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QUENTIN DURWARD.
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INTRODUCTION
MISE EN TÊTE DE LA PREMIÈRE ÉDITION D'ÉDIMBOURG.
La scène de ce roman se trouve placée au xv° siècle, à l’époque
où le système féodal, sur lequel reposait la défense du pays, et
l'esprit de chevalerie qui avait été l’ame de ce système, commen-
çaient à être abandonnés par des hommes moins généreux qui
concentraient leur félicité dans la possession de jouissances dont
ils faisaient les objets constants de leurs vœux. Le même égoïsme
s'était montré dans des temps plus anciens, mais c’était pour la
première fois qu’on osait l’avouer et l’ériger en principe. L'esprit
de chevalerie avait en lui-même cela de bon que, quelque outrées
et bizarres que nous paraissent beaucoup de ses doctrines, elles
étaient toutes fondées sur la générosité et sur l’abnégation de soi-
même, qualités sans lesquelles il serait dificile de concevoir l'exis- .
tence de la vertu sur la terre.
Parmi ceux qui se montrèrent les premiers à ridiculiser et à
renier les principes d'abnégation de soi-même dans lesquels on
élevait les jeunes chevaliers, se trouvait Louis XI, qu’on y avait
formé avec tant de soin lui-même : c’était lé chef de nos frondeurs
du temps. Ce prince était d’un caractère si foncièrement égoiste,
si étranger à tous sentiments, à tous desseins qui ne se rapportas-
sent point à l'ambition, à l’avaricé et aux désirs d’une satisfaction
personnelle, qu’il semble jeté sur la terre comme un être malfai-
sant, destiné à cormpmpre dans leurs sources, toutes les idées
d'honneur. Il ne faut pas perdre de vue que Louis possédait à un
haut degré cet esprit caustique et fin qui sait tuner en ridicule
toute espèce d'action désintéressée : il avait les qualités requises
pour jouer le rôle d’un homme froid et moqueur. |
Sous ce point de vue, la conception de Goëthe dans le caractère
de Méphistophélés, esprit tentateur du‘singulier drame de Faust,
me paraît plus heureuse que celle qui a été imaginée par Byron,
et même que le Satan de Milton. Ces deux derniers grands écri-
vains ont donné au principe du mal quelque chose qui élève,
ennoblit sa faiblesse : une résistance opiniâtre, invincible au Tout-
Puissant lui-même, un mépris superbe de la souffrance comparée
à la soumission, et tous ces points d'attraction dans l’auteur du
° QUENTIN DURWARD. | | 1
mal, qui ont induit Burns et d'autres écrivains à le considérer
comme le héros du Paradis perdu. Le grand poëte allemand, au
contraire, & fait de son esprit tentateur un être qui, sans affecter
aucune prétention, ne semble avoir existé que dans le dessein
d'accroître, par sès discours persuseifs-ou séduisants, la masse du
mal moral, el qui par sa séduction réveille les passions endormies
de l’homme qui est deyeriu l'ohjet des tentatives de l'esprit malin,
passions dont le sommeil lui eût permis.de mener une vie tran-
quille. Méphistophélès est, comme Louis XI, doué d’un esprit
caustique et dénigrant, employé sans cesse à rabaisser et avilir
toute action dont les conséquences ne conduisent pas d’une ma-
nière certaine et directe à la satisfaction de soi-même.
_ IlLpeut être permis à un auteur d'ouvrages de pur agrément
d'être sérieux pour un moment, et de réprouvyer h politique de
tout caractère, soit public, soit privé, qui en établit la base sur les
principes de Machiavel ou sur la daplicité de Louis XI.
La grossière et vile superstition à laquelle ce prince était livré,
* au lieu d’atténuer ses cruautés, ses parjures ct ses soupçons, re
les rendait que plus haïssables. Sa dévotion aux saints nom-
breux du paradis, auxquels il rendait une sorte de cute, ressem-
lait à la folle prodigalité d'un intendant subalterne qui tâche de
cacher ou d’affaiblir l’odieux des malversations qu'il comet, par
des présents à ceux qui sont chargés d'observer sa conduite, en
même temps qu’il s'efforce de corrompre, par un système de
déception bien suivi, les hommes les plus incorruptibles. Nous ne
pouvons considérer autrement, soit la détermination que prit le
roi Louis XI de donner à la Vierge Marie le titre de comtesse et
le grade de colonel de ses gardes, soit l'artifice par lequel il n'ac-
cordait qu’à urie ou deux formes particulières de serment une
valeur qu lilrefusait à a toutes lesautres, en cachant strictement sa
pensée; forme de sermerit qu’il considérait véritabtement comme
obligatoire et comme: un des plus précieux de ses mystéres de gou-
‘yernetnent.
A un manque absolu a dé scrupule, ou bien peut-être de tout sen-
‘timerit d'obligation morale, Louis XI joïgnait une grande fermeté
naturelle, ainsi qu’une-grande sagacité de caractère ; s'était fait
un système politique tellement raffiné, eu égard au ‘temps où il
vivait, que quelquefois il se dupait fuf-même en s'efforçant d'ac-
créditer les décisions que ce système lui-avait fait adopter?
