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Full text of "Quelques odes de Hafiz. Traduites pour la première fois en français par A.L.M. Nicolas"

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1IBLI0THEQUE    ORIENTALE    ELZEVIRIENNE 

LXXIII 


QUELQUES 

ODES    DE    HAFIZ 


QUELQUES 

ODES  DE  HAFIZ 

TRADUITES  POUR  LA  PREMIÈRE  FOIS  EN  FRANÇAIS 


A.  L.  M.    NICOLAS 

PREMIER  DROGMAN  DU  CONSl  I.AI  GÉNÉRAI.  DE  FRANCE  A  SMÏRNE 


CET  OUVRAGE  A  OBTENU  UN  PRIX  AU  CONCOURS  DU  MINISTERE  DES 
AFFAIRES  ÉTRANGÈRES  POUR  1897. 


45  ^vOk  V^4» 


PARIS 

ERNEST     LEROUX,     EDITEUR 

2S,     RUE     BONAPARTE,     28 
1  898 


-J^      <>j/*       «-J^»       *.  t  -       «x«      ~Js*      -si-»      ->|^      *»|^      *>f^"      ^1^      *\v* 


AVERTISSEMENT 


Traduire  un  poète  persan  est  œuvre 
essentiellement  épineuse,  que  je  n'eusse 
pas  tentée  si  je  n'avais  été  séduit  par  la 
beauté  et  l'élégance  des  vers,  la  richesse 
des  images,  la  profondeur  de  la  pensée  et 
la  contradiction  qui  semble  exister  entre 
le  texte  même  et  la  signification  qu'il  lui 
faut  donner.  Je  n'ai  cependant  pas  douté 
un  instant  que  mes  forces  ne  fussent 
au-dessous  de  la  tâche  que  je  m'étais 
assignée  :  cette  conviction  m'a  long- 
temps  fait  hésiter  à   présenter   ce  1110- 


deste  essai  aux  savants  maîtres  qui 
seront  chargés  de  l'examiner,  mais  la 
bienveillance  qu'ils  ont  témoignée  à 
mon  premier  travail  a  levé  mes  der- 
niers scrupules. 

Il  existe,  en  effet,  deux  méthodes  à  em- 
ployer pour  traduire  une  œuvre  étran- 
gère. L'une  consiste  à  suivre  l'auteur 
dans  un  mot  à  mot  strict,  qui  rende  le 
sens  pour  ainsi  dire  matériel  du  con- 
texte en  une  langue  cependant  suffisam- 
ment claire  pour  ne  pas  laisser  prise 
aux  erreurs.  L'autre  méthode  recom- 
mande non  plus  une  interprétation  ser- 
vile,  mais  une  paraphrase  élégante,  qui, 
tout  en  rendant  les  idées  même  du 
poète,  les  transcrive  cependant  avec  des 
images  nouvelles  plus  appropriées  aux 
goûts  des  lecteurs  nouveaux. 

La  première  de  ces  deux  méthodes 
est,  je  crois,  celle  que  l'on  s'accorde  gé- 
néralement à  reconnaître  comme  la  meil- 


leure,  et  j'eusse  bien  voulu  m'y  sou- 
mettre si  la  chose  ne  m'eût  pas  paru 
impossible. 

En  effet,  Hafiz,  comme  tous  les  poètes 
persans  d'ailleurs,  écrit  avec  une  conci- 
sion qui  fait  le  désespoir  des  Européens 
qui  veulent  le  lire.  La  grande  élégance, 
chez  les  maîtres  de  l'Iran,  ne  consiste 
pas  dans  une  description  minutieuse  des 
scènes  qu'ils  présentent  ou  dans  une 
explication  détaillée  des  sentiments  qui 
les  animent.  Il  est  à  remarquer  qu'en 
général  les  deux  distiques  d'un  vers 
forment  un  sens  complet  et  qu'on  pour- 
rait, comme  cela  se  fait  dans  tous  les 
manuscrits,  intervertir  complètement 
l'ordre  des  vers  dans  une  même  ode 
sans  rien  leur  retirer  de  leur  valeur  ou 
de  leur  signification.  Enfermée  dans  ces 
bornes  étroites,  la  pensée  n'a  plus,  pour 
s'exprimer,  qu'un  petit  nombre  de  mots 
à  sa   disposition.  Il    faut  donc  que    ces 


—    IV    — 

mots  fassent  jaillir  avec  force  du  cerveau 
du  lecteur  l'idée  ou  l'image  de  la  scène 
évoquée.  Dans  ces  conditions,  l'obscu- 
rité eût  régné  en  souveraine  maîtresse 
si  le  poète  ne  s'appuyait,  pour  nous 
guider,  sur  des  jeux  de  mots  ou  sur  des 
allusions  constantes  aux  mœurs,  aux 
idées,  à  la  religion,  à  l'histoire  de  son 
pays.  On  concevra  dès  lors  combien  une 
traduction  «  fidèle  »  resterait  au-dessous 
du  texte  primitif  et  présenterait  peu 
d'agrément  au  lecteur  européen. 

Mais,  d'un  autre  côté,  une  paraphrase, 
ou,  comme  dit  Voltaire,  «  une  traduc- 
tion libre  d'un  texte  souvent  trop  libre  », 
ne  donnerait  aucune  idée  de  l'originalité 
de  l'œuvre  et  du  mode  de  penser  des 
Persans. 

La  difficulté  est  donc  réelle  et  l'écueil 
inévitable.  Je  n'en  citerai  que  deux 
exemples  bien  caractéristiques,  l'un  em- 
prunté à  Hafiz  et  l'autre  à  Sa'adi. 


La  douzième  ode  renferme  le  vers  que 
j'ai  traduit  ainsi  :  Oui  tes  lèvres,  tes  jo- 
lies lèvres  étaient  en  droit  de  déverser 
sur  les  blessures  brûlantes  de  mon  cœur 
tout  le  sel  dont  elles  sont  empreintes. 

Le  sel  est,  évidemment  ici,  les  rail- 
leries ou  le  dédain  qui  accueillent  les 
transports  amoureux  du  poète.  Ces  rail- 
leries ou  ce  dédain  augmentent  en  même 
temps  et  les  douleurs  et  l'amour  de 
notre  auteur  comme  le  sel  appliqué  sur 
une  plaie  vive  exaspère  la  souffrance  et 
empire  le  mal.  L'interprétation  est  bien 
dans  la  note  persane,  et  cependant  j'ai 
trahi  complètement  la  pensée  de  Hafiz. 
J'ai  dénaturé  le  sens  littéral  et  j'ai  rem- 
placé une  image  par  une  autre.  Que  j'aie 
eu  tort,  j'en  demeure  convaincu,  mais, 
cependant,  je  doute  que  l'on  accueille 
avec  aisance  la  ligure  que  je  vais  expli- 
quer ici. 

Il    est    d'usage    courant    de    dire    en 


VI 


Perse,  pour  exprimer  une  beauté  qui 
séduit  —  «  mon  foie  brûle  »,  «  mon  foie 
est  un  rôti  »,  —  et  encore,  —  j'en  de- 
mande pardon  au  lecteur  européen, — 
cela  veut-il  dire  :  «  rôti  à  la  broche  », 

Le  rossignol  de  Ghiraz  est  certaine- 
ment, à  notre  point  de  vue,  bien  étrange, 
puisque  le  sens  absolu  de  ce  vers  est  : 

«  Tes  lèvres  de  rubis  ont  raison  de  se 
moquer  d'un  amoureux  comme  moi,  car 
l'éclat  de  ta  radieuse  beauté  est  au-des- 
sus d'un  mendiant  de  mon  espèce;  c'est 
donc  à  juste  titre  que  tu  railles,  et  pour 
pour  moi  tes  railleries  ont  l'amertume 
du  sel.  Cependant  ton  amour  me  brûle 
comme  le  feu  cuit  une  pièce  de  viande  à 
la  broche  mise  en  sa  présence.  Tu  le  sais, 
à  ce  mets  ainsi  préparé  il  faut  du  sel 
pour  en  relever  le  goût.  Ton  œuvre  n'eut 
donc  pas  été  complète  si  tu  ne  m'avais 
accablé  de  tes  dédains  :  complètement 
cuit  et  brûlé  par  ton  amour,  il  ne  man- 


VII    


quait  que  du  sel  au  plat  préparé  par  toi 
avec  ma  personne,  eh  bien,  ce  sel,  tu 
Tas  déversé  sur  moi  avec  tes  railleries.  » 

Cette  comparaison  peut-elle  être  ad- 
mise? Je  ne  le  pense  pas,  pas  plus  d'ail- 
leurs que  celle  de  Sa'adi  qui  s'écrie  dans 
son  Terdji  Bend  :  «  Je  n'avais  jamais  vu 
la  lune  avec  un  chapeau,  je  n'avais  ja- 
mais vu  un  cyprès  habillé.  » 

Réduite  à  ces  proportions  la  traduc- 
tion n'évoque  plus  que  l'idée  d'une 
image  grotesque  indigne  de  la  renom- 
mée de  notre  auteur.  On  sait  que  les 
Orientaux  en  général,  et  les  Persans  en 
particulier,  sont  fort  amateurs  de  beau- 
tés plantureuses.  Le  critérium  de  leurs 
comparaisons  réside  justement  dans  la 
rondeur  d'un  visage  trop  bien  portant 
rapprochée  de  celle  de  la  lune  à  son  qua- 
torzième jour.  Ton  visage  ressemble  à 
celui  de  la  lune,  s'écrient  à  chaque  ins- 
tant nos  poètes,  et  Sa'adi  va  plus  loin  : 


—    VIII    — 

«  Tu  es  la  lune  même  descendue  sur  la 
terre,  dit-il,  et  j'ai  vu  ce  miracle,  la  lune 
couverte  des  ornements  d'une  femme.  » 

La  taille  est  toujours  comparée,  pour 
l'élévation,  la  finesse  et  la  flexibilité,  à 
celle  du  cyprès,  et,  là  encore,  Saadi, 
transporté  d'enthousiasme,  dépasse  l'exa- 
gération de  ses  confrères  et  trouve  que 
son  amoureuse  est  le  cyprès  lui-même 
fait  femme  et  revêtue  des  habits  de  son 
sexe. 

L'œuvre  du  poète  donne  donc  lieu  à 
une  foule  d'interprétations  différentes. 
Le  charme,  pour  les  Persans,  réside  pré- 
cisément dans  cette  rêverie  qu'entraîne 
forcément  la  lecture  d'une  oeuvre  poé- 
tique. La  scène  à  peine  ébauchée,  le 
sentiment  à  peine  exprimé  laissent 
une  liberté  d'allures  excessive  à  l'ima- 
gination vagabonde.  Le  lecteur  se  laisse 
entraîner  aux  souvenirs,  aux  rêves,  aux 
aspirations  de  son  âme.  Il  est  sans  cesse 


ramené  aux  scènes  de  la  vie  qu'il  a 
vécue  et  entre  personnellement  en  jeu 
au  milieu  des  larges  mailles  de  ce  filet, 
alors  que,  d'un  autre  côté,  les  allusions 
amoureuses  à  la  Divinité  s'adaptent 
pour  lui  à  chaque  instant  de  son  exis- 
tence. Les  lisant  dans  un  moment  où 
ses  sens  parlent  plus  haut  que  son  ima- 
gination, il  se  soucie  fort  peu  du  mysti- 
cisme qui  les  enveloppe  et  se  laisse 
entraîner  sur  la  pente  rapide  de  l'amour 
charnel  ;  préoccupé  au  contraire  de  pen- 
sées élevées,  rassasié  pour  un  moment 
des  excès  ou  des  plaisirs  de  ce  bas- 
monde,  il  s'exalte  alors  a  l'idée  de  cet 
amour  divin  et  trouve,  en  réalité,  dans 
la  même  page,  le  poison  et  l'antidote  '. 

i.  M.  Anatole  France  exprime  avec  tant  de  pré- 
cision les  idées  que  je  tâche  d'indiquer  ici,  que  je 
ne  puis  m'empècher  de  citer  ce  passage  du  Jardin 
d'Épicure  :  «  Quand  on  lit  un  livre,  on  le  lit 
comme  on   veut,  on  en    lit  uu  plutôt  on   y   lit  ce 


Et  maintenant  quel  moyen  choisir 
pour  rendre  exactement  la  pensée  des 
poètes  de  l'Iran?  Traduire  mot  à  mot 


qu'on  veut.  Le  livre  laisse  tout  à  faire  à  l'imagina- 
tion. Aussi  les  esprits  rudes  et  communs  n'y  pren- 
nent-ils, pour  la  plupart,  qu'un  pâle  et  froid  plai- 
sir. Le  théâtre,  au  contraire,  fait  tout  voir  et  dis- 
pense de  rien  imaginer.  C'est  pourquoi  il  contente 
le  plus  grand  nombre.  C'est  aussi  pourquoi  il  plaît 
médiocrement  aux  esprits  rêveurs  et  méditatifs. 
Ceux-là  n'aiment  les  idées  que  pour  le  prolonge- 
ment qu'ils  leur  donnent  et  pour  l'écho  mélodieux 
qu'elles  éveillent  en  eux-mêmes.  Ils  n'ont  que  faire 
dans  un  théâtre  et  préfèrent  au  plaisir  passif  du 
spectacle  le  plaisir  actif  de  la  lecture.  Qu'est-ce 
qu'un  livre?  Une  suite  de  petits  signes.  Rien  de 
plus.  C'est  au  lecteur  à  tirer  lui-même  les  formes, 
les  couleurs  et  les  sentiments  auxquels  ces  signes 
correspondent.  Il  dépendra  de  lui  que  ce  livre  soit 
terne  ou  brillant,  ardent  ou  glacé.  Je  dirai,  si  vous 
préférez,  que  chaque  mot  d'un  livre  est  un  doigt 
mystérieux,  qui  effleure  une  fibre  de  notre  cerveau 
comme  la  corde  d'une  harpe  éveille  ainsi  une  note 
dans  notre  âme  sonore.  En  vain,  la  main  de  l'ar- 
tiste sera  inspirée  et  savante.  Le  son  qu'elle  rendra 
dépend  de  la  qualité  de  nos  cordes  intimes.  » 


en  rejetant  en  note,  presque  à  chaque 
phrase,  une  explication  longue  et  par 
suite  pénible,  serait  imposer  aux  lec- 
teur une  double  fatigue  à  laquelle  aucun 
d'entre  eux  ne  voudrait  se  soumettre  ; 
paraphraser  d'une  façon  générale  et  con- 
tinue serait  s'attirer  le  qualificatif  de 
traditore  du  proverbe  italien  ;  j'ai  pensé 
devoir  user  avec  ménagement  de  l'une 
et  de  l'autre  méthode  ;  j'ai  employé  ou 
j'ai  cru  employer  le  moins  de  mots  pos- 
sible pour  rendre  le  sens  complet  ;  mais 
je  crains  que  mes  forces  ne  m'aient 
trahi  et  que  je  m'attire  par  là  les  re- 
proches des  deux  écoles  que  j'ai  tenté 
de  concilier  dans  cet  humble  essai. 

