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HIIP.J > IW ■!
PRÉCIS HISTORIQUE
DE LA
FRANC - MAÇONNERIE
II.
à
PARIS. IMPRIMERIE DE CASIMIR,
RUB DE LA VIIILLE ' MOnirAIB , K^ 12.
^^}^4. è / i-ft'éi^/^W ^«^^^ ^^ '^ ^<-
IPIEtiiB]l3 aris^MQVis
DE L'ORDRE
D£ LA
FRANC-MAÇONNERIE,
5 DEPUIS SON INTRODUCTION .EN FRANCE JUSQU'EN 1829,
\
! ^2'»tt^ ^^sp^^v^^ ^^ ^^^(^^^
BZ Xi'ORBRS,
LB8 PLUS CBLBBKES PAB LBUB8 TBAYAUX,
' LBO&S BCBIT8, OU PAB LBUR RANG DANS LE MONDE, DBVCIS
80V OBIGIRB jusqu'à NOS JOUES;
/ ET D'UN CHOIX DE DISCOURS ET DE POÉSIES
Pas
J.-C. B''\ iu<2.^^^
TOME DEUXIÈME.
PARIS.
RAPILLT, LIBRAIRE,
PASSAGE DES PANORAMAS.
1829
k
DISSERTATION
SUR LES BIOGRAPHIES.
MoRERi, auteur du Grand Diction-'
naire historique j etc., est le premier
qui, dès 1678 , ait mis en vc^ue les Dic-
tionnaires historiques et les Biographies.
Le Dictionnaire historique et critique de
PieiTC Bayle vint en 1697 rectifier les
nombreuses erreurs de son devancier, et
mériter le suffrage de tous les gens de
lettres. Le roi littérateur, Frédéric II,
disait que ce dictionnaire était le Bné-^
9iaire du bon sens. Voltaire a dit auàsi :
Qu^a servi contre Bayle une infâme cabale?
Par le fougueux Jurieu , Bayle persécuté , " '
Sera des bons esprits à jamais respecté.
Moreyi ouvrit la carrière , mais Ba^le
1
2 DISSERTATION
remporte par sa dialèctiqige , et se montre
partout écrivairi au$^i io^truit (ju'indé-
pendant. L*abbë Ladvocat , dans son
Dictior\naire portatif des grands hom-
mes^ en 1752, abrégea Moreri, et ne fit
qu'un mauvais ouvrage, M. Ghaudon,
aide ensuite de Delandine, donna un
Dictionnaire historique y oiz marchèrent
cote à côte quelques bops articlas et farce
articles détestables. L'abbë Faller , co-
piste et contrefacteur de M. Chaudo» ,
mit au jour^ en 1781 , un Di^iounaire
kàtorigue qui n^ est qu'une apologie du
corp&deMM. les jésuites dQutil&isait
partie. MM. Michaud, sous, le] titre de
Biographie moderne .( Leipzig - Paris ^
i^ab), imaginèrent de stigmatiser les
contemporains vivants ou morts y et re^
produisirent cette conception , en pu-
bliant en i8n \d^ Biographie universelle^
et en 18 î6 la Biographie de$ hommes
vissants,. La Biographie unii^erselle se ter-
raiiie aujourd'hui (1828) en cinquante-
SUR LSS BIOOAAPHIES. ^3
un volumes, qui auront vraisemblable-
ment des suppléments nonkbreux. Elle
fut sage el modérée au commencement :
on était sous Tempire; mais^ depuis i8i4,
elle a fourni sa carrière avec une partia-
lité qui ne permet d'estimer cet ouvrage
que sous les rapports littéraires. La Bio-
graphie des hommes i^iuants est un libelle
en cinq volumes contre les hommes de la
révolution. Bruxelles, où se trouvaient
une fouîede Français réfugiés ou bannis,
ettt la Galerie des contemporains Ç1S16).
Cette biographie offre des pages intéres-
santes pour Fhistoire ; mais on ne doit la
considérer généralement que comme un
ouvrage oii respirent de douloureuses
vérités et de sévères récriminations. La
Biographie^ dite moderne (Ètnery y 1817)
est d'une parfaite nullité. hsL Biogra-
phîe noui^elle des contemporainSj far
MM. Arnault, Jay, Jouy, Norvîns, elô.
(vingt volumes , iBaO'-iS^S)^ est conçue
dans des principes libéraux. Elle rend
J>-
\
4 DISSERTATION
hommage aux hommes de mérite de tous
les partis, et flétrit avec énergie les grands
criminels des diverses époques contem-
poraines. On y trouve des jugements lit-
téraires qui mériteraient d'être plus con-
venablement placés. Le Dictionnaire
historique ou Biographie universelle^ par
le général Beauvais, en un seul volume
in-8'' (18265 1827, 1828), qui forme
déjà six parties 9 est un abrégé de toutes
les biographies des hommes morts. La
Biographie unii^erselle et portatipe des
contemporains j qui ne doit avoir qu'un
vol. in-^"*, et qui en comptera quatre ou
cinq, est une pâle contre-partie de la Bio^
graphie nouvelle des contemporains y de
IVJM. Arnault, etc. Nous citerons, pour
mémoire seulement et comme des modè-
les, de mauvais goût, la Biographie des
Conventionnels j 181 5. La Biographie
des Pairs de France j i8i5-i8i6. LeDic-
tipn^aire des girouettes; la Biographie
à^^t)amcs de la cour ^ etc. , et cette foule
SDR LES BIOGRAPHIES.' 5
de biographies in-S!!, qui ^e semblent
créées qu en'haine de la liberté de la presse,
«t que pour déconsidérer un genre, d'his-
toire recommandable et surtout très-utile.
Nous n examinerons pas les ouvrages
plus ou moins analogues aux recueils bio«-
graphiquès publiés depuis la révolution.
A chaque changement politique, quel-
ques hommes ont prétendu faire de leurs
opinions: individuelles oudeTopinion de
leur parti TopinioB générale. Elle ne s'est
point reconnue si mal représentée, et elle
a laissé a leurs auteura toute la responsa*^ ,
bilité moi^ale qu ils ont assumée sur leur
tête. Nous ne devons voir, et defaitnou^
ne verrons les Dictionnaires historiques
et les Biographies ;, que daàs leur utilité
historique , la seule poiir laquelle ils OQt
été primitivement conçus.
Certes, après l'histoire des choses^,
c'est>à-diitedes événements, il faut l'his-
toire des hommes qui les ont amenés ou
qui y ont pris part j où pour mieux dire,
P DISSSRTATIOn
Thistoire pktoresqae de ce mélange de
pensées^ de Tolontés et d'actions* L'his^
toird> générale, donne Tensemble , L'his^
loke des indÎTidùs donne les détails. Là
dernière condoit à la parfsiite connais-
sance des éYenements^ eteelie-ei apprend
à mieux jnger les homines agissant par
concours ou isolément. La méthode des
Dictionnaires historiques ou des Biogrch
phies est donc utile^ et nul doute que tant
d'ouvrages spéciaux ne servent nierveil*-
leusemen t à développerle j ngement d^his-
torieps^ et à éclaircîrhîen de^ faits secrets
quionten uneinfluonçe si puissante sur les
plfis grands événements. Une seule cita--
tiûu : qui. se sez^ait janiais daaté ^ sans
les révélations biographiques | que y lors-
que la ibrreur était générale^ les inter-
pellations adressées par une femme à des
conjurés timides^ aient ameué la chute
dùtyran le plufc sanguinaire delà France,
et renversé taBt d'échafaadsf'?!
* Les conventionnels cônjureV hésitaient à attaquer
I
SUR i%s biooRâPlïiiss. j
Ce coup d'oeil rapide âuit le& biogra-
phies ne parattra pas déplace sans dôme
en tête d'une Biographie des Francs^
Maçons*
Nous avons voulu laii^e ^^onuattre aux
maçoûs, qui eu seront glorieux^ et aux
gens du monde dont ia oiiriosîté n'est pas
tout-à-£iit épiiisëe, les noms des princi-
paux personnages qui ont appartenu ou
qui appartiennent encor«^ à la franco
maçonnerie.
Qaels tableaux curieux vont s'offrir k
tous les regards! Toutes les sommités
sociales ont frappe à la porte du teniple.
Toutes les classes plébéiennes ont SôUicilé
l'honneur d'être adnâises parmi npiM.
L'ordre maçonnique, qui ne donne ni
pouvoirs, ni dignités, ni pkces, ni ri-
chesses , â vu ses insignes briguas par une
fonle d'aspirants, comme ils auraient
Robespierre t M"* Tallien, étant présente, se lève avec
indignatioii : « traffo. le tyran, dit-elle^ oa Je lui
« porte vos noms. » Le 9 thermidor eut lieu le len-
tt demain.
8 DISSERTATION
brigué un grade ^ une croix ^ un poste ho-
norifique , des lettres de noblesse > ou des
sinécures à la cour. C'est, peut-être un
enfantillage y' mais quels sont leshom*-
mes qui ne sont pas un peu enfants !
Depuis plus d'uuisièale^ dés souverains,
des priuceSvdies hoitime&d'État, des pré*
très 9 des hommes de génie , des philoso-
phes , de simples citoyens, des hommes
appartenant aux olassçs les plus obscures
de la société , ont été protecteurs ou mem-
bres de Tordre franC'-maçQnnique^ mais
'comment les conoatjtre, çux , leurs bieq.**
faiti^ , leurs vertus , leur dévouement,
leurs ouyragçs, quand ce même ordre
ne. peut présenter aucunç espèce d'an-
Dales, aucune; histQire bipgrapbiqué ?
. Cette lacune va être remplie par la
Biographie des Francs-^Maçons. Nous
avons pensé qu'on ne pouvait mieux
terminer l'histoire des événenjents ,
qu'en donnant celle des hommes qui
y ont figuré, et sous ce rapport nous
"%
SDR LES BIOGRAPHIES. . g
croyons avoir fendu un service à Tordre
en faisant connaître et mettant en évi-
dence ceux dje ses membres qui se sont
distingués par leurs travaux , et réunis-
sant dans un même cercle oenx dont
l'illustration a jeté de Téclat sur Tinstitu-
tien elle-même , et ceux dont les vertus
modestes et les talents aimables onl^ cobt
tribué aux plaisirs comme au; bonheur.de
leurs frères. .. .r /;
Les notices partent de l'époque oh la
maçonnerie fut introduite en France en
I725. Elles ont pour objet Tbistoire des
maçons^ chefs de sectes, créateurs: de
rites 9 grands maîtres, dignitaires, offi-r
ciers de Tordre, fondateurs ou régénérar
teurs, présidents, orateurs et députés
d'ateliers, écrivains maçons et frères dis-
tingués dans la vie civile ou dans notre
association.
Il y a dans cette galerie des notices éten-
dues et des mentions de quelques lignes.
Les frères dont la vie est célèbre dans les
lO DISSBRTAtiON SÙA LES BIOGRAPHIES.
fastes profanes sont uniquement cites
comme maçons. Nous donnons sur les
frères beaucoup moins connus, avec des
détails maçonniques , des détails sur leur
camère publique, mais abrégés. Nous
portons quelquefois des jugements sur
les frères qui ont cessé de vivre, auteurs
maçonniques ou autres. La maçonnerie
a airssi sa littérature, et cette brancbe des
connaissances humaines occupera bientôt
le noble rang auquel elle a droit de pré-
tendre.
Enfin la passion ni l'envie n'ont point
dicté nos jugements, et sur ce point déjà
on pourr^ dire que nous offrons du nou-
veau*
PRÉCIS HISTORIQUE
JD£ LA
FRANC-MAÇONNERIE
EN FRANCE.
BIOGRAPHIE.
A.
Allemand (Zacharie-JacqMes-Théodore),
coiDte , yieé*amiraly grand officier de la Légion-
d'Honneur^ chevaHerdeSaint-^Louis, ete,, na-
quit au PoiCt-Lotlia en 1 762 ; son père était lieu^
tenant de yaiisiaêau. Destiné w service maritifl^è^
le jeune AlLsm&nd ne Toulut devoir qu'à Ini toul
sa fortune , et s'éobappant furtiveinent da sein
de sa fanxillei il se fit mousse. Son activité ^ son
zèle et j»es talents lui valurent un avancement
assez rapide, et il servit comme officier auxU
liaire soud: le: bailli ideSuffren^ de 1770 à 1785.
Il fut nomDoié officrer de haut bord en ijg^%
13 BIOGRAPHIE,
et promu au grade de vice-atnîral en lÔio. liCS
événements de la restauration | en i8i4^ le pri-
vèrent de son activité. De cette. époque à celle
de sa mort, arrivée en 1826, il se livra pltis
particulièrement aux travaux maçonniques , et
se fit même , sous le rapport des rites , une cer-
taine réputation d'hostilité. Il fut un des pro-
pagateurs du rite deMizraïm , qui fut détruit
par le Grand Orient de France , et l'un des sou-
tiens du suprême conseil écossais-américain, dit
du Prado , qHe bouleversa le «y^ème écossais
du rite anôien et accepté, dît de Pompéi, qui
réunit ensuite à lui les meiïibres échappés à ses
foudres très-peu fraternelles, puisque aucun de
ces deux rites ne voulait reconnaître la puis-
sance légale de l'ordre, le Grand Orient.
ÂNTIGNAC (A.) f chansonnier de la société
lyrique du Gai^eau moderne, naquit en 1770,
à-Paris, où il mourut en ïBqS. Il fut presque
Wte: «a vie employé à l'administra âon des
postés*. Antignac, qui avait l'heureux talent
de faire de la poésie dans la chanson, Contre
l'usage de la masse des chansonniers, jouissait
dei'esiime et de l'amitié de totis ses confrères.
Il a publié en . 1809 des chansons et autres
poésies , I voK in-i8/ Les recueils dii Caveau
moderne ^ de V Épicurien et de la Lyre maçon*
BIOGRAPHIE. l5
nique y renferment un grand^ nombre de ses
chansons et cantiques.
ANTIN ( Louis-An toîne de Pardalllan, duc .
d'), pair de France, lieutenant général, gou-
verneur de la province d'Alsace, surintendant
des bâtiments delà couronne, naquit en i665,
et mourut le 2 décembre lySG. Les données
historiques et maçonniques sur ce personnage
sont fort contradictoires. Il n'y a qu'un duc
d'Antin suivant les dictionnaires historiques ;
et en maçonnerie , il n'y a qu'un duc d'Antin,
grand maître des francs-maçons. Le duc d'An-
tin des dictionnaires historiques cesse de vivre
en 1736; le duc d'Antin , premier grand maître
français de l'ordre maçonnique , est élu en i ySd,
et meurt en 1743* Les biographies sont-elles
dans l'erreur sur la date de la mort , ou y avait-
il en même temps deux ducs d'Antin, ou bien
ce duc d'Antin avait-il un fils qui aurait été'
élu deux ans après la mort de son père , et qui
serait lui-même mort cinq ans après? Enfin,
peut -on regarder comme vraisemblable que
l'ordre eût choisi pour son premier grand
maître, après un noble anglais '{voj. .Har«-
nouester) , le duc d'Anlin fils, personnage iur-
connu, qui devait être.rempiacé par un prince
du sang {vqy. Bourbon -Louis)? Malgré nos
l4 BIOGRàPHIK. s
investigations y nous sommes dans l'irapiris-
sance de décider cette question vraiment inté-
re3sante. .En attendant que de nouvelles re-
cherches uoiis aient mieux instruits, nous
allons ffi^ire connaître dans deux anecdotes ce
qu'on pqut appeler un courtisan-modèle. Le
roi vai3oycher à Petit-Bourg. Une grande ave-
nue lui dérobe la vue de la rivière. Le roi le
dit; le lendemain il demande où sont les ar-^^
hj!^^ : u Sire^ répond le duo d'An tin, ils ont
« disparu; votre majesté les avait condamnés. >i
Dans un voyage à iFontainebleau , le même mo^
narque témoigna la désir qu'on abattit un^etit
bois. Le lendemain le monarque répète ce qu'il
avitrit fait connaître la veille : « Sire , dit le duc
(('d'Antin, ce bois sera abattu dès que votre
ce majesté l'aura ordonné, r^ Vraiment, ré-
H |H>ndit le roi , je voudrais bien en être défait. »
Au même instant un coup de sifflet part, et la
forêt s'anéantit comme par enchantement. Le
due^QOurtisan avait, dans la nifit| fait scier tous
Içs ftrbres, et plaoé derrière chacun d'eux un
hoqfime qui devait renverser l'arbre au signal
danné. La duchesse de Bourgogne présente à
ce spÊCti^cle ^ s'écria , en s'adressant i^ux damea
qui rquÊDuraient : ce Ah l mesdames , si le roi
« avait demaqdé ilois tètes ^ M. d'Ântin les fe^
H rail tomber. ;de même, u Su digne courti*^
BIOGRAPHIE. l5
san^ M. d'Ântîn prît cçla pour un QQmpUmemv
ARCÂMBÂL ( le marquis d' ), maréchal de
camp^ etc. , successivement président de la
chambre dVdministration du Grand Orient de
France, et grand conservateur de Tordre , fut
l'un des auteurs du traité d'nnion entre le
Grand Orient et les trois directoires écossais f
établis > selon le rite de la maçonnerie réformée
d'AIlemagnCi à Lyon , Bordeaux et Strasbourg.
Substitut du vénérable de la loge de la Candeur ^
il présida en cette qualité les travaux d'adop-^
tion du nS février 1779, où furent reçues^ à,
rinitiatipn maçonnique , m$idame la comtesse
d'Âmbrugeac et plusieurs autres dames d^ la
cour.
ARNAUD ( FrançoisnTjiomw-Marie de Bac-
culard d' ) , littérateur, d'une famille noble du
comtat Yenaissin, naquit eu 1718 à. Paris, où il
mourut en }8q5. Il fit de tréshbônnes études^
chez tes jésuites, et suivit par goût la carrière
des lettres. A l'âge de dix«*sept ans il composa
trois tragédies : Idomé^ée^ Dido^f et la Mort
de Colig^ ou la SaSM-^Barthélemy. Elles ne
furent point représentées , et il n'a fait impri-
mer que la dernière en 1740* I^e Bacculard
d'Arnau4 n'était pas riohe^ mais c'était un
lO . BIOGRAPHIE.
honnête homme, et il avait du talent. Voltaire
l'aida souvent de sa bourse. Correspondant lit-
téraire de Frédérîc-le-Grand , il fut aimé de
ce prince, qui Taccueillit très -bien lorsque
d'Arnaud se rendit à Berlin, qu'il quitta au
bout; d'un an pour la légation de Dresde. De
retour a Paris , il ne s'occupa plus que de litté-
rature. Les Épreuves du sentiment ^ les Délas^
sements de V homme sensible^ les Loisirs utiles ^
sont des- nouvelles ou contes en prose qui eu-
rent beaucoup delecteurs. Il donna, entre au-
tres romans , les Mémoires de monsieur et de
madame de Là Bédojère ou les Époux malheu-
reux. Son théâtre se compose du Mauvais Riche ^
comédie; du Comte deComminges^ représenté
en 1790 j SEuphémie ou le Triomphe de la jRe-
ligion^ et de Fayel et Mérindaly drames, où
malheureusement la prolixité fait tort à des si-
tuations pathétiques; IL publia, en 1751, en
S vôlw in- 12, des poèmes et autres poésies. De
Bacculard d'Arnaud était, comme maçon ^ mem-
bre de la loge du Point parfait , orient de
Barîs. Oa trouve dans le Miroir de la vérité^
180Ï, vol. 2, pages.544 «t 545, un fragment
élégiàqùe sur la vàovi d'un jeune frère.
ASKEHI-KHAN, prince du sang impérial
de.Fei^e, oncle de l'empereur régnant, et son
BIOGRAPHIE. 17
ambassadeur eii France sous le gouvernement
de l'empereur Napoléon y fut admis à l'initiation
maçonnique dans la Royale mère Içge écos^
saise^ sous le titre du Contrat socia][^et de Saiul-^
Alexandre d'Écôsse réunis^ ie 24 novembre i Sog*
Cet illustre candidat, âgé de trente-cinq ans,
répondit aux questions d'ordre qui lui furent
adressées par le frère Thory , vénérable de la
loge : « Monsieur, le ciel a bien pu m'accorder
« quelque gloire et m'enorgueiltir d'une illus^
« tre origine ; mais , loin de me laisser éblouir
(( par l'éclat d'une grandeur éphémère qui doit
tf passer un jour avec moi dans le tombeau , je
« désire acquérir une gloire plus solide et plus
« vraie, celle de vivre dans l'estime des gens
« de bien , et de partager avec vous la recon-
(( naissance des hommes malheureux. On m'a
w dit beaucoup de bien des francs-maçons; je
(( désire appartenir à leur société, puisqu'ils se
(c réunissent pour pratiquer les vertus et se^
« courir l'indigent. « Le prince, après la ré-
ception , remercia ainsi l'assemblée : « Je vou^
i< promets Bdélité , amitié, estime ; souffrez que
i< je vous fasse un présent digne de véritables
« Français. Recevez ce sabre qui m^a servi dans
« vingt-sept batailles; puisse cet hommage vous
« convaincre des sentiments que vous 'm'avez
c< inspirés, et du plaisir que j'ai d'appartenir à
l8 BibGBAPHIB.
« votre ordre ». La réception du prince Askeri-
)(.han fut des plu8 remarquable^; rien de ce qui
pouvait lui donner de l'intérêt n'ayait été né-
gligé , les accessoire^ même excitèrent la sur-
prise du néophyte. I^'appartement où il devait
se reposer ét^it décoré dans le goût asiatique.
S. Exe., après l'avoir examiné avec le plus grand
soin^ dit : (f A la vue de cel appartement, je
u me croirais en Perse; je vois bien que je suis
i< au milieu de mes amis. » Le prince Âskerif-
kban assista à l^fète de l'ordre, célébrée le ^28
décembre au Grand Orient de France; il y fut
accueilli de la manière la plus distinguée et la
plus fraternelle , et il témoigna sa reconnais-
sance avec une extrême sensibilité.
ATTAIGNANT (l'abbé Charles-Gabriel de 1'),
chanoine deHein^s, fut un des hommes les plus
aimables et les plus spirituels, et parfois aussi les
plus piquants de son siècle. Il naquit à Paris en
1697. L'abbé deLaporte recueillit et publia en
1757 les Poésies de V ^bbé deV AttaignarU^ 4 ^^l*
in-i 2 ; il ^j\ parut un ciqqiiiième , aussi in-i 2, sous
le titre à^ Chansons et Poésies fugitives ^ etc.
Millevoye donna ep 1810, en i vol. in-i8, un
Choix de Poésies de ce célèbre abbé; choix qui
fut fait a^yec un goût exquis. Le chanoine de
Reims se réunit à Fleury pour faire jouer un
BIOGRA.PHIE. ig
petit opéra comique, intitulé le Rossignol. Il
parait que c'est là son seul essai dramatique.
On dit populairement : « Quand le diable de-
« vient vieux, 'il se fait ermite* » L'abbé de
l'Attaignaut renonça sur «es vieux jours à la
vie sensuelle, et alla mourir, le lo janvier 1779,
chez les PP. de la doctrine chrétienne. Il était
franc-maçou ; et l'éditeur de la Lyre maçon*-
nique ^ années i8i5-^i8i49 a recueilli deux cou-
plets de ce frère.
B.
BACON DE LA CHEVALERIE (N. ), colo-
nel d'infanterie, puis officier général , s'est dis-
tingué dans l'ordre maçonnique par son mérite
et son zèle pour cette illustre association. Plu-
sieurs de ses Discours et AllociUiofi^ ont été
iinpriniés "dans les recueils des loges et dans
Xétat du Qrand Orient. L'un dqs fondateurs de
la célèbre loge de la Candeur ^ et successive-
ment son aumônier et son maître des Gvîrémo-
nies, ilfit, dans l'assemblée du i5 mjii i777>
le récit de^ persécutions ej^ercées à Naples con-
tre les francs -maçons, et des succès obtenus
par la reine Caroline et le prince Alhqrt de
Saxe, à qui l'on doit la fin de si cruelles pros-
cdpuonsu^lQ^ns le. banquet qui suivit la >e<iue
20 BIQGRÂPHIE.
d'adoption de cette loge, il composa les cou^
plets que chantèrent le comte et la comtesse de
Béthizy, analogues à la réception de la comtesse
de Rochechouarty et qui ont pour titre : Dia-
logue entre un maçon et un prosélyte. Il eut
rhonneur^ à la séance du i5 mai 1779, de
conduire, avec la comtesse de Folignac, la sé-
rénissime grande maîtresse madame la duchesse
de Bourbon dans la salle de préfiaration , et en-
suite de l'introduire lorsqu'elle se présenta pour
être reçue maçonne parfaite. Le frère Bacon de
la Chevalerie a été grand orateur du Grand
Orient de France.
BÂILLEUL (Antoine), ancien imprimeur
du Journal du Commerce et du Constitutionnel ^
est né à Bordeaux en Caux, près du Havre.
Officier honoraire du Grand Orient de France,
M. Bailleul a prononcé, soit comme vénérable
de loge, soit comme président de chapitre,
^oit enfin comme orateur, différents discours
qui ont été imprimés. Il a traduit de l'alle-
mand, et imprimé un ouvrage curieux inti-
tulé Crata repoa^ ou Initiation aiix anciens
mystères des prêtres de r Egypte, Paris , in-8**
de ii4 pages, 1821.
BAHRDT(Charle8.Frédéric), célèbre théo-
BIOGRAPHIE. 2t
k^ien protestant >. naquit dans la Haute-Saxe
le i5 août 1741 ; y mourut en 1792- Ses ou-
vrages , d'une philosophie supépîeure^ lui ont
attiré mille chagrins, des perséeutions de totite
espèce et une détention: de deux années dans la
forteresse de Magdçbouirg, dont le roi de Prusse
abrégea cependant la durée'..*Sb/ï £!smi dogàiar-
tique biblique y son F'œUf du* Patriote miœtj ses
nouvelles Révolutions ^ sa traduction du iVbu-
veau- Testament y mn É dit de Religion <, «t sa
brochure de VUnion Allemande , le tirent clas-^
ser par ses adversaires au nombre des athées;
il est cependant connut qu'il possédait le
déisme pur.. On ne lui pardonnait pas de nier
les miracles; Bahrdt a écrit dans sa prison
l'histoire de sa vie et de ses ouvrages. 11 s'était
fait recevoir franc-maçon en Angleterre, et
prétendait que c'était une société secrète de ce
genre que Jésus^Christ avait voulu établir.
BARON (l'abbé Olivier-Julien), prieur de
la Croix de Corneillié, grand écossais, second
surveillant, et l'un des fondateurs, avec le baron
de WaUerstorflF(^'o^. ce nom), de la loge de
la Réunion des étrangers^ orient de Paris, fut
un des membres les plus instruits, les plus
zélés de l'atelier. Le procès- verbal imprimé de
la séance d'installation de la loge, présente ce
%
22 BIOGRAPHIE.
passage Remarquable du, discours du frère slbbé
Baron, remplissant d'office les foiUJrfons de pre^
mter surveillant ; « Le projet sublime des fon-
ce dateurs de notre ordre fut de ne plus voir un
u jour) dàûs les habitants des deux hémisphjè-^
i< res, qtiô les membres^ séparés d'un même
w c6l:ps, d*uhe mèm^ famille; de les rappro-
w cher et de les unir par les liens de la frafer-
rf nité. Si ces principes naturels eussent été
w gmvés dans tous les coeurs, on n'eût pis vu
t( quinze millions d^ommes nouveaux dispa-
<f raître de dessus le sol américain peu après
(f la découverte da Nôti^teau-Monde ; la France
a n'eût pas vu, pendant quarante années de
te guerre civile , ses entrailles déchirées par les
ce mains de ses propres enfants!... » Il est mal-
heureux que les idibbés Lefranc, Barruel ,
Proyard-, et messieurs les Côngréganîstes du
Médiateur et dé V Éclair ^ n'aient pas connu ce
fragment ni celui du discours de l'abbé Denis
(vojr. ce nom), qui datent de 1784; ils auraient
décidé ab irato que leurs confrères étaient des
révolutionnaires.
BAZOT ( Etienne- François ) , littérateur,
secrétaire général de la société générale de la
ci-devant société royale académique des scien-
ces , membre de l'athénée des arts , de Tan-
BIOGRAPHIE. 25
cienne société gralh^laticàle9 de racâdétnie de
Mâcqn, etc., est né à Châteaii-Chinon (Nièvre)
le i5 diars 178:2. II a suivi quelque temps la
carrière administrative comme sous-chef de bu-
reau^ et a été directeur de la Biographie nou-
i^lle des Contentporains , par MM- A. V. Ar-
nault, A^ Jay, de Jouy, de Noihrifti, etc.,
ouvrage en 20 volumes în-8^, où il a fourni
beaucoup d'articles. Il a publié deux volumes
de Contes pour rinstru'ction et Tamusement de
la jeunesse; Contes et autres Poésies ; Éloge
historique de r abbé de PÉpée^ fondateur de
l'institution des sourds^muets. Comme membre
de l'association maçonnique, où il a été admis
en itJoS , Manuel du FYanC'Maçon; Morale de
la Franc ^ Maçonnerie y etc.; Tuileur- Expert
des ^"i degrés , avec notes et discours , i volume
in-i3, servant de complément au Manuel du
Franc^Maçon. Il a été vénérable et très-sage,
pendant trois années consécutives, de la loge
et du chapitre de la Bonnes-Union , de Paris, •
el, pendant le même nombre d'années, prési-
dent de la société de prévoyance de cette loge.
Nommé officier du Grand OHcnt de France
en 18:26, ce frère fut reçu en ïSay grand
inspecteur général, 33' degré, au grand con-
sistoire, et élu en 1828 en qualité de mem-
bre du grand collège des rîtes. M; Bazot est
24 KIOGKAPHIE.
fondateur et conseil à vie d'une société de pré-
voyance établie en 1817. Il s'est toujours fait
remarquer par un grand attachement atix. bons
principes maçonniques^
BARSE ( l'abbé Biaise ) , maître , membre de
la loge de la Réunion des Étrangers , orient de
Paris. ( P^oj, Walterstoeff, Baron ^ Dewis.)
BEGUILLET (Édme), avocat, ancien no-
taire à Dijon , correspondant de l'académie des
inscriptions et belles-lettres de Paris, mourut
dans cette ville en 1786. Il a publié plusieurs
ouvrages intéressants sur l'agriculture, l'éco-
nomie domestique, etc., entre autres : Traité
général des Subsistances et des Grains qui ser-
vent à la Nourriture de V Homme , 6 vol. in-S**,
1782; Histoire des Guerres des deux Bourgo-
gnes y sous les règnes de Louis XIII et de
Louis XIV y 1772, 2 vol. in-12; Précis de^
P Histoire de Bourgogne y in-8**; Considérations
générales sur l'Éducation y 1782, in-S**; avec
Poncelin, Histoire de Paris et de ^s Monu-
ments y 1780, 3 vol. in -8*; avec l'abbé Courte-
Épée , Description générale de la Bourgogne ,
6 vol. in-8**. Beguillet fut un zélé maçon. Grand
écossais d'Hérodom, il fonda, avec le baron
, dç WaUerstorff ( twj. ce nom ) , la loge de la
BIOGBAPHIË. 25
Réunion des Étrangers. Lors de rinstallation
de cette loge par le Grand Orient, en 1784^ il
prononça un discours qui a été imprimé. La
loge des PhUalètes {voy. Sa Valette de Langes
et Court de Gebeun) le convoqua au couvent
philosophique de lySS et 1787.
BERCY (le marquis de ), càpitaihe de cava-
lerie j était orateur de la loge de la Candeur en
1779. Cette même année, cette illustre loge
admit à l'initiation maçonnique les néophytes
comtesses d'Ambrugeac, de Fraslin et de La
Fare. Le marquis de âercy soutint avec autant
de dignité que de talent l'honneur du poste
qu'il occupait , et l'on accorda les plus justes
élevés aux discours qu'il adressa à la sérénis-
sime grande maîtresse , duchesse de Bourbon ,
et aux illustres initiées,
BERNADOTTE (Jean-Baptiste Jules )> roi
deSuède et de Norwége, sous le nom de Chables-
Jean, est né àPau^ le 26 janvier 1764. L'un
des plus illustres généraux de notre ancienne
armée; il devint roi par le choix d'un peuple
qui avait su apprécier ses talents et ses qualités
guerrières; et aussi par la volonté de celui qui
alors distribuait des couronnes. Il eut le mal**
heur, en i8i3eti8iô, de faire partie delà coa-^
26 BIOGRAPHIE.
lkk>a eiiropéeone contre là France. Franc-
; maçon avant de parvenir au pouvoir suprénSe,
: il aime les francs-maçons et protège une insti-
tution ^ue chérissait son auguste prédécesseur
' ( vof. Charles XIII ). Son fiU, le prince Oscar,
est grand maître des loges suédoises.
BERQUIN (Arnaud), UtiérateuV^ naquit à
Bordeaux {tj^oj-. i 749) y et mourut à Paris le 3 1
décembre lygi. Il e^t coimu pat ses ouvrages
^ pour l'instruction et l'amusement de la jeunesse,
qu'il avait traduits ou imités de l^allemand, de
Weisse, mort en 1806. Berquin, par ses histo-
riettes simples et dramatiques, toutes respirant
une morale douce et pure, a mérité le titre
A^ A m des Enfants. Il élait membre de là loge
des Neuf Sœurs.
BERTOLIO ou BERTHOLIO < l'abbé An-
toîne-René-Constance ) , avocat au parlement
de Paris, fut un des premiers de l'ordre ecclé-
siastique qui , à l'époque de la révolution, ma-
nifestèrent des sentiments patriotiques. Orateur
d'une députation des détecteurs de Paris, en
1789, il présenta aux états-généraux un rameau
d'olivier, et rendit compte des efforts que les
électeurs avaient fait pour pacifier les premiers
mouvements insurrectionnels avant l'événement
BIOGRAPHIE. :ij
du 1 4 juillet. En 1790, ilfitTëloge des élec^
teurs de Tannée précédente , et publia un '
ultimatum adressé à l'évâque de Nancy ^ dont
il combatiait les doctrines religieuses. L'abbé
Bert6lio était patriote et non révolutionnaire;
il recula devant les désordres du temps ^ et ne
reparut qu'en Tan vu de la république , pour
remplir à Rome lés fonctions de commissaire
du directoire exécutif. Âpres la révolotion
du 18 brlunaire an viir (1799)9 il fut nommé
par le nouveau gouvernement grand juge à la «
Guadeloupe» où il se rendit vers la fin de 180a.
De retour quel([ues années a|irésv il devîht juge
en la cour d'appel d'Amiens; il mourut le ^ jui^
i8t2. L'abbé Bertolio, franc-maçon depuis loti^
giies années^ fut nommé en 1776 substitut du
marquis de La Rochefoucauld - Bayes , grand
maître dans le rite philosophique en 1778; il
était membre du Grand Orient de France , en
qualité de député de la Ic^e dd Saint* Jean
d'Ecosse du Contrat Social, orient de Paris. '
BESUqpETCJean^Claude), médecin, né à
Boulogne près Paris, le i5 ckîiobre 1790. Chi-
rurgien militaire depuis 1806 jusqu'en 1816, il
parvint au grade de chrrurgien-majer de cava-
lerie, fit toutes les campagnes actives de celte
époque, fut deux fois porté sur les étals de
a8 BIOGRAPHIE.
promotion pour la croix de la Légion -d'Hon-
neur, et reçut deux blessures, dont la dernière,
en Espagne, 1q força de quitter le service actif et
dé rentrer en France. Depuis son retour dans
ses foyers il exerça la médecine, et a publié plu-
sieurs ouvrages et mémoires, entre autres, un
Traité de la Sjphilis , qui a été traduit en es-^
pagnol, et uoc Médecine domestique. Il est un
des collaborateurs de V Encyclopédie moderne ,
grand ouvragç en 24 v<>l-V^ntM. Courlin est
éditeur. M. Besuchet a été reçu maçon à Per-
pignan ,^ lorsqu'il était chargé en chef du ser-
vice chirurgical de l'hôpital militaire de cette
place. Successivem^ent orateur et président du
chapitre des Sept Ecossais réunis , vallée de
Paris, l'un des fondateurs, puis grand^mailre
du conseil des chevaliers Kadosch , formé dans
ce chapitre. Il est devenu officier du Grand
Orient en iSaS, puis membre du grand collège
des rites dn Grand Orient, vénérable de la loge
des Arts et de V Amitié* Président du comité
des finances, et l'un des commissaires rédac-
teurs des statuts généraux de 16:^6. Jl. est peu
d'affaires fSn de discussions importante^ en ma^
çonnerie, depuis 1825 jusqu'à ce jour, aux-
quelles il n'ait pris une part plus ou moin& ac-
tive; plusieurs de ses rapports sur les finances
et l^dministration de l'ordre sont imprimés.
BIOGRAPHIE. 29
BEURN0NVILLE(Pierre.Riel,marqui8de),
maréchal et pair de France , naquit à Champi-
gnole en Bourgogne , le 10 mai ij52. Il partit
avec M. de SuflFren pour l'Inde, et devint ma-
jor À l'île Bourbon * De retour en France, 8on
ancien grade, son expérience et ses talents, le
firent élever rapidement au commencement de
la révolution au grade de général de division ,
et c'est en cette qualité qu'il suivit Dumouriez à
l'armée. Il ne fut pas heureux contre les Autri-
chiens. Nompaé ministre de la guerre en lygS,
il fut ensuite envoyé avec plusieurs convention-
nels en qualité de commissaire à l'armée de
Dumouriez; celui-ci, qui s'était mis dans le cas
de craindre les investigations, fit arrêter les
comimissaires , qui furent ensuite enfermés à la
citadelle d'Olmutz, En novembre 1795, Beur-
nonville fut échangé contre Madame, fille de'
Louis XVI. A son retour, il devint successive-
ment commandant des armées dé Sambre-et-
Meuse et de la Holland^e, inspecteur des armées
sous le consulat, ambassadeur à Berlin et à
Madrid sous l'empire, enfin comte, grand ofii«
cier 4e la Légion-d'Honneur, etc* En i8i4> il
vota l'établissement d'un gouvernement provi-
soire et le rappel des Bourbons. Il dut au roi
les titres de ministre d'Etat, de pair et de maré-
chal , de marquis , la grande croix de la Légion-
■^
5o BIOGRAPHIE. \^
d'Honneur et celle de commandeur de Tordre
deSaiat*-IiOuif. Le maréchal Beumonville avait
pratiqué la maçonnerie en différents pays. Il
aimait cette institution et en, connaissait l'in-
fluence sur Tordre social, lia chute du gouver^
Bernent impérial ayant privé l'association dé ses
puissants protecteurs ^ le maréchal demanda
directement au roi un aug^te protecteur pour
Tordre. Louis XVIII répondit sans hésiter^
M (qu'il ne souffrirait jamais qu'un membre de
« sa famille se plaçât à la tête d^ine association
ic secrète quelconque.^^Sire^ répliqua le mare-
a chai 9 s'il plaisait à votre majesté de m'autori-
c( ser à diriger Tactive bienfaisance des maçons >
tf je lui répondrais du dévouement de la société
(c à votre auguste dynastie . — Soi t , j 'y consens ,
i4 répondit le roi. ^y Le maréchal Beurnonville,
ayant pris cet engagement^ chercha des garan-
ties' dans Tordre même. Il ne voulut pas éten-
dre sa surveillance au-delà du Grand Orient ,
qui, étantàsesyeuxTautorité légale de Tordre,
devait lui f répondre de toutes les associations
maçouniques, et concourir de cette manière à
Texécutiori de sa promesse. Ce corps, pour jus-
tifier la confiance du premier de ses chefs, se
tint en garde eontre toutes les innovations
mystérieuses, ipôme celles qui se disaient ap-*
; parlenir à Tordre. On a appelé cela de la tyran-
BIOGRAPHIE. 5l
nie, de la persécution; ceux qui s'exprimaient
ainsi, avaient et- ont peut-être encore leurs
raisons pour cela. Le Grand Orient^ d^ns sa
haute sagjesse, n^oubliera pas les engagemenis
que prit son. illustre- grand maître adjoint. Sur
le principe d'unité de doctrines et de pouvoirs
repose noar^cùleinefït la paix, mais encore
rexistênce de l'ordre* Le maréchal Bçurnon^
ville , nous pouvons le dire à sa gloire, est, de
tous le$ chefs d^ l'ordre, celui qui s'est le plus
constamment occupé des dogmes^, de l'admi-
nistration ^t du personnel. « INe reeôvez jamais
« dans Tordre, disait-il^ <|ue celui qui peut
« vous donner la main et non vous là ten-
(( dre^» Met dont la profondeur égale la sagesse.
Cet illustre frèi^ mourut au mois d'avril 1821.
Le Grand Orient honora s^ mémoire par une
pompe funèbre spéciale; le procès^ verbal eti a
été imprimé et envoyé à toutc^ les loges. ( P^qjr.
MlonONALD. )
BEYJSRLÉ (N* de), conseiller au parlement
de Nancy^ membre du directoire préfectoral de
Lorraine, commandeur de l'ordre ou rite de la
stricte observance, sdus le caractéristique de
Ècmes à Flore 9 est auteur de l'ouvrage intitulé :
de Cojwentu gene^ali latamonim apud aquas ,
Vilhelmmiks jxrçpkhoMamam oraOîOf in-^% «ttns
52 BIOGRAPHIE. '
date; il se livre à l'exameEi critique des opéra*
lions du couvent tenu en 1782 à Wilbelmsbad,
ouvrage qu^un anonyme attribue au frère Ë. A.
Flore , ne sachant pas sans doute que tous les
maçons. de la stricte observance recevaient une
qualification cbevâleresque lors de leur admis-
sion. Il est auss^ auteur des Essais sur la FranC'-
Maçonnerie on du But essentiel et fondamental
de la JF^aric^Maçonnerie, etc., 2 vol* in-S**; ou-
vrage auquel, sur sa demande, souscrivit, en
1785, la mère loge du rite écossais pbilosophi*
que; enfin de la traduction du second volume
de Touvrage allemand db. M. JVicolaî, sur les
templiers. Membre du conseil des' Philalètes ,
il fut un des fi ères de ce régime qui provoquè-
rent les couvents de 1786 et 1787 (voj. Sa-
VALETTE DE fjAMGEs). Il était, cu l'abscncc du
marquis ChefHebien, secrétaire du couvent
lors de la correspondance établie entre la loge
des j^ mis réunis, orient de Paris , et la mère
loge égyptienne de la Sagesse triomphante,
orient de Lyon, au sujetde Cagliostro. {Voj.
l'ouvragd de M. Thory , ActalaXamorum , vol. 2,
page 1 12.)
BOISSI ( Louis^Laus de ) , ci-devant écuyer
et lieutenant du siège général de la connétablie
et maréchaussée de France à la ubte de mar-
BIOGRAPHIE. 55
bre du palais , rapporteur du point d'honneur
au département de Choisy-le-Roi , naquit à
Paris en 1 747 , et mourut il y a quelques années.
Il était membre de la loge des JYeuf Sœurs.
Boissi a publié un grand nombre d'ouvrages,
mémoires, comédies , vers, etc., entre autres,
les Mémoires de mademoiselle de Montpensiefr ,
corrigés et mis en ordre, 4 voL in-i:a, 1806,
et Histoire des Amours de Louis Xlp^y 5 vol.
ia-i2, i8i4« Ces deux ouvrages sont curieux.
BLANC ( Antoine ) , dit le Blanc de Gdqxet,
homme de lettres, naquit à Marseille le 2 mars
1750, etmourut à Paris le n juillet 1799. ^^ ^^^^^
membre de la loge des Neuf Sœur s. Blanc, ancien
oratorien, a publié Manco-^pacy tragédie,
jouée en 1765; les Druides ^ tragédie , jouée
en 1773; Lucrèce p traduction en vers, 2 vol.
in-8% 1 788-1 791 , remarquable par le discours
préliminaire et les notes; Tarquin ou la Ilojrauté
abolie, tragédie , jouée en 1794- Planc appar-
tenait à la société des Économistes , et était
l'auteur de la plupart des couplets chantés dans
les banquets de cette société; il a professé jus-
qu'à sa mort les langues anciennes dans une
des écoles centrales de Paris.
BONAPARTE (Napoléon ), (voj. Napoléon.)
II. 3
54 BIOGRAPHIE.
• BONAPARTE (Joseph), (voj. Napoléon -
JOSEP^H. )
BONAPARTE (Madame), (vof. Joséphine.)
BONDY (le comte Taillepied de), né à Pa-
ris en 1766, d'une famille distinguée dans la
finance y se disposait à suivre la même carrière
lorsque la révolution éclata. Il fut nommé en
1792 directeur delà manufacture des assignats ;
mais il donna sa démission de cet emploi après
les événements du 10 août de la même année.
Jusqu'en i8o5, il resta inaperçu, et ne sortit du
calme de la vie privée que sur les instances de
son jeune et illustre ami, Eugène-Napoléon, qui
le présenta à Tempereur, et obtint qu'il serait
V attaché à la personne de sa majesté en qualité de
chambellan. Maître des requêtes en 1809, puis
comte de Tempire, M. de Bondy fut un des
officiers de la maison impériale qui allèrent
au devant de l'archiduchesse Marie * Louise ^
lorsque cette princesse vint en France épouser
le plus puissant et le plus célèbre des potentats.
Il joignit la princesse à Carlsruhe , et dirigea
toutes les fêtes qui lui furent données sur la
route. Nommé préfet du Rhône en 1810, M. de
Bondy a laissé , par sa bonne administration ,
des souvenirs qui ne s'effaceront jamais; il sut^
BIOGRAPHIE. 55
particulièrement ea 1812, préserver la ville de
Lyon et le département tout entier de la disette
qui $e faisait sentir dans le reste de la France.
En 181 4 9 il organisa les moyens de résistance
qui retardèrent de plus de deux mois la prise de .
Lyon par les troupes étrangères. Les plus au-
gustes suffrages le récompensèrent de ses pa«-
triotiqùes efforts. Monsieur^ lieutenant général
du royaume (aujourd'hui S. M. Charles X) ,
lui ordonna de reprendre la haute administra-^
tion du département du Rhône; cependant il
fut rappelé quelque temps après , et reçut le
titre de commandeur de la Lëgion^-d'Honneur.
Pendant Les cent jours y en iQi^, Napoléon le
nomma préfet du département de la Seine , et
le département du Rhône le nomma membre
de la chambre des représentants. Par suite de
la seconde restauration ^ le roi Louis XVIII lui
confia la préfecture de la Moselle; mais la réac*-
tion royaliste arracha le bienfait des mains du
monarque , et quatorze jours après , cette no-
mination fut révoquée. Dans le procès du ma-
réchal Ney, en décembre 181 5, il fut l'un des
témoins à décharge. Le département de l'Indre
nomma M. de Bomly membre de la chambre
des députés en 1816, en 1818, enfin en 1831.
Sa place fut toujours au côté gauche de la
chambre ; ce digne magistrat fut aussi un bon
36 BIOGRAPHIE.
maçon. Il était, en 1789, membre du Grand
Orient comme député de la loge de la Parfaite
Union ^ orient de Montpellier, et en 1806,
membre de la loge des Neuf Sœurs.
BONNEVILLE (Nicolas de), historien et lit-
térateur, né à Évreux le i5 mars 1760, a pris
une part modérée à la révolution; il fut arrêté
en 1795 comme aristocrate ^ et comme journa-
liste royaliste, sous le gouvernement consulaire.
De ses nombreux ouvrages, nous ne citerons
que ceux qui ont des rapports avec notre asso-
ciation : I* Les Jésuites chassés de la maçonne^
rie y et leurs poignards brisés par les maçons.
La première partie est intitulée : la Maçonnerie
écossaise comparée avec les trois professions ^ et
le secret des templiers du i& siècle ^ in-8", orient
de Londres, 1788; la deuxième partie; égale-
ment in-8% même orient et même date , porte
pour titre : des quatre Vœux de la Compagnie
de Jésus ou de saint Ignace , et des quatre
Grades de la Maçonnerie de saint Jean. Cette
seconde partie a des exemplaires où le premier
^titre ; Les Jésuites chassés ^ etc. , est remplacé
par un carton portant ces|Jjfiots : Les Jésuites
retrouvés dans les ténèbres y essais historiques ^
orient de Londres, 1788.
Voici la dédicace de l'ouvrage , placée en tête
mOGRÂPHlE. 57
de la premièrerpartie ; w A la très-chère et très-
« respeci$hle\oQe delsL Réunion des Étrangers,
« orient de Paris. Cette histoire générale et corn-
« plète du triomphe de la maçonnerie^ est très*
u fraternellement dédiée par M. de Bonneville ,
« orient de Londres , 1788. »
Le livre de cet auteur tend à prouver que la
piaçonnerie aurait des supérieurs inconnus dans
l'ordre des jésuites, qu'il accuse, d'après le
capitaine Georges Smith, auteur d'une histoire
de Forigine et de V antiquité de la maçonnerie ,
d'avoir introduit dans les grades symboliques
de la maçonnerie , l'histoire de la vie et de la
mort des templiers , et la vengeance de ce crime
à la fois politique et religieux ; et de nous avoir
imposé, dans quatre de nos grades , les quatre
vœux de leur congrégation. Certes, M. de Bon-
neville est étrangemeiit dans Terreur : les jé-
suites se sont toujours fort peu intéressés à la
mémoire des templiers, et l'on sait que dans
leurs réunions secrètes, ils s'occupent de bien
autre chose que d'une commémoration insigni^
fiante. Les jésuites ont pu se couvrir du man-
teau de notre ordre, et c'est un fait; mais leur
maçonnerie est loin d'avoir le moindre rapport
avec la nôtre. L'ouvrage de M. de Bonneville
renferme des recherches, et donne des expli-
cations qui ne sont pas sans intérêt; 'mais, on
38 BIOGRAPHIE.'
voit que l'auteur, pour atteindre son but, s'est
mis à là torture, et que dans cet ouvrage pres-
que tout y sent le malaise, la gêne, l-interpré-
tatiou forcée; le lecteur se dit à chaque instant i
cela peut être ingénieux, mais cela n'en est pas
plus vrai. -M. de Bonneville a fait la tradiïction
de l'ouvrage posthume de Thomas Payne, in-
titulé : de C Origine de la F^anc-Maçonnerie ^
în-8% Paris, 5i p.
BOUILLY (Jean-Nicolas), homme de lettres,
né à Tours en 1763, d'une famille de magistrats,
fit de bonnes études, et fut reçu avocat au par-
lement de Paris. Il traversa la révolutiott en
homme sage et éclairé, et exerça plusieurs
fonctions importantes, entre autres, celles qi^i
tendaient à réorganiser l'instruction publique
après le règne de la terreur. Préférant la car-
rière des lettres, il débuta, comme auteur dra-
matique, par la pièce lyrique de Pierre le
Grand, musique de Grétry. Bientôt VÀbbé de
rÉpée, drame en cinq actes, en prose, joué
sur le Théâtre-Français, fut un beau tric/mphe
et une bonne action , car il acheva de popula-
riser le nom de cet immortel bienfaiteôt de
l'humanité. On accueillit avec faveur les Jéiiéb
Floraux à l'Académie de Musique , et à l'Opéra
comique , une foule de drames intéressants ;
BJOGRÂPHiË. 39
Léonore ou l^ Amour conjugal y les Deux Jour^
neeSf la Famille américaine^ Zoé^ Héléna^
Françoise de Foix^ une FoUe^ V Intrigue aux
fenêtres j Valentine de Milan ^ etc. Le théâtre
(lu Vaudeville s'eqrichit aussi de ses produc*
tiens. Entre autres : Haine aux femmes ^ Fan-
chon la Vielleuse ^ Agnès Sorelj Florian^ 2V-
mersy Bercjuin^ le Petit Courrier^ la Belle aux
bois dormant , la Vieillesse de Piron , etc.
Comme contçur moraliste y il a obtenu les plus
grands succès. Les Contes à ma fille , les Con--
seils à la tnême^ les Jeunes Femmes ^ les Mères
de famille , les Encouragements de la jeunesse ,
lui ont<4^alu Thonneur d^être choisi pour le con*^
leur des enfants de France. L'ordre maçonnic(ue
ne pouvait manquer de voir parmi ses membres
cet honorable littérateur. Il a été vénérable de
la loge des Frères Artistes y et est aujourd'hui
(1828) officier du Grand Orient^ grand ora-
teur de la chambre symbolique. Des opuscules
en prose et en vers sur notre belle institution,
constatent le talent flexible et heureux de cet
illustre frère.
BOURBON (S. A. S. Louis de), comte de
Clermont, prince du sang, quatrième* grand
maître de l'ordre franc-maçonnique en France;
il fut élu à cette dignité le 1 1 décembre 174^*
4o BIOGRAPHIE.
C'est SOUS le protectorat de S. A. S. que la
Grande Loge^ qui avait jusqu'alors porté le
titre de Grande Loge anglaise de France ^ prit
en 1766 le titre de Grande Loge de France. Les
commencements de la grande maîtrise du comte
de Clermont furent brillants^ et la maçonnerie
acquit une importance remarquable. Les enne-
lïiis de notre ordre s'en effrayèrent et firent des
efforts inouïs pour attiédir le zèle du grand
maître; ils* y réussirent au-delà içème de leurs
Tœux. Le comte de Clermont négligea nos tra-
vaux, et se fit représenter par M. Baure, ban-
quier. A son exemple , les premiers seigneurs
de la cour, qui remplissaient des digniiés ma-
çonniques sous le prince , se choisirent aussi des
substituts. M. Baure, homme de finances, ne
s'occupa point de l'administration de la Grande
LogCj et cessa d'en réunir les membres» Les
pouvoirs subalternes tendent toujours à s'éten-
dre et à s'affranchir; l'insouciance des chefs ou
l'anarchie sert merveilleusement cette ambi-
tion , et l'on vit avec autant de douleur que de
mécontentement de simples maîtres de loges se
permettre de créer et constituer d'autres maîtres
de loges, droit qui n'appartenait qu'à la Grande
Loge de France. La maçonnerie se fit partout ,
chez les traiteurs, et jusque dans les cabarets.
L^ chevalier Bea\ichaine, entre autres, avait>
BIOGRAPHIE. 4<
diîron, élu son domicile dans un cabaret de la
rue Saint-Victor, et là il y donnait les trois
grades à vil prix. Ces nouveaux maçons étaient,
comme on peut croire , dignes de ceux qui les
constituaient. Des représentations furent faites
au prince par des membres de la Grande Loge,
mais le prince, loin d'y avoir égard, nomma
pour son substitut le nommé Lacorne , maître
de danse; et Ton vit cet étrange ambitieux, chef,
pendant quelque temps, de la Grande Loge de
France {Voir dans Fhistoire, aux années
1743 , 1744 ®t suivantes. ) Le comte de Cler-
mout mourut en 1771.
BOURBON (S. A. S. madame la duchesse de),
grande maîtresse de Tordre des franc -maçon-
nes d'adoption en Fraûce, présida en 1777, à la
tète de toute la noblesse de la cour, frères et
sœurs, la loge d'adoption de la Candeur^ où
fut initiée la comtesse de Rochechouart. Dans
la loge d'adoption de l'année 1779, il fut ques-
tion d'admettre au grade de maçonne parfaite
une soeur qui en avait été jugée digne par ses
hautes vertus et son zèle remarquable pour l'art
royal. La sérénissime grande maîtresse ne possé-
dait pas ce grade , et la loge entière voulait le
lui conférer Sans retard et sans déplacement.
L'illustre grande maîtresse refusa cette faveur.
42 BIOGRAPHIE.
(f Je me crois obligée , dit S* A. S.^ de donner
(c aux maçons et maçonnes l'exempk de la ré-
a gularité^ et de ne prendre connaissance^ du
<f grade de maçonne parfaite qu'après en avoir
ce moi-même subi les épreuves comme une sim-
i( pie maîtresse. » En effet, S. A. S., accompa-
gnée de la sœur comtesse de Polignac, subit
toutes les épreuves du grade. Tous les mystères
de ce grade lui ayant été dévoilés', elle déposa
son obligation dans les mains du vénérable, et
reçut Vanneau qui resserrait le lien qui existait
déjà entre Tauguste soeur et Tordre maçonnique,
et qui mettait le comble à la gloire de la loge de
la Candeur, Dans cette célèbre séance , madame
la duchesse de Bourbon prêta une nouvelle
obligation en qualité de grande maîtresse ina^
movible de la loge de là Candeur y à laquelle
elle fit don de son portrait. Des circonstances
politiques firent cesser ces grandes et solennelles
réunions dès l'année 1780.
BOURDOIS DE LA MOTTE ( N. ) , médecin
qui €ut de là réputation en Bourgogne. Il était
docteur en médecine , conseiller du roi , et ,
comme franc-maçon, vénérable, en 1777, de
la loge de Y Aigle de saint Jean ^ ori^ent de Joi-
gny. Son fils, qui vît encore, fut successivement
médecin de monsieur le comte d'Artois , aujour-
BIOGRAPHIE. 4^
d'hui Charles X, médecin de madame Victoire,
tante d6 Louis XYI, médecin de l'aile droite
de l'armée d'Italie, médecin des épidémies du
département de la Seine , médecin, en i8i!i,
du roi de Rome^ etc.
BOURDONNAYE (le comte de La), membre
presque sans interruption de la chambre des
députés depuis i8i5, était, en î8î4> vénéra*-
ble de la loge Saint-Napoléon , qu'il avait Con-
couru à fonder en 1810 à l'orient d'Angers.
L'avènement de Napoléon à l'empire fit sur ce
bon royaliste l'effet <{u'èl fit sur bien d'autres :
il s'attacha au parti du nouveau maître de la
France; assez d'exemplesdece genre autorisaient
sa conduite; c'était encore d'ailleurs, comme
une foule d'aveux l'ont vévé\é depuis, servir la
cause monarchique, que d'empêcher que les
places ne tombassent en de méchantes mains.
M. de La Bourdonnaye et ses nobles compéti-
teurs furent donc conséquents. Ce cher frère
n'aimait pas à suivre la route commune. Voici
un fait qu'on lui attribue , mais dont d'ailleurs
nous ne garantissons point rauthenticité : il
conçut le projet de former- un grade supérieur,
un cinquième ordre du rite français, les cZtew-
Uers de Saint-Napoléon ; tous les membres rose-
croix devaient justifier d'un' revenu de plus de
44 BIOGRAPHIE.
1 5oo fr. en propriétés foncières ; au nouvel ordre
était attaché un serment de fidélité au prince et
à sa dynastie. Nous ne savons pas si cet ordre
de èhevalerie a été complètement institué; mais
on assure que la proposition en a été faite par
son auteur dans une tenue de la loge d'An-
gers, au local du Père de famille, et en présence
d'une réunion de près de deux cents maçons. Le
président de la loge où parlait M. de La Bour-
donnaye était le colonel de l'un des quatre ré-
giments dé la jeune garde impériale, qui ren-
dait, par une fête brillante aux maçons d'Angers,
la fête qu'il en avait reçue précédemment. Sa
position politique actuelle est assez connue pour
que nous ne jugions pas à propos d'en parler.
BOURGUIGNON (Henri-Frédéric), fils d'un
ancien magistrat, est né à Grenoble le 5o juin
1785. Il suivit lui-même la carrière de k ma.-
gistrature , et fut nommé substitut du procureur
impérial près le tribunal de première instance
de la Seine, en 181 1. Il sedélassait de ses graves
occupations par de jolis vaudevilles, et, comme
franc-maçon, il a donné plusieurs cantiques
charmants, qui ont été recueillis dans la Lji^e
nuiçonnique.
BRAZIER (N.), fil8 de l'auteur d'un Traité
BIOGRAPHIE. 4^
de la Langue française f publié en i8i3 , petit
in-â% estrunde nos plus féconds vaudevillistes;
et il est peu de pièces aux théâtres du Vaude-
ville , des Variétés et de la Porte-Saint-Martin ,
auxquelles il n'ait contribué pour sa part. Il a
publié le recueil de ses chansons^ et enrichi,
en qualité de membre de la loge de la Parfaite
Réunion , orfent de Paris , les diverses années de
IdiL/re maçonnique de cantiques rexnavqasihles.
BUTTURA (Antoine), poète italien, est né
à Vérone le 27 mars 1772 , et vint en France en
1799, par suite de l'invasion de sa patrie par
les Austro-Ru9ses. Il a publié une traduction
des p^énitiens, tragédie de M. Amault, et une
imitation d'un des plus jolis contes de M. An-
drieux. On lui doit encore la traduction de
Ylphigenie de Racine, et de V Art poétique de Boî-
leau. Professeur de poésie italienne à l'Athénée
de Paris, il y a fait un cours de littérature.
M. Buttura a concouru au rétablissement de la
loge des NeufSceurs^ en 1806.
c.
CABANIS (Pierre -Jean -Joseph), célèbre
médecin, naquit à Cosnac, département de la
46' BIOGRAPHIE.
Charente- Inférieure, en 1767, et mourut à
Paris le 5 mai 1808. Il était membre de la loge
des Neuf Sœurs , orient de Paris, k Tépoque
de sa fondation. Cabanis cultiva comme un
heureux délassement les muses françaises, et
entreprît la traduction de V Iliade d'Homère ;
ce qui fit dire à de La Dixmerie, dans son Mé-
moire pour la loge des Neuf Sœurs ^ in-4*> 1 779,
et La nature donna au frère Cabanis le courage
ic de vouloir traduire X Iliade en vers, et le
a génie propre à réaliser cette vaste entre-
tf prise. » Mais les véritables titres de Cabanis à
l'immortalité, c'est de s'être élevé, dans sa docte
profession , à cette haute philosophie qui a servi
de guide aux Bichat, aux Corvisart, auxChaus-
sier, aux Gall, etc. Câbani$ fut l'ami de Turgot,
Malesherbc8,Condîllac, Condorcet, Mirabeau,
Franklin, Thomas JefFerson, etc. Au com-
mencement dé la révolution, il fut nommé ad-
ministrateur des hospices de Paris, etsuccessî-
' vement membre de l'Institut, du corps législatif
et du sénat conservateur. Il avait épousé la
sçeur du général Grouchy, belle-sœur de Con-
dorcet. Ses Œuvres ont été publiées après sa
mort, en 4 vol. in-S"*.
CADET - GASSICOURT ( Charles-^ Louis) ,
avocat avant 1799, et depms pharmacien d«
BIOGRAPHIE. 47
Tempereur, chevalier de la Légionnl'Honneury
naquit à Paris le 25 janvier 1769, et mourut
dans la même ville le ai novembre 1821. Il
était fiU de Cadet, pharmacien, membre de
Tacadëmie des sciences. Jeune encore, et atteint
par la {HX>8cription à cause de ses principes po-
litiques, M. Cadet-Gassicourt rêva que les socié-
tés mystérieuses, les illuminés, les templiers et les
francs-maçons , étaient des sociétés effroyables,
qui bouleversaientl'Europe et surtout laErance.
Il écrivit, dans le délire de ses rêveries, la plus
étrange brochure que pût enfanter un cerveau
malade (/(0 Tombeau de Jacques Molajr); car il
n'y avait point d'illuminés en France, point de
templiers; quant aux francs-maçons, ils étaient
réduits à se cacher. Ceux qui se cachent ne
proscrivent guère; les frères Tassin et Roucher,
entre autres, l'ont prouvé en portant leur tête
sur Téchafaud à l'époque de la terreur. La
brochure de M. Cadet-Ga^sicourt n'en fut pas
moins lancée dans le public , et réimprimée plu**-
sieurs fois; les abbés Barruel et Proyart ne la
laissèrent pas échapper, et ils la citèrent avec
délices. L'horizon politique s'éclaircit ;^ M. Ca-
det-Gassicourt revint à lui; le bon sens l'éclaira
et lui ejileva pour jamais le cauchemar qui
l'avait si fortement oppressé ; il ne laissa plus
réimprimer sa brochure, et fit lui - même
48 BIOGRAPHIE.
amende honorable à notre institulion ^ en $oUi^
citant la faveur d'en devenir membre ; il se fit
initier, et devint, en i8o5, vénérable de la loge
de V Abeille y orient de Paris; c'est ce que le'
jésuite Froyart se garde bien de révéler dans
les réimpressions de son libelle contre nous^
sous le titre de Louis' XVI détrôné avant d! être
roi. M. Cadet-Gassicourt a dit quelques bonnes
vérités dans un ouvrage qui d'ailleurs est plein
d'erreurs; nous extrairons le passage suivant de
sa brochure. {Tombeau de Jacques Molajy
pages 1X2 et 117.) (c Ceux que l'étude a con-
c( vaincus de la puissance et de la perfidie des
fr jésuites (ceci est écrit en l'an v de larépu-
cf blique), applaudissent à leur destruction;
ir ils ignorent que la bulle de Ganganelli n'a
« supprimé que leur habit, leur grand cha-
« peau ; mais leur doctrine , leurs liaisons sub-
tf sistent; il y a des jésuites partout, dans les
tr conseils et près du directoire, dans les tri-
if bunaux, dans les administrations, à la tète
« des armées; il y en a dans le parlement d' An-
ce gleterre, au Vatican, à l'Escurial Les
m gouvernements les reconnaîtront un jour
ce peut-être trop tard !..... » Qu'en pensez-vous^
nos chers contemporains de 1828 ?
CAILHAYA ( Jean-François, homme de let-
BIOGRAPHIE. 49
très, naquit à Toulouse le 28 avril lySi , et
mourut âr Paris le 2:^ juin i8i3. lia donné plu-
sieurs comédies, et a publié d'utiles o^^eri^a^ib/z^
ou commentaires sur Molière. Ces différents tra-
vaux lui valurent son admission à l'Institut , où
il remplaça, au mois de germinal an vi, M. de
Fontanes , qui venait d'être condamné à la dé-
portation. Les seules fonctions publiques où
Cailhava ait été appelé , sont celles de membre
du collège électoral de Paris, en 1792. Comme
maçon, il était membre de la loge des Neuf
Sœurs.
CAMB ACÉRÉS ( Jean - Jacques - Régis ) ,
prince et archicharfcelier de l'empire , duc de
Parme, etc. , naquit à Montpellier le i5 octobre
1753, et était conseiller à la cour des aides de
sa ville natale au commencement de la révolu-
tion. Il fut membre de la convention nationale
en 1792, membre du conseil des cinq-cents par
suite de la réélection des deux tiers convention-
nels, ministre de la justice en 1798, second
consul en 1799, et enfin archichancelier de
l'empire depuis la fondation de la dynastie im-
périale en 1804, jusqu'à la restauration de
i8i4; il mourut en i824« Savant jurisconsulte,
il a pris la plus grande part à la rédaction de nos
codes. Comme homme politique, il fut cous-
4
5o BIOGRAPHIE.
tamment au milieu des partis , et n'en affec-
tionna peut-être aucun. L'illustre frère Cam-
bacérés, devenu en i8o5 second grand maître
adjoint de Tordre maçonnique en France, et
grand maître de fait, s'est inontré zélé pour
l'ordre; mais, soit que sa haute position sociale
ait rendu son caractère pfus réservé, soit que
ce célèbre frère ait été circonvenu par des
influences profanes ou maçonniques supérieu-
res, il n'a pas fait tout ce qu'il pouvait, tout
ce qu'il devait. Il présidait les séances solennel-
les du Grand Orient, se faisait rendre compte
de l'administration et des travaux de ce corps,
et assurait aux assemblées maçonniques le li-
bre exercice de nos mystères. Nous dûmes à sa
présence parmi nous l'initiation d'une foule
de personnages marquants de l'État. Certes,
sous ces rapports, il a mérité la reconnaissance
des maçons, et elle ne lui sera jamais retirée.
Mais l'ordre attendait davantage de son protec-
torat. Le deuxième grand maître adjoint n'igno-
rait pas combien l'unité maçonnique avait au-
trefois souffert du schisme établi entre les deux
grandes loges de France ; il savait très-bien que
ks associations écossaises, voulant s'isoler du
corps légal de l'ordre, produisaient un schisme
beaucoup plus grave , d'une gravité telle que
tant que ces associations resteront dissidentes ,
BIOGRAPHIE. 5l
Kordre sera continuellement ébranlé, et tou-
jours à la veille de sa perte. Les maçons sages
s'attendaient que le prince Cambacérès ferait
entendre à ces frères le langage de la douceur
et de la persuasion , et que ce langage devenant
insuffisant 9 il exprimerait avec fermeté celui
de la r/ai^on d'État. Un mot suffisait : « Au nom
« de l'empereur, qui vous aime et vous protège,
w réunissez- vous, cessez vos vaines disputes,
(c ou vos temples seront à jamais fermés. » On
se serait réuni; les Écossais influents étaient
courtisans avant tout, et ils auraient sacrifié
leurs opinions dogmatiques à leur position so-
ciale. Le peuple écossais aurait fait, par res-
pect ou par crainte , ce que ses chefs auraient
fait par ambition ou par prudence. Loin de là ,
le second grand maître adjoint de l'ordre semble
se laisser couvrir avec complaisance des grandes
maîtrises et des présidences d'honneur de tous
les rites. Grand maître ou président d'honneur,
il a traité chaque secte, chaque rite avec une
tendresse paternelle, oubliant, au milieu des
nuages d'encens, qu'un chef d'ordre doit voir
le corps et non les individus ^^ et que son pre-
mier devoir est d'assurer dans un centre com-
mun le pouvoir légal. Il a fini par s'isoler de
toutes les associations qu'il avait si bénévolement
protégées; les circonstances politiques y ont sans
5:3 BIOGRAPHIE.
doute beaucoup contribué. A l'époque de sa
mort, le Grand Orient ne le comptait plus
parmi ses membres. Telle est la vie maçonnique
de l'illustre frère Gambacérés ; il a fait du bien
sans doute, mais il a souffert un mal qui peut-
être sera long-temps à guérir, si même il n'est
incurable.
CASANOVA ( Jean-Jacques) fut successive-
ment homme d'église, homme de guerre et
homme d'État. Sa vie aventureuse était digne
,des honneurs de la chronique contemporaine ,
et il s'y est lui-même prêté en écrivant les Mé-
moires de sa vie, qui ont paru en 1828 , 4 vol.
in-i3. Casanova, né à Venise en 1725, frère du
célèbre peintre de batailles de ce nom, et fils
d'un comédien, était originaire d'Espagne, de la
famille des Falafox, de Sarragosse. Casanova,
d'un esprit vif, d'un caractère mobile, a visité
tous les royaumes de l'Europe, et a été lié avec
tous les hommes célèbres du dix - huitième
siècle. Crébillon lui apprit le français; le car-
dinal de Bernis fut son protecteur, et il a con-
versé avec Frédéric le Grand, l'empereur Jo-
seph et l'impératrice Catherine de Russie. Le
gouvernement français le chargea d'une mission
en Hollande, qui avait pour objet d'y placer
avantageusement le papier public tombé en
BIOGRAPHIE. 55
discrédit. Il fit adopter, comme moyen de ve-
nir au secours des financés , la loterie royale
qui ruine chaque jour tant de malheureux.
Enfermé à Venise dans la prison dite des
Plombs, par suite d'une liaison scandaleuse
avec deux jeunes pensionnaires d'un couvent,
il mit fin à sa captivité par des prodiges de
patience et de hardiesse. Cet homme extra-
ordinaire devint maçon lors de son passage à
Lyon en lySy. Voici ce qu'il dit à cet égard :
« Un homme fort respectable, dont j'avais fait
<( la connaissance chez M. de Rochebrun, me
« présenta à cette société. Deux mois après, je
t< reçus le deuxième degré de l'ordre, et quel-
« ques mois ensuite je fus promu au troisième, ,
« qui confère le titre de maître y et qui est le
« plus élevé. Toutes les autres dignités sont
« d'agréables inventions dont les ornements
(f symboliques ne confèrent pas réellement au
« maître une plus haute dignité. » Casanova
jugeait sagement la valeur des grades maçonni-
ques. Il ajoute plus loin et fort ingénieusement :l
<f Le secret de la maçonnerie est, par sa nature
<f même, inviolable; car le maçon dont il est
« connu ne.peut que l'avoir deviné* Il l'a décou-
w vert en fréquentant les loges,, en observant,
w en comparant, en jugeant. Une fois parvenu
« à cette découverte, il le gardera à coup sûr
I
54 BIOGRAPHIE.
(c pour lui-même y -et ne le communiquera pas
« même à celui de ses frères en qui il aurait le
c{ plus de confiance; car, dès que celui-ci n'a
« pas été capable de faire cette découverte, il
(( est aussi incapable de tirer parti du secret
« s'il le recevait oralement. » En Hollaude , il
fut affilié à une loge d'Amsterdam, qui, com-
posée seulement de vingt-cinq membres , pou-
vait disposer par eux-mêmes de 5oo millions.
Casanova a publié des ouvrages estimés sur les
gouvernements de Venise, de Pologne et de
Russie; une traduction en vers de huit syllabes
de r///We d'Homère; un Icosaineron, solution
du. problème héliaque, 5 vol., etc. Il mourut
dans la famille du prince de Ligne, son ami, à
l'âge de soixante-treize ans.
CATHERINE II, surnommée Caïhei^jne la
Grande, impératrice de Russie, défendit en
1762, à l'exemple d'Elisabeth, reine d'Angle-
terre ( voj. Elisabeth), l'exercice de la maçon-
nerie dans ses États. Comme Elisabeth, elle
revint à des sentiments plus généreux; et,
rassurée sur les principes de nos associations,
non-seulement elle révoqua les ordres qu'elle
avait donnés éontre nous, mais encore elle fit
venir d'Ecosse des maçons pour rétablir et cons-
tituer des loges en Russie. Acette double faveur,
BIOGRAPHIE. 55
rimpératrice voulut joindre un bienfait qui
tint immédiatement à Tordre; elle se déclara
tutrice de la loge de CZ/o, à Moskou. En tySG,
k maçonnerie était des plus florissantes dans
tous les États russes. A Saint-Pétersbourg et à
Moskou, les seigneurs de la cour, entre autres
le comte de Strogonof, le prince Repnin, le
comte Schouvalof, etc., font construire des
loges dans leurs palais. Sur la fin du règne de
l'impératrice , on essaya de transformer les
réunions maçonniques en clubs politiques ; le
fait n'est pas prouvé , mais sous le gouverne-
ment despotique , le soupçon équivaut à la
preuve, et les augustes successeurs de Catherine
n'ont point continué cette souveraine, du moins
à notre égard; nous sommes proscrits par le
pouvoir absolu de ces contrées, comme en Es-
pagne par le fanatisme et la superstition. Ca-
therine mourut le 6 novembre 1796, dans la
soixante-dixième année de son âge.
CHAMPEAUX (l'abbé Guy de), vicaire gé-
néral de Nimes, chanoine de Saint -Honoré.,
grand Écossais, membre en 1785 de la royale
loge de la Réunion des Etrangers , orient de
Paris. ( J^oj. Walterstorff, Barow, Dekis. )
CHAMPAGNE ( Jean-François), membre de
56 BIOGRAPHIE.
l'institut çt de la Légion d'Honneur, naquit a
Semur en 1761 , entra dans la congrégation des
bénédictins de Saint-Maur, où, pendant vingt-
cinq ans, il fut élève, maître et supérieur de
l'une de leurs maisons. Il fonda, en lygS, lors de
la réorganisation de l'instruction publique, le
Prjtanée français , depuis collège de Louis-le-
Grand, et l'a dirigé pendant quinze années.
Mis à la retraite en 1812, il mourut au mois
de septembre 181 3. On lui doit la traduction
de la Politique d^Aristote ; la traduction du
Mare clausum et apertuniy de Grotius, et des
J^ues sur V organisation de V instruction publi-
que dans les écoles destinées à renseignement
de la jeunesse. Il était, en 1789 , député de la
loge de F Aimable Concorde ^ orient de Ville-
neuve en Agénois, près du Grand Orient de
France.
CHAMFORt ( Sébastien - Roch - Nicolas ) ,
bomme de lettres, membre de la loge des Neuf
Sœurs peu après sa création, naquit en Auvergne
en 1741 . Enfant naturel, il aima et respecta tou-
jours sa mère. Le docteur Morabin ayant eu
occasion de le connaître, le prit en amitié , et lui
fit obtenir une bourse au collège des Grassins.
Chamfort profita de ses études; et, malgré
une vie dissipée, au collège et dans le monde, il
BIOGRAPHIE. 5j
s^^est montré digne du rang qu'il occupe dans
la littérature. Il concourut souvent pour les
prix de FAcadémie-Française, et en remporta
plusieurs. Sa tragédie de Mustapha et Zéangir^
jouée en 1776, à Fontainebleau^ puis à Paris, lui
valut la place de secrétaire des commandements
du prince de Condé; plus tard il dut au comte
de Vaudreuil la place de secrétaire des com-
mandements de madame Elisabeth, sœur de
Louis XVI, modèle d'attachement fraternel.
Membre de l'Académie-Française en 1781, il
devint, pendarit la révolution et par la protec-
tion du ministre Roland, bibliothécaire de la
bibliothèque nationale. Il échappa à la faulx
révolutionnaire quoiqu'il eût été arrêté, et
mourut le i5 avril 1794. Ses Œuvres comT-
plètes ont été imprimées en 1795, 4 vol. in-8°.
CHANGEUX (Pierre-Nicolas) , naquit à Or-
léans le 26 janvier 1740, et mourut à Paris le 5
octobre 1800. Il est auteur, i"" âLXxn Traité des
Extrêmes ou Éléments de la science de la réa-
lité, 1762,2 vol. in-i2.Cette idée est neuve, bien
conçue, forte de définitions exactes et claires,
remarquable par des pensées ingénieuses et
philosophiques. Le style manque de précision
et d'énergie ; 2** de la Bibliothèque grammati--
cale ou Nouveaux mémoires sur la parole et
58 BIOGRAPHIE.
sur récriture y 1775. On y trouve neuf mémoi-
res sur la grammaire générale , et paéthod^s de
grammaire philosophique ou langue univer-
selle. En accordant à cet ouvrage les éloges mé-
rités par le Traité des Extrêmes, on doit faire
observer qu'il manque de développement. Les
mémoires sur l'art de connaître les hommes par
leurs discours et ceux sur la prosodie sont pi-
quants et curieux. Il a cultivé les sciences
exactes , et a publié le résultat de ses recher-
ches dans le Journal de physique de l'abbé Ro-
zier, années 1778; 1780, 1782. Fondateur et
membre de la loge des Neuf Sœurs, 0.-. de
Paris, il prononça, en qualité d'orateur de cette
loge, un discours sur la mort de Voltaire, dans
la cérémonie funèbre par laquelle l'atelier ho-
norait la mémoire du frère à jamais célèbre
qu'il venait de perdre.
CHARLES XIII, roi de Suède, grand maî-
tre de la maçonnerie suédoise, lorsqu'il n'était
encore que duc de Sudermanie. A son avène-
ment au trône, en 1810, ce prince, voulant
reconnaître publiquement tout le bonheur qu'il
avait goûté dans les associations maçonniques,
et donner aux maçons une marque de sa bien-
veillance royale , créa en leur faveur, le 27 mai
ï8ii, l'ordre civil maçonnique qui porte son
BIOGRAPHIE. 59
noai et dont il conserve la grande maîtrise pour
lui et ses successeurs (tjoj. Charles -Jean).
Rien n'est plus touchant, rien n'est plus flat-
teur que les considérants développés par le
prince dans son ordonnance d'institution. Les
insignes de cet ordre sont une croix rouge de
rubis, brodée d'or et surmontée d'une couronne
d'or; on la porte dans un large ruban rouge;
sur le ruban on lit d'un côté , sur un fond blanc,
les initiales du fondateur, et de l'autre la lettre
B au milieu d'un triangle. Il est inutile d'ob-
server sans doute que l'ordre de Charles XIII
ne s'accorde qu'aux maçons les plus illustres.
CHARTRES (S. A. S. le duc de), depuis
duc d'Orléans, cinquième grand maître de l'or-
dre maçonnique en France, fut élu à cette di-
gnité le 24 juin 1771 par la fraction bannie de
la grande loge (vojr^ Bourbon-Louis), et ins-
tallé par cette même fraction le 28 octobre
1775, dans la petite maison du prince, dite la
Folie-Tîton , rue de Mon treuil, faubourg Saint-
Antoine. L'installation coûta à l'ordre une som-
me de 3348 liv. 10 s. , outre une contribution
de 3o liv., pour chaque frère qui prenait part
à la solennité.
