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Full text of "Quelques fables choisies, mises en vers patois limousin, par J. Foucaud, avec le texte français"

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QUELQUES FABLES 

CHOISIES 



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LA FONTAINE; 

EN PATOIS LIMOUSIN. 



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QUELQUES FABLES 
CHOISIES 

D E 

LA FONTAINE^j 

MISES EN VERS PATOIS LIMOUSIN; 

■m 

Dédiées à la Société d* Agriculture , des 
Snences et dès 'Arts \ éïabUe à Ximoge^ , 

Par J. FO'trCAU», Membre àe cette 
Société, ancien Professeur de Belles-Lettres 
à l'École Centrale du Département de la 
Haute - Vienne. * 



Avec le texte Jiançciis à côté; 



*^««'«A^V*<>W«.^A<V%'%'VW«^^ 




A LIMOGES, 

chez J.-B. Bargeas , Imprimeur-Libraire: 

\ ' 

AN 1809. ^ 



f* 



Deux exemplaires de cet ouvrage ont été déposés 
\ la Bibliothèque Impériale. Les loî^ 'in^efi 
garantissant la propriété exclusive , je. traduirai 
devant les Tribunaux les contrefacteurs • distri— 
buteurs ou débilans d^ éditions contrefaites* 

J,-B. BARGEAS. 



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EPITRE DED.ICATOIRE 

A la 'Société d'Agrkuhure ^ des Sciences 
' et dés Arts , établie à Limoges. 



'% 



Messieurs, 

L* < ' > I 4 

' H o w N É u H d appartenir à cette Société 
ne me Ja^s,serait rien, à i. désirer, si, en 
me doiman^t le droit de partager Totre 
gloire , il. m*eut aussi donne! les moyens 
de partager tos travaux , .sur-touA dans une 
partie qu^^ auttefpis , ne m'était pas tout- 
à-fait étrangère. 

Mais, Messieurs,' depuis que jai 
terminé ma carrière publique dans l'en- 
seignement , la littérature n a - plus été 
pour moi ;Une Occupation . sérieuse. Je 
n y ai plus cherché , i d'après le conseil 
(le Cicéron., qi?e les moyens d'égayer \t% 
loisirs de ipa yieiHegc^e^ 

Ccst, en; effet, le but unique vers 
kqpélje tentlais' d'abord, et que j'ai atteint 
en mettant en vers patbiâ quel<)ues Fables 
choisies de La Ea«TiAiN.E. ., . 

A5 



▼I 

Je communiquai les premières à quel- 
ques amis qui, comme moi/ furent 
frappés de. la richesse et de. Ténergie 
de notre jargon ( peutTétre trop 4écrié) , 
mais sur-tout de son étonnante flexibilité 
à toutes les mesures devers, à tous les 
genres de styles. r ^ ' 

On voulut en tirer des copies; je les 
laissai prendre. On me parla de Tiitipres- 
sion : je m'y refusai. L'inutilité,^ 4u iiik>iiïs, 
et peut-être Tinconvénient d'atimeiit^r un 
^jargon que le Gouvernement allait ^^ris- 
doute, faire disparaître du sol deTËmpire 
français , furent alors , les motifis de 
mon refus. ' •' 

Aujourd'hui, 'Messieurs, ces deux 
motifs me paraissent n'avoir plus le même 
poids ; puisque le Gouvernement lui- 
même a fait insérer dans la statistique 
de ce Département , la chansoik patoîse 
que je fis sur la conscription de ï8o8, 
et que la morale des iFables parvenant à 
la connaissance des .cultivateurs , peut 
contribuer à les rendre meiUeurs, et t par 
conséquent contribuer à augmenter la 
masse du honheur soclaK 



Vi| 

Vôa& sa^e^iffussî bien que môî , Mes- 
s I K'ii&s , que les Fable» du bon L A 
Fo)N TRAINE sont un traita complet^ de» 
mibfale *; cfoij nos devoirs e^ttcrs' Dieu, 
envers ie prochain, envers nous-mêmes, 
y sont li'acés avec les caractères d'une' 
naïveté' inimitable ; que toutes \eà vertus 
y bviAent de Téclat qui. est - ï)ropre à 
chacune d*eUes , dans -quelqaétat qu'elle 
$e montre ; enfm que toùs^ies vices y sont 
châties, sans acception de personnes, 
avec la verge salutaire i du ridicule si 
difficile à manier. 

J'ai donc pensé qu'un pateil tableau 
mis sous les yeux ^ de Thabita'nt de nos 

campagnes ne pouvait \qne hâter les 

• il » 

progrès de son instruction ,* et j'ai déjà 
quelques données, povu* J)Ouvoir espérer 
d'obtenir cet «hetireux résultat. 

Pendant mon séjollr à la campagne ; 
durant la belle i^aisôn, j'ai fait réciter, 
le soir à la Veillée , quelques-unes de mes 
Fables , dans les réunions de ces braves 
gens , qui se faisaient habituellement chez • 
moi. L'impression faite sur eux, en exci- 
tant ma surprise l a été une jouissance 




t^ 




1 










.< 



SOCIÉTÉ D'AGRICULTURE. 

Séance du 7 décembre 1808. 

/ 

MoNSHuft, FpiJG AUD ofîfre à la 
Société la Dédicace de quelques Fables 
de La Fontaine, quil a mises en 
vers patois. Après la lecture de son 
épître dédicatoire. , ii communique deilx 
de ces Fables dont la • versification facile 
et piquapte , iconfirme i asseiad^lée daiis 
la haute idée qu elle avah des talens dé 
Fauteur et prouve , comme il le dit lui- 
méipae') que le .patois. Limousin est4!une 
telle QexibiUtév qu^if.se prête à toutes 
les mesures de vers, à tous les genres 
de style. 

L'assemblée, après avoir témoigné sa 
gratitude à M. Fqucaud, par Torgaiie 
de son Pjré^4<'^t, ^tétè que ses Fables 
seroat rei^voyées à une commission cbar-^. 
gée d'en laire un rapport i'elle nommée 
pour la composer , MM. Dumas ^ Juge^, 
St-Martm ^t.BrigueU. 



(; . ..i 



Séance du x\ décembre: 



Messieurs/ 

» • 

NoTHE cèUègiie , M. 'Foîkîaud > 

-ayant manifesté Tintention de' vous dédier 

une ti'âduction en vers patois de quel- 

.ques Fables qu il a choisies parmi celles 

:de La Fontaine, vous- avez nommé 

une comitôssion pour votis rendre compte 

de iSoii ouvrage. Elle a >recoriftu^' à sa 

lecture, que M. F o tic AU D avait excellé 

dans le choix : du sujet en enttfe^renant 

de J>arodier les Fablesid'ilh Poëte'H^fuî' a 

été surnommé h Pùëte d^^la^^rïaikre, et 

.qwi , ayant: j :«Ai i réunir là finiKése à ' la 

naïveté, a attrapé le point de perfection 

dans le genre de TàpdiogDè: 

-Votre commission 'a ' ietroufvé- dans la 
traiiuetioa dejM.vFoufcAi^b ks ftiémes 
cliarni^ dé Texpresaioii et du t^dinage, 
çt cette* ïttoUe: cftégKgence qti tdételaît 
ds^s. $on modèle le 'gran<l'^4»iaîtr6' et 
récrîvain original : mér^e aisanc^^ , wême 
TÎvacité dans les réflexions morales que 



le traducteur a cru devoir ajouter , pour 
rendre l'ouvrage encore plus intéressant; 

Vous allez donc accueillir l'offre qui 

vous est faite, et vous n'aurez pas prÎ5 ' 

lecture de cet agréable ouvrage , que 

vous le remettrez en souriant à vos. 

épouses, pour le transmettre ensuite à 
irog enfans. 

M. Bargeas qui a pnomîs d'en donner 
ledition sur papier fin d'Angoulême et 
en caractères neufs, doit mettre en *. 
regard le français et le patois Limousin / 
sans quoi ce dernier idionie ne serait pas * 
intelligible pour la plupart des Lecteurs; 
Si ce projet est bien rempli , ce sera 
un moaument pçur notre Pays, et le 
premier de soin genre. Votre commission 
vous proposé. Messieurs, de sou^-: , 
crire en corps , ^ raison d'un exemplaire 
pour chaque IVlembre de lsi Sopiété. Le 
prix de la souscription est de deux francs; 

D'après le rapport ci-aessus^.la jSociété 
déclare agréer la Dédicace et soiisciijrit 
pour soixante exemplaires, 

MARTIN , Seclrétaircj 






•-. ■ ^. 



A MOUSSU LO FOUNTAÎNO. 



X i qu^as mëï lou noujàîi i dé lo francho-varta 

Dïn de brâvèix tiéz ^ dé mèïsùnjo , 
Té* qu^àu nâz d^un grand rèï as prèï lo liberta 
J)é dèiboiijas 3 loû torts d'au liounjcountré lo 

jùnjo 4 f* 

Lo Fountaîno ! té fâchas pas 

Si vàu prénèi toun air risiblé ; 

Co n'èï gro pèr té countrufas 5 ; 
Sabé plô dé-sëgur que co n^èï pas poussiblé : 

Mâft trobé toun libre tan béii ! 
3" au ay dit tan sjpuvén , m'ai t'àu dizé d'énguèiro 6 

Que ïau voudrio qu'au fusso joiéu 

Pèr toû loû trônèix'dé lo terro. 

M' aï ïaii dizé bien tou-dé-boun. 
M& suehié bé que càuqué sot n'en groundë; 
li'iauro toujoùr dé grans rèïs dîsi lou iboundé , 

IH'iauro )oiuaîi Lo lountaino àégotHiO 
Toû loû poyis , toû loû téns , toû loû agèix 

ifïén poudran j'omaï fôs; lour prou 7; 
li'oû jaunèix mal loû vièiz , loû païs maï loû 
méinajeix 



( I ) Le noyaiu 
(a> Coque, i' 
(3) Dérider, 
f 4 } La génisse^ 

(6 j Encore. 

î 7 ) Marquer asKt leur adffliralion« 



• ••' 



L'y trobén toû càuco bravo lèyçou 
Que loû po' fâs yénî pu sàjèix. 
Loû peillaïrèix d loû gros-séignours 
Se mirén dî tâs porobolas ; 
Loû èycouliéz maï loû dotours 
Gàignén toû à légî tâs mïndras foribolai;. 

Pèr fl$ lâs robâs 9 d'au tyrans 
Ta parla coiimm'un diii lou lingagé d'au angèix. 
Mé né jargoussé ma 10 lou potoueï d'au peyzavs 
M' aï volé tou-poriëz té boillas d'au louangèix* 
É pèr té peudey fâ un bravé coumplimén 
N'aï gro mèitiéz "dé Védimén. '»» 
Né vau œâs rép^s tâs foblas , 
Là soun tan lénas i i3 tau aimoblas ! 
Lour moral'o tan bounn'audour ! 
£ lour shvL' '4 tan bouno sobqur ! 
Surtou là soun tan vartodiêras ! i^ 
(Quoique n'iàyé d'un pàu goillêras) x6 
Que si là tràilillé 17 pas sirày plo prou countén 
D'ovéy si b'émptuya inioun tén. 

(8) Eguenillés. 

(9} "Eêire la semonce. 

( 10 ) Ce mot équiyaui au français cochonner , faire maU 

^ it )- Besoin. 

(13) Ce mot e5t pris ici pour tous Ie« liyres qui 

contiennent les préceptes de l'éloquence* 
( 1 3 ) Polies , coulantes. 

( 14 ) Sel. 

( i5 ) Qui dit 1* yérité. 

(1$) It^âans , qtd se donnent des libortés. 

( 17 ) Ce mot désigne Paction-^e celui qui se YâiUttcrait 
en tout sens dans de t'hçfbe déjà h«ufe. * 

B 




FABLE PREMIÈRE. 

La Cigale et la Fourmi. 



L 



A Cigale ayant chanté 
Tout Tété , 
Se trouva fort 4épourvue 
Quand la bise fut venue. 
Pas un »eul petit morceau 
I)e mouche ou de vermisseaux 
Elle alla crier famine^ 
Chez la fourmi sa voisine , 
La priant de lui prêter 
Quelque grain pour subsister 
Jusqu^à la saison nouvelle»^ 
Je vous paîrai, lui dit-elle, 
Avant Tout , foi d^ animal , 
Intérêt et principaU 



Wl 



NOTES DU PATOIS. 

( I } Faim dévorante , faim canine. 

( 3 ) Mouches de toute espèce. « 

( 3 ) Panier, sac ou tout autre chose propre à mettre 
du grain. 

( 4 } Pasr un brin. Point du toQt« 




&» 



F A B L Ô P R É M I È R O. 

1 

Lo Cigalo é h FermL 

Is màn côunta qu^uno Cigalo 
L'hyvér darniér guet lo fan-galo , « 
É vou volé countâs coumén 
L'y survénguèt qué-l-accidéa« 
Tou Feitiu- quélo parporèllo 
Vlo fa so bello domoueizéllo ; 
Néi-t-é jour Fiaurias pas vu fis 
D'autre méytiéz que dé chantas, 
Quan lo bizo fuguèt véngùdo 
Ah ! dissè-t-ello , say perdudo I 
Pén bri dé vermé , dé moùchan ! % 
Fàu plo que ïau méré dé faiu 
Lo sén onéit crédas fomino 
Chaz càiico fermi so vésino 
E copounas pèr-mour-dé-diii 
Déqué broûtis déïch-à l'eytiu. 
Bouéï ! praïto mé l'y dissè-t-ello 
Par viauré , .càiico bogotello ; 
Tu siras , (^fé dé parpoUCaû ) 
Poyado dis tou lou méy d^aii. 
Té tournoraï avec uzuro 
Toun gagé 3 mai %o nûrituro. 
Lo fermi né praït-à dégu, 
Soun trobàï faï soun révéingu : 
Léï hé , couni-un sait , méinojéro 
lias lo néï pén-piàu 4 éizuriero. ' 



Xa fourmi n'est pas prêteuse, 
C'est-là son moindre défafut. 
Que faisiez-vous au temps chaud , 
Dit-elle à cette empninteu&e ? 
Nuit et jour à tout venant 
Je chantais , ne vous déplaise. 
îVous chantiez ! j^en suis fort aise : 
Hé bien ! dansez maintenant. 



r 



(5 ) Cette année. 

(6) Abondance de toute sorte de rëcoke. 

( 7 ) Bourrée d'Autergnc. 

(8) Couche. 

(9 } Êuit hat^v. 






No fermî ! 

Èéï co fi ! 
Go mai d^élmé que noû san-douto , 
' Ço sén dé louén no bancorouto ^ . 
£ jomaï 'dé bancorontiës 
Né roueïnoro pën fermijiéz. 

— Mo paiibro sor saï plo fîchàdo 
Que vou châs tiin émborossado. 

Hujan 5 précisomén Fio tan dé bé-dé-diii ^ 
Que fogias-vous doun lou Téitiu ? 

— Céqué fpgio ? pardi cha»tav£>; 
Mai tou lou moundé s^arrêtàvo 
Podé due. ^séï mé flotas.) 
Exprèz pèr m' entendre chantas ! 

— Vou chantovas ? nén saï charmado ^ 
£h.-b-aufo dansas n'auvergniado. 2 

Méinageïxl quéu counté v^aprén 

Que fau bien émpluyas soun téa« 

Quel dîs reïtiû dé lo' jàunésso 

Qu'un tuo l'hyvér dé la vieUésso ; 

E lou proverbe néi pas fàu 

Çui fat tnau âaan fitt couHjo B màu, 

fouîlio fas soun gronier quand lou froumën 

s^eicoudio ; g 
Lou tén perdu , jomaï né tourùoro » ' 
Quî no pas vougu quant *au poudio , 
lié poudro pu quant au voudro« 

) 

/ 

B5 



I 

I I. Le Corbeau et le Renard. 

ItXajtre corbeau, sur un arbre perclië, 
Tenait en son bec un fromage. 
Maître renard, par F odeur alléché, 
Lui tint à-peu-près ce langage : 
Hé ! bon jour, monsieur du corbeau , 

Que vous êtes joli ! que vous nie semblés beau t 
Sans mentir, si votre ramage 
Se rapporte à votre plumage 9 

Vous êtes le phénix des hôtes de ces bois» 

A ces mots le corbeau ne se sent pas de Joie; 
£t , pour montrer sa belle voix , 



i<ii"-i*» 



{ X ) En proportion < 
( a ) Aussi bien. 
( 3 ^ La façon; 



< '9) 
I I. £otf Rénar é h GràUh. 



L 



r I O V I o no-vë no viëillo gràiilû 
Perchàdo sur no grando gàiilo , 
Que teig-un iroumag-én soun béit > 

lau von dirio pas bien enté lo lou r^aûbéit ; 
Un rénar , déssou » la yistàto 
Entré sé-méim-au coumplotavo 
Dé lou Vy vèé , màï lou l'y guet , 
£ yéi qui coum-au s*î prënguèt : 
« Adichias modaino couméillo ! 
« D'«rûjàttzéux vous séz la inèryéillô ; 
« A moun éïvîs , ré dé.ji bëii 
« Que lo 'fémélo d'un courbéu ! 
« Càiîs péz ! càii têto ! càir pluai«gé ! ; 
« Séi mentis, M vôtre roinag^. 

« Eir'à làvénén î • ' ' 

« Très-certainoRién 

« Déssur toûloû âiizéux vous nénpourtas lo paillo 
<« Dîs loû bos n'îo pén que vous vaille 

« Ni pèn , ni roussîgnàii^ ni cigné , ni sénis 
« N'io mâs vou que chias lou fénis. » 

Dé sénténdfé vantas , Jio suflQâvo dé jôyo 
£ytopâii a lo n'en poyèt lôyo. 3 
Esséylou fénis d'au àiizéux ! 
Ah ! lo troubavo co tan béii ! 

Dé miér chantas que toû lo vèi-qui que jé pico ; 
Pèr jnoûtrés se béUo mu^ico 



( ao ) 
Il ouvre tm large- i^tc , laisse tomber sa proie. 

Le renard s^en saisit , et dit : Mon bon monsieur , 

\« Apprenez que tout flatteur 

\ . . . . , / 

Vit aux dépens de celui qui Féroute. 

Cette leçon vaut bien un fromage , sans-doute^ 

Le corbeau honteux et confus , 

Jura, mais un peu tard^ qu^on ne Y y prendrait plus. 



( 4 ) ^One bouchée. 

( 5 ) EiKore. 

( 6 ) Penaude y honteuse , interdite. 

( ^ ) Aucun. 

(8) Gravé de petite-vérole. 



(21) 

L'élbêtidô d'aybro lou bét 
Mo fé lou froumagé toumbét. 
PIo countén de rovéï finado 

Moun drolé dé rénar n^én faï mas no gourjado 4 
Maï déngueiro 5 qud-insoléa 

Uy faï , en lo quîttan , qu^eii molïn coumplimën :. 
<r Aprënez bello-domoueizéllo 
« Que nën côto pèr essèi belle , 
« Votre froumag-ëy nor lèyçou » 
— BTaï nën, payé plo lo fèyçou ! 
Dissét, én^préaën lo youlado , 
Nôtro gTàiilo tou-t-éycunlàdo 6 
« Né crézë pas que pëi^ 7 rënar 1 . . . / 
« Jomaï pu !.. . iHàa quéiro Uo tar. » 

Qù^éu count-ëi pèr noû toû , mâs sur*4ou pèr lsÊ$ 

fiUas; 
Loû gaf*çous las Irobën îëntîllas 
£ quan Faurian leurs tilE rotas 8 . ^ 
Las soun toutas dé las béiitas. 
Quélo que prén plosèi dénténdré quëii liiigag^ 
Que prèigné gatd-à soun fwumagéf 



) 



s J 



I I I. Le Renard et les Raisins, 

\j £ H T A I N renard gascon , d'autres disent 

normand , 
Mourant presque de faim , vit au haut d'une treille 

'S^t.'s raisins , mûrs apparemment , 

Et couverts d'une peau vermeille. 

Le galant en eût fait volontiers un repas* 

Mais comme il n'y pouvait atteindre : 

ils 90lit trop verds, dit-il, et bons pour des 

goujats. 

Fit-il pas mieux que de se plaindre. 



«^ 



( I ) Sur le soir. 
{ 2 ) Bien roux. 
( 3 ) Bien mûr. 
( 4 } Assurénaciit. 
( 5 J Pour en avoir. 
*^ 6 3 Sa patte. 
( 7 ) K'cn touche grain. 
( 8 } Cet orgueilleux. 
( 9 ) , L zard . 
( 10 } Un pajsaa. 
(xi) Comme je suis là-bu. 



(a3) 



III. Lou Rénar é loû Rosïns. 



U 



N renar , 
Sur lou tar, i 
Se cantouno • 
Sous no touno 
Dé muscat 
Délicat 
Boun é béû 
Bien rousséii , a 
Plo modur 5 
Dé-ségur. 4 
Pèr nén véï 5 
Quâ-1-èinëï 
Lo treill-èi hàuto 
Moun rénar sàuto , 
É sàuto ! sàuto \ 
Sauteras tu ? 
ibni^i so pàuto ^ 
Nén mâgno gru. 7 
Quéii péto-vanto B 
Alors se planto 



£ dit tout-bas : 
•c Nén vouilla pas. 
•r Qu'éï bé tan vér 
« CouirjQ luzér 9 * 
m Co déix étr^âgré ^ 
« Coumo vinâgré, 
« Càiiqué gouja 
« Nàurio minja ; 
« Co néi mâs bou 
K Pèr un jantou. » !• 
Quéii count-éi vraï 
Coumo sàï làï , «i 
M as qu'îs nén' rit 
Dit en se méioio , 
N'homé d'esprit 
Fàï plo dé méimo , 
Nécessita 
Fàï no vertu 
( Pèr vonita 
fiién entendu )• 



( ^4 > 



I V. La Grenouille qid çeui se faire aussi 
grosse que le Boeuf. 

V/ N E grenouille vît u^ bœuf 

Qdi lui sembla de belle taille. 
EUe , qui n'^it pas grosse en tout comme un œuf , 
Envieuse, s^ étend',' et s^ enfle, et se travaille, 

Four égaler t'animai en grosseur ; 
Disant : |l égard ez~bien , ma sœur , 
Est-ce assez ? dites-moi » n'y suis-je point encore ? 
Nenni, M'y voici donc ? Point du tout. M'y voilà ? 
.Vous n'en approchez point. La chétive pécore 

S^ enfla si bien qu'elle creva. 

Le monde est plein de gens qui ne sont pas plus 

sages , 
Tout bourgeois veut bâtir comme les grands 

seigneurs \ 
Tout petit prince a des âmibassadeurs ; 
Tout marquis veut avoir des pages. 

IV. 

( I ) Asscs enflée. 

(3) Noa certaineoicnt. 

( 3 } ^ biçn maiqtenant. 

( 4 ) ^^^ ! <r^ ^ous en êtes loin encore. 

( 5 ) Elle faillit à 

<6) Mon dieu! 

( 7 ) Une vessie. 

(6) £Uc éclata coou&« on naroa daa« ic £e«. 



(a5) 
I V. Lo GronouiBo i tou Bièû. 

Il o gronouillo vistav-on l>iàU 
Que Ty poréichio béii dé Uillo , 
EUo que n'eyro pas tan grosso coum'un jriii 
Lo véiqui dé vÇiSSi%A , lo sëytén , se trobaillo 
É lo se créû , dé bouno-fé , 
Déyjà tan grosso coumo se, 
Ey-co vrai ? sàï ïàii prou > ufBâdo ? ^ 
Dissei-t-éyl~à so comorado, 

— Bouey noungro. ^ 

— Eyb-auro ? 5 

— Kii ! bé nén séz vou louën déngtiéro ! 4 
Lo s^ cujét mettr-én couléro. ^ 

— Quëtto vé?.. . • Pas vràï que l'y sàï? 
~ Bouéi 6 vou n'y toamboréz jomèï. 

Lo tourno dé nouvéii fas jugas so mochoueyro 
Mis Uu poyèt char quétto-vë , 
Lo sûfflèt coukno no pédoueyro 7 
É lo pétèt coum-un chàûyé. 8 

Quéd counté néy pas tan no fablo 
K qu'aribo bé toû loû jours, 
Pèr lo touâlétto, pèr lo tablo 
Loû pitîs volén nas coumo dàû gros-^eîgnours , 
Modamo vonita chotouillo, 
Tàu que sûfflo créii esséy gran 
É lo véritablo gronouillo 
Néy pas quéUo dé dis léytan* . 



(^6) 



V. Le Rat de iHUe et le Rat des champs. 



Au tR 



E F o I s le rat de ville 



Invita le rat des champs , 
D'une façon fort civile , 
A des reliefs d'ortolans. 



Sur un tapis de turquie. 
Le couvert se trouva mis. 
Je laisse à penser la vie 
Que firent ces deux^ amis. 



(i ) Le i.er Janvier, 

( 3 } Assiette. 

(3) Fauteuil. 

( 4 ) Beaucoup de lard« 

( 5 ) Beaucoup ds noix. 



(27) 

y. Lou Ra dé viUo é hu Ra d'qù chans. 

mXK dé noblesso 
Un jour dé Fan i 
Faï politesse 
Au ra péïzan , 
Au Iqu couvldo 
A no parlido ^ 
Dé béu dîàas 
Partido fino I 
E lo cousino 
Dévîo bien nas. 
A quello sùperbo ftto 
Lou frico né manquét pas. 
Chacun dé îs vio per chiêto a 
Un béii fôteur 3 dé domas 

Lou pâti , 

Lou rôti , 

Lou feïsan , 

L' ortolan, . . 

Lou coiiar , 

Foi^o lar, 4 

Porço nou , 5 

Lou boun-bou ^ 

Mûrinado . . . ^..^.^.^-* 

Bien sucrado ^ 

Massopéns , •* ' ' ) 

Bounas déns, ••• - ^ ? 

Ré né mancavo — - — ** ^ i 

Assuromén 



(3o) 

> 

C'est assez , dit le rustique , 
Demain vous viendres ckes moi 
Ce n^est pas que je me pique 
De tous VOS festins de rm : 

Mais rien ne vient m'interroÀpre f 
Je mange tout à loisir. 
Adieu donc. Fi du plaisir 

Que la crainte peut corrompra 

1 

(9) Genêt. ' 

( lop Le bien d'antrui* 
(11 j Un poison. 
(la) Daas sa pcan. , 



'y, . 






• ». 



• • ' r 



C3i) 
D'a&Hm siï trMiqml--ë mëiti^ 
Hîs lou foun de moun pénaâ* 9 
' Quan lo cou$3inço - 
El dé-possinço - 
Ré né faï màii. 

Quéii rotou 
Vio rosou , ' 
Co dàû^ autreis lo 
Ei pèr n^autreis 
No pouéizou, II 
Quî mèu-'verso 
Trémbl*à-yerso 
Dis so péii y 13 
£ lo transo 
' £i . dôyanço 
Soun bouréU. 






« • 



»--'- :. > •. 



4 

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- - J 



( 3a > 

'. ' ■ ■ . ' ,' 

V I. Le Loup et f Agneau. 

-Li A raison du plus foi^ est toujours la meilleure^ 
Nous Talions prouver tout-^-l'heure. 

Un agneau se désaltérait 

Dans le courant d^une onde pure. 

tm loup survient À jeuii, qui cherdhait aventure ^ 

Et que la faim en ces lieui^ attirait. 

Qui te rend si hardi de troubler mon breuvage ?. 

/ 

Dit cet animal plein de rage : 

Tu seras châtié de ta témérité. 

Sire, répond Fagneau , que votre majesté 

Ne se mette pas en colère : 

* Mais plutôt 4tt*êl!é"t tfroid» e 



mmmmmmmmmmmÊmmÊmmmmmÊÊmmmmmmÊmmmmÊmm II i i i , i m ■ 

I 



( I ) Qui crevait de soif. 

( 2 ) Boire an coup, 

( 3 ) Encore. 

( 4 ) Posé. 

(5) D'avoir en SDÎfT 

r6^ L'eau. 






(33) 

s. 

V I. Lou Lou é tOgnéû. 

J-X'oGNÉu qu'ëytouvîavo » lo se 
Un jour vau nas bëuré no-vé 3 
Dîs lou courën d'u-n-aïgo puro 9 
Un lou que né vîo pas dénguéro 3 déyjûna 
TJn paii pu hàii séyro pouna 4 
Pèr attendre càiic-avanturo. 
-—Dé càii dré piti-t-insolén 
Vénéî tu troublas mouri brévagë ? 
Tan d^audaç-à toun âgé 
Mérito chatimén. , 

-^ Mounseignour vou donxandT-escuzo 
Quéy vràï y aï tor d'ovei gu se 5 
QuaA votro mojesta m^occuso. 
Mas Taïgo 6 yét d'ello à mé 
É quan no-vé lô préï so courso 
Lo né inounto pus ver so sourço* 
Vou-n-préjé fozés atténsiû 
Que ïaii sàï dîs lou bas dàH riii , 
Que vdtro grandour ëi ploçado 
Pu haut que mé mJiï d'uno séyteirado 
Ë que pèr counséquén né podé ^ mounseignour^ 
Gronouillas soun obeurodour. 
— Taïzo-té ! sabé ce que dizé. 
Mal ïamé bien qu'un vourmon moralizé I 
laii sabé que dé mé tàs di dàu màii hantan* 
•—Mounseignour y' é^nidëz pas tan; 



(34) 
Que je me vas désaltérant 

Dans le courant , 

Plus de vingt pas au-dessous d'elle ; 

Ht que , par conséquent , en aucune &çon , 

Je ne puis troubler sa boisson. 

Tu, la troubles ! reprit cette bête cruelle ; 
Et je sais que de moi tu médis l'an passé. 

Comment l'aurais-je fait sî je n'étais pas né! 

* 
Reprit l'agneau , je tette encor ma mère. 

Si ce n'est toi c'est donc ton frère» . 

4 

Je. n'en ai point. C'est donc quelqu'un des tiens; 
Car vous ne m'épargnez guère , 

Vous, vos bergers et vos chiens. 
On me l'a dit, il fout que je me yenge. 
Là-dessus , au fond des forêts 
Le loup l'cjnporté, et puis le mange ^ 
Sans autre forme de procîès* 



(35) 

£h ! nlo pas doux méi que ïaU t^té* 
— Tu nàs menti ïaii tàii répète : 
Si co neî pas té , quéï toun firàï. 
' — Sàï fils-uniqué de mo màï. 
^- Qa'ouéï doun càiicu dé to chéno dé raço ^ 
Vou né chobas jomàï dé mé boillas lo chassa 
"Vous , VÔtréis bafgéz vôtréis chéis 
Né fas ma mé servis déinéis. 
Y màii an di , ni~màï ï'aii sabé 
Se fai tén que tout-o-co chabé 
En méîmo tén , moun lou gaflb Tognéa 
Que vio bé gréletta , tou qu^éii.tén dis so pév 
Coumo lomando dis so coco ; 
Au lou némport'é lou vou croco 
Dîs lou béii foun d'uno fouréz , 
Séi dàutro fpurmo dé proucéz, 

Qliéii rounté néy pas fa pèr rtré 
£ycoutas bien ce qu'au vàii diré.^ 
Un rich-ey tou Jour lou pu fort ; 
Un pùubré , countré se , ey ségur d'ovey tort#' 
Vàurias béii crédas véngénço 
Qu'éy toujour^ntàii pèr tou^ 
Lo fébless-é l'indigénço. 
Fan pécha d'ovey rosou* 






Y Ih La Mon a k Bùckemn. 

\J H ^aarre bâchcroDY tout couveit de raméei 

Sons le faix da ^ot , aosâ Iwen qae des ans 

Gémissant et coniltë, marchût i pas pesaos, 

£t tidiait de gagner sa dianmière enfbmée. 

Enfin^n'en ponTant pins d^effortet de douleur; 

Il met bas ton ûgot, il songe i son malhenr. 

Quel plaisir a-t-il eu , deppis qn^il est au monde f 

£n est-il un plus pauvre en la machine ronde ! 

Point de pain quelquefois, et jamais de repos: 

Sa femme, ses enfans, les soldats, les impéts, 

VI IL 



— T ■ ' ^ — 

( I ) Faubourg de Limoges^ liea d^ U naisM&ce da 
Vradncteiir. 

( 3 ) Petites broches de boh* 

( 3 ) Ronces. 

(4) fi&tons. 

(5) Hache. 



( 3? ) 

VII. Lo Mot é lou Paubré. 

l^UAlc resta vo dis Moun-moillëz « 

1 Hi'an counta qu'un joumoiliéx 

Après quinze jours* dé joUdo 

Dts l'ànnado d'au gran-t-hyver , 

Sey vey gagna peïno youmadQ ,. 

lVîo minja lou' se màï lou vec. 

Joio^* s'èy vu tallo misèro. 

Ni fét, ni trobàï, ni argën, 

9(4 po pèp mettre sou \o àén \ 

Pas no quîto poumo-dé-terro. 

( Pèr dé détëy au iién vio pa» 

Dégu Fy vio vougu préitas). 

Se , so fénno , soû trey méynajeîiC 

Toû^^avo-géns é toû bien sajeix 

Que dé trey jours n'ovian minja 

Sémblovan cin ra-t-eycourja. 

£nté nas boillas dé lo této 

Lou paubr-tbmmiT'n^u sobTopas» * 

Fogio bé fré que lo ténipêto 

Enté pourtoro-t-éîi soû pas ? 

Qu^ (fi^ Ibii bo» d4 k> J^\iAo 

Que lou bésouén tou-nlré lou guidlfi 

Pèr fas %ouo Ëiï dé broucbilloux 3 

Càticas rôundeix' 3 , càllquéis billoux 4 

Dàu bouéï-mor quàu mossa-v^à terro* 

Quéi vràï que s'iàu guéz-gu âo diourf^ 

Lou paubr-hommé dî» so misèro 



(38) , 



. Le créancier , et la corvée , * 
Lui font d'un malheureux la peinture achevée. 
Il appelle la Mort. Elle vient sans tarder , 
Lui demahdé ce quHl faut faire. 
C'est 9 dit-il , afin de m' aider 
A rec^arge^ ce bois; tu ne tarderas guère. 



(6) Pent-étre. 