A.-L.-M.    NICOLAS. 


ODES  DE  HAFIZ 


<3fc  £&  <3fc>  <3fc>  <3fc  c3fa  c 


Attention,  ô  échanson !  fais  circuler  la 
coupe,  invite  les  convives  à  boire,  car,  vois- 
tu,  l'amour  nous  a  d'abord  semblé  chose 
facile,  mais  ensuite  que  de  difficultés  se 
sont  présentées  ! 


Grâce  à  ce  délicieux  parfum  que  le  zé- 
phir  détache  de  cette  belle  chevelure,  de  ces 
boucles  empreintes  de  musc,  torses  en  tous 
sens,  tous  les  cœurs  sont  inondés  de  sang  '! 

i.  Le  musc  est,  d'après  les  Persans,  du  sang  ex- 
trait du  nombril  de  la  gazelle.  Le  poète  a  voulu  cta- 


-,  4  — 

Imprègne  de  vin  le  tapis  de  la  prière,  si 
c'est  le  chef  de  la  taverne  '  qui  t'y  convie, 
car  celui  qui  suit  une  route  n'ignore  ni  son 
chemin,  ni  l'état  des  étapes  qu'il  parcourt  \ 


De  quelle  joie,  de  quel  repos  veut-on  que 
je  jouisse  en  cette  demeure  de  ma  mie,  lors- 
qu'à chaque  instant  les  grelots  de  la  cara- 
vane me  convient  à  me  préparer  au  départ  ;  ! 

blir  un  certain  rapport  entre  ce  sang  parfumé  et 
celui  dont  les  cœurs  sont  inondés  par  la  violence  de 
l'amour  qui  les  embrase. 

i.  Le  Mourchid,  c'est-à-dire  le  guide  spirituel 
que  doit  prendre  tout  Saleq. 

2.  Une  variante  de  texte  d'un  autre  manuscrit 
peut  se  traduire  par  :  «  Car  celui  qui  nous  guide 
n'ignore  pas  la  route  et  connaît  le  chemin  qne  nous 
avons  à  suivre  dans  cette  voie.  » 

3.  On  peut  traduire  aussi  :  «  De  quelle  joie,  de 
quel  repos  veut-on  que  je  jouisse  en  cette  demeure 
de  ma  mie  lorsqu'à  chaque  instant  les  grelots  de 
la  caravane  m'annoncent  son  prochain  départ  !  » 
Mais  je  pense  que  la  première  leçon  est  plus  poé- 
tique et  surtout  plus  conforme  à  la  philosophie  du 
poète. 


La  nuit  est  profonde,  le  danger  des  va- 
gues et  des  tourbillons  de  la  vie  est  pres- 
sant. Quelle  idée  peuvent  se  faire  de  notre 
pitoyable  état  ceux  qui,  allégés  de  tout,  se 
trouvent  en  repos  au  bord  de  cette  mer? 


Tous  mes  actes  accomplis  de  mon  propre 
gré  m'ont  conduit  à  la  déconsidération.  Oh! 
comment  eut-il  pu  rester  caché  ce  secret  de 
mon  cœur  qui  fait  en  ce  moment  le  sujet 
de  toutes  les  conversations  ? 


Veux-tu  jouir  de  la  présence  divine,  ô 
Hafiz  ?  ne  t'absente  pas  un  instant  de  celle 
de  ta  bien-aimée.  Dès  que  tes  regards  la 
rencontrent,  renonce  au  monde,  abandonne- 
le  pour  la  suivre. 


5  a^&^Mtasjfc^fc«^&i  ^^k^k^^k^ft. 


II 


Si  cette  belle  Turque  de  Chiraz  vient  à 
satisfaire  les  vœux  de  mon  cœur,  je  lui  fais 
don,  pour  le  seul  amour  de  son  noir  grain 
de  beauté,  de  Samarquand  et  de  Bokhara. 


Apporte,  ô  échanson  !  apporte  le  reste  de 
notre  vin,  car  tu  ne  saurais  trouver  en  Para- 
dis ni  cette  rive  de  Roukn  Abad  ni  les  jar- 
dins de  Goulguecht  ou  de  Mousalla  '. 


i.  Rivière  et  jardins  de  Chiraz.  Ces  vers  sont  trop 
connus  pour  avoir  besoin  de  commentaires. 


—  8  — 

Hélas  !  semblables  aux  Turcs  dévasta- 
teurs qui  pillent  et  saccagent  la  table  d'un 
festin,  ces  belles  aux  doux  regards,  ces 
perles  de  beauté  dont  les  charmes  embra- 
sent tous  les  cœurs,  ont  mis  à  néant  le  re- 
pos '  dont  le  mien  jouissait. 


Dans  la  plénitude  de  sa  beauté  notre  amie 
n'a  aucun  souci  de  notre  incomplet  amour. 
Un  joli  visage,  quel  besoin  peut-il  avoir  de 


i.  Il  sera  facile  de  retrouver  par  la  suite  des 
plaintes  de  ce  genre.  Hafiz  dit  autre  part  :  Mon 
amie  m'a  conseillé  de  ne  pas  me  livrer  au  repos, 
quoiqu'elle  sût  que  c'était  là'  mon  désir.  Et  Mo- 
hammed Ibn-Mohammed  Darabi  explique  :  Mon 
amie  véritable,  qui  m'a  emporté  le  cœur,  a  vu  que 
ce  n'était  pas  le  moment  du  repos  quoiqu'elle  sût 
que  j'en  avais  envie.  Ce  vers  se  rapproche  de  ce 
Hadis  :  Combien  il  y  a  de  choses  que  vous  n'aimez 
pas,  mais  qui  sont  bonnes  pour  vous,  et  combien  il 
y  a  de  choses  que  vous  aimez  et  qui  vous  sont  nui- 
sibles. En  vérité,  il  y  en  a,  parmi  mes  serviteurs 
qui,  si  je  les  laissais  à  eux-mêmes,  mourraient. 


—  9  — 

teint,  de  coloris,  de  grain  de  beauté  ou  de 
duvet  naissant  sur  Ja  joue  «  ? 


Je  savais  bien  qu'à  voir  cette  beauté  cha- 
que jour  plus  éclatante  de  Joseph,  l'amour 
soulèverait  enfin  le  voile  sous  lequel  se 
cachait  la  vertu  de  Zouleikha. 


Répète,  ô  échanson,  répète-nous  tes  re- 
frains qui  parlent  du  vin  et  de  la  danse  :  un 
peu  moins  de  zèle  à  rechercher  les  mystères 
de  la  création;  car,  vois  tu,  personne  jus- 
qu'ici n'a,  par  la  science,  résolu  cette  énigme 
et  personne  ne  la  résoudra  \ 

i.  Quel  rapport?  Quelle  liaison  y  a-t-il  entre  le 
premier  hémistiche  et  le  second?  Peut-être  faut-il 
comprendre  :  L'incomplet  amour  du  poète  pour 
l'objet  chéri  de  son  cœur,  dont  la  beauté  infinie 
mériterait,  selon  lui,  un  amour  plus  violent  encore, 
peut-il  lui  servir  d'ornement  et  ajouter  à  ses 
charmes?  —  Cependant  je  doute  de  cette  explication. 

2.  A  rapprocher  de  ces  vers  d'Hafiz.  Tu  ne  com- 
prendras pas  un  point  des  secrets  du  monde  quand 


—    10 


Écoute -bien  ce  conseil,  ô  mon  âme! 
écoute-le,  car  les  jeunes  gens  favorisés  du 
ciel  préfèrent  à  leur  propre  vie  les  avis  d'un 
vieux  savant. 


Tu  m'as  grondé,  j'en  suis  ravi,  Dieu  te  le 
rende,  tu  as  bien  fait,  car  des  paroles  em- 
preintes d'amertume,  cela  sied  à  des  lèvres 
de  rubis  d'où  découle  la  douceur. 


même  tu  y  tournerais  comme  le  compas  dans  le 
cercle.  Vers  que  Darabi  explique  ainsi  :  Ceci  est 
une  allusion  aux  croyances  de  ceux-là  qui  voient 
dans  la  créature  la  preuve  de  l'existence  de  Dieu. 
Chebistery  dit  à  ce  propos  :  le  philosophe  est  stupé- 
fait de  ne  voir  dans  le  monde  que  la  créature.  De  la 
créature  il  veut  donner  la  preuve  de  l'existence  de 
Dieu,  c'est  pour  cela  qu'il  demeure  étonné  devant 
son  essence.  J'admire  l'ignorant  qui  prend  un  flam- 
beau pour  chercher  le  soleil.  Il  faut,  en  effet,  savoir 
que  les  choses  que  nous  voyons  n'existent  pas  en 
elles-mêmes,  l'on  ne  peut  donc  en  tirer  la  preuve 
de  l'existence  de  Dieu.  Jl  faudrait,  en  effet,  que  la 
preuve  fût  alors  plus  évidente  que  Dieu  lui-même. 


Cette  ode,  ô  Hafiz,  véritable  perle  que  tu 
as  percée,  viens  nous  la  chanter  de  ta  char- 
mante voix,  afin  que  le  ciel,  détachant  le 
nœud  qui  retient  l'écrin  des  pléiades,  les 
fasse  en  offrande  pleuvoir  sur  toi. 


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0  vous!  dont  le  resplendissant  visage 
donne  à  la  lune  tout  l'éclat  dont  elle  brille 
dans  le  ciel  !  au  puits  *  creusé  sur  votre  men- 
ton est  puisée  la  plus  belle  eau  des  perles  de 
beauté. 


Brûlant  du  désir  de  se  joindre  à  vous, 
mon  âme  est  déjà  sur  mes  lèvres  '  :  doit-elle 
retourner  sur  ses  pas?  doit-elle  s'envoler 
vers  vous?  dites,  quels  sont  vos  ordres? 

i.  Fossette,  voir  plus  loin. 

2.  Expression  qui  se  rencontre  souvent  chez  les 
poètes  persans  et  qui  veut  dire  :  je  meurs  d'amour. 

2 


—  i4  — 

Quand  donc,  ô  grand  Dieu,  se  réalisera 
le  projet  que  je  nourris  de  voir  un  jour  mon 
cœur  en  repos  auprès  de  sa  chevelure  en 
désordre  '. 


i.  Toutes  les  odes  suivantes  sont  pleines  d'allu- 
sions à  la  chevelure.  D'après  Darahi  :  l'Unité  dans 
la  multiplicité  s'exprime,  chez  les  Soufis,  par  le  mot 
chevelure.  Il  en  donne  pour  exemple  le  vers  sui- 
vant qu'il  explique  :  Une  troupe  de  gibier  s'est  prise 
dans  les  filets  de  mon  cœur;  cette  boucle  de  che- 
veux, piège  où  nous  étions  retenu,  tu  l'as  défaite,  et 
mon  gibier  est  parti. 

Il  faut  se  rappeler  qu'en  dehors  de  la  secte  des 
Ach'aris  aucune  religion  n'admet  que  Dieu  puisse 
être  vu.  Les  Soufis,  qui  disent  avoir  vu  Dieu,  n'en  ont 
vu  que  la  réflexion,  comme  l'image  du  soleil  dans 
une  glace,  celle  du  feu  par  la  chaleur  qui  en  émane. 
En  réalité,  le  Saleq,  qui  se  dégage  des  liens  de 
l'existence  et  de  sa  personnalité,  acquiert  un  regard 
qui  ne  voit  plus  rien  en  dehors  de  Dieu.  11  voit 
Dieu  sans  voile  et  c'est  pourquoi  Hafiz  dit  «  mon 
cœur  a  pris  une  troupe  de  gibier  »,  c'est-à-dire  mon 
cœur  a  vu  Dieu  dans  la  création.  Par  suite  son 
cerveau  éclairé  retrouve  la  tranquillité,  car  dans  la 
pensée  des  savants  l'Unité  est  dans  la  multiplicité. 
C'est  alors  que  tu  as  dénoué  tes  boucles  de  cheveux. 