Sans doute il n'est pas de portrait si noir qu'il n'ait quéiques
__ ‘ANTRODUCTION. 7
ombres adoucies. Louis comprit les intérêts de la France, et les
soutint avec constance, .tputes:tes fois qu’il put les identifier avec
les siens propres. El préserva le pays de la crise dangereuse de la
guerre qualifiée « «guerre du bien patblie » ; il y réussit-en rompant
cette vaste et dangereuse altiance des grands vassarx de la cou-
ronne contre le souverain, entreprise dans laquelle un roi moiss
prudent et moins temporiseur, plus courageux, plus hardi et,
mains rusé .que Louis XI, aurait probablement échoué. Il avait
aussi quelques qualités personnéttes qui n'étaient pas incompati-
bles avec son caractère publie. Gaiet spirituel en sociQté, il savait
caresser sa victime comme le chat, et la flatter encore au momeñt
où il s’apprètait à lui faire la plus profonte blessure personÂe
aussi ne pouvait mieux soutenir et faire valoir la supériorité des
raisons grossières et intéressées, par lesqueties il tâchait de sup-
pléer à des motifs plus nobles que ses prédécesseurs ensaont puisés -
dans un éminent esprit de chevalerie. - : ”
Dans le fait, ce système chevaleresque était déà viellh. ft
dvait eu même, dans son plushaut degré de perfection , quelque
chose de si outré et de si fantastique dans ses principes, qu'il
commençait à être tourné en ridicule eomme d’autres vieilles
modes, et à-tomber en discrédit; les armes de l'ironie pouvaient
être employées cüntse lui sans exciter le dégoût et Phorfeur, sèr-
timents avec lesquels, à une époque plus reculée, eût été repoussée
toute atfaque de ce genre, comme une sorte de blasphème. Le
xxv* sièvle avait vu élever une sècte d'esprits moqueurs qui pré-
tendaient supptéer par d’autres ressources à celles de la chevalerie,
ét jeter le ridicule sur les pridcipes extravagants et exclusifs
d'honneur et de vertu, que l'on traitsit ouvertement d’äbsurdes,
perce qu'en ‘effet ils affectaient une perfectionr trop merveilleüse ‘
pour êtrépratiquésper des êtres fragiles. Si un‘jeune homme doué
de spntiments étevés et'ingénus $e proposait de prendre exemple
gar les prneîpes d'honneur de son père, il-était expos aux raïl-
leries du monde, .conmmes’it se fût présenté sur le champ de baiaille
avec l'épée à deux tranchants do quelque bon vieux Chevalier,
arme ridieule par ên Mibrication et:sa:forme antiques, quoique sa
lame fât de‘bonne:trempe et sos ornements d’un or pur. … : |
. C'est ainsi qu'en-mattant de côtéles principes de vhevalerie, on
Ÿ-sepplégit par des stinulagts plus vulgaires. À la noble ardeur
qui:poussait tout hémams: à} défense de son pays, Louis 'XE sub
stitua les efforts d’une soldatesque meresnaire toujours pRte à.s0
8. QUENTIN DURWARD.
veridre, et persuada à ses sujets, parmi lesquels la classe mercan-
tile commençait à faire quelque figure, qu'il valait mieux laisser
à des mercenaires les risques et les travaux de la guerre, et aider
” la couronne à les payer, que de s’exposer eux-mêmes à des dan-
gers pour la défense de leurs propres biens. Ce raisonnement per-
suada aisément les marchands. Toutefois le temps n’était pas
encore venu où les propriétaires fonciers et les nobles furent éga-
lement exclus des rangs de l'armée ; mais le _despote Louis XI
commençait’ à introduire ce système qui, imité et, suivi par ses
successeurs, finit par. faire passer toutes les forces militaires de
l'État danSles mains du monarque.
Ce prince était également porté à altérer les principes qui
règlent ordinairement les relâtions des deux sexes. Les doctrines
de ia chevalerie avaient établi, du moins. en théorie, un système.
d’après lequel la ‘beauté était la divinité qui gouvernait et qui
récompensait ; la valéur- était son esclave ;: le cheyalier puisait son
courage dañs un coup d'œil de sa belle, et donnait sa: vie pour la
plus légère faveur qu’il en obtenait. Il est vrai que ce système, iei
comme en beaucoup d’autres circonstances, était poussé jusqu’à
l’extravagance, et. que le scandale s’y -mélait souvent. Ces cas
étaient généralement ceux dont Burke fait mention, et dans les-
quels les motifs de ces faïblesses en atténuent singulièrement la
criminelité. D'après les habitudes de Louis XL, il én était tout
autrement. Voluptueux vulgaire, ce prince cherchait le plaisir
sans aucun sentiment délicat, et méprisait le sexe auquel il le
demandait; ses maîtresses étaient aussi. peu dignes d’être com
parées à Agnès Sorel, dont la conduite blâmable ne répondit point
= à l’élévation de son caractère, que Louis méritait peu lui-même
.… ‘d'être comparé à son père Charles VII, qui délivra la France du
. joug écrasant de l'Angleterre. En choisissant aussi ses favoris et
ses ministres dans la classe infime du peuple, Louis montra le peu
d’égard qu'il avait pour l'élévation du rang-ou de la naissance ; et
quoique, sous certains rapports ce choix fût exousable, méritoire
même, lorsque la volonté du monarque élevait un talent obscur
ou faisait ressortir le mérite modeste, il en’ était bien autrement
lorsqu'il. adoptait pour ses favoris dés hommes tals que Tristan
l’Ermite, le chef de la maréchaussée ou police. IL était dès lors
évident qu’un tel prince ne pouvait plus être; comme plus tard
François L. se désignait lui-même avec tant de grâce, le proie
gentilbomme de son royaume. |
: INTRODUGTION. 9
… In/y avait dans les discours et.les actions de Louis-XI, soit en
particulier, soit en public, rien qui pôt lui faire pardonner une
. manière d’agir si peu conforme au Caractère d’un homme d’hon-
neur. Sa parole, témoignage le plus sacré des nobles sentiments,
et dont la moindre: violation imprime à celui qui s’en rénd cou-
pable une tache indélébile et est regardée comme un.crime capital
par le code de l'honneur, était par lui-foulée aux pieds sans scru-
pule à la plus légère Occasion, et souvent suivie de l’accomplisse-
mont des crimes les plus énormes. S’il transgressait sa propre. foi
jurée, il ne traitait pas avec plus de ménagement la foi publique.
L'envoi qu’il fit au. roi Édouard VI d’un domestique déguisé en
héraut était, dans ces temps où les hérauts passaient pour les
dépositaires sacrés de la foi nationale et-publique, ‘un trait auda-
cieux dont peu de princes autres que Louis eussent voulu se ren-
dre coupables. | Re
: En résumé, les mœurs, les sentiménts et les actions de Louis.