L'intervalle, de plus de deux années entre la
nomination et l'acceptation du grand maitreeut
6o SfOGRAPHIE.
pour cause la division qui existait enfre la
grande loge et la fraction qu'elle avait bannie
et qui luttait contre elle, l'interdiction des tra-
vaux maçonniques imposée par le gouverne-
ment à la grande loge , puissance maçonnique
seule reconnue ou tolérée, et la révolution dans
les constitutions de l'ordre opérée en 1772 par
la fraction dissidente ou schismatique qui s'ins-
titua grande loge nationale ou ùrand Orient
de France. On doit encore ajouter à ces causes
les sarcasmes piquants que plusieurs seigneurs
de la cour se permirent sur l'élection illégale
du grs^nd maître^ et qui firent principalement
hésiter S. A. S. EnQn le prince se détermina
sur les instances du duc de Luxembourg , chef
actif des frères dissidents {vojr. Luxemboubg) ,
et que ce grand maître nomma son substitut,
d'est le jour de l'installation de M. le duc de
Chartres que fut donné, pour la première fois,
le mot de semestre. Au titre de grand maure de
Vordre maçonnique en France^ S. A. S. joignit
celui de souverain grand maitre de tous les con-
seils y chapitres et loges écossaises de France
('z^ey^.PiRLEx); associations maçonniques écossai-
ses qui s'étaient établies en France et qui don-
naient ce qu'on appelle les hauts grades ou ma-
çonnerie de perfection. La grande loge, que le
Grand Orient schismatique n'avait pu détruire.
BIOGRAPHIE. 6l
végétait dans le silence; mais elle était encore
pour une foule de frères la seule autorité maçon-
nique. Le Grand Orient était plein de vie et do-
minait Tordre. La révolution française arriva sur
ces entrefaites : tout à coup on voit paraître dans
le Journal de Paris ^ du dimanche 24 février
1795 (an n de la république), une lettre
du duc d'Orléans où ce prince répudiait' en
quelque sorte la dignité de grand maître de
l'ordre maçonnique en France. Nous en extrai-
rons le passage plus particulièrement spécial à
notre association. Le grand maître dit :
« Dans un temps où assurément personne
« ne prévoyait notre révolution, je m'étais at-
« taché à la franc-maçonnerie, qui offrait une
« sorte d'image de la liberté : j'ai depuis quitté
« le fantôme pour la réalité.
« Au mois de décembre dernier, le secrétaire
« du Grand Orient s'étant adressé à la personne
« qui remplissait auprès de moi les fonctions
a de secrétaire du grand maître pour me faire
ce parvenir une demande relative aux travaux
« de cette société , je répondis à celui-ci, en
ce date du 5 janvier :
« Comme je ne connais pas la manière dont
<c le Grand Orient est composé, et que d'ail-
w leurs je pense qu'il ne doit y avoir aucun
« mystère, aucune société secrète dans une ré-
02 BIOGRAPHIE.
(c publique, surtout au commencetnent de son
« établissement, je ne veux plus me mêler en
({ rien du Grand Orient ni des assemblées de
« francs-maçons. »
On voit, d'après cette lettre, que l'abandon
de la grande maîtrise était un sacrifice aux
^ événements d'alors. M. Thory rapporte dans
Y Histoire de la fondation du Grand Orient ,
page 76, que le Grand Orient assemblé le 1 5
mai 1795, déclara le duc d'Orléans « nôn-seu-
« lement démissionnaire de son titre de grand
^ H maître f mais de celui de député. » Il ajoute :
^ (c L'épée de l'ordre fut, dit- on, cassée par le
président , et jetée au milieu de la salle d'as-
semblée. »
CHAUSSARD (P.-J.-B. Publicola), litté-
rateur, est né le 9 janvier 1766. On lui doit
les Fêtes des Courtisanes de la Grèce et Hélio-
gabale ou Tableau de la dissolution des empe-
reurs romains , enfin le Nouveau Diable boi-
teux. En traçant ces ouvrages, M. Ghaussard
s'est placé au-dessus de ces hypocrites ména-
gements qui cachent les vices de la société pour
ne la présenter qu'avec des vertus factices :
c'est aussi être moraliste. Dans ses poésies il
déploie un talent vigoureux, sacrifiant quel-
quefois le brillant, le poli de son vers pour être
BIOGRAPHIE. 63
vrai et énergique. Tous les hommes de goût
ont remarqué sa belle Ode sur V Industrie et
les Arts et son Êpître sur les Genres oubliés
par Boileau. M. Chaussard est maçon ^ et Ton
Irouve sur la franc -maçonnerie des réflexions
importantes dans le Nous^eau Diable boiteux y
que nous avons cité plus haut.
CHAUSSIER (Hector), auteur dramatique,
est fils du célèbre médecin de ce nom. On lui
doit plusieurs romans, des comédies, des vau-
devilles et des mélodrames. Membre de la loge
des Frères Artistes y orient de Paris, dont il
était le député au Grand Orient de France en
1802. Il a fait insérer dans les recueils con-
sacrés à cette institution dés cantiques où Ton
retrouve l'esprit d'un auteur aimable et d'un
bon frère.
CHAZÊT (André- René -Balthasar Alissan
de), littérateur, bibliothécaire du roi, cheva-
lier de laLégion-d'Honneur, est né à Paris le
25 octobre 1774» Vaudevilliste spirituel, poète
gracieux^ il a souvent embelli nos réunions des
heureuses productions de sa muse. En 1807, il
était membre de la loge de V Amitié. Cette
même année il remporta les deux prix propo-
sés par la loge des Neuf Sœurs ^ par deux odes.
64 BIOGRAPHIE.
Tune sur le trai^ail, l'autre sur les vertus ou
les lois de la maçonnerie. Dans la seconde
partie du concours , il eut pour concurrent
M. P. -F. Tissot, suppléant de l'abbé Delille ,
au collège de France, Son redoutable rival n'ob-
tint que l'accessit. M. de Chazet se montra
noble confrère et digne maçon. En partageant
avec lui sa couronne , il lui adressa cet in-
promptu :
Quand j'obtiens un double suffrage,
On croit que je suis trop payé ;
Mais je prétends avoir un plus grand avantage , "
Et de mon prix je vous rends la moitié
Pour gagner encor davantage.
CHOFFARD (Pierre -Philippe), dessinateur
et graveur, naquit en ij5o et mourut en 1809.
Ses premiers ouvrages sont deux gravures d'a-
près Beaudouin, et sont très -recherchées des
amateurs. Il a fait des culs- de -lampe et vi-
gnettes pour les Contes de La Fontaine , YUis"
toire de la Maison de Bourbon , les Métamor-
phoses d^ Ovide y et les Préjugés militaires du
prince de Ligne. En i8o5 il donna une très-
bonne Notice historique sur la Gravure. L'an-
née suivante il appartenait à la loge des Neuf
Sœurs y dont il était un des membi:es zélés.
BIOGRAPHIE. 65
CHOISEUL (Claude-Antoine-Gabriel, duc
de), pair de France, fut revêtu de cette di-
gnité en 1787 , à l'âge de vingt-cinq ans. Colo-
nel en 1792,' du régiment royal de dragons, il
fut choisi, avec le marquis de Bouille et le
comte de Férsen , pour préparer la fuite de
Louis XVI. Arrêté avec la famille royale à Va-^
rennes, il fut emprisonné à Verdun et trans-
féré ensuite à la haute cour nationale d'Orléans,
pour y être jugé d'après le décret de l'assemblée
constituante. Le roi ayant accepté la constitu-
tion, M. de Choiseul recouvra la liberté. Au 20
juin et au 10 aoûX, il ne quitta point la famille
royale, et courut de grands dangers. Le roi étant,
détenu au Temple, M. deChoiseul fut mis hors
la loi et sa tête mise à prix. Un uniforme et un
passe-port espagnols lui facilitèrent les moyens
de s'échapper. Parvenu à l'étranger, il leva un
régiment qui porta son nom, et combattit pour
la cause royale. Fait prisonnier en 1795, il fut
conduit à Dunkerque ; mais il se sauva de pri-
son et retourna à l'armée. Les événements lui
ayant démontré l'inutilité de ses efforta, il fit
une capitulation avec le gouvernement anglais,
pour passer avec son corps aux Indes orientales.
Parti de Stades le 12 novembre 1796, il eut la
douleur de voir trois des vaisseaux de ^escorte
se briser sur la côte de Calais, et il n'échappa
II. 5
66 BIOGRAPHIE.
lui-même à la mort qu'en 8e sawrant à la n^e.
Mais il évitait un péril pour en éprouver un
autre : arrêté^ il fut traduit à une commission
militaire comme émigré rentré; cependant il
fut acquitté. Le directoire exécutif attaqpa le
jugement au tribunal de cassation et ensuite au
corps législatif. Ce procès^ qui dura cinq ans,
est deyenu justement célèbre sous le iitre des
Naufragés de Calais^ La révolution du i8 bru-
maire an vm (1799) adoucit la situation de
' M. de Choiseul; il fut déporté en pays neutre.
Il rentra en France en 1801 ; mais le gouver-
nement le croyant initié aux machinations de
Moreau et Pichegru , l'envoya au Temple, puis
l'exila pendant dix-huit mois. Le gouverne^
ment impérial ne lu i fut pas toujours rigoureux- :
il le laissa en paix à Paris ^ où M. de Choiseul
a vécu en simple particulier jusqu'à l'époque
du rétablissement de la dynastie des Bourbons,
en i8i4* Le roi le nomma pair de France, et
successivement. lieutenant général, comman^
dant en chef de la première division de la garde
nationale, puis major général de la même garde;
mais il se démit de cet emploi. Lors du procès
de la conspiration du 19 août 18^20, déféré à
la chambre haute, M. de Choiseul prit la dé-
fense du général Merlin, dont le père l'avait
proscrit; il avait refusé de voter la mort dans
BIOGRAPHIE. 67
le procès du maréchftl Ney (vof. Fowtaiîes). Il
fait partie de l'opposition constiCntionnelle de
la noble chambre. La vie politique de M. de
Choiseul a éjté constamment grande et g«iné-
reusç. Sa vie comme franc-maçon est honorable'
et touchante. Sous l'empire il faisait modeste-
ment , et comme simple propriétaire , partie dç
nos loges , et depuis la restauration , il est de-
venu un des grand» officiers d'honneur du
Grand Orient. Cet illustre frère est aujourd'hui
chef de quelques assodiations écossaises^ qui
pensent qu'il n'y a de véritable maçonnerie que
dans leur rite et que sous leur direction. Elles
tolèrent les degrés subalternes des àutlres rites;
mais, suivant elles^ à elles seules appartient le
droit de dontier les hauts grades. .M. le duc de
Choiseul est un homme trop sage et un trop
bon maçon pour partager ces idées; maïs il Voit
la confiance que ses frèries lui ont témoignée ,
il en est touché; et c'est à sa bouté naturelle,
et non à un esprit d*exclu8ion, de suprématie
ou d'opposition, que les frères dés associations
écossaises opposées au Grand Orient de France
doivent la haute faveur de le pos3éder. Ç^t illus-
tre frère , qui a déjà secondé les efforts que des
esprits sages ont faits pwar rétablir la paix au
sein du monde maçonnique, usera, sans doute
de son influence pour faire entendre raison à
V
G8 BIOGRAPHIE,.
quelques obstinés; il est digne de lui de rame-
ner la franc-maço^merie à ses vrais principes
de fraternité ^ et bientôt , nous osons l'espérer^
l'ordre entier le teconnaitra pour un de ses ebefs
et de ses bienfaiteurs.
CIVIALE (Jean), docteur en médecine, né
en 1793» est. connu par sa, méthode pour Te
broiement de la pierre dan^ la vessie. Deux prix
remportés à T Académie royale des Sciences,
plusieurs médailles d'or décernées par des sou-
verains étrangers, et surtout de nombreuses
cure9,^r€içommandent le nom du docteur Civiale
à la recoooaissance publique. L'ordre maçon-
nique se. glorifie de compter parmi ses membres
ce bienfaiteur de l'humanité. Présenté en iSaS,
par. M. Bazot, à l'initiation maçonnique, il fut
reçu par son présentateur, qui était vénérable
de la loge et trés-sage du souverain chapitre
de \b,. Bonne Union de Paris, aux grades sym-
boliques et aux grades supérieurs* Â peine reçu
maç(Hi, il trouva dans un membre de la loge
l'occasion d'exercer son précieux talent avec
un désintéressement digi\e de son cœur géné-
reux ,et de son esprit fraternel. Puissent ses
nom|;>reux travaux kie^pas l'enlever à nos séan-
ces et à l'amitié de ses frères !
BIOG^^RAPHIE. 69
COUPÉ DE SAINT-DONÂT (le chevalier
Alexandre-Aiiguste-Donat-Magloire ), lîttëra*
leur, est né àPéronne le 5 septembre 1775, iet
descend, par sa mère, d^Engnerrand de Mari-
gny, ministre de Philippe le Bel. Élève de
I école d'artillerie de la Fère, î! entra dans- la
carrière des armes en 1792, eii qualité dé sôus-
lieutenant; passa, en 1794^ comme ingénieur,
à l'armée de Sambre-et-Meuse j fut envoyé' eii
Egypte en 1799, et?devintchef de bataillon, et
fut nommé membre de la Légion-d'ÏIotineur en
181 o. Deux ans après il eut le comm^nden^iËllt
de la place de Varsovie. Blessé et fait prison-
nier^de guerre par les Bavarois à h, bataille
de Haguenau, il passa pour mort, et perdit
ainsi le grlade de colonel pour leqfuei il était
proposé. En i8ig il fut nomm^ chevalier de
Saint-Louis. M. Coupé de Saint-Donat apublié
en 1810 des fables que traduisit en italien Ca-
millo Ugoni, et plusieurs d'entre elles reparu-
rent en français comme traduites de l'italien.
II en a donné une nouvelle édition en 1818^
On lui doit des Mémoires pour servir à ^histoire
de Charles- Jean ^ roi de Suède et de Norwég&j
a vol. in-8% auxquels M. de Roquefort a ajouté
des notes sur les anciens Scandinaves et sur la
littérature des peuples du Nord. Membre de la
société lyrique dçs soupers de Momus, M Coupé
^,p BIOGRAPHIE.
de:Saint-DoQat montre beaucoup de. faci|iié
pour .la chanson f et on trouve de lui» comme
n^açon , un fort joli cantique datis la Lyre ma--
, : CÛRBIBR DE SAINtIfIRMIN ( l'abbé) ,
aqt^uride^fFérpnts ,4loges historiques > enAre
Sk^Xv^^i^rfjQuiiS XZI f de Racine^, de^a Fon^
t(uni^f,)^jF^^f^el(m^ i'îfeluéuus et du Dquphin^
père dé X¥fU!is^^/*pv^^^,^^Xoluhisd^ns\B. loge
4fs Mei^)St^uf^^ 9 dontM était Tun de^ Condar
tn^â^^ëtruAides membiiës ks plus.2élés» Il.assiar
lait à lairéoejDtion de.YoLXAiiuE; et loi*«que la
loge rendît les ,h@nn6ur$ funèbres à r-^y^aZ/oT^
ïfhançaès^ ice:. fut l'abbé Cordîer de Saint-Fir-
miâ ^ui fif oposa ^ pouTrrendre celte solennité
^péoiâlemjeni )ihiilanthropique> de délivrer une
^^dmuiie de cinq< cents livres au plus pauvre
4és enfants quiinaitraient sur la paroisse Sainte
Sulpice, le jour même où la reine accouche^
rait; Tenfâiit devait. être du sexe du. nouveaux
né, prince, ou princesse. Le nom de^ l'abbé
Cordier de.Saint-Firmin acquit une fâcheuse
^t imméritée célébrité^ à l'occasion de la loge
d^0,doption Ique dbniia la loge des NeufSoew^Sj
le 9 mars '^^T^^^voj^ La1>ixmerie); Lejdiscours
qu'il prononça ne fut pas écoulé et fut même
iQterrompu tumultueusement (y av. Mémoire
BIOGRAPMfï. yi
pour la Loge des Neuf Soeurs ^ iïi-4% '779)'
Ce discours, imprimé à la suite du Mémoire y est
cependant digne d'estime ; mais ou voulait jsiu^
nir Tauteur d'avoir , dit-on , choisi et guidé une
récipiendaire contre son gréj et de Pai^oir sé^
parée de sa parente. Le Mémoire justiGa la loge
et en même temps l'abbë de Saint-Firmin.
COURT DE GEBELIN (Antoine), de plu-
sieurs académies, censeur royal, président ho-
noraire perpétuel du Musée de Paris, naquit à
Nimesen 1726. Par suite d'afiaires de religion,
son père fut obligé de s'expatrier; il se retira à
Lausanne, dont il devint pasteur, et où le
jeune Coupt de Gebelin fit ses études. Â l'âge
de sept ans , les organes de la psyrole étaient si
peu développés dans cet enfant, qu'à peine il
pouvait parler ; mais à douze ans il passait déjà
pour un prodige d'instruction. M. de Gebelin
le destinait à l'enseignement évangélique, et
pendant quelque temps il fut ministre du saint
Évangile; mais telle n'était point sa vocation.
La carrière dés lettres le réclamait, et il se
prépara à ta suivre par une ardeur sans égale ^
apprendre, u Histoire naturelle, dit M. le comte
w d'Albon dans VÉloge de Court de Gebelin
« ( in-4*î ^^ 44 pages. Amsterdam, lySS),
ii mathématiques, langues mortes et vivante^;! T
72 BIOGBAPHIE.
i( mythologie, monuments antiques, emblèmes,
w figures , hiéroglyphes , statues, médailles,
« pierres, gravures, inscriptions, arts d'agré-
er ment etd'utilité; ce fut alors «qu'il étudia et
(c dévora, tout; que s'emparant, si je peux
« m'exprlmer ainsi, du champ des connais-
(( sauces humaines, il le parcourut en entier.
(( Il perça la nuit des temps les plus reculés,
c<' et s'enfonça chez les natioùs les plus aiicien-^
a nés , pour leur arracher le voile dont elles
w étaient couvertes. Une vérité trouvée le con-
« duisit à la connaissance d'une autre. Ainsi,
« de degrés en degrés, il alla jusqu'à la source
w des vérités primordiales, dont il forma quel-
ce ques années après l'ensemble d'où résulte
f( une lumière universelle. »' La mort de son
père le laissant le maître de céder à son pen-
chant, M voulut revoir sa patrie. Il quitta la
Suisse en lyGS, faisant l'abandon à sa sœur de
la presque totalité de ses droits au patrimoine
paternel. Ce ne fut pas le seul acte de désin-^
téressement de toute prétention légitime. A
Uzès, où, par un doux souvenir de sa mère,
qui y était née, il séjourna quelque temps, on
lui indique les moyens de se faire restituer les
biens que, dans sa fuite précipitée, elle avait
été forcée d'abandonner, cr Mais, dit Rabaut-
(( Saint-Etienne ( Lettre sur la vie et les écrits
.BIOGRAPHIE. 7?
nde M. Court de Gebelihy adressés au Musée
n de Paris, m-4**.de 28 pages, ^784)* il ne
ce peut se résoudre à déposséder ceux qui étaient
u accoutumés à en jouir. >i II vint à Paris avec
plusieurs lettres de recommandation; par un
hasard singulier, aucune des personnes à qui
elles étaient adressées ne se trouvaient dans la
capitale. Seul , isolé , ayant peu de ressources
pécuniaires, il se.ser^it trouvé bientôt dans une
situation déplorable, si sa sobriété et son antipa-
thie pour toute espèce de plaisir, hors celui de
l'étude , ne l'eussent mis tout de suite à la hau-
teur de sa modeste fortune. Un rare bonheur
l'attendait: M* Quesuay de Saint -Germain,
conseiller à la cour des aides de Paris, dans un
Discours pour servir à l'Éloge de M. Cow^t de
Geheliny lu au Musée de Paris , et qu'il fit im-
primer au profit de la famille de l'illustre dé-
funt (Paris, 1784 9 20 pages in-4*') » signale ainsi
ce bonheur :
M Près de l'hôtel où il logeait, 4it-il/ vi-
« vaient dans une heureuse médiocrité deux
« demoiselles d'un âge mûr, et qu'une amitié
a réciproque empêchait de songer à tout autre
« lien. Leur manière d'être, qui les éloignait
a du tumulte et de la dissipation extérieure ;
« sympathisait trop avec le caractère de M. de
n Gebelin pour ne p^s lui faire désirer de la
^4 BIOGRAPHIE.
« partager. Son goût exclusif pour Tétude ^ sa
« candeur, sa simplicité , mais cette simplicité
(f qui accompagne et décèle le génie, engagèrent
tf ces deux estimables amies à le recevoir chez
(r eHe$ et à lui prodiguer, sans relâche, tous
« ces soins généreux d^ famille et d'amitié
ù dont persoûtie, aprèd La Fontaine, n^eut un
rt besoin plus réel que M. de Gebelin. L'une
i< d'elles» M'**'' Linot, apprit exprès à gra-
« ver pour l'aider djsms ses travaux; l'aDftre,
c< M^"* Fleury, lui avança jusqu'à 5ooo lîv, ,
w pour l'impression du premier volume de son
« grand ouvrage, /e Monde primitif comparé
w avec le Monde moderne ^ 9 vol. in^"*. m Ce ne
fut qu'après dix années de travaux et de médita-
tions qu'il mit ^n ]OX\r\% prospectus de ce livre
admirable. A la seule lecture du prospectus
d'Alembert ne put dissimuler son qxtréme sur-
prise, et deniandà s'il y avait quarante hom-
mes pour exécuter le plan de l'auteur. Le
Jouimat des Sa^dnls (novembre 1773) alla plus
loin ; (c Dans le plan de l'ouvrage, dit le ré-
ir dacteiir de l'article, on nd voit que des an-
f( ' nonces et des promesses de traités difFérénls.
a Pour les ex^uter» il faudrait une société des
«r plus savants hommes de toutes les nations,
a qui sussent toutes les langues, qui eussent
K sous les yeux tous les monuments; nous dou-
B|QGRAJPBJL£» j5
« tons encore q{i'i)$ pu^scstït y réussir» » Court
de Gebelin répondit i< <iu'il avilit ôette. sOcîélé
(c dans sa bibUotlf èque^ » e.t Toui^Fage le prou*
va» Il ne nou$ appartient pas^, moins Qncoiié
par le cadre resserré de piotr^ JT^cuetl -, que ^ar
notre insuffisant^e^ de. juger, une. si >hltute et
immense matière; :i^ouS))i)erOASiïOu$: borner à
des détails purement, bi9grapbit{U!6s» E^ciellent
géographe ;, il a^ luï tmêiûiç^ . firesaé et !gravé
ses cartes; il a aus^i dessiné etgrisivé plusieurs
des planches de Son ouvrâgQ. PoUr suppléer à
son manque de ftortune , il av^it copié un grand
nombre d'qu orages r^i!^^;et:îlisq»')à des dic^
tionnaires entiers. Pendant cf a travaux^ eofermé
dans les bi}>liothè<^ue9;. U^^e contentait/ pour
toute nourriture, d'Un Oiorcoau dé:pain«.u. Sa
mémoire était iugr^lbe, .« inais^ dit RaJohat Saint-»
« Etienne: (ouvrage cité)^il.eut;aufiiuprÊmediB->
« gré cette étendue d'eâf^rit ;qui;émbré)sse à la
« fois une multitude. 4'ol)gets; cette nettètô dé
« conce^jtionqui les .meè éhaci^nà leiir. place >
i< et ce cpup 4'œiL£e^me et sur ! qui lesralHë
c( tans et les fait con^ei^get" en .un même, point.
« La prenye de ce que J'avanbe est consignée
(( dans ^QS écrits: Je.n^ oonftais aucun' ouvrage
» qui embrasse autant d!objets que le sien; je
« do|ite même que l'esprit JKumain puisse ja-»
H maia aller, plus }oJA , et cependant il . règne
^6 BIOGRAPHIE.
« dans tout ce qu'il a fait la plus parfaite
a unité. » Cotfrt de Gebelin fut honoré des
suffrages des savants; plusieurs Font cité avec
éloge ^ d^autres se sont appuyés de ses idées. Il
avait Un accès facile chez les grands seigneurs
et les hommes en place ^ qu'il n'importunait
jamais dans l'intérêt de/sa fortune , mais bien
dans l'intérêt de ses travaux, ou pour rendre
avec la plus gratuite obligeance des services
aux gens de lettres et à ses amis. c( On était si
(c accoutumé à cet abandon de lui-même, dit
M M. le comte (TAlbori (éloge déjà cité) , qu'un
w homme éa, place le Voyant entrer chez lui,
« prévint sa démarche en lui demandant quel
« était le malheureu?^ dont il venait plaider la
«r cause. » Le ministre de Berlin lui portait
une rare bienveillance. Il Gt même venir de la
Chine des monuments, dont l'explication devait
entrer dans la suite du Monde primitif . Court
de Gebelin fut le seul autéui', éditeur et cor-
recteur de ce grand ouvrage, qui obtint plus
dé douze cents souscripteurs , et qui est d'une
telle correction , qu'à peine troiive-t-on deux
ou trois fautes dans chaque volume. Mais nous
n'avons jusqu'à j)résent considéré Court de Ge-
belin que comme savant. Voyous -le comme
franc-maçon. Il 'fut rtçu aux grades symboli-
ques dans la loge dès J^teuf Sœurs , dont il
BIOGRAPHIE. . 77
fui ensuite secrétaire et députe. Le frère de La'
Dîxmerîe , dans son Mémoire pour là Loge des
Neuf Sœurs ^ in -4% i779> le signale en ces
termes à l'estime de l'ordre entier : « Savant
(( infatigable, dit-il, aussi hardi dans ses pro-
(c jets que prompt et habile à les reinplir; qui
a fouille d'une main ferme et sûre dans les
(c débris du monde et des tçmps; qui nous fait
cf jouir de ce qui a cessé d'exister, nous fami-
« liarise avec ce qui n'est plus, et nous fait
« mieux connaître ce qui nous environne, n
Un jeune frère, également homme instruit et
poète distingué. Guerrier de Dumast, a payé
un noble et juste tribut d'admiration et de, re-
connaissance fraternelle à ce contemporain,
par l'instruction, le génie. et le talent, de tous
les peuples et de toutes les époques. {J^oy. les
notes du poème de la Maçonnerie ^ i vol. in-8®,
Paris., i8ao.) Court de Gebelin porta dans lo:
société maçonnique cet esprit investigateur qu'il
avait déployé dans la société proTaue. Avec le
frère Savalette de Langes {voj. ce nom) > il fut
l'un des fondateurs du régime ou rite des Phi^
lalètes, on Chercheurs de la vérité ^ établi dans
le sein de la loge des Jmis réunis. Il renouvela
en 1777, V^isage de§ anciens couvents philoso-
phiques destinés à professer^ la maçonnerie.
Dans ses hautes vues et dans le courant de cette
7$ ^ BIOGRAPHIE.
année (1777)1 il fît en 7 leçons, un Cours des
Allégories les plus ^vraisemblables des Grades
maçonniques. Ces conférences furent suivies par
tout ce que Tordre comptait de plus distingué
panni ses membres. Elles^ se sont renouvelées
presque sans interruption pendant neuf an-
nées, de 1778 à 1789. Le frère Alexandre Le-
hoir (i;o/. ce nomt) les a remises en usage en
i8î:i et 181 5. Court de GebèKn mourut dané
là ïluit du 9 au 10 mai 1784, chez Mesmer, son
ami, qui Tarait appelé dans son hôtel pour, en
le soumettant à un traitement dont il avait
quelques années auparavant éprouvé les bons
effets, lâcher de ranimer en lui les sources de
la vie, épuisées par un long et continuel tra-
yâil. L'art fut impuissant; Famitié, cette fois ,
ne piit qu'adoucir les derniers moments de sa
vie. L'autopsié , faîte par MM. Mittié, Lacase,
Dl Chaîgnevérd, Sue le fils et Lamotte, cons-
tata, qu'un vomissement qui avait duré trois
semaines consécutives, sans que le malade pût
prendre aucune espèce de nourriture, était
causé par' une complète désorganisation des
reins, {yo^i Lettre sur la mort de M. 'Court
deGebelin, in-8** dé 14 pages.) Ainsi s'éteignit,
à peine âgé de 60 ans , un homme qui , comme
savatit, n'avait point eu de modèle et n'a point
laissé de sucôesseur, et qui s'est placé au pre-
/ BIOGKAPHIE. Jig
lïiier rang des sages , dés amis d^ la verlu et
des plus dignes francs-maçons. «
Son ami, le comte d'Albon', recueillit ses
cendres et lès déposa dans un monument (gra-
vé à la suite de l'élogè ) qu'il lui éleva dans sa
terre de Franconville , (>ù Court de Gebelin
aimait à s'abandonner à ses rêveries pbiloso-^
phiques. Ce savant si distingué , si doux et si
modeste, n'a pas été à Tabri des coups de l'en*-
vie : ils ne l'atteignirent point. Pressé de ré-
pondre à plusieurs de ces attaques, il s'y re-*
fiisa constaniment. « La république des lettres,
(( disait-il, n'est point une arène, et nos plu-
« mes des instruments de pugilat. Respectons-
t( nous, aimons^nous, ^clairôns«-nou8 mutuel-^
(( lement, et au lieu d^ nous; écraser les uns
(( les autres , élevons en société l'édifice de la
(( vérité qui nous a été confié pour la félicité
« générale. » C'est par ces belles paroles de
notre illustre frère que nous terminerons* notre
hommage maçonnique.
CUBIÈRES (le chevalier de), qjtii , par ami-*
tié pour Dorât, porta quelque temps le nomiib
DorcU-Cubières ) et qui, pendant la révolution ,
prit le nom de CuiièreS'Palmézeaux^^éié un
poète agréable à l'époque où Dôrat, de Pezai ,
Desmahis, etc. , faisaient les délices des salons
8o BIOGBAPHIE.
et des coleries littéraîreâ. Le genre fade et
musqué de leur poésie est heureusement passé
pour l'honneur du goût, et, quoique hommes
d'esprit, ces malencontreux auteurs ne sont
plus cités que pour avertir les jeunes poètes du
danger de Técole qu'avaient formée ces poètes-
chevaliers, ces faiseurs de bouquets à Chloris.
Le chevalier de Cubières était membre de la
loge des Neuf Sœurs. Il contribua à la former
en* 1776, et à la^iréorganiser en i8o6.* Il assista
à la réception de Voltaire dans nôtre ordre , et
concourut à rendre les honneurs funèbres que
la loge décerna à cet illustre frère, dans la
fameuse fête d'adoption du 9 mars 1779 {voj.
Li DiXKERiB et Cqrdier de Saint-Firhun) ; il
prononça un discours ^ prose comme ministre
de V Amour et au nom de cette divinité. Le che-
valier de Cubières fut tendrement attaché à la
comtesse Fanny de Beauharnais, tante de l'im-
pératrice Joséphine, et occupait un appartement
dans l'hôtel de cette dame , qui cultiva les Icrt-
tres avec succès : il donna de longs et touchants
regrets à sa perte. En 1814 il vivait à la cam-
pagne. L'invasion étrangère apporta le désordre
dans sa modeste retraite; il fut blessé pour le
reste de sa vie d'une chute que lui occasionè-
rent les mauvais traitements de ses hôtes forcés.
Il mourut en 1820. Le chevalier de Cubières
)
BIOnGRAPHIE» 8l
était un honnête homme , d'un commerce agréa*
ble, et possédait la véritable insouciance phi-
losophique dans tout ce qui lui était personnel.
CUVELIER DE TRIE (Jean-Guillaume-
Auguste ) , auteur dramatique , naquit à Bou-
lognc-sur-mer en J766. Il fut d'abord avocat
dans sa ville natale; puis, par suite de la révo-
lution , il fut employé dans les administrations
publiques > et entra comme hussard dans la
garde du premier consul Bonaparte ; il parvint
au grade de capitaine de première classe com-
mandant des guides-interprètes. Sasanté s'étant
affaiblie , il quitta le service et se livra exclusi-
vement aux compositions drainatiqiies. De 1795
à 18:34» ^1 ^ ^^^^ représenter cent dix pièces,
comédies, drames, prologues^ pantomimes,
mélodrames et ballets ; très-peu de ces produc-
tions ont été faites en société avec d'autres lit-
térateurs : le nom de Cuvelier e^t célèbre aux
petits théâtres, où on lui a.donjié le surnom
de Corneille des boujevards. C'était aussi uu
homme d'esprit , et on remarque de jolies poé--
sies dans le recueil qu'il a publié. Fondateur et ^
premier vénérable de la loge des Frères Artistes^
en 1802 , il a rendu des services à l'ordre en
consacrant un temple nouveau qui n'a pas ces-
sé d'être remarquable , soit par les doctrines
II. 6
da BIOGRAPHIE*
qui y sont professée», soft par les honorable»
membres qu'il a admis à la lumière, ou affiliés.
Cavelier est mort à Paris le a5 mai 1824*
D.
DAZARD (Michel-François), né k Château--
rfun (Eure-et-^Loire) le 2 mai 1771 f directeur
des contributions directes à Périgueux. Véné-^
rabte de la loge des j^mis dU Nord y orient de
Bruges, en i8o5, et de la loge du Père de Fa--
mill^ , orient d'Angers, en 1814; il a plusieurs
fois présidé les chapitres de ces deux loges et
celui des jdmis de Henri /F", vallée de Péri-
gueux. M. Daîarâa puisé dans l'étude et la
pratique des différents rites de la franc-maçon-*
nerie des connaissances supérieures, et il en a
donné une preuve remarquable dans la rédac«
tibn d'une pièce importante, devenue fort rare,
et qui a pour titre : Extrait des colonnes gror^
9ées du Père de FamiJUe^ Tmlléed^ Angers (in-8*^
de 48 pages, i8i:i). Cette pièce est un témoin*
gnage honorable du courage et de Tindépen-
'danee du chapitre, et du frère qui en fut
l'organe. Elle dévoile , appuyée de pièces au-
thentiques, les prétentions illégales du suprême
conseil du S?"* degré du rite écossais ancien et
accepté, et la fausseté du droit qu'il prétend
BlOOHAPHIE. 83
e'ailrogtr de régii^ exclusiTemeni ce rite en
France. On ddit encore ati frère Bazard plu-
sieurs didccrurs intëressanis dont quelqàés-^uns
ont été livrés à Vimpre^sion.
DECAZES (Élie, duc), pair de France, «é
à Saint-Martin en Laie, le 28 septembre 1780)
d'une famille bourgeoise, anoblie en i5g5 par
Henri IV, dans la personne de Raymond De-
cazes. tl épousa en i8o5 la fille du comte Mu-
raire, dont il devint veuf Tannée suivante.
Membre du tribunal de première instance du
département de la Seine , conseiller en la cour
d'appel en 1810, M. Decazes ne dut sa haute
fortuné ^litiquëy tjue du reste il méritait par
ses talents, qu'au rétablissement du gouverne-^
ment royal eh i8»4< II deviiit préfet de police
en i$]5y conseiller d'État^ membre de lachiun-
bre des députés^ et suceèsàivement ministre de
la polide^ teiiristrè de l'intérieur, président du
conseil dés miniitfes; et enfin comte ^. duc et
pair de France. Il fait partie de la noble cham-
bré ées r'oyaliétès èdnstîtritîonAels.- f ranc-ma-
çoïi et Èhrcfiïibre en Qualité de maître de la loge
A'jHàcrêm, e* î8ô8; an jdur dé 1« favêmr,
M. ©ééâzès tf ôtïbMa J^s ées fiférës. Pfefnmé par
lés ttieffibrtfe (te rite èèôss^^^ tré»-pàis«ant séu-
vertitï , gr^ttd Ci^tojtoaûdeur , il préseôtn ai2 rof
54 BIOGRAPBIB.
Laui8 XVIII une.médailledoat la eoinpoftition
est ingénieuse et patriotique. D'un côté cette
médaille porle Teffigie du roi avec ces mots : A
Louis xTUi> roi pE France , l'égossisub français
RECONNAISSANT. Et de l'autre côté, en style la-
pidaire , ces mots :
Comte Decazes
El.-, t.-. p.-. s.-, g.-. Cons.-. Titol.^.
Temple inauguré
G.*. L.*. installée
Étrangers retirés.
Octobre 1808.
Le prince accueillit gracieusement l'hom-
mage des maçons , et dit à S. Exe. ( M. Decazes
était ^lors ministre de la police ) : ^ Je garderai
K toujours près de moi une médaille qui me
« rappelle d'aussi heureux et d'aussi doux sou-
te venirs » (voy. Bibliothèque maçonnique , dé-
cembre 1818, tom.I^ p. 39). M. le duc Decazes
est grand officier dû Grand Orient de France.
DELILLE (Jacques) , poète célèbre, fit des
études ecclésiastiques y et porta long-temps le
titre d'ABBÉ Delille. Il naquit en 1758 à Aiguë*
Perse 9 dans la Limagne, et était fils naturel
d'Antoine Montanier> avocat. au parlement de
Clermont, qui lui laissa généreuseiiient à sa
BiaGRÂPfilE. 65
mort cent ëcm de pension viagère. L'abbé De-*
liUe donna y en 176g ^ une traduction en vers
des Géorgi'^ues de Vk'gile; traduction dont le
mérite fut généralement senti, et qui fit dire â
Frédéric II (Jue « c*était le seul ouvrage ori-
« ginal qu'il eût vu depuis long-temps. » Il fut
reçu membre de l'Académie-lFrançaise en 1 774 ;
il a été depuis membre de l'Institut et professeur
de poésie latine au collège de France (1^0/.
P.-F. Tissot). Les Jardins, poème, parurent en
1 782 . Sesautres poèmes, f Imagination ^V Homme
des Champs, les TVois Règnes, la Pitié ^ le
Paradis perdu, d'après Mil ton, sont en partie
le fruit de son exil volontaire ; car l'abbé DelUIe,
qui ne partageait pas les principes de la révo*
lution , avait pris le sage parti de s'expatrier.
De retour en France en 1801 , il y vécut en
paix, et mourut universellement regretté le
V^ mai 181 3. .Comme Milton, il était devenu
aveugle. Les œuvres complètes d^ VirgHç fran-
çais ont été recueillies et publiées par MM. Mi>-*
chaud, en 16 vol. in-8^, 1824. La loge de»
Neuf Sueurs eut là gloire de posséder l'abbé
Delille parmi ses membres à l'époque de sa»
reprise de> travaux en 1806.
DENIS (l'abbé Pierre) , prîeurdeTaléïieux,
maître, premier orateur de la loge de la Ré-'
86 3fOGRAPqiE. .
union des Étrangers p foQ4é^ ^^ 1784 i^T'
Waltestorpp et Bahoh ). Dfl^ns le discours qu'il
prononça lors de TinstalUtion de U loge , il dit :
u C'est le «qrt de la vérité d'être combattue;
n c'est le sort de la %'ertu d'être peraëeutée,
H La maçonnerie a eu s^ lutter^ en Italie et dans
(c quelques parties de rAUem^gne^ contre lep
« ealomotes de l'igi^or§i|o^ f t du fanatisfi^e ;
. (f mais une société qui a ppur principe l'utilité
K publique^ pour \\y\% b. p^rf^^etÎQii de l'boqupf^
« et son ];>aubeur ^ ne auocetmb^Fa j^mal». ^ .
ni;NIS (l'abbé ClwderMariç ), çb^mowe d^
Semur en firionai^ ^ oe^mpagnoUj membre dels)
loge de la Réunion des J^tranger^ iM^*
DURVENT-WATRRS (lord) le premier des
deux gra^nds ins^Ures étrangers de la n^^içonne-'
rie en France, ayant quc^ le duc. 4' An tin, troi-i
gième grand maître^ , e\ \e pre^qie? grapd maîtire
français, n'eut été él^yé h ce poste érninent
pap les maçons de notrç patrie^ l^or4 Peryeut-r
Waters introduisit parmi u(^us q^ttç ç^ociation
éù iî;r25, de coiic^rt avec le chçv^Ue^ Maslçfil^
que , M. D'Heguelly çt quelque^ f^^^ft^urs aA-
glais. Ils formèrent chez Hure, traiteur, rue des
Boucheries, upe loge qui (^\ ^ij^tô^ sifjvîe de
plusieurs autres , notamment ce)!^ qui se iulx^
BIOGRAPHIE. 87
l^ur ia première fidis ea lySa , chez Laodelle ,
iraiteuiTy rue de Bttssy, et qui prit le titre de
Loge d'Awfiontf parce que le due d'Aumont
y avait reçu la lumière. On peut consulter 8ur
l'existence de ces loges l'instruction historique
donnée par la grande loge de France aux logée
de sa correspondance y en 1783. La loge établie
eu 17^5 par lord Dervent-Waters fut réguliè-
remeni constituée par la grande loge d'Angle*-
terre , à la date du 7 mai 17299 sous le nom du
frère LebretoiQt, et sous le* titre de SairU-Tho^
mas. Cet illustre Anglais retourna à Londres
ea 1 735 9 et y fut décapité le 1 9 décembre 1 746^
victime de son attachement à la cause du pré-
temiant {"voj. lUaNpuESTER).
DÉSAUGIERS (Marc-Antpine), auteur dra-
matique , chevalier de la Légion-d'Honneur, a
consacré sa vie entière à cetre littérature agréa-
ble et facile , qui peint si bien le caractère des
Français : l'amabilité et la gaîté. Il fut l'un de
nos premiers vaudevillistes, et, par sa verve
joyeuse et entraînante, notre premier chan-
sonnier. Après avoir enrichi les théâtres du
Vaudeville et des Variétés de ses productions,
il est devenu, en i8i5, directeur de ce théâtre
que Boileau a peint et prévu dans ce vers :
Le Français , né malio , forma le 'vaudeville.
88 BIOGR^^PHle.
Cette direction cessa en 182a, parla volofité
même de Désaugiers; mais il la reprit en 1825.
Il était encore directeur quand il mourut y le
9 août 1827 y des suites de l'affreuse opération
que nécessite trop souvent la maladie de la
pierre; il était né à Fréjus en 1772. Nous ne
citerons aucun de ses vaudevilles^ connus de
tout le monde; nous rappellerons seulem^mt
qu'il a cj^éé, comme chansonnier, le person-
nage grivois de Cadet Buteux^ auquel il a
prêté une foule de' choses spirituelles et pi-*-
quahtes :, qui n'a pas chanté les revues ou pots*
pourris de Cadet Buteux sur la Postale y sur
Artaxerxe et sur les Danaïdes ? Les Chansons
de Désaugiers ont été imprimées- en 3 volumes
in-8**; le premier en 1808, le deuxième en
1812, et le troisième eh iQi6. Le libraire
Ladvocat en a donné une nouvelle édition,
eu 4 volumes in-i8, efa 1827. Désaugiers fut
maçon excellent et joyeux. -Il appartenait à la
loge de la Parfaite Réunion , orient de Paris , '
et Tordre lui doit sept cantiques qui font l'or-
nement et le charme des recueils et des assem^
blées maçonniques^
pESÈZE (Romain), né à Bordeaux en 1750,
était avocat avant la révolution , et avait acquis
une honorable réputation dans son ordre, lorsi-^
BIOGRAPHIE. 89
que la confiance du roi Louis XVI l'associa à
ses défenseurs, MM. Tronchet et de Malesher-
bes Ce choix immortalisait M. Besèze , qui se
montra digne, par ses sentiments, de la haute
mission qui lui était confiée. Si son plaidoyer,
comipe ouvrage oratoire, n'obtint pas tous les
suffrages, c'est qffil fallait plus que du dé-
vouement et un mérite recommandable pour
s'élever jusqu'à une si immense infortune, en
présence d'une nation entière qui comptait de
si beaux talents, et aux regards d'une posté-
rité qui admire les Vertus, mjiis juge aussi le
mérite. M. Desézç subit les rigueurs de la dé-
tention, qui ne fut pas immédiate à la fu-
neste catastrophe du 21 janvier 1795 j il sor-
tit de prison après le 9 thermidor an 11 (1794)*
Le seul Malesherbes ayait porté sa télé sur l'é-
diafaud : depuis long-temps il avait le mal-
heur d'être célèbre. Sous le gouvernement im-
périal, M. Desèze resta inaperçu. En i8i4>
Louis XVIII le nomma premier président de
la cour de cassation , en remplacement de
M. Muraire , et successivement comte, pair de
France, membre de l'Âcadémie-Française , et
chevalier des ordres du roi. M. Desèze mourut
en 1827. Il étatt en 1806 membre de la loge
d^s Neuf Sœurs.
go BIOGRAPHIE.
DIEULAFOY (H.)^ auteur fjp^maiique.
Quelques vaudeyiHes et parodies l'ont signalé
aux amis de la gaité. Les ge&s de goût n'ont
point oublié sa jolie comédie en un acte en vers.
Défiance et Malice , jouée au Théâtres-Français
pour la première fois en 1801 /et qui est restée
au répertoire. Il a donné , 1m i8oS^ au théâtre
LouTois, le Portrait de Michel Cen^antes, co-
médie en trois actes et en prose. L'Académie
royale de Musique lui doit^ et à son collabora-
teur M. Briffant, enS8i6^ les Dieux rivaux,
opéra en un acte» musique de MM. Persuis,
Spontini, Bertoz et Kreutzer^ et en 1820, Oty^m-
^, opéra en trois actes, musique des mèmea,.
^hors M» Persuis f il a> comme maçon , composé
plusieurs cantiques. Dieulafoy est mort en 1823.
DIXMERIË (Nicolas Bricaire de La), homme
de lettres, paquit en Champagne, Ters 1731,
et rnourut à Paris eu 1791. II a publié entre au-
tres ouvrages des Contes philosophiques ei mo^
raux^ a vol., 1765; 5 vol.^ 1769Î l^s Deux
Âges diif Goût et du Génie sous Louis XIK et
soKfS Louis Xf^9 in*-8% 1769; le lutin, 1770^
iu*i3 ^ V Espagne littéraire, 4 ^ol. iu-ia, 1774»
l'Éloffi^ analytique et historique de Michel de
Montaigne, etc., in-12, i78o;fe Géant Jsoire,
sire de Montsouris, 2 vol. în-ra, 1788, etc.
> BlOa&APfilS. 91
FraocrmftfûQ ei qiembre d^ la loge des Neuf
Sœur^f il a Irendù à cette loge dçs services émi-
nents. Fondée en 1776'^ la loge n'ayant pas
cherché, contre Tusage, son patron dans la
légende, elle n'obtint qu'à grand'peine, de la
grande loge de France , les constitutions qui as^
suraient sa pégularité* Bientôt les modifications
qu'elle apporta dans la réception maçonnique
de Voltaire > plus tard les honneurs funèbres
qu'elle rendit au prince de notre littérature,
et que la grande loge trouva trop mondains ,
plaeèrent la loge des N^if Sœurs $&a% W joug
de i^bitraire. SilSa local ordinaire lui fut in-r
tepdit. Dans cette position, dont elle ne se plai«-
gnit pas, saqs loeal fixe , elle excita le courroux
de. quelques chefs de la grande loge, en don^
naut une loge d'adoption, le 9 mars 177g, dans
le local dît du Cirque rojaL Cette tenue fut
nombreuse et brillante, n^ais, comme toutes les
réunions extraordinaires, un peu tumultueuse :
là est le grief dont se servit la grande loge pour
ladémolir, attendu querrl'assemblée aTait excité
ce les justes plaintes des maçons et la okmeur ^
« publique. N Un des motifs particuliers est
que l'un de ses membreis, l'abbé Gordier de
Saint- Firmîn {voj. ce nom^, avait fait choîij;
« d'une récipiendaire contre son gré , et l'avait
(c séparée de sa parente. » La loge des Neuf
ga BlOOKAPBIE.
Sœurs f déjà fatiguée des persécutions ée fa
grande loge, s'indigna d'une démolition qu'elle
jugeait ne pas avoir méritée; elle chargea de
sa défense trois de ses membres : les frères de
La Dixtnerie, son orateur et député, Court de
Gébelin, son secrétaire et député/ et le <ymte
de Persan y son maître des cérémonies et dé-
puté. Ces illustries frères publièrent un Mé^
moire pour la loge des Neuf Sœur^^ in -4^ de
44 V^^^>^179> que rédigea le frère de La
Dixmerie en qualité de rapporteur. Ce mémoire
où i'ftuteur passe en revue les membre» de la
loge, et fait connaître leurs titres à la cStisî-
dération publique , est remarquable par la sim*-
plicité avec laquelle les faits sont présentés, la
force de la dialectique, et en même temps une
énergie qui ne s'écarte jamais de la modéra-^
tion. II valut à la loge sa réintégration sur le
tableau des loges régulières de France ; à la
suite du Mémoire est le Discours que le rap-
porteur avait prononcé en qualité ^orateur de
la sagesse. Lors de la réception de Voltaire, le
frère de La Dixmerie , inspiré par la présence
de l'illustre néophyte, improvisa ce quatrain
qui fut vivement applaudi , et dont l'aùgustQ
vieillard Je, remercia avec sensibilité .\
Au seul nom de l'illustre frère ,
Tout maçon trîomplie aujourd'hui ;
BIOGRAPHIE. 95
Il re^çoit de nous la lumière :
Le monde la reçoit. de lui. .
Voltaire mourut quelques mois après à l'âge
de quatre -vingt-- quatre ans. Le frère de. La
Dixmerie, au nom de la loge^ rendit au grand
homme, doi^t elle déplorait la perte, un éclatant
hommage, en prononçant dans la <îérémonie
funèbre Y Éloge de Voltaire (in-S^* de 1 20 pages,
1779, Genève et Paris).. Ce discours, peut--
être trop littéraire pour la circonstance, fut
néanmoins accueilli avec la plus grande fa-
vetir (2;oy, Voltaire).
DUFRESSE (Simon -Camille), maréchal
de camp en retraite^ commandeur de la Lé-
giop-d'Honiieur, chevalier de Saint-Louis, est
né le a mars 1762. Ce frère qui , pendant trois
années, remplit les fonctions de gouverneur de
Valladolid, en Espagne, présida plusieurs fois
les travaux d'une loge éliablie dans le local
mém^ de TafFreux tribunal de l'Inquisition, et
l'on entendit souvent retentir les coups du
maillet mystérieux , emblème de charité , de
tolérance et de fraternité ; là où le fanatisme
avait , au nom d'un dieu de paix et de clé*
mence, aiguisé ses poignards et multiplié le^
instruments de torture, où tant de victiriies.
94 BlOORAPaiE*
au milieu des eris de la douleur et du déses^
poir, invoquaient en Yain de Dieu au nom du-»
quel on les assassinait.
Dans eè hideux palais ée là mort, les ma-'
çons hatiù^U, et dé§ ttëtèÈ édlAitês de Tfispa^
gtie mùltlplittiènt les àictêS dé biehfdèàlidé et
lè^ exhoftatriôlid à la éonéprdè et à rhuf»à?llité
pôut èecotirîr les victiines; qttî avaient iTdrtëcaf ^
et écilàil'èt* uti peuplé généreti!il que les ttlôiùéé
avaient àbftiti.4..i Leimoineâ sotiti^eveniM^ et
en 1824, les sept màdoùi de Gretiade tnis k
mort ai^&c c/t^ai/te' (suivant la seritètice), et léurâ
biens confisqués ont prou'vé (|ii'rl faut &ut sup-
pôts du fanatisme la vengeance du sang et de»
richesses.
Le tvètt DufreSse^ est retii^é à )a Campagne^
à quelques lieUes dé Pari».
DULAURE (JFàcqties-Arftâifte), historien , hé
à Clermont (Puf-de-Doriie) lé 5 Septembre ij5ôf.
Il se fit connaître en t^S'f, par wa^ Nouvelle
Description de Paris y qui à été Torigine de Sôti
HistoiPà physique^ cmle et frtôfale de Pàtls^ pti*
Miée depuis le rétablissement dn gouveriiéinéilt
royail en t8<4- M^^s l'ouvrage nouveau est deve-
nu un monument historique du plus haut iiiité-
t , tandis que? Foiivràge primitif n'était qu'un
sfmpVe guide, une sorte de conducteur dans la
^.
capitale. M* Dolaure fut membre^de la con«'
ventiod nationale et du eon$eil de8 ciiiq-^ents^
Là s'est bornëé sa carrière politique. CçUe de
l'histoire, nous l'avons dit, s'est agrandie^ et
il appartient maintenant à la classe de nos pre«>
mier» historiens* Admis dansi l'ordre iiiaçonni««
qne^ il s'y est distingue; on Tpit figurer son
nom stir un annuaire de iStùff comone l'un des
fondateurs de la loge d'Osiris, orient de Sèvres^
prés Paris. Membre de la toge des ChevaUerg de
la Cfôiac, il a été conduit naturellement à l'or^
dre du Temple qui a pris souche sur cette loge*
M. Dulaure^ parle un pea légèrement de l'une
et l'autre institution^ il critique surtout les tt-^
très, et les décorations maçonniques : nous 9ùm*'
mes,, sur ce point , toutr-à-fait de son avis; mais
ce n'est là qu'on travers qui n'empêche pas que
l'institutioo, en dlel*-»mèdie, ne soit une des
plus respectables paanni les înstilulions philan^
tbropiqnes.
DUMAS (le comiei Mathieu), lieutenant
général , membre de la cbsmbro des députés ,
est né k Montpellier le fi5 décembre 1758, et
se consacra à la profession de» armes* Il fit la
guerre de l'indépendance américarnef en qiia-^
Hté de càfpîtaine dans l'armëe dn général Ro-
chambeati ; il fut, en 1785, mân?chal des logiit
96 BIOCRAPRia.
de Tétat- major général, et major en 178$^
L'année suivante il alla reconnaître l'étal mi-
litaire des lies du Levant, et devint, en 178g,
aide de camp du maréchal dé Broglie , puis du
général La Fayette , commandant général de la
garde nationale. Il fut nommé, en 1790 9 di-
recteur du: Dépôt de la guerre, et chargé ea
i7i9i^ à la tète desl gardes nationales de dif-
férents départements , de ramener à Paris
Louis XVI, qui avait été arrêté à Varennes.
Le département de Seine^-et-Oi&e lé nomma la
même année , membre de l'assemblée législa-
tive. Suspect en 1792^ il fut néanmoins^ par
le besoin que Ton avait de ses services , mis à
la tête du Dépôt des plans de campagne, en
qualité, de directeur^ Il reparut au corps -légis-
latif en 1795, en qualité de membre du con-
seil des anciens, où l'élut le département dont,
en 1791,11 avait obtenu les suffrages. Ce fidèle
f ami de la liberté légale fut proscrit par le di-
rectoire exécutif, et il se retira à Hambourg.
Le gouvernement consulaire le rappela, et le
nomma bientôt pour réorganiser l'armée de
réserve à Dijon. Il fit la campagne de cette
année qui amena la paix de Lunéville. Devenu
conseiller d'État il proposa, au nom du gou-
vernement, la création de l'ordre de la Légion-
d'Honneur, décrétée en 1802, et seçut, en
BIOGEAPHIE. 97
i8o5, avec le titre de grand officier de' cette
légion^ le grade de général de division. Joseph
Bonaj>arte, parvenu au trône de Naples,, le de-
manda à Tempereur son frère pour le premier
minisrère du royaume, et le général Dumas
devint ministre de la guerre en 1806; en 1808,
grand maréchal du palais et grand dignitaire
de l'ordre des Deux-Sicîlës. Il fit , au mois de
mai 1809, à la tête de l'ai'mée d'Italie, sa jonc-
tion avec la grande armée , et se trouva au
passage du Danube le /juillet, et à la bataille
de Wagram les 5 et 6 du même mois.
L'empereur le chargea de faire exécuter les
conditions de l'armistice de Znaïm. Intendant
général de l'armée dans l'expédition de Russie^
il fut fait prisonnier à la bataille de Leipzic,
le i8 octobre i8i3. Il recouvra la liberté
en i8i4; le gouverûement royal le classa parmi
les conseillers d'État honoraires. Peu après, il
fut nommé directeur de la comptabilité des ar-
mées, et compris dans une promotion de com-
mandeurs de l'ordre de Saint - Louis. Pendapt
les cent jours, en i8ï5,il reprit ses anciens
titres; après la seconde restauration, il fut mis
à la retraite.
Le général Mathieu Dumas a publié plu-
sieurs ouvrages sur la science militaire; ce
sont : Précis des événements militaires , ou Es^
II.
q3 biographie.
sais historiques sur la guerre présente ^ iSoo;
Prépis des événements militaires^ ou Essais his^
toriques sur les campagnes de 1799 ^ i3i4>
% voU in-8^. Membre de la chambra des dé-
putés , en 1827- 1828, il ajoute de nouveaux
titres à l'estime de ses concitoyens. Comme
francHsiaçon 9 il était, en 1802, membre du
Grand Orient de France , en qualité de député
de la loge de la Constance éprouvée , orient d^
Paris,
DUMERSAN(NO, dont le nom de famille
est MARiON y est né au château de Castelneau ,
prèsd'Issoudun^ en 1780. Il fit de bonnes études
«t fut employé, en 179^, au cabinet des mé-
dailles de la Bibliothèque du roi^ où il est encore
attaché en qualité de secrétaire de ce cabinet.
Comme numismate et archéologue , il a publié
plusieurs ouvrages utiles, et qui ont prouvé
toute son aptitude à des travaux qui contras-^
tent singulièrement avec le genre de littérature
qu'il a adopté. Il est l'un des plus féconds au--
teurs des théâtres du Vaudeville, des Variétés ,
de la Porte Saint^Martin, etc.; et son nom se
trouve associé à presque toutes Içs pièces de
MM, Désaugiers, Merle, Bra:çier, Jos, Pain,
deRongemont, Dartois, Sewrin, Georges Du-
val^ Gabriel, etc. Il a aussi publié quelques ro-
BIOGRAPHIE. gg
mans^ entre autres , le Soldat labourçur, Aeçu
maçon à la loge de la Parfaite Réunion ^ orient
de Paris, il a composé plusieurs cantiques qui
se trouvent daûs leà recueils maçonniques.
DUMOLARD (H.-F.), auteur dramjitique,
a débuté dans la carrière des lettres par uii
poème iixûivXé Fénehn au tombeau de hotrou.
Il a fait seul ou en société, plusieurs comédien-
vaudevilles , et a été Téditeur des Mémoires
de Favartn On a aussi de M. Dumolard plu<-
sieurs cantiques maçonniques.
i ' _ .
DUPATY (Charles-Marguerite- Jean -Bap-
tiste^Mercier), naquit à la Rochelle en 1744^
et mourut à Paris en 1788. Il était avocat gé-
néral au parlement de Bordeaux lorsque la part
qu'il prit, en 1770, dans les discussions des
cours souveraines^ le fit enfermer au château
Pierre-en-Cise, à Lyon. La cause de Tindépen-
dance de la magistrature qu'il défendait ayant
triomphé, il fut rendu à la liberté, et bientôt
agrès nommé président à mortier au même par-
lement. Ce digne magistrat a jpul^lié, entre au-
tres ouvrages, des Héflkxiotis historiques sur
les lois criminelles qui sont estimées des juris-
consultes, et qui ont contribué à la réforme du
code criminel. Ses Lettres sur V Italie ^ mises au
lOO BIOGRAPHIE*
joijuren 1788^ et souvent réimprimées depuis;
ont eu un succès populaire. La Harpe en dit gé-^
néralement du bien ^ et Voltaire traite cons-
tamment avec estime un magistrat littérateur
qui honorait sa profession et les lettres par ses
talents, son courage, et un esprït ingénieux.
Gomme citoyen , comme père de famille , c'était
un homme doué des plus nobles qualités, un
homme d'une sensibilité exquise. Comme ma-
çon, c'était un excellent frère; membre de la
loge des Neuf Sœurs ^ il a mérité cet éloge du
frère de La Dixmerie, qui n'était dans son ju-
gement que l'écho de l'opinion publique. Ma-
gistrat respectable , aussi connu par son cou-
rage que par ses lumières, digne à la fois d'être
cité pour un modèle de conduite et d'élo**
quence.
DUPATY (Emmanuel), homme de lettres,
chevalier de la Légion* d'Honneur, second fils
du président Dupaty, est un des plus spirituels
membres de l'association maçonnique, et il a
embelli les fêtes de l'ordre de ses heureuses pro«-
ductions. Réquisitionnaire, il servit dans la
marine comme matelot, puis comme aspirant.
n«e distingua au combat du 2 juin 1794* Du
service de mer, il passa dans les ingénieurs
hydrographes, et enfin dans le génie militaire.
B10URJkPRIE« lOI
Sa dette payée à TÉtat, il voulut serrir les
muses, et devint im de leurs favoris; mais sod
coup d'essai manqua de lui être funeste, poli-
tiquement parlant. I^s Valets de rantiçJmm"
bre, qu'il donna à l'Opéra-Comique, furent te-
nus pt>ur une satire contre le gouvernement,
et le téméraire chansonnier dut aller expier à
Saint - Dominique la liberté grande de s'être
moqué de gens qui se moquaient bien autre-
ment du bon peuple français.
On l'envoya d'abord à Brest ait on le tînt en-
fermé; heureusement les juges se mirent à rire,
comme feu M. de Francaleu, et il3 furent
désarmés. On rapporta le terrible décret ; l'au-
teur eut la liberté de revenir a Pjaris; les Va--
lets dans V antichambre reparurent sous le titre
de Picatos et Diego : tout le monde fut con-
tent^ et M. Dupaty ne fit plus d'allusions poli-
tiques. Ses plus jolis opéras comiques sont le
Chapitre' second, la Jqune Prude, Ninon che^
madame de Sévigné , Mademoiselle de Guise ,
V Intrigue aux fenêtres , Françoise de Foùc ,
le Poète et le Musicien, les Voitures versées. '
An^ Vaudeville il donna les Deux Pères on la
Leçon de botanique, le Jaloux malade, la
Jeune Mère , Jgnès SoreL II enrichit le réper-
toirede Louvois à^ la Prison militaire , en cinq
actes^. Le Théàtre-Francais lui dut /e Portraits
lOa BIOGHAPHIE.
d^ PréviUey Avis aux Maris ^ etc. Depuis les
ftalets dans V antichambre ^ M. Dupaty a laissé
en paix le gouvernement; chacun y a gagné ,
auteur et ministère; mais il est une classe d'in*-
dividus qu'il a flétris^ en publiant une satire
$ous le titre des Délateurs. En cçla il leur a fait
trop d^honneur; car hommes de cette espèce
.ne doivent être atteints que par les magistrats
et l'opinioa publique, Cet ouvrage eutun^uc-
ces de vogue,
DUPERRON (l'abbé Jean-François-Reveché),
vicaire général de Montauban^ ancien grand'-^
croix de Fordre royal de Saint-Louis, grand
Écossais, membre de la loge de la Réunion des
Étrangers y orient de Paris (t^o/. Waï.terstobff,
Bakon, Dewis).
. . DUPIN (André-Marie- Jean- Jacques ) , avocat
et docteur en droit, men^bre de la chambre des
représenta^nts en i8i5, et de la chambre des
députés en 18:27-18:28, né à Varzy le i**" février
1785, Il se fit remarquer par d'excellentes étu-
des, un grand amour de sa profession, et sur-^
unit par un noble courage dans plusieurs grands
procès pour causes^ politiques, I] appartient à
l'ordre n>açonnique, où plus d'une fois il a fait
entendre les plus beuréuses improvisations^
BIOGRAPHIE. lOS
DUPIN jeune (Philippe -Simon), avocat et
docteur en droit , frère du précédeîit , est né à
Varzy le 7 octobre 1795. C'est sôiis la direction
de son frère qu'il se présenta au barreau , où il
se distingua dans plusieurs causes importantes.
Membre de l'ordre maçonnique^ revêtu des
plus hauts degrés de cet ordre, M. Dupin
jeune , par ses brillantes improvisations , a at-
tiré long-temps une foule de frères instruits aUx
séances de la loge des Trinosophes. Les recueils
maçonniques renferment plusieurs de ses dis-
cours écrits.. Comme improvisateur, comme
écrivain, il a ùh mérite unanimement re^
connu.
EUE DE BEAUMONT (Jean-Baptiste-Jac-
ques), avocat au parlement de Paris, naquit àt
Carantan en 1732, et mourut en 1786. 11 est
connu par, plusieurs Mémoires célèbres, entre
autres, par le Mémoire pour les Calas y 1762,.
in 4''. Élie de Beaumont était membre de la
loge des Neuf Sœurs.
ÉPRÊMÉN1L( Jean-Jacqués-Duval d'), con-
seiller au parlement^ etc. , naquit à Pondichéry
en 1746* Il fut envoyé à l'âge de. quatre ans à
^to4 BIOGRAPHIE.
Paris où il fit de bonnes études^ et acheta suc-
cessivement les charges d'avocat du roi au Châ-
telet, et de conseiller au parlement. Jeune et
frondeur, il fut un des censeurs les plus sévères
de la cour ayant 1789, etmoi^tra une opposition
si vive à l'adoption des. édits sur Timpôt du
timbre et l'impôt territorial , que les minis-
tres donnèrent l'ordre de l'arrêter. Le mar-
quis d'Àrgoust, chargé de cette mission, entra
dans la chambre même où le parlement était en
séance. M. 4'ÉpréméniI , un des plus zélés dé-
fenseurs des privilèges des parlements, reçut
dans cette circonstance des nfarques touchantes
de l'afiFection de ses honorables collègues* Le
marquis d'Argoust demanda plusieurs fois, Oà
est M. d^Épréménil? et chaque fois on répon-
dit de tous côtés : Nous sommes tous M. d^É-^
préméniL Un officier de robe courte, auquel
M. d'Argoust s'adressa ensuite, se borna à dire
qu'// ne le voyait pas; mais M. d'Épréménil
se leva de lui-même, et fut enlevé. Il passa une
année aux îles Marguerite. Ce célèbre magistrat
remporta dans une autre occasion un triomphe
que son cœur détestait peut-être en secret:
M. de Lally, commandant des troupes du roi
dans l'Inde , avait été condamné à mort par le
parlement de Paris, comme traître à la patrie.
M. de Lally fib voulut faire réhabiliter la mé-
BIOGRAPHIE. I05
moire de son père, et fit appel du jugement'.
Cette afFaire fut renvoyée au parlement de
Normandie ^ où M. d'Épréménil se transporta
pour soutenir le bien jugé du parlement de
Paris, et eut le malheur de triompher. La
révolution éclata. Il fut nommé par la no-
blesse de Paris, député aux états -généraux
en 1789; il devint l'un des plus ardents dé-
fenseurs des privilèges de la cour, et s'op-
posa à toutes les décisions de l'assemblée
constituante. Cette conduite fut trop remar-
quée, et il faillit être victime de l'indignation
populaire lorsque la foule le rencontra sur la
terrasse des Feuillants, le 17 juillet 17^2.
Couvert de sept blessures , il fut arraché des
mains de ces furieux par l'énei^ie du chef d'une
patrouillle de la garde nationale, l'acteur Mi-
calef. Il se retira dans une de ses terres, jlrès
du Havre, d'où il fut conduit à Paris. Livré
au tribunal révolutionnaire avec sa femme,
tous les deux furent condamnés à mort et exé-
cutés le 25 avril 1794* M. d'Êpréménil était
membre de la loge des Neuf Sœurs en 1778*
EUGÈNE -NAPOLÉON (le prince), fils du
général Beauharnais et de Joséphine Tascher
de La Pagerie (voj\ Joséphine), et fils adoptif
de Tempereur Napoléon (vojj ce nom), archi-
I06 BIOGHAPHIE.
chancelier d'État âé l'empire , vice-roi d'Italie.
L'un dés plus beaux caractères modernes, le
prince Eugène eut toutes les vertus d'un bon
fils, d'un bon époux, d'un grand citoyen, tout
le courage d'un héros, tous les talents d'un des
premiers officiers de l'armée qui possédait tant
d'hommes d'un mérite supérieur. Au faite des
honneurs et de la gloii^è , dans les douleurs pu-
bliques ou privées , il honora les fastes français
de son nom immortel. C'est Eugène qiii, par
un trait de caractère chevaleresaue, fut le pre-.
mier anneau de la chaîné qui unii loiig-temps
et qui aurait dû unir toujours le général Bona-
parte et la veuve du général Beauharnais.
Aprè^ le 1 5 vendémiaire an v ( 1 797 ) , le
désarmement général des citoyens de Paris fût
onlonné. Eugène, à peine âgé de quinze ans,
se présente chez le général , et lui deq^ande ,
avec cette touohante fierté de la jeunesse, l'épée
de son père. Le général ému lui présente la
sienne et prend avec affection la main de ce
noble enfant. L'entrevue, jusque-là différée ,
du général et de madame de Beauharnàis eut
lieu dès le lendemain, et leur union en fut la
suite. Napoléon adopta Eugène; mais de fu-
nestes conseils portèrent l'empereur à se choisir
une autre épouse. Joséphine et Eugène avaient
une même âm^e : ils furent au-dessus de leur
BIOGBAPHIB. 107
malheur. £û 1814» la France est envahie par
les puissances coalisées. Le traité de Fontaine-*
bleau laissait aux souverains de Russie , d'Au-
triche et de Prusse 9 le droit de disposer du sort
d'Eugène , époux dé la fille du roi de Bavière.
Ces monarques, demandèrent une entrevue à
Joséphine. L'impératrice-reine était plongée
dans un morne chagrin et atteinte d'un violent
mal de gorge. Pour plaider la cause de son fils,
elle surmonte ses souffrances. L'entrevue eut
lieu; mais cet effort de rame avait épuisé la
nature ; peu de jours après elle mourut. Eu-
gène, devenu duc de Lenchlemberg, se retira
dans les États de son beau-père, où il mourut
en 1824.
Le |irince Eugène aimait la maçonnerie; en
i8o5 i! fut nommé vénérable d'hqnncur de la
loge de Sainte-Eugène y orient de Paris. L'orient
de Milan donnj^ le nom di Eugène à l'un de ses
ateliers, et les maçons d'Italie ayant établi , en
i8o5, un Grand Orient à Milati, il en fut nommé
le grand maître et en même temps souverain
commandeur du suprême conseil du 33* degré,
EXPILLY (l'abbé Jean-Joseph d'), dont le
nom est quelquefois écrit. Espillt, naquit à
Saint-Remy. en Provence, en 1719, et mourut
en 17^. Il fat secrétaire d'ambassade du roî
103 BIOGRAPHIE.
de Steile; examinateur et auditeur général de
TéTéché de Sagona en Corse ; eufin chanoine-
trésorier en dignité du chapitre de Sainte-Mar-*
the, de Tarascon, L'un des écrivains les plus
instruits ^ les plus laborieux , les plus féconds et
les plus exacts en géographie; il a publié un
grand nonibre d'ouvrages, qui ont un peu
vieilli. Il donna entre autres livres utiles, en
1757, in^i8, le Géographe manuel y souvent
réimprimé; de la Population de la France y
1765 > in-folio, et Dictionnaire géographique ^
historique et politique des Gaules et de la France ,
Paris, 6 voj. in-folio, 1762-1770, qui ne va
que jusqu'à la lettre S. L'abbé d'Ëxpilly était
membre du Grand Orient de France avaht la
révolution. Le 12 juillet 1787, deux étrangers
en cpstume musulman .s'étant présentés à la
chambre des provinces assemblées, l'abbé d'Ex-
pilly fut chargé de les tuiler et de les introduire.
Ces deux frères, placés sur les collines, leur
introducteur et truchement annonça que, voya-
geant pour le commerce, ils venaient d'être
victimes d'un naufrage qui les privait de tout^
et qu'ils sollicitaient des secours pour pouvoir
se rendre dans un port de la Méditerranée. Ils**
avaient été reçus maçons , l'un à Gonstantinople,
et l'autre à Londres , et étaient porteurs de
diplômes réguliers. Ces visiteurs étrangers ne
BIOGRAPHIE. 109.
parlaientni^ françah ni latin, mais ils exécu-
taient très-réguIiérement la marche et les signes
emblématiques de Tordre. L'abbé d*ExpiIly leur
rendit toutes sortes de bons offices. C'était un
maçon trés-éclairé et d'un zèle exemplaire aux
travaux maçonniques.
EYMAR (le comte Ange-Marie d'), préfet
du département du Léman, fut élu en 1789,
par la noblesse de Forcalquier et de Sisteron y
député aux états-généraux^ L'un des premiers
de son ordre, il se réunit au tiers^tat, et sou-
tint avec honneur et sagesse les principes qu'il
avait adoptés. Une biographie annonce que l'un
des amis de J.-J. Rousseau lui fit décerner les
honneurs du Panthéon. Nous aimons a croire
à cette noble et éclatante justice, provoquée
par un homme digne de la sentir et de l'expri-
mer. M. d'Eymar échappa heureusement aux
proscripteurs de 1795- Sous le directoire exé-
cutif, il fut nommé ambassadeur à Turin. Sa
mission est remarquable en ce que, feignant
de savoir ce qu'il ignorait Iréellement, il fit
avouer aux ministres du roi de Sardaigne que
le prince avait conclu un traité secret avec les
puissances coalisées contre la France. Cette cir-
oonstance , où l'ambassadeur français fut aussi
heureux qu'habile, amena le roi à quitter le
IIO BIOGRAPHIJS^
Piémont pour se retirer en Sai^daigne, Le gon-
verneinent consulaire , appréciateur des talents
de M- d'Eymar, le nomma préfet du Léman.
Son administration fut. belle ^ et a laissé de
nombreux souvenirs; malheureusement elle fut
courte : M. d'Eymar mourut à Genève le it
janvier i8o3. Il a publié : i** Réflexions sur la
nouvelle division du rQfàumùj iu-8'', 1790}
:3t Anecdotes sur J^iotU^ in-12; S** Notice his^
torique sur la vie et lés ouvrages de Dolomiens
c'était son ami et/ son compagnon dans ses ex«-
cursions sur les Alpes. Franc-maçon , Mi d'Ey-
ttiar étfi^it membre de la logesde la Fraternité ,'
orient d« Genève* Le^s hommages de ses frères
honorent sa mémoire.
F.
FABRÉ-PALAPRÂT ( Bernard-Raymond ) ,
médecin^ membre de la Légion-<l'IJonneur^ est
ne à Coites, , près d'Alby, le 2^ mai 1775. Il a
été plusieurs fois président de l'Athénée des
Arts et de la Société royale académique des
Sciences ^ et a fondé, avec plusieurs médecins
et autres personnes honorables, la Société mé-
dico-pbitanthropique, institution digne de son
nom par le^zèlo. de «es membres et les secours
de toute espèce qu'elle accorde aux indigents.
BIOGRAPHIE. ttl
M. Fabré-Palaprat vient de pdblicr (1828) un
ouvrage sur le Gahanisme. Franc - maçon >
M. Fabt»é-Palaprp.t devint le député ^ au Grand
Orient, de la loge des Sbhceves Amis y orient '
de Paris, en i8oi> et a été Fun des fondateurs
de la loge chapi traie des Chevaliers de la Croix^
même orient, en i8o5; il fut élu oflfiçier du*
Grand Orient en 1808; mais entièrement coq**
sacré à Tordre du Temple, <pii l'avait nommé
son grand maître , il n'accepta pas l'honneur
maçonnique qui lui était déféré. M. Palaprat
jouit d'une estinae et d'une considération ju$««
temenw acquises»
FALLET (Nicolas), homme de lettres, l'un
des fondateurs de la loge des Neuf Sœurs ^ na-
quit à Langres en lySS, et, mourut à Paris. en
1801. 11 a publié, comme littérateur, Pkaéton^
poème hérqï - comique en six chants^ i775;
Asfenjtures de Chœréas et de CaUhiroéy traduit
du grec, 1775, 1776, 1784; Tibère eiSerénus,
tragédie jouée sur le Théâtre-Français en ï 782 ,
dix i:eprésentations; Mathieu ou les dei^x Sou-
pers, musique da Dalayrac, représentée à Fon<^
tainebleau en 1785 , et mise au Théâtre-Italien
en 1784, sous le titre des D$ux Tuteurs; les
Fausses Nouvelles, musique de Çbampein, re-
présentées sur le Théàtre^Italien en 1786. Ses
112 BIOGRAPHIE.
poésies sont imprimées sous différents titres.
FAUCHET (le baron Jèan^Antoîne-Joscph),
ancien préfet ^ commandant de la Légion-
d'Honneur^ est né à Sainte Quentin en 1765.
M. Fauchet , dont l'éducation avait été trés-
soignée^ se fit conriaitre en 1792 par une bro-
chure intitulée la France heureuse par la Cons"
titution. Elle lui valut la place dç chef dans
les bureaux de la guerre , et il fut successive-
ment secrétaire de la mairie de Paris, secrér-
laire du pouvoir exécutif, et ministre pléni-
potentiaire aux États-Unis, où il devint l'ami
de Washington. Rappelé par le directoire , il
refusa la place de commissaire du gouverne-
ment à Saint-Domingue. Le premier consul
.Bonaparte le nomma en 1800 préfet du dépar-
tement duVar, et, devenu empereur, préfet
de la Gironde; quatre ans après, en 1809,
M. Fauchet passa à la préfecture de l'Arno , où
il resta jusqu'en i8i4- Le :22 mars i8i5 il re-
prit, comme préfet, ^'administration de la Gi-
ronde , qu'il perdit par suite de la seconde
restauration du gouvernement *royal. Les longs
et importants services de M. Fauchet avaient
été récompensés par l'empereur par les titres
de baron et de commandant de la Légion-
d'Honneur. Cet honorable citoyen se console
BIOGRAPHIE. Il5
en philosophe de l'oubli des ministres de la
restauration et de leurs nombreux successeurs.
MaçoD depuis trente ans ^ il trouve parmi ses
frères l'amitié^ les plus doux égards, et il leur
consacre,- comme orateur du Grand Orient en
son suprême conseil des rites, le fruit, de ses
studieux loisirs. Les procès -verbaux imprimés
de l'ordre rappellent, sous le titre modeste
àe discours, de précieux morceaux d'érudition
et d'éloquence.
FERNIG (Louis- Joseph-César, comte de),
maréchal de camp, commandant de la Légion-
d'Honneur, chevalier de Saint-Louis, est né à
Mortagne le 12 août i7x4- OflBcier avant la ré-
volution, il se distingua en. 1792 par un trait
d'intrépidité. Devant Menin, à la tète de quinze
hommes, il sauta dans une redoute défendue
par les Autrichiens, et fut blessé à la poitrine de
deux coups de baïonnette ; quatre de ses quinze
braves, moins blessés que les autres, lui sau-
vèrent la vie. Les Autrichiens furent tués où
mis hors de combat, et faits prisonniers. Sa belle,
conduite à Jemmapes lui valut le grade de ca-
pitaine-adjoint à l'état-major du Dumouriez.
Le 18 mars lygS, il mérita à Nerwinde les plus
brillants éloges, et, quoique couvert de blessu-
res, il ne quitta pas le champ de bataille. Il
in. -8
It4 BlOGRÀPklE.
fut récompénèé pài* le grade dVdjudant géné-
ral , lieutenant colonel.
Enveloppé dans la disgrâce de Dumoutiez
par suite de la défection de ce général , il re-
fusa de pfendre du service à Tétranger, et lors-
qu'il put rentrer dans sa patrie , il fit comme
volontaire et officier d'état-major sans solde, lés
campagnes des années républicaines vi/ tu ^
viM et VL, sous les généraux Hatry, Hoche,
Jourdan, Masséna, Lecourbe, Moreau et IVfac*
donald. Pendant qu'il combattait dans les ar-
mées françaises il faisait réclamer contre Tins-
eription de son nom sur la liste des émigrés.
Justice lui fut enfin rendue, et il fut raye
de la liste fatale. A la suite de la campagne
dltalie, à laquelle il prii part, il fut chargé
par les généraux de Pully et de Montrîchard
de plusieurs commandements en Helvétie. Le
premier consul Bonaparte le nomma, en l'an x ,
major du iia^ régiment qu^on organisait à
Bruxelles. A la descente des Anglais en Zé-
iande, il commanda une brigade d'infanterie,
et passa en Espagne, où pendant deux années,
à la tête du premier régiment , il fit une guerre
de partisans dans laquelle il obtint des succès
remarquables. A la bataille de Smolensk, l'em-
pereur le chargea de dépêches pour le maréchal
prince d'Eckmûhl, mission où il cpuru>les plus
BIOGRAPHIE. ' Il5
grands dangers, et qu'il eut le bonheur de rem-
plir. Dans la retraite de Russie, il fit partie du
bataillon sacré qui escortait l'ertipereur. Chef
d'état- majof de cavalerie en Pologne, il fut
toujours le sous-chef et souvent le chef d'état-
major du vice-roi. Au combat de Magdebourg,
le 5 août i8i5, il rendit d'importants services;
et à la bataille de Lutzén il enfonça le corp§
de réserve des grenadiers russes et prussiens.
 la bataille de Bautzen il mérita et reçut le
grade de général de brigade.
CommaiSidant supérieur à Hambourg pen-
dant le blocus , il fut rappelé dans sa patrie
par suite des événements de là première res-
tauration. En i8i5 il devint aide-major géné-
ral de l'armée organisée sous Paris, et â com-
mandé une brigade dans la dernière campagne
qni se termina par le désastre de Waterloo. De
retour en France, le général de Férnig fut^mis
en disppnibilité* Il consacra quelques-uns de
ses loisirs à la société maçonnique, pour h^
quelle il montre beaucoup d'attachement.
FLORI AN (Jean-Pierre-Claris, chevalier de),
Tun des hommes de lettres qui ont le plus ho^
noré leur belle profession par Tboni^teté à^
leurs mœurs, est l'un de ceux dont la gloire,
pour être modeste, n'en a pas moins de charmes.
1^6 BIOGRAPHIE.
