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Full text of "Procès-verbaux et mémoires"

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y 4. 



ACADÉMIE 



DES SCIENCES, BELLES-LETTRES * ARTS 



DE BESANÇON 



ANNÉE 1903. 



ACADÉMIE 



DES 



SCIENCES, BELLES-LETTRES 8: ARTS 

DE BESANÇON 

PROCÈS-VERBAUX & MÉMOIRES 



année: 1903 




BESANÇON 

TYPOGRAPHIE ET LITHOGRAPHIE JAGQUIN 
1904 



<\ 



Tu; 4^ 



ACADÉMIE 



SCIENCES, BELLES-LETTRES & ARTS 

DE BESANÇON 

ANNÉE 1903 



PROCÈS-VERBAUX DES SÉANCES 



Séance du iô janvier i903. 

Étaient présents : MM. Boutroux, président ; le docteur Bau- 
DiN, Mgr deBeauséjour, évêqueélu de Carcassonne ; Boussey, Es- 

TIGNARD, GlACOMOTTI, GUILLEMIN, ISENBART, docteur LEDOUX, LlEF- 

FROY, LoMBART, Tabbé Perrin, Pingaud, le comte de Sainte-Aga- 
the, le chanoine Suchet, le vicomte de Truchis, Vaissier, le 
marquis de Vaulchier, le chanoine Louvot, curé de Gray, mem- 
bre honoraire ; R. de Lurion, secrétaire perpétuel. 

Le procès- verbal de la séance du d 6 décembre ^902 est adopté. 

M. R. de Lurion, nouveau secrétaire perpétuel, remercie TAca- 
démie de la confiance qu'elle lui a témoignée et de l'honneur 
qu'elle lui a fait, comptant sur l'indulgence de la compagnie dans 
l'accomplissment de sa lourde charge. 

M. le maire de Besançon a écrit qu'il met la salle de l'hôtel de 
ville à la disposition de l'Académie pour le 29 janvier prochain. 

M. Gautherot, pensionnaire Suard, dans une lettre adressée le 
41 janvier dernier au secrétaire perpétuel, annonce son départ 



— vi- 
de Paris. L'Académie, sur la communication de cette lettre, dé- 
cide de demander à son pensionnaire de vouloir bien expliquer 
comment il compte poursuivre ses études. 

M. de Lurion lit le rapport de la commission des élections, 
établissant la liste des candidats à élire le 29 janvier. 

M. le chanoine Louvot, curé de Gray, admis à l'honorariat 
après un trop court séjour parmi nous, donne lecture à TAca- 
démie du travail qu'il avait préparé pour son discours de 
réception : Un érudit alsacien en Franche-Comté à la fin du 
XVII !• siècle. 

M. Boussey lit le rapport de la commission du prix Marmier. Il 
en résulte qu'il n'y a pas lieu de décerner le prix cette année. 
Deux mémoires avaient été présentés : par MM. Henri Cordier, 
Échos du Mont-Dore^ contes et chansons, et par M. le curé de 
Mailleroncourt-Gharette (Haute-Saone), une monographie de ce 
village. 

La commission conclut à ce que le prix de 300 fr. soit joint à 
celui de l'année prochaine ; F Académie, après discussion, vote 
les conclusions de la commission. 

M. l'abbé Perrin lit la poésie de M. Frédéric Bataille, membre 
correspondant, A la mémoire d'Edouard Grenier. 

MM. Ledoux et de Sainte-Agathe sont nommés membres de la 
commission du banquet qui aura lieu le 29 janvier. 

L'Académie décide d'inviter à la séance publique et au ban- 
quet MM. les Présidents des Sociétés d'émulation du Doubs et 
de Montbéliard. 

La séance est levée. 

Le Président^ Le Secrétaire perpétuel^ 

BouTROux. R. DE Lurion. 



Séance publique du S9 janvier 4908. 

Étaient présents : MM. Boutroux, président; Mgr de Beau- 
séjour, évêque élu de Garcassonne ; Gaston de Beauséjour, Bous- 
sey, docteur Gauderon, Girardot, Guichard, Lieffroy, MAffiOT, 
l'abbé Perrin, Pingaud, le comte de Sainte-Agathe, le vicomte 
de Truchis, Vaissier, le marquis de Vaulchier; R. de Lurion, se- 
crétaire perpétuel. 



— vu — 

Mgr Tarchevéque de Besançon était présent. 

M. le général Dessîrier, commandant le 7« corps d'armée, re- 
tenu par un deuil, n*a pu venir à la séance à laquelle il avait 
promis d'assister; M. le premier président de la Cour d'appel et 
M. le maire de Besançon s'étaient excusés. 

MM. les présidents de la Société d'émulation du Doubs et de la 
Société d'émulation de Montbéliard, invités, s'étaient également 
excusés. 

M. le docteur Dufour, de Lausanne, associé étranger, assistait 
à la séance. 

La séance a eu lieu dans la grande salle de l'hôtel de ville. 

Les lectures suivantes ont été faites : De l'air liquide, par 
M. Boutroux, président ; 

Un érudit alsacien en Franche-Comté à la fin du XYIII^ siè- 
cle, par M. le chanoine Louvot, curé de Gray, membre honoraire ; 
réponse à M. le chanoine Louvot, par M. Boutroux ; 

Étude sur le docteur Coutenot, par M. le docteur Gauderon ; 

A la mémoire d'Edouard Grenier, poésie par M. Frédéric Ba- 
taille, membre correspondant, lue par M. l'abbé Élie Perrin. 

M. le secrétaire perpétuel a annoncé que l'Académie ayant dé- 
cidé de ne pas récompenser les deux mémoires envoyés au con- 
cours Marmier cette année, le prix de 300 francs sera réservé 
pour être ajouté à celui de 1904, s'il y a lieu. 

A l'issue de la séance, l'Académie, à laquelle se sont joints 
MM. le docteur Baudin, Chipon, Estignard, Isenbart, Lambert, 
Ledoux, Lombart, le chanoine Suchet, a élu : 

Dans Tordre des associés résidants : 

MM. le général Alexandre Jeannerod, ancien commandant du 
7« corps d'armée, commandeur de la Légion d'honneur ; Jean 
Guiraud, professeur à l'Université de Besançon; le chanoine 
Rossignot, curé de la Madeleine ; Emile Crétin, ancien professeur 
de mathématiques au lycée Saint-Louis, examinateur pour l'École 
de Saint-Cyr ; Louis Baille, artiste peintre ; 

Dans l'ordre des membres correspondants nés dans l'ancienne 
province de Franche-Comté : 

MM. Piot-Bey, vétérinaire en chef des domaines de l'État, 
ancien secrétaire de l'Institut égyptien, au Caire (Egypte) ; 

Le comte Henri de Menthon, ancien lieutenant de vaisseau ; 

Le comte Henri d'Ollone, capitaine d'infanterie, explorateur; 

Dans l'ordre des correspondants nés hors de l'ancienne pro- 
vince de Franche-Comté : 

MM. l'abbé Ingold, rédacteur de la Bévue d' Alsace, k Colmar; 



— IX — 



BUDGET DE 1903 



Recettes. 

Rentes sur TÉtat, 3 "/o . 2,834 » 

Cotisations de 37 mem- 
bres résidants . . . 740 » 

Cotisations de 3 membres 
honoraires ou anciens 
résidants 30 » 

Cotisations de 24 mem- 
bres correspondants . 240 > 

Subvention du Conseil 
général du Doubs . . 300 » 

Vente des publications de 
l'Académie .... 50 » 

En réserve pour la publi- 
cation du tome VIII 
des Mémoires et Docu- 
ments inédits .... 1,506 » 

Intérêt de cette sonune en 
banque, à 1/2 «/o . . 7 56 



Dépenses. 

Pension Suard .... 

Prix à décerner en 1903. 

Impression des Mémoires 
de 1902 et divers . . 

Frais des séances publiq. 

Rétribution à Tagent du 
secrétariat (60 fr.) et 
remboursement des 
affrancbissem. (20 fr.). 

Traitement du concierge. 

Dépenses d'administra- 
tion 

Impression du tome VIII 
des Documents inédits . 



1,500 
1,000 

1,200 
100 



60 



117 50 



1,650 



Total des dépenses. 5,707 50 



Total des recettes. 5,707 50 

L'Académie, à propos du budget, adopte la subvention de 
vingt-cinq francs pour la Société de protection des paysages de 
France ; puis elle émet le vœu que le pensionnaire Suard donne 
des explications catégoriques au sujet de la continuation de ses 
études. 

M. Pingaud lit la première partie d'un travail de feu M. Albert 
Mallié, secrétaire perpétuel, sur la Principauté de Neuchâtel sous 
le prince Berthier. 

M. Boussey lit une poésie de M. Mercier intitulée Fleurs jaunes, 
idylle, 

L'Académie élit ensuite comme secrétaire adjoint M. Tabbé 
Perrin ; elle élit M. Guiraud membre de la commission des publi- 
cations, après avoir renommé MM. Suchet, Gauthier, de Sainte- 
Agathe, l'abbé Perrin, qui faisaient déjà partie en 1902 de cette 
commission. 

La séance est levée. 



Le Président, 

L. BOUTROUX. 



Le Secrétaire perpétuel, 

R. DE LURION. 



— X — 



Séance du 19 mars i908. 

Étaient présents : MM. Boutroux, président ; docteur Bau- 
DiN, BoussEY, Chipon, docteuF Gauderon, Gauthier, Guiraud, doc- 
teur Lebon, Lieffroy, Lombart, Mairot, Tabbé Perrin, Pingaud, 
le chanoine Rossignot, le comte de Sainte -Agathe, le vicomte de 
Truchis, Vaissier, le marquis de Vaulchier ; R. de Lurion, secré- 
taire perpétuel. 

Le procès-verbal de la séance du 19 février est adopté. 

M. Chipon prend la parole pour renseigner l'Académie au sujet 
du pensionnaire Suard, rentré à Paris, où il poursuit ses études 
en vue du diplôme de licencié en droit et de sa thèse de 
doctorat d'histoire. 

M. Alfred Marquiset fait hommage à la compagnie d'un volume 
de poésies intitulé Claironnées. 

M. Piot-Bey écrit à l'Académie pour la remercier de son élection 
comme membre correspondant. 

La prochaine séance est fixée au 30 avril, à cause des vacances 
de Pâques. A cette séance, l'Académie décidera s'il y a lieu de 
faire des élections à la séance publique du mois de juin. 

M. Pingaud lit la deuxième partie du travail de feu M. Albert 
Mallié sur la Principauté de Neuchâtel sous le prince Berthier ; et 
M. Boussey fait une lecture sur les Franc-Comtois à V Université 
de Ferrare au XVP siècle, d'après un travail récent. 

La séance est levée. 

Le Président f Le Secrétaire perpétuel^ 

L. Boutroux. R. de Lurion. 



Séance du 30 avril 1903. 

Etaient présents : MM. le docteur Baudin, Bousset, Gau- 
thier, GUICHARD, GUILLEMIN, GUIRAUD, LiEFFROY, LOMBART, MAI- 

ROT, comte DE Sainte-Agathe, Vaissier, le marquis de Vaulchier; 
DE Lurion, secrétaire perpétuel. 
M. Gauthier préside la séance, comme plus am^ien membre 



— XI — 

présent, en l'absence de MM. Boutroux, président, indisposé, et 
Giacomotti, vice-président, empêché. 

Le procès-verbal de la séance du 19 mars est adopté. 

M. Gauthier prononce quelques paroles d'adieu à l'adresse de 
M. l'abbé Perrin, secrétaire adjoint, auquel l'Académie a rendu 
le matin même les derniers devoirs ; le discours de M. Boutroux, 
président, prononcé sur la tombe de notre regretté collègue, 
sera imprimé suivant l'usage, dans le volume de l'année cou- 
rante, sans préjudice d'une autre notice, s'il y a lieu. Puis 
M. Gauthier fait part à la compagnie d'une nouvelle perte faite 
par elle dans la personne de M. Eugène de Beauséjour, ancien 
magistrat, membre correspondant, décédé le 28 avril à Lons le 
Saunier ; dans l'incertitude où l'on se trouve au sujet de ses obsè- 
ques, il est décidé d'écrire à sa famille pour exprimer tous les 
regrets causés à l'Académie par ce triste événement. M, Lieffroy 
se charge de présenter à l'Académie la notice d'usage. 

Après la lecture de la correspondance, l'Académie accepte une 
proposition de M. Garnier, archiviste de la Côte-d'Or, sollicitant 
pour son dépôt un certain nombre des volumes annuels de l'Aca- 
démie qui ne lui sont pas parvenus, lacune regrettable pour les 
érudits demandant à consulter cette collection. 

M. Poète, associé résidant, nommé bibliothécaire de la ville de 
Paris, passe au rang des honoraires. 

L'Académie, après discussion, décide qu'il n'y aura pas d'élec- 
tions au mois de juin 1903. 

La prochaine séance privée est fixée au 28 mai, et la séance 
publique au 25 juin. 

La commission de publication, réunie avant la séance, avait 
prié un de ses membres, M. de Sainte-Agathe, de vouloir bien se 
charger du volume en cours d'impression, en remplacement de 
M. l'abbé Perrin ; l'Académie ratifie ce choix. 

L'Académie a reçu en hommage : L'industrie du sel en Fran- 
che-Comté avant la conquête française, par M. Prinet, membre 
honoraire de la compagnie, et le Bulletin de la Société d'histoire 
naturelle du Doubs, 1902, 4« trimestre. 

M. le chanoine Rossignot donne le compte rendu de la Vie de 
Mgr Besson, évéque de Nimes, par M. l'abbé Bascoul, curé de 
Rochefort-sur-Gard . 

M. Gauthier lit la préface de la 2« série des Ex Libris et mar- 
ques de bibliothèques comtoises, composée en collaboration avec 
M. R. de Lurion. 

L'Académie nomme membres de la commission du prix Weiss: 



— XII — 

MM. Boussey, Guiraud, Pingaud ; de la commission du prix de 
poésie: MM. Guichard, Guillemin, le marquis de Vaulchier. 
La séance est levée. 

Le plus ancien membre de la compagnie^ 

présidant la séance, Le Secrétaire perpétuel^ 

J. Gauthier. R. de Lurion. 



ANNEXES 

Discours prononcé aux obsèques de M. l'abbé 
Élie PERRIN, le 30 avrU 1903 

Par M. BouTRoux, président de l'Académie des sciences, belles-lettres 
et arts de Besançon. 

Messieurs, 

Au nom de l'Académie de Besançon, je viens dire un dernier 
adieu à Tun de ses membres qu'elle s'honorait le plus de possé- 
der et dont la perte lui laisse les plus vifs regrets. 

Just-Joseph-Eiie Perrin naquit en 4860, à Dommartin (Doubs). 
Enfant d'une famille très nombreuse, il fut envoyé, pour faire 
ses études, au petit séminaire d'Ornans, où il se fit immédiate- 
ment parmi ses condisciples une place hors ligne. Il fit ensuite 
sa philosophie à Vesoul et sa théologie à Besançon. Dès sa sortie 
du séminaire (1883), il y fut retenu comme directeur. Il y professa 
la liturgie pendant trois ans ; puis, entre 4886 et 1888, nous le 
trouvons à Rome, comme chapelain de Saint-Louis des Français. 
Il y fut reçu docteur en théologie, et revint au séminaire de 
Besançon, où il professa successivement le droit canonique, l'his- 
toire, et enfin, pendant douze ans, la dogmatique spéciale. 

Ses anciens élèves sont unanimes à déclarer que son enseigne- 
ment était d'une clarté admirable pour le fond en même temps 
que d'une forme impeccable, et qu'il savait toujours le rendre 
intéressant et attrayant, même lorsqu'il traitait les matières les 
plus arides. 

D'un caractère constamment gai, il a justifié par l'exemple de 
sa vie une idée qu'il exprimait si bien dans un de ses ouvrages. 
« La vie chrétienne bien comprise, dit-il, est une vie joyeuse : 
joyeuse, malgré la lutte inévitable à qui veut servir Dieu; joyeuse 



— XUI — 

jusque dans la souffrance et presque jusque dans la mort ; les 
saints sont allés jusque-là, les catholiques pieux s'en rapprochent 
sans y atteindre toujours. » Il s'en est rapproché dans une 
mesure qui émerveillait son entourage. Irrémédiablement atteint, 
et le sachant, non seulement il fit, avec un courage édifiant, le 
sacrifice de sa vie, mais pendant la période relativement longue 
qui s*écoula encore avant le départ définitif, il demeura de bonne 
humeur, aimable pour chacune des personnes qui l'approchaient, 
comme il l'avait toujours été dans l'état de santé. 

Voilà le professeur et l'homme. Vous me permettrez mainte- 
nant, Messieurs, de parler des qualités qui l'avaient plus parti- 
culièrement désigné aux suffrages de l'Académie. Ce théologien 
était aussi un amateur passionné des choses de l'esprit. Il ne 
connaissait pas d'autre distraction que le livre. Très érudit, il 
s'occupait beaucoup de questions archéologiques et artistiques ; 
il était membre de la Société des antiquaires de France, et, 
même au séminaire, il a professé l'archéologie. 

Élu membre de notre compagnie le 7 juillet 4898, il y apporta 
l'autorité d'un écrivain qui a déjà fait ses preuves, et en môme 
temps les habitudes de travail et de zèle d un homme dont la vie 
entière avait été volontairement consacrée au bien des autres. 
Pendant les quatre années qu'il a passées au milieu de nous 
que de gages de son activité il nous a laissés ! Outre son discours 
de réception, étude très applaudie sur Nicolas Perrenot de Gran- 
velle, ministre de Charles-Qulnt, il nous a donné des comptes ren- 
dus d'ouvrages envoyés à l'Académie, un rapport sur le prix 
d'éloquence ; il était membre, et membre très actif, de plusieurs 
de nos commissions. 

Dans son œuvre, je ne ferai qu'indiquer sommairement son 
Journal de voyage en Calabre, ses discours et mémoires sur la 
Cloche dans le culte chrélien, sur V Archéologie chrétienne en Fran- 
che-Comté, sur les Vitraux de V église de Saint- Fer jeux. 

Son ouvrage capital, ce sont ses deux volumes intitulés V Evan- 
gile et le temps présent, ouvrage qui ne saurait être apprécié du 
point de vue du dilettante, car il est loin d'avoir été écrit dans 
cet esprit. Il ne nous est pas interdit pourtant d'en louer la clarté 
et la logique de l'exposition, le style substantiel, la simplicité 
élégante de la phrase. Mais l'auteur y a mis, outre ses qualités 
littéraires d'écrivain, ses qualités morales d'homme et de citoyen, 
ses vertus de chrétien et d'apôtre. Chaque page y respire l'indé- 
pendance la plus noble, le zèle le plus ardent et en même temns 
le plus sage. Loin de redouter la science, il s'approprie le mot de 



— XIV — 

Joseph de Maistre : « La science est une espèce d'acide qui dissout 
tous les métaux, excepté Tor. » Et il compte sur cette action cor- 
rosive de la science pour dégager de tout alliage Tor pur de la 
vraie doctrine. 

Lo but général de cet ouvrage est Tadaptation parfaite de l'en- 
seignement de la religion à la vie actuelle, condition de Tadap- 
Uition réciproque de la vie du chrétien à sa religion. 

Nous étions fondés à attendre de notre jeune et sympathique 
oonfi*i^re de nouvelles œuvres capables de faire honneur â notre 
compagnie. La Providence en a disposé autrement. Mais son 
influence se perpétuera parmi nous par le noble exemple qu'il 
nous laisse, l'exemple de l'infatigable activité au travail pour le 

bien. 

Au nom de l'Académie de Besançon, adieu, cher confrère, ou 
plutôt au revoir. 



Vi0 de Mgr Besson, évéque de Nimes, XJzès et Alais^ par M. Tabbé 
Louis Bascoul, curé de Rochefort-du-Gard. — Compte rendu par 
M. le chanoine Rossignot, curé de Sainte-Madeleine, associé résidant. 

Mgr Besson, notre compatriote, mort évéque de Nimes le 
48 novembre 1888, a eu, dans la chaire et dans la presse, des 
éloges dignes de lui. L'éloquent évéque de Montpellier, Mgr de 
Cabrières, a prononcé son oraison funèbre. M. Henri Chapoy a 
rendu dans la Revue franc-comtoise, en 4889, un hommage re- 
connaissant à son ancien maître ; l'année suivante, Mgr Gilly pu- 
bliait un volume sur l'épiscopat de son prédécesseur au siège de 
Nimes ; enfin, M. le chanoine Suchet, en des pages inspirées par 
l'amitié, nous a montré Mgr Besson orateur. Une vie complète 
de l'illustre prélat nous manquait; M. l'abbé Bascoul vient de 
nous la donner en deux volumes. 

Il a attendu, dit-il, Vheure où les faits sont mieux connus et 
affranchis de la discrétion par le temps. Même avec cette liberté 
de parole qu'attendait l'auteur, on ne voit aucune indiscrétion 
dans son ouvrage très complet, d'une lecture agréable et riche 
de documents. La suite des temps et des événements en fait la 
division et réunit souvent, en un même chapitre, les choses les 
plus diverses. On n'y voit pas moins clairement et sans confu- 
sion le prêtre érudit et zélé, l'éducateur, l'écrivain, l'orateur, 
l'évêque. 

Les brillantes études et les succès de l'abbé Besson le placent 



— XV — 

d*abord au premier rang des prêtres du diocèse de Besançon, 
Ses débuts dans renseignement sont contrariés, au collège de 
Gray, par les événements de 1848 ; une bagarre l'en chasse sans 
diminuer ses mérites ni sa réputation. Après deux ans de vica- 
riat, il prend la direction du nouveau collège libre de Saint 
François-Xavier, auquel il consacre la meilleure et la plus longue 
part de sa vie. Là M. Bascoul le suit pas à pas. Il nous le montre 
non seulement dans le gouvernement de sa maison, la direction 
des études et des âmes, mais à cette Académie où il parle, dans 
les chaires où il prêche, spécialement à la cathédrale où il donne 
ses belles conférences sur THomme-Dieu, l'Église, le Décalogue, 
les Sacrements. Toutes les biographies qu'écrit l'infatigable supé- 
rieur sont signalées. On pourrait reprocher à M. Bascoul d'entrer 
dans certains détails, s'il négligeait l'essentiel ; mais rien ne lui 
échappe, et les principaux ouvrages de l'abbé Besson ont la 
place qui convient à leur importance. 

M. le curé de Rochefort avertit ses lecteurs qu'ils ne trouve- 
ront pas dans ses livres un éloge sans restriction ; il n'entend pas 
imiter son héros qui, suivant lui, a quelquefois, dans ses pané- 
gyriques, trop écouté la complaisance de Vamitié et les accents 
du cœur. Il suivra bien en de longues analyses et de nombreuses 
citations M. Besson de son premier sermon à son dernier dis- 
cours ; il ne veut pas qu'on doute de la puissance de l'orateur 
franc-comtois, qui est un maître de la chaire chrétienne , mais il 
ne s'interdit pas de le discuter. Il le dit d'abord comparable à 
Fléchier par la construction de la phrase, à Bossuet par la no- 
blesse du langage et la lucidité de l'exposition. A ceux qui trou- 
vent trop nombreuses les citations de l'évêque de Meaux, dans 
les écrits de l'évêque de Nimes, M. Bascoul répond avec M. de Pont- 
martin qu'il nous en donne Villusiony jamais le pastiche ou la 
copie. Ces citations, on les accueille avec plaisir, car il semble 
qu'on ne change pas de compagnie tant est grand Vart de Vahbé 
Besson, Cet art comprend aussi une grande habileté à manier le 
fait historique et à en tirer des enseignements pratiques. 

Mais après ces éloges très justifiés, viennent des critiques qui 
ne sont pas sans intérêt. M. Bascoul blâme, en certains sermons, 
la multiplicité des apostrophes et des interjections ; des énumé' 
rations trop longues. Suivant lui, Vabus de Vantithèse dégénère 
en un excès d'oppositions de pensées et de mots ; il voudrait la 
construction des phrases moins symétrique et les légendes plus 
rares, afin de ne pas nuire à la gravité de V histoire. 

Sur le siège de Nimes, Mgr Besson reste un grand orateur et 



— XVI — 

devient un grand évéque. Il apparaît ainsi dans un cadre dont 
les dimensions semblent parfois exagérées. Un coup d'oeil sur 
l'Europe et sur la situation faite à TÉglise chez les différents 
peuples n*était pas indispensable pour nous montrer Pévêque de 
Nimes ranimant les courages^ soutenant les forces encore agis- 
santes et conseillant la prière. Nous voyons mieux, dans son dio- 
cèse, sa généreuse sollicitude créant ou soutenant les bonnes 
œuvres ; l'éducation des enfants à Técole libre, leur instruction 
religieuse à l'église et au catéchisme. Au dehors, son éloquence 
intervient dans les questions religieuses, politiques ou sociales ; 
il prend la plume ou la parole pour plaider la cause des univer- 
sités catholiques, dénoncer l'influence croissante de la franc-ma- 
çonnerie ou les funestes effets de la loi du divorce. 

M. Bascoul a photographié l'évêque de Nimes et, pour l'avoir 
plus vrai, il a voulu un portrait sans retouches. C'est pour cela 
qu'il n'hésite pas à rappeler, à tout propos, un défaut de notre 
vénérable compatriote ; sa causticité, qyx'û dit être comtoise. Non 
seulement l'flô^e Besson joignait à un esprit caustique un carac- 
tère noble et un excellent coeur, mais il portait cet esprit partout. 
Quand il arrive à Rome, avec son ami l'évêque de Langres, qu'il 
devait assister au concile, il fait d'abord cueillette de bons mots 
dans les salons, avec son habituelle causticité, et promène la plai- 
santerie sur tous les sujets, même les plus graves. On peut, avec 
l'auteur, désapprouver tout éloge qui est presque sans restriction. 
On excuse plus aisément avec lui un homme et même un évé- 
que qui maintient son autorité, résiste à la force et ne rend pas 
môme justice contre son gré. On lui pardonne les méprises iné- 
vitables qui blessent ceux qui sont éconduits. L'homme le plus 
accueillant peut cesser de l'être quand une aventure inconnue du 
quémandeur a troublé son humeur, 

M. Bascoul pouvait dire tout cela, et il le dit fort bien, sans gâ- 
ter un portrait qui n'est pas pour déplaire à celui qu'il repré- 
sente. Celui-ci plaisantait lui-même spirituellement un journa- 
liste de Cauterets qui l'avait compté parmi le beau monde. Lui 
attribuer cet avantage, même en sa jeunesse, serait, disait-il, 
braver la vérité. 

Au moral, comme au physique, il se connaissait des défauts ;il 
avait trop d'esprit pour n'en pas convenir, et sa franchise, toute 
comtoise, n'aurait jamais imposé à son biographe la discrétion de 
n'en rien dire. 



— XVII — 



Séance du 29 mai i908. 

Étaient présents : MM. Boutroux, président; L. Baille, 
BoussEY, Chipon, Guiciiard, Guillemin, Guiraud, Isenbart, Lom- 
BART, Mairot, Pingaud, le vicomte de Truchis, le marquis de 
Vaulchier ; R. de Lurion, secrétaire perpétuel. 

Le procès-verbal de la séance du 30 avril est adopté. 

L'Académie a reçu en hommage les ouvrages suivants : 

Alfred Marquiset, Grayloxseriesy poésies. 

Docteur Ch. Holder, Les visites pastorales dans le diocèse de Lau- 
sanne, depuis la fin du XVI'' siècle; — Une page d'histoire des 
relations diplomatiques entre la république de Fribourg et la 
France sous Louis XI V, 

Le chanoine Suchet, La chronique de Véglise de Saint-Pierre 
de Besançon, 

Envois du ministère de l'instruction publique et des beaux- 
arts ; Ulysse Robert, Les testaments de Vofficialité de Besançon, 
J265-Î5U0, t. L 

F. Mazerolle, Les médailleurs français du XV' siècle au milieu 
rfttZ y/s 2 vol. 

E. Langlois, Recueil d'arts de seconde rhétorique. 

M. le président annonce à l'Académie le décès du doyen des 
associés correspondants, M. Jean Petit, statuaire, mort à Paris le 
mai 4903, à quatre-vingt-quatre ans. 

M. Pingaud lit une notice sur M. Albert Mallié, secrétaire per- 
pétuel, et M. Boutroux une autre notice sur M. Reboul, membre 
honoraire, ancien titulaire, doyen honoraire de la Faculté des 
sciences de l'Université d'Aix-Marseille. 

M. le docteur Baudin lit un important travail sur Arcier, his- 
toire d'une source, que la compagnie retient pour la prochaine 
séance publique. 

L'Académie établit ensuite le programme des prix pour 4905, 
avec ce seul changement au programme actuel du prix d'histoire 
ou d'archéologie qu'on ajoutera aux sujets déjà adoptés la « pu- 
blication de documents précédée d'une étude-préface ». 

La séance est levée. 

Le Président, Le Secrétaire perpétuel, 

L. Boutroux. R. de Lurion. 

ANNËB 1903. b 



— xvni — 

Notice snr M. REBOUL. 

Par M. BouTRoux 

M. Reboul (Pierre-Edmond), né à Montpellier le 13 février 4829, 
débuta dans renseignement comme professeur adjoint au lycée 
de Lille, le 40 novembre 1832 ; il ne resta que peu de temps dans 
l'enseignement secondaire. Après avoir travaillé comme prépa- 
rateur dans un laboratoire de la Faculté de médecine de Paris, il 
fut nommé chargé de cours de chimie à la Faculté des sciences 
de Besançon, le 25 février 1861. Titulaire de sa chaire en 1863, 
il fut nommé doyen de la Faculté en 1874 et occupa encore sa 
chaire quatre ans. C'est là qu'il exécuta les plus importants de 
ses travaux. 

Élu membre de l'Académie de Besançon le 26 août 1875, il 
n'eut pas le temps de laisser de trace importante de son séjour 
parmi nous. 

En 1878, il devint professeur et doyen de la Faculté des 
sciences de Marseille. C'est dans cette ville qu'il est mort le 
23 décembre 1902. 

Les travaux de M. Reboul sont d'un ordre trop spécial pour 
pouvoir être analysés ici. Il débuta, en 1860, par un important 
mémoire « sur les éthers du glycide ». Ce travail et ceux qui le 
suivirent furent récompensés en 1874 par T Académie des 
sciences, qui accorda à l'auteur une partie du prix Jecker. 
En 1878, il fut de nouveau lauréat de Tlnstitut; cette fois la tota- 
lité du prix Jecker lui fut décernée. 

C'est alors qu'il quitta Besançon pour Marseille, où il continua 
à bien mériter de la science. Le 25 janvier 1886, il fut élu corres- 
pondant de l'Institut (Académie des sciences, section de chimie). 

Les travaux de M. Reboul ne consistent pas seulement en dé- 
couvertes heureuses : ils ont contribué pour une bonne part à 
l'établissement des théories générales au moyen desquelles les 
chimistes représentent la structure des molécules des corps com- 
posés, théories qui, malgré des résistances célèbres, se sont im- 
posées au monde savant par leur incontestable fécondité. 

LISTE DES TRAVAUX PUBLIÉS PAR M. EDMOND REBOUL 

1 . Éthers du glycide et leurs relations avec les éthers glycé- 
riques. Ann. de chim, et de phys., 1860, t. LX. 



— XIX — 

2. Quelques éthers de la glycérine (en commun avec Lou- 
renço). Comptes rendus Acad, d, Sc,^ 1864, t. LU. 

3. Quelques éthers éthyliques des alcools polyglycériques (en 
commun avec Lourenço). Ihid. 

4. Bromures d'éthylène bromes. C. R, (1), 1862, t. LIV. 
î>. Acétylène brome. C. /?., 1862, t. LV. 

6. Sur un nouvel homologue de l'acétylène, le valérylène. C. 
R,, 1864, t. LVIII. 

7. Bromures et bromhydrates de valérylène. C. /?., 1864, 
t. LVIII. 

8. Sur quelques corps non saturés appartenant au groupe des 
éthers mixtes. Ibid, 

9. Sur un nouveau carbure d'hydrogène, le valylène. C, U., 
4865, t. LX. 

10. Sur quelques nouveaux dérivés du valérylène. C. /?., 1867, 
t. LXIV. 

11. Sur les polymères du valérylène. C. /?., ibid. 

12. Sur un isomère de l'éther éthylamylique, Téthylate d'amy- 
lène ; observations relatives à la production des éthers mixtes 
(en commun avec Truchot). C. /?., ibid. 

13. Recherches sur Tisomérie dans la série acétylénique. C. /?., 
1867, t. LXV. 

14. Combinaisons des hydracides avec l'éthylène et le propy- 
lène bromes. C. /?., 1870, t. LXX. 

16. lodhydrates et chlorhydrates d'éthylène et de propylène 
monobromés. Ibid, 

16. Sur deux nouveaux isomères du bromure de propylène. 
C. /?., 1872, t. LXXIV. 

17. Bromhydrates et chlorhydrates d'allylène. Ibid, 

18. Identité des bromhydrate et iodhydrate de propylène 
brome avec les dibromhydrate et iodobromhydrate d'allylène. 
Dibromhydrate d'acétylène. Ibid, 

19. Sur les divers chlorures de propylène. C. /?., 1873, 
t. LXXVI. 

20. Chlorobromures de propylène. Propylglycol normal. C, /?., 
1874, t. LXXVIII. 

21 . Éthers du propylglycol normal. C. R,, 1874, t. LXXIX. 

22. Constitution du propylène brome ordinaire. Ibid, 

23. Sur un nouveau propylène chloré. C, /?., 1876, t. LXXXII. 



(1) C. R. désigne les comptes rendus de l'Académie des sciences. 



— XX — 

24. Sur Tacide pyrotartrique normal. Bull. Soc. chimique^ 
1876, t. XXV. 

25. Acide pyrotartrique normal. C. /?., 4876, t. LXXXII. 

26. Sur quelques dérivés de l'acide pyrotartrique normal. 
Ibid. 

27. Recherches sur la synthèse des acides des séries CnH^n-^O* 
et CnH«n.40« : acides allyl- et diallylacétiques. C. B., 1877, 
t. LXXXIV. 

28. Faits pour servir à l'histoire des acides pyrotarlriques (en 
commun avec Bourgoin). Ann. de chim. et de phys.y 1877, t. XI. 

29. Transformation de l'acide pyrotartrique en acide dibromo- 
pyrotartrique et en acide dibromosuccinique (en commun avec 
Bourgoin). C. /?., 1877, t. LXXXIV. 

30. Électrolyse de l'acide pyrotartrique ordinaire (en commun 
avec Bourgoin). Ibid. 

31. Recherches sur le propylène normal (en commun avec 
Bourgoin). Ibid. 

32. Recherches sur Tisomérie dans la série du propylène. Ann. 
de chim. et dephys., 1878, t. XIV. 

33. Sur les vins de raisins secs. Journ. de pharm., 1880, t. II. 

34. Recherches sur les monamines tertiaires : I. Action de la 
triéthylamine sur les propylènes monobromés. C. B., 1881, 
t. XCII. 

35. Recherches.... II. Action de la chaleur sur le bromure 
d'allyltrléthylammonium. Ibid. 

36. Recherches.... III. Action de la triéthylamine sur les éthers 
à hydracides des alcools secondaires et tertiaires. C. B.y 1881, 
t. XCIII. 

37. Action de la triéthylamine sur Tépichlorhydrine. Composés 
de roxaliyltriéthylammonium. Ibid. 

38. Action de la triéthylamine sur la trichlorhydrine symé- 
trique et sur les deux glycides dichlorhydriques isomères. C. B.y 
1882, t. XGV. 

39. Recherches sur les ammoniaques composées oxygénées : 
I. Hydroxallyl-diamines. C. B., 1883, t. XCVII. 

40. Sur une monamine oxygénée incomplète, l'oxallyl-diéthy- 
lamine. Ibid. 

41. Éthers butyliques mixtes et proprement dits. C. B., 1889, 
t. CVIII (deux notes). 

42. Recherches sur les butylènes monobromés. C. /?., 1891, 
t. CXIII. 



— XXI — 



Séance du 21 juin i908. 



Étaient présents : MM. Boutroux, président ; le docteur 
Baudin, Boussey, Guichard, Guillemin, Guiraud, Lombart, Mai- 
rot, PiNGAUD, le docteur Roland, chanoine Rossignot, le comte 
DE Sainte- Agathe, le vicomte de Truchis, Vaissier; R. de Lu- 
RiON, secrétaire perpétuel. 

Le procès-verbal de la séance du 29 mai est adopté. 

M. le président fait part à la compagnie du décès de M. le doc- 
teur Lebon, mort le 21 juin ; M. le docteur Baudin veut bien se 
charger de la notice d'usage. 

La Société d'émulation de Montbéliard a invité le président de 
l'Académie à sa séance publique du 25 juin, suivie d'un ban- 
quet ; M. le secrétaire a remercié de l'invitation et a exprimé ses 
regrets que la séance publique de l'Académie tombant le même 
jour empêchât le président de prendre part à cette réunion. 

L'Académie décide que la séance publique, avancée au 25 juin, 
tiendra lieu de séance de juillet, la plupart des membres de l'A- 
cadémie quittant Besançon à ce moment. 

M. le président donne lecture de son discours pour la séance 
publique, sur les progrès accomplis depuis Pasteur dans la 
science qu'il a fondée. 

M. Guiraud, rapporteur du prix Weiss, conclut à ce qu'une 
médaille de 300 fr. soit donnée à l'auteur du mémoire n* 2, sous 
la devise Streb ! empor, travail relatif à la seigneurie d'Andelot- 
lez-Goligny et aux villages de Nantel et Ecuria, principalement 
au xviii« siècle. 

L'Académie vote les conclusions du rapporteur. 

M. Guichard, auteur du rapport du prix de poésie, pour lequel 
quatre mémoires ont été présentés, conclut à ce que trois d'en- 
tre eux soient l'objet de récompenses. 

L'Académie, entrant dans les vues delà commission, vote pour 
ce prix 300 fr., ajoutant aux 200 fr. du prix de poésie une somme 
de 100 fr. non distribuée au prix Weiss, pour cette année seule- 
ment, et sans que cela tire à conséquence pour l'avenir. 

En conséquence, l'auteur de la pièce de vers n° 4, sous la de- 
vise : Dans le camp tout entier, les soldats faisaient leur testament y 
reçoit une médaille de 150 fr. ; une médaille de 75 fr. est attri- 



— XXII — 

buée h chacun dcfl mémoires no S et n* 3, l'un sous la devise 
Sireb ! empor^ l'autre sous la devise : 

(!ouronn<^ii dr thym et de marjolaine, 
Ln% tUùâ joyeux dansent dans la plaine. 

La séance est levée. 
Le Prdâident, Le Secrétaire perpétuel^ 

BuUTROUX. R. DE LURION. 



Séance publique du S5 juin 4908. 

La séance a eu lieu dans la grande salle de Thôtel de viUe» à 
deux heures. 

Étaient présents : MM. Boittroux, président; le docteur 
Baudin, Boussev, Estionari), docteur Gauderox, Guichard, Gui- 
RAUD, le général Jeannerud, Lomu.art, le chanoine Rossignot, le 
chanoine Suchet, le vicomte de Truchis, Vaissier, le marquis de 
Vaulchier, le comte de Voroes, membre honoraire ; R. de Lu- 
RiON, secrétaire perpétuel. 

Mgr Tarchevêque de Besançon, M. le premier président, M. le 
préfet du Doubs, directeurs-nés, et M. le maire de Besançon, 
académicien-né, s'étaient excusés de ne pouvoir assister à la 
séance. 

M. Boutroux, président annuel, lit son travail Sur les progrès 
accomplis depuis Pasteur dans la sciefice qu'il a fondée, 

M. Guiraud présente son rapport sur le concours Weiss, à l'is- 
sue duquel M. le président proclame le nom de l'auteur auquel 
est décernée une médaille de 300 fr. sur ce prix, M. Xavier Brun, 
docteur es lettres, professeur au lycée de Lyon-Sain t-Rambert, 
auteur d'un travail intitulé : Renseignements sur les communau- 
tés de Nantel et d'Ècuria et en général sur la seigneurie d'Ande- 
lot leZ'Coligny y notamment au XVI 11^ siècle, où elle fut possédée 
avec une partie de Civria par la famille Guyénard, 

M. le docteur Baudin lit son étude sur Arcier, histoire d'une 
source. 

M. Paul Guichard lit son rapport sur le concours de poésie. 
M le président proclame les noms des auteurs auxquels ont été 
décernées les médailles : MM. E. Langlade, à Sannois (Seine-et- 
Oise), une médaille de 150 fr. pour la pièce : Fastes bisontins, 



— XXIII — 

Jules César; M. Xavier Brun, docteur es lettres, professeur au 
lycée de Lyon-Saint-Rambert, une médaille de 75 fr. pour sa 
pièce, Pour Lacuzon et le baron du Saix d'Amans; M™« A. Sau- 
get-Boudringhin, à Grenoble, une médaille de 75 fr. pour sa 
pièce : Les bonnes fées de Patente et la dame verte de Thise. 

A l'issue de la séance publique, l'Académie, à laquelle s'étaient 
joints MM. Baille, Isenbart, Ledoux et Pingaud, a procédé à l'é- 
lection du président et du vice-président de la compagnie pour 
1903-1904; M. Victor Guillemin a été élu président, et M. Bous- 
sey, vice-président. 

La séance est levée. 

Le Président^ Le Secrétaire perpétuel, 

BOUTROUX. R. DE LURION. 



Séance extraordinaire du P^ septembre d903. 

Étaient présents : MM. Giacomotti, vice-président, prési- 
dant la séance en l'absence du président ; Baille, docteur Bau- 
DiN, Chipon, docteur Gauderon, Guillemin, général Jeannerod, 
Lambert, Mairot, Pingaud, les chanoines Rossignot et Suchet, 
de Truchis, Vaissier ; docteur Ledoux, trésorier, faisant fonction 
de secrétaire en l'absence de M. le secrétaire perpétuel ; M. M. 
Prinet, membre honoraire. 

M. Ledoux donne lecture de trois lettres en date des 23, 29, 81 
août 1903, de M« Démanche, notaire à Paris, et des actes testa- 
mentaires de M. Jean-Claude Petit, statuaire, décédé à Paris le 
6 mai 1903, qui formulent, au profit de l'Académie, les disposi- 
tions suivantes dans un testament du 15 juillet 1884, maintenues 
dans un codicille du 24 février 1902 et dans un dernier testa- 
ment du 23 mai 1902 : 

« .... Je donne et lègue à l'Académie des sciences, belles-lettres 
et arts de la ville de Besançon, en témoignage de reconnaissance 
des encouragements dont j'ai été l'objet de sa part, une somme 
de dix mille francs, dont la rente servira à la création d'un 
concours annuel de composition historique de peinture et de 
sculpture, dont les sujets, laissés au gré des concurrents ou dési- 
gnés par l'Académie, devront être spécialement puisés dans l'his- 
toire de la Franche-Comté. 



\ 



— XXIV — 

« i> concours sera alternatif pour chacune des deux branches 
vie TArt oi^lessus mentionnées. En ce qui concerne la sculpture, 
)l «ern lH>n de spécifier si c'est un groupe, une statue ou un bas- 
rt^liof que les concurrents auront à traiter. 

« l/œuvre couronnée chaque année restera en possession de 
TAcadt^nie, qui en formera une collection pour orner la salle de 
MK< stVinces. 

« Tous les legs ci-dessus désignés devront être payés intégrale- 
mmil ot les frais d'impôt prélevés sur mon avoir. » 

I/.\cadémie accepte avec une profonde reconnaissance le legs, 
j^ oUo fait par M. Jean Petit, d'une somme de dix mille francs, et 
îiahio, dans un hommage respectueux et unanime, la mémoire 
do réminent statuaire élu en 1856 membre de la compagnie, 
«prt^s on avoir été pendant trois années le pensionnaire, par l'at- 
Iribution, en 1844, du bénéfice de la pension Suard. L'Académie 
t^prouve, à l'égard du bienfaiteur, une gratitude d'autant plus 
vivo qu'il a ajouté à son don généreux un témoignage particulier 
d'estime et de confiance par la mission de contribuer, en décer- 
nant des récompenses et des encouragements à déjeunes artis- 
tes, au développement de l'art en Franche-Comté. 

Elle considère que cette donation, en souvenir du secours reçu 
autrefois de l'Académie par son auteur, est faite pour que le re- 
venu du capital légué soit attribué dans un esprit de justice et 
de bienfaisance, sous forme de prix, à des jeunes gens qui 
montrent des dispositions artistiques et ont besoin d'aide pécu- 
niaire pour se livrer à leurs études ; qu'évidemment le testateur, 
ancien élève de l'école de dessin de la ville de Besançon, a pré- 
sumé que les avantages de sa fondation reviendront principale- 
ment aux élèves de ladite école, en très grande majorité fils 
d'ouvriers. 

Sous réserve de l'autorisation par M. le préfet du Doubs de re- 
cevoir le capital légué, l'Académie accepte, dans les conditions 
précitées, la mission à elle confiée, qui sera surtout une œuvre 
charitable en faveur de jeunes artistes, et s'engage à assurer 
fidèlement l'exécution aussi exacte que possible des volontés de 
Jean Petit, en la part qui la concerne. 

La compagnie désigne le président et le trésorier pour, avec 
la qualité de ses mandataires, prendre toutes dispositions, faire 
toutes démarches, recevoir les fonds, donner toutes signatures 
et décharges, près de l'administration préfectorale, du notaire. 



— XXV — 

de Texécuteur testamentaire, M. Théodore Lambert, architecte 
à Paris. 

L'Académie confirme sa décision antérieure de confier à 
M. V. Guillemin, peintre et critique d*art, Tun de ses membres, 
président élu pour 1903-1904, le soin d'établir une notice biogra- 
phique sur Jean Petit et une étude sur son œuvre. Cet éloge de 
Fartiste qui a honoré par son caractère et son talent, qui a em- 
belli d'un monument et d'ouvrages de sculpture distingués, sa 
ville natale, Besançon, sera lu devant l'Académie dans une de ses 
prochaines séances et ensuite inséré dans ses mémoires. 

L'Académie apprend, avec reconnaissance, que, dans sa ses- 
sion d'août 1903, le Conseil général du Doubs a voté le maintien 
de sa subvention habituelle en faveur des prix de l'Académie. 

La séance est levée. 

Le Trésorier , 
faisant fonction de secrétaire, Le vice- Président, 

E. LeDOUX. F. GlACOMOTTI. 



Séance du i9 novembre 4903. 

Étaient présents : MM. Boutroux, président ; L. Baille, 
docteur Baudin, Boussey, Gauthier, Giacomotti, Guillemin, Isen- 
BART, docteur Ledoux, Lombart, Mairot, Pingaud, le chanoine 
RossiGNOT, Vaissier, le marquis de Vaulchier ; le comte de Vor- 
ges, membre honoraire ; R. de Lurion, secrétaire perpétuel. 

Les procès-verbaux de la séance du 24 juin, de la séance pu- 
blique du 25 juin, et de la séance extraordinaire du l®"* sep- 
tembre sont adoptés. 

M. le président annonce la mort de M. Ulysse Robert, inspec- 
teur général des archives et bibliothèques, membre correspon- 
dant comtois de l'Académie, décédé à Paris le 5 novembre 1903. 
M. Gauthier se charge de la notice d'usage. M. Garnier, archi- 
viste de la Côte-d'Or, membre correspondant, est décédé à Dijon, 
le 14 novembre dernier ; M. Gauthier donne sur lui la notice d'u- 
sage; enfin M. le président annonce la mort de M. BoUati de 
Saint-Pierre, membre correspondant étranger, décédé à Turin 
dans l'été de 1903. 

M. Boutroux remercie l'Académie de la bienveillance qu'elle 

6* 



— - XXVI — 

lui a témoignée pendant cette année, et souhaite la bienvenue à 
M. Guillemin, nouveau président annuel, auquel il cède le fau- 
teuil. M. Guillemin remercie également la compagnie et exprime 
ses regrets que des raisons de santé le forcent à s*éloigner de 
Besançon pendant cet hiver. 

M. le ministre de Tinstruction publique annonce pour le mardi 
5 avril 1904, à la Sorbonne à Paris, le 42© congrès des Sociétés 
savantes, dont le programme est déposé sur le bureau de 
l'Académie. 

A signaler, parmi les publications adressées à TAcadémie, les vo^ 
lûmes et brochures suivants, la plupart accompagnés d'un hom- 
mage : Réminiscences poétiques^ par L. de Piépape ; Politique exté- 
rieure de Pierre le Grande par Roger Roux, juge au tribunal civil de 
Vesoul ; Les accidents du travail dans les prisons, par le même ; 
L'industrie cotonnière au pays de Montbéliard et ses origines, par 
Léon Sabler ; Bulletin de la Société pour la protection des paysages 
de France, premier trimestre 4903 ; Dictionnaire topographique du 
département de la Haute- Marne, par A. Roserot ; La malaria bo- 
vine en Egypte, communication faite à l'Institut égyptien, par 
Piot-Bey, directeur du service vétérinaire en Egypte ; Vers iné- 
dits d Edouard Grenier, par L. Thiol; Lettre circulaire de 
Mgr l'évoque d'Orléans, à propos de la troisième congrégation du 
procès canonique de la vénérable Jeanne d*Arc. 

M. Baille, artiste peintre, se propose d'exécuter pour l'Acadé- 
mie une copie du portrait de l'historien Dunod de Charnage, 
premier secrétaire perpétuel de l'Académie; cette œuvre d'art 
lui tiendra lieu de discours de réception. 

M. Guillemin donne lecture de son discours pour la séance 
publique de janvier 1904, étude sur le statuaire Jean Petit, sa 
vie et son œuvre. 

L'Académie décide de pourvoir, au mois de janvier 1904, à la 
vacance de plusieurs places dans ses diverses sections. En consé- 
quence, elle élit la commission des élections, composée de 
MM. Lombart, Isenbart, le marquis de Vaulchier, l'abbé Rossi- 
gnot, le docteur Gauderon, M. Boutroux et M. Crétin. 

MM. Vaissier, Baudin et Gauthier sont élus membres de la 
commission du prix Marmier. 

La séance est levée. 

Le Président, Le Secrétaire perpétuel, 

V. Guillemin. R. de Lubion. 



XXVII — 



ANNEXE 



Notioe sur M. Joseph GARNIER, membre correspondant 

Par M. Jules Gauthier. 

L'Académie vient de perdre, le \S novembre dernier, le plus 
laborieux de ses correspondants français dans la personne de 
M. Joseph Garnier, conservateur des archives départementales 
de la Côte-d'Or, chevalier de la Légion d*honneur, qui lui appar- 
tenait comme associé depuis 1877. 

Joseph Garnier était né le 24 avril 1825, dans un modeste foyer 
de la rue Berbisey, à Dijon. A quinze ans il entrait comme em- 
ployé aux archives départementales sous les ordres d'un érudit 
dont le nom fait autorité pour l'histoire de Bourgogne -.Joseph Bou- 
dot. Initié aussi bien par son chef que par les leçons d'une petite 
école des chartes, momentanément instituée à Dijon, et où il eut 
pour condisciple Quantin,rérudit archiviste de l'Yonne, Garnier, 
très intelligent et passionné pour le travail, devait s'élever peu à 
peu, malgré son éducation première, privée de tout diplôme, à 
une connaissance parfaite de l'histoire locale, de ses sources, de 
ce langage latin et roman dont la technique infinie ne s'apprend 
point dans les grammaires. Il devait surtout, grâce à une vo- 
cation irrésistible, devenir le plus habile et le plus conscien- 
cieux des archivistes, en mettant toute son activité, toute sa haute 
intelligence à l'organisation, à là création d'un vaste dépôt qui 
n'a son rival en France que dans les brumes du Nord. Ce métier 
d'archiviste, que la superbe de certains esprits continuera long- 
temps à traiter comme autrefois Scaliger traitait Du Verdier et 
La Croix du Maine, « amateurs de matériaux qui nous sont par- 
fois utiles à nous autres grands savants » ! Garnier sut en faire 
apprécier l'utilité, l'abnégation et le dévouement. Simple subor- 
donné de MM. Baudot et Maillard de Chambure, titulaire des ar- 
chives municipales de Dijon, conservateur des archives de la 
Côte-d'Or en 1862, au départ de M. Rossignol, il fut durant 
soixante-treize années, pour Dijon et pour toute la Bourgogne, 
l'initiateur de toute entreprise intelligente en matière d'archéo- 
gie ou d'histoire, le conseiller éclairé de tous les travailleurs, 
l'arbitre désintéressé et respecté de toutes les polémiques, le col- 
laborateur précieux et anonyme de toutes les publications d'his- 
toire, après avoir été le guide de toutes les recherches. 



— XXVIII — 

Non content de remplir consciencieusement sa tâche en pu- 
bliant dix volumes d'inventaires qui resteront des modèles du 
genre, en accumulant des inventaires manuscrits qui rendent 
accessibles toutes les séries d'un vaste dépôt, Garnier tira des 
archives dijonnaises la matière de nombreux écrits. Je ne citerai 
que la Correspondance des maires de Dijon, les trois volumes des 
Chartes de franchises bourguignonnes, véritable Corpus de droit 
public auquel il ne manque qu'une introduction magistrale, que 
l'Artillerie des ducs de Bourgogne et que la Monographie du vieil 
Hôtel de ville de Dijon, devenu le palais des archives départemen- 
tales. 

Les Mémoires de V Académie de Dijon et de la Commission des 
antiquités de la Côte-d'Or doivent à la plume de Joseph Garnier 
autant de travaux que l'administration de ces deux sociétés sa- 
vantes a dû de services à son initiative, à son jugement sûr 
et droit. 

Garnier était aussi digne d'estime et de respect par sa haute 
valeur scientifique que par la noblesse de son caractère. Sa fran- 
chise parfois brusque était frappée au coin de la plus nette 
loyauté; ses jugements sur les hommes et sur les choses ne rele- 
vaient jamais que d'une conscience délicate et sûre, et sa bonté 
savait en faire pardonner la rigueur. 

A quatre-vingt-huit ans, il était resté aussi vivant de cœur et 
d'esprit, aussi laborieux qu'aux jours de sa jeunesse, et s'est 
éteint possédant toute son intelligence, toute sa volonté ; sa mé- 
moire ne laisse à aucun le moindre souvenir amer ; des amitiés 
sincères et dévouées ont entouré sa vie ; c'est l'unique récom- 
pense terrestre d'une vie d'honneur et de travail. 

Joseph Garnier est mort pauvre, il était désintéressé et chari- 
table et ne connut point Tégoïsme. Demain les seuls trésors qu'il 
laisse : ses livres et ses manuscrits, seront dispersés et vendus, 
et le produit de cette vente servira encore à un dernier bienfait l 



\ 



Séance du i8 décembre 1908. 

Etaient présents : MM. Boussey, vice-président, présidant 
la séance ; Mgr de Beauséjour, Gaston de Beauséjour, Boutroux, 
Crétin, docteur Gauderon, Gauthier, Girardot, Guichard, Isen- 
BART, docteur Ledoux, Lieffroy, Lombart, Mairot, Pingaud, le 



— XXIX — 

chanoine Rossionot, le comte de Sainte-Agathe, le vicomte de 
Truchis, Vaissier, le marquis de Vaulchier; R. de Lurion, secré- 
taire perpétuel. 

Le procès-verbal de la séance du 49 novembre est adopté. 

L'Académie a reçu en hommage du général de Piépape, mem- 
bre honoraire, ancien titulaire, une pièce de vers intitulée Un 
épisode de la bataille de Sedan, 

L'Académie fixe sa prochaine séance privée au jeudi 21 jan- 
vier 1904, et sa première séance publique de 1904, au 28 janvier, 
s'il y a possibilité d'obtenir pour ce jour-là la salle de l'hôtel de 
ville. 

M. Lieffroy lit une notice sur M. Eugène de Beauséjour, ancien 
magistrat, membre correspondant, décédé le 28 avril 1903, et 
M. Jules Gauthier sur M. Ulysse Robert, inspecteur général des 
Archives, membre correspondant, décédé le 5 novembre 1903. 

M. le chanoine Rossignot, curé de la Madeleine, lit son discours 
de réception sur Hugues Z®', archevêque de Besançon^ destiné à 
la prochaine séance publique. 

L'Académie procède ensuite à l'élection de la commission des 
finances ; MM. Girardot, Guichard et de Truchis sont réélus. 

La séance est levée. 

Le vice-présidenty Le secrétaire perpétuel^ 

A. BoussEY. R. de Lurion. 



ANNEXES 

Notice nécrologique sur M. Eugène DE BEAUSÉJOUR, 
membre correspondant 

Par M. Lieffroy. 

Le 28 avril dernier, l'Académie a perdu, en la personne de 
M. Eugène de Beauséjour, l'un de ses membres les plus distin- 
gués, tant par la noblesse de ses convictions et de son caractère 
que par l'élévation et la culture de son esprit. 

Né à Vesoul le 17 juin 1836, il se prépara par de fortes études 
classiques au collège de sa ville natale, puis au collège Saint- 
François-Xavier de Besançon, à une vie de travail, de labeur 



— XXX — 

consciencieux, d*honneur, dont il trouvait dans les traditions de 
famille et de parenté les plus constants et les plus fortifiants 
exemples. Après ses études de droit terminées en 1859, il fut atta- 
ché au barreau de Vesoul jusqu'en 1864 ; après avoir été nommé 
juge suppléant à Dole et à Vesoul, il fut appelé en 4805 aux fonc- 
tions de substitut à Pontarlier, en la même qualité à Dole 
en d867 et à Besançon en 1873. En 1876, il fut nommé juge à 
Lons-le-Saunier. C'est dans cette situation qu'en 1883, il donna 
sa démission, ne voulant pas accepter sa nomination comme juge 
à Baume-les-Dames, nomination qu'il considérait à juste titre 
comme une disgrâce. C'était le moment où le ministre de la jus- 
tice, Martin-Feuillée, en frappant des magistrats intègres et 
incorruptibles, faisait ce qu'il appelait l'épuration de la magistra- 
ture. 

En 1800, Eugène de Beauséjour avait épousé M"« Louise Qerc, 
la deuxième fille du président Edouard Clerc, dont personne n'a 
oublié ici la belle et sereine figure d'érudit et de magistrat 
sachant allier aux austères devoirs de ses fonctions les patientes 
recherches de l'historien scrutant les archives et les antiques 
annales de notre belle province. Le mariage de M. de Beauséjour, 
qui fut heureux sous tous les rapports, décida pour ainsi dire de 
sa carrière et de son avenir. Il le détermina à entrer dans la 
magistrature, il l'encouragea aussi à profiter de ses moments de 
loisir pour rechercher dans ses papiers de famille, dans les biblio- 
thèques publiques et privées, les secrets d'un passé qui aime à 
se dévoiler à ceux qui ont la passion de l'interroger curieuse- 
ment. 

En sa double qualité de magistrat et d'écrivain, n'était-il pas le 
continuateur, du moins le disciple d'Edouard Clerc? Aussi, le 
24 juillet 1890, l'Académie de Besançon, se souvenant de celui 
qui avait été toujours l'honneur de la compagnie, tenant compte 
également des éminentes qualités et des goûts littéraires de 
M. de Beauséjour, fut-elle heureuse de lui ouvrir ses rangs en lui 
conférant le titre de membre correspondant. 

11 aimait à assister à nos banquets, à nos réunions, où chacun 
de nous le recherchait à cause de l'amabilité de son caractère, 
de la facilité de ses relations, de la grâce courtoise d'une conver- 
sation où l'on devinait les trésors d'un cœur d'élite, d'un esprit 
ouvert à toutes les généreuses aspirations. N'était-il pas pour 
tous un ami, plus qu'un ami, un modèle, dont, à travers les diffi- 
cultés de la vie, on pouvait invoquer les conseils et l'exemple ? 
N'avait-il pas su briser volontairement, d'une main ^virile, une 



— XXXI — 

carrière qu'il aimait pour suivre dans la retraite des hommes 
dont il était fier d*a voir été le collègue et dont il retrouvait ici 
même la société précieuse et Tinaltérable alTection ? Oui, il était 
heureux d'être des nôtres, et s'il ne nous a pas donné quelques 
produits de son travail, ne savions-nous pas que pour la Société 
d'agriculture, sciences et arts de la Haute-Saône, dont il était 
membre depuis de longues années, il avait publié différents écrits 
que je rappellerai brièvement aujourd'hui. 

Parmi ces écrits, il en est deux qui méritent d'attirer plus par- 
ticulièrement l'attention. 

Le premier a pour titre: Le bailliage présidial de Vesoul 
(1676-1790), et a paru en l'année 1896. 

Le bailliage présidial de Vesoul est sans doute une page de 
l'histoire générale de la province, mais pour M. de Beauséjour, 
il a été, à son début du moins, un épisode de la vie de ses aïeux 
maternels. £n consultant les archives de sa famille, il avait été 
frappé de ce fait que pendant toute la durée du bailliage prési- 
dial de Vesoul, de 4696 à 1790, le siège de président ou de prési- 
dent premier, comme on l'appelait alors, n'avait été occupé que 
par deux titulaires, Jean-Claude Fyard et Claude-Louis Fyard, 
fils du précédent, lesquels avaient tenu cette charge pendant plus 
d'un siècle. Les archives de la famille Fyard étant entre les 
mains de l'auteur, la monographie du bailliage devenait quelque 
peu la monographie d'une famille. M. de Beauséjour compléta 
ses notes familiales, agrandit son sujet, traita la question de l'ins- 
titution même du bailliage et de fait laissa une monographie aussi 
complète que possible et de l'institution elle-même et des familles 
vésuliennes dont les membres en firent partie. 

Le second a pour titre : Quelques documents inédits relatifs à 
la terre, à la seigneurie et au nom de Granvelle {1516-1805), et a 
paru dans l'année 1899. 

Ces documents tirent leur origine du même ordre d'idées que 
le précédent travail. C'est encore dans les archives de sa famille 
qu'il en trouva tous les éléments et tout l'intérêt. La terre de 
Granvelle ayant été acquise en 1768 par le conseiller-maître à la 
Cour des comptes, Jean-François Raillard, de Vesoul, qui dès 
lors porta le nom de Raillard de Granvelle, les divers actes de 
propriété et papiers relatifs à cette terre passèrent aux mains du 
nouvel acquéreur et, par voie d'hérédité, en celles de M™» de 
Beauséjour de Mercey. Or, parmi ces pièces, plusieurs originales 
et inédites ont paru à M. de Beauséjour avoir plus qu'un intérêt 
domestique et mériter une publication. 



— XTXTT — 

M. de Beanséjnur était aussi membre des Sociétés d'émnla- 
rion du Doubs et du Jtu-a. 

Apr^s sa refrnite anticipée. .?!i -leiiors de ses études et de ses 
travnnx littéraires, il s.» l'onsacn .mx levoirs de la famille qu'il 
chérissait et aux 'EU^Tes .-iiartaijies luxquelles il ne marchanda 
jamais tout son dévouement .'t auxquelles il se consacra jusque 
dans ses derniers instants. Fr-ippé inopinément par une maladie 
redoutable, il \'it venir la mort dont la foi adoucit pour lui les 
aDprnches. 

Des funérailles imptîsantes par leur j:ranileur et leur simpli- 
cité ftirer.t un dernier l;i>mma:re rendu par ses concitoyens à ce- 
lui dont nous dôplor^ns !a perte. Je ne puis mieux faire, en ter- 
minant i-ette notice v:oR.sacrée à -^a mémoire, que de citer cette 
phrase ècriîe par lui et on peut ilire pour lu: : c Sachons garder 
culte et souvenir au\ seules choses qui demeurent parmi tous 
les chan^reuients, je wiix dire aux vertus qui ont été pratiquées 
et aux bienfnit-î qui ont été accomplis. ^) 



Notice sur M. Ulysse ROBERT, correspondant franc» 
comtois. 

Par M. Jules Gauthier. 

1,0 .'» novembre dernier mourait subitement à Paris, au cours 
d'une réuninn amicale de Franc-Comtois qu'il avait fondée, un 
iTudlt que sa naissance, que ses travaux, que ses affections 
lij toril inlimoniont à notre sol et qui comptait depuis 1880 
mrtnl les ov>rrosjK)ndaiits de cette Académie. 

Né à HlanchiToche (Doubs), le 5 août 48i5, d'un père suisse et 
d'une rnOTO comtoise, sa famille le destinait aux études ecclé- 
<«i(istiquos. A dix-huit ans, il passa du petit séminaire de Consola- 
luMi an srnnna ire do philosophie de Vesoul. Sa véritable vocation, 
^\voillro par vos concours d'histoire et justifiée par des aptitudes 
\\\\{\Vfi spéciales pour la carrière de Térudilion, s'y fit jour, aux 
\y\\\ tlo s«\K ma lires comme aux siens; il quitta Vesoul en 1866 
iHiur «le venir niaitn^ d'étude au lycée de Besançon. Après y 
nvoir rarné son diplôme de bachelier, il fut admis en 1869 à 
I'IîooUmU'h Charles, dont il sortit en 1873pour occuper un petit 
^é|iiirleinrnt dos manuscrits de la Bibliothèque natio- 
irentH étaient sans fortune et les six années qu'il dut 






— XXXIII — 

traverser avant d'obtenir un emploi avaient exigé de sa part un 
double labeur tant pour gagner son pain que pour suivre avec 
application et succès cours ou conférences. A la Bibliothèque na- 
tionale, les débutants doivent se résigner, malgré leurs diplômes, 
à de rudes travaux mal rétribués, et faire pendant vingt ans dou- 
ble journée en copiant durant la nuit des textes pour les édi- 
teurs, pour les sociétés savantes, pour les amateurs opulents qui 
veulent bien cueillir les fleurs de la science sans en connaître les 
épines. Ce fut la vie de Robert qui, marié de bonne heure, 
connut tous les soucis mais aussi toutes les joies d'un heureux 
foyer. Au travail il apportait cette robustesse et cette endurance 
que les terrassiers italiens montrent dans les chantiers fran- 
çais ; dans le caractère il avait une force de volonté qui lui per- 
mit de mener à bien certaines tâches de service qui lui méri- 
tèrent des encouragements et plus tard des récompenses. Je 
citerai par exemple la mise en ordre du cabinet des titres et des 
40,000 documents originaux amassés par les Chérin, les Clairam- 
bault, les d'Hozier. La publication du Catalogue général des ma- 
nuscrits des bibliothèques de province, certains travaux auxquels 
il collabora sans y attacher son nom, lui valurent vers 1890 l'em- 
ploi d'inspecteur général des bibliothèques et archives au minis- 
tère de rinstruction publique. C'est alors qu'il se démit de l'em- 
ploi d'auxiliaire de l'Institut et qu'il put entreprendre ou compléter 
certaines publications qui lui acquirent, en 4874 et 1890, des men- 
tions honorables, en 1891 le second prix Gobert, en 1901 une por- 
tion du prix Bordier à l'Académie des inscriptions. Une Histoire 
et un Bullaire de Calixte II, un Catalogue des documents franc- 
comtois conservés dans les dépôts parisiens, un Choix de testaments 
franc-comtois de Vofficialité de Besançon^doninn seul volume a paru, 
une Histoire, en deux volumes, de Philibert de Chalon, général 
des armées de Charles-Quint , tels sont les principaux titres d'Ulysse 
Robert à la reconnaissance des érudits franc-comtois. Le soin et 
l'activité qu'il apporta à la publication du catalogue des manuscrits 
provinciaux lui sont un titre supérieur à la reconnaissance de 
l'érudition française. 

Robert est mort avec un regret, celui de n'être point entré à 
rinstitut, où deux échecs consécutifs à l'Académie des inscrip- 
tions lui furent sensibles ; il pensait essayer de forcer les portes 
de l'Académie des sciences morales et politiques, et voilà qu'en 
vue de la terre promise, vers laquelle il orientait ses dernières 
ambitions, sa carrière prématurément prend terme. On lui doit 
cette justice, qu'il s'est acharné durant quarante ans, avec bon- 



— xxxrv — 

uanr et conscience, aux labeurs d*un métier pénible qui n'est pas 
toujours apprécié comme il devrait Tétre, et qui fait difficilement 
vivre ses ouvriers, s'il les fait aisément mourir à la tâche. Il est 
ffiort trop tôt pour les siens, trop tôt pour ses amis et ses con- 
fri'îros, trop tôt pour l'histoire de Franche-Comté à laquelle il 
pouvait rendre encore de nombreux et sérieux services. 




Académie des sciences^ belles-lettres et arts de Besançon 

PROGRAMME DES PRIX 

Qui seront décernés var V Académie de Besançon en 190 k et 1905 



Prix a décerner en 1904 

1» PRIX D'ÉLOQUENCE (subvention du Conseil général du Doubs, 

300 fr.) 

Sujets proposés (au choix des concurrents) : lo Une étude sur 
un orateur, un poète, un philosophe, un jurisconsulte, un artiste, 
un économiste ou quelque autre homme éminent du xix« siècle, 
originaire de Franche-Comté. — 2o Les peintres paysagistes en 
Franche-Comté.— 3° Les journaux et les revues en Franche-Comté 
pendant le xixe siècle. 

20 PRIX D'ÉCONOMIE POLITIQUE (fondation Veil-Picard, 

400 fr.) 

Sujets proposés (au choix des concurrents) : 1° Les conditions 
de la vie de famille en Franche-Comté pendant les cinquante 
dernières années (dépenses de subsistance; modifications dans 
les habitudes, dans le genre de vie ; conclusions). — 2° Une étude 
sur une des industries importantes de Franche-Comté depuis ses 
origines jusqu'à nos jours. — 3^ Les organisations ouvrières 
dans les départements du Doubs, du Jura, de la Haute-Saône et du 
Haut-Rhin depuis la loi de 1884 (fédérations, syndicats, grèves). 