XI étaient incompatibles avec les prineipes de chevalerie, et son
esprit caustique était suffisamment disposé à ridiculiser un sys-
tème fondé sur ce qu’il considérait comme la plus.absurde de tou-
tes les bases , puisqu'il consistait à consacrer son travail, ses ta-
lents et.son temps à des objets dont , suivant la nature des choses,
-On ne pouvait tirer aucun ayantage pour soi-même. |
Il est plus que probable qu’en renonçant ainsi presque euver.
tement: aux liens de la religion, de l'honneur et de la morale, si
-puissants sur les autres hommes, Louis cherchait à obtenir de
grands avantagesdans ses négociations avec des gens qui pouvaient
se regarder comme engagés, pendant que lui-même jouissait à cet
égard d’une entière liberté. Il tressaillait ‘sans doute en atteignant
le bout de la carrière, comme le coureur qui s’est dégagé du poids
sous lequel ses rivaux se trouvent encore erbarrassés , et qui
s'apprête à saisir le prix de la course. Mais la Providence semble
se plaire à environner de quelques dangers ceux qui s'entourent
ainsi de précautions. Un personnage placé dans une position éle- .
vée est d'autant plus ‘coupable de manquer à sa parole qu'il ést
plus en évidence ; et les hommes en yiennent-enfin à eompter ,
-mon pas sur ce que-dit leur antagoniste, mais-sur ce qu’il est dans
le cas de faire. De là naît une méfiance qui tend à déjouer les in-
trigues d’un caractère sans foi, et qui lui est plus désavantageuse
.que s’il ne se fût pas affranchi des scrupules de la conscience.
L'exemple de Louis XI fit naître le dégoût et la haine plutôt que
40 ___ QUENTEY DURMWARD.
do désir dt l'imiler ; panr les autres poapies de l'Europe. ét 1a
fourbeme dont i ask envers plusieurs de ses contemporains déters
minu:les aatres à semetiro surieurs gardes. L'esprit de: chere,
luvie, quoiqu'il eût déjà perdu benoconp desa foree, survécut aa
éme deco rmauvais prince, qué s'efforça d'en ternir le lustre ; et
Jong-temips après le mort de Louis XI il inspire le chevalier. sans
pour etsans reproche, ainsi que le galent monarque François £*.
* Enreffet, quoique le rôgne. de Louis âitété, sous le point de vue
politique. aussi prospère .que Jai-méême avait pu le désirer, le
spectacle de son agonie: put servir de préservatif contre la séduc-
tion desonetempie. Jaïoux de toutle mondo, mais principätement
de son fils, il s’enferma dans ‘son-chäteau du Plessis, confiant ex-
tlupivement sa persorme à la foi douteuse d'Écossais mercenaires
Ne sortant jamais de son appartenient , n'y admettant personne,
fatiguait Le ciel et les saints de prières, non pas pour le pardon
‘de .ses péchés, mais pour la prôtengation de sa vie. B'unefaibiesse
«d'esprit: qui paraîtra sens doute inconrpatible ayec son astucieuse
finesse , 4 importunait ses médecins au point de ge fnire insulter
< dépouiller par eux. Dans son extrême désir de vivre, il envoya
. ékercheren ftalie de soi-disant reliques et , ce qui est plis étens-
æant.ercore , ün.ignorant et stupide paysan, qui sans doute pair
fainéantise s'était enfermé daps. une caverne etavait. renoncé à
mangerde la viande, du poisson, des œufs et toute espèce de dai-
tage. Get hommre , qui ne possédait pas la moindre teinture des
lettres , Eouis Le reçut comme si c’eût été le pape lui-môme , et
fonda même deûx monastères pour gagrer ses bonnes grâces.
.… Atranilieu de sos superstitions, quelle bizarrerie denrs sa manière
d considéreriia santé corporelle et la félicité terrestre, qui sem
bixient être les seuls objets de ses vœux! Quand on parlait de sa
santé, d défendait sévèrement que l'on fitæention de ses péchés;
‘et enr:jour que. d'après son ordre , un prêtre récitait une priôré à
sait Eutrope, dens-laqueile il implorait pour le roi la santé ‘du
æbrpset del'âtne,; Louis lui ordonna desupprimer les deux derniers
ahots, disant qu'il n’était pas-prudent d'importuhee Les bienhôu-
sotx-saints par deux demandés àda fois. Peut-être pensait-il qu'en.
se taisant sur ses crimes , il parviendrait. ken soustraire ka con-
- Raissatite-aux célestes patrons dent À irroquait F'amélanoe pour
an CÔFPS.
… Les torturés méeitéss qu'éprours co tyran à l'agonie furent si
| 1grahdes, que Philippe:âe Comines établit une comparaison raétho-
; | et
digev-ontre okatties pasabrouses-cruantés infligées aux -antrag
d'après ses «cudres, et les considérant toutes ensemhle, il en vient
texpriawréouaioà quedes iourmenis et l'aghniede Lous furent
_ ls qu'ils porvmient-compenser les enimes-dont il était epupahle,
et qu'apeès :aveir fait une bonne. quarantaine cn purgaisie, h
pourrait trouver crâve dans les séponsisupéeieures. . ets
Fénélon a aussi déposé son témoignage eontre ce :primpe,,, êmt
Ba décnt le pense de miseit de gouvernement, dens le pesage si -
remarquable qui va save, ot qui est tiré de son Tékimague:
« Pygmalien, tourmonté per ae soif jnsatiable. des richesses ,
serend de-plus:en: plus misécabieiet odieux à ses sujois.. C'est, un
crime Tyr qued'avoirde grands-biens; Favarice ke read défiant,
SORPÇONBBMT, éouel : ik porséoue les riches. et il craint les paye
we
«Gest. us crime encore. plus. guead à Tyr d'avoir de la ver tu;
eur Pygmalion sapposc que-les boes ne peuvent souffrir sés injusr
tices et ses sffemies: lavente le condamne. il s'aigrit ef s’icriie
contre elle, Dout lapste, l'rmsuiète, le ronge; d a peur de sari-om- -
bre, flnedost ni nuit nijeur; les dieux , pour ke confondre, l’ae-
cablent de trésurs dent ä niose jonir. Ge qu'il cherche pour être
benrœux es prévisément ce qui l'empêche de l'être. ll regrette
tout ce qu'il dune, et-craint iomjours de perdre; il se rourmene
pour gagner
… On ns le woit presque jamais: itest. seul, trisie., ähattar., ai
fond de son palais : ses amis même n'osentl'aborder, de pour de
Jui devenir suspects, Une garde terrible tient toujours des. épées:
aues-etdes piques levées autour de sa maisen. Treste chasabres,
qui commauniquent les unes aux satres, .dnet chacune a une
porte-ée fer:avec six grosverrous, sont.lelibn où il se renferme;.0R
mo sait jamais daus Jqueile du ces ‘chaanbres:il couche , et. bn a
sure-quime couche jemais deux nuits de-saite -dans la même. de
peur d'y être ésvrgé. Li ne:connaît ni les doux plaiics, ai l'amitié
envere plus douce. Sion. Roi parie de chercher Ia joie, ik sen
qu’elle fuit foke de: hui et qu'elle refuse d'entrer dans. Je cœur.