( 7 ) Barre de bois k-pen-prés de la grosseur da hnh 

(8) Sureau. 

(9) Flamme claire et de peu de dwrçe* 
( 10 ) Ses pauyres enfans, 

.in) Noix» 



( 39 ) 
Guèz bé, béléii ^ coupa. ciiîqué bôrou 7 

Ce -quéy no chàuso déféndudo ; 

Ma ,» pèr bounhur sa chou éyro véndudo. 
An faï doun coum-au po soun méychan fàï dé bouéï 
' Que l'iovîo màï dé ixieyta souéï 8 

Co ly foro no pitito baudado 9 

Pèr chàufas so pàubro méynado lo 

Au sén vaï tournas ver nieijou 
Countén coumo sirio no graul-én~d-uno nou n 

Lou vey qui doun que. s^acho mine 
' En soun piti faï sur léycbino. 

A péno-o-t'éii fa vïn pas 

Au sén qu^au né^o pus nas. 

So positiii ey ctuello 

A tou momén au chancello 
Pèr né pas toumbàs sous soun fàï 
Au éy vira lou )itas làï. 
Quetto-vé tou-dé-boun au pèr lo trémountado 
I Tout à lo vé dîs so pénsado 
Au créii àuvis puras so fénno , soû pitîs 

— I nan gro choba dé potîs ! 
Hélas ! coumo van fas quellas pàubras boun-amias ? 

Au né po pus téney sas larmas. 

Ma sas larmas né toumben pas 

Las se jaléiî countré soun nas. 
Quéii pàubré molhurou , à las fis pèr possïnço 

Au eyzomino so coussïnço 

Faï soun acte dé countritïd 

£ se récoumand-au boun-dîu. 
O mor ! se dissé-t-éli , que m^àublidas sur terro y 
vVâqué ! yâqué cbiauplas terminas mo mtsèro ^ 



< 4o ) 



Le trépas rient tout guérir: 
Mais ne bougeons d^où nous sommes; 
Plutôt souffrir que Mourir : 
C^est la devise des honânes. 



ÉfelÉMaipi-*— iii»i 



(il) Soroom. 

( i3 ) Fait signe de Tenir* • 

.( i4 ) Marchande. 

{ i5) Oayerlure dans une haye^ par la^dlc ou ni 
.pient passer qu'à qautre pattM. 



(4i) 

laO tiimH tân d'àublîgotîu ! 

Saï bé déija pus nior que vîîi. 
Lo mor que l'énténdét , vénguèt pèr couinplozénço 

Lo fîiguèt qui taiv-qué-tan. 

H^bé té que crëdas tan 

Que vou tu dé mo .présénço 

Ma notr-hommé fiiguèt so 

Quan-t-àu véguèt lo margo ; 
£ dissèt à qu^U>eydéntado • 

Ëscuzo , va? , t^aï mas crédado 
Pèr m'eydas charjas moun fogo* 

laii creyrio bîén quell-avanturô 
Car lou chafTré la dé lo noturo 
Ghaz loû grans , màï chaz loû ^ pitîs 

Ey PUTOT POTIZ QUE MURIZ. 

Lou riche màï lou peillayré 
Soun bé d'occor sur qu'ëii pouén 
Que lo mor néyfrèdo gaïré 
Quan-t-Hin lo véii mas dé louén • 
Ma quan dé préz lo nous guîgno i^ 
Lo pàu faï perdre lo lé 
E tou lou moundé -barjigno '4 
Quan fku possas quéii goulé i5 



J 



BS 



( 42 ) 

y 1 1 1. La Génisse , îâ Chèçre et la Brebis ; 
en société avec le Lion. 

JU A génisse , la chèvre , et leur sœur la btebb , 
Avec un fier lion , seigneur du voisinage , . 
Firent société , dit-on , au temps jadis ^ 
£t mirent en commun, le gain et le dommage. 
Dans les lacs de la chèvre un cerf se trouva pris. 
Vers ses associés^ aussi-tôt elle envole. 
£ux venus , le lion par ses ongles compta ; 
£t dit : Nous sommet quatre à pMtager la proie. 



■«■M 



( 1 ) Chèvre. 

( a ) Mettre. 

{ 3 ) Tout leur ayoir. 

(4) Partageront. 

{5) Invente. . 

(6) Haler. 

( 7 ) Co-partdgeans. 

( 8 ) Ne tarda pas. 

£9) Déchirer. 

(lo) Quartiers. 

(il) Déplie. 

(la) Ongles, griCfcs. 



(43 y- 

V 1 1 L VauçeiUo , h Chabro è h Jùnjp 
dé fnéyta caumo lou Lioun. 

IN'auveillo, Tio bîbî, I no jùnjo 
( Déychio qui gnio gro dé méysùnjo ) 
Toutas tréy coum-^ùn lioun, (risas lé vonita ) ! 
Se néyrén picas a dé méyta 
Dé touto'lour pàubro dénado 3 
.T toquén dîs las mas , no boilletl-ëy poitôado 
Entré toû quatr-îs partiran 4 
Toujour é tou ce- qu'îs auran. 
Quouéy fâ , quouëy di , un se rétiro 
E chacun dé soun coula viro. 
. . Lo chabr--énginj-vn 5 troconar 
Màï lo l'y rapo bien no bîcho , pèr hozar. 
Plo counténto dé lo l'y véyré 
EUo d'huchas 6 soû parsbuniez ! 7 
E lou lioun , coum-un po "plo crëyréi 
Né pngnèt 8 gro à vénî lou darniez ; 
Sangiti! se dissé-l-éii à touto Fossénibla'db. 
* Vol-esséy votre méytodiez ' * -^ 

Sabé bien partiz lo dénado. 
Louvéyqui d*eycébras 9 en quatre grans partéux xo 
Las chars ni-maï loû os , deych-à las qiiîtas peux 
To-plo coum-aurio fa pén houn paï dé fomillo 
Péy so gpïf-àu déyrégrémillo n 
Péy counto sur soû andilloux ; la 
Assa ! se dissé-t--ëu ^ nHàuro pas dé jolouz. 



( 44) 

Puis en autant de parts le cerf il. dépeça; 
Prit> pour lui la première en qualité de sirç ; 
Elle doit être à moi , dit-il ; et la raison , 

C'est que je m'appelle Ifon : 

A cela Ton n'a rien à dire. 
La seconde , par droit me doit échoir encor : 
Ce droit , vous le savez , c'est le droit du plus fort. 
Comme le plus vaillant , je prétends la troisième. 
Si quelqu'une de vous touche à la quatrième, 

Je l'étranglerai tout d'abord. 



( i3 ) Gros morceau. 
( i4 ) Befroigne. 
( i5 ) Moisie. 
( 16} Pincée. 
( 17 ) Poche. 
( 18 ) Les oies. 



mm 



C ' 



1(45) 
( É mous tr^y assouchà de riri •! ) 
m Lou prémiez tros , i3 lou dëvé v^y 
« Pèr-l'cmicrair que sàï vôtre réy, » 
Deycho qui * n'iovio ré-t-à-dîrë ; 
Toa seignour ' 

Tou-t-haunour ! 
Jomiï lo primàuta couittr-^n lioun se barjigno ; 
Éytopàii dëgu se réchlgno. i4 
« Dëvé vëy aussi lou sëgoun 
« Pèr— cé-qué ïaîi mé pëllé lioun. » 
' Chacun ley-doun counéguèt plo so fàuto 
Mas pén nàazèt braalas ni péz ni pitito** 
« Lou troisième Fauraï , p^r-lo-sang-pèr-Io- 

* mèr ! 
« Pèr-cé-qué îaii sàï lou pus for. » 
Quéllo rosou néy pas tan chauménido ! iS 
Lo se prén toujour pèr counlan. 
« Dàii quatrième bo^iisst festan 
« Si càiicu soulomén vio no quîtt-émbrussido i5 
m làii leytranglorio tan-qué-tàn. » 

Quéii count-ëy plé dé moralo 

Ma veyqui lo principalo, - 
Quéd que se frétl-à-d'un leyrou 
Hé ramplîs jomaï soun {[otou 17 
Cambë de meyjotnP rou^ynodaa 
Pèr ovey fa tou--poriezi 
Chacun fazé soun meytiez 
L'auchas 18 siran bien gardodas. 



(46) 

I X. La Montagne qui accouche. 

Une montagne en mal d^ enfant 
Jettait une clameur si haute , ^ 
Que chacun au bruit accourant, 
Crut qu'elle accoucherait , sans faute , 
D'une cité plus grosse que Paris : 
£lle accoucha d'une souris* 






( I } Gros bourg à trois ou quatre lieues de Limoges , 
pays de montagnes. 

»(3} Laide. 

( 3 ) Enceinte. 

(4) Cri, bruit. i 

(5) La paroisse effrayée. 
'^ ( 6 ) Grandes C<diqnes. ^ 

( 7 ) Femme Vn couches. 

(8) Cris perçans. 

(9) Toute entière 9 complette. 



J 



(47) 
IX. Lo Mountagnopreyt-^'couchas. 

» 

U N o mountagno de Granmonn i 
Oro , ^ négro roum-un démoun 
Se troubav-émborossado.3 
• E meyitio fort avançado • 

Pèr-qué l'eyro sur soun tén 
Lo nén vio dé-tën-én-tén 
Càiico pitito brundido 4 
E lo porofB-eypàiirido 5 
Parla vo dé se cochas 
Pèr lo pas veyr-ocouchas. 
Mas qùaii las grandas tréncbodas i 
Préngueyrën à lo jozën. 7 
Lo nén gu(^t dé l'eyctcliodas 8. ^ ' 
Qu'eyfirédeyrén plo mo-gén. . 
Toû loû bouïé?: toû loû pâtréyx 
Se niéttén^dé mai^nuzas. 
S'ovizén^-îs pas quîs diâtreyx 
D'oyanço dé botizas 

Lou méinagé ? 
Co siro cSiiqué vilâgé ! 
Co siro càiiqué châtéii ! 
Co pourio b-essçy , béléH 
^ Mo yilo tout-émpénado ! . • • ; 9 
A las fis'Uey ocouchado ? . 
Que Tyo lou boun-diu boilla 
Un piti ra» 



• m 



(43.) 

Q^àiod ie ^nge à cette fable,. 

Dont le récit est meoteur 

£t le sens véritable , 

«^e me figure ua auteur 

Qui dit : Je chanterai la giierre 

IQue firent les titans au maîtiçe du to^^narre. 

£'est prome1il£e heauccmp : mais qu'en sort-il 

souvent? 

Du veçit. 

Vey 



( 10 ) Un prësomptoeuf» 
<ii) Un» coqt bottée 
(xa) Edos. 



« « • 



( 49 ) 
Vey-qui lou portrët d'un ëmptanco. xo 
Au sait tou fus , ré né l'y manco 
Que faï-t-4^ si' au ey préy au mou? 

Ré dàiitou. 
Qué-1-herculé n'ey ma no. raco^* 
Quëii bucëphalo , no potraco , 
Qu%ii gran g<^an , un jàii-bouta ix 
Quëii béii chatëii ^ no bicoco , 
Quéii sôbën n'ey ma n'entêta. 
E quéu libre A)uvéu ! tan vanta dis so côCO ! 
Quéy— ç-co quan qu'ey eyii ? t2 
Quéy-o-co quan qu'ey légi? 

La bézi. ïï * ' 



E 



X. Le Coq et la Perle. 

\J N jour un coq déterra 

Une perle qu'il donna 

À. ' • ■ 

Au beau «premiei^ lapidaire ; 
Je la crois fine , dît-:il ; ii 
Mais le moindre grain de Itiil 

» 

JSeraît bien ihiei^ mon aff^re'» 



• i . -i- 



«BMMiMt^HMi^a^tagMHta 



( 1 ) Emplacfiment où Ton fait pourrir U. feuille , 
deyant la porte des métayers. 

( a ) Orfèvre , ie plus ancien de Ljnoges. 

(3) Balayure. 

(4) Poitral, estomac* 



(Si,) ■ 



X. Lou Jàu que trobo un Dièman. 

\J N viey jàii 

Dis n'eyràii t 

Tan grotèt 

Quàii troutèt ^ 

Un dièman 

Bien brillan. 

Propromën ^ 

Aii lou prén 

£n soun bèt ; 

Lou pourtèt 

Sur lou tar 

Chaz Blanchar ^ 

Lou prémîéz 

Bi joutiez 

Dàii cartiéz* 

Qu'ouey plo béiî 

Dissè-t-é'ri. 

Quéii rubis 

3Êy Ai pris; 

Ma pèr jnë 

Co n'ey que 

Dàii bouri; 3 

Lou veyqui y ^ 

Fozéz nën 

Forç-argén» 

Moun parpaï 4 

Aïmo maï 



(Sa) 
Un ignorant hérita ^ 

D'un manuscrit, qu'il porta 

Chez son voisin le libraire. 

Je crois , dit-il , qu'il est bon ; 

Mais le moindre ducaton 

Sçrait bien mieux mop affaire. - 



i^i ■» 



(5) Grains de nul. 






(53) 

- . - . V4y doÀ^riy 

Grûs, dé ,mëï. 5 

îTîgnoïén lïeyrëdîfèt 

D'un monuscrit qu'àii pourtèt 

Cbaz lou hé'4 préxniéz libr^ïré. 
Crëzébien, dîssé-t-éii , que dîs qu'ëii monuscrit 

L'y déii vey Lîën de T esprit ; 
Ma doû-ttéy sàii-i-4lrkâ forian miermocin.o&iré» 

Quan d'héybêtis que fan coumo lou j^it ^'' 
£ për gardas loâ tlé2, }î%tén l^it lov ÎK)B|àîi }• : l» 

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(54) 
X I. Les Animaux malades df la. pe^ie. 

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U' ■■'"-■ ' ' 

N mal qui répatid la terreur, •' 

Mal que le ciel en sa fureur 
Invintita- pour punir les jcrim^^de la terre , 
La pe^te^ (puisqu'il faut l'appdey par son nom ) 
Capable "d'eojrichit PB uxijçMT J'Acbérpa , 

Faisait aux animaux, la guerre. 
Ils ne mouraient pas tous; mais tous étaient frappés, 

On n'en voyait point d'occupés 
A chercher le soutien d'une mourante vie ; 

Nul mets n'excitait leur envie: 

Ki loups ni renards n'épiaient 

La douce et l'innocente proie ; 



( I } Versa abondamment. 

/ ( ^ ) ^'^^ * taîhc-ouverte» 

f3) Balaye sans rien laisser. 

( 4 ) Labouré. 

( 5 ) Grande pièce de terre où l'on ensemence le^ blé. 

( 6 ) Nom du local acquis pour faire lé cimetière actuel 
de Limoges. 

( 7 } HurlaietI » 



(B5) 



X I. Las Bétias molàûdas dé h Pesto. 

TT . 

^ N jour lou boun-diu en couléro 
fioujèt I no molàildio sur teftro, 
SPèr un-piti motas messîéux loA animàiix 
Que déypéy tan-dé-tén l'y fogian tan dé màiî, 
I^ou boun-diii sobîo faé que jontaï' là fomino 
iN^ànï^éntras .-dîs lo, cousin^ . 
Dàiis réys mai dàùx courtizans 
Lo n'ey mas pèr loû péïzans. 
Ma lo mdlàiidi^ëyfrountado 
Que. Içy-dçun fuguèt boujado 
Eyssëgo lo gén tout-à-taï , a 
Lo boueyfo bourî-t-é bolâï. 3 • 

Qnéllo in0làiidt+-ini{]âjtQyaibl6 
ÉUo tqutp soul-ey copablo 

Dîs trey jours d'ovey bloda 4 
Tou lou chodan 5 dé Louya. ^ 
Mblâtiidio <ixt.^ ré né ch^sQ -. ^ 
Molàiidîo qu'en un mou râtell-énté lo passo ^ 
Lo pesto ( pèr-qué fàu lo pelas tou-dé-boua 

Vèrsàiin Véritable floto^ . > , i 

Lo pesto fugpbt .doua no, tranço gén^ralo 

Pèr touto lo raç-fonimalo 
Le4ftWÀyx.awï loû-forisi» .lQÛ.graRS.ja4î Iqû piti5_ 
Créjîan toû ^én onas muriz ; 

Isbromovan^7 . ^, ; 

Se trëynovaii , , 

.1.-.'. ,./- ; 



• • I 



(56) 



'*»<» • t j * 






a 



\j^^ tourterelles se fUyaient ; 
. ( Plys d^ amour 9 partant plus de joie» 
Le lion tint conseil.; et dit : Mes chers amis, 

Je crois que le ciel a permis- 

Pour nos péchés .cette infortune r 

Que le plus coupable de nous* *' 
Se sacrifie aux traits du céleste courroux ; 
Peut-être il obtiendra I» ^iici4son* ccnnmiinc. 
L'histoire nous apprend qu'en de tek * accidens 

On )fait de pareils .dévoûjnens*. 
Ke nous flattons donc point, voyons sarns indulgence 

L'^élat de notre conscience. 
Pour moi satisfaiiani mQS appétits gloutons, 

J'ai dévoré fôrfeé immtortA 

( 8 ) Mile ou ftmellc 'pour i*aicoi];rféè; I - ' ' 
(9) Poursuivre au galûp*^ i •./( î < 1 

( 10 ) Aiguillonne, ? i't v.i. -i" Jl 

( X I ) Appaiscr. 



(57) 
Sey pensas 
A chçssas. 
Ordre dé fas pënit^nço ; * 
Bîs tou l'eyta Fio défénço 
Dé prénèy 
^ Pén plotèy. 
TLo fidello 
ïourtërello 
Pus né VIO 
D'oporio 8 
N'io pus dé Ion que covalé g 
Loû pâtréys inàï loû moutons ; 
N'io pus dé rénar qu'avalé 
Ni poulettâs nî dïndous. 

^y~f^^^ lou lioun que gouverno 
laï v.énîa dis so côverno 
Toû loû pitis màX toû loû grans 
E lour dit « Mous pàubrêy-ëfans ! 
« Lou boun-diu noû tol<ifisso xo 
« Jomaï Taï vu tan fâcha. 
« Quîs lo mey tan en molisso ? 
<f Co néy filas nôtreys péchai 
» F osan l'y doun lou socrificé 

« Dàu pu couqui d'entré noÛ 
« Que quéuquî tou-sou périsse 
« So mor noû sàuvoro toû. 
« làï trouba dîs mo mémôrio 
* Qu'à Roum-îs se fogiân glôrio 

« Dé quéu pouén .dé réligiU 
« Pèr opojas n lou boun^diu 
« Vàu dizé coumo ïàu péiué 



(58) 



Que m^avaient-ils fait ? nulle offeiise. 
Même il m^est arrivé quelquefois de manger 

Le berger. 
Je me dëvoûrai donc , s^il le faut : mais je pense 
Qu'il est bon que chacun s^ accuse ainsi que moi; 
Car on doit souhaiter, selon toute justice , 

Que le plus coupable périsse. 

Sire , dit le reifiard , vous êtes trop bon roi ; 

Vos scrupules font voir trop de délicalesse. 

jEh bien ! manger moutons , canaille , sotte espèce , 

£st^ce un péché ! Non , non ; vous leur fîtes , 

seigneur , 

£n les croquant beaucoup d^honneur. 

( la ) Qobé , ayalé. 
( i3 } Crosier. 
( 14 ) Bombanee* 



(59) 
u £ pèr v'au prouvas ïaii couméncé 
« Lou béii prérnîéz mo coufessiii 
« laïpld , pèr-loû-ségur, offénça qu'éîi gran-^diii! 
« Déy-pey que ïaii saï sur lo terro 
« ïaii nàï fa péyno justo guerrô. 
« Quan dé moutous que ïaï bouffa ! n 
« Que mé vian gro jomaï ré fa 
à ïaii aï méymo , no-vé , possa pèr mo gourjéro là 

« No bargéro t 

« Moun omita pèr^i|DÛ é pèr yâtro- ^nta 
« Mé racho 10 franche varta. 
' « Héb-àuro si fiû que périsse , 
«t Que Vossémblado mé chàussissë ; 
« CrRé , 'pertan , crézê dé bouno-fé 
« Que chacun d^éii eycî s^ôccusas coadcio mé 
« Séy co lou tribunàil né sirio pas (^opabté 
« lyé coufiéytté lou pu coupable. 
«. Pensa- v-éntàii ? » Aplo , dit lou rénar 
Que vàu fas pér-tout soun bovar* 
Aplo! mal podéz-vou oyey gu lo pénsado 
Que vôtro mojesta péch-essey coundamnado fi 
Mai mo fë quéy pi— un béii pécha ! 

D'au ♦cha 
Quan v'àurias fa lo dégueillo x4 
Dé càiico méychant-àuveillo ! 
Dé càïïqueys cheytis moutous! 
S'î loû minjoyan pas, à que sii4ant-î$ bousTi 
V'ovéz croca càiico pitito fillo î * 
Bouey ! co n'ey mas no pécodiUo» 
Né dirio-t-un pas aprez-tou 
Qu'une bargér'-ey lou peyrou f< 



\ 



(6o) 
Et qtiatit au berger , l'on peut dire 

Qu'il était digne de tous maux , 
Étant de ces gens-là qui sur les animaux 

. Se font un chimérique empire. 
!^insi dit le renard; et flatteurs d'applaudir. 

On n'osa trpp approfondir 
Du tigre 9 ni de l'ours, ni M autres puissances y 

Les moins pardonnables offenses.' 
Tous les gens querelleurs, jusqu'aux simple^gnâtius^ 
Au dire de chacun , étaient d^ petits saints^ 
L'tnevint à son tour, et dit: J'ai souvotiauce 

• 1 Dé 



^mmmmmm * f i i ■—— in^^^—MM»— m 



( i5} Applaudir en batunt des mains. 



i 

I 



(6i) 
D'oiUour, l'ey dis soun tort. Dévîo-t-eyl-i sônn âgé 

Emborossâs vôtre possàgé ? 
Mé né vézé mâs qui un chatimén d'au céiî 
iio mérita vo piéï bélëii. 
Quelle conaillo , 
Quelle rocaiHo 
Ey ré-qué-vaillo 
Pèr iâs ripaillo 
E vou lour véz fa , MoUNSEiGNOtR 
En loû crocan , bëiico d'hàunour. 
Qu'ey pl-énlàii que faï soun prôné 
Quéii que praïch-autour d'un trôné : 
Loû gràns sounffa pèr vantas, 
Loû pitîs pèr cliopétas? ï5 , 

Aussi las bêtias cliopétcrén 
Chacune lour tour las vénguêrén -• 

S'ocusas bounomén dovan lou coumita 
Dé tou lou mh'ù que las vian fa. 
Loû jugéys subré chaco phrase 
Pessevan coume sur le brâso ; 
E l'ours, lou tigré, màï lou lou 
Mougra toû leurs grans tors , guêrén toujours 

roiou. 
Loû pécha dàu rénar n'eyran mus no finessb , 
Quîs dàu singé dàus tours d'odresso 
É lou juri, dis toû soû juj.oméiis i 

Nén aurio fa dé toû presque dé pitîs s^oa/ 
A las fis ^ yiné çé çrésénto i . . 
L'àiireill--én l'air , Tamp counténto ^ ; 
Dé se ^t-àu no jomài gu. . - • > 
L'en vie de fas màii à dégu. 

F 



( 62 ) 

Qu'en un pré de moiaes passant , 
La faim ^ T occasion , Fhêrbe tendre , et , je pense, 

Quelque diable aussi me poussant , 

Je tondis de ce pré la largeur -de ma langue. 

Je n'en avais nul droit , puisqu'il faut parler net : 

A ces mots on cria haro sur le baudet. 

Un loup 9 quelque peu clerc , prouva par sa 

harangue 

Qu'il fallait dévouer f.t maudit animal , 

Ce pelé , ce galeux , d'où venait tout le mal* 

Sa peccadille fut jugée un cas pendable» 



(16) Gratter. , 

( 17 ) Eplucher, . ♦ 
( 18 ) Jleligieuses/ 
( 19 ) Licence , li})erté non permise, 
(.aô) Bouctiée, < 

(31) Le pins gros de tou« les pécliés, 
( !I3 ) Heligieases. 
( a3 ) FîPiandé 



"S 



(63) 
Bé béu dé grovéchas , 16 d*eypiàuzas i7 so 

coi*ssïaço 
Au se tras-souvèt bien cTuno ûut-assez mïnço* 
làîi xn^ociisé , sé^is^è-rt-éiî 
Qu'en mo charjo sur moun ponëii 
Possan pèr un pra dé béguiiias ^ 
Séntiguéz tbu-d'un-co déyrnïnjas mâs norinajf 
Quérêyqué Fàudour -mé flotèt , 
Quell-herbo fréicho mé téntèt 
Béléii lo fan que mé préîssèt 
Càiiqué diabté que mé poussèt 
Que sabé ïaii ! mâs nén guéz n*eylampiado 19 
Mïnjéi no pitito gourjado ^0 

i Dé piss-ën-lièt ; 
Coumo dégu lo mé boillèt, 
laï régrèt que lo chio ràiibada 
É mén coufess-à Tossémblado. 
O lou couqui ! ô lou moràîi ! 
Lou veyqui ! lou veyqui ! lou pécha foumîcàu ! il 
I Sfi-crédèt càuqué lou qu'eyro .dîs lo tribuno. 
'(£ quéu lou n'eyro pas d'uno raço coùmuno; 
I dijîan qu'au vio éyta 
Un pàii cliar cbaz n'ovôuca) 
.Yey qui plo d'ouD vèt lo couléro 

D'au céii countré lo terro, 
Coumo fhvL éytré scéléra ! 
Pèr ràiibas'Thérbo dlsHin pra !^ 
£ xhàuplas , lou pra dé lâs méras ! 33 
Co n'ey pas prou dé lâs goléras. 
Qu'au léchodîéz ! . . . . a3 qual-ey firounta 1 
yéz-v-àuyi coum~àu s'ey vanta 



(64) 
Blanger Therbe d^autnti l quel criniie abominable , 

Rien que la mort n'était capable. 

« • - 

D'expier son forfait. On le lui fit bien voir. 
Selon que vous serez puissant ou misérable , 
Xi«9 jugemehs de cour vous rendront blanc ou noir. 



|B*i 



I 11^ I 



MRM*MB*a**H«Ma«i 



( a4 ) La peine de tous. 
( »5 } G)UTert de baUlons* 



* • 



\ . 



' ( 65 ) 

Péno dé mor ! qu'en pensas vàutreys ? 
. Tciu lou c\hb^ crédèt , brdro- ! ' - 
£. sur Fané , haro ! haro ! 
Lq counvén^îii décrétt-én mâsso 
^ qu au siro ittei 

f Hor-dé-lo-léï 
E pourtbro lo poulinasso H ^ 
É quéii molhuroû pécâta 
Poy^ bien se tou soû , reyco d'au coumita » 
N'iovio dégât pèr .lou défendit ' 
Se fouguèt bé doun léyssas pendre. 

^ . Qéui.Qo^tà^lod count-asség tfro ' 

Que séy véy vu lo proucéduro 

!Noû podén dovînas màï bien eyzadomén 

Coumo siro lou jujomén ^ 
"Véy-€pii couméii : 

Si qu'ey un riche qu'ey coupable 
Chas ségur que soun cas n'ey jomàï coundamnab^é 

Entré rîchéys qu'^ey n^éntéridu ; 

Mâs pèr pàii qu'au cho minable a5 

•Pàubré , féblé, misérable 

Chas ségur qu'au siro péndn* 



F 5 



( 66 ) 



4 » 

X 1 1. Comeîl tenu par les • Rais. 

V/ N chat , nommé Rodilarclus • 
Faisait des rats , telle déconfiture , 

» 

Que l'on n'en voyait presque plus , 

_- * 

Tant il en (dvait rais dedans la sépulture* 

Le peu qu'il on restait , n'osant quitter son trou j 

Ne trouvait à manger que le quart de son sou j 

Et Rodilard passait, chez la'gentumisérable, 

Non pour iin chat , mais. pour un diable. 

• -* ' ' . 

Or, un jour qu'au haut et au ïoln 

Le galant alla chercher femme , . 



( I ) Assb« 

( a ) Quelquefois. 

(3) Aussi-i)i«&^ avsfti» * /^ 

(4) ^ pc- 

( 5 } Renfermé* 

( 6 ) ObUgé. 

( 7 } Aucun y personne. 

(8 ) Besoin. 

( 9 ) Fermer k verroml. 

( 10 ) Matou y chat màle« 

(II) A« hasard, k rayeugle. 



' ( «7 ) 



X II. Lou ChopîM téngupèr loù Rats. 

Ur , ' • • .1 . 

N méytré chat nouma RodlffarOu^ ^ 

Vio £31 d'au rats nô talïd marmélado * 
Que dis toû Idâ groniëz , ^'ën vëjio prè»^é pus 
Tan lou drôle néii yio ipéï en copUoutado ! 

Rodillard siclia i sur soun cû 
Restava càiicas vé a tout tin joui- à l'ofRl , 

. Eytbpàû 3 Rodillard gojbavo 
Tan loû rats dé groniéz , c6unio loû rats dé cavo, 
( Quîs damiez , dé ségur , n'eyran gro regrettas ) 

Lou pàii 4 que nén eyran restas 
N'auzavo pus sortis pèr tias cherchas so yito ; 
£ dîs chaque cros , chaque ra 

. jQuIeyxû .bo£a,£ .«« w 

Eyro vira 6 
Jûnâs piéï qu'un harmito. 
Pén 7 né vio pus m'eytiéy '8 dé horouillas 9 soun 

lard 
£ quéii cartoucho Rodillard 
Possavo dîs l'esprit d'au peuplé misérable 
Noun pèr un chat , mâs pèr un diâblë. 
Un béti jour que nôtre margàii io 
Sën mountèt dîs loù goUitàii' ^<' "^ . 
Pèr arrêtas soun morîdagé 
£ pèr éypouzas &â&-écé^briii')i , 

Lo prémiêro dàu Vésinagé 
Que se trouborio dîs louslàiifc • / ( 



' ( 6» ) 

Pendant tout le sabbat qu'il fit avec sa dame , 
'Le demeurant' des rats tint cbapitre en un coin 

Sur la nécessité présente* 
Dès Tabord , leur doyen , personne fort prudente. 
Opina cpi'il fallait , et plutôt ^ue plus tard , 
Attacher un gi'éiot au ton de Rodilard ; 

Qu'ainsi^ quand il irait en guerre, 
De sa marche avertis ils s^enfuiraieat sous terre ; 

Qu'il n'y savait que ce moyen. 
Chacun fut, de Tavis de monteur le doyen: 
Chose fie leur parut à tous plus salutaire* 



13 ) Biai^ 

i3 ) Se cônnaissaitr 

i4 } TJb prétexte , un~ motil» 

i5) Une souaette. \ 

»7 ) "Une épingle; . 

18 ) A son col* 

19} Noms ejpi^sdronw» 

ao y Alor». . 

31 ) Premdra le htgs d^rasncw 

33 } Deux on Uoiê- pieds* - 

33 ) A« moIlM» 



<69) 

Péndëa fué sélouo lour usagé | 
lioû nôvîs fogian lour topagé. 
Toû loû rats ^pié loû séntén louën 
Ténén chopitré dîs un couën , - 
É dëlibérén sur quëii pouén; 
Pèr s^eyzantâ dé lo gobello , 
Bâtîrant-îs no dtodello ? 
Quéii mouyën n'ëï pas tan s^uf 
Rodillard grimporio dessur. 
N'iran-t-îs otocas en masse 
Lou redoutable cha-dë-chasso F 
Lou cas sirio tro përîlloux. 
f^ut troubas càiiqué biâï i3 pAs doux^ 
Ley-doun lou douyën de lo bëâdo 
^ Que se counëych-ën i3 countrébëndo 
Sissfet , sâbë n^ëncKéyzou i4 
Pèr lou tnëttr-à lo rosou. 
* "VàutrJîsn^o mâs vèy n^eychînîo , x8 
Dàu fiu i6 no guill-aubé ti'eyï)ïnlo. r? ' 
Quan dîs souncouén'dë fët lou nrotou 'retrfdoro 
£n soun càii xS bravomën cÀiiCu Teytocliord 
Quan n'àuvifën* 19- quelle soui^ëitb ^ ' 
Ley-<loun ao sëy tambour , sèf U'jbéiAipèÛo 
Chacun prëndro soun ëycampi; ai 
Ê Tnéytrë Rodillard sirio cën vë pus fi 

Noû sîran doû-trey pëz aa sou terre 
Quan quétt MrffelUU'Tlîro-t-ën guerro* 
laii ne couneïssë pas d'autre melUour mouyën* 
Chacun ëï de Tovis dé moussu lou douyén ; 

Mouyënan quéii tour d'odresso 
Is soun d'àumïn a3 ségur dé counseryâ Fespesso ^ 



(70) 
La difficulté fut d^ attacher le grelot* 

L'un dit : Je n^y vas poiut , je ne suis pas si sot« 

L'autre : Je ne saurais. Si bien que sans rien faire 

On se quitta. J'ai maints chaplltres \^^s , 

Qui pour néant se sont ainsi tenus , 

.Chapitres , non de rats , mais chapitre de moines 9 

Voire chapitres de chanoines. 

Ne faut-îl que délibérer ? 
« La cour en conseillers fobonae ; 
£st-il besoin d'exécuter f 
L'on ne rencontre, plus personne.* 



( a4 } Maintenant. 
( »5 ) Coudre, 
( a6) Je Paurais bien. 
( 37 J Pe même , c'est ainsi que. 
, ( aS ) Aiyooid'htti finissent ceu* 



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Auro 94 vé s'i^gis mâs €l'ej/>€hâs Ion grâo 

Qu'î siro co ? 
Noun pas me disse l l'un ; ni mé se dissët Tàutré* 
Vou ? moussu lou douyén ? . . . • quëy vou sàî— 

qué-dé-làï. . . «. 
Mé ? . . . . l'azé fiché si quëï vràï. 
E pàr-qué mé pûtd qu'un aûtxé ? 
Sén troubèt pén dé prou so 
Pèr nâs couséy aS lou grélo . * 
làii guêy bé a6 devina d'ovanço. 
Loù rats s'ey vey ré fa lévèrén le séanço. 