Oh!  mon  cœur  se  brise,  prévenez-en  ma 
mie.  Alerte!  ô  mes  amis!  faites-le  pour 
l'amour  de  mon  âme,  pour  l'amour  de  la 
vôtre. 


Personne,  ici  bas,  n'a  échappé  au  mal  que 
font  vos  beaux  yeux  de  narcisse!  Oh!  ne 
vaudrait-il  pas  mieux  qu'ils  ne  montrassent 
jamais  leur  amoureuse  langueur  à  ceux  qui 
sont  ivres  de  votre  amour  ? 

c'est-à-dire  l'image  même  de  la  multiplicité  et  dès 
lors  les  pensées  matérielles  ont  été  un  rideau  entre 
Dieu  et  moi  :  mon  gibier  s'est  échappé.  Hafiz  dit 
encore  :  Ne  m'interroge  pas,  car  j'ai  trop  à  me 
plaindre  de  la  noirceur  de  tes  boucles  de  cheveux, 
elle  a  aussi  détruit  ma  fortune  de  façon  que  je  ne 
saurais  dire.  Chébistery  écrit  :  Ne  me  demandez 
pas  de  nouvelles  de  ses  boucles  frisées,  ne  touchez 
pas  les  chaînes  des  fous. 

Maintenant  que  nous  avons  bien  compris  de 
quelle  façon  on  voit  Dieu  et  ce  que  veut  dire  cette 
expression  on  comprendra  que  le  vers  suivant  de 
Hafiz  n'enferme  aucune  faute  : 

Cette  âme  que  mon  amie  m'a  emiliée  en  dépôt, 
le  jour  où  je  la  reverrai  je  la  lui  rendrai. 


—  i6  — 

Notre  fortune,  endormie  comme  elle  est, 
se  réveillera-t-elle  parce  que  des  gouttes  de 
vos  joues  vermeilles  auront  perlé  sur  nos 
veux? 


Envoyez-nous  par  le  zéphyr  un  bouquet 
cueilli  sur  vos  joues  fleuries,  peut-être 
qu'alors  nous  pourrons  respirer  le  parfum 
de  la  poussière  du  seuil  de  votre  porte. 


Je  fais  des  vœux  pour  l'éternité  de  votre 
existence,  ô  échanson  du  festin  de  Djem  ', 
bien  que  ma  coupe  n'ait  pas  été  remplie  du- 
rant vos  libations. 


O  Zéphyr,  dis  de  ma  part  aux  habitants  de 
Yezd  :  Puissent  les  têtes  des  ingrats  servir 
de  boules  à  leur  jeu  de  mail! 


i.  Djemchid,  ancien  roi  de  la  Perse. 


Dis-leur  que  tout  éloignés  que  nous 
soyons  par  le  fait,  nous  sommes  proches 
par  la  force  de  la  volonté;  dis-leur  que  nous 
sommes  à  la  fois  leur  panégyriste  et  l'esclave 
de  leur  roi. 


Oh  !  quand  vous  passerez  près  de  nous, 
relevez  le  pan  de  vos  robes,  évitez  de  le 
souiller  par  le  contact  de  la  poussière  et  du 
sang  '  où  nous  gisons,  car  sur  ce  chemin  de 
l'amour  les  victimes  sont  nombreuses;  puis- 
sent-elles toutes  vous  être  offertes  en  holo- 
causte ! 


O  roi  des  rois,  un  peu  de  générosité  en- 
vers nous,  afin  que  nous  puissions  —  comme 
le  fait  le  ciel  —  aller  baiser  la  poussière  du 
seuil  de  votre  porte. 

i.  Comparez  ce  vers  :  Oh!  j'étendrais  mon  cœur 
comme  un  tapis  sous  vos  pas  si  je  ne  craignais 
que  vos  pieds  ne  se  blessent  à  une  des  épines  que 
vous  y  avez  enfoncées. 


—   i8  — 

Écoutez  la  prière  que  fait  Hafez  et  dites  : 
Ainsi  soit-il  !  Puissent  vos  lèvres  roses,  d'où 
découle  la  douceur,  me  servir  d'aliment  ! 


■^fe &~ *3jb8f* -fc-H**  ^i^*  '«JEas»*  *^iëp*  -«fins*  •%«$>'  ""^èH*  -'Hi^- 


IV 


Oh  !  viens,  Souri,  viens,  le  cristal  de  la 
coupe  est  diaphane,  viens  admirer  la  couleur 
de  rubis  '  du  vin  qu'elle  contient. 


L'Unka  a  ne  deviendra  jamais  la  proie  de 

i.  Plus  particulièrement  rubis  balais.  Les  vins  de 
Chiraz  sont  toujours  blancs. 

2.  Nom  d'oiseau  :  il  est,  comme  le  phénix,  unique 
de  son  espèce.  Chez  les  Souris  son  nom  signitic  la 
connaissance  de  l'essence  de  Dieu.  Les  philosophes 
ont  dit  que  l'essence  de  Dieu  était  impossible  à 
connaître  ;  la  création  elle-même  ne  peut  être  pé- 
nétrée dans  son  essence.  Ce  que  l'homme  pense  de 
la  connaissance  de  Dieu  est  autre  que  ce  qui  est. 


20   — 


personne,  emporte  tes  filets,  car,  vois-tu, 
dans  cette  voie,  le  filet  »  ne  peut  servir  qu'à 
recevoir  le  vent. 


Dans  ce  banquet  de  plaisirs  2,  vide  une  ou 
deux  coupes  et  va-t-en.  Je  veux  dire  :  ne  pré- 
tends pas  à  la  présence  constante  de  ta  mie  \ 


Le  connaître  tel  qu'il  est  est  d'impossibilité  absolue, 
mais  chacun  peut  le  voir  suivant  son  intelligence. 
Mohammed  ibn-Mohammed  Darabi.  T.  L.  U.  G. 

i.  Dans  la  voie  du  véritable  amour  point  n'est 
besoin  de  ruses  et  de  tromperies.  Donnez  votre 
cœur,  donnez-le  tout  entier,  et  dépouillez-vous  de 
tous  les  accessoires  terrestres. 

2.  Dans  ce  bas  monde. 

3.  Ici-bas,  voir  Dieu  est  difficile  :  si  un  instant  tu 
le  trouves,  ne  sois  pas  avide  de  l'avoir  toujours,  car 
l'éternité  de  la  vue  de  Dieu  est  impossible  sur  cette 
terre  :  il  n'apparaît  que  comme  un  éclair.  Mo- 
hammed a  dit  :  «  Moi,  j'ai  un  instant  avec  Dieu  :  je 
suis  le  seul  à  avoir  cet  instant  :  ni  l'ange,  ni  les  pro- 
phètes ne  l'ont  eu.  »  C'est-à-dire  je  n'ai  pu  qu'un 
instant  contempler  Dieu.  Il  a  dit  encore  autre  part  : 
«  Dieu  apparaît  dans  mon   cœur  et  m'accorde  sa 


21    — 


Prorite  du  présent  pour  te  réjouir,  ô  ami, 
car  Adam  lui-même  a  renoncé  au  Paradis 
dès  que  ses  provisions  furent  épuisées. 


Les  mystères  qui  nous  sont  cachés  der- 
rière le  rideau,  demandes  en  l'explication 
aux  buveurs  pris  de  vin  ;  car,  vois-tu,  cette 
faculté  n'a  pas  été  donnée  aux  seigneurs  dé- 
vots du  clergé. 


Oh  !  mon  pauvre  cœur,  le  temps  de  ta  jeu- 
nesse est  passé  sans  que  tu  aies  pu  cueillir 
une  fleur  dans  le  jardin  de  la  vie.  N'essaye 
donc  pas  aujourd'hui  de  faire  d'un  grand 
renom,  d'une  réputation  sage  un  ornement 
pour  tes  blancs  cheveux  '. 


protection  soixante  et  dix  fois  par  jour.  »  Mohammed 
ibn  Mohammed  Darabi.  Terdjumê  lisan  oui  glicib. 
i.  Comme  on  le  sait,  le  bien  et  le  mal  n'existent 
pas  en  réalité,  et  toutes  nos  actions,  inscrites 
d'avance  sur  les  feuillets  de  l'Univers,  sont  indiffé- 
rentes. Ne  t'occupe  donc  pas  de  l'opinion  que  les 


Hatiz  est  l'esclave  de  la  coupe  de  Djem.  O 
Zéphyr,  va-t-en  et,  de  ma  part,  présente  mes 
hommages  au  cheikh  de  Djam  l. 

hommes  peuvent  avoir  de  toi,  qu'importe  leur  es- 
time, qu'importe  leur  opprobc.  N'aie  devant  les 
yeux  que  le  but  vers  lequel  tu  tends  de  par  ta  na- 
ture elle-même,  c'est-à-dire  Dieu,  et  méprise  les 
clameurs  humaines. 

i.  Prêtre  célèbre  par  l'austérité  de  ses  mœurs  et 
sa  sainteté.  Il  y  a  là  en  même  temps  qu'un  double 
jeu  de  mots  par  le  rapprochement  de  Djem,  Djam, 
et  Djam,  qui  veut  dire  coupe,  une  ironie  sanglante 
à  l'adresse  des  prêtres  de  l'Islam. 


V  w  V  w  W  w  V  V  V  V  V  W  V  V  V  V  V  w  V  V  w  V  w  V  Y  V  V  V  V  V 


V 


O  échanson  !  lève-toi  !  remplis  la  coupe  ! 
jette  une  poignée  de  terre  '  sur  les  chagrins 
de  l'avenir. 


Mets-moi  à  la  main  une  coupe  de  vin 
pour  que  je  puisse  rejeter  loin  de  moi  ce 
froc  fait  d'hypocrisie. 


Bien    que,   auprès  des    hommes    intelli- 


i.  [diotisme  persan  pour  :  N'aie   aucun    chagrin, 
méprise  les  vicissitudes  de  ce  monde. 


—  24  — 

gents  '  ce  soit  un  déshonneur  ;  mais  nous, 
nous  nous  soucions  fort  peu  de  la  bonne 
renommée. 


Va,  verse  le  vin  !  jusques  à  quand  souf- 
flera donc  le  vent  de  l'orgueil?  Jette  une 
poignée  de  poussière  sur  cette  concupis- 
cence aux  suites  funestes. 


Je  ne  vois  personne,  personne,  parmi  les 
grands  ou  les  petits  qui  soit  digne  de  par- 
tager le  secret  que  renferme  mon  cœur 
exaspéré. 


C'est  auprès  d'une  de  ces  belles  qui  cal- 
ment les  cœurs  que  le  mien  se  trouve  tout 


i.  Intelligents  aux  yeux  du  monde,  mais  non  pas 
aux  yeux  de  l'intelligence.  Ce  mot  doit  être  com- 
pris ici  dans  le  sens  que  donnent  quelques  per- 
sonnes aux  mots  «  les  gens  bien  pensants  ». 


—    25    — 

réjoui  ;  car,  par  sa  présence,  elle  met  à  néant 
le  calme  de  mon  cœur  '. 


O  Hafiz,  prends  patience,  supporte  ton 
mal  jour  et  nuit,  à  la  fin  le  moment  viendra 
où  tu  atteindras  le  but  de  tes  désirs. 

i.  Ici  quelques  manuscrits  donnent  le  vers  sui- 
vant :  «  Oh  !  quiconque  a  jeté  les  yeux  sur  cette  belle 
au  corps  argenté,  à  la  taille  de  cyprès,  détournera 
désormais  ses  regards  du  cyprès  de  la  prairie.  » 


>   '^   \eg?   'i$gf   *,ff  s?    Vî>>   *^g]»   «^»   « 


,  ^ïV,..^».,..^,,,,^,,..^ ... ,ï,Tè)  ..^Tr..,r .^% .,. ^  . 


VI 


Mon  cœur  m'échappe  des  mains,  ô  hom- 
mes compatissants  !  Pour  l'amour  de  Dieu! 
au  secours  !  hélas!  mon  secret  le  plus  caché 
va  être  dévoilé. 


Nous  voguons  sur  le  vaisseau  du  monde  : 
ô  vent  favorable!  lève-toi,  il  se  peut  que 
grâce  à  toi  nous  revoyions  l'objet  chéri  de 
notre  cœur  '. 


i.  Sorti  des  mains  de  Dieu  et  lancé  dans  le  néant 
de  l'existence,  l'homme  doit  aspirer  à  retrouver  la 
divinité.   Les  pièges  de  ce  bas  monde,  les  illusions 


—    28    — 

La  faveur  de  ce  monde  n'est  qu'une  fable, 
une  fable  d'à  peine  dix  jours  de  durée.  O 
amie,  ne  laisse  donc  point  échapper  cette 
occasion  de  faire  un  peu  de  bien  à  ceux  qui 
t'aiment. 