Il naquit d'une famille distinguée dans les ar-
mes, aii château de Floriàn dans ks Basses—
Cëvennes, le 6 mars 1755, et mourut le i5
septembre 1794* Dans ses jolis romans, qu'une
femme d'esprit qualifiait de bergeries ^ et où,
ajoutait^elle , il ne manquait qu'un loup y il
peint avec un rare bonheur les mœurs des ber-
gers et celles des anciens preux. Ce bonheur
ne l'abandonne pas lorsqu'il invente en quel-*
que sorte l'esprit, le caractère, les habitudes
du héros bergamasqué y le principal personnage
des pièces de son théâtre y composées pour les
délassements du ducdePenthièvre, dontFlorian
avait été page à l'âge de quinze ans, et dont il
était devenu le gentilhomme favori, après
avoir été, dans un régiment d'artillerie , suc-
cessivement lieutenant et capitaine. iEnfia^,
dans %e,% fables y il s'est créé un genre qui lui
a valu tous les suffrages des mères de famille,
et que le goût place immédiatement après le
genre où La Fontaine a excellé. Ses OEuvj^s
complètes ont paru en 16 vol. in- 18, en r8i2,
et cette édition est généralement préférée.
Florian était membre de la loge des Neuf--
Sœurs. Le frère de La Dixmèrie ( voy. ce nom )
juge ainsi cet excellent homme , ce parfait
maçon : « Il joint à Tavantage d'être petit-neveu
BIOGRAPHIE. 117
If de Voltaire des talents que Thérédité même
(c directe ne donne pas toujours. »
FONTANES (le marquis Louis de), pair
de France, etc., naquit à Niort en 1757, d'une
famille de protestants, victime de la révocation
de redit de Nantes; mais il fut élevé par sa mère
dans la religion catholique. M. deFontanes dut
sa haute fortune à lui-même et aux lettres quMl
dédaigna au temps des grandeurs. Les ambi-
tieux et les courtisans voient le point où ils
sont, le point où ils veulent parvenir, et jamais
celui d'où ils sont partis. La noblesse littéraire
vaut bien, ce nous semble, la noblesse des
grands coups d'épée , ou la noblesse acquise à
Uœil de Acew/'ancien et moderne. 11 portait avec
\m toute sa fortune j lorsqu'il débuta dans le
monde littéraire par une traduction eq vers de
V Essai sur Vhomme , de Pope ; le f^érger et le
Jour des morts dans une campagne y poèmes,
soutinrent le succès de V Essai sur Vhomme ^
et M. de Fontanes fut classé parmi les littéra-
teurs qui donnaient de belles espérances., L'A-
cadémie-Française honora le talent et les prin-
cipes de l'auteur, en couronnant son Epîtreexx
faveuiv di3 nos cathoUqiies. La révolution éclata.
Au temps du danger on ne l'aperçut pas : le
calme renait en partie; il fait, en 1794? ^^
Il8 BIOGRAPHIE. .
Temple de Mars (l'église des Invalides), l'é-
loge de Washington. Le directoire succède à la
convention; il devient membre de l'Institut; plus
tard, il est obligé de s'expatriep par suite de quel-
gués démêlés avec Iç gouvernement directorial.
Le gouvernement consulaire succède au gouver-
nement directorial; M. deFontanes rentre dans
$a patrie) et prend en i8o3 son fauteuil à l'Ins-
titut. Le gouvernement impérial remplace dans
le même chef le gouvernement consulaire , et
M. de Fontanes devientle plus ardent louangeur
de Napoléon. Dans le discours qu'il prononça
. sur rinauguration de la statue du grand homme:
H 11 n'a pris, dit-îl en parlant de Napoléon,
(c la place de personne, et n'a détrôné que l'a-
ce narchie. » Les fonctions de président du corps
législatif, de grand maître de l'Université im-
périale, de sénateur, le titre de comte de l'em-
pire , etc. , iont placé M. de Fontanes dan3 cette
heuxeuse situation qui permet d'être satisfait
du présent. Mais le grand homme devint mal-
heureux, et M. de Fontanes rédige le décret
du sénat, du i" avril 1814, qui met Napoléon
en déchéance. »
Le roi notnmè M. de Fontanes membre de
la chambre des pairs, puis le crée marquis.
Au retoiir de nie d'Elbe, en i8i5, pn a prêté
à M. de Fontanes la réponse suivante; quelqu'un
BlOGRAf^HIlî. 119
disait devant lui ; ^ Napoléon travôrsè en tri<?iii(i-
« phe les villçs où sa tête est mise g prix; o^esi çkf-
a freiwl — (y est superbe! dit M. de Fopiapçi^^ »
M. de FoDtaoes appartenait avant la révolu-
tion à Tordre maçonnique; et il 4tait ^i^riahre
de la loge des NetifiScmrs en 1806. M- 4p
Foatanes mourut le 17 mars 18:21.
FRANÇOIS DE NEUFCHATEAU (la cointe),
membre de l'Institut de France, fut un d^s
hommes dont la vie, toujours occupée ^ soil
par l'étude, soit par Texercice de fonctions
publiques^upérieures , devrait servir de mpdèl^
à iquiconque est appelé par ses talçints 00 p^r
les événements à laisser après lui, avec un nom
distingué^ le souvenir' de toutes Içs vertus pri-
vées. Le rang de François de Neufçbàteau,
comme littérateur , n'est pas en première ligne ,
sans doute; mais il çs^ distingué^ Qt c'est % ce
degré flatteur qu'il s'est placé comme homme
d'État, comme citoyen, cpmme maçon. Il était
membre de la logé des NeufrSœurs\ et il con-
courut avec son illustre ami, le frère comte de
Lacépède, à relever^ en 1806,. le temple m4-
çonpique que les Muses avaient érigé en Z77@«
C'est à. lui priqcjpgîlemeut qu'est dû le régie- •
ment qui, depuis cette époque, régit l'atelier
des Neuf-Sofurs. l^e frère François de Neuf-
120 BIOGRAPHIE.
château^ autorisé par le parlement de Nancy,
en 1777, à ajouter au nom de François^ trés-
commun dans la contrée , celui de Nèufchateau,
était né en Lorraine le 17 avril 1750. Il dut à
la révolution ses dignités civiles, fut successi-
vement membre, secrétaire et président de l'as-
semblée législative, deux fois ministre de Tint^-
rieur, membre du directoire exécutif, sénateur,
comte de l^empire, grand officier de la Légion-
d'Honneur, etc. Ses premières poésies ont été
imprimées en 1765. Sa comédie de Paméla ou
la Vertu récompensée^ en cinq actes et en vers,
jouée sur le Théâtre-Français en 1795, fit ar-
rêter à la fois Tauteur et les acteurs. Après une
carrière honorable sous tous les rap{)ort«, il mou-
rut au mois de janvier 1828, dans la soixante-
dix-neuviènoie année de son âge.
FRANKLIN (Benjamin), né à Boston, dans
la Nouvelle-Angleterre, en 1706, d'une famille
d'artisans, fut un de ces hommes supérieurs,
malheureusement trop rares, dont le nom est
devenu européen; hommes en quelque sorte
cosmopolites par les grands services qu'ils ont
rendus aux peuples en établissant leurs droits,
et en posant les bases de toutes les libertés lé-
gales. '
Franklin appartient plus à ^histoire du nou-
BIOGRAPHIE. 121
veau et de' ^ancien monde qu'à un recueil bio-
graphique, et nous nous bornerons à le citer
profanement par ce bel éloge d'un ministre
philosophe /de l'illustre Turgot :
JEripuU cϔofulmen sceptrumque tjrrannis.
Il ravit la foudre au ciel et le sceptre aux tyrans.
Ami et fidèle admirateur de Voltaire^ il fut
un de ceux qui contribuèrent le plu^ à déter-
miner le grand homme à se présenter à l'initia-
tion maçonnique. Dans la séance, solennelle de
la loge des Neuf^Sœurs où Voltaire fut admis à
la connaissance de nos mystères , il était , avec
Court de Gebelin, le guide de l'illustre réci<^
piendaire. Quelques mois après, dans la même
loge, il déposait au' pied du cénotaphe de l'A-
pollon français, la couronne que la loge avait
décernée au législateur du Nouveau-Monde,
donnant^ dans cette triste circonstance, une
preuve de sa modestie et de son respect pour
son illustre àmi. Avant cette époque, cette
loge célèbre qui se glorifiait à si juste titre de
compter Franklin parmi ses membres , lui avait
fait les honneurs d'une galante hospitalité en
lui donnant à Auteuil, chez la sœur Hel-
vétîus, une brillante fête d'adoption. Comme
maçon , le frère de La Dixmerie a payé à Fran-
122 BIOGRAPHIE.
klin un honorable tribut d'eatime. Il dit :
(( Nous vîmes bientôt accourir au milieu de
« nous cet homme célèbre, Fami du grand
(c homme que nous regrettons (Voltaire); ce
(( philosophe , que l'ancien monde envia long-
ce temps au mondé nouveau, qui sut déconcer-
<c ter à la fois les effrayants mystères de la na-
u ture et de la politique, utile à l'univers par
(( ses travaux, protecteur tit législateur de .sa
« patrie par son courage et ses lumières, n
( Voyez DixMERiE. ) Franklin mourut dans sa
patrie, le 17 avril 1790. Le deuil y fut géné-
ral, et en France l'assemblée natioirale or-
donna un deuil public : touchante rivalité d'ad-
miration, de reconnaissance çt de respecU
• FRÉDÉRIC LE GRAND, roi de Prusse,
Ce prince, n'étant encore que prince royal ,
avait souvent manifesté, à l'exemple du roi-
Frédéric -Guillaume P**, des dispositions peu
favorables à la franc-* maçonnerie. Le <;omte
de La Lippe, qui était un des plus zélés francs-
maçons, voulut détruire dans l'esprit du prince-
cette disposition fâcheuse, et parvint avec
adresse à déterminer Frédéric à se faire initier.
La réception eut lieu à l'insu de Frédéric-
Guillaume, dans la nuit du 14 au i5 août 1768,
à Brunswick, dans le palais di;i comte de Korn.
BIOGRAPHIE. 135
Le secret lut recommandé et gardé fidèlement.
Frédéric devenu roi, ne fit pi vis raysière de son
agrégation à notre ordre, et pour lui prouver
sa protection royale, il voulut tenir loge comme
maitre en chaire. Cette tenue, qui eut lieu à
Cbarlotenbourg, fut des plus brillantes, et. il
donna de ses augustes maias la lumière maçon-
nigueà son frère, le prinee Guillaume, et à quel-
ques seigneurs de la cour; La guerre, eu îj56^
éloigna momentanément ces illustres frères de
nos travaux, mais la maçonnerie continua ^'ê-
ire [Protégée par le gouvernement. Le 3o no-
vembre 1775, la grande loge provinciale d'Al-
lemagne établie à SeHin ayant été reconnue
par la grande loge d'Angleterre la plus un-'
cienne de toutes ^ Frédéric délivra à la grande
logé de ses États, des lettres-patentes sou» la
date du 16 juillet 1774» par lesquelles il lui ac-
cordait « sa trés^gracieuse protection, sauve-
ce garde et faveur royale, ne doutant pas que
w cette marque d^ faveur et de grâce spéciale
w ne lui serve d'aiguillon pour redoubler con-
« tinuellement de suèle, aux fins de l'avance*
i< ment, du bien-être et de la félicité de la
« société humaine. » Quelques auteurs prétend-
dent que Frédéric donna en 1 766, Tannée même
de sa mort, les règlements des suprêmes con-
seils du $5^ degré, d'autres assurent qu'il a lui*
1^4 B10GHAPHI£.
même institué ce grade; on n'a aucune preuve
historique de ces assertions.
FRÉDÉRIC ^GUILLAUME III, roi de
Prusse, protecteur des francs-maçons, écrivait
à la loge royale Fb/^A: de V Amitié ^k Berlin,
le 29 décembre 1797 : « Je ne suis poipt initié
M comme chacun le sait... Je suis bien éloigné
K de concevoir la plus faible méfiance dans les
M intenftions des membres de là loge, je crois
a même que ^on but est noble et fondé sur le
H culte de la vertu ; que ses môyeùs sont légi-
c< times, et que toute tendance politique est
(r bannie du centre de ?es opérations Et
« alors je me ferai un plaisir de manifester
a dans toutes les occasions ma bienveillance et
« mon affection, tant à la loge royale York
u de r Amitié qu'à toute autre loge non sus-
cr pecte de mes États» »
Le 1" janvier 1798 ce prince écrit : w Je ne
cr trouve aucun inconvénient à faire coiinai-
« tre à la loge royale Vork de VAjnitié^ en
« réponse à ëa demande du i^' janvier, qu'elle
(c doit jouir, ainsi que toutes les loges qui lui
u sont affiliées, de tous les droits qui avaient
(c été précédemment concédés aux autres loges-
ce mères de cette capitale par les diplômes de
« protection qui leur avaient été accordés, etc. »
BIOGRAPHIE. ia5
Enfin, trois mois après, le 9 mars, Frédéric-
Guillaume écrit au docteur et professeur Fess-
ier, grand mai Ire de la loge York de V Amitié:
a Docte, cher et fidèle sujet, les résultats que,
« présente l'ouvrage que vous m'avez adressé
d le 5 de ce mois, au nom de la loge royale
K York y me sont principalement agréables,
M parce qu'ils font voir qu'une société qui tra-
« vaille avec tant de franchise et de publicité
« doit avoir le sentiment intime d'un but et
« de moyens nobles ; elle prouve, par là, qu'elle
« mérite la confiance publique et la protection
(( du gouvernement. Je souhaite le meilleur
(( succès à ses efforts bienfaisants. » Far un
édit du 20 octobre 1798 , ce prince défend les
sociétés secrètes dans ses Étals excepté les loges
de francs-maçons. Le 3i juillet 1800 il approuve
la constitution et le code des lois revus par la
grande loge de Berlin, et le 29 août j8oi ,
Sa Majesté ratifie l'élection du conseiller Kléins
à la grande maîtrise de Tordre.
G.
GABRIAC DUSOUCHET (Paul), coutrô^
leur au Trésor royal, né au Cap -Français le
5 juin 1762.
Reçu maçon en i8a5 dans la logie de Sainte-*
126 BIOGRAPHIE.
Thérèse des Amis de la Constance ^ orient de
Paris; I
Grand inspecteur général, 55"**, du ri(e
d^Hérodom, dernier grand commandeur de
l'ancien grand Consistoire des rites près le
Grand Orient de France ;
Officier titulaire du Grand Orient, attaché au
Suprême Conseil desi rites depuis le 4 décem-
bre i8i6, secrétaire de cette chambre depuis»
i825;
Membre actif des ateliers du Phénix;
Le frère Gabriac est l'un des maçons les plus
instruits ; il possède la connaisssince exacte de
presque tous les rites coilnus, tant sous le rap-
port du dogme que dans la science pratique.
Il est à regretter que lé frère Gabriac , ma-
çon savant, et qui, par des travaux importants
et curieux, s'est livré à des recherches infini-
ment précieuses pour l'ordre en général, n'ait
jamais voulu, par une modestie trop scrupu-
leuse^ livrer le résultat de ces recherches à la
curiosité et à l'instruction de ses frères.
GARD ANE (Jacques-Joseph) ^ médecin du
dix-huitième siècle, docteur- régent de la Fa-
culté de Médecine de Paris;, fut reçu à Motit-
pellier et se fixa dans la capitale, où ^ par une
spécialité d'étude et de pi^atique, il a attaché
BIOGRAPHIE. 127
i Bon nom une juste célébrité. II introduisit
un nouveau mode de traitement dans les ma-
ladies vénériennes, fit assujettir les femmes pu-
bliques à dçs visites périodiques pour arrêter
profnpteraent les progrés des maladie» qu'elles
pouvaient donner ou recevoir, et, membre du
Bureau des Nourrices , il accrut la prospérité
de cet utile établissement. On doit à M. Gar-
dane , i® Conjectures sur l'Électricité tnédicalej
Parts^ 1 768 , in - 1 2 ; 2^ Recherches pratiques
sur les différentes manières de traiter les Ma-
ladies vénériennes y Paris, 1770, lyyS, in- 8%
traduites en allemand en 1771; Moyens cer--
tains et peu coûteux de détruire le mal véné--
rienf Paris, 177:1, in-8** ; 4** Manière sûre et
facile de guérir le mal i)énérienj Paris, 1773 ,
in-i 2 ; 5* Détail de la nouvelle Direction du Bu^
reau des ^Nourrices; 6* Il a été, dé 1775 à
1776, rédacteur de WGazette de Santé. M. Gar-
dane fut un maçon zélé. Le Grand Orient de
France l'admit, en 1775, au nombre de ses
officiers j il était député de la loge de Jeanne
éPArCy orient d'Orléans , et membre de la loge
présidée par S. A. S- le duc de Chartres, grand
inaitre de Tordre.
GAUT (Nicolas-Gabriel -Marie), lieutenant
au lOi* régiment d'infanterie, chevalier de la
128 BIOGRAPHIE.
Légion-^^Honneur, a «ervi aux armées d'Italie
de l'an xiv à 1806; de Naples jusqu'en 1811,
d'Espagne, de cette année à 181 S, et à la grande
armée, en i8i4- C'est en Espagne, à la bataille
des Aropiles, prés de Salàmanque, en 1812,
qu'il reçut la croix de la Légion -d'Honneur
après une action d'éclat où il fut atteint de
trois balles. La. lumière piaçonnique lui fut
' donnée à l'orient de son régiment, en 1806; il
obtint les quatre x)rdres français au chapid'e de
la Bonne Uniogb^ yalléle de Paris, en 1825, et
fût nommé , par^ la loge de ce chapitre , en
1828, son député au Grand Orient de France.
Il est né en lySS, à FéroUes, département de
Seine-et-Marne.
GÈVRES (le duc de), grand conservateur
de rôrdre, maçonnique en France*^ sous la
grande maîtrise du duc de Chartres (^voj. ce
nom) , présida un moment en cette qualité lés
travaux d'installation de la loge de la Réunion
des Etrangers, orient de Paris (vo/. Wai^ters-
. torff). Un grand nombre de visiteurs assis-
taient aux travaux, où, parmi les membres du
Grand' Oriçnt, se trouvait le trés-illustre frère
de La Rochefoucauld, grand maître des officiers
d'honneur du sénat maçonnique.
V
BIOGRAPHIE. 129
GEORGES IV, roî d'Angleterre, étant prince
de Galles , fut, en 1787, initié dans l'ordre ma-
çonnique par le ducde Cumberland, et élu, en
1790, grand maître de la grande loge natio-
nale d'Angleterre. Une médaille fut frappée à
cette dernière occasion. Le prince de Galles n'a
cessé de gouverner l'ordre qu'en 181 5, époque
où il fut nommé régent du royaume. Un de ses
frères, S. A. R. le duc de Sussex, qui, en 1790,
avait été nommé député grand maître^ fut élu
grand maître immédiatement après la démis-
sion de S. A. R. le prince de Galles , devenu
régent; et, à son exemple', il dirige personnelle-
ment les travaux. L'ordre maçonnique e^t une
des institutions les plus importantes et les plus
respectées des Anglais : c'est pour eux un hon-
neur insigne que d'y être admis. La liberté
dont jouissent les maçons en Angleterre est
telle, qu'en 1792 la loge deCiarence, à Londres,
ayant décidé que , conformément aux lois fon-
damentales de l'ordre^ elle interdisait à ses
membres toute discussion politique dans son
sein, les autres loges d'Angleterre, les loges
d'Ecosse et d'Irlande , trouvèrent que la liberté
nationale était blessée par cet arrêté, et cessè-
rent toute correspondance avec la loge de Cla^
rence.
l50 ^ BIOGRAPHIE.
GINGUENÉ (Pierre -Louis), membre de
l'Institut et de la loge des Neuf Sœurs y naquit
à Rennes en 1748» et mourut à Paris le 17 no-
vembre 1816. Il débuta dans le monde litté-
raire par un opuscule charmant, la Confes--
sion de Zulmé (1768); il touchait à peine à
son quatrième lustre. Le beau dévouement du
prince Léopold, duc de Brunswick, qui périt
en 1786 dans l'Oder, en voulant sauver de la
mort de malheureux submergés, inspira la muse
du jeune poète français; et Télégié qu'il publia
à cette occasion justifia son début littéraire, et
révéla son exquise sensibilité. Deux ans après
il se fit connaître comme prosateur par V Éloge
de Louis XII j avec Chamfort il rédigea la
Feuille Villageoise; mais la proscription révo-
lutionnaire qui frappait tant de notabilités so-
ciales l'atteignit, et ii partagea la captivité de
Roucher qui périt sur l'échafaud. Plus heu-
reux , Ginguené recouvra la liberté à la chute
de Robespierre , au 9 thermidor an n (1794)*
La carrière des affaires publiques lui fut ou-
verte sous un gouvernement moins sinistre. Il
fut nommé ambassadeur près le roi de Sardaî-,
gne, et négocia, en 1798, le traité qui rendit
la France m^ tresse de Turin. Membre du tri-
bunat, après la révolution du 18 brumaire
an vm (i799)> il fut éliminé en 1801. Gingue-
BIOGRAPHIE. l3l
Dé ne voulait pas être un législateur docile au
pouvoir qui déjà devenait despotique.
Principal rédacteur de la Décade philosophie^
que y il se borna à la profession des lettres et
publia en i8ii Ae% Fahles nouvelles ^ en 1812
des Fables inédites et autres poésies, et ^nfin un
beau moniimenl de littérature , V Histoire litté^
raire d^ Italie ^ g vol. in-S"*. Dans cet excellent
ouvrage il analyse les principales productions y
et quelquefois traduit les meilleurs fragments
des auteurs italiens.
GOUY (le comte de), capitaine de dragons,
orateur de la loge de la Candeur. Au zèle . du
vrai maçon il unissait le talent de l'homme de
lettres. Parmi ses discours, celui qu'il prononça
en 1775, en présence du sérénissime grand
maître et de la sérénissime sœur grande mai-
tresse (voy. Bourbon), est partie en prose, partie
en vers. L'auteur y fait une ingénieuse allusion
aux illustres et charmantes sœurs qui assistaient
aux travaux , et dit , en s'adressant à la nou-
velle initiée :
C'est ainsi que la vérité
A voulu parmi nous établir son empire ,
Et qu'elle a pris les traits de la beauté
Pour nous charmer et nous instruire.
l32 BIOGRAPHIE.
Le comte de Gouy est l'auteur des couplets
qui furent ajoutés à l'opéra comique de VAmi
de la maison, joué par les sœurs comtesses de
Brienne et de Salles, et par les frères vicomte
de Gaud , marquis de Gaumartin et comte
Maxime de Puységur^ à la suite du banquet où
assistaient le grand maître et la grande mai-
tresse.
lia séance de la loge de la Candeur , du 1 2
mars 1778, fut remarquable par cet incident ;
le frère orateur donna lecture d'une lettre ar-
rivée par la poste , datée et timbrée d'une
ville à trente lieues de Paris, et portant pour
suscription : A messieurs les francs -- maçons y
aux Petites-Écuries du roi, rue du faubourg
Saint-' Denis. Elle exprimait les besoins d'une
famille entière.
Aussitôt la marquise de Bercy, nouvelle ini-
tiée, fit une quête qui fut abondante et que
le frère baron de Béthune remit à cette fa-
mille , après s'être assuré de la réalité de ses
besoins. Déjà cette même loge avait fait re-
mettre précédemment par Tentremise du lieu-
tenant général de police de Lyon, président
du grand directoire écossais, une somme de
3oo liv. au caporal Vincent Bernin, qui s'était
dévoué à la mort en se précipita'nt dans le Rhône
couvert de glaces, pour sauver trois enfants qui
BIOGRAPHIE* l53
venaient d'y tomber^ 'et dont deux lui durent
la vie.
i
GREUZE (Jean-Baptiste), peintre célèbre
du dix- huitième siècle, naquit à Tournus en
1726, et mourut à Paris le 21 mars i8o5; Issu
d'une famille pauvre et obscure, il dut à Gran-
don Lyonnais , bon peintre de portraits (beau-
père du célèbre Grétry), son éducation comme
artiste; le maître et l'élève se fixèrent à Paris.
Greuze avait d'heureuses dispositions pour son
art, et il y fit de rapides progrès; V Aveugle
trompé lui valut , sur la proposition de Pigalle,
son agrégation à l'académie, dont il ne devint
jamais membre ^ par suite de la singulière va-
nité qui le porta à refuser de composer un ta-
bleau pour son admission, contrairement à l'u-
sage que suivait tous les agrégés. Il a excellé
dans les sujets de familles. Tous ses tableaux
étaient dramatiques et touchants : le Père de
famiUe^ le Paralytique , la Malédiction pater-
ternelle^la bonne Mère^ V Accordée de village ^
le Père dénaturé abandonné de sa famille , le
Gâteau des rois, la bénédiction paternelle,
le Père de famille expliquant la Bible à ses
enfants^ etc. ; tels sont les sujets qu'ib a traités
avec succès , mais qui l'ont fait surnommer le
La Chaussée de la peinture. Greuze, un peu
lS4 BIOGRAPHIB.
de vanité à part^ était un excellent homme.
La loge des Neuf Sœurs l'a compté avec plaisir
au rang de ses membres, et depuis l'époque
de sa fondation.
GROUVELLE (Pierre-Antoine) , correspon-
dant de Vlnâtituty succéda à Chamfort dans la
place de secrétaire des commandements du
prince de dondé, qui la lui retira en 1789^
par suite de ses opinions politiques. Membre et
l'un des fondateurs du club dit de 8g , il devint
secrétaire du Consçil exécutif provisoire , et fut
chargé, en cette qualité, le 20 janvier 179^,
de se rendre au Temple, et de lire au roi
Louis XYI l'arrêt de la Convention nationale
qui le condamnait à mort, ce lecture , dit Cléry,
« qu'il fit d'une voix faible et tremblante, d (1
fut envoyé en Danemarck en qualité de mi*
nistre plénipotentiaire de la république, rap-
pelé en 1794» et envoyé de nouveau en 1796,
puis rappelé en 1799. Devenu membre, en 1800,
du corps législatif, il en sortit en 1802 et y
reptra la même année. GrouveUe a été l'un des
rédacteurs de la Feuille Villageoise ^ c^ qui a
fourni à M"""" Rolland, femme du ministre de
ce nom f l'occasion de le traiter assez durement,
mais avec des expressions bien singulières pour
une femme« Médiocre en poésie et en lîttéra'»
BIOGRAPHIE. l55
ture^ nous ne citerons de ses ouvrages c[ue les
Mémoires historiques sur les Templiers ^ où Ton
trouve des faits curieux et des détails intéres-
sants. Il faisait partie de la loge des Neuf
Soeurs en i8o6.
GUERRIER DE DUMAST (Augùste-Prospei^
François) 9 avocat^ sous-infendant militaire ad-
joint, né à Nancy (Meurthe), le 36 février 1 796.
Il remporta bien jeune encore le prix proposé
par l'académie de sa ville natale pour V Éloge
de Gilbert. Sa Défense de la reine lui valut les
suffrages de madame la princesse de Salm,
quoique M. Guerrier de Dumast eût combattu
les Théories littéraires de cette illustre dame.
Une traduction de l'ouvrage romaïque connu
sous le titre de Sàlpisma pàlemisterion y a été
pour M. Guerrier de Dumast l'occasion d'uti
nouveau succès. Les Grecs en le réimprimant
ont traduit à leur tour la préface de l'auteur
français. Il a donné dans des recueils périodi-
ques différentes traductions de poésies orien-
tales, mais son principal ouvrage est un poème
en trois chants, avec des notes en plusieurs
langues, intitulé la Ma^çonnerie; cet ouvrage
d'un savant, d'un poète et d'un homme de ta-
lent, valut à l'auteur, sur le rapport de M. Le-
maire, professeur de poésie latine au collège
l36 BIOGRAPHIE.
(le France , une médaille d'or décernée par la
loge des Frères Jrtistes, où M. Guerrier de
Dumast avait reçu la lumière , et dont il était
l'orateur adjoint.
GUICHARD (Jean-François), littérateur,
naquit à Ghartrette près de Melun, en lySi,
et mourut au même lieu, où il s'était retiré
dans le& dernières années de sa vie, en 1811.
Guicbardse disait élève de Piron. U a publié,
sous le titre de Fables ^ Contes et autres poésies ,
sûmes de quelques morceaux de prose ^ 2 vol.
in- 12, qui reparurent en 1808 en un volume
A^Contes^i en un volume Ae Fables. Guichard a
donné plusieurs opéras comiques sur les théâtres
de la Foire et sur les théâtres de province. Au
théâtre Italien, à Paris, il fit jouer, en 1765, le
Bûclieron ou les Trois Souhaits, dontÀl composa
les paroles avec Cas tel , et que Philidor mit en
musique. Guichard a fait un grand nombre d'^-
pigrammes souvent acérées; et le fameux criti-
que Geoffroy a été plus d'une fois blessé par
celles qu'il a dirigées contre lui. Ce poète pi-
quant était un excellent maçon. Il appartenait à
la loge des Neuf Sœurs. Son joli conte de CJ-
mour maçon est un chef-d'œuvre dans ce genre.
GUILLAUME (Benoît-Marie-Joseph), phar-
BIOGRAPHIE. 1*57
macien^ membre de la Lég^lon-d'Honneur^ est
né à Paris le 2 septembre 1774* ^ était officier
dans la garde nationale^ et en a fait partie de-
puis 1814 jusqu'à l'époque de son licenciement
en 1836. M. Guillaume s'est montré, lorsque
Paris était menacé par les puissances coalisées,
un généreux citoyen. Son établissement, situé
non loin de la barrière du Trône, a fourni à
nos soldats blessés de prompts secours, j3ar la
plus rigoureuse saison, aiî mois de février 1814,
et son honorable propriétaire y ajouta, le 3o
mars, une ambulance qui fut de la plus grande
utilité. La récompense des braves et des hom-
mes de mérite, la croix de la Légion-d'Honneur,
lui fut donnée par le roi Louis XVIIL Le 3o
novembre 1817, en deux heures dé temps, un
affreux incendie réduisit sa pharmacie en cen-
dres : c'était toute sa fortune et celle de sa fa-
mille; mais ses confrères, et surtout les gardes
nationaux vinrent spontanément lui ofiFrir les
moyens de réparer ses pertes : juste récom-r
pense de ses dignes services. Ce philanthrope
citoyen appartient à la franc-maçonnerie^ Reçu
en 18 18 dans cet ordre célébré par la loge des
Sept Écossais y il est parvenu aux plus hauts
grades et député de plusieurs loges ; il est offi'
cier du Grand Orient depuis 18:26.
l38 BIOGRAPHIE.
GUYOT DES HERBIERS (N.), avocat^ juge
au tribunal civil de Paris ^ membre du conseil
des cincp-cents en 1798^ et membre du corps
législatif après la révolution: du 18 brumaire
an vin (1799). Depuis la restauration du gou-
vernement royal 9 en 18149 il est avocat à la
cour royale. M. Guyot des Herbiers a cultivé
la poésie; on lui doit une foule de Madrigaux y
un poème sur les Chats y et un poème sur les
Heures. Il était membre de la loge des Neuf
Sœurs à l'époque de sa réorganisation en 1806.
H.
^ HARNOUESTER ( lord comte d' ) succéda ,
en 1736, à lord Dervent-Waters {voj. ce nom)
en qualité de grand maître de l'ordre franc-ma-
çonnique en France. Son élection fut faite par les
quatre seules loges qui existassent alors à Paris.
Le docteur Ramsay ( voy. ce nom ) remplissait
les fonctions d'orateur. Sur la fin de 1737 y lord
d'Harnouester^ étant au moment de retourner
dans sa patrie ^ convoqua les loges en une as-
semblée générale pour l'élection de son succes-
seur. Le roi en fut informé , et déclara que si
le choix se portait sur un Français ^ il le ferait
mettre à la Bastille. Le duc d'Antin fut élu; le
roi ne réalisa pas ses menaces. ( Foj. Antin. )
BIOGRAPHIJ^. l39
HÉCART (Gabriel^Antoine-Joseph), litté-
rateur, secrétaire de la mairie de Valendennes,
est né dans cette ville le 24 t^^^ lySS. Les
biographies des Contemporains et des ffornmes
vivants donnent, quoique d'une manière in-
complète, la nomenclature de ses ouvrages,
dont vingt-deux ont été imprimés et sont deve*
nus très-rares.
Il s'est beaucoup occupé, comme franc -ma-
çon, de la société à laquelle il appartient; son
porte-feuille est riche de n^atériaux sur cet ol\jet
important, et il est à désirer qu'il les mette
bientôt au jour.
On doit à ce frère la découverte d'un docu--
ment historique curieux, duquel il résulte que
vers la fin du mois de. février 1785, les francs-
maçons de Yalenciennes ont donné une fête
publique aux dames de cette ville, et que le
6 avril suivant les citoyens donnèrent aussi une
fête aux mêmes dames et aux françs<maçons qui
les avaient devancés dans cet acte de galanterie..
HELVÉTIUS (Claude- Adrien),, fils d'un
médecin , membre de l'Académie des Sciences,
naquit à Paris en 1716, pt mourut en l'jji^
Fermier général pendant treize ans , il résigna
son office , acte qui lui valut ce compliment de
M* de Machault, contrôleur général : « Voua
l4o BIOGRAPHIE.
it r/êles*donc pas insatiable comme vos con-
(f frères? » Four obéir au vœu 4e sa famille,
il acheta la charge de maitre-d'hèt^l de la
reine; mais cette fois, après un exercice de
peu de durée, il fut obligé de s'en défaire,
parce que son immortel ouvragé de l^ Esprit lui
attira les censures de M. de Beaumont , arche-
vêque de Paris, de S. S. Clément XIII, et du
parlement; et même ce joli trait d'esprit de
M. de Buffon , homme ordinairement grave et
superbe, u L'auteur, dit-il, aurait du faire un
m bail de plus avec les fermes et un livre de
(f moins. » Avec tous les philosophes , Helvé-
tius eut encore madame du Défiant, qui le ven-
gea par un itiot qui circula dans tous les cercles :
(c M. Helvétius, dit-elle, s'est fait des ennemis
w pour avoir révélé le secret de tout le monde. >i
On prétend que M. de Bufibn fut très^-humilié
du rôle qui le plaçait au-dessous d'un« femme.
Le livre de l* Esprit parut sous le voile de l'ano-
nyme en 1758, in-4^ Il attira mille chagrins
à son auteur, et força un honnête homme à
trois rétractations : c'était la position de Gali-
lée devant des juges ignorants. Ce livre cepen-
dant porta le nom de son auteur dans toute
l'Europe. Helvétius, s'étànt rendu en Angle-
terre , fut accueilli avec distinction par le roi.
Frédéric II voulut le voir, et le logea dans son
^ BIOGRAPHIE. ^ l4l
palais. Ce sage s'était marié à mademoiselle de
Ligneville, nièce de madame de Graffigny,
auteui^ des Lettres d'une Péruvienne. Jamais
les vertus des deux sexes n'avaient contracté
une «i heureuse alliance, et l'équitable posté-
rité paie à ce couple parfait un égal tribut
d'admiration. Helvétius se retira dans sa terre
de Vozé. Il y fut le bienfaiteur généreux, le
père tendre de ses fermiers : ireilcourage leurs
travaux, fait fructifier l'agriculture, établit
nne manufacture de bas, fixe près de lui, pour
les malades, un médecin qui leur donne des
soins gratuits, et leur distribue des secours et
des médicaments; enfin il aide de sa bourse tous
ceux qui souffrent des mauvaises récoltes ou
éprouvent d'autres pertes. Sa société est embel-
lie de tout ce que l'Europe a de plus distingué
parmi les étrangers )et les nationaux; et, quand il
meurt, l'amitié et la reconnaissance lui don-
nent les plus touchants regrets.
Helvétius était franc-maçon; il est l'un de
de ceux qui ont fondé la célèbre loge des Neuf
Sœurs. ( f^oj* Voltaire. )
HÉNIN DE CUVILLERS (Étienne-Félix,
baron d'), ancien diplomate, maréchal de
camp, officier de la Légion-d'Honneur, cheva-
lier de Saint-Louis, membre de plusieurs so-
lA2 BIOGRAPHIE.
■ f
ciétés savantes , est né à Balloy, département
de Seine-et-Marne, le 2j avril 17.55. Le baron
d'Hénin de Cuvillers, après avoir fourni hono-
rablement sa carrière politique et militaire , a
voulu cueillir les palmes des gens de lettres , et
l'a fait avec un succès flatteur, en combattant
le magnétisme et les jésuites, sur lesquels il a
composé des ouvrages en assez grand nombre.
Il a aussi écrit sur l'ordre du Temple et sur
Tordre rnaçonnique, dont il est membre. Ces
dernières productions se ressentent un peu de
la précipitation que cet estimable chevalier et
frère a mis dans son travail. Il le reverra dans
de nouvelles éditions; et les deux associations
n'auront qu'à se féliciter de compter dans leurs
rangs un homme que recommandent son mérite
et ses vertus. Il a été reçu maçon en 1779, rose-
croix en 1780, 5i*en 1804^ etSn* en 18:27.
HENRION DE PANSEY (le baron ) , conseil-
ler d'État, premier président de la cour de cas-
sation, commandeur de la Légion--d'Honneur et
chevalier de Saint-Michel, est né à Pansey,
près de Joigny, en 1752. Il fut reçu avocat au
parlement; mais en 1775 il était encore sans
clientelle. Jusqu'à cette époque , il avait cultivé
les lettres comme une honorable consolation , et
mit au jour YÉlogede Dumoulin et Y Éloge de
BIOGRAPHIEé 1^5
Mathieu Mole; il avait aussi publié un *Afe-
moire pour un nègre qui réclamait sa liberté :
travaux graves et dignes d'estime, mais qui ne
le retiraient pas de cette obscurité si fatale au
mérite, et qui a étouffé tant de talents divers à
leur naissancTe.
Elle cessa enfin. En 1775, son Traité des fief s
fixa sur lui l'attention • et dès ce moment il fut
surchargé d'affaires. Ce fut comme avocat con-
sultant qu'il soutint sa renommée. La révolu-
tion apporta quelques changements à ses tra-
vaux ordinaires. Il devint administrateur de son
département, et échappa ainsi aux grands mou-^
vements politiques. Le gouvernement consu-
laire , qui recherchait tous les hommes de mé-
rite, le plaça au tribunal, depuis cour de
cassation, dont il devint un des présidents;
l'empereur le nomma conseiller d'État; le gou-
vernement provisoire, en 1 8 14 > ministre de la
justice; le roi actuel, S. M. Charles X, premier
président de la cour suprême , ^près la mort de
M. Desëze ^ qui n'a précédé la sienne que de peu
de temps. Après une longue et douloureuse ma-
ladie, M. Henrion de Pansey est mort à Paris
le ^5 avril de cette année (1829).
U a publié, à diverse^ époques de sa vie:
Traité de la compétence des Juges de Paix ;
Traité de V autorité judiciaire dans les gour-
l44 BIOGRAPHIE.
i^ernements monarchiques ; Traité du poussoir
'municipal avec les tribunaux; Traité des biens
communaux. Membre de l'ordre maçonnique
à celte époque où il cherchait dans la littéra-
ture et les sociétés distinguées des dédomma-
gements moraux à l'oubli de ses concitoyens^
il était, en 1774» membre du Grand Orient de
France, en qualité de député de la loge des
Frères zélés ^ orient de Lîgny en Barrois.
HOUDON (N. ), sculpteur, membre de l'Ins-
titut, chevalier de laLégion-d'Honneur, naquit
à Versailles en 1741 f et mourut à Paris le 16
juillet 1828. Le frère de La Dixmerie passant
en revue, dans son Mémoire pour la loge des
Neuf Sœurs , les principaux membres de cet
atelier, dit, en parlant d'Houdon : a Moderne
« Phidias, dont le ciseau magique imprime à
(c son choix tantôt la mollesse et les grâces de
(( la beauté , tantôt la vigueur et le feu du
« génie. » Cet éloge, accordé par un homme
de goût, et dont le temps a confirmé presque
tous les jugements et les prévisions, est très-
flatteur pour l'artiste qui , jeune alors , ne don-
nait que de belles espérances. Elles se sont réa-
lisées, et le nom du frère Houdon est depuis
long-temps inscrit parmi ceux des sculpteurs les
plus distingués de l'école française. Voltaire,
BIOGRAPHIE.. 145
Thomme du siècle^ à quatre-vingt-quatre ans ,
^Q illustre frère ^ a été pour lui , comme artiste,
Uobjet d'une étude constantei II l'a représenté
à tous les àgesy en buste , debout et assis; Le
buste jouit d'une ré'putation universelle. Le
petit modèle de Voltaire assis (on sait que l'ori-
ginal en grand çt en marbre décore le péristyle
du Théâtre-Français depuis 1781 ), est dans le
cabinet de tous les amateurs. La statue en pied ,
qui parut à l'une des expositions du Louvre, sous
le gouvernement impérial, n'obtint pas l'una-
nimité des sufFrages; c'était plus la faute du
modèle que celle de l'artiste. Tout est vérité
dans cette statue; mais il faut avouer qu'un
vieillard fort maigre , comme était Voltaire, ne
pouvait être une représentation bien gracieuse ;
aussi les artistes ont plus admiré cet ouvrage,
que les gens du monde qui cherchent des formes
agréables;
Le détail de Ses nombreux ouvrages se trouve
dans toutes les biographies, ce qui nous dis-^
pensera d'en parler.
Il concourut, en 1806, à la reprisé des tra-*
vaux de la loge des Neuf-Sœurs^ qui avaient
cessé pendant les troubles de la révolution.
HOUEL ( J.-P.-L.-L. ) , peintre et graveur,
naquit à Rouen vers 1755 , et entraîné par son
Il . I o
l46 BIOGRAPHIE*.
goût pour les beaux- arts^ alla les étudier en
Italie. A son retour, il publia le fruit de ses
études sous le titre à^ J^ojage pittoresque de
Sicile, de Malte j et de Lipard^ renfermant deux
cent soixante-quatre planches, dessinées et
gravées par lui , et qu'il a accoiftpagnées d'un
texte dont il est également l'auteur. Paris, 4 vol.
în-folio, 1782-1788.
Houel avait été reçu agrégé à l'acaclémie de
peinture comme peintre de paysages. Il mourut
à Paris le 14 novembre 181 ?• Cet honorable
artiste était membre de la loge des Neuf-
Sœurs.
J.
JAY (Antoine) , avocat et hon^me de lettres,
est né dans le département de la Gironde, Iç
20 octobre 1770. Il commença ses études chez
les oratoriens, au collège de Niort, et les ter-
mina à Toulouse. Sa carrière politique s'ouvrit
en l'an iv de la république; il fut administra-
teur du district de Libourne; mais bientôt il
se rendit aux États-Unis d'Amérique, où il
passa sept ans, et revint en France en 1802*.
Fouché, ministre de la police, qui avait été son
professeur au collège de Niort , lui confia la
surveillance de l'éducation de ses enfants. Mais
la profession des lettres était le but que se pro-
BIOGRAPHIE. 147
posait IVL Jay^ et il se fit connaître par le Ta^
bleau littéraù'e du dix-huitième siècle y Paris ,
1810, que traduisit en allemand^ uu professeur
de rUqiversité dléna. Cet ouvrage fut suivi de
\ Éloge de Montaigne. En. iSia, M. Jay devint
rédacteur en chef du Journal de Paris, et pu-
.blia, en 181 3, le Glaneur ^ ou Essais de JVico^
las Freeman, un volume ia-8®. La même année
il fit un Cours d^histoire à TAthénée de Paris.
En lôtS, il mit au jour Y Histoire du ministère
du cardinal Richelieu^ d«ux volumes in-8° , tra-
duite en allemand par M. L. A. Hesse. Pendant
les cent jours (181 5) , le département de la Gi-
ronde nomma M. Jay membre de la. chamhrie
des représentants. Les principes constitutionnels
que professa le nouveau député^ le firent re-
marquer. Ses collègues le chargèrent de rédiger
l'adresse que la chambre avait votée à l'armée
française, alors campée sous les murs de Paris,
et il fut l'un des membres chargés de la porter
au quartier^général. Sous k gouvernement royal
il concourut à la rédaction de la Mine^e fran^
çaise, et à la rédaction du Constitutionnel ^ à
laquelle il est resté attaché. Il est l'un de$ qua-
tre auteurs de la Biographie nouvelle des con^
temporainsj 20 volumes in-8°y 1820- 1825. Il
avait publié, en 1817, J^oyage au Brésil ^ de
Kosler, et en 1821 , Notice sur Fabbé Rajnal;
l48 BIOGRAPHIE.
l'un des candidats constitutionnels de Paris,
aux élections de 1827, il s'est volontairement
retiré pour faire porter tous les suffrages sur
son compétiteur : désintéressement digne de la
cause que M. Jay sert avec tant de zèle. Mem-
bre, puis président de la loge du Mont-Thahor^
orient de Paris, il est depuis plusieurs années
ofBcier du Grand Orient de France.
JOSÉPHINE (Rose Tascher de La Pagerie),
veuve du général vicomte de Beauharnais,
première femme de l'empereur Napoléon, im-
pératrice des Français «t reine d'Italie, naquit
à la Martinique , le 24 juin 1763, et mourut à la
Malmaison, près Paris, le ^ mai 1814, dans la
tîinquante-unième année de son âge. Elle eut
deux^nfants de son premier mariage, Eugène et
Hortensèj qui, par les dons brillants qu'ils
tenaient de la nature, ajoutèrent au bonheur
de leur mère, et la consolèrent dans ses hautes
infortunes. Le vicomte de Beauharnais avait,
l'un des premiers, adopté les principes du nou-
vel ordre de choses, et soutenait à la (été de
l'armée du Rhin la gloire du nom français.
Rappelé à Paris au plus fort de l'anarchie révo-*
lutionnaire,'il fut arrêté avec sa femme et périt
sur l'échafaud. Joséphine ne dut la vie qu'à l'é-
tat de saisissement que lui causa cet événement
BIOGBAPHIE. l49
affreux. Tallien parvint à lui faire rendre la li-
berté. Le i5 vendémiaire eut lieu. Le jeune gé-
néral Bonaparte^ couvert des lauriers de la vic-
toire, obtint la main de la veuve du général
Beauharnais^ et la France entière approuva
cette union; que n'a-t-elle été éternelle! Le
général est nommé premier consul, et bientôt
empereur. Mais privé d'un héritier direct, il se
plaint à ses courtisans , et ceux-ci lui conseillent
une nouvelle alliance; Napoléon repoussa long-r
temps la funeste idée politique de se séparer
d'une femme qui lui était toute dévouée ; « C'é-r
« tait y disait ce prince , la plujs aimable et li^
« meilleure des femmes. » Mais, d'impérieuses
et trop funestes considérations politiques brisent,
des liens sacrés, et ce coup frappe autant celui
qui l'ordonne que celle qui en est l'objet. La
séparation est décidée, et Joséphine la supporte
avec un courage héroïque. Ses enfants, qui
avaient été généreux et désintéressés comme
elle, la supplièrent de se choisir une retraite
à l'étranger, et offrirent de la partager avec
elle. « Non , dit Joséphine, le sacrifice ne serait
f< pas assez grand : que Tancienne épouse de
« l'empereur soit sa meilleure amie. »
Retirée à la Malmaison elle érigèace beau lieu
en temple des arts; elle y réunit surtout la plua
belle cpllectiou. d^ plantes exotiques que la
l5o - B10GRA.PHI^.
France eût encore possédée. La haute estime
dont elle jouissait n'était pas concentrée dans
la France : le prince régent, aujourd'hui S. M.
Georges IV, avait donné l'ordre, malgré la
guerre qui existait entre l'Angleterre et la
France, de laisser pa:sser tous les envois qu'on
lui faisait des divers points du globe. Amie de
tous les hommes de mérité , et surtout des sa-
vants et des artistes'^ elle imprima dans tous
les cœurs généreux des sentiments qui ne se
sont jamais effacés : elle les retrouva fidèles
au temps de ses douleurs domestiques comme
dans les calamités politiques qui frappèrent
la France, l'empereur ei ses enfants; noble
échange de sentiments qui font leur«mutuelle
çloîre, et consolent l'humanité si cruellement
outragée dans les secousses fies révolutions,
cf Joséphine ne se mêle jamais de politique , u
disait Napolé(^n. En effet, elle ne se mêla ja-
mais que de bienfaisance et d'humanité. Elle
avait fait donner une pension ^à la nourrice du
dauphin, et une pension alimentaire à Tallien,
. qui était sorti pauvre des fonctions publiques.
Elle fit aussi rendre à une foule d'émigrés leurs
biens, ou leur fit accorder des secours considé-
rables. Avant d'être proscrite avec son premier
épdôx, elle arracha à la mort M*"" de Bethisy ;
dans la conspiration contre l'empereur, c'est à
BIOGRAPHIE. l5l
JoséphiDe que MM. de Polignac et de Rivière,
condamnés à mort avec Georges Cadoinjal, fu-
rent de ne point monter sur l'échafaud. Dans
la prospérité comme après son él^oignement du
trône , elle accorda aux arts et à l'industrie les
plus grands encouragements. Elle rendit^ au
rapport de tous ceux qui l'entouraient , l'abon-
dance aux premiers artistes^ aux plus humbles
artisans; et Napoléon dit, en parlant des dé-*
penses personnelles qu'elle faisait en leur fa^
veur : « 11 était impossible de fixer ses comptes;
u elle devait toujours. » En 18149 les alliée
étant maîtres de Paris , l'empereur Alexandre
alla plusieurs fois à la Malmaison visiter l'im-
pératrice -reine. Le- roi de Prusse s'y rendit
aussi ..Le jour où le prince arriva, Joséphine
était indisposée ; elle surmonta ses souffrances
et parut, mais presque aussitôt elle dut se re**
tirer. Il serait impossible de peindre le dou-
loureux effet qu'avait produit sur l'âme de l'im-
pératrice Joséphine la déchéance de, l'empe-
reur : w Pourquoi, s'écriait- elle, dans une
« sorte de délire, ai -je consenti à ce fatal di-
te vorce? Napoléon est malheureux et je ne
« puis l'être avec lui ! » Son cœur était brisé
par les lâches calomnies des feuilles publiques
du temps. ^ On l'accuse faussement, disait-
H elle; qui peut savoir mieux que moi le con*
l5il BIOGRAPHIE.
« traire de ce qu*on lui reproche ? w CeUe
qui montra tant de courage dans ses malheurs
personnels ne put supporter ceux d*an homme
qui lui avait toujours été cher. Son sang s'en*
flamma^ les premiers médecins de Paris furent
appelés; l'empereur Alexandre lui envoya son
premier médecin : mais l'impératrice Joséphine
était frappée au cœur!.... Elle succomba lé troi-
sième jour de sa maladie dans les bras de ses
enfants. Dans le délire qui précéda sa mort, on
entendit pour toutes paroles : l'île d'Elbe.....!
Napoléon ! La calomnie se tut : la France en-^
tîère pleura Joséphine; les habitants de Ruçl,
témoins de ses vertus journalières, la regar-^
daient comme une autre Providence. Le ser-*
. vice funèbre fut célébré dans l'église de cette
commune. Un digne prêtre, monsieur l'arche-p
vêque de Tours, prononça l'oraison funèbre en
présence d'une foule de personnages distingués
accourus pour lui rendre les derniers devoirs ;
l'empereur Alexandre y assistait, représenté
par le général Saken, gouverneur de Paris pour
les souverains alliés. Un tombeau de marbre,
élevé par ses enfants dans l'église de Ruel ,
atteste leur tendre piété, et rappelle à tous les
cœurs généreux qu'il renferme les cendres d'une
femme que l'on nomma si long -temps l'ange
gardien de la France et la mère des mal heu-
BIOGRAPHIE. l53
reux^ Dans ce bien faible tribut nous avons es-
sayé d'êlre les interprèles des francs-maçons de
France dont Joséphine admira la noble institq-'
tion. Elle les aimait et les protégeait. Joséphine
est la première souverainie qui ait paru à leurs
assemblées. Dans le voyage qu'elle fit à Stras-
bourg en i8o5^ elle assista à la loge d'adoption
que donita dans cette ville la loge dès Francs
Cluevaliersy orient de Paris, réunie aux loges de
Strasbourg. La loge était présidée par madame
la baronne de Detrich, femme du maire, grande
maîtresse titulaire. L.'impératrice vit admettre
aux mystères de l'initiation maçonnique sa
dame d'honneur, madame de Canisy, qu'elle
avait elle-même désignée. Jamais., peut-être ,
loge d'adoption ne fut plus brillante; la ville
entière prit part à cette solennité maçonnique,
dont la partie mytérieuse lui fut seule dérobée.
La loge de Sainte^ JosépJiine , orient de Paris,
et la loge de Joséphine ^ orient de Milan, doi-
vent leur nom à cette auguste sœur.
JEANROI (Dieudonné), docteur régent de
la Faculté de Médecine de Paris, et médecin
consultant du roi, naquit à Nancy en lySo.
Neveu d'un médecin distingué qui fut, avec
Vicq-d'Azir et quelques autres savants, fonda-
teur de la Société royale de Médecine, îlsui-^
l54 BIOGRAPHIE.
vit 80US sa direction ses ëtudes médicales, et
se distingua bientôt dans la pratique de cet art.
Le gouvernement le chargea, en 1788, de
se rendre à Dinàn pour y détruire l'épidémie
qui s'était déclarée parmi les prisonniers an-
glais qui étaient détenus dans cette ville. Il se
rendit msiitre du fléau, mais lui-même en fut
atteint. Paulet et Lalouette , ses confrères , le
soignèrent et l'aidèrent dans ses fonctions dont
la force du mal avait pu seule l'éloigner. Jean-
roi était un praticien habile et infatigable. Il
ne quittait pas le lit des malades , obtenait des
cures jugées impossibles , et soignait les pau-
vres avec une sorte de prédilection ;
On lui doit, comme auteur, 1° Quœstio me-
dicay an remediàrum etiam empiricorum adlù-'
bitio dogmatica? 1774» in-4*'; 2** Premier mé-
moire sur les Maladies qui ont régné à Dinan
en Bretagne y en 1779, inséré dans les Mémoi-
res de la Société royale de Médecine (1779);
5° Observations sur ^Obstruction du pjlore ;
4** des Expériences , des Rapports dans les
Mémoires de la Société; 5° Enfin dans V Ency-
clopédie méthodique , les articles Coqueluche ,
Croûte de laitj Achores ^ etc. Il mourut le 27
mars 1816.
Le docteur Jeanroi était en 177g, et suc-
cessivement jusqu'en 1789, membre du Grand
BIOGRAPHIE. l55
Orient, en qualité de député de la loge de la
Sagesse^ orient de Valence.
L.
LALANDE (Jérôme-Joseph Le Français de),
membre de* l'ancienne Académie royale des
Sciences et de l'Institut impérial , chevalier de
la Légion-d^Honneur dès sa création > est né à
Bourg en Bresse, le ii juillet 173:1. C'est l'as-
tronome français le plus savant et le plus con-
nu ; c'est un des maçons les plus distingués de
l'orient de Paris, et Tun de ceux qui lui ont
rendu la plus de services.
La vie du savant, qui fut membre de l'Aca-
démie royale des Sciences en 1753, n'ayant pas
vingt-un ans, et qui devint membre de toutes
les académies de l'Europe , n'est pas de notre
ressort; celle du maçon, très-belle, très-remar-
quable, pourrait fournir des développements
que notre cadre trop borné nous force de res-
treindre , quelque regret que nous en éprou-
vions. Membre, puis dignitaire de l'ancienne
grande Loge de France , il est l'un des fonda-
teurs du Grand Orient, dont il a été successi-
vement officier dignitaire et officier d'honneur.
Il présidait la loge des Neuf Sœurs lorsqu'elle
eut le bonheur d'initier Voltaire aux mystè^
il56 BIOGRAPHIE.
res maçûiiDiques ; il présida la cérémonie fu-
nèbre par laqlielle cet atelier se rendait Tor-
gane du deuil général que causait la perte de
ce grand homme.
* Historien de l'astronomie, Lalande a été aussi
notre premier historien comme maçon dans son
Mémoire sur les progrès de U Ordre maçonnique
en France; il est aussi l'auteur de l'article
Franc-maçon dans V Encyclopédie y et ce fut lui
qui y en qualité de grand orateur du Grand
Orient dans sa chambre d'administration , pro-
nonça , le 22 août 1774; le discours d'inaugu-
ration du nouveau teçiple maçonnique de la
rue du Pot-de-fer. En i8o5, cet illustre frère
étant à Lyon , toutes les loges de cet orient se
réunirent pour lui donner une fête brillante.
Il mourut doyen des astronomes français , le 4
août 1807.
LABLÉE (Jacques), littérateur, est né à
Beaugency le 26 août 1761 . Il était avocat au
parlement de Paris, et comme il embrassa les
nouvelles opinions politiques, toutefois avec
modération, il devint, en 1790, officier muni-
cipal et l'un des soixante administrateurs de la
commune. En 179?, il fut nommé administra-
teur général des subsistances militaires, et en
1798, contrôleur général des services de la
BIOGRAPHIE. 167
guerre dans la S"" division militaire; il passa
ensuite dans Tadministration des droitsf réunis.
M. Labiée s'était déjà fait connaître par des
poésies et des romans. 11 atteignit paisiblement
la restauration royale^ et en 1814 il reçut du
roi Louis XVIII la croix de la Légion-d'Hon-
neur et une pension de 1,200 fr. pour avoir,
étant président de la section du Luxembourg,
dissipé un attroupement qui voulait se porter
dans les appartements de Monsieur y depuis
Louis XVIII , pour empêcher ce prince de
quitter Paris.
M. Labiée est maçon, et lors de la réunion
des deux anciennes grandes loges de France ,
en^ 1799 , il se fit remarquer, à la fête qui eut
lieu à cette occasion, par un cantique où se .
trouvent plusieurs belles strophes.
LACÉPÈDE (Bernard-Germain-Étîenne de
La Ville , comte de) , naquit à Agen le 16 dé- ,
cembre 1756. Il voulut d'abord, par égard pour
sa famille, embrasser la profession des armes;
mais bientôt, maîtrisé par son penchant pour
l'étude des sciences , il étudia l'histoire natu-
relle et devint l'élève de Buffon et de Dâuben-'
ton , qui le firent nommer garde des cabinets
au Jardin du Hoi. La révolution le surprit dansr
ce poste modeste ; mais déjà il avait acquit de
l58 BlOQRAPHIEé
la célébrité; et par plusieurs ouvrages, dont
nous rappellerons les titres plus bas , annoncé
que Buffon aurait un digne continuateur. Lan-
cé dans la carrière politique, il y acquit aussi
une bien honorable distinction. Membre de
l'Assemblée législative , et son président le :28
novembre 1791, il prévit les orages qui n'é-
clatèrent que trop tôt , et après la session il
retourna à ses éludes scientifiques. Il devint
membre de l'Institut en l'an vi, et fut chargé
d'organiser l'expédition du capitaine Baudin.
Deux jeunes gens , qui depuis ont mérité une
haute estime, MM* Bory de Saint-Vincent et
Pérou, lui durent l'honneur de faire partie de
l'expédition. A l'époque de l'établissement du
gouvernement consulaire, il devint membre du
Sénat conservateur, et en 1801, président de
ce corps. En i8o3 il fut nommé grand chan-
celier de la Lé^ion-d'Honneur; en 1804, titu-
laire de la Sénatorerie de Paris; et en ido5.
grand-aigle de la Légion. Membre du Grand
Conseil et président du Sénat, il portait la
parole dans toutes les occasions solennelles et
fréquentes de l'empire, et, le 12 janvier i8i4,
il eut le courage de faire entendre à Napoléon
le vœu que l'empire formait pour la paix à
quelque prix que ce fut.
Le gouvernement provisoire, à cette époque
BIOGflAPâlE. 169
de revers , lui relira la grande chancellerie
pour la donner momentauëment à M. de Pradl.
Le roi le nomma, le 4 juin de la mèDàe année^
membre de la Chambré des pairs, où le main-^
tint IN^apoléon pendant les cent jours en i8i5^
et dont l'exclut l'ordonnance royale du 24. juil-
let (i8i5), mais où il rentra ensuite. La vie
de M. de Lacépède fut des plu» occupées. Il
suffisait à tout y et ne négligeait pas, ^n faite
des grandeurs, les sciences et- la littérature.
C'était l'homme le plus désintéressé et le
plus généreux. Légionnaires, veuves , orphe-
lins-, il obligeait, il. servait tous ceux qui
avarient recours à lui. Un employé de ses bur*
reaux est en proie à une profonde mélancolie , il
l'apprend, et lui fait remettre lô^coo fr. L'em-
ployé, les larmes aux yeux,, vient le remercier,
et lui demande à quelle époque il pourra s'ac-
quitter. M. de Lacépède lui tend une main
affectueuse , en lui disant ce peu de mots^ :
« Monsieur, je ne prêle jamais..... >i .
Dans ses ouvrages, M. de Lacépède montre
constamment des vues profondes et un style
élégant. Il n'a en quelque sorte ^échoué que
dans deux romans où il avait peint les malheurs
de quelques membres de sa famille : EUwal et
Caroline f 2 vol. in-12 , et Charles d^EUival et
Caroline de Florentino ^ 5 vol. in-î2. Ses prin-
l60 BtOGRAPlilË^
cipaux ouvrages sont : i*" Essai sur VÉlectri^
cité naturelle et artificielle^ 1781 , 2 vol. in-S**!
2* Physique générale et particulière^ 2 vol.
ia-8% 1 782-1 784; 3** la Poétique de là musi-
que , 2 vol. in-8**, 1785; 4** Éloge du duc de
Brunswick f 1786; 5® Histoire naturelle dès
Quadrupèdes ou Ovipares ^ in-4^ et 2 voL in-8**,
178,8; & Histoire naturelle des Reptiles, in-4**
et 2 vol. in-i2, 17819; 7** Éloge historique ' de
Daubenton, 1790; 8° f^ues sur renseignement
public, 1790; 9** Histoire naturelle des Pois-
sons, 5 vol. irt-8**, 1 798-1803; lo* Discours
d^ouverture des Cours du Muséum d^istoirè
naturelle , formant un volume très-recherché;
ti"* enfin une Histoire générale, physique et
civile de V Europe , depuis les dernières années
du cinquième siècle jusque vers le milieu du
dix-huitième^ Paris, 18 voL in-8', 1826. Il a
donné des Notices sur V ander monde , Montes-^
quieu , etc. ; composé des symphonies et des
sonates ; travaillé au Dictionnaire des Sciences
naturelles, au Magasin et à la Revue encyclo--
pédique, au Muséum d'Histoire naturelle, etC;
Le comte de Lacépède mourut le 6 octobre 1825.
Une édition des Œuvres complètes de M. le
comte de Lacépède, 10 volumes in-8', dirigée
par M. Desmarets, a été annoncée en 1826. Ce
savant célèbre, cet homme de bien était franc-
BIOGRAPHIE. x6i
maçon. Il suivait les travaux maçomïiques avec
zèle y et a présidé souvent des lojges de Paris et
le Grand Orient de France, tant sous l'empire
que depuis la restauration.
LAGARDE (le baron Joseph- Jean)', né tt
Narbonne, le îi mai lyBS, fut reçu avocat au
parlement de Flandre en 1776, conseiller du
roi au bailliage de Lille en 1788, et .exerça
des fonctions publiques dans son départernént
jusqu'au i5 brumaire an iv, époque où il de-
vint secrétaire général du directoire exécutif.
Ces fonctions ayant cessé par suite de rétablis-
sement du gouvernement consulaire, M. La-'
garde fut nommé, le ^20 brumaire an x, pré-*
fet du département de Seine-et-Marne , baron
de l'empire le i5 août 1809, ^^ i*évoqué de sa
préfecture en 1810, par suite de prétention et
de quelques intrigués qu'il n'a jamais pu dé-
joaer. Il avait ét^ nommé membre de la Légîon-
d'Honneur lors de la création de cet ordre.
Zélé maçon, il a été pendant plusieurs années
secrétaire de h chambre d'administration du
Grand Orient. Les procès -verbaux imprimés
renferment, outre ses comptes rendus , diverses
piècesde poésies maçonniques de sa composition .
LASALLE (Antoine-Charles-Louis, comte
n. II
]63 BIOGRAPHIE.
de),généredde division^ grand officier dq la
liégion^d'Honneup, chevalier de la Couroime*-
de-Fer, cheyaUer.des ordres de Bavière^ naquit
à MetZ; le lo mai ij55. Le plus beau caractère^
la plus héroïque bravoure, l'esprit le plus heu-
FeuK, la.plus nùhhd et la plus vive sensibilité ,
rappellent daps le géniéilal Lasalle 1^ héros
d'^pipère, les paladins de l'antique chevalerie,
et cea guerrîersi illustres dont Plutarque nous
a transmis les vies admirabbs.
Lajsalle se distingua parmi le» guerriers fran-
çais que 'l'Europe moderne a vus se dessiner
taiit de fois poa.r réaliser les fictions des poètes
et les mo^èjl^s posés pu rappelés par les-histo^
riens. L^ privilège de la naiâsance le place
avant la révolution, à peine âgé de dix ans,
cotome officier dans le régiment d'Alsace. La
révolution détruit le privilège, et le jeune La^
salle perd avec joie \m titre iju'il ne dpit point à
lui-même. Elle le voit entrer comme simple
soldat dans un régiment de chasseurs; elle le
voit, après une action d'éclat à l'armée du nord,
repousser lesépaulettes qu'on lui offre; elle le voit
enfin , à dix-neuf ans , accepter avec pudeur ce
grade que lui oat mérité de nouveaux services î
Dans la campagne d'Italie , à la bataille de Ri-
voli , il enlève de vive force un plateau qui do-
mine la plaine et que lui dispute sans succès une
BIOGRAPHIE. l65
foule d'ennemis. Rentré avec les étendards,
gages de son courage et de son succès , il est en
présence de ce général Bonaparte, qui commen-
çait à ébranler le globe, w Reposez-Toiïs sur ces
u drapeaux, Lasalle, vous l'avez bien mérité,
i< lui dit le général en chef^ qui Savait si bien .
(c apprécier les braves, n
Pendant cette campagne , Lasalle , un mo-
ment prisonnier de Wurmser , est brusque-
ment questionné par le guerrier ennemi, u Quel
M âge a Bonaparte? » Le jeune prisonnier,
brusque lui-même dans sa réponse , dît : « L'âge
ce qu'avait Scipion quand iHainquitÀnnibal. n
U fit partie de l'expédition d'Egypte et était
avec cette cavalerie française qui, sans le se-
cours de l'infanterie^ se mesura pour la pre-
mière fois au combat de Salahyen avec les M a-
melucks.
A cette -époque , le colonel d'Estrées, «on
ami^ est blessé mortellement; ce colonel avec
Lequel, lié de la plus tendre amitié, il mettait
vingt fois par jour le sabre à la main pour l'at-
taquer ou se défendre contre lui. Des^Arabes
transportent ce blessé, et Lasalle a juré de ne
le pas quitter. Un moment il est forcé de s^ab-
senter : les Arabes le croient parti sans retour
et se disposent à enterrer le moribond. Lasalle
revient, les Arabes fuient; il court après eux,
l64 BfOGRAPHIE. '
les ramène^ et seul, malgré leur nombre, illes
force à reprendre leur précieux fardeau. Dans
cette même guerre, mourant de soif, on lui
apporté.une outre pleine d'eau; ses soldats la
regardent d'un œil d'envie , il le voit et la leur
distribue en refusant d'en prendre sa part. La-
salle quitta l'Egypte après la convention d'El-
Arych, signée par le général Desaix, et fit de
nouveau la guerre en Italie. En Allemagne ,
après la bataille d'Àusterlitz, il est nommé gé-
néral de brigade, et, à peu d'intervalle, général
de division. Le 29 octobre ,1806, à la tète de
deux régiments de cavalerie, il attaque la ville
fortifiée de Stéttin , s'en empare , et,6,ooo hom-
mes, 100 pièces d'artillerie et de^ magasins con-
sidérables tombent ainsi en son pouvoir. Un
acte personnel de bravoure le signale à la ba-
taille d'Heilsberg. Le grand duc de Berg, Mu-
rat, depuis roi de ,Naples, est entouré par
douze dragons russes. Lasalle vole seul à son
secours,, tue l'officier et met en fuite les onze
dragons. Quelques heures se 'sont à peine écou-
lées que lui-même se trouve dans une position
aussi critique. Murât, seul aussi , le dégage, et
en lui donnant la main, lui dit: cr Général,
« nous sommes quittes. » Voilà les héros!
Lasalle fut employé momentanément en Es-
pagne, et appelé en 1809 à l'armée d'Allemagne
BIOGBÂPHIE:. l65
OÙ devait glorieusement se terminer sa vie. Au
moment où la victoire se décida sur le champ
de bataille de Wagram en faveur des Français ^
il est atteint d'un coup mortel.
Et ses derniers reg^ards ont yu fuir Tennemi.
Ce moderne Bayard était franc-maçon; il
avait été reçu à Paris avant son départ pour
rÉgypte.
LAURISTON ( Jacques - Alexandre - Ber-
nard Law, marquis de), maréchal et pair de
France , etc. , second grand maître adjoint de
l'ordre maçonnique en France , naquit à Pon-
dichéry en i764« Fils du gouverneur général
des établissements français au-dielà du cap de
Bonne-Espérance, et petit-fils de ce fameux
financier Law qui , sôùs la régence, bouleversa
par son système tant de fortunes } il suivit la
carrière des arjpes, et était, en 1784, colonel
au corps royal d'artillerie , grade qu'il exerça,
en 1795, au corps d'àrtillerje à cheval. En
1800, le premier consul Bonaparte le nomma
l'un de ses aides de camp, et M. de Lauriston^
qui avait coopéré à la défense de Copenhague,
fut chargé de porter en Angleterre les préli-
minaires de la' paix d'Amiens; le peuple an-
l66 BIOGRAPHIE.
glais l'accueiliit avec transport. Commandant
de l'armée expéditionnaire embarquée en i8d4
sur l'escadre de Toulon ^ il entra à Cadix après
un combat avec la flottille du «contre -amiral
anglais sir Rqbert Colder, et s'empara ensuite
de Raguse , qu'il eut bientôt à défendre. Dans
la guerre de Prusse il resta en Dalmatie pour
conserver ce point militaire contre les Russes.
Après la paix de Tilsitt, il prit possession des
bouches du Cattaro, et fut nommé gouverneur
général de Venise; en 1808, l'un des deux ai-
des de camp qui accompagnèrent l'empereur
à Erfurth ; il fui envoyé en Espagne. Il fit par-
tie de la grande arinée en 1809 ' ^^ ^^ distin-
gua à Iiaadshui« Par suite de la bataille d'£s-
lii>g il fut chargé d'opérer la jonction de la
grande armée lavec celle d'Italie au-delà du
Zeimmeringberg. Son corps, réuni à celui du
prince Eugène, prit une belle part à la bataille
dé Raab, et s'empara de cette ville avec des
forces peu considérables. A la bataille de Wa-
gram, oommandanjt de l'artillerie de la garde
impériale, il s'élança, au moment décisif ^ à la
tête de son corps et ^» galop sur l'armée au-
trichienne, et la fpudroya,à portée du pistolet.
II accompagna l'archiduchesse JVIarie- Louise
lorsqu'elle vint eu France s'unir à l'empe-
reur NapoléoB. A 1^ suif.e de plusieurs missions
tmftortanies it fb tuétoifié ambassaiieinr en Russie .
En loi 5il eomiâÀibéa' un ooi^sâ'année d'obser-^
vation sur l'Elbe, jet prît là viHe de Leipzig le
jour même de la bataille de Lirtses; à WàsAiig^*
il battit les Russes et les Prussiens, et le len<-
demain , à Bautisen , étant, à la tète de Textrétne
gâUehe de l^arièëe ,- i\ débét^da l'ennérafi et^conii
mença la retraite^ Blûcher Vàltê^daît sut les
hduietips de Goldeberg; mais M. de LaurisCbti
le bailitle idaoût ('t9>i5); et put, l^i 21V passer
le Jfeber, et rempoHïer de nottyiËa^ic avantage»
aux -Combats de Jauer etr de Waehau» Il dé-
ploya de nouveaux talents à Di^sdie et à Lèîp*^
ug. he rgoetobre'Vjôur oà^Léi)kig*^t pri»,
il comptait contipiier sa retî*afte par le pont die!
Liadeaaù; ce pMt étant- rqi&pu il traversa la
rivière; mais à l'antre bord il futf^ît prisoti^
nter et conduit à Berlin ; il ne reeoiiivra la li-
berté qu'après les événements delà restaura-
tion royale ea i8i4* Pendant lès cent jour^^ en
i8ï5, il vécut^r^tiré dans ses terres, et ne re-
parut qu'apràs la secondé abdication de l'em-
p«ôr^r. he roi Lbni^ XVIIt lui donna suceessi^
vement ïè titre de i|tarquis, le grand cofdoti
de la Légion '-d'HÔTÀieur, le cordon de com-
mandeur de SaintMLoilis, la direction d\i mi-
nîstère de sa maison > enfin !e bàXion de mare*
chai et là dignité de foir de^iFronce. M. de
l68 «IftGRAPHIE. *^^
LauristQo a^aU/ éké ^dxaUisdsim Yôrdr^ maçon-
nique ea 1807, à la loge du 6(firégimetit d'in-
fanterie, alors. à Ragme {ivoy, Legouturikr ).
Il mojirut eo 5837. . . ,
' . i ' ^ ^..- < .. r » . ■ ., *
LAV ALLÉE (Joseph)^ wcim marquis de
ÇfiJSrRcïBERT, j[^jipjtaine d'iofanieriè au régi-
m^ni: de Champagne,, dut à là révolutioa s^
sQrtlei: de la Bastille, où> à 0a;u9!e des. éç^rAa;de
sa jeunj^sae^ il avait éijé,aDfermé par. lettre dç
cachet dâli;¥xée.sur Içs^n^tance^ de ^a famille*
M. Lavallée , que le spu^^çi^ir de; cet acte, arhi-
traircf animait 4'ua vif ressentiment, répudîdv
sa noblesse hérédataîre. et adopta avec chaleur
le$ nouveaux principes poli tiquesw *i s
^ Homme instruit 5 et écrivant avec facilité, il
attaqua dans divers écrits les abus de L'ancien
régime, et se consacra ensuite à la Cjarriere dés
lettres, où il a donné une foule d'ouvjatges,
comme journaliste, voyageui', et romancier. An-
cien maçon, il reprit au commencement jdu
dix-^neuviême siècle la pratique de .la maçon-
nerie, et fut successivement véoérable, et très-^
$age de Ja loge et du chapili^ du Mont^Tha-^
bor et officier du Grand Orient, ^uojquîe petit
et contrefait, il présidait ai^ec;dignité et parlait
avec éloquence! Il .devint l'ami du comte de
Lacépède, qui. le -nomma ^éf de division dans
BiboRAPBlE. 169
les bureaux de la chancellerie de la Lëgion-
d'Honneur^ dont cet illustre frère était grand
chancelier.
. La ^ chute du gouvernement impérial^ en
18149 détermina M. Lavallée^ qui perdit sa
place^ à s'expatrier. Il se retira à Londres ^ où
la loge française de PEspérance lui donna tou«
tes sortes, de secours , et le fit enterrer honora-
blement lorsqu'il iàoiHiit> le \â8 février <r8 16.
Durant sa carrière maçonnique il a-prononcé
des discours et allocutions .qui ont été en^par-*
lie imprimés dans lesr recueils maçonniques-du
temps*- \ /
LAVALLÉE (Louis -Antoine), fils adoplif
du précédent , était maç6ti , et fréqueti ta avec
assez de^zèle les ateliers'. Il mourut le 6 fé-
vrier 181 8, après avoir recbpli pendant vingt-
deux ans lés fonctions de' secrétaire général des
musées du Louvre*
LEBLOND (l'abbé Gaspard-Michel), biblio-
thécaire du collège Mazarin, membre du corps
législatif et de l'Institut, était aussi versé dans
la science des mystères du paganisme que dans
ceux de la religion catholique, dont il fut un
des plus honorables ministres. Zélé pour |a
franc ^maçonnerie, il a fait partie de la logé
,170 BIOGnà.?HlE.
' des Chei^aiiers deJaCmicài dan^ le ^ein de ki-
quelle il a conèouru à> organiser . r:ordre ' 3u
Temple. Les archives de ces deux sociëiés pos-*
sédent des réglemeals ^ • des/cahiers dé grades
, et atiibep ; travaux. /de. ca..g«Bœe, rédigés i et
écrits pai? lui. lia pubHë plusieurs éeritssttr
les aaliqiûcés; faals, dans «tn aceés4^tidélire
causé ;]^ar; uae maladie :grav«^ il ai livre; aux
flamiKies nne faule de maiMiserits précieux^ et
eatre aiitres.de laborieuses recherches sur lès
mystères^ chez lés différents peuples.* : \.. '
!. L'abbé Leblond , né àr Cacn ' le 24^ iiofrèm-
bre/1738, mourut le 17 juin 1809, dafisîla.
ville de l'Aigle, où, dit -on, il s'était retiré.
• ■-••■»»
. LEGLÂIR (l'abbé Fra,Bçôis), prêtre, b^ke-
lier de Sorboane, grand écpssaisf, ru:n ^lesvfon-
dateurs de la r&speQtAble loge de jn Réunion
' des Étrangers , orienl de Paris. ( p^ojr, Wai^
TpiRSTOFF, Baron, Dekis.) -
LECOUTURIER (Franç0is:G^r)va|f!^.Édoîia.çd),
maréchal de camp, offîei^r de la Légionid^Hon-
neur, chevalier de Ss^ijitr Loir(Sy.e^i iié à Fa-
Jaise le i5 juin 1768. Des études, diistiaguées à
l'université de Paris rayaiQn.(dé(iirmîitéÀ)Sii^?re
la carrière de L'instruction >publiqujé; .ixâifs Jas
événements de la révolution renlevéfent au
BIPGRAPHIE. • 171
collège de Louis^^le^rand , où il éiait maiii e
d'études; modeste emploi qu'avait exercé l'abbë
Delille et nombre d'autres hommes qui se sont
illustrés depuis daus les lettres. M. Lecouturier
i^çuCy le 3i mai 179a, le brevet de sous-lieu-
tenant dans la légion de l'armée du centre , de-
venue le 16'' régtmeni d'infanterie légère. Le
i3 juin 1796 y étant capitaine d'une compih*
gnie de carabiniers , }l fui frappé , devant
Manheim^ d'une balle qui lui fracassa l'arti-
culation du coude gauche , et le priva pour
toujours de l'usage du bras. A peine rétabli ,
il reprit le commandement de sa compagnie ,
à la tête de laquelle^ le 1°' octobre 1800, il
fut promu ^, sur le champ de bataille, sôus les
murs d'Ancône, au grade de chef de bataillon,
pour avoir, à la tète de denx cent cinquante
hommes d'élite, enlevé une redoute défendue
par cinq cents Croates, pris un drapeau et
encloué neuf bouches à feu. Cette belle ac-
tion, imputée par erreur au lieutenant du ca-
pitaine Lecouturier, fut récompensée par lin
sabre d'honneur et un brev^ d'officier de la
Légion-d'Honneur. Le commandant Lecoutu-
rier n'ayant pas voulu réclamer, ne reçut que
la croix de légionnaire a la création de cet
ordre, et n'en fut nommé officier que par
Louis XVIII, en février i8i6> qui lui donna
IJ2 • BIOGRAPHIE.
à la 'même époque le brevet .de chevalier de
Saint'Louis*
Chef de bataillon en 1808 ^ colonel ^^en non
activité ^^ i8i5, il reçut en 1822 le brevet de
maréchal de camp; il comptait alors trente
ans de service ^ ayant fait en personne les vingt-
trois campagnes de la révolution ; il avait en-
tendu tonner le canon de Jemmapes et celui
de Waterloo. Le général Lecouturier, depuis sa
retraite 9 a publié une réfutation du tome XI
des J^ictoires et Conquêtes , ei^ ce qui concerne
la défense d^Ancône , donné des Réflexions sur
le corps rojral ifélfit-mafor, un dernier mot
. sur ce corps y des Considérations sur les Retrait-
tes militaires et Pensions des ^veuves , un Dic-
tionnaire raisonné des Connaissances militaires;
enfin, chargé de la partie militaire dans l'ou-
vrage périodique de la Bibliothèque historique.
M. Lecouturier fut reçu maçon à la loge des
Sœurs Unies de Toulouse.
En 1 801, chevalier Rose-Croîx dans le cha-
pitre de rUe d'Oléron , et à son tour, en i8o5,
• fondateur et vénérable de la loge des parais '
ji mis réunis , orient du 16® régiment d'infan-
terie légère. .