£ntàii 37 se téignan àut^téns 
L'ossémblodâ dé péniténs, 
Entàii loû chopitré dàû mouéynéîs 
Ëntàii au séy-d'ané aS chabén quîs dâû cho- 

nouéynéîii 
Quan né ÙluI màs délibéras 
Jjoû counséillez plavén à verso ' 
Mâs s^ogîs co d'eyzécutas ... ,, 
Dégu n'aïmo lo countroverso 9 
Is trobén toû no porto dé dorëy 
•Pèr tiras lou cû én-or-éy. 



. • ;.'! '1' 






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^"^ ) 



1 
XIII. Xe Chêne et le Roseau^ 

« 

XJe chéné un jour dît au roseau : I 
iVous avez bien sujet d'accuser la nature ; 
Un roitelet pour vous est un pesant fardeau; 

Le moindre vent qui d*îaventure 

Fait rider la face de l'eau 

Vous oblige à baisser la tête : 
Cependant que mon front, au Caucase pareil) 
Non content d'airôter'les rayons du soleil , 

Brave l'effort de la tempête. 
Tout vous est aquilon ; tout me semble zéphir. 
iËncory si vous naissiez à l'abri du feuillage , 

Dont je couvre le voisinage , 

Vous ta^aurîez pas tant à souffrir; 

Je vous Refendrais de l'orage : 



» i| I' 9 I H »|i» ■■■ ! ■ 



( I ) Le jeune saule ^ mie k la place du roseau parce 
que l'effet produit devient le même* 
( 3 ) Boitelet. 

( 3 ) D'un trop g£^.â.J^oid0^ . , . 
(4) Souffle. 
( 5 ) Un pont. 
(6) Le yent du midi. 
^ ^ ) Sud-Ouest. 

( 8 ) Vent redoutable sur la Garrone. 
(9) Cache. 
(10} Ruisseau. 



(73) 

• •• 

XIII- Lou Rowéï é t Assoler. 

\J N jour, un gran-ë-gros rouvéï 
Dîgi-à-un piti-t-asjoléï i 
Uoini tâs bien sujet d^ocuzas lo noturo; 
Car , entré noû , forio bien la gojuro 
Que lou pus piti réy-béïnéï » 
Sîrio pèr té d'un tro gran péï. 3 
Lou mïndré piti yen que bufo 4 
Té faï bëïssas to pàubro tufo. 
Pèr xné sàï ségur count-un poiin ; S 
Maugra Faute , 6 maugra lo bizo , 
Maugra lou pluyàii , l'armorijo 7 
Counservë toujour mon bploiin. 
É lo pus toriblo témpéto 
^ Mé forio pas courbas lo têto 
Quan Moâcorôt 8 n^àurio jura. 
Mouri froun , coumo lou moun-Jura 
Catto 9 lou soléï sur lo terro. 
Ité dirio pas tan ré d'énguéro 
Si lou ^boun-diii 
Té fbgio pas vénîÀ toujour au bord'un riiî, x«^ 
B^iiumïn chiàu té vio gu méï dis moun vésinagé f. 
Té crubirio dé moun ourabragé; 
Té virorio lou màuva-tén ; 
£ lo fraïchour dé moun féillagé 
Té randrio pus gaï , pû^ countén. . • r ; 
" '-^ Bouey n^oyez pas tan dHnquiétuda 
Ni tan d'eynéï, 
. Dit l'assoléï. 
Sir lo témpéto lo pus rudo G s 



r>wrP^^»'t 



(74) 

Mais vous naissez le plus souvent 

Sur les humides bords des royaumes rfu vent, 

La nature eavers vous me semble bien injuste. 

^ Votre compassion, lui. réj[>ondit T arbuste , 

JPart d^Un bon naturel , mais quittez ce souci ; 
Les vents me sont moins qu'à vous redoutables r 

Je pUe et. ne romps pas. Vous avez j^usqu'ici 
Contre leurs coups épouvantables 
Réçisté saas courber le dos; 

Mais attendons la fin. Comme il disait ces mots ; 

Du bout de Thorizon accourt avec furie 
Le plus terrible des enfans 

Que le nord eût porté jusques-là dans ses flancs. 
L'arVre tient bon ; le roseau pUe. ^ 
Le veQt redouble- ses efforts • 
!l5t fait si bien qu'il déracine 

Celui de qui la tête au ciel était voisine,. 

Et dont les pieds touchaient à l'empire des morts. 



( II ) Jusqu'à ce Jour* 

( la ) Pevuétre. 

( i3 ) Ce soir même» 

( »4 ) Plier» 

( i5 ] QiMnd U favt. 

(17) £a Gome*ficIie. . 

( iB ) Verse èi grands £lot|l< 

( 19 ) Dans le rubseaii. 



(75) 

Béléii i^ vou irou séy tro vanta« 

Moun omi ! quaii-t-tirl éy Sage ^ 

Fàu , pèr âé mOucaà Dàû cfiéiâ 
Oifét fiodéa Cou. piCaqéé 
Otcndan à dénio!...< maï béléii quétëséi.,*. "A 

Pèr n^àûtréis pàûbréis assolëïs 
Né i'îsquén pas tan qiié voû d'un ànrag^^ 

Neû soun l'eyzatnplé d'un sage 

Que sêt pléjâ ^4 quan fàu i^ é que ne roumjotnaY* 

Au n'aurio béléii bé di maï; i6 
Mâs touMl'un-co nén vënguèt no bufado 

Si torriLlo ! si b'opouyado I 

Qu'àuriâ dî que tou l'uni véf 

N'avo vira las châmba-n-léi'. 

É quel-àubré doua \o rocino ^ 

Dé l'anfér éyro vézino 
Quél-àubré qu'en soun chopétt 

Vio tan ménoça lou téii ; 
Quél-àubré tan fier, tant béii 

Foguèt lo corno-budéû. 17 
L'assoléï pWjèt jusqu-o-terro , 

É Fass^éï duro béléii ji^énguéro. 

Jomai né méyprésan dégu ; 

Un' home nén vàu toujour n'adtrëy 

Quéîi que se ri d'au màii d'un àûlré 

Kén àuro, chàii nén o pas gu. 

Lo grandour maï lo fourtuno 
Soun no méychanto cossiii ; 

Loû gros maï loû pitîs , loa sovléï maï lo luno 

Soun toû rodtragé dàu bouti-diti 

Que boujo iS quan Ty plâs , loû pus fier di» lou 

riii. '9 



(76) 
X I Y, Le Coç et le Renard. 

O U R la branche d'un arbre était en sentinelle 
Un vieux coq adroit et matois. 

Frère , dit un renard adoucissant sa voix , 
Nous ne sommes plus en querelle: 
Paix générale . cette fois. 

Je viens te r annoncer; descends, quejet'eipbrasse. 
Ne me retarde point de grâce ; 

Je dois faire aujourd'hui vingt postes sans manquer: 
Les tiens et toi pouvez vaquer. 
Sans nulle crainte , à vos affaires ; 
Nous vous y servirons en frères» 
Faites-en les feux dès ce soir; 
Et "cependant viens recevoir 
Le baiser d'amour fraternelle. - 

Ami , reprit le coq , je ne pouvais jamais 

Apprendre une plus douce 'et meilleure nouvelle 

Que celle 
De cette paix : 
Et ce m'est une double joie 

De la tenir de toi. Je vois deux lévriers | 
Qui , je m'assure , sont couriers 
Que pour ce sujet on en^ie: 

Ils vont vîte , et seront dans un moment à nous; 



( I ) Le coq. 
(a) Chêne. 
( 3 jT Flagornait. 
( 4 ) L'estomac. 

(5) Lestes, dégagés. 

(6) Dératés. ^ # 

( j }^ Petit chemin dans la campagne. 



(77Î 



»^A^»W^^VWW W %^A»V^^W%^A^/V^^VW»' 



XIV. Jmu Rénar é lou JàU. » 



U 



N jàii jucha se câravo 
A lo cîmo d'un rotivéï. » 
Un rënar qu^ FamioUvo 3 
Lou crëjio déijâ ténei. 
-— Moun boun-omi ! mouii coromaJol 
Entré noi! lo guerr-éy cfaobado* 
£ qu^éft mé que saï charja 
Dé véniz publia lo pa 

i)is tou Teîra. 
Qufl-ogréablo nouTelIo 
Mé rëjàÛYÎ lou parpaï: 4 
l)ôvolo , lé boîllorai 
Tacolado fralernéllo. 
Lo pa ! réypoun lou jàii ,....• f an-mîér. ! 
I m'àu vian plo dî d'eypéï hier : 
Mâs saï bien aïzéy dé té véyré ; 
£ ce que màu forio miér crëiré 
Vézé véniz doûs lébriéz 
. Qu'an bien 1er dé doûs couriez 
Que mén portén lo nouvello. 
Ah l coum-îs soun d'eygolitaS ! 5 
Is van coumo doûs déyrotas. 6 
Véy loû làï dis quélo véncBo : 7 
Is virén bien éyssî tou dré , 
Fàa plo que nén chio càiicoré. 
Coum-ts courén ! taro-taro ! 
Is «iran qui si tô que véy di garo r 

G5 



(78) 

Je descends : nous pourrons nous entrebaiser tûu$« 
Adieu , dit le renard , ma traite est longue à faire, 
iNous nous réjouirons du succès dé F affaire 
Une autre fois. Le galant aussi-tôt 
Tire ses gregues j gagne au haut , 
Mal content de son stratagème* 
Et notre vieux coq en soi-même . 
Se mit à rire de sa peur : 
Car c^est double plaisir de tromper le trompeur. 



■**!*■ 



( 8 ) A;nical$. 
(9) Embrasserons» 
( 10 ) Balaye. 
(11} Décamper* 
(la) Edau. 



C t9 ) 
Is poréyssén bien omitous ; • 8 
Vàu do volas , noû noû bicoran 9 toû* 
Quan un rénar éntép parlas dé chéis-dé-chasia 
Au 6 bè ^tô boueyfa xo lo plasso. 
hi moun bertran dé déyviardasj xi 
Nôtre jàil yio béiî F y crëdas 
Enté vas-tu ? — ïàii vàu tournas* 

— Eycouto doun ! — ïaï dàû ofas* 
^- Vaqué quéiVê l'acolado. 

— Mo coumissiii éï préissado. 

{ Maï né méycréyrio pas qu^àu eyr-én-pà3 prëissa 
Dé troubas càiiqué cros pèr l'y publia so pa )• 
£ moun jàii plo counién eypoufidèt is» lou lîré^ 

Au Ty dignèt pas ré pus dîré ; 

Mâs pèr chobas dé sén moukas , 
Au you lou régolèt d^un béii ka*ka-4a$-k2s*' 

Finôtîs ! véyqui pèr vàiitréîs 
Mettez quéU tour dis vôtre sa; 
TàH que créa finâs loâ aûtréis 
$é yéli lou prémiéz {ina« .. 
.(Qu'ey bien fa. 



( 8o ) . 
X V. L^ Loup et h Chien. 

U N loup n'avait que les os et la peau , 
Tant les chiens faisaient bonne garde : 
Ce loup rencontre un dogue aussi puissant que beau ^ 
Gras ^ poli , qui s^ était fourvoyé par mégarde. 

ê 

L'attaquer, le mettre en quartiers , 
Sîre loup l'eût fa^it volontiers : 
Mais il fallait livrer bataille ; ' 
Et le mâtin était de taille 
A se défendre hardiment*. ' 

Le loup donc F aborde humblement ^ 
^ Entre en propos , et lui fait compliment 
Sur son embonpoint qu'il admire, 
n ne tiendra qu'à vous, beau sire y 



(i) XSn cL«mp où l'on « moi9Sonné* 
( a ) Peur. 
(3) Attraper. 



( 8i ) 



X y. Lou Lou é lou Ché dé basso^our. 

\J N lou mâgré Cûumwun pi , 

Que chossavo dîs n^eytouiUo , s 

Mai que vio boun opéti , 

L'y vàï vëyr-un gros mâti. 

Qu'eyro bien ce que. l'y fouillo 

Pèr fils doû-tréy bous repas, 

Hâs lou lou s*y fiavo pas. .. 

Sultan ëyro plo bien gras ! 

Mâs sultan ëyro dé taillo 

A bien défendre soun lar. 

Hardi, fier coum-un cézar 
, Au vio , méym-éyta soudar , 

É vu màï d'uno botaîUo 

Countré lou , countré rénar. 

En fêt dé quélo conaillo , 

Au né vio bounto ni pàu ^ 

Dé loû ropas 3 pèr lou càu« 

Un Ion 6 bé d'au courage , 

Mâs au éï prudén é sage 

Hàûnété méymo quan au. 
Quéâ-qui à nôtre ché foguèt doun pottlitesso^ 

Au.vanto for so bell-espesso , 

E surtou soun émboumpouén 
Qu'au visayo toujour, mâspèr-tan d'assez lottén^ 

Si voû fogiâ coumo n'àûtréïs | 

Se Ty dissèt tan lou ché 



\ 



( 83 ) 

' Voû sirias tad gras conmo ntë. 
Lo fan-galo 4 n*eî pas chaz noû coumo chaz 

vàûtrëîs I 
Que càîicas-vé né fils pas 
Pèr sénniano dous repas , 
Màï que mïnjas souvén de lo viando pârido. 
Un ché dé basso-cour no jomaï lo pépido ^ 
Au. é'i ségur dé fas toujour 
Soû tréii-quatré repas pèr jour. 
Pèr me , lou lou moundé mé baîllo 
Os dé gibiéz , ôs dé vouldillo , 
Os dé védéii , ôs dé moutou ; 
Trapé toujour càiiqué croûtou ; • ^ 

Léché loû plâ , léché las chlétas ; 
E loû jour-bran 6 coumo las fêtas 
Mïnjé toujour, séï é moti , 
(Bien souvén séy véy d'opéti,) 
Moun éïcunlado dé bréjàudo 7 
Bien ossimado , bien fricàiido 8 
Toillado dé boun potoutàii , 9 
Mal càiicas-vé lou sobouràii.. 10 
— — Quàii trobaï fas-tu dis loustàii xt 
Pèr gagnas no si bouno vito ? 

Se dissèt tan lou lou. 
Qu'au trobaï ? . . . Presque ré dàutoa* 
làii chassé ( quan l'y sKi ) loû chats dé lo cousino f 
Au mandians, ûu méychanto mino 
Gardé lo méïjou , lou varjéz ; la 
I^=ft vouleurs àa m^' pàu dé mé que d'un arcbéi,. i2 
Quan un mé piàiilo i4 sàï à-Ierlo» 
Lo port-o-béU restas dhsyberto ^ 



( 84 ) ■ 

Flatter ceux du logis, à son mattre complaire: 

Moyennant quoi votre salaire 
Sera force reliefs de toutes les façons, 

Os de poulets , os de pigeons ; 

Sans parler de mainte caresse. 
XiC loup déjà se forge une félicité 

Qui le fait pleurer de tendresse. 

Chemin faisant , il vit le cou du chien pelé î 

jQu' est-ce là ? lui dii-il. Rien, Quoi ! rien ! Peu de 

chose. 

JomàS 



( i5 } lOaDge-toebi. 



e«5) . 

Jomàï né laïss-éntras iéga 
Séï qu'au né chîo bien counogti. 
Co n'ey mâs co ? se dissèt mïnj-àiivéillo , »5 
lié foudrio pas bien for tiras Tàurëillo 

Pèr nié fâs prénéy quel-éyta. 
— Vou-tu véniz ? . . . Anén ?. — Vètquî qu'cy fa, 
Xs prénén bien toû- dous , lou chomi d^àu vilagé • 
E pèr éygoyas lou vouyagë j ' 

Méylré rojo-croûtoûs 
Diji-à croco moûtous; 
L'omi ! tu vas quîtas no vito 
Que n'éyro, dé sëgur ni dé sén ni d^harmitof 
Lou mïn que pouguéz t'oribas 
Qu'eyro dé té véyr-^yréntas 
I Tout-én-^to. 
Tu dévias véy à tou-momén 
Toû féjéîs dîs l'ôli ^Duillén, 
Pèr-tou lé boillovan lo chasso ; 
Tu n'ovîas pas no quîto plasso 
Un quîté bôs, 
Un quîté cros 
I^èr dire , sàï sëgur d'êtr-én vito tantôt. 
Loû cbéls t'àurian gu tar-àu-lôt. 
Auro quouëy diféiën , t'en baille ino proumesèOi; • 
Tu né rtscoras mâs dé nniriz dé viëlllesso. 
liou lou que déycho-qui , l'ovio bien ëycouta 
rVàï vëyr-én se viran , lou càii dàu cbé pela, 
r— Qu'âs-tu qui ? — Noun pas ré. — Dé que ré f 

— Pas gran-chàîiso» 
— Nën poudrio ïàii sobéy lo càuso ? 
-«^Bouey qu'éy quéréïqué moun couiUéz«,«« 

H 



(86) 
Jttaisencor? Lç collier dont je suis attaché. 

De ce que vous voyez est peut--étre la cause. 

Attaché ! dit le loup e vous ne courez donc pas 

Où vous voulez ? Pas toujours ; mais quHmporte î 

U importe si bien ^ que de tous vos repas 

Je ne veux en aucune sorte , 

. £t ne voudrais pas même à ce prix un trésor. 

Cela dit, maître loup s^ enfuit 9 et court encor. 



(16) Dans le commencemenl* 

( 17 ) On m'acconttuna. • 

( 18 ) Chenil* 

( 19 ) Chaîne* 

( ao } Un Tilaitt meuble,; 



(8?) 
A^o 9 vëzéy-tu-bién , tro méychan d'éti-prémi éï tO 
Is m'avézérén «7 à l'éytacho ; 
Mâs toù loû séîs, lou vâlé mé d^éyUcho ; 
làîi vàu éaté mé plâs lo iléit , f^u forço bru ; 
Épéndén tou lou jour, ïàii dérmé dis moun gru. >S 

— Tu dérméî , moun-omi ? . . . dér , dër , gran-bé té 

fazo ! 
Un lou mettre dîs âoan marçba 

d'fisséy tou Idu jour éytocha ? 

Noua pas^ noiin pa^^ né tén déypiazo* 

Né sàï pas d'énguéi*a& proti fàii 
Pir vouléy mé cârâs d^un couilléz en moun càii. 

Gardo to soupo dé bréjàiido 
Quan lo sirio d'énguêro pus fricàiido j 

Fnguéî-lo dé toupi— mounta 

Lo.né yào pas mo Kberta. 
£ moun lou dé fujiz pèr loû prâ , pèr lâs terres f 

Mâ'f crézé bien qu'au cour d'énguéras. 

Ass-àuro parlan nén, Quéii lou vio ïàii tan tor 

Dé tan fujiz dé l'esclavage ? 

No chodéno 19 fusso lo dor 

Néï mas-lan toujour n'ôré gagé. «> 

làï àuvi dir-à un Tiéï sage 

Que lou miér nûri dé l*éita 

£ï quéii que mïnj-én liberta« 



. ( 89 ). 

S^I. Lou Cfiambolon ^ é loù dous Biss^. 

\J. 19 jour (pi^âu éyro dis sâs bQuna& >. 
So inojesta Jupîtèr, 
Foguèt bnjndîs 5 soun lounèr 
Pèrlidchas 4 loû béîtiàiis , màï las quîtas pjersovnas. 
Yàûtréîs , s^ dissè-t-éii , parlas mé franchomén. 
Si Yïo càilctt dé voû que né chio pas. coualéa 
Dé so taillo , c)é so figura ; 
Chîàu. troubÇo que lo noturo 
L\>guesso fa tro grau, aube tou tro pUi, 
Mâs surtou tro éybéû ^ 
Qu'au présenté so réquéto ; 
Qu'au fazé so pétitiii ; 
Lon yàu réfoundré tou viii 
DM péz déychant-à lo této; 
£ S\b^ nK>unK*àu sortiro 
Tan fi , tan bravé qu^àu rondrow . ^ 
Té Singé l t'a lo poràulo 
Préytno-trén pàu dé lo tàiilo , % 
Sàï-qué-dé-làï 6 ïàï roâs rosoû 
Pèr t'àuvîs joquétas 7 lou béu pséqii^ dé 

loû. 
Tu pourtas toun cœur sur \o pànto , 
.Véîan \ counéysséy-"tu dis loun coi^ càiico fàu^o ? 
Anén \ déqué té plaignéf— tu ? 
— Mé ? . . . . làiî n'envié ré dé dégu, 
y<mdrio bé véy énvio dé cherchas no boreilld % 
Pèr dire, né sàï pas countén. 

H5 



(90 
fTai-je pas quatre pieds aussi,bi^n que les autres ?. 

Mon portrait jusqu^ici ne m^a rien reproché : 

Mais pour mon frère Tours , on ne l'a qu'ébauché ; 

Jamais , s'il me veut croire , il ne se fera peindre. 

Xi' ours venant là dessus on crut qu'il s'allait plaindre. 

l^ant s'en faut : de sa forme il se loua très-fort^ 

Olos^ sur l'éléphant , dit qu'on pourrait encor 

Ajouter à sa queue , ôter à ^es oreilles ; 

Que c'était une masse informe et sans beauté. 

L'éléphant étant écouté , 
Tout sage qu'il était , dit des choses pareilles : 

Il jugea qu'à son appétit . 

Dame balaine était trop grosse.. 
Dame fourmi trouva le ciron trop petit , 

> Se croyant pour elle , un colosse. 



(9} yae vilaine bêle. 
( 10 ) Miroir. 
( 1 1 ) A coups de haclie. 
( la} Un manchon. 
( i3^ Aclieyé, fini de parleit. 
( i4 ) Ouvrir. 

f i5 ) Gentil. . 

-( 16 ) Se raoquer* 
-(.17) De mooie. 

(18) Petit moucTieron pas plus gros qm'une pnoe, 
et qui pi i^e ics jiuucs plantes. 



(90 
lài diàu-marc j boû péz , bounas dëns , boun^ 

àureillo* 
Mâs pèf moun gros fraï lours quVî un pàti difArén ; 
Quëo-qui né sémblo mâs no véritablo môu6 ; 9 

' Tou soun cor domando Faumôno ; 

ÉTy counseîUé pas, d^àumin, pèr soun plozei, 
De se vizas dîs lou mirëï; lo 
Qu'éï un vrai mounstré dé noturo 
Quîs foguérén à co dé chou ; n 
É l^iaï pas crégu fts d'ïnjuro 
Quan> inàï dé catré-vé Fàï préy pèr un 

manjou. 12 
Quan lou Sïng-o choba ï3 véyqui Tours que 

s*oproucho 
En l'y vézén déybrîs i4 lo boucho 
Un s'oténdi-à Fauvis réprouchâs au boun--diU 

Dé l'ovéy fa pèr dérosîu. 
D'au diâblé si quouéy vrai ! au se trôbo bién^ 

jénté. i5 
Mâs l'éyléfan , di-l-éii , l'y poréy màii bâti , 
D'àurelll-àu éy tro gran é dé couô tro plti. 
Li'éytéfan trob-ànssi lo boléyno tro grosso. 
QueIIo~qui d'au choméu vél couyounas >6 lo bo9$o. 
Toû foguérén éntàil 17 é lo quîto feniri 

Trobo lou biàijjou 18 tro piti. ' 
Mâs lou pus fôu dé toû , lou pus. déyrosounaUé 
I40U pus molïn , lou mïn trot^blé , 

Quts créyrias voû que co fuguèt f 
Qyéy rhomé , véz , quan^|>-àu venguèt 
Au né torîguèt pus sur îoû d^fàiis d'au aâtrëlï^ 
I4'àu podén bé dir-éntré a'aûlrëîs 



• * 

Jupin les reayoya , s^étant censura tons , 

DttTeste f contens d^enx. Mais parmi les plus fai 

Notre espèce' excella ; car tout ce que nous sammi 

Lynx envers nos pareils , et taupes envers nous 

Nous noQS> pardonnons tout , et rieii aux autres 

nommes r 

On se voit d^un autre œil qu^anne voilsonprochain.. 

Le fabrîcateur souver^n 

Nous créa besaciers tous de même manière , 

Tantceuxdu temps passéquedu temps d' aujourd'hui* 

Il fit pour nos défauts la poche de derrière ^ 

£X celle de devant pour les défauts dWtrai» 






( Z9 ) Sé< coadke* 
( 30 ) D^abôrd» 
( 31 ) L'épfanlë* 

(a3] Défeonte* 



•' 



K'ioguèt pas déymé , de b^iita 

Que n^oguéz lou ti au lou ta. 

Pèr se , co faï no diférénço ; • 
• Déypëï enté lou jour couménço 

Dëyclmënté couéîjo .19 lou soulëï, 

Dégu n'ey fa pèr lou Voléï. 
N'io pén à soun ëyvîs que n'ayo càuco târo..M; 

Léy-doun Jupiter {[rén no bâro 

£ coumo d^àu pétoû 

Loû cliasso toû, 
É loû lëyssèt tàii eoum-ts ëyran t 
Mal tàii quîs soun , faudro quîs mëyran ; 

Sobëzrvou pèr calo rosou ? * . 

Quëy-qué noû portën toû chacun un chamboloîl 

£n-d~un bissa pèr chaque bou ; 

Quîs bissâ soun pléîs dé sotîzas, 

Gnîën-ô dé verdas 9 gnio dé grîzas. ' 

Quelles d^àû aûtréis soun dovan 
» 1É noû lâs vëzèn tan-qué-tan. ao 

Lâs nôtras soun doréy l'eypanlo , ^t 

£ quëii bissa jomàï ne branloy 

Ji'oû ne vizén jomàï dëdïn. 

Nôtr-rëy molïn . \ 

N'ey pas pèr n'aûtrëis",- 

Au né ser mâs-kan pèr loû aûtrëis*^ 

Quan ciiiqué moucandiéz 39 crëïro d^ovëy rosou 
Qu'au dëyvîré ^3 soun chambolou* • 






(94) 
X YII. Lès Frelons et les Mouches à mieL 

A l'OEtrvBE on connaît TartisâQ. 
Quelques rayons de miel sans maître se trouvèremt ; 

Des frelons les réclamèrent. 

Des abeilles s^opposant , 
Devant certaine guêpe on tranduisit la cau e* 
U itait mal-aisé de décider la chose -; 



I 



( 1 ) Frelons. 

( a" J A l'œuYFe* 

( 3 ) ManouTrier. 

( 4 } L'année dernUrc* 

( 5 ) Chicanes. 

("6} Knche à raieL 

( 7 ) Croupions. 

(A } , Radoucir un pelh^ 

( 10 ) Cette expression désigne «ne personne sans 
ipalice. 

(u) Uq^ lowernillièrt. 



C95) 
XVII. Lâs béUlâs é M Burgàûs. « 

X s dizën que qAouéy à Pobro 3 

Que se counëï lo monobro : 3 

Noû van véyré si quouéy vràï. 

Hantan 4 ver lou méï dé mai\ 

D^'àû burgàûs à càiicas béillâs 

Chercfaérën dé lâs boréillâs. 5 

Se troubèt cànquë bourna 6 
Abandouna ; * 

Moû burgàûs lou réclioméréa ^ 

Lâs béillâs si opôsérén. 

Dobor co se disputèt, 

A-lâs-fîs co s'insultèt. 

Jomàï pu poriéz topajé ; * 

Déijâ dé toû loû croupignoû 7 v 
£yran solis d'èû railliez d'oguilloâ 

Qu'anounçovan lou carnajé. 
Pertan un parvéngiïèt à loû.réprorimâsi B 

Loû yéyqui d^ocor dé pléydiâs. 
Loû" dous partis chàusigu^yrén lo béko ^ 

Quéro no bouno morio-méko lo 
Pèr jujâs en prémiéz ni-niàï en damiez ré3SQ£.9 

Quîs d^àû dous ovio dré au lor. ' 
Quëllo béko ( dit--un ) ovio de lo ooussïôçd % 
Pèr s^eycléyras Foguèt bien lo possïnço 

D'àuvîs , màï lo nén vio bésouén ^ 

No fermijàro ix dé témouéns* 



( 96 ) 

X^es témoins déposaient qu^ autour de ces rayons 
Des animaux aîiés , bourdonnans , un peu longs , 
De couleur fort tannée , et tels que les abeilles , 
Avaient long-temps paru . Mais quoi ! dans les frelons 

Ces enseignes étaienf^areilles. 
La gu^pe , ne sachant que dire à ces raisons , 
Fit enquête nouvelle ; et pour plus de lumière , 

f^itendit une fourmillière. 

Le point n'en put être éclairci. 

De grâce , à quoi bon tout ceci ? 

Dit une abeille fort prudente. 
Depuis tantôt six mois que la cause est pendante ^ 

Nous voici âDmme aux premiers jours. 

Pendant cela'le miel se gâte.. 
Il est temps désormais que le juge se hâte ,: 

N'a-t-il point assez léché Fours ? 
S^ans tant de contredits et d* interlocutoires , 

Et àfi fatras et de grimoires , 
, Travaillons , les frelons et nous : 
iOn verra qui sait faire , avec un suc si doux ^ 

Des cellules si bien bâties. 

Le refus des frelons fit voir 

Que cet art passait leur savoir t 
Et la guêpe adjugea le miel à leurs parties. 

Quîs 



''pAi 



( n ) Le bout dp fil par où Ton peut dévider un éclieyeai|> 
( i3 } Ou\ et non. ' 

( i4] Fftire aller à mal. 
( i5 ) Candy , gàté^ 
{ 16 ) La cire.. 



(97 ), 
Quts témouéns vlan b^àuvi càîîcorÀ que roujlavo 
E qu'^n voulan , bounbounavo 
Toû loâ ans péndén tou l'étîti 
Autour d'au boiirna en quèstiii. 
JEyro co d'au burgàiis ? eyro co dé lâs béillâs î. 
Co se coiinéy pas pèr Fàuréillâs. 
Lâs béîllâs ni màï loû burgàiis 
"Voulén é bouiU^ounén éntàii. 
•Quello réssëmblénço déyrbuto 
Lo bêko chuav-à grosso gouto , 
LiO n'àuzèt' pas péndén màï dé chiéz méî 
Nâ én.ovan ni en oréï. 
IW-béiï"d*ovéy préï dé pénô" 
La vio perdu lo séncéno i^ '^ 

Dis toû quîs mâchiéii^-niânéîs^ i5 
Bouey pas tan dé rosous , dissèt no vieillo béilloy.; 

Ditiâs quîs fan lo déguélllo i4 
Dé nôtréîs cors ni-màï dé nôtréîs béîs ; 
THéy gro mèitîéz dé fas tan dé topagé^ 
Lou miàii se gât-én aténdi , 
Au siro tout-éytodi., i5 
Que chacun , séy tan dé Verbiajé , 
Se métlé d'obor à Toubragé, 
Noû véyran si quouey loû burgàiis 
Que fan lo bràïcho i^ màï lou miàii # x7 
No poràulo si-bé jitado , 
Eyboïguèt Fossémblado. 
E lou burgàH que réfuzèt. 
Se trohiguèt , 
Sén fiijiguèt , 
£ lo béillo gâignèt» 

I 



(9») 
Flût 4 IKea qu^on r^lât aÎHsi tous les procàs ! 

Qtte des Tores ea cela Ton suivît la méthode ! 

I^esinyple sens commun nous tiendrait lieu de code; 

n ne faudrait point tant de frais. 

Au lieu qu^on nous mange on nous gruge; 

On nous mine par des longueurs : 
On Enit tant, à la fin , que Thuitre est pour le juge t 
* Les écaUles pour les plaideurs. 

( i8 ) Prendre* eette toonmire» 

( 19 ) haikyé. 

^^20) Dm hvi.^siefs. 

( ai ) Des Exploits. 

][ aa ) Une seule noix. 

( a3 } Les quatre quartiers, 

1(34} Les coqa^s. 

(95) Bien nettoyas. 



(99) 
Pléylodîii que nôtro justisso / 

Vouguesso viirâs dé quéfl bîai ! >• 
Ij'iDrio* hé tôt de soiin polaï , 
Bouéfa 19 lo rus--é io molisso. 
Loû turcs que né souiï pas chk'étléïi 
Jujéns éntàii , maï jujéns bien , 
Lou gros boiin-san é lo noturo 
Fan toutd lour proûcéduro. 
i^èr n^àûtréîs fàu d'au sàromén^ ^ 
lyhv popiéz marka., d'au témouéds(^ 
D'àûhùchéz, 30 d'au éypléîs , 3H d'au transpors, Aé 

r enquêtas ^ 
Càii déféiisoÛrS^ dé lâsî réquétas. 
Chaque parti vàu véy roson ; 
It'un juro oM 9 l'àaiFé, naué 
lioâ proucéz soun tan louns COU190 cordas dé fo%^ 
Noû né. pléydiorian mis pèr uno quîto nou , ^ 
Noû .fku d'au ovoucas que jeuguén à lâs bârasi 
tiOÛ fraix mïnjén lâs catrë jâras ^^ 

É loû dous tiéz 94 bien éycora afi 
JDoBiourén pèr quîs qu'an jura. 



( loo ) • 

« 

X V 1 1 1. i * Hirondelle et les petits jOiseaux. 

Une hirondelle en ses voyages 
Avait beaucoup appris. Quiconque a beaucoup vtt 

Peut avoir beaucoup retenu. 
Celle-ci prévoyait jusqu^aux moindres orages , 

Et , devant qu'ils fussent éclos , 

Les annonçait aux matelots. 
Il arriva qu'au temps que la chanvre se sème , 
£lle vil un manant en couvrir maints sillons. 
Ceci ne me plaît pas , )lit-elle aux oisillons : 
Je vous, plains; car pour moi, dans ce péril extrême , 
Je saurai m' éloigner , ou vivre en quelque coin. 
,Voyez-vous cette mainjqui par les airs chemine ? 

Un jour viendra qui n'est pas loin , 



(i ) Des remèdes. 
( a ) Les oeuvres. 
( 3 ) Personne , qui que ce soit. 
(^4 ) Vous eussiez dit. 
( 5 ) Sorcière. 
(6) La blanchisseuse. 
(-7 ) Semait son chenevis. 
( 8 ) Diminutif d'oiseaux. 
(9) Petits grains. 
( 10 ) Se balance. 

