après l'extrait d'un voyage dans le pays des Birmans ,
aux sources dhuite de pétrole et aux volcans de Memboo^
extrait inséré dans le London and Paris observery 4 <lé-
cembre 1825, il paraîtrdt qu'il existe un assez grand
nombre de petits volcans actifs dans le voisinage desquels
on trouve des sources d'huile de pétrole et d'eau salée.
D'autres parties du continent asiatique paraissent aroir
été jadis en proie aux éruptions volcaniques ; la région
à l'est de ThyaHray dansTAnatolie, (région nommée par
les anciens Katakekauméné ou Pays brûlé ), le bassin
du Jourdain en Syrie, les montagnes de Daourie dans
la Sibérie orientale , offi*ent beaucoup de traces d'an-
ciens volcans.
La péninsule du Kamtschatka renferme un plus grand
nombre de volcans qu'on ne l'avait cru jusqu'à présent.
Deux chaînes de montagnes très dif^rentes dans leur
composition se font remarquer dans cette partie de la
Sibérie. L'occidentale n'offre aucune trace de volean,
tandis que Forientale ,. au contraire , se compose et de
pics très élevés qui brûlent encore actuellement , et d'au-
tres qui , sans être en éruption , présentent tous les ca-
ractères des volcans. Vj^tlas de fiLrusenstem en retrace
parâdtement l'ensemble et ce qu'ils ont de particulier dan^
leur forme. Ce sont de véritables fourneaux élevés au-
dessus d'une crevasse qui traverse l'intérieur de tonte^
cette contrée. Les sources chaudes et l'abondance du
34,
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(a68)
soufre ^ qui ^ en plusiears endroits , coorre le rivage en
forme de gravier ^ prouvent assez que toute cette chaîne
de montagne est la proie du feu. Elle se lie avec les
volcans du Japon , de Uquejo , de Fomtose et des PU-
lippines. Voici fënumëration de ces pics volcanisës :
Le Mont Opaliuski ; Pic Koscheleff ( Rnisenst. )• —
Chwostow le regarde comme plus élevë que le pic de
Ténériffe. Apn>s une longue interruption , il a recommencé
& être agité vers la fin. du siècle dernier. (Lat. 5i** 21' j
long. Grew, 1 57** E. )
Le second Pic. Lat. 5i° 82' ; long. 1.57** 5' E.
le troisième Pic. Lat. 5io 35' ; long. i57<» 34' E.
Le quatrit^me Pic. Lat. Si** 2' ; long. 1 57** 62' E.
Le Pic Po^vo/vtnai. Lat. Si*» 22' j long. i58*» 18' E.
Le Pic ffiliiUscfuNsko/y riloutchins\aya ou Paratunka-
Sopka. Lat. 520 39'; long. i58« 21^^ E. — A la distance
de 22 milles marins , son sommet est î\ 2° 47' au-dessus
de r horizon , ce qui suppose une hauteur de 6444 pi^
de roi (Homer).
Le Pic jéwatschinskoy , au N. O. de la baie ^ Awal-
scha.
Le Pic Streloschnoy ou volcan à' Jtwaischa , au N. de
la baie de ce nom. — Sa plus grande éruption est celle
de 1737 î elle fut accompagnée d'un violent tremble-
ment de terre et d'une agitation extraordinaire de la
mer, qui envahit et inonda la terre. Une autre éruption
eut lieu en 1779 9 pendant que le capitaine Clerk était
au Havre de St.-Pierre-St. Paul. En 1787, La Peyrouse
et ses compagnons voyaient continuellement de la fumée
et des flammes au sommet de la même montagne. Elle
exhale de temps en temps de la fumée. Elle serait élevée
de 10,704 pieds de roi, suivant le docteur Uomer.
Schupanovi'skaja'Sop!(a , a F embouchure du Schupa-
no^v , entre le fleuve et le cap ScMpum, — Il est douteux
^e ce soit un volcan.
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( afig)
Toba&schiuskoy. Lat. 55^ 3o'. — Volcan au milieu de la
grande plaine du KanUscïuUka , et tjoujours appartenant
à la même chaine. Il fume constamment. Il aëté en grande
activité, surtout en 1793. Lesseps en a encore aperçu
un autre dans son voisinage : c'est sans doute celui que
M. Stein appelle Kamskaikoi-Shapka, Celui-ci est très
élcTé. Depuis 1728, il a éprouré de fréquentes éruptions
d'une force considérable : quelques-unes d'entr^ elles ont
recouvert de cendre? , dans un rayon ^e 3op kilomè-
tres , le pays à Ten^om* du volcan.
Kronotzkoi, — Ce volcan est peut-être le second de
ceux aperçus par Lesseps ( Résen ubers. von Forster,
p. 86). U paraît être situé à Test d'un lac. Lat. 54^^ 5o'
( Sleller ).
KliUschewskaja, Lat. 56^ 10' , de 7 miUes au S. de
Nischnei'Kamtschatka. — C est le volcan le plus élevé
de cette presqu'île , et le dernier vers le Nord. Ses flancs
sont recouverts de glace. Souvent les laves qui coulent
du sommet sont arrêtées par les glaces, quelles brisent
etj poussent devant elles ; alors elles roulent , mêlées
avec des masses de glaces y sur le penchant de la mon-
tagne y en faisant un bruit qui porte T épouvante à
100 werstes à la ronde. Il y a beaucoup de soufre
au pied du cône. Le cratère , qui a une werste d'éten-
due y mais dont la forme varie souvent y lance continuel-
lement des flammes y des étincelles ou des vapeurs ;
ces dernières, blanches et épaisses, sortent sous la forme
de grosses boules, qui se transforment ensuite en anneaux
et disparaissent dans l'atmosphère. Avant 1763 ce volcan
était terminé en pointe : peu à peu le cratère s'abaissa
et le sommet s' aplatit j mais, depuis 1772, la lave s'est
élevée de nouveau , et la pointe terminale a reparu. En
février i8ai , forte éruption qui fut précédée de plu-
sieurs secousses violentes et continues. Ce phénomène
occasionna Taffi^issement des deux tiers du c6ne i^ A laide y
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( vo )
pelile île de forme conique , de la âociëlë des KuriOts.
— Cette montagne peut être aperçue dès îles Behring,
ce qui suppose une hauteur au moins égale à celle an
fie de Ténériffe (Sauer, BUHng's Etped., 1802, p, 3o6.)
Schet^elatsch ou Kmsnaja-Sopka , â 80 werstes au N.
du précédent , près des sources de tttschusch et du Bakus,
qui coulent dans le Kamtschatka y et de celle du TigiL
( Sauer^ loc. cit, , p. 3o6. )
Plusieurs de ces montagnes volcaniques y ou Sopka oa
Shapka y sont éteintes depuis long-temps. Le nombre de
telles qui sont encore activés n'est pas fixé.
( Voir^ pour plus de détails , Krascheninikqfs Bcschr,
von Kamt. , 17 66. — * Forage à la montagne 'oolcamque
de Stréloschnaya-Shapka , au Kamtschatka , Jait dans le
courant des mois d'août et de sept. i8i4 5 St.^Pâers^
burg Zeitschriji'y mars i8tx5, p. 333.)
\ II. Fokans des Iles,
Archipel du Japon.
n j a ttm assez grand notnbre de volcans dans cette partie
de FAsie. Ils font suite à ceux des Philippines, et sont
yés à ceox des îles KuriUes.
TanegO'Sima, ou 17^ de Sou/te, k Test de KiuSiu.'^
Selon Kampfer , elle serait sortie du sein de Li mer en
1 694 , ce qni ne paraît pas probable , à cause de son étendue.
Fuego ou Fulcanus. — Petite île qui Imce contînueik-
ment des vapeurs sulfureuses et de la fumée.
uésù y au N. de Salzuma. ^- Des flanunes sortent conti-
ituellement de son sommet , et sa base est entoorée de
sources d'eau cbaude. ( Kampf, Jap, von Dohm , i , lao. )
Unsen, sur la presqu'île de NangastM. -^ Cette mon-
tagne y autrefois large y unie , fnais peu élevée , lançait
clés vapeurs qu'on apercevait d<» tltris teilles de i
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( »7« )
(Kampf. , 1 , 1 20. ) IMais , le 1 8 da preniier mois ( 1 793 ) ,
elle s* abîma et laissa à sa place ane excavation û profonde ,
qu'en y lançant une pierre on ne F entendait pas frapper
le fond. Pendant plusieurs jonrs il en sortit de la fiimce.
— Le 6 du second mois^ le volcan Bwo-no-Koubi s'ouvrit
à un demi-mille de son sommet : il en sortait des flammes
qui s'ëlevaiept à une grande hauteur ^ la lave qui en
dccoi^lait était si abondante ^ sa marche était si rapide ,
que tout ce qui eiistait sur un e^ce de plusieurs milles
devint la proie des flammes. Le i^*^ du troisième mois ,
à dix heures dt| soir , un violent tremblement de terre
se fit sentir dans toute F étendue de Kin-Siu ( Kidjo ) y et
principalement k Simabara ^ il renversa des montagnes
et des édifices ^ et des crevasses se formèrent sur le sol.
Pendant tout ce temps la lave ne cessa de couler. (Titsingh^
Mém. ((es Djogouns , par Abel Remnsat, i8ao, p. ao3. )
Le i^ du quatrième mois^ la terre trembla de nouveaii
pendant des heures entières : les secousses étaient si fortes
que des montagnes s'écroulèrent en entraînant avec elles des
TÎUages entiers -, on entendait des bruits affireux au-dessous
de la surface de la terre. Tout-^-coup la montagne Miyi^
Ycuna sauta en Tair et retomba dans la mer \ les vagues
soulevées engloutirent beaucoup d'habitations situées près
du rivage , en même temps que les eaux qui sortaient
en abondance des ravins des montagnes inondaient tout
le pays. En peu d'instans, Simabara et Figone furent plus
qu^iin désert : on estime le nombre des hommes qui ont
péri à 537OO0.
Firando , la plus occidentale des iles Kiu^Sîil» -*- Près
d' elle se trouve un petit rocher qui brûle toujours (](ampf. ^
I ^ j 30 ). Tous ces volcans sont à peu prèç dirigé^ du
S.-E. au N.-O.
Fatsisio. — Selon Kampfer ^ une île s est éler^e 4^i\s ^e^
environs^ en 1606. 11 est vraisemblable que c est ell^ que
Brouijhton a vu fumer en 1796 (Q^ff? n, 4-^0* l^'#Brà»
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( *7^ )
son dessin y eQe pahijtrait arbit 3ooa pieds JcIeTation, et
serait située pins près de Jedo.
Fusi. — C est le volcan le pins considérable et la mon-
tagne la plus ëlevëe du Japon. D est un peu moins haut
que le pic de Ténenjffe. Il se trouTe un peu an S.-O.
de /afo , dans la province de Suruga. — Son sommet ,
couvert de neige , ne lance que de la fumée : autrefois
il en sortait des flanunes , qui ont disparu lorsque les flancs
de la montagne se sont ouverts (Kampf. , i , lao ).
Alamo , dans la province centrale de Sinano , au N.-O.
de Jedo. — Le premier août 1783 , après un violent trem-
blement de terre , des flammes sortirent du sommet de
la montagne ; elles furent suivies d'une telle quantité de
sable et de pierres , que la clarté du jour fut remplacée par
d'épaisses ténèbres. Les habitants des environs voulurent
fuir y mais le sol qui sVntr ouvrait partout les engloutissait ,
et le feu sortant des crevasses brûla les habitations -, vingt-
sept villages disparurent. Un bruit horrible accompagnait
cette catastrophe y et une pluie continuelle de pierres incan-
descentes y de quatre à cinq onces y forma à Yasouya une
couche de quinze pouces , et de trois pieds à Matsejda,
Le 1 4 août y à dix heures du matin y un fleuve de
soufre mêlé avec de la boue , des pierres et des gros
fragments de rocher , sortit du haut de la montagne et
coula jusque dans le fleuve uïsouma-Gawa , dont les eaux
débordèrent et inondèrent tous les terrains adjacents. Le
nombre des victimes de ce désastre est incalculable. —
Le dessin japonais colorié et couvert de flammes , joint
à la relation y prouve évidemment que , pendant cette
éruption y une grande quantité de cônes s étaient formés
au-'dessus d'une crevasse et agissaient comme des soupiraux
par lesquek sortait le feu. Il est vraisemblable que beau-
coup de villages ont été recouverts, comme en 1780, à
Lancerote. ( Titsingb, M/m. des Djogouns y p. 180).
Fie Tilésius ; sur la c6te occidentale de ISlphou , un
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(2,3)
peu ao S. du détroit de Sondeur. -» H est trë$ Âerë et
ooayert de neige. Sniyiait M. de Buch, il serait possible
que cette montagne ^ que le docteur Tilesius appelle toujours
un Tolcan y ne fût autre chosQ que le MorU^Jesan y dans
la partie septentrionale du Japon , à sept milles de IVambu,
qui lance fréquemment dé la ponce ; souvent même jusques
dans la mer. ( Georgi , Russ. Reisè , 1775, i, 4 )-
Les deux petites îles Oosima et Coosima , près du cap
SangOTy sont volcaniques. La dernière est sous la forme
d*ttn pic qui fume toujours : son sommet seul s'élève au-
dessus de feau à i5o pieds seulement : c'est probable-
ment le pltis petit volcan de notre globe. H est situé entre
le 4^^ ^^ latitude et le ïio^ i4' 45" de longitude (i).
-^ Oosima , qui est à peu de distance de la précédente
et à Fouest y est un peu plus grande. ( Tilesius , Mém.
de l'jicad, impériale des Sciences de Pétersbourgy t. z ,
p. 309 ) i8a6. )
Folcan de Matsmaiy quatre milles à Test de Chacodade^
Brougbton a vu beaucoup de fumée en sortir du côté du
nord, {f^oy, to the north, Pacif. Oc. y 18049 p. 94*)
Latit. 41» 5'j longit. Grew. i4° 10' E.
Autrevolcan , à 4 nulles auN. de Chacodade. Lat. ^if^Q'^
longit. Grew. i4o° ^o''E.(^Bicordin Golownm's Grfang,^
II, a36. — Brougbton, p. 102. )
Volcan au nbrd de Fulcansbayy sur Maismai , et près
ia c&te S. £. de la baie de Sirogonqf. ^ D a été va par
Krusenstem , auj^rès du pic Rumosski. Cest sans doute le
3* des volcans observés par Broughion dans ces parages.
(Id. , p. 104. )
CO M. Homer lui donne 700 pieds de haut environ ( LéopoU de
Buch).
35
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(»74)
Arckîpd 4e Ltâm-KSe» , uu de L^fmtfo,
bans cet archipel ^ ou plat&t cette série de petits
ârcïiipels qui forment ^ depuis Ttle de Kiu-Siu , la pi»
taiëridioiiaie des grandes îles du Japon, une espèce de
chaîne qui aboutit à Vile de Formose , 3 y en a une
nommée Lung-ffoong-Chau y c est-à-dire l'île du Soufre,
parce qu on y en recueille beaucoup , qui paraît être le
sîëge d'actions volcaniques. Cette île jetait une épaisK
lumëe sulfureuse , quand la I^ra , commandée par le
capitaine Basil Hall ^ passa dans son voisinage , le 4 3 sep-
tembre i8i6«
Archipel ies Kouriles au ÈuriSes.
La ohatee des ^oiih&y «A «iseproloiigaiiîina de hcfaabe
Volcanique du Kamtschatka, et paraît consister ^1 une
attité de ttonUgnes V^^aiqaes dont plusieurs sont eiMore
«alijèctes k dea ^nsptîoii&. Void les Tenseig^ements q«e
l'on possède à ce sujet.
Volcan sur Iturup , au Jf « d VrbitBck ^ à peu près au
«îlieli de b tsâte oocîdealkalie de «ette lie étroite «t akin^ ,
la ^^ des Kouriksy ^d'après k carte de Golowiim ^ les
Neu Nord. Beitr. ( iv , 1 1^ ) y ^ eBfe est désignée sou»
ié <iaom A"£ionpa. Ce«t fe Staatemland des «uàeanes
xntes. ifioky^p. -Gefang^ ^ ^ a8}.
Tsohiffm ( Totpid, Krusemttm Mydrogr,^^, 88). --
Ce iscMt dftux petites iies contenant «haciuie «oa ftoica».
(Neu Nord. Beitr., lac. citai. ^
Le Pic La Peyrouse, sur lile Marekan oa Simasir (La
Peyrouse , f^'oy. m ; 96 }.
tkôhischir y b i^*' fle. -^ Yobm > avec des souro»
chaudes jaiUissantes , près du rivage. ( Neu Beitr. j ioc.
citât.)
Matua (Raschkoke de Exusenstem y et Muiowa du Neu
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iVbiW. Meilr.y — ^ Wh «rnUknl le pio Sarytschew^ ipM prë«
teolo im cratère anr m partie otcBdasUile ^ d'où sert co»*
tinaenement de la fiimëe d'un gris jaunàtie, 8a haniwÉi
csl de 4^37 pieds, d* après M. Uorocr.
Ruscbkoke {Neu Dhfd. Bmir.); b onnèwie de cesUes.
Jkarma ^ la 8^ tle. «-«- Des couvées, diandcs et snlAireusea
coulent près du riTage. On a qnelquefoia i^rçu du feu
acnrtnr du Tolcaa. ( Neu I^ord. Bâtr, )
Omekatan. -*«• Elle possède tro» volcans o|>6er?és par
V amiral SaryUchew*
Panimusir ou Poromu-Schir. — C'est la plus grande des
petites Kouriles, Un pic éle?ë se montre sur sa partie
septentrionale. — C'est la continuation des cônes de la câte
orientale du Kamtschatka y tpl se suivent avec un ordre
remarquable. (Stiller, Kamt. y 1774» P* 46. — Cook ,
3« Fay.)
A lait ou Alcude , un peu à TO. et en dehors de la ligne.
— Cest une montagne en forme de c6ne, que Ton aperçoit
de loin. Dès le 5 septembre i3oa , Cbwostow Fa vue cou-
yertede neige ( Reise^ p. i38. — Stiller, p. ^6). Après un
long^repos, elle a recommence à fumer en 1 7901 et^ ea
février 1798 , il y eut une violente éruption f Sauer^ 3o4).
On ne sait si le pic Tshatschanoburi y sur l'île Kunashir^
et Tschikitun (île Spanberg ) sont des volcans^ on Je pré-
sume.
Le Pic de Langle y île au N. O. de Matsnuù f est aussi
vraisemblablement un volcan { il s' élève à 5, 020 pieds derçi^
d*après M. Homer.
lU Gfiel'Tar ou Gehbel-Taer.
Cette île ^ longue j du M. an S. , de 4 ndlles anglais y
est située dans le golfe Arabique , devant Loheia, Lat. 1 5^
38'. Dans son centre s'élève une montagne pyramidale ,
4e m4m« nom i^ii'eUf > ^nt 1^ ^o^mejt pr^pte <|«atre
35,
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(a76)
oaTeitnres qni émettent constamment de la famée et qod-t
quefois du feu. L'ile est entièrement déserte, et conrerte dt
soufre et de ponce.
La plupart des !les, dans le golfe Persîque , Omua y
Larck y etc. , sont volcaniques et riches en fer ( Zeiischr^
Jiir Minerai. , jauTier 1826, p. 60 , et mars, p. 271 )• .
Le Pic d'Adamy dans Ftle de C^larij placé an rang
des volcans par plusieurs voyageurs, ne montre aucune
trace d* éruptions ni anciennes ni modernes, d'après M.
John Davy , qui Ta visité en 1817.
Les montagnes volcaniques brûlantes abondent dans cette
partie du monde.
% I. Folcan^ du Continent.
Gnëniamé.
On en connaît trois qui paraissent former le prolon-
gement de la chaîne volcanique des îles Aleutes. Un à
Textrëmité du promontoire SAUiskay au 55^ de latitode,
et ai 4^ de longitude, a été reconnu par Cook \ il est dune
hauteur prodigieuse. Les deux autres , plus au N.-E.
de cette pointe , ont été observés par ce navigateur et ptf
La Peyrouse. (Voyage de La Peyrouse. )
Suivant La Peyrouse , don Maurelle a remarqué mi
volcan, au 4^® 4^' de latitude N. du cap Mendodnoy
qu'il regardait comme en éruption violente ^ on a re-
connu plus tard que ce n était qu'une illusion provenant
de r incendie d'une forêt allumée par les naturds do
pays. ( Roquefeuille , Fuyag* autour du Monde , n , a38. )
Cmlifomie.
Suivant le P. Alexandre Pérez, il y a cinq vbkaiis
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( 277 )
dans la Califbmiè y savoir : trois dans T intérieur de oetta
grande presqufîle ^ et deux sur ses c6tes maritimes
( Yo jez Histoire du Mexique ) -y mais on est peu certain
ide leur existence.
Suivant M. de Humboldt y le point le plus élevé de la
Cali/bmie, qui a 4^600 pieds, pourrait bien être un vol-
pan ( /. c, y II, 4^3); on trouve aussi sur sa grande
carte , sous la latitude 2S^ , le volcan de Las-Fir^nes ,
aVec l'indication qu'il a été aperçu en 1746. €Ui ne sait
inen de plus sur ces montagnes,
Mexique,
Le Mexique contient cinq volcans actifs y savoir :
Tuxtla y au S.-E. de la Fera-Cruz. — Sa dernière
éruption , qui fut très considérable, eut lieu en 1793.
Les déjections de cendres furent alors transportées jus-
qu'à Perote, à 57 lieues en ligne droite.
Pic dOrizaba ou Càlaltepetl (montagne Étoilée). — •
On ne connaît pas d'éruptions récentes. Les plus vio-
lentés ont eu lieu depuis i545 jusqu'en i566. On doit
une très belle vue de ce vdcan à M. de Humboldt
(/. c.y tab. 17 ). Il a i6,3oa pieds , suivant le même au-
teur. {Tableau des régions équatoriales, p. i48. — Fues
et Monumens , p. a33. ) Les Indiens le nomment Ciilal-
tepetly ou Montagne Etoilée, à cause des exhalaisons lu-
mineuses qui sortent de son cratère et jouent autour
de son sommet , couvert de neiges étemelles.
Popocatepetl ( montagne Fumante ) , ou volcan de la
Puebla. — *- Cest la montagne la plus haute du Mexique;
son élévation est de 16,626 pieds. Ce volcan fumait
déjà du temps de la conquête du Mexique. Il est'tour
)ours enflammé. De temps immémorial il n*a pas jeté
de laves. Il eut, en i53o, use violente éruption. En
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i8o4 , il Tomil une énorme quaatitë de cendres ti dt
fumée. Son cratère a une demi-lieue de cireonfëreBcei
à ce qu'on dit; mais il est à présent inacoeseible.
Xorulio ou Joruilo. — Dans la nuit du si8 mi ^ sep-
tembre 1 759 9 un terrain de trois à quatre milles carrés,
situé au milieu d'une plaine , entre le yoloan delà PuMa
et celui de CoUma , à trente-six lieues des cotes et à q«»*
rante-deux lieues de tout Tolcan actif, se souleva en forme
de vessie ] au centre d'un millier de cônes enflammés,
six montagnes de quatre à cinq cents mètres s'élevè-
rent subitement au-dessus du niveau primitif des plaines
voisines. La principale , le volcan de JaruUo y a 8703
pieds y elle s est élevée , en un seul jour, de i^So pieds.
Ses éruptions ont continué sans interruption )iisqu en fé*
vrier 1760 ; elle a maintenapt moins d'actmté. MM. de
Humboldt et Bonpland descendirent dans le cratère em-
brasé, jusquà a5d pieds de (m>ft>ndeQr perpendicolaîre ,
sautant sur des crevasses qui exhalaient de l'hydrogène
sulfuré enflammé ; ils parvinrent , :^près beaucoup de dan-
gers , à cause de la fragilité des laves basaltiques et sié-
nitiques^ presque jusqu^an fond du cratère , où Pair
était surchargé d acide carbonique. (Hnmb. , Now, Esp.,
II, 290.)
CoUma. — Cest le plus oriental de tous. U fume sou-
vent et ne vomit maintenant que des cendres. 11 a 8619
pieds de haut y d'après Testhnation de don Manuel Abad
( id. , II , 309 ). Dampier , qui le vit en éruption , dit qn 3
a deux bouches cratériformes y qui étaient alors en adinté
simultanément.
Outre ces volcans actifs , on en oonnatl beanoonp dT an-
tres qui sont actuellement éteints , tds que :
Le Nouhaampa-Tepetl ou Coffre de Ptroie^ an onrd dm
pic XOrizaba, -— Cest une montagne de traehjte^ de
1 1534 pieds de haut , qui représente un sarcophage an*
lîqae somaonté, à une cfeses e]UrémMs^.d'nne pjnaBÎdr.
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( ^79 )
^HniHb., f^u^ et Momanens j pi. zxxiv. ) Elle est entourée
(MT 4es cottcfaes poissanleft de ponce et de coulées de lave.
Son sonmieil Me retrfermaiit pas de cratèi« y elle a dà né-
cessairement «Toir des éruptions latérales.
U ittacci-MhiêUl { ùVL Femme ^ Biahche , la Sierra- Ae^
■fitfrfar des Ë6paj;nols )y au N. et sur la même chaîne que
le volcan de la Puebia ^ a i475o pieds.
Le NeMtth 4e Tolmca, k i4a20 pieds. ^- Il a été gravi ^
le ^ mam 18^ , par M4 Bnriart ( Karstenê Arch,, xv j
106). Son sommet, fcrmé de trachyte, est escarpé et en-
tooré (d'un cratère «qu oentient denx lacs^ il a un quart
A% lîeue de diamètre ^ et sa profondeur y depuis le bord
supérieur jusqu'au niveau de Teau y est de 1 1 53 pieds de
roi 5 la paitie la moins basse à FEst en a au moins 55o.
L*eafu des lacs n'a aucun gote paiticuli^ I cependant eBe
dépose du soufre sur le rivage.
Le» YoloaiM actife et éteints du Mexique sont alignés ^
ainsi que Tobserve M. de HumboMt, comme s'ils étaient
•SOFIÎB par une crevasse ou (ilon unique y dans une direc-
tî<m perpendiculaire à ceUe de la grande chaîne de mon-
tagnes qui traverse le Mexique du N. O au S. £. Le J6-
rulio est venu s intercaler, en 1 7 59, dans la traînée des volcans
«Aoîens. Mexico est situé au milieu de cette chaîne volca-
'Oique.
Guatimala et Nicaragua,
Dans la répubb'que de Guatimala ^ il y a trente-cinq
Volcans y dont quinze ont brûlé encore dans \e dernier
siècle- Ds sont placés sur une ligne entre les roches pri-
mitives ^ Feragua et Oaxaoa y et eaftre te 110 et le
160 de latitude. Ces chaînes de grès et de micaschiste
4e f^eragua les Uent avec la cludne occiâentde >die la
NouueUcGrenade , et œlle.de granité et de ^hs^Oaxacu
les aiéudlt au gnand plalean du Mexique qui a été soulevé
^nnnoie eux. Oe :ça^ est donc Jun de >cemL eji rimérieiv*
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( »8o )
du globe est le plus libremeoi en ctnnmuiuoatioD aftt
Tair. Pas un seul de ces volcans n a été examine de près,
et on ne sait presque rien de positif sur leurs émptimis;
mais on connaît mieux leur position le long de U càte.
Tous les cônes volcaniques s'élèvent ù haut et si rapide-
ment^ qu'ils frappent de loin les navigateurs qui les oit
déterminés avec soin. Ces cônes sont si escarpés , si isdéi
en même temps les uns des autres , et tellement [daoés
dans la même direction , qu^on semble retrouver ici ki
îles Kurilles ; en effet les pics paraissent souvent sortir de
la mer et ne pas poser sur le sol, qui est très peu âefé.
Il y a probablement des dômes tracbytiques parmi ces
volcans. Ceux^i portent souvent plusieurs noms dans k
pays j ce qui rend leur synonymie fort incertaine 5 et on
donne aussi le nom de volcan aux dômes traehytiqses.
Je vais essayer de commettre le moins d'erreurs en fiusafit
rénumération de ces volcans. Voici leurs noms , en aun-
mençant par le plus méridional;
Barua ou Borna y à sept milles au N. du Goyb Duke.
Zapanzas , dans le port de Fêlas. ^- Funnel Fa men-
tionné ( Dampier^ iv, ^9 ) ? >^s d* autres auteurs nea
parlent pas.
Papagayo ^ à quatre mille toises de la côte et à cinq
nulles au N. du cap de Santa-Catalina. — Cest une mon-
tagne élevée et très remarquable.
Orasi ou Osori , entre le Rio-Zabalu et le Rto-Fer-
biga;
Tenorio ;
Bincon de la Fieja ;
Ces trois volcans sont situés près le bord sud du lac de
Nicaragm.
Au nord de Nicaragua ^ entre 10® 3o' et 12® 5o' de
latitude , se trouvent les volcans suivants :
Mombacho ou volcan de Grenada y à TE. de Grenade
^— On le voit de la mer. Cest à tort qu'il est nommé i^^w-
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(aSi )
bacho sur la carte du dëpartement de la Marine à Paris.
Funnel dit quil a la forme d'une ruche*
Sapahcaj dans le lac de Nicaragua ^ au N. de Tile
Ometopcf selon Antonio de la Cerda. — Selon Juarros, il
se trouve sur une ile habitée que les Indiens nomment
Ometep.
Masaya ou Masaya, entre Ciudad de Grenada et Ciudad
de Léon , près du petit lac Masaya et au N. de Rio
Tepetapa , qui réuoit les lagunes de Léon avec le lac de
Nicaragua, — Son cratère , qui a une demi-lieue de^ cir-
conférence et deux, cent cinquante brasses de profondeur ,
ne rejette ni cendres , ni fumée ; la matière enflammée qui
y bouillonne répand une clarté visible à plus de vingt
lieues : elle ressemble tellement à de Tor en fusion , que
les premiers Espagnols la prirent réellement pour ce
métal objet de leurs vœux , et que même leur téméraire
avidité essaya ^ mais en vain^ de saisir avec des drochets
de fer une partie de cette lave singulière. ( Gomara ,
Bistoria de las Indias , chap. 2o3 ).
Mormo:ombo ou Mamotombo , à Test de L^n.
Malaxa, — Son cratère n a que trente pas de diamètre ,
mais la lave y bouillonne toujours.
Mindiii ou Nidiri. — Il a en une violente éruption latérale
en 1775 , et les laves coulèrent jusques dans les Laguna
de Léon.
Ces deux volcans sont situés près des précédents.
Telica. — Plus élevé que toutes les montagnes voisines.
Il fume beaucoup, et lance des pierres.
f^iejo , près Eealexo. — Très élevé et d'une très grande
circonférence j il est situé sur un terrain très bas, ce qui
le fait ressortir davantage ; ordinairement il lance beau-
coup de fumée.
Gilotepe ou Cocivina ou Cosiguina , dans l'intérieur du
golfe de Fonseca ou AmapaUa , sur la c6te méridionale^
et non loin du cap Cosiguina.
36
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( *«a )
^èuanMoûns j tôut-li'fcit dans rintërieur y à TE. du golfe
de Fonseca,
Ces quatre yol^ans Bont iîtuës entre Léon et k baie
^AmapaJUa cm Fhnstea,
Les Tolcans qoi soÎTeni sDnt «ilaés à TO. ^jimapaUa,
sur une fente qui va de FE. à TO. , entre iS** t5' d
\i^ M de latitude nord :
San^Mîguel, — C'est un très grand volcan.
Bosatlan,
Tecapa.
San-Fineents ou &u:a1tcoluca , près du Riû éd Empa.
— - n s'ouvrit en i643 y et donna issue à une coulëe de lare
(sulphur ). U lança en même temps des cendres ( Fmmel ).
Sarî^-Snhfodor.
Isalûo; situe ekifh*e jplUsieurs autres mbntagnes, loules
^luB ëlevëes. — U a eu de violentes éruptions, nolamment
<en avril 1798 et depuis i8o5 jusqu'en 1807 : on en vît alon
sortir fréquemment des âammes. Il fume très-souvoit et
beaucoup. Il exhale beaucoup de sel ammoniac.
jipaneca \ tm peu à TO. du précédent, -i^ Fniinel loi
donne le ttom de volcan de Sonsonaie ou de Trirdud^
à cause de son voisinage de la ville située près de la ner.
Facaya ; à trois Inities du village yématàlan , ci à TE.
du volcan SA^m de Guatimala. ^«- H se prolonge en une
énbrtne croupe qui présente trois sominets visîUes au
loin. Des coulées de lave j de la ponce , des scories et
du sable > ont dévasté toiit le pays environnant. A la fin do
16^ siècle^ des flammes sortirent jour et nuit du vokaai
( Chronisia Fuentes j i ^ liv. ix , cap« 9 ). Les plus eëlèhres
éruptions sont celles de i565 , i65i , 1661 y t668, 1671,
1677 et celle du 1 1 juillet 1775 > cette dernière sortit d'une
éminence voisine du sommet y et plus basse que lui.
Agua. -— Cest une des plus hantes montagnes do
qenire de rAmérique y entre Antigîia-Giiatimala , Afixto-
Amatitlan et San^CristoifaL Sa hauteur doit être
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( a83 )
1750 et a4oo Uiiaef. M. Hall Ini en donne a,33o. H a
rejeté de F eau ^ ses éruptions sont probablement sem-
blables à ceUes de Yimbaburuy dans le royamne de Quito.
Fokan de Fuego, ou de GucUimala ; cinq milles à TO,
du volcan d'Eau ( Wasser yulcan ) ^ et à deux milles S. £.
de la Tille u^ntigua-Guatimoia. — H se compose de deo^
pics près Fun de F autre. Suivant les observations du ca-
pitaine Basil Hall ^ ils sont plus élevés que le pic de
Ténerjffe. L'un d'eux , dit Funnel , lance souvent du
feu , principalement dans la saison des pluies.^ depuis le
milieu d'avril jusqu'au commencement d'octobre. Seloa
liumboldt , ce sont les seuls volcans de cette ligne qui se
couvrent de neige. Les plus grandes éruptions sont celles,
de i58i , i586, i6a3 , 1705, 1710, 1717, «73a et
«737-
u^catenango,
Tob'man.
Atitlan, — Très grande montagne qui fume toujours.
Tofonudco, près de Texuka , dans le Quetahmanga.
— Il est souvent en éruption , et il a fourni à Fanzié#
d*Alvanulo du soufre pour Ure de la pondre.
Sunil , au S. de Quelalzinango , et à une distance d«L
volcan de Pacaya , moindre que a3 milles marins.
SucfutefK'ifues , ou Suchilsepègues.
SapotUlan, -— Suivant Funnel , il br&lait violemment
avant F arrivée des Espagnols au Mexique.
Las Hanùlpas. — Montagne très élevée^ ou plutôt deux
vdcans voisins Fun de Fautre.
SoconiucOf entre iS"" 58^ ie latitude et 93^' a3' de
longitude. — C'est le dernier et le plus septentrional des
Tolcans de la longue, série de Guaiimabf. On n'en revoit
plus qu'à 220 milles de distance ^ et le premiw ^ c'est
Colima (Mexique). Le Soconusco est la montagne la,
phas haute de toutes celles qui Fentourent ^ le pays eftt
lui-même très élev^. Il est en forme de pain de si^re ji
36.
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( a84 )
à deux on trois kagues de la c^te ; il famé quelquefois ,
mais rarement.
Les lignes des Yoleans entre Nuet^a - Guatimala et
Sapotitlan , ont fair d'être deux fentes dirigées de FE.
à rO. Elles ressemblent k une fente de filon qui aurtit
été séparée en deux par une fiiille , et dont les deux
parties auraient été éloignées de quatre lieues de distance.
Sur la fente £. sont les volcans de Pacaya y Hu^gua^
de Fuego et d' uécatenango ; sur l'autre sont les volcan^
de Toltman , SAtitlan et SuniL
( Extrait de lettres de M. de Humboldt : Herîha , 2<
année ^ 6* vol., a« cahier, !'• partie, p. i3i. — Voir
aussi Compendio de In Historia de la Ciudadde Guatimala ,
3* vol., 1809-1818, par Domingo Juarros, et les mann»-
çrits de Antonio de la Cerda, alcade de Granada).
NompêUe-Grenadg,
• Cette provmce , dans l'Amérique méridionale , renfenne
quatre volcans.
Sotara , au S. E. de Popayan, — Ccst un cAoe
tronqué qui , par sa couleur noire et sa forme , pré-
sente un aspect eflrayant. Depuis 5o à 60 ans, son sommet
a changé de forme 5 autrefois il était pointu , maintenant
il est large , et on remarque son a&issement sons la
neige (Humboldt).
Puracéj ou Paraeé j à VE. de Popayan, — Ceslune
pyramide quadrangulaire tronquée, haute de 1 3,648 pieds,
composée supérieurement d obsidienne , et , depub la vallée
jusqu'à 8000 pieds, entourée de granit (Humb.^ iV«».
barom.y p. a4 )• ^^ dernière éruption est du 18 novembre
1 8^7 ^ elle a été précédée d'un violent tremblement de terre
qui a détruit la ville de Popayan, ( Globc^ 22 mars i8a8,
et Bulletin des Se. nat, et de Géologie, juin 1829 , p. 355,
^ •7)
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( 285 )
Pasto y au N. de la ville du même nom ; et tont-à-fai|
séparé des GirdiUières. — Il est souvent couvert de neige.
U a environ ia^6oo pieds d'élévation. Son cratère est placé
de r autre côté de Pasto , de sorte qu'on ne peut Taperce-
voir de la vallée. Au sommet d'une élévation , dans Tinté-
rieur de ce cratère, se trouvent deux ouvertures d'où sor-
tent sans cesse y non-seulement de la fumée , mais aussi desi
flammes. £n novembre et décembre 1796, il s'en éleva une
colonne de fumée si haute, qu'on l'apercevait de Pasto y
phénomène auquel on n'était pas accoutumé. Cette colonne
di^rut en février 1 797 , lorsque la province de Quào fut
ravagée par des tremblements de terre.
Folcan près Eio-Fragua , à l'E. des sources de la Mag-
deleiaej au N. O. de la mission de SarUa-Rasay et à FO.
de Puerto del Pescado. — Il fume ccmtinuellement. (Hum^
boldt, Relat. hist. , 11, 462. )
rénésttébL
Pic de ToUma. -— Cest on volcan actif, suivant M. Bou-
lin. De Santanay il a vu, plusieurs matins de suite, la fû-*
mée s'en élever en colonne verticale. L'on n'avait observé,
de mémoire d'homme, rien de semblable avant le tremUe*
ment de 1826. M. Rocdin a trouvé, dans une histoire iné-
dite de la conquête, écrite en 1628, le détail très circon-
stancié d'une éruption de ce volcan. C était le 12 mars
iSgS; après trois violentes détonations, on vit fondre tout-
à-coup tonte la neige du sommet 5 deux rivières qui prennent
leur naissance près de là, furent un moment arrêtées dans
leur course , puis causèrent une inondation très étendue ^
roulant avec leurs eaux des pierres-ponces et des quartiers
de rocs énormes. Leurs eaux furent infectées, et pendant
quelque temps on n'y trouva aucun poisson. Ce volcan, peu
connu des voyageurs qui ont jusqu'ici visité cette partie de
l'Amérique méridionale, est di^ut de quarante lieues an
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(>86)
moins de la mer. (Lettre de M. Ronlm à rAcadëmie dei
Sciences y en date da 4 nud iSaQ; sur les drconstaDces
qui accompagnent les tremblements de terre en Amérique i
dans la république de Yënésuéla ; Jnn. de Cbimie d d$
Phys.y t. 42, p. 4lo. )
Propincg de Los Pasios,
Elle renferme trois toloans s
ChiUs y situé sur une chatne perpétnenemcnt oonTcrle dft
neige , à FO. de Tulcan. ( Homb. , JiL pUtar. , p. 36. )
ùjonbaly au N. 4a précédent, auquel il esl révni. — 0
peut avoir 1 3,6oo pieds de haut. Il offine plosienrs cratèrei
près de son sommet et un peu plus bas 5 ils lanoent ooiit
ttnuellement une grande quantité de Tapeurs et de famée,
n paraît qu'il n'a jamais eu d'éruptioa yioleiile ( Hmar
boldt ).
jizufral , encore plus loin y au N. , et toujours dans la
même chaîne. — Montagne dont le dos est dentelé^ et dont
le flanc s'abaisse doucement au S. et se perd dans la plaine.
Le sommet est rarement visible et contient plusieurs cra-
tères fumants ; mais la fumée ne peut pas s'aperoeTotr du
pied, comme au volcan de Cumbai ; un de ces cratères pré-
sente un marais sulf\u%ux bouillant ; d'énormes niasses de
soufre , tantôt en amas , tantôt en filons , traversent le trt^
dijte dans tous les sens ( ibid. ).
GnnÊ^e ée Qaito.
Toute la partie élevée de Quito y ainsi que les montagnes
' avoisinantes, semblent reposer, selon M. de Humboldt, sur
un énorme souterrain volcanique qqi s'étend du S. au N.^
et qui occupe un espace de plus de six cents miUes carrés.
Voici quelles sont les bouches enflammées de cette chaîne :
Sangay^ hors de la chaîne orientale, au pied de la pente.
{Humb.^ BcUu, hist.j u^ ^^2.) lia néaxmoin^. 16,080 pedi
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( a87 )
de hauteur. (La Conâamme, Mes. des trois premiers degrés^
p. 56.) : — Personne ne Ta visité, mais il fume constamment^
et en 1 742 , on vit sortir de son cratère des flammes qui
s* élevaient au-dessus de la chaîne de montagnes.
Tunguragua. — ' Il est élevé de iSy^'ji pieds. Il a eu
une éruption en 1641.
Cotopaxi; dans la chaîne orientale ; haut de 1 7,662 piedst
— Cest une cône immense , et , de tous les volcans de Quito ^
6* est celui dont les explosions ont été les plus fréquentes et
les plus dévastatrices. Les scories et les quartiers de roches
lancés par lui couvrent les vallées environnantes sur une
étendue de plusieurs lieues carrées. Il eut une éruption
en 1 74^ > pendant que Bouguer et La Condamine mesu^
t^ent , dans le voisinage , un degré du méridien ; les neiges
fbndirent et ^ précipitèrent dans la plaine 5 600 maisons
^t 7 à 800 personnes périrent. Les éruptions de 174^ et
t744 Au-ent encore plus désastreuses. Les mugissements
du volcan furent entendus jusqu'à Honda , ville située sur
les bords de la Magdeleine , à une distance de deux cents
lieues communes. En 1758, des flammes s'élevèrent au-des*
sus des bords du cratère , à la hauteur de quatre cent cin-
quante toises. Le 4 avril 1768, la quantité de cendres vomies
fut si grande que, dans les villes SHambato et de Tacunga,
la nuit se prolongea jusqu'à trois heures de l'après-midi.
LVxplosion qui arriva au mois de janvier i8o3 fut pré-
cédée de la fonte subite des neiges qui couvraient la mon-
tagne. Depuis plus de vingt ans, aucune ^mée, aucune
vapeur visible n'était sortie du cratère , et , dans une seule
Boit, le feu souterrain devint si actif, ^'au soleil levant
les parois extérieures du cône, fortement échauffées, se mon-
trèrent à nu et sous la couleur noire qui est propre aux
scories vitrifiées. An port de Guayaçuil^ dans un éloigne-
ment de cinquante-deux lieues en Ugne droite du bord du
cratère , M. de Humboldt entendit, jour et nuit, les mu-
gissements du volcan , comme des décharges répétées cf une
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(a88)
batterie. ( Hamb. j Fue$ et Monumens ^ pi. x. ) Lon de
rëmption de 1 5^3 ^ des pierres de douze à seize toiset
cubes furent lancées à plus de trois lieues de distance ,
sqÎTant les académiciens français , puisqu'elles formaieot
en tout sens des tramées dirigées rers le rolcan. Il wt
paraît pas que le Vésuve ait jamais lancé des pierres à pfav
de i^aoo mètres de hauteur !
SinchulagUj à quelques milles au N. du précédent. — Sob
éruption de 1660 suffit pour le fiiire regarder comme un
Tolcan actif. Il a 15,4^0 pieds de haut. (La Condamiae^
Mes. 7 p. 56. )
GuachamayOj au pied des montagnes du c^ de F Orient^
près des sources du Bio-Napo, (Humb., Rd. hist.j 11 , 4^3.)
j^ndsmnay dans la chaîne orientale ; élévation de 17,956
pieds ; suivant M. de Humboldt. — C est le seul d»
volcans de Quito près du sommet duquel le naturalàte
prussien ait trouvé quelque chose qui ressemblât à une
coulée de lave : elle se nqiprochait presque de Tobsidienne.
On trouve aussi sur les flancs des scories qui ressemblent aa
pechstein et à la ponce. (iVzV. barom. , p. 29. • On ne con-
naît pas d'éruption postérieure à celle de 1590.
Rucur-Pichincha. — Cest un des volcans les plus grandi
de la terre 5 son cratère , creusé dans un trachyte d'une
couleur très foncée qui ressemble au basalte, a été comparé,
par h». Condamine, au chaos des poètes. Cette bouche im-
mense était alors remplie de neige ^ mais M. de Humboldt
la trouva embra9ée. a La bouche du volcan forme on
ic trou circulaire de près d'une lieue de circonférence ,
cf dont les bords , taillés à pic , sont couverts de neige
. tt par en haut. L'intérieur est d'un noir foncé ^ mais le
« gouffre est si immense que Ton distingue la cime de
c( plusieurs montagnes qui y sont placées , leur sommet
ff semblait être à deux ou trois cents toises au-dessous
« de nous. Jugez donc où doit se trouver leur base. Je
« ne doute pas que le fond du cratère ne $Qit de niveau
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(>89)
M aTee la vHle de Quîto. n La àfêtmère ënqption date lU
1660. M. de Humboldt en donne um desan dana sob
A tim pittoresque y lab. 61.
. Fokan dJmbaburky dans k partie occidentale de la
vallée , près de la ville àlbtirra ( tb. , p. 27 ).
Le Chimborasko ne doit pas être porte snr la liste dea
Yolcans brûlants y car on n'a conservé le sottveaîr d'anenne
de ses ëmptions. C est on dArae trachjtique.
Il en est de même du CargtUfh-Baso ou Carguairato^
on Cartfuairaro ^ près du Ckimborazo. L'inondation boueuse
qui 9 en 1698 , couvrit dix-buit lieues carnés de terrain,
ne (ut pas Tefiet d'une éruption proprement dite. Quand
la montagne s écroula , les eaux qu'elle recelait dana son
sein se précipitèrent dans la plaine avec impétuosité , et
occasionnèrent les désastres dont parlent les historiens de
l'Amérique. ( F'oyage Mst, de don AnUmio de Ulkki ,
t. t , p. 267 ). Cependant M. de Humboldt dit qu'il est
difficile de croire que cet écroulement n'ait été produit
que par un simple tremblement de terre ( AtL pittor. ^
p. 241 ).
La liaison du volcan de Pasto (Grenade), nvec ceux
de Quito, s'est manifestée en 1797 , d'tme manière bien
frappante. Une épaisse colonne de fumée existait depuis
le mois de novembre 1796, au-dessus de Pasto ^ comme
il a été dit plus haut ^ mais , au grand étonnement de tous
les habitants de la vUle du même nom , la fumée dis^
parut tout-à-coup, le 4 février 1797. C était précisément
l'instant où , à soixante-cinq lieues plus au sud , là ville
de Riobnmba , près du Temguragua , était renversée par
un épouvantable tremblement de terre. ( Humboldt. )
Piron.
On ne connaît qu'un seul volcan véritablement actif,
XAréqmpa ou Pic de Misié ou Misti^ au*delà des sources
37
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, ( aigo )
èù. Mamnon et à rextrëmite du nœud formé par les moii^
tagnes dans lesqueUies le lac Titicaca esl renfermé. 11 esta
trois milles au N.-£. de la ville SAré^uipa , dans la partie
maritime de Vintendance du même nom. Lé sommet est
à trente-neuf milles et demi marine de la mer y à plus
de trois mille mètres au-dessus de la Tallée é'y^régmpa^
et à environ quinse cents mètres de sa iiase. Cest le
c&ne volcanique le plus parlait et le plus pittoresque de
la chaîne des Andes. Le cratère , qui est grand , mais
peu -profond , s* ouvre au S.-£. , et le sommet nesi
entouré que de blocs de pierres et de sable : on ne trouve
de traces d'éruption qu'au pied. Le volcan est entouré
par quatre pics de la montagne Cacheni y et on ne troore
sur la partie élevée de ses flancs que du tracbjte et do
porphyre noir. 11 sort constamment dû cratère d^ vapcon
et de petites quantités de cendres; mais il n a pas en
d'éruption depuis F arrivée des Espagnols en Amérique.
Suivant M. S. Cuk'son, ce volcan aurait ii^Z'A pieds,
ou 7^253 mètres de haut ( EXciirsUm au voican suppoté
ySAréquipa ou Pic de Mistéy au Pérou ; par Samuel Cursoo^
esq. 5 Bost, Joum, , nov. i8a3, p. 35»;; cette mesure noas
parait exagérée ; celle que lui donne M« Pentland est pi»
digne de croyance. Ce dernier naturadiste a trouvé 5y6oa
mètres. ( Ann. de Chimie et de Physique , t. 4^ , p. 43i* }
Fokan d'Uinnas y à qudques milles à r£.-S.-£. du pré-
cédent. -<- U est moins élevé. Son immeifse cratère est ac-
tuellement éteint; Cest de ce volcan que partirent ^ dans
le i6^ siècle , les immenses quantités de cendres qui ense-
velirent presque totalement la ville d'Aréquipa^ et pro-
duisirent les effets les plus désastreux dans la contrée enri-
ronnante. ( Pentland , loc. citât: )
Sur le côté occidental de la montagne de Tacom ou Cki-
picani ^ il y a une solfatare d'où s'élève une grande quantité
de vapeurs acides; Cest à leur condensation que les eaux
du Rio-Awfnuh doirent les propriétés d'où la rivière a
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( ^l )
tiré son nom. — La face orientale de la même mon*:
tagne présente an cratère éteint j très étendu et à moitié
^olé. ( Pentland ^ ibid. )
Quoique le Pérou ne renferme , de nos jours y qu'un sent
volcan brûlant , il est peu de pays dans le monde ou Ton
riessente plus de tremblements de terre , et où ils fessent
plus de dégâts. Souvent ils occasionnent d'immense^
crevasses sur lesquelles on doit jeter des ponts pour rétablir
les communications entre les différentes provinces. Une.
de ces crevasses , k la suite d'un tremblement de terre,
qui détruisit Lima en 1 746 , avait une lieue de long sur
4eu%, mètres de large, (uénn, des Longitudes ^ pour i8a4 )•
ÇroMfe é^^ Chili.
Cette région renfi^rme des volcans très élevés et très
9ombreuX5 ils suivent la direction des Andes , et sont placâf
entre le 27® de latitude sud et le 5i^ , et entre le 3o5°
^t le 3q7^ de longitude. C)n nj^ connaît guère que leurs^
noms. On en compte seize dans ÏHistorica Belaz. del
regno di die, di Alonso d'Ot^aglia (Roma, 1646,
p. 16 ) ; leurs noms sont les mêmes que ceux de la
grande carte de La Cruz de Olmedilla. Voici Tordre dans
lequel ils se suivent sur la carte d'Amérique, par Brué :
Folcan de Saint-Clément , au S. de» iles Chiloè\
MedieUma,
Minehimadawi , vis-à-vis File Chiloë,
Quechucabi.
CuanegiUi.
Osomo,
Ranco.
Cfùnalf
Fillanca,
Notuco , situé hpra des Çordillières , sur un bras latér4 3^
vers Test.
37.
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{ aga )
Catta^.
Aniojo.
Tueapel*
Peteroa. — U a en use ihuptimi latérale le 3 èécaahn
1762 y et non en 1 760 comote ledit M. de HofT. ( Molin ,
a* éâh, , p. 39. )
Maypo, — La route dn Chih à Bumoê-Àyreg , à traren
les CordiHîères, passe à son pied da e6të du nord ; k Cota
de la Cumbre , elle atteint une hantenr de 1 1 ,9^4 pieds de
n>i , ce qui surpasse eelle du Pic de Ténértffe ; le voîcan
placé au-dessus doit, être bien plus élevé. La hauteur de
Saint' Ja^o , à F ouest de la chaîne de montagnes « et à
▼ingt ^lles marins du sommet , est de t2458 pieds, et cdle
de Mendozn^ h Test et à douze milles des montagnes , de
4» 58 pieds, d'après les estimations faites en 179$ par MM.
Banza et Fspinosa. Le docteur GîlHer a été enveloppé , le
i*' mai 1826, par une éruption de cendres qui provenait
vraisemblablement de ce volcan. Depuis quelque temps 3
est très actif , et surtout depuis le grand tremblement de
terre de 1822 , qni détruisit Fatparaiso. (Brewster, Edimb,
Joum,, X, 3;6. )
Folcan de Saint-Jago.
j^conagua.
Ligua.
Chiapa.
lÂmari.
Coqnimbo,
Copiapo, — C'est le dernier volcan de cette diahie. Pha
loin, les Cordillières s élargissent, plusieurs ramifications s'en
détochent et se portent à lest. Ce n'est qu'à rextrémité du
grand désert i^Atacanuiy à 11^ degrés de latitude , entre
jitacama et Tarapara, qu on indique de nouveau trois vol-
cans appartenant à cette ligne 5 mais ils sont fixés avec trop
peu de certitude pour qu'on puisse en faire mention id.