Il fonda et présida encore en 1807 la loge
. Mu 6o« régiment d'infanterie, alors à Ragu-
se, en Dalmatie. C'est à cette dernière loge
\
BIOGRAPHIE. 175
qu'il donna la lumière à M. de Lauriston,
depuis maréchal de France et deuxième grand
maître adjoint de l'ordre^ dont il était alors
le premier aide de camp , ainsi qu'au général
comte, et depuis maréchal Molitor. En 1616, il
devint membre et successivement président des
différents ateliers du Mont- Tkabor de Paris ,
qui lui conféra le 5o« degré. Officier digni-
taire du Grand Orieiit de France, il y reçut
les 5i% 32» et 35* degrés. Il vient (1828) d'être
élevé à la présidence de la chambre de corres*
pondance et des finances : une vie si bien rem-
plie porte avec elle son éloge.
LEFEBVRE D'AUMALE père (Charles-
François -Félix), né à Aumale (Seine -Infé-
rieure), le 24 juin 1764, gmnd inspecteur
général , SS*** et du rite d'Herodom , membre
actif des ateliers du Phénix^ dont il préside les
travaux symboliques et philosophiques, cadet
de famille de Picardie, était en cette qua-
lité appelé à faire partie du sacerdoce, sui-
vant l'usage de cette province (Picardie).
Par obéissance pour son père, dont le vœu était
très -prononcé à ce sujet, le frère Lefebvre-
d'Aumale porta le petit collet jusqu'à l'âgé de
dix -huit ans qu'il perdit son père. Quoique
cette carrière lui offrît les plus grands avari-
1^4 BIOGRAPHIE.
tages, il n'hésita pas à Tabandonner pour se
livrer au barreau j de bonnes études lui facili-
tèrent ses sucôès.
Avocat au parlement à Tâge de vingt- trois
ans> ii est resté constamment attaché à ce siège
jusque après sa destruction en 1790, après quoi il
sacrifia pendant cinq ans son existence à son
opinion '9 et ce n'est qu'à( son dernier écu qu'il
a consenti, par nécessité, à accepter une place
d'agent -chef d'administration dans les subsis-
tances militaires ^ parce qu'alors la composition
des tribunaux le repoussait pour suivre sa vo-
cation; ce n'est que lorsque la tourmente ré-
volutionnaire eut cessé ses ravages qu'il donna
sa démission pour reprendre les fonctions d^a-
vocat. Pour le récompenser de quatre années
d'un travail pénible , le gouvernement d'alors
lui accorda une gratification de 6,000 fr. en
argent.
Il s'était fait tant d'amis pendant ses fonc-^
tîons administratives, que tous ses anciens collè-
gues s'empressèrent de lijii donner leur con-
fiance pour suivre et gérer leurs intérêts les
plus chers y ce qui lui valut > par suite aussi,
une clientelle considérable et précieuse.
Attaché particulièrement au tribuiial de
première instance, en qualité d'avocat; le pré-
.sident de ce tribunal ^ M. Berthercau, dit un
BIOGRAPHIE. iy5
jour en chambre du conseil , en parlant du
frère Lefebvre-d'Aumale , que a si tous les dé-^
ff feoseors élaieni de son calibre, les juges
c< pourraient vendre leurs robes , parce qu'ils
(c n'auraient plus rien à faire, n
Cette anecdote peint à elle seule le caractère
du frère LeFebyre^d'Aumale, qu'il a constam--
ment soutenu pendant trente ans, que depuis
il n'a cessé de montrer partout, même en ma-
çonnerie, et particulièrement au Grand Orient
de Fn^nce, auquel il appartient eu qualité
d'officier titulaire, attaché au suprême conseil
des rites depuis le 29 novembre 1817 , dont il
a été l'orateur de 18^5 à 1824^ et qu'il préside
maintenant depuis iSii4*
Quinze inois de présidence continuelle pen-
dant la discussion générale des nouveaux sta-*
tuts, après avoir été l'un des membres de la
commission chargée de leur rédaction , prouve
suffisamment son zèle infatigable , son dévoue-
ment exclusif au Grand Odent de France , ses
principes invariables et son amour pour l'ordrb..
Grand inspecteur général , 33r"°% et du rite
d'Herodom.; membre actif des. ateliers du 'Phé^
nix, dont il préside lès travaux symboliques et
philosophiques,
LEMAIRE (Nicolas -Éloi) , professeur d'é-
lyÔ BIOGBIPHIB.
loquence et de poésie laline à la faculté des
lettres de TÂcadéiDie de Paris , est ne dans le
département de la Meuse ; il fut envoyé au col-
lège de Sainte -Barbe , où il fit de brillantes
études. Il était ^ en 1792 , professeur titulaire
aucoHégedu cardinal Lemoine^. lorsque , par
suite des événements politiques , il devint juge
suppléant au tribunal civil du sixième arron-
dissement.
Dans cette place il put sauver (le l'emprison-
nement plusieurs hommes de mérite , entre
autres l'illustre Daubenton , qu'il fit passer
pour un simple berger élevant des moutons à
Montbart. Réélu en sa qualité de juge sup-
pléant, il donna sa démission, n'ayant pas l'âge
requis, et ne reparut dans les fonctions publi-
ques qu'en l'an vu, en qualité de commissaire
du gouvernement près du bureau central de
police, où l'avait fait nommer Baudin des Ar*
dennes.
11 fut proposé par la commission des inspec--
teurs du conseil des anciens pour le ministère
de l'intérieur; mais cette nomination, annon-
cée dans les journaux, n'eut pas lieu; le gou-
.vernement ëonsulaire qui venait de s'établir,
ayant entièrement changé l'administration, Lu-
cien Bonaparte, devenu ministre de l'intérieur,
le fit employer à ce même ministère.
BIOGRAPHIE. . lyy
M. Lemaire occupa momentanément son em-
ploi , et se ren(}ît, en i8o3, en Italie^ où il
donna le spectafcle nouveau d'un improvisateur
latin. Son succès fut prodigieux à Milan et à
Turin.
De retour en ÎFrance, il tint la chaire de
Tabbé Deliile pendant l'absence de ce célèbre
professeur, et y mérita les plus honorables suf-
frages. M. Lemaire est particulièrement connu
par sa belle collection des Classiques latins ^
encouragée et soutenue par M. Laffite, célèbre
banquier et membre de la Chambre des Dé-
putés. La. loge Ae^ Artistes j orient de Paris,
compte M. Lemaire parmi ses membres les plus
distingués»
LEMAZURIER (Pierre-David), littérateur,
secrétaire du comité d'administration du Théâ-
tre-Français , est né à Gisors, et s^est annoncé
de bonne heure par d'agréables contes et autres
pièces de vers insérées dans XAlmanach des
Muses , et pour la plupart lues à l'Athénée des
Arts et à l'Athénée de Paris, à la Société aca-
démique des Sciences, et à la Société philotech-
nique. Il a publié, en i8io, en 2 vol. in-8%
la Galerie historique des Acteurs du Théâtre-
Français ^ dont il prépare une seconde édition,
et se propose de mettre au jour V Histoire du
II. 11
178 BIOGRAPHIE.
théâtre et de la troupe de Molière. En 1806, il
était, comme maçon , secrétaire de la loge des
Neuf Sœurs f orient de Paris.
LEMIERRE (Antoine -Marin), fils d'un
éperonnier de Faris^ naquit en cette ville en
1755 et y mourut le 4 juillet 1795. 11 fut mem-
bre de là loge des Neuf Sœurs peu après sa
création, et il assista à la réception de Voltaire.
Malgré les avis paternels, Lemierre préféra
la carrière littéraire, et se fit d*abord bien ac-
cueillir de M. Dupin , fermier-général , homme
d'esprit, qui le prit pour son secrétaire.
Son début, en 1754^ fut un poème sur le
Commerce^ ou il introduisit ce vers fameux, le
vers du siècle ^ disait-il :
Le trident de Neptune est le sceptre du monde.
L'année suivante il publia un poème sur
VUtiUté des découvertes dans les sciences et
dans les arts sous le règne de Louis XV. Le
siècle n'y trouva pas un pendant au vers for-
meux; mais tous les hommes de goût y lurent
avec plaisir cette juste et b^lle pensée :
Croire tout découvert , est une erreur profonde ,
C'est prendre l-horiton pour les bornes du liionde.
BIOGRAPHIE. l'J,^
Les tragédies d^Jffjrpermnestre , donnée en
1755, àUdorqénéey en .1764, A'Artaxervce et
de Guillaume Tell, en 1766, et de la f^euue du
Malabar, en 1770, acquirent à Lemierre wn
rang honorable parmi les auteurs tragiques du
temps. Après vingt-cinq ans d'attente (et cette
longue suspension par égard pour la mtiigon
d'Orange), Fauteur vit enfin, en 1790, jouer
son Bameveh. Il y a da^s cette'pièce un mou-
vement sulflime : Barnevelt fils conseille- à sw
père de se donner la niort , et dit :
\ : '
Gaton se la doonii : Socrftte Tattendlt, . ,
répond le grand Barnevelt; et tous lef specta-
teurs applaudirent le héros et sfon interprète.
L€;mierre était d'une bonhomie unique et
d'une naïveté quelquefois trésr-plaisante. Il ^
louait et s'applaudissait de bon aloi. « Ft}isg[i:(^
« je n'^i pas d&prône^rsi il faut ^ien q^e^ç
« fa^e mes affaires n^oi-n^êpie; ^ eX le n^ot e§t
resté. Il se présenta en 1779 ^ TAcad^ier
Française pour succéder à Voltaire, et justi-
fiait aihsi sea p)?éteaUons : fc N'est-^ce g%s -^iax
« qui doit hériter des ^rrn^p d'AfibiUe ? » Pfl^^
fut préféré. L'année suiv^ntl^ il y eut pn(^.^iif](^
vacance : même présentation , miême éfihee.
Chabanon entra. « Il n'est pas étonnant qu'il
l8o BIOGRAPHIE.
(( remporte, disait-il ironiquement, il joue du
ce violon et je ne joue qu<e de la lyre. » L'année
1761 lui fut cependant heureuse : on l'admît.
Bepuis long-temps l'opinion publique s'était
manifestée en sa faveur. La tragédie de Céra-
/TIW, jouée en 1785, tomba durement» « Par-
ce bleu , dit^il avec humeur en parlant du par-
K terre, ne s'imagine- t-il pas qu'on lui donnera
« tous les jOur3 une Vernie du Malabar l m
Toutefois à une représentation de «cette ^veuve
chérie, la salle était presque vide, et un mau-
vais plaisant de ses amis le lui faisait remar-
quer. Lemierre, toujoui;s intrépide dans l'oc-
casion , répondit naïvement : ce II ne manque
i< pas de monde , mais la salle est construite de
fc manière qu'elle parait toujours vide. » Nous
citerions vingt traits de cette force ; mais les
dimensions de ce recueil ne nous le permettent
pas. Ces tragédies, son poème de la Peinture
et %^% autres productions ont été recueillies
sous le titre à'Œuvres^ complètes y en 181 o,
5 vol. in-80.
LÉNEÂ (l'abbé), ancien docteur de Sor-
bonne, employé à la chancellerie de laLégion-
d'Honneur, l'un des fondateurs de la loge des
Cormnandeurs du Mont^-Thahory orient de
Paris.
BIOGRAPHIE. ' l8l
LENOIR (Alexandre), chevalier de la Lé-
gion -d'Honoeur, ancien administrateur du
Musée des monuments français, dont il avait
été le fondateur et qu'il avait organisé, a fait,
en 1812-181 5, en huit séances, un Cours sur
les rapports qui existent çntre les mystères
d'Isis, des Grecs et ceux de la frane^maçonf»
nerie. Ce cours, qui eut lieu dans le sein du
souverain chapitre métropolitain du régime
écossais philosophique en France, était une
imitation de celui qu'avait fait en 1777 Couvt
de Gebelin {voj. ce nom), qui renouvela Tu-
sage des couvents philosophiques créés dans
rintérét des hautes connaissances maçonniques.
Le cours de M. Alexandre Lenoir eut un très-
grand succès et fit un égal honneur à son ins«
truction et à son talent comme orateur. II le
publia en 1814 «ous le titre de La Franc-Mor-
çonnerie rendue à sa véritable origine y ou l'an-
tiquité de la franc -maçonnerie prouvée par
V explication des mystères anciens et modernes y
avec dix planches. Cet ouvrage fut critiqué par
M. H.... (Hoffraan ) dans le Journal des Dé-
bats des i3, 1 5 et 19 février 181 5, avec une
sévérité qui annonçait plutôt la haine que le
journaliste portait aux doctrines philosophi-
ques de l'auteur, que le désir de relever quel-
ques erreurs échappées involontairement dans
l82 ^ BIOGRAPHIE.
nn ^ystéflàe auèsi vaste et dans un ouvrage d'une .
si ion^e haleine. Peu après ^ M. Lenoir reçut
par la poste un gros voL in-8^ imprimé en an--
glais et dont le titre avait été enlevé. Une note
lécrite à la main sur le revers de la couverture
annonçait que cet ouvrage avait été en Ângle-
•terre l'objet d'une crititjtie aussi partiale que
celle dont M. Lehoir venait d'être frappé.
M. Lenoir a su depuis que M. le chevalier
Drummond, auteur de l'ouvrage anglais , avait
vc^lil 1% consoler par son exemple ^ mais sans
f^e faire connaître^ d'une injustice dont malheu-
reusement les exemples sont communs.
LEROBGE (André-Joseph-Étiénne), né à
Gommercy (Meuse) le ^5 avril 1766, ancien
SQÙk-chef au ministère des finances, ancien dé-
puté au Grand Orient^ a concouru à la rédac--
tîoti de V Hermès y ouvrage maçonnique en a
Tol. in^% Paris, 1819, et aux Mélanges de
philosophie j d^histoire et de littérature rnaçon-'
rdqûef uii vol. in>^8'', publié à Ostende en 1832^
Ce frère "est connu des maçons par sa belle col-
lection maçonnique qui a été fort utile à
M. Thury pour l'histoire du Grand Orietit et
VJcta Latamorum^ et à M. Bazot, pour la
Morale de la frtmC'-rnaoonnerie , etc. , et la
Biographie des fnmcs^maçons. Tous les deux
BIOGRA.PHX£* l85
doivent encore à M. Lerouge des noies intéres-
santes. Comme bibliographe instruit^ il a quel-
quePois fourni des renseignements utiles à
M. Barbier. Ce frère s'occupe d'un tableau gé-
néral des loges et sociétés secrètes établies en
Jranqe depuis lysS, avec des reçiarques his-
toriques sur ces ateliers, etc^ ,
LIOY ( N. ), célèbre avocat de Naplesy était
girand garde des sceaux de la grande loge de
cet Orient, lorsque l'événement rapporté' à
l'article de Caroline {voy. c^nom) vint mettre
son zèle maçonnique et ses talents à une dan-
gereuse épreuve. Il fut chargé de justifier les
doctrines maçonniques et la conduite .des francs-
maçons. Les mémoires qu'il publia étaient rem-
plis d'une logique si convaincante et si pure ,
ils établissaient avec tant d'énergie et de soli-
dité le droit des gens et celui des couronnes,
qu'en qntrainafit les suffrages de tous les bom-^
mes honnêtes et impartiaux, ils attirèrent sur
l'auteur l'orage formé par nos ennemis. Un dé*
cret le déclara criminel de lèse-majesté et con-
damna ses écrits à être brûlés par la main du
bourreau.. Il se retira à Venise , où la proscrip-
tion allait l'atteindre s'il ne fût parti subite-
ment pour Baie. De cette ville, il se rendit à
Lyon. Bientôt il apprit qi^e la persécution avait
l84 BIOGRAPHIE.
cessé, que ïes persécuteurs avaienl été destî-^
tués de leurs emplois , et qu'il avait la libeHë
de rentrer dans sa patrie.
Il vint à Paris, où là loge de la Càhdeur se
Fattacha en qualité ôt associé étranger; son por-
trait fut gravé et distiribué aux différents ate-
liers de Paris. Plusieurs prip<^es d'Allemagne
lui adressèrent des lettres de félicitation. Le
Grand Orient de Hollande le nomma membre
honoraire et correspondant étranger, et lui dér-
cerna le titre plus direct de second grand se-^
crétaire. A son relieur à Naples , il reçut de ses
frères les témoignages les plus flatteurs de leu^
sensibilité et de leur gratitude.
LOUPTIÈRE (Jean-Charles de Relongue de
La), poète aimable et gracieux, naquit au châr
teau de la Louptière, près de Sens, le i6 juin
1727, et mourut à Paris en 1784. Ha donné
des poésies et oeuvres diverses, Paris , 2 vol. in-
là, 1768 et 1774. I^a Louptière appartenait à
la loge des Neuf Soeurs On trouve dans le Mi^
rqir de la vérité ( vol. 2 , page 46 ) de jolis vers
adressés à sa bien-aimée en lui faisant hommage
des gants qu'il avait reçus le jour de sa récep-.
Cion dans notre ordre.
LUXEMBOURG (le duc de Montmorency-),
BIOGRAPHIE. l85
grand administrateur de Tordre maçonnique
en France pendantVa grande maîtrise de S. A. S.
le duc de Chartres, fut un des plus zélés pro-
tecteurs de Tordre/ L'ancienne grande loge de
France était encore sous le coup d'autorité ci-
vile qui avait suspendu ses réunions, lorsque
la fraction de ses membres, qu'ellp avait ban<^
nie par suite d'un schisme et qui formait une
contre-puissance, élut pour grand maître M. le
duc de Chartres. Le duc de Montmorency-
Luxembourg, que cette fraction avait su ga-
gner, présida la séance du n^ j^^^^ i77> où la
nomination et la proclamation des grands maî-
tres eurent lieu. Il servit l'intérêt de la frac-
tion de tous ses bons offices près du prince, et
se mit dès-lors à la tête des schisma tiques pour
résister aux efforts de la grande loge. Le grand
maître ayant accepté, le nomma son substitut ,
et le grand administrateur général présida les
assemblées que la fraction tenait à l'hôtel de
Chaulner, sur le boulevard. On a vu , à Tarticle
Bourbon^Louis la marche et le succès de leurs
eiforts, que le due de Montmorency-Luxem-
bourg couronna par une fête brillante qu^il
donna à cette fraction devenue Grand Orient
de France. Cette fête, où se trouvaient quatre-
vingt-un membres du Grand Orient, eut lieu
le jour de la Saint*Jean d'été de 1773. Le grand
l86 BIOGRAPHIE.
mahre fut inslallé quatre moi» après ^ te 28 oc-
tobre. La grande }ôge qnî se réunissail rue de
TArcade de la Pelleterie , et que l'on désignait
sous le nom de Grand Orient de Ciermont, se
débattit en vain sous cette, puisssuiee de fait.
Ses circulaires y sesdéltt>érations, ses écrits^ ne
changèrent rien à Tétat des choses* Le grand
administrateur général les dénonça au nouveau
Grand Orient qui y répondit moins efficace-
ment par les représailles ou décrets^qu'il ful-
mina que par son activité , sea vues exeellentes^
et une parfaite réorganisation de Tordre. L'or-
dre était dans touiTéclat du triomphé, lors-
qu'il s'installa > le 12 août 1774 , dans la maison
dite du noviciat des Jésuites, rue du Pot-de-
Fer. Le nouveau Grand Orient parvenu à ce
point, et les approches de la révolution s'é-
tant déjà un peu fait sentir, le duc de Montrons
rency-Luxembourg cessa d'être remarqué.
M.
MACDONALD ( Etienne-Jacques- Joseph-
Alexandre), duc de Tarente, maréchal et pair
de France, major-^général de la garde royale,
gouverneur de la 21* division militaire, grand
chancelier et grand'croix de la Légion-d'Hon-
neur , grand'crc^x de l'ordre de Saint-Louis ,
BIOGRAPHIE. 187
chevalier de l'ordre du Saint-Esprit , premier
grand maître adjoint de Férdre maçonaique
en France, est né à Sancerre, département
du Cher, le 17 novembre 1765, d'une famille
originaire d'Ecosse. Il annonça dès sa jeunesse
des principes de sagesse et d'ordre légal^ qui
présageaient qu'un jour on le compterait parmi
les partisans de la liberté constitutionnelle,
qu'appelaient de tous leurs vœux les philoso-
phes et les hommes instruits, de toutes les con-
ditions. Destiné, à la carrière militaire, il passa
comme lieutenant 4!u régiment irlandais de
DîUon, dans la légion envoyée pour apptfyer le
parti patriotique dans fa révolution de Hol-
lande. Employé comme cadet au 87' régiment
d'infanterie; en 1787, il soutint noblement ces'
principes quand tous les officiers à noms à
particules désertaient les armées françaises. U
mérita à Jemmapes le grade de colonel , et de-
vint peu après général de brigade sous Piche-
gru. Commandant l'avant-garde de l'armée du
Nord , par un trait de courage inoui il facilita
la conquête de la Hollande en passant le Vahal
sur la glace, et malgré le feu meurtrier des
batteries de Nimègue et de Koderdùm : c'est
ce qu'ont prétendu dissimuler les admirateurs
enthousiastes de ce général en chef. Le grade de
général de division fut la récompense de ce
l88 BIOGRAPHIE.
fait d'armes unique dans les fastes militaires^
Il continua de s'illustrer dans les campagne»
des armées du Rhin et dltalie, et fût nommé
gouverneur de Rome, où sa parfaite modéra tio»
a été unanimement appréciée. Forcé, devant
quatre-vingt mille Autrichiens sous le com-
mandement du général Mack, d'évacuer tes
États romains, de concert avec Champiounet^
il défit cette armée formidable, et rentra ei>
vainqueur dans cette Rome qui avait apprécié
ses talents et ses vertus guerrières. Plus redou-
table par ses succès, le gAéral russe Suwarow
le mit dans la nécessité de se retirer de nou-
veau; mais §a retraite^ dans un ordre parfoit,
lui permit de livrer la sanglante bataille de la
Trébia, qui dura trois jours, où il fut blessé , et
à la suite de laquelle il put faire sa jonction
avec Moreau. Rappelé en France, il comman-
dait à Versailles à l'époque du i8 brumaire,
an Tin (1799). Après la bataille de Marengo, il
dirigea en Suisse une armée de réserve, et re-
poussa en 1801, dans le pays des Grisons, sur
une ligne de soixante lieues de montagnes, les
troupes ennemies : il fut là ce qu'il avait été
dans les États romains.
Dans la même année il se rendit en Danemarck
comme ministre plénipotientiaire, et revint
en i8o5 à Paris, où, dans lu conspiration de
BIOGRAPHIE. l8<J
Moreau, îl prit la défense de ce général ^ et en-
courut ainsi la disgrâce du chef du gouverne-
ment. Cependant^ en 1809, il reçut le comman-
dement d'une division en Italie. A la bataille de
Wagram il enfonça avec deux divisions le cen-
tre de rénnenrf. L'empereur l'apercevant sur
le champ de bataille alla au devant de lui, et
lui dit : « C'est à vous et à l'artillerie de ma
u garde que je dois une partie de cette jour-
<c née. w Bel éloge, qui fût suivi de la promo-
tion du général Macdonald comme maréchal de
l'empire. Commandant de Gratz, il lui fut
offert par les États cent mille francs et un ri-
che écrin pour sa fille : te Messieurs, dit-il aux
« députés y le seul témoignage que j'ambitionne
«. de votre reconnaissance , c'est de prendre
n soin de trois cents malades que je ne puis
« emmener avec moi. » On admire plus qu'on
ne loue^tant de désintéressement et d'huma-
nité. De retour à Paris, il fut nommé duc de
Tarente. En 1810, il remplaça le maréchal Au-
gereau en Catalogne; en 1813 , il prit le com-
mandement du lo"" corps, composé en partie de
troupes prussiennes, sous les ordres du duc
d'York. La défection de ces troupes fut com-
plète à la suite des désastres de Russie ; mais
en 181 5, étant en Saxe, il vengea sûr ce même
duc d'York et ses troupes leur lâche défection.
igO BIOGRAPHIE.
Le 2 mai ^ à Lutzen , il écrase la réserve en-
nemie^ passe la Sprée, et aide puissamment le
succès de la bataille de Bautzen. A Leipzig,
les 18 et 20 octobre y il fit des prodiges de va-
leur, et le pont de cette ville étant coupé / il
passa à la nage l'Elster^ où périt Villustre prince
vPoniatowski. Dans l'a campagne de 1 8x4» ^^^^^
de faibles débris , il résiste aux efforts de Blû*
cher. Il avait suivi la direction de Tempereur^
et se trouva à Fontainebleau lorsque ce prince
abdiqua.
Fidèle au gouvernement royal , il fut pres-
que inaperçu pendant les cent jours ^ en t8i5.^
Les rangs de la garde nationale parisienne le
comptèrent coinme simple grenadier. Au se-*-
cond retour du roi ^ il reçut le commandement
de l'armée retirée derrière la Loire, et eut
ordre d'en opérer le licenciement : nul autre
que ce vieux brave n'aurait pu remplir cette
terrible mission.
Le maréchal Macdonald, aimé de tout le
monde, chéri des francs-maçons, dont il fai-
sait partie depuis longues années, fut nom-
mé, avec le maréchal de Beurnonville et le
général Yalence , l'un des trois conservateurs^
puis l'un des grands maîtres adjoints de l'or*
dre. Il s'occupe avec un vif et touchant inté-
rêt d^ la prospérité de notre belle institution ,
:9I06RAPHIE. igi
dont les principes sont si bien en harmonie
avec sa pensée et avec la noblesse de son âme.
MÂLLÂKMÉ (Joseph-Claude) , ancien pré-
fet , chevalier de la Légion-d'Honneur, étiit ,
avant la révolution , substitut du procureur
général au parlement de Nancy^ et devint , en
1790, procureur syndic du district* En 1795,
il fut nommé^ par le département de la Meur--
the, membre du conseil des cinq -cents^ où il
s'occupa avec succès des matières judiciaires;
réélu en 1799 au même conseil , il passa , après
^a révolution da 18 brumaire an vm (même
année 1799)^ au tribunat, où il continua de
s'occuper de la législation des tribunaux. En
1807^ il devint préfet du département de la
Vienne , et conserva ces fonctions , malgré les
événements politiques de 1814 f jusqu'au 6
avril i8i5/que Napoléon le nomma préfet de
l'Indre. Depuis la seconde restauration du gou-
vernement royal , il est sans emploi.
M. Mallarmé fut nommé officier dtx Grand
Orient le 28 décembre 1^98.
MANGOURIT (Michel- Ange-Bernardde), an-
cien lieutena^it criminelau bailliage de Rennes,
ancien ^résident de France eit Valais, a rempli
honorablement ces différentes fonctions publi-
19a BlOGRAPHlEé
ques^ et s'est distingué dans notre association
par des créations recommandables* II est, de-^
puis long -temps, officier du Grand Orient de
France : plusieurs fois il a occupé la double
présidence de vénérable et de très-sage. de la
loge et du chapitre du Mont^Thabor. On lui
doit la conception d'un rite particulier, celui
des Sublimes Élus de la vérité^ qu'il établit à
Rennes, et qui avait pour objet de rapprocher
quelques frères, d'opinions et de sentiments
élevés, qui se trouvaient confondus dans une
loge trop nombreuse. Ce système maçonnique,
dont les règlements ont été publiés, paraît encore
en vigueurdansle chapitre delà Trinité, valléede
Paris. Il a aussi créé une société androgyné dans
la loge chapi traie du Mont-Thabor ; le chapitre
métropolitain des Dames-Ecossaises de l'hospice
de Paris, colline du Mont^Thabor. £n qualité
de chef d'ordi^e ou de fondateur, il en a rédigé
les statuts et les cahiers, qui ont été imprimés
en 181 2. Cette association a eu de l'éclat, mais
elle n'est plus en activité depuis quelques an-
nées. Enfin il a créé la Société littéraire maçon-
nique des F.-. Pr, (francs-penseurs), composée
de maçons distingués, et dans laquelle, pendant
leà trois années de son existence, il a donné
lecture d'un Cours de philosophie maçonnique ^
formant i vol. in -4° de S20 pages. Plusieurs
BIOGRAPHIE. 193
discours et rapports de cet illustre frère ont été
publiés par lès loges des rites où il les pronoh-
çaît : de ce nombre est une pièce devenue fort
rare ; elle a pour titre : Les Écossais de France^
venant au secours de VUnion royale^ orient
de la Haye, ou Fraternelles observations adres^
sées phr la respectable mère -'loge écossaise de
France à la très- illustre grande loge de Mol-*
lande f in-8" de 27 p. iSag,
Ce digne frère, retenu depuis long- temps
dans Tinaction du corps par suite de maladies ,
n'en chérit pas moins ses frères. Son cœur est
aussi brûlant, son intelligence aussi vive et
aussi saine qu'au printemps de sa vie. (Une
dernière crise vient de l'enlever à ses amis le
17 février 1829.)
MARSY (Claude-Sixte-Sautereau de), jour-
naliste et littérateur, naquit à Paris en 1740,
et mourut le 5 août i8i5. Il était membre de
la loge des Neuf Sœurs. Il a concouru àja
rédaction de XAjinée littéraire; créé, en 1765,
avec Masson de Morvilliers , VAlmanach des
Muses f et, en 1778, les Annales poétiques ,
40 vol. in-i8.
MARTINEZ-PASQUAtlS, présumé Portu-
gais, et même juif, est un de ces hommes dont
H. i3
ig4 BlÛâHiJPHIB.
le nom n'est révélé que par des causes acciden-
telles ou par une célébrité qu'on leur donne
quelquefois à leur insu. C'est ce qui arriva à
Martinez-Pasqualisi par le zèle de Louis^Claude
de Saint ^Martin (vojr. ce nom)^ avec lequel
il a été confondu. Martinez-Pasqualis^^ chef de
la secte des Martmistes, institua le rite caba-*
listîque des Élus-Cohens (en hébreu, prêtres)
dans les loges de Bordeaux , Marseille et Tou-*
lonse. C'est à Borideaux qu'il reçut maçon, et
dans sa secte, Saint -Martin, officier au régi-
ment de Foix. Il apporta son rite à Paris, ^n
1768, et, aide du célèbre peintre Van-Loo;, il
le fit connaître dans la capitale en 1775. Mais
l'inventeur disparut brusquement, sous pré-
texte d'aller recueillir une succession, et partit
pour Saint-Domingue vers 1778. Il mourut &u
Port-au-Prince en 1779. Bacon de. la Cheva-
lerie ( voj. ce nom ) fut aussi son disciple et
son correspondant* La doctrine de Mariînez-
Pasqualrs est la cabale des juifs, qui n'est autre
que leur métaphysique, ou science de l'être
comprenant les notions de Dieu, des esprits,
de l'homme dans ses divers états : système mal
expliqué par l'auteur et dénaturé par ses dis-
ciples. Il avait composé pour eux un Traiié de
la réintégration, où il expose sa doctrine; mais
cet ouvrage est resté dans les maîas de rinvea<*
tear et n'a jamais été imj^rimé;
MATHÉUS (Jean), négociant distingué de
Rouen, fut institué, en 17^6, par la grande
loge royale d'Edimbourg, grand maître pro^
vincial de l'ordre d'Hérodom de Kilmnning
pour tout le royaume de France. Le frère Ma-
théus organisa, en vertu de ces pouvoirs, un
grand chapitre; et transmit, dans la même
année (1786), au Grand Orient de France,
une copie des constitutions délivrées par la
grande loge royale d'Edimbourg;^ il lui fit part
en même temps de son organisation, et de l'in*-
tention où il était d'attacher le chapitre à la
loge de V Ardente amitié , orient' de Rouen. Le
Grand Orient répondit qu'il ne reconnaîtrait
pas le grand chapitre d'Hérodom, et défendit
à la loge de Ijui donner asile. Nonobstaint la dé^
fense, la loge accueillit le grand chapitre, et
fut, par ce fait, rayé du tableau des loges ré^
gulières. Elle fut rétablie sur le tableau de ^
correspondance du Grand Orient par suite du
concordat de 2804* Le grand chapitre fit offrir,
en 1807, au grand maître adjoint de l'ordre
maçonnique en France, le prince Cambacérès,
archi -chancelier de l'empire, la glrande mai-«
trise d'honneur de Tordre d'Hérodom en France.
f^ BIOGRlPHIB.
lie frére Dubin , officier fdu Grand Orient ,
chargé de la négociation , obtint l'acceptation
du prince, qui fut reconnu en cette qualité.
Le Grand Orient de France professant mainte-
nant tdus les rites, le rite d'Hérodom est une
des secâons qui composent le grand collège des
rites du Grand Orient.
MBRCIER (Louis^Sébastien), ancien avocat
au parlement, littérateur, membre de l'Insti-,
tut, etc., naquit à Paris en 1740, et mourut
dans la même ville le 26 avril 1814. C'est Mer-
. cier qui a dit plaisamment, à l'époque de la
restauration du gouvernement royal, a qu'il ne'
« vivait que par curiosité. » Uj^n 244^ » le
Tableau de Pétris, et quelques pièces de théâ-
tre^ sont les ouvrages qui ont le plus contribué
à sa réputation, assez médiocre en France,
mais. grande en Allemagne. Mercier était mem-»
bre de la loge des Neuf Speurs. Dans son Ta--
bleaude Paris ^ chap. 181, page 265, édit. de
1782-*! 788, il présente, comme un témoignage
de L'instabilité des choses humaines, l'établisse-
ment du Grand Orient dans la maison de Van-
den noa^iciat des jésuites, et s'écrie ^ « ren-
c( versement ! le vénérable, asûs à la place du
« P. Griffet, les mystères maçonniques rempla-
« çant.;.. je n'ose achever. Quand je suis sous
BlOORAPHIS. 1^7
t< ces voûtes inaccessibles aux grossiers rayons
u du soleil , ceint de Fauguste tablier^ je crois
« voir entrer toutes ces ombres jésuitiques^ qui
i( me lancent des regards furieux et désespé*
« rés,.. Et là, j'ai vu entrer frère Voltaire, ciu
u son des instruments, dans la même salle où
« on l'avait tant de fois maudit thëologique-
ic ment... » Mercier était un écrivain original ;
il fut un des membres les^ plus modérés de la
convention nationale, où l'avait nommé lé dé-
partement de Paris, et il ne se montra pas
moins réservé dans les jinnales politiques, ^qu*i{
rédigeait en société avec Carra».
MERLE (Jean-Toussaint), neveu d'un con-
seiller d'État de l'empire, M« Albisson, est né
à Montpellier, le i6 juin lySS. Il fit de bonnes
études, et fut employé successivement au mi-
nistère de l'intérieur et à l'état- major d'un
corps d'armée qui se rendait en Espagne. ,Un
séjour de quelques mois au - delà des Pyrénées
suffit à M. Merle pour apprendre la langue
espagnole et le familiariser avec sa littérature :
le résultat de ses études fut, à son retour dans
sa patrie, une nouvelle édition de la Grammaire
espagnole de Port-Rojal, à laquelle il joignit
des notes, et un Traité iT orthographe espa^
gnole. Consacrant à une littérature facile des
198 BIOGRAPHIE.
talents qu'il aurait pu développer d'une manière
distinguée, il se fit vaudevilliste , et prit part
^ux comédies - vaudevilles de MM. Georges
Duval, Viellard^ Ourry, Brazier, Dumersan,
RbUgemont^ Moreau, etc. Il devint directeur
jdtt théâtre de la Porte-Saint-Martin, et parait
avoir pris du goût pour ce genre de direction.
Successivement, avant cette époque , rédacteur
au Mercure f à W. Gazette de France ^ au Jour^
nal des Jlpt$ et à la Quotidienne ^ il a publié ,
eti i8o8., un extrait des Mémoires^ de Bachau-
mont, 5 voL în-8*; et, en 1809, ^^ choix du
Mercure de France, 5 voL II fit, en 1819, une
bonne action, rare encore à cette époque ; il
écrivit une brochure en faveur des bannis.
Membre de la loge de la P.arfaite Réunion,
orient de Paris, il. a composé plusieurs canti--
ques, imprimés dans la Ljre maçonnique.
MILUN DE GRANDMAISON (Aubin^
Louis), souvent désigné sous le nom de l'abbé
Miixm, membre de l'Institut et de la Légion-
d'Honneur, naquit à Paris le i4 juillet 1759,
et mourut dans cette ville le 14 août 1818. Il
embrassa l'état ecclésiastique, mais il y renonça
bientôt. Partisan de la révolution , mais sage
et modéré, il publia, en faveur des nouvelles
doctrines ^ Lettre d^un empereur romain à un
BIOGRAPHIE. igQ
roi des Gaules; Lettres sur la censure; De la
liberté des théâtres. Il rédigea ensuite avec Con- -
dorcet, Rabaut^ Saint-Éiienne^ etc.^ la Chroni--
que de Parisy qui cessa en lygS. Effrayé du
mouvement révolutionnaire^ il alla se cacher
dans les transports militaires^ où it exerçait
une modeste place d'employé. Arrêté bientôt^
il ne dut la liberté et la vie qu'à la révolutiof)
du 6 thermidor an n (1794)- U a fondé le Ma-
gasin encjrolopédique ^ qui a servi pendant vingt
ans de lien de correspondance avec tous les
savants de l'Europe. M. Millin avait succédé à
l'abbé Barthélémy dans la place de conserva-
teur des médailles et antiques de la bibliothè-
que nationale. Ses ouvrages d'archéologie, etc.,
sont très-nombreux, et lui ont acquis la répu-
tation de Tun de nos savants les plus distingi^és.
Il fut admis dans l'ordre maçonnique, et, ei|
cette qualité, il résulte, de ses différents di-
plômes, qu'il suivait les régimes écossais prati-
qués dans l'ancien atelier du Choix et dans la *
Mère-iLoge du rite philosophique f orient de Pa-
ris. Cet illustre frère ayant fait un voyage en
Italie, en 1812 , reçut, comme marque d'estime
de la loge écossaise de Y Étoile tutélaire^ orient
de Naples, un diplôme écrit en langue italienne*.
L'examen d'un grand nombre de pièces publiées
par la loge du Contrat social, devenue mère-
300 BIOGRAPHIE.
loge écossaise, prouve que le frère Millin y a,
tenu successivement le troisième et le deuxième
maillet. On ne connaît aucun discours de ce
frère.
MILLY (Nicolas-Ciiristiern-de Taï, comte
de), né en 1728, mort en 1784. Il a fourni
avec honùeur la.* carrière des armes et celle
des sciences. Il se retira du service avec le grade
de maréchal de camp , et 6e fit connaître des sa-
vants par plusieurs mémoires sur la physique et la
chimie,, que l'Académie des Sciences s'empressa
de recueillir parmi les mémoires dé ses membres
ou associés ; elle lui avait décerné une marque
flatteuse de son estime en l'admettant en qua-
lité d'associé libre. Le comte de Milly devint
victime de ses laborieux travaux. Ne se méfiant
point assez des remèdes secrets /il les analysait
et en faisait l'essai sur lui-même : c'est ainsi
qu'il altéra gravement sa santé et hâta la fin
de sa vie.
Il fut reçu, en 1779, à la loge des Neuf
Soeurs, qui, de son vivant même, lui a payé
un juste tribut d'éloges dans le jugement de
lia Dixmerie : « Le comte deMilly est un phy-
4i sicien profond, «ans cesse occupé du soijj^de
K rendre utile une science que tant d'autres ne
K cherchèrent qu'à rendre curieuse. » Il a pu-
BIOGJIAPHIE. !20I
blié, en 1771, Vj^rtde la Porcelaine ^ qui a
été traduit en allemand, et, en 1778, un Mé-
moire sur la manière d^ essuyer les murs nou-
vellement faits. .
MOLITOR (le comte Gabriel-Jean-Josepb),
maréchal et pair de France j» grand'croixde la
Légion-d'Honneur, chevalier de Saint-Louis et
de la Couronne-de-Fer, gtand cordon de Tordre
.militaire de Bade, grand'croix de l'ordre d'Es-
pagne de Charles III, etc^, est né dans le dé-
partement de la Moselle y le 7 mars 177a; fils
d'un ancien militaire, il commença la carrière
des armes en se présentant comme volontaire à
l'époque (1791) où la France appelait tous les
jeunes citoyens à la défense des frontières.
Fresque aussitôt il fut nommé capitaine au 4*
bataillon de la Moselle. Il fit la campagne de
cette année à l'armée du Nord, et celle de 1792
à l'armée de la Moselle. Dès 1795, il était ad-
judant général de l'armée des Ardenn6s. Etr
1794, SOUS' Hoche, il commanda une brigade
à Kayserslautern et une colonne à l'affaire de
Wissembourg. De 1794 à 1798, il fit les cam-
pagnes de la Moselle , du Rhin et du Danube.
Blessé en 1795, à uiie attaque sur Mayence,
il devint général d^ brigade en 1799, et fut
employé à l'armée d'Helvétie. Il justifia la cpn-
:202 BIOGHIPHIB.
fiance deMasséna en poursuivant à outrance et
jusqu'aux glaciers du mont Panix, Ip général
russe SuvaroWy à qui il tua ou blessa 5^ooo
hommes et enleva toute son artillerie. A l'ar-
mée du Rhin y en iSoc, il passa le premier, à
la tête d'une compagnie de grenadiei^s , ce fleuve
entre Stein et Diessenhofen. Deux jours après ^
à Slotach, ilfit 5/5oo prisonniers, et le surlen-
demain il prit^ l'épée à la main, la ville de
MoQskirch. Dans le Tyrol^ un bataillon entier
du 60* régiment de Hongrois tomba en son pou-<
voir, gagnant aifisi le grade de général de di-
vision qu'il reçut le6 octobre (1800). Après la
pai|c il commanda la 7* division militaire à Gre-
noble» Alareprisedes hostilités, en 1806, il se
distiilgua dans toutes les campagnes de l'armée
d'Italie fious Massëna.
Le traité de Prèsbourg signé, il passa en
Paloiatie^ où il commanda en chef les forces de
terre et de mer avec le titre de gouverneur gé-
néraji; attaqué sur mer; il dégagea Lezine,
rapriU'Jlo de Carsola, débloqua Raguse , et avec
1^700 hommes seulement défit 10,000 Monténé-
grins et 3^000 fusses. Commandant en chef
l'armée de la Pomérante suédoise, et gouver^
ijieur civil et militaire de cette province, il
reçut en récompense des services qu'il rendit
dans ce double poste, de 1807 à 1808, le titre
de corn te de l'empire et une dotation de 5o,ood fr .
de renies.
En 1809^ sous Masséna^ en Allemagne, il
effectua le passage du Danube à Ébersdorf , et
â'empara de l'île de Lobau dont il chassa les
Autrichiens, iiors de Iq. bataille d'Esling il sou-
tint «eul, avec aa division, pendant plusieurs
heures» le premier choc de l'armée Autri^
chienne; et au viU^ô d'Adarka, le jour de la
bataille de Wagram, il résista au choc de tout
le centre de cett^ armée.
En 1 810 y il commanda en chef dans .lea'irilles
anséatiques; en 181 1, il eut le même comman-
dement en Hollande jiisqu'en 181 S. Sous le^ma-
récbal Macdonald, il fit,i en qudlite.de oom^
mandant du ?t corps, la campagne de France,
en i8i6. Il reparut sur un nouveau théâtre de
la guerre, en i8a3. Le a* corps d'aripée decbPy^
rénées lui fut confié da|)d» la guerre d'Espagne :
c'est à la suite, et sur la demande de S. A. R*
monseigneur ^ duc d'Angoulème, qui dirigea
l'expédition , qu'il reçut la dignité de maréchal
de France par anticipation^ et les honneurs de
la pairie.
Le maréchal Molitor a été admis aux trois
prei^iers grades de l'ordre maçonnique en 1807,
à la loge du âo"" régiment d'infanterie de ligne,
présidée parle frère Lecouturier.(^c>x. ôenom.)
^o4 BIOGKÀJPHIE*
MONET (N.}, de»inateuret graveur /connu
par des ouvrages estimés des artistes et des amis
des arts y fut un des membres distingués de la
loge célèbre où Voltaire fut admis à l'initiation
maçonnique. La Dixmerie , dans son Mémoire
pour la loge des Neuf Sœurs ^ publie en 1779,
passant en revue les principaux membres de la
loge , s'exprime de la manière suivante en par-
lant de Monet : s% Son crayon et son pinceau
« sont également ckers à l'amateur , également
« babile dans l'art opposé d'imiter et de pro-
ce duire. »
MORAND ( Pierre - Louis- Constance) , con-
trôleur au trésor royal , né à Paris le 18 octobre
1784, reçu maçfon en 1806 dans la loge de Jé-
rusalem y à Paris 5 après avoir parcouru régu-
lièrement tous les degrés maçonniques , il est
parvenu au grade de 55', rite écossais ancien;
il faisait partie du Conseil du Phœnix, chef
d'ordre pour le rite d'Hérodom , lors de la fusion
de ce conseil et^u rite au sein du Grand Orienta
Successivement nommé membre du grand con-
sistoire , puis du grand collège des rites, député
admis en 1820, il fut nommé officier du Grand
Orient en 13^4, et grand trésorier en i828.
Ce frère s'est constamment montré maçon
zélé et fort attaché aux bons principes de Tu-
BIOGRAPHIE. :205
nifé de Tordre^ Iravailléur infatigable, calcu-
lateur précis et scrupuleux, son zèle pour les
finances de l'ordre et son dévouement au Grand
Orient, ont plus d'une fois été mis à l'épreuve.
En 1828 l'inertie et le défaut de capacité des
employés du secrétariat du Grand Orient obli-
gèrent <le renouveler toute cette partie de l'ad-
ministration ; les écritures, en ce qui concernait
principalement les finances, étaient dans un dés-
ordre impossible à décrire. Le frère Morand,
avec une patience dont peut*- être nul autre
homme n'aurait été capable, entreprit de dé-
brouiller ce chaos ; il en vînt à bout, et fit à ce
sujet plusieurs rapports et surtout des tableaux
où se trouv,aient réunis un grand talent comme
calculateur, et des idées fort justes en matière
d'administration; il a, sous ce rapport^ rendu
de grands services à l'ordre en signalant tous
les abus et en introduisant l'ordre et la régula-
rité dans la comptabilité du Grand Orient.
MOREL (N.), comédien de Marseille, était
franc-maçon, homme estimable, mais original ;
il aivait captivé l'amitié et la faveur du public ;
il jouait les caricatures et portait dans la ville,
avec une imperturbable gravité, des bas rouges
et ses habits de théâtre. Tout le monde lui
faisait accueil; les enfants de la ville couraient
ao6 BIOGRAPHIE.
après lui et le rendaient la victime de mille
espiègleries. Il ne se fâchait jamais^ conservait
son flegme ordinaire, et donnait à ces jeunes
étourdis les leçons les plus sensées du ton d'un
magisterde village» Il dînait habituellement chez
un modeste traiteur voisin du théâtre , qui met-
tait toujours devant lui et sur son ordre deux
couverts, dont l'un était pour le grand architecte
de l'univers, à qui Morel faisait, pendant le
repas, toutes sortes d'offres gracieuses en lui
donnant en même temps des marques du plus
profond respect. La présence des autres convives
ne changeait rien à ses habitudes. A la fin du
repas, debout, à l'ordre du grade d'app.-., la
tète découverte et dans un profond recueille*-
ment, il portait la santé du grand architecte
de l'univers...
Morel devenait vieux. Le directeur du théâtre
voulut le mettre à la réforme ; mais les princi-*
paux actionnaireset le publicen masse exigèrent
qu'il le conservât. Cette marque d'attachement
toucha vivement le cœur de Morel, et son re-
inerciment au public fut p6ttl*«étre la scéM la
plus singulière et la plus touchante qu'on eût
jWais vue; on le couvrit d'applaudissements.
Le directeur charmé lui-même de l'intérêt gé*
mirai qu'in^irait ee comédien , voulut augmen*
ter ses appèintemenu. Morel refusa. Je suis
BIOGRàPHXE. !207
content y dit-il: ^^iciofr. me suffisent ^ et avec
eux je fais honneur à mes affaires et satisfais à
mes besoins; eficouragez; avec le reste, un
jeune artiste^ et que ce soit un maçon si c'est
possible; il mourut au poste d'honneur ^ c'est-
à*^dire au théâtre^ et fut généralement re-
gretté.
. MORIN (Stephen) , israélite^ était membre
de la grande loge de France et des associations
écossaises des plus hauts degrés. Le frère Ste-
phen Morin^ appelé en Amérique par des in-
térêts particuliers, désira établir, dans ces con^*
trées, la maçonlierie des Grades supérieurs
dite Maçonnerie de perfection. Une patente lui
fut délivrée à cet effet. Les fragments que nous
allons rapporter de ce |)ouvoïr feront connaître
les qualités de ceux qui la délivrèrent, les titres
et la mission du frère Morin. ir A la gloire du
« grand architecte de l'univers > etc., sous le
« bon plaisir de S« A. S. le très ^illustre frère
a Louis de Bourbon, domte de Clermont, prince
tf du sang, grand inaûtre et protecteur d^ tou*-
cf tes les loges; à l'Orient, etc», le 127 août
(c 1 761 : Idix esp teneiris, uniinSf concordia fra^
(i trunu Nous., soussignés > «ubstituts générauit
« de l'art royal, grands surveillants de la grande
(c et aouveraine loge de Saint* Jean de Jérusa-^
208 BIOGRAPHIE.
u lem, établie à l'orient de Paris j et noiïs S.*.
« grands maîtres du grand conseil des loges de
(c France, sous la protection de la grande sou-
« yeraine loge, etc., certifions que nous étant
fc assemblés par ordre du substitut général,
« président du grand conseil (voj. Pirlet),
« une requête à nous communiquée par le frère
« Lacorne, substitut de notre T.*. M.*.G.*.M.*«
ce (voy. Bourbon -Louis, Chartres, Luxem-
w bourg) , fut lue en séance. Que notre €.•. F.*.
i< Stephen Morin, grand élu, parfait et ancien
« maître sublime dfe tous les ordres de la ma-
ff çonnerie de perfection, membre de la. loge
« royale delà Trinité, etc., étant sur son dé-
ut part pour rAmérique, et désirant pouvoir
(c travailler régulièrement, etc. , qu'il plaise au
« suprême grand conseil et grande loge de lui
« accorder des lettres-patentes pour constitu-
« lions, etc.; à ees causes, etc., donnons plein
« et entier pouvoir audit frère de former et
« établir une loge pour recevoir et multiplier
« Fart royal des maçons libres dans tous les
« grades parfaits et sublimes, etc.; de régler
(1 et gouverner touà les membres qui compose-
« ront ladite loge, qu'il peut établir dans les
« quatre parties du monde où il arrivera ou
ce pourra demeurer, sous le titre. de loge de
a Saint" Jean f et surnommé Parfaite harmo^
BIOGRAPHIE. ^ 209 *
V me; lui donnons pouvoir de choisir tels offi-
K ciers pour l'aider à gouverner sa loge comme
ce il jugera bon; le députons en qualité de notre
a grand inspecteur dans toutes les parties du
« Non veau -Monde pour réformer l'observance
i< de nos lois en général; le constituons notre
<Y grand maître inspecteur;^, lui donnons plein
i( et entier pouvoir de créer des inspecteurs en
u tous lieux où les sublimes grades ne seront
t< pas établis.
« En témoignage de quoi nous lui avons dé-
« livré ces présentes, signées par le substitut
« général de Tordre, grand commandeur de
« Taigle blanc et noir, souverain sublime,
fc prince du royal secret et chef de l'éminent
u grade deJ'arti*oyal, et par nous grands ins-
a pecteurs , sublimes officiers du grand conseil
« et de la grande loge établie en cette capitale,
ti et les avons scellées du grand sceau de notre
ir illustre grand maître S. A. S., et de celui de
« notre grande loge et souverain grand con-
u seil. Au Grand Orient de Paris, lesditsjour
(( et an , etc. Signé : Ghaillou de Joinville ,
a substitut général de l'ordre , vénérable mai-
ci tre de la première loge en F|?ance, appelée
(/ Saint-Thomas, chef des grades é.minents,
« commandant et sublime prince royal secret ;
(( prince de Rohan, membre de la grande loge,
II. i4
2IO BIOGRAPHIE,
« X Intelligence^ le prince de la tnaçonnerie;
c< LiàcoRîïE, substitut du grand maître, R.-. D.-.
« maître de la Trinité^ grand élu parfait, che-
w valier et prince maçon; Sa Valette de Boc^
«KOLY, grand garde des sceaux, grand élu,
« grand chevalier et prince maçon ; Taopin, etc. ,
w prince maçon; Bkest de la Chaussée, etc.,
w G.*. E.'. P.'. M.-. 0.-., prince maçon;
ce comte de Choiseul^ etc., prince maçon; Bocr-
H CHER DE Cenoncourt , priucc maçou , par or-
c< dre de la grande loge; Daubantin , G.'. E.-.
crP.-. M.-., et C.-. P.-. M.-, et R.-. V.-, M.-.
« dé la loge de Saint- Alphonse ^ grand secré-
«^tàire de la grande loge et sublime conseil des
u parfaits maçons en France, etc* »
Ces hautes dignités de la maçonnerie écos-
saise, aujourd'hui portées à trente -trois, n'é-
taient alors (suivant les règlements arrêtés à
* Bordeaux le sixième jour de la troisième se-
maine de la septième lune de l'ère héfiraïque
1762) qu« de vingt-cinq degrés, divises en sept
classes : le vingt-troisième degré était le che-
valisF du soleil (aujourd'hui le vingt -neuviè-
me ); le chevalier K.*. D.*. S.*, (aujourd'hui le
trentième); et le vingt- cinquième le prince du
royal secret (aujourd'hui le trente-deuxième);
la réunion dans ce vingt-cinquième et dernier
degré de tous les princes du royal secret > qui
BIOGRAPHIE. 211
prenaient U titre de grand inspecteur général^
formait h conseil aujourd'hui du trente-troi-
sième degré* Morin propagea en Amérique la
maçonnerie dite de perfection. Il créa /député,
inspecteur général, le frère Franklin à la Ja-
maïque; celui-ci le frère Mozés Hyes, grand
maître à Boston; ce dernier le frère Spitzer
à GharlestowH. Les différents. inspecteurs géné-
raux , réunis en conseil à Philadelphie , confé-
rèrent les mêmes pouvoirs au frère Mozès Cor-
hen, de la Jamaïque, qui constitua le frère
Isaac Long; et celui-ci , à Chàrleslown, les frè»-
res de la Hogue de Grasse, etc. (f^c^é Ghasse-
TlLLY.) ,
MURAIRE ( Honoré comte ) , ancien premier
président de la cour de cassation , né à Dra-
guignan le 5 novembre lyôo, exerçait la pro-
fession d'avocat avant la révolution. Député du
département du Var à l'assemblée législative
en 1791, membre du conseil des anciens en
1795, membre et successivement président du
tribunal, et premier président de la cour de
cassation , il est devenu conseiller d'État en
i8o5, comte de l'empire, et grand officier de
la Légion-d'Honneur en i8o4- . v
M. Muraîre, sou^ le gouvernement dir^to-
rial , fut compris dans la liste de déportation
.y^-
212 BIOGRAPHIE.
aux i8 et 19 fructidor an v (1797). ^^ parvint
à échapper par la suite , et se rendit plus tard
volontairement. Il fut rappelé après les événe-
ments du 18 brumaire an viii(i799). Dépossédé
de sa place de premier président de la cour de
cassation en i8i4> il la reprit après le ^o mars
i8i5y et la reperdit après le second retour du
roi. Iln'a pointétéemployédepui8(t>q;^.DEsÈzE).
Le comte Muraire est un homme fort instruit^ et
ila rendu de grands servicessoit comme rappor-
teur du comité de législation à l'assemblée légis-
lative, soit comme chef de la cour suprême.
C'était un des maçons les plus zélés sous
l'empire ; c'est encore aujourd'hui un maçon
très -zélé, taais ses doctrines ont pris ou reçu
un caractère qui tendrait à rompre l'unité de
l'associatipn maçonnique, si un petit nombre
de frères schismatiques pouvaient donner la
loi au corps entier. C'est là le côté faible de cet
illustre frère, qui est, après M. le duc de
Choiseul (voj* Choiseul), le chef des associa-
tions écossaises.
N.
XNAPOLÉON LE GRAND. La maçonnerie
sortait à peine des ruines où Tavaient plongée
le régime de la terreur et de l'anarchie; lors-
, . B10.GRA.PHIK. :2l5
que le général Bouaparle^ premier consul ,
revêtit là pourpre impériale sous le titre de
Napoléon I^'. Il passe pour constant que Napo^
léon^ allant prendre le commandement de l'ar-^
n\ée d'Egypte y fut admis à Finitiation maçon^
nique lors de son séjour momentané à Malte.
Empereur, il se déclara le protecteur de notre
association, et lui donna pour grand maître
son frère aîné, Joseph Napoléon, roi d'Espagne ;
pour second grand maître adjoint, son beau-
frère, Joachim Mural, roi de Naples; et poiiir
premier grand maître adjoint, le prince Cam-r
bacérès, archichancelier de Tempire» L'impé-
ratrice Joséphine (voj". ces quatre différents
noms ) étant à Strasbourg, en i8o5, présida la
fête d'adoption de la loge des Francs CJieva--
liers de Pari?, réunie aux Joges de Strasbourg^
Sous le gouvernement impérial , la maçonnerie
fut belle et florissante , les ateliers magnifiques
et nombreux , les frères presque tous distin-
gués : princes, ministres, fonctionnaires pu-r
blics, généraux, magistrats, jurisconsultes,
littérateurs, artistes, toutçs les notabilités so-
ciales se firent un devoir d'appartenir à l'ordre
dans lequel, après la chute du trône du grand
>mpîre, la plupart d'entre eux vinrent cherc^ef^
^ amitiés et des consolations qu'on leur^fu-
^^^H)artout ailleurs.
\
2l4 BIOGRAPHIE^
. Le8 maçons, fidèles à rattachement contracté
au pied de Fautel de la fraternité, n'avaient
point vu l'éclat de leur fortune : ils ne virent
point l'humiliation de leur disgrâce. Aujour-
d'hui que la maçonnerie n'est plus que tolérée ,
les courtisans et les hommes en place s'abstien-
nent de prendre part aux travaux maçonniques :
peut-^être Tinstitution y a-(-^elle gagné. La
maçonnerie est devenue plu^ populaire; et si
elle ne rappelle plus les puissances de la terre
aux douces lois de Tégalité, elle élève les classes
moyennes à la hauteur des grandes vertus : son
succès est donc toujours le même, et le bien
est pliis général. Néanmoins nous faisons des
vœu* pour que le gouvernement, en protégeant
la maçonnerie, qui soutient son rang avec tant
dedignité dans les grandes institutions, rende
à nos ateliers des frères qui deviendront les
premiers organes de notre amour et de notre
respect pour notre auguste monarque, et de
nôtre; fidélité aux lois de notre patrie.
NEVEU (Jean-Augustç), employé au mi^
nistère de la marine, naqiuit vers ij35; il était
inembre des' ateliers à\x Phénix , orient de Paris,
chevftlier K.*. D.;. S,*., et depuis 1808, chf^^
valier R.*. A.-, du chapitre royal -arc)^^
^ > - , BIOGRAPHIE. ai5
sons le titre de \a. fortitude , orient de Birmin-
gham , en Angleterre.
Le frère Neveu fonda, en 1819, ^ Torient de
Paris, la loge des imitateurs d^Osiris^ et en
devintle premier vénérable. Çfi digne frère, qui
pendant longues années fut prisonnier des An*
glais, avait puisé dans l'esprit philanthropique
des maçons de la Grande-^Brelagne, l'idée émi-
nemment généreuse qu'il essaya de développer
dans sa patrie; il proposa à la loge et aux autres
ateliers de la capitale l'établissement d'une caisse
commune de bienfaisance* Son prpjet, imprimé
en 64 pages in-8", 1821, offrirait les éléments
d'une belle création, si l'état politique de la ma-
çonnerie en France permettait l'^pcomplisse-
ment de si grandes conceptions.
Le troisième ordre a plusieurs fois tenté sans
succès ce que Je frère Neveu croyait pouvoir
faire opérer sans entraves. Ce n'e.st point ici le
lieu d'exaçiiner son plan ni les idé^s émisas avant
ou après lui. Lsi tolérance dont ijous jouissons
na sui^t jkis; il faut des sacriQfi^^ pécuniaire^
que tous les maçons ne peuvent pas s'imposer;
la mobilité du caractère national iss^encore une
cause, peut-ê(PQ la principale . cause «d'empê-
chement. >. . .
Les temps peuvent changer :eit l'avenir^»"
se réaliser l'espérance de nos frères philaS^ro-r
\
\
V
!2l6 BTOGRABHiB.
pes : alors les vues du frère Neveu deviendraient
fécondes. Illi'a pas senti la défaveur de l'époque
où il a écrit. Plein de feu, plein d'àme, plein
d'une bonne volonté supérieure , il s'est découd-
rage alors qu'il fallait de la résignation et de la
patience ; on assure même que le chagrin de
n'avoir pas réussi a ajouté au fâcheux état d^
sa santé dont on aura une idée dansJes réponses
qu'il adressa à ceux qui l'accusaient avec peu
de mesure de se passionner pour le système
philanthropique des maçons anglais.
« Ceux qui m^accusent d'anglomanie, dit-il ,
« savent-ils que pendant sept années j'ai sôuf-
w fert cliez les Anglais une captivité que ceux-.
w ci rendaient à chaque minute du jour plus
c( affreuse par des tourments aussi barbares
cf qu'injustes ? que je n'ai dû enfin ma liberté
(T qu'au poisoq dont j'ai nourri mon corps en
cf silence pendant six mois , pour lui donner une
« apparence réelle de mort, que la mort seule
w pouvait avoir, et que l'art d'Esculape, faus-
i( sèment appliqué, rendait plus hideuse et
w plus prompte ? w
Ces plaintes d'un Français rappellent l'hor-r
rible supplice des pontons anglais; et, si nos
frères les insulaires l'emportent sur nos ma-
""IçC^ . bienfaisance générale, félicitons-nous,
romrafe nation, de ne point ressembler au peu^
BIOGRAPHIE. 217
pie britannique. JLe frère Neréu mourut tn
1 826. Le Grand Orient de France , dans la
commémoration des membres qu'il avait per-
dus dans l'année y rend un touchant hommage
aux vertus de ce jeune frère,
PAIN (Joseph), auteur dramatique, l'un des
censeurs des journaux sous le ministère de
M. le comte de Corbière > est né à Paris le 4
août 1775. Seul ou en société avec MM, Bouilly,
Dumersan, etc., il a donné plusieurs vaudevilled
qui ont eu du succès^, et publié des chansons et
autres poésies SLSsez médiocres. On trouve desca/i-
tiques de M. J. Pain dans la Lyre maçonnique.
PAGANUCCl (Jean), négociant estimé,
instruit, et souvent pds, parle commerce et les
magistrats, pour arbitre dans les affaires impcrr-
tantes, naquit en ^729, à Lyon, où il a cons-
tamment séjourné. Il est auteur d'un ouvrage
intitulé : Manuel des négociants , ou Encyclo-
pédie portative delà théorie et de la pratique du
commerce. Lyon , 1 762 ; 3 vol. in-S**. Cet ouvrage
est une espèce de dictionnaire qui renferme la
statistique des principales places de l'^lurope,
leurs changes, leurs usages, etc., et où se ren-
2l8 SiOGRA^PHlS^
eontrent d'intéressantes recherches sur les pro-^
cédés emplayés dans diverses manufacturas. Son
nevei^^ M. Boucharlat, s'est honorahleoient fait
connaître comnoe poète eli comme mathémati-
cien. M« Faganucci était un des zélés maçons^
de l'orient de Lyon, où il mourut en 1797. Il
appartenait, en 1777, à la loge de la Bienfait
sancCf en qualité de maître écossais, secrétaire
général.
PAÏNE ( Thomas ) naquit à Thetford, wmté
de NorfoJk, le 29 janvier 1757, d'une famille
dont le chef était fabricant de corsets, et qua-
ker de religion. Thomas Paine fut successive-
ment ouvrier chez sou père, matelot, fabricant
de. corsets, employé de l'accise, jourualisie à
Philadelphie, publiciste et homme d'État dans
l'ancien et le. nouveau monde, ami de Franklin
et de Washington; il se prononça pour l'indé^
p^daiice américaine en publiant » en «776,7^
Sens commun^ que Labaume traduisiie|i fran*
çais en 179?, in-8^ *
La guerre déclarée entre les colonies aug^laises
et la mère-patrie, il va aux armées où il entre-
tient l'esprit de liberté pa^mi les soldats en
publiant des petites brochures patriotiques.
£n 1779 , il est nommé secrétaire au comité des
aifaires étrangères; en 1761 envoyé en France
BIOGRAPHIE. 219
avec le colonel Lawrence pour y négocier un
emprunt. La France donne six millions à la
nouvelle république , et cautionne le» dix mil-
lions que 1^ Hollande a avancés. Âpres la ces*
sation des hostilités entre l*Angleterre et TAmé-
rique, Thomas Paine reçoit, en récompense des
services qu'il a rendus à la cause nationale , des
terres d'une valeur considérable. Il présenté,
en 1787, à l'Académie des Sciences de Paris,
un plan de construction de ponts en fer. Au
commencement de la révolution française , il se
lie avec Edmond Burke ; mais s'apercevant
bientôt que le publiciste anglais est un homme
dévoué au ministère de son pays, il cesse toutes
relations avec lui, et. publie, en opposition à
son ouvrage sur la révolution, une apologie de
la constitution de 1791 , sous le titre de Droits
de r Somme, dont Soûlés donne une traduc-
tion en français. Les Droits de la Femme,
seconde partie des Droits de F Homme, con-
tenant la théorie et la pratique de ses principes,
succède bientôt au premier ouvrage , et est
pour Fauteur, alors à Londres, le sujet d'un
procès politique. Le ministère le fait arrêter et
mettre eu jugement, comme excitant le peuple
anglais' à la révolte contre le gouvernement.
Thomas Erskine, célèbre avocat, prend sa
défense; on circonvient l'avocat, qui résiste.
220 BiaGRAPBie,
Paine est condamné > et Erskine perd Temptoi
lucratif d'avoué général du prince de Galles w
La société des amis de la liberté de la presse
vole des remerciments au généreux défenseur.
En France, Paine reçoit de rassemblée natio-
nale le titre de citojen français. Libre de subir
sa peine ou de s'expatrier,^ le publiciste atnéri--
cain se disposait à venir à Paris, lorsqu'il reçut
une députation du département du Pas-de-
Calais , qui lui apportait la nouvelle du choix
qu'il venait de faire dé sa personne pour le
représenter à la convention, Paine débarque en
France, où on lui prodigue tous les honneurs
civils et militaires. Dans le procès du roi, il
vote successivement le bannissement, la déten-
tion et le sursis. Jlobéspierre , indigné de ce
vote modéré d'un homme connu pour un éner-
gique républicain, le fait rayer par suite comme
étranger, puis le £stit arrêter. Monroë, ministre
américain, réclame et obtient sa mise çn liberté*
Paine exprime à son courageux compatriote le
sentiment de sa reconnaissance; mais, dans
une lettre qu'il fait imprimer, il reproche dti^
rement à Washîngtoii, son ancien ami, son
ingratitude et son indifférence politique. Il ren-
tra à la convention en 1794» c^ offrit, en 179Ô,
un don patriotique pour concourir à la des-
cente en Angleterre. Après la paix d'Amiens,
BIOGRAPHIE. 221
il retourna aux États-Unis, où il mourut le 8
juin 1809. Thomas Paine, que l'ordre^ maçon-
nique comptait dans ses rangs , a publié un
Essai sur la franc-maçonAeriey où il prétend
que cette société nous vient des druides. La
brochure de Faine a été traduite en français
par M. Bonneville. (^Voj. ce nom.)
PARNY (Évariste-Désiré Desforges, cheva-
lier, puis vicomte de), le plus célèbre de nos
poètes erotiques, naquît à TUç Bourbon, en
1753, vint en France à l'âge de neuf ans, entra
au séminaire, prit le parti des armes, et re-
tourna à l'île Bourbon. Il y devint amoureux
d'une jeune créole âgée de treize an3, nommée
Éléonore. Aimé de cette personne charmante,
il ne put Tépouser ; son père , qui s'était opposé
à ce mariage, voyant l'état de langueur et de
dépérissement où il était tombé , le renvoya en
France. Le chevalier de Parny conserva, jusque
dans.la vieillesse , un tendre souvenir de ses
premières amours ; néanmoins cet amant si
passionné refusa d'épouser Éléonore , qui, de-
venue v^euve, lui offrit sa main. Il est vrai
qu'Éléonore n'était plus jeune , et était mère
d'une nombreuse famille. Parny perdit sa for-
tune à la révolution : le général Macdonald
l'aida discrètement dans sa détresse, et le
22^2 BIOGHAPHIE.
comte Fraoçai^ de Nantes, directeur général
des droits réunis, lui donna une sinécure dans la
place de chef de bureau dans son administra-
tion. Ses amours, recueil élégiaqué, le firent,
surnommer le Tibulle français ; mnis l'ouvrage
qui a rendu son nom universel est la Guerre
des Dieux, qui ne reconnaît de supériorité que
la Pucelte de Voltaire. Il devint membre de
rinstitut en i8o3.
Comme franc- maeôn , il appartenait à la loge
des Neuf Sœurs , qu'itconcourut à réorganiser
en 1806. Lors du concours littéraire maçonni-
que, ouvert dans le même atelier en 1807, et
où brillèrent )comme concurrents MM, de Cha-
zet et P. F, Tissot (voj. ces noms) , il composa
une cantate dont le frère Rose fit la musique,
et qui fut exécutée dans la séance où les prix
furent distribués. L^ premier grand maître
adjoint, le prince Çambacérés, archichancelier
de l'epipire, présidait la séance. Le frère de
Parny mourut le 5 décembre i8i4-
PARNY (N.),, frère aîné du précédent. Sa
vie est inconnue aux biographes; nous savons
seulement qu'il fit au civil ses preuves pour
monter dans les carrosses du roi, et en maçon-
nerie, qu'il fut un des fondateurs de la loge
des Neiif Soeurs y avec Fallet, Garnier, Chaa- >
BIOGRAPHIE^ 223
vet, Changeux, Cailhaya, le chevalier de Cu-
bières; le curé Robin ^ et l'abbé Cordier de
Saint-Fîrmin*
PASTORET (Claude-Emmanuel -Joseph-
Pierre, marquis de), vice -président de la
chambre des pairs, est né à Marseille en ij56.
Avocat, conseiller à la cour des aides de Paris
en 1781 , membre de l'académie des Inscrip^
tiens et Belles -Lettres en 1785, ministre de
l'intérieur en 1790, président du département
de. Paris en 1791, puis procureur général et
député à l'assemblée législative la même antiée ,
M. de Pastoret quitta la capitale après les évé-
meots du 10 août 1792, qui mirent sa liberté
et sa vie en danger. Il rentra après la révolu-
tion du 9 thermidor an 11 ( 1794) 9 et fut nom-
mé , en 1795, membre du conseil des cinq
cents. Porté sur la liste de déportation au 18
fructidor an y (1797), il se hâta de nouveau
de prendre la fuite, et il ne reparut qu'après
le 18 brumaire an viii (1799). H fut nonhné
en 1804 professeur de droit, et en 1809, sena-
teur et comte de l'empire, enfin membre de
la Légion-d'IIonneur. Les événements de 18 14
le trouvèrent prêt à appeler un nouveau gou-
vernement et le rétablissement de la famille
royale. Le roi Louis XVIÏI le nomma pair de
2^4 BIOGKAPHIE.
France et marquis. On doit à M* Pastoret :
Éloge de Voltaire^ ^799» Discours en vers sur
, V union qui doit régner entre la magistrature ,
les lettres et les arts, lySSj; Zoroastre, Con--
Jiicius et Mahomet^ comme sectaires, législa^^
teurs et moralistes; avec le Tableau de leurs
dogmes, de leurs lois et de leur morale; seconde
édition 1787; Moïse y considéré comme légis-
lateur et comme moraliste, 1789; Traité des
lois pénales, 2 vol. in -8**, 1790; Histoire de
la législation y 4 ^^* in -8°. M. Pastoret a été
membre, puis -vénérable de la loge des Neuf
' Sœurs.
PEYRILHE (Bernard), docteur en méde-
cine , professeur royal de chimie, naquit à
Perpignan , en 1735 , fit ses études à Toulouse,
vint à Paris, et fut agrégé au collège et à l'a-
cadémie de chirurgie en 1769. Médecin, chi-
miste et botaniste, il vit dans cette triple science
les moyenS; de rendre un plus grand nombre
de services à l'humanité; et, en effet, il a laissé
de longs souvenirs de reconi^aissance pour une
pratique suivie avec persévérance, et des^vues
générales qui ont sété appréciées par tous ses
confrères. Son Mémoire sur le cancer, couronné
par l'académie de Dijon, a été long -temps le
seul estimé aur cette maladie. Les ouvrag;es de
BIOGRAPHIE. 2:i5
Peyrîlhe «ont : i** avec Dujardin, Histoire de
la chirurgie j 5 vol. in-4*, 1774-1780; le troi-
sième volume est de lui seul; 2** Essai sur
Uàlkali volatil et son emploi dans le traitement
des maladies vénériennes^ i vol. în-8®; 5® Ta^
bleau d^ histoire naturelle des médicaments,
I vol. in-8**, 1800; M. Huilier en a donné
une nouvelle édition avec des notes ^ 2 vol.
in-8^. On doit aux sçins de M. Sue, son con-
frère et son ami, la notice ou catalogue des
ouvrages manuscrits de ce savant. Maçon plein
de zèle et de dévouement à l'ordre , il devint
officier du Grand Orient en X774-
PHILIPON DE LA MADELEINE (Louis),
littérateur, naquit en 1764^ et mourut en
1818. Il fut avant la révolution successiyement
avocat du roi à la chambre des coniptes de
Besançon, et intendant des finances de M. le
comte d'Artois, aujourd'hui S. M. Charles X.
Sous le gouvernement directorial, il occupa
l'emploi de bibliothécaire du ministère de l'in*
térieur. Le reste de sa vie a été consacré aux
lettres. Il s'associa pour la comédie -vaudeville
avec MM. de Ségur et Le Prévost d'Iray, donna
un recueil de ses Chansons, qui eurent quatre
éditions, la dernière en 1810; écrivit sur l'édu-
cation, et fit paraître : 1** Géographie élémen-
_ II. i5
226 BIOGRAPHIE.
taire de la France, deuxième édittOD, 1801 ;
2^ Homonymes français , troisième édition ,
iSi '^^ 5^ Manuel épisiolaire , septième édition ,
iSao; 4^ Grammaire des gens du monde,
d.^QXÎëmë édition , 1807? 5" Dictionnaire por^
UUif des poètes français morts deioSo à iSo/^,
1 8o5 } 6* Dictionnaire portatif des rimes ,
d<(tixijème édition^ ^ 1Ô06; 7** Dictionnaire por--
taiifde la langue française, troisième édition,
i8ig; 8^ une édition des Voyages de Cyrus ,
pirlUftmsay^ etc. Philipon de la Madeleine
était imémbré de l'asèociatiôn fraternelle, et on
voit dans la Lyre maçonnique qu'il a payé son
tribut à l'ordre.
^PIÇCINI (Nicolas), célèbre compositeur de
musique, membre de la loge dea NeufSosurs >
naquit à Bari , dans le royaume de Naples, en
1728, et mourut à Passy, près Paris, en i8oo,
Piccini fut élèvç de Léo et de Durante. Il vint
à Paris en 17716, et apprit de Marmontel les
élétpeûts de la langue française. Lorsqq'il dé-
buta sur la scène lyrique par son opér^ de
Roland, le chevalier Gluck était en possession
de& Cent 'boUches de la renommée , et Roland
fut outrageusement sifflé. Sou malheureux au-
teur' était aÉU; désespoir, lorsque la reine Marie-
Antoinette b nomma son maître de chant; La
1^11 té roysrle lui fit oublier la cruauté du par-
terre; maîs^ sa majesté voulut, réconcilier les
deux rivaux; la paix *ïi|:l<eB aom d'aussi aor
gustes auspi^^^ L* lendeoiain / la guerif^ p^
commença avec [plus d'ach^rueiQgnt; elle .deh-
vint générale, et Tempire (^usicaf^e pai:|{^e4
etitre les gluckùte$ et, le$ pioGimstes. llfi^f/mt-
pa»de sat^PépÀudu^ inais cette guerre fix^done
£t^rce pamphlets, force injure ^^fore» ^pigrs^io-*
mes, bonnes et niauvaise»^ ; : ,
Gluckquitta lai ïlraAdQ^^ttFîc^îni sgrait rfsté
maître dé la^ci^e si Sa^cçhifii. n'était jV^U^ilu»-
idisputerla palme* Lee detiX rivaux furent S9w-'-
-gea ; : ila paj?tagèiwi.t le; (riç^p)»^ ^^ içt 1^^ tqp^pjLç
dej'barmonie ne fut plus:ua tempb de. déar
accords;:: . :
Ficciûi diomx^. Mj^^ Didan^ Diane i^JEn^
dynUon , P4néhpe , e(c.^ et dçuxx)péras< coqi^
ques, le Dormeur :^éveiU4 et /» ifaifo: Xor^*
Nommé en 1782 directeur de TËcole royale de
chant ^ il retourpfitdaiis, sa.pjaL^riç çn 1791^ et
revint à^^^ris en i7g9vLe gp^vernement lui
accorda un traitement modique qui était son
unique ressource.- • . -.
PUS (Fierre*Aiitoine<-Aiigui^tii^ de), auteur
dramatique et chansojôAiei!^ »en\bre de la L^r
gion-d'Hoimeur, était, alitant 1^. |*éyolutio];^,.^t
228 BIOGRAPHIE.
dès 1784^ sectëtaire-interprète de M, le comte
d'Artois (aujourd'hui sa majesté Charles X).
Pendant la révolution il exerça^ entre autres
fonctions publiques, celles de secrétaire général
de la préfec^re dé police et d^archivisle de là
même adîninistratioin. M. de Piis est^ avec
Barré et Desfontaines, fondateur du théâtre du
Vaudeville > où il donna, en société avec Barré,
seize ou dix «- huit pièces charmantes ^ dont le
souvenir est cher à tous les amis de la franche et
spirituelle gailé. 11 fonda aussi en 1798, avec le
chevalier de €ulHéres, le Pùriique républicain^
société lîuétuîre qui se soutint assez long-temps^
et où, singulière condition , on ne pouvait ad-
mettre aucun membre de l'Institut. Enfin, il
est fondateur, avec Désaugiers et d'autres chan-
sonniers, du Cm^eau moderne. Piis a été convive
des Soupers de Momusy académie chantante qui
a survécu au Cadeau.
M. de Piis étaijé membre, en 1809, de la
loge des Neuf Soeurs ^ pour laquelle il a com-
posé plusieurs cantiques maçonniques.
PINGRE (l'abbé Alexandre-Guy), chanoine
bibliothécaire de Sainte-Geneviève, chancelier
de l'université de Paris , astronome-géographe
de la marine, membre de l'anciemie Académie
royale des Sciences , de l'Institut national , etc..
BIOGRAPHIE. 22g
naquit à Paris le i4 septembre 17 ii, et mou-
rut dans cette ville le f^ mai 1796. Élevé
chez les génovéfins, il devint membre de cetle
congrégation à l'âge de seize ans , et fui pro-
fesseur de théologie à Fâge de vingt -quatre.
Mais ses opinions dans les querelles du jansé-
nisme le firent reléguer dans un collège obscur
pour y enseigner les premiers éléments de la
grammaire; singulière manière de redresser
les opinions religieuses d'uu homme de mérite.
Heureusement Le Cat, chirurgien célèbre et
son ami y fonda l'Académie des Sciences de
Rouen , et l'y fit recevoir comme astronome.
L'abbé Pingre calcula Péclîpse de lune de
1749 s. ^t donna un Almanach nautique pour
faciliter aux voyî^geurs Fobservation des lon-p
gitudes. Justice lui avait été rendue dç toutes
parts. Le gouvérnemeiit lui fit' faire plusieurs
voyages- sur mer dan* rintérèt de l'asttonomi'c
et de la géographie. De retour, l'àbbé Pinçré
publia la relation de ses courses scientifiques
en deut volumes .in-4% 177 5*- 1778; •
Son 'ouvrage le plus important est une €0-
métographie ou Traité historique et théorùjue
des Comètes^ 2 vol. in-4% 1783. Enfin on lui
doit une Histoire de l^Astronormê dit âix-sep-
tième siècle y i vol. in-4% i^*fi*'"'''^ ' ■ '
L'abbé Pingre' fut' un des plus zélés 'fi^iics-
1
aSo ' BteiOKAPHIE.
maçons. Il préaida la loge de VE^oUe polaire ^
orient de Paris, fut député de plusieurs loges ,
ofl^cier du Graod Orieiit et di^Uxièii^e surveil-*
Iwt de la chambre ;d«s {)rovinces. Sa retraite,
annoncée par le Grand Orient dàils lés termes
les p)ûS:boaoi!ables^ affligea tous les frères, tons
dignefs appréciateurs de ses Càlents, de sonder
vOuément à Tordre et de ses douces- vertus.