Ses voux creux seût plems d'un fea pre st faæmidhe:s ds Sant
sms cesse errents-de tous côtés; Hiprête l'orcillo:uau maoinsdea:bruit
et se sen tout ému ; ilest pâle. défait: ‘et des noirs:s0nsiasnnt
peints -sar son visage toujours ridé. H ge:tait, il seupire, itirede
son-cevar de profonds émiasoments, Lu pou Lacie le les rss
qui déchirentses entrailles. Lesmetsie as:is 0
4$ ) QUENTIN DURW AND.
ses erifants loin d'être son ‘espérance, sont 16 süjet de sa terreur :
il-en‘a fait ses plus dangereux ‘ennemis. Il:n'a eu-toute sa vieau-
. Cun moment d'asstiré : il ne se conserve qu'à force :de répandre:
lesang de tous ceux qu’il craint. Insengé, qui ne: voit. pas que ia
cruauté à laqnelie il se confie le fera périr ! Quelqu'un de ses -do-
mestiques, aussi défiant que lui, se hâtera dedélivrer le monde de
ce monstre. CS i
. Le spectacle instructif, maïs triste, des souffrances de ce Gran
se termina enfin par la mort, ‘le 30 août 1485.
Le chôix de ce personnage peur en faire le caractère. principal
du roman, car on comprendra aisément que la petite intrigue d’a-
mour de Quentin n’est employée que comme moyen de faire res-
sortir l’histoire, préséntait de grandes facilités à l’auteur. L'Eu-
rope entière était, au xv° siècle, tourmentée par des dissensions
-_ provenant de ‘causes si diverses , qu’il eût presque: fallu aulec-*
teur anglais une dissertation pour le préparer à admettre la.possi-
bilité des scènes étranges auxquelles il allait être initié.
ee Di temps de Louis XI, l’Europe était en proie à de violentes
cornmotions. Le court et brillant ascendant de la maison d’York
_.terminait en apparence plutôt qu’en réalité les guerres civiles de
l’Angleterre. La Suisse affermissait cette liberté que plus tard elle
défendit sivailamment. En Allemagne et en France , Îles grands
‘vassaux de la couronne s’efforçaient d'échapper à son contrôle,
tandis que Charles de Bourgogne par la violence, et Louis XI par
la-ruse et par des moyens indirects, travaillaient à les soumettre
“au joug de leurs souverains respectifs. D'une main Louis domptait
ses vassaux rebelles, tandis que de l’autre ilaidait et encourageait
secrètement les grandes villes commerçantes de’ Flandre à se ré-
volter contre le duc dé Bourgogne , ce à quoi leurs richesses et
leur animosité les disposaient naturellement. Dans les districts
forestiers. de” la Flandre , le duc de Gueldre et Guillaume de La.
Marck, surnommé à cause de sa' férocité le Sanglier des Ardennes,
renonçant au noble caractère de chevalierset de gentilshommes,
- exerçaient les violences et'les brutalités de vulgaires bandits. ,
Mille machinations secrètes se tramaient daus les différentes
provinces de Flandre et.de France ; de nombreux émissaires , s8-
crètement envoyés par l'infatigable Louis, bohémiens, pèlerins ,
mendiants ,-ou agents déguisés comme tels , semaient partout le
mécontentement que sa politique était intéressée à éntretenir dans
” les possessions du duc de Bourgogne.
ANTRODUC TION: . 48
Au milieu d’une si grande abondance de matériaux il était dif-
ficile de choisir céux qui pouvaient être les plus canvenables et
les plus intéressants pour le lecteur; l'auteur a eu à regretter que,
bien qu’il eût fait un ample usage du pouvoir de s'écarter de la
réalité historique, il n’ait:pu ‘donner à son histaire une forme plus
agréable, plus serréeet plus claire tout ensemble. La principale
source de l’intrigueest celle que les personnes mênie qui connais-
sent le-moins le système féodal peuvent aisément comprendre,
bien que les faits soient absokiment fictifs. Le droit d’un: supérieur
féodal n'avait rien de plus univeréellement reconnu que celui
d'intervenir dans le mariage d’une vYassale. Ceci peut impliquer
contradiction avec la loi civile et la loi canonique, qui déclarent
que le mariage sera libre, tandis que là jurisprudence féodale ou
municipale, dans le cas où un fief passe à une femme, reconnaît
que le suzerain a intérêt de dicter à la femme le choix de son fu-
tur mari. Telle est la conséquence du principe que le suzerain est*
le donateur originel du fief, et qu’il est toujours intéressé à ce que
le mariage d’une vassale n’ait pas lieu avec-un ennemi du seigneur
lige. D'un autre côté, on pourrait raisonnablement soutenir que
ce droit de dicter à une vassale le choix de son époux appartient
seulement au suzerain des mains duquel le fief dérive primitive-
ment. Il n’est done point absolument impossible qu’une vassale
du due de Bourgogne se mettesous la protection du roi de France,
dont ee prince lui-même était vassal ; on peut aussi raisonnable-
ment supposer que Louis, si peu scrupuleux, aif pu former le des-
sein de trahir la fugitive en lui faisant contracter une alliance
qu’il aurait jugée. ne pas convenir, peut-être même présenter
quelque danger à son formidable parent et vassal de-Bourgogne.