Prix a décerner en 1905 

10 PRIX D'HISTOIRE OU D'ARCHÉOLOGIE (prix Weiss, 
augmenté d'une subvention du Conseil général du Doubs, 500 fr.) 

Ce prix sera décerné au meilleur mémoire, soit sur un sujet 
d'histoire franc-comtoise (étude sur une époque d'histoire géné- 
rale, histoire des institutions, de l'agriculture, de l'industrie et du 
commerce, monographie d'une ville, d'un bourg, château, chapelle, 



abbaye^ généalogie d'une famille illustre, publication de docu- 
ments précédée d'une étude-préface), soit sur un sujet important 
d'archéologie ou un groupe de monuments archéologiques appar- 
tenant à la province. 

2* PRIX DE POÉSIE (subvention du Conseil général du Doubs, 

200 fr.) 

Ce prix sera décerné à la meilleure pièce de poésie, l'Académie 
laissant les concurrents libres de choisir leur sujet, d'adopter le 
genre et le rylhme qui leur conviendront le mieux, et exigeant 
seulement que le sujet choisi se rattache, par un intérêt sérieux, 
à l'histoire et au sol de la province. 



Pour les prix qui précèdent, les concurrents ne signeront point 
leurs manuscrits; ils y attacheront seulement une devise, qui 
sera reproduite au dos d'un billet cacheté, contenant leur nom et 
leur adresse. 

Les ouvrages destinés aux concours de 1904 devront être par- 
venus francs de port, au secrétaire perpétuel de l'Académie, avant 
le 15 avril 1904, et ceux destinés aux concours de 1905, avant le 
15 avril 1905. Ces termes sont de rigueur. 

PRIX MARMIER (300 fr.) 

Ce prix est décerné, chaque année, conformément au testament 
de M. Xavier Marmier, a à l'auteur d'une étude sur la Franche- 
Comté, spécialement sur les anciens monuments, les anciennes 
coutumes de cette province, ses traditions populaires, ses dia- 
lectes villageois. » 

Les ouvrages présentés pour le prix Marmier peuvent être ma- 
nuscrits ou imprimés. 

Ils devront parvenir au secrétaire perpétuel de l'Académie 
avant le l^"" décembre 1904. 



Les ouvrages présentés aux divers concours doivent rester dans 
les archives ou dans la bibliothèque de l'Académie. 



^ 



Le secrétaire perpétuel. 



MÉMOIRES 



1903. 



\ 



SUR L'AIR LIQUIDE 

Par M. Léon BOUTROUX 

PRÉSIDENT ANNUEL 



(Séance publique du 29 janvier £903) 



Quand on songe au développement prodigieux qu'ont 
pris les sciences expérimentales dans la seconde moitié du 
xix<» siècle, on est forcé de reconnaître qu'elles ont acquis 
ime importance de premier ordre dans l'ensemble des ob- 
jets de la pensée humaine, en sorte que de nos jours il est 
impossible à un esprit éclairé, quelle que soit d'ailleurs 
la direction préférée de ses préoccupations intellectuelles, 
de rester absolument étranger au mouvement scientifique. 
Pour cette raison, vous me pardonnerez, j'espère, de pro- 
poser aujourd'hui à votre attention l'une des plus remar- 
quables parmi les découvertes récemment faites dans le 
domaine de la chimie, la production de l'air liquide. 

Autrefois on pouvait distinguer deux sortes de fluides 
aériformes bien différents : les vapeurs, qui pouvaient se 
transformer en liquides, et les gaz, qui n'étaient connus 
que sous un seul état physique. 

Deux procédés pouvaient servir à réaliser la transfor- 
mation d'une vapeur en son liquide. 

Introduisons une carafe d'eau froide dans une chambre 
chaude : la vapeur d'eau contenue dans l'air de la cham- 
bre se condense au contact de la carafe. Quelle est ici la 
cause du changement d'état ? C'est le refroidissement. 

D'un autre côté, enfermons quelques gouttes d'éther 



— 4 — 

(InriH un espace vide limité : cet espace se remplit de 
vapeur d'éther. Comprimons maintenant la vapeur par un 
procédé quelconque : nous verrons le volume du liquide 
augmenter ; une partie de la vapeur a été condensée, cette 
folH, par la compression. Refroidissement et compression, 
IdIh sont les moyens depuis longtemps connus, par les- 
({uuls on peut faire passer une vapeur à Tétat liquide. 

Or, dans des expériences de compression faites sur un 
gaz, lo gaz ammoniac, Van Marum le premier, vers la fin 
du xvni^ siècle, vit ce corps prendre, lui aussi, l'état 
liquide. Vers la même époque, un autre gaz, le gaz sulfu- 
reux, soumis à Faction d'un mélange réfrigérant par 
Monge et Clouet, se liquéfia également. 

Mais il faut arriver à 1823 pour voir, entre les mains de 
Faraday, ces faits se généraliser de telle sorte qu'il devint 
Impossible de maintenir une distinction essentielle entre 
vapeurs et gaz. Ce physicien créa une méthode générale 
au moyen de laquelle il appliquait à un gaz à la fois les 
deux procédés par lesquels on condense les vapeurs, la 
compression et le refroidissement. Dans cette première 
série d'expériences, plusieurs gaz furent obtenus à l'état 
liquide. A partir de ce moment, les mêmes moyens, em- 
ployés d'une manière plus énergique, soit par Faraday, soit 
par d'autres savants, permirent de liquéfier presque tous 
les gaz connus, et même d'en solidifier un certain nombre. 
Cependant quelques-uns résistèrent ; parmi ceux-ci se trou- 
vaient l'hydrogène et les gaz de l'air, oxygène et azote. Les 
compressions les plus fortes, poussées jusqu'à 2,000 at- 
mosphères, ne purent amener ces gaz à l'état liquide, et 
les physiciens se virent obligés d'admettre l'existence de 
gaz dits permanents, c'est-à-dire n'existant qu'à l'état 
gazeux. 

En 1877, les mémorables expériences de M. CaiUetet 
vinrent abolir la notion de gaz permanents. Ce physicien, 
dans le célèbre appareil qu'il imagina, utilisait, outre les 



- 5- 

deux moyens que nous avons déjà signalés, à savoir le re- 
froidissement et la compression, un troisième moyen qui 
est opposé au second, mais qui rentre dans le premier, à 
savoir la détente. Quand dans une îpompe à air on com- 
prime de Tair, celui-ci s'échauffe, tellement que si le corps 
de pompe est mauvais conducteur delà chaleur, s'il est par 
exemple en verre, et qu'on enfonce brusquement le pis- 
ton, un morceau d'amadou, fixé à la face inférieure de ce 
dernier, prend feu. C'est l'expérience de cours dite du bri- 
quet à air. Si, inversement, de l'air se trouvant sous une 
certaine pression initiale, on vient à le raréfier brusque- 
ment, il devra se refroidir, en sorte que si cet air est 
chargé de vapeur d'eau, la détente pourra déterminer la 
condensation de la vapeur. C'est ce qui est réalisé dans un 
jouet d'enfant fort instructif, le pistolet à air. Dans un tube 
de laiton fermé à une extrémité par un bouchon, on en- 
fonce à l'autre extrémité un piston : l'air se comprime, ne 
s'échauffe que peu à cause de la conductibilité du tube qui 
disperse la chaleur produite; quand la pression est suffi- 
sante, le bouchon est projeté au dehors, et l'enfant voit 
avec admiration sortir du tube, derrière le projectile, un 
peu de fumée ! Cette fumée est un nuage produit par la 
condensation de la vapeur d'eau contenue dans l'air ex- 
pulsé, condensation due à la détente qui s'est produite 
dans l'air au moment où le bouchon a cédé à la pression. 

Dans l'appareil de M. Cailletet, d'une construction moins 
simple, les choses se passent de même. Un gaz pur et 
sec, convenablement refroidi, est comprimé à 300 ou 
même jusqu'à 500 atmosphères, puis brusquement dé- 
tendu : à ce moment on voit apparaître un nuage : c'est le 
gaz liquéfié. Tous les anciens gaz permanents furent obte- 
nus sous cette forme de nuage, bien visible, quoique fugi- 
tive. 

C'était un résultat d'importance capitale au point de vue 
théorique ; mais les physiciens étaient plus ambitieux ; ils 



— 6 — 

auraient Tonla aToir de Toxygène liquide, de Ilijdrogàie 
liquide, en masse suffisante pour en pouroir remplir des 
flacons, c'est-à-dire, suiTant une expression usitée, à Tétai 
de liquide statique. Puisque La détente suffisait pour 
qu'on en pût obtenir quelques goutelettes, et que la dé- 
tente ne pouTait agir que comme cause de refroidisse- 
ment, c'était en perfectionnant la réfrigération qu*on pou- 
vait espérer arriver au but. 

Le progrès de l'étude de la liquéfaction dans les cas con- 
nus vint préciser les conditions à saUsCûre. On connais- 
sait déjà d'anciennes expériences, dues au Français Cagniard 
de Latour, dont on n'avait pas tiré tout le profit possible : 
de l'eau, enfermée dans un récipient parfaitement clos 
et chauffée, n*entre pas en ébuUition ; elle émet de la va- 
peur qui acquiert une pression rapidement croissante à 
mesure que la température s'élève. Quand ceUe-ci atteint 
365"", l'eau, comme l'avait vu Cagniard de Latour, se vapo- 
rise entièrement, sans être entrée en ébuUition, quelle 
qu'en soit la masse, et dès lors, si l'on continue à chauffer, 
cette vapeur ne se comprime plus que conmie un gaz or- 
dinaire. On savait donc qu'il existe, pour les liquides, une 
température de vaporisation totale, au-dessus de laquelle 
la vapeur se comporte comme un gaz. Cette température 
est très élevée pour les liquides ordinaires. 

En étudiant les gaz que l'on pouvait déjà obtenir à l'état 
de liquide statique, on constata qu'il existait aussi pour 
eux une température au-dessous de laquelle ils pouvaient 
bien se condenser en liquide, et au-dessus de laquelle ils 
ne le pouvaient pas : c'était leur température de vaporisa- 
tion totale ; on crut devoir l'appeler d'un nom nouveau : 
on la nomma la température critique, ou le point critique. 

Cette température varie notablement d'un gaz à un au- 
tre. Les gaz dont la température critique dépasse -|- 15<> 
peuvent être liquéfiés à la température ordinaire par le seul 
emploi delà pression : c'est le cas, par exemple, du gaz car- 



— 7 — 

bonique, dont le point critique est de -|- 31^ Mais les gaz 
autrefois réputés permanents ont des températures criti- 
ques très basses, qui n'avaient jamais été atteintes dans les 
essais de liquéfaction. 

On perfectionna doncla réfrigération en employant comme 
réfrigérants les gaz liquéfiés, dont on abaissait encore la 
température par une évaporation rapide. On put ainsi 
obtenir à l'état de liquide statique l'oxygène, dont le point 
critique est — H9<>; puis, avec l'oxygène liquide, bouil- 
lant dans le vide, pour réfrigérant, l'azote, dont le point 
critique est -— 146°. 

La liquéfaction des gaz de l'air était ainsi obtenue, mais 
ce n'étaient là que des expériences de laboratoire, portant 
sur quelques grammes de matière, expériences suffisantes 
pour permettre l'étude scientifique de l'oxygène liquide, 
de l'azote liquide, mais incapables de se prêtera des appli- 
cations industrielles. 

En 1895, Cari Linde construisit à Munich un appareil 
qui permettait de liquéfier l'air par kilogrammes à la fois. 
Son principe est d'abaisser la température de l'air le plus 
bas possible, en employant comme unique moyen de ré- 
frigération la détente, mais la détente à effets successifs 
accumulés, la détente continue. On n'a recours à aucun 
agent étranger. On comprime d'abord à 220 atmosphères 
de l'air ordinaire, au moyen d'une pompe ; puis, ouvrant 
un robinet qui laisse entrer cet air comprimé dans un 
nouveau récipient clos, on le force à se détendre brusque- 
ment de 220 à 20 atmosphères, sans déplacer aucun obsta- 
cle. L'air, qui n'est pas ce que les physiciens appellent un 
gaz parfait, exige un travail intérieur pour l'écartement 
de ses molécules; ce travail est emprunté à la chaleur 
qu'il possédait ; il subit donc un refroidissement, qui est, 
d'après les données de Thomson et Joule, d'un quart de 
degré pour une diminution de pression d'une atmosphère : 
dans la machine de Linde, où la pression diminue de 



-8 — 

200 atmosphères, le refroidissement s'élèvera environ à 50». 

L'air ainsi refroidi servira à refroidir;une nouvelle masse 
d'air comprimé. Pour cela on le fait retourner au compres- 
seur par un serpentin de cuivre de 18 mètres de long, qui 
enveloppe un second serpentin de même longueur, où se 
trouve Tair comprimé à 220 atmosphères. Ce dernier est 
donc refroidi d'avance, puis détendu, ce qui le refroidit 
encore de 80^. On recommence ainsi indéfiniment. 

Les deux serpentins entre lesquels les températures 
s'échangent sont renfermés dans une caisse de bois gar- 
nie de laine brute pour éviter le réchauffement par l'air 
ambiant. 

Par chutes successives de 80* à partir d'une tempéra- 
ture chaque fois de plus en plus basse, la température de 
l'air arrive à s'abaisser assez pour que le gaz se liquéfie 
dans le réservoir où se fait la détente. 

Une de ces machines est installée à Paris, depuis plu- 
sieurs années, au Collège de France ; elle fournit un litre 
d'air liquide à l'heure, en dépensant un peu moins de 
trois chevaux. Les machines industrielles de Linde don- 
nent 60 kilogrammes d'air liquide à l'heure. 

C'est à partir de — 140® que l'air se liquéfie, sous une 
pression inférieure à 40 atmosphères. 

Si nous nous reportons aux températures critiques de 
l'oxygène, — 119®, et de l'azote, — 146®, nous voyons que 
cette température de — 140* est inférieure au point criti- 
que de l'oxygène, et supérieure à celui de l'azote. Par con- 
séquent, l'azote de l'air n'est pas proprement liquéfié, il 
est dissous dans l'oxygène liquide. 

A cette température de — 140® le liquide n'est stable que 
sous une pression d'environ 38 atmosphères. Si l'on veut 
qu'il subsiste sous une pression moins élevée, il faut en 
abaisser la température ; en particulier, si l'on veut l'obte- 
nir sous la pression atmosphérique, en vase ouvert, il faut 
arriver jusqu'à — 191®. 



- 9 — 

Voilà donc Tair liquide obtenu en grand au moyen de la 
machine de Linde. Dans cette machine la détente n'est 
accompagnée d'aucun travail extérieur. Un Français, 
M. Georges Claude, a cherché à améliorer le rendement en 
substituant à la détente sans travail extérieur une détente 
avec travail extérieur récupérable. Les plus grandes dif- 
ficultés pratiques semblaient rendre chimérique toute ten- 
tative faite dans cette voie : c'était notamment l'impossi- 
bilité] d'avoir, à la basse température où se trouve l'air 
dans l'appareil, des substances lubrifiantes qui ne soient 
pas gelées, pour diminuer les frottements des pièces en 
mouvement. Pourtant l'inventeur, encouragé par MM. Po- 
tier et d'Arsonval, a persisté dans ses efforts, et a réussi 
l'année dernière, 1902, à produire l'air liquide dans les 
conditions qu'il s'était fixées. Comme substance lubrifiante 
il emploie finalement l'air liquide lui-même, et la princi- 
pale difficulté est ainsi surmontée. 

Enfin, il a pu, dès maintenant, construire une machine 
qui fournit environ 20 litres d'air liquide à l'heure, en ab- 
sorbant une puissance d'un peu plus de 30 chevaux et res- 
tituant 6 à 7 chevaux, ce qui fait environ un litre par che- 
val et par heure ; et il espère améliorer encore le rende- 
ment par des perfectionnements de détail. Tel qu'il est, ce 
rendement est presque double de celui des meilleurs appa- 
reils existants. 

Disons encore que des essais en cours d'exécution, ten- 
tés par M. Cailletet, pour la liquéfaction industrielle de 
Pair par d'autres procédés, donnent aussi de belles espé- 
rances. 

Nous avons obtenu l'air liquide : il s'agit maintenant de 
le recueillir et de le conserver dans des conditions qui en 
permettent l'emploi pratique, c'est-à-dire sous la pression 
atmosphérique. Il faut pour cela des récipients qui ne se 
laissent réchauffer par le milieu extérieur que le plus len- 
tement possible. Or, Dulong et Petit ont montré qu'un 



- 10- 
corps placé dans une enceinte vide se refroidit (ou se ré- 
chauffe) de vingt à vingt-cinq fois plus lentement que dans 
Tair atmosphérique. Dès Tannée 1887^ M. d*Arsonval cons- 
truisit, d'après ce principe, des vases destinés à conserver 
les gaz liquéfiés. Ce sont des vases de verre, à double pa- 
roi, construits de telle façon qu'on puisse faire le vide en- 
tre les deux parois. Le vide fait, l'intérieur ne pourra 
recevoir de chaleur du milieu environnant ni par conduc- 
tion ni par convection ; pour qu'il n'absorbe pas non plus 
de chaleur par rayonnement, argentons la surface exté- 
rieure du vase, et nous aurons ce qu'on appelle mainte- 
nant le flacon de Dew^ar, du nom d'un physicien anglais. 

Dans un tel flacon, tout ouvert, l'air liquide se conserve 
d'une manière surprenante : on peut le garder pendant 
plusieurs jours. Mais la composition n'en demeure pas in- 
variable. Nous avons vu que ce n'est pas proprement de 
l'air liquéfié, mais bien une solution d'azote dans l'oxygène 
liquide. Sous la pression atmosphérique l'oxygène bout à 
— 184^ et l'azote à — 194°. La température que prend l'air 
liquide, — 191% est plus élevée que le point d'ébullilion 
de l'azote, et plus basse que celui de l'oxygène. Aussi 
l'azote du liquide va-t-il s'évaporer notablement plus vite 
que son oxygène. Dans des expériences où l'on a suivi la 
variation de composition de l'air liquide (*), on a trouvé 
que le liquide aussi récent que possible contenait 53,80 
pour 100 d'oxygène, mesuré en volume à l'état gazeux 
(l'air atmosphérique n'en contient que 21 pour 100). Au 
bout de quelque temps le liquide contenait 64,0 pour 100 
d'oxygène ; enfin, au bout de deux ou trois jours, quand 
le liquide avait perdu tout ce qu'il pouvait abandonner 
d'azote, il contenait 93,6 pour 100 d'oxygène. 

Si, comme l'a fait M. Ramsay, on continue à laisser éva- 



(1) Ladenburg et Krligel, Beriohte d, deut. chem, QeselL, 1899, 
p. 46. 



— il - 

porer lentement le liquide, son oxygène disparait à son 
tour, et quand il ne reste plus à Tétat liquide que la 
soixante-quinzième partie du volume primitif, ce résidu 
est riche en argon (gaz connu depuis peu d'années, que Ton 
confondait autrefois avec l'azote, et qui bout à — 187®) ; il 
contient aussi un nouveau gaz qui a été découvert dans 
cette expérience même, et nommé par M. Ramsay le kryp- 
ton (c'est-à-dire caché), gaz moins volatil que l'azote, l'oxy- 
gène et l'argon. 

Outre le krypton, MM. Ramsay et Travers ont extrait 
de l'air liquide, par le même moyen, deux nouveaux gaz 
qui restent associés à l'argon, et qu'ils ont nommés le 
néon et le métargon ; ce dernier est solide à la tempéra- 
ture d'ébuUition du mélange. On le sépare par filtration. 

On voil que l'air liquide se prête à une véritable distilla- 
tion fractionnée d'un grand intérêt. 

Dès que la machine de Linde eut permis d'obtenir des 
litres d'air liquide à la fois, on s'empressa naturellement 
d'en étudier les propriétés ; jamais on n'avait pu manier 
librement une matière aussi froide. 

Que ferait une goutte de ce liquide versée sur la peau? 
L'expérience faite, on constata que cette goutte commence 
par se comporter comme une goutte d'eau qu'on laisse 
tomber sur une plaque de fonte chauffée au rouge : elle 
prend la forme d'une boule entourée de vapeur et ne 
touche pas la peau, en sorte qu'on n'éprouve aucune 
impression douloureuse. Si cependant la peau est mouillée 
et que le contact s'établisse, on éprouve, au bout d'un 
certain temps, une sensation de brûlure, mais d'une brû- 
lure superficielle : c'est que les tissus sont protégés par 
une couche de glace qui se forme instantanément. Aussi 
une personne a-t-elle pu, dans un banquet, avaler rapide- 
ment, sans en être incommodée, 10 à 15 centilitres d'air 
liquide mêlé à du Champagne. 

11 était intéressant de savoir quel effet un refroidisse- 



— 12 - 

ment aussi intense pourrait produire sur les microbes, 
dont quelques-uns sont pour nous de mortels ennemis. 
Les expériences exécutées sur ce sujet par M. d'Arsonval 
ne font que confirmer les résultats précédemment ob- 
tenus avec les températures les plus basses qu'on pouvait 
alors produire : un séjour de plus de cent heures dans 
l'air liquide n'a pas tué les microbes essayés ; un simple 
ralentissement de la vie en a été la conséquence. 

Différentes expériences chimiques ont été effectuées 
avec l'air liquide. 

D'abord on peut très facilement s'en servir à liquéfier 
la plupart des gaz, à solidifier la plupart des liquides. 

Si dans un flacon de Dewar, en partie rempli d'air li- 
quide, on dirige un jet de gaz carbonique, celui-ci se pré- 
cipite immédiatement en une neige blanche qui se ras- 
semble au fond du vase. 

Si l'on verse de l'air liquide sur du mercure, au bout de 
quelque temps le métal est devenu solide comme du 
plomb et garde assez longtemps cet état pour qu'on en 
puisse étudier à loisir les propriétés. 

Si l'on verse de l'alcool dans de l'air liquide, il ne s'y 
dissout pas, mais forme de grosses gouttes qui cristallisent 
immédiatement en masses dures de forme peu géomé- 
trique. 

Un tube plein d'acétylène étant plongé dans l'air li- 
quide, l'acétylène se solidifie immédiatement, sans passer 
par rétat liquide, avec une structure cristalline ; on peut 
ensuite le faire sortir du tube et l'allumer comme une 
bougie. Il brûle avec une flamme fumeuse qui rappelle 
celle du camphre. 

Les applications les plus riches de promesses qu'on 
ait faites jusqu'ici de l'air liquide sont celles où il est 
employé comme source d'oxygène. Nous avons vu qu'il 
suffit de l'abandonner à l'évaporation lente pour en tirer 
de l'oxygène liquide presque pur. Si on laisse prendre à 



-18- 
ce dernier l'état gazeux pour l'utiliser, le froid produit par 
révaporation pourra être récupéré, de même que celui qui 
résultait de révaporation préalable de l'azote, et employé 
à la réfrigération d'une nouvelle quantité d'air à liqué- 
fier. Une machine, construite par M. Linde d'après ce prin- 
cipe, permet d'extraire de l'air atmosphérique plus de six 
mètres cubes d'oxygène gazeux pur par cheval-heure. 

Mais même sans subir aucune préparation, l'air liquide, 
employé tel quel, est un agent d'oxydation d'une puissance 
incomparable. Le forgeron, en dirigeant au moyen d'un 
soufflet un grand volume d'air sur son charbon embrasé, 
obtient un feu beaucoup plus chaud que par la simple 
combustion de ce charbon à l'air libre. Or s'il versait sur 
son foyer un demi-verre d'air liquide, il s'en dégagerait 
environ 80 litres d'un air beaucoup plus riche en oxygène 
que l'air ordinaire, et la combustion serait bien plus vive 
que celle que lui procure le soufflet de forge. 

Une application de ce genre a été faite dans des opéra- 
tions de chimie qui exigent les températures les plus éle- 
vées possibles : il s'agit de la préparation du tungstène et 
de l'uranium par réduction de leurs oxydes. Ici le com- 
bustible employé comme réducteur ne sera pas du char- 
bon, mais de l'aluminium en poudre : on met dans un 
creuset un mélange convenable de l'oxyde et du réduc- 
teur, auquel on a préalablement Incorporé le tiers de son 
volume d'air liquide ; on met le feu à l'aluminium, et 
grâce à la présence de l'air liquide, ce métal brûle en dé- 
gageant brusquement une énorme quantité de chaleur ; 
la masse est portée au rouge blanc, l'oxyde se laisse im- 
médiatement réduire par l'aluminium, et abandonne un 
culot du métal parfaitement fondu et pur. On atteint dans 
ces expériences les températures les plus élevées qui aient 
jamais pu être obtenues. 

Nous pouvons donc, au moyen de l'air liquide, produire 
les températures les plus hautes comme les plus basses. 



— 14 — 

Pour les basses températures, nous devons dire cependant 
que l'air liquide est dépassé par Thydrogène liquide, ob- 
tenu lui-même en grand par M. Dewar, grâce à l'emploi de 
l'air liquide comme réfrigérant. En évaporant l'hydrogène 
liquide, on peut arriver à — 243<» ou — 283^, c'est-à-dire à 
20* ou SO'» seulement au-dessus du 0» absolu. 

En somme, la liquéfaction de l'air est, par la simplicité 
des moyens employés et par la grandeur des résultats ob- 
tenus, une des plus brillantes découvertes du siècle qui 
vient de finir. 

Elles sont nombreuses, les brillantes découvertes dont 
la science contemporaine s'enrichit chaque jour. Me sera- 
t-il permis d'en apprécier les conséquences philosophi- 
ques? 

Plus le domaine de la science s'accroît par l'accumula- 
tion des conquêtes, plus ses limites se précisent. Il fut un 
temps où les découvertes de la physique, delà mécanique 
ou de l'astronomie ouvraient des horizons nouveaux à l'es- 
prit, dans son effort à la recherche des causes premières. 
Aujourd'hui, on peut dire que les progrès de la méthode 
expérimentale tendentplutôt à mieux faire sentir à l'homme 
l'impuissance radicale de l'investigation scientifique à pé- 
nétrer le sens des choses; plus elle accumule les données 
relatives aux effets, plus les causes se dérobent à son re- 
gard, pourtant de plus en plus clairvoyant. 

On ne peut pas percevoir les odeurs avec les yeux; on 
ne peut pas non plus connaître l'absolu avec des méthodes 
qui, par essence, n'atteignent que le relatif. Faut-il en 
conclure que l'absolu n'existe pas ? De quel droit? Dira-t-on 
que, sans le nier, on ne s'en préoccupe pas ? C'est renoncer 
à ce qu'il y a de plus noble dans la nature humaine, re- 
nonciation plus facile, d'ailleurs, à déclarer qu'à pratiquer. 
Combien il est plus naturel, plus humain, de reconnaître 
qu'en dehors du champ de l'investigation scientifique il 
existe un domaine peuplé de choses tout aussi réelles 



-15- 

(plus sûrement réelles, peut-être) que celles qui tombent 
sous les sens. 

Seulement, Fattitude de Thomme est bien différente, 
selon qu'il pousse son investigation dans l'un ou l'autre 
de ces deux domaines. 

Dans celui de la science positive, l'homme se sent grand ; 
ce faible roseau^ en sa qualité de roseau pensant, agit en 
souverain sur la nature brute; il s'asservit des forces infi- 
niment supérieures à celles que ses muscles débiles peu- 
vent fournir; il met en mouvement ses puissantes machi- 
nes au moyen de chutes d'eau, même éloignées ; il transmet 
ses paroles avec la vitesse de l'éclair à travers les océans ; 
il transforme le sable qu'il foule aux pieds en un verre 
dont il fait des instruments au moyen desquels tantôt il 
scrute les astres, en fixe les images et découvre la nature 
chimique des matériaux dont ils sont formés, tantôt il ob- 
serve les êtres infimes dont dépendent, sur toute la surface 
du globe, la vie et la mort; il intervient efficacement dans 
l'œuvre de ces perpétuels transformateurs de la matière 
organique, et convertit, à son profit, des agents de des- 
truction en agents de préservation ; il pétrit, pour ainsi 
dire, la matière à sa convenance; il produit à volonté des 
températures assez élevées pour fondre et vaporiser toutes 
les matières solides, des températures assez basses pour 
liquéfier et solidifier tous les gaz, jusqu'à l'air atmosphé- 
rique. Contemplant son œuvre, il peut s'enorgueillir. 

Au contraire, dans ce domaine que sa science n'atteint 
pas et où l'attire un appel irrésistible, il se sent petit, inca- 
pable d'avancer par ses propres forces, réduit à l'humilia- 
tion de se laisser conduire et de recevoir de la révélation 
ses connaissances les plus précieuses. Et alors, quelque- 
fois il recule; il se rend volontairement captif de ce monde 
matériel où il croit régner. 

Mais si, au contraire, il a le courage d'accepter cette hu- 
miliation, il découvre bientôt d'autres merveilles qui, sans 



— 16 - 

éblouir rimaginalion par la nouveauté, comme les mer- 
veilles scientifiques, car elles sont immuables, le ravissent 
aussi d'admiration, et d'une admiration plus noble ; car 
tandis que les merveilles du monde observé nous charment 
surtout par la satisfaction du besoin de bien-être maté- 
riel, ou, pour les esprits supérieurs, par celle du besoin 
intellectuel d'expliquer les faits les uns par les autres, de 
faire rentrer les phénomènes particuliers dans des lois 
générales, de vérifier par l'expérience les résultats prévus 
par la déduction ; les merveilles du monde révélé nous ra- 
vissent par la satisfaction de nos besoins moraux, besoin 
de justice, besoin d'amour, besoin de perfection, besoin 
d'éternel, besoin d'infini. 



UN 

ÉRUDIT ALSACIEN 

BN FRANCHE-COMTÉ 

A LA FIN DU XVIII» SIÈCLE 
Par M. le chanoine LOUVOT 

3fBliBRB HONORAIRE 



(Séance publique du 29 janvier iV03 



En venant occuper aujourd'hui une place que je dois 
uniquement à la bienveillance extrême de TAcadémie, je 
sens que ma dette envers vous, Messieurs, comporte au- 
tant d'excuses que de remerciements. Aussi la reconnais- 
sance et la confusion se mêlent si bien en moi à cette 
heure, que je ne sais insister ; et avec une humilité très 
sincère, je vous prie d'en agréer le double hommage. 

Admis dans votre compagnie, je suis heureux de retrou- 
ver dans vos annales un nom auquel me rattache un lien 
d'affection familiale, celui de mon grand-oncle, le premier 
président Louvot (*), qui fut longtemps membre titulaire de 
celle Académie. En me présentant à vous aujourd'hui, il 
me plaît de me placer sous ce patronage, car je crois trou- 



(1) Louvot (ClauderJoseph), baron, premier président, né à Besançon 
le 7 août 1750, élu le 30 décembre 1805, mort à Paris le 7 août 1824. 
ANNBB 1903. 2 



— 18 - 

ver par là un moyen de faire honneur à Taccueil que je 
reçois. 

J'oublierais mon devoir si, ayant à payer ici mon billet 
d'entrée, je cherchais mon sujet ailleurs que dans notre 
histoire locale. Celui dont les loisirs sont rares et brisés 
ne peut que difficilement aborder les études approfondies 
d'histoire et d'archéologie ou les hautes spéculations phi- 
losophiques qu'il admire chez vous. Aussi bien, puisque 
dans ces dernières années j'ai été appelé à publier la cor- 
respondance de plusieurs savants franc-comtois avec 
l'abbé Grandidier, l'illustre historien de l'Église de Stras- 
bourg, il m'a semblé qu'il serait intéressant de faire revivre 
la figure de cet érudit alsacien du xvin« siècle, qui fut 
membre de l'Académie de Besançon et entretint pendant 
plusieurs années des relations étroites avec les hommes 
les plus distingués de notre province. 

Cette étude ne paraîtra point déplacée dans la bouche 
d'un membre d'une Compagnie dont le but est d'étudier 
tout ce qui, de près ou de loin, se rapporte au passé 
de notre chère Comté ; elle sera écoutée avec indulgence 
par ceux pour qui celte histoire n'est pas sans attraits. 

Grandidier a été déjà loué ici le 2 janvier 1788 par son 
ami dom Grappin ; mais ce discours, fait au lendemain de 
la mort de Grandidier, était plutôt une oraison funèbre. 

Je voudrais aujourd'hui, tout en retraçant la biographie 
de ce savant, dire avec plus de détails les liens qui l'unis- 
saient à notre province. 

Ces liens étaient des plus étroits; j'oserai même dire 
que si l'Alsace n'avait pas tous les droits à le revendiquer 
comme une de ses plus pures gloires, cet honneur revien- 
drait à la Franche-Comté. 

Je veux moins parler des liens du sang qui le ratta- 
chaient à notre province, que de ses relations d'amitié, 
et encore plus de la préoccupation constante de notre 



-19- 

histoire qui hantait son esprit, et dont ses ouvrages nous 
donnent la preuve à tout moment. 

Mais auparavant, donnons une idée générale de sa vie 
et de ses travaux. 



1. 



Aujourd'hui, Grandidier a été bien étudié grâce à deux 
savants alsaciens, mon cousin feu M. Liblin et mon excel- 
lent ami, Tabbé Ingold. Tous deux, chose digne de re- 
marque, non seulement ont consacré une partie de leur 
activité littéraire à Grandidier, mais le premier, fondateur 
et directeur pendant cinquante ans — rare exemple — 
d'une de nos meilleures revues provinciales, la Revue 
d'Alsace, voit son œuvre patriotique continuée et dévelop- 
pée par M. Ingold, à qui nous souhaitons de la trans- 
mettre également dans un demi-siècle à d'aussi vaillantes 
mains. 

De 1865 à 1867, M. Liblin publia six volumes d'œuvres 
inédiles de Grandidier. De 1897 à 1900, M. Ingold a fait 
paraître cinq volumes de nouvelles œuvres inédites, dont 
le premier, consacré presque exclusivement à la biogra- 
phie et à la bibliographie de Grandidier, nous servira sur- 
tout pour esquisser cette intéressante figure de savant. 

Né à Strasbourg en 1752, Philippe-André Grandidier 
eut € presque dès le berceau le goût et V amour du travail », 
c'est l'expression de dom Grappin : elle n'est nullement 
exagérée, puisqu'à dix ans Grandidier avait composé une 
mythologie et un abrégé de l'histoire romaine. 

A quatorze ans, il publia une rhétorique qui fut, dit-on, 
imprimée ; à quinze ans, un plan sage et bien raisonné 
d'un nouveau bréviaire pour le diocèse de Strasbourg ; et 
à seize ans des sermons et panégyriques qui annonçaient 
un habile orateur. 



-20- 

A vingt et un ans, Grandidier était nommé archiviste du 
diocèse de Strasbourg, ce qui décidait sa vocation et fixait 
remploi de ses extraordinaires talents. 

Dès lors, en effet, sous les auspices du cardinal Louis- 
Constantin deRohan, Grandidier entreprend d'écrire V His- 
toire dés évéques de Strasbourg^ dont le premier volume, 
grand in-octavo de 526 pages, paraissait en 1776 ; Gran- 
didier avait vingt-quatre ans. Le deuxième volume parut 
en 1778 ; la suite, interrompue en raison du manque d'ap- 
pui du nouveau cardinal de Rohan, ne devait être publiée 
que par M. Liblin. 

Ce fut le premier et le principal ouvrage de notre histo- 
rien. Il convient de le caractériser pour donner une idée 
de sa manière. 

Malgré son jeune âge, Grandidier se mit à l'œuvre sans 
témérité, mais après une étude attentive des sources, 
c Quel sera son guide dans celte entreprise longue et 
ardue ? a écrit Tun de ses biographes, M. Spach (i). Il le 
proclame lui-même ; son guide sera la vérité ; et il tient 
parole. Grandidier est impartial ; l'étude des documents 
originaux fortifie l'intelligence et assainit le jugement ; 
c'est l'eau limpide des montagnes qui désaltère la soif de 
l'ouvrier. Grandidier applique partout et toujours les règles 
d'une saine critique aux traditions et aux faits indistincte- 
ment transmis parles siècles ; en scrutant les origines de l'É- 
glise, il fait la part de l'alliage qui s'est mêlé à l'or pur ; chré- 
tien,il respecte les dogmes, mais il discute la légende, et ne 
craint point de déclarer que tel fait, réputé certain, est con- 
troversé ; fils soumis et respectueux de l'Église, il ne cache 
point les fautes commises à l'abri de sa main protectrice ; 
il flétrit les abus introduits dans les siècles barbares ; c'est 
une âme candide qui craindrait de ternir sa virginité, si la 



(1) Éloge de Grandidier (Revue d'Alsace^ 1850, p. 465), reproduit 
dans les Nouvelles œuvres inédites de Grandidier, Ingold, I, p. 1. 



— 21 - 

mission de rhistorien n'était pour elle un véritable 
sacerdoce. » 

Aussi est-il absurde et choquant de l'accuser de super- 
cherie ; ce qu'a tenté de faire, pour rabaisser cette gloire 
catholique alsacienne, un professeur de FUniversité de 
Strasbourg. Ces accusations non fondées ont été solide- 
ment réfutées dans deux brochures qui nous appartien- 
nent un peu, puisqu'elles ont pour auteur un Alsacien, 
M. Gasser, qui, après Tannexion, est venu demander un 
asile à notre hospitalière Franche-Comté (i). 

Plus récemment encore, Grandidier était vengé dans Tun 
des organes les plus autorisés de la science historique fran- 
çaise, la Bévue historigtiCy par la plume de M. Reuss, maître 
de conférences à l'École pratique des hautes études (2). 

En étudiant et en écrivant, Grandidier a d'ailleurs un 
autre but encore. 11 met son cœur à découvert dans la pré- 
face d'un autre ouvrage, qui parut une dizaine d'années 
plus tard. J'en extrais ces lignes qui peignent d'un seul 
trait l'homme et le penseur : « Né avec un goût décidé 
pour l'histoire et surtout pour celle de notre patrie, nous 
nous sommes vu, dès nos plus jeunes années, entraîné 
par une impulsion irrésistible dans la carrière des lettres. 
C'est en les cultivant que nous avons cherché le bonheur 
et le repos, et nous y avons du moins rencontré le pre- 
mier, si nous n'y avons pas toujours trouvé le second. 
L'étude est devenue pour nous une amie éclairée et sen- 
sible qui, nous délivrant du joug des passions, dans un 
âge où l'on ne se soustrait guère à leur empire, nous a 
conduit à cette philosophie religieuse et tranquille qui 
nous a fait un devoir d'aimer les hommes sans les craindre 
et de vivre avec eux sans les haïr. » 

(1) Grandidier est-il faussaire f F^ris^ Picard, 1898. Les prétendîtes 
falsifications de Grandidier, Paris, Picard, 1899. 

(2) Compte rendu sur les nouvelles œuvres inédites de Grandidier, 
publiées par M. Ingold. Extrait de la Remie historique ^ 1902. 



— 22 — 

t D'où vient ramerlume que respirent ces lignes ? s'est 
demandé M. Spach. Comment Grandidier a-t-il pu arriver 
à Tune de ces maximes que La Rochefoucauld n'aurait 
peut-être pas reniées ? Aimer les hommes sans les craindre, 
vivre avec eux sans les haïr ? Peut-être se demandera-t-on 
avec étonnement comment on a pu attaquer un écrivain 
qui ne traitait aucune question contemporaine et qui se 
réfugiait dans les études les plus sévères pour échapper, 
comme il le dit lui-même avec naïveté, au joug des pas- 
sions.... C'est qu'on lui fit la guerre dans l'ombre et avec 
des armes peu courtoises : pour irriter le littérateur, on 
suspectait sa foi. Le cal*dinal Constantin de Rohan était 
mort, et par un de ces revirements trop communs dans la 
vie des auteurs qui sont protégés par les grands, son suc- 
cesseur ne lui était plus ni favorable ni même indulgent, 
f Mon cœur m'inspire un silence respectueux, écrit-il un 
jour, en embrassant la main qui paraissait frapper un 
ingrat, tandis qu'elle n'accablait qu'un homme toujours 
vrai, toujours reconnaissant, naturellement timide, et 
peut-être trop modeste, b 

Si l'homme profondément malheureux se peint dans ces 
premières lignes, l'homme de lettres se révèle tout entier 
dans le dernier trait. 

Guidé par d'excellents principes de critique historique 
qu'on croirait d'aujourd'hui, Grandidier a laissé deux 
grandes œuvres qui suffisent à immortaliser son nom : 
YHistoire des évéques de Strasbourg et YHistoire de la 
province d'Alsace, pour laquelle, nous allons le voir, il 
demanda et obtint la collaboration de plusieurs savants 
franc-comtois. 

Le début de YHistoire des évéques de Strasbourg est 
d'une facture majestueuse. Aussi ne résisterai-je pas au 
plaisir d'en citer un fragment qui donnera en même temps 
une idée du style de l'auteur. 

c Une antiquité qui remonte aux temps apostoliques; le 




-23- 

dépôt sacré de la foi conservé pendant plusieurs siècles 
dans une suite non interrompue d'évèques, la sainteté des 
pontifes, la haute naissance des prélats, la régularité du 
clergé, les sciences cultivées dans les anciens et célèbres 
monastères, sont de glorieux titres qui assurent à une 
église un droit incontestable à la vénération publique, 
et celle de Strasbourg les réunit à tous égards. Elle nous 
retrace sans cesse dans la liste de ses évéques une espèce 
de nécrologe, où, comme dans une galerie immense, elle 
rappelle à TAllemagne et à la France les noms des an- 
ciennes maisons par qui elle a été décorée, les grands 
services des prélats qui Tont enrichie et soutenue, et les 
vertus des saints pasteurs qui l'ont édifiée. 

Recommandables par leurs vertus, leurs mérites, leurs 
talents, on a vu les évèques de TÉglise de Strasbourg s'il- 
lustrer dans tous les genres» Les uns ont obtenu les hon- 
neurs de la sainteté, les autres ont éclairé Tunivers par 
leurs écrits.... Aussi propres aux exercices du ministère 
sacré qu'au métier bruyant des armes, dans les diètes de 
l'Empire, dans les armées des empereurs, tour à tour 
ministres de la religion et soutiens de l'État, nos évoques 
ont souvent arrêté la chute de l'empire opprimé dans l'a- 
narchie ou ébranlé par les guerres du sacerdoce. 

€ Parcourez la longue suite de ses pontifes, vous compte- 
rez presque autant de fils des anciens ducs d'Alsace que 
d'évêques.... Fils, frères, neveux.... d'empereurs, de rois, 
de princes, tels sont les titres de noblesse que plus de 
quatre-vingt-dix évèques ont laissés à l'évèché de Stras- 
bourg, titres qui l'ont fait et le feront à jamais passer pour 
une des plus anciennes et des plus nobles églises du 
monde. » 

Quelque court que soit ce passage, il laisse entrevoir 
les qualités de l'écrivain, c On a pu reconnaître, dit avec 
raison M. Spach, dans cette phrase à la fois ample et lim- 
pide, dans cette coordonnance sonore, dans cette allure 



— 24 — 

majestueuse, une réminiscence des grands siècles de notre 
littérature. » 

Énumérer les dissertations, mémoires et documents 
publiés par Grandidier, dans les journaux de France et 
d'Allemagne, serait fastidieux, tant la liste en est longue. 
Et quand on songe que c'est là l'œuvre d'une Tie très 
courte, on conviendra avec dom Grappin que cela tient du 
prodige. Tant il est vrai que dans le champ de l'Église les 
chênes croissent toujours et qu'on doit leur être fort 
obligé, suivant le mot de Fontenelle, des services qu'ils 
rendent et des exemples qu'ils laissent. 

i Des hommes tels que Thiers etGuizot nous font mou- 
rir de honte », a dit Jules Simon; j'en dirai volontiers 
autant de Grandidier. 

Épuisé par un travail incessant et une activité dévo- 
rante, Grandidier mourut à trente-quatre ans. Au sujet de 
sa mort, je ne puis mieux faire que de citer notre Grap- 
pin, qui tenait ces détails sur les derniers instants de 
Grandidier de son frère même qui y avait assisté. 

€ Grandidier a terminé sa vie, martyr de son goût pour 
les recherches historiques^ à l'abbaye de Lucelle, le 
11 octobre 1787. 

c Frappé d'une maladie inflammatoire que ses travaux 
et ses veilles n'avaient pas peu contribué à rendre mor- 
telle, Grandidier jouit jusqu'au dernier moment de sa pré- 
sence d'esprit et de la plus grande tranquillité. 11 eut assez 
de force et d'égalité d'âme pour consoler ses frères et tous 
ceux qui environnaient son lit de mort, et ce fut sans 
regret comme sans crainte qu'il vit approcher sa dernière 
heure. 11 demanda lui-même à être muni des sacrements 
des mourants et les reçut avec la plus édifiante piété ; 
répondant à voix haute aux prières qu'on faisait sur lui, 
et ayant assez de fermeté et de connaissance pour cher- 
cher dans le rituel les rubriques qui devaient diriger le 
prêtre administrant l'extrême-onction, trop ému et trop 



- 25- 

consterné pour les trouver lui-même. Il mourut le cinquième 
jour de sa maladie, dans le sein de la religion dont les 
vérités avaient presque toujours été sur ses lèvres, et 
pour lesquelles toutes ses productions décèlent le plus 
tendre attachement. > 

II. 

En 1786, Grandidier était déjà membre de vingt Acadé- 
mies. Le 5 juillet 1786, il avait été élu membre de notre 
Compagnie. 

Le P. Dunand, un des correspondants franc-comtois de 
Grandidier, était un des assidus à nos séances et, de même 
que dom Grappin, il en donnait fréquemment des nou- 
velles à rhistorien alsacien. Ce dernier en conçut le désir 
de faire partie de ce corps savant, où il était, du reste, 
avantageusement connu par ses travaux. 11 fut présenté 
dès Tannée 1783. t Vous étiez du nombre de ceux qui ont 
été présentés pour la place vacante par la mort de M. Du- 
hamel de Montceau, lui écrit le P. Dunand, le 12 mars 1783. 
Vous étiez en bonne et nombreuse compagnie. M. Droz fit 
mention de plus de quarante savants. A chacun d'eux il 
ajouta rénumération de leurs titres et de leurs ouvrages. 
Vous étiez avec des Suisses, des Allemands, des Parisiens, 
des Provençaux, des Italiens, etc. M. Godefroi, connu dans 
cette province, Ta emporté. » 

Ce M. Godefroi était officier de la chambre des comptes 
à Lille ; il ne l'emporta que d'une voix sur le P. Chrysolo- 
gue de Gy, un autre correspondant de Grandidier. 

Le 15 avril 1785, le P. Dunand lui annonce qu'il présente 
à l'Académie le prospectus de V Histoire ecclésiastique d* Al- 
sace que lui a envoyé Grandidier et qui y est accueilli avec 
le plus grand intérêt. 

Enfin, le 6 juillet 1786, Dunand lui écrit d'enthousiasme : 
€ C'en est fait : vos vœux et les miens surtout sont accom- 



-26- 
plis. Hier, S du courant, vous fûtes nommé par acclamation 
et d'une voix unanime. Nous avions trois places d'associés 
étrangers à donner. Celle du R. P. Pacciaudi, théatin à 
Florence, et qiie vous ne nommez pas dans votre lettre. 
M. Droz, notre secrétaire perpétuel, n'eut pas ouvert la 
séance qu'il parla de vous avec éloge. Il présenta égale- 
ment M. de Lentzbourg, évèque de Lausanne, qui a rendu 
des services à l'Académie; M. Guy ton de Morveau, avocat 
général honoraire au parlement de Dijon, physicien dis- 
tingué et chimiste célèbre ; M. des Fosseux, de l'Académie 
d'Arras ; M. Sylvestre, principal du collège de Prague, et 
quantité d'autres. Mais il insista sur les trois premiers. 
M. Perreciot releva et répéta avec zèle votre nom. Dom 
Grappin l'appuya et je les soutins. Avant la séance, j'en 
avais parlé à deux de mes amis, et plusieurs fois antérieu- 
rement, j'avais eu l'honneur d'en parler en pleine Aca- 
démie. Il m'arriva même, il y a trois ans (en 1783), lors 
d'une nomination pour la classe des étrangers, de vous 
présenter et de citer fort au long vos travaux et vos 
talents. Je fus alors sincèrement mortifié de n'avoir pas 
réussi, mais hier votre mérite réunit à l'instant tous les 
suffrages, et votre nom seul a opéré votre nomination. Vos 
amis et les nôtres n'ont eu que la vive satisfaction d'ap- 
plaudir, et je m'empresse de vous faire mon tendre com- 
pliment. J'ai vu tous mes confrères dans cet instant expri- 
mer une joie, un empressement qui ne se rendent point. 
Il semblait que vous étiez au milieu de nous et que nous 
conversions tous ensemble. 11 me semblait entendre les 
sciences prononcer elles-mêmes votre nom et vous placer 
au milieu de nous. Il nous semblait à tous voir les neuf 
muses vous présenter et vous marquer un rang parmi 
nous. Non ! jamais séance ne nous plut davantage. Le 
public et surtout les savants en connaissaient l'objet et y 
prenaient part. Elle s'est augmentée, cette part, et on nous 
l'a témoignée. 



-27 — 

t Jugez, je vous prie, de mes dispositions à votre égard. 
Je n*ai reçu votre lettre du 1" de ce mois que ce matin, et 
par conséquent le lendemain de votre nomination. Que je 
suis flatté d*avoir pu servir les sentiments que vous m'a- 
vez inspirés depuis dix-huit ans ! Qu'il me tardait de trou- 
ver cette faible occasion, et d'avoir le bonheur de former 
avec vous un lien que je respecte de tout mon cœur. 

t Mais dites-moi, s'il vous plaît, Monsieur, cette nomina- 
tion ne vous amènera-t-elle point ici pour la séance publi- 
que du 24 du mois d'août ? Vous avez des amis dans cette 
ville, vous y avez eu des parents ; vous y êtes désiré. Vous 
nous devenez plus cher que jamais, vous nous devez un 
savant discours, au moins dans une séance solennelle. 
Vous l'aviez promis dans les vacances de l'année dernière. 
Que de dettes vous acquitteriez dans un seul voyage ! Que 
de motifs pour vous y déterminer (i)!.... > 

Dom Grappin, Droz et Perreciot, qui ne désiraient pas 
moins que le P. Dunand la nomination de Grandidîer, 
s'empressèrent également de la lui annoncer et de l'inviter 
dans des termes non moins affectueux et pressants. 

Le 6 juillet, bien matin, dom Grappin écrivait: t J'aime 
mieux qu'il vous en coûte sept sous pour le port de cette 
lettre, et avoir le plaisir de vous apprendre quelques 
heures plus tôt que, hier soir, votre élection à l'Académie 
fut unanime.... M. Perreciot, qui n'assiste presque jamais, 
arriva un des premiers.... Je me tenais à la salle un grand 
quart d'heure avant tout le monde, sauf l'abbé Durand, un 
de nos grands vicaires, qui m'y attendait déjà, et à me- 
sure que ces messieurs arrivaient, tous nous assuraient de 
leurs suffrages. EniSn, mon ami, ce qui ne s'est pas encore 
vu, c'est qu'on n'est point allé au scrutin, et que vous avez 
été élu par acclamation (2),.., b 

(1) Les correspondants de Grandidier : le P, Dunand, publié par 
Gasser et Ingold. Paris, Picard, 1897. 

(2) /&t(26nt;2>.6^aj?pin, publié par Ingold etLoavot Paris, Picard, 1898. 



- 28 - 

Ce fait prouve que les paroles du P. Dunand n'étaient 
pas trop exagérées. 

Le même jour, Perreciot (i) annonçait également Tévé- 
nement à Télu, et le 15 juillet M. Droz le lui mandait offi- 
ciellement, en insistant sur Timportance des travaux de 
Grandidier et le rapport qu'ils ont avec notre province. Et 
il ajoutait: t Dom Grappin m'apprend à l'instant que vous 
serez ici au mois d'août. Notre séance publique est le 24. 
Si vous avez quelque chose à y dire sur notre histoire, sur 
le Sundgau ou Tévéché de Bâle, dépendant des Rauraques 
et des Séquanais, on vous entendra avec plaisir et l'on 
vous donnera publiquement les éloges que vous méritez, 
quoique notre usage soit d'abréger les compliments actifs 
et passifs W. b 

Grandidier fut en effet très heureux de sa réception ; il 
en remercia dom Grappin dès le 8 juillet et lui annonça 
son arrivée. De son côté, Grappin s'occupa aussitôt de la 
séance de réception. « Vous me préviendrez de ce que 
vous ferez, afin que j'en avertisse le président de l'Aca- 
démie pour que sa réponse se trouve prête. » 

Le 12, Grandidier s'informe des détails : c Dites-moi en 
quoi doit consister le discours de remerciements. Je crois 
que le plus court sera le meilleur. Mais je vous prie de me 
guider dans ce point.... Si j'avais le temps, je composerais 
un discours sur la connexion que peuvent avoir entre elles 
l'histoire de la Franche-Comté et celle de l'Alsace.... En- 
core un mot : quel est, dans l'habillement, le costume pour 
paraître à l'assemblée de la séance publique?.... » 

Le 18 et le 20, dom Grappin envoyait les renseignements 
demandés : t Plus court sera votre remerciement et meil- 
leur. N'oubliez pas de dire un mot pour MM. de Haller et 
Maret, comme ami de ces deux confrères, et une petite 

(1) Les correspondants de Grandidier : Perreciot, publié par 
M. Louvot. Paris, Picard, 1899. 

(2) Ibidem : Eugène Droz^ publié par Id. Louvot. Paris, Picard, 1895. 



~ 29 - 

page ou à peu près sur le P. Pacciaudi. Vous ferez bien 
de m'adresser ce petit discours quand vous l'aurez fait. 
J'en ferai part à l'Académie, car c'est une de nos lois de 
ne rien lire en séance publique qui n'ait été lu en séance 
particulière. Réservez à un autre temps ce que vous aviez 
à dire sur la connexion que peuvent avoir entre elles 
l'histoire de la Franche-Comté et celle de l'Alsace.... Les 
ecclésiastiques étrangers paraissent en habit court à Be- 
sançon. Vous serez plus qu'à merveille dans ce costume, 
surtout en y ajoutant le manteau court qui annonce ordi- 
nairement ici un homme étoffé. » 

Dans une leltre suivante, dom Grappin avait invité 
Grandidier à descendre non à Besançon, mais à la maison 
de Saint-Ferjeux. 

Grandidier lui annonce son arrivée par une lettre du 
3 août et se défend, étant accompagné de son frère et d'un 
domestique, d'être indiscret en acceptant à trois l'hospi- 
talité de Saint-Ferjeux : « Je n'oserai accepter vos offres si 
vous ne me l'ordonnez, b Et Grappin de répondre : « Eh 
bien, mon très aimable (^onfrèrej' ordonne , f ordonne, for- 
donne.... Nous vivons très frugalement, mon cher abbé, et 
vous vivrez comme nous ; voilà ce qu'il faut pour un 
homme de lettres. M. votre frère vous accompagne ! Tant 
mieux, il faut que les jeunes gens s'accoutument à la 
sobriété. Vous avez cocher, laquais et chevaux I Tant 
mieux encore, nous avons du pain et du vin pour les uns, 
et du foin pour les autres. Ne vous attendez pas à voir une 
abbaye d'Allemagne : Saint-Ferjeux n'est qu'un ermitage : 
mais on y vit, on y rit, et au besoin on y joue aux cartes. » 

Arrive enfin le fameux jour tant attendu de Grandidier 
et de ses amis. Le discours de réception, qui a été retrouvé 
parmi les manuscrits de Grandidier, conservés aux archi- 
ves de Carlsruhe, a été publié récemment par M. Ingold W. 

(1) Orandidier orateur. Paris, Picard, 1900. 



-30 — 

Ce discours n'est pas long, comme on le lui avait recom- 
mandéy mais il est délicat et simple, autant que le langage 
du temps le pennettait, car Grandidier le remarque lui- 
même. « .... Les moyens de vous peindre la sensibilité 
dont je suis pénétré sont devenus d'autant plus rares qu'on 
en fait un usage plus fréquent. » — Puis il parle des rai- 
sons qui l'ont fait admettre à l'Académie : t Le goût que 
j'ai eu dès mon enfance pour les antiquités et pour l'his- 
toire m'a tenu lieu de mérite auprès de vous. Vous m'avez 
su gré d'aimer les lettres, et vous m'avez pardonné de les 
cultiver avec plus de passion que de succès. Je dois encore 
cet honneur à des causes plus flatteuses pour moi, à l'ami- 
tié qui, depuis quelques années, m'unit à plusieurs d'entre 
vous. B Plus loin il parle de ses travaux : t Un même point 
nous est commun, c'est l'amour des lettres, c'est le patrio- 
tisme. L'histoire et les antiquités de ma patrie furent, dès 
mes plus tendres années, l'objet de mes principales études 
et de mes plus sérieuses recherches. Un prélat bienfaisant, 
feu M. le cardinal de Rohan, dont je regrette tous les 
jours la perte, avait agréé les premiers essais de ma jeu- 
nesse. J'entrepris sous ses auspices l'histoire des évêques 
ses prédécesseurs. Cet ouvrage fut honoré. Messieurs, de 
votre approbation.... Chargé aujourd'hui par le gouverne- 
ment de l'histoire d'Alsace, j'y retrouve surtout des rap- 
ports essentiels avec celle d'une province dont ma famille 
se fait gloire d'être originaire, avec les travaux de l'Aca- 
démie qui vient de m'adopler. b 

Précédemment, il dit un mot des membres défunts, 
MM. de Haller et Maret, puis plus longuement du P. Pac- 
ciaudi, auquel il succédait, et à propos duquel nous trou- 
vons cette charmante phrase : L'étude des antiquités n'a 
pas coutume de laisser en paix ceux dont elle a une fois 
pris possession. Enfin, il termine ainsi : t Vos exemples 
m'encouragent et me font espérer la même indulgence qui 
m'a valu vos suffrages. J'ose vous prier de me faire grâce 



- 31 - 

sur Texpression et de ne point juger de la vivacité de ma 
reconnaissance sur la faiblesse de mon remerciement. » 

m. 

Pendant une dizaine d'années, Grandidier fut le corres- 
pondant assidu de plusieurs des membres les plus distin- 
gués de TAcadémie de Besançon. 

Le premier en date est Eugène Droz : j'ai publié dans 
les Annales franc-comtoises les lettres qu'il adressa à 
Grandidier et l'histoire de leurs relations. Par l'intermé- 
diaire de Droz, Grandidier entra bientôt en relations avec 
Claude-Joseph Perreciot, trésorier de France, originaire 
de Roulans, et qui fut élu maire de Baume-les-Dames en 
1768 ; leur correspondance nous a paru également mériter 
les honneurs de l'impression. La collection des Correspon- 
dants de Grandidier, dans laquelle ont été insérées les 
lettres à Droz et à Perreciot, contient encore d'autres cor- 
respondances qui intéressent la Franche-Comté : les lettres 
du bollandiste dom Berthod, celles du capucin Chrysolo- 
gue de Gy et celles de son confrère, le P. Dunand. 

La correspondance la plus importante et la plus inté- 
ressante pour notre province est celle de Dom Grappin, 
que j'ai insérée en 1898 dans la Eevue catholique d'Alsace. 

Comme toutes ces lettres ont été publiées, nous préfé- 
rons citer quelques extraits d'une autre correspondance 
comtoise, encore inédite^ dont les originaux se trouvent à 
la bibliothèque de Colmar. 

En 1747, était mort, à Strasbourg, le haut et puissant 
seigneur Antoine Prosper, marquis de Jaquot d'Andelarre, 
baron de Rosey, seigneur du Vernois, etc., etc. Enterré 
selon l'usage de l'époque pour les personnages de haut 
rang, dans la cathédrale de Strasbourg, sa sépulture était 
restée sans épitaphe. 

Une trentaine d'années plus tard, son fils, venu en 



— 32- 
Alsace avec le régiment de Beauffremont, où il était capi- 
taine, entrait en relations, par rintermédiaire de dom 
Grappin, avec Grandidier, et par son entremise — on se 
rappelle que Grandidier était chanoine du grand chœur 
de la cathédrale de Strasbourg — obtint de faire graver, 
dans le collatéral septentrional de la cathédrale une belle 
inscription à la mémoire de son père. Elle fut libellée par 
Grandidier lui-même. 

En reconnaissance du service rendu par Grandidier, le 
marquis d'Andelarre entretint dès lors, avec ce savant 
historien de l'Alsace, une correspondance que la mort 
prématurée de Grandidier devait, hélas ! bientôt inter- 
rompre. 

€ 11 ne m'est pas possible, monsieur l'abbé, de vous expri- 
mer toute la reconnaissance que je dois, des bontés dont 
vous m'avez comblé, parle service que vous m'avez rendu », 
lui écrivait-il le 29 mai 1783. Le noble marquis trouvait 
cependant, peu après, le moyen de donner à Grandidier 
une marque sensible de cette reconnaissance en lui faisant 
adresser, juin suivant, un panier de trente-six bouteilles de 
vietcx vin (TArbois. « C'est du vin comtois, expliquait la 
lettre d'accompagnement, qui a un certain mérite pour 
les amateurs d'un vin mousseux doux : les dames en font 
grand cas (i). » — Ce vin fut du goût de Grandidier; aussi 
une lettre suivante, du 21 juillet 1783, en annonçait un 
nouvel envoi. 

Quelques jours plus tard, nouvelle lettre du marquis. 
Il s'agit, cette fois, d'établir l'arbre généalogique d'une de 
ses parentes, M"® de Nardin, mariée à un baron de Rath- 
samhausen, dont le iSls voulait entrer dans l'ordre de 
Malte. Pour arriver à dresser cet arbre généalogique, 

(1) Sully raconte comment, aax noces de Marie de Médicis, les dames 
d'honneur de la nouvelle reine se laissèrent gagner aux séductions traî- 
tresses, au charme enivrant de ce joli vin qu'eUes goûtaient pour la 
première fois. 



- 33 — 

Grandidier est invité à se servir du concours de M. Maire, 
« secrétaire de M. le maréchal de Contades ». ^C est un 
Comtois, dit notre marquis, sur l'amitié duquel je compte. > 
(Lettre du 14 janvier 1783.) 

Un accident de santé arriva sur ces entrefaites à Gran- 
didier, ce qui alarma tous ses amis, et est le sujet de deux 
lettres du marquis d*Andelarre, la première du 21 juillet 
1783, la seconde d'octobre de la même année. Cette der- 
nière contient ce joli passage : « Je vois, avec un plaisir 
extrême, que les eaux et Tair de la campagne vous ont par- 
faitement rétabli. Quand je ne vous aurais pas, monsieur 
Tabbé, toutes les obligations de vos bontés pour moi dans 
l'affaire où vous avez bien voulu m'aider et me proléger, 
pour le mausolée de mon père, il ne faut que vous voir et 
vous connaître, pour vous aimer et prendre le plus vif in- 
térêt à vous. En tous les pays, les hommes de votre esprit, 
de votre figure, sont très rares. Vous faites l'ornement de 
l'Alsace par toutes sortes d'endroits. 

€ Venez voir l'ami dom Grappin, et débarquez chez moi, 
pour qu'il se fasse honneur en Franche-Comté d'avoir un 
ami tel que vous. Je suis bien charmé, Monsieur, que vous 
ayez trouvé le vin d'Arbois bon, je vous demande la per- 
mission de réparer les bouteilles cassées : ce sera dans un 
temps où il y aura moins à craindre : les chaleurs ont 
causé cet accident ; il m'en est arrivé autant et plus. » 

Un peu plus loin, la même lettre donnait de curieux 
détails sur un événement qui émut tout Besançon à cette 
époque, bien qu'il soit oublié aujourd'hui. « Nous venons 
d'éprouver en cette province des banqueroutes énormes : 
un nommé Lambert, maître de forges, en a fait une de 
1,700,000 livres; un nommé Fleur cadet, banquier à 
Besançon, frère de l'abbé Fleur, chanoine à la Madeleine de 
Besançon, qui fut pendu à Paris, il y a vingt-cinq ans, pour 
faux billets de banque, vient de se jeter dans le Doubs, 
de dessus les remparts, et s'est noyé avec les papiers qui 

ANNÉE 1903. 3 



-34 - 

Justifiaient qu'il avait fait passer de l'argent à l'étranger, 
pendant cette guerre. On lui allait faire son procès. 11 au- 
rait au moins été attaché au même signe patibulaire que 
son digne frère l'abbé. Cette révolution a ruiné et fait 
mettre le bilan, au greffe, aux sieurs Pellier et Pochet et 
au sieur Agniel, les plus fameux banquiers et commer- 
çants de Besançon, ces derniers sont sans tache autre que 
ce malheur. Tous ces événements fâcheux ont rendu 
l'argent très rare dans cette province, et je me trouve 
avoir besoin de vingt mille livres pour faire, à ma belle- 
sœur, un remboursement de sa dot, qui est de quarante 
mille livres, que je lui dois sur une terre considérable que 
mon frère m'a laissée. On m'a assuré qu'à Saint-Pierre-le- 
Jeune, à Strasbourg, on pouvait trouver cette somme. J'ai 
33,000 livres de rente affermées en fonds de terre ; je don- 
nerais toute sûreté. Si vous pouviez me procurer cette 
somme, je joindrais cette obligation à toutes celles dont 
je vous suis redevable b. 

Dans les dernières lettres conservées du marquis d'An- 
delarre, nous trouvons les mêmes compliments, exprimés 
dans les mêmes termes, t Quand bien même, dit-il, je ne 
vous aurais pas toutes les obligations dont je vous suis re- 
devable, je me ferais gloire de vous les offrir toute ma vie. » 

€ Il est impossible, dit-il encore, de vous voir et de vous 
connaître sans avoir pour vous les sentiments les plus 
tendres et les plus sincères, b 

En effet, c'était l'impression de tous : c'est encore la 
nôtre aujourd'hui ; par tout l'ensemble de sa vie, Grandi- 
dier était une figure éminemment sympathique. Aussi sa 
mémoire n'est-elle pas de celles qui s'oublient, et mort, 
il demeure, comme dit Dante, c un des guides de ceux qui 
savent, b 



\ 



- 35 - 



IV. 



Ces relations franc-comtoises de Grandidier eurent pour 
conséquence d'attirer particulièrement son attention sur 
l'histoire de la Comté. Notre histoire est, du reste, trop 
mêlée à celle de l'Alsace, pour qu'il ait pu la négliger. 

Aussi, dès 1777, après l'apparition du premier volume 
de ÏHistoire des évéques de Strasbourg, Droz lui écri- 
vait : « Si notre diocèse ne touche pas immédiatement 
celui de Strasbourg (rappelons-nous qu'avant la Révolu- 
tion, Strasbourg était de la métropole de Mayence et que 
la Haute-Alsace seulement faisait partie du diocèse de 
Bâle et de la province ecclésiastique de Besançon), nous 
ne laissons pas de puiser des choses dignes de piquer 
notre curiosité aux articles de Murbach et de Hohenbourg. > 
En effet, les abbayes de Murbach et de Lure étaient réu- 
nies sous la même crosse abbatiale : d'autre part, sainte 
Odile, fondatrice et abbesse de Hohenbourg, avait été élevée 
à l'abbaye de Baume-les-Dames. 

En ce qui concerne V Histoire d* Alsace^ le même Droz et 
dom Grappin, chargés de faire un rapport à l'Académie de 
Besançon sur cet ouvrage,déclaraient qu'ils l'avaient trouvé 
€ très intéressant, non seulement pour la province qui 
en fait l'objet principal, mais encore en particulier pour 
l'histoire de la Maxima Sequanorum et de la portion de 
cette province qui s'étendait le long des bords du Rhin, 
tant en Suisse qu'en Alsace et en Franche-Comté ». 

Il suffit, en effet, de feuilleter rapidement ce magistral 
ouvrage, pour voir combien nous y trouvons de renseigne- 
ments pour notre propre histoire. Je ne parlerai que pour 
mémoire de deux grandes dissertations que Perreciot, le 
savant auteur de VÉtat civil et l'ornement de notre Aca- 
démie à la fin du siècle dernier, y a insérées. 

Dans ÏHistoire d'Alsace^ en racontant les origines du 



- 36 - 

cbrislianisme en Alsace, Grandidier nous rappelle celles 
de Besançon et Tarrivée, dans notre région, des saints 
Ferréol et Ferjeux, disciples de saint Irénée. Déjà, dans 
son Histoire des évéques de Strasbourg^ Grandidier avait 
raconté Tapostolat de saint Ferjeux, et ses manuscrits, 
conservés à Carlsrube, contiennent un travail sar la chro- 
nologie des évéques de Besançon. 

Plus loin, Grandidier revient sur les évéques de Besan- 
çon au iv« et au v« siècle. 

Il les énumère tous, et à la fin de cette énuméralion, 
dans une note, critique le bréviaire de 1761 du cardinal 
de Cboiseul, où, dit-il, < il y a de très bonnes cboses, mais 
outre qu'on est révolté de trouver un grand nombre de 
fautes d'impression dans un livre d'un usage journalier, 
nous avons été étonnés du peu de critique qui règne dans 
certaines légendes, et dans le récit de plusieurs faits apo- 
cryphes et incertains, ainsi que du mauvais goût qui ca- 
ractérise les proses ou hymnes rimées qui se disent aux 
secondes vêpres des fêtes doubles. * 

Ici, il mentionne les écoles de Besançon au iv» siècle, 
alors si célèbres, dit-il ; ailleurs, c'est l'invasion de notre 
province par les Bourguignons, dont le récit vient sous sa 
plume. 