Le  miroir  d'Alexandre  n'est  que  la  coupe 
de  Djem  —  considère  cette  coupe,  elle  t'ap- 
prendra l'état  de  Darius  \ 

O  toi  qui  es  si  généreuse,  daigne  t'infor- 


ou  plutôt  la  fantasmagorie  d'ici-bas  nous  trompent 
et  cherchent  à  nous  égarer  :  perdus  sur  l'immensité 
de  cet  océan  sans  limite,  le  poète  appelle  à  lui  le 
vent  favorable  qui,  le  poussant  dans  la  bonne  di- 
rection, le  fasse  arriver  au  but  pour  lequel  il  a  été 
créé. 

i.  Le  miroir  d'Alexandre,  la  coupe  de  Djem  : 
deux  objets  magiques  dans  lesquels  on  pouvait  voir 
ce  qui  se  passait  dans  le  monde.  Tu  apprendras 
l'état  de  Darius,  c'est-à-dire  tu  te  rendras  compte 
du  néant  des  grandeurs  humaines  et  de  la  rapidité 
de  leur  chute. 


2Q    — 


mer,  ne  fût-ce  que  sous  la  forme  d'un  re- 
merciement à  Dieu  pour  la  santé  dont  tu 
jouis,  de  l'état  du  pauvre  derviche  dénué  de 
tout. 


La  paix  des  deux  mondes  repose  sur  ces 
deux  mots  :  bienveillance  envers  les  amis, 
modération  envers  les  ennemis. 


Il  ne  nous  a  pas  été  donné  accès  dans  la 
demeure  de  la  bonne  renommée  :  si  tel  que 
nous  sommes  tu  te  nous  agrées  pas,  va, 
change  les  arrêts  du  destin  '. 

i.  «  Ne  blâme  pas  les  savants,  ô  dévot  adorateur 
des  choses  extérieures,  ô  dévot  dont  l'argile  est 
pur,  car  on  ne  te  rendra  pas  responsable  des  fautes 
d'autrui.  »  On  lit  dans  le  Koran  :  «  On  ne  rend  pas 
responsable  quelqu'un  d'un  péché  commis  par  au- 
trui. »  —  «  Que  je  sois  bon  ou  mauvais,  va,  et  oc- 
cupe-toi de  tes  affaires,  chacun  récoltera  ce  qu'il 
aura  semé.  »  Ce  dernier  vers  est  conforme  au  ver- 
set qui  dit  :  «  Ce  bas  monde  est  une  terre  cultivée 
pour  l'autre  vie.  » 


—  3o  - 

Cet  amer  '  qu'on  qualifie  de  mère  de  tous 
les  vices  est  pour  nous  plus  appétissant, 
plus  doux  qu'un  baiser  sur  la  joue  d'une 
vierge. 

Ne  fais  point  le  revèche,  car,  tu  le  sais, 
notre  puissante  amie  pourrait  en  retour, 
allumée  par  le  feu  de  la  revanche,  te  consu- 
mer comme  une  résine  2,  le  caillou  le  plus 
dur  étant  entre  ses  mains  mou  comme  de  la 
cire. 


Dans  ta  détresse  efforce-toi  de  te  divertir: 
aie  recours  à  l'ivresse,  car  cette  alchimie  de 
l'être  réduit  même  un  Karoun  "'  à  la  mendi- 
cité. 

i.  Le  vin. 

2.  Le  texte  porte  «  chandelle  ». 

3.  Karoun,  Corée,  cousin  de  Moïse  célèbre  par  ses 
immenses  richesses  :  Corée  et  Djcmchid  sont  les 
ternies  de  comparaison  les  plus  fréquents  pour  in- 
diquer un  homme  possédant  tous  les  trésors  de  ce 
monde. 


5  i   — 


Hier,  sur  le  soir,  entre  les  roses  et  le  vin 
le  rossignol  chantait  joyeusement  :  apportez 
la  coupe.  Oh!  vous  tous  qui  êtes  pris  de 
vin,  salut  sur  vous. 


Ce  n'est  pas  de  plein  gré  que  Hafiz  a  en- 
dossé ce  froc  souillé  de  vin.  O  vous,  cheikh 
plein  de  pudeur,  sachez-le  et  excusez-moi  '. 

i.  Avant  ce  vers  un  manuscrit  porte  celui-ci  : 
Ces  vers  persans  chantés  par  le  chanteur  et  par  de 
joyeux  convives,  mettraient  en  branle  les  vieux  les 
plus  dévots. 


^W  ^fc*  ^p*  ^k  &»  «çt^  ^s,  £$&  ^L  £$&  »s|?»  *!?.  ^s 

'il :!'"  j1  Lu  'ï"  "m'  V*  "iù il'  '1'  'li  i'  -•' 
k*  «w^  ^p  ^p  ^te 


if^pppf; 


VII 


D'un  côté  le  temps  de  la  jeunesse,  d'un 
autre  les  jardins  fleuris.  Les  roses  semblent 
donner  cette  bonne  nouvelle  au  rossignol 
mélodieux. 


O  Zéphyr,  si  tu  viens  à  passer  près  des 
jeunes  plantes  de  la  prairie,  présente  mes 
respects  au  cyprès,  aux  roses,  aux  basilics. 


O  toi  qui  si  coquettement  formes  de  tes 
cheveux  ambrés  de  ravissantes  boucles  qui 
encadrent  ton  visage,  oh!  ne  martyrise  pas 

3* 


—   34  — 

ainsi  mon  cœur,  mon  cœur  déjà  si  profon- 
dément plongé  dans  le  vertige. 


J'ai  bien  peur  qu'un  jour  ceux  qui  se 
moquent  si  ouvertement  des  buveurs  ne 
finissent  eux-mêmes  par  porter  en  offrande 
toute  leur  dévotion  à  la  taverne. 


Sois  l'ami  de  ceux  qui  aiment  Dieu  ;  car, 
dans  l'arche  de  Noé,  il  était  une  terre  qui 
n'eut  rien  à  voir  avec  le  déluge  universel  '. 


Va-t-en,  sors  de  ce  monde  et  ne  sollicite 

i.  Ceux  qui  aiment  Dieu  sont  les  prophètes. 
Mohammed  a  dit  :  «  Les  gens  de  ma  maison  sont 
comme  ceux  de  l'arche  de  Noé;  tous  ceux  qui  y 
entrèrent  furent  sauvés,  ceux  qui  restèrent  dehors 
turent  noyés.  >>  C'est  en  conformité  avec  ce  Hadis 
que  Hafiz  a  dit  :  «  Attache-toi  aux  pas  des  hommes 
du  prophète  afin  d'être  délivré  de  la  tempête  et  de 
l'ignorance;  car,  dans  les  déserts  de  l'erreur  tu 
mourras.  » 


—  35  — 

pas  de  lui  un  morceau  de  pain,  car  ce  mau- 
vais hôte  finit  toujours  par  tuer  ses  con- 
vives '. 


Oh!  si  c'est  avec  ce  charme  que  la  ser- 
vante du  cabaret  remplit  son  office,  je  veux 
désormais  que  mes  sourcils  servent  de  balai 
au  seuil  de  la  taverne. 


Chacun  ici-bas  aura  pour  couchette  deux 
poignées  de  terre.  Dis  donc  aux  riches  : 
quel  besoin  avez-vous  d'élever  jusqu'aux 
nues  les  murs  de  vos  palais  ? 


Je  ne  sais  vraiment  pas  ce  que  tu  veux 


r.  Quelques  manuscrits  donnent  ici  ce  vers  :  «  Tu 
n'apprendras  jamais  un  mot  des  mystères  de  la 
création,  tant  que  dans  ce  monde  des  possibilités' 
tu  ne  seras  pas  hors  de  toi-méme.  » 


—  36  — 

faire  avec  ta  chevelure,  car  tu  mets  en  dé- 
sordre tes  boucles  qui  embaument  le  musc  '. 


Oh  !  ma  lune  de  Chanaan  2,  le  trône 
d'Egypte  est  désormais  ta  propriété,  le 
temps  est  donc  venu  pour  toi  de  dire  adieu 
à  la  prison  3. 

i.  Quelques  manuscrits  donnent  ici  ce  vers  :  «  Le 
royaume  de  la  liberté  et  la  résignation  sont  un  tré- 
sor qu'aucun  sultan  ne  pourrait  acquérir  par  la 
force  de  son  sabre. 

2. Joseph. 

3.  O  âme  du  royaume  d'Egypte,  c'est-à-dire  du 
royaume  des  cieux  ou  bien  encore  du  royaume  où 
l'on  a  abandonné  tout  désir  du  monde.  Ce  royaume 
t'a  appartenu,  maintenant  il  est  temps  que  tu 
sortes  de  cette  vie  corporelle.  Dans  les  hadis  il 
est  dit  :  «  Ce  bas  monde  est  la  prison  pour  les 
croyants  et  le  Paradis  pour  les  infidèles.  »  C'est 
pour  cette  raison  que  le  marcheur  dans  la  voie 
spirituelle  désire  se  débarrasser  des  liens  du  corps. 
Djellal-ed-Din  a  dit  :  «Si  la  mort  est  un  homme, 
dites-lui  de  venir  chez  moi  —  pour  que  je  l'em- 
brasse étroitement.  Je  prendrai  d'elle  une  âme 
immortelle,  —  elle  prendra  de  moi  un  vieux  vête- 


-  37- 

O  Hatiz,  bois  du  vin,  sois  insouciant, 
sois  joyeux,  mais  ne  fais  pas,  comme  les 
autres,  du  Koran  un  objet  de  ruse  et  d'hy- 
pocrisie '. 

ment  bariolé.  »  Hatiz  dit  aussi  :  «  Mon  corps  est  un 
rideau  pour  mon  âme.  Il  serait  bon  que  j'éloigne 
de  moi  ce  rideau.  Cette  cage  est  mauvaise  pour  moi 
dont  la  voix  est  mélodieuse,  je  veux  partir  pour  les 
jardins  célestes,  puisque  je  suis  un  oiseau  des  bos- 
quets du  Paradis.  » 

2.  Allusion  aux  hypocrites  qui  cachent  leurs  dé- 
portements sous  le  voile  de  la  religion.  On  peut 
penser  aussi  qu'il  s'agisse  ici  des  Sunnites  qui,  com- 
battant les  Persans,  imaginèrent  de  mettre  le  Koran 
au  haut  d'un  étendard  et  marchèrent  ainsi  à  l'en- 
nemi. Les  Chiites  n'osèrent  tirer  sur  le  livre  sacré 
et  furent  vaincus. 


É-A»         -^*         -sî^-         -^         *l^         ^1^*         ^l**         "A"         "V"         ^V"         *$/* 
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VI 11 


O  Zéphyr!  dis  à  cette  charmante  gazelle, 
le  plus  doucement  possible  :  c'est  toi  qui  es 
cause  que  nous  errons  sur  les  montagnes 
et  dans  les  plaines  '. 


Pourquoi  celle  dont  les  paroles  sont  si 
douces  —  puisse  sa  vie  se  prolonger  — 
pourquoi  ne  s'informe-t-elle  pas  de  ce  pau- 
vre perroquet  qui  aime  tant  le  sucre  ? 

i  .  Ce  passage  fait  allusion  à  Medjnoun,  qui,  mal- 
heureux dans  son  amour  pour  Leila,  s'en  alla,  de 
désespoir,  vivre  avec  les  bêtes  féroces  sur  les  mon- 
tagnes. 


-  4o- 

Serait-ce  la  fierté  que  t'inspire  ta  beauté, 
ô  rose,  qui  ne  t'a  point  permis  de  t'infor- 
mer  de  l'état  du  pauvre  Rossignol  au  dé- 
sespoir ? 


Je  ne  sais  vraiment  pas  pourquoi  ces 
belles  à  taille  élancée,  aux  yeux  noirs,  au 
visage  dont  l'éclat  rivalise  avec  celui  de 
l'astre  des  nuits,  éprouvent  de  Féloignement 
pour  toute  liaison  amoureuse. 


Le  seul  défaut  que  l'on  puisse  relever 
dans  ta  ravissante  beauté,  c'est  que  les  jolis 
visages  sont  d'ordinaire  privés  de  ce  grain 
de  beauté  qui  est  l'emblème  de  l'amour  et 
de  la  fidélité  '. 


i.  Ta  beauté  est  parfaite,  mais  tu  manques, 
hélas!  de  cette  fidélité  qui  en  rehausserait  encore 
l'éclat.  Allusion  aux  difficultés  qu'éprouve  le  Saleq 
pour  rencontrer  la  Divinité,  celle-ci  semble  prêté 
à  se  montrer,  puis  disparaît  tout  à  coup  derrière 
de  nouveaux  obstacles. 


—  4i  — 

Quand  tu  seras  en  compagnie  de  ton  ami 
vidant  joyeusement  ta  coupe,  aie  au  moins 
un  souvenir  pour  les  pauvres  amis  qui  n'ont 
que  du  vent  dans  la  leur. 


C'est  avec  la  gentillesse,  l'amabilité  qu'on 
capture  le  cœur  des  hommes  de  goût;  ce 
n'est  pas  avec  un  filet  et  des  grains  de  fro- 
ment qu'on  prend  l'oiseau  intelligent. 