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( «93 )
Outre ces volcans^ on en cite encore «T autres dans la
chaîne orientale des Andes, Le missionnaire Havestadt
{ChiiidugUy Munster^ ^777 > P- 9^5) en a aperçu deux à
Test du village indien Tomen y à la latitude de 3S° 3o^
Le premier était nommé Pomahuida , à cause de ses
éruptions fréquent^ qui obscurcissaient Tair; tous les en*
▼irons étaient recouverts de scories si mobiles qu'on y
enfonçait , et que les bétes de somme y perdaient leurs
fers. Le deuxième est le Decabeçado ( Decapitato, le vol-
can de LongaiàJ ; Hairestadt a passé près de son pied j
la description qu'il en a donnée ressemble à celle que
Ton pourrait faire du Mont-Blanc , vu de V Aiguille du
Midi, ( Léopold de Bucb , loc, citai, )
Ce qu'il y a de remarquable, c est qu'il n existe aucun
volcan ni entre le 2« et le i6« degré de latitude australe ^
ni entre le i j* et le ay* degré. Si le volcan ^Aréqmpa
( Pérou ) n existait pas , la rangée de Guntimala et de
Nicaragua , les groupes de Popayan et de Los Postas , se
trouveraient séparés de la longue traînée du ChiU par un
espace de 25^ en latitude totalement dépourvu de volcans.
Le ClàH est, ainsi que le Pérou y sujet à de fréquents
et violents tremblements de terre ^ et ce qu'il y a de remar-
quable y c'est que ces tremblements se font principalement
sentir à l'ouest de la grande chaîne de montagnes , et très
rarement ou même pas du tout à Test : le même phénomène
se remarque aussi près de Lima, de Guayaquily jusqu'aux
cétes du Mexique. On peut voir des détails très intéres-
sants sur ces tremblements de terre dans les mémoires
du capitaine Basil Hall ( Joum. writ, on the Coast of
ChiU , 11 , aS ) et de MM. Graham ( Géol, Soc. trans, ,
Sect. I, 43i.)
M. Arag9 fait remarquer qu'on ne trouve de volcans
actifi ni à Buenas^Ayres y ni au Brésil y ni à là Guyane , ni
sur le littoral de Vénésuéla , ni enfin aux Etats-Unis,
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(294)
ç est-à-dire dans aucun point de la càte orientale de ce grand
continent (i). Il n existe même à Test des Andes qne trois
petits volcans situes près des sources du Caqueta , du Napo
çt du Momna^ et qui probablement résultent y saÎTant M. de
Humboldt, des actions latérales des volcans de Fopayam et
de Paslo. ( y4nn. des Longitudes j pour 1824. )
^ n^ Folcans des lies,
lUs AUmtes , diemitmmes ou AliimUemteSf
Ces îles présentent une seule et imiqne diaîne \ dlçs
ressemblent aux piles d'un pont immense qu'on aurait
voulu jeter de continent çn continent. Elles décrivent , en-
tre le KanUschaika en Asie et le prom^mtoire S Alaska,
en Amérique, un arc de cçrclç qui jçint presque ces
deux terres ensemble. On y en distingue douze princi-
pales j accompagnées d'un très grand nombre d'autres pe-
tites îles et de rochers. On y connaît plusieurs volcans acti&.
Semi-^poschna , renferme le premier volcan occidental
c^nnu de cette série. D'après le desjsin de Sauer {Biliings
Exped.y 1802, p. 377), ce volcan est pointu y mais peu éle-
vé 'y il est situé dans la partie méridionale de Tîle. Les autres
points enflammés ne sont peut-être que des cônes d* éruption.
Bocher-Goreloi y à l ouest de Tanaga ( et non pas Fil^
Goreloi, qui est plus à Test.) — Cest un volcan haut et e^
carpe y qui s' élève uniformément <lepi|is la mer jusqu'à son
spmmet (Sauer, p. 221 ).
Tanaga — Ce volcan , ^tué dans la j^artie N. O. de,
rile, es| pçut-étre le plus grand de cette série. Le cânej^
qui s'élève rapidement, a près de dix milles géographiques^
(i) Cette observation n*est plus exacte par rapport à Vinésaèla,
puisque , d'après M. Roulin , cette province renferme on vokai^
açti(, le ^ic de Tplimi^ {Foy, p. a85.)
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( agS )
de contour, ce qui est presque autant que XEtna. Le som-
met est divisé en plusieurs pointes, dont la plus élerëe fume
constamment , et des neiges perpétuelles , souvent recou-^
vertes de cendres , enveloppent plus de la moitié de ce vol-
can. (Ibid. , p. 2ai0
Kanaga oU Kanagfûj contient beaucoup de sources
chaudes qui sortent près du rivage , et dans lesquelles les
habitants font cuire la viande et les poissons. Autrefois on
recueillait beaucoup de soufre dans le cratère d W volcan
très élevé. (Lasarew in Schiœzers Nachr: von den neu
entd. Inè. Zwischen Asien n, Amer, Hamb. , 1776, p. 65.
'— Sauer, p. 226;)
Amuehta{ SchUesers Nacht.fp, 167.)
Umnak. «— > Les volcans de cette île, que F on confond sou-
vent avec Uniniak y sont très actifs ( Chamisso, p. 166 ).
C est dans ses environs qu'une tie nouvelle apparut, en mai
1796. Nous en avons parlé chap. 3, p. 129.
Pic Makuschhiny dans la partie septentrionale SUna-^
iaschka, — 11 n'a pas beaucoup plus de cinq mille pieds 3
^squ il est moins haut que le pic d' Unimak. Cest cepen-
dant le plus élevé de toute File. Il (ume continuellement, et
on recueille du soufre dans l'intérieur de son cratère : il est
ééparé de toutes les autres montagnes. H y a beaucoup de
sources chaudes au pied du volcan 5 on ne voit dans son voi-
sinage aucun indice de lave ou de ponce. ( Chamisso , ]65.)
Akatan , entre Unalasckka et Unimak , ( Schlœzer's
Nachr.y p. 167. — Sauer, p. i63. )
Agaddany sur Unimak^ la moyenne de trois montagnes
ëlievées qui s'aperçoivent de très loin. — C'est nu c6ne ré.
gulier dont le sommet lance une grande quantité de fumée.
(Sauer, p. 164.) Ha 5167 pieds de roi, suivant l'évaluation
de Kotzebue.
Alaska, — n y a deux volcans à l'extrémité d'Alaska 5 ils
sont placés sur le sommet d'une chaîne de montagnes gra-
nitiques et de sdûstê argileux > qui traversent cette pres-
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qu'île ; ces montagnes, elles deux pîcsToIeanîqQes, sonl très
ëlevës. Le premier, au N. O., qui s'est aiLissé lors de la no*
lente éruption de 1786, paratt être encore, maigre son som-
met tr<Miquë , le plus ëlevë , plus même que le pie d* Uni-
mah. La neige recouvre, non-seulement le cône du roican,
mais encore le tiers de la base au-dessus de laquelle M s'é-
lève. ( Chamisso, p. i65. )
Folcan sur le rivage septentrumal du passage de Cool ,
avec un grand cratère du c6lë du fleuve. Il est placé tout-
à-fait sur le sommet des montagnes et à l'endroit où celle
chaîne est interrompue par le détroit de Cook. Les navi-
gateurs regardent encore 4X)mme des volcans deux pks qm
sont sur le prolongement de cette chaîne ; le Momt Saùtt-
EUcy dont la hauteur est de 16,768 pieds, sinvant Malaspina
( Humb. , AbiiP. Mex,j i., 2S8 ; 11, 4^75 Rrusenstem,
Hydrogr.j p. 227 ), et de 16,971 , suivant ï j4nmuûre da
longitudes pour 1817 j et le Cerro de Buen-Twmpo y qui a
i3,8ig pieds, selon Humboldt {Mex,, n, 487), et 1 4^003,
d'après le même annuaire.
Archipel des Iles Gallapagos ou GaUopagos,
Elles forment' un groupe volcanique remarquable et tm
actif; parmi les îles qui le composent , celle qui est le phs
à l'ouest, Narborough Island y paraît être le volcan prÔKi-
pal; c'est le plus élevé d'après le capitaine Colnet ^ Foyra§,
to the South Se. , p. i44)- ^^ milieu à^tbemarU s'élèw
un pic que Tîle entoure comme un cratère d*éreclioB; il
est vraisembbble que c'est ce pic que Scoulél* voyait brâkr
tous les soh^ (Brevfster, Edimb. Jouni, , 21a ). Le li<»-
tenant Schillibeer a trouvé sur cette île deux volcans , m
pleine activité, le 4 août 181 4 ; il <lit qu'elle est couverif et
volcans, c'est-i-dire d'éruptions partielles (Schillibeer, The
Britton's Voyage^ 181 7, p. 32. ) — Toutes les vésfi
Iles de ce groupe sont couvertes de cdnes Tokamqvc*'
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y-©50gle
( «»7 )
Le capitaine towlej y qui a nomme ces îles, fp. a adaai
donné une carte ^ mais sa description très courte ne fait pas
connaître létat dans lequel elles se trouvaient en 1785.
(Dampier, Supplém. , iv , 10» )
Archipel Colomèieu ùa des AnêiUes,
Les Antilles forment une chaîne d'îles qui s'étend en arc
de cercle, dont T extrémité méridionale se rattache au cap
Paria y dans T Amérique méridionale, tandis que T extrémité
sepientrionale se Ue à la Fio/îde par les tles Bahama.
Cette ligne est en communication avec la chaîne de mon-
tagnes primitives de Caraccàs ^ par Fintehnédiaire, sans
doute , des îles Tortuga et Mar^ariia» H existe un grand
nombre de volcans , tous peu élevés , puisqu'il s'en trouve
à peine qui atteignent six mille pieds. Ce sont néanmoins
de véritables volcans , et non de simples soifiuares qui
auraient cessé de brûler et ne produiraient plus que des
vapeurs sulfureuses y comme quelques auteurs Tont préten-
du. L'expérience a démontré que l'action volcanique se fu-
sait jour indifféremment par la Guadeloupe, St.^Christ^hcy
la Martinidjue ou St.'Finoeni. — Les îles volcaniques des
AntUUs se suivent toutes immédiatement sans aucun inter-
médiaire : mais à l'Ë. se trouve une autre rangée d'îles moins
bien temûnée , qui , jusqu'à présent , n'a offert que peu
de traces de l'action du feu, et qui ne contient pas un seul
vokan. Voici quelles sont les îles volcaniques :
lie de la Grenade. — La Monie-RougCy trois monticules
coniques de cinq cents à six cents pieds de haut , consistent
en scories et en matière vitrifiée -, c'est vraisemblablement
un cône d'éruption. Des colonnes de basalte, nommées
les Orgues , se montrent sur deux points de la côte. ( /)■*
ChishoUn on ihe Melig, Fe^erofthe West Indies, 1812 , t.
II, 22. ) ^^ y ^ beaucoup de sources d'eau bouillante.
Saint-Vincent. — Le Morne Garou^ volcan de l'île, et par
38
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( 19» )
tenêéfvidfit là montAgne h ptu» éievée , a 474^ P^^^ (^
Cfaisholm). Il a jeté des lares en 1718 et 1813. Le 27 arril
de cette dernière année, des cendres sortirent du cratère;
elles furent suiiies de feu pendant la ntut } dans celle da 29 «
il Tomit des flammes formant une pyramide élevée , et le
3o y à sept heures du matin ^ la lave se fit issue à travers
le flanc N. O. de la montagne $ elle coiila avec une telle
irapidilé qu'en quatre heures de temps eHe atteignit le ri-
Vage de la mer. A trœs heures , il y eut une terrible érup-
tion de pierres et dé cettdi^es , provenant du grand cratère,
qui détruisit tontes les plantations de rîle. Les cendres fo-
rent transportées par le contre^<Mnlrant supérieur des alizés,
jusqu'à la Barhade^ située à trtole lieues plus k TEst. Cette
éruption îùl précédée de plus de deux cents secousses sou-
terraines, qui se fli*ent sentie pendant plus d'une année.
X Tmns. ofNew-Forck Phil. So€. i8i5, i, 3i8.)
Sainte-Lucie. — ^ Le crafeère nonmié OuaHàou se trouve
«ur Wie chaiue escarpée et stérile qui traverse Tile do
N. £. aii S. O. , mais qui a tout au plus douze cents à
dix-huit cents pieds de haut. (Humb. , Bel. hisi. , it , tia. )
Le tour do Cratère est très élevé et rapide , surtout an
S* £. Des vapeurs sortent de toils les points , et s^élèTeni
le long des flancs. Le fond en est occupé par -xi petib
lacs y dont Teau paraît être dans un bouillonnement per
fiétuél $ dans quelques^ms y V agitation est si violente , qof
les vagues sont lancées à 4 ^t 5 pieds de haut» OnUt>uve
beaucoup d'endroits recouverts deisoufi:^ ^ et les misBeaia
^ sortent de la montagne contiennent beaucoup d'acide
carbonique. On prétend que ce cratère a vomi des pierns
et des cendres en 1766. (Cassan, Stockh, Fetensk^ Ataà.
Ifya Nandl. , xi > p. i63. )
La Matfiniquc, -^ La Montagne-Pelée , dans le N. de
file y contient un grand cratère ou une soafitèpe ; efe<
44i6 p2«<k selon Dupuget. {Jeum. des Mines y vi» 58.)
D'antres petits cralères^ s élevant jusqu'à trois miUe pieds«
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( 999)
prouvent qu il y « eu de< éruptions Uiéralea. I^e si jan▼ie^
176a, il y eut un« petite éruption précédée d'un riolent
Iremblement de terre ^ et on vit sortir des vapeurs sulfu*-
reuses et de F eau chaude. Le Piton du Carbet , au milieu
de Fîle , présente sur ses flancs des coulées de laves raches
eu felspatli , et des colonnes de basalte dans les fonds ,
entre ce pic et celui de. FaudUuy le 3« de Vile. (Moreau de
jlonnès , Humb- , ReL hist, , h , 22, ) .
La Dominique. •— Masse confuse de montagnes^ dont
les plus élevées ont cinq mille sept cente pieds de haut j
^les contiennent plusieurs sel£itares qui ne sont pas encore,
épuisées et quj causent fréquemment des éruptions suUi-
reuses. (Tuckej, Marii. Geogr. ^ iv , 272.)
Gwukhupe. — Le volcan ou soufrière situé au milieu
de nie a ^794 pîeds de haut , d'après Le Boucher, et 5 100.
d'après Anico. Après qae les jimilles eurent été ébranlées
pendflint l'espace de huit mois , il lança y le 27 septembre .
17979 <^v^ tin grand bruit souterrain, des poncet, des
cendres et d'épaisses vapeurs sulfureuses. (Humb. , Relaî.
hist, , I y 3i6).
Mont^Serrat. -— La soufrière , sur les hauteurs de G<d^
h'wayy a environ 3 à 4aû pieds de long , et moitié
autant de large. Une vapeur sulfureuse sort d'entre les.
pierres détachées du fond qu elle échauffe , et l'eau qui
passe en coulant près des crevasses s'échauffe presque
jusqu'à Fébullition , tandis que celle qui passe plus loin
reste froide. Le soufre ne sort pas toujours des mêmes
ouvertures ) il s'en forme journellement de nouvelles,
tandb que d'anciennes se ferment ^ c'est pourquoi toute,
la masse des roches environnantes est remplie de soufre.
n existe encore une autre soufrière semblable , à un mille
de celle-ci. (Nugent, GeoL trans. y i, io5. )
Net^iâ possède un cratère remarquable , qui émet des
▼npenrs suUureuses, et beaucoup de sources chaude^
( ÏX^ CUMm )
38.
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( 3k» )
Saint-Cktiêtophe , on Saint-Kiits, — McmUgnes ftérikt
et escarpées. La plas ëlerëe , le Maunt-Miseryy a troii
mille quatre cent quatre-vingl-trots pieds au-dessus de la
mer j elle est formée de trachyte y et son sommet ren-
ferme un cratère très complet ( D' Chisholm ). Cette
!le était autrefois fréquemment tourmentée par des trem-
blements de terre ^ mais , depuis la grande éruption èm
mois de juin 1693, qui dura plusieurs semaines , le sol
est tranquiHeou rarement agité. (Phii, Tftms, , xtiii, 99.)
Saint-Eustache, — Cette Ue est formée par deux mon-
tagnes qui laissent entre elles tm Talion très resserré. Le
sommei oriental , qui est conique et arrondi , a i o mïHes
marins de tour ; il contient un cratère qui , sous le
rapport de la hauteur , de la circonférence et de la
régularité, surpasse tous ceux des .fmilks; aussi les
Anglais le nomment le Punchbo^K^t ^Dupuget, p. 4^.)
On trouve autour des ponces pesantes et des roches de
gneis ^ mais peu de lares. (Isert, ^oyag, à ht Guinée ^
p. 3ao^)
Tcrrg de Fem,
Cet archipel , au S. de la Paf agonie y est compose
d'un amas d'fles montagneuses , froides, stériles, où les
géographes placent une grande quantité de volcans actifs.
Danville a placé deux volcans dans file dite la Terre de
Feu : Tun presqu'en face du cap Frovi^ard ^ milieu do
détroit de Magellan ; le second dans le centre de V île : ce-
lui-ci s* appelle le Nevado, Les montagnes de cet archipel
sont couvertes de neiges perpétuelles , que les flammes de$
volcans éclairent, sans les fondre.
Ile de ia Tnntté, ou de Triuidmd,
Cette Ue , située entre Tile de Jo&igo et le cootinent de
V Amérique espagnole , au 56^" de latitude et aod* de ioegî*
tude^ reuferme un volcan dont <hi a vu les érnptioiiSn
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( 3oi )
Le gronpe de Retnllagigedo y dans F Océan pacifique y
entre le 1 5* et ao* de ktitude, et le 1 1 o« et 1 1 5® de longit. ,
est entièrement Tolcanique^ mais on n'a pas de souTenïr
qu'il y ait eu des éruptions.
. I/archipel des îles Chonos, dans le golfe de Guaiteca (nou-
reau Chili ) y composé de quarante-sept îles dont la plnparl
9ont incultes et désertes y paraît entièrement volcanique ^
mais on n^a aucun renseignement précis sur le nombre
et rétat actuel de ses moutagnes.
OciAKIQUI.
Les lies de \ Océanique , de formation récente postérieure
dans l histoire du globe y sont volcaniques et madréporiques,
( Lesson y Coup-dœil sur les îles Océaniennes; Ann. des
Se, nat, y juin iSsSi p. 172 ). Quoiqu'on soit encore
loin de connaître la géologie des nombreux archipels de
cette cinquième partie du monde y on sait déjà qu il y
existe un plus grand nombre de volcans que dans aucune
des quatre autres. Mais il est très difficile d'en donner
une liste bien exacte et complète y attendu le peu d'accord
qui règne entre les différents observateurs relativement
aux noms de ces myriades d'îles , ce qui expose à les
confondre les unes avec les autres.
Il j a un grand nombre de volcans dans cette île ;
mais on est loin de les connaître tous y l'intérieur de cette
île ia'a jant pas encore été bien -exploré. Marsden ( Hkt,
de Sumatra ) a marqué quatre volcans actifs dans sa
carte de Sumatra. Voici les noms de ceux qui ont été
signalés par lui et les observateurs qui Font suivi.
Gunong'Dempo y au N.-£. et à soixante milles anglais de
Bencoolen. On le voit du rivage lancer presque continuelle-
ment de la fumée et souvent des flammes. (Heyne , Tracts.
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(302)
on India^ p. 397. — Cliarles Miller, Phika. Tnans.^ ut,
i63.) Le docteur Jack estime sa hauteur à 11,260 fkàk
de roi $ sa base est entourée par des sources d'eau diaudci
et on y remarque d'autres phénomènes Tolcaniqoes.
Gwwng-Api de Penkalan-Jambi , situé à soixute
milles du cap Idrapores , à la souro^ d*une nyière p^
se jette dans un grand lac. — Marsden ne Va pas connue
Gunong'Ber-jépi 9 ( ou Montaigne par excellence ) , situé
presque sous léquateur , dans la vallée de TigaUaSf i
l origine du grand lac Sophia. —Il jette continuellement de
la fumée, et fournit une grande quantité de soufre par.
Il s'élève à plus de 12,000 pieds au-dessus de la mer. Sa
dernière éruption est celle du 23 juillet 18225 il vomit alors
beaucoup de fumée y de piewes et de cendres volcaniques.
Gnquante ans auparavant, il avait eu une pareiDe éruption.
Gunong'Talhng , situé à quelque distance du précè-
dent, dans la même province. -«-Il fiime quelquefois, mais
ii j a fort long-temps qu'il n a eu d'éruption. ( Rdûtion
de l'Eruption d\m volcan dans tintétieur de Sumatnt;
/ùum. des voyages , n« 29 , )nm 1826 , p. 343. — Anadc
Jcum. , mai 1826 , p. 577 ).
Gunong'AUas , à TO. de DeU , dans Tinténeur des terres.
— Marsden Fa désigné sur la carte } mais il n en dons»
pas de description.
Barnn^Islamds ( liês Ariées ).
Cette Ue, qui n a pas plus de six lieues de droonTéfenoe,
contient un voloan très actif d'euviroa 1200 mètres de
hauteur. Il est çntouré d'une masse de montagnes doit
il oocupe ie centre. Il est constamment couvert d'os
nuage de fiu»ée Uanchâtre. U laaœ souv^it des pîencs
incandesoentes , du poids de pisneurs tonnes , à une a«ea
grande distancot La chaleur qu'il dégage est leBe , qne
uoa-seulenent raimosphère en est sufTocaute , maïs ^
la température de U mer eift vuiaine d# TébulUlmt à ^i
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( 3o3 )
très grande distance du rivage. Le eapitaine Webstei*
parvint à une hauteur d'où il avait la vue pleine du
volcan y mais il ne put s ëlever jnsqtifau cratère \ les amas
de cendres dont la montagne est couverte cédaient ati
mouvement de ses pieds ^ et mehaçaient de Fengiotltir. —
liorsqu^on le vit pour la première fois , en i ^gS , il (kait
en pleine éruption et lançait d'immenses nuages de futnée
et des pîert*es tncandeseentes. — L'île est à la" i5' de
latitude 'y sa distance aux plus orientales des îles Adaman
fesi de quinze lieues. ( Asiat, Research , vol. iv. — PhiL
loum.y juillet iSaS, p. 2o5).
L'île cle Jai^a renferme un grand nombre de volcans^
ils forment une chaîne continue qui va de l'extrémité orien-
tale de Tîle jusqu'à l'extrémité ouest -, ils sont placés sur la
ligue qui forme le milieu de Tîle ; peu d'entr'eux sont
prés du rivage. Leur hauteur les £ait aisément distinguer
des montagnes du second rang , qui , en grande partie ,
doivent leur origine aux éruptions des premiers. A l'excep-
tion de qnelques-ims y ils ne dépassent pas deux mille
mètres. Tout le district volcanisé n'occupe pas deux degrés
de latitude. Quelques-uns de ces volcans rejettent de Teau
et de la boue ; presque tous lancent des cendres , des
laves , et exilaient des vapeurs méphitiques. Les tremble^
ments de terre sont presque toujours les précurseurs des
éruptions. Celles-ci ont lieu à des époques irrégulières.
La belle végétation du Salak et du Ge'dé atteste qu'il j a
long- temps que ces volcans n'ont eu d'éruptions.
On doit la connaissance de ces volcans importants , prin-
cipalement aux soins de l'ancien gouverneur Rallies ^ qui
en a dressé utie très bonne carte y aux données du docteur
Rorsfield , contenues dans la petite Carie nùntfralogiçue
de Java , jointe à la grande carte , et aux recherches plus
^écenles de M. Reinwardt.
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(3o4)
M. Reinwardt , qui a visité avec soin les rolcam de
Jm^a^ n a trouvé de laves qae sur les plus anciens : il n en
a point vu jeter daiis les éruptions dont il a été témoin.
Voici rénumération de ces volcans.
Eu commençant par Fouest :
Jah.
Gurung'Karan ou Gumm^^Keram, dans fe rojanme
de Banlam , haut de 434o f^eàs de roi (Raffles). Le doc-
teur Abel Ta visité et décrit en i8j6 {Joum. to China , p.
!i8. ) — Le cratère du sommet a près de trob cents pieds
de profondeur, et on ne peut y parvenir sans échelles. £a
haut y le bord est couvert de buissons épais. Le fond est na,
couvert de soufre ; une grande quantité de vapeurs sortent
des crevasses.
Pulusari,
Ces quatre volcans forment les monts que les HoQandais
ont nommés Pepet-Gebergle.
Vers Test :
Salak ou Montagnes Bleues des marins. — Deux mille
cent quatre-vingt-six mètres. Il est entièrement compote
de basalte. Eruption en 1761.
Gagak, — Inflammation partielle en 1807.
GédeovL Pangerando, — Deux mille sept cent soixante-
six mètres. Est entièrement composé de basalte.
Au pied et à Test de ce dernier, la cliahie volcanique se
partage en deux branches qui renferment en tr elles la plaine
de Bandong, Lune de ces branches se compose des volcans
' suivans :
Patacka y Patuha ou Baduwa, — Deux mille deux cent
cinquante-sept mètres. Son cratère est transformé en un
grand lac d'eau soufrée. 11 fournit tant de soufre , qu an
milieu de ce lac il s est formé une île entièrement com-
posée de cette substance.
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/
/
C 3o5 )
TUo (m TUu. — n eal forme entièretnent de trach} te.
Swnbhig ou Sumbung,
Malawar. «—11 est entièremeDt compose de basalle.
fVyahan.
Papandayan, — Cëtak un des principaux Tolcans de Ttle 5
mais il n'existe plus maintenant. Entre le 1 1 et le 12 août
177a y après un tremblement de terre, tout fut en flammes;
3 knça des pierres et s*abtma sous terre. Quarante villages
ftffent détruits , et trois mille individus périrent dans cette
catastrophe. Le terrain qui s'engloutit ainsi avait quinze
milles de long sur six de large.
Tjikurai ou CMkura,
Un rameau partant du Papandayan se compose des mon-
tagnes volcaniques nommées :
Gimung'Guntur, -^ £n octobre 1818, apros une secousse
ressentie dans la partie ouest de Jat^ay il lança une grande
quantité de laves , de pierres et des nuées de cendres qui
obscurcirent F air. 11 y a long-temps qu'il est en activité ', de-
puis 1800 jusquù 1807 , il n a cessé d'être en éruption.
Kiamis. — 11 lance des eaux chaudes et de la boue. Le sol
y est aride , couvert de cendres noires , de soufre et de sel :
la terre est brûlante et exhale des vapeurs ; on entend
bouillonner les eaux qui jaillissent par plusieurs gouffres,
et qui alimentent deux ruisseaux se dirii^oant vers la rivière
de Tjikauo, Est-ce une montagne volcanique? D'autres
montagnes lancent aussi des liquides noirs et boueux 5 entre
autres le Galunggung ou Galoengœng , dont la violente érup-
tion du mois d'octobre 1 82a est un des plus grands malheurs
qui , de mémoire d'homme , soit arrivé à Jai^a. Par suite de
cet événement quatre mille onze personnes ont péri, cent
quatorze campougs ont été renversés, deux mille neuf cent
quatre - vingt-trois plantations entièrement détruites , et
cinq mille trois cent quatre-vingt-onze considérablement en-
dommagées ; le nombre des cafiers détruits s'élève à sept
cent soixante-quinze mille sept cent quatre-vingt-quinze
39
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('3o6 )
et le nombre de ceux qui souifrireat plus ou dkmus , a trois
millions huit cent soixante-onze mille sept cent quarante-deux.
Ces dëgats furent occasionnés {mu* des masses de bone et de
soufre brûlant qui dégorgèrent du Tolcan , an miliea da
tonnerre et d'éclairs épouvantables. (Philos, Magaz. ^ août
1823, p. 16. )
Talaga-Bodas ou Lac Blanc, — Il of&e on lac très graoïd
d'eau sulfureuse blanche dans son cratère. Sa hautenr est
de six mille pieds. U est entièrement compose de basalte. Les
bords du cratère exhalent des vapeurs qui corrodent tout
Gunung'Kraga .
La deuxième branche , qui se dirige droit à Test , se
compose de :
Buangrang,
Tanhuban-Prau. — £n i8o4 > il exhala des vapeurs sul-
fureuses. Son. cratère a un mille et demi, anglab de cir-
conférence.
Bukit'TungiL
Bukit-Jarriang .
Manglyand,
Le tronc continue à se diriger aussi vers lest y et forme :
Tampouras,
Tjermai, — Sa dernière éruption est de 180 5.
Arjunà. — 11 lance continuellement de la (îunée. Il a
9986 pieds de haut^ suivant Raffies.
L(pwa ou Lawu. — Des vapeurs chaudes et sulforeuses
sortent de son cratère.
Merbabu.
Ungarang ou Unarang.
Tagal ou TegaL
Mer-Âpie, — Eruption en 1745. Du 29 an 3 1 décembre
1823, nouvelle éruption de cendres, de pierres et de flammes.
Les cendres furent portées jusqu'à vingt milles du cratère.
On avait ressenti auparavant des tremblements de terre.
Un rocher formant la partie nue et la plus élevée du Mer-
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( 3«7 )
AjÂe s écroula dans le cratère , accident anquet on attribua
le bruit souterrain (^siVi/. Joum.f décembre i8a3; p. 6i4 j
Jtmm. de Pfys, , vol. 96 , p. 80. )
Japera,
Klat ou dut, — Sa dernière éruption est de 1 786 ; il pa-
raît en avoir eu déjà une en 1019 (Hoff, 11, 44o* )
Les monticules Indorowaii.
Semiro ou Smeero. — Cest peut-être le plus élevé de Jat^a.
fl est réuni par le nord aux monts Tenggar ou Tingert.
Les monticules Tenggar ou Tingert , dans lesqueb se
trouve le vaste goufire de.Dasar,* qui, en i8o4, eut une
éruption. Horsfield Ta visité en 1806. {Trans. ofthe Batav.
Soc. y Batavia, 1814. )
Lamongan. -^Eruption en 1806. Eu 1818, après un fort
tremblement de terre qui ébranla bipartie orientale deTîtC;
il vomit beaucoup de laves.
Jang,
Ces deux derniers tiennent à une ramification volca-
nique qui va au nord.
Vers le nord , se trouvent :
Einggit. — Yalentin a dit , et d* autres ont répété aprè^
hii, qu'en i586 cette montagne, à la suite d'éruptions, s'était
affaissée. Horsfield prétend, au contraire , et ayec raison ^
qu'elle est encore parfaitement visible.
Iio^^fng.
Teschim (diaprés RafHes), Mont-Indien ^ ( d'après Les;
chenault) , et Idjengsche-Gebergter (d'après Horsfield.) — U
termine la cbatne. H a six mille pieds d'élévation. En 1817,
il en jaillit tant d'eau bouillante , mêlée de souû^ et d'a-
cide sulfurique, qu'il naquit deux rivières , et que toute la
campagne entre le mont et la mer fiit submergée. La
montagne jette encore continuellement de l'eau soufrée et
blancbe comme du lait. Le cratère forme un lac d'eau sul-
fureuse blancbe en ébullition^ et il s' échappe constamment
39.
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(3a8)
du soufre enflammé de k partie topëneare de sei
Cette monUgne a été décrite par Leachenaok ,
liste de l expédition du capitaine Bandin ( ^nn. 4i Mur
séwn d'Hist. naturelley vol. i8 , p. 4^5 ), mais k forme
en a changé depuis sa visite.
Au nord-est , et auprès de TOcéai^, 8Ç trouve :
Talaja-fVurung.
Parmi les volcans éteints de Java^ on distingue le Tala^a-
JBodas cité plus haut. M. Reinwardt a trouvé sur cette mon-
tagne des restes d'animaux y tels que tigres , oiseaux , etc. ,
dont les os étaient entièrement consumés , tandis que les
muscles , les poils y les ongles et la peau étaient restés in-
tacts. Le Patuha est aussi éteint; la ddérite j est en partie
dissoute par les vapeurs et par F acide sulfuHque^
D'après cela , la liste des volcans de Jat^a comprend des
volcans actifs et des volcans éteints. L'auteur ne les sépare
pas. Il dit que la' chaîne en contient plus de trente-huit j 3fi
continuent dans les (les voisines 5 savoir : à Bali, Lomhok,
Sumbawa et Flores,
( Visputatio Geoiogica de incendiis mendum igni anten-
tium insulœ Javce^ eorumque lapi 'Unis ; auctore A. H. Vander
Boon Mesch ; in-S** 1 826. Leyde ; ouvrage en partie fiiit sur
les manuscrits de M . Reinwardt. — Voyez aussi Bulletin des
Sciences nat. et de Gtfolo^e; janvier 1828, p. ^i, oh
il est rendu compte de cet ouvrage. — Sur les volcans de
V Archipel de l'Inde , par C. G. C. Reinwardt , profes-
seur à r Université de Leyde j mémoire lu à la section des
beaux-arts et des sciences de cette société , le aS avril iSiS,
{Magaz, voor fFetensch, Konst en lett, , part, v, cah. l , p-
7 1 ^ et Bulletin des Sciences naturelles et de Géologie , arri
1829, p. 43, t. 17. ) — Sur les éruptions iH)lcam^ues de
Vile de Java et les îles voisines, ( Journal qfthe rojral insti"
tution y n<^ 1 1, p. 245 y dont on trouve un extrait dans les
Annales de Chimie et de Pl^sique, t. a > p* 33^. ]
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(3o9)
Ctntcatoa , iaut h détroit ée ia SomJê,
Céftte fle tèt^erme dq volcan qd lie la ligne des voK
cahs de /(Tp^^ avec celle Ae Sumatra, Le mineur en chef
Vogel dît ( Osttud. heisebeschr, Altenb, ) que , le i*^ fé*
vrier 1681 , il avait aperçu avec ëtonneinent cette île, au^
crefois couverte d'arbres et de verdure , toute déserte et
brûlée ; des masses de feu sortaient de plusiei^^ endroits.
Son capitaine lui dit alors que cette tle avait été détruite
en mai 1680 , avec un bruit éf&oyable ^ à la suite d'^uio^
tremblement de teri*e qui avait été fortement ressenti par
les vaisseaux sur la mer 5 aussitôt après ^ on avait été suffo-
qué par une vapeur sulfureuse qui s^étendait très loin 5
la pierre- ponce lancée de Ttle recouvrait la mer ; des ma-
telots en recueillirent : il y en avait de la grosseur du
poing. — Des sources chaudes sortent encore en grande
quantité çle la partie occidentale de Tfle. ( King in Cook's,
3^ Reiscy II, 528. )
Bomé9^
Tons les géographes répètent que cette île possède des
Tolcans, mais sans faire connaître leur nombre, leur po-
sition et leur état actuel. ( Malte-Brun y Précis de la Géo^
graphie unit^erselle , t. 4> p. îi8o. )
Iles Philippines.
L'aspect des Philippines est à la fois effrayant et ma-
gnifique , dit Tuckey (Marit. Geogr, , ni , 407 )*. Les mon-
tagnes qui traversent les îles dans toutes les direcltions
cactient leur tête dans les nuages ^ tandis que leurs flancs ,
recouverts de scories et de laves , offrent Timage dé Ta des-
truction. Partout on rencontre des sources d'eau chaude ,
cft dons beaucoup d'endroits on trouve des solÉitarés avec
dn soufre en combustion. Ici; comme à Jauay la ligne des
volcans occupé toute la largetir des îles. ( Léôpold dé
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( 3io )
Budi y Ment, sur la Nat. des phénom, volcamçuts des tks
Canaries, )
Voici la liste des Tolcans actifs connus arec certitode,
Mayon ( sur la pointe S. E. A,e Tile de Luçon. ) — Piç
ëlevé qui présentait it y a quelques années U figure du
pain de suci*e ; il jette habituellement de la fum^ » qud-
quefois des flammes et des suibles Yolcaniquçs. lie 30 juiO^
1 766 y le flanc de la montagne s'ouvrit et donna issue à m
énorme fleuye de lave qui cojula pendant deux mon comme
de Teau. ( Le Gentil, Foy. dans les Mers de l'Inde, 11, i3.)
Une éruption de février 1 800 a causé beauc<mp de ravages.
(Hoff, 11,45. )
Taal (ausud de Manille. ) — Le cône est beaucocqp pi»
bas que le bassin dans lequel il est situé , et ne s'élève qu'à
quelques centaines de pieds. Un lac remplit le fond
du bassin. Le cratère est très grand. 11 contient, dans son
intérieur, un marais sulfureux bouillant et de petites
collines qui s'élèvent ça et là. La plus grande én^rtion
connue du Taal eut lieu le 12 décembre 1754 : il
n'en avait pas eu depuis 1716. Dès le mois d'août , la m<m-
tagne fumait ; le 7 , elle lançait même des flanunes , et , le
3 novembre, elle lança de^ cendres avec un bruit sem-
blable au tonnerre ^ il se forma de nouvelles ouvertures ,
et des flanmies s'élevèrent des eaux du marais , quoiqu'dks
fussent profondes. Plusieurs habitations du rivage furent
détruites. Depuis, il j a eu d'autres éruptions moins con-
sidérables. (Chamisso, Kotzeb, Endeckungsreùe, ui^C^g.
— Foya^e pittoresque de Charis , 1820 , vu , tab. 3. )
jiringuay , dans la province Ygorrotes , au sud d/Zo-
cas, et dans l'intérieur de l'île. Lat. nord 16^ 3o', à peu
près. — Eruption le 4 janvier i64i > d'après Fra JuatL
de Concepcion ( Chamisso. )
Camigmn, petite île au nord de Luçon. — Son extién
mité méridionale contient un volcan brûlant qui sect df
filial. ( Le Gentil I it, pi. 4* )
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( 3ii )
Sanguilf sur MindanaOj dans le sud de FSle^ et à
r ouest des lacs de Liguassin et Buloan. -— On le connait
ordinairement sous le nom de volcan de Mindanao ; mais
sa position n est pas Jbien déterminée. On entendit ^ en
164.0 j sur toutes les îles de cette mer j le bruit provenant
d'une violente éruption de ce volcan. En 1764^ il a eu
une forte éruption y qui couvrit les pajs environnants , à
plusieurs pieds d'épaisseur , de matières fragmentaires^ et
força la plupart des habitants à émigrer.
AmbiLy an nord de Mndoro j à Feutrée de la baie de
Manille, — Les flammes de cette montagne servent de
fanal aur vaisseaux qui se rendent à Manille, ( Plants^'
folynes , i , 635. )
Fuego ou Sujuihory entre Mindanao et Xile des Nègres,
Molttt/ues.
Les tles Moluquès , plus morcelées , plus déchirées
t]ue les tles de la Sonde ^ renferment un plus grand
nombre de volcans que ces dernières) mais beaucoup
d'entr'eux n'ont pas encore été bien déèrjts.
L'île de Celèbes renferme plusieurs volcans actift , sui-
vant les géographes ^ mais ils n'en indiquent pas la po-
sitioiK Au N.>£. ^ dans les districts de Mongondo et de
Manado y des terrains remplis d'une immense quantité de
soufre sont bouleversés par de fréquents tremblements de
terre ( Valenlyn, Moluquès y vol. i, p. 64). Kemas ou
les Frères , montagne dans le district de Manado y dans
le nord de Celèbes, fut lancée en Tair , en 1680 y au mi-
lieu d'une horrible éruption et d'un tremblement de terre
qui ébranla principalement Temateyei répandit l'obscurité
dans tous les environs ( PhiL Trans, y xix ^ n® 7. ) L'ile fut
détruite dans toute sa largeur entre Boelan et Gorontale.
( Valentyn, i, a, 64. )
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t 3ia )
Sanghir, ou SStmgmr, ealre Mlndanao el Célèbes, a
M des plus grands rolcans du globe.
•Swuw et le groupe des îles Talautscj renfermenl denoa
trois redoutables Tolcans ( YdleutTu, ml. , p. 37—61 ).
Sûmw possède un pic ëlevë qui a donne souvent des sigao
de sa nature volcanique. Le 16 janvier 171a, k monta^Be
désignée dans les Trans. philos. , sons le nom de Chiaus,
Vouvrit. — Valentjn dit que les éruptions de ce «olcaa
étaient continuelles , mais qu'elles avaient été pbs violentei
en janvier et février. ( i , a , 58. )
^ôoe, sur 1 extrémité N. de File Sanghir. — Une
éruption , qm eut lieu du 10 au 16 déc^nbre i3ii ,
couvrit de cendres une grande étendue de terrain , et
tua beaucoup de personiies.
Tem€He. — U y a un volcan qui offre un exen^
tf un phénomène semblable à celui de Banda , à lexceptkm
que les pierres sont d'un noir de charbon de terre rt
qu'elles présentent une masse beaucoup plus étendue. Ces
débris , amoncelés à une grande hauteur , forment une
large digue Ou croupe , qui , sortant du sein de la mer,
s'étend au travers du rivage , de là franchit une vaste
étendue de terrain allant en pente douce , et enfin va
s'appuyer à la montagne même. U est évident que , sem-
blable à une mine qui joue, le sol se soulevant et s ouvrant
dans cette direction du fond de la mer, aura rejeté de
son sein cette immense quantité de maUères. ( Reinwardt ,
foc. citât. ) Autrefois les éruptions de ce volcan étoiwit
beaucoup plus fréquentes^ U y en a eu en 1608 , i635,
ï653, et le 1 a août 1673. Il est à remarquer qu'il a lancé
de la ponce f ses émanations ont fait périr bjcaucoup de
personnes. Valentyn dit qu'U a été mesuré , et qu d a
trois cent-soixante-sept verges deux pieds , ce qui fait trois
mille huit cent quarante pieds de roi , en supposant que
cette mesure soit celle d'Amsterdam, (i, 2, 5.)
Tidore ( île d^ Tidore). — Ce volcan est situé dans
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(3i3)
le midi de Ttle ; il a la forme du pic de Temaie» Forrett
en donne une vue.
Modr. — Cette île contient un rotcan qui a eu une
/orte éruption y et a lancé des pierres en 1778. ( Forrest }»
Machian , ou Makian. — Le cratère du volcan est
considérable et s'aperçoit de loin. £n 1646, ce Tolcan,
dans la nolence de son éruption , se déchira complète-
ment du sommet à la base ^ il en sortit d'horribles
tourbillons de fumée et de flammes. Ce sont aujourd'hui
deux montagnes rapprochées et distinctes.
Près de Gammacanore , dans la partie O. de Gilplo ,
et vis-à-yis de Temate , une montagne est sautée en l'air
le 30 mai 1673 , à la suite d'im grand bruit et d'un
violent tremblement de terre. La mer s'éleva beaucoup
au-dessus du rivage , et la montagne lança une grande
quantité de ponce. (Yalentyn, i, a, go y 94 ^ 33 1.)
TolOy situé sur Tile Morefy^ Mortay ou Moroiay^ vis-
«i-vis la pointe septentrionale de Gilolo, Il a brûlé avec
beaucoup d'activité pendant le siècle dernier. (Yalentyn ,
1 , 2 , 95. )
ff'awam k Amboine , situé dans la partie occidentale
de la plus grande des îles Hiioe ; à deux milles du rivage
septentrional ( Yalentyn , 11 , DeeL ^ p. i o4 ) î montagne
très élevée et très rapide. Le bruit y semblable à un fort
bouillonnement y que l'on entendait dans son intérieur y a
fait craindre pendant long-temps une éruption 7 en effet ,
en 1674; après qu'un violent tremblement de terre eut
ébranlé tout Amboine, elle s'ouvrit dans deux endroits
différents ; la lave coula jusqu'à la mer, et des portions
considérables de terrain s'enfoncèrent. Peu de temps au-
paravant, le roi d'un village de l'intérieur, cliassé par
cette éruption y ne s'était sauvé qu'avec peine jusqu'aux
villages fVawani et Essen y situés plus bas. On aper-
cevait distinctement ce village supérieur près de l'ouver-
ture qui venait de se former j il fut englouti avec tous
40
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i 3i4)
tes habitants. Ce Tolcan paraît encore arcit brùlë en i6^
( PhiL Trans, , xix ^ 49 ) y mais? depuis ce temps y on n a
]^Im entenén parler de ses moQTements. Malgré oda,
La BQIardière dit qne cette tle est souvent tonmient^
JMdr dès tremblements de terre , et qu'elle en a beaucoup
souffert, "particulièrement en 1783 {^oy^^iy 3i4)- Depoîs,
en i797> Tuckey se plaignit de la chaleur insupportable
et des vapeurs étouffantes auiquelles il avait été exposé
pendant dix mois , dans la rade iS^Amboine j et qui
provenaient d'un volcan enflammé ( Ntzrr, of thc Con^à
Exped,f\tix). En 1816, un cratère s'ouvrit, et en 1810,
il reprit une grande activité. Enfin , le 18 avril 1824 1
partit xm nouveau cratère ; il brûlait encore le i4 mai.
n était vraisemblablement âtné aussi dans le voisinage de
Wawani ( Gêogr, Ephem.y 1824 > p. 4^' )•
iSoommg-Jpi , ou Gûunapi (^ dans le petit groupe vol-
t;aniqne qui porte le nom de Banda y d'après Tile pria-
xîîpale ). — Volcan très actif, puisqu*on ne Ta jamais
vu en repos. On a connaissance de ses éruptions de i586j
1598 'et 1609. En i6i5 , il 7 en eut une si violente
que ce n'est qu avec une peine extrême que les canots
de la flotte du gouverneur SAmbùine parvinrent , à traven
une pluie de ponce , jusqu'à Ndra , île voisine. En 1639.
i63a, t68à , il y eut encore de violentes éruptions. Le
22 novembre 1 694 , de grandes flammes sortirent de son
tommet , accompagnées d'un bruit semblable à celui d'une
violente tempête. Le fond de la mer s'éleva presque
jusqu'à la hauteur du soi -, des flammes sortaient du mSiea
des eaux, qui étaient si chaudes qu'on ne pouvait na-
viguer dessus, n régnait dans le détroit de Ncira one
odeur sulfureuse si insupportable , qu'elle fut la caoïr
d'un grand nombre de maladies {^PhiL Trans. , xix , 49^
D'autres éruptions eurent lieu en 1765 , 1775 et 1778.
Il j en eut une très considérable le 1 r juin 1820 , pen-
dant laquelle la montagtie s ouvrit au N. O. ; des pierre»
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(3.5)
^candeaeeates, aussi graocles que les mabons des iialuE«b
du pays , furent jn^eiées par le cratère ^ piusieur^s d'entre
elles panriureu^t à des hauteurs doubles de celle de la
montagne. ( Bauuihauer , Ann. de Pb^s. y xv , 4^o. )
Dans la partie occidentale de Vtle 9 fqrxuëe par U
Goupapiy ie trouvait autrefois une vaste profondeur d'eu-
viron 60 brasses. Au lieu de cette baie , et juaqu au pea^
cbant de cette montagne , qui a* en trouve à une grande
distance.^ il 9e forçia, en 18:20^ un va^te promontoire au
moyen duquel toute cette baie se trouve comblée et
exhaussée , et qui se compose de blocs de baaake d'une
grosseur prodigieuse » fortement calcinés et grossièrement
amoncelés. Ces monceaux forment divers groupes y quii
du sein de la mer , vont se ratta<^er au^ flanc» d^ U
montagne. Cette nouvelle formation s effectua d'une ma*
oière si tranquille et avec si peu d'agitation inlériewe >
que les hahitans dq Banda n'en eurent connaissai|pe que.
lorsqu'elle se trouvait en majeure partie consommé#i eUte
ne s'était manifestée que par un fort bouillonnement et
une chaleur extraordinaire de Teau de la mcir* £n i9ai|
la chaleur n'avait pas encore cessé , et, de tciu^ cAtés j
des vapeurs s'élevaient d'entre les blocs. Tous ces débris
portent des marques évidentes qui annoncent qu'ils ont.
snbi un b^ut degré de cpmbustion , et il en est qui ,
par la calcination , se trouvent réduits à l'état de pierre-,
ponce 9 ou qui y exposés au grand air ^ tombent ^n
poussière. — Cette masse de pierres a surgi , sans être
accompagnée de cendres j ce. qui annonce un mode d'é-
ruplion différent dans ses principes de celui suivant lequel
opèrent le« grands vplçans. ( Reinwardt^ loc. citai. )
Sorea ou Sorca ( ilf voisine de Banda ). — Un rapport
«dresse HAmboine à Wittseu, bougmeotre d'Amsterdam,
dit que, le 4 )uin 1693, la montagne de celle île avait
vomi des flammes , et qu'un fleuve de lave en était sorti.
Co^ volcan l'abima ensuite, et (iit remplacé par un lac de.
40.
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(3i6)
fea qui y augmentant de plus en plus, força les habltaBls
de Hido â traverser la mer. Celte fie , qui avait été
précëdemment agitée , devint tont-è-conp tranqidle. Le
lac de feu continuant toujours a s'étendre par des a&isBe-
ments imprévus y du côté de fVorot , les habîtants de
ce vilkge furent aussi obligés de prendre la fuite ; il
quittèrent tous File et parvinrent à Ambmnt le 18 jolkt
1693. ( PhiL Trans. , xix , 49. )
Nila ( fle voisine de la précédente) , contient une sol-
fatare y et par conséquent doit avoir aussi un volcan j elh
est très élevée.
Domma ou Damme , à FO. de Timor^Laout j contient
un grand volcan ( Valentyn, m , a , 4^ ).
Gonung'u^pi , volcan. Ijatit. 6° 36' S. — Dampier dit
que cette île est haute, mais petite, s' élevant doucement
k partir du rivage ; que le sommet de celte fie était partagé
en deux pics , d'entre lesquels sortait une tdle quantité
de fumée qu'aucun volcan ne lui en avait présenté autant
( 11I9 ido ). n lui attribue un mâle de tour. Dampier vit
ce volcan en 1699.
Timor renfermait , avant i638> le volcan du Pkj qu'on
découvrait en mer de plus de 3oo milles à F aide de ses
feux. A cette époque, cette montagne dispamt entière-
ment, par suite dune grande éruption; elle est remplacée
maintenant par un lac.
Pontare. — Celte fle offre troi^ pics y dont un est un
volcan ( Tuckey , m , 382 ).
Lombatta. — Pic conique , pointu et très élevé , sœr
le détroit de Pontare, Dampier le vît fomer, et Bligh obserrs
la même chose cent ans après.
Mangera;^ ou Flores, contient d«ax volcans élevés q<^
sont parfaitement semblables. Bh^ a regardé comme votcsn
t^Iui qui est situé sur le tiers occidental de File ; il paraît
avoir eu des éruptions si formidables qiM le sol de cette
tle semble iibsohuneni brûlé. ( Foy, dans la Mer At Sud,
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(6'7)
«hap. zix. ) Tockey ^ qui a aussi idsité cette fle , dit que
la montagne orientale , Lobetobte , est aussi un volcau
( Marit. Geogr, , m, 382).
La grande fle de Sandelbosch renferme, selon Tockey,
un volcan dans sa partie occidentale 5 on peut fapercevoir.
de 20 milles.
Sumboiva ou Bima, «-r- Cette grande tle contient un
voloan oélèbre , le Tomboro. Sa circonférence est étendue ,
mais sa hauteur n'a pas plus de 5oo ou 700 pieds : la
mer entoure les trois quarts de sa base. H a fait une
violente éruption eu 181 5. Dès Tannée 18149 on avait
été attentif sur les mouvements de cette montagne ^ on
avait aperçu , du vaisseau le Temate , beaucoup de fîimée
et de vapeurs en sortir dans le mois de dépembre ; enfin
après onze jours de secousses qui furent ressenties dans
les îles de Jtwa, de Bornéo et de Céièbes, le 5 avril
181 5 , tout le volcan parut enflammé , et ses éruptions
furent continuelles. Le 10 avril , la fumée qui en sortait
était si noire et les cendres si épaisses, que, jusqu'au la,
le^î environs , même à une grande distance , étaient enve-
loppés dans le3 ténèbres; elles s'étendirent, tant sur Su-
rabaya , sur Jaua , et même encore sur Samanap et
Madura , où les nuages de cendres étaient portés par
les vents d'est , que sur Macass€ur où ces nuages arrivaient
par les vents du sud. Les cendres parvinrent jusque BaUunaj
à l'île Minto , prèai^^utca, et même jusqu'à Bencoolen,
à Swnalm , qui est aussi éloigné du point de départ,
que Y Etna l'est de Hambourg. Une tempête joignit ses.
ravages à ceux du volcan ; 1 2,000 personnes périrent
par suite de cette explosion volcanique 5 une partie de
fîle fut couverte de ponces , qui encombrèrent aussi
plusieurs ports. Trois coulées de lave sortaient de la mon-
tagne. On ne ressenledt aucun vent dans le voisinage ;
mais la mer était tellement agitée , qu'elle arracha des
maisons situées sur le rivage. ^— L'effet de léruptioa se
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(3ia)
Ht MDtir Aànê tout f ArcUpel iiulitn, à «ne
plus de i5® à U voade du foyer de fMlkm. Les
fions s'entendirent fortement à Sumatra ^ dans des
distants du Tolcas de 3oo lieues en ligne droite; on les
entendit très distinctement au centre de Joi^a cl à Fcmolr.