Mais en feuilletant ainsi le volume, nous arrivons vite 
au bout, car malheureusement il s'arrête au vi« siècle. Je 
me persuade que si le jeune savant n'avait pas été si pré- 
maturément enlevé, le reste de son beau travail eût été 
également émaillé de faits intéressant notre province. 

Vous jugerez, Messieurs, je l'espère, qu'à plus de cent 
ans de distance, aujourd'hui qu'il est plus que jamais 
honoré dans son pays (car les deux villes de Strasbourg 
et de Colmar ont donné son nom à deux rues), Grandidier 
méritait encore d'être loué au milieu de nous. 




LE PROFESSEUR COUTENOT 
1823-1901 



LE PROFESSEUR COUTENOT 

MÉDECIN EN CHEF DE l'hOPITAL SAINT-JACQUES 
Par M. le docteur GAUDERON 

BfEMBRE RÉSIDANT 



(Séance publique du 29 janvier 1903) 



Au début de l'année 1901, aux premiers jours de ce 
siècle^ TAcadémie a perdu un de ses membres dont la dis- 
tinction, le savoir, le dévouement aux malades de toutes 
les catégories sociales, avait, pendant plus d'un demi- 
siècle, été l'honneur de cette ville, qui l'avait vu naître; de 
notre corporation médicale, qu'il représenta si noblement 
dans sa double mission de médecin de ville et de médecin 
d'hôpital ; l'honneur aussi de notre Compagnie, dans la- 
quelle il tenait depuis plus de vingt ans une place des plus 
honorables. 

L'Académie a bien voulu confier à celui qui, pendant le 
même laps de temps, fut le collaborateur et l'ami de ce 
vénéré confrère, le soin de faire revivre devant elle sa 
vie, ses œuvres, ses mérites ; puisse le portrait que je 
vais essayer de tracer ne pas être trop au-dessous du 
modèle accompli que fut le docteur Coutenot, de regrettée 
mémoire. 

Né à Besançon le 20 août 1823, François-Marie Coutenot 
ne connut que pendant les premières années les ten- 



— 38- 

dresses de ses parents, qu'il perdit durant son enfance ; 
mais il eut le bonheur de trouver dans la personne d'une 
tante, à qui il voua une filiale affection, l'appui de ses 
jeunes années, le conseil éclairé dans la carrière qu'il 
désirait courir et les études qu'il allait entreprendre. 

Le Collège royal de Besançon lui offrit toutes les res- 
sources désirables pour la formation de son esprit très vif 
et très curieux des connaissances de tout ordre; et les 
succès qu'il y obtint le préparèrent aux études médicales 
qu'il commença dans l'Ecole de médecine récemment réor- 
ganisée dans notre ville, et qui comptait des professeurs 
de mérite tels que le savant pharmacien Desfosses, dont le 
jeune Coutenot devint le préparateur, le distingué profes- 
seur Villard et le chirurgien habile qu'était le docteur 
Corbet. 

Après avoir parcouru dans cette école le cycle de l'en- 
seignement médical élémentaire, fréquenté avec assiduité' 
les cliniques des hôpitaux de la ville, Coutenot alla pour- 
suivre à Paris le cours de ses études théoriques et prati- 
ques; il trouva, à la Faculté de médecine, des maîtres dont 
les talents, la réputation étaient universellement reconnus 
comme supérieurs; la médecine était alors représentée 
par les Bouillaud, les Chômai, les Andral ; Lisfranc et Du- 
puytren se disputaient le sceptre de la chirurgie. 

A l'école de ces maîtres émérites, le jeune Coutenot 
paracheva les études médicales ébauchées dans la ville 
natale, élargit les horizons scientifiques déjà ouverts à 
son esprit investigateur, se construisit une synthèse des 
connaissances médicales acquises jusque-là par l'analyse, 
put se faire de l'homme à l'état de santé, de l'homme à 
l'état de maladie, une théorie générale, et se rattacher dès 
lors à une école de philosophie de la médecine; enfin, ce 
long labeur achevé, il demanda à la Faculté de Paris la 
consécration de ses études par le diplôme de doctorat, 
qu'il obtint le 17 mars 1848, à la suite de la soutenance 



d'une thèse appréciée sur le Sang dans les phlegmasies. 

Quelques mois après, il s'installait dans sa ville natale, 
où la fortune lui sourit de prime abord, et le succès lui 
arriva avec la confiance qu'inspirèrent à ses premiers 
clients ses manières distinguées, sa physionomie intelli- 
gente et douce, l'élégance de sa tenue, la dignité de sa 
vie, la discrétion et l'attention qu'il apportait toujours à 
l'examen de ses malades, la patience avec laquelle il écou- 
tait les moindres de leurs doléances, l'afifectueuse obstina- 
tion avec laquelle il recherchait les moyens de soulager 
leurs souffrances ; pour arriver à ce but final de la pra- 
tique médicale qui est la suppression de la douleur, du 
mal physique, le docteur Coutenot appelle à son secours 
les ressources les plus variées, les moyens les plus puis- 
sants de l'arsenal thérapeutique, dont les richesses ne 
s'accroissent jamais au gré du désir qu'il a de procurer la 
guérison à ses malades; se sent-il impuissant à obtenir, 
avec les moyens physiques, ce résultat ambitionné, il saura 
ne jamais abandonner ses chers malades, et leur ouvrir, 
en dernier ressort, les trésors si bien connus de lui de 
la médecine morale, trésors si précieux pour la consola- 
tion des malheureux auxquels tout espoir de guérison est 
interdit. 

Pour exercer son art, le docteur Coutenot ne connaît pas 
la fatigue, il ne distingue pas entre les heures du jour, 
du moment qu'il est appelé à porter secours à son sem- 
blable ; ses forces semblent inépuisables et resteront telles 
jusqu'à un âge où les plus vaillants s'avouent vaincus par 
le poids des années et la dureté du labeur. 

Aussi, grâce à ce dévouement dont il donne chaque jour 
la preuve à tous ceux qui lui confient le soin de leur santé, 
est-ce une séduction véritable qu'il exerce sur les malades 
qu'il approche ; et de cette conquête des sympathies à une 
affection réciproque du malade et du médecin, il n'y a 
qu'un pas bien vite franchi, et le docteur devient l'ami de 



— 40 — 

ses malades; c'est avec tout son cœur qu'il se livre à 
l'exercice de son art, c'est par une affectueuse reconnais- 
sance que lui répondront toujours les générations succes- 
sives qui, dans les familles de notre ville, ont fait appel à 
ses lumières et à son dévouement. 

Tel nous le voyons dans la nombreuse, distinguée et 
riche clientèle qu'il s'était rapidement créée, dans l'aristo- 
cratie et la bourgeoisie de notre ville, tel nous retrouvons 
le bon docteur au chevet des pauvres, et combien de traits 
sublimes d'une charité discrète resteront à jamais ignorés, 
à côté des récils que la plume d'un disciple aimé a pu re- 
tracer devant une société savante de notre ville ! Combien 
de malheureux n'ont-ils pas reçu à la fois, du docteur Cou- 
tenot, le conseil expérimenté du médecin et l'offrande dis- 
crète du chrétien! 

Suivons-le encore sur un autre terrain, ce praticien cha- 
ritable qui donne les premières, les meilleures heures de 
la journée aux malades de l'hôpital Saint-Jacques, de cet 
hôpital où il remplit, pendant plus de quarante ans (1861- 
1898), les fonctions de médecin en chef; cet hôpital, où il 
se sent toujours si vaillamment secondé dans son action 
charitable par les Religieuses hospitalières formées par lui 
à l'école du dévouement et de l'habileté professionnelle, 
dans des cours qu'il a été des premiers à fonder en France 
pour l'instruction d'infirmières compétentes; cet hôpital, 
dis-je, il en a fait comme son second foyer, et il ne le 
quittera définitivement qu'à la veille de sa mort. 

Les malades de l'hôpital l'ont connu, pendant sa longue 
carrière hospitalière, toujours aussi assidu à leur donner 
ses soins, aussi appliqué à la tâche qu'il s'était donnée 
d'écarter d'eux la souffrance, dont l'idée répugnait à son 
cœur sensible et compatissant; auprès de ces déshérités 
de la fortune, le docteur Coutenot sait se faire meilleur 
encore que pour les heureux du jour ; il accueille leurs 
plaintes avec une sympathie à laquelle on ne pourra repro- 



- 41 — 

cher rien que de toucher parfois à l'excès ; il craint que les 
noms de maladie inscrits sur les cahiers de visite ne soient 
connus de quelques malades, et ne jettent dans leur âme 
des germes de désespérance, et bientôt il prend l'habitude 
de se faire, pour certaines maladies trop connues, pour la 
phtisie pulmonaire entre autres, un vocabulaire dont la 
richesse réussit à en imposer aux malades les plus perspi- 
caces, et à leur donner cette idée que des vocables variés 
employés pour désigner la même maladie recouvrent des 
maladies d'un pronostic bien différent. Le dévouement du 
docteur Coutenot pour les pauvres hospitalisés de Saint- 
Jacques ne connait pas de bornes, et bien des fois, durant 
sa longue carrière, c'est nuitamment et sans appel qu'il 
franchit les portes de l'hôpital et vient y vérifier un dia- 
gnostic dont l'idée lui est venue, ou y appliquer sans 
retard un mode de traitement dont l'inspiration s'est 
imposée à lui durant les heures d'insomnie. 

Non content de procurer à ses chers malades de Saint- 
Jacques les remèdes appropriés à leurs maux, il veut épar- 
gner à ceux qui sont moins souffrants ou déjà convales- 
cents les spectacles pénibles inséparables du traitement 
en salles communes ; il veut, en même temps, éviter aux 
malades atteints de maladies graves les ébranlements, 
les bruits si fatigants pour eux, et le docteur Coutenot 
sait obtenir de l'Administration hospitalière deux institu- 
tions qui font honneur à sa générosité. 

Éclate-t-il une épidémie aux cas nombreux et graves, 
ce n'est pas dans la salle commune que seront traités ces 
malades ; mais, isolés dans une salle spéciale, ils jouiront 
des précieux avantages d'un air plus abondant et plus 
pur, d'un calme parfait et de soins plus spécialement 
adaptés à leur maladie. 

Mais parmi les affections contagieuses, il en est une 
dont la contagiosité contestée autrefois, incontestable au- 
jourd'hui, fait courir les plus grands dangers de contagion 



- 42- 

aux malades indemnes de cette maladie, mais obligés, pour 
le traitement d'un mal quelconque, de faire un séjour plus 
ou moins long dans une salle d'hôpital ; c'est une maladie 
qui menace les familles et les races d'étiolement et même 
d'extinction ; dans une province qui peut s'honorer des 
médecins qui ont été des premiers à signaler la contagio- 
sité de cette maladie, de la phtisie pulmonaire (docteur 
Bruchon, à Besançon; docteur Bergeret, à Arbois, etc.), le 
docteur Coutenot ne veut pas rester en retard et, en fon- 
dant à l'hôpital Saint-Jacques une salle d'isolement pour 
les hommes tuberculeux (1892), il donne, le premier en 
France, l'exemple d'un progrès qui s'annonce comme 
devant être des plus importants, quand l'idée de l'isole- 
ment des tuberculeux aura pris les développements logi- 
ques nécessaires, et passé dans la pratique ; si le docteur 
Coutenot ne peut pas encore procurer à ses malades les 
bienfaits d'un isolement complet dans l'air vivifiant des 
montagnes, au voisinage des forêts de résineux, au moins 
il les confine dans une salle d'angle de l'hôpital Saint- 
Jacques, où ils trouvent un air pur, une vue agréable, un 
calme parfait, et les avantages d'un traitement spécial. 

La charge de médecin d'hôpital est déjà bien lourde en 
temps normal et tranquille ; le docteur Coutenot y suffisait 
avec une facilité qu'explique l'habitude de la pratique et 
l'activité de tous les instants ; mais combien cette charge 
s'aggrava encore dans celte période lamentable de notre 
histoire où une guerre malheureuse et des désastres 
inouïs jusque-là vinrent accumuler, dans l'hôpital Saint- 
Jacques comme dans les ambulances de la ville, les cas 
de ces maladies meurtrières entre toutes, compagnes 
inséparables des grands désastres ; c'est contre ces véri- 
tables fléaux que le docteur Coutenot eut à lutter durant 
les sombres journées des derniers mois de 1870 et des 
premiers mois de 1871 ; il sut, malgré les difficultés de la 
tâche, rester à la hauteur de sa mission charitable, et c'est 



- 43 - 

en récompense des signalés services rendus à rhumanité 
et à la patrie que le ministre de la guerre, le général de 
Cissey, voulut placer lui-même sur la poitrine du docteur 
Coutenot le signe de la bravoure et de l'honneur 
(1872). 

C'est dans le milieu hospitalier que le docteur Coutenot 
recueille les plus précieux documents pour l'enseignement 
clinique, que, en sa qualité de Professeur de clinique mé- 
dicale, il a distribué pendant plus de trente ans (1862-1893) 
à de nombreuses générations d'étudiants en médecine ; 
c'est à son école, on peut bien le dire, que la majorité des 
médecins, pratiquant actuellement encore dans les villages 
et les villes de notre Comté, ont appris les qualités d'ob- 
servation attentive et patiente, de thérapeutique savam- 
ment combinée de prudence et d'audace, qui était dans le 
tempérament du docteur Coutenot, et que définit si bien 
la devise adoptée par lui : Time, sed aude. 

Chez le professeur Coutenot, les étudiants trouvèrent 
non seulement un maître d'érudition considérable, de 
conscience parfaite, ne comptant ni son temps ni sa peine 
quand il fallait donner une démonstration, interpréter un 
fait clinique, apprendre à connaître et à apprécier un 
remède nouveau, une méthode thérapeuthique jusque-là 
inconnue, guider leur intelligence encore inexpérimentée 
au milieu du dédale d'un examen de malade ; il fut aussi 
pour les médecins, qui s'honoraient toujours d'avoir été 
ses élèves, un maître, le plus souvent un ami, un guide 
de sens très sûr, aux avis duquel ils ne cessèrent jamais 
d'avoir le confiant recours qu'inspire et justifie l'autorité 
scientifique et la droiture du caractère. 

Devenus ses confrères, ses anciens élèves ont toujours 
part à sa sollicitude ; il est des premiers qui aient 
pensé à établir des liens d'une association confraternelle 
entre les médecins de France, à solidariser les efforts de 
tous pour préserver de la misère, durant la vieillesse, les 



— 44 - 

membres du corps médical, vaincus dans le toujours dur 
combat pour la vie. 

Ce n'est donc pas à lui qu'on pourra jamais reprocher 
d'être devenu, au milieu de la fortune et des succès, ou- 
blieux de ses devoirs envers ses confrères moins favorisés 
que lui ; il veut les savoir à l'abri du besoin, dans leurs 
vieux jours, quand la fortune a trahi leurs efforts et n'a 
pas récompensé leurs rudes labeurs ; aussi est-ce avec 
empressement qu'il se fait, parmi ses confrères de Besan- 
çon, le promoteur de cette Association générale des méde- 
cins de France dont il a pu voir les ressources modestes 
d'abord s'accroître dans des proportions qui assurent dé- 
sormais à tous les médecins prévoyants une garantie contre 
le malheur des temps et les misères de la vieillesse. 

S'il a été des premiers à répondre à l'appel fait à ses 
sentiments confraternels pour la fondation d'une Associa- 
tion générale des médecins de France, le docteur Coutenot 
n'a pas mis moins d'empressement à s'enrôler dans une 
corporation de médecins chrétiens ; homme de foi avant 
tout, il n'a jamais consenti à accepter comme vraie cette 
incompatibilité que, dans un sot orgueil, certains savants 
ont cherché à établir entre la science et la foi ; c'est avec 
bonheur qu'il s'est associé à des médecins animés des 
mêmes sentiments chrétiens que lui, pour fonder et pro- 
pager la Corporation des médecins de Saint-Luc, dont il 
est resté, jusqu'à sa mort, le vénéré président pour le 
groupe de l'est de la France. 

Dès le début de sa carrière, le docteur Coutenot fut et 
resta un laborieux ; il était à peine installé à Besançon, 
qu'il se créa pour l'avenir des sujets d'étude, constituant 
dans leur ensemble comme une sorte de curriculum 
studiorum ; quelques-unes de ces études sont des hypo- 
thèses à vérifier par Tobservation clinique et la pratique 
médicale ; dans quelques autres, nous trouvons des aper- 
çus lumineux, des vues en quelque sorte prophétiques sur 



— 45 -- 

des sujets scientifiques bien obscurs jusqu'alors ; c'est 
ainsi que le docteur Coutenol fait sienne une opinion qui 
voit dans la rage une maladie infectieuse, qui la rapproche 
de la variole, et entrevoit pour elle un traitement qui 
pourra, quelque jour, consister en une sorte de vaccina- 
tion ; on ne pouvait ni mieux dire ni prévoir plus juste ; 
c'est ainsi encore que j'ai retrouvé, parmi les manuscrits 
de ses publications imprimées, l'idée nettement énoncée 
de semences que l'air charrie dans ses tourbillons, de leurs 
relations avec les maladies épidémiques ; quelque qua- 
rante ans plus tard. Pasteur devait donner à ces deux 
idées, sans fondement jusque-là, la confirmation de l'expé- 
rience scientifique. 

Plusieurs de ces études ont été menées à bonne fin, et 
publiées sous forme de mémoires, d'observations, dans les 
recueils médicaux de Belgique, de Franche-Comté, de 
Touraine ; plusieurs de ces travaux présentés à des So- 
ciétés médicales furent accueillis avec faveur et valurent 
à l'auteur des récompenses et des titres flatteurs; la so- 
ciété de médecine d'Indre-et-Loire, celle du Nord, celle 
de la Flandre orientale, lui offrirent le titre de membre 
correspondant. L'Académie de médecine de Paris lui dé- 
cerna une médaille d'argent et lui destinait une place 
parmi ses membres correspondants, quand la mort vint le 
surprendre. 

Le docteur Coutenot est un observateur minutieux des 
faits de la médecine, il en relève les moindres détails, 
bien persuadé que, dans une observation médicale, comme 
dans une instruction judiciaire, le diagnostic se trouve 
comme l'instruction souvent s'éclaire par un fait d'abord 
insignifiant en apparence. 

Le docteur Coutenot est, de plus, un observateur philo- 
sophe et, en dehors de la sanction thérapeutique toujours 
recherchée par lui, il veut aussi tirer de ses travaux quel- 
que observation philosophique; tel fait consolide à ses 



- 46 — 

yeux la doctrine vitaliste qu'il a adoptée et loi montre 
que, en médecine, si la lésion est importante à connaître, 
elle n'est pas la cause mais l'effet de la maladie ; en con- 
servant cette foi doctrinale intacte, le docteur Coutenot a 
eu raison, puisque les doctrines microbiennes n'ont fait 
qu'appuyer la médecine hippocratique de leurs découver- 
tes merveilleuses; cette foi doctrinale vitaliste était pour 
lui le fruit de l'observation, et comme le dit le professeur 
Bouchard, dans un cours où il montre que la conciliation 
est possible entre l'organisme et le vitalisme : < C'est à 
cette médecine d'observation que nous devons la connais- 
« sance des crises dans les maladies, et les travaux con- 
temporains ont donné une pleine consécration aux asser- 
tions des médecins hippocratistes. > 

Toutes les publications du docteur Coutenot sont mar- 
quées au coin de l'utilitarisme médical le plus louable. 

C'est d'abord la maternité, avec ses charges et ses dou- 
leurs, qui excite le zèle du docteur Coutenot, et son ingé- 
niosité à trouver des adoucissements à des devoirs tou- 
jours si pénibles. 

Puis sa sollicitude est appelée sur l'enfance et sa fai- 
blesse, sur l'antinomie qui parait exister entre cette 
époque où tout invite à la vie, et où la mort est plus 
avide, semble-t-il, des proies plus tendres de cet âge; il 
se trouve un jour en face d'une femme qui va succomber 
à la phtisie pulmonaire; un enfant vit encore dans son 
sein ; le docteur se propose dès lors de remplir, en cette 
dramatique circonstance, les graves devoirs inhérents à 
son ministère ; il attend que la vie ait abandonné le corps 
de la mourante et, par l'opération césarienne pratiquée 
post mortem, il amène l'enfant à la vie; il a été ainsi 
fidèle à un devoir impérieux pour le médecin, et il a sauvé, 
dit-il, « les droits imprescriptibles confiés sans contrôle à 
€ la volonté du médecin, le droit de vie de l'enfant, celui 
« de communion religieuse et celui de participation aux 



— 47 — 

€ institutions sociales, en tant qu'il se trouve en mesure 
« avec l'exigence de la loi civile. » 

Rencontre-t-il dans sa carrière des cas rares et difficiles, 
mal connus encore dans la pratique médicale infantile, 
sa science éprouvée, aidée de son dévouement, saura en 
avoir raison, et c'est ainsi que, à une époque où la tra- 
chéotomie était encore rarement pratiquée, il sauve, par 
cette opération, un enfant menacé d'asphyxie par le croup. 

C'est ainsi encore que, dans un cas de tétanos infantile, 
maladie très rare dans nos contrées^ plus commune et le 
plus souvent mortelle dans les pays tropicaux, il applique 
une méthode thérapeutique peu connue, un traitement 
d'audace ; aux grands maux les grands remèdes, dira-t-on 
avec le bon sens populaire, et cet aphorisme n'est que la 
traduction concise de celui d'Hippocrate, que je trouve 
dans un mémoire du docteur Coutenot sur l'iléus : ad 
summos morbos summœ ad unguem adhibitœ curationes 
optimè valent (Aph. Hipp., 6, sect. 1). Le docteur Coutenot 
a étudié, en 1882, les vertus de la belladone, dans un mé- 
moire adressé à la Société médicale de Gand; il se rappelle 
en 1857 les effets thérapeutiques de cette plante, les 
applique à ce cas de tétanos, et a le bonheur inespéré de 
sauver son petit malade. 

Hypocrate, dans un de ses traités, certainement lu et 
médité par le jeune docteur Coutenot, avait montré l'im- 
portance pour le médecin de l'étude de l'air, des eaux, des 
lieux ; notre confrère pratiquait la médecine depuis quel- 
ques années à peine, quand l'épidémie de choléra (1884- 
1858), qui sévissait en France, signala son passage à Dole 
et à Gray par des cas nombreux et meurtriers, et ne fit à 
Besançon qu'une apparation discrète, limitée à quelques 
cas répartis dans certains quartiers de la ville en rapport 
plus direct et plus journalier, par les voitures publiques, 
avec les villes éprouvées par le fléau. 

Pénétré de cette idée que je trouve énoncée dans son 



\ 



— 48 — 

curriculum $tudiorumj à savoir que, en temps de mala- 
die épidémique, de choléra, par exemple, l'air atmosphé- 
rique doit en véhiculer les germes morbides, le docteur 
Coutenot se demande comment on pourrait démontrer la 
présence de ces germes dans Tair ; on a bien cherché à le 
faire, à Taide du microscope, mais on n'a pas réussi ; il 
échoue de son côté dans les tentatives faites pour concen- 
trer sur un espace restreint ces corpuscules épars dans 
l'air, et pour arriver ainsi à les mieux observer ; mais, à 
défaut de ces germes qu'il n'était pas possible à la science 
de ce temps de découvrir dans l'air, n'y avait-il pas dans 
la composition de l'air des altérations capables défavoriser 
l'apparition et la propagation des maladies épidémiques ? 

Schœnbein venait de découvrir à Bâle la présence de 
l'ozone dans l'air, à l'état normal; des médecins allemands, 
Ruggendorf et Clemens, avaient démontré que ce gaz exis- 
tait en excès dans l'air, durant l'épidémie de grippe de 
1847,1a dernière observée après celle de 1829. Les méde- 
cins chercheurs, avides de connaître la cause des maladies 
épidémiques, se demandaient si le choléra, la malaria, les 
maladies gastro-intestinales ne devenaient pas épidémi- 
ques à la faveur de la présence de l'ozone en excès dans 
ràir ; de là la nécessité de déterminer exactement la quan- 
tité d'ozone contenue normalement dans l'air, de faire 
ensuite l'étude exacte des variations de quantité de l'ozone 
dans l'air, et c'est ainsi que fut créée l'ozonométrie. 

A l'exemple de nombreux médecins et savants, le doc- 
teur Coutenot commença en 18SS, continua en 1856 et 
1867 des recherches très longues, très patientes, très mi- 
nutieuses, sur l'ozonométrie, la thermométrie, l'hygromé- 
trie, la direction et la vitesse des vents non seulement à 
Besançon, mais encore dans diverses localités où il établit 
des stations d'observations sous le contrôle et avec la col 
laboration de personnalités instruites et dévouées aux 
choses de la science : M. Remy et M. Sire, le docteur Le- 



- 49- 

bon et le docteur Sanderet de Valonne à Besançon, le 
docteur Thomas à Cendrey, le médecin Vaillandet à Éma- 
gny, le colonel Paris à Pin. 

Les résultats de ces recherches sont condensés dans un 
volumineux mémoire manuscrit qui n'aboutit à aucune 
conclusion scientifique et pratique; il n'en est pas moins 
vrai que, dans l'état d'ignorance où se trouvaient les 
savants de la nature insoupçonnée alors, mais démontrée 
depuis, des germes morbides du choléra, de la grippe, delà 
malaria, et de tant d'autres maladies épidémiques, l'effort 
tenté par le docteur Coutenol et ses collaborateurs était 
bien méritoire ; il nous donne une idée de l'ardeur tenace, 
du zèle persévérant apporté à la recherche des causes 
morbidespar ce praticien sagace qui pressentait clairement 
que, une fois les causes morbides connues, on arriverait 
rapidement, sinon à la guérison, du moins à la préserva- 
tion des maladies épidémiques. 

Le docteur Coutenot, qui avait si bien compris l'impor- 
tance de l'élude de la composition normale et des altéra- 
tions de l'air atmosphérique, ne devait pas aussi bien saisir 
l'influence considérable des eaux de boisson sur la santé 
publique. 

11 avait commencé ses études médicales à Besançon, 
quelques années après l'époque qui marque le début de 
ces épidémies de fièvre typhoïde, très rares, parait-il, avant 
1832, et qui, par leur réapparition presque annuelle 
pendant une longue série d'années, avaient valu à Besan- 
çon une réputation d'insalubrité, de pays à fièvre ty- 
phoïde, réputation qu'il ne mérite certainement plus 
depuis quelque vingt-sept ans. 

L'attention du docteur Coutenot, installé à Besançon 
vers 1848, se porta tout naturellement sur cette maladie, 
dont il eut bien des fois, comme médecin de l'hôpital 
Saint- Jacques, l'occasion de constater les ravages dans la 
population civile et militaire de la ville. 

ANNBB 1903. 4 



— 50 — 

L'étude de cette maladie, poursuivie pendant toute sa 
carrière médicale hospitalière et urbaine, inspira au doc- 
teur Coutenot une savante et compendieuse monographie 
delà fièvre typhoïde à Besançon; après un historique 
très complet des épidémies typhiques observées à Besan- 
çon depuis le début du xix* siècle, le docteur Coutenot se 
livre à une longue discussion des théories proposées sur 
les origines de ce fléau, par les médecins contemporains; 
il les rejette toutes également, aussi bien celle qui attri- 
bue la maladie aux altérations de l'eau de boisson, que 
celle qui invoque les variations de la nappe des eaux 
souterraines, et il conserve ferme la croyance à l'origine 
de cette maladie par un foyer d'infection comparable, pour 
les épidémies observées après 1874, au cloaque qu'étaient 
les fossés de Chamars, comblés à cette époque, et accusés 
jusqu'en 1886 d'être la cause des épidémies typhiques à 
Besançon. 

Pour n'avoir pu se décider à attribuer à l'altération des 
eaux potables distribuées à Besançon l'origine des épidé- 
mies de fièvre typhoïde, pour être resté ferme et inébran- 
lable dans ses opinions de jeunesse et d'âge mûr sur 
l'origine de cette maladie, le docteur Coutenot a très pro- 
bablement commis une erreur; il n'en est pas moins vrai 
que ses éludes prolongées sur la fièvre typhoïde nous 
auront valu de cette maladie un traité didactique très 
complet. Après une analyse très bien faite des différentes 
formes de celte maladie, il prend à part chacun des symp- 
tômes, réludie avec un soin minutieux, le décrit avec une 
rare précision, en apprécie la valeur diagnostique el pro- 
nostique, et termine cette œuvre magistrale par un exposé 
des plus complets de tous les modes de traitements em- 
ployés jusqu'ici contre cette redoutable maladie ; il com- 
pare et juge ces traitements si divers, les plus anciens 
comme les plus récents, aussi bien les traitements systé- 
matiques comme la saignée^ qu'il a vu employer à Paris 



-51- 

par Bouillaud, que les traitements antiseptiques dérivés les 
uns de Tobservalion et de Tempirisme hippocra tique, les 
autres des théories pastoriennes; puis il se rallie au trai- 
tement éclectique, le seul digne d'être adopté parle méde- 
cin à l'esprit observateur et critique, à qui Tétude de 
l'homme malade a appris quelle différence de symptômes 
et d'évolution impriment à une maladie les variétés de Tâge, 
du sexe, du tempérament et du climat ; de ces différences 
de réaction des organismes humains contre une même 
cause morbide, quel médecin observateur n'a pas été 
frappé et n'a pas cherché, par tous les moyens, à adapter 
son traitement aux variétés morbides personnelles. Dans 
un même climat, les maladies peuvent différer d'aspect^ 
d'évolution, exiger des traitements différents, suivant les 
localités où elles sont observées ; la médecine est locale, a 
pu dire le docteur Coutenot, et cette formule aphoristique, 
fruit de ses observations, est d'une vérité incontestable 
pour les cliniciens; elle trouve sa justification, en particu- 
lier, dans les caractères de plusieurs maladies observées 
dans notre province. 

Mais le docteur Coutenot ne voit pas dans la médecine 
que l'art de guérir ; à côlé de son rôle charitable, il con- 
naît le rôle moral et religieux du médecin chrétien; s'il est 
un homme de science, il est aussi un homme de foi, et 
quand il a vu la science échouer dans la lutte entreprise 
contre la maladie, quand il lui arrive, comme si souvent à 
tout médecin, d'être mandé auprès d'un moribond chez qui 
tout signe d'intelligence fait défaut, tout phénomène de 
conscience paraît aboli, il se demande si tout est fini de 
ce moribond, ou si seulement ce sont des voiles qui obs- 
curcissent ces foyers des lumières intellectuelles et mo- 
rales de l'homme ; quand le dernier soupir est exhalé, il 
se demande s'il ne reste plus rien déjà de l'union de ces 
deux éléments, corps et âme, fusionnés pour constituer la 
nature humaine ; il ne peut accepter que la vie tout entière 



\ 



- 52 - 
s'éteigne si promptement; il réserve son avis, et s'indigne 
même quand il voit trancher facilement, par des gens 
graves, mais insuffisamment autorisés, cette question dif- 
ficile entre toutes; c'est avec empressement qu'il consigne 
dans ses notes l'avis compétent de Brown Séquard (C. R. 
Ac. Se, 1886), à savoirquela rigidité du cadavre est encore, 
par certains côtés, un acte de vie; que les muscles restent 
encore vivants, se contractent et se relâchent alternative- 
ment un grand nombre de fois avant la putréfaction, seul 
signe incontestable d'une mort certaine ; c'est avec en- 
thousiasme qu'il accueille la très précieuse découverte du 
docteur Laborde, montrant que, par des tractions ryth- 
mées de la langue, il est possible, dans des cas nombreux 
et graves, de ramener à la vie des noyés, des asphyxiés, 
des empoisonnés, des blessés chez qui la vie, supprimée 
en apparence, n'était que suspendue et n'attendait que la 
production d'un mouvement respiratoire par une excita- 
tion réflexe pour ranimer un malheureux qui, faute de 
cette excitation parles tractions rythmées, allait à un tré- 
pas certain. 

Combien de temps la vie qui parait en réserve, en som- 
meil dans le centre bulbaire, pourra-l-elle persister? Au 
bout de combien de temps les excitations réflexes devien- 
dront-elles impuissantes à réveiller l'action du bulbe et la 
mort sera-t-elle consommée? Est-ce une heure, deux 
heures, trois heures même après une immersion dans 
l'eau, une asphyxie par les gaz toxiques, que la vie aura 
cessé ? Autant de questions posées par le savant et laissées 
sans réponse certaine, autant de situations extrêmes dans 
lesquelles, le doute profitant à la victime de l'accident, le 
prêtre devra, sous condition, administrer des secours 
religieux, pendant que le médecin cherchera, par des trac- 
tions rythmées et les autres moyens employés antérieu- 
rement, à stimuler le bulbe et à réveiller les mouvements 
respiratoires. Le docteur Coulenot nous a donné le très 



- 53- 

émouvant récit d'un de ces cas où, par l'emploi des trac- 
tions rythmées, il a pu rendre à une jeune fille considérée 
comme morte de méningite quelques mouvements respi- 
ratoires, coïncidant avec un retour de quelque coloration 
de la face et de quelque apparence de vie. 

11 distingue, dans un autre travail, les cas où la mort 
survient par suite d'extinction progressive de la vie, 
comme dans les cas de maladies épuisantes ; dans ces 
cas, le retour des fonctions extérieures par les tractions 
rythmées n'est que partiel, momentané, mais utilisable 
cependant pour l'administration des secours religieux ; et, 
d'autre part, les cas où la mort apparente n'est qu'une 
suspension de la vie, comme dans les cas de morts su- 
bites et imprévues, dans les submersions, les syncopes, les 
asphyxies, les congestions, hémorragies, schocks trauma- 
tiques, etc.; et, dans ces cas^ un retour total de la vie 
est possible après une, deux et même trois heures de 
manœuvres capables d'exciter l'action des nerfs de la res- 
piration. 

Dans cette étude de la mort apparente, le docteur Gou- 
tenot avait trouvé aux tendances religieuses de son esprit 
une satisfaction qu'il devait chercher encore dans l'étude 
de sujets qui confinent à la science et à la religion. Il 
n'avait qu'ébauché un travail sur le coup de lance donné 
au Christ en croix par un soldat romain; mais nous avons 
de lui un travail sur la sueur de sang du Christ au jardin 
des Oliviers; cette question a occupé, depuis plusieurs 
siècles, l'attention des théologiens et des savants, et ré- 
cemment encore, elle a été soulevée avec une certaine 
animation; cette sueur de sang du Christ est-elle un fait 
naturel ou relève-t-elle du miracle ? Les médecins ont bien 
pu, dans une longue pratique, observer quelques cas bien 
rares de sueurs de sang, mais localisées en des régions 
spéciales du corps, et dans des cas morbides bien particu- 
liers ; ces faits n'ont rien que de naturel, quoique déjà ils 



— 54 — 

soient bien rares et extraordinaires; mais que penser 
d'une sueur de sang étendue à toute la surface du corps et 
assez abondante, comme celle du Christ, d'après le récit 
é va ngélique, pour ruisseler sur le sol? Contraste étrange 
et bien fait pour montrer la liberté laissée aux catholiques 
dans les questions en dehors de la foi, ce sont les théo- 
logiens, aussi bien les anciens (Suarez, Cajétan, Be- 
noît XIV, etc.) que les modernes (P. Coconnier, etc.), qui 
voient dans la sueur de sang du Christ un phénomène 
naturel, tandis que les médecins chrétiens (docteur Surbled, 
docteur Imbert-Gourbeyre, etc.) en affirment le caractère 
miraculeux : pour le docteur Coutenot, t la sueur de sang 
f du Christ est un fait unique dans l'histoire ; il n'appar- 
< tient pas à la science.... et tient à la fois de la nature, 
€ du mystère et du miracle. » 

C'était à de semblables travaux médicaux et juxta-médi- 
caux que notre confrère avait formé le projet de consacrer 
les années d'une retraite qu'il voulait studieuse ; les maté- 
riaux accumulés par lui durant sa longue pratique hospi- 
talière et urbaine étaient abondants, recueillis avec soin, 
classés avec méthode. Nous aurions eu de notre confrère, 
si le temps lui en eût été laissé, une sorte de testament 
médical dans lequel,, après un inventaire des théories 
médicales, des observations, des médicaments, il les aurait 
passés au crible de sa critique autorisée et de son expé- 
rience, les aurait soumis au contrôle de la clinique, juge 
en dernier ressort de toutes les questions de la médecine, 
et nous aurait indiqué ce qui devait être conservé de ces 
théories, de ces faits, de ces remèdes, au milieu du conflit 
d'opinions qui est le propre de ce temps. 

Cette manière de testament eût été d'autant plus inté- 
ressant pour nous que le docteur Coutenot avait eu la 
bonne fortune de vivre de la vie pratique médicale, au 
milieu des doctrines médicales les plus diverses; il était 
entré dans la carrière au moment où la doctrine physiolo- 



— 55 — 

gique de Broussais régnait encore en maîtresse, puisque 
Bouillaud la propageait, et que la thèse de notre confrère 
était consacrée à l'étude de la saignée, grand et presque 
unique remède d'une école qui ne voyait partout qu'irrita- 
tion et inflammation ; puis il avait assisté, dans le cours 
du XIX* siècle, aux progrès d'une école qui, se confinant 
dans l'étude des organes considérés isolément, abstraction 
faite des liens sympathiques qui les unissent, et de l'im- 
pulsion commune qu'ils reçoivent, ne voient dans le jeu 
des organes que des actes dus à l'exercice des forces phy- 
sico-chimiques ; puis, dans le dernier quart de ce siècle, 
il a assisté aux merveilleuses découvertes de Pasteur, 
dont l'application en chirurgie a ravi à la mort un nombre 
considérable de blessés et d'opérés, et dont l'emploi en 
médecine a donné de non moins précieux résultats ; grâce 
aux doctrines pastoriennes, en effet, n'avons-nous pas vu 
l'hygiène s'établir sur des bases désormais inébranlables, 
le nombre des maladies infectieuses diminuer tous les 
jours, et la thérapeutique faire la conquête simultanée de 
moyens à la fois préventifs et curatifs contre les fléaux les 
plus redoutables à l'espèce humaine ? Le docteur Coutenot 
arrivait à la vieillesse au moment où la science confirmait, 
aux lumières éclatantes de l'observation et de l'expérience, 
les croyances médicales de sa jeunesse, au moment où 
l'édifice de la médecine traditionnelle hippocratique, élevé 
par les observateurs de tous les siècles, était définitive- 
ment consolidé par l'expérience scientifique des savants 
de laboratoire. 

Si le docteur Coutenot a toujours été passionnément 
épris des choses de la médecine, s'il a cherché toujours à 
faire profiter l'art qu'il exerçait des découvertes de la 
science, il a toujours eu pour sa petite patrie provinciale, 
la Franche-Comté, pour ses grands hommes, un culte 
filial, et sa gratitude envers les maîtres de sa jeunesse, 
envers ses prédécesseurs dans sa chaire de médecine, 



-56- 

nous onl valu des œuvres biographiques pleines d'intérêt. 
C'est d'abord la biographie du professeur Rougnon, pro- 
fesseur de médecine à l'Université de Besançon, créateur, 
au xvni* siècle, d'un type clinique qui, depuis, a fait beau- 
coup et peu avantageusement parler de lui, j'ai nommé 
l'angine de poitrine, étudiée à Besançon par Rougnon en 
même temps que par Heberden en Ecosse (1769); dans 
cette biographie, nous trouvons un aperçu très bien or- 
donné de la médecine du xviii® siècle en France, à Besan- 
çon en particulier, et une intéressante analyse des œuvres 
de ce grand médecin ; — c'est ensuite l'éloge du profes- 
seur Sanderet, si parfait de forme et si rempli de mots 
heureux ; puis la notice si concise, mais si substantielle, 
consacrée à un médecin dont la mémoire est particulière- 
ment chère à l'auteur de ces lignes, au docteur Bergeret 
(d'Arbois); puis, laissant de côté et médecine et médecins, 
le docteur Coutenot est tenté par une des grandes figures 
de l'épiscopat français au dernier siècle; il est vrai que 
cette Éminence vécut nombre d'années avec son médecin 
sur le pied d'une affectueuse confiance, grâce à laquelle ce 
dernier a pu nous donner les si intéressants souvenirs du 
cardinal Mathieu, d'illustre mémoire. 

Ces portraits tracés avec tant de vérité, dans un style 
qui a quelque chose de tout à fait personnel à cause du 
choix des expressions et du tour particulier et original de 
la phrase, nous font regretter que le temps n'ait pas été 
donné à notre confrère de faire revivre à nos yeux la 
figure d'un savant professeur et chimiste, le pharmacien 
Desfosses, inventeur de la solanine, et dont le docteur 
Coutenot avait été autrefois le préparateur, et aussi celle 
d'un autre maître, le professeur Villard, qui avait pratiqué 
et professé avec un certain éclat l'obstétrique à Besançon. 
Ces biographies, dont je retrouve quelques linéaments 
dans les notes de notre confrère, auraient eu leur place 
marquée dans les recueils de l'Académie, dans lesquels 



— 57 - 

nous retrouvons le discours de réception prononcé par le 
docteur Coutenol, dans Tannée qui suivit son élection, en 
1881. Le choix du sujet de ce discours est significatif; 
c'était bien là le discours qu'il fallait attendre d'un homme 
tel que le docteur Coutenot; une étude du cœur humain 
dans ses manifestations d'indépendance fonctionnelle et de 
dépendance morale s'était, en quelque sorte, imposée au 
choix de cet excellent praticien, en qui vivait une de ces 
âmes tendres et courageuses qui sont, d'après lui, la carac- 
téristique de l'homme de cœur ; nul n'était mieux qualifié 
que lui pour parler, en termes éloquents et vrais, des 
répercussions du cœur moral sur le cœur physique, pour 
nous montrer, après Claude Bernard, qu'il n'y a pas con- 
tradiction entre les données scientifiques et le langage 
populaire, quand il veut exprimer les sensations éprou- 
vées du côté du cœur, et pour nous donner la clef de ces 
f altérations incurables observées dans la matière et les 
« forces du cœur, à la suite des ébranlements passionnels 
f trop vifs et trop répétés. » 

A ces études spéculatives, à ces travaux professionnels, 
le docteur Coutenot avait usé ses forces, sans épuiser son 
courage, et le moment de la retraite était venu pour lui; 
l'heure de la retraite et du recueillement, mais non de 
l'inaction, du repos oisif, car, pour un homme de son 
caractère et de sa trempe morale, les jouissances et les 
soins de la famille pouvaient avoir désormais une large 
part dans les jours de sa vieillesse, mais il entendait bien 
aussi réserver une part de son temps aux études que, 
comme tous les médecins très recherchés, il avait toujours 
projeté d'achever ou de mettre au point, sans que jamais 
sa clientèle si nombreuse et si choisie lui en eût laissé le 
temps. 

Pour sa famille, quelle tendresse de père ! quelle affec- 
tueuse vénération pour la si digne compagne de sa vie ! 
avec quelle intensité son cœur aimant vibrait sous l'in- 



- 58 - 

fluence des joies du foyer ! quel ébranlement violent lui 
procuraient les peines inséparables delà vie de famille! 

Hélas ! le docteur Coutenot connut dans sa vieillesse, qu'il 
avait entrevue calme, recueillie, studieuse, plus de deuils 
que de joies, et il eut la douleur de voir disparaître du foyer 
un grand nombre des êtres qui lui étaient le plus chers. 

Mais la tendresse paternelle et conjugale n'exclut pas le 
courage, et nul ne réalisa plus parfaitement l'union de 
ces deux qualités essentielles de l'homme de cœur; sa foi 
vive et sincère lui donna la force de supporter sans défail- 
lir les épreuves qui auraient brisé tous les ressorts mo- 
raux d'un homme autre que lui; blessé profondément 
dans l'intime de ses affections, mais non abattu, il reprit 
ses travaux favoris et les continua jusqu'au jour où il se 
trouva lui-même et presque subitement aux prises avec la 
maladie; il fut implacable, ce mal, qui mit à l'épreuve la 
plus cruelle sans les épuiser sa douceur, sa patience, sa 
résignation, et auquel il succomba sans avoir jamais laissé 
paraître aucune faiblesse, le crucifix dans les mains, l'œil 
fixé vers le ciel où l'attendait Celui à l'exemple duquel il 
avait aimé et servi surtout les pauvres. 

Ses obsèques furent suivies par la foule nombreuse et 
attristée de tous ceux qui avaient conservé de son dévoue- 
ment, de sa science, de sa charité, un souvenir reconnais- 
sant ; toutes les classes de la société étaient représentées 
dans le cortège funèbre formé autour de la dépouille mor- 
telle de cet homme de bien ; les déshérités de la fortune, 
les congrégations religieuses, dont il avait été toujours le 
médecin, le conseiller et l'ami, y occupaient une place 
d'honneur ; ce vaillant chrétien n'avait rien voulu de la 
pompe habituelle des cérémonies funèbres ; à ces obsè- 
ques où la nature elle-même semblait avoir pris le deuil, 
les prières de ses clients, les larmes de ses amis, tenaient 
place des discours et des fleurs, dont il avait refusé l'éta- 
lage vain à ses yeux. 



- 59 — 

De fait, la pompe extérieure était inutile pour honorer 
le bon chrétien, le charitable médecin, dont la vie, toute 
de dévouement et d'honneur, restera la gloire de notre 
corporation médicale bisontine. 

N'est-ce pas de ce confrère qui a passé sa vie en faisant 
le bien, qui a donné toujours à la médecine morale, à la 
thérapeutique par les moyens moraux, une place grande 
et légitime dans son action sur les maladies, qu'il est 
permis de dire qu'il a élevé sa profession à la hauteur 
d'un véritable sacerdoce? 

L'Académie, qu'il a honorée par la haute dignité de sa 
vie, conservera pieusement le souvenir de cet homme de 
science, de cœur et de foi que fut le docteur Coutenot. 



NOTICE 

SUR 

M. ALBERT MALLIÉ: 

SECRÉTAIRE PERPÉTUEL 
Par M. Léonce PINGAUD 

SECRÉTAIRE PERPÉTUEL HONORAIRE 



(Séance du 29 mai 1903) 



11 y a deux ans passés, lorsque TAcadémie était appelée 
à choisir son secrétaire perpétuel, on disait parmi nous : 
Certes, la fonction est difficile à remplir; elle implique 
charge d*âmes, selon le mol de Tabbé Besson, et en tout 
cas, nous devons souhaiter chez son titulaire tout un en- 
semble de qualités : d'abord l'intelligence générale de ce 
qui fait l'objet de nos travaux, les sciences, les belles- 
lettres, les arts, puis la connaissance de nos usages, de 
notre ménage intérieur, de façon à assurer, avec la 
continuité du travail, le respect des précédents, Tinlerpré- 
talion libérale du règlement, l'esprit de concorde et d'es- 
time mutuelle. Si le secrétaire nous apporte en outre 
l'autorité qu'il peut puiser dans ses origines et ses 
traditions de famille, qu'aurons-nous à désirer de plus? 

Quelque temps après, au bas de ce portrait idéal, la 
grande majorité d'entre nous inscrivait un nom, celui 



«k 



— 61 - 

d'Alberl Mallié. Bien que celui qui le perlait nous ait été 
presque aussitôt enlevé, vous ne douterez pas, en repas- 
sant nos communs souvenirs, de la parfaite convenance 
entre riiomme que vous aviez choisi et les fonctions qu'il 
tenait de vos suffrages. 

M. Mallié (Marie-Joseph-Charles-Albert) était né à Be- 
sançon le 8 avril 1841. 11 appartenait à une famille origi- 
naire du Lyonnais; mais il a pu rappeler, en arrivant au 
milieu de vous, les liens qui le rattachaient à notre pays, 
en invoquant deux mémoires estimées et honorées, celles 
de son aïeul et de son oncle, tous deux membres de 
l'Académie et maires delà ville de 1832 à 1848. 11 com- 
mença ses études au collège Saint-François-Xavier, et les 
acheva à Paris chez les Jésuites de Vaugirard. Après avoir 
fait son droit, il revint dans sa ville natale, où devait le 
fixer un heureux mariage, ainsi que sa nomination comme 
juge suppléant au tribunal (juin 1870). Démissionnaire 
en 1876, il se consacra tant à élever sa nombreuse famille 
qu'à servir librement des causes dont ses plus chères 
convictions l'appelaient à devenir le défenseur et l'apôtre. 
11 donna donc dès lors son concours assidu aux œuvres 
qui, par l'exercice de la charité ou la diffusion de l'ensei- 
gnement, secondent l'action nécessaire et salutaire de la 
religion dans la société. 

De plus, il était, par ses instincts comme par son édu- 
cation, un esprit droit, ouvert, épris de tout ce qui peut, 
par la culture du beau, accroître l'empire du bien et du 
vrai. Ceux qui l'ont fréquenté savent à quel point il aimait, 
jusque dans sa conversation, au lieu d'effleurer les idées, 
les approfondir, en épuiser le développement au cours d'une 
discussion courtoise, parfois subtile, souvent féconde. 
Écrivain, il a très peu travaillé pour la publicité. Quelques 
articles insérés dans les Annales franc-comtoises, c'est 
tout ce qu'il a laissé imprimer de son vivant, avant son 
entrée à l'Académie. 11 n'en aimait pas moins à traduire. 



^] 



pour sa satisfaction personnelle ou dans le cercle intime 
de la famille et de l'amitié, ses sentiments, ses impres- 
sions, en un mot, ce qui^ dans Thomme, exalte la partie 
divine de son être. Une lecture qui avait frappé son esprit, 
un aspect inattendu et imposant de la nature extérieure 
servaient facilement de thème à sa verve admirative ou 
critique. 11 explorait ainsi la plume à la main, un peu à 
l'aventure, tous les domaines et accroissait en lui la 
somme de connaissances et de croyances qui constitue la 
principale richesse de l'homme en ce monde. 

Les études religieuses ont d'abord attiré ce fervent et 
solide chrétien, car il s'est essayé pour ses débuts d'écrivain 
à discuter la fameuse Vie de Jésus de Renan, et plus tard 
il s'initiait, à la suite de l'abbé de Broglie, aux problèmes 
que soulève cette science nouvelle qu'on appelle l'histoire 
comparée des religions. Dans le domaine des sciences, il 
explorait principalement celles qui unissent aujourd'hui 
dans leurs préoccupations les économistes et les politiques 
et ont trait à l'amélioration du sort des faibles et des pe- 
tits. Qu'il s'agit du travail agricole ou de l'influence du 
luxe sur les mœurs, de l'instruction publique ou de la 
colonisation, il s'était fait sur ces questions mieux qu'une 
opinion de commande, c'est-à-dire une conviction mûrie, 
raisonnée, appuyée sur des recherches et des autorités 
sérieuses. Disciple de Le Play, il poursuivait l'application 
des idées réformatrices de ce grand esprit, notamment de 
celle qui attribue une portée sociale de premier ordre à la 
loi du repos dominical. Aussi devait-il être, à Besançon, 
l'organisateur et le président de la Ligue populaire pour 
le repos du dimanche; et cette Ligue, représentée par un 
membre de son bureau central, lui a témoigné sur place, 
quelques mois avant sa mort, le cas qu'elle faisait de son 
zèle et de ses services. 
Des lettres proprement dites, il s'occupait aussi velou- 
rs. Bien entendu, s'il goûtait la fiction romanesque ou 



- 63 — 

poétique, c'était à condition qu'elle joignit au charme delà 
forme un fond sérieux d'idées et une haute valeur mo- 
rale. Il se laissait aller à analyser telle ou telle œuvre, 
séduisante de forme et de couleurs, de d'Annunzio, mais 
pour en mesurer aussitôt le danger, et VÉtape de Paul 
Bourget a été une de ses dernières et de ses plus vives 
admirations. Quant à la poésie, il en usait à huis clos, pour 
voiler et montrer à demi les pensées que lui suggéraient 
les événements, les anniversaires heureux ou douloureux 
de sa vie domestique. Quelquefois, à la campagne, au mi- 
lieu des montagnes et des bois, ses impressions solitaires 
se fixaient dans son esprit sous une forme rythmée, té- 
moin ce sonnet écrit un soir d'automne, le lendemain du 
jour des Morts, où il note comme à regret, d'un trait 
rapide, le rapprochement que la saison éveille en lui entre 
la chute des feuilles et la fuite des ans : 

Adieu, zéphyrs et flenrs de la saison jolie I 

Un souffle de tempête assombrit l'horizon, 

Gronde sous les grands bois ; et l'homme en sa maison 

Se renferme à regret, pris de mélancolie. 

Là, tandis qu'au foyer flambera le tison, 
Il verra de la vitre où sa tête s'appuie, 
Hacher par la rafale un lourd rideau de pluie, 
Et l'hiver menaçant va murer sa prison. 

Si l'été n'emportait que les claires journées ! 
Mais avec les saisons s'envolent les années. 
Pendant six nouveaux mois, grande nuit, petit jour. 

Que ne peut-on, voyant partir les hirondelles, 
Quand le soleil chez nous ne fait plus long séjour, 
Vers les plages d'azur suivre les infidèles I 

En face de la nature, les mystères d'un lointain passé 
comme les accidents de l'heure présente avaient le don 
de rémouvoir. Un jour, appelé à Jersey par un devoir de 
famille, il est saisi par le spectacle de ce petit monde 
anglo-normand qui a vécu longtemps immobile dans ses 
vieux cadres politiques et sociaux, fidèle à sa langue et 



— 64 ~ 

qui commence à se décomposer sous la lente action de la 
domination britannique; alors, complétant par ses obser- 
vations personnelles les données de Thistoire, il se de- 
mande, pèse et démêle pour son instruction les raisons 
complexes de cette étrange destinée. Un autre jour, en 
novembre 1892, à la faveur de Tété de la Saint-Martin, 
parcourant les promenades publiques de Besançon, il leur 
découvre un charme inattendu, ressuscite une à une les 
figures ou les choses mortes dont ces lieux ont été té- 
moins, se rend compte des transformations subies au 
cours des siècles écoulés. Enfin de ce chalet des monta- 
gnes où il passe la belle saison, en pays neuchâtelois, il 
jette un regard plus curieux sur le pays qui Tentoure, 
interroge ses annales à Tépoque où la France, représen- 
tée par Napoléon, le façonnait à son empreinte; puis, à 
Taide des éléments recueillis tant à Besançon qu*à Neu- 
châtel, il recompose à son usage un chapitre peu connu 
de notre histoire régionale. 

Amateur en toutes choses, il Tétait avec prédilection en 
ce qui concerne les beaux-arts. Non seulement il se plai- 
sait à être entouré de tableaux et de livres de choix, à 
parcourir les recueils où les divers procédés de la gravure 
vulgarisent les chefs-d'œuvre des maîtres; mais, pour 
fixer ses connaissances et ses préférences, il refaisait Tin- 
ven taire de l'art français au xix® siècle, et il y donnait, 
bien entendu, une place de choix à son compatriote d'ori- 
gine, Hippolyte Flandrin, l'interprète par excellence de 
l'Ancien et du Nouveau Testament. A Besançon, il s'inté- 
ressait aux entreprises où le souci du beau entre pour 
quelque chose ; nous en avons pour preuve sa collabora- 
tion aux travaux de la Société des amis des beaux-arts. 11 
fit constamment partie du conseil de cette Société et y 
exerça, pendant plusieurs années, les fonctions de vice- 
président. 

En 1896, il y lut, à l'occasion du projet de construction 



-65- 

d'un nouvel hôtel de ville, un rapport proposant l'envoi à 
la municipalité d*une pétition tendant à la conservation 
de l'ancien édifice. D'après lui, ce dernier monument, 
d'un style où se confondent les deux influences flamande 
et florentine, méritait non seulement d*èlre restauré, mais 
complété dans sa partie supérieure et couronné d*un cam- 
panile. 11 émettait en même temps le vœu d'un concours 
entre les architectes et les dessinateurs franc- comtois 
pour l'étude des moyens propres à réaliser ce projet. Ce 
concours, dont il avait contribué à régler le programme, 
ne donna que des résultats insuffisants. Du moins, la péti- 
tion envoyée à la municipalité réussit, car Tidée de la 
démolition de Thôtel de ville fut définitivement écartée par 
le conseil, grâce au partage des voix et au suffrage pré- 
pondérant de M. le maire, académicien-né. 

Quelques mois auparavant (10 février), TAcadémie avait 
inscrit M. Mallié parmi ses associés résidants. 11 paya heu- 
reusement et promptement son tribut à la compagnie, 
d'abord par son discours de réception sur le mouvement 
artistique à Besançon au xix® siècle ; puis, par sa disserta- 
tion sur Fart décoratif, celui qu'on appelle spécialement 
art nouveau, où, avec sa répugnance instinctive pour tout 
ce qui affecte le mépris de la tradition, il ne voulait voir 
qu't une sorte de floraison sur une tige déjà ancienne; » 
enfin, par sa pièce de vers Les astres témoins^ écho mélo- 
dieux de la note spirilualiste et religieuse qui a jadis 
charmé les lecteurs de Lamartine. Ces œuvres annon- 
çaient en lui des aptitudes variées que l'Académie voulut 
reconnaître et mettre à profil; elle lui conféra, le 20 dé- 
cembre 1900, les fonctions de secrétaire perpétuel. 11 les 
avait acceptées avec une grande défiance de lui-même; il 
les remplit trop peu de temps, avec un zèle qui s'étendait 
à tout, jusqu'à la maladie qui le tint près d'un an éloi- 
gné de nos séances et finit par le terrasser d'un coup sou- 
dain, à sa campagne du Chauffaud, le 30 août 1902. 

▲NNÉB 1903. 5 



— 66 - 

En 1861, à l'époque où M. Mallié avait vingt ans» un 
aimable écrivain qui vient de mourir presque centenaire, 
Ernest Legouvé, caractérisait ainsi, dans la préface d'une 
de ses pièces, la vie idéale sur laquelle notre secrétaire 
perpétuel avait sans effort modelé la sienne : < Qui de 
nous n'a rencontré quelqu'une de ces natures heureuses 
et ouvertes à tout, que la multiplicité même de leurs goûts 
et de leurs aptitudes rend impropres à la constance d'un 
état unique..., qui vont, qu'on me pardonne ce mot, flâv 
nant dans les professions de tout le monde pour en cueil- 
lir la fleur, pour encourager ceux qui les exercent et qui, 
dans notre ardente société où l'on ne voit que lutte, tra- 
vail, rivalité, production, représentent, eux, la sympathie, 
la jouissance, l'enthousiasme, le goût. L'Évangile a dit : 
Les lis ne filent pas, les lis ne travaillent pas, et cepen- 
dant quels rois de la terre sont plus splendidement vêtus 
qu'eux?.... Conduits par une transition naturelle de l'amour 
du beau à l'amour du bien, (ils) en arrivent par degrés à 
s'apitoyer sur tout ce qui souffre, comme ils s'enthousias- 
ment sur tout ce qui brille et s'élèvent peu à peu dans ces 
hautes régions du monde moral où n'arrivent guère que 
les âmes qui ont pour seul objet d'admirer et d'aimer ! » 



LA 

PRINCIPAUTÉ DE NEUGHATEL 

sous LE MARÉCHAL BERTHIER 

(l80e-1814) 
Par M. Albert MALLIÉ 

SBORÉTAIRE PERPETUEL 



(Séances des 19 février et 19 mars 1903) (i) 



La haute chaîne du Jura, qui sépare la France de la 
Suisse, malgré la puissante barrière qu'elle élève entre les 
deux pays, n'a jamais fait obstacle aux nombreuses rela- 
tions politiques et commerciales que leur voisinage a ren- 
dues nécessaires. La Franche-Comté est, de toutes nos 
provinces, celle dont les intérêts y ont été le plus souvent 
enjeu, et le canton de Neuchâtel, en particulier, se trouve 
être, de nos jours, celui avec lequel nos rapports sont le 
plus fréquents. Avec ce petit pays, les échanges des indus- 
tries sont aujourd'hui quotidiens; il est de fait le plus 
rapproché de nous, puisque le département du Doubs en 
marque la frontière sur une longueur d'environ cinquante- 



(1) Cette œuvre posthume de M. Albert Mallié a été présentée à l'A- 
cadémie par M. Pingaud. 



— 68 - 

cinq kilomètres ; on y parle notre langue, et, sans rap- 
peler la communauté probable d'origine, les Neuchâtelois 
peuvent lire dans leur histoire qu'autrefois leurs souve- 
rains voyaient régler l'ordre de leur succession par Toffî- 
cial de Besançon, Sans remonter si haut, on se souviendra 
qu'après Tannée néfaste qui vit sombrer avec le second 
Empire la puissance militaire de la France, notre dernière 
armée, épave de la suprême défaite, oubliée par le gou- 
vernement d'alors, vint se jeter sur le territoire de ce 
canton, où elle déposa ses armes et où elle trouva un 
refuge en même temps qu'une bienveillante hospitalité. 

Ces considérations permettront de prendre quelque in- 
térêt à l'étude que je me propose de faire sur une courte 
époque de l'histoire de l'État de Neuchâtel, en revenant 
d'un siècle en arrière, alors qu'il allait être donné en apa- 
nage à l'un des plus illustres et des plus heureux géné- 
raux du premier Empire, le maréchal Berthier. 



I. 



Ce fut, dans le cours des âges, un territoire des plus 
disputés que celui de Neuchâtel. Objet de compétitions 
ardentes, et n'ayant cependant subi que fort rarement les 
maux de la guerre, il a été soumis à bien des maîtres ; 
tout d'abord comté, puis principauté, il a vu se succéder 
plusieurs familles de souverains, avant de recouvrer sa 
pleine indépendance et de se faire admettre l'un des der- 
niers au nombre des vingt-deux cantons qui forment à 
présent la Confédération helvétique. Ce n'est pas qu'il pût 
jadis offrir de grandes ressources à ses possesseurs, mais 
ceux-ci attachaient de Timporlance à une situation avan- 
tageuse, en ce qu'elle commandait d'une part les défilés 
des montagnes, et qu'elle ouvrait de l'autre des commu- 
nications faciles d'un côté avec Bâle, de l'autre avec Berne 



et Fribourg. Cette contrée, habitée à Torigine par des 
lacustres, occupée ensuite par les Romains, puis conquise 
par les Burgondes, avait fait partie jusqu'en 1032 des deux 
royaumes de Bourgogne; elle avait vu naître Neuchàtel 
sous les rois rodolphiens, qui s*y étaient construit une 
demeure, et c*est comme héritier du dernier d'entre eux 
que l'empereur d'Allemagne, Conrad le Saiique, s'en em- 
para. Ce souverain constitua la région en comté, et le 
remit en fief à la maison de Fenis, originaire de Thun, 
dont les seigneurs fixèrent leur résidence à Neuchàtel et 
octroyèrent à la ville en 1214 sa première charte de fran- 
chises. Ils le possédèrent jusqu'à la fin du xiv^ siècle. Mais 
dans l'intervalle, en 1288, l'un d'eux, Rodolphe IV, avait 
remis Neuchàtel, fief direct de l'empire, à l'Empereur, qui 
l'inféoda à Jean de Chalon, et celui-ci le restitua à Ro- 
dolphe comme arrière-fief de l'empire. Telle est l'origine 
des droits de la maison de Chalon, qui devaient être invo- 
qués après plus de quatre siècles et sortir leur plein effet 
en faisant tomber la principauté aux mains du roi de 
Prusse en 1707. 

En vertu de cette suzeraineté, on voit un procureur des 
princes de Chalon former opposition au testament de la 
princesse Isabelle, morte sans enfants en 1395 ; mais ce 
ne fut que pour la forme. Le testament avait été ouvert 
par le bailli d'Aval en Franche-Comté ; il appelait à la 
succession la maison de Fribourg en Brisgau, et reçut une 
pleine exécution. D'ailleurs le comte de Neuchàtel, ayant 
épousé, en 1416, une fille de Jean IV de Chalon et de 
Marie, princesse d'Orange, réunit sur sa tête la qualité de 
vassal à celle de suzerain, et affermit ainsi le comté dans 
sa maison. 

Cinquante et un ans plus tard, cette seconde dynastie 
s'étant éteinte, nouveau procès de succession entre le 
prince d'Orange et Rodolphe de Hochberg, héritier par la 
ligne maternelle. L'official de Besançon fut appelé à le 



— 70 — 

trancher et se prononça en faveur de ce dernier; cette 
sentence fut confirmée par le pape. 

Les cours de France et d'Autriche cherchaient alors Tune 
et l'autre à captiver les Suisses, divisés par cette rivalité; 
la France l'emporta, et ce fut par un mariage que le comté 
de Neuchâtel passa à la maison d'Orléans-Longueville, qui 
devait le posséder pendant cent cinquante-quatre ans, et 
en pleine souveraineté après la mort de Philibert de Cha- 
lon. Si les comtes n'avaient plus alors à recevoir l'investi- 
ture du bailli d'Aval ou de l'official de Besançon, l'inter- 
vention autoritaire de Louis XIV devait s'y faire sentir à 
plusieurs reprises. Le comté était devenu principauté; 
cela n'empêcha pas l'héritage de tomber en quenouille. A 
la mort de la duchesse de Nemours, qui ne laissait pas 
d'enfants, quinze prétendants se présentèrent. Il est facile 
de concevoir quelles intrigues s'agitèrent autour des Étals 
assemblés à Neuchâtel et des magistrats chargés de vider 
une question aussi épineuse. Toujours est-il que le roi de 
Prusse, fils de Louise de Nassau-Orange, fut préféré à tous 
ses compétiteurs. Une sentence plus sentimentale que 
juridique le proclama légitime héritier des droits de Guil- 
laume, prince d'Orange, depuis roi d'Angleterre, succes- 
seur des comtes de Chalon, mort sans enfants en 170:2 ; 
en conséquence, le roi de Prusse fut reconnu, en 1707, 
prince de NeuchateL 

Un siècle se passe. La Révolution française a bouleversé 
le monde ; tous les trônes sont ébranlés : voici venir le 
grand conquérant qui a parcouru en vainqueur toute l'Eu- 
rope et qui disposait des couronnes. 



n. 



En 1803, par Pacte de médiation, le Premier Consul 
Bonaparte donna une organisation nouvelle à la Suisse, 



— 71 - 

que la victoire de Masséna à Zurich avait maintenue soUwS 
le joug de la France. Après Austerlitz, en 1808, la Prusse 
avait accepté le Hanovre contre Anspach, Clèves et Neu- 
châlel. L'empereur érige Neuchâtel en principauté et la 
donne au maréchal Berthier, qui prend le titre d'Altesse 
Sérénissime, prince et duc de Neuchâtel; il signe ses 
décrets : Alexandre, et l'empereur l'appelle : mon cousin. 
D'où lui venait cette haute faveur? 

Pierre-Alexandre Berthier, né à Versailles le 20 no- 
vembre 1783, était, à dix-sept ans, lieutenant au corps 
royal d'état-major. Capitaine en 1778 au régiment de 
Soissonnais, il passa en Amérique avec Rochambeau, et 
rentra en France avec le grade de colonel. En 1789, 
Louis XVI le nomma major général de la garde nationale 
de Versailles; il maintient l'ordre aux journées d'octobre, 
et quand, l'année suivante, il commande seul cette garde, 
il ne cesse de protéger la royauté. A la fin de 1791, il est 
élevé au grade d'adjudant général, et devient, un an après, 
chef d'état-major de Lûckner. A cette occasion, son géné- 
ral eut à le défendre des attaques portées contre lui à la 
Convention, et ses attaches royalistes faillirent le perdre. 
Mais après la mort du roi, il servit la république, fit des 
prodiges de valeur à la bataille de Saumur ; il fut envoyé à 
l'armée d'Italie, à la suite du 9 thermidor, comme chef 
d'état-major de Kellermann, puis de Bonaparte, comme 
général de division. C'est, dès lors, pour le jeune com- 
mandant en chef, le compagnon indispensable qui ne le 
quittera plus : il devient son confident et son ami. 

De cette époque datent sa faveur croissante et sa 
haute fortune. Les rapports au Directoire du général Bona- 
parte ne tarissent pas en éloges sur son compte. Dans sa 
lettre d'envoi du traité de Campo-Formio, il le proclame 
€ une des colonnes de la république ; l'histoire retracera 
ses services ; l'opinion de toute l'armée fondera ce témoi- 
gnage de l'histoire. » Et ailleurs : t Talent, activité, 



— 72 — 

courage, caractère, tout pour lui. » Il lui confie les mis- 
sions les plus honorables, lui laisse même le commande- 
ment en chef de Tarmée pendant son voyage à Rastatt, et 
le charge de proclamer auCapitole la république romaine, 
le 15 février 1798. 

Ici se place un intermède qui tint une grande place à 
cette époque dans la vie de Berthier, et faillit compromet- 
tre toute sa carrière; il en fut beaucoup parlé alors. Pen- 
dant son séjour en Lombardie, il avait rencontré M™® Vis- 
conti, qui lui avait inspiré une violente passion. 11 quitta 
Rome pour aller la rejoindre à Milan. En abandonnant le 
commandement de Tarmée, il renonçait à tout rôle politi- 
que et sacrifiait sa position. A son retour, Bonaparte traita 
cette aventure de feu de paille, et en partant pour l'expé- 
dition d'Egypte, il emmena Berthier. Celui-ci ne renonça 
pas pour autant à son culte, et l'on raconte que, dans le 
camp, auprès de sa tente, il avait élevé une sorte de cha- 
pelle avec le portrait de sa maîtresse, qu'il y passait des 
heures en contemplation, et qu'il y brûlait parfois de 
l'encens. Aussi, quand il fut question d'aller en Syrie, il 
déclara qu'il voulait rentrer en France ; sourd aux remon- 
trances, il fut plusieurs fois sur le point de se séparer de 
Bonaparte. Enfin, son devoir l'emporta sur son amour, et 
il revint en pleurant près de son général. On voit par là 
qu'il était bien de son temps où, par un singulier contraste, 
on dressait des autels aux cœurs sensibles à côté des 
prétoires meurtriers de la Terreur ou des champs de ba- 
taille. 