Quoi  de  surprenant  à  ce  que,  entendant 
les  vers  de  Halîz,  le  Zohré,  dans  le  ciel, 
transporté  de  joie  et  d'allégresse,  excite  à  la 
danse  même  les  enfants  de  Jésus  '  ! 

i.  Hafiz,  Hatif,  Saadi,  l'auteur  du  Mesncvi,  et 
bien  d'autres,  expriment,  d'une  façon  toujours  sai- 
sissante, l'opinion  que  la  différence  des  religions 
n'existe  pas  ou  tout  au  moins  n'a  aucune  impor- 
tance. Juifs,  Chrétiens,  Guèbres,  Idolâtres,  adorent 
Dieu;  la  Synagogue,  l'Eglise,  le  Pyrée,  la  Pagode 
sont  des  temples  élevés  à  la  plus  grande  gloire  de 
Dieu.  Qu'y  a-t-il  de  surprenant  à  ce  que  la  pla- 
nète Vénus,  applaudissant  à  cette  pensée  dont  sont 


—  42  — 

empreints  les  vers  du  poète,  aussi  bien  qu'à  cette 
recherche  continue  de  la  Divinité  qu'il  conseille  à 
ses  lecteurs,  qu'y  a-t-il  d'étonnant  à  ce  qu'elle  fasse 
partager  son  allégresse  aux  sectateurs  de  toutes  les 
religions  qui,  sous  une  autre  étiquette  que  l'Islam, 
ont,  eux  aussi,  tendu  toutes  les  forces  vives  de  leur 
âme  vers  le  but  que  poursuivent  les  Soufis? 


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IX 


Hier  au  soir  le  directeur  de  nos  cons- 
ciences, en  sortant  de  la  Mosquée,  se  dirigea 
vers  la  taverne  !  O  amis  !  quelle  doit  être 
notre  conduite  après  un  tel  exemple  '  ! 

i.  Qu'on  n'oublie  pas,  dit  Mohammed  ibn  Mo- 
hammed Darabi,  que  Meï  Khané,  suivant  les  termes 
techniques  des  Soufis,  est  l'état  dans  lequel  se  trouve 
le  marcheur  dans  la  voie  spirituelle,  lorsqu'il  est 
inondé  par  les  rayons  divins,  qui  éloignent  de  lui 
les  pensées  de  la  vie  matérielle,  pensées  qui  sont 
un  obstacle  à  son  arrivée  à  Dieu.  11  est  dit  dans  les 
hadis  :  «  En  vérité,  Dieu  a  un  vin  qu'il  donne  à  ses 
amis.  Quand  ils  en  boivent  ils  sont  ivres,  ivres  ils 
sont  joyeux,  joyeux  ils  recherchent,  en  recherchant 


—  44  — 

Nous,    pauvres   brebis,    comment   pour- 
rions-nous   avoir   la  face  tournée   vers  la 


ils  trouvent,  ayant  trouvé  ils  volent,  quand  ils 
volent  ils  fondent,  fondus  ils  sont  purs,  purs  ils 
arrivent,  arrivés  ils  se  confondent,  confondus,  il 
n'y  a  plus  de  différence  entre  ces  amants  et  Dieu.  » 

La  pensée  de  Harlz  est  que  le  directeur  de  nos 
consciences,  et,  en  réalité,  Ali,  qui  est  le  Mourchid 
des  Mourchids,  celui  qui  nous  montre  la  route  qui 
conduit  à  Dieu,  hier  soir,  sortant  de  la  Mosquée, 
qui  est  un  lieu  d'intelligence  et  d'existence,  est  ar- 
rivé à  la  taverne  qui  est  un  lieu  d'ivresse.  C'est-à- 
dire  que  notre  directeur  a  ouvert  le  rideau  de  son 
existence,  et  ce  rideau  était  un  mur  entre  Dieu  et 
lui  :  ce  mur  il  l'a  détruit.  Alors,  que  devons-nous 
faire?  si  ce  n'est  obéir  et  imiter  notre  Mourchid. 
Comme  un  mort  reste  inerte  entre  les  mains  des 
laveurs,  livrons-nous  au  Mourchid,  car,  avoir  une 
pensée  propre,  un  désir,  est  une  offense  envers  notre 
Mourchid,  offense  qui  nous  éloigne  de  Dieu. 

N'allez  pas  croire  que  cette  submersion  en  Dieu 
—  qui  est  un  des  dogmes  de  la  philosophie  soune, 
soit  contraire  à  la  religion.  Ils  ne  disent  pas,  en 
effet,  que  l'homme  arrive  à  l'essence  de  Dieu.  Peut- 
être  pourrait-on  le  comprendre  ainsi  que  le  fait 
Djellal-cd-Din  Roumi,  quand  il  dit  :  «  Quelle  est  la 
couleur  de  Dieu  ?  C'est  cette  couleur  qui  ne   laisse 


-45- 

Kaaba,  notre  pasteur  ayant  la  sienne  tour- 
née vers  le  cabaret  ? 


Réunissons-nous  donc  tous  chez  le  mar- 

subsister  aucune  tâche  et  qui  est  elle-même  une 
teinte.  Si  quelqu'un  se  rencontre  qui  soit  de  la  cou- 
leur de  Dieu  et  que  vous  l'appeliez,  il  vous  dira  : 
Ne  parle  pas,  je  suis  Dieu!  Quelle  est  donc  la  cou- 
leur de  Dieu?  et  c'est  cependant  là  ce  qui  fait  dire 
à  cet  homme  :  Je  suis  Dieu.  Le  fer  rouge  prend  la 
couleur  du  feu,  mais  ce  n'est  cependant  que  du  fer. 
Dire  :  Je  suis  Dieu,  est  exactement  la  même  chose 
que  le  fait  pour  le  fer  rougi  de  dire  :  «  Je  suis  feu  », 
prétention  qui  n'a  aucune  valeur,  pas  plus  que  celle 
d'une  glace  qui,  reflétant  le  soleil,  dirait  :  Je  suis 
l'astre  du  jour  ! 

Ferid  ud-dine  Attar  a  écrit  :  «  As-tu  jamais  vu 
qu'une  créature  ait  été  Dieu  ou  le  soit  ?  En  vérité, 
il  se  peut  qu'une  créature  abandonne  son  essence 
et  ses  qualités,  mais  Dieu  a  dit  :  un  homme  ne  sera 
pas  Moi,  mais  il  peut  être  comme  Moi.  » 

Les  philosophes  reconnaissent  que  Zeid  et  Amr 
ne  sont  qu'un,  quant  au  sens,  que  l'homme  et  le 
cheval  ne  sont  qu'un  en  tant  qu'existence.  Pour 
les  Souris  «  l'union  »  consiste  en  ceci  :  que  la  pensée 
soit  une  avec  Dieu. 


-  46  - 

chand   de  vin,  puisque,   de  toute  éternité, 
notre  sort  l'a  ainsi  décidé. 


Oh!  si  l'intelligence  savait  combien  le 
cœur  se  trouve  bien  suspendu  à  une  belle 
chevelure,  tous  les  hommes  d'esprit  devien- 
draient fous  pour  la  chaîne  qui  nous  tient 
en  si  douce  captivité. 


Mon  cœur  avait  enfin  saisi  comme  une 
proie  un  instant  de  repos,  lorsque,  hélas  !  en 
dénouant  ta  merveilleuse  chevelure,  tu  l'exas- 
péras derechef  et  le  replongeas  dans  ses 
cruels  tourments  '. 


Ton  joli  visage  est  pour  nous  un   échan- 
tillon de  la  beauté  divine;  voilà  pourquoi, 


i.  On  peut  aussi  traduire  :  l'oiseau  qui  réunit  les 
amants  était  enfin  pris  au  filet  de  mon  cœur,  mais 
tu  dénouas  ta  chevelure  et  il  s'est  envolé  derechef. 


—  47  — 

dans  nos  poétiques  narrations,  il  n'est  ques- 
tion que  de  charmes  et  d'attraits. 


Ton  cœur  de  pierre  sera-t-il  enfin  une 
fois  au  moins  touche  par  nos  lamentations 
cuisantes,  par  nos  soupirs  brûlants,  qui,  la 
nuit,  nous  tourmentent  ? 


Le  zéphyr  doucement  éparpilla  tes  belles 
tresses  et  mes  yeux,  à  cette  vue  éblouis, 
furent  aussitôt  envahis  de  ténèbres.  Voilà, 
cruelle,  tout  le  profit  qui  m'est  revenu  de 
l'admiration  que  m'inspira  ta  belle  cheve- 
lure. 


La  flèche    de    mes    soupirs   franchit  les 
limites  du  monde.  O  Hafiz  ',  tais-toi  donc, 


i.  D'autres  manuscrits  offrent,  à  mon  sens,  une 
meilleure  leçon,  en  remplaçant  ici  les  mots  :  o  Hatiz, 
par  :  o  amie.  Le  poète  dit,  en  effet,  que  la  flèche  Je 
ses  soupirs  franchit  les  limites  du  monde  et  il  invite 


-48- 

aie  pitié  de  ton  âme!  mets-là  à  l'abri  de  ses 
terribles  atteintes. . 

sa  bien-aimée  à  ne  pas  se  trouver  sur  sa  route.  L'ode 
se  termine  alors  par  ces  vers  qui  rappellent  le  dé- 
but :  «  A  l'exemple  de  Hafiz,  je  ne  veux  plus  bouger 
du  seuil  de  la  taverne,  puisque  notre  compagnon 
de  foi,  notre  pasteur,  en  est  lui-même  devenu  le 
commensal.   » 


.+.  .*,  A,  „+.. 


tttttttttttttitltttt 


X 


Quel  est  celui  qui  se  chargera  de  porter 
ma  supplique  à  ma  reine  et  osera  lui  dire  : 
par  égard  pour  ta  souveraineté,  ne  chasse 
pas  loin  de  tes  regards  ce  pauvre  mendiant? 


Je  cherche  constamment  refuge  auprès  de 
Dieu  contre  mes  rivaux,  dans  l'espoir  que  le 
Chouhab,  avec  sa  flèche  acérée,  viendra  au 
secours  de  la  pauvre  Souha  '. 

i.  Le  Chouhab  est  une  étoile  filante  qui  s'élance 
du  haut  de  l'éther  pour  empêcher  le  démon  de 
monter  aux  cieux  et  de  se  mêler  des  choses  célestes. 
Le  Suha  est  une  petite  et  mesquine  étoile  à  laquelle, 


DO    — 


Tu  n'as  qu'à  dévoiler  ton  beau  visage  pour 
enflammer  tous  les  cœurs  !  Mais  quel  peut 
être  ton  profit,  dis,  à  agir  ainsi  sans  modé- 
ration? 


Si  tes  noirs  sourcils  te  suggèrent  l'idée  de 
ma  mort,  défie-toi,  ô  beauté  ravissante,  de 
leurs  conseils  trompeurs  et  mets  fin  à  tes 
erreurs. 


Je  passe  toutes  mes  nuits  dans  l'espoir  que 
le  zéphyr  du  matin  m'apportera  une  de  ces 
nouvelles  qui,  embaumées  du  parfum  de 
l'amour,  viennent  réjouir  le  cœur  de  l'ami 
qui  attend! 


Pour  l'amour  de  Dieu,  verse  une  gorgée 

par  humilité,  se  compare  notre  poète.  I!  espère  que 
leChouhable  préservera  du  mal  que  ses  rivaux,  qu'il 
compare  à  des  démons,  pourraient  taire  à  son  cœur 
enflammé  d'amour. 


D  I     — 


de  vin  à  Hatiz,  lui  qui  est  si  matinal,  afin 
que  sa  prière  du  matin  puisse  avoir  quelque 

effet  favorable  \ 


i.  D'autres  manuscrits  donnent  :  «  Quel  est  donc, 
ô  amour  de  mon  âme,  ce  trouble,  ce  désordre  que 
tu  as  jeté  dans  tous  les  cœurs?  Tu  possèdes  un 
visage  dont  l'éclat  éclipse  celui  de  l'astre  des  nuits 
et  avec  cela  tu  as  un  cœur  de  pierre.  » 


^%         €&         ^y         (^         F%         r%         (^         (fo         (^         ^S         /S         ^% 

%?  <q?  %?  çp>  %?  %?  %p  %?  %?  y?  <q?  çp» 


XI 


Voyez  où  sont  les  actes  pies,  et  voyez  où 
je  suis,  moi,  pris  de  vin  ;  vois  la  distance  qui 
nous  sépare,  où  elle  'commence  et  où  elle 
finit. 


Quelle  comparaison  entre  un  débauché 
tel  que  moi,  les  bonnes  œuvres  et  la  dévo- 
tion !  Quelle  différence  énorme  entre  enten- 
dre un  sermon  ou  les  accords  d'un  violon  '! 

i.  Inutile  de  dire  ici  que  Hahz  raille  les  dévots 
adorateurs  des  choses  extérieures.  11  n'est  débauché 
que  pour  ceux-là  qui  ne  comprennent  rien  à  son  état 
d'âme  non  plus  qu'à   sa   façon    de   s'exprimer.  On 

l' 


—  ?4  — 

Mon  cœur  se  détache  de  la  Mosquée,  il 
rejette  ce  troc  fait  d'hypocrisie.  Montrez- 
moi  la  taverne,  oh!  dites-moi  où  est  ce  vin 
limpide  ? 


Le  beau  temps  de  la  présence  de  ma  mie 
est  passé,  puisse  ce  ravissant  souvenir  de- 
meurer dans  mon  esprit!  Mais  elle,  elle, 
animée  d'une  vaine  colère,  où  est-elle  allée? 
Qu'est-elle  devenue  ? 