PIRLET (N.)r tailfeujp d'habits , membre de
la gratide loge de. France et du^ comeil des em-r
p)8reurs4'<yrieiit et d'fcJécidéùt, Souverains prin%
ces maçons,, fut constamment un frëre de parti,
etildoft a ceopoîe asseiifàcheâx le |)efidexîélé-r
brité maç(^nîqtiequi s'^st attachée à sou nom.
(/^^. l'histoire aux années.)
.piRON{,yeiaai-r3apti8te-Pi€kPrer Julien), ancien
agent général;, aqcieû intendant desiinances,
domaines, bpis çt ^apanage^ de M. le comte
d^Àftpif, aj^JQurd'bui rS« M. Charité* X, sonve-
raih grandh insp€;çt6ur général , 33f dçgré , ser
C^air^, du «aint empire, grand opateur de
<âvclas$($^\i,Qri^d Qrient dans;3Qn grand cha-
jpjtre,^^oéjral|r)p;>embre;bonoraire,de tQiîtes Iftç
loges. v^ .Chapitres, de France-,; grai^^d praléuT
d'honneur des jç^^ Éços(^ni$0J^ du Tetnple d^s
Muses,, . du^ C^ch onentat\ 4^s Phiïadefpbes
BIOGRAPHIE. a3x
des amis éproui^és, de Saint- Alexandre d^E--
cosse ^ etc.
Tous ces titres fort pompeux décorent le nom
du frère Piron/ mais n'empêchent pas^ qu'il
n'ait laissé en maçonnerie des souvenirs peu
agréables à causé de toutes les querelles aux-^
quelles il s'est trouvé mêlé. Les faits qui ont
signalé la vie maçonnique de ce frère ^ et qui
seuls ont pu lui acquérir quelque cëiébrité^
se rattachent aux. diverses discùssîops que le
Grand Orient eut à soutenir contre les institu-
tions écossaises. Nous les avons déjà consignées
dans le précis historique. Des JBaits graves lui
sont reprochés; mais nous ne possédons pas
assez de preuves pour nou^ permettre d'en don-
ner le résumé.
Le frère Piron mourut en -ï 6^1.
PLANE (J.-M.), littérateur, a publié r^i^^o-
logie des Templiers et des Francs - Maçons y
2 vol. in-.8^, 1797 (Neudon, imprimerie de
Demailly). Dans cet ouvrage, l'auteur, après
avoir avoué qu'il a partagé les préventions gé-
nérales contre les chevaliers du Temple ^ en
fait l'éloge et l'histoire depuis la fondation de
Tordre jusque après le supplioe de Jacques de
Molay;. j. i . )
3^52 ^ BIOGRAPHIE.
POISSONNIER (Pierre- Isaac), célèbre
médecin -chimiste, naquit à Dijon , le 5 juil-
let 1720. Reçu' docteur à Paris, en 1746, il
exerça, de 1749 a ^777 1 ^^^ fonctions de pro-
fesseur de chimie au collège de France. Il sup-
pléa le père de l'illustre Helvétius comme ins-»
pecteur des hôpitaux militaires , et devini
premier médecin des cent mille hommes qui
servaient en Allemagne en 1757 et 1758. Ver»
oette époque il partit , par ordre du gouveriie-p
ment, pour donner des soins à la santé de l'im*
pératrice Elisabeth; mais le but réel de son
voyage était d'établir des négociations secrète»
entre le gouvernement français et celui de sa
majesté impériale. La .princesse, pour l'admet-
tre à sa table, fut obligée de lui donner le
rang et les insignes de lieutenant général de
ses armées. Les négociations ayant été heureu-
ses. Poissonnier, à son retour en France, de-
vint conseiller d'État, reçut une pension de
i3fO0o fr., et vit créer en sa faveur là place
d'inspecteur et directeur général de la méde-n
cine, de la chirurgie et de la pharmacie des
hôpitaux ddius Les port& de France; place qui
fut supprimée en 1791.
On établit en 1768, sur sa proposition , de$
cours d'anatomie, de chirurgie et de botani-r
que, et des concours dont il était juge. En
BIOGRAPHIE. :233
1779, il combattit y avec autant de science que
de bonheur^ une épidémie qui s'était déclarée
sur les flottes combinées, de France et d'Espa-
gne. La révolution ne l'épargna point; il fut
enfermé avec sa femme et son fils dans la pri-
son de Saint - Lazare; mais le 9 thermidor leur
sauva la vie et leur rendit la liberté.
Poissonnier était membre de l'Académie
royale des Sciences et de presque toutes les
académies de l'Europe; mais il a peu écrit. On
lui doit y en 1763^ un appareil distillatoire pour
dessaler l'eau de la mer, qu'un Anglais, nom-
mé Irwin, lui disputa impudemment, et qui
valut au plagiaire une pension de son gouver^
Dément. Poissonnier, cependant, consei*va le
mérite de sa création.
Cet illustre ami de Bufibn , de l'abbé Bar-
thélémy , de D'Âlembert, de Thomas et de Du-
clos, était, en 1774* député de la loge de'
^int-^Jean , orient de Chartres , près le Grand
Orient de Franee.
PONCE (Nicolas), graveur, homme de let-
tres, correspondant de l'Institut, et chevalier
de la Légion -d'Hoiineur, est né à Paris le 12
mars 1746»
Comme graveur on lui doit lefs Illustres Fian-
gais ou Tabhàu historique des grands hommes
2^4 BIOGRAPHIE.
de la France^ Au rççueil des peintures antiques
des Bains de Titus et de Lis^ie^ les principaux
événements de Vindépendanee des États-Unis
d'Amérique, avec Godefroy , les quarante -six
estampes qui ornent la belle édition de ZV-
rioste de Dussieux.
II a concouru à toutes les estampes des édi-^
tions remarquables qui ont paru depuis soixante
ans* Son œuvre est recueillie en deux grands
volumes à la Bibliothèque du roi. ,
Comme littérateur , il a remporté un prix et
trois mentions honorables à l'Institut. Il a im-
primé : 1** Description historique , géographique
et statistique des ports de France et de ses co-
lonies, in-folio; a" édition française ^ des Prin-*
cipes de la LithograpJUe de Semfelder, in -4* î
5^ le Lamter historique des femmes célèbres ,
in-i8; 4^ des Causes qui ont animé V esprit de
liberté qui s'est manifesté en France en 1789 :
c'est l'ouvrage couronné par Ilnstitut ; 5*" des
Causes de la supériorité des Grecs dans les
beaux-^rts; 6® de V Influence jie la réformation,
de Luther sur le système politique de V Europe;
7** des Emprunts publics dans une république;
8** Considérations sur le traité de Vienne en
j8i5 ; 9^ des As^antages de la Charte constitua
tionnelle pour tous les Français; lo"" Mélanges
sur les beaux^arts ; ir'' prèsde deux cents ar-
BIOGRAPHIE, 255
ticles dans la Biographie universelle; 12** il a
coopéré au Moniteur^ au Mercure ^ au Journal
de Paris y etc., etc.
Comme citoyen il était chef de bataillon dans
la garde nationale en 1792, et par suite de
l'absence du chef de légion , il commanda aux
Tuileries le 5o juillet, jour de l'arrivée des
Marseillais à Paris.
Comme maçon, reçu en 1768, il fit partie
de la loge des Neuf Soeurs en 1804, fut plu-
sieurs fois son premier surveillant et ensuite
son député au Grand Orient, dont il a fait par*
fie pendant quatorze ans comme garde des
sceaux de la grande loge symbolique. Plus
qu'octogénaire, M. Ponce est, depuis 1826,
officier honoraire du G^and Orient.
Notre tendre amitié poiir ce respectable
vieillard nous interdit de faire son éloge*
POYET (Bernard), architecte, naquit à
Dijon le 5 mai 1742. Élève de Wailly, il fit le
voyage d'Italie, et à son retour il devint suc-r
cessivement architecte du duc' d'Orléans , de
la ville de Paris, de l'archevêché, "de l'uni-
versité, du corps législatif et du ministère de
rintérîeur; sur la fin de 3a carrière, qui se ter-»
raina le 6 décembre 1824» il fut nommé menn
bre de l'Institut, académie royale des beaux-.
236 ^|06RAI»HIE.
artsl C'est sous sa direction qu'a été transportée
de la rue aux Fers au marché des Innocents' la
célèbre fontaine ornée des sculptures de Jean
Goujon j c'est aussi sur ses avis que l\>n a dé-
moli les maisons qui encombraient plusieurs
ponts de Paris.
Il a fait assainir une foule de rues par d^u-
tiles démolitions y et est auteur du frontispice
du palais du corps législatif. Ingénieux dans
ses idées ^ mais gigantesque, bizarre, chimé-^
riqu^y il a composé une foule de projets qui ne
seront peut-être pas inutiles à ses successeurs;
il a aussi beaucoup écrit sur son art.
M. Poyet était, en i8og, membre de k loge
des ^euf Sœurs, orient de Paris. "
PROCOPE (Michel-Côltelli), médecin, fils^
de François Procope , noble de Palerme, qui le
le premier établit à Paris un café, devenu cé-
lèbre par la réunion qu'on y voyait habituelle-
ment des premiers littérateurs de l'époque,
naquit à Paris en 1684 > et fit des études pour
être prêtre; mais bientôt il montra un pen-«.
chant décidé pour la médecine, et fut reçu
docteur en 1708. Un riche mariage le mit
dans la position qui convenait à ses goûts : Ta-
bondance, la société, le plaisir et le douxj^r
niente du poète. On vit Procope plus souvent
BIOGRAPHIE. 257
dans les assemblées et au spectacle que dans les
hôpitaux et au chevet du lit de ses malades. Il
essaya même son talent pour les jeux du théâ-
tre, en faisant représenter à Londres, en 1719,
une comédie en cinq actes et en prose , intitu-
lée arlequin balourd, et à Paris , en 1724, une
comédie en un acte sous le titre de réassemblée
des comédiens; en 1786, avec Romagnesi, les
Fées; en 1741 f avec Lagrange, la Gageure; en
1 745, avec Guyot de Merville, les deux Basiles,
le Roman* A ces essais, dont la renommée ne
lui a point survécu, paraissent s'être arrêtées ses
prétentions au titre d'auteur dramatique.
Il a donné, dans lies recueils du temps, diffé-
rentes pièces de poésie qui ont été remarquées.
Procope, médecin, a publié : i** Analyse du
système de la trituration, 1712 , in-12; 3® Let^
tre sur la maladie du roi à Metz, 1744* in-8%
critique dirigée contre La Peyronie, médecin
du monarque; 3** l^Art de faire des garçons ^
Montpellier y 1748, Paris (sans datç), 2 vol.
in-i:2. Dans cet ouvrage piquantet bien écrit,
il examine les différents systèmes de la géné-
ration; le moyen qu'indique en badinant le
docteur Procope, a été pri^ au sérieux par un
grave accoucheur, Millot, accoucheur de Mes-
dames, qui a publié sur ce sujet fArt de pro--
créer les sexes à volonté. Procope a fait rire
258 BIOGRAPHIE.
tout le monde : Millot a fait un peu rire à ses
dépen»« La Procopiade ou \ Apothéose du doc--
leur J^rocàpe est un poème comique en six
chant»/ publie par Giraud. Ce médecin-poète
et auteur dramatique a été un des plus zélés
et des plus aimables francs-maçons. Son Apo^
logie des francs ^ maçons ^Vi vers est un opus-
cule aussi bien inspiré que bien fait; on le
trouve daas tous les recueils maçonniques*
R.
RAMSAY (le docteur), chevalier baronnet
écossais ; était un mâçon distingué; il préten-
dit, en 1728, réformer la franc -maçonnerie, et
introduire trois nouveaux grades : YÉcossais ,
le Notice , le Chevalier du Temple^ Suivant
Ramsay la franc -maçonnerie aurait été insti-
tuée par Grodefroy de Bouillon , à l'époque des
croisades, et la loge de Sainte André j à Édim-^
bour^, serait le chef-lieu de l'ordre maçonni-
que; les maçons descendraient des chevaliers
du Temple.
Quoique les grades dé son invention aient
été solennellement repoussés , lorsqu'ils paru-
rent, par les grandes loges nationales d'Anr
gleterre et de France, ils firent néanmoins,
dans les deifx pays, un grand nombre de pro-
BIOGRAPHIE. ^^^9
sélytes. L'origine qu'il suppose à la franc-ma-
çonnerie a encore des partisan». Le système de
ses grades a été retouché; il a donné naissance
au grade de Kadosh- Templier qui , pour être
pratiqué en France est devenu Kadosh philoso-
phique. C'est à Rainsay que les partisans des
grands titres, des grandes décorations, les ama-
teurs de chevalerie, de principauté, de sou-
veraineté, font honneur de l'invention dé ce
pompeux écossisme qui a trente-trois degrés,
et qui fait regarder avec dédain le simple maU
ire.... Voici ce que dit M. Thory {Acta lata^
morum, tome I**", page 55i) àl'occasion de l'in-
vention des grades de ce célèbre Écossais : V On
« prétend que l'ordre ou la société secrète de
(c la Palestine existait du temps de Ramsay,
m et que c'est dans ses dogmes que ce novaterii^
ir a puisé une partie de son système. »
Raijsay mourut en 1743» à Saint-Germain-
en-Laye.
RAMPON (le comte Antoine •Guillaume),
lieutenant général, pair de France, grand con-
servateur de l'ordre maçonnique en France, est
néàSaint-Fortunin, le 16 mars lySg. A seize ans
il entra au service comme simple soldat. Lieute-
nant, en 1792, à l'année d'Italie, il passa, en
1793, à l'armée des Pyrénées, où il fut nommé.
24o BIOGRAPHIE.
sur le champ de bataillie, chef de bataillon,
adjudant général, et dans la même année , chef
de brigade. Le 24 janvier 1794, accablé sous
les forces espagnoles, il subit le sort de la
guerre, et ne recouyra la liberté qu'à la paix* ,
Il servit sous le général en chef Bonaparte à
l'armée d'Italie , et mérita le grade de général
de brigade à la bataille de Montenotte, le
II avril 1796. Sa belle conduite au. combat de
Lonatp, comme commandant de la 52% lui va-
lut cet éloge dans le rapport que le général en
chef adressait au directoire : (c J'étais tranquille,
la 52* était làl » Pendant toute cette mémo-
rable campagne le général Rampon se fit re-
marquer; il commandait l'avant-garde lorsque
l'armée passa l'Isongo et les Alpes italiennes;
en Suisse il ne s'illustra pas moins sous le gé-
néral Brune. Choisi pour faire partie de l'ex-
pédition d'Egypte, à la bataille des Pyramides,
il eoleva, avec ses grenadiers, les retranche-
ments turcs, et résista aux nombreuses attaques
des mameluks. Dans l'expédition de Syrie, il
pénétra le premier à Suez, et à la bataille du
mont Thabor, il commandait la droite de l'ar-
mée. C'est eè qualité de général de division
qu'il prit part aux batailles d'Aboukir et d'Hé-
liopolis; il eut, sous Kléber, le commandement
de Damiette et du Manssourah ; le commande-
BIOGRAPHIE.. 241
ment du camp retranché sous Alexan4ne lui fut
confié. Après la capitulation, par le général
Menou, il revint en France et entra au sénat
conservateur. En i8o5, commandant çénérài
des gardes nationales des départements du
Nord , de la Lys et de la Somme , il organisa le»,
colonnes mobiles « Lors du débarquemeqt d^
Anglais, en 1809, dans l'île de Walcheren,.U
conduisit ces colonnes à Anvers,, et, p^ le paxpp
de défense qu'il établit, il fît échpuer les ten-
tatives des troupes anglaises. Envoyé de nou-
veau en Hollande en 181 3, et forcé de s'enfer-
mer dans la place de Gorcum, il se vit contiaini;
de la rendre, et demeura prisonnier de guerre
jusqu'aux événements de la restauration, çi^
i8i4- 1^6 r^i ^P nomma membre de la chambra
des pairs. Au retour de l'île d'Elbe, il fut main-
tenu dans cette chambre que Napoléon recQijt^-
posa. La seconde restauration Téloigna de la
pairie qui lui fut renidue plus tard. Le général
Rampon était l'un des plus braves guerriers
d'une époque où il y avait tant de braves. C'est
aussi l'ua des plus illustres maçons et l'up des
plus fidèles à l'ordre : le Graml Orient l'a sou-
vent vu présider ses travaux.,
REMI (l'abbé Joseph-Honoré), naquit à Rc-
iniremont,en 17 58, et mourut à Paris en 1782.
II. 16
^4^ BIOGRAPHIE.
Prêtre du diocèse de Toul, il fut ensttile avo<sat
aa parlement de Paris. Il a publié : le Cosmo-
polite , tyyo^ in-12; les Jours, pour servir de
correctif aux I^iutÉ d'Youngy 1770. Uau.teuV
▼î*è dans cet ouvrage à tourner en ridicâle
Tangtotaïaiiie. Cb^($ des Français, 1772, 2 vol.
în-ii; Éloge du chancelier de Lhopital, Cou-
ronné par TÂcadémie-Française , en 1 777 , ïe
j^iir même où le F.*, abbé d'Espagnac avait
pt^Àoncé, le matin ^ devant la même compa-
gtiie; le panégyrique de saint Louis. L^Êloge
dû chancelier de Lhopital eut les honneurs de
la* censure de Sorbonne. Il concourut pour les
Éloges de Molière, de Colbert et de FéneiohJ
Ce dernier obtint Taccessît. L'abbé Rémi était
<^argé des articles de jurisprudence daiis' la
l^ous^elle Encyclopédie. Cet excellent F.*, quoî-
qUé^sabs fortune donnait beaucoup aux pau*
Tfes; il consacrait ses veillés à la défense des
opprimés, w La belle monnaie, disait- il, que
« le grand merci d'un malheureux ! »
•RICHARD (lean-Marîe), maître de pension^
est né en 1757. Il a puMé , en 1822 , un Nûu^
veau Théâtre à Fusage des collèges et pàn^
sions, 2 voL in-12. M. Richard a été vénérable
de la loge de lia: Charmante Andtié, 0.*.*de
Paris, à l'époque od ellfe' suivait encore îes'ban-
nières ie la pui83an(^ l^gaje d^Fordre. Il fm
admis en i8i4^ w Graud Orient, w qus^Uté
d'ofiScier, et nommé ^ w 1,831 , oratem: dç 1»,
chambre d'admiw$t^*alioa , dçvenuç çhamhr^
de correspopdaace et de? ^naiiçe^^ fto^çtipi^^
(ju'îl pçcupe encore aujpurd'M (îÇ^q), et
(jn'il rempUt avec dîrtiociion.
ROBELOT (NO» ^incien avocat ^u p^irle-
ment de Dijon, ^ été orat,-. de Jft mè^ÇTlQÇîR
écossaise de France et §0» véq.-.^ çn lÔi^^ jÇ's^t
en qualité d'orat,-, de cette Ji.*. qu'ij fit 1^
discours d'ordre lor§ de.l^ réception du pri^çç
Askeri-^Khan (vaj. ce ^lom). L'ppi^ipn d§
M. Robelot sur l'origine de la franq-|naçpn:r
nerie fut ingénieuse , et d'un à-propos- parfait;!
si elle n'est pas historique. U ppnse qve )a v^B^f
çonnerie vient de TOnent^, et que ZprpaBtre çt^
fut le fondateur.
ROBIN (l'abbé) ^ curé de Saint-Pierre d'An^
gers, l'un des fondateurs de la loge des JVeuf
Sœurs f comprit l'institution maçonnique com-
me elle doit l'être par tous les hommes instruits,'
et que, comme tels, doivent être les amis des
lumières et de l'humanité : lorsque l'abbé Robin
fut admis à nos mystères ^ un yoile épais cpuvrait
l'origine et l'histoire de l'ordre. Il étudia la ma*
i^4 BIOGRAPHIE.'
cotinerie dans son institution actuelle et dans les
*.
institutions secfétes des'anciens peuples, et com-
mtihiqua à la loge le résultat de ses studieuses in-
vestigations, dans deux mémoires qu'il a réunis
et pùbfiés sous le trtre de Recherches sur lésini-
tiations anderines et modernes (i vol. id-i.iii
1779, Amsterdam et Paris). L'ouvrage originaiU
devenu rare, a été réimprimé en tête de \Encj-
ctôpeaie maçonnique. Le travail de l'abbé Robin
ri*à ^'ÎGïi éclairci en maçonnerie, puisque avec le
dôctetit^Râmsay fel le baron deTschoudy (o^o/.
xCès noms), il place le berceau de notre institu-
tion danslç camp des chevaliers croisés; mais
li'éanmoins ce travail est d^un homme instruit ,
r^partîaî, de bonne foi; d'un critique très-judi-
ôîeiix,, d'un excellent' maçbn.'Lorsqu^on a lu le
livre de l'abbé Kobih, les différentes produc-
tions des abbés Baron, Pépin, Bertoliq, Cor-
dier de Saint -Firmin, Chabouet, etc., et lés
diatribes des abbés Pérau , Lefranc , Barruel et
I^royàrt, oh se demande comment des hommes
revêtus du caractère sacerdotal, qui supposé
un esprit juste, un égal amour de la vérité,
une même conscience à louer ou à censurer,
peuvent différer si étrangement d'opinion et de
manière de s'exprimer sur une chose! qui ne
peut être à la fois bonne et mauvaise; comment
les uns pourront honorer l'institution maçon-
BiaGAA.PHlB. '%^5
nique el les autres la déchirer avec fureur :
dans rembarras oùnous plaoe cette divergéuce
de sentiments el d^opihions, n({us n'âvcms pour
nous «ider que la ressource naturelle dé ioui
homme de sens; comparer la position des indl^
vidus dans la société profane.
L'abbé Robin ëlait un prêtre selon l'JÉvan-
^ile z il juge avec un esprit mûri par Tétiide et
l'expérience , avec un cœur droit ; il trouve la
maçonnerie bonne et utile. Tel n'était pajs
l'abbé Férau dans le monde. Esprit inquiet et
frondeur, il la trouve niaise; et bientôt le cen-
seur devient méchant et diffamateur. Les abbés
-Lefrane.^ Barruel etProyart, plus, rapprochés
de nous puisqu'ils écrivaient en 1792, 1795'',
se font hommes de parti, et accusent avec vio-
lence la franc -maçonnerie d'avoir enfante la
révolution française, qui détruit les abus, les
préjugés, et surtout l'ignorance et le fanatisme
religieux ; parce qu'ils savent que l'institution
" maçonnique veut l'égalité selon la loi, laHberlé
légale pour tous les citoyens, et le droit à
chacun d'adorer Dieu selon sa croyance et son
cœur. Certes , la maçonnerie est bien étrangère
à la révolution, à laquelle une foule de ses
membres ont donné des gages par leur mort
sur l'échafaud révolutionnaire, ou laprosorip-
lion qu'ils ont subi : mais, qu'importe 'auk boiA-
mm que le délire transporte I La passion tue
te jngettiënu C'est aives la passion, qu'ils jo^
geiit i ie ëiffaflMftion «I la oàicMaie en sont ks
isoDséipienMSk Oublions nos ennemie, «t nsn^
tiens nû kemma^e fraternel i d'honorable F.*..
Robin, que l'ordre cîlera toujoors a?ee>or9«efl
parmii ses Membres les pictfs dlîgiMi. Il faisait
<enoore patlie de la liUge à l^peqne de sa t*éor'^
iganissoién iea iâo6.
' ROfiTTIERS DE MONTALEAU (Alexandre-
Louis D, 'siKÎème grand makre de l'ordre franc-
naçonniqiie sèm le titt^ de grand vé^iérable,
était conseille!* à la grande chambre^ ti joifiSr-
saît comme magisti^ de la plus honorable ré-
putation* Il avait adopté avec entliansia^sme les
principes ma^onniqnea. Président de la chami-
bre dea provinces du G.*. O.-., en 1787 > il
auesoéda^ en lygS, an F.*. Tassin, en qualité
de préaident de <la chambre d'administration.:
le Fb*.. Tassin variait de périr sur l'échaCusd ré-
volutionnaire ..Roettiers de Montaleam fat me*
nacé du même sort; cependant il eut le bon-
•heur, quoique ^iis/7^c/, de voir sa proscription
se borner à une détention qui cessa en 1795.
Son zèle pour l'ordre était tel> que du fond de
soneaduot, il dirigeait les opérattions du G**.
Ow-. Il y eut toutefois. un interstice de plu-
sieurs années dans le mouvement de l'crdite
mftçonaîque en France : les réunions peisiU^
des FF.', ne pouv&ient avoir lieu au milîdu^du
délire des passions. En&n le ca)aie Mfisirafl.
Roeitiers de Montaleau fut le premier k en pro-
fiter pour ranimer le xële des mac.* «et des
loges; il paya de ses deniers les dettes du, G»v
O.*. : le feu saeré reparut à sa source. L'iugm-
titude n^est pais le vice de3 maç.*. La grande
maîtrise était vacante par suite de la lettte
que le duc d'Orléans, grand maîfre de l'ordre,
avait adressée» en 1795, au journal de Paris,
et qui avait déterminé le G.*. 0.*« à déelarar
démissionnaire ce prince naguère âdâe b i'elr-
dre. £n 1796» le G.*.0.\ offir&tà Reettîerside
Montaleau la dignité de grand maitTO; il la
refusa modestement, et n'âceepta que le dtiie
de grand vénérable, dont il se démît en; lâx^,
assuré que Joseph Bonaparte , roi d'fispagin,
frère de l'empereur, acceptait le pattonaC sA-
prême. Il fut installé en qualité de représentant
]^rticulier du grand makre. Le Grand OrieBt
était la puissance reccmnue de l'ordre en Frài]icè;
mais il existait encore des débris de l'aoeieiine
grande loge de France, qui mmaçaient de faille
\ixk schisme. Roettiers de Montaleau voirait la
paix, l'union, ramîtië, et pour parvenir à ée
triple bien , il rapprocha les esprits , confondît
34^ BIOGRAPHIE.
«n un seul tous les sysièmes^ et il eut la gloire^
par un concordat passé le 28 juin 1799 > ^^tre
ces deux puissances^ de réunir au Qrand Orient
l'ancienne grande loge.
Une fête brillante célébra cette fusion long-
temps inespérée. L'horizon maçonnique s^obscur-
oit de nouveau par les prétentions de quelques
frères au rite écossais ^ dit du 55* degré à éta->-
blir une contre«puissance. Le prudent Roettiers
de Montaleau vit le danger^ et résolut de le faire
cesser* Far ses soins ^ son adresse , son esprit
c<>nciliàteur et ses vues toujours si pures ^ il
concilia toutes les opinions et obtint le concor^
dàt du 5 décembre 18049 qui réunit ce rite au
jQrand Orient où il est depuis long-temps pro-
fessé concurrenunent avec le rite françds. Cette
belle vie de notre illustre frère cessa malheu-
Kûsement le 5o janvier 1807; Roettiers de Mon-
taleau fut regretté de Tordre entier. Le Grand
Orient lui fit faire des obsèques magnifiques
dans l'église de Saint-Sulpice ; il y assista en
corps ainsi que les vénérables et députés des
différents ateliers de l'orient de Paris. C'était le
premier hommage de ce genre que le Grand
Orient rendait à son chef.
Les loges de Y Amitié et du Centre des ArriiSf
dont il avait plusieurs fois dirigé les travaux en
qualité de vénérable,et U loge àiAnacréon^ dont
" BiÔâRAPHlË. , 2'49
Il étalï membre honoraire , ont honoré sa mé--
moire par dés cérémonies funèbres qui ont mair<*
que llans les fastes maçonniques.
ROETTIERS DE MONTALEAU (Alexandre-
Henri-Nicolas), fils d'Alexandre-Louis Mobta-
leauy anciefn grand vénérable, représentant
particulier du grand maître de l'ordre maçon-
iriqne 'en Francfé, niaire adjoint du ii* arron-
dissement, chevalier de la Légion-d'Hônnelfr;
il fut initié par son père dans les mystères de
Tart royal •
Lorsque le frère Alexandre-Louis Roettiers de
Montaleaù mourut, en 1807, son fils éCgiit eHéore
bien jeune et n'avait donné à l'ordre aucune
garantie qui répondit que l'honneur qu'on tui
destinait en le nominant à la dignité qu'occu-
pait son père, ne serait point une récompetise
prématurée. Mais la magie du nom qu'il portait,
une sorte de sainteté maçonnique attachée à ce
nom, la confiance fraternelle si abondante, la
prévention la plus favorable , déterminèrent le
Grand Orient à céder au vœu qui se manifestait
parmi ses officiers; et le 12 février 1807, le frère
Roettiers de Montaleaù fut installé sous lés ausr
pices du frère Cambacérès , prince archichan-
celier de l'empire, grand maître adjoint de
toutes les loges de France,
25û BIOGBAPHIi:. ' ,
La séance d'inslallatioo fut solennelle, ei toiis
les frères qui y prirent part se seutire&tdotioe-
ment ëmus en écoutant le discours $age et iao>-
deste qu'il prononça. Il exerça la dignité qui lui
étêit, conférée îuiqu'ea i6i4f que les évéDemenis
polUiquM.rieiidireait nulle par le i^us des firîfi-
tcm de la famille royale à accepter le proteeto-
rat de l'ordre*
. Le i6 août de cette année, la grande maîtrise
étaut vacante, le Grand Orient nomma, pour
adaûiàîstrer l'ordre, les illustres frères Macdo^
nald, Beumonville et Valence (voj.a».nom%)
sous le titre de grands conserwUeurs*
Le frère Roettiers de Montaleau doTint leur
représentant particulier. Le z^e de cet illustre
frère Ue s'est jioint attiédi, et le Grand Orient,
dont il préside souvent les grandes assemblées ,
Je voit toujours prêt à soutenir les principes ma-
çonniques qui ajoutent au bonheur et au calme
de sa vie privée*
ROUCHER (Jean** Antoine), littérateur,
naquit à Montpellier en 174^, fit de brillantes
études chez les jésuites, qui voulurent l'attacher
à leur ordre et l'envoyèrent étudier en Sorbonne;
mais Roucher renonça à l'état ecclésiastique,
devint, par la protection du ministre Turgot,
receveur des gabelles à Montfort^l'Amavry,
épousa 0NHieaioi8ell€^ Hachette qtii de^eéndÉii de
l'héroltte de Beaurais , et euliiva excltlsiveiHent
la littérature; membre de la loge des JVeuf
Sœurs f que le frère de La Dixmerie, dans sou
mémoire (voj-, LaDixmerib)^ nomme le Lucrèce
françuis , il fut un des membros distingué» de
cet atelier.
Dtute la .ftémee oà k loge rendk «ux nàbes
de V<il4ait^ de^s homtaages fhnèbret «dennels
{^vojr. VotTAWiïj), W lut un fragment dé son
poème des Mois (i 779) . La vigueur et Pà-propos
de ce morceau de poésie excita l'enthousiasme
cies. auditeurs^ qui en demandèrent^ séanc^ |,e-
iiaJ9te, une seeonde lecture^ Ce ver»:
Où repose un grand homme, un dieu doit hahiter»
fut de nouveau accueilli par . un triple ap-
plaudissement. Les ennemis de Voltaire et de
l'ordre maiçooiiFique osèrent le tourner en lidi-
cule. Pourquoi n'ont •- ils pas honoré de leur
censure ces vers de 'madame de Boufflei^s^ rap-
portés parGrimm (voy. Supplément à la corres-*
pondance de MM. Grimm et Diderot ^ publié
par M. Barbier, în-8<», 1814.
Bien fait bien ce quM fait x lia Fontaine Fa dit.
Si j Wais cependant produit un «ri grand œuvre ,
a5a BIOGRAPHIE. *
Voltaire eut iconserré ses sens (et soa esprit; v
Je me serais gardé de briseï: mou chei^'ogavi^i, ,
f ' ' • ... :
Celui que dans Athène eut adoré la Grèce ,
Et qu'à Rome y à sa table , Auguste eût fait asseoir,
Nos Césars d'aujourd'hui ne veulent pas le voir,
Et monsieur de Beàumont lui refuse une messe.
Oui y TOUS avec raison , mèssieuvs de Saîiit-«8ulpice ;
Et pourquoi l'enterrer, n'est>41 pas iimnortel?
.A ce divin génie, ou peut , sans ii^ustice >
Refuser un tombeau, mais non pas un autel.
Roucher pérît surTéchafaud révolutionnaire
en 1794* Tous les cœurs sensibles ont retenu
ce quatrain qu'il adressa à sa femme, à sa fa-
mille et à ses amis , en leur envoyant son por-
trait fait en prison par un de ses compagnons
d'infortune, Leroy, élève de Suvée.
Ne vous étonnez pas , objets sacrés et doux ,
Si quelqu'ait de tristesse obscurcit mon visage s
Quand un savant crayon dessinait cette image,
J.'attendaiS;récl4afaud et je pensais à vous !
KOZE (l'abbé Nicolas), çompositeuf de mu-
sique, naquit au dioqèse cieGbàloi^, Ictj jan-
vier 1745 , et mourut à Saint-Mandé prés Paris,
le 3o septembre 1819. Au sortir de seis études
eccléttastiques au séminaire d'Âutun^ il reçut
les 4»rdre$! sacrés^ devint mahn de chapelle teit*
l'ëglite diesSaints-lonocents ife i^aris^ en 1775 y >
et de démit Je cet emploi en 1779 , n'ayaat ptt
obtenir de faire partie de la> chapelle dui roi«
Le8 $ttccèsdé Tabbé Rose étaient cependant po^,
polaires ; il partagea son temips entre ses élevée
et la eoiii{K>siliiM jusqu'à l'épocfpe du consul»!.;
Le premier consnl> qui l'estiinait, lui offrit4!ètie;
mftStre de sa chapelle V mais l^bM Rose refusa,)
parce qu'il aurait été oblf]fjé de prendre là di-^
reetîoa' de l'Opéra. £ii 1807, il devint bibliothé^
caire du conservatoire impérial de musique; on
lui' doit une méthode deplain^-tJumtqûe l'insti^
tut adopta y en i8i4 j pour les inaisons d'édii^
cation ; plusieurs môéeis y nviMi^aL pour les féte^
du gouvernement , une messe exécutée piour la
première fois, en 1802,; à Sàiht^Gërvais^ nnb
niesse à^rèquiem ^u'il fit entendre ien 1.81& ^
k chapelle des Quinze:- Kingts; c'est soû' cfai^lï
d'œuvrel L'abbé .Roze était' snaaibré de laJogï
des iVôo/^ABMr^, en 1809. :V \ \^ s
.... : . . ' ' '' i-^.
ROZIER (l'abbé Jeaû-Paptîlte-FraiïÇQf#:>>
chevalier de l'église de LyoQ^ vill^pùil çA^HÎ!^
16 34 janvier 1754, des aèl^d^fx^çs roya,l§S:îdep
sciéiïces, des iris et dqs tiieJ^s-leUres.de sAiYUI^
natale de Vilkfranche, de Ma<s^illÇ(»!.eta^j(;#
lasociétërimpériate de pbysiqMeeit bo(aniq}|ti|e
Ffor^noe^ ée la s#ciëÉë écoodmîqiie de Rofli^>'
deèiitirfiaux d'agrvemlturede Lfon^ delâmi^^ed
el 4'0riéan8y. lancien directeurde IMcole royale
Télériaaire., étail Tiinde» huit enfants-d^ua né««
gwjaiiâ estimé» xtudis peu rîche. Il fût élevé «i
colUlgiB des jéflirit(Hi de Villef ranche^ eu ilâvftît*
pour par€otle>fMtee Mongi^i. llétat eœlûtiaAti^
^e.fiii poup lui une résâMnie qvit'aQoruft ni^
dettaiWBt la dArbetieâ.d'tia domAîne eh Dau^
fX&oàl qoL vaf»pi|nèaàHi à eoft frère aing , ftoh tl
)^t ' a*esMiy»r . da^e . ia : ^ science agronomique.
Ik^:u^cial , aon aad > psesant de la direoUo» de»
yéoele. Yéi^iifltaire de Lyàn^ti'U d^^ititoïkdéém.
i^iyk€til\ù d!Alfoirt> obtint qu'il soRM^t mmn
fiikoé à la preftitéra pat Tabbé Rosiièr; mais à la»
siirte de dÎBcosttens asaez futiles» il mil;. autant
d8«oiB0 à la lui faire perdre qu'il en avait nM
pour la loi assurer» et il evt le j^éfloe s«oeèfi
dans Fnn et Tautris ca^.'L'abt^ Rezier vint à
FSlrisy et bientÂt whèta'de Gautier d'AgoteaJe
Journal de physique ,0t iF^hisÈoire naturelle anw
quel il donna une grande célébrité. La fortune
oé^MUdus fei^étali: passôn partage.. Heureùse-
îàe0tf âtaiiids^-A*cigu$te» roi de Bologne'>>:Ie
'fiit ëeu$ sa proiéetion et kii ^t obtenir ^ la
eourdePradéè lé rSefaie prieuré de NanteiiiUe^
'lioUddttiB^'qtiifle mit enfin dains la îpoaition
d^^iéhetè^» dsAls teireiivirons de Sea^iers » lindo^
nidfM *éi il établit «ne 9mttié^éi^\e à'Bg*k?ai^
tnté, €l où il ftcherà son Oou^s complet dAgri^
ctUtur&f 10 T^. îft-4*, queéon Juaft Atvarélii
QuêCra ttaduisk en espàgnét/ •« que kf Tel
d'Es^^efit répandre dau» ses colonies. L'aMié
Rôzier pUblta> entre autres ouviragesy les ^m^
Mes des mémoires de l^Aèadémie des Saénk
ces f' depuis sàfondation fusqu^en 1770V 4^H
în-4'°^ J775- 1776. Zélé maçon y il suiv^rtaveb
une ardeur remarquable les travaux maçonni^
ques et devînt ofl&eier du Grand Orientent 1 7741
Les I5ip{>roch08 de la. révolution IWrayài^nl y #C
il retourna à Lyon en ^778; Cdlte^éMlûtionriiii
devint fmnéste. Pendant le siëge/le ^^^«éptem^
bre i7Çf3| un bombe tcmiba sur VappammeM
qu'iloecfupaiietdisperéliéoii eorpr^n lambeamfV
Telle fut rhorrible fin de eét homme déffié#M
et de cet excellent frère. ' --Tc^
* / ' . . " . ., ' '\\ il
■ " ' ^ i • ^^^ ' i-'-iO
"• SiàlNT-MARTIN ( LouiV-Çlaude de),^offi-r
der w rçç^ment de. Fpix, naquit à Âmboi^^
d'i^ne famille noble, Je 18 janvier ijj[4^; .«ot^
til,rf à.^ philosophe incowm apnpnpç qug ffpi*
ne. 4^yons pQiiQt.renvi9ager d^nf ^^9) y ie poli ti^^^e ,
Fas9U£^if , 'd€»% le cbçf d'aoe maçfji^iieïie n^ys-
tî§qf^,iQiil><lttHe'4«n6.1a franc- tti^onnerie de
|^^€>ete4u /na^rtiffisme, créée par son 9^a^^]re^ et
4wt' )es principe . autoriscmt les , croyances. les
plli3 Uitaires ^ les superstitions les.pîus ^urt
àfi^^fJtojré J>i/Ux^tiff^%^fxsqxikus). Saint •: Martin
jlrQtçndi que }d|^ Qi^aç0Diierie est une ,çfaaa|]i,ation
^/}fL4îVâni0 et qu'iiUe rraitmte ai -origine du
nipode; noqsr yos:€;ns: là -iina opi/iion ;et non
]L|ne^ e^(rayagaU0l^é Mais '^. où Saînt^Martiu
"^' ' lions parait s^^îi?.<>ut^Qr passé ie^ droit d'iiq
^c; K^fdraMieur , * çfesè lorsqu'il jsiiljjjiiituiç jui^
cb^oysies lespli^ siin^les iine.doptriais^iç^^'p^ p?ut
llltÂâf^ii?^ |(^ iJ0i\ !S»0(H; e* qu'ifl pr^sc^fttç jsps^ idçf^
dawoKn atylfe qi|e V^i^ire. qualifiajut .d'f^rohigar
l4piMttfL9«: I^diMÎ^jl^ frano-maçounerie.en dîx
grades et les distribue endçpx teanples.; Le.pf e-^
mier temple renferme l'explication de sept gra-
des : apprenti, compagnon, mottre, ancien mai-' ,
tre, élu j grand arcliitecie , maçon secret. Dans
le^secoi^d,teqipl(Q qu grades supérieurs^ il déve-
loppe' ie ' système *"âe niariinisrhe î ce ''sont' le
prificè de Jénii^leml, ' lé cis^^liefjJ^^la^Pdlëi^
iinè "et fe chèûiilier K^adôs'k 6ti %'oMine saïnc
Tbilt Cela eit 'dëvelôppé dans un mattiuSlcHrétt
h vé\An-ti;i\MixAifVEco^
aiicunlibraît^'il^a Vclblii èbtrtprthdifè PfM|#ès-
BrOGRABHI'S. aSj
sion^ et qu'aucun maçon instruil n'a eu k oau«-
rage de mettre en lumière.
S^int-^Martin a fait peu de prosélytes, et a'étô
obligé de se renfermer dans la maçonnene qviiA
traitait de t^x^/i/re» et (^;nfenœains!îl étaic
accueilii avec distinction , non à cause dé ses
idées étranges ', mais pareç qu'on lui areconnais**
sait du mérite et qu'il était un bonnète homme.^
Il fut convoqué au couvent philosophique qu&
les Philalètes ou chercheurs de la vérité établi-*
rent en 1785 et 1787, et qù furent appelés tou»
les maçons distingués et les maçons ftôetaÎMs^
entre autres le comte, de Cagiioetv»(!'2«i;r.Stti(^àn
LETTE BE LaNGRIS, CoURT DE GjEilEUN.CAeUOSffAo)^;
Saint^rMartin refiisa d'assister au couvent et- dd
priendre part à ses opératiàns. ha. philosophie
mystique de Saint- Martin $6 trouve dàns; le
livre des erreurs et de \la véfriùé , et-dans^le*
autres ouvrages du Philosophe incanniuÇki^ loi
doit la traduction d'une partie des cèavrèp de
Bœhm^ philosophe , alle)nand. Sàintr'Martiil
mourut à Aulnay près Paris^ le 1 3 octobre i8o5.
SAINT-MARTIN (Loufe'-Pi^rre de ) ^ naquit
à Paris le lô.janvier ijàS, eiAbrassa l'état eiqdlé^
siastique^ fut conseiller -clerc au Ghâtc^> en
1781 y prêcha I en »i786, le panégyriqiue de
saint Louis devant l'Académie^Francaise^ adq[Mt4
II. 17
!^ BiOGEJCPHIlB.
le» prtAaipe8.de la.réfblution y se maria», devînt
juge au tribunal de.oa^aalîon, membre du tri-^
bunsi xle.réviiioD étabkt à Trêves pour les qua-
tre dépastemeuiB de^ la. rive gauche du Rhin ^
jugiô)eii la.itour:d'app6l j «i conseiller à la cour
supéiâeom de Liège; il avait fait partie d'une
eoùmisnoii .nommée pour recueillir les tnonu-
menis dfes arts à. Rome et en Italie. On connaît
de lui ÀmMéfiexioHS^ en réponse à celles de Vahhé
d^.Espa^mCf toitehant Suger et les établisse--
mejits de, saint Louis , uvqc des notes ^ in-8^, '
1786;: ï^ Saint'^ Martin , zélé frane- maçon ^
mourut le iS jamrieiTiiôig, après avoir, demandé
à èti« enterré dans le jardin de la loge des
frisidosotnaçons de Liège. Les honneurs de Té-
gliise ayant été refûkés à Saint- Maf*iin , les
franoGMnaçonsle fireii't enterrer avec une grande
pompe»/ La relation en a paru sous ee titre:
Hènneuts Junèbpes rendus par la loge de la
ffaFfaiiêlnteHigénàef à lu métnoiredu vénérable
fi^t^SaiM^Méirtïn.îÀéQe,i8id, tâig..
SAISSEVAL ( le marquis de), capitaine de
dragons^ yén.*^et fondat^uraveeleniarquiad'Ar-
eambaJv <le dtt&de^uyAeSy iomarq^îade Bercy ,
le colonel Bacon de la Chevalerie, le courte de
Giand^ le mai^quisde Caumartin, le docteur
Ti9is6t et le comte de Ségur, de la loge de la
BiQ6Ri»BiB« a59
CandeuTi installée m 177^11 eut rhonneur de
reeevoir aux travaux de cette loge le séréoiâsi--
me grand maître , duc de Chartres, et la ^éré^
nissime sœur d uchesse de Bourbon , grande mai*-
ireeke des loges d'adoption de France. (J^Qj^
BoaRBoïc).
U remplissait au Grand Orient de France , jen
1778 y les fonctionè de représentant du gratid
maître* Cet illustra frèfe s'est fait souveni.re-
marquer par sçs disoQi^rs et ses poésies m^on*
nkjues.
Le marquis de 3aisseyal était fondateur de la
Société phUanthropiçuef son vice^résident l'an-
née même de sa fondation , en 1 780, puis ça 1 78 ^
et 1783, secrétaire en 1785^ et a* vice-pré3i-
dent en 1789.
SAVALETTE DE LANGï^S ( NO , adnHuis-
tratenr du trésor royal , avec Court de^Gebelin ,
le président d'Héricourt , le vicomte, de Tavan?
nés, le prince de Hesse, etc., Vim des dignitaires
de l'ancienne grand'iBge de France, ibndateUiT
du régime des Philalètes ou chercheurs de la vér
rffe;i^bli dans la loge des j^nus réunis^ en
1773. Les connais^Qces maçonniques ensei- ^
gnées dans ce rite on régime , é4:aient distri-
buées en douzeelasses ouchambres d'instruction.
Od désignait les six premières par peifte maçon-- \
â6o. BIOGRAPHIE.
nericf et les six dernières par maçonnerie supé^
rieure. Ce n'était t|u'à la douzième classe que
Ton ebtenak J'enftière connaissance dû régime
de ces maçons philosophe».
« En Ç782, dit le frère ThorjÇIlîsioiredeia
« fondationdu Grand OrientdeFrancey p. 195),
a vingt loges en France ou à l'étranger gui-
ii vaient alors la doctrine des Philalètes^. En
« 1785, ils conçurent le projet d'une réforme
c< dans la maçonnerie , et convoquèrent les ma*-
« çons français et étrangers à un couvent gé-
(v néral à Paris. Quelques sociétés maçonniques
c< y envoyèrent dès dépotés qui se séparèrent
(( après quelques séances. Un autre couvent fut
« convoqué en 1787; mais, comme le premier,
(( il ne produisit aucun résultat. ^
Entre autres maçons systématiques appelés à
ces célèbres conférences, Saint-Martin et Mes-
mer rehisèrent par lettres d'en faire partie.
Cagliostro, également appelé, accepta la con-
vocation, et promit' d'y développer sa maçon-
nerie égyptienne; mais||>ieotôt il :fau8sa ses
promesses par ses exigences, ses prétentions
incompréhensibles , tes difficultés de t^ute es*
' pèce qu'il multiplia à rinfini..Cagliostro s'était
aperçu qu'il ne trouverait pas dans cette insti-
tution ce qu'il cherchait en maçonnerie : des
prôneurs et des dupes. L'une des mortifications
auxquelles il ait été le plus sensible , est celle
de s^'étre aussi ayancé avea des hommes qui
Yôulaient répandre la lumière maçoaoiqjua sur
tous^ les s^tèmes.
Savalette de Langes avait été élu président
du couvent ^ et comme les conférences devaient
avoir lieu en français et en allemand ^ le mar-
quis Chefdebien fut élut secrétaire poun la lan*
gue française , et le baron de Gleicheb pour la
langue allemande.
Le couvent avait jugé Cagliostro à Tavance ;
mais pour le convaincre de nullité et surtout
de mauvaise foi ^ il se prêta à toutes les demaur
des acceptables. Il lui envoya des commissaires
et établit une correspondance avec lui.et lajoge
de la Sagesse triomphante ^ orient de Lyon,
mére-logjB du rite égyptien, que Cagliostro
avait fondée. La patience du couvent ne cessa
que lorsqu'il eut mis l'intrigant jpogleur dans
le cas de ne s'échapper que par l'absurde et la
plus parfaite impudence.
Le zèle du frère Savalette de Langes avait
réuni à l'établissement des Philalètes yxït trèsT-
beau cabinet de physique , une précieuse col-
lection d'objets d'histoire naturelle, une riche
bibliothèque, enfin des manuscrits et autres
documents d'une grande importance. La mort
de Savalette de Langes, arrivée peu après la ré-
26a BIOGRAPHIE.
Tolution française, et les événements politiques,
dispersèrent les membres et amenèrent la perte
de tanx de richesses. En 1806, la mère-loge du
rite écossais philosophique , dous le titre de
Saint* Alexandre ^Ecosse et au Contrat-^cial
réunis y acquit de difFérentes personnes les dé-
bris de cet ancien dépôt , qui furent confiés à
la garde du frère Thory. (^07^. ce nom.)
Le convent de 1777 a été immortalisé par le
cours, en sept séances, qu'y fit Court de Gebelfai.
SESMAISONS (le comte de), colonel au ré-
giment de Royal-Roussillon, député au Grand
Orient, et substitut de Torateur de la respec-
table loge de la Candeur. Dans la séance du
5 février 1778, il fut chargé de donner aux
illustres sœurs des instructions sur Timpor-
tancé et Tutilité des grades de la maçonnerie
des dames. Cest dans le discours qu'il pro-
nonça dans cette séance que Ton remarque cette
idée gracieuse des vrais chevaliers maçons :
« Nos constitutions imposent à nos sœurs trois
cr devoirs pénibles : travailler^ obéir et se taire.
ce Nous prendrons pour nous une partie de
et leurs obligations : qu'elles travaillent à notre
w bonheur; qu'elles o&e»^e/2fà nos cœurs ^ nous
ce nous chargerons de nous taire. »
STROGONOFF (le comte Alexandre de),
d'une ancienne famille russe, naquit vers le
milieu du dix-huitième siècle, et fut conseiller
privé, chambellan de ^impératrice dé Russie,
chevalier de» ordiiès'dë rAigte-filaBO , i^ Saitil-
Anne et de Saint^StànlsIas. Une ^dw^attotî dis^
tinguée, le goût deè beanx^arts, les|>lus liéto-
reuses qualités personnelles , dî^tiDgùârént et
grand seigneur étranger, qui habita Ptfris pen-
dant longuea années^ et qui fût lié avec tout ce
que la cour de France et le monde littéraire
comptèrent d'honimes distin^uéB^. ' '
De retour à Saint-Pétersbourg ri devînt pté^
sident die TÂcadémie des Beaux - Arts, let ftft
chargé en 1802 , de la part dé son souverain^,
d'annoncer à l'abbé DeliHe que Tempereur
Alexandre acceptait la dédicace de sa traduc-
tion de V Enéide. Il mourulà Saint-Féteiibour^g;
le 27 ^septembre 181 1. * ' T
Fendant son séjour dans notre patrie il fut
reçu maçon dans la loge des Jl mis réunis •, Ot»i«?wt
de Paris, fut zélé pour les progrès d^ Potd**^
et deviiit^ en 1774 > grand oflScier d'hohneur
du Grand Orient, comme premier gfând'Sur-*
veillant. Il était très-assidu aux travaux.
a64 BIOGAA^HIS.
.'•'•'. T. ' •
TAEXJS ( Jean^Baptjiste-Antoine Joseph-Ma-
fie),. p^inti^e et 8culptet}j*>ui8$e» chevalin de
r(>r4re da.Christ^ e&t n^ vers 1777. Il paraît
qu'H a'est pas bien assuré lyi-mème du lieu
d^ sa naissance y car il se baroe à dire^ sans
çxpriiper d'opinion personnelle^ que quelques
aoiisi voulurent lui prouver (il avait alors dix-
sepVans) qu'il était né à Plaisance ^ et avait
été baptisé çatbolique. dana la cathédrale de
cc|tte ville , <ou^ le nom de Vincent Tàssi^ nom
qu'il porta /long:* temps 9 et sous lequel il fut^
en 1.802^ reçu franc-rmaçon^ compagnon et maî-
tre à la loge de la Parfaite Sincérité ^ prient de
Marseille. Affilié en 1806 à la loge impériale de
Caroline f à Milan , il y reçut le grade d'élu;
plus tard il reçut le grade de rose^croix à Lis-
bonne f et enfin les grades -supérieurs à Lon-
dres; c'est dans cette ville qu'il fut fait grand
inspecteur général ^ trente-troisième et dernier
degré du rite écossais ancien et accepté.
Taexis quitta Plaisance , où , comme il le dit
naïvement; il souffrait la faim ^ pour se rendre
à Lugano ^ en Suisse : c'était au commencement
de la révolution française. A Misoco on lui fait
présent d'un passe-port qui Iiii donne la qua-
BI06RAPBIE. ^ 265
litë d'Helvédeii , né en Sut^e dans la capitale
des Grisons ; il y est fils d'un négociant , et se
nomme Taexis^ et non Tassi. Muni de ce passe-
port il' vient en France en Tan vi, s'arrête à
Lyon, établit dans cette ville une école de des-
sin , et travaille à Tornement du temple déôar-
daire. Il passe à Âmbériéui^ , département de
FAin, sur la fin de celte année, et y reste jus-
qu'à Tan yii; pendant ce temps il fait pour la
commune une statue colossale de la Uberté.
Ces différents travaux lui valent des certificats
de civisme avec lesquels il se rend à Paris.
M. Parseval-Grandmaison Taccueille avec |)ien-
veilfence. M. de Bourrienne sachant quHla le
projet de se rendre en Egypte lui donne des
lettres de recommandation pour le général Klé-
ber. A Toulon il s'embarque pour Alexandrie ;
un vent contraire le fait relâcher à Naples d'où
il passé à Malte. Avec Fappui et les secours
d'un amateur des arts, il s'embarque pour Lon-
dres, de là pour l'Egypte, et débarque à Alexan-
drie : le général Kléber n'était plus. Taexis se
rend en Syrie, mais il est pris par les Bédouins,
vendu plusieurs fois par eux , conduit à Alger,
puis à Bastion où un juif l'achète et le donne
en cadeau au bey de Tunis. « Que ne dois -je
« pas, dit cet artiste, à ce nouveau frère? 11
« ioï'embrasse, m'occupe, me voilà libre et
206 BjoQMkwuin.
I
« riche, éi èix mm aprèa ua eofigé meperoiet
ic de paMtl'eii'Espftg^e!:»^
De Bareaionne il 9e rend-succeaglyement eu
Amérique 9 eo Suède ^ en Italie. Canovas et Landi
perfecticMCinent 8e» éiudea comaie statuaire;
mais^ 8e semant bientôt à charge à ae» prptec--
leurs y il quitte Rome et vient en Franee, ^ ti^
yourne, où MM« François et Guebardy. sur la
recommandation dn frère Gapi^aca, conseiller
d'£tat et grand écuyer en Italie, k traitent
eomme leur propre fils; ils le placent ensuite^
à sa demande , sur un vaisseau danois. Il se livre
encore à son goût pour les voyagec^. .
Après avoir essuyé plusieurs tempêtes, et
tourné le cap Saint -^Vincent à la hauteur de
Villa-Nova 9 il est pris par un corsaire de Ma-**
roc. Délivré par un vaisseau portugais , il est
conduit à Lisbonne. Le prince régent de Por-.
tugal le créa chevalier de Tordre du Christ,
directeur d'une école des stucs, et professeur
de l'Académie de Sculpture, avec 1:3,000 franco
de traitement. Sous le général Junot duc d'A*-
brantès, gouverneur général, il est chargé dé
la direction des beaux^^arts et des arts mécani-
ques ; il fait un tableau de six pieds de large où
il représente Ventrée des Français dans Lisr
bonne* Après la bataille d'Ovieniera, les Fran-
çais se retirent du Portugal ; Taexis est arrêté
SIOGEA»HIK. 367
edmœe {Mirtiten des Fiançais ^ comme franc-
maçon eteoitime propagateur de la maçonnerie^
ayant fondé plusieurs loges à Lisbonne, Conduit
en prison^ en ckemin il faitle «gne de détresse.
Des Anglais reutendeoi et lé délivrent ;: le gé-
néral Beresford lui accorde sa protection ; mais
ce g^éral quitte le Portugal pour passer en
Espagne. Alors Taexîs est arrêté une seconda
fois et enfermé dans les cachots de l'inquisition.»
Condamné à être brûlé vif ^ il demanda comme
unique moyen de salut, à abjurer le luthérîa*-
nisme que l'on savait qu'il professait pour em«r
brasser le calholîcisme. C'est à cette circons-
tance qu'est due l'idée du titre> de l'ouvrage
d^où nous avons extrdt cette notice : Ls Suisse
catAoli^ue deu:^ fois ^ etc. Savamment caté-
chisé par un des premiers docteurs de l'Église
portugaise, le P. P Filgaire, hminête homme
^u fond, il voit hâter, dans sa prison à Bélem,
à une lieue de Lisbonne, les apprêts de la cërér
monie de l'abjuration. L'évéque de Bragance
est son parrain , et il est baptisé le jour de la
Saint-^ean d'été 1 810. Le général Wellesley,
président de la r^ence portugaise, lui fit bieu^
tôt rendre la liberté. Il s'embarque sur un bà«
timent aniéricain, et arrive à Bordeaux. A peine
débarqué dans cette ville , il est mis au fort du
Ha par ordre du commissaire;, général de la pa«
lice. Les loges de Bordeaux s'intéress^esatàlm
et lui accordèrent toutes sortes de secours, et
enfin lui firent obtenir sa liberté. 11 vintàParis,
où M. de Lally-^ToUendal: l'aida dans sa dé«-
tresse. De Paris, Taexiase rend à Plaisance, où
il devient professeur d'une école d'architecture
fondée par le général Gazzola. L'ouvrage publié
par cet artiste, sous le titre du Suisse cathotiqûe
deux fois f ou Doctrine phihsophique ^ dédié
aux vrais juges grands commandeurs philoso*
[Aes initiés f et à tous les membres de t associa^
tion maçonnique (i vol. in^S*". Paris, Michaud,
i8i4)i offre de nombreuses incorrection» sous
le rapport du style j mais il est écrit aveo cha-
leur, simplicité, et se fait lire avec intérêt'.
Taexis est un homme trèsr instruit, très-^judi-
cieux, catholique fort peu orirhodoxe, quoique
catholique deux fois. Son but principal est de
prouver que l'Ancien et le Nouveau-Testament,
création, dieux, anges, événements, dogmes,
cérémonies, etc., ne sont que des imitations^
des réminiscences plus ou moins heureuses des
anciens cultes, des anciens dieux, dogmes, ce*
rémonies dés Brahmes , des Égyptiens , des
Grecs, etc. Il les rapproche, les compare, les
détache, et s^appuie constamment des monu-
ments de l'histoire des mythologies, de l'auto-
rité des auteurs, tant profanes que sacrés. La
seule t^uiioii <|iie;aoùa.ncHi8 pettnettrons* d'é-^
mettee ici , est que-oet oitvrage jnértte d'être lu
et médité. L'auteur .aoaonce vobl nouveau livide
qui a pour iitre : Le Siossè de retour dans ^a*
patrie.
. TARGE ( Jean-Baptiste ) , iprofe^seur de. ma-
thématiques ; historien et lin4itMt«Hl*9!Qaq!aU'fi
Paris vers 1720. De .boooes études et-d^s tal^i^fs.
recommandahles le firent admettre çfxnmc^ pror
fesseuc de mathématiques à V^^Éeole Royale mi-r
U taire dés lafonmation de eette école > et porter
au nombre des m^oubre^ corresf^oqdant^ di<
l'Académie royale de Marine, Il m^uirut à Or-
léans en 1788. En quialillé dç iraducteur, il\q
publié : T^^d^çiioïi de Vffistôire 4' ^ngiE^f'^^îr
par Smolett9.17.5gy 19 vol.; dç V'Histoire dçja
guerre de r Inde depi^s.\y/^5f par 'Orme, ijQSti
2 vol. in • ï 2 ; de ï Abrégé ohronologfque, -çu
HîstQÙ*e des décous^ertes faites dan^ i^.diff^r.
rentes parties du monde ^ par $arrow, 17^6^
la vol. En qualité d'bistorien^ il a do^qé :
Histoire d^ Angleterre depuis le fr^iféd^Aix^lar
Chapelle Jusqu'en 1763. Paris , 5 vol. in-^^^
3768 :.e'esjt tui^ continuation de, l'ouvrage jde
SmoleU i jETiV/cMre de, Voi^énement 4p.M niaisç^
de, Bourbon au trçne d'Espagne f,&\çi, iuri;?»
1772; enfin Histoire générale d'Italie depuis la
2fO DrOORAlPHIB.
dêchdencè de Vemfnre romain^ 4 ^ôL in- 12,
1774. Targe était, en 1774 1 membre du
Gi^aod Orient dû France ^ en quatité de dé-
puté de la loge de Jeanne d'Ârc^ orient d'Or-
léans.
TISSOT (Pîerrq-Françoii), homme He lettres,
slu{y^ëKtit4è l'bbbé Delille au collège de France,
e«l^né à Versailles (Seîne-el-Oise), le ïo mai
i'768. Sa traduction éii vers des BucoUtjues de
f^irgile , proposée pour l*un des pt'iX' décen-*
hàïix; la tpadùcâon, également en vers^ des
ÉaiseH de Jean second ^ suivie de poésies éro<*
tiqttés. L'éstime de Tabbé 0elilte^ dont il était
le Suppléant, et qui Tavait désigné pour son
streèesseur au collège de France, et auquel il
succéda en effet, seis- principaux artièles de cri-
tique littéraire dans nos plus reiàarqtiables
journaux, recommandent le nom de M. Tissot
à ia juste reconnaissance de toiis les amis des
lettres.' Néanmoins un ministère antilittéraire,
antilîbéral,'le priva, en 1825, delà chaire qu'il
occupait , et lui enleva même la pricipriëté du
Pdotè, journal qui ne devait son existence et
son sucées qu'^a la faveur du public. M. Tissot
est aussi iln honorable franc -^macok; «ucees-»
sivement tùèmbre et orateur de la loge des
Neuf Sœurs ^ il concourut, en 1807, pour un
dès prbt de poésie que proposait cette respeo*
table loge. Il n'obtint que Yaccessit pour la
belle ode sur Y incendie de Copenhague par les
Aurais. ' M* de Chazet fut- couronné au mèjme
concours pour ses deux odes sur le tra^f^atl.pi
sur le$*^^r^ii^y ou lés lois de la maçonnerie : le
sujet était en effet plus spécial à notre: pndrç
que l'épisode de M. Tissot ^ et c'est sans dpy^f^, çH
qui détermina le suffrage d^:jiAg^9* On voit s^
l'article Chazet avec quelW graœ «t quf lie
frateruitë cet aimable xÎYal égftlisa ,ies . rang^.
Honneur à la maçonnerie^ qui de deux poQt^
rivaux fait deux amis ! M« Tissot ^ publié dançi
des Études sur Virgile U résultat de ses leçons,
au collège de France, . ,
TISSOT :(N.), maître es -arts en l'Univer-
sité ^ docteur en médecine y chirurgien majoil
du 4* régiment de cherau- légers , fut un de^
fondateurs et secrétaires de la célèbre loge de
]9k Candeur, et député des Grands Qrienls 4e
Berliii et de Hollande. En qualité de secrétaire
de la loge de la Candeur^ depuis sa fondation j^
en 1775, jusqu'en 1779,^1 donna, dans deft
esquisses remarquables, l'historique de la loge,
soit dans ses séances ordinaires^ soit en pré-
sence <lu sérénissime grand . maître duc de
Chartres et de la sérénissime duchesse dt
27a BIOGRAPHIE»
Bonrbon , grande maîtresse de toutes lea loges
de France, (yojr. Saisseval.)
TRORY (Clatide-* Antoine), avocat, ancien
^teflièr de la i^hambre criminelle du Châtelet,
premier adjoint du msiire dû premier arrondis*
sèment dé Paris, chevalier de la Légioù-d'Ebn-
TÈéut, naquit dans cette ville le 26 mai iySg,
et y mourut au mois d'octobre 1827,
Un^gôùt prononcé pour l'étude de la bota*
nique Técarta des alB^ires publiques et le sauva
des proscriptions. Membre des anciennes loges
dé Saint -- Alexandre d^ Ecosse et- àik Contrat
Social^ il fut un des soutiens de la mère-loge
écossaise formés de ces deux ateliers, et sans
se mettre en évidence, il provoqua ou appuya
diverses tentatives ayant pour but de itehveréer
le Grand Orient de France, au profit' de la
mére-loge écossaise. Il appartenait .aussi à plu«-
sièuris loges de divers rites. Le Grand Orien^t,
plus généreux que prudent, le plaça a\i nom-
bre de ses o^fficiers, et le laissa, sans défiaéce,
prendre communicktion des pièces originales
déposées dans ses archives. \ î -î
. ' La révolution française avait dispersé les
membres du Grand. Orient et mis beaucoup.de
désordre dans le riche. dépôt des pièces et titres
de Tordre; M. Thory passe, sans doute inj us-
BIOGRAPHIE* :^7.3
ment^ pour cm avoir laissé égar^ plusieurs. Gfi^
qu'jl ya; <lé certain, c'est que ce frère a fonixé
le< plus riche et peut-être l'miiqiie reéuitt de
matériaux propres à faire;écrirb Thisioire de
la maçoaAerle/ct il à toujours tëmoigiië l^'apP
préheosion d'en voi^ Dhktoire tracée pai^-oiM
autr^ mapo que k siemtiè. Il a'e^ essayé , «ai»
sana^eiaqtitu^é et saiis impartialité , an rôle
d'hifséôrien dans deux mivragias dont ilbtts pat^
leroos plus bas. FJééte à «soil systàmë de nè^ef**^
vancèr qu'à demi , il a soutenu > aus»i long^
temps qu'il l'a pu sans^se compi*omet^e , le frèvc}
Piroh^2^; ce no^l), dont k conduite a 4té«i peu;
convenable envers le GràndOrientde Frauce.
Le frère ^hory fut vénérable , archiviste et
trésorier dé la mère -loge écossaise* En cette
double et dernière qualité il se fit autoriser à
acheter, pour le compte ^ç la mère^^logè, les
choses les plus rares et les plus précieuses en
manuscrits, livres imipriméa, médailles, bi-
joux, décors, sceau^v timbres, figi^nes dé broÔM^
et autres objists de frané^miaçofiûerie.! Uifii
faiire un. catalogue de fontes ces^ curiosité»^*
qu'il olassalui-ménie dans, iin local pàrtieih*
lier , où lès maçons étrài%m et àutsres étaient
admis à jours fixes. / ^'
Dam un ; pacte spécial entre, les dssociaiièns
du rite philosophique^ H Fut stipulé; que ^^ dans
11. i8
Hcd» ou b inéra^log&iéèassaiîtfafeinQDmajtrM^
tmtaiix (Hé le ;9onttlepuis i8a6)v li^piosiàn**
ewniM'lâgedoiiiième JfU«;^ qpî seiiàit en apti^
tjtéy eoli^ï^aît jqh poMe^sîon de sei arohites.r
Q^ii^ieetta-mahe coUédtio«; formée, ée^ deniers
de^ niére-U>9e>'y M^ Tludry «avait ^ofuis pour
8cM ciaipti^ ipc^aranfl divers iol3|ci8;prëoi«ix.
Lfll dttibfae.ooUectHm refile dans lèstmatM^de
ittlMkiiie Tboly; et^ à la.i$iod(i de mita danre^
Ury « tout à cnaâiiére que qea rièhesses, sî im^
porlantes pout la maçonnerie frdâçaJj»eviMi
pajBfêiil damJes mains de c|uelque naoon étran*
geryaioatew et jàloùsde ijous priver d'un trésor
qu'il ne jsérail pUié possible de fomî'ek* «n Franfce.
t.hes ouvrages que M. Thory a publiésaout 'fce
voile de l'axiQityfBeiéoiut: v9jXstoire<deiaJoHda-'
Uon du Grand \QAiehi *de France , etc, Pairis^
lÂi 2p \ vol: io^j Si!' AètA latiSBmort4m^ ou Chronth
kgie de.P'hish9ire. dei la frano^maçonn&ie fnm^
çûUseetéiramgêfrà, eto/Paris) i8iS^ ^ arolviu*^.
l4laA!desirédacteui«-de'/'iireit»^i> bu Archivés
4e'ià'ilUaçormerîe,t*if pi dtgi^i^ekptimt àimi
en-parlant de ViSa'sioiïtè 'duÙranfS Oriéki ^ << tl
in t serait possible qM'l'ihîëtorien (le'fiièré Tke^
c( ry) n'eût pas toujours empidyé dtfôs^^se» Da-
«MUieâiix le-erayMi d'une |évék*e<|mparfiailté.
fa ll>8^)tipi»io depuis lon^^iiif9> ditHoUy àla
iioaBÂFHiE. aj5
m tèce de quelljues dëbria d^une insâtntion ma^
fr eoDBÎque qui, autrefois, eb^ d'ordre en
u France, «e montra rivale dutfivaBd Oiisnil.
H On ajoute que cet auteur n'a déposé la toge
fc sénatoriale* maçonnique da eensisloire ban-*
m ^is que dans une tracasserie qui a.eaUeii.eii^
N .trececDBsistoîreeC celui du ritè appelé aHoien
fc et accepté. Il serait dofic aécess^ice qne son
4c livre, pour deyenir une autorité , edc sfibi
«r TeKamea d'une critique sévère, etjp ne sa-
ie ehe. pa»qu'siicaa écrivain framçais s'en soit
ne OCCUfié. n
TSCHOUDY (le baron Théodore-Henri de) ,
généralement nommé T^cnooY, conseiller au
pariemeni dé MeU, fils d'un cûnseîUer cheva*
lier d^honneur au mèoici parl^meat , naquît '
en 1730^ dTuae faofiiUe originaire d|i cajkion
de Glaris, en Suisse, mais établie, en France
au commenceBlent;du seizième siècle. Le baron
d« Tsofaoudy , comme membre ; de cour sfmre-
Kame ( il 4iait oonseiller à ce patiement)^ Ait
obligé- de soUiqiier du roi la permission die
voyage 1^. I/ayatit obtenue il 9e. rendit » so«$ l»
nom à^ chevalier da Lussy^ en Itaiie,, iQtt;il
j^livouva d'assez vives persécutiotis pour avoir
pubUéisofisIe titre du Vaiiean vengé (la Haye,
17^3, în-i.S'»)/ iine apobgie des francs -«maçons
aj6 BIOGRAàlPUIB.
contre la bulle de Bendit XIV. Ça passion
pour 1b8 voyage» le isonduisit ea Russie, où ,
lienÈÙt dàftuë de toales ressource» pécuniaires,
il fut obligé Hle s'engager dans la troupe >de
eomédiena eolretemispar rimpératrice Ëlisa-*
bellu;Le favori^ de cette princesse^ IvanScheu''
valow, charmé ;peut- être moins du tal^it de
l'autear improvise que de la facilité, qu'il
avait de paiier plusieurs langues , iui fit obte^
mrla place de seoréiaire de< raoadémîe .de
Mosooiii et se>l'attaoha «n qualité de seprétaire
particulier y sous le nom de comte de Putelangé^
Le secrétaire de l'académie et du comte de
Sbhouvali($W publia^ en lySS, le journal où Re-
cueil français le Caméléou Utiér^urej dont H
parut douze numéros. L'impératrice Elisabeth,
èb^rmée de l'esprit , des manières distinguées
et de la jeunesse du baron de Tschoudy, che-
valier de Lussy ou comte de Futelange, le
nomma gouverneur, de ses pages.
Cette faveur tonte particulière attira au nou*^
veau. protégé de Timpéralrice des ennemis
puissants^ Favort à son tonT, et sujet d'un
prince étranger ^ U fut obligé de"* quitter la
Russie,, et, de retour en France, il apprit
que ses persécuteurs y avaient de rinfluencéi
Arrivé à Paris il fut mis à la Bastille par ordre
du gouvernement! Sa mère implora la protec-
BIOCRAPHIS^ 277
lion d'ÊKkabeih et celle du^rand duc (depuis
^empereur Pierre III).
Bien que ce prince n'aimât pas le baron de
Tâchoudy, il ne put résister aui^ instances de
rimpératrice Elisabeth , et il écrivit à madame
de Tschoudy^ mère du captrfi^.que ce^/î/s chéri
(ce sont les propres expressions* d\] gFand à\ïc\
\\i\ serait bientôt rendu.
Libre , le baron de Tschoiidy retourna à»
Me(Z| où^il ne parut s'occuper que de la franc-
maçonnerie. Il revient à Paris> en 1766^ dans
Vintention d'y réformer ks hauts grades et d'y
introduire' des grade* nouveaux. Sous ce rap-^
port il a foit beaucoup dé mal à la simplicité»
et à l'unilé du système maçonnique. Partisan
de la doctrine de Ramsay {vof. ce nom), il
fait remonter l'origine de l'ordre à Godefroy
de Bouillon y c'est-à-dire à l'époque des croi^
sades^ opinion que l'abbé Robin {vojr. ce nom)
a aussi partagée.
Cette année même H publia l^Étoîle Jlam^
bayante , ou la Société des francs^maçons con^^
sidérée sous tous les aspects , Francfort et Pa-'
ris, 2 vol. in -12, 1766, souvent réimprimé»
format in-i8> en société avec Bardou-Duhamel,
fils de l'auteur du Traité de la manière dé lire
les auteurs a\?ec utilité, La même année encore
il s'attacha au Conseil des chsQali^rs ^Orienty
%j9 falOGRAPBlE).
fraetiôn éû Conseil Ses empereurê d'Orient ei
^'Occident, souverains prinees' maçons ^ dont
uh laiHéui" cFhabits, le frère Piriet, s'était
sëjparé pour créer le nouveau conseil. Le ba-
ron de Tschoudy pnofita h^lbilement de l'in-
explicable hardiesse du.sehismatiqae Firlet,
pour tnetlre à exécution sou plan de réforme
et sa création de quelques gradea dé haute ma*
obnnerie.
é
Peu avant sa mort, arrivée en 1769, il lé-
gua au Conseil des chevaliers d'Orient y ses ma-
DÙscrita, entre autres celui dû grade écossais
de Saint^Andréy qui entre dans la noÉiettcla-^
tlire des trente -trois grades du rite écossais
ancien et accepté, sous la condition de ne pas
le faire imprimer. Le conseil ne tint aucun
compte de :1a Volonté du baron de Tschoudy,
et rendit ce grade public (1780, in-*"^.
U Étoile Jlqjnboyante ^ qtie Ton peut regar-
der comme le propre ouvrage de son célèbre
auteur dans ce qu^il y a de plus remarquable,
offre une lecture intéressante : il y discute avec
finesse, et plus souvent avec causticité les opi-
nions de ses prédécesseurs sur l'origine de no-
tice institution; mais il manque le but dont il a
écarté Ses rivaux eik adoptant Topinion toute
systématique de Ramsay. On lira donc avec
fruit Fouvrage du baron de Tschoudy, si Ton
ft'ttjrrètevà fMgp{M>s dana FÀdopUoii: dediopÛMOiit
denT^Tie eBO»^ ^èice» .foa plus distiiigués. L«
bwoa de IVchoudy maurtit^ le 2S maî^ >V^
Qft lu«>a«tiribu6 qudiqueg ixMliatisv'ep^ib^au^
ives^^éhaidé (Fhérès0 phiiosqph^. ;;! -t:/?
TURFIN (;F^Mçois>^ Henri )^ histomjk^iWi^
aoBifllé peut *• élre un peu pôroplakammeat: le
PlàiMqùefr^mçms^ naqtiil è Caeii verdij^^bgi
el mourait à Parifr eo 1799^ ^^^ oavrage pi^inr^
cipal est la France iUusâre ou le Plutarquùfian^
çais, récit généralement bien fait ^ judicieux et
attMhiuit» delavie de nos girands liomméé^ 7a^
ris,: 4^ol* in-^4^> '1775-178S. Cet oa»vca^»£ut
l<Nié .OH tre mesure par ^abatieri,; ass^3& 'inàdvai;!
jn^î. i»t Xraité fort sévèrement par La^ liar^efy
qui edt excellent juge quand les passions >nkl!éi
garent pas^ et malheun^usemem elles Fégàit^enlt
tottvent i:\mj^ deux étaient à ootéde.iâ.vérti/^
La f^ie de Dugajr-rTrouùi^, Vmi des oroen
iuenia de:Ce recueil, valut à soniaiuteut^deslet^
1res de citoyen de la ville de Saint r^MfiIoi^x^e
témoignage de considération. en vaut biei^Min»
auiK. Turpin a donné la ^ie de Mahomet^ 2ék
gislàteur de r jgirahie f :2(VoUin-^i22 > ijij^^jslw
Histoire des révolulio/^ d^jhigktet^e ^ d^viêSS
à 1747 7^^ ^^i' in-i:i,, 17,86$, une Histoire civile'
et imtuveUe du rojaume de Siam/ 1 7 70-1 7^ ^-V
a\ voL .îft- »2jruqe' jBE^IoÂra du gofiaerrtmnmi
dès .anciennes réptéhifuesy m-^i-a, 1769; use
Jtist0ina,univer$eUe imùée des Angèais^ ete«
Simple y modeste-, vépitable homme âf^ lettres,
Turpin vécut loujoura dan» la médioeritë. £a
J1795 le gouvernement lui accorda des secours,
«t le laissa mourir dans la nisère à liage de
^ ans. Il avait été , comme maçon > m^ mbm de.
)% Ipge des NeufSœur^. Ses frères étaient abrs
dôapersés, et les' loges étaient eoeore s^us le
eoup des événements polîtiqueSi.
TURPIN DE CRISSÉ (Laneelot , GO»te d^>,
lieutenant général en 1780, commander de
Tordre de Sainte Louis, et gouverneur du fovt
d'Escarpe en 1781 , émigra en i79a , ei mou^
rut^ans l'exil { il était né en 1715. Le comte
de Turpin-^Crissé devint membre 4e la loge des
JVeuf Sœurs. Le frère de La Dixmerie rend
hommage à son ipérite dans les termes suivants :
ff U brille également soit qu'il fasse la guerre,
(•soit qu'il écrive sur cet art terrible. ^) En
effet;, cet illustre frère s'est plac^ parmi les tac-
tîcigos célèbres, par des ouvrages dont nous
allons c^ter les tilries : i* Essais sur VAri de la
ùuârre^ 1754^"^ vol. in •^4**^; Commentaires sur
les Mémoires de Montecuculli , 1769, 5, yoL
ifi^4'^} 5^ CdmmeHtaires sur les institutions-de
BIOGftAPHIfi. 28^1
Végèc^y iq^Oy S. tdK :iii*^4*5 enfin) Cômmen--
taires de César y a^eo des Note^ historiques y
cyitiques^eîmUiiaii'eSf 1785, 5 vol. iii-8*.
USSIEUX ( Louis d' ), homme de ïettrfes-^
directeur et rédacteur du Journal de Paris:
en 1777, naquit à Angoulême en 1747 > ^^ se
comsâbçria entiér^meii^ a la littérature jusqu'à
l'époque de la rév<dution. En 1795, le départe-»
ment d'Eure-et-Loir le nomma membre du
conseil des anciens; plus tard il devint membre
de la Société d'agriculture , et mourut le m
août i8o5. Il est connu comme agronome par
plusieurs dissertations et articles insérés dans
les recueik d'agriculture y et par rarticle ^vigne
dans Iç cours de Tabbé Rozier ; comme littéra-
teur, par le Déeaméron français , ou JVouueltes
historiques, etc., a vol. in-8**, i774> ^^ iVb*/^
veUes françaises f 5 voK îYi-8*> 1776. 11 a donné
une traduction du Roland furieux, 177^-1785,
traduction faible et sans couleur; une Histoire
abrégée de la découverte et de la conquête des
Indes paries Portugais , a vol* in - 1 2 , 1 773 j
avec Bastide aîné, une Histoire de la littérature
française, iT] 2 f 2 vol. in-i!^; et entre autres
pi^en de théâtre , la célèbre parodie de Ga^
irieUfid^ jPaiésfn^ x^Uiquâfiue H fpîrittiélie de
D'VtMWi eut pour xcoUabohiteu^ doa^ . étui
Imbert, franc-maçon; d'Ussieuxétait^ en 178g,
membre du Grand Orient, en qnalifé de député ^
de la loge de la parfaite Chanté, orient de
Beroayi. . / ^
VASSAL (Pieisf e^jréravd ) , dèetell^eA méèt^
Gtae, médecin de bienfaiaanee du 7^ arrQn€lis->^
semenl^ né le 14 octobre 1769^^, est auteur de
différents oàivrages^ entre autres d'une Mono^
graphie sur la digitale pon/rprée ^ plante Aùûi on
ne faisait, presque point usage en France* aiant
lui , et au moyen de laquelle on guérk plti^eiirs.
hydropîsiès, et quelques maladies du c^mir; et
à^ un Mémoire sur P acétate de morphine, et lesi
mojens de reconnaître ce poison après la mort.