Bonaparte lui pardonna sans arrière-pensée ; plus tard 
même il récompensa par des faveurs éclatantes le sincère 
attachement dont il avait eu la preuve. Berlhier fut le 
premier delà promotion des dix-huit maréchaux créés par 
l'empereur en 1804. Déjà il avait reçu de lui le splendide 
cadeau de la terre de Grosbois, payée un million. En 1807, 
Napoléon lui fait contracter une alliance illustre dans des 



— 73 — 

circonstances qui valent d'être rapportées. L'empereur 
donnait audience à Paris au duc Guillaume de Bavière- 
Birkenfeld. Au cours de Tentretien, il dit brusquement au 
prince : « Vous savez, je marie votre fille. » Pris au dé- 
pourvu, Guillaume reste stupéfait. « Je la donne au 
maréchal prince de Neuchâlel, » ajoute l'empereur. Le 
saisissement du duc de Bavière fut tel qu'il faillit se trou- 
ver mal; mais il fallut bien consentir, et c'est ainsi qu'en 
épousant Marie-Élisabeth, Berthier entra dans une famille 
souveraine. On prétend que M°*« Visconli, devenue libre à 
cette époque, lui avait refusé sa main ; il avait cependant 
quelques droits de porter ses prétentions à la hauteur 
de sa constance. 

Avant son mariage, il avait reçu le titre de vice-conné- 
table. Au début de la campagne de 1809, il est nommé gé- 
néral en chef de l'armée d'Allemagne ; mais il ne la com- 
mande en réalité que peu de temps, et sans qu'une initia- 
tive complète lui soit laissée. Enfin, le 1.^ août de cette 
même année, à toutes les dignités qu'il lui avait déjà con- 
férées, l'empereur ajoute le titre de prince de Wagram, 
puis le charge, en 1810, d'aller demander à la cour de 
Vienne la main de l'archiduchesse Marie-Louise. Berthier 
était au comble des honneurs, et ses richesses n'étaient 
pas moindres. Napoléon disait de lui à Sainte-Hélène : t Je 
lui ai donné quarante millions. » Cette parole était-elle 
dite pour stigmatiser l'ingratitude, ou était-elle arrachée 
par l'amertume de la disgrâce? Toujours est il que ce 
grand favori devait en 1814, à Fontainebleau, quitter son 
empereur, se rallier aux Bourbons et, tout couvert qu'il 
était de l'hermine, des couronnes et des broderies impé- 
riales, oser se rendre à Compiègne devant Louis XVIII, 
pour y porter la parole au nom des maréchaux. 

Telles sont les principales étapes de celte brillante car- 
rière. Pour faire connaître l'homme, son caractère, son 
rôle actif, je ne saurais mieux faire que de reproduire ici 



— 74 - 

le portrait qu'en a tracé M. Bachelin, de Neuchâtel, dans 
la notice historique qu'il lui a consacrée, aussi intéres- 
sante que documentée, où il fait ressortir avec précision, 
avec un remarquable relief, la figure de notre personnage. 

€ Berthier résume le type le plus complet du chef d'état- 
major, et les généraux, ses collègues, ne le jugent pas 
autrement. Tous lui rendent justice, même ses ennemis; 
et Berthier en avait plus que personne ; n'accordant pas 
avec affabilité el refusant avec dureté, selon l'expression 
de Bourrienne, assez égoïste, brusque, tranchant; appelé 
par sa position à donner des ordres aux maréchaux, ses 
égaux, il n'eut pas le talent de se faire des amis. 

« De petite taille, mais doué de muscles d'acier, il endu- 
rait les nuits d'insomnie, les rigueurs du bivouac et toutes 
les intempéries des saisons sans se plaindre ; passant les 
jours à cheval, écrivant au débotté pour remonter à cheval 
ensuite, sans s'étonner en rien ni se douter même de sa 
force (on dit qu'il passa huit jours et huit nuits sans dor- 
mir). Complet dans sa spécialité, rouage admirable et 
nécessaire de cet édifice gigantesque de la Grande Armée 
dont il prépara toutes les campagnes, rédigea tous les 
ordres du jour et tous les bulletins, la trituration des com- 
binaisons militaires lui était devenue si familière, qu'il 
savait l'effectif de chaque corps, son aptitude spéciale et 
qu'il n'ordonnait sa mise en mouvement qu'à coup sûr. 

« Sa mémoire était prodigieuse; il rendait un compte 
exact d'un régiment, en expliquait la formation, la compo- 
sition, donnait les noms des officiers les plus inférieurs, 
indiquait les cantonnements et les munitions; c'était un 
effectif vivant que l'empereur consultait à coup sûr. Admi- 
rablement placé comme chef d'élat-major, il ne donnait 
son avis que lorsqu'il était consulté; s'effaçant toujours 
devant le génie du maître, il ne faisait qu'aider et complé- 
ter les grandes combinaisons de Napoléon, dont on l'avait 
surnommé le bras droit. Ce bras droit agissait, exécutait 



— 75 -" 

religieusement et ne cherchait pas à faire triompher ses 
opinions, dont il était sobre du reste; il n'inventait pas, 
mais il agissait vite et bien; il énonçait ses ordres nette- 
ment et brièvement et sortait du dédale des évolutions 
militaires les plus embrouillées avec une lucidité remar- 
quable. 

« Berthier était nécessaire à Napoléon, dont il compre- 
nait et saisissait la pensée; Napoléon Taimait, il avait 
l'habitude de son Berthier j il lui avait appris sa manière, 
et il pouvait dire de lui ce mot un peu brusque prononcé à 
Sainte-Hélène : « C'est moi qui en ai fait un aigle. » 

€ 11 ne cherchait pas à briller par l'esprit et la conver- 
sation; on l'accuse même d'une certaine lourdeur qui 
tenait sans doute à la brusquerie de son caractère peu 
enjoué; il avait en outre une prononciation désagréable 
qui lui nuisait comme homme de société. 

€ Plein de zèle et de déférence pour l'empereur, il était 
en revanche haulain avec ses collègues. S'il fut suscep- 
tible de grandes passions amoureuses, l'amitié n'était pas 
solide chez lui ; aussi devint-il odieux à tous les partis, et 
sa fin misérable parut-elle à chacun comme une juste 
rémunération. » 

Je dirai plus tard quelle fut cette fin. 

L'exposé qui précède, bien que dépassant un peu le 
cadre de cette étude, semble nécessaire pour se faire une 
opinion sur la personne de celui qui fut, pendant huit 
années, le souverain, plus nominal que réel, des Neuchâ- 
telois. 



111. 



On a vu à quelles conditions s'était fait l'échange de la 
principauté entre la France et la Prusse; il y a lieu main- 
tenant d'examiner les actes officiels qui accompagnèrent 
la cession, et les circonstances dans lesquelles elle fut 



— 76 — 

effectuée. Quand le roi Frédéric-Guillaume III était de- 
venu, en 1797, souverain de Neuchàtel, il avait prêté, 
comme ses prédécesseurs, le serment de conserver la 
principauté « dans toute son indépendance, inaliénabililé, 
indivisibilité, sans que lui ni ses successeurs pussent 
jamais la donner en apanage à aucun prince cadet, ni en 
fief ou arrière-fief à qui que ce soit, ni en quelque manière 
que ce pût être. » Or, avant de délier ses sujets de leur 
serment de fidélité, il commença par se délier du sien. Il 
est curieux de voir sur quels singuliers considérants il 
s'appuie, et de quels fallacieux prétextes il s'efforce de 
colorer une décision si injustifiable, que l'historien auquel 
j'emprunte ces détails n'hésite pas à la qualifier d'acte 
honteux qui eût dû déchirer à tout jamais les liens qui 
unissaient le peuple neuchàtelois aux princes prussiens. 

Dans le rescrit qu'il adressa, le 28 février 1806, à ses 
amés et féaux sujets, il expose que des considérations de 
la dernière importance ont rendu ce changement néces- 
saire; que celte résignation volontaire est préférable pour 
eux, attendu que la dislance où, par sa situation géogra- 
phique, leur pays se trouve du centre de ses États, ne lui 
permettant pas de le faire jouir d'une protection directe 
et suffisante, celle situation le faisait nécessairement 
dépendre de l'empire français, tant pour ses approvision- 
nements que par les relations de culture, de commerce et 
d'industrie; ce qui permet de penser que les liens plus 
étroits qui vont l'attacher à cet empire pourront devenir 
pour ses habitants une source de bien-être et de prospé- 
rité. II délègue comme commissaire royal le baron de 
Chambricr d'Oleyres pour opérer la remise des pouvoirs. 

A la réception de cette pièce si importante, le peuple ne 
fut pas consulté. C'est le conseil d'Étal qui se réunit et 
adresse une lettre au roi pour lui témoigner ses regrets 
sincères et sa profonde vénération. Celle lettre porte 
vingt et une signatures où l'on relève les noms de : de 



— 77 — 

Boyve, de Pury, d'Ivernois, de Sandoz, de MontmoUin, de 
Trîbolet, de Meuron, de Rougemont, de Marval, de Pour- 
lalès, de Chambrier. Le même jour (9 mars), les mêmes 
signataires envoient à l'empereur des Français une 
adresse inspirée par Tardent désir de lui être agréable, 
déposant au pied du trône le plus respectueux hommage 
de leurs concitoyens, dont le bonheur dépend désormais 
de la magnanime bienveillance de Sa Majesté, qu'ils assu- 
rent pareillement de leur profonde vénération. 

Est ce à dire que la population ne s*émut pas d'une 
transformation aussi brusque? Sans doute il n'y eut pas 
de protestation; la révolte eût été difficile; en outre, 
l'organisation politique des partis, le sentiment public, le 
goût de l'indépendance, avaient bien moins de vitalité 
qu'un siècle plus tôt. Les perturbations qui avaient boule- 
versé l'Europe, le prestige de la force triomphante, lais- 
saient dans les esprits l'impression de l'inévitable, plon- 
geaient les âmes dans une sorte d'inertie et de stupeur. A 
cela se mêlait peut-être aussi le pressentiment inconscient 
qu'il n'y avait là que du provisoire. Ce ne fut pas, au sur- 
plus, sans quelque difficulté et même sans de sérieux ma- 
laises que le nouveau régime fut établi. Mais ce qui con- 
tribua le plus à la pacification, ce fut la sagesse des dis- 
positions concertées pour la prise de possession, et ce 
résultat est dû à l'excellent choix qu'on fit pour l'effectuer 
du général de division Oudinot, futur duc de Reggio. 

Quand il reçut l'ordre d'occuper la principauté de Neu- 
chatel, il ramenait ses troupes harassées de fatigue après 
la victoire d'Austerlitz et par un hiver des plus rigoureux. 
C'est par le Locle et la Chaux-de-Fonds qu'il pénétra en 
Suisse; il y avait six pieds de neige, et les malheureux 
soldats grelottaient en plein air. — t Tiens, ce n'est que 
ça, les Français, » disaient quelques voix; mais cette pa- 
role fut relevée avec crânerie, en patois du pays, par un 
vieux sergent. 



^ 



— 78 - 
• Nus grenadiers, a écrit dans son Journal le général 
Kunliii doH Udoards, avançaient lentement sur une file, 
«'(îiifonnanl jusqu'au genou dans la neige et tombant fré- 
quiîuiuienl. Les chevaux avaient encore plus de peine ; 
|iluHlour8 ont été engloutis; d'autres se sont cassé les 
Jiuiibos. yuant à Tartillerie, on a fait des efforts inouïs 
pour lui faire franchir cette barrière; mais c'a été inutile- 
mont. Force a été de Tabandonner çà et là. Des pièces et 
doH calHsons ont été précipités, avec leur attelage, dans 
<hm gouffres d'où on ne pourra les retirer que dans trois 
ntoJH; le général Oudinot paraissait d'autant plus contra- 
riii (lo ce contretemps qu'il allait se montrer sans artille- 
rio dans un pays où il ne savait pas encore si nous serions 
rovw« 0" amis ou en ennemis. Voulant du moins être à 
mémo do faire usage, au besoin, des armes de son infan- 
tori<s 11 a fait mettre quelques caissons de cartouches sur 
doH traîneaux, et c'est tout ce qui a pu nous suivre d'un 
uuiloriei si considérable.... En approchant des frontières 
nouchùteloises, on a fait charger les armes de notre avant- 
garde et nous avons marché avec autant de précaution 
que le terrain et la neige le permettaient, incertains de 
la réception qui nous serait faite; mais bientôt on a vu 
arriver une députation chargée de nous assurer des dis- 
positions très pacifiques de la principauté, et la division a 
reçu ordre de se comporter comme en pays ami. La ma- 
nière dont nous ont accueillis les habitants de la Chaux- 
do-Fonds, chez lesquels nous avons passé la nuit, a été 
telle que cette députation nous l'avait annoncée. J'avoue 
qu'il est dur de ne devoir les empressements de l'hospita- 
lité qu'à la peur ou à la politique W. » 



(1) Lettre de Saint-Biaise, 26 mars 1806. 

Dans la lettre suivante du 19 avril, Fantin raconte Thospitalité qu'il 
a reçue à Saint-Biaise chez M. Bngnot, jadis consul de Hollande à Mar- 
seille, qui vivait là entre sa sœur octogénaire et sa nièce âgée de trente- 
deux ans. La première Ta pris pour partenaire au jeu de dames et lui a 



— 79 — 

Bientôt, en effet, la commisération fit taire les senti- 
ments de sourde hostilité, et triompha de l'indifférence. 
On offrit du vin aux pauvres troupiers, les habitants s'em- 
pressèrent de les loger; d'ailleurs, Oudinot se hâta de 
descendre à Neuchâlel, où il entra avec six mille hommes. 
11 prit possession le 18 mars, et le 22 eut lieu au château 
la remise solennelle, qui fut faite par M. de Chambrier au 
nom du roi de Prusse. Après le serment de fidélité à l'em- 
pereur, un grand festin fut donné et présidé par le général. 
11 avait, dans une proclamation, promis qu'il maintiendrait 
une rigoureuse discipline ; il tint parole, et s'attira promp- 
tement la sympathie des Neuchâtelois. 

Logé dans la maison du général de Meuron, au fau- 
bourg, près du lac, il y donne des dîners célèbres. Soldat 
enjoué, facile, il est partout bien reçu. On le voit se 
promener en fumant sa pipe, adresser familièrement 
la parole à ceux qu'il rencontre. En revanche, quand 
la licence apportée des camps, et les déprédations d'offi- 
ciers trop disposés à traiter la ville en pays conquis, 
commencent à indisposer la population, il réprime sévè- 
rement ces écarts. Oudinot commanda pendant sept mois, 
et le souvenir de son autorité à Neuchâlel est demeuré 
sans tache. Il fut très aimé et regretté à son départ. 

Quand il quitta le pays, le 23 septembre, la ville lui fit 
don d'une épée d'honneur, qui fut exécutée à Paris, et lui 
octroya le droit de bourgeoisie. 

Les lettres de grande bourgeoisie témoignent « l'atta- 
chement, la confiance et la reconnaissance » des habitants. 
Elles sont données pour c lui et ses perpétuels descen- 
dants, nés et à naître en loyal mariage, être et devoir être 
bourgeois internes et coutumiers de cette bonne ville de 



souvent parlé de Jean-Jacques Rousseau, qu*eUe avait beaucoup connu ; 
la seconde l'a présenté dans toutes les maisons du voisinage et Ta soi- 
gné pendant une maladie. 



- 80 - 

Neuchâlel, et participer à tous les biens, avantages, droits, 
franchises, libertés et privilèges.... » 

Oudinot, en recevant ces lettres, serra le parchemin sur 
son cœur, déclara qu'elles lui étaient très chères, et em- 
brassa individuellement tous les membres de la députa- 
tion. Une garde à cheval raccompagna jusqu'à la frontière. 
Il embrassa le vicomte d'Andrié, seigneur de Gorgier, qui 
la commandait : < Je viens, leur dit-il, de passer les six 
mois les plus heureux de ma vie. » Les cavaliers, agitant 
leurs sabres, répondirent : « Quand le général Oudinot 
reviendra, nous irons encore plus loin au-devant de lui. » 

Ce n'était pas la sympathie pour le régime nouveau et 
imposé qui inspirait ces manifestations, mais la recon- 
naissance envers un homme aimable, simple, en même 
temps rempli de prudence, de fermeté, de probité. Sa 
capote de bataille, sa grosse pipe de porcelaine, sa dé- 
marche un peu lente (car il avait déjà reçu vingt-deux 
blessures), qui laissait néanmoins sa taille droite et bien 
prise, sa physionomie loyale et fine et son grand air de 
bonté l'avaient rendu populaire. Le. portrait de ce gouver- 
neur de passage est ici bien à sa place, puisque le véri- 
table souverain ne se montra pas. 



IV. 



L'acte par lequel Napoléon transférait à son c cousin », 
le maréchal Berthier, la principauté de Neuchâtel, avec le 
titre de prince et duc de Neuchâtel, est daté des Tuileries, 
le 30 mars 1806 W. Aussitôt le conseil d'État de Neuchâtel 
voulut envoyer une adresse à Berthier, comme il s'était 

(1) Napoléon fut donc, en droit comme en fait, pendant un mois en- 
viron, prince de Neuchâtel. Aussi son portrait figure-t-il à son ranç, 
parmi ceux des souverains du pays, dans le Musée historique de la 
ville de Neuahâtel. 



-8l- 

erapressé d*en envoyer une à l'empereur W. Berthier y 
répondit de Munich, le 24 avril, et signa : « Le maréchal 
prince Alexandre, prince et duc de Neuchâlel et Valengin. » 
11 écrivait en même temps à Oudinot : c Parlez quelque- 
fois de moi aux habitants de Neuchâlel, du désir que j'ai 
de faire le bonheur d'un peuple dont je deviens et serai le 
père. » Gédéon Jarry, adjudant général, fut chargé 
de le représenter après le départ d*Oudinot, et ordonna 
un serment provisoire au prince le 7 octobre. La solennité 
eut lieu devant les milices du pays : ce serment est connu 
sous le nom de serment des bottes rouges, parce que Jarry, 
vêtu de l'uniforme de colonel de cavalerie légère, portait 
des boites de maroquin rouge. 

(le provisoire menaçait de durer longtemps, parce que 
le prince, toujours absent, se voyait retenu par les cam- 
pagnes ininterrompues et par ses multiples fonctions 
auprès de l'empereur. Son premier acte avait été de con- 
server l'administration soit civile, soit judiciaire, de la 
principauté, et de maintenir dans leurs fonctions tous les 
magistrats et officiers civils de justice et de police en 
activité ; c'était une heureuse inspiration. Il prit alors la 
détermination d'envoyer, en qualité de commissaire géné- 
ral et extraordinaire, M. François de Lespérut, membre du 
Corps législatif de l'empire français, et membre de la 
Légion d'honneur : c'est devant ce haut fonctionnaire 
qu'eut lieu la prestation solennelle des serments au prince. 

La cérémonie fut très imposante. Les salves d'artillerie 
résonnaient dès la matinée; deux mille hommes de troupes 



(1) La députation envoyée à Paris à Tempereur se composait de 
MM. de Ron^emont, procureur général ; de Sandoz-RoUin, secrétaire 
du conseil d'Etat ; de Sandoz-ïravers, châtelain de Thiele, et de Pour- 
talès, maire de BondeviUiers. 

Celle qui fut reçue par le maréchal, à Munich, comprenait : MM. de 
Pierre, maire de Neuchâtel, Aug. de MontmoUin, maire de Valengin, 
tous les deux conseillers d*État, et le lieutenant-colonel Perregaux. 
ANNÉE 1903. 6 



-82 — 

formaient la haie jusqu'au Temple Neuf décoré à Tintérieur 
de tentures bleues semées d'abeilles d'or; une estrade 
élevée au milieu du temple était surmontée des armes du 
prince (0; on y avait disposé sur une table, devant le 
fauteuil du commissaire général, le sceptre de la princi- 
pauté et le volume des Évangiles, et tout autour, les sièges 
des conseillers d'État. M. de Lespérul, précédé d'un cor- 
tège de sept cents fonctionnaires et d'une garde d'hon- 
neur à cheval, commandée par M. le vicomte d'Andrié, fut 
reçu à l'entrée du temple par le lieutenant-colonel Perre- 
gaux. Après un sermon du doyen des pasteurs, il lut la 
formule du serment, qui fut prêté par chaque membre des 
autorités civiles et militaires ; puis il prononça un discours 
vraiment paternel, et qui partait d'un bon et généreux 
cœur. 

Les historiens qui ont publié la relation de ces événe- 
ments et auxquels je me réfère sont citoyens du canton 
de Neuchâtel ; l'un d'eux au moins y a pris une part per- 
sonnelle; d'autres témoignages contemporains sont rap- 
portés. S'il y a quelques divergences de détail, tous s'ac- 
cordent pour louer l'attitude que sut prendre M. de Les- 
pérut, pour lui accorder leur sympathie, et cela, malgré 
leurs sentiments personnels nettement opposés au nou- 
veau régime. Plusieurs mesures, telles que l'abolition du 
droit de chasse, l'augmentation de certains impôts, la 
perte de quelques libertés, mécontentèrent la population. 
D'autres causes plus générales, il faut le croire, influèrent 
sur la situation économique ; ce n'est pas en tous cas de 
la confiance et de la prospérité que les écrits du temps 
nous ont laissé le tableau. 

Voici des extraits de la correspondance du baron de 
Sandoz-Rollin, ancien représentant du roi de Prusse à Pa- 

(1) Berthier blasonnait : d'or au pal de gueules chargé de trois che- 
vrons d'argent, au chef brochant d'azur à l'aigle de l'empire empiétant 
un foudre, le tout d'or. 



-83- 

ris. Il écrit en 1806 : t J*ai trouvé la disposition des esprits 
dans mon pays fort mutinée. Tout y est au surplus en 
consternation. La dissension est dans les familles comme 
dans les membres de la société. Ce que j'ai vu me confirme 
toujours davantage dans Tidée que je n'ai plus de pa- 
trie.... On ne chante plus, on ne danse plus à la saison 
des foins.... Ce pays offre un spectacle de tristesse qui 
m'est pénible. Le séjour continué des troupes, l'incerti- 
tude de l'arrivée du prince et l'incertitude de la constitu- 
tion future sont la cause de la stupeur qui règne ici.... 
M. de Lespérut est venu me surprendre dans ma petite 
solitude, où j'étais alors bien souffrant; il me comble 
d'amitié, mais il ne pourra pas réaliser ses promesses. » 

En 1807 : c Ce pays a bien changé en toutes choses I 
Les banqueroutes y sont multipliées et effrayantes, et 
l'argent y est d'une rareté extrême, i 

En 1808 : t Je viens de supprimer entièrement l'usage 
du café et du sucre, depuis que le prix en est monté à 
4 fr. 19 sous pour l'un, à 3 livres pour l'autre (*). » 

11 est vrai que M. de Sandoz-RoUin avait été privé d'une 
pension annuelle de 12,000 fr. que lui servait l'État prus- 
sien ; mais le prix des denrées est autrement significatif 
que les regrets du vieux diplomate. 

11 ne faut pas oublier que ce pays, malgré son organisa- 
lion féodale qui a duré jusqu'en 1848, avait joui depuis 
longtemps des franchises auxquelles il attachait un grand 
prix. La charte qui lui avait été accordée par Ulrich III 
est de l'an 1214, antérieure d'une année à la Grande Charte 
d'Angleterre; cet acte est resté le fondement de l'édifice 
social pendant plus de vingt générations. Les redevances 
servies aux souverains l'ont été en nature pendant des 
siècles ; elles consistaient en toile, chanvre, poules, plan- 
ches, huile, cire, beurre, fromage, fers de chevaux, sou- 

(1) Mtisée neuchàtelois, octobre 1867. Art. du docteur GuiUaume. 



— 84 — 

liers et jusqu'à des écuelles de bois ; il n'y avait que très 
peu d'argent versé, c'était donc un système d'impôt très 
paternel. Des modifications apportées coup sur coup à 
ces vieilles coutumes devaient amener un sérieux malaise. 
Il faut ajouter à cela les souffrances causées par les 
guerres continuelles. Cependant il est juste de constater 
que l'aggravation des impôts a eu pour résultat des amé- 
liorations durables, qui subsistent encore; et, chose re- 
marquable, dans cette courte période de 1806 à 1814, 
malgré les levées d'hommes et les vides qui se sont pro- 
duits, la population s'est augmentée de près de 2,000 ha- 
bitants. C'est maintenant le cas de présenter dans un 
tableau d'ensemble l'état de la principauté. 



La superficie totale de l'État de Neuchâtel était en 1806 
de 806 kilomètres carrés ; elle est aujourd'hui de 808, 
parce que, en 1814, la commune de Cerneux-Péquignol, 
et quelques parcelles de celle du Locle, ont été détachées 
du département du Doubs et réunies à la principauté (*). 
Il s'étend entre le Jura, le lac de Neuchâtel, l'extrémité du 
lac de Bienne, et a pour États limitrophes la France, le 
pays de Vaud,les cantons de Fribourg et de Berne. 11 élait 
divisé en 22 juridictions : 15 mairies, 4 châtellenies et 
3 seigneuries. La population totale était, en 1806, do 
48,737 habitants, et en 1814, de 50,497; elle en comprend 
aujourd'hui 125,000. 

Voici, d'une façon succincte, quels étaient, il y aura 
bientôt cent ans, les rouages du gouvernement. L'autorité 

(1) De grandes bornes en pierre, qui subsistent numérotées, portent 
gravée en creux la date de 1819, et montrent en relief sur une face, 
une ou trois grosses fleurs de lis, sur l'autre, Técusson de la princi- 
pauté. 



- 85 - 

du prince est absolue, c*esl en son nom que tous les pou- 
voirs sont exercés. Un gouverneur, qu'il choisit comme 
bon lui semble, est le chef de Tadministration. Tous les 
autres offices ne peuvent être conférés qu'à des Neuchâte- 
lois. 

Le gouverneur préside le conseil d'État, auquel est con- 
fiée l'administration générale; elle est exercée sous ses 
ordres par des fonctionnaires spéciaux. 

Chaque juridiction a son chef civil et son tribunal civil 
de première instance; dix sont en même temps cours de 
justice criminelle. Les appels des jugements civils sont 
portés devant les trois États de Neuchâtel ou de Valengin, 
suivant le ressort ; quanl aux sentences criminelles, il n'y 
a recours qu'à la grâce du prince. 

La force militaire consiste dans les milices réparties en 
quatre départements, dont chacun a pour chef un lieute- 
nant-colonel. Elle forme un effectif de 5,500 hommes, plus 
un corps d'artillerie de 200 hommes. 

Les finances ressorlissent à la Chambre des comptes. 
Toutes les impositions et taxes, les unes affermées à bail, 
les autres tenues en régie, sont centralisées sous une admi- 
nistration unique, ce qui constituait un grand progrès 
en donnant un caractère de fixité aux recettes comme aux 
dépenses, tout au moins pour l'établissement du budget. 

Pour les cultes, la partie catholiqae, ne comprenant que 
deux paroisses, dépendait de l'évêque de Lausanne. Mais 
le 12 mai 1806, une lettre du ministre des cultes de l'em- 
pire. Portails, à Mgr Le Goz, archevêque de Besançon, lui 
notifie la volonté de l'empereur de distraire d'une juridic- 
tion étrangère l'organisation religieuse des grands fiefs, 
et lui demande son consentement canonique à la réunion 
spirituelle des territoires de la principauté à son diocèse. 
Quatre jours après, sur l'invitation du cardinal Caprara, 
légat a latere, l'archevêque envoie son acceptation, et le 
29 mai, l'évêque et comte de' Lausanne, Maxime Guisolan, 



- 86- 

de Tordre des Capucins, remet ses lettres de cession. Le 
décret du rattachement canonique ne fut expédié que 
le 18 août, et le 25 octobre 1806, un décret impérial en 
ordonna la publication. A celte date, M^r LeCoz est officiel- 
lement archevêque de Besançon et de Neuchâtel, et quand 
il veut demander des instructions à Portalis, celui-ci lui 
prescrit de s'adresser directement à Berthier W, Ce chan- 
gement amena quelques difficultés, soulevées principale- 
ment par l'établissement de la cure de Neuchâtel. 

La partie réformée, divisée en trente-deux paroisses, est 
administrée, sous la suprématie du prince, par la compa- 
gnie des pasteurs. 

Tel est, en abrégé, le mécanisme administratif de 
la principauté. Le chiffre des traitements était fort peu 
élevé ; c'est même cette semi-gratuité des fonctions qui 
sembla attribuer au personnel dirigeant un caractère 
aristocratique. A part le traitement attribué au gouver- 
neur, qui est de 10,000 fr., et celui du trésorier général, 
qui est de 1,610 fr., tous les autres varient de 150 à 900 fr. 
M. de Lespérut, d'abord commissaire général, ne fut 
nommé gouverneur qu'en 1809. Il avait conservé tous les 
anciens fonctionnaires royaux ; ceux-ci, réunissant dans 
leurs mains le pouvoir législatif et exécutif, se vengèrent 
de l'opposition violente qu'ils avaient souvent rencontrée 
dans les communes et la bourgeoisie, et les décrets que 
Berthier signait de loin ne furent que la consécration d'un 
pouvoir absolu. Il venait d'entrer à Berlin, après léna, 
quand son peuple lui prêta serment; et il ne vint jamais à 
Neuchâtel. Il avait accordé l'amnistie aux proscrits politi- 
ques ; en six années il fit publier près de deux cents dé- 
crets, lesquels inauguraient un régime de progrès, mais 
faisaient disparaître bien des libertés. Aussi, pour les faire 
respecter, avait-il paru nécessaire d'organiser la police; 



(1) Archives de TarcheTêché de Besançon. 



^ 



— 87 — 

c'est dans ce but que fut créé pour la première fois un 
corps de gendarmerie régulière. 

Les revenus qui pouvaient enrichir la caisse particulière 
du prince n'étaient en somme pas considérables. Les bâti- 
ments seigneuriaux se composaient de 5 châteaux, H mai- 
sons ou fermes, 4 caves et 14 cures : leur entrelien consti- 
tuait une assez lourde charge. Les forêts, d'une contenance 
totale de 1,148 hectares,ne donnaient qu'un produitmoyen 
annuel de 8,030 livres 2 sous et 4 deniers. Elles étaient 
évaluées en 1806 à 293,060 fr. Il faut croire que les arbres 
étaient jeunes, et qu'en tout cas elles ont été sagement 
administrées, car aujourd'hui encore, dans le beau do- 
maine de la Joux, qui en faisait partie avec ses trois fer- 
mes, on peut voir les chemins d'exploitation pavés en 
partie de larges dalles, et les majestueux sapins, de l'âge 
de Berthier, dont les troncs superbes et la tête altière 
couronnent les hauteurs qui dominent le village des Ponts, 
et sont une des beautés du pays W. 

M. Bachelin avance, non sans quelque amertume, d'après 
le seul document relatif aux finances qu'il dit avoir trouvé 
dans la chancellerie de l'État, qu'en 1812, le revenu delà 
principauté fut de 136,977 livres 17 sols 10 deniers, qui 
avaient passé dans la caisse du prince. Ses recherches 
n'ont pas été poussées bien à fond, car il ressort des chif- 
fres officiels qui m'ont été communiqués, que durant sept 
exercices le solde porté à l'actif n'a été que de peu supé- 
rieur à la somme de 29,000 livres. Les recettes en 1807 
étaient, en nombres ronds, de 120,000 livres; elles avaient 
passé en 1813 à 288,000 livres; mais, en regard, les dé- 



(1) Quand la principauté passa dans la maison d'Orléans, c'est ce 
vaste domaine que Louis d'Orléans, petit-cousin du roi Louis XII, céda 
à. la bourgeoisie de Neuchât 1 pour /a modique entrage de dix florins. 
Un peu plus tard, en 1549, 3 duc i le cardinal de Quise, tuteurs de 
l'héritier d'Orléans, avaient . ffert >e vendre la souveraineté intégrale 
pour 100,000 écus ; mais cette né/ jciation fut déjouée. 

/ 
\ 



penses s'étaient élevées de 91,000 à 225,000 livres, et il est 
juste de reconnaître que le pays en avait profité. 

La création de nombreuses voies de communication et 
Tamélioration de routes jusqu'alors dans un état déplora- 
ble fut un grand bienfait. Les travaux publics reçurent 
une vive impulsion. Dès 1806, la construction de la belle 
route de Neuchâtel au Locle et à la Chaux-de-Fonds avait 
été décidée. Par un décret daté de Varsovie le 18 janvier 
1807, Son Altesse Sérénissime donna sur sa cassette, pour 
son établissement, une somme de 60,000 livres; les sous- 
criptions des bourgeoisies et communes et celle des par- 
ticuliers s'élevèrent chacune à environ 50,000 livres ; le 
coût total de ce beau travail fut de 164,851 livres. 

Pour unir la ville de Neuchâtel au hameau de Serrières, 
devenu un centre si industriel, un grand pont fut jeté par- 
dessus le ravin encaissé du Seyon ; il reçut le nom de 
pont Alexandre; sa construction, commencée en 1807, 
nécessita une dépense de 67,701 livres. 

L'initiative privée n'était pas éteinte, car cette même 
année, M. Jacques-Louis de Pourtalès fut autorisé à cons- 
truire l'hospice qui porte son nom. 

Le beau château, dont la silhouette pittoresque cou- 
ronne si fièrement la colline qui domine la ville, fut l'objet 
d'embellissements de la part du prince, bien qu'il ne dési- 
rât pas y fixer sa résidence; il en fit élargir les terrasses 
décorées de balustres, et y joignit un grand jardin, lequel, 
vendu après lui, est devenu depuis la propriété de la 
ville. 11 fit reconstruire la fontaine élevée dans la cour, qui 
portait auparavant les armes sculptées des Longueville, et 
où l'eau arrive des champs de Peseux, en traversant les 
fossés par un aqueduc souterrain. 

11 y eut de haute antiquité, surcette position, une forte- 
resse, à laquelle furent ajoutées successivement d'autres 
constructions. La tour César restait seule debout quand, 
au milieu du xiv* siècle, le comte Louis, époux de Jeanne 



- 89 — 

de Montfaucon, y bâtit ce qu'on appela le Nouveau Châ- 
teau 0), tel qu'on le voit encore, avec ses salles voûtées 
aux nervures gothiques et sa belle église collégiale. En 
1501, Philippe de Hochberg, comte de Neuchàtel, ferma la 
cour du château par un beau portail en pierre jaune 
sculptée, le même qui livra passage aux Français en 1806, 
quand ils prirent possession de cette demeure seigneu- 
riale. L*écusson pflacé au-dessus fut efifacé, et remplacé 
par ce que M. Bachelin appelle « Taigle vorace de Napo- 
léon. » 

Quelle est donc la proie qu'il s*est adjugée? La réponse 
sera donnée en montrant le rôle militaire que les Neuchâ- 
telois furent appelés à jouer sous l'influence directe de Na- 
poléon; de tous les impôts nouveaux qui pesèrent sur 
eux, le plus lourd leur parut être celui du sang, la contri- 
bution en hommes. 

VI. 

Les Suisses ont été de tout temps un peuple de soldats. 
Charles le Téméraire, à Morat et à Granson, ressentit du- 
rement leur vaillance; François 1®' éprouva leur valeur à 
Marignan; Louis XVI, à Versailles et aux Tuileries, connut 
leur fidélité. Il y avait là des ressources que l'empereur ne 
pouvait négliger. Aussi, bien qu'il eût confié à Berthier 
la principauté de Neuchàtel, pour la posséder en toute 
propriété et souveraineté, un décret du 11 mai 1807, signé 
Napoléon, ordonne la levée d'un bataillon dans la princi- 
pauté, sous le titre de bataillon du prince de Neuchàtel. 
Le prince en aura, pendant sa vie, le commandement, ainsi 
que la nomination des officiers. Il se composera de six 
compagnies : une de grenadiers, une de voltigeurs et 
quatre compagnies ordinaires, formant au total un effectif 

(l) Tous les restes du vieux château ont été démolis en 1826. 



— go- 
de 968 hommes. La solde sera la même que celle des 
régiments suisses au service de la France. Cinq jours 
après, Alexandre, par la grâce de Dieu, prince et duc de 
Neuchâtel et de Valengin, ordonne la publication du dé- 
cret, en le faisant suivre de cette curieuse disposition : 
« Art. II. Nos sujets verront dans ce décret un nouveau 
témoignage de l'affection de Tempereur et roi. » 

Si Ton s'en fût tenu là, passe encore ; mais ce n'était 
qu'un début. Un second décret du 27 août 1808 ordonna la 
levée d'une compagnie d'artillerie, pour laquelle une 
somme de plus de 2,000 livres, destinée à des primes, fut 
accordée par le prince. A partir de cette époque, il faut 
sans cesse réparer les pertes, tenir le bataillon au com- 
plet, et les enrôlements rencontrent toujours plus de dif- 
ficultés malgré les primes promises. Berlhier se fâche, me- 
nace de la conscription, et va jusqu'à réclamer d'un seul 
coup, en 1813, une levée de 500 hommes. De là les sou- 
venirs désastreux restés au cœur des populations, et dont 
il faut expliquer les causes. 

A l'origine, le prestige de la Grande Armée était tel 
qu'il fut aisé de recruter les cadres; les jeunes volontaires 
s'enrôlaient avec entrain. Le bataillon s'organisait à Be- 
sançon, sous le commandement de M. de Bosset, et la 
compagnie d'artillerie au Havre, sous le commandement du 
capitaine Frédéric de Perrot. 11 était attaché au bataillon 
deux canons de six, trois caissons de ce calibre, deux cais- 
sons d'infanterie et un chariot à munitions chargé d'outils. 

Voici quel était l'uniforme : Thabit jaune à pans courts, 
avec revers et plastron rouges; la culotte blanche et col- 
lante, avec guêtres noires jusqu'à mi-jambe. Bonnet 
d'oursin comme ceux des grenadiers de la garde, mais 
sans plaque, ni tresses, ni plumet; épaulettes rouges 
pour les grenadiers, blanches pour le centre, vertes pour 
les voltigeurs; ils avaient en outre un shako avec aigle, 
tresses blanches et plumet ; l'armement était celui de la 



- 91 - 

ligne française. L'artillerie et le génie portaient l'habit 
bleu à longs pans, le pantalon bleu avec guêtres noires; 
shako avec tresses et plumet rouges, les épaulettes 
rouges. La cocarde était celle de l'armée française : rouge, 
blanche et bleue. La tenue de l'infanterie valut aux sol- 
dats du bataillon de Neuchàtel l'épithète de canaris en 
Suisse, de serins en France, et l'équivalent en Espagne. 

La maréchale Berthier avait annoncé son intention d'of- 
frir un drapeau fait de ses mains aux troupes du prince ; 
elle ne l'exécuta point. En revanche, elle broda une ban- 
nière qui fut apportée à Neuchàtel, au mois d'avril 1808, 
par le général de division Dutaillis, nommé minisire pléni- 
potentiaire et extraordinaire pendant une absence de M. de 
Lespérul. Cette bannière est en soie blanche, le manteau 
ducal esl en velours pourpre à l'intérieur, les bâtons du 
maréchal sont en velours bleu avec des aigles d'or; l'autre 
côté porte : Alexandre, prince et duc de Neuchàtel — à sa 
bonne ville de NeuchâteL — Elle est au musée historique 
de la ville. 

Le bataillon, considéré comme garde d'un maréchal- 
prince, ne dépendait pas d'une division; il était considéré 
comme faisant partie de la garde impériale, avec laquelle 
il vivait; c'était d'ailleurs l'empereur qui lui donnait ses 
ordres. Il n'accompagne pas Berthier quand il se rend 
avec l'empereur en Espagne, à la fin de 1808, pour rece- 
voir la reddition de Madrid. Son rôle militaire commence 
seulement l'année suivante avec la seconde campagne 
d'Autriche, où il débuta d'une manière brillante. 

Après la prise de Vienne et la bataille d'Essling, il est 
cantonné dans l'île de Lobau, qui avait pris le nom d'ile 
Napoléon, en même temps qu'une petite île voisine était 
appelée du prénom du maréchal Berthier, île Alexandre. 
C'est là qu'il prend part à la célèbre bataille de Wagram, 
qui .valut à son souverain un nouveau titre de prince. 11 
est sous les. ordres du général Reynier, et a pour mission, • 



— 02 - 

de concert avec un bataillon badois, de défendre la lèle 
du pont, avec six pièces de canon en batterie. Il voit le 
feu pour la première fois ; cependant quand, au début de 
la journée, l'aile gauche, commandée par Masséna et Ber- 
nadette, est rompue, il soutient vaillamment le choc furieux 
des Autrichiens à la poursuite des fuyards, et les arrête 
par sa résistance opiniâtre. Durant la lutte terrible qui 
se poursuit, le quartier impérial change sept fois de posi- 
tion, le bataillon de Neuchâtel suit partout l'empereur et 
le major général, et les protège contre les colonnes enne- 
mies; il mérite ainsi les félicitations que Berlhier lui 
décerne pour la part qu'il a prise à cette glorieuse victoire, 
dans une lettre qu'il adresse de Schœnbrunn à son conseil 
d'Élat, le 24 octobre 1809. 

Un des épisodes remarquables de Wagram est le pas- 
sage du Danube à la nage par M. de Pourtalès, officier 
d'état-major du bataillon, qui désarma une sentinelle 
autrichienne, transmit un message destiné à relier les 
communications des îles avec les rives du fleuve et revint 
au quartier général, où l'empereur le décora sur le rivage. 
A la fin de cette année, le bataillon de Neuchâtel quitte 
Vienne, est dirigé sur l'Espagne et arrive à Bayonne en 
janvier 1810, après un voyage de trois mois d'hiver. 11 est 
dépêché de là sur Vittoria, puis ensuite sur Burgos, où il 
lient garnison pendant sept mois. Là, commence pour lui 
la plus terrible des campagnes, puisqu'il fut surtout em- 
ployé contre les guérillas, guerre dont les horreurs sont res- 
tées légendaires. Il prend part, avec son artillerie, au siège 
el au bombardement de Ciudad-Rodrigo, sous le maréchal 
Ney. Plus tard, il entre dans la formation de la division 
Claparède. A Médina, à Pampelune, à Zamora, c'est une 
suile de corps à corps avec le redoutable Mina, toujours 
prêt aux surprises les plus audacieuses. S'il faisait parfois 
du butin et des prisonniers, ce qui faisait dire de lui dans 
. un rapport du général Hugo : « Bons soldats, mais voleurs 



- 93 - 

et pillards », il avait à endurer les plus rudes fatigues et 
souffrait de la faim; il perdait beaucoup do monde par le 
feu, et il en perdait aussi par la désertion, qui fut la plaie 
de Tarmée après la retraite de Portugal. 

Néanmoins ses services furent assez signalés pour que, 
à la suite de l'affaire de Ledenna, où le vicomte de Gor- 
gier, capitaine au bataillon, montra la plus brillante valeur 
dans une charge à la baïonnette, Napoléon accordât cinq 
décorations delà Légion d'honneur pour les officiers, sous- 
officiers et soldats du bataillon de Neuchàtel. Berthierlui 
donna Tordre, dans les premiers jours de 1812, de quitter 
l'Espagne pour prendre part à l'expédition de Russie. 

Tant en officiers qu'en hommes, il devait y avoir bien 
des manquants, car c'est surtout dès celle époque et par 
la suite que les réquisitions de Berthier se font plus pres- 
santes à Neuchàtel pour qu'on tienne l'effectif au complet. 
Les prisonniers faits par les Espagnols avaient bénéficié 
d'un traitement particulier; on ne les fusilla pas, ils furent 
expédiés en Angleterre. 

Mêlé maintenant à la Grande Armée, il n'avait plus à re- 
douter les embuscades meurtrières, regorgement par le 
couteau des femmes d'Andalousie, le poison, la mort à 
petit feu, les supplices les plus barbares, mais il marchait 
à la lutte contre celui que les Russes ont appelé le général 
Hiver. La campagne s'ouvre par des victoires, et il y fait 
figure. On raconte cependant que, pendant la marche sur 
Moscou, Napoléon remarqua que le bataillon de Neuchàtel 
n'était jamais placé en première ligne par son chef d'état- 
major dans les nombreux combats qui furent livrés : « Je 
ne vois jamais les serins, dit-il à Berthier, vous les ména- 
gez. » Peu après, le prince de Neuchàtel mil son bataillon 
au poste le plus meurtrier; un grand nombre de Neuchà- 
lelois restèrent sur le carreau. Après l'affaire, Napoléon 
dit gaiement à Berthier : « Aujourd'hui j'ai vu les serins. » 

Il est impossible de les suivre et de préciser leur rôle 



— 94 — 

au milieu des péripéties de l'épopée gigantesque où la 
bravoure comme aussi les privations et les souffrances 
furent le partage de tous. On sait seulement que, pendant 
la retraite, le major général, par une prévoyance toute 
paternelle, fit passer son bataillon l'un des premiers sur le 
pont de la Bérésina. On sait encore qu'il se joignit à la 
garde pour protéger l'empereur contre la poursuite des 
Russes, et que lors d'une de leurs charges furieuses, le 
commandant de Gorgier eut son cheval tué sous lui. A 
Lutzen, à Bautzen, il soutenait sa vieille réputation. Enfin, 
dans la campagne de France, après l'invasion de son pays, 
on le retrouve à la défense de Toul en janvier 1814, où il 
se battait pour la dernière fois pour le drapeau français, 
et après cela on perd sa trace. 

M. Bachelin termine ainsi son histoire : « Parti pour 
l'expédition de Russie en 1812 avec un effectif de mille 
vingt-sept hommes, infanterie et cavalerie, nous le voyons 
au mois d'avril 1814 rentrer avec seize hommes à Besançon. 
Ces valeureux soldats qui, de 1808 à 1814, avaient glorieu- 
sement versé leur sang pour la France à Wagram, à Ro- 
drigo, Bivisqua, Sabugal, à Krasnoé, Lutzen, Bautzen, 
Dresde, Leipzig et Hanau, rentrèrent de nuit dans un des 
forts de Besançon, où ils furent internés comme des mal- 
faiteurs. Mais le 28 mai ils furent licenciés et rentrèrent 
en Suisse, emportant avec eux l'ingratitude de la France 
redevenue royaliste. Le dernier trait d'union de la Suisse 
française avec la France était à jamais brisé. » J'ai tou- 
jours accordé confiance à M. Bachelin comme à un histo- 
rien consciencieux : je voudrais pouvoir ici révoquer en 
doute son témoignage. 

Si je me suis plu à rapporter ici l'organisation et les 
hauts faits du bataillon de Neuchâtel, c'est pour montrer 
qu'il a laissé chez nous d'autres souvenirs. C'est, du reste, 
à cette époque, la plus haute manifestation de vie et d'ac- 
tion de la principauté. 



— 95 -- 



VII. 



L'empire avait sombré, et avec lui la souveraineté éphé- 
mère de Berthier. 11 eût désiré établir sa cour à Neuchâtel. 
Par un décret daté de Dresde le 14 août 1813, un palais 
acheté 178,000 fr. à MM. de Pourtalès était déclaré inalié- 
nable et affecté à la résidence des souverains de Neuchâtel; 
mais Berthier n'y vint jamais. J*ai trouvé l'indication d'une 
visite qu'il aurait faite à la Chaux-de- Fonds en 1806, et 
d'une cantate composée pour la circonstance, mais je n'ai 
pas vérifié le fait. Le roi de Prusse reprenait possession 
de la principauté par son commissaire extraordinaire, 
M, de Chambrier, dès le 14 janvier 1814; et le 3 juin, Ber- 
thier signait l'acte de renonciation à la souveraineté et au 
titre de prince de Neuchâtel et de Valengin. Sa fin fut 
misérable. 11 abandonne Napoléon à Fontainebleau ; quoi- 
que redemandé par lui en 1815, il se retire dans les terres 
de son beau-père, à Bamberg, en Bavière ; puis, découragé, 
abreuvé d'amertume, dans un accès de fièvre chaude, il se 
jette par la fenêtre de son palais. 

11 n'est pas sans intérêt de jeter un rapide coup d'œil 
sur les principaux événements qui se sont succédé depuis 
dans ce petit État. Le congrès de Vienne rétrocédait la prin- 
cipauté au roi de Prusse, mais consacrait en même temps 
son entrée dans la Confédération helvétique comme vingt 
et unième canton. Cette dualité était une anomalie; elle 
devait amener, elle amena en effet, la lutte des partis. 
L'enthousiasme des royalistes était fervent, mais le parti 
républicain prenait des forces. 11 voulut en faire l'essai en 
1831 parla prise du château: cette tentative de révolution 
échoua. Cependant, pas plus là qu'ailleurs, la paix n'était 
faite en Suisse. Le Sonderbund fut la cause d'une pertur- 
bation profonde. Cette ligue séparée de sept cantons ca- 
tholiques avait été dissoute par les armes en 1847, quand 



-96- 

éclata la révolution de 1848. Le !•' mars, la république fut 
proclamée à Neuchàtel. 

Cet événement décida la diète à reviser le pacte fédéral 
de 1818, et cette même année, le 12 septembre, une cons- 
titution fut proclamée loi fondamentale de la Confédération. 
La Suisse a subi depuis une épreuve suprême dont elle est 
sortie victorieuse. Une insurrection avait éclaté à Neu- 
chàtel en 1856 pour soutenir les prétentions du roi de 
Prusse. Menacée par l'étranger, la Suisse entière se leva 
comme un seul homme pour défendre la patrie. Cependant 
le conseil fédéral, tout en se préparant à la guerre, n'avait 
pas cessé de négocier. 11 fit des concessions qui remirent 
à la diplomatie la solution du différend. Enfin le roi de 
Prusse et la Suisse acceptèrent un ultimatum proposé par 
la France, l'Angleterre, l'Autriche et la Russie, consacrant 
la renonciation du roi à perpétuité, pour lui, ses héritiers 
et ses successeurs, aux droits souverains que l'article 23 
du traité conclu à Vienne le 9 juin 1815 lui attribuait sur 
la principauté de Neuchàtel et le comté de Valengin. L'É- 
tat de Neuchàtel, relevant désormais de lui-même, conti- 
nuerait à faire partie de la Confédération suisse au même 
tilre que les autres cantons. Le traité signé le 26 mai 1858 
entre les grandes puissances garantit l'indépendance de 
Neuchàtel. Ce canton est aujourd'hui l'un des vingt-deux 
petits États souverains qui constituent la République hel- 
vétique. 

La Confédération suisse ne forme pas une nation pro- 
prement dite; elle se compose de trois peuples différant 
de langue, de mœurs, d'idées; la religion, les partis poli- 
tiques, font naître de profondes dissidences; mais de 
grandes fêtes publiques, nombreuses et célébrées périodi- 
quement, renouvellent le sentiment national, et le lien 
fédéral se resserre par Tamour de la patrie commune et 
l'union pour sa défense. Ce lien ne fait point obstacle à 
l'existence complète et très particulière de chaque canton. 



-97 — 

Plusieurs de leurs chefs-lieux sont de véritables .pelites 
capitales, etNeuchâlel est digne de Têtre, non moiii^ par 
l'agrément de sa situation que par le beau caractère des 
monuments qu'elle offre à l'admiration des étrangers. ' 

Celte petite cité de 20,000 âmes est un foyer d'activité 
intellectuelle très intense. Outre son académie à quatre 
facultés, ses musées, ses grandes écoles professionnelles, 
on y compte plus de quarante pensionnats ou établisse- 
ments d'instruction pour les deux sexes. Si Ton y remar- 
que moins qu'ailleurs la circulation fiévreuse et le mouve- 
ment des grandes industries, on sent que la vie y est 
facile, calme et sérieuse ; on y trouve un air d'ordre, de 
bon goût, de solide aisance, qui dénote la sagesse de son 
administration autant que le travail fécond et prospère 
de ses habitants. La ville s'est étendue sur le versant des 
hauteurs rapprochées qui la dominent, puis elle a dû 
empiéter sur le lac pour élargir son port, lancer de riches 
avenues et construire de fastueux édifices. 

Au milieu des somptuosités modernes, c'est encore le 
vieux château qui lui donne son véritable cachet d'origi- 
nalité. Debout sur le roc central qui supporte sa vaste 
enceinte, il découpe la silhouette pittoresque de ses toi- 
tures, et profile vivement dans les airs les deux flèches 
aiguës de sa collégiale avec leur revêtement de tuiles ver- 
nissées formant mosaïque, dont on a terminé de 1867 à 
1870 la grande restauration. Les autres bâtiments, déjà 
transformés en 1692, ont été restaurés en 1867. On y a 
transporté le siège de toutes les administrations; j'ai voulu 
y glaner quelques souvenirs. 

En pénétrant sur la terrasse, on voit encore les vénéra- 
bles tilleuls plusieurs fois séculaires qui doivent dater de 
la dynastie des d'Orléans-Longueville; on en a pieusement 
pansé les plaies et masqué les cicatrices. Là, se dressent 
les tours à mâchicoulis et les murailles de pierre au ton 
d'ocre jaune, qui vient des carrières du pays. La couleur 

ANNÉE 1903. 7 



- 98 — 

de Tor subsiste malgré la morsure des intempéries et la 
patine assombrie déposée par les siècles. La salle des 
Étals, qui remonte probablement auxv* siècle, est au pre- 
mier étage; c'est là que siégeaient autrefois le conseil et 
le tribunal souverain des Trois Élats, et qu'eurent lieu les 
grandes cérémonies dont l'histoire a fait mention. Une 
nouvelle salle du grand conseil ayant été inaugurée le 
15 novembre 1875, elle est utilisée aujourd'hui par les tri- 
bunaux. C'est en la visitant que j'ai découvert le seul ves- 
tige du court passage du prince Berthier. Tout autour, à 
la partie supérieure des lambris, règne une large frise 
dans laquelle on a peint les armoiries de tous les souve- 
rains de Neuchâlel, et au-dessous celles des gouverneurs. 
Pour cette décoration commencée vers la fin du xvii* siè- 
cle et restaurée en 1865, le peintre a pris le parti de placer 
sur tous les écussons la couronne fleurdelisée des Bour- 
bons. Celui de Berthier s'y trouve en sa place avec le 
même timbre : les armes de Berthier, maréchal prince de 
l'Empire, au chef de l'Empire, timbrées de la couronne 
de saint Louis, c'est une conception quelque peu bizarre. 
L'antiquité a donc laissé partout et fait prévaloir une plus 
forte empreinte. 

On la retrouve plus puissante encore en pénétrant dans 
la collégiale. La nef de ce monument du xni® siècle est 
froide et nue, l'abside étant dépouillée de son autel. Mais 
dans la paroi gauche du chœur se trouve encastré en 
forme de chapelle le monument des comtes, érigé par le 
comte Louis en 1372. Ce cénotaphe, orné de douze grandes 
statues de pierre finement sculptées, les unes drapées, 
les autres couvertes d'armures, est d'un caractère naïve- 
ment archaïque, et offre un précieux échantillon de l'art 
ancien. 

Au devantdu portail, on a érigé, le 14 mai 1876, la statue 
de Farel ; son geste rappelle ses prédications enflammées ; 
il regarde le couchant. En se tournant à gauche, le spec- 



-99 - 
Laleur entend une autre leçon. Il a devant les yeux, par 
delà les rives du lac, le panorama grandiose qui s*étend 
du mont Blanc jusqu'aux cimes extrêmes des Alpes ber- 
noises ; et de celte nappe tranquille, de cette éclatante 
ceinture qui forme Thorizon, se dégage une impression de 
calme et de lumineuse sérénité. Ces géants, qui s'unissent 
dans leur majestueux silence, dans leur immuable blan- 
cheur, et qui ont vu passer les générations, nous ensei- 
gnent l'ordre providentiel des choses, la nécessité de la 
concorde et de l'union des cœurs. 

En face d'eux, on se sent porté à oublier ce qui divise 
les hommes ouïes sociétés, à souhaiter pour nous comme 
pour ces bons voisms, qui furent pour un temps nos com- 
patriotes, cette paix durable qui est la bénédiction des 
peuples, en se rappelant que, là comme partout, elle n'est 
promise qu'aux hommes sincères et de bonne volonté. 



SUR LES 

PROGRÈS ACCOMPLIS DEPUIS PASTEUR 

DANS LA SCIENCE QU'IL A FONDÉE 



Par M. Léon BOUTROUX 

PRÉSIDENT ANNUEL 



(Séance publique du 25 juin 1903) 



Peu d'années se sont écoulées depuis les derniers Ira- 
vaux de Pasteur ; il est mort le 28 septembre 1898. Mais 
les idées qu'il avait apportées à la science ne sont pas 
mortes en même temps que lui. Des armées de travailleurs 
ont surgi sur tous les points du globe pour exploiter le nou- 
veau domaine qu'il avait ouvert à l'activité des chercheurs, 
et au cours de ces dix dernières années la science s'est enri- 
chie, dans ce domaine, de nombreuses et inestimables 
découvertes. Les examiner par le détail exigerait des volu- 
mes ; mais il ne sera peut-être pas sans intérêt d'en expo- 
ser sommairement les résultats principaux. 

I. 

Parmi les progrès relatifs à la science pure, nous devons 
signaler surtout les connaissances acquises pendant ces 
derniers temps sur de très puissants agents chimiques, 
élaborés par les êtres vivants, mais capables d'exercer leur 
action en dehors de la vie, et que l'on désigne sous le nom 
générique de diastases. 



— 101 — 

Depuis très longtemps on sait qu'au moment de la ger- 
mination du grain d'orge, par exemple, Tembryon sécrète 
un suc digestif particulier qui lui permet de rendre assi- 
milable la matière nutritive de réserve dont il est entouré. 
Cet aliment de réserve est de l'amidon, substance insolu- 
ble dans l'eau, qui ne saurait entrer dans les tissus de la 
jeune plante. Le suc digestif émis par l'embryon, fixant 
chimiquement les éléments de l'eau dans les molécules de 
cet amidon, le transforme en sucre, substance soluble et 
directement assimilable. Le suc digestif en question a été 
nommé diastase. 

Mais de nombreuses substances sécrétées par les êtres 
vivants sont capables de produire par un mécanisme 
semblable des réactions chimiques variées, ayant toujours 
pour résultat la transformation de substances inassimila- 
bles en ' substances assimilables; et le mot < diastase », 
qui à l'origine désignait un agent spécial produisant une 
réaction chimique unique, est devenu, à la suite, notam- 
ment, de la magistrale étude de M. Duclaux, un nom géné- 
rique désignant tout un grand groupe de substances dis- 
tinctes, qui ont pour caractères communs d'être des subs- 
tances azotées solubles dans l'eau, précipitables par Tal- 
cool sans perte de leur fonction chimique, coagulables par 
la chaleur avec perle de cette fonction. La diastase qui 
dissout l'amidon s'appelle Vamylase, celle qui dissout le 
fromage s'appelle caséase^ celle qui dissout les membranes 
des cellules s'appelle cytase, etc. 

Les diastases que connaissait Pasteur avaient toutes un 
procédé commun pour attaquer la matière organique : 
elles scindaient tel ou tel édifice moléculaire en complé- 
tant par l'adjonction des éléments de l'eau les parties qui 
s'en détachaient, sorte d'action chimique connue sous le 
nom i'hydrolyse. On ne connaissait donc que les diastases 
hydroly santés. 

Non seulement le nombre de celles-ci a été augmenté, 



- 102 - 

mais des diastases douées d'actions chimiques différentes 
ont été découvertes. 

M. de Rey Pailhade nous a fait connaître des diaslases 
hydrogénantes, qui désoxydent une molécule organique 
en y introduisant deux atomes d'hydrogène. 

Puis M. Gabriel Bertrand a découvert une diaslase qui a 
la spécialité de fixer Toxygène de l'air sur des substances 
qui ne seraient pas oxydées dans les mêmes conditions 
par l'air seul. 11 l'a trouvée d'abord dans l'arbre à laque. 

Quand on pratique une incision dans l'écorce de cette 
plante, il en sort un suc, nommé latex, ayant la consis- 
tance d'une crème épaisse, de couleur blond clair. Appli- 
quée en mince couche à la surface d'un objet et exposée 
à l'air, cette matière se recouvre en quelques instants 
d'une pellicule d'un noir intense insoluble dans l'eau et 
dans les autres dissolvants usuels, pellicule qui s'épaissit 
progressivement et devient bientôt un vernis brillant et 
inaltérable. C'est ainsi que les Chinois et les Japonais fabri- 
quent leurs meubles de laque, si recherchés dans le 
monde entier. 

Or cette transformation est due à l'oxydation d'un prin- 
cipe contenu dans le latex, par l'oxygène de l'air, oxydation 
qui ne se produit rapidement que grâce à la présence de 
la nouvelle dlastase, à laquelle M. G. Bertrand a donné le 
nom de laccase. C'est le type d'une nouvelle classe de dias- 
tases, des diastases oxydantes. Celles-ci sont très répan- 
dues dans le monde végétal ; par leur intervention s'expli- 
quent généralement ces changements de couleur que pren- 
nent à l'air les tissus blessés de beaucoup de plantes: 
pomme, poire, champignon coupés. C'est également une 
diastase oxydante qui fait noircir à l'air la macération du 
son de blé dans l'eau, cause, pour une part, de la couleur 
du pain bis. 

Les extensions successives qu'a prises la fonclion des 
diastases ont donné à ce groupe de corps une impor- 



-- 108- 

lance de plus en plus grande, et Ton en est venu à se de- 
mander si les transformations multiples que font subir à 
la matière les différents microbes ne seraient pas produi- 
tes, d'une manière générale, par l'intermédiaire de dias- 
tases. 

Déjà Pasteur lui-même, ayant à expliquer des résultats 
divergents obtenus par plusieurs expérimentateurs dans 
l'étude d'une fermentation particulière, celle dans laquelle 
l'urée est transformée en carbonate d'ammoniaque, avait 
démontré que celle fermentation est toujours produite par 
une bactérie, mais que cette bactérie sécrète pendant sa 
vie une diastase capable d'opérer ensuite la transforma- 
tion chimique en l'absence de la bactérie vivante. 

Ce fut l'origine de nombreux travaux qui aboutirent à 
montrer des microbes exerçant leur action chimique par 
l'intermédiaire d'une diastase. Mais il subsistait toujours 
des fermentations dans lesquelles on n'avait pas pu déce- 
ler de tels intermédiaires. Ce rôle indispensable attribué à 
des agents vivants répugnait à certains esprits. C'est ainsi 
que Claude Bernard eut l'idée, publiée après sa mort, que 
la fermentation alcoolique du jus de raisin, au lieu d'être 
le résultat de l'action directe de la levure, était produite 
par une diastase existant à l'intérieur du grain de raisin. 
D'autres pensaient que si c'est la levure qui produit la fer- 
mentation, elle ne la produit que par l'intermédiaire d'une 
diastase sécrétée par elle. Pasteur démontra que le jus de 
raisin, réduit à ce que c'ontient le grain de raisin lui-même, 
ne peut fermenter ; qu'il ne fermente que quand de la le- 
vure y est ajoutée; que cette levure, si elle sécrète une 
diastase capable de produire la fermentation, ne la laisse 
pas exsuder en dehors de son corps, el que par consé- 
quent la fermentation alcoolique du jus de raisin est due 
à l'action directe de la levure. 

L'hypothèse de l'existence d'une diastase alcoolique ne 
fut pas abandonnée pour cela. Un Allemand, Eduard Buch- 



— 104 — 

ner, constatant que celte diastase était introuvable en de- 
hors des cellules de la levure, alla la chercher dans l'inté- 
rieur de ces cellules : il broya une grande masse de levure 
avec de la terre d'infusoires de manière à en déchirer les 
parois cellulaires ; puis il soumit le mélange à la presse 
hydraulique et en tira une petite quantité de jus. Ce jus, 
mélangé à une solution sucrée concentrée, avec un peu de 
toluène pour empêcher tout microbe de vivre dans le li- 
quide, y produit une véritable fermentation alcoolique : 
des bulles d'acide carbonique se dégagent et de l'alcool 
apparaît 'dans la liqueur, sans qu'aucune cellule vivante 
s'y trouve. Le liquide de l'intérieur des cellules de levure 
contient donc une diastase capable de produire la vérita- 
ble fermentation alcoolique, une zymase, comme l'appelle 
Buchner. 

La fermentation ainsi obtenue n'est pas très active (i). 
Du reste, les cellules de levure ne sont pas toujours éga- 
lement riches en zymase : si l'on prépare le jus avec de la 
levure prise à différents moments d'une fermentation or- 
dinaire, on trouve des proportions de zymase très diffé- 
rentes dans les prises successives. 

Des expériences faites jusqu'à présent, il résulte que 
c'est bien dans l'intérieur des cellules vivantes de levure 
que se produit la réaction chimique par laquelle le sucre 
est dédoublé en alcool et acide carbonique. Par consé- 
quent l'importante découverte de la zymase s'ajoute aux 
faits établis par Pasteur, sans rien renverser de l'édifice 
qu'il a construit. Nous pénétrons plus avant dans la con- 
naissance des phénomènes qu'il nous a appris à étudier, 
et voilà tout. 



(1) Dans une expérience {Berichte der deutsch. Chetn. Gesellsch., 
1902), 100 centigr. de jus de levure, mêlés à 33 centigr. de solution de 
sucre de canne à 60 pour cent, et à un peu de toluène, n'ont développé, 
au bout d'une heure et demie, que 260 centim. cubes de gaz carbonique 
en moyenne. 



-106 — 

L'extension et Timportance du groupe des diastases se 
sont encore accrues quand la science a été amenée à y 
faire entrer les poisons élaborés par les microbes patho- 
gènes, ainsi que les venins sécrétés par certains animaux, 
substances dont nous aurons à reparler tout à l'heure. 



II. 



Quittons maintenant le point de vue de la science géné- 
rale pour envisager les progrès les plus saillants accom- 
complis dans la science des microbes appliquée à des 
sciences particulières, spécialement à la science agricole 
et à la médecine. 

I. — En agriculture, un des problèmes qui ont le plus 
exercé la sagacité des savants est celui de la circulation 
de l'azote entre les végétaux et le milieu dans lequel ils 
vivent. On sait que c'est principalement à l'état de nitrate 
que l'azote est fourni directement aux plantes par le sol. 
De son vivant Pasteur avait eu la satisfaction de voir, 
grâce à l'emploi des méthodes qu'il avait indiquées, 
MM. Schlœsing et Mûntz démontrer que la formation des 
nitrates dans le sol était due à des microbes. Cette étude 
a été approfondie par M. Winogradsky, qui a pu isoler à 
l'état pur les microbes doués du pouvoir de fabriquer les 
nitrates, et en étudier les fonctions vitales. Grâce à ces 
travaux nous connaissons bien maintenant la série des 
transformations que subit la matière azotée. Prenons un 
animal ou un végétal vivant : il y a de la matière orga- 
nique azotée dans ses tissus. Après sa mort, les microbes 
de la putréfaction font passer cette matière azotée, après 
une série compliquée d'états intermédiaires, à l'état d'am- 
moniaque; c'est à ce point que s'arrête la série des trans- 
formations de la matière azotée dans les engrais. Mais 
quand ceux-ci sont incorporés au sol, un microbe, décou- 



^ 



— 106 - 
vert par M. Winogradsky, en présence de l'oxygène de 
l'air et du calcaire contenu dans la terre, y transforme 
Fammoniaque en nitrile; puis un second microbe, isolé 
par le même savant, fixe encore de Toxygène de l'air sur 
le nitrite et le transforme en nitrate. Sous cette forme 
Tazote est directement assimilé par les végétaux, qui en 
font de la matière organique azotée, et le cycle est fermé. 

La connaissance exacte des conditions de la nitrifica- 
tion, c'est-à-dire du principal agent de la fertilité de la 
terre, a fourni à M. Dehérain la base de la théorie ration- 
nelle qu'il a donnée pour l'emploi des engrais, le travail 
du sol, le choix et Tordre des plantes à cultiver, l'utilité 
des cultures dérobées et des engrais verts, les avantages 
et les inconvénients de la jachère. 

Ce qui domine toutes ces questions d'un si grand intérêt 
pour l'agriculture, c'est la réalisation des conditions qui 
favorisent la nitrification, à savoir l'entretien d'une réserve 
suffisante de calcaire dans le sol, celui d'une réserve con- 
venable d'humidité dans le sol et dans le sous-sol, et 
surtout l'aération du sol par Tameublissement fréquent. 
C'est aussi l'art de modérer à propos la nitrification. Car 
les nitrates sont extrêmement solubles dans l'eau, ne sont 
pas fixés par la terre, et, par suite, s'ils ne sont pas 
utilisés immédiatement par les racines des plantes cul- 
tivées, sont exposés à être entraînés, en pure perte, dans 
les couches profondes par les pluies abondantes, ce qui 
arrive souvent quand la terre reste découverte après la 
moisson. Us ne peuvent d'ailleurs se reproduire par une 
nitrification nouvelle de la réserve azotée du sol pendant 
l'hiver, parce que les microbes nilrificateurs ne travaillent 
qu'à une douce température. De là l'utilité des cultures 
dérobées d'automne. Si, aussitôt le blé enlevé, on occupe 
la terre par une plante à végétation rapide, celle-ci utilise 
pour elle-même les nitrates présents; en même temps, par 
sa transpiration, elle rejette dans l'atmosphère la plus 



- 107- 

grande partie de Teau tombée, dessèche le sol, ralentit la 
nitrification, et conserve ainsi dans les couches superfi- 
cielles la précieuse matière azotée ; puis, si on l'enfouit à 
temps, c'est-à-dire en automne, elle y ajoute la réserve de 
sa propre substance; et ainsi l'épargne de la matière 
azotée non nitrifiée assurera pour le printemps prochain, 
dès que la température sera redevenue favorable, une 
nitrification abondante qui augmentera considérablement 
la récolte. 