Je puis ajauter que Queñtin Durward, qui a obtenu en Angle-
terreune popularité plus grande qu'aucun de ses prédécesseurs,
a également joui d’uh succès. inespéré sur le continent , où les
allusions historiques ont éveillé un plus grand nombre d'idées
familières aux habitants du” pays où la scène de ce roman est
placée. . | LU
+
r ‘_ Abbotsford, le 4° décembre 1854.
v°.
H QUENTIN POraRr.
ENFRODUCTION
A Ba: PREMIÈRE. ÉBTTEON ANGLAISE. |
Ef un Lomme qui a éprouvé ‘des pertes... Aller.
oo? SHaxo#ÈARr A Beaucoup de Bruit pOur r rien.
Lorsque L L ‘honnête Doghèrry ! récapitule et énamère jaus ses
titres à la considération , qui, dans son opinion , aurait, dû le
mettre à l'abri de l'épithète : injurieuse dont le gratifié M: le; gen
tilhorome Conrade, ilest digne deremarque qu’il n’appuie pasayec
plus d’emphase sur ses. deux robes ;. (objet de-quelque importance
- dans certaine ci-devant éapitale que je connais), ni sur ce qu'il
est un aussi joli petit morceau de chair qu'on en puisse trouver
dans tout Messine, non plus.que sur le dernier article de son apa-
dogie, qu'ils amaseé une assez jolie petite fortune, que sur ce qu'il
est un homme qui a éprouné des pertes. .
. Effectivement j'ai toujours remarqué que ces enfants gâtés de
la fortune, soit pour voiler l'éclat éblouissant de leur splendeur
aux yeux de ceux que le sort a traités moins favorablement. soit
parce que S’être élevé en dépit du malheur leur-paraît aussi hono-
rable pour un riche qu'il l’est pour une forteresse d’avoir soutenu
ua siôge : ;jai toujours remarqué, dis-je, que ces geus-là 16 Man
quent jamajs de. vous entretenir des pertes qu'ils éprouvent par
suite de la dureté des temps. Il est rare que l’on dine à une table
bien servie sans que les intervalles entre le champagne, le baur-
gogne et le via du Rhin 3 soient remplis, si l'amphitryon est un
capitaliste, par des plaintes sur la. baisse de l'intérêt de l'argent
æ sur la difficulté de trouver à placer des fonds qui restent ies-
productifs entre ses mains ; ou s’il est propriétaire, par un triste
et affligeant détail d'artérages et de diminution dans” le prix des-
baux. Cela produit. son effet : les convivessoupirent et secoyent la
tête en cadence avèé leur hôte, regardent le buffét qui romptsou
4 Personnage ridieule de la pièce de Shakspeare, où l'auteur a puisé l’épigraphe
mise en tête de son Introduction. Conrade lui dit qu’il est un âne, ce qui lui déplaît.
grandement. ». M.
2 Letexte dt Heok, ce qui signifie iæmeilioure et la plus ancienne qualité de vin
du Rhin. 4. M.
‘ ANYVAOBUGIIOUN |
le poids dé- l'argentirie ; éomifnuent à savomer les excellents
vihs qui eireulent rapidement autour de la table , et. scigent à
l'bienveillance pures désintéressés qui, bien que limitée dans.
ses MOÿCRS, ne ‘cest pas de prodiguer à ses convives ce qu'elt
possède encore ; ou, ce qui: flatte-biensplus sa vamité, admirent
cetée ‘opulencs qui, si per aflniblie per tant de portes, va tou-
| jours foutmissant, comme Île trésor inépuisable” du généreux
Abouicasum ; sx demandes de ces Lis Yieacent ÿ puiser à
pleines mains.
Cétte manie’ de doïbances anémmoiss ses bornes cémme:celie
des souffrances, laquelle, comme les valétadinaires ke savent foft
bien , est un passe-temps plein de charmes, tant qu'ils ne sont
seciés qe:de maadies chreniques. Mais je n'ai jamais entendu
un homme dont le crédit fût réellement ser le bord di sa ruine’,
parier de diminution de ses fonds; et mo ‘habile et philantropè
médecin w'rssure que c'est une chüse: fort -rüre de-voir des per-
sonnes prises. d'une bünne fièvre ax de melque autre maladie
aigué ,
| “Dont Ta étise verrifité e la mort dous amène. ‘ ‘
Présage le néant de la machitre kemafne
faire de Teurs souffrañces 8 sujet d’une conversation arnusante.
Après avoir mrement considéré toutes ces choses, je ne sau-
rais cacher à mes lecteurs que je ne sûis ni tellement dédaigné da
publie , ri tellement bas dans mes revenus, que je n’aie ma part
de la détresse qui afflige en ce moment les capitalistés et les pro-
priétaires des trois royaumes. Vos auteurs qui’ dent avec uné
tôtetetie de mouton peuvent se réjouir que le prix en soit tombé
à trois pence # R livre, ou , s'ils ont des enfants, de ce que Îe
pain de quatre fivres ne coûte que six pence; maïs nous qui appar-
tenons à la classe que ruinent Ia paix et l'abondance , nous qui
avons des terres et des bestiaux, et qui vendons cé que ces pau-
res planeurs sé voienit contraints d'acheter, nôus sommes réduits
at désespoir par les nrèmes événements qui feraient ifluminer
toutes les miansardes de Grub-Street ®, si fes Habitants de Grub-
LS
+ Trois pence éntiratent à eme cemitries de wotre mosnste françaises et d'au
tres termes, uñ penny (singulier de ce mot) vaut dix cèntimes. Pence ne prend une
s que lorsqu'il exprime un certain nombre de pièces de petite monnaie d'argent
connues sous le nom de six-pences; ainsi deux siT-pences représentent un shiling,
ou uu franç vingt centimes. 4 Me
9 Quartier de la Cité à Londres où demeuraiont les-autaurs pauvres, et où Walter
Scott, avec sa courtoisie aristocratique, relèpure les petits journalistes anglais, à 1.
