4080. LR, CHA AMEEPEMERES
y uv UE AA MN ut
USE SES Ă 0 MARINE
CHE MAMMA
VY
VAS
EX santé
M Mt.
vu,
ee M = ânu,
on pis me Sante Ra
N Po prie RES
d F NT déni |
Ă Mn M
art dĂ 12 vuy MS CESSE
pres AVS NL
no ne re VV Je NE NN
Meuse
dt ©) Niue
NY NU AN Ho NN
(tbe FN No opens
LS FN
JU" dissdte se bo.
je" Rat ) NN NS
Se $ y DORMI
A7 M
JSF
: # 2 A rUerER
Mr, spi Li! HAGE
" W MAT | LA AAA
"h
A, D
L'ĂTUUES PA AA
VVYE Ve | MA
= VS SVT ESS y té
AAC VAE
RC LE LĂ© CN
Pad VS
RĂ MATE :
AMP UUNEL NC ER EE
Y - SUV IPRA | 6 cf 126
Fe VU
| JUPE SENS. [
Marne Vube VU
SA
CPE
UV UV
PA
19)
WA AN
SE
EC JW
M - % RE
Ne
.J
. Me
Lee
NYVE 4 W JSY" Lee NS
re Mn
NN UE MN Nine
.U Vy F Ćž
NN Gi. , uv Eee
LL VUE N SV YY SĂ©nat ae, : AE | Fe. A
Mas | AN | LL
SANS un SO NT
SĂĂEMEEE MĂMS We We: SX âLL MU
ĂPPECRELE MMA itâ 2" Ju
EU ch #
23° 44%
SM MESSE UN CUS MN
AMEN KE â " Ăż by
PART TP IRL AY Vo, W
ve IT ETES LOG eee VV " A
AA ACL RTS LA = LAS Ăż
Ve MED RPeNUnL w S LE UV. vv LES
Ăż * âĂCEU NN LAC Fay AUS Cuve
US VĂUEUUTEL CESSE Lg VEUACLEE
AU RE AS
u A M SYESĂC "H JD" |
PRĂCIS ANALYTIQUE
DES T'R A4 V EU X
DE LACADĂMIE
DES SCIENCES , DES BELLES-LETTRES ET DES ARTS
DE ROLL FN.
PENDANT L'ANNĂE 1604.
PRĂCIS ANALYTIQUE
DE S TR A V A U X
DIFITIA OS DE MEFE
DES SCIENCES, DES BELLES-LETTRES ET DES ARTS
DE, KR OU EN,
PENDANT L'ANNĂE 1804.
ALES ie
AS S
#. Set SE
RE
out
N
DA
A ROUEN,
De l'Imprim. de P. PEerraux, Imp. de l'Académie,
rue de. la Vicomté, n° 50.
LP ES *
rar MS
a Hal
2" »
R'Ă â CE
PSS RS
4 13 TEE Lars Ă
F0 Er su
ON Ă âTR Ă " CT TE Del
Ag > M FA RE ) |
Dites | Ă
: SU
MALE PET pre
t : o
Ă Le She I EL y DIR PUS |
Ă rs Lx RE met Ă 4 af
⊠J Con ,
NT nt Farr PU oRRere
| N: :
F Ăż ÂŁ PRET PTS pa
se MI AT: "+ EN » AT ee dune L ,
Ăč Ă©- Ă + LE GE _ LT E. "he 14 2 ,
« A , . : | : , (
INTRODUCTION.
reine des Sciences, des Belles-Lettres
et des Arts de Rouen, créée par Lettres patentes
de Louis XV , en date du mois de juin
1744 , confirmée par de nouvelles Lettres
patentes du 15 décembre 1756, les unes et
les autres registrées au Parlement de Nor-
mandie , avait été forcée, comme toutes les
Sociétés littéraires de France , d'abandonner
ses travaux à la fin d'août 1705.
Elle les a repris le 29 prairial de lâan 11e
(18 juin 1803).
M. Beugnot, aujourd'hui Conseiller d'Ă-
tat , alors Préfet du département de la Seine-
InfĂ©rieure , par son arrĂȘtĂ© du 18 pluviĂŽse,
convoqua en l'hÎtel de la Préfecture, pour
le 1⏠ventÎse suivant , tous les anciens
Membres de la Compagnie, Ă lâeffet de rĂ©-
diger des RĂ©glements dans lesquels on con-
serverait les dispositions des premiers Sta-
tuts dont l'utilité serait reconnue.
En conséquence , le 1er ventÎse , sous la
présidence de M. le Préfet, il fut nommé
a
1]
des Commissaires chargés de s'occuper des
dispositions générales réglémentaires , de
déterminer le nombre des membres qui de-
vront composer l'Académie, et remplacer ceux
qu'elle pourrait avoir perdus.
Le 12, les Commissaires présentÚrent la
rédaction des PRéglements; et, lorsqu'elle eut
été approuvée el signée par tous les Mem-
bres, au nombre de 18, ces RĂ©glements
furent soumis à la sanction de M. le Préfet »
qui les fit approuver par son Excellence le
Ministre de l'Intérieur, le 12 germinal sui-
vant.
M. le Préfet, en adressant cette approba-
tion du Gouvernement qui rappelait l'Aca-
démie à ses anciennes fonctions, lui manda
que , conformément à son arrÚté du 18 plu-
vidse, il Ă©crirait au Maire de la ville: de
Rouen pour l'inviter Ă assigner , dans la
municipalité , un local dans lequel la Com-
pagnie tiendrait ses séances ordinaires.
M. de Fontenay , qui occupait la place
de Maire , et qui depuis est mort Membre
du SĂ©nat, M. de Fontenay saisit avec em-
pressement celte occasion de prouver Ă
ii}
l'Académie son attachement, La Compagnie
ayant dĂ©putĂ© vers lui , on arrĂȘta que, le
to messidor ( 29 juin 1803 }, se ferait lâinstal-
lation solemnelle de lâAcadĂ©mie.
Tous les Membres étant assemblés dans
la grande salle de lâhĂŽtel-de-ville , Ă sept heu-
res du soir, M. le Maire et MM. les Ad-
joints, tous décorés du costume municipal,
prirent place Ă un Bureau qui Ă©tait Ă la
droite de la salle ; en face Ă©tait un Bureau
semblable | auquel se placÚrent M. l'abbé
Lallemant, président, et M. Haillet de Cou-
ronne , Secrétaire provisoire,
M. le Secrétaire en chef de la mairie ayant
donné lecture de toutes les piÚces officielles
relatives Ă la rĂ©intĂ©gration de lâAcadĂ©mie ,
M. de Couronne , sur la proposition de M.
le Maire, fit connaĂźtre, par un appel publie
et selon lâordre de rĂ©ception, les noms des
membres anciens et nouveaux qui compo-
saient la Compagnie.
Immédiatement aprÚs , M. le Maire, avee
cette Ă©loquence de lâame et du sentiment qui
lui était propre , adressa à l'Académie un
discours dans lequel il traca rapidement les
a 2
iv
avantages qui devaient résulter du rétablisse-
ment de lâancienne AcadĂ©mie des Sciences,
des Belles-Lettres et des Arts de Rouen, pour
un dĂ©partement » oĂč sont en honneur les ma-
» nufactures , le commerce, oĂč un excellent
» esprit patriotique a sans cesse animé une
» population nombreuse et sage , recomman-
» dable par les efforts d'une industrie tou-
» jours raisonnée qui la dirige vers le bien,
» vers le mieux , et qui la fait se passion-
» ner pour tout ce qui prĂ©sente l'idĂ©e dâen-
» treprises utiles et glorieuses «.
Sous ce point de vue, il trouve Ă dire de
l'Académie les choses les plus agréables et
les plus. flatteuses.
M. l'abbĂ© Lallemant , prĂ©sident de lâAca-
démie, répondit au discours de M. le Maire;
il rappela dâabord que Rouen est une des
premiĂšres villes de France oĂč l'imprimerie
ait Ă©tĂ© Ă©tablie et protĂ©gĂ©e dâune maniĂšre par-
ticuliĂšre par le corps municipal ; que , depuis
ce temps , ce corps respectable s'est tou-
jours fait honneur de propager les lumiĂšres
en montrant une affection constante pour
les Sciences, les Lettres et les Arts, et que
Le
dans la circonstance prĂ©sente il prouve Ă
leur égard un amour inaltérable.
M. l'abbĂ© Lallemant traita ensuite de lâim-
portance des Sociétés littéraires , de leur
origine , de leurs progrĂšs en France, de la
protection Ă©clatante dont le Gouvernement
les avait toujours honorées ; et » parlant en par-
ĂŒculier de l'AcadĂ©mie de Rouen , il remar-
que que depuis son institution elle a eu le
glorieux avantage de chercher Ă Ă©tendre les
lumiĂšres , Ă joindre Ă l'amour de l'Ă©tude
l'attachement aux devoirs , quâelle a ainsi
assurĂ© ce triomphe de la raison qui lâa
distinguĂ©e tant en France que chez lâĂ©tran-
ger.
M. Haillet de Couronne , qui depuis prĂšs
de trente années était secrétaire de la classe
des Belles-Lettres , faisant dans ce moment
les fonctions de secrétaire provisoire , témoi-
gra , au nom de lâAcadĂ©mie, toute la grati-
tude dont elle était pénétrée envers le pre-
mier Magistrat du département , envers un
Ministre » dont l'estime et l'approbation sont
» pour ceux qui cultivent les Sciences un
» objet d'émulation et un noble encourage-
an ment «,
4
IL termina par offrir l'hommage des cĆurs
de tous les Académiciens » à ce Héros qui,
» à la fois guerrier, pacificateur et savant,
» est le sauveur de la France , et le res-
» laurateur des Académies «.
RP ad
DES MEMBRES DE LâACADĂMIE.
SĂ©ances des 8 et 15 Thermidor an XI.
A
MÂŁmMa3rRes RĂ©ĂsiDpenTs,.MM.
GOSSEAUME,, Docteur en médecine , rue de la Seille,
n° 11, DIRECTEUR DE L' ACADĂMIE,
BEUGNOT , Homme de lettres , membre de l'Aca-
démie de Nismes et de la Société des sciences
de Troyes , etc. etc., Préfet du Département
de la Seine-Inférieure , en son HÎtel, vicx-Di-
RECTEUR.
HAILLET DE COURONNE, rue dâEcosse , n° 12,
SECRĂTAIRE POUR LES BELLES-LETTRES.
VITALIS , Professeur de chimie, 4 Ecole centrale,
SECRĂTAIRE POUR LES SCIENCES.
MEZAISE , Pharmacien, correspondant dela Société
Ătaue de celles d'Anvers et d'agriculture
de Paris, place de la Pucelle, TRESORIER.
GOURDIN , Antiquaire , bibliothécaire de l'Ecole
centrale, correspondant de l'Acadénie des Scien-
ces de Stockholm, de la Société des antiquaires
de Londres , de celle d'Anvers, etc. , Ă Ecole
centrale | BIBLIOTHĂCAIRE-ARCHIVISTE.
DULAGUE, ancien Professeur d'hydrographie, rue
de la Seille , n° 7.
JAMARD , anc. Prieur de Roquefort , rue Bouvreuil ,
ARTS
RONDEAUX DE SETRY , Botaniste ,rue de la Poter-
ne 3 N° 4e
vi
D'ORNAY , Homme de lettres , membre de l'Acadé-
mie de Lyon, de celle des arcades de Rome et
des géorgifiles de Florence , place de la Pucelle ,
n°49,
PILLORRE , Officier de santé , rue de la Prison.
ROBERT DES, VICTOR , Homme de lettres, au petit-
Bouvreuil , n° 16.
JADOULLE, Sculpteur , rue Coignebert , n° 2.
LALLEMANT , Homme de lettres, ancien vicaire
gĂ©nĂ©ral dâAvranches, rue Bourg-lâAbbĂ©, n° 22.
DUVAL, Horloger, rue des Carmes.
MUSTEL , Botaniste , rue, Morand , n° 8.
DESCAMPS , Peintre , de l'Académie des arcades
de Rome, rue dâEcosse, n° 1.
LEPECQ DE LA CLOTURE , Docteur en médecine ,
rue du Sacre , n° 15.
LEBRUMENT , Architecte, rue Bourg-lâAbbĂ©, n° 19.
LAUMONIER , Chirurgien en chef de l'Hospice
d'humanitĂ©, associĂ© de lInstitut national, Ă
lâHospice.
NOEL , Inspecteur de la navigation de la Seine ,
membre des Académies de Paris, Lyon, Bor-
deaux, Dijon , Ratisbonne , etc. , rue Beauvoisine,
n° 88.
VARIN , Botaniste , membre de la Société d'histoire
naturelle de Ratisbonne , au Jardin des plantes.
AUBRY}, Professeur de Belles-Lettres , Ă lâEcole
centrale,
GUERSENT , Docteur en mĂ©decine, professeur dâhis-
toire naturelle, membre de la Société médicale
&âĂ©mulation de Paris , Ă lâEcole centrale.
LHOSTE , Professeur d'histoire , aux Mathurins.
DEU , Botaniste, membre de la Société de Boulogne,
receveur des Douanes , 4 lâHĂŽtel de la Douane.âŠ
MATHĂUS, NĂ©gociant , rue S, Eloi, n° 57.
ix
Le Cardinal CAMBACĂRES , ArcheyĂ©que de Rouen,
au Palais archiépiscopal.
BOULLENGER , Homme de lettres, vice-président
du Tab de premiĂšre instance , rue de la
Chaïne, n° 19.
DEFONTENAY l'aßné, Négociant et Maire de Rouen,
rue des Charrettes , no 53.
AVIAT , Homme de lettres , receveur des contri-
butions , rue de Racine , n° 6.
GRUYER , Membre de l'Académie et de la Société
d'histoire naturelle de Bruxelles, directeur des
Douanes nationales, rue de Buffon , n° 6.
LEMASSON , Ingénieur en chef du Département ,
rue du Contrat-Social,
DESCROIZILLES , Chimiste , à Lescure-lés-Rouen.
BASTON , Homme de lettres , vicaire Ha Ă , rue
du Moine ATESD Le
BESNARD, Docteur en médecine, rue de La Made-
leine, n° 5,
ROBERT , Pharmacien de lHospice d'humanité ,
chimiste , 4 lâHospice.
VAUQUELIN , Architecte , boulevard Bouvreuil , n°7.
DE BOISVILLE, Homme de lettres , vicaire gé-
néral , rue des Murs-S.-Ouen, n° 8.
TARDIEU , Peintre , rue des Bons-Enfants , n° 27.
B. PAVIE,Teinturier, faurbourg S. Hilaire,n°s 21 et 22.
DELESPINE , Fabricant de velours , fauxbourg S.
Hilaire , n° 14.
LE BOULLENGER , ingénieur de l'arrondissement de
Rouen , rue Beauvoïsine , n° 77.
VIGNà , Docteur en médecine, membre de la So-
ciété de médecine clinique de Paris, rue de la
Seille, n° r1.
LETELLIER , Professeur de mathématiques, rue
dâElbeuf, n° 16,
x
PUGH , Manufacturier , rue dâElbeuf, n° 72.
BEAUFILS , Homme de lettres , rue de la Perle, n° 2.
LANCELEVĂE , fabricant de velours, rue S. Julien,
n° 67.
ĂCADĂMICIENS NON-RĂSIDENTS ,; MM.
CHAPTAL , Ministre de l'intérieur , membre delIns-
ĂŒtut national, Ă Paris.
j. DELALANDE, Astronome, membre de lâInstitut
national, place Cambray ; Ă Paris.
VALMONT DE BOMARE , Naturaliste , membre de
la Société des sciences, à Paris.
CHARLES , Homme de lettres, au Bourg-Achard,
MONNET , Inspecteur des miues, Ă Paris.
MENTELLE , GĂ©ographe, membre de l'Institut na-
tional , Ă Paris.
OURSEL, MathĂ©maticien , rue d'Ăcosse, Ă Dieppe.
DANGOS , Astronome , Ă Paris.
LEMESLE , NĂ©gociant et homme de lettres , au
Havre. Ă
GROULE , ancien officier dâ'amirautĂ© , Ă Cherbourg.
Le colonel TOUSTAIN DE RICHEBOURG , Ă
RONDEAUX DE MONTBRAY , Propriétaire et ma-
nufacturier , Ă Louviers.
FORFAIT, Conseiller d'état, associé de linstitut
national, Ă Paris.
PARMENTIER, premier Pharmacien des armées ,
membre de l'Institut national , rue S. Maur ,
Ă Paris.
DEGAULLE , Professeur d'hydrographie , Ă Hon-
Jleur.
DEFONTANES , Homme de lettres , membre de
l'Institut national, Ă Paris,
x}
DECESSART , Inspecteur en chef des ponts et chaus-
sĂ©es , quai dâOrçai, n° 24, Ă Paris.
MONGEZ , Antiquaire, membre de l'Institut natio-
nal , Ă Paris.
DANNEVILLE, Homme de lettres, Ă 4 Caen.
COUSIN DESPREAUX , Homme de lettres , associé
de l'Institut national , Ă Dieppe.
LEBARBIER., Peintre , Ă Paris,
LAMANDĂ, Inspecteur en chef des ponts et chaus-
sées , rue Belle-Chasse , à Paris.
MOREAU le jeune , Graveur , & Paris.
HOUEL , Peintre, membre de la Société des Scien-
ces, HĂŽtel dâAngevillĂ©, Ă Paris.
LEVA VASSEUR l'aßné , Général de brigade, inspec-
teur des fonderies de la RĂ©publique , Ă Paris.
LEMONNIER , Peintre d'histoire, Ă Paris.
DEMAUREY , MĂ©canicien , 4 Incarville, prĂšs Louviers.
GRAPPIN, Secrétaire de l'Académie de Besancon.
DAVID , Graveur, 4 Paris.
OBERLIN , Ă Strasbourg.
LEVAVASSEUR le jeune, Officier d'artillerie , Ă
Paris.
THOURET , Tribun , prĂ©sident de l'Ăcole de mĂ©de-
cine, Ă Paris.
SAGE , Chimiste , hĂŽtel des Monnaies , Ă Paris.
GODEFROY , Graveur , rue des Francs-Bourgeois ,
n° 117, & Paris.
LEVĂQUE , Examinateur de la marine , membre
de lâInstitut national , Ă Paris,
CHARDON LA ROCHETTE , Homme de lettres, Ă
Paris.
MOLLEVAULT , Professeur de belles-lettres , Ă
Nancy.
DELARUE , Membre de l'Académie des sciences,
Ă CA
xij
FOURCROY , Conseiller dâĂ©tat, membre de 'Insti-
tut national, Ă Paris.
CUVIER , Secrétaire perpétuel de l'Institut natio-
nal, professeur d'anatomie comparée , au Mu-
séum d'histoire naturelle , à Paris.
LACĂPĂDE , Membre du SĂ©nat , de lâInstitut na-
tional , rue $. Honoré , à Paris.
D'HERBOU VILLE , Prefet des Deux-NĂšthes, mem-
bre de la SociĂ©tĂ© d'agriculture d'Anvers , Ă
Anvers.
A s s o oMfĂLS! ĂVTR GA NIGER st, MM.
TURNOR , de la Société des antiquaires , à Londres.
Miss ANNA MOOR , Ă Londres.
ANCILLON , Pasteur de l'église française , à Berlin.
VOLTA , Professeur de physique, Ă Pavie.
DE MOLL , Directeur de la chambre des finances
et correspondant du conseil des mines de Paris,
Ă Salzbourg.
DE BRAY , Ministre de l'Electeur de BaviĂ©re , Ă
Berlin, membre de la Société de Ratisbonne ,
de l'Académie d'Amiens, etc. , à Berlin.
JEFFRAY , Professeur d'anatomie Ă lâuniversitĂ© de
Glascow , Ă Glascow.
ENGELSTOFT, Docteur en philosophie , professeur-
adjoint d'histoire , à l'Université de Copenhague,
CAVANILLES, Botaniste , Ă Madrid.
SINCLAIR , Président du bureau d'agriculture , 4
Edimbourg.
FABRONI , mathématicien , à Florence.
PRĂCIS
PRĂCIS ANALYTIQUE
PPE?S C'EFIT'ANV'ANU XX
DE L'ACADĂMIE
DES SCIENCES, DES BELLES-LETTRES ET DES ARTS
URL OZ TURIN,
PENDANT L'ANNĂE 1804 (AN 12);
Dâ'arrĂs le Compte qui en a Ă©tĂ© rendu
par MM. les Secrétaires , à la Séance
publique du 22 Août de la méme année
( 4 Fructidor an 12. )
EE â
D'I S°C OURS
PrononcĂ© Ă lâouverture de la SĂ©ance publique , par
M. GosssAvms, Directeur de lâAcadĂ©mie.
1.7) PRET
C'EST avec un plaisir toujours nouveau que lâA-
cadémie des sciences , des belles-lettres et des arts de
#5. publ. 1804, Ă
C2)
Rouen, vous invite Ă assister au compte solemnel que
tous les ans elle rend de ses travaux. La bienveillance
avec laquelle vous daignez l'entendre depuis une
longue suite d'années , lui à fait trouver ure re-
compense pure dans la douceur de vos suffrages ,
et l'habitude de vos bontés n'a rendu que plus
amĂšres de longues privations auxquelles elle a dĂ»
se soumettre sans pouvoir sây accoutumer jamais.
Enfin, aprĂšs des jours dâorages et de tempĂȘtes,
un horizon serein se découvre à nos yeux :le Génie
protecteur des beaux arts qui rĂšgne sur la France,
cherche à rappeler parmi nous les Muses éplorées
et à les naturaliser de nouveau dans ces contrées
fortunées qui leur furent autrefois si chÚres.
Mais à peine , depuis la réunion des éléments
épars de notre antique société , nous at-il été pos-
sible d'Ă©tablir avec nos collaborateurs une corres-
pondance réguliÚre : il faut du temps pour faire
succĂ©der lâordre Ă la confusion, et les occupations
paisibles du cabinet et du laboratoire Ă des travaux
tumultuaires. Une longue sécheresse tarit enfin les
sources les plus 2bondantes, et lorsque les torrents
précipités des montagnes ont enséveli les naïades
timides sous leur limon fangeux , encombré leurs
sentiers favoris, donné à leurs perles liquides une
direction nouvelle , ce nâest que peu Ă peu que le
cristal quâelles Ă©panchent de leurs urnes fĂ©condes
reprend $a transparence naturelle , surmonte les
obstacles qui s'opposaient Ă son passage , et quâelles
(5)
reportent ainsi au réservoir primitif le contingeut
que chacune dâelle avait la tĂąche de lui fournir.
Nous nous retrouverions ainsi , Messieurs , au
niveau de notre Académie naissante , si nous pou-
vions nous flatter de réunir autant de talents, de
zĂšle et de diligence que nos premiers fondateurs.
Cette idée m'a fait concevoir le projet de vous re-
tracer succinctement l'h'stoire de notre institution !:
vous ne verrez peul-ĂȘtre pas avec indiflĂ©rence com-
ment une Académie des sciences, des belles-lettres et
des arts fut instituée dans nos murs : vous applaudirez
au moins aux Ă©tablissements utiles qui se formĂšrent
dans son sein.
C'est presque toujours Ă des affections particu-
liÚres que sont dues les institutious générales.
Le goût de la botanique avait réuni plusieurs
amateurs dans un jardin du fauxbourg Bouvreuil.
M. Delaroche |, médecin distingué de cette ville ,
fournissait le local : MM. Dufay et Thibaux en Ă©taient
les administrateurs , et un certain nombre de cu-
rieux , tous unis par les liens de l'amitié, fréquen-
taient ce premier berceau de ja Flore rouennaise,
Peu Ă peu on forma le dessein de rendre les as-
semblées réguliÚres ; on y discuta des points de
physique et de littérature : le célÚbre ZLecat y porta
ses talents et son activité ; M. de Cideville vit la pos-
sibilitĂ© dâĂ©riger la SociĂ©tĂ© en AcadĂ©mie , et le legs de
M. l'abbé Legendre , qui fut mis à sa disposition ;
reudit cet ecclésiastique respectable son premier
Ă 2
C4)
bienfaiteur. Fontenelle mw'eut pas une faible part Ă
l'Ă©tablissement de lâAcadĂ©mie de Rouen, et sâoccupa
de la rédaction des statuts qui devaient la régir*
Les lettres patentes qui consolident cet ouvrage sont
datées de Lille , en 1744 , au mois de juin.
L'équité et la reconnaissance nous font un devoir
de publier ici la part que MM. de l'HĂŽtel-de-Ville
eurent Ă cet Ă©tablissement ; ils lui donnĂšrent dâabord
un asyle dans leur HĂŽtel, et, sur la demande qui
leur fut faite dâun terrain plus vaste et plus com-
mode pour y cultiver les plantes, ils lui concédé-
rent le terrain qui forme aujourdâhui le jardin des
plantes , moyennant une redevance annuelle qui
honorait également la cité et l'Académie , et qui
montre qu'un bienfait peut doubler de valeur par
les graces qui lâaccompagnent. Cette redevance , sti-
pulée dans un contrat , était un bouquet que lA-
cadémie se plaisait à composer des fleurs et des
fruits les plus rares de son jardin , et quâelle nâa cessĂ©
de présenter tous les ans , tant que cette propriété
ne lui a pas été ravie.
Temps fortunés ou la vertu faisait germer l'ému-
lation , et oĂč , pour me servir de la belle expres-
sion de Tacite , on comptait la fortune au nombre
des avantages incertains , et la vertu au nombre des
trésors inaltérables , puissions-nous yous voir re-
naitre et répandre sur nous vos plus heureuses in-
fluences !
L'Académie se hùta de mettre à profit ce terrain
(5)
précieux ; ses belles clÎtures furent perfectionnées
et fermées par une grille élégante. Des orangeries
vastes et réguliÚres , une serre chaude qui les sé-
pare avec agrément, décorÚrent bientÎt le fond du
jardin : un réservoir et des conduits pour les eaux
alimentĂšrent le bassin qui en occupe le centre ,
et toutes ces dépenses furent comblées des deniers
de l'Académie , et par les offrandes volontaires que
ses membres opulents sâ'empressaient de lui faire,
Dans ces mĂȘmes circonstances, M. de Cidewville trans-
mettait , par un contrat de vente à l'Académie , la
propriété de sa riche bibliothÚque , et fut le pre-
mier instituteur de ce bel établissement littéraire
qui sâaccrut insensiblement par la libĂ©ralitĂ© des Aca-
démiciens, et put , durant plusieurs années , sa-
ĂŒsfaire l'empressement et la curiositĂ© du public.
Déjà une collection intéressante de médailles , de
bustes , de productions curieuses des trois rĂšgnes
de la nature , annonçaient la formation prochaine
dâun cabinet de curiositĂ©s et dâantiques. . . . . . ..
Des circonstances desastreuses nous auraient-elles
ravi pour toujours des propriétés aussi respectables,
et le plaisir inestimable dâen faire jouir nos conci-
toyens ?
Cependant le zÚle et l'amour du travail créaient ,
dans le sein de l'Académie et sous sa vigilance , des
écoles spéciales qui ont fourni à la patrie des hommes
distingués dans tous les genres.
Le célÚbre Lecat faisait des cours de physique
Ă 3
(6)
expérimentale , et professait avec éclat toutes les
parties de la médecine opératoire.
Les pÚres Pingré et Bouin, chanoines réguliers
de la congrégation de France , établissaient des
observatoires au Mont-aux-Malades et Ă Saint-Lo ,
et jettaient au sein de l'Académie les fondements de
leur gloire future.
Doué d'une modestie, d'une patience et d'une
amabilité que rien n'égalait que ses connaissances
profondes , M. Descamps , de son cÎté, fondait une
Ă©cole de dessin, avantageusement connue sous le
nom d'Ă©cole normande. M. Ligot professait les ma-
thématiques avec un succÚs prononcé. M. Dulague ,
le seulâde ces hommes laborieux que nous ayons
encore le plaisir de posséder dans cette enceinte ,
donnait des leçons dâhydrographie , et faisait passer
à la postérité , dans un ouvrage aussi méthodique
que concis , les préceptes lumineux qu'il donnait
à ses élÚves. M. Pinard , médecin distingué , pro-
fessait la botanique , et tandis qu'il consacrait tous
ses loisirs Ă la composition d'un systĂȘme de bota-
nique complet et médité , M. Pinard , à la fleur
de sa jeunesse , et avec toutes les ressources d'une
imagination vive et brillante |, lembellissait de gra-
vures soignées , et faisait revivre à Rouen les talents
des Aubriat et des Belleporte : cinquante années
de travaux académiques utiles assurent à M. Pinard
l'estime et la reconnaissance de ses collĂšgues ; sa
douceur et sa bonté franche lui acquirent des amis,
C7)
et son nom passera à la postérité ayec le souvenir de
ses vertus.
Je ne dois pas oublier ici deux hommes labo-
rieux qui fomentÚrent de leur cÎté l'instruction pu-
blique , M. Scanégatti et M. l'abbé Bacheley, Le
premier , physicien instruit, mécanicien intelligent,
se consacrait à des expériences utiles avec un zÚle
supérieur à sa fortune. Le défaut de moyens pé-
cuniaires put l'empĂȘcher dâĂȘtre heureux, mais il
nâen conservera pas moins dans notre souvenir la
place que ses talents et sa probité lui assurent. Le
second s'était entiÚrement consacré à l'étude de Phis-
toire naturelle , et Ă©tait dans cette partie correspon-
dant de lâAcadĂ©mie des sciences de Paris ; lui-mĂȘme
avait été son instituteur et avait formé une belle
collection des curiosités naturelles de notre province.
Il fit plusieurs années de suite des cours sur cette
science intéressante. La pureté de son ame se pei-
gnait dans ses discours , et il ne fit pas moins esti-
mer en lui les avantages de la science que les dou-
ceurs de la confraternité.
Que ne nous est-il possible , Messieurs , d'embellir
cette sĂ©ance dâune scĂšne de bonheur qui fit prĂ©cĂ©-
demment une des parties les plus intéressantes de
nos séances publiques ; je veux parler de la pro-
clamation solemnelie des prix que l'Académie dis-
tribuait aux élÚves distingués des écoles de dessin ,
de peinture et d'architecture , de mathématiques ,
d'hydrographie , d'anatomie , de chirurgie , dâac.
(8)
couchement et de botanique. Qu'il était agréable
pour nous d'interrompre le compte que nous vous
rendions de nos travaux pour payer Ă cette jeunesse
Jaborieuse le tribut dâĂ©loges que mĂ©ritait sa diligence!
Que dis-je interrompre ? C'Ă©tait embellir notre his-
toire d'un épisode délicieux qui pénétrait tous les
cĆurs et vous fit souvent rĂ©pandre des larmes de
tendresse.
En vous montrant ainsi, Messieurs , que lâAcadĂ©mie
des sciences , des belles-lettres et des arts de Rouen ,
a déployé pour leurs progrÚs une activité qui ne
s'est jamais ralentie , et que la part qu'elle réclame
dans l'estime de ses concitoyens nâest pas une rĂ©-
compense usurpée , je ne saurais me dissimuler
que j'ai en méme-temps donné la mesure de nos
devoirs. Câest par le travail, c'est par des efforts
sans cesse renaissants , que nous devons espérer
de captiver votre bienveillance , l'heureux partage
de nos prédécesseurs. Mais, en rendant justice au
motif qui nous anime , vous daĂŻgnerez vous sous
venir, Messieurs , que l'habileté des appréciateurs
ue contribue pas moins que les progrĂšs des arts
Ă rendre plus difficiles les routes qui y conduisent,
que l'Académie a fait depuis quinze ans des pertes
immenses, et que , malgré les talents et l'habileté
de ses nouveaux collaborateurs , il faut du temps
pour mettre de l'harmonie dans ses travaux , de
l'ensemble dans sa marche. Vous-mĂȘmes, Messieurs,
que distingue la plus sĂ©vĂšre impartialitĂ© , ĂȘtes-vous
bien certains d'accorder Ă des accents nouveaux qui
(9)
s'Ă©tudient Ă vous plaire , cette mĂȘme faveur que
vous accordùtes à des organes accoutumés à charmer
vos oreilles ?
Je ne retarderai pas plus long-temps le plaisir que
nous Ă©prouvons, Messieurs , Ă vous associer Ă nos
travaux : dans cette espĂšce de compte de famille,
que la loyauté présente et que l'indulgence reçoit,
nous mavons tous qu'un mĂȘme but , le progrĂšs des
sciences , comme nous nâambitionnons quâun avan-
tage personnel, câest que vous ne cessiez , Messieurs ,
de reconnaßtre en nous cette ancienne Académie de
Rouen, qui, tant de fois, se plut Ă vous commu-
niquer les fruits de ses veilles , et fut toujours
certaine de retrouver chez vous la ressource des lu-
miÚres et la bienveillance de l'amitié.
AprĂšs le discours de M. le directeur , M. de
Couronne , secrétaire , donna quelques détails his-
toriques sur les rĂ©volutions que lâAcadĂ©mie avait
éprouvées.
» L'AcadĂ©mie , dit-il , doit sa premiĂšre origine Ă
» la réunion de quelques amis des lettres.
» La tradition , qui nous avait conservé ce sou-
» venir , ne nous avait transmis rien de positif ,
» soit par rapport Ă lâĂ©poque , soit par rapport Ă
» Vhistorique des premiÚres assemblées de nos esti-
» mables prédécesseurs. Il semblait que nous dus-
» sions renoncer Ă la satisfaction dâen avoir une
» connaissance suffisante , lorsqu'un heureux hasard
ȉ
?
2
-
»»
v
»
(10)
m'a fait rencontrer, parmi des papiers réputés inu-
tles, une feuille manuscrite bien intéressante pour
nous.
» Elle est intitulĂ©e : Statuts de lâAcadĂ©mie , com.
mencée le 16 avril 1716 , par MM. de Couronne
( aïeul du secrétaire), Néel, le Baillif, Demissy ;
sur cette mĂȘme feuille se trouve Ă©crit le projet
dâun travail commun, dâun rĂ©glement pour la po-
lice intĂ©rieure , enfin dâune distribution des ma-
ĂŒĂšres dont chacun des coopĂ©rateurs consentait de
se charger comme objet particulier de ses Ă©tudes
et de son travail.
» Voilà , n'en doutons pas, l'idée premiÚre de
notre institution. Nos devanciers se sont occupés
de faire bien ; sans faste , sans ostentation, sans
recourir à des programmes imprimées , ils ont tracé
sommairement nos occupations ,; nos réglements,
ânos devoirs.
» Les soins de ces hommes studieux eurent une
influence heureuse. Le nombre des sociétaires ,
déjà célÚbres en 1744 , fixa l'attention du gouver-
nement ; il statua que cette association serait dé-
sormais qualifiée : Académie des sciences , des bel-
les-lettres et des arts de Rouen «.
M. le secrétaire montre ensuite que l'HÎtel-de-
Ville , sous la mairie de M. Pigou ( son aĂŻeul ),
conseiller au parlement, mort, en 1750, doyen de
cette cour , avait fait, dÚs 1742, à la société nais-
sante , la cession du legs de M. l'abbé Legendre,
Cu)
ce qui , pour le service de l'intérieur , lui pro-
curait une rente de 1000 livres ; dans la suite , le
mĂȘme HĂŽtel-de-Ville concĂ©da Ă l'AcadĂ©mie un terrain
pour former le jardin des plantes , Ă l'entretien
duquel le Gouvernement consacra une somme an-
nuelle de 1600 livres , comme il en accorda dans
la suite une de 600 livres pour la bibliothĂšque qui ?
dĂšs-lors , devint publique.
Comme c'était du sein de l'Académie , continue
M. de Couronne, quâon avait vu naĂźtre les Ă©coles
d'anatomie, de chirurgie, de botanique , d'hydro-
graphie, de mathématiques , de dessin , peinture ,
sculpture et architecture , il fut réglé que l'Acadé-
mie ferait la présentation des professeurs pris parmi
ses membres ; que les élÚves des différentes écoles
seraient en quelque sorte sous sa surveillance ; qu'elle
leur décernerait les prix que l'HÎtel-de-Ville avait
consenti de leur distribuer chaque année , ré-
compenses flatteuses et honorables ! Elles Ă©taient
dignes , ajoute-t-il , du goût et de la munifi-
cence de la patrie du Grand - Corneille , des Bo-
chard , des Fontenelle , des Jouvenet , des Bru-
moy , etc. ; elles Ă©taient dignes de la capitale
d'une province , qui, par un Ă©vĂšnement unique
dans les fastes des sciences et de la littérature , a
fourni en méme-temps trois secrétaires aux trois Aca-
démies de Paris.
A peine l'Académie en eut-elle obtenu le titre
en 1744 , quâelle s'empressa , l'annĂ©e suivante , de
(12)
vous rendre les témoins du fruit de ses veilles, dans
une séance publique.
»
» Oh ! combien cette assurance dâĂȘtre immĂ©dia-
tement sous les regards de ses pairs et d'ĂȘtre jugĂ©s
par eux , nous fut sensible et fut chĂšre Ă nos
cĆurs ! Vous Ă©coutĂątes pour la premiĂšre fois et
avec satisfaction le détail de nos travaux. Nous
aimons Ă nous rappeler ces souvenirs et Ă redire
que notre tribut volontaire vous fut agréable.
BientĂŽt aprĂšs il le fut d'autant plus que vous vites
une femme jeune, belle , savante , née en cette
ville , y obtenir la palme proposée au concours :
madame du Bocage eut en 1746 , le prix de poësie ,
le premier de tous ceux que l'Académie ait don-
HS SOS ST
» Mais, tandis que je parle de nos jours heu-
reux , lâannĂ©e 1791 en vint terminer le cours.
A la vĂ©ritĂ© , dans cette annĂ©e , nous continuĂąmes Ă
avoir une séance publique , et de recevoir les
témoignages de votre affection, de votre estime ;
ce fut pour la derniĂšre fois.. . . Vous nâavez pas
changé. ...; les circonstances seules ont été diffé-
rentes et ont amenĂ© dâĂ©tranges mutations. , « . « 4
Oublions aujourdâui ces temps dâerreurs et de
désastres , livrons nous à des sentiments plus doux,
et que ces mots de Virgile : Deus nobis hĆc otia
fecit soient chez nous tous l'expression vive du
sentiment et l'Ă©lan du cĆur, oui : Deus nobis hĂŠc
otia fecit !
LE]
2)
(13)
» Je termine à ces mots l'histoire des révolutions
de cette Compagnie , et de l'interruption forcée
de ses travaux pendant douze années.
» La réintégration de l'Académie a eu lieu le 10
messidor de lâan 11, et dans ce mĂȘme sanctuaire
oĂč nous voici. Redevenue l'hĂ©ritiĂšre de son nom,
et de ses titres, elle a repris ses exercices. Puisse
la totalité de ses droits lui revenir aussi dans leur
intégrité !
» AprÚs sa réinstallation cette Compagnie a regar-
dé comme une de ses premiÚres obligations de
chercher à réparer ses pertes ; elle a repris la
suite de ses anciens travaux pour pouvoir vous
en présenter les détails dans ces deux départe-
ments , et c'est le compte que vous allez enten-
dre. Sa satisfaction eĂ»t Ă©tĂ© imparfaite si elle nâeĂ»t
pu vous demander de la partager.
» Jouir intĂ©rieurement du bonheur , câest peu !
l'annoncer au dehors, le partager , câest doubler
son existence et sa félicité ! Agréez notre hom-
mage «!
BE DL E S'RENTTAUES.
RFA EAP DO RUT
Fait par MSNCGouRDIY,
MESSIEURS,
L'AcadĂ©mie, dans tous les temps , sâest fait un
devoir de donner publiquement quelques détails
sur ses travaux annuels. Câest un hommage que
nous aimons Ă rendre Ă nos concitoyens , Câest une
dette que nous payons Ă leur estime , Ă cette estime
qui est pour nous la récompense la plus flatteuse,
celle que nous ambitionnons davantage.
Depuis long-temps vous étiez accoutnmés , Mes-
sieurs , Ă entendre le compte rerdu dans la partie
des belles-lettres avec un intĂ©rĂȘt que savait vous ins-
pirer un littérateur qui répandait un charme secret
sur les moindres objets , les embellissait , les ren-
dait dignes de votre attention. Celui qui , par obéis-
sance , le remplace pour le moment , a besoin,
Messieurs , de toute votre indulgence.
Nous commencerons par les ouvrages des person-
nes qui, sans appartenir à l'Académie , lui ont
communiqué leurs travaux.
â Nous ayons reçu un MĂ©moire imprimĂ© ayant
C15)
pour titre : Ăclaircissements demandĂ©s par la classe
des beaux arts de lâInstitut national, sur la construc-
tion de plusieurs Monuments militaires de l'antiquité.
On doit Ă M. Perit - Radel |, membre de lIns-
ĂŒtut , d'avoir montrĂ© que les monuments militaires
que lâon rencontre dans quelques parties de l'Italie,
se rapportent pour le genre de construction avec
dâautres monuments de la GrĂšce , d'ou il conclut
que non-seulement ces monuments sont dus aux
Grecs , mais encore que les Grecs nâen ont point em-
pruntĂ© la construction des Ăgyptiens. Pour assurer
la théorie de M. Petit-Radel , l'Institut propose
aux savants et aux voyageurs la solution des trois
questions suivantes : 1° dans quelle ville ou lieux
d'Italie trouve-t-on des enceintes antiques construites
en pierres parallélogrammes réguliÚres , disposées
par assises horizontales et sans ciment ? 2° Dans quelle
ville ou dans quels lieux trouve-t-on des enceintes
formées de grands blocs ou quartiers de pierres de
figure polygone irréguliÚre , sans ciment, ce que
les anciens auteurs appelaient des constructions cy=
clopĂ©ennes ? 50 Lorsque , dans une construction quelâ
conque , ces deux espĂšces de constructions se trou
vent réunies , quel ordre observe-t-on dans leur dis-
position respective ; câest-Ă -dire quelle est celle qui
sert de fondation Ă lâautre , ou qui, dans tout autre
mélange occasionné par des restaurations , porte les
caractĂšres dâune grande anciennetĂ© ?
= M.Lecarpentier , professeur de lâĂ©cole de dessin ,
(16)
membre de la SociĂ©tĂ© dâĂ©mulation de cette ville et
de la société des sciences , lettres et arts de Paris ;
nous a adressé un exemplaire de sa Motice histori-
que sur M, Auber. Cette notice est imprimée , ainsi que
celle sur M. Broche , que nous avons reçue de la
part de M. Guilbert ,membre de la mĂȘme SociĂ©tĂ© dâĂ©-
mulation.
= Il nous a été adressé par M. Mulot , président
de la Société académique des sciences , secrétaire de
l'Athénée des arts, de l'Académie de législation de
Paris , les ouvrages suivants imprimés :
Vue dâun ancien DĂ©putĂ© de Paris & lâAssemblĂ©e
législative sur les Sépultures ; D'scours sur les Fu-
nĂ©railles ; MĂ©moire sur lâĂ©tat actuel de nos Biblio.
tchĂšques ; Notice historique sur la Vie et les Ouvrages
de M. Demoustier ; à la mémoire de Léonard Robin,
tribun et membre de lâAcadĂ©mie de lĂ©gislation ;
Essai sur la Poësie légÚre ; Notice sur la vie de
Guillaume-Antoine Lemonnier ; Discours sur les qua-
lités qui doivent distinguer les Orateurs du barreau :
et autres opuscules.
= Nous avons reçu par M. Boinvilliers plusieurs
ouvrages imprimés de différents auteurs , tels que
des Eclaircissements sur lâinscription grecque du Mo.
nument trouvé à Rosette , par M. Ameilhon ; un
Rapport sur diverses inventions de J, Pierre Droz ,
relatives Ă lâart du monnoyage ; Discours prononcĂ©
Ă lâInstitut , dans la sĂ©ance publique, par M. Parny ,
e: RĂ©ponse par M. Garat ; Socrate dans le temple
dâAglaure ,
(17)
di Aglaure | poëme qui a remporté le prix à l'Institut
en l'an 12 ; Organisation de lâInstitut national ; enfin A
Ăelation d'un Voyage dans le dĂ©partement de l'Orne
pour constater la rĂ©alitĂ© dâun mĂ©tĂ©ore observĂ© Ă
lâAigle le 6 florĂ©al an 11.
= M. Leboulenger , ingénieur , Académicien ré-
sident , nous a communiqué une Abécédaire , com-
posĂ© par M. ChĂ©ron , et nous a assurĂ© quâĂ l'aide
de cet ouvrage nombre de personnes de tout Ăąge
ont fait, dans un temps trĂšs-court, de grands pro-
grĂšs dans la lecture.
= M. Feret , professeur au Lycée de cette ville,
a envoyé à l'Académie la traduction en vers français
de la fable de Gay , intitulée : le LiÚvre er ses
nombreux Amis, oĂč les Amis du Jour. L'auteur tra-
vaille Ă la traduction de toutes les fables du La Fon-
taine anglais , et les amateurs doivent désirer qu'il
en eurichisse bientÎt notre littérature.
PASSONS maintenant anx trayaux des Académi-
ciens dans ia classe des belles-lettres et des arts.
â M. l'abbĂ© Lallemant , que , lors de la rĂ©instal-
lation de l'Académie , tous les sufirages avaient
porté à la place de Directeur , mais que sa santé
chancellante la forcé d'abdiquer , M. Pabbé Lalle-
mant a prononcé, à l'ouverture de notre premiÚre
séance , le discours suivant !
S. publ. 1504. B
C:18)
n MESSIEURS,
» Un temps lucide semble préparer une nouvelle
» existence à nos trayaux. Quels favorables auspi-
» ces ! quel jour plus marquant aurait-on pu choi-
» sir pour nous rouvrir le temple des Muses, que
» celui de la fĂȘte du Grand-Corneille , notre compa-
# lriote ? Jour Ă jamais mĂ©morable , oĂč la CitĂ© ,
wlors de notre rétablissement , se réjouit avec
» enthousiasme dâavoir donnĂ© Ă la France ce suc-
» cesseur des plus grands Poëtes de l'antiquité, mo-
» dÚle inimitable qu'admirent toutes les nations et
» qu'aucune wa égalé,
» Câest avoir investi ma vieillesse du souvenir dâune
» jouissance et d'une satisfaction bien douces, que
» d'avoir eu l'honneur de présider l'Académie à sa
» glorieuse réinstallation. Il ny aurait, pour moi ,
» dâĂ©gal Ă cette satisfaction que celle de suivre plus
» long-temps les impulsions de mon zÚle dans les
» fonctions de Directeur de cette sayante Compagnie
n dont j'ai toujours recu des témoignages de senii-
» ments bien chers Ă mon cĆur. Mais l'extrĂȘme dĂ©-
» licatesse dâune santĂ© vacillante que lâĂąge infirme
» encore , et l'étendue du travail que j'ai entrepris,
» ne me permettant pas d'assister, comme je le dé-
» sirerais , habituellement aux séances de l'Acadé-
» mie , je suis obligé de l'inviter à faire un choix
» plus propre à réactiver cette belle fonction,
# dont j'étais honoré lors de l'interruption de nos
(19)
» travaux, et quâĂ notre renaissance , un nouveĂ©att
» choix m'a confiée.
» Ce ne peut ĂȘtre qu'avec un bien grand regret
» que je me prive dâun avantage plus conforme Ă
» mon inclination qu'à mes facultés. Je désire vive-
» ment que mon respectable CollÚgue , également
» nommé provisoirement Secrétaire, veuille bien con-
ntinuer un exercice de ses talents , qui , si long-
» temps , ont fait honneur Ă notre AcadĂ©mie , Ă
» cette Académie dont les connaissances et les dé-
» cisions ayant mérité l'hommage de notre ancien
» Gouvernement , ne peuvent manquer dâinspirer
n une semblable disposition au Gouvernement sage
» qui sâoccupe de restituer ces antiques ressorts Que,
» durant quatorze siÚcles, la lime de l'expérience
» avait portés à un dégré de perfection qui était
» Pobjet de l'admiration et de la jalousie des autres
» nations.
» Bien que forcé, Messieurs , de voir céder mon
» zÚle à mon impuissance , je me reprocherais ce
» pendant d'abandonner le poste dont vous m'avez
» honoré, si, au méme titre , je ne continuais pas
» de concouri: à une nomination de nos membres,
» déjà si bien accueillie : nomination dont le com-
» plĂ©ment , dâaprĂšs l'article MI de l'arrĂȘtĂ© de M. le
» Préfet et la lettre du Ministre de l'Intérieur , ap-
» partient aux anciens membres de l'Académie.
n Permettez donc, Messieurs, avant que de pro-
» céder à la formation du bureau, que je propose
B 2
(20)
» de nous occuper des places de titulaires à remphr,
et de pourvoir aux moyens de connaĂźtre le nomâ
mbre des membres que nous aurons Ă nommer
» pour compléter celui des Académiciens-associés ;
» tant regnicoles quâĂ©trangers. «
= M. Gosseaume ayant succédé à M. l'abbé Lalle-
mant dans la place de Directeur , témoigna ainsi sa
reconnaissance Ă la compagnie :
» Je m'efforcerais vainement d'exprimer ici com-
bien je suis sensible aux témoignages d'estime et de
confiance que vous venez de me donner.
» Mon respect profond pour vos décisions seul a
pu me faire accepter un fardeau supérieur à mes
forces ; et si l'espoir de mâinvestir de vos talents
et de vos lumiĂšres , ne venait balancer ma juste
dĂ©fiance , je nâhĂ©siterais pas Ă mâĂ©loigner dâune place
que dâautres occuperaient plus utilement que moi.
Mais , avec la certitude de trouver en tout temps
chez vous , Messieurs , cette bonté tutélaire , cette
cordialité franche , cette communication facile qui
vous distinguent , quels dangers aurais-je Ă redouter ?
J'opposerai Ă des problĂšmes embarrassants vos con-
paissances profondes , Ă des questions insolites votre
maturité et votre expérience , aux difficultés de tous
les genres votre sagesse et votre perspicacite.
» Je ne vois pas, sans un plaisir secret, que la car-
_ fiÚre m'ait été ouverte par un littérateur distingué ,
qui sait allier aux vertus austĂšres toutes les graces
(21)
sociales (a) ; puissé-je en la quittant ne l'avoir pas
déparée aux yeux de mon successeur (4) , dont
le goût épuré et les conceptions faciles illustreront
toutes les places auxquelles il serd appelé. Quand
votre indulgence , Messieurs , me décerne l'honneur
de vous présider , le mérite lui assigne la premiÚre
place ; le mien sera d'avoir été son précurseur.
» Que de ressources précieuses ne promettent pas
les hommes éclairés que vous avez investis de vos
pouvoirs ! Ici l'hommage rendu Ă ses triomphes an=
ciens a réintégré l'ami des beaux arts (c) dans la
possession de les faire briller Ă vos yeux. LĂ une
Ă©tude approfondie des secrets de la nature , et Part
de les présenter avec éloquence et précision , font
asseoir un de nos nouveaux collégues à la place du
savant et modeste d'Ambourney (d).
» Une sage économie appelle toutes les ressources
de l'abondance dans les mains du dépositaire que
vous avez choisi (e ).
» Enfin , si les trésors littéraires que l'Académie a
possédés, existent encore pour la plupart, et si elle
peut nourrir l'espoir de les recouvrer quelque jour ,
(a) M, l'abbé Lallemant.
(&) M. Beugnot.
(c) M. Haillet de Couronne , secrétaire de l'Académie , pour
la partie des belles-lettres.
(d) M. Vitalis, secrétaire pour la partie des sciences.
(e) M. Mésaize , trésorier,
B 3
(22)
chacuh désigne avec sensibilité la bienveillance stu-
dieuse (f) qui nous les a conservés.
» Recevez l'hommage de ma reconnaissance, dignes
promoteurs des beaux arts , qui avez fructueusement
travaille à rassembler les membres de notre Société
dispersĂ©e , et lui avez obtenu la sanction dâun Gou-
yernement sage et ami de tout ce qui est bon, de
tout ce qui est juste.
» Recevez l'hommage de mon admiration , hommes
distingués de tous les ordres , qui réunissez ici la
physique et la morale , les abstractions mathémati-
ques et les fleurs de lâ'Ă©loquence et de la poĂ«sie; la
science de l'administration , de lâagriculture et du
commerce ; les arts utiles etceux d'agrément! Par vos
soins et par votre influence , l'Académie des sciences,
des belles lettres et des arts de Rouen va reprendre
sestravaux , Ă©tendre ses relations et briller dâune pure
lumiĂšre. Qu'il est flatteur pour moi , Messieurs ,
de prédire vos succÚs et de vous montrer les palmes
que vous devez cueillir ! MaĂŻs je nâoublierai pas que
la pierre qui aiguise l'acier est impuissante pour cou-
per elle-mĂȘme, et je placerai toujours , Ă cĂŽtĂ© du
sentiment de ma faiblesse , la conscience de vos
forces , l'honneur qui tient Ă votre estime , et le
souyenir de vos bontés.
(f) M. Gourdin, bibliothécaire.
NN ee
(25)
= à l'expiration des vacances , l'Académie ayant
repris le cours de ses travaux , M. Gosseaume ,
- docteur-médecin, Directeur , a ouvert la premiÚre
séance par un discours trop étendu pour pouvoir ,
d'aprĂšs le plan que nous ayons adoptĂ© , ĂȘtre prĂ©-
senté en entier.
Les morceaux suivants, qui en sont extraits, en
feront connaĂźtre le sujet , la division et la forme.
Notre confrÚre débute ainsi :
» Messieurs , les premiers instants de notre réu-
nion ont été signalés par une allégresse commune:
en nous ouvrant un asyle dans l'hĂŽtel municipal,
le digne magistrat (1) chargé de notre installation
s'est empressé de répandre des fleurs sur notre
rouvelle carriĂšre ; c'Ă©tait des fleurs offertes Ă
l'amitié par les vertus hospitaliÚres.
» De leur cÎté les hommes aimables et disertis ,
chargés d'exprimer en votre nom la reconnaissance
qui nous anime, nâont pu rĂ©sister au plaisir de
brillanter vos destinées : alors un enthousiasme
bien naturel animait leur langage , et semblait
leur faire oublier un moment que les Ă©pines et
les roses sont des compagnes inséparables. . . . .
Nous avons passé ces premiers moments de sur-
prise , nous ayons payé aux auteurs de notre
rĂ©union Le doux tribut du cĆur ; et aujourdâhui
que l'illusion doit disparaĂźtre Ă la voix de la rai-
EEE
(1) M. de Fontenay , maire.
B 4
»»
LL
LL
»»
»
22]
»
»
»
1»
»»
LL
»
»)
»
»
»»
LE
»
2
C4)
son sévÚre qui nous montre le travail comme le
but unique de notre inmttution , quâil me soit
permis de vous rappeler, Messieurs, Ă ces con-
sidérations importantes , et de développer ici quel-
ques-uns des motifs qui rendent lapplication Ă
l'Ă©tude si essentielle pour nous. Cette communi-
cation franche de ma part est le plus pur hom-
mage que je puisse rendre Ă votre sagesse.
» Or, cette nécessité de multiplier nos efforts, je
la déduis 1° des progrÚs singuliers qu'ont fait de-
puis trente ans lessciences exactes , et de la difficul-
té de s'élever à leur niveau ; 2° de la décadence des
Lettres et des Arts soumis Ă l'influence de li-
magination.
» En deux mots , les sciences physiques se sont
perfectionnées , il faut par le travail en soutenir
l'éclat : les Lettres et les beaux Arts se sont dé-
tĂ©riorĂ©s , ce nâest que par le travail qu'on peut
les faire refleurir. Chacun de ces titres pourrair
ĂȘtre le sujet dâune longue dissertation ; je ne ferai
que les effleurer , en laissant à votre sagacité le
soin de suppléer les details. C'est un canevas sim-
plement calqué que je vous présente : vous le
décorerez de la plus riche broderie «,
M. Cosseaume parcourt le département des scien-
ces physiques et mathĂ©matiques , et nâa pas de peine
Ă
montrer les progrĂšs quâelles ont ont fait depuis
25 à 50 ans ; la chimie, surtout, présente l'aspect
le plus riant ; mais notre ConfrĂšre nâest pas enthou-
(25)
siaste , et n'Ă©pargne pas les abus quand il les ren-
contre sur ses pas ; lâarticle mĂ©decine en fournira la
preuve.
» Un prophylactique nouveau , conquĂȘte heureuse
» de l'observation , permet de faire cesser parmi
» nous les ravages de la petite-vĂ©role ; mais, Ă lâ'ex-
» ception de ce procédé dont Padoption rapide et
» universelle atteste le besoin quâon en avait, si je
» jette un regard attentif sur la médecine , je vois
» peu de progrÚs dont elle puisse se glorifier. L'ana-
» tomie, etc. . . .« . La chirurgie , etc. .. . « La
» médecine interne , envahie de toutes parts,
» conserve à peine quelques restes de cetéclat, de
» cette lumiÚre pure dont Hipocrate la fit briller.
» Le goût du néologisme , des calculs, des hypo-
» thÚses, fait oublier que la médecine , fille de l'ob-
» servation , peut bien emprunter aux sciences phy-
» siques des parures et des ornements, mais quâĂ
» la nature seule appartient le privilége de lui
» fournir ses principes et ses lois «.
En parlant de la botanique , notre ConfrĂšre mon-
tre qu'avec des richesses immenses en apparence ,
nous sommes encore vĂ©ritablement pauvres : car câest
particuliÚrement la propriété des végétaux qu'il im-
porte de connaßtre. AprÚs avoir indiqué les tentatives
infructueuses de l'Académie des sciences de Paris
pour parvenir à ce but , M. Gosseaume ajoute :»ilres-
» te à uos chimistes modernes une carriÚre nouvelle
» Ă parcourir ; câest de tous les principes constitu=
(26)
» tifs des vĂ©gĂ©taux quâil faut rechercher la nature
» et les proportions des sels fixes par la crystalli-
» sation , volatils par la sublimation , des gaz par
» l'appareil pneumato-chimique , des extraits par
» l'alcool et les menstrues aqueux ; câest enfin par
» les réactifs et par les moyens analytiques de toute
» espÚce qu'il faut arracher à la nature le secret
» de leur composition et la rÚgle de leur usage «.
M. Gosseaume parcourt rapidement les sciences
mathématiques , et montre combien les mécaniques
en particulier rendent de services aux Arts. . . . .
» La symétrie et la régularité répandues sur tous les
» objets par les sciences mathématiques ont éten-
» du leurs droits jusque sur le langage : dâun autre
» cĂŽtĂ© , Ă force de voir de grands objets et dâavoir
» des choses étonnantes à raconter , la science des
» mots est devenue moins nécessaire ; il a suffi de
» peindre avec vĂ©ritĂ© pour commander lâĂ©tonne-
» ment.