Un  cœur  indifférent,  quel  plaisir  trouve- 
t-il  à  contempler  les  charmes  de  l'objet 
chéri  '  ?  Quelle  différence  entre  des  flam- 
beaux éteints  et  la  lumière  resplendissante 
du  soleil? 


Regarde  ce  menton  arrondi  comme  une 

retrouve   chez    Kheyyam    le   même  genre  d'ironie, 
mais  beaucoup  plus  tranchante, 
i.  La  Divinité. 


—  55  — 

pomme,  mais  prends  garde  au  puits  '  creusé 
au  milieu  du  chemin.  [Oh  !  mon  cœur,  dans 
quel  sentier  périlleux  tu  t'es  engagé],  où 
vas-tu  donc  avec  tant  de  précipitation  2  ? 


La  poussière  de  tes  pieds  est  l'unique  col- 
lyre de  mes  yeux,  où  puis-je  me  retirer, 
dites?  en  quittant  ces  lieux,  où  voulez-vous 
que  je  porte  mes  pas  ? 

Le  calme,  le  sommeil,  ne  demandez  donc 

i.  Fossette,  au  milieu  du  menton. 

2.  Hafiz  donne  un  conseil  au  Saleq.  Dans  un  état 
agréable  qui  t'adviendra,  ne  va  pas  sans  guide. 
Tomber  dans  le  puits,  c'est  tomber  d'un  degré  su- 
périeur à  un  inférieur,  car  il  se  peut  que  le  Saleq 
glisse  de  ses  pensées  et  tombe.  O  Khyzr  ne  va 
pas  sur  cette  route  sans  compagnon,  car  elle  est 
pleine  de  ténèbres.  Crains,  crains  le  danger  de  te 
perdre.  Djellal-eddin  Roumi  a  dit  :  «  Oh!  mon  tils, 
la  route  est  longue  et  pleine  de  dangers,  celui  qui 
marche  a  besoin  d'un  conducteur  :  si  tu  vas  sans 
conducteur,  fusses-tu  comme  un  lion,  tu  peux  te 
perdre  et  tomber  dans  un  puits.  » 


—  56  - 

pas  ces  choses  à  Hafiz,  car  qu'est-ce  donc 
pour  lui,  le  calme,  la  patience,  le  sommeil? 


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XII 


Oh!  échanson!  verse,  fais  resplendir  no- 
tre coupe  par  l'éclat  du  vin.  Chanteur!  con- 
tinue ton  refrain,  car  les  douceurs  de  ce 
monde  répondent  à  nos  désirs. 


Nous  avons  vu,  reflétée  dans  la  coupe  ', 

i.  La  coupe  est  le  cœur  du  Souri  éclairé  par 
la  lumière  spirituelle  ;  mais  c'est  aussi  l'univers 
inondé  de  la  splendeur  de  Dieu.  Dieu  s'y  reflète,  et 
c'est  ainsi  que  je  l'ai  vu  ;  pourquoi  vous  étonner 
dès  lors  si  je  chante  les  louanges  de  la  coupe  et  si 
je  veux  y  tremper  mes  lèvres?  Vous  n'y  connaissez 
rien,  vous  qui  nous  donnez  le  nom  d'ivrogne  et  de 
débauché. 


l'image  de  l'objet  aimé,  sachez-le,  ô  vous 
qui  ignorez  les  délices  de  nos  constantes 
libations  ! 


Quels  que  soient  la  grâce,  les  mignar- 
dises délicates,  les  gestes  amoureux  de  ces 
grandes  et  belles  créatures,  elles  sont  éclip- 
sées dès  qu'apparaît  ma  bien-aimée,  à  la 
taille  élancée  comme  celle  d'un  cyprès,  à  la 
démarche  lente  et  gracieuse. 


Celui  à  qui  l'amour  a  donné  la  vie  ne 
mourra  jamais.  C'est  pourquoi  l'éternité 
de  notre  existence  est  inscrite  sur  les  feuil- 
lets de  l'univers. 


Je  crains  bien  qu'au  jour  du  jugement 
dernier  le  pain  licite  du  cheikh  '  n'ait  aucun 
mérite  sur  notre  illicite  boisson. 


i.  Ainsi   que  nous  l'avons  dit,  le  bien  et  le  mal 


-  5q  — 

O  Zéphyr,  si  tu  viens  à  passer  par  l'Ely- 
sée où  sont  réunis  nos  amis,  n'oublie  pas 
notre  mie  '  et  en  lui  présentant  nos  saluts, 
dis-lui  : 


Pourquoi,  dès  à  présent  et  de  propos 
délibéré,  nous  oublier  ainsi  ?  Assez  tôt  vien- 
dra le  temps  où  tu  oublieras  jusqu'à  notre 
nom  2. 


n'existent  pas  en  ce  bas-monde.  Dès  lors,  au  juge- 
ment dernier,  quelle  différence  y  aura-t-il  entre  le 
vin  que  nous  avons  bu,  et  qui  est  impur,  et  le  pain 
sans  tache  des  docteurs  musulmans?  Cela  veut 
dire,  en  généralisant,  que  les  actions  prétendues 
orthodoxes  des  docteurs  musulmans  ne  seront  pas 
élevées  au-dessus  de  notre  débauche  et  de  notre 
ivrognerie. 

i.  La  divinité,  objet  de  notre  unique  amour. 

2.  Quelques  manuscrits  donnent  ici  ce  vers  : 
«  Dans  son  ardent  désir  d'atteindre  l'objet  de  son 
amour,  mon  cœur,  semblable  à  la  tulipe,  se  res- 
serre et  se  trouve  à  l'étroit.  Oh!  fortune,  oiseau 
volage,  quand  nous  seras-tu  propice.'  d 


—  6o  — 

L'effet  des  vapeurs  du  vin  sied  aux  yeux 
langoureux  de  notre  ravissants  amie.  Là, 
est  la  raison  pour  laquelle  on  nous  a  pré- 
destiné à  cette  douce  ivresse  à  laquelle  nous 
nous  livrons. 


Cette  plaine  céleste,  semblable  à  une  mer 
sans  bornes,  et  ce  croissant  qui,  tel  qu'un 
navire,  semble  voguer  sur  l'onde,  sont 
inondés  des  bienfaits  de  notre  Hadji 
Qawam  '. 


Donne   un   libre  cours    à   tes   larmes,  ô 
Hafiz,  laisse  couler  ces   grains  de  perle,  il 


i.  Après  les  strophes  précédentes  si  poétique- 
ment mystiques,  le  lecteur  est  surpris  de  voir  Hafiz 
tomber  dans  une  banalité  pareille,  dans  le  but 
unique  d'être  agréable  à  Hadji  Qawam,  son  con- 
temporain et  ministre  puissant  à  Chiraz,  en  exa- 
gérant sa  libéralité  jusqu'à  vouloir  que  le  ciel  et  la 
lune  lui  en  soient  reconnaissants. 


—  Oi- 
se peut  qu'alors,  attire  par  ces  appâts,  l'oi- 
seau compatissant  qui  rapproche  les  amants 
vienne  se  prendre  dans  nos  filets  ! 


<$>  c$?  <$*  <$>  *$>  ^  ^  *$*  4^  *$*  ^t?  *$* 


XIII 


L'aurore  commence  à  poindre,  les  nues 
se  rassemblent  comme  des  troupeaux  de 
moutons.  Oh!  amis,  du  vin!  du  vin!  '. 


Les  gouttes  de   rosée  perlent  sur   les  tu- 
lipes, ô  amis!  du  vin  du  matin!  du  vin! 


i.  Particulièrement  le  vin  du  matin,  il  est  recom- 
mandé, en  effet,  en  l'erse,  de  boire  une  ou  deux 
coupes  devin  le  matin;  au  réveil  après  une  nuit 
d'orgie.  Ils  se  débarrassent  ainsi,  disent-ils,  du 
mal  de  tète  qui  suit  les  excès  ;  le  veut  du  matin 
jouit  aussi,  parait-il,  de  propriétés  thérapeutiques 
du  inclue  genre. 


-  64- 

Le  zéphyr  du  séjour  céleste  souffle  et  tra- 
verse la  prairie.  Oh  !  buvez!  buvez!  buvez 
constamment  du  vin  limpide. 


Les  fleurs  entrelacées  forment  un  trône 
d'or  sur  le  gazon  ;  oh!  profite  d'un  tel  mo- 
ment, jouis  de  ce  vin  couleur  de  feu. 


Désormais  la  porte  de  la  taverne  est  fer- 
mée, ouvre-la,  toi  qui  ouvres  toutes  les 
portes  • . 


Il  est  étrange  qu'en  une  saison  pareille 
l'on  mette  tant  d'empressement  à  fermer  les 
portes  de  la  taverne. 


Si,  comme  Alexandre,   tu   prétends  à  la 


i.  Allusion   à  un  passsage  du  Koran  où  Dieu  est 
qualifié  d'ouvreur  de  toutes  les  portes. 


03 


vie  éternelle,  cherche-la  sur  les  lèvres  roses 
de  cette  ravissante  beauté. 


Oui,  tes  lèvres,  tes  jolies  lèvres  étaient  en 
droit  de  déverser  sur  les  blessures  brù- 
lantes  de  mon  cœur  tout  le  sel  dont  elles 
sont  empreintes. 

O  Hafiz,  n'aie  aucun  chagrin,  car  la  for- 
tune, cette  amante  chérie,  finira  bien  par 
soulever  son  voile  en  ta  faveur. 


Il    PUY-1        .11 

...... 


ERNEST     LEROUX,     EDITEUR 

28,     RUE     BONAPARTE,     28. 

BIBLIOTHÈQUE 
ORIENTALE    ELZÉVIRIENNE 


I.  —  Les  Religieuses  Bouddhistes,  depuis  Sàkya-Mouni  jus- 
qu'à nos  jours,  par  Mary  Summer.  Introductionpar  Ph.-Ed. 
Foucaux.    In- 18 2  fr.  5o 

II.  —  Histoire  du  Bouddha  Sakya-Mouni,  depuis  sa  nais- 
sance jusqu'à  sa  mort,  par  Mary  Summer.  Préface  par  Ph.- 
Ed.  Foucaux.  In-18 5  fr.     » 

III.  —  Les  Stances  erotiques,  morales  et  religieuses  de  Bhar- 
trihari,  traduites  du  sanscrit  par  P.  Regnaud. In-18.      2  fr.  5ô 

IV.  —  La  Palestine  inconnue,  par  Clermont-Ganneau,  de 
l'Institut.  In-18 2  fr.  5o 

V.  —  Les  plaisanteries  de  Nasr-Eddin-Hodja.  Traduit  du  turc 
par  J.-A.  Decourdemanciie.    In-18 2  fr.  5o 

VI  IX.  —  Le  Chariot  de  terre  cuite  (Mricchakatika),  drame 
sanscrit  du  roi  Çudraka.  Traduit  en  français,  avec  notes,  va- 
riantes, etc..    par  P.  Regnaud.  4  volumes   in-18..      10  fr.     » 

X.  —  Iter  Persicum  ou  Description  du  voyage  en  Perse 
entrepris  en  1G02  par  Etienne  Kakasch  de  Zalonkemeny, 
ambassadeur  de  l'empereur  Rodolphe  II  à  la  cour  du 
grand-duc  de  Moscovie  et  près  de  Chah  Abbàs,  roi  de 
Perse.  Relation  en  allemand  par  G.  Tectander  von  der 
Jabel.  Traduction  publiée  par  Ch.  Schefer,  de  l'Institut. 
In-18,   portrait   et  carte 5  fr.     » 

XI.  —  Le  chevalier  Jean,  conte  magyar,  par  Alexandre  Pe- 
tœfi,  traduit  par  A.  Dozon,  consul  de  France.  In-18.       2  fr.  5o 

XII.  —  La  Poésie  en  l'ose,  par  C.  Barbier  de  Meynard,  de 
l'Institut,  professeur  au  Collège  de  France.  In-i.X.        2  fr.   5o 

XIII.  —  Voyage  de  Guillaume  de  Rubroucken  Orient,  publié 
en   français  cl  annoté    par  de    Hacker,    In-18 5  fr.      » 

XIV.  —  Malavika  et  Agnimitra,  drame  sanscrit,  traduit  par 
Ph.-Ed.  Foucaux.  professeur  au  Collège  de  France. 
In-18 ' 2  fr.  5o 

XV.  —  L'Islamisme,  son  institution,  son  état  présent,  son 
avenir,  par  le  docteur  Perron  ;  publié  et  annoté  par  \. 
Clerc.  In-18 2  fr.  5o 

XVI.  —  La  pieté  filiale  en  Chute,  textes  traduits  du  chinois 
avec  introduction,  par  P.  Dabry  de  Thiersant,  consul  de 
France.  In-18  avec  25  jolies  gravures  d'après  les  origi- 
naux chinois 5  fr.     » 

XVII.  —  ('.unies  et  légendes  de  l'Inde  ancienne,  par  M.n\ 
Summer.  Introductionpar  Ph.-Ed.  Foucaux.  In-18.      2  fr.  5o 

XVIII.  —  l'a/.axjta,  Galatéc,  drame  de  Basiliadis,  texte  grec 
moderne,  publié,  traduit  et  annoté  par  le  baron  p'EsTOi  i<- 
nelles.  In- 18 5  fr.     •• 