11. — Mais les nitrates ne sont pas la seule source de 
l'azote assimilé par les végétaux. 

Depuis longtemps on soupçonnait que l'azote de l'air 
pouvait concourir à leur alimentation. Plusieurs savants, 
notamment Georges Ville, avaient réalisé des expériences 
qui démontraient l'utilisation de l'azote atmosphérique 
par les plantes. Cette notion était pourtant loin d'être uni- 
versellement acceptée dans le monde savant : d'une part 
les démonstrations n'avaient pas toute la rigueur exigi- 
ble, en ce que les résultats des expériences n'étaient pas 
toujours concordants ; d'autre part le mécanisme de cette 
utilisation était resté complètement inexpliqué. 

L'expérience avait depuis longtemps montré aux agri- 
culteurs le rôle améliorant des légumineuses pour le sol. 
Si, sans avoir fourni d'engrais à une terre, on y cultive 
du trèfle, du sainfoin, de la luzerne, il peut arriver qu'on 
en relire une belle recolle. Cette récolte contient deux 
fois plus d'azote que n'en contiendrait une récolte de blé 
faite sur la même surface du même sol, et pourtant si, à 
la suite de la récolte de légumineuses, on vient à ensemen- 
cer en blé la terre qui l'a fournie, aucun engrais n'ayant 
élé ajouté, on obtient encore une belle récolte de blé. Il 
faut donc que la légumineuse, au lieu d'appauvrir le sol 
en azote, l'ait enrichi. 

C'est à un savant allemand, Hellriegel, que nous devons 
l'explication de celte énigme. Comme Georges Ville, ce 



- 108 - 

savant pensa que Tazole gagné avait été emprunté à l'at- 
inosphêre, mais c'est le mécanisme de cet emprunt qu'il 
H découvert. Il eut Tidée de chercher s'il n'y avait pas là 
une intervention de microbes : selon la méthode paslo- 
rienne, il sema des légumineuses dans un sol dépourvu 
d'azote et stérilisé par la chaleur, et, comparativement, 
dans un sol de même nature, également stérilisé, mais 
auquel il ajouta une petite quantité de délayure de terre 
cidtivée. La récolte de légumineuse obtenue sur le pre- 
mier sol contenait un peu moins d'azote que la graine; 
celle que fournit le sol inoculé avec de la délayure de 
terre en contenait un excédent considérable. 

Par conséquent sans microbes les légumineuses sont 
aussi incapables que le blé d'emprunter l'azote à l'atmos- 
phère, tandis qu'avec le concours de microbes, dont les 
germes se trouvent dans la terre cultivée, elles sont capa- 
bles de puiser à celle source. 

Comment les bactéries interviennent-elles dans la végé- 
tation des légumineuses? Hellriegel et son collaborateur 
Willfarlh remarquèrent que dans tous les cas où la légu- 
mineus(î assimile l'azote libre, sa racine se couvre de tu- 
bercules irréguliers, qu'on nomme ordinairement des no- 
dosités, tubercules où vit une bactérie, et que dans tous 
les cas où la môme plante vit sans assimiler d'azote libre, 
sa racine est dépourvue de semblables nodosités. 

Ces nodosités peuvent élre inoculées à des légumineuses 
croissant en terre stérilisée; à partir du moment de l'ino- 
culation, ces dernières acquièrent à leur tour des nodosi- 
tés, et dès lors absorbent l'azote de l'air et entrent dans 
une période de végétation prospère. 

On n'a pas réussi d'abord à obtenir in vitro, en dehors 
de la racine des légumineuses, des cultures de la bacté- 
rie avec fixation de l'azote atmosphérique. Ce résultat fut 
obtenu en 1897 à l'Institut Pasteur par M. Mazé, qui sut 
fournir à celte bactérie un miheu nutritif non vivant aussi 



— 109 - 

rapproché que possible du milieu vivant qu'elle trouvait 
dans la racine des légumineuses. Les fonctions de ce 
microbe purent ainsi être étudiées en culture pure. On 
reconnut que Tazole libre ne lui suffit pas au début, qu'il 
a au contraire besoin de trouver une réserve de substance 
organique azotée pour assurer les premières phases de 
son existence, qu'il a besoin de beaucoup d'air, enfin 
qu'il est grand consommateur de matière hydrocarbonée : 
il détruit beaucoup de sucre pour assimiler peu d'azote. 
Quand il vit en association avec une plante légumineuse, 
on assiste à un cas touchant de solidarité : la plante verte 
fournit à la bactérie de la matière hydrocarbonée, la bac- 
térie fournit à la plante verte de la matière azotée et tous 
les frais sont payés par l'air atmosphérique, qui fournit 
à la plante verte, comme matière première, l'acide carbo- 
nique, et à la bactérie, l'azote. 

11 existe d'autres associations d'organismes qui peuvent 
de même fixer l'azote atmosphérique, notamment des as- 
sociations d'algues et de bactéries, mais au point de vue 
agricole l'importance de ces associations est bien loin 
d'égaler celle des nodosités des légumineuses. 

La connaissance de ces procédés par lesquels les plantes 
puisent leur azote les unes, à l'état combiné, dans le sol, 
les autres, à l'état libre, dans l'air, toujours grâce au con- 
cours des microbes, est un des plus beaux progrès qui 
aient jamais été faits en chimie agricole. 



III. 



11 nous reste à exposer les progrès accomplis dans la 
science des microbes appliquée à la médecine. 

1. — Pasteur nous avait appris ce que c'est qu'un virus. 
Tout un immense programme était dès lors tracé à la mé- 
decine : il fallait découvrir le parasite spécifique de cha- 



- 110- 

cune des maladies infectieuses, en étudier le mode de pro- 
pagation, pour pouvoir protéger Thomme ou les animaux 
contre son invasion, et le mode d'action sur l'organisme, 
pour pouvoir lutter contre lui après qu'il a pénétré dans 
la place et annoncé sa présence par les symptômes de la 
maladie. 

Ce programme s'exécute progressivement avec un 
brillant succès. Je n'énumérerai pas toutes les maladies 
dont le parasite a été reconnu et scientifiquement étudié: 
qu'il me suffise de citer au hasard le choléra, la tubercu- 
lose, la fièvre typhoïde, la diphtérie, la malaria, la peste, 
la fièvre jaune, et, chez les animaux, la péripneumonie, 
dont le microbe, découvert par MM. Nocard et Roux, est si 
petit qu'il atteint à peu près la limite de ce que le micros- 
cope le plus parfait permet d'apercevoir, enfin la fièvre aph- 
teuse, dont l'agent, encore plus petit à ce qu'il paraît, passe à 
travers le filtre Chamberland et est absolument invisible, 
mais n'a pu échapper à la perspicacité de M. Lœffler, qui 
a su le cultiver et le mettre en évidence par ses méfaits. 

Sur le mode de propagation des agents virulents nous 
avons acquis de précieuses connaissances : nous savons, 
par exemple, que la fièvre typhoïde et diverses maladies 
du tube digestif se propagent généralement par l'eau de 
boisson souillée des déjections des malades; la tubercu- 
culose par l'air chargé des poussières qu'abandonnent les 
crachats desséchés des phtisiques ; la malaria par les 
moustiques, qui absorbent, avec le sang d'un malade, le 
parasite pathogène : on l'a vu se cultiver dans le corps de 
l'insecte, et donner naissance à des germes qui pénètrent 
dans les cellules de sa glande venimo-salivaire, d'où ils 
sont inoculés ensuite dans le sang d'un sujet sain ; nous 
savons que la peste franchit les mers avec les rats qu'on 
embarque au départ, et se transmet des rats à l'homme 
par la vermine que la maladie même force ces rongeurs à 
laisser, contrairement à leur habitude, pulluler sur leur 



-^ 111 — 

peau, d'où elle passe facilement sur de nouveaux hôtes. 
Tous ces moyens de propagation ont été reconnus et dé- 
montrés par des procédés analogues à ceux par lesquels 
Pasteur, pour la première fois, suivait les germes de la 
maladie charbonneuse du cadavre de la brebis profondé- 
ment enfouie jusqu'au brin d'herbe d'un « champ maudit » 
en passant par le corps des vers de terre. 

Et quant au mode d'action des virus sur l'organisme, 
quant au mécanisme par lequel ils produisent la maladie 
et la mort, on ne peut pas dire qu'il soit actuellement bien 
connu pour toutes les maladies infectieuses, mais pour 
quelques-unes nous sommes aujourd'hui bien rensei- 
gnés. 

Nous savons que le bacille de la diphtérie sécrète un 
poison, une sorte de diaslase, qui se diffuse dans l'orga- 
nisme et produit des désordres bien loin de la partie du 
corps, si restreinte, où il se cultive. MM. Roux et Yersin 
ont découvert et isolé ce poison, que l'on appelle la toxine 
diphtérique. En cultivant le bacille dans du bouillon et sé- 
parant ensuite, par filtra tion, le liquide des microbes qui 
y vivaient, on obtient une solution de la toxine dont quel- 
ques gouttes peuvent tuer une chèvre. 

D'autres microbes produisent aussi des actions à dis- 
tance par des toxines qu'ils sécrètent : la toxine du bacille 
du tétanos, par exemple, est le plus terrible des poisons 
connus. Une simple écharde peut faire pénétrer ce bacille 
dans nos tissus : il se cultive dans la petite plaie et y reste 
sans se propager au loin, mais le peu de toxine qui peut 
être élaborée dans un si petit espace suffit pour tuer un 
homme. Le bouillon de culture où a vécu ce microbe, par- 
faitement débarrassé de tout microbe vivant, est beau- 
coup plus toxique encore que la toxine diphtérique : deux 
gouttes de ce liquide tuent un cheval; on n'a pas fait, 
naturellement, l'expérience pour l'homme, mais, d'après 
son poids comparé à celui des animaux sur lesquels on a 



— 112 - 

expérimenté, on peut prévoir qu^il suffirait d'un cinquième 
de goutte de ce liquide pour le faire mourir avec les symp- 
tômes du tétanos. 

Le choléra est également un empoisonnement aigu, où 
le poison est élaboré par le bacille-virgule qu'a isolé Koch. 
La toxine se produit dans Tinteslin, elle est absorbée, se 
diffuse dans l'organisme, et agit, elle aussi, loin du foyer 
d'où elle vient. La chose a été moins facile à démontrer 
pour cette maladie que pour les deux précédentes ; on y a 
réussi, à l'Institut Pasteur, par un intéressant artifice, qui 
consistait à introduire dans le péritoine d'un animal une 
culture du terrible bacille renfermée dans l'intérieur d'un 
petit sac de coUodion, perméable aux liquides, imper- 
méable aux solides et par conséquent aux microbes. L'ani- 
mal succomba au choléra sans qu'un seul bacille ait été en 
contact avec ses tissus. 

Plus on avance dans l'étude des maladies microbiennes, 
plus grande se montre la part que prennent les produits 
solubles sécrétés par les microbes dans les troubles mor- 
bides. 

II. — A nos connaissances relatives aux attaques des 
microbes correspondent des connaissances relatives à la 
défense. 

La constatation des moyens de propagation des agents 
pathogènes nous dicte les moyens de prévenir leur inva- 
sion : surveillance des eaux potables, désinfection immé- 
diate des déjections typhiques, des crachats tuberculeux, 
des objets et des locaux contaminés, guerre aux parasites 
visibles à l'œil nu, rats, moustiques, etc. 

La défense contre les microbes, une fois qu'ils ont péné- 
tré dans l'organisme, est moins simple. Nous avons à lut- 
ter eU contre la puUulation des parasites et contre les toxi- 
nes qu'ils déversent dans le torrent circulatoire. Contre 
ces deux dangers l'organisme a des armes naturelles puis- 
santes. 



— 113 — 

Noire sang contient, comme chacun sait, des globules 
rouges, et aussi, en bien moindre proportion, des globu- 
les blancs ; à Tétat normal il se trouve environ un globule 
blanc pour quatre cents globules rouges. Les globules 
blancs sont des cellules indépendantes, ayant leur vie pro- 
pre, mobiles d'un mouvement lié à des déformations inces- 
santes, mouvement qu'on appelle amiboïde; ils ont le 
pouvoir de digérer. Ces globules blancs remplissent, dans 
rorganisme, la fonction de gendarmes, mais de gendar- 
mes qui ne brillent pas toujours par la bravoure. Ils se 
promènent, isolés, surveillant ce qui se passe sur tout le 
territoire à la fois. Un corps étranger quelconque vient-il 
à pénétrer par effraction quelque part dans le sang, leur 
premier mouvement est de s'enfuir ; ils se réfugient dans 
les capillaires de différents organes, notamment des pou- 
mons et du foie. Puis, le premier moment de panique passé, 
après avoir obtenu du renfort, ils reviennent en rangs ser- 
rés, pour donner la chasse aux intrus. S'il s'agit de micro- 
bes, les globules blancs s'approchent d'eux, les appréhen- 
dent, les englobent, les tuent et les digèrent dans leur 
intérieur. M. Metchnikof, qui a découvert tout ce manège, 
nomme ces cellules, qui mangent les microbes, des pha- 
gocytes. 

V Voilà ce qui se passe quand le malade triomphe de la 
maladie. Quand au contraire la maladie est mortelle, on 
voit les phagocytes passer à côté des microbes sans les at- 
taquer : l'armée a jeté bas les armes. 

Si l'on injecte dans l'organisme deux bactéries différen- 
tes à la fois, il peut arriver que les phagocytes attaquent 
l'une et la dévorent, pendant qu'ils évitent tout contact 
avec l'autre. 

D'où viennent ces conduites si différentes ? MM. Massart 
et Bordet ont prouvé que les phagocytes, comme les plan- 
tes inférieures, sont doués d'une certaine sensibilité vis-à- 
vis des substances chimiques, qu'ils sont attirés par certai- 

ANNSB 1903. 8 



— 114 — 

nés substances, repoussés par d'autres. Tout le mécanisme 
de la défense repose sur ces attractions et ces répulsions. 
Des faits semblables se produisent quand on injecte à 
un animal des poisons liquides, par exemple une solution 
alcaline d'acide arsénieux (0. La dose injectée est-elle rapi- 
dement mortelle, si l'on compte les globules blancs conte- 
nus dans un même volume de sang à différents moments 
après l'injection, on voit leur nombre diminuer graduelle- 
ment jusqu'à la mort de l'animal (de 12,800 au moment de 
l'injection, dans une expérience, le nombre s'est abaissé 
progressivement jusqu'à 2,400). 

La dose est-elle supportable, on observe deux stades. 
L'animal commence par être malade : pendant ce temps le 
nombre de ses globules blancs dans le sang s'abaisse ; 
puis il se rétablit graduellement : en même temps le nom- 
bre de ses globules blancs se relève, et pendant ce stade, 
non avant, l'analyse chimique montre que les globules 
blancs contiennent de l'arsenic. 

Pour une dose indermédiaire, la maladie présente trois 
stades. D'abord le nombre des globules blancs s'abaisse 
(de 7,800 à 1,400 dans une expérience) ; pendant ce temps 
l'animal dépérit; puis ce nombre se relève (de 1,400 à 
17,000), en même temps l'animal se ranime; mais bientôt 
le nombre des globules blancs recommence à décroître (de 
17,000 à 1,000) et l'animal succombe ; pendant ce dernier 
stade ses globules blancs ne contenaient pas d'arsenic. 

On voit donc que même dans le cas où l'organisme est 
attaqué par un poison liquide, la défense consiste encore 
dans l'englobement ou l'absorption du poison par les pha- 
gocytes. 

Mais d'où vient que les globules blancs, après avoir été 
repoussés, puissent être attirés ? 

Si les microbes ont le pouvoir de sécréter des poisons 

(1) Besredka, Ann. Inst. Pasteur, IS99, p. 209 et 465. 



— 115- 

solubles, les globules blancs ont celui de sécréter des con- 
trepoisons solubles : à la toxine sécrétée par le parasite 
répond l'antitoxine sécrétée par l'organisme attaqué. Ce 
fait a été établi à la suite d'une grande découverte de 
Behring et Kitasalo, qui les premiers ont préparé un con- 
trepoison de la diphtérie. L'antitoxine peut être isolée 
comme la toxine; en prenant du sang sur l'animal qui ré- 
siste au poison et le faisant coaguler, on trouve que son 
sérum contient l'antitoxine ; car il suffit d'ajouter en pro- 
portion convenable ce sérum à une dose mortelle de la 
toxine pour que le mélange puisse être injecté à un animal 
sensible sans le rendre malade. 

La production d'antitoxine n'est pas provoquée seule- 
ment par les poisons d'origine bactérienne : les poisons 
des végétaux supérieurs, les venins des animaux, la solu- 
tion alcaline d'acide arsénieux la provoquent également. 
Et c'est le changement chimique produit par la présence 
de l'antitoxine dans le milieu où se meuvent les globules 
blancs qui fait succéder l'attraction à la répulsion, et qui 
fait retourner au combat l'armée des défenseurs d'abord 
mise en fuite. 

On a cherché à pénétrer la nature de ce changement 
chimique. Est-il comparable à la neutralisation d'un acide 
par une base ? L'expérience va répondre W. On se procure 
une toxine et l'antitoxine correspondante, et on détermine 
par une série d'expériences la dose la plus petite d'anti- 
toxine qu'il faut ajouter, par exemple, à 100 doses mortel- 
les pour un animal sensible, pour que le mélange soit inof- 
fensif pour cet animal. S'il y a, dans ce mélange, neutra- 
lisation par une combinaison définie, il suffira d'ajouter 
à la même dose d'antitoxine 101 doses mortelles de toxine 
pour obtenir un mélange qui tue l'animal. Or il n'en est 
rien : ce mélange, injecté à l'animal, lui fait éprouver seu- 

(1) Expérience d'Ëhrlich. 



^ 



— 116- 

lement des troubles légers et passagers. On ne pent donc 
pas comparer la neutralisation de la toxine par Tanti- 
toxine, par exemple, à la neutralisation de Tacide sulfuri- 
que par la soude ; s'il y a combinaison définie, ce ne peut 
être qu'une de ces combinaisons comme la chimie minérale 
nous en montre entre les acides faibles et les bases fortes 
ou faibles, combinaisons qui, en présence de Feau, sont 
en état de dissociation. Les physiologistes se représentent 
la toxine et l'antitoxine comme se fixant et s'imprégnant 
réciproquement en proportions variables, de manière à 
fournir des mélanges plus ou moins actifs. 

III. — Toutes ces données scientifiques nous conduisent 
à des applications pratiques. 

Comment forcer les globules blancs à affronter l'ennemi 
au lieu de reculer? Comment s'opposer aux ravages des 
poisons déversés dans le sang? — En injectant les anti- 
toxines. Et comment se procurer ces bienfaisantes subs- 
tances? — En produisant artificiellement la maladie à 
combattre, chez un animal capable d'y résister. Le sérum 
du sang de cet animal contiendra l'antitoxine cherchée. 

Ainsi le lapin à qui l'on a injecté une dose non mortelle 
d'arsenic a bientôt dans son sang l'antitoxine qui lui per- 
mettra à lui-même de résister à une nouvelle dose, plus 
forte, du même poison, et, après celte seconde épreuve, 
le sérum de son sang, injecté à un second lapin, permet- 
tra à ce dernier de supporter une dose mortelle d'arsenic 
injectée soit en même temps que le sérum, soit vingt- 
quatre heures après. 

Prenons un poison végétal, la ricine (extrait aqueux de 
la graine du ricin de Zanzibar). Faisons-en W des injec- 
tions successives à une chèvre, et faisons des prises 
correspondantes de sérum du sang de cette chèvre : on 
constate que ce sérum devient de plus en plus actif : à la 

(1) Danysz, Ann. Inst. Pasteur^ 1902, p. 331. 



— 117 — 

dose de 1 centimètre cube, il neutralise d'abord un demi- 
centimètre cube de la solution de ricine, puis il en neu- 
tralise 1 centimètre cube, et enfin 2 centimètres cubes, 
c'est-à-dire, finalement, mille doses mortelles pour un 
cochon d'Inde. 

S'agit-il de combattre la diphtérie, on cultivera le bacille 
spécifique dans du bouillon, puis, séparant la partie liquide 
de la partie solide, on aura une solution de la toxine : 
celle-ci, atténuée soit par le chauffage à 70*», soit par l'ad- 
dition de divers réactifs chimiques, sera injectée à des 
chevaux qui la supporteront; et des saignées pratiquées 
de temps en temps sur ces animaux fourniront le sérum 
protecteur. 

D'une manière générale il existe actuellement deux 
méthodes principales pour préserver artificiellement les 
animaux contre les maladies infectieuses : l'une consiste 
à injecter l'antitoxine spécifique préparée dans un animal 
auxiliaire; l'autre à injecter à l'animal à préserver les 
microbes mêmes (cultures tuées ou atténuées) contre les- 
quels il s'agit de lutter. Dans cette seconde méthode on 
force l'animal à fabriquer lui-même V anticorps spécifique 
(comme on dit aujourd'hui) (*) ; on lui confère ainsi ce qu'on 
appelle Vimmunité active. Tandis que dans la première 
méthode l'animal n'avait pas besoin de réagir par lui- 
même : on lui avait conféré Vimmunité passive. Ces deux 
méthodes ont chacune ses avantages et ses inconvé- 
nients : 

L'injection de sérums antîtoxiques est inoffensive et 



(1) Le mot « anticorps », plus général que « antitoxine », est employé 
pour désigner toute substance produite par l'organisme sain, et spécia- 
lement antagoniste à une espèce quelconque de cellule étrangère ou à 
ses produits. Les anticorps réagissent par divers procédés, tels que 
neutralisation des poisons (antitoxines), destruction des cellules, aboli- 
tion de la mobilité des cellules et de leurs appendices, agglutination 
des cellules, précipitation, coagulation. 



— 118- 
prodoit une immunité certaine et rapide, mais très passa- 
gère. 

L'injection des microbes eux-mêmes, tués ou atténués 
dans leur virulence, peut être accompagnée de troubles 
locaux et généraux plus ou moins graves; l'immunité 
active qu'elle confère n'est acquise qu'au bout d'un temps 
d'incubation qui peut durer de huit à douze jours, temps 
pendant lequel Tanimal est sans défense contre l'infection 
et même n'y peut opposer qu'une résistance diminuée. 
Mais une fois acquise, cette immunité est plus durable. 

On a cherché à réunir dans un seul traitement les avan- 
tages des deux méthodes à la fois. Pour cela MM. Cal- 
mette et Salimbeni ont pensé à injecter du sérum protec- 
tecteur en même temps que le corps des microbes tués. 
Cette méthode mixte n'a pas donné de résultats parfaits : 
la présence du sérum diminuait la durée de l'immunité 
qu'auraient pu produire les microbes injectés. Mais une 
heureuse modiScation, apportée à la méthode mixte par 
M. Besredka(t), a permis d'atteindre le but. On sait, d'a- 
près des expériences de MM. Ehrlich et Morgenroth, que 
toute cellule mise en contact avec son anticorps fixe ce- 
lui-ci ^ à l'exclusion de toute autre substance qui pourrait 
s'y trouver mélangée. Par conséquent si l'on mélange un 
bacille pathogène avec le sérum antagoniste, les cellules 
du bacille^ après un temps de contact suffisant, auront 
fixé l'anticorps spécifique^ mais non la partie nuisible, 
au point de vue de la production de l'immunité, que con- 
tient le sérum. Si maintenant on tue les bacilles par la 
chaleur, et que, par décantation et lavages répétés, on 
élimine rapidement toute la partie liquide du mélange, on 
n'aura plus conservé que les corps des bacilles et l'anti- 
corps qu'ils ont fixé. Délayant cette partie solide dans un 
peu d*eau, on obtient le vaccin cherché. M. Besredka a 

(1) Ann, Inst, Pasteur, 1902, p. 948. 



- 119 — 

préparé de cette manière des vaccins capables de pro- 
duire l'immunité active contre le choléra, la fièvre typhoïde 
et la peste. 

L'immunité conférée par ces vaccins est de longue du- 
rée; elle s'établit pourtant sans danger et bien plus 
promptement que celle que conférerait Tinjection des mi- 
crobes sans leur anticorps (vingt-quatres heures suffisent 
pour le choléra et la fièvre typhoïde, quarante-huit heu- 
res pour la peste) ; et avant qu'elle soit obtenue, la résis- 
tance propre du sujet, au lieu d'être affaiblie, est ren- 
forcée. 

Après cette énumération, très incomplète, des progrès 
réalisés en si peu de temps, si nous jetons un coup d'œil 
an arrière, nous serons frappés de voir combien la science 
i gagné en profondeur, en étendue, en applications bien- 
iaisantes. Et si nous suivons Fenchainement logique qui 
lattache les nouvelles conquêtes à celles de Pasteur, nous 
▼errons que pour la plupart elles sont le développement 
des principes posés par lui ; en sorte que, si nous avons 
de nouveaux noms à associer à son nom immortel, la re- 
connaissance que nous devons à ses continuateurs, loin 
de diminuer celle que nous lui avions vouée, l'accroît, puis- 
que les fruits nouvellement récoltés nous montrent com- 
bien étaient fécondes les semences qu'il a confiées au sol 
de l'investigation scientifique. 

La récolte n'est pas finie ; de grandes espérances nous 
sont permises, et nous pouvons compter sur l'avenir pour 
augmenter toujours la gloire de notre grand Pasteur. 



MARQUES DE BlBLIOTHÈaUËS 

ET 

EX-LIBRIS FRANC-COMTOIS 

(dbuxièmb sérib) 
Par MM. Jnles GAUTHIER et Roger DE LURION 

MEMBRES aiSIDAlfTS 



(Séance du 30 avril 1903) 



En Franche-Comté, comme partout d'ailleurs, les plus 
anciennes bibliothèques sont des bibliothèques monasti- 
ques. Celle de Saint-Claude d'abord, dont nous avons 
recueilli, outre un très curieux catalogue du xi* siècle, 
quelques douzaines de manuscrits précieux, puis celle de 
Luxeuil, dont la Bibliothèque nationale possède un Lection- 
naire mérovingien des plus remarquables avec un manus- 
crit fameux composé vers l'an 1100 pour l'abbé Gérard, et 
dont les Vies de saints, compilées aux x'-xi® siècles, ont 
trouvé un refuge au Bristish Muséum. 

Au XII* siècle, douze abbayes cisterciennes sont bâties 
à la fois dans le comté de Bourgogne ; chacun de ces foyers, 
où les préoccupations littéraires ne tiennent pas le premier 
rang, abrite pourtant des groupes de manuscrits plus ou 
moins importants. Les lettres profanes, la médecine, 
l'histoire môme figurent à côté de la théologie, de l'hagio- 
graphie ou de la liturgie. Après l'étude qu'un savant très 
autorisé, d'Arbois de Jubainville, a consacrée à la biblio- 
thèque primitive de Clairvaux, on a pu déjà faire une appli- 



- 121 — 

cation intéressante de ses observations, en étudiant les 
bibliothèques de nos abbayes comtoises (0. 

Auxm* siècle, quand les Dominicains et les Franciscains 
apparaissent, les couvents que le diocèse de Besançon voit 
s'élever par leurs soins obtiennent dès le début une grande 
vogue; les races féodales, et non les moins illustres, choi- 
sissent volontiers leurs sépultures aussi bien chez les 
Jacobins de Besançon, de Poligny, que chez les Cordeliers 
de Gray, de Salins, de Lons-le-Saunier et de Besançon. 
Avec les sépultures, les fondations et les libéralités 
affluent, les églises des ordres mendiants s'embellissent et 
s'enrichissent de précieux joyaux, et les manuscrits enlu- 
minés, héritage de pieux fondateurs, s'emmagasinent 
dans leurs librairies. 11 en est de même pour les autres 
maisons religieuses : hôpitaux, couvents de Carmes, voire 
même de Clarisses, qui fleurissent au xv« siècle, en atten- 
dant que le xvi*etle xvn« siècle multiplient les monastères 
de Capucins, de Minimes, de Carmes déchaussés et ouvrent 
de nombreux asiles, dans les moindres de nos bourgades, 
aux âmes désabusées de la vie du monde. 

11 n'est aucun chapitre, aucune abbaye, aucun monastère 
d'hommes qui n'achète ou qui ne transcrive quelques 
manuscrits, et quand l'imprimerie vulgarise et met à la 
portée de tous les livres les plus célèbres du passé ou du 
présent, toutes les bibliothèques monastiques ou capitu- 
laires tiennent à honneur d'en faire emplette. 

Les délibérations du chapitre métropolitain de Besançon, 
où Ton peut, durant près de quatre siècles (1412-1792), 
suivre pas à pas les moindres détails de la vie ecclésias- 
tique, offrent, sur le terrain particulier des bibliothèques, de 
leur formation, de leur accroissement, bien des détails 
caractéristiques. 



(1) Cours d'Histoire de Franche-Comté professé en 1900-1902 par 
Jules Gauthier, à l'Université de Besançon. 



-122 — 

Noos n'avons pas la prétention de tracer, même à grands 
traits, lliistoire particulière des cinquante à soixante 
bibliothèques importantes que le moyen âge^ la Renais- 
sance ou les derniers siècles de l'ancien régime virent 
fonder chez nous pour aboutir à cette loi fatale de la déca- 
dence, puis de la dispersion. 

Dans une première étude nous avons énuméré la plupart 
des anciennes bibliothèques, sans omettre les dépôts 
littéraires nés autour de l'Université de Dole, et, sous 
son influence plus ou moins directe, chez les suppôts du 
Parlement et de la Chambre des comptes ; sans négliger 
non plus les cabinets de livres formés dans les châteaux 
ou dans les demeiu*es plus modestes, où la noblesse 
comtoise, de fortune le plus souvent médiocre, se faisait 
gloire de garder quelques vieux bons livres et de se tenir 
au coinçant des nouveautés du jour. Les dernières biblio- 
thèques particulières que le règne de Louis XV vit former 
en Franche-Comté furent : celle du château de Saint-Remy, 
où M. de Vaudrey avait recueilli quelques épaves des col- 
lections Granvelle, pour les réunir aux meilleures éditions 
françaises et à tous les auteurs célèbres du grand siècle; 
celle de Tabbé Mareschal de Longeville, prieur de Voi- 
sey; enfin, la plus considérable de la province, celle du 
premier président Chifflet. Héritier de toute une lignée 
d'écrivains célèbres, il tenait de ses devanciers 6,000 volu- 
mes de toute nature, rapportés de Flandre, d'Espagne, 
d'Italie, soit par Philippe, soit par Jules Chifflet, tous deux 
abbés de Balerne, soit par le jésuite Pierre-François, l'au- 
teur de Béatrix de Chalon. Les livres du médecin Jean- 
Jacques, Tauleur du Vesontio, ont été vendus à Bruxelles 
après sa mort, survenue en 1673, mais ses manuscrits joints 
à ceux de son père, de son frère et de ses fils, étaient tous 
restés au pays comtois. Enfin, en 1792, ce groupe consi- 
dérable est entré en entier dans la bibliothèque de Besan- 
çon, dont il forme un des fonds les plus remarquables. 



— 123 — 

La bibliothèque de l'abbé Pellier, de Besançon, pouvait 
rivaliser, par sa composition intelligente, avec celle du 
conseiller Droz, le secrétaire perpétuel de l'Académie. 

Toutes deux s'étaient enrichies des publications histori- 
ques les plus récentes et les plus coûteuses. Ordonnances 
des rois de France, Histoire littéraire, Gallia christiana, 
Acta sanctorum^ y coudoyaient tous les ouvrages publiés 
sur le droit et l'histoire des deux Bourgognes. A la diffé- 
rence de celle du président Chifflet, qui s'arrêtait au milieu 
du XVIII* siècle, elles comptaient toutes deux la plupart des 
éditions scientifiques ou littéraires parues de 1750 à 1790, 
et il fallut, pour les empêcher de s'accroître encore, que 
l'abbé Pellier comme Droz fussent classés parmi les suspects 
et les prisonniers de la Terreur. Plus heureux que son col- 
lègue et ami, Droz put garder ses collections personnelles; 
celles de Tabbé Pellier furent confisquées en 1793. Toutes les 
collections formées patiemment depuis des siècles allaient 
être englouties dans une catastrophe sans précédent. Les 
lois de 1790, de 1791, de 1793, ne respectèrent pas plus les 
collections des châteaux que celles des monastères ; pêle- 
mêle tous ces livres qui ont fait le bonheur de nos aïeux 
disparurent dans des encans, tandis qu'un grand nombre, 
fort heureusement, trouvèrent un asile dans les collections 
publiques. 

Chose curieuse, ce sont les bibliothèques des ordres 
mendiants, Cordeliers, Capucins ou Jacobins, qui ont fourni 
le contingent le plus nombreux et le plus utile aux biblio- 
thèques des districts, des écoles centrales et finalement 
des villes; on en peut jugera Dole par tout ce qui provient 
du couvent des Cordeliers, à Besançon, à Vesoul, et à 
Salins par les livres des Capucins ou des Dominicains. 

Au lendemain des confiscations révolutionnaires, au 
retour de l'émigration, les collectionneurs de l'ancien ré- 
gime reparurent en bien petit nombre. L'un fut Emile Malar- 
mey de Roussillon, qui amassa 30,000 volumes de toute 



— 124- 

espèce. L'autre fut ce Labbey de Billy, personnage assez 
singulier par ses incarnations successives, qui rendit plus 
de services aux lettres en amassant des livres qu'en plagiant 
et en publiant des sermons ou des travaux historiques d'or- 
dre très secondaire . Sa mort a fait naître une autre collection , 
celle d'Aymonnet de Contréglise, dispersée elle-même il y 
a quarante ans. Un juge au tribunal civil de Besançon, Jean- 
René-Marie Guillaume, cousin de l'auteur des Sires de 
Salins^ un magistrat de la Cour d'appel, le président Alfred 
Bourgon, le pair de France Flavien de Magnoncourt, dans 
son château de Frasne, les Tinseau dans leur château de 
Saint- Ylie, avaient constitué ou continué des bibliothèques 
importantes, dont une seule, celle du président Bourgon, 
survit, acquise en 1870 par M. le baron Picot d'Aligny. 

A côté de ces collections privées, des restitutions, opérées 
par une administration bienveillante, permirent de recons- 
tituer les bibliothèques de l'archevêché de Besançon, du 
Grand Séminaire, de la Mission diocésaine et de quelques 
autres établissements. Des donations effectuées dès lors 
par l'archevêque Claude Le Coz, les cardinaux de Rohan 
et Mathieu, MgrPaulinier, le chanoine Denisot et plusieurs 
généreux ecclésiastiques ont augmenté beaucoup ces bi- 
bliothèques spéciales. 

C'est en mettant à contribution ces bibliothèques publi- 
ques ou ecclésiastiques, libéralement ouvertes à nos inves- 
tigations, que nous sommes parvenus à recueillir, après 
notre moisson de 1894, un groupe de 180 reliures ou ex- 
lihris franc-comtois qui avaient échappé à nos premières 
recherches. En feuilletant par milliers les livres rares ou 
précieux pour opérer notre récoite, nous avons eu l'occa- 
sion de noter plusieurs centaines d'ex4ibris manuscrits 
apposés par les lettrés des xv«, xvi®, xvu® et xvni® siècles en 
marge ou sur les feuillets de garde des volumes qui furent 
leur propriété. Quelque jour, peut-être, les publierons- 
nous, en profitant de cette circonstance pour ébaucher la 



— 125 — 

biographie des bibliophiles des divers âges qui ont manié 
et utilisé chez nous les éditions rares, en y laissant des 
annotations et des signatures. Aujourd'hui nous nous bor- 
nerons à clore notre enquête sur les ex-libris gravés ou 
imprimés et sur les fers de reliure, avec ou sans armoiries, 
qui intéressent notre province, en donnant l'aperçu des 
principaux amateurs de livres que nous ont révélés nos 
dernières explorations. 

Pour les reliures, dont les plus anciennes datent du 
xvi« siècle, nous signalerons de jolis fers de Claude d*Achey, 
Simon Brun, Pierre Duchesne, Prosper de La Baume, 
rintendant de Lacoré, Mareschal de Bouclans, Perrenette 
Morand, Ermenfroy d'Oiselay, Anne d'Orsans, Claude de 
Rye, du Saix d*Arnans, Louise Salivet, de Vesoul, Nicolas 
Vernerey, abbé de Corneux. 

Pour les ex4ibris gravés, dont quelques-uns sont sortis 
du burin de Micaud, de Nicole ou de Viotte, nous citerons 
D'Agay, abbé de Sorrèze, Tabbé de Courbouzon, Simon 
Dejoux, de Lons-le-Saunier, Devault, de Lure, les Annon- 
ciades de Gray, le suffragant Hugon, Lagrandfemme, de 
Lezay-Marnésia,Marguierd'Aubonne, Marin d'Ori val, Pierre- 
François Perrey, l'imprimeur Rigoine, l'abbaye deTheuley. 

Pour les ex-libris plus modestes composés en typogra- 
phie, nous ne pouvons omettre le chanoine Amey, l'abbaye 
de Buillon, les Daclin, Damey, le chanoine Fyard, M. de 
Valdahon, les Légier, de Jussey, le médecin Monnot, 
rérudit lorrain Page de Sainte-Germaine, les Capucins de 
Vesoul. 

Cette nouvelle série porte à quatre cent treize le 
nombre de marques de bibliothèques patiemment réunies 
par vingt ans de recherches. Nous croyons avoir épuisé 
une mine qu'aucun de nos devanciers n'avait ouverte, en 
apportant à la bibliographie comtoise des renseignements 
assez complets ; les amateurs de livres nous sauront gré 
de nos efiforts et combleront nos lacunes. 



— 126- 



GiTALOGDB DES MARQUES DE BIBUOMlIES COMTOISES 



I. — Fers de reliures. 

266. — AGHEY (Claude d'), archevêque de Besançon depuis 
1637, mort à Gy, le 16 octobre 1654. 

Dans un cartouche ovale sommé d'une croix recroisetée 
et d'un chapeau à dix lacs^ écu : écartelé aux un et quatre 
AcHEY, aux deux et trois Bauffremont. (H. 68 mm.; 
L. 62) (V. n«s 71-72 de ce Catalogue.) 

(Ms. no 3. — B, de Besançon.) 

267. — BERGIN, Antoine, chanoine et écolâtre de Besançon, 
mort le 16 août 1537. 

Sur les plats, en veau gaufré, d'un Recueil de poésies, 
composé, au xvi* siècle, par Etienne Bercin, neveu d'An- 
toine, cette marque de propriété imprimée en or, deux fois 
répétée : 

DOMINVS. ANTONIVS. BERCIN. 

(Ms. 540. — B. de Besançon,) 

268. - BESANÇON. — COLLÈGE DES JÉSUITES, xvme s. 

Dans un cartouche ovale, les armes de la ville de Be- 
sançon. (H. 48 mm. ; L. 39.) 

(Vita S. Ignatii. B. de M. Vabbé Boiteux, professeur à 
Consolation.) 

269. — BRUN (Simon), de Poligny, 15..-1609, oncle du fameux 
diplomate Antoine Brun. 

Dans quatre cartouches disposés deux par deux sur le 
plat et le revers d'un manuscrit. (H. de chaque cartouche, 

13 mm.; L. 32.) + Simon H h Brvn f- Dola- 

NVS+-J-1609 + 

(B. du Mis de Scey de Brun, château de Buthiers.) 

270. — CHARMET (Nicolas), libraire à Besançon de 1708 à 
1750. 

Cartouche oblong avec volutes intérieures et extérieures : 
Charmet. (H. 8 mm.; L. 29.) 

(Œuvres de Regnard, 1750, in-i2, B. du coll. Saint-Fran- 
çois-Xavier.) 
271. — CHOISEUL (Claude-Antoine-Clériadus de), comte de Choi- 
seul-La Baume, né le 5 octobre 1733, décapité le 4 mai 1794. 



-127 - 

Cartouche ovale se terminant à la base par une coquille, 
contenant un écu : Ghoiseul, avec couronne ducale et 
deux lions pour supports. (H. 78 mm.; L. 61.) (Voir Mém. 
de la Soc. (TAbbeville, 1891, p. 92.) 

(Œuvres de Saint-Réal, 1745. B. de Salins.) 

272. — DOLE. COLLÈGE ROÏAL. — 1773. 

Écu royal couronné et entouré des ordres. Ce motif, très 
élégamment gravé, est signé au bas, à droite : Lordonnê, 
dans un cartouche formé de rinceaux et feuillages. (Ce 
Lordonnê était un orfèvre-graveur dolois, qui était égale- 
ment peintre en carrosses. Nous donnons, sous le n^ 348 de 
ce volume, un ex-libris gravé par lui.) Au-dessus, sur une 
banderole : Collège rotal de Dole. (H. 72 mm.; L. 64.) 
{Coll. des Archives du Boubs,) 

273. — DUCHESNE DES VAUX (Pierre), religieux profès et 
prieur de Bellevaux, ordre de Cîteaux, vers 1720. 

Sur les plats d'une reliure, deux cartouches (H. 8 mm. ; 
L. 42.) droit Dughbsne — revers Des Vaux. 

(Hist. de la Chine, Paris, 1698. B. de Vesoul.) 

274. — FAVIÈRE (Claude-Etienne), docteur es droits, origi- 
naire de Vesoul, fin du xvn« siècle. 

Ovale bordé de perles contenant un écu : trois cosses de 
fèves posées deicœ et une (Favière), heaume avec lam- 
brequins timbré d'une licorne issante. (H. 77 mm.; L. 64.) 

(Notes sur la coutume de Boyvin, ms. de 1673. B. du 
Grand Séminaire et Coll, J. Gauthier.) 
275.— FEDERIC (N....), ecclésiastique franc-comtois, xvi» siècle. 

Sur le plat d'un Missel d'Antoine de Vergy (1527), ces 
mots : N. Federig, en lettres d'or dans un cartouche oblong, 
fleuronné aux extrémités. (H. 8 mm. ; L. 53.) 

(Missel bisontin de 1527. B, de V Archevêché,) 

276. — FROISSARD (Joseph-Ignace-François), marquis de 
Broissia, chevalier d'honneur au parlement de Besançon, 
né le 9 novembre 1696, mort en janvier 1779. 

Ovale contenant un cartouche Louis XV sommé d'une 
couronne de marquis; écu : un cerf passant (H. 41 mm.; 
L. 35.) 

(Lettre du docteur de Douay, 1738, in-4. B. de la Mis- 
sion d'École.) 

277. — GILLABOZ (Gabriel Aimé de), seigneur de Sorbief 
(Jura), né le 4 mars 1715, mort le l«r juillet 1783. 

Cartouche ovale contenant un écu : d'azur à trois co^ 



— 128 — 

lombes d'argent; couronne de marquis; supports, deux 
hommes sauvages tenant des massues. (H. 49 mm.; L. 40.) 

(Ms. n» 32. B. d'Arbois.) 

278. — HUGON (Pierre-François-Louis), chanoine de Besan- 
çon, mort le 3 décembre 1790. 

Dans un joli cartouche à flancs découpés, entouré de rin- 
ceaux et de feuilles d'acanthe, ainsi que la base, surmonté 
d'une couronne de marquis coiffée elle-même d'une mitre 
avec ses fanons, un écu ovale : une bande ondée accom- 
pagnée de deux aiglettes, (H. 73 mm.; L. 48.) (V. n» 157 
de ce Catalogue). 

(Bréviaire de Besançon de 1761, B. de V Archevêché,) 

279. — JAQUELIN (François), prêtre du diocèse de Besançon, 
1589. 

Sur les deux plats de la reliure en basane noire d'un 
Missel bisontin de Ferdinand de Rye (1589), ces deux mots 
sur double plat doré, dans deux cartouches échancrés sur 
les flancs : Frangisgvs — Iaqvelin. (H. 15 mm.; L. 50 et 
57.) 

(Missel bisontin de 1589.5. de V Archevêché.) 

280. — LA BAUME-MONTREVEL (Prosper de), doyen du 
chapitre de Besançon, abbé de Gherlieu, mort le 8 ou 
9 juin 1599. 

Cartouches ovales, très ornés, contenant au droit du 
plat : Pros de, et sur le revers : la Bavme. (H. 64 mm. ; 
L. 40.) 

(Bibliorum Grsecorum, Basilese, 1550, in-12. B. de Jules 
Gauthier.) 

281. LACORÉ (Charles-André de), né à Paris le 24 août 1720, 
intendant de Franche-Comté de 1761 à 1784, mort à Saint- 
Ouen, près Pontoise, le 2 novembre 1784. 

Écu rocaille : d'azur au chevron d'or accompagné en 
chef de deux coqs, en pointe d'un lionceau d'argent ; cou- 
ronne ducale, supports deux lions^ rinceaux fleurs et feuil- 
lages. (H. 73 mm.; L. 56.) 

(Traité d'accouchement par M"»* Ducoudray, 1759. Li- 
brairie LeclerCy à Besançon,) 

282. — LEBŒUF DE VALDAHON (N....), marquis, colonel, 
chevalier de Saint-Louis, xvin* siècle. 

Cartouche ovale soutenu par deux aigles, au-dessus 
couronne de marquis, au bas la croix de Saint-Louis entre 
quatre guidons fleurdelisés et deux timbales : Écartelé aux 



— 129 - 

un et quatre Lbbœup, qui est d*azur au chevron d'or 
chargé de trois aiglettes de sable; auœ deux et trois 
SoRDET, qui est de gueules à trois têtes de lévrier d'ar^ 
gent colletées de. sable, bouclées et couronnées d'or. (H. 
49 mm.; L. 43.) 

(Les Amours dismène et d'Isménias, 1743. B. du comte 
de Burey.) 

283. — LYAUTEY (François-Alexandre), de Vesoul, prêtre, 
fin du xvin* siècle. 

Sur une reliure fort simple, ces mots imprimés en noir : 
F. A. Lyautey p. 
(De TAmour de Dieu, in-12, 1780. B. de V Archevêché.) 

284. — MAYROT (Guyon), conseiller au parlement de Dole, 
XVI* siècle, mort sans postérité. Plat droit •:aviDO> 
revers : mayrotivs. 

(Quintilianus, Parisiis, 1556, in-4. B. du coll. Saint- 
François-Xavier, ) 
285-286. — MARESGHAL (Antoine), seigneur de Bouclans, co- 
gouvemeur de Besançon en 1667. 

a. Dans un ovale formé par deux branches de laurier 
nouées d'un ruban à la base, un écu avec lambrequins : 
de,... à la bande chargée de trois étoiles à six rais de.,., 
accompagnée de deux raisins feuilles. Heaume timbré 
de deux trompes contenant une étoile à six rais. (H. 96 
mm.; L. 82.) 

(Ms. 1179. B, de Besançon.) 

b, Écu : une bande (Maresghal) soutenu de deux bran- 
ches de laurier, attachées d'un ruban. (H. 37 mm.; L. 36.) 

(Terrier de Bouclans. Série E. Arch, du Doubs.) 

287. — MORAND (Perrenette), d'une famille doloise, xvi« siècle. 

Sur les plats d'une superbe reliure de transition du 
xvi« siècle, au milieu de cartouches fleuronnés, ces mots : 

PeRRE — NETTE — MoRAND. 

(Vol. 235, 725. B, de Besançon.) 

288. — OISELAY (Ermenfroy-François), baron d'Oiselay, che- 
valier d'honneur au parlement de Dole, mort dans cette 
ville le 24 février 1646. 

Sur le plat antérieur d'une reliure au petit fer, ovale 
contenant l'écu d'OisELAY (une bande vivrée), soutenu par 
deux hommes sauvages, avec casque couronné, lambre- 
quins et timbre : un cygne éployé. (H. 60 mm. ; L. 46.) 
(Giceronis oper., 1589, in-12. Arch. du Doubs.) 
ANNBB 1903. 9 



— 130 — 

289. — ORIVAL (N.... d'). xvni» siècle. 

Cartouche ovale ayant à la base une coquille et des fleu- 
rons; écu : trois fasces (d'Orival), sommé d'une couronne 
de marquis. (H. 42 mm., L. 36.) 

(Nobiliaire de Dunod, 1740. B. du séminaire de Conso- 
lation,) 

290. — ORSANS (Anne d'), mariée à Ermenfroy-François, 
baron d'Oiselay, le 7 juillet 1594, morte à Oiselay du 14 au 
18 octobre 1637. 

Sur le plat postérieur d'une reliure au petit fer, ovale 
contenant un écu losange : parti Oiselay (une bande 
vivrée) et Orsans (un sautoir), (H. 60 mm.; L. 46.) 

(Giceronis oper., 1589, in-12. Arch, du Doubs.) 

291. — PIEROT (R.), chirurgien-major de la garnison de Be- 
sançon, fin du xviii* siècle. 

R. PlEROT. 
GHIRURG. MAJOR. 

(Recueil sur Tinoculation, 1764-1766. Arc/i. du Doubs.) 

292. — POURTIER (Philibert), de Salins, vicaire général de 
Besançon, mort le 23 septembre 1626. 

Sur les plats d'une reliure, deux cartouches rectangu- 
laires contenant au droit : Philibertvs, revers : Povrtier. 
(H. 7 mm.; L. 60 et 42.) 

(Sententiarum volumen, 1559. J9. de Salins.) 

293. — RYE (Catherine de), abbesse de Château-Ghalon , 
1612-1646. 

Dans un écu losange : une aigle éployée. Autour une 
cordelière avec nœuds d'amour derrière une crosse mise 
en pal. (H. 193 mm. ; L. 126.) 

(Terrier de Ghàteau-Ghalon, Arch. du Jura.) 

294. — RYE (Glaude-René de), comte de Varax, baron de Ba- 
lançon, général d'artillerie, gouverneur de Namur, mort 
dans cette ville vers 1630. 

Sur une reliure en veau, enrichie de rinceaux et fleurons, 
et, aux angles, de génies portant des trompes, tranche do- 
rée et ciselée, cette inscription en losange, rappelant un 
prix d'université (Ingolstadt ?) : ex 1 . qram . ad poet. 1 . 

PALMARVM EPIST . ADEPTVS EST GENER . CLAVD . RENAT . DE 
RYA G0ME8 DE VARAS . BARO DE BALANÇON ETG . (plat anté- 
rieur) 1595 (plat postérieur). 

(M. Ant. Mureti, Orationes, Ingolstadt, 1592, in-8. — 
Coll. J. Gauthier.) 



- 131 — 

295. — DU SAIX D'ARNANS (N....), xviiie siècle. 

Cartouche en forme d'écu simple contenant, soutenues 
d'un cul-de-lampe, supportées par deux lions et couronnées 
d'une couronne de marquis, les armoiries des Du Saix : 
écartelè de gueules et d'or, (H. 43 mm ; L. 33.) La reliure 
est signée au bas du dos : De. 

(Morelly, Essai sur l'esprit humain, 1743, in-12. B, du 
docteur Blondon.) 

296. — SALIVET (Louise), de Vesoul, femme de Pierre Mar- 
quis, cogouverneur de Besançon en 1550-1572. 

Sur les plats de la reliure, droit : Lov yse, revers : Salivet. 
(Heures sur vélin de Simon Vostre pour Besançon, 1512, 
n« 1849, Musée de Cluny, Paris.) 

297. — TERRIER (Marie- Jules), marquis de Mailleroncourt, 
président à mortier au parlement de Besançon, né le 9 sep- 
tembre 1693, mort le 21 janvier 1772. (Voir n" 219-220 de 
ce Catalogue.) 

Marie -Jf Jules % 
Terrier -^ 
(Clariorum virorum Commentaria, H. Zolesius, 1725, 
B, du chapitre de Besançon,) 

298. — VERNEREY (Nicolas), abbé de Corneux (ordre de 
Prémontré), de 1608 à 1626. 

Sur les plats, fleuronnés avec filets, deux médaillons, le 
premier représentant l'Annonciation : ave . gratta . plena, 
le second le Christ en croix : ms. Sur le plat antérieur deux 
cartouches rectangulaires contiennent les épigraphes dédi- 
catoires qui suivent ; a f . ant . vitot — d . mon as. g r 
[Corneoli), — b gvratvs . de . — sornay . d . d . Sur le 
plat postérieur deux autres cartouches : c : r . d . d . nico- 

LAO VERNEREY. — d .* AB . D . DE . CORNIOLO. 

(Vita S. Norberti, van der Sterre (illustr Th. Galle), An- 
tuerpisB, in-4. B, du chapitre métropolitain,) 

299. — WURTEMBERG-MONTBÉLIARD (le duc de), fin du 
XVI' siècle. 

Ovale contenant un écu à Tallemande écartelè : Wur- 
temberg, TECK, porte- ÉTENDARD d'eMPIRE, et MONTBÉ- 

LiARD, sommé de deux casques avec lambrequins, celui 
de gauche avec couronne ducale et deux cimiers : un hu- 
chet (Wurtemberg) et un chien (teck). Au-dessus, sur une 
banderole, la devise vtm . i . a . r . Au bas de Técu les ini- 
tiales E s. 



-132- 

(Plutarchi Vitse, Gryphius, Lugduni, 1567. — Arch, du 
Doubs.) 



XX. — Ex-libris gravés avec ou sans armoiries. 

ÎKX). — D'AGAY (Gharles-Denis-François), abbé de Sorèze 
(diocèse de Lavaur), de 1740 à 1779, date de sa mort. 

Sur un support rocaille écu ovale : d*or au lionceau de 
gueules au chef cousu d'azur; cartouche sommé d'une 
couronne de marquis et d'un chapeau à six glands, ac- 
costé d'une mitre et d'une crosse, disparaissant presque 
complètement sous les glands et sous des branches de pal- 
mier et de laurier, sans légende. (H. 87 mm. ; L. 64.) 

(Coll. des Arch. du Doubs.) 

301. « BOQUET DE GOURBOUZON (Marie-François), né à 
Besançon le 16 avril 1707, prieur d'Arbois, de Frontenay et 
de Grandecourt, abbé de Buillon et de Bithaine, mort à 
Besançon en 1798. 

Grande composition rocaille portant au sommet, incliné 
de gauche à droite, un écu ovale, dans un cartouche sur- 
monté d'une mitre et d'une crosse, sommé d'une couronne 
de marquis : écartelé au premier et quatrième : sachet, 
aicœ deuxième et troisième : Poligny, sur le tout : Boquet, 
qui est : d'azur à quatre roses d'or. Signé au bas àgauche 
T. Viotte sculpsit, (H. 135 mm. ; L. 108.) 

(GG 1. Arch. municip. d'Arbois,) 

302. - BOURGEOIS DE BOYNES (Pierre-Etienne), intendant 
de Franche-Comté, premier président au parlement de Be- 
sançon, puis ministre de la marine, né à Paris en 1718, 
mort le 19 octobre 1783, à Boynes (Gàtinais). 

Dans un encadrement rectangulaire, style Louis XV, un 
ovale soutenu d'un soubassement contenant ces mots : ^t- 
bliotheca \ Boeniana, Sur un manteau d'hermine, écu 
sommé d'une couronne de marquis et d'un mortier de pre- 
mier président, sable et or : d'azur à la bande d'argent 
chargée de trois merlettes de sable, (H. 85 mm. ; L. 59.) 

{Coll. du comte de Burey. Château de Nenon (Jura.) 

303. — BOUSSON (Jean-Claude), subdélégué de l'intendant à 
Pontarlier, né en 1724, mort après 1793. 

Cartouche style Louis XV, écu : d'azur à un merle 
d'argent posé sur une boule d'or, ex libris d^î J, C. Bous- 



— 133 — 

SON, advocati. Au bas : Micaud fecit. (H. 91 mm. ; L. 66.) 
{Coll. de M. l'abbé Paul Brune.) 
304. — BOUSSON (Jean-François), chanoine, puis prévôt de 
Saint-Maurice de Salins, 1749-1790, frère du précédent. 

Dans un cartouche rocaille incliné vers la droite, accosté 
d'une palme, couronné d'une couronne de comte et appuyé 
sur un soubassement épaulé de deux volutes un écu : 
BOussoN. Au-dessus, ciel nuageux semé d'oiseaux vole- 
tants ; sur le tertre et le soubassement, deux tourterelles. 
Au bas, une banderole avec cette légende : dominus. joan- 

NES FRANGISGUS BOUSSON GANNONIGUS REGALIS SALINEN8IS. 

— Au-dessous : migaud f. (Cette légende, retouchée, a dû 
remplacer le nom du conseiller Jacques Bousson, de la 
Chambre des comptes de Dole, père du chanoine.) (H. 
90 mm. ; L. 66.) {Coll. des arch. du Doubs.) 

305-306. — GOURLET DE VREGILLE (François-Désiré), Heu- 
tenant-colonel d'artillerie, mort en 1808. 

a. Écu soutenu de guirlandes et rinceaux en feuilles d'a- 
canthe : GOURLET {d'azur au chevron d'argent accompa- 
gné de deux étoiles et d'un cœur de même). Au-dessous, 
dans un cartouche oblong : de Vregilles. (H. 70 mm. ; 
L. 52.) 

(Il pastor fido. B. du château de Vregille (Haute-Saône.) 

b. Au milieu de trophées de guerre, mortier, canon, 
bombes, etc., l'écu ovale des armoiries des Gourlet. Au- 
dessous, une banderole : ex libris vregille. (H. 42 Ynm. ; 
L. 68.) {B, du château de Vregille {Haute-Saône.) 

307. — DEJOUX (Simon), lieutenant criminel du présidial de 
Lons-le-Saunier, 1734. 

Joli cartouche avec casque vu de face avec amples lam- 
brequins^ écu : de gueules à la bande composée d'argent 
et de sable de huit pièces. Au-dessous, sur une banderole : 

BOUGHY SCUlpsit VES0NTI0NE. — SIMON DE JOUX | RERUM 
GAPITALIUM VIGE | PRETOR LiEDONENSIS ANNO 1734. (H. 

95 mm.; L. 64.) 

{Musée archéologique de Besançon.) 

308. — DELACROIX (Gratien), de Saint-Glaude. 

Gartouche rocaille supporté par deux lionceaux assis, 
sommé d'une couronne comtale. Écu : d'azur à deuœfasces 
d'argent accompagnées en chef de trois étoiles de même, à 
six rais; en cœur, d'une aigle éployée d^or. Au bas : ex 
LIBRIS I GRATiANi | DE LAGROix. (H. 78 mm. ; L. 69.) 



— 126 — 

GATÂIOGIIB DES HÂRQIIES DE BIBUOTHÈQDES COMTOISES 



I. — Fers de reliures. 

266. — AGHEY (Claude d'), archevêque de Besançon depuis 
1637, mort à Gy, le 16 octobre 1654. 

Dans un cartouche ovale sommé d'une croix recroisetée 
et d'un chapeau à dix lacs^ écu : écartelé aux un et quatre 
AcHEY, aux deux et trois Bauffremont. (H. 68 mm.; 
L. 62) (V. nos 71-72 de ce Catalogue.) 

(Ms. no 3. — B, de Besançon.) 

267. — BERCIN, Antoine, chanoine et écolâtre de Besançon, 
mort le 16 août 1537. 

Sur les plats, en veau gaufré, d'un Recueil de poésies, 
composé, au xvi* siècle, par Etienne Bercin, neveu d'An- 
toine, cette marque de propriété imprimée en or, deux fois 
répétée : 

DOMINVS. ANTONIVS. BERCIN. 

(Ms. 540. — B. de Besançon.) 

268. - BESANÇON. — COLLÈGE DES JÉSUITES, xvme s. 

Dans un cartouche ovale^ les armes de la viUe de Be- 
sançon. (H. 48 mm. ; L. 39.) 

(Vita S. Ignatii. B. de M. Vàbhé Boiteicœ, professeur à 
Consolation.) 

269. — BRUN (Simon), de Poligny, 15..-1609, oncle du fameux 
diplomate Antoine Brun. 

Dans quatre cartouches disposés deux par deux sur le 
plat et le revers d'un manuscrit. (H. de chaque cartouche, 

13 mm.; L. 32.) + Simon H h Brvn f- Dola- 

Nvs 4- -1-1609 + 

(B. du Jlfis de Scey de Brun, château de Buthiers.) 

270. — CHARMET (Nicolas), libraire à Besançon de 1708 à 
1750. 

Cartouche oblong avec volutes intérieures et extérieures : 
Charmet. (H. 8 mm.; L. 29.) 

(Œuvres de Regnard, 1750, m-i2,B.du coll. Saint-Fran- 
çoiS'Xavier.) 
271. — CHOISEUL (Claude-Antoine-Clériadus de), comte de Choi- 
seul-La Baume, né le 5 octobre 1733, décapité le 4 mai 1794. 



-127 — 

Cartouche ovale se terminant à la base par une coquille, 
contenant un écu : Choiseul, avec couronne ducale et 
deux lions pour supports. (H. 78 mm.; L. 61.) (Voir Mém. 
de la Soc. d^Abbeville, 1891, p. 92.) 

(Œuvres de Saint-Réal, 1745. B. de Salins.) 

272. - DOLE. COLLÈGE ROÏAL. - 1773. 

Écu royal couronné et entouré des ordres. Ce motif, très 
élégamment gravé, est signé au bas, à droite : Lordonnê, 
dans un cartouche formé de rinceaux et feuillages. (Ce 
Lordonnê était un orfèvre-graveur doloîs, qui était égale- 
ment peintre en carrosses. Nous donnons, sous le n? 848 de 
ce volume, un ex-libris gravé par lui.) Au-dessus, sur une 
banderole : Collège royal de Dole. (H. 72 mm.; L. 64.) 
(Coll. des Archives du Doubs.) 

273. — DUCHESNE DES VAUX (Pierre), religieux profès et 
prieur de Bellevaux, ordre de Cîteaux, vers 1720. 

Sur les plats d'une reliure, deux cartouches (H. 8 mm. ; 
L. 42.) droit Dughbsne — revers Des Vaux. 

(Hist. de la Chine, Paris, 1698. B. de Vesoul.) 

274. — FAVIÈRE (Claude-Etienne), docteur es droits, origi- 
naire de Vesoul, fin du xvii* siècle. 

Ovale bordé de perles contenant un écu : trois cosses de 
fèves posées deicœ et une (Favière), heaume avec lam- 
brequins timbré d'une licorne issante. (H. 77 mm. ; L. 64.) 

(Notes sur la coutume de Boyvin, ms. de 1673. B. du 
Grand Séminaire et Coll, J. Gauthier.) 
275. — FEDERIC (N....), ecclésiastique franc-comtois, xvi» siècle. 

Sur le plat d'un Missel d'Antoine de Vergy (1527), ces 
mots : N. Federig, en lettres d'or dans un cartouche oblong, 
fleuronné aux extrémités. (H. 8 mm.; L. 53.) 

(Missel bisontin de 1527. B. de V Archevêché.) 

276. — FROISSARD (Joseph-Ignace-François), marquis de 
Broissia, chevalier d'honneur au parlement de Besançon, 
né le 9 novembre 1696, mort en janvier 1779. 

Ovale contenant un cartouche Louis XV sommé d'une 
couronne de marquis; écu : un cerf passant (H. 41 mm.; 
L. 35.) 

(Lettre du docteur de Douay, 1738, in-4. B, de la Mis- 
sion d^ École.) 

277. — GILLABOZ (Gabriel Aimé de), seigneur de Sorbief 
(Jura), né le 4 mars 1715, mort le l«r juillet 1783. 

Cartouche ovale contenant un écu : d'azur à trois co* 



— 196 — 

317. - GRAY. ANNONGIADES. Fondées au xviie s. 

Cartouche style Louis XIV, soutenu de deux branches de 
palmier liées d'un ruban sommé d'une couronne ducale et 
d'une banderole rigide : et verbum garo fagtum est et 
HABiTAviT IN NOBis. Écu : SUT Champ d'azur la scène de 
r Annonciation ; autour, en bordure : + de la s. annongiade 
GELE8TE DE GRAY (H. 90 mm. ; L. 72.) {B. de Oray.) 

318. — GUIN (Jean-Baptiste), grefiBier des bailliage et gruerie 
de Faucogney, vers 1780. 

Cartouche rocaille surmonté d'un écu : d^azur au che- 
vron d'or, accompagné de trois roses feuillées d'argent^ 
casque et rinceaux en lambrequins. Jean-Baptiste | Guin, 

I greffier des I bailliage et I GRDRIE DE | FaUGOGNEY 

(H. 86 mm.; L. 54). Gravure sur bois. 

(Coll. de M. Benoit, à Berthelmingen,) 

319. — GUYOT DEMAIGHE (FrançoisJoseph-Xavier Guyot), 
capitaine au régiment de Bourbon (infanterie), baron de 
Maîche, né en 1759, mort le 24 novembre 1824. 

Sur un manteau drapé, surmonté d'une couronne de 
marquis, deux écus accolés : d'azur au chevron d*argent, 
accompagné de trois roses de même (Guyot) et Grammont 
(écartelé Granges et Grammont). Au-dessus, deux bande- 
roles contenant les devises des deux maisons : Semper 
immaculatae» — Dieu aide atiœ gardiens des rois. 

(Airs notés, Londres, 1784. B. du P. Contet, à Dole.) 

320. — HUGON (Pierre-François), évoque de Philadelphie in 
partibus, sufifragant de Besançon, né à Gray, le 5 octobre 
1684, mort à Besançon, le 19 septembre 1754. 

Cartouche ovale sommé d'une couronne comtale, d'une 
crosse et d'une mitre, d'un chapeau à dix glands, écu : de 
gueules à la bande ondée d*or accompagnée de deux 
aiglettes de même. Au bas : filloz fe, (H. 178 mm.; 
L. 129.) (Coll. des Archives du Doubs.) 

331. — HYENVILLE (d'), xviii» siècle. 

Cartouche rocaille incliné légèrement de droite à gauche, 
switenu de deux lionceaux reposant sur une terrasse. Écu : 
une ancre surchargée ddun cœur de gueules, accompa- 
gnée en chef de deux étoiles d^or, sur champ d^argent. 
Au-dessous, dans un socle d'architecture : Bibliothèque de 
M' d'Hyenville. — Plus bas : Yiotte Régis Monet sculp, 
exe. (Coll. de Burey.) 

322. — JOLICLER, de Pontarlier, fin du xviii» siècle. 



-137- 

Gartouche style Louis XVI soutenu de deux lionceaux, 
couronne de comte sommée d'un bras tenant un poignard. 
Écu : d'or au faisceau de licteur mis en pal, entoure 
d*un serpent, au chef d'azur chargé d*un soleil, accoste 
de deuco étoiles d'or. (H. 62 mm.; L. 52.) 

(Coll, des Archives du Doubs.) 
Î3. — LAGRANDFEMME (Jean-Étienne), garde d'artillerie 
du fort Grififon, 1735. 

Cartouche très orné sommé d'un casque de face. Écu : 
d'azur au chevron renversé d'argent, au chef cousu 
d'or chargé de trois tourteaux de gueules. Au-dessus, 
une banderole avec la devise : Deds et magna pâma. Au 
bas : Ex libris | domini . ioan . Stephani . Lagrandfame 

I TORMENTORUW . BELLIGORUM . GUSTODIS | IN . ARGE . GRIF- 
FON . BisuNTH . 1735. (H. 68 mm. ; L. 53.) (vraisemblable- 
ment gravé à Besançon par Bouchy). 

{Coll, des Archives du Doubs,) 
24. — LEBAS DE GLÉVANS (Joseph), seigneur de Pugey, 
né le 26 septembre 1709, conseiller au parlement de Besan- 
çon en 1729, secrétaire perpétuel de l'Académie de cette 
ville, mort à Besançon le 5 janvier 1762. 

Joli socle d'architecture avec lambrequins et rinceaux, 
cartouche supporté par deux lions, couronne de comte. 
Écu : d'or à trois arbres de sinople au lionceau de 
gueules en cœur. (H. 71 mm. ; L. 69.) 

{Coll, des Arch. du Doubs,) 
35. — LEBAS DE GIRANGY (Pierre- René), capitaine de ca- 
valerie, chevalier de Saint Louis, xviii« siècle. 

Cartouche rocaille, couronne de comte, supports deux 
lionceaux. Écu : d'or à trois arbres de sinople au lion- 
ceau de gueules en cœur, (H. 73 mm. ; L. 61.) (Semble 
gravé par Viotte. ) [Coll, de Burey,) 

26. — LEZAY-MARNÉZIA (Claude Gaspard de), né vers 17i0, 
chanoine-comte de Lyon, abbé de Justimont (diocèse de 
Metz), puis d'Acey de 4779 à 1790, vicaire général d'É- 
vreux. 

Écu : Croix ancrée de l'un en Vautre sur champ parti 
émargent et de gueules, avec franc quartier interverti en 
cœur; soutenu d'un griffon et d'un lion, sommé d'une cou- 
ronne de comte, d'une mitre et d'une crosse. (H. 35 mm. ; 
L. 68.) [Coll. de Burey,) 

27. - LEZAY DE MARNÉZIA (Glaude-Louis-Albert de), né 



- 138 — 

vers 1707, abbé de Bellevaux, évêque d'Évreux, 1759-1773, 
mort à Lons le-Saunier le 4 juin 1790. 

Cartouche contenant un écu ovale : Lezay, timbré d'une 
couronne accostée de mitre et crosse et d'un chapeau avec 
lacs à dix glands (H. 84 mm. ; L. 54.) 

(Théâtre françois,1737. B.du ColL Saint- François-Xavier.) 

328. — LYAUTEY (Claude-Etienne), de Vesoul, receveur des 

tailles, 1702, né le 9 février 1661, mort le 5 novembre 1712). 

Écu ovale sommé d'un casque de profil avec lambre- 
quins; de.,., à une loyauté de ... sommée d'un soleil sou- 
tenu de trois fleurettes tigées et feuillées de,,.. Au-dessous 
une banderole : Cl . E . Lyautey (H. 68 mm. ; L. 53.) 