En 1821 9 il y eut on. tel tremblement de terre et un
tel soulèvement de la mer , que> Bimit eu fui
et que des vaisseanx naouillës dans le port furent
par les vagues jusqu'à une grande distance dans. Fin-
teneur des terres y et même , sur œrtaîns points , psr
dessus les habitations. Dans le même temps , une mon-
tagne Toloanique située au sein de la mer 9 asi M.-E.
de rentrée du détroit de Bima , vomit des pierres em-
brasées y des cendres et d'épaisses vapeurs. Le méma
tremblement se fit ressentir dans les Iles voisines , dans
toute retendue de File de Créées , et occasionna y no-
tamment à Mac€issar y qui est séparé de Fima par une
mer de plus de 4° de largeur y les mêmes débordements
violents y. les éoroulements et les déva6tati€»B dont ce
dernier bea avait été le théâtre. ( Reinwardt y ioe,
cit£Êt. )
Gommg-j^pL — Deux pics escarpés y à peine éloigufS
de deux milles de F extrémité nord de Sumbawa ( Tue-
key. ) Bligb les a aussi marqués sur sa carte.
Lombock ou Sàiapparang y contient un seul pic hast de
iSoo pieds y selon Tuc^ey.
Kara-Asam y sur F île BaU. — Connu par une éiiqplion
arrivée en 1808. (Hoif, 11 y 4%* )
On connaît deux petits volcans isolés dans F immense ar>
Aipel des fies de la Sonde et des Moluques; ce sont :
i^ Un volcan toujours actif , situé sur une petite He prrs
de ceDe de Slakenbojurg , sur la côte occidentale de Baméo ,
an nord de Sambai. Latit. 3 i/a N.
%^ Vn volcan observé i^ Hermmeery par le
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(3i9)
itompton , sur Fie Cap, àuu le détroit de Terres. Laiit.
^^^ 48' 6'' i loi^. Grew. i4a« 4i' occ. < Fliader» , /iKtm/. ,
ç.4i.)
' Uexiéteooe d'iMi ▼•lOMt actif près de Hunttr's Ëiper^
{rivière ée'lfunier ou du Choêsew)^ dan» la Nom^dk^
"G^àks dbi tSco/, vient d'être tout réceiMBeiit reconnue
far M. Maoàie , de Cockie-ffa/^ Ce natundisle rapporte
qae le volcan est diatant d'environ vingl^ciaq »ille6| el
craque N. £. de Thabitatioii de M. Intyire f à Segenho ,
^m tondie à Page*s Biver. Ce volcan est tout-à-&it sombre y
jusqu'à ce que le spectateur s'en approche à un mille;
et alors j si c est de jour^ et que le soleil brille y une masse
compacte de flammes frappe soudain les yenx : elle est
d'ordinaire mélëe de âunée, et quand Tair est pesant elle
offre tme couleur d*un rouge pâle. La nuit y on voit dis*
tinctement s* élever une colonne sulftireuse bleuâtre qui se
dissipe dans l'atmosphère. Le cratère du volcan est situé
entre les pics de deux montagnes que les noirs natâ& ap*>
pellent fVingen. Il n'y a nulle apparence de lave k la
base en le long des flancs des montagnes entre lesquelles
le volcan est assb. Le cratère à douze pieds de large et
trente de long. Aux environs, la terre est très chaude, et
sa températnre augmente à mesure qu'on la crense. An-
"dessous de la couche supérieure , M. Mackie découvrit une
couche de houille fortement bitumineuse. Tout autour du •
volcan y le sol est de la plus gi*ande aridité. Pendant qu^
M. Mackie et ses ouvriers restèrent sur la montagne , le
«ratère lança des flammes ; la terre n'offrait aucune soli^
dite dans les environs $ elle se crevassait à chaque instant 5
des masses s'en détachaient de temps en temps , et roulaient
dans le cratère ^ dont la flamme semblait s'accrottre{»ar cet
aliment. Tont &it penser que œ volcan a une existenoe ré-
cente ; il ne parait pas qu'il y ait eu fanaais tTéraptîon : te
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( 3ao )
eratère ii*esl pas très considérable; i semblerait qal
s'aecrott de moment en moment phis, en tons sens. II
parait érident qu'il existe là une source de bitome qui
nourrit le feu souterrain. {jiustraUan y 3o juillel.— ^aalîc
Joumaly nf* i6i, mai i8ag,p. 594(1)*
A r exception de cette montagne yokaniipie bràkiite, 3
paraît qu'il n'en existe pas d'autre de ce genre dans la
Notu^dk-ffoilande; au moins jusqu'ici lesTojagenrs n'ont
rien fait ccmnattre de pareil. Seulement le capitaine Flinders
a cru trouver quelques indices de la proximité d*un vokui y
près la rivière des Pierre^Ponccs , dans la Notwelle-^^aOei
du Sud. ( Flinders , dté par Gillins ^ 11 , a^^ — ^^- ) ^
(1) M. Wiltoû de ParamatU a Tinté plot récemmcDt le Tokaa
exploré par M. Blackic. Il pente que cette montagne est en cooi-
bustion depuis un temps immémorial ; les noirs qui forment la
population actuelle 'sont postérieurs à son irruption ; il croit cm
outre que Tintensité du feu ira toujours en aug^mentant. La snpcr-
ficie de la montagne sur laquelle le feu est aufourd'hui en pleine
activité, peut avoir une étendue d'un acre et demi, 4* ^'^ ^"^
yiron. 11 n'y a nulle part de cratère , de lavet, de Irachyle d'aiicaoc
espèce, nulle trace de charbon. Suivant M. Wilton, les phéno*
mènes qu'offre cette montagne n*ont aucune similitude avec ceui
des volcans ordinaires. « Ou peut donc assurer que la montagne
brûlante à*j4ustrali« est unique en son genre ; que c'est un noufH
exemple des jeux de la nature , qui , dans cette contrée , t'aftio»
chit des lois que lui ont assignées depuis les savants de Vandea
monde, w 11 y a cependant de fréquents tremblements de terre
dans cette contrée , comme dans les contrées volcaniques. On en
cite dans les années 1788, 1800, 1804, 1806, 1826, 1837. Vn
bruit épouvantaUe , ressemblant à Fexplosion subite cf une mine ,
fut signalé dans le voisignage, et partant de la directioa de la
montagne brûlante , avant sa découverte en i8a8. Cet demien
phénomènes sembleraient indiquer, contre l'opinion de M Wiltoa,
que la cause qui produit l'embrasement de cette montagne at
identique avec celle qui entretient le feu dans nos volcans. ( Asiaiic
Journal, janrier i83o; et Bulletin de Ut Société de Géographie^
1. 13 ^ mars i83oi p. 127. )
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(3»i )
Mont^Giurdner , Toisin du [ o -t Georges , dans b terre de
Aî^/5 ( c6ie méridionale de la Nouveile-IIoUan e), pré-
sente Taspect d'nn crne Tolcanique. {^Atitis ctu Voju^c
aux Terres australes , pi. vi^ %. i. )
ArMpel du Smimi-EspnL
Cook et Forster ont reconnu deux volcans dans le groupe
que Bougainville uonuna les i\om'elles-C^cladesy et Cook les
jyoïwelieS'Héùndes, Voici ce qu on sait sur ces» derniers :
1" Tanna ( dans Tile de ce nom. ) — 11 est situé sur la
partie S.-E. , à la fin d'une série de petites collines , der-
r ère lesquelles s'étend une chaîne de montagnes deux fois
an moins aussi hautes^ Le sommet, qui a la forme d'un
cône tronqué , est entièrement dépourru de ▼égétation. Il
a '43o pieds dVlévation , et se trouve à deux lieues en-
viron du rivage. En août 1 774-9 Cook fut témoin d'une érup-
tion 5 le volcan lançait des flammes , des cendres et des
pierres d'une grosseur an moins égale au corps de k
grande chaloupe du l>âtiment. Forster et ^parmann es-
sayèrent en v«iin de pénétrer jusqu'à cette montagne igtti-
vôme. (Forster, Foyag. , ii , p. 212. ) En avril 179^,
d'Entrecasteaux , envoyé à la recherche de La Feyronse,
aperçut une immense colonne de fumée sortir de ce vo.can.
( La Billardière, 11, 180. )
2® Ambrym , à Test de la grande tle du Saint-Esprit.
— Son volcan lançait impétueusement des colonnes d'une
fumée blancliâtre , lorsque Forster le vit , et les habiUmts
lui assurèrent qu'il en sortait aussi du feu. Le rivage de
MaUicoUoy vis-à-vis le volcan, était couvert de ponce.
(Cook, 2« Foyage, m , p. 241. — Forster, f^oyage, iij
p. 180.)
Archipel dt Smntà^Cm.
Jle rokâ^o^ frè9 AMkt^hif^ décoitf Me f«r MemUna.
4t
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(3aa)
*— Son cône, déponmi de végétation , lançait du fea et to
pierres tout autour. ( Bumey, n,p. 149)- Carteret,eii
1767 , a TU de la Tapeur s'élcTcr de rintérienr de TAe, et
Wilson y en 1797 y des flammes sortir de la montagne co-
nique , dont il estimait TéléTation à 200 pieds. L'en
de ces flammes était périodique ^ elles duraient
une minute , et se renouTelaient au bout de dix. (^ Buroej,
Discoif, in the South Sea , 11, 176. ) Pendant le séjour de
JEntrecasteaux y en 1793 ^ tout était tranquille. ( La B2-
lardière , 11 ^ a58. )
Archipel de Sahmom»
Parmi les îles de cet archipel , Sesarga près Guadalr
canoTy renferme un Tolcan d'où Mendana a tu sortir con-
tinuellement des Tapeurs et de b fumée. ( Bumey, 1 j 280. )
Ce Tolcan n'a point été retrouTé ; d'Entrecasteaux pense
qu'il faut le chercher au nord du déiroit Indisptnsabie et
de Guadakanar; mais Bumej croit «Tec qudque raison
que c est la montagne nommée par Shortland Jtfoit/ Lojw-
mas, sur la pointe S. O. de Guadalcanar, non loin da
cap ffenslow.
NottpellfSrt/agMe t om Nam^eUe^AugMerre,
On compte plusieurs Tolcans dans cet ardupel :
i<* Volcan à Ventrée du canal de Saint-Gcorçes et sur
la riTC £. Dampier Ta tu et dessiné (^o^., 1729} ni y
ao8 ) 5 il (umait beaucoup ^ était élcTé y et son sommet se
terminait en pointe aiguè. Latk. 5^ la' E. ; longit. Grew.
i5a^ £. Cest Traisemblabkment le même que celui qoî
a été aperçu par Carteret y et dont il a fixé plus exactement
la position Tis-à-TÎs File de Mon y un peu à Test du cap
PaiUser. ( HaMfkesffiorihy ly 586.) Le 4ïapîtaîne Hnnier T a
a« Yolcan de k partît orioit^e 1 non km da esp
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(323)
Gioster. Dampior Fa va en avril 1700. (^ Foy. , m , 218. )
Des flammes sortaient de son sommet avec un bruit sem-
blable à celui du tonnerre , avec des intermittences d'âne
demi-minute. Lors d'une des plus grandes émptions, une
flamme large et liante de vingt à trente yards sortit ac-^
compagnée d'un fort mugissement , et on vit alors fré»
quemmeni des torrents de feu couler le long dn flanc de
la montagne jusqu'à son pied ; pent-étreméme atteignaient*
ils le bord de la mer. Pendant le jour j une épaisse fumée
s'élevait au-dessus de ces coulées. Latit. 5^ a5' S. ^ longit.
Grevr. ilfi^ 10' £. ( Rossel. ) Tasman a vu aussi ce volcan.
( Valentyn , m , 356. )
Z^ D'Entrecasteaux aperçut, le 219 juin 1793, Téruption
d*un volcan situé dans une petite île de cet archipel , par
5° 3a' 20'' S. de latitude et i48° 6' E. de longitude.
D^épaisses colonnes de fumée sortaient périodiquement de
son sommet j et Taprès-midi on aperçut une coulée de
lave sortir de son flanc et se rendre jusqu'à la mer , dont,
les eaux se soulevèrent aussitôt et formèrent des masses
de vapeurs blanches et brillantes. Pendant l'éruption , la
fumée s'élevait beaucoup au-dessus des nuages. ( La
Billardière , Foy. , i , 285. )
fioupeUe-Guinie,
Le nombre des volcans de cet archipel n*est pas bien
connu.
1° Volcan sur la côte septentrionale. Latit. 4** 52' S. ;
longit. Grew. i45'' 16 1/2 £. Décrit par Dampier. 11
est situé à deux milles du rivage. Son sommet est extrême-
ment pointu. ( Voy. y m , 223. )
2<' Volcan situé à 12 milles de la terre ferme , au milieu
de cinq îles plus petites. Latit. 3° 55' S. 5 longit. Grevr.
i44^i6'£. Vu d'abord, ainsi qne le précédent; parSchouten
et Le Maire , et ensuite par Dampier.
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( 3»4 )
3<» Ces navigateurs ont encore aperçu deux antpes fies
lançant de ta fumée ; mais ils n ont pas dëtermiaé lenr
position , et josqu à présent on ne les a point retroorées.
4** Dampier dit (m, 225), qne , le 17 avril 1700,
trois jours après aroir quitté Ttle de Schouten et de la
Proi'.iknce , il a vu sur la terre ferme une très hante
menUgne, du sommet de laquelle s'élevaient de grau.?ei
masses de fumée. L'apr^midi , il appercnt Ffle dn hù
Guillaume. Ce voloan ne peut donc être qne sur la poialt
extrême occidentale de la \ouifeUe»Guinée. I^atit. 1** 5o' S.j
Ion 411. Grew. 129® 20' E. Il na été observé ni par
Forie^t , ni par (rFntrecasteaux. ( liCopokl de Bncfa, Mém,
sur la AcU. des Phénom. ifolcaniquts^)
Archipel des Marianmes.
m
11 paraît qne , sur les quinze ou seize îles on flots doot
se compose cet arcliipel , il j en a un bon nombre qui sont
de nature volcanique ; Cliamisso dit même que toute cette
chaîne est de cette nature p. 77 ; ; mais on est loin d'avoir
des données positives sur les volcans eux-mêmes Dans le
Vo^ (îge de La Peyi^use , on trouve indiqués neuf volcans en
activiti' habituelle dans autant d'îles on Ilots , tels qne : Xik
du Folcan Saxnt-Franroisy Saint- Antoine ^ Saint^-Denisy File
simplement distinguée sons le nom du Folcan y X île du
Grand- Folcan y Folcano , ï Assomption et une lie %aas
nom.
Le volcan de V Assomption est le seul bien connu. La
PejTOuse dit que celte île a trois milles de circonférence ,
1 .00 pieds d'élévation , et qne T imagination la plus %ive ne
pourrait se représenter rien de plus eOrayantqne son sspttt.
Le volcan , lorsqu'il le vit , était un cAne parfait qni ,
jusqu'à 200 pieds au-dessus de la mer , paraissait tout-
à-fait noir. L'odeur stdfurense qu'il répandait jusqu'à b
distance d'un demi-mille en mer ne permettait pas de
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(3a5)
doQter <le son actÎTité y et la coulée de lave que Ton
voyait sur les flancs parai^t n'être sortie qne depuis
peu de temps. ( La Peyrouse , Foyages , ii , p. 346. )
Ile des Amis,
Elles sont toutes très basses , ayant seulement quelque»
centaines de pieds d'élévation , probablement moins da
mille. Ordinaire cite trois volcans dans cette arcbipel.
Suivant M. Leopold de Bnch , il n y a qu un seul volcan en
activité, Tofua ou Tafoua; il s'élève jusqu'à 3ooo pieds. Les
Casuatina croissent jusque sûr son sommet. 11 paraît être
en éruption continuelle y car , toutes les fois qu on Fa
observé j il était constamment agité , et lorsque Bligb visita
Fîle , une coulée de lave, s'étendant du pied de la mon-
tagne jusqu'à la mer^ avait dévasté d'une n^anière ef&ayante
ane grande étendue de terrain. ( Voyages j ^792, p. 167.)
Le capitaine Edwards a trouvé aussi le volcan en pleine
ëruptiou j la ponce qui couvre les rivages de Tongatebu
et ^ Anamoka prouve qu'il est de nature tracby tique.
Ije même capitaine a remarqué y en 1791 > à l'extrémité
nord de ce groupe y et sur l'île la plus septentrionsde,
Gardner^s Isiand y des traces d'une éruption très récente $
de la fumée s'élevait encore tout autour. Cette île avait
déjà été aperçue en 1 781 , par Maurelle y qui lui avait donné
le notn d'Amargura, { Knusenstem , ifydrogr.y p. iSg. )
I/es de la Société,
Elles paraissent être basaltiques et contenir des vc4cmi6
étemts. M. Léopold de Bucli dk qa'cAes présentent des
éruptions partielles , sans aucun autre détail. ( Mén. sur
ia nature des JPhénomènes volcaniques y etc. )
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(3i6)
Sporades Austrmies.
Malte-Brun a donne ce nom à une diatne d'îles i
au S.-O. et au S.-E. de \ Archipel de la Sodeie'. Ce géo-
graphe dit que Vile de Parues , qui est la dernière de
ce groupe , est aride et yolcanique. ( Précis de la Géogr.
universelky 4? P* 4iO' )
lies Marf mises.
Ces fies sont basaltiques , mais ne contiennent pas de
volcans en activité.
Iles Sandwich*
Tout le groupe des Sandwich est . volcanique. L*lb
itOwhyée , ou dLO\\*(uhi , ou SHaviHu , est la plus grande
et la plus élevée de toutes les lies de la mer du Sud ,
d'après Gauss ( Zimmermeon y Australien y l , 34? )• £Be
contient 216 ijio^ milles géographiques de sor&ce^ et
est par conséquent cinq fois plus grande que Ténériffe*
Cest un massif fendillé de laves ; renfermant des cra-
tères nombreux 9 d'une très-grande dimension , et presque
tons éteints. Tous les anciens volcans sont très élevés au-
dessus de la mer. Le Mowna-Boa , une des plus hantes
montagnes de Tîle , a 13,693 pieds , d'après M. Homer.
Cette élévation est bien plus considérable que celle dn
Pic de Ténériffhy et on trouverait difficilement, sur toute k
snr&ce des mers, une île qui présentât une montagne
aussi élevée. Mowna-Koah , autre volcan <éteint , a , seloa
Kotsebuc, i3;8oo pieds. On ne compte plus que troè
volcans acti6 , savoir :
Le Kuararai , dont le cratère k 4oo pieds de pro-
fondeur , et un mille de circonférence.
Le Kiranea , dont le cratère fimie toujours et fonne
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( 3a7 )
maintenant un immense bas-fonds , dans nn pays életé ,
au pied du MownùrBoa. L'on j descend par deux
terrasses formées par des afiEiissements de la montagne,
n y a 60 petits cratères dans le fond : des laves, des
scories , forment son entourage 5 il y a des bancs de
soufire et des précipices. Le cbevalier Steward , qui Ta
▼isité j descendit dans le véritable fond du cratère ; qui
a dix-sept cents pieds de profondeur. Les laves y sont
encore cbaudes. Il a inondé le pays avec scsjaves.
Enfin un granc^ volcan. { Mowna^lVororay ? ) ^ qui est
à 5^0 milles dans T intérieur de File , dont le cratère a
mille pieds de profondeur , et est élevé de huit à dix
mille pieds au-dessus de la mer. Il exhale de T acide sul-
fureux et de r acide hydrochlorique. Il a eu une petite
éruption le 11 décembre i8a4. U s'y trouve du verre
volcanique capillaire , que le vent emporte à vingt milles j
et des vapeurs sortant des fentes des laves j depuis le
cratère jusqu'à i5 ou 20 milles de distance. Il y a
beaucoup de sou&e 4^ns le cratère.
Suivant Chamisso y presque tontes les autres îles du
groupe contiennent des cratères et de grandes coulées
de lave , ce qui est confirmé par les dessins de Van-
couver, n paraît que les plus petites îles sont basaltiques.
(Kotzeb. , Bidscy m, i4^. — Vancouver, Voy.y m.
— American Joum, of Scienc. , vol. xi , n° i , p. i y
juin 1826. — Extrait de l'ouvrage intitulé : Journal dun
^^^c autour d'ffawài, par Ellis. — Americ. Joum,
<f Scienc. , vol. xi , n® 2 , p. Sôa , octobre 1826. —
Herthuy 2« année , vol. vi , 2*cah., 2« partie, p. ii6-
— Butteiin des Scienc, natur. et de Géologie , juin et
[>. 1826 , no» i4o et 29 ).
lUs du Marquis de Traçersi,
Ces flei> réeemment découvertes par les navtgateors
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(328)
russes, entre la NouiféHe-^'orgie et la terre de &wl-
virichf renferment un volcan actif. ( ^monoff, In ZacKs
Comsp. cuir. , v» 37 ).
KésvmS oénébal.
Notnbrô des P'olcans actifs et des SoffaiareSy dans ks cifuj
parties du monde.
PARTIES
DU UONDE.
SUR LES
COHTIKERTS.
DANS
LES ISLES.
TOTAL. )i
i!
Europe
Afriqv e
Asie. ••>•
4
17
86
M
20
9
• 28
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108 1
Amérique
OcÉATTIQUE ....
1 Totaux ....
109
194
3o3 1
II y a donc , sauf quelques erreurs inévitables dans QB
tel recensement , 3o3 volcans actuellement brùIaBls à b
surface du globe y ou au moins qui sont connus oohob^
tels des naturalistes et des géographes. II y en a saos
doute encore beaucoup d* autres dont on ne soupçonae
pas r existence. Sur les 3o3 connus , 109 sont silvéssv
les continents , et 194 ^^^^ ^^s îles. Jai confondu, àas^
ce résumé général , les solfatares avec les volcans pro-
prement dits y à cause de la difficulté de distinguer tou-
jours nettement ces deux genres de montagnes Ton ^
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(Sag)
r antre. Peut-être ai-je mis au rang des volcans actifs
des Toleans éteints ; si f ai commis quelques erreurs k
cet égard ; cek vient du peu de renseignements précis
que donnent les voyageurs sur plusieurs d'entre eva.
On ne connaît pas le nondbre des volcans éteints , et
il sera assez difficile d*en faire un relevé complet. Il serait
pourtant curieux de posséder une pareille statistique; ce
travail démontrerait , d^ûne manière péremptoire y que la
terre a été, à une époque reculée > embrasée de plus
de feux qu'aujourd faui , comme beaucoup de géologues
Taffirmeat , et comme tout concourt à le prouver.
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( 335 )
CLASSE
DES BELLES-LETTRES ET ARTS.
RAPPORT
Fait par A/. BignoN ^ Secrétaire perpétuel de la classe
des Belles-Lettres et Arts,
Messieurs ,
Dans un discours d'entrée en exercice de la prési-
dence , pour cette année , après avoir présenté sous l'ap-
parence d'une faveur une élection qui n'était véritable-
ment qu^un appel à ses lumières ^ M. le comte de
Murai a exposé combien l'exigeance des fonctions ad-
ministratives tend à éloigner des études qui charment
et consolent toutes les situations de la vie Mais
la privation de ces jouissances lui a paru compensée
par le plaisir de faire quelque bien en marchant cons-
tamment dans les voies de la légalité et de la justice.
M. le préfet a aussi accordé aux arts de l'esprit une
l)onne part d'influence sur la paix publique , sur les
mœurs et la prospérité des empires , particulièrement
à une époque signalée par cette marche toujours
ascendante des sciences , des lettres et des arts , dont il
^ félicité la Compagnie d'avoir suivi le mouvement
4ivec distinction , surtout pour les spécialités locales ;
et il 2i terminé par le vœu d'une utile application dii
système des localités ii une statistique élevée et comr
plète du département de la Seine-Inférieure. « Je serais
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<c heureux , a dit M. de Mural , de pouvoir j concoarir
«t par la communication de tous les documents it ma
M disposition. »
Nous mettrons , comme de coutume , en pre-
mière ligne , dans ce rapport, les ouvrages reçus d'auteurs
étrangers à FÂcadànie , e| d'abord Ceux que nous devons
è des habitants de cette ville.
s Un ouvrage , sous le titre de Lettres sur la ville it
Rouen , par M. A. L. , a été regarda par M. fio/fi»
comme un (iruit de longues recherdies « rempli de détaik
curieux qui complètent le tableau commence par nos
confrères MM. . P. Periaux et Delaquérière , sauf
le style et la vérification des faits , qui ne semblent
pas tout-à-fait hors-de la critique.
:= Une Notice sur la vie et les tmprages de J!m M.
Marquisy par M. Carault , D. M. , a rappelé à la
Compagnie tout ce qu'elle a penlu d'amabilité et de
savoir dans la personne de cet esâmable collaborateur.
Ce troisième monument de ce genre suppose , par loi
seul , un mérite bien reconnu dans celui qui en est
l'objet , et , d'après le rapport de M. Pouchet^ la notice
est écrite de manière à se faire encore lire avec beau-
coup d'intérêt après celles qui l'ont précédée.
= Dans le troisième extrait des Etudes poétiques de
de M. Ktienne Thuret , M. Lefillmd des Guerrots a re-
connu le naturel et la grâce d'une muse qui , loin des
fantasmagories romantiques , va puiser ses inspirations
aux sources antiques , dans les grands maîtres de k
lyre , qu'il imite avec succès.
s: Le Recueil de Poésies de M. Victor J>e Coupeur a
offert à M. Daputd matière à plusieurs critiques smr les
tkres des pièces ^ dans lesquelles il n'a pas toujoun
trouvé les caractères spéciaux de genre et de localité
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(337)
convenables* Dans le style y classique en général , notre
confrérie a remarqué quelques nuances de romantisme ,
et dans le Cimetière monumenialj une imitation d^une
improvisation sur le même sujet, dont il a eu la mo- *
destie de ne pas nommer Tauteur ; mais il a y signalé des
développements qui ont emporté son suffrage.
=1 M. Alfred Dapiel , joignant à la pratique habi-
tuelle du barreau l'étude raisonnée de Thistoire , qui lui
a mérité une palme dans cette Académie y a composé
sur la résistance passive un mémoire que son caractère
politique place hors des limites que s'est tracées la
G)mpagnie.
= L'Ortholégie de M. Grisel , méthode d'enseigne-
ment en seize leçons pour la lecture , a été soumise ,
sur la demande de Fauteur , à l'examen d'une commis-
sion. G>nnaître les lettres , apprendre par cœur la pro-
nonciation de syllabes simples ; lire des mots formés
de ces syllabes , puis des phrases formées de ces mots ,
procéder constamment du simple au composé , du
connu à l'inconnu f telle est la substance du rapport
de M. Fossé sur cette méthode. « C'est , dit-il , la plus
« simple et la mieux raisonnée que je connaisse. La
<» commission recommande donc le système de M. Grisel
» comme un travail utile , hérissé jusqu'à ce jour de
« difficultés vaincues avec autant de bonheur que de
« persévérance. »
£5 L'Académie a reçu de M. Baudouin , de Paris ,
un ouvrage tout en faveur de la méthode Jacotot;
De M. Adrien de Balbi, patricien de Venise , un
tableau statistique ayant pour titre : le Monde comparé
à Vempire Britannique ; c'est un extrait de la Reçue des
deux Mondes , exécuté avec un soin qui répond h l'im-
portance de la matière ;
43
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( 538 )
De M. Frédéric Galleron , de Falaise , une tragédie
de CamUle, qui^ suivant le rapport de M. Fosse, aurait,
\ plusieurs égards , besoin d'être revue par Fauteur ;
De M. Edmond du Petit-Bois , deux pièces de vers
{Promenade poétique et MoH du prince Gilles de Bretagne)^
qui , malgré les dispositions de l'auteur , ont paru ï
Mv des Guerrots sorties un peu trop tôt du porte-feuille.
Membres correspondants.
i=: M. le colonel Toustain de Richebourg, dojen
d'âge de nos correspondants , a adressé une petite bro-
chure intitulée : Sincère Ai^is^ où l'écrivain, comme de
coutume, lie étroitement la morale à la politique.
= M. Boucbarlat, dans son édition nouvelle de
J.-B. Rousseau, avec les notes de Le Brun et de Fontaoes,
a prouvé par ses propres observations qu'il restait béas-
coup h dire après ces deux célèbres critiques ; peut-être
resterait-il encore h dire même après lui*
\
— ' Sa pièce de vers intitulée : la Vierge de CorinAe^
imitation de Goë'te , peut figurer avec avantage parmi
beaucoup de ses autres poésies.
^ Si les Pensées en vers ( deux voK ) , de M. C-L.
MoUevault , ne peuvent être un modèle de poésie , à
raison de la matière , ce sera toujours un recueil de
morale qu'on lira avec autant de fruit que d'intérêt.
= Le Festin d'Alexandre , traduction en vers libres de
l'ode de Dryden » destinée à la célébration de la fête de
sainte Cécile , par M. Spencer Smith , est un morceau
précieux avec la poésie de M. Albert Montemont, et
qui doit produire un grand eŒet avec une bonne mu-
sique.
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(339 )
= Trois Œuvres ^e M. J. Berger de Xivrej om
été mis à i'examea d'une commission dont M. LicquH
a fait le rapport. M. le rapporteur ne s'est point ar-»
rétë à la traduction en prose de la Buirachomyomachie ^ ni
i sa littëralitë , que Tauteur regarde comme le premier
mérite d*ui^ traduction d'Homère ; n^ais il a félicité
M. Berger d'avoir ajouté aux noms propres , dans le
texte , leur signification en français , au lieu de la rejeter
^ans des notes.
~ Le Traité de la prononciation fr€C<iue moderne , étant
composé d'une foule de détails , ainsi que l'analyse ,
nous nous bornerons h dire , sur là première partie , avec
M. le rapporteur , que le C se prononce comme notre
y f l'ii comme f , le ( cpmme le th anglais, Ai comme e^
de manière que l'on prononce sti^e pour (nCai | quoique
l'ancienne écriture soit conservée. Sur l'accent , l'auteur
pense qu^un grec moderne ne reconnaîtrait pas le mot
X^or, si l'on transformait l'accent aigu de la première
syllabe en accent grave sur la seconde ; M. Licquet
ajoute que l'auteur avait des exeniples encore plus
sensibles dans les mots comppsés , comme 6siroj(^of,
*X^^^^^y^^ » 6^c., qui ont à la fois le sens actif et le
passif par la transposition de l'accent. Quant à l'utilité
de Touvrage , M. Licquet n.e balance pas ïn la recon-
naître» et elle est sans contredit, si toutefois la bar-
barie n'a pas prescrit sans retour la terre classique
des lettres et des arts de la vieille Europe.
— Le troisième ouvrage de M. Berger de Xivrey,
Recherches sur les sources antiques, de la LiHéraiure française ^
qui a ouvert à l'auteur les portes de TAcadémie de Hox»-
loiise, a déjà obtenu U publicité méritée par son impor-
lance. Nous nous bornerons donc h quelques remar-
ques t que nous réunirons , dans l'intérêt de M. Berger.
43.
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(Ho)
a i« Nous ne savons , dit M. Lkqoet , si ranteor n'a
« pas trop génëralisé , en disant qu'à l'exception des
« idiomes primitifs conservés en partie dans le pays
« basque et dans la Basse-Bretagne , la langue latine ,
« introduite dans les Gaules , devint celle de toute la
« société. En effet ^ dit M. Licquet , six cente ans après
u Foccupation de la Gaule par les romains , le grec y
« était assez répandu; Gontran , frère du roi Chilpénc,
« fut harangué à Orléans , en 585 , en hébreu , en
« arabe , en grec et en latin. Le grec était encore parié
« dans la ville d'Arles à la même époque. — 2*» Peul-
« être » dit ailleurs M. Licquet , ne voudrions-nous pas
« affirmer avec l'auteur que Cochin faisait sciemment
« l'application de tel précepte du de oratore dans tel pas-
« sage d'un de ses plaidoyers. Peut-être encore ne som-
« mes-nous pas bien convaincus que Bossuet ait youlo
« calquer l'exorde de son oraison pour la reine d'Angle-
« terre sur celui du plaidoyer pro Archia poeta
« En rendant hommage à l'érudition de M. Berger,
n nous nous sommes demandé si son enthousiasme
« ne l'avait pas entraîné au delà du but ; nous œ
« sommes donc pas bien certains que Pascal dans ses
« Proifînciales , Balzac dans son ArisUppe , Boileau dans
w son ÎAUrUi , ayent sciemment imité le Protugoms ,
« YEutyphron et la Batrachomyomachie. — S»* M Ber»
« ger ne trouve aucune notion du grec en France
« avant le douzième siècle. Nous croyons , dit M. Lic-
« quet , qu'il y a eu ici erreur ; toujours est-il que saint
« Ouen défend aux rouennais du septième siècle la
« lecture de Pythagore, de Socrate , de Platon , SArisâok^
« à' Homère jusqu'h Démosthènes^ et l'histoire littéraire
« ne nous montre pas les traductions latines de tons ces
« ouvrages. Au douzième siècle» saint Bernard lisùt
« Aristote. Au commencement du treiaième , le Pape
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( 34i ) '
« écrivit aux ëvêques de France et de runivcrsilé de
« Paris , pour inviter les latins h Fdlude du grec , etc.
« Au reste , conclut M. le rapporteur , quelques légères
« taches se rencontrent dans cet ouvrage ; mais peu
<c de personnes , h noire avis , j auraient commis moin^
« d'erreurs. >»
:= La publication du seul Manuscrit complet et sonnu
des Fables de Phèdre , avec Thistoire critique de ce raon
nument précieux , est encore un grand service rendu à
la littérature par M. Berger de Xivrey , et l'exemplaire
qui décore notre bibliothèque associe plus particuliè-
rement la Compagnie h la reconnaissance publique en-
vers l'éditeur, qu'elle peui s'honorer d'avoir associé
cette année à ses travaux , lorsqu'il a si bien payé son
agrégation d'une part comptant de l'honneur qu'il se
fait lui-même par ses utiles composition^.
^ L^ Histoire des sciences et de la civilisation dans le pays
Messin , depuis les gaulois jusqu'à nos jours , par
M. E.-B. Bëgin , a fourni , dans un rapport , à M. Der
ville , matière au doute , à la critique et à l'éloge.
M. Deville a trouvé dans cet ouvrage tous les élé-
ments de l'histoire annoncée ; mais il lui paraît difficile
de vérifier , sans documents locaux » une foule immense
de faits et leur rapport avec les noms propres accu-
mulés dans un volume de 600 pages.
M. Bégin , dans un passage , regarde comme le plus
ancien ouvrage français l'Histoire des ducs de Normandie,
publiée en 1160, sans doute le Roman de Rou ^ et cer
pendant , dans un autre passage , il réclame une priorité
de quinze ans pour un poème d'un certain Gantier
de Metz ; mais les vers qu'il en cite appartiennent évi-
demment, suivant M. Deville , à une époque posté-
rieure de deux ou trois siècles* M. Deville trouve encore
un anachronisme plus fort dans l'importation à Metz,
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(340
au treiziètne siècle , du fer-blanc, du salpétret du poivre ,
^ ttc. M. Bégin prétend que les ravages des Normands
ruinèrent une partie du royaume de Charle»-le-Gros ,
depuis 781 jusqu'en 789 , et Cbarles*le-Gros r^pia
depuis 884 jusqu'en 887. « U me serait plus facile ,
«r mais en même temps infiniment plus loog , conclut
« M. le rapporteur f de citer les passages où l^^uteur
« fait preuve d^uiie érudition sûre et d^une critique
V saine , etc. »
s» Le mén^e rapporteur, chargé de rendre compte des
quatre pren^ières livraisons de V Iconographie myAol»'
gifie >e$ monumentale que rAcadémie tient de la muni-
ficence de M. Benoît Pécheux , a jugé que cette im-
mense collection , qui doit contenir trois cent quatre
planches, se recommande par sa belle exécution , par
un trait pur et facile, par un heureux choii( des sujets,
bien appropriés au but de Tauteur en &veur des artistes
et des décorateurs.
« Us y trouveront réuni tout ce qu*il faudrait chercher
« dans un grand nçmbre d'oi(vrages, tous d'an prix
« fort élevé et en général fort rares. » Si M. Pécheox
annonçait moins de modestie , M. Deville aurait pu
reprocher quelques anachronismcs sous le rapport du
costume ; par exemple : un casque h visière à l'époque
de Charlemagne ; mais , lorsquHI s'agit particulière*
ment de modèles de décorations et d*ornements, il a
îugé trop légères quelques fautes qui ne sont pas rares
dans des ouvrages qui s'annoncent avec plus de pré-
tention que celui de M. Pécheux, et qui sont soirrent
loin d'en avoir le mérite.
ss C'est avec ces mêmes sentiments de considâratîon
et d'estime que nous devons pubHer l'offrande , par M.
Etienne Gois, sculpteur, de plusieurs exemplaires de
quatre dessins représentant : I0 SkUue équestre d'Hemi H •
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( 543)
vue de proGl ^ de trois-qiiarts et de face ^ avec deux më-
daillons sur l'entrée du boa Roi dans Paris ; une Extase
de St'Etienne , YJpoMose du saint , et le Mausolée du
duc de Beny.
= L'Académie doit à M. l'abbé La Bouderie une
brochure sur les Ordres religieujo , composée d'extraits
de V Encyclopédie moderne;
A M. Rifaud, une notice sur les objets d*antî<ptàés
par lui recueillis en Egypte , en Nubie et contrées
voisines , avec un prospectus d'un ouvrage qu'il se
propose d'en publier;
A M. le comte Blanchard de la Musse , quatre
fûèces manuscrites de vers ^ dont suivent les titres :
Voyage de S, M» ^ en 1838 , dans les départements dû
VElst; Apologue sur le mime sujet ; On vous connaît ^ beau
masque ; Hommage à la mémoire de Af • le comte Daru, Par
exception à la règle suivie pour nos membres corres-
pondants! sur la demande très instante de l'auteur, et
en considération de ce que c'est ici un de nos confrères
qui jette des fleurs sur la tombe d'un autre , dont nous
déplorons la perte avec tout le monde littéraire , qui
sut apprécier ses talents , la quatrième pièce sera im-*
primée à la suite du Précis. C'est l'expression des
regrets d'un ami , une guirlande funèbre que l'Aca-
démie accepte dans ses annales , avec une véritable
sympathie , comme un témoignage de sa propre douleur ;
et certes , le multis Ule bonis du lyrique latin , souvent
profané par la flatterie , ne peut être plus justement
appliqué qu'à l'él^ant interprète de ses œuvres.
ss M. Pinel , du Havre , dans une de nos séances ,
a fait sourire la malice par la lecture d'une petite
pièce de vers où il peint en style délicat et dé-
cent la rechute d'un vieillard converti dans le piège
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( 344 )
tendu par l'amour , qui rit de la £aicilité de mo
triomphe.
« Maïs , adieo ! jVnlcnds là Uftstit
« Qui te rappelle à petit broit... .
« Elle re?ient quand je tous laÎMc ,
« Si je parais, elle s'enfuit.
= Une traduction en vers de Juvenal , par M. Barré
de Jalais , a été adressée trop tard pour que T Acadé-
mie ait pu entendre le rapport qui doit en être (ait
=± Un ouvj-agé en deux volumes , sur Vinstntctum des
sourds "muets de naissance^ par M. Degerando , a été
renvoyé à M. Domesnil. Dans une analyse consdeB-
cieuse ^ M. Dumesnil a fait connaître la cause , k
but , le plan et les principes de cet important travail ^
résultat précieux d'une longue habitude des médita-
tions abstraites , et aussi distingué par Tenchalnement
et la profondeur des idées , que par le généreux épan-
themcnt des sentiments philantropiques dont toutes les
pages sont palpitantes.
M. Dumesnil n'a pas la prétention , dit-il , de mul-
tiplier les éloges pour un métaphysicien dont la ré-
putation est européenne , encore moins de hasarder une
critique fêtant presque étranger aux études métaphysiques.
Mais il demande , avec une modestie qu'il regarde ici
surtout comme un devoir rigoureux et qui est véritable-
ment dans son caractère , la permission de présenter
quelques réflexions sur deux opinions de l'auteur.
Laissons donc parler M. le rapporteur lui-même.
« M. Degerando pose en principe , non pas que les
hommes ont institué la langue primitive , ce qu'il
paraît même assez disposé h rejeter , mais qu'il leur
eût été possible de l'instituer. U cite l'argument de
Rousseau qui s'exprime ainsi : Le tangage n^auraà ^
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(345)
itrt institué que par une suite de conçentiens; or^ comment
établir des conçentions , si l'on ne possède déjà un langage
pour communiquer et s'entendre F Ce raisonnement, qui
me paraît à moi sans réplique, n'est, aux yeux de
Tauteur, qu*ua paralogisme ; et il croit le réfuter vic-
torieusement en lui opposant le phénomène des sourds-
muets réunis entr'eux , instituant un langage de signes ,
un vrai langage conventionnel. Cette réfutation ne me
paraît pas satisfaisante : lorsque les sourds-muets se
trouvent réunis , et qu^ils instituent un langage de signes ,
ils ne sont point dans Tétat où se seraient trouvés le
premier homme et la première femme , si Dieu , après
les avoir créés , ne leur eût révélé une langue. Depuis
le moment de leur naissance , ils ont été en commu-
nication avec leurs parents et avec d'autres hommes ,
qui , ayant reçu , par le moyen de la parole , l'héritage
de la raison humaine , comme M. Degerando s'exprime
lui-même , ont pu , par leurs actions, par leurs signes,
développer , quoique d'une manière bien imparfaite ,
^intelligence de Tenfant sourd-muet. Adam et sa com-
pagne auraient , au contraire , été obligés de créer leurs
premièresHdées. Y seraient-ils jamais parvenus .^Auraient-
ils jamais eu autre chose que de simples perceptions?
Plusieurs métaphysiciens vous répondront négativement
sans balancer. Us vous diront que nous ne pensons qu'à
l'aide des signes de nos idées ; que , par conséquent ,
privés d'une langue qui est la réunion de ces signes ,
ils n'auraient jamais pensé, quoique la faculté de penser
existât en eux. Je ne serai point assez hardi pour
trancher la question d'une manière si absolue ; mais
il me semble qu'il ne me sera pas impossible de
prouver, parles aveux mêmes de M. Degerando, qu'au
moins l'exercice de leur intelligence aurait été fort im-
parfait. Il dit , en eflet , que les langues sont le seul moyen
de mettre de tordre dans nos idées , et que l'ardre est la
44
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( 346)
tumièrt de tinielUgence. Il reconnaît encore que les àmgmi
sont des moyens de génératisadon et de classification , des
insÉruments d'analyse et de synthèse. Il me semble, dès-
lors , que , diaprés M. Degerdndo , les deux premiers
êtres humains privés d'une langue n^auraient pu avoir
qu^un cercle dUdëes bien borné , bien confus. Comment,
dans cet état , auraient-il pu instituer une langue ? Si
cela ne leur eût pas été absolument impossible , combien
de temps ne leur eût-il pas fallu pour l'instituer ? Jusqu"^
ce qu^ils y fussent parvenus , n^auraient-ils pas été pres-
que réduits h Tétat de pur idiotisme ? Il me paraît
donc évident que Dieu a révélé une langue h nos pre-
miers parents, ce qu^au reste Fauteur ne nie pas, et
fort probable qu'ils n'auraient jamais pu en instituer une.
« La seconde question sur laquelle je ne puis adopter
les idées de M. Degerando , est relative à Tétat moral
du sourd-muet avant Tinstruction. Il prétend que le
sentiment moral existe déjh chez lui ; qu'il ne conçoit
pas les préceptes de morale dans leur généralité , mais
qu'ï l'occasion d'actions particulières et déterminées,
il éprouve l'approbation ou la désapprobation intérieure,
glus ou moins obscure ou confuse. Ici il est im-*
portant d'établir une distinction. Je crois bien que le
sourd-muet , qui , avant l'instruction proprement dite ,
a déjà reçu de ses parents et des autres hommes avec
lesquels il a vécu , un certain degré d^instruction , peut
avoir quelque idée du bien et du mal. Mais l'auteur
me semble donner à entendre que l'homme trouve
dans sa conscience la règle du bien et du mal ; et c'est
là ce quHl m'est impossible d'admettre. La conscience
est cette faculté de Tame par laquelle , la règle et
bien et du mal étant connue , nous distinguons l'un de
l'autre. La règle infaillible du bien et du mal n'existe
pas dans Thomme ; elle n'existe qu'en Dieu. Le bien,
c^est ce qui est conforme aux volontés de l'être in-
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( 3*7 )
fiaiment parfait r 1^ m^ % ce qui leur esjt coAtraire.
Or , comoieat l'homn\e aurait-il connu de lui-même
les volonti^s divines? La morale résulte donc des pré-
ceptes , et Dieu seul a pu être Fauteur des préceptes.
Cette vérité n'a pas été inconnue des anciens , même
dans le paganisme. Cicéron aflirmait que la m^orale ,
et les lois civiles qui en dérivent , ont une origine
divine ; et en cela il oe faisait que suivre Fancienne
tradition , qui enseigiwût que les dieux avaient conversa
avec les premiers hommes ^ qu'ils leur avaient donné
des préceptes et des lois. Ici » Messieurs ^ la vérité
vous apparaît dans tout son jour à travers le nuage
transparent interposé par le polythéisme , qui attribuait
à de fausses divinités ce qui , d'après la tradition pri-
mitive consignée dans nos livres saints y a été réelle-
ment opéré par le vrai Dieu. »
:^ M. Arthur Beugnot « dont toutes les publications
tendent plus ou moins directement au but précieux de
Futilité générale , a fait hommage cPune brochure sur
ks inconoéments dès Banques de prêts sur gages. M. Le-
pasquier, rapporteur, a trouvé les inconvénients fiort
graves, et établis par une suite die raisoimeménts tris
bien enchaînés , formant une théorie dTautant pfus in*
téressante que c'est le premier ouvrage publié en France
sur ce genre d'établissements. Mais , malgré toute la
eonsîdéraÉioa qu'il aiaie à professer pooR ks talents,
dis^ngués de l'ai^ur, il aiiraîl désiré qve la ihéork
eût étë^accompagnéed'onf série dé rtfsQltals qfânériifiieiL
tirés des opérattoqs des maisons de prêts , arec Fiadirr
cation des moyens capables de i^mener à sa destina-
tion priipitive de bienfai^Qce une institution, que
ViudiÔérenjCe administrative a rendue si dangereuse
pour les mœurs , et la cupidité si ruineuse pour ceux
même qui sont le prétexte de la charité.
44-
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(34«)
= Une voie de oommunication littérttre d^aii grand
intérêt vient de nous être ouverte avec l'ancîeime Scan*
dinavie. M. (e docteur Rafn , secrétaire de la Sociélë
royale des Antiquaires du Nord , a transmis de Copen-
hague à TAcadémie des documents de plus d^un genre
sur les antiquités des contrées boréales « qui peuvent
mettre , par correspondance , la Nprn^andie à portée de
remonter à ses anciens titres de famille , et qui prouvent
que le génie de la civilisation rallumait son flambeaii
9U milieu des glaces du Nord^ quand tout paraissait
avoir pour but principal de Téteindr^ sous le plus
doux ciel de TEurope.
M. A. Le Prévost a déchiffré tous ces documents
diatns un rapport qui lui-même est un excellent ou-
vrage , par les développemec^ts qu^il contient et par
la traduction que notre confrère a eu te courage de
faire de$ monuments historiques que l'activité de son
zèle a su lui procurer. ( Imprimé à la suite. )
En terminant cet article des membres correspoo-
dants, c^est un devoir et un besoin pour la Com-
pagnie d'adresser Thommage de sa reconnaissance aux
Académies et autres Sociétés dont elle a reçu les pré-
cieuses communications (i).
Membres R£sinAirts.
s M. Langiois « qui , Tan dernier , traça la notice des
talents divers et des vertus sociales de feu M. Marquis ,
a fiiit cette année revivre son image dans un portrait
lithographie.
" = Le Code de la chasse , de M. Houel^ a ol&rt à M.
'Adam un excellent choix de tout ce que la jurispru-
dence a pu fournir ; bonne distribution de tout ce qu'il
(i) Voir» 4 la fin da f«lame , U Liste, «▼€€ les noms des iiffoitM».
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(349)
y a de valablement utile, rien de trop, style ptip^
expression propre , un petit livre ; et , dit M. Adam ^
c'est là son mérite.
^ M. A, I^e PreQ^ a prodiiit un lUcueît dj^ (ficlques.
Manun^nt^ du dëpartemeat de TiiSure , extrait de la
Société des antiquaires de la Normandie , et un mém
moire sur Iq ch4ssê de & Thaurin , fk Effreux. Ce xiiémoire
paraît avoir reipis eq évidence la châsse du saint , oubliée
daqs relise qui pqrte son nom, M. Deville en a si-?
gnaié toqt ce qqi peut être aMthentique sur la vie de
S. Thaurin, dragée de ses faits et gestes énumérés dan%
le recueil fabuleux des l^endaires ; et, après avoir exposé
sommairement la description du reliquaire « exécuté
en ia55 par Tabbé Gillebert de St^artin, il en a pris
occasion de certifier Texbtence dans notre ^lise prin-
cipale d^un monument de ce genre à peu près de
même date , peu inférieur, sous le rapport de Part , au
précédent, que Ton -croyait unique en Normandie ^
mais qui l'emporte de beaucoup par la célébrité ; c'est
la châsse primitive de S. Romain , que tous les his-
toriens regardent comme brisée en i56s par les cal-^
rinistes , et que , d^une autre part, on croyait détruite
par le vandalisme de 1793. Un examen approfondi de
MM. DêQiUe et Ltmglois a réfuté toutes ces erreurs ,
et constaté l'identité de cette châsse avec Tancienne*
« Des recherches ultérieures m*ont convaincu , dit
« M. Deville , que c'est le même reliquaire qui a
« échappé à la fureur des calvinistes en i56a. A
« dâaut de preuves hbtoriques, le style seul suffirait
« pour la faire remonter au i4* siècle , et même an
« lî*. »
s= M. Tabbé Gossier a présenté des considérations
morales contre la distribution des jetons dans les
SociAés savantes et autres, « C'est faire injure , dit-il ^
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(35o)
(T ^ la nature de l-homme , que Ton d^ade et ca»
«« lomnie partout où on l'attire au devoir par un autre
«r motif que l'honneur, » Et, après uqe longue sûtede
raisonnements tendants tous a prouver que llionnear
peut être , 3i quelques exceptions près , le seul moUle
de toutes les actions humaines bien dirigë^es , M. Gosôer
fait l'application de sa théorie à rhomme dans b
plupart des situations importantes de la vie , sans ea
excepter le beau sexe ; et « ce serait une erreur de
u croire que le sentiment dlionneur est de trop haut
<f lieu , pour ne pas se communiquer , même aux classes
« les moins élevées* «t
=: Dans une diss43rtation sur les propriétés mosicales
de la langue anglaise « le même M. Gossier a cherché
à établir , sous ce rapport , la supériorité de cette langue
sur U nôtre « d'abord par la consUtution monosyllabique
des mots an^is , qui donne au vers une mao^e
turellemeut sautillante ; en second lieu , par les
vénients de notre e muet pour le compositeur de musiqnet
U a poursuivi cet e jjusque dans la facture du vers »
OiUf jpuant le rôle d'hermaphrodite , dit-il, il est tantôt
inuet f tantôt parlant^^ Une syllabe de plus au moyea
de Ve qu'on appelle muet , dans nos vers féminins»
n'offre à M. Gossier, dans la marche de la poésie
française , que l'allurê d'm^ baàeux..*^— Pour iaire dis-
fiaraître tant de bîïdrreries, notre confrère propose
donc d'éliaiiaer le son. de Ve muet „ non seulement de
U finale du vers ,, mais même du corps entier des
alcxai«dri«3 , ^ R^c la se trouveraient souvent réduits
à la mesuve anglaise de dix syllabes , avec tout Tagré-^
ment de la variété dans le placement des césures.
=s A la suite d-un rapport sur la bvocfamti de M«
Baudouin ,, cooi:ernant la. méthode Jacotot , M. I^ <
développé ,. dans ua i|iénu>ice d'une gp^nde éiendoet
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(35i)
»oa opinion particulière sur cette mëthode. D^abord
il a expose tous les motifs de {^opposition qu^elle ren^-
contre , et quHi voit , en partie , dans l^originalitë des
axiomes et du style du réformateur, dans les fausses
interprétations de sa manière d'instruire , qu^on a
voulu pratiquer sans l'approfondir ; dans les préjugés
ordinaires contre tes améliorations , toujours combattues
par Fintérét de la routine et par de vaines modifia
cations , calculées pour retarder Tinstruction publique ,
sous le prétexte de l'avancer. M. Lévy explique ensuite
le fonds de la théorie et de la pratique du maître dans
les applications les plus ordinaires et les plus utiles :
il fait voir que la marche du système qui fait tant
de bruit n'est que la simple analyse adaptée h l'étude
des langues et aux arts d'imitation , les seules appli->
cations dont la méthode Jacotot lui paraisse suscep-
tible. Quant aux axiomes, qui mènent au ridicule et
à l'absurde , M. Lévy les abandonne h la critique ,
s'ils peuvent en valoir la peine ; et il se renferme dans
un éclectisme qui paraît trés-raisonnable , de ce qu^: la
doctrine , qui n'est véritablement guère nouvelle que
dans quelques-uns de ses modes , offre d'avantageux
dans la pratique bien entendue.