(il) Va et vient comme on peadole, 
( la) Moacberons. * 



( 10. ) 



XVIIl VAuzeilù é hù pifts Aûzéû. 

i^'AUZEttO vît), dis soè tôttyàgéîs 
Opréï forço secrets, tii-^màï ciillcâ merliu. i 
Quelle bétio d'éspri tîo fâ tan d^ott^Atiii 
A toatas Tobras > d'au bouti-diii , 
Que Tanôunçavû loû àûragéî^ 
Ovàn quts fuguéssan vétigu. 
Parlas-^më dé véy hiétt coufgu ! 
Pèr nén sobéî màï que dëgu ! J 
Guêssâ dl 4 que Feyro surchiéro , 5 
Dis rétiii mal dis lou prïntén 
L'overlichîa toujôuf 6 tén 
Loti molëld ni-tnài' lo bujandiéro» ^ 
Q«iMi Py. dévio véy d^àu tounèr 
Lo counéychio tou co dis Fèr. 
Un jour que dîs no chënébiéro , 

Lo vëguèl cirnqmé jantoa ^ 
Que sannarVo seun chénobou. 9 
y àûtrëis ! vâùtréis , se dîssk'^«Ho 
A toù loû pitîs àùzHlôus , t y 

« Conéy pas qui no bogotello ^ 
cr Méyfias toù dé quîs gruziUous. 9 
• Vézéz-voû quëii peyzanqu'à chaque pâ se ntno; 10 
« "Vëzéz vàÀtréîs so mo que dis Tair se dandino ; >» 
« Sîrlas qu'au rhdd^o lo^à nwuchoias': ^^ 
« Eh bé quotiey roû qu^ *ro régafdo y 1 
« T'oYerlissé prenez Fy gardo , / 

15 



( loa ) 
Que ce qu'elle répand seta votre niînc* 
De là naîtront engins âi vous envelopper. 
£t lacets pour vous attraper , 
£niîn mainte et mainte machine 
Qui causera d^ns la saison 
Votre mort ou votre prison : 
Gare la cage ou le chaudron ! 
C^est pourquoi , leur dit Fhirondelle ^ 
Mangez ce grain ; et croyez-moi. 
Les oiseaux se moquèrent d^elle : 
Ils trouvaient aux champs trop de quoi 
Quand la chêne vière fut verte , 
L'hirondelle leur dit : Arrachez brin à hrîn 
Ce qu* a produit ce maudit grain ; 
Ou soyez sûrs de votre perte. 
Prophète de malheur ! babillarde ! dit-on , 



03 


) Prisons. 


(4: 


) répand y étend. 


(>5; 


) Divertissement y jonjons. 


C'6; 


1 Chaixt|> où l'on a récolté le Ué. 


(>7: 


1 En. foule. 


f«8: 


1 Dopais auiourd'hMi* 


('9; 


1 Balayez. . 


< ao] 


1 Becqueter. 


(ai] 


1 La cage. 


(aa] 


1 Le chanvre. 

* 


(a3; 


1 Epaisse. 


M 3 


i.IKEenez à taille-ouverte. 


(»5; 


1 ArraOhez-là brin par bri^ 


(î6: 


1 Barbouilleuse. 


('73 


1 BabiUarde. 


(a»; 


1 Une pie. 



( io3 ) 
« Quouey vôtrâ mors àubé vôlrâ préïjous ; ,î3 
« Ce qu'au éypan i4 éï piéï que lo yéychado. 
« Quab lo cherbé siro fiolado , 
n Lou moundé siran dé-lëzéï 
« Loûpitîs màï loû grans foran d'au éybotouéîs, i^ 
« É dis réytouiUas i6 dts loû bouëis ^ 
« Voù Toporans à bàubélado 17 
« Loû paï lâs maï é loû pilîs. 
« Moun déyé'i éï dé v'overlîs , 
tt Qrézéz mé , d'eypéï néï , 18 bouéyfâs ï9 bien 

<c quello place y 
« Nâ picoussâ , 30 un à un tau quëu gru. 
« Si v'otëndëz quàu chio véngu 
« Gâro loû sédous lo vouillêro 
« É lo joloy-é ai lo tpurtiêro. 
« P^r mé que troversé lo mèr 
« Saurai bé mé tira d'au pèr. 
Loû àûzéû lo léyssêrén dire , 
Is se méttérén toû dé rîré. 
Is trobén à mïnjâ par tou 
É méyprézén lou chénobou. 
Lq chêrbé aa surtiguèt pinado a3 coumo telgno. 
« N'oit éndéz doun pas que lo veîgno 
Pus hàiito que ïd néï, se dissèt dé nouvéd 
Nôty-àuzell-àû pitîs àûzéû. , - 
y àûtréîs ! quouey prou dobour-s-énguêro ; 
Avan que lo crubé lo têtro 
Nâ l'eysségâ; H trozéz a5 lor piàii-pèr-pirû , 
Si quouey dé nou , mo-fé Ti^uro d'au màii., 
-^ a Bouéy qné noû. vàuv quelle ,brodasso ? ^ 
« Quello vieille traïno-TiniQibi:^^ : .,i ( . ) 
Éï pus bovardo 2>7 qu'une jasso, ^^ 



( io4 ) 

hc bel emploi que tu nous donnes ! 
Il nous faudrait mille personnes 
Pour éplachcr tout ce canton* 
La chanvre étant tont>à--fait crde^ 

L'hirondelle ajouta : Ceci ne va p«s bien \ 
Mauvaise graine est tôt venue ; 

Mais puisque jusqu'ici Ton ne m'a crue en rien^ 
Dès que vous verrez que la terre 
. Sera couverte et qu'à leurs blés 
Les gen» n'étant phis occupé» 
feront aux oisillo-ns la gtierrè ^ 
Quand reginglettes et réseaux 
Attraperont petits oiseanx , 
Ne vol^z plus de place en place , 

Demeurez au logis ; où changez de elifittat,. 

Imitez le canard , la ginie etla bécasse* 
Mais voiis n'êtes pas en état 



' '>■■ I — — — — <Mfciiirt«^ 



(î»9,) Sarcler; arracher rh^jfhc.» 
(3o) Croît, profite'. • 
C 3i > JjQr kévaasesw 
(3i) Ils déGarap«ii|« 

(36) Par lés maîiisr 



' ' ^ A A j • 



( 'io5 ) 

« Mal noû nîran plo dé-ség«r, 
« Eysserbâ 29 no si grando lézo ! 
a Vin jardiniez né forian pas 
« Ce que lo noû vaut qui fâs-fis , 

•c Que cherch-oillour càiiqué fat que lo crézo. » 

Éntré-tan-di la cherbé grandîguèt. 

par lo darniêro vé l'àuzello lour vénguèt, 
Lo méychant-herbo frôjo 3o vite, 
Vàû répëtt-ovan que voû quité, 
Vovëz méyprésa mous coussëîs ; 
Bién-tôt voû vén mordrez loû déîs. 
Vou restp mâ-kan no réssourço , 

Quan lou péyzan àuro méï soun bla dis so bourçc 
Né sortez pus dé vôtréîs nîs, 
Aubé-tou fujéz lou poïs ; 
Vizâ loû conar , lâs bêcbodas 3i 
ïs déviardén 3a toutas Tannodas. 
Mâs vou né podé pas fa-n-tàii , 

•Tàûtréîs né voulas pas ni tan louén ni tan h4&) 
Vou faut doun résoudre pèr force 
A vou cotas sou càiiq-éycorço , 
E déféndr-à vôtréîs pitîs 

Dé sortîz. 
Loû àûzéû gâtéîs 33 dé l'éntëndré , 
Lis foguérén un tour à pendre; 
Is piàiilérén 34 toû-à-lové. 
Co sembla Vo coum-àûtrâ-vé* 
Loû Trouyén ( chaï bouno mémorio ) 
Quan Cossandro , séloun Ibistôrio , 
Liour prédiguèt quis àurian toû lou fonéï 35* 
Pèr lâs mâs 36 d'un chovàu-dé-bouéi ^7 



( »o6) 
De passer , comme nous , les déserts et les-dnées,- 

Ni d'aller chercher d'autres mondes : 
C'est pourquoi vous n'avez qu'un parti qui $olt sûr; 
C'est de vous renfermer aux trous dequél que mur. 

Les oisillons , las de 1* entendre , 
Se mirent h ja;^er aussi confusémesit 
Qu« faisaient lesTroyens quand la pauvre Cassandrc 

Ouvrait la bouche seulement* 

Il en prit aux uns comme aux milares t 
Maint oisillon se vit esclave rétenu. ' • 

Nous n'écoutons d'instincts que ceux qui sont les 

nôtres ^ 

Et ne croy<^ns le mal que quand il est verni. 



t^^mmmmÊmêÊutÊtmmmmmmmmmmtmmmmÊ 



( 37 ) D'un clieyal de bois. 
( 38 ) Aussi bien. 
( 39 ) De telle ou telle manière; 
(4o) Prodigue^ dépensier, 
( 41 ) Manquera , jeûnera. 



e 107 ) 

Syto^tô 38 leâ àûz«û néa payéria plo lôyo^, 
Forço dé îs piàulêrén en jol^yo , 
Loû'pûs gras fiiguêrén rôti 
É loû àûtréîs méï en pâli. 
PA-vpaï qu'euro noû van toû dire 
Que quîs pitîs àûziéû foguerën màii dé Tiré 
I . Quan l'auzello , péndén trëy vé 

[ Lour j5arlavo ma pèr lour bé? ^ 

fihbé , pèr-tan , quéû eounlé noû rëgardo ; 
« Si càîiqué boun omi noû'di dé prenez gardo 9; 
Que si noû faa éntàu^ëntaii 

Noû nén véndro lo mor àubé d'au màii. 
Dis lo santa , dh l'oboundanço , 
Si noiî»l'àuviati- àtfé d' avance : 
Un jour quéli gourman créboror^ 
Quél-yyrogno s'ossoumoro , 
Quéu' libertin s^éychàudoro , 
Quello lévo-nâz toumboro , 
Quëiî médisén se dannoro , \ 

Quél-ïmprudén se ^âtoro 1 
Quéii mëchan-sujèt périro , 
Quéii mïnjo-béy 4o éytàuvioro 4^ ••• # * * 
t'omiqué» pïHpl-éntàur , 

Héy mâ-ka» no* brodasso , 
£ntré^tan-di lou tén se passo ; • 

E lo mor , é lou màii né soun jomàï crégtif 
Mà-kan apréz quîs soûh vëngus* 



• I 

I 

I ■ » 



( io8 ) • 



XIX. Les deux Mulets. 

J^ EUX mulets cheminaient , Utin d'aveîne charge, 
L.' autre portant l'argent de la gabelle 

Celui-ci , glorieux d'une charge si belle , ^ 

N'eût voulvi pour beaucoup en être soulagé. 
, Il marchait d'un pas relevé , ' 

£f faisait sonner sa sonnette : 
Quand l'ennemi se présentant , 
Comme il en voulait à l'argent , 

Sur le mal et du fisc une troupe se jette , 
lie saisit au frein , et l'arrête. 

XIX. 



( I ) Blé-d'Espagne. 

fa) A la monnaie. ' i " • 

( 3 ) Petit morceau de bols pointu par les cleux boiHS 
que les enfans font> sauur en l'air ^ avec une espèce 
de spatule. • 

( 4 ) -^ Ganse. ... 

( 5 ) S'il s'approche. * 
( 6 ) Retire - loi an loin. 
( 7 ) Empoisonne* 

(8) B&tons. -* 

(9) L?» écQS. 



•»•»**» 



( 109 ) 

XIX. Loû dous Muléys. 

xJovs mul.ëys fogiar^ vouyagj 
L'un charja dé bigoro « 
Ij'autr-ën superb-ëyquïpagé , 
Charja d'argén en lïngo 
Qu'au pourtay-à lo niouné4o. * 
L'un éyro vâlé dé mounié^ ^ 

* £ Fàiitié d^un gros financhéz ; 
Quéiiqui teigno so têtd rédo 
£ tan dré coum-un killola 3 • 

f reigao lou bàii- d'à» peva» 
Pèr-mour 4 qu'au porto lo finance <, - , -, 
Au se créii .trésàuriéz dé franco , ^ % 

£ vou sécou , mâs coum-àu fàii , 
Loû Iréy tours dé grëlo qu'au pourtav-én soun càiî. 
Au niiëy d'au gran-chomi J au n'ovio pas prou 

plass9C 
Lou mounîëz yîo l'àureillo basso 
E chàu se prém- 5 en— pàii dé se , 
MoussuHâu financbéz Tou chasso. 
<c Çouey t'en préjé , tiro t'én-làï, 6 
« Moun-diii ! qu'àii méychanto mino ! 
« Tu pudéy 7 à lo forino , 
« làii té dàïvoué pèr moun firàï. » 
Lo corello déyjâ séyro bien éychàufado ; 
No béndo de vouleurs qu'eyran en émbuscado, 
Se jittén tou d'un co à gran co dé billoûs 8 
Sur quéii que vio loû pigoillous; 9 



Le mulet ^ en se défendant ^ 
Se sent percer de coups ; il gémit, \l soupire. 
Est-'ce donc là , dit-il , ce qu'on m'avait promis! 
.Ce mulet qui me suit du danger se retire ; 

£t moi j'y tombe , et je péris l 

Ami , lui dit son camarade ^ 
n n'est pas toujours bon d'avoir uo haut emploi x 
Si tu n'avais servi qu'un meunier , comme moi f 

Tu ne serais pas sv malade, 

( 10 } crue bkssare, ' 

(il) Pite de fariAe de bté saraûn ^ bouillie dans VetTu 



( Itl ) 

liou tr^sànriéé se vàu déf($Ddré , 
Is Tûffléyréa eoum-un védéu \ 
Au lour dissèt bé pîéï qu'à pendre : 
Màs Fïn coûté soun argén màï lo péii. 

Lou inouniéz né guet pas no dëycho *• 
Car loû Youleurs sour dé lo géa 
Qu^aïmén bé bien l'or é Targén , 
Mâs que né mïnjén pas souvën 
m bigoTo ni pâto-^éïcho. >i 

Ko gvando plaç^ï un fard^ii 
Màï pus danjéyroû qu^un né créii; 
Quamb-aa noû vu d^homéîs en charjas , 
Qoé lâs mas n^éyras pas pvou larjas 
Pèr léyssas possas lovxs grandoi^rs^, 
Ë que si-tôt que lo justisso 
Guet méï lo mo sur loiir pélisso , 
Dis d^àû cA dé pitàii néyrén chobas lojirs jours. 



( lia ) > 

X X. Le Gland et la Citrouille. 

il I EU fait bien ce qu'il fait. Sans en chercher }a . 

preuve 

En tout cet univers , et l'aller parcourant , 

DaAs les citrouilles je la trouve. 

Un villageois , considérant 
Combien ce fruit est gros et sa tige menue : i 

A quoi songeait, dit-il^ l'auteur de tout cela f 
U a bien mal placé cette citrouille-là ! 

Hé parbleu ! je l'aurais pendue 

A l'un des*. chêne que voilà; 

C'eût été justement l'affaire : 

Tel fruit, tel arbre, pour bien faire. • 



( I ) Le coq. 
{ 3 ) Sa tète. 

■ 

( 3 ) n assit y il plaça. 

( 4 ) Tige. 

( 5 )' Gro5 cliéne. 

(6) Là haut. 

( 7 } Ce çland. 



\ 



X X.- L'OgUan é là Couyo. 

XJo u boun-dîn se troumpo jomàï, 
Au faï toujour bi^n ce qu'au £àï , 
Quelle varta , Lo Fountaîno l'opouyo , • 
Én-d-un oglîan , én-d-uno coujo^ 
Séy coure de Roum-àu Péyrou , 
Soun éymë no mâ^an inéytié»-d'ua poutiroii* 
Preïtan TàureilUi^ycoufan lou. 
Gros-Jan, lou jàii i dé souu vilagé^ 
Fozén un jour soun ovouca , 
( Méyris que lou vézé planta , . 
Sâs inàs doréy soun cû en soun chàï , a d^ çoilta ) 

Dtré, corbleu l qu'ey bîéo doumag^ 
Que lou boun-diii m'a^yé.pas counsulta 

Quanr-t-^àu sîclièt 3 quelle ciirouillo 

Subré no ^î pitito douille. 4 

Ah ! Gros-Jan ! si iu vlas éika qui 

Dé ségur lo sirio péndudo 

En quéu gros rouvéï 5 que vèi-qul ; 

Lo s'y sirio plo mièr téngudo 

Mal lou moundé l'àurian mièr vudo. 

Que sinifio sus 6 quél-oglian ? 7 

Méyyi qu'au juro né sàï-^kan. 

Tan-màïTy pensé , tan-màï vizé 

E lo citrouill-é lou rouvéï, 

Tan-màï dizé que fouill-ové* 

Méï lo couyo , couaqu'un nén dizé 

Enté quél-oglian fuguèt méï. 

K5 



("4) 

" C'est dommage < -Garo , que ta n^es point entré 
Au conseil de celui que précke ton curé ; 
Tout en eût été mieux : car pourquoi, par exemple. 
Le gland , qui n^est pas gros comme mon petit 

doigt. 
Ne pend-il pas en cet endroit ? 
Dieu s'est , mépris ; plus je contemple 
Ces fruits ainsi placés , plus il semble à Garo 
• Que Ton' a fait^un quiproquo. 
• Cette réflexion embarrassant notre faonmie : 
On ne dort noint \ dit-il , quand on a tant d'espriK 
Sous un chêne aussitôt' il va prendre son somme. 
Un gland tombe : le nez du doripeur en^pâtit. 
11 s'évielle , et portant la main sur son visage , 
. Il trouve encor le gland pris au poil du menton. 
Son nez meurtri le force à charfger de langage : 
Oh } oh \ dit-»-il , je saigne 1 Et que sériait— ce donc 
S'il fût tombé de l'arbre une masse plus lourde y 

Et ijue ce gland eût été gourde ! 
Dieu ne Ta pas voulu : sans doute il eut raison ; 
J'en vois bien à présent la cause. 

En louant Dieu de toute chose 
Garo retourne à la maison» 



(8J Ecrasé. 

(9) Bien réjouis. 

(10) Bouffis. 
(xi) Fimsse e» 



(iiS) 

Tout-én bolllau lou bal Âno ialo critî^^ . 

Vëïqui moun Gros-Jan que séndèr 

Sou lou rouvëï, lou véntr-énlèr; 

Au né ràïbo mâs politico , 
Quan tou-d'un-co n'ogUan vèt à toumbâ 

É Fïn foguèt pissas lou nâ. 
. Oh ! oh ! se dîssè-t-ëii , sirio-b-un bravé gagé 

Si lou boun-diii que prévéii tau , 

En plaço dé l'oglian , guéy. méï lou pouti;-ou ? 
Au m'àurio-b-éypoûti 8 tou moun pàubrë visage ! 

Gros-Jan ! Gros-Jan ! té méylâ' pus 

Dé céqué fàï quéii quéy assÛs. 

Se qu'o tou fa sèt miérqué n'àûtréî» 

Ce qûé -(^Ut'à châqu^un^dé n'Àûtréîs. 
• E moun Grros-Jan dé sén tourna 

Apréi véï éyssuja soun nâ. 

A vou messûr loû filosoféfs 

« 

Que séz toû gongliéîs , Q toû bien goféis , lo 
Que né. chobas " jomàï , à tor é à trovèr 

Dé countrérôlâ l'univèr ^ 

L'ofâ dé Gros-Jan vou régardo; 

Y^overtissé ^ ^rénéz^-l'î gardo . . 

Loû béd arguméns que vou 01 ^ 
Pourian bé. coum-4sé ».vou toumbâ sur lou nâ» 



V 



( "6) 



XXI. he Paysan du Danuie: 



I 



L ne faut point juger des gens sur l'apparence*. 
Le conseil en est bon ; mais il n^est pas nouveau. 

Jadis Terreur du souriceau 
Me servit à prouver le discours que J'avance : 

J'ai, pour le fonder à. présent. 
Le bon Socrate, Esope, et certain paysan 
Des rives du Danube , homme dont Marc-Aurele 

Nous fait un portrait fort fidèle. 
On ébunait les premiers ; quant à l'autre , voici 

Le personnag«ren raccourci. 
Son menton nourrisait ane_barbe touffue ; 

Toute sa personne vdue 
Représentait un ours , mars* un ours mal lëchë : 
Sous un sourcil épais il avait l'œil caché , 



rtMH«Mi«iBa«aMMM 



( I .) Qui diable. 

( ï ) Ij^acli^ im si bel etpriti 

( 3 ) Sous. 

( 4 ) Fuir. 

( 5 ) Riyes. 

(6) Mêlée. ^ 

( 7 ) Son menton. 

(8) De travers, tournés. 

(9} Sovrcils. 



("7) 

/ • 

XXI. Lou Péyzan d*àu Donubé. 

il É ftii jomàï , par lo borico 
Jujâ clé lo bounta d'au vi, 
Ni d'un home pèr soun hobi , 
Qu'éï no méychanto politîco. 
Témouén Eyzopo lou boussu. 
Qui diàuréï i guèz jomàï créga 
Que lou méytré dé lo noturo 
Guésso.cota n'éïmé a tan béu- 
Dî no tàillo,' joû 3 no fîguro 
Qu'àurian fa fugîs 4. loû àûzéux ?, 

Ma voléz-vou no préuvo pus nouvello , 
Domandâs ïàii à Marc-Aurèlo ; 
. Au vfiu ..dÎTQ Qtt'jin ^rà péyzan 
Dé vèr lâs ribâs 5 d'au Donubé , 
Parlav-àu réï, au courtlzah 

To-plo coum-àurio fa pén àurotour dé clube. 
IjOU pourtrèt dé quéii péyzan qui 
Lk>u vou vàu faïr-én rôcoûrçi ; ' , 
Eycoutâs mé bien lôu- vèîquî. * . . ' 
Dobor , uno barbo toufildo , ) 

Tan coutido 6 coum-un ohardou 
Topissavo sotfti bobignou.- 7 ^ 

So péii tonad-éyro bourudo 

Coumo lo péii d'un ours pnâs é^un ours màii lédia^ 
Soû éîs guerliéîs 8 qii'éïran eoçha . 

Sou doua grandâs yaûtâs de ^silliâs ^ ^ 



, ( ii8) 
Le regard de trader»! nez tortii grosse lèvre | 

Portait sayoQ' de poil de cl^ëvre^ 

Et ceinture de joncs marins. 

Cet homme ainsi bâti fut député des viHes 

Que lave le Danube. Il n^ëtait point d'asyles 

Où- r avarice dés Romains 

Ke pénëtxit alors et ii« poi^ât Ibs mains^ 

Lé députe vint donc , et fit cette harangue : 

Romains , et vous sénat , assis- pour m^ëeouter, 

Je supplie avant tout les dieux de m^ assister: 



< 

iq) Bouche. 

II ) Lèvres. 

la) Mascjuea. 

iT) Le cariiavaU 

i4) Vilain, laid, hidettx; 

i5 } En proportiott. 

16} Un babftt. 

17 ) Du bo^c» 

18} D'un serpent. 

19 ) Hauts de clUuases. 

ao) Il déplie. 

3^) Assù* 



( '1.9 ) 
Fogian pàur-à toutâs lââ fillàs ; 
Soua régar vistav-à lénvèr; 
Au yio lou nâz fa dé trovèr , 

Gorjo 10 torto , grossâs bicâs , il 
É lâs ,pûs salas mouricâs u 
. Que courén pèr lou carmantran i3 
Séy craignéy ni frétu-ni-bran 
K^an jomàï gu dé pus ôré i4 visage 

Que quéii dé nôtre pQrsounagë, 
Én-un-tmou , quéyro-bé lou ,pûs héii àrë gagé 
Que gnioguèz châz toû loû Gennén« 
Soun Jiobl éïr-à rp-vénén. i5 
Un just-àu-cor i6 dé péii dé bou 17 sauvage ^ 
Que l'y sembla v-un pé-t-an-rlèr , 
No cénturp dé jùn dé mèrf 
i('D'àûtrëîs disén dé lo péii d'uno sèr ) 18 

Nâs broyas 19 d^un gros druguè vèr. 
L'y fogian tou soun éyquipagé. 
Eh-bé quél^hom-éntàii bâti , 
Eh-bé qùél-hom-éntàii vîti, 
N'eyro , pèr-tan pas n'eybéti. 
Soù coumpoignoù Tovian cliàusi 
Pèr nâ pré&éatâ no réquêto 
. A Roum-é chioplas countré qyts ! 
Countré tob loû préfets quîs vian méï à lo tét0 
fié lâs villas dé lour poyîs, 
Enté déga loû poudio pus potts. 
'^u par ; au cour; au Fiéy : au déypléjo ao so lïngo 

Ë couménç-éntàii soun horïngo. 
« Rouméns ! é vou Sénà siclia ti pèr m'eycoutâ ! 
^ ( Mâs ïàii préj-ayao toû lod diiis dé m'ossistft ) 



•( 120 ) 

Veuillent les immortels, conducteurs de ma langue, 
Que je ne dise rien qui doive- être repris l 
Sans leur aide il ne peut entrer dans les esprits 

Que tout mal et toute injustice : 
Faute d'y recourir on vio^ leurs lois. 
Témoins nous que punit la romaine avarice : 
Rome est, par nos forfaits, plus que par ses exploits, 

L'instrument de notre supplice. 
Craignez , Romains , craignez que le ciel quelquejour 
Ne transporte chez vous lès pleurs et la misère , 
Et mettant en lios mains, par un juste retour, 
Les armes dont se sert sa vengeance sé\ ère , 

Il ne vous fasse , en sa colère , 

Nos esclaves à votre tour. 
JEt pourquoi sommes-nous les vôtres ? Qu'on nxe 

die 
En quoi vous valez mieux que cent peuples divers. 
Quel droit vous a rendus maîtres de l'wiivers ? 
Pourquoi venir troubler une innocente vie ? 
Nous cultivions en paix d'heureux, champs: et 

nos mains 
£taient propres aux arts ainsi qu'au labourage. 

Qu'avez- vous appris aux Germains ? 

Us ont l'adresse et le courage :' 

« Couaqué 



j ( ai ) Rapporter , rebrousser. 
( 33 ) D'esprit, 



( lal ) 

Couaquë né chio mâs qui pèr domandâs justîçd , 
a Séy lour sëcour , ïàii sabé-bë y 
« Noû né soun copablëis dé ré 
« Nou-mâs détor é d'ïnjtistiço , 
« Témouén ! témpuén vôtr-ovoriçcr 
tt Que noû châtio si rudoméa ! 
« Qu'éï nôtréîs pécha suromén 
« Pû-tôt qtié l'éifor dé vôtr-armâs, 

Qu'an fa quî v'àn chàusi pèr esséy Tïustrumém 
« Que noû faï versa tan dé larmâs. 

Tremblas ! tirémblâs ! Rouméns que lou céu 

« càiiqué jour 
w Né noû chausiss-à n^tré tour ' 

Pèr réboustiâ a» chûz vou, loû pleurs é lo mîsêro 

Que vou noû véz pourta en noû pourtan lo guère; 
« Loû fourçéz pâ dîs lour couléro 
« A décrétas , n^àï bélëii avan pàii , 

Que noû siran chargea dé vou fâs tou lou màii 
* « Que vàiitréis véz fa sur lo terro. 
« E dé càu dré prétendez voû 

V Esséy méillour é pus méytréîs que noû? 
u "Véz-vou màï d'éymé a3 màï d'o dresse P. 
« Màï dé force ? màï dé souplesse ? 
<c Nan noû pas coume vou doua mâs 

Pèr fts to-bé que vou ce que vou sobéz fâsP 

Pèr-qué séz-veu véngus tréblas nôtr-îneuçénso P 

lioû crubian en répàii oôtréîs chans dé séméoso ^ 
« Pén dé noû ovian-t-îs méytiéz 
« Pèr aprénéï toû loû méytiéz 1 

« Dé fâs sou vou n'oppréntissajé ? 

Ey-co voû que noû. véz opréïloru lobouragCt 

L 



S^IU avalent eu TatidM , 

Gomme vous 9 et la- violence j 
Peut-être ea votre place iU auvaiefit la pu^aiice ; 
JLt sauraient en user sans îiihumanitë, - 
'Celle que vos préteurs ont sur nous exercée« 

J^T entre qu'è p^iœ m la peas4et 

La majesté de vos autels 

Sllle-ipéme en est otkmée ; 

Car sachez que les ipnmprtels 
Ont les regards sur jious, Grâces k vos exemples ; 
lU n^ont clevant les yeux que des objets d^horreur , 

])e mépris d'eux et de leurs temples ; 
D^ avarice qui va jusques k la fureur. 

Aien nQ suffît a«¥ geq» qui qoui viflnnent de 

Rome i 
La terrç et le travail de l^omme 



^/mmmmm^mmmmmg^t^mwmmm'mKl^imw^mmrvtt 



(a4)5budié, 

|9S} "Le êoc àt Uk obame. 
( a6 ) lie vMf qIm. 
( 37 ) Aa jour d'tnjonrd^w* 
( a8 ) Denacr. 



t a^ ) 

n Véz-^von JoniàSinogiiia H ni tranchas ni apléîs H 
«c Vëz-vou)omàï pourta loû quîtéîs bouts d'au déÎA 

« Sur loi! manglîé ^ de càiiqué gagé ? 
tr IN^oVÎan iG'bè que y ou lo ibrç-é loil courage { 
« £ si n'oguèssan gu Vôtro cupidita , 
tt Vôtr-émbitilî é vdiro toitîta, 
le ït'àilrian , au séy d'anèt ay sur vou l'otorita 
m Que noû éyzersorian séy inhumonîla. 
t< Lou cëii , lo terro , lo noturo 
« Kcyt r^rouchomn pas dé lour yéy fa d'£ri)iiA> 
«r Coum>îs fan à vôtréîs préfets ^ 
a Que né soun mâs d'au bouto-féfs* 
4# Kfm, neu\ Rouméaât jernèi d^gfi né vcfUdifA 

' « créyré 
«r Toutas quëllas qu^îs noû fan véyré. 
«c É l<l Moîestft dfàd àtitar 
ir Nén ëï ello raëlm-àufénçado. 
K Sochas , Routnéns ! que loû dîiis tàt-àu-tar 
• Sén vénîoran stthré qtiiéU-'aflséiiiblÀdd* 
«r Vou sobéz bé quîs yézén tou. 
« En vou vizan que vézén-t-îs dé Bou ? 
« Lou méypri que vou fàs dé lours léïs , dé lours 

« fêtas , 
» Vou né séz mis pèr ts dé gran-pbjéts d'horrour. 
fc Vôtr-ovorîço yàï déycbant-à lo furour, - 
w Fàn boiittr »^ nûtréts béî5, pèr sànrâ iTÔtras téta^r 
« Vôtréîs préfets soun dé lo gén 
« Que n'àïmén ré nou-mâ Targén ; 
m Noû nén an jomàîT prou pèr quîs que noû 

« coumandéft; 
,♦ ]Xôtrâs terras , 4^6tfé trobàî, 



( ï»4 ) 

font , pour les assouvir , des efforts superflus. 

Retirez-les ; on ne veut plus 

Cultiver pour eux les cani|>agnes. 

Hous quittons les cités , nous fuyons aux mon- 
tagnes; 

Kous laissons nos chères compagnes, 

Kous ne conversons plus qu^avec des ours affreux | 

Découragés de mettre au jour des malheureux | 

Et de peupler , pouT ftome , un* pays qu'elle 

opprime. 

Quant ^ nos enfans dé]4 nés. 

Mous souhaitons de voir leurs jour^ bientôt bornés : 

[Vos préteurs au malheur nous font joindre le crime. 

Retirez-les . : ils ne nous apprendront 



Jm 



(ag) Fuit. 

.( 3o )" Née. 

(3i ) Sar le champ. 

1(3a) JLenr coupa la gorgfe. 



Il Loû sà^oolotiaa pa^ qoas gntinirio vin vé màï ; 
« Tan-Kiàï îs noû n'an prëî , tan-màï ts n'en 

c( cloTnandén« 
R Tiras loû noâ. . . • CtiSz tiott tté Tolén pû$ 
w Lobonra» pèr î» lâ» cattipognas ^ 
le Toù sén fujén ënsûs ! énsûs ! 
« Sur lo cîmo dé lâs ntountognas. 
t( ii^obaftdtmnétt n/^lra« mé^jotis ^ 
«r Mi^ufi arnio ! n^amën màï viàiirë coumo loû tous 

u 1$ né soun pas tan danjëyrous. 
« E coumo voléz»-vou que n'oyan lou courage 

«c Dé méttr-àn jour cirtkpié fnéinagé? 
« Pèr lou né}â tou viU dts no mèr dé «lolhur. 
« Noun pas ! noun pas ! pèr lou ségur ! 
« Chacun fiû 39 dé so mélnojéro. 
« Pèr loû pàul>réîs pitîs que scrnn déyjâ nâcu 3o 
n Ah ! noû désirorian dé boun cq^ur que càilcu 
« Tan-qué-tan, 3i do van vou , lour féndéz lo 

« ^ourjêro. 3a 
R liii sabé plo^ Rotiméns ( ^é ftia lui gran pécha 
(c D'ovéy gu no talo pënsado, 
£ dé-ségur nén sàï plo prou fâcha. 
« Ma qu'éy vôtrëîs préfets que lo noû an rochado 
tt ( E , ïàii nén otesté lou céii 
n Qné^ lotir trimi noun-paa Ua mël i, ). 
« Déyborossas noû nén , sénat ïàii vâu rëpettë | 
<f Qu'i so. plaço chacun se mette , 
w Lo lour néy-mâs ( vàii^ $dbéz~bé^) 
K £n-rté se fàï jomàï dé bë. 
• Que noû opréndrian-t-^îs en domouran àï6à) 

« n*àfûtréto;i 
L5 



( iî6 ) 
Que la mollesse et que le vice ; 

Les Germains comme eux deviendront 

Gens de rapine et d^ avarice. 

G^est tout ce que j^ai vu dans Rome à mon abord. 

N'a-t-on point de présent à faire , 

Point de pourpre à donner ; c^est en vain qu'on 

espère 

[Quelque refuge aux lois : encor leur ministère 

A-t-îl mille longueurs. Ce discours un peu fort 

Doit commencer à vous déplaire. 