(Bibl. Broz des Villars.) 
329-330 ôis. — MALVOISIN (Melchior-François de), né le 11 juin 
1736, mort à Nancy au commencement du xix® siècle, 
abbé de Saint-Sauve, chanoine de Nancy, vicaire général 
de Besançon. 

a, — Dans un cartouche Louis XVI, soutenu d'un sou- 
bassement d'architecture, supports deux lionceaux couron- 
nés, couronne de marquis sommée d'une banderole : A 
Dec solo ; un écu : écartelé auœ i et 4 de Grammont, auoo 
2 et 3 Myon (qui est écartelé d'or et de gueules), à Vécu 
Malvoisin (d'argent à la croix potencée de gueules)^ bro- 
chant sur le tout. Autour de Técu, ruban soutenant une 
croix de chanoine. (H. 67 mm. ; L. 58.) 

(Coll, de M, le baron de Braux, château de Boucq 
(Meurthe et-Moselle.) 

6. — Cartouche Louis XVI, soubassement très réduit 
couvert de guirlandes de roses ; couronne de marquis, 
ruban et croix canoniale. Mêmes armoiries que dans le 
précédent. Au-dessous : Collin à Nancy ^ 1785, (H. 
86 mm. ; L. 64.) 

(Même collection,) 

c. — Le même avec crosse et mitre aux côtés et en contre- 
bas de la couronne de marquis. 

{Même collection,) 
331. — ■ MARESCHAL (Antoine), seigneur de Bouclans, cogou- 
verneur de Besançon en 1667 (V. n°» 285-286). 

Écu à Tantique : une bande^ sommé d'un casque de face 
avec lambrequins, ayant pour cimier un vol. Au bas : 
Petrus de Loisy Bisuntinus fecit, (H. 177 mm.; L. 130.) 
(Ms. Baverel 110. B, de Besançon.) 



- 139 — 

332. — MARGUIER (Antoine), seigneur d'Aubonne et d'Aude- 
lange, président à la Chambre des comptes, 1767, puis au 
Bureau des finances de Besançon en 1776, né à Ghapelle- 
d'Huin, le 30 octobre 1741. 

Cartouche rocaille avec palme et feuillages reposant, 
incliné vers la droite, sur un support d'architecture. Cou- 
ronne de comte et banderole avec cette devise : otium 
SINE LiTTERis MORS EST. Un écu écartelé, aux 1 et 4 : 
d'azur au chevron d'or accompagné de deux roses et 
d'une flèche (la pointe en haut) d'argent; aux 2 et 3, 
d'azur au chevron d'argent accompagné de deux étoiles 
et d'une gerbe sommée d'un oiseau de même. Au bas, sur 
une large banderole : Ex Libris Antonii Marguier \ dni : 
d'Aubonne, d'Audelange, Au-dessous : Micaud fecit, (H. 
110 mm.; L. 74.) [ColL des Arch, du Doubs.) 

333. - MAUDINET DE MONTRICHIER (Claude-Charles- 
François), de Gray, conseiller au parlement de Besançon, 
1708. 

Dans un cartouche ovale sommé d'une couronne de 
comte et supporté de deux griffons, écu écartelé : d'or au 
cœur de gueules soutenu d'une flamme de même (qui est 
Maudinet), et d'azur à l'aigle éployée d'or, soutenu d'une 
bisse ou serpent enlacé de même (qui est Barberot). 

L'ensemble repose sur une console ornée de guirlandes 
de fleurs à clochettes avec cette légende : Cl . Ca . Fr . 

MaVDINET de MoNTRIGHIER . SENATOR . ANNO . 170[8] (CB 

dernier chiffre écrit à la main). (H. 71 mm.; L. 69. Gravé 
probablement par Bouchy.) 
(Dict. de Moréri, 1712. B, de l'Archevêché de Besançon) 

334. - MAYROT (N.... de), xviiie siècle. 

Dans un cartouche rocaille surchargé de fleurs et de feuil- 
lages, couronné d'une couronne de marquis et incliné de 
gauche à droite, un écu : de gueules à la fasce ondée 
d'argent. (H. 109 mm. ; L. 80.) 

(Métamorphoses d'Ovide, in-12. Bibl, du château de 
Vregille (Haute-Saône.) 

335. — OISELA Y (Laurent d') , abbé d'un monastère franc- 
comtois, XVII» siècle (?). 

Dans un cartouche Louis XIV très orné, sommé d'une 
couronne de comte et d'un chapeau à six glands, un écu : 
de gueules à la bande vivrée d'or, (H. 140 mm.; L. 138.) 

(ColL des Arch. du Doubs.) 



— 140 - 

336. — ORIVAL (Nicolas-Marin d*), conseiller au parlement 
en 1733, seigneur de Miserey, né le 20 septembre 1703, 
mort le 28 avril 1778. 

Écu à Tantique, reposant sur un pavé de mosaïque, 
sommé d'un casque de face avec lambrequins et cimier de 
deux plumes : trois fasces. Au-dessous : N, M. d*Orival 
I. V. D. (Bois. H. 89 mm.; L. 59.) 

(Liber Sextus, 1613. B. de la Mission d'École,) 

337. — PARGUEZ (Jean-François), familier de l'église Saint- 
Bénigne de Pontarlier. 

Cartouche rocaille sommé d'un chapeau de sable à six 
glands; écu: d'azur au bouquet de cinq quinte feuilles 
tigées et feuillées d'argent, soutenu d'un croissant de 
même. Au bas, le nom du graveur : Bernard, 1762. Au- 
dessous : D. JoAN. Fran. Parguez peter | familta^is 
PoNTissALiENsis. (H. 82 mm.; L. 80.) 

(Coll, des Archives du Doubs.) 

338. — PENNET DE CHAUMARTIN (Jacques-François), né 
à Besançon le 28 mars 1703, fils d'un commissaire d'artil- 
lerie. 

Cartouche Louis XV contenant un écu sommé d'un cha- 
peau à six glands : d'azur au chevron d'or accompagné 
de quatre maillets mis en fasce. Au-dessous : Jagque 
François Pennet de Chaumartin. (H. 80 mm. ; L. 58.) 
{Coll. Benoît, à Berthelmingen,) 

339. - PERRENEY DE GROSBOIS (Jean-Claude-Nicolas), 
premier président du parlement de Besançon de 1761 à 
1778, né à Dijon le 24 octobre 1718, mort à Grosbois (Côte- 
d'Or), le 28 juillet 1810. 

Sur un manteau drapé d'hermines, sommé d'une cou- 
ronne de marquis et de mortier de sable à double galon 
d'or, un écu ovale : d'azur semé d'étoiles d'or sans 
nombre, dans un cartouche que surmonte une tête d'ange. 
(H. 138 mm.; L. 109.) - V. n° 197. 

[Coll, de Burey,) 

340. — PERREY (Pierre-François), lieutenant général du bail- 
liage de Salins, mort en 1744. En tête -f Eœ bibliotheca 
L. D, I Pétri Frandsci Perrey \ Propraetoris Salinen- 
sis, + 

En dessous saint Pierre debout, la main droite sur son 
cœur, la main gauche tenant un livre et les clefs ; au fond 
vue de Salins, à gauche la saline, à droite N.-D. Libéra- 



- 141 — 

trice et le fort Saint-André. Joli encadrement avec rubans, 
lauriers et palmettes d'angle. 

Au bas du cadre écusson ovale soutenu par deux co- 
lombes et sommé d'une couronne de comte : de gueules à 
quatre losanges d'or mis en bande accompagnés de detco) 
croissants d'argent. 

Tout au bas à gauche : Simon du Bois, à droite : Petrus 
Miotte burg. fecit. (H. 237 mm. ; L. 167.) 

{Coll. de Burey.) 

341. — POURROY DE L'AUBERIVIÈRE DE QUINSONAS 
(Marc-Joseph), né à Grenoble le 21 décembre 1700, premier 
président de Besançon le 1er août 1749, mort à Besançon le 
l«r avril 1757. 

Sur un manteau d'hermines noué de rubans, sommé 
d'une couronne de marquis et d'un mortier de sable et d'or, 
un cartouche contenant un ôcu : écartelé aux i et 4 pallé 
d'argent et de gusules de sept pièces^ au chef cousu d'azur 
à trois molettes d'argent; aux 2 et 3 d'or à la bande 
d'azur chargée de trois croissants d'argent. Au-dessous : 
Exbibliotheca Marci Josephi \ de Quinsonas insuprema \ 
Sequ^norum Curia \ protopraesidis, 

342. — PRAILEUR (Jacques-Antoine), de Fallon (Haute- 
Saône). 

Dans une double couronne de feuilles de laurier et de 
plantes grimpantes, sommée d'un nœud de rubans : Ex 
LiBRis I Dni. Ibi. Anii | Praileur Falonensis (H. 49 mm. ; 
L. 63.) {Coll. des Archives du Doubs.) 

343. — PRÉVOST (de), seigneur de Pelousey. xvii« s. 

Écu écartelé : aux i et 4 prévost {un sautoir chargé de 
cinq étoiles)^ aux 2 et 3 mathay {un torse de reine nue et 
couronnée^ sortant d'une cuve). Supports : un homme 
sauvage tenant sur l'épaule une massue et un griffon; 
couronne de marquis. (H. 81 mm. ; L. 67.) 

{Coll. de Burey.) 
844. — PRIVEY (Claude-François), conseiller au parlement de 
Besançon le 12 mars 1701; né le 31 janvier 1678, mort à 
Besançon le 29 janvier 1716. 

Dans un cartouche soutenu par deux aigles perchées 
sur des palmes et couronné d'une couronne de comte d'ar- 
gent : un corbeau [privé] de sable perché sur un rocher 
au naturel. (Doit être gravé par Bouchy.) 

Soubassement soutenu de deux griffes de lions, sur- 



— 142 — 

monté d'un bandeau lauré : cl. fr. priuey. senator. | 
BisuNTiNUS. ANNO 1 1701. (H. 89 mm. ; L. 86.) 

{Coll. des Arch, dit Doubs.) 

345. — REUILLON DE BRAINS, Glaude-Edme, conseiller- 
maître à la Chambre des comptes de Dole, originaire d'Au- 
tun, le l«r février 1760. 

Cartouche rocaille sommé d'une couronne de comte, 
écu : â!azur au chevron d'or surmonté d'un oiseau d'ar- 
gent accompagné d'une ancre et de deux étoiles. Au bas 
une banderole : revillon mai* des comptes. (H. 90 mm. ; 
L. 85.) (Coll. de Burey.) 

346. — RIGOINE (François- Louis), imprimeur-libraire à Be- 
sançon dès 1679, receveur des ga^res du parlement en 1693. 

Écu ovale : emmanché d'argent et de sable de quatre 

pièces^ le sable chargé d'un croissant d'argent^ sommé d'un 

casque de face avec lambrequins, cimier : un croissant. 

Au-dessous : François louis rigoine. (H. 100 mm. ; L. 79.) 

(Ordonnances de Besançon, 1689, B, du séminaire de 
Consolation.) 

347. — RYARD (Jean-Antoine), écuyer, premier président du 
présidial de Chalon, secrétaire du Roi à Dole, né à Dole, 
xviii" siècle. 

Sur une console élégante un écu ovale soutenu de deux 
lions, surmonté d'une couronne comtale avec cimier : un 
lion issant et une ample banderole. Écu : d'azur à un épi 
de riz mis en pal d'or, soutenu d'un croissant d'argent 
brochant sur un arc d'or mis en fasce et cordé de même. 

Au bas : G. Phelippeauœ fecit G. P. R., et au-dessous >fc 

EX. MUSEO. JOAN. ANT. RYARD. SGU | TARII. NOBILIS. REGII. 
CONS. PRAETORIS. | PRIMARII. PRAESIDIALIS. GURIAE. CA- 

BiL I LONENsis. (H. 73 mm.; L. 68.) (Coll, de Burey,) 

348. — SAPORTA (Philippe-Gaspard de), de Poligny, capitaine 
de cavalerie, mort en 1820, à Champagne (Haute-Marne). 

Sur une terrasse, cartouche sommé d'une couronne de 
marquis, supporté par deux lionceaux ; écu : parti d'azur 
à la porte monumentale d'or, au chef cousu de gueules au 
léopard passant d'or. Au-dessus, une banderole : fortis 
cusTODiA. Au-dessous : de Saporta, et plus bas : lordonné 
F. A DOLE. (H. 71 mm. ; L. 56.) (Coll. de Burey.) 

349. — SIBLOT (C.-F.-B.), médecin à Lure (Haute-Saône). 

Charmant encadrement Louis XVI, cadre rectangulaire 
avec bordure de rais de cœur et perles, et guirlandes de 



— 143 - 

laurier, ex Libris. cf. b. | Siblot Medigi | Lutrensis. 
(H. 50 mm. ; L. 74.) (Coll. des Archives du Doubs.) 

350. — TALBERT (Glaude-PYançois), subdélégué de Boflançon, 
1680, conseiller au parlement de Besançon, 1689-1700. 

Dans un cadre rectangulaire un écu à Titalienne sommé 
d'un casque ouvert de face avec tortil et lambrequins, 
sommé d'un soleil rayonnant : un arbre an^aché (sans 
émaux). Au bas : nigole fegit. 

Au-dessous : ex. lib. d. g. f. | talbert. senatoris anno. 
1689. (H. 104 mm. ; L. 86.) 

(Coll. de M. Vabbé Paul Brune ) 

351. — TERRIER (Jacques), conseiller au parlement de Be- 
sançon, 1693-17... 

Écu : de gueules à trois gerbes d'or posées 2 et i, sommé 
d'un casque grillé de face avec tortil et lambrequins; 
timbre : un buste de laboureur (Terrier) s'appuyant des 
deux mains sur les lambrequins. 

Au bas, après avoir poncé le cuivre et la signature du 
graveur nigole, dont le style est aisément reconnaissable, 
on a ajouté au xviii* siècle ces mots : Nobilis . Frangisgus 
Terrier 1542, dans un intérêt généalogique. (H. 130 mm. ; 
L. 123.) (Coll. de M. Vabbé Paul Brune,) 

352. — THEULEY (abbaye Notre-Dame de), ordre de Gîteaux, 
bailliage de Gray, vers 1720. 

Même type agrandi (dessin, armoiries, inscription et 
signature) que le n° 221. (H. 148 mm. ; L. 115.) 

(A. Duchesne, Hist. de la maison de Dreux, 1631. B. de 
Vesoul.) 

353. — TOULONGEON (François-Emmanuel de), xviii* siècle. 

Cartouche rocaille incliné de gauche à droite, sommé 
d'une couronne de marquis, entouré de palmes et de feuil- 
lages, soutenu d'un lionceau : d*azur aux initiales F T 
d'argent. (H. 44 mm. ; L. 34.) 

(Coll. de M. Vabbé Paul Brune.) 

354. — TRESTONDANS (de), capitaine au régiment de Poitou, 
xviii® siècle. 

Écu ovale sommé d'une couronne de marquis : d'azur à 
la bande d'or ajourée et chargée de trois chevrons de 
même. Au-dessous, une croix de Saint-Louis. 

Au bas, dans un rectangle formé de fleurons : de Tres- 
tondam Cape | au régiment de Poitou. (H. 91 mm. ; L. 82.) 
Obtenu au moyen d'un poncif. (B. de Vesoul.) 



— 144 — 

355. — VACHER .'SaiiTeiir Le;, prttre. 

Sur un joli socle Louis XIV, écn ovale soatena de deox 
lévriers colletés, sommé d'an casque de face avec lambre- 
quins, cimier ; une vache naissante. Éca : ^azur à la 
vache passante dCargeni tournée à sénestre. An bas : 
SALVATOR L£ VACHER PR-SSBITER. ^H. 79 mm. ; L. 58.) 
(Gravé certainement par Bonchv, de Besançon, vers 1723.) 
V. le no 227. ' [ColL de Burey,) 

356. — WATTEVILLE (N.... de), xvm* siècle. 

Cartouche rocaille sommé d'une couronne comtale et se 
terminant au bas par une grappe de fruits ; supports : deux 
griffons affrontés posés sur deux chapiteaux de piliers. Ecu : 
Watteville {de gueules à trois demi-volt d'argent). (H. 
65 mm. ; L. 54.) (ColL des Archives du Boubs.) 

m. — Ex-libris typographiques. 

357. — AMEY (Claude-Baptiste), chanoine de Sainte-Made- 
leine de Besançon, né à Baume, mort à Besançon en 1734. 

/*A + -jf*^ ' ^^ Ï^SUM I CLAUDU I BAPnSTiB | AMEY, : 
SACRAL THEOL. DOCT. | GAXONICI | BISUXTIKI, daUS UUC bor- 

dure typographique formée de croisettes. (H. 80 mm.; 
L. 60.) (Strada, De bello Belgico, 1648, B. de VesouL) 

358. — ARBOIS. — FAMILIABITÉ, fondée le 30 décembre 
1512. 

EX BIBLIOTHEGA | YENERABILIUM SACERDOTUM PÀRO- 
CHI I ET FAMILIARIUM ECGLE8LE PRI0RALI3 | ET PAROGHULIS 

8. jusTi deArbosio. (H. 54 mm. ; L. 102.) 

(Matières de confér. ecclés. de Besançon, 1689, in-12. 
B. du séminaire de Vesoul.) 
350. — BAILLY (Pierre), né à Vesoul le 2 février 1733, greffier 
aux bailliage et présidial de cette ville le 26 décembre 1767, 
mort le 2 juillet 1792. 

Dans une bordure d'ornements t3rpographique8 : 

p. BAILLY, greffier | en chef au bailliage | et présidial de 
Vesoul. (H. 35 mm. ; L 60.) 

(Le P. d'Orléans, Histoire des révolutions d'Angleterre, 
1750. — B, de l'Archevêché,) 
300. - BEAUPBÉ. MISSION fondée en 1713. 

EX BIBLIOTHEGA | SACERDOTUM | DE BeLLO-PrATO. | DONO 

I Dominl jagobi-antonii | pourgheresse, Sacerdotis | Bi- 



PL.- L 





1J% 



Fers de reïiures : de FiBRRi-Diam* BOYtOVi^WÎ V,\&^KyV\V«\ V.^^ •^'^^^ 
et du collège royal de l>o\e, Ml^^w 'l'VÏ^. 



PL. 11. 




%Tt 




^âi 



Fe«de «Hures : de CLxo»E-Èmn«ïKmt.m^V^;-V^N^^^^^^^ 
et de CBA.U.S.AHOK* BB l^kCOK^ ^.vmA-V%*^ ^^ '«►^^ 



r'. 




l'L. III. 




Fer de reliure de Jban CkARINET, médecin bisontin (1575-1d57) (n- 37). 



PL. IV. 




Fer de reliure (I'Antoine MABESGHAL, seigneur de Sorans et Bouclans 

(1630-1667) (n* 285). 



Pl, V. 




Vet (te reliufc de Cawbwbe DE RXB, aV>\»s«i à«. Cîtt^\ft.^x^-^>«^^^ 



PL. VI. 




Fer de reliure de Fbrdinand DE RYE, archevêque de l&e^^wc;/^w 
(1586-1656) (n» W^V 



Pl. VII. 




EX'librU (I'Antoine PERRENOT, cardinal de Granvelle 
(1517-1586) (no 200). 



PL. VIII. 






et Cation 
istmtvii 




VrwmQomùri'D^Gcdcé, 17 fp. 



Bx-libri» de Claude BOISOT, chantre de Besançon, prieur de Chaux 
(1663-1750) (n« 96). 



Pl. IX. 




Ex-librii des GRANDS-CARMES de Besançon {xvui« s.) (n« I 



Pl. X. 




Ex-libris de Jban CHIFFLET, médecin à Besançon 
(1550-1602) (no 118). 



- 145 - 

sunUni. Dans un encadrement typographique de ro^es, 
(H. 70 mm. ; L. 54.) 

(D. Galmet, Dissertations, 1720, in-4, B. d'École.) 

361. - BESANÇON. SÉMINAIRE, fondé en 1680. 

Cadre typographique formé d'une grecque : semina- 
Rii I BI8VNTINI. (H. 24 mm. ; L. 44.) 

(Fleury, Discours sur l'histoire ecclés. 1764, B. de 
M. Vabbé Louis Boiteux.) 

362. — BOGILLOT (Jean-Baptiste), imprimeur-libraire à Be- 
sançon, fin du XVIII» siècle. 

EK LiBRis I Joannis Bapt. Bogillot | Bisuntini. (H. 
62 mm. ; L. 32.) 

(Rhétorique ms. 1782, in-4, B, du séminaire de Conso- 
lation,) 

363. — BOUGHET (Antoine-Esprit), chanoine, coadjuteur de 
Besançon. 

Dans un cadre : ant. spiritus | bouchet | illust. bggle- 

SI^ I VESUNTIN-ffi I CANONIGUS | COADJUTOR | N« . (H. 

65 mm. ; L. 47.) V. n"* 103 de ce catalogue. 

(Bréviaire bisontin, 1761. — B, de Varchevêché.) 

364. — BOURGUENEUX, de Morey (Haute-Saône), xviii* siècle. 

BOURQUENEUX DE MOREY. 

(Tractatus de ecclesià Ghristi, 1783, in-12, B. du sémi- 
naire de Vesoul.) 

365. — BRY (Jean De), préfet du Doubs de 1801 à 1814, né 
à Vervins (Aisne) le 25 novembre 1760, mort à Paris le 
6 janvier 18!34. 

Dans un cadre typographique en hauteur, Taigle impé- 
riale, et au-dessous : Bibliothèque \ de M, \ Jean de Bry. 
(H. 93 mm. ; L. 60.) {Coll. de M. Vabbé Paul Brune.) 

366. — BUILLON. Abbaye cistercienne fondée vers 1130 (Doubs). 

EX LIBRIS I BIBLIOTHEOS | ABBATLS | B. MARUE | DE BUIL- 

LONE. 1 1740. (Encadrement de croisettes. H. 103 mm.; 
L. 71.) (Coll. des Arch, du Doubs,) 

367. — GALLEY, de Lure, vers 1790. 

N" I de la bibliothèque de | M. Galley Taîné | de 

LURE. (Encadrement style Louis XVI, H. 84 mm. ; L. 49.) 
(Coll. Benoîtf à Berthelmingen.) 

368. — GHAMPION (Jean-Pierre), prêtre de Vesoul, 1738. 

Dans une bordure typographique, cette légende : Ex Li- 
bris I JOANNis-PETRi I GHAMPION, | Sacerdotis Vcsulani. (H. 
30 mm. ; L. 55.) [B. de Varchevêché.) 

ANNÉE 1903. 10 



- 146 - 

369. — CLERC (l'abbé), chapelain de l'ordre de Malte. 

Dans une bordure à triple filet semée de roses, cette lé- 
gende : L'abbé clbrg | de l'Ordre de Malte. (H» 30 mm. ; 
L. 56.) {Coll. des Arch, du Doubs.) 

370. — CORNU (P.-D.), prêtre, xviii» siècle. 

Ex Bibliothecâ | P. D. Cornu, | Presbyteri. (H. 32 mm; 
L. 47.) 

(Réfutation des anecdotes par Laffitau, 1734. B, de la 
Mission d^École.) 

371. — DACLIN (Charles), de Besançon, xviiie-xix« siècles. 

Dans un cadre typographique de fleurons croisetés, 
CHARLES I DACLIN | HOMME DE LOIS. (H. 28 mm. ; L. 47.) 

(Bergier, Éléments des langues, 1764, in-12, Arch. du 
Doubs,) 

372. — DACLIN (Jean-François), imprimeur à Besançon. 

Dans une bordure typographique : jean-françois | da- 
CLIN, I IMPRIMEUR. (H. 27 mm. ; L. 48.) 

(Necker, De Tadmin. des finances, 1784, in-12, JB. du sé- 
minaire d'Omans.) 

373. — DAMEY (Claude-Alexis), de Baume-les-Dames, bailli 
de Belvoir, docteur en droit en 1668, mort en janvier 1721. 

A Claude Alexis Damey | de Baume, Docteur es | Droits- 
Baillif de Bel- 1 veoir, 1683. (H. 22 mm. ; L. 56.) 

(Coll. des Arch, du Doubs.) 

374. — DESBIEF (Marie-François-Xavier), chanoine de Besan- 
çon, né dans cette ville le 43 mars 1749, mort vicaire gé- 
néral le 6 décembre 1815. 

Dans un cadre rectangulaire formé de rubans entre 
filets : Ex Libris | Canonici Desbibf | bisuntini. (H. 
34 mm. ; L. 57.) (Bréviaire de 1761, B. du Chapitre.) 

375. — DOLE. — Collège des Jésuites, bibliothèque personnelle 
du P. Sordet (Charles-Albert), S. J., léguée par ce der- 
nier au collège de Dole en 1642. 

Pia liberalitate 

p. CAR0LI ALBERTI SORDET DOLANI S. J. 

qui, praeter alia in GoUegium Dolanum bénéficia, 
aeris sequanici centum quinquaginta francos annuos 

Bibliothecae erogavit, anno 1642. 
(H. 34 mm. ; L. 110.) 

(Œuvres de Salazar, in-fol. 1642, JB. de Vesoul.) 

376. — DU CHOULLE DE LA PELLETIÈRE, curé de Cre- 
sancey, xviii» siècle. 



— 147 — 

Dans un encadrement style Louis XVI (baguettes, en- 
coignures et rubans) : DU CHOULLE | de La Pelle- 
tière I Parochus \ de Cresencey, (H. 46 mm. ; L. 71.) 

(No 911, JB. du Chapitre.) 

377. - FAiVRE (H. L.-J.), prêtre, xviii» siècle. 

Dans un encadrement typographique : h. l. j. fai- 
YRE. I PRÊTRE. (H. 23 mm. ; L. 49 ) 

(Asseline, Discours sur divers sujets, 1786, B, du sémi-- 
naire de LuooeuiL) 

378. — FAVIÈRE (Glaude-François-Xavier), ecclésiastique, 
xviii« siècle. 

Ex LiBRis I Cl. Fr. Xav. faviere, | Glerici. (H. 65 mm. ; 
L. 57.) 

(Les Caractères de Théophraste, 1692, B. de Jules Gau- 
thier.) 

379. - FLAVIGNY (Jean-Georges), de Vesoul, 1753. 

Dans un cadre rectangulaire d'ornements typogra- 
phiques : Ex Libris | Joannis-Georgii | flaviqny | Vesu- 
lani I i7[53]. (Ces derniers chiffres à la plume; H. 45mm. ; 
L. 63.) 

(Édite et ordonnances de Franche-Comté 1619. B. de 
V archevêché,) 

380. — FYARD DE GEVIGNEY (Simon-Thérèse), chanoine de 
Besançon, né vers 1750, mort au xix« siècle. 

Dans une bordure typographique : bibliothèque | de 
M. Simon-Thérèse fyard | de Gevigney, prêtre, an- 
cien I chanoine de TÉglise métropo- 1 litaine de Besançon. 
(H. 33 mm. ; L. 58.) 

(BuUarium magnum, 1655, B. du séminaire de 
Luxeuih) 

381. — GORCEZ (Hugues), religieux minime, xviii* siècle. 

Cadre typographique composé de fleurons : Ad usum V. 
P. I Hugonis I GORCEZ, | Ordinis Minimorum. (H. 45 mm. ; 
L. 70.) 

(Diumale Romanum, 1723, B. du grand séminaire.) 

382. — GUERIN (A.), directeur des postes, à Vesoul, 1763 

Dans un élégant cadre d'ornements typographiques rec- 
tangulaire : A GUERIN, I directeur des postes | a vesoul, 
I année 17[63]. (Ces derniers chiffres à la plume; H. 
38 mm. ; L. 62.) 

(Hist. de Trin. Dei, 1723, B. de l'archevêché.) 

383. — HUMBERT (Grégoire), prêtre, xviii* siècle. 



— 148- 

Gregoriiu huvbkrt, | Sacerdot BwuDtipni, (H. 22 mm. ; 
L. 58.) 

P. Collet, Theologicarom, B. du séminaire dm 

Luxeuil, ! 

384. — LEBOEUF DE VALDAHOX (Jacques-Marie), né le 
8 septembre 1738, colonel d'artillerie, chevalier dm Saint- 
Lonie, mort avant l'émigration. 

Encadrement typographique style Louis XY : biblio- 
THËo^E I DE Monsieur | de valdâhon. (H. 51 mm. ; L. 78.) 

{Coll. des Arch. du Ikmbs.) 

385. -- LÉGIER (François-Antoine), né le 10 septembre 1716, 
à Jussey. 

Cadre typographique : Ex libris kobilis | Frahcibgi- 
Antonii I Légier, 1765. (H. 28 mm.; L. 50.) 

(De Serves, Les femmes des douze Césars, 1722. B. du 
Coll, Saint-Fr, -Xavier,) 

386. — LÉGIER (Pierre). xvni« siècle. 

Cadre typographique formé de croisettes : Ex libris | Pb- 
TRI I Legisr. (H. 37 mm. ; L. 28.) 

(Satire Ménippée, Ratisbonne, 1726. B. du CoU. Saint- 
Fr, -Xavier.) 

387. - LYAUTEY DE COLOMBE (AnatoUe^oseph), de Ve- 
soul, receveur des finances du bailliage vers 1780. 

Dans une bordure d'ornements t3rpographiques, étoiles et 
croisettes sur double rang, ces mots : De Colombe. (H. 
25 mm.; L. 53.) 

(Ane. librairie Bergier (cour des Carmes.) 

388. — LYAUTEY (François-Alexandre), prêtre, originaire de 
Vesoul. xviri" siècle. 

Dans un cadre typographique formé d'étoiles : François- 
Alexandre I Lyautey I prêtre. (H. 26 mm. ; L. 49.) 

(Bentivoglio, Hist. des guerres de Flandres, 1769. JB. du 
séminaire de Vesoul.) 
380. — MARGUIER D'AUBONNE (Glaude-Anloine-Marie-Ga- 
briel), prêtre, né le 9 septembre 1773, inspecteur d'acadé- 
mie, mort à Besançon le 8 mai 1826. 

Bordure typographique : Gabriel | Marguier d'Aubonne 
I prêtre. (H. 40 mm. ; L. 72.) 

(Recueil de conférences ecclés. de Besançon. JB. du Coll. 
Saint-Fr, -Xavier.) 
.MOO. — MARIN (Luc-Joseph), chanoine prébendier de Mont- 
inartin, mort le 26 avril 1760. 



- 149 - 

Ex Libris L. I. Marin | D. de Montmartin | Ganonici 
Bisuntini. (H. 25 mm.; L. 80.) (Coll. J. Gauthier.) 

391. — MARLET (Glaude-Étienne), prêtre. xvra« siècle. 

Dans un cartouche typographique oblong, avec quel- 
ques ornements style Louis XV : ex libris | Glaudii-Ste- 
PHANi I Marlbt, I sACKRDOTis. (H. 39 mm. ; L. 39.) 
(Théologie, 1779, in-12. B. de la Mission d'École.) 
392-393. — MONGENET (Charles-Ignace de), chanoine de Ve- 
soul, 1718. 

a. Gadre d'ornements typographiques : ex bibliotega | 

GaROLI IgNATII I DE MONOEKET | GANONICI VeSTJLANI, 1718. 

(H.57mm.; L. 112.) 

(La théologie angélique^ 1658. B. du Coll. Saint-Fran- 
çois-Xavier.) 

b. Second ex-libris, réduction du précédent, encadré de 
fleurettes, même légende. (H. 41 mm. ; L. 77.) 

(Vanieri, Prsedium rusticum, 1706. B. du Coll. Saint- 
Fr.-Xavier.) 

394. -- MONNOT, médecin à Besançon, 17.. -18... 

Gadre typographique filets et étoiles, : Monnot, | profes- 
seur d'anatomie t et d'accouchement. (H. 33 mm. ; L. 64.) 
(De l'origine des lois, 1758. B. du Chapitre.) 

395. — OKNANS. GOLLÈGE. xviii» siècle. 

ScHOLiB I ornagensis. (H. 25 mm. ; L. 44.) 

(Ludum grœcum, 1747. B. du séminaire de Consolation.) 

396. — PAGE (D. Jean), prêtre, seigneur de Sainte-Germaine, 
originaire de Ghauvirey, 1637. 

Gadre typographique de fleurons : Ex liberalitate | Do- 
mini D. de Saincte-Germaine | . Anno 1637. (H. 38 mm. ; 
L. 88.) {Coll. des Arch. du Doubs.) 

397. — PRUDENT (le P.) (Prudent Vauchot), capucin, né 
à Faucogney (Haute-Saône), en 1743, mort à Fontàine-lez- 
Luxeuil le 28 août 1792. 

Dans un cadre typographique : P. Prudent Vauchot | 
de I Faucogney, capucin. 1790. (H. 87 mm. ; L. 70.) 

[Coll. de M. Vabbé Paul Brune.) 

398. — RENAUD, avocat au parlement, à Saint-Amour, 
vers 1780. Joli encadrement typographique (guirlande en- 
tourant une baguette), a : M* Renaud | Avocat aux Parle- 
ments des duché \ et comté de Bourgogne, \ à Saint' 
Amour. (H. 46 mm.; L. 75.) 

(Coll. de U. Vabbé Paul Brune.) 



- 150 — 

399. — RIVIÈRE (Glaude-Étienne), né à Bletterans (Jura), 
curé de Desnes avant la Révolution, curé de la cathédrale 
de Besançon en 1818, vicaire général en 1820, mort vicaire 
capitulaire le 11 juin 1828. 

Dans un cadre d'ornements typographiques, cette lé- 
gende : Rivière, curé de Desne. (H. 37 mm.; L. 67.) 
(Bergier, Apologie de la relig. chrétienne, 1770. B, de 
I VArchevéché.) 

400. — ROLAND (Pierre-Henri), arpenteur royal à Mont-Vouil- 
laud, commune des Fins (Doubs), vers 1780. 

Dans un cadre typographique rectangulaire, cette lé- 
gende : Sr Pierre Henri i Roland | arpenteur royal | a 
MoNTvouiLLAu. (H. 50 mm. ; L. 63.) 

{Bibl, de M. Vàbhé L. Boiteux.) 

401. — ROUHIER (Pierre-Denis), prêtre, xviii« siècle. 

Joli cadre typographique : Ex libris | Pbtri-Dionisii 
Rouhier I Presbyteri. (H. 43 mm. ; L. 65.) 

(Virgile, v. 1780. B. du séminaire de LiuveuiL) 
i 402. — ROUSSET (Jean-Baptiste), docteur en médecine à Be- 

\ sançon vers 1810. 

Cadre typographique, semis d'étoiles et de rinceaux : ex 
! LiBRis I J. B. ROUSSET I Doctoris Medici Bisuntini. (H. 

[ 44 mm.; L. 72.) 

(Coll, de M. Benoît^ à BerthelmingenJ) 
I 403. — ROUX DE RAZE (Glaude-François-Xavier-Thérèse), 

lieutenant particulier au bailliage de Besançon, mort dans 
cette ville le 19 septembre 1815. 
i Cadre typographique de fleurons : ex libris | Roux de 

I Raze I Bisuntini. (H. 37 mm.; L. 71.) 

' (Coll. de M. Benoît, à Berthelmingen.) 

\ , 404. — SAINT-VIVANT EN AMAOUS. Prieuré de l'ordre de 

; Saint-Benoît, prés Dole, xviii' siècle. 

Bordure typographique : Ex Libris | Monasterii | S*i Vi- 
ventii. (Produit d'un poncif. H. 42 mm.; L. 59.) 

[Coll. des Arch. du Doubs.) 

405. — THERET, prêtre franc-comtois, xviii* siècle. 

Encadrement typographique : Theret, prêtre. (H. 67 mm. ; 
; L. 37.) 

(La vie de J.-B. de la Salle^ 1788, in-4. B. d'École.) 

406. — VAUTHERIN (Antoine), de Jussey. 

Bordure t3rpographique de fleurs de lis : Ex Libris | An- 
; TOKn Vautberin | Jusseiensis. (H. 20 mm.; L. 54.) 



- 151 — 

(Œuvres de Patru, 1714. B. du Coll. Saint-François^ 
Xavier.) 

407. — VERDANT (Pierre-Antoine), prêtre, v. 1790. 

Dans un cadre d'entrelacs typographiques: P. A. Ver- 
dant, prêtre. (H. 53 mm. ; L. 38.) 

[Coll, des Arch. du Doubs,) 

408. — VERJUS (Jean-Marie), de Syam (Jura), xix« siècle. 

Jean-Marie Verjus | de Syam (dép. du Jura). (H. 17 mm. ; 
L. 46.) 

(Bourdaloue, Retraite spirituelle, 1737. B. de Vàbbè Boi- 
teux.) 

409. - VESOUL. CAPUCINS. Monastère fondé au xyii» siècle. 

Dans un cadre typographique : a la bibliothèque | des 
PP. Capucins de Vesoul. (H. 28 mm.; L. 65.) 

(Le haron de Cœhom. Nouvelles fortifications, 1741. B. 
de Vesoul,) 

410. - VESOUL. COLLÈGE DES JÉSUITES, bibl. fondée par 
Antoine Vuillequey, prêtre de cette ville, 1704. 

Ex-libris typographique contenant cette légende : 
Reverendus Dominus Antonius 
Vuillequey Sacerdos Vesulanus, 
fundator Bibliothec» CoUegii Ve- 
sulani Societatis Jesu, eam hoc 
volumine auxit.. In cujus perpe- 
tuam muniûcentisB recordationem 
hanc epigraphen apposuimus. An- 
no Domini [1704]. 

(Ces chiffres à la plume; H. 41 mm. ; L. 83.) 

(Coll. des Arch. du Doubs.) 

411. — VUILLEMET (Nicolas), religieux minime de Besançon, 
.. 1713-1714 .. 

Ex-libris typographique sans bordure : 

A l'usage du R. P. Nicolas Vuillemet, religieux minime, 
1714. . 

(Réflexions sur les règles de la critique, in-4, 1713. B. de 
l'Archevêché.) 

412. — ACCARIER (Jean-Baptiste), prêtre, professeur de rhé- 
torique à Gray, 1785-1793. 

Encadrement typographique :Au Citoyen Accarier, prê. 
tre, professeur de rhétorique au collège national de Oray. 
Uan de J. C. 1793, le 2. de la Républ. 

{Librairie Saffroy, Pré Saint^Gervais.) 



- 152 - 

413. — RYE (Ferdinand de), archevèqae de Besançon (1586- 
1636). (V. noi 63^.) 

Armoiries archiépiscopales imprimées en or snr nn ma- 
nuscrit, couvert en peau verte, de 1625. (H. 117 mm. ; L. 103.) 

(Arch. du château de Ray.) 



ERRATA DE LA PREMIÈRE PARTIE DE L'OUVRAGE 

N*> 4. — BAUFFREMONT. Erreur d'attribution : cetU relinre 
est de Legrand (Pierre-François-Bemard), président au 
parlement de Dijon, mort le 21 mars 1715 (V. Guigard. 
Armoriai du Bibliophile, 2« édit , II, 307). 

NO 8. «. BELOT DE CHEVIGNEY. Ajouter les dimensions du 
fer de reliure : H. 94 mm. ; L. 89. 

N* 40. — GRAMMONT (de). Lire au numéro b : la date 1570 au 
lieu de 1370. 

NO 52. — MALARMEY DE ROTJSSILLON. Rectifier .... sept 
billettes (de mandre). Devise sur une banderole : amor in 
HONORE (et non hamor). 

N» 76. — ARIEZ. Ajouter au-dessus de l'écusson une bande- 
role avec cette devise : Vita imgenii littbrje sunt. 

N» 119. — GHIFFLET (Philippe). Ajouter à la description : 
Tarbre de gauche porte ces mots : sicut serpentes; l'arbre 
de droite : sicut columbœ, 

N° 188. — ÉTERNOZ (d'). Lire Pierre-François d'Étemoz, 
abbé de Saint-Rigaud au diocèse de M&con, prieur de 
Jussan-Mouthier et Saint-Renobert (1712-1740). 

No 204. — PHILIPON DE LA MADELEINE. Au lieu de : trois 
léopards, lire : trois lézards. 

N° 252. — LOMBARD. Ajouter : confesseur de la foi, mort le 
15 mai 1857. 



TABLE DES NOMS PROPRES O 



Accarier, J.-B., 412. 
Acet/y abbaye, 326. 
Achey, Claude d\ 266. 
Agay,Gharles-Denis-Francoisd\ 300. 
Arbois, familiarité d\ 358. 

— prieuré, 301. 
Arnans. V. Saix. 
Aubonne, 332. 
Audelange, V. Margnier, 332. 

BaiUy, Pierre, 359. 

Balançons 294. 

Bauffremont, 266. 

Barberot, 333. 

Beaupré, mission, 360. 

Bellevaux, abbaye, 273, 312, 327. 

Bercin, Antoine, 267. 

Bernard, graveur, 337. 

Besançon, collège des Jésuites, 268. 
— séminaire. 361. 

Bithaine, abbaye, 301. 

Bogillot, Jean-Baptiste, 362. 

Boquet de Gourbouxon, Marie-Fran- 
çois, 301. 

Bouchet, Antoine-Esprit, 363. 

Bouchy, graveur, 307, 312, 314, 
344, 355. 

Bouclans, 285, 286, 331. 

Bourgeois de Boynes, Pierre-Etienne, 
302. 

Bourgueneoz, 364. 

Bousson, Jean-Claude, 303. 
— Jean-François, 304. 

Boynes. V. Bourgeois. 

Brains. V. Reoillon. 

Broissia. V. Froissard. 

Bry. V. Debry. 



Brun, Simon, 269. 

BuilUm, abbaye, 301, 367. 

CaUey, 367. 

Champion, Jean- Pierre, 368. 

Charmet, Nicolas, 270. 

Chaumartin. V. Pennet. 

Cherlieu, abbaye, 280. 

Choiseul, Claude- Antoine-Clériadu s 

de, 271. 
Clerc, l'abbé, 369. 
Clevans. V. Lebas. 
Clos. V. Goret. 
Collin, graveur, 329-330. 
Colombe. V. Lyautey. 
CometiXj abbaye, 298. 
Cornu, P. D., Tabbé, 370. 
Courlet de Vregille, François-Déstré, 

305-306. 

Daclin, Charles, 371. 

Daclin, Jean-François, 372. 

Damey, Gaude-Alexis, 373. 

Danchin, graveur, 315. 

Debry, Jean, 365. 

Dejoux, Simon, 307. 

Delacroix, Gratien, 308. 

Demesmay, 309. 

Desbief, Marie, chanoine, 374. 

Desprez de Roche, Michel-Antoine, 

310. 
Devault, François-Joseph, 311. 
Dole y Collège des Jésuites, 375. 

— Collège royal, 272. 
Du Bois, Simon, deatinateor, 340. 
Du Chesnedes Vaux, Pierre, 273, 312. 
Du GbouUe de La Pelletière, curé, 

876. 



(1) Les noms de posMiseors de bibliothèques et d'ez-libiis sont seuls 
mentionnés dans cette table, a^ae ceux des graveurs et quelques Aoms 
do lieux, ces derniers en italique. 



- 154 — 



Eternoz, Pierre-François d\ 313. 

Faivre, H. L. J., 377. 
Favière, Claude-Etienne, 274. 

— Claude • François - Xavier, 
{Vàbhé\ 378. 

Fédéric, N., 275. 
Filloz, graveur, 320. 
Flavigny, Jean-Georges, 379. 
Froissard, Joseph - Ignace-François, 

marquis de Broissia, 276. 
Frontenay^ prieuré, 301. 
Fyard de Gevigney, Simon-Thérèse, 

380. 

Gallet, Jean-François, 314. 

Gevigney. V. Fyard. 

Gillaboz, Gabriel-Aimé de, 277. 

— Pierre-François-Louis do, 
315. 

Gûrangy. V. Lebas 
Gorcez, Hugues, 381. 
Goret du Clos, Jean -François, 316. 
Grammont, 329-330. 
Grandecourtf prieuré, 301. 
(xray, Annonciades, 317. 
Grosbois. V. Perreney. 
Guerin, A., 382. 
Guin, Jean-Baptiste, 318. 
Guyot de Malche, François-Joseph- 
Xavier, 319. 

Hugon, Pierre-François, 320. 
Hugon, Pierre- François-Louis, 278. 
Humbert, Grégoire (l'abbé), 383. 
Hyenville, d\ 321. 

Jaquelin, François, 279. 
Jolicler, N., 322. 
Jussan-Moutier^ prieuré, 313. 
Justimontf abbaye^ 326. 

La Baume-Montrevel, Prosper de, 
280. 

Lacoré, Charles- André de), 281. 

Lagrandfemme, Jean-Etienne, 321. 

Lebas de Clévans, Joseph, 324. 

Lebas de Girangy, Pierre-René, 325. 

Lebœuf de Valdahon, Jacques-Ma- 
rie, 384. 

Lebœuf de Valdahon, N., 282. 

Légier, François- Antoine, 385. 



Légier. Pierre, 386. 

Le Vacher. V. Vacher. 

Lezay-Marnézia , Claude-Louis- Al- 
bert de, 327. 

Lezay-Marnézia, Claude-Gaspard de, 
326. 

Loisy, Pierre de, graveur, 33! . 

Lordonné, F., graveur, 310, 348. 

Lyautey, Claude-Etienne, 328. 
— François- Alexandre , 283, 
388. 

Lyautey de Colombe, Anatoile-Jo- 
seph, 387. 

Malche. V. Guyot. 

Mailleroncourty 297. 

Malvoisin, Melchior-François de, 
329-330 bis. 

Mareschal, Antoine, seigneur de 
Bouclans, 285-286, 331. 

Marguier, Antoine, seigneur d'Au- 
bonne, 332. 

Marguier d'Aubonne, Claude-An- 
toine-Marie, 389. 

Marin, Luc Joseph, chanoine, 390. 

Marlet, Claude-Etienne, 391. 

Marnézia. V. Lezay. 

Marquis, Pierre, 296. 

Mathay, 343. 

Maudinet de Montrichier, Claude- 
Charles-François, 333. 

Mayrot, N.... de, 334. 

Mayrot, Gui, 284. 

Micaud, graveur, 332. 

Miotte, Pierre, graveur, 340. 

Miserey, 336. 

Mongenet, Charles-Ignace de, 392- 
393. 

Monnot, médecin, 394. 

Montmartin, 390. 

Montrichier. V. Maudinet. 

Morand, Perrenette, 287. 

Myon, 329-330. 

Oiselay , Ermenfroy-François d*, 

288, 290. 
Oitelay, Laurent d\ 335. 
Orival, N.... d*, 289. 
Orival, Nicolas-Marin d', 336. 
OrnanSt Collège, 395. 
Orsans, Anne d', 390. 



-156- 



Page, D., seigneur de Sainte-Ger- 
maine, 396. 

Parguez, Jean-François, 337. 

Pennet de Chaumartin, Jacques- 
François, 338. 

Perreney de Grosbois, Jean-Claude- 
Nicolas, 339, 

Perrey, Pierre-François, 340. 

Phelippeaux, G., graveur, 347. 

Pierot, R., 291. 

Poligny, 301. 

Pourroy de TAuberivière de Quin- 
sonas, Marc- Joseph, 341. 

Pourtier, Philibert, 292. 

Praileur, Jacques -Antoine, 342. 

Prévost, de, 343. 

Privey, Claude-François, 344. 

Prudent, le P. capucin, 397. 

Pugey, 324. 

Quinsonas, de. V. Pourroy. 

Raze. V. Roux. 

Renaud, 398. 

Reuillon, Claude-Edme, 345. 

Rigoine, François -Louis,' 346. 

Rivière, Claude-Etienne, 399. 

Roche. V. Desprez. 

Roland, Pierre-Henri, 400. 

Rouhier, Pierre-Denis, 401. 

Rousset, Jean-Baptiste, 402. 

Roux de Raze, Claude-François- 

TUvier-Thérése, 403. 
Ryard, Jean- Antoine, 347. 
Rye, Catherine de, 293. 

— Claude-René de, 294. 

— Ferdinand de, 413. 

Sachet, 301. 
Sainte-Germaine 9 396. 



Saint-Renohertf prieuré, 313. 
Saint-Rigaud, abbaye, 313. 
Saint-Vivant en Amaous, prieuré, 

404. 
Saix d'Arnans, N. du, 295. 
Saporta, Philippe-Gaspard de, 348. 
Salivet, Louise, 296. 
Siblot, C. F. B., 349. 
Sorbief, 277. 
Sordet, 282. 

Sordet, Charles-Albert, 375. 
Sorèze, abbaye, 300. 

Talbert, Claude-François, 350. 

Teck, 299. 

Terrier, Jacques, 351. 

— Marie-Jules, 297. 
Théret, N., 405. 
Theuley, abbaye, 352. 
Trestondans, de, 354. 

Vacher, Sauveur Le, 355. 
Valdahon. V. Lebœuf. 
Varax, 294. 
Vauchot. V. Prudent. 
Vautherin, Antoine, 406. 
Vaux. V. Duchesne. 
Verdant^ Pierre-Antoine, 407 
Verjus, Jean-Marie, 408. 
Vemerey, Nicolas, 298. 
Vesoul^ Capucins, 409. 

— Collège des Jésuites, 410. 
VregiUe. V. Courlet. 

Viotte, T., graveur, 321. 
Vitot, Antoine, 298. 
Vuillemct, Nicolas, 411. 

Watteville, de, 356. 
Wurtemberg-Montbéliard, 299. 



RAPPORT 

SUR LE 

CONCOURS DE POÉSIE 

Par M. Paul GUIGHABD 

UMUBKE TITULAUB 



(Séance du 25 juin i903j 



La poésie rrest pas morte en Franche-Comté et les ma- 
nuscrits qui nous sont arrivés au nombre de quatre, pour 
le concours, en attestent la vitalité. On est heureux, dans 
les époques troublées, de voir certains esprits se tourner 
encore vers les régions sereines de Timagination et de 
Tart, de même qu'il est doux à notre vieille Académie de 
constater que le sol et l'histoire de notre province sont en 
quelque sorte inépuisables, puisque depuis si longtemps 
ils fournissent des matières renaissantes aux efforts des 
candidats qui répondent à notre appel. 

11 est certain qu'à côté d'études bien plus importantes et 
plus fécondes qui font l'honneur de la Compagnie, de mo* 
destes travaux poétiques ne revêtent pas un caractère de 
première utilité. N'importe, la poésie répond à l'un des 
besoins de l'intelligence ; elle n'est pas née d'hier, elle 
suit toutes les phases des littératures. Conservons-lui 
toujours une place honorable et conforme à nos tradi- 
tions. 

Lamartine disait : c La poésie est la langue de tous les 



- 157 - 

âges. Cette voix ne s'éteindra jamais dans le monde» car 
ce n*est pas Thomme qui l'a inventée, c'est Dieu même qui 
la lui a donnée : c'est le premier cri qui est remonté à lui 
de l'humanité, comme ce sera aussi le dernier que le 
Créateur entendra s'élever de son œuvre quand il la bri- 
sera. » 

Nous allons examiner les quatre pièces, suivant l'ordre 
dans lequel nous les avons reçues. 

N® i. — Besançon. — Devise : Fac et spera, — 60 vers 
alexandrins en 45 strophes. 

Ce mémoire est empreint d'une certaine originalité. Il 
célèbre notre ville dans son passé, dans son présent, 
même dans son avenir. L'auteur fait la description du 
site ; disons que plusieurs images qu'il y sème ont sem- 
blé bizarres et peu appropriées au sujet. 

Comme appréciation générale, la commission a trouvé 
que les pensées étaient vagues, plus obscures que pro- 
fondes et souvent difficiles à suivre pour le lecteur, que 
les allusions historiques n'étaient pas assez claires ; mais 
chacun se plaît à reconnaître de la facilité, une vraie al- 
lure poétique puisée de préférence à l'école de Rostand, et 
un sentiment réel de l'harmonie des vers. 

Ces qualités, associées au fini du travail qui, cette fois, 
semble un peu hâtif, amèneront certainement l'auteur à 
de sérieux résultats. 

N« 2. — Titre : Les bonnes fées de Patente et la Dame verte de 
Thise. — Devise : 

Couroimés de thym et de marjolaine, 
Les Elfes joyeux dansent dans la plaine. 
750 vers. (Lscontb db Lislb.) 

L'action de cette jolie pièce légendaire et idyllique se 
passe aux environs de notre ville, en 1720. L'un de nos 
membres a fait judicieusement observer qu'à cette époque 
le merveilleux n'était déjà plus guère en vogue. Comme 



- 158- 

il ne s'agit pas d'histoire, laissons libre carrière à la fan- 
taisie des poètes. 

Notre compatriote, Auguste Demesmay^ a chanté la 
Dame vertt; M. Charles Thuriet, dans les Traditions popu- 
laires du Doubs, en parle et la représente comme terrible 
à ceux qui ne savent dominer leurs penchants coupables. 
11 fait aussi mention des bienfaisantes fées de la roche de 
Palenle. Nous voilà donc en pays de connaissance. 

11 s'agit d'un enfant 

Qu'an bûcheron trouva près d'un antique chêne, 
Sur un lit de gazon, à l'abri d'un troène... 

L'enfant, immédiatement porté che:^ le vieux curé de 
Thise, y fut recueilli et baptisé, sous le nom de Sylvain 
de Chailluz. Bien soigné par lui et par d'autres personnes 
dévouées, il grandit, reçut quelque instruction et pros- 
péra de toutes manières. 

Sylvain à dix-huit ans était un fort garçon 

Qui de la rude vie acceptait la leçon, 

Un actif laboureur éveillé dès l'aurore 

Et que le crépuscule aux champs trouvait encore.,.. 

Cependant le pauvret était isolé. En dehors de ses pro- 
tecteurs qui le soutenaient, il était resté pour les jeunes 
villageois, jaloux de lui, un enfant trouvé, un mendiant, et 
ils ne lui ménageaient pas leurs affronts, au milieu des 
jeux du dimanche où il les surpassait par son adresse : 

Pour échapper 
Aux éclats insultants de leur rage ironique. 
Il gagnait pour pleurer la forêt pacifique.... 
Dans le calme absolu, son âme renaissait. 



Un matin de printemps, à l'ombre d'un cytise 
Couvert de grappes d'or, il rencontra Florise.... 
Florise, une pâle mignonne 
Que sa chevelure couronne 
D'une auréole d'ambre clair.... 



- 159 - 

Une amilié enfantine les unil bientôt, décrite par le 
poète avec beaucoup de fraîcheur et de délicatesse. 

On devine que ces jeunes cœurs ne tarderont pas à 
éprouver un autre sentiment et que Sylvain demandera à 
épouser la jeune fille. Seconde phase du petit roman dont 
nous ne poursuivrons pas plus loin l'analyse. 

Disons seulement que le rôle des Esprits est d'assurer à 
Sylvain Taccomplissement de ses désirs. La Dame verte de 
Thise, qui punit les mauvais desseins, le délivre d'un rival 
qui, par des procédés malveillants, cherche à lui ravir la 
main de Florise. Les bienfaisantes fées de Palente lui 
fourniront une dot pour son mariage et le charmeront 
par des fêtes où Ton voit passer des multitudes d'êtres 
fantastiques, ondines, lutins, feux follets. Ces féeries sont 
décrites avec une riche imagination ; il y a de beaux cou- 
chers de soleil, de vaporeuses peintures des bois et de 
leurs mystères nocturnes. 

Au point de vue technique, on peut dire que les vers et 
les rimes, tout en trahissant une certaine inexpérience, 
ont de la correction. A signaler pourtant quelques irrégu- 
larités. Comment du reste produire, sans aucunes fai- 
blesses, une composition d'aussi longue haleine, trop 
étendue, pourrait-on dire, vu la simplicité du sujet. Il est 
vrai que l'auteur prend soin d'éviter la monotonie par la 
variété et l'élégance de ses rythmes. 

Ce manuscrit a paru digne de fixer l'attention de l'Aca- 
démie. 

No 3. — Titre : Pour Lacuzon et le baron du Saix d'Amans. 
Devise : Gagne le haut. — 145 vers. 

Nous sommes dans le fond du Jura, après la conquête 
française ; on sait que, dans cette région, la résistance fut 
acharnée. 

Quelques seigneurs comtois, ruinés par la guerre, 
n'ayant plus aucune ressource pour élever leurs familles 



- 160 -- 

dans une conirée désolée, ne crurent pas entacher leur bla- 
son el se soumirent au vainqueur. Le poète les excase, 
réclame de l'indulgence pour ceux qui, après avoir rail- 
lamment combattu, obéissaient à la nécessité, puis il con- 
tinue ainsi : 

Miûf d'aatres Franc-Comtoii, parmi letqiuls je ciit 
Lei plot fiert, Lacnzon et le baron d'Amana, 
Après mille combats, mUle exploits étonnaiits 
Dont la mémoire encor se réveille et palpite. 

Le soir, aa foyer des manants. 
Préférèrent quitter leur demeure natale.... 
Quitter les hauts gradins couronnés de forêts 
D*o(i fondait leur élan prompt comme la rafale. 

Les délaisser à tout jamais.... 

Ils s'expatrièrent plutôt que de se rendre et passèrent 
en Italie, où ils moururent dans leur exil. 

Ils j gisent, obscurs, ces proscrits volontaires, 
Ces Verdngétorix de la Franche-Comté, 
Parangons de bravoure et de fidélité, 
Ne leur rendra-t-on pas au pays de leurs pères 
Les devoirs de la piété f 

Comme il n'est plus possible, après deux siècles, de ra- 
mener leurs restes, le poète voudrait qu'on leur érigeât un 
souvenir monumental et caractéristique : 

En fiers quartiers de roche à jamais permanents. 
Colonne ou pyramide, ime gloire géante.... 



11 s'efforce, en de beaux vers, de les disculper de leur ré- 
putation de pillage. 11 fallait bien vivre; que pouvaient 
faire ces malheureux qui mouraient de faim ? Nobles étaient 
la cause qu'ils soutenaient et les intentions dont ils étaient 
animés I 

Grands pilleurs, oui vraiment I pilleurs sans égoïsme, 
Uniquement poussés par le fervent amour 
Do leur Dieu, de leur comte et de ce franc séjour 
Qu'ils voulaient préserver des mœurs, du despotisme 
Du roi de France et de sa cour.... 



- 161 - 

Suivent d'autres strophes dans le même isens et égale- 
ment bien frappées. 

Après ces sorties vigoureuses, l'auteur, par une tran- 
sition que Ton a trouvée un peu brusque, mais qui était 
attendue et bien naturelle, se déclare bon Français. 

Ce qui ne Tempèche pas, bien entendu, de réclamer 
toujours que Ton dresse sur une cime du Jura un quartier 
de roche élincelanle : 

A LAGUZON, AU SAIX d'aBNANS 

Cette pièce renferme des beautés et des élans de vrai 
patriotisme; les passages que nous avons cités plairont, 
sans doute ; cependant, dans d'autres parties, on désire- 
rait plus d'élévation poétique et l'on regrette quelques 
vulgarités ; ce qui ne l'empêche pas d'avoir des qualités 
sérieuses, du feu, une belle allure et de mériter le bon 
accueil de l'Académie. 

N° 4. — Titre : Fastes bisontins. Jules César. — Devise : Dans 
le camp tout entier, les soldats faisaient leur testament. — 
160 vers alexandrins. 

La scène inspirée, ainsi que l'épigraphe, par les Com- 
mentaires de César, se passe sur le mont Cœlius, notre 
citadelle actuelle. Le général romain est venu pour quel- 
ques jours à Vesontio, que menace Arioviste. 

Pendant qu'il s'occupe des approvisionnements, les sol- 
dats recueillent des renseignements sinistres sur les en- 
nemis qu'ils ont à combattre et ils hésitent à marcher. 

Le poète nous représente Jules César très inquiet de 
cette terreur qui a envahi toute son armée. 11 se promène 
le soir, en y songeant : 

Or, seal sur les remparts se promenait un homme 

Dont un pli soucieux creusait le vaste front ; 

n personnifiait la puissance de Rome 

Et des adversités il ignorait l'affront. 

ANNBB 1903. 11 



! — 162 — 

;l 

i Pourtant il redoatait de Toir à TimproyliU 

;| Sur les rivet du Doubs paraître Ariovitte, 

i; Et tachant que la peur met det chatnet aux maiiUy 

i Que tet eenturiont pentent que let Suè?et 

Sont d*horriblet géantt armét d*immentet glalTes, 

i\ Cétar perdait ta foi dant let toldau romaine. 

• Eh quoi, te di tait-il, cette folle panique, 
De Rome, tout met yeux, briterait le dettin f 
Non ; tant que je vivrai, la horde germanique 
Ne moitsonnera pat, tur ce mont vison tin, 

1 Pour couronner ici ta chevelure blonde, 

» Le moindre det lauriers que j*ai conqtût au monde. 

^ Et Cétar, relevant la tête, regarda 

D'un gette de défi cette noire vallée, 

: Où bientôt, il devait jouer en la mêlée 

Son prestige établi de chef et de toldat. 



La nuit se passa dans ces graves réflexions. Au lever du 
jour, César, reprenant sa fermeté habituelle» harangua 
son armée dans un discours saisissant, dont voici quel- 
ques passages : 

Romaint, centurions, tribuns et mercenaires, 
Approchez-vous. J'entends ne parler qu'à vos cœurt. 
Laisserez-vous, par des terreurs imaginaires, 
Pâlir entre vos mains ces emblèmes vainqueurs f 
Ces aigles dont l'éclat sur le monde rayonne, 
Ces aigles qu*ane gloire immortelle environne, 
Ces aigles que vos ûls réclameront de vous. 
Telles que les aïeux vous les ont confiées, 
Telles que nos exploits les ont déifiées 
Et que nous les devons à leur amour jaloux. 

Que ré pondrez- vous donc aux questions de l'Histoire, 

Quand la postérité saura que vous avez, 

Un jour, abandonné . vous-mêmes la victoire, 

Que devant des Germains vous vous êtes sauvés. 

Car je sais quelle peur contamine vos âmes, 

Hier j'avais des soldats, je n*ai plus que des femmes. 

Reprenez le chemin de Rome, dès l'instant, 

Allez de vos hauts faits au Sénat rendre compte ; 

Vous lui raconterez, pour votre propre honte. 

Que César, resté seul, est mort en combattant. 



- 163 — 

Suit une superbe apostrophe qui n'est point faite pour 
déplaire aux Bisontins : 

Et toi, Vesontiam, devant Rome «t la QaiiU, 
L'Histoire te confie nn grand et noble rôl^ ; 
De ton indépendance et de tes droits, jaloux ; 
Face à rinvasion constamment menaçante, 
Sor ce rocher qn*entoare une onde mugissante, 
Tes fils vont désormais monter la garde aii Doubs. 

Les hordes passeront, mais toujours immuable, 
Leurs flots confus viendront s'effondrer devant toi. 
Et tu demeureras, gardienne vénérable, 
Comme un phare allumé sur des plaines d'effroi. 



Mais résistant & tout, 6 citadelle entière, 
Se cramponne & ton roc l'antique liberté, 
Veille, Vesontio, veiUe sur la frontière, 
La Oaule attend de toi sa force et sa fierté. 



Ce discours, suivant les expressions mêmes des Com- 
mentaires, changea d'une manière extraordinaire la dis- 
position des esprits. César avait réfuté toutes les objec- 
tions, calmé toutes les terreurs. Un départ enthousiaste 
suivit de près, puis la déroute d'Ariovîsle. 

Le poème aurait gagné à être lu tout entier : nous pen- 
sonS; toutefois, que les passages cités suffisent pour faire 
ressortir le mâle talent de l'auteur. 

La commission a formulé quelques critiques de détail et 
relevé diverses incorrections de forme, mais elle consi- 
dère l'œuvre, à un point de vue général, comme la meil- 
leure des quatre qui lui ont été présentées. Les vers, soli- 
dement construits, ont parfois une éloquence entraînante, 
et la vérité historique qu'elle possède n'est pas à dédai- 
gner. 

Après cet examen, la commission a demandé à l'Aca- 
démie de décerner une médaille de 75 fr. au manuscrit 
n** 2, intitulé : Les bonnes fées de Patente, ayant pour épi- 
graphe : 



- 164 - 

Conronnét de thjm et dt marjoUiot, 
Lm Elfes joyeax dansent dans la plaine. 

Une médaille de 75 fr. au manuscril n* 3 : Pour Lacu- 
zon et le baron du Saix tFAmans, portant la devise : Ga- 
gne le haut. 

Une médaille de 150 fr. au manuscrit n^" 4 : Faste$ bison- 
i tins. — Jules César. 

Devise : Dans le camp tout entier les soldats faisaient 
leur testament. 

Le total des récompenses accordées s'élève^ comme on 
le voit, à la somme de 300 fr. Toutefois l'ensemble du prix 
de poésie reste, comme par le passé, fixé à 200 fr. 11 s'est 
trouvé exceptionnellement enrichi cette année de 100 fr., 
par suite d*un reliquat sur le prix Weiss, non entièrement 
décerné. Cet excédent a été gracieusement ajouté au con- 
cours de poésie de 1903, en vertu d*une décision de l'Aca- 
démie qui n'engage pas l'avenir. 

Adoptant les conclusions du rapport ci-dessus, l'Acadé- 
mie, dans sa séance publique du 25 Juin 1903, a décerné : 
à M. E. Langlade une médaille de 150 fr., pour la pièce 
Fastes bisontins^ Jules César; à M. Xavier Brun une mé- 
daille de 75 fr. pour sa pièce Pour Lacuzon et le baron du 
Saix d'Amans; une médaille de 75 fr. à M"** A. Sauget- 
Boudringhin, pour sa pièce Les bonnes fées de Patente et 
la Dame verte de Thise. 



SUR LA 

TOMBE D'EDOUARD GRENIER 

Par M. Frédfoio BATAILLE 

ASSOCIÉ CORRESPONDANT 



(Séance publique du 29 janvier i903) 



Déjà depuis un an, ô Maître, tu reposes 
Dans le paisible enclos od dorment tes aïeux, 
Et la neige en silence a recouvert tes roses 
Qu'apporta sur ta tombe un souvenir pieux. 

Sous ce linceul qui cache aux yeux le cimetière 
Et qui t'isole encor du monde des vivants. 
Entends-tu les accents de mon humble prière, 
Le cri des passereaux et la plainte des vents? 

Or, du vent des sommets voici la plainte triste : 
<K Pleurez, grottes, forêts, vallons, coteaux, vergers 1 
Et vous, ciels de Comté, beaux couchants d'améthyste. 
Diadèmes de pourpre au faite des rochers. 

Prenez Técharpe sombre et les voiles funèbres : 
Le poète n'est plus qui disait vos splendeurs I 
Et l'oiselet transi, tremblant dans les ténèbres, 
Soupire au vent glacé qui souffle des hauteurs : 

« Où donc est il, l'ami de nos chères familles? 
Nous ne l'avons pas vu depuis l'autre saison. 
Reviendra-t-il bientôt à l'ombre des charmilles 
Ou près de la glycine, au seuil de sa maison? 



- 166 - 

« Nous connaissions la voix si douce du poète 
Qui veillait sur nos nids et chantait nos amoors : 
Hélas 1 et maintenant sa demeure est muette t 
Quand le re verrons-nous? Nous l'attendons toujours ! » 

Et voici ma prière ainsi que mon hommage : 
« Ami, puisse ton œuvre, en tes vers triomphants. 
Garder mieux que le marbre où vivra ton image 
Ta mémoire grandie au cceur de nos enfants 1 

« Que tes poèmes purs où chantent l'espérance, 
La jeunesse, la foi, la grâce et la beauté, 
Où palpite l'amour sacré de notre France, 
Du droit, de la justice et de la liberté; 

« Que tes pages de deuil comme tes chants d'aurore 
Enseignent à nos fils le culte du foyer, 
L'attachement fidèle au pays qu'on adore, 
Le devoir et l'honneur que rien ne peut souiller ! 

« Qu'à jamais protégé par l'ombre de Francine, 
Souriante au détour d'un rustique sentier, 
Rayonne entre les noms que la gloire illumine, 
Sur notre livre d'or, celui des deux Grenier! » 

VanTes, le 7 janvier 1903. 



ARCIER 

HISTOIRE D'UNE SOURCE 
Par le Docteur L. BAUDIN 

MSMBRB RéSIOANT 



(Séance publique du 25 juin £903) 



I. 



On sail avec qtiel luxe grandiose les Romains ont appli- 
qué les eaux à la propreté et à rembellissement de leurs 
villes, ainsi qu'aux usages domestiques, aux commodités 
et à Talimentation de leurs habitants, c'est-à-dire à Thy- 
giène et à la salubrité publiques. Ils voulaient que ces 
eaux, vives et saines, fussent dispensées en abondance, à 
profusion ; qu'on pût les gaspiller à volonté, devançant 
l'application de cette maxime de l'hygiène moderne, for- 
mulée par Foucher de Careil : « Il faut qu'il y ait trop d'eau 
< dans une ville pour qu'il y en ait assez. > A cet égard, 
dans tous les pays qu'ils ont occupés, ils ont laissé de ma- 
gnifiques exemples : pour se procurer cet élément de sa- 
lubrité, rien ne leur coûtait : ni l'or à dépenser, ni les dis- 
tances à parcourir, ni les obstacles à vaincre. 