Ancien vénérable , très-*sage et président de la
loge chapi traie et aréôpagite des Sept Êtàssais
réunis, dont il a amélioré et soutenu l'admiâis"
tration avec un zèle et une constance dignes des
plus grands él(^es; il est depuis i8i5 officier du
Grand Orient, depuis 1819 secrétaire général de
cecorps^ et depuis 18:27 président du grand Col-
lège des rites , qui fait partie du sénat maçon-
nique, pour la collation des 5i ,-52, et 33^ de«
BfOGTHAOPHiEft .3&3
gpffës. 'Ml Vassal mt un naçon StyrliimtruU.et
très ^laborieux* Se» conipies rendus^^* eomme
fteorëcaire généritl, ont été gouv€^r remarqués ^
c'est un ée$ olEciers les plus zéMs et les plu^ ae-*
tifs- du Grand Orient.
VERNET ( Clauder Joseph ), eélébre peintre
dû marine y naquit à Avignon en 1714^ et.tnôu«-
rut à Paris en 1789. Il fat reçu membre de
rAèadétiite des Beaux^Arts , sur la prélentaifoh
de aod tableau ^ un port de mer pmr un sidefl
couùhûntf et nomme conseiller de rAcaëëmie
en 1766} il etil le bonheur de recenroir en 1787 ^
dans eet illustre corps ^ son fiïs Carie Yernet)
après son tableau du triomphe de Paul^Émilck
Joseph Yemet a produit un nombi*e eonsidéra*^
ble de tableaux ; il en peignit deux cents de Tan^
née 175^ à 1789^ et le Musée du Louvre e^
possède quarante^ huit y au nombre desquels
sont quinte ;^orf^^ Prûnce^ exécutés par lui
pour le compte du gouvernement. Il est le chef
d'une famille dont le!s membres se sodt illustrés
dans cet art sublime
de parler aux ^ûx.
Carie et Horace^ ses fils et petits -fils^ oni
ajouté à la gloire de leur nom par une supérior
rite* marquée daas les tidiieMiK: é» genre ; maiè
Joteph est regardé , avee: raisôn^eomine le mo*
déle que les: éléTes de l'écele française domnC
étudier el ppendro pour guide lorsqu'ils veu^
lent^ soit reproduire TOcéan dans ses effels pii*
toresques ou dans son agitation effrayante , soit
tracer une^ ville mai»time, el donner le mouve-
ment et la TÎe à tous les objets.qui concourent à
VaniBU3r.^fi'habîlesipeintr£S%sesont fcNnmésà son
éode, et parmi eux les amateurs des arts, oitent
WAé, IIue>G«idin:et Isabey le fils» JosephViernet)
membre de Ib loge des* Neuf Sœurs ^ était un
de& frères, les.plus 2éUs de cet illustre ateUer^
qui. le reirouv<idt toujours lorsqu'il y asrait une
bonne action à faire, ou des mesures maçenni^H
ques sages et utiles à exécuter. Dans une sorte
de galerie des membres de- la loge des Neuf
Sœurs j publiée en 1779^, le frère de La JJixmerie
s'exprime ainsi' en parlant de ce grand^ïeîntre :
« Uest accoutumé à prendre la nature sur le
n fait| à peindre^ avec une égale supériorité ,
a ses effets, le» plus terribles comme ses aspects
a les plus doux. » {Voy. LA>DixHERiE.)r
VIENNET ( Jéan-Pons-Guillaume), littéra-
teur, chef de bataillon au corps royal d'état-
major, chevalier de la Légion-d'Honneùr et de
Saînt-rLouis, membre de la chambre des dépu-
BIOGRAPHIE* â85
lés' cliè[l«j» taLSémim.âe 1 8227^^828 ; eM fiU d'un
afiekBn]légfeliuteur/ et tiev«eu Aei'aneteB c«ré
db Saint- Méi^'dé'fail*is,:iyiexeeikiife» études ^
et le çaàt (}es^ciènces mflitairds/ lui 'promet-^
client tt»e carriàre briliftiff.e; ïnais il fdtmal-^
heureux. Pris en 1798 sur Y Hercule, il psnaa
neuf mois sur les pontons d'Angleterre ; rendu
à.lalibêlité^^ it(repHr>dhi Sé^içè^et fit brlHam-:
ment lacampag^ d«;»l3i& dans F»rtiller«e é^
la nvarroie. Âuk &a!ai)les de Lutate 11 I3l>de Baut^
zen il gagila la croix delà la^ton*-d'Hofi&eur;
mais il eut ^en^ere ^le malbeur d'être faît pri-
sontiiér ati Diomeint méme<yà*Ie peut de Leipzig
était mië en pièces. Les événements de 1814 iui
permirent de rentrer dans ses foyers. Il futsaps
emploi pendant les cent joiirs> en i8i5^ et ne
signa pas f aeie additionnel a^us constilntions
de r«mpire. Il fut nommé t^hef *de bataiikm au
corps #oyal d'état- tnajor.€omme littéralear^
nous ne parierons pas de ses brochures politî-r
ques7 il a publié umt^lume de poésies y un
yohxm^^'épttrés ^WûL poème ^MituléjPA^^i^y q»i
st été traduit en grec moderne; il k donfié à
TÂcadémie royale de musique Asp^^meel Péri'
clés, el au Théâtre-Français la tragédie de <>fo^
m. Il travaille depuis teng- temps à un poème
en dèuze chants intitulé FrancuÉ, et a mis au
jour, en iSïài^, ie poème fort* remarquable tle
986 BIOGRAPHIE*
l'ordre m«obniiiQ|ue> et y remplit les premier
res digiikëft dfe rorcire. ShttinÉé niembre; Ae Ih
ehanfaredes députés en^j^tfcSv sa plaée 9. tou**
jours éfté pafoii i^s plna illustl^ déféflMURS.de
- VILLETTE; ( madame la nUirqUM 4le %
gnuda rattlî!ei«e delà bg« ëoeasni^ de BeUeei
JSoahe^ (ûi l'iUuâtrehéivkliie tfe Ja fête d'aé^p-**
tioib donnas dam ;8bQ hâlel^ me cb Vaugîrand,
leQ févtfier.i8ig , et oà tous le$ a^rte semblàreiit
fMè.rëuDii^ p<Mir hoi^or^r le; neble ec v^rtu^^ae
darn^ i^qui Voltaire^ Ion d^ sa récepiion 9 en
1.77a» fil hommage dei*ga«ts de femme ^ui lui
furent <4)Pésenié$« : Parmi le» illastres frères et
amurs on rematxfuait &« Ai S. le prince Paul
de Wurtemberg ^ et ' lady : MorgÉia. he (tèi^
^Domte de Xaeépéde .aMÎ$<4t et pïésida un po*
«sentVasacinUée comme rénérabl^ d'ho^ciénr;
judame >k cei^ tasse •Ci«iUfiintnot: remp)is$^( i^
£ipçliona de msûr insfM^rtqe , jMdaôko la bar
iroim^de Lft Roebefpiffîai^t é^t ;$9eiur déposa
•taire. M% de J4yy> m«»bpe.d0 ll^stitot, e^mt
:po3a des tiers^que véeii^ «dpad^Dao^iselle Puçbes--
nois , célèbre trfi^îemie du TJi^fttre^f ançais.
Le bwte du^gf^and^bontm^fat eoIlfQn^4 par la
grande ipaitresae eUe^méme; enfia la vëimioa
9.IOGAAJPHIB. ^8^
fut 4^ plw soknMllaa at des plas briUàntes.
VOLTAIRE (Arouet de)< me«ibfe:di»;hLloge
de^JYe^f, Sœurs. Pop^er dea(dé(aife kiogrtpki«-
q\ie& sur yol|aire> /ce semU.^iHMprendrelâ
Çdoéalogie d'Hercule* Hercule a- 1^ il tbèMn
qu'on fasse sa gêaéalogi^? yoliaire a-^'^il besoin
j^u^Qf^ |e fasse ooa'oaMjare famé Tbistotre «k^ sa
vieiei: de;|e8 ôqvpage$? Nbitt pe oimtiâèrêpons
dtmc YojitairQ que cotomb fniiicimMon, et e'est
?ç^iS| ^ rapport iqDQ lea plUs petits détails senmt
du plqs h^ut intérêt c intérêt, ^^àiuant plàs
réfi et pu>is^aal;>:qim bas détails âaii9 lesqni^ts
nous allons entrer ne sont presque pas. cmims,
et ^ç^oe ^e^ n'a pas été sans: rechen^hes et sans
f^ink 'que: npus vuo^ les sommes precufés.
. D^ns l'eApAOf^ d!ti» demi-râéele/ de 17^5 à
1775 y les progrès do; la Sranbvmaçcmnerie en
ï^rancei et particviU^emènit à Paris^ forent
tçls, ^ue |aaaQbfe9PQ^-jU.tnagîsiratiire^ la haute
bourgi^o^ie^ d^m^mbres^diatingHéedlaidej^^
et, les h^mineii d'iln taérirte.émibbnt dans ies
^fepx^e^, les leUreis^et leé arts y s^ajent' Batii
recevpjr fr^nos^-maçon/l etfbhd^^&t.deB logesi
C'pst ainsi ;^ue furent érigées par les gens de
lettres , m .1776 , ta: logé. des NearfSûeuH , et,
eA i77i8i, i^f 14 eoiiPiet la hais4e iwiété, ia
loflede laCfiwrfettn. î , •
StèS BIOGaA^HIB.
^ Hellriiius fut un des frères qni conçuretlt le
projet d'offrir' ua asile fraternel aux gens de
l6tti*6^ ëpard dans diverses loges ; mais il mou-
rârtiaTSDt Tërection du Cémpie des N^trf Sœurs.
La lege etiéëè enâti/ sa Veuve fit hommage â
Tartelibr deâ-insignc$ maçonniques de l'iliusltre
dëfoni.^ '■ 4i}eMe )og<è ( qtil êomfptait parmi ' ies
meiiiibBes Franklin /Coii)^ dé <}ebe)tn , td Biitl--
nierie; Lafande, Tabbé Cordlét" dé Saint-Fii*-
mia^ et. une foule dô frères .honorablement
CMious dans le motfde profatlêpér leurs4alents
eéleurrvisrius /briguait tn honneur qui devait
rejaillir sur Vordre entier^ rhÀtmeùr dUhrtiér
Bissiper tes ténèbres > dèti^uire les jpréjugés
et les superstitions, gagner les cœurs à là vertu ^
attacher à la plus belle des institutions moitiés
tmit ee qui peutiamendre de pitis en jplus re*
eommaadàble et l'illustrer^ voilà le biit de la
société desifranes-^maçoAs; but constant , uni-
que, toujours vainqueur. Dé zélés et habiles
frér«s,Tranklin, l'atmi de Vèl taire, Court de
Gc3>elîa , pour la science , le contemporain de
l'ancien montie, Lalande'qui possède tous les
secrets de rorgairisàtioh fihysique du ciel, ap-
pellenf l'attention et Tintèrét du.grafid homme
sur rinsiiéulî<m mystérieuses dônt'fl a entendu
parler, et à laquelle il n'a pas épargné ses re-
BIOGRAPHIE. 28g
doutables sarcasmes*.... Mais bientôt la puis-
sance du plus caustique des poètes va échouer
devant la simplicité, la grandeur des vues ma-
çonniques. Franklin, Court de Gebelin et La-,
lande, le pressent avec une vivacité qui Té-
tonne; néanmoins il refuse, il parle de son
grand âge, il craint le ridicule Homme ex-
traordinaire ! pouvais- tu croire que tes amis,
que tes admirs^teurs cherchassent à se jouer de
la sainte amitié, à flétrir ta gloire immortelle
en t'entraioant dans une fausse démarche? Le
prosélytisme, qui comptait de tels organes, de-
vait triompher de frivoles scrupules. Voltaire
ne résiste plus, le triangle lumineux n'a pas
remporté sur le génie de l'homme une plus
éclatante victoire Mais écoutons le frère de
La Dixmerie (voj. ce nom).
i< Quelle époque dans les annales de la ma-
({ çonnerie ! Quelle gloire, quel triomlphe pour
w la loge des Weuf Sœurs ! Ce fut à l'âge de
(t quatre-vingt-quatre ans que le Nestor du
(( Parnasse français, ce vieillard, l'^tonnement
H et l'admiration de l'Europe ; lui dont les
« écrits, les actions, la personne même, étaient
(( pour elle un spectacle toujours varié, tou-
« jours intéressant, toujours nouveau ; ce. fut
(( à cet âge que cet homme unique vint puiser,
u dans la loge des Neuf Sœurs, un genre d'ins-
:igO BIOGRAPHIE.
u truction que plus de soixante ans d'étude
a n'avaient pu lui procurer. Nos mystères lui
« furent développés d'une manière digne d^eux
fc et de lui. Il aima, il admira la sublime sim-
« plicité de notre morale. U vit que l'homme
M de bien était maçon sans le savoir. Il vit que
n la loge des Neuf Sœurs joignait à tout .ce
c< qu'elle a de commun avec les autres sociétés
H du même genre un point de morale négligé
H presque partout ailleurs , celui d^exciter l'é-
« mulation, et de proscrire la rivalité; d'unir
a ceux que des intérêts personnels^ un même
« but ^ les mêmes prétentions pouvaient divi-
tt ser ; de rendre l'émule utile à son émule;
« 'de confondre même ce dernier nom dans les
If noms les plus doux de frère et d'ami*. U parut
i< ému , pénétré de ce <{u'il estimait peut"*être
u moins lorsqu'il ne le connaissait pas. De notre
ff côté nous crûmes être tout à coup rappelés à
« ces temps si célèbres^ où Orphée, Homère,,
(c Solon, allaient modestement se faire initier
tt aux mystères d'Hëliopôlis. »
Le 7 juin 1778, Voltaire, présenté par l'abbé
Cordier de Saint^Firm^n , fut conduit dans le
parvis du temple. Le soin de l'accueillir a son
arrivée et de le préparer à l'imposante eérémo-
nie de l'initiation maçonnique, était confié aux
frères président de Meslay, marquis de Lort,
BIOGRAPHJB. 291
abbés Bignon et Remy^ Cailhava, Mercier^
Fabrony et Dufresne. Le chevalier de Villari
l'introduisit eh loge; Lalande présidait.
Appuyé sur Franklin et Ck>urt de Gebelin ,
l'auguste vieillard était entouré de plusieurs
frères^ entre autres du chevalier de Cubières,
dont nous tenons une partie de ces détails.
Les épreuves^ on le conçoit, furent toutes mo-
rales, et ces épreuves encore s'écartèrent des
formes ordinaires ; les interrogeants s'instrui**
saient plutôt qu'ils n'enseignaient : on n'avait
pas besoin de connaître Voltaire, soixante ans
de vertus et de génie l'avaient assez révélé. Sa
réception fut un triomphe pour lui et un bon-
heut* inappréciable pou i* ceux qui en -furent
les témoins. Trente ans après, un des assistants
n'en parlait qu'avec enthousiasme et les larmes
aux yeux.
Keçu maçon par une distinction unique da»s
les fastes de notre ordre , Voltaire fut placé à
l'orient. Lalande le complimenta , et l'on en-
tendit successivement les frères dé La Dixme«*
rie, Garnier (depuis comte et marquis), et
Gron ville, payer en vers un tribut d'admira-
tion à l'Apollon français.
Une circonstance remarquable de la récep-
tion ^st celle où Lalande décora Voltaire du
tablier de maçon : ce tablier était celui d'Hel^
J2q3 BIOGRAPHIE.
vétius : Voltaire^ par un mouvement spontané,
le porta à ses lèvrei ^ donnant ainsi une mar-
que de respect et de souvenir à Tun des plus
célèbres philosophes et des plus vertueur ma-
çons de la France.
Cet incident fut suivi d'un autre qui ne fit
pas moins d'impression sur tous les esprits ^
lorsque Lalande présenta à l'heureux néophyte
les g^nts de femme qu'il est d'usage de donner
à l'initié. Voltaire les prit, et se tournant vers
le marquis de Yillette, les lui remit, en disant :
u Puisque ces gants son t destinés à une personne
c( pour laquelle on me suppose un attachement
a honnête, tendre et mérité , je vous prie de les
ce présenter à belle et bonne » (voj. Villette
et marquise de Villette).
La loge des Neuf Sœurs ne posséda pas long-
temps sa précieuse conquête : six mois après ,
le 28 novembre de la même année, elle lui
rendit les honneurs funèbres.
Nous allons nous livrer à un pénible devoir
en esquissant la cérémonie mortuaire.
Lalande présidait l'assemblée , assisté des
frères Franklin et comte de Strogonoff^ sur-
veillant; le frère Lechangeux remplissait les
fonctions d'orateur. Deux cents visiteurs furent
admis aux travaux, introduits deux à deux et
dans le plus grand silence ; l'orchestre était
BIOGRAPHIE. 2qZ
considérable^ et composé des premiers arlistes
de la capitale; il exécutait par intervalles des
morceaux tirés d-jlceste, de Castor et PoUux,
et autres opéras. Pour évilér une affluence mon-*
daine y la loge avait décidé que mesdames De-
nis et marquise de Villette se présenteraient
comme par hasard pour assister à la cérémonie;
elles arrivèrent, la première conduite par le
frère marquis de Villette , et la seconde par le
frère marquis de VîUevieîllé.
On arrivait à l'enceinte Funéraire par. une
longue et étroite galerie ; la salle entièrement
tendue de noir, décorée avec goût et simpli-
cité, et ornée de cartouches où on lisait les
plus belles pensées en prose ou en vers tirées
des œuvres de l'illustre défunt,, n'était éclai-
rée que par quelques lampes dont la pâle clar-
té répandait un jour douteux; le mausolée de
Yoltaire était au fond de la salle.
Le discours du vénérable fut une sorte d'in-
troduction à ce qui allait se passer. L'orateur
lut un discours analogue à l'objet de la céré-
monie; le frère Coron, orateur de la loge de
Tludie, affiliée à celle des Neuf Sœurs j impro-
visa une allocution qui fut écoutée avec le plus
vif Intérêt ; enfin le frère de La Dixmerie pro-
nonça V éloge de Voltaire y éloge académique,
presque entièrement profane, et où il parle
^94 BIpOAAP&Ifl»
beaucoup de aes 4>avrage« et peu de m per-
sonne, sans doute dans une cîrconstanee où Ton
eût préféré voir Thomme et ses vertus , plutôt
que i'homme et aon génie* Un beau mouve-
ment, mais peut-être trop scénique, eut Heu
vers la moitié du discours , au moment où l'o-
rateur s'écrie , après avoir sqf>QStrophé les en-
nemis du grand homme : a jEt si la voix de la
(( Irrité ne peut pas eiieore étouffer'celle de la
(( calomnie , je ne vois plus que la foudre qui
ff puisse lui imposer silence » , le tam-tam se
fait entendre, le mausolée disparait, et l'on voit
un tableau représentant l'apothéose de_ Vol-
taire. , . .
Le frère de La Dixmerie ayant terminé son
remarquable discours, le frère Coucher lut un
fragment de son poème des Mois, cdiui de
janvier, x)ù se trouve une tirade éner^que
contre le fanatisme qui fit refuser les hoJOQeurs
funèbres à Voltaire , tandi3 qu'on enaqcordait
de scandaleux au cardinal de La Rocbe*AyQ^oi)|
prélat hypocrite, et à l'abbé Terjray^ ministre
conou^ioQoaire.
Ce vers :
Oo rc^eise ua gvaod hoiiFime un dieu doii hal^iter,
excita l'enthousiasme; l'auteur fut obIig;é de
BIOGRAPHIE. jàgS
recottineacer U lecture du morceau enlier. '
Uûe agape ou banquet mystique suivît la>
cérémonie. FTanklin j assista.
Pendant la oérémoaie funèbre, au moment
où les frères vont déposer le rameau myslërieux
au pied du eéaotaphe, Franklin offrît , pour
tribut de sa douleur fratemelle^ la cotirotine*
qui lui avait été précédemment pr^lsentée au.
nom de la loge par la sœur marquise deVilleiCi?;-
il est impossible d'exprimer la profonde sensa-
Hon que prodttiéit cette inspiration de l'amitié
maçozuûque.
w.
WALTBRSTORFF (Etienne-Frédéric baron
de) y pé'Vers 1756, chambellan du roi de JDan-
nemarck , Tun de ses généraux , son ambassa-
deur près de l'empereur Napoléon, membre
de la loge de* Zorababelf orient de Copenhague,
est fondateur et premier vénérable de la loge
de la Béunion des Étrangers ^ constituée à l'o-
rient de Paris par leOrand Orient de France
en 17841 démdié en i8o5^^ par la même anto**
rite, pour ca^se de prétentions schismatiques
de la loge , et rétablie dans sa correspondance
à la suite du concordat dé ?8o4 ftvec le régime
éeossais. Le baron de WalterstoHF avait été
nommé par la logé son vénérable d'honneur à
:2g6 BIOGRÀPHIB.
perpétuité; mai» oelte logç^ qui prit «i 1.811
le titre de loge de Marie^Louise qux lieu, et
place de celui de Réunion des Etrangers^y, est
tombée eu sommeil en 181 8, et est eœore dans
cet état. . . '
Par suite des:é?énemçDts politique» dé 1814^
le baFon die. WjaUei:storff fut rappelé dans sa
patrie. Cet illusAi^e frère, ^rand élu écossais au
momedt où il créa son atelier, y introduisit le
r^ime de la sti^ote observance alors générale- '
men.t eft usagée dans ks loges dti^ nord. 11 est
devenu depuis Ch.*. K*'. D,** S.*. P.*. de R.*.
S.-.
Washington (George^, généml et l'un
des fondateurs de rindépeûdlince américaine,
naquit dans le comté de Fairilix en Virginie ,
en lySa.
Lors de la guerre des Anglais contre les
Français dans le Canada, en 1754^ ces derniers
ayant fait quelques ravages, sur les frontières
de \^ Virginie, il réunit quelques troupes, se
mit à leur tàte et.combattit avec courage, mais
sans succès. Cepc^ndan^t il rempl^^a le général
Braddock, dont il était Taide 4e camp, et fit
une sage retraite quiJui valut le grade dç. ma-
jor. Dans la guerre de l'indépendance il fut
appelé par ses concitoyens au commandement
BIOGRAPHIE. 297
en dbef de l'isirn)ée> et presque toujours il
triompha. On sait que bon nombre de gen-*
tilshommes et de soldats français curent part
à la gloire des Américain». La guerre tei^nlinée; ^
Washington fut nommé président des États-
Unis.
Il se conduisit dans ces hautes fonctions avec
autant de fermeté que de sagesse^ et mérita ce
bel et simple éloge d'uii antre fondateur de
la cause commune > de Franklin t u Je lègue ^
«c dît-il dans son te^ament, au général Wash-
« ingtony*mon ami et Tami de l'humanité , le
H bâton de pommier sauvage dont je me sers
ft pour me promener. Si ce bâton était | un
« sceptre il lui conviendrait de même. »
En 1797 Washington se démit de la présv*
dence^ et rentra dans la vie privée. Il mourut
le 14 décembre 1799.
Quoiqu'il ne se soit pas toujours prononcé
pour la France pendant notre révolution , le
gouvernement con^ulaii^, Bonaparte alors pre-
mier citoyen de la. république y fit prendn^ le
deuil et prononcer l'éloge funèbre de Wash-
ington par M. de Fontanes (^oj. Fkanklin,
FoNTANES , PaWe).
Washington était maçon , et avait été élu
à la grande maitriee de l'ordre dans les États-
Unis. En T797 les loges de la Fen«ylvanie firent
agS biograpiiib;
frapper une médaftle pour perpétuer le sduve-
uir de èeCiCe' élection.
WEISHAUPT (Adam), preTeweur de^ dit>U
à Fmuverftité d'Ingolstadi, fimdateur, en 1776,
de la secte des illuminés, fut reçu &ancHiiâf«
çon en 1777 , éana la loge de Théodore du hon
conseil^ orkut de Munieb ; depuis il se fit ad-
mettre à tons les grades de rassecifttkHft maçilii*
niqucé Le but de Weishaupt, en s'attacka&t 4
la franc «r maçonnerie^ était d'attirer dana la
secte qa'ii arait créée ton» les maçons qui pou^
vaient y par leur rang ^ leur nom , leur fortune
ou leur influence > seconder ses vues dont. W
secret n'était connu que d'im petit nomliK de
%ft% affîdës.
Il recommanda à tous les illuminés de se faire
initier dans les associations maçonniques, de
former des: loges pour y préparer des sujets,
afin de fondre un jio«r;les' deux tnstiiutiènflf en
une seule. Dans aoo piain génëral'cette fuskMi
devait prendre, le titre à' Ordre illustre de la
vraie.frdac^macamneriB.
C'est sur. la Yo^^ét^Théodcire du tùh com^il
qu'il essaya de greffer son système, cr, en
1788, Bode et le baron de Busoh, au service de
Hesse^Dârmstàdt, firent ks* plus grands effort»
pour, l'introduire en France; ce fut sans suceés.
Weishaupt n'était pat plus bettfeux de son
côté : dès 1785 son souverain lui ajnit vedië la
chaire de professeur en l'uniTersîlé, et, en
1786, Télecteur de Bavière fit saisir ses papiers
et les livra à Pimpressien : mis en jugement;
il fut condamne à mort ; une prompte Atitë le
sauva*'
La régence de Ratisbonne lui donne asik et
refuse son extradition ; mais' n'osant résister
long ^ temps elle facilite son évasion. A Saxe-«
Gotha où il se rend ^ il est nommé par Tékc**
teur son conseiller intime.
Ce célèbre et dangereux chef de secce mou-»
rut en 181 1.
X.' • . r
XAINTRAILLES (madame de), femme eu
général de ee nom , fut son aide de camp, et
mérita que le premier consul Bonaparte la
maintint dans les fonctions de son graide, etiui
donnât un brevet de chef d'escadron. Elle aiait
droit à ces distinctions extraordinaires pour
son sexe par quelques faits d'aunes remarqua*^
bles et par plusieurs traits d'huimanité.
Voici son histoire maçonnique. La loge des
Artistes^ pitésidée par le frère CuveUer^ an-«-
nonce une tenne d'adoption destinée aux dame»
maçoDuea : l'usage est que les frères j avant
300 B1061tA.PHI£*i
d'eyyrir les l>arrière8 du jardin cTÉden, se réu-
Bisaent ë0 travaux d^bommes. Madame de Xain^
traiUes, convoquée jpour fa. loge d'adoption ou
elle derait éM:*e inkiée comme femme ^ arrive, à
la loge kYheitète mi&Wre> c'est-à-dire à l'hteure
fixée par la lettre de Gonvoeation. Les frères
commençaient à peine les travaux maçonniques:
on informerk' vénérable de laprésence, dans les
PaS'Fèrdi», d'un dficier supérieur en grand
costumé militaire. Le vénérable lui fait de-
mander sjil est porteur d'un diplôme* L'officier
supérieur qui. ne soupçonne pas que par cette'
piéee oa entend un acjte qui constata sa quali-
té de maçon ^ remet son brevet d'aide.da camp;,
le frjère expert le porte sans l'examiner au vé-
nérable qui en donne lecture à la loge; l'é-
t0iiBci»enl;,<(st général. Le vâiérable, ancten
militaire > auteur dramatique ^ maçon entliou-
siaste, est inspiré par cet incident; il propose
à la loge d'admettre cette héroïne dont il a plu-^
sieurs fois .entendu parler avec éloge , non au.
premier grade maçonnique d^s dames, mais au.
premier de nos gradés comme franc -maçon,
faisant remarquer que si le premier consul a
trouvé dans la conduite guerrière de madame
deXaintraillés des motifs suffisants pour autori-
ser la simulaiion de son sexe , la loge ne pourra
être blâmée d'imiter le chef du gouvernement
:biogbàphie. 5oi
en transgressant I en faveur de cette damé,
nos lois et nos usages. La discussion est vive ;
le pour et le contre sont soutenus avec une
égale ardeur. Une improvisation nouvelle et
pleine d'éloquence du vénérable décide la ques-
tion y et la loge se charge de justifier par de
puissants motifs prés du Grand Orient l'inno-
vation inouïe qu'elle se permet dans cette cir-
constance. Des commissaires sages et prudents
vont annoncer à madame de Xaintrailles la
haute faveur dont elle est l'objet y et la prépa-
rer à l'initiation des maçons , si elle accepte :
« Je suis homme pour mon pays , dit-elle, je se-
<( rai homme pour mes frères. » Elle se soumet
aux épreuves que l'on modifie autant que les
convenances l'exigent, et on la proclame apprenti
maçon. Une demi-heure après les barrières du
jardin- d'Éden sont ouvertes, et madame de
Xaintrailles, annoncée officiellement dans sa
qualité maçonnique , siège sur les bancs au
rang des hommes.
AVIS DE L'AUTEUR.
Il nous était facile de donner à cette biographie une
étendue plus conside'rable , en l'enrichissant de notices
nombreuses sur une foule de maçons distingués de la
capitale et des départements. Sans doute ce travail,
pour un auteur qui a pris avec lui-même l'engage-
ment de ne dire que la vérité , n'était pas sans diffi-
cultés ; nous l'eussions accompli avec l'esprit d'im-
partialité qui nous a conduit jusqu'ici. Mais une
considération puissante nous a décidé à abréger la
partie biographique de cet ouvrage; ne voulant pas
dépasser l'étendue de deux volumes j nous avoùs senti
qu'il serait important de le terminer par un choix de
quelques productions de divers mérites , capables de
donner une idée de la lliorale et de la philosophie de
notre ordre.
En effet , rien n'est plus propre à faire connaître l'es-
prit d'une institution que de tracer l'opinion de quel-
ques-uns de ses membres, surtout lorsqu'on publie
des choses qui n'étaient destinées qu'aux seuls adeptes.
La maçonnerie n'a rien à craindre d'une semblable
indiscrétion , et sa morale peut être prêchée au dehors
comme au dedans de ses temples. Nous avons donc
pensé que nous devions sacrifier quelque chose de l'at-
3o4 AVIS DE L^AUTEUR.
trait de curiosité qui s'attache ordinairement aux noms,
pour nous occuper d'objets plus utiles. Parmi les ma-
çons qui reposent sous l'acacia , nous avons omis peu de
noms dignes de figurer sur cette colonne funèbre , et
parmi le petit nombre de contemporains , si nous
n'avons pas placé les plus illustres, si même nous avons
été obligé, par l'espace, d'écarter des noms dignes
de figurer en première ligne sur le tableau de l'ordre^
du moins ceux que nous y avons placés , ont marqué
leur place par des travaux utiles, et, sous ce rap-
port, c'était une justice de les signaler à l'amitié de
leurs frères.
CHOIX DE DISCOURS,
EXTRAITS, RAPPORTS, MORCÈAyX
D£ POÉSIES,
PBOKONCÉS PAH DIVERS OBATETIBS^,
EXTRAITS TIRÉS DES OUVRAGES
LC* rLO« IHTÉSESSàHV^ 8VE LÀ. MAgOHJlIBklB.
DISCOURS DE RÉCEÏ^TION
AU PREMIER GRÂDfi SYBIBOLIQUE,
; .....
PtlONDRCéS A PARIS, EN l8l5, 1816 KT 1817, A Là LOCK
DIS TRIROSOPHCS"*^. '
•. •• * •' ; .j
) :
' Frère nouvellement initié >
Youd ayez désiré d'être reçu dans la société
des francs-maçons : Vos souhaits sont accom-
plis. Votre mérite, votre courage, vous ont ou-
vert les portes de ce temple , où vous n'aper-
^ Les cinq premiers discours de ce recueil ont déjà
été' imprimés , mais ^ un petit nombre. d'exemplaires ;
II. 20
3o6 , çtioix M DïitouBs.
cevez que des hommes de bien , qui vont vous
"îdnitet^'vëiis chérir, et soHiciter pour Vouè l'a--
mour de tous leujfsfrèreâ, daus quelque con-
trée que vous portiez vos pas. C'est la première
récompérisè du ièle édalrê qui vous a conduit
en ces lieux.
Applaudissez-vous , mon frère , d'un tel avan-
tage, et croyez que vous y mettrez plus de prix
encDns à me^ufe qu6 vous avancerez dam les
grades réservés à la sagesse et à la persévérance.
• Mâîê qu*esC-ce que là tnâçonneHé? deman-
derez- vous; quelle est sou origine ? ^quel est
II./* ' '.
ils sont peu coDBUjs hors Pacis. L'aute«iV| maçon aussi
instruit que modeste , s'est toujours refusé à y placer
WQSk nom y se faisamt uti . dâvoir d'instruire ses frères ,
sans rechercher la. gloire qui: Itti serait justement due
pour ses intéressants travaux ; il e bien voulu nous
autoriser à insérer en dMi^Hes cinq morceaux que
nous donnons ici, et qu'un grand nombre de maçons
de la capitale luj qui^iiiltrrftdu JJïVOWKcwrî* ftli'il en
reçoive nos remerciments ; la noblesse des sentiments
ij^e: foipisMi tsA pf oduc^ipil^ . égale U ^a^t^iiv de ses
ïj^îs^^^p l|Lf^njCf|nafiQnîîeffû^ mais peut-être. a-t*îl par
cd[a wême dépa^s^' son b^t ou. seulement ^eyanco notre
époque ; nous ne sbmn^es pas , du moins le plus grand
nôiiibi'éyé maçc^n^, àllt Itàùtéuf àelàpïilïds4)plïîe'sévère
dont il s'est efforcé de nous tracer les principes : nous
âîï'di/^ éfeûfèttient avécï TâUtear, qu6 làmafoniierle, bien
voMpi^he', Wf-â^ôojdmïi Ife véritable lien des peuples.
^ CHOIX. DSiDisGocas. So;
son bttt? quek sont le$ rëëultaU de ses insdlu-
iijOns ? que veulent dure les emfalémés et les alië^
gories dont elte s'eaTèloppe?
Je vai$ essayer y tirèsrdxér frère , de satisfiure
uae si juste curiosité /et de déToîIer à vos^eux
une partie des m^^itërei qui couvrent œtte re«
ligion^ trop peu. eonsoe/ trop peu appréciée ^
trop sloitvent c^domniée'; Buiis qui n'en est pas
lni>ipii^ malgré tous les ^obslaclfQi , triomphante
et f«^ilenniverâell[^/
it ne ibe vanterai point dp pouvoir fixef son
origîoe. £lle se perd dans La nuit des temps,. ou
plutôt elle ooïkimeoee avec, les homnies'UiérEies.
Dès-qu'il y a eu désètressouffirants, îi ya
eu desifiaçoits pour les sbukiger£diisi|u|iiry!ae9â
des hommes injustes, il y a en des maçoôs pçi^*
réparer les torts; dés qu'il y a eu des fdurbes,
des oppresseurs , il y a eu des ' maçons poiïr les
iiaîr , pour les combattre , et diminuer lés macax
doDt iJbs désolaient la teVre.
. En effet f. qù'e8t>^ce qu'un maçÔD? lis zéla^
tesir de la justice : è'estvune espèce 'dç eheva*^
lier de rhumauité , de conservateur du feu sMi^
de la vertu. C'est dire assez tout ce que ses
frères ont droit d'en attendre et tout ce que
laî-mème peut espérer de ses frères : mais c'est
désigner aussi les ennemis qui l'attaqueront,
l'accuseront, le persécuteront.
3o8 GHOIX DE DflâCOt/tlS.
"Des ht8(orfen8> des cammentateurs hasatr-
deux ont placé la maçonnerie dans le pays des
anciens Iduméens, soi^s le règne du 'troisième
roi desisraélites Saiomon. Ils. supposent que le
temple que Saiomon bail t donna lieu à ce ras*
semblement d'ouvriers habiles dont le |iom ser-
rait encore celui que .nous portons.
' ie n'admettrai point ce système. Salom<>^
emprunta ses meilleurs ou vriers d'^r<zm / roi
de Sidon. Il employa , selon les liv^res hébreux ,
' vingt ^uset cent quatre- vingt mille 'hommes à
construi-re ub monument , dont les étroites, dt^
mensiôns n'annoncent le besoin ni de tantd-ahr
nées.^ ni de tant de bras"^. Et si quelque gloire
peut nâsuhet de l'érection d'un tel édifice/ eHe
appar-tient au people industrieux dont on "em-
ploya lé secours,, et non au fils de Bethzabé^
dont la renommée , cruelque grande qu'elle seit,
ne peut faire oublier qu'il fut le meurtrier ÔlA^
donias, son frère ainé'^'^, à qui le trône appar-
•tena^it; qu'il fut infidèle à son Bien, à ses lois,
à sej9 sujets^ La maçonnerie, si elle avait pris '
naissance à l'antique Jérusalem, viendrait plu<-
• / .' ^ »
"^ Le temple avait soixante coudées de long (c[ua^
tre-vingt-dix pieds), viugt de large (trente pieds),
trente-six de haut (cinquante-quatre pieds). F'ojrez\es
Rois, liv. III, chap. vi.
"** Roisj liv. III, chap. ii, v. aS.
CHOIX DE DISCOURS. Sog
tôt dés vengeurs qui durent s'élëvër alors pour
piinn* la violation des ordres dur ciel , de»-droitS'
du trône et des lois de Ia^nature«.
Si vous, avez lu aveo attention , mon frére>
lès annales que je cite, vous ne serez surpris
d'aucune df» choses que je dis/ JSi vous les
ignoriez, ouvrez le troisième Lwre des Rois, et
vous reconnaîtrez la vérité des faits que j'é-
nonce *;
D'autres placent la maçonnerie en Egypte,
au temps des r Pharaon, à Tépoque où parut
Moïse, le législateur si fameux d'une' nation
qui subsiste encore > quoique souffiranle el dis*
persée dans tout l'univers.
Ils disent que Moïse , élevé chez lés prêtres
du pays, prit connaissance de leur^ divers se-
crets, et qu'il s'en servit pour préparer l'obéis-
sance de son peuple, lorsqu'il le tira^d'Égypte,
et le força de s'emparer de la terre, promise, où
régnaient trente et un rois, qui eu^ étaient les
maîtres..
Mais je vois (rop de reilellions , trop dé sang
répandu , trop de carnage durant cette merveil-
leuse et terrible expédition, pour croire que le
dogme de la bonté , de la pitié et de l'humanité ,
puisse sortir d'une semblable origine. Les livres
* Rois, liv. m, ch^p. XI,
de Moïse avouent fiusiig^ihuxeeni rmUe Israë*
Utea VM à T^ôvK daas le dé^rt. Le livide de /o^
j£/e, son successeur, aiioonc^ plus de six mil^
lion$ d'imitants des contrées envahies,/ riâs,
sujets^ femmes I eafaats> vieillards , immolés
sap^ mis^|cQrde.»v.«. et ceU dans m» temps )où
U religiop des véritables înitûSs de. l'Egypte dé^
fendait de tuer ^. même le$ animaux dont oa
aurait reçu quelques services domestiques !
Et comment la maçonnerie aurait -elle pu
entrer^ avec les. tribus hébraïques , dans la
lié^re à^Chamaan i puisque les lois données aux
Hébreux leur défendaient de fréquenter les na-^
tions étrangères y d^époumr leurs étante j de
m^ger même d'un alimeni préparé dans un
vase ^lii leur eût apparientt; puisqu'elles leur
ordonnaient^ au contraire , de brûler leurs tem^
pleSf de renverser leurs jdieuXy d^extenmner
leurs j^^tres et d^tÉnéaniir leurs villes ^; puis*
qu'elles leur coinmandaient , enfin > une haine
éternelle pour tout ce qui n'était pas- issu dfi
«aug d:Israël? ^
* Nombres, chap. xxxi, v. i4, iS^, 17, 35 1 4e;
cbap. XXX»! , V. 5i, 5», 54, 55, 56,
Deùtéron., chap. 11, v. 34, 36; çliap. m, v.. 3,
' 4,*5Vchâp. Yti, V. 1, 16; chap. xi, v. 24; chap. xiii,
V. 6, 8, 12, i3, i4, i5, 16; chap. xvn, v. 2, 5, 6,
•7; chap. XX, V. 10, i3, 16, 17; «hap. xxvinj v. 7, 23.
ÇnOtX Dfi Di^GOUAS* 5ll
A coup 9ÛrJa haioa , ni la veogeaocet le piU
^ lag^, le meurtre, ni l'iBcendie, n'entrèrent ja^
mais dans le cœur des maçons.
Je suis forcer de vqus le faire remarq^i^r par-
licuUèremeut , mon fràre ^ deua: cent miie
^ hommes mis à mon par ceUji qpi leur avait
promis 1^ liberté et. le bonbeur ..*, par leur pro-^
pre chef ..-^ par leur îcomfatriote..... ! ^ mil-r
lions d'hommes massacrés par des él;ranger8»
qu'ils j^'avaient pas offenMs..*»J trente et un
w^égorgés * eu moim de dixans par un wn-
quéraiit^ révéré enccMre aii}Qi}rd'bâi , sont des
événements qui ne peuvent être que le résuliat
d'une législation toute -séparée 4es législations
humaines^ et où^ par conséquent, nous ne
pouvons trouver le type de nos institqtions fr^*-
iernellei^.
jVJon frère , je le répète, vous ne^onnaissU^
peut-être pas ces faits es^traordinaires, quoiq^ie
le livre qui les coutieQt s^t dans vos mains
depuis^ votre enfance : mais n'en soyez point
humilié; peu d'hommes le iponnaissent; plus ^ue
vous, pas même les docteurs chargés de l'^p^
seigner; et voilà pourquoi on les voit surpris,
et comme étourdis des récits qu'on leur présente
et des conséquences qui en Privent... I Maiç^lç
/^ Josué, ckap. xu.
3l3 CHOIX PE DISCOURS.
maçon ne recule ppiat devant la vérité : !a cher-
cher est son devoir ; la dn*e ^ la plus sacrée de «es
obligations.
Laissons donc le» conquêtes de Moïse et de
Josue\ et revenons vers TÉgypte, d'où les Hé-
breux se sont retirés-, vers ce berceau des scien-
ces et des arts, et voyons sî nous y placerons
rorigine de la maçonnerie, ou si nous irons la
chercher sur les bords du Gange, aux rives de
VIndus; ou bien si nous ne ta trouverions pas
plutôt dans la patrie de Confucius, chez les
'Brames, qui précédèrent les ^r^t/^e^ dé Mem-
phÎÉ*
Ici nos efforts restent encore superflus , et les
doutes ne s'éclaircissent pas. Mais un dédom-
magement se présente : en parlant de Tlnde et
des bords du Gange , j'ai nommé des peuples et
des climats, où la vertu et la science ont été
enseignées de tout temps d'une manière si écla-
tante, et pratiquées avec une constance si no-*
He, un enthousiasme si beau, qu'ils sont deve-*
nus à jamais la merveille et Texemple de tous
les siècles. • <
Eti effet, il y a plus de trois mille ans que
Zoroastre a dit : Sùjez bons^ soyez doux, sojrez
humains f ehariiables; aimez vos semblables,^
consolez les affligés ; pardonnez à ceux quivom
ont offensés^
CHOIX DE DISCOURS. 3l3
Zoroastre n'avait point inventé ces maxrmes;.
il les tenait des sages qui l'avaient devancé.
Il y a deuoo mille trois pents ans que Confit-^
dus a répété , d'après ses ancêtres aussi : Aimez
votre prochain comme vous-même* Ne faites
pas aux autres ee que vous ne voudriez pas qui
vous fât fait. Pardonnez les offenses. Pardon^
nez à votre ennemi .;» réconcihez^vous' auec lui;
sojreZ'-'lui secaurahle; in\K)quez Dieu en sa fa-
veur^
Je ne sache pas qu^on ait jamais porté plus
loin la.perfection de la plus auguste morale.
Ljcurgucy Thaïes j Pytliagore^ n'ont point
eu d'autre langage. Que dirai -je de Socrate?
que dirai -je de Platon ? Ces grands hommes ,
que les maçons comptent au nombre de leurs
maîtres, eurent pour disciples des rois, des
princes, et ce qui est plus glorieux encore, de
grands hommes comme eux et àe% peuples en*
tiers. '
Les législateurs modernes n*ont donc fait que
remettre au jour les maximes qu'ils avaient ap-
prises des anciens : heureux quand ils ne les ont
point affaiblies par des explications contradic-
toires , ou enveloppées de paraboles dangereu-
sement inintelligibles !...
Depuis Zoroastre et Socrate, depuis les doc-*
trines qui donnèrent au monde des Aristides ^
5l4 C901^ os OlfiCOURSy.
de$ Titus p d/ss Caton > des Marc^-Aurèh % 9e
nouvelles religions > des docirines nouvelles sont
venues changer la faee de la terre. Les-di^ux
anciens ont disparut. Constantin a fait montei?
sur le tràne une religion qui lut doana des sol**
dats, qui pardonna ses crimes, e( qm. afferniit
sa puissance y en «Eiéoie temps qu'elle prosorîi^ti
les dieux de Taugttste antiquité. 11 a quitta
Rome et transporté 'le siège de son empire aui^
rives du Bosphore; là, ses successeurs passant
tmis isiècles dans des. disputes ridicules autant
que sanglantes , jusqu'à ce q^^ikXK simple Arabe ^
litahornetf prenant, comme tous le9^ novateurs ,
sa mission du ciel , vint avec la double puissance
du glaive et de la parole , changer encore la face
des choses, et renverser dans l'Orient l'ouvrago^
de Constantin.
Ainsi le monde, comme une argile méprisa^
ble,, prend sous la main de ses maîtres toiites
les formes qu'il plait à leur ambition d^ lui
donner!
Ainsi les hommes sont plongés sans cessQ dans
un abime de maux et d'incertitudes !
Plus tard , les héritiers de Constantin veulent
reprendre au:fc successeurs de Mahomet des con-
trées où leur croyance a placé ce qu'ils ont de
plus cher et de plus sacré* Alors s'engagéreut
ces guerres nouvelles, connues sous le nom de
Croisades,* guerre]» affreuses^ temps Traknent
déplorables ^où la voix du fftpatisifiè appela tous
les souyeraias et tous les peuples de TËurope à
la conquête d'une terne, qui n'était point leur
héritage I Entreprise insensée qui n'eut, comme
on le sait, d'autres résultats que de laisser sur
cette terre des montagnes d'ossements humains ,
qui purent le disputer en nombre aux ossements
doht Moïse l'avait laissée couverte trente siècles
auparavant !
lia maçonnerie, ou plutôt ui^e maçonnerie^
car il est' certain qu'il y en a eu plusieurs et de
plusieurs espèces, a-t«-eHe pris naissance des
croisades ? Oui , je le pense. Les croisés mâlheu^
reux , trompés par la folie de leurs chefs , envi-
ronnés d'ennemis qui les exterminaient, durent
se cacher ponr sauver leur vie cft pour célébrer,
leurs mystères r ils durent inventer des signes ^
des paroles et des attouchements , qui ne fussent
connus que d'eux seuls.
La France aussi a pu voir naître des maçons.
Vous n'avez pas oublié, mon frère, la fameuse
et terrible. histoire des Templiers; vous n'avez
pas oublié les accusations dirigées contre eux,
ni leur supplice, ni le courage héroïque avec
lequel ils ont enduré les.plus cruels tourmeqts.
Si leur mort était iujuste, si elle était un
Si6 CHOIX DE DISCOURS.,
crime 9 il dut s'élever des dtéfénseurs^ qui en
appelèrent à Dieu çt à la postérité.
On nous aoouse^ disaient les Templiers expi-
rant dans^ les flammes, parce que nos richesses
excitent l'envie.. On nous, fait périr pour nous
ea dépouiller^
Exoriare^ afîquis. nostrU ex Qssiùns ullor!.
Puisse naître de iu>$ ciendres un veugeur I.
Caïn^ Caïn ! qu'as -tu fait de ton frère P" a^
diemandète Dieu de Moise. Ministres du même
Dieu, qu'avez -vous fait des Templiers? qu-a-
vez-Vous fait de vos frères?* Leur sang crie vers,
nous I
Exoriare aliquis nos tris ex ossibus uîtor!
Mais les Templiers ne furent point vengés*
Leurs meurtriers, semblables à CaXny avaient
reçu une espèce de sceaaqui les mit à Tabri du
châtiment.
Laissons, mon frère, ces grandes iniquités
couvertes du voile qui les dérobe à rindigna-'
tion ; on ne gagne à le soulever que la crainte
de les voir renaître, et peut-être d'en être les
victimes.
Poursuivons nos recherches;
Outre la Palestine et la France, il est encore
bien d'autres lieux et d'autres époques où Ton
CHOIX DE DISCOURS. 5l'f
pourrait chercher l'origine de la maçonnerie;
mais c'est errer assez long- temps dans les con-*
jectures. Je reviens à l'époque que j'ai désignée
d'abord, et je disque la maçonnerie a commencé
là où il y a eu un homme persécuté, là où s'est
trouvé un homme qui a eu faim, qui a été dé-^
pouillé , qui a eu besoin du secours de ses frères*
Voilà l'origine de la maçonnerie : c'«st vous
dire^n même temps quel en est le but et quelle
est la valeur de sas institutions^
Le but de la maçonnerie et donc de rendre
les hommes meilleurs : mais quels sont ses
moyens d'y parvenir ?
Ses moyens sont de dissiper les ténèbres de
l'ignorance, de faire naître toutes les vertus
qui découlent de l'instructioq et de l'amouf de
ses semblables.
Décrirai-*je les résultats de l'ignorance? Non^
ce serait entreprendre lliistoire des malheurs
du monde : ce serait retracer les effets du men-
songe, de rhypocrisie, de toutes les espèces de
tyrannies ; et j'en ai dit assez pour ceux qui ont
pu m'en tendre. ^
Décriràî-je le plaisir et le bonheur qui nais-
sent de la pratique des vertus, de la bonté, de
la sagesse, de la charité, de la fraternité? In-
terrogez votre propre cœur, il vous en dira plus
que ma faible voix.
3l8 CHOIX D£ DlSGOdHS.
Otti) mon frère , dub^tiluer led connaissances
solides à r%Qorânce et aux préjugés , appi^tidre
à s*aimer^ à se secoarir mutuellement^ Toilà
Toeuvre que m proposetiC les maeons; telle est
U 'dootrine qu'ils enseignent et qu'ils prâti--
quenC. C'estparce moyen que \^ pierre brute se
pcriit dans leurs mains , et devient un ornement
de rédî€ce social.
. Le nom àt frère a frsrppë vos oreilles. C^ëM le
doux nom dont Rappellent les maçons i c'est de
ce' nom que s'appelèrent y sans doute , les pre-
miei^ hommed/ avant que les distinctions , les
richesses et l'orgueil les eussent séparés; c^èst
de ce nom consotacenr que s'appellent tous les
preux qui s'enrôlent pour une même expédition,
pour un même danger.
Vous le savez, depuis que le monde existe ,
il n'a pas manqué d'époques où les hommes ont
été épouvantés et comme enveloppés par des
institutions subversives de la justice et dé la
liaison; perséciités, poursuivis par des tyrans
extravagants et cruels; alors ils durent fuir les
villes où tout était péril pour la vertu. Us cher-
chèrent leur refuge dans les déserts,. au milieu
des rochers, et jusque dans les entrailles 4e la
terre. Là, vivant des mêmes frayeurs et des
mêmes espérances, mangeant le même pain.
CHOIX DE DISGOU11&. 5tg
trempé des larmes éommunes, ils se sont ^ppe^
lé^Ji^res...... et ils J'ont été véritablement;
car rien n'ùait les hommes autant que le, mal-
heur • Là , transportés de l'illusioû la plus douée ,
ils s'embrassaient; ils unissaient leur conragîey
et sataient vaincre jusqu'à la persévérance de
leurs bourreaux I
Les maçotis ont eu aussi leurs persécuteurs ,
et ils en ont encore aujouJhuî. Prier le Otetï
de vérité d*éclaîrer leurs entiemîSj voilà leur
mantét^e de répondre aux coups dirigés contre
eux ; et çrâce au Dieu de lumière , il est deveiîiù
impossible désormais d'éteindre Fa maçonnerie.
Levez les yeux , mon frère j et regardez tous
ces emblèmes qui vous environnent. Ils disent
assez, clairement sur quels fermes appuis repo-
sent nos institutions.
Voyez les nœuds enlacés qui parcourent cette
enceinte et ne s'interrompent nulle part : voilà
les liens qui unissent nos cœurs , et les tiennent
enchainçs, pour le même but /dans le même
gentiment!
Yoyez ces instruments de la patience , de l'in-
telligence et du génie, ces équerres^ tes com*-
pas^ ces niveaux Quel initié ne comprend
sur-le-champ tout ce que de semblables images
disent à ^'esprit et au cœur ?
3lO CHOIX DE DISCOURS* ,
Voyez ces lumières , ce feu multiplié ^ ce signe
ardent, ce triangle unique, adoré de tout ce
qui respire» Voilà l'origine de toutes choses ^ la
source de la vie, le type de la nature agissante.
Cesi le feu éternel, qui anime tout , qui âonne
l'existence à tout : c'est Dieu sous son plus in-
telligible symbole ; car sans le feu, sans la lu-*
miére> il n'y a plus rien , le monde n'a jamais
existé , le monde est impossible I
Je m'arrête, mon £rère : il ne m'est pas per-
mis d'aller plusjoin. 11 faut proportionner l'ins-
truction à la faiblesse de votre premier âge.
Fl^s tard vous entendrez d'autres paroles, vous
comprendrez d'autres mystères.
Jusque-là le temple de la science vous est
ouvert. C'est à vous de le fréquenter souvent,
d'en parcourir les avenues, de chercher la sa-
gesse qui l'habite, et de vous rendre digne des
trésors quMle procure.
N'oubliez donc jamais les choses qui vous ont
été dites, et pour les graver en peu de mots
dans votre mémoire , retenez que rorîgine de la
maçonnerie date du premier jour où il y a eu
des malheureux , c'est-à-dire du commencement
du monde.
Souvenez -vous que son culte est Dieu et la
vertu;
Que ses dogmes sont le silence et le courage;
CHOIX DE DISCOURS* Sai
Ses mystères^ la lumière et la^raison;
Ses préceptes^ la charité, rhumanité;
Ses ministres, tous les hommes vertueux ;
Et ses récompenses enfiu, l'estime de soi, et
l'amour de tous les frères.
II. ^ 21
3aa CHOIX' de discours.
GOiOPilSLAISON DE I.A JIAÇONNEBIE
AYEC LE MONDE PROFANE.
DISCOURS
,/
PROHOaCB DAMS PLV8IEUES LOGES DE l'oRIENT DE PI RIS ,
EN iSlSy 1816, 1817, ETC.
Depuis assez long -temps la maçonnerie est
l'objet des sarcasmes et des mépris du monde
profane, pour qu'il ne soit pas juste qu'une
Toix s'élève enfin , qui la défende et la yenge
de ses détracteurs. Le monde l'accuse , parce
qu'il ne la connaît point, ou parce qu'il la juge
d'après des abus que la négligence et l'impéritie
de certains maçons auront laissés naître; mais
il est facile de relever les erreurs du monde,
en exposant la maçonnerie sous son véritable
jour, en la montrant parée des attributs qui
lui appartiennent, et qui, mieux connus, lui
mériteraient de^ hommages universels. C'est
CHOIX DE PISGOURS. S^S
une tâche que je vàîs entreprendre, et qui me
parait d'autant plus nécessaire , que les jeunes
initiés n'ont qu'une connaissance imparfaite de
l'état qu'ils ont embrassé, des obligations qu'il
impose, et des avantages qu'il présente.
Je dirai donc que je ne connais pas d'insti-
tution plus propre a faire le bonheur du genre
humain que la maçonnerie, parce qu'il n'en
existe point qui renferme autaîit de moyens de
réunir les hommes dans les doux sentiments de
la concorde et de l'amitié.
Le monde croit que nous exagérons , et que
nous louons trop la maçonnerie en affirmant
que son seul but est de conserrer à l'homme sa
force et sa dignité, en disant qu'elle est un
refuge assuré contre les vices qui souillent la
société; et cependant nous n'avançons qu'une
vérité , dont la preuve va ressortir de la com-
paraison rapide que nous allons faire des insti-
tutiotts et des doctrines du inonde, avec les
doctrines et les institutions de la maçonnerie.
En effet, qu'est «-ce que le monde, pris dans
le sens moral ? Qu'èst-il relativement au bon-
heur et au malheur de Thorome? Comment
l'homme arrive«-t-il sur ce théâtre de troubles
et de misères ? Quelles vérités lui apprend-on?
Quels mensonges ne lui enseigne -t-«on pas?
Quelles vérités ne sont point contredites, epn-
324 CHOIX DE DISGpORS.
testiez, combaUue8, immolées ?... Qaels men-
songes ne sont point proposés, soutenus, exal-
tés , récompensés , sanctifiés. . • • é ?
Dés son entrée dans le monde, l'homme est
reçu par les mains de Terreur. L'erreur le suit
dans ses jeunes années; elle ne le quitte pas;
eHel'aitoure, elle l'enveloppe de ses chaînes
innombrables , et ce n'est que par une sorte de
merveille, que l'homme, créé raisonnable et
intelligent par l'auteur de toute lumière et de
toute sagesse, échappe à la destruction de son
intelligence, au naufrage de sa raison.
Sa raison a été décriée, avilie; on la lui a
présentée comme insuffisante , corruptrice ,
comme un fàn'al trompeur, propre à l'égarer...;
et cependant cette raison était évidemment le
seul, le véritable, le plus noble apanage que la
divinité se fut plu à lui donner pour le distin-
guer des vils animaux.
Qui de vous, mes frères, n'est encore étonné,
et comme effrayé, en se rappelant les pièges
tendus^ sa jeunesse ; en se rappelant ces com*
bats, ces indécisions qu'il eut à supporter , et
cette multitude de fantômes ridicules, présen-
' tés à son imagination comme des réalités d'où
dépendaient ses destinées ?
Voilà cependant, mes frères^ ce que le monde
fait pour l'homme ! Voilà les semences funestes
CHOIX I>E PISGOUirs* 32$
d'où naissent les peines de sa vie I Ce n'est qu'au
bout de bien des années , après des courses in-
^nieSy que, comme un voyageur fatigué dés
vents et de la tempête , il commence à ouvrir
les yeux, à connaître que la sphère où on l'a
mis n'est point celle pour laquelle il était des-
tiné /et qu'apercevant pour la première fois la
lumière de la raison, il se résout enfin à la
prendre pour guide, et à marcher avec elle
vers le port consolateur de la vérité.
Âlers il apprend que la vertu existe sur la
terre, et qu'elle n'est pas la fille de l'imposture
ni du mensonge ; il apprend que l'amour seul
de rhùmanité peut lui donner l'existence. Il la
cherche, il l'appelle; il tourne ses regards vers
les lieux qu'elle habite ; il se présente à la porte
de nos temples ; il y pénètre, il écoute, il s'ins-
truit, et la paix commence à rentrer dans son
cœur : alors il connaît l'intervalle immense qui
sépare les institutions de la sagesse, des folies
institutions du monde.
Dans le monde , il a vu les passions présider
à tout, tout édifier, tout renverser; il a vu l'or-
gueil s'emparer des grandeurs, l'audace exiger
les respects, Ta bassesse demander les honneurs,
et les obtenir; il a vu l'insolence accabler là
modestie, l'opulence insulter la pauvreté, Ti-
gnorance persécuter le savoir; il a vu la vertu
$a6 CH^IX DE I>I8GOURJIw
l&éprîaée; et souvent putaie ^ il a vu des trahi*^
sons, l'ingratitude I les perfidies, les délations j
il a entendu ce cri sans cesse répété : « Sois le
(f premier, sois le plus fort , cherche les riches*
(# ses, cherche le pouvoir; ren^^erse tes rivaux ,
u écrase tes compétiteurs. »
Dites^le-moi y mes frères, la maçonnerie pré-*
sente*t-^elle de pareils tableaux, de semblables
malheurs ? Non , sanè doute ; et ses ennemis ,
qui savent la calomnier, n'ont point encore osé
lui imputer de telles iniquités.
Dans la maçonnerie , il n'y a ni premier ni
dernier \ il n'y a ni forts ni faibles,, ni granda
ni petits; il n'y a que des frères, tous égaux,
tous voulant l'être , et se réunissant pour jouir
du plaisir, du bonheur de Têlre.
Il n'y a ni ambition, ni haine, ni jalousies;
point de grandeurs à obtenir^ point de bassiesses
à faire , point d'insolence à redouter, point d'i-
nimitiés à craindre. Il n'y est question que d'ai-
mer, de chercher la vérité ^ de chérir ses frères,
de s^entr'aider, de se secourir, d'oublier, de par-
donner les offenses. Les démêlés , s'il arrive
qu'un zèle trop ardent puisse en e)cciter, dispa^
paissent bientôt devant l'amour du bien géné-
ral ; et l'aveu des torts , la réconciliation qui
s'ensuit , ramènent la concorde et la paix.
Dans le monde, il y. a des factions, des par-
CHOIX DB DISG0UE8* Say
U8. L'un combat pobr. Matiw , l'au^ pour
Sjr^la : ici , on donne le trône à César; là, c'esl
à Pompée. 11 y a des bannières et des opinions ^
dont les couleurs ch^ngeut suivant le temps et
les intérêts.
Dans la maçonnerie y il n'y a ni Marias ni
Sflla, niPompéeni César; noas n'avons qu'une
loi, obéir aux lois; qu'une pensée, faire le
bien; qu'une couronne, et c'est pour la vertu;
qu'une bannière , celle de l'humanité^
Insensés I Marius ni Sjrlla n'existent plus ;
leurs partis gisent dans la poussière , et vos
projets aussi I
Pompée et César sont tombés ; leurs eourti«*
sans , leurs flatteurs ont disparu. Les siéeles
ont roulé jusqu'à nous les souvenirs de leurs
débats et de leurs crimes , comme pour nous
dire : a Voilà les funestes résultats de l'ambi--
K tion , de l'abus du* pouvoir, de la bas-
c< sesse et de la flatterie \ Voilà ce que font les
fc hommes, quand ils oublient qu'ils sont bom«
cr mes! »
• Dans le monde , il y a des religions et des
cultes différents. Ici, l'on adore Baal; là,
Jéhovah. Le même pays a vu des veaux (Por et
des serpents iV airain. Ici, Dieu défend les ima-
ges ^ et on les brise; là, le prêtre les ordonne,
et on leur élève des autels. Ici , il n'y a f^un
5a6 CHOIX DB viscàVKs.
Dieu; phis loin, on en compte mUle et dâyan-*
tage. Ici Ton dit :
Les prêtres!, ne sont pas ce qu'an vain peuple pense :
Notre crédulité fait toute leur science ;
Dans une autre contrée, le prêtre , entouré de
bourreaux, dit : ce Crois ou meurs ! suis nospra-
ce tiques, ou des bûchers ardents vont te dé«
« vorerJ,*.. »
Dans la maçonnerie , la violenee ni le men-
songe ne dictent point la loi. Il n'y a ni veaux
d'or ni serpents dévorants; chaciui célèbre la
Divinité à sa manière. Il n'y a qu'un culte exi-
gé, celui de la vertu ; et qui pourra dire qu'un
tel culte n'est pas celui du véritable Dieu?
Dana le monde ^ il y a des^èles e^ des infi--
dèles; il y a des croyances anciennes et des
croyances mo^e/'ne^/ il y a de$ juifs, des pcuens,
des mahométanSf des grecs, des protestants ,
des antiprotestants, et mille autres sectes , dont
les prétentions effraient la pensée , et qui tou-
tes, ennemies les unes des autres^ se sont égor*
gées, pendant des siècles, au nom et pour les
intérêts du ciel l
Dans la maçonnerie , La Mecque et Genève ,
Eom^ çt Jérusalem sont confondues. Il n'y a ni
Juifs, ni mahométans, ni papistes, ni proies^
CHOIX DE DiSGOUtlS. SsQ
tants; il n'y a que des hommes ; il li'y a que
des frères qui oui juré devant Dieu ^ le père
cotnxnun de tous, de rester toujours frères.
Voilà les principes de la maçonnerie; voi-
là ce qu'elle enseigne et ce qu'elle pratique.
Telles sont les différences qui existent entre
ses institutions et les terribles institutions du
moqde.
Mais^ dira le monde ^ étes-vous recevables à
vanter vos institutions comme vous le faites ,
quand les livides publiés par les maçons eux-
mêmes, nous révèlent les bizarreries dont elles
sont surchargées; nous révèlent ces usages,
ces paroles, ces attouchements, ces signes ex-
traordinaires; nous montrent ces cérémonies,
ces eaux lustrales, ces t'cntures funèbres, ces
tètes de mort, ces lampes multipliées; nous
exposent ces décorations, ces grades, ces digni-
, tés qui contrastent si fort avec l'égalké et la
fraternité dont vous parlez sans cesse; nous
font connaître cette hiérarchie, ces ornements,
et tout cet attirail enfin qui ne convient qu'à
des jeux de théâtre, ou bien aux pratiques des
anciennes idolâtries?
, Oui, j'en conviens, mes frères, le monde est en
droit de nous adresser de tels reproches; et je
n'en expose ici la série, que pour affiri^er en
même temps que les vrai^ maçons ont toujours été
33p CHOiSL QS DISCOURS.
las^preoiîers à se plaiqdre de cette àcoumulalioa
discordante de pratiques ^ qui semblent, pour
la plupart, sortir des écoles de la magie^ ou des
antres de la superstition , et pour déelarer qu'ils
espèrent qu'avec le temps la maçonnerie saura
s'en débarrasser, et rendre ses cérémonies aussi
sensées, aussi simples que le sont ses principes.
Mais le monde, à son tour, est-il bien fondé
dans 0es critiques-, lui qui compté autant et plus
de singularités peut-être que la maçonnerie ?
N'a-t-il pas aussi ses usages inexplicables? N'a^
t<*il pas $es lampes, ses cierges, ses ossements
humains, ses draps mortuaires, ses, paroles ca-t
balistiques, ses gestes, ses mouvements de bras
et de mains, ses eaux purificatoires, ses grades,
ses hiérarchies , et toutes ees cérémonies enfin
qui, sans aucune exception, sont copiées des ce*
rémonies de l'antiquité, sont prises chez les In*»
diens, les Grecs, les Romains, et autres peu-»
[des qui valaient mieux, sans contredit, que
Qos accusateurs , puisqu'au moins ils n'offraient
que comme des symboles et des emblèmes ce
que nos censeurs nous donnait comme des faits
positifs et des vérités constantes'; et avec cette
différence encore que jamais l'antiquité, pas
pJus que les ibaçons, n'a persécuté m égorgé
les peuples pour leur faire adopter ses récits et
ses mystères?
CHOIX DE DISCOURS. 33l
Quant à V égalité ^ à hi fraternité qn^ le inonde
nous reproche d'enseigner, et qu'il envisage
avec tant de dédain, le inonde niera -t- il qu'il
ait aussi ses livres, et ce sont les plus sacrés,
qui les enseignent positivement, qui les ordon-
nent dans toute la force et dans toute l'étendue
de9: ternes; qui disent : // n^ aura parmi vous
ni premier ni dernier ; celui qui voudra être le
premier sera le dernier ? Le monde est obligé
d'avouer que ces préceptes lui sont donnés;
mais vous savez ^ mes frères, comment il les
exécute; comment, surtout, ceux qui sont
chargés de les faire conni^itre, les observent!
Vous savez à combien de guerres et de massa-*
cre3 les apôtres de la pauvreté ^ de Vhumilité,
de la charité, ont donné lieu, pour être préci-
sément les premiers, pour écraser leurs yrèr^^,
et leur donner des lois du sein de l'optitence et
des grandeurs! Vous savez ce qu'il en a
coûté de larmes et de sang à l'univers, pour
avoir essayé de rappeler ces frères dominateurs,
ces serviteurs tout-puissants, à des principes de
modération et d'humanité I... On eut dit qu'il»
n'enseignaient leurs livres que par dérision,
comme pour montrer, dans l'éclat du plus san-
glant Contraste, toute la distance qu'il y avail
entre leurs paroles et l'insolence de leurs ao-
tions : et nous avons vu; l'histoire nous a mon-
53à CHOIX DE DISCOURS.
tré que V égalité^ là fraternité des docteurs du
monde étaient, d'un côté, la misère et Tescla-
vage; de l'auo'e, les richesses et la tyrannie;
étaient, pour les uns , les privilèges de tous les
vices et de toutes les jouissances; pour les au-
tres , le deuil et les larmes, les cachots, les tor-
tures, les malédictions, les bûchers et la mort!
Quelle fraternité , grand Dieu!... que celle qui
a inventé, qui a établi Thorrible, Texécrable
inquisition!..*
Voilà, mes frères, quelles sont les perfections
du monde! Je les ai rapprochées de celles de
la maçonnerie , pour que vous les compariez ,
pour que vous les jugiez. Voyez, et dîtes main-
tenant auxquelles vous donnez la préférence.
Aussi le monde , abîmé dans ses fausses doc-
trines, enfermé dans ses éternelles contradic-
tions, a toujours eu besoin de ressorts cachés,
de moyens ténébreux , de ruses , de lâchetés ,
de cruautés incroyables, pour accomplir ses
desseins. De là ces terreurs continuelles, ces
inquiétudes, qui assiègent, qui bouleversent les
esprits , et qui rendent le monde lui-même mar-
tyr de sa propre malice. Il ose vanter ses grands
secrets, ses hautes conceptions !... Hélas ! trom-
per, diviser, mentir, voilà, en trois mots, tout
le génie, tout le secret du monde...
Notre secret à nous, mes frères, ce grand
CBOIX DE DISCOURS. 333
secrat si renomme^ si rechercha ^ si demandé
par les profanes , est précisément le contraire»
Notrie secret , c'est l'amour de nos semblables ;
nos ressorts cachés, c'est la justice; nos ruses,
nos complots , c'est la sincérité , c'est le bon sens
et la raison; c'est l'étude et la science, non la
science de ces savants que le monde emploie
pour ses machinations , pour enseig^ner ses men-
songes et louer ses perfidies; de ce$ savants,
espèce d'instruments organisés pour tous les
temps, pour tous les maîtres; raisonnant tou-
jours à merveille dans les mains de toutes les
tyrannies; de ces savants qui savent si parfaite-
ment tourner les crimes en vertus , et les vertus
en crimes, selon les besoins des circonstances et
de leur intérêt personnel ; mais la vraie science
de l'honneur, de la probité, de l'humanité :
voilà notre secret, tout notre secret. Vous pou-
vez le révéler, le répandre : puisse- 1- il être
connu de tout l'univers! C'est avec une telle
science, mes frères, que vous serez toujoiirs
heureux et libres, autant qu'il est donné à
l'homme de l'être sur la terre. On pourra vous,
empoisonner comme Socrate, vous briser les
membres, comme on l'a fait à Épîctète, vous
enfermer dans les cachots, comme Galilée; je
vous <lis' que vous serez plus heureux, plus glo-
rieux que vos persécuteurs ; car vous aurez au
3^4 CHOIX DE DISCOURS.
moins la paix de Tâine ^ que les mëchantâ n'ob-
tiennent jamais ; parce qu'ils ont le cœur rongé
de craintes et de frayeurs. La vie n'est point
quelques morceaux de chair animés; la vie,
c'est la vertu. Est-ce que Socrate marche en-
core dans les rues d'Athènes ? Non certainement;
mais son âme immortelle plane sur la nôtre,
BOUS enseigné encore, nous donne toujours des
leçons. Ces trois cents Spartiates qui combatti-
rent aux Thermopyles pour sauver leur pays,
sont-ils morts tout entiers? Non, non : nous les
voyons encore del)out, l'épée à la main, faisant
trembler une armée d'esclaves! Leur image est
devant nos yeux; elle est là qui nous crie i Pa-
trie I ••• Patrie I... Il est doux de mourir pour la
patrie. •• Codrus, Léonidas^ Aristide^ Maro*
Aurèlef vivront autant que le Dieu qui les for^
ma; et leur immortalité devient le souffle divin
qui nous anime à notre tour.
Voilà, mes frères , la vie qu'il vous fout cher-
cher, la vie que vous obtiendrez avec du cou-
rage, et qu'il n'appartient pas à la malice du
monde de détruire.
Je m'arrête , j'ai rempli ma tâche. Je crois
avoir répondu aux objections du monde; je crois
lui avoir appris ce que nous sommes, et l'avoir
fait souvenir de ce qu'il est. J'ai dû présenter
ce tableau, pour instruire ceux d'entre, vous
CROIX DE DISCOURS. 335
qui demandaient à Fêlre , et rendre le courage
à ceux que les sarcasmes du monde savaient in-
timidés. J'ai du venger la maçonnerie des atta-
ques de l'imposture et des calomnies de l'igno^-
rance. L'ignorance et l'imposture , vouslesavez^
sont nos éternelles ennemies : elles s'agitent et
se tourmentent sans cesse pour nous a(ccabler ;
mais elles n'obtiendront peut-être pas les triom-
phes qu'elles se promettent. La vertu aussi est
une puissance, et Dieu, qui l'a mise en nos
cœurs, qui nous a donné la raison et la vérité
pour guides , qui veut que l'ordre et la justice
régnent sur la terre, ce Dieu, dis -je, saura
bien nous sauver, saura bien achever son ou-
vrage.
336 CHOIX DE DISGOUJflS.
DISCOURS
PROllONCi DAKS Lk COVril>iRATrON DES CRKVALIBIS KADOOBS.
Il y a quelque téioérité à élever la voix dans,
cette enceinte , où dés talents supérieurs se
sont fait remarquer de tant de manières diffé-
rentes; mais il vous sera facile de voir que cç
n'est paà pour entrer en lice que je me pré-
sente à la tribune. Je ne cherche point des pal-
mes que je ne pourrais atteindre; le seul désir
d'être utile à la maçonnerie m'encour^e à
parler : je voudrais la faire connaître davan-
tage^ la faire aimer plus qu'on ne l'aime, la
tirer, s'il est possible, de l'état d'abaissement
où la tient je ne sais quel système d'inertie ou
plutôt d'oubli des devoirs qu'elle impose; je ne
sais quel goût de prééminence et de domina-
tion , quelle habitude de dispute et de contro*
verse, qui l'avilissent , qui consument le temps
des maçons, ne leur apprennent rien, finissent
par les fatiguer et par leur faire déserter des
^CHOIX DJÙ DISCOURS. 5X7
temples où ils étaient venus cfaereber la sagesse
et la lumière.
Mes frères, je ne me dirai pas plus habile
qu'un autre dans les conceptions d'ordre et de
législation; mais je crois savoir autant qu'nrjL
autre ce que c'est que le cœur de l'iromme») et
quels sont ses besoins. Je crois savoir quelle
haute idée la plupart de nos frères s'étaient
formée de la maçonnerie avant qu'ils ne la con-
nussent; quelle peine ils éprouvent de voir
leur attente mal remplie, et quelle certitude
ils conservent cependant, qu'on pourrait ren-
dre ces institutions beaucoup plus profitables
à la société.
Qu'est-ce que la maçonnerie? N'est-ce pas la
recherche de la science, la pratique de la ver-
/tu-et la confraternité générale entre les hom-
mes?
Si cette définition est juste, il ne s'agira donc
plus que de jpasser à l'application , et de tracer
les moyens que nous emploierons pour remplir
les vœux de la maçonnerie. C'est une tâche que
nous ne devons plus différer d'entreprendre; il
y va de sa gloire et de sa prospérité : du moins
je me le persuade ; et c^est le seul motif qui
me porte à vous prier de vouloir bien m'en ten-
dre un moment. Je réclame votre indulgence,
car je sens qu'elle me sera souvent nécessaire.
H. 22
SS8 GBOIX DI DISCOURS*
. Pour nNittre quelque méthode dans ce dis-
cours, je l'ai divisé en trois parties. Ne vous
effrayez pas /chaque point sera. court.
^ Le premier présentera des considérations gé-
fiérales sur le but de nos institutions y et pla-
cera nos esprits dans l'état où ils doivent être
pour mettre nos travaux d'accord avec nos
principes.
Le second traitera de l'enseignement à don-
ner aux initiés sur nos dogme$ et sur notre mo^
nUe.
Et le troisième, dqs encouragements et des
récompenses à établir pour les frères qui s'ea
rendront dignes. «
Je commence.
Too^ les hommes sont nés pour la vérité et
pour la lumière , quoi qu'en disent ceux qui
voudraient cacher la lumière et la vérité; mais
tous ne sont pas préparés à la recevoir, ni par
conséquent à en faire un bon usage. Ils ont cette
obligation à cette espèce particulière d'hommes
qui s'imaginent que les autres hommes ne sont
faits que pour l'ignorance et la servitude , et
qui se sont arrogé le droit de les traiter d'après
une opinion aussi insensée : je dis insensée ,
parce que , si l'on mettait aqtant de soin , si
l'on eniployait autant de trésors à cultiver l'es*
prit et la raison de l'homme, à lui faire com-
CHOIX Dfi DISGOtlIiS. 5^9
prendre U dignité de son être, qu'on en dé-
petase à Tavilir, à le tromper, à le subjuguer,
il n'y a pas de doute qné la congrégation ded
hommes ne présentât l'aspect d'un bonheur
général , n'offrît un tableau vraiment digne du
Dieu qui nous a orées , et qui / certes , puisqu'il
est bon et juste , ne nous a pas créés pour être
ignorants et malheui^eux.
C'est une vérité que vous ne pouvez refuser
de reconnaître, puisque c'est d'elle précisément
que la maçonnerie a pris naissance.
ti Non , nous ne sommes pas nés pour être
ic ignorants et malheureux. «Voilà les premiers
mots qu'ont dû prononcer les premiers maçons,
et ils en durent prendre Dieu lui-^même à té-
moin.
La n^açonnerie est donc destinée à réparer
les torts des n^échants et de leurs fausses insti-
tutions y et à tracer les règles nécessaires pour
rendre à l'homme ses droits et sa dignité.
Atissî met-elle au rang de ses premiers de»
voirs la propagation des idées généreuses; et
c'est ce qui lui attire, avec de nombreux enne-
mis^ des partisans plus nombreux encore , mais
dont malheureusement les qualités et l'esprit ,
quelquefois peu appropriés à ses vues , nuisent
souvent à ses succès.
Auséi la maçonnerie, envahie pour ainsi
54o CHOIX DE DISCOURS.
(dire , et. prise d'assaut dans ses premiers grades
par le vulgaire ^ s'est réfugiée dans des grades
supérieurs , dont elle rend raccès^plus dîMcile y
et qu'elle va s'empresser de faire tourner à l'a-
vantage réel de la société.
Le grade de Ch.*. K.*. D.-.^ c'est-à-dire
de chevalier sainte sanctus, qui est un des plus
élevés, présente beaucoup de moyens d'atteint
dre le but qu'elle se propose.
Four parvenir à ce but , il faut moins s'occu-
per de ce que la maçonnerie a été autrefois
que de ce qu'elle çloit être aujourd'hui ; il faut,
en quelque sor^e , renoncer au passé pour ne
plus envisager que l'avenir.
Nous ne discuterons donc plus sur son ori--
gine ni sur son histoire. Il est libre à chacun
de lui supposer celle qui lui plaira , de la ti-
rer de l'Inde ou de l'Egypte , de la faire naître
de telle guerre , de telle secte , de telle révo*
lution, de tel système astronomique ou rein
gieux. Les Ch.*. K.-. D.*. abandonnent. un
moment les plaisirs de l'érudition pour des
avantages beaucoup plus grands : je veux dire
l'application des principes de la maçonnerie;
et c'est précisément pour remplir ce dessein ,
qu'ils ont établi la confédération qui nous l^as-
semble.
Déjà cette confédération s'est donné (les lois
CHOIX DE D'tSGODRS, 54^
et des règlements ; elle est prête à commencer
ses travaux. Elle éprouve le besoin de mettre
enjeu ses utiles conceptions; mais presque aus-*
sitôt votre désir de bien faire vous porte à vous
demander à vous-même : w Gomment allons-
w nous faire le bien ? Qu'allons - nous ensei-
c( gner? » Étrange position^ qui révèle en un
instant, et malgré qu'on en ait^ tous les obs-
tacles et tous les embarras qu'éprouve là vertu
sur la terre !.....
« Qu'apprendt'ons-hous à nos disciples?
« Quels seront nos dogmes ^ notre morale? Eii
H un mot, comment allons -nous coopérer au
« bonheur de l'humanité? » Car, vous ne me
démentirez point, ce sont là tous vos vœux.
Ces questions, mes frères, quelque impor-
tantes et quelque nombreuses qu'elles soient,
sont heureusement faciles à résoudre : vous
n'aiurez que l'embarras du choix dans les moyens
qui se présentent; et d'abord, pour vous met-
tre plus vite sur la voie, je n'ai besoin que de
vous rappeler une chose, c'est le serment que
vous avez fait, et que nous renouvelons chaque
fois que nous nous réunissons.
Vous jurez de combattre le fanatisme et la
superstition.
Eh bien! mes frères^ c'est dans un ter ser-
ment que vous trouverez la source de tous vos
543 CnOlX t>S^DISGOUE««
devoirs , et la possibilité de les /remplir ; <'esi
de là que Yoat découler les dogmes et la mo-«
raie que vous proposerez aux adeptes dig^a
de s'associer ^ vos^npbles travaux.