» Le sentiment nâa pas changĂ©, mais la maniĂšre
» de lexprimer nâest plus la mĂȘme. Un style lĂąche
» dans sa composition , rédondant dans ses expres-
» sions , trop recherché dans ses figures , ne con-
» viendrait pas Ă lâactivitĂ© des français de nos jours ;
» leur tactique comme leur langage dédaignent
» les lenteurs, et lâune et lâautre se hĂątent dâarri-
» ver au but par la route la plus courte.
» Jettez ,.Messieurs, un coup-dâĆil sur Les ordres
»
du jour , sur les proclamations du HĂ©ros qui gou-
Ni
1
(27)
verne la Franceâ, par-tout vous y verrez rĂ©gner
la pureté et l'élégance , la symétrie et la simpli-
cité ; comme César , avec lequel il a tant d'autres
rapports, il a Ă©crit dans les camps et sous la tente ;
comme Jui enchaĂŻner la fortune , commander Ă
la victoire, frapper d'une main les ennemis de
l'Ă©tat , et de Pautre relever les monuments des
arts, mais sur-tout donner lâĂ©xemple de la prĂ©-
cision du style et de sa pureté, sont des traits de
ressemblance qui nâĂ©chappent Ă personne «
â e. . . . L2
AprĂšs une rĂ©capitulation rapide, qui sert en mĂȘme
temps de conclusion Ă la premiĂšre partie, M. Gos-
seaume commence ainsi la seconde :
» Si les sciences physiques se sont majestueuse-
ment avancées vers la perfection, on ne peut se
dissimuler que les lettres et les arts qui tiennent
Ă l'imagination , nâaient fait depuis bien des an-
nées des pas rétrogrades. . . . . . . . . + « «+ «
Depuis long-temps le goĂ»t des lettres sâĂ©tait affaibli ;
les grandes corporations , les congrégations qui
les avaient cultivées pendant les siÚcles d'ignoran-
ce , et qui nous en âavaient transmis le dĂ©pĂŽt
eurichi de leurs profondes recherches , ces corps
de JumiÚre qui avaient répandu le plus vif éclat
dans des jours malheureux , s'Ă©taient presque en-
tiÚrement éclipsés perdant les douceurs de la paix.
le goût des jouissances domestiques avait éteint
la soif dévorante de la gloire ; aussi depuis long
temps ne comptons-nous dans la littérature fran-
(28)
â aise quâun petit nombre d'ouvrages faits pour pas-
» ser à la postérité, Les auteurs , trop faibles pour
» créer , s'étaient restreint à compiler , pour faire
» gémir la presse, et, proportionnant la nature et la
» longueur de leurs ouvrages à l'indolence de leurs
» lecteurs , avaient mis les sciences en dictionnaires ,
â en anecdotes, en porte-feuilles, en almanachs «.
M. Gosseaume , pour Ă©tayer ces assertions , par-
court les diverses branches de notre littérature , et
voit malheureusement les preuves se presser sous
sa plume. Nous ne le suivrons pas dans ces détails
affligeants , et nous passons Ă la consĂ©quence quâil
en tire pour exciter lâĂ©mulation parmi les membres
auxquels ce discours s'adresse.
» Et quand ces efforts généreux , poursuit notre
» ConfrÚre , furent-ils plus impérieusement récla-
# mĂ©s quâau moment oĂč nous sommes obligĂ©s de
â reporter nos regards sur les pertes immenses que
» nous ayons faites «? Ici M. Gosseaume paie un tri-
but d'honneur et de reconnaissance Ă un grand nom-
bre de nos ConfrÚres décédés pendant la révolution,
et dont l'Académie regrette la perte ; puis, adres-
sant la parole aux nouveaux Académiciens qui les
remplacent , il s'exprime ainsi :
» Nouveaux et savants CollÚgues destinés à nous
» consoler de pertes aussi sensibles, tous les genres
» de travaux , tous les genres de gloire vous at-
2
» tendent. Jamais, non jamais aucun lien ne dut ins-
» pirer une plus vive ardeur , une soif plus dévo-
Co
»
(29)
rante de cet honneur qui nourrit les arts (1), que
la terre fortunée des Corneilles, des Lemery , des
Sanadon , des Basnage , des Jouvenet , des Fon-
tenelle , des Lecat : câest Ă l'ombre de leurs
lauriers que nous sommes assis et que nous
cultivons les sciences. Puisse le feu sacré qui em-
brasa leur génie , échauffer au moins celui de leurs
ĂLECTION MEL RO ER TOR PE NE EU PR
» Nous commençons notre carriÚre, Messieurs, car
le temps qui sâest Ă©coulĂ© depuis notre installation
jusqu'aux vacances mĂ©rite Ă peine dâĂȘtre comptĂ©.
Mais le public qui nous a permis de le consacrer
Ă notre organisation , a les yeux ouverts sur le
travail qui doit la suivre. Sans doute que deux
mois de repos ne seront pas perdus pour les scien-
ces , les lettres et les arts , et que chacun de nous
s'est préparé à payer noblement son contingent
littéraire. Je vois ainsi, avec un secret orgueil ,
parce quâentre nous l'honneur et la considĂ©ration
sont solidaires , nos assemblées devenir nombreu-
ses et nos sĂ©ances sâabrĂ©ger par la multitude de
vos productions ; je vois la louange exciter lâĂ©,
mulation (2) , et chacun disputer le prix du tra-
vail et de la diligence. . . , .. eee ee
» Je m'identifierai donc à vos efforts, je me glo-
rifierai de vos succés , et je verrai dans les uns
et les autres le seul bienfait que vous puissiez
© âââââââââââââ_ââââââââââ âââââ â
Gi) Cic, (2) Quintil,
(30)
» ajouter au ministÚre honorable que vous m'aver
» confié «,
= Le mĂȘme nous a lu quelques observations sur
les changements qui s'introduisent dans le langage
français.
» Presque toutes les nations de l'Europe, dit-il ,
» prononcent la voyelle U comme la diphthongue
» (ou). Les français la prononcent comme simple
» voyelle. Est-il sûr que cette prononciation ne soit
» pas nouvelle ( demande notre ConfrÚre) , et ne
» trouverions-nous pas dans un grand nombre de
» mots français, sinon la preuve , au moins de fortes
» présomptions que notre prononciation fut jadis Ja
» mĂȘme que celle de nos voisins. . . . . .? Pour
» traiter cette matiÚre à fond , il faudrait avoir bien
» des connaissances que je n'ai pas, mais pour ne
» prĂ©senter que des faits, il suffit dâavoir observĂ©.
Vallee) e oo e ns 1.6) cie toie ie, oublie n'en iedpie) me detre
» Il est une infinitĂ© de mots français dont lâorigine
» est visiblement latine , et dans lesquels PU a con-
servé jusqu'à notre ùge la prononciation de la
» diphthongue ou; je pourrais en faire une longue
» liste, je me coritenterai dâen offrir quelques-uns :
» bouche dĂ©rive visiblement de bucca , boĆillir de
bullire, courir de currere , double de duplex , doux
el
2
» de dulcis ; poudre de pulris , ete., etc. . . . ..
» Je demanderai présentement par quelle sinçu- :
» laritĂ© une grande quantitĂ© dâautres mots français ,
3)
»
(31)
Ă©galement launs dâorigine , nâont pas conservĂ© la
prononciation que conservent par-tout ailleurs leurs
radicaux.
» Culte vient manifestement de cultus , curieux de
curiosus , dur de duru$, fumée de fumus , furie
de furia , humain d'humanus , etc. , etc. . . . ..
» Si j'avais , dit M. Gosseaume , une opinion Ă
émettre , je dirais que les mots cités dans mes
deux exemples ne me paraissent pas dâune ancien-
neté égale , et les premiers cités me paraissent
les premiers nés.
» Je tirerais mes inductions , 1° de ce que les
premiers expriment généralement des idées plus
simples. . . . . Or , il est reconnu que les lan-
gues contiennent un nombre d'autant plus grand
de mots destinés à exprimer des idées complexes,
que la civilisation a fait plus de progrĂšs, que la
philosophie nous a plus familiarisé avec les abs-
tractions , et que le luxe, en multipliant nos fan-
taisies et nos jouissances , a contraint de multiplier ,
dans la méme proportion , les expressions qui en
désignent les nuances , les conditions , les ré-
sultats.
» Je les tirerais en second lieu de la tendance
qu'ont les ou reprĂ©sentatifs de la voyelle U Ă
disparaĂźtre de notre langage. Le mot buxus , que
tous les hommes qui parlent correctement expri-
ment aujourdâhui par buis , se prononçait bouis du
temps de Boileau.
»
â
»
»
ȉ
2»
>
-
»
2
s
-
(5)
ft deux fois dans sa main le bouis tombe en morceaux.
» Nous disons encore donner le bouis pour unir ;,
polir, adoucir.
» Le mot fouteau , fagus , a disparu de notre
langue ; son dérivé futaye a quitté sa prononcia-
tion primitive.
» Une observation qui tendrait à prouver que
parmi nous PU a pu se prononcer généralement
enou , est celle-ci : dans certains cantons de notre
Normandie , oĂč les usages nouveaux ne pĂ©nĂ©-
trent que lentement, le peuple est encore dans
l'habitude de prononcer lâarticle du comme. dou ,
et il dit familiĂšrement dou pain , dou sel , dou
bois , etc.
» Un examen sévÚre nous montre que les langues
en général, et en particulier la française , marchent
vers la simplicité et le dédoublement des lettres
doubles. On commence Ă imprimer complĂšte par
un seuls , on en employait deux autrefois ; il
en est de mĂȘme pour beaucoup de mots ana-
logues.
» Si, bien des fois, on a changé la prononciation
de lâou en â , souvent on nâa fait que lâadoucir en
lui substituant une diphthongue moins rude. Câest
ainsi que gallois a été substitué à gallous ; et la
premiÚre L changée en U , nous a eufin donné
le mot gaulois.
» Toutes
352}
» Toutes les langues doivent fournir des exemples
» de ce dédoublement de lettres pareilles , ou de
» Ja substitution d'une autre lettre Ă lâune d'elles ,
» au moins dans la prononciation. La langue grecque
» en ofire comme la française, Je citerai ayyéro ,
D 25/79/07 Ă ELCe, » vie eo ve, see oĂč | eyageise
» C'est le sort des langues vivantes dâĂ©prouver
» des changements et des altérations successives.
» Le latin de la loi des 12 tables ne ressemble guÚre
» à celui de Cicéron et de Salluste , et il serait pos-
» sible de bien entendre Les harangues sublimes de
» lorateur romain , et de ne pas traduire les lois
» de Numa.
» La 5° etla 8° que je copie ici, me serviront de
» preuve.
5° Pelex azam Junonis neï tagito, Si tagit , Junoni
crinibos demiseis acnon fĆminam <ĂŠdito.
8 Pisceis quei squamosei non sient nei poluceto.
Squamosos omneis prĂŠter scarom poluceto.
» Mais en voici plus qu'il nâen faut pour prouver
» le principe d'Horace ,
Multa renascentur quĂŠ jam Ă©ecidere , cadentque
QuĂŠ nunc sunt in honore vocabula ; sic volet usus.
â Le mĂ©me directeur a communiquĂ© une traduc-
tion en vers français qwil a faite du joli poëme latin
de Jacques Catz , dont feu M. BalliÚre a publié la
derniÚre édition. Ce poÚme , intitulé : Monita amoris
virginei , a été le fruit des délassements d'un homme
S. publ. 1804. C
(51)
d'ébord attaché au barreau et devenu célébre dans
la diplomatie , et la traduetion en est due Ă la com-
plaisance et Ă quelques instants de loisirs dĂ©robĂ©s Ă
de graves et utiles occupations.
= M. Peugnot ; prĂ©fet ĂȘt vice-directeur , a lu un
Mémoire-sur les opinions relisieuses répandues dans
le département de la Seine-Inférieure ; il ÿ développe
leur influence sur les mĆurs des habitants. Ce MĂ©-
moire , qui nâa point Ă©tĂ© dĂ©posĂ© au secrĂ©tariat , et
dont nous regrettons de ne pouvoir donner une ana-
lyse Ă©tendue ,; ce MĂ©moire , Ă©loquemment Ă©crit ,
offre des portraits vrais et flatteurs pour les citoyens
de ce département ; on y remarque un observateur
dĂ©licat et profond âqui sait embrasser l'ensemble des
objets, et Ă qui les dĂ©tails nâĂ©chappent point.
= Le méme a communiqué quelques fragments
dâun ouvrage dans lequel il peint le caractĂšre de dif-
férents personnages avec la plupart desquels il a
vécu et conversé lors de sa détention à la con-
ciergerie de Paris. Il y trace, avec vigueur et senti-
ment, les portraits de ces mémorables victimes de
la révolution, de lillustre Bailly, du général Hou-
chard , de Marie-Antoinette , de madame Rolland ,
etc:", -Ă©tc.
Les réflexions saines , justes, vraies , fines et
délicates qui assaisonnent le récit souvent piquant
par des anecdotes peu connues, tout fait présumer!
que cet ouvrage , quand il paraitra , sera lu avec
le plus grand intĂ©rĂȘt
(55)
= Nous nous faisons un devoir et un plaisir d'an-
noncer au public qu'un des membres de l'Acadé-
mie, qui, pour l'instant, dĂ©sire rester iuconou Ă
va publier incessamment deux ouvrages , tous deux
terminĂ©s , tous deux prĂȘts Ă Ă©tre mis sous presse.
Le premier est un ample supplément aux ouvrages
de Placcius et de Myiius, concernant les auteurs
pseudonymes ; le second est une notice générale rai-
sonnée de toutes les Jlcres qui ont paru jusqu'à ce
jour,
M. Descamps , conservateur du Muséum de
cette ville et Académicien résident » à lu un frag-
ment dâun ouvrage qu'il Ă fait pendant son sĂ©jour
Ă Rome ; et qui a pour objet l'examen de divers
morceaux d'architecture , de peinture et de sculp-
ture quâofire cette ville cĂ©lĂšbre ; le fragment quâil a
communiqué est une description du groupe appelé
le Taureau de FarnĂšze,
» Ce groupe » Qui représente, de grandeur natu-
» relle , Amphiou et Zéthus fils d'Antope , dans le
» moment qu'ils préparent le supplice de Dicée, est
» d'un seul bloc , et, en lexaminant bien » il nâest
» pas possible dâen douter; ma's il a tellement Ă©ouf-
» fert qu'il reste à peine de quoi porter un juge-
» ment:certain sur la beauté de l'ouvrage grec,
» puisqu'il a Ă©tĂ© PrestuâentiĂšrement restaurĂ© par
» J, B. Bianchi , milanais, qui râexcellait pas dans
» la, connaissance de l'antique. Malgré cela on peut
» cĂŒcore reconnaitre le beau style des grecs, et
a
C56)
» confirmer le jugement que Pline en a porté... ...
» En gĂ©nĂ©ral , ce groupe nâest pas une belle chose,
» cela ne détruit point la réputation de ses auteurs ;
» dont une inscription portait les noms ainsi que
» ceux de leur pÚre et de leur maitre. Il ne reste
» plus que la pensée de leur premier ouvrage ;
» mais cette pensée est belle et bien rendue. Ce bloc
» est hardi et prouve Phabileté des artistes qui fu-
» rent chargĂ©s dâun tel ouvrage «.
Il n'y a que les artistes qui puissent vraiment
décrire les monuments des arts , parce que leurs
descriptions sont ordinairement accompagnces de
ces réflexions qui forment le goût des élÚves et
mĂȘme des connaisseurs.
VoilĂ pourquoi les ouvrages de Cochin, de Mengs
et de Winckelman seront toujours lus avec le plus
grand profit.
= M. de Saint-Victor , académicien résident, a lu
un mémoire sur cette question : » les monuments nu-
mismatiques de tout module et de tout métal qui
nous restent des anciens peuples et particuliĂšrement
de la RĂ©publique romaine et des Empereurs ro-
mains , Ă©taieut-ils , Ă l'Ă©poque de leur fabrication ,
des médailles proprement dites dans le sens et
l'interprétati on moderne ; ou bien étaient-ils de vé-
ritables espĂšces courantes et des monnaies en cir-
culation ? « Notre CollÚgue , dont le mémoire mwa
point été déposé au secrétariat , et que nous regret-
tons de ne pas faire parler lui-mĂȘme , soutient
(37)
l'affirmative de la derniÚre partie du probléme ; et
la preuve convaincante de ce quâil avance est ce
grand nombre des mémes médailles trouvées par-
tout oĂč les armĂ©es romanes ont fait quelque sĂ©-
jour.
Cette maniĂšre d'instruire les nations les plus Ă©loi-
gnées et les races futures des évÚnements qui
intéressaient la République ou l'Empire, était bien
digne de ce peuple conquérant et superbe. M. de
Saint-Victor fait voir combien cette sorte de mon-
naie l'emporte sur les monnaies des peuples mo-
dernes , dont les types et les inscriptions sont ab-
_ solument nuls pour lhistoire.
= Le mĂȘme a prĂ©sentĂ© un exemplaire imprimĂ© de
notices historiques sur MM. Auber et Broche , quâil
a lues, comme secrétaire , à la séance publique de
la Societé libre d'émulation de cette ville.
= Le mĂȘme nous a lu la traduction en prose dâun
fragment du poëme latin d'Abraham Remy , poëte du
XVIIe siĂšcle , sur la descente des anglais dans l'Isle-
de-Rhé en 1624. On ne peut que savoir gré à M. de
Saint - Victor dâavoir tirĂ© ce petit poĂ«me de les-
pĂšce dâoubli dans lequel il Ă©tait tombĂ© , et de l'avoir
rajeuni par sa traduction.
= à cette occasion , M. de Couronne, secrétaire,
a lu une notice sur la personne, et des réflexions
sur les ouvrages d'Abraham Remy, né à Beauvais.
= Le Prospectus d'un cours de dessin, de pein-
I
G 3
C5)
ture et d'architecture , a été présenté par MM. V'au-
quelinet Desoria, Académiciers résidents, La Compa-
gnie n'a pu qu'applaudir au zÚle de deux artistés
avantageusement connus par leurs talenis.
= M. dâOrnay a lu un MĂ©moire âsur lâabus de
certains mots noufeaux introduits . depris qrelque
temps dans la langre française. I y montre que,
loin de l'enrichir, cette espĂšce de superfitation ve
tend qu'Ă lui ĂȘter sa puretĂ© et sa justesse , son Ă©lĂ©-
gance et son harmonie ; puisque , comme il le re-
marque fort bien, aucuns de ces mots non seule-
ment ne se trouve dans les bons Ă©crivains des
siĂšcles de Louis XIV et de Louis XV, mais quâon
ne les trouve pas mĂȘme dans nos auteurs actuels
qui jouissent de quelque rĂ©putatiou. D'oĂč notre
CollĂšgue conclut qu'il faut proscrire absolument
toutes ces expressions nouvelles qui né peuvert que
déshonorer une langue devenue celie de l'Europe
entiĂšre.
â M. NcĂ«l a communiquĂ© une imitation en vers
français dâun poĂ«me de Gray.
= M. GCourdin, Académicien résident , a présenté
des Observations bibliographiques, sur la premiĂšre
édiuon des ouyrÀges de Vincent de Beauvais, en
particulier sur celle du Speculum historiale de 1475 ,
en quatre yolumes , par Mentellin Ă Strasbourg ,
et sur son Aérégé qui a paru chez Koberger , en
1455 ; Ă Nuremberg.
(39)
Le mĂȘme en fait d'autres sur l'Ă©dition du livrĂ©
de Saint-Augustin , de civitate dei, publiée à Venise
en. 1470 , par-Jean et Vindelin de Spire.
LA
Ces notices bibliographiques font partie de celles
des ouvrages du XVe siĂšcle que possĂšde la biblio-
theque publique de cette ville.
= Le mĂȘme a lu une Dissertation sur lâorigine
de l'écriture alphabétique. Il ÿ'examine quand ,
comment , par qui, chez quel peuple lécriture al-
phabctique a pris naissance.
AprÚs avoir rapporté et discuté les opinions di-
verses des savants anciens et modernes, il montre
que sur cet important problĂ©me on nâa guĂšre que
des conjectures, des probabilitĂ©s plus oĂč moins in-
géuieuses , plus ou moins satisfaisantes,
= Nous avons reçu d'un Académicien résident,
un conte moral, intitulĂ© : Ăpistius , ou le Favori.
Ce conte , ou plutĂŽt cette fable dans le genre
oriental , qui prouve beaucoup d'imagination , offre
plusieurs vérités intéressantes.
» On en peut recueillir, dit notre collÚgue, qu'à la
» cour , les contrats d'amitié, de quelqu'apparence
» qu'ils soient revétus , ont peu de solidité. . « . ;
» que souvent le bonheur naßt de causes qui sem-
» bleraĂŻent faites pour le dĂ©truire. . . . . . ; quâen
» bien et en mal-la surface des actions peut nâavoir
>
mĂȘmĂ© aucun rapport avec la moralitĂ© , la vertu
CG 4
_C40)
» se cachant quelquefois sous l'enveloppe du crime,
» moins souyent pourtant que le crime sous celle
» de la vertu. .... On pourrait aussi en con-
» clure, ajoute-til, que les conseils d'une femme
» prudente et vertueuse valent la peine que son
» mari y fasse la plus grande attention. Enfin les
» savants y remarqueront, selon l'auteur, qu'un fait
» de l'histoire peut ĂȘtre substantiellement vrai ,
» quoique les siÚcles, en roulant sur Jui, y aient
x dĂ©posĂ© le limon dâune foule de circonstances dif-
» férentes et contradictoires. «
= M.'Boistard de Glanville , Académicien résident,
avant dâappartenir Ă la Compagnie, lui a adressĂ©
des considérations sur la musique, dont MM. Jamard,
Lallemant , Gruyer ont fait un rapport trés-fayora-
ble , et M. l'abbé Lallemant , à cette occasion, a
donné des observations , lesquelles forment presque
sur le mĂȘme sujet un mĂ©moire nouveau Ă©galement
intéressant,
Le dessein de M. de Glanville , dans soh mĂ©moi-â
re, West pas de faire un traité de musique; il
nâassigne pas de rĂšgles , ilâ n'indique pas de prĂ©-
ceptes : son ouvrage est entiérement de sentiment.
Des observations sur l'imitation musicale , sur le
caractÚre des instruments , en un mot , différentes
idées sur Ja musique qui lui ont paru neuves ,
composent cet opuscule.
AprÚs uve légÚre excursion sur le domaine de la
(41)
.
musiqué ancienne , il traite un peu plus à fond la
moderne. Il essaie de prouver que l'harmonie est
dans la nature , l'accord parfait nous Ă©tant fourni
par elle. Voici comme il s'exprime dans ce passage :
»
» Quoique nos découvertes en harmonie aient
de beaucoup précédé la découverte de la réson-
nance multiple du corps sonore , l'oreille l'ayant
pressentie avait appris Ă se former les rĂšgles de
cet art, Il en aura été de l'harmonie comme de
la littérature : le goût avait enseigné à bien écrire
long-temps avant que la rhétorique eût indiqué
les moyens de donner de l'ame et de lâordon-
nance au discours. L'accord parfait flattait singu-
liÚrement notre organe. Le goût avait porté son
jugement ; mais l'esprit ne s'Ă©tait pas encore rendu
compte du plaisir quâil lui faisait Ă©prouver. Vint
ensuite la découverte du corps sonore ; on sap-
percut que la percussion dâune cloche laissait
entendre , outre le son principal , l'octave de la
quinte , et la double octave de la tierce ; ce fut
une confirmation de la justesse de nos sensations ,
et l'expĂ©rience vint mettre le sceau sur les arrĂȘts
que le PodPiHONS avait dictĂ©es .1..44ete » Ă e Ă
J'avoue néanmoins que la nature qui nous fournit
l'accord parfait , ne nous donne pas avec autant
de clarté l'origine des dissonnances que les pro-
grĂšs de lâart ont introduit dans l'harmonie ; mais
il suffit que les premiers principes nous soient
fournis par elle ; câest Ă nous Ă dĂ©velopper , Ă
Ă©tendre les premiĂšres donnĂ©es quâelle nous offre. «
(LCD \
AprÚs avoir parlé de la musique en général, Pau-
teur nous transporte sur la scĂšne pour ĂȘtre tĂ©moins
des elfets que cet art y produit. Il parle successive-
ment des diverses parties qui forment un opéra : l'ou-
verture , l'aria , le réciatif , les scÚnes muettes.
Voici , par exemple, ce quil dit sur,le récitatif :
» LĂ© rĂ©citatif , la partie la plus importante âdu
-and opéra : le récitatif, si négligé par le com-
â ; > SNSe I
positeur, si négligé par l'acteur , est cependant
la déclamation ramenée à ses plus jnstes* into-
vatons , et maintenue dans ses véritables bornes
par l'harmonie, Nous voici de nouyeau transportés
dans lPantiquité. Quand , accompagné par ue
flùte , Pacteur déclamait des vers de tragédie , ce
nâĂ©tait, ce ne pouvait ĂȘtre que notre rĂ©citatif, , » ce
L'auteur defcend ensuite dans l'orchestre pour en-
trer dans quelques dĂ©tails sur l'expression propre Ă
chaque instrument. Le cor, la flûte, le hautbois ,
Je
21
>»
»
»
»
»
»
basson , ont, selon lui, leur caractĂšre particulier.
Mais un instrument appelé trombone , ajoute-t-il ,
instrument usité dans tout orchestre complet ,
surpasse tous les autres par ses effets : il impri-
me la terreur la plus vive. Veut-on faire paraitre
tout le cortĂšge infernal ? Que deux ou trois trom-
bones se mettent Ă sonner , vous croirez enten-
dre la voix de tous les satellites de Pluton,
» Une ombre sort-elle par son ordre du ténébreux
empire pour venir porter aux yivañts lâirrĂ©vo-
cable arrét du destin, ou les ordres les plus sac.
Lt Ă
JET
C43)
â * . . . Ă L
n crés que puisse intimer un pÚre mort , un roi
» malheureux , le trombone seul concentre encore
» davantage notre douleur «.
AprÚs avoir parlé des différentsgrhÿtmes musi-
caux et de leur caractĂšre , .il finit par prendre lâo-
péra dans son ensemble , et comparer briÚvement la
touche de composition des deux nations les plus
renommées sous le rapport de l'art : l'Italien et
l'Allemand,
C'Ă©tait ainsi que devait finir un ouvrage dans le-
quel on <e propose de considérer l'art sous plusieurs
rapports à la-fois ; l'unité n'était point de rigueur,
D'ailleurs , ce titre : considérations sur la musique ,
donnait Ă lPauteur toute la latitude quil pouvait
désirer.
= Le méme M. de Glanville a lu un discours
ayant pour titre : de lâinfluence de la poĂ«sie sur le
moral des peuples.
On n'a que trop considéré la poësie sous le rap-
port de l'esprit. L'auteur s'attache dans ce discours
à développer ses effets moraux. Il lui est facile de
trouver chez les peuples anciens*des exemples mul-
tiplics des prodises quâelle operait sur les esprits.
Dans ce temps le poÚte était philosophe , législa-
teur, réubissait sur sa personne tous les ayautages
que donnent le savoir et le génie,
Les HĂ©breux, les Grecs, les Bardes figurent suc-
cessiyement dans ses tableaux. Il s'attache prinçi-
C4
palement aux premiers. AprĂšs avoir , selon les re-
marques savantes des docteurs Lowth er Blair, fait
observer dans ces morceaux sublimes le disjecti
numbra poëlÊ 7 (us comme il s'exprime :
» Ce qui s'appelle verset dans les pseaumes , pa-
rait correspondre à ce que les Grecs ont appelé
» strophe. La symétrie du verset ,. l'analogie des
» deux parties qui le composent , ainsi que leur
» opposition , Ă©tait certainement trĂšsfavorable Ă
» Fexpression musicale ; aussi quand la harpe
» d'Asaph, quand celles de toute la tribu de Lévi
» soutenaient et accompagnaient de tels chants ,
» quels effets devaient en rĂ©sulter ? Quand dâailleurs
-
» le poĂ«te , inspirĂ© de Dieu mĂȘme , communi-
» quait à tous les assistants le feu dont il était em-
» brùsé , l'enthousiasme ne devait-il pas étre uni-
» versel? Lorsque l'Israëlite fidÚle entendait l'énu-
1
2
â
méraion pompeuse des bienfaits dont le Ciel
3
â
Pavait comblé dans tous les temps , quels devaient
» ĂȘtre les justes transports de sa reconnaissance ? «
Ces prodiges sont loin de nous, et nous ne les
voyons plus se retracer. Cependant l'auteur, dans le
dessein de prouver que tout peuple dâune imagination
vive et sensible obéira encore aux impressions vic-
torieuses du premier des beaux arts, cite ce! exem-
pie Ă Pappui de son opinion :
» Dans plusieurs villes de l'Italie , dit-il, et no-
» tamment Ă Naples, il arrive souvent de voir lâar-
ȉ san quitter son atelier et le lazzaroni son parvis
;
ȉ
2
»
ni CAES)
pour entendre de vrais rapsodes qui chantent ou
déclament les plus beaux morceaux de la Jérusa:
lem du Tasse. L'assemblĂ©e prĂȘte d'abord une
oreille attentive. BientĂŽt elle se transporte , et
l'enthousiasme augmentant par degrés , chacun se
déclare le champion de son héros. Le parti de
Renaud s'oppose au pari de Tancréde., et il
n'est pas rare de voir employer les voies de fait
pour défendre une opinion soutenue de part et
d'autre avec la derniÚre chaleur «.
Ce nâest plus parmi nous qu'au thĂ©Ăątre , poursui
» P suit
l'auteur , oĂč la poĂ«sie puisse encore dĂ©velopper
richement ses moyens .
» Je ne parle pas ici , dit-il, du but moral dans
sa plus simple acception. Il sera rempli si le poëte
a su diriger Ă propos les moyens puissants que
l'art Jui fournit. Je parle de ces Ă©lans subits d'en-
thousiasme auxquels se livre toute une assemblée ;
de ces impressions ou de terreur qui pénÚtre nos
ames , ou de compassion qui nous fait verser des
larmes involentaires. Câest Ă la poĂ«sie que lâon doit
ces Ă©tonnants eflets ; câest elle qui sait exprimer
dignement tout ce qu'il y a de grand en nous,
C'est elle qui sait faire correspondre la noblesse
des expressions à la noblesse des pensées , l'é-
uergie du style Ă l'Ă©nergie des sentiments , le
dĂ©sordre des inversions âau dĂ©sordre du langage
passionné «,
L'auteur parle ensuite du genre didactique. En-
\
C46) |
seigner est son but; mais cet enseignement Vapplie
quant à une infinité d'objets , les analysant, pars
courant toutes leurs branches , réclame une atten-
tion calme. La poĂ«sie n'a donc plus ici d'autres avanâ
tages que celui de parer des couleurs les plus at-
trayantes des préceptes toujours secs et souvent
rebutants par eux-mĂȘmes.
Cosi all' egro fanciul porgiamo asperst
Di soave licor gli orli del vaso
Succhi amari ingaunalo inlanlo ci beve.
E dall' inganno suc vita riceve.
» Les idées poétiques, dit encore l'auteur, em-
n belliscent tout ce qu'elles tonclent. Elles seules
» savent faire intervenir Pimagination dans les sujets
» oĂč lâon croirait que Ăle jugementseul devrait exer-
» cer ses droits. Elles ne doivent toutefois pas
» alors troubler la raison dans ses méditations , en-
» core moins tenter dâobseurcir ses lumiĂšres Ăż
» mais quel secours ne Jui prĂȘte-t-elle pas ,; par
» exemple, dans ces moments oĂč l'esprit , las de
» préceptes, a besoin de sortir de la sphÚre circons=
» crite des abstractions pour sétendre en liberté
» dans un domaine plus vaste? C'est alors quâune
»,agréable digression le repose de ses fatignes , et
» lui permet de recouvrer de nouvelles facultés
» méditatives et intellectuelles «.
AprÚs avoir passé en revue les autres genres de
poësie, l'auteur termine ainsi :
(47)
» Le poĂ«te peut donc encore exercer sur nos âŹs-
» prits un certain degré d'influence. Heureux sil
» sait toujours s'acquitter dignement de la tùche
» qu'il s'est imposĂ©e, et sâil ne prostitue pas au
» vice la plume qui lui fut mise entre les mains
» pour porter à la vertu et aux actions généreuses;
» mais sâil se rend autant recommandable par la
» pureté et la noblesse de ses sentiments que, par
» la sublimité de son génie , PRE MEN toute
» notre estime , regardons-le comme un bicufaiteur
» de l'humanitĂ© «,. â
= M. Formage , Académicien résident , a fait don
d'un exemplaire imprimé de ses Fables. L'Institut
de Paris, en les insérant au nombre des ouvrages
âqui lui ont ctĂ© offerts , annonce bien le jugement
favorable que l'on en doit porter.
= M. Bignon, Académicien résident , a présenté
es deux premiers cahiers imprimés de son Zssai
dâun cours abrĂ©gĂ© de Grammaire gĂ©nĂ©rale. Cet ou-
yrage , fruit dâune longne et profonde mĂ©ditation ,
et annoncĂ© sous un ĂŒtre beaucoup trop modeste,
Wétait destiné qu'aux élÚves de notre CollÚgue,
Voilà , sans doute , pourquoi il est peu répandu ;
mais tous ceux A l'ont lu avec attention attendent
avec impatience que lâauteur publie la suite de cet
important ouvrage.
= M: Boinvilliers | Correspondant de l'Institut ,
Censeur des études au Lycée d'Orléans, et Acadé«
(48)
micien non résident , a adressé à l'Académie dif-
férents ouvrages imprimés de sa composition , tels
qu'une Crammaire raisonnée , théorique et pratique de
la langue française ; une Grammaire latine aussi
théorique et pratique ; FabulÊ PhÊdri et Faerni dont
il est l'éditeur et auxquelles il a ajouté des notes;
un Manuel latin oĂč Choix de composition française,
et Recueil de Fables et dâHistoires latines.
= Le mĂȘme, lorsqu'il ctait Censeur des Ă©tudes
au Lycée de Rouen, nous a ju la Description topo=
graphique du royaume de poësie , allégorie ingénieuse,
écrite avec goût ; des Observations grammaticales
touchant diverses incorrections dans le langage.
Notre CollÚgue nous a communiqué aussi diffé
rentes piÚces de poësies de sa composition , telles
que les Fleurs Epoux ; une Imitation poëtique de
la XIe satyre dâHorace ; le Cigne et lâOie , fable
imitĂ©e de FaernĂ© ; une Ăptre imitĂ©e de Pline ;
V'Ours et La Levrette , fable ; une Romance Ă un
jeune enfant qui vient de perdre la plus tendre des
mĂšres , que nous allons trapscrire pour faire con-
naĂźtre la maniĂšre de lâauteur :
A tes pleurs donne un libre cours ;
Qui, cher enfant, la parque inexorable
A tranché le fil de ses jours,
Et pour toujours
Tu perds une mire adorable,
O souvenir fatal Ă ton repos !
Elle
âŹ
LE
{ 49)
Elle a cessé de vivre ;
Tu l'aimais , tu n'as pu la suivre :
Mais en pleurant tu soulages tes maux.
Vois ce tertre ombragé de fleurs ;
La pour toujours repose en paix sa cendre;
Plus de baisers , plus de douceurs,
Et vos deux cĆurs,
HĂ©las ! ne pourront plus s'entendre,
O souvenir fatal Ă ton repos !
Ălle a cessĂ© de vivre , etc.
Tu vis pour jamais oublié ;
MĂȘme Ă cette heure oĂč tu verses des larmes ,
Tu n'excites plus sa pitié,
Et l'amitié
A perdu pour toi ses doux charmes,
O souvenir fatal Ă ton repos !
Elle a cessé de vivre , etc.
Câ'en est donc fait ! plus ne diras :
» Je suis heureux, quel plaisir ! je te serré,
» Belle maman, entre mes bras. . .
Hélas ! hélas !
Pauvre enfant , tu n'as plus de mĂšre.
O souvenir fatal Ă ton repos !
Elle a cesse de vivre, etc,
Du fend de ces bosquets fleuris,
Grand Dieu ! j'entends nne voix lamentable !
PrĂȘtons l'oreille , je frĂ©mis, , . .
» O mon cher fils,
S. publ, 1804. D
(50 )
» Ta douleur me plait et m'accable.
» Privé d'appui, tu tombes, par ma mort,
» Aux mains d'une étrangÚre ;
» Mon fils, si la vertu t'est chere,
» Je plaindrai moins ta détresse et mon sort.
â M. Gosseaume , directeur , ouvrit la sĂ©ance du
26 floréal, par un discours sur l'utilité et les char-
mes de l'Ă©tude. Nous allons en extraire quelques
morceaux,
ȉ
»
1)
2)
LA
12]
»
2)
2
1»
»
2)
»
2)
2)
2)
2
ET
»
» La culture des sciences et des lettres, dit notre
ConfrÚre , présente tant de douceurs , malgré Ja
continuitĂ© du travail quâelle exige , que je croirais
abuser. de vos loisirs si j'employais de longs dis-
cours pour vous en présenter les preuves. La cu-
riosité est naturelle à l'esprit , et la vérité est né-
cessaire au cĆur de lâhomme. Avec ces deux
mobiles il est capable de tout entreprendre et de
tout oser , et quand, dâun autre cĂŽtĂ©, on considĂšre
que tout ce qui l'environne est Ă©nigme et mys-
tÚre pour lui, on le voit pressé par un nouvel
aiguillon qui ne lui laisse aucun repos tant quâil
n'a pas fait la conquĂȘte quâil mĂ©dite ........
Tels sont les motifs qui font oublier Ă l'homme
laborieux que le printemps a des charmes , que
la campagne a des attraits, que la société a des
douceurs. Et cependant , les succÚs obtenus , payés
souvent par les plus grands sacrifices, ne vertissent
pas toujours au profit individuel de celui qui les
»
2
»
1»
»
»
?
-
2)
1»
2»
»
LL
=
ȉ
(51)
a mérités; souvent un spéculateur adroit vient
recueillir la moisson que le premier a fait croi-
tre, .,...,.,. Qu'importe , son ardeur ne se re-
froidira pas , son zĂšle s'accroĂźt par les obstacles :
tel le chÚne sourcilleux mutilé par le fer, battu
par les tempĂȘtes, n'en relĂšve qu'avec plus de vi-
gueur sa cime altiĂšre (1); tant il est essentiel Ă
l'homme qui sait penser de rechercher la vérité,
de compl'ter ses connaissances , d'agrandir son
commerce avec la nature et de s'associer Ă ses
merveilles. , 0
à cÎté de ce phénomÚne vient s'en placer un
sĂ©cond non moins extraordinaire , câest que ra-
rement une fortune considérable se trouve réu-
nie Ă de grands talents. Il semble que la nature
avare de ses dons ceraigne de les confier Ă des
mains opulentes. Trop de moyens conçourraient
Ă lui arracher le secret qu'elle parait s'obstiner
Ă garder : presque toujours elle tempĂšre la soif
de la science par la médiocrité des ressources pé-
cuuiaires , la grande facilité de conception par la
paresse ; et si, d'un cÎté, elle nous appelle à la
contemplation de ses merveilles par léclat dont
elle les enviroune , d'une antre part , elle multi-
plie les difficultĂ©s qui nous empĂȘchent de nous
les approprier , et, en dépit de tant d'obstacles ,
eq qe er nm
Cr): Horsâ od, 4, 4.
(52)
» le travail aplanit le chemin , la raison agrandit
» son domaine ; chaque jour des vérités conquises,
» des erreurs rectifiées viennent attester le pou-
» voir de l'application , et payer à lhomme stu-
» dieux le centuple de ses peines «,
Notre ConfrÚre montre par des exemples célÚ-
bres que le plaisir de l'Ă©tude tient de prĂšs Ă celui
de communiquer ses connaissances (1) , d'oĂč il dĂ©duit
la formation des Sociétés savantes , et a l'espérance
de faire passer son nom à la postérité. Du concours
des talents il fait naĂźtre lâ'Ă©mulation ; maĂŻs gardons-
nous, dit-il , de confondre cet aiguillon précieux
avec la rivalitĂ© ou la jalousie : » Lâ'Ă©mulation est la
» conspiration des cĆurs honnĂȘtes pour le pro-
» grĂšs des sciences ; elle fait courir la mĂȘme car-
» riĂšre Ă des hommes qui savent sâestimer , et les
» fait contribuer sans chagrin à leurs succÚs res-
» pectifs , telle la pierre rend l'acier tranchant ,
» tel l'acier fait jaillir l'étincelle de la pierre. ......
» Que l'étude est belle à ce prix , et que la con-
» currence qui repose sur ces bases respectables en
» relÚve encore les attraitsu! ,..,..,...
Ce n'est pas encore assez , dit notre ConfrĂšre,
pour lâĂ©tude , dâĂȘtre dĂ©gagĂ©e de toute espĂšce de ri-
valité, il veut que l'amitié en relÚve encore les
douceurs dansles Sociétés savantes, » L'amitié , dit-il !
» Quel mot viens-je de prononcer ! Oui , Messieurs,
(1) Seneq. Epist. 6. Hor. Od, 3. 30.
(53)
n l'amitié fait la douceur de toute société , et sans
» amitiĂ© il nâest point de sociĂ©tĂ© durable (1) «.
C'est dâaprĂšs le mĂȘme orateur que M. Gosseaume
résume en finissant les bienfaits de l'étude. » Quand
»
â
â
LL
ȉ
nâ
â
LL
»
»
»
»
»
2)
ȉ
»
»
les arts libéraux ne nous procureraient pas des
avantages infinis, quand on ne les cultiverait que
comme un simple dĂ©lassement de l'esprit, ils nâen
seraient pas moins dignes de l'homme qui a reçu
une éducation soignée. Les autres plaisirs ne sont
ni de tousles Ăąges, ni de tous les temps: les Ă©tudes,
au contraire , sont lâaliment de la jeunesse com
me la douceur des vieux ans; elles embellissent
nos jours prospĂšres et nous consolent dans le
malheur ; sources de bonheur domestique , sans
embarras pour le dehors , elles font le charme
de nos veilles , de nos voyages , de nos loisirs
champĂȘtres (2) ........RĂ©unissons-nous donc ;,
Messieurs, dans la mĂȘme pensĂ©e que le travai}
est le but de notre institution. ..... FidĂšles Ă
nos engagements et dignes de la considération pu-
blique , nous ferons envier nos jouissances et re-
chercher notre Société, ...... Nous recueille-
rons eufin la double récompense que nous de-
vons ambitionner , les connaissances agréables
qui font l'ornement de l'esprit, et les affections
dĂ©licates qui font le charme du cĆur «.
(1) Cicéron , de amicitia , n° 20, n° 100,
(2) Cicéron , pro Archià peetà , n° 16,
D3
(54)
N! GAL PrE"Ss
Sur diffĂ©rents Membres de lâAcadĂ©mie , dĂ©cĂ©dĂ©s
depuis sa suppression jusquâĂ son rĂ©tablissement,
Par M. GovrpDirn.
Pendant le long espace de douze années qui se
sont écoulées depuis la suppression de l'Acadrmie
jusquâx son rĂ©tablissement , elle a essuyĂ© des pertes
bien douloureuses.
Un usage Ă jamais respectable nous impose la
tùche pénible autant qu'honorable de vous ertreteir
des talents, des vertus de nos CullĂšgues quiâre sont
plus. Malheureusement nous ne pouvons nous ac-
quitter , comme nous le dĂ©sirerions , dâune dette
si chĂšre.
L'assemblée qui nous écoute les a presque tous
connus , et les rappeler, Messieurs , Ă votre sou-
veuir, câest rappeler vos regrets ; et qui peut les
louer plus dignement !
Il y avait déja nombre d'années que M. Awer
appartenait Ă l'AcadĂ©mie lorsqu'elle cessa dâexis-
ter. Une nouvelle Société de savants et d'hommes
de lettres se hùta de se lassocier, et il en mérita
si bien quâelle s'est empressĂ©e de payer Ă sa mĂ©-
moire le tribut , j'oserais presque dire, de recon-
naissance dont il s'Ă©tait rendu digne Ă tant de ĂŒtres
) C5 5,
M, Lecarpentier > professeur de l'Ă©cole de
dessin , a publié sur son ConfrÚre et le nÎtre , une
notice simple, bien faite et pleine de sentiment.
On y reconnait , avec sensibilité , un ancien ami,
un ami de l'enfance qui acquitte la dette de son
cĆur, 3
Dans la sĂ©ance publique de la SociĂ©tĂ© libre dâĂ©-
mulation , M. Robert de Saint-Victor , avec cette
Ă©loquence brillante qui lui appartient , a tracĂ© dâune
maniÚre intéressante le portrait de son prédécesseur
dans la place de secrétaire qu'Auber avait rempli
avec autant de distinction que de zĂšle pendant les
derniĂšres annĂ©es de sa vie jusqu'Ă sa mort. Câest
en cette qualité de secrétaire qu'il publia chaque
mois le Rapport des travaux de cette Société.
On remarque dans ces rapports des connaissances
en plus d'un genre. Littérateur profond , Auber
m'était point étranger aux seiences , il en possédait
les principes et l'idiĂŽme. Son Ă©rudition Ă©tait vaste
et variée : aussi avait-il consacré presque toute sa
vie Ă l'enseignement des sciences et des lettres.
Le désir de savoir était chez lui un besoin impé-
rieux , un besoin de tous les instants, une passion
irrĂ©sistible. Nous lâayons vu , lorsqu'il eut abdiquĂ©
Venseignement des belles-lettres Ă l'Ecole gentrale,
suivre , la derniÚre année de sa vie , le cours de
chimie avec l'assiduité , Pavidité de l'élÚve le plus
laborieux , le plus désireux de s'instruires
D 4
(56)
A peine se doĂ»tait-il quâil sĂ»t quelque chose. C'est
sans doute cette défiance qu'Auber avait de ses
forces qui l'a empéché d'enrichir le monde littéraire
de ses productions. On ne connaĂźt de lui, outre les
rapports dont nous avons parlé , que deux autres
rapports qu'il a faits, comme administrateur , lâun
sur le gisement des cĂŽtes du dĂ©partement , lâautre
sur lâagriculture. On est Ă©tonnĂ© des connaissances
qu'Auber développe dans ce dernier rapport. Il y
parle en homme consommé dans ce premier des
arts ; On y remarque sur-tout lâĂ©panchement de son
ame dans les justes Ă©loges quâil donne Ă plusieurs
de nos concitoyens distingués dans les différentes
branches de cet art qui en embrasse un si grand
nombre. M
Une probité exacte , une grande franchise, une
ame droite, un cĆur bon et loyal donnĂšrent pour
amis Ă Auber tous ceux qui l'ont bien connu et sur-
tout ses collĂšgues Ă l'Ă©cole centrale. Ceux-ci, quoi-
qu'il les eĂ»t quittĂ©s depuis prĂšs dâune annĂ©e , lui
rendirent à sa mort ces devoirs derniers et véné
rables que commande la religion , et les accompagné-
rent de regrets bien vrais et bien sincĂšres.
Le nom d'Auber nous rappelle celui dâun oncle
qu'il aima toujours tendrement , dâun oncle qui fit
long-temps les dĂ©lices et lâornement de cette Aca-
démie par les nombreuses et différentes productions
dont il se plaisait à enrichir nos séances et particu-
liĂšres et publiques ; vous voyez, Messieurs, que
(57)
je parle de l'abbé Furs , connu sur-tout par son
Idée de la poësie anglaise , qui lui a mérité , non-
seulement en France, mais chez l'Ă©tranger , une
réputation durable,
Par devoir et par sentiment nous devrions vous
entretenir de beaucoup dâautres de nos ConfrĂšres
que la mort à moissonnés pendant ces temps mal-
heureux oĂč les muses fugitives et en deuil sem-
blaient avoir déserté pour toujours le sol de notte
infortunée patrie.
C'est avec intĂ©rĂȘt, c'est avec attendrissement et
reconnaissance que lâAcadĂ©mie prononcera toujours
les noms des d'Harcourt , des Peuvron , des la Ro-
chefoucault | ces noms si chers aux filles de mé-
moire,
Ayant publié, en 1795, dansle Magasin encyclo-
pédique , une notice assez étendue sur la vie et les
Ă©crits de M. Dambourney , qui , pendant plus de
vingt ans , a exercé parmi nous , avec autant de
zÚle que de lumiÚre, les fonctions de secrétaire dans
la classe des sciences , je ne m'attacherai ici quâĂ
choisir les traits principaux qui caractérisent un
homme dont le nom sera long-temps en vénération
dans cette ville.
En 1758 il obtint à l'Académie l'accessit du grand
prix des belles-lettres. Son mémoire était si bien
fait qne la Compagnie en voulut connaĂźtre l'auteur ;
et, N'ayant point un second prix Ă lui offrir , elle
(58)
lui en donna un qui le flatta davantage ; elle se l'as-
socia comme littérateur.
Dambourney eût pu se distinguer dans la carriÚre
des lettres, mais sa passion dominante Ă©tait celle
dâĂȘtre utile , sur-tout au pays qui l'avait vu naĂźtre ;
il se livra donc tout entier Ă la chimie tinctoriale ,
cette partie si essentielle du commerce de Rouen.
Son mémoire sur La culture de la garance fit peu
d@ sensation dans son pays, maisil fut lu, médité et
mis en Pratique par des cultivateurs des environs
d'Orange et d'Avignon. En 1759 , le Gouvernement,
qui avait accordé à M. Dambourney une pension
de 1000 1. , fit encore imprimer Ă ses frais le recueil
des procédés et expériences sur les teintures solides
que nos végétaux indigÚnes communiquent aux laines
el aux lainazes.
La chimie depuis cette Ă©poque a fait de si grands
ProgrĂšs , que cet ouvrage, tout estimable qu'il soit , Ă
besucoup perdu de son mérite , mais il prouvera
toujours que son auteur aurait pu , guidé par les
découvertes nouvelles » le porter à sa perfection.
Je ne parlerai point de ses autres ouvrages ; les
bornes de cette sĂ©ance ne le permettent point : câest
l'homme et non lâauteur que je voulais peindre , et
je vais le faire dâun seul trait.
M. Dambourney Ă©tait membre de la chambre des
assurances, On sait que cette partie du commerce
demande une grande Ă©tude , des connaissances
( 59 )
approfondies, etsur-tout une probité à toute épreuve.
Une occasion siguliÚre se présenta à M. Dambour-
ney de montrer la sienne et de prouver toute la
délicatesse de son désintéressement. Un négociant
âde Dunkerque fait assurer soixante mille livres sur
nn navire. Le navire fait naufrage : Dambourney
noĂŒlie cette perte Ă la chambre , qui ne se croit point
obligée au remboursement. Notre CollÚgue soutient
le contraire. L'affaire est portée devant: les Tribu:
naux ; un avocat de Dunkerque envoie un long et
volumineux mémoire , Dembourney le réduit ou
plutĂŽt en fait un nouveau. La chambre est condam-
née ,et M. Dambourney paie avec joie sa part des
soixante mille Jivres.
VoilĂ l'homme que nous avons perdu , qui em-
porte les regrets de chacun de vous, et Ă qui nous
pouvons tous appliquer bien justement ces mots
d'Horace : [lle bonis flebilis occĂŒdit.
Pourquoi les bornes trop étroites de cette séance
nous empéchent-elles de célébrer M. Charles , qui
a rempli si dignement parmi nous la place de di-
rerteur ? Nous rappeillerions entr'autres son mé-
moire sur les avantages que lâhomme retire dans sa
vie privĂ©e de lâamour de lâĂ©tude des belles-lettres.
I pressentait , dĂšs 1764, que cet amour et cette
étude feraient les délices de sa longue retraite.
Nous vous dirions combien de fois M. de la Mal-
tiere à su nous intéresser par la diversité de ses
Lu .
talents et de ses connalssances.
(60)
Nous vous parlerions de cet homme estimable,
enlevé à la fleur de son ùge , à l'art de guérir , de
M. Courant , qui , dans cet art qui embrasse tant
de parties , avait choisi celle qui regarde particu-
liÚrement la plus intéressante moitié de l'espÚce
humaine.
Nous verserions des larmes , nous sĂšmerions des
fleurs sur les tombeaux de l'infortuné Bayeux , ce
traducteur Ă©lĂ©gant et profond des Fastes dâOvide
et de Pausanies ; de Rolland de la PlatiĂšre , que le
Traité des manufactures qui fait partie de l'Ency-
clopédie méthodique , et plusieurs autres traités de
méme genre ont placé au rang des écrivains utiles,
des écrivains qui ont bien mérité du commerce et
de leur patrie.
Que ne vous dirions-nous pas et que mwaurions-
nous pas Ă vous dire de cet homme vertueux ,
plutĂŽt le pĂšre que le professeur de ses nombreux
Ă©lĂšves , du fondateur dâune Ă©cole si essentielle dans
cette ville et qui y manquait , dâune Ă©cole de laquelle
sont sortis tant d'artistes cĂ©lĂšbres quâon la sur-
nommée l'Ecole Normande ; de cet auteur estimable
de la vie des peintres flamands , allemands et hol-
landais , . . . . J.-B. Descamps ! Le nommer,
Cest faire de lui le plus touchant des Ă©loges , câest
rappeler Ă vos cĆurs des souvenirs chers et prĂ©-
cieux , ceux dâune estime universelle.
(51)
NoTiCE BIOGRAPHIQUE SUR M. LEBRUMENT;
Par M, VaAuçurEtrrx.
Jean-Baptiste Lebrument , naquit en cette ville le
7 janvier 1756. Son pĂšre , qui Ă©tait entrepreneur de
bùtiments , et qui jouissait d'une considération mé-
ritĂ©e , le destina de bonne heure Ă suivre la mĂȘme
carriĂšre. Notre jeuve artiste parcourut successive
ment tous les genres de travaux qui entrent dans
la composition des bĂątiments civils, les pratiqua
tous , et y lit des progrĂšs rapides ; il se familiarisa
sur-tout ayec lâart du trait et de la coupe des pierres,
en modelant les piÚces les plus compliquées avec
une sagacité étonnante : cette science lui devint trÚs-
utile dans la suite , par lapplication qu'il eut
souvent occasion dâen faire dans les divers travaux
dont il fut chargé.
Cependant ce cercle parut trop resserré au jeune
Lebrument ; né ardent et actif, il concut qu'il ne
suflisait pas dâĂȘtre un excellent constructeur pour
ĂȘtre un bon architecte ; il sentit que le dessin est
la base essentielle de l'architecture ; que , sans une
grande habitude de dessiner , l'architecte ne peut
combiner l'ensemble d'un Ă©difice et@eomparer le
rapport de toutes ses parties avec sa masse générale ;
enfin , que câest le seul moyen qu'il ait de rendre
(624)
palpables ses idées et de mettre les ouvriers au fait
â n , # .
de ce qu'il se propose de faire exécuter. Il sentit
encore que, sans une Ă©tude approfondie des meil-
léurs auteurs qui ont écrit sur larchtecture et
qui nous ont transmis les belles proportions et les.
formes simples et élégantes des beaux monuments
aptiques , il ne serait jamais quâun architecte au-
dessous du médiocre.
Pénétré de l'étendue des connaissances qu'exige
VParchitecture, notre CuilĂšgue se livra avec une
ardeur incroyable Ă letude de toutes les parties
constitutives de son art. DejĂ , par les soins de feu
M. Descamps , une classe de dessin s'était élevée
dans nos murs ; le zĂšle iufatigable de cet illustre
professeur y avait su réunir tout ce qui pouvait
former le goût et développer les talents dans tous
les genres ; une foule d'elÚves distingués par des
progrÚs rapides justifiaient de plus en plus Puilité.
de cet Ă©tablissement. Le jeune Lebrument profita de
ces avantages et apporta dans cette Ă©cole le mĂȘme
amour du travail et la mĂȘme application qu'il avait
montrée jusqu'alors. Ses efforts furent couronnés
des p'us heureux succĂšs ; en peu de temps il
mĂ©rita et obtint le prix dâarchitectnre.
Jusqu'ici notre collĂšgue ne connaissait les beaux
monuments de son art que par tradition , câest-Ă -
dire qu'il n'@f pouvait juger que dâaprĂšs les dessins
qu'il en avait copiés et sur les estampes qu'il en
avait vues. La ville de Rouen woffrait point alors
CC
(65)
d'Ă©difices , ni mĂȘme de maisons de quelque in-
portance oĂč se trouvassePPIQUES les principes
de goût dont il commençait à se pénétrer ; il prit
le parti d'aller à Paris , malgré les obstacles que
sa famille opposa Ă ce voyage.
Qu'on se représente quelle fut sa joie et son éton-
nement Ă la vue des nombreux Ă©difices que renfer-
me la capitale ; il les parcourut tous , les Ă©tudia
avec la plus scrupuleuse attention , y puisa ce
style simple et noble qu'il a depuis répandu dans
toutes ses productions. Des circonstances impérieu-
ses le forcĂšrent Ă quitter, beaucoup plutĂŽt qu'il ne
l'eĂ»t dĂ©sirĂ© , une ville oĂč il sentait la nĂ©cessitĂ© de
faire un plus long séjour.
De retour dans ses foyers , M. Lebrument ne
tarda pas à étre employé comme architecte, et fit
construire sur ses plans plusieurs maisons particu-
liĂšres, oĂč l'on commenca Ă appercevoir le germe
des talents qu'il déploya par la suite dans des oc-
casions plus impertantes.
On yerait de construire Ă Rouen un hĂŽpital aussi
vaste que commode ; mais les sommes considérables
qu'avait coûté ce monument mayaient pas permis
dâen continuer l'Ă©glise qui devait le terminer ; on en
était resté aux fondations. En 1767 , les circonstan-
ces Ă©tant devenues plus favorables , l'administration
se détermina à reprendre et à continuer les travaux ;
notre CollÚgue fut chargé de cet ouvrage. Il sentit
toute l'importance dâune semblable entreprise , et
C64)
s'occupa des plans et devis de cet Ă©difice , qui fu-
rent agrĂ©Ă©s nonobstant les changements quâil in-
diqua à faire aux ne 1 commencés. Non content
de l'immense quantitĂ© de dĂ©tails qu'il avait dĂ©jĂ
faits Ă cet Ă©gard , il voulut encore faire modeler
en relief la totalité de son projet, afin de se pé-
nĂ©trer davantage de l'effet quâil devait produire. On
remarque en général dans cette église un plan
simple , de belles proportions , des profils purs et
des ornements dâun bon choix : l'exĂ©cution en est
parfaitement soignée, et prouve que M. Lebru-
ment Ă©tait aussi savant constructeur qu'habile archi-
tecte. &
A-peu-prĂšs dans le mĂȘme-temps il fut chargĂ© de la
continuation du grand bĂątiment de l'abbaye de Saint-
Ouen , maintenant l'hĂŽtel de la mairie, et , graces
Ă la munificence de nos dignes magistrats, l'asile
de cette Société. Nous ne pouvons faire un pas
dans l'enceinte de ce vaste Ă©difice, sans y rencon-
trer par-tout des preuves des rares talents de notre
ConfrĂšre ; il nous suffira de dire que câest Ă lui
que nous sommes redevables des deux grands esca-
liers qui en sont un des plus beaux ornements.