=3 Dans l'examen d'un ouvrage sur l'industrie na-
"tionale , M. HelHs a présenté des considérations tendant
toutes a substituer cette noble émulation qui éveilte
le génie , à cette orgueilleuse confiance qui ne sert qn'è
l'endormir. Il trouve inexactitude et prévention dans
la comparaison de Tépoque industrielle où nous vivons ,
avec le grand siècle de Louis XIV ; il ne voit dans
l'industrie qu'un accroissement de richesses et des com-
modités de la vie , mais sans illustration. Carthagé
et Venise furent célèbres plutôt qu'illustres. Le temps
a enseveli l'industrie d'Athènes 5 et Homère se présente
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( 35a )
encore a nous avec toute sa majesté , sans aucune
idée de l'industrie. L'industrie française paraît à M.
Hellis 9 en bien des points , au-de^us de celle des
autres nations ; et il en atteste le système prohibitif
de nos douanes , la finesse des métiers et des tissus
tirés de l'étranger , l'empressement de nos dames à
se disputer la dépouille abandonnée d'un turc ou d*iin
persan. Malgré les savantes théories et les expériences
de nos agriculteurs au sein des grandes villes , notre
agriculture lui semble laisser encore beaucoup à désirer
pour être au pair de celle de nos voisins ; et nos
machines h vapeur l'effraient par les désastres quVUes
causent dans des mains encore inexpérimentées. Toute-
fois , M. Hellis reconnaît avec plaisir quelques amélio-
rations dans plus d'un genre.Cest l'exagération des éloges
qu'il improuve , et non le sentiment patriotique qui
les a dictés, et qu'il partage.
Ces réflexions sur l'industrie conduisent Tauteur
au projet du monument à élever, par souscription,
dans nos murs, h Pierre Corneille. Un journal de
Paris avait dit , dans l'annonce de la souscriptioo ,
que rien ne rappelle à Rouen le souvenir de Pierre
Corneille , et que la Société d'Emulation avait pris,
à cet égard , une honorable initiative. M Hellis re-
pousse d'abord ce reproche d'indifférence générale ^ par
les monuments que l'on voit au Théâtre , au Musée «
à l'Hôtel-de-Ville , dans les édifices publics et parti-
culiers, jusqu'à la façade de la mabon qui fut k
berceau du grand homme. En second lieu , quant à ce
qui pourrait ici insinuer une accusation dHndifEi^«ace
contre l'Académie , M. Hellis oppose le vote d'une
statue h l'honneur de Pierre Corneille , par l'Académie .
et il ses frais , en 178^ -, et le beau tableau qu'elle vient
de faire exécuter par M. Court , et qui a fait naître
ridée de*la souscription actuelle , h laquelle TAcadémie
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( 353)
ctolriboe encore pour une somme égale h celle de Ifk
Société qui iigure honorabiemeot dans Tenlreprise* Au
|ur|yliis , sans disputer aucunement Tinitiative de la
souscription , « sHl peut y avoir ici quelque appareq(;e
« de rivalité , conclut M. HelUs , étant toute h la gloire
« du^and homme , elle prouve encore que les Bpu^nnais
V sont loin de mériter le reproche d'iad^fiférence , et
« surtout TAcadémie, »
= M. Duputel a aussi présenté des notes qui tendent
i établir la même vérité par des faits ég^lemeAl '\J^
contestables, .
s M. B(Min ^ fait au Bef&pi de Rouen une visite utile
à rhistoire , par la notice qu'il a donnée de ce monu-
ment. D'abord, sur Tinscription placée au bas de Tesca-*
lier, au lieu de Bel/enges écuyer^ suivant Pommeraye ,
il a lu seulement Belleygues; au lieu de Lemier^ Leroux; au
Heu de i387, époque du commencement de la bjiti^se
suivant Fauteur des JLetires sur Rouen , 1.389. D'un ^utre
côté , ce dernier présun^e , avec M. Periaux , que la
cloche actuelle du beffroi serait Tancienne RemhoL Mais ,
suivant Pommçraye , la Rembul fut confisquée par \e
Roi, en iSgo, a cause d'une émeute populaire do^t
elle avait été rinstrument « et M. fialiin conclut du
fait de la confiscation que la Rembol ne pouvait âtre dans
le beffroi à peine commencé. En outre , la cloche con-
-iisqnée fut donnée par le Roi , dit Pommeraye , aux
panoetiers de la cour ;.et ceux-ci n'ont pas dû renoncer
à an don royal. 11 est vrai que les Rouennais réclamèrent
auprès du Roi ; mais on ne trouve aucune trace d^s
^âuites de leur réclan^ation. Un suppose que les panne-
tiers l'auront revendue, qu'elle aura été tratisférée du
lieu appelé Massficre , où elle était d'abord t dans le
bellrpi actuel , ot qu'elle aura porté le nom de cloche
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( 8S4 )
d^argeUt , c6mme ayant été payée en cette monnaie.
Mais rien de tout cela ne peut établir que la cloche
actuelle sotl Tancienne Rembol , car Tinscription lue par
M* Ballin porte le nom de Rouuei. La RemboidL donc dis-
paru ; autrement ce serait un faux nom qu'on lui aurait
donné. Après tous ces arguments , notre confrère aban*
donne sagement toutes les questions sur la cloche , aioi
conjecturcurs , trop communs en fait d'histoire.
s: L'Histoire du Château - GeMard ^ par M. Be^iUe ,
^st un beau monumeqt élevé b la gloire des lettres et
des arts , et qui a trouvé dans M. A* Le Preoosi un
rapporteur capable d'en apprécier tout le mérite. Il
serait difficile d'ajoutée aux éloges quHl en fait , et notre
analyse lui ferait un tort qu'il a craint lui-même de faire «
par l'analyse , h l'ouvrage. Laissons lui la parole.
« Il y a un trop grarld nombre d'ouvrages qui sont
facilement dominés par la critique ; il y en a d'autres
qui la dominent. Voltaire dit quelque part que s'il
était obligé de composer un commentaire sur Racine)
il ne trouverait d'antre moyen de s'en tirer que d'écrire
au bas de chaque page : beau , harmonieux , admiraUel
Vous m'avez placé h peu près dans la même situation «
c*n me chargeant de vous rendre compte du magni-
fique volume dont notre confrère vous a fait hommage*
C'est un travail si heureusement conçu , si habilement
et si consciencieusement exécuté , entouré de tant de
charme et de séductions , que la plume d'un ami surtout
se refuse h le décomposer pour ne nous en offrir qu'ooe
aride analyse. Aussi aimons-nous mieux nous borner
i vous peindre quelques-unes des impressions que sa
lecture a fait naître en nous , que de vous présenter^
soit des lambeaux morcelés , soit un squelette décharné
d'une si savante et si brillante composition.
« Notre confrère Ta dit arec raison , Messieurs i il J
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( 355 )
^ dans les annales de notre province deux faits capitaux ,
deux faits devant lesquels s'inclinent tous les autres :
sa cession aux hommes du Nord en 912 , son retour
au domaine des rois dje France , trois siècles plus
tard. Le premier de ces événements est enveloppé de
ténèbres que tous les efforts de la science ne pourront
jamais dissiper ; le second , intimement Ké b la capi*-
tulation du Château; Gaillard , n'était lui'^méme que
bien imparfaitement connu jusqu^à Tépoque oi!i IMF.
Deville est venu éclairer ce monument du triple flambeau
de rhistoire, de Tarchéologie et des arts. Pour con-
cevoir toute ^importance deis souvenirs attachés à la
prise du Château-Gaillard , ce n'est pas assez de se
rappeler cçt antique boulevard de la Normandie étalant
ses pittoresques débris^ au milieu de Tun des paysages
les plus gracieux que puisse offrir le bassin d'un grand
fleuve ; ce n'est pas assez de se représenter les plus
braves guerriers des deux armées épuisant II l'envi^
dans la lutte terrible qui s'établit sous ^es remparts,
tous les exploits de la vaillance chevaleresque du
moyen âge , toutes les ressources d'une tactique per-
fectionnée sous les murs de Bysaff^ce et de Saint-
Jean-d'Acre , il faut encore se dire que , sans la prise
de cette forteresse , l'Angleterre restait colonie nor-
mande et la France risquait fort de le devenir.
Et ce point de. vue politique , que M. Le Prévost
a fait surgir d'une observation de M. Deville , il cherche
à l'établir par la souverai^aeté presque nominale des
rois de France , k cette époque , par la supériorité
d'étendue , par l'industrie et la soumission des pro-
vinces appartenant à. nos ducs , et par le grand avan-
tage pour eux , d'avoir , au besoin , une retraite tou-
jours ouverte au-delà des mers..«.. , d'où il résulte ,
suivant M. Le Prévost, que tôt ou tard l'Angleterre
jurait consommé, une conquête qu'auraient bien pu
45.. .
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(356)
faire , au i5« siècle , mais jamab maintcn r , les sacce^
seurs de Richard , devenus purement anglais*
Après cette digression , revenant à Tauteur : « Oa
éprouve le besoin , dit M. Le Prévost , de savoir par quel
concours de soins habiles et de circonstances heureuses
le roi de France panript sitôt ^ planter, à son tour^
Tétendart des lys sur ces murs orgueilleux » qui auraient
pu braver , pendant plusieurs siècles t les armes de ses
successeurs , de connaître tous les faits d'armes qu'ils
ont vu s'accompHr pendant quatre siècles , les royales
captives qui ont gémi sous leurs voûtes, les souveraim
qui les ont visités , de se rendre compte des événements
qui ont couché sur l'herbe des coqstruclions aussi
durables q^e les ouvrages de la nature , des souvenirs
qu'on peut ratUcber à chacun de leurs débris , des
impressions qu'ils éveillent dans Iç cœur de l'artiste
et du poète. Eh bien , Messieurs ! toutes ces questions
de la génération la plus inquisitive qui ait jamais existé «
JM, Deville y a repondu. Tout ce qu'on peut apprendre
sur le Château-Gaillard , en fouillant dans la poudre
des archives et des bibliothèques ; tout ce qu'un examen
attentif en peut faire voir sur place ; tout ce qu'il
peut fournir d'inspirations à une ame rêveuse et tendre ,
vous le trouverez dans son livre , exprimé tantôt avec
ta plume de Tétrivain i tantôt avec le crayon du litho-
graphe , tantôt avec la pointe du graveur. Jamais on
n'a , même en Angleterre , fait si complètement , si
consciencieusement fait le tour d'un monument. On
serait tenté de croire que cinq ou six personnes au
moins ont concouru à l'exécution de cet ouvra^; Il
seiî^it facile de vous les signaler toutes > et le vieux
bénédictin qui avait lentement amassé les matériaux i
et rfaistorien judicieux qui les a habilement disposai
et l'archéologue du lo' siècle qui a su cttscuter les
ipoipdres débris avec une sagacité qui n^avait pas été
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( 357 )
accordée aux Mabillon et -aux Monlfaucon , et l'artiste
qui a reproduit avec tant de charme e,t de (inesse ,
non-seulement des aspects enchanteurs , mais jusqu'à
de§ cfiarted et dfcs sceaux , «t rhamme d« lettres qui
a tëin étnly^IH de son takm de rédaction , et sut r«aie
du^el àûcaHi «ouVenir du raoyeii lige ne saurait passer
saris; en tirer des 9oflS harmonieux. Noos n^en finiriofts
pas «i rtOiis prétendions ♦ohs indiquer tout oe t^u^'il y
a éans tsettê magnifique étude ; nous ne tous meus
pas encore parlé du fou^u*3Uit ptéiat qui y jette aa
crosse au milieu des travaux guerriers de Richard , et
qu'il faut désintéresser par d'immenses concessions ;
mais, nous vous en avons prévenus , en commençant ce
rapport , Messieurs , il ne faut point chercher à analyser
les ouvrages de M. Deville , mai^ les lire en entier
et le prier de nous fournir tous les ans Toccasion de
lui oflOrir les mêmes tributs (f éloges et de remerciments*
= M. Fossé a rendu compte du tome i*' de VEcho
poétique des Départements , en écartant d'abord les pièces
composées par les dames , parce qu'il a cru plus galant
de n'en point parler. Il à àUssi gardé le silence sur
une épttre de MM. Barthdéàiy t*t IVlé^y , publiée sans
leur consentement , malgré son admiration pour leurs
vers , lorsque la muse romantique ne leur tourne quà demi
la tête, M. Fossé a trouvé une assez bonne élégie
dans la Jeune Mère mourante ; et , dans les Ruines,
du château de Monfort VAmaury, une assez bizarre com-
position d'un poète qui , avec du génie , mais san^
goût et sans principe de langage , prétend faire école
et s'ériger inconsidérément l'Ërostrate des siècles de
Périclès , d'Auguste et de Louis xiv. Ami de la vérité ,
qui seule peut servir, il porte sur ces deux dernières pièces
Toeil scrutateur d'une critique franche , rarement sévère »
mais toujours fine et piquante par la tournure des^
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( 35»)
idëes et la précision du style ; et il a termine en qobs
rassurant copire Tinvasion de la barbarie littéraire.
s l^Ure à i'amUié ; à mes ckers, Coilègues , les êocr
ieurs Godejroy^ Flaubert et Burel, qui m'ont prçdigii4 Um
soins dans ma dernière maladie. Tel est le titre et la
dédicace d'une pièce de ver$ lue par M. le doctev
Vigne , et qui prouve encore \Mie fois que Texpressioii
de tous les, sentinuents honnêtes se trouve qatureUenieil
sous la plume de Tauteur.
Amitié , qae tes lois ,
Qae tes nœads ont de charmes !
Que d'ennais et d'alarmes
Fait cesser h la fois
Le doQx son de ta Toix !
Tu fus toujours sensible
Au moindre de nos vœux ,
Et , pour nous rendre heureox ^
11 n*est rien d*im possible
A ton cœnr généreux.
Par de ?aines promesses ,
Par de feintes largesses ,
Xu ne pourrais trahir.:
Tes offres sont certaines ,,
Et si tu nous enchaînes
C'est pour mieux noqs ser?îr«
Amitié que j'implore ,
Acquitte mieux encore
La dette de mon cœnr ;
Veille à leurs destinées ,
Accorde à leurs années
La paix et le bonheur !
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(359)
^ M. Delaquériére a lu un Mémoire sur quelques
mdquités de la ville de Rouen , et sur le cuir doré»
s M. P. Pimont a fait hommage d^une lettre au-
tographe de Fontenelle , sous la date de 1 7^9 9 adresser
i uo des parents du donateur.
= Â IVpoque où nous allons recevoir dans notre
enceinte la décoration d'un tableau précieux h Thonneur
de P. Corneille , exécuté avec tant d*ari par un des
premiers peintres du siècle f notre compatriote et con-
frère M. Court p M. Duputel a voulu mettre , sous le
rapport de l'illustre personnage , la bibliothèque de la
Compagnie enharmonie avec la salle des séances» En
conséquence , il a fait hommage des œuvres complètes
des deux Corneilles, édition précieuse et rare de Joly,
en 19 vol. in-12. L'Académie a reçu cette offrande
avec des témoignages unanimes d'une reconnaissance
bien méritée. Car c'est par cette voie de donation que
s'était formée la riche bibliothèque qu^elle a perdue ;
et l'initiative de M. Duputel^ a paru digne de la
mention la plus honorable. L^ouvrage qu^il a donné
porte en tête du 1'^ vol. le nom du donateur , avec la
date de Toflirande.
= Un Essai sur ies Monts-de-Piélé , qui ne doit pas
échapper aux méditations des administrateurs écono-
itiistes , par M. Ang. Lepasquier , a été destiné à l'im-
pression dans le précis de cette année*
== Même destination a été donnée h des Réflexions
de M. Floquet sur un passage de M. Taschereau , dans son
histoire de la vie et des ouvrages de P. Corneille;
A Bossuet inspiré par les livres saints , sorte de
dithyrambe en prose , du même auteur , qu'on pourrait
dire inspiré lui-môme par fiossuet ;
£t au Rapport de M. Aug. Le Prévost , surles documents
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f 36d )
historiques roças de la Société royale ieê Antiquâres
du Nord.
c Un ouvrage voiumioeux , tratvaU péoible i'sm
grand nonibre d'années , d'une utilité perpétuelle pour
l'Académie , dont la seule entreprise a élé un giaad
acte de dévouement, et rachèveraent une preuve de
constance infatigable , c'est le Tableau hibUographiqÊt
de tous les Mémoires de C Académie de Rouen , depuii
1744 jusqu'en 1829 , offert celle année par notre
honorable vétéran M. P. Periaux» Cette vaste com-
position , immense par ses détails , où les articles sont
r^ulièrement classés par ordre de matières et de dates,
^vec les noms des auteurs en regard ^ a été soîgneuse-
xnent revue avec l'auteur , par notre confrère M* Ballin.
M. Periaux ayant ^dmis M. fiallin au partage des
honorables remercîments qu'il a reçus et bien méritéi
de l'Académie , l'Académie a fait aussi à ce dernier um
bppoe part dans les témoignages de sa reconnaissance.
Paix PBOPo^ POiMt i83i.
L'Académie royale de Rouen propose ^ pour lé
concours de i83i , le sujet suivant:
« Hûblir un parallèle entre louées les expé^ons contre
Alger et celte qui nous en a rendus mmtres. »
Le prix sera une médaille d'cNr de la valeur de 3oo fr.
Les auteurs mettront en tôte de leur ouvrage ont
devise , répétée sur un billet cacheté, dans lequel ils
feront connaître leur nom et leur demeure. Le billel
ne sera ouvert que dans le cas où f ouvrage aurait
obtenu le prix.
Les Académiciens résidants sont exdos du concoors.
Les ouvrages seront adressés , francs de port . à M.
N. BiGNON , Secrétaire perpétuel pour la Gasse desBdkf'
Lettres p avant le i*'^ juin i83t , terme de rigueur.
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(36.)
MÉMOIRES
i>ONT l'académie ▲ BÉJalBÉKi l'iMPRESSION Elf
EXfXIER DAlfS SES ACTES.
E$3AI
SOI fclt
MONTS-DE-PIÉTÉ;
Par HL. A. Lepasquieb.
Sous l'empire de notre aqcicnne législation , il nVtait
point licite à un capitaliste de prêter, h ua intérêt
modéré , une somme d'ai^ent à Tagriculteur , au cqm-
inerçant , à Partisan , dont ce prêt pouvait contribuef
h développer l'industrie, en lui procurant de$ profits
considérables. £n vain quelques jurisconsultes d'un sens
droit, quelques économistes éclairés (i), avaient-ils, en
difTérentcs occasions , élevé la voix pour justifier ces
sortes de transactions ; elles demeurèrent prohibées jus-
au" à Tépoque de la promulgation de la loi du 5 octobre—
3 novembre 1789.
Les théologiens , les casuistes se fondant sur une
interprétation peu réfléchie de quelques passage^ de
l'Ecriture , condamnaient aussi , en thèse générale , le
(1) Diciionnaire des Science^ f article Usure ^ lomt 17, page Sag,
f AtioD de Neofch^ui* M^moirt de Tiugot , présenté au cooKii d*£tat
«•n 1759,
46
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prêt h întéFrét qui ne dérivait point d'uAe constitiition
de rente. Us ne le toléraient qu'autant qae le prêteur
se trouvait placé , par rabandon de son capital , dans
Fune des deux circonstances quHIs indiquaient ainsi:
-Lucmm cessons , damnwn emergens (i).
Et cependant, chose incroyable peul-étre si Ton
ti^avait déj^ tant d'exemples des ihconséquences de Tes-
prit humain , les uns et les autres appronvaient, en
même temps que le législateur en autorisait et en pro-
tégeait rétablissement , i:es banques publiques de prêts
sur gages connues sous la dénomination de Hl^onts-
de-Piété , qui , sans courir le moindre risque de dom-
mage , exigeaient des emprunteurs une rétribution qui
peut paraître excès^si^e.
Recherchons d'abord quelle a été Torigine de ces
établissements ; nous examinerons ensuite quels en peu-
v<mt être, de nos jours, les avantages et les inconvénients ,
'et nous fâcherons d'indiquer , du moins en partie , les
Modifications qu'il paraîtrait utile d'y introduire.
'l)ans les premiers temps de la république romaine «
l'intérêt de l'argent fut porté souvent à un taux exagéré
qui rendait extrêmement déplorable la condition des
emprunteurs (à). Vainement chercha-t-on , en plusieurs
circonstances , & le modérer par des lois ; ee but ne
^e 'trouva jamais complètement atteint. Les causes en
sont indiquées dans les deux derniers chapitres du H*
vre al de VEsprU des Lots , avec toute la force de pensée
qui fait le caractère distinctif de cet admirable ouvrage.
Ainsi l'usure jeta , dès-lors , en Italie , de profondes ra-
cines que, plus tard, les Empereurs firent aussi d^ino-
tiles efforts pour extirper.
(i) Dictionnaire des Sciences . tome 17 , pa^e 53S«
(i^ Il en résttlta même quelqoefois «les trdublet dans l*£ttl» Voyci
TiU Live, livre 2, no 23 , an de Rome 260.
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( 363 )
Dans le moyei^ âge , de nouvelles cûrcoostances con«»
l^ribuant h lui dpnuer le plus funeste dëveloppement ,
<;lle y causa la désolation et la ruine d^un grand nombre
4e familles. Ce pays ^ ct^lèbre par tant de souvenirs y
se trouvait alors divisé en plusieurs petits états , oik
s'agitaient des factions rivales et que déchiraient sou-
vent des guerres civiles. Placés dans une pareille si-
tuation, les peuples, les grands t Us pripces eux-mémçs,
se trouvaient fréquemment expps^s à de pressants besoins
dWgent qu'il fallait satisfaire à tout prix., Le^ i^^uriers,
i^nt le npmbre s'était accru par les émigrations dei
Juifs expulsés à cet(e époque de qi^elques contrées dç
r£urope, savaiei)t profiter de ces. circonstances difficiles ,
et la faiblesse des gquverixement^ ne leur Ui^sait point .
le pouvoir de réprimer efffcar.emçnt ces n|anœuvres cri-r
minelles. Toutefois leurs auteurs se voyaient souy^i^
exposés à des châtiments exemplaires, et Tignominie était
llcvenne leur partage ; mais cet état de choses ne les
rendait que plus ardents à s'indemniser , par dVnormea
profits, des risques et. des humiliations auxquels ib der
meuraient exposés.
Dans une des villes op ils avaient singulièrement
multiplié le nombre des victin^es, ou les pa^ivres , après
avoir épuisé leurs dernières ressources , se voyaient
exposés à périr de faim et de misère , des citoyens
<:haritables , touchés de leur déplorable situation, réso-
lurent d'y mettre un terme : ce fut h Pérouse (i), verç
la fin du lS*^ siècle. En conséquence , ils formèrent ^ en
{i)Peruzia, ville ancienne, belle, et bien peuplée , dans Ta»! de
r£glUe , capitale du Péni^n.
Lin pMsa^e de Touvrage ayant pour titr^ : Jut canonicum univer-
sale^ dpnneriit à penser que, dès Tannée HB^, U avait été fondf
nn Mof»l-de-Piété à Fresingen, en Bavière.
46.
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(364)
commun , vA fonds assets ^coosidërable qni fut ^posë
ddris tfn bureau public où ceux qui manquaieM du
hécessâli^ étaient admis à emprunter de nkodîques
. sommés , sous la éeule condition de Idsser un.gage pour
1^ sûreté du prêt. Les comnl^çants ou autres ^ que des
circonstances iïiopinfées mettaient dans le cas de rc«
co^ir'ir h ieé emprutits pour * soutenir leur crédit , y
trouvèrent aussi des ressources $ mais , imlépendanimeat
idn gage de la somme emprunffée , ceux-ci payaient oo
modique intérêt représentatif des frais auxquels donnait
lieu la gestion de ce pieux établtMement. Il reçut le nom
de Marrée dl Pietàf en français, Mont^de-^Piéié.
A Texeitipte de Pérouse ^ plusieurs dçs principales
villes de Tltalie organisèrent dans leur sein de som-
blable>s établissements. Il s^en forma successivement à
Savone (i), en 17^9; ^ Gésène (a), à Mantoue (3j,
(i) Savond « grande et beUe rille de Vancien état de Gènes, patrie
du pape Sixte IV, qai donna une bulle, le 7 juillet 1749. relathe-
ment à rinstitution d*un Mont-de~Fiété en cette ville.
Quoique les Papes n* eussent aucune autorité tempprelie dans SaT»ne ,
non plus que dans Mantoue , les Monts-de-Piété n*y furent cèpe»-
dant institués qn*avec lenr assentiment On doit présumer qu*il ne fkt
jollicité qu^àtaispn àtÈ scnipales de conscience qoè purent fd^ aàttre,
dans l'origine , lei établissements de tttxit nature. Il faot senu^^vcr, à
Tappui de cette réflexion » qa*on trouve dans les bulles qui ^concernent
ces deux Monts-de-Piêté la formule suivante Ordinandi Mcn-
'iêm iHâtatis faCuUatem concedimus ; tânHu qu'au contraire ^a
bollei relatives aux Monts-de-''Piété 'dte villes de Chêne ^ de Bftb^»
et de Rome , dépendantes de l'Etat de l'Eglise, présentent cette autre
formule Jlujuêmodl Morids 'PietàiLf crediionèm âppro6am«i
et confirmamus,
(3) Cœsœna, ville de U Romàgne : labiinë du pape Innocent TIII,
relative au Mont-de-Piété de cette ville, p«(rte la date dû 6 'mai 1488.
(3) Mantaa^ capitale du MantoûâiA. La balle ^ coiskcfte le
Mont-de-Piété de cette ville a été ^aleteeJlt dbftnie par tniidcclic VIH ,
en 1488 j on en connaît le texte ^ nais non pas la date précise.
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( 365 )
il Parme (i) , en i488 ; Si Pa(]oue (a), en ligi \
h Florence (3) , en 1492 ; à Bologne (4) » en i5o8 ;
à ftome (5) , en i539 , etc. , etc.
Ces Monls-de-Piélé et ceux qui furent établis , ver^
le même temps , en d'autres villes dltalje , h des époques
qui ne sont point connues d'uqe manière aussi pr^-
Ct} ParmOf cs^îule du duché de ce nom. Le décret da 2a octobre
181 1, portant organisation du Mont-de-Piélé de cette ville, fait men-
tion de lettres-patentes du 18 janrier 1488, en vertu desquelles il avait
f té imiitaé.
(j) Il ne parait pas que rétablissement du Mont-dfr-Pîété 4« ctlU
ville ait été Tobjet d*aucune bulle. Avant de le former , les magistral!
avaient eu soin de consulter les théologiens et docteurs de rUoiversitc.
Ceux-ci répondirent qu'il était permis , sans contrevenir aux lois dé
TËglise, d* exiger des emprunteurs , selon le projet, quatre pour cent
par an fPour subvenir aux frais tfadmihUtraiion seulement,
(3) Les mêmes scrupules de conscience déterminèrent aussi les ma-
gistrats de Florence à soumettre à une assemblée de théologiens les bases
de rinâtitutiun du Mont-de-Piété , en ce qui concernait rintérét.jles
sommes empruntées ; ils le firent en ces termes Convejiiei%s est
ut officiâtes , ratione locationis operarum et induslriœ, periculi,
laborum etc., recepiant convenientem mercedem} ^uœritur an-
cipitas qliquo modo peccet 7
'Voici quelle fut la réponse :
ïlemanet conclusio finha quàd mens pîetatîs rtctè co'nstltutus
fst per communitàtem ; nec incurritur aliquod peccatum y àb ipsâ
4^el à prœsîâenlibus , eiiam veniale ; sed exercitur maxirha virtus »
imo reginavirtutum,charîtas Deietproximorum , ^
(4) Bononia, grande , riche et belle ville de Tétat de TEglise, ca-
pitale, du Boloiiais. La bulle du pape Jules II , relative au M ont-de-
Piété d^ cçtte yi^le, porte la date du 16 mars i5o6.
^5) La bulle relative à Vinstitutioa du Mont-de- Piété de Homte fut
4onnée par le pape Paul III, en iSSq, On n'en connaît 'point la. date
pfécbe. Cet «AaUissement « ohtepu, d'atUeursi par la taitt , de diveij^
poDtifes , d^utiles privilèges et d'importantes concassions, en i56q, 1S671
t58o, i584 et 1 585.
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( 366 )
cise (i) , ne tardèrent point en général à prendre nu
rapide accroissement. En i554 i '^ Mont-de-Piëté de
Vicence , exclusivement institué pour les pauvres , de-
puis quelques années ^ se vit dans le cas d'étendre ses
opérations aux négociants et aux autres citoyens. D»»
U vue de réaliser des ressources suffisantes , les admi-
nistrateurs imaginèrent d'ouvrir un emprunt, à quatre
pour cent par an , hypothéqué sur tous les biens de
rétablissement. Un bref de Jules II , sous la d^le do
8 janvier i555 9 approuva les statuts nouveaux rédigés
en cette occasion .^
Les mêmes circonstances firent prendre , peu de temps
après, aux administrateurs du Mont-de-Piété de Rome,
une semblable résolution , qui fiit également confirmée
par l'autorité du Saînt-Siége (2).
Cl) Aa nombre de ces villes il faat comptée celle de MîUn. Om
trouve le passage suivant dans un ouvrage publié depuis peo dTafinéei
CD italien y et traduit en français i la même époque.
« Il 7 avait à Milan un Mont-de-Piétc très riche » où ae conser-
vaient, soit gratuitement et 4 titre de dépôt, soit à intérêt, comse
nantbsement , de fortes sommes d*or et d*argent , des bijoux de la pbi
haute valeur » et différents autres objets de moindre prix. Selon Tusage
en Italie , une grande partie de ces dépôts formait la dot de pantra
dcmobelles, et s'y tenait en réserve par let parents iu^qn'ao «•■<■# du
mariage de leurs enfant* Cet établissement était sacré pour tops , bab-
aeulemcnt parce que c'était un gage de foi publique , mais encore parce
que la majeure partie des consignations appartenait à des personnes peu
favorisées de la fortune, ou \ictimes d'événements malheureux. « (His-
toire de r Italie, de 1789 à 181 4, par Botta; traduction française,
par Th. Licquet; tome ter, page 439- )
A en juger par cet extrait , il paraîtrait que certains Monts*dc-Piété ,
tn Italie , avaient encore une autre dotination que celle de prêter sur
nantissements, et qu'ils remplissaient, 4 certains égards da moins «
robjet de nos caisses d'épargnes.
Il est fait mention , dans le même ouvrage « d'antrea éCablitscmcatt
de ce genre , et notamment de celai qui existait à Vérone
(«) Bref de Grégoire XIU, en iSSo.
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( 36; ) •
Cependant rétablissement des Monts-de-Piétë, où il
ëtait ainsi perçu quelques modiques rétributions sur les
emprunteurs , avait , dès le commencement du i6*
siècle , alarmé les consciences trop timorées de quel-
ques théologiens. Ils qualifiaient d'usufaires ces sortes
tle prêts j et soutenaient qu'ils étaient en opposition
avec Tesprit de la religion et la doctrine de l'église. La
Question fut agitée dans le concile de Latran , et donna
lieu à la décH^ation de principes énoncée dans le décret
publié par Léon X , sous la date du 9 mai t5i5 (i).
L'an i553, le concile de Trente exprima aussi
une opinion favorable sur les Monts-de-Piété , qu'il
tomprit au nombre de ces établissements sacrés par
destination, dont il défend de s'approprier les biens
et les revenus (a) 9 et qu'il recommande à la sollicitude
des évéques. '^
Cet exposé sommaire indique assez que rétablisse-
ment des Monts-de-Piété , en Italie , fut déterminé par
les plus louables motifs. Il s'agissait de soustraire à
l'insatiable avidité de l'usure , les pauvres et les autres
citoyens que des circonstances imprévues plaçaient dans
tme situation difficile ; de leur créer des ressources tou-
jours disponibles dans leurs pressantes nécessités ; de
restreindre enfin l'intérêt des fonds qui leur seraient
prêtés , au taux strictement nécessaire pour couvrir les
dépenses inhérentes b chaque établissement , lorsqu'il
ne pouvait y suffire par sa propre dotation.
Ce fut parce que les Monts -de-Piété , en Italie ,
(1) BijiUe a de Léon X, paragraphes a, 4 ^ ^* Après s*ètre ouverte-
ment prononcé en favcor des Monts-de-Piété , ce pontife déclare exr.om-
noniéf tous religieux, ecclésiastiques et même laïques qui disputtraient ,
soit par parole , soit par écrit , an sujet de ces établissements.
(1) Analyse d^.s CpnciUs , par E. P. Richard. Paris , tome 2 ,
PHt 588.
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' C36a)
remplissaient admirablement ces conditions , qu^ils 0b-
tion^nt des suffrages universels , et que les peuples ut
pouvaient entendre , sans scandale ni sans murmure , seloa
les expressions employées par Lëon X , dans sa décl^
ration dç principes mentionnée ci-dessus , les Accma-
tions irréfléchies que dirigeaient quelques personars
tonire ces établissements.
Ce n'est point seulement au-delà des Alpes , qa'i
l'époque dont on vient de parler l'usure dévorait h
substance des peuples ; en d'autres contrées de TËiBropei
et particulièrement dans les Pays-Bas , ils étaient avssi
devenus ses tributaires. Vers le commencement du 17*
siècle , certain^ usuriers , connus vulgairement sous la
dénomination de Lombards^ y prêtaient habituellement,
avec l'autorisation du gouvernement (i) » au taux Je
ùtnte et trente-trois pour cent , Tinlérôt étant calculé
semaine par semaine » de sorte que. rempiunteur qui
déposait son gage entre leurs mains le samedi , et Tes
retirait le lundi , payait une quinzaine. Ils avaient sur
tout établi à Arwers , Bnuueiles , Gond , etc. y fe centre
de leurs opérations. Pour guérir celte plaie , un nomme'
Vmcesiaus-Cobergher y qui ^vait vécu plusieurs années en
Italie y proposa d'instituer dans chascune de ces villes,
un Mont-de-^Piété à l'instar de ceux doycU il avait étudié
les opérations et apprécié les bons effets. Il obtint de
l'archiduc Albert , gouverneur dç la principauté , une
ordonnance 9 portant la date du 17 mars 1618, ca
faveur de ces étabKssements qui s'oumrent bientôt au
public. Mais il ne put être réalisé , du moins en quantité
suffisante , des dons gratuits pour en'former la dotation ;
on y suppléa par voie d'emprunt : les chapitres , les
(1) E4it du duc Jean deBrabant, de t5ia; de PbiHppe le Beau» ^«
1499; d* Albert ci d'kabelle, de i6oo. (Ljrpœus,)
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(369)
monastères , les particuliers y versèreot des fonds au taux
de six et un quart ; aussi Tintërét des sommes que prêta
chaque Mont-de-Piétë dut- il être calculé h un taux beau-
coup plus considérable. Il s'éleva jusqu'à 5^tz^ pour cent.
Ces établissements furent approuvés par une assem-
blée consultative composée de deux archevêques y de
six évéques et de plusieurs docteurs , réunis à JVIalines ,
le i4 novembre 1617. Ils les déclarèrent, ce sont leurs
expressions , utiles à VEiat , commodes aux pauvres , et re~
commandables par les sentiments pieux et charitables qui en
étaient le principe.
Il paraît que le voisinage fit apprécier en France
Tutilité des Monts-de-Piété , et donna l'idée de les y
introduire. Louis XIII approuva les statuts de quelques-
uns. Bien plus , lorsque ce prince , par son édit de
février 1626 , institua les caisses des saisies-réelles ,
il voulut que chacune d'elles fît Toffice de Monl-de-
Piété , en prêtant aux pauvres , et généralement Si tous
ceux qui auraient besoin de secours , au taux du denier
seize (i) ; mais celte intention ne put être réalisée , par
des motifs dans l'examen desquels il serait trop long
d'entrer ici.
Au commencement du règne de Louis XIV , ce
prince se proposa d'instituer des Monts-de-Piété à Paris
et dans les principales villes du royaume , au nombre
de cinquante-hiiit. Le préambule des lettres-patentes
expédiées au mois de septembre i643 , dans la vue de
(f ) Dans les calculs d^intérèt de Targent , on entend par denier le
quotient dn nombre cent divisé par celui qui détermine Tinterèt produit
par ce même nombre cent. Ainsi , Tintérèt de cinq pour cent équiraot
aa denier vingt , parce que l^ := 10 • Tintérèt de quatre pour cent
équivaut au denier a5, parce que i^ =s a5. Le denier seize repré-
sentait donc un intérêt de six et un quart pour cent.
47
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(37o)
réaliser cette pensée , indique de la manière la plus
explicite les motifs qui l^avaient suggérée.
Mais le but que I^on sVtait proposé ne (ut point
atteint. Cb n^est que plus d'un siècle et demi après
que la capitale vit s^organiser un Mont-de-Piétë dans
son sein , en vertu des lettres-patentes du 9 décembre
1777, enregistrées au parlement le i3 du même mois.
L^hôpital général , au profit duquel devaient tourner
les bénéfices , demeura chargé de pourvoir aux (tais
de premier établissement , et fut autorisé à emprunter ^
dans ce but , une somme de quatre millions au taux
de cinq pour cent« L'intérêt des prêts demeura fixé à
deux deniers pour livre par mois | ce qui revenait à
dix pour cent par an ^ indépendamment des droits de
prisée et de vente*
Le Mont-'de-Piété de Paris , qui a , depuis lors , acquis
une extension considérable , continua sans trouble ses
opérations jusqu'en 178g (i). Le 9 octobre de cette
année , une proclamation du Boi ordonna quHI fût (ait
à tous dépositaires de linge de corps et vêtements dliiver^
qui s'y trouvaient à titre de nantissement , ta remise
gratuite desdits effets , lorsque la valeur du prêt n^ex-
cèderait pas vingt-quatre livres. ( Collection du Lomrt y
tome i" , page 170*)
Le ^3 janvier 1794 (4 pluviôse an a ) , une loi fut
(f> A cette même époqoe, (lasîear« villes d^ndant des pvonDcct
à*ArtoU^ àt Cambrêsiê, de Flandre et de Hainauli ^ ffritédiirnt
de« Munts-^e^Piété ddnt le maintien, confoime aux lettrea^fatcadM d«
1618, av^it élé stipulé par lea traités de i658 , 1668 et i6;8 » poitast
réunion de ces provinces à la France. U exûtait^ d'ailleus, de sem-
blables établissements en d'autres villes du Royaume ; un à Mais«îll< ,
créé par lettres-patentes de i6g6 ; un à Meti, créé par lettres-patente»
de 1774» etc.
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( 371 )
promulguée , portant que le linge , les vêtements , nippes ♦
habillements , hardes , outils , ustensiles de ménage «
et tous autres objets de première nécessite , déposés au
Mont-de-Piété de Paris ou en d'autres établissements
de ce genre , seraient restitués aux porteurs des re*
connaissances de dépôt, sans remboursement de Fargent
prêté , droits , ni intérêt. Celte disposition devait profiter
seulement , i^ aux porteurs de reconnaissances qui
n'excédaient pas vingt livres ; a® jusqu'à concurrence
de vingt livres , aux porteurs de reconnaissances qui
n'excéderaient pas cinquante livres.
Au reste , la loi du a3 janvier 1 794 se termine par
un article dont il paraît essentiel de rapporter ici le
texte ; le voici :
« Les comités des secours publics et des finances
réunis, feront incessamment leur rapport à la convention
nationale , sur la question de savoir s'il est utile au
bien général de conserver les établissements connus sous
la dénomination de Monts-de-Piété. »
Ce rapport ne fut jamais présenté ; mais , le 20 jan-
vier 4795 ( i«' pluviôse an 3 ) , il intervint une loi
analogue à la précédente ; elle voulait que tous objets
d*habiUement , couvertures et lits déposés aux Monts-
de-Piété et autres établissements de ce genre , dans toute
l'étendue de la France , fussent remis aux propriétaires
en cas d'indigence, lorsque la valeur du prêt ne s'é-
lèverait pas au-dessus de cent li\Tes. Le trésor public
demeurait chargé du remboursement.
Dix jours après, cette loi fut rapportée et le co-
mité des secours publics chargé de présenter à la con-
vention nationale ses vues pour en remplacer la bien-
faisance par un genre de secours plus utile et dont tous les
indigents pussent reccifoir l'application.
Il est facile de concevoir que de telles mesures légis-
latives durent rendre très précaire l'existence des Monts-
47-
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(370
de-Pi^té. LVmission du papier-monnaie et d^autres
circonstances inhérentes à la situation politique de la
France ^ interrompirent presque partout le service de
ces établissements.
Cet état de choses donna lieu bientôt à Touvertiire
d'un nombre considérable de maisons de prêt parti-
culières , qui se substituèrent aux Monrs-de-Picté. Elles
trouvèrent , si Ton peut s'exprimer ainsi , une clienielle
toute formée dans les classes inférieures de la sociâé,
en qui Thabitude d'emprunter pour sati:>faîre à des
besoins souvent frivoles , avait été en quelque sorte
imprimée. Biais ces maisons, dont toutes les opéra-
tions étaient dirigées par une infâme cupidité , ne tar-
dèrent point à reproduire tous les maux auxquels les
lettres-patentes du g décembre 1777 avaient eu pour
objet de remédier.
Il parah que , dans le courant de Tannée 1 797 , le
directoire ^ touché de ces maux , crut devoir chercher
Si les atténuer , en rétablissant une banque publique de
prêt dont les opérations eussent lieu concurremment
avec les maisons particulières ; cette concurrence pro-
duisit un bon effet , quoique l'intérêt des prêts se
maintînt h un taux fort élevé. Hnfîn le Gouvernement
consulaire conçut la pensée de réserver aux seuls Monts-
de-Piété le privil^e de prêter sur nantissement. Le 37
juin 1801 ( 8 messidor an 9 ) , le ministre de l'intérieur
provoquait auprès des administrations départementales
divers renseignements propres h mArîr cette pensée*
Enfin, le 6 fé\Tier i8o4 ( 16 pluviôse an la ), il fut
promulgué une loi portant ce qui suit :
n Art. i^^. Aucune maison de prêt sur nantissement
ne pourra être établie qu'au pn^ des poÊUfres , et avec
l'autorisation du gouvernement. »
C'est en conséquence de cette loi que fut réorganisé
le Mont-de-Piélé de Paris ^ par deux décrets en date
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( 373 )
des i3 juillet i8o4 ( 24 messidor an 12 ) et 27 juillet
i8o5 ( 8 thermidor an i3 ). Le premier de ces décrets
renferme , article li ^ \^ disposition suivante :
« Les préfets des départements adresseront , le plutôt
possible , au ministre de Tintérienr , pour être soumis
h S. M, en conseil d'Etat, des projets pour rétablisse-
ment et l'organisation , au profit des pauvres , des Monts-
de-Piélé dans les lieux ou il sera utile d'en former. »
Le 5 septembre 1804 (18 fructidor an 12 ), le
ministre de l'intérieur faisait connaître aux préfets les
principes d'après lesquels ils devaient se diriger pour
remplir le vœu de ce décret et de la loi du 6 février
i8o4 V dont le but principal consiste , disait-il , en premier
lieu , à remédier aux désordres nés de Vexistence des maisons
de prêt ^ et y en second lieu ^ h faire profiter exclusiçement
les pauQres des bénéfices qui pem^nt résulter des établisse-
ments à organiser sous le titre de Monts-de-Piété.
L'organisation de plusieurs Monls-dè-Piété a eu lieu
successivement depuis lors ; et, aux termes des actes
d'administration portant règlement sur ces établisse-
ments divers , les capitaux nécessaires à leur exploitation
durent être fournis, soit par les caisses municipales,
soit par les caisses des hôpitaux : elles furent en con-
sifquence autorisées à disposer , pour remplir cette con-
dition , de certains fonds qu^elles avaient en dépôt ,
indépendamment de ceux qui leur étaient propres , ou
même , en cas de besoin , à contracter des emprunts ,
xnais sans que les prêteurs pussent être admis au partage
des bénéfîces de l'exploitation , dans une proportion
quelconque. Cette restriction dérivait nécessairement de
l'article i*^ de la loi du 6 février 1804 (16 pluviôse
an 12), dont le texte a été cité précédemment , page 12,
et auquel un avis du conseil d'Ëtat , du 6 juin—*
s 2 juillet 1807 , a donné une interprétation non équi-»
yoque.
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( «74 )
Diaprés les explicalions qui précèdent , il est béi/e
d^apercevoir que les Monts-de-Piété ne se trovreot
point institués^ en France ^ précisëmcnt dam le même
but qu^ils avaient étë destinés à remplir , dès leur ori-
gine f en Italie. Ici on sVtait proposé de procurer au
pauvres les moyens d'emprunter à titre gratuit , on peu
s'en faut ; là on a cru devoir maintenir les àrvits à
prêt h un taux assez élevé, en affectant exclusivement
aux hôpitaux les bénéfices qui en résultaient ; ou plutât,
pour aborder plus franchement la question , pu a ré-
servé à ces é^blîssements le monopole du prit sv
Voyofis h quelles règles générales est soumis , dans
chaque Mont-de-Pîété , l'exercice de ce monopole.
lo Les prâts ont lieu sur engagement d'effets mobi-
liers, qui demeurent déposés , à titre de nantissement,
dans les magasins de l'établissement , et en échange
desquels on délivre «i l'emprunteur une reconnaissance.
2° La valeur des nantissements est appréciée par des
commissaires-priseurs , et le Mont-de*Piété prête jus-
qu'à concurrence des quatre cinquièmes du montant de
cette appréciation , s'il s'agit de bijoux d'or et d'ar-
gent, et jusqu^à concurrence des deux tiers seulement,
s'il s'agit d'autres effets.
3*^ L'intérêt des sommes prêtées , ou , pour mieox
dire , le taux du droit de prêt , varie dans les divers
Monts-de-Piété de huii à guùize pour cent. II est plos
communément fixé à douze (i).
(i)Cest U quotité du droit perçu dans les Monts- dc--Pîété de P^*»'
Lyon, Marseille , Bordeaux, Rouen, Lille, etc. Il est encoftsu"
ccptibte de s*accroitre , i» du droit de rente des nantissements cactf
de non-dégagement; 90 du droit dû aux commUsienDaires , lonfs •"
a employé leur intermédiaire pour erapruntob De telle aorte qnc €«ftai»
emprunteurs ne paient pas au Mont-de-Piété moins de quinte i *fOf
pour i;ent.
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(375)
4^ La darëe de chaque prêt est d'un an , sauf la
faculté laissée ^ Temprunt^ur , soit de dégager ses effets
avant ce terme , soit d'en renouveler rengagement à
la fin du douzième mois.
Dans le premier cas, le décompte du droit dû par
Temprunteur se calcule par chaque mois , et le mois
une fois commencé est censé révolu.
Dans le second cas , Temprunteur doit d'abord ac-
quitter le montant du droit dû pour Tannée , consentir
à ce que son gage soit soumis à une nouvelle apprécia^
tion, et payer , ^ Tinstant i la différence qui peut exister
entre la valeur actuelle de ce gage et celle qu'il avait au
moment de rengagement primitif.
5" Les nantissements dont le d^agement ou le re-
nouvellement n'a point eu lieu , à l'expiration de Tannée ^
sont vendus publiquement. Le Mont-de-Piété prélève
sur le produit de la vente les droits qui lui soot dûs |
Texcédant est remis à l'emprunteur , eu cas de récla-
mation faite dans les trois ans de la date du prêt :
passé ce terme , il est acquis k Thospice du lieu , et
versé dans sa caisse.
6** Dans les villes de quelque importance , des com-
missionnaires attachés au Mont-de-Piété , et distribués
en différents quartiers , reçoivent les engagements , réa-
lisent les prêts et opèrent les dégagements h l'égard
des emprunteurs qui préfèrent s'adresser à eux plutôt
qu'à l'établissement central* Us perçoivent pour leurs
soins une rétribution déterminée , qui accroît d'autant
les droits de prêt.
Voilà les principales dispositions que renferment les
règlements de tous les Monts-de-Piété légalement ins-
titués. Il était nécessaire de les retracer , avant de cher-
cher à indiquer les inconvénients et les avantages que
peuvent présenter ces établissements.
Les Monts*de-Piété n'ont point échappé à l'esprit
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(376)
dHnvestigation el de rëflexion qui caractérise l'époque
actuelle , et depuis long-temps dëj^ bien des préven-
tions se sont élevées contre eux. Toutefois il n'avait
été publié en France rien de spécial sur cette matière ,
lorsqu'en 1829 parut une brochure ayant pour titre :
Des Banques de prêt sur gages et de leurs mconoémads.
Cet écrit , remarquable par de judicieuses réflexions
qui annoncent une étude complète du cœur humain ,
doit être considéré comme offrant le résumé de tons
les reproches qui sont communément adressés à Fin*-
titution actuelle des Monts-de-Piété. Nous allons les
exposer succinctement :
i'^ Les MontS'de- Piété sont contraires an goftt da
travail , à l'économie t à l'esprit de propriété ;
2» Ils* offrent aux pauvres trop de facilités pour se
procurer de l'argent ;
S** Ils sont , pour les indigents , moins des banques de
prêt que des maisons de vente ;
4.^ Ils font naître des spéculations coupables sur les
reconnaissances délivrées aux emprunteurs ;
5<* Ils favorisent les vols et les soustractions firao-
duleuses ;
6^ Ils servent d'aliment à la passion du jeu.
Pour justifier ses assertions, l'auteur établit d'abord ,
par une suite de raisonnements fort bien enchaînés, que
les Monts-de-Piété doivent incessamment détourner la
plupart des individus de la classe ouvrière de chercher ,
dans les produits d'un surcroît de travail , les ressources
extraordinaires dont ils ont momentanément besoin;
de mettre , dans les temps favorables , une portion de
leur gain en réserve pour subvenir aux nécessités des
temps malheureux ; de s'attacher enfin à la propriété
mobilière , la seule h laquelle il leur soit en général
donné d'atteindre , et de contracter les vertus sociales
qui sont la conséquence de cet attachement : il
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tient ensuite qu'une fois conduits aux Monts^e-Pi^t^ 5
en rougissant peut-être, par la faiblesse et Timprë-
voyance , ils j retournent habituellement sans pudeur «
pour satisfaire le plus souvent de brutales passions (i) ;
que s'ils se voient placés dans un tel état de dénuement
et d'abandon qu'ils n'aient d'autres ressources que
d'engager au Motit-de-Piété leurs effets les plus né^
cessaires , et aux conditions tes plus onéreuses , c'est
un indice presque certain qu'arrivés au dernier degré
de la misère , il leur sera impossible , dans le courant
de Tannée , de retirer leurs gages , dont la vente de-
viendra dès lors inévitable 5 qu'enfin cette impossibilité ^
commune à presque tous les emprunteurs » a naturelle^
ment suggéré aux usuriers l'idée d'ofïrir à ceux-ci de
leur compter , en échange de leurs reconnaissances , le
montant de la valeur de leurs effets , et que ces offres ,
dont une impérieuse nécessité détermine l'acceptation ,
sont la base du plus infâme trafic. L'auteur démontre
enfin que les Monts-de-Piété présentent toutes sortes de
£aicilités , aux voleurs pour dérober à la police les traces
de leurs larcins et pour les convertir immédiatement
(1) On troare le passage saÎTant dans ane nutice conceraant le Mont-
de-Piété de Lille ( Mémoires de la Société royale de Lille , page 670,
i8a9. )
« Un homme chancelant sort de la tayeme; il dit à sa femme en
baibntiant , mais arec calme : Tu iras chercher ma peste, tu la don-'
neras au porteur, tu lui demanderas trente sols, et tu retiendras,
U y a de tout dans cette anecdote , recueillie à la porte d*un cabaret
par un obserratenr réridique qui cherchait un ahri contre la pluie :
ivrognerie insurmontable , association de la femme an )4m grossières
ovjgies; elle qui derrait retenir son mari , elle Taceompagne , elle Ten-
eo«rag«a «Ile l'aide. Ainsi| fias de frein , plus de retenue dans cett«
communauté de déhanche , dans cette émulation orduriére. Voyes ea<-
anîte ce sang froid dans l*nsage d'une détestable ressource ; cette triste
facilité de Temprunt ; cette obstination du vice, qu'on n'avait jusqu'ici
rencoittrée que dans la Airear du' joueor ! »
48
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(378)
%n argent j aux débiteurs insolvables y pour frustrer leur»
créanciers , en réalisai)t , sans délai , au détriment de
ceux-ci , la valeur des meubles et marchandi^es qui
restent en leur possession. Il fait voir que ces établisse-
ments , où chacun peut aller puiser de Targent à toute
heure , procurent aux joueurs des moyens toujours
renaissants de satisfaire leur funeste penchant ; conseillent
aux commis , aux domestiques infidèles ^ de soustraire à
leurs maîtres quelques effets quHIs vont mettre en ga^,
dans Tintention , peut-être , de les dégager, si la forcuoe
leur est fa/orable.