Co0)baltre le fanatisme et la superstition: me
semble uu des plus glorieux efforts de la vertu
hu;naine; car une pareille entreprise ne pres-
sente que peines et que dangers, sans* autre
récompense que l'estime de soi /et Tapproba^
tion de quelques frères, qui fopt leur bonheur^
du bonheur des autres : il est vrai que cette ré-
compense est la plus douce de toutes pour qui
sait l'apprécier.
Mais qu'est*ce que le fanatisme et qu^eat^ce
que la superstition? vous demanderont pent-^
être de nouveaux initiés . Et comment pour-
rons-nous les combatlre sans troubler les so-
ciétés qu'ils infectent, sans nous attirer la
vengeance de ceux que le fanatisme et la m--
perstition comblent de biens et de prospérités?
(t Qu'est-ce que le fanatisme et la supersti-^
<c tion? I) Hélas I mes frères, je ne sais quel
trouble et quel effroi cette seule question excite
dans tout mon être : les dépeindre , c'est déjà
s'exposer à leurs fureurs ; les nommer seule-
ment, c'est les attirer sur sespas.... Toutefois,
avant que de répondre, ne devrions -nous pas
voiler le sanctuaire , et cacher le nom de l'Ê*
ternel , qim.ces ««uU noms , souillent «t àéih0^
norent?
L6 fao^ti^me et 1» suf>eFslitioil sont deoi
ikionsires né» de. ee qu'il y a de plus Cupide ai|
monde* rignOrance; de ce qu'il. y a de plus
cruel , l'arpbitîoQ et la fourberie» Ce sont deuk
hydres à cent têtes > à. mille. Ijkes^ toujoursr Fe<«^
naissante», toujours affatdée»^ qui.rëpandenjt
partoiit le poison e( la.fladmtt/ qui dévorent
k& hommes., les peuplés^ lest générations ^ et
qui qi^ creusé, sur la (erre un. gouffre élernel«-
lementoHvert pour engloutir encore des-géné*-
rationa nivelles.
Ah l m^s f pères ,. eu v^in voti>À esprit slëpui-
serait à faire le cfkicul des maux^ qu'ite ont
causés, à mesurer les lariDes^ et le sang qu^ik
ont fait répandre : vous. tomberiez de lassitude
avant que d'arVQÎr pu compter la moitié de lenr^
TÎctimes.
Ce qui m'étonne, ce^que j'admire^, c'est le
courage qui vous reste encore de eombattre un
ennemi qu« nuUe p«tssance au monde n'a pu
vaincre.
Mais enfin voi» avez conçu quelque espoir^
et vous cherchez s'il est des. armes qui puissent
servir votre courage.
Oui, mea frères^ il en existe ; elle» sont prés
de voua;, il ne tient qu'à vous^ de vous en saisir
544 aaoïx de disxïours.
etd'en faire usage; je les ai souvent indiquées
aux vrais maçons : ces armes sont la seiénee ,
k viérilé, l'hiûiiamié. Le fanatisme nait de Ti^
gaoran€e;%*^/{A l'ignorance opiposez )e savoir,
éclairiez ies> liobapies, enseignez la vérité. Aux
lumières jotguee les vertus , et TUnivers est
^6alLvé• Je fi^e connais pas d'arme plus sûre et
plus i terrible que celle que je propose ; te eiel
même ne yqu^ e» fournirait pas d^àutre».
' lyiais le monstre nait aussi (fe ^ambition et
de:lal6urbe^e.... Eh bien t la science, et la vé-
pitë sont encore vôtre unique ressourcé. Prér'
sentez , ne cessez de présenter à tous lés yeux
lies funestes réràltats de là fourberie'et'de Fam-
bition. ii'Eistoire du monde est là^ ^ui sera
i^otre s^uxiliaire. Prenez -> y ]es exemples et les
iaits les plu^ frappants. On écoute encore This-
toire; elle parle du haut de soixante siècles de
malheurs : elle parlera pour vous ; elle tou-
chera les cœurs les plus durs /et confondra
les plus pervers. Montrez la terre envahie , dé-
pouillée, désolée; montrez ces champs engrais-
sés de cadavres et ces montagnes dégouttantes
de sang humain; montrez cette servitude éter-
nelle devenue son seul héritage , et dans la ser^
vitude, les supplices, les gibets, les brasiers
ardent». Il existe encore des débris de nations
qui. rendront témœgnage.de ces épouvantables
CADIX DR. DISCOURS. 345
ealamitiés, et qui pleupeot encore fttijourd*hin
sur leurs villes détruites et leur patrie au tdtn*
beau. Iaterrogez4es^ interrogez ce malheureux
peuple de Tldumée^ dont Israël' (ut l'ancien
nom : il pourra, mieux que tout autre, vous dire
ce que coûtent l'ignorance et l'ambition , et à
quels excès dé^orables elles peuvent conduire.
.Demandez -lui combien de millions d'hom-
mes il a massacrés , combien de rois il a égor-
gés, et par quels ordres
Demandéz^ui pourquoi il brûlait ses enfants
vivants en l'honneur de Molàchy le dieu même
des peuples qu'il venait d'exterminer?
Den^andez*^ lui. pourquoi ses prêtres détrô-
naient, égorgeaient ses propres rois , et pour-
quoi ses rois s'égorgèrent presque tous les uns
les 'autres? . ' •
Demandez-lui en quelle circonstance le frère
était obligé de tuer sur^le--champ son frère, le
père son fils, sa fille, sa femme, son ami le
plus tendre ?
Dans quelle circcmstance il fallait brûler
toute une ville, exterminer les animaux, les
, hommes, les femmes, les vieillards, et les en-
fants sur le sein de leurs mères?
Demandez aux Gaulois, nos ancêtres, pour-
quoi ils brûlaient aussi des femmes et des en-
fants en l'honneur de leur dieu Teutatès , et
346 CnOlX QS DlSQQUMS^
çQQSu} taïaut l'avenir <kii* de»: efitrailiiss^ bun-
luaiiies? ,
Descendez^ ehes& les peuples moéermés. De^
pand^3} quî: a causé la divisba et la ruine de
l'empijre ro^iaÎD ? qui a» égorgé las Saxehsvks
Yaudois , les Albigeois 2 qui a nassaoré les
peuples, de TAmérique^ et la moitîé des pea-*-
pies de r£urope.? JÉ^utea eetle éloche qui
so^ne la Sain^*^arih^lemy !;..... • Parcourez ies
rues de la ville cju. .oous vivons , et demûadez
cpi les a jonchée^ de morts., inoàdées àa swag ?
Voyez la iète du plus vertueux desiboiMtes^
l'aniiral Colley, et ditenr-noui^i ^ehi assassins
Vqfhjt fait tomber]^ qui Ta envoyée est présent
au gr£uul-prêtre de ilo«ie , pour en faire uii
trophée dans les horribles joie» dn&Bsaujdéçs
pour célébrer la plus horrible victoisie ? Qui
donc a commis tous ces; crinoies^ toute» ces
barbaries 2 Répondez :. n'est *-c« pas rafimbt-
lion? n'est-ce pas le fanatisme et la supersti-
tion?
G'e^t done à juste titre que nous juroué; de
les combat Ue et de les détester. L'histoire des
n^heurs du monde nous absoudrait si ^igmi^
rance et l'imposture osaient nous accuser.
Mais^ mes frères^, le ciel n*a pas refusé teut
remède à des maux aua^ grauds i celui (fui a
créé le soleil poi^r éclairer Funivera^ a aussi
CHOIX DB D}0GQUil9. Z^?
çré4' la r^aoff et la acience pour ooiIb gimltr
dans ce dédale d'horreurs et de calamkéa. Si
le fanatisme enfante des moasires^ le etel crée
des hommes vei^tneux pour les combattre ; et
chaque siècle , pour i^insi dire., a vu naître un
réparateur à coté, d'un g^nie malfaisant. Des
héros I des sages, dea amî^de rhumftnité, ont
paru presque sttns interruptî<^ dans aous les
âges^ pour éclairer ^ pour eonsoler la terre.
Rassemblez teurs noms augustes; recaeillei
leurs préceptes divipfs, leurs vertus, laursr ac^
lions snblimôs ^ et présentez -les sans cesse au
souvenir de vos initiés^ : par là vous ramènerez
l'espoir dans des cœurs éperdus, et vous prou-*
venez que le bien qu'ils ont fait est encore pos-
sible k faire.
Citez souvent les préceptes de Zoroastre et
de Confucius ; rappelés le dévouement de Co-
drus et de Léonidas, les maximes et les vertus
de Pythagore, de Socrate, de FUton, d'Épic*
tète et de Marc-Aurèle*
Dites avec Zoroastre : « Aimez vos sembla-
«c blés , secourez - les , pardonnez à ceux qui
« vous ont offensé, n
Ne cessez de dire avec Confucius : « Aimez
fc votre prochain comme vous-même ; ne fiaites
H pas aux autres ^e que vous ne voudriez pas
c< qui vous fût fait. Pardonnez à votre enne-^
548 CHOIX BEDI^COORS.
«•mîj.réooncîliezrvoag arec lui, invoquez Keu
ic en sa faveur. »
« Honorez l'hotnme ; »é Tinsultez point, ne
H l'outragez pas; car, après Dieu, il n'y a rien
u de plus noble que l'homme. Il est écrit : Dieu
ce a fait Fhomme à son image, m '
Faites remarquer que ces préceptes sont aussi
anciens que le monde; qu'il» ont été communs
à tous les pays , à tous les climats , et que les
efforts des méchants n'ont* jamais pu les dé-
troire; ce qui prouve qu'ils ne périront jamais.
Les inkiés , préparés par de telles leçons ,
éclairés de si pures lumières, reconnaîtront fa-
eilement que nous ne professons point d'antre
sagesse que la sagesse de tous les siècles, et par
conséquent la vraie sagesse donnée par Dieu
lui-même.
Ici commence naturellement Tinstructiôn
particulière que vous pourrez présenter à vos
initiés , et dont je vais faire la seconde partie
de ce discours.
Cette instruction sera simple ; elle se déduira
évidemment des principes et des exemples que
je viens d'exposer : il ne s^gira que de la di-
viser en théorèmes, ou propositions faciles à
comprendre, qui ne blessent en rien les doctri-
nes du monde , et qui soient en même temps^
propres à satisfaire les Initiés; car, Vous le sa-
yf^Zj il en. est pw qui ne s attendenl ^ lors-
qu'ils montent en grade ^ à recevoir quelque
lainière nouvelle sur les grandes questions de
l'ordre moral, sur le^ dogmes et les lois qui
gouvernent l'univers, w Qu'est-ce que Dieu?
« Où est Dieu? Est -il séparé de la. nature?
« Est -il la nature elle-même tout entière?
« Pourquoi le mal existeH-il avec un Dieu juste
« et bon?» . V .
Toutefois, mes frères, vous ne croirez point
que ce soit à des questions de cet ordre que
nous nous proposions de répondre : nous ren-
verrons toujours les nouveaux frères aux livres
qui traitent de ces matières, et. nous ne preQ-
dron3 point la responsabilité de fixer le^irs idées
à cet égard. L'instructipn que nous donnerons
est moins embarrassante ; elle est plus selon nos
forces, et se place plus utilement dans l'u-
sage de la vie maçonnique : elle serait le vrai
corollaire de la morale universelle. Je vais
donc essayer de l'exposer succinctement et
avec clarté^ je réclame de nouveau votre indul-
gence.
Nos dogmes sont Dieu et la vertu.
Nous honorons Dieu comme l'auteur de tout
ce qui est bien , et la vertu comme destinée à
conserver tout le bien que Dieu a fajit.
Nous cultivons notre raison comme le moyen
35ô CHOIX ut DlSGOtJt^K»
le plua sÀr de pUira à la DiTJjnité^ et d'être
utiles à nos semblables.
Nous cultivons la science comme le plus sur
moyen de rendre la raison pi^ofitablé, d'établir
Tamour de Thumanitë, et de nous sauter^ par
conséquent, des ravives du fanatisme et de la
superstition.
Nous jurons baine à la superstition et au fa-^
natisme , parce qu'ils sont la source des- pkia
grands maux qui puissent affliger les bommes.
Nous n'exigeons d'autres conditions pour être
admis parmi nous que la probité et le savoir;
nous recevons tout bommé honnête et instruit,
quels que soient sa croyance, son pays et ses fois.
Notre maçonnerie laisse en paix les opinions
et les consciences : nous n'admettons dans nos
assemblées aucune controverse religieuse , au-
cune discussion politique.
Là où la dispute politique ou religieuse com«
mencéy notre maçonnerie cesse.
Elle n'enseigne rien de caché, de douteux,
de mystérieux, de surnaturel; elle ne s'occupe
que d'idées positives et faciles à comprendre ;
elle ne s'appuie que sur l'expérience, sur l'his-
toire , et sur des faits prouvés et non contestés.
Là où le mensonge, la ruse et la violence
paraissent , notre maçonnerie* n'existe ^lus.
Elle regarde comme mensonge tout ce qui
CHOIX de'disgouis. 55i
u*e$i pas conforme à la raison , 4iu bon sens et
anx lois invariables de la nature.
Comme violence , tout ce qui abuse de la
force pour enfreindre les lois )ie la justice et
de la raison.
Gomme ruse, tout ce que réprouvent la fran-
chise , la droiture et le cri de la conscience.
Pour pratiquer la vertu y il faut du courage ^
il en faut toua les jours , à tous les instants; car
le vice^ le mensonge et l'ignorance, veillent sans
cesse pour attaquer ce qui est vrai^ détruire ce
qui est bien , et régner à leur place*
. Ainsi donc nous exigeons que nos initiés
s'instruisent, afin que la science devienne pour *
eux le moyen de combattre l'ignorance^ le vice
et le mensonge; nous exigeons qu'ils soient at-
tentifs, réfléchis, discrets, laborieux, et qu'ils
aient toujours en vue le triomphe de la justice
et de la raison.
Tel est, mes frères, l'aperçu de l'instruc-
tion que je crois nécessaire de donner à vos
ioiliés : vous lui prêterez l'expression et le sen-
timent d'une rédaction plus habile i mais il est
indispensable que cette instruction soit de na-
ture à fixer leurs idées , et à frapper leur es-
prit d'une impression solide et durable^ qui tes
rende capables d'être les coopérateurs du grand
œuvre que vous entreprenez.
552 GfiOIX DE DISCOURS^
r-Ii est.temps, mes frères, qu^ ce graudtsovre
commence : les maçons le demandent avec ar-
deur^ Tattendent avec impatience. Assez d'an-
nées^ souffrez que je k dise, ont été employées
en discussions stériles , en travaux de forme et
de représentation. Ce n'est pas pour offrir au
monde le vain spectacle de cérémonies futiles ,
que la maçonnerie existe; ce n'est point pour
nous créer, des dignités oisives , pour nous cou*
vrir d'insignes et de cordons , pour marcher la
mitre en têle et le bâton augurai à la main ;
ce n'est pas pour servir aucune secte ancienne
ou moderne, pour venger d'illustres morts, ou
rétablir des ordres éteints, ni pour retourner aux
croisades, ni pour nous constituer les premiers
parmi nos frères , que nous existons; mais pour
enseigner la sagesse , le pardon , la concorde et
la confraternité générale entre les hommes.
Voilà pourquoi la maçonnerie existe et pour-
quoi elle doit exister. Elle n'a point d'autre but,
d'autre volonté; et je pense qu'il serait difficile
d'en trouver de plus nobles et de plus sacrés.
Annoncez ces principes à vos initiés : répan-
dez-les chez tous les frères , et vous trouverez
plus de vrais disciples que vous ne pensez. Le
cœur de l'homme ne demande que justice et
qu'amour. Fatigués des erreurs et des iniquités
du monde , les profanes eux-mêmes cherchent
CHOIX DE DISCOURS. 555
le r^pbs. Vo\i8 les verrez accourir auprès de
^ous, et se réfugier dans nos temples comme
dans un, port de siailut et de tranquillité. Oui^
les hommes sont bons; les mauvaises institu-
tions seules ont fait les méchants , et c'està la
maçonnerie à les rendre à la vertu.
Il ne me reste plus, mes frères, qu'à vous par-
ler des récompenses et des encouragements : je
souhaite que ce dernier point ne vous fasse pas
oublier lés deux autres. Je terminerai ^ si voua
le permettez, par quelques ob^rvations criti-'
ques, que je crois nécessaires au bien commuta
de la maçohnerieé Ne considérez pas si , dans
ce discours , je conserve ou non l'unité de mon
sujet : ce n'est point une pièce d'éloquence que
je viens vous offrir, mais une preuve de zèle et
d'utile sincérité. Parlons cPabord des récom-
penses.
Il n'est pas d'institution qui , quand elle pres-
crit des obligations et des devoirs, n'établisse en
même temps des récompenses et des encourage-
ments; notre faiblesse humaine le veut ainsi;
partout où il faut combattre, il faut encourager
le soldat et récompei^ser le vainqueur. La récom-
pense est le doux aliment de courage ; elle l'est ,
parce qu'elle prouve l'estime et le contentement
de ceux qu'on a voulu servir. Le vainqueur mon-
tre sa couronne ,> et chacun de ses compagnons,
II. 23
554 CQQIX DE PISGOUBS.
en Vapçlaudwwt, dit ; f< DemaÎBjQ sçrai peut-
te être au9$i couronné pa? mes frères. »
J^es chey^liera qui veulent tenir leurs aer-
meq($ , et qui sauvent cç que c'est qu'un ser-
ment foit II Diçu et à la vertu i; ces chevalteTat
dis-je, ont des devoirs longs et pénibles à rem-
plir j ils ont des obstacles à vaincre , des erreurs
à combattre , des adversaires à redouter», une
guerre éternelle à soutenir contre le^ plua leiv
riblesde tous? l'ignorance et le fanatisme. Un
digne chevallier peut tomber dans les pièges
d'4|n traître, sous les coups d'un délateur^ d'un
méchant, d'un hypocrite; il peut être la vic-
time de trop dQ confiance et de générosité; il
doit s'attendre enfin aux persécutions réservées
^ux zélateurs de la justice, aux ennemis du
ngiensonge : alors n'a-t-il pas droit à la recon-
naissance, aux hommages, à l'amitié, auxcon-
soli^lions de ses frères ?
, Il vous appartient donc de fixer par quels
moyens vous honorerez ses efforts, vous ç^Wr
ronnerez ses succès , vqus proclamerez^ s|i vertu ;
par qnels moyeps vous consolerez se^ disgrâces
et soulagerez ses infortunes; comment vous le
visiterez dalns ses maladies et ses infirmités,
^t , s'il vient à cesser d'être, commqitit'voUiS^ ré-.
pandrez des fleurs sur sa tombe, et lui dîre^
le dernier adieu.
GaOlX DE Dlf GQURS^ 355
II; IIP popti»^ pour êncçurig&r sa viç ^ i|ue:yoits
as8igniei; etiâsi de9 récoinpenBea à- aeé talenite^
Lestaient^ vitjQlbtd'éomtatiQn'; il.Enut insitkaep
des eoncou|!)s 6t des piûi peur l«s* ouvrage» les
mieuic &ît8/]e8 questions les mietix traitées :
par ce moyen ^ vùus donnerez uii motif à son
xé)e, et vous â^gmenteres& des luàQiiëres:cpti4>e«t
jaillimnt sur: tqusi les frères; ;
Mais il es.t tencore un genre d^encoyragem^nt
plus propre que tous l^s autres à fortifier Time
du chevalier, à lui donner de Ténergie : ce $&<-
rait le tableau constant du zèle et de la bonne
intelligence de tit)us les frères , dirigeant leurs
pensées, leurs démarches et leurs eGPQrts vers
un même but, qui serait le. bonheur commun^
la gloire et la prospérité de Tordre* Un tel acrt
cord soutiendrait merveilleusement l'ardeu^^t
le dévouement des initiés, parce qu'il offriimt
le présent comme une sûre garantie d^ Ta v^^ii^*
Ici nous sommes obligés de nous ariièt|ei?.«lti
n^omeot pour nous demander jusqu a quel point .
les maçons présentant uti tel spectacle à leurs
frères^ ou pour rechercher quelle eaU^e «a*-
lève à la maçonnerie uu attrait aus$i puis^
sant.
Cette cause est facile à trouver, et je l'$i d^i
indiquée au comp^eûcement de ce discours ;
4:'est la tiédeur, c'est la. négligence et ToMbii
556 CHOIX Dfi DISOOUIIS.
du devoir; ee^sont les petites passions. qui; se
glUâBealdans nos temples^ comme «i nous étions
encore des profanes. Oui, mes frères^ c^est une
remarque, ou plutôt, uû reproche que' 1»> plu-
part des maçons ont la franchise de ^se faire eiix-*
m^es.trop de fois pour qu'il ne soit pas per-
mis de le répéter. c< On vit trop sèchement ^ di-*
c< sent-ilsy trop froidenVént chfez le peuplades
m maçons; on se porte envie, on travaille peu,
t( <oii se querelle, et le bien public est oUbtié.
(c Comme chez ces atieiéns célibataires qu'on
ce appelait des moines (excusez la comparai-
a son) , on se réunit , pour ainsi dire , sans se
ff connaître, V)n vit ensemble sans s'aimer, et
H Ton se quitte sans se regretter. » Voilà ce
que disent des maçons, et voilà' véritablement
ce qui enlève à la maçonnerie un grand nom-
bre de prosélytes, d'autant plus regrettables ,-
qu'ils étaient plus capables d'en connaître et
d'en remplir les obligations.
C^pendant^ mes frères, nous pouvons chan-
ger de situation en changeant de. système : il
ne tiendrait qu'à nous de mettre dans nos rap-
piorts plus de cordialité, plus d'affabilité, plus'
de douceur dans nos discussions, plus d'amé-
nîtë dans nos manières : la politesse seule, si
elle élAit soutenue et active,' fêtait le charme
de nos relations. Je voudrais que les maçons s^
di# tinguii^atii ^il tam. par la déHcite^e, d^iLeu»
nmmn ^moamispii^ y qiièpAr^m cooilaîssatoi^
^iftplkiG^ier dapsilea loges^ Ib ^votr-^iriyre dimf)
tlfiCi^otainéi Qoèk usagpa dans, le moncléy >
î YooA le (vo^yei.^ -caé» frère»^ jeiine^ $ui8|^U
T'échu dei^rreprobbea qu\)a ii0U3 rudres^e;! îl
{mti»tJk^ne. quelqti'ua.ifKMiA dise Qe« défauts
wUnousi . viwIqiIs bous ; en* csèi^iger. iV^tre cen-
^ewi!ji:^Mi;iiou$ honore, compte prèa^de treate
annéiss dereampâçn^a.tnaçoonîques i vous, paiv.
à^nwf^ oette Ubarté a m Jongas^rviee^^fre*
surtout au désir ardeul i|u'il épi*6vv«> de ycir.
la ^lA90^mrîe remplir epfifti «?sibautfia4ti*i-
nées. Le temps des amélioralkmâr^ aii^ii^év ^
>q6 qtoU t<mteeiquejê:YyM^)el'4:oii< ce què^j'àn-
tends chaque jour^i Le (ir$iOd: Ojd^t lui-^êms;
yàu$ rappfeml ^ en soumetjtgiiatt ses pi^preâ.tié-
glemeiHa à t^. pi^édi ta tion^. Bartagesc^ Mtlwàn.
ses eiffprts. Laissez^^à les disputes du cérémo^*
i}ial> des ^privilèges et de l'amour r propre : la:
mîiçqfiinerie est l'amour de la'véjrijtô H^àt l'hu^
maaité;' partez de ce pirii^îpQ^'n'en ayezpotnt
d'autre; qu'il soit la seule bouss4}e.;qui dilîge
vos pensées. Ocoupez-vojusde' riristrucStiô-u H
de la morale; simplifiez^i^^s «mbiêmes^ vosii-
te9 ^tvos liturgies; dépouillez-les y s'il se pçul,
de ce que le temps et la harbalrie leur ont don-
3H^ 0W»X>O£( |»^GO>0']|l$i
Mtol«'^ lift p]?^]ièiTde;la ickf^&suimtf rwea-*
air^éJBicei 'progrès 'etolrar ènipûreiirrësisiibk:;
^otUettrmtiagc»' ^ 'lëd catfteii t ^quelquefois i <tië
▼ous dëdoirmgeiit points litt séfeît de^^kJ^iié
diiâipém lesi nitpLgef t ^àrdB&-QA It^périaAdeY et
I^iHgitidrê^y i^^<^^e^ les lo^mpvuifetiiiAÎPi^^
reif^8C^èâ4e9 ^ii(^nfiai>éfii de< ts tfsi^u tet db
te- i^Yltér' Aé$t$t dVtftras ^nseigriem^ iesit^èbra»
-iK%e2 padrc^it d^-vôà gtiadlbaPÂw«rt>@titë H
de fctottiiêd tt^Jttotîd; ■ ■"•: î '^'ï ^^^
Hfiij^tiiej» déà céfém^mç^ lôiSdbâi^e^vM' des
pwrôq^è» Wàiment îii8t>U€tive«. \ ' • ^
-2}ninol}Uii|e2 totut <$6 quë vous !ferè(îi; que le
r»Kù«iHemeii( ^ ifde fc êilenbe ^ pfédideiit< à vo$.
examem V ^à vos réceptions ; qti'isiâ initié ^ M^^*
tant de i^oê matng:> ' dise : voilà de$ lioinmës I
j'-0fi eh^èhàîlsr^ j'en ai trouvé! roilà -def lu
8ôimqe:> de l'ordre/ de«f'iiimièrës^L;;. Qu'il mÀi
gl^mux, qu'à se sente heurero^ d'entrer dans
un tet ëtal de clioses^ et ^Iws il- aimera tons
ceux qui Ty âuro^it mtrodult^ San âme s'élè--
vera>nos- institutii^Miaupont pour lui d»^ cbar-
mea; il eélébréra teurs" bielifafls; et la maçon-
nérie Yictorieuse de toutes les puissances ad-
verses, deviendra le lien fortuné qui réunira
tous les hommes en un seul peuple de frères.
Un si beau succès, un triomphe si doux vaut
bien la peine qu'on y songe, et qu'on s'occupe
de l'obtenir« ^
je n'irai pas plus loin, mes frères, j'ai rçm-
, pli la tâche que je m'étais imposée ; je vous re*
mercie de m'avoir écouté. Je crois avoir oublié
peu d'objets importants. J'ai montré le but de
la maçonnerie; j'ai désiré son triomphf;; j'en
ai indiqué les moyens; j'ai rappelé vos ser-
ments; j'ai tracé nos devoirs; j'ai fait connaître
nos ennemis; j'ai peint les maux causés par
l'ignorance, le fanatisme et la superstition. Ces
maux sont grands : s'ils ont louché vos cœurs,
si vous partagez Thorreur qu'ils inspirent, c'est
à vous d'agir maintenant^ et de chercher à les
diminuer. Le remède est en votre puissance ;
il ne s'agit que de s'àiiûèr et de s'instruire. Vos
frères vous attendent ; ils vous écouteront, vous
chériront : l'univers entier vous applaudira ^
car la terre a besoin de vertu; elle a besoin
de paix et de consolation : voilà trop long-temps
qu'elle est malheureuse '^.
"^ Bonaparte venait de mourir quand te discoàl9 ftn
prononcé.
^6é . CHOIX A£ DlftCOVXS.
» • ...
FÊTE riTNÊBRE
SU I.'4IOKHXUft
DU MARÉCHAL BEURNONVII/LE,
. i . GRAND ÇOBUIANDEUR miOMNEUR
DD SUPRÊME CONSISTOIRE DES RITES;
C^l^r<^e l« 36* jour du 5* mois 58ai, an Grand Orienf de France , par le»
'<' troll pltt's.hadU grades de la maçonnerie de Porient dé Paris.
DISCOURS DE LTÊPÉÈ*
^iÊt cette épée Mut agiiuuile et rielorieiée r»
leurs mal os! QuVIle cKawe les téoèbres, et
faiise reculer la hideuse ignoraâce ! P. 368.
Brave général Beurhonville , tu fus grand
commandeur d'honneur du suprême consistoire
des rites. Chacun des ordres composant les
^ Ce discours a précédé le moment où Tépéede
Tordre a été déposée sur le catafalque de Tillustre
frère Beumonville.
** V Oraison funcbre et le discours des Fleurs ont
cHaiTCDB ]>rscoBiis. S6t
hkiHB *gsades de ta maçonnerie a de» devoir»
à. remplir enrers toi. Je viènd te sâityieir aii nom
de Tordre austère des ckevalievs K.*.-H.*., is^esi*
à-'dire deb'piu» 2élës déf^seurs de ta Vi^aie
Itnniére y de ceux •* là 'dont l'^pée est coiîjour»
leTëe^eqntreks enfieniis delà tëirité etled pro«-
fMigàtfairs chi mensonge. > <*
Deux espèces d'hommes te parlent pai^ mai
iMMx : des oitoy;enis et<ies maiçons. Tif comman-
dosi hp8> armées^ tu commasda^ nos colonnes
maçonniques :.o'esi uq^double tijtre <piii 'te- vaut
nos hommages. Déjà des onateursî habiles t'<mt
payé le tribut de nôsrqgrels; Je n'aurais poi»t
leur talent^ mais ce que jie dii^i.troiiTera grâoe
flevant un gaeitrter* Que ton ombre ih'en tende
lavoraUement. Un hasard q«i te plaira isana
doute f une circonstance que nulle intei&tion
n'a prépariée, et qu'aimcMK>nt' peut-^ètre les mfa*
çons qui m'entourent j le b^ard» dis-je, fait
que celui qui t'adresse ;Ia parole fut un soldat
de ton armée y un siipple soldat, qui , coauae
cent:mille autres, marcha volontairement ^^uh
frontières en 179a; combattit à Valmy, à Jem<«-
mapes, et prit sa part des premiers triom^bes
obtenus par la cause» de la liberté. Ce soldat le
été prononcés dans<la même «cérémonie par deux ofi»
ciers du Grand OrieaA*
36a CHOIX O-B: DittCOUASii
<léi:l««ù lttbteiaènt»'éfia4ei|kroGaNbiài^e«i?dë
Ml fnère^ qilâ smil dâQ» te -teinple'^ ei.tipr mi
partagé- le .métaie iaxaDlage, FoecanoB ile Veti
gWtîfi^t cdmma lut» Quand oa a eu iébeotteur
étiMïi^v^^ t>au*{e ^ UeH dam d-éD xinH.vmH^
uké^ dchUAl 469 i^h^alkn^ do»! k ptmbfer
mérite doit être de 8av.aîr:oe fiieiii^estj^'aQe
'Bn«fe .çé^éj^al^ JQ.ue laMaîs |MâitM denRt
taitooUiey nî penser à. tes. piraiiiMn espioiui^
taoséfrâiHver jia ]ièiisaii>quel ii^oufaie iMurmom-
taUf ^aulBiéCrQ.etBaillî ^deiiAille wuwiiîra qui
mÊéiWetgMQnt l4ut ee que- foreiit: leh Vrahoaû^
aaiQiQmenlt'iOÙiils !cQikrinreBl» aQx.ainB«v *m^
nfaBirappélec ce déToueBBélit> cet: enjthnwiiiatgië^
^«Ltbrûlaient lewvs qqmiy* / et xransfeIrtMMBt
en. géants deS: hommes qui» peu d'instaots ao^
parafant» jHi?Âiç9l i .pêtiic|. s'ils étatfdnt des
liato]»és. JL'ebuein) s'ayançait .9.00 lut araît
Uiti^ nos* places fortes ; il désobtil nos. eanqaa^
gofis.; il menaçait la 'capitale :, ei prookMaait
fli^gunUleusemenC le.^n des i^jus hombloB
vftngi^ncesl... Que fallaÂl^l Taire? Noos ànons
eaafBÎs. la liberté ^ ai nous sablons quel sort
attiend 'les peùpieé qai redeviennent eselareëé*.
On ne balança point : tout Français se fit sol-
dai. Nous précipiter sur l'^nnenû^ lai faijne
mordre la poussière , punir son orgueil ^ le
çtM»i»I^J«r:Ç^p4e«^;Jttl Tafl^^ de
JQfl rs,;î l^nt, iU i»t ;fticik î tfétrie îHbr e^ : qhfind^ iob
. ,..J^]:ay«:Heur;i^o^]^.iU^ ^ t)i fus <i»a dfi^ gëèévauix
qi^i^ j^^fifi 4^if^d\mif^t^t alors./ et «les fauiriear» que
§MH^ 4«i ^inU«lt>i^ti te:p}miûQ8<f-ieip|it $uv U
pitreM jft ]nûn4«x^lllftHt:<ii'^oiriiein£iUi)etbdte
k9*^:Uv^^jàiU|)06ljiiMéid«aiA':tQQlrtteuaf éobrt
et 4|^q» Idutei^ur i^randènr j eilè âUUl j|b»'trjl«»
si|«ç|i^;Î3im)ydb|tS)*lIfiâki^ elle :ft!4î^iA»iii(iiioé
ifV^lugtfKs L.« jCdAiyifâaa-ffiDBa en èii» iMiiqplav
q)lM^ ^Wt^'ênp^ibU âi^iis^^ifiiabd UmCiida
tr|E^^^A9i «tidjQ.lmfaetésioQaie» note en'ipnffsaW
raient ?..« Ma>$ eUda dUanaai av^ee^pieUa çéiM
Umw U0i\9.MQtX9iïiwrmoBiié tous; les ^faslaelès.
^ ,fWi»^>d«s, fnam^j meiroefiakès ét^fcaorikgey
d)fUneb€lnit à dé&gatwVhhioin, à déârli^ ta»
y&fiiê i tn vaiâ ia batbae^ la j^^doiMiB^ le mèf^
songe ^ jbla9|4i^flMQii nolr^ çiolpti^msaumuléuV
les t^Qèhreâ et les hi»postttres.pour<iaL flétrir:
cf^ite gloire ne p^drti poldt^;eti.qitieUea 4^e
soteQjl i^ps.4^iD^9a^i. Y^liir^ elle fei:aJe.dbiaTme
d^s cQçurs .vertueux. .,;.
^364 anoix d« oi-seoon^.
d'ube gloire tdiîtixisuhé«; ïk làtliiet^^ët ta- li^^
hison ne!pësèfreiil fibidt loi ; • ÉlbUfi^ ^â'diiîihes éh
BÙcelé à^ombre de tèsc'laiiimirft'^ lai^^moi
iieysefmiaiuddoù&)iMttfiits deWs'pr^iùië^ aii^
/léof ;«:le8l>gueitrÎQi^ qui^fn'ietaténdënty ilë de*
nandefi|fpaâ«^0uk^iiijde i^é^haufTer îèfr^âNfnè
au feu saeré où s'alluma leur premier courage.
OiS'niBop^ tte ^9MTieds<itwe()f^âé|it noiis^Mu-
iéiôto:aiuiu}amlntif icôti^ëiit'v- qliictaÀI 'UifÊi
pïiKi^r^mmjKnli§, tou$ le» plaisirs dé Û'V$ëy
tiduè paffliiÉMtaarmili^idès {i^lai»ili»sébi^rii8
«t deadiééédîcibii^ «mi^asclles:^ >êoihtiièilt«j |ed-
Dftt^'MiiKuexpérieiifiÀv. fum^ epainyMal véMi^^
mandés .'ddi pluies eohiiîiuéllé^'^ 'ir0ii^]pèb^ j^iâr-*
çe)ëp:;paff 'jd^ fterr0iii%-'yépa«fddes* a dessein^
n6u$^rmarcl]âopis,' inlaiôgables > joyeux ^ plc^ët
d/efj|Mnr>et -d'ardeur,. nous* maTchion» en chan-
i%nl, €U!iiqHs:€btêmonsi la tiôtoiris^ ' •
> T'ermwfwms^tvL avec q%reil6«bôtm6 foi nous
Toultonrle bofiheur de Isr ¥ràûct, avee^iftfeHe*
bôonéifoi bous, cirôyidns à.i'hQ|piiuiup, à la Uliiti-^
Méides sqrmea&^i à la ^paierie ,rà la vertu 2 V^lis
qui' m'entendez y VOUS' èoi6(AAjf«neihvous2 {, '
Alors, ces croire, ces cordônn que je votât iii^
pendus à t«a mausolée , n'étaieot pas tiëee$saires
pour enflammer nos conmge^ : lès seuls Mg^ds
de la patrie nous suffisaient. Nous- ne vôirilôns
CHOIX i>& DiacouRs.. 565
que vaincre ou mourir. Te souviens -«lii de de
refrain sacré qui précédais \& baCailles : ;
' Mourir pour h patrie.
C'est le sort le plus l^^au , le phis digne d'envie^
. , . ■ t . , •
Eh bien I mon général, soIdat.de mon payf^
dis->qous coi]{bien de jsiècles se sont. écoulés xle*
puis cette époque incroyable, depuis.çes temps
qu'on n'avait jamais vus, et qu'on ne reverra
jamais..
Dis-nous quels sentiments, quelles volontés
ont succédé à des volontés, à des sentiments si
nobles. Apprends-nous par quelle terrible mer-
veiiïe l'amour si pur de la patrie a pu faire
place à ce qu'on appelle l'amour d'un maître; et
comment ce maitre , sorti presque subitement
des rangs de nos soldais, s'est montré tout à
coup comme un dieu inconnu , armé de la fou^
dre, et lançant la foudre sur les siens, pur ses
frères, sur des Français !... comment il fit ses
soldats des soldats de la liberté ; comment il
trompa les cœurs, séduisit les courages > chan*
gea les résolutions, brisa l'honneur par l'hon-^
neur, les serments par les serments ; subjugua
le pays 9 les armées, gagna tout> perdit tout,
et nous perdit pour des siècles de siècles ! Dis<-
nous... Mais non; garde le silence ^. il n'est
556 GHOλ'»fe DiSC^tJBS.
^S'.' C«fc9on8 cte -raccuseT ;• •ré8f)ectonë celui qlii
ne respecta riôn. Il fti t '«Wèl* pmh tt tiôuë tàyiH
notre patrie ; il est mort sans patrie : c'est le
plus cruel des tourments, flëlas I il serait resté
le maître' du monde,' s'il Mf voulu connaître
la vertu! Il avait tout conquis, excepté nos
cdeiiVi. 'Cette pierre angulaire manquait a son
êdiBcé;'et'tou<rédiGce a croulé aur sa tétë;^
éxempïë' terrible, effrayant , qui montre iqiiè ,
sans râin6nr des peuples, les plus Gers poten-:
tats ne sont que des roseaux que la tempête
peut briser en un instant !^' '
' • Ce que j'ai dit , ' nous ert a.vons tous été les
témoins ; j^e n'ai fait que rappeler tout haut
nôtre histoire. Les nations souvent changent
de face : il est des souvenirs utiles à conserver.
C'est par de grandes leçonâ qu'on peut le mieux
s'instruire, er je ne croîs pas qu'aucun siècle
en offre de plus frappantes que le nôtre. Mais
enfin la France nous restfe. Qu'elle soit heu-
reuse, qu'elle soit libre, sotis des lois sages. et
immuables; que le flambeau de l'expérience et
de lu'philosophie dissipe les erreurs et les ténè-
bres du passé î La philosophie seule peut cîvi-
ïîserles peuples, leur donner la paix et le bon-
heur : son absence , tu Tas vu , n'amène que
folies , bouleversements , catastrophes. Sans
elle tout est mensonge et violence ; les peuples
CHOIX -CB 0l6GOnAS. ^ '3^
ne 80Ht {>las que <k^ sauvag^^ d«» ^barbare»;
eti, ^e qu'il y a de{^lu8 vil au mG&4ey des esf-
ckives. :...../..
Général Bôurnonville^ ton ombreuse réj<)U>ir^
d'eBte^dra quelque éloge de la ^hiiqsophie;
toi «loi.lui dois les premières couronnes doM
fut droé ton charderietoirê!. Las hommes peur
ventchapger^ comme les nations; maisrlapia;!'*'
losopbie, coipme la Divinité , neî ohatige>j{H-
mais; L'bomme qui fut ton maître çt^celwi-de
laFraaoé , Tavait aimëe^ lorsqu'il était pauvre
et honnête; il l'abandonna quand il fut toj^t et
puissant: il osa l'outrageri ta persécuter; vois
ce qu'il est. devenu !
Adieu ^ brave .général BenamonTrlle : jecédp
la frface à des orateurs chargés d'exposer lef
détails de ta vie. Ceux-là etscore auront plus
d'éloquence qu'un ancien soldat; mais ils n'au^
ront pas plus.de franchise, ni d'amoqr de leur
pays. Adieu y nous n^oublierons jamais que tu
guidas nos bataillona à la urictoire^ et que tu
combattis pour la liberté; noqs n'oublierons
pa» non plus qu^'oùtre. l'épée de la, patrie, tu
portas le glaivq de notre ordre < Ce glaive aussi
doit avoir sa puissance ^ et, plus que L'épée du
guerner, être utilà au monde» On va te le rer
' présenter pour la dernière fois., et l'attacher à
Um trophée ) comme un emblème qui trace nos
368 CHOIX DEi DI6G-OURS.
devoirs : c'est Tépée de la parole et de la vérité.
Tu Bs U guerre aux rois nos agresseurs; Jes
chevaliers K.*.-H.*. ont jure de la faire aux
plu» cruels ennemis des hommes , le ianatistoe
etla supérsjUtidn. Que cette épée soit agissimte
el; victorieuse en leurs.ma^ns; qu'elle chàs^ les
ténèbres ^i et qu'elle fasse reculer la hideuse
ignorance 9 cette fille de l'imposture, dont les
vœux éternels ne tendent qu'à se gorger de l'or
et du sang des nations t Tu combattis .avec le
fer; nous combattrons avec l'arme de la science
et de la philosophie. Comme grand commandeur
d'hoqnetur, tu en avais fait. le serment : ce ser-
ment, nous le renouvelons sur ta cendre, p^ce
que nous savons tous que si les États périssent
par l'ambition, ils périssent aussi par l'ignorance
et le fanatisme , et que leur plus ferme appui ,
c'est la justice, c'est la science, c'est la vérité.
Adieu pour la dernière . fois , toi qui fus le
général de la plus hrave armée du monde, toi
qui fujs le çoldat de la plus noble patrie. Les
maçéns ne connaissant pais de titres plus beaux
à te donner, et ton âme, dégagée des faiblesses
de la terre, n'en accepterait point d'autres.
Adieu : tu vas rejoindre les grands hommes et
les philosophes de tous lés siècles. Porte -leur
nos hommages : salue en notre nom tous les
héros qui ont défendu et qui ont éclairé leur
CHOIX DE BISGOUR^. SÔ^
pays ; salue surtout ceux qui sont morts pour
nous^ pour notre chère France, et dis -leur
qu'il existe encore des millions de Français qui
sont dignes d'eux. • i
/
' ' \ ■ ^^ . -• - - M-r
■ ... . '.. . . ■ ' ... • -> ^{\\v ijïj
ti: a4
5jO CHOIX DE 918Q0tTK8.
■ ■ I . I "" '"■ ■ ■ " " - /-r"^"! ' ' -
DISCOURS
SUR L'ÉTAT ACTUEL DE LA MAÇONNERIE
DANS L'UNIVERS;
,PR0N01I€B DinS LA LOGE DES TRINOSOPHES PAR SON VÉlf|-
RABLE 9 LE 1 7 JANVIER I 824*
C'est au moment où la maçonnerie est ca-
lomniée^ persécutée dans plusieurs contrées de
l'Europe, qu'il est bon de montrer quel rôle
elle joue, et de quelle estime elle est environ-
née dans les autres parties du monde.
Je ne crois pas qu'en un jour de fête on puisse
offrir aux maçons un tableau plus agréable et
plus propre à les consoler des outrages que le
fanatisme et la mauvaise foi leur-font endurer
chaque jour.
Que ces contrées, que je ne nommerai pas et
qui se disent civilisées , semblent renoncer à la
vérité , à la raison, c'est ce qui étonne, c'est ce
qui a£Bige ; mais que des peuples lointains , que
CHOIX DE DISGOIÏIIS. -571
notre civilisation dédaignait , pour ainsi dire,
nous tendent les bras^ cherchent la vérité , em^
brassent nos institutions^ voilà oe qui répare
afliplemeiiitdfs.maux que nous méritions si peu.
Que ces mêmes» pays^ que je n'ai pas nom-*
mes, se trompent^ il faut^les plaindre : ils« en
soufiriro&t les premiers; car l'eireur n'anméne'
que désordres eii catastrophes; mais que le rsste
du monde: mardbe'Ters la lumière et prenne
goût à la fraternité^ à l'humanité , c'est un fait
qui réjouit toute, âme honinète^ et sensible^ et
c'est un fait. qu'on ne peut contester.
Parcourez l'univers, marchez d'un pôle à
l'autrey exècre» l'Asie, l'Afrique et l'Améri-
que, vou« rencontrerez partout la maçonnerie
florissante et^couvraIit ]a terrede ses^ bieni^its^
Tous les: maocnis. qui -voyagent l'attestent, et
tous en sont; émerveillés.
En Egypte, wi obus iavionsporcé, vous vous
en souveoes peut-être^ nos armes,, nos étudesi
et nos sciences^ on hirrètrouve teUé que nbus
l'avoni *rétaMie*; jè dis rétablie, car vous savez
que l'Êgypce possédait la' maçonnerie dés lé^
temps lesiplute reculés, avec cette ^diffiérence
bien grande cependant , qu'elle restait entre les-
mains des prôtT«s*et» des trois (^ qui l'employaient
à un usage tout contraire a«n0tre, c^est^à-dire
qu'ils s'en servaient pour tenir les peuples' dune!
Syâ CHOIX DE DISCOURS.
Vigiiorance et resclavage , tandis qu'elle n'est
pour nous qu'un moyen de bienfaisance univer-
selle. Notre maçonnerie donc console l'Egypte
au lieu de V&sservir : elle ne construit point de
pyramides où dorment en paix les oppresseurs ;
mais elle étëve un édifice plus beau, plus noble ^
plus utile , le temple de la science et de la vçk'tu.
Elle, tient une école à Alexandrie : elle à re-
monté le Nil ; ^Ue a pénétré dans les terres ,
s'est fait entendre aux farouches Bédouins , aux
Mamelucks ambitieux; elle a laissé des disci-
ples au Caire ; elle a passé la mer Rouge, et s'est
souvenue un moment du prodige opéré pour
engloutir Pharaon et sonurmee; elle a contem-
plé ce terrible désert où Moïse et les si«is sont
morts , sans 'avoir pu voir la terre qui leur étaii
promise, et elle n'en a éprouvé que plus vive-^
ment le besoin de réunir les hommes que ks
croyances divisent, et d'éteindre les haines qui
les font s'entr'égorger depuis tant de siècles.
, Pleine d'une charité si vive et si nécessaire,
elle est revenue côtoyer les plages orientales de
l'Afrique, elle est entrée dans le grand Océan;
elle a fondé des colonies à l'Ile de Bourbon , à
l'île de France, et s'est établie triomphante à
ce cap fameux, qui, depuis qu'il la possède,
croit • mériter doublement le nom de cap de
Bonne-Espérance.
g CHOIX-, DK DISCOURS; 57?
Là elle a des temples dignes d'elles^ un palais
magnifique, des jardins majjBstueux, une iartil-^
lerie qui lui appartient, et au bruit de laquelle
on salue , aux jours de fête , tous les maçons de
l'univers 4 Elle a des cours, des esplanades, des
portiques , et mieux que tout cela , des hôpi-
taux fondés pour les malheureux.
En Amérique, aux États^Uïiis, où toutes les
religions sont libres^ elle est, pour ainsi dire,
la religion préférée. Les maçons se reconnais-
sent et s'avouent hautement. Dans les cérémo-
nies , dans les pompes funèbres, ils se montrent
en public, parés de leurs ornements, et la con-
sidération qu'on leur porte s'augmente avec les
grades qu'ils possèdent.
Au Pérou, d'où l'on a tiré tant d'or pour
payer tant de crimes, elle s'emploie à réparer
une partie des maux que l'or a pu faire , et
prouve que le plus sur, le plus précieux des
trésors est encore la vertu.
A Rio- Janeiro elle s'assied sur, le trône avec
l'empereur du Brésil ; Pierre l" a été le chef
de la maçonnerie de son empire; et sa loge, qui
est française, a chaîné un député de demander
. des constitutions au Grand Orient de France.
Non que je veuille dire que la maçonnerie se
mêle des révolutions qui changent la face des
États; mais je signale ici l'hommage éclatant
374 GftOiIX DE DJL9GOUA$.f ^ -^
rendu à nos' institutions par ceux qui Voulant
s'attirer les suffrages des peuples , croient qu'il
n'y a pas de meilleuir moyen que de st «ontret
partisans, de la justice et de la raison ^
Si nous passoa» en, Asie ^ noue .verrons 4es
tablesaux.enOore: plus satisfaisants : tOiiHes les
mers de l'Inde honorent la maçpniîeirie. Les
Aioglais L'oi»t établie danslèurs principaui comp-
teurs; les Anglais y qui^ comme nant ^d'autres
peuples I ont tant souffert , mais qui dii moins
ont tiré quelque fruit de leurs malheurs , puis-
qu'ik ont des lois et iiné patrie , les Anglais qui
auraient pu faire et qui feraient encore) tant de
bien aux hommes^ s'ils le voulaient, ont &it
celui de fonder la maçonnerie dans unp grande
partie de l'univers connu, il iai|t les en re-
mercier; ils ont planté l'étendard du ealut du
monde. ^
•Dire comment les Anglais ont établi la ma-
çonnerie chez les étrangers , c'est laisser à juger
quels hommages ils lui rendent dans.leùï pro^
pre pays. Aussi chez edk les mots honneur^ vé«
rite, fraternité et maçonnerie ne fontqui'un, ils
les confondent dané leurs pensées et dans leurs
actions. Toutes les hautes classes de lasociéié^
sentent et s'expricoent de même sur ce point.
C'est âqui briguera la faveur d^èbre admis tlans
la grande famille : le prince méinéqQi régne
aaoïx OB Disaooas. 5^5
aujonrd'faui rétait h chef de fordpe,, avant ^u'il
mofilAt sur ie trône; c'est hii < qui présidait Ik
logèjdite de^jénàes du Roi, et son iilustre frért ,
le duc dé SuistXf '^e: fait gloire do le remplacer
dans de si nobles fonctions. Les lords ^ les pairs,
les membres du parlement iet- de la chambre
des communes > sont pr^ue tous maçons:: les'
magistrats^' les officiers de l'armée, les conuk-
iaaUdantS'de terre et de medr «ont maçons]; ils
€naïîmmnÈih signée 4au9eur des eAfmits de ta
"veuw^ et'>sbnt fier^ do ^mériter leur part dans
l'héritage sacirédes fils ^Hjram. J ,
'Ainsi doba ks Anglais n'ont eu rien de plhs
à cc0Brt|ne.dè'i!ép8ndreau11oitt'des institutiobs
qi; 'ils >i regardent ecmme le lien- commun des
hmÊméè% JlâPiles ont portées dans tous les cli-
mkis /dans t^^usdes pays > à Cantoti ^ à Calcutta,
Madri^s , Chiînderna^g^^ Poodièhéry ; ils les ont
£aiit compialtré à la côte du Malabar , à la côte^
Coromai^él, et pour que Id Méditerranée jouit
des mêmes avantages que l'Océan , .otl.platât
polir rendre la vie morale à cette viHe si fa-
meuse qm la^^onna jadis- à Tunirers?^^ ils (mt
établi une loge à Athènes^;-, une logé dans la-
quelle on peut sé souvenir à: :son aise et sans
dangers, je me trompe; au milieu iȎmei des
plus grands dangers, des vertus et des grands
etempleà de tons les héros de l'antiquité.^' ''■
(376 CHOIX' DB DI^COORS.
Mai» d'autres que les Anglais ont. encore joiis
la main à Foeuvre sainte et méritent l'hommage
etila reconnaissance des gens dç bien. Les prin^
ces qui gouvernent la Suède et les Pays «- Bas
ont montré qu'ils aimaient^ qu'ils honoraient
les hommes, en aimant, en honorant ilos frères,
eh .protégeant la lumière contre l'esprit de té-
nèbres* jqui menace d'envahir la terr^.*
.' Augmentons votre joie, mes frères : quittons
J'Enrope; transportons -nous un moment aux
vastes royaumes de l'Inde, dans l'empise des
Mongols, à Dély, chez les antiques enfants de
Brama et àe Conjuciusy que le soleil enrichit
de moissons éternelles, et qui n'éprouvent plus
"d'autres besoins, pour mieux goûter la vie, qqe
d'apprendre et de sentir que tous les hommes
soni frères : là nous verrons la maçonnerie ado-
rée pour ainsi dire, copm^e on se figure qu'aux
premiers âges du monde on adorait le génie du
bien y le principe de toutes choses boniie^. et
honnêtes.
Là nos institutions s'établissent sans efforts,
dans obstacles. . Elles apparaissent comme un
nouvel élément dont on avait besoin, comme
une nouvelle lumière qu'attendaient tous les
cceura pour développer le germe de toutes les
vertus.
C'est une douce satisfaction de pouvoir vom3
CHOIX DB DISCOURS. 677
apprendre comment la maçonnerie a pénétré
dans -ces climats heureux; comment les peu*
ples; et leurs princes s'en sont laissé charmer.
Si you$avez la bonté de m'écouter, mes frères,
c'est un récit qui ne sera pas long et qui pourra
vous causer quelque plaisir à vous-imèmes *.
a II y a vingt et quelques années, l'ambas-
sadeur d'une grande puissance de l'Inde, se
trouvant dana une des principales yiUes de
l'Europe, entendit parler de la maçonnerie
comme d'uYié chose digne de son attention. Il
savait qu'elle avait été tantôt favorisée, tantôt
persécutée par les souverains, et qu'elle était
répandue sur^presque toute la surface dû globe.
Sa curiosité se sentit «xcitée : il s'adressa à un
maçon qu'on lui avait désigné pour un homme
studieux et attai de la vérité. - •
« Il hii demanda ce que c'était que la ma-
çonnerie. •
« On ne dit pas quelle fut la réponse 'du ma-
çon; mais ce qu'il y a de certain, c'est qu'au
bout de quelque temps l'ambassadeur se fit
recevoir, et qu'il prit successivement les grades
de compagnon et de maître, conjointenoent
•'• ^ i
* Ce i-écit est tiré d'un ouvrage ayant pour- titre z la
Maçonnerie rendue à ses vrais principes ; ouvrage beau-
coup plus connu «chez l'étrai^en qu!en J!i:aocf .
SjS GBOXX DB.DISGOUas^
avec plusieurs étrangersi de.^stmottoii. Ce,f|it
le niiaçoti même auquel ^iiayëiU été iàdressé.qui
dirigea 'les iûidatioBS. Les récipiendaires furent
examinés et interrogés avec soin^ et presque
tous répondirent avec une sincérité ^ une pré-
sence d'tespmt et un talent qui firent une grande
impressiQH sur l'assemblée. On n'avait point
encore tù, dans Les tej^ps^ioind^nes/de-réoep^
âon oûindutte de cette maniéré/et chacnnrd&-
meura convaincu que la maçonnerie, pratiqiiée
eomnièi on venait de la faire, serait aussi âm-
p<Di?tanle et. aussi utile qu'aucune autre insti-
tution connue jusqu'alors.
« L'ambassadeur retourna dans âonpay»*:
I « Un ah s'était à peine lécoulé /qu'il .écrivit
aa arénéffablefpar.liçquel iLavait été^reçu^ pour
le prier de lui adrefi^r. uh recueil de piéees
maçonniques :qii'il jugerait les plus propres à
donner à ses amis, à son souverain mên^e'^ une
juste idée de la.i|i9.Q0nnerke. ; .. t »
(r^Il insista pour avoirles cahiers qai<^vaieiU
sservlà^ses réceptions^ ainsi qu'à celles, de. ses
çdmpagnbm..
l' ic' €e:nçpueiL luir.a été; envo.yéi, et il'ioa y a
joint des instructions propres à le guider, dans
l'installajtiondies logeai, qu'il fiie proposait de
•créer. . . . ., r, .< ♦./- 1' • > ,.-. ^ .
« L'cm^rage fut imprimé endiverses^ langues,
exeepté en françàisl U parcoarltnaintemiatles
vastes royaumes de Hinde, et 41 est possiMe qu'il
en reTiènne un' jour, enrichi de nouyeaux pp6-
ceptes^ de ^sagesse d'ivn peuple, dont les ancêtres
furent de si grands législateurs et de si parfaits
modèles dans toutes les espèces de sciences.
w Voici la lettre qu'on lisait entête de Tou-
vrage et quî Wï' serrait en quelque sorte de
préfrfeè,
AU PRtNCE..../'*
« Illuspre^e^ vénérable frère ^ . .
^ffjp ?ailS]4nyok le 9M^U!^ qiie-^ws m^Vee
•ftemwdé. Faites- li^ii^r^jr au bien, de jvotre
pays. La^flumièn^ .9<>Vs^ ^t venue autrefois de
rOl'ienl; :.u$^is v<ws en restituons quelques
ra^oQs,» ^çoffs^^çés-i d^ns. lia; /nuit dts temps ^ am
;airilieiii4<^ Odr^^es quideviiievit ks^ étdindi^.ll
ne tiendra qu'à voiM; d'^p Teooiàp^er le flamr ^
bedu doM lateisre a bescHti, iVépjundez » répan-
4m la luQoidreML^s ténèbres ont causé trop de
mal aux hommes. Vos ancêtres ont adoré- ^le
s^bsil ooname l'ame <la l'univers ; adores la. vër
riâé Qomme la.^ie de^ràme et la g^loire de la vie.
u Dites à ivotpe.empeveur ee qtie o'iBsi q^eJa
38o CHOIX DE DISCOURS.
iDjaQdiiifterie. Montrez-la-lui telle qu'elle. est.
Béfendêz-la contre les calomnies des insensés
et des méchants. Il l'aimera^ car la vérité plaît
et subjugue par ses propres charmes. Tous les
sotiYeraîns devraient la connaître : elle leur
apprendrait à rendre leurs peuples heureux et
à rétrte éux-mémes.
« Gb^rcheï les cœurs honnêtes et droits. C'est
pour eux que la maçonnerie est faite. Évitez les
ambitieux , les hypocrites. Défiez-vous surtout
de ceux qui s'emparçnt des biens de la terre en
promettant les richesses (f un monde qui n'est
pas en leur pouvoir. Ceux-là sont les ministres
àiArimane. Cie sont eux qui oAt tué notre maî-
tre. Ils vous tendraient des pièges où vous trou-
veriez voire perte. Ne vous adrèfescz (|u'aux
esprits qui "tieulént la paix et le bonheui^ par
la science et la vérité. Prêchez la paix et la
justke; Enseignez l'humabité, t6ujôut*s Thu-
«danité^ et tâchons de fefttier l'abîme d'erreurs,
de mensonges^ et de cràkutés qui dévête les
hommes depuis tant de siècle^.
«: Adieu. Reinerciez le ciel qui vous adonné
le pouvoir >et la volonté de faire le bien ; qui
vous a fait aimer la vérité, quand presque
toute la^ terre adore le mensonge. Continuez :
ayez-boÀcouragei; vous serez inscrit sûr la liste
de ceux dont les hommes bénissent la mémoire.
CHOIX DE DISCOURS. 38l
Il est si facile d'obtenjr l'amour d|E!S peuples ,
qu'on s'étonne que tous les souverains ne soient
pas au nombre des dieux. Il ne tiendra qu'à
vous devons rendre immortel, et da laisser à
vos enfants un héritage de gloire qui ne périra
jamais. »
Après celte lettre venaient les dispositions
générales pour l'établissement des loges^, le plan
et la description des temples à construire, l'or-^
dre qu'bn y doit observer, la propreté, la salu-
brité, les décorations, enfin le cérémonial en-
tier qui appartient aux tenues de chaque grade.
Les précautions à prendre à l'égard desnéor
phytes, les qualités à exiger d'eux, tellçs que
le savoir, k prudence et l'honnêteté.
Viennent ensuite les qualités exigées des vé-
nérables et de chaque officier en particulier ^
pour que la loge marche avec la dignité con-
venable. , » .
Le recueil se divise en douze. chapitres, où
tout est prévu, tout réglé. L'in€én§( et l'ins-
truction croissent à chaque grade. L'encou-
ragement et la considération augmentent de
même. Les récompenses des bonnes actions,
les soins dans les maladies, les funérailles,. les
aumônes*^ la conduite dajas les persécutions,
s'il en survient, tqut est l'objet d'un article
particulier, traité d'une manière simple, claire,
38^ CHOIX DE DISCaUBS*
facile à eomprendi!e, autant qu'agréable à pra-
tiquer^
Nous^. eii' donneh)ii$ un exemple' dans deux
chapk^ei , bien dîifénents pour la^ i^atièite ,
mai^ où i^gne le même esprit^ le ohaph^ede»
fêtes et le chapitre des persécutions.
Dfabocd' touies diseussions politiques et reli-
gieuses soinr>âélen»lues. (f Ce» malières, estn-il
dit^ tieniira^' de) trop'prés^emx passions; lien
B^etigêcidre plus vite Ise discorde et la haine.
r( On se^bèvtierâ dans les dôscoursilesoratirars
et des rémpîë»daires aux^tl^èsesi d«^ priodpei^
aux .questiosis'V^aux TënilësT géuéf ries. On. fie
s'weupepà uiidès pepifonnagês^ ni des ei^Teé^
ments mo^^rilér^' à^m<iiTiS')quMls..iie tieimeaty
pardeseim}i»stahise8a|K)|ppakt^ cul^n-
térèt diitect de la. maconinerf^i •
a SouTedezMTOUS qu'il n^yr a'pmn^ de si bon
gouvernement qui n'ait des ennemis^ point' de
si détestable jqui^fi^srît des^parftisns> «t ce sont
les plus achàrîiés; les plus icnieLsj »
Arrivé le^éhapitre des 77er^^i^ïi»âK>n;f;> ^«^'^
« St vous, êtes persécutés 'y ne réponde pas,
ne voiis^ venges pas. ■ ./>• . .
« Vbus n'aurez jamais: que deux sortes d^ên-
nemis , les méchants et les î^oranls.
((' Tâchez de' les^ instruire; voilà tout. Faites
debènnds^œuvresi. «^
CHOIX DS DISCOU'KS. 383
f< L'épée de la parole est plus forte , plus
durable que Tépée de'^fer.
K Quand le inëcbanta la forée ^ tous savez
ce cpfibpeut^ m qu'il ose;
a Vous avez lu nos livms : souvenez-TOiis dé
Prcfcuste et de son Ut de fer,
« Souvenez-vous de ces monstres qui s'appe-
laient J>%ére^ €!idigula yf Néron^ ^
w Souffrez^ taiisez--vous'y répandes l;a lumière
et la véritéyjeomraeVil ne voUs était rien arw
riwé.
' («Si par. hasard, et si paP le eonseil de vos
frèresv vous'ètes imtés de vëpondre à des ealon»-
nies intolérables, que la décenee,4{ne lambda
ration^ président à' vos. discours, et que vos
preuves prennent lenr force de l'évidence des
faits.
ni Jamais, jamais de vengeance* »
i *.
Fêtes y Banqueté. >
« Vous aurez deux fêtes par an, et vous les
fixerez aux' époques pu le soleil présente chez
vous les phénomène^ les plus remarquables.
 ces fêtes on proclamera, on récompensera les
belles actions^ on célébrera l'utilité et la, gloire
de la maçonnerie.
{\ yps temples seront ornés de fleurs, vous
584 CHOIX' D-E^DISCOURS.
aurez des instruments^ vous chanteret, tous
vous réjouirez.
u Vous ne souffrirez point d'excès ni de li-
cence d'aucune espèce. L'honnêteté, l'urbani-
té', la politesse la plus exquise, présideront à
vos festins. Vous ne vous relâcherez jamais à
cet'égardw , \
w Que ces jours^la vos'aumônes soient dou--
bléés/«t (|ue la joie ne votis fasse jamais* oublier
qn'ilestjdes'malheureux qui souffrent.
(i Du reste y il faut que les frère^ cherchent
àrmanjger le plus fréquemment qu'ils ponrront
les lins avec les autres. Les repas pri» ensemble
rendent les hommes plus amis et ;nieillènrs.
Tenez cela pour certain; mais bannissez le
faste, afin de vous voir pins souvent. Souvienee-
vous que vous êtes frères , et que la vie n'a de
douceurs qu'autant qu'on observe lespjrficeptes
de l'amitié et de la fraternité. »
Voilà, mes frères, quels sont les préceptes
et les recommandations générales de la maçon-
neHe , telle que la pratiquent ànjôurd'hâi 'les
Indîeiis; vous voyez qu'ils he diffèrent poînt
de ceux que nous enseignons et que nous pt^-
tiquons nous-mêmes. \
Aprè^ ces dispositions viennent les cahiers
de réception aux grades d'apprentis , de -cohi^
pàgnons et'*dé mdtres^'dans toutes lés formes
^ GHOrX DE DISCOURS. 585
voulue» par les Grands Orienta d'Europe^ sans
aucun changement; car \e% formes j les signes ^
les attouchements^ quelque étranges qu'ils pa-
raissent, sont des choses de rigueur, auxquelles
il ne faut jamais rien changer, sous peine de
ne plus s'entendre en maçonnerie. C'est le lien de
tous les maçons répandus sur les deux hémis-
phères ; mais à ces formes on ajoute des ins^
tructions solides, des développements progres-
sifs et raisonnes, qui portent l'homme à se
connaître lui-même, à étudier, à estimer ses
semblables^ à comprendre les mystères de leurs
pensées, de leurs actions; à comprendre aussi
les merveilles de la nature, la cause du bien
et du mal , à mettre enfin toutes ces connais-
sances à profit pour devenir meilleur et mieux
chérir l'humanité. ^
Telle est la manière dont les trois premiers^
grades sont expliqués dans le recueil dont je
parle, et c'est ainsi qu'ils seront donnés dans, l'a-
telier des Trittosophes. Ceux d'entre vous, frères
visiteurs, qui auraient le désir de les connai*-^
tre , sont invités dès aujourd'hui à nos séances.
C^est une obligation que nous leur devrons ,
de venir écouter des choses^ qu'ils savent déjà:
sans doute ; mais qu'ils aimeront et propage^
ront avec plus de zèle , si nous parveosons as
toucher leur cœur.
II. 25
.58& CHOIX DE DI8COUBS.
MaiBlenant, mes frères, puisque. idlas^jdeitt
uoa dmtrioes, puisque la xuaçonnene n'a d'aur-
an but par toute la terre que rettsoigQftmeBt
et la pnUtqufi de la ukorale la plus pure , eom*-
ment.se fait-il qu'elle soit, éternellemeot expo-
sée aux persécutions des méchaots ? C'est un^e
question que chacun de tous peiU se faire ,
et à lacfuelle il n'est que iJK^ facile de ré-
pondre.
Hélas I d'eat dans sa pureté même, c'est dans
son G(xeeUence que réside la cause de ses maux»
La maçonnerie ne vit que de vertus , et les
vertps sont le supplice des méchants.
La maç<H:inerie ne vit que de vérité, et la
vérité est le supplice du mensonge.
La maçonnerie ne vit que de science, de
lumière, de tolérance; et la tokrance, la lu-
mière, la science, sont le supplice des ignorants
el4 des persécuteurs.
Ainsi donc, lout ce qu'il y a de fourbes ,
d'hypocrites,, d'ignorants et deperv^ns, doivent
ètjre les en&emis de la maçonnerie^
Mais il est une aut^e source des.mépris qu'on
lui prodigue, et vous l'aliez reconnaître aisé-
ment. La maçonnerie, l'austère nïaçonnerie
ne: distribue ni rkhesses ni gFanc^cvft! •
Elle: ne £%vorise ni la vanité m l'orgu^l; elle
n'encourage ni l'ambition ni la cupidité!
CHOIX DK> DaSG'X>ITIf6v 887
Qâe si nous dispensions desleniptcMB y djesf^rë^
sors ; alors vous verriez ^ par un de ce» chdn^
^mients magiques^ que voue avez vur tantde
fois^, vous verriez ces fiers ennemis tomber à
no» pieds ^ ramper comme des esclaves,, et foire
autant de bassesaes pour noue plaire, qu'ils eiï
font pour nous insulter et pour nous perdre.
Et encore, quel est leur aveuglement ? quelle
est leur itoprudence ? Ils se constituent nos ju-»
^s> nos accusateurs !«...« ils nous peignent
cotome le flëau de la société , les ennemi» des
lois et des souverains!
Imprudents, pourrions-nous leur répondre,
vous qui connaissez l-htetoire, où tronveriez-
von% la preuve de Vos accusations ? Chercdiea^
consultez' vos propres annales; Esihce donc nous
qui ienon» le gouvernail des spires y ettcon-
duisons le vaisseau sur les écneiis? Est^enouéC
qni\ pour paarler un Ifingage qui vous esticon^
n«i>, avons sacré' Saûl,' qui l'avons fait tuer en^
suite, et avons livré ses; sept enfenls aux Gâ^
baionitee , peur les mettre en) choîk'/v. .. .
Est -ce noà^ qui avons divisé en deux le
royauDtte de Satoition, et armé'Ies frëriss conirei
lee frères ?
EstHce nouiqttf , par norplriiÊfres,slvonif attiré
la* famine tl ki> misèPe' ^ur leraêl ?
BssÉ-oe nous qui avoue >livré Jérusarlem à Na-
S88 caOIX D-Bf D.ISCOU'RS.
buchodonosor, et fait traîner le peuple captif à
Babylone ? «
i Est ^ ce nous qui avons bouleversé , détruit
l'empine romain, brulè les philosophes et leurs
livrés V brisé les statues et les temples de la
Grèce j et plongé pendant quinze siècles les arts
et les sciences au tombeau?.
Est-ce nous qui avons inventé les croisades 9
institué V inquisition , comtuandé la Saint-^Bar-
thélemjf opéré les dragonnades , les massacres
des Cévennes, et l'extermination épouvantable
de douze millions d'Indiens qui peuplaient
l'Amérique ?
Imprudents accusateurs!... est-ce nous enfin
qui avons assassiné Henri III et Henri IV, que
VOUS: faites semblant de pleurer aujourd'hui ?
•Kous conspirons sans cesse ^ di tes r vous !.....
Singulière conspiration, que celle qui ne de-
mande que la paix et dçs lois, qui ne sait que
gémîr.et se taire quand ses vœux ne sont pqint
exaucés! Étrange conspiration, que celle qui
embrasse toute la terre, que la Providence elle-
même souffle au cœur de tous les humains, que
partagent, les bons princes, les chefs dès ar-
mées ,vles ministres, les savants, tout ce qui a
tie l'âme,, de l'iatelligence et de la probité !
Le soleil au^si, sans doute, conspire, contre
les. téoèbre», contre, les exhalaisons pestilen-
CHOIX DE.DISGQU«Kâ. SSc^
tielle^* de la terre ; ; con tré là nmi é tern^lle . et
l'aoéautissement de là nature L . . <>.,.' »
Ahi! croyez -moi, loin dç nousycheixshof* des»
crimes, tâchez de fajre ouMièr les vôtres» L^s
vrai3 perturbateurs y les efineniiid des lob et des
souverains; ce ne sont pas les knaçous ;; t^aiis.
vous.^;.vo]as-inême«, que nous reconnaissioas
toujours , sous quelque masque que vous vous
dég^uisiezw Vos. propres annales ^ les annales dé
tous les ,peuples., n'ont qu'une voix pour le
prouver, pour vous confondre. . j,
Vou^s. votez, mes frères, .combien il geraic
£acile de réfuter, d'écraser nos calomniateur&y
si l'on voulait sieulement employer contre eus
les armes de l'histoire et de l'évidence. \\
Mais je préfère me souvenir, du précepte
donné aux Indiens : « Si vous êtes persécutés;
"T< calomniés, souffrez , taisez-vous; » le silencai
de ceux qui souffrent • est l'effroi des tyrans 9
c'est leur plus terrible punition. Aussi bien,
mes frères , comment pourrions-nous répondre
autrement que par le secours de la raison; et
comment faire entendre la raison à ceux qui
sont chargés de la détruire ? -
Souvenons-nous du lit de Procuste.:...
Ainsi donc, pardonnez si j'ai attristé un ins-
tant cette solennité par des tableaux lugubres.
On cède quelquefois à l'envie de regarder son
SgO GHOIK DE Difi COURS.
epneilû en fa;ce; dé lui moptrer qu^oale con*^
naît y qu'il est dea yeux cpiiom vu «es iniquitës,
et kle8>madns courageuses, ca^iyles d'en laiéser
k'^Yéritable histoire au monde.
Dû reste , 4}U6 noo» importer lès <;ris^ et les
suiEXiës: épii;^i¥Bères des ibéefaants? Qu'ite iiô«i?s
p«pj(éoutent , c'est un carinae de plus , mais un
erime inutile. Il 'ef^ bien établi maintenant que
la> maçonnerie est 'forte ^t robuste , et qu^eSe
ne périra -point sou^ leurs coups. Que siielle
est obligée de fuir quelques climats envahis par
If ignorance et le mensonge, vous l'avez vu, mes
Ccères^ tout asile ne lui est pas interdit; elle
nxouve^uie délicieuse hospitalité dans les con«
trées les^fdus foitunées de IWivers. La terre
est v^stç;^iet, igràce au Dieu de |u9i(^ière,, au
Dieu de bonté, de vérité, qui est le^ véritable
Dieu ^ il y a encore «de U ^ace ici--* bas pour le
causage et pour la vertd.
cfioix ixE ixiseo^R^. 591
PaONONGÉ DA9iS LA LOGE DES ARTS ET DE L*ikMlTIB , P>&
* " *' * ' " SON CRÀND OBATEUR. ^
. Ç'«sT .^V|BÇ ^ne,>riY§ éqjQtJon que j'élève ma
.voix au :miliçu d'iifpi^ f^j^mbM^ 4gatemdnf iœ-
4)o^a»<çpftf JlçRomfcre de^ fr/èroi qui Ift.compa-
,SiQ|i)li^t'^aç IjîpBQépit^s ^îlçersîdç chacun d'eutre
euiK:; mais x(^f^t uiv 4^voir qui m'est tutoie; et
j$i u'béèite plks à le rêmpii;^. Je ss^is .d'ailleurs
,qHe pli* le$ !hom<É^s oût de. lumière >j et, plus
îb cNENt dHndulg^oeé.; ^dést^lors je. puis compter
wr celle rd« loua hms: Auditeurs. : v »'
Pour Voua. (tréaienter le résumé de* ^as'tra-i'
viiuxîpdndaut i'pnuée qui vient «de s'éoârakf/' je
,»ai4[tarft,iâkaif^tnbten vos tenues ont ét^ dëi-
'CeUlfs^ co4uUaitlfe3 4îscu9si(mè y ont.ét» tout k
k fois luiiuiQelises et amicales; enfin que vous
ayez tOjtijours pivêseaté k fidèle image d^une
assçmUléis de fa^'le.
Trois occasions îmfKumiitea vous oi>t mis à
39^ CHOIX JOX DdSGO.UJtS.
même de déployer vos, sentiments humains et
généreux*
Le désastre du cirque de Franconi avait
atteint un de nos.friàres» qui, flans un ipstant,
vit sa fortune et Tespérance de sa famille de-
venir la proie des flammes. Quoique le frère
Kegnaut ne fit pas partie de la loge, quoiqu'il
fût inconnu parmi nous, il yous suffit d'ap-
prendre qu'un de vos frères avait besoin de vos
secours, et vous vous empressâtes de les lui
prodiguer.
Cependant un malheur bien autrement con-
sidérable avait dans peu d'instants fait dispa-
raître du sol de lapatrie une' ville presque :en-
tièrei Une nuit a su(fi pour priver plusiieurs
milliers- de nos concitoyens, d'asile, de vête-
ments,' de pain^ des vieillards, des enfants au
berceau , des malades , de faibles femmes ,
errant pêle-mêle autour^des débris enflammés
de leur demeure, sont réduits au dernier degré
de l'infortune; car, hélas! ils n'ont plus même
d'espérance. Mais je me trompe; ne font --ils
{)as ïDartie de la ùoble et giénéreuse famille des
«Français? Le désastre de Salins est à peine
connu, que de* chaque partie du royaume on
i(e .hâte de secourir ses malheureux habitants.
Et vous, mes frères, vous croyant doublethent
obligés, et comme Français, et comme faisant
paierie «i^ne associat^ù spédalemént^buéé àù
culte de la bienfaisance > vous vous empre^eï
de faire part^èsiir ^ cette» pbpulaition désolée,
avec vôtre offrande, la t<^uchante expression'de
vos regrets. '
Dés cht'étietis, peut-être des maçons, i^siis
et faible reste de cette nation ëtlairée, à qui
l'Europe doit sa civilisation et le^'liîenfaîts qi^i
en découlent, sefatîgueni enfin 4*êiré toujours
esclave^pll^' aillent mieux mouri*' que soùflFrîr
plus long- tèrilps tant d'abjections et tant de
misères. Wé éh-'a^pfeltent au Bîeu (tes ôhrétiénis
et à leur'êpée. Là lutte est- longue, sanglante^
terrible ; éWè intéressé totftë la chrétienté'.
Cette poigtiëe^ de brèves K utïe coristàhce âTê-
prèuve de toiit, eWepté â %elié de ïa fàim.
Défenseui^s db Missôlôhghi î vous ne demandiez
que du pain pour prolonger votre héroïque
résistance jusqii^à la destruction totale de. yqs
stùpides ennemis ! Faute de ce faitle secourg
vous périssez ! et les débris de la cité qui fUit
vçtre berceau, çinoLent^s par le sang=DpiusulD5ia%
deviennei^t votre glorieux tombeau. I^'çxe.iï\p]§
sublinje de codage que ppada^tplus d'ufle
anpée voi^s avez donaé au. monde, i.iUusllre à
jamais notre .âge, et la postéritp adfpirçfa/,.yé-i
nérera l<es. hérons. {Ip. Misâolooglji^ , ; comqae . no^id
Mais guelqu?^ fi^iDm^'> qu^l^u^ ènfaDits ont
échappé à 4aTit 4è cato«lrophe$ ; votre géné-
reuse offrande ^ adressée au comité, grée > a eu
apécialeaaen^.ppqr objipi jt)e secourir p0$ j^ltes
îpfprtuués d'u;PQ . p^imlatipa 4oi^t la lii^éni^ife
Pi8pa;:0^rp^lii[e. >. ;/.,; ;% ■;, ^ . : ■
,;;JLia:p?p^ réacftftt^ d'^m d^ .^08 frères les plw
4ifl^i^gués a d<Hiloùreu8«i|i(eaÇa£E$^té1^os4S€^ûrs;
ç)}e^ troublé .la: jqie que vous, om: f^t ép^ouypr
|,^ PQittbreweâ a$l^ et i|qt4^ati^ns:qi|ii)nt
ei^richi la loge peiidai^tk^^oure de cett^ anuée.
J^ laisse à d^ bq\icjbes plqs élpq^e9tes ,1/^ sqia
cije-Tpqf tTjfi^çer^ df^s u^e ;céwni,9p spéçiia^ejçftept
consacrée ^ cet objets le tafatleau d^s r.arès vçr-
tuSî, du noble çarac^èi^ de notre regrçtté fivère
Cavïus.
Ce lour, mes frères, n'est pas consacré à la
douleur, .il doit éjLre donné tout entier aux
êpanchements dé l'amitié et' à t'échange de ces
doux sentiments qu éprouvent toujours les gens
ék bien lorsqu^^ils se trouvent réunis/ Livrez-
VOuS-y sans côiilï*âràtèV Nttbles visiteur^, rece-
vez par mon orgkne Texpressiôii de la recon-
iiaissance de tous les membres de la loge, pour
hi'favétar 'Signalée que vous avez bien voulu
létit* faire ; et vtHi^ , mes frères, membres de
ce respectable atelier^ continuez ^ par la régu-
larité de yxM 4ravaux , l'amënké 4e ^os «eeurs ,
et par votre g'aîté franche et cordiale /à mériter
l'estime^ Tamitiéet lawfWpi^^GQ 0u Grand Orient
de France, et de tous nos frères.
£^ ««.■•<
3g6 GHOIÏ HÉ DISGOORS.
DISCOURS
PRONONCÉ DANS LB 8BIN DE LÀ L06B DES ABTS BT DE l'a,-
MITIÉ, PAR LIE, FRERE NEVEU, VENBRABLE DE LA LOGE
DBS IMITATEURS d'oSIRIS.