En 1778 ,; l'Académie admit M. Lebrument au
nombre de ses membres ; il justifia dans tous les
temps le choix de ses CollÚgues, par son assiduité
aux SĂ©ances acadĂ©miques , et par les travaux quâil
y présenta.
En 1792, le directoire du département chargea
notre
(65) |
notre artiste de donner des lecons théoriques ét
pratiques d'architecture au ci-deyant collĂšge ; il
sâacquitta avec distinction et dĂ©sintĂ©ressement de
eette mission honorable , jusqu'Ă l'Ă©poque desas-
treuse oĂč tous les gens de talent furent proscrits,
Ce bouleversement général fit une vive impression
sur l'esprit de notre CollĂšgue. Son extrĂȘme fran-
chise , dont il nâĂ©tait pas toujours le maitre, faillit
plusieurs fois compromettre sa tranquillité. Il sentit
le danger dâĂȘtre trop en Ă©vidence, et renonça dĂšs.
lors aux grandes occupations ; dâailleurs , l'espĂšce
de souplesse dont il eût fallu user pour se ménager
les occasions dâĂȘtre employĂ© , Ă©tait trop opposĂ©e Ă
la fermeté de son caractÚre , et trop au-dessous
d'un artiste qui sent toute sa dignitĂ© , pour quâil
usĂąt de ce moyen ; aussi ne travailla-t-il plus que
pour un petit nombre d'amis.
Cependant son ardent amour pour l'Ă©tude ne se
ralentit jamais , parce que son assiduité constante
au travail lui en avait fait un besoin. Il se livra
tout entier Ă la recherche des machines les plus
utiles , en concçut plusieurs dont il exécuta lui-mé-
me les modĂšles avec une intelligence peu commune;
mais une application trop suivie , je dirais mĂȘme
opiniĂątre , ĂŒĂ©rangea insensiblement sa santĂ©, et fut
la principale cause de la longue et douloureuse
maladie à laquelle il a succombeé à l'ùge de soixante-
huit ans.
M. Lebrument Ă©tait d'un tempcrament fort et
S. publ. 1804. E
(66 )
robuste , et fut toute sa vie trĂšs-laborieux ; peu
d'hommes ont mieux senti le prix du temps et en
ont fait un meilleur emploi. Il méditait profondé
meut tous ses projets, et ne se déterminait à leur
exĂ©cution quâaprĂ©s les avoir envisagĂ©s sous toutes
leurs faces ; mais ensuite il Ă©tait ferme et incbrau-
lable , et jamais une faible condescendance ne lui
aurait fait altérer en aucune maniÚre des plans
dont la réussite lui paraissait certaine. Cette con-
.duite , souvent trÚs-nécessaire , ne lui concilia pas
toujours lâassentiment de la multitude , mais elle lui
meérita l'estime des hommes instruits et capables
d'apprécier les vrais talents.
NorTice BIOGRAPHIQUE SUR MADAME Du BocaGE,
Par M. Gouvrpix.
Tandis que dans l'Ă©tendue de ce vaste Empire on
compte à peine quelques femmes célÚbres , la pa-
trie du Grand-Corneille a vu naßtre et se succéder
sur le Parnasse français deux femmes qui y tien-
dront toujours un rang distingué , Mademoiselle Ber-
mard et Madame du Pocage. Il y a mĂȘme entrâelles
des rapports aussi singuliers que piquants. L'une
avait été couronnée à l'Académie française et à celle
des Jeux floreaux ; si l'autre nâa point obtenu tout-
à -fait à l'Académie française les honneurs du triom-
PR
DR ET CE
(67)
phe, elle a eu la gloire de remporter la premiére
palme académique que notre Compagnie ait eu l'a-
vantage d'offrir. Le sujet Ă©tait la fondation mĂȘme
dâun prix alternatif entre les belles-lettres et les
sciences , par M. le duc de Luxembourg , gouverneur
de la province.
L'on aĂŒmira avec quelle dĂ©licatesse et quelle vĂ©-
rité l'auteur traçait le portrait du protecteur de l'A-
cadĂ©mie ; lâon admira encore plus le talent avec
lequel, en donnant dâutiles leçons aux littĂ©rateurs
et aux savants qui devaient aprĂšs lui entrer dans
la carriÚre , le poëte avait su leur offrir pour modÚles
et pour guides la plupart des hommes célébres qu'a
vait produit cette cité.
Le billet cacheté est ouvert dans la Séance pu-
blique , et chacun apprend avec autant de plaisir
que de surprise que l'auteur du poëme couronné
est Madame du Bocage , née à Rouen en 1710.
Dans la Séance publique de l'année suivante ,
l'abbĂ© Fontaine , dont les poĂ©sies ont fait plus dâune
fois les délices et lornement de nos assemblées ,
_
rappela le triomphe de sa compatriote par ces vers :
L'amour vint Ă sa voix s'asseoir sur nos gazons,
Faune, dans une grotte, Ă©coutant ses chansons,
Soupira de plaisir, et la Seine attentive
Fit couler lentement son onde fugitive,
L2
La scÚne française fut enrichie par Mademoiselle
Bernard , de Brutuset de Lacdaniie ; mais Fontexelle,
E 2
(68)
dit-on, a eu part Ă la composition de ces deux piĂšces ;
Madame du Bocage seule y fit paraitre les Amazones
et y soutint, dit le chevalier de Mouy , la réputa-
ĂŒon quâelle sâĂ©tait acquise par son Paradis terrestre.
Les Amazones ont eu onze représentations ; et Ont
été traduites en vers italiens par la comtesse Grozzi,
la mĂȘme qui venait de faire parler Ă TĂ©rence la
langue de son pays.
Le Paradis terrestre , imitĂ© de Milton, dĂ©diĂ© Ă
l'Académie de Rouen, traduit depuis en vers italiens ,
par Gasparo Grozzi , Ă©poux de la comtesse dont
nous venons de parler , a mérité à son aimable
auteur , de la part de Voltaire, des Stances qui com-
mencent par celle-ci :
Milton, dont vous suivez les traces ,
Vous prĂȘte ses transports divins ,
Eve est la mĂšre des humains,
Et vous ĂȘtes celle des graces,
Ce poëme cependant a essuyé quelques critiques;
ou plutÎt les auteurs des Mémoires de Trévoux $
lorsque la premiĂšre Ă©dition parut , donnĂšrent quel-
ques avis Ă lâauteur qui eut la bonne-foi dâen profiter.
Il ny a que la médiocrité qui se cabre contre les
conseils ; le vrai talent est toujours docile , parce qu'il
est naturellement modeste.
Le poëme de la Renommée de Pope avait paru avec
Ă©clat en Angleterre, Madame du Bocage le fit passer
dans notre langue avec toutes ses beautés, et en fit
( 69 )
disparaßtre les taches et les imperfections. La pré-
face quâelle mit Ă la tĂȘte de cette imitation est rem-
plie d'une critique saine et d'un goût exquis.
Je ne parlerai ni de la traduction quâelle donna
de l'Oraison FunÚbre du prince EugÚne , prononcée
en italien par le cardinal Passionei , ni de celle de
la Conjuration de Valstein par Sarazin , quâelle mit
en italien pendant son séjour à Rome; je dirai seu-
lement que la premiĂšre de ces traductions fut com-
parée à celle du panégyrique de Trajan par Sacy,
et que la seconde étonna méme les personnes qui
parlaient le plus correctement la langue de Rome
moderne.
Madame du Bocage , aprĂšs avoir en quelque sorte
essayé son talent poëtique dans des imitations , osa
se confier Ă ses propres forces. La Colombiade parut.
Le poëte y chante la conquéte du nouveau monde
et l'Ă©tablissement de la religion dans cette terre ido-
lĂątre. Ce poĂ«me est assez connu , et, pour lâapprĂ©-
cier , il sufit de dire qu'il a été traduit en prose
allemande et en vers espagnols. Le# suffrages des
Ă©trangers ne peuvent ĂȘtre suspectĂ©s dâadulation.
Par les imitations de Milton et de Pope , Madame
du Bocage s'était acquis une juste réputation chez
nos voisins et nos rivaux. Elle y alla en 1750 jouir
de toute sa gloire. En 1757, madame du Bocage
parcourut la Hollande et l'Italie ; dans cette derniĂšre
contrée , elle fut accueillie avec encore plus de dis-
tinction que dans les deux autres. Son poëme de
E 3
(70)
l4 Colombiade , dédié à Benoßt XIV , l'y avait fait
connaßtre , et sa renommée l'y avait précédé. L'Aca-
démie des Arcades de Rome et celle de Padoue la
reçurent au nombre de leurs membres, mais câest
Ă Bologne quâelle jouit dâune distinction plus flatteuse
encore. L'institut se l'associa; c'Ă©tait une faveur
dont elle sentit si bien le prix qu'elle Ă©crivit Ă sa
sĆur : » Ma gloire est grande ; il ny a que trois
» femmes , la studieuse Laura Bassi qui y professe
Ja physique dont e!le donne des cours publics en
-
â
latin ; la fameusesgéomÚtre Agnesi , et l'illustre
Co
2
» princesse de Collombrano, rapolitaine. La marquise
» du ChĂątelet , aussi digne dâen ĂȘtre que je le suis
» peu, était de celte Académie des sciences ,
» fondée par Théodose le jeune, la plus ancienne
» et la plus riche de l'Europe «.
A son retour , Madame du Bocage passa par Lyon;
l'Académie de cette ville la reçut comme elle le
méritait , el, pour me servir de ces expressions, ins-
crivit son nom dans le temple des Muses.
En 1765, l'Académie de Rouen , dont les statuts,
trop sévÚres sans doute , semblaient en interdire
l'entrée aux femmes , crut devoir y déroger en fa-
veur de son illustre compatriote ; elle créa une rou-
velle-classe dâassociĂ©s, celle des associĂ©s libres. Ma-
dame du Bocage en fut si flattĂ©e quâelle en tĂ©moi-
gna sa reconnoissance par un remerciment en vers ,
et quâelle vint l'annĂ©e suivante embellir de sa prĂ©-
sence la séance publique dans laquelle elle lut la tra-
(QE
duction en vers français de deux Eglogues grecques,
l'une de Maschuset , l'autre de Bion. DĂ©s 1762
la collection de ses Ćuvres avait paru Ă Lyon en
trois volumes , dont le troisiÚme est composé (les
lettres que, pendant ses voyages , elle Ă©crisit Ă
Madame du Perron. Ces lettres: sont vraiment in-
téressantes par les détails précieux qu'elles offreut
sur les monuments , les mĆurs et les usages des
trois pays quâelle a parcourus, Le style en est simple,
leger , coulant et agrĂ©able ; le ton dâingĂ©nuitĂ© qui
y rĂšgne , prouve bien quâelles n'Ă©taient Ă©crites que
Pour la personne Ă qui elles sont adressĂ©es : câest
une sĆur qui Ă©panche son ame dans celle de sa
sĆur.
Madame du Bocage , aux talents de la poësie ,
unissait les charmes de la beauté » qui seule peut
faire la gloire des personnes de son sexe ; aussi
lorsqu'elle partit pour l'ltalie , Voltaire lui adressa:t+
il ces vers :
Vous qui régnez sur le Parnasse A
Allez au capitole , aliez, rapportez-nous
Les myrthes de Petrarque et les lauriers du Tasse.
Si tous deux revivaient , ils chanteraient pour vous ;
En voyant vos beaux yeux et votre poësie
Tous deux mourraient Ă vos genoux
Ou d'amour ĂŽu de jalousie,
Madame du Bocage Ă©tait encore jeune lorsqu'elle
devint veuve. Elle se consola de la perte quâelle
E 4
(72)
avait faite dans le sein de l'amitié , car elle eut le
bonheur dâavoir des amis. La douceur de son ca-
ractĂšre , sa bienfaisance naturelle lui en avaient
acquis. Elle joignait , dit Madame de Beauharnais ,
la politesse majestueuse du siĂšcle de Louis XIV Ă
lamabilité fine de son siÚcle. Ses talents n'avaient
rien pris sur ses vertus , et, semblable Ă Fontenelle ,
elle ne cessa dâĂ©tre aimable que quand elle cessa de
vivre en 1802, Ă lâĂąge de g2 ans.
PRIX PROPOSĂS POUR L'AN 13, (1805).
L'AcadĂ©mie a proposĂ© pour sujet dâun prix, con-
sistant en une médaille de la valeur de 300 francs,
qui sera décernée dans sa séance publique de Pan 15
(1805 ).
L'Eloge de J.-B. Descamps , crĂ©ateur de lâĂ©cole
gratuite des arts , de dessin , de peinture, sculp-
ture , gravure et architecture de Rouen.
Les mémoires devront étre adressés , franc de
port , à M. Gourdin , secrétaire de l'Académie ,
pour la classe des belles-lettres , avant le 15 messi-
dor an 15, Ă©poque de rigueur.
L'auteur mettra en tĂȘte de son discours une de-
vise qui sera rĂ©pĂ©tĂ©e sur un billet cachetĂ© , oĂč il
fera connaĂźtre son nom et sa demeure. Le billet ne
sera ouvert que dans le cas oĂč l'Ă©loge aura remportĂ©
Je prix.
.
(735)
Les Académiciens résidents et non résidents seront
admis Ă concourir,
SCIENCES. AR LS.
HA PO RER
Fait par M. Virazis, secrétaire perpétuel de
lâAcadĂ©mie , pour la classe des sciences.
IMPEPS ES LIĂE UPRMSY,
Le domaine des sciences comme celui des belles-
lettres offre Ă l'esprit humain un vaste champ Ă
cultiver , une carriĂšre brillante Ă parcourir. Le
terrain ne présente plus ici , il est vrai, ces sites
charmants, ces vues délicieuses, ces scÚnes variées
et pittoresques que le talent de l'orateur ou du poëte
sait embellir encore de toutes les ricliesses de son
art.
Mais si les sciences offrent des points de vue
moins agrĂ©ables que les belles-lettres, si elles prĂȘtent
moins Ă Pimagination , combien elles l'emportent
sur ces derniĂšres par l'avantage quâelles possĂšdent si
éminemment de développer heureusement le germe
de la pensée , de nous apprendre à saisir les vrais
rapports qui existent entre les divers objets de nos
connaissances , de former par conséquent la raison ,
C74)
de crĂ©er, dâĂ©tendre , de perfectionner le jugement,
qualité la plus précieuse de l'esprit, et sans laquelle
toutes les autres deviennent inutiles et souvent dan-
gereuses.
Les sciences , considérées sous le rapport des ser-
vices nombreux quâelles rendent Ă l'industrie et aux
arts, ne sont pas moins recommandables aux yeux
d'une raison saine et éclairée. Quelle main , si ce
nâest celle des sciences , a jettĂ©, au milieu de nous,
les fondements de ces ateliers, de ces manufactures ,
de ces Ă©tablissements de tout genre , oĂč l'art, rival
de la nature et la surpassant mĂȘme quelquefois ,
enfante tous les jours de nouveaux chefs-d'Ćuvres ,
de nouveaux prodiges ? Quel autre que le génie des
sciences nous a rĂ©vĂ©lĂ© les secrets de lâindustrie et
en a porté les procédés à ce dégré de simplicité et
de perfection qui fait le tourment et le désespoir
de ce peuple rival qui nous avoisine , et que la
jalousie rend notre irréconciliable enremi ? Ne crai-
gnons pointe rendre hommage aux sciences dans
un dĂ©partement , dans âune citĂ© qui s'Ă©norgueillit
de leur devoir ses succÚs, sa gloire, sa réputation
et ses richesses. .
C'est parce que l'Académie sent tout le prix des
avantages et de l'utilité que les sciences procurent
à la société en général et à cette ville en particulier ,
gwelle s'est empressée de les accueillir dans son
sein , et de leur assigner une place distinguée parmi
les objets qui partagent ses sollicitudes et ses veilles,
C.75 )
La jouissance la plus douce de l'Académie sera
toujours de contribuer de tout son pouvoir , de
tous ses moyens , Ă lâencouragement des arts , aux
progrÚs de l'industrie , à la prospérité de nos fa-
briques et de nos manufactures.
L'empire des sciences est si Ă©tendu que sans doute
on ne sera pas surpris si toutes les routes nâen
Ont pas été fréquentées. On verra cependant , par
le tableau que je vais prĂ©senter , quâil est peu de
genres dans lesquels les Académiciens ne se soient
exercĂ©s, oĂč sur lesquels Ja Compagnie nâait reçu
des ouvrages qui ont mérité d'occuper plus ou
moins son attention,
SCIENCES MATHĂMATIQUES.
ARITHMĂTIQUE.
M. l'abbé Jamard , membre de l'Académie , a lu
un mémoire ayant pour titre : Essai sur la nature
et Les PropriĂ©tĂ©s des nombres , pour servir dâintro-
duction anx premiers Ă©lĂ©ments dâarithmĂ©tique , et
Ă la solution de quelques questions quâil est impossible
de résoudre sans la connaissance de ces propriétés
presquâentiĂšrement oubliĂ©es aujourdâhui. Ă
Le but de cet essai est de démontrer l'avantage
qu'il y aurait, pour faciliter la solution de quelques
questions dâarithmĂ©tique » Ă distinguer les nombres
(76)
en cardinaux et absolus. M. l'abbé Jamard pense
quâon devrait appeler absolus les nombres qui dĂ©si-
gnent une quantité finie et terminée , et cardinaux
ceux qui expriment une quantité commencée , mais
qui nâest pas finie ou qui peut ne pas finir. Ainsi
quand on dit votre frĂšre a demeurĂ© huit ans Ă
Paris, le nombre huit est un nombre absolu ; mais
si lon disait votre frÚre est dans la huitiÚme année
de son séjour à Paris , le mot huitiÚme exprimerait
un nombre cardinal, parce que les huit années ne
sont pas encore rĂ©volues et peuvent n'ĂȘtre pas
achevées.
La dispute à laquelle a donné lieu la question de
savoir si l'an 1800 termine le dix-huitiĂšme siĂšcle ou
appartient au dix-neuvieme , fournit naturellement
Ă l'auteur une application de ses principes. Chaque
siĂšcle Ă©tant composĂ© dâune pĂ©riode de cent annĂ©es ;,
dans laquelle l'année est considérée comme unité
absolue , et le siÚcle comme unité cardinale , celui-
ci ne doit ĂȘtre censĂ© rĂ©volu quâautant que les cent
annĂ©es qui le composent seront elles-mĂȘmes pleine-
ment révolues. Le dix -huitiÚme siÚcle, considéré
comme nombre cardinal , ne deviendra donc un
nombre absolu que lorsque les cent derniÚres années
seront écoulées , et par conséquent le dix-neuviÚme
siĂšcle ne peut commencer quâen l'an 1801.
On trouve dans l'Essai un grand nombre d'ap-
plications de cette nature.
L'examen de cet essai a donné lieu à M. Letellier ,
Cp Ă
membre de l'Académie , de développer quelques
considérations générales sur la numération et sur la
mauiÚre d'envisager les éléments des sciences.
= M. Periaux , imprimeur-libraire Ă Rouen, et
membre de la SociĂ©tĂ© libre dâĂ©mulation de la mĂ©me
ville , a fait hommage à l'Académie de quelques exem-
plaires de son ouvrage intitulĂ© : ÂŁlĂ©ments dâarithmĂ©-
tique , ou dévelopement des principes du calcul sui-
vant lâancien et le nouveau systĂ©me , terminĂ© par un
Vocabulaire des poids et mesures anciennes et nou-
velles les plus en usage.
MM. Gruyer et Jamard chargés d'examiner cet
ouvrage , ont rendu un tĂ©moignage honorable Ă
l'intention et aux eflorts de lâauteur.
GĂOMĂTRIE.
M. Oursel , géomÚtre à Dieppe , associé de
l'Académie , vous a adressé un manuscrit intitulé :
Essais de Géométrie , par lesquels on se propose
dâexposer , rĂ©soudre et dĂ©montrer gĂ©omĂ©triquement
différents problémes non encore résolus , conformé-
ment Ă la demande des anciens , câest-Ă -dire avec la
seule rĂšgle et le compas.
Ce manuscrit étant parvenu à l'Académie qu'a-
prĂšs l'impression et la publication de l'ouvrage , la
Compagnie a cru ne pas devoir le soumettre Ă un
examen particulier , conformément à l'usage qu'elle
a toujours suivi de ne porter aucun jugement sur
(76)
les ouvrages imprimés, à moins que les autcurs n'en
forment expressément la demande.
= C'est encore par le mĂȘme motif que l'AcadĂ©-
mie nâa pas cru devoir prononcer sur un mĂ©moire
imprimé , concernant la force active, qui lui à été
adressé par M. Pouchet , membre de la Société d'é-
mulation de Rouen, et de l'Athénée des arts de
Paris.
SCIENCES PHYSIQUES.
NYA VII. GCAUTUT ON.
L'Académie a reçu de M. Levéque | son associé
et membre de l'institut national, un mémoire im-
primĂ© , concernant les observations quâil est impor-
tant de faire sur les marées , dans les différents
ports de la RĂ©publique. Dire quâil a obtenu les suf-
frages unanimes de l'Institut est le plus bel Ă©loge
que nous puissions en faire.
= La Compagnie doit encore à M. Zevéque un
ouvrage imprimĂ© qui a pour ĂŒtre : Description
nautique des cĂŽtes orientales de la Grande-Bretagne ,
et des cĂŽtes de Hollande , du Jutland et de NorvĂšge.
Cet ouvrage, extrait et traduit de l'anglais, com-
prend , pour ces cĂŽtes, la description des caps et
autres pointes de terre , des baies , des rades , des
ports et havres, des riviĂšres, des bancs et Ă©cueils,
C79)
du brassiage et de la qualité des fonds , des pha-
res, des amers , des courants et des marées : en
un mot, tout ce qu'il est important de connaitre
pour la navigation dans ces parages.
La grande entreprise qui occupe aujourdâhui tous
les esprits a commandé cette nouvelle production
de l'auteur , et on sâappercoit aisĂ©ment quâil nâa
rien négligé pour assurer le succÚs des grandes vues
du Gouvernement.
AR ĂIO M Ă TRILIE.
M. Descroizilles aĂźnĂ© , chimiste-manufacturier Ă
Lescure-lÚs-Rouen , membre de l'Académie , vous
a communiquĂ© une notice sur lâarĂ©omĂ©trie.
Cette notice a spécialement pour objet un nouvel
instrument , nommé par l'auteur aréometrilype »
au moyen duquel on parvient Ă donner Ă tous les
dégrés des pÚse-liqueurs un rapport constant avec
la pésanteur spécifique.
L'aréométritype , dit M. Descroïzilles , est un petit
flacon de cristal, portant un bouchon de ia mĂȘme
matiÚre , et contenant strictement , à la température
des caves, 100 décigrammes ou 2 gros 44 grains
d'eau distillée, Ce flacon est trés-épais dans toutes
ses parties , et son bouchon trĂšs-gros et court , de
maniĂšre que le tout est peu fragile. L'orifice est
assez grand pour qu'on puisse y introduire le doigt
armĂ© dâun linge. A ce moyen ; l'instrument se
trouye nétoyé et sÚché en un instan',
( 80 )
La maniĂšre de faire usage de cet instrument est
fort simple. On remplit le vase du liquide Ă essayer
jusques un peu au-dessous de la naissance du gou-
lot : on y enfonce le bouchon qui fait refluer le
superflu. On essuie parfaitement l'extérieur , puis
on met le tout dans une bonne balance , en oppo-
sition avec létui qui représente la tare. Si le li-
quide essayé est plus pesant que l'eau , il faut ,
outre les 100 décigrammes qui forment justement
le poids de celle-ci , ajouter , du cÎté de la tare,
un nombre de décigrammes suffisant pour rétablir
l'Ă©quilibre , et il en faut justement 84 si c'est de
bon acide sulfurique concentré du commerce ; si
au contraire le liquide essayé est plus léger que
l'eau , il faut, pour rétablir l'équilibre , mettre
sur le plateau chargé de l'arcométritype, un nom-
bre de décigrammes déterminé par la pesanteur
spécifique de ce liquide. Ainsi, d'aprÚs M. Brisson ,
si câest de l'alcool , ou esprit de vin trĂ©s-rectihiĂ© ,
il en faut approximativement 17.
M. Descroizilles remarque qu'il y a quelques
précautions à prendre , soit pour ne rien perdre du
liquide , soit pour se défendre de son action , dans
le cas oĂč il serait caustique , soit aussi pour ne
pas laisser dans le flacon la moindre bulle dâair.
On peut donner à l'aréométritype une capacité
quelconque ; mais la capacité décagrammale que
lui a donnée l'auteur , est celle qui lui paraßt la plus
généralement convenable. Elle offre aux physiciens
un
(6r)
un avantage qu'on ne trouve days aucun insu
ment connu , celui d'indiquer la pesan eur spéei-
fique d'une portion de liquide qui ne surpasse pas
en volume uu dĂ©cagramme oĂč 2 gros 44 grains.
Les degrés de pesanteur et de légÚreté hydro-ma-
jeures ( c'est ainsi que M. DescroĂŻzilles appelle lex
cÚs de pesanteur et l'excÚs de légÚreté des lquides
comparés à l'eau pure), étant une fois trouvés au
moyen de Flinstrument, l'auteur les porte sur l'Ă©-
chelle de son pÚseiqueur , qui réanit le double
avantage dâĂȘtre d'un service plus commode que le
régulateur qui a servi à le former , et sur-tout beau-
coup plus exact que les arĂ©omĂštres connus jusqu'Ă
ce jour , tels que ceux de BaumÂŁ, de Cartier, etc. ;
cependant, pour la commodité des personnes ac-
coutumées à l'échelle de Baumé, M. Descroiziiles
a cru devoir la placer à cÎté de la sienne.
ISTOIRE NATURELLE.â- {lelmintho'osie.
H R Hel tho!og
M. Noël, membre de l'Académie , a présenté des
observations sur l'ascaride du elupé hareng ,( gor-
dius marinus de Linné}), ( Ascaris halecis de Gme-
lin ).
Ce ver intestinal du hareng est appelé crinor
par les uns , ascaride par les autres , et cette
double dĂ©nomination appliquĂ©e au mĂȘme individu,
introduit dans son histoire uné confusion que M.
Noël cherche à faire disparaitre en rapprochant les
passages des auteurs qui en ont parié.
S, publ, 1504. F
F +
(8)
Le ver dont il est ici question et sur lequel l'au-
teur a fait des recherches et des expériences inté-
ressantes , a été trouvé non-seulement dans les pois-
sons du genre des clupés, mais encore dans quel-
ques individus du genre des perches de Linné, et
du genre des gades.
M. NoĂ«l s'occupe ensuite de lâorigine des ascari-
des : l'importance des questions qu'il propose Ă ce
sujet en fait désirer vivement la solution à ceux
qui s'intéressent aux progrÚs de l'histoire naturelle.
Zoologie.
Au mois de ventĂŽse an 12, M. Houel, peintre-
graveur, membre de plusieurs Académies et Asso-
cié de celle de Rouen, nous a adressé son ouvrage
intitulé : Histoire naturelle des deux éléphants , mùle
et femelle , du muséum de Paris , venus de Hollande
en France en lâan 6 , enrichie de vingt estampes dont
Les dessins ont Ă©tĂ© faits dâaprĂšs nature.
On reconnait dans cet ouvrage, qui contient des
faits aussi curieux que nouveaux, les talents qui
ont assigné depuis long-temps à l'auteur une place
distinguée parmi les artistes les plus célÚbres de
Paris.
Botanique.
Le goĂ»t de la botanique est aujourdâhui si gĂ©-
néralement répandu , que l'on ne peut accueillir
avec trop de bienveillance les efforts de ceux qui
(85)
consacrent leurs veilles Ă faciliter l'Ă©tude de cette
belle partie de l'histoire naturelle.
Tel est le but que paraĂźt s'ĂȘtre proposĂ© M. Renaur,
ci - devant professeur d'histoire naturelle Ă l'Ă©cole
centrale de l'Orne , en publiant la flore de ce dé-
partement.
= M. Deu qui avait rendu compte de la flore
de lâOrne, s'est fĂ©licitĂ© dâavoir Ă parler d'un autre
ouvrage du méme genre, dont M. Boucher , assos
cié de l'Institut national , l'avait prié de faire agréer
l'hommage à l'Académie : c'est le catalogue des
plantes dĂ©crites dans sa flore dâAbbeville,
Cet extrait a prĂ©sentĂ© d'autant plus dâintĂ©rĂ©t Ă
la Compagnie, que lâauteur a Ă©tendu ses recher-
ches sur une partie du département de la Seine-
InfĂ©rieure , sur-tout dans la forĂȘt d'Eu , sur les cĂŽtes
de Dieppe , de sorte que son travail peut aider
beaucoup , comme il le dit lui-mĂȘme, Ă la forma-
tion dâune flore de noire arrondissement.
= Dans la séance du 26 floréal , M. Guersent,
professeur du jardin botanique de Rouen , a lu
deux observations : la premiĂšre sur le Brucea-
antidysenterica ; la seconde sur une nouvelle espĂšce
dâfbĂ©ride.
Les botanistes , dit M. Guersent , connaissent
depuis long-temps les fleurs mûles du Brucea ; quant
aux fleurs femelles, elles ne sont connues que par
F2
C8)
le dessin ét la courte notice qui en ont été adres-
sés à l'Héritier par M. Bauks , président de la Scs
ciété royale de Londres ; mais cette description ne
peut convenir aux fleurs femelles du Zrucea.
En eflet , l'Héritier a décrit et fait figurer, d'aprÚs
M. Banks , 4 germes comprimés, 4 styles : il ne parle
ni du pericarpe , ni des semences , et les auteurs qui
ont parlĂ© aprĂšs lui de cette plante , trompĂ©s par lâa-
valog'e des formes, et consid-raut les 4 ovaires com=
me autant de capsules , ont cru pouvoir rapprocher
le genre Ărucea du genre Aylanthus (Desfontaires }.
Voici, au contraire , ce que M. Guersent a observé
dans la serre du jardin de Rouen oĂč le Brucea a
fructifé.
Deux fleurs femelles , conformĂ©es dâailleurs com-
me les fleurs mùles et placées sur un des pédoncu-
les inférieurs , Jui ont offert, au milieu des étami-
nes , au lieu du disque glanduleux qu'on observe
dans les fleurs mùles , un ovaire surmonté d'un
stigmate sessile, d'un rouge vif, divisé par un sil-
Jon profond. Un de ces ovaires est tombé avaut sa
maturité, mais lPautre a acquis la grosseur et la
forme dâune petite olive, et a passĂ© successivement
du verd au blanc luisant; puis au rose, et enfin au
rouge. Ce fruit est un petit drupe dont le paren-
chyme peu succulent renferme un noyau ovoide,
uniloculaire , monosperme. Ce fruit avait certaine-
ment été fécondé et avait acquis à -peuprÚs son dé-
veloppement naturel , puisque ce drupe ayant été
.
(85)
planté a donné naïssance à un jeune individu de
la plus belle végétation.
En consultant le voyage de Bruce, M. Guersent
ÿ a trouvé une description de la fleur femelle par-
faitement conforme Ă ses propres observations , dâoĂč
il conclut qu'il s'est glissé quelqu'erreur dans le
dessin et la notice adressés à l'Héritier,
Suit la description exacte du Prucea. M. Guersent
pense que lâon doit laisser subsister ce genre con-
sacré à la mémoire de l'illustre voyageur Bruce, et
le regarder seulement comme congenĂšre du Como-
cladia , prÚs duquel il doit étre placé dans la famille
des thĂ©rebintacĂ©es dont il est reconnu aujourdâhui
quâil rĂ©unit tous les caractĂšres. A
L'ibéride nonvelle qui fait le sujet de la seconde
»
observation a été trouvée dans les environs de
Pouen.
Cette espÚce d'ibéride dont M. Guersent donne le
premier une trĂšs-bonne description, a quelques rap-
ports avec l'/beris umbellata Ă fleurs blanches , et
l'fberis amara , avec lesquelles elle paraßt avoir cté
jusqu'à présent confondue. Il propose, par cette
raison , de la désigner sousle nom d'/beris intermedia.
Elle tient en eflet une sorte de milieu entre ces
deux espĂšces ; mais elle diffĂšre de la premiĂšre , par=
ticuliĂšrement par ses fleurs en longues grappes, et
de la seconde par ses fleurs caulinaires entiĂšres,
La beauté de ses fleurs , sa haute taille, qui sé»
F3
(86 )
lĂšve quelquefois jusqu'Ă 18 pouces, doivent la faire
rechercher pour lâornement des parterres. Cette
espĂšce nouvelle a en outre. lâavantage sur les
deux autres dâĂȘtre bisannuelle.
La saveur Ăącre et amĂšre de toutes les parties
de cette plante , et sur-tout celle de ses semences,
annonce quâon pourra s'en servir en mĂ©decinĂ©
comme d'un puissant anti-scorbutique.
LâJberis intermedia se rencontre abondamment sur
les rochers calcaires, dans lesquels on a pratiqué
la chaussée de Duclair , à quatre lieues de Rouen.
Elle a été trouvée la premiÚre fois, dit M. Guersent,
par notre confrĂšre, M. Varin, auquel on doit la
dĂ©couverte dâun grand nombre de plantes du pays.
Elle fleurit vers la fin du mois thermidor lorsque
l'JBeris amara est dejĂ en graine.
= Dans Ja séance du 17 prairial , M. Degland ,
docteur en médecine, a [lu un mémoire intitulé :
Observations relatives à la réforme des plantes cru-
cifĂšres et sur-tout des siliculeuses.
AprÚs avoir tracé rapidement le tableau histori-
que des travaux des frĂšres Baudin , de Morison ,
Ray , Magnol , Tournefort, Linné Adanson, Crantz,
Jussieu , GĂŠĆrtner , relativement Ă la dĂ©termination
exacte des genres des cruciféres, M. Degland ob-
serve que ces trayaux laissent encore beaucoup
dâincertitudes et de doutes, et il offre dans la se-
conde partie de son mémoire le résultat des re-
a...
Ve a 2 D
(87)
cherches qu'il a entreprises pour porter cette partie
de la botanique à un plus haut dégré de perfection.
L'auteur jette dâabord un coup-d'Ćil sur les traits
généraux qui peuvent servir à classer les crucifÚ-
res. Il compare la valeur des différentes parties de
la fructification , et prétend que de toutes les par-
ties de la fleur le fruit est la seule qui puisse four-
nir des caractĂšres certains.
Il examine ensuite les siliculeuses qu'il divise,
dâaprĂšs la considĂ©ration du nombre des loges , en
upiloculaires , biloculaires et multiloculaires.
Cette division simple et facile Ă saisir dans le plus
grand nombre de cas , présente des inconvé-
nients qui wont pas échappé aux membres de la
commission chargée d'examiner le mémoire dont
nous offrons ici l'analyse.
L'auteur passe ensuite à la considération de cer=
tains genres dont il sâest particuliĂšrement occupĂ© ,
tels que le genre Zepidium , les genres subularia ,
clypeola, etc.
Nous regrettons de ne pouvoir suivre M. Degland
dans les dĂ©veloppements quâil offre Ă ce sujet ; mais
ces détails se refusent à l'analyse.
En parlant des siliculeuses , notre ConfrĂšre se borne,
il est vrai , à des vues générales , mais ces vues peu-
vent faciliter le travail en indiquant ce qui reste Ă
faire sur cet objet.
à la suite de son mémoire, M. Degland a placé
FE 4
(8)
un tableau synoptique de la distribution des gen-
res, d'aprĂšs la division du nombre des loges et la
position des cloisons parallĂšles et transverses.
â Le genera plantarum de Jussieu est , sans contre:
dit , le plus savant ouvrage dont puissent se glorilier
les fastes de la botanique : le PrĂŠminm ou intro-
duction , est un chef-d'Ćuvre de sagacitĂ© , dĂ© prĂ©-
cision et dâĂ©lĂ©gance. ;
C'est cette introduction que M. Robert , pharma-
cien en chef de l'hospice d'humanité et membre
de l'Académie , à entrepris de traduire en français
en faveur de ceux auxquels la langne latine pour-
rait nâĂȘtre pas familiĂšre.
On doit des Ă©loges Ă notre ConfrĂšre pour avoir eu
le courage de se livrer Ă une traduction dont lâau-
teur Jui-mĂ©me avoue quâil oserait Ă peine se char-
ger , tant elle présente de difficultés à vaincre.
Comment , en effet, la langue française ne crain-
drait-elle pas de se mesurer avec cet idiome heu-
reux , qui souvent exprime d'un seul mot ce que
nous ne pouvous faire entendre que par de longues
périphrases ? Comment conserver en français l'éner-
gique concision du latin ? Comment espérer de ren-
dre dâune maniĂšre, je ne dis pas Ă©lĂ©gante , mais
supportable mĂȘme , ces exptessions techniques, ces
épithÚtes entassées , pour ainsi dire, les unes sur les
autres , dont on admire , dans l'original , Pheu-
Feux choix et harmonieuse disposition ?
(89)
M. Robert a cependant surmonté une grande par-
tie de ces difficultĂ©s, et s'il nâa pas triomphĂ© de
toutes , on peut dire que câest moins sa faute que
celle de Ja laigne quâil voulait enrichir dâune des
plus belles productions de l'esprit humain.
A la suite de sa traduction , M. Robert a placé
des tableaux synoptiques de nomenclature métho-
dique , 1°-.des systĂȘĂ©mes botaniques de Tournefort,
Linné et Jussieu ; 2° des classes, ordres, sections
et genres de la méthode naturelle de Jussieu , dres-
sés d'aprÚs Je tableau du rÚgne végétal de Ventenat.
CHIMIE. E TVA R TSĂ CHU MI QUES.
M. Jâitalis a lu un mĂ©moire sur la cristallisation
de Pacide phosphorique.
En voici l'extrait tel qu'il a été imprimé dans les
Annales de Chimie : (a).
ER ae
(a) Six mois aprés que ce mémoire eut été inséré dans les
Annales de Chimie , tome 0 , page 314, il parut, dans le n° 157
tome 535 du mĂȘme ouvrage, une rĂ©clamation anonyme en faveur
de M, Steinacher , pharmacien de Paris , sur la priorité de la
découverte,
Je réclamai sur-le-champ , à mon tour , auprés de MM. les
rédacteurs des Annales de Chimie, par une lettre datée du.
28 pluviĂŽse dernier , et dans Liquelle , en faisant valoir mes titres
à la priorité, j'invitais M. Steinacher à produire les siens. Non-
seulement je réclamais la découverte du fait principal, mais
Co)
n Occupé, au mois de germival an 11, à la re-
vue que j'ai coutume de faire des produits de mon
laboratoire , je trouvai une cristallisation assez belle
au fond d'un flacon qui contenait de l'acide phos-
phorique préparé depuis environ trois mois.
» Ce phénomÚne intéressant que j'ai observé le
premier ,; et que je mâempressai de faire remarquer
aux élÚves qui suivaient , l'année derniÚre , mon
cours de chimie, sâest prĂ©sentĂ© depuis Ă M. Stei-
nacher , pharmacien à Paris, qui Pa déposé , en
messidor an 11, dans le n° 159 des Annales de Chi-
mie , mais avec des circonstances différentes de celles
que j'avais moi-mĂȘme apperçues, et qui me paru-
celle de plusieurs circonstances essentielles dont il est accompagné
et dont M. Steinacher n'a pas dit un seul mot dans sa note sur la
cristallisation de l'acide phosphorique ( Annales de Chimie ,
tome 47, page 100 ), seul endroit oĂč il en ait parlĂ© ; la con-
fiance que j'avais dans l'impartialité de MM. les rédacteurs des
Annales de Chimle , me faisait espĂ©rer qu'ils se rendraient Ă
ma demande, Cependant ma rĂ©clamation n'a point paru ,et câest
ce qui m'a engagé à prier l'Académie de Rouen, de me permet-
tre de la consigner ici : ce que cette Compagnie savante a bien
voulu m'accorder,
Je profite de cette occasion pour ajouter un fait de plus Ă ceux
que j'ai déjà fait connaßtre ; c'est que l'acide phosphorique ,
ainsi que l'acide sulfurique, se cristallise Ă un froid naturel ow
artificiel de trois à quatre degrés sous zéro.}
Ca)
rent annoncer que l'acide phosphorique , comme
toutes les substances susceptibles de prendre une
forme symétrique et réguliÚre , pouvait offrir , dans
sa cristallisation , des variĂ©tĂ©s qui mĂ©ritent dâĂȘtre
suivies.
» Je préparai donc, en frimaire dernier , de
nouvel acide phosphorique , en faisant brĂ»ler , Ă
l'aide dâun feu doux , de petits morceaux de phos-
phore dans de l'acide nitrique trĂšs-pur, jusqu'Ă ce
que l'acide fût complétement décomposé.
» La dissolution Ă©vaporĂ©e jusquâĂ consistance de
sirop Ă©pais, fut introduite dans un flacon de verre,
que je fermai bien ensuite , quoiqu'avec un simple
bouchon de liége, Ce flacon , qui pouvait contenir
environ quatre onces dâeau distillĂ©e , Ă©tait rempli Ă -
peu-prÚs au tiers de sa capacité, et fut abandonné,
comme la premiÚre fois , à la température du labo-
ratoire.
» En moins de deux mois j'obtins encore la cris+
tallisation de l'acide phosphorique , partie en ai=
guilles soyeuses , non transparentes, couchées hori-
zontalement et divergentes d'un centre commun
comme celles du muriate calcaire , partie en lames
cristallines de forme indéterminée , et placées au-
dessous des cristaux aiguillĂ©s. Il nâĂ©tait pas restĂ© dans
Je flacon une seule goutte de liquide.
» La cristallisation que je viens de décrire diffÚre
beaucoup de celle que j'avais observée en germinat
Co2)
an 11. Celle-ci offrait une masse de prismes nombreux
dâun ou deux centimĂštres de longueur sur deux ou
trois millimĂštres de largeur et autant d'Ă©paisseur.
Ces prismes , qui m'ont paru tétraÚdres , et ter-
minés par un sommet dont je n'ai pu reconnaitre
la forme , Ă©taient d'une belle transparence. Presque
tous étaient légÚrement inclinés aux parois du flacon.
Une de leurs extrémités sortait hors de la masse ,
tandis que l'autre y Ă©tait engagĂ©e Ă â une profondeur
plus ou moins grande.
» Une couche légÚre d'acide phosphorique mouil-
lait les cristaux prismatiques, et cette liqueur , pro-
menée sur les parois du flacon, y déposa , en moins
de; deux jours, des petits cristaux grenus assez
semblables à ceux que fournissent les sirops exposés
à une température un peu chaude.
» De tous ces faits je conclus :
» 1° Que la cristallisation de l'acide phosphorique
est un fait nouveau sur l'existence duquel il ne
peut rester le moindre doute ;
» 20 Que le repos parait étre une des circonstances
essentielles à la production de ce phénomÚne : une
température un peu basse , comme de 6 à 8 degrés
Ă©chelle de RĂ©aumur , paraĂźt aussi la favoriser ;
» 5° Que cette cristallisation s'opÚre en beaucoup
moins de temps que ne l'annonce M. Steinacher ;
» 4 Qu'on peut la déterminer à volonté par le
procédé que j'ai suivi ;
(93)
» 5° Qu'elle est d'autant plus prompte , que la
couche d'acide est plus mince ;
» 6° Que les parois des vaisseaux nâont pas une
influence nécessaire sur la formation des cristaux ,
quoiqu'ils puissent en Ă©xercer une , suivant M. Stei-
uacher , sur leur figure et sur leur position ;
» 7â Que la cristallisation de l'acide phosphorique
offre des variétés remarquables , dépendantes sans
doute de quelques circonstances particuliĂšres qu'il
est important d'Ă©tudier ;
» 8° Que l'acide phosphorique cristallisé ne résiste
pas à une temperature un peu élevée , telle que celle
de 20 à 25 degrés éclielle de Réaumur : car à ce
degre de température , il se résout en liqueur «
= Le mĂȘme membre a communiquĂ© Ă l'AcadĂ©mie
un Procédé nouveau pour fabriquer en grand le sul-
Jfate de fer ( couperose verte du commerce }" (a):
L'auteur parle d'abord des deux procédés em-
ployes jusquâĂ ce jour pour obtenir le sulfate de fer,
Le premier est le grillage des pyrites martiales
que l'on expose ensuite Ă l'air et qu'on lessive aprĂšs
quâeiles sont eflleuries.
Le second est le simple lessivage des terres im-
préguces de suliate de fer produit par ia decompo-
sition spontanée des pyrites , suivie d'uue évapora-
tion couvenable.
ââââââ_â_â_â_â_â_â
(a) Ce Mémoire a été lu à la séance publique,
C 94 )
M. Vitalis propose de fabriquer plus simplement
le sulfate de fer en combinant direttement l'acide
sulfurique au fer , dans les proportions suivantes :
100 livres de fer,
156 ââ d'acide concentrĂ© Ă©tendu de quatre
fois son poids dâeau.
L'auteur entre dans tous les détails nécessaires
à ce genre de fabrication , et détermine les conditions
desquelles dépendent et la beauté des cristaux et
le degré de saturation convenable de l'acide par le
fer. ;
La suite de ses expériences lui a présenté quel-
ques résultats analogues à ceux que M. Thenard a
obtenus dans ses recherches sur l'oxidation du fer.
Enfin, M. Vitalis présente des calculs qui tendent
à prouver que le nouveau procédé qu'il propose
produit dâhonnĂštes bĂ©nĂ©fices.
Ceux qui seront curieux de voir le procédé de
l'auteur développé dans tous ses détails , pour-
ront consulter la cinquiÚme année du Bulletin de
la Société d'encouragement pour les progrÚs de l'in.
dustrie nationale , séante à Paris ; ils y trouveront le
mémoire imprimé en entier.
Rouissage du Chanvre.
M. le Préfet a adressé à l'Académie une instruction
publiée par ordre de Son Excellence le Ministre de
l'intérieur, sur les procédés découverts par M. Bralle,
C95)
d'Amiens, pour rouir le chanvre en deux heures
de temps , et en toutes saisons , sans altérer la
qualité.
M. Descroïzilles , chargé ayec M. Mesaize de rendre
compte du procédé proposé par M. Bralle, se pro-
pose de faire à ce sujet une suite d'expériences en
grand , et d'essayer si le nouveau procédé ne se-
rait pas applicable au rouissage du lin.
L'Académie s'empressera de publier par la suite
les résultats que MM. les commissaires auront ob-
*
tenus. ,
Question de Chimie légale.
Un accident arrivé , le 9 prairial an 11, à Romilly-
sur-Seine , département de l'Aube , a donné lieu
prĂšs le Tribunal de commerce et de marine de la
ville de Rouen, à une question de chimie légale ,
dont M. Vitalis, l'un des experts nommés pour la
résoudre , a rendu compte à l'Académie dans sa
séance du 20 nivÎse dernier.
Un commissionnaire de roulage , Ă Rouen , avait
chargĂ© sur sa voiture vingt bouteilles dâeau-forte
(acide nitrique ) , Ă 52 degrĂ©s de lâ'arĂ©omĂštre de
Beaume , et six bouteilles d'huile de vitriol ( acide
sulfurique ) concentré , pour le compte de MM.
Delamare et Chùtel fils aßné , négociants en cette
ville. La voiture portait en outre deux ballotins
de librairie , cinq balles de bois d'inde efilé et trois
balles de toile de coton.
(96)
Vers les dix heures du soir du 9 prairial, jou*
de l'arrivée du voiturier à Romilly , la voiture prit
feu et toutes les marchandises furent consumiées,
Le commissionnaire pretendit que lâembrĂ€sement
avait été occasionné par les acides du transport des-
quels on l'avait engagé à se charger,
Dans une premiÚre ascemblée , MM. OReilly ,
rédacteur des Annales des Arts et Manufaétures L
Mésaize et Vitalis , experts nommés , reconnurent,
aprĂšs quelques essais , que la question#soumise Ă
leur décision ne pourait se résoudre que par des
expériences faites en grand.
Le Tribunal ayant ordonnĂ© qu'il serait procĂ©dĂ© Ă
ces expériences , MM. Mesaize , Dnbuc lainé et
-Vitalis sy livrĂšrent avec toute lPattention dont ils
étaient capables , et , aprÚs avoir essayé vainement
-dâenflammer , soit ensemble , soit isolĂ©ment , les corps
combustibles dont la voiture se trouvait en partie
chargée , au moyen des acides nitrique et sulfu-
rique , employés à grande dose et mélangés dans
les proportions les plus propres Ă porter l'acide
nitrique au plus haut degré de concentration , ils
-répondirent à la question soumise à leur décision
par le Tribunal , en déclarant que l'embrùsement
m'avait pu ĂȘtre causĂ© par le mĂ©lange des acides ni-
trique et sulfurique.
Ouvrages
Cor Ă
Ă
_
F: , , .
Ouvrages de chimie envĂ€fĂ©s Ă lâAcadĂ©mie,
M. Monnet , associĂ© de lâAcadĂ©mie , lui a adressĂ© ,
dans le courant de prairiÀl dernier , 1° son Atlas
minĂ©ralogique de la France ; 2° son TraitĂ© de lâexploi-
tation des Mines ; 5° son nouveau Systéme de miné-
ralogie ; 4° son Traité de la dissolution des métaux,
MĂ©decine et Chirurgie.
L]
M. Gosseaume, docteur en médecine , Directeur
de l'Académie , a présenté des Observations sur le
Catarrhe épidémique qui a régné pendant le printemps
de lâan 11.
M. Gosseaume recherche d'abord la cause de
cette épidémie , et il la trouve dans les constitutions
météorologiques de l'an 9 et de l'an 10 ; » presque
» toutlâano, dit-il, avait Ă©tĂ© singuliĂšrement humide ;
» lPété de lan ro, généralement chaud et sec , avait
» été suivi par une automne humide. L'hiver, de son
» cÎté , avait été peu froid et souvent humide,
» avec prédominance du vend nord-ouest «. Il pour-
rait Ă ce sujet s'appuyer de lâaatoritĂ© de Huxham ,
et de plusieurs autres observateurs distingués ; mais
il invoque de préférence celle de l'oracle de Cos,
et cite quelques passages du sixiĂšme chapitre du
traité d'Hippocrate de aeribus , aquis et locis , parce
que câest dans cette source que ceux qui sont venus
aprés le pÚre de la médecine , ont puisé leurs prin-
cipes.
S. publ, 1804. G
( 98 )
L'auteur montre ensuite dans les variations de
l'atmosphÚre la cause des altérations auxquelles notre
individu est exposé ; ces altérations dépendent parti-
culiÚrement des quantités respectives et diverses
dâ'oxigĂšne , d'azote , d'acide carbonique , d'eau ,
de calorique répandus dans le fluide atmosphérique.
De lĂ le cours naturel ou interrompu des transpira-
tions, la tension convenable ou le relĂąchement de la
fibre, les exhalationsâ habituelles ou les surcharges
humorales.
Ces préliminaires conduisent M. Gosseaume à la
connaissance de ia nature de la maladie , et la ma-
niĂšre de la traiter la plus favorable.
Elle a Ă©tĂ© gĂ©nĂ©ralement rĂ©pandue , parce quâelle
prenait son origine dans une cause universelle ; mais |
elle affectait diversement les individus , suivant
l'Ă©tat actuel et la disposition des organes.
Les vieillards ont été assez généralement victimes |
de cetie intempérie humide et débilitante. Les para- |
lysies , les morts subites ont été plus fréquentes
qu'Ă l'ordinaire.
Les convulsions ont été aussi plus fréquentes chez
les enfants.
Dans la plupart des sujets lâaction catarrhale se
\ portait sur la poitrine ; dans quelques-uns sur la
membrane pituitaire ; dans dâautres sur la bouche ,
le pharinx , le voile mobile du palais, les amygda-
les, etc. ; dans dâautres eufin sur l'estomac et les
( 99 )
intestins. Mais quel que fût le siége de la maladie
bé 9
elle avait toujours la transpiration pour crise.
On a remarqué encore que les ophtalmies , les
douleurs rhumatismales et articulaires avaient été
plus communes Ă l'Ă©poque dont il sâagit.
La méme cause avait produit tous ces résultats,
et le traitement , Ă©galement facile et heureux, ne
variait que par la diversitĂ© des parties aâectĂ©es.
Les malades gardaĂŻent le lit et usaient d'une nou-
riture humide Ă raison de la fiĂšvre. â » Jai vu de
» ces maiades par centaines, dit M. Gosseaume, et
» je n'ai pas rencontrĂ© une seule circomstance oĂč
» lémétique fit nécessaire au début , ou dans le
» cours de la maladie , lorsqu'il n'y avait aucune
» complication ; et certaisement elles étaient fort
» rares «,
» La maladie termince , ajoute M. Gosseaume ,
» il était souvent nécessaire de purger pour pré-
» venir les rechutes ; mais quand la crise avait été
» parfaite , on pouvait , on devait mĂȘme se dispenser
» de le faire «.
Ces observations prouvent, comme M. Gosseaume
s'était proposé de le démontrer , l'inutilité de cet
appareil de remÚdes, de procédés curatifs, de re-
cettes tant vantées par les papiers publics , puisque
le traitement le plas simple Ă©tait constamment suivi
du plus heureux succĂšs.
= Vers la fin de thermidor an 12 , M. Behn ,
G 2
( 100 )
médecin à Lubeck , a envoyé à l'Académie des ob-
servations médicales sur l'influence des maladies du
crĂąne , des meninges et du cerveau, dans certaines
aliénations des facultés mentales.
Le sujet de la premiĂšre observation est un tailleur
qui s'était coupé la gorge et qui mourut deux jours
aprĂšs avec tous les symptĂŽmes dâune fiĂšvre maligne.
â Ă louverture du crĂąne, on trouva les pariĂ©taux
dâune Ă©paisseur trĂšs-inĂ©gale , hĂ©rissĂ©s de cinq pointes
osseuses qui avaient percé la dure-mÚre et touchaient
au cerveau. Le cÎté droit du cerveau contenait une
grande quantité de sang extravasé qui était descendu
jusquâĂ la base du crĂąne.
La deuxiĂšme observation a pour objet un riche
négociant , fameux par son avarice , vivant dans la
solitude depuis plusieurs années, triste, irascible ,
timide , sujet à des céphalalgies fréquentes : il se
noya. â L'examen du cadavre offrit quelques dĂ©-
sordres dans les cavitĂ©s de la poitrine et de lâabdo-
men, L'ouverture du crĂąne , le frontal et lâoccipital
se trouvĂšrent de l'Ă©paisseur dâun demi-pouce ; on
observa en outre, le long du sinus longitudinal su-
périeur , et des deux cÎtés , plusieurs lames osseuses
dont quelques-unes étaient terminées par des pointes
tournĂ©es vers le cerveau. La partie de lâarachnoĂŻde,
placée au-dessous de ces différentes lames osseuses »
Ă©tait d'une Ă©paisseur extraordinaire , et contenait
plusieurs concrétions albumineuses.
Une maniaque qui plongea un couteau dans le
( 101 )
sein de son fils , est le sujet de la troisiĂšme obser=
vation. La femme qui lâa fournie Ă M. Behn, mĂšre
tendre ; Ă©pouse vertueuse ,.ayait , suivant l'usage
du pays, reçu chez elle son vieux pÚre pour lui
donner des soins jusquâĂ sa mort. Des querelles
s'étant élevées entre le vieillard et son mari, elle crut
devoir Ă©loigner son pĂšre qui mourut quelques an-
nées aprÚs. Les remords , le repentir suivirent bien-
tÎt cette action : l'infortunée se reprochait amÚre-
ment lâ'ingratitude dont elle s'Ă©tait rendue coupable,
Peu de temps aprĂšs, suspension subite des rĂšgles ;,
tristesse , réverie profonde, terreur pendant la nuit,
visions, apparitions de son pĂšre. Les jours suivants,
fiÚvre violente , délire continuel , sueurs abondantes
pendant quinze jours ; cessation de la fiĂšvre , mais
mal de tĂȘte violent |, mĂ©lancolie profonde , idĂ©e du
courroux de son pÚre toujours présente à son esprit.
Elle se persuade que le seul moyen de l'appaiser
est de lui sacrifier le plus jeune de ses fils pour
lequel elle avait une affection, une tendresse par-
ticuliÚre. Pleine de cette idée , elle se confesse ,
reçoit les sacrements, rentre chez elle , et , aprÚs
une fervente priĂšre , saisit son enfant, le porte dans
une cave ou linnocente victime tombe sous les coups
de sa mĂšre. . . . . Elle remonte , le couteau san-
glant Ă la main , et elle dit , dâun ton calme et
tranquille |, à sa famille et aux voisins assemblés :
Le sacrifice est fait, le ciel est appaisĂ©.Âź â On la
traine devant les tribunaux, Sur Je rapport de M,
G 3
( 102
Behn, elle est acqnittée comme maniaque ,; mais
détenue comme fuile. Au bout de six moïs, appa-
rition des rĂšgles , Ă©coulement par l'oreille d'une
matiĂšre puruiente ; enfin, retour de la raison avec
la santé. Cette mire infortunée est réclamée par
sa famille , et elle vit maintenant an milieu de ses
enfauts , tris'e et toujours réveuse, mais saus donner
aucun signe de folie.
MM. LaumÎnier , Guersent et Vigné, que vous
# ; + 4h:
aviez chargés de vous rendre compte de ces observa-
tions , les ont jugées trÚs-imporiantes, et dignes, sous
tous les rapports , de r'attention de l'Académie.
= En thermidor an 11 , l'Académe recut un
mĂ©moire intitulĂ© : Ăssai historigne et critique sur
David , docteur en médecine , chirurgien en chef de
lâHĂ©tel-Dieu de Rouen , etc, , par Am:ble Godefroy,
ex-chirurgien de premiĂšre classe des hĂŽpitaux mi-
litaires, médecin de l'école de Paris, membre cor-
respondant de la SocietĂ© mĂ©dicale de la mĂȘme ville,
de celle d'Anvers et d'Avignon , de l'Académie des
sciences ,; des belles-lettres et des arts de Rouen.
» Jean-Picrre David recut le jour à Gex , de pa-
rents honnĂȘtes et jouissant d'une fortune mĂ©diocre.
Heureuse médiocrité , remarque ici l'auteur du mé-
moire ; câest elle peut-ĂȘtre qui dĂ©veloppa le germe
des talents de cet homme célébre. Il fit ses premiÚres
Ă©tudes Ă Lons-le-Saunier , puis Ă Versoix , et vint
Ă Paris en achever le cours. |
( 103 )
Les premiers pas de David dans la carriĂšre des
sciences furent marqués par les plus brillants succÚs,
11 n'avait pas encore atteint sa 24° annce qu'il fut
couronné par une Académie étrangÚre. Ce fut PA
cadémie de Harlem , qui, la premiÚre , lui decerna
les palmes de la victoire. Cette société savante avait
proposĂ© pour sujet de prix : ce quâil convient de
faire pour ausmenter | diminuer ou supprimer le lait
des femmes. Si quelques taches déparent cette pro-
duction , il ne faut , dit M. Godefroy , en accuser
que le temps qui la vit naitre.