Je- finis : punissez de mort 

Une plainte un peu trop sincère. 
A ces mots , il se couche : et chacun étonné 
Admire le grand cœur , le bon sens , l'éloquence 

Du sauvage ainsi prosterné. 
On le créa pàtrice , et ce fut la vengeance 



( 33 ) De pain de froment. 
( 34 ) I^ vérité. 

(35) Dite. * 

(36) Se co^chft. 

( 37 ) S'émeryçiiia s'étonna. 



( 1^7 ) 
tt Is forian i làs fis que tou', nôtre poyis 

« Sîrio tan couqui coumo ys. 
«r Car n'àï vu mâs-kan co en orib^n chaz vàûtrëîs 
« Lou moundé han-t-îs ré dé boun à vou donnas ! 
9 Dé tàii poyis quîs chian , îs sën podén tournas. 
« Pèr îs gnio pus ni léïs, ni piêta ni justiço 
«f E Roum-àu séï d'anèt né viii mâs d'ovoriço. 
« Sénotours ! nrioun discour éy , béléil un pàii for j 
« Mâs loû péyzans châz vou né mïnjén pas dé 

« micbtn 33 
« làï choba... Mé véyqui... Vàûtréîs sézjoû.pûs 

« for... 
« làii m'y otténdé bé... Voti punirez dé mor 

« Lo varta... 34 Mâs l'o vàuràï dîcho. » 3S 
En méimo t^n au se couéijèt 36 
ïou dé véntré au miéï d'au parquet ; 
L'ossémblado s'éyboïguèt 37 
D'ovéy trouba dïn Fâmo d'un sauvage 
Tan d'éymé , dé rosou , dé boun-san, dé courage , 
Lou séna lou noumé préfet , 
Co fuguât touto lo véngénço 
( E lou séna nén counvénguèt ) 
Que soun discour l'y méritèt. 
E per-fi que quell-ovanturo 
Possess-à lo rasso futuro 
Au chossèt loû c'ouquis que déypéï tan dé téns 
Fojian tan dé màii àû Germéns. 
E se méim-ordounè£*d'éycrîré • 

Tou ce que quéii péyzan lour véigno mâs dé dîré ; 
Pèr que co serviguéz toujours 
Dé modéUà soû àurotours. 



( laA) 
Qu'on crut qu^tm iA discours mériWttt. Qa eliDuk 

D^ autres préteurs $ et par écrit 
Le sénat demanda ce qu^avait dît cet homme, 
Poor scrrir de modèle atm parieor» k Tenir. 

On ne sut pas long^temps à Rome 

Cette éloquence entretenir. 



«MMH 



1 »1 



f 39) tti gnndHOrfrfk 
(99} nCoisir. 



.\ ■ 

( 1^9 ) 

Mâs YiîT àuvi dir-à moun ando 3a » 

(E ïàu diràï toujour, si càucu m'àu domando J 

Que quéii béii régliomén 

Né durèt pas loun tén , 

Tan-piéï pèr loû Rouméps , 

Tan-piéï pèr loû Germéns , 

Tan-piéï pèr touto républico 
Que laïsso chàuménis Sg no tallo rëtoric» 
Co néï mâs lo vertu é' lo francho-varta 

Que fan lou bôunhur d'uff éyta , 

Séy quello , pouën dé liberta ; 

Séy l'àiitro, pouën dé furétaa 



, .» .' 



(i3o) 
XXIL Le Lion malade et le Renarde 

X^E par le roi des animaux ^ 
Qui dans son antre était malade , 
Fut fait savoir à ses vassaux 
2ue chaque espèce en ambassade 
'învoyât 'gens le visiter , 
>ous promesse d^ bien traitef 
Les députés ^ eux et leur suite» 
Foi de lion , très-bien jécrîte ^ 
Bon passe-port Èoiitre la dent^ 
Contre la griffe tout autant, 
Uédit du prince s^ exécute i 
De chaque espèce ou lui députe. 



mm 



* ( I ) Alité , 0Û8 sa lit» 

(3) Déconcerté. 



( lil ) 



XXII. Lou Lioun molàûdé é lou Renard 



A 



UTRÉ-TÉN ts man counta 
Qu'un lioun que séyr-alita « 
Pèr préncipé dé santa , 
Ordounèt dm tou réyta. 
Que dovan so mojesta 
Loû béytiàiis dé tou-t-éyta | 
De tout âgé é cglita 
Vénguessan pèr députa 
S'infourmâ dïn qual-éyta 
Se troubavo so santa; 
Soû péno d'esséy trota 
Coum-^un trat--un révoulta 
Aub-un criminel d'éyta. 
D'au resto so mojesta 
Proumèt à tou députa 
Protétiii é suréta 
Piéin-antiéro liberta 
Pèr un éycri cochéta 
En lo griffo dé Féyta. 
Quan co fiigu^t troumpéta ^ 
Yàuriâ vu dé tou coûta 
Lou béytiàu déycounorta a 
\À coure , poti-pota 
-Goumo dé béii déyrota 
Dé pàu désséy décrets^ 
É dé se véyr-orèsta , 
Fouéyta, markâ, déypourta^ 



(iSa) 



Les renard^ gardant la maison , 

Un d^eux en dit cette raison : 

Les pas empreints sur la poussière 

Par ceux qui s^en vont faire au malade leur cour , 

Tous y sans exception , regardent sa tanière ; 

Pas un ne marque de retour. 
Gela nous met en méfiance. 

Que sa majesté .nous dispense: 



Mal 



I 
I ! 



» < • . 



( 3 ) Fins. 
(4) Caclié. 



( »33 ) 
Màï. bëléU dëjcopita^ 

Can lou.ré'i éyr-ëntêta, 
Fouillo (as so voulounta. 
Loû rénars que soun fûlâ S 
Màï qulan dé 4o voaîta^ .. 
Séntétëa dé lour coûta, 
£ né fan aucun ëyta 
D'au réï ni dé so santa 
Ni dé soun Knfirmiu , 
Pas mil que dé l^oréta 
Que vio préï so mojesta; 
Is se domourén jcau. i. 
Quai^co fuguèt ropourta 
Bïn lou gran>cousséy d'ëyta 
Lou lioun fut plo déypita* 
Dé se véyr-éntàû* trota. 

Mâs câiicu mo rocounta 
Qu'un rénar vio ripousta : 
m Siro , n'àurian counténta 
« Votr-ïnfirmo mojesta ; 
fc Mâs ïàï finomén guéyta 
« L'éndr-éntë sëyran pourtt 
a Toû loû péz d'au députa, 
« Loù aï trouba toù planti 
€ Viran d'au méymo coûta, 
a Après loû Y^ bien counta 

k 



( i34 ) 

Crrand merci de son passe-port. 
Je le crois bon : mais dans cet antre 
Je vois fort bien comme l'on entre « 
Si ne vois pas compie «n «a sort» 



' t 



» S-» 



( .35 ) 
• Lour noumbré xno otesU 
«c Qué^sur milo qu'an éyta 
o Véyré vôtro mojesta 
« Gnio dièy-cént que l'ian resta. ^ 
Mal qu'eyro bien lo yarta. 

Véyquî moun counté counta; 
Mé sàï chiàu vo counténU. 
Én.nman toujour en im 
Bélëti ïàu vàï entêta : 
Pèr-tan îàï di lo yarta 
É quéii que To ïnyénta 
JN'eyro pas n'homé d'éyla. 






• f '^ 



( i36) 



XXIII. L'Oiseleur, t Autour et t Alouette. 



L 



E S înjuslices des pervers 

Servent souvent d^ excuse aux nôtres.. 

Telle est la loi de F univers : 
Si tu veux qu^on t^ épargne, épargne aussi les autres « 
IJn manant au miroir prenait des oisillonsr-- 
Le fantôme brillant attire une alouette : 
Aussitôt un autour planant sur les sillons 

Descend des airs , fond et se jette 
Sur celle qui chantait , quoique près du tombeau. 
£lle avait évité la perfide machine , 
Lorsque , se rencontrant sous la main de F oiseau | 

£lle sent son ongle maligne* 



( I ) Miroir. 

( a ) Nœuds-coi 

( 3 ) Attrapait. 

( 4 ) Diminutif d'oiseanx. 

( 5 ) Diminuiif d^ alouette. 

( 6 ) Eblouit. • 

( 7 ) Diminutif de chanter. 

( 8 ) Tout auprès. 

(9) Lui eut 

( 10 ) Ferme. 

(il) Joujou , amusemeot. 

{ 19 ) Tant miens. 

( i3 ) Aucun. 



H '37 ) 

XXI II. Lou Pipjéymfé ; VÈyparviéz 

é lo Làmo^ 

JCjn-d'un miréï i é d'au sédousa 

Un pipéyaïré dé châz nous 

Tropav-un 3 jour d'au àûziilous 4 

No jàun-é pitito l'àuvéUo 5 

Que lou miréï éyblàuzîguèt 

Sén vèt chantussas 7 4out au pèt. • 

Un éyparviéz que lo véguët 

Tound sur ello , lo vou crouchetto ; 

E d'au prémiéz*co dé fourehetto 

L'y guet 9 bé tôt bora 10 Iqu bèt. 

Lo n'éy\atèt mâs lô mochino 

Pèr servî d'eybotouéï n à l'àûzéu dé ropino- 

Péndén qu'à lo pluma l'àûzéu èyr-ocupa. 

Se méym-én-d'un sédou au se trobo ropa, 

(Tan-mièr, xa mé diréz-vou , n'eyro pas gran 

doumagé ). 

— Pipéyaïré , moon boun omi l 
j Se dissè-t-éii' dïn soun lïngagé , 

Souéy ! laïsso mé nâ , vàï ! pàubré piti méinagé ! 

Tàï jomàï causa pén x3 rovagé , 

Tàï jomàï ré fa ni ré di. 

H5 



( i4o ) 

/ 

XXI y. Le Geai paré des pbime^ du Paon. 

\J N paon muâît : un geàî prit son plumage; 

Puis après se Tacconimoda ; 
Puis, parmi. d^ autres paons tout fier se panada ^ 

Croyant être un beau personnage. 
Quelqu'un Iç reconnut : il se vit bafoua ^ 

Berné , sifflé , moqué , joué , 
Et par messieurs les paons plume d'étrange sorte : 
Même vers ses pareils s' étant réfugié, 

Il fut par eux mis à la porte* 
Il est assez d'e geais à deux pieds comme lui. 
Qui se parent souvent des dépouilles d' autrui ^ 

Et. que l'on nomme plagiaires. 
Je m'en tais , et ne veux l.eur causer nul ennui : 

Ce ne sont pas là mes affaires. 



% 

( 1 3 Volé. 


( i3 ) H est obligé* 


( 3 ) Muait. 


( i4 ) Mieux reçu. 


( 3 ) Arrangé.' 


( i5 ) TJne pie. 


(4) Accoatré. 


( i6 ) Larron , roleor. 


( 5 ] De quelque manière. 


(17) Tel qu'il soit. 


( 6 ) Jia roue. 


.( 18 ] Beaucoup. 


(y) Hérissé. 


( 19 ) A deux piecls. 


( 8 ) Se méie. 


( 30 ) D'un bel habit. 


(9) Avec. 


( ai ) Quelque fois. 


( 10 ) Sar<4e-cliamp. 


(aa) Jolis livres. 


( II ) Masque , mascarade* 


( a3 ) Libres. 


( la ) Si bien. 


( »i ) XxoByer à redire: 



. ( 4I ) 



XXIV. Lou Jàï que se carro dé lâs plumas 

d'au Pan. 

\j N jour un vîéï jàï se carravo 

En lâs plumas qu^ào vio ràuba i 

D'un Superbe pan que mudavo , ^ 

Né sàï coum-àu séyro Jouba , 3 

Au séyguèî 4 bé dé càuco modo 5 

Qu'àurias. di qu^àu fogio lo rodo , 6^ ^ 

Tan lou drôl-éyr-éybourifa 7 

Dïn*t-un si superbe éyquipagé , 

Au se créii bëii coum-un éymagé 

É se bouéyro 8 coumo 9 loû pân , 

Que lou couméissén tân-qué-tan. 1^ 

Quafnt->-fs véïén queHo tnourico x« 
Co fugue t no bravo nnusico. 

Dobor îs se mouquén dé se , 

Aprèz-co lou plumén to-bé la 

Qu'au éï y ira ï3 quîtâ lo plaço» 

Au torno vèr quts dé so raço 

Mâs nén éï pas mièr ré^ànbu , i4 

Au vàu fâs so cour à ne jasso x5 
Que Fy ficho d'au pè-t-àu cû. 

Un léyrou ifi Jàii qu'au cbîo 17 né faï jomài fourtano 
In où vézén forço 18 jàïs séï pluino , 
Jàï è dous péz 19 tou coumo quéii | 
Se caffïs d'un prbpé gôunéîi ao ' 

Que càij cas-dé- vé ^i néï pas séii, ) 

Fâs dé brâvéïs àî» libréts nouvéii , 
En dé lâs féîllas de inéix libréîs, 
Mâs quîs darniëz , loû laï^ ^xHt^ \ U ) 
Lo Fountaîno nén parlo pas 
M'y yolé pas troubâ M d'ofas. 



( i40 

XXV. Le Lion amoureux; 

#^ • 

I^ÉVïGNÈ, de qui les attraits 

Servent aux Grâces dé modèle, 

£t qui naquîtes toute belle , 

A votre indifférence près , • 

, pourriez- vous être favorable 

'Aux jeux iiin- cens d'une fable , 

JEt voir, sans vous épouvanter, 
Un lion qu'Amour s<^t dompter P 

i^oiour est un étrange maître ! 

Heureux, qui peut ne le connaître 

Que par récit , lui ni ses coups ! 

Quand on en parle devant vous 

Si la vérité vous offense , 

La fable au moins se peut souffrir : 

Celle-ci prend bien l'assurance ~ 

De Venir à vos pieds s'offrir , 

Par zèle et par reconnaissance. 






( I ) Alots, dans ce temps-lâu 
( a ) Joli minois. 
{3} Une sgoaoire^ 






( «43 ) 
XXV. Lou Lioun Amoureux. 

JLI'au tën que lâs bétias parlôvani 
Loû liouns éntr-àutr-ambitionovan 
Dé se mondas coumo noû. 
JL pèr-qué pas ? à lëy-doun i quell-énjéiuo 
Ne voillo lo pas taa que noft ? 
Courage, forç-intelUjënso , 
Propë muséu 9 sur lou marcha ; 
Yéjan qui Vy fuguèt moucha* 

• 

TTn lîoun dé gran poréntagé 
Possan p&r un certain pra , 
Trobo no barjêr-à soun gra 
£ lo domand-én moridag& 
Lou paï àurio bë mièr aïma , 
Si co guèz éyta poussiblé, 
Càiiqué gendre mïn toriblé 
£ qu'âurio gu mïn dé béuta« 
Mâs couiitrarias un éntéta 

Dé quél-éyta 
L'y sëmblo , tan-màï au Ty pénso i 
N'ofâ dé grando counséquénso. 
BoîUas so fiUo qu^éy bien dur! 
Lo réfusas , n'éy pas ségur , 
Po-ïàu ténèy so fiUo dîs n'éymari ? S 
tTrouboro-lo toujoui^ un si riche partirf. 

£ sîs van càiiqué béii moti i 

JPossaa lou couatra sé2 lou aoatiri fi , 



( «44) 

S>H' ^eiRp»' qne -les hètes pdrktîent^ 
Les lions, entre autres voulaient 
Être admis dans notre' alliance.* ' 
. Pourquoi non ? puisque leur engeance 
Va^it la neutre en. ce temps-U^ 
Ayan|, courage , intelligence , 
£t belle hure outre cela« 
Voici comiBent il en alla. 

Un lion de < haut pârentage y 

£n passant par un certain pré. 

Rencontra bergère à son gré; 

Il la- demande en mariage. 

Le père aurait fort sai^haitë . ^ - 

Quelqne gendre un peu moins ternble. 

La donner lui semblait bien dur ; 

La refuser n'était pas sûr : 

Même un refus eût fait, possible , 

Qu^on'eût vu quelque beau matin. 

Un mariage clandestin ; 

Car, outre qu'en toute manière f 

La beir3 était pour les gens tiers , 



Brias 



( 4 ) Se C(^ffe.facilen^ont* 

( 5 ) Une toaraure , un . parti. 

(6) Rosée, 

( 7 ) %ratigniire« 

(8) Q9ie.7e tqoi racoMraUse^ 

(9) Pointues. 

( io)«;B9i,6er8^ eiabraH^lUjm^ 



(•45) 

Car faut hé dire lo varta , 
Si loti golan éyr-éntéta , 
Lo fiU-éyro d^uno fiarta 
Que n'àurias pas vu so porîëjrro ; 
No fill-éntàii se cbuéyf-éyza 4 
D'omouroû à lounjo crinîëyro. 
£ vou n^àuzorias pas dît-à un tàii golan 
Tou nétté de fichas soiin can. 
Aussi lou paï prén n'émbaïsso S mïa duroj 
Faut que vdu counté l'ovanturo. 
x€ Môhnséignour , se l'y dissè-t-éii , 
« Mo fill-o lou cœur, é lo péiî 

« Téftdrëîs coumo dé lo rousado • ^ 

•t 

ce £ vôtro griffô plo filado 
«L'y forio màî d'un-ëngraugnado 7 
ce ,Quati vou lo voudrias coressas , 
ce Pérftiéttëz doun , ( séï vàufénças ^ , 
« Que vou brië 8 tan si pàii vôtr'ounglias tro 

«r pounchudas 9 
ff Pèr ,<faè lis né chian pas si rudas. 
ù Sufrjréî aussi en mëymb tén 
' «t î)é vou laissa limas lâs dëns. 
cT Aïi moùyëiT dé quéll-ëychancruro ,♦ 

« Vôtre îs bicoû .10 

« Pus omourôûy 

«c Mïn dangéyroû , 
& N'ëyfrédoran n pas lo futuro, 
cr Vàuréz màï dé plozëy loù dod. 9 
Moun lioun omouroû coiinro catré , 
Sé^guëz de boun cœur laissa' battiré ;^, 
Au se laïsso douii b^tioràén ' 



( »46 ) 

Fille se coeffe volontiers 
D'amoureux à longue crinière. 
Le père donc ouvertement 

N'josant renvoyer notre amant , 
Lui 4U : Ma (ille e$t délicate; 
Vos griffes la pourront blesser 

, Quand vous voudrez la caresser. 
Permettez donc qu'à chaque patte 
On voms les rognç. ; et pour les dents y 
Qu'on vous les lime en même temps : 
Vos baisers en seront moins rudes , 

Et pour vous plus délicieux , 

dar ma fille y répondra mieux 

Étant saqs ce3 inquiétudes, 
^I^e lion consent à cela : 

Tant son ame était aveuglée J 

Sans dents> ni griffes le. voilà , 

Comme pl^ice démantelée. ' 
. On lâcha sur lui quelques chiens : 

Jl fit fort peu de résistance. 

Amour ! Amour ! q^and tu nous tiens , 

On peut bien dire : Adieu prudence. 



la ) Du ravage, 

i3) Bouleverse. 

i4) Dégarnis d'onglek. 

i5 ) Démanchée. 

16) D'une lictte. 

17 ) i^nit. 

18 ) La novie , la prétenduQt 

19 ) Se mirent. 

30 ) l^ravaille^ use , fatigue* 
ai) Fim(. 



\ 



■ ( 47 ) 

Brias sas vïn grifas màï lâs dénia , 

Tan Tomour ftï dé l'éytouillo , la ^ 
Dîs no cervello qu'au fârfouilîo ! ï^ 
Quan soû péz futén déyoungliïi f4 
É SôUn râtéllier déymaiiglia tS ' 

Is l'y lâchén loû ehéis d'uno légo i6 lo roundô. 

Que l'y fitén dansas no fiêro danso-roundo. 

Lou pàiibré gar que se déféndto màii 

Chobèt 17 pèr toum bas d'au gran-inàii y 
D'ail màii dé lo mor , volé dire ; 

Lo nôvio , *8 lourbéUr-paï se boutëyrén lô dé rfri. 

Jàunas fiUîas tJ jàiinéix gaîçoûl * 
Quéîi counté vou regard o toû. 
Quan l'otnour tèt no Jàùno teto 
Au l'éytribo ao que lo témpêto- , 
Léy-doun pûs,d'éymé dé rosou 
Pus ré dé béii ,' pus ré dé bôu. 
Vou podéz dîr-adiii pnidénço 
Lou bounhur chabo at pèr lou bou 
Éoté.l'éntèioinén couniénço. 



K «^ â • '— 4 ^ 



( i4«) 



\^ 



XXVI. Le Curé et le Morf. 

. Ui; mort s'en allait trUtement 

I 

S'emparer de son dernier ghe; 
Un euirë s'en allait gaiment 
Enterrer ce .mort ou plus vîte. 

* 4 

Notre défunt était en carfosse port8^; 

Bien et dûment efnpaqueté ^ . 
£t yétu d'une robe , hélas ! qu'on nomme biire^ 

Robe d'hiver^ r^e d'été. , 

« • • * 

Quç \e» inofts oe dépauilleat guère. 



( I ) Afin (pie. 
( 3 ) Maintenant. 
( 3 ) Dérotes. 
( 4 ) Jours oUTraUes, 
(5) Ub« fois ^e. 



'«»»■•. 



"(r49) 
XXVI. Lou Curèt é lou Mon 

\J N m or s'en navo tristomén 
Pôyâ so rénd-à \o noturo. 
Un curèt plo guèy , plo countén 

Chanta v-àu prèz .de lo vituro , 
Ént-éyr-émbolà soun trésor. 
Car fàu dîiré que quéii nior 
N'èyro. pas dé pitito biêro ; 
"^Mâs qu'èyro lou pus gros-sëignour 
I>ë toû loû nobléîs d'alentour. , 
Quéii moundé roiilén toû cprosso , 
Méymq^^pèr nâ déych-à lo fosso^ 
Pèr loû nobléîs , pèr loû ricbars 
L'io' toûjoïir gu^ d'au 'corbillars , 
(É'pèrfi i que dégu nén.gproundé 
Auro a l'ién-o pèr tou lou moundé. ) '. 
Finalomén , nôtr^ mor vîo lou séii 
Pèr lou menas toû dré-t-àu ccii , 
E :so fotnillo rich-é fi'êro 

4 

L'ovi-éy tendu tou dé soun loun 
Dïn-t-un superbe fcobi* d'é ploun f 
Hobi que noû pélén no biêro, 

■ Hobî d'hyvèr , holû. xl'éytiii , 

Ilobi pèr tâs lo proucessî'd , 

Hobl pèr toû soudars , hobi pèr lâs ménëtas ^ 
Hobi dé jourbran 4 màï dé fêtas , ^ ^ 
Hobi que ni gran ni pîtî 

Né quittén )omàï pus y no-vé 5 qufs Fan yilu 

N5 • V ^. . 



* • 



Le paisteur était k côti , 
' Et récitait k Tordinaire , 

Maintes dévotes oraisons , 
• • £t des pseaumes et de$ leçons , 

£t des versets et des ré|>ona : 

Monsieur iç mort,, laissez-nous faire ^ 
On vous en dodkiiera de tontes Içs façons; 

11 ne s'agit qu6 du salaire. 
Messire Jean Chouart couvait deç yeux son mort ^ 
Comme si Ton eût dit lui ravir ce Irésor ; 

Et des regards semblait lui dîréV 

JVIoDsiçitr. le fiiort.<, j'wi;3i, de. yows 
^ Tant en ârge^l. et tant en cii)e i 

l^i tant en' autrçs niénus coûts. 
11 fondait^ liniessiifr Tacba^ d'un^ feuHLette 

Du meilleur vin des environs: 

• • ■■ • < • - ,' , 

^ Certaio/i nièç^ assez proprette . ^ 



mm^tmtt 



( 7 } Gran4es honneurs* 
( 8 } Dra pHraûrtnake. 
( 9)^ Lis àr^Uk 
Cio) Cix^y 



' » 



r 



( i5i ) 
Moun curèt plp countén dîs Tâmo, 
_^ Chantavo për quéllo boun-amo 
ForçQ déprvfhndié , fprço miâéréréi 
(Tout-à-co vaut bé caiicoré) 
Moussu lou mor , léyssas mé {skiré y 
• Voun boîlloràï pèr païr-é maïré 
D^^ù. féquiém , d'au fiCéra, 
D^àû orémuâ , dé lâs létéignas , 
• Versets, ^eïponnla «t-céléra ; ' ^ ' 

Tîé crézë pas que vpu y'én pleignas, 
L^éïssantiel ëï xlé bien poyâs ; 
Sur-!-tou dé né^ pas barjignas, 6 
D'obor faut ian pèr moun dré dé présénço , 
, Quëy toujour pèr-à-qui qu'un bourdorëë cou— 

mënço ; 
7an pèr vèï lâs grandas hàunours; 7 
Tan pèr lou pâly ? dé velours ; 
Tan pèr loû dréîs 9 dé lo fobrico ; 
Tan pèr loû diéâ en musîco ; 

'-Tan en céro ; V> ^« en argén 

En un mou lou mountan dé quél-énteryoméil 
Quan lou curèt l'oguèi lira dî so mémoria^ 

L'y dévio procuras lo glorio 
Dé n'ovéy pèr so par un boun fû dé Bourdéo 
D'au méillour é d'au mïn nouvéii,. 
Lou service , lo coi*anténo 
É l'dffrando dé lo poténo , 
( Séï c.oumprénéy lou bou dé l'an) 
Dé V ian fâs h'hobillomén blan 
Pér certéno pililo nésso 
Qu'éyr-à lo Aour dé so jàunesso^ ; 



( i50 
' Et sa chambrière Pâqnette 

Devaient avoir des cotillons*' 

Sur cette agréable pensée 

Un heurt survienf : adieu le char. 

Yoilà messire Jean Chouart 
Qui du choc de son mort a la tête cassëi : 
Le paroissien en plomb entraîne son pasteur ; 

Notre curé suit son seigneur; 
Tops deux 5^ en vont de compagnie. 



». 



Il) Bien adventif. 
1 3 ) Le détour. 
i3 ) L^écrasa. 

i4 ) Suivit. 

i5 ) n fallut. 

16) Fut. 

1 7 ) £n eurent-elles ? 

18) Leur morceau. 

19 ) Finit là. 

ao] Mettre notre nrs. 



( i53 ) 

Màï nû jupo dé bé-vénti xK. 

Pèr lo chamboriêro Coti. 
Tout-én boillan lou bal à no tallo p^hsado 

Coum-is ptéygnan lo déyvirado la 

Né sàï coumo co se foguèt 

Mâs lo corosso châvirèt , 
E lou mor bradàdàii , toumbo dré sur lo této 

D'au pàubré molhurou curèt 

E coum-un yàii l'éypotitlguèt i3 

Countrë no pitito murètto. 
Lou poroufién dé ploun éntraïno lou pastour 

Lou curèt sëguèt '4 soun seignour, 

Is loû mëltén dis. lo corosso ; 

Fouguèt i5 fâs vite n'àutro fosso ; 

É quél-occidén molhurous 

Au lèt d'un mor n'en foguèt dous* 

Lou casuel é lou luminâri 

Tou ço fuguèt i6 pèr lou vicâri. 

Lo jàuno néss-é. lo. Cotî . 

N en guérén-lâs 17 chacuno Lour boussi? 18 

Co-néï pas ce que noû régardo. 
Lou coun(é chabo 19 qui ; l'autour nén parlopaf 

Ni n'an pas bouta ao nôtre nâz, 

Mâs méifian-noû dé lo comardo 
L'éy toujour à nôtréîs tolous, . 
Soun dar né Ki pas dé jolous ; 
Touto l'herbo dé lo noturo 
Éï pèr se feoujour prou moduro , 
Au Aiichb dis toutas sosous. 
Dîs lou céii nétr-hour-éï fixado , 



( i54) 
Proprement toute notre vie 

Est le curé Chouartqui sur son mort comptait, 

' Et la fable du pot au lait. 



(ai ) Y cussions-how- 
( aa ) Pr^ts a partir. 



•mmm^ 



. {■ 



I .i . J J I 



< ^ V *. 



r 



( i55 ) 

. E plçytodiu l'y guéssan-noù ai 
Nôtro plaço to-bë tnarcado , 
Dé-ségur lo s'y perdrio pas ; 
Car n'ovén béii dîr-é béii fis 

Dé béii plans, d'au projets, d'àûchâtéii en espagnol* 
£a yilt-à lo cour , en campagno , 

Lo mor déyttui tou-co d'au mïndré co dé pèt.' 
Témouén lou molhurou curèt. 
Né counéyssé mâs no finesso 
'Pèr Vémpêchas dé noû trobis , 
Quéï dé viàuré dîs lo sogesso 
B toujour tou pr«ït-à partis, aa 



i 



Ç i56 ) 
XXVII. Xtf Laitière et le Pot m hit. 



P 



ERRETTE, sur SA tête ayant un pot au lait, 

Bien posé sur un coussinet , 
Prétendait arriver sans encombre à la ville. 
Légère et court vêtue , elle allait à grands pas ,, 
Ayant mis ce jour-là, pour être plus a|^le, 

Cotillon simple e^ souliers plats. 

Notre laitière ainsi troussée 

Comptait déjà • dans sa pensée 
Tout le prix de son lait; en employait Fargent; 

XXVII. 



■■ 



( I ) PétroniUe. 

( a ) Pot. *■ 

( 3 ) Coussin. 
( 4 } Jonché. 
(5} Vous eussiez dît» 
(6) Attaché. . ' 

( 7 } Habillée. 
( 8 ) Papillon. 
(9} ^suré. 

(10) Mesure pour le lait, 
ï^i) Qontte qui se donne sur le marché. 
fia )'fe y en avait. 
( i3 ) Trois douzaines d'^jeufi. 
( i4 ) Couver. 
( i5 } Mauvais grain. 
(16^ Blé sarazin. 



I 



C'57) 

XXVII. Lou Toupi dé la. 

JLETROUNO I pourtavr-àu marcha 
Un toupi ^ âé'la sur so této 
Sur un pHi coocssif 3 lo Toyio bien jucha, % 
Guéissà 5 dit qu'au Piér-ëytocha. 6 
BiUado 7 comn-^n jour dé féto, 
Révéillado coum-un cïn-sàu 
Xiégèro coum-uo parpoiUau B » 

PÛ5 lesto qu'un chat-ëycurau ; 
I4o propo jupo dé saumiéro 
Rétroàssado.dîs so gotiêrOf 
Qi«98sad--éii aouiUéz plats , pèr né pas tan mcas' 
Ni d'éntorço ni dé fau-pas« 
Nôtro Péyroun-éntàîi troussaao , " 
Counto déyjà dîs so pénsado 
L'argén dé soun toupi dé la ; 
D^ovanço 16 l'ovi-éycunla ; 9 
Lio sobio loû grélous 10 que -soun toupi countéîgno 
£ ( g;nio pas dé goutou xi que téigno ) 
Gniovio la pèr vïntocatré sàîi ; 
Lo n'en dério chotas tréy doujênâs dé yiu. iS 
Loû foràï couàs , «4 s^ dîgio-t-eflo ; 
• 'Quts poulets , coumo dé rosou , 
Trouboran-bé doréî méyjou 
Pèr vîàuré càiico bogol«Uo. 
L'ofochodi i5 ^Ua, dé Moditt, i^défkotfiiién» 
Loû nuriro certéncHaién , 

O 



.( i58 ) \ 

Achelnit un cent d'œu&^ faisait triple -couvée : 

La chose allait à bien par son sain diligent. 

' Il m'est, disait-elle, facile 

D^éleyer des poulets autour de ma maison : 

Le renard sera bien habile 

SHl ne m'en laisse assez pour aroir un cochon. 

Le porc à s'engraisser coûtera peu de son ; 

11 était, quand je l'eus , de grosseur raisonnable : 

J'auMii , le revendant , de l'argent bel et bon. 

Et qui m*einpêchera dç mettre en notre étable, 

Vu le prix dont il est, une vache et son veau, 

Que je Verrai: sauter au milieu du troupeau f 

Perrette là-dessus saute aussi , transportée : 



( 17 ) Le milan. 

(18) Cette anijbée TienQe.jU foire de Saint^^Loop. 

( 19 ) iJn |oli coclioQ, ' 

( 90 ) De bon appétit. 

< ai } PdigB^e de spi^ à deitir. nialas.^ V 

(aa) De petit? saiiu. 



Sëï que m'en côté forç-argën ; 
Lou rënar , màugra so (inesso ^ 
Jjo miàillo , >7 màugra soun odtesso , 
M'en làïssoran-bé lou jour prôu 
Hujlkin , 18 çàY véygné lo St.-Lou 
Pèr n'en vèï un propé gouignou. 19 
Lou préndraï un ph\ï rosounablé, 
I}fk bouno» gûrj-àu ^o éï çopablé 
< Coumq counéyssé vèr châz nous 
Dé s'6ngreis$a$ pr^squ^ tou sous. 
Lo chatéigno , Voglian q^é ddmourén dessous' 
'L'îàuran tôt "fi^ no bauno coueyno. 
Quan'l'y foudrio dé téh-ën-tén 
Yèï càiico jàufado 21 dé brën 
Cq n'ëï.pas qui no grando rouéyno. 
Engréissa qu^àur^çhip, loi^ vendrai 
Dé raygéa que n'èa tirOràï ^ - . 

Pèr mouii counté ft'én chotoriS 
Un piti védéu.^màï so tnaï. 
. Quéï mé méymp que gardorài 
Quéu piti troupéli quan Fauraï) 
É dé-ségur\ Fàuméntoraï 
, Tqù lo^ ans tan 'que ïàli pouïr^ï. 
Qu'àii plozéi ! Péyroun-én to gàiilô 
• Dé fiïré-ft-fré lo pingràîîlo aa — - 
*A tréii-quatré pilÀ védëus , 
E dé poudéy dîr-y soun • mëiis t 
Méyvis que loÛ vëyzé d'ovanço 
Levas toû lo couétt-én codanço , • 

Eypïngas ,* fingas ^ sàuticas ! 
Péyrouni loû vaut couutri^fa/s ^ , 



( i6o ) 

Le lait tombe ; adieu veau , vache ^ cochon^ convëe^ 
La dame de ces biens ^ quittant d^un œil marri 
Sa fortune ainsi répandue 9 
Va s^ excuser à son mari , 
En grand danger d^étpe batlhie, _ 
Le récit en farce jca fut fait ; 
On Fappella le pot au lait. 