Voilà , certes , des reproches bien graves articulô
contre une institution dont les motifs , dans son ori^^ioef
ont été dignes de tant d^éloges. Toutefois , s'il est permis
de penser qu'h beaucoup dVgards ils ne sont point dénués
de fondement , il convient aussi de ne s^abandonner en-
tièrement à cette pensée qu'avec une prudente réserve,
parce qu'elle repose , quant à présent , plutôt sur des
raisonnements spéculatifs que sur une série de faits soi-
gneusement étudiés. Quelques exemples recueillis an
hasard ne suffisent point pour justifier complètement
une théorie en matière d'économie politique ; elle doit
être encore vérifiée par des nombres , qui , recueillis avec
choix pendant un certain laps de temps , comparés avec
discernement , combinés avec les calculs qui se ratta-
chent aux premières notions de cette science , offrent
souvent à Tesprit des révélations tout à £ait inattendues.
Ainsi donc, avant de se former une opinion défi-
nitive sur la nature des opérations des Monts-de-Piété,
dans les différentes villes où ils se trouvent institua ,
il serait besoin de connaître les résultats numâîques
de ces o{.érations. Le gouvernement seul a les moyens
de recueillir promptement , et avec exactitude , des
données aussi essentielles , et nous devons former des
vœux pour qu'il charge ses agents de lui fournir , dans
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5AGE^
re
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Gc
ojgle
lAGE ue localktf , les t!léments d^un tableau dont le mo'
jj^^|«oit analogue à celui ci-contre.
^£Ôié des inconvénients qui viennent d'être signalés ,
ont il est probable que la plupart seraient mis en
2nce par une collection de documents statistiques
«uite dans la forme ci-dessus indiquée, quels ont '
*' quels sont donc les avantages inhérents aux Monts- ,
Hété?
È notice historique placée en tête de cet écrit at-
ces avantages. Les Monts-de-Piété ont été institués ,
l 'origine , avec l'approbation de toutes les pèr-
es qui étaient h portée d'ea apprécier les effets ,
quelques objections se sont , h cette même époque ,
§es contre ces établissements , elles n'avaient d'autre
ement que les scrupules de certains théologiens ri-
}tes. Lorsqu'il a été question de les introduire dans
fUys-Bas , et de là en France , les mêmes consi-
tions les ont fait accueillir avec une extrême faveur ,
me un infaillible moyen de mettre un frein à l'in- -
iblc avidité des prêteurs sur gages , en assujétissant
imprunteurs à des conditions moins onéreuses , et
eur offrant des garanties complètes pour la conser-
on et la restitution de leurs effets. Il suffit , du reste ,
hr ne laisser aucun doute au lecteur sur les avantages
îbués , dans les temps modernes , à l'institution
tt il s'agit , de consulter le préambule de l'édit du
is de septembre i643 ; celui des lettres-patentes
g décembre 1777 ; un rapport soumis au tribunat
is la séance du 24. janvier i8o4 ( 3 pluviôse an 12 ) ,
le projet de loi relatif aux maisons de prêts, qui
^ra le rétablissement des Monts-de-Piété , et enfin
cpqsé des motifs de ce projet de loi, fait au corps
1 tslatif dans la séance du vingt-sept du même mois ( 6
^•■Vriôse ).
^ct Que si nous cherchons ï consulter ^ sur cette même
«^ 48.
• cet
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( 38o )
que^tioin i une opinion beaucoup plus récente et qni
doit avoir aussi quelque poids , nous trouverons dans
l'ouvrage publié par M. le baron Charles Dupin, soiu
le titre de Farcêfs productii^es et commerciales de la Fnmce,
tome a , page a4o , le passage suivant :
« On doit regarder le Mont-de-Piété comme um
institution prudente qui fournit des secours immédiats
aux personnes nécessiteuses , en les empêchant de vendre
leur mobilier ou d'emprunter à usure. Il me semble
que le gouvernement pourrait rendre à la classe labo-
rieuse un immense service, en diminuant les droits
énormes que perçoit l'administration du Mont-de-Piété.
Ne serait-il point possible qu'il fit une dotation pour
administrer cette institution selon le mode patemd
des caisses d'épargnes et de prévoyance , sans rien de*
mander aux personnes qui viennent déposer des effets ,
au moins pour tous ceux dont la valeiir moyenne est
au-dessous de vingl-daq francs f Les personnes néces*
siteuses auraient , de la sorte , intérêt à ne déposer ao
Mont«de*Piété que des objets d'une faible valeur , et à
restreindre de plus eo plus leurs dépôts. Il faut remarqua'
que souvent c'est un sentiment honorable qui porte les
individus dans le besoin h déposer leurs effets au Moot-
de-Piété , plutôt que de recourir k l'aumAne ou à des
ressources dégradantes. »
Que doit-on conclure de tQut ceci? Que si, Joû
côté , les Monts-de-^Piété rendent , à certains ^ards , des
services réels aux classes inférieures de la société, b
facilité avec laquelle se font les prêts , l'affluence tou-
jours progressive du nombre des cmprunteiu'S (i) 1 1^
(t) La progression des eraprants est effraytiite et Ko» et <«•(•
proportion , en ce qui concerne le Mont-de*Piêté de Peib » « Tea
compare ce <{ae sont actuellement st$ opérations avec ce qa'eOtsétsicBl
4ans rorigine. Le releri ci*aprèt donne matière à de séiinscs it-
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(38i)
abus aiixquck peut donner liea Fimperfection de$ rè*^
glements annoncent des inconvénients auxquels Tad*
ministration publique doit songer enfin à pourvoir*
C'est en recueillant et en méditant avec soin les docu-
ments statistiques dont nous avons précédemment laissé
entrevoir la forme , qu^on y parviendra d'une manière
aussi prompte qu'efficace , autant du moins qu'il est
donné à la sagesse humaine d'atteindre au but qu'elle
se propose.
Nous pouvons , au reste , examiner dès b présent dem^
questions qui paraîtraient n'avoir point encore été ap^
profondies. Ce sont les suivantes : Les droits de prêt
perçus par les Monts-de-Piété doivent-ils être, du moins
en certaines circonstances , qualifiés d'usuraires ? el
comment faudrait-il les calculer, relativement b chaque
emprunteur , pour ne point encourir un semblable
reproche ?
L'auteur de la brochure ayant pour titre : Des Banques
de priis sur gages et de lears à^nve'ntenis , semble accuser
les Monts-de-Piété , dans une note placée au bas de
la page 20 de cette brochure , d'être en contravention
ouverte à la loi du 3 septembre 1807 9 9^1 fixe le taux
ftexions. On doit obaenrer qn« l'an 8 se trounit conprif entre le aa
septembre 1799 '^ ^ '^ septembre 1800. C*est précisément Vép<M|ae oà,
par les raisons indiquées page Syi, 1* activité de cet établissement se
trouvait fort ralentie.
Années. Nombre d*engagem. Valeur totale. Yalenr moyenne d*an prêt.
1780
«50,689
u,8:^3,8ii
61 t6
»79o
5i6,o54
16,143,122
3i 38
An 8
a3o,a54
<.794»5"9
31 75
1810
886,317
i8,<E^469
33 03
i8ao
1,095,686
18,005,373
t»43
18^3
i»i9i,6ao
31,937,084
17 Si
i8a6
1,300,104
34,531,157
«043
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(380
èé rintérêl de Targenl à cinq pour cent par an. Ce laur
ne saurait être la limite des droits que perçoivent les
Monts-de-Pi*fté. I-ies écritures auxquelles donnent lieu
les engagements et d^agements des effets fournis en
nantissement , la surveillance et les soins qu'exige leur
conservation , la valeur locative des magasins , le sa-
laire des employées que rend nefcessaire l'ensemble dn
service , les rétributions attribuées aux commissaires-
priseurs pour frais d'appréciation , toutes ces circons-
tances réunies occasionnent des dépenses plus ou moins
considérables qui peuvent être désignées sous la déno-
mination générique de frais d administration , et dont il
est naturel que les Monts-de- Piété soient remboursés
par les emprunteurs ; mais ils reçoivent , pour certains
prêts, au-delh de ce remboursement » ainsi qu'il est
facile de s'en convaincre par les observations suivantes :
Soit P la masse des intérêts produits par toutes les
sommes prêtées par un Mont-de-Piété dans rintervalle
d'une année , et Q la masse des frais d'administration , il
est évident que P + Ç représentera la somme de toutes
les dépenses annuelles , de quelque nature que ce soit ,
auxquelles donne lieu l'exploitation de ce Mont-de-Piété.
Soit r la fraction qui représente le taux de la ré-
tribution perçue à titre d'intérêt de l'argent ; soit s la
fraction qui représente le taux de la rétribution perçue
additionnellement à la première , pour couvrir rétablis-
sement des frais d'administration ; soit v un prêt quel-
conque , soit / la durée de ce prêt ; soit enfin n le
nombre des nantissements reçus pendant le cours d'une
année , on en concluera (r-f-*)« ' y=P-|-Ç.
Il s'agit d'appliquer cette formule , d'où l'on tire
P + Q
V = — . : : aux opérations d'un M ont-de-Piété.
ni{r + s) ^
Nous choisirons , pour faire cette application , le Mont-
de-Piété de Paris.
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( 383 )
Le compte général des recettes et dépenses de cet
établissement , pour Tannée 1828 , fait connaître :
I® Que , dans le cours de cette année , le nombre des
nantissements reçus en dépôt a été de.. 1,174161 5 »
2® Que rintérêt des fonds prêtés , calculés au taux de
quatre pour cent par an (1) , s'est élevé à. . 545,437^ 20*
Et les frais d^exploilation a 658,702 07
Total général des dépenses. . . . i, 204,139 f- 27
(i) L« Mont-de-Piélé de Paris ne possède point la totalité des fonda
^u'il distribue chaque année aux emprunteurs sur nantissement. Il est
obligé de se les procurer lui-même par voie d'emprunt ; mais le taux
de rintérèt qu*il paie aux capitalistes qui font des dépôts dans la caisse
de cet établissement , n'excède point quatre pour cent depuis plusieurs
années , il a m*me été moindre , la plupart du temps. Or, le Mont-de-
Piété ne doit point exiger de chaque emprunteur un intérêt plus élevé,
abstraction faite des frais d'administration.
La somme de 545,43? f. ^o c. qui, conséquemmenl à cette dernière ré-
flexion, figoitt ci-dessus comme représentative de Tintérèt des fonds prêtés
par le Mont-de-Piété, n'est point explicitei^ient indiquée pat le compta
dont il s'agit ; elle se déduit d'un calcul fort simple. En effet, au nom-
bre des recetus de l'établissement se trouve compris le produit det
droiu perdus à raison de un pour cent par mois sur les prêts rentrés ,
10 Par dégagement ..•• 717,463 f. 88 c*
aoPar renouvellement. ....... 6o9,335 81
.VParyentes 3o9,5ii 9r
Total f.B36.3ii f. doc.
Dèa-lors, il suffit d'établir la proportion, 12 : i,636,ii i 60 : : 4 : z.
Le 4' tenn* «^ 545f457» ^^*
Le Mont-de-Piété de Paris ne se borne point à prêter aux personnes
^i se trouvent dans une pressante nécessité ; il se livre encore à des
opérations de banque. On remarque, en effet , 4 l'inspection du compte
de 1828, qu'il a emprunté sur billeU , dans le cours d^^ cette année,
une somme de 23,022,074 fr • c'est-à-dire ejavlicn deux millions au»
Àt\k du éditai qiû eût été nécessaire pour as«urtr le suyice du prêt,
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(384)
Onadonc* = _^^:,p_:_^ ^6_:^
i,i74,6i5«0;ia. / /.
On a vu^i page SjS , que Tintërét des sommes prêlëei
par le Mont-de-Piélë se calcule séparëment pour diaqoc
mois f et que le mots une fois commence est censé ré-
volu. Ainsi I Temprunteur qui laisse en gage ses effets
trente-deux jours , soixante-deux jours , etc. , paie deox
mois , trois mois , etc. , d'intérêt , selon les cas. U
fout donc faire successivement dans la formule ci-
dessus , / = — = — =.-i« etc. . pour avoir les dif-
ftrentes valeurs de v qui doivent satisfaire à U
condition quVUe exprime dans chaque hypothèse.
Ainsi Ton sera conduit à conclure que le Mont-de-
Piétë n^a point été couvert de tous les frais que lu
ont occasionné :
Les prêts inférieurs à 8^54', qui ont en lien pour i an.
g 3a if mois.
10 aS •• 10 mois.
11 38 9 mois.
13 8a S^mois.
i4 64 7 mois.
17 68 6 mois.
ao 5o» ••••••••• 5 mois.
a5 62 4 ^^
34 16 •••••• 3 mois.
5i a4 a mois.
loa 48 I nuns.
fnr ga^e, même dtnâ Thypothèse où la rentrée des somacs prltées a*cit
pas eu Ken joumellement pir dégagement , renoureneaMnta et TfBtff. Tk
pareil état de choses ne derraît point subsistez. L'esprit de «pécahtiea
întrodait dans cet étabKssement loi donne nécesMarcmcnt vac tf
dance contraire an bot de son institation*
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(385)
Poar déduire de ce calcul , du moins en* partie , le$
conséquences qui en dérivent naturellement , il VôAvient
de placer ici un tableau dont les éléments dont^eticore
donnés par le compte général des recettes et dépenses
du Mant-de-Piété pour TeXercicc iâ2& Il Indique, eu
supposant les prêts divisés en neuf catégorisa 9 selon
leur importance ,
1* Le terme moyen de chaque prét$
s<^ Le total des nantissements reçus dans chaque ca*^
tégorie ;
3* Les proportions, qni se sont établies pendant
Tannée , entre le total des nantissements reçus et ceux
des dégagements, des renouv4?llements et des ven-
tes CO-
CO Ob pourrait penser, tu premier «bôrd^ que U somme des trois
fractions qai expriment chaque proportion , dût être égale à Tunité. Il
n*en saurait être ainsi , parce que la totalité des ventes , de même qu*une
partie des dégâ^^teients et des renouvellements , se compose des nan-
tiasemcflts reçus dans le cours de l*«nnée qui a précédé celle où oist eti
lieu les prêts dont le chiffre , indiqué dans la colonne a du tableau , t
^é Tun des éléments du calcul ^ prop«rtions.
49
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(586)
Tbrmk moiykv
des Préu
dans
ch. eattfgorit
Total
de«
niDtîss^ reçiu
et 4es
•om. prêtées.
45fo3o
3757
3449
9 40
9 ^
8 i3
661
6 53
6 35
137,80^
i3f,a99
1 10,43^
ia3,4i3
i38,44i
t4i}6ot
140,094
123,944
t38,44i
kÉHdfeË
PBOPOftTiOM entre le Total
4es iMiitissenienU reçu et cclaî èet I
Dëg^eMt*
0,7a
t),7a
0,70
ofio
0,80
o,'8a
0,84
0,86
0,80
Renoufel**
Y>,aO
0|i8
0,17
o,t4
o,i4
Oyl3
o,i4
0,1 4
Ventes.
0,08
i>,07
0,06
0,07
0,07
0,06
0,06
0,07
J
On remarque d^abord, à nnspedion de ce tableau 9
que les eitipriintefurs appartenanls aux V*^ a* et 3* caté-
gories , dont les nantissements ont été soumis à un nouvel
engagement h la fin de Tannée y |i^ voie de reaoa-
veliement , ou vendus à Texpiratioa et ce* terme , à
défaut de dégagement , ont pajré bien au-delà de leur
part contributive dans les frais d'administration de ré-
tablissement. En calculant ces divers excédants , aa
moyen des chiflres qui figurent dani le compte , et qu'il
a paru inutile de rapporter ici , on trouverait qulb
sont représentés par les sommes ci-après 9 savoir :
' catégorie. . . . .i4i ,438^ 78»
Renouvellements ^^l^^ catégogie.
(s* catégorie..
Il** catégorie..
a* catégorie..
3* cat^orie.»
ïoa,899
74.096
52,000
16,343
3o
55
64
9»
65
Total 4i3|559' 8a«
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C3«7Ï
Cette somme s^accrott encore , dans une forte pro-
portion , des excédants correspondants à ceux des prêts
compris dans les méûies catégories, qui ont eu lieu
pour plus de trois mois ; mais comme le nombre n^en
est point détermine dans le compte dont on a déjà fait
mention , il devient impossible de calculer ici ces excé^
dants accessoires.
Au reste , si Ton veut se faire une idée plus exacte
des bénéfices que s'attribue le Mont-de-Piété de Paris ,
au moyen des rétributions exagérées qu'il perçoit, il
suffit de se rappeler que les recettes opérées indistinc-
tement sur tous les emprimteurs, dans le cours de
l'année i8a8 , sont représentées (voir la note de la
page 383 ) par le chiffre i^636,3i i f. 60 a
Tandis que la masse des dépenses
de toute nature ne Vest élevée qu'à.. i^ao^fiSg 2j
Reste net. • a 433, 1 73 f. 33 c*.
Ce sont , comme on le voit h l'inspection du tableau
ci-dessus, les emprunteurs compris dans les cinq pre-»
mières catégories qui ont contribué , selon des propor-
tions plus ou moins fortes , à réaliser cet excédant assea
considérable ; et dès-lors on peut dire que le Mont-de-
Piété , en leur imposant des rétributions supérieures au
chiffre représentatif de leur part contributive dans les
(rais d'administration, augmenté de l'intérêt de l'argent,
n'a point rempli vis-h-vis d'eux l'objet de son insti-
tution ; il a dépouillé le caractère d'établissement cha-
ritable pour en revêtir un autre que ne saurait avouer
la morale. En vain objectera- t-on qu'à l'égard des em-*
prunteufs compris dans les quatre dernières catégories ,
ceux qui paraissent appartenir aux classes les moins
aisées de la société , il n'a perçu , ainsi qu'il est d'ail-
leurs facile de s'en convaincre , que des rétributions
inférieures aux frais dont ils ont été l'occasion ; que
49-
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(588)
d'ailleurs l'excëdant des recettes sur les dépenses tourne
au profit des Iiospices tle la capitale y et accroît les
ressources applicables au soulagement des pauvres. Une
semblable objection n'a rien que de spécieux. Pour
pratiquer la cliarité enrers les uns j est-il permis d'exer-
cer L'usure envers les autres ?
Ce reproche s'adresse à tous les Monts-de-Piélé .
puisque les rétributions correspondantes à chaque prêt
Y scmt calculées d*après une même échelle proportion-
nelle. On peut présumer de \b que les prêts les pins
élevés sont ceux dont les emprunteurs se libèreat k
moins facilement , et cette présomption est justifiée, ea
ce qui concerne le Mont-de-Piété de Paris , par k
tableau figuré en la. page 386* On y voit, efiectîvement,
en prenant pour point de départ la piemière cat^ric
des prêts , que la proportion des dégagemei^ aux en-
gagements augmente graduellement de 0,7a jusqu'à 0,86,
tandis que, par la même raison, celle des renouvellements
et des ventes diminue ,ia première depub o,ao jusqu'à
o,i4 % et la seconde depuis 0,8 jusqu'à o^fi*
Ainsi les Monts-de*^Piété , du moins tous ceux dont
l'organisation a eu lieu en vertu de la loi du 6 février
i8o4 ( 6 pluviôse» an la ), et dont les opérations sont
r^ies par des règlements analogues à celui du 97 îusUei
180S ( 8 thermidor an i3 ), se trouvent en contra*
diction manifeste avec les principes q«i en ont détenûie
l'établissement 4 en ce qui concerne du moins uœ cer-
taine classe d'emprunteurs. Us exigent d'eux , en «flet ,
un intérêt véritablement usuraire , et Vçn a vu que les
profits illégitimes que procure annuellement cet iolérèt
au Mont-ile-Piété de Paris , sont représentés par uoe
somme assez considérable \ cela aura lieu toutes les bii
que les rétributions pefçues pom: chaque prêt seront
déterminées, comme pa Ta vu précédemment* par l'
formule ( »• + ^ ) if-
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(389)
Il faudraU donc , avant tout , introduire dans le$ rè-
glements une modification que réclame la justice dis-
tributive > et qui aurait pour eiïet de ne soumettre
chaque emprunteur qu^au paiement d'un droit fixe re-
présentatif de la moyenne des frais d'administration ,
indépendamment de l'intérêt proportionnel h la quotité
du prêt quHl aurait obtenu. Dans ce système , les ré-
tributions seraient déterminées par cette autre formule
r t V 'i'—j Q représentant toujours, comme on Ta
it
fupposé page 38a, la niasse des fixais d'administration
proprement dits , et n le nombre des nantissements
reçus dans Tannée. A la vérité , les nombres Q et n
varient d'une année i Tautre ; mais comme ces varia-
tions sont peu sensibles , on pourrait sans inconvénient
les supposer ^ au commencement de chaque annre , h
peu près équivalents h ceux qui auraient été donnés par
l'expérience de Tannée précédente.
£a insistant sur la convenance de cette modification ,
il ne faut point en dissimuler les conséquences pro-
bables. Elles seraient telles que les Monts-de-Piété
pourraient se trouver dans Ti npossibilité absolue de
continuer leurs opérations , s'ils demeuraient abandçnnés
k leurs propres moyens , pour faire face aux dépenses
qu'elles entraînent. Alors , en effet , les prêts les plus
modiques donneraient lieu h la perception de rétribu-
tions exorbitantes , tandis que celles qui correspondent
maintenant aux prêts les plus élevés diminueraient dans
une notable proportion* Un pareil état de choses de-
viendrait tout-à-fait inlolérable pour les classes infé-
rieures de la population.
Afin de donner une idée plus complète de ce qui
aurait lieu , nous placerons ici un tableau où ces rétri-
butiçins seront successivement calculées pour deux pi éts ,
Tun éi $epi francs i l'autre de qualre^i^gtr^uaire francs,
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(390)
selon le système actuel et selon le nouveau système que
nous proposons de lui substituer; et, dans Pun et
Tautre cas , nous supposerons que le taux de Tîntérét
de Targent soit de 4 pour cent; cette supposition
est permise, diaprés Tobservation placée au bas de
la page 383. Quant au premier de ces deux prêts,
les chiffres qui représentent Tune et Tautre rétribua
tion sont égaux pour douze mois ; mais ik aug-
mentent comparativement, dans ie nouveau système,
h mesure que celte durée diminue. Quant au second,
les mêmes chiffres sont égaux pour un mois; mais
ils diminuent comparativement h mesure que cette da-
rée augmente.
f
RiTRIBUTIOHS
9
RiTUBonoio
g-
r
Bnrét,
relatiTesàceprèt.
1*
g-
3.
Darér.
relativesiceprêt
Système
ancien*.
Système
noavean
Système
ancien.
Sysitec
f '
I an...
Il mois.
10 mois.
9 mois.
o84o
0 770
0 700
o63o
0 84u
0 8a6
0 793
0 770
/
1 an...
11 mois.
10 mois.
9 mois.
10 080
9 »<®
8 400
7560
364o
3 36o
3o8o
8 mois.
0 56o
0746
8 mois.
6 7ao
a 800
'<
7 mois.
6 mois.
0 {90
0 430
0 7a3
0 700
'H
7 mois.
6 mois.
5 880
5a4o
a 5aô
a 3oo
5 mois.
4 mois
0 35o
0 a8o
0 676
0 653
5 mois.
4 mois
4aoo
336o
i960
1 680
3 mois.
0 aïo
0 63o
3 mois.
a 5ao
I 36o
a mois
0 i4o
0 606
a mois.
1 680
1 ia8
1 mois.
0 070
0 583
1 mois.
V
0 840
084^
* Les nombres compris en cette colonne sont calcnlés as meyia
àt la foimule (r+ s) < f', et lu nombres compris en la colonne smTsni*
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C391 )
Ainsi les emprunteurs de sommes supérieures à 84 f*
ocraient les seuls intéressés, dans toutes les circonstances,
& Tadoption du nouveau système de calcul des rétr^<*
butions qui , dans toutes les circonstances aussi , se
trouvera plus ou moins préjudiciable aux emprunteui^
de sommes inférieures à 7 francs. Entre ces deux li-
mites Y il deviendrait tantôt favorable «t tantôt défa-
vorable.
Pour atténuer cet inconvénient , qui aggraverait sin-
gulièrement la position de toute une classe d*emprun-
leurs , il y aurait un premier moyen h employer j ce
serait d^apporter une révère économie dans toutes les
dépenses qui se rattachent aux frais d^admintstration y
et de réduire ainsi la valeur du second terme de la
Q
formule r t v -^ — ^. On conçoit que les détails du ser^
Vice d'un Mont-de-Piété ddîvent être , par leur nature
méme/extrêmement multipliés ; mats, indépendamment
de ce quHl deviendrait probablement possible de les
simplifier , il est permis de soupçonner qu'il existe ^
dans plusieurs de ces établissements , un luxe d^mployés
et de traitements peu compatible avec le caractère de
leur institution. Serait^il donc, par exemple, impossible
d'administrer le Monr-de-Piété de Paris h moins d'une
dépense annuelle de 658,70a f. 07 c? Tel est, du moins ,
le chiffre que présente le compte de 1828.
Pourquoi, d'un autre côté, ne chercherait-on pas
à ramener les Monts-de-Piété vers le but de leur ins-
titution primitive, celui que se proposèrent, à la fin
Q
an moyen de la formule r f f' + -^ , r étant , comme précédemment,
supposé égal à o. o4» c*est-jt-dire le tanx de l'intérêt de fargent à quatre
ponrcent. 11 est inutile d^ ajouter que ces calculs se rapportent aux opé-
rations du Mont-de-Piét é de Pani| en i8a8.
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(:3e,a)
du i5' &iècle, les citoyens de Pérouse. (x) ? Oa Vattein-
drait, ce but, en déterminant une limite (a) aa-dessoQs
de Is^quelle tous les prêts auraient lieu sans iQt^ét,oa
seraient, même entièrement gratuits (3)«
Des subventions annuelles, fournies par les villes oà
il existç de semblables établissements, une dotation
complétée au moyen de souscriptions provoquées parmi
les principaux habitants , permettraient de venir ainsi
au secours des classes voisines de IHndigence , dtns
leurs pressantes nécessités* Mais comme ce nouvel ordre
de choses aurait infailliblement pour résultat de £ûit
affluer soudainement , vers chaque Mont-de-Piété , lui
nombre immense d'emprunteurs , il serait besoin dV
dopter dçs mesures réglementaires soigneusement com*
binées et mûrement réfléchies , pour que les prêts ne
fussent répandus qu'avec un sage discernement ; pour
que des secours exclusivement réservés au Aalhear ne
pussent fournir , en beaucoup d'occasions , un funeste
aliment à l'imprévoyance , h la paresse , à rivrognerie ,
h la débauche , h Tamour du jeu ; pour que les bien-
faits d'une institution devenue toute charitable ne se
changeassent point quelquefois en une espèce de prime
d'encouragement accordée aux vols domestiques , anx
soustractions frauduleuses des débiteurs envers leois
<:réanciers. C'est dire assez qu'un prêt g;ratuit ne de-
vrait être accordé qu'après une espèce d'enquête faite
(i) Voir ci-deMU»y pa^e 363*
(2) La limite dont ii a*agU ici aemble aatnrefteBeat iB£q«ée par
4«s xéflexioiis foî font suite an tableau figuré page 390. Elle acnît à&mc
^e 84 fr.
(3) Il ne faut pas peréie de vue tpit Ton doit tonjoun
d^na les rétributions perçues au profit du Mont-de~Piété, étmx t
i»iea distinctes ; savoir : Tintérèt de Faig ent prêté et U 1
tatWe des Irais radminii tration correspondants as prêt.
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( 395 )
sur les circonstances dans lesquelles se trouve p\até
l'emprunteur ; et qu^on ne vienne pas objecter ici les
iticonvdnients d'une semblable condition : ce ne sont
point, en glanerai, les véritables nécessiteux qui seront
contraries des retards qu'elle entraînerait.
Il a été fondé b Toulouse , dans le courant de 1827 ,
une société de prêt gratuit dont les statuts peuvent être ,
à plusieurs égards ^ proposés comme modèles des mo*
difications dont seraient susceptibles les règlements des
Monts-de-Piété , en conséquence des réflexions qui pré-
cèdent ^i).
Ci) Voîci quelques-utis des articles de ces stituls, textuellement rap*
portés:
jirtich i*** Il est formé , par le présent, une société anonyme qui a
pour but de venir au secours des personnes indigentes ou mal-tisées ^
par des prêts charitables et gratuits , sur nantissements»
article 3. Le capital de la société se compose essentiellement de
la somme de 5o,ooo francs, divisée en cent actions de 5oo francs cha-*
cune, qui ne porteront aucun intérêt et dont le remboursement nt
pourra point être exigé avant dix ans*
article 5. L'Etablissement recevra aussi les offrandes et dons de
toutes les personnes qui , désirant concourir à la bonne oeuvre que se
proposent les fondateurs, ne voudraient pas néanmoins être membres d«
la société. Ces offrandes et dons serviront , t<^ au paiement des frais mo^
diques, mais indispensables f de la société; a» au remboursement des
actions dont les propriétaires réclameraient le montant , après le délai
fixé enfarticle 3.
Article ai. Tout individu qui voudra faire un emprunt, devra s*a«
dresser à Tun des administrateurs de la société, lui déclarer la somme
qa*il veut emprunter, et lui présenter le gage qu*il offre en nantissement»
L'administrateur prendra des renseignements sur la moralité de Vtm^
prunteur ; il estimera ou fera estimer le gage offert.
Article aa. Les lundis de chaque semaine , le bureau d'administrt'
tîon se réunira.
Les admimstrateais auxquels on se sera adressé pour emprunter , rtn" *
5o
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(394)
Dans le double intcfiét de IVronomie poKtiqae el
de famélioratioa du moral des populatioos , il serait
fort important d'instituer auprès de chaque Mout-de-
Piété, réorganisé d'après les principes qui vienueRt dètrt
indiqués , une caisse d'épargnes qui s'ouvrirait chaque
: jour pour recevoir le firUit des plus modiques économies.
La confusion de ces deux établissements en un seul,
régi par la m(!me administration , opérerait sans doute no
bien immense , en offrant h ceux que des circonstances
impérieuses auraient obligés h contracter un emprunt,
la faculté de le rembourser graduellement à mesure
qu'ils auraient réalisé la moindre épargne. Combien,
d'ailleur^ d'ouvriers, de domestiques, i\e pauvres mêmes,
qui , après avoir péniblement amassé quelque argent
au bout de plusieurs années , s'en trouvent ensuite em-
barrassés 7 Le conservent-ils entre leurs mains ? ils
courent les risques d'un vol ou de quelqu'aufre accideol
imprévu. Lé coufient-its h un négociant, à un capita-
liste , comme cela se pratique dans la plupart des villes
de commerce? ils sont exposés à des banqueroutes dont
on n'a vu que trop d'exemples, lis n'auraient h conce-
voir aucune crainte de cette nature en le versant au
Mool-de-Piété , où il leur produirait un intérêt , mo-
dique peut-être , mais qui , cumulé de mois en mois ,
accroîtrait encore assez rapidement leur pécule. Ainsi
on mettrait en circulation une. foule de petits capitaux
^ui demeurent actuellement improductifs ; on eocoura*
garait le goût de l'épargne chez ceux qui l'ont contracté ;
4roat compte des renseignements qu'ils anront nc«eillu et ia» 4*-
■i|rcli«* qu'ils auront faites.
Sur leur r apport, le bureau délibérera s'il j a lieu ou s'î a'j a fM
)i#u ie prêter*
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(395)
en Pinspirerait à ceux qui ne dissipent tout ce qu^ib
gagnent que parce qu'ils ne savent point se tenir en
garde contre les occasions de dépense. A aVié de la
caisse où le prolétaire insouciant vient puiser un argent
qui , le plus souvent , sera follement dissipé dès le len-
demain , qu'il en soit placé une autre oïli Tart^san labo-
rieux ira déposer et fai>e fructifier Pépargne de la veille :
ces deux hommes se trouvant habiiiieUement en contadt ,
dans le même local , l'exemple de Tun ne manquera
point d'exercer sur le moral de l'autre une favorable
influence. Celui-ci, observant presque involontairement
chaque jour les avantages d'une vie régulière et d'une
bonne conduite , sera naturellement porté à désirer de,
les acquérir pour soi-même ; que , par l'effet d'un si
louable désir , il se soit une fois , à son tour , rendu
déjpositaire de quelque modique somme , on peut af-
firmer qu'il n'aura plus d'autre pensée que celle de
Faccroîlre , et que celte pensée dé^veloppera chez lui
l'amour du travail, le goût de l'économie et l'esprit
de propriété; qu'il deviendra dès-lors un des mem-
bres véritablement utiles de la sociéii^, au bonheur
et h la conservation de laquelle soit propre intérêt
lui suggérera incessamment de coopérer. Car les hom-
mes en qui l'on remarque le plus àe vertus sociales
sont , en général , dans toutes les classes , ceux qui
sont parvenus b s'élever par la pratique joumalièra
des vertus privées*
Dans plusieurs villes de France , il s'est formé entre
divers artisans, ouvriers et autres individus appartenants
aux classes inférieures , des associations ayant pour
objet de réaliser un fonds permanent de secoars , en
faveur de ceux 4Vntr*eux que des cifcdhstances acci-
dentelles mettent hors d'état de pourvoh* h leur siibsis-
5o-
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(396)
tance (i). On ne saurait croire à combien de besoins
peut suffire ce fonds sagement administré , quelque
modérées que soient les rétributions imposées aux so-
ciétaires. La raison en est simple : individuellement
intéressés à ce qu^aucun d'eux ne devienne , par incoo-
duite , une charge pour V association , ils exercent IfS
uns sur les autres une surveillance mutuelle ; et chacun,
ne fût-ce que par autour propre , embrasse une vie
Taulière exempte de ces excès qui amènent des nialadies
ou de fâcheux événements.
Quelque philantropique que soit l^iostitution des
Caisses d'épargnes , il faut avouer que celle dont il s'agit
mérite encore la préférence. Toutes deux ont le même
but , celui d'inspirer le goût de l'économie et du tra-
vail. Mab l'une , après avoir encaissé les modiques
sommes que lui confie l'ouvrier , le laisse sans exci-
tation à persévérer dans ses bonnes résolutions, sans
conseils contre les tentations qui peuvent lui suggé-
rer l'idée de retirer son argent , pour en faire un
mauvais usage. IJ' association , au contraire , lui im*
pose l'obligation de réaliser à la Caisse commune des
versements périodiques qui sont irrévocablement alié-
nés ; les avis et les exemples ne lui manquent pas,
au besoin , pour le détourner des voies dangereuses
où il pourrait s'engager.
Voila , sans doute , les individus auxquels devrait t
b tous égards, s'appliquer le bienfait du prêt gratuit,
lorsque des circonstances malheureuses leur imposent
la triste nécessité de mettre leurs effets en gage, à
(i) Il existe à Rouen environ trente associations de ce senrc,
prenant a5oo à 5ooo sociétaires»
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( 397 )
cause de rinsuffîsance des secours que peut leur ac-
corder la Caisse de Vassodation^ Que Tadministra-
tion publique , après avoir réorganisé Tinstitution des
Monts*-d0-Pi^té sur les nouvelles bases que Texpé-*
rience aura indiquées , introduise donc , dans les rè-
glements , une disposition en vertu de laquelle les
membres des sociétés de secours mutuels aient droit
à emprunter h la caisse de ces établissements , sans
intérêt , les sommes dont ils auraient besoin , jusqu'à
une limite déterminée.
Nous avons signalé les principaux inconvénients que
les économistes s'accordent depuis quelques années k
reprocher aux Monts-de-Piété , et nous avons en même
temps indiqué le seul moyen qui nous paraisse propre à
faire apprécier ces inconvénients à leur juste valeur.
Nous avons rappelé ensuite les avantages qui ont été
dans tous les temps attribués a une institution formée ,
il y a plusieurs siècles , dans Tintérét des pauvres , et
jQous avons cherché h mettre en évidence, au moyen
du calcul, ce quHI y aurait à faire pour la ramener
au but de sa destination primitive , en procurant
à Tindigcnt des secours qui ne devinssent pas ^
comme dans Tétat actuel des choses , le principe de
sa ruine.
La tâche que nous nous étions proposée se trouve
^onc remplie , et il nous reste à exprimer le désir que cet
£ssai , quelque imparfait quHI puisse être, fixe Tattention
du gouvernement sur une question importante dont les
économistes et les moralistes doivent également appeler
la solution de tous leurs vœux. Dans le royaume des
Pays-Bas , un acte du 3i octobre 1826, fruit des mé-
ditations les plus réfléchies , a eu pour objet de réor-
ganiser les maisons publiques de prêt sur gages , sur
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(398)
iêê baset aussi favorable» aux empnmleiirs que la nats^
des choses a para le permettre» Cet exemple dW
sollicitude réelle , dont la population doit ressentir im-
mëdialement ks effets , ne saurait élre perdu pour li
France
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DE BOSSUET
INSPIRÉ PAR LES LIVRES SAINTS ;
PirM. A. Floqubt.
Un jeune homme ouvre , au hasard , nn livre qui
ne sVtaît jamais oRert h ses yeux : h peine il en a lu
quelques pages , et voilh qu^à Taspect inattendu des
bcautc^ qui y brillent de toutes parts , son ame a tres-
sailli , des cris d^admiration lui échappent , tout sVclipse
devant les hautes conceptions quMl admire. Pour lui
plus de passé , plus de souvenirs. C'est de ce jour seu-
lement que ses destinées commencent : elles seront
glorieuses , ces destinées ; et , d'une rencontre si for-
tuite , d'un fait si simple , naîtront de grands événements
et de nombreux chefs-d'œuvre , car ce livre est la Bible ,
et ce jeune homme est Bossuet.
Quelle lumière vient de luire h cette jeune et vive
intelligence , et de révéler à ce génie naissant tout ce
qu'il doit être un jour ? Quelle révolution soudaine
dans les affections littéraires de ce brillant élève tout
chargé des palmes de l'école ? Ne lui parlez plus de
ces historiens, de ces poètes qu'idolâtra son enfance.
Désormais il appartient b d'autres maîtres : il a trouvé
quelque chose de plus vrai que les annales des hommes ,
de plus doux que Virgile et de plus grand qu'Homère.
David, avec sa harpe d'or et ses hymnes dignes du Ciel ;
Salomon , avec ses chants d'amour et les oracles de
cette sagesse auprès de laquelle toute autre sagesse est
folie ; Jérémie i avec ses lamentations qui égalent le^
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(4oô)
Cftlamîlës : voilà les nouveaux mattres de Bossoet; i
Combien surtout il écoute avidement le Roi de tons
les peintres et de tous les poètes j ce grand , ce gi-
gantesque Isaïe , qui fait plus que de peindre les choses ,
qui les montre à nos sens étonnes ; Isaïe , qui , animaot
une nature inerte j lui donne , avec la vie , des passions ,
de Téloquence , de la joie et des larmes ; et les cèdres
du Liban, devenu^ sensibles par son art tout puissant,
balancent leurs cimes frémissantes , se félicirent mu-
tuellement de la mort d'Assur , et se disent les uns aux
autres .* nul « maintenant , ne viendra nous abattre ; rt
ces vaisseaux qui , de tous les points du monde , ar-
rivent à voiles déployées , et , ne trouvant que des niioes
ïk où naguèrcs ils avaient vu Tyr , Fentrepôt des nations,
poussent des hurlements d.Mtonnement et de douleur !
A cet âge , où tout ce qui est beau et grand saisit
Tesprit , fait battre le cœur , fait pleurer d^enthousiasme
de ravissement et de bonheur , avec quel enchantement
la vive et forte imagination de Bossuet se repaît de
cette divine poésie pleine de vie , de chaleur et d'au-
dace , s'enivre de ces pensées merveilleuses qui la f<?-
condent , s'imprègne de ces fraîches et brillantes cooleors
qui doivent ne s'effacer jamais !
Au sein de ces délicieuses études , déjà les années
de sa jeunesse ont passé comme une ombre ; et je le
vois apparaître au grand siècle qui l'appelle , avec je
ne sais quoi d'inspiré ^ d'oriental et de prophétique
qui étonne , subjugue , entraîne une cour avide de
grandes émotions , un monde de héros , de savants
et de génies , qui ne peuvent se rassasier de Tentendre ,
et proclament h l'envi que jamais aucun homme n'avait
parlé comme cet homme.
Et , en effet , sans rival dans les temps modernes »
qui pourrait-on lui comparer dans les temps anciens?
Nous admirons Démosthènes réveillant , incessamment ,
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( 4oi )
par des cris d^alarme , un peuple insouciant et frivole ,
et le contraignant de. prêter l'oreille au bruit de plus
e^ plus prochain des chaînes que lui apporte Philippe ;
nous .admirons Cicéron entouré de tous les dieux qu'in-
sulta Verres , avec eux poursuivant , écrasant ce spo-
liateur sacrilège de la Sicile opprimée ; chassant Catilina
de Rome , après lui avoir arraché son masque , ses
torches et ses poignards ; stigmatisant, h coups de foudre,
cet impur et ambitieux Antoine , qui , esclave de tous les
vices , voudrait donner des lois à l'empire. Mais voyez ,
dans cette tribune plus haute , un homme plus grand que '
ces deux hommes parler , non pas à un sénat , non pas à
un peuple , mais au monde , et l'entretenir d'intérêts plus
vastes que la conservation de Rome , que les richesses de
la Sicile , que la liberté d* Athènes ; oui , aussi long-temps
que l'on croira que l'intelligence est un soufle divin
et que Tame ne meurt pas , il faudra que toute élo-
quence se taise devant l'orateur qui vient , au nom du
Ciel , raconter a l'homme l'histoire de son origine ,
lui enseigner ses devoirs , lui révéler ses destinées fu-
tures , lui donner eniin ces grandes leçons qui em-
brassent dans leur immensité le passé , te présent et
l'avenir. Mais que dire , surtout , quand cet orateur est
un Bossuet , auguste et pur comme la vertu qu'il en-
seigne f comme le Ciel qui l'envoie ; égalant , par la
ferveur et la vivacité de sa foi , les Pères , les orateurs
de l'Eglise naissante ; les surpassant par la science , par
le génie , par tous les avantages d'une civilisation plus
avancée , d'un goût plus pur , d'un idiome plus poli ,
que sa pensée énergique et puissante sait embellir en-
core^ que dis-je ? le disputant aux prophètes eux-mêmes ,
par la hauteur des conceptions àt la poétique audace
du langage. Ecoutons-le :
« Dieu nous a révélé que lui seul il fait les conqué-
rants , et que seul il les fait servir h, ses desseins. Quel
5i
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(4oO
iaiitre a fait un Cyrus , si ce n'est Dieu , qui Tavait
fi6mmé deux cents ans . avant sa naissance , dans les
oracles dlsaïe 7 « Tu n^es pas encore , lui disait*il (i),
« mais je te vois et je t*ai nomme par ton nom : ta
'« t'appelleras Cyrus. Je marcherai devant toi dans les
« combats : à ton approche , je mettrai les Rob en faite ,
(< je briserai les portes d'airain. C'est moi qui étends les
tt cieux , qui soutiens la terre , qui noibme ce qui n'est pas
K comme ce qui est ; c'est-^ire^ c'est moi qui &is toat^
<t et moi qui vois , dès l'^ternitë , tout ee que fe fais. »
« Quel autre a pu former un Alexandre , si ce n'est
te même Dieu qui en a fait voir de si loin , et par
des figures si vives , l'at-deur indomptable b son prophète
Daniel ? « Le voyez-vous , dit-il , ce conquérant ? Avec
« quelle rapidité (a) il s'élève de l'Occident comme par
^f bonds et ne touche pas ^ terre ! Semblable , dans ses
« sauts hardis \ et dans sa légère démarche , à ces ani-
A maux vigoureux et bondissants , il ne s'avance» que par
* vives et impétueuses saillies , et n'est arrêté ni par
« montagnes , ni par précipices. Déjb le Rot de Perse
«r est centre ses mains (3) ; à sa vue il s'est animé....
ft ejferattts est m tum , dit le prophète ; il l'abat , il le
, 1 I
(i) Hœc dicit Dominas Ckristo meo CjrrOfCujus apprehenS i
dexteram Egô aniè te ibo ^ et glorioso terrm humiUaho : \
portas cereas conte ram ^ et vtctes ferreos eonfringauu*., Utwcims I
quia ego Dominus, qui voco nomen ftfum.... P'œan ie namism
tuo.... uiccinxi ie^ et non cognovieti me.,,, . Bgo Dominas, et mem
est alter, formans lucem et créons tenehras , facient paeem , et
creans malum JBgo Dominas faciens omnia IL^c. (Isak,
VLX , I , a , 3 et suivantes. )
(i) V€niehat ah occidertte super faeiem totius terrm , et nea
tangebttt terram. ( Dtaiel , viii , 5. )
C3) Cucurrit ad eum in impetu fortitadinis sam ; cumqwt ^
propinquasset propè arietem,.,, ; cumque eum misissetin urram ,
conculcavit , et nemo quibai liberare arietem de manm ^t-
(DmiUI, nfi ,6,7, 20.)
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( 4^3 )
K foule aux pieds : oui ne le peut défendre des coups qu'il
« lui porte « ni lui arracher sa proie. » A n'entendfre que
ces paroles de Daniel , qui croiriez-vous voir sous cette
figure , Alexandre ou le prince de Cgndë (i)? >»
£t h mon tour, je le demande : qui croyez-vous
que vous venez d'entendre ? Daniel « sans doute , et
le fils d'Amos ? Oui ; mais , avec ces prophètes ,
le grand Bpssuet qui a parle avec eux , qui a mêlé ses
paroles h leurs paroles , son génie, à leur génie , son
enthousiasme à leur enthousiasme , qui , nouveau
Jacob , a osé lutter avec fange « et , plus heureux ,
n'a pas été vaincu. Cest que , d'un commerce étroit
et intime avec des intelligences inspirées , il a rapport^
un idiome tout divin que l'on ne sait plus distinguer
du leur ; qu'à l'école de ces esprits favorisés du Ciel ,
il est devenu comme l'un d'eux ; et désormais il n'y
a plus de pensées si hautes que ne sache égaler sa
parole , plus de difficultés si grandes dont ne triomphe
son pinceau créateur. £t voyez quels sujets va choisir
ce génie sûr de lui-même ! Un saint Paul qui , arrivant
sur la place publique d'Athènes , aperçoit au fron-
tispice d'un temple cette inscription : AuDUu inconnu {2)^
et soudain , tout hors de lui , raconte , è une fouie im-
mense qui l'entoure , des choses merveilleuses de ce
Dieu qu'elle ignore et que , lui , il connaît ^ et simple ,
sans art , sans extérieur , disons-le avec lui , ignorant ,
g;rossier , barbare , dépourvu de tout ce qui fait écouter ,
n'ayant rien en lui qui né choque et ne répugne , gagne ,
en un instant , à ce Dieu mystérieux , cette multitude
qui le dédaignait tout ^ l'heure , les savants et les îgno*
rantSf le peuple et les sages. Le pinceau d'un mortel
pourra-t-il retracer dignement de semblables prodiges ?
(1) Oraiso|i fonèbre de Condé.
(*) Aot ^p09i,t cap*. Jtviil, v. a3et »eq.
5i.
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( 4o4 )
Oui , mais ce ne sera point la palette de Hiômme
qui lui fournira des couleurs.
<v Trois choses contribuent ordinairement à rendre
un orateur agréable et efficace : la personne de celui
qui parle ^ la beauté des choses quHI traite , la manière
ingénieuse dont il les explique ; et la raison en est en-
dente , car IVstime de Torateur prépare une attention
favorable ; les belles choses nourrissent Tesprit , et IV
dresse de les expliquer d'une' manière qui plaise W
fait doucement entrer dans le cœur. Mais , de la ma-
nière que se présente le prédicateur dont je parle , il
est bien aisé de juger qu'il n'a aucun de ces avanta^s.
Et premièrement , si vous regardez son extérieur , il
avoue lui-même que sa figure n'est point relev^ (i);
et si vous considérez sa condition , il est misérable et
réduit à gagner sa vie par l'exercice d'un art mécani-
que. . . . Chrétiens , quel prédicateur pour convertir tant
de nations ! Mais peut-être que sa doctrine sera si plau-
sible et si belle , qu elle donnera du crédit à cet homme
si méprisé. Non , il n'en est pas de la sorte : « Il
ne sait , dit-il ^ autre chose que son maître crucifié ; •
c'est-à-dire qu'il ne sait rien que ce qui choque ,
que ce qui scandalise , que ce qui paraît folie et extra-
vagance. • • M&is y grand Paul , si la doctrine que vous
annoncez est si étrange et si difficile , cherchez du moins
des termes polis , couvrez des fleurs de la réthorique
cette face hideuse de votre évangile , et adoucissez son
austérité par les charmes de votre éloquence. A Dieu
ne plaise , répond ce grand homme ^ que je mêle la
sagesse humaine à la sagesse du fils de Dieu : c'est la
volonté de mon maître que mes paroles ne soient pas
moins rudes que ma doctrine paraît incroyable (a).
(i) Prœsentia corporis infirma, ( ii Cot. , x , to. )
(i) Non in persuoêibilikus humanœ sapientiœ itérait. ( i€^
rintk, , II y 1. )
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(^o5 )
N*attendez donc pas de lui , ni quHl vienne flattef
les oreilles par des cadences harmonieuses , ni quH|
veuille charmer les esprits par de vaines curiosités..,.
Son discours , bien loin de couler avçc cettç douceur
agréable, avec cette égalité tempérée que nous admir
rons dans les orateurs , paraft inégal et sans suite à
ceux qui ne Tont pas assez pénétré ; et les délicats de
la terre sont offensés de la dureté de son style irrégulier.
Mais , o^en rougissons pas , le discours de Tapôtre est
simple y mais ses pensées sont toutes divines. S'il ignore
la rhétarique , s'il méprise la philosophie , Jés^s-Chri$t
lui tient l^eu de tout ; et son nom , quHl a toujours à
la bouche ^ les mystères qu'il traite si divinement ^ ren-
dront la simplicité toi4te puissante. Il ira , cet ignorant
dans Tart de bien dire , avec cette (ocution rude , avec
cette phrase qui sent l'étranger , il ira en cette Grèce
polie , la n^ère des philosophes et des orateurs y et ,
malgré la résistance du monde , il y établira plus d'é-
glises que Platon n'y a gagné de disciples par cette
éloquence qu^on a cru divine ; il prêchera Jésus dans
Athènes , et le plus savant de ses sénateurs passera de
J'aréppage en l'école de ce barbare. Il poussera encore
plus loin ses conquêtes ; il abattra aux pieds du Sauveur
la majesté des faisceaux romains en la personne d'un
proconsul , et il fera trembler dans leurs tribunaux
les juges devant lesquels on le cite. Rome même en-
tendra sa voix ; et un jour cette ville maîtresse se tiendra
bien plus honorée d'une lettre du style de saint Paul ,
. adressée h ses citoyens , que de tant de fameuses ha*
rangues qu^elle a entendues de son Cicéron. Et d'où
vient cela ? . . • C'est que Paul ^.des moyens pour per-
suader , que la Grèce n'enseigne pas et que Rome n'a
pas appris. Une puissance surnaturelle , qui se platt
^ relever ce que les superbes méprisent , s'est répandue
et mêlée dans l'auguste simplicité de ses paroles. De
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(4o6)
Ih vient que noas trouvons , dans ses admirables ëptlres,
une certaine verta plus qu^humaine , qui penoade
contre les règles , ou plulât qui ne persuade pas tial
qu'elle captive les entendements ; qui ne flatte pas ks
oreilles , mais qui porté ses coups droit au coBor. Dt
même qu'on voit un grand fleuve qui retient encore «
coulant dans la plaine , cette force violente et impé-
tueuse qu'il avait acquise aux montagnes d'où il tire
son origine ; ainsi cette vertu céleste ^ qui est contenue
dans les écrits de saint Paul , même dans celte sim-
plicité de style , conserve toute lit vigueur qu'elle apt
porte du Ciel d'où elle descend » (i)
Le génie de Bossuet a resplendi tout eotier h nés
yeux éblouis. Ecoutez maintenant parier son arae ;
voyez le sortir consterné de ce palais. en deuil où il
vient d'exhorter h la mort Henriette d^Angleterre. Na*
guères il proclamait si fièrement cette dure ioi de tatf-
frir (a)! Et, dans cette chaire de Saint-Denis, ou il n'é-
tait monté que pour donner de sévères leçons, il ne
sait plus trouver que son cœur et des larmes i il ne sait
plus que pleurer et défaillir avec cette coiir désolée dont
il venait censurer la faiblesse. A ce cri d'alarme : Ma-
dame se meurt , a succédé si vite ce cri de désespoir :
Madame est morte , qu^en présence même de la tombe
l'orateur a peiiie i y croire. U voit encore , il montre
cette femme si jeune et si belle croissant
des bénédictions des pétales (3} , tanJHs qme ies
cessent de lui apporter de nomeUes grâces ; apee cei esprit
QÎf et perçant , apec cette jeunesse, ce insage riani ^i
était ne promettre que des Jeux , avec cet esprh ^^ i
(i) Panégyrique de saint Paul, par Bossuet.
(a) Expressions df Bossaet.