Ce premier succĂšs nâĂ©tait que le prĂ©lude de ceux
qui l'attendaient cette mĂȘme annĂ©e: Day ! publia des
Recherches sur la maniĂšre dâagir de la saiĂŻgnĂ©e , et sur
les effets quâelle produit relativement Ă la partie oĂč
on la fait. Ce traité fut accueilli avec enthousiasme ,
et une seconde Ă©dition, qui succĂ©da rapidement Ă
la premiĂšre , dut dissiper le doute modeste que
Pauteur avait conçu du mérite de son ouvrage.
C'est Ă cette Ă©poque que Lecat, dont le nom seul
fait l'éloge , juste appréciateur du mérite de David ,
se lâattacha par les liens du sang, en ui donnant la
main de sa fille , et le désigna pour le remplacer sur
un théùtre digne de ses talents,
Peu de temps aprÚs , l'Académie de Rouen pro-
posa pour sujet du grand prix : /e AĂ©canisme et
les usages de la respiration. Un seul mémoire fut
distingué , mais il ne résolvait pas complÚtement la
G4
(1064 )
question. Cette question ayant Ă©tĂ© remise Ă lâannĂ©e
suivante , David , qui déjà avait obtenu une mention
honorable , reçut , en 1765, une double couronne
des mains de l'Académie.
En 1764, l'Académie de chirurgie avait proposé
pour sujet du prix double : DĂ©terminer la maniĂšre
d'ouvrir les abcÚs, et leur assigner un traitement mé-
thodique suivant les différentes parties du corps. Le
prix fut adjugé au mémoire de David , et cet écrit ,
dit M. Godefro suffirait seul pour immortaliser
Nr P
le nom de son auteur.
Peu satisfait de ce qui avait été écrit jusqu'alors
sur les causes de la pesanteur , David en fit le sujet
de ses méditations, et mit au jour , en 1767, un
Ouyrage qui Ă pour titre : sur la cause de la pe-
santeur et luniformitĂ© des phĂ©nomĂšnes quâelle nous
prĂ©sente, â SĂ©duit par une hypothĂšse ingĂ©nieuse ,
David est tombĂ© ici dans des erreurs que lâauteur
de l'Essai combat , en conciliant les intĂ©rĂȘts de la
vérité avec le respect que Pon doit aux talents su-
pĂ©rieurs lors mĂȘme qu'ils viennent Ă sâĂ©garer.
L'Académie de chirurgie avait proposé pour le
prix de 1769 , le sujet suivant : Exposer les effets
des contre-coups dans les différentes parties du corps
autres que la tĂȘte , et les moyens dây remĂ©dier,
Déjà membre de l'Académie | David se trouvait
exclus du concours ; mais il crut pouvoir se ména-
ger le plaisir secret de remporter , sous le nom dâun
(105)
de ses Ă©lĂšves, la double palme quâil n'avait pu dis-
puter ouvertement.
Physiologiste aussi ingénieux que médecin pro-
fond , David publia en 1771 un traité fort étendu
sur la nuérition et sur les phénomÚnes de la géné-
ration.
En 1779 , parut son mémoire sur les effets du
mouvement et du repos dans les maladies chirurgi-
cales.
Enfin , en 1782 , il défendit son opinion sur la
nécrose avec cette supériorité que donne une pra-
tique accoutumée aux plus heureux et aux plus
brillants succĂšs.
AprÚs avoir montré dans David le physicien dis-
tingué , le médecin profond , l'opérateur consommé
dans la pratique de son art, le professeur dévoré
dâun zĂšle ardent pour les progrĂšs de ses Ă©lĂšves,
M. Godefroy le peint environné de ses vertus pu-
bliques et privées ; ji! fait le tableau le plus touchant
de sa douceur , de sa sensibilité ; de sa bienfai-
sance, » Retraçons-le, dit-il, dans une de ces cir-
constances oĂč l'acier cruel est la derniĂšre ressource
que lui offre son art. Langage affectueux , tendre
sollicitude , raisonnement persuasif, rien nâest omis
auprĂšs de l'ĂȘtre souffrant pour tromper en quel-
que sorte sa douleur. David puise son eloquence
dans son cĆur , et enchaĂźne la confiance. Une larme
roule dans ses yeux, et son cĆur , douloureuse-
meut comprimé , semble se reprocher des tourments
⏠106 }
qu'il ne peut, hélas ! épargner à son malade. Mais ne
croyez pas Que sa main participe Ă ce trouble :
sĂ»re, invariable dans sa marche , elle suit, sans sâen
Ă©carter , la ligne la plus courte. La trace de la
douleur se prolonge toujours trop , et instant oĂč
Yon souflre s'écoule si lentement! «.
Pourquoi faut-il que nous ayons à déplorer la
trop courte durée et la fin presque tragique d'une
carriĂšre si heureusement commencee. Ebloui par les
brillantes illusions que lui offraient des spéculations
commerciales | et trop faible pour résister à cet
appĂąt dangereux , David vit en un instant s'Ă©va-
nouir toutes les espérances dont il sétait flatté ,
et n'appercut autour de lui que les dĂ©bris dâune
fortune acquise par seize ans de travaux. Consumé
par la mélancolie, dévoré par le chagrin , ce grand
homme succomba sous Je poids du malheur, et
une mort prĂ©maturĂ©e lâenleva dans la quarante-
quatriÚme année de son ùge. Il mourut regretté de
sa famille , de ses concitoyens , des hommes de
Part et de tous les savants.
MM. LaumĂŽnier , Besnard et Vigne , que vous
aviez nommés pour examiner le mémoire que je
viens d'analyser , en ont porté le jugement le plus.
favorable.
= M.le Maire-Ternante , chirurgien de cette
ville , a présenté à l'Académie un Mémoire pour
servir Ă lâhistoire de la NeĂ©crose.
, Cro7)
Consulté sur une maladie dont était affectée la
jambe droite de M. Félix Ribard , démeurant alors
Ă Lisbonne , M. de Ternante crut devoir , contre
l'opinion des gens de l'art qui soĂŻgnaient alors le
malade , en attribuer la cause, non Ă un principe
varioleux auquel on avait envain opposé divers mé-
dicaments internes , mais à une véritable gangrÚne
de l'un des os de la jambe.
Il Ă©tait difficile iei , disent les commissaires MM.
LaumÎnier , Besunard , V'gné et Defonteray , dans
le compte qu'ils ont rendu de ce mémoire , de ne
pas blesser âamour-propre. Mais M. de Ternante,
en plaçant un nom celébre entre ses adversaires et
lui, sut mĂ©nager adroĂŻtement tous les intĂ©rĂȘts. Il
invoqua l'antorité de David ; et on ne saurait trop
louer sa d'licatesse pour avoir rapporté à son il-
lustre collĂšgue tout l'honneur de la cure , lors mĂȘme
que ce deruier n'existait plus.
Le jugement porté par M. de Ternante, sur la
maladie de M. Ribard , éloigné alors de lui de 400
lieues , annonce une sagacité heureuse ; et le temps
auquel il opéra le malale ajoute infiniment de prix
au succĂšs de l'opĂ©ration qui, dâailleurs , exige beau-
coup d'expérience et d'habileté.
L'Académie a fait un accueil également favorable
au mémoire que M, de Ternante lui a présenté
sur quelques cas particuliers qu'il a rencontrés dans
la maladie des yeux, connue sous le nom de Cata=
ractes ; et qu'il a opérés avec succÚs.
(108 )
â M. VignĂ© , docteur en mĂ©decine , membre
de l'Académie , a fait hommage à la Compagnie ;
1° de quatre Discours sur l' Anatomie , prononcés ,
en l'an 7 et en lan 8 , en présence des Adminis-
trateurs des Hospices civils de Rouen, Ă l'ouverture
et Ă la clĂŽture de ses cours dâanatomie ; 2° dâun
Essai sur les Scrophules | soutenu à lécole de
mĂ©decine de Paris , le 4 vendĂ©miaire an 10 ; 5° dâun
Essai sur les affections vermineuses ; 4 d'un Essai
sur lâutilitĂ© de lâanatomie.
Ces divers ouvrages ayant été rendus publics
par la voie de Pimpression , l'Académie laisse aux
gens de lâart le soin dâen apprĂ©cier le mĂ©rite.
M. Vigné vous a lu en outre des réflexions et
observations sur la petite-vĂ©role , mais dont il nâa
point fait le dépÎt aux archives.
Anatomie artificielle.
M. LaumĂŽnier , chirurgien en chef de l'Hospice
d'humanité de Rouen , membre de FPinstitut natio-
val et de l'Académie de cette ville , a mis sous
les yeux de la compagnie diverses piĂšces dâanato-
mie artificielle quâil a exĂ©cutĂ©es en cire avec un tel
degrĂ© de perfection que l'Ćil saisit par - tout et
jusque dans les détails les plus délicats , leffrayante
vérité de la nature. Nous regrettons de ne pouvoir
offrir ici la description de ces morceaux précieux ,
destinés par le Gouvernement à enrichir les cabinets
d'anatomie des facultés de médecine de Paris et de
Montpellier.
mr st TS
( 109)
AGRICULTURE ET COMMERCE.
En messidor an' 11 , M. Descroizilles ainé a
présenté à l'Académie un ouvrage imprimé , inti-
tulĂ© : Ăssai sur lâagriculture et le commerce des
Isles-de-France et de la RĂ©union , suivi dâune Morice
historique de lâIsle de-France , pendant la rĂ©volution ,
par Frédéric Descroizilles , négociant et planteur
à VIsle-de-France , et ancien membre de l'Assemblée
coloniale.
Cet ouvrage prĂ©sente âun tableau trĂšs-bien fait
de PĂ©tat de la culture et des grands Ă©tablissements
de sucreries , guildiveries , indigoteries, etc., for-
més dans ces deux ßles; l'auteur rend compte des
obstacles qui ont empĂȘchĂ© lIsle-de-France , en par
ticulier , de parvenir au dégré de prospérité agri-
cole et commerciale dont elle est susceptible. Il
propose un plan d'organisation pour ces colonies,
et donne lâapperçu des produits que lâon peut en
attendre. Comme les rĂ©sultats quâil annonce pour-
raient paraitre exagéres à quelques personnes, M.
DescroĂŻzilles rĂ©pond aux objections quâon pourrait
rer de l'expérience du passé , de la quantité de
terrain infertile , de la sécheresse devenue plus
grande par l'effet des nouveaux défrichements, des
Ouragans, etc. etc. » Tout ce que les habitants de ces
» deux ßles ont à demander au Gouvernement, dit-il
» en terminant , c'est quâil favorise leur agriculture ,
» leur commerce , leur navigation et leur industrie «.
«*
{ 110 )
= Dans le courant de thermidor an 11, M. Calvel,
ci-devant membre de plusieurs Accademies , Socié-
tés littéraires et d'agriculture , a adressé à l'Acadé-
mie denx ouvrages imprimĂ©s.â Le premier a pour
titre : Traité complet sur les pépiniÚres , tant pour
les arbres fruitiers et forestiers que pour les arbris-
seanx et les arbustes d'ornement , avec des instruc-
tions pour faire les semis de toutes les espĂšces ,
les marcottes , les boutures, pour préparer le ter-
rain , mettre le plant en pépiniÚre , le conduire , le
grelfer, élever les arbres, les diriger , les déplan-
ter et les transplanter de la maniĂšre la plus utile
et la plus Ă©conomique.â Le second est intitulĂ©:
Des arbres fruitiers pyramidaux vulgairement appelés
guenouilles | avec la maniĂšre d'Ă©lever sous cette forme
tous les arbres Ă fruits provenant de pepins et de
noyaux, pour en faire un objet d'utilité et d'agré-
ment.
Ces deux ouvrages , fruits de l'expérience , ne
peuvent manquer d'ĂȘtre b'en accueillis de tous ceux
qui savent combien la culture des arbres en gé-
néral offre de ressources précieuses , autant pour
VPatilitĂ© que pour l'agrĂ©ment. On trouve dans Ăle
traité sur les pépiniÚres une nomenclature trÚs-
Ă©tendue des fruits Ă boisson , et principalement des
poires et des pommes Ă cidre ; suivant l'ordre de
leur maturité : il west pas besoin de faire remar-
quer combien cet article est intéressant pour notre
départemeut. En se conformant exactement aux
Ăirr)
préceptes de M. Calvel , les arbres fruitiers , connus
sous le nom de quenouilles , adoptés avec enthou-
siasme par les uns , proscrits impitoyablement par
les autres , conserveront utilement leur place dans
nos jardins quâils enrichiront de leurs fruits, et
qu'ils embelliront de leurs formes agréables.
= M, Brémontier , ingénieur en chef des ponts
et chaussées , a envoyé à l'Académie un échantil-
lon de la résine fournie par les pins plantés sur
les dunes du golfe de Gascogne, pour fiter le
mouvement progressif de ces Ă©normes montagnes
de sables, qui dans leur marche engloutissent les
habitations , et quelquefois des villates entiers.
Cette résine a été jugée par les membres de la
commission des trayaux de lâensemencement des
dunes du golfe de Gascogne, de la meilleure qua-
litĂ© possible , et supĂ©rieure mĂȘme Ă celle que don-
ne les pins des landes de Bordeaux.
A l'échantillon était joint un mémoire imprimé
sur les dunes, et particuliĂšrement sur celles qui se
trouvent entre Bayonne et la pointe de Grave, Ă
l'embouchure de la Gironde.
= M. Piialis à communiqué à l'Académie un
MĂ©moire sur la nature des marnes , leurs diverses
espĂšces, leur emploi le plus avantageux , selon la
différence des terres, et dans lequel il indique aux
cultivateurs des caractÚres extérieurs propres à leur
faire dis'inguer , par des moyens faciles, chaque ess
pĂšce de marnes.
(112 )
L'auteur, aprÚs avoir représenté l'agriculture corn
me le premier des arts , demande pourquoi , au
milieu de lâĂ©mulation gĂ©nĂ©rale , l'agriculture a si peu
occupé les esprits ; pourquoi la science la plus im-
portante aux besoins de la Société a fait, depuis
des siĂšcles , des progrĂšs si lents et si faibles ; pour-
quoi, tandis que toutes les autres parties de nos
connaissances marchent dâun pas rapide vers la per-
fection , l'agriculture seule reste en arriĂšre , et
paraßt condamnée à un funeste oubli?
Il en trouve principalement la raison dans le mé-
pris absurde du plus utile comme da plus noble
des arts, dans cette routine aveugle qui subjugue
le plus grand nombre de nos cultivateurs.
La marne, suivant lui, west point un engrais :
elle ne fournit point âpar elle-mĂȘme aux vĂ©gĂ©taux
les sucs nourriciers dont ils ont besoin. Les mar-
nes ne servent quâĂ corriger les dĂ©fauts des terrains
argileux, sableux ou crétacés , il fait connaitre à ce
sujet la nature des marnes en général, et celle des mar-
nes dites d'engrais, en particulier. Ces derniĂšres
se rĂ©duisent Ă deux espĂšces quâil ne faut pas con-
fondre : la marne argileuse et la marne calcaire ,
ainsi nommées , suivant que l'argile ou la craie
domine daus leur composition. Il propose des
moyens aussi simples que suĂŒrs pour distinguer cha-
cuze de ces marnes.
De lĂ , passant Ă l'emploi des marnes, suivant la
diffĂ©rence des terres quâil s'agit de rendre propres
Ă
a
tr tristes die te ent a ee, Se
(1139
à la végétation , il donne des rÚgles fondées égale-
ment et sur le raisonnement et sur l'expérience ,
et dont le cultivatenr ne peut , dit-il , s'Ă©carter
sans sâexposer Ă perdre la plus grande partie de
ses avances. Il insiste particuliÚrement sur la néces-
sitĂ© de ne repandre la marue sur le terrein quâ'a-
prĂšs dâavoir rĂ©duite au moins en poudre grossiĂšre,
afin qu'ainsi attĂ©nuĂ©e elle puisse , 1° sâincorporer
intimement aux substances terreuses dont elle doit
corriger les dĂ©fauts ; 2° absorber aisĂ©ment lâoxigĂšne
atmosphérique dont l'influence sur le développement
des parties organiques des vĂ©gĂ©taux nâest plus dou-
teuse aujourdâhui.
Il suit naturellement du point de vue nouveau
: » s 1c 4 : ; 2
sous lequel lâauteur a envisagĂ© son sujet, que lâem
ploi de la marne ne dispense pas de lusage des
engrais ; qu'il ne tend quâĂ les Ă©conomiser en
rendant le terrain propre Ă en retenir toutes les
parties utiles , et Ă ne les cĂ©der au vĂ©gĂ©tal quâĂ
proportion de ses besoins.
L'auteur termine par une récapitulation des prin-
cipes les plus importants développés dans le cours
de son memoire. (1)
(1) Ce mémoire a été imprimé à Rouen, chez P. Periaux,
rue de la Vicomté,
S, publ, 1804. H
C114)
Filature continue.
L'Académie doit à M. le Préfet la connaissance
des efforts que M. Muizieres , menuisier , rue du
Pré , n° 8, fauxbourg Saint-Sever , à Rouen , a
tentés pour appliquer à la filature continue un mé-
canisme particulier propre à remplacer le sérvice
des chevaux dans les filatures dites Ă manĂšge.
M. Vitalis, en rendant compte de ce projet, au
nom de la commission chargĂ©e de lâexaminer , a
fait voir que les principes de M. Maizieres ne
s'accordent point avec ceux de la mécanique ; mais
en rejettant les propositions de lâauteur , il a re-
commandĂ© ses louables intentions Ă lâestim e de
la Compagnie.
Machine Ă filer le coton.
Au mois de thermidor an 11, M. le Préfet vous
a invités, Messieurs , à faire examiner par des com-
missaires ( MM. Delepine , Lancelevée et Vitalis }
un métier filoir de 52 broches , exécuté et per-
fectionné , d'aprÚs le systéme d'Arkwrigth , par M.
le Cardonnel , serrurier Ă Rouen , place Rougemare.
Il résulte du rapport des commissaires que M.
le Cardonnel a fait une heureuse application des
roues coniques pour mener le tambour du cylin-
dre qui communique le mouvement Ă toutes les
broches. Cet engrenage présente un avantage évi-
dent sur jes poulies quâil remplace, puisqu'il Ă©vite
ne sn
ss ot de et ee.
Ctr15
une somme assez considérable de frottements inu-
tiles.
Un volant placé au centre du premier moteur
sert à régler le mouvement , à le rendre plus égal
et moins dépendant de la force musculaire de la
fileuse.
Dans les machines ordinaires, le mouvement du
tendeur destiné à remédier aux effets variabies de
l'atmosphĂšre sur la corde qui s'enveloppe autour
du cylindre, est abandonné à l'intelligence de la
fileuse ; ce qui nâest pas sans inconvĂ©nient. M.
le Cardonel y a remédié en réglant ce mouvement
par deux poids appliqués à une espÚce de petit
chariot. Ces poids maintiennent ia corde dans un
dégré constant et uniforme de tension , et corri-
gent ainsi , dâune maniĂšre aussi simple quâingĂ©nieuse,
l'influence de lâair sec ou humide sur sa longueur.
Du papier fin ,adroitement collé sur le cylindre,
met cette piĂšce, autant qu'il est possible , Ă l'abri
de la sécheresse et de l'humidité de l'atmosphÚre,
Ce filoir, trÚs-bien exécuté d'ailleurs , annonce
dans M. le Cardonel beaucoup d'adresse et d'intel-
ligence.
L'Académie a eu la satisfaction de voir les éloges
quâelle avait donnĂ©s au travail de M. le Cardonel,
confirmĂ©s par le Ministre de lâintĂ©rieur , dans une
lettre pleine de bienveillance , adressée par Son
Excellence Ă l'artiste estimable qui s'occupe avec
Hra
C6)
tant de succĂšs Ă perfectionner parmi nous les
machines employées à la filature continue.
Sys2ĂmME gĂ©nĂ©ral de numĂ©ros pour les fils , et
spécialement pour les fils de coton.
Il est trĂšs-important pour ceux qui emploient les
fils, dit M. Lafontaine-Fleulard fils , dans un mé-
moire quâil vous a prĂ©sentĂ© , dâen connaĂźtre exac-
tement la finesse.
La mesure immédiate du dismÚtre de ces fils eût
été un moyen aussi peu exact que diffcile dans la
pratique.
On a donc adopté, ùvec raison, un moyen beau-
coup plus simple , et qui ne laisse rien à désirer
du cûté de l'exactitude. Il consiste à peser une
longueur connue du fil dont on veut déterminer la
finesse , et, par le poids plus ou moins considérable
de cette longueur , on juge du dégré de finesse.
Câest ainsi que l'on indique la finesse d'un fil en
disant quâil en faut tel nombre dâ'aures pour peser
une livre , ou tel nombre de piĂšces de telle lon-
gueur dans le poids dâune livre. Ce nombre de
piÚces donne le numéro du fil, et réciproquement ;
le n° 20, par exemple, indique que le fl compris
sous ce numĂ©ro est d'un dĂ©grĂ© de finesse tel quâil
en faut 20 piĂšces pour peser une livre.
Si tous les fileurs avaient donné aux piÚces la
mĂ©me longueur, le mĂȘme numĂ©ro indiquerait par-
tout le mĂȘme dĂ©grĂ© de finesse ; mais les uns font
Cu)
leurs piĂšces de 600 aunes , les autres de 625; ceux-
ci de 650, ceux-lĂ de 700, quelques-uns de 750;
il en est mĂȘme qui les portent jusqu'Ă 1000 aunes
à la livre. Les abus et les inconvénients sans nom-
bre qui résultent d'un pareil ordre de choses ,
doivent faire désirer vivement un systÚme général
de numéros qui assure une uniformité constante
dans tous les Ă©tablissements de filature.
Or , dit lâauteur du mĂ©moire, pour qu'un sys-
tĂȘme puisse devenir gĂ©nĂ©ral , il doit ĂȘtre appuyĂ©
sur des bases qui soient elles-mĂȘmes gĂ©nĂ©ralement
adoptées. On ne peut donc prendre pour bases
VPaune et la livre qui ne sont pas les mĂȘmes dans
tous les pays , et auxquels le Gouvernement vient
de substituer dâautres mesures. Le mĂȘĂ©tre et le
gramme sont les seules unités sur lesquelles on doive
fonder le systÚme général, qui, sil étaitreçu dans
toutes jes fabriques françaises , pourrait étre ensuite
adopté chez l'étranger,
M. Lafontaine conclut en proposant mille mĂštres
pour unité de longueur , et le kilogramme pour
unité de poids, Mais comme on pourrait trouver
qu'un Ă©cheveau de mille mĂštres serait trop fort , il
propose de donner au dévidoir un mÚtre et demi
de circonférence : quatre cents tours formeront
lécheveau , et eet écheveau sera les 0.6 de lu-
nité de Jongueur. Dans ce cas cinq écheveaux compos
seront la pente , la botte pesera trois kilogram-
mes , et le nombre des pentes indiquera alors le
numéros KH 3
(u8)
Les commissaires chargés d'examiner le mémoire
qui nous occupe (MM. Pugh , Lancelevée et Le-
tellier ) observent que ce systĂȘme pourra paraĂźtre
trop éloigné des rapports actuellement connus , et ils
indiquent alors comme sâen Ă©cartant Ă peine , la demi-
piÚce de 750 mÚtres , comparée au demi-kilogramme,
laquelle est dans un tel rapport avec la piĂšce de
650 aunes à la livre, que leurs numéros ne diffÚrent
que.dâun centiĂšme.
Cette demi-piĂšce , qui paraĂźt dâune grosseur trĂšs=
convenable , s'obtient aisément en donnant au dévi=
doir un mÚtre et demi de circonférence : 100 tours
formeront léchevette , et cinq échevettes feront la
demi-piÚce. La piÚce entiÚre sera donc composée
de dix centaines, et si lon considÚre la circonfé=
rence du dévidoir comme l'unité, la division de la
piĂšce sera celle du kilogramme , et conforme , comme
cette derniÚre , au systéme décimal.
MM. les commissaires chargés du rapport, ont
jugé que le travail de M. Fontaine est celui dun
bon citoyen , et qu'on ne peut trop inviter les fa-
bricants Ă adopter les bases du systĂšme qu'il propose
pour la classification des fils,
Perfectionnement de la pompe vulgairement appelée
seringue.
Ce perfectionnement, imaginé par M. le Brument ,
architecte , membre de l'Académie , et que la mort
nous a enlevé depuis, consiste en ce que le corps
C9)
de pompe, au lieu de se visser comme Ă l'ordinaire ,
par son extrémité inférieure , sur le canal déférent ,
repose sur un ressort à boudin enfermé dans le
canon qui termine ce canal. LâextrĂ©mitĂ© du corps
de pompe qui entre dans le canon porte une ou-
verture qui s'Ă©lĂšve au-dessus ou sâabaisse au-dessous
du tuyau déférent suivant que le ressort est com-
primé ou non ; ce qui laisse au malade la faculté
d'interrompre le jeu de l'instrument Ă l'instant mĂȘme
oĂč il le dĂ©sire et sans craindre une inondation tou-
jours désagréable,
Cette pompe se distingue encore des autres en
ce que le manche du piston Ă©tant creux , on peut
la remplir sans étre obligé de la renverser.
On trouve des pompes de cette espĂšce chez M.
Boissel , pompier , Pont-de-Robec, qui a parfaitement
rendu dans l'exécution les idées de M. le Brument.
ĂCONOMIE RURALE.
Au mois de frimaire an 12 , M. le PrĂ©fet Ă
adressé à l'Académie un exemplaire du rapport fait
par M. Huzard , à la classe des sciences mathéma-
tiques et physiques de l'institut national, sur les
améliorations qui s'opÚrent successivement dans l'é=
tablissement de Rambouillet , et principalement de
celle des bĂȘtes Ă laine , et de la vente qui a eu lieu
le 15 prairial an 11.
H 4
(120 })
Dans un premier rapport , Iu à l'Académie dans
sa séance du 26 floreal an 12, M. l'abbé Lallemant
vous a donné, Mess'eurs , un précis trÚs-bien fait
des succĂšs qu'obtient tous les jours l'Ă©tablissement
de Rambouillet.
Dans un deuxiÚme rapport , présenté à la Compa-
gnie le 3 prairial an 12 , notre CoufrĂšre a fait part
de ses observations sur les objets les plus intéres-
sants dont il est parlé dans le compte rendu par
M. Huzard,
= Le 28 vendémiaire an 12, M. le Préfet a soumis
au jugement de l'Académie quelques questions pro-
posées à l'occasion des moyens de nourrir et de
faire travailler les Abeilles pendant les plus grands
froids , et de les prĂ©server des dangers de lâhiver. Ces
moyens, consignés dans le n° 1*° du tome 5° du Mé-
morial des corps administratifs du département de
la Seine-InfĂ©rieure , consistent particuliĂšrement Ă
donner aux abeilles , pendant la saison rigoureuse ,
une espÚce de raisiné composé avec les fruits tom-
bés des arbres , tels que pommes , poires , prunes,
raisins, etc. , que lon fait cuire ensemble dans de
la lie de vin.
Il s'agissait de savoir, 1° si l'on pourrait hùter , par
un feu doux ou de toute autre maniĂšre , la fer
mentation du raisiné ;
2° S'il y aurait quelquâinconvenient Ă donner eette
nourriture aux abeilles , sans ĂȘtre fermeutĂ©e ;
Uiran)
3° Si lâon pourrait espĂ©rer de conserver les abeilles
et attendre la fermentation du raisiné , en sacrifiant
une moitié des ruches pour en extraire et en donner
le m'el aux abeilles qui habitent l'autre moitié ?
La commission chargée de satisfaire à ces ques-
tions , répond , sur la premiÚre , que la coction des
fruits nécessaires à la confection du raisiné, rend
inutile toute autre fermentation , la coction seule
suffisant pour développer le principe sucré.
Sur la seconde question, MM. les commissaires
estiment qu'il ny a aucun inconvénient à donner
aux abeilles la nourriture proposĂ©e sans ĂȘtre fer-
mentée,
Enfin, la commission pense que si l'aliment in-
diqué est du goût des abeilles , le propriétaire ne
sera point obligé de recourir à la triste ressource
de sacrifier une partie des ruches pour conserver
Pautre. ;
M. Noël, rapporteur , a saisi cette occasion pour
proposer à l'Académie de nommer une commission
qui serait chargée de rédiger , en faveur des ha-
bitants des campagnes, une instruction qui contien-
drait l'abregĂ© de tout ce qui a Ă©tĂ© Ă©crit jusquâĂ
ce jour de meilleur sur l'Ă©ducation des abeilles. Ce
travail, dont la Compagnie sâest empressĂ©e d'accueillir
l'idĂ©e , donnerait , Ă coup sĂ»r, une activitĂ© nouvelle Ă
une branche d'industrie rurale trop négligée parmi
uous,
(122)
ECONOMIE POLITIQUE.
La rareté du bois est un fléau dont nous ressen-
tons depuis long-temps les funestes atteintes , et qui ,
chaque jour , fait les progrĂšs les plus allarmants.
» DÚs le temps de Charles IX ( remarque M.
Aviat , membre de l'Académie, dans un mémoire
qu'il a présenté à la Compagnie le 15 frimaire an
12 ) » Bernard de Palissy avait observé que la re-
â
-
production m'Ă©tait pas en Ă©quilibre avec la con-
=
+
sommation , et qu'il en avait averti le Gouver-
LI
-
nement par des imprécations hardies contre son
insouciance «,.
Depuis cette Ă©poque , bien loin de diminuer ,
le mal nâa fait que s'accroĂźtre encote , et nous sem-
blons toucher au moment oĂč la classe indigente ,
c'est-à -dire la plus nombreuse , sera condamnée à la
plus cruelle de toutes les privations.
Un des plus sĂ»rs moyens dâĂ©carter cette calamitĂ© ,
est , dit l'auteur du mémoire , de fournir le plus
promptement possible au besoin et Ă l'industrie les
espĂšces dont lâaccroissement est le plus rapide.
Or, continue M. Aviat , aucun arbre , sous ce
rapport , ne se recommande avec plus d'avantage
que le peuplier de Virginie, aujourdâhui naturalisĂ©
en France.
I nâest point dâarbre qui soit moins difficile sur
la qualitĂ© du terrain : il nâen est point dont lâaccrois-
\
(230)
sement soit plus prompt et qui se multiplie plus
aisément. Il prouve ces diverses assertions par les
expériences de M. Rondeaux de Sétry , notre respec-
table confrÚre , et par celles qu'il a tentées lui-
mĂȘme Ă lexemple et d'aprĂšs les conseils de cet
habile naturaliste.
AprĂšs le peuplier de Virginie, M. Aviat indique
d'autres espĂšces dont l'accroissement est aussi ra-
pide et les qualitĂ©s prĂ©fĂ©rables , telles que lâacacia ,
le platane et beaucoup dâautres arbres exotiques
qui commencent Ă sâacclimater en France , et dont
Pauteur promet de s'occuper dans un travail par-
ticulier,
En proposant ces ressources , lâauteur râexclut
point celles qui découlent du systéme ordinaire
d'amĂ©nagement dans nos forĂȘts ; il veut seulement
accélérer le terme de la régénération des bois par la
concurrence dans la culture des différentes espÚces ,
et nous sauver de la crise qui pĂšse dĂšs ce moment
sur nous et qui menace nos arriĂšre-neyeux d'une
maniĂšre plus effrayante encore.
» L'impression pénible qu'elle laisse dans l'ame
» m'a fait un devoir, dit M. Aviat , de communi-
» quer des idĂ©es que je crois utiles ; et ce nâest
» pas sans quelques charmes quâon s'Ă©lance dans
» l'avenir , en répétant avec le bon vicillard de la
» Fontaine :
C124)
» Mes arritressneveux me devront cet ombrage ,
» Cela mÚme est un fruit que je goûte aujourd'hui :
» J'en puis jouir demain et quelques jours encore. «
= Au mois de ventÎse an 12, l'Académie a recu
un ouvrage intitulé : Réflexions sur la réorganisation
des haras , lâamĂ©lioration des chevaux et le rĂ©tablis-
sement des manĂšges , par M. Louis de Maleden, an-
cien officier de cavalerie.
AprÚs avoir parlé des moyens généraux à employer
pour rĂ©gĂ©nĂ©rer les haras , lâauteur prĂ©sente un ap-
perçu du nombre des étalons , des races et qualités
des cheyaux dans toute l'Ă©tendue de la France,
qu'il divise en quatre parties qui se trouvent na-
turellement désignées par les points cardinaux, nord ,
est , sud et ouest.
Voici ce que M. de Maleden dit en particulier
des chevaux normands : » Tout le monde sait que
» câest une des plus belles races : elle est propre Ă
» tout ; elle fournit aux carrosses, aux manÚges ,
» pour les chasses , pour la cavalerie, les postes ,
» les messageries; elle fournit encore ces bidets si
» éstimés pour cette sorte d'allure qui leur est pro-
» pre, et quâon nomme lâamble. On a lieu de croire,
» ajoute-t-il, que cette race est celle qui , pendant la
» révolution, a le moins perdu de ressources pour sa
» rĂ©gĂ©nĂ©ration. On pourrait aujourdâhui lâaider promp-
» tement à se relever de ses pertes , en y introduisant
» de beaux étalons du Mecklembourg, d'Angleterre ;
DR TN a Ă SES 4 LS 2 +
25)
» d'Hanovre, du Brandebourg, de l'Espagne etmĂȘme
» des Turcs, des Barbes et des Arabes. Ces races
» conviennent aux différents services, «
L'auteur passe Ă l'examen des chevaux de races
Ă©trangĂšres , et entre ensuite dans l'exposition des
moyens particuliers qui doivent concourir à la réor-
ganisation des haras et à la régénération des races
françaises.
Il indique avec soin les qualités que doivent avoir
les étalons et les juments destinés à la régénération
des di érentes espÚces , la conduite à tenir à lé-
gard de la jument et des poulains. 1l offre sur le
croisement des races des vues gĂ©nĂ©ralesâ, suivies de
remarques générales et particuliÚres sur examen
des chevaux , et notamment de ceux de l'Asie et
de l'Afrique.
L'auteur termine en faisant sentir la nécessité de
rĂ©tablir promptement les manĂšges en France; câest-
Ă -dire d'en former de semblables Ă ceux qui exis-
taient Ă Versailles, Cambrai, Angers , etc.
STAND SAT TIQUE:
M. Jâitalis a fait hommage Ă l'AcadĂ©mie dâun
exemplaire de lâAnnuaire Statistique du dĂ©partement
de la Seine-InfĂ©rieure , que M. le PrĂ©fet lâavait chargĂ©
de rédiger.
L'auteur , dans cet ouvrage , sâest attachĂ© Ă prĂ©-
senter le tableau exact du département considéré
sous les rapports qu'il peut offrir au naturaliste,
C126)
au physicien ; Ă l'administrateur , au cultivateur ,
au manufacturier , au commerçant , à l'homme de
lettres, Ă l'artiste , au philosophe.
= Vers la fin de prairial , M. l'abbé Jamard a
lu Ă l'AcadĂ©mie un ĂĂ©moire sur les moyens de se
procurer des renseignements exacts sur ce qu'Ă©tait
la Statistique dâun dĂ©partement quelconque pendant
lâannĂ©e prĂ©cĂ©dente.
Ces moyens consistent Ă adresser aux munici-
palités des départements , des séries de questions
qui sont développées dans le mémoire , sur la po-
pulation , l'agriculture , le prix des denrées, le
gros et le menu bétail, les fabriques , les usines,
les carriÚres et autres objets qui intéressent la Sta-
tistique.
L'auteur du mémoire propose de joindre aux ou-
yrages de Statistique , une carte générale du dé-
partement , et mĂȘme des cartes particuliĂšres de
chaque arrondissement.
Nous accueillons dâautant plus volontiers ces idĂ©es
de M. l'abbé Jamard que nous les avions nous-
mémes proposées à l'Administration lorsqu'elle nous
chargea de rédiger l'Annuaire Statistique de notre
département.
Ici, Messieurs , se termine la tĂąche que j'avais Ă
remplir. PuissĂ©-je nâen ĂȘtre acquittĂ© dâune maniĂšre
digne de l'AcadĂ©mie qui me lâa imposĂ©e , digne
de l'Assemblée dgvant laquelle j'ai eu l'honneur de
parler.
(127)
Notice BIOGRAPHIQUE sur M. BALLIERE;
Par M. GossrAumer.
Charles-Louis-Denis Balliere naquit Ă Paris en 1729,
au mois de mai , de M. Charles et de demoiselle
Louise Delaisement.
On voit dâabord les motifs de ceite amitiĂ© sin-
guliĂšre que M. Delaisement , oncle et parrain de
notre ConfrĂšre , ne cessa de lui porter , et comment
M. Balliere , unissant le nom de Delaisement au
sien , sâhonorait d'une propriĂ©tĂ© lĂ©gitime, le nom de
madame sa mĂšre.
DĂšs sa premiĂšre enfance, M. Balliere fit appercevoir
cette sensibilité délicate, cette facilité de conception ;,
cette aptitude Ă l'Ă©tude quâil a toujours conservĂ©es.
à huit ans il composa son histoire : on conçoit ce
que pouvait ĂȘtre une pareille production ; je lai
lue, et je puis assurer quâelle contenait des origi-
nalités bien étonnantes chez un écolier de cet ùge.
Les parents de M. Balliere, occupés du commerce
et ne pouvant surveiller son Ă©ducation, le mirent
dans des pensions: leur situation décida des collé-
ges oĂč il fit ses Ă©tudes ; il en fit une partie au col-
lége des Quatre-Nations, et une autre partie au col-
lége de Beauvais.
Le goût qu'il avait pour la poësie latine et fran-
( 128 )
çaise se développa sous les maßtres habiles qui di-
rigeaient ses Ă©tndes , et l'Ă©mulation perfectionna ce
que la nature avait commencé.
Le chef de la pension, homme d'une probité sé-
vĂšre , Ă©tait, dans toute la force de l'expression, un
docteur en us. M. Balliere , et quelques-uns de
ses camarades, parmi lesquels se trouvait M. Dela-
louptiere , connu depuis par des poëïies pleines de
goĂ»t , se concertĂšrent pour Jui donner Ă sa fĂȘte un
plat de leur métier ; ils se partagÚrent tous les genres
de poësies , l'Idylle , l'Eglogne , l'Ode , la Satyre ,
l'Epigramme , etc. J'ai vu plusieurs de ces piĂšces
que M. Balliere avait conservées , et toutes annon-
çaient de la facilité et une connaissance déjà étendue
des poĂ«tes latins. L'auteur de l'Eglogue nâoublia pas
ce vers charmant de Virgile :
Formosi pecoris custos formosior ipse;
et il nâĂ©tait pas possible d'en faire une application
plus plaisante ; plusieurs des Ă©lĂšves Ă©taient disgra-
ciĂ©s de la nature, etle hĂ©ros de la fĂȘte Ă©tait borgne
ou boiteux.
Le célÚbre professeur Crévier donna à M. Bailiere
les préceptes de l'éloquence. Le talent du profes-
seur nâĂ©tait pas Ă©quivoque , mais il nây avait qu'un
petit nombre d'Ă©lĂšves studieux qui fixassent son
attentioh , et M. Balliere ne fut pas d'abord de ce
nombre. Une circonstance trĂšs-ordinaire dans les
colléges fit sentir au professeur combien le jeune
Balliere
) (129)
Balliere mĂ©ritait dâĂȘtre distinguĂ©. Le devoir du jour
Ă©tait la traduction dâun morceau de Tite-Live. Le
professeur lui demande la lecture de sa version ,
et l'interpellĂ© n'avait pas mĂȘme songĂ© Ă la prĂ©voir.
Il fallait payer au moins de hardiesse : un camarade
lui remet le Tite-Live qw'il tenait, et la lecture du
latin la plus rapide suflit à M. Balliere pour réci-
ter le français d'une maniÚre suivie et telle que le
professeur en eût été la dupe sans un accident qui
trahit le secret. Une phrase latine assez difficile fut
rendue d'une maniÚre si juste , si élégante , que
le professeur , aprÚs en avoir relevé les beautés ,
pria M. Balliere dâen donner une seconde lecture.
On n'est pas toujours heureux : la phrase ne fut
rĂ©pĂ©tĂ©e ni dans les mĂȘmes termes ni dans le mĂȘme
ordre. Ce nâest pas cela, dit M. CrĂ©vier ; apportez
votre copie. Il fallut convenir de la tricherie ; mais
le professeur sentit quel Ă©tait le talent de son Ă©lĂšve,
et lui prodigua depuis les soins les plus assidus.
AprĂšs son cours de philosophie, sous le fameux
Rivard , M. Balliere fut reçu maßtre Ús arts en l'Uni-
versité de Paris : ses lettres sont datées du 21 noyem-
bre 1746.
Il fallait alors faire le choix dâun Ă©tat, La cĂ©lĂ©britĂ©
de M. Delaisement et la vaste Ă©rudition de cet ha-
bile chimiste , déterminÚrent aisément M. Balliere
Ă se fixer auprĂšs de lui. Il y trouvait Ă -la-fois un
guide assurĂ© dans la carriĂšre quâil se proposait de
parcourir , et un littérateur érudit avec lequel il
5. pub, 1804. I
{ 130 )
pouvait parler toute espĂšce de langage scientifique,
avec le plaisir d'ĂȘtre entendu.
M. Balliere fut juré apprenti de M. Delaisement ,
le 24 aoĂ»t 1747, et recu par chef-d'Ćuvre le 29
noyembre 1756.
Les statuts des marchands-apothicaires de Rouen
faisaient alors une grande distinction entre les récep-
tions pour la ville et celles pour la campagne. Les
examens des apothicaires pour la ville de Rouen se
faisaient tous en latin ; M. Balliere y parla avec une
facilité et une élégance qui étonnÚrent tous les
auditeurs ; il fut reçu avec un applaudissement
universel, et considéré comme l'héritier des talents
et des connaissances profondes de son oncle,
J'ai sons les yeux, dans le moment oĂč j'Ă©cris ,
diverses oraisons latines de M. Balliere, oraisons pro-
noncĂ©es Ă la rĂ©ception dâapothicaires dont il Ă©tait
ou l'examinateur ou le conducteur ; elles sont Ă©cri=
tes avec autant de solidité que d'élégance, et hono-
rent également la justesse de son esprit et la sensibilité
âde son cĆur.
M. Balliere, guidé par un oncle habile dans les
routes dilficiles de la chimie , voyait sans cesse
expérience à cÎté du précepte.
Un laboratoire assorti de tous les vaisseaux nécesge
saires , le besoin inné chez M. Delaisement de répé-
ter les opérations les plus ingrates, une fortune
assez aisée pour ne pas calculer des dépenses qui
Le
C:3:1)
n'ont d'autre utilité que les progrÚs de la science,
tout se réunissait pour rendre à M. Balliere le travail
aussi facile quâagrĂ©able. Une superbe bibliothĂšque
oĂč se trouvaient rĂ©unis des livres de tous les gen
res, favorisait le goût naturel de M. Balliere pour
l'Ă©tude. Vous ne serez peut-ĂȘtre pas fĂ chĂ©s , Mes-
sieurs , de savoir comment s'était formée cette riche
collection. M. Delaisement avait plusieurs frĂšres,
et il Ă©tait devenu l'hĂ©ritier de tous ; lâun avait em-
brassĂ© lâĂ©tat ecclĂ©siastique ; un autre avait suivi la
carriÚre du barreau, L'ainé , mort sous- principal
du collége de Navare , avait cultivé les langues
savantes, lastronomie , les mathématiques , et avait
formé des liaisons de goût , d'estime ét d'amitié
avec les savants de l'Europe les plus distingués.
Ainsi s'était formée ceite belle réunion de livres
de théologie , de jurisprudence , de physique ,
d'astronomie , de mathématiques ; de langues,
d'histoire, à laquelle M. Delaisement avait ajouté
un grand nombre de bons ouvrages de médecine
et de chimie, La bibliothÚque de M. le Président de
Courvaudon, quâil avait acquise presque en entier
pour se procurer de magnifiques Ă©ditions des pĂšres
grecs , lui avait encore fourni bien des livres dâhis-
toire. M. BalliÚre pouvait s'attendre à posséder un
jour la bibliothĂšque de M. son oncle, et il avait
tourné ses vues du cÎté des belles-lettres. Collec-
tions académiques , arts agréables , mémoires litté-
raires, poësies , formaient dans ses mains une col-
La
(132 )
lection brillante qui nâattendait que le moment de
se réunir à la masse générale. Tels avaient été les
Ă©lĂ©ments , les matĂ©riaux de ce monument Ă©levĂ© Ă
la gloire des sciences, des lettres et des arts.
M. Balliere , douĂ© dâune imagination agrĂ©able ,
d'un esprit juste, d'une conception facile et de la
plus grande aptitude au travail, se rendit familiers
tous les genres dâĂ©tudes. Les langues mortes et yivane
tes , les mathématiques ,l'eloquence, la musique , la
poésie l'occupÚrent tout-à -tour. Tant de talents ne pou-
vaient échapper aux hommes distingués qui compo
saient alors l'Académie de Rouen, et dont la plupart
Ă©taient ses amis. Ils se firent un honneur de s'associer
M. Balliere qui justifia dans toutes les circonstances
l'opinion favorable quâon avait conçue de lui. Il fut
reçu adjoint le 9 novembre 1750, et titulaire en 1754.
La jeunesse, comme le printemps , est la saison
des fleurs. M. Balliere se fit connaitre alors par des
opéra comiques , dans Ke on trouve les cou-
plets les plus ingénieux. On y chercherait en vain
cette succession d'incidents, cette intrigue laborieuse
que présentent beaucoup d'opéra nouveaux ; mais
le style en est pur, le dialogue naturel, la versi-
fication agréable. Sa premiÚre piÚce, Deucalion et
Pyrrha, et sa derniĂšre , PĂąg'ette , ne sont pas im-
primées. Il donna et fit imprimer en 1751 le
Rossisnol , le Retour du Printemps en 1755 , ZĂ©phire
et l''ore en 1754 , la Guirlande en 1757. M. Balliere
aimait le théatre : les compliments d'ouverture et
(135)
âde clĂŽture qui ont Ă©tĂ© entendus Ă Rouen avec le
plus dâintĂ©rĂ©t pendant les beaux jours de sa vie,
étaient de lui ou avaient reçu de lui quelques modi-
fications agréables.
Cette légÚreté apparente ne lempécha pas de eul-
tiver les mathĂ©matiques et de sây rendre trĂšs-habile :
il fut presque toujours associé aux examinateurs que
le Gouvernement envoyait dans cette province, et
MM. les professeurs de mathématiques et d'hy-
drographie demaudÚrent toujours qu'il ft nommé
commissaire pour l'examen de leurs Ă©lĂšves,
L'Académie de Rouen a toujours compté parmi
ses associés les Savants les plus recommandables,
M. Balliere fut connu et estimé de tous ; il est vrai
qu'il n'Ă©tait Ă©tranger Ă aucun genre de savoir. Il lie
sait DémosthÚne avec M. l'abbé Auger, faisait des
vers latins avec le pÚre Girault, résolvait des pro-
blémes avec les PÚres Pingré et Bouin , faisait des
opéra comiques avec Favart , de la botanique avec
MM. de Jussieu et d'Angerville, de la chimie avec
MM. Rouelle et Delaisement, parlait de tout avec
Fontenelle. Ii publia en 1764 sa théorie de la mu-
sique, in-4°, avec figures , et en adressa un exem-
plaire à Jean-Jacques. La réponse de ce dernier me
futremise Ă Paris oĂč je demeurais alors , pour la faire
tenir Ă M. Balliere qui eut l'attention de m'en don-
ner connaissance ; elle commençait par ces mots :
» Que ne m'a-t-il été possible, Monsieur , de con-
â sulter votre excellent ouvrage, ou plutĂŽt vos lu-
135
; C154)
»# miÚéres quand je trayaillais aux divers articles
» sur la musique que j'ai fournis à l'Encyclopédie ! «
C'était annoncer l'idée avantageuse qu'il se for-
mait de l'ouvrage , et plus encore de son auteur.
Cette lettre d'ailleurs est pleine de témoignages
d'estime et considĂ©ration, et Jean-Jacques nâĂ©tait
pas adulateur ; il fallait avoir mĂ©ritĂ© lâune et lâautre.
Je placerai ici, pour ne pas revenir sur le mĂȘme
objet, la notice des ouvrages académiques de M. Bal-
liere ; et, comme le catalogue en est long , et que
beaucoup dâentr'eux sont imprimĂ©s, je me conten-
terai d'en citer rapidement les titres.
Mai :754. Traduction de l'ĂlĂ©gie d'Ovide de medi-
camine faciei.
Janv. 1754. Utilité du calcul dont la période finirait
Ă 12.
Juill, 1755, DiffĂ©rence du sens des mĂȘmes mots dans
la mĂȘme langue.
Avril 1757. DĂ©monstration de la rĂšgle de deux fausses
positions. Ă ve
Novembre, . Du rapport mécanique de la musique avec
la poésie.
Avril 1758. I] publia avec des notes un ouvrage de
. M. Cloutier sur le mariage avenant.
Avril 1761. Résolution du probléme suivant : » le
» diamĂštre dâun cercle Ă©tant donnĂ© pour
» mesure dâune octave, dĂ©terminer par
» des arcs dâintersection les points de
(155)
» la circonférence par lesquels doivent
» passer les perpendiculaires qui se-
» raient entrâelles rĂ©ciproquement com-
» me ut ,re, mi, fa, sol, la, si, ut,
» bres connus, 24, 27, 50, 33, 36,
» 42, 45, 48 «
Juin 1762, Observation sur une morsure de la vi-
; » et réciproquement comme les nom-
pÚre , guérie par le sel volatil de ce
reptile, etc.
Août 1764. Rapport trÚs-favorable de MM. les com-
missaires nommés pour l'examen de la
théorie de la musique ci-dessus.
DĂ©cembre, , Observations sur le chronomĂštre de M.
Hubert, |
FĂ©v, 1766. Rapport sur lâart du trait par Fourneau.
Août 1767. Mémoire sur les propositions prétendues
universelles.
Juin 1774. Un échantillon de bled frappé de la fou-
dre ; les Ă©pis conservent leur forme,
mais ont acquis une pesanteur extraor-
dinaire.
Juin 1776. Rapport dâun mĂ©moire sur les nombres
figurĂ©s. L'AcadĂ©mie arrĂȘte que les re-
gistres feront mention du plaisir et de
VPintĂ©rĂȘt qu'en ont excitĂ© la lecture.
Juillet, . . Traduction de l'itinéraire de Jean Ray,
Avril 1779. Traduction du traité et description du
Mangostan , par Jean Elliss L4
(156)
1782. Essai sur les problémes de situation.
Mars 1785. MĂ©moire sur les puissances magiques.
1784, Ed. dn Monita amoris vwirginei, etc. ,
Auctore Jacob. Cats.
Dissertation littéraire sur la vSur du
mot auspices.
1790. Edition du Gazophylacium grĆcorum.
Paris , Didot,
1784. Exemples et usages des quarrés magiques.
Nouvelles combinaisons des mĂȘmes quar-
rés.
1785. Probléme de symmétrie. Suite des quarrés
magiques.
Juin 1785. Exemplaire imprimé de ses problémes
de symmétrie traités magiquement.
La clef est ce vers d'Andromaque :
ue ne peut l'amitié conduite par l'amour ?
P P
Juill, 1785, Dans la députation au célÚbre Francklin ,
M. Balliere , alors directeur , lui fait
présenter un probléme de symmétrie ,
dont la clef Ă©tait : Benjamin Francklin
est le nĆud qui joindra les deux mondes.
Août 1786. Nouveau mémoire sur les quarrés ma-
giques.
Avril 1787. Il fait présenter à l'Académie un cube
mogique duquel il résulte que tous
(137)
les points opposés , passant par le cen-
tre , offrent toujours le nombre 28.
Je ne dois pas omettre ici que M. BalliĂšre avait
enrichi la bibliothÚque de l'Académie et son mu-
séum naissant de plusieurs articles intéressants,
Lorsqu'en 1768 l'Académie perdit un de ses
plus beaux ornements et de ses membres les plus
laborieux , le célÚbre Lecat , elle jetta les yeux sur
M. BalliĂšre pour le remplacer et adoucir ainsi la-
mertume de cette perte. Personne n'Ă©tait plus en
Ă©tat que lui de remplir avec honneur une place que
son prĂ©dĂ©cesseur avait rendue si difĂŒcile. Il fut nommĂ©
sécrétaire perpétuel pour les sciences , le 16 no-
vembre 1768. Il accepta par déférence pour la Com-
pagnie qui lui donnait ce témoignage d'estime ,
mais il ne tarda pas Ă sâappercevoir que le travail
de cette place lui enlevait bien des instants au dé-
triment de sa profession aussi importante que dé-
licate. Il la pria, par lettres du 31 mai de la mĂȘme
année , de recevoir sa démission ; alors s'éleva ,
entre l'Académie et son secrétaire , une lutte de
sentiments affectueux , Ă©galement honorable Ă l'une
et à l'autre. M. Balliere fut invité , pressé de ne
pas abdiquer , il eut besoin de faire valoir de nou-
veau ses raisons trĂšs-solides pour obtenir la per-
mission de cesser ses fonctions. Mais il paya, Ă la
mĂ©moire de son illustre prĂ©dĂ©cesseur , la dette quâil
avait contractée en acceptant sa place ; il composa
et lut à la séance publique de 1769, l'Eloge histo-
(158)
rique de M. Lecat : cet ouvrage imprimé est connn
de tout le monde, et chacun sait que la vérité ,
le sentiment et les graces s y disputent le prix.
M. Balliere avait le titre d'avocat ; et voici Ă
quelle occasion il l'avait acquis :
Une affaire de communauté trÚs-importante, dans
laquelle il se trouva impliqué, le mit dans l'obli-
gation de fournir divers mémoires ; il désira de
pouvoir les signer comme jurisconsulte , et il fit
son droit à Paris, comme on disait alors, par béné-
fice d'Ăąge. Ce titre m'Ă©tait , Ă proprement parler,
quâune formalitĂ©, puisque la plupart des candidats
poriaient Ă ces examens la plus parfaite ignorance
des lois. M. Balliere se pénétra véritablement de
Ja matiĂšre sur laquelle il devait ĂȘtre interrogĂ© , et
ses réponses furent autant de dissertations que sa
grande facilitĂ© Ă sâĂ©noncer en latin rendit double-
ment intéressantes. C'était une espÚce de phéno-
mÚne dans les écoles de droit; il y fut admiré et
comblĂ© dâĂ©loges.
De retour à Rouen , il composa l'excellent mé-
moire qui entraina le gain de son affaire. Il s'Ă©tait
préparé à cette composition par une lecture réfléchie
du Télémaque et des Lettres provinciales : il ne
pouvait choisir de plus sûrs modÚles de pureté en
style, de finesse et d'agrément.
M. Bailiere fut honoré de la confiance de M. le
garde des sceaux, pour la censure des livres. H
sâacquitta plusieurs fois de cette fonction dĂ©licate ,
U139)
et mérita le remerciment du premier magistrat e4
celui des auteurs.
En 1776 , M. Fusée Aublet , botaniste célÚbre
et auteur dâun ouvrage important sur les plantes de
la Guyane française , dédia à notre confrÚre un
genre de plantes de la famille des corymbiféres ,
sous le nom de Balliera. Ure lettre de M. d'Estam-
pes, que j'ai sous les yeux, en explique les mo-
tifs, » M. Aublet vous dira sans doute dans sa ré-
» ponse (c'est M. dâEstampes qui Ă©crit ) que la
» dénomination de la plante à laquelle il fait porter
» votre nom , est l'expression du charme que vous
» avez porté sur lui.
» Je trouve , dit M. Aublet , dans une lettre Ă
» M. d'Estampes , le mĂȘme nom appliquĂ© Ă deux
» genres diffĂ©rents. Jâen nomme un Balliera, la Bal-
» liÚre, du nom de M. BalliÚre , fameux apothi-
» caire de Rouen , trÚs-connu par son génie et ses
» talents (1) «.
M. BalliĂšre Ă©pousa , en 1770 , Mademoiselle Que-
villon , femme extrémement aimable , qu'il eut le
malheur de perdre en 1778. Il composa son Ă©pitaphe
et sut associer léloquence au sentiment. Je vais la
présenter textuellement ; j'en donnerai ensuite la
nn
(1) La Balliera d'Aublet est le Trixis de Swarts et de Schre-
ber dans son édition du genera plantarum de Linné. M, de
Jussieu a eu l'honnĂȘtetĂ© de lui conserver sa premiĂšre dĂ©nomina
ton et de respecter les intentions de M. Aublet,
C140)
traduction en faveur des personnes auxquelles
langue latine ne serait pas familiĂšre.
ĂAmabilis ut Rachel viro,
Maria Catharina
Quevillon,
Uzxor
Caroli Balliere ,
Nata 17 april. 1730 ;
MNupsit 17 septemb. 1770,
OLiit 20 decemb. 1778.
Stipata virtutibus
Beneficiorum memor ,
In amicos obsequens,
In suos obsequentissima,
Erga omnes mitis
ImĂ» ipsa lenitas
Farum inter duos,
Perpetuum inter'tres stabilivit
Caritalis fĆdus.
Dominus dedit, Dominus abstulit.
Je muluum commorantes solatium,
Ereptam felicitatem
Vir et soror superstites
Lugent.
Aimable comme Rachel aux yeux de son mari,
Marie-Catherine
Quevillon,
Epouse
De Charles BalliĂšre,
la
Cr4r)
NĂ©e le 27 avril 1730,
Mariée le a7 septembre 1770 ,
Mourut le 20 décembre 1778,
Ornée de toutes les vertus,
Sensible, reconnaissante ,
Complaisante avec ses amis :
TrĂšs-complaisante avec les siens;
Douce avec tout le monde
Ou plutĂŽt la douceur elle-mĂȘme ;
Ce qui est rare entre deux ;
Elle fit constamment régner entre trois
L'amitié la plus parfaite,
Dieu me l'a donnée , Dieu me l'a retirée.
RĂ©unis pour leur naturelle consolation ;
Son Ă©poux et sa sĆur
DĂ©plorent
Leur félicité passée.
M. Balliere , fidĂšle Ă ces engagements, demeura
constamment avec Mademoiselle sa belle-sĆur , dont
la douceur et l'amabilité furent sa consolation la
plus pure.
Il eut encore la douleur de la perdre , et Ă cette
Ă©poque il Ă©tait doublement malheureux : il venait
dâĂ©prouver une seconde attaque de paralysie beau-
coup plus violente que la premiĂšre , et qui l'avait
absolument privé de l'usage du cÎté droit.
L'Ă©tude et la philosophie furent pour Jui des res-
sources précieuses ; il s'exerça à écrire de la main
gauche , et put encore communiquer avec le monde
(142)
savant. Les calculs et la solution de problémes de
symrmĂ©trie lâoccupĂšrent jusquâĂ la fin de sa carriĂšre.