^d esprit ne bat la eampagi^? 

Qui ne fait chl^eatix en Espagne ? 
Picrocbole , Phyrrifus , la laitière , enfti^ tous| 

Aotant les jiîages que les feux. 
Chacun s&oge en veillaiit ; il h'eM^ rien de plus 

doux. 
Une flatteuse efreur ëâiportè db^ noi aMies ; 
^ ¥out lé bien du monde est à nous , 
Tous les bonneul^ , toutes les femmes. 
Quand je^uis àeiil jé fm mi phrs brave utf défi ; 
Je m'écaïAé^, }« vais détrôtiei^ te Sophf ; 

On ni' élit roi , inon peuple in'aime ; 
Les diadéiÀéS^ voitt s>èi^ tM tfte f>lëuvati^: 
Quelque atecSéent feit-d que je' rentre en moi- 
même ^ 
Jé s^s ôrd^^éàhl comttïe <tevant. 



Il w r» I iW I l i f | 



( a4 ) Diminutif dfi ift«teiK 

(a5) Ai «hUmu. 

( 36 } Ia boue. 

( 39 ) Xaû donnât de son biton. 

(*a8 } turôn familier âux pa^siBi* 

( 39 } Sont obligés. 



I 



. (i6i) 

' -Siéï "Sungnhs ^3 que subré so tét6 

L'oVîo tou Fargén dé lo féto.x 
, ;Én sàtttîcarti , ^4 lo Péyroum 

Foguèt sàuticas Ion couessi 

Vàï-téi fâs fiché lou toupi,; 

Au touihb-àru mitan; ^5 d'au chomi ; 

É vèi-qui lou la. dîs lo faigno.a6 

Aditi lou chatéii en £spagno , 

Ad!u lo' vache f lou yédéii ; 

LQi^^pfyr.iiloii piDjuléfe, lQU;troupëU; 

Lo s'en tourn~à lou^tàii plo tristo ; 
S^escuzo dé soun mièr aupèt dé soun Botisto : 
Màï s'en fiatèt dé ré qu^ lou bravé Tistpu. l 

L,'y pijrfîsf o dé soun billpu , ?:^ ,^ j 
Pèr l'y aprénéï 4 se dounas dé gardo ^ 

Au lèt dé tan fâs so bovardo. \ 

' Qûéii count-ét counogu pèr-tou~ «^ 

Loû messurs l'an méï ^n chansQUw - 
n. opéra y en coumédio^ . . 

Is risén dé quello folio 
Aux déypéns d'au pàubré péyzan* 
Sanjiii ! ^8 quîs nén risan pas tan , '. 
Car îs nén fan bé piéï, aube d'àumïn auian', 
Quan dé toupîs dé là* vézén-noÛ sur' lâs iêisis 
D'au pétréîs d'au soudârs , dé lâs qùîtas ménétas ; 
Mâs co fàï coum-àu coboré, ^ ' 

Fjàuto dé bounhur au d'odresso ^ 

Toû quîs que countén séi l^otesso ^ ) 
Saun vira ^ dé couatâ doua vé' So ' 



05 



( i6a) 

t 

XXYIII. Le JLièn ikmm. çieux. 



Làîl Kon i termir dka levées f 
Charge d^âns , et pleurant son antique prouesse ^ 
Fut enfin atta^ju^ par ses^ propres sujets , 

Devenus fort» par Js» faîMesse* 
Xit chey^ s'approcliaut lui donné un coup de pied, 
lie lonp un coup de dent^ le besulun eoiip de coteck 
Le malheèrçiii Hod ^ lauguîSâaht 9 triste et morne , 



WV««Pi«"i4WP»*««p«fWi>i«««i««PlF 



1 J^Jtti avait 
s) Aco«l>lé. 
(3) A U fin; 

4) Aucun d*MuL 
5]tCtieval. 
6) Loi donne I lui «ppU^i 

8) Fit. 

5) lennA* 

10} Atl«li#. 
Il) Visu 
19 } DtUL feîl. 



(i63.) 

# •. . . 

\J N lioun qù'ovio fa x tou tremblas 
Dîs loû bos dé soun yésinagé , 
Obroca a sou Ion péï iè Tagé ' ' ** 

A le fi-dé-lâs^-fis 3 sén qu^àu né po pas nâ3, 
D'àûtréîft aussi au ^ counégaêrën 
£ toû loû béytiàiis s'en vénguérén 
L^ As chacun so déyrosiii ; 
Pén dé îs 4 n'en guet coumpossiiî 
Jomàï pus taU-insoulénço. 
Qu'éï lou cfaovàiiS que couménço 
Au Vy par-un 6 boun co dé pèt ^< 
Lou bîàu 7 Ty par-un co dé como ; 
Lou pàubré KofHi an suffriguèt 
É so figuro trist-^ morno 
Foguèt S bé counëytré d^obor 
Qu'au n'éyro pus jàunë 9 ni for» 
Au met lo mo sur lo coussinço ^ 
£ypéro xo lo mot en possinço 
É sén qu'au 6 mérita 
Dé n'éysséi pas mier trota 

Mis quan l'âné vénguèt xx l'y m'opouyas no ruad^ 
Ah l'y dissët^éii , comorado ! 
Moun arroo ! quéï muriz doua vé xa 
Dé mé yerré ïn^olti pèr ciiica coumo té. 



( »64 ') 
Feula pane rogîp pari- âge' «xtropîé^ 
Il attend son destin sans faire aucunes pla^ites ^ 
Quand voyant Vâne n^me à son aktre accourir : 
Ah ! c'est trop , lui dit'-il : je voulais bien mourir; 
Mais c'est mourir deux, fois qu# soufinr tes 

j . , ' atteintes. 



(.«3} B«p<ms«er«* . 
( i4 ) Tourmenter. , 
( i5 } Au lieu de.' 
(163 Je vais patir. 



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( »65 ) 
tlicb^s ! tou lou moandi v^énsAiif»; 
Mâs l'ëyzamplé dé quéii baudet 
Vou moutro que dts Féndigénço 
Chac]|^n vou butirio i^ dCka pèt* 
Si vôtre crédit , vtftro forço 
Né servén mâs à trébla» '4 loA pkîs 
Au-lèit i5 dé v'oun âa d'au omis 
Quan vôtr-ptorita kyito préï càirquéatorço i 
you podéz dîré vàu potiz. x6 



x/ 



( i66) 

I 

XXIX. Simonide préservé par les Dieux. 

v/n ne peut. trop lauer trois sortes de personnes ^ 

Les'^lieux , sa maîtresse , et son roi. 
Malherbe le disait : j^y souscris quant à moi ; 

Ce sont maximes toujours bonnes, 
La louange chatouille et gagne les esprits : 
Les faveurs d'une belle*en sont Souvent le prix. ^ 
^Voyons comme les dieux Font quelquefois payée. 

Siidonide avait entrepris 
L^ éloge d'un athlète; et, la. chose essayée ^ 
Il trouva son su|£i. pleia .4e récits tout nus. 



(1^7) 



XXIX. Simoumdo préserva pèr loû Dius. 

JlXommé de tout iyta, jàun-àu vieï, pàubr-àu 

» riche y 

Sou venez- vou dé n'éysséï ^omàï chiche , 

D'éylogëîs ni dé^'coupliméns • 

Envers dé tréy sortas dé gens , 
Loû diiis , loû< réis é no méytresso , 
Molherbo ïàii digi-àufré tén ; 
Partagé bien soun séntimén 
Que mé porëï plé dé sogesso. * 

Lo louanjo chotouillo é gaigno Xoin esprits y 

Lou cœur d'uno béiita nén éï souvén lou prix. 

.yéjaU' coumo loû dits sur terro^ récoumpénsén . 

Lo bravo gén que loû éncénsén, 

Simounido , no-vé , s'éïro chargea d'au souéa 
Dé vantas un dé quis oustiéras 
Que se battén à co dé pouén , 
Séï sujet coumo séï bésouén. 
Sur dé lâs bésugnas poriêras ^ 

Ce qu'un po' dîré éï bé tôt di ; 

iVè*i-qui moun àurotour au bout dé sounlétiv 
Coumo téindro-t-éii so proumesso ? 
Coumo gâignâ loû cent ëicus 
« « ~ .Que F y vian- éyt» proumëtus P -.^ 

D'àumïn si soun champioun guéiss-ëyta dé noblesso 
Fils d'un marqui, d'uno countesso. 



< i68 ) 
lits parens âe Tathlète étaient gens inconnus ; 

iSon père Y un lik)n faoucgeois; lui sans autre mérite : 

Matière infertile et petite. 

lié poète d'abord paiia .de foa héros. 

Après en avoir dit ce qu'il en pouvait dire , 

11 s« jette îi côté, se m^t sur le propos 

De Castor et PoUux ; ne manque pas d'écrite 

Que leur exemple était aux lutteurs glorieux ; 

Élève leurs combats , spécifiant les lieux 

Où ces frères s'étaient signalés davantage* 

• « 

Enfin , réloge de ces dieux 
. ;Fais«j( les deux tiers de Tovriage. 
L'athlète avait promis d'en payer un talent. 

Mais quand il le vit, le galaiit 
^Ten doQ^a-que le tioFS ; et dît , fort Sranictiement , 
Que Castor «t PôHux acqaitassent le reste : 
Faites-vous contenter p,ar ce couple céleste. 
;Je fMis veBX'tiaikr cepcopdattt ; 

Porén 

( X ) thins la chalre« 
(<3) Jomeâux^' 



( î690 
-Porén dé èiiiqui courtlaan! 
Mâs quéyro bpunomén lou , fils d'un ^rtizaa 
E co n*éï gro dis no boutico 
' Qaé po iMÎllas lo. r,étorico( , 
Co n'éï .pas guî que nôtréîs. àuroto|irs 
S'omusèlrén jomàï à cherchas dé lâs flours. 
' -Quéfoguèt doan moun Sûnounida 
Pèr, né pas perdre lo partido ? 
'Au s*éylanç^àu pus hàiit d'au céîis 
. ff à) Véylogé d'au dous.junr^s 

Que sount potrous dé lo coufriéro. 
«Au rocounto' lôur vîtHantiêro , 
Van^. lour éyroé , Içur, t^iit^ , 
Ézalto for lour omita ; ^ 

•^AU'^âéitéi^si jofhàï' subré lour' boono-iniiio ^ 
LouF; poudéJL , lour forço div^no, 
Lour gran crédit , lour protéctiii 
Cèr léa mor couino pèr. lou ^^îi^. 
£n un mou TàurotQur domouro 
Dïn lo cbodiégro i mai d'un-houro 
>£ ioilf diMia tiers dé. ti»u.icé;<|ii;àudiMiàt 
f ' '?^ V^^^ dous bessous ^ s'odressèt. 

Quant-àu céssèt 
Lcnihitheur harnioux coum-un fréro,' 
^JL'y.JjaillQ. cén fra;is, màï d'éi^guéro 
£n blasphémàn countré Ifpi céii, 
li^y dissèt « moun omi toun discour éï plo béiî 
^luHliaiaââiattJiec iièr jné ».. j^Lfâs^poyayojcfiSt* 
« Au .dous fràï 4é lo ^cour qélesto 
« Que t as sàubù si'-bé vantas. 
« Pèr-tan té yolé counténtas , ^ 

e 



( 171 ) 
V Ikxi payé tantôt no riboto 
,«,' A cinq-^àu chiëy dé moû omis, 
jtt làT'sora dé boun vi dé-boto^ 
, « Vaqué n'éii béiiré couino îs ; 
(t Tu yéyras d'au goillars que Âran ré^àuvis. » 
3imounîdo F y n^t; au oguèt pàu san-douto 
D^uno pus forto bancorouto. 
Au s'oténdi-à dàû coumpliméns 
L'ïn révéîgna i|o boiino dôso , 
Pèr mïa risquas , au se propose y 
: £n courén loû éyv^noméns , 
I>é tiras so par éH lâs déns, 
fin l'y Tàï dôun ; lo coumpoigno s^atablo 9 
Liou frico vèît , lou vi se sablo. 
. .ÏjOÛ ris, lo jâyo , lo gaïta 
Ghassén loû ofas dé J'éyta. 
Quant îs sount bien en trïn dé rîrd, 
^ "Vèi-qui lo pàucho 4 que vèt dîré 

A Simounido que déhor 
Dous jàunéîs ëytrangers lou domandén d^obof. 
"Au se léïv-àu court à lo porto ; 
( Vou pensas que péndén quéii tén 
Lo jouy^us-è foïo cohbrto 
Ké perdèt pas un co dé dén ) 
L^Àurotour pk) surprèy récounëy loû dous angéîs 
Uount au vio fa tan dé louangéîs. 
Is véignian tout expressomén 
Pèr Yj poyas lour par d'au coumpUnién , , 

Vèi-qui coumén ; .v- 

«Qiiîto , se disént-îs tan-qué-tan quello fêto ,) 
Car lo raéïiou vàï viras cû-sur-têto. 



( l?^') 

La pridktîon* en fia) vraies 
Ua p^er' manque!; et le pk&tnd, 
He trourant.'ptuB'rien qui Pétâiiev 
Tombe sur le festin, brise aplats, et flaoons , 

ITen fait pas 'inoiiia aux- écliaiisonsi. 
Ce ne>fat-pa»le pis: car pour rendre complète.' 

La vengeance due an poèrte, 
Une poutre cassa- les jambes à^Fathlète^^ 
£t renvoya les^ coavt<és^ 
Ponr la plnpavt eMVOpîés; 
Là renommëe> eut spoin dk publk»"l^fi)lii'è : 
Chacun cria , Mtf acte ! On ct^ubla<^ lè< s^yre 
Que naéritaient lesver»' d'un'bomn/e'aimé^Ss dieux. 
Il n'était fite de> bonnte mère ' 
Qui , les payant à qui mieux- mieux , 
Pour ses ancêtres' n^en^fîf' faii^.-'^ 

'Je reviens â mon texte ; et dis premièrement 
Qu^on ne saurait manquer de louer largement 
Les dieux et leurs pareils ; de plus que Melpomeno 
Souvent , sans déroger , trafique de sa peine ; 
JEnfin , qu'on doit tenir notre art en quelq^ie prix. 
Les grands se font honneur , dis-fors qu'ils noua 

• font grâce: 

Jikdi».;rQly<iiipe^' et ie Parnasse 
Étaient frères et boos/ aNuis. 



MM*i 



(5) Poutre. 

(6) Appuyée. 
(^7> Des déJ^rii». 
( 8 ) Bles9é. 
(9) Un morcetim* 



( '73 ) 
M^ï co fugûèt bîén lo varia ; 

Càiiqué gran tràii 5- ( toujour màii acouta 6 
Countré lo justîsso divino } 
Toumbo 9 n'éntraïno lôu plofdlin ; 
Dis lou soloun , àîs lo cousino , 

Tou se coufown^ 
Lou firico loù plats màï Ifts chiêtas f 

Lâs chambas màï loûbras ^ déych-àlâs quîtas tétas ^ 
Tou-ën un' mou se séntiguèt 
Dé lo déyfàrdo 7 que toumbèt. 

L^olhléto pèr so par guet no chanibo cossado , 
K^ién-oguèt pén dis Tossëmblado 
Que né s'en toùméiss-^ndécha ,8 

Chacun pourtèt chaz se un boussi 9 d'^ka pécha« 

Vëz-v'àuvi , lïngas dé vipêro ! 

Que blasphémas countré lou céii ? 
Créyréz-vou quétto-vé que so justo couléro 

£ycliato pû-tôt'qu*un né créii? 
Voyez béii v'éyt ourdis en Tor en lo botttéillO| 

Autan v'oun pén à l'àureillo* 

Quello faUo ségoundomén 
Prouvo que quan un éî sobén , 
L'hàunét-homé po Ùa d'au vers për dé Targén 
É coùnsei^vâ en méymo-tén 
L'estîmo dé lo brâvo-gèn. 
Lo rélîgiu, lo politico 
!N'an jomàï méyprésa lo bouno rétorico^ 
Lou pâmasse é lou porodis 
Sount fa pèr esséy boû omis. - 

P 5 



< Ï74 ) 



XXX. L^Mcrmsse et jk FiUe^ 



L 



ES sages quelquefQi4« ainsi queréareyisse, 
Marchent à reculons ^ tournent le dos au port. 
C'est l'art des matelots : c'est aussi l'artifice 
De ceux qui-, pour couttît quelque puissant effort , 
Znyisagent un point directement contraire, 
£t font veis ce lieur-lâ courir leur adversaire. 
Mon sujet eèt petit , cet acee^soin» est gvaod : 
Je pourrais l'appliquer à certain conquérant 

4 

Qui tomt seul déconcerte une ligue à cent têtes* 
Ce qu'il a' entreprend pas , et ce <[u'il entreprend , 



i^mm^l^m^mmmÊmmttm^flf^f^fm^ 



( I ) En bas. 
f ») EnhUin. 
(3) Irritei. 
,(4) lieurt êiifim. 



(«75) 
XXX. L'Èycowbisso é so Fittqi 



t 



TCOROBISSO lo m^î 
Lycorobisso lo fillo ^ 

Pir no pitito vétîUo 
Gnéypén 9 un jour , uno grando castillo ; 
Lo fillo n*én poudio pas màï. 
Coumo marchas-vou ?' domoueizélo ? 
Sé-dissè-t>an lo maï, vou vàz touto dé cù; 
.Fàu-co yizas en làii i quant-un déii nâ en sus ! a 
Boueyt mai, v'éynîdéz3 pas, se l'y réïpotmdit- 

ello, 
Si marche toujour en orëi 
Qu'éï bé vou que m' oyez opréï. 

You rëzéz-bé quello pitito tû^ 
Eh-bé To no grando moralo , 
Pèr loû jàunéîs màï pèr loû vîëîs : 

Car n^io ré dé méillour coumo n'io ré dé piéi 
- Pèr un garçoù màï pèr no filio 
Que Téyzamplé dé so fomiUo ; 
É quVî toujour dîs so méyjou 

Que chacun couménçèt d'esséy méch.aip ^u hc^u. 
Quan loû païs é lâs maïs sount s^g^î^ 
Vou vcyréz dé brâvéîs méiçiagéîs , 

Kâs, dovan lours pitîs , 4 s'y se coumpoui^'tén ipàS 
Un jour véndro Tiiuro d*àu n^àii. 



(.76) 
K^Mt'd^aborë ^a?un secret 9 puis devient des 

conquêtes 

En vain Ton a les yeux isur ce qu'il veut cacher , 

Ce sont arrêts du Sort qu'on ne peut empêcher : 

Le torrent , à la fin , devient insurmoiitahle. 

Cent dieux sont impûissans contre un seul Jupiter, 

XiOuis et le Destin me semble de concert 

Entraîner l'univers. Venons à notre fable. 

Mère écrevisse un jour à sa fille disait : 

» • 

Comme tu. v^s , bon dieu ! ne peux^tu marcher 

droit ? 

£t comme vous allez vous-même! dit la fille: 

t^uis-je autrement marcher que ne fait ma famille ? 

.Veut-ton que j'aille droit quand on y va tortu ? 



( 5 } Quelquefois. 

(6) Reculer. 

(7)'Ménace. 

>( 8 } De la main gauche. 

(9) Greffent. 

(10) Souffler. 
(il) CaluM. 



(.177 )' 
Pèr ënftt de marcha coumo . f ycorabbso 

L'tiomé sa^^ càiicas-dë-vé 5 
Sèt-bé coulâ , ^ sur-toui chacio-rlo vé 

Qu'au dôto lo niindi*o moUço, 
Loû boteilléz 
Fan tou-poriëz- 

Un n^ véii joinài loup vizajë 

Vira d^àu coûta d' au ^ ri va je. 

Ent-îs an ényio d'obourdâ : 

Is ramén hàû p^r ribas bâ. 

Dis .loi)' gq^aa-t^ar^lé: lb*.iniliço. 
Qu'éï-qui, véz, quîs fan bien coumo réycorobisso 

Sur-tou quan loû guériéz 

Sabén bien lour méytiéz. 
Yizà quéii qu'6 sauva é que soûtèt lo~ Franco 

Voléz-vou ré dé pu odré ! 

Quant au éymancho 7 d'au brâ dré 

Qu'éï pèr toucâ dé lo n>o manço. 8 
Soû énnénns an beii ovéîs lou fiii, 
Au lour. baiÛo toujour càiiqué péyssou-d'obriU. 

Pèr se quant-àu met dis so této - 

No vitôrio àubé no counquéto , 

Dégu se dôt-ént-àu IRàu nâ 

Mâs-kan quan-t-un lou véii tournt. 

É quan toû loû réîs dé lo terro 

Sémpéûtén 9 pèr F y fâs lo guerro j 

M'éï éyviz que vëzë dis l'èr 
Loù géans que voudrian déytrônâ Jupiter. 

L'y Ûiu pas dous co dé tounèr 

Pèr loû vira toû cû-sur-têto; 
Au Aï bufl 10 loù véns , ochuauzo n lo témpéto. 



( 178 ) 
Elle avait raison : la vertu 

De tout exemple domçstique 

£st universelle et «^ applique 

En Bien , en mal , en tout ; fait des sages , des sots; 

Beaucoup plus de ceux-ci. Quant à tourner le dos 

A son but , j^y reviens : la méthode en est bonne ; 

Sur-tout au métier de Bellone. , 

Jlai^ il faut te Jaire k propos* 



( 179) 
Qu'éï se (jué sur iou Coi^tinén , 

Fàï lo plôyo. màï Iou béu-tén. 

Nou , nofu , NoPOULÉoUN nVî pas nliÔTn-orâlnârî 

Dîriâ que Iou boun-diii l'o préï pèr sëcrétâri 

É que 9 toû dous toû soû , trobaillën^dé counc^ 

PÈiI tOU BOUNHUR Di l'UniYÈR, 



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X X XL Le Laboureur et ses, Enfans. 



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RAvAiLLftz , f reliez i^e la peîne: 
• C'esirle fo'iid qui manque le moins. 
Un riche laboureur , sentant sa mort prochaine ^ 
Fit venir ^^ enfans , leur parla sans témoins. 
Gardez-vous , leur dit-il , de vendre l'héritage 

Que nous ont laissé nos parens ; 

Un trésor est caché dedans. 
Je ne sais pas T endroit ^ mais un peu de courage 
.Vous le fera trouver; vous en viendrez à bout. 
Remuez votre champ dès qu'on aura fait l'oùt : 
Creusez , fouillez , bêchez , ne laissez nulle place 

Où la main ne passe et repasse. 
Le père mort , les fib vous retournent le champ , 

XXXI^ 



mmm 



x) Donnons-nous du mouyem^Bt* 

a } De loisir , fainéant. 

3 ) Bichatd. 

4) Caché. 

$ ) L'endroit* 

6) Regrettez. 

7 ) Le 80C de U charrae. 

8 } Pioche. 

9 ) Divisée. 



t 



XXXI.- LotiMé^ean 4 s^ Mënagéîs. 

'.''il !■ -Il ■'■ * 

Fourtuno vizo dé mal-èy 
• -lîn'tléïéîîèy;"*'"'- •"'•-' /'^ 

Voun-vàu boillas no préiiv'ëicrito. 

Un péyzan qu'èyr-un boun pinar, 3 

Sur lou pouën dé qoîtas Id'vlto' '^^ ^ ' ' 

Tiro soû mëinagéîs à par 
£ lour dit m où éfans ! gardai vou bîën dé vendre 

Lou bé qyé ïàii vou vàii léyssâ , 
L'io un trésor cota 4 né vous dîzé pas Tendre 4 

Qu'éï à vàiitréîs dé lou chercha. 

Né réncuréz 6 pas vôtro péno ; 

Vira tou san-déssur-déssous , 
Cïnquanto vé si fàu , vou trouboréz \o véno 

Qu'à lâs fir Ti or ' v m ^ftrtfdfTliurous . 

Jugeas si qu'éii discour lour met martéd In tête. 
Lou paï n^o pas putôt vira lou blan dé lèy , 

Que chacun dé ^s se fàï féto 
I^ fils jugas lou pi, lo tréncho màï Paplèy ^ ^ 

V'àurias gu ploséï dé loû véyré 

Moignâ lo fourcho, lou ratéif^ 
. Lo pâlo , lou quîté sarcéii ; 

Au foudrio véy vu pèr au créyré 

Coumo quéii bé fiiguèt picha ! 8 

S'y troubèt pas d'argén cocha ; 

Mâs lo terro bien rémudado , 

Bien fino , bien éycossounado , 9 



( 1*2 ) 

IDeçsi i ^&àk ; paf-tbnt ; ^i bien qu'au bout de l'a» 

U «a« rapportât davantage.* 
D^ argent 9 point de cache. Mais le përe fui sage 
. De leur montrer , ayant sa mort , 
(Jue le travail est ;un trésor- 



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( 10 ) Le trayait| 



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• • I or. * o' • *. 



( «83 ) 
Prodiûgit* dièy- vé raàï dé. bla . ». 
Que s' lit guèz culi de lo vito 
Vin t'uno terro si pîtito ; 
Qu'eyro justomén lou trésor 
Que vio prouméy lou pàubré Jh&f» 



.ir 



Proufitap ,.t9Ûj^.,$i ^oû soun sagëiit 
Dé reyzamplë dé quîs méinagéix 
'É^dé Ib îèyçotÉ'dé lour paï; ' ^ 
, rMâs^siur-rtou n'àuUidaQ iomiu , 
yué lou trésor quun déli presâ lou làiSi 
Qu'éi lou trobài. w. 



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( »84 ) 

I 

XXXII.. La^FiUe.. 

-VJERTAINE fille , un peu trop. fiSre 

Frétendait trôuvier* un ittari ' ' '♦ 

Jeune , bien fail ^ et beau f Ha^iAle ms^iàrc y 

Point froid ef pqint ' ialoux, ': noteï' cbi deux 

^»' M . points*cf4 

Cette fille roulait aussi 

Qu'il eût du bien , de la naissance , 
De l'esprit , enfin tout. Mais qui peut tout avoir ! 
Le destin se montra soigneux de la pourvoir : 
II vint des partisr d^MtpMRMce^»" ' 



i4aH*i 



( 1 ) Effrontée y fiére. 

(3) Gentille. 
( 3 ) JoUc. 

(4) Précieuse. 

(5) La perle. 



( »85 ) 



XXXII. Lo Fittoi 



U 



NO de quéllas lèvo-nâz x 
( Fillô cbumô s'en manco pas ) ^ 

Qu'eyro dts Ip flotfr dé soun âgé, 
Assez jénto » dé cor é bravo 3 dé vizagé , 

( Boun-énvio dé se 'moridas ) 
.Vouillo chàusîs càiicu que guèsso pèr partagé 
L'éïtné, lo douçour, lo bounta,' 
L'hàunour é lo délicotésso , 
Dé Fomour é dé lo sogesso, 
D'au tolans, dé lo • poulitesso 9 
Dé lo finesso , 
Se lo richesso , 
Dé lo noblessb. 
Lo lou vouillo sobén mis s'éï étr'éniéta, t 
( Chàuso raro dis qoél-éyta } 
Jàuné , jénté , bien planta ; 
En un mou quello .mijiuréo 4 , 
S'eyro fourado dîs Fidéo 
Que quéii que sîrio soun eïpoux ," * ' 
Né fusso ni fré ni joloux; 
( Rémarcas bien quéllas doua cliausas ' 
Lo lâs vouillo pèr-tan subie tout'àutras chkusàs ) 
£ l'y fouill-én un mou y lo perno ^ dàù ^olans | 
S^én préséntèt dé pitis màï dé gransy ,. 
Dé frïngansj. 
D'éylégaD3 } 

Q5 . 



( i8R). 
Laljrfte les trtmrar trop chétife-ik fl»ekf^« 

Quoi j moi ! quoi j ces gtns-U ! Y^fn radote , je 

pense. 

A moi les proposer ! hélas ! ils font pit^^^ 

r 

Voye» un peu la belle espèce t 
L^un n^avait en resprft nutle délieiacessv , 
Vautre avait le nez fait de cette fa^on-là : 
C^^il ceci , €^ était ctila ; ' , 
créait tout^ car îcs précieuses 
Font' dessus tout les dédaigneuse^. 
Après les bon» panrtîs les médiecrts geas 

> • 

Vinrent se mettre sur, les rangs. 
Elle de se moquer. .Ab I ricattmf nt je suis bonne 
De leu# ouvrir hi porte ! Ils pensent quiî }e suis 
Fort en peine de ma personne : 
Grice à I)ien ^ |e pasae.ksi nuMsi 

■ » - • t . • . : 
(6) Gonflée^ 

.{9), Pointu, 
( lo) Prétexte. 

(Il) DeVî^ôitv '' •? ' 

(la } Joujou^ amiisement.' •'.*'' 
•( i3 ) Fermer k Terrouil. j . • ^ r '.* 
( i4 } Laiaey fatigaée* 



C 18? ) 

Toû bîën richéîs , loû cïé noblesse. 
, Jillfi\ fi^o coumo oo , (^rïnce^so , 

Lo préténtiii de toû lo blesso ; ' 

E tuiictîdo ^ dé vonita , • . 

Lo trobo qi^vf partis trp . chèïtis dé méïu. 
A méf... d^àu mound-éntàii ?... Cq^mén ! se 

dissèt-ello, 
Crézéa-t-îs bounomén que perde lo. cervelle? 
Mo fiUo coumo më !...• Mâs lo géa soun doun fàu! 

No domoiiéizélo couin-au fya 
Pourio^o s'ovëzas 7 à d^un poriéa visage?. 

£. lou trobë bîén éyfrounta 

Dé mé parlas dé moridagé : 
- Eii couasuiso co fki piéta. 

Bref pén Fiogrado 3 dîs lo foulo 
Quëli doqui vioF esprit pounchu 9 coumo no bouta' 

Quél-àutiçë vio 1er d'un bodàll, 

©'àiilréîs lou nâz éntàii-éptàii. 

Qu'eyro toujour càîjc-ohîcrocho , 

Car no précius-o dîs* so pocho 
Toujour càucas rosoû, d'àumïn càuqu'énchéizou >• 

Quan: 1*0 énvîo dé dtré, nou. * 

Opréz loû boû partis , se préséntén loû mïndréîs ^ 
Quî-qui lo loû foguèt viras coumo d'au guïndréîs is 

Lo nén fogio soun éïbotouéï. is 

Ab m oun -diii l ù» ^plo que sio bouno ^ 

Se dbio-t-ello, pèr né pas 

Lour borouillas i3 mo port-ku nSz \ 
Crézén-t-îs doun que sio gâto i4 dé iho personne ? 
Diàumarcé déychoqui moû jouri sount séy éjnii 

Lis nets derme dé boun seu«é? 



( i88) 

* • . 

Sans chagrin , quoique en solitude* 
La belle se sut gré de 'tous ces sentimens. 
L^âge la fit déchoir : adieu tous les amans. 
Un an se passe et deux avec inquiétude : 
Le chagrin vient ensuite : elle sent chaque jour 
Délogdr quelques. . Ris , quelques Jeux , puis 

• • • 

Puis ses traits choquer et déplaire : 

Puis cent sortes de fard$. Ses soins ne purent faire 

Qu^ellc échappât au temps , cet insigne larron,. 

Les ruines d'une -maison 
Se peuvent réparer : que n'est cet avantage 

Pour les ruines du visage ! 
Sa préciosité changea lors de langage. 



I 



( t5 ) Le derrière du co«. 
f( |6 ) Pointue. 
( 17 ) Tata-déyote, 
( itT) Dédaigneuse. 



) « 



c %> 

Quoique soulo risë toujour. 

Quts sténthnén^ mé fan hàunour 
£ que né ç^Mintan pa$ que changnîé dé lïng^gé^ 
Éntré-tandî lo bello prén de Tagë ; 

Go- se coîsnéï ^r isenm' vrsagé. * 

. Boun-sâ-bouno-nèt loû golans. 

Lo domour-éntàii doù-tréy ans. 
A-lâs-fis lou cbogrïift %m »èt dé- la partido ; 
L'y toumbo càiico dën, l'y sunrèt càiico rîdo. 
Lo preîghô lé d*îuTar " déîcho dîs tou côgoïiëriy 

Mâs qu'eyro sur quëd vièï nMioiië'i ) 
N'émplâtrë de popiëz sur no chambo de bouëï. 
Lou tén quëa vîéi léyrou qu'o lo dën prinji-é lô 

^ duFO 

L'y dëyfigurèt lo figuro , 
É l'y moutrèt qu^ so moursuro 
Se réparo pas^sur lo péiî , 
Coumo sur lâs tours d'un châtëa» 

Entré sas vîèillas déns lo bello n'en murmure 
Mâs soun miréî , quéii fingogéz , 
Trénto vé pèr jour, tét-à-této 
L'y fil counëïtrrtôtrtrâhgéz 
De domouras tanti-ménéto ; 17 
Au l'y di que se fogio tën 

Si lo vouill~un piti tâtâs d'au sacromëni 
Dé né pus' ranvouyas lo féto» 
Lo lou créguèt finalomén ; 
É quello bello dégouignouso iS 
Tan prëciuso , tan orguillouso | 
Se trob-à-lâs-fis bien huruso 



( '9^ >' 
Sont miroir lui disait : Prenee vîtcûri marî: 

Je ne sais quel dësir le lui disait aussi : 

Le désir peut loger chez line précieuse. ' 

Celle>-ci fit un choix^ qu'on n'aurait jamais cru j 

Se trouvailt'k la fin toute aise et toute heureuse 

De rencontrer un ibalotru • 



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( '9' ) 
.. . D.^ëpou&as certén.xnalàutrti. .... 
• Tout éyviarla, 19 tou biscournu 
Que pêirio d'àu'cartiéz n'ovio jôrtiài veugu , 
Mal que fiiguèt lou bien yéngu. ' 

Quell-ovanturo ëï pnbado 
É quëii cbunté^n'^i pas ïnvénta pèf * plozéi , 
- ♦ • Car counèissé màï d^uno. fadp ^ , 
Que s'en ëï mordudp loû déîs. 
' ' ' - Mâs'quéll-historid "iiôidî ÊÏ vëyré 
Que ne faut pas léyss^s possas: soun iién , 
Quant-un lou trobo l'un lou prén. 
, Tou marchan^ Sl^'<P- perdu so vindo y 
Ë qu^ pèr fâs 10 countrëbëndo 
i éxn^ij^o lou $é' màî^ loii '^; ' 
Qu'appréigttë .biéo.quëii.d)anyié& vàc 

Pèc tro soras Tdoguillo l'un lo.pèr«i 



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. i''. ■ j-.' ..I* rAiBt\ !'*>'[ ^^i"- 'Il • 



.111 /J^/- 






JLi E chat et le renard , comme beaux petîu saints « 

C^ étaient deux vrafe tartufe', dcnk iaircliîipdtelains 

Deux francs .patte-pelus ^ qui dos fr,ais d^. jripyage , 

Croqi»ant makite i^aîfte , < eHqroipiânè.'iQjBi^k 

' Xromage 

^ ' Slndeninisaîerit"^^ qui îriiê^x 'n[;ïieux. 
te chemin ^l^t^t .Ippgi ^t^fa^^^yfmiffp^^ » 
'- » ' PtÀt l^attiëutch^^ds ^p^<*'«<î'*' 
%«a dispute est' a un grand secours : 
Sans elle on dormirait toujours. 
Nos pèlerins s* égosillèrent. 
Ayiint bien disputé Ton parla du prochain. 