(3) Bossuet , Oraison funèbre de la Duchesse dOrtians, To
^e ^ai est sooHgné appartient à ce ^iseoiifs«
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( 4o7 )
pondu dans tout son extérieur , en rendait les grâces si
vii^es ; et lorsqu^un mal Jirange et terrible est venu la
surprendre , lorsqu^arrive , enfin , le moment suprême ^
victime résignée ^ on la voit douce ençers la mort y qui,
sans pitié , la saisit ainsi toute vivante , et ravage tant
de fruits dans la fleuri A ce spectacle déchirant « voyez
s'offrir en foule à Torateur mille images énergiques de
fragilité : un tableau plein de fraîcheur et de vie s^ef-
façant inachevé sous le pinceau qui le traçait avec or«»
gueil ; une fleur qui vit quelques jours ; Vherbe des
champs qm passe du matin au soir* Le matin , elle fleurissaU ,
MQec quelles grâces ? vous le savez* Le soir^ nous la vîmes
séchée , et la voilà telle que la mort nous Va faite , cette
princesse si admirée et si chérie; encore ce reste tel quel
va-t^il ^paraître» Elle va descendre à ces sombres lieux ,
à ces demeures souterraines pour y dormir dans la poussière ,
avec ces rois et ces princes anéantis , parmi lesquels à
peine peul^on la placer , tant les rangs y sont pressés ,
tant la mort est prompte à remplir ces places !
La plaintive él^ie laissa-t-elle échapper jamais des
soupirs si profonds et si douloureux ! Qui a donné
a ce docteur austère ces tendres accents , ces paroles
de mère qui tombent avec des larmes sur les froides
dépouilles de la jeunesse et de la beauté? Ce livre divin
où sont tous les contrastes , où sont marqués les in-
nombrables degrés de, la longue échelle des joies et
des douleurs humaines -, ce livre qui peint Jehovah
rugissant du haut des collines , et , presque aussitôt ,
retournant le lit d'un malade consumé de fièvre , et sou-
lageant des douleurs avec cette main qui vient de
lancer la foudre.
Le génie de Bossuet , devenu flexible à Técole de
ces maîtres qui - savent tout dire , laissait quelquefois
•on pince^n tracer des images d^ïne grâce et d'une
naïveté dont rien n^approcbe.
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«r Voyez ce përe ^ dit-il , .quand il vient da pahis
où il a prononce des arrêts , où il a fait retentir tout
le barreau du bruit de son éloquence ; retourné dans
son domestique , parmi ses enfants , il nous paraît on
autre homme. Ce ton grave de voix s^est adouci et s*est
changé en bégayement ; ce visage naguère si grave
a pris tout-h-coup un air enfantin. Une troupe d*en-
fants Penvironne ; et ils ont tant de pouvoir sur ses vo-
lontés qu'il ne peut leur ^ rien refuser que ce qui leur
tauit. Puisque Tamour des enfants produit ces effets ,
ne vous étonnez pas si la charité, donnant des sentimenb
maternels , particulièrement aux pasteurs des âmes ,
inspire en même temps la condescendance . • . » (i)
£t si Bossuet a pu trouver la première idëè d^uue
peinture si suave dans les souvenirs des premiers jours
de sa vie ; si , né d'une nombreuse famille , fils res-
pectueux et tendre d^un magistrat vertueuse et intègre
dont les mœurs étaient dignes des anciens jours , il
n'a fait que retracer de douces sensations de son en-
fance , h quelle autre inspiration qu'à celle de la Bible
pourrait-on attribuer ce livre où se font entendre^ tour-
à tour , l'historien , le politique , Torateur , le poète
et le prophète ; ce discours sur Vhislaire utdoerseUé » qui
semble le récit retrouvé de quelque vision d^Elzéchiel »
vision merveilleuse où les Egyptiens , les Mèdes , les
Perses , les Chaldéens , les Grecs , les Romains , évo-
qués par une voix puissante , se lèvent tout-à-coup
de leurs tombeaux , poussent , l'un après l'autre , de-
vant celui qui les a réveillés , avouent leurs fautes ,
indiquent les causes qui devaient les faire vivre long-
temps , montrent les plaies qui les ont fait périr , et «
après avoir instruit , par leur exemple , les peuples qui
(i) Bossuet I Panégyrique de saint François ds 8mU$*
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(4o9)
survivent , entrent dans leur poussière pour n^en plus
sortir qu'h la voix d'un juge plus redoutable encore.
Mais où m'emporte mon admiration profane? J'ai
peint Bossuet ne cherchant dans la Bible que les mou-
vements passionnas de Forateur , les vives couleurs du
poète , et je Tai calomnié. Non , la Bible nViait point
h ses yeux un livre bon seulement à enflammer Tima-
gination , un livre qui n'apprît qu'a bien dire. J'en
atteste ce jour mémorable de sa jeunesse où il reçut
les insignes du doctorat ; j'en atteste le serment so-
lennel qu'il substitua aux formules glacées qu'on lui
dictait ; les autels qui tressaillirent h la voix du brillant
néophite : « Auguste Vérité , dit-il , Vérîtè suprême , qui ,
conçue dans le sein de Dieu , vous manifestez a nous dans
les saints libres , c*est à vous que je m' enchaîne , que je
me voue , que je me consacre tout entier, »
Loin de nous donc « comme elles le sont de Bossuet ,
toutes ces idées vulgaires d'éloquence et de poésie.
Suivons cet aigle dans son vol , et , des hauteurs où il
nous élève ^ voyons la vérité découlant du Ciel , comme
une rosée , sur la terre qu'elle vivifie j voyons , non plus
un livre , ouvrage humain , mais des tables indestruc-
tibles sur lesquelles brillent , en traits de feu , d'ineffa-
çables caractères tracés par un doigt divin. Lh Bossuet
trouve toute lumière et toute doctrine 5 Ih il trouve ces
oracles éternels sur lesquels roulent les destinées hu-
maines. Fort de ces armes irrésistibles , le voilà qui
sVlance dans l'arène ; combattant , anéantissant toutes
les erreurs , de quelque part qu'elles viennent 5 désa-
busant Ferry , réfutant Richard Simon » terrassant
Claude ) réduisant Jurieu au silence ou à l'absurde.
£nGn , près du terme d'une vie glorieuse , suite non in-
terrompue de triomphes , lorsqu'il parle de consacrer
à des soins obscurs les restes d'une voix qui tombe et
d'une ardeur qui s'éteint ^ tout-à-coup , au premier bruit
52
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(4io)
d'un difTereud entre la France et Rome , avec quelle
vivacité cette ardeur se rallume ! avec quel rclat retentit
cette voix toujours tonnante ! Entre Rome et la France
émues , au milieu des passions déchaînées et fréaiissantes,
voyez le s'avancer, tenant d'une main les titres du Sacer-
doce et de r£mpire , où sont fixées les limites des deux
puissances , et de l'autre replaçant ces bornes antiqut s
posées naguères par la sagesse de nos pères y et que ,
sans doute , les siècles futurs ne verront point ébranler.
Plus tard , toujours fort de la paroie de Dieu , dont ob
n*appelie point , disait-il (i) , plein d'une vertueuse io-
digiiation contre ces doctrines perverses » contre cette
morale impure dont eût rougi le Paganisme , voyei le
foudroyer les casuistes corrompus et corrupteurs que
Pascal avait flétris , et aclievcr ce probabilisme dé-
bouté que l'on pouvait croire invincible puisqu'il avait
résisté aux Provinciales. El quels étaient les délassements
du pontife après tant de combats ? Elles sont encore
debout pour le dire , ces majestueuses forêts de Tcr-
saillcs et dç Saint-Germain , qui , tant de fois , virent
Bossuet , F 'nélon , Fleury , La Bruyère , réunis sous
leurs ombrages ; et ce n'était pas , comme ces philo-
sophes de la Grèce , dans les jardins d'Athènes , pour
disputer sans point de départ , sans objet , sans ré-
sultat : non ; on voyait une Bible au milieu de ces
philosophes d'une plus haute école ; tous ces grands
génies ensemble en relevaient » à l'envi , les beautés ,
en mettaient dans tout leur jour les vérités sublimes;
les vives lumières qui jaillissaient du choc de leb esprits
n'étaient point perdues. Bossuet dictait , Fleury écri-
vait Il existe encore , cet exemplaire des saints livres ,
témoin naguère des doctes entretiens de Fleury , ^
Bossuet , de Fénélon. Mes yeux se sont arrêtés avec
respect sur ce livre dont chaque page offre des inspi-
(i) UUioin de JBoiSuet^ pix M. de Beaumt.
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(4m)
rations du g^nie de ces grands hommes , fixées par la
main de quelqu'un d'entre eux. Touchée par de telles
mains , toute resplendissante des traces de lumière
qu'elles y ont laisse'es , la Bible me semblait avoir quel-
que chose de plus auguste et de plus divin.
Cependant la mort approche , et l'ardeur de Bossuet
semble croître au lieu de s'éteindre. Ses heures sont
comptées ; il les multiplie par ses veilles. Avant l'au-
rore , dans ce moment solennel où la terre se tait ,
et où le ciel parle si haut de la gloire de son au-
teur , où , dégagé des sens , l'esprit est plus net , les
pensées plus pures , Bossuet lit avidement ces livres
sacrés sur lesquels il a juré de vwre et de mourir.
Cette magnifique poésie , ce silence de la nature , ces
mondes étincelants qui roulent suspendus dans l'espace ,
ces harmonies du Ciel , tout l'inspire » et il adresse à
Dieu cet hymne , dernier soupir de son éloquence :
« Je me suis levé pendant la nuit avec
" David pour voir vos cieux qui sont les ouvrages de
« vos doigts , la lune et les étoiles que vous avez fon-
« dées. » (i). Qu'ai-je vu, ô Seigneur ! et quelle admi-
rable image des eficts de votre lumière infinie ! Le soleil
s'avançait , et son approche se faisait connaître par
une céleste blancheur qui se répandait de tous côtés :
les étoiles étaient disparues , et la lune sVtait levée avec
son croissant d'un argent si beau et si vif que les yeux en
étaient charmés. Elle semblait vouloir honorer le soleil ,
en paraissant claire et illuminée par le côté qu'elle tour-
nait vers lui : tout le reste était obscur et ténébreux ,
et un petit demi-cercle recevait seulement dans cet
endroit là un ravissant éclat par les rayons du soleil ,
comme du père de la lumière. Mais voici un nouvel
hommage qu'elle rend à son céleste illuminateur : à
Ci)Ps. viii,4.
52.
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(4")
mesure quHl approchait ,' je la voyais disparaître : le
faible croissant diminuait peu à peu ; et quand le soleil
se fut monlrë tout entier , sa pâle et dëbile lumièir
sVvanoulssant , se perdit dans celle du grand astre qui
paraissait , dans laquelle elle fut comme absorbée. On
voyait bien qu'elle ne pouvait avoir perdu sa lumière
par rapproche du soleil qui Téclairait ; mais un petit
astre cédait au grand , une petite lumière se confondait
avec la grande , et la place du croissant ne parut plus
dans le Ciel , où il tenait auparavant un si beau rang
parmi les étoiles. »> — « Mon Dieu , lumière étemelle ,
continue Bossue t ^ c'est la figure de ce qui arrive a
mon ame quand vous Téclairez. Elle n'est illuminée
que du côté que vous la voyez : partout où vos rayons
ne pc^nètrent pas , ce n^est que ténèbres ; et quand
ils se retirent tout-à-fait , Tobscurité et la dé&illance
sont entières. . . • Je reconnais de vous toute la lumière
que je reçois. Si vous détournez votre face , une nuit
affreuse nous enveloppe y et vous seul êtes la lumière
de notre vie..«« Notre lumière , telle quelle , doit se
perdre dans la vôtre et sWanouir devant vous. ...•(!).
Toute peinture s'efface devant des beautés d'un tel
ordre ; mais combien les relève encore le sentiment
profond qui les inspira , cette modestie touchante,
cette humilité profonde d^un vieillard qui , parvenu an
terme de sa carrière , où , partout ., on ne voit qœ
des trophées y ne peut soufiîrir qu'on lui parle de gloire ,
et montre au monde qui Tadmire cette lumière ptos
vive et plus pure dont son génie n'est que le reflet,
et vers laquelle , secouant bientôt le joug importun du
corps , son intelligence impatiente va s'élancer , pour s'j
abîmer et s'y perdre !
(i) Bossaet « Traité de la CoTUUpiscence , chap. 3ae et
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(4i3)
RÉFLEXIONS
SUR UN PASSAGE DE l'hISTOIRE DE LA VIE ET DES OUVRAGES
DE P. Corneille , par M. Taschereau ;
Par M. A. Floquet ,
Greffier en chef de la Cour royale , coaserçaieur des Archives
judiciaires,
Fontenelle , dans la Vie qu'il nous a donnée de Pierre
Corneille ^ son oncle , dît que Mélite , premier essai
de ce poète immortel , fut représentée en i6a5. D'autres
écrivains , les frères Parfait entr*autres , dans leur
Histoire générale du Théâtre françcds , fixent cette re-
présentation à Tannée 1629. M. Taschereau , dans THm-
UÀre qn'il a récemment publiée de la Vie et des Ouvrages
de Pierre Corneille , se déclare hautement pour cette
dernière opinion , et relève assez vivement Fontenelle y
qu'il croit trouver en défaut. £n assignant cette date
b la première représentation de Mélite , l'oncle de
Corneille a commis , dit- il , une erreur é\>idente. En
i6a5 f Pierre Corneille n'avait que ig ans , et comment
admettre qu'à cet âge il avait terminé ses études clas-
siques , plus longues alors qu'aujourd'hui ^ qu'il avait
fini son cours de droit ^ s'était fait recevoir au barreau ,
et y avait , enfin , exercé la profession d'avocat ? Cette
première erreur , continue M. Taschereau y aurait bien
dû éveiller les soupçons des biographes qui venaient
après lui, et les faire hésiter à ajouter quelque confiance
à toute cette partie du récit.... Né cinquante-un ans après
son oncle , Fontenelle n'avait recueilli, dans sa famille ,
que des traditions incertaines y que des souvenirs effacés ,
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(4i4)
sur la jeunesse et les premiers essab de celui qui à
mûtwais OQOcat (îcQÎnt poète immortel.
Ainsi s'exprime M. Taschereau. Je dois me hâter
de le dire , son ouvrage , résultat de recherches cons-
ciencieuses , est une nouvelle preuve du talent dis-
tingue qu'il avait dejh montré dans son Wstt&re delà
Vie et des Ouçrages de Molière.
Mais , après avoir lu celte Histoire de Corneille avec
un véritable plaisir , je n'ai pu m' empêcher de m' arrêter
au fragment que je viens d'en citer. Je me suis demandé
quelle si grande difficulté l'on pouvait trouver à ad-
mettre qu'a ig ans Pierre Corneille fût reçu avocat? Jai
cherché en quoi cette supposition , implicitement con-
tenue dans le récit de Fontenelle , aurait dii éi^eiUer Us
soupçons des biographes , et les empêcher d'admettre
la date qu'il assigne à la première représeotatioa de
Mélàe.
En oubliant un instant que c'est de Pierre Corneille
qu'il s'agit ici , et en supposant qu'il est question
d'un jeune homme né avec des facultés ordinaires,
on ne peut être étonné que ce jeune homme eût po ,
à 1 4 ou 1 5 ans , avoir terminé ses études du collège ,
et à 19 ans être reçu avocat. A peine est-il besoin
d'envisager un instant cette hypothèse , pour sentir
que le fait supposé par Fontenelle , très possible s'il
se fût agi de tout autre étudiant , devenait très pro-
bable lorsqu'il parlait de Pierre Corneille » et pour
rester convaincu qu'il n'y avait rien , daas tout cela»
qui dût éi^eiller les soupçons des biographes et leur ins-
pirer de la défiance.
Mais, en s' efforçant de prouver que Fontenelle s'était
trompé , M. Taschereau a lui-même commis une erreur
assez grave : « Corneille , dit-il , h sa sortie du coU^t
passa aux graves études du barreau » ; rien de pin*
vrai ; mais l'auteur ajoute : « En décembre 1637, ses
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( 4i5 )
parents lui obtinrent des lettres- pâte nies de dispense
d'âge , pour exercer les fonctions d'avocat >». Cest ici
qu'il y a une erreur éi?idente. Pourquoi Pierre Corneille ,
en décembre 1627 , aurait-il eu besoin de dispense
d'âge pour exercer la profession d'avocat? Il avait alors
2 1 ans et 6 mois ; et , tous les jours , les parlements
admettaient au serment , sans dispense , des licencias
qui n avaient pas encore cet âge. La règle qui veut
aujourd'hui qu'on ne puisse sMnscrire dans une faculté
de droit qu'après 16 ans accomplis , nVxistait pas.
«< Autrefois ( dit M. Boucher d'Argis , dans son Histoire
ahrégée de l'ordre des Aoocats ^ chapitre 7'' ) , l'âge pour
être reçu au serment d'ai^ocat n 'était point fixé» » L'époque
où vivait Pierre Corneille est certainement comprise
dans cette expression: autre/ois^ qu'emploie M. Boucher
d'Argis ; car , immédiatement , il parle d'un avocat
nommé Corbin , auteur du Traité des droits de patronage ,
qui , à rage de quatorze ans , plaidait au Parlement de
Paris ; et cet avocat était contemporain de Pierre
Corneille. De mon côté , sans faire de grandes recherches
sur un point si peu controversé , je trouve que Claude
Erard , avocat célèbre , dont plusieurs plaidoyers ont
été recueillis dans le Barreau français^ né en 1646 , fut
reçu au serment d'avocat le 24 ^ivril i664 , c'est-h-
dire à 18 ans (i). Pierre Corneille pouvait donc , en
1625 f être déjh avocat depuis quelque temps. Main-
tenant je sors des hypothèses , et j'afBrme qu'h cette
époque il était , depuis un an , inscrit sur le tableau
de Tordre. Ma preuve est sans réplique ; elle résulte
de l'acte authentique de sa prestation dé serment y
extrait des minutes de la grand'chambre du Parlement
(i) Notice «ur Claude Ertrd, tome i«' Barreau Français ^
page 3a5.
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\ ( 4i6 )
de Normandie. Cet acte ^ que j*avais en vain cherche
précédemment pour M. P.-A. Corneille , professeiff
d^histoire au collège de cette ville , un heureux hasard
me Ta fait découvrir il y a peu de jours. Au milieu
des ennuis d'une recherche fort étrangère à Corneille ,
son nom est venu tout-à-coup frapper mes yeux d
raviver ma patience.
Pourquoi ne Tavouerais-je pas? je me suis seod
heureux et fier de trouver le nom de Corneille inscrit
sur un de ces vieux registres confiés à ma garde. II
m'a semblé piquant de voir ce grand nom confondo
parmi tant d'autres noms obscurs. Je me suis repré-
senté mon prédécesseur y le greffier pacifique , comme
disait Boileau en parlant de son père , je me le
suis représenté écrivant ce nom sur sa feuille d'au-
dience f et l'écrivant sans trouble t sans émotion , sans
pressentiment y d'une main ferme et assurée y dans les
mêmes dimensions y avec les mêmes caractères , comme
il en aurait écrit un antre y en un mot y comme il
venait d'écrire celui de maître GuUlaumt Robinet , Uceodéf
qui ( le registre en fait foi ) , prêta serment comme
avocat le même jour que Pierre Corneille , et quelques
instants avant lui. Ces deux noms là ne devaient pas
courir long- temps même fortune.
. Il est temps de rapporter cet acte ; le voici :
« Du mardy xviil« jour de juing MVicxxilii,
« M' Pierre Corneille , licentié es loix , après qw
« par ordonnance de la court a esté informé d'office par
» les conseillers commissaires à ce députez , de sa \ity
<c mœurs, actions, comportement!, religion catholiape,
« apostolicque et romaine ; oy sur ce le procurem^
« général du Roy^ et de son consentement , a esté reçea
« advocat en la dicte court , et a fait et preste k
« serment en tel cas requis et accoustumé ».
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( 417 )
Le i8 juin est la date de ce jour. Ainsi, ce fut, il
y a prëcist^ment aujourd'hui 206 ans, que Pierre
G>rneille parut à la grande audience du Parlement ,
dans cette chambre dorée où la G>ur d'assises tient
aujourd'hui ses séances , et prêta serment , en qualité
d'avocat, dans les mains de M. Alexandre de Faucon,
premier président.
Si donc , comme l'assure M. Taschereau , Pierre
G)meille obtint du Roi , en 162^ , des lettres de dis-
pense d'âge , il est bien certain , maintenant , que ce,
ne fut pas , comme il le dit , pour exercer la pro-
fession d'avocat , et il n'est pas di(H«ile de conjec-
turer a quelle fin il les obtînt. Personne n'ignore qu'il
exerça quelque temps les fonctions d'avocat du Roi
à la Table de Marbre. Or, l'ordonnance de Blois ,
qui exigeait que les juges fussent âgés de 25 ans ac-
complis , s'étendait aux avocats du Roi. Le parlement
de Rouen , surtout , l'avait ainsi expressément décidé ( i);
mais on obtenait facilement du Roi des lettres de
dispense d'âge , et le Parlement admettait ceux qui
en étaient munis. Si donc P. Corneille obtint , en dé-
cembre 1627 , des lettres de cette nature , c'était évi-
demment pour exercer les fonctions d'avocat du Roi
\ la Table de Marbre. Nul doute , en effet , que si
P. Corneille fut reçu , en décembre 1627 , avocat du
Roi près cette juridiction , ce ne put être qu'en vertu
de lettres de dispense d'âge , puisqu'il n'était âgé
alors que de 21 ans, et que la loi exigeait 25 ans
accomplis.
On me pardonnera ces longs détails à propos d'une
date , si Ton veut bien considérer que nous ne savons
(i) Collection de dédiions nouvelles, par Camus et Bayard; Y*
Avocat du RoL
S3
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\ ( 4i6 )
de Normandie. Cet acte , que j'avais ^
prëcëdemment pour M. P.-A. Corqf^ ^
d'histoire au coll^^e de cette ville i^ % ^
me l'a fait de'couvrir il y a pev^"^ ^ 9^
des ennuis d'une recherche ïoif ^ ^ ^' %^
son nom est venu tout-a-cc|^ ^ ^' ^. 9r ^
raviver ma patience. if^ *V^^ ^
Pourquoi ne l'avoueraîj' "t^ \/%
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il en aur ^ % ^ ^o nie persuader que
venait rf -î // ^ ^ée 1625 la première
qui ( I ^ î- ^uvrage de son oncle , pourrait
avocî 1}
inslî % * ^ point cette notice sans réclamer
COI * Cession de M. Taschereau qui blesse
. ' yfation pour notre immortel compatriote.
/mt-il , de mauoais avocat deQÎnt poèU mt-
Â. Yictorin Fabre, auteur d'un bel él<^c *
ydlo , auquel l'Académie française a décerné onc
Àe bien méritée ; M. Victorin Fabre avart . k
/emier , parlé ainsi dans la Biographie unù^erseiie (i)-
^ e n aime pas celte expression appliquée à un si grand
génie. Fils d'un maître particulier des eaux et forêts,
(0 A rarticle Corneille (P,)
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V
( 4'9 )
T parvenir aux plus grands honneurs
'^ '^ù , sans doute , il était entré par
*^ % Jv "^^ ^"® ^' Corneille ait jamais
Fis "çjv ^ '^^ U. Dès l 'école , sans doute ,
^^'^c^ V ^ . Tialgré lui , comme tant
" ^♦' ^y^^^"^- ^^^^ ^^ P'"* grand , de
^^'"-r, SJ^"«' ^'^ f •> Reçu avocat
>. ^« ">/• ^^ ."^ ^. C £/« sa robe
*> "^2. ^ "^ ^ > evoir avocat
^ *^ ^ ^ % "^ ^lême ne plaida
^ 95 ^ ' les soins de sont
/ ^ ^ de Marbre, il revêtit
, />^ *^^ que bientôt son génie se
^f»^ ^ * des productions bien supé-
^/^ ^n admirait alors , il dit de bon
/' adieu au palais. Mais la qualifica-
^ de mauvais avocat ne peut être appli-
qui , sans doute , nVut jamais le dessein
au barreau , qui n^y parut que par condes-
*vc-.^ pour un père , et abandonna bientôt cette
.rièie pour s'élancer vers des destinées plus hautes»
Non , ^e ne croirai jamais qu'il eût été un mauvais
^ apdCoA , celui dont le génie était si vaste et Pâme
si cbvaleureuse , celui qui mit des paroles si éloquentes
daA.9 la bouche des héros de la Grèce et de Rome !
(t) Matières dont s'occupait U Juridiction dite Table de
Marbre,
53.
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( 4ï8 )
presque rien sur les premières années de P. CorneiHe ;
et ces premières ann<?es de notre grand poète ne sont
pas sans intérêt pour nous, puisqu'il les passa du»
notre ville. D'ailleurs , en (établissant que P. Corneille
n'avait que 18 ans lorsqu'il fut re«;u avocat , il m^i
semble que la date assgnée, par Fontenflle, à la pre-
mière reprc^sentation de Mëlite, devenait beaucoup
plus probable. Cette pièce , premier essai de sa muse,
ne fut certainement reprësenti^e qu'après son admissîoa
au barreau. M. Taschereau , persuadé que cette ad-
mission n'avait eu lieu qu'en 1627, n*en était que plus
disposé à reculer jusqu'en 1629 la première repré-
sentation de Mélite. Le voilà maintenant réduit a«
témoignage des frères Parfait , dans leur Hisiùùre gé^
nérale du Théâtre français , ouvrage où les erreurs et le»
inexactitudes ne sont pas rares. Sans vouloir discuter
ce point , je me sens porté à admettre un fait qui ne peat
qu'honorer Corneille , puisqu'il serait une preuve de
la précocité de son génie. J'aime à me persuader que
Fontenelle , en fixant à l'année iGaB la première
représentation du premier ouvrage de son oncle , pourrait
bien avoir eu raison.
Je ne terminerai point cette notice sans réclamer
contre une expression de M. Taschereau qui blesse
ma vive admiration pour notre immortel compatriote.
Corneille , dit-il , de mauçais apocai det^ini poète wt-
mortel : M. Victorin Fabrc ^ auteur d'un bel éloge de
Corneille , auquel l'Académie française a décerné une
palme bien méritée ; M. Victorin Fabre avait , le
premier , parlé ainsi dans la Biographie untQerseile (i}«
Je n'aime pas cette expression appliquée à un si grand
génie. Fils d'un maître particulier des eaux et forêts,
(1) A ranicle Corneille {P,)
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( ^9 )
qui voulait le voir parvenir aux plus grands honneurs
dans une carrière où , sans doute , il était entre par
choix, il ne paraît pas que P. Corneille ait jamais
goûté ces projets paternels. Dès l 'école , sans doute ,
ce jeune homme , légiste malgré lui , comme tant
d^^utres , pressentait quelque chose de plus grand , de
plus satisfaisant pour son esprit et pour son cœur ,
que des avaries et des délits forestiers (i). Reçu avocat
en i6a4- I comme nous venons de le voir , il est
permis de supposer que rarement il btUaya de sa robe
4 longs plis notre salle des Pas- Perdus.
Je croirai donc que Corneille se fit recevoir avocat
par obéissance , ne plaida guère , ou même ne plaida
pas ; je croirai que , nommé , par les soins de sont
père , avocat du Roi à la Table de Marbre , il revêtit
la toge par résignation ; et que bientôt son génie se
déclarant chaque jour par des productions bien supé-
rieures à tout ce qu^on admirait alors , il dit de bon
cœur un éternel adieu au palais. Mais la qualifica-
tion flétrissante de mauvais avocat ne peut être appli-
quée à celui qui , sans doute , n'eut jamais le dessein
de rester au barreau , qui n'y parut que par condes-
cendance pour un père , et abandonna bientôt cette
carrière pour s'élancer vers des destinées plus hautes»
Non , je ne croirai jamais qu'il eût été un mauvais
avocat , celui dont le génie était si vaste et l'âme
si chaleureuse , celui qui mit des paroles si éloquentes
dans la bouche des héros de la Grèce et de Rome !
(t) Matières dont s*o€capait la Juridiction dite Table de
Marbre,
53.
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(4>i )
RAPPORT
sua LES PIÈCES ADRESSÉES A l'aCADÊMIE ,
par M. le Professeur Raft? , Secrétaire de la Sociéié ntyaie
des Antiquaires du Nord;
Par M. Auf. Lepbevost.
La G>mpagme nous a charge de lui rendre compte
des pièces qui lui ont été adressées par M. le docteur
Charles-Christian Raih , professeur à Funiversité de
Copenhague ', chevalier de Tordre de Danebrog , secré-
taire de la Société royale des Antiquaires du Nord.
Ces pièces sont au nombre de neuf , savoir :
I* Un extrait du 3* Rapport général au roi de Da-
nemarck , sur les progrès de renseignement mutuel dans
ce royaume , par M. d^Abrahamson , aide*de-camp
de S. M. ;
2<^ Un extrait du 5' Rapport sur la même matière ;
3® Un extrait du 6* Rapport ;
4** Un exemplaire de la copie d'une inscription ru-
nique gravée sur pierre et trouvée, en K8a4 , sur la côte
occidentale du Groenland , par une latitude septen-*
trionale de 73®;
5" Le fac-similé d'une page d'un manuscrit islandais
de la Jomsoikinga Saga;
&* Le Règlement de la Société royale des Antiquaires
du Nord ;
7® et 8*» Deux exemplaires d'une liste des ouvrages
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(4" )
publitfs, soit par la Société, soit par M. Rafia, son
secrétaire, avec une invitation d*y sonscrins et une
courte analyse de chacun d'eux ;
9<* Une Notice sur les travaux de la Société des An-
tiquaires du Nord , par M. Louis Giesebrecht.
Comme tes trois premières pièces sont 4;atièrement
étrangères à M. Hafn, et que d'ailleurs elles ne présentent
guères que des chiffres , nous aurions hésité peut-être
à vous en entretenir avec quelque détail , si des té-
moignages récents de l'intérêt que vous portez à cène
méthode ne nous rappelaienr que ce n'est pas seulement
pour les fleurs et les fruits de sa cime que vous cul-
tivez Tarbre de la science ; mais que ses racines même
n'échappent ni h vos regards ni h vos soins généreux.
Vous apprendrez avec plaisir , nous n'en doutoAs pas«
qu'en Danemarck , l'enseignement mutuel , objet d'une
protection douce et tolérante du gouvernement ( la
seule qui convienne en pareil cas ) « s'est propagé de-
puis sept ans avec une rapidité qui pourra paraître in-
croyable au sein de conti'ées infiniment plus peuplées
et plus opulentes. Cest à la fin de i8aa qu'il y fut
autorisé. Au 3i décembre lâaS, il y était déjà en vi-
gueur dans a44 écoles , et a 63 avaient déclaré vouloir
l'admettre ; total pour la nouvelle méthode, Soj écoles.
Au 3i décembre 1824 , il existait dans^
60S écoles , et 41 3 se préparaient à le re-
cevoir; total ....••..•• 1017
Au 3i décembre idaS ^ les écoles dans
lesquelles il était introduit étaient au nom-
bre de >i4-3t et celles qui Pavaient adopté
à celui de 564; ^^^^ '7^7
« On doit le répéter (dit avec raison M.d*Abrahamsoo},
1707 écoles qui se sont déclar/es de bon gré < car le roi ,
dans sa sagesse , n'a encore rien ordonné pour Tintro-
duction générale de cette institution utile ), au sein du
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(4»3)
pays de deux millions d^habitants , dans le court espace
de trois ans , voilà un résultat qui surpasse mt^me nos
espérances. »»
L^auteur du rapport indique , comme causes princi-
pales d'un succès si prodigieux , les encouragemonts et
les secours distribués par le gouvernement avec discré-
tion , et, comme nous Tavons déjà remarqué , sans vio-
lence et sans exclusion ; la protection constante de la
famille royale , du clergé et de Tadministration ; enfin
le soin de borner Temploi de la méthode à l'instruction
primaire : la lecture , Técriture , le calcul !, la géogra-
phie , réducation religieuse : tels sont, en effet, les soûls
objets professés par l'enseignement cputucl jusqu a la
fin de 1835. On se proposait alors de l'introduire
dans Tétude du dessin linéaire , du chant , de la gym-
nastique et des langues étrangères, au moins pour leur
partie élémentaire. On avait même commencé à y sou-*
mettre l'apprentissage des ouvrages d'aiguille. Des écoles
de ce genre étaient organisées dans cinq villes, et der
vaient l'être prochainement dans beaucoup d'autres.
L/expérience avait prouvé qu^une maitresse qui pou-
vait à peine , autrefois , diriger dans ces ouvrages trente
ou quarante jeunes filles, parvenait avec facilité à
en instruire plus de cent au moyen de la nouvelle mé-
thode.
Le rapport se termine par l'énumération des avan-
tages obtenus dans l'éducation primaire , au moyen
de renseignement mutuel. G;s avantages portent sur
les points suivants :
1® Economie dans le matériel ;
3^ Rapidité des progrès;
3^ Gafté et bonne harmonie dans l'école ;
4.^ Avancement de la moralité;
5^ Préparation heureuse à des études d'un degré plus
élevé ;
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(4^4 )
&> Soulagement du maître ;
7° Diminution du nombre, des maîtres.
Ce dernier avantage est présenté comme n^ayant été
obtenu que dans quelques localités , et non dans toutes.
La brièveté du rapport ne nous permet pas de re-
chercher les circonstances qui ont pu produire cette
anomalip , quand , partout ailleurs , la diminution du
nombre des maîtres est le premier fruit de la mé-
thode.
Nous avons tenu , Messieurs , à vous citer ^ dans
toute leur étendue , ces témoignages favorables à ren-
seignement mutuel , et nous pensons quHls mâîtent
une grande confiance à raison du caractère grave et
sérieux de la nation qui les a fournis , de récbelk
étendue sur laquelle les résultats ont été obteoos, et
enfin de Tabsence de toute passion politique dans
les jugements qui ont été portés.
Les deux autres rapports, du même genre , encore
plus courts que celui dont nous venons de vous pré-
senter la substance , n'offrent pas des résultats moins
extraordinaires ni moins satisfaisants. Nous avions laissé
renseignement mutuel en possession de 1 143 écoles ï
la fin de iSaS ; il en comptait k54.5 à la fin de 1826,
aoo3 h la fin de 1837 , aSoa à la fin de i8a8 , et
allait, à cette époque, être introduit dans 344 autres^
Déjà plusieurs provinces n'en renfermaient plus d'é-
trangères à la nouvelle méthode. Ainsi, dans Tun des
pays les plus pauvres de TËurope , T instruction élé-
mentaire aura été régénérée complètement , et sans se-
cousse, probablement avant Tespace de dix ams ; elle
y embrassera Tuniversalité de la population, et, sur celte
terre trop souvent , trop long-temps déshéritée des
rayons de Tastre du jour , en Tabsence de cette-xba-
leur vivifiante et de ces parfums au milieu desquels fleu-
rit la molle existence des nations du Midi , Vl
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C4a5)
du Nord se consolera de la longueur de ses nuits , puis-
qu'il pourra toujours appeler à son secours , pou les
charmer , la lumière de la science , et que celle-là ne
se couche jamais ; elle ennoblira son c«ur , elle instnii>
ra son esprit, et lui apprendra h défier ses frères du
Midi , sous le rapport des travaux intellectuels aussi
bien que sous celui de la force du corps. Les popu-
lations entières prendront part aux bienfaits de l'in^
^uction , au dt^veloppement de la civilisation , et lors-
que quelque g ^'nt^reux appel leur sera fait , il retentira,
ainsi que nous en verrons bientôt des exemples , dans la
cabane du pauvre comme dans le palais du riche , dans
la mansarde du serviteur comme dans le cabinet du
maître.
La quatrième pièce* est la copie d^une inscription
runique trouvée dans une île voisine de la côte occi-
dentale du Groenland , par une latitude septentrionale
de 73*. 11 est à regretter que cette pièce ne soit
accompagnée d^aucun document propre a en faire appré-^
cier rimportance et à en révéler le contenu h des yeux
aussi peu familiarisés que les nôtres avec Falphabet
runique et la langue islandaise» Nous sohrimks heu-
reusement à portée de suppléer à cette absence com^
plète de renseignements , au moyen du compte rendu
h la Société des Antiquaires du Nord pour les années
1&25 , i&a6 et 1827 , que votre commissaire tient
directement des bontés de cette illustre G>mpagme«
Voici ce qu'on y trouve » p. 37 , 38 et 89 , au sujet
de cette inscription.
«La coloaisation et l^histoire ancienne du Groenland ^
xneis surtout la démonstration de Texistence d'une
fastique colonie sur sa côte occidentale , ont été ^ur
Jes savants Tobjet de beaucoup de recherches. Notre
oonivère kprofesseiir «t docteur, en philosophie Ëstrup ,
a donné, sur ce dernier ftàaot , dansies MémmtwsiA
54
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C 4a6 )
ia Sociêlé de liUérature scandinwe^ pour 'Sf^, itnf- dis-*
sertation d^un haut intérêt , appuyée sur plusieurs ma-
nuscrits de la Bibliothèque royale de Drosdt? : et , dans
les mâmes mémoires, pour Tannée 1824, le lieutenant
Wormskiold avait inséré des obsen'^atîons ingénieuses
concernant le môme sujet. Tout récemment , Fattention
des amis des antiquités du Nord s'est pareillement
portée d^une manière particulière sur cette colonisation
de la côte occidentale du Groenland. En 1B24., If* premier
lieutenant Graah , de Soe Etat , apporta et donna ao
Musée royal des antiquités une petite pierre runique
extrêmement curieuse , qui , dans le cours de Tann^^e
précédente ( i8a3 ) , avait été trouvée par un \ne»x
groënlandais sur Tîle de Kingiktorsoak , par 7?/
de latitude septentrionale. Cettfr île est située à 4- milits
N.-O. de rétablissement danois le plus septentrional «
Upernivik. Dans le second cahier qui vient de paraître
du quatrième volume des Annales archéologiques^ publiées
par la Commission royale pour la conservation de<
antiquités , le professeur Rask a donné rinterprétation
de l'inscription gravée sur cette pierre , et le professeiiT
Magnussen Ta éclaircie par d^excellentes obserx'ations ,
aussi bien que par de nouvelles recherches sur la coo*
naissance très étendue que nos ancêtres avaient des
côtes du Groenland , antérieurement aux voyages récents
de découvertes. Notre confrère le missionnaire P. Kra;
d'Egedesmind visita , dans le mois d^août de iSsS ,
à la suite du marchand Stephenscn , islandais y qui
sHntéresse beaucoup h la découverte des monumeais
de ses compatriotes dans le Groenland, le lieo oè
cette pierre runique avait été trouvée, et il a con*
muniqué à la commission un mémoire très intéressât
6ur Ce sujet ( ainsi que sur d'autres souvenirs archéok^-
giques du Groenland ) , que Ton trouve inséré dans k
même cahier de ces aiuujes. »
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( 4^7 )
« L'inscription est conçue de la manière suivante ^
it'après l'interprc^ation du savant que nous venons de
nonimer :
ELLlNr.R SÎGVATSSONR OK BIARNI THOADARSON
©K EINDRini ODDSSON LAUGARDAGI?^N FYRIR GAGNDAG
«LODU VARDA JHE (/I/ia) OK RUDDU (ou ritu) MCXXXV.
C'est-à-dire :
'( Erling SigiHitson , ^ Biame Thorderson , et Endride
« Oddsson , ont élevé ce tertre ( monceau de pierres , co-
« lonne ou monument) le samedi avant (i) le jour des
«t Rogations (aS avril) , et ont netoyé ce lieu (^ou graoé
« f inscription ) 1 1 35. »
<c Le GAGNDiu; est, dans te rite catholique , ua jour de
fête ou de prières des mois d'avril ou de mai. (a)-
M Krag vit les ruines du tertre encore apparentes
sur le lieu où la pierre avait été trouvée-
« Une copie de celte inscription fut envoyée à fea
le docteur Brynjulfson , en Islande ; et il en com-
muniqua h la Société l'interprétation , accompagnée
de notes explicatives. Comme il ne connaissait pas
du tout celle que nos savants d'ici en avaient donnée ,
il est intéressant de remarquer la parfaite identité
qui existe entre elles , et qui confirme d'autant plus
que l'inscription a été" bien lue. Il lit tous les mots
précisément comme le professeur Rask , excepté le
premier , dans lequel il doute s'il y a ellingr ou
plutôt GUELLI6R, c'est-h-dire , d'après l'orthographe
ordinaire : gudlaugr. Le groupe de traits au bas de
l'inscription , où U professeur Rask a trouvé le
O) £t non pas le vtndredi après le jour des Rogations , comme on
a traduit dans le Bulletin universel.
(i) Noos avons cru pouvoir omettre une longue et savante note du
professent Magnussen , qui prouve qu*il s*agtt ici du jour des Ro-
^siions»
54-
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(4^8)
millésime ii35, ne lui paraît qu'an ornement deitioë
h compléter la ligne. Quant à la date de cette in»^
cription , voici comment il s'exprime :
<' Relativement à son âge, je ne puis rien af/irmer d'une
« manière précise. Qu'il appai^ticnne à la période chn^
«' tienne du Groenland , c'est ce qui est prouvé par
« la mention du samedi ( lœverda^ ) , et mieux encore
« par la supputation chronologique à l'aide de la fête
«« des Rogations , introduite en klande antérieurement
« au 12* siècle , circonstance qui se rapporte à l'an-
'( cienné liturgie chrétienne. On pourrait , d'après cela,
« attribuer très convenablement rinscription au ti*
« siècle, car je ne voudrais pas remonter plus haut,
« à cause des caractères iulrinsèques que Ibiirmt U
« forme des runes elles-mômes. La séparation în-
« complète des mots , et lemplot accidentel de rwkfs
<f ponctuées ou inscrites les unes sur les antres , îst-
ti diquent une époque d'antiquité moyenne , que ers
» deux circonstaoces prouvent ne pas pouvoir Itre
'< reportée plus.lQÎi» que jusqu'au ii^ siècle. »
Nous avons evu devoir rapporter.ee passage en entier,
à cause du puissant intérêt géographique qu'il prtsenle
par lui-mOme ; puis parce qu'il nous parait «voir
été impar&Uemcnt analysé dans, le Bulieêùt unwtnglJt»
Scie/i£es (juillet 1828 et avril 1829); enfin, pour rap-
peler, à cette occasion , l'attention de nos coni|MlnotfS
sur ces inscriptions runiqucs de la Scandinavie, dont
il est si extraordinaire .de ne pas rencontrct on seul
exemple chez nous.
Nous ne pouvons rien vous dire de la cinquième pi^«
qui nous a été envoyée , comme la précédente, sans au-
cuns renseignements explicatif, si ce n'est que noos de-
vons y voir un fragment de manuscrit de la Jomsvikâ^
Saga,
La sixième pièce est le règlement , rédigé en infsndf"
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( 4^9 j
et en danois , de la Société royale des Antiquaire» du '
!Nord , dont le siège est à Gipenhaguc. Nous venons
d^avoir Thonneur de vous dire que nous étions entière**
ment étrangers à la première de ces langues ; nous
ne connaissions pas davantage la seconde , quand vous*
avez bien voulu nous confier Fexamen des objets
envoyés par M. iV^fn ; mais cette circonstance nouS'
a porté h consacrer quelques moments à son étude ,
et nous devons vous dire que nous n^en avons jamais
trouvé de plus simple ni de plus facile. Nous nous^^
hâlons de proclamer ce résultat , dans Tespérance quHl
pourrait encourager quelques-uns de nos confrères à
s^eft occuper , et qu'elle leur oflrirait de puissants <
secours dans leurs recherches sur la première partie
de notre histoire. Nous oe vous entretiendrons point ,
au reste t des détails de ce règlement , dont toutes les
parties dignes de votre aMention vont se trouver re-
prodaîtes dans un autre document.
La septième et la huitième pièce sont j comme nous
avons en Thonneur de vouâ le dire ci*dessus, deux
exemplaires d'une invitation de souscrire aux ouvrages
publiés par la Société des Antiquaires du Nord, oa
par M. Rafn son secrétaire. Le titre de chacun de
ces ouvrages est suivi d'une courte analyse. Nous avons
cm devoir vous présenter la traduction littérale de
cette annonce , en y joignant tes prix , qm manquent
ici f et que nons avons trouvés ailleurs, (i)
fc Invitation aux amis de la UttèrcUure antique du N^rd ^ de
souscrire aux ouvrages suivants :
« I* Fommanna Sœgur , c'est-à-dire Sagas des Ayeux ,
ou Sagas historiques , concernant les événements arrivés
(i) Litlerarische Anzeii^e der Gesellscka/ifU^ nsrdkoke Aller*
thitmskmtét zm Mapéh/utgen ,
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( 43o )
hêrs de VIsiandê , d'après de vieux maiiuscrUs isbndaîs,
publiés dans la langue originale , par les soins de la
Société royale des Antî^juaires du Nord (i) ;
« 2» Isiendinga Sœgur j c'est-à-dire Sagas des IsÊéÊndms.
ou Sagas hîsinriques^ concernant les évèaemenis arrwes m
Isùmde^ publiés d« la même manière , el par les soiiis
de la même Sociî'lé :
« 3® ScHpta histurka Isiandonun , de reins gcs^js veiewwn
Boreailum , latine reddUa et apparatu rrkito mstntchà ,
cjrante Societaie regia AnUiptariarum septeniriona&im (a) ;
«« i* Oldnordlske Sagaer ^ c'esi-^h-dire Antiques Sagm ai
Nord , traduites d'après les ordres de la Société royale
des Antiquaires du Nord , et sur le texte que cette
compagnie a publié , par le professeur , docteur en
plitlosopbie et chevalier de Danebrog , C.-C- Rafn (3).
« La Société royale des Antiquaires de Coperfiague
s'est proposé pour but principal de publier toutes les
anciennes Sagas historiques du Nord , dans leur texte
original , Scandinave ou islandais , avec une traduction
latine , et une autre danoise , imprimées séparément
U paraîtra , chaque année , un volume de ao à 3o
feuilles de chacune de ces quatre collections. L'utilité de
l'ancienne langue Scandinave, pour l'étude des idiomes
de la même famille ; les secours que renferment les
sources historiques du Nord , pour l'éclaircissemcDt
de la portion la plus ancienne des annales et de la
constitution des autres pays de l'Europe , et particu-
lièrement de l'Allemagne , de la Grande-Bretagne ,
de la Russie et de la France ; enfin , le mérite propre
(l) Prix et chaque volume : papier ordinaire , i ibaier lO gros; pa*
pier véllB , i thalers 3 gros.
(a) Prix de chaque votume : papier ordinaire , a tliaJcrs 5 gios ; p*-
pier vélin, a thalert 20 gros.
(5) Mêmes prix que poux les volumes des JP^iNmaumna-Smgmr,
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iir-iiL.-T ocir::!-:- Jarai» *■: — ' •■»'» -^* "''•*•
b <j-anj ■; ^ y- irr» =ir:x:--Jr — ■ î-'*-C\ ^. * * -r. ^_ k
.;.» ;V-^ à *c* i^j-;**, *« F^* *-- -• *"^-* «^*'-''''
xvat nra;j« tV f-J» '» f--»> :*>;-*- *- *^ *'**^
«ue e^tr^raace qa* ia S...» :o ixvi- ;>:> Aa;....»*»rr*
de duuofr k* U.Ti^ C a iOi ï^o.-!. ->iv w .*•.«« »*~*
/in«ja— i«^, on des /w*ï.r/J -< ^^-. î*^ ^* »" * "^ "^^^
Ji:uo^s Isi-tadjfmm. et quatre ùes i . J« jw^-- vV.;<«p<r C
l«V'»*^«>^'P'»'>'-'^* '^^^ '"■^'' '""^'t ^^'?''**V' ^**"-'"^
a'anciea» manuscrits isuuidais» par C-C. JfUu, i— >
volunies.
tradniics en danoU, et publiées pv C,-C. Raln. \t-
lames i — 3. . , .
- Ce cjcie de Sagas, dout nous «ononçt«s ici If
texte et U tradnction en danois, mia-rme les Sis»*,
*n partie mylhologico-historiques , en i«rtie »om*-
«^oes, qui traitent dV«oemenis arri>^sda.w l« No«l
antérieurement aux premiers éiabUssemenls dhlanik,
4laiis k 9' siède, ou à la p^ricle historiqu.- pro|m<me«t
dite. Telles sont U Rolf-krukrs Saga , la / W*««*'.. à^f^,
la Rngnar Lodbroks Sog», ia IM/s .%.., la FnM,o(1
Saga. Comme la plus grande parlio do es Sngas sont
dans une étroite connexion a>Tr le grand c>clc «.«i-
manique de récils relatifs aux NùUluugs , o» osi^re
que cette publication sera également aouc.lhe av.c
bienveillance par les amis de lancienuo Ullo.at.irc air
lemande.
(.)P,eai«yolaine,2thaUrs .9 gros. ^ Dcutièm» vo W. » tUr„
9 «toj.
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.(43a )
« 7^ Krahismnl, etc. , Meios Craca^ swe Epieedum lod-
èroci; ode de Kraka , cfu Chant du cygne de Ladhrok , c'esè-
à-*dire Chant des exploits et de lu mort hMUque da nùRtt-
gnar Lodbrok^ d'après un ^ i(*ux manuscrit sur parchemin ^
€t plusieurs autres manuscrits inédits, avec traduction
danoise , latine et française , diverses variantes et leur
examen, des remarques critiques et philolngiqoes , un
fac similc , eic. ; le tout publié par C-C. Rafn (i).
<r Pour la demande de ces divers ouvrages, on doit
s'adresser b la libraine de t^ogei^ à Leipsig , cm a la
librairie de Gyldendal ^ àt Copenhague. JUans les pro-
vinces danoises , on pourra aussi en £iire directement
la demande au bureau de la Société royale des An-
tiquaires du Nord , sous l'adresse de son secrëtairr ,
le professeur C.-C. Rcrfn , rue du Prince-Royal , ii* (o ,
à Copenhague. »
Enfin , la 9' pièce, et la plus 'importante , puisqueUe
nous donne une idée complète de rhistatre de la
Société des Antiquaires du Nord, de sts statuts, de
ses travaux et de son. actif et savant secrétaire M. Radi,
est la iTotice de M. I..CNifs >Giesebrecht , sar cette coid*
'pagnie, insérée dans le Journal pro^meial de Pomérme,
•«n 1837, et réimprimée à part, avec des changproeDts,
à Stettin , on rôaS. C'est cette dernière édition qm
vous a été adresst'e* Malgré TétPiidue de cette notice,
et les difficultés notables attachées ^ sa traAictiiQ
littérale , nous avons cru devoir vous Toffrir , «t noos
tious estimerons amplement récompensé des soins qo'^
pu nous coûter ce petit trav«l , s>4l vous présente
quelrjue intérêt ; nous vous remerciereos aiême d'amir
rappelé notre attention vers ceUe belke et aaUehi^
allemande , objet de quelques-unes de nos çimàtti
( 1 ) Prix» «ar beau pipier frao^ais , i tluicc »a>|rM ; .4U int ^^
^ thalers 6 gros.
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(433)
Audes , et qui , malgré la complication de ses formes
et le peu d*éclat de ses sons , n^en reste pas moins
l'un des plus riches , Tun des plus curieux idiomes
qui aient jamais été employés à la manifestation de
la pensée humaine.
Sur la Société royale des Antiquaires de Copenhague ,
par Louis Giesebrecht.
« Pompeii et Herculanum , leur destruction et leur
résurrection , sont partout bien connus parmi nous ; mais
qu'est-ce que deux villes romaines en comparaison d'un
monde entier qui , situé de l'autre côté de notre mer ,
et n'étant séparé de nous que par un jour de naviga-
tion f quand le temps est favorable , sort de Toubli pour
nous rendre des races complètes d'hommes dans leur
puissante activité ? Et cependant , combien ce grand
événement , la restauration de l'ancienne littérature du
Nord , n'a-t-il pas été imparfaitement apprécié jus-
qu'à présent! L'objet que nous nous proposons dans
ce mémoire est d'appeler sur lui l'attention publique*
« Les trois royaumes Scandinaves ont eu, dans les
siècles reculés , une même langue , qui , étant encore
parlée de nos jours en Islande , a pris communément ,
ik raison de cette circonstance , le nom d'islandais (i).
(i) ce II ne s*est conservé presqo* aucun monument de Tanciemie exis-
tence «les peuples du Nord dans les trois royaumes qui composent U
presquMle Scandinave. Cest un pays plus reculé vers le p^le, plus isolé
du reste du monde ; c*est une lie qui a recueilli et nous a transmis
ces monuments. L*lslande a été, pour les autres pays Scandinaves,
ce qua la Scandinavie elle-même avait été ^oor les autres nations go-
thiques , un asyle da passé. Au 9« siècle , quand U Scandinavie était
tncote toute payenne , Tlslande fut peuplée par des familles qui s«
réfnsièrent sur cette teira libre , pour échapper à la tyrannie des rois
qoi^ vers cttte époque , coqimencèrent à asservir les chefs indépen-
55
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C'est dans cet idiome qu'ont été rédigés une fonte i^
monuments écrits dont nous n'avons, de ce côté de h
Baltique | qu'une idée beaucoup trop étroite. A Copen-
hague , et sur d'autres points du Nord, sont rassemblées
de volumineuses collections de ces manuscrits non pu-
bliés. La plus grande partie sont consacrés à l'histoire
et à la poésie , et il n'y a peut-êlre point d'autre langue
européenne aussi riche que l'islandais en écrits relaûfs à
l'histoire du moyen âge.