J'avais l'avantage de le voir souvent, et toujours
je l'ai trouvé occupé.
M. Balliere , seul et infirme , sâassocia , en lâan 6,
mademoiselle de Rampan qui unissait aux agréments
de l'esprit une raison solide. Elle adoucit le malheur
de sa position, et lui aĂŻda Ă en supporter le poids.
Il termina sa vie le 10 novembre 1800 , ayec la
rĂ©signation dâune ame forte et dans le sein de la
religion.
M. Balliere eĂ»t Ă©tĂ© dâune taille Ă©leyĂ©e s'il nâeĂ»t
pas été disgracié par la nature ; mais, comme Esope
et Scaron , il cachait , sous une enveloppe irrégu-
liÚre , l'esprit le plus juste et le plus cultivé. Il avait
une mémoire si prodigieuse qu'ayant beaucoup
appris il m'avait presque rien oublié. Il avait la
coupe du visage agréable , un air doux , les yeux
vifs et spirituels ; il lui fallait pour ĂȘtre trĂšs-aimable
la libertĂ© dâun commerce habituel et de son goĂ»t :
avec des inconnus il laissait parler, maïs il en dé-
dommageait aoréablement quand il était à son aise.
Ses saillies , ses épigrammes étaient tempérées par
une extrĂȘme politesse ; il joignait au ton de la meil-
leure compagnie la plus sévÚre probité. Insouciant
sur ses intĂ©rĂȘts , il ne compromit jamais ceux des
autres. Il fut savant sans ostentation , aimable sans
prétention ,; ami sans réserve. Révolté de toute
contrainte , il accordait aux autres la plus entiĂšre
145)
libertĂ© , et n'employa jamais dâautres moyens pour
captiver la bienveillance , que la droiture de son
ame et les charmes de son esprit.
Notice BIOGRAPHIQUE SUR M. Macux;
Par M. RoBERrrT.
Jacques-François de Machy naquit à Paris en 1728,
Ses aĂŻeux nâont rien de remarquable : une pro-
bité sévÚre et généralement reconnue faisait toute
leur réputation. Les uns exerçaient le négoce à Paris;
les autres cultivaient le plus respectable des arts , la
profession dâagriculteur. Plusieurs de ses parents
existent encore à Puiseux, à HÚche , département
de l'Oise , et continuent d'entretenir dans l'esprit
de leurs concitoyens ce sentiment d'estime que leurs
pÚres avaient si justement mérité.
Il fit ses études au collége de Beauvais renommé
par ces hommes de mérite qui en sont sortis , les
Rollin ,les Coflin, les Rivard, par les hommes jus-
tement célébres que l'institut national compte au
nombre de ses membres, les Collin d'Harleville ,
les Legouvé , les Andrieux.
Il se distingua constamment entre ses camarades
par sa supériorité et par des succÚs trÚs-marqués.
Il sut mériter la bienveillance , l'estime méme de
ses professeurs , tant Ă cause de son intelligence
C144)
facile que par le dĂ©sir quâil manifestait constamment
de sâayancer dans l'Ă©tude des belles-lettres.
DÚs sa plus tendre enfance il avait laissé entrevoir
un goût décidé pour les sciences physiques. Ce
goût bien prononcé contrariait singuliÚrement les
vues de sa famiile. Souvent il sâĂ©chappait pour aller
entendre le fameux Rouelle au jardin des plantes.
Ses parents le destinant au nĂ©goce , voulaient quâil
apprit Ă Ă©crire et Ă calculer. Jamais , nous disait-il
luiméme , je n'ai pu m'astreindre à peindre des
lettres, Ă Ă©tablir des nombres. Ef'ectivement il Ă©cri-
vait si mal quâil est presque impossible de lire ses
ouvrages manuscrits.
Forcés de céder à ses instances, mais toujours mé-
contents des inclinations quâil avait manifestĂ©es , ses
parents se déterminÚrent à le placer chez le pharma-
cien Brusley , dont il devint bientĂŽt l'ami en mĂȘme-
temps que le plus intéressant élÚve. La carriÚre qui
s'ouvrait devant lui était difficile ; il ayança en peu de
temps de maniĂšre Ă faire concevoir les plus hautes
espérances. Il se livra à l'étude de la physique et
de la chimie , sans pourtant rien perdre de son
ardeur pour les belles-lettres qui eurent toujours
pour lui un attrait particulier,
Il quitta le pharmacien Brusley pour se rendre
chez Gillet , autre pharmacien recommazdable ,
tant à cause de sa rare probité que par sa profonde
Ă©rudition. LĂ il trouva de nouvelles sources dâins-
truction par les développements que pouvait don-
ner
(145)
ner Ă ses premiĂšres connaissances le vaste champ
d'expériences ouvert sous ses yeux, et par la réu-
nion de plusieurs savants distingués qui se rencon-
traient habituellement chez son maĂźtre, et dont les
lumiÚres lui devenaient si précieuses. De là il passa
Ă l'HĂŽtel-Dieu oĂč , aprĂšs avoir acquis, par son jin-
telligence et son travail , la confiance du pharmacien
en chef, il devint gagnant maĂźtrise ; et, aprĂšs sept
années, il fut reçu au collége des pharmaciens de
Paris.
Il donna de trĂšs-bonne heure la preuve d'un
travail suivi et non interrompu pendant ses pre-
miĂšres annĂ©es , et celle des efforts quâil voulait faire
pour bien mériter des savants et du public, en pré-
sentant Ă l'AcadĂ©mie des sciences de Paris, dĂšs lâan-â
née 17535 (il était alors ùgé de 25 ans ),uue Disser=
tation sur la rectification des huiles animales.
En 1955, il voulut debuter dans la carriĂšre des
lettres , en publiant des Dialogues des morts,
L'ouvrage parut et fut critiqué par Fréron ; sil
m'avait consulté, dit M. de Machy , il aurait bien
autrement mordu.
Il avoue lui-mĂȘme que, ne dĂ©sirant pas publier cet
ouvrage , il y avait pas donné tous ses soins.
Eu 1957 , il publ'a une dissertation ayant pour
titre : ÂŁxamen des eux de Passy et de Verberie.
Cette mĂȘme annĂ©e il donna au public une traduc-
tion des éléments de chimie de Junker, en 6 volu-
mes,
#, publ, 1804. K
C146)
En 1959, il publia des dissertations chimiques
traduites de Pottier , 4 volumes.
En 1762, un ouvrage intitulé : Opuscules de
Margraaf.
En 1766, 2 volumes: Jnstituts de chimie.
En 1768, 1 volume : Procédés chimiques.
En 1975, il publia l'Art du distillateur dâeau-forte ,
1 volume in-4° , faisant suite à la description des
arts et métiers, publiée par l'Académie des sciences.
En 1974 , 1 volume de Dissertations chimiques.
Ce volume est le recueil des dissertations lues ou
présentées par lui aux diverses sociétés savantes.
En 1781, l'Art du vinaĂŻigrier.
En 1988 , le Manuel des Pharmaciens', 2 volumes,
En 19791 et 1792 , Réfutation du systéme des Pneu-
matistes dans le journal intitulé : Tribut des neuf
SĆurs. :
Plusieurs piÚces de vers adressées à diverses so-
ciétés savantes ou consignées dans divers ouvrages.
Quatorze Comédies en prose.
Plusieurs Ă©loges historiques ou notices sur diffe-
rents hommes célÚbres.
Je m'abstiendrai de prononcer sur chacun de ces
ouvrages. J'ai voulu jetter quelques fleurs sur la
tombe de mon. premier maĂźtre. Une critique trop
sĂ©vĂšre de ma part serait un acte dâinjustice et dâin-
gratitude. L'accueil dont le public savant les a ho-
(147)
norés au moment de leur publication , atteste leur
mérite réel universellement reconnu à cette époque,
puisqu'ils ont Ă©tĂ© pour lui des titres puissants Ă
l'association honorable de plusieurs Académies , des
charges publiques auxquelles il a été appelé. Si la
révolution générale qui s'est opérée dans la science
quâils ont pour objet, si les connaissances modernes
en ont placé quelques-uns au rang des ouvrages suran-
nés , ils offriront toujours aux vrais amis de la science
des renseignements utiles, des faits nombreux qui
nc perdront rien de leur valeur auprÚs des théories
les plus séduisantés.
En dĂ©montrant par ces nombreux ouvrages quâil
WĂ©tait Ă©tranger Ă aucune des sciences physiques,
awil s'occupait tour-Ă -tour avec un zĂšle soutenu
et avec un Ă©gal succĂšs de chimie , d'histoire natu-
relle , de matiÚre médicale , de pharmacie propre-
ment dite, il prouva qu'il cultivait les lettres avec
autant d'avantage par la facilité , qui dans ces écrits ,
caractérise l'homme savant, par l'éloquence qui peint
le littérateur distingue. Qu'il me soit permis de citer
quelques-uns de ces passages oĂč lon aura trouvĂ©
la preuve qu'il pouvait ennoblir les rĂ©sultats dâex-
périences chimiques , par une redaction fleurie ,
par des descriptions élégantes. S'il parle de lhis-
toire de la chimie, son génie s'élÚve , et, se re-
portant à des idées générales ,
» Le livre de l'histoire ( nous dit-il ) , est un vieux
manuscrit dont le temps a usé les premiers feuillets. :
LE
C:148)
Gouvernements , population , sciences, arts, quel
que soit lĂ© sujet dont on veut retracer lâhistoire ,
il faut se résoudre à ne trouver pour origine pre-
miÚre que des fables, des prodiges , des hyérogli-
phes, des mensonges , quelques vraisemblences ,
des incertitudes et jamais l'Ă©vidence vw.
Ailleurs , sâoccupant de l'intervalle qui a sĂ©parĂ© les
physiciens du retour Ă lâidĂ©e des quatre Ă©lĂ©ments
d Aristote , » durant ce long intervalle , dit:il, les
secrets des ateliers, ceux des laboratoires devenaient
insensiblement plus connus ; deux grandes passions
le combattirent , lâ'orgueil dâen savoir plus qu'un
autre et la vanitĂ© de sâen prĂ©valoir ; chacun en pro-
fita Ă sa maniĂšre, et lâon vit les sciences et les arts
livrés plus que jamais à deux sortes d'hommes ;
Ă cĂŽtĂ© du mĂ©decin , on trouya le charlatan ; lâas-
trologue osait coudoyer lâastronome ; le chimiste
et le souffleur avaient l'air de s'associer ; la vérité
et la ressemblance , le bon emploi et l'abus des con-
naissances , la perfection et la dégradation se tou-
chent , se nuisent , sâĂ©touffent ; câest durant cet
intervalle que les hommes à secret se montrérent ;
que les découvertes utiles soffrirent à ceux qui
cherchaient toute autre chose ; que le physicien
tira parti des phénomÚnes chimiques , tandis que
le jongleur les appareillait Ă ses tours de gibeciĂšre ;
que le médecin osa, dans la pratique curative , em-
ployer quelques produits chimiques , tandis que
Paracelse , Ă©tonnĂ© de ses succĂšs, se vanta dâĂȘtre
(149)
plus savant que Galien, parce qu'il possédait le re-
mĂ©Ăšde spĂ©cifique contre une maladie qui nâĂ©tait pas
connue du temps d'Hippocrate «,
LĂ , parlant de Tournefort , son premier maĂźtre en
botanique , quel dut Ă©tre son Ă©tonnement, dit-il,
lorsqu'il vit les plantes s'offrir en quelque facon pour
venir occuper la place qu'il méditait de leur assi-
gner ; lorsqu'il apperçut que son systĂȘme convenait
Ă©galement au curieux qui nâĂ©tudie la botanique que
par forme dâamusement, et Ă l'homme qui consacre
ses études à l'utilité générale? Plus heureux qu'aucun
auteur systématique , il vécut assez , malgré la catas-
trophe affreuse qui lâenleva trop tĂŽt au monde savant
Pour voir sa méthode généralement adoptée. Il put
augurer qu'elle serait la méthode de tous les temps.
Elle nâa pas Ă©tĂ© Ă©clipsĂ©e par un systĂ©me plus savant
et plus séduisant que son fécond inventeur eut l'art
de tourner de tant de maniĂšres, Ă -peu-prĂšs comme,
entre les mains d'ArchimĂšde, les glaces de son mi-
roir , en se tournant dans tous les sens, devenaient
capables de porter l'embrĂąsement au-delĂ des bor-
nes connues. Mais qu'est-ce qu'un embrĂąsement
destructeur auprĂšs d'une lumiĂšre douce qui Ă©claire
sans Ă©blouir ?
On pourrait reprocher Ă M. Demachy quelques
Ă©pigrammes et plusieurs satires. Je dois rendre jus=
tĂŒce Ă son bon cĆur ; elles furent le fruit dâun esprit
pétillant ; vif et enjoué : la méchanceté n'y eu
aucune part.
K 3
{ 150 }
Ă peine fut-il recu au collĂ©ge de pharmacie quâon
reconput universellement qu'il pouvait honorer cet
Ă©tablissement d'une maniĂšre toute particuliĂšre. Il
fut biestÎt chargé de partager avec quelques con-
frĂšres choisis, le fardeau si honorable dâinstruire pu-
bliquement les Ă©lĂšves en pharmacie, au nom de
tousles maĂźtres de cet art. Il professa dans cette Ă©cole,
jusques aux derniÚres années de sa vie, la chimie
et l'histoire naturelle ; il sâacquitta de ce pĂ©nible
emploi avec un zĂšle infatigable. Il conservait au mi-
lieu des dissertations les plus sérieuses cet enjoue-
ment qui Jui Ă©tait naturel. Il] possĂ©dait au suprĂȘme
dĂ©grĂ©. lâart d'Ă©loigner la sĂ©cheresse de ses dĂ©mons-
trations , lors mĂȘme qu'elles avaient pour objet les
matiĂšres les plus abstraites ou les plus ingrates.
Gai jusques dans ses lecons , souvent il divaguait,
se laissait entrainer par sa facilité naturelle , et ter-
minait par une Ă©pisode , plus ou moins Ă©pigramma-
tique , qui réveillait Pattention et lui attirait toujours
un nombreux concours d'Ă©lĂšves,
.
-Cette disposition naturelle Ă l'Ă©pigramme , cette
grande facilité à badiner, ne fut pas toujours res
serrée dans de justes bornes; il se laissa quelque-
fois maĂźtriser par sa passion favorite ; il ne voulut
pas toujours sacrifier le plaisir d'un impromptu malin
Ă l'estime quâil devait Ă ceux qui faisaient le sujet
de sa critique, et par-lĂ il sâattira plus dâun cha-
grin.
Plus de justesse dans l'esprit, plus de modéra-
(151)
tion dans ses opinions , auraient fait de M. Demachy
un homme supérieur. Mais, emporté quelquefois
par une imagination vive et ardente , semblable au
papillon , il eflleurait , se contentait dâune impres-
sion lĂ©gĂšre , et courait Ă dâautres objets. Ainsi, sans
approfondir le systĂšme de Stahl, sans vouloir exa-
miner si les Pneumatistes étaient fondés dans leurs
opinions , il attaqua leurs théories ayec l'arme de
la plaisanterie , et ne proposa rien Ă leur place.
Par une siugularité qui tenait à son caractÚre,
M. Demachy a fait deux notices sur lui-mĂȘme, l'une
à 50 ans, intitulée : fie d'Agathon ; l'autre à 6r ans,
intitulée : Mon Eloge , ou Notice sur ma Vie. Dans
l'une d'elles, il commence par un avis en ces
termes :
» Je suis parvenu Ă un Ăąge oĂč lâon peut se juger
» sans partialité ; je ne serai ni mon apologiste ni
» mon détracteur. « « « »
»
» Je vais parler de moi comme un ami équitable
EI
-
parlerait de son ami, et jâĂ©viterai la fadeur men-
-
songÚre de lélogiste , la sécheresse du compila-
âŠ
-
teur et l'humeur du critique «.
Cet avis préliminaire semble promettre , de la
part de M. Demachy , une sévérité bien entendue
sur ce qui le regarde. Il est si rare de trouver la
modestie réunie aux vrais talents , que M. Demachy
n'a pu se défendre quelquefois des impulsions de
la vanitĂ© , et a peut-ĂȘtre soigneusement trop Ă©vitĂ©
d'ĂȘtre son dĂ©tracteur.
K 4
(129
Spielman, chimiste distingué à Strasbourg , le
présenta et le fit recevoir au nombre des membres
de l'Académie des curieux de la nature.
L'Académie de Rouen accorda bientÎt aprÚs le
titre dâassociĂ© Ă M. Demachy , qui, pendant le
sĂ©jour quâil fit dans cette ville , fit part Ă cette
savante Compagnie d'observations intéressantes.
1] lut , au sein de cette Académie , en 1768 , des
Observations sur le bitume de lâeau de mer.
En 1770 , des Observations sur le traitement de
lâargent par le borax et le salpĂ©tre,
A cette Ă©poque , M. de Miromesnil, alors premier
président du parlement de Rouen, puis garde des
sceaux , le nomma censeur.
Dans ces temps de troubles qui ont désolé la
France , il occupa la place de pharmacien en chef
dans plusieurs hĂŽpitaux militaires, Il revint eufin oc-
cuper momentanément celle de pharmacien en chef
de l'HĂŽtel-Dieu de Paris , pour prendre bientĂŽt
aprĂšs celle de chef de la pharmacie centrale de
hospices civils. Cet établissement , de nouvelle créa-
tion, exigeait beaucoup de soins, un zĂšle infatigable,
Soutenu par l'Administration des hospices , forte-
ment et puissamment secondé par les travaux et
l'activité toujours renaissante de M. Henri, son
ancien élÚve , que l'Administration lui avait donné
pour adjoint , il s'est occupé jusqu'aux derniers
jours de sa vie de donner Ă cet Ă©tablissement un
(153)
degré de splendeur et de magnificence qui a mérité
Ă son collaborateur l'honneur de le remplacer.
Il mourut Ă Paris le thermidor an 11. Le
collége de Pharmacie de Paris , dont il fut long-
temps un des prevĂŽts , eut en lui un de ses plus
fermes soutiens. Les Ă©lĂšves qu'il instruisait eurent
en lui un excellent maĂźtre , un bon et sincĂšre ami.
li nâeut pas toujours Ă se louer des uns qui, se pas-
sionnant pour une thĂ©orie qui nâĂ©tait pas la sienne,
Prononcaient avec une assurance trop audacieuse
sur des faits dont il niait l'existence ou sur des ar-
guments dont il voulait avoir la démonstration. Il
emporte les regrets des autres , qui , respectant
son grand Ăąge et de longues habitudes , surent
triompher quelquefois de son incrédulité par la mo-
destie de leurs arguments , vinrent plusieurs fois
Ă bout de porter la conviction dans son ame par
l'exposition respectueuse de leurs doutes.
Les lettres eurent en lui un poĂȘte aimable , un
prosateur distingué. Chaque jour de sa vie peut-
ĂȘtre a Ă©tĂ© marquĂ© par quelque production nouvelle.
Il annonce qu'aprÚs son décÚs on trouvera un re-
cueil de fables, de chansons, de piĂšces de morale ,
de piÚces érotiques : fruits de ses délassements.
Espérons que sa famille ne privera pas le public
de plusieurs morceaux précieux dont il nous faisait
part avec franchise et sur lesquels il ne dédaignait
pas de solliciter notre opinion.
C154)
La mort l'a surpris au moment oĂč il pouvait encore
Ă©prouver une jouissance bien vive pour lui , dans
la renaissance dâune SociĂ©tĂ© savante Ă laquelle il se
faisait grand honneur dâappartenir , dont il nous
parlait toujours avec le plus grand respect comme
d'une réunion d'hommes distingués et célÚbres dont
plusieurs lhonoraient dâune affection toute parti-
culiĂšre.
PRIX PROPOSĂ POUR L'AN 13 ( 1805.)
Dans sa SĂ©ance publique du 4 fructidor an 12,
l'Académie a proposé pour sujet d'un prix, consis-
tant en une médaille de la valeur de 500 fr. , qui
sera décernée dans sa Séance publique de l'an 15,
( 1805 ) la question suivante :
Donner les plans dâune sĂ©cherie Ă lâusage des
teinturiers sur coton filé , la plus propre à épargner
le charbon de terre , seul combustible quâil soit
permis dâemployer dans le projet.
L'Auteur du MĂ©moire aura soin d'indiquer la
construction des fourneaux , le diamĂštre &es tuyaux
conducteurs du calorique, et ia position des per-
ches sur lesquelles on Ă©tend le coton.
L'Académie désire sur-tout qu'on ait égard aux
moyens d'Ă©conomiser la main-d'Ćuvre et le temps,
de faciliter le travail , de conserver le local tou-
ours propre , et d'Ă©carter enfin les dangers du feu.
? 9
EE
Ga55,)
Les mĂ©moires devront ĂȘtre adressĂ©s, francs de port,
avant le 15 messidor an 15 , terme de rigueur , Ă
M. f'italis, secrétaire de l'Académie pour la classe
des sciences.
â
L'Auteur mettra en tĂȘte de son MĂ©moire une
devise qui sera rĂ©pĂ©tĂ©e sur un billet cachetĂ© , oĂč
il fera connaĂźtre son nom et sa demeure. Le billet
ue sera ouvert que dans le cas oĂč le MĂ©moire aura
remporté le prix.
Les Académiciens résidents et non résidents sont
exclus du concours.
RL D RE RS
T ABLE
DES MATIĂRE S.
; LEE page j
Liste des Membres, vi)
Discours prononcĂ© Ă lâouverture de la SĂ©ance pu-
blique , par M. Gosseaume , page 1:
DĂ©tails historiques sur les rĂ©volutions que lâAcadĂ©mie
a éprouvées ; par M. de Couronne, 9
B'ENLULUE(S "I EUTUTURVE Se
RAp»orrT fait par M. Gourdin, 14
Ouvrages annoncés ou analysés dans ce Rapport.
Eclaircissements sur la construction de plusieurs mo-
numents militaires de l'antiquité ; par M. Petit-
Radel, 15
Notice historique sur M. Auber ; par M. le Carpen-
uer , 16
â Sur M. Broche ; par M. Guilbert , ibid.
Ouvrages envoyĂ©s Ă lâAcadĂ©mie; par M. Mulot , ibid.
â Par M. Boinyilliers, ibid.
Abécédaire | composé par M. Chéron, communiqué
par M. Leboulenger , 17
(157)
Traduction dâune Fable de Gay , intitulĂ©e : le LiĂšvre
et ses nombreux Amis ; par M. Feret, 17
Discours prononcĂ© par M. lâabbĂ© Lallemant Lors de
la rĂ©installation de lâAcadĂ©mie , ibid.
Discours par M. Gosseaume , à la méme époque , 20
Discours prononcĂ© par le mĂ©me , Ă la rentrĂ©e de lâA-
cadémie , à la suite des vacances , 23
Observations sur les changements qui sâintroduisent
dans le langage français ; par le mĂȘme , 30
Traduction , en vers français , du poëme intitulé :
Monita amoris virginei ; par le méme , 33
Mémoire sur les opinions religieuses dans le dépar-
tement de la Seine-inférieure ; par M. Beugnot , 34
Fragments dâun ouvrage relatif Ă quelques victimes
de la rĂ©volution ; par le mĂȘme, ibid.
Supplément aux ouvrages de Placcius et de Mylius ,
concernant les auteurs pseudonymes , 35
Projet dâune Notice gĂ©nĂ©rale raisonnĂ©e de toutes les
Jlores qui ont paru jusquâĂ ce jour , ibid.
Description du groupe appelé le Taureau de FarnÚse ;
par M. Descamps, ibid.
MĂ©moire sur les monuments numismatiques ; par M.
de Saint-Victor , 56
Notices historiques sur MM. Aubert et Broche ; par
le méme , 37
Traduction en prose dâun poĂ«me latin d'Abraham
Remy ; par le mĂȘme , 4 ibid.
(158)
Notice sur la personne et les ouvrages d'Abraham
Remy ; par M. de Couronne , 57
Prospectus dâun cours de dessin , de peinture et dâar-
chitecture ; par MM. Vauquelin et Desoria , ibid.
MĂ©moire sur lâabus de certains mots nouveaux intro-
duits depuis quelque temps dans la langue fran-
caise ; par M. d'Ornay , 58
Imitation en vers dâun poĂ«me de Gray ; par M. NoĂ«l, ib.
Observations bibliographiques sur le speculum histo-
riale er le livre de Civitate dei, par M. Gourdin, ibid.
Dissertation sur lâorigine de lâĂ©criture alphabĂ©tique ,
par le mĂȘme , 59
Aspistius , ou le Favori , conte moral ; par un Aca-
démicien résident , 59
Considérations sur la musique ; par M. Boiïstard de
Glanville , + Lo
De l'influence de La poësie sur le moral des peuples ;
par le mĂȘme , 45
Fables ; par M. Formage, 47
Essai dâun cours abrĂ©gĂ© de Grammaire gĂ©nĂ©rale ;
par M. Bignon , ibid.
Divers ouvrages ; par M. Boinvilliers , 47
Description topographique du royaume de poësie ;
par le méme , 45
Discours sur lâurilitĂ© et les charmes de lâĂ©tude ; par
M. Gosseaume , 5o
Norice sur diffĂ©rents membres de lâAcadĂ©mie , dĂ©-
C159)
cédés depuis sa suppression jusqu'à son rétablisse=
ment ; par M. Gourdin , 54
Norice biographique sur M. Lebrument ; par M.
Vauquelin , 61
Notice biographique sur Madame du Bocage ; par
M. Gourdin , 66
Prix proposĂ©s pour lâan 15 (1805), 72
SUCHIREUN, CAES URET ANRT S,
RapporT fait par M. Pitalis, 73
Ouvrages annoncés ou analysés dans ce Rapport.
Essai sur la nature et les propriétés des nombres L
par M. l'abbé Jamard, 75
ElĂ©ments dâarithmĂ©tique ; par M. Periaux , 77
Essais de géométrie ; par M. Oursel , ibid,
MĂ©moire sur la force active ; par M. Pouchet, 978
MĂ©moire concernant les observations Ă faire sur Les
marées ; par M. Lévéque , ibid.
Description nautique des cĂŽtes orientales de la Grande-
Bretagne et des cĂŽtes de Hollande | du Jutland er
de NorwĂšge ; par le mĂȘme , ibid,
Notice sur lâarĂ©omĂ©trie ; par M. DecroĂŻzilles aĂźnĂ© , 79
Observations sur lâascaride du clupĂ© hareng ; par M.
Noël , 81
Histoire naturelle des deux éléphants du Muséum de
Paris ; par M. Houel, 82
Flore du dĂ©partement de lâOrne ; par M. Renault , ibid.
"(160 )
Catalogue des plantes dĂ©crites dans la flore dâAbbe-
ville ; par M. Boucher , 85
OĂ«bservations sur le Brucea antidysenterica eÂŁ sur une
nouvelle espĂšce dâIbĂ©rides ; par M.Guersent, ibid.
Mémoire sur la réforme des plantes crucifÚres ; par
M. Degland , 86
Traduction de l'introduction du genera plantarum
de Jussieu ; par M. Robert , 68
MĂ©moire sur la cristallisation de lâacide phosphorique ;
par M. Vitalis , 89
Procédé nouveau pour fabriquer en grand le sulfate
de fer ; par le mĂȘme , 93
Procédé découvert par M. Bralle, pour le rouissage
du chanvre, 94
Rapport sur une Question de Chimie légale ; par
M. Vitais, 95
Ouvrages de chimie envoyés par M. Monnet, 97
Observations sur le catarrhe épidémique qui a régné pen-
dant le printemps de lâan 11}; par M. Gosseaume , ib.
Observations médicales sur l'influence des maladies
du crĂąne , des meninges et du cerveau, dans cer-
taines aliénations mentales ; par M. Behn , 99
Essai historique et critique sur David ; par M. Go-
defroy , 102
MĂ©moire pour servir Ă lâhistoire de la nĂ©crose ; par
M. le Maire-Ternante , 106
Ouvrages divers sur l'anatomie et la médecine , pré
sentĂ©s Ă lâAcadĂ©mie ; par M. VignĂ©, 108
PiĂšces
C:161)
PiĂšces dâanatomie artificielle ; par M. LaumĂŽo-
nier , 108
Essai sur lâasriculture et le commerce des Isles de
France et de la Réunion ; par M, Frédéric Des-
croizilles , 109
Traité sur les pépiniÚres et sur les arbres pyrami-
daux , appelés quenouilles ; par M. Calvet, rio
Echantillon de la résine fournie par les pins plantés
sur les Dunes du Golfe de Gascogne , envoyé par
M. Brémontier, III
MĂ©moire sur la nature des Marnes dites dâengrais;
par M. Vitulis, ibid.
Rapport sur ur mécanisme particulier imaginé par M.
Maizieres pour la filature continue ; par le mĂȘme , 114
Rapport sur une machine à filer le coton , exécutée
par M. Lecardonnel, ibid.
Systéme général de numéros pour les fils, et spé-
cialement pour les fils de coton ; par M. Lafontaine-
Fleulard fils , 116
Perfectionnement de la pompe vulgairement appelée
seringue ; par M.le Brument , 118
Rapport sur les amĂ©liorations qui sâopĂšrent dans lâĂ©-
tablissement de Rambouillet ; par M. l'abbé Y'Alle-
mant , 119
Rapport sur diverses questions relatives aux abeilles ;
par M. Noël , 121
Mémoire sur la rareté du bois ; par M. Aviat, 422
S, publ, 1804. L
( 162 )
Réflexions sur la réorganisation des haras; par M.
Maleden, 124
Annuaire Statistique du département de la Seine-
Inférieure ; par M. Vitalis, 125
MĂ©moire sur les moyens de'se procurer des ren-
seignements exacts sur ce qu'Ă©tait la Statistique
dâun dĂ©partement pendant lâannĂ©e prĂ©cĂ©dente ; par
M. lâabbĂ© Jamard , 126
Norice biographique sur M. Balliere ; par M. Gos-
seaume , 127
â Sur M. de Machy ; par M. Robert , 143
Prix proposĂ©s pour lâan 15 (1805) , 154
Fin de Ăa Table.
PREĂCIS ANALYTIQUE
DSC EN RNA NNTMANUNES
PROBA TE AN GRADE MEN
DES SCIENCES, DES BELLES-LETTRES ET DES ARTS
NB ROLE Ne
PENDANT L'ANNĂE 1805.
PRĂCIS ANALYTIQUE
DES TRAVAUX
DE L'ACADEMHE
DES SCIENCES, DES BELLES-LETTRES ET DES ARTS
DER OU EN,
PENDANT L'ANNĂE 100.
F,
ENT
ĂQ + AcaDĂmiE LV Y
DTA des Sciences, } 2
ƞ « xdes Belles-Lertre
meet des Arts
Ăż-\
X
XD
z
7
ee
(
ee
A ROUEN,
De l'Imprim. de P. PER1 AUX, Imp. de l'Académie,
rue de la Vicomté , n° 30.
222229
E 8 @ 7.
Ămis onpnat thĂ© eanienenrmmtent armement)
PRĂCIS ANALYTIQUE
DE SAUR Fe AVE
DE L'ACADĂMIE
DES SCIENCES , DES BELLES-LETTRES ET DES ARTS
DE ROUEN, ;
PENDANT L'ANNĂE 1805 (AN 15};
DâArRĂs le Compte qui en a Ă©tĂ© rendu
par MM. les Secrétaires , à la Séance
publique du 22 Juillet de la méme année
(3 Thermidor an 13. )
OUVERTURE DE LA SĂANCE PUBLIQUE.
M. Beuenor , Directeur , a ouvert la séance par un
discours Ă©loquemment Ă©crit , mais que nous ne pouâ
vons donner ici, parce quâil nâa point Ă©tĂ© dĂ©posĂ© au
secrétariat de l'Académie , et que nous n'avons pu
nous le procurer , M. Beugnot Ă©tant actuellement oc-
cupĂ©, par ordre de Sa MajestĂ©, Ă lâorganisation du
royaume de Westphalie.
S. publ, 1805. A
DELLE SES EE RL S,
HA PUIP:20 RE
Fait par M. GovrDin, secrétaire perpétuel de
lâAcadĂ©mie | pour la classe des Lelles-lettres.
ME sS.S IE vu RE,
L'ACADĂMIE , dans le cours de cette annĂ©e , a
reçu de diffĂ©rentes personnes quâelle ne compte
point au nombre de ses membres , divers ouvrages
dont ces personnes Jui ont fait hommage. La
Compagnie saisit avec empressement lâoccasion de
cetie séance pour leur donner un témoignage public
de sa reconnaissance.
â M. Menegant de Gentilly, membre de lâathĂ©-
née des arts , nous a adressé un exemplaire de deux
piĂšces de poĂ«sie de sa composition, lâune intitulĂ©e :
Hommage Ă lâEmpereur NapolĂ©on ; l'autre ayant
pour titre : la Religion victorieuse , ode Ă Pie VIT,
chef suprĂ©me de lâEglise. Ces deux piĂšces sont im-
primĂ©es , et il y en a eu plusieurs Ă©ditions. Lâau-
teur, par la lettre qui les accompagnait , nous
apprend qu'il est chargé, par Sa Majesté Impériale
et Royale , de composer un poéme sur la Légion
d'honneur. -
63)
= M. Poullin de Fleins, procureur impérial prés
le tribunal de premiere instance du département
dâ'Eure -et- Loir ; nous a fait parvenir trois ou-
vrages en yers , intitulĂ©s , le premier : lommage Ă
la Société phylotechnique ; le second : Hommage à &
lâAcadĂ©mie des Arcades , et le troisiĂšme : Une leçon
de Clio. Ces trois piÚces sont imprimées ,. et l'A-
cadémie, qui recoit avec gratitude les productions
qu'on veut bien lui adresser , s'abstient deâpro-
noncer sur leur mérite, lorsqu'elles ont été rendues
publiques,
â Nous avons reçu de M. Guilbert, Hetbre dĂ©
la SociĂ©tĂ© libre dâĂ©mulation de Rouen et de plusieurs
Sociétés littéraires, des exemplaires du Discours qu'il
a prononcé, au nom de la Société, à la clÎture de
l'examen des Ă©lĂšves pour l'Ă©cole polytechnique.
Le méme nous a adressé des exemplaires de deux
Fomances traduites de l'anglais, l'une de Goldsmith,
Pautre de Mallet.
Ces productions , de genres différents , prouvent
que M. Guilbert peut réussir dans la poësie comme
dans lâĂ©loquence.
= M. Barletti de $. Paul a communiqué son plan
d'AthĂ©nĂ©e oĂč d'instruction , dont les principes lii*
appartiennent en grande partie. Lâessai qu'il a voulu
en faire dans cette ville wa point été aussi heureux
qu'il sâen Ă©tait flaitĂ©; mais le non succĂšs dâune en.
treprise qui n'a point été secondée par fa con-
s Ă 2
C4)
fance publique , ne prouve point entiĂšrement Con-
tre le plan de l'auteur. La bontĂ© ou le vice dâun
pareil plan nĂ© pouvait ĂȘtre dĂ©montrĂ© que par lex-
pĂ©rience. Câest ainsi qu'en Ă jugĂ© l'AcadĂ©mie dans
le rapport quâelle en a fait Ă la demande de l'au-
âteur ; Cest ainsi quâen avaient jugĂ© PAcadĂ©mie des
sciences et l'Institut de Paris.
Aprts avoir payé aux étrangers le tribut de re-
connaissance qui leur est dĂ» , nous allons , Messieurs,
vous entretenir quelques moments des productions
littéraires des membres de l'Académie.
= M. Peugnot (1), Directeur , ayant été absent
pendant les premiers mois de lâannĂ©e acadĂ©mique ,
a prononcĂ© , la premiĂšre fois quâil a prĂ©sidĂ© la Com-
pagnie , un Discours écrit ayec autant de solidité
que dâĂ©loquence , dans lequel, aprĂšs avoir exprimĂ©
ses regrets de mavyoir pu remplir plutĂŽt les fonc-
tions de directeur , et aprÚs l'éloge justement mé-
rité de son prédécesseur ;, M. Gosseaume , il a tracé
a ââ
(9 M. Beugnot , alors Préfet du département de la Seine-
Inférienre , depnis Conseiller-d'Etat , aujourd'hui chargé par
Sa MajestĂ© de l'organisation du royaume de Westphalie, nâa
point laissé au secrétariat une copie de tout ce qu'il nous a lu,
Nous aurions pu dans ce rapport le faire parler lui-mĂȘme, notre
rapport en eĂčt Ă©tĂ© beaucoup plus intĂ©ressant, et le public eĂčt
jugé que si M. Beugnot ne fait point paraßtre les productions va-
riĂ©es de sa plume autant Ă©loquente que fĂ©conde , câest un larcin
impardonnable qu'il fait à la littérature française et à la gloire
de son siĂšcle,
C5)
avec Ă©nergie les prĂ©rogatives et les devoirs de lâ'Aca-
démicien.
= Le mĂȘme a lu un mĂ©moire ayant pour titre :
les Avantages des anciens sur les modernes dans les
arts dâimitation. I y fait voir que chez les an-
ciens la religion, la politique , le climat , les mĆurs,
tout contribuait à présenter , aux yeux exercés de
Vtiste , la nature sous les formes les plus belles,
les plus grandes , les plus nobles , comme sous les
aspects les plus riants et les plus gracieux. Il trace,
Ă cette occasion, dâun crayon lĂ©ger et piquant, le
ridicule des costumes modernes , les formes incons-
tantes , bizarres et souvent absurdes de la mode,
cette partie trop souvent essentielle des mĆurs chez
les nations modernes,
= Dans une'notice biographique , M. le Directeur
a peint dâune touche mĂąle , dâun pinceau large, et
sur-tout avec le coloris du sentiment , le portrait
dâun ami que son cĆur regrettera longtemps, que
cette citĂ© a toujours honorĂ© dâun estime particuliĂšre
depuis qu'il y avait fixé son séjour , que le com-
merce de cette ville pleure encore, et dont la mé-
moire vivra d'Ăąge enâ Ăąge chez tous les honnĂ©tes
gens , M. Charles Tarbé. L'Académie ne le comp-
tait point au nombre de ses membres. Il Ă©tait fait,
par ses talents , ses lumiĂšres , ses vertus, pour
y tenir une place distinguée. M. Beugnot a bien
senti que son Ă©loge nây serait point Ă©tranger ; aussi
A 3
| Ă RES
chacun de nous lâa-t-il entendu avec autant dâatten-
drissement que d'intĂ©rĂȘt.
= M; le Directeur nous a communiqué encore un
fragment de son Foyage dans les Posges. Ce voyage ,
ĆuoiquâĂ©crit en prose et en vers , comme celui de
Bachaumont , ne lui ressemble point. Il a un mé-
rite qui le distingue , qui lui est particulier. C'est
qu'au milieu des descriptions de ces monts sourcil-
leux oĂč la nature se montre sous tant dâaspects
diffĂ©rents et souvent disparates , oĂč elle est tantĂŽt
sauvage et agreste , tantÎt charmante et délicieuse ,
Mais toujours grande et sublime , cest, dis-je ,
qu'au milieu de ces descriptions dignes du chantre
des Alpes , on trouve cette naïveté touchante , cette
délicatesse du sentiment qui font l'ame des ta-
bleaux de Gesner. Avec quelle Ă©motion , quelle
sensibilité n'avons nous pas entendu M. Beugnot
interrompre Ja description d'un site heureux , par
les regrets de ne s'y point voir avec son estimable
Ă©pouse, contemplant les jeux innocents de sa jeune
famille ! |
= M. Noël nous a communiqué plusieurs mé-
moires sur diflĂ©rentes villes de lâancienne Norman-
die , telles qué Mantes-sur-Seine, Harfleur, le Mont-
Saint-Michel.
Il remonte jusquâĂ l'origine de ces villes, dĂ©crit
les principaux Ă©vĂšnements qui sây sont passĂ©s , Mar-
â que leur influence sur les Ă©vĂšnements gĂ©nĂ©raux et
(7)
de la Province et de la France entiére. 1 n'omet
rien de ce qui peut intéresser ou piquer la curiosité :
le commerce , les fabriques, les mĆurs , les usages ,
rien ne lui échappe. Il décrit jusqu'aux monuments
des arts que le temps a respectés.
= Le mĂȘme, dans une dissertation, a prouvĂ© que
les normands qui ont fait la conquĂȘte de la Neus-
trie , nĂ©taient point des barbares comme on lâa pensĂ©;
qu'ils connaissaient et cultivaient les arts.
Le mĂȘme nous a lu plusieurs morceaux de poĂ«sie ,
tels que le Chant de guerre dâun chef de sauvage ;
une ĂlĂ©gie imitĂ©e de Gray.
Toutes ces piÚces n'ayant point été déposées au
secrétariat, non plus que des observations faites dans
un voyage en Ecosse , nous sommes forcés de ne
faire que les indiquer.
= M. Formage , professeur au Lycée, Académi-
cien résident , se délasse quelquefois des pénibles
fonctions de son Ă©tat en consacrant quelques mo-
ments aux muses; il nous a lu, pendant le cours de
cette année , une traduction libre et en vers du Wise-
rere; une piÚce intitulée : le traité d'Amiens, I dé-
bute ainsi : i
Le Ciel, enfin, touché des malheurs de la terre,
Avait, pour écarter les fléaux de la guerre,
Des bords égyptiens, ramené le Héros
Qui seul pouvait au monde accorder le repos.
Il vient accompagné des vertus que la gloire
Ă 4,
(8)
AuprĂšs de sa personne unit Ă la victoire.
Son auguste présence, au milieu des Français ,
Appelle tous les bieus qui naissent de la paix ;
BonaArARTE a concu, dans son vaste génie ,
Le plan restaurateur de l'antique harmonie ;
Et déja , par son ordre, un solennel congrÚs
Balance des états les divers intérÚts.
Amiens, c'est dans tes murs quâun pacte inviolable
Fixe de nos destins la base inébranlable ;
Majestueux accord, dont la postérité
Recueillera les fruits dans leur maturité.
Par-tout le bien se fait et le mieux se prépare...
ĂD riaieisiss t'a naisiete sh'isisio;e #10 sn 01e 0,5 191810 09
L'Reie lose ble + Sinos enioN anlies ses ein)» vis UE
L'homme peut désormais, tranquille adorateur ,
Offrir Ă l'Eternel un culte volontaire ,
Sans craindre que jamais un pouvoir téméraire
GĂȘne sa conscience , et, par d'injustes loix,
D'un culte indépendant ose étouffer la voix.
De la religion le salutaire empire +
Déjà fait succéder la sagesse au délire,
Et par-tout des français, de leurs égarements
Reviennent consternés aux plus doux sentiments.
Loin d'eux à l'avenir cette rage insensée *
Qui jusque dans les cĆurs poursuivit la pensĂ©e ,
Pour des opinions dressa des Ă©chafauds ,
Et fit par les tourments désirer les tombeaux.
nf Role ihibis te oc o/n cols sisi DD Sp/n 01") Besse ON
.
. so fte bte ae biafe ssh u le(s celte n Len 5/00 0
Don pese persreseeee
(9)
Quelle prospérité je vois en espérance !
L'océan gémira sous tes riches vaisseaux ,
Le commerce ouvrira d'innombrables canaux ,
Et, jaloux d'embellir ton immense domaise ,
Le pactole Ă flots d'or coulera dans la Seine;
Et , ne redoutant point le pirate et ses fers,
Le nom de Bowararte affranchira les mers;
Des rois humiliĂ©s il vengera lâoffense,
Et les réveillera de leur indifférence ;
Et déjà la terreur a saisi ces forbans
D'un brigandage ignoble avides partisans ;
° Ils n'osent provoquer un Héros que Ja gloire
A promis invincible au burin de l'histoire.
Ces vautours africains, de l'aigle belliqueux
Ne peuvent soutenir l'aspect majestueux.
Alger en frémissant abandonne sa proie,
Malthe appelle aux combats ses guerriers et déploie
L'Ă©tendard glorieux des vainqueurs du Croissant.
pas e Se se c'e) eos elaieie re elelo en 010 eee; ee
â Le mĂ©me acadĂ©micien a lu une piĂšce assez lon-
gue, en vers libres , imitée de l'anglais , et ayant
pour titre : l'Ăcueil de lâinnocence. C'est une allĂ©gorie
quâil faudrait transcrire toute entiĂšre.
â Le mĂȘme, M. Formage a communiquĂ© une
entreprise digne de lui , conforme Ă la profession
qu'il exerce depuis plus de vingt-sept ans. Cette
entreprise est la Traduction en prose des MĂ©tamor-
Cio)
phoses dâOvide ; de cet ouvrage qui est le chef-
d'Ćuvre du poĂ«te le plus brillant et le plus fĂ©cond
du siĂšcle d'Auguste,
Parmi les ñfombreuses traductions en prose et en
vers, et dont la plus ancienne , peut-ĂȘtre ,â puis-
quâelle date du 13° ou du 14° siĂšcle, existe manuscrite
dans la bibliothĂšque de cette ville, plusieurs jouis-
sent de quelque rĂ©putation; cependant ânotre collĂ©-
gue a cru pouvoir en entreprendre une nouvelle.
Nous osons en présager le succÚs, d'autant plus
que cette traduction plus fidÚle sera accompagnée
de notes qui développeront les mystÚres secrets de
ce poëme presque tout allégorique.
La mythologie des anciens, les aventures de leurs
dieux , les rĂŽles qu'ils leur font jouer , nâofiriraient
guĂ«re qu'un tissu dâingĂ©nieuses absurditĂ©s , si on
ne les considérait comme des allégories , filles du
génie fécond des poëtes qui voulaient embellir les
leçons de l'astronomie et de lâagriculture.
Quelques auteurs, sous le voile des fables, ont
cru reconnaitre lâhistoire sacrĂ©e ou profane , embellie
ou plutÎt défigurée.
Dâautres ont Ă©tĂ© persuadĂ©s , comme M. Formage ,
qu'il nây faut chercher que les emblĂ©mes de lâastro-
nomie et de lâagriculture.
Dans une prĂ©face , Ă©crite avec ehaleur et dâun
style facile et brillant , dont notre collÚgue a donné
lecture dans plusieurs de nos séances , il développe
le plan qu'il suit daus les explications qui accom-
Cr)
pagnent sa traduction, La fable, dit-il, nâest point
née dans le Latium , mais dans ce climat heureux
oĂč toutes les causes physiques , morales et politi-
ques concouraient à donner au génie le plus grand
essor, oĂč l'imagination libre, mais sage , embellis-
sait tout ce quâelle touchait.
Ce sont donc les Grecs quâil faut interroger ; eux
seuls peuvent nous donner des explications justes
de leurs allégories ; eux seuls peuvent soulever le
voile mystérieux et éblouissant dont ils ont couvert
les vérités les plus intéressantes pour l'homme réuni
en societé, celles qui vont au-devant de ses be-
soins , qui tendent Ă les satisfaire , celles qui servent
Ă Ă©tendre ses jouissances , Ă les multiplier en donnant
une nouvelle force à son activité.
M. Formage a donc cru que c'Ă©tait dans les expres-
sions mĂȘme de la langue quâil fallait chercher lâex-
plication la plus simple , la plus naturelle et la plus
juste de tant dâallĂ©gories; quâil ne fallait point tordre
ces expressions, mais , pour ainsi dire , les pressurer
pour en extraire la vérité.
On sait que le champ des étymologies est bordé
dâĂ©cueils , que trop souvent les Ă©tymologistes don-
nent leurs conjectures pour des réalités. Sans doute
ce genre dâĂ©rudition a ses abus comme les autres;
mais nous pouvons ayancer que notre collĂšgue a
su les Ă©viter, parce qu'au lieu d'en faire le prin-
cipe de ses explications, il se contente souvent de
faire voir quâelles nâen sont que la consĂ©quence.
Cu2)
= M. Gosseaume , docteur-médecin , Directeur de
l'Académie , a prononcé, au nom de la Compagnie,
(pendant la vacance ) le discours dâouverture de
l'examen pour l'admission Ă lâĂ©cole polytechnique.
Ce discours , adressé aux élÚves , est divisé en
deux parties , et prĂ©cĂ©dĂ© dâune courte introduc-
tion dans laquelle M. Gosseaume expose comment
il a été obligé de se charger de la fonction hono-
rable et dĂ©licate Ă -la-fois dont il essaie de sâac-
quitter. Dans la premiĂšre partie , il montre les
arts naissant du besoin , et les sciences physiques
cultivĂ©es les premiĂšres , comme plus essentielles Ă
nos besoins naturels. Il fait voir les progrĂšs de ces
mĂȘmes connaissances , le partage de la physique , en
générale et particuliÚre , résultant de leurs attribu-
tions respectives ; la science des grandeurs et des
quantités honorée chez les Grecs du nom de disci-
pline par excellence ou mathématique ; les mathé-
matiques elle-mĂȘmes divisĂ©es en mathĂ©matiques
pures et mixtes ; la quantité nombrable donnant
naissance Ă lâarithmĂ©tique et a lâalgĂ©bre; la quan-
ĂŒtĂ© mesurable crĂ©ant la gĂ©omĂ©trie : la mĂ©canique
ou l'application de la science des quantités aux
corps mobiles, divisée en statique et dynamique ,
et en hydrostatique et hydrodynamique , suivant
quâelle s'applique aux corps solides ou fluides.
C'est ainsi que M. Gosseaume conduit les Ă©lĂšves
de développements en développements ,;et leur remet
sous les yeux les différents objets de leurs études,
(13)
Cette premiÚre partie trÚs-concentrée est peu sus-
ceptible d'analyse , et nous croyons qu'il suffira
dâen avoir indiquĂ© la composition. Mais nous en
extrairons quelques morceaux pour montrer Ă nos
lecteurs la maniÚre dont elle est traitée.
»
1»
» De petits cailloux chez les Romains , des "co-
quilles légÚres chez les Grecs, des boules enfi-
lées chez les Chinois, des cordes noueuses chez
les Indiens , furent autrefois, dit M. Gosseaume,
ou sont encore les instruments de leur arithmé-
tique. Il est facile de voir que le premier de
ces moyens, calculus, a donné son nom à l'opéra-
uon elle-mĂȘme, Mais cette manitre de compter ,
embarrassante par la nature des instruments dont
elle nĂ©cessitait l'emploi , dut facilement cĂ©der Ă
celui des lettres numériques qui leur furent
substituées. . ...1 . S'il en faut croire un de nos
compatriotes les plus sayants , les chiffres arabes
ne sont que les lettres numériques des Grecs tra-
vesties et défigurées. |
» Quoi qu'il ensoit, ces chiffres , réduits à ro ca-
ractéres , peuvent , d'aprÚs les combinaisons dont
ils sont susceptibles, exprimer toutes les quanti-
tés numériques possibles, ,.,.,, C'est à un
peuple barbare pour nous, parce que nous avons
encore l'imagination frappĂ©e de ses conquĂȘtes et
de ses missions sanglantes , que nous devons ce
bienfait ; mais pourrions-nous oublier que les
Arabes ont été un des premiers peuples policés ;
Ăż
»
nâ
LL
â
2
»»
»
C14)
que les poĂ«sies sacrĂ©es de leurs ancĂȘtres sont »
mĂ©me de nos jours, un modĂšle de goĂ»t , dâĂ©lĂ©va-
tion et de magnificence ; que la médecine leur
doit des observations importantes , l'architecture
des monuments qui Ă©tonnent les regards ; que Ja
chimie a pris naissance parmi eux , et que, sans
Rhazes , Albucasis, Mesué , etc., Stahl, Bocrhaave,
Rouelle , Bucquet, Moryeau, Lavoisier , Fourcroi,
etc. , meussent peut - ĂȘtre jamais existĂ©. «
AprĂšs avoir fait parcourir aux Ă©lĂšves les ayenues de
la science , dans la premiĂšre partie de son discours ,
M. Gosseaume Jeur montre , dans la seconde , l'u-
ĂŒle et glorieux emploi qu'ils doivent faire de leurs
talents.
LL
2)
ȉ
22
D
» Lorsque, le scalpel à la main, nous examinons,
dit M, Gosseaume , les tissus fragiles dont l'homme
physique se compose, que cet ĂȘtre nous parait
faible et digne de pitié! Mais lorsque nous calcu-
lons la hauteur Ă laquelle il s'Ă©lĂšve par les for-
ces de son génie , il nous est facile de reconwai-
tre en lui le chef-d'Ćuvre du crĂ©ateur. Il sâĂ©lance
d'un vol audacieux vers ces globes ilumineux qui
roulent sur nos tĂȘtes , assigne le rang quâils tien-
nent entr'eux, détermine la route qu'ils doivent
suivre , et prĂ©dit mille ans dâayance l'angle sous
lequel nos petitsneyeux les verront Ă une heure
déterminée «,
L'architecture nayale donne pareillement occasion
notre confrĂšre de faire admirer les ressources
(15)
et la fécondité de Pesprit humain. Quelques vers de
la 4° ode du 1° livre d'Horace , rapidement com-
mentés ,; montrent la différence immense qu'il
est facile de remarquer entre la marine des Ro-
mains et la nĂŽtre ; ettoutes ces merveilles, ce sont
les mathématiques qui les ont créées. » Par quelle
â
fatalité , poursuit M. Gosseaume , ces bienfaits
» des arts , qui devaient réunir toutes les nations en
une seule famille, en faisant cesser la dissocia-
bilité de l'océan (Horat. od. 1 , 5), ont-ils été
convertis en des instruments de destruction? Mais
que ne doit-on pas espérer du concours heureux
de la valeur et de la sagesse? Tandis que la dis-
corde impie, de l'antique MĂ©lite qu'elle a choisi
pour son asyle , donne le signal des combats ,
couvre de ses vapeurs funĂšbres l'orgueilleuse Al-
bion, s'efforce de âtroubler les ondes pures de la
Neva et du BorystĂšne , menace Byzance dâun
embrĂąsement fatal , le gĂ©nie de lâindustrie et des
beaux arts rĂšgne sur la France , et, du sommet
des Alpes aux cÎtes de l'Océan, donne le spec-
tacle ravissant dâune fĂ©conde activitĂ©. Cherbourg,
Boulogne, Anvers', réalisent à nos yeux lallé-
gorie ingénieuse de la Iyre d'Amphion ; la route
magnifique du Simpion fait oublier la somptuo-
sité des voies romaines , et les merveilles roma-
nesques du passage dâAnnibal ; des canaux na-
vigables sont tracés et vont établir des commu.
nications faciles sur tous les points de notre ters
ritoire ; entre la Belgique et Paris par le canal
(16)
» de Saint - Quentin , entre le Rhin et le RhÎne
» par le canal du Doubs , entre la Meuse et le
» Rhin par le canal Eugénien : conception sublime
» du vainqueur de Belgrade , réalisée par le vain-
» queur de Marengo.
» Si des trayaux dâune si grande importance
» sâexĂ©cutent tous en mĂȘme - temps malgrĂ© les
» embarras de la guerre , quel aspect imposant pren-
» dra donc la France quand le Héros qni nous gou-
» verne aura fermé le temple de Janus , et rappelé
» dans leur terre natale toutes les merveilles des arts,
» toutes les douceurs de la paix? »
M. Gosseaume prédit aux élÚves laborieux Le plus
glorieuses destinées , et leur montre la part qu'ils
doivent avoir Ă ces ouvrages magnifiques : il paie
un tribut d'honneur aux professeurs qui les ont
formés , aux Magistrats de la cité et aux Savants
de tous les ordres qui applaudissent Ă leurs efforts;
et, en parlant de lâexaminateur respectable , choisi
par le Gouvernement pour lui donner la mesure
de leur connaissance, s'exprime ainsi: » ami des
» arts , ami des mĆurs, il prouve que les con-
» naissances les plus profondes peuvent recevoir
» un nouveau lustre par le concours des vertus
» morales. Riches , ainsi que lui, des trésors que
» vous aurez amassés , comme lui vous paierez
» Ă la patrie les intĂ©rĂȘts des avances quâelle vous
» fait ; vous vous ferez chérir par la douceur de
3 VOTE COMIMIEYCE ; vous vous ferez estimer par
» la
»
»
-( 427 )
là pureté de vos principes ; vous vous feréz ad-
mirer par la supériorité de vos talents «,
â Le mĂȘme AcadĂ©micien a lu un MĂ©moire sur
les convenances. I porté cetie épigraphe c
»»
»
Quid verum atque decens.
La vérité et les convenances. ( Horat, Epist, 1,1.)
Nous allons en extraire quelques morceaux.
» Tel était, Messieurs, le noble et délicat emploi
que faisait enfin de ses facultés et de ses loisirs l'un
des plus beaux géuies et des philosophes les plus
profonds du siĂšcle d'Anguste, IL avait glorieuse-
ment parcouru les routes difficiles du sacré vallon,
franchi dâun vol audacieux les sommets escarpĂ©s
du Parnasse , célébré dans des vers harmonieux
le vainqueur des Titans et le Dieu de la veudange #
les Muses qui l'inspiraient , et Apollon qui lui
prétait sa lyre. Il avait foudroyé les vices corrup-
teurs , la licence , l'impieté , le luxe , l'avarice :
chanté les vertus publiques et privées , l'amour
de la patrie, la valeur , la constance, la justice,
la probité, Appréciateur équitable des talents , il
avait consacré ses vers à Asinius Pollio , à Var-
ron , Ă Virgile , ses amis et ses Ă©mules dans la
carriĂšre des lettres , et Ă MĂ©cĂšne, le protecteur de
tous les talents. Critique judicieux et sévÚre , il
avait poursuivi avec larme du ridicule les mau-
vais Ă©crivains , les babillards , les importuns , les
mannequins de la philosophie ; il avait peint avec
S. publ. 1805, B
2»
(18)
autant de vérité que de sentiment , les doucenrs
de la vie champĂȘtre , les plaisirs variĂ©s que fait
Ă©clore chaque saison ; les roses du printemps, les
danses ingĂ©nues des Graces dĂ©centes , les forĂȘts ,
les grottes , les fontaines, asiles tutélaires contre les
chaleurs de Pété ; les Faunes , les Dryades, les
Naïades qui les embellissent ; l'automne couronné
de pampres; Vulcain dissolvant le froid et Bac-
chus inspirant la gaieté , tandis que l'hiver en-
chaßne le cours des fleuves et fait gémir les foréts
courbées sous le faix de la neige. Législateur du
Parnasse , il en avait rédigé le Code dans un lan-
gage pur et concis , en plaçant sans cesse lâexem-
ple à cÎté du précepte ; ainsi, le front paré de
tous les lauriers du Pinde , pouvant sans présomp-
tion se rendre ce tĂ©moignage glorieux quâil avait
érigé un monument plus durable que le bronze,
plus élevé que les pyramides de l'Egypte , honore
de ses concitoyens et des premiers personnages
de l'Empire , il se consacre exclusivement Ă l'Ă©tude
de la philosophie ; conservateur de la vertu, sen-
tinelle sévÚre , il renonce solennellement et dans
les mains de celui qui , ayant recu son premier
hommage , devait pareillement recevoir le dernier,
il renonce, dis-je, aux vers et aux autres amuse-
ments frivoles ; son idole chérie est désormais la
vérité et les convenances ; ses trésors sont les waxi-
mes de la sagesse.