TES en UE AT EE DU Ve Pen
46 QUENTIN DURWARD.
Street avaient jamais des bouts de. chandelles à emplôyer à cet
usage. Je réclame donc hardirhent la part qui me revient dans
les calamités qui n ’affectent qué les riches, et je m’inseris ; à
côté de dogberry, surla liste de ceux quiont-une assez Joke petite
fortune, mais qui ont éprouvé des pertes.
C'est avec le même esprit de généreuse émulation que:récem-
ment'j'ai eu recours au remède universel contre l'impécuniosité !
dont je me plains, c c'est-à-dire à à une courte résidence sous un-cli-
mat méridional : par-là, jai non-seulement épargné plusieurs tom-
bereaux de charbon de terre, maïs encore j'ai eu le plaisir d’ex-
citer une-sympathie générale pour l’état ‘de décadence de ma
fortune chez céux'qui , si j'eusse continué à dépenser mes reve-
nus dans leur pays, se seraient fort peu embarrassés de me: voir
pendre : ainsi, tahdis que je bois mon vin ordinaire, mon brasseur
trouve que le débit de sa petite bière dimibue ; tandis que je vide
avec délices ma bouteille à à cinq francs, ma pinte “‘quotidiennè de
porto s’aigrit dans la eave de mon marchand de vins; tandis que
la côtelette à la Maintenon est toute fumante sur mon assiette, le
puissant aloyau reste accroché à sa cheville dans la boutique de
mori ami À tablier bleu, le boucher du village: En un mot, tout ce
que je dépense ici éccasione un déficit chez mes fouritisseurs
habituels ; et les quelques sous que je donne’au garçon perru-
_quier, la croûte de pain que je jette à son barbet au dos tendu et
aux yeux rouges, c’est encore autant de perdu pour mon vieil
ami le barbier et pour l’honnête Trusty 3, le gros chien de garde
enchaîné dans ma cour. J'ai donc toujours le bonheur de savoir
que mon absence est sentié ét regrettée par ceux qui-se môque-
raient bien de me voir dans un cercueil, pour peu qu'ils eussent
Ja certitude de conserver la pratique de mes héritiers. Toutefois
j'excepte formellement de cette accusation d’égoïsme et d’indiffé-
rence mon généreux Trusty, dont les démonstrations de courtoi-
sie à mon égard partajent... jaime à le croire, d’un principe plus
désintéressé que celles de personne qui m'ait aidé à dépenser 1 les
revenus dont je suis redevablé à la libéralité du public.
Hélas ! le friwole avantage d’exciter Chez soi une sympathie
aussi générale et aussi soutenue est balancé- par de grands incon-
vénients personnels. .
4 Nous avons en français le le mot pécunieus, m mais ses relsuifs nous manquent. Celui-
ci est un beureux néologisme. 4. M. .
2 Trusty, c'est-à-dire Fidèle. à. M.
…INTRODEICTION... | at
: . Pour me tirer des fleurs il faut que vous pleuriss ". |
dit Horace; et véritablement j j'ai. peine à m empêcher de pleurer
lorsque je songe à l'échange que j'ai fait de mes jouissances do-
mestiques, jouissances dont l’habitude m’a fait un besoin ,. pour
des équivalents étrangers que le caprice et l'amour -de la nou-
veauté ont mis en vogue. Je ne puis m "empêcher d’avouer, à ma
honte, que mon estomiac, encore tout domestique , et accoutumé
aux mets du, pays natal, soupire après la bonne.et véritable tran-
che de bœuf (steak), apprêtée à à la manière de Bolly?, apportée
toute ‘brûlante de dessus le àril, bruné à l'extérieur, et devenant
d’un rouge d’écarlate sous le tranchant du couteau : tous les mets
délicats de la caïte de Véry, et ses mille manières! d’orthographier
| ses biffsteeks de mouton, nè peuvent les remplacer. D'un autré
côté, le fils de ma mère ne saurait s’aécomrnoder de boissons fades
et légères ; et au) jourd’hui que l’on peut avoir la drèche pour rien,
je suis convaincu qu’une -double mesure (straïck) de John Bar-
leycorn 5, dit avoir fait de cette pauvre créature domestique, la
petite bière, une liqueur vingt fois plus généreuse que ce breuvage
acide et sans force que l’ôn honore ici du hom de vin, quoique sa
substance et ses qualités l’assimilent bieri plutôt à à l'onde légère et
hygiénique de la Seine. Les vins français de première qualité
sont, il est vrai, passabies ; il n’y a rien à dire contre le"château-
margot où ke sillery, et cependant ils ne peuvent me ‘fairé oublier
mon vieux vin, d’Oporto; si bon, si généreux. Enfin, sans en ex--
cepter le garçon et son barbet, quoique tous deux soient des ani-
maux fort divertissants, et qu'ils fassent mille singeries qui ne
laissent pas que d’amuser, cependant il y avait dans le clin d’œil
avec lequel notre vieux PackWwood avait coutume de communi-
quer les nouvelles de la matinée, plus de franche gaieté que toutes
les gambades d’Antoine ne pourraient en exprimer dans l’espace
d’une semaine ; et ‘dans le remuement de queue du brave Trusty,
plus de simpathie humaine et caninè que dans toute la contenance
de son rival Toutou, se füt-il tenu sur ses pattes de derrière pen-
dant touté une année.
Ces signes de repentir viennént peut-être un peu tard, etÿ avoue
41 C versemprunté # Boiteau rend essex exactement celal de lenteur Hatin :
Si vis me flere, ‘délendum est
Primum i ipsi ti. fars poetica.)
2° Fameux restaurateur de Newgato-Street à Londres. 1. M. .
5 Barieycern sigaiñe grain d'orge, Ce mot est ici une panaléle à de la bière,
À :. QUENKFEIN TRE ART.