A peine érigée en colonie romaine, sous le vocable de 
Colonia viçirix Sequanorum^ Vesontio fut dotée, par Marc- 
Aurèle, qui venait de repousser les Germains envahisseurs, 
non seulement de toute une parure monumentale : arènes, 



— 168 — 

portiques du forum, arc de triomphe, temple de marbre 
consacré aux divinités capilolines, mais encore des pores 
eaux vives, jaillissantes, amenées d*Arcîer au moyen d'un 
aqueduc magnifique, et alimentant d'immenses bassins- 
réservoirs, des bains publics, des fontaines décoratives. 
Le canal-aqueduc d*Arcier, canal souterrain, voûté, était 
haut de i°^2 (sous clef), large de 0*85, en maçonnerie, 
béton et ciment ; il longeait, parallèlement à la rive gauche 
du Doubs. le flanc de la montagne, dont il déchirait l'es- 
carpement, débouchait dans la presqu'île de Besançon par 
le rocher qui se dresse à la gorge où s*est ouverte la 
Porte-Taillée, suivait le faubourg Rivotte et, finalement, 
venait déverser ses eaux en un bassin sis au côté droit de 
Tare de triomphe de Porte-Noire, bassin faisant corps 
avec le théâtre de Besançon. 

Édifié pour braver les siècles, Taqueduc d*Arcier fut dé- 
truit, après deux cent trente à deux cent quatre-vingts 
années à peine d^existence, soit par les Vandales, au début 
du v« siècle, soit, plus probablement, par les Huns, vers 
Tannée 451. La ruine, semble-t-il, ne fut d'abord que par- 
tielle, et, à la rigueur, réparable ; mais elle ne fit que s'ac- 
centuer dans la période qui s'étend du v« au x* siècle, véri- 
table chaos d'invasions, de révolutions et d'anarchie ; et, 
au bout de celle période, — durant laquelle s'organise la 
féodalité, avec ses changements de maîtres et ses morcel- 
lements du sol, partagé entre les Burgondes envahisseurs 
et les premiers et anciens occupants gallo-romains, — 
Besançon se trouve, en fin de compte, dépossédé et de 
l'aqueduc et des sources d'Arcler. 

Sans doute, dans les souvenirs, puis dans les légendes 
des Bisontins, restèrent toujours présents Arcier et ses 
eaux bienfaisantes; mais les ruines de ces immenses tra- 
vaux hydrauliques, ouvrage d'un véritable peuple-roi, et 
portant l'empreinte d'un troublant sentiment d'immensité, 
décourageaient les espoirs et les efforts de populations 



- 169-7 

morcelées et misérables, alors que» pour reprendre Tœuvre 
romaine, il eût fallu, comme autrefois, Tordre et la stabi- 
lité, les légions transformées en travailleurs disciplinés, et 
Tor, beaucoup d'or écume chez toutes les nations connues. 

Du moment de l'annexion du Comté à la monarchie fran- 
çaise, sous le premier et le second royaume de Bourgogne 
(xi* et xii* siècles), jusqu'au moment de la conquête défini- 
tive delà Franche-Comté par Louis XIV, l'histoire de notre 
ville peut se résumer tout entière en celle de ses désastres : 
invasions, guerres, séditions — suivies de mise en interdit, 
de mise au ban de l'empire, d'excommunication, — des- 
tructions, massacres, incendies, rançonnements, peste, 
épidémies de toute sorte, famines. A la fin du xi* siècle, la 
ville était réduite à quelques groupes de maisons, distan- 
cées par des champs et par des bois, avec 2,000 habitants 
à peine.... Ce fut une tâche assez lourde pour la vigueur 
et la ténacité déjà toutes comtoises de nos pères, que de 
vivre et de faire vivre, au jour le jour, ce qui restait de 
leur ville, et, au milieu des entreprises et des rivalités des 
empereurs, des puissants ducs de Bourgogne, des arche- 
vêques-gouverneurs, de conquérir et de conserver à la 
commune ses droits et ses franchises. 

Alors même que la ville eut cessé d'être tout à fait 
malheureuse, elle resta longtemps pauvre, et cette pau- 
vreté lui interdisait « les longs espoirs et les vastes pen- 
sées » ; aussi, lorsqu'elle put enfin songer à se procurer 
des eaux salubres, elle dut mettre ses prétentions au 
niveau de ses ressources, et, à défaut des eaux d'Arcier, 
toujours convoitées, se contenter d'abord de celles de 
Fontaine- Argent (1457), puis, un siècle plus tard (1559), de 
celles de Bregille. 

Mais à peine l'annexion définitive de la Comté à la France 
a-t-elle apporté à Besançon, devenue capitale de la pro- 
vince, quelque espoir de stabilité et de prospérité relative, 
que l'idée de l'adduction d'Arcier se feit jour à nouveau : 



- 170 - 

dès Tannée 1681, M. de Falletans conçoit et formule la pre- 
mière pensée de réfection de Tœuvre romaine, réfection 
qu'il démontre possible au prix d'un sacrifice de 12,000 
pistoles, — c sur quoi le Magistrat, à raison que l'argent 
c manque, n'a rien voulu délibérer pour le présent. » 
Cependant, l'idée est éclose ; elle s'est faite homme ; elle 
s'est faite peuple, et il ne lui reste plus qu'à subir l'inévi- 
table phase des contradictions, des discussions et des 
luttes qui doivent la fortifier, lui donner sa forme dernière, 
et finir par imposer sa réalisation. 

En 1777, M. d'Auxiron, échevin de la ville, proclame : 
c L'on ne doit pas perdre de vue le magnifique projet formé 
c par M. de Falletans, en 1681, de ramener les eaux d'Ar- 
« cier à Besançon. De tous les projets, c'est le plus grand, 
< le plus beau, le plus utile. > 

Le 5 janvier 1778, en séance du conseil, M. de Saint-Ger- 
main donne lecture d'un c prospectus », œuvre de l'ingé- 
nieur de Fortaigne, qui en demande la publication, afin 
d'entraîner l'opinion publique en faveur d'un nouveau 
projet d'amenée des eaux d'Arcier. On en réfère à l'inten- 
dant, M. de Lacoré, qui, séduit tout d'abord, prend le pro- 
jet sous son haut patronage et en prépare la réalisation, 
en dépit de l'avis défavorable du conseil. Celui-ci, en effet, 
tout en reconnaissant que c le plan saisit au premier coup 
c( d'oeil par la possibilité de son exécution et l'avantage 
c réel qui résulterait pour la ville d'avoir en tout temps les 
c plus belles eaux en abondance, > se voyait forcé de l'a- 
bandonner, c vu la dépense ». M. de Lacoré insiste et décide 
la ville à tenter de se procurer les ressources nécessaires 
au moyen d'une souscription publique; celle-ci échoue 
lamentablement. 

Les partisans d'Arcier ne se découragent pas pour autant : 
en 1778, l'Académie de Besançon met au concours cette 
question : • Quel est le meilleur moyen de multiplier les 
c fontaines à Besançon? » et elle a soin de spécifier : 



- 171 - 

f L'Académie désire qu'on discute à nouveau les projets 
« déposés en 1777 sur la conduite des eaux d'Arcier. » 
L'almanacb de la Franche-Comté, de cette même année, 
appelle, lui aussi, l'attention des concurrents sur ce point. 
Les mémoires envoyés à l'Académie furent insuffisants, 
mais tous, — à l'exemple de ceux fournis quelques années 
auparavant en réponse à cette question : Du choix et des 
emplacements et ornements des fontaines faites ou à faire^ 
— tous payaient un tribut de regret au canal d'Arcier, 
« lequel fournissait les meilleures eaux, et en si grande 
« abondance. > 

Los jours les plus difficiles de la Révolution et du pre- 
mier empire ne firent pas oublier aux Bisontins le grand 
projet, toujours si chèrement caressé. En 1819, le préfet de 
Villiers du Terrage s'empresse de reprendre les projets de 
l'intendant de Lacoré : fouilles, mémoires, devis, tout est 
à jour; il ne reste plus qu'à établir les « moyens », dont 
M. Chopin d'Arnouville, successeur de M. de Villiers, 
poursuit l'étude à son tour. Un échec subi devant le con- 
seil général remet tout en question. Enfin, en 1829, sur un 
rapport de M. Marnotte, architecte de la ville, la campagne 
est reprise, et, sous la pression de l'opinion publique, à 
dater de 1833, les événements se précipitent : les études, 
très complètes, des ingénieurs, MM. Boudsot, puis Mary, 
celles du chimiste H. Sainte-Claire-Deville, concluent una- 
nimement en faveur du projet d'Arcier : « le plus grand, le 
plus simple, le plus sûr elle plus durable » (1836-1844). En 
même temps, les. experts nommés par le conseil enta- 
maient, avec les ayants droit sur la source d'Arcier, les 
pourparlers, puis les interminables procès d'expropriation 
tranchés enfin le 22 août 1842 en faveur de la ville. Le 
18 mai 1843, les premières fouilles, les premiers sondages 
commençaient et enfin, à partir de mai 1850, les travaux 
étaient adjugés et poussés avec vigueur, conformément 
aux plans et dôvis de Tingénieur Mary. 



— 172 — 

Droz, dans ses Fontaines de Besançon^ ouvrage paru en 
1853, et que j'ai si souvent mis à contribution dans la pre- 
mière partie de ce travail, nous a décrit, en termes pitto- 
resques et suggestifs, le mouvement de curiosité et de joie 
qu'excitait alors, dans la population, la seule vue des tra- 
vaux entrepris : « Depuis deux ans, écrit-il, tout le monde 
c a parcouru cette route qui, greffée sur un déchirement 
c de Tancienne rampe Saint-Léonard, dessine et borne à 
« Test la vallée du Doubs.... Voici que tout à coup ses 
« bermes sont inondées d'une foule avide et compacte. Les 
c groupes se renouvellent, toujours nombreux, animés de 
c la même pensée.... on vient voir les travaux de l'aque- 
« duc d'Arcîer. Or, quels renseignements, quelle satisfac- 
t tion donne aux visiteurs le théâtre de cette vaste cons- 
« truction? Quelques tranchées à peine abordables, des 
« embouchures de galeries, des puits d'extraction, des 
« déblais semés ou vomis sur le passage, de fréquentes 
< détonations souterraines : voilà les ressources dont s'a- 
« limente la curiosité.... C'est égal, les pérégrinations 
« continuent, et, préjugeant de la grandeur des moyens 
« par la grandeur du but, on s'inspire de je ne sais quel 
« entraînement sur le lieu du travail ; puis, en face de ces 
« roches muettes et ébranlées, on discute l'origine, les 
« péripéties, et par-dessus tout les conséquences de l'objet, 
c De là, ces appréciations ardentes et prématurées qui 
« agitent en ce moment la population.... » Et, montant son 
enthousiasme à la hauteur de celui de la foule, notre auteur 
s'écrie : « L'aqueduc d'Arcier fera époque dans les annales 
f bisontines : comme acte d'édililé, c'est le plus considé- 
« rable de nos temps modernes ; comme œuvre d'art, cette 
t création eût fait honneur au génie des Romains, car les 
c Romains seront surpassés ; sous le rapport de la gran- 
« deur et de la perpétuité, aucun monument ne l'effacera 
c ici.... Quant à l'opportunité de l'œuvre, elle se justifie 
c par l'histoire, et surtout par ces exigences qui, bienfaits 



- 173 - 

c matériels delà civilisation, s'accroissent chaque Jour du 
« progrès accompli dans le bien-être humain. » 



11. 



Enfin, en 1854, le grand œuvre est achevé : la source 
d'Arcier, aux vertus légendaires, la source jamais oubliée 
et convoitée durant tant de siècles par les Bisontins leur 
est enfin rendue ! Le succès de l'entreprise dépassait toutes 
les prévisions, toutes les espérances : la joie des habi- 
tants, leur enthousiasme, furent indescriptibles. Pour les 
comprendre, il faut avoir, année par année, pourainsi dire, 
recueilli Técho des plaintes lamentables et universelles 
suscitées, chez nos aïeux, par l'insuffisance des eaux d'ali- 
mentation, insuffisance chaque jour grandissante; car, en 
même temps que le nombre des bouches à désaltérer 
augmentait, les sources de Bregille baissaient comme 
rendement, et les puits existants se fermaient peu à peu, 
empoisonnés par la contamination de la nappe d'eau sou- 
terraine : do 10 litres environ par jour et par personne 
(en temps ordinaire et en dehors des sécheresses), la 
ration d'eau de source fournie par Bregille était tombée 
aux chiffres dérisoires de 5, et même de 4 litres! Les 
commissaires municipaux c délégués aux fontaines > s'é- 
puisaient en vains efforts pour économiser l'eau et la 
répartir d'une manière équitable, discutant ou disputant 
pied à pied avec les concessionnaires privilégiés, dont les 
prétentions, souvent déraisonnables, ne cessaient de 
provoquer des conflits entre la municipalité, d'une part, 
Taulorité militaire, l'administration préfectorale de l'autre. 
11 était peu d'années où les fontaines élevées, celles de 
Battant et de Saint-Quentin d'abord, ne vissent leurs eaux 
se tarir durant des semaines, parfois durant des mois. 

Enfin, après la disette, c'était l'abondance, et l'abon- 



— 174 - 

dance assurée à jamais : 260 litres, au minimum, par jour 
et par habitant, d'une eau vive, toujours fraîche, pure, 
claire et limpide, sauf à de rares périodes de trouble mo- 
mentané, après les grandes pluies. Aussi bien, l'analyse 
organoleplique et l'analyse chimique, — les deux seuls 
moyens d'appréciation alors existants de la qualité et de 
la valeur hygiénique d'une eau, — s'accordaient pour la 
montrer irréprochable : celle eau, en effet, était,— elle 
est toujours, — agréable au goût, fraîche en été, tempérée 
en hiver, avec une température constante de 10<» à llS 
sans odeur et limpide en temps ordinaire ; suffisamment 
aérée, ni lourde ni dure ou calcaire, elle était d'une 
digestion facile, cuisait bien les légumes et dissolvait le 
savon W. H. Sainte-Claire-Deville, puis Wurtz, dans son 
dictionnaire de chimie, la citaient comme un modèle-type 
d'excellente eau de source. Son débit énorme, accru encore 
à dater de 1866, époque où la ville devient propriétaire de 
la totalité de la source, était porté dès lors à 500 litres par 
jour et par habitant en temps ordinaire, à 300 litres en 
temps de sécheresse estivale moyenne, et à 330 litres en 
temps de sécheresse prolongée, exceptionnelle, comme 



(1 ) Le tableau ci-dessous, établissant la comparaison des divers éléments 
chimiques de nos eaux d'Arcier, de Bregille et d'Aglans, avec ceux cor- 
respondants d'une eau de source idéale, acceptable comme bonne eau de 
boisson, établit Texcellence de nos eaux d'Arcier au point de Yue chi- 
mique. (L'analyse qui a fourni ces chififres, pour nos sources bisontines, 
a été pratiquée en 1884 par les soins de l'École nationale des ponts et 
chaussées.) 

JSThoïun. ^«^^- "*•«"•• ^«^°•• 

Degré hydrotimétrique. 15« à 30« 25» 26« 15» 

Résidu fixe, total . 



Chaux (en totalité) 
Acide nitrique . . 
Matières organiques 

Chlore 

Acide sulfurique . 
Ammoniaque. . . 



0,10 à 0,50 


0,24 


0.26 


0.14 


0,18 à 0,20 


0,12 


0.13 


0,07 


0,001 à 0,004 


0,000 


0,014 


0.000 


0,01 à 0,05 


0,01 


Non dosées 


0,005 


0,002 à 0,008 


0,001 


0,003 


0,001 


0,002 à 0,063 


0,002 


0,005 


0,0007 


0,001 à C.004 


0,002 


0,005 


0.002 



— 175 - 

en 1893. Besançon se classait ainsi au quatrième ou cin- 
quième rang parmi les villes de France et d'Europe les 
plus richement pourvues d'eau de source. 

Ce n'est pas tout, bien vite nos statistiques obiluaires 
accusèrent l'heureuse influence de l'amenée des eaux 
d'Arcier sur la santé publique : notre mortalité générale 
qui, dans les précédentes années, avait été de 35 à 36 7«o 
(soit 38 à 36 décès annuels par chaque millier d'ha- 
bitants), tombe rapidement à 39 Voo en 1886, puis à 28 ^loo 
en 1888, pour se tenir dorénavant, et jusqu'à il y a douze 
à quinze ans, à 26 Voo environ, chiffre moyen qui n'est 
plus dépassé qu à de longs Intervalles, dans les années 
calamiteuses (guerre, grandes épidémies, etc.). 11 est indé- 
niable que cet abaissement brusque, énorme, de plus 
d'un quart, de près de 30 •/© de notre mortalité générale, a 
été dû, pour la presque totalité, à l'installation de la nou- 
velle canalisation d'eau, avec ses conséquences multiples : 
propreté des immeubles et de la rue, création rendue 
possible d'égoutsbien lavés, fermeture des puits suspects, 
ouverture de bains publics, etc., etc. 

En sorte que Ton peut estimer à 8 par an et par 1,000 
(des 38,000 à 40,000 habitants alimentés en e^u d'Arcier), 
le nombre des existences conservées de ce chef à Besan- 
çon; soit 300 existences sauvées chaque année depuis 
1886, et, pour 48 années, de 1886 à 1903 (les années 1870 
et 1871 exceptées), un total de 13,800 existences repré- 
sentant, — au taux admis d'appréciation du capital-vie 
humaine moyen, une somme de 21 millions de francs. A 
cette somme, il faut joindre celle représentant l'économie 
des frais de maladie et de chômage résultant d'un abais- 
sement de la morbidité, abaissement proportionnel, natu- 
rellement, à celui de la mortalité : cette nouvelle somme, 
d'une manière générale, peut être évaluée aux 7/9 de celle 
représentant l'économie des décès; ci, de ce nouveau 
chef, une économie de 17 millions environ; en sorte que 



— 176 — 

le capital épargné, grâce à Arcier, se trouve être» pour 
ces 45 années, de 31 -{- 17 s» 38 millions, un peu plus 
d*un million par an, soit Tintérèl, à 5 Vo> d'un capital de 
plus de 30 millions une fois dépensé. 

Or, les frais d'acquisition, de captage, d'amenée et de 
distribution des eaux d'Acier n'ont pas dépassé 1 ,750^000 fr., 
dont rintérèt se trouve, depuis bien des années déjà, 
couvert parles recettes provenant des abonnements à ces 
eaux. 

Et ces évaluations restent au-dessous encore de la 
vérité; car, avec la suite des années^ au fur et à mesure 
que se multipliaient les abonnements et les concessions 
gratuites de ces eaux, leur influence bienfaisante conti- 
nuait à s'accentuer en se généralisant, et, dans l'abais- 
sement progressif de notre mortalité générale qui, de 1856 
à nos jours, tombe de 36 <>/ooà31 Voo» il faudrait encore faire 
la part d'Arcier, — part incontestable et bien établie par 
la marche en sens directement inverse que Ton constate 
entre la courbe graphique de notre mortalité et celle des 
recettes annuelles des abonnements aux eaux, la première 
descendant à mesure que la seconde s'élève. 

On peut l'affirmer, jamais œuvre municipale ne cons- 
titua une opération aussi fructueuse. Et donc, j'avais 
raison lorsque, citant l'axiome célèbre de Rocbard : < Le 
gaspillage de la vie humaine est le plus ruineux de tous, > 
j'en formulais, à cette occasion, la contre-partie : « La 
prodigalité^ en matière d'hygiène publique, n'est que de 
l'économie bien entendue. > Et l'on comprend les résis- 
tances que l'on rencontre dans le public, et même dans 
une partie, de plus en plus faible, il est vrai, du corps 
médical bisontin, lorsque l'on vient incriminer aujourd'hui 
ces eaux d'Arcier, lesquelles, jadis, apparurent si bienfai- 
santes. 



— 177 



m. 



C'esl à l'un de nos distingués confrères, c'est à M. le 
professeur Gauderon, que reviennent la responsabilité et 
l'honneur, — car c'est toujours un honneur de servir la 
vérité, — d'avoir jeté le premier doute sur l'intangibilité 
(passée à l'état de dogme) de l'eau d'Ârcier : au cours de 
la grave épidémie typhoïde de 1886, M. le docteur Gau- 
deron constata que tous les typhiques de sa clientèle, tant 
urbaine qu'hospitalière, s'alimentaient en eau d'Arcier; 
que ni lui ni ses confrères n'observaient, au contraire, 
de cas dans les groupes de la population alimentés en 
eau d'Aglans ou en eau de Bregilie. De là à soupçonner 
l'eau d'Arcier d'être le véhicule du germe typhoïde, il n'y 
avait qu'un pas.... Restait à établir le procédé de conta- 
mination. 

Sans doute, déjà en 1886 on ne croyait plus au miasme 
indéterminé, mais de nature plutôt gazeuse, ayant, par 
conséquent, Tair pour véhicule à peu près exclusif, et le 
poumon pour porte d'entrée ; on savait depuis peu, mais 
d'une manière très nette, que l'agent infectieux était un 
germe y particule solide aussi ténue que l'on voudra, mais 
élément figuré, enfin, pénétrant surtout par les voies di- 
gestives avec les liquides, avec l'eau, son véhicule le plus 
ordinaire. Mais on s'était fait en même temps une idée 
très fausse, parce que très exagérée, de la puissance fil- 
trante du sol par rapport à ces germes, et c'est pourquoi 
les découvertes pastoriennes n'avaient fait que renforcer 
en quelque sorte l'antique croyance à l'excellence de l'eau 
de source, tout simplement parce qu'eau de source : 
une eau de source était une eau filtrée, et pure par consé- 
quent ; elle ne pouvait être souillée qu'à son point de cap- 
tage, ou dans ses réservoirs ou canaux de distribution. 
Or, de ces divers côtés, l'eau d'Arcier était Inattaquable. 
annAb 1908. If 



— 178 — 

Sans se décourager, M. le docteur Gauderon explora le pla- 
teau Nancray-Gennes-Saône ; il finit par incriminer le ruis- 
seau de Nancray comme susceptible de déverser dans Ar- 
cier les eaux de ruissellement provenant du charnier du 
village. Les diverses commissions sanitaires qui visitèrent 
ensuite le plateau, sans accorder une aussi grande impor- 
tance au charnier (Immédiatement supprimé, d'ailleurs), 
reconnurent les graves souillures organiques, animales, 
fécales même, dont le ruisseau était le véhicule obligé. En 
même temps, M. Jeannot, directeur des eaux de la ville, — 
à ce moment où il n'était point encore question des 
expériences aujourd'hui classiques réalisables à l'aide de 
la fluorescéine, — établissait la communication des eaux 
du ruisseau de Nancray avec celles d'Arcier au moyen 
d'une expérience très ingénieuse et très personnelle : 
dans le ruisseau, au voisinage des entonnoirs, il versait 
1,000 kilos de sel marin dont, neuf heures après, il déce- 
lait la présence dans les eaux d'Arcier. 

Cependant, on voulait croire encore que les eaux du 
ruisseau n'arrivaient à nos sources que suffisamment fil- 
trées : au bureau d'hygiène, qui venait de se fonder offi- 
cieusement, M. Jeannot et moi nous continuions à faire 
quelques réserves, tout en poursuivant nos enquêtes et 
en adoptant, par prudence, des mesures qui, dans la 
suite, contribuèrent à atténuer tout au moins les nouvelles 
épidémies : c'est ainsi que M. Jeannot rejeta, dès celte 
époque, de la consommation la portion d'eau de la source 
provenant de la galerie de captage de gauche, laquelle se 
troublait la première, le plus longtemps et avec une par- 
ticulière intensité. 

Sur ces entrefaites, Trélat vint déclarer à la Société de 
médecine publique et d'hygiène professionnelle, à Paris, 
que tous les terrains soi-disant filtrants ne filtrent pas ; 
qu'il est des sédiments géologiques qui sont « de vérita- 
bles passoires », que l'eau traverse en masse, rapidement 



- 179 - 

et sans se purifier le moins du monde. L'affirmation n'alla 
pas sans susciter un peu de scandale et beaucoup de mé- 
fiance. Mais à la suite d'expériences et d'enquêtes, pour- 
suivies un peu partout, à l'aide de la fluorescéine puis de 
la levure de bière, il fallut bien se rendre à l'évidence : 
les solS'pasêoires, loin d'être l'exception, étaient la règle, 
surtout dans les terrains crétacés ou calcaires. 

La source d'Arcier, en plein calcaire jurassique, avec 
son débit énorme, qui, par les saisons pluvieuses, la trans- 
forme en véritable rivière souterraine, avec son vaste pé- 
rimètre, de plus de cent kilomètres carrés d'étendue, avait 
toutes les chances de figurer à l'un des premiers rangs, 
parmi ces sources incomplètement filtrées par un sol-pas- 
soire, et sujettes, par conséquent, à des contaminations 
au moins intermittentes et momentanées : depuis long- 
temps, quelques esprits observateurs se trouvaient mis en 
défiance par le trouble très prononcé et par l'odeur appré- 
ciable qui se remarquent dans les eaux d'Arcier après 
des pluies un peu considérables. En même temps, les géo- 
logues, MM. Vézian, Magnin, Fournier entre autres, insis- 
taient sur ce point, que le plateau d'alimentation d'Arcier, 
du fait de la nature calcaire de son terrain, ne permettait 
d'espérer, en maints endroits, au lieu et place de la filtra" 
lion fine, nécessaire, qu'une fiUration en grand, plus ap- 
parente que réelle, et forcément incomplète, imparfaite. 

Or, sur cet immense plateau d'alimentation, compris à 
peu près entre la Vèze, Montfaucon, Gennes, Nancray, 
Naisey, MamiroUe et Saône, se disséminent des fermes, 
des hameaux, des villages importants même. Ce bassin, 
vaste et peuplé, et cultivé, est complètement « fermé > ; 
c'est-à-dire qu'aucun ruisseau, ruisselet, ou bief d'un vo- 
lume quelconque, permanent ou temporaire, n'en sort 
pour aller se Jeter dans une rivière voisine : toutes les 
eaux de ruissellement et de lavage de ce sol marneux, les 
ruisseaux ou ruisselets servant d'égouts aux villages qui 



- 180 - 

y déversent les purins de leurs fumiers, les trop-plein de 
leurs lavoirs et de leurs abreuvoirs, tout cela finit par 
disparaître, absorbé par des fissures, des fêlures, des 
failles, des entonnoirs, bétoirs ou gouffres, et constitue, 
en synthèse finale, la circulation souterraine d*un second 
bassin inférieur, également fermé, avec Arcier pour point 
terminal. Nancray, en raison tant de sa topographie que 
de l'état détestable de sa voirie, réalise au maximum, 
pour Arcier, ce mode de contamination ; mais s'il est, 
sans conteste, la cause principale, il n'est malheureuse- 
ment pas la cause unique des souillures de notre source : 
les patientes et méthodiques recherches de M. Jeannot ont 
établi, depuis un an à dix-huit mois, que pouvaient être 
incriminés au même chef, quoiqu'à un moindre degré, 
les villages de Saône, de la Vèze, de MamiroUe, de Naisey, 
de Gonsans, et ce, à rencontre de toutes les opinions jus- 
qu'ici admises. Peut-être ne sommes-nous pas au bout 
encore d'autres surprises également peu agréables. 

Tous ces faits, dans leur ensemble, dans leur matéria- 
lité et dans leurs conséquences, nous apparaissent comme 
d'acquisition récente. Il est curieux de les retrouver, 
exposés pour ainsi dire tout au long, au nom de la pure 
observation et du simple bon sens, dans un mémoire pu- 
blié en décembre 1839 sous ce titre : Eaux de Besançon^ 
par le journal le Franc-Comtois. L'article, compendieux, 
très ordonné et très documenté, dirigé contre le projet 
d'adduction d'Arcier, émanait à coup sûr d'un des proprié- 
taires de la source, menacé d'expropriation, et l'on va voir 
à quel point la défense de ses intérêts le rendait clair- 
voyant : f On a constamment présenté les eaux d'Arcier, 
f était-il dit dans ce mémoire, comme ne troublant ja- 
« mais.... Cette opinion n'a pu être émise que par des 
f personnes qui ne connaissaient pas la source et qui 
< n'avaient jamais observé.... ni la perturbation que 
c porte, à certaines époques de Tannée, le défaut de lim- 



- 181 - 

pidité des eaux de la source baule dans le travail jour- 
nalier de la papeterie conliguë, ni la longue queue li- 
moneuse qu'en certaines circonstances le ruisseau d'Ar- 
cier projette dans les eaux plus limpides du Doubs. 
« Le défaut de limpidité des eaux d*Arciern'a, d'ailleurs, 
rien qui doive surprendre. Il affecte les plus belles sour- 
ces de la province ; celles du Doubs, de la Loue, du Lison, 
du Vernoz, de 6y, de Cussey, de la MouiUère, de Bre- 
gille, etc., n'en sont pas exemptes ; il est commun, pour 
ainsi dire, à toutes celles qui sourdent des monts Jura . aux- 
quels appartiennent encore les environs de noire ville.... 
« Dans nos contrées, où les bassins d'alimentation sont 
rarement recouverts d'une forte épaisseur de matières 
filtrantes, souvent même assez imparfaites, -— où ces 
matières reposent sur des rocbers généralement fractu- 
rés dans tous les sens par les dislocations dont ils ont 
été le théâtre à diverses époques; — où de nombreuses 
failles engendrent tant de canaux souterrains remplis 
de débris de roches à volumineux interstices, commu- 
niquant inférieurement au point d'émergence, et, supé- 
rieurement, à la surface du sol, par des entonnoirs dans 
lesquels s'engouffrent les eaux superficielles avec toutes 
les impuretés qu'elles charrient, — les eaux de source 
ne peuvent être, et ne sont en effet, d'après l'observa- 
tion, qu'un mélange en proportion variable, selon les 
circonstances, de celles qui ont traversé les couches fil- 
trantes du bassin, avec celles qui ont coulé torrenlielle- 
ment à sa surface, mélange toujours impur et trouble 
après certains orages locaux, les pluies abondantes et 
prolongées, etc. 

< En outre, ce trouble fréquent des eaux d'Arcier est-il 
calcaire, argileux, organique ou de toute autre nature ? 
Quelle action peut-il, selon ces circonstances, exercer 
sur la santé?.... i 
On croirait entendre le regretté professeur Vézian insis- 



- 182 - 

tant, quelque trente à quarante ans plus tard, sur Tin- 
suffisance de la flltration en grand, la seule assurée par 
les terrains calcaires jurassiques aux eaux génératrices 
de nos sources, — ou encore les savants de la grande 
eommmion de perfectionnement de Montsouris, présidée 
par M. Duclaux, rendant compte de leurs enquêtes et 
expériences poursuivies pendant deux ans dans les vastes 
bassins de la Vanne, de la Dhuys, de FAvre» de l'Eure» et 
concluant : « Les sols-passoires sont la règle, surtout lors- 
f qu*il s*agit de terrains crétacés ou calcaires jurassiques. > 

Arcier, avec son énorme périmètre d'alimentation, ne 
fait que suivre la commune loi, et il est aisé de se rendre 
compte du mécanisme selon lequel s'opèrent ses contami- 
nations in termil tentes et momentanées : 

En temps ordinaire^ de sécheresse relative coupée de 
petites pluies rares, les déchets^ immondices et souillures 
des villages croupissent sur les fumiers et sur les che- 
mins, au voisinage des habitations, s'y dessèchent, s'y 
oxydent lentement et ne sont entraînés qu'exceptionnelle- 
ment jusqu'aux ruisseaux et ruisselets, de là, aux enton- 
noirs. D'aulre part, ruisseaux et ruisselets coulent lente- 
ment, — dans leurs canaux souterrains, une fois absorbés, 
comme dans leurs canaux aériens avant d'arriver aux en- 
tonnoirs, et, chemin faisant, la purification se fait à peu 
près complète. Alors, les eaux d'Arcier sont limpides et, 
sauf exceptions infimes, peu ou point contaminées. 

Dans les saisons pluvieuses, les lavages répétés du sol 
se font à courts intervalles : les immondices n'ont guère 
le temps de s'accumuler, moins encore de fermenter; 
enfin, la dilution se fait, considérable dans les sources 
largement alimentées et transformées en rivière souter- 
raine A ce moment, l'eau d'Arcier se trouble, mais elle 
contient surtout des particules argileuses, — rarement, 
sauf après la première grande averse, une forte quantité 
de germes banals ou bactériens. 



— 188 — 

Mais survienne, après une période de sécheresse, au 
débul de Tautomne ou vers la fin de Tbiver, une chute 
d*eau considérable qui^ avec les eaux de ruissellement, va 
entraîner les purins des fumiers et les déjections couvrant 
ces fumiers et les abords des chemins et des habitations, 
et voilà, du fait de ce coup de balaiy nos eaux d'Arcier 
soumises à une contamination en masse, à une crue mi- 
crobienne redoutable. 

Supposé qu'il existe à ce moment, sur le plateau, dans 
tel ou tel village, comme Nancray, ou Saône, se lavant 
dans un ruisseau tributaire d*Arcier, un ou plusieurs cas 
de fièvre typhoïde, et Ton comprendra avec quelle facilité 
les germes infectieux, contenus dans les selles du ou des 
malades et déversés sur les fumiers, dans les lavoirs, aux 
abords des habitations, vont être entraînés aux ruisseaux; 
de là aux entonnoirs, puis à Arcier et à Besançon : le mé- 
canisme est simple, fatal en quelque sorte. — Aussi, depuis 
1886, chaque fois qu'explose sur le réseau d'Arcier une 
bouffée de cas épidémiques, nous courons au plateau où, 
inévitablement, nous relevons les cas générateurs de l'épi- 
démie, dans des conditions de date et de topographie 
absolument probantes : toujours ces cas ont précédé les 
premiers cas signalés à Besançon de plusieurs semaines, 
et toujours les premiers cas signalés à Besançon ont été 
précédés, en outre, d'un trouble de l'eau d'Arcier, avec 
crue microbienne colibacillaire, antérieur de douze à 
quinze jours à leur apparition, — précisément l'intervalle 
de temps nécessaire à l'incubation de la maladie. 

On essaierait en vain d'invoquer des coïncidences for- 
tuites dans cette succession régulière de faits observés 
au moment de chacune de nos grandes épidémies 
typhoïdes depuis près de vingt ans, — faits, non pas 
d'observation courante, banale, mais faits d'observation 
rigoureusement scientifique, dont les moindres détails, 
relevés jour par jour, ont été consignés par les soins du 



-184- 

bureau d*bygiène et passés au crible de la discussion à la 
Société de médecine de Besançon et de la Francbe-Comlé. 

Pour compléter la démonstration de l'origine hydrique, 
par contamination des eaux d'Arcier, de la plupart de 
nos grandes épidémies typhoïdes, il reste à examiner la 
répartition des cas et à établir leur localisation stricte sur 
le réseau d*Arcier : 

Dans son rapport au comité central d'hygiène de France 
sur répidémie typhoïde bisontine de 1893-1894, M. le 
directeur Thoinot, professeur agrégé à la Faculté et mé- 
decin des hôpitaux de Paris, insistait sur « la curieuse 
« répartition, peut-être unique en France, du territoire de 
« Besançon en plusieurs zones alimentées différemment 
« en eau potable. » En effet, trois sources alimentent, par 
zones distinctes, Besançon et sa vaste banlieue : 

Veau cTArcier (20,000 à 28,000 m. c. par jour) alimente 
la ville proprement dite, la vieille ville embastionnée ; soit 
38,000 habitants environ. 

L'eau cTAglans (1,000 m. c. par jour, au maximum) 
alimente la haute banlieue : partie haute des Chaprais, 
Saint-Claude, Montrapon, Champforgeron-la Butte, Saint- 
Ferjeux, etc.; soit 12,000 habitants environ. 

L'eau de Bregille (120 m. c. par jour) alimente le fau- 
bourg-village de Bregille et la partie basse des Chaprais ; 
soit 2,000 habitants environ. 

Enfin, les points extrêmes delà banlieue sont alimentés 
par des puits et par quelques raves citernes; soit 4,S00 ha- 
bitants environ. 

Ce n*est pas tout : certains points de la vieille ville, très 
élevés (rues du Chapitre, de la Citadelle, Richebourg, 
haut Chartres, fort Griffon), constituent dans le territoire 
d'Arcier deux Ilots alimentés en eau d'Aglans. En re- 
vanche, on trouve dans la partie moyenne des Chaprais^ 
enserré dans les territoires d'Aglans et de Bregille, un Ilot 
alimenté en eau d'Arcier. 



r\ 



-186- 

Eh bien! que voyons-nous en 1886, comme en 1893- 
1894, comme en 1901, comme en 1903? Si, sur une carte 
de la ville et de sa banlieue divisées en zones et Ilots 
alimentés par les sources diverses ou les puits, on pointe 
les cas typhoïdes au fur et à mesure de leur apparition, on 
constate que, d'une manière générale, partout où Ton 
trouve l'eau d'Àrcier, on trouve aussi des cas typhoïdes; 
que partout où cette eau fait défaut, ces cas brillent par 
leur absence ; ~ qu'il existe bien quelques rares cas faisant 
exception à cette règle, mais que tous concernent des per- 
sonnes habitant, il est vrai, hors du territoire d'Arcier, mais 
ne faisant guère qu'y coucher, et passant leur journée à 
Besançon, y prenant leurs repas et buvant, par conséquent, 
de l'eau d'Arcier; — que, des divers corps de la garnison, 
tous ceux alimentés en eau d'Aglans, ou de Bregille,ou en 
eau de puits ou de citerne (fort Griffon, quartier de la Butte^ 
fort de Bregille, des Montboucons, de Chatillon, de Mont- 
faucon, de Planoise, etc.), sont exempts de typhoïde; que 
tous les autres corps, consommant l'eau d'Arcier, sont au 
contraire fortement atteints; — que la garnison du fort 
Griffon, très éprouvée en 1886, alors qu'elle était alimentée 
en eau d'Arcier, n'offre plus un seul cas en 1893-1894, en 
1901, ni en 1902, l'eau d'Aglans ayant été, depuis 1887, 
substituée à l'eau d'Arcier ; — que les compagnies d'infan- 
terie casernées à la citadelle sont exemptes de typhoïde, 
bien que buvant de Teau d'Arcier, mais que, là, l'eau 
d'Arcier ne leur est livrée qu'après purification au moyen 
de batteries de filtres Chamberlan régulièrement surveillés 
et entretenus par les soins du médecin du corps. 

En vérité, n'y a-t-il pas en tout ceci une accumulation, 
un enchaînement rationnel de faits, tous parfaitement 
établis et concordants, équivalant et par eux-mêmes et par 
leur groupement à une démonstration, je ne dirai pas 
mathématique, — les vérités, en matière de science d'ob- 
servation, ne se pouvant démontrer ni par des formules 



— 186 - 

nlgébriques ni par des propositions géométriques, — mais 
une démonstration aussi méthodique, aussi rigoureuse 
que peut Tètre une démonstration dans le domaine des 
sciences d'observation? 



IV. 



Ainsi, Teau d*Arcier n*est pas une eau irréprochable : 
elle peut être, et elle est, en effet, sujette de temps à 
autre à des contaminations, à des souillures organiques 
et microbiennes, banales et spécifiques, lesquelles peuvent 
provenir des villages de Nancray, de Saône, de la Vèze, de 
Mamirolle, de Naisey...., d'autres encore peul-ètre, ainsi 
que des gouffres qui, de Gennes à Nancray, s'égrènent le 
long de la côte boisée de la combe oxfordienne. Elle peut 
ainsi recevoir du plateau d'origine de ses eaux et conduire 
et distribuer à Besançon les germes infectieux surtout 
transmissibles par l'eau de boisson ; c'est-à-dire ceux de 
la fièvre typhoïde, *- ceux du choléra et de la dysenterie, 
affections heureusement devenues exceptionnelles, — et 
peut-être ceux de certaines diarrhées. 

Pratiquement, en dernière analyse, sa nocivité se réduit 
à la production, — à intervalles assez éloignés, — d'épi- 
démies typhoïdes dont la gravité et la durée vont sans 
cesse en diminuant depuis que, leur cause connue, on a 
appris à les prévoir et à les combattre dès l'origine par 
des moyens appropriés d'hygiène publique et de police 
sanitaire. 

C'est trop encore, sans doute ; mais faut-il, pour cela 
seul, et passant tout à coup de la quiétude d'une confiance 
à coup sûr excessive à l'affolement d'appréhensions non 
moins exagérées, déclarer nos eaux d'Arcier n empoison- 
nées >, et les rejeter, de piano, de la consommation? Car 
telles sont les conclusions un peu bien excessives aux- 



— 187 — 

quelles ont abouti, en leur donnant un retentissement 
fâcheux, quelques géologues et bactériologistes obstiné- 
ment cantonnés dans le domaine de la théorie pure et de 
la spéculation scientifique, et dédaigneux de renseigne- 
ment pratique des faits et des chiffres. 

Sans doute, naguère encore, nul n*eût songé à discuter 
la fameuse formule que ces savants donnent pour base à 
leurs réquisitoires : c Toute eau qui contient du coli-bacille 
c non rarement et en quantité notable doit être rejetée de la 
c consommation. > Il n*en est plus de même, — sauf pour 
les sources de faible volume^ à périmètre d'alimentation 
restreint, non habité et non cultivé, — aujourd'hui, alors 
que les travaux, inattaqués parce qu'inattaquables, de la 
grande commission de Montsouris, ont démontré que, en 
règle générale, toute eau de source considérable, capable 
d'alimenter une grande ville, se trouvait sujette, fatale- 
ment en quelque sorte, et au moins à intervalles, à des 
souillures par les eaux superficielles insuffisamment fil- 
trées, et, par conséquent, à des contaminations coli-bacil- 
laires. 

M. le docteur Maréchal, chef du laboratoire du regretté 
professeur H. Bruchon, — à la suite et en conclusion de 
multiples analyses bactériologiques, et en s'appuyant, 
d'autre part, sur d'intéressantes considérations géolo- 
giques, s'est attaché à définir le f régime des eaux 
d'Arcîer » dans un premier travail : Les sources vaticlu- 
siennes dans le département du Doubs (janvier 1903), 
puis dans sa thèse inaugurale toute récente de doctorat en 
médecine : Les eaux d^alimentation dans le département 
du Doubs. Pour lui, le régime d'été d'Arcier commence en 
mai, ou plus tard même, après les grandes pluies du prin- 
temps : la teneur microbienne des eaux de la source tombe 
et se maintient alors aux chiffres très satisfaisants de 100 
à 300 bactéries aérobies au centimètre cube, avec absence 
du coli-bacille. Mais si, alors, une pluie intense et brusque 



- 188 - 

s'abat sur le bassin (l*aIimentation, ce « coup de balai i 
amène dans tes eaux d'Arcier, quelque vingt à trente 
heures plus tard, un trouble boueux accompagné d'une 
crise intense en microbes banals et pathogènes, notam- 
ment en coli-bacille : < il semble qu'il y ait un déverse- 
< ment brusque d'un véritable bouillon de culture >, et 
c'est alors que les eaux peuvent devenir dangereuses. Le 
régime d'hiver (d'octobre à fin avril) est caractérisé par des 
troubles fréquents d'Arcier, avec crises microbiennes por- 
tant, cette fois, surtout sur des bactéries banales ou seu- 
lement suspectes, mais relativement pauvres en bactéries: 
les eaux d'Arcier sont, alors, rarement dangereuses, mais 
souvent suspectes. 

Ces données de l'expérience ne font guère, en somme, 
on le voit, que confirmer celles acquises par l'observation 
prolongée au bureau d'hygiène où, depuis des années, 
nous avions établi la possibilité, — disons la fatalité, — 
des contaminations d*Arcier, après des pluies brusques et 
prolongées, parles eaux superficielles du plateau Nancray- 
Saône balayant sur leur passage et véhiculant aux failles 
et entonnoirs toute sorte de souillures d'origine végétale 
ou animale, d'origine fécale même ; où nous avions montré 
que ces contaminations sont surtout intenses dans cer- 
taines circonstances climatériqués bien déterminées, alors 
que les pluies succèdent à une longue période de séche- 
resse, c'est-à-dire, le plus souvent, vers la fin de Tété ou le 
début de l'automne. Nous sommes donc jusque-là en par- 
faite communauté d'idées avec lui. Mais nous ne saurions 
le suivre lorsque, de ces seules données théoriques, à ren- 
contre de l'unanimité des praticiens de la ville, à rencontre 
deft faits, positifs et brutaux comme des chiffres, il conclut 
en portant sur les eaux d'Arcier ce jugement sévère, mais 
excessif, mais injuste : cei eauxj type des eaux vauclu- 
siennes les plus dangereusesy sont suspectes en tout temps et 
très dangereuses après les pluies. Et nous ne saurions assez 



- 189 — 

protester contre Tusage qui a été fait, dans la suite, des 
travaux, d'ailleurs si intéressants, de M. le docteur Maré- 
chal, tantôt pour jeter dans la population bisontine de 
vaines paniques, tantôt pour essayer d'établir, en France 
et même à l'étranger, c la triste célébrité dont jouit Besan- 
< çon dans le monde des hydrologues et des géologues > 
{Bulletin de la Société de géologie de Bruxelles). 

Il est infiniment regrettable que les détracteurs d'Àrcier, 
au lieu de se laisser emporter par un zèle quelque peu in- 
considéré, n'aient pas cru devoir prendre Tavis, par 
exemple, du directeur même du laboratoire de bactériolo- 
gie, le regretté professeur H. Bruchon, chez qui l'expé- 
rience du praticien s'ajoutait à la science spéculative du 
bactériologiste; qu'ils n'aient pas cru devoir consulter, 
sur l'opportunité de leur campagne, la Société de médecine 
de Besançon et de la Franche-Comté, laquelle compte parmi 
ses membres la presque totalité des praticiens de la ville ; 
qu'ils ne se soient pas donné la peine de demander au 
bureau d'hygiène quelques indications, au moins som- 
maires, sur la répartition, par saisons et par mois, à Be- 
sançon, des cas typhoïdes, — sporadiques d'une part, 
épidémiques de l'autre, — ainsi que sur leur fréquence, 
tant absolue que relative à celle observée dans les autres 
villes françaises d'importance comparable. Us eussent 
évité ainsi les cruels démentis infligés par les faits à leurs 
déductions aventurées autant que prématurées. 

Car enfin, si les eaux d'Arcier sont suspectes en tout temps ^ 
si, à chaque pluie, elles deviennent très dangereuses, et 
ce, dans une des localités où il tombe le plus d'eau (1,100 
à 1,200 millimètres par an)^ et où l'on enregistre le plus 
grand nombre de jours de pluie (185 à 168 par an), une 
conclusion s'impose : Besançon doit être une ville déshé- 
ritée entre toutes, à mortalité générale considérable, à 
mortalité épidémique, mais surtout à mortalité typhoïde 
énorme. Or, il n'en est rien^ au contraire : la statistique 



- 190- 

sanilaire officielle des villes françaises établit que, au 
cours des dix dernières années, la mortalité moyenne 
annuelle des villes de France de 30,000 à 100,000 habitants, 
ayant été de 22.5 pour 1,000 habitants (soit 22 décès 1.2 
par chaque millier d*faabitanis), cette mortalité générale 
n'a été que de 21.7 pour 1,000 à Besançon ; — que la mor- 
talité par toutes maladies épidémiques réunies (fièvres 
éruplives, coqueluche, diphtérie, fièvre typhoïde) ayant 
été, moyennement et par an, de 1.2 pour 1,000 pour les 
autres villes, elle n*a été à Besançon que de 0.8 pour 1,000; 
— que, enfin, la mortalité typhoïde ayant été de 0.38 pour 
les autres villes, elle n*a été que de 0.28 pour 1,000 à Be- 
sançon (*). D'où il suit qu'à Besançon, où l'on fait usage 
constant d'une eau dont la triste célébrité est si bien éta- 
blie, suspecte en tout temps, et dangereuse après chaque 
grande pluie, on meurt moins que dans les autres villes, 
et surtout l'on y meurt beaucoup moins que dans ces villes 
de maladies épidémiques en général et de fièvre typhoïde 
en particulier I Et l'on se demande alors en quels termes 
qualifier et f célébrer i les sources alimentant ces autres 
villes. 

Et d'autre pari, puisque Arcier, après chaque grande 
chute d'eau, se trouve contaminé d'une façon aussi 
€ intense » et aussi t dangereuse », comment se fait-il que 
Besançon, au lieu de compter plusieurs épidémies, ou une 
épidémie typhoïde tout au moins par année, n'en compte 
guère qu'une tous les six à sept ans : 1886, — 1893-1894, 
— 1901 ? 

La vérité est que les crues microbiennes, prétendues si 
dangereuses, ne sont, en général, que des crues micro- 
biennes banales et inoffensives, — ce n'est pas nous qui 

(1) A noter, p ar surcroît, que Besançon renferme une très forte garnison, 
de plus de 5,000 hommes, particulièrement prédisposés, par Tàge, la vie 
en commun, le surmenage, etc., à recevoir et à développer le germe 
typhoïde. 



- loi - 

parlons, ce sont les chiffres^ ce sont les faits, — et qu'elles 
restent telles tant que le plateau n'envoie aux sources 
d'Arcier que des souillures banales, même d'origine fécale, 
animale ou humaine, tant que le plateau n'envoie paz dam 
ces eaux de souillures spécifiques^ tant qu'il n'existe pas 
sur ce plateau de cas typhoïdes placés dans des conditions 
topographiques telles que les déjections des malades 
puissent facilement gagner le ruisseau et, de là, Arcier. Là 
est la condition première, sine qua non, de nos épidémies 
typhoïdes par l'eau d'Arcier; si elle n'est réalisée, nous 
observerons en vain, pendant cinq, six et sept ans, parfois 
plus, et plusieurs fois par an, ces crues microbiennes 
intenses et dangereuses (?), et l'épidémie n'éclatera pas. 
Nous ajoutons que cette condition première^ nécessaire, 
n'est pas à elle seule suffisante. 11 faut en plus le concours 
de certaines circonstances météorblogiques bien détermi- 
nées : orages violents ou pluies abondantes et prolongées 
succédant brusquement à une période de sécheresse au 
moins relative: des épidémies typhoïdes ont pu exister sur 
le plateau, en ses points les plus menacés, à Nancray et à 
Saône, et durant des mois (été de 1893), la vidange se fai- 
sant librement au fumier, à la rue et au ruisseau, le linge 
des typhiques étant couramment lavé au ruisseau, et tout 
cela sans que l'épidémie soit transmise à Besançon. Pour- 
quoi ? Parce que manquait alors la grande chute d'eau, le 
coup de balai ramenant concentriquement toutes les 
immondices au ruisseau et les précipitant aux entonnoirs 
en un cours torrentiel. 

En un mot, et en résumé : pour que les eaux d'Arcier 
provoquent l'explosion, à Besançon, d'une épidémie 
typhoïde, il faut que se trouvent réunies les deux causes, 
— génératrices à un degré inégal, — suivantes : a) cas 
typhoïdes sur le plateau, en certains points plus particu- 
lièrement dangereux, — et h) véhiculation rapide, torren- 
tielle (par l'eau de ruissellement des grandes chutes 



d*eau), des germes spécifiques de l'affection aux ruis- 
seaux, aux enlonifioirs et à Arcier. La réunion de ces 
deux conditions est à la fois nécessaire et sufflêanie^ et 
alors répidémie éclate, pour ainsi dire fatalement, à 
Besançon ; — à moins que, par une surveillance médicale 
rigoureuse du plateau, par un isolement et une désinfec- 
tion régulièrement assurés pour chaque cas dès le début 
de la maladie, on n'arrive à annihiler la première et la plus 
importante de ces conditions génératrices de l'épidémie, 
en supprimant l'agent pathogène, le germe transmissible 
à la sortie de l'intestin des malades (0. 

Mais, disent les intransigeants, les abstracteurs de quin- 
tessence, — si minime que Ton veuille supposer.... et 
admettre, par comparaison^ le chiffre des décès typhoïdes 
attribuables à Arcier, c'est trop encore, c'est toujours 
trop; il n'est pas permis de faire de l'estimation lorsqu'il 
s'agit de la vie humaine, laquelle n'a pas de prix : Arcier 
est à supprimer. C'est bientôt dit; mais, dans l'espèce, 
supprimer comporte remplacer.... 

Or, il suffit de considérer les environs immédiats de 
Besançon pour se rendre compte qu'aucune source, dans 
le rayon d'Arcier ou dans un rayon approchant, ne saurait 
nous fournir, à beaucoup près, les vingt à vingt-cinq mille 
mètres cubes d'eau par jour, qu'une habitude déjà invé- 
térée nous fait considérer comme nécessaires, et que les 

(1) C'est ce à quoi le bureau d'hygiène vient de réussir : pendant pluA 
de trois mois, de la mi-juin à la Un de septembre 1908, la fièvre typhoïde 
n'a cessé de sévir à Nancray (7 cas, dont 1 décès] et à Saône (8 cas, dont 
] décès), c'est-à-dire sur les deux points les plus menacés et les plus mena- 
çants du bassin d'alimentation d'Arcier ; la moitié environ de ces cas 
se sont déclarés au voisinage immédiat, à moins de 15 à 20 mètres des 
ruisseaux ; pendant cette période, et à trois reprises, de subites et énor- 
mes chutes d'eau se sont produites, après chacune desquelles le labora- 
toire de bactériologie a dénoncé Teau d'Arcier comme « extrêmement dan- 
gereuse.... » Gr&ce aux mesures prises de surveillance et de défense 
médicales du plateau, aucune épidémie, petits ou grande, ne s'est mani- 
à Besançon. 



/^\ 



— IW- 

exigences de la vie el du confort modernes commencent 
même à nous faire trouver insuffisants. Le service des 
eaux a étendu son enquête sur un périmètre beaucoup 
plus vaste, à quinze, vingt, trente kilomètres et plus 
autour de Besançon et dans toutes les directions; ses 
recherches sont restées vaines. Mais, supposé que ces 
recherches aboutissent, supposé que nous trouvions, bien 
loin et à quelque prix que ce soit, une source aussi abon- 
dante.... eh bien! cette autre source, qui aurait forcément 
un périmètre d'alimentation très vaste et sis en plein 
calcaire jurassique, en terrain, par conséquent, non 
homogène et imparfaitement filtrant, cette source serait 
un autre Arcier, soumis à des souillures» au moins inter- 
mittentes, de même nature. 11 serait puéril de nous faire la 
moindre illusion à cet égard, et c'est M. Duclaux qui noua 
le déclare tout net dans ses conclusions résumant les 
travaux de la grande Commission de perfectionnement de 
Montsouris : f Quand, dit-il, on veut capter des sources 
f abondantes, il est impossible de compter sur Thomogé- 
« néité et la porosité égale du sol, par conséquent sur la 
€ filtration fine, qui seule retient tous les microbes»... ~ 
c 11 est vain d'espérer, pour les villes, une eau de boisson 
c privée de germes. » 

On a parlé de répartir, par une double canalisation, — 
très coûteuse et à inconvénients d'ailleurs multiples, — 
l'eau d'Aglans comme eau de boisson à toute la population, 
sauf à conserver Arcier pour les usages domestiques, pour 
le nettoyage des maisons, des rues et des égouts. Aglans 
alimente, avec peine en été, 12,000 habitants environ de 
la banlieue haute : il devrait alimenter en outre les 
38,000 habitants qui consomment l'eau d'Arcier; soit un 
total de B0,000 habitants; or, de 1,000 mètres cubes par 
jour, en temps ordinaire, son débit tombe à 700, et même 
à 600 mètres cubes en temps de sécheresse : ce sont 
20 litres d'eau par jour et par habitant, au maximum, 

AVHÈE 1908. is 




— 194 - 

réduits souvent à 14 ou 18, parfois à 12 litres, chiffre abso- 
lument insuffisant et, au surplus, impossible à régler. Enfin, 
il existe une autre impossibilité à la réalisation de ce 
projet : dès que le débit d*Aglans tombe à 700 mètres cubes 
par jour, ce qui n'est pas rare, même en hiver, la pression 
fait défaut pour permettre à Teau de monter dans la haute 
banlieue si la moindre saignée est établie en ville, sur sa 
canalisation. 

M. ringénieur Chavanne a émis le projet, appuyé par 
M. le professeur Foumier, de capter les eaux tombées sur 
le territoire de la forêt de Chaiiluz, avec celles du ruisseau 
de Thise, de les élever au fort Benoit-Palente, pour, de là, 
les répartir, par canalisation spéciale, à toute la popula- 
tion, comme eau de boisson. On pourrait disposer ainsi, 
théoriquement^ de 60 litres environ par jour et par per- 
sonne, chiffre qui parait devoir être réduit, en pratique, à 
80 à 40 litres au plus, ce qui est bien peu! Mais quelle serait, 
au juste, la valeur hygiénique de cette nouvelle eau ? Nous 
avons, sur ce point, exprimé de suite des réserves justi- 
fiées depuis par les travaux de M. le docteur Maréchal. Il 
est établi aujourd'hui, en effet, que le sous-sol de Chaiiluz 
est sillonné par des cours d*eau assez importants, dont l'un 
vient ressortir aux environs de Thise, — c'est le ruisseau 
de ce nom, — tandis qu'un autre alimente le ruisseau de 
la Mouillère ; et l'analyse bactériologique démontre que 
l'eau de ces deux ruisseaux est sujette, elle aussi, à des 
crues microbiennes avec bactéries banales et colibacilles, 
ces derniers dénonçant des souillures d'origine fécale. 

Faute de pouvoir supprimer Arcîer, peut-on supprimer 
les causes de ses souillures, détourner et jeter au loin, 
par exemple, dans le Doubs et dans la Loue, les ruisseaux 
de Nancray et de Saône, et tous autres ruisseaux ou ruis- 
selets suspects? Oui, sans doute, au prix de sacrifices énor- 
mes.... ; seulement, lorsqu'on sera venu à bout, enfin, de 
ces travaux gigantesques, iln'y aura plusde source d'Arcier. 



-1» - 

Peut-on purifier les eaux d*Arcier sur leur parcours de 
la source aux réservoirs, les filtrer, les désinfecter par 
quelque procédé physique ou chimique ? Sur ce point en^ 
core les conclusions de la Commission de Montsouris sont 
très nettes. Après avoir déclaré, nous l'avons vu tout à 
Theure, qu'il est vain, pour une ville, d'espérer une eau de 
boisson privée de germes, M. Duclaux ajoute : c Ceci n'est 
c pas vrai seulement pour les eaux de source, mais encore 
c pour toutes les eaux purifiées EN GRAND par un procédé 
« quelconque : filtration, chaleur, électricité, agents chi- 
< miques, etc. » 

Le mal est-il donc sans remède, sans atténuation possi- 
ble ? Non, à la condition que le public, comme l'a fait la 
municipalité, veuille bien, de son côté, prendre les précau- 
tions et les mesures de défense nécessaires. 

A la ville il appartient, — ou plutôt il appartenait, car 
c'est chose faite aujourd'hui, — de réclamer et de pour- 
suivre l'application, dans les divers villages du plateau, à 
Nancray notamment, de rigoureuses mesures d'hygiène 
destinées à assurer, dans la limite du possible, la propreté 
des habitations, de leurs alentours et des abords des ruis- 
seaux ; puis d'organiser sur tout le plateau, avec le con- 
cours des praticiens de la région, la surveillance médicale, 
le service d'isolement des malades typhiques, la désinfec- 
tion de leurs effets et l'enfouissement de leurs déjections, 
après désinfection préalable. Ce dernier ensemble de 
moyens est d'une importance capitale puisque, conscien- 
cieusement pratiqué, il n'aboutit à rien moins qu'à saisir 
et à détruire les germes infectieux à la sortie de l'intestin 
des malades, avant qu'ils aient eu le temps de se répan- 
dre et d'être véhiculés du voisinage des habitations ou des 
fumiers aux ruisseaux ou ruisselets, de là à Arcier et à 
Besançon. En organisant cette défense du plateau et des 
abords des entonnoirs contre l'envahissement des germes 
typhiques, en créant, sur les points et dans les villages 



les plus meDacés des dépôts de désinfectants mis gratuite- 
ment par les médecins du service de surveillance à la dis- 
position des familles des malades typbiques pendant et 
après la maladie; en ouvrant «nSn dans la ville, toutes les 
fois que les eaux d'Arcier troublent et, par le fait, devien- 
nent suspectes, des robinets de fortune débitant Teau 
d'Aglans, la municipalité a réalisé, de la façon la plus com- 
plète, toutes les mesures de protection et de défense qui, 
proposées par le bureau d'hygiène d'accord avec la commis- 
sion sanitaire municipale, ont reçu le complet assentiment 
de la Société de médecine de Besançon et de la Franche- 
Comté. 

A la population il appartient de faire le reste : elle doit 
considérer la situation avec sang-froid, bien convaincue 
que nos eaux d'Arcier sont aussi bonnes, meilleures même, 
et d'une façon générale, et au point de vue typhoïde, que la 
plupart des eaux d'alimentation des grandes villes, mais 
bien avertie aussi que ces eaux peuvent, comme toutes les 
autres, être sujettes, à longs intervalles, lors des grandes 
chutes d'eau, surtout après sécheresse, à des troubles, à 
des souillures soudaines, massives, presque toujours de 
courte durée, troubles qui les rendent alors suspectes, par- 
fois même dangereuses, lorsque des cas typhoïdes existent 
sur le plateau, à Nancray, notamment, et à Saône. Et, par- 
tant de là, il faut que le public se résigne, toutes les fois que 
l'eau d'Arcier trouble, et pendant quelques jours encore 
après que le trouble a disparu, à n'employer comme eau de 
boisson que de l'eau d'Aglans,de l'eau minérale ou de l'eau 
d'Arcier bouillie, sérieusement filtrée ou purifiée au moyen 
d'un procédé chimique quelconque (notamment par le 
permanganate de chaux ou de potasse). 

Il est puéril, dans l'état actuel de la science hydrologi- 
que, de s'obstiner à répéter : la ville doit nous donner de 
l'eau pure; il est ridicule de dire : J*ai autre chose à faire 
qu'à aller ouà envoyer chercher l'eau aux robinets d'Aglans, 



- 197- 

ou à filtrer ou faire bouillir chez moi Teau d*Arcier. La 
ville, en distribuant en abondance Teau d*Arcier, a assuré 
aux Bisontins la meilleure ou la moins mauvaise eau de 
source dont on pouvait disposeï* ; elle éû a assuré la défense 
contre l'invasion microbienne par tous les moyens possi- 
bles ; elle la remplace, comme eau de boisson, toutes les 
fois qu'elle est suspecte, par des distributions forcément 
limitées, mais en somme suffisantes, d'eau d'Aglans ; elle 
a fait et elle fait lout son devoir parce qu'elle a fait et fait 
tout ce qui est en son pouvoir. Aux habitants, à nous tous, 
il appartient de faire le reste, et, le cas échéant, de com- 
pléter à domicile la purification de l'eau de consommation. 
Aide-toi^ le ciel f aidera. 



RAPPORT 



SUR LB 



CONCOURS DU PRIX WEISS 



Par M. JMm OUXRA0D 

lISlfBRI RESIDANT 



(Séance publique du 26 juin i90S) 



L'Académie a reçu deux mémoires pour le concours du 
prix Weiss. L'un d'eux, celui qui a pour devise Laho- 
retnusy nous apporte une monographie de la vallée de 
Plancher-les-Mines. Dans son prologue, l'auteur prend 
soin de déclarer que t ce mémoire n'est pas une étude 
isolée, » mais un extrait presque textuel d'un grand tra- 
vail sur le nord de la Franche-Comté. Il se flatte d'avoir 
c longuement et spécialement étudié, sous ses diverses 
faces, la vallée de Plancher-les-Mines, » et de l'avoir décrite 
« plus amplement qu'on ne l'a fait jusqu'à présent. » Enfin, 
il prend soin de nous faire remarquer que « la plus grande 
partie de cette étude est entièrement personnelle. » 

Voilà certes un noble programme ! et l'Académie serait 
particulièrement heureuse d'avoir contribué à le faire 
éclore et de le couronner, s'il avait été vraiment exécuté. 

Ce n'est ni dans les considérations générales du premier 
chapitre, ni dans la description de la vallée qui forme le 



— 199 — 

second, ni dans l'excursion dans la vallée qui forme le 
troisième, que nous avons trouvé les vues personnelles 
et nouvelles qui nous avaient été annoncées. Cette pre- 
mière partie du travail se compose sans doute de pages 
simples et claires. Le touriste qui aurait Theureuse fortune 
de parcourir la vallée, sous la conduite de notre auteur, 
n'aurait certes pas à se plaindre de lui, et à la rigueur il 
pourrait se passer de Jeanne, puisque la vallée de Plancher- 
les-Mines a maintenant le sien ; mais pour peu qu'il fût 
sévère sur la méthode géographique, je ne sais pas s'il ne 
conseillerait pas à son guide de poursuivre ses études 
afin de leur donner un tour encore plus personnel. Sans 
doute, dans son prologue, notre auteur nous a dit qu'il 
était personnel : puisse-t-il le devenir chaque jour davan- 
tage ! on ne saurait l'être trop, — en matière littéraire, 
s'entend. 

Avec le quatrième chapitre de la monographie, nous 
quittons les riants paysages de la vallée et les panoramas 
grandioses des sommets pour nous enfoncer dans les pro- 
fondeurs des mines. La clarté sereine des premières pages 
fait place aux savantes pénombres de la géologie ; car 
l'auteur ne se contente pas de nous décrire les différents 
terrains que l'on trouve aujourd'hui dans la vallée; il 
nous transporte aux âges préhistoriques, essayant de re- 
constituer la forme qu'elle devait affecter, avant les cata- 
clysmes de l'époque glaciaire. Ici, sa confiance l'aban- 
donne, et se résignant à n'être plus personnel, « il a re- 
cours à des ouvrages spéciaux qu'il a grand soin d'indi- 
quer. > Le rapporteur s'arrête, plein de trouble lui-même, 
devant ces magnifiques systèmes préhistoriques f II avoue 
humblement son incompétence, et ce qui console ses scru- 
pules, c'est que le prix Weiss est un prix d'histoire 
ne comprenant pas dans son concours les études géo- 
logiques. Quelque savantes qu'elles puissent être, elles 
ont le tort de porter sur des périodes qui ne nous ont 



-800- 

laissé ni chroniques, ni chartes, ni monuments figurés. 
Et c'est là, Messieurs, la critique principale que j'adres- 
serai à la monographie de Plancherles-Mines : elle ne 
répond pas au programme du concours auquel elle a été 
présentée. 

Elle se termine^ il est vrai, par une notice historique 
qui, remontant à la légende de saint Desle, fondateur de 
Tabbaye de Lure, nous ramène à Tannée présente. Malheu- 
reusement, c'est un court résumé qui tient en cinq petites 
pages, et il n'a pas semblé à la commission que la rapidité 
du coup d'œii ait sufâ à calmer ses curiosités historiques. 
Elle vous propose donc d'écarter du concours un ouvrage 
dont notre incompétence ne conteste pas les mérites, mais 
qui a le tort grave, à nos yeux, de n'être pas historique. 



L'Académie a reçu, d'un autre côté, un copieux mémoire 
de 208 pages in-folio que l'auteur a modestement intitulé : 
u Benseignements sur les communautés de Nantel et éPEcui- 
ria et en général sur la seigneurie d^Andelot-lez-Coligny, 
notamment au XVIW siècle où elle fut possédée^ a^ec tina 
partie de Ci^ria, par la famille Guyénard. 

Le titre. Messieurs, vous a paru long et enchevêtré, et 
vous rappelant que : 

Ce que Ton conçoit bien s'énonce clairement, 

VOUS vous êtes demandé si le sujet était bien conçu. 
Prendre aux temps gallo-romains l'histoire de deux ou 
trois petits villages et la conduire jusqu'aux années trou- 
blées de la Révolution était une entreprise difficile. L'au- 
teur risquait d'apporter sur les siècles lointains des hypo- 
thèses beaucoup plus que des certitudes établies sur 
des textes. Il pouvait lui arriver aussi de traverser de 
longues périodes sans la moindre document et de nous 
donner rimpreesion d'un désert où noUe source n'étanche- 



rait notre soif historique ; et puis tout à coup, les eaux 
vives jaillissant avec une abondance malheureuse, nous 
courrions le risque d*ëtre submergés sous le flot toujours 
montant de la paperasserie moderne. Ces dangers, Tauteur 
n'a pas su les éviter ; et c'est sans doute parce qu'il s'est 
rendu compte lui-même des inégalités de son travail, qu'il 
nous l'a présenté, avec autant de modestie que de vérité, 
comme une série de renseignements : renseignements sur 
la maison de Coligny, renseignements sur la famille Ouyé- 
nard, renseignements sur des granges, renseignements 
sur la population et les mœurs rurales de Nantel au 
xvm* siècle f 

J'imagine, Messieurs, que la première qualité d'une 
agence de renseignements est de les fournir aux clients 
avec ordre et netteté. La monographie de Nantel, du moins 
dans sa première partie, pourrait encore développer en 
elle ces précieuses qualités. Le lecteur a quelque peine à 
se retrouver au milieu des généalogies, des achats et 
échanges de seigneuries et en général des menus faits 
qu'elle nous donne avec une abondance peut-être excessive. 