(19)
» A'uhc itaque et versus , et cĆtera ludicra pono ;
» Quid verum, atque decens curoet 080, elomnis in hoc sim :
» Condo,et COMpOn0, qué mor depromere possim.(Horat. ibid.)
» Il avait donc une bien haute idée des conye-
â nances pour les mettre sans hĂ©siter en balance avec
» la vĂ©ritĂ©, Oui, Messieurs , et pour le peu que lâon
» Y réfléchisse, on demeurera persuadé que la ve-
» TritĂ© emprunte un nouveau dĂ©grĂ© dâintĂ©rĂ©t du con-
» Cours heureux des convenances, et que , placée
» hors de ce cercle rigoureux , elle perd aussitÎt
» sa plus brillante parures er
Câest dâaprĂšs ces principes que notre confrĂšre par-
court les divers départements des arts utiles et agréa-
bles, la poésie épique , dramatique, l'opéra la mu-
sique , lâĂ©loquence , le dessin » la peinture, Parchi-
tecture, etc., [a mode elle-mĂȘme » Pour mortrer ou
les avantages que les convenances leur procurent ,
ou combien les inconvenances les déparent,
Le cadre étroit dans lequel nous sommes obligés
de nous renfermer ne nous permettrait pas dâana-
lyser tous ces articles ; nous nous Contenterons de
citer quelques passages relatifs à la poësie , la musi-
que, l'Ă©loquence la peinture , la mode,
» Avant le siÚcle de Louis XIV ; la poësie fran-
» Ăaise avait , dit notre confrĂšre , ni la richesse â
» ni le coloris > ni cette sage retenue qu'ont fait ad-
» mirer nos poÚtes célÚbres jusque dans leur délire
â poĂ©tique le plus exaltĂ©, . . .. Ă D Ne
B 2
»
2)
ss
D
»
2
-
Q
s
2
2
A
2
2)
2
S
2
0
â
v
(20)
» Ce nâest donc pas dans desauteurs surannĂ©s que
je dois chercher mes exemples, câest chez les fa-
voris de Calliope , de MelpomĂšne et de Thalie ;
câest dans Milton , le TaĂ«se , dans Corneille , dans
Racine , dans MoliĂšre que je regrette de les
trouver,
» Ce nâest pas le dĂ©faut d'esprit , d'imagination ,
de verve que lâon peut critiquer dans les ou-
vrages du Tasse et de Milton ; leurs poĂšmes Ă©tin-
cellent de beautés au milieu des écarts , des in-
vraisemblances , des inconvenances qui les dé-
parent. Et en effet, quoi de moins convenant que
ce mĂ©lange dâobjets sacrĂ©s et profanes , dâactions
hĂ©roĂŻques et dâenchantements puĂ©riles qui rou-
lent sous PĂ©chafaudage des plus beaux vers. . . .
» Voltaire , peut-ĂȘtre trop sĂ©vĂšre dans plusieurs
de ses remarques sur Corneille , a blùmé avec
beancoup de justesse ces descriptions oiĂŻseuses
qui donnent à de belles tirades de ce poëte , su-
blime en dâautres endroits , l'air et le ton dâune
déclamation de collÚge. Que ChimÚne , faisant céder
l'amour Ă l'indignation , demande vengeance du
crime de son amant, câest une chose naturelle ,
mais terrible et faite pour produire le plus grand
effet ; mais cette énumération froide des qualités
du sang de son pĂšre , est aussi inconyenante quâim-
probable, . . L,.. ..
» Racine , observateur scrupuleux des conve-
uances, ne sâest pas moins distinguĂ© par cette qua=
nc Se. ad âŠ
»
»»
(2 1)
lité précieuse que par la pureté de son langage et
l'harmonie inimitable de ses vers... . . ..
» Si quelquefois il s'écarte des convenances ; son
embarras se décÚle aussi - tÎt ; il se trouve à la
gÚne dans un élément qui west pas le sien, et
ne peut racheter par les plus beaux vers les
désavantages de cette lutte inégale contre la na-
ture. J'opposerat pour le prouver le récit de
ThéramÚne dans PhÚdre , et celui de Josabeth
dans Athalie : l'un et lâautre dâailleurs sont des
chefs-d'Ćuvre d'Ă©lĂ©gance et de correction.
» La description de ThéramÚne est trop détaillée ,
trop soignée. . . . . . La douleur na point cette
marche compassée , ce langage emphatique , ces
descriptions minutieuses. Etait-ce la circonstance
de mettre Ă contribution toutes les fleurs de la
rhĂ©torique pour exposer les particularitĂ©s dâun
événement qui demandait la plus grande simpli-
cité dans la narration, et un laconisme plus élo-
quent que les phrases qu'il débite.
» Au contraire , dans le récit de Josabeth tout
est simple , déceut , nécessaire. Ses souvenirs
cruels de la barbarie dâAthalie, ses services na-
turellement rendus Ă un faible enfant quâelle rĂ©-
chauffe sur son sein, quâelle ranime par ses larmes,
et dont les premiers mouvements semblent Ă sa
tendresse l'expression de la reconnaissance : ses
craintes , sa résignation , son invocation. « . . . .
c'est PĂ©loquence du cĆur , le langage de la nature ,
le triomphe du sentiment s. ECS ONCE 0 Ă BA
(22)
En parlant dela musique , M. Gosseaume s'expriine
ainsi :
» La musique n'étant pour toutes les langues
qu'une parure ajoutée à un discours mesuré , un
moyen d'en faire ressortir les beautés , de lui
faire faire sur les esprits une impression plus
vive , de les graver plus profondément dans la
mĂ©moire ; toutes les langues dâailleurs ayant un
génie particulier , il est visible qu'il y a néces-
sairement autant de musiques différentes qu'il y
a de langages divers , et que la musique d'une
langue ne saurait ĂȘtre adaptĂ©e Ă une langue qui
diffĂšre de la premiĂšre. Câest donc une inconve-
nance d'associer par exemple Ă des paroles fran-
çaises, de la musique italienne. Mais si le compo-
siteur west pas familier avec la prononciation et
la prosodie française, ce nâest plus alors contre
les convenances seules qu'il s'expose à pécher ,
câest contre la vĂ©ritĂ© mĂȘme sans laquelle rien nâest
intĂ©ressant, . . . . « . Il suit de ce qui vient dâĂ©tre
dit que plus un poëme est magnifique , plus
il est dificile de le mettre en chant. Les chĆurs
sublimes dâAthalie et dâEsther ont Ă©tĂ© lPĂ©cueil de
tous les musiciens qui ont essayé def les traiter :
et en effet, par quel charme nouveau parviendra-
t-on Ă relever ces chefs-d'Ćuvre dâĂ©loquence et
de sentiment ? Et si la musique nâajoute rien Ă
la beauté du poëme , elle a manqué son but
et west plus qu'un ornement parasite. Il suit en-
Con mt ln
1
em
1
=
-
?
7
7
»
>»
-
-
Le
A
el
Ćž
(25)
core que plus les paroles sont belles | harmo-
nieuses , sentimentales , moins la musique qui les
accompagne doit ĂȘtre travaillĂ©e et bruyante. PER
» On peut donc répondre à ces questions intéres-
santes pour les amateurs des scĂšnes lyriques ,
» Pourquoi nos plus jolis opéra-comiques doivent-
ils si peu Ă la musique ? Pourquoi et Ă quel prix
la musique fait-elle passer tant de paroles niaises
et insignifiantes ?. .. ,..,.
» LâĂ©loquence sacrĂ©e et l'Ă©loquence profane pĂ©-
chaient Ă©galement contre la loi des convenances :
lorsque Bourdaloue , Bossuet , Fénélon , Paschal ;
Cochin , d'Aguesseau , etc. , vinrent les ramener
à leurs véritables principes, et montrer comment
il Ă©tait possible de parer et dâembellir les vĂ©ritĂ©s
les plus austĂšres, . . . ..
» Ce nâĂ©tait pas assez de ces Ă©carts scientifiques
qui déparaient la chaire et le barreau ; les concetti
italiens y tenaient encore une place inrportante.
+... Despréaux en fait en peu de mots
l'histoire et la censure. ( Art poëtique. ) . .. , ...
Tandis que des orateurs et des poëtes fameux con-
tribuaient par leur exemple Ă Ja proscription du
mauvais goût, Thalie le poursuivait avec les traits
de la satyre. La comédie des plaideurs en fit une
Justice Ă©clatante ; mais elle critiqua avec tant de
politesse quâelle fit rire jusqu'aux originaux qui
lui avaient fourni ses personnages «.
B 4
| ĆS
Nous mextrairons qne cette phrase de l'article
pĂ©inture ; elle nous a paruâ Fexpression et le vĆu
de tous les cĆurs honnĂ©tes.
» J'aurai le courÀge , dit notre confrÚre , de n'é-
# lever contre la licence desâartistes les plus dis-
» tinguĂ©s , quand ils offrent Ă nos regards des nĂŒ-
dités que la pudeur réprouve. Il est dans la pein-
» ture comme dans la poësie une décence , une
» honnĂȘtetĂ© quâon ne viole pas impunĂ©ment ; et la
» fameuse ceinture de VĂ©nus nâest pas moins un trait
» sublime de morale qu'un chef-d'Ćuvre de com-
» position. «
M. Gosseaume passe ensuite Ă l'article de la
mode, , :
» Je n'aurai pas, dit-il , Ja témérité d'attaquer les
» décrets absolus d'une déesse fantastique etlégÚre ,
» qui, sans besoin dâautoritĂ©s, sans autres raisons
» que ses çaprices , détermine , entraine , subju-
» gue les volontés les plus rebelles. Jaccorde sur
» ce point une libertĂ© illimitĂ©e , pourvu que l'intĂ©rĂȘt
â
-
gĂ©nĂ©ral et particulier nâen soufrent aucun dĂ©tri-
» ment. L L L L LA L LL
» Mais je ne suis plus indifférent aux inconvenances
» de nâestimer , de nadopter que les produits des
» fabriques étrangÚres , de braver les saisons les
» plus rigoureuses dans une nudité presque absolue ,
» parce que ces caprices dangereux compromettent
» l'existence dâune classe d'hommes industrielle et
(259
» nombreuse , portent à la santé de la plus belle
s
v
» poriion de la société des atteintes funestes , et
» coûtent des larmes amÚres à l'amitié et à la ten-
â
bidnesses récit 29. Vaste)
M. Gossenume termine son mémoire par le para-
graphe qui suit :
» Si la vĂ©ritĂ© est la vertu dâun cĆur honnĂȘte ,
» le respect pour les convenances est la marque
» d'un bon esprit ; les convenances sont en morale
» ce que les aflinités sont en physique ; les conve-
» nances font les traités , sont le principe de leur
» stabilité, le gage de la paix et du bonheur do-
» mestique ; elles sont le régulateur des beaux arts
» et le frein qui les empĂȘche dâerrer Ă l'aventure.
» Ce sont elles qui ont formé les sociétés littéraires
» et qui les soutiennent avec honneur, en faisant
.» asseoir la considération à cÎté du travail , la po-
» litesse à cÎté de la critique , l'estime à cÎté de
». Pémulation , la modestie à cÎté du savbir ; et, pour
» me résumer en deux mots par la répétition pres-
» que littérale de mon texte :
» Rien d'estimable sans la vérité,
3 & 20 ,
» tien dâaimable sans les convenances. «
= M. Boistard de Clanville |, Acadeémicien résident,
qui consacre non-seulement au plus agréable des
arts, mais Ă l'Ă©tude assez aride des langues mortes
et vivantes, un Ăąge que tant dâautres &#bandonnent
aux amusements et aux plaisirs , nous a donné la tra-
( 26 )
duction dâun ouvrage espagnol , de don Benito Pardo
de Figueroa , intitulé : Examen analytique de la
transfiguration de Raphaël. Cet examen assez long,
rempli d'observations fines, justes et bien propres
à former le goût des jeunes artistes, est divisé en
quatre sections , dont la premiĂšre offre la descrip-
tion du tableau de Raphaël et des réflexions sur sa
composition ; dans la seconde , on en examine le
dessin ; dans la troisiĂšme , l'expression ; et dans la
quatriĂšme , le clair-obscur.
La traduction française de cet excellent examen est
aujourdâhui dâautant plus intĂ©ressante , et lâon doit sa-
voir dâautant plus de grĂ© Ă M. de Glanville de nous
Pavoir donnĂ©e , que ce chef-d'Ćuvre du prince de
YĂ©cole dâItalie , est le morceau le plus prĂ©cieux en
son genre que présente limmense collection du
musĂ©e NapolĂ©on ; qu'il nâest peut-ĂȘtre personne dans
cette assemblĂ©e qui wait vu , qui nâait admirĂ© ce
superbe tableau; je dis admiré , ear le propre du
vrai beau est de plaire Ă tous les yeux et dâenlever
tous les suffrages. Avec quel nouvel intĂ©rĂȘt, je di-
rais presque avec quel enthousiasme , ne le rever-
rait-on pas aprÚs avoir lu et médité l'ouvrage dont
votre collĂšgue nous donne la traduction ?
Nous nâen citerons que quelques morceaux pour
donner une idée de l'ouvrage de Figueroa , et de
la traduction de M. de Glanville.
Dans lafffremiĂšre section , en parlant du Christ,
il s'exprime ainsi :
|
|
»
»»
ee
â
s
-
(27)
» En examinant cette distribution ( des draperies),
lâon verra que le gĂ©nie philosophique de RaphaĂ«l
se représenta tous les effets que devait causer la
résistance de Pair atmosphérique sur la draperie
dâun corps qui se soutient perpendiculairement
au-dessus de la surface de la terre. Le grand art
de ce peintre célÚbre fut donc de choisir une
attitude et des vĂȘtements tels que , combinĂ©s
entreux , ainsi qu'avec la suspension dans les
airs, ils produisissent naturellement dans toute la
figure, la beauté , la noblesse et la majesté réunies
au plus haut dégré possible. SEE Rs
» La robe plus blanche que la neige, pleine de
transparence et de fluide aérien ; l'attitude extati-
que des bras et de la tĂȘte ; l'expression de bontĂ©
et de tendresse qui brille Ă©minemment sur sa di-
vive figure ; un clair-obscur dâun artifice admira-
ble ; enfin, son contraste avec les formes austĂšres
et l'air vĂ©nĂ©rable des deux ProphĂȘtes, ainsi qu'avec
l'attitude dâhumiliation et dâĂ©tonnement des trois
apĂŽtres , tels sont les moyens dont se servit Ra-
phaël pour réaliser l'effet de la principale figure,
en répandant sur eMe un ton céleste qui surprend
et frappe d'Ă©tonnement l'observateur. . + . . .
» Cessons de porter nos regards sur le sommet de
la montagne, abaissons-les vers sa partie inférieure
qui est aussi celle du tableau. Comme la scĂšne
change !..,... Le génie de Raphaël, aussi sublime
que fécond , a douné une attitude et une expres-
â
2
ca
(28)
sion différente à chacune des quinze figures prin-
cipales > placées en la partie inférieure du ta-
bleau , et quoiqu'il y en ait quatre autres Ă©loi-
gnĂ©es et dont on ne dĂ©couvre que les tĂȘtes, les pas-
sions quâelles expriment nâen sont pas moins bien
déterminées. . . ...
» Mais voici le triomphe de Part, c'est dâavoir fait
ensorte quâune figure ( celle de V'EnergumĂšne );
qui wĂ©tait faite ce semble que pour exciter lâ'hor-
reur, fĂŒt prĂ©cisĂ©ment celle qui inspirĂąt le plus de
compassion, Câest lĂ oĂč ce fameux peintre a donne
une nouvelle preuve de son heureux génie et de sa
profonde connaissance du cĆur humain. Il a placĂ©
le jeune infortuné an milieu de sa famille désolée,
D'un cĂŽtĂ©, sa sĆur aĂźnĂ©e , dont les traits sont pleins
de beauté et de délicatesse , implore le secours
de tous ceux quâelle rencontre ; et montre de ses
deux mains la poitrine oppressée de ce malheu-
reux ; de Vautre, la plus jeune, le visage mouillé
de larmes et en proie au chagrin, interesse autant
par sa douleur que par sa jeunesse et sa beauté;
le pĂšre , enfin, portant empreinte sur son visage
l'expression la plus vive des angoisses et de la
sensibilitĂ© paternelle, va rĂ©veiller la pitiĂ© jusquâau
fond du cĆur le moins compatissant. Tout le dou-
loureux de ces objets attendrit lâobservateur , et,
versant dans son ame une douce compassion, affai-
blit en grandeMpartie l'idée que causerait iso-
.
lément Ja situation de lEnergumÚne ; aussi
»
(29)
fixe-t-on ersuite la vue sur lui, non-seulement sans
» répugyance, mais encore avec piué et commiséra-
PALIER Le tite
Nous regrettons que les bornes trop Ă©troites dâun
extrait, nous forcent Ă ne citer qu'un mot des trois
autres sections.
»
»»
2
2)
[4
» Le dessin de Raphaël paraßt absolument original ,
et ne laisse rien voir de ce ton d'imitation litiérale
ou copie, de l'antique qui se remarque si facile-
ment dans les ouvrages des autres artistes. Cepen-
dant il est hors de doute qu'il admira et imita les
modĂšles de la GrĂšce et de Rome. . . ..
» D'oĂč peut venir lâĂ©tonnement gĂ©nĂ©ral que pro-
duit en nous le dessin de Raphaël et ladmira-
tion qu'il a excitée dans tous les artistes depuis
trois siĂšcles ? Sans doute il vient de son excellence
et de sa supériorité. Ce grand peintre prit des
anciens la symétrie ou la connaissance des meil-
leures proportions, l'élégance des formes et les
principes généraux de la disposition et du plié des
draperies ; mais il trouva lame , le mouvement,
la vie dans la nature elle-mĂȘme. . . . ..
» L'art de disposer et de plier les diverses drape-
ries des figures, nâest pas non plus une des par-
ties les moins difficiles et les moins importantes du
dessin ; et certainement sur ce point on est obligé
d'accorder la palme à Raphaël; aucun peintre ne
les a traitées ayec autant de beauté et de naturel...
( 5o )
» Personne nâa jusqu'Ă prĂ©sent Ă©galĂ© RaphaĂ«l dans
s la force, la noblesse et la vérité avec laquelle il
» a manifesté les affections de l'ame par les diver-
» ses expressions de la phisionomie , ainsi que par
» les attitudes et les mouvements de ses figures.
» On peut dire que, dans cette partie, la plus su-
» blime du dessin comme la plus essentielle de l'art
» de la peinture, ce grand maïtre brilla sans ri-
» vaux, et qu'il est en méme-temps le modéle le
â
â
plus parfait qu'on puisse proposer Ă ceux qui
» veulent faire des progrÚs rapides. » . . . . .
L'auteur distingue deux sortes de clair-obscur ,
lun particulier , qui rĂ©sulte de lâincidence de la lu-
miĂšre sur chaque objet ; lâautre gĂ©nĂ©ral, quâil appelle
le systĂšme de la distribution et de l'accord de la
lumiĂšre et des ombres qui doivent se trouver rap-
prochées dans un tableau de maniÚre à produire
le plus grand effet possible. Il ajoute, en parlait
du tableau de la Transfiguration :
» Si l'effet général est prodigieux , celui de chaque
» groupe , pris en particulier , ne lâest pas moins.
» La clarté , la hardiesse, le relief qui s y remar-
» quent, frappent dâadmiration Pindividu le moins
» sensible , et l'agréable harmonie des jours et des
» ombres repose tranquillement lés yeux de lPob-
» servateur,
» La dégradation et l'emploi des teintes dans les
» diffĂ©rents plans de ce tableau , est le fruit de lâart
on
C3)
» le plus perfectionné et de l'intelligence la plus con-
» sommée; aussi l'illusion de la perspective aérienne
n est on ne peut plus compiÚte «,
= M. Desoria, peintre, professeur de dessin au
lycée, et Académicien résident , a lu des Réflexions
sur Nicolas Poussin.
» Je vais, dit-il , esquisser quelques traits de la
» vie du grand peintre qui fut votre compatriote ;
» je vais vous parler du Poussin. Peut-ĂȘtre le senti-
» ment qui m'anime sera-t-il un titre auprés de ceux
» qui m'écoutent pour mériter leur indulgence. Le
» peintre ne devrait parler qu'avec ses pinceaux, Ăe
» serait donc ici le cas de se taire et d'admirer.
» Mais la vénération que j'ai pour le Poussin ,
» m'entraine malgré moi ; je me plais à contempler
» un homme qui mérite le nom de grand , parce
» qu'il réunit aux qualités éminentes du génie, les
» vertus dâun sage. Quoique frappĂ© du souvenir de
» ses sayantes productions , je ne vous soumets que
» quelques rĂ©flexions sur ses chefs-dâĆuvre et sur
» son caractÚre. Plusieurs auteurs en ont parlé ;
» Felibien surtout, qui fut son contemporain et
» Son ami, à célébré ce rare génie avec les accents
» de la vérité. Il serait donc oïseux , aprÚs cet écri-
» vain, de faire un éloge historique du Poussin ;
2
» M. de Cambry mĂȘme, malgrĂ© ses lumiĂšres sur
â
» l'antiquitĂ© et les beaux arts, nâa parlĂ© de ce gra
» homme que sous le ĂŒtre modeste d'Zssai «,
(52)
Aussi M. Desoria sâ'attache-t-il Ă peindre dans le
Poussin peut-ĂȘtre moins encore l'artiste immortel
si justement surnommé le Raphaël de la France,
l'homme de génie , que le sage et le philosophe.
Les chefs-dâĆuvre du Poussin ont marquĂ© sa place
parmi les plus grands artistes. Cette justice lui a été
rendue par tous ceux qui en ont parlé; mais peut-
ĂȘtre n'ont-ils point assez fait sentir » combien ses qua-
» lités morales ont contribué à son bonheur , et que
12
» par-là il doit servir autant de modÚle aux artistes ,
» pour la conduite qu'ils doivent tenir dans Part
» quâils professent, que par les chefs-d'Ćuvre qu'il
» a laissés «,
Le Poussin dans Rome , sans fortune , sans appui,
mais » tout entier au travail , repoussait tous les
» obstacles et fortifiait en lui, par l'amour de l'art,
» cet esprit d'indépendance et de modération qui
» fit toujours le fond de son caractÚre «. BientÎt ,
riche de toutes les connaissances nécessaires à la
perfection de son art, sa renonumée passa les Monts,
parvint en France , et se rĂ©panditâ dans toute l'Eu-
rope.
Sa patrie revendiqua des talents quâelle croyait
devoir lui appartenir. Le surintendant des finances,
M. Desnoyers , le sollicita envain de revenir en
France. Le roi lui-mĂšme lui Ă©crivit une lettre pleine
d'affection ; il fallut que M. de Chanteloup allĂąt le
hercher et lamenùt à Paris. Il y fut chargé par le
we de deux tableaux, lâun pour Saint-Germrain-
en-Laye,
ro
(35)
en-Laye , l'autre pour Fontainebleau, et dâun autre
pour les jĂ©suites. Ces chefs - d'Ćuvre irritĂšrent la
médiocrité,
» Le Poussin, dÚs son arrivée à Paris , avait fait
» naßtre la jalousie dans lame de ses confrÚres,
» mais il la fortifia par son caractÚre qui ne Jui per-
» mettait pas de composer avec personne aux dépens
» de la vĂ©ritĂ©. Un goĂ»t pur et exercĂ©, quâil rappor-
» tait d'Italie , lui rendait insupportable la maniÚre
» lourde et rocailleuse qui rĂ©gnĂŒit alors; il com-
» menca donc, en faisant ses dessins de la grande
» galerie du Louvre , par changer les dispositions
» qu'on avait adoptées. DÚs-lors , l'amour - propre
» irrité fit tout pour le perdre ; ses ennemis se réu-
» nirent et gagnĂšrent jusqu'aux personnes qui, Ă
» son arrivĂ©e , lâavaient accueilli ayec transport. «
C'est Ă cette occasion quâil adressa Ă M. Desnoyers
une lettre qu'il termine par ces mots : j'Ă©cris , jâa=
gis pour rendre témoignage à la vérité | et ne tom-
ber jamaïs dans la flatterie, qui sont trop opposées
pour se trouver ensemble.
Le Poussin retourna en Italie , et dit Ă sa patrie
un éternel adieu. Mais il y avait laissé de justes ap-
préciateurs de son mérite et de ses talents. Ils se
firent un devoir de lui demander des tableaux. Ceux
du ravissement de Saint-Paul , des sept sacrements,
de la manne , de l'enlÚvement des Sabines , ont été
faits pour des amateurs français.
Nous regrettons de ne pouvoir ici transcrire tout
S, publ, 1805. C
(34)
ce que dit notre collĂšgue sur ces divers chefs-d'Ću-
vre. AprÚs en avoir cité encore plusieurs autres ,
il s'Ă©cr'e avec le vĂ©ritable enthousiasme dâun artiste :
»
»
2
»
2»
LE]
â
2
LL
2
â
2
22
»»
LL
»»
LL]
LL
ȉ
2»
2»
2
Quand je vois un tableau du Poussin , je sens
Pimpossibilité d'exprimer ce que j'éprouve ; j'ad-
mire , je contemple et je suis dans un recueil-
lement qui concentre en moi toutes mes facultés.
Il est dâailleurs des tableaux dont on ne peut don-
ner qu'une faible idée. Qui pourrait , par exem-
ple, faire une analyse digne de ce fameux ta-
bleau du dĂ©luge , dernier chef-d'Ćuvre du Pous-
sin , dont la main Ă cette Ă©poque tremblait tel-
lement quâil lui fallait dix jours pour Ă©crire
une lettre ! Est-il une plus grande preuve de la puis-
sance du génie sur l'humanité souffrante ? ....
Le caractÚre du Poussin était inaltérable , parce
quâil Ă©tait le rĂ©sultat de la simplicitĂ© de ses mĆurs.
Un amour du travail qui ne lâa jamais quittĂ© , lui
faisait regarder avec indifférence l'éclat et les ri-
chesses ; et, comme il Ă©tait trĂšs-instruit , il n'avait
pas besoin des plaisirs bruyants pour le distraire.
Il se délassait de ses travaux dans le cercle inté-
ressant de quelques amis. Cette maniĂ©re dâĂȘtre ,
qui convient si bien Ă lâhomme de gĂ©nie, Ă lhom-
me qui vit pour l'étude, avait donné au Poussin
cette modération dans les goûts dont il a constam-
ment suivi les principes. «
Chacun se rappelle sa réponse au Cardinal qui le
plaignait de nâayoir pas un seul domestique. ÂŁt moi,
(35)
Monseigneur ; je vous plains bien davantage dâen
avoir tant. » Y a-t-il parmi les philosophes de lan-
» tiquité , remarque notre collÚgue , une ré-
» ponse plus fine et qui renferme un plus grand
» sens? »
Lorsque le Poussin enveyait en France un tableau,
il Ă©tait dans l'usage de mettre derriĂšre le prix qu'il
en voulait. Plus dâune fois les amateurs auxquels ces
tableaux étaient destinés le doubiérent. Le Poussin
renvoya chaque fois l'excédent de la somme qu'ilavait
demandée. Il connaissait cette aurea mediocritas ,
dont Horace fait lâĂ©loge. La pension que Jui avait
accordée Louis XII et que Louis XIV lui fit toujours
exactement payer , le produit de ses tableaux lui
avaient procurĂ© cette honnĂȘte aisance qui suffit Ă
quiconque sait mettre des bornes à ses désirs et qui
sent le prix de l'indĂ©pendance. » Lâuuique passion
» du Poussin était le désir de la vraie gloire , le sen,
ĂŒment de lâimmortalitĂ© ; il Ă©tait persuadĂ© qu'un
.
â
Le
=
tableau ne vaut pas absolument par l'argent quâon
» en retire , mais par le mĂ©rite qnâil renferme. «
M. Desoria termine ses réflexions par celle-ci :
» Heureuse Contrée qui a produit le grand homme
» qui mérite tant d'admiration , tu ne peux étre
» quâun terrein fertile pour les mĆurs et pour le gĂ©-
» nie ! Mais parmi les hommes célÚbres qui te doivent
» le jour, sil te plait d'y faire paraitre encore un
U
â
grand peintre , quâil ait toujours prĂ©sent Ă l'esprit
I
>
l'illustre Poussin , qu'il attende les mĂȘmes revers,
C2
(36)
#â parce que le sentier de la gloire est rempli dâĂ©-
» pines , mais que, pour en triompher avec le mĂȘme
» avantage et la mĂȘme dignitĂ©, il prenne comme
» lui la vertu pour égide !«
= M. l'abbé Baston , vicaire général , Académi-
cien résident , a lu un £xamen des Réflexions du
lord Bolyngbrocke sur l'exil.
» Des français de toutes les classes étaient à peine
» arrivĂ©s en Angleterre oĂč ils venaient se rĂ©fugier,
» qu'on publia en leur langue les Réflexions de
» BolĂżrgbrocke et quâon leur en dĂ©dia la traduction.
» Elles eurent , remarque notre collÚgue , une inf-
» nitĂ© de lecteurs ; je ne m'apperçus pas quâelles
» en eussent consolé beaucoup «.
Cette observation donna lieu à M. Baston de mé-
diter l'ouvrage du Philosophe anglais , pour se ren-
dre compte à lui-méme de son peu de succÚs. Il
en trouve la raison dans les arguments mĂȘmes de
l'auteur. 1l sentit par sa propre expĂ©rience quâa-
vancer , comme le fait Bolyngbrocke , que l'exil nâest
point un mal, que ce nâest qu'un simple dĂ©place-
ment ; que chercher Ă appuyer un pareil paradoxe
sur l'exemple de ces coupables qui fuient moins
e lieu qui les a vu naĂźtre que le supplice quâils
ont mĂ©ritĂ©, et qui nâabandonnent leur patrie que
pour aller dans une terre Ă©trangĂšre chercher l'im-
fin citer en preuves les hommes que l'ambition ou
Ă©
punitĂ© de leurs forfaits , câest une atrocitĂ© : quâen-
(37)
la soif des richesses transportent loin de l'héritage
paternel , c'est appuyer un paradoxe par un so-
phisme qui ne peut en imposer Ă personne , puis-
que ces hommes, qui sâexilent volontairement, non-
seulement nourrissent l'espoir de revoir leurs foyers,
mais se flattent de revenir dans leur patrie jouir des
honneurs ou des richesses quâils auront acquis.
Les circonstances qui accompagnent un exil forcé ,
la privation de ses amis, de sa famille , cette priva-
tion si pénible , si déchirante est presque nulle aux
yeux de Bolyngbrocke. Les preuves quâil prĂ©tend
donner en faveur dâune assertion aussi rĂ©voltante
sont combattues par notre collĂšgue d'une maniĂšre
Ă plaire Ă toutes les ames sensibles et Ă faire l'Ă©loge
de son cĆur. Cette rĂ©futation forte de raisons est
écrite avec autant de solidité que de sentiment.
=M. Gourdin a communiqué la Notice bibliogra-
phique de deux ouvrages imprimés dans le 15°
siÚcle, Pun de 1493 , intitulé: Liber chronicorum ;
l'autre de 1497, est l'Histoire de France , Ă©crite en
latin par Robert Gaguin. Ces deux notices font
parie de plus de 500 qui ne tarderont point Ă
ĂȘtre donnĂ©es au public, et prouveront combien la
bibliothĂšque municipale de Rouen est riche dans
ce geure de monuments typographiques.
. = Le mĂȘme a lu une Dissertarion daus laquelle
71 examine quelle est l'écriture qui a été portée en
GrĂšce ; il se demande 1° si câest Cadmus qui Ă
G 3
(58) |
porté les lettres en GrÚce ? 2° de combien de lettres
était composé l'alphabet de Cadmus ? 3° les lettres
portées en GrÚce étaient-elles les lettres égyptiennes
ou les letires phéniciennes ?
AprÚs avoir examiné ces questions et discuté les
sentiments pour et contre des Ă©crivains anciens et
modernes qui en ont parlé, il passe ensuite à lPexa-
men des questions suivantes : dâoĂč venait l'Ă©criture
CadméÚne ? Quelle est l'écriture alphabétique la plus
ancienne , celle qui a donné naissance à toutes les
autres ?
» Par ce que nous avons rapporté en traitant des
» premiÚres questions , il paraßt que les savants ont
=
» plutÎt tranché que résolu la difficulté en donnant
» indiffĂ©remment Ă la premiĂšre Ă©criture le nom dâhĂ©-
» braïque et de phénicienne.
» En supposant actuellement que ces deux écri-
tures soient la méme sous deux noms différents ,
CI
21
s
2
il reste à examiner si Pécriture phénicienne était
w
-
Phébreu quarré ou le samaritain. «
M. Gourdin , aprÚs avoir rassemblé les autorités
et des savants et des médailles en faveur de l'une
et de Pautre opinion , conclut avec l'auteur des
Voyages du jeune Anacharsis , l'abbé Barthelemi ,
» que les lettres les plus anciennes connues , ne
» sont point lâhĂ©breu quarrĂ© ou les lettres assy-
» riennes , comme plusieurs l'ont prétendu , mais
» les lettres samaritaines , qui sont les véritables
I( 39}
» phĂ©niciennes. Câest donc , dit-il, des caractĂšres
» samaritains que tous les autres ont tiré leur ori-
» gine. «
Bruce, dans son âoyage aux sources du Nil , a
avancé que l'écriture alphabétique primitive , dont
les caractÚres ont passé dans tout l'univers avec les
modifications , les altérations que le temps , les
mĆurs des nations y ont apportĂ©es , sont les lettres
Ă©thiopiques.
M. Gourdin se propose de faire, de l'examen de
cette opinion de Bruce , le sujet dâune nouvelle
dissertation.
â Le mĂȘme secrĂ©taire a lu des Observations sur
des urnes funéraires trouvées à Canville prÚs Fvetot,
département de la $eine-Inférieure.
Les fragments de deux grands vases de terre, quel-
ques morceaux d'une petite urne de grĂšs et dâune
fiole de verre blanc, un vase de verre dâune forme
quarrée avec une anse , au fond extérieur duquel on
trouve en relief des lettres romaines , mais dont une
partie ne peut se lire, parce qu'elle a été manquée
dans le moule , dans ce vase quelques os de mort
Ă demi-brĂŒlĂ©s, voilĂ les restes funĂ©raires trouvĂ©s Ă
Canville , et que M. le Préfet à adressés à PA ca-
démie, en l'invitant de déterminer à quel siÚcle ils
pouvaient appartenir.
La compagnie ayant chargé M. Gourdin de s'en
occuper , il sâest proposĂ© ces quatre questions :
C 4
(4)
1° ces restes de monument funÚbre et le vase qui
contenait des ossements brĂŒlĂ©s appartiennent-ils au
Christianisme ? 2° Sont-ils des monuments.Romains ?
50 Peut-on les attribuer aux Francs ? 4° Remontent-ils
jusqu'aux Gaulois ?
1° Ces monuments nâoffrant aucun des caractĂšres
que lâon rencontre dans de pareils monuments chrĂ©-
tiens, ceux de Canville ne peuvent appartenir au
Christianisme.
2° Si ces restes funÚbres étaient ceux d'un Romain,
il est prouvĂ© quâils ne pourraient ĂȘtre que ceux d'un
esclave , dâun affranchi ou au plus dâun citoyen abâ
solument privĂ© de fortune. Or, les Romains nâa-
vaient dans les Gaules que des magistrats ; ils y
entretenaient quelquefois des armées ; mais le mo-
nument de Canville ne peut ĂȘtre celui dâun magis-
trat ou dâun chef de lĂ©gion, ni mĂȘme celui d'un
simple lĂ©gionnaire. Ce nâest donc point un monument
Romain,
3° Ce nâest point non plus la sĂ©pulture d'un Franc ,
parce que chez les Francs on re brûlait point les
morts, et que , dans leurs monuments funÚbres dé-
couverts dans l'Artois , dans la Picardie et dans la
Normandie , on rencontre ordinairement des haches
de pierre et mĂȘme de fer.
4° Les Gaulois Ă©taient dans l'usage de brĂŒler leurs
morts ; cette coutume a durĂ© parmi eux , mĂȘme aprĂšs
l'Ă©tablissement du Christianisme. Or, dans le vase
(41)
de verre de Canville , on a trouvé des os demi-
brĂŒles,
Quant Ă la petite urne de grĂšs , et Ă la petite fiole
de verre blanc dont il nous reste Ă peine quelques
fragments, on ne peut les regarder comme des urnes
lacrimatoires , mais plutĂŽt comme de petits meubles
qui avaient appartenu Ă la personne Ă laquelle Ă©tait
destiné ce tombeau. Cela est appuyé sur les usages
Ă©tablis chez les Gaulois.
De toutes ces observations, M. Gourdin conclut
que le monument de Canville paraĂźt appartenir Ă
un Gaulois et Ă un Gaulois pauvre, quâil est des der-
niers temps de la domination romaine dans les
Gaules , et que par conséquent il ne peut remonter
au-delĂ du quatriĂšme siĂšcle.
= M. David, graveur à Paris, Académicien non
résident , nous a envoyé une Estampe de sa com-
position , représentant BONAPARTE 4 la bataille de Ma-
rengo. L'artiste a choisi lâinstant oĂč lâon vient lui an-
noncer la mort du général Desaix , instant précieux
pour lhistoire du HĂ©ros qui nous gouverne ; car la
sensibilitĂ© du cĆur est une qualitĂ© que lâon se plait
Ă admirer dans les hommes extraordinaires , et lon
ne remarque point sans Ă©motion la douleur se pein-
dre.sur le visage de celui qui, dans le moment ,
était occupé à fixer la Victoire , qui semblait, pour
la premiĂšre fois, vouloir lui ĂȘtre infidelle.
= M. Tardieu | Académicien résident , a invité
C4)
l'Académie à aller voir deux grands Tableaux de sa
composition , dont lâun , de 11 pieds '/a de long
sur 8 de haut, reprĂ©sente la scĂšne dĂ©chirante oĂč
un frĂšre , pour sauver sa propre yie , coupe la
tĂȘte Ă son frĂšre, On sait qu'AgamĂšde et Trophonius,
architectes Labiles , avaient bĂąti le temple de Del-
phes et la trésorerie d'Hiricus ; en élevant ce der-
nier Ă©difice ils sâĂ©taient rĂ©servĂ© les moyens, connus
Ă eĂ»x seuls, d'y pĂ©nĂ©trer ; on sâen apperçut , des
piĂšges furent dressĂ©s, et câest l'instant oĂč AgamĂšde
est arrĂȘtĂ© par ce piĂšge que notre confrĂšre a saisi.
Que de passions Ă rendre Ă -la-fois ! La douleur , la
crainte , la pitié, le désespoir ! Voilà ce que l'on
remarque , non-seulement sur le visage des deux
personnages, mais jusque dans toute l'habitude de
leur corps, jusque dans le moindre muscle.
Le second tableau, qui a 13 pieds de long sur r1
*/2 de haut , représente la mort du CorrÚge. Il ar-
rive au sein de sa famille et y expire de la fatigue
dun voyage pénible ; il jette aux pieds de sa fem-
me et de ses enfants les deux cents livres en mon-
naie de cuivre qui causent sa mort. Que de pas-
sions diverses se peignent Ă -la-fois sur tous les visa-
ges et dans toutes les attitudes : la joie , lâĂ©tonne-
ment , leffroi , la douleur !
Nos confrĂšres, parmi lesquels nous comptons des
artistes distingués et des connaisseurs délicats , ont
vu avec plaisir ces deux tableaux , et ont rendu jus-
tice au gévie , aux connaissances et aux talents de
M. Tardieu,
(43)
= Pourquoi , en parlant des productions des ar-
tistes qui appartiennent à l'Académie , faut-il que
notre satisfaction soit troublée par des regrets. Nous
avons perdu dans cette classe un homme estimable
par ses talents et par ses qualités personnelles , M.
Jadoulle ; son éloge , composé par M. Vauquelin ,
sera lu dans cette séance.
= Nous avons reçu de M. Toustain de Richebourg ,
Académicien non résident, une petite brochure ayant
pour titre: Avis aux Français ,| ou Prospectus de
quelques renseignements utiles aux familles et aux
particuliers, mĂȘme Ă ceux qui s'occupent de lhis-
toire de l'empire français.
Notre laborieux confrÚre, toujours inspiré dans ses
travaux par le dĂ©sir dâĂȘtre utile aux autres, prĂ©vient
qu'ayant en sa disposition un recueil considérable de
titres de propriĂ©tĂ© , il se fera un plaisir dâobliger
toutes les personnes qui désireraient les renseigne-
ments quâil serait Ă mĂȘme de leur donner. Câest sans
doute dans ce trésor qu'il puisera les richesses rela-
ĂŒves Ă lâhistoire de cette province, quâil nous annon-
ce et quâil promet de nous communiquer.
Terzes sont, Messieurs , les diverses productions
littéraires dont nous avions à vous rendre compte.
Vous verrez, par l'exposé que va vous faire M. le Se-
crétaire pour la partie des sciences , que son do-
maine parait cultivé avec beaucoup plus de soin et
plus dâardeur. Nâen soyons point Ă©tonnĂ©s : les scien-
C4)
ces ont guidé les premiers pas du Héros qui gou-
verre ce vaste Empire ; les sciences marchent sans
cesse à cÎté de son génie. Ne croyez cependant
point que les lettres y aient perdu ; elles unissent
leur flambeau Ă celui des sciences , et les Muses
sévÚres, autrefois éloignées des Muses agréables ,
se donnent aujourdâhui la main comme les GrĂąces.
Non , Messieurs , les lettres n'ont rien perdu. Le
siĂšcle d'Auguste fut celui de Virgile , et, sous l'em-
pire de NaPoLĂON , la nature , nâen doutons point ,
trop jalouse de sa gloire, fera naĂźtre un nouvel Ho-
mĂšre pour chanter ce nouvel Achille.
NOTICE BIOGRAPHIQUE SUR M. JADOULLE;
Par M. VauçuEezrs.
Marie-Nicolas Jadoulle naquit en cette ville en
1756. Un penchant irrésistible l'appela de bonne
heure dans la carriĂšre des arts du dessin. Ses pre-
miers essais, sans autre guide quâun goĂ»t naturel,
et lavidité avec laquelle, dÚs sa plus tendre jeu-
nesse , il parcourait les recueils d'estampes gravées
dâaprĂšs les plus grands maitres, dĂ©cĂ©lĂšrent en lui les
germes du talent qu'il déploya dans la suite, et.
fixérent sa vocation.
Cependant il Ă©prouva dans les commencements
les plus rudes contradictions , et eut souvent Ă com-
battre entre le respect filial, dont il ne sâĂ©carta ja-
(45)
mais, et la passion qui lentrainait vers un art dont
les charmes l'avaient deja séduit.
Que deviendrait le jeune homme doué des plus
heureuses dispositions, si, abandonné aux seules
ressources de son génie , il était obligé de parcourir
sans guide les sentiers difficiles qui conduisent Ă la
gloire dans la carriĂšre des arts? Il lui faut des con-
seils et des secours capables de faciliter et d'abréger
sa marche, il lui faut une Ă©cole oĂč se trouvent
réunis tous les genres de leçons et d'exemples né-
cessaires au but quâil se propose dâatteindre.
Le jeune Jadoulle eut l'avantage de trouver tout
cela dans l'Ăcole de dessin, peinture et architecture,
qu'avait créée et que dirigeait feu M. Descamps , qui
sicgea long-temps parmi nous, et dont la mémoire
sera Ă jamais gravĂ©e dans le cĆur de ses Ă©lĂšves,
Que dis-je , il trouva plus quâil n'avait osĂ© espĂ©rer,
puisqu'il trouva dans cet illustre professeur un se-
cond pĂšre, qui, non-seulement lâaida de ses con-
seils, mais lui procura encore les moyens de se livrer
à l'étude avec sécurité.
Notre collÚgue profita des avantages inappréciables
qui lui Ă©taient offerts, et travailla avec cette ardeur
et cette constance qui seules peuvent conduire Ă
des succÚs. Aussi remporta-t-il en peu d'années tous
les prix des classes qu'il avait parcourues, 11 se livra
ensuite Ă modeler sur le nu ; et aprĂšs s'ĂȘtre long-
temps exercé dans ce genre d'étude, il alla se per-
fectionner Ă Paris, oĂč il entra daus l'Ăcole du cĂ©lĂš<
(46)
bre Michel-Ange Slodtz, auquel il avait été recom
mandé , et qui eut toujours pour lui ue affection
particuliĂšre.
Notre jeune compatriote redoubla encore de zĂšle
et d'efforts à la vue des beaux plùtres moulés sur
l'antique, et des chefs-dâĆuvre que renfermait dĂ©jĂ
la capitale. Il y puisa ce goût simple et sévÚre qui
fit dans la suite le caractĂšre distinctif de ses produc-
tions ; enfin, il ne négligea ancune des parties cons-
ĂŒtutives de lâart quâil avait embrassĂ©,
Si, sous ce rapport, notre collĂšgue jouissait pai-
siblement du plaisir de se livrer au travail et Ă
l'étude , néanmoins un sentiment secret le rappe-
lait sans cesse au sein de sa famille ; il ne put y
résister, ilrevint dans sa ville natale aprÚs dix-huit
mois d'absence, et s'y fixa pour toujours. |
Il eut le bonheur d'y retrouver son premier mai-
tre, qui ne l'avait jamais perdu de vué, et dont la
bienveillance lui procura l'occasion de se faire con-
paĂźtre. Ce fut Ă cette Ă©poque quâil fit les deux f-
gures qui étaient placées dans les niches du portail
de l'Ă©glise Saint Yon. Ce premier ouvrage donna
l'idée la plus avantageuse de ses talents,
A-peu-prĂšs dans le mĂȘme temps, on entreprit la
reconstruction du portail de l'Ă©glise de Sainte Croix-
Saint-Ouen; M. Jadoulle fut chargé de faire toutes
les sculptures qui devaient orner ce grand projet ,
qui eut son exécution. On y remarquait particuliÚre-
(47)
ment un vaste bas-relief, reprĂ©sentant lâexaltation de
la Croix, et quatre figures de ronde-bosse, de neuf
pieds de proportion. Ces ouvrages soutinrent et aug-
mentÚrent la réputation de leur auteur.
AprÚs ces preuves réitérées d'un vrai talent, PAca-
démie admit M. Jadoulle au nombre de ses mem-
bres. Il remplit les devoirs dâAcadĂ©mieien avec lexac-
ĂŒtude la plus scrupuleuse , et il y eut peu de sĂ©an-
ces publiques , oĂč il n'exposĂ t quelque nouvel ou-
vrage qui toujours lui méritùt des éloges.
Peu de temps aprĂšs son admission , notre collĂšgue
fut chargé de faire la statue pédestre d'Henri IV ,
destinée à orner la fontaine du Vieux-Palais. Il justifia
la confiance dont l'avaient honoré nos premiers ma-
gistrats , et sut imprimer Ă la pierre l'attitude et
les traits qui caractĂšrisaient le grand monarque quâil
avait à représenter.
11 serait trop long de vous détailler ici tous les tra-
vaux dont notre confrĂšre fut chargĂ© , et quâilexĂ©cuta ;
dâailleurs, nous vous le dirons ayec douleur , la hache
révolutionnaire les a presque tous renversés et dé-
truits ; il a eu le chagrin de voir briser sous ses
yeux le fruit de quarante années de travail et
d'Ă©tude !
Si quelque chose peut nous consoler de ces per-
tes, câest la conservation du bas-relief, reprĂ©sentant
la Charité, placé sur la principale porte de l'église
de l'HĂŽtel-Dieu ; et celui oĂč notre collĂšgue a figurĂ©
(48)
la Religion, avec les attributs qui la caractérisent ;
élevée sur une des portes latérales de l'église Saint-
Ouen. Ce sont maintenant les seuls ouvrages en
grand que nous possédions de lui. On ÿ remarque
en général une composition sage et profondément
méditée , un dessin pur et correct , une excellente
maniĂšre de draper , et une heureuse intelligence
dans le choix des accessoires.
M. Jadoulle honora son art, non-seulement par
les talents qui le distinguërent , mais encore par
une probitĂ© rare , une conduite et des mĆurs sans
reproche ; il consacra tous les instants de sa vie Ă
VĂ©tude et au travail ; ilne connut dâautres jouissances
que celles qu'il trouvait au sein de sa famille et
dans les soins quâil donnait Ă l'Ă©ducation de ses en-
fants.
De telles vertus , sans doute , eussent dĂ» faire
espĂ©rer Ă lâhomme estimable dont nous regrettons
la perte , une existence heureuse et une fin tran-
quille ; mais, il faut lPavouer , les derniÚres années
de sa vie furent troublées par des revers et des cha-
grins cruels qui altérÚrent insensiblement sa santé.
AccablĂ© sous le poids de lâinfortune et des infirmitĂ©s,
il a terminĂ© sa carriĂšre , Ă lâĂąge de soixante-neuf ans,
dans les bras de sa respectable Ă©pouse , qui partagea
et adoucit ses malheurs.
PRr1x.
C49)
CCC, 0 2 1
PRIX PROPOSĂS POUR 1806.
L'AcadĂ©mie a arrĂȘtĂ©, dans la sĂ©ance du 24 ther=
midor , quâelle proposait pour sujet de prix de la
classe des belles-lettres , lÂŁloge de M, de Crosne ,
ancien intendant de la généralité de Rouen.
Un membre, qui dĂ©sire n'ĂȘtre point connu , de-
mande que l'on propose pour prix extraordinaire
VEloge de J.-B. Descamps.
Ces deux Ă©loges doivent ĂȘtre envoyĂ©s Ă M. Gour-
din, secrétaire pour la classe des belles-lettres , avant
le premier thermidor de lan 14,
Les auteurs accompagneront leurs mĂ©moires dâun
billet cacheté , qui contiendra leur nom et leur
demeure, et qui sera suscrit de l'Ă©pigraphe qui se
trouvera en tĂȘte de leurs discours.
QE mm
SOUMEANIC ES EI" Ă TC TS
RP A "PO EN ONU ET
Fait par M. Virazris, secrétaire perpétuel de
lâAcadĂ©mie , pour la classe des sciences.
MP SSI EUR S'$
En reprenant le cours de ses travaux, l'Académie
s'est proposée de rendre de nouveaux services aux
sciences et à tous les arts qui en dépendent,
S, publ, 1805, D
(50 )
Conduits par les mĂȘmes vues , animĂ©s tous du
mĂȘme esprit ,» excitĂ©s tous par le sentiment dâune
Ă©mulation aussi noble que constante et soutenue ,
les membres de l'Académie des sciences , des belles-
lettres et des arts de Rouen , ont rivalisé de zÚle
pour remplir les devoirs attachés au titre honora-
ble dont ils sont revĂȘtus. Unis par les mĂȘmes goĂ»ts, et
plus encore par les liens dâune douce confraternitĂ© ,
ils ont cru aussi devoir confondre leurs efforts, afin
de pouvoir les rendre plus utiles Ă la chose pu-
blique.
Quelques-uns ont consacré leurs méditations et
leurs veilles au développement des principes sur
lesquels repose l'édifice des sciences spéculatives ;
mais la plupart ont porté particuliÚrement leur atten-
tion sur la pratique des arts nĂ©cessaires ou utiles Ă
Ja société.
Un but aussi louable trouvera sans doute autant
dâapprobateurs que de citoyens dans une citĂ© popu-
leuse , dont l'Ă©tonnante industrie fait la base la plus
solide de sa gloire, de sa richesse et de sa pros-
périté. / ;
Dans le compte que je suis chargé de vous rendre,
Messieurs , dâune partie importante des travaux de
mes collĂšgues, je suivrai l'ordre dans lequel les ob-
jets mâont semblĂ© venir se placer naturellement, et
qui nâa paru le plus propre Ă vous les prĂ©senter sous
leur véritable point de vue.
(51)
SCIENCES MATHEMATIQUES,
ARITRHMĂTI QUES.
L'arithmĂ©tique est dâun usage si Ă©tendu dans toutes
les classes de la société , qu'on ne peut trop louer
le zĂšle de ceux qui s'occupent Ă en simplifier les
principes , et à les mettre à la portée du plus grand
nombre. Tel est le but que parait s'ĂȘtre proposĂ©
M. Periaux , Imprimeur-Libraire Ă Rouen, en pu-
bliant le TraitĂ© dâarithmĂ©tique dont il a fait l'annĂ©e
derniÚre hommage à l'Académie. Les additions que
lâauteur Ă faites Ă cet ouvrage, dont il a adressĂ© cette
année de nouveaux exemplaires à l'Académie , le
rendront plus utile encore Ă ceux auxquels il est
destiné.
GĂOMEĂTRIE-PRATIQUE.
On pourrait croire, dit M. l'Hoste, dans un rap-
port qu'il a fait à l'Académie, sur une jauge nouvelle
proposée par M. Coeslin , demeurant rue Maladrerie,
qu'il est facile d'évaluer avec précision la capacité
des tonneaux ; mais en examinant la chose de plus
prÚs, on ne tarde pas à reconnaitre que cette opé-
ration a ses difficultés.
Les uns assimilent le tonneau Ă un ellipsoide ;
dâautres le regardent comme formĂ© de deux conoĂŻdes
paraboliques adossés par leur grande base,
D 2
(524
La capacité, calculée dans la premiÚre supposi-
tion , approche assez de la vérité ; mais en général
elle pĂȘche par excĂšs. En adoptant la seconde sup-
position , on obtient un résultat trop faible | ensorte
que la vraie capacité du tonneau se trouve comprise
entre les deux limites données par ces deux évyalua-
tions. |
Pour arriver à un résultat indépendant de ces li-
mites, et beaucoup plus précis, le rapporteur indi-
que une mĂ©thode pratiquĂ©e depuis long-temps Ă
GenĂšve, et devenue trĂšs-facile au moyen des tables
publiées en l'an 7 par la Commission des poids et
mesures. Dans les cas les plus défavorables , l'erreur
est tout au plus -de 1/380. Cette erreur > Qui est en
moins , s'accorde d'autant mieux avec la vraie capa-
citĂ© des piĂšces, Ćue ceite capacitĂ© est toujours dimi-
nuée par lesirrégularités inévitables dela construction.
La elite ou jauge est à la vérité simple et com-
mode , mais cet instrument a l'inconvient de ne pou-
voir sâappliquer entre des termes bien fixes > parce
que le bondon ne se trouve pas toujours au milieu
du tonneau. D'ailleurs la velte suppose que les ton-
neaux sont toujours semblables entr'eux.
Pour rémédier à ce dernier inconvénient, M. Goes-
lin , dit notre collĂšgue, propose d'adapter Ă lâextrĂ©.
mité de la velte un quart de cercle gradué et garni
d'un fil tendu par un plomb. Ce moyen , trĂšs-
ingénieux , fait connaßtre si le tonneau est dans une
position horizontale ; il indique en outre la pro-
(55)
portion suivant laquelle la piĂšce est construite , et
par conséquent la velte dont on doit se servir pour
en estimer la capacité. Pour éviter l'embarras qui
naßtrait de la muitiplicité des jauges, M. Goeslin a
tellement graduĂ© la sienne, quâelle peut suflire quel
que soit le tonneau dont il faut mesurer la capacité.
M. l'Hoste conclut que le calcul, fondé sur une
mesure exacte des dimensions , est le moyen le
plus propre Ă perfectionner le jaugeage. Il regarde
au reste l'ouvrage de M. Goeslin comme le fruit des
veilles dâĂŒn bon citoyen ; mais les principes sur les-
quels il est appuyĂ©, ne sont pas exacts; dâailleurs
la méthode proposée par le Gouvernement est tout-
à -la-fois meilleure , plus générale , moins dispen-
dieuse et dâune exĂ©cution plus facile.
ASTRONOMIE ET NAVIGATION.
L'instrument à réflexion ,; connu sous le nom
d'Octant , publié d'abord par Hadley , perfectionné
ensuite par divers astronomes, a été porté enfin,
par le Chevalier de Borda , qui en a fait le cercle
de réflexion, à un tel dégré de perfectiou , qwil
ne laisse rien à désirer pour la précision des résul-
tats dans la mesure de la hauteur des astres en mer.
Toutes les opérations du navigaieur ont pour
but de lui faire connaitre, Ă chaque instant du jour,
la longitude et la latitude du lieu oĂč se trouve ac-
tuellement le navire. Pour obtenir ces résultats, il
faut nécessairement observer la hauteur des astres
D 3
| (54)
au-dessus de l'horizon , ce qui suppose que cet ho-
rizon soit visible. Cependant les marins savent quâen
mer ,; et principalement aux atterrages des cĂŽtes
d'Europe , il existe au moins les trois quarts de
l'année une brume trÚs-épaisse qui ne permet pas
de distinguer lhorizon. On est donc forcé alors de
se contenter dâune latitude estimĂ©e , toujours incer-
taine, quelquefois trĂšs-fausse, et qui nâexpose que
trop souvent le salut du navire.
M. Degaulle , ingénieur de marine, professeur de
navigation à Honfleur , et associé de l'Académie ,
a cherché les moyens de remédier à ces inconvé-
nients, et il y est parvenu en adaptant Ă lâoctant
un mécanisme particulier qui, au besoin, puisse
tenir lieu d'horizon lorsque celui-ci nâest pas vi-
sible.
Les changements que M. Degaulle a été obligé de
faire Ă l'octant, et quâon ne peut mĂ©me indiquer
ici, se trouvent trÚs-clairement développés dans une
petite brochure que lâauteur a envoyĂ©e Ă l'AcadĂ©-
mie ,et qui a pour titre : Essai sur les moyens qui
pourraient ĂȘtre employĂ©s, tant sur terre que sur mer,
â pour rendre les observations de la hauteur du soleil
indépendantes de l'horizon | avec une explication dé-
taillĂ©e des changements faits Ă lâoctant ordinaire
pour remplir ce bur,
Cette découverte sera sans doute accueillie par les
savants , et sur-tout par les marins , avec le plus grand
intĂ©rĂȘt,
C5)
HĂY D'R O G R' A PH I E.