(ear je dois avoir Le plus.grande fesnehise axe mon -eker ami le
* public).qu’ils sont en grande partie le résultat .de la conversion
(je dévrais dire ta pérversian) de ma nièce Christy à l'ancienne fei
papale , grâce à-un certain nrêtre madré ! de notre voisinage ,-ef
du mariage de ma tante Dorothée avec un capitaine de cavalerie,
à demi-solde, membre de la Légion d’honnéur, qui, si l’on voulait
l'en croire, serait aujourd’hui maréchal de France? si notre an-
cien ami Bonapaïte eût cantinué de vivre et de triompher. A l'é-
gard dé Christy, je -déis avouer qué la tête lui avait ‘si compléte-
ment tourné à Édimbourg, en courant jusqu’à cinq routs par
soirée, qué, bien que je me méfiasse un peu des moyens-et des
motifs de sa conversion, je ne fus pas fâché de voir que. ses idées
commençalent à prendre une tournure plus. sérieuse. D'ailleurs ,
il n’y eut-pas grande perte à cela ; car le couvent me débarrassa
d’elle, moyennant une pension fort raïi$onnable: Mais le mariage
terrestre de ma tante Dorothée était une chose bien différente des
épousailles toutes spirituelles de Christy : en premier lieu, elle
avait deux mille:lrvres sterling placées dans les trois pour cexit,
et qui furent tout aussi complétement perdues pour ma famille.
que si cette.renté n’eût jamais été inscrite.sur le grand-livre de
ja dette publique : car .eût-0n jamais pensé que, ma tante aro-
thée se &rait mariée ? Et, d’un autre côté, qui aurait pu s'imägi-
per qu’une-fémme qui a cinquante an d’ expérience eût épousé
un squélette français, dont les. jambes et les bras, presque ‘de
même longueur, ressemblent à deux compas entr'ouverts, dont
l'un serait posé perpendiculairement sur. Ja tête de l'autre, de
telle sorte que l’espace.qui existe entre eux. serait, taut juste assez
rand pour-figurer un corps? Tout le reste n’était ‘que mausta-
ches, pelisse et pantalon de calicot. Elle aurait pu aAYoir Hn polk
de vrais cosaques en 1815: pour la moitié de la fortune qu'elle à
. Jaisséa à cet épouvantail militaire. Mais à quoi bon 8 ’appesankit
sur ce sujet : ? elle en était venue au point de giter Rousseau on
fait de sentiment ; qu’il n’en soit done plus question.
. Après avoir ainsi expectoré ma bile contre un pays qui n EN, est
pas moins un pays fort gai et fort agréable, et auquel je n’aj ul .
41 Le texte dit whacking, mot qui signifie rusd; s’il s’appliquait à un courtier, a
whacRiny fine. haryq. it signiñerah.un chanel pétuar dinainenet, been: teùdépéihé 1e
s’appliquant à un prêtre, nous pensons que #ñadré est une bogne expression. 4. M.
2 Field-marschäl a pour équivatent mujor-yéréral dans le service anglais. À. M.
5 Grandes soirées anglaises, où les invités, reçus à l'entrée du salon par les mat-
tres du logis, ne font paur-alnsb dire que-traverser les'appartoments; 6h fs 55nt
pressés, chcouilepée tait on mioupitis,.ca-qei Fapelle ne honoreDte Fétepiion.
. . INTRODUCTION. : [
reprache.à adremes, pnisque-on fin s'ant gnok qui anis venue tanm
wer .et. nan lui qui-sat-venu. poe chercher, j'en viens-au but dirent
de-catte Introduction. Si ce n'est pat-iwap.cernpler aur la-conti-
noatien do ves bonnes grâces, mon cher publié (queique ; à vrai
dire, l'invatiahilité et l'unifomaité de goût soient des. qualités sur
lesquelles -ceux qui racherchant vas faveurs ne peuÿant guère
compter), ce but ne dédommagera peut-être jusqu'à 1e certain
point du déplaisir et de le perte qüe j'ai essu yés.! en amepant ma
tante Dorothée dans te paysrdes gros molleis. des: minces chexil-
les, des noiresmonstachres, des membres-sass corps. etdés beeux
sentimonts : er je puis vous certifier que le-drélnest, comme di-
sait mon .ami lord L**, un vrai pâté de béatilles !, tout ailergna
et-paites, Bielle Ava choisi dans le contrôle :de Ja-dei-peie un
de. ces montageards écossais :à plirases. ampoukéés, ou. hien un
” des élégants fils de la verte £rin, :j je n'avais souflé mot; mais
de laumanièse que l'affaire s-étécanduite, ikest difficile de:se con
tenir en voyant ma tante Barathéa -dépauitter gratuitement 64
héritiers. légüimes. Toutafois, silence, ma sembre.humenr ! ein
viteus nôtre.cber public à s'oenpar djunanjet plus agréable pour
hôus.et plus intérestant pour hi. re
A:force de boire le brouvege acide-dont j'ai déjripanké, etde fie
mer des cigares, ce en quei je-ne suis pas-noviüe, tent en-burant
et-en fomant. dis-je..j'an vins:à fairé.une sorte de dannaissane
anec uw homme conne il faut; je yeux dire un dernes vieus
échantions de noblesse-que Los trouve ensbrcon Frañce; bien
ques petit: nombre, et qui, de même que:les.séûues tattilées diun
culte antique et 4ombé dans l'oubli, commandant encere un chr-
tam.degré-de vénération et d'estime, même à Deux qui np denr
accordent volontairement ni l'ané.nil'èntre.. -
Enfréquentant le-crfésde village. je. fusd' abord clsppé de Vair
singulier de dignité et dé gravité qui distinguait <6 mienx gantik-
hmmme, deson atachosteatseru puiqux:pour les haset legspuliers,
au mépris dés-denii-bothes et des pantalons; il: pontait la croix de
Saint-Louis à sa boutonnièse, et une petite cacérde-blancheà 50
Chmpéau, dont 1à forme rappalait la mode -du sitale damier, Son
ensemble avait quielipre chose d'inféressant; et d’ailleurs, au-mi-
den du greuperoyeux.quid'entenrait , .se-gravité fonnait naepe-
triste d'autant plos attachaht : tifiombre 4 d'un tes A ‘où
_4 ‘Menues vlandes dé pâté. A. M
” & L’Irtande, que les Anglais nomment aussi Pie d'Émeraude. À. 2%.