« De tous ces écrits , il n'y avait guères d'imprimé ,
avant la dernière moitié du 1 7^ siècle , que le Code du roi
Mugnus Lagabœter La langue même dans laquelle ils
sont composés , l'islandais , jouissait en Danemark de
si peu de considération , qu'on alla jusqu'à vouloir le
bannir entièrement du royaume. C'est alors que , pour
la première fois , des savants isolés , Worm , R^enios ,
Verelius , Peringskiœld , etc. , tournèrent leur attention
-— ' ^ ; ^
dants. Plus tard elle abrita ceux que Ton penécotait sur la t^ire f«ise«
il cause de leur attachement à Tancienne religioa et aux TÎeillcs nsan
nationales. Cette religion , et les mœurs primitives de la ScandinaTie ,
furent donc transportées, avec sa langue et sa poésie, au sein des larcs
»t des glaces de PlsUnde.
-« Ainsi fut fondée ki république islatidaise , qui a duré quatre siècles*
qui a eu ses annales, sa législation, sa littérature Elle offre le se«l
exemple que nous connaissions de Tespèce de civilisation qui pouvait
se développer spontanément, sans l'influence de la civilisalimi roaaÎAc,
par le seul progrès de Tesprit national, cbex les peuples dont nous
sortons et à qui étalent réservés les temps modernes.
ce L'Islande était constituée, quand le christianisme y pénétra, plus d*aB
siècle après la colonisation. 11 fut accepté volontairement « et en as>
semblée générale; il ne s'ensuivit presqu*aucune révolution dans les
idées et les h4bitudes ; s'il adoucit un peu les mœurs, il ne les ckan-
gea point. L'auciep esprit subsista; Tancienae mythologie continua à
vivre dans les chants des scaldes; les Sagaa^ ou récits des temps recales ,
continuèrent à charmer les Ages suivants. Kous allons voir que cet in-
térêt n'a pas cessé même de nos jours. * ( M. J-J. Ampère , Gloàt, 30
février i83o.
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(435 )
vers l a vieille iiltërature dil Nord. Des fragments de&
premiers Edda , le texte des plus récents en entier ,
l'histoire des rois de Norwège par Snorres ( c'est ainsi
qu^on désignait VHeimskriiigla ) , et nombre d'autres pro-
ductions historiques et poétiques , furent successivement
publiés , réunis on séparés , plus ou moins soigneu-
sement imprimés , la plupart accompagnés de traduc-
tions latines et de notes explicatives. Cependant , cette
étude , se propageant lentement , resta près d'un siècle
confinée dans un cercle assez borné , composé princi*
paiement de savants appartenant h la Scandinavie ,
attendu qu'on manquait encore d'une bonne grammaire
et d'un dictionnaire complet de la langue.
«< Lorsqu'Arne-Magnussen fonda h Copenhague le col-
lège qui porte son nom , il le dota généreusement d'une
collection considérable de manuscrits appartenant h Tanr-
cienoe langue du Nord , et rassemblés par lui-même ,
ainsi que d'amples revenus , et le consacra b avancer
puissamment les études irlandaises ^ surtout par la pu-
blication et l'interprétation des anciens ouvrages. A
partir de ce moment , la restauration marcha avec ré-
gularité et sur un plan suivi. Copenhague et le collège
Arna-Magnxanien en devinrent le point central. Tel fut
le but vers lequel on tendit de la manière la plus ho^
norable pendant la seconde moitié du i8* siècle et
les dix premières années du suivant. On doit , en partie ,
b Faction directe de l'institution d'Arnus-Magnussen ,
en partie à la coopération , provoquée par elle , de la
famille rovale et de quelques particuliers opulents , la
publication des plus anciens Edda dans leur inti^grîtc ,
de V Heimskringla ^ et d'une collection intéressante de Sa-
gas isolées (i) , le tout splendidement accompagné de
(i ) « Les Sagas sont en prose : assez souvent des vers sont jetés au milien
à% It narration. Saga signifie ce qu'on dii, ce qu'on ^raconte; c'est
55.
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(436)
traductions latines , glossaires , notes et disserfatiotu
grammaticales et historiques. Ces nouvelles recherches
fournissaient les bases d'une grammaire et d*un dic-
tionnaire, impatiemment attendus depuis long-temps, et
indispensables surtout pour faire de ces c^tudes septen-
trionales un corps de doctrines solides , et en répandre
au loin le goût. On fut redevable de l^in et de l'autre
h Rask. Sa Grammaire islandaise parut en 1811 , et trois
ans plus tard il publia , après Favoir augmenté et re-
manié , te Lexicon islandais de Bjcam Haldorson , que son
auteur avait lé^ué en manuscrit au collège Ama-Ma-
gmeanien*
« Pendant que Rask ouvrait ainsi aux recherches des
savants l'accès de la littérature septentrionale , Rafln
commença à en mettre d'une autre manière les trésors
âi la portée des personnes étrangères aux études philo-
logiques. Jusques-lb on n'avait guères traduit qu'en
latin les Sagas islandaises ; un petit nombre seulement
avait été transporté dans les dialectes modernes par
Vepos des grecs , U fabula des Utins, pris dans leur acxepUoo ]
tWe , qaand ils nVraportaient point Pidêe d*nBe chose feinte, wuu
celle d*on simple récit, de la tradition naïve des faits. Ce qui distingac
U saga de Thistoire , c'est Tabsence de critique; ce qvi la distingve èm
roman, c*est la foi à ce qo*elle raconte. Si elle n*apprend pas toa)oars ce q«
est arrivé , elle apprend ce que croyaient les conteurs, et cela est déyà de
Thistoire ; si les événements qu'ils racontent n^oGFirent rien d*iocroyakle ;
a*ils en ont été témoins , on peut se fier i eux presque entièrement ;
et même, lorsqu*iU en étaient éloignés, il reste toujours quelque cbose
de vrai an fond d*une tradition qui n*a pas tté forgée aibitrairemcnt
ou sciemment altérée.
« La Saga est le début de Thistoire : c*cst te passage de la poésie à
là prose. Sur les antiquités grecques et les pays connus de U Grèce,
nous aTons on précieux recueil de Sagas dans le livre d'Hérodote*
qui commence presque tous sts récits par : On dit. . Les preaiicts livres
de Titf-Live sont des Sagas altérées tt ornées par un stjU adflûnWo. •
( klem, ibid.)
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( 1^7 )
Perinskioeld ^ Reenhielm , Goransson , Biœmer , Afze^
lius , en Suède ; par Johnstone et Thorkelin , en An-
gleterre ; par Graeter, Herder, Grimm et V, D. Hagen »
en Allemagne. Le Danemark , quoique les études is-
landaises y eussent été incontestablement plus profondes
et plus florissantes que partout ailleurs, paraît avoir
été le moins bien partagé sous ce rapport : Resenius ,
Erichson , Sandwig^ Nyerup, j avaient seuls frayé les
premiers la voie que Rafn y a rouverte de nos jours ,
et quUl parcourt avec un zole infatigable aussi bien
qu^avec des succès signales.
•c II fallait la réunion de deux hommes de ce mérite «
avec les autres honorables amis et propagateurs de ces
études en Danemark , pour y commencer une nouvelle
période de la littérature islandaise ; c est ce qui arriva
par rétablissement de la Société des Antiquaires du Nord.
M £n 1824 1 il se forma h Copenhague une association
d'amis de Thistoire nationale , qui posèrent en principe
que déjh il avait été exécuté des travaux importants
dans l'intérêt de la littérature islandaise , surtout par le
collège Arna-Magnaeanien ; mais que, cependant, il res-
tait encore beaucoup de manuscrits inédits à préserver
de toutes chances de destruction , et qu'aucune époque
n'était plus propre à une pareille publication que la
nôtre précisément , où se trouvaient levés la plupart des
obstacles qui s'opposaient précédemment aux progrès
de ce genre d'études. La Société arrêta, en conséquence ,
qu'elle publierait les manuscrits islandais encore inédits ,
par volumes annuels de vingt-quatre feuilles au moins y
de manière h ce qu'on pût acquérir séparément le. texte
original ; une traduction latine , accompagnée de notes
critiques et explicatives , destinée particulièrement pour
les philologues et les antiquaires ; et enfm une traduc-
tion danoise à l'usage de la masse du public , afin d'en
faciliter la diffusion par tous les moyens possibles. La
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( 458 )
Saga â'Oiaus Tryg^eson devait ouvrir ie nouTeiu recneS
ayant pour titre : Fommanna Sccgur^ Histoires des amcéùts.
Dans un prospectus imprimé en isUndab , en latin ,
et en danois, BrinjuIfson^E^ilson, Gudmondson et IU£ei
annoncèrent ce projet , et , comme ^chantilloD du tra-
vail et de rimpression , on joignit à ce prospectus la
Jomsçikinga Saga , d'après les leçons les plus courtes
et les plus anciennes. C'est ainsi que Ton fut invité
en m^me temps ii la souscription au FommaamM
Sœgur , et à des contributions volontaires dans rintérél
de l^association.
n La société avait compris Tesprit de son siècle : il se
manifesta bientôt. Le projet fut accueilli avec enthou-
siasme sur plusieurs points du Nord , tels que le Da-
nemark , la Norwège , les îles Faneé ^ mais surtout es
Islande , où savants et ignorants portent encore le plus
grand intérêt a Thistoire nationale, puisque, dans cette Ile
pauvre et séparée par une si grande distance du reste
de l'Europe civilisée , il y eut , sur une population dVu-
viron 5a,ooo habitants , mille souscripteurs au F«nr-
manna Sc^gur; encore la plus grande partie n'étaient-
ils pas des gens instruits , mais des marchands , des
marins , des artisans , des laboureurs , et jusqu'à des
domestiques et des servantes (i) !
(i) Le recueil auquel noui tTons défà emprunté deux cHatiofli,
nous indique dans quelle proportion chacune de cet clwsce coec—-
tut à la souscription :
K Sur 5o,ooo habitants qui forment la population totale de ceUe Be »
mille souscrivirent ; savoir :
5oa paysans ;
171 employés et étudiants ;
3f ouvriers et matelots ;
58 maîtres artisans et compagnons ;
a6o domestiques ;
7 femmes et filles de service.
Il n^est certes pu on pays de rEorope r 4 U *piiblic«ti«B das neîH»
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^( 439 )
<t Cependant, le petit nombre de chefs primitifs de TeH^
Ireprise s'était adjoint de nombreux coop^ateurs , et
c'est ainsi qu'il se forma une société régulière et stable
des antiquaires du Nord , qui comptait Sg membres
en janvier i8a5 , époque où elle tint sa première séance
dWganisation. On y arrêta les statuts de la compagnie,
et on nomma ses officiers ; savoir : le professeur Rask ,
président ; M. d'Abrahamson ^ adjudant du roi , vice-
président ; le professeur Rafn , secrétaire , et le con-
seiller de justice Langeland , trésorier. Les statuts ont
été imprimés en islandais et en danois , et fournissent
les renseignements les plus authentiques et les plus
précis sur Tobjet de Tassociation. « Le but de la so-
ciété , y est-il dit , est particulièrement la publication
et rinterpCétation des vieux écrits islandais ; mais aussi
en outre tout ce qui peut servir en géniVal à éclaircir
Thistoire ^ la langue et les antiquités du Nord , ainsi
qu'è réveiller et entretenir par là Tamour des ancêtres
et du pays. Dans cette intention , elle se propose de
publier successivement toutes les Sagas islandaises et au-
tres anciens écrits qui intéressent ces trois branches de
recherches. On évitera autant que possible de se ren-
contrer, dans ces publications, avec la commission Arna-
Magnseanienne. Mais si jamais | contre toute attente ,
la Société se trouvait dans la nécessité de se dissou'Ire,
toutes ses collections , tous se$ fonds deviendraient
immédiatement la propriété de ce m4mc collège d'Arnus-
Magnussen. Comme Tun des buts qu'on se propose
chroniques soit aussi popalaire. Il faut se souveuîrqae, dans te Nord ,
tout le monde sait lire , et qu^en hiver une famille de paysans islan-
dais a coutume de se rassembler au commencement de la nuit, c*e>t
à dire vers trois heures , dans une grande chambre où sont tous le»
livres. Chacun se couche, et Tun d*eux lit aux autres, à la lueur d'une
torche de sapin ,1es vieux réeits nationaux dans la langue mMe «t riche
de leurs pères , qa'ila ont gardée. »
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(Uo)
€st aussi particulièrement d^entretenir l^amour existant j
de temps immémorial , en Islande , pour la littâ^ture
nationale V 1<^ publications en langue orî^nale derroiA
être à Tusage des habitants de ce pays ; et pour cela
on aura grand soin dVmpIoyer les caractères dont ils
se servent et tous autres moyens auxiliaires propres ï
favoriser cette destination. Afin de rendre la lecture
des anciens ouvrages d^autant plus accessible , on aura
. pareillement soin de traduire , surtout en danois , les
Sagas les plus intéressantes. La préparation de ces
publications sera confiée h une section de la Com-
pagnie f qui prendra le nom de section des 'vieux écrits,
et qui se composera de membres ayant fait le premier
appel pour la souscription au Fammanna Sœgur. Les
devoirs de cette commission consisteront à exécuter
les travaux scientifiques nécessaires à rétablissement
du texte» et à faire procéder h l'impression y soit aux
firais de la Compagnie seule , soit à ceux d^un libraire
assisté par elle , autant que cela deviendrait nécessaire »
en outre , la Société , pour donner nn nouveau témoi-
gnage de son activité, ainsi que pour éveiller et en-
tretenir la coopération à ses travaux , publiera à son
compte un journal d'une feuille par trimestre ^ qui sera
envoyé gratuitement à tous les membres et aux autres
protecteurs de ^entreprise, et devra contenir des nouvelles
de ses travaux , ses comptes , puis , en outre , des
annonces littéraires et de courtes compositions : ce
journal sera entièrement sous la direction du présideirt.
Il paraîtra aussi , aux fixais de la Compagnie , un autre
journal , par cahiers , contenant des dissertations propres
a éclairer Thistoire , la langue et les antiquités du
Nord , au moyen d^anciens monuments Scandinaves «
ou ceux-ci au moyen d'autres sources , ainsi que des
compositions poétiques tendant à réveiller l'amour des
vieux souvenirs septentrionaux. Le contenu de ces cahim
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( 44i )
devra élre préalablement soumis è la Compagnie , dans
Tune de ses séances, cl approuvé par les deux riers
des membres présents. Enfin la Société £aivorisera la
publication d^autres ouvrages servant à atteindre le
même but , et c*ierchera encore ( autant que la coopé-
ration de ses membres et la générosité de ses bien-
faitews lui en fourniront les moyens ) , à propager par
toutes autres voies la connaissance et le goàt des
antiquités, ainsi que de la littérature du Nord, de manière,
cependant , à ne jamais perdre de vue la publication
des anciens écrits , son but principal*
« Les statuts renferment encore des règlements sur
la nomination des membres , qui seront choisis parmi
ks hommes distingués , tant du Nord que d^autres pays ,
ayant pris une part effective à Tobjet des travaux àe
la Société. Ils se divisent en honoraires , ordinaires
et correspondants. Les membres ordinaires , domiciliés
dans les états danois , sont assujétis h une cotisation
annuelle. A la tête de la Compagnie sont placés un
président , un vice-président , un secrétaire et un
trésorier , nommés pour trois ans et rééligibles à Tex-
piration de ce terme. Ces quatre officiers ont , outre
leurs devoirs particuliers , une surveillance commune
h exercer sur les propriétés et les revenus de la Société ,
et sont chargés de pourvoir à son entretien , à son
accroîséement et à ses travaux , conformément aux ré^
solutions prises dans ses assemblées. Ces réunions ,
ou tous les membres ordinaires et honoraires ont voix
délibérative , doivent se tenir , d'après les statuts , quatre
fois par an , dans le premier mois de chaque trimestre ,
et plus souvent s'il est nécessaire.
« Trois ans se sont écoulés depuis cette première
organisation de ia Compagnie. Au 3i janvier' dernier
( i8a8 ) y les quatre officiers primitifs sont sortis de
cbarg|9« et à leur place ont été élu$ , pour les trois aqs
56
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^ui suivront , MM. d'Abrahamson , aide-de-câinp
<ie S. M. le 'Roi , aux fondions de président ; If pro-
fesseur Finn Magnussen , à celles de vice-prësident ;
le conseiller de chancellerfe Th. MuHer , à celles de
trésorier ; le professeur Rafn a été nomme de nouveau
secrétaire.
« A Tépoque de ce renouvellement du bureau, la
Compagnie a publié son premier compte rendu , pour
les années i8aS ^ i8a6 et 1827. De ce document
ressort pour elle le témoignage honorable que , dans
ses travaux « non-seulement elle nVst pas restée en
arrière de ses îmtations , mais encore elle est allée au-
delà de ce qu'elle avait promis , ao-delà de ce qu'at*
tendaient ses fondateurs eux-mêmes , quand ils mireat
pour la première fois la main- à Tœuvre. Le roi de
Danemarck Ta reconnu pareillement , dans sa haute
sagesse , quand « de son propre mouvement , et en
témoignage de sa satisfaction pour les travaux de la
Compagnie , il lui a conféré , le 9 mai dernier ^ le titre
de Société royale.
«t La section des anciens écrits éprouva , en juin
1827 , une grande perte par la mort du docteur
Brynjulfsson , qui fut remplacé dai^ son sein par Th*
Helgesen. Malgré ce fâcheux événement , la publication
des Sagas historiques du Nord , objet principal des
travaux de la Compagnie , a été poursuivie avec ardeur
et activité.
« Mais ces Sagas se divisent en deux classes, selon
qu'elles sont relatives à Thistoire de T Islande ou à celle
du reste de la Scandinavie ( Danemarck , Suède et
Norwège ) ; telle est la division à laquelle correspondent,
dans le plan de la Société , deuk grandes collections :
Islendinga Sœgur et Fommanna Sœgur.
« On commença par la dernière , et en particulier
par YHistoîre de Noripège, Aussi les trois premiers
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( 443 )
volumes du Fommanna Sœgur renfcrmcnt-Us la Snga
A*OlaJ Triggœescn , d'après un texte non encore imprimé,
et dix autres petites Sagas liées avec riibtoire de ce
prince illustre et de son époque.
« On en était déjà parvenu à ce point , dans l'été
de 1827 ; en outre, la traduction promise de ces trois
volumes , en danois , par le professeur Rafn : Oldnoràiske
Sagaer wersattea/Rafn , était aussi complètement publiée »
il n'y avait plus que la traduction latine , qui fut un
peu retardée par la mort de Brynjulfson , de telle
manière qu'on fut obligé de commencer par en livrer
au public le second volume : Scripta hisiorica Islandorum ,
UUinè reddita et apparatu criiico instructa (vol. II.) Alors
la Société considéra qUe les Sagas norwégiennes , qui
devaient entrer dans la collection , composeraient en tout
dix volumes , et que , d'après cela , en s'en tenant au
plan adopté, le tour de V Histoire de Danemarck ne pourrait
arriver qu'au bout de sept ans , quoique ce pays fût ,
de tous les royaumes du Nord , celui où* l'entreprise
avait trouvé le plus de secours. En conséquence , il parut
conforme à toutes les règles de l'équité de se rendre
au vœu exprimé par la majorité des souscripteurs , et ,
au lieu du iv« volume des Fommanna Sœgur , de com-
mencer par publier le il* , en le composant de Sagas
danoises.
. « Ce II** volume est également déjà imprimé ; il
renferme un texte complet de la Jomsvikinga Saga , la
Jomsçikinga Drapa de l'évéque Bjarne , la KnytHnga Saga ^
des fragments relatifs à l'introduction du christianisme
en Danemarck , les Sagas d'Harald Biaatandy de St^end
Tçeskœg , et dUakon Harekson , et le récit de l'avarice
de révoque Absalom. Les trois premiers morceaux sont
aussi d'un grand intérêt pour l'histoire des côtes méri-
dionales de la Baltique , et, de même que le dernier,
n'avaient jamais été imprimés.
56.
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(444)
« Quelque avantageux qu'aient été , jusqu^iri « pour la
vieille littérature Scandinave , les rësultafs des efforts
de la Société , on doit fonder des espérances plus con-
sidérables encore sur ceux des trois années <)ul vont
suivre. La section des anciens écrits , encouragée par
Tintcrét bien mérité avec lequel ses honorables travaux
sont accueillis dans le Nord et ailleurs , a pris la ré-
solution de commencer, aussi à partir de Tannée 1839 1
la publication des Islendinga Sœgnr , et de la faire
marcher désormais de front avec ceUe des Fommanm
Sœgur, de sorte que nous devons nous attendre à voir
parahre , d'ici è t83o :
« 1° Les 4^ et 5' volumes des Fommanna Sœgur ( ffir-
ioire dOlaf U Bienheureux, avec les récits qui s'j
rattachent ) ; et puis les volumes 4^ , 5^ et 11* de la
traduction danoise ; i*S 3® 9 4* , et 5® de la traduction
latine ;
« a« Et , de plus , le t^*^ et te %' volume des Isiendkga
SaguTy renfermant: Are frodes Scheéae ^ tsloNês Latêmit'
mahok , Figasiyrs Saga , Heùbuviga Saga , fLormaks Saga ,
IfosQeinmga Saga , Sporfdada Saga , f^aUmatjais Saga ,
VigQskjuias Saga , Viga-gfums Saga.
« Mais , outre les Sagas historiques que la Société des
antiquaires du Nord s'est chargée de publier , la litté-
rature islandaise renferme ua nombre considérable de
productions de ce genre , purement poétiques. La publi-
cation de ceux-ci, ou au moins àes plus intéressants dVntfe
eux , est la tâche particulière du président de la section .
le professeur Rafn , qui , malgré l'assiduité soutenue
avec laquelle il prend part è tous ses travaux , n 7
trouve pas encore un aliment suffisant pour son infati-
gable activité*
« Ce professeur fit paraître ,^ en i8a6 , le tùrakumoÊ^
texte original du chant de mort de Ragnar Lodbrak «
avec traduction danoise^ latîae. et fruçaise, ovvri^Be an-
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(UÎ5 )
^oel Rask rend ce témoignage qu'il est la publication
Ae poésie Scandinave ia plus importante, la plus sarante^
le plus utile, la mieux entourée desoins et de critique <}ont
le Danemark puisse se glorifier jusqu^^ ce jour dans sa
langue primitive, y, i) En ce moment , Téditeur du Kra^
kumal prépare une collection complète des productions
poétiques et mythologiques du Nord. Elle portera le
Bom de Fùnwidmr Sœ^.r ( Sagtu du temps passé) et
se divisera en trois sections différentes •, savoir :
« I* Foruabbar Sœgur Nardlanda ( S<igtjs des anciens temps
(i) Noos tr««voiis , dons vn prospectus aUcmattd de c«tte édition ,
l«s détails suivants sur le Krakumal » ^fix iiotu ont para aaénter de
Tons élre signalés.
«t Panni les chansons historiques Scandinaves, celle des exploits de Ragnar
Lodbrok , et de la mort héroïque et cruelle qu'il subit eu Angleterie>
oè il fu t fait piisotinier après plasienrs inrasîons , est une des plus in-
téressantes %mïÈ le rapport historiqoe et pkHotogique; «««n a-t- elle été
'une des pUis souvent paUiées et trajuttes. On ta cotuptem mohis a5 pu-
klîcatiens. éditions et traductions, en danois , latin, allemand, hollandais*
anglais, français et italien. Cette chanson était autrefois principalement
connue des lecteurs anglais (qui pouvaient aussi, à {uste titre, ta réclamer
pont tour ancieniie littérature ), par fédiiion critique de Johfistone . ar-
covipa^sée d*uae tradacii«D latine et anglaise, et des kctêure allcmaad»»
par rcKcellente traductioa que le professeur Graeter <& avait donnéa
dans ses FUurs du Nord. L'évéque d'Islande Biyniulf Sveinasofi avait
envoyé en présent , au roi Frédéric III . un manuscrit sur parchemin de la
F'etlaunga Saga et de la Ragnar Lodbrok Saga ; mais ce manus-
crit fut perdu immédiatement après , et c*est en vain que le même ro^
le fit chercher à p Ivaiaan rif riaes sv la dcmandt du savant Torfaros.
En 1831, la circonstance de chanfements opérés dans le Muaée de Co*
penhague le fit retrouver par le plus grand bonheur du monde. A la fin
de ce manuscrit , d*après lequel les deux Sagas que nous venons de nom-
mer ont passé dans Phist^ire héroïque du Nord, on trouve le Krakumat,
et c'eat c« teste ^ a «arvi d« base à la présente pubtieation. Cepen*^
dant on a en outre consulté dix antres maauscrita et publication!
originales. Cette édition est imprimée en jolis caractères neufs, et ac-
compagnée à*un Jac simile exact , tiré sur cuivre , d'une page entièra
du manuscrit. »
Vojrei aoasi, stt U Krakumal^ le Bulhtm zmiversel des Sciences t
septembre i8a8.
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(446 )
du Nord )\ n^dis mythologiques concernant les événemtaHs
du Nord antérieurs à Vépoque historique proprement
dite ;
<i 2^ Fonuddar Sœgur Sudrlanda ( Sagas des amàaa
temps du Midi); récits du même genre tirés de l'his-
toire fabuleuse des peuples méridionaux.
« 3^ Kappa Sctgur ok Hiddarra ( Sagas kérm^aes et rir-
çaleresques) { romans de chevalerie. Ces dernières, comme
celles de la seconde section , sont des traductions de
Tallemand ^ du hollandais , de Tanglais, da français et
de Tespagnol , faites, au commencement du i3' sièdey
d'après Tordre du roi de Norwège , Hakwi Hakonsan*
« Les Nordianda Sœgur ^ dont on annonce» aussi une
traduction danoise , formeront trois volumes contenant
chacun environ trente feuilles. La collection des Suià^
landa Sœgur et des Kappa Sœgur sera à peu près de la
même étendue , peut-être cependant un peu moindre.
« Une pareille entreprise ne saurait manquer d'assu-
rer h Téditeur la reconnaissance de tous les amis de
la littérature du Nord ; quel est, en eflfet, celui d entre
eux qui pourrait voir, sans un vif sentiment de )oie t
se découvrir en même temps à ses regards , l^îstom et
la poésie septentrionales , les Fomaldar Sœgur et les Fom-
manna Sœgur , et d'obtenir ainsi , pour la première fois ,
une connaissance complète de cet antique ordre de
choses ? .
« Cependant, et tout en en faisant son bot principal, la
Société des antiquaires du Nord ne s'était pas seulement
proposé , dans ses statuts , la publication des anciens
écrits Scandinaves , mais elle avait encore promis deux
feuilles périodiques. Cet autre engagement n a pas été
moins fidèlement accompli.
«( Le plus petit de ces journaux ( Hermod^ dei mcrdâke
Oldskrijt-Selskabs tidende , besœrget a/R, Rask ) , a paru «
dans la forme que nous avons indiquée , pendant les an*
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(447)
tiées iSaS et 1826, et, outre les nouvelles qu'il a don-
nées de la société, a traité d'objets intéressanU , dans
un grand nombre d'annonces et de jugements scienti-
fiques', particulièrement sur les grammaires Scandinave et
allemande. Depuis le commencement de l'année 1827
jusqu'à la publication du compte rendu ci-dessus men-
tionné , une feuille phis petite encore ( Bereining om det
noràiske OldsknjïrSelskabs arbeider og forhandlinger)^ a don-
né, tous les six mois, en quelques pages, de courtes nou-
velles de la compagniie.
« Le grand journal des antiquités du Nord ( Tidshrift
far nordisk Oldkyndighed )^ âété continué, sans interrup-
tion, dans la même forme. Il en a déjà paru cinq cahiers,
dont les quatre premiers renferment un cours d'ortho-
graphe de la langue danoise, par le professeur Rask, et
le dernier, une dissertation du professeur Paulsen , sur
l'utilité de la connaissance des antiquités en général
et de l'ancienne législation en particulier (i); puis la
traduction danoise d'un vieux récit islandais de Sné-
gluhalle , p2»r le professeur Finn M'agnussen, ainsi qu'un
traité du docteur BredsdorfT, sur le rapport de l'al-
(i) Suivant rtuteor • rétud« de Thistoire du droit septeatiioual est
d'autant plus importante que, par les varègues , les danob et les sué-
dois, ce droit a été répandu en Russie, et par les danois et les nor-
mands dans la Normandie, en se modifiant suivant les localités et le
ijiractère particulier des nations qui Tout adopté. M. Paulsen a trouvé »
d*aiUears, dans ce droit ancien, des prévisions pour toutes sortes de
transactions dans la vie sociale. (*e Nord avait une navigation très ac-
tive ; ainsi , le droit maritime devait prévoir tous les différents qui
pouvaient naître du commerce sur mer. Dans fintérieur, il existait des
contrées agricoles , pastorales , des forêts, des mines: la Scandinavie
présentait les diverses formes de gouvernement depuis le régime répu-
blicain d'Islande {usqu^à la monarchie de Norwège. L'auteur recom-
mande surtout ces Sagas islandaises, comme une source de connaissances
historiques sur le droit des Scandinaves , et il indique celles qui, sous ce
rapport, sont les plus importantes. (Bull, univen,^ jaov. 1829.)
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phabet. runiqiie Scandinave , avec Talphabet (iitlttf|Qe
de» archives de Maplçs , et la fixation , par le même
auteur, de Fëpoque où vivait Ragnar Lodbrok.
<c Quelque éloigaée qu'ait été la Compagnie de toute
spéculation financière dans ses entreprises Kttéraires, ce-
pendant ( et cela ne doit pas être oublié comme ca-
ractère de Tépoque ), il y a eu du bénéfice , au mojfea
duquel 1 et de contributions volontaires « on a déjà pu ,
malgré les dépenses considérables du premier établisse-
ment, mettre en réserve un capital de i5oo rixdakrs,
commencement d'un fonds fixe destiné à garantir » poor
Tavepir, la durée de Tassociation* Ainsi Ton doit e^ié»
rer que nos successeurs pourront , comme les amis ar
tuellement existants çà et là des antiquités septentrio-
nales , trouver encore , dans cette réunion , des mojens
de s'instruire et une impulsion intellectuelle ; crar c^est
un mérite essentiel de la Société royale des Antiquaires
du Nord , et une supériorité qu'elle a acquise dès le
moment de son origine sur le collège Arna-Magnxanien,
que d'avoir fourni un lien à tous ceux qui ont ces études
à cœur, dans toutes les contrées de l'Europe, et même au-
delà de ses bornes , en Afrique et en Amérique.
«( Comme le sang sort du cœur par les artères , et (k
là y revient par une circulation sans cesse renouvelée ,
ainsi , ce me semble , la connaissance de la Scandinavie
se répand du Danemarck , de Copenha^e, chea les
membres de la Société, et bien au-delà chex ses auHes
amis répandus dans toute l'étendue du monde civilisé ;
nous continuerons de la voir sans cesse se frayer de
nouveaux chemins et prendre une extension toujours
croissante ; les idées qu'elle aura éveillées retourne*
ront de ces divers points au cœur , y reporteront Tes-
citation , et en feront jaillir de nouveaux courants. Ce
sera une source de vie intellectuelle , qnt servira pois»
samment à la civilisation et au développement^ d^abord
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( 449 )
des nations voisines de la Baltiq^ye i puis , h un
déffé plus ou moins ëminent , de tout le reste de l'Eu-
rope. Ce que le rapport principal de la Compagnie ra-
conte des relations établies avec les lies Farœé (i) , avec
llslande , le Groenland et la Poméranie , ainsi que du
mouvement scientifique qui en est résulté çb et là*, me
paraît un heureux début , les. premiers germes d'une
moisson destinée peut-être à pousser en si grande abon-
dance , que les granges qui en ont fourni la semence
ne pourront suffire b en renfermer les produits.
« Non que j'attende de la restauration de Tancienne
littérature septentrionale ces grands mouvements, ces
commotions puissantes qui se manifestèrent à Tépoque où
une résurrection du même genre présenta l'antiquité
classique à l'Europe réveillée. C'était alors le commen-
cement de la nouvelle civilisation européenne , qui de-
puis a cherché , avec une constance infatigable , à s'em-
parer du savoir de tous les anciens peuples et de tous
les anciens temps, pour élever sur cette base gigantesque
l'édifice de ses propres connaissances. L'histoire , les
arts , la poésie , les diverses sciences des nations de
rOrient , du Midi et de l'Occident , sont aujourd'hui
introduits et naturalisés chez nous. Quand même la
jnuse du Nord serait aussi admirable et plus admirable
> encore que sa sœur de la Grèce , comment pourrait-
elle attendre de la génération actuelle cet enthousiasme
inspiré de la jeunesse ? Cependant elle aura aussi sa part
(i) On parle dans ces petites lies, qui ne sont habitées que par une
population de 5ooo âmes , on dialecte de l*ancien Scandinave , diffé-
rent de l'islandais. Ce n'est pins que là qa*on retrouve dans les chan-
sons de noce , récitées par les vieillards , les traditions épiques qui ort%
^té jadis communes à toutes les nations gothiques , et sur lesquelles re-
posent à la fois ici fragments existants de TEdd* tt le po€me des
NicM«s|(em
57
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( 45o )
èc gloire et d'influence sur IVducation de la graû^
famille europtfeniie.
tr Cette foule de productions historiques el biogra-
phiques, qui jettent un nouveau jour sur une époque où la
puissance d^action de l'individu , si peu soutenue par
la nature > souvent même comprimtfe par elle , tentait
«t accomplissait les entreprises les plus audacieuses,
ces Eddas , qui nous font connaître les idées religieuses
et les mythes appartenant en propre à ces âges et a
ces hommes vigoureux ; enfin , F image idéalisée de
cette vie agitée qui plane au-dessus d^elle , comme le
Fervet (i) ^ur les figures des héros , dans les sculp-
tures de Persepolîs , et qui nous est révélée dans la
poésie des Scaldes et les Sagas poétiques du I^ord ; tout
cela ne saiirait rester la propriété morte de nos biblio-
thèques ^ il en résultera , dans la sphère d^idées des
érudits , un mouvement qui se communiquera bientôt
h un cercle phis étendu^ quand des traductions dans
tes langues modernes auront de plus en plus ouveit
ces filons. Mais on de\Ta Tespérer encore davantage ,
lorsque la poésie , qui sait fondre , d'une manière si
merveilleuse , ce quHI y a dlmmuable dans la vie
des races humaines , avec les circonstances variables
qui constituenl Tancien et le moderne , se sera de plus
en plus emparée de ce canevas Scandinave , et , le
purgeant de tout ce qui serait devenu trop étranger
(i) Les Ferrerssoiit une classe de génies dt Ta
june ; cette religion en renfenne trois ; JAvoir : les AmthospanàÊ^ \m
Xzeds et \tiFerver*, Les premiefs sont au nombre dt s^ « In Jtcondi
de vingt-huit , Us Fetvocs en quantité îndéteraûnéa. Ces 4iiiiîss mM
les prototypes célestes des indivîdiis » en flkènit taw^s f^e Uan ff^
lecteurs. Aussi les rep réseotait-^n planant laav c«is« «u U lAlc di
rhomme auquel ils servent de patron , dans U double
notre langue accorde à ce mot*
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( 45i )
au préseot , n'en reproduira que ce que la génération
actuelle peut amalgamer avec ses idées et ses émo»
> lions*
« La première ten«ati\'e de ce genre eut lieu dans le
commencement de la seconde moitié du siècle dernier ,
époque où la publication de TOssian de Macpbertsoa
excita en Allemagne un enthousiasme général. 11 naqu't
une nouvelle poésie bardique , qui , étant toot-b-fait
nationale , n^eiïaça pas seulement celle ée$ nouveaux
peuples romans , mais put même y ài raison de son
caractère complètement original , être opposée il Tan-
tiquité classique et h ses compositions. On ne s^y
proposa pas uniquement , au reste , une combinaison
épique ou dramatique des événements et des carac-
tères du passé , mais on voulut , >usques sous one forme
lyrique, faire entrer le présent lui-même dans les com-
positions bardiques. On regardait comme indispen-
sable a ce dernier genre de poésie ( la poésie lyrique ) ,
une base mythologique que les dieux grecs et romains
de la fable avaient fournie jusque-là. Cétail h TËdda
a en prendre la place , puisque Tantiquité germanique
n^avait rien de semblable h ofiirir. Le Wingolf de
Klopstock , et plurieurs autres de ses odes , montrent
comment on s'y prit. Mais cette tentative ne pouvait
réussir , d'abord parce que cette poésie bardique , que
l'on voulait fonder , ne reposait que sur des suppo-
sitions obscures et erronées , et ensuite parce que la
connaissance de la mythologie et des Sagas du Nord
ëtait encore , pour la plupart des lecteurs , trop
étrangère et trop éloignée. Toutefois , ces «ffiortd ne
doivent pas , pour cela , être regardés comme entière-
ment infructueux. C^est depuis eux que le penchant âi
introduire le canevas Scandinave dam la poésie mo-
derne 9 n'a jamais été complètement abandonné dans
le Nord ni en Allemagne ; il devait nécessairèmem
57.
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( 450
iaire des progrès dans la masse , aasstt6t que cette
mythologie y serait plus connue.
« Quand on Ut les Sagas Scandinaves , dit Boa»-
tetten , on éprouve continuellement la tentation de
terminer ces esquisses poétiques qui renferment tant
de trésors inconnus à la poésie méthodique des peuples
civilisés. » Je pense que quiconque aura examiné avec
attention seulement les deux Sagas qui ont été insérées
dans le journal de notre province , acquiescera à ce
jugement. Dans la Jomsifikmga Saga^ cette rancom
d^Harald contre Sveinn , quHl ne veut pas reconnaître
pour son fils , et auquel cependant il cède toujours,
comme subjugué par Tamour paternel ; le père et
le fils entretenus dans une discorde perpétuelle par
Palnatoke et Fiœlnir t qui les font servir d'intrumenis
à leurs propres passions , jusqu^à ce que le père soc-
combe ; ensuite , les actes continuels de ressentiment,
d'abord du fils pour son père y contre Tami et Tios-
tituteur de sa jeunesse , puis de Palnatoke coatre
• Fiœlnir ; enfin , le bannissement de Palnatoke par la
fourberie de Sigwald , et le plan de vei^ance de
Sveinn renaissant de cette ruse pour s^accomplir
dans la bataille du Hjœrungabrecht ; après cela , le
Jarl Hakon victorieux , grâce h une horrible alliance
avec les mauvais génies , mais au prix du sacrifice
de son propre enfant • de même , dans l'histoire de
Tlu>rleif, la magie du chant des Scaldes, tour-à-toor
victorieuse et vaincue dans sa lutte contre le pouvoir
des enchantements du sombre Hakon ; enfin , la Saga
attendrissante de la consécration d'HaJbjœrn , comme
scalde : quelle matière , quels caractères pour le poète
qui sait sonder les profondeurs du cœur humain , et
faire jaillir les passions , retrancher ce qu4l y a d'in-
forme , adoucir les aspérités y suppléer aux lacuDes,
fcvétir résolusse de ton ^ de couleur et de vje , et efl
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( 453 )
tirer des êtres complètement animes ! Et quelle quantité
de Sagas plus étendues et plus fécondes que celle-ci
le Nord ne possède-t-il pas ! Aussi les poètes de notre
époque ont-ils su les apprécier : grâce h eux, commence
une nouvelle époque de puissance pour les Sagas scan*
dinaves , et là comme ailleurs , nous marchons vers
un avenir chargé des plus belles espérances. »
Nous désirons vivement , Messieurs , que les rensei-
gnements renfermés dans cette notice , et Ceux que nous
avons pu y joindre , vous aient offert le même intérêt
qu'à nous, vous aient fourni quelque idée de Tan-
tique littérature historique et poétique du Nord , des
nombreux débris que le temps en a -respectés, des
soins religieux employés pour les mettre désormais à
Tabri de ses atteintes , et enfin , de la part remar-
quable que M. le professeur Rafn a prise h ces grands
travaux , et qui lui confère des droits si légitimes à
vos suffrages. Sans doute , il eût pu vous présenter
des titres plus authentiques encore , en adressant à' la
Compagnie quelqu'une des savantes publications qui
lui sont dues en tout ou en partie ; mais ce défaut
de forme , qui peut tenir h des circonstances acci-
dentelles , ne saurait l'emporter sur les services qu'il
rend journellement h une littérature , à une histoire
si dignes d'être l'objet de vos études les plus assidues.
Ce n'est point , il est vrai , un étroit bras de mer
qui vous sépare du théâtre des recherches de la Société
des antiquaires de Copenhague ; moins heureusement
partagés , sous ce rapport , que les compatriotes de
M. Giesebrecht , le vent le plus favorable ne peut vous
faire aborder en un jour sur les côtes de la Scan-
dinavie ; mais des intérêts d'un ordre plus puissant et
plus élevé que de simples relations de voisinage , vous
attachent d'une manière indissoluble à ces contrées
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(454)
lointaioes , et k Tantique ordre de choces dont oo j
réveîHe les souvenirs. Vous descendez y par une filûlio»
non interrompue , des hommes du Nord ; voas vooi
honorez d'avoir coaservé leur nom au milieu de
la grande famille française ; vos ancêtres Toot en-
touré de lauriers et de couronnes , Font paré de
toutes les gloires. Brillant rameau d^une noble tige,
les habitants de notre province ne peuvent entrer avec
trop d'ardeur dan- toutes les mesures tendant à re-
nouer d'anciennes liaisons de parenté avec ses diverses
branches , à échanger , à allier leurs souvenirs avec
ceux de la mère patrie , à y recueillir des notions
sur la première partie de leur histoire , jusqu'à pré-
sent entourée ie tant de nuages. Vous venez de voir
avec quel enthousiasme elles étaient accueillies par
les plus humbles classes d'une population perdue dam
les glaces du p^e. Puisse lexemple de nos frères
d'Islande nous servir de leçon ! Puisse la postérité , ea
consignant dans les annales de la littérature Scandinave
leur généreux dévouement , ne point avoir à y opposer
le contraste affligeant de notre indi&'reoce !
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(455)
iw% VV^ v»'»«^^^i^»»^%^%»^^^^%''*<^»^^»^*<»^^^^'
A LA MEMOIRE
DE M. LE COMTE DARU;
HOMMAGE DÉPOSÉ DANS LE SEIN DE l' ACADÉMIE FRANÇAISE ,
Pièce imprimée sur la demande de V auteur^ M. le Comte BlAKCHABD
DE LA Musse, Membre correspondant.
Chargé de signaler à nos derniers neveux (i)
Les mortels accomplis , les sarants vertueux
Dont le ciel fut toujouit avare pour la terre,
Je disais de Daru : son n(^le caractère,
Dans les temps orageux, ne s'est pas démenti ;
Pour adopter le plus sage parti ,
Ccst à son cœur qu'il s'en réfère.
Je le disais , hélas ! j'avais déji perdu
De mes amis le seul qui me restât , peut-être.
Mais il n'est mort que pour renaHre,
Par. d'antiques amis dès long-temps attendu ;
Dans leur doux entretiens , il retrempe son être.
Aussi, Daru , je t'aperçoi
Fêté par Hérodote, accueilli par Horace j
De U vieille amitié pour moi
Oserais-je espérer ( je tiens si peu de place !)
Que tu m'obtiendras près de toi
Un tabouret sur le Parnasse ?
(i) L'»ttleur trattillait «loM • «»• Biofrâphie.
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TABLEAU
BB
L'ACADÉMIE ROYALE
DES SCIENCES , BELLES-LETTRES ET ARTS
DE ROUEN.
pooR L'Airifiz i83o— i83i.
58
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Signes potm les décoeatioi».
. & Orirtt de Samt-'MtchtL
ilf, Ordf^ tpjMl €i mMaire dé S^M-Z^mù.
^ Ordre fofët de Im Légiam d*àomumr.
^ OrdiÊ de i'B^mm d'or de Mewm.
O. lignifie Offcier,
€ --^ Commandemr.
G. — Grmmd^ffkier.
G,C — Grand *€^ms.
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TABLEAU
DE L'ACADÉMIE ROYALE DES SCIENCE*
BELLES-LETTRES ET ARTS SE ROOEH ,
POUR l'aivhée i83o— i83(.
OFFICIERS EN EXERCICE,
M. Blavcbs , Président,
M. Lepasquikr (Augoitc) ^^ Vice-Président,
M. \A\r , Secrétaire perpétuel pour la Classe des Sciences»
M. BiGifON (K), Secrétaire perpétuel pour la Classe des Belles^
Lettres et des Arts,
M. Balun (A.-G«), Bibliothécaire- a rchipistCi
H. Lepbevost ) Ttf Urinaire , Trésorier,
r^r ACADÉMICIENS VÉTÉRANS, MM. '^î^n.
tioa. VilértB-
ce.
>8o3. Le Comte Bioâi«crr ( G. C iX^) , «Dcien Préfet du i8o6C
dtfptrtemeDt de la Seine-Iiifërieiire , à Pari« , rv^ de
la Miehodikre^ n» 8.
1^769 D'Obuat (ieuHPftnçdiv^Gabriel) , doyen dejl^cade'- 1807.
aiicieBs , BiemWe de rÂcadémio de Lyon , de cellcj
de« Arcadej de Rome et de« Georgifile* de Florence ,
à St-Martin--de--Bofchenrille.
iJBit. Le Baron Asseun di Tilleqdibr ( 0. j|(), premier 18194
Prësident de la Coor royale ; membre de la Chambre
dea Dépolis , rue de la SeiUe, n» 10.
i8o3.yViTALi3 ( O. ^), ancien Secrétaire perpëtaet de \^i
FAcadëiûe ponr la clasie des aciences; Docteur es
sàoacaa dt rVnivenité; Pmessenr ëmérite des
sciences pbyst^aesau Collège royal de Booen; an-
58.
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(46o)
cien professear de chimie appKqu^ aux arts;
membre de plosicurj Acade'mie* et Soci^téi a-
▼antes, Curtf de SaÎDt-Eiistacbe , à Paris.
i8i5. Brikrs ^ , CoDseîUer à la Coor de cassatiiui , i8m.
à Paris , ne de Bondy , n» 44*
1808. Le Baron Lezurier dis la Martbl ( O. ik) y iSsl
ancien Maire de Rooen , à Hantot
1775. DsscAMPS ( Jean-Baptiste ) , Conserratew da Masée i8i{.
de Rooen , membre de FAcadtfmîe des Arcades de
Rome t me Beaupoùine ^ xfi 3i.
i8o3. Pa VIE (Benjamin), Mannfact., Trésorier honoraire , 1817.
faubourg St-Hilaîre, no 75.
1819. RiBARD ( Prosper) !Jt^ , ancien Maire de Roncn, 1838.
rut de la Vicomte , n» 34*
i8o5. Periaux (Pierre), ancien Imprimeor do Roi, mem- i83âL
bre de l'Acade'mie de Caen, et des Sociëtés d'agri-
culture et de commerce de Rouen et de Caen , koui.
Seaufoisine , n» 74.
Meauhb, Inspecteur de TAcadëmie , à Amiens.
ACADÉMICIENS HONORAIRES , MM.
1824. S. A. S. Mgr le Cardinal Prince de Crot , Arcbevé^ne de
Rouen, etc., au Palais arthO^seopal,
i83o. Le Lieutenant-Gtfne'ral Baron Tistb ijf. (O. ^), Com-
mandant la 14* difîsioa ttiliiaire, rue dm MauUmei^ ■• 1
. Le Baron Duport-Deuportb ^, Pftfct de la Scioe-IiJe-
rieure , en Vhétel de la ,Ptifectmre.
Barbet (Henri), Maire de Rouen, kaake, Csmckoùe, ■•Si.
ACADEMICIENS RÉSIDANTS , MM.
i8o3. ViGVÉ (iean-Baptiate), D.-M. , correspondasi de b So-
ciété de médecine de Paris, rue de la SeÉÊle^ tf 4-
Lbtbuubr, Inspecteur de rAeadâiie uûfcmtaiRv rme de
Soltepille 9 Q* 7 1 /taàwrg Si^tf^r.
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t46« )
1804. GoDiFBOr, D.-M. , ne des Champs-'Mmttets ^ fio 11.
BiGivoH ( N. ) , Docteur ès-lettres , Professeur émërite de
rhëtoriqae an CoUëge royal de Ronen et à la faculté dei
lettres, offic. de rUniTersittf de France, rue Sénécamx ^
n« 55.
i8o5. Le Baron Chapais db MasivAux ^ , Conseiller à la Cour
royale , ne Si~Jûcçues , n» 10.
1806. DoBOC Tahië, Chimiste , ancien Pharmacien à Rouen , mem-
bre du Juri médical do département de la Seine-Inférieure ,
de la' Société centrale d*agriciiltnre du même département,
correspondant de 1* Académie royale de médecine de Paris,
etc. , etc. , ne Pereière , no ao.
1809. DuFDTSL ( Pierre), ne du Duc de Chartres, n« ta.
181 3. L£ Prévost (Au^ste), Membre hononire de la Société des
antiquaires de Londres; Membre des Sociétés des anti-
quaires de France , d*£cosse et de 'Normandie ; de la Com-
mission des antiquités de la Seine-Inférieure ; de la Société
géologique de France ; de la Société lînnéenne de l^or-
mandie; Correspondant de la Société royale et centrale
d'agriculture; des Sociétés d'agriculture de Rouen, Etrei»
et Caen ; de la Société d'émolatioo d'Abberille , me de
Buffon^ n» ai.
LiCQUVr (Théodore), Membre des Sociétés dos antiquaire»
d'Ecosse et de Normandie ; de la Commission des antiquités
du département de la Seine-Inférirure ; Conservateur de la
Bibliothèque publique de Rouen, à VHdlel-^e-ViUe,
181 5. Flaubert, DocteOr-Médecin , Chirurgien en chef de THA-
tcl-Dieu , ne de Lecat , n^ 7.
J^EPREVOBT , Vétérinaire , ne Si-Laurent ^ n» 3.
181 A. Lkvibux, Commissaire du Roi près la Monnaie de Rouen ,
à VHâtet des Monnaies,
1817. Le Baron Adak ^, Président du Tribunal de premiiie
instance , place St^Oaen , n» a3.
DurouzbAu ^ ^ y Conseiller à la Cour royale , ptace Si-
ifib/,no6.
Ijc Pbbyobt^ Docteur^lMédecin , nr^ Ma^aiuf n» 11a.
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t8i8. Blakchs , MédeeÎD en eheC^e rHotpîce g^oértl^ mt MmH,
gerae^ çiè-itfis VHofpite gémèrmL
TmL ^ Procarcor giéaéral , nembredc k Chainikre des De
1^19. Destigvt, Horloger, ^/^r^ </^ Ai Cmthèdrmte^,
1820. Hbt us «U , D.-W. , M^jem ea cbef dtrBMcMK««, pimu
de la Madeleine.
Le Marquis de MA]iTAnmM.B iK^, ftaciéB Miiîre de Komb,
me du Jfâu&^ef, m^ 11.
i&aa. DELAQUBMà^ (E. )» I^^foënD^, /sr/« Fmtdemi^ ■• 34.
LivY, Professeur de nathéiAatiqiies et de aëcun^fae; Mem-
bre des A ca demies de Di^on, Bordeaux et Mets, des So-
cieUs audémiques de Stfasbaarg, Nantes el Lille; CM
d'intftittttioQ» rue Smiai^Painee , tfi 3^
Lkpasquier (Aagnste) '^i Secrétaire gënënd, è Vhètél de
ta Préfeciure.
D^»-All«urs fib, D.-M. y Mëdèeia adîoiat de rHteel-Dîea ,
' Associé de la Société royale acadésîqaa des acieaces de
Pané y rme des Chanel f es ^ n" lai,
tSa4. L*AU»é GossuB y Chaooine honoraire è k CaAédrak , ne dm
Noidy n* 1.
Maillet >DuBOULL AT , Architecte en chef de la YOky^Mi
. . ^ ia Romaine , ki» 71.
Piiiv^v fils , Pépiniériste , au Bois^^aUhnae , ( smi adicise
à Roaenj me du Cham/h-de^^isemux y rfi 65 ).
DuERKuiL, Directeur dn Jardin dee plantes, mu Jmrdim^
plaAUSi à RoueMi
Langlois (E.-IL), Peintre, Professenr de deasia à FÉcale
municipale , rue Beaut^oisine ^ enclœe Saimit-Mmiù.
Le Tblubr ^y Ingénlcor en chef des Ponts-«MIhaaiaéBs »
rue du Guay-Trouin,
R BISET ^ , Receveur glénéfal \tM fimnces yfumid^Hanwmi
HouTou-L^BiLLABDtiaB , ancien Professeor de fàiaûe appli-
quée aux arts, avenue du Moni-Rikaudei^
l8a5. Ballin (A.-G.), Secrétaire des Commisainns des antsfBtci
et des archives de Rouen; Chef de diti^oB à k PrdfectnRi
rue de Crosne y vfi &
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t 463 )
1S25. bowiSlOL ( Pierre) , rue de la Chaine , n» at.
1827. MouH , Pharmacien , corretpoudant de rAcadëmlé royale
de mëdecioe , de la Société de chimie médicale de Paris «
de la Sociëté llnnéenne et des Sciences physiques et chi-
miqaes de la uiémt tille; de- la Société académique de
Nantes, et de plusieurs autres Sociétés savantes, rue Bou-
preui/, no 17.
1937. Dimu ( Achille >, membre dei Sociétés des antiquaires
d*Écosse et de Normandie , des Commissions des antiquités
< et des archÎTes du département de la Seine-Inférieure,
et de la Société d'émulation de Rouen; Receveur des
contributions directes , me de Fonfenettet no a bis.
i8a8. VncGTiUNiEH, D.-M. , Chirurgien en chef des Prisons, rue
de ta Prison^ tfi 33.