Je ne sais si le savant auteur du mémoire est originaire 
de Nantel ; cela expliquerait Timportance qu'il donne à la 
famille Guyénard. Avec une patience de bénédictin, il nous 
en décrit les différentes branches, celle de Jean et celle de 
Renaud ; il fait l'inventaire de ses biens et l'estimation de 
sa fortune. Malheureusement, nous n'avons pas tous l'hon- 
neur d'être de Nantel et d'Écuiria, et si Dangeau finit par 
lasser notre attention, quand il nous décrit les menus faits 
du Roi-Soleil, nous serons excusables si nous nous intéres- 
sons médiocrement aux histoires de la famille Guyénard, 
même lorsque, c avec Gaspard, chevalier, marquis d'Ande- 
lot, elle atteignit le plus haut point de sa fortune t > 

11 nous est cependant agréable de reconnaître et de louer 
les efforts accomplis par Fauteur pour puiser aux meil- 
leures sources ses copirax renseignements. Il a dépouillé, 



- 202 - 

avec une èonscience scrupuleuse, les archives du Jura et 
du Doubs, celles des communes de Nantey et de Florentia, 
les registres paroissiaux de plusieurs villages du Jura, 
enfin les papiers de la famille Guyénard qu*a mis à sa dis- 
position la bienveillance de ses possesseurs. Il en a tiré 
des renseignements vraiment intéressants sur la vie 
rurale de la Franche-Comté, aux temps qui précédèrent la 
Révolution. Nous assistons aux procès interminables qui 
s'agitaient si souvent, au cours du xviii* siècle, entre les 
communautés villageoises et les seigneurs au sujet de 
droits féodaux de plus en plus contestés. Nous voyons 
les assemblées des paysans prendre, en face du château, 
une attitude de plus en plus indépendante, et ce sont ces 
symptômes, chaque jour plus accentués, d*émancipation qui 
ont amené notre auteur à cette conclusion aussi juste que 
précise : c Une révolution était moins nécessaire qu^une 
évolution, et par évolution j'entends un changement ef- 
fectué peu à peu avec douceur et avec justice. » 

Les moralistes et les économistes de l'école de Le Play 
trouveront à prendre beaucoup de renseignements dans 
cette monographie. Ils y verront quelles étaient, à la fin 
de Tancien régime, les conditions matérielles de la vie du 
paysan, avec les prix des objets de première nécessité, le 
mode d'exploitation des terres, les cultures qui s'étaient 
développées dans ces humbles communautés, les pra- 
tiques de l'élevage, les impôts de plus en plus lourds qui 
pesaient sur une population en décroissance. Il n'est pas 
jusqu'au folk-lorisle qui n'ait à puiser à cette source 
abondante, et moi-même je ne résiste pas au plaisir de 
citer un passage pittoresque décrivant les superstitions 
qui régnaient encore, au xvni® siècle, parmi ces popula- 
tions ignorantes. 

(Icile rapporteur lit un extrait du mémoire $ur les fées 
dans le pays de Nantel) 

En somme, ce mémoire nous apporte les éléments d'un 



-203- 

bon travail plutôt qu'une étude définitivement rédigée. 
C'est ce qui a engagé l'Académie à ne pas décerner le prix, 
mais à envoyer à l'auteur, avec ses encouragements et ses 
vœux, une récompense de 300 fr. 



LES 

FRANC-COMTOIS A FERRARE 

AU XV» ET AU XVI- SIÈCLE 
Par M. A. BOUBBET 

MEMBRE RÉ8I9AMT 



(Séance du i9 mars 1903) 



Le Journal des savants y dans les cahiers de février et de 
mars 1902, a publié une liste des Français reçus docteurs 
à Ferrare ou témoins des actes de doctorat de ilOS à 
i559. Cette liste est Tœuvre de M. Em. Picot, membre de 
rinstitut, qui Ta dressée à Taide des travaux consacrés à 
l'Université de Ferrare, par deux savants italiens, MM. Gio- 
vanni Martinelli et Giuseppe Fardi. 

M. Picot, dans une préface de quelques pages, indique 
le but et l'intérêt de son travail, il dit en particulier : 
t N'est-il pas curieux de voir où les conseillers de nos par- 
lements, où les chefs de nos finances, où les hommes qui 
dirigeaient notre politique allaient puiser leur connais- 
sance du droit? Est-il indifférent de savoir qui étaient 
leurs compagnons d'études et quelles relations le séjour 
dans les Universités étrangères établissait entre eux et 
une foule déjeunes gens appelés à jouer un rôle en Italie, 
en Allemagne, en Hongrie, en Espagne ou dans les Pays- 
Bas? » 



- â06 — 

Or, sur les cent soixante et onae noms recueillis par 
M. Picot, quarante-cinq appartiennent au comté de Bour- 
gogne; et la plupart de ces noms sont parmi ceux qui se 
rencontrent fréquemment dans les annales de notre pro- 
vince. Aussi m*a-t-il semblé qu'il ne serait pas sans intérêt 
d'extraire de la liste totale des étudiants de « langue fran- 
çaise » et de publier à part celle des étudiants franc- 
comtois. C'est cette liste que je présente à l'Académie. 

M. Picot termine sa préface en disant : t Nous avons 
joint, autant que nous l'avons pu, aux noms des person- 
nages, quelques notes biographiques. On aimerait à savoir 
ce que sont devenus tous ces étudiants, tous ces docteurs 
qui passent sous nos yeux; mais notre curiosité n'est pas 
toiyours facile à satisfaire. Le temps, il est vrai, nous a 
manqué pour pousser plus loin nos recherches. » 

La compétence, plus encore que le temps, m'aurait fait 
défaut pour compléter les renseignements donnés par 
M. Picot. Je reproduis simplement son texte en rectifiant 
seulement trois ou quatre fois l'orthographe fautive de 
quelques noms propres, soit de personnages, soit de lieux, 
et en laissant à de plus érudits le soin d'en tirer le parti 
qu'ils jugeront possible et utile. 

Je voudrais cependant soumettre à l'Académie quelques 
réflexions que m'a suggérées la lecture du travail de 
M. Picot. 

On parle beaucoup de notre temps d'internationalisme ; 
le mot peut servir à désigner et au besoin à dissimuler 
des choses bien différentes ; si l'on entend par là le souci 
et l'habitude de bien accueillir la vérité d'où qu'elle vienne 
et d'aller la chercher là où elle s'enseigne le mieux sans 
tenir compte des frontières que la politique a tracées 
entre les nations, rien de plus légitime, mais en même 
temps rien de moins nouveau. Ëst-ii nécessaire de rappeler 
que, pendant toute la durée du moyen âge, le monde de la 
science formait une vaste république internationale et 



qu*entre les universités les plus éloignées il se faisait un 
perpétuel échange de maîtres et de disciples? Un des ca- 
ractères des temps modernes est d'avoir rompu cette 
unité intellectuelle de TEurope. Mais la rupture ne s'est 
pas faite brusquement : au x\^ et au xvi* siècle,les étudiants 
avaient encore Thabitude d'aller chercher au loin les 
leçons des maîtres les plus célèbres ; ils se trouvaient par- 
tout chez eux, grâce à une langue commune, le latin, qu'aucun 
volapuck ou espéranto n'a encore remplacé. Rien de sur- 
prenant donc de rencontrer des Bourguignons du Comté 
sur les registres de l'Université de Ferrare. Le chiffre de 
quarante-cinq noms que J'ai relevé ne peut même nous 
donner qu'une idée bien insuffisante du mouvement qui 
entraînait nos compatriotes au delà des monts. Outre que 
les registres de l'Université qui ont servi de base au travail 
de M. Picot présentent de nombreuses lacunes, les écoles 
de Ferrare étaient loin d'être les plus fréquentées de l'I- 
talie : Bologne, Pavie et Padoue étaient le rendez-vous d'un 
beaucoup plus grand nombre d'étudiants. En nous en 
tenant à ces quarante-cinq noms et en suivant ceux qui 
les portent dans leurs pérégrinations scolaires que nous 
indique M. Picot chaque fois qu'il le peut, voici ce que nous 
trouvons : dix-sept sont indiqués comme ayant étudié à 
Dole; il est probable que ce chiffre est bien au-dessous de 
la réalité; douze se retrouvent à Bologne, onze à Pavie, 
sept à Padoue, et un à chacune des écoles de Pise, Vienne, 
Naples et Rome, soit, en y comprenant les quarante-cinq 
inscriptions de Ferrare, soixante-quatorze inscriptions 
pour l'Italie. Quatre sont inscrits à Poitiers, deux à Paris, 
deux à Toulouse, deux à Avignon, un à Bourges, à Orléans 
et à Valence, soit un total de treize inscriptions pour la 
France, en y comprenant Avignon. Six ont étudié dans 
les Pays-Bas, à Louvain, et un seul dans les pays alle- 
mands, à Fribourg. Sur les quarante-cinq, c'est Louis du 
Tartre qui tient, comme on dirait aujourd'hui, le record 



— ao7 - 

du déplacement. Avant d'être professeur et distributeur en 
rUniversité de Dole, abbé de Bellevaux, évèque de Nico- 
polis et suffragant de Claude de la Baume, archevêque de 
Besançon Jl avait étudié dans huit Universités, à Louvain, 
à Dole, à Pavie, à Bologne, à Ferrare, à Pise, à Sienne et 
à Naples. 

On voit que si nos étudiants voyageaient beaucoup, 
c'était aux Universités italiennes qu'ils allaient surtout 
demander des leçons. Il y avait sans doute plusieurs 
raisons de cette préférence, voici peut-être la principale. 
Ces jeunes gens, futurs membres du Parlement ou de la 
Chambre des comptes, aspirants aux bénéfices ecclésias- 
tiques ou aux charges de la politique, avaient ceci de com- 
mun de se livrer aux mêmes études ; c'était le titre de 
docteur es droits — selon la vieille formule — qu'ils 
allaient tous chercher si loin de chez eux. Or, même dans 
les pays de droit coulumier, et le comté de Bourgogne 
était de ceux-ci, le droit romain restait la base de l'ensei- 
gnement, et c'est en Italie qu'il était enseigné avec le plus 
d'éclat. Le célèbre Âlciat renouvelait alors la science du 
droit en complétant et éclairant l'étude des textes juri- 
diques par celle de l'histoire et des littératures antiques. 
11 professa quelque temps à Avignon et à Bourges, mais 
surtout à Pavie, à Bologne et à Ferrare, notamment de 
1843 à 1S46. Sa réputation suffit à expliquer et à justifier 
le grand concours d'étudiants dans les écoles italiennes. 
Seules les Universités françaises de Bourges, d'Orléans 
ou de Poitiers auraient pu rivaliser avec celles-ci ; nous 
avons vu qu'elles n'étaient pas fermées aux Franc- 
Comtois; mais il n'est pas surprenant que ceux-ci se soient 
sentis moins attirés dans les États de Louis XI et de ses 
successeurs, adversaires politiques de leurs souverains. 

Une autre remarque n'est peut-être pas sans intérêt. 
Dans la liste donnée par M. Picot, il n'est pas une seule 
fois fait mention des Universités espagnoles; étaient-elles 



— 208 - 

en général moins fréquentées que leurs rivales? Je crois 
qu'il faut Tadmettre, mais cette explication ne suffit pas. 
Voici la question. En 1516, Charles d'Autriche, comte de 
Bourgogne, héritait du royaume d'Espagne de son aïeul 
Ferdinand, et, pour employer l'expression consacrée, la 
Franche-Comté devenait espagnole. Or, l'Espagne possé- 
dait une université célèbre, celle de Salamanque, qui se 
vantait au xm^ siècle de ses quatorze mille étudiants et 
s'appelait encore au xvi* la f mère des vertus, des sciences 
et des arts » ; comment se fait-il que parmi les étudiants 
comtois qui de 1516 à 1559 allaient ainsi d'université en 
université à la recherche de la science, il ne s'en trouve 
pas un seul qui soit désigné comme ayant étudié aux 
écoles espagnoles de Salamanque? Comment se fait-il que 
ni Charles-Quint ni Philippe II n'aient songé soit à encou- 
rager, soit même à obliger leurs sujets à fréquenter les 
Universités qui se trouvaient dans leurs États? Je ne vois 
qu'une réponse : il faut admettre que si cette date de 1516 
a une grande importance pour l'histoire générale de l'Eu- 
rope, puisqu'elle vit naître la colossale fortune de la 
maison d'Autriche, elle n'en a qu'une très secondaire dans 
l'histoire de la Franche-Comté, qui resta ce qu'elle était 
auparavant, et, malgré la communauté de souverain, 
échappa à peu près complètement à l'influence de l'Es- 
pagne. Toute notre histoire dans le cours du xvi* siècle et 
dans la première moitié du xvii* aboutit, je crois, à cette 
conclusion, et sans doute, parmi les raisons que l'on 
aurait de l'adopter, celle que je tire des registres d'ins- 
criptions d'étudiants à l'Université de Ferrare ne vien- 
drait pas au premier rang; j'ai pensé cependant qu'il 
n'était pas inutile de la signaler à l'attention des érudits 
et des curieux. 



- 209 - 

Andelot (François rfV, Bourguignon, témoin des promotions 
d'Hugues et de Claude de Boutechoux au grade de docteur es 
droits, 12 juillet i846 (p. 143). Ce François ne figure pas dans 
la généalogie de la famille d'Andelot donnée par Guichenon 
{Hist, de Bresse et de Bugey, 1650, III» partie, p. 1) (i). 

Armenier (Guillaume), « Guill. Arminerii, prier ecclesie con- 
ventualis béate Marie de Luntuno, ordinis S. Augustini, Bisuntine 
diocesis in Borgundia, » est témoin de la promotion de Jeand'Ar- 
boud, 30 avril 1471 (p. 57). Guillaume appartenait sans doute à 
la famille de Guy Armenier, bailli d'Aval au comté de Bourgogne, 
1420-1421, président du parlement de Dole, 1428, mort en 1430, 
et d'Estienne Armenier, bailli d'Aval, après son père, 14221423, 
président du parlement de Dole, 1439-1453 (V. GoUut, Mémoires 
historiques de la république séquanoise, nouv. édit., 1846, col. 
1754, 219, 1756, 1757). 

Bardes (Jean de), « Bardesius, Bourguignon, fils de Claude, 
seigneur de Ponvillars, témoin de la promotion de Tommaso 
degli Abizzi, » 23 juillet 1543 (p. 134) ; — il est appelé « Jo. de 
Barde de Burgondia » ; — témoin de la promotion d'Arthur de 
La Fontaine, 18 août 1543 (p. 137) ; docteur es droits, 23 mai 1545. 
Il avait étudié à Dole, à Toulouse, à Pavie et à Ferrare (p. 138). 

Barondel {Claude), Bourguignon. Voir Varondel. 

Bernardi {Benobert), « Renobertus Bernardins, dominus de 
Choisex, filius Joannis, domini de Authume, et secretarii Caroli V 
imperaloris », docteur es droits, 8 janvier 1552 (p. 100). Il avait 
étudié à Dole, à Paris et à Bologne. Renobert, alors qualifié sei- 
gneur d'Authume, testa le 13 novembre 1568 et fit diverses libé- 
ralités en faveur de l'église et des enfants pauvres de Dole 
(Arch. du Jura, G. 216, 258; Invent., I, p. 77 ^ 93»»). La sei- 
gneurie de Choisey ou Choisy passa au frère de Renobert, Louis 
Bernard, cité en 1563 (ibid., G. 284; Invent., I, p. 104»»). 

Boutechoux (Hugues et Claude)^ frères, Bourguignons, fils de 
feu Jean (« filii q. Jo. Excassensis »), sont témoins de la promo- 
tion de Jean de Bardes, 23 mai 1545 (p. 138) ; sont reçus docteurs 
es droits, 12 juillet 1546 (p. 142). Claude et Hugues de Boule- 
choux étaient fils de Jean de Boutechoux, mort en 1549, secré- 
taire d'État de l'empereur Charles-Quint, et d'Antoinette de Mar- 
mier. Claude épousa, par contrat passé à Gray, le 15 décembre 

(1) Ce François d'Andelot appartenait à la famille d'Andelot-en-Mon- 
tagne. Ce pouvait être François d' Andelot, protonotaire du Saint-Siège 
apostolique, fils d'Elyon d' Andelot et de Jeanne de Ferriôres (A. B.). 
ANNBB 1903. 14 



- 210 — 

i548, Charlotte de Vandenesse. Il devint avocat fiscal du roi Phi- 
lippe II au parlement de Dole (4 janv. 1561), puis conseiller au- 
dit parlement. Il fit son testament à Dole le 8 février 1562, et 
mourut peu de temps après. Hugues épousa Louise Le Vaux. Il 
fut institué, le 31 mars 1571, grand juge de Besançon. Il fut en- 
suite conseiller et maître des requêtes au conseil privé du roi 
d'Espagne pour le service de Sa Majesté aux affaires de Bourgo- 
gne (45 juin 1578). Il fut confirmé le 6 août (Biblioth. nat., ms. 
fr. 26960, dossier 10667 ; Guillaume, Histoire de la ville de Sa- 
lins, II, 1758, p. 52, 57). 

Camou {Antoine)^ de Lons-le-Saunier (« Camuttus, Ledonensis 
Burgundus »), reçu docteur es droits, 11 juin 1555 (p. 171). 

Chaillot {Luc\ témoin des promotions d'Hugues et de Claude 
de Boutechoux, 12 juillet 1546 (p. 143) ; témoin de la promotion 
d'Estienne de Vernet àXiDonnety \^^ octobre 1548 (p. 151) ; témoin 
de la promotion de Simon Du Ban, 11 septembre 1550 (p. 157). 
En 1548 et en 1550, L. Chaillot est qualifié « docteur et cheva- 
lier. » Aux pages 143 et 157, son prénom est écrit « Lud. », c'est- 
à-dire <c Ludovicus » ; mais à la page 151, il y a bien « Lucas » 
en toutes lettres. Christophe Chaillot, professeur extraordinaire 
à l'université de Franche-Comté, fut pourvu d'un office de con- 
seiller au parlement de Bourgogne le 31 décembre 1524, et mou- 
rut en 1535. Son fils, Luc, fut conseiller au parlement de Dole 
en 1556(Dunod, Mémoires pour servir à l'histoire du comté de 
Bourgogne, 1740, in-4, p. 646). Son arrière-petit-fîls, François 
Chaillot, fut professeur à Besançon en 1607, et mourut doyen de 
la faculté de droit (voir Beaune et d'Arbaumont, les Universités 
de Franche-Comté, «70, p. 191 et 197). Un Claude Chaillot, doc- 
teur es droits, est cité en 1584 (Arch. du Jura, G. 176, fol. 71 vo ; 
Invent,, p. 656). 

Des Barres [Anatoile), de Besançon, fils de Pierre, chevalier 
et président du parlement de Dole, est reçu docteur es droits, le 
8 mars 1553 (p. 166). Il avait étudié à Padoue, à Bologne et à 
Ferrare. Anatoile étudia d'abord à Louvain, où il fit imprimer un 
petit Iraité intitulé Arithmeticœ practicœ libri IV, 1595. On a 
encore de lui Carolus Quintus cœlo donatus (Lovanii, 1559, in-8). 
Voir Paquot, Mémoires, 1768, in-folio, p. 628. 

Des Barres {Louis), frère du précédent, chanoine de Besançon, 
est reçu docteur es droits le 2 novembre 1552. Il avait étudié à 
Bologne, à Pavie et à Ferrare. Le 7 septembre 1548, Louis avait 
été nommé prébendier de Supt (Archives du Doubs, G. 195 : In- 
vent., I, p. 138«). Il devint chanoine de l'église métropolitaine de 



- 211 - 

Besançon (Dunod, Mémoires pour servir à V histoire du comté de 
Bourgogne, 1740, in-4, p. 625) (1). 

Du Ban ( Simon) ^ « de Ban, » d*Arbois en Bourgogne, fils de 
Jean, est témoin des promotions d'Hugues et de Claude Boute- 
choux, 12 juillet 1546 (p. 143). Il est reçu docteur es droits le 
11 septembre 1550. Il avait étudié à Dole, à Ferrare et à Pavie. 
Gérard Du Ban, trésorier de Dole, fut maître en la Chambre des 
comptes de cette ville de 1494 à 1500 (R. de Lurion, Notice sur 
la Chambre des comptes de Dole^ 1892, p. 209). Un Estienne du 
Ban était en 1520 procureur au parlement de Paris (voir la liste 
donnée à la fin du StiUe département, etc.; cf. Biblioth. nat., ms. 
fr. 17116). Un Jean du Ban, seigneur de Saint-Germain, fut 
maire de Bourges (J. Chaumeau, Histoire de Berry, 1566, p. 191). 

Du Champ (Jean) est témoin de la promotion de Noël Hugon, 
23 janvier 1552 (p. 161). Le nom est écrit « Da Champ ». 

Du Champ (Nicolas), de Dole, fils de feu Eustache du Champ, 
général des monnaies de Bourgogne, est reçu docteur es droits 
le 14 février 1551 (p. 156). Il avait étudié à Dole, à Louvain, à 
Poitiers et à Pavie. — Eustache du Champ avait épousé Jeanne 
Chisseret, qui testa le 15 décembre 1523 (Arch. du Jura, G. 211 ; 
Invent., I, p. 76b). II était mort au plus tard en 1547, laissant 
deux fils : Nicolas et Estienne (Ibid., G. 294 ; Invent., I, p. 109»). 
Nicolas fut reçu conseiller au parlement de Dole, le 14 mai 1572 
(Dunod, Mémoires, 1740, p 646). 

Du Tartre (François), « de Tartre », est témoin de la promo- 
tion de Noël Hugon, 23 janvier 1552 (p. 161). — François était 
frère de Louis, qui suit. Il fut, comme son père, lieutenant gé- 
néral du bailli d'aval, à Poligny. Il épousa Jeanne de Salives. 
(V. Chevalier, Mém. histor. sur la ville de Poligny, II, 1769, p. 492). 

Du Tarthre (Louis), « Tartreus, Dolanus Burgundus, filius 
Pétri, pretoris baillivatus d'aval », est reçu docteur es droits le 
23 septembre 1550 (p. 156). Il avait étudié à Louvain, à Dole, à 
Pavie, à Bologne, à Ferrare, à Pise, à Sienne et à Naples. — Le 
père de Louis, Pierre du Tartre, docteur es droits, qui testa le 
4 juin 1558, avait épousé Jeanne de Marenches (Arch. du Jura, 
G 177, fol. 21 V» ; Invent., I, p. 66»). Quant à Louis, il fut pro- 
fesseur et distributeur en l'université de Dole, abbé de Bellevaux, 
évoque de Nicopolis et suffragant de Claude de la Baume, arche- 

(1) Il moorat en 1570. Y. J. Gauthier et J. de Sainte-Agathe, Ohi~ 
tuaire du chapitre métropolitain de Besançon, Besançon, Jacquin, 
1901 (A. B.). 



-. 312 - 

vêque de Besançon. (V. Chevalier, Mém. histor. sur la ville de 
Poligny, II, 1769, p. 492). 

Estemo {Jean d'), Bourguignon, est reçu docteur es droits, 
2 mai i555 (p. 171). Ce personnage est un fils de Jean IV d'Es- 
terno et de Catherine Coytaud, de Salins, « Jean-Frederic 
d*Eterno, écuyer, qui après avoir voyagé longtemps en Italie et 
en Allemagne, s'adonna à Pétude des lois et laissa de son mariage 
avec Marguerite du Moulin deux filles, Tune épouse de François 
de Darbonnay, écuyer, seigneur de Villers-Farlay, et Tautre, 
nommée Gasparine-Françoise, alliée à noble Pierre Bancenel, de 
Salins. » (Guillaume, ffist, de la ville de Salins, II, 1758, p. 126 ) 

Férod (Pierre)y « P. Ferodi, de Grandirale, Bisontin, diocesis in 
Borgondia, filius nobilis Johannis, in artibus graduatus », est 
reçu docteur en droit civil le 9 juillet 1461 (p. 52). — Henri Fa- 
rod et Charles Farod eurent, au commencement du xvi« siècle, 
des offices dans la saunerie de Franche-Comté (Arch. du Doubs, 
B. 208 ; Invent., I, p. 88). Un Claude Farod, qui fut chanoine de 
Besançon, parait avoir étudié un siècle plus tard en Italie. C'est 
à ce Claude que Jean Verneret, de Pontarlier, dédie ses Animad- 
versiones in Michaelem Poletum, artium liberalium professorem 
Monlanum (Bologne, 1«' avril 1570). Voir Baudrier, Bibliogr, lyon- 
naise, III, p. 313. 

Grandmont {François de), de Besançon, est témoin de la pro- 
motion d'Estienne de Mesmay, 31 mai 1553 (p. 167) ; est reçu 
docteur es droits le 18 mai 1554 (p. 170). — Le nom de François 
de Grandmont se lit sur un incunable de Besançon (Castan, CataL, 
p. 248, n<» 336). 

Guierche [Melchior], de Besançon, est témoin des promotions 
de Noël Hugon, 23 janvier 1552 (p, 161), et d'Anatoile des Barres, 
8 mai 1553 (p. 167). 

Hugon (Noël), de Gray, « filius nobilissimi Joannis », est témoin 
de la promotion de Pierre Varondel, 11 septembre 1550 (p. 197) ; 
il est reçu docteur es droits le 23 janvier 1552 (p. 160). Il avait 
étudié à Poitiers, à Pavie, à Bologne et à Ferrare. — La sœur de 
Noël, Anne Hugon, épousa François-Joseph Linglois, sieur de 
Champrougier, avocat fiscal à Vesoul, puis (1579) premier maî- 
tre à la Cliambre des comptes de Dole. V. R. de Lurion, Not, sur 
la Ch, des comptes de Dole, p. 185. 

Jonvelle {Jean), de Dole, fils de Jean, conseiller du duc Phi- 
lippe le Beau, est témoin de la promotion de Simon du Ban, 
11 septembre 1550 (p. 157) ; son nom est écrit « Joncelle ». Il est 
reçu docteur es droits le 8 janvier 1552 (p. 160) ; son nom est 



- 213 - 

écrit « Jonvellus ». Il avait étudié aux universités de Dole, d'Avi- 
gnon et de Bologne. — Jean Jonvelle, secrétaire de Philippe le 
Beau, est cité dans la Correspondance de Vempereur Mdximi- 
lien /c"^ et de Marguerite d^ Autriche, t. I, p. i74 : « Quant à mais- 
tre Jean Jonvelle (M. le Glay imprime « Jonuelle »), en ce que 
luy pourrai faire plesir ny adresse pour l'honneur de nous », 
écrit Marguerite à Maxim il ien, au mois d'août 1509, « voulen tiers 
le feray ». Jean II, son fils, notre docteur, testa le 8 juin 1871 
(Arch. du Jura, G. 217 : Invent,, I, p. 78*). 

Maignin (Claude), Bourguignon, fils de ncAle Jean Maignin, est 
reçu docteur es droits le 28 août 1553 (p. 168). Il avait étudié à 
Dole (sous Niccolo Bellonî), à Pavie et à Bologne. 

Marenches (François de), de Dole, fils de Constance, est reçu 
docteur es droits le 29 juillet 1551. Il avait étudié à Dole, à Pavie 
et à Bologne. — Constance de Marenches, seigneur de Nenon, 
était trésorier général du comté de Bourgogne ; il devint premier 
maître à la Chambre des comptes de Dole, lors de son rétablis- 
sement en 1562 ; il mourut en 1565. (R. de Lurion, Not, sur la 
Ch, des comptes de Dole, p. 183.) 

Marenches (Jean de), Bourguignon, de Dole, fils de Louis de 
Marenches, docteur es droits, conseiller au parlement de Dole et 
membre du conseil privé du roi, est témoin des promotions 
d'Hugues et de Claude Boutechoux, 18 juillet 1546 (p. 153). — 
Louis de Marenches, fils d'Anselme, podestat d'Ivrée, qui était 
venu s'établir comme professeur à Dole, en U52, et y était mort 
le 19 mai 1497, avait professé lui-même le droit civil. (Voir 
Beaune et d'Arbaumont, Les Universités de Franche-Comté, 1870, 
p. 190, 191.) 

Mareschal (Antoine), de Besançon, fils de noble Guillaume, est 
reçu docteur es droits le 12 février 1551 (p. 156). Il avait étudié 
à Poitiers, à Bourges, à Orléans et à Ferrare. — Antoine entra 
en 1560 dans le gouvernement de Besançon ; il mourut le 24 fé- 
vrier 1610. On voit sa signature sur deux incunables conservés 
dans la bibliothèque de Besançon (Castan, Catalogue, p. 157 et 
441). 

Mesmay (Estienne de), de Besançon, clerc, fils d'Estienne, est 
reçu docteur es droits le 31 mai 1553 (p. 166). Il avait étudié à 
Padoue, à Dole et à Louvain. — Estienne !•' de Mesmay était 
contrôleur de la maison de Marie, reine de Hongrie et de 
Bohême. Son fils aîné, Renobert, né le 15 juillet 1513, fut prési- 
dent d'Orange et premier maître à la Chambre des comptes de 
Dole (1565) ; il mourut le 7 mars 1573. Son second fils, Eê* 




-214 — 

tienne II, étudiait à Padoue en 1551 ; il y fut élu conseiller de 
la nation de Bourgogne, le 6 septembre de cette année (Arch. 
univ., reg. VIII, fol. 168 v*). Il remplit bientôt après les fonctions 
de syndic (ibid., fol. 175, 178 : 2, 9 déc). Estienne II fut admis, 
dès le 10 novembre 1554, à la coadjutorerie de la prébende de 
Geneuille (Arch. du Doubs, G. 195 : Invent. ^ I, p. 139i>). 

Mignot [Jean)^ Bourguignon, est témoin de la promotion de 
Qaude Maignin, 28 août 1553 (p. 169). 

Moyria (Claude) y « Claudius Moyrya, » Bourguignon, du diocèse 
de Lyon, est reçu docteur es droits le 12 novembre 4543 (p. 134). 
Il avait étudié à Poitiers, à Valence, à Dole et à Padoue. — Gui- 
chenon cite plusieurs personnages du nom de Claude dans la 
généalogie qu*il a donnée de la famille Moyria (Hist. de Bresse et 
de Bugetfy 1650, III« partie, p. 181) ; il ne mentionne pas celui-ci. 

Montrichard {Hector rfc), de Besançon, fils d'Estienne, est té- 
moin de la promotion de Noël Hugon, 23 janvier 1542 (p. 151) ; 
est reçu docteur es droits, 8 mai 1555 (p. 166). Il avait étudié à 
Bologne, à Ferrare et à Dole. 

Morel {Jacques), de Dole, « filius Jacobi, questoris Caroli V 
Universitatis Dolane », est reçu docteur es droits le 14 septembre 
1553 (p. 168). Il avait étudié à Louvain, à Dole et à Padoue. 

Morel (Jean), d*Orgelet, dans le comté de Bourgogne, fils de 
noble Claude Morel, est reçu docteur en droit canon le 17 mars 
1536 (p. 124). — M. R. de Lurion {Nobiliaire de la Franche-Comté 
1890, p. 552) ne fait qu'une vague mention de Claude de Morel, 
fils d'Humbert Morel, ou de Morel, écuyer. Ce dernier vivait à 
Orgelet, en 1500. 

Nardin (Thomas), de Besançon, est témoin des promotions de 
Renobert Raclet, 13 février 4551 (p. 457) et de Noël Hugon, 
23 janvier 1552 (Pardi, p. 161, imprime « Nardrin »). Thomas a 
traduit en français Touvrage publié en italien par Juan de Sylva, 
comte de Puertalegre, sous le masque de Jeronimo de Franchi 
Correstaggio : L Union du royaume de Portugal à la couronne de 
Castille, etc. (Besançon, Nie. de Moingosse, 1596 ; Arras, Gilles 
Bauduyn, 1600, in-8, et avec quelques rajeunissements dans le 
style, Paris (Hollande), 4680, 2 vol. in-12). Voir Brunet, II, 217. 

Petitot (Girard), « Complitensis Burgundus, » fils d* André, est 
reçu docteur es droits le 14 décembre 1548 (p. 150); il avait étudié 
à Fribourg, à Padoue, à Dole, à Bologne et à Ferrare. 

Poligny {Guy de), « Bisuntinus Burgundus », fils de Pierre, est 
reçu docteur es droits le 23 juin 1551 (p. 158). Il avait étudié à 
Louvain, à Pavie et à Bologne. Guy devint conseiller clerc au 



- 215 — 

parlement de Dole ; il est cité en 1556 et 1557 (L. GoUut, Mé" 
moires histor. de la républ, sêquanoise^ nouv. édit., i846, col. 
1761). Il fut emporté par une mort prématurée. Le 18 septembre 
1557, Guy de Poligny, frère de Joachim, seigneur de Chatillon, 
fut enterré à Besançon (Arch. du Doubs, G. 196 ; Invent, ^ I, 
p. UO). 

Baclet (Bohert)^ « Raiclet, » de Dole, fils de feu Claude et secré- 
taire de la Majesté Impériale, est reçu docteur es droits le 12 fé- 
vier 1551 (p. 156). Il avait étudié à Dole, à Louvain et à Pavie. 

Salins {Antoine rfc), Bourguignon, est témoin de la promotion 
de Jean de Bardes, 23 mai 1545 (p. 138) ; il est appelé « de Sa- 
line ». — Il s'agit probablement d'Antoine de Salins^ seigneur 
de Corabeuf, qui épousa Catherine de Mypont, dame de Cartey- 
nes, morte le 3 avril 1588 (M. Pellechet, Notes sur les livres litur- 
giques,.,, d'Autun, etc., 1883, p. 504). — Un premier Antoine de 
Salins avait étudié le droit à Padoue, où, le 1*' août 1506, il 
avait été nommé conseiller de la nation de Bourgogne (Arch. 
Univ., reg. II, fol. 166), et où, au mois d'août 1507, il avait été 
conseiller suppléant des nations de Pologne et de Hongrie (reg. 
III, fol. 23, 24). Cet Antoine était devenu chanoine de Beaune, 
puis doyen, en 1543 ; il était mort le 18 septembre 1557 (M. Pel- 
lechet, loc, cit.y p. 504). 

Salives {Antoine de), « de Salicis » {lisez de Salivis), est témoin 
de la promotion d'Hugues Bonféal, 19 janvier 1494 (p. 95). — 
Antoine de Salives, seigneur de Betoncourt, docteur es droits, 
fut conseiller au parlement de Dole de 1500 à 1532; il mourut 
avant 1537 (GoUut, Mém, de la république séquanoise, éd. de 1846, 
col. 1762). Antoine fut aussi conseiller de Marguerite d'Autriche 
(voir Le Glay, Négociations diplomatiques entre la France et 
V Autriche, II, 1845, p. 270, où le nom est écrit « Saline »). 

Salives {Guillaume de), m de Salicis » (lisez de Salivis), est té- 
moin de la promotion d'Hugues Bonéfal, 29 janvier 1494 (p. 95). 
— Guillaume était probablement frère d'Antoine. 

Saulget {Denis) est témoin de la promotion de Renobert Ra- 
clet, 12 février 1551 (p. 157). — Les Saulget étaient de Pontarlier. 
M. de Lurion {Noh, de Franche-Comté, 1890, p. 730) cite Louis 
Saulget, docteur es droits, anobli, en 1580, par l'empereur Ro- 
dolphe II, en même temps que François, Jean, Pierre, Simon et 
Etienne Saulget. 

Thomassin {Philippe), Bourguignon, fils de Jean Thomassin, 
conseiller de l'empereur, est reçu docteur es droits le 22 mai 
1533 (p. 120). — Jean Thomassin, seigneur de Gendrecourt, était 



- 216 — 

conseiller au parlement de Dole depuis 1524 au moins ; il mourut 
en 1850 (L. Gollut, Mém, de la république séquanoise, 1846, col. 
1763). Sa postérité, dit M. K. de Lurion, fut très nombreuse [Nob. 
de Franche-Comté, 1890, p. 749). — Un Léonard Thomassin est 
cité parmi les juristes, à Padoue, en 1538. Aux « probations » qui 
eurent lieu le 26 juillet de cette année. « D. Stephanus Basciar 
(= Bouchard) opposuit contra D. Leonardum Thomasinum, quia 
non est scholaris idoneus, et quia venit ad hanc civitatem ex 
causa pralicharum, non causa studiendi legibus. Non habet li- 
bres.... Et, quia juvenis, fuitadmissus » (Arch. univ. de Padoue, 
reg. V, 2« partie, fol. 37 bis v») 

Varondel (Claude), « Barondel», Bourguignon, est témoin de la 
promotion de Pierre Ferod, 9 juillet 1461 (p. 53). 

Varondel {Pierre), de Saint-Claude, Bourguignon, fils de 
Claude Varondel, secrétaire de Tempereur Charles-Quint, est 
reçu docteur es droits le 11 septembre 1550 (p. 156). Il avait étu- 
dié à Paris, à Dole, à Padoue, à Rome et à Pavie. — M. de Lurion 
[Nob. de Franche-Comté, 1890, p. 779) cite Pierre à Besançon 
en 1553. 

Vemet (Estienne de) ou du Vernois (« de Verneto {sic) »), 
alias Domet, de Lons-le-Saunier, diocèse de Besançon, proto- 
notaire, fils de Jean, est reçu docteur es droits le 1«' octobre 1548 
(p. 150). Il avait étudié aux universités de Dole, d'Avignon, de 
Toulouse et de Bologne. — Etienne fut vice-chancelier et cha- 
noine de l'église Notre-Dame, à Dole. Gollut, qui le cite (Mém. de 
la républ. séquanoise, éd. de 1846, col. 143), l'appelle « M. Es- 
tienne Dolmet »• 

Villette {Pierre de), de Besançon, fils de noble Jean de Villette, 
est reçu docteur en droit civil le 31 mars 1460 (p. 36). 

Viron {Siméon), de Salins, est reçu docteur es droits le 3 sep- 
tembre 1555 (p. 171). — Siméon pouvait être fils d'Oudot Viron, 
secrétaire de la reine Éléonore d'Autriche, anobli par Charles- 
Quint en 1541, et mort à Bruxelles en 1577, laissant dix-sept en- 
fants (R. de Lurion, Not, sur la Ch. des comptes de Dole, p. 262). 
Le frère d'Oudot, Jean Viron, qui fut nommé auditeur en la 
Chambre des comptes de Dole le 25 août 1574 et mourut en 1596, 
avait étudié à Padoue ; son souvenir y est conservé par une ins- 
cription qui se voit encore au palais de l'Université (Dell' Ero, 
Délia universita di Padova, cenni ed iscrizioni, 1841, in-8, p. 5»). 



LISTE ACADÉMIQUE 

(31 décembre 1903) 



ACADEMICIENS TITULAIRES 

lo Directeurs Académiciens nés. 

Mgr l'archevêque de Besançon (Mgr Petit). 
M. le général commandanl le 7® corps d'armée (M. le géné- 
ral Deckher). 
M. le premier président de la cour d'appel (M. Godgeon). 
M. le préfet du département du Doubs (M. Roger). 

2o Académicien-né. 

M. le maire de la ville de Besançon (M. Baioue). 

30 Académiciens titulaires ou résidants. 

MM. 

1. SucHET (le chanoine), Doyen de la Compagnie, rue Ca- 

senat, 1 (21 janvier 1863). 

2. EsTiGNARD (Alexandre), ancien député du Doubs, con- 

seiller honoraire à la Cour d'appel, rue du Clos, 28 
(28 janvier 1868 j. 

3. Sire (Georges), ^, docteur es sciences, essayeur de la 

garantie, correspondant de l'Institut (Académie des 
sciences), rue de la Mouillère, 15 (28 janvier 1870). 

4. Gauthier (Jules), ^, archiviste du département, cor- 

respondant de l'Institut (Académie des inscriptions 
et belles-lettres), rue Ch. Nodier, 8 (29 janvier 1872). 



— 218 — 

MM. 

8. PiNGAUD (Léonce), ^, professeur à TUniversité (Faculté 
des lettres), correspondant de Tlnstilut (Académie des 
sciences morales et politiques), rue Saint-Vincent, 17 
(27 janvier 1876), Secrétaire perpétuel honoraire, 

6. Mercier (Louis), horloger, rue Rivolte, 11 (27 janvier 

1876). 

7. IsBNBART (Emile), ^, artiste peintre, rue des Fontenot- 

tes (29 janvier 1883). 

8. Mairot (Henri), banquier, président du tribunal de 

commerce, rue de la Préfecture, 17 (28 janvier 1886). 

9. Sainte-Agathe (le comte Joseph de), ancien élève de 

rÉcole des Chartes, rue d'Anvers, 7 (28 janvier 1886). 
Archiviste. 

10. Gauderon (le docteur Eugène), professeur à TUniversité 

(École de médecine), Grande-Rue, 110 (29 juillet 1886). 

11. LoMBART (Henri), ancien conseiller à la Cour, rue du 

Mont-Sainle-Marie, 2 (27 janvier 1887). 

12. Beauséjour (Mgr Paul de), évêque élu de Carcassonne, 

à rarchevêché (26 juillet 1889). 

13. GiRARDOT (le docteur Albert), rue Saint-Vincent, 15 

(31 janvier 1889). 

14. Lambert (Maurice), docteur en droit, bâtonnier de Tordre 

des avocats, quai de Strasbourg, 13 (25 juillet 1889). 

15. Gdichard (Paul), rue Pasteur, 13 (25 juillet 1889). 

16. BoussEY (Armand), professeur d'histoire au lycée, 

Grande-Rue, 116 (13fév. 1890), Vice-président annuel. 

17. LiEFFROY (Aimé), conseiller général du Jura, rue Char- 

les Nodier, 11 (24 juiUet 1890). 

18. BouTRODx (Léon), professeur à TUniversité (Faculté des 

sciences), à Fontaine-Écu (24 juillet 1890). 

19. Roland (le docteur), professeur à l'Université (École 

de médecine), rue de l'Orme de Chamars, 10 (24 juil- 
let 1890). 

20. Ldrion (Roger de), rue du Perron, 22 (24 juillet 1890). 

Secrétaire perpétuel. 



-219- 

lOI. 

21. Vaulchier (le marquis de), *, rue Moncey, 9 (22 jan- 

vier 1891). 

22. GiACOMOTTi (Félix-Henri), *, directeur de TÉcole des 

Beaux-Arts, correspondant de Tlnstitul (Académie 
des Beaux-Arts), rue Moncey, 9 (23 juillet 1891). 

23. Baddin (le docteur), *, Grande-Rue, 86 (23 juillet 1891). 

24. Chipon (Maurice), avocat, docteur en droit, rue de la 

Préfecture, 23 (9 février 1893). 

25. Vaissier (Alfred), conservateur du musée des antiqui- 

tés, Grande-Rue, 109 (27 juillet 1893). 

ASSOCIÉS RÉSIDANTS 
MM. 

26. Guillemin (Victor), peinlre et critique d'art, rue des 

Granges, 21 (27 juillet 1893). Président annuel. 

27. Ledoux (le docteur Emile), quai de Strasbourg, 13 

(11 juillet 1898). Trésorier de la Compagnie. 

28. Beauséjour (Gaston de), ancien élève de l'École poly- 

technique, place Saint-Jean, 6, et à Moley-Besuche 
(Haute-Saône) (4 février 1897). 

29. Truchis de Varennes (le vicomte de), rue de la Lue, 9 

(31 janvier 1901). 

30. Jeannnerod (le général Alexandre), G. 0. ^, ancien 

commandant de corps d'armée, rue Saint- Vincent, 19 
(29 janvier 1903). 

31. RossiGNOT (le chanoine), curé de Sainte-Madeleine, rue 

de la Madeleine, 6 (29 janvier 1903). 

32. Gdiradd (Jean), professeur à l'Université (Faculté des 

lettres), à Fontaine-Écu (29 janvier 1903). 

33. Crétin (Emile), ^, professeur honoraire de l'Univer- 

sité, Grande-Rue, 121 (29 janvier 1903). 

34. Baille (Louis), artiste peintre, rue Saint-Vincent, 1 

(29 janvier 1903). 
35-40.... 



— 220- 

11. 

ACADÉMICIENS HONORAIRES 

lo Anciens Utulaires. 

MM. 

1. Weil (Henri), 0. *, de TAcadémie des Inscriptions 

et Belles-Lettres, doyen honoraire de la Faculté des 
lettres de Besançon, rue Adolphe Yvon, 16, à Paris 
(23 janvier 1864). 

2. CeoTARD, ^, doyen honoraire de la Faculté des lettres 

de Clermont-Ferrand, rue de Vaugirard, 61, à Paris, 
(25 août 1873). 

3. MiGNOT (Edouard), ^, colonel en retraite, rue Las Ca- 

ses, 18, à Paris (28 août 1875). 

4. HuART (Arthur), ancien avocat général à la Cour d'ap- 

pel, rue Picot, 8, à Paris (27 janvier 1876). 
8. TiviER (Henri), ^, doyen honoraire de la Faculté des 
lettres de Besançon, à Amiens (27 janvier 1876). 

6. PiÉPAPB (Léonce db), 0. ^, général de brigade, du cadre 

de réserve, rue de TÉcole de Droit, 7, à Dijon (27 juil- 
let 1878). 

7. Saint-Loup (Louis), ^, professeur honoraire à TUni- 

versité de Besançon (^Faculté des sciences), à Vuilla- 
fans (Doubs) (27 juillet 1878). 

8. Meynier (le docteur Joseph), 0. ^, médecin principal de 

l'armée territoriale, Vallorbe (Suisse) (29 juillet 1879). 

9. Chardonnbt (le comte de), ^, ancien élève de l'École po- 

lytechnique, rue Cambon, 43, à Paris (21 janvier 1884). 

10. ToucHET (Mgr), évêque d'Orléans (22 janvier 1891). 

11. Rolland, 0. ^, capitaine de vaisseau en retraite, an- 

cien gouverneur de Besançon, rue des Dominicaines, 
39, à Marseille (22 décembre 1892). 

12. RioNY (l'abbé), chanoine honoraire, à Purgerot, Haute- 

Saône (11 juillet 1895). 



- 221 - 

BfM. 

13. LouvoT (rabbé), chanoine honoraire, curé de Gray 

(1" février 1900). 

14. Poète (Marcel), bibliothécaire de la ville de Paris, rue 

Dante, 7, à Paris (1" février 1900). 

15. PRiNET(Max), archiviste-paléographe, rue Maurepas, 18, 

à Versailles (31 janvier 1901). 

2o Membres honoraires. 

1. Gbrôme (Jean-Léon), C. ^, artiste peintre, de l'Acadé- 

mie des Beaux-Arts, boulevard de Clichy, 65, à Paris 
(24 août 1863). 

2. Seouin, îjfe, recteur honoraire, rue Ballu, 1, à Paris 

(29 janvier 1872). 

3. Dreyss, ^, ancien recteur, inspecteur général hono- 

raire, rue Vaneau, 30, à Paris (27 juillet 1874). 

4. MÉRODE (le comte de), ancien sénateur, ancien conseil- 

ler général du Doubs, rue de Varennes, 55, à Paris 
(28 juillet 1880). 

5. VoROEs (le comte Domet de), 0. ^, ancien ministre plé- 

nipotentiaire, rue du Général Foy, 46, à Paris, et à 
Maussans (Haute-Saône) (9 février 1893). 

6. Vieille (Paul), 0. ijfe, ingénieur en chef du service des 

poudres et salpêtres, directeur du laboratoire cen- 
tral, quai Henri IV, 12, à Paris (24 janvier 1895). 

7. Perradd (le cardinal), évêque d'Autun (6 février 1896). 

8. PouiLLET, ^, ancien bâtonnier de Tordre des avocats, 

rue de l'Université, 10, à Paris (4 février 1897). 
9-10.... 



— 222 - 



m. 



ASSOCIÉS CORRESPONDANTS NÉS DANS LES DÉPARTEMENTS 
DU DOUES, DU JURA ET DE LA HAUTE-SAONE (ANCIENNE 
FRANCHE-COMTÉ). 

MM. 

1. Gréa (l'abbé Adrien), ancien élève de TÉcole des char- 

tes, ancien vicaire général de Saint-Claude (24 août 
1872). 

2. Baille (Charles), ancien magistrat, rue de TUniversité, 

78, à Paris (31 juillet 1877). 

3. Prost (Bernard), inspecteur général des bibliothèques 

et archives, avenue Rapp, 7, à Paris (31 juillet 1877). 

4. Becqdet (Just), 0. ^, statuaire, rue de la Procession, 

27, à Paris (27 juin 1878). 

5. Thuriet (Charles), ancien magistrat, à Turin (Italie) 

(29 juillet 1879;. 

6. Rambaud (Alfred), 0. ^, sénateur, membre de l'Insti- 

tut (Académie des sciences morales et politiques), 
professeur d'histoire contemporaine à l'Université de 
Paris, rue d'Assas, 76, à Paris (28 juillet 1880). 

7. Flnot (Jules), archiviste du département du Nord, à 

LiUe (20 juillet 1862). 

8. ToDBiN (Edouard), ancien professeur, à Salins (28 jan- 

vier 1886). 

9. DuvERNOY (Clément), bibliothécaire de la ville, à Mont- 

béliard (27 janvier 1887). 

10. GiROD (Paul), professeur à l'Université de Clermont- 

Ferrand (Faculté des sciences et École de médecine) 
(27 janvier 1887). 

11. Petetin (l'abbé), aumônier de la Visitation, à Ornans 

(2 février 1888). 



-223 - 

MM. , 

12. Lamt (Etienne), ancien député du Jura, place d*Iéna, 3, 

à Paris (25 juillet 1889). 

13. Tripard (Jusl), ancien juge de paix, à Marnez (Jura) 

(25 juillet 1889). 

14. Feovrier (Julien), professeur au collège de Dole (24 juil- 

let 1890). 

15. Le Mire (Paul-Noël), à Mirevent, par Pont-de-Poitte 

(Jura) (22 janvier 1891). 

16. LoDS (Armand), à Héricourt, et à Paris, avenue Fried- 

land, 8 (29 janvier 1892). 

17. BoissELET (Joseph), à Roche-surLinotte (Haute-Saône) 

(29 janvier 1892). 

18. GuiCHARD (rabbé), curé de Grozon (Jura) (29 janvier 

1892). 

19. LoYE (l'abbé), curé de Fleurey-lez-Saint-Hippolyte 

(Doubs) (28 juillet 1892). 

20. Godard (Charles), professeur d'histoire au lycée du 

Puy (Ilaute-Loire) (9 février 1893). 

21. Bataille (Frédéric), professeur au lycée Michelet, à 

Vanves (Seine) (27 juillet 1893). 

22. Brune (l'abbé), curé de Mont-sous-Vaudrey (Jura) 

(27 juillet 1893). 

23. Caron (René), à Arc-et-Senans (25 janvier 1894). 

24. Brugnon (Stanislas), avocat au Conseil d'État et à la 

Cour de cassalion, rue de la Bienfaisance, 8, à Paris 
(24 janvier 1895). 

25. Narbey (l'abbé), vicaire à Clichy-la-Garenne, rue de 

l'Union, 10 (Seine) (6 février 1896). 

26. RicuENET, professeur honoraire, à Dole (4 février 1897). 

27. RouTiiiER, secrétaire de l'Association franc-comtoise 

Les GaudeSy rue Flallers, 10, à Paris (4 février 
1897). 

28. Chapoy (Henri), avocat, rue des Saints-Pères, 13, à Pa- 

ris (7 juillet 1898). 

29. Derosne (Charles), à Ollans (Doubs) (7 juillet 1898). 



— 224- 

MM. 

30. KiRWAN (Charles de), inspecleur des forêts en retraite, 

villa Dalmassière, près Voiron (Isère) (26 janvier 
1899). 

31. Bouchot (Henri), conservateur du cabinet des estampes 

à la Bibliothèque nationale, rue Bonaparte, 47, à Pa- 
ris (26 janvier 1899). 

32. Bertin, docteur en médecine, à Gray (1«' février 1900). 

33. Grandmougin (Charles), rue Chauveau, 6, Neuilly-sur- 

Seine (13 juin 1901). 

34. Roy (Jules), professeur à l'École des chartes, rue Hau- 

tefeuille, 19, à Paris (13 juin 1901). 

35. Menthon (Henri de), ancien lieutenant de vaisseau, à 

Saint-Loup-lez-Gray (21 janvier 1903). 

36. Piot-Bey (J.-B.), directeur du service vétérinaire des 

domaines de l'État égyptien, le Caire (29 janvier 
1903). 

37. Ollone (le vicomte Henri d'), capitaine d'infanterie de 

marine, rue Hamelin, 46, à Paris (29 janvier 1903). 
38-40.... 

IV. 

ASSOCIÉS CORRESPONDANTS NÉS HORS DE L*ANCIENNE 
PROVINCE DE FRANCHE-COMTÉ 

MM. 

1. JuNCA, ^, ancien archiviste du Jura, rue des Batlgnol- 

les, 39, à Paris (28 janvier 1865). 

2. D'Arbois de Jobainville, ^, ancien archiviste de l'Aube, 

professeur au Collège de France, membre de l'Institut 
(Académie des Inscriptions et Belles-Lettres), boule- 
vard Montparnasse, 84, à Paris (26 aoât 1867). 

3. Beaunb (Henri), ancien procureur général, cours du 

Midi, 21, à Lyon (27 janvier 1874). 

4. Meaux (le vicomte de), ancien ministre, avenue Saint- 

François-Xavier, 10, à Paris (27 janvier 1874). 



- 226- 

IIM. 

5. Bbaurepaire (de), ^^ archiviste de la Seine-Inférieure, 

correspondant de Tlnstilut (Académie des Inscrip- 
tions et Belles-Lettres), rue Beffroy, 24, à Rouen 
^^29 août 1878). 

6. ToETBY (Alexandre), sous-chef de la section législative 

et judiciaire aux Archives nationales, rue de Poissy, 
31, à Paris (31 juillet 1877J. 

7. DuMAY (Gabriel), ancien magistrat, rue de TÉcole de 

droit, à Dijon (28 juillet 1880). 

8. Arbadmont (Jules d'), rue Argentières, à Dijon (28 juil- 

let 1881). 

9. Kbllbr (Emile), ancien député du Haut-Rhin, rue d* As- 

sas, 14, à Paris (26 janvier 1887). 

10. Babbau (Albert), ^, membre libre de l'Académie des 

sciences morales et politiques, à Troyes, et à Paris, 
boulevard Haussmann, 133 (28 juillet 1887). 

11. TiNSBAU (Léon de), homme de lettres, rue de Vienne, 21 , 

à Paris (31 janvier 1889). 

12. Do Bled (Victor), à Servigney, par Saulx (Haute-Saône) 

(28 juillet 1892). 

13. MoNNiER (Marcel), voyageur, à Jeurre (Jura) (24 jan- 

vier 1898). 

14. FoNDET (Eugène), directeur des écoles françaises de 

Moscou, rue Petite Loubianka, à Moscou (Russie) 
(6 février 1896). 

15. MiLCENT (Louis), ancien auditeur au Conseil d'État, à 

Vaux-sous-Poligny (Jura) (4 février 1897). 

16. Vallery-Radot (René), homme de lettres, à Paris, rue 

de Grenelle, 14 (31 janvier 1901). 

17. Inoold (l'abbé), directeur de la Revue iT Alsace, à Col- 

mar (Alsace) (29 janvier 1903). 

18. AuBERT (Joseph), artiste peintre, rue Chalgrin, 4, à 

Paris (29 janvier 1903). 
19-20.... 

ANNBB 1903. 15 



226 — 



ASSOCIES ETRANGERS 
MM. 

1. Anziani (l'abbé), ancien bibliothécaire en chef de la 

Laurentienne, à Florence (28 juillet 1881). 

2. MoNTET (Albert de), à Chardonne-sur-Vevey (Suisse) 

(19 juillet 1883). 

3. Brunnhofer (Hermann), à Saint-Pétersbourg (19 juillet 

1883). 

4. Do Bois-Melly, à Genève-Plainpalais (28 juillet 1887). 
8. Choffat (Paul), géologue, rue de Arco a Jésus, 113, à 

Lisbonne (13 février 1890). 

6. DuFouR (le docteur Marc), >5^, professeur à l'Université, 

à Lausanne (22 janvier 1891). 

7. DiESBACH (le comte Max de), à Villars-les-Joncs, près 

Fribourg (Suisse) (23 juillet 1891). 

8. DoFODR (Théophile), bibliothécaire de la ville de Ge- 

nève (23 juillet 1891). 

9. Godet (Philippe), professeur à l'Académie de Neuchatel 
• (Suisse) (29 janvier 1892). 

10. PoLOVTsov (Alexandre), G. 0. ^, président de la Société 

d'histoire de Russie, correspondant de Tlnstilut de 
France (Académie des sciences morales et politiques), 
à Saint-Pétersbourg, et à Paris, rue Cambon, 41 
(28 juillet 1892). 

11. KuRTH (Godefroid), professeur à TUniversilé de Liège 

(9 février 1893). 

12. WiNTERER (Fabbé), député au Parlement allemand, à 

Mulhouse (Alsace) (24 janvier 1895). 

13. RoBERTi (Giuseppe), professeur à l'Académie militaire, 

à Turin (24 janvier 1898}. 

14. Marciial (le chevalier Edmond), secrétaire perpétuel de 

l'Académie royale de Belgique, à Bruxelles (6 février 
1896). 



- 227 - 

15. Thompson (sîr Edward), directeur du British Muséum^ à 

Londres (26 janvier 1899). 

16. GioRY DE Naduovar (Arpad de), %j archiviste d'État, 

Minoritenplatz, à Vienne (31 janvier 1901). 

17. BouRBAN (le chanoine], à Saint-Maurice (Valais) (31 jan- 

vier 1901). 

18. HoLDER (l'abbé), professeur à l'Université de Fribourg 

(Suisse) (13 juin 1901). 
19-20.... 



— 228 



LISTE DES ACADÉMICIENS DÉCÈDES EN 1903 



''\^:. , 1 '.■ , 



^' Membres ti^ilaires. 

MM. 

Perrin (rabbé Elie), décédé à Besançon le 30 avril. 
Lebon (le docteur Eugène), décédé à Besançon le 21 juin. 

Membre honoraire (ancien titulaire). 
M. 

Reboul (Pierre-Edmond), *, décédé à Marseille le 23 dé- 
cembre 1902. 

Académicien honoraire. 
M. 

Jacquinet (ancien recteur), décédé à Paris le 15 mai 1903. 

Correspondants frano-oomtois. 

MM. 

De Beauséjour (Eugène) , décédé à Lons-le-Saunier le 

28 avril. 
Petit (Jean), statuaire, décédé à Paris le 6 mai. 
Robert (Ulysse), *, décédé à Paris le 8 novembre. 

CSorrespondants nés hors de l'ancienne province 
de Franche-Comté. 

MM. 

ViELLARD (Léon), décédé à Morvillars le 28 juin. 
Garnier (Joseph), ^, décédé à Dijon le 13 novembre. 

Associé étranger. 

M. 

BoLLATi DE Saint-Pierre (le baron), décédé à Turin le 28 mai 
1903. 



USTE DES SOCIÉTÉS SAVANTES (125): 

CORRESPONDANT AVEC l'ACADÉMIE 



FRANCE 
Alrae. 



Société académique de Laon. ' - ^i 

Société académique des sciences, arts, bellefi-îettpeéi a^icùttttfè 

et industrie de Saint-Quentin. 
Société archéologique de VerVins. 

Allier. 

Société d'émulation de rAUier ; Moulins, 

Alpes (Haidtes-). 

Société d'études des Hau tes- Alpes ; Gap. , . -, ; - ; ; ;• r 

Anbé. 

Société académique de l'Aube ; Troyes. 

Aude. • =■'■-■- 

Commission archéologique et littéraire de Narbonne. 

Bouohes-du-RhônB. 

Académie d'Aix. 

Académie des sciences, belles-lettres et arts de Marseille. 

Société de statistique de Marseille. 

Galvàdos. 

Académie de Caen. 

Société des antiquaires de Normandie ; Caen. . • 

Société d'agriculture ; Caen. 

Société des beaux-arts ; Caen. 



— 230 — 

COiarente. 

Société archéologique et historique de la Charente ; Àngouléme. 

Gôte-d'Or. 

Académie des sciences, arts et belles-lettres de Dijon. 
Société d'histoire, d'archéologie et de littérature de Beaune. 
Commission des antiquités du département de la Côted'Or. 

Gôtes-du-Nord. 

Société d'émulation des Côtes-du-Nord ; Salnt-Brieuc. 

Doobs. 

Société d'émulation du Doubs ; Besançon. 
Société d'émulation de Montbéliard. 

Drôme. 

Société d'archéologie et de statistique de la Drôme ; Valence. 

Finistère. 

Société académique de Brest. 

Gard. 

Académie de Nimes. 

Garonne (Hante-). 

Académie des Jeux-Floraux ; Toulouse. 

Académie des sciences, inscriptions et belles-lettres ; Toulouse. 

Société archéologique du Midi de la France ; Toulouse. 

Gironde. 

Académie de Bordeaux. 

Hérault. 

Société archéologique de Béziers. 

Indre-et-Loire. 

Société d'agriculture, sciences, arts et belles-lettres d'Indre-et- 
Loire; Tours. 

Isère. 
Académie Delphinale ; Grenoble. 



- 231 - 

Société de statistique des sciences naturelles et des arts indus- 
triels du département de l'Isère ; Grenoble. 

Jura 

Société d'émulation du Jura ; Lons-le-Saunier. 

Loire. 

Société de la Diana ; Montbrison. 

Loire-Inférieure. 

Société académique ; Nantes. 

Lot. 

Société d'études littéraires, scientifiques et artistiques du Lot; 
Gahors. 

Maine-et-Loire* 

Société d'études scientifiques d'Angers. 

Manche. 

Société d'agriculture, d'archéologie et d'histoire naturelle de la 

Manche; Saint-Lô. 
Société des sciences naturelles ; Cherbourg. 

Marne. 

Académie de Reims. 

Société d'agriculture, commerce, sciences et arts de la Marne ; 
Châlons-sur-Marne. 

Marne (Haute-). 

Société d'histoire et d'archéologie de Langres. 

Meurthe-et-Moselle. 

Académie de Stanislas ; Nancy. 

Meuse. 

Société des sciences, lettres et arts de Bar-le-Duc. 
Société philomathique de Verdun. 

Nord. 

Société d'agriculture, sciences et arts du Nord ; Douai. 
Société d'émulation de Cambrai. 
Société d'émulation de Roubaix. 



(Mm. 

Société académique d'archéologie, sciences et arts de l'Oise; 

BeauYais. 
Comité archéologique de Senlis. 

Pas-de-Calais. 

Commission départementale des monuments historiques ; Arras. 
Académie des sciences, lettres et arts d'Arras. 
Société académique de Boulogne-sur-Mer. 

Puy-de-Dôme . 

Académie de aermont-Ferrand. 

Rhin (Haut-). 

Société Belfortaine d'émulation. 

Rhône. 

Académie des sciences, belles-lettres et arts de Lyon. 
Société littéraire, historique et archéologique de Lyon. 

Saône-et-l«oire. 

Académie de Mâcon. 

Société des sciences naturelles de Saône-et-Loire ; Chalon-sur- 
Saône. 
Société d'histoire et d'archéologie de Chalon-sur-Saône. 
Société Éduenne ; Autun. 

Saône (Haute-). 

Société d'agriculture, sciences et arts de la Haute-Saône ; Vesoul. 
Société grayloise d'émulation ; Gray. 

SaTOie. 

Académie des sciences, belles-lettres et arts de Savoie ; Cham- 

béry. 
Société Savoisienne d'histoire et d'archéologie ; Chambéry. 

Savoie (Hante-)* 

Académie Chablaîsienne ; Thonon. 

Seine. 

Société de médecine légale ; Paris. 



-233- 

Société des études historiques ; Paris. 

Société philotechnique ; Paris. 

Société philomathique ; Paris. 

Société des antiquaires de France ; Paris. 

Seine-Inférieure. 

Académie des sciences, belles-lettres et arts de Rouen. 
Société havraise d'études diverses. 

Seine-et'OiBe. 

Société des sciences morales, lettres et arts de Seine-et-Oise ; 
Versailles. 

Commission des antiquités et des arts de Seine-et-Oise ; Ver- 
sailles. 

Somme. 

Académie d'Amiens. 

Société des antiquaires de Picardie ; Amiens. 

Société Linnéenne du nord de la France ; Amiens. 

Société d'émulation d'Abbeville. 

Tarn-et-Garonne. 

Académie des sciences, belles-lettres et arts de Tarn-et-Garonne; 

Montauban. 
Société archéologique de Tarn-et-Garonne ; Montauban. 

Var. 

Académie du Var ; Toulon. 

Vanduse. 
Académie de Vaucluse ; Avignon. 

Vienne. 

Société des antiquaires de l'Ouest ; Poitiers. 

Vosges. 

Société d'émulation des Vosges ; Épinal. 
Société philomathique vosgienne ; Saint-Dié. 

ALLEMAGNE 

Société d'histoire et d'archéologie de la Thuringe ; léna. 
Société historique et philosophique ; Heidelberg. 



— 234 — 



ALSACE-LORRAINE 

Académie de Metz. 

Société des sciences, agriculture et arts de la basse Alsace; 
Strasbourg. 

AMÉRIQUE DU SUD 

Université de Buenos-Ayres ; République Argentine. 
Annales de TUniversité du Chili ; Santiago. 
Annales du Musée national de Montevideo; Uruguay. 

AUTRICHE 
Académie impériale et royale des Agiati ; Rovereto (Tyrol). 

BELGIQUE 

Académie royale de Belgique ; Bruxelles. 
Société malacologique de Belgique ; Bruxelles. 

BRÉSIL 
Musée national de Rio de Janeiro. 

DOMINION DU CANADA 
Société de numismatique et d*antiquités ; Montréal. 

EGYPTE 
Institut égyptien ; Le Caire. 

ÉTATS-UNIS D'AMÉRIQUE 

Académie américaine des sciences et arts; Boston. 
Académie des sciences naturelles de Philadelphie. 
Institut Smithsonien ; Washington. 
American Muséum of natural history; New-York. 



-235 - 



ITALIE 



Académie royale des Lîncei ; Rome. 

Société des études zoologiques ; Rome. 

Académie royale de Lucques. 

Académie des sciences morales et politiques ; Naples. 

MEXIQUE 

Observatoire météorologique central de Mexico. 
Observatoire de Tacubaya. 

Bibliothèque de la Secretaria de Fomento ; Mexico, 
Société scientifique Antonio Alzate ; Mexico. 
Institut géologique du Mexique : Mexico. 

RUSSIE 
Société des naturalistes de l'Université de Kiev. 

SUÈDE & NORVÈGE 

Académie royale des sciences de Stockholm. 
Académie royale des belles-lettres, histoire et antiquités ; Stock- 
holm. 
Institut géologique de l'Université d'Upsal. 
Université de Christiania. 
Université de Lund. 

SUISSE 

Société jurassienne d'émulation ; Porrentruy (canton de Berne). 

Société neuchateloise de géographie ; Neuchatel. 

Société d'histoire et d'archéologie de Genève ; Genève. 

Institut national genevois ; Genève. 

Société d'histoire de la Suisse romande ; Lausanne. 

Société d'histoire du canton de Fribourg. 



— 236 - 



PiMleatiois périodiqics diNnes nçMS pir l'Acadéito 

Bulletin du Comité des travaux historiques et scientifiques 
près le Ministère de l'Instruction publique. 

Annuaire des bibliothèques et des archives. 

Journal des savants. 

Bulletin d'archéologie africaine. 

Bulletin d'histoire ecclésiastique et d'archéologie religieuse 
des diocèses de Valence, Digne, Gap, Grenoble et Viviers ; Ro- 
mans. 

Bulletin d'histoire et d'archéologie religieuses du diocèse de 
Dijon. 

Revue de l'enseignement supérieur et des Facultés ; Dijon. 

Revue viticole, agricole et horticole de Franche Comté et de 
Bourgogne ; Poligny. 

Revue d'Alsace ; Colmar. 



DÉPOTS PUBLICS 

AYANT DROIT A UN EXEMPLAIRE DES MÉMOIRES 



Bibliothèque de la Sorbonne : Paris. 

— de la ville ; Besançon. 

— universitaire ; id. 

— du grand séminaire ; id. 

— de rinstilulion Sainle-Marie ; id. 

— du cercle des officiers ; id. 

— de la Société de lecture ; id. 

— de Baume-les-Dames. 

— de Montbéliard. 

— de Vesoul. 

-— de Lons-le-Saunîer. 

— de Pontarlier. 

— de Saint-Claude. 

— de Salins. 

— de Dole. 

— de Gray. 

— de Luxeuil. 

— de Lure. 

— de Belforl. 

— du séminaire de Vesoul. 

— du petit séminaire d'Ornans. 

— du petit séminaire de Consolation. 
Archives du Doubs. 

— de la Haute-Saône. 

— du Jura. 

— de la Côte-d'Or, 



TABLE DES MATIÈRES (1903) 



PROCÈS-VERBAUX 

Procès- verbaux v 

Discours prononcé aux obsèques de M. Tabbé Élie Perrin^ le 
30 avril 1903 xii 

Notice sur M. Reboul, par M. Boutroux xviu 

Notice sur M. Joseph Gamier, membre correspondant, par 
M. Jules Gauthier xxvn 

Notice nécrologique sur M. Eugène de Beauséjour, membre cor- 
respondant, par M. Lieffroy xxix 

Notice sur M. Ulysse Robert, correspondant franc-comtois, par 
M. Jules Gauthier xxxii 

Programme des prix qui seront décernés par l'Académie de Be- 
sançon en 1904 et 1905 xxxv 



MEMOIRES 

Sur Tair liquide, par M. Léon Boutroux 3 

Un érudit alsacien en Franche-Comté à la an du xviii« siècle, par 

M. le chanoine Louvot 17 

Le professeur Coutenot, médecin en chef de l'hôpital Saint-Jacques, 

par M. le docteur Gauderon 37 

Notice sur M. Albert Mallié, secrétaire perpétuel, par M. Léonce 

PiNGAUD 60 

La principauté de Neuchatel sous le maréchal Berthier (1806- 

1814), par M. Albert Mallié 67 

Sur les progrès accomplis depuis Pasteur dans la science qu'il a 

fondée, par M. Léon Boutroux 100 

Marques de bibliothèques et ex-Iibris franc-comtois (deuxième 

série), par MM. Jules Gauthier et Roger de Lurion .... 120 

Rapport sur le concours de poésie, par M. Paul Guichard . . . 156 

Sur la tombe d'Edouard Granier, par M. Frédéric Bataille . . 165 

Arcier, histoire d'une source, par le docteur L. Baudin .... 167 

Rapport sur le concours du prix Weiss, par M. Jean Guiraud . 198