XIX.  —  Théâtre  Persan,  choix  de  téaziés,  ou  drames,  tra- 
duits par  A.  Chodzko,  professeur  au  Collège  de  France. 
In-18 5  fr.    » 

XX.  ■ —  Mille  et  un  proverbes  turcs,  recueillis,  traduits  et 
mis  en    ordre  par  J.-A.  Decourdemanche.   In-18.       2  fr.  5o 

XXI.  —  Le  Dhammapada,  traduit  en  français  avec  intro- 
duction et  notes,  par  Fernand  Hu  ;  suivi  du  Sùtra  en 
42  articles,  traduit  du  tibétain,  avec  introduction  et  notes, 
par  Léon  Feer.  In-18 5  fr.     » 

XXII.  —  Légendes  et  traditions  historiques  de  l'archipel 
Indien  (Sedjarat  Malayou),  traduit  pour  la  première  fois 
du  malais  et  accompagné  de  notes,  par  L. -Marcel  Devic 
In-18 2  fr.  5o 

XXIII.  —  La  puissance  paternelle  en  Chine,  traduit  sur  les 
textes  originaux  par  F.  Sciierzer,  interprèle  du  gouverne- 
ment. In-18 2  fr.  5o 

XXIV.  —  Les  héroïnes  de  Kalidasa  et  celles  de  Shakes- 
peare, par  Mary  Summer.  Introduction  par  Ph.-Ed.  Foucaux. 
In-18 2  fr.  5o 

XXV.  —  Le  Livre  des  femmes  (Zenan-Namèh)  de  Fazil-Bey, 
traduit  du  turc  par  J.-A.  Decourdemanche.  In-18.       2  fr.  5o 

XXVI.  —  Vikramorvaci.  Ourvâci  donnée  pour  prix  de  l'hé- 
roïsme, drame  sanscrit,  traduit  et  annoté  par  Ph.-Ed. 
Foucaux,  professeur  au  Collège  de  France.  In-18.       2  fr.  5o 

XXVII.  — Nagananda.  La  joie  des  serpents,  drame  bouddhi- 
que traduit  et  annoté  par  A.  Bergaigne,  de  l'Institut. 
In-18 2  fr.  5o 

XXVIII.  —  La  Bibliothèque  du  Palais  de  Ninive,  par  J.  Me- 
nant, de  l'Institut.  In-18 2  fr.  5o 

XXIX.  —  Les  Religions  et  les  langues  de  l'Inde,  par  R,  Cust, 
traduction  française.   In-18 2  fr.  5o 

XXX.  —  La  Poésie  Arabe  Anté-Islamiquc,  par  René  Basset. 
In-18 2  fr.  5o 

XXXI.  —  Le  Livre  des  Dames  de  la  Perse  (Kitabi  Kulsum 
Namch),  traduit  par  J.  Thonnelier.    In-18 2  fr.  5o 

XXXII.  —  Le  Livre  des  morts.  Traduction  du  rituel  funéraire 
égyptien,  par  Paul  Pierret,  conservateur  du  Musée  égyptien 
du  Louvre.  In- 18 10  fr.     » 

XXXIII.  —  L'encre  de  Chine,  son  histoire,  ses  procédés  de 
fabrication  d'après  les  auteurs  chinois,  par  Maurice  Jametel. 
In-18,  illustré  de  22  gravures  d'après  les  originaux.       5  fr.    » 

XXXIV.  —  Le  Koran,  sa  poésie  et  ses  lois,  par  Stanley  Lane 
Poole.  In-18 2  fr.  5o 

XXXV.  —Fables  turques,  recueillies  et  traduites  par  J.-A.  De- 
courdemanche. In-18 5  fr.    » 

XXXVI.  —  La  Civilisation  japonaise,  par  Léon  de  Rosny. 
In-18 • 5fr.    » 

XXXVII.  —  La  Civilisation  musulmane,  par  Stanislas  Guyard, 
professeur  au  Collège  de  France.  [n-18 2  fr.  5o 


XXXVIII.  —  Voyage  en  Espagne  d'un  ambassadeur  marocain 
iiKiu-1691),  traduit  de  l'arabe  par  H.  Sauvaire,   consul  de 

France.  In- 18 5  fr.     » 

XXXIX.  Les  Langues  d'Afrique,  par  Robert  Cust,  traduit  par 
L.  de  Milloué.  In-18 2  fr.  5o 

XL.  —  Les  Fraudes  archéologiques  en  Palestine,  suivies  de 
quelques  monuments  phéniciens  apocryphes,  par  Ch.  Cler- 
mont-Ganneau,  de  l'Institut.  In-18,  illustré  de  32  gra- 
vures         5  fr.     » 

XLI.  —  Les  Langues  perdues  de  la  Perse  et  de  l'Assyrie,  par 
J.  Menant,  de  l'Institut.  —  I.  Perse.  In-18 5  fr.    » 

XL II.  —  Madhava  et  Malati,  drame  sanscrit  de  Bavabhouti, 
traduit  du  sanscrit   et   du    pracrit  par  Strehly,,    avec    une 

£  réface  par  Bergaigne,  de  l'Institut.  In-18 2  fr.  5o 
III.  —  Le  Mahdi,    depuis    les  origines   de   l'Islam    jusqu'à 

nos  jours,  par  James  Darmesteter,    professeur  au   Collège 

de  France.  In-18 2  fr.  5o 

XLIV.  —  Coup  d'œil  sur  l'histoire  de  la  Perse,  par  James  Dar- 
mesteter, professeur  au  Collège  de  France.  In-18.  2  fr.  5o 
XLY.  —  Trois  nouvelles  chinoises,  traduites    par    le  marquis 

d'Hervey  de  Saint-Denys  de  l'Institut.  In-18 5  fr.     » 

XLVI.  — La  Poésie  chinoise,  du  xive  au  xix6  siècle.  Extraits  des 

poètes  chinois,  traduits  par  Imbault-Huart.  In-18.  2  fr.  5o 
XLVI1.    —    La    science    des    Religions    et     l'Islamisme,   par 

Harlwig   Derenbourg,    professeur    à    l'Ecole    des    Langues. 

In-18 2  fr.  5o 

XLVIII.  —  Le  Cabous  Nameh,  ou  le  Livre  de  Cabous,  fils  de 

Cabous  Onsor-el-Moali,  souverain  du  Djordjan  et  du  Guilan. 

Traduit  et  annoté  par  A.  Querry,  consul  de  France.    Fort 

volume  in-18 7  fr.  5o 

XLIX.  —    Les  peuples  orientaux,  connus  des  anciens  Chinois, 

par  L.  de  Rosny.  In-18,  illustré 5  fr.    » 

L.  —  Les  Langues  perdues  de  la  Perse  et  de  L'Assyrie,  par 

J.  MEN\NT,de   l'Institut.  II.  Assyrie.  In-18 ■.       5  fr.     » 

LI.  —  Un  Mariage  impérial  chinois.  Cérémonial,  traduit  par 

G.  Devéria,  de  l'Institut.  In-18,  illustré 5  fr.     » 

LU.  —  Les  Confréries  musulmanes  du  Hedja\,  par  A.  le  Cha- 

TELIER.  In-l8 5   fr.      » 

LUI. —  Les  Origines  de  la  Poésie  persanne,  par  J.  Darmeste- 
ter, professeur  au  Collège  de  France.  In-18 2  fr.  5o 

LIV.  — Arda  Viraf  Nama'k,  ou  livre  d'Ardâ  Viraf,  traduit  par 
M.  Barthélémy,  drogman  du  consulat  de  Zanzibar. 
In-18 5  fr.    » 

LV.  —  Deux  Comédies  turques,  de  Mirza  Feth  Ali  Akhond 
Zadé,  traduites  par  M.  Cillière.  -  I.  Le  Vizir  dcLenkeran. 
—  II.  Les  Procureurs.  In-18 ,     5  fr.    » 

LVL—  Les  Langues  et  les  Races  de  l'Oce'anîe,  parRob.  Cust. 
Traduction  par  A.  Pinart.    I n - 1  <S ,  cartes 2  fr.  5o 

IA'11.  —  Les  Femmes  dans  l'Épopée  iranienne,  par  le  baron 
A.  D'Avril.  In-18 2  fr.  ?<> 


—  4  — 

L-VIII.  —  Priyadarsika,  pièce  attribuée  au  roi  Sriharchadéva, 
en  quatre  "actes,  traduite  du  sanscrit  par  J.  Strehly, 
In-18 2  fr.  5o 

LIX.  —  L'Islam  au  XIX"  siècle,  par  A.  le  Chatelier. 
In- 1 8. 2  fr.  5o 

LX.  —  Kia  Li  Manuel  des  rites  domestiques  chinois  du  phi- 
losophe Tchou-hi.  Traduit  par  C.  de  Hari.ez.  In-i8       2  fr.  5o 

LXI.  —  Catéchisme  bouddhique,  ou  introduction  à  la  doctrine 
du  Bouddha  Gotama.,  par  Soubhadra  Bhikshou,  traduit  en 
français.  In-i8 2  fr.  5o 

LXII.  —  La  Femme  persane,  jugée  et  critiquée  par  un  Per- 
san. Traduction  annotée  du  Téédib-el-Nisvan,  par  G.  Audi- 
bert,  consul  de  France.  In-i8 2  fr.  5o 

LXIII.  —  Le  Théâtre  japonais,  par  A.  Leqleux,  consul  de 
France.   In-18 2  fr.  5o 

LXIV.  —  La  Religion  de  Bab,  réformateur  persan  du  XIX° 
siècle,  par  C.  Huart,  consul  de  France.  In-18...       2  fr.  5o 

LXV.  —  Les  Antiquités  sémitiques,  par  Ch.Clermont-Ganneau, 
de   l'Institut.  In-18 2  fr  5o 

LXVI. —  Un  Diplomate  ottoman  en  i836.  Affaire  Churchill, 
par  Akif-Pacha. Traduit  du  turc  par  A.  Alric.  In-18.       2  fr.  5o 

LXVII.  —  L'Origine  des  Aryens,  par  S.  Reinach  ,  de 
l'Institut.  In-18 2  fr.  5o 

LXVIII.  —  Le  Bouddhisme  éclectique,  par  Léon  de  Rosny. 
In-18 2  fr.  ?.. 

LXIX. —  La  Bordait  du  cheikh  el-liousiri,  poème  en  l'honneur 
de  Mohammed,  traduit  et  annoté  par  René  Basset. 
In-18 5  fr.     » 

LXX.  —  Petit  traicté  de  Théodore  Spandouyn  Cantacusin, 
patrice  de  Constantinople,  de  l'origine  des  princes  des 
Turcqz,  ordre  de  leur  cour,  et  coustumes  de  la  nation  et  de 
leur  pays,  avecque  la  prise  de  Constantinoble.  Celuy 
traicté  traduyt  de  italien  en  françoys,  par  de  Raconis.  Publié 
par  Cm.  Schefer, de  l'institut.  In-18,  8  planches. .       5  fr.    » 

LXXI.  —  Code  civil  et  pénal  du  Judaïsme,  traduit  pour  la  pre- 
mière fois  sur  l'original  chaldéo-rabbinique.  accompagné 
de  notes  et  extraits  des  Commentaires,  par  Jean  de  Payly 
In- 18 5  fr.    » 

I.XXII.  —  Les  ruses  des  femmes  {Mikri-Zenan)  et  extrait  du 
plaisir  après  la  peine  {Fcredj  Bad  Chiddeh).  Traduit  du  turc, 
par  J.-À.   Decourdemanche.  In-18 5  fr.     » 

LXXIII.  —  Quelques  Odes  de  Hafiz,  traduites  pour  la  pre- 
mière lois  en  français,  par  A.  L.  M.  Nicolas.  In-18       2  fr.  5o 


COLLECTION  ERNEST  LEROUX 

Le  Boustan,  de  Sadi,  poème  persan,  traduit  pour  la  première 
fois  en  français,  par  C.  Barbier  de  Meynard,  tic  l'Institut. 
In-18,  elzévirien,  de  luxe,  encadrements  rouges  à  chaque 
page 10  fr. 