La loge des ^rts et de V Amitié , fidèle ou-
vrière et fidèle amie, honore trop sincèrement
et son titre et sa destination pour ne pas être
au - dessus des éloges d'une sœur qui ne peut
encore se glorifier que de lui avoir voué son
admiration et son estime ; mais cette sœur a
reçu d'elle des preuves d'un intérêt tout par-
ticulier qui lui commandent des sentiments
moins froids, et, aussi prompte à reconnaître
qu'à désirer une bienveillance si fraternelle-
ment témoignée à son jeune âge et à sa pros-
périté, elle ne peut tarder plus long- temps à
lui ofifrir un gage de son dévouement particu-
lier, et surtout de son véritable amoui\
La loge naissante des Imitateurs d^Osiris
nous envoie donc aujourd'hui en ' députation
vers vous, mes frères, autant pour vous témoi-
CHOIX DÉ PIS COURS. 5qJ
gner sa ireconnai^ance des lumières et des
exemples utiles qu'elle a eu l'avantage de pui- •
se» dans tous ceux de vos travaux où vous lui
avei^ fait la faveur d'admettre ses fds^ que pour
augmenter encore cette dette , devenue un
gage de son existence. Elle aspirait avec impa-
tience à voir briller enfin ce jour, pour elle
glorieux, où elle pourrait, sans contrainte et
sans réserve, vous déclarer et son attachement
et ses vœux. Vos âmes maçonnes et vos cœurs
fraternels apprécieront , sans aucun doute ,
miQux que nous ne pouvons vous les exprimer,
le charme et l'enthousiasme du. désir sincère
qui lui fait chercher dans votre sein les mème$
sentiments que vous lui avez inspirés. . ^
Vainement voudrions- nous nous faire un
mérite de l'accueil chaque fois plus flatteur que
nous avons reçu de vous , et des motifs qui nous
ont portés à distinguer, au> nombre de nos
sœur^, quelques loges recomÂiandables surtout^
par la sage direction de leurs travaux, par leur
régularité, et par le zèle. de leurs ouvriers à
étudier comme à pratiquer franchement la
douce morale maçonnique. Etre ainsi récom-
mandable, et désirer se rendre telle, c'est k
vrai mérite personnel auquel chaque loge doit
aapirer afin d'être réellement ce qu'elle doit
être; et ce mérite, tout honorable qu'il est,
3g8 QBOÏX- D» Dr^GOûBs;
eomme le nérite iotlividuel de Fhofitfme, llibfï-
Beur, n'est que sa part naAorelle au bien géné^
rai de Fofdre^ san^ laquette 90n intégrité sertitt '
Gompromise^ son existence menaeée, et éés-lor^
aussr» l'iat^rité et l'existence de chaque làg^*.
Mais'^ df^ tàèine que dans la ^oo^té génëi^ale/
les hommes se rechereiieiit et conttacteht entï^e
eux un lièD plus étroit, par suite àë la ^ttii)[>^^
i;bie dé léifTS idées; de leurs gôùcs> de létifs
sendments, de même* tes k^sv qu'on tie peut
pas> ne pa» considérer comme ayâfnt chaiï^une
des mœurs /uf» caraetère, des habitudes', qui'
érad>U6sent et manifestent soti individualité, se
reebei^henti aus9iiet s'uni^send pltid étroitèttiént
par suite de semblaUiÈs» itfnpuhiomi
Si nom a;^ouon», avee quelque fierté petit*
ètvé, que nous sommes conduits a«iKi41iëii' de
vous, mes fi^èms , par cette" impulsion* qu'il n«
dépfend pas du> cœur de resefentir otr de^ n'ë^
prouter pas^ ; « sîf nous- nom enipreasocfi^V âë
tOfatrifesCer respcÂt dont elle ilous flatYii^^ d'im^
bonheur p{us:g»and éi coinme hoEpilies et o^ittme^
maçon»; pwsqu!il s'agpt, pour nous, de doimer
plus dSex tension àrtousikt! senlimeut» i^misqcri'
assurent, éi.l^mei ses plus* doiièes jouiseaweesi,
c'eso.qjne n0W> sommes bieneonimiuQU^'qu'éH
doiinant à des frères^ etfac^mèmés si rrrlknemeof-
péRétnéstdesisages'prinetpies de lâi morale: natti-
CHOIX BK D1SOO0RS. 3Q9
relie et de )a morale fnâçdfttiique^ ce t^SKin-
gnage de notre affeietioft^ ih sfauront l'appré-
cier, en en cherchant la vâletir réelle là où elle
existe, et, sur ce point, une qualité essentiels
lement maçonnique, dont nous aimerons tou-
jours à faire pretive, nous interdit d'exciter
davantage votre bienveillance*
Cependant, me» frères, nous croirions ne
satisfai^pe qu'insuffisamment notre ardent désjf,
si, en adressant avec sollicitude à votre respec*
table loge, la demande en affiliation de celle
de^ Imitateurs d^Osiris^ non» omettions quelque
moyen de captiver aussi votre confiante; et,
.»fin de parvenir à ce résultat, si important
pour le. succès de son vomi, nous regardons
comme le plus digne de votre noble caractère,
et comme le plus efficace, celui d'appuyer sa
prière sur les mêmes considérations et da»$ les
mêmes vues d'intérêt général, qui ont déter-
miné sa création.
Les fondateurs de la loge impéitrante ppès de
vous , 86 sont dit : ^
Un demi -siècle d'une révoltition féconde un
bien et; en mal, qui a boulerversé généralement
l'esprit, les idées,, les mœurs, et toutes les ins*
tituti<m0 des peuples, a vu disparaître de la
société un grand nombre de préjugés, de cou-
tumes , de masiimes et de lois contraires au
400 CHOIX DE; DISGOU.BS.
bien-être des hommes; mais en morale, coiQme
en politique, toute réforme violente entraine
après soi tle nouveaux abus, parce :que notre
perspicacité n'a pu tout prévoir. .
S'il est dans la nature humaine de cheminer
à pas lents vers son perfectionnement, il n'en
est donc pas moins vrai de dire qu'il est donné
à la volonté de l'homme d'opérer, dans son
esprit et dans son cœur, dans ses moeui*s et
dans ses relations sociales , les changements
que lui rend néces8p,ires le besoin du bonheur.
Sans approfondir davantage, en. ce moment,
cette question susceptible du développement le-
plus étendu et le plus consolateur, l'îdëfe seule
en suffit à l'homme sage, pour apprécier le
devoir qu'elle lui impose, celui de contribuer
die tous ses efiforts aux progrès des lumières
morales.
La franc-maçonnerie a ce but pour essence;
cependant cette institution, d'une source, si
vénérable, reproduite sous tant de noms et de
formes, depuis l'origine des sociétés humaines,
quoique de nature, par ses préceptes éminents,
à être transmise d'âge en âge avec moins d'al-
tération, a subi aussi, dans ses. principes et
dans sa marche , des modifications que son
histoire, chez les diverses nations qui ont peu-
plé le monde, nous montrera tantôt propices,
CHOIX DE DISCOURS. 4^1
tantôt funestes à son existence^ mais sans par-
ticiper également aux progrès des lumières;
et, il faut même en convenir, il s'y est opéré,
dans ces derniers temps surtout, au lieu d'une
amélioration que semblaient lui promettre et
son but et ses efforts de l'esprit humain, un
relâchement que, sans hésiter, on peut dire
destructeur de Tordre. En y réfléchissant, on
est forcé die reconnaître que , soit par une com-
plaisance trop facile, soit par une négligence
plus condamnable encore, soit même dirai-
je par une insouciance méprisable ? non ; mais
j'oserai dire dans des vues qu'il serait trop pé-
nible de qualifier, l'utilité si importante de la
franc-maçonnerie, sa morale si sublime, ses
charmes si réels et si doux, ont été ou méconiius
ou sacrifiés.
Quçl est donc l'homme sage, le maçon vrai-
ment tel, dont le cœur n'a pas senti le besoin,
n'a pas formé le souhait sincère de voir rectifier
dés eri^eurs si préjudiciables, et qui doivent lui
causer des regrets d'autant plus pénibles, qu'il
est plus pénétré des bienfaits dont elles tendent
à priver l'humanité ?
Dans' cette pensée qui, pour nous, comme
pour tous les bons maçons, devient. un devoir
si imposant et si cher; dans l'intention bien
mûrement réfléchie de ramener, de mainte-
II. 26
4oa CHOIX BB DISCOURS.
nir la franc -maçonnerie à ses bases primilîves
et à la haute sagesse de son institution ^ nous
avons conçu et résolu le projet de fonder, sous
le titre distinctîf des Imitateurs d^Osîris, une
loge composée y d'abord, de maçons choisis
comme fondateurs, et ensuite de membres dont
les initiations et affiliations seront soumises aux
examens et aux conditions les plus scrupu^
leuses , conformément au véritable esprit et à
l'intérêt essentiel de l'ordre en tous les temps.
Non pas que nous prétendions nous distraire
de l'égalité fraternelle qui est vraiment aussi
H Tun des premiers mobiles de tous les prin-
u cipes de notre ordre; loin de nous encore
« l'idée ingrate de faire schisme , le sentiment
(f égoïste d'abandonner nos frères pour jouir
u seuls des plus grandes douceurs que nous
fc envisageons dans le succès de notre entre-
¥ prise : non, des vues sages, tolérantes, phi-
ic lanthropiques , guident notre volonté bien
fc sincère, notre ferme résolution de nous met-
u tre à l'ordre, et de marcher d'un pas assuré,
« avec ferveur, avec sévérité, vers ce perfec-
(c tionnement nécessaire que nous désirons de
i< l'institution maçonnique , afin qu'elle puisse
fc à jamais propager l'amour du bien , la véri-
u té , la vertu I >i
Tel a été le mot de ralliement qu'il a suffi
CHOIX DB DISCOURS* 4^3
de faire entendre à des maçons aussi zélés que
bien intentionnés pour les voir, presque spon-
tanément^ s'unir et fonder cette. loge dont les
premiers travaux attestent également et la
nature et la destination. Le nombre de ses
membres s'est augmenté d'acquisitions qu'elle
peut se faire gloire de citer, et c'est aujour-
d'hui le vœu de trente-sept frères que nous
avons la faveur de soumettre à votre délibé-
ration ; ils vous demandent d'associer vos efforts
aux leurs, afin d'assurer et de hâter l'œuvre à
laquelle tous les fidèles ouvriers /rancs-maçons
doivent coopérer.
Quant à nom , très-chers et Crès-respedtables
frères, quelle t[ue «oit votre détermination^
nous aurons toujours à nom féliciter autant de
Faccuéil que voue nous avea fait, que du choix
qui nous a valu le plaisir de le recevoir, et nous
vous prions d'agréer, avec votre aménité accou-
tumée , les signes et les acclamations de notre
sincère reconnaissance.
4o4 CHOIX DE DISCOURS.
DISCOURS
PfiOKOlICS DAVS LÀ LOGE DES ÀETs' ET DE L*AUlTlé , PAR SOH
VBHÉBABLB LE FRERE NICOLLET.
Très-chers frères y
Le jour où vous avez daigné m'appeler pour
diriger vos travaux, j'ai eu la faveur de vous
annoncer que je désirais répandre quelque in-
térêt sur nos réunions, en vous développant les
points principaux de la science maçonnique.
Mais avant de commencer la tâche que je me
suis imposée, je dois entrer dans quelques con-^
sidérations générales sur notre atelier, :sur mes
devoirs, sur les vôtres^ sur ce que nous faisons
et sur ce que nous devrions faire. Cet objet
important doit précéder toute dissertation sé-
rieuse; je vais y consacrer quelques instants «
et je m'estimerai heureux, si, en remplissant
mes devoirs , je puis encore mériter votre
attention et votre indulgence.
Je saurai me renfermer dans le cercle qui
CHOIX DE DISCOURS. 4^5
m'est tracé par mes fonctions. Je me garderai
bien d'anticiper sur le domaine de ceux à qui
vous avez confié le ministère de la parole ^ et
de faire naître une comparaison que je ne
pourrais soutenir; je sais que c'est à eux qu^l
appartient de faire comprendre la force , et en
même temps la douceur du lien qui unit la
maçonnerie; c'est à eux d'expliquer la puis-
sance merveilleuse de cette institution , dont
les principes portent les hommes à se rappro-
cher^ et leur font trouver tant de plaisir à être
ensemble; c'est à eux de vous montrer la science
épurant k cœur, éclairant l'esprit, élevant
l'homme au-dessus de lui-même, lui faisant
aimer son semblable; c'est à eux enfin de vous
la peindre resserrant toutes les affections so-
ciales, et contribuant, avec les diverses insti-
tutions civiles, au bonheur général..
Mais c'est à nK>i qu'appartient la tâche, moins
brillante, de faire connaître les principes de la
science, de la faire pratiquer par les ouvriers,
de diriger ceux-ci dans leurs travaux, de re-
chercher les vices ou les abus qui pourraient
s'introduire parmi eux, afin de leur appliques
des remèdes aussi prompts que salutaires.
Disons-le donc, mes frères, avec les maîtres
les plus instruits , l'édifice maçonnique est loin
de sa peifection; et l'on ne peut s'en étonUer
4o6 CHOIX DE DISCOURS.
quand on réfléchit au peu d'ensemble , au peu
d'accord et att peu de zèle que nous apportons
dans une étadè audsi difficile et aussi longue
que Test celle de la maçonnerie* Nous nous
abusons, mes frères, si nous croyons être maçons
parce que nou« assistons au spectacle d'une
initiation, ou parce que nous partageons l«s
délices d'un bdnqUet. Comme toutes les autres
sciences, la maçonnerie âe dWise en plusieurs
parties, qui tout classées par ran§ de difficultés
et d'importance. Chaque grade, offrant des
connaissances nouvelles, devient la récompense
des travaux que l'on a faits dans celui qui le
précède; tout dans cette science, d'une qiorale
sublime > est coordonné de manière à piquer la
curiosité, à exciter l'émulation et h augmenter
les lumières de l'homme qui s'y livre. Par
quelle fatalité la plupart dès nouveaux initiés
se montrent-ils indifférents à suivre une car-
rière aussi belle ? Far quelle fatalité se borafân^-
ils à répéter des mots sans idées, et des s^des
sans images pour eux? Par quelle bizarrerie
leur première ferveur est*- elle paralysée dés
leur entrée dans le sanctuaire ? Pourquoi leur
esprit ne voit -il pas plus loin? Pourquoi leur
cœur ne veut^^il rien de plus? Pourquoi, au
moin^, la conscience ne retient -elle pas ces
déserteurs de la foi maçonnique dans «ne cir-
CHOIX DB DISCOURS* 4^7
conspecUoa qui les empêche de mal interpréter
des connaissances qu'ils n'ont pas voulu se don«
ner la peine d'acquérir? Toutes ces questions
sont déplorables^ mes frères; chacun de vous^
en secret, y répond avec douleur ; Je vous imi-
terai sur ce point ; je ne révélerai point des
maux sur lesquels, depuis long-temps, les' vé-
ritables maçons gémissent ; je ne révélerai point
des maux qui tiennent non pas à la nature de
la science , mais à l'abus que l'on f^jit àe ses
principes ; l'expérience d'autrui corrige peu ,
e\ je erms qu'il sera plus sage d'indiquer les
remèdes qui doivent être opposés à une maladie,
qui wms menace , que de décrire froidement
les ravages qu'elle a produits chez les autres. Si
nous voulons travailler à la propagation de l'or-
dre; si nous voulons remplir les engagements
que nous avons contractés comme maçons; si,
enfin , nous avons à cœur de posséder une science
qui renferme les éléments du bonheur, com-
mençons par repousser au loin ces prétepdus
maçons, qui, se dérobant aux regaràs de leurs
frères et à la surveillance du Grand Orient,
font, dans les lieux profanes ou même dans les
temples consacrés^ un trafic honteux de la
maçonnerie.
Repoussons également ceux qui s'insinuent
dans les ateliers pour le vU motif de l'intérêt.
406 CHOIX DE DISCOURS^
OU par des spéculations mercantiles , ou qui ne
voient daus la maçonnerie que le moyen de
satisfaire deà goûts matériels. •
. M'imitons pas ces. ateliers qui^ mus par le
dé^ir de, répandre plus de charme sur leurs
travaux , transforment les temples en cabinets
de lecture 9 ou en salons de politique, ou en
bureau de commerce ; ce n'est pas que la sévé-
rité de morale maçonnique s'oppose à ce que
les maçopis vivifient leurs réunions par l'attrait
du plaisir; mais il esta craindre que dans les
loges on ne finisse par s'occuper de toute autre
chose que de la maçonnerie.
N'imitons pas ces ateliers qui^ dans les ini-
tiations, emploient ces formes trop peu propres
à donner aux adeptes une idée juste de notre
institution; nos maximes peuvent- elles rien
avoir de commun avec des expériences de phyr
sique ou avec des appareils dç chirurgie ? Si
l'initié est un homme qui jouit des connaissances
que procure une bonne éducation, quelle idée
9e formera-t-il de notre ordre ? ne prendra-t-il
pas en pitié toutes ces jongleries ? Et n'est- il
pas à craindre que le mépris ou le dégoût ne
soit le premier sentiment qu'il éprouve dès 90u
entrée au milieu de nous? Rendons-nous dignes,
de l'attention des hommes véritablement in8<^
trui ts. l»a société civile a^ dans son sein, des hom-
CHOIX DE BISCOU&S. ^OQ
meê remplis de lumière, di^ihgoés par leurs
rangs et leurs qualités , essentiellement ver-
tueux, et maçons par inclination; il ne leur
manque que la régularité ; ils recherchent la
solitude, la paix, les douceurs de l'amitié, et
les occasions de répandre des bienfaits ; tâchons
d'attirer leurs regards par nos mœurs ^ nos lu-
mières, et surtout par ce dévouement fraternel
dont l'homme a besoin à chaque instant ; nous
le pouvons, nous n'avons qu'à le vouloir : choi-
sissons-nous bien, lie soyons que sept, s'il le
faut, mais soyons sept frères, et notre loge sera
parfaite.
Fuyons surtout ces ateliers où la voix de
l'humanité sort de la bouche de Torateur, sans '
pénétrer dans le cœur des assistants, où la
caisse de l'hospitalier est sans fonds , et l'hos-
pitalier lui-même sans fonctions.
Attachons-nous à ces ateliers qui travaillent
en silence, qui ne visent point au bruit, à la
célébrité, et qui, par cela même, sont les mo-
dèles que nous devons imiter; c'est là que sont
les vrais maçons qui aiment à se réunir pour le
seul [Plaisir d'être ensemble, qui savent joindre
les avantages de l'instruction aux charmes d'une
parfaite amitié , qui vivent véritablement en
frères, et sont toujours prêts à voler au secours
lesuns des autres ; chez eux, point de jalousie^
4ip GttOiX 0E DISCOURS*
poÎBt d^oBtenlation ^ ni aucutie de ceê f^iMsioM
vileê et ii^éressées qui y tant ée fois, ont amchné
la ruine des plus belles sociétés. Ces ateliers
dont je parle, et dont je ne prétends pas faire
un éloge qu'ils n'attendent de [Hersonne, pro^
fessent moins la bienfaisance qu'ils ne la pra-*
tiquent } œ sentiment est regardé comme le
premier de leur "devoir, comme la première
charge de l'association qui est acquittée non-i
seulement sar les offrandes volontaires, mais
sur les cotisations nécessaires à la prospérité de
leur atelier.
Ainsi y mes frères, les écueijs sont signalés^
nos modèles sont choisis, notre bot est bien
déterminé, la route pour y parvenir est bien
tracée; livrons-nous donc à des travaux sérieux;
propageons cette institution qiii travaille au
bonheur de l'homme, qui s'allie sans peine ai^ec
toiUes^>^les opinions f qui est de tous les temps ^
de tous les pays, dé toutes les conditions , cette
institution qui fait du monde entier un seul
peuple de frères, qui cache avec sincérité le
bien qu'elle fait, et qai ne s'ingère en rien des
affaires civiles ; cette institution enfin, qui ne
coûta jamais de larmes à l'humanité , qui prend
l'union et la vérité pour dogmes, la bîenfai*-
s^ce et la vertu pour morale.
Travaillons sans rdâehe; quel moment plus
CHOIX 0Jft DISCOURS. 4^
iotéremant pourrions -nous choisir pour rani-
mer notre ardeur^ que celtti où Tastre du jour
regagnant notre hémisphère ^ va redonner aux
champs leur paixire^ aux jardins leurs par-
fumSy aux bosquets leurs concerts ! La nature^
sortant d'une îéthai^fe momentanée^ va par-
tout reproduire une nouvelle vie ; renaissons
avec elle^ et qu'une sainte amitié préside à tous
nos mouvements I
Amitié I divinité bienfaisante et consolatrice !
toi qui^ chez les anciens^ fis naître ces légions
sacrées, ou la mort ne pouvait pas même sépa-
rer les guerriers unis deux à deux par tes liens;
toi qui fis naître tant de prodiges chez les
hommes de tous les rangs, et de toutes les na*
tions , descends au milieu de nous , anime les
colonnes du temple de ton souffle divin ; que
tout ici ressente les effets de ta magie; tu es le
principal but de notre culte et l'objet perpétuel
de nos hommages, tes sanctuaires sont dans nos
temples, et tes autels dans nos cœurs.
^12 GHOJX PE DISCOURS.
EXTRAIT
DES TRAVAUX FUNÉRAIRES
DE LA R.'. l.f. CHAP.*.
DES ARTS ET DE L'AMITIÉ.
DISCOURS
DD T.*. H.*. FBEBB GRAND O&ATËVA.
Appelé par les devoirs de la charge hono-
rable que je tiens de votre bienveillance , à
vous entretenir du triste et douloureux sujet
qui nous rassemble aujourd'hui, je laisse ce-
pendant à un autrç le soin de vous retracer les
talents et les vertus de Testimable frère que
nous pleurons. Un savant *, également recom-
* M. NicoUet, astronome à TObservatoire royal,
chevalier de la Légion - d'Honneur, examinateur^ des
Écoles de la marine royale.
CHOIX DE DISCOURS. ^î5
mandable par la perspicacité de son esprit et
par la bonté de son cœur, depuis long -temps
lié de la plus intime amitié avec le frère Gay-
lus^ a bien voulu se charger d'être l'interprète
de nos sentiments. Plus cette bouche amie nous
donnera des détails sur la vie publique et
privée du frère Caylus, et plus nous lui en
aurons de reconnaissance; car, dans l'acca-
blement 4'ùne douleur profonde , on aime à
s'entretenir du malheur irréparable qui l'a
causée.
Quant à moi j mes frères , je me bornerai à
vous présenter des considérations générales;
elles seront graves comme le sujet qui les
provoque. Vous ne les considérerez , je vous
prie , que comme une introduction au dis-
cours que vous allez entendre ; . il s'adressera
à vos cœurs , je vais tâcher d'y préparer vos
esprits.
Dans tous les temps ^ chez les peuples sau-
vages comme dans les pays civilisés^ la mémoire
des morts a été honorée ; mais le deuil et les
regrets publics se sont manifestés de diverses
manières y selon les mœurs des peuples, et le
degré de leur civilisation ; et la coutume de re-
tracer par des discours les vertus et les belles
actions des morts , n'est pas aussi ancienne
qu'on pourrait le supposer.
- )
4l4 CHOIX DB DISGOOflâ. .
On céfêbra des jeux aux obsèques de Pat ré^
de y comme avait fait auparavant Hercule à
celles de Pélops^ et nul éloge funèbre ne fut
prononcé à Ces deux occasions ; ce n'est que
bien postérieurement aux temps homériques que
les Grecs ont introduit chez eux cette manière
de rendre hommage à la cendre des morts.
Thucydide, le premier, a parlé des oraisons
funèbres qui furent prononcées (environ qua-
tre cent trcïite ans avant l'ère chrétienne) en
l'honneur des Athéniens tués au commencé^
ment de la guerre du Péloponnèse.
A Rome, le consul Junius Brûtus, ce répu-
blicain inexorable , tué dans une batafille con-
tre les Étrusques , Tan ^45 de Rotne , fut loué
sur la place publique par Valérîus Publicola,
son collègue. Le peuple, attendri, cotnprit de
quelle utilité il pourrait être pour la réptibli- .
que de récompenser le mérite , en le peignant
ainsi publiquement avec tous les traits de l'é-
loquence ; il ordonna que cet usage serait ob-
servé à la mort de tous les citoyens ayant bien
mérité de la patrie.
Parmi nous, il paraît que le vaHtant du
Guesdin, mort en i38o, et dont les cendres
reposèrent à côté de celles des rois , est le pre-
mier dont on ait prononcé l'oraison ftinèbre ;
cet usage s'est perpétué jusqu'à nos jours, et
CUQUL B% DISOODII&. 4^^
il a tiré un grand lustre des orateurs du siècle
de Louis XIV, qui se sont consacrés à ce genre
d'éloquence. Qui n'a paâ présente à la mémoire
quelques-uns de ces traits sublimes ou tou^
chants , répandus avec tant de profusion dans
les oraisons funèbres de Bossuet , de Fléchier,
de Mascaron ?
Mais y dans le monde , mes frères , la pompe
d^une oraison funèbre est réservée aux grands
de la teifre ou à ces citoyens distingués qui ,
par des actions extraordinaires, se sont élevés*
au-dessus de leurs semblables* Les morts vul-
gaires ne reçoivent pas un pareil hommage;
leurs yertus modestes ne sont célébrées que par
les larmes de leurs proches , et des pauvres
qu'ils ont secourus.
Quant à nous , mes fràns f membres d'une
société autôi ancienne que respectable , d'une
société dont le but principal est de fortifier Ta-
mitié , l'assistance mutuelle , et tous les senii^
ments qui ^contribuant à faire obserter ce que
les hommes se doivent les uns aux autres; d'une
société enfin dont l'égalité maçonnique est le
fondement , nous nous faisons un devoir de ren-
dre à tous les frères que nous perdons un égal
tribut d'hommages eiàé regrets; et si l'orateur
qui parle sur leur tombe n'a pas à nous en-
tretenir de ces actions extraordinaires qui ont
4l6 CHOIX DE DISCOURS.
excité l'admiration ou Tépouvante ^ ses paroles
nous rçtracenl du moins des vertus civiles et
domestiques. Elles nous rappellent des exem-
ples de courage et de vertu; et^ en nous fai-
sant verser des larmes sur les cendres à peine
refroidies d'un ami, elles nous excitent à res-
serrer de plus en plus les liens qui nous. unis-
sent.
Je devrais m'arrèter ici, mes frères, pour
laisser l'éloquent orateur qui doit me succéder
satisfaire à la juste impatience où vous devez
être de l'entendre ; je ne voudrais p^s retarder
plus long-temps le douloureux plaisir que vous
allez éprouver en écoutant l'éloge d'un ami ,
d'un Frère qui nous s^ été si cruellement et si
inopinément enlevé. Mais je regarde comme un
devoir de vous exposer les motifs qui ont enga-
gé la loge, honorée par l'affiliation du frère
Caylus, à s'abstenir d'orner la fête funèbre
consacrée à la mémoire de cet homme de bien,
des pompes extérieures que l'on voit quelques-
fois dans de semblables occasions.
Toutefois, j'ai besoin d'expliquer ma pensée :
ces motifs, je n'ai pas à les rappeler aux mem^-
bres de la loge; ils les connaissent, ils les ont
approuvés : ce n'est donc qu'à vous , trés-no*
blés visiteurs , que s'adresse cette dernière par-
tie de mon discours. Ne pensez pas , respecta-
CHOIX DE DISCOURS. 4^7
bles frères, que les sentiments qui nons ont
guidés dans cette circonstance soient itidignes
du frère que nous)voulons honorer, indignes de
nous, indignes de la société dont nous sommes
glorieux de faire partie.
Malgré la vive douleur que nous avons res-^
sentie , lorsque notre bien-aimé frère Caylus
nous a été ravi, des circonstances tout-à-fait
indépendantes de nofre volonté nous ont forcés
à différer l'hommage funèbre que nous devions
lui rendre. Dès-lors nous avons pensé que tous
les simulacres que nous «pourrions rassembler
sous vos yeux ne vous feraient plus illusion;
que vous seriez trop avertis , par le temps qui
s'est écoulé depuis le funeste événement, qu'on
n'étalait à vos yeux qu'une futile représentation,
propre , tout au plus , à satisfaire des oisifs in-
différents, mais qui serait sans attraits pour des
cœurs réellement contristés. Nous avons pensé,
enfin, que la dépense qu'occasionnerait cette
pompe vaine serait bien plus convenablement
faite, si elle était appliquée à adoucir quel-
que infortune , à arracher quelque maçon à
la misère et au désespoir. En agissant ainsi,
nous n'avons fait que mettre en pratique les
principes que notre à jamais regretté frère
Caylus a bien souvent développés devant ses
4l8 CHOIX DS DISCOURS.
amis^ toujours frappés de ht justesse de son
esprit. ^
Des larmes versées sur sa tombe , et des au-
mônes distribuées à nos frères les plus nécessi-
teux^ voilà les hommages qui nous ont paru
devoir lui plaire , et que nous nous empressons
d'offrir à ses mânes. Puissent- ils en être con-
solés !
CHOIX DE DISCOURS. 4^9
^ i
DISCOURS
DU T.-. R. . FRERE NICOLLET.
Mes très-ghers frères ,
Lorsque nous jetons des fleurs sur la tombe
d'un frère , lorsque nous invoquons ses mânes ,
et que nous les arrêtons un instant sur la route
de l'éternité pour leur adresser nos regrets et
les accents de nos larmes, nos expressions et
DOS" sentiments n'ont rien de commun avec ceux
que les profanes prodiguent dans de semblables
cérémonies aux illusions de la grandeur, à rof-
gueil abattu, à la gloire éclipsée.
Les enfants de la lumière ne recherchent pas
les élans d'une vaine éloquence ; ils n'achètent
pas l'éclat d'une pompe funèbre, qui est bien
plus l'occasion d'un spectacle que le signe d'une
douleur sincère; ils n'ambitionnent pas non
plug ces souvenirs éphémères que des feuilles
vénales recommandent à un peuple frivole qui
veut bien consentir qu'on l'odcupe de nous , i
420 CHOIX DC DISCOURS.
condition qu'il exercera sa malignité et sa cen-
sure. Les enfants de la lumière ^ plus vrais dans
leur douleur, plus naturels dans les cérémonies
qui la témoignent , s'enferment dans l'enceiRte
étroite d'un temple modeste et sombre. Là,
méditant sur le néant des vanités, gémissant
sur la fragilité de la vie , ils confondent leurs
soupirs , exhalent leurs regrets , et rendent
gl^âce au grand Architecte de l'univers. La mort
frappe-t-elle un enfant de la veuve, ils ne s'en-
iquièrent pas du rang qu^il occupa dans le
monde profane , de l'éclat q^'il y jeta par sa
fortune, de l'usage qu'il fit de sa valeur, de ses
talents ou de son intelligence, pour acquérir
une gloire passagère et toujours contestée. Il
fut maçon, c'était donc un homme de bien;
il fut maçon ^ c'était donc un frère; et dès-lors
sa perte en est une pour l'ordre entier. C'est
une colonne du temple que l'orage a renversée;
l'édifice en est ébranlé, les travaux cessent,
l'autel se couvre d'un voile funèbre , et toute
la famille est en pleurs.
Dans ce jour de deuil, quel événement nous
rassemble ! Un frère plein de vie , dans la vi-
gueur de l'âge , est arraché de nos rangs par
la mort. C'en est fait, Caylus n'est plus! l'art
royal a perdu une brillante et solide lumière,
la patrie un citoyen généreux et dévoué; notre
CHOIX BB DISCOURS. 4^1
atefier un de ses ouvriers le plus constant et
le plus attaché à sa splendeur^ et nous tous le
plus aimable comme le plus loyal des amis.
Vous, bien-aimés frères, GuUerier, Parât, Re-
gnaut et autres; vous qui avez été les téipoins
heureux de son honorable carrière, dites-nous
le» inoments pleins de eharmes que vous avez
passés dans le commerce de sa douce amitié;*
dites-nous cette ardeur qui Tanimait dans un
service à rendre ; ces soins inquiets qu'il pro-
diguait au lit d'un ami malade; cette égalité
4'humeur qu'il apportait dans les entretiens ;
cette gaité franche qu'if inspirait dans vos ré^
unions; ces vertus domestiques qui répandireni
tant de bonheur dans sa famille. Parlez -nous
de son cœur aimant, de son âme élevée, de son
esprit euhivé , de la distinction et des succès
qu'il obtint dans une science qu'il honora par
son caractère et son savoir; parlez -nous sur-
tout de cette politesse, de cette douceur et de
cette délicatesse de sentiments qui faisaient
naître le désir d'être un ami de Caylus quand
on l'avait vu une fois. Nous comprenons et
nous partageons votre douleur et vos regrets :
au souvenir d'un frère qui fut doué de tant de
qualités , nos cœurs sont émus, nos larmes se
confondent avec les vôtres, et il est consolant
pour nous< d'être admis à la faveur de rendre
j^22 CHOIX DB DISCOURS.
un touchant hommage à la mémoire d'un ami
qui nous fut si cher.
Mort cruelle I perte affreuse ! Ainsi donc le
nuage qui porte le trépas plane incessamment
sur la tète des humains^ et menace de les
anéantir en un instant, sans égard pour la
force , la jeunesse et la vertu. Animés par un
souffle divin , agités un instant par les orages
des passions et de l'adversité ^ nous rentrons
aussitôt dans la poussière de nos ancêtres, que
^ous foulions sous nos pas, pour être à notre
tour foulés sous les pas de nos enfants^ Pleurer
un instant les autres, être pleUrés nous-mêmes
l'instant qui suit, voilà donc notre triste par-
tage !
Mais que dis-je ? l'ami que nous regrettons
est-il perdu sans retour parce que nous ne le
verrons plus? Oh! combien le sentiment de
trjistesse qui nous oppresse en ce moment me
prouve le contraire I Douce et consolante phi-
losophie, religion mélancolique des maçons,
redis-nous que tout ne meurt pas; montre-nous
l'essence divine de l'homme, quittant sa dé-
pouille matérielle et s'élançant vers l'éternité.
Explique-nous cet attachant spiritualisme qui
fait d'une partie de nous-mêmes un être im-
mortel et impérissable. Gaylus! digne et ver-
tueux ami, tu ne partages plus l'erreur et l'obs-
CHOIX DE DISCOURS. 4^5
curité qui nous couvrent. Retiré dans le sein
d'un Dieu juste et bon , tu souris de nos ter*
reurs, tu as pitié de notre faiblesse^ tu inter-
cèdes pour tes frères. Oui, prends pitié de
nous f tristes navigateurs sur une mer battue
des tempêtes , nous invoquons ton* souvenir ,
nous nous réfugions dans la science où ton
exemple nous apprit à faire le bien; et, tandis
que l'égoîsme glace tout ce qui nous environne,
tandis que les agitations du monde accablent
d'un froid oubli le profane que Ton vient de
précipiter dans la tombe , toi , tu vis au milieu
de nous , ton ombre erre dans le temple de Ta-
mitié et recueille les hommages de notre res^
pect et de notre tendre affection. Tes frères
affligés n'oublieront point les devoirs que tu
leur inspiras et que ton absence leur impose;
pratiqueront la bienfaisance et la charité ; ils
porteront des paroles de consolation à ta veuve
infortunée, et formeront autant de sentinelles
vigilantes autour de tes jeunes enfants, afin de
les rendre dignes de toi et de les soutenir sur
le chemin de la vie.
La nature a inspiré Tamitié aux hommes : tu
nous montras que cette vertu n'est féconde
qu'autant qu'elle se répand, et ta vie entière
prouva qu'elle ne s'entretient que par la prati-
que des actions qui honorent le plus l'huma-
424 CHOIX DE DISCOURS.
nité. Nous ne saurions donc méconnaître ,une
vertu qui nous rendit heureux près de toi* Ce
temple, consacré à son culte, ne nous verra
jamais sans que ton souvenir préside à nos tra-
vaux; ton nom ne sera pas écrit sur Tairainde
nos colonnes : l'humilité de l'ordre ne le permet
pas; mais il est à jamais gravé dans nos cœurs,
et les hommes le trouveront dans la reconnais-
sance des malheureux que ta bonté soulagea.
Adieu, Caylus, notre frère, notre ami; puisse
l'hommage que nous rendons à ta mémoire
plaire à ton ombre révérée! Adieu, trois foi&
adieu.
CHOIX DE DISCOURS* 4^^
'.-■ ■ ■- - I - ,. • •
STANCES LIBRES
COMPOSÉES ET LUES PAR LE T.*, R,*. F.*. HAUMONT.
Quel désastre nouTeaa vient troubler nos mystères?
Pourquoi près de Tautel ce si^e inoccupé?
Hélas ! du meilleur de nos frères
Il ne nous reste plus que des cendres légères ,
Et dans l'un d'entre nous chacun se sent frappé.
C'est donc Coi que^ la mort a choisi pour victime!
Sous sa tranchante faulx je te vois ahattii ,
Toiy Gaylus, qu'entouraient notre amour, notre estime;
Toi qui pour le bon droit as toujours combattu ;
Toi de courage armé , de forces revêtu ;
Toi qui vouas enfin toute ta haine au crime ,
Tout ton amour à la vertu !
Il est trop vrai : c'est lui ; je ne puis m'y méprendre.
Bon père , bon époux , ami fidèle et tendre ,
Et modèle des vrais maçons,
C'est de lui qu'on pouvait apprendre
Vart de gagner les cœm*s par de douces leçons :
426, CHOIX DE DISCOURS.
Jeune, il eût dç ses pleurs humecté notrç cendre.
C'est nous qui sur l&&ienne aujourd'hui gémissons.
Je crois revoir encor cette lugubre bière
S'avancer lentement vers le champ du repos ^
J'entends l'explosion de la salve guerrière ,
Dont le bruit solennel réveille les échos.
Que n'avons-nous pu voir notre noble bannière
S'incliner devant la poussière
Des maçons vertueux dormant dans cet enclos ?
Ah! reposez en paix, enfants de la lumière
Dont la mort abrégea l'honorable carrière ,
Et dont la chair quitte les os.
Du brave cependant un brave a fait l'éloge "^^
Et du parfait maçon nul encor n'a parlé ;
Aux armes faut-il donc faire céder la toge ?
Lève-toi, digne chef, ornement de ta loge,
Dis par quelles vertus Gaylu$ s'est signalé i
Besuchet improvise , et les pleurs ont coulé.
Ce coup fatal , ombre chérie ^
Qui de notre union , rompt le plus bel anneau ,
Ce coup retentira 4ans mon âme attendrie ,
Tant qu'on verra d'Hyram flotter le vieux drapeau.
Toutefois je ne sais à ton destin nouveau
S'il ne faut pas porter envie ,
Puisqu'enfin ton âme affranchie
^ M. Deveria, grenadier de la corapaguie de Cajlus,
a iu, sur le bord de sa tombe, un discours en v^rs.
CHOIX DE DlâCODBS. 4^7
De l'obstacle grossier du terrestre bandeau, ^
Contemple en ce moment sans yoile , sans rideau ,
L'ineffable clarté de la p)iilosophie.
Ah! si la vérité t'a prête' son flambeau,
Laisse tomber sur moi cette lumière amie ;
Je t'ose demander ce que c'est que la vie :
N'est-ellci point pour l'homme un trop pesant fardeau ;
Et les soins dont elle est remplie ■
Yalent-ils la paix du tombeau?
Qu'ai -je dit? L'ombre courroucée
Sur moi lance le feu d'un regard menaçant ;
Ah! pardonne, ombre sainte, en disant ma pensée,
Si ma langue a failli , mon cœur reste innocent.
Je ne m'abuse point : de l'ami le plus tendre
La Yoix a répondu , je crois encor l'entendre :
<t Pour l'homme , a-t-eUe dit , c'est trop peu de mourir.
« Se» premiers cris lui fopt comprendre
H Qu'il est né pour vivre et souffrir.
M La vie est un champ clos où Thomme doit courir ;
« Il est fait pour lutter, combattre , se défendre ;
« Sa condition est d'agir.
« Oui , poursuit cette voix , la vie active et pure
« A plus de prix aux yeux de la Divinité ,
« Qu'une mystique oisiveté
H Opposée à notre nature.
« Qu'importe à la société
« La fastueuse austérité
^28 CHOIX DK DlSCeURS.
M Qu'un stupide faquir endure?
« La froide insenMbilité
^ Dont au^ yeux du vulgaire il tire vanité*
« N'est qu'une grossière imposture ;.
« Et la vertu ne se mesure
« Qu'à la publique utilité'.
t>
M L'être insensible à tout, qu'autnn. désir n'exdte ,
« Que jamais n'ont touché les intérêts d'autrui,
« Au banquet de la vie assiste en sybarite^
M Accablé sous le poids d'un dédaigneux ennui.
« Et lorsque d'exister l'égoïste s'irrite ,
«< Il subit en mourant le tourment qu'il mérite ,.
« Le tourment d'être seul et de ne voir que lui. ~
« Pour tout dire en- un mot. Ta tombe est un asile
« Où l'homme n'a droit d'aspirer
« Qu'après avoir payé par une vie utile
« Ce délassement fixe et ce sommeil tranquille .
M Que le ciel indulgent daigna nous assurer. »
Ainsi parle la voix que je viens d'adjurer *.
C'en est fait, affermi par ta raison sublime,
O mon frère! j'abjure une fausse maxime.
Qui de l'homme aveuglé placerait le bonheur
Dans le. repos illégitime ,
* Nous n'avons fait que mettre en vers cette morale que
le frère Gaylus nous a développée à l'occasion d'un triste-
CTénement déjà éloigné de nous.
CHOIX DE DISCOURS. 4^9
Dans la srtërile paix d'un tombeau sans honneur.
La mort volontaire est un crime ;
Vivons : par le travail conjurons le malheur.
Ainsi, plein de jours et d'années ,
Parmi les âmes fortune'es
Caylus menta d^étre admis ;
Et sa tendresse fraternelle.
Du haut de la voûte étemelle ,
Veille encore sur ses vieux amis.
O toi dont tout ici rappelle la présence ,
Quand la mort pour jamais te dérobe à nos yeux » ^
De ma juste reconnaissance \
Reçois cet hommage pieux.
Mais puisque l'Éternel, jaloux de ta belle âme,
Nous envie, 6 Caylus, ce dépôt précieux.
Revole , ombre trop chère , au Dieu qui te réclame ;
Emporte avec toi dans les cieux
Nos regrets, nos soupirs, et nos derniers adieux.
430 CHOIX DE DISCOURS.
LOGE DES FIDÈLES ÉCOSSAIS.
A PAILLETTE, pompier, et MATHIEU, charboswier,
AD MOMBHT OÙ ILS SBCSTAIBITT LE »EIX SB TBETV *.
Salut , hommes de bien ! salut , excellents cœurs ,
Aussi grands par yos faits que simples dans vos mœurs I
Qui n'enyîrait l'honorable couronne
Qu'on vous décerne en cet instant ? x
Elle vaut bien les lauriers de Bellone
Et ceux qu'on accorde au talent.
Honneur à qui pour sa patrie
S expose aux dangers des combats !
* Les deux pièces de vers que nous donnons ici nous ont
été communiquées par le digne et respectable frère Bouilly^
la première a été prononcée par lui dans la séance si inté-
ressante où la loge des Fidèles Écossais , présidée par le
frère Chemin Dupontès , décernait pour la seconde fois des
prix à des actes de vertu et de dévouement philanthropiques.
La plus brillante réunion assistait à cette touchante solen-
nité , et des pleurs d^attendrissement coulèrent de tous les
yeux au moment oii les deux modestes héros de la fête reçu-
rent la récompense de leur noble conduite. Paillette , chef
des sapeurs -pompiers de la Yillette, déjà connu par plas
d'un trait de courage et d'humanité , avait tout récemment,
CHOIX DE DISGO0IIS. 45t
Honneur à l'homme de génie
Qui, prot^eant les arts et Tindustrie,
Fait la prospe'rité, la gloire dek Etats!....
Mais résister aux pleurs d'une épouse chérie.
Aux caresses de son enfant,
A leurs yeux exposer sa vie ,
Pour arracher d'un gouffre empesté, repoussant,
De pauvres ouvriers, victimes de leur zèle,
« Ne possédant qu'un peu de pain ,
Et qui, pour prix d'une action si belle,
N'ont, hélas! à donner qu'un serrement de main
Mais briser la voûte de glace
Qui du canal captif couvre les flots mouvants ;
S'y jeter à la nage , y retrouver la trace
De trois infortunés engloutis , expirants :
Les porter sur ses bras à la rive prochaine ,
Et réchauffer de son haleine
soustrait à la mort quatre individus engloulis sous la glace
du bassin ; Mathieu , charbonnier, s'exposant à une mort
presque certaine et s^arrachant des bras de sa femme qui
cherchait en vain à le retenir, se fit attacher à une corde, pé-
nétra dans une fosse d'aisance où plusieurs ouvriers venaient
de tomber asphyxiés , et les relira tous de ce gouffre mortel.
La seconde pièce de vers est adressée au fils du célèbre Le-
gouvé à qui notre bon frère Bouiliy donnait la lumière ; il
était son tuteur. On retrouve dans ces deux pièces de vers
l'élan et l'entraînante sensibilité qui firent le succès de
toutes les productions de l'auteur. Mais quel plaisir de l'en-^
tendre , et combien sa noble diction ajoutait au charme de
sa [ioésie! Les dames ne se lassaient point d^applaudir celui
qui venait de leur faire éprouver de si douces émotions.
43:2 CHOIX DE DISCOURS.
Leurs sens glace's, leurs membres palpitants
Ce sont là de ces traits devant qui tout s'efiface ,
Grandeur, puissance , antique et noble race «
Savant , poète , artiste et guerrier citoyen :
Le plus grand est celui qui fait le plus de bien.
O bon peuple français ! Et Ton te calomnie ;
Et l'on te peint séditieux, cruel,
' Armé , dans ta fureur impie ,
Contre les droits sacrés du trône et de l'autel!
Confonds tes détracteurs ; cite-leur pour exemple
Ces héros de l'humanité !
Jamais de la Sorbonne ils n'ont connu le temple ;
Mais ils sont grands docteurs en fait de charité.
Ils n'approchent jamais de la toute-puissance ,
Ne partagent point ses faveurs ,
Mais loin d'envier les honneurs,
Ils aiment de leur sort la douce indépendance ,
Et bénissent le roi , dont l'auguste équité
Maintient la sage liberté
Si nécessaire au bonheur. de la France.
Puissants du jour, cœurs vains, indifférents,
Qu'éblouit un beau nom , qu'endurcit l'opulence ,
y ous qui nommez petites gens ,
Ceux qu'on voit chaque jour, par mille traits touchants,
Vous surpasser en bienfaisance.
N'accablez plus de dédains insultants
Ces ouvriers, ces artisans paisibles ,
Courbée sous le fardeau de leurs travaux pénibles ,
Et qui, de leurs sueurs , nourrissent leurs enfants!
Ils couvrent quelquefois d'une obscure enveloppé
CHOIX DE DISCOURS. 4^3
De rares qualités, de nobles sentiments;
Et sont plus chers au cœur du pliilanthrope
Que tous ces petits grands seigneurs ,
Elégants désœuvrés , dangereux séducteurs ,
Que ces dévots titrés , que ces francs hypocrites
Qu'on voit en robe courte , et mondains cénobites ,
Au milieu des plaisirs prêchant l'austérité,
Cacher, sous un regard farouche
Les désirs de la volupté ,
Et , tout en lorgnant la beauté ,
Ne prier Dieu que de la bouche.
Mais détournons les yeux de semblables portraits !
Reportons -les sur vous, dont la vue et les traits
Calmant du désespoir les angoisses funestes ,
Deviennent déjà des bienfaits.
( Aux six quêteuses. )
Beaux auges descendus des régions célestes ,
Allez , en avançant votre timide main ,
Allez quêter, vierges modestes ,
Pour celui qui n'a pas de pain.
Demandez : la pitié sied si bien à votre âge !
Demandez : vous aurez A votre doux langage
Qui pourrait opposer un refus rigoureux ,
Quand vous direz : « C'est pour les malheureux ! »
Mais... comment le penser ? si quelque esprit rebelle ,
Fuyait le tronc du pauvre , à ses yeux présenté ,
Et se montrait, par une erreur cruelle.
Sourd au cri de l'humanité
( D£si){Dant PaiHette «t HatBiea )
Ah! dites -lui ce qu'ils ont fait pour elle.
II. 28
434 CHOIX DB DISQOOKS.
A ERNEST LEGOUVÉ,
LE JOUA OÙ JE LE REÇUS FRÀNG-MAÇON.
Grâce à la divine lumière
Qui fait les vrais amis et les hommes de cœur^
Te voilà devenu le frère
De celui qui fut ton tuteur!
Des maçons telle est la famille :
L'un touche au déclin de ses ans,
Tandis que chez l'autre encore brille
Toute la fraîcheur du printemps.
De notre ordre connais les rares avantages :
L'e'querre et le compas nivellent tous les âges,
Gomme ils nivellent tous les rangs.
Mais c'est moi qui ressens, dans ce jour mémorable,
Le plaisir le plus délectable.
Par ton père mourant , chargé de ton bonheur,
J'ai dû suivre tes pas avec zèle et constance,
Non comme un austère censeur,
Mais comme un simple et vieux conteur
Ami fidèle de l'enfance.
J'ai dû pour toi, fonder avec ardeur
Cette honorable et chère indépendance
i:hoix db discours. 45^
Qtu nous donne le droit de penser et d'agir,
D'e'tudier et de choisir
Tout ce qui peut charmer notre existence.
Ah ! de n^es soins en ce moment
J'obtiens la douce récompense t
Naguère tu n'e'taîs qu'un simple adolescent,
Qu'un lycéen obéissant ,
"Qu'entraînait le plaisir, qtte retenait la crainte ,
Et tu parais dans cette noble enceinte
Homme libre, Français, citoyen, franc -maçon,
Et bientôt digne du beau nom
Qu'illustra ton excellent père.
Poursuis sa brillante carrière ;
Sois comme lui favori des neuf Sœurs ,
Charme nos sens, et porte dans nos cœurs
Ces doux transports et ces brûlantes flammes ,
Qu'excitent les beaux vers inspirés par les femmes.
Ton père les chanta, respecte -les toujours : .
Nous leur devons la vie et nos beaux jours,
La plus délicieuse ivresse :
Dans l'âge mur des avis bienfaisants ,
Dans les chagrins des secours si touchants ;
Ce sont elles encor , qui de notre vieillesse ,
Soutiennent les pas chancelants.
Pour imiter enfin celui qui tè fit naître ,
Sur l'Hélicon garde-toi de paraître
Avant d'être sur d'y monter.
Malheur à l'impuissant qui veut ^'y présenter !
436 CHOIX DE DISCOURS.
Il espère en vain qu'on l'accueille ,
Il croit s'élever en flattant ;
Mais le laurier qu'on cueille en se courbant ,
Soudain se flétrit et s'effeuille ,
Quand celui qu'on obtient^ noblement disputé ,
Et reverdit, et passe à l'immortalité.
Surtout n'imite point ces têtes éventées,
Et ces petits frondeurs morts- nés
Des célébrités méritées.
Crois- moi , respecte^es aînés ^
Sois pour eux ce que fut ton père
Pour Marmontel, Ducis, Bernardin de Saint-Pierre;
L'homme de lettres qui sent bien.
La dignité de sa carrière ,
Est , jusqu'à son heure dernière ,
Un. véritable homme de bien.
Et c'est surtout, quand le. sort nous accable,
Lorsque j>ar ses rigueurs on se voit opprimé ,
Qu'on. sent qu'il est doux d'être aimé^
Et de pouvoir compter sur un bras secourable.
L'homme est né pour souffrir: c'est la commune loi;
"Mms apprendre à souffrir est le secret du sage.
Depuis trois mois, héla$! j'en fais l'apprentissage.
Et j'aurais succombé sans toi
A mon malheur, à ma souffrance "^i
Mais si ma vieille expérience
'^ L'auteur venait de perdre sa fille unique , madame Ro*
chelle.
CÇOIX DE DISCOURS. 4^7
Pouvait guider ta jeune ardeur,
T'aplanir le chemin qui conduit au bonheur,
Hâter enfin le moment si prospère
Où je Terrais couronner ton talent ^
J'oubllrais, s'il se peut, que je n'ai plus d'enfant,
Et je croirais te rendre un père..
438 CHOIX SB DISCOUBS.
EXTRAIT D'UN DISCOURS
FBOHONCi DAV& LA LOGE DU FfliNIX^ LE a5 JUILLET tSsS »
PAR LE F&È&B MOBBT , AYOGAT«
Le respect du aux morte se retrouve chez
toutes les oations parvenues à cette civilisation
véritable, où la religion et la morale sanctifient
riudustrie, les sciences et les arts. Des faits
historiques multipliés^ des témoins nombreux
dans Va^rchitecture et la sculpture ^ répètent
cette vérité.
Dans l'antique Egypte^ dans cette vieille et
déplorable terre de Misraim , des villes souter-
raines entières , rendues au jour dans nos der-
niers siècles, nous ont révélé la réalité d'un*
culte pour ceux qui ne sont plus. D'immenses
excavations s'étendent dans tous les sens sous la
chaîne calcaire qui borde le Nil , et les mer-
veilles tumulaires enfouies dans la Nécropolis
de Thèbes et de Memphis égalent les chefs-
d'œuvre éclairés par le soleil sur les belles ri-
CHOIX DK DISCOURS. 4%
ves du fleuve. Les pyramides même, ces co-
losses de rarchitecture, sont des temples érigés
à la mort-, ces énormes ouvrages, montagnes
élevées par la main de l'homme , portent jus-
qu'à leur cime la douleur et les regrets des
constructeurs, qui ont renfermé dans ces vas-
tes sépulcres leurs bienfaiteurs , dont le front
avait ceipt la couronne ou les bandelettes sa?-
crées.
De nos jours la commission de rixistitut, com-
pagne pacifique de l'armée française d^Orient,
les Toyages.de Burckart , Bancks , Belzoni , Sait
et Caillaud, ont enrichi le monde savant de
nouvelles découvertes. En ce moment où je
parle, après M. deLaborde, que la confiance
de ses compatriotes a surpris sur les bords de
la mer Rouge, pour le rappeler dans notre
chambre élective, son fils, continuant ses tra-
vaux, a reconnu Pétra, dans la même Arabie,,
et le pays des Nabathéens qui confine l'ancienne
Palestine. Il a exploré avec admiration des tom-
beaux creusés dans le flanc des rochers pen-
dant l'espace de plus d'une lieue carrée. Ces.
monuments de deuil, d'une grande élévation
et d'une extrême profondeur, enrichis au de-
dans et au dehors de tous les trésors de l'archi-
tecture, rappellent aux vivants, dont le pied
hardi et rare vient fouler cette ville morje, lac
44o CHOIX DE DISCOURS.
grandeur et la piété de ceux qui Tont habitée
aux temps des Pharaons.
Dans l'Assyrie et la Perse ^ les mêmes senti-
ments ont laissé partout les mêmes vestiges. Â
Ecbatane^ Babylone, Persépolis, les palais écrou-
lés sont ensevelis sous une végétation vigou-
reuse; les mausolées seuls sont encore debout,
et redisent éloquemment aux générations ac-
tuelles les vertus die celles qui ont passé. Alors
même que les empires ne sont plus y que les dy-
nasties sont éteintes, la tombe, qui seule a
gardé ses honneurs et sa voix, nous révèle une
double destruction, celle des lK)mmes et des
nations.
Dans l'Asie mineure on lit partout le même
respect pour les restes mortels. Le tumulus d'A-
chille domine encore le cap Sigée dans la plaine
où fut Troie , et le faste des douleurs d'Arté-
mise, dans la Carie, a éternisé son nom et ce-
lui de Mausole.
Dans la Grèce on retrouve le même génie.
L'Eleusis de l'Attique était la fille et rhéritière
de_ risis de Mîsraïm. Tout prouve la juste im-
portance que les Athéniens attachaient à hono-
rer les restes de leurs amis, de leurs guerriers,
de leurs magistrats. La croyancedes âmes qui
voltigeaient sur les bprds du Styx , lorsque leurs
corps gisaient privés de sépulture; les funérail-
CHOIX DE DISCOURE. 44^
les.de Pisitrocle, dans Homère; le sort des gé-
néraux qui avaient néglige de rendre le dernier
devoir à leurs soldats après une bataille ; la fa-
ble , l'histoire ^ la poésie y unissent sur ce point
leurs récits et leurs monuments. Le tombeau
deâ ancêtres était le berceau de leurs derniers
neveux^ tant que ceux-ci avaient des armes
pour les défendre ^ et quelquefois aussi la cen-
dre des aïeux protégeait à son tour leurs des-
cendants. Il en reste un mémorable exemple :
les habitants d'Athènes et de Mégare se dispu-
taient la possession de Salami ne; les droits,
étaient incertains , et les glaives étincelaient
déjà ; mais les premiers ayant montré le 6om
de leurs ancêtres gravé sur le marbre des tom-
beaux dans la presqu'île^ la Grèce entière se
soulève et prononce en leur faveur. Argument
respectable, preuve touchante;^ noble triom-
phe ! La politique fut désarmée par la piété ; le
sanglant laurier s'inclina devant le religieux
cyprès y et vous fûtes récompensés, ô Athéniens,
pour n'avoir jamais dit jusqu'alors aux osse«-
ments de vos pères : « Levez - vous et suivez-
« nous sur une terre étrangère ! »
Le sujet que je traite est si attachant qu'il
m'entraînerait facilement. Après vous avoir en-
tretenus des cadavres de villes tumulaires et
des monuments particuliers fameux par leur
44^ CHOIX DE DISCOURS^
«omptuofiité y ou célèbres par leur conéerratton
historique, les pyramides des Pharaons, le tom-
beau de Philopapus à Athènes , de Coecilia Me-
tella, de Curtius^ le mausolée d'Adrien, deve-^
nu le château Saint-Ange, à Rome ^après avoir
signalé toutes les créations du génie dues au ci-
seau des artistes dans le moyen âge , j'arrive-
rais jusqofà nos jours^ Je répéterais les splen-^
deurs de ce Panthéon à TEscurial , où dorment
réunies , dans te sein du trépas, deux dynasties,
qui vécurent ennemies ; je rappellerais les hon-
neurs die Westminster, où rayonnent , jusque
dans le tombeau, toutes les gloires nationales
de la Grande-*Bretagne; je redirais les infor-
tunes de cette abbaye de Saint «Denis, où les
cendres de huit siècles de rois envièrent aux
restes de leurs plus malheureux sujets le repos
et l'obscurité Enfin, je vous transporterais
avec moi , mes frères, à ce cimetière de' l'Est,
à Paris, qui renferme dans une véritable cité
de tombes un peuple de grands hommes ense-
velis à rangs pressés* Mais je dois arrêter sur
mes lèvres agitées des éloges contemporains. La
politique a pénétré même dans notre dernier
asile , et des bienséances maçonniques sévères
me commandent une réserve douloureuse dans
le moment où je serais heureux de payer à de
pures renommées un tribut d'admiration et de
CHOIX DE DISCOURS* 44^
regrets^ et de suspendre une couronne de chêne
et d'immortelles à plus d'un mausdée l
Mais ces cénotaphes y ces cippes^ ces urnes
funéraires y sont l'apanage de la puissance et de
la fortune. L'aristocratie de la vie règne encore
parmi les morts. D'immenses cortèges suivent
les corps des grands de ce monde ^ et le cèdre ^
le marbre et le plomb travaillés , attendent
leurs illustres dépouilles. La pauvreté n'a point
ces ambitions et ces honneurs par-delà l'exis-*
tence. Au malheureux » un suaire ^ un cercueil,
un peu de terre , suffisent.
Qu'il me soit permis de mettre sous vos yeux,
à ce sujet y une composition simple et tou*^
chante, dont le souvenir vit dans ma mémoire,
et dont la simple image m'émeut et provoque
mes larmes involontaires. Je veux parler de la
gravure qui représente le Convoi du Pauvre.
L'infortuné, dont les souffrances viennent
enfin de cesser, s'est éteint dans l'abandon et la
solitude. Il a fait entendre sans doute d'une voix
affaiblie les souhaits que Gilbert, expirant à
THôtel-Dieu^ formait pour ded indifférents en ces
vers, dernière étincelle échappée au génie du
poète, et dernier sentiment que son noble cœur
ait laissé couler. Il s'écriait, en pardonnant aux
ingrats qui l'avaient délaissé, et en regardant
les cieux :
444 CHOIX DE DISCOURES.
Ah! puissent voir long-temps votre beau{^ sacrée ,
Tant d'amis sourdis à mes adieux !
0u'ikmeurentpleinsde jours, que leur mort soit pleure'e!
Qu'un ami leur fernifs les yeux I.
Dans la lithographie que je retraee ^ un mo-
deste corbillard entre lentement dans l'avenue
qui conduit aux portes du repos; un simple
drap recouvre un corps vulgaire. Il est seul,
point de femme et d'enfants en. pleurs. Point
de parents ^ point d'amis en deuil dans son cor-
tège Je me trompe, un ami tendre lui
reste, qui, éloquent de douleur, la tête et les
oreilles^ penchées, le suit et l'accompagne tris-
tement.
Ce fidèle animal, qui a partagé les bons et
. les mauvais jours de son maître, lui rend un
dernier témoignage d'affection. Son instinct
égale notre raison, sa sensibilité surpasse notre
intelligence,, et il représente au convoi du pau-
vre, tout ce qui aima ce malheuret»x sur la
terre. .
Mais du moins, mes frères, le corps de cet
infortuné a reçu dans l'humble demeure où a
fini sa déplorable existence, un pieux office de
la. main des hommes. Le chanvre et le lin de
nos champs ont fourni un tissu qui enveloppe
ses membres à peine roidis; les arbres de nos
CHOIX DE DlSCOtJRS. 44^
fôréts lui ont donné leurs débris , enfin il a
joui des tristes honneurs de la bière et du lin-
ceul ; faibles remparts qui le protégeront quel-
ques jours encore contre les vers , jusqu'au
moment prochain^ où^ rendus à une décom-
position rapide , ses restes formeront un je ne
sais quoi, d'après l'expression énergique de
Bossuet y qui n^aura de nom dans aucune hm^
gucy comme sa mémoire ne laissera de trace
dans aucun souvenir I
£h bien! mes frères, il est des corps plus mal«
heureux encore, s'il faut le dire , et que la for-
tune sacrilège outrage par-delà leur vie !
En France , dans notre belle France, dans
une ville populeuse, au milieu de nos plus ri-
ches provinces, dans le département du Nofd,
à Douay, enfin, les soldats qui mouraient étaient
privés du suaire et du cercueil, et, nus, ils
étaient jetés dans la froide terre qui devait
les couvrir.
Que l'on ne vienne pas demander ici, par une
ironie cruelle, s'ils la sentaient cette privation.
Ah ! des guerriers , des braves qui versent leur
sang pour leur prince et leur pays , doivent re-
cevoir, comme les autres citoyens, les honneurs
de la sépulture, de la tendresse' de leurs pro-
ches , de la piété des fidèles ou de la reconnais-
sance de l'État. Avec quel serrement de cœur
446 CHOIX Dl^ DISCOURS»
cenK^i leur survivent lesregardent->-ils dëshé^
rit'és de leurs habits de mort, et ne pensent^ls
pas voir les mânes* de leurs camarades s'as«
seok* plaintifs sur la fosse ^ et demander triste-
ment un dernier tribut de douleur et de piété ,
comme les ombres des anciens qui faisaient rè^
tentir de leurs gémissements les rivea de TA*
chéron^ et imploraient la faveur d'un tombeau!
Grâce à la respectable loge de la Parfaite
Union y orient de Douay, un spectacle aussi
affligeant ne se reproduira plus. Un journal^
qui a dérobé le secret d'une modeste bienfai-*
sance, m'apprend que cet atelier respectable
fournira , pour l'avenir^ la bière et le linceul
aux militaires sans fortune
, Honneur, trois fois honneur aux dignes ma-«
çons de la Parfaite Union! leur action e^l dés-
intéressée > humaine^ religieuse et moralet
EUe est désintéressée f CdiV le bienfaiteur ne
recevra jamais les actions de grâce de l'obligé}
jamais le corps ne se ranimera pour lui offrir
un service de reconnaissance : ici, la récompense
est dans le plaisir seul que donne la vertu.
EUe est humaine, parce que la philanthropie
en est le principe sacré. Aucun lien personnel
n'attachait celui qui n'est plus et les donateurs
* La Réunion i feuille du i5 juillet 1828.
CHOIX DE DISCaURS. 44?
qui lui survivent; aucun lien , si ce n'est le
nom d'homme qui seul leur était commun.
Elle est religieuse^ car les honneurs accordés
aux restes de nos semblables dont l'existence
nous avait été totalement étrangère , sont yxik
hommage rendu à la pensée d'un autre monde.
C'est la conviction que la mort n'est qu'un court
milieu entre la vie terrestre qui finit et la yie
céleste qui commence. C'est une idée confuse
que l'âme veille toujours sur une enveloppe dont
elle est à peine dégagée , se réjouit de la piété
qui la respecte^ ou s'afflige du sacrilège qui
l'outrage*
Elle est morale 9 enfin, cette action , parce
que le sentiment de l'immortalité est la sanc«*
tiop des lois; et ce sentiment » au lieu d'une jus-
tice humaine aveugle ou trompée » place dans
notre cœur un témoin vigilant, un juge incor^
ruptible, et, dans l'espérance, nous montre
des palmes pour la vertu ^ même au-delà du
tombeau où tout finit ici*«^bas !
Honneur donc , je le répète , trois fois hon-
neur aux dignes maçons de la Parfaite Union!
Et vous, gens du monde, qui vous couvrez
de la piété comme d'un manteau, qui cachez
votre difibrmité morale sous le masque de l'hy-
pocrisie; vous qui faites de notre religion sainte
marchandise, commerce et monopole, cessez
448 CHOIX DE DISCOURS.
de calomnier la maçonnerie^ et que vos outra-
ges s'arrêtent devant un suaire et un cercueil.
Imitez ceux que vous insultez, et si l'on a moins
de prédications^ on aura plus de bonnes œu-
vres à l'avenir !
Et vous y puissants de la terre, connaissez en-
fin notre institution. En attaquant les sociétés
secrètes en Espagne, en Italie, en Allemagne,
vous croyez frapper la maçonnerie : apprenez
qu'elle est étrangère à toutes ces associations
qui avaient revêtu quelques-unes de ses formes.
Sa politique, c'est la charité ; sa religion , c'est
la morale; ses mystères, c'est le secret du bien
qu'elle répand. Connaissez cette réponse d'un
monarque régnant, à qui l'on proposait de
poursuivre nos frères : « Persécuter des maçons,
« moi ! jamais ; ce sont les plus honnêtes gens
(c de mes ÉtatSé » Magnifique éloge que nous
travaillerons toujours à mériter.
TABLE DES MATIÈRES
CONTENUES DANS LE DEUXIÈME VOLUME.
I
PagM
Dissertation siir les biographies i
Biographie.' ii
' '^ ' " .' A. _
A^Hemand ( Zacharie- Jacques-Théodore ). ...... i^.
Antignac (A) la
v^ An tin (Louis- Antoine de Pardaillan , ducd'). ... i3
Arcambal (le marquis d*) , , i5
Arnaud ( François-Thomas-Marie de Bacculard d*). ib.
Askeri-Khan. . . .* . . , . ^ 16
Attaignant(rabbé Charles-Gabriel de T) 18
B.
I Bacon de La CheTalerie (N.). 19
Baiileul (Antoine) • ao
Baron (Pabbë Olivier- Julien), ai
Barse (Tabbé Biaise). . a4
B|aaot (Etienne-François). ., .,•.•....<, • aa
Beguillet (Edme) Ot.
^- Bercy (le marquis de) a5
^-^ Bemadotte ( Jean-Baptiste-^ales ) ih,
Berquin (Arnaud). , « . . a6
Bertolio ou Bertholio (Fabbë Antoiae-A^iu^-Goiistaoce). ib,
Besnchet (Jean-Claude) • 37
u- Beumonyille (Pierre-Riel, marqnis de) ag
Beyerlé(N.de), . 3i
BUop(Antoii]ie)... . , . , , 33
Boissi (Louis-Limxle).^ . • • • « 3a
. Qopaparte ( KapoléoQ ) 33
Bopap^rtfi (Jiitepfa) 34
45o TABLE
Bonaparte (madame) 34
Bondy (hrcomleTaillepied de). . , . . . ^ > » . v . ib.
BonneTille ( Nicolas de ) 36 ^
BoaiUy (Jean-Nicolas^. 38
-f^ Bourbon (S. A. S. Louis de) 89
X Bourbon (S. A. S. madame la duchesse de ). . • • . 4^
Bourdois de La Motte (N.>! 4a
y; Bourdonnaye (le comte de La ) % . 4^
Bourguignon (Henri-Frëdëric) 44
Brazier (N.) ib.
Buttnra (Antoine) > .c^ 4^
c.
''' d£ f^' \iv Cabanis (t'ierre-Jean- Joseph) 4^
' ' '' f*^ \v , ^ / VCadet-Gassicouré (Charles- Louis) 46
\f Cailhaya (Jean-François) 4^
'f' CambaccTrés (Jean-Jacques-K^gis) 49
CasanoFa (Jean- Jacques). . ............. Sa
jk^Catheâne II, impératrice de Russie. . . .^ 54
. Champeaux (rabbe'Goy de) 55
^Champagne (Jean-François). . . v . . \. v . . . . v . ib,
Cfaamfort(Sëbastien-Roch-Nicolas). * > 56
Ghangeuz (Pierre-Nicolas) . 57
^ Charles Xm, roi de Suède 58
^ Chartres (S. A« S. le duc de ) « . 59
Chaussard (P.-J.-B. Publicola). :-.......... 6a
Chaus8ier( Hector). T. .' «. .^ . . . . 63
Chazet (Andrë-Renë-Balthasar-Alissan de) ib.
Choffard (Pierre-Philippe) 64
Choi8eùl( Claude -Aàtoine-Gabrîel y duc de) 65
Cmale (Jean) 68
Coupe de Saint«Donat (le cheralier Alexandre -Au -
guste-Donat-Magloire ). 69
; Cordier de Saint-Firmin (Tabbë). •. 70
y'' ' ' ' Court de Gebelin (Antoine). ............. 71
Cubiéres (le chevalier de). •. .' ^g
CuYclier de Trie (Jean-Goillaume-Anguste) 8t
Y'
4<
DES MATIÈRES. 4^1
D.
PagM
Datard (Michel-François).. ^ . . 8a
Decazes (Élie, dnC) 83
Delille (Jacques; 84
Denis (P^bb^ Pierre) 85
' Penii (Tabbë Claude-Marie). 8&
^ Dervent-Waters (lord).. . .. . ib.
Dësaugiers (Marc- Antoine). . ^ 87
Deséze (Romain). 88
Dieulafoy (H.) . go
XDixmerie (Nicolas Bricaire de La).. ,..«.. ib,
Dufresse (Simon-Can&ille). .......... .^ ...... . 93
Dulaure (Jacques- Antoine) • . •. 94
> Pufaas (le comte Mathieu) 95
Dumersan (N.) 98
Dumolard (H.-F.) 99
Dupatjr (Charles-Marguerite-Jean-Bapiiste-Mercier). ib,
Dupatjr (Emmanuel). loo
Duperron (Pabbé Jean-François-Rereche) 103
Dupin( André-Marie- Jean- Jacques) îb^
Dupin jeune (Philippe -Simon) io3
E.
Élie de Beaumont (Jean-Baptiste- Jacques) io3
ï^rëmënil ^Jean-Jacques-Duval d'). ib,
Eugène Napoléon (le prince). . io5
Expilljr (Fabbé Jean-Josep^d*) 107
Çymar (le comte Ange-Marie d') 109
F.
Fabrë-Palaprat (BemardrRaymond) iio
Fallet (Nicolas) m
Fauchet (le baron Jean- Antoine- Joseph ) . iia
Femig (Louis- Josepli-Ce'sar, comte de). . ii3
Florian (Jean-Pierre Qaris, cheyalier de). ...... ii5
Fontanes ( le marquis Louis de) • • . 117
François dé Néufchilteaa (le comte). \ , . . 119
y
Page»
Fi'anklin (Benjamin). ... « lao
^» Frëdëric le Grand, roi de Prusse 12a
Frëdëiic^Guillanme m , roi de Prusse. ........ ia4
G.
A
Qabriac nusoachet. (Paul.).. * laS
Gardaoe ( Jacques- Josepk). . 4 .....«« 136
Gaut (NicolasrGabriel-.Marie)* «.•••. 137
QeQrge? JY , roi d'AD|gleterre • lag
Géyres (lé'dup de) ' ia8
Giugpené (Pierre -Louis). ... ^ .....*... . i3o^
Gouy (le comte de) * i3i .
Qrçu^e (Jean-BapUste) * * i3^
GrouTellej( Pierre -Antoine). i34
Guerrier de Dumast ( Augoste-Prosper-Fran^ois). * * i35
Guichard (Jean-François). ». i36
Guillaume ( Benott-Marie-Josq>h ) i37
Go/ot des Herbiers (II.). • x3S
\ H.
«^fiamonester (lord comte d') ^ i38
Hecart ( GabrieU Antoine- Josepk) iSg
^ HeNëtius (Claude-Adrien ) ih.
Hénin de CnyiUers (Étienne^Fâix , baron d*). . . . . 141
Henrion de Pansey (le baron) \^i
HoadoQ (N.), r44
Houel (J.-P.-L,-L.) 145
J.
Jay (Antoine) 146
Joséphine (Rose Tascher de La Pagerie) 148
Jeanroi (Dieudonnë) 1 . . • i53
■ • • L.-
•^Lalande (Jérôme- Joseph Le Français 'de) i55
Lahlëe (Jacques) i56
Lacëpéde (Bernard -Germain -Etienne de La Ville ^
comte de) 167
DES MATIÈRES. 4^5
Pages
Lagarde (le baroo Joseph-Jean) ' i6i
LasaUe (Antoine-Charles -Louis, comte de) ih,
Laurisf on (Jàcques-Alézandre-Bernard Law, marq. de). i65
Lavallde (Joseph).. 168
Larallëe (Louis-^toine). « ^ 169
Leblond (l'abbé (Sspard -Michel). ... ^ ..*... . ih.
Leclair (Pabbë François). 4 170
Lecouturier (François-Gervais-Édouard) ih.
Lefeb-vre d^Aumale père (Gharles-Firangois-Fâix). . . 173
Lemaire ( Nicolas-Éloi ) ..»•.«•.... 175
Lemazurier ( Pierre Dayid ) .• • • • .177
Lemierre (Antoine-Marin). ........«••..»,• 178
Lënea (Tabbé). ..,,,..., ^ ,,,,, .^ 180
Lenoir. (Alexandre). ......,,.. 181
Leronge (André- Joseph-Etienne) < . . . . i8a
Lioy (N.), ,,..., . i83
Loaptiére (Jean- Charles de Relongue de La). . . • • 184
Luxeipbourg (le duc de Montmorency). ........ ih»
M.
Macdonald (Etienne- Jacques- JoMph-Alesandre). . * 186
Mallarme (Joseph -Claude). . • • • • . • » , 191
Mangourit ( Michel- Ange7Bemard de) « .. , 16.
Marsj (Claude-Sixte-Sautereati de). 19^
Martinez-Pasqoalis • ih.
vMathe'us (Jean) * 19$
Mercier (Louis-SeluiBtien). . .^ Y 4 . . 196
Mei'le ( Jean-Tounaint). * < < i • < . ^ . . « 197
Millin de Grandmaison (Aabhi-Loms)» . . .^ . < « 198
MiUj (J(iGolaa-ChristierndeThy,ooitot«de). ( . . . aoo
Molitor (le comte Gabriel-Jean-Joseph).- .• . « . . .^^ soi
MopQt ( N. ) .*.»»..;*«.* ao4
Morand ^Pierre -Lovis- Constance) /. < ih.
Morel (N.) i . ao5
Morin (Stephen). ....*..... 307
Moraire (Honoré, comte) / < 211
xAi-'^.'
454 TABLB
i;Na|M>Uoii le Grand. ...,....«. aia
INeYeu (Jean-Auguste). . ^ ......... . ai4
P. .
Pain (Joseph) , ^ 217
Paganûcci (Jean). .;........., *b.
Paine (Thomas). ... ^ ..... ^ .. , 31S
Parajr (Évariste -Désire -Desforges, cheyalier, puis
▼icomte de). . aai
Pamy (N.) s^aa-.
Pastoret ( Ghinde - Emman uel - Joseph - Pierre , mar-
quis de). « aa3
Peyrilhe (Bernard). i . .. aa4
Philippon de La Madeleine (Louis) , aa5
- Piccini (Nicolas) aa6
Piis ( Pierre-Antoine- Augustin de) 337
Piagrë (Pabbé Alezandre-Gny) -^ aa8
.H^-Pirlet (N. ) a3o
.->^Piron (Jean-Baptiste-Pi erre- Julien) « • . ib.
Plane (J.-M.) a3i
Poissonnier (Pierre-Isaao ) a3a
Ponce (Nicolas). . , . ^ a33
Poyet (Bernard) . ^ . a35
Procope (Michel-Coltelli) ^ . : . a36
^\ Hamsaj (le docteur). a38
, Hampon ( le comte Antoine^Guillauvie ). . . . ^ . . . a39
Rémi (Vahhé Joseph-Honorë ) a4i
Hic^ard .( JeannMarie). . ^ . . . a4a
r Robelot (N.). : 343
.VRobin (l'abbe), * . ib.
Roettiers de Montaleau (Àlexaudre -Louis ) • a46
Roçttiçrs de Mootaleau (Alexandre-Hen ri-Nicolas). » a49
Boucher. (Jean -Antoine) , . aSo
Ilo?e (l'abbë Nicolas) ^ .......'. , a5a
DKS MATIÈRES. 4^5
Pagei
Roûer (Fabbë Jean-Baptiste-François } 353
s.
-t^aint'Martin (Louis-Claade de) q55
Saiiit-Marlia(Loui94Herrede) *k57
SaisseYal(lemarqai8de) * 958
Savalette de Langes (N.)* •••.•••.•.••*.»•. sSg
Sesmaisons (le comte de). i6^
Taexis (Jean-Baptiste- An toineJoseph-Marie)^ .... 164
Targe (Jean -Baptiste) 369
Tissôt (Pierre -François). 370
Tissot (N.;. : 37Î
^^Thory (Glaude-Antoin*) ..*.... 373
^^Tschoadjr (le baron Théodore -Henri de) 376
Turpin (François-Henri ) * » . . 379
Turpin de Griisë (Lancrelot, comte de) 380
u.
Ussient (Loaîsd') 3$i
V.
Vassal (Pierre -Gérard) 383
Vemet (Claude-Joseph) a83
Viennet ( Jean-Pons-Gaitlaame ) . .. 384
Villette (madame la marquise de) '386
Voltaire (Arouetde) 387
w.
WaIter8toriBr( Etienne-Frédéric, baron de). * . . . . 3g5
Washington (Georges). . 396
VVeishaupt (Adam) 398
■ . X. ,
Xaintrailles (madame de), 399
'456 TABLE DBS ÏHATIÈRES.
'Page*
Ayîs de Pauteur* « . 3o3
Choix db discodrs, extraits, bipports, moeciâux di
POB8IBS, prononces par divers orateurs. . ; 3o5
Discours de réceptign aji premier grade sjrmboiique , pro*
noQc^ à P^rjis. en ^8i5, 1816 et ]8i7,à Ja logedesTri-
nosppheSj , t ,,,,,,, f , , ib.
GomparaisQu de la l^açonnerie arec le Monde profane. —
PiscQurs prononce dan^ plt^sieurs loge^ de TOrientde
Paris, en i8i5, 1816, i8i7,etc # . Sas
Discours prononce dans la confëdëration des cheraliers
Kadbchs. . . . , 336
Fête funèbre en Thonneur'du maréchal BeurnonyiUe. —
Discours de VÈpée , prononcé par un chevalier Kadoch. 36o
Discours sur Tétat actuel cle la- Maçonnerie dans TanÎTers ,
prononcé ^ans la loge desTrinosophes par son Vénérable,
le 17 janvier i8a4 ^ . < 370
Discours prononcé dans la loge des Arts et de PAmitiéypar
•ou grand orateur , 391
Discours prononcé dans le sein de la loge des Arts et de TA-
mitié*par le frère l^ïeveu , vénérable de la loge des Imi-
tateurs d^Osiris 396
Discours prononcé dans la loge des Arts et de TAmitié, par
son Vénérable le frère Nicollefe 4<>4
Entrait des trayaux funéraires de la R.'.L*'. Gbap.*. des
Arts et de TAmitié. -» Discours im T.*. R.*. frère grand
orateur '..,..,.,•, 4'^
Discours du T.*. R.*. frère rficoUet, , 4^9
Stances libres composées' et lues par le T.*. R.*. F.*. Hau-
mokit. 4^5
Loge des fidèles Écossais. — Prîl de Tertu 4^
A Ernest Legouvé, le jour ou je le reçus. Franc - Maçon ,
par H. Bouill/ 434
Extrait d^un discours' prononcé dans la loge in Phénis^ , le
a5 juillet i8a8,' par le frère Môrèt, avocat 4^^
FIN DE LA TABLE.
■A
Wù' 2 2 1941