XXXIII. 



( I ) Saints, 
(a) Mener bon train, 
y ( 3 ) Escamote finement* 
( 4 ) Je défie. 
( 5 ) Une paire* 
(6) Rassasiés. 
{7} I>ésQoiivréf* 



V 



( ib3 ) 

<KW%»<,^»^^v»i<*i^<^^'v» wwv^y^>w^^/»<v^> ^^^fk^^^^f%t^'ww^ m vwu ^/yy%tm 

XXXIII. £00 Chai é lou Rénar. 

JLi o u rënar é lou chat , coumo dous pitîs sens , 1 
S^ëa novan en pèlerinage. 
( Quan d'au sens ëntàii fan voyagé 
Co n'éï jornàï à lour déypénsj. 
L^ua o souén d'èytribas 3 lâs poulas d^àu vibgê^ 
L'àlitré gamo 3 càiiqué froumagé , 
Chacun ràubav^à qui-mîèr-mièr; 
Is fogian un frico d'anfer ; 
£ qu«l ifioucén bodinagë 
Im^îmavo lours d^ns pèr-lou sur U)ur possagë, 
Vou dâïfié 4 dé troubas un poréï 5 dé léyrou^ 
I)« niîèT ossurtî que quîs dous. 
Quan-t-îs fuguérén bien sodous 6 
Lou chomi qu'éyro. loung lour poréï ëynuyous 
Pèr l*éycourcîz îs disputérën, 
Se chomoillèrén , 

S'ëygausilMrënr » 

Lo disput-éï d'un gran sécour. 
Dîs Uls TÎllas coum-à lo cour 
S'ëâî ello durmirias tou^our. 
Disputas éï no viéillo modo 
Qu4 p^ d'à4 dëlézëîs 7 siro toujonr coumochn 
Oprèz véï disputa 

Is parlén d'au prouchën^.. ^ 

D'au ofas dé l'éyta 
Mal d'au gouvernomén | 
^ Toujour s'éï chorita 

K 



> 

é 



C 194) 



Le renard au cbat dit enfin : 

Tu prétends être fqrt habile , 

£n saîs~tu tant (pie moi ? J'ai cent ruses au sac. 

Non y dit Vautre , je n'ai qu'un tour dans mon 

bissac; 

Mais je soutiens qu'il en vaut mille. 
JSux de recommencer la dispute à l'envi. 
Sur le que si , que non , tous deux étant ainsi y 

Une meute appaisa la noise. 
Le chat dit au renard ; Fouille en ton sac 9 ami , 

Cherche çn ta cervelle matoise 
fc Un stratagème sur : pouf moi , voici le mien* 
A ces mots sur un arbre il grimpa bel et bien. 

L'autre fit cent tours * inutiles , 



mmmi 



( 8 ) A cause qae< 
(9) Mais non. 
( 10 ) Mais si. 
(Il) "La péav. 



( igs ) 

E s'ëï discernomén • 
Coumo fan ordinariomén 
Forço gin 
Que n'éypargnén pas lo déypénÇo 
En politiqu'én mëdisénço* 
H^-las-fi nôliëîs pélérîs 
Se critiquêrén entré î^. 
Tu crézM , viéï motou , to f âçô bien hobilo ^ 
Se vénguèt lou rénar au cha , 
Pèr*-mour 8 que v'hobitas lo villo ? 
]N'én.sabë màï que vou. làï cén tours dî$ moun sa* 

Mé n'àï mâs un dis moun bissa 9 
Uy répoun lou margàil , lûts queîiqui n'en vàu 

millo. 
~ JVJânéï. 9 Mâchiéï. 10 _ Qu'éï fàu. — N'àï pas 

menti* 
Lour disputo n'en éyro qui 
Qùan no troupo dé cbéis-dé-chassô 
Intéroumpêrén lou discouf* 
Xi'omi dissèt lou chat , - chercho dis to bécasse , 

Chàusis l'y vite càiiqué tour 
£ té conseillé bien dé prénëï lou méillour^ 
Aiitromén garro tp carcasso. 
Pèr mé , téy , véï ; vèiqui lou méu , 
£n m^ymo tén au grïmpo sur n'hormév 

Bien haut , bien gros , bien fort , bien béH 9 
Pèr quéu mouyén sàuvèt so peu. " 
Lou pàiibré rénar perd lo této , 
Au èourt , à^ vàï, au vèt ; jomàï porièro féto 
Né l'ovio to-bé dèigourdi. 
Au s'éa fiii coumo n'éhourdi. 



( >96 ) 
Entra dans cent terriers , mit cent fols en défaut 

Tous les confrères de Brifaut. 

Par-tout il tenta des asyles ; 

JEt ce fot par-tout sa*is succès : 
La fumée y pourvut , ainsi que les basset^ 
Au sortir d'un terrier deux chiens ai^ pieds agiles - 

L'étranglèrent du premier bond. 

Le trop d'expédiens peut gâter une affaire : 

On perd du temps au choix , on tente , on yea% 

tout faire 

îPen ayons qu'tm vjn^is qm soit 'boB« 
( x3 ) Asses. 



(^97) 
Atiëîitra dïn-t-un- cros ; mâs gatré n'y dom^uri)^ 
Au n'en cbangnio d'àiimïn diéï-vé d'ïn-t-u« 

quard-houro* 
Mëytré brifàii é soû coufràï 
Qu'ovian boun nâz., lou pérdérén jomàî. 
Au créii so vit-asségurado 
£n gaignan lou foun d'un terrier; 
Au n'y fut pas qui lo fumado 
Vèt délîàuras lou prèijouniér. 
Dous chéîs que sobian lour méytiéz^ 
En lou ropan pèr lo courgniolo la 
Ly fan dansas lo carmoignôlo. 

« 

Trop d'expédiéns sount n'émboras 
# • Qu^ S^^O souvén loû ofas. 
A forço dé cbausis , lou méillour tén se passo ; 

É pèr poudèï vénî à bou 
Dé gaignà tàii proucéss , dé prénéï talo plaço 
JS'io bien prou d'un , mâs qu'au cbio bou« 



R5 



i 198 > 



XXXIV. Les deux Amis. 

X^ËUX vrais amis vivaient au Monopotapa; 
L^un ne possédait rien qui n'appartînt à Uautre* 

Les amis de ce pays-là 

Valent bien , dit-on , ceux du tiôtre. 

Une nuit que chacun s^occupait au soameil, 

£t mettait à profit F absence du soleil «, 

Un de nos deux amis sort du lit en alarme; 

Il court <chee son intime ; éveille les valets : 

lAorphée avait touché le seuîl ^ce pallai». . 

X^ami couché s^ étonne; il prend sa bourse, il 

s' arme « 

Vient trouver Vautre , et dit : il vous arrive peu 

Se courir quand on dort; vous me paraissez homme 

A mieux user du temps destiné pour le somme : 

K' auriez vous point perdu tout votre argent au jeu ! 

En voici. S'il vous est venu quelque querelle , 

J'ai mon épée ; ^^lei»* V«»fi «ennuyez- vous point 



«ii» 



( X ) A ane heure comme ceile^. 

( 2 ) Accoutume. 

( 3 } Faire sortir du lit, 

(4) Si mAtin. 



( *<» ) 

X'X XIV. Loû doû3 Omis". . 

JLrôUS boû omis 'restan au Mononotapa^ 

S'éymovan dé toun-ômita ; 
Dé toii lour sënfttsquYn-<î» tbgian èii mé}^;' ' 
Quan Tun vio cèilquéavio l'autr~àu vouillo 

d'ovanço. 
D'au omis colim« co valéti bé qtiîs d'«n Franco. 
Uno nèit que , toû vdous dermian ^ mâs coum-àu 

Un «dé îs tou-d'un-co, se rév^ill-ëii sur-sàu,i 

Siiuto dobor d'au lièt-à-terro ; • 
Courguèt chaz soun omi , hargniou coum-un bcii 

frêro 
Révéfllo touto lo méïjou; 
Domando sonn om que , coum# <lé rosou , 

IH^én guet dobor no fiéro U^a^çOf 
£n so bourç-ën lo mo à-court à. soun ovanço. 
i — "Qu'éï co dDun , tnoanomi ? car à tftm--ht)nt- 

. . . 4irtàu I 
Tu nas pas ovéza ^ dé quîtà toun ousttf . 
Qu'ail molhur to pougu dé)jéivà3 si. dobooro 4 
As-tu perdu toun argén à lo bouro ? 
Tel , nén vèi-qui , prén , prén l'éypargniâ pas 

Auriâ-tu trouba sur toû pas 
Càiiqué foquïn que t'o chercha chicano r 
Anén ! ïàii vàu prénèï moun éypéïo , mo cano 9 
Qu'au sio diable qu'au sio #émoun 
Qu'éï mé que siràï toun ségoua, - 



( fiOO ) 

èc coticher toujours seul ? une esdavc assez belle 
JËtail à mes côt^s ; voulez-vous qu'on l'appelle ? 
IHon , dit l'ami , ce n^est ni l'un ni l'autre point ^ 

Je vous, rends grâce dp ce zèle. 
Vpus m'êtes , en dormant , un peu triste apparu : 
J'ai craint qu'il ne fttvrai.; je suis vite accouni. 

Ce maudit songe en est la cause* 

Qui d'eux aimait le mi^ux? Que t'en semble, 

lecteur f 

. Cett# difficulté v^aut bien qu'on la propose. 

.... ' 

Qu'un ami' véritable est -une douce chose! 

11 cherche vos besoins au fond de votre cœur; 
Il vous épargne la pudeur 
"* De les lui découvrir vous même : 

Un «onge , un rien , tout lui fait peur , 
Quand il s'agit de ce qu'il aime. 



i (5) J'ai rêvé. 
(6) Mon rêve. 

' * • < 

^ (7} jusqu'au fond* 



( aoi ) 

LUo^pas^qiiiidÎFé non ^ inoun or, moun ^ang , tna^ 

vito...- 
Co n'éï Té dé tou Co qti'o causa tno vîsito , 
DUsèt J'àutrë , .niâs ïàï réyba 5 
Que ïàii té, végi-émborossa , 
làii sàï véngu m^éycliarzis dé lo chàuiso , 
É co ri'éï mâs inoun-ràïbé6 que n'éï càiiso. 
Sài countén que co lié sic ré 
Torno-t-^n dis toun liètr, roi m'en tocné cbaz.iné« 

Vou que légisséz quéll'historio 
Au qu'àii d^àû dous boillorîas~vou lo glorio 
É lo palmo.dé Ft)mita? 
LiOtt problème vkaX bé lo péno 
D'être tou-dé-boiiB médita. 
Pèr mé , no cbàiîso tien certéRO j 
Qu'éï que lou véritabl-omi 
îyku cœur sèt troubas lou chomi 
Chercfao âfttréîs i)ésouéns déychàu 7 fottn àé 

nôtr-amo 
Pèr noû seryiz, né crén ni f^t ni (lamoj 
£ si , pèr noû , au crén càiiqué d'éyréï 
Un fàïb-un bru , un ré Ty càusén dé t'éytiël?. 



♦ ' 



.) 



( 202 ) 

XXXV. L'Homme et son Image. 

POUR M. LE DUC DE lA RoCHEFOUCAULT. 

L/ N homme qui s^ aimait sans avoir de rivaux, 
Passait dans son esprit pour le plus beau du monde : 
II accusait toujours les miroirs xl'étre faux ; 
.Vivant pins que content dans son erreur profonde* 
Afin de le guérir, le sort officieux 

Présentait par tout à ses yeux 
liés conseillers muets dont se servent nos dames ; 
Miroirs dans les logis , miroirs chez les marchands ) 
' ' Miroirs aux poches des galans ^ 

Miroirs aux ceintures des femmes. 
Que fait potre Narcisse ? II se v? confiner 



■^ 



• : • . j • . ; •. 



( I ) La moelle. , 
( a ) Cheveux roux. 
( 3 } La cire. 
(4) De travew. 
( 5 ) Sourcil». 
( 6 ) Verroux. 
( 7 ) Miroir3« 

^8) Petit lampion pour l'huile de noixg 
* X9) Patois. 



( 5i63 ) 



i^^v%»»%#v^»wi.^^ w^o^^^^^^ ^v^y^ 



.ê 



XXXV. LHomé é soun fiymagé. 

v/ N fodar que s'éïmavo forço 

( Mal que subr^ quéii pouën n^ovio pas dé jolous ) 
Dis lo méiilo < màï dîs réycorço 

Se crégio bounomén lou pus b^ d'au garçous. 
Chiàu se végio d'au piàii dé )iinjo ^ 
Chiàu fogio lo cerr-ën 3 soû éîs , 
Chiàu vio lou nâz tou dé bigouéï , 4 
É dé Us cillîas 5 dé vorouéï , 6 
Qa'éyro toujour lo fàuto d'au miréî. 7 
Co n'éyro mâs quelle méïsùnjo 

Que fogio so béiita ; so béiita , soun plozëï. 

L'hozar qu'éï souvén un boun méytré^ , 
Un jour l'y vouguèt fâs counéïtré 
Qu'au éyro laid coum-un choné'i 8 
Mai pus ôré qu'un chopitouéï- 9 

Quts counseilléz muets que nôtras jàunas^ fillias 

Counsultén , pèr lou raïn , trénto-vé toû loû jours ,; 
Nôtr-homé nén Irobo toujours 
Sous soû déîs màï doyan sas cillias , 

Miréîs dîs so méïjou , miréîs châz soiT omis y 
Miréîs mouyéns , grans é pitîs , 
Miréîs për mettre dis lo pocho, 
Miréîs pèr-ci / miréîs pèr-làï , 

Miréîs châz loû séi|;nours , miréîs châz lo bosocKow 
Ah! dissà-t-éii , ïàii n'y téndràï jomàS^ 
Quéii véyré manteur m^'nlpourtuno• 
Au s'en onèt cherchas fourtùno 



( *o4 ) 

JWh» VieiAJi les piu» cacliés qu'il- peut sUmagîner, 
N'osant pln$ des miroirs éprouver l'aventure. 
Mais un canal, formé par une source pure. 

Se trouve en ces lieux écartés : 
11 s'y voit , il se fâche ; et ses yeux irrités 
il^RseDi apercevoir une chimère vaine. 
Il faït tout ce qu'il peut pour éviter cette eau : 
Mais quoi ! le canal est si beau , 
Qu'il ne le. quiUe- qu'avec peine. 

On voit bien- où je veux venir. 
Je parle à tous ; et cette erreur extrême 

Dis 



10) Tout k U foi«, 
ii{) CafiQl. 
la) Vivier». 
i3 ) Effraya. 

14 ) Derricre. 

15 ) Chaque foif. 
16) lAÎd» 



( ao5 ) 
Dts cJiuqu'éndrë bien éycarta , 
Quéii plan n'éyro pas màu jita , 
Pèr poudéy mettr-ën surëta 
Tout à^lo-vë 10 so vonita 
E so préténdudo. béiita. 
Mâs vèîqui bë n'àutr-ovanturo , 
No soorço d^àïgo viv-ëvpuro 

Vio qui fourma un superbe conar; " 
E l'argén n'éyro pas pus cliar 

, Que lou distàu dé quell-ëytancho. i» 
Dobor nôtr-homé s'y yéguèt , 
So figuro l'éypàuriguèt. i3 
Tan-qué-tan au s'en fujiguèt , 
Pèr se cotas tras i4 càiico brancho ; 
Mâs lou conar l'y plogio fort , 
Vînt vé pèr jour au l'y tournavo , 
Vînt vë pèr jour au s'y miravo ; 
E chaco-lo-vé i5 s'y troubavo 
Orë i6 dé pus fort en pus fort 
Màï ne vouguèt jomàï vèï tort. 

Quan ïàï chercha dîs mo mémorio 

Quello bravo pitit-historîo , 
Qu'éï b-ëyza d'ovinas érité vouillo véniz; 

Vàu vàu dîr-ovant de finiz. 
Quéu count-éï tout exprèz fa pèr chacun de n'àâtrëîs 

Loû miréîs sount lâs sotizas d'au àûtréîs , 
Noû n'y crézén jomàï vèïré nôtre pourtràit,, 

Quoiq-àu 5*y trobé trait-pèr-trait« 
£ quéii brâvë conar enté chacun se niirO|^ 

Que noû répoussrë noû otiro , 

S 



( 2o6 ) 
£st un mal qae chacun se plah d^entrétenir. 

Notre ami, d^est cet homme amoureux de lui- 

' • même : 

Tant de miroirs , ce sont les sottises dWtnii , 

Miroirs 9 de nos défauts les peintres légitimes : 

Et quant au canal , c^est celui 

Que chacun sait , le livre des* maximes. 



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I 



( 207 ) 

• Que noû dî tant ndtras Vafta , 

ti que n'éï jomàï éycouta , . 

Qu'éï lâs foblas dé Lo Fountaîno. 

Quëii tan bëii libr-ëï dévëngUi' 

Dé l'oungan dé mitoun-mitaino 
Qu'éï bou pèr toû loû màlis é né goris dégu. 

Toujours , pèr-tou , chacun lou vanio 
Noû trobén , dîzén-noû , so moralo charmanto , 
' E noû lou volën toujours véï 

015 nôtras mas , soû nôtréîs éî , 
Mâs qual-éï lou viéillar , lo fënno , ,lou mëinagé, 
Que. quéii libre tan béii ayé randu p^s sage ?, 
Hélas ! chacun dé noû Vj se rëcounéï bé , 

Mâs dégu né prén co rpèr se. 



^-) 



( 2o8 ) 

I 

XXXVI. Le Dépositaire infidèle. 

vTràce aux Filles de mémoire. 

J'ai chanté des animaux ; 

Peut-être d'autres héros 

M^ auraient acquis moins de gloire. 

Le loup , en langue des dieux , 

Parle aux chiens dans mes ouvrages : 

Les bêtes, à qui mieux mieux, 

T font divers personnages , ^ 

Les uns fous , les autres sages ; 

De telle sorte pourtant 

Que lés fous vont l'emportant , 

La mesure en est plus pleine. 

Je mets aussi «ur la scène 

Des trompeurs , des scélérats , 

ï^^ tyrans et des ingrats , 

Mainte imprudente pécore , 

Force sots , force flatteurs : 

Je pourrais y joindre encore 

Des légions de menteurs. 

Tout homme ment , dit le sage. 

S'il n'y mettait seulement 

Que les gens du bas étage., 

On pourrait aucunement 

Souffrir ce défaut aux hommes ; 



( I ) Grâce à 

(a) Peut-être. 

13) Vu9 ^ande ^aatité. 



X X X V I. Lou Bépositâri ïnfidél. 

vXraèH-A I lâs fillas clé mëm^^rto, 
Dëypéï loun-tén ïàï chanta dts tnoû vers 
Lâs bêtias dé tou l'univers , 
" ( Béléii a îàurio gu mïn dé glôrio 
Si guéy chanta d'Sû gros-séignours ) 
làï fa véïrë , presque, toujours , 
Loû loûs coumo grans persounagèis 
Parlan àû chéîs dis irloâ oubragèis 
Lou lïngagé d'àA diiis à tor é à trover. 
Mas bêtias fant , à qui mier-mier, 
Toutd sorto dé persounagèis , 
Loû ùs &US , loû àûtréîs sâgèis , 
Dé xnoniêro , pfer-tan , ( ë cho di entré nous ) 

Que loû fàiis sount loû pus noumbrous, 
Lo mésurp n'en éï tou jour pus assimado. 
làï moûtxa no lounj-énfilado 
De troumpeurs i dé scélérats, 
Dé tyrans, d'eçcTavéîs , d'ingrats, 
Diû ïmprudéns tan-qué-terro , 
Dàû sots, dàû fats, dàû flogotirneûr» , 
Màï pourio bé dire d'ëngu"êro 
No jodlllado 3 dé manteurs. 
Tout home ment , o dît lou sage. 
X^àu viû.ili t^i^T^oulomén 
Tout Home d'au 6aâ éyéagé , 
Se pourias b'éïsadon>|^a. y i rj ' 

Renias de soun séntimén ; .» > 

.". 3 5 



( ilO ) 

^ Mais que tous , tant que nous sommes ^ 
Mous mentions , grand et petit ^ 
Si quelqu^ autre Payait d|t , 
Je soutiendrais le, contraire, 
£t même qui mentirait 
Comme Esope et comme Homère , 
Vn vrai menteur ne serait : 
« ' JLe doux charme de maint songe , , 
> Par leur bel art inventé ^ 
Sous les habits du mensonge 
Nous offre la vérité. 
L'un et l'autre a fait un livre 
Que je tiens digne de vivre 
Sans fin f et plus s'il se peut* 
Comme eux ne ment pas qui yeut. 
Mais mentir comme sut faire 
Un certain dépositaire 
Payé par son propre mot , 
Eist d'un méchant et d^un sot. 
Voici le fait. Un trafiquant de Perse , 
^ Chez son voisin , s' eu allant en commerce , 
Mit . en dépôt un cent de fer un jour, 
^lon fer? dit-U, quand il fut de retour. 
iVotre fer î il u'e&t plus : j'ai regret de vous dire 

Qu'un rat l'a mangé tout entier. 
J'en ai grondé mts gens: mais qu'y fairc^^ un grenier 



/ 



mpMH 



{^4} Mensonge». 

( 5 ) Qui diseyit la yéiitéw 

(6} Cent livres. 

( 7 ) Jusqu'à ^e ^e. 



( ^" y 

Mâs soutén^ï que sur lo terro 
Toû mentent gran é piti ! 
Ah ! si càuqu'àutr-àu guèlsso ai M 
Mo fé ïàii crëïrio bien qu'eau A^én a^rio menti, 
Témouén lou boun £2op-é lou sob^n Homéroi 
Jomàï d^àû maoteurs coumo quîs 
Më sàurian possas pèr méntîs ; 
Lours méysâùnjas 4 sount vartodièras 5 
N en dit pas qui vàu dé parieras ; 
liou libre dé chacun , dé toû téns tan vanta ^ 
Duroro n'éytemita. 
Mâs n'en êi pas tout-dë^nméimo 
Dé quëii manteur que se méïrao 
Un jour boillèt , s'éï s'en doutas ^ 
Lâs verjas pèr se fôs fbuèitas. 

Quéii-d-o-qui n'éyro mâs no luro; 
.Voù volé countas l'ovaaturo 
L'éï drôlo tout-o-faît 
Vèi-qui loQ fait. 

TJn marchan en partén pér cJriiquë gran vouyagi 
!Nèt préjas càiiqu'omi dé dis saun vézinagé , 
Dé l'y gardas naa cent liauras 6 dé fèr 

Déychio 7 qu'au véndrîo dé sur mèr, 

Ént'àu fogio l'opréntissagé. 
Houn fèr ! se dissèt-éd quant au fuguèt tourna, 
a Vôtre f%r? dissètPàiitr-éQsounair counsterna^ 

« làii skï pl6 f3k:ba dé v'àu dîré , 

« Mâs loû rats lou vànt tout mïnja ^ 

« Vizas si au éytr-énroja t 

«r Quéii moihur mé foguèt gro rîrë , 

« Bouconèi touto lo méïjou,^. 



( 212 ) 

A toujours quelque trou. Le trafiquaat admire 
,Un tel prodige , et feint de le croire pourtant* 
'Au bout dft quelques jours il détourne T enfant 
I>u perfide voisin; puis à souper convie 
Le père , qui s^ excuse , et lui dit en pleurant ; 

Dispensez-moi , je vous supplie ; 

Tous plaisirs pour moi sont perdus. 

J'aimais un fils plus que ma vie : 
Je. n'ai que lui ; que dis-je ! helas ! je ne Fai plus ! 
On me l'a dérobé. Plaignez mon infortune. 
Le marchand repartit : Hier au soir sur la brune 
Un chat'-huan ^en vint votre fils enlever : 
Vers un vieux bâtiment je le lui vis porter* 
Le père dit : comment voulez-vous que je croie 
Qu'un hibou pût jamais emporter cette proie? 



( 8 ) Peu de chose, 
(9} Stupéfait. 
( ro ) H l'enleva 
( 1 1 ; Inviter. 
( la ) Faillit. 

4 

( 1 3 ) Âp))aramment« 
( x4 ) Le cbat-huan* 



( ai3 ) 
« Youillo méimo , léy-doun , chossas lo cham-** 

« boriéro ; 
<( Mâs tou lou moundé guet rosou. 
« Voû mélmo sobéz bé que , préz dé lâs goutiéraS|' 
« Quouëy lo bézi 8 que lâs rotiéras. 
t( Dïn loû groniéz loû mîèr boras 
<( L'io tou jour càiiquéîs cros dé rats. » 
Lou marchan dèïtoumba 9 foguèt sémblan d'au 

créïré ^ 
£ dissèt tou-bas , foiidro vëïré 
Si né poudrai pas vèî moun tour. 
Au trob'én-éiftt , un béii jour, ♦ 

Lou niéinag-éycarta , dé soun dépositâri ; 
Au n^én foguèt (UgouUnâri, xo ^ 
Aprèz-co s'en net couvidas^i» 

A soupas 
Lou paï couino si dé ré n'éyro.' 
Quéii pàubr-homé cujèt la fâs terro 
D'au méinagé qu'au vio perdu. 
« Dé châz voû , dîssèt-éii , mai* d'oillour sài véngu 
« Nàï gro , pèr-lou-ségur ni min ja ni bégu ^ 

« Déypéï qu'àï perdu moun méinagé ; 
tt IS'ovio mas quéii é càucu lou m' an gu 
« Quérèîqué i3 dîs lou vézinagé* » 
Moun omi ! n'occuséz dégu ^ 
Se dissèt lou marcban ; plaigne vdtr-înfourtun» 
Mâs hièr-àu~sèi sur lo bruno 
Mé m^ym-àï vu lou cbovan i4 
Que n'émpourtâvo vdtr-éfan 
Vers quellas yiéïllas mozur^s. 
A d'àùtréîs | di lou paï | nas countâ quellàs luras | 



Mon ' fils en un besoin eût pris le chat-hu ant. 
Je ne vous dirai point , reprit l'autre, comment : 
Mais enfin je l'ai vu , vu de mes yeux , vous dîs-je; 

Et ne vois rien qui vous oblige 
D'en douter un momet après ce que je dis. 

Faut-il que vous trouviez étrange 

Que les chats-huans d'un pays 
Où le quintal de fer par un .seul rat se mange 
Enlèvent .un garçon pesant un,demi-cent ? 
L'autre vit où tendait cette feinte aventure : 
, i il rendit le fer au marchand, 

Qui lui rendit sa géniture. 

Même dispute a vint entre ^deux voyageurs. 
L'un d'eux était de ces conteurs 

1 

Qui n'ont jamais rien vu qu'avec un microscope ; 
Tout est géant chez eux : écoutez-les , F Europe 
Comme l'Afrique aura des monstres à foison. 
Celui-ci se croyoit l'hyperbole permise; 
J'ai vu f dit-4l , un chou plus grand qu'une maison^ 



^^^mifi^mrm^*mmm^ma0Êm0>m0mmmmmimm$mit0mm^m^mf*mmmmfmmm^m 



\ 



( i5 ) Galetas. 
( i6 ) Regorgea. ' 
(17) A L 9 entendre' 
( 18 ^ Acres. 
^ ( 19 ) tJn chou. 



(â.5) 

D'în quêté poïs loû choyans • 

N' emporter! piM d'au drôléîs dé douj-ans ; 
É vou vou séz leva tro tar pèr m'àu fâs crëïré* 
— Mâs vou dizé que ïàîi ^ï vu ; * 

£ mérité d'ésséy crégu ; 
Mal mo-fé vou forio béii véïré 
Doutas que loù chovans émpourtan loù fixisi 
Dïn-t-un poïs 
£nté las bétias sount si fortas ; , > 

Pèr-qué loû rats d'àA golâtàiis i5 
L'y mïnjén lou fèr pèr quïntàiis. 
Nôtr-homé , pèr Ion co , coumprénguèt qu^ 

lïngàgëi 
L'un ramboustièt x6 lou f%r é l'àiitré lou méinagéw 
Lou càu d^àû dons fuguèt lou pus countén f^ 
Noû véyran co dïn-t-un momén. 

» • 

- Pèr-qué noû parlén dé vouyagéîs , 
Vèi-qui dons àûtréîs persounagéîs 
Dé lo coufriéro d'au manteurs. 
L'un éyro dé quîs grans hâbleurs 
Que vézén tout én-d-uno loupo# 
Is iuvirian dé louéxkioa^fi^n^jiué goloupo^^ 
Tout éï géan pèr îs 
Is coùnéissén toû loû poïs ; 

A loû àuvîs 17 
En Uropo , coum--én Ofrico 9 
Loû liouns s'y trobén à fouéizouJ 
Dîs soun éisséz x9 dé féiir-hyperbolico f 
L^un dissèt ïàï v'un chàli 19 pus gros qu'uno méïjoij 
L'àîitré l'y diss^ pas nou ^ ' 



( ai6 ) 

Ct moi , <fit Fautre , un pot aussi grand qn^nne 

ir église. 

Le premier se maquant, Fautre reprit : Tout doux; 

On le fit pour cuire Vos choux. 

L*homme au pot fut plaisant : Thomme au fer. fut 

habile. 

Quand l'absurde est outré , Ton lui fait trop d'hon- 
neur 

pe Toidoir j par raison y combattre son erreur : 

Enchérir est plus court , sans s'échauffer la bile. 






) I 



( ^ï? ) 

Mâs tan-qué-tan l'y réplico, 
Mal qu^éï pla càiicoré dé fi ! 
£ mé doun qu'àï vu un toupi 
Pus gran qu'uno bazilico. 
Mal dë-ségur,pas-dé-pitî. 
Lou prémiéz se méuèt dé tiré 
. Quan vèi-qui l'àiitré dé l'y dîré ; 
Quéu toupi vio *éyéa foundu 
JExpfiô pèrfaâ GuCîâ Cou cfiàû que ^'o^éz vu, 

L'homé au toupi fuguèt risiblé , 
Mâs l'homé d'au fèr fuguèt fi. 
£n lour ézamplé * quiéï poussiblé • 
Dé vou ténéï pèr overti. 
Si cà'^qué gran bovar vou counto 

Gàiico grando déyroziii 
Pèr lou- fàïr--énrojâ tout-viîi , 
lio l'y coutitestéz pas , mâ^ pèr i'y fas bien hountdi 
A vôtre tour dijâ nén piéï , 



V t 



■w 
\ 



XXXVII. Le Meunier, son Fils et tAnex 

A M, D. M. 



'invention des arts ^tant un droit d'aînesse , 
lUS devons ï'apologue à l'ancienne Grèce ; 



L 

Nous 

Mais ce champ ne se peut tellement. «moissonner ^ 

Que les dei*niers venus n'y trouvent à glaner. 

l*a feinte est un pays plein de terres désertes : 

Tous les jours nos auteurs y font des découvertes. 

Je t'en veux dire un trait assez bien inventer 

Autrefois à Racan Malherbe l'a conté. 

Ces deux rivaux d'Horace, héritiers de sa lyre. 

Disciples d'Apollon , nps maîtres , pour mieux 

dire , 

Se rencontrant un jour tout seuls et sans témoins , 

( Comme ils se confiaient leurs pensers et leurs 

soins ) 

Racan commence ainsi :, Dites-moi , je vous prie , 

Vous qui devez savoir les clioses- de la vie, 

Qui par tous ses dégrés avez déjà passé , 

Et que rien ne doit fuir en cet âge avancé; 

A quoi me résoudrai^jfe ? Il est temps que j'y pense. 

[Vous connaissez mon bien , mon talent , ma nais- 
sance : 

Dois-je dans la province établir mon séjour? 

Prendre emploi dans l'armée, ou bien charge à la 

cour ? 

Tout au monde est mêlé d'amertume et de charmes. 

La guerre a ses douceurs , l'hymen a ses alarmes. 

Si je suivais mon goût , je saurais où buter ; 

Mais j'ai les miens , la cour, le peuple à contenter. 

Malherbe là-dessus : contenter tout le monde ! 

Écoutez ce récit avant que je réponde. 



( I ) S^éreinte. ( a ) Bolteiùc. 



(219) 
XXXVII. Lou Moûniéz, soun Fils à l'Ané. 

\J N jâun^ drôle dé quïnz^an 

£ soun paï lou moûniéz que n'ovio cïn vé tan, 

S'en anovan vendre lour âné.* - • 

Dé pàu que lour bêtio s'éïkânè t 

A forço d'ovèî marcha 

É qu'au chio tou-t-èirancha a _ 

£n oriban au marcha ; 

Is l'y méttén loû péz en liasso 

E , sèi couraporosou , îs lou portén tou-viu . 