BIBLIOTHÈQUE    GRECQUE    ELZÉVIRIENNE 


Valaoritis.  Poèmes  patriotiques  traduits  par  J.  Blancard  et  le 
marquis  de Queux  de  Saint-Hilaire.  In-18 5  fr.    » 

Ter^etti.  La  Grèce  ancienne  et  moderne,  considérée  sous 
l'aspect  religieux.  In-18 2  fr.  5o 

Pharmacopoulos  (P.).  La  Grèce  et  l'Occident.  L'Indépendance 
des  Hellènes.  Discours  sur  la  Grèce,  en  grec  et  en  français. 
In-18 ' b  fr.    » 

Basiliadis.  Galatée,  drame  grec  avec  traduction  française,  par 
le  baron  d'EsTOURNELLES  de  Constant.  In-18 5  fr.    » 

Valaoritis.  Alhanase  Diakos.  —  Phrosine.  —  Poèmes  traduits 
en  français  par  J.  Blancard  et  le  marquis  de  Queux  de 
Saint-Hilaire.  In-18 5  fr.     » 

Metaxas  (Constantin).  Souvenirs  de  la  guerre  de  l'Indépen- 
dance de  la  Grèce,  traduits  du  grec  par  J.  Blancard. 
In-18 5  fr.     » 

Vlasto  (E).  Les  Giustiniani,  dynastes  de  Chio,  traduit  de 
l'allemand,  par  Karl  Hopf.  In-18 2  fr.  5o 


BIBLIOTHÈQUE    SLAVE  ELZÉVIRIENNE 


I.  —  Religion  et  Mœurs  des  Russes,  anecdotes  inédites  re- 
cueillies par  le  comte  Joseph  de  Maistre  et  le  P.  Grivel, 
copiées  sur  les  manuscrits  autographes,  mises  en  ordre  et 
annotées  par  le  P.  Gagarin.  In-18 2  fr.  5o 

II.  —  La  mort  d'Ivan  le  Terrible,  drame,  par  le  comte  Tolstoï, 
traduit  du  russe  par  Courrière,  Izambard  et  Demény. 
In-18 2  fr.  5o 

III.  —  La  Sorbonne  et  la  Russie  (1717-1747),  par  le  P.  Pier- 
ling.  In- 1 S 2  fr.  5o 

JV.  —  Ant.  Possevini  missio  moscovitica,  ex  annuis  litteris 
Societatis  Jesu  excerpta  et  adnotationibus  illustrata,  curante 
P.  Pierling,   In-18 2  fr.   5o 

Y.  —  Rome  et  Moscou  (1547-1579),  par  le  P.  Pierling. 
In-18 2   fr.  5o 

VI.  —  Un  Nonce  du  Pape  en  Moscovie.  Préliminaires  de  la 
treve  de  i582,  par  le  P.   PiERLlNG.  In-iS 2  fr.   S> 

VII.  —  Le  Saint-Siège,  la  Pologne  et  Moscou  (1582-1587J, 
par  le  P.  Pierling.  In-18 2  fr.  5o 

VIII.  —  Saint  Cyrille  et  Saint  Méthode,  première  lutte  des 
Allemands  contre  les  Slaves.  Avec  un  Mémoire  sur  l'alpha- 
bet, la  langue  et  le  rite  des  apôtres  slaves  au  ix"  siècle. 
In-18 5  fr.     » 


—  b  — 

IX.  —  La  Russie  et  l'Orient.  Mariage  d'un  Tsar  au  Vatican  : 
Ivan  III  et  Sophie  Paléologue  par  le  P.  Pierling.  In- 
18 2  fr.  5o 

X.  —  L'Italie  et  la  Russie  au  XVI*  siècle,  par  le  P.  Pierling. 
In-18 2  fr.    5o 

Voyages  de  Paoletto  Centurione  à  Moscou,  Dmitri  Guérasimov  à  Rome, 
Gian  Franeesco  Citusà  Moscou. 

XI.  —  Un  grand  poète  russe.  Alexandre  Pouchkine,  d'après 
ses  œuvres  originales  et  des  documents  nouveaux,  par  J. 
Flach,  professeur   au  Collège  de  France.  In-18..        r  fr.  5o 

XII.  —  Les  Bulgares,  par  le  baron  d'AvRiL.  In-18..       1  fr.  5<> 

XIII.  —  Slavy  Dcéra.  Recueil  de  poésies  slaves  traduites  en 
français  par  le  baron  A.  d'Avril.  In-18,  2  planches.       3  fr.     » 

XIV.  —  Correspondance  de  S.  M.  l'Impératrice  Marie  Féodo- 
rovna  et  de  Mlle  de  Nélidolf,  sa  demoiselle  d'honneur. 
Publiée  par  la  princesse  Lise  Troubetzkoi,  née  princesse  de 
Bélosselsky.  In-18 5  fr.     » 


COLLECTION 

DE  CONTES  ET  DE  CHANSONS  POPULAIRES 


I.  —  Contes  populaires  grecs,  recueillis  et  traduits  par  Emile 
Legrand.  In-18 5  fr.    » 

II.  —  Romanceiro  portugais.  Chants  populaires  du  Portugal, 
traduits  et  annotés  par  le  comte  de  Puymaigre.  In- 
18 5  fr.     » 

III.  —  Contes  populaires  albanais,  recueillis  et  traduits  par 
Aug.  Dozon.   In-18 5  fr.    » 

IV.  —  Contes  populaires  de  la  Kabylie  du  Djurdjura,  recueil- 
lis et  traduits  par  J.  Rivière.  In-18 5  fr.    » 

V.  —  Contes  populaires  slaves,  recueillis  et  traduits  par  L. 
Léger.  In- 18 0  fr.    » 

VI.  —  Contes  indiens.  Les  trente-deux  récits  du  tronc,  traduits 
du  bengali  par  L.  Feer.  In-18 5  fr.    » 

VII.  —  Contes  arabes.  Histoire  des  dix  vizirs  [Bakhtiar 
Nameh),  traduite  par  René  Basset.  In-18 5  fr.    » 

VIII.  —  Contes  populaires  français,  recueillis  par  E.  Henry 
Carnoy.    In-18 ' 5  fr.    >■ 

IX.  — Contes  de  la  Sénégambie,  recueillis  par  le  D'  Bérenger- 
Féraud.  In  18 5  fr.    » 

X.  — Les  Voccri  de  l'Ile  de  Corse,  recueillis  et  traduits  par  Fré- 
déric Ortoli.    In-18,  avec  musique 5  fr.     >> 

XI.  —  Contes  des  Provençaux  de  l'antiquité  et  du  moyen  âge. 
recueillis  par  Bkrenger-Féraud.  In-18 5  fr.     » 

XII.  —  Contes  populaires  berbères,  recueillis,  traduits  et  an- 
notés par  René   Basset.   In-lS 5  fr.    » 

XIII-XIV.  —  Contes  de  l'Egypte  chrétienne,  traduits  par  E. 
Amélineau.  2  volumes  in-18 10  fr.    » 


XV.  —  Les  Chants  et  les  Traditions  populaires  des  Annami- 
tes, recueillis  et  traduits  par  G.  Dumoutier.  In-18.       5  fr.    » 

XVI.  —  Les  Contes  populaires  du  Poitou,  par  Léon  Pineau. 
In-18 5  fr.    » 

XVII.  —  Contes  Ligures,  traditions  de  la  Rivière,  recueillis 
par  J.-B.  Andrews.   In-18 5  fr.     » 

XVIII.  —  Le  Folk-Lore  du  Poitou,  par  Léon  Pineau. 
In-18 5  fr.     » 

XJX.  —  Contes  populaires  malgaches,  recueillis,  traduits  et 
annotés  par  Gabriel  Ferrand,  résident  de  France  à  Mada- 
gascar. Introduction  par  René  Basset.  In-18 5  fr.     » 

XX.  —  Contes  populaires  des  Ba-Souto  (Afrique  du  Sud),  re- 
cueillis et  traduits  par  E.  Jacottet,  de  la  Société  des  Missions 
évangéliques   de  Paris.  In-18 b  fr.     » 

XXI.  —   Légendes  religieuses    bulgares,  traduites  par  Lydia 

SCHICHMANOV.    In-l8 5fr.      » 

XXII.  —  Chansons  et  fêtes  du  Laos,  par  Pierre  Lefèvre- 
Pontalis.   In-18,  illustré 2  fr.  5o 

XXIII.  —  Nouveaux  contes  berbères,  recueillis,  traduits  et 
annotés    par    René    Basset.    In-18 5  fr.     » 

Carmen  Sylva  (S.  M.  la  Reine  de  Roumanie).  Contes  du 
Pelech,  traduction  de  Salles.  In-18  de  luxe 5  fr.     » 

Légende  de  Montfort  la  Cane.  Texte  par  le  baron  Ludovic 
de  Vaux.  Illustrations  en  couleurs  par  Paul  Chardin.  I11-4 
de  luxe,  illustré  en  chromotypographie,  camaïeux,  vignettes 
à  huit  teintes 7  fr.  5o 

Sichler  Léon.  Contes  russes.  Texte  et  illustrations.  Un  beau 
volume  in-4,  avec  plus  de  200  dessins  originaux,  et  couver- 
ture en  chromotypographie 7  fr.  5o 

Chansonnier  français  [Le),  à  l'usage  de  la  jeunesse.  In-18, 
illustré '. 2  fr.     » 

PETITE 
BIBLIOTHÈQUE  D'ART  ET  D'ARCHÉOLOGIE 

Fondée  par  M.  L.  de  Ronchaud 

et    continuée    sous  la    direction    de    M.     Kaempfen, 

Directeur  des  Musées  nationaux  et  de  l'École  du  Louvre. 


I.  —  Au  Parthénon,  par  L.  de  Ronchaud.  In-18  illus- 
tré        2  fr.  5o 

II.  —  La  Colonne  Trajane,  au  Musée  de  Saint-Germain,  par 
S.  Reinach,  de  l'Institut.  In-18,  illustré 1  tr.  25 

III.  —  La  Bibliothèque  du  Vatican  au  XVI'  siècle,  par  E. 
Muntz,  de  l'Institut.  In-18 3  fr.   5o 

IV.  —  (Conseils  aux  voyageurs  archéologues  en  Grèce  et  dans 
l'Orient  hellénique,  par  S.  Reinach,  de  l'Institut.  In-18 
illustré 2   fr.  5o 


-  8  - 

V.  —  L'art  religieux  au  Caucase,  par  J.  Mourikr.  In- 
iS 3  fr.  5e 

VI.  —  Etudes  iconographiques  et  archéologiques  sur  le  moyen 
âge,  par  E.  Muntz,  de  l'Institut.  In-18,  illustre...       S  fr.     » 

Vil.  —  Les  Monnaies  juives,  par  Th.  Reinach.  In-18,  illus- 
tré         2  fr.  5o 

VIII.  —  La  Céramique  italienne  au  XV"  siècle,  par  E.  Moli- 
nier.  In-i8,  illustre 3  fr.  5o 

IX.  —  Un  palais  Chaldéen,  par  Léon  Heuzey,  de  l'institut. 
In-i8,  illustré 3  tr.  5o 

X.  —  Les  fausses  antiquités  de  l'Assyrie  et  de  la  Chaldée,  par 
J.  Menant,  de  l'Institut.  In-i8,  illustré 3  fr.  5o 

XI.  —  L'imitation  et  la  contrefaçon  des  objets  d'art  antiques 
aux  xv°  et  xvi"  siècles,  par  Louis  Courajod,  In-i8,  illus- 
tré        3  fr.   5o 

XII.  —  L'art  d'enluminer,  d'après  un  manuscrit  de  la  Biblio- 
thèque de  Naples  :  De  arte  illuminandi,  par  Lecoy  de  La 
Marche.  In-i8 3  fr.  5o 

XIII.  —  La  Vaticane,  de  Paul  III  à  Paul  V,  d'après  des  docu- 
ments nouveaux,  par  P.  Batiffol,  In-i.S 3  fr.  5o 

XIV.  —  L'histoire  du  travail  en  Gaule  à  l  Exposition  de  1 88g, 
par  S.  Reinach,  de  l'Institut.  In-i8,  5  planches..       3  fr.  5o 

XV.  —  Histoire  du  département  de  la  sculpture  moderne  au 
Musée  du  Louvre,  par  Louis  Courajod.  In-i8....       3  fr.  5o 

XVI.  —  Les  Monnaies  grecques,  par  A.  Blanchet.  In-i8, 
planches 3  fr.  5o 

Prix  Allier  d'Hauteroche.  — Académie  des  Inscriptions  et  Belles-Lettres. 

XVII.  — L'évolution  de  l'architecture  en  France,  par  Raoul 
Rosières.  1  n- i  S 3  fr.  5o 

Ouvrage  couronné  par  l'Académie  des  Beaux-Arts. 

XVIII.  —  La  Céramique  japonaise,  les  principaux  centres  de 
fabrication  céramique  au  Japon,  par  Ouéda  Tokounosouké. 
Avec  une  Préface  relative  aux  cérémonies  du  thé  au  .lapon 
et  à  leur  influence,  par  E.  Desiiayks,  conservateur  au  Musée 
Guimet.  In-i8 3  fr.  5o 

XIX.  —  Les-  monnaies  romaines,  par  A.  Blanchet.  In-i8, 
i  2  planches 5  fr.     » 

Prix  Allier  d'Hauteroche.  —  Académie  des  Inscriptions  et  Belles-Lettres. 

XX.  —  Jean  Perre'al,  dit  Jean  de  Paris,  peintre  de  (mar- 
ies VIII,  de  Louis  XII  et  de  François  I",  par  R.  dk  Maulde 
la  Claviêre.  In-i8,  planches 3  fr.  5o 

XXI.  —  Pic  de  la  Mirandole  eu  France,  par  L.  Dorez  et  1  . 
Thuàsne.   In-18 3  fr.  5o 

XXII.  —  Les  collections  de  monnaies  anciennes,  leur  utilité 
scientifique,  par  Ernest  Babelon,  de  l'Institut.  In-icS,  illus- 
tré         5  fr.     » 

XXIII.  —  La  Polychromie  dans  l'art  antique,  par  M.  Colli- 
gnon,  membre  de  l'Institut.  In- 1  s.  avec  figures  et  10  plan- 
ches hors  texte ' 5  rr.     » 


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UNIVERSITY  OF  TORONTO  LIBRARY 

PK                    Hâfiz 

^4.65                       Quelques  odes  de  Hafiz 
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