C'est sur-tout dans les villes commerçantes , dans
les ports de commerce, que lâon sait apprĂ©cier le
mérite et l'utilité de cette science , et on ne sau-
rait trop recommander Ă la reconnaissance publique
ceux qui consacrent leurs veilles Ă en rendre l'e-
tude facile Ă tous les navigateurs. Câest ce quâa
heureusement exécuté M. Dulague, notre collÚgue,
en publiant la sixiÚme édition de ses Leçons de na-
vigation , dont il a déposé un exemplaire dans la
bibliothÚque de l'Académie. » Cinq éditions rapide-
ment épuisées , dit l'éditeur ; l'approbation de plu-
sieurs Sociétés savantes ; celle du Gouvernement ,
qui non-seulement les a fait adopter pour ses Ă©co-
les d'hydrographie , oĂč on les suit constamment
depuis 1768, mais qui a chargĂ© lâauteur d'en faire
lui-mĂȘme , en 1787, un abrĂ©gĂ© que le plus bril-
lant succÚs a également couronné ; sont les meilleurs
titres que cet ouvrage puisse avoir Ă la recomman-
dation générale. «
» La nouvelle édition est due au zÚle constant de
M. Dulague pour instruction des marins , Ă la-
quelle, aprÚs avoir professé honorablement , pen-
dant 58 années , au collÚge de Rouen, il continue
de consacrer ses travaux. «
Le public éclairé a pleinement confirmé le juge--
ment qu'a porté l'éditeur. On trouve , en eflet ,
dans la sixiÚme édition des leçons de navigation ,
D 4
(56)
les meilleures méthodes d'observation et de calcul,
et toujours l'exemple à cÎté du précepte. L'ordre
qui -rĂšgne dans la distribution des matiĂšres, la so-
lidité. des démonstrations , la clarté du style ren-
dent cet ouvrage plus digne encore de la réputa-
tion de son modeste et savant auteur.
ET TUS DT ONIAROE EN VA NTEU RER L'L'E
M. Lesueur, ex-officier d'amirauté au Havre, a fait
hommage Ă l'AcadĂ©mie de quelques exemplaires dâun
imprimĂ© , ayant pour titre : Morice sur lâexpĂ©dition
française aux terres australes, ordonnĂ©e en lâan 8,
et exĂ©cutĂ©e par les deux corvettes de lâĂ©tat , le GĂ©o-
graphe et le Naturaliste, parties du port du Havre le
27 brumaire an 9.
L'Académie a accueilli cette notice avec d'autant
plus d'intĂ©rĂȘt, que le fils de M. Lesueur, nĂ© dans
le département de la Seine-Inférieure , a beaucoup
contribué par ses trayaux aux importants résultats de
l'expédition.
Outre des collections nombreuses de plantes vivan-
tes et sĂšches, de graines, de fruits et d'Ă©chantillons
de bois, la partie zoologique seule a été enrichie
de 18,414 individus , dont 2542 constituent des .es-
pĂšces nouvelles.
Ce qui doit sur-tout mériter à MM. Peron et Le-
sueur l'estime et la reconnaissance publique ; est-il
dit dans la notice; câest la gĂ©nĂ©rositĂ© , jusqu'alors
sans exemple , avec laquelle ils ont fait lâun et Pautre
(57 )
l'abandon absolu de toui le fruit de leurs travaux,
de ces collections immenses , les plus belles et les
plus nombreuses qui fussent parvenues jusquâĂ ce
jour en Europe, d'un seul voyage. Ils se sont bor-
nés à demander pour les lycées de Moulins et de
Rouen , chefs-lieux de leurs départements , une col-
lection complÚte de tous les objets rapportés par
eux, et de ceux aussi qui se trouvaient dans les
magasins du Muséum d'histoire naturelle de Paris.
Cette demande leur a été accordée, et les ama-
teurs en histoire naturelle apprendront sans doute
avec plaisir que déjà notre cité a reçu une grande
partie des objets qui lui sont destinés , et que bientÎt
elle possédera une des plus riches collections qui
existent dans aucune des villes de l'Empire.
SCISELN, CES APR SF OTPESS:
M'EĂ T Ă 0o'R o L Oo G're.
M. Vitalis vous a lu une Dissertation sur la ma-
niÚre de faire les observations météorologiques.
L'abbĂ© Toaldo , savant professeur d'astronomie Ă
Padoue , est le premier, dit-il, qui ait senti l'utilité
que l'on pourrait retirer des observations météoro-
logiques , et qui se soit livré à ce genre de re-
cherches.
L'influence de la lune sur les mouvements de
l'atmosphÚre , et par conséquent sur les météores
(58)
qui se forment dans son sein , nâĂ©tait pas douteuse ;
maïs il fallait déterminer , d'une maniÚre plus rigou-
reuse et plus prĂ©cise , les points particuliers oĂč la lune
exerce une action plus marquée , afin d'obtenir des
conjectures plausibles sur les Ă©poques oĂč doivent
arriver les changements de temps : câest ce quâa fait
YabbĂ© Toaldo. ( Fâoyez le journal de Physique , annĂ©e
1777 , mois d'octobre et de novembre.)
Mais il était réservé à M. Lamark, membre de
l'institut , d'établir les bases d'un systéme général
de mĂ©tĂ©orologie, et dâĂ©carter les difficultĂ©s qui ont
jusquâĂ prĂ©sent empĂȘchĂ© de reconnaĂźtre les causes
générales et particuliÚres, qui, dans nos climats ,
donnent lieu aux variations que l'atmosphĂšre nous
présente dans le cours de chaque année.
On peut voir dans les Annuaires météorologiques
que ce Savant a publiés depuis quelques années, com-
bien la science de la météorologie lui est redevable , et
avec quelle sagacité il a su apprécier les circons-
tances variables et secondaires, dont lâaction peut
modifier celle des causes principales.
Les résultats consignés dans les Annuaires sont
fondés sur les observations comparées qui se font
dans les principales villes de la France , telles que
Paris, Lyon, Bordeaux , Marseille , Rouen , etc. C'est
le 5* vendémiaire an 11 que M. Vitalis a com-
mencé à faire à Rouen les observations météorologi-
ques, suivant la mĂ©thode de M. Lamark , câest-Ă -dire
par déclinaisons lunaires.
(359)
= Le mĂȘme membre a eu l'honneur de prĂ©senter
à l'Académie le tableau général et imprimé des
observations météorologiques qw'il a faites à Rouen
pendant l'an #1.
CHIMIE ET ARTS CHIMIQUES.
Ce nâest pas avec la mĂȘme espĂšce dâargile que lâon
fabrique les tuiles, les briques ordinaires, les bri-
ques Ă four, les poteries communes et grossiĂšres ,
les faĂŻences Ă pĂąte blanche ou rouge , les porcelaines,
les vases cuits en grĂšs, etc. ; chaque espĂšce de fabri-
cation exige une sorte dâargile particuliĂšre , dont
on ne peut connaĂźtre la nature que par une analyse
exacte et nĂ©cessaire pour diriger l'artiste dans lâem-
ploi qu'il se propose dâen faire.
C'est ce qui a engagĂ© M. Jâitalis Ă prĂ©senter Ă
l'AcadĂ©mie l'analyse dâune espĂšce d'argile qui a Ă©tĂ©
trouvĂ©e dans la forĂȘt de Lalonde, aux environs de
Rouen, par M. Letellier , fabricant de faĂŻence au
fauxbourg Saint-Sever , et quâil avait annoncĂ©e comme
propre Ă fabriquer de la faĂŻence Ă pĂąte blanche.
Cette argile est d'un gris bleuĂątre , tirant sur le
gris dâardoise : elle happe fortement Ă la langue, se
polit aisĂ©ment sous le doigt, et forme avec lâeau une
pĂąte bien ductile.
L'analyse , dont on trouve le procédé détaillé dans
le mémoire, y a montré sur cent parties :
C6Go)
Eau et matiĂšre bitumineuse. . 17
Sable!" Mie ct 01,37
Alumbe net ĂRR RE. 224
D © ©
Oxide de fer jaune . . ..
Totale, 7%%/Araotibe
M. Vitalis conclut de cette analyse :
1 Que l'argile de Lalonde est colorée en partie
par le fer eten partie par une matiĂšre bitumineuse
assez abondante mais que le feu détruit complÚte-
ment ;
2° Que lâoxide de fer y existe en trop petite quan-
ĂŒte , soit pour donner de la fusibilitĂ© Ă la pĂąte ,
soit pour nuire Ă sa blancheur aprĂšs la cuisson ;
5° Qu'elle ne contient pas autant de silice que
les argiles de Forges et de Montereau employĂ© esĂ
faire la faĂŻence Ă pĂąte blanche , puisque , suivant
Hassenfratz ( Ann. de Chim. , tom. 15,) la premiĂšre
contient 37 parties dâalumine et 65 de silice, et la
deuxiĂšme , 14 dâalumine et 86 de silice.
En résumant les faits énoncés dans le rapport fait
Ă l'AcadĂ©mie , au nom dâune commission , par
notre confrĂšre M. Leboullenger , ingĂ©nieur de lâar-
rondissement de Rouen , sur le gisement de la
carriÚre d'argile dont on vient de parler , il en ré-
sulte , 1° que cette carriÚre existe dans une partie
de Ja forĂȘt nationale de la Londe , Ă 5 myriamĂštres
de Rouen, et Ă un myriamĂštre de la Bouille;
(Gr)
2° Qu'elle se trouve à une profondeur médiocre
sur uue épaisseur considérable ; -
5° Que l'extraction de cette argile , aujourdâhui
mal dirigée , est susceptible d'amélioration sous le
double rapport de lPĂ©conomie et du produit. Câest
dans le rapport mĂȘme quâil faut lire le dĂ©tail des
moyens proposés à ce sujet par M. Leboullenger.
Alcali-métrie , etc.
M. Descroizilles vous a présenté des Norices sur les
alcalis du commerce , suivies de quelques observa-
tions qui intéressent la chimie et quelques-uns des
arts qui en dépendent.
Dansles notices sur les alcalis, notre confrĂšre se pro-
pose, dit-il, dâaider les consommateurs de ces sortes
de substances dans le choix qu'ils veulent en faire
et dans la maniĂšre de les employer.
AprÚs avoir parlé des potasses et des soudes di-
verses , du procédé général que l'on emploie pour
leur fabrication, des pays qui les fournissent , Pau-
teur fait sentir la nĂ©cessitĂ© dâun procĂ©dĂ© d'essai
prompt et facile pour juger des divers Ă©chantillons
dâalcalis. Le plus expĂ©diĂŒf , suivant lui ; Consiste
Ă Ă©prouver combien de centiĂšmes de leurs poids
ils exigent en acide sulfurique pour leur satura-
tion.
M: DescroĂŻzilles passe ensuite Ă la description de
son alcali-mĂštre, Cet instrumeut est un tube de verre
(6)
de 20 Ă 25 centimĂštres de longueur (8 Ă 9 pouces },
et de 14 Ă 16 millimĂštres ( 7 ou 8 lig.) de diamĂštre.
Il est fermĂ© par un bout; lâautre se termine par
une espĂšce de petit âentonnoir Ă bec, adhĂ©rant au
tube par un col de 5 millimĂštres ( 2 lig. '/Ă ) Ă -peu-
prĂšs d'ouverture. Sur l'Ă©paule qui soutient ce col,
est un trou pour la sortie et la rentrée de l'air.
Lâalcali-mĂštre doit pouvoir contenir aisĂ©ment 38 gram-
mes ou 76 demi-grammes de la liqueur alcali-métri-
que formĂ©e par un mĂ©lange dâune partie quelconque
(d'un hectogramme, par exemple) dâacide sulfu-
rique concentré à 66 degré du pÚse-liqueur de M.
Baumé , qui doivent répondre à 84 centiÚmes de
pesanteur hydro-majeure , avec 9 hectogrammes dâeau
pure. Câest par des poids donnĂ©s de cette liqueur
quâon gradue lâalcali-mĂštre. M. Descroizilles indi-
que les moyens d'opérer la graduation. Il développe
ensuite la maniÚre dont on doit procéder aux essais
alcali-métriques , soit des potasses , soit des sou-
des ; il fait remarquer linvariabilité et la facilité de
ces essais , et donne, dans un tableau , le résultat
de plusicurs milliers dâessais de ce genre qu'il a
eu occasion de faire depuis 25 années. Les essais
alcali-métriques offrent quelquefois des résultats
extraordivaires , tantĂŽt pour la faiblesse , tantĂŽt pour
la force des degrés alcalins. Des mélanges frauduleux,
un Ă©tat particulier de calcination sont les causes
auxquelles on doit Ăąttribuer ces sortes d'anomalies.
Les inégalités trÚs-fùcheuses auxquelles le consom-
(65 )
mateur des alcalis du commerce est exposé dans
le résultat de ses opérations , font désirer à M. Des=
croizilles que lâon puisse non-seulement trouver les
potasses et les soudes constamment homogĂšnes dans
le mĂȘme baril, mais encore que lâon puisse annon-
cer, dans les prix courants, que tel alcali, de tel
centiÚme alcali-métrique à tel autre , est maintenant
Ă tant le centiĂšme , et il fait connaĂźtre les moyens
faciles et peu dispendieux de graduer ainsi tous les
alcalis du commerce , et de pouvoir vérifier ou
faire vérifier sous ses yeux cent échantillons en un
jour , Ă lâaide du nouvel alcali-mĂštre, Il ny a pas
lieu d'en douter , dit M. Descroizilles ; le négociant,
qui , le premier , offrirait de telles sûretés , obtien-
drait une grande préférence , et forcerait enfin les
autres Ă suivre la mĂȘme marche.
En terminant ce qui regarde lalcali-mĂštre , M.
Descroizilles observe que cet instrument peut faci-
lement remplir la destination du bertholli-mĂštre dont
il a donné la description en l'an 5 , dans le tom.
1% du Journal des arts et manufactures. La mĂȘme
échelle est à -la-fois bertholli-métrique et alcali-mé-
trique ,avec cette différence que , comme alcali-mé-
trique , câest Ă droite et de haut en bas, et que ,
comme bertholli-mĂ©trique , câest Ă gauche et de bas
en haut.
L'auteur se propose , en outre , d'appliquer in-
cessamment le tube alcali-métrique aux essais des
acides acétique » pyrc-acétique , oxalique , tartareux,
(64)
Ă©te.., quâil prĂ©sume devoir bientĂŽt j oĂčer un grand rĂŽle
dans les arts, et dont il importe, par conséquent F
que l'on puisse reconnaĂźtre acilement le degrĂ© dâĂ©-
nergie pour se mettre en garde contre les sophis-
tications de quelques vendeurs.
Ă Ja suite de ses notices sur lâalcali-mĂ©trie , M.
Descroizilles a placé quelques observations qui inté-
ressent Ă©galement la science de la chimie et quel-
ques-uns des arts qui en dépendent.
1° Il annonce que des faits nombreux Jui ont
prouvé que la potasse fournie par la combustion
de tous les végétaux , est un sel avec excÚs de
base , dont les proportions dâacide carbonique et de,
potasse sont constamment les mĂȘmes.
2° Il donne un procédé facile. pour trouver le
oids. d'acide carbonique déplacé , lors des essais
P F
alcali-métriques.
3° Il explique les causes de l'incertitude des
procĂ©dĂ©s employĂ©s jusquâĂ ce jour pour amener les
alcalis Ă lâĂ©tat caustique , en prouvant , 1° que quatre
dixiĂšmes de chaux suffisent pour enleyer tout l'aci-
de carbonique de la meilleure potasse du commer-
ce ; 2° que , quelle que soit la proportion de la chaux
au carbonate sursaturé de potasse, si la propor-
tion de l'eau Ă ce sel nâest pas de 7 Ă 1, il y aura
une portion de carbonate non décomposee et rela-
tive au dĂ©ficit dâeau , sur les 7 parties qui sont
strictement nécessaires. |
4°
(65)
4° Il rappelle que, dĂšs lâannĂ©e 1795 , il avait trou-
vé que toute chaux cuite par le bois contient de
L potasse dont la quantité doit varier suivant les
circonstances , et sur-tout en raison de l'espĂšce des
bois. Une expérience Jui a fait connaßtre que la
proportion de potasse contenue dans un Ă©chantillon
quâil a soumis Ă l'examen , Ă©tait de 1/50o° du poids de
la chaux. A lâaide de ce fait assez curieux , il rend
raison de quelques anomalies chimiques , et fait
yoir la nécessité de laver préalablement la chaux,
ou d'employer, pour les expériences chimiques et
quelques usages médicaux , ia chaux cuite par le
charbon de terre. De là encore l'idée trÚs-fondée
d'une propriĂ©tĂ© particuliĂšre Ă lâeau de chaux pre-
miÚre ; pour la préparation de laquelle les raffineurs
de sucre prennent bien de la peine et dépensent
beaucoup , tandis quâils pourraient la remplacer
avec avantage par un peu de potasse et de chaux.
De lĂ enfin lâorigine de la soude dite naturelle, que
l'on trouve quelquefois en efilorescence sous les
arches des ponts , dans les caves de Dieppe et autres
lieux maritimes. Le muriate de soude est décomposé
par la potasse contenue dans la chaux qui a servi x
la construction de la voûte.
5° Dans un Ăssai sur lâart du salpĂ©trier , prĂ©-
sentĂ© le 16 pluviĂŽse an 4 ; Ă lâInstitut national,
M. Descroizilles avait demandé ce que devient /a
potasse entraïnée dans les profondeurs de la terre.
BientÎt aprÚs Klaproth découvrit cet alcali dans plu-
S, publ, 1805. E
(65)
sieurs productions volcaniques ; M. Vauquelin le
trouva depuis dans quelques fossiles. L'auteur se-
ralt trĂšs-flattĂ© , dit-il, dâavoir suggĂ©rĂ© l'idĂ©e de ces
utiles recherches. ke
6° M. Descroïzilles pense que le natrum des lacs
d'Egypte et autres, doit au moins en partie som
origine à la décomposition du muriate de soude par la
potasse ; car les rives des six lacs d'Egypte et les ter-
rains adjacents sont couverts de joncs et de ro-
seaux qui doivent annuellement fournir de la po-
tasse.
Fabrication du Sel de soude,
Depuis long-temps l'Espagne Ă©tait en possession de
nous fournir annuellement pour plus de vingt mil-
lions de ce sel si important pour nos ateliers de
blanchisserie , de teinture, etc., etc.
Au moment oĂč la guerre yint interrompre nos
relations commerciales avec cette puissance , on vit
Ă©clore un grand nombre de moyens plus ou moins
Ă©conomiques pour extraire la soude du sel marin.
Dans le cours de cette année , M. Pelletan fils,
professeur particulier de chimie Ă Paris, vous a
adressĂ© un Ă©chantillon du carbonate de soude quâil
fabrique, et qu'il annonçait comme trĂšs-propre Ă
remplacer avantageusement le: soudes d'Espagne
dans la teinture du coton en rouge-des-Indes,
MM. Mesaize, Descroizilles , Robert, B. Pavie et
Vitalis , ont Ă©tĂ© chargĂ©s dâexaminer l'Ă©chantillon, et
( 67 )
de rendre compte de ses effets dans la teinture du
coton en rouge dit des Indes ou dâAndrinople.
Organe de la commission , M. Vitalis vous a fait
un rapport trÚs-détaillé sur les propriétés tant phy-
siques que chimiques du carbonate de soude cris-
tallisé qui vous avait été présenté.
MM. les commissaires se sont assurés, par l'expé-
rience, que le coton, travaillé avec le sel de soude
de M. Pelletan , a pris, par le procĂ©dĂ© dâAndrino-
ple , une couleur trĂšs-bonne et bien nourrie. Ils
ont annoncé que MM. Fauvel, Desmarets , Vallée
et Lecoq, teinturiers à Rouen, ont employé le méme
sel avec un Ă©gal succĂšs. Des Ă©chantillons de ces
divers cotons ont été déposés au secrétariat de la
Mairie.
La commission estime donc que M. Pelletan a
rendu service Ă nos fabriques en leur offrant en
remplacement dâun agent souvent infidĂšle, un pro-
duit dont les propriétés sont constantes,
Espérons , ajoutent MM. les commissaires, que
nos ateliers de sel de soude, dont le nombre s'ac-
croit de jour en jour , ne tarderont pas Ă nous
affranchir du tribut onéreux que nous portions tous
les ans Ă l'Espagne. Il est digne dâun grand peuple de
ne vouloir dĂ©pendre que de lui-mĂȘme pour les besoins
de son industrie,
(68)
Osservation sur la dissolution de lâIndigo par lacide
sulfurique.
La mauvaise préparation ou la sophistication des
agents qui servent dans l'art de la teinture , donne
souvent lieu à des anomalies qui découragent lou-
vrier le plus intelligent , et lui occasionne quelquefois
des pertes assez considérables.
Un accident arrivé dans une teinturerie de cette
âville, oĂč l'on voulait prĂ©parer le bleu de Saxe, en
fournit la preuve. .
L'acide sulfurique, versé et laissé en digestion sur
l'indigo en poudre, au lieu d'y développer la cou-
leur riche et permanen particuliÚre à la fécule de
Vindigo , ne donna Ă lâeau qu'une teinte noirĂątre
qui disparaissait méme promptement par le dépÎt
presque instantané des molécules suspendues dans
la liqueur.
Consulté sur cet évÚnement, M. italis en a
trouvé la cause dans lacide sulfurique dont on
s'Ă©tait servi. Cet acide nâavait pas Ă©tĂ© rectiliĂ© au dĂ©-
gré convenable , ou bien il avait été altéré depuis.
Cet acide en effet contenait de l'acide nitrique qui
avait attaqué profondément l'indigo en le charbon:
nant.
L'auteur saisit cette occasion pour faire remarquer,
1° Quâune trĂšs-petite quantitĂ© d'acide nitrique ou
muriatique du commerce , mĂȘlĂ©e Ă l'acide sulfurique,
C 69 )
suffit pour nuire Ă la dissolution de lâ'indigo par ce
dernier acide, et il en donne les raisons ;
2° Qu'on ne doit jamais se permettre, dans les fa-
briques d'huile de vitriol , de blanchir cet acide ,
noirci accidentellement par des corps combustibles,
soit en y versant de l'acide nitrique, soit en y
jetant du nitre et du sel marin. Le seul moyen que
lon doive employer en pareil cas , est de soumettre
l'acide Ă une nouvelle rectification:
Du reste , l'indigo était de la meilleure qualité ,
et il donnait un trĂšs-beau bleu de Saxe avec de
l'acide sulfurique bien pur et concentré à 66 degrés
de l'aréomÚtre de Baumé , quoique cet acide eût
Ă©tĂ© amenĂ© Ă 64 dĂ©grĂ©s du mĂȘme arĂ©omĂštre , par
une quantitĂ© dâeau suffisante.
MĂ©DeEecinNEe. â Maladie de lâOrteil.
» Parmi les maladies trop nombreuses qui assiégent
Jhumanité, dit M. Godefroy dans une Dissertation
qu'il a présentée à l'Académie , sur les maladies de
lâorteil , il en est qui se prĂ©sentent si rarement, que
le praticien et l'observateur le plus attentif vieillis-
sent souvent sans les rencontrer «,
De ce genre sont les maladies de l'orteil, dont
quelques observations , les seules que lâauteur ait
pu recueillir, lui aident Ă tracer l'histoire.
Le sujet de la premiĂšre observation est un jeune
étudiant en médecine , qui heurta du pied contre
E 3
(70)
une racine en se promenant au jardin du Luxem-
bourg Ă Paris. Il Ă©prouva aussitĂŽt Ă la tĂȘte une dou-
leur si vive quâil se crut frappĂ© Ă mort. L'evĂšne-
ment ne prouva que trop la solidité de sa con-
jecture. Il mourut en effet le troisiĂšme ou le qua-
triÚme jour, malgré tous les secours qui lui furent
prodigués.
Hippocrate nous apprend, au livre de ses épidé-
mies , qu'à Thase , Triton fut attaqué , en mar-
chant, dâune vive douleur Ă lorteil, Ă la suite de
laquelle il mourut le deuxiĂšme jour.
Au livre 5, n° 75, on lit que Téléphane fut at-
teint dâune luxation de lâorteil en-dessous , et dont
il mourut le troisiĂšme jour.
Enfin , au livre 2 des prédictions ,; on trouve
quâĂmile Lepide , sortant de sa chanbre , heuria
avec force de l'orteil contre le seuil de sa porte,
et périt sur-le-champ.
Comment , demande M. Godefroy , une simple
contusion de lorieil porte-t-elle son effet sur le
princpe de la vie? Comment le cerveau seul est-
il atteint , tandis que les organes essentiels Ă la
vie , contenus dans l'abdomen , sont Ă l'abri de
la lésion ?
Cet accident peut-il ĂȘtre regardĂ© comme l'effet
d'un contre-coup ? Doit-on l'attribuer Ă un rapport
anatomique ?
(#2)
Ă la premiĂšre de ces questions notre collĂšgue
répond par la négative , et il prouve que les lois
du mouvement ne permettent pas d'appliquer Ă ce
phénomÚne la théorie des contre-coups , et que l'ob-
servalion pathologique s'oppose Ă©galement Ă cette
explication.
Les rapports anatomiques ne fournissent pas une
solution plus satisfaisante. Appuyé sur des observa-
tions nombreuses , sur l'expérience pathologique ,
M. Godefroy fait voir que ce serait en vain quâon
voudrait attribuer aux sympathies du systéme fibreux
les accidents brusques et terribles qui suivent les
affections pathologiques de lorteil , puisqu'elles ont
lieu dans des circonstances oĂč l'on pourrait douter
que ce systĂȘme ait Ă©tĂ© lĂ©sĂ©.
En avouant qu'il nâest pas encore donnĂ© Ă la_mĂ©-
d'ecine d'expliquer le phénomÚne extraordinaire qui
fait le sujet de sa dissertation , notre collĂšgue pro-
pose les moyens curatifs qui lui paraissent devoir
ĂȘtre employĂ©s. Les bains , l'Ă©ther, le camphre,
Vopium , les antispasmodiques , en général , sont
les remĂšdes qu'il regarde comme les plus conve-
nables.
Observations médicales.
Dans les sciences naturelles en général et dans
la médecine en particulier , autant il est utile,
E 4
C9
nĂ©cĂ©ssaire mĂȘme d'observer , autant il est difficile
de bien observer. Une connaissance profonde de
l'art, des sens delicats et exercés par une longue
pratique, un tact fin et sûr, une exactitude scru-
puleuse : telles sont les qualités , rares il est vrai ,
mais que doit posséder celui qui veut que lon
retire quelque fruit de ses observations. Celles que
nous a laissĂ©es Hippocrate rĂšglent encore aujourdâhui
la conduite des médecins les plus habiles , parce
quâelles sont la peinture fidĂšle de lâordre et de la
marche que suit la nature dans ses opérations rela-
tives Ă lâĂ©conomie animale.
Pour exciter l'intĂ©rĂȘt , il nâest pas toujours nĂ©-
cessaire quâune observation soit neuve ; il suffit
quâelle soit propre Ă confirmer quelques vĂ©ritĂ©s im-
portantes aux progrĂšs de l'art , ou quâelle soit de
nature à en éclairer et par conséquent à en assurer
la pratique.
Câest aux mĂ©decins Ă apprĂ©cier , sous l'un ou
l'autre de ces rapports , le mérite des trois Obser-
vations que notre collĂšgue M. fâignĂ© a prĂ©sentĂ©es
cette année à l'Académie.
La premiĂšre ( du 27 frimaire an 10 ), a pour objet
une affection rhumatismale qui se manifesta tout-Ă -
coup , avec des douleurs extrémement vives, au
genou gauche dâune demoiselle ĂągĂ©e de 27 ans,
et qui, aprĂšs l'usage de quelques moyens curatifs ,
çéda , dans lâespace dâun mois , Ă des frictions faites
ae
C75)
avec un mélange convenable d'ammoniaque liquide ;
d'acide formique , dâĂ©ther sulfurique et d'essence
de romarin.
Dansla deuxiĂšme observation (du 15 nivĂŽse an 11),
M. VignĂ© rend compte des suites dâune chute que
fit une femme ùgée d'environ 46 ans. Le sujet suc-
comba quatre ans aprĂšs cette mĂȘme chute , comme
l'avait prévu notre collÚgue , et l'inspection cada-
vérique , en découvrant les désordres qui avaient
eu lieu dans la cavitĂ© thorachique , prouva quâil
n'avait point méconnu la nature de la maladie, et
confirma pleinement son pronostic.
TroisiĂšme observation. Une femme de 28 ans,
d'un tempérament pituiteux, trois jours aprÚs un
accouchement trĂšs-heureux , Ă©prouva, le 28 germi-
nal an 11, une suppression subite des lochies, Ă la
suite de laquelle il se forma , dans le voisinage de
l'anneau sus-inguinal , une ouverture Ă©troite par la-
quelle sâĂ©coulait un pus sĂ©reux dont on facilita la
sortie par des topiques Ă©molients. La malade recou-
yra bientÎt la santé.
. M. Vigné pense que l'ovaire était essentiellement
affecté , mais il laisse aux médecins éclairés à déci-
der si cet organe a suppurĂ©, et sâil Ă©tait la source
directe dâoĂč partait l'humeur qui sâest fait jour Ă
l'extérieur.
(74)
Ouvrage de médecine envoyé à l'Académie.
M. Lamawve , docteur en médecine , professeur
d'anatomie et de médecine , ancien médecin des
hĂŽpitaux militaires , prĂ©vĂŽt de lâĂ©cole-pratique de
Paris , et membre de plusieurs sociétés littéraires ,
a fait hommage Ă l'AcadĂ©mie dâun exemplaire des
OEuvres posthumes du docteur Mahon , auxquelles
il a fait des additions importantes.
Paul-Augustin-Olivier Mahon , docteur en méde-
cine , de la faculté de Paris, médecin en chef de
Vhospice des vénériens de Paris, né à Chartres le
G avril 1752, et enlevé à l'ùge de 48 ans, par une
maladie violente dont le siége était dans la poitrine ,
laissa en mourant deux manuscrits intitulés, le pre-
mier : Histoire de la MĂ©decine clinique , depuis son
origine jusquâĂ nos jours ; le deuxiĂšme : Recherches
sur lâexistence , la nature et la communication des
maladies syphillitiqués dans les enfants nouveaux nés
et dans Les nourrices,
Ce second manuscrit était resté imparfait , soit
que la mort eĂ»t empĂȘchĂ© Pauteur d'y mettre la der-
niĂšre main , soit qu'une partie de son travail ait Ă©tĂ© â
égarée. M. Lamauve a ajouté les rÚgles du traite-
ment à suivre daus tous les cas énoncés dans ce
dernier ouvrage.
(757)
Anatomie artificielle.
L'anatomie est la base de l'art de guĂ©rir ; câest
la boussole âdâaprĂšs laquelle le mĂ©decin doit cons-
tamment diriger sa conduite et sa marche. Mais
quâil est pĂ©nible de ne pouvoir Ă©tudier les secrets
de la vie que dans le livre de la mort ! Combien
il en coûte à la sensibilité de fixer ses regards, de
porter le fer sur un cadavre tristement soumis Ă
nos recherches ! Qu'il est cruel de n'avoir constame
ment devant les yeux que le spectacle des ravages
de la douleur, que l'image de la destruction et du
trépas !
VoilĂ sans doute ce qui alarme l'imagination de
beaucoup de jeunes gens , et ce qui les Ă©loigne dâune
science dans laquelle ils eussent peutétre fait les
plus grands progrĂšs.
L'anatomie artificielle ou l'art de représenter en
cire les divers organes du corps humain , affaiblit la
teinte des idées Ingubres qui rappellent nécessai-
rement les débris de notre fréle existence + elle
calme le trouble - de l'imagination , appaise les
combats de la sensibilitĂ© , et rĂ©pand mĂȘme des char
mes sur une Ă©tude qui semblait ne devoir inspirer
que du dĂ©goĂ»t er de lâeffroi.
Defontana s'était acquis , dans la préparation des
piĂšces anatomiques , une rĂ©putation quâil semblait
difficile, nou-seulement de surpasser , mais mĂȘme
d'Ă©galer,
(76)
Notre collÚgue M. Laumonnier a prouvé depuis
Jong-temps que cet art pouvait acquérir encore. Les
ouvrages de Defontana , au jugement des connais-
seurs , laissent encore beaucoup a désirer : ceux de
M. Laumonier sont d'une telle vérité d'expression
qu'on dirait que la nature Jui a révélé tout entier
le secret de ses formes les plus déliées , de ses cou-
leurs , de ses teintes méme les plus délicates.
Il est aisé d'en juger par la piÚce représen-
tant le systÚme général de l'oreille tant interne
qu'externe , que M. Laumonier a présentée cette
annĂ©e Ă lâAcadĂ©mie , et sur laquelle il a donnĂ© ver-
balement la description de toutes les parties qui
composent l'organe auditif,
AGRICULTURE. â Culture de la Garance.
M. Pavie » membre de lâAcadĂ©mie , vous avait
présenté un échantillon de la garance qu'il cultive
dans un terrein situé au fauxbourg S. Hilaire de
cette ville. Des commissaires ( MM. Mesaize , Deu,
Gruyÿer , Aviat et Vitalis) avaient été nommés par
la Compagnie , pour lui rendre compte de la bon-
ne ou mauvaise qualité de cette garance et des
effets quâelle produit lorsqu'elle est employĂ©e frai-
che ou sĂšche en teinture.
Organe de la commission , M. Deu a présenté le
résultat de son travail.
La garance récoltée par M. Pavie a été trouvée
de la meilleure qualitĂ© : les couleurs quâelle donne,
C7)
sans étre desséchée , sont aussi brillantes que celles
qu'on obtient de la plus belle garance préalablement
desséchée. Mais les commissaires observent , avec
raison , que la difficulté de conserver la garance
fraiche , le volume quâelle forme dans le bain de
teinture , sont des obstacles qui s'opposent Ă ce
quâon lâemploie en cet Ă©tat.
Les commissaires ont profité de cette circonstance
pour répondre à la question soumise à l'Académie
par M. le PrĂ©fet, relativement aux avantages quâil
pourrait y avoir à cultiver la garance dans le dé-
partement de Ja Seine-Inférieure,
La culture de cette plante tinctoriale exigeant des
terres substantielles , profondes et un peu humi-
des, les commissaires en ont conclu , 1° que la ga-
rance ne réussirait que faiblement dans la plupart
des terres du département de la Seine-Inférieure ,
qui, de leur nature, sont sabloneuses , crayeuses
et sÚches ; 2° que la culture des grains nécessaires
à la nourriture des hommes et des animaux , reé-
clame la préférence dans les terreins qui convien-
draient d'ailleurs Ă la garance ; 5° quâil convient par
conséquent d'abandonner la culture aux départe-
ments que la nature semble avoir spécialement des-
tinés à ce genre de produits, comme les deéparte-
ments du Haut et Bas-Rhin , des Basses-Alpes, etc,
C8)
Usage et effets du plĂątre dans la culture du trĂšfle.
M. Beugnot , alors Préfet du département de ia
Seinc-Inférieure , dont la sollicitude s'étend égale-
ment Ă toutes les parties de l'administration , a
invité l'Académie à fixer enfin l'opinion publique
sur les avantages ou les inconvénients de répandre
le plùtre sur les créfliÚres.
Deux mémoires ont été présentés à l Académie
sur cette question , le premier, par M. d'Orray ;,
qui, s'appuyant sur l'autorité de quelques cultiva-
teurs, condamne l'usage du plĂątre; le second , par
M. Vitualis, qui recommande , au contraire, lâem-
ploi de cette substance et comme l'altérant et com-
me eng? âis
Vous avez cru , Messieurs , devoir renvoyer ce
dernier mémoire à l'examen d'une commission que
vous ayez chargée de vous en rendre compte.
Organe de cette commission , M. Aviat , dans
un rapport que vous avez entendu avec beaucoup
d'intĂ©rĂȘt , s'exprime ainsi :
» Parmi les différents mémoires qui s'expliquent
coutradictoirement sur la question (1), la commis-
oo
(1) A la lettre de M. le Préfet étaient joiuts plusieurs mé-
moires qui lui avaient élé présentés par différents auteurs ,
étrangers à l'Académie , et qui ont été remis à MM. les com-
missaires.
(79 )
sion croit devoir appeler plus particuliĂšrement l'at-
tention sur celui de notre estimable collégue M.
Vitalis , qui a été lu dans la séance du 10 pluviÎse
de cette année, et en proposer l'envoi à M.le Pré-
fet, en réponse à sa lettre.
» Il n'existe aucun ouvrage d'agriculture oĂč cette
question ait été aussi spécialement et aussi métho-
diquement analysée. ,
» L'auteur nous paraßt lavoir traitée sous le point
de vue le plus genéral, et en avoir embrasse les dé-
tails dans toute leur etendue.
» M. Vitalis commence par remonter à la nature du
plĂątre ; il indique ensuite dâune maniĂšre prĂ©cise les
modifications que cette substance saline Ă©prouve de
Ja part du feu avant dâĂȘtre rĂ©pandue sur les terres,
et explique comment elle agit en mĂȘme-temps et
comme engrais et comme altérant. Comme en-
grais, en fournissant au trĂšfle des fluides gazeux qui
composent une partie de sa nourriture. Comme allée
rant , en corrigeant les défauis du sol , soit en le
rendant plus meuble , soit en absorbant lâeau sura-
bondante dont il pourrait ĂȘtre pĂ©nĂ©trĂ©.
» De la théorie qu'il a puisée dans les principes de
la chimie appliquée à la physiologie végétale , notre
collĂšgue conclut que le plĂątre, bien loin de porter
dans le trÚfle aucune qualité malfaisante , doit au
contraire , comme l'expérience le démontre d'ailleurs,
en hùter et en favoriser singuliÚrement la végétation.
.
( 80 )
» Dans la seconde partie de son mémoire, M. Vi-
talis prouve , 1° que le plùtre ne s'attache point et
ne peut s'attacher aux feuilles du trĂšfle.
» 2° Quâen supposant mĂȘme quâil sâen dĂ©posĂąt quel-
ques molécules , celles-ci ne pourraient nuire aux
bestiaux , puisque le plĂątre nâa rien de corrosif comme
Je supposent faussement quelques-uns de ceux qui
ont Ă©crit sur la question qui nous occupe.
# 5° Que la poudre qui tombe du trÚfle séché,
nâest point formĂ©e par le plĂątre pulvĂ©rulent , mais
bien par les débris des organes de la plante elle-
mĂȘme , puisque cette poudre, soumise Ă lâaction du
feu , brûle à l'instar des substances végétales,
» 49 Que les maladies que lon attribue à l'emploi
du trÚfle plùtré , proviennent non du plùtre, mais de
ce quâon donne aux bestiaux une trop graĂŻde quantitĂ©
de trĂšfle, ou de ce quâon le leur laisse paĂźtre encore
humide de la rosĂ©e et chargĂ© dâeau, oĂč de ce quâon *
veut encore le faire servir de pĂąture , lorsquâaltĂ©rĂ©
plus ou moins profondément dans ses principes, par
la putrĂ©faction quâentraĂźne une dessication imparfaite ,
il west plus propre quâĂ faire du fumier,
» Notre collÚgue indique les moyens d'éviter ces
inconvénients , et termine son travail en invitant les
cultivateurs à écarter des préjugés funestes aux pro-
grĂšs de cette partie de lâagriculture, et qui ne peu-
vent trouver d'appui que dans l'ignorance des prin-
cipes, ou dans le calcul des petites passions.
» Tous
(81)
» Tous les résultats énoncés par M. Vitalis sont ab-
solument les mĂȘmes que ceux auxquels nous avons
Ă©tĂ© nous-mĂȘmes conduits par nos rĂ©flexions et par
nos expériences. «
» Ilest bien reconnu , continue M. Aviat, que de
tous les fourrages , le trĂšfle est le plus abondant
dans son produit, quâil donne une rĂ©colte sur une
terre qui eût resté en jachÚre, qu'il la dispose plus
convenablement que toute autre façon à une pro-
duction trés-riche en blé, que conséquemmeut il
fait le double office de fourrage et d'engrais , et
âquâainsi il y a produit et Ă©conomie dans sa culture.
» Une vĂ©ritĂ© non moins incontestable , câest que le
plùtre semé sur le trÚfle en tierce pour le moins le
produit , que de tous les engrais il est le moins
frayeux , et pour le prix et pour le transport , puis-
qu'il nâen faut que quatre boisseaux Ă l'acre.
» Peut-on sacrifier lésÚrement de si grands avanta-
ges à des craintes qui paraissent n'ayoir pas été -suf-
fisamment raisonnées ?
» Pour les apprécier , vos commissaires ont cru de-
voir procéder comme suit , et se demander :
» 1° Estil possble que le plùtre imprime directe-
ment un caractĂšre nuisible au trĂšfle sur lequel il
est semé ?
» 2° D'oĂč procĂšde la poussiĂšre que l'on trouve plus
fréquemment dans le trÚfle plùtré ? Quelle est la
nature de cette poussiĂšre ?
5, publ, 1505. F
(8)
» 5° Enfin , est-il possible de neutraliser les parties
malfaisantes dâun trĂšfle poudreux ?
» Ceux qui, sur la premiÚre question, se pro-
noncent pour l affirmative , paraissent en général avoir
plutĂŽt fait sortir la cause des eflets que les effets de
la cause. ...De ce que le trÚfle plétré est plus
poudreux que celui qui ne l'a pas été, ils concluent
que cest le plĂątre qui, en s'attachant Ă la plante,
la rend ainsi poudreuse. ... Heureusement, avec
un peu d'attention , il est aisĂ© dâappercevoir dans
cette maniÚre de raisonner des conséquences mal
déduites de principes incertains et mal posés ». Ici,
MM. les commissaires rappellent à -peu-prÚs les mé-
mes raisons que celles dont lauteur du mémoire
s'est servi pour prouver que le plĂątre ne peut
s'attacher au trĂšfle et se fixer sur les feuilles ou les
ĂŒges de ce vĂ©gĂ©tal.
I} Ă©tait intĂ©ressant de rechercher dâoĂč procĂšde
la poussiĂšre que lâon rencontre dans le trĂšfle plĂątrĂ©,
et quelle est la nature de cette poussiĂšre.
MM. les Commissaires ont répondu à cette ques-
tion par des expériences qu'ils ont faites sur des
bottes de trÚfles provenant de champs plùtrés et
non plùtrés ; et ils concluent des divers résultats
qu'ils ont obtenus que le trÚfle , soit plùtré , sot
non plùtré , est poudreux , non pas en raison du
plĂątre ; mais en raison du temps pluvieux ou hu-
mide qui accompagne le fauchage, le fanage et la
rentrée das le grenier ; que la poussiÚre provient
(83) â
de la décomposition des parties les moins solides
de la plante , ou plutĂŽt du dĂ©bris de ces mĂȘmes
parties. MM. les Commissaires remarquent en outre
que destrĂšfles plĂątrĂ©s , rĂ©coltĂ©s avec soin , nâont
pas donné de poussiÚre.
Pour connaĂźtre la nature de cette poussiĂšre, la
commission en a recueilli , non-seulement des bot-
tes de trÚfle qui avaient servi à ses expériences ,
mais encore de fourrages d'espÚces différentes et
non plùtrés , tels que de la luzerne récoltéé dans
les sables de Sotteville , et du foin des prairies de
S. Etienne.
Toutes les poudres provenant de ces divers four-
rages annoncent une origine végétale , par la cou
leur , la lĂ©gĂ©retĂ© et l'odeur. JettĂ©es dans lâeau ,
elles surnagent ce fluide pendant quelques instants,
le colorent en jaune , l'absorbent ensuite , tombent
au fond du vase et y forment une sorte de pĂąte
qui nâa aucune analogie avec celle que donne le
plĂątre imbibĂ© dâeau. . ..
Enfin , MM. les Commissaires examinent s'il est
possible , sinon de détruire entiérement , du moins
dâattĂ©nuer beaucoup les mauvais eflets de la pous-
siĂšre dont ils viennent d'indiquer l'origme et la
nature:
La commission observe dâabord que lâon prĂ©:
viendrait en grande partie la décomposition du
fourrage , et par conséquent la formation de la
poussiÚre végétale, si l'on choisissait , autant toute:
ba
m1: CB
fois que les circonstances le permettraient , un temps
favorable , câest-Ă -dire, sec et chaud , pour faucher ,
faner et rentrer les fourrages.
Dans le cas oĂč les cultivateurs seraient contrariĂ©s
par les mauvais temps, ils devront adopter l'usage
des meules Ă courant dâair intĂ©rieur ; ils devront
encore étendre dans le grenier le fourrage rentré
un peu humide , sur des lits alternatifs de paille:
la paille y gagne une saveur avidement recherchée
par les bestiaux.
La commission conseille en outre de secouer le
fourrage avant de le donner aux bestiaux , et de
Parroser de quelques gouttes dâeau dans laquelle
on aurait fait dissoudre un peu de sel marin.
En vous soumettant , Messieurs , les idées répan-
dues dans son rapport , la commission déclare
quâelle nâa eu en vue que la plus grande prospĂ©-
ritĂ© de lâagriculture ; câest aussi vers ce but que
tendront toujours vos désirs et vos pensées.
ĂCONOMIE RURALE.
L'économie rurale est si étroitement liée à l'agri-
culture , et celle-ci Ă la prospĂ©ritĂ© de PEtat, quâon
est surpris quâelle ait Ă©tĂ© si long-temps nĂ©gligĂ©e par-
mi nous.
Ge n'est, en effet, que depuis quelques années
que le Gouvernement paraĂźt enfin vouloir sâen oc-
(55)
cuper sĂ©rieusement , et lui donner le degrĂ© dâatten-
tion quâelle mĂ©rite.
Des établissements ruraux , vétérinaires , etc. , ré-
pandus sur différents points de l'Empire ; forment .
autant d'écoles pratiques dont l'utilité est aujour-
d'hui aussi seutie quâelle est solidement prouvĂ©e
par les résultats, dont le plus essentiel est l'amélio-
ration de nos laines opérée par celle des troupeaux.
Il est facile de s'en convaincre par la lecture des
Comptes rendus de M. Tessier |, commissaire du
Gouvernement pour ces Ă©tablissements.
Le premier de ces comptes qui ait été adressé
cette année à l'Académie , par M, Tessier , son
associĂ© , regarde lâĂ©tablissement rural du dĂ©parte-
ment des Pyrénées orientales , la premiÚre vente de
laine et de mérinos qui a eu lieu dans cet établis-
sement national au mois de praĂŻrial an 11 , et la
tenue et conduite comparées du troupeau et de ceur
du pays. L'Ă©tablissement a produit depuis sa for-
mation un bénéfice net de 27,750 francs.
Un fait dont on trouve les preuves dans ce rap-
port et qui intĂ©resse lâagriculture , câest que le sel
marin ( muriate de soude) répandu en trop grande
quantité sur les terres, détruit la végétation des
cĂ©rĂ©ales , et que lâon stĂ©riliserait des terres , dit lâau-
ur , si l'on y répandait du sel dans la proportion
de vingt-deux milliĂšmes, et vraisemblablement dans
upe proportion moindre.
F3
( 86)
Le second de ces comptes rendus Ă la classe des
Sciences mathématiques et physiques de PInsutnt
national, a pour objet la vente qui a eu lieu, les
premiers jours de messidor an 12, dans lâĂ©tablisse-
ment dâĂ©conomie rurale Ă e Rambouillet.
Ces laines ont été vendues en suint , et sans
donner les quatre au cent, au prix moyen de 5 f.
58 c. le kilogramme, ou 2 f. 69 c. les 5 hectogram-
mes ( la livre ). M. Henri Delarue , fabricant Ă
Louviers, a acheté la plus grande partie de ces
laines.
58 brebis et 69 béliers ont été successivement mis
en vente ; le minimum du prix des brebis a été de
210 f., et le maximum de 420 francs.
Aucun bélier ne s'est vendu au-dessous de 215
f. Vingt ont été achetés de 200 à 300 f. ; onze, de
400 Ă 5oo f. ; cinq, de 5oo Ă 600 f. ; un, 63of. ;
un, 651f. ; etun, 785 f.
Ceue différence dans les prix, tant pour les bre-
bis que pour les bĂ©liers , vient 1° de lâĂąge, de la
taille et de la vigueur des animaux ; 2° de la finesse
et de l'abondance de leur laine ; 3° de la forme qui
plaĂźt plus ou moins ; enfin de la fantaisie et de la
concurrence.
La race des bĂȘtes bovines sans cornes , dit M.
Tessier , na. pas été plutÎt introduite en France ,
que la commission d'agriculture a cherché à en ac-
quérir des individus. On Pa étudiée à Rambouillet ,
et on a trouvĂ© quâelle lemportait , au moins pour
C8)
re pays, sur les races communes. Les vaches sans
cornes ont une grande quantité de lait de bonne
qualité.
Tous les individus de la race sans cornes ne sont
pas absolument sans cornes ; ceux qui en sont pour-
vus Wen ont que de petites , point adhérentes a.
crĂąne , et sujettes Ă se dĂ©tacher dâelles-mĂȘmes.
Cette privation dâune arme offensive rend ces ani-
maux trĂšs-doux, faciles Ă panser et a conduire.
Quoique Paffluence des acquéreurs pour cette
classe d'animaux ait été considérable , on ne trouve
parmi ces acquéreurs que les cultivateurs des dé-
partements dâEure-et-Loir , de Seine-et-Marne et
de Seine-et-Oise : on nâen voit aucun du dĂ©parte-
ment de la Seine-Inférieure.
= L'Académie doit encore à M. Tessier une
Instruction sur la maladie des bĂȘtes Ă laine | nommĂ©e
FalÚre dans le département des Pyrenées orien-
tales ( ci-devant Roussillon. )
La falĂšre nâest point une maladie particuliĂšre aux
seules bĂȘtes Ă laine : les chevaux et les bĂȘtes Ă
cornes y sont aussi exposés. Suivant les pays , on
lui donne différents noms : on l'appelle rzal de panse,
empansement , gonflement , météorisation.
Rien nâannonce dâabord la faiĂšre ; les effets en
Sont si rapides que souvent en moins d'une heure
l'animal le mieux portant succombe et périt aprÚs
une agonie violente. La chair dâune bĂȘte morte rĂ©-
cemment de la falĂšre est. bonne Ă manger.
F 4
(88)
La falĂšre paraĂźt devoir ĂȘtre attribuĂ©e au gaz hy-
drogÚne carboné qui se dégage des aliments con-
tenus dans les estomacs et dans les intestins des
animaux,
AprÚs avoir remonté à la cause du mal, M.
Tessier indique les moyens d'y remĂ©dier et dâen
prévenir les ravages.
On doit bien se garder d'employer la saignée ,
elle ne servirait quâĂ hĂąter la mort ; mais on tiendra
ouverte la gueule des animaux, onjes fera courir ,
on leur pressera le ventre , afin de procurer l'ex-
pulsion des vents ; ce moyen est simple , 1} est
vrai : malheureusement il réussit peu.
Il y a plus d'espérance de guérir l'animal en
pratiquant la ponction , non ayec un couteau , mais
avec un Ă©rocar , instrument dont on se sert en
chirurgie pour tirer lâeau du ventre des hydropi-
ques. L'animal sera ensuite retenu un jour ou deux
Ă l'ombre et hors des atteintes des mouches.
Comme , malgré la promptitude à secourir les
animaux , le plus souvent on nâaurait point de suc-
cÚs , il est plus sûr de prendre des précantions poux
les préserver de la maladie.
Ces prĂ©cautions consistent Ă empĂȘcher les ani-
maux d'aller aux champs avant que la rosée soit
totalement dissipée, de les ramener à la bergerie
avant que le serein ne tombe sur les plantes ; de
sâabstenir de les faire sortir les jours de pluie, et
( 89 ) .
de nourrir les troupeaux Ă la bergerie dans les
saisons les plus dangereuses.
Emplacement des Laiteries.
L'Académie a recu de M. Ciszeville, médecin
à Forges-les-Eaux , une petite brochure intitulée :
Description des Emplacements quâil fuut choisir de
préférence pour la construction des Laïteries , suivie
de lâĂ©numĂ©ration des signes auxquels on reconnait si
une vache sera bonne laitiĂšre.
Ce petit ouvrage , que l'auteur a rédigé il y a
quelques années , sur l'invitation de la Société libre
démulation de cette ville , contient des détails in-
iéressants et utiles , mais qu'on doit lire dans lou-
vrage mĂȘme. Il ne peut qu'ĂȘtre agrĂ©able aux ha-
bitants d'un dĂ©partement oĂč la fabrication du beurre
et du fromage forme une brarche trĂšs-importante
de Pindustrie rurale.
Moyens d'obtenir du Lait et du Beurre de la
nu :
meilleure qualité.
M. Jamard a développé ces moyens avec beau-
coup dĂ©tendue dans un mĂ©moire quâil a lu Ă l'A-
cadémie , et qui a pour titre : Observations sur les
causes qui peuvent détériorer le Lait et le Beurre ;
et comparaison des procédés usités dans le dépar-
tement de la Seinc-inférieure , sur-tout dans le canton
de Gournay , pour faire le beurre, avec ceux usĂŒtĂ©s
*
ui (90)
dams le dĂ©partement dâIlle-et-V'ilaine | principale-
ment dans le canton oĂč se trouve la ferme appelĂ©e
la Prevalais.
AprÚs avoir indiqué les causes qui peuvent influer
sur la qualité et la quantité du lait, M. Jamard
s'occupe de la méthode la plus propre à fournir
dâexcellent beurre : il propose aux cultivateurs dâa-
dopter celle qui est suivie Ă la Prevaluis, parce
quelle lui paraĂźt plus productive et exiger moins
de soins. Il désirerait cependant que l'adoption gé-
nérale de cette méthode fût précédée par des essais
dont le Gouvernement pourrait charger quelques
cultivateurs éclairés.
ECONOMIE POLITIQUE.
SUENAUTOLIS TT IOQUTE.
M. le Préfet a adressé à l'Académie un exemplaire.
de l'Annuaire statistique du département de la Seine-
Inférieure , pour lan 13, en l'invitant à lui signa-
ler les erreurs qui pourraient ĂȘtre Ă©chappĂ©es aux
rédacteurs de ce petit ouvrage.
Un moyen aussi simple que facile , comme nous
l'avons observé dans l'avant-propos , de constater
l'exactitude de tous les faits dont se compose la
statistique dâun pays, est de les dĂ©poser dans une
suite d'Annuaires, Lh, comme dans ces réservoirs
oĂč une eau chargĂ©e de limon sâĂ©clancit et s'Ă©pure.
DT ee,
SR
PA
Cor)
ces faits exposés aux regards et à la censure publics,
perdraient peu-Ă -peu tout ce que l'ignorance ou
lexagĂ©ration auraient pu y ajouter dâĂ©tranger Ă la
vérité,
Les Annuaires statistiques auraient encore layan-
tage de suivre , pour ainsi dire, tous les mouve-
ments , toutes les variations qui pourraient suryve-
nir, dâune annĂ©e Ă lâautre, dans l'Ă©tat de situation
d'un département , et de fournir ainsi des points
de comparaison utiles. 97
Mais nous avons observĂ© en mĂȘme-temps qu'on
se flatterait envain dâatteindre le but , si les fonc-
tionnaires publics, si les sociétés savantes , si les
citoyens instruits , répandus sur les divers points
du département , ne concentraient sur cet objet
leurs eflorts et leurs lumiĂšres.
Plusieurs membres de l'Académie se sont em-
pressés de remplir les vues de M. le Préfet , soit
en lui indiquant des erreurs Ă corriger , des faits Ă
rectifier , soit en lui communiquant les moyens d'a-
méliorer l'ouvrage et de le porter au dégré de per-
fection dont il est susceptible.
Recherches statistiques sur le Commerce et lâIndustrie
du département de la Seine-Inférieure , et en par-
ticulier de La ville de Rouen.
C'est à M. Gruyer , directeur des douanes impé-
riales à Rouen , et membre de l'Académie , que
nous deyons ces utiles et intéressantes recherches
(92)
quil se propose de publier dans une suite de mé-
moires dont déjà deux ont été présentés à l'Aca-
démie.
Le premier a pour objet la Tannerie. Notre col-
lĂšgue rend compte de l'origine , des progrĂšs et de
la décadence de cet art à Rouen.
Le nombre des Ă©tablissements servant Ă la tan-
verie Ă Rouen, et dont lâorigine remonte au com-
mencement du onziĂšme siĂšcle , sâĂ©levait, en 1581,
Ă 8 Ă 9 cents, et ce genre de fabrique s'y soutint
dans le mĂȘme Ă©tat de prospĂ©ritĂ© jusque vers l'annĂ©e
1653 que la main destructive du fisc , dit M. Gruyer,
vint lui porter la premiÚre atteinte , en créant des
charges de contrĂŽleurs, marqueurs , prudhommes
et vendeurs de cuirs.
CetimpÎt, moins onéreux pourtant que génant et
vexatoire dans sa perception , découragea tellement
les maĂźtres , quâen 1759 le sombre s'en trouvait
déjà réduit à trente-trois. Les autres se réfugiérent
Ă Pont-Audemer , Caen, et dans dâautres parties de
la Basse-Normandie , oĂč ils nâavaient point Ă craindre
ces agents du fise , dont les charges n'avaient été
créées que pour Rouen.
Notre collĂšgue remarque que câest l'Ă©dit, le trop
fameux édit d'août 1759 , qui établit la marque des
cuirs, et imposa un droit excessif sur leur fabrica-
tion: de ce moment , ajoute-t-il , les tanneurs fran-
çais ne purent soutenir la concurrence avec l'étran-
er, et l'exportation de nos cuirs cessa entiĂšrement.
5 F
DAT CNT CON VS EN
Mt SCT
(95 )
Les meilleurs ouvriers portĂšrent leur industrie en
pays Ă©tranger , et c'est Ă celte cause que M. Gruyer
attribue en grande partie l'accroissement prodigieux
des tanneries si justement renommées de Namur,
LiĂ©ge , Malmedy , Stavelot, etc. , aujourdâhui de-
venues françaises , par la réunion des treize dépar-
tements de la Belgique et de la rive gauche du
Fhio.
Il nest pas indiffĂ©rent d'observer quâen 1720
Part de tanner occupait en Normandie plus de 50,000
familles , tandis qu'Ă cette Ă©poque Ă peine il Ă©tait
connu en Angleterre.
Les Cartes à jouer sont l'objet du second mémoire.
On sait, dit M. Gruyer, que l'usage des Cartes
à jouer ne remonte guÚre au-delà du 14° siÚcle :
elles furent inventées , vers l'an 1592 , pour amuser
et distraire le roi Charles VI qui était tombé en dé-
mence.
Laissant au moraliste à considérer les cartes dans
leur influence sur les mĆurs, il se borne Ă les en-
visager sous le rapport du commerce dont elles for-
ment uue branche trĂšs-importante. Câest Ă Rouen,
et pour ainsi dire exclusivement Ă Rouen, que ce
nouveau genre d'industrie vint se fixer. Aussi les
fabriques de Rouen en fournissaient-elles la plus
grande partie de la France ; elles pourvoyaient ex-
clusivement à l'immensité qu'en consomme le nord ,
le pays de l'univers le plus joueur ; elles Ă©taient
â
(94)
en possession d'en approvisionner l'Espagne ; le Por:
tugal et les Colonies.
LâaviditĂ© du fisc tenta Ă Rouen , en 1647 , un
impÎt sur les cartes , sous le spécieux prétexte que
le droit nâatteindrait quâune superfluitĂ©, quâun pur
objet de luxe ; heureusement il fut supprimé am
mois dâaoĂ»t de l'annĂ©e suivante , sur les reprĂ©sen-
tations du commerce.