Coumo qui pourtorio no chasso 

.Un jour dé grando proucessiii 

Dîs 1 annado dé l'osténsitl. 

Pàûbréis Champolimàus ! di lou prémiéz que passo, 

Lou pu âné dé vàûtréîs trèis ^ 

N'éï pas dé-ségur quéii qu'un pénso , 

Lou diâblé vpu séché loû dèls ! 

Lou moûniéz counéguèt léy-doun soun ignorén^o 

, E s'éntiguèt lou déyplozéï 

Dé pourtâ no sâlo bourico 
Coumo qui porto lio rélico^f 

ïan-qué-tan vèi-qui l'ân'a-bâ. 

Au s'en pîénguèt dîs soun parlât 

Qu'éïro, se digio-t-éii tou-bâ , 

Pu bravé dé se fas pourtâ 
Que dé troutâ. 
Mâs lou moûniéz n'en lénguèt pas dé counté , 

Méym'àu vàu que soun drôle mounté. 

Pèr se doréï, trimavo dé soun pèt, 

Quéii viéï crég;io bien fas d'énguér*iu se troumpètr 



( 220 ) 

J'ai lu dans quelque endroit qu'un Meunier et son 

fils , 
L'un vieillard, l'autre enfant, non pas des plus petits 
Mais garçon de quinze ans , si j'ai bonne mémoire , 
Allaient vendre leur âne un certain jour de foire. 
Afin qu'il fut plus frais et de meilleur débit , 
On lui lia les pieds, on vous le suspendît: 
Puis cet homme et son fils le portent comme un 

lustre. 
Pauvres gens ! idiots ! couple ignorant et rustre ! 
Le .premier qui les vit de rire s éclata : 
Quelle farce , dit-il , vont jouer ces gens-là ? 
te plus âne des trois n'est pas celui qu'on pense. 
JjC meunier , à ces mots , connaît son ignorance : 
11 met sur pieds sa bête, et la fait détaler. 
L'àne, qui goûtait fort l'autre façon d'aller. 
Se plaint en son patois. Le meunier n^en a cure ; 
Il fait monter son fils , il suit : et , d'aventure ^ 
Passent trois bons marchans. Cet objet leur déplut. 
Le plus vieux au garçon s'écria tant qu'il pût ; 
Oh là ! oh ! descendez , que Ton ne vous le dise , 
Jeune homme qui menez laquais à barbé grise î 
C'était à vous de suivre , au vieillard ée monter. 
Messieurs , dit le meunier , il vous faut contenter. 
L'enfant met pied à terre et puis le vieillard monte. 
Quand trois filles passatit ; l\ine dit : C'est grand- 
honte 
Qu'il faille voit ainsi dodicr ce jeune fils , 
landis que ce nigaud, Gontme un évême assis^, 
JFait le vearu sur son âne , et pense être oitn sage. 
11 n'est ,*dit le meunier , plus de veauîC à mon âge ; 
Passez votre chemin , la fille , et m'en croyez. 
Après maints quolibets coup sur coup tenvoyés ^ 

( 5 ) Presque. . ( 7 ) Etendu. 

X 4 ) Auprès. ( 8 ) Le veau. 

(5) Tir vwilfafiî. (^) Cûtu^ntihes« 



;( 221 ) 
Trèis marchans que ffer-ro vanturo 
Possovan bellomén .3 au pèt , 4 
Vézés-vou quello grando luro 
Se cârâ subré quéii sàumèt , 
Péndén que lou viéï 5 vàï d'a-pètl . ^ 
N'éï co pas , disén-t-Î6 , \o pu crucll-ïnjuro 
Qu'un ^èché fiur-à lo noturo ? 
Queii béii moussur à bësouën dé mounturo ! 
Màï mo-fé noû tén boilloran 
Ën-d-un local à barbo grîso ! 

Sàut-à terro ^n-qué-tan. 6 
Loa paï qu'o pàu de' càiico crîso^ 
Lour dit ^ messieus vou fâchez pas , 
JNoû vou volën bë counténtas. 
Vèi-qui doua lou paï dé mountas 
Au n'oguët pas fa trénto pas , 
Quîs s'en van rancpuntrâ . trèis ^las. 
— ' Vizas chiàuplâ quèii viéï motou 
Quécrébp quëii jénté garçou ^ 
Qu'o déijâ bésouén dé héquillas; 
Pendén que quéii viéï sopQjoa 
Se câro tou-soû èi scrupulo 
Coumo lou Pâpo sur so mulo^^ 
Ëivéala 7 subré soun ponéxt 
Vizas coum-àu faï lou védéii ! 9 
Màï d'énguér-àu créii esséy sage? 
JM'io pu dé védéii à moun âgé 
Se dissk lou viéï tou trébla , 
Vàu dizé tou-pur é toa-pla, 
' ' Grandas brïngas ! 9 dounft~rou gardo 

Sénté déijâ que lo moutardo 

TS 



( 222 5 

LTiomirtê cral avolrtoirt , et tnîk son fils ett crcmpei 
Au bout àe tt^Mt pas , une troisième troupe 
Trouve encore à gloser. L'un dit: Ces gens sont fous«i 
Le baudet n'en peut plus i il mauira sonsleurs coups. 
Hé quoi ! charger ainsi tettè^pâterre bonriquef 
N'ont-ils point de pitié de leur vieux domestique! 
Sans doute qu'à la foire ils Tont vendre sb peau. 
I*art)leii ! ' dit le meûnifer , test bien fbu du cerveau 
Qui prétend contenter toutlifr monde et son père. 
Essayons toutefois si par quelque ntanière 
Nous en viendront à bout. Hs descendent tous deuxr 
L'âne en prélassant mafche sfeul devant eux. 
Un quidam les rencontre , et dit : Est-ce la mode 
Que baudet aîUiè à l'aise , et meànîèr &'îttcon»mode ? 
Qui dfeï'àne t)u du tikaître dst fait pour's'e tasser ? 
Je conseille à ses gens dé le faite ênthâsser. 
Ils u^ntJeiirs souUerî? y ti conservent leur âne f 
Nicoléi, au t-Àotrt ; tar, quand il va' Voir Jeanne ^ 
Il monte sur sa bête ; et îa tbànsnn le dit. 
Beau trît> de baudets f le meùnifet* i*epaftit : 
Je suis âné i'il e^ vr'ai , j'en conviens , Je F avoue ; 
Mais que dorttiâVlanrft on tnc bfilÀnë, on me loue^ 
Qu'on disfe'quélc^e cfio^c , ou qu'on nh dise rien ; 
J'en veux faire h itiA têtfe. fl ïe fit' et fit bien. 

Quant à vous, suivez Marsou l'amour, ou le prince , 
Allez , venez , courez ; demeurer en province ; 
Prenez femme , abbaye ^ emploi , gouvernement t 
Les gens eh parleront y n'en doutez nnBemenf* 



(10} Abasourdirent, 
< Il ) Peut-être» 
( la) ilf^cdire. 



^•mm^mi^t^mmmi^l^m^imimmimtmmmiém^ 



( ^A) 

Mâs lâs K borêréti ïou bel ^ 
Éh châcuno saun colibèt. 
Au réypoundèt , las rëpliquêréo ; 
Au se fâchèt , las se fâchêrén ; * 

' Las réyLudïnguérén >o si for 

Qu'au çhobèt bouaoTnén pèr créyré d'ovëî tor. 
Au fàï mountâ soun fils en croupo. 
Mâs vM-qui bientôt n^àutro troupo 
Que IcFu trato mais coum-àu f^u. 
— Moun-diu î qucllo gén sount ftu. 
faut yèï lo coussïnço plo larjo ( 

Quél-âné n'en po pu , au plèjo sou so charma» 
Is van en féîro mâs béléii vi 
Cb n'éï mâs pèr vendre I0 péii 
ï)é quello chèïtîvo mounturo. 
IjOû mfoànîéz àt quél-ôvanturo 
I>'éyfetigiik ioâi €& tou-d'un co» 
Ah î dis^^^éii \ C6 n'éï m^ co ? 
Bouéy fouîllo que fuguez l^ién so 
Dé vouléîxplàïré à tou lou moundé^r 
ïàii viàuràî cbumo mé plèîro 
E si i'io càiicu que n'ëp groundë 7 
* Pèr mo fig-àu se grotoro» . • 

* * * 

N'éïcoutan jorna? lo l'àiga 
D'au dëlézéîs 
- Is troùborîan toujour ofa* sur uti'éîpîngOy 

Qu'ici lt)urt plozéîs. 
Pfa* n'en cofinténtâ ttii y féudrio dëyplànr-à cafré 
Max béléii cTîobâ pèr se battrez 
Làissan dire, fozan lou bé^ 
Las lïhgas se té&oran bé^ 



( 222 y 

Llîomnté cmi avoii^ tort , et mît son fils eu croupe^i 
Au bout àe trfeht« pis , une troisième troupe 
Trouve encore à gloser. L'un dit: Ces gens sont fous«i 
Le baudet n'en peut plu«: il mcourra sonsleurs coups,; 
Hé quoi ! charger ainsi tettè* pafuTfe bouriquet 
N'ont-ils point de pitié de leur vieux domestique ! 
Sans doute qu'à la foine ils Yont vendre sa peau. 
Pattleii ! • dit le mfeûnifer , fest bien fou du cerveau 
Qui prétend contenter tout le mtjnde et son père. 
Essayons toutefois si par quelque nWinière 
Nous en viendront à bout. Us descendent tous deuxr 
L'âne en prélassant mafcHe sfeul dfevant eux. 
Un quidam Ifes rehèontre , et dit : Est-ce la mode 
Que baudet âîlk à l'aise, etmfednîèri'îttcommode? 
Qui dte l'àne t>u du nkaître dst fait pout'se lasser ? 
Je conseille à sies gens dé le faitîe ènthâsser. 
Ils ui^ntfleiirs souUetîj ^ et conservient l«tir âne f 
Nicoléi, au ^Aoin*i ; târ, quand il va' Voir Jeanne ^ 
Il monte sur sa bê^te ; et îa cbàmsnn le dit. 
Beau trio de baudets ! le meunier Irepàftit : 
Je suis âne i'H é^ vr'ai , f èri conviens , je l' avoue ; 
Mais que doi^éîVâS^t on ttie Wtinè, on me loue ^ 
Qu'on dise'quélc^e cfio^ , ou qu'on nte dise rien ; 
J'en veux faire i^ ^â têtfe. fl ïe fit , et fit bien. 

Quant .à vous, suivez Marsou l'amour, ou le prince , 
Allez , venez , courez ; demeurez en province ; 
Prenez femme , abbaye ^ emploi , gouvernement t 
Les gens eh parleront y n'en douiez nullement. 



tim 



( lo) Abasourdirent. 
j( Il ) I*cttt-étre. 
( la) ilf^cdire. 



( ^^3 ) 
Mâs lâs !i borêréti tou bel ^ 
Eh châcuno soun colibèt. 
Au réypoundèt , las rëpliquêrén ; 
Au se fâchèt , las se fâchérén ; ^ 

Las réyUidïoguérén >o si for 

Qu'au çhobèt bouuomén pèr créyré d'ovéîf tor» 
Au fàï mountâ soun fils en croupo. 
Mâs vèî-qui bientôt n'àutro troupo 
Que lofu trato tnâs coum-àu ftu» 
-^~- Moun-kltii r quelle gén sount ftu» 
Faut tM lo coussïnço plo larjo ! 

Quél-ânë n'en po pu , au plèjo sou so charma» 
Is van en féiro mâs bëléii ii 
Cb n'éï mâs pèr vendre la péii 
I)é quelle cbèïtivo mounturo. 
lioti ttmànîéï dé quél-ôvanturo 
D'ëyfetijuk lofe éfe tou-d'un co» 
Ah î dis&èt^éii ^ eo si'^élf mais co ? 
Bouëy fouillo que fuguez bien so 
Dé vouléïxplàîré à tou lou moundéy. 
làîi vîàuràî côumo mé plèiro 
£ si l'io càiicu qné n'ëp groundé f 
' Pèr mo fig-àtu se grotoro» . * 

!N'éicoufan jornàf lo Imga 
D'au délézéîs 
Is troiïbonan tou jour ofa» sur uti'éîpingOy 

QuVi loufs plozits. 
Ptr n'en connténtâ Htfi ^ féudrio dëyplàn-'â catré 
Màt béléii cRobâ pèr se battrez 
Làissan dîré y fozan lou bé^ 
Las luigas se té'&oraa hé^ 



XXXVIII. Le Trésor et les deux Hommes. 



lî 



N homme n^ayant plus ni crédit ni ressource , 

£t logeant le diable -en sa bonrse, 

C*'est-à-dire n'y logeant rîen^ 

SUmagina qu'il ferait bien 

I>e se pendre et finir lui-même sa misère ^ 

Puisqu' aussi bien sans lui la faim le Tiendrait faire : 

Grenre de mort qui ne duit pas 

A gens peu curieux de goûter le trépas. 

Dans cette intention, une vieille masure 

Fut ia scène où derait se passer F aventure : 

Il y pçrte une corde , et veut avec un clou 

Au haut d'un certain mur attacher le Kcott. 
> 

La muraille , vieille et peu forte , 

S* ébranle aux premiers coups, tombe avec un 

trésor. 

Notre ^désespéré le ramasse, et Feroportc; 

Laisse là le licou, s'en retourne avec l'or. 

Sans compter: rbnde ou non , la somme plut an sire^ 

Tandis que le galant à grands pas se retire , 

L'homme au trésor arrive, et. trouve son argent 

Absepl. 



( 225^ 

• 



X,XXV1II. Lou Trésor é hû dous Hométs: 



U 



N homé n'oyan pu ni crédi ni ressonrço , 

Que vio , pèr-counséquén , lou diâblé dîs sa 

bourço y 
(*Co vàu dire qu^àu n'y vlo ré , ) 
Vio talomén lo pàu au yéntré. 
Dé muriz dé fan au dé se , 
Qu'au dissèt fkut que m'ané péndré 
Car m'oriboro càiicoré. , 
4 Au chàusîs no riéiHo mozuro 
Pèr théâtre dé Tovanturo ; 
Au se muniz d'un boun sédou 
En-d-un propé cliàu dé lambourdo ; 

Sèi ré dîr-à dégu , préu se lanlerno sourdo ^ 

Oribo sur lou talr vSr lo viéiïlo inéïjou , 

E d'uno mo bien résoludo 

Au cougn-*-à grans co dé martéû 

Soun gros cliàu dis lou mur que n'éyro pas nouvéti. 
Dé lo prémiéro sécoududo 
Vèi-qui que lou mur éybercha 

Toumb-àré -qu'un trésor que l'y éyro cocha» 
Nôtre désespéra lou masso 
S'éï s'omuzâ 
A lou countà , 

L'émporto vîlomén é vou pàus-ën so plaço. 
Soun cliàu, soun martéiî , soun liocàu. 
Lou méylré d'au trésor oribo , * 
Au jur-àu credo coum-un fàu , 

Au Youleur ! au sécour ! ma piii ! dégu n'arih<^ 



( a^G ) 
Qnoi ! dit-il , sans mourir je perdrai cette somtne f 
ffe ne me pendrai pas ! Eh ! vraiment si ferai , 

Ou de corde je manquerai. 
Le lacs ^tait tout prêt, il n'y manquait qu'un homme 
Celui-ci se rattache , et se pend bien et beau. 

Ce qui le consola , peut-être , 

JTut qu'un autre eût, pour lui, fait les. frais du 

cordeau. 

Aussi bien que Pargent le licou trouva' maître. 

Il' avare rarement finit ses jours sans pleurs : 

Il a le moins de part au trésor qu'il enserre f 

Thésaurisant pour les voleurs, 

Pour ses parens , ou pour la terre. 

Mais que dire du troc que la Fortune fit ? 

Ce sont là de ses traits ; elle s'en divertit : 

Plus le tour est bizarre , et plus elle est contente» 

Cette déesse inconstante 

Se mit alors en l'esprit 

De voir un. homme se pendre: 

Et celui qui se pendit 

S'y devait le moins attendre. 



( ^^7 ) 

Coumén ! se dissët-éîi , isiràï dévolisa 

Dé tan d^or qu^ovio qui pàusa , 

Que fojio tonto mo fortuno ! 
£ né mé péndràï pas ? . . . Moun armo ! si foràl 

Auhé dé cordo mancoràï. 

Mâs pèr bounhur n'iovio qui uno , 

Car lou vouleur vio tou prévu 

N'y mancavo ma lou pendu. 

L'avare n'en foguèt l'office 

( D'énguêrâ bien hurou pèr se 

Qvié lo cordo l'y coutèt ré). 

Fourtuno ! qual~èï touh copriçé T 
N'ioguèt ré dé perdu ; argén , pendu , lîocàu v 

Tou fuguèt ploça coum-àu fàu. 

Qu'àii léïçou podén-noû tira dé q'uello fablo ? 

Que fo fourtuno n'éï pas fiablo. 

Soû copricéîs sount danjéyroû ; 
Souvén quan- lo ndu ri lo se mouco dé noû. 
Quan quelWngrato vàù véyré n'homé sé"péndré 

Vou podéz dire qu'éï ficha 

Fàudro qu'au chio péndigouilla , 

Lou pàubr-homë è Jbéii s'en défendre : 
Jjilts bien souvén qu'éï quéii qu'éï lou pendu ^ 

Que s'y dévio lou mïn attendre. 

Lou boun-diii 6 éntàii vougu; 

Tàii créii étr-én pa qu'éï en guerro; 

Vou né trouboréz sur lo terro , 

Ré dé scgur nou-mâ-kan lo vertu, 

Quello'-qui né troumpo dégu. 



( 2a8 ) 
XXXIX. Les Merfibres et t Estomac. 

O E devais par la royauté 
Avoir commencé mon ouvrage ; 
A la voir d'un certain côté , 
Messer Gaster en est Timage; 
S'il a quelque besoin , tout le corps s'en ressent. 
De travailler pour lui les membres se lassant , 
Chacun d'eux résolut de vivre en gentilhomme , 
Sans rien faire , alléguant l'exemple de* Gaster. 
11 faudrait, disaient-ils, sans nous qu'il vécût d'air. 
Nous suons, nous peinons comme bête de somme; 
Et pour qui? pour lui seul : nous n'en profilons pas: 
Notpe soin n'aboutit qu'à fournir ses repas. 
£hômons , c'est un métier qu'il veut, nous faire 

apprendre. 
Ainsi dit, ainsi fait. Les main$ cessent dLe prendre^ 

^ Les bras d'agir , les- jambe3 de marcher : 
Tous dirent à Gaster qu'il en allât chercher. 
.Ce leur fut une erreur dout ils se repentirent. 

XXXIX. 

( I ) Estomac. 

(a) Dérangement. 

(S.) Se piquén^nt. 

(4) De grands imbéciles^i 

( 5 } Les kacliis. 

(6} Engourdissement. 

( 7 ) Borne*' 

( 8 ) Garde-manger. 

(9) Q^'^1 souifle sa yes«e. 



XXXIX. Loû Mémbréis é tErtouma.^ , 

A u dévio j pèr lo royàuta ,. 
Ovéy couménça moun oubragé, 
A lo vizâ d'au boun coûta 
Nôtre péïtràu » n en éï l'éymagé; 
Chàu ô càiiqué déyrèi , a tou lôu cof s'en réssén, 
TJn béu jour , countré se , loû niénibréîs st* 

poufféyrén 3- 
Pèr saromén îs s'^ngogéréa 
Dé viàurë toû bourjézomën. 
« Pardi ! noù sount de grandas luras 4 
<r (Se dissérént~îs bétiomén ) , \ 

m Dé. noû boillâ tan dé tunhën * 

« Pèr préporas las farciduras 5 
« Dé quéii moussu wjo-foun-één,! * 

. <c Oh ! faut qu'au gaignë so journado 
<f Au qu'au vivo dé l'air d'au tén ^ 
« Qu'ëï no chàiiso bien dfécidado ; 
«c E quétto-vé n'an préï nôtre parti. » 
Mal. fitén. bien coum-îs vian di. 
JLioû vèi-qui doun toû qu'an lo louéyno , 6 
Xias mas né yolén rjè pus fas; .^ ^*y 
Las déns né volén pus mâchas; 
Loû péz , planta coumo no bouëyno , 7 

'RéfuMA nélté-4ë-iiiaKhas«.. - 

Que rertouma n'.aoo ..chercha»; » ( , ^ 
Se mëimo dis lo mïnjodouéyrp. 6 
Aube qu'au httfé ffiofi^douéyro. j9 ^ ; 

V 



C a3o) 

Bientôt les pauvres gens tombk*ent en langueur ^ 
Il ne se forma plus de nouveau sang au cœur : 
Chaque membre en souffrit ; le» forces se perdirent 

Par ce moyen les mutins virent 
Que celui qu'ils croyoient oisif et paresseux 
A r intérêt commun contribuait plus qu'eux. 

Ceci peut s"* appliquer à la grandeur royale. 
JElle reçoit et donne ; et la chose est égale, 
.Tout travaille pour elle ; et réciproquement 

Tout tire d'elle l'aliment. 
Elle fait subsister l'artisan de ses peines, 
£nrichit le marchand , gage le magistrat , 
Maintient le laboureur , donne paie au soldat , 
Distribue en cent- lleUx ses' grâces souveraines , 

Entretient seule tout l'état. 

Ménénius le sut bien dire. 
La commune s'alloit séparer du sénat. 
Les mécontens disaient qu'il avait tout l'ei^ipire , 
Le pouvoir, les trésors , l'honneur , la dignité : 
Au lieu que tout le mal était de leur coté , 
Les tributs , les impôts , les fatigues de Guerre* 
Le peuple hors des murs était déjà poste: 
La plupart s'en allaient chercher une autre terre , 

Quand Ménénius leur fit voir 

Qu'ils étaient aux membres semblables : 
Et *pat cet apologue , î'nsigne entre les fd>les y 

Lies Ramena dans' leur*, devoirl 



K, , -r 



FiK des Fahi^^ àiiptenïier Tome. 



I ' 



I lih U i ' i lii iifc K \ii ^témtmU^màiiitmttt 



(xo) I>epuiilé idiituéAtt 

( II ) tir kbtit fcw^»* ' 

( 13 ) BU 'pàî^ B^Cfrotté â'^i i 



< ; < ; . ; » ! ' ' ' 






( a3i ) 

I>îssêrënt-îs toû à lové. 
Mâs , bién-tôt îs bisquérën bë 
I>éypèy Ténsèï lo^î;^ laoguîguérén 
É lou léndémo counéguêrén . 
Que quéii quîs crégian poressoû j 
Xroboillavo lou màï dé toû ; 
£ que lou sang que coulo dis ^las vénas , 
Wëï mas-kan lou fruit dé sas pénas; 
Que s*h né volén paj xùunz 
Is sount viras n dé lou nuriz. 

Co-quî po s'oppUças à lo grandeur royalo 
Lo baillo màï lo prën ; Ip chàus-éï tout cjgalo j 

Si noû trobaillén pèr lou lléï 

Au noû" coun'servo tidtréts béï ^ 

E si noû l'y payén lo taiUo , 

Pèr noû nèit-é jour au trobaîllo , 
Au payo loû soudars ; protéjo lou marchan ; 

E lou bourjéï màï lou péyzan, 
N'àurian soulomén pas uno quîto frétisso %» 

S'iau lour randio pas lo justisso. * 
Jj'éyt^ nuriz lou Rëï; lou Réï soutèt Féyta ; 

Qu'ëï un randu pir un préyta. 



Ti dé las Foilas d'au prémiéz 76mé. 



( a32 ) 

Je croià faire piàiâir au PuGUc en inâêmni, à 
(a fin De ce VoCume , Ca 'CRanàon paioiùe du 
même Auteur , ei dont iC e^t parte Danâ PÉpilre 
Dédicatoire* 

BARGE AS, ëditenr. 



'é'^'^^^.'^^é^'é^^^^m^m'ê'^'i^ 



CHANSOU NOUVELO 

Facho pèr no Péyzanio dé lo Brégéwl 
lou béu 'four d'au Mardi-gras. 

1 808. 



Sur- TAîr : A\?ec ma Pipe de taCac. 



E 



NTÉ sount toû quîs géntéîs drôleîs 
Qu^hantan véillovan coumo noû ^ . 
Qjuë fogîan loû ch^uvèz loû bôléîs 
£n mïnjan nôtréîs golétoû. 
Hélas quîs que van en Russio 
Bufforan plo lours pàiibréis dëiS| 
£ qaîs que sount dis ritoHo 
Se cramen io peu au souléï. 



Qu'eî plo bravé que lo jàunësso 
Onan fas lour {^i dé lauriéz ; 
Is véndran un iour à la messo 
Ea lour pounpoun dé grénodiëz. 



(^SU.) 



iCié.y 



iGU.) 



(a33) 

Mis que van fas las' pàubras filUas? 

Entré-tan faut perdre soun téns^ 

S'is né' baillén mâs las nouzillias 

Quan lou moundé n'an pus dé déns. ( 6iô* ) 

Panchj&I iné vouill-én moridagé 
L'AmpÉrour roumpèt lou marcha ; 
Afoun armo sîrio plo doumagé 
Qu'au lou mé tournéss-éndêcha. ( Ciô. ) 

Car lou goillar 6 bouno pàilto 
Mâs loû ennemis au sàubran, 
Cbiau lo pàiiso sur càiico jàiito 
flïo-ft las mouchas l'y b^iiran.-^ (^Giâ.) 

Moun-diii ! coum-àu déii esséy jénté 
Dis l'uniforme dé soudar ! 
Nèt-é-jour lou mé représenté 
En soun bravé sabré d'àuzar. ÇSij.^ 

Soun béii chovàU d'au réï dé PrussQ , 
Soun bél-^hobit dé dra anglèy 
Garni d'uno péUsso Russe 
E doubla d'un cœur dé françiy. ( Cù. ) 

Loû bourgéîs an toû càuco târo 
Quan faut nas défendre Feyta , 
Toû loû ans méymo rifanf^ro 
Loû richéis n'an pus de sanla. ( ùù, ) 

N'io pas d'hounto que loû rétéïgno i 
Is se fàn d'au éîs dé cristàu 
£ chant en las gàugnîas , lo téigno 
&^îs Qé'tounibén pas d'au gr^n màii. ( Cid, ) 

y 5 ^ 



(234) 

N'en veiriÉ d'âu-ûs que se Y^ndîn 
Coumo lo viando dîs.loù baxts, 
Màï rîo d^àû marchàns que prétend^ 
Quîs Yùé chatin tro char hujan. ( Clâ. ) 

Quéii dîré n'éï mâs no sottiso 
Car coumo pOrt-un vèi dtéygréu , 
Que n'en côté- mâs lo chomiso 
Quan s'ogîs dé sauvas To péiî. ( Sùf, ) 

Anén ^arçoû ! faut d'au courage 
Que loû péyzans né boudan pas? 
Qùéii que vou créd-ét boun é sage , 
Au vou tiroro bé d'ofTas. ( 6id, ) 

Souténéz-vou bien entré vàûtr^s 
Un jour co se troiiboro bé, 
Qui dëfén bien lo'u bé d'au àûtréîs 
Éï dîgné dé n'^én véï pèr se. ( 6id^ ) 

< Quan you vendrez cuber dé glôrio 
Vou direz iVW ét/ta counâcnt , 
£ dis lou tëmpIë âè mémôrio 
Toû vôiréîs nouns siran éycrit# (tf/i. ) 

É quan I'Ampérour dé lo Franco 
Au moundé aura boilla ïp pa , 
Vou direz d^un toun d'âs^uranço , 
S[éï nàûtiéU n'iovio ri. dé fa. X^id. ) 

Mé gariez pas de quîs onstiéra» 
Qu'abandounén lours ëytandàrs , 
Pèr ^'agrumir dis lours chàûiniéraa 
Coumo dis d'au cros dé rénars. (^tV*) 



.\ 



( ^35 ) 

Co n'éï gro Pargén que jn'otiro 

Mâs nàïmé.pas n'homé s'éï cceur, 

Méîrio pûtôt vicrg-é niaflrtira 

Que d'éïpou7as péa dé^arteur, (^(}id»y 

Vivo lo )àunésso dé Franco 
Pèr bien fâs dé toû loû voéyliéz | 
A lo gu^rro coum-à lodanço 
S'éï jomàï ré vu dé poriéz. (^Clâ.^ 

Faut co coure? qu'éï dé las téïbrét». 
Faut co nudâ ? qn'éï d?àû péïssoû. 
Dîs no botailla qu'éï d*àû tigréis, 
Sount-^îs vénqueurs qa'éï d'au nu)utoù. ^GiJ^^ 

Lo bella ehàusa ^ué lo guerro l 
Sur-tou (|uant'un en éï tourna. « 
Lo galo , loû péïs , lo miséro 
Dîs catré jours sount àublida. Çûid,") 

Co n'éï raâs Fhonour é lo glôrro , 
Que fan- lou bounbur d^ua fraAçéï 
É mâs qu^^àu gaigné la vitôrio ^ 
S^éymaio-t-éu d'àûtréîs plozéï; ^ {Gid.} 

Loû prussiens dis lo Silésio 
Sount à lour darniéz sàu-marka ^ 
É dis l'éïràu dé Warsavio 
Loù Russas se sount énléïgna* ( 6id. y 

Boillâ d^àu po no boïounélto ' 
Entré lâs mas d'un boun péyzan , 
Lou fré lou chàii , ré né Uorréto 
Quan soun méy tré passo dovatx. ( ûûf, ) 



(a36) 

Loû Anglais fan toujourUs minas 
BoUNOPARTQ n'en yàu finis, 
Au lours taillo dé las molinas 
D'au pus béii drap- dé loup poïs^ (^/V. ) 
Is van véïré bravo ^bésugnq 
S*ts né méttén pas lou pàuzé , 
Car lou moundé si co countugno 
Né sirio pas prou gran pèr se. ( CiJ, ') 

Co n'éï gro pèr essey pu riche 
Qu'au cherch-à mossâ tan dé bé f 
Car dé-ségur au n'éï pas chiche 
Ce qu'au gaign-àu ïàU bailo-^bé. ( Ciâ. ) 
JVIâs për lou bounhur dé lo terro 
Au vaut , pèr fâs no bouno pa , 
Borâ lou temple dé la guerre 
£ véï lo cliàii d'au codéna. ( Gld. ) 



Yizà mé qualo politiquo ! 
Qui guéz sungna ré dé poriéz ? 
Dé lo mhr négr-à lo balliquo 
Au plant^un plàï dé grénpdiéz. ( ^ed. ) 

Pàubr-Aléxandro dé Russio ! 
Que té mesura coumo se , 
Quand l'Aléxandro dé l'Osio 
L'y véndrio pas déych-àu coudé. ÇCiâ.^ 

Né sàï mâs no pàubro bargéro 
Mâs ïàii nàï pas moun cœur dé fer, 
Mandi-é-séï dis mo préjôro 
L'y dizè tou)our an pakr^ {^6iâ.') 



( 237 ) 

Pèr que lou boun-diii lou préservé 

Dé mort dé molàudio d'éynéï 

É que St. MarsaU noû counservé 

Nôtr-AMPÉROUR é moun Panchèi. (ftV.) 

Viyo doun quéii gran BoUNOPARTO ! 
Quéîi-qui no pas pàu dé so péii , 
Sitôt qu'un se bât faut qu'au parto 
Au n'irio déchiant-àii bourés. (ftV. ) 

Qu'éï lou pus grand^homé dé guerro 
Qu'un aïé jomàï couronna 
Au siro bé pus gran d'énguêro 
Quan moun Panghéi siro tourna, (^ûié, ) 



T A B L 

De las Foblas qu'an chobi dïn lou 

prémi& Tômé. 



t-io Cyafo i 16 Fermi^ pajo i5 

Lou Rénar é £o GràûCo ; 19 

Lou Rénar é (où Roâïnâ ^ sa 

Lo GwnouiUo é fou Biàu f 25 

Cou fi.a dé iHÛb é Cou Ra d*àû çRanâi 27- 

Lou Lou é COgnéû ^ 33 
Lo Mor é Cou Pàu6ré / ' Sy 
L*Au9eiC£o , lo CHaGro é Co Jùnjo dé mé^ia 

coumo Cou Lwufii Jfi 

Lo Mountagno prèifi^h-^coucHaà i 4? 

Lou Jàii que IfùGo un diêmanf 5i 

Laà Bêtiaâ moCàudaâ dé Co Peàto , 55 

Lou CRopiiré iéngu pèr Co(k Rai^ i 67 

Lou RouQéï é CAââoCéïj 78 

Lou Rénar é Cou Jàû , • 77 

Lou Lou é Cou CHé dé GaâSo-cour ; 81 

Lou CfiamCofou é Cou doua BiôSâ i 89 

Laà BéiCCââ é Cou Burgaûâ , gS 

L'AuzeCCo é Coû pitîâ Aûzéûâ i. loi 

Lou doua MuCéyài 109 

VOgCian é Co Couyo j ii3 

Lou Péyzan d'au DonuGé , 117 

Lou Lioun moCàûdé é Cou Rénar f • x3i 



hou Pipéyàtrê ,• PEypaméz é Co Làuoo ,• ,187 
Lou Jai que âé carro dé fâd pfumad d*àu Pan i i4z 

Lou Lioun amouwux f i43 

Lou Curèi é fou Mor^ 149 

Lou Toupi dé fUi iSj 

Lou Lioun qu'fi çéngu Qtét i i63 

Simounido préâetvà pèr.foû Diûâ f 167 

L'Éycoroûiâào é âo litto , 17$ 

Lou Péyzan é ôoù Méinagétâ i 181 

Lo FiUo , i85 

Lou Cfiat é Cou Rénar^ jigS 

Loû Doua Omiâ y - ^99 

L'Homé é âoun Eymagéf 2o3 

Lou Dépoâitâri ïnjidéf ^ 209 

Lou Mouniéz i âoun FiCâ é CAnÀ^ 219 

Lou Tréâor é Coû doua Homéù , 2^5 

Loû MémCréU é CErtoumaty s^zq 

CRanâou nou0e(lo , â3^ 



ERRATUM. 

A la page 177, troisième ligne , au lieu de coûta $ 
lisez cuCâ, 



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