PiMcmr (Prosper), Négociant, me HerUhre^ vfi a8.
1829. Floquet (à.) fils, Greffier en chef à la Cour royale.
GiEAittm (1.), Professeur de chimie appliquée aux arts,
membre de plusieurs Sociétés savantes, co-rédacteur du
Bulletin universel des sciences et de l'industrie, rue Beaw
poisine, ancien local Saïnie-Marie,
i83o. PoucHBT, D.-M; , Professeur de botanique , rue Beauçoi-^
sinCf n* aoo.
FdTiu.v,' Médecin en chef de l'Asile des aliénés, rue de So^
crafe f no la.
ACADÉMICIENS CORRESPONDANTS , MM.
1766. Le Colonel Vicomte Toustaibi pb ^ichebourg :)fc, à St-
Maitin-do-Manoir , pris MoativilUers.
1787. Levavassbub le jeune , Officier d'artillerie,
s 788. Le Baron Desgbnbttbs ( G.' ^), Médecin, lospectenr gé-«
néral des armées , à Paris f q»ai Voltaire , no 1.
1789. MoMHBT , ancien Inspecteur des Mines 9 à P&ris , rue de VUni-^
uter^fléf. no 61.
Le Chevalier TissiBR ^ ^ , membre de l'Ins^tut» lnftpe«^
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leur (énénl des Bergeries royales > à Paris ^ me des
PeiiiS'Jugusiîns y ii<> a6.
l8o3. GuEASEMT ^y Profesécur agrégé à la FacalU de MéMoe,
à Paris I me GaiUon, n» la.
Lhostb y à SarlâUy , pièi ATranchea , départ^ de la Kaick.
ie Comte Chaptal iQc (G. i)fi), Pair de France , BcaWt
de rinatitnty à Paris, ne de GremeUeSL-Genmaim, ■• 88.
MoixEVAULt (G. L}y membie de riustitnty à Issy , pris
Paris.
L'Abbé DB La Bub , membre de rAcadémic de Cacn , ctr-
respondant de Tlnstitiit , À Caen.
Le BaroD CmmE ( G. 0. {Us } , Conseiller d*£tal ,
de rinstitat, \ Paris , mm JmnUm dm RoL
1S04. Degland, D. m., Professeor d*hîsloire natniclk, à]
Le Baron de Madiàbbs 4^, 4 Paris, nu des Fotmés^emi''
miartre^ n<» la.
1 805. BoDCHBE y correspondant de Tlnstitiity Dirtctenr des Domms ,
à Abbeville.
1806. Le Baron Dbgbhabdo ( C. 4^ ) , membre de l'Iastttrt , à
Paris , mpmsse Firom , n« 7.
Dblabouissb I Honune de lettres , à Paris.
BoîÏeu>ibu , Avocat, à Paris , PmUùs des Pmirs,
i8o3. Serain, ancien Officier de sanlé, à Canon, près Croir
sanville.
Lair (Pierre-Aimé), Conseiller de Préfectoie , SccréùÎR
de la Sodété d*Agricnltore et de Commerce, à Caea. .
Belakct ^ , à Paris , rue Daphoi, n» 14.
1809. Fbakcosur 4^ , Professeur à la faculté des scicaces , ^
Paris , rue dm Cherche-Midi, n» a5.
Hebhakdbz, Professeur à l'Ecole de médeÔM de la X»-
rine , etc., à Toulon.
Lamouiueux (Justin), à Bruxelles.
1810. RosKAY DB ViiXEBs , à Amiens.
Domnsacm , Médcrin , ii Paris , rmm BamteeiBe , ■• i«>
DuBOis-MAisomiBDVB, Homme de lettres » à Paris» ^m ^
Péi'dt^er-^mimi'^mJ^ce y a» if
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(468)
iSto. Devis ) D.-M., à Argentan, a<fpaHèment ib VOrht.
Le Marquia de Bowardi-Dumeskil > ancien OflBcier 4e uu
lakinier», au Mesnil-Lienbray , canton d'Argneil, arron«-
disiement de Neofcbàtel.
Dblaeus , Phannatien , secr^uire de la Société d'Agrical*
tore, Médecine et A rU, à EyreQx.
Le Comte Doattien de Sesmaisoks * (C. *), Pair de
' Fiance, A Pari», ruâ dt V^iagirani ^ no 54.
Saissy , Doctenr-Médecin , à Lyon.
fiALm, secréUire de la Société de médecine, à Lyon.
Leroux des Trois-Pierbes *, Propriétaire, aux Trois-
Pierres, près St-Romain-de-Colbosc.
1811. L'Abbé Lbpbiol, ancien Recteur deTAcadémie uoWersiUire
de Rouen , ii Paris.
Db Laporte-Laiamik *, ancien Recteur de l'Académie
universitoire de Ronen, k Paris, au Carrousel
Le Sauvage^ D.-M. , k Caen.
Lafisse, Médecin, k Paris, rue de Grammoni^ n© a3.
181a. Heixot ^, à Paris, rue d*Asiorg , n« 17.
BouLLAY e*, Pharmacien, à Paris, tue des Fossés-Mont
martre^ n* 17.
Briquet, Professeur de Belles-Lellres , à Niort
i8i3. Làmand^ eîfc, Inspecteur dirisionnaire des PonU et Chaos 1
Uti^ k Paris , rue du Regard , n© t. *
Gois fib, Sculpteur, à Paris, ^ai Conit\ n« a3.
Flaugergubs , Astronome , correspondant de l'Institut , à
Virier».
i8i<. Tarb^des Sablons*, à Paris, rue du Grand-Chantier,
n» la.
PécHEux, Peintre, k Paris, rue St-Ftorentin , n« 14.
Masson de Saikt-Amand ^ , ancien Préfet du département
de l'Eure, à Paris, rue de Betlechasse, n<» i5.
i8i5. Le Maréchal Comte Jourdan ^ ( G. C. >Jfc ) , Pair dt
France , rue de Bourbon , n» 5a.
Fbrcelat, ancien Recteur de l'Académie unÎTersitaire dt
ftoiien, Inspecteur de l'Académie de Metz.
59
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( 4G6 )
i8i5. Fabkv y eorrespondant de riiutilnt, lûçéwtm tu chef en
Ponts et Chaussées , à Bri^Doica.
1816. Boiv, Médecin en chef des Hospices , à Bosrçet.
LOISELEUR DES LONGCHAMPS ^ , D.-M. , à Pmtiê , mc de
Joay , n« 8.
DuTROCHET , B.-M. , correspondant de rinstîtat , ii Cht-
reao , prfs Châtean-Renauit ( Indce-et-Loire ).
1S17. Pativ, maître des conférences à ri^«co1e nomalc, k Paris,
rae Cassette ^ n» i5.
MÉRAT , Médecin, à Paris, rue des Saini-Phns ^ b« 17/.
BuRTREL d'Arboval , Vétérinaire , k Montrenil-svr-Mer.
MoREAu DE JONNitô ^ ^ , Chef de baUilion , correspoadaiil
de r Institut, à Paris , me d'' Artois ^ n<» 3{.
1818. De Gournat , Avocat et Docteur-is-lettrrs , à Caen.
Pattu , Ingénieur en chef des Ponis et Chansées , à
Caen.
Botta, ancien Recteur de i*Acadéaie de Rouen, Hoaae
de lettres , à Paris , place St-Sulpice , r» S.
Le Comte de Kerhariou ( O. ^)y Pair de Fnnce, à
' Paris, rue du Peiit-Vaugirard^ n» 5.
Le Chevalier Alissan de Chazbt ( O. ^ ) , Homme de
lettres , 4 Paria , rue Godai , no 37.
Le Comte de Montaut ^, à Noîntot, près Bolbec
Le Marquis fluDEs de Mirviub ^, Maire, k Gommer- j
viUe , près St-Romain. 1
1819. Boocharlat , membre de la Société philotcdmi^at , 4 Paris, <
rue de Sat^oie, n° 9 , près du quai de la Faëêt. |
Le Baron Malouet ( C. ^ ) , ancien Préfet de h Seine- |
Inférieure , Maître des comptes , k Paris , rma Godai, \
n* 5. I
DEPAutis, GriTenr, à Paris, rua Fantemhergy n* S ter. I
i8ao. GAntON, lUturaliste» Receveur principal dea Detuanes,!
AbbeviiU*
i8ai. Berthier '^^ membre de Flnstitut, à Paria, rwe é*Eafir,
no a3.
L*Abbé JiniTi Inatitnteir dct sovda-«MÉts , 4
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iSaa. Chaubry, Inspecteur des Poots et Chaasstfét en ittnite , k-
Oyré, |»rps la Flèche.
L'Alibe Je Labouderie, Grand-Vicaire d*A?ig oc , à Paris ,
finit re Notre-Dame , n^ ao.
Lr MoNNfEH ( Hippolyte ) , Avocat , à Paris , ntê de Van-
girard ^ xfi 9.
Mol::on (de) ^, Tnge'nîeor, à Paris, rme Godot y vfi a.
TniècAuT DE Bernkaud , Secrëuire de b Société linnéeniir,
à Paris, tue de Vemeuil^ n» 5i.
Brugnot ( Arthur), Avocat, 4 Paris, rue da fmtbourg St.-
Honoré ; no 119.
Destouet , D.-M., à Paris, rue Ste-Marguerite, n» V^.
i8a4> S0LLIC0FFBE i^ , Directeur des Douanes , à St-MaIo«
EsTANCELiN , Membre de la Chambre des Députés , à Eu.
FoNTAKiEB , Humme de lettres , k St-Flonr , département
du Cantal.
Mallet ^, Inspecteur des Ponts-et-Chausséés , à Paris ,
rue du Regard^ n» 14*
JouRDAïf ^ , D.-M- , i Paris , me de Bourgogne , «« 4-
MoNFALCoif , D.*M. , k Lyon.
Bourgeois (Ch«) iky Peintre en portraits, à Paris, ^Av
Dauphine^ u^ a4<
Janvier (Antide), Horloger ordinaire du Roi, à Paris, quai
Ontffy no %\ •
Delaquesnerie , Propriétalre-AgricuUeur , à St-André-sur-
CaiUy.
1 825. Desct) AMPS , Bibliotbécaire^Archivbte des Conseils de guerre ,
à Paris , rue du Ckerche-Midi , n» 39.
Salgubs , Médecin , à Dijon.
1 825. Le Baron Boullbnger ( O. i^ ) , ancien Procureur général
à la Cour royale de Rouen.
P(NEL ^ , Juge de paii , au Havre.
D'Akglemont ( Edouard) , à Paris, rue de Savoie ^ n» 34.
DvSMAREST, Pro(iesseur à TEcole royale vétérinaire d*Aifnrt,
à Paris , rue S t~ Jacques , n» 161,
fcnOuT ) Lieutenant an corps royal d'État-Major , à Parts.
59.
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A m)
ilaS. JfjUA-F<»iTKTCKLLE , D.-M . , CbimUte , à Paris , mt dt
V Ècole-dc-Médecine ^ n" 12.
CtviALB ^ y D.-M., à Paris , ne Godoi-ée-Mmurvf ^ b« 3o.
Fbret aine , Antiquaire , à Dieppe.
Patbn ^ , Manufacturier , à Paris , me des Jeémemrs , n» ^,
Le Comte Blauchabd db la Musse, ancien Conseiller aa
Parlement de Breta^e, à Montfort , dépt d'IQe-et-ViUaiBe.
iSafi. MoREAU (Céttr) :^, Yice-Consal, Secrétaire de la So~
ciëté de statistique générale , à Paris , pi. Vendôme , n» >{.
MoiCTÉMONT (Albert), Homme de lettres, à Paris, rue dm
Four^ t-Gennain ^ n<» 17.
Ladev^b , D.-M. , à Bordeaux.
Savut , D.-M. , A Montmorillon.
Lenoruakd, Rëdact6«r der Annales de Tlndutiie oatioBalc»
A Paris, rue Pavèe-St-André^es^Aris ^ n» 11.
B0ÏBLDIEU ^ , membre de Tlnstitut , à Paris , àouterurt
Mou^arlre ^ n* 10.
Bergassb ^ , A Montpellier.
1827. Gbhmaim, Pharmacien, A Fécamp.
Hugo (Victor), Homme de lettres » \ Paris.
De Blossbvillb ( Emcsl ) , A Amfic?ille , dép* de FEwe.
.De Blosseville (Jules) » A Paris, rue de Rtckeiiem.
Dbbiaeibres (J.-B-H.-J.), Botaniste, A Lille.
Malo( Charles) , Homme de lettres , A Paris , rue Dmupàme^
no 33.
idi8. Le -Baron C. A. de Varssay (C ^), ancien Prâet de b
Seine -Inférieure , A la Barre, près Saînt-Calût.
Court , Peintre , A Paris, rue des Beuux-ArtSy vfi 1.
i8a8. ViREY , Docteur-Médecin , A Paris, rue Souf/Ui^ ■• 1.
BoNFiu, Docteur-Médecin , A Nancy.
Maillet-Lacoste , Professeur au CoUége royal de Caen.
Lautard , Membre de TAcadéoiie , A Marseille.
DuPiAS, A Paris.
Spbkcer Smith , membre de la Société des Anti^piaîres de
Normandie , A Caen.
te Bacon de Morte3iart-Boissb ^^% Mcoibft 4e k Sa«
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(469)
tiété royale et ceninle d'agricultiire ^ etc., à Pariii fsr
Jean^aajom^ tfl 9.
1828. MoBiN, Ingéoienr des Ponti et Chansséei, à St-Brienx.
1829. CoTTERXAU, Professeur agr^^ à la Faculté de Médecine ,
à Pari», rme iu Petit'Caneau t n» 19.
Fil, Chimiste, Pharmacien en chef de ThApital militaire ,
à LiUe.
PoTEL , D.^M. , à Evreni.
GurmiGUER (Ulric), à Paris.
Cazaus , Professeur de physique an Collège royal de Bour-
bon, à Paris.
ScHwiLGui , Ingëniear des ponts et chaussées , an HaTre.
i83o. ALAvomE^, Architecte, chargé des travaux de la flèche de
la Cathédrale de Rooen, à Paris, rue Neupe-^es^BonS^
Enfants y n® a5.
BsGiN, Homme de lettres, à Mets.
Berger de Xivrkt, Homme de lettres, à Paris, ne dm
Guof-Trouin , près le Luxembourg, Vf* 3.
Le chevalier Chaponkier, à Paris, rue de Cliry^ n» iG.
Passt ( a. ) , Préfet de TEnre , à Errew.
SoTSR-WiLLEMET , Botaniste , Membre de plusieurs sociétés
savantes. Bibliothécaire de la ville, à Nancy.
Leooq , Professeur de botanique , à Clermont-Ferrand.
Rifaud , Naturaliste , Membre de plusieurs sociétés savantes ,
à Paris , rue Basse^VUle^ vfi 4^
Barré de Jallais , Homme de lettres, à Jallak, prit
Chemillé, département de Maine-et-Loire.
HouEL , Président du Tribunal civil , ii Luuviers.
Le Comte de Murât (C. ^), ancien Préfet de la Seine-
Inférieure , à Paris , rue de Bourbon , n^ 79 bis.
Le Comte de Rivaud La RAFFimÈRE (C. ^ ) (G. 0. i^),
Lieutenant-Général, à b Raffinière, près Civray.
LEFaLEUL DES GuEBBOTS 1^, aux Guerrots, commnno
d^Heugleville-sur-Scie.
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(470)
CORRESPONDANTS ÉTRANGERS, MM.
i8o3. P&MOu; , Direcleor de la Chambre des finances , et corres-
pondant du Cunseil des mines de Paris, à SaUbonrg.
i8a3u Le Comte Debbay, Ministre et Ambassadeur de S. M. le
Roi de Bavière , à Vienne.
Geffrot , Professeur d*anatomie k TUniversite' de Glascov.
Engelstoft , Doctenr en philosophie » Professeor ac')oiBt
d'Histoire k VUniversité de Copenhaj;ue.
John Sinclair, Président du Bureau d*a|priaiiture , à
Edimbourg.
i8ia. VoG^ , Professeur de chimie à TAcadëmie de Mookh.
1816. Caupbell, Professeur de poésie à rinstitotion royale de
Londres.
1817. Le Chevalier DE KiRCCHOFF , Médecin militaire , à Anvers.
1818. Dawson Turner , Botaniste » à Londres.
Le R. Th. Frognall DiBDi!<f , Antiquaire , à Londres.
i8ai. Vènb ijfc f^, Capitaine de génie, au Sénégal
1823. Chaumette DBS F0SSÉ5 , Consul général de France , à Lima.
i8a5. Le Comte Vincenxo de Abbatb, Antiquaire, à Alba.
1827. Deluc, Professeur de Géologie, à Genève.
i8a8. Brunel ^, Ingénieur, correspondant de rinstilut, Membte
de la Société royale de Londres , à Londres.
i83o. Le Professeur Rafn , Secréuire de la Société royale des
autiqnairts du Nord, à Côpeikhagiie, r«# dm Mmtc-
SOCIÉTÉS CORRESPONDANTES,
Qassées selon tordre alphabétique du nom des Villes ok
elles sont établies,
AiBefiiOe, Lt Société royale d'Emulation.
Aix, La Société académique.
Amiens, L'Académie des Sciences.
jineers. La Société des Sciences, Lettres et Art».
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( 47»)
Besançon. L'Acaèemie dea Sciences , BeHes-tieltres et Arts.
Bardeaux L*Acadcfl[iic royale d^s Sciences, Beflcs-Letlrs et Aris.
— La Soriéle' royale de médecim.
BoulogJie^sur-Mer, La Socie'le' des Sciences , d'Agriculture , du Com-
merce cl des Arts.
Caen. L'Acade'mie des Sciences , Arts el Beltes-Kettres.
— La Société' royale d'Agriculture et de Commerce.
Cambrai, La Société d'EmiIttion.
Chàlon. La Société d'Agriculture, Corameice, Sciences et Arts d«
département de la Marne.
Cherboarg, La Société d'Agriculture , Sciences et Arts.
Dijon. L'Académie des Scieaces , etc.
Douai, La Société centrale d'Agricartiii<e , Scientes et Arts du dé-
partement du Nord.
Ei^reux. La Société d'Agriculture, Sciences, Arts et BeUes-Lettres
du département de l'Enne.
GnnoHe» La Société des Sciences , etc.
Jéiége. La Société libre d'Emulation et d'Encouragcmeut pour les
Sciences et les Arts.
Limoges, La Société royale d'Agriculture , Sciences et Arts de la
Haute-Vienne.
Jjons-lt-Saêlnier. La Société d*ÉmaUtion du Jura.
Lyon, V Académie royale des Sciences , Belles-l<ettres et Arts.
— La Société de Médecine.
Marseilk, L'Académie des Sciences , etc.
Metz. L'Académie royale des Lettres ^ Sciences et Arts et d'Agri-«^
cnlture.
Moniauban, La Société des Sciences , Agricultare et Belles-Lettres
du département du Tam-et-Garonne.
Nancy ^ La Société des Sciences , Lettres et Arts.
Nantes. La Société des Sciences et des Arts»
Ntmcs, L'Académie du Gard.
Niort, La Société des Sciences et Arts.
Orléans, La Société des Sciences physiques et médicales.
— La Société royale des Sciences , Belles-Lettres et Arts.
Paris, L*Athénée des Arts , ne des Bons-Enfants,
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(47*)
*^— l'Institut de Fiance , au Palais des Qmmtrt^Naîioas,
— — La Société d'EconolDie domestique et iodnstriflle.
— -* La Société de Géographie.
*^ La Société de la Morale chrétteDne.
-— La Société des Pharmaciens.
-— La Société des Sciences phjsi^nes.
— La Société Linnéenne.
— — La Société médicale d'Emulation.
— ^ La Société royale d'Agriculture.
PùHiers. La Sociale d'Agriculture, Belles-Lettres, Sciences et Arts.
Le Puy, La Scx.cté d'Agriculture, Sciences, Arts et Commerce.
Rennes. L'Académie des Sciences , etc.
Bouen. La Société centrale d'Agriculture du département de b Seine-
Inférieure.
*— La Société libre d'Emulation.
— ^ La Société pour l'encouragement de rinalmctîon élànen-
taire, par l'enseignement mutuel, dans le département
de la Seine-lnféricure.
S t-F tienne (Loire). La Société d'Agriculture, Sciences, Arts et
Commerce.
St'Quentin, La Société des Sciences , Arts et Belles-Lettreft.
Strasbourg. La Société des Sciences , Agriculture et Arts dn dépir
tement du Bas-Rbin.
Toulouse. L'Académie des Jeux floraux.
Tours, La Société d'Agriculture , de Sciences , d*Aj(ts et Bdks-
Lcttres du département d'Jndre-et-Loire.
Versailles, La Société centrale d'Agriculture et des Arts du d^ir-
tement de Seine-ct-Oise.
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TABLE MÉTHODIQUE ,
OUTRE L£S MATIÈRES CONTENUES DANS LE PRÉSENT
VOLUME y
La mention de tous les owrages reçus par VAcœ^
demie, ou dont les rapports ont été faits pendant
Vannée académique 1829-^ i83o.
CLASSE ])£S SCIENCE^.
HAPPOBTfaitparM. Lévy ^ secrétaire perpétuel de la classe
des sciences , I
Mathématiques.
Mémoire sur les moyens de calculer les terrasses heaik'
coup plus promptement que par la méûèode ordmake ;
par M, P.-E' Morin , ingénieur des ponts et chaussées ,
membre correspondant -* Rapporteur , M. Meaume , a
Manuel des poids et mesures , par M. Tarée des Sablons ,
M. corr.; i4* édit. , 2
DewD ménwires manuscrits de Af. Gâchot^ officier de la
marine royale. — /î.' M. Meaume , 3
Problème résolu du rapport du diamètre à la circonférence ,
par M. Beaupicd, officier en retraite, — A. A/. Meaume,
Mécanique.
Recueil de machines composées et exécutées par ilf.
Antide Janvier , M. corr.\ 2,^ édiL — R, M, Léçy^ 4
Nouçeau procédé pour sonner les cloches , inçenté par Mm
60
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i'abbé Creçelj curé de St-Romain. — Rapport par MM^
-i^aèàé Gossiet ( rapporteur ) , Meaume et Dubuc , 5
Phtsiqle. -^Météorologie.
Correspondance pour Vavancemenl de la météorologie y par
M, P.'E, Marin , ingénieur des ponts et chaussées , M.
corr. ( 4* cahier. ) — /l. M, ûirurdin , 4
Arts mécaniques et ikditstriels*
Obserçaiions sur la construction du passage sous la Tamise ,
par M. Brunel , ingénieur , M. corr, , 5
Notice manuscrite sur la fabrication d*une tourbe artificielle,
par M, Pimont , M. résid» , ii
Mémoire manuscrit sur un procédé propre à rendre la laine
apte à être JUée sans huile ou aoec très peu d'kmile ;
^ar le mime > 1 1
Rapport sur le pétrisseur mécanique de MM, CaoaHer frères ,
par MM, Girardin ( rapporteur ) , Mâawne et Des^
yi Heurs 9 12
Manuel du boulanger et du meânier , par MM. Bendst ,
et Julia-Fontenelle , U,-M. , M, corr, — /L M. Lé^jr , i3
Chimie.
Noiice sur la céruse française , comparée à la céruse de
Hollande ; par M, Dubuc , M. résid. , g
Traité sur tes parements et encollages , par M. Dubuc ,
M, résid, , 9
Examen physique et chimique d'une concrétion pierreuse
extraite sur le cou- de-pied d*un vieillard âgé de 80 ans ;
par M, Dubuc , M, résid. , 9
De la bouse de vache , considérée sous le rapport de la
chimie technologique , par M. Marin, phiarmodem,
M* résid, y 10
Imprimé en entier y p. 85.
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C <75 )
Stf^oT, par M, GonJreQilkJils , chùnîite , de substances tîhc^
tonales et d'objets très curieux en usage dans l'Inde. — R.
MM. HouioU'Labiilardière , Gitardih^ Pouchet , Prévost
{pépùiiériite) j etPimont
Dissertation sur le volume des atomes et sur les modifient'
lions çu'U suhit dans les combinaisons chimiques ^ par M.
Pofydore Eoullay , docteur ès-sciences ( i'* thèse). — /)/*-
sertation sur Vubnine ( acide uhàque) , et sur F acide azul--
mique , par le mime (2* thèse). — R. pour les deux ou-
Qrages , M. Girardin.
Sur la fabrication des eaux minérales acidulés gazeuses-^
par M, Courdemanche , phftrmacien , à Caen. -— R.
M. Marin.
Histoire naturelle.
Discours de réception de M. Pouchet , sur la marche dç
l'histoire naturelle , depuis les t^mps le^ plus reculés
jusqu'à nos Jours , i3
Réponse de M, Hounl , président ^ i5
Notice sur les écre^isses , et en particulier sur ufie espèce
à test naturellement rouge « par M. Germain , phar-
macien ^ M. corr. •*- R. M. Duiuc ^ i5
GÉOLOGIE.
Obserçations, chimico' géologiques sur les produits du règne
minéral^ par M. Dubuc , M. résid, ^ i^
Notice sur trois puits jorés , dits artésiens , établis à Rouen ;
par le même , 16
Imprimé en entier^ p. 43-
Quelques réflexions sur un mémoire de M. Edouard Kœchlin ,
intitulé : Aperçu géologique sur les environs de Mulhouse ,
• par M. P,'E, Morin , M, corr, y 16
Essai sur la topographie géognostique du département du
Cahados , par M, de Caumont , ( i8a8 ). — R* M.
Auguste Le Prévost » '7
60.
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( 476 )
SUdisiique gêoiogi^e du difparUmeni t& ia Seine^^InférioÊn ,
par M A. Possy , préfet de l'Eure, Jtf. corr. {y,k
r refis (Ir i.^Mj ^ p, ^S J y i'
Discours de réception de M, Girardin , professeur de chimie ,
à Rouen , iT
Réponse de M, [Jouet , président , 18
Considérations générales sur tes voIçqms , etc. , par M. Gi-
rardin , 19
Imprimé m entier , /. 95.
Botanique*
frécis éiementaire dt botanique , par M. H. Lecoq , prof,
d'hfst. naturelle ( 1828 ) , M. corr. — R. par MM.
Pouchet ( rapporteur ) Blanche et VubreuU , la
Notice sur le pliitolacça decandra, par M. Duhuc , M.
résid, y a3
Histoire naturelle et médicale de la famille des solanées ,
par M. A.-F, Pouchet , M. résid. — /?. par MM. Blanche
( rapporteur ) , Le Prévost et Dubreuil^ a3
Notice sur quelques plantes de Frhnce , par M. Sojet'
Willemet , bibl. en chef de la 'faille de Nancy , M.
corr.
MÉDECIKE et CiiXaURGlK.
Mémoire sur plusieurs procédés opératoires propres à
battre le phymosis , le paraphymosis , etc^,parM. Aoend^
D.'M. — R. M. Blanche, 4
Thèse sur les kystes hydatàfères du foie , par M. Debams ,
D.'M. - R. M. Blanche , ai
Im physiologie des gens du monde , par le çkeoaHer
Chaponnier^ D,-M. , A/, corr. — R. par MM^ Le Preoost
( rapporteur ) , Flaubert et Des-AUeurs , a^
Recherches sur raliénation mentale , manuscrà , per M.
FôçUle , médecin en chef de r Asile clés aliénés de Rouen ^
M. résid. — R, par MM. Blanche ( rapporimer ) ,
Godefroy et Figné , a5
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(477)
Réponse de M, le comte de Murai , président , 37
Obsen^ations sur les fausses sensations , haUueînattons ; par
M, F/hUle, 37
Imprimé en entier ^ p. '55.
Observations sur deux opérations de pupille artificielle^ par
M. F'ingtrinier , D.-Af. , Af. résid, , 29
Imprimé eu entier^ p, 61.
Mémoire à consulter , sur un cas de division congéniaie eu
voile du palais^ et sur une modification de l'opération de
la staphyloraphie , par M* Jean-François Bonfils , JUs
aine , D^-M. , M. corr^ — H. par MM. Vingtrinier
( rapporteur ) , Flaubert et Blanche , 29
ftefievions sur une épidémie variolique observée à Vhospire
général de Rouen , par Af. Blanche , D.-M.^ M. résid, , 3lo
Imprimé en en fier , p. 69.
Observations sur de prétendues guérisons de la phthisie
pulmonaire , par M. HelUs , D.-AL , M. rwii/. , ' 3o
Thèse sur les monstruosités humaines ou vices congéniaux de
conformation , par M. Béchet , D.-M. — <- R. M. HeUis ,
3o
Mémoire sur les monstruosités dites par inclusion , par M.
Le Sauvage , D.-M. , M, corr, — il. M. Des-AUeurs , 3o
Jlapport général sur les travaux du conseil de salubrité de
Nantes , ( i8a8 ). — R. M. Le Prévost , D.-M. ^ 3i
Recueil de mémoires consultatifs sur divers objets de mé^
decine légale y par M* Chaussier pèrtk
fjxtrait du Préas des travaux de là société royale des sdences ,
Uttres et arts de Nancy , de i8i4 à 1828 , contenant
plusieurs articles d*histoire nature&g médicale , de mé-
decine et de chirurgie , par M, J.-F, Bonfils , fils atné ,
( 1829 ) , A/, corr. — R, Af. Des-Alleurs*
Observations sur l'opération delà cataracte ^ recueillies pendant
Vannée 1829 , manuscrit , par M, N. Dumont , oculiste.
Mémoire sur l'usage des sangsues , par M. Hippolyte
Raynult , profi de math. — R, M. Vingtrinier.
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(47»)
Agriculture et Horticulture.
Mémoire sur les açaniages du partage et de VaHénatiùtk
des biens communaux , par M. EL Vanitr , membrt
de plusieurs sociétés savantes, — R» M. l'abbé Gossier ,
3i
Supplément au Catahgiêe des roses cnhi^ées chez, M. Préçosê
fis , pépiniérisU , M. résid. — R. M. DubreuU , 3i
Bulletin de la Société royale ^agriculture de Limoges. —
R. M. BaKa , 3a
Rapport fait à la Société d'agriculture et des arts de Sdne-
et'Oise sur une nou&elle machine à battre les céréales^
inoentée par M^ de MaroUes ; par M. Polonceau ,
ing^ en chef du département, •* R. M, Dubuc , 3a
Rapport sur un mémoire intitulé : Des jardins et des pkm*
tations pittoresques , par sir Walter-Scott , inséré dams
la Revue Britannique , n^ \6 ; par M. Preçostfis , pépi-
niériste y M* résid-
Statistique.
Renseignements staHstiques sur la mortalité des enfants em
bas âge , par M. Ballin , 3f. résid, , 3a
Imprimé en entier, p. 65.
Obsen^ations sur la mortalité des enfants à l'hospice général
de Rouen , par M, Blanche , M, résid, , 33
Imprimé em entier, p, 69.
Notice historique et statistique sur les enfants tronoés , par
M. Lepasquier , M, résid, » 34
Imprimé en entier , p, yZ.
Obsen^ations sur l'importance de la conservation dm pomt
de bateaux de Rouen , par Af. Dupont-Boisjomçin» —
R. M, Lepasquier ^ 3i
Le Monde comparé à l'empire britannique , tableau stm^
tistique y par M, Adrien de Balbiy patricien de Venise,
337
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( 479 )
Prcjel de staOstique générale du déparlement de ia Setne-^
Inférieure , proposé par M. le comte de Murât , 35
Mémoire et rapport de M, Licquei sur ce sujet.
Economie politique.
Sur VouQerture et Ventretien des routes du royaume de France «
par M. P.'E. Marin ( i8a8 ) . M. corr. — R. M.
Lepasquier,
Des banques publiques de prêts sur gages , et de leurs incon^
çénients , par M. Arthur Beugnot , M, corr, ; mémoire
couronné^ en 18219 , par V académie du Gard, — jR. M.
Lepasquier , 34.7
Essai sur les Monts-de-Piété ^ par M. Auguste Lepasquier ^
359
Imprimé en entier , p. 36i.
Prix proposés pour i83o.
Pour la classe des sciences , 4-3
Pour la classe des lettres , 36o
MÉMOIRES DONT L'ACADÈMIE A DÉLIBÈRE L'JMPMSSSION
EN ENTIER DANS SES ACTES.
Notices sur trois puits forés , dits artésiens , établis à Rouen ,
en 1829 et i83o , at^ec l'analyse de l'eau qui en provient ,
etc. , par M, Dubuc , M. résid. , 4-5
Propriétés pfysiçues et chimiques de Veau prise au puits
foré rue MartainviUe , 49
Effets des réactifs chimiques sur cette même eau , ib.
Puits artésiens affluents, etc., 5i
Observations sur les fausses sensations , hallucinations ; par
M. Fdçiile , 55
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( i8« )
Nt4e sur deux ofèrcMons de pupQk ^ri^ki^e , fm M*
Vingtiiniar^ 6l
Renseignements statistiques sw la mortuStd des emfimis em
bas âge , par M. A.-G. Btdlin , 65
Réflexions sur une épidémie varioUque observée à Phospict
de Rouen , etc. , par M. Blanche » 69
Notice historique et statistique sur les enfants trom^ , per
M. Lepasquierj ji
De la bouse de pache considérée sous le nq^port de la
chimie technologique | par M. Marin , pharmacien , 85
Anafyse , ik
De la kouse de cache épmisie par l'emm , 8t
De la matière grasse perte , 89
De la suis tance ènmàtre isolée de V extrait akoolifoe, 91
Considérations générales su^ les volcans , etc. j par M, /•
Girardin ^ gS
Imtroduciiom , ^
£hâp. i«r. DéfimtioaSp class^catioms ^ 3$
Chap. a. Caractères gèognostifmes et atiaéraSogifmes ées
terrains volcaniques ^ ie3
CLap. 3. Position géognostiçne des eekmms è la surface en
ghàe ^ et géographie pkfsiqne t ii5
Cbap. >(. Phénomènes fue présentent les poicaus dans ieun
moments d'actif if é et dans leur état ée repos , i33
Cbap. 5. Examen critique des diverses théories fue Vou a
tour è tour admises pour expliquer Vorigme des pkè^
nomèuêê pokanifues , 17S
Ckap. 6. Liste des pùlcaus oetueUeÊseut hràtasOs et des
solfatares , dispersés sur la surface du giohe « ap
EuKOPB. . . -^ S i«r. Volcans du coutiueut^ ^
% a. Volcans des tles , a^S
Afbiqdv. .—Si. Volcans du continent , aSS
— Sa. Volcans des Ues , aS;
Asie ""^ S >• Volcans du continent^ i6(
— S a. Volcans des lies , ay»
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(48<)
ÂMiuQDB. — S '• VoUmns du com*in09ki ^ 376
— S a. y^kwts des lies ^ 994
Océanique , 3ot
Résumé géméral , M
Eiépaiioa des prmcipmtx pokans êclifs ei éteùUs (Ta^Uau) ,
CLASSE DES BELLES-LETTRES ET ARTS.
Rapport /où par M, Bignon , secrétaire perpétuel de ki dusse
des bettes-lettres et arts , 336
Discours de réception de M, le comte de Murai , pré/et de la
Seine-inférieure , 336
Traités généraux , systèmes D'ENS£iGNEM£irr«
Rapport à M. de Vatimesnil sur la médiede Jacoiot , par M:
Baudouin^ aoocatà la cour royale de Paris. — Rapporteur
M. Ui^y , 337 et 35o
Ortholégie-Grisel , par M. Grisel , bachelier ès-lettres , jim-
ù'tuteur, — R. par MM. Fossé ( rapporteur ) , Léçy et
Des-Alleurs, 337.
D^ Véàication des sourds-muets de naissance, par M, Dege^
rando, memb. de V Institut , M. corr.^R. M. Uumesnil ,
344
Eloqueiïce.
De Bossuet inspiré par les Uifres saints , par M. A, Floquet^
M. résida , 3^
Imprimé em entier , p. 399.
Réflexions sur un passage de rhistoire de la vie et des
ouvrages de P. Corneille j par Ai. Tascliereau; par M.
A. Floquet, SSg
Imprimé en entier, p. 4*3-
61
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PoÉsm.
Egides poêùques de M. Etienne Thwrei. ^ Jt. M. Le FUled
des Gûerrofs f 336
Etëgies et k Bal de Taumâne , jfor M. Victor-Eugène Le
Coupeur. ^ FL M. DupuUl^ 336
Ptomenaâe poétique , et Mort du prince GHies de Bretagne ,
par M. Edmond du Petit-Bois. -^ R. M, Le Filleul des
GuerrotS, 338
%a vierge de Corinthe , par M. Boucharlat , M, corr. — R.
M. Le Filleul des Guerràîs , ib.
Pensées en vers , par M. C-L. MoUevauU , membre de fins-
titiU , M. corr, , îL
Traduction en iters Jrançais d*une oie anglaise intUâtlée :
Le festin d* Alexandre , par M, Spencer Smith , M. corr.
— il. M, Vabbé Gossier , A*
Voyage du Roi , en i8a8 , dans les départements de l'Est;
Apologue sur le même sujet ; On vous connaît^ h^au masque;
et hommage à la mémoire de' M. le Crimte Daru , par M. le
temte Blanchard de la Musse , M. corr. , H3 et ^SS
La Rose , par M, Pinel, M. corr, , 343
Les Satyres de JuQénal , traduites en vers français , et suites
• des lettres à Phiiinte sur rintetRgence de ce poète , par M,
Barré de Jallais, — R. par MM. Fossé ( rapporteur) ,
IJcquet et Le Filleul des Guerrots , 344
L 'Echo poétique des départements. — R. M. Foisé , 357
Epitre à f amitié ^ par M. feigne ^ M. résid. 3SS
L'Aumône , par M, F'ictor Hugo , M. corr,
Abt dr\m\tiqvY.
Camille , ou le Patriotisme y tragédie en cinq actes et en vers^
par M. Frédéric Galleron. — A. M. Fossé, 338
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(Biores de Pierre et de Thomas Comeiffè^ offeHes à rAca-^
demie par M.. Dupuiei ,. M. résid. , 35g
Philologie.
Nouvelle édition de Jl-B. Rousseau , aoee lés noies de Le
Brun et de.FontaneSy et denauçettes observations par Jf.
Boucharlat , M. corr, , 338
Traduction de la Batroâhomyomachie ; Traité de la pronon^
dation grecque moderne; Recherches sur les sources antiques
de la littérature française ; par M. Berger de Xi^rey ,
M, corr, — /?. par MMl Th, Licquet ( rapporteur ) ,
Le Filleul des Guerrots et Floquet , 33^
Phûuki Aug, Uberti fahulàrum œsopiarum , ex codice olim
PiÛUBano.^ mmc in bibl. Lud. Lepeletier de Rosanbo..,.
edidit JuUus Berger de Xivrey. — R. M. Licquet^ 34i
Dissertation sur les propriétés musicales de la langue an-'
' ^aise , par M. Vùbbé Gossier , M. résid. y, 35o
JuRISPEUSEnCE.
Code de la chasse , par M* JustcHouel^ M. résid. -=- A,
AT. le baron Adam , 348
De la résistance passive {procès du Joum, de Rouen ) , par
M. A. Daviel , açtocat y 337,
Histoire.
Lettres sur la pille de Rouen, ou P^'écis de son histoire ^
* depuis son origine jusquen i>8a6 , par M. A^^* L ,
de Rouen. — R. M. Ballin , 336
Histoire des sciences et delà cicUisation dans le pays Messin ,
par M, Bégin , M. corr. — R, par MM, Depille ( rapport
teur) j Girardin et Duputel^ 34-1
Ordres religieux. — Article extrait de l'Encyclopédie mo-
derne y par M, l'abbé de Labouderie , M. torr. , 343
6r.
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Voyage en Egypte et en N%Aie . etc. , pw^ M. R^tnif JK
corr. , S43
Histoire du aâteauGaiUard , par M. Achille DeoOle , M.
résicL — R. M. Auguste Le Pneinst^ 354
Compte rendu au ministre de la marine , par M. le contre^
amiral de Rossel , de la comptée Ât la Cbe^rrette « A. «
<i8a9). -^R.M.DeifilU.
Mémoire sur quelques monuments du JiépaHmtaii 4e tEm€ »
patU. Âug. Le Ptepo^^ M. résid^^R^ M. DemBe.H^
Noiice sur la châsse de «S.-?Wm , par M. jâmgmete Le
erefHOt^ M. résid. ^ R. M^ OevOle , 34$
NoU relalUQê au tieffrùi de ta grasM haeiage de Mmun ,
par M, SaHin ', M. résida , ' 353
Mémoire sur. quelques antiquités de 4a mtk de&ouam ^ et eut
le cuir doré, par M. Jfelmquénère ^ M. féeid.^ 35S
Wérfiotociï.
Notice sur M. Le Tm'quier de Longchamp , M, nésié. , pm^
M. Lévy , 39
Vatiee sur M. Le Masean , M. corr, , par M. Léey , 4^
Discours prononcé sur la tombe <<ftr Af. Louis Le Massem. ,
ingénieur en chef des ponts et chaussées , M* corr. , par
M. le baron de Prony , inspecteur général des ponts et
chaussées. — R. Af. Meaume , 4^
Notice historique et bihUographique sur M* Manpds , M.
résid. , anc. sécrétant perpétmel de la ehsus des^menees^
par M. E. CarauU. D.-M, - A. Af. Poucket^ 53S
BlBLIMRA^BIB.
Tableau bibliqg-aphique de tous lesyouprmge»
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(4«5)
mm onftnoÀ dbu ies vj p^kmes du preeû anafyiique des
travaux de l'Académe royale de Rouen , depuis safon^
dation^ en ijH-, jmsquen 182 5 (1) inclushement , par
M. P. Periaux , membre de t Académie. — Rapport par
MM. BalOm {'rappcHeur)., Léçy ^ Btgnon y Duàuc et
JUcquety 36o
Oàêerpatùmê de M. Pénaux^ et nouveau rapport de M. Baiîin^
sur le même sujet.
Mélanges. .
Owrages envoyés par M. Kafn , secrétaire de la société
royale des antiquaires du Nord^ M, corr. , relatifs aux
. travaux de cette société, aux progrès de renseignement
. mutuel en Danemarck , ete. , etc. 3^9
Rapport de M. Auguste Le PreQost sur ces ouvrages , 4^>
Htècère ams , annonce et déclaration d'un étage et volontaire
royale vétéran de formée , etc. , tic. \ par M* le vicomte
de ToustaiwRichebourg y M, corr* , 338
Considérations morales contre ht distribution des Jetons
dans les sociétés savantes et autres » par M. l'abbé
Gossier , 34-9
Béfiexioas sur l'industrie et sur le riknnument à éleçer à
Pierre Corneille , par M. HelUs , M. résid, , 353
Sur ie même sujet , par M. Duputel^ M, résid. ^ 353
LiettKe mtiographe de FonteneBe ^ adressée à M. Fabbé
« Lherminierj le iSJéinier 17^9 ; offerte à F Académie par
M. Pimont , M. résid. Z5g
ARTS.
leonogn^hie mythologique et monumentale , par M. BenoU
Pécheux » M. cwr. — R. M. Deçille , 34.2
CO II est dit , p. 36o, jusqo'en iSag , parce qu*en effet M. Pénaux
m coBtinaé et eootiiuie encore de s'occuper de préparer la soite de son
•anafe.
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(486)
Mémoire sur Vart du UAofftaphe , par M. lé chtQ.
— jR. M. Dubouliqy ,
Bherses gravures de M. Gms , sculpteur , 34^
Une petite Léda regardant ses cmjs ^ d^enoiron la À iSpoÊices
de proportion , pose à-^peu-^près semblMe à cette db Gia^
diateur mourant , en plâtre » par le méne>
Un buste de Montaigne ^ grwfideur jtiOureUe , par le ntéma
MÉMOIRES DONT L'JcJDÈMJE A DiUBÀMà L'iMPMESSIOIf
£ir ENTIER DANS SES ACTES^
Essai sur les Monts^de-Piété , par M, A, Lepasquier ^ 36i
De Bossuet inspiré par les lucres saints , par M, A* floquet ,
3»
Réflexions sur un passage de f histoire de la ine et des
ouvrages de Pierre Corneille ^ par M Taschereau; par
M. A.Floquei, 4i3
Rapport sur les pièces adressés à y Académie par M. le
projesseur Rafn , secrétaire de la société roycie des omâr'
quaires du Nord , 4^>
Sur la Société royale des Amtifuairts de Copemàé^gae^ par
Louis Giesebrecht ^ (^
A la mémoire de M* le comte, Daru ,. hotnma^ ékposé
dans le sein . de V Académie française , par M, le comte
Blanchard de la Musse , 45S
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( 487 )
OUVRAGES
ENVOYÉS PAR DES SOCIÉTÉS SAVATÎTES ,
£T OUVRAGES PÉRIODIQUES y
Classés suii^aHt l'ordre alphabétique du norn de
la Ville où ils sont publies.
Abbeville. Statuts de la Société royale d'émulation , i83o.
^ R. M. l'abbé Gossier.
Besançon. Act$démie des sciences , belles^ettres et arts;
Séances publiques de 1819. — A* M. Meaun(U.
Bordeaux. Séance publique de l'Académie royale des sciences 1
belles-lettres et arts ^ 182g. — R, M. Durouteau,
Caen. Société royale d'agriculture et de commerce. — Sût
'-brochures et rapports 'concernant la culture des pommes
de terre , les melons , VéducaHon des moutons^ etc.; R.
Af. Dest^rty. -^ Sur le puceron Uuugère ; R. M. Préçost
Jiis {pépiniériste). — Ses mémoires, U 3; il. M. Prévost
Jils ( pépiniériste ). — Catalogue i de sa bibUothèque. —
Sur les eaux minérales acidulés gazeuses. — Sur le mou--
çement des voitures et inconvénients des roues à larges
'^Jantes. ^- Sur la chandelle de M^ Le Cavelier ; R. M.
PréQOStfis{ pépiniériste)»
Châlons. Société d'agriculture , commerce , sciences et arts
du département de la ^ Marne ; Séance publique du 9
septembre 1829.
Dijon. Séance publique de l'Académie , tenue le ^i ami
1 829. — il. M. Le Preçost.
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( m )
£vTeux. Recueti de la êociété d*QfficuHure , wdtnces , arU
et belUs'letires du déiàwrlemad de rEure. — Séame p9^
blique de 1839. — iV« a3 et %^^ 1829 ; n* i , i83o;
fi. Af . Dubuc. — iV^ d ; R.M. Bmhreml.
— Troisième recueil^ pour l'année i83o, de ia sodéâ
d*agncuItMre , médecme ei arêg. *- A. AI • Det-Mems.
— Journal d'agriculture , de médecine et des sciences acces-
soires, par les membres, résiiamts du sodéùis d'agncultm,
sciences et arts et de médecine , chirurgie et pkcrmacte^
du département de l'Eure ; u^ 2i3 ef a4 » 1^9* *- 1^
M. Dubuc ,
Lille. Annales de la société académùpie* — fi. M. ht-
pçsquier,
Limoges. Bulletin de la société roytde d'agricuUar , sdemces
etarts^ n"" $ , t. j\ R. M. BaUin. ^ J¥^ 6 ; fi. Jt
Préifost JUs (pépmiériste). — A^* 4 etf 5 , I. 8 , 18x9;
R. M* Fmgtrinier. ^ N^ 6; R. AT. GimtMn. ^N^ ij
t. 9 , i83o ; fi. M. Fingtrinier,
MeU. Annales de l'Académie des ktttes^ sciences H arts et
éPagneukure , 1818 et ^829. ^ R. M. FimouL
*- L'Indicateur de l'Esté journal scieni^que , UUéraire,
commerciale industriei^ pubUé par M. E.-A. Bég/n^
n^ I , wec carte.
MoDtauhan. Recueil agrontmd^ de la sôdété des sdemces ,
agricutiure et belles-lettres de Tam-^t^Geevnne , 1. 10, n*
6 à la ; /. 1 1 , /!« I à 7. ^ R. M. ÈÊcasme.
Naocy^ Précis des trwamj^ de la société royale des seiemes ^
lettres et arts, i8a4 à i&^ ^ R. M. Dupatd.
Nantes. Annak.9 de tAcadénuB des sciences et des mts.
^ ^. M. fabbé Gossier et M. PSmont,
Origans. Annales de la Société rojaàt des sdemces , éeief
lettres et art^j /.9, n^^a; R. M. Lepreoosi {véféiindtey
— T. 10 , /i» I e/ a ; fi. M. Ballin. — JV* 3; fi. K
Ues-AUeurs. ^ N^ i^ ; R. M. HèUis. ^ N*^\R.M.
DumesnH. - N^ 6; fi. M. Pré90st fis {pépmiéritU)
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(489)
Paris» Ass€mbîé& génitale onwuellt de h Société de la
morale chrélienne^ ^ i83o.^.->^ R» M, Vingtrinîèr.
^ Annales de Vmdùstiie Jrançmse et étrangère y et èulletm de
l^école centrale des arts et manufactures , /. 3 , ii<* 5.
— r R, M» Léçy.
««- Journal des connaissances usuelles et pratiques , etc. | n*
58, /. ti. - R. M. HeUis.
— Journal des cours fmhlics de la ville de Paris , 12* lA. ^
iSag. ^ R. M. BalUn..
— Société de pharmacie; Séance puisque du ai aoril i83o,
— Notke histmque sur N.-L. VauqueUn , par MM,
Chevalier et Robinet. — R. M. Léfy.
— Société de géographie ; Programme des pria , l83o»
— Société d'économie domestique et industrielle; Programme
des prix proposés^
Poitiers. Bulletin de la Société d'agriculture , belles lettres ,
sciences et arts j n^* ^5, 26 et a8« 1^'^. > 1829 ; i*' et
a, 2« y». , 1839. — R* M. LeprcQost ^ vétérinairt.
Puy ( Le ). Annales de la Société d*agriadture , sciences 9.
arts et commerce du Puy. — R, M. Dubreuil,
Rennes. Bulletin industriel de l* Académie royale des sciences ,
fi® I , t. II.
Rouen. Société libre dt émulation ; Séante publique du 6 juin
1829. — R. M. Heilis.
— Société centrale d* agriculture du département de la Seine-
Inférieure; cahier 35 , 1839 ; cahiers 36 , 37 et 38 ,
i83o ; Séance publique tenue le \\ octobre i83o. — R,
M. Meaume.
— Société pour V encouragement de Vinstruution élémentaire
par renseignement mutuel, dans le département de la Seine-
Inférieure , 1829. — Compte rendu de ses trawiux ; dis-
tribution de prix ; discours de M, Auguste Le Prévost y
président , M. résid. — R. A/. Lét^.
St 'Etienne ( Loire ). Bulletin industriel de la Société d'agri-
culture , sciences , arts et commerce , /. 6 , 5^ tiv. ; R.
62
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M. BalUn. — r. 7 , n^ 6 , 7 «/ 10 , iSag ; IL M.
Pîmoni. — JV^ 1 1 ; il. M. Meaume. — iV^ ii ; R. M,
Prévost JUs, péfntUériste. — T. 8 , a« ii». , |83o ; IL
M. Meaume.
Strasbourg. Journal de la Société des sciences » agriadimt
et arts du Bas-Ehin , 1838 , rfi* 3 et i. ^ R. M. Dubuc.
Toulouse. Journal pratique de médecine vétérinaire , pubUée
par M. Dupuy , direct, de Vécole vétérinaire de Tcmlmse ,
et MM. Cruzel, Rodrt^ Gellé, VaUax et Prince^ ^* série,
5^ année ^ n^ i , i83o. — R, ^f. LeprevosÉ , vétérinaire.
Tours. Annales d* agriculture publiées par la Société d'agri"
culture^ de sciences^ d'arts et de bettes-lettres ^départemad
d'Indre-et-Lmre ,«•« 1,2,6,7, fo, iii^ia, 1819 ,
/• 9 ; R®* I « a ^ 3 , i83o , t f o. — IL MM. Meaume ,
Morin et Dubuc.
^Versailles. Mémoires de la Société d*agriculiure et des arts
de Seine-et'Oise , ag* année ^ i^^g. — /l. M. Préocst
Jils^ pépiniériste.
Fm HK IsK TaBL£«
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AVIS AU RELIEUR.
Les Tatfleaux et les Dessins lithographies doivent être placés dajis
l'ordre suivant :
Coape de la galerie de la Tonnelle , etc. , en regard de la page 8.
Les Yeux , 6a.
Tableau des dikès des enfants en bas âge , 66.
Tableau comparatif et récapitulatif des naissances et dëc^ , etc. 67.
Tableau {pour la Notice sur les Enfants trouvés) , 80.
Tableau {p9ur VBuai sur les Monts-de-Piét é) , 379.
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3^ ligne i'*, lisez: d'ëclat «ur leurs auteurs , elles leur méri-
tent, etc.
' que le demande, tuez : que ne le demande.
autrefrois, iMév : autrefois,
mamelonés , lisez :. mamelonnés»
ignirômes', lisez: ignivômes.
Sauyage , lisez : Le Saurage.
De MadroUes , lisez : de Marelles.
public , lisez : publique.
lisez : les Pèpirino de diverses espèces.
c'était de lave, lisez: c*ëtait la lave,
le chevalier Chaponnier, «. : D.*M
«1».
i3.
14,
33,
i6,
".
»9»
3i,
3o,
dernière
3a.
«5...
56.
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■07.
«5.
i4'i,
»4,
469.
»9.
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4
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