Un arrĂȘt du conseil-dâĂ©tat , du premier avril 1677,
sursit Ă la levĂ©e dâun droit nouveau quâon avait cher-
ché à établir; trente ans aprÚs le droit fut défini
tivement créé, et pour cette fois le Gouvernement
resta sourd à toutes les réclamations.
Fatigués des persécutions que le fisc ne se lassait
pas de leur faire Ă©prouver , les cartiers de Rouen
se retirĂšrent dâabord dans l'Artois, la Flandre et le
Hainaut , province oĂč le droit Ă©tait Ă©ncore inconnu ;
puis dans la Belgique et en Batavie. Câestâ principa-
lement Ă Bruxelles que se porta la fabrique des
cartes.
Cependant le fisc trompé dans son attente ne re-
cevait presque rien du noĂŒvel impĂŽt. Le Gouverne-
ment crut pouvoir réparer ses fautes en proposant
au corps des cartiers de Rouen l'abonnement du
droit pour une misérable somme de cinq à six cents
livres par an. Les cartiers acceptĂšrent cette offre ;
mais il Ă©tait trop tard : le mal Ă©tait devenu sans
remĂšde. Les Ă©trangers s'Ă©taient emparĂ©s presquâen-
tiĂšrement de cette branche de commerce ; et si les
es 7-59
C95)
produits de quelques fabriques de Rouen Ă©taient
encore reçus Uans le nord , ils ne devaient l'avan-
tage de cette concurrence quâĂ la rĂ©putation juste-
ment méritée dont les cartes de cette ville avaient
constamment joui.
La fabrique des cartes Ă jouer , autrefois trĂšs-
florissante Ă Rouen , s y trouve aujourdâhui rĂ©duite,
comme dans le reste de la France , Ă -peu-prĂšs Ă la
consommation intérieure.
Statistique de Forges-les-Eaux.
Tel est le titre d'une petite brochure envoyĂ©e Ă
l'Académie par M. Cisseville | medecin à Forges-
les-Eaux , président de la Société médicale et d'é-
mulation de la ville de NeufchÀtel , correspondant
des SociĂ©tĂ©s libres et dâĂ©mulation de Rouen, Tours,
eLc,
» Indiquer les causes variées de l'accroissement
de Forges , et celles de sa décadence ; faire con-
naitre les moyens de lui restituer sa splendeur pas-
see ; fournir Ă ses habitants les moyens d'accroĂźtre
leur fortune en augmentant les revenus de l'Etat ;
rendre aux étrangers le séjour des eaux plus agréa-
ble et plus salubre ; contribuer autant qu'il est en
moi au bonheur de ceux qui m'ont vu naĂźtre; câest,
dit M. Ciszeville , m'acquitter tout-Ă -la-fois envers
ma patrie , mes concitoyens et les Ă©trangers qui nous
honorent de leur présence dans la saison des eaux. »!
Le but que s'est proposĂ© lâauteur est celui dâun
(96)
excellent citoyen , et on voit, en lisant son ouvrage,
qu'il wa rien négligé pour le remplir utilement.
M. Ciszeville donne des âdĂ©tails curieux sur les
eaux minérales de Forges, confondues , ert 1447 ;,
avec les eaux de l'Ă©tang dâAndelle , et divisĂ©es, en
1652 , en trois sources , la kRoyule, la Reinerte et
la Cardinale, Ă l'Ă©poque oĂč Louis XIIL vint pren-
dre les eaux avec Anne d'Autriche son Ă©pouse et
le cardinal de Richelicu.â On regrette que l'auteur
wait pas fait connaitre, par une analyse exacte, les
propriétés particuliÚres de ces trois sources; il se
contente de dire en gĂ©nĂ©ral quâelles sont de la
classe des ferrngineuses, et que l'acide carbonique
qui y tient le fer en dissolution ne sây trouve point
en excĂšs , puisque Ăles eaux ne sont ni piquantes ni
acidules. Il est certain cependant que ces eaux pré-
sentent des diflérences sensibles , suivant le bassin
oĂč on les puise , et que le mĂ©decin doit en tenir
compte en les prescrivant aux malades.
L'auteur parle ensuite de la position topographi-
que de Forges , des riviĂšres qui prennent leur source
dans les environs, de son industrie rurale et manu-
facturiÚre , de ses marchés, de son commerce ; il
termine son ouvrage en invitant le Gouvernement Ă
rendre Ă l'agriculture cette immense Ă©tendue de
bruyĂšres qui, Ă 25 lieues de la capitale de l'Empire,
nâoffrent qu'un dĂ©sert aride et l'aspect hideux dâune
honteuse et désolante stérilité,
ARTS
(97)
ARTS MĂCANIQUES.
: D'rr op" R 1 QUE.
L'Art de la dioptrique a prĂ©sentĂ© cette annĂ©e Ă
l'Académie un phénomÚme aussi rare qu'il est in-
tĂ©ressant, Un aveugle , M. fallĂ©e , demeurant Ă
Rouen, rue des Murs-S.-Ouen , n° 12 , a prié la
Compagnie de soumettre Ă l'examen dâune commis-
sion des verres concaves et convexes , de diffé-
rents foyers , qu'il taille et polit lui-mĂȘme.
Organe de la commission , M. Descamps a rendu
compte des moyens ingénieux que M. Vallée a ima-
ginés pour aider au sens dont il est privé ; moyens
que MM. les commissaires ont vu exécuter , en
leur présence , par cet artiste infortuné.
Les verres qu'il a soumis au jugement de l'Aca-
dĂ©mie out Ă©tĂ© trouvĂ©s dâune bonne Cie et d'un
beau poli.
Puisse le jugement favorable que lâAcadĂ©mie a
porté du travail de M. Vallée , appeler sur Jui la
bienveillance du Gouvernement, et lui aider Ă en
obtenir les secours dont il a besoin pour se pro-
curer les instruments nécessaires à la pratique de
quelques branches particuliĂšres de son art dont il
désirerait pouvoir s'occuper spécialement !
P P Ă
S. publ. 1805, G
( 98 )
SrsT7ĂME de numĂ©ros pour les fils,
M. Delafontaine , directeur-associé de la filature
de MM. Delafontaine et compagnie , Ă l'Escure-
lÚs-Rouen , a offert à l'Académie quelques exem-
plaires d'un mémoire imprimé , qui a pour titre :
Mémoire sur un systéme général de numéros pour
les fils , et spécialement pour les fils de coton , basé
sur les nouvelles mesures ; avec un tableau de com-
paraison des numéros des fils de coton dans les di-
vers systĂȘmes.
Ce mĂ©moire est le mĂȘme que celui qui vous
a été présenté manuscrit , l'annee derniÚre , par
l'auteur.
ĂEss4r de fabrication de FaĂŻence , dite Ă - pĂąte
blanche , Ă Rouen.
M. Letellier , fabricant de faĂŻence Ă Rouen, faux-
bourg S. Sever , a présenté des échantillons, en
biscuit, de la faience blanche fabriquée avec l'argile
quâil a , dit-il , dĂ©couverte dans la forĂ©t de La-
londe.
Ces piĂšces ont paru Ă l'AcadĂ©mie dâune blancheur
supérieure à la faïence de Forges, et il est vrai-
semblable que lorsqu'elles auront reçu la couverte,
elles pourront , tant pour la solidité que pour la
modicité du prix, soutenir la concurrence avec les
faiences du mĂȘme genre qui nous viennent de
Pintérieur ou de l'étranger,
(99 )
EN terminant ce rapport , pourquoi faut-il que
des idées affligeantes viennent se méler au plaisir
qu'ont , sans doute , éprouvé les amis des sciences
et des arts, en voyant le zĂšle avec lequel les dif-
férentes branches des connaissances humaines ont
été cultivées parmi nous?
Les citoyens de cette ville qui nous honorent
de leur présence, partageront , sans doute , les
regrets de l'Académie , en apprenant que nous
avons perdu , dans le cours de cette année ,
MM. Lepecq de la ClÎture , docteur en médecine,
Pillore , docteur en chirurgie , et M. Rondeaux de
SĂ©try ; naturaliste.
Deux de mes CollĂšgues se sont chargĂ©s dâacquit-
ter une partie de la dette pénible , mais sacrée ,
que l'Académie est dans l'usage de payer à Ja
mémoire de ceux de ses membres qui ont cessé
d'exister.
/
J'essaierai ensuite de remplir le mĂȘme devoir en-
vers M. Pillore.
+ La plume Ă©loquente de mes CollĂšgues saura mieux
que Ja mienne vous intéresser à notre douleur , et
vous peindre toute l'amertume et la sensibilité de
nos regrets,
( 100 }
NOTICE BIOGRAPHIQUE SUR M. LEPECQ DE LA CLĂTURE,
Par M. GossrAvme.
Je ne me croyais pas destiné à répandre quelques
fleurs , au nom de l'AcadĂ©mie, sur lâurne funĂ©raire de
M. Lepecq de la ClĂŽture. Cette tĂąche honorable et
douloureuse Ă la fois, avait Ă©tĂ© confiĂ©e Ă lâun de nos
confrĂšres (1) que les liens les plus solides et les
plus tendres attachaïent à ce médecin estimable. Des
circonstances inopinées privent la Compagnie de ce
travail intéressant presque à la veille de la séance
publique; j'essaie sinon de le suppléer , au moins
de ne pas laisser ĂŒne lacune que doit remplir uti-
lement lhistoire d'une vie consacrée à des trayanx
utiles, Ă©mbellie par la culture des lettres et le
commerce de l'amitiĂ©, Ă
Louis Lepecq de la ClÎture, ancien docteur ré-
gent et professeur en chirurgie en la faculté de mé-
decine de Caen , agrégé au collége des médecins
de Rouen, médecin désigné de l'HÎtel-Dieu de la
mĂȘme ville, mĂ©decin de la gĂ©nĂ©ralitĂ© pour les Ă©pi-
démies , membre de la société de médecine de
Paris, de l'Académie des sciences, des belles-lettres
et des arts de Rouen , Caen, etc. , naquit Ă Caen en
1756.
PE nl
(1 ) M. de Glanville, son gendre.
( 107 }
Il fut élevé avec soin, et termina rapidement son
cours dâĂ©tudes dans l'UniversitĂ© de cette mĂȘme ville :
il avait 16 ans alors , et se consacra invariablement
à l'étude de la médecine.
C'est une chose digne de remarque que rare-
ment les enfants embrassent la profession de leurs
parents. Accoutumés à partager , pour ainsi dire ,
les fatigues et les désagréments qui les entourent ,
ils en sont dégoûtés par anticipation , etse promettent
des jours plus heureux dans un Ă©tat different dont
ils ne voient que les fleurs. On ne peut pas dire
rigoureusement que M. Lepecq fût une exception
à cette rÚgle : son pÚre ; à la vérité, avait été
lui-mĂȘme docteur-rĂ©gent de la facultĂ© de mĂ©decine
de Caen ; maïs il avait été enlevé de trÚs-bonne heure
Ă sa famille, et ne laissait Ă son fils que le souve-
nir honorable des services quâil avait rendus.
L'étude de la médecine est hérissée de difficultés;
mais ni un homme de goût elle est entourée
de jouissances. Il est si intéressant de pouvoir se
rendre raison des phénomÚnes de la vie, si curieux
de connaitre les ressorts harmonieux qui nous font
agir, si consolant sur-tout de pouvoir opposer des
secours efficaces aux désordres multipliés qui nous
menacent sans cesse, que les Ă©pines sont presque
comptées pour rien , et disparaissent, par une espÚce
dâenchantement , Ă l'aspect des plus brillantes mer-
veilles ! M. Lepecq, reçu docteur en médecine , sen-
tit le besoin de perfectionner ses connaissances,
G 3
( 102 }
C'est dans les Ă©coles , câest dans les bons livres
que lon peut acquérir une théorie lumineuse ;
mais câest au lit des malades et sous la direction
de praticiens habiles que lâon sâ'instruit fructueu-
sement des écarts de la nature, que l'on médite
solidement sur lutilité des secours administrés ,
et que lon apprend Ă voler de ses propres aĂźles.
Il vint donc Ă Paris , suivit assiduement les visites
des malades à l'hÎpital de la Charité , et, partageant
ses loisirs entre la lecture des oracles de Cos et
l'application quâil en faisait aux nombreux malades
qui se succédaient dans cet asile , il contracta de
bonne heure l'habitude de confirmer les préceptes
par l'observation , et prépara ainsi les ouvrages in-
tĂ©ressants quâil publia par la suite.
Le célÚbre Bordeu fut un des médecins dont
il rechercha particuliÚrement l'amitié : ses liaisons
avec ce restaurateur zĂ©lĂ© de la doctrine Nâ
tique , le mettaient à portée de consulter souvent
son expérience et ses grands talents, et les précep-
tes du maĂźtre trouvaient dans l'esprit et le cĆur
de l'Ă©lĂšve le sol le plus propre âĂ la faire fructifier.
De retour dans sa patrie , notre confrĂšre se livra
à la pratique de la médecine, avec cette sage re-
tenue qui annonce un médecin pénétré de la
grandeur de son Ă©tat. Ennemi de tout systĂšme, il
ne reconnut quâune autoritĂ© souveraine , l'expĂ©rience
soumise aux lois de la raison , et qu'un guide cer.
tain , la nature, dont le flambeau nâĂ©gare jamais ,
PA NT SE SE
EP ho mt min âŠâ te
( 103 }
et qui jamais ne demeure muette quand on sait
bien lâinterroger.
Au mois de mars 1769, M. Lepecq vint se fixer
Ă Rouen.
Lâ'admission Ă l'exercice de la mĂ©decine dans cette
capitale de la Normandie , Ă©tait alors assujettie Ă
des formes sévÚres. Les statuts du collége des mé-
decins de Rouen exigeaient quatre annĂ©es dâinscrip-
tions dans une université célÚbré , deux années de
pratique dans une ville extrĂ muros , la composi-
tion d'une dissertation proposée par le collége , et
douze questions relatives, par tiers, à la médecine ,
à la chirurgie et à la matiÚre médicale , et contre
lesquelles tous les docteurs agrégés argumentaient
publiquement pendant deux jours consécutifs.
M. Lepecq se distingua singuliĂšrement dans cet
acte probatoire. La question qui lui fut proposée est
celle-ci : » La saignée est-elle préférable aux sudori-
» fiques dans le traitement du rhumatisme gouteux ?
» An in rheumatismo arthritico , venÊ sectio sudori-
» feris prÊferenda ?
Cette dissertation , dans laquelle il se décide pour
l'affirmative , est écrite avec autant d'élégance que
de méthode , et annonce une érudition vaste, mais
tempérée par une sage économie.
Les aséertions roulent , en médecine ,
» Sur les qualités médicatrices et conservatrices
» de la nature , :
G4
(104 )
» Sur la nécessité de la prendre pour guide dans
» l'application des médicaments ,
» Sur la valeur des crises ,
» Sur l'avantage que les mĂšres retirent de lâallai-
» tement de leurs enfants.
En matiÚre médicale,
» Sur la propriété de leau, |
â du tartre stibiĂ© ,
de l'opium,
du kinkina,
câest-Ă -dire sur les remĂšdes les plus hĂ©roĂŻques que la
nature et lâart puissent nous offrir.
En chirurgie ,
» C'est la nature qui guérit les blessures ,
» On ne doit recourir aux opérations que dans
» une nécessité absolue.
» La dextĂ©ritĂ© de lâaccoucheur est l'instrument le
» plus utile , et l'usage du forceps est à peine
» admissible.
» L'insertion de la petite-vĂ©role peut-ĂȘtre tolĂ©rĂ©e
CI
La
par un mĂ©decin prudent , mais ne doit point ĂȘtre
La
conseillée , tant à cause du danger de l'opération
que par la crainte de répandre la contagion,
>
Ce dernier article montre quelle Ă©tait l'opinion sur
l'inoculation dans le moment oĂč M. Lepecq Ă©crivait ,
et que lâon commençait Ă sâ'appercevoir combien cette
pratique individuellement avantageuse faisait , par
( 105 )
une propagation inévitable , payer chÚrement les
services partiels quâelle rendait,
M. Lepecq méditait depuis long-temps un grand
ouvrage , la topographie médicale de la Normandie ,
et il avait recueilli des matériaux nombreux pour
ce travail important ; il n'avait pas négligé les ob-
servations météorologiques , travail aussi fastidieux
par lâassiduitĂ© quâil exige , que prĂ©cieux par la con-
cordance qu'il Ă©tablit entre les constitutions atmos-
phériques et la nature des maladies. Mais il était trop
éclairé pour ne pas sentir qu'une si vaste entreprise
est supérieure aux recherches d'an seul homme ,
quand il ne veut pas y consacrer tous ses loisirs,
et la pratique de la mĂ©decine ne cessa jamais dâĂȘtre
son occupation la plus chĂšre. Il s'associa donc tous
les médecins de la province , et les invita, de la ma-
niĂšre la plus honnĂȘte, Ă lui communiquer les dĂ©tails
relatifs à la topographie médicale des lieux qu'ils
habitaient, Cette collection de mémoires authenti-
# ques , fruit précieux de l'expérience , fut une mine
féconde dont il sat tirer le meilleur parti ; il les re-
fondit la plupart et leur donna un nouvel intĂ©rĂȘt
par le charme dâune diction pure, par les reflexions
judicieuses dont il les accompagna , et les obser-
vations particuliĂšres dont il les enrichit.
DÚs 1776 il avait publié , en un volume in-4,
ses observations sur les maladies épidémiques. Cet
ouvrage est dédié à M. de Crosne , alors inten-
dant de la généralité de Rouen, En nommant notre
(106)
confrÚre médecin de la généralité pour les mala-
dies populaires, ce magistrat l'avait mis à portée de
faire à ce sujet des observations précieuses , et mé-
ritait plus que tout autre d'en partager l'honneur.
En 1778, il publia, en deux volumes in-4° , sa
collection d'observations sur les maladies et cons-
titutions épidémiques , et les dédia au Roi.
De quatre parties dont cet ouvrage se compose ;,
la premiĂšre oceupe seule le premier volume.
Notre confrĂšre partage dâabord la province entiĂšre
par contrĂ©es, dâaprĂšs le gisement des montagnes ,
le cours des riviÚres , l'exposition , l'élévation ou
la dépression des lieux. Il décrit le caractÚre des
premiers Normands comparativement avec les
mĆurs et les usages de leurs descendants ; les ma-
ladies endémiques les plus générales , et celles
qui sont particuliĂšres Ă chaque canton. Il expose
succinctement les productions naturelles qui sây ren-
contrent , la naiure des*eaux communes ou miné-
rales qui y coulent , et la longue série des maladies
épidémiques qui y ont été observées.
La description trÚs-soignée des cantons de Rouen
et Caen sont de M. Lepecq. Les autres appartiennent
pour la plupart Ă ses collaborateurs , au nombre
desquels il m'avait fait l'honneur de mâassocier pour
le cantou d'Evreux que j'habitais alors. Enfin , trois
tables de mortalité, dont il avait fourni la premiÚre
pour le canton de Rouen, M. Morin , médecin dis-
C107 )
ĂŒnguĂ© Ă Lisieux , la seconde pour ce canton , et
moi la troisiĂšme ( cette derniĂšre comprend 40
années } , donnent lieu à des comparaisons et à des
rapprochements dont lâart de guĂ©rir peut tirer un
grand avantage : tel est le sommaire de la premiĂšre
partie.
La seconde est le résumé simple et clair d'ob-
servations météorologiques pendant une espace de
quinze années.
La troisiĂšme comprend l'histoire des maladies po-
x
pulaires qui ont régné à Caen, de 1765 à 1768.
La quatriÚme et derniÚre est consacrée à la des-
cription des maladies épidémiques observées dans
le canton de Rouen , etc. , jusqu'en 1777 inclusi-
vement. Là viennent se ranger les épidémies de 1770
et autres qui sont décrites dans le premier volume.
La constitution catarrhale de l'été de 1765 , la
putride bilieuse de 1764 et 1765 , les miliaires qui
y succédÚrent , la constitution atrabilieuse de 1766
et partie de 1767, le catarrhe épidémique de la fin
de cette mĂȘme annĂ©e jusquâau printemps de 1768,
appartiennent au territoire de Caen. La constitution
bilieuse de 1769, la catarrheuse de 1770, l'épidé-
mie du Gros-Theil dans le Romois, la putride ver-
mineuse et maligne , et la putride exanthémateuse
de Louviers ; la catarrhale bilieuse de 1771 et1772,
la péripneumonie putride de 1775, le causos épi-
démique observé à Cottevrard ; la grippe de 1775;
l'épidémie catarrhale putride de Saint-Georges , et
( 108 )
Ja péripneumonie putride de Dieppe en 1776; enfin,
la constitution scorbutique putride de 1776 et 1777»
sont particuliĂšres au canton de Rouen et Ă ceux de
son voisinage.
En offrant un tableau fidĂšle de ces maladies po-
pulaires et désastreuses , M. Lepecq n'oublie ni les
maladies intercurrentes , ni les nuances quâelles pou-
vaient se communiquer rĂ©ciproquement ; mais lâar-
ĂŒcle vraiment important est l'exposition des secours
à l'aide desquels il avait été assez heureux pour en
arréter les ravages.
Médecin instruit et littérateur agréable , M. Le-
pecq avait plus dâun titre pour appartenir Ă l'Aca-
démie des sciences , etc. , de la ville qu'il habi-
tait. Cette Compagnie sâempressa de se lâassocier ,
et le compta toujours au nombre de ses membres
les plus distingués. Il y lut successivement un grand
nombre de mémoires , presque tous relatifs à lou-
vrege dent il sâoccupait et dont nous venons de
rendre compte. En 1785 , il en lut un sur leâ dĂ©-
veloppement des passions , dans lequel il exposa en
physicien et en moraliste judicieux les progrĂšs et les
conséquences de ce principe de toute énergie , et
la cause la plus assurée de la sérénité ou du mal-
heur de nos jours.
Le Gouvernement ne laissa pas sans récompense
le dévouement généreux de notre confrÚre , et ses
ouvrages dont le mĂȘme Gouvernement avait ordonnĂ©
la publication. M. Lepecq fut anobli en 1781 ,
mr ou om
⏠169 )
maniĂšre honorable dâacquitter une grande dette
sans surcharger le trésor public, et le seul prix qui
puisse flatter un cĆur gĂ©nĂ©reux.
M. Lepecq se délassait avec les Muses des fatigues
inséparables de son état. Je connais de lui des mor-
ceaux de poĂ©sies fort agrĂ©ables ; l'Ă©pithalame quâil
composa Ă lâoccasion du mariage de mademoiseile
sa file la cadette, est plein de fraicheur et de sen-
timent.
J'annonce par cette phrase que M. Lefecq Ă©tait
marié : il avait épousé, en 1778, mademoiselle Le-
bon , et cette alliance fut le fruit dâune estime rĂ©-
ciproque. Il porta dans son ménage la douceur et
l'amabilité qui le caractérisaient. PÚre de deux de-
moiselles aimables, il partagea avec son estimable
compagne les soius de leur Ă©ducation. Ils leur dor-
nérent en commun les préceptes et l'exemple des
vertus domestiques, et eurent le bonheur de voir
fructifier leurs leçons.
La révolution éloigna M. Lepecq de cette capitale ;
il se retira Ă la campagne dans le voisinage de Beau-
mont-en-Auge. Ce fut un. bonheur pour ce pays :
il y porta ses talents , ses connaissances et le besoin
plus précieux encore de les communiquer et de les
faire servir au soulagement de ses semblables.
Ă passait ainsi des jours heureux au sein d'une
famille aimable qui savait l'apprécier , lorsque le
dérangement de sa santé y porta de noirs pressen-
( 110 )
timents, câĂ©taient les premiers chagrins qu'il y eĂ»t
causĂ©s. Sa poitrine sâengagea de plus en plus, et ce
désordre , auquel la goutte ne paraissait pas étrangÚre,
l'enleya, à l'ùge de 68 ans ; à l'estime , à l'amitié,
Ă la reconnaissance.
M. Lepecq Ă©tait dâune taille mĂ©diocre, dâun abord
gracieux , d'un commerce facile. Sa forte constitu-
tion semblait lui présager une plus longue carriÚre :
mais la durĂ©e de la vie sâestime--elle par le nombre
de nos jours? Ils ont été doublés s'ils ont été rem-
plis par des travaux utiles , Ă©t Ă ce calcul M. Le-
pecq est parvenu Ă une grande vieillesse.
Notice BIOGRAPHIQUE sur M. RonNpeaux DE SĂTRY.
Par M. Norz:tz.
Je viens apporter au milieu de cette enceinte le
tribut des justes regrets quâexcite la perte que nous
avons faite , dans la personne de l'un des membres
de l'Académie qui, par son ùge, en était devenu le
Nestor.
Jean-Marin-Joseph-Claude Rondeaux de SĂ©trĂż
naquit Ă Rouen , le 7 novembre 1720 , de M. Ma-
rin Rondeaux et de madame Marie - Madeleine Ché-
ron de Freneuse. Sa famille , originaire de Saint-
Quentin en Picardie, persécutée pour son culte ,
Ă l'Ă©poque des guerres de religion , quitta cette ville
(tr 568)
et dispersa ses branches sur plusieurs points de la
France ; une d'elles vint se fixer Ă Rouen , oĂč elle
sâest conservĂ©e honorablement depuis environ deux
siĂšcles.
M. Rondeaux perdit son pĂšre dĂšs lâĂąge le plus
tendre, mais, élevé par une mÚre aussi vertueuse
que belle , il contracta de bonne heure les douces
habitudes de l'amour du bien et d'une solide
piété.
Les idées du jeune Rondeaux furent constamment
dirigées vers l'étude des productions de la terre ;
de lĂ vint la prĂ©dilection quâil eut depuis pour la
botanique et particuliĂšrement pour la culture des
plantes utiles. Ses premiĂšres dispositions furent se-
condĂ©es par les conseils de vieux amis dont lâex-
périence était sûre. Ils cultivÚrent son esprit et di-
rigÚrent ses goûts, mais sa mÚre seule forma son
cĆur. Elle en recueillit bientĂŽt la rĂ©compense ; elle
trouva dans un fils de vingt ans la soumission res-
pectueuse et Ja confiance filiale dont les germes
avaient fructifié par ses soins, Elle voyait tons les
jours ses talents se dĂ©velopper et ses vertus sâac-
croĂźtre. |
Disciple du savant Delaizement et du vertueux
Dangerville , notre collĂšgue eut pour Ă©mule le mo-
deste d'Ambourney. Quoique fort jeune encore , la
botanique , sa passion dominante, l'avait mis en rap-
port avec Bernard de Jussieu , et, avant mĂȘme dâap-
( 112 ) NES ,
partenir à notre Société savante , il eut des liaisons in-
ĂŒmes avec le cĂ©lĂšbre Lecat , dont la rĂ©putation
était répandue dans l'Europe entiÚre,
Parvenu Ă lâĂąge oĂč il devait rendre ses talent
utiles à la Socicté , sa mÚre , son conseil et son
amie , le détermina à eutrer dans la carriÚre de
la magistrature que ses ancétres avaient si hono-
rablemeut parcourue. Conseiller en la Cour des
Comptes , Aides et Finances de Normandie , on le
vit pendant quarante ans y porter les connaissances
d'un juge éclairé et les vertus d'un magistrat intÚ-
gré. La révolution seule mit un terme à ses fonc-
tions.
Il avait atteint sa trentiÚme année sans avoir connu
d'autre bonheurâque celui quâil goĂ»tait dans une so-
ciĂ©tĂ© choisie dont sa mĂ©re Ă©tait lâornement, SĂ©duit
peut-ĂȘtre par lâexemple de ses premiers amis , M.
Rondeaux rĂ©sista quelque -temps aux vĆux dâune
tendre mĂšre qui le pressait de se choisir une com-
pagne. Huit jours suffirent pour le rendre Ă©poux ;
et, comme si son Ă©toile avait voulu quâil fĂ»t et
devint constamment heureux par tout ce qu'il y
a de plus cher au monde , il trouva dans cette
union , peu réfléchie en apparence Êt si rapidement
formée, un genre de bonheur qu'il w'avait pas counu
jusqu'alors. Six enfants furent le fruit de ce mariage;
un seul Jeur a survécu, M. Rondeaux de Mont-
bray, votre associé à Louviers , qui, suivant les
traces de son pÚre , élevé par lui et digne de son
nom ;,
G.413:)
nom , répond à ses espérances et tient dans la So-
ciété le rang honorable assigné à tout citoyen
utile.
Sans rien nĂ©gliger de ses devoirs de pĂšre et dâ'Ă©-
poux , notre Confrére , à cette époque , mit encore
plus d'activité dans ses travaux. Entouré de maté-
riaux nombreux , fruit de ses fréquentes herborisa-
tions, il continua d'observer les merveilles de la na-
ture ; il voulut s'initier Ă tous ses secrets ; il reconnut
dans les systémes des anciens nomenclateurs des in-
cohĂ©rences quâelle dĂ©savouait. Ilse crĂ©a des mĂ©thodes
nouvelles ; Ă des descriptions vagues ou imparfai-
tes il en substitua de précises; il surpassa souvent
le style laconique de Linné , objet constant de son
admiration, Un travail assidu lui acquit une science
profonde ; un jugement sain le garantit de l'ambition
dâune publicitĂ© qui contrastait trop avec sa modes-
tie: et si, d'une part , il y eut beaucoup dâunifor-
mité dans sa vie domestique , de l'autre il sut répan-
dre une grande variĂ©tĂ© dans ses travaux. Lâheureux
emploi quâil fit de son temps et de ses talents mĂ©-
rite peut-ĂȘtre autant de fixer nos regards que cette
liste fastueuse de faits Ă©blouissants qui jettent quel-
quefois tant d'Ă©clat sur la vie du politique et du
guerrier.
Tel est le jugement que paraßt en avoir porté
l'Académie des sciences , des belles-lettres et des
arts de la ville de Rouen , qui, en 1758, s'empressa
de lPaccueiilir dans son sein.
S. publ. 1805. H
C4)
Les nombreux mémoires dont il enrichit cette
Compagnie savante lui valurent l'honneur dâĂȘtre
nomme vice-directeur en 1761 , et directeur lâannĂ©e
suivante. Le zÚle et les talents distingués avec les-
quels il sâacquitta des fonctions de ces places ho-
norables , lui mĂ©ritĂšrent lâĂ©stime et la reconnais-
sance de tous ses ConfrĂšres.
Nommé par eux ,; quelque temps aprÚs , inten-
dant du jardin botanique, sa gĂ©nĂ©rositĂ© lâenrichit
dâun grand nombre de plantes rares. Par ses soins
éclairés l'entretien des serres devint plus économi-
que , et la tenue du jardin plus utile et plus bril-
lante.
Dans la quantité des mémoires que lui doit P Aca-
dĂ©mie et quâelle conserve prĂ©cieusement , nous dis-
tinguerons les suivants :
1° Recherches sur la ville de Rouen ; elles con-
sistent en trois plans originaux oĂč il a tracĂ© la pre-
miĂšre enceinte de cette ville et ses accroissements
successifs. Ces plans sont accompagnés de notes
instructives sur les principaux Ă©difices et sur les
événements remarquables dont elle fut le théùtre.
2° Deux autres plans, levés par lui , des ruines du
fort de Moulineaux , vulgairement appelé le Chà -
teau de Robert-le-Diable , et de la forteresse de
Sainte-Catherine.
3° Une collection de poissons qu'il a dessinés et
enluminĂ©s dâaprĂšs nature , enrichie de ses obser-
vations manuscrites dont l'exactitude ne laisse rien
à désirer.
C 115 )
4° Une autre collection d'environ cinq cents cham=
pignons , Ă©galement peints par lui ,; avec leur des-
cription générique et spécifique ; ouvrage dont à l
conçut le plan Ă l'Ăąge de 78 ans, et quâil exĂ©cuta
en quatre ans , avec une persévérance dont les
exemples sont rares dans un ùge si avancé ; ou-
vrage qui contient une foule d'espĂšces quâon recher-
cherait envain dans les collections de Pinot , de
SchĆffer , d'Hoffman, de Marsigli et dans lâhistoire
des champignons de la France , publiée par Bulliard ,
la plus complette que nous possédions.
5° Un Traité sur la culture des arbres en pleine
terre , qui offre le rapprochement heureux des ob-
servations de Miller , du baron de Tschoudy, du
chevalier de Jansen, et les siennes propres.
6 Divers cours abregés d'histoire relatifs aux
quadrupĂšdes, aux oiseaux , aux plantes.
7° Des mémoires détachés sur l'économie rurale ,
oĂč il a traitĂ© de l'Ă©ducation des vers Ă soie , des
oiseaux domestiques , de la ladrerie des porcs , de
divers engrais , des prairies artificielles , de pro-
cédés nouveaux pour arroser les jardins , de nou-
velles dispositions des serres.
8° Des notices et rapports sur d'anciens tombeaux
dĂ©couverts Ă Oissel , sur des mĂ©dailles trouvĂ©es Ă
NeufchĂątel ; une description des commuues de
Oissel et de Saint-Euenne-du-Rouvray.
Les originaux de ces mémoires et de plusieurs
H 2
( 116 )
autres ont été déposés aux archives des Sociétés sa-
vantes auxquelles il appartenait.
On ne peut les lire, Messieurs , sans y recon-
naĂźtre la touche simple et naĂŻve dâun ami de la
nature et de la vérité. Toujours en garde contre le
charlatanisme des novateurs , aux prestiges de quel-
ques mĂ©moires sĂ©duisants il se contenta dâopposer.
lautoritĂ© des faits et de l'expĂ©rience. Câest un des
principaux mérites de ses essais dans une science
ou les Duhamel, les Tull , les Young ont uni depuis
la théorie à la pratique , et ont éclairé cette der-
uiĂšre du flambeau de leurs observations.
Parvenu Ă un Ăge trĂšs-avancĂ© , le privilĂ©ge de la
pensée était devenu [pour notre respectable Con-
frÚre un privilége funeste. Il ne se souyenait de ce
quâil avait Ă©tĂ© que pour mieux sentir ce quâil nâĂ©-
tait plus. Averti, par le sentiment de ses infirmités ,
du terme fatal dont il approchait , il l'envisagea avec
le sang-froid du philosophe et la résignation du
chrétien. Rappelant alors toutes les forces de sa
sensibilitĂ©, il traça dâune main courageuse ses der-
hiers adieux Ă sa famille. Tout y respire sa sou-
mission aux ordres de l'Eternel , la sollicitude qu'il
Ă©prouve pour les plus chers objets de ses affections,
et le dernier Ă©lan de son cĆur fut pour sa femme
et pour son fils. Il sâ'endormit du sommeil du juste ,
leg messidor an 13 (28 juin 1805), ùgé de 84 ans 8
mois, laissant aux siens pour héritage des biens pé-
rissables, mais, ce qui est encore préférable , une
Er7 .J
réputation $ans tache , un bien qui ne périt jamais. . .
Ah ! celui qui, prrmi vous , rend à sa mémoire
le tribut dâĂ©loges que rĂ©clame la vĂ©ritĂ© , fut aussi ,
Messieurs , l'objet de ses sentiments les plus tendres.
Avec quelle affection ne lui prodigua-t-il pas ses
savantes lecons ? Combien de fois nâĂ©clairat-il pas
sa marche incertaine dans la carriĂšre des sciences
et des arts ? Charmé de contribuer à leur progrÚs,
M. Rondeaux ne se réserva jamais le moindre hom-
mage pour ce quil avait communiqué. Il semblait
wĂ©ĂȘtre riche que pour donner.
Ces sortes de secours , si nécessaires pour la
jeunesse avide d'instruction et de savoir , nâĂ©taient
pas les seuls qu'il se plaisait à répandre autour de
lui. Sa mort aurait fait perdre un bienfaiteur Ă plus
dâuve famille qui trouvait en lui des ressources aussi
promptes que secrettes , sil nâeĂ»t laissĂ© dans son
épouse l'héritiÚre de ses vertus. Les pauvres de
la commune de Saint-Etienne quâil habitait, feraient
mieux son Ă©loge que moi. . . . . . .
he
NOTICE BLOGRAPHIQUE SUR M. PILLORE..
Par Mar Wir mar rs:
J.-B. Pillore , docteur en chirurgie, membre de
l'Académie des sciences , des belles lettres et des arts
de Rouen, naquit à Verfeuil, département de [a
Haute-Garonne , le 6 juin 1724.
H 3
(118) ;
Il Ă©tait Ă peine sorti de l'enfance qu'il perdit
son pĂšre, notaire Ă Verfeuil.
ElevĂ© sous les yeux dâune mĂšre tendre , il rĂ©-
pondit à ses soins affectueux par une docilité par-
faite et une obéissance aveugle à ses moindres vo-
lontés.
Il nâayait pas encore atteint sa quinziĂšme annĂ©e,
que déjà la réflexion , qualité si rare à cet ùge ;
présidait à toutes ses démarches et réglait toutes
ses actions.
PassionnĂ© pour lâart de guĂ©rir , pour lequel il se
croyait né, il comprit de bonne heure la nécessité
d'acquérir les connaissances propres à l'exercer
un jour avec succĂšs.
Mais quelles ressources pouvait, Ă cet Ă©gard , lui
offrir le lieu qui l'avait vu naĂźtre? Il sentit bientĂŽt
que c'Ă©tait dans la capitale et sous les maĂźtres ce-
lÚbres dont la renommée y attirait de toutes parts
les élÚves, qu'il devait aller prendre des leçons.
ForcĂ© de sâarracher des bras de sa mĂšre , le
jeune Pillore partit pour Paris , oĂč il nâapporta
d'autre fortune qu'un grand désir de s'instruire et
une ardeur infatigable pour le travail.
Le nouvel Ă©tudiant ne tarda pas Ă se distinguer
parmi ses condisciples autant par ses heureuses
dispositions que par sa constance et son assiduité
au travail. Non content de donner tout le jour Ă
VĂ©tude , il y\consacrait encore une grande partie
( 119)
des nuits. Combien de fois , disait-il lui-mĂȘme ;
nvest-il arrivé de me relever au milieu de la nuit,
et de dissĂ©quer , Ă la lueur dâune faible lampe, un
cadavre infect qui était caché sous mon lit.
Ce n'Ă©tait pas assez pour lui d'enrichir son esprit
de connaissances utiles , il, entreprit encore d'appla+
nir les difficultés du travail à des éléves moins in-
telligents ou moins avancés que lui , en partageant
généreusement avec eux le fruit de ses. médita-
tions et de ses veilles. C'est par ces premiĂšres ,le-
çons , données avec autant de zÚle que de désinté>
ressement, que M, Pillore acquit cette facilité dans
le grand art de l'enseignement , cette Ă©locution
claire et précise qui le rendirent par la suite un
des plus habiles démonstrateurs.
Malgré sa modestie , M. Pillore ne put long-
temps dérober ses talents aux regards de ses mai-
tres, Le célÚbre Lafaye sous lequel il étudiait alors,
et qui a reudu tant de services Ă Ja chirurgie fran-
çase ,, en fut tellement frappé qu'il lui donna la
préférence sur un grand nombre d'élÚves pour le
placer Ă la tĂȘte de son amphithĂ©Ăątre.
Peu de temps aprĂšs il recut une nouvelle preuve
de l'estime particuliĂšre que l'on faisait de sa per-
sonne et de ses talents.
Eu 1742 , M. Lecat , chirurgien en chef de l'hĂŽtel-
dieu de Rouen , occupé,des savants ouvrages quil
a publiés depuis, s'adressa aux professeurs de Pé-
cole de chirurgie de Paris, pour leur demander un
H 4
| (120 )
hotime qui pût le remplacer dans ses fonctions
d'opérateur ét de démonstrateur ; M. Pillore réunit
tous les suffrages. I fut envoyĂ© Ă Rouen , oĂč quel-
ques mois d'exercice lui suffirent pour gagner
l'estime de M. Lecat , qui ne balança pas à lui con-
fier la âconduiteâ de ses malades et de ses Ă©lĂšves,
pendant les longues et fréquentes absences que né-
cessitaient ses voyages ; soit dans l'intérieur du
royaume ; soit dans les pays Ă©trangers,
A peine M. Pillore fut-il chargé du pénible , mais
honorable ministĂšre quâil avait Ă©tĂ© jugĂ© digne de
remplir par Phomme leâ plus capable d'apprĂ©cier
Son mĂ©rite , quâon le vit redoubler de zĂšle et
mettre tout enĆuvyre pour justifier le choix de ses
maĂźtres et la confiance du savant quâil remplacait.
â Les malades ne pouvaient assez louer sa douceur,
sa bonté compatissante , Sa patience inaltérable, ses
soins généreux et assidus : les élÚves ne savaïent
lequel ils dévaient le plus admirer ou de l'opérateur
habile et presque toujours heureux, oĂč de l'anato-
miste profond qui leur servait de gyide dans PĂ©-
tude des ressorts déliés et secrets de cette machine
Ja plus parfañte", mais aussi Jaâ plus dĂ©licate âet la
plus compliquée qui soit sortie des mains de la
nature.
+ Dés succÚs aussimultipliés lui valurent une ré-
putation âdâeutant' plus flatteuse qwil'ne la devait
qu'Ă ses atiles traĂżaux. Aussi toutes les classes de
laâ SociĂ©tĂ© Ini donnĂ©retit-elles Ă lâenvi les tĂ©moigna-
CHAr )
mes les moins suspects dâune estime particuliĂšre et
d'une confiance méritée et sans bornes.
L'Académie des sciences , des belles lettres et des
arts de Rouen s'empressa de l'associer Ă ses travaux,
en le nommant adjoint pour la classe d'anatomie ,
( mois de juillet 1764. )
Malgré les occupations nombreuses dont il était,
pour ainsi dire , accablé , il n'en fréquentait pas avec
moins dâassiduitĂ© les sĂ©ances de la SociĂ©tĂ© savante
qui l'avait accueilli dans son sein , et partageait
ses travaux avec un zĂšle digne des plus grands
Ă©loges.
Au mois de septembre 1764, il fut chargé , avec
MM. Delaroche et Lechevin , d'examiner les piĂšces
que M. Lecat proposait de faire entrer dans le pre-
mier volume des mémoires de l'Académie.
L'année suivante (le 12 juin 1765), on le choisit
de nouveau pour juger , avec deux de ses collé-
gues , les mémoires envoyés au concours Ouvert
par l'Académie pour le prix des sciences.
Au mois de juillet de la mĂȘme annĂ©e , il fut nom-
mé commissaire pour l'examen des concurrents au
prix d'anatomie.
Vers cette Ă©poque , il publia, dans le Journal des
savants, une lettre sur la méthode de tailler , de M.
Lecat.
Peu de temps aprÚs il communiqua à l'Académ'e
une observation importante sur une superfétation
( 192 )
Ă©vidente ! la mĂȘme femme , dit M. Lecat , Ă©tant
accouchĂ©e , tout-Ă -la-fois, dâun premier enfant de
quatre mois, et dâun second de vingt jours, qui
Ă©tait contenu dans une espĂšce d'Ćuf trĂšs-visible et
bien formé. s
En 1766 , il fit Ă la Compagnie deux rapports
également intéressants ; le premier sur un mémoire
de M. RĂŒfch , chirurgien du roi de Pologne, rela-
tif aux moyens propres Ă arrĂȘter le sang dans cer-
taines amputations ; le second sur un nouveau
moyen proposĂ© par M. Ritfch, pour arrĂȘter le sang
dans les amputations de la jambe et de l'avant-
bras.
En 1785 , ĂŻl fit un nouveau rapport sur un
ouvrage de M. Lauvergeat : dans ce rapport comme
dans les précédents , on trouve des remarques utiles,
des observations neuves , une critique polie , fine
et judicieuse,
L'Académie crut ne pouvoir mieux récompenser
M. Pillore du zĂšle qu'il montrait pour les progrĂšs
des sciences et des arts, quâen le nommant AcadĂ©-
micien titulaire (au mois de juillet 1789). Des cir-
constances impérieuses forcÚrent , vers ce temps ;
l'AcadĂ©mie dâinterrompre ses travaux ; et Ă peine
le Gouvernement lui eut-il accordĂ© la facultĂ© dâen
reprendre le cours ( vers la fin de l'an 11), que la
Compagnie accorda (le 8 messidor an 12 ) , les
honneurs de la vétérance à notre respectable CollÚ-
gue , que ses infirmités empéchaient alors d'assister
à nos séances.
( 1239
Ni les moments que M. Pillore donnait Ă l'Aca-
démie , ni le temps qu'il consacrait aux savantes
dĂ©monstrations qui ont formĂ© tant dâhabiles chirur-
giens qui Jui doivent aujourdâhui leur Ă©tat et leur
fortune , ni les dĂ©tails dâune pratique extrĂ©mement
étendue dans toutes les parties de la médecine opé-
ratoire , ne lâempĂ©chĂšrent de porter la vigilance la
plus active , les soins les plus attentifs sur PĂ©duca-
tion de sa nombreuse famiile. PĂšre de douze enfants
qui Jui survivent toust(1), il s'occupait des intĂ©rĂȘts
de chacun d'eux avec une Ă©gale tendresse , avec
la plus sage prévoyance.
Deux de ses fils, MM. Henri Pillore, docteur
en médecine de la faculté de Montpellier , et N ....
Pillore , docteur en chirurgie, ont embrassĂ© lâĂ©tat
que leur respectable pÚre a exercé parmi nous ,
pendant une longue suite d'années , ayec tant de
distinction et de succés.
M. Pillore Ă©tait d'une stature moyenne et bien
proportionnée. Sa physionomie respirait un air de
bontĂ© que son cĆur ne dĂ©mentit jamais. Son carac-
tÚre était un heureux mélange de douceur et de fer-
meté , de franchise et de prudence. Il était, avec
ses amis, au nombre desquels il comptait sur-tout
ses enfants , d'un commerce facile , sûr et agréable.
C'était au sein de son intéressante famille, c'était auprÚs
1) M, Pillore eut une fille de son premier mariage , en
1743 , et onze enfants de sa seconde femme qu'il Ă©pousa en 1758.
C124)
de sa vertneuse Ă©pouse , au milieu de ses nombreux
enfants, dont il ne dédaignait pas de partager sou-
vent les jeux innocents, quâil aimait Ă se dĂ©lasser
de ses pénibles travaux , et à se reposer des fati-
gues dâune journĂ©e dont tous les moments avaient
été consacrés au soulagement de l'humanité souf-
frante. Sa maison , l'asile des malheureux , resta
ouverte aux infortunés , qui gémissaient tout-à -la-
fois sous le poids de la misĂšre et des maladies, tant
quâil lui fut possible de les afder de ses lumiĂšres et
de ses conseils. Dans l'impossibilité de suflire lui-
mĂȘme Ă tous les besoins , son ingĂ©nieuse bienfai-
sance Jui avait suggéré Pidée sublime de distribuer
les quartiers pauvres de la ville de Rouen , Ă un
certain nombre de ses Ă©lĂšves dont il connaissait la
capacitĂ© , pour y porter des secours quâil regret-
tait de ne pouvoir donner lui-mĂȘme en personne.
Bon fils , Ă©poux sensible , pĂšre tendre , ami sincĂšre,
citoyen vertueux , Académicien zÚlé : tel fut M.
Pillore , au témoignage de tous ceux qui ont eu
l'avantage de le connaĂźtre.
Parvenu à un ùge trÚs-avancé, par l'observation
des rÚgles les plus étroites de la tempérance , rÚgles
qu'il ne se contentait pas de conseiller aux autres,
mais qu'il pratiquait lui-mĂȘme sans jamais sâen
Ă©carter , il cessa de vivre , le 15 fructidor an 12,
Ă l'Ăąge de So ans , emportant avec lui les regrets
de ses enfants , de ses amis , de tous ses conci-
toyens > et nous apprenant par son exemple que
Cry)
le vrai bonheur consiste dans la simplicité des
mĆurs, dans l'amour de l'Ă©tude et du travail,
dans l'exercice de la bienfaisance et les douceurs de
l'amitié !
PRIX PROPOSĂ POUR L'AN 14 (1806).
Trois mémoires ayant été envoyés, sur la meilleure
construction des sĂ©cheries Ă lâusage des teinturiers
sur coton filé, etc., et la question n'ayant été réso-
lue par aucun des concurrents , l'Académie a remis
le mĂȘme sujet au concours pour l'an 14 ( 1806 ).
En voici de nouveau le programme :
Donner les plans dâune sĂ©cherie Ă lâusage des tein-
turiers sur coton filé, la plus propre à épargner le
charbon de terre, seul combustible quâil soit permis
dâemployer dans le projet.
L'auteur du mémoire aura soin d'indiquer la cons-
trucuĂŒon des fourneaux , le diamĂštre des tuyaux
conducteurs du calorique , et la position des per-
ches sur lesquelles on Ă©tend le coton.
L'Académie désire sur-tout qu'on ait égard aux
moyens d'Ă©conomiser: la main-d'Ćuvre et le temps,
dé faciliter le travail , de conserver le local toujours
propre , et dâĂ©carter enfin les dangers du feu.
Les mĂ©moires devront ĂȘtre adressĂ©s , franc de
port, avant le 15 messidor an 14, terme de rigueur,
à M. J'italis , secrétaire de l'Académie , pour la
classe des sciences,
(126)
L'auteur mettra en tĂȘte de son mĂ©moire une
devise qui sera rĂ©pĂ©tĂ©e sur un billet cachetĂ© , oĂč
il fera connaĂźtre son nom et sa demeure. Le billet
me sera ouvert que dans le cas oĂč le mĂ©moire
aura remporté le prix.
Les Académiciens résidents et non résidents
sont exclus du concours.
PT A UBUEUT
D ES M A ĆIL H Es.
res de la séance publique , page «
BELLES-LETTRES.
RAapporT fait par M. Gourdin, 2
Ouvrages annoncés ou analysés dans ce Rapport.
PiÚces de poësie ; par M. Menegant de Gentilly, ibid.
Autres ; par M. Poullin de Fleins, 3
Discours prononcé à la clÎture de l'examen des élÚves
pour l'Ă©cole polytechnique ; par M. Guilbert , ibid.
Romances , traduites de lâanglais ; par le mĂȘme , ibid.
Plan dâathĂ©nĂ©e ou dâinstruction ; par M. Barletti de
Saint-Paul , ibid.
Discours sur les prĂ©rogatives et les devoirs de lâAca-
démicien; par M. Beugnot, 4
MĂ©moire sur les avantages des anciens sur les moder-
nes dans les arts dâimitation ; par le mĂȘme , 5
Notice biographique sur M, Charles Tarbé ; par le
méme , ibid.
Voyage dans les Vosges ; par le mĂȘme, 6
( 1289
MĂ©moires sur diffĂ©rentes villes de lâancienne Nor-
mandie ; par M. Noël, obidé
Dissertation relative aux normands qui ont fait la
conquĂȘte de la Neustrie ; par le mĂȘme, 7
PiĂšces de poĂ«sies ; par le mĂȘme , ibid.
Le traité d'Amiens , piÚce de vers ; par M. For-
mage , 7
LâEcueil de lâinnocence , piĂšce de vers ; par le
méme , 9
PrĂ©face pour la traduction des MĂ©tamorphoses dâOvide ;
par le méme, ibid.
Discours dâoĂčuverture de lâexamen pour lâadmission
Ă lâĂ©cole polytechnique; par M. Gosseaume, 12
MĂ©moire sur les convenances ; par le mĂȘme , 17
Examen analytique du tableau de la Transfiguration
de Raphaël , traduit de l'espagnol ; par M. Boistard
de Glanville , 25
RĂ©flexions sur Nicolas Poussin ; par M. DĂ©soria, 51
Examen des réflexions du lord Bolyngbrocke sur
lâexil ; par M. lâabbĂ© Baston , 56
Motice bibliographique de deux ouvrages imprimés
dans le 15° siÚcle ; par M. Gourdin, 37
Dissertation dans laquelle on examine quelle est lâĂ©-
criture qui a Ă©tĂ© portĂ©e en GrĂšce ; par le mĂȘme , ibid.
Observations sur des urnes funéraires trouvées à Can-
ville ; par le mĂȘme , : 39
Estampe représentant Bonaparte à la bataille de
Marengo; par M. David , 41
Tableaux
( 129 )
Tableaux peints par M. Tardieu , 4
Avis aux français ; par M, Toustain de Richebourg , 43
Norrce biographique sur M, Jadoulle ; par M. Vau-
quelin , 44
Prix proposé pour 1806, 49
Si C'ILENNC ES EUT 0 AUR Ts:
Rarporr fait par M. Vitalis , 49
TraitĂ© dâarithmĂ©tique ; par M. Periaux , 54
Jauge nouvelle proposée par M. Goeslin , ibid.
Essai sur les moyens de rendre les observations de
la hauteur du soleil indépendantes de l'horizon, etc. ;
. par M. Degaulle , 5
Leçons de navigation ; par M. Dulague , 55
Notice sur lâexpĂ©dition francaise aux terres australes ;
par M. Lesueur , 56
Dissertation sur la maniĂšre de faire les observations
météorologiques ; par M. Vitalis , 57
Tableau général des Observations météorologiques fai-
tes Ă Rouen pendant lâan 11 ; par le mĂȘme , 59
Analyse dâune espĂšce dâargile trouvĂ©e dans la forĂ©e
de Lalonde ; par le mĂȘme , ibid.
Notices sur les alcalis du commerce ; par M, Des-
croizilles ; 6t
Fabrication du sel de soude ; par M. Pelletan ; 66
Observation sur la dissolution de lâindigo par l'acide
sulfurique ; par M. Vitalis , 68
$. publ, 1805, X
( 130 }
Dissertation sur les maladies de l'orteil ; par M.
Godefroy, 69
Observations médicales ; par M. Vigné , 71
OEuvres posthumes du docteur Mahon ; avec des
additions par M, Lamauve , 74
PiĂšce dâanatomie artificielle exĂ©cutĂ©e par M. Lau-
monier , 75
Echantillons de garance , cultivée par M. Pavie , 76
MĂ©moire sur l'usage et les effets du plĂątre dans la cul-
ture du trĂšfle ; par M. Vitalis, 78
Comptes rendus par M. T. essier , sur les Ă©tablisse-
ments ruraux du département des Pyrénées orien-
tales et de Rambouillet , 84
Instruction sur la maladie des bĂȘtes Ă laine >» nommĂ©e
FalÚre ; par le méme , 87
Description des emplacements quâil faut choisir de
préférence pour la construction des luiteries > par
M. Ciszeville , 89
Moyens dâobtenir du lait et du beurre de la meilleure
qualité ; par M. Jamard , ibid.
Annuaire statistique du département de la Seine-[nfé=
rieure , 90
Recherches statistiques sur le commerce et lâindustrie
du mĂȘme dĂ©partement ; par M. Gruyer , g1
Statistique de Forges-les-Eaux ; par M. Ciszeville , 95
Rapport fait par M. Descamps sur des verres con-
caves el Convexes soumis Ă lâexamen de lâAcadĂ©-
mie , par M, Vallée, 97
, Gr)
Mémoire sur un systéme général de numéros pour
98
Essai de fabrication de faience dite Ă pĂąte blanche ,
les fils ; par M. Delafontane ,
Ă Rouen ; par M. le Tellier, ibid,
Norice biographique sur M. Lepecg de la ClĂŽture ;
par M. Gosseanme , 100
â Sur M, Rondearx de SĂ©try; par M. NoĂ«l, rio
â Sur M, NT, Pillore ; par M. Vitalis, 117
Prix proposé pour 1806 , 125
Fi de la Table,
â WE
LĂ© 1
CR
ns 4
ter
â4
2"
2 tt
Le
Ne â| tu.
ru
We, Afxs
ni # +2
Ă! Ă
bé
ra" RS
ne ,
AN) *
LA ÂŁ
= 0
Q â
4 F
C2 |
*
ve
Ă
L p LE:
% â Ă
_ \ «
L
*â/ 4
LL it {
CRE «/ à n
k
F
Ă
k â
[1
âa D
Ăż L L
LA ver 1
Ă BA: #)
,
Ćž : o Ă
; DReAR %
2594 "| AY EE SN Ă a futb it NT n'
or 4 TA + Foi Le Cu KE ârl:
eos a ue at cu DUC AS
{ â f: Ă : Ke |
Buts Re)
Len , ;
Ve L ⏠dr. '
de
Tir 0 Le,
# ; RC
e QE |
Ă L < | d
on 08 5% ai
Le rs 4
ĂŻ 1 Ăź
ls s | - k
j f PA
. : | Ăż
7, | + |
rs Ă ÂŁ Ă
en Ă k 4 Ă ES
â
$ vin
â
Ai
LA
1 â
} Lt " ]
4 Qye l
Ă dfus ueui D
\ \AMR TT â
es Le x Ă
L'ART #. Ă
. Ćž : . FA
âĂ
L
. ÂŁ
nd
i
A .
LL |
Ne" : A
#
Ă© { L
LĂ 0 L + LĂ© L
rĂ© | #4 Ă
L
\ NX
. A.
Drag: MMSEUVY TS VV
WT EM VEUN Sr. se ME rene ân,
is Far Da
pa
o Ga.
MMA MATE MAT UUU
Pre "â.
te nt
CV F DA
Pt Fu Va TT
Re ME * vu Muse | LR |
k MMM UV. Ve TA LE NP ES AN VV QUE se
MU MY JM VĂEEye MM.
V° NN
WT in jt DOS
ol mes
APTE NN NN
se DA EAN NN
5 | jai oi JM, w ve
| | Vi LENS ns UT ne ee:
MNUYT Poe sn l ny Fu Hs a. |
NET MY. YYJvy VU AUS
RNVVV TES M Ăż pa NY ds Uuv CUVE VANT k
VINS ƞ VV ÿ N° NN JE Nvv NU y
MUCE NY NES) 94 pe MU VUS
4 V0 "W Y
4975 W V #,
He EN \ NN Vu Wu u PUS iuur ren | |
re NS se
uw di
Se, |
RL
nb igur,
soma AAA s VuyE WA
ei ue
CC ny
â
LA A
VECVEL MU"
iv, MS es es, MT
Mt oo h
VV x
HER EMAMEEE
FE NEN L V
UNE ait peer CAL NE
Ă v\ 4 VW
TEEN ALES AE
DA ME AO PE TE MNT A EN NUE
Len RS AA A RTE
an a
RE TN AN
NY MARS NET Ăż
MANN MN AVS nr
2 HE QUE MN NE Fu JV ns
MUR AN LE LE
ANNE LUVRS 4 AMT M LEE NĂ©e.
v w Whd v
v ESPN
VVVUY Ăż t Mine v | uw
ere Vu ALU 9
TROPARĂA SE VV V
Me VVYLUE
. Tv \ A -
7 MU ne
M "|"
hA: AA» 10 AA A Ă
RAARARAS AAA PATAU
RAA
+.
> >»?
DD
>» >»)
> .
») >
D
>»
jm.
DS
2. D» 2
»
>
>
» :
UE ps
â : &S
RS
> D 70