EU QUENTIN DURWARD.
milieu d'un paysage. qu'écleirent les rayons brillants du soleil.
Je fis, pour lier -COTIRAÏSSANCE arec Tai les avances que le-liou, les
circonstances et les mœurs du'pays exigesient, c’est-à-dire que je
vins me placer près de lui; et, tout en fumant avec calme mon
cigare par bouffées intermittentes et presque impercèptibles,. je
Rui adressai le petit nombre de questions que partout, et plus-par-
tieulièrement en France, l'usage permet à-un. étranger de faire
sans S'éxposer.du reproche d'impertinence. Le marquis de Haut-
Lieu, car c'était, là son. titre, fut aussi. laconique ét aussi sen
tencieux. que la. politesse française le. permettait, ».-il répondit
à-toutes mes questions, ne-m’en adressa aucune, ane m’ enoou-
ragesa point à Les renouveler.
La vérité était que, n'étant pas très-accessible : aux x étrangers ,
de quelque nation qu’ils füssent, ni môrme pour ceux.de ses com-
patriotes.qu’il ne connaissait point, le marquis était particuliére-
ment réservé envers.les Anglais, Ce sentiment était dû peut-être
à un reste de l'ancien préjugé national ; peut-être venait-il de Pi-
dée que les Anglais sont un peuple hautain, fier de ses richesses,
et pour qui le rang , joint à une fortune médiocre, est un .objet-de
«mépris : autant que de pitié; ou peut-être enfin, en réfléchissant
sur certains événements récents, éprouvaitril, comme Français,
quelque miortification, même des succès qui avaient rétabli son
maître sur le trône et lui-même dans des propriétés fort amoïindries
et dans un château dévasté. Néarimoins son aversion n'allait je-
mais au delà de cet éloignement pour la société des Anglais. Lors-
que les affaires d’un étranger exigeaient l'intervention. de son
crédit en sa ‘faveur, il l’accordait toujenrs avec toute la courtoisie
d’un gentilhomme français qui sait ce qu'il se doit à lui-même et
ce qui est dû à l'hospitalité nationale.
A la fin, je ne sais par quel haserdie marquis découvrit. que Vin-
dividu qui fréquentait le même café que lui: était Écossis: 4 Gr
constance qui parla hautement en ma faveur. Il m'informa que
quelques-uns de ses ancétrés étaient d’origine écossaise s il croyait
même que sa maison avait quelques parents dans ce qu’il lui plai-
sait d'appeler la province de Hanguisse, dans la Calédonie. La:pa-
renté avait été vérifiés et reconnue de part et d'autre au commen-
cement du siècle dernier ; ‘et durant son ex (car , comme on le
pense bien, le marquis avait passé ‘dans les rangs .de armée ds
Condé et partagé les malheurs-et la détresse de l'émigration),
avait éprouvé quelque désir d'aller renouer connaissance avec ses
INTRODUCTION. | et
parents d'Écosse et réclamer lour protection. Mais, après tout,
dissit-il, il ne s’élait pas beaucoup süucié de se présenter à eux
. das une position qui ne leur aurait pas fait beaucoup d'honneur
et qu'ils auraient pu. considérer comme leur. imposent _quekque
honte; en sorte qu'il erut plus sage-de s'en remettre à le Provi-
deace , et de se tirer d'affaire du mieux qu'il lui serait possible:
Ce qu’il fit dans ce but, je n'ai jamais pu le savoir ; niais, j'en suis
sûr, ce noble vieillard ne fit rien qui pût compromettre sa loyauté
quoi qu’il pût arriver; il resta ferme dahs ses principes et dans ses
opinions, jusqu’à ce que les événements l’eussent ramené, vieux,
pauvre et déeouragé , dans uh peys qu’il avait quitté bien jetine
encore, plein de vigueur, de santé, et d’un vif ressentiment qui
comptait tirer une prompte vengeance de ceux qui l’en-avaient
chassé. Si je l'avais connü dans des circonstances plas prospères, |
j'aurais pu rire dé quelques traits du caractère du marquis, pañ-
ticulièrement de ses préjugés relatifs à la naissance et sur la poli-
tique; mais, dans la position où il était, quand même ses préjugés
n’aaraient paseu pour base une forte conviction,n'auraient pas été
ennoblis par un entier désintéressement , il méritait ce respect
que nous accordons au martÿr ou au Confesseur d’une religion
différente de la nôtre.
Peu à peu nous devinmes bons amis, et nous primes notre:café.
nous fumêmes notre cigare, nous bûmes notre bavaroise ensemble
pendant plos dé six semaines , sans que , de part ni d'autre, les
affaires apportassent de longues interruptions à ces pläisirs. À yarié,
| non sans quelque difficulté, trouvé la chef de ses questions relati-
vemerit à l'Écosse, grâce à une heureuse conjecture que la pro .
vince. de Hanguisse ne pouvait étrè que-notre comté d’Angus , jé
fus à même de répondre d’une manière plus où moins satisfaisarite
à la plupart de-celles qu’il me fit sur lés parents qu'il avait dans
ee pays:.et je ne vis pas sans éprouver quelque surprise que le
merquis connaissait la généalogie de quelques-unes des famittes
distinguées de ce comté beaucoup mieux que je n'aurais pa m' Y
attendre. -
Enfin , notre disjsos Jui causa tant de satisfaction qu 'ilen vint
jusqu’à se résoudre à m inviter à diner au. château de Hant-Eieu ,
château bien digne de ce nom, car il était situé sur une éminence |
qui -eommande les bords de la Loire. Cet édifice est à environ
trois millés du villâge où-j'avais établima résidence témporajre ; et
lorsque je le vis pour la première fois, je pardonnai Sans peine
QUENTIN DURWABD.
m . QUENTIN DUR WARD.
atr:propriétaire la mortificationunantfiente qu'il éproutæen:veue-
xrat an. hôte-dausilasiloqu'il-s'était formée: miier-desruinestdu
paisis de'ses-ancôtres. À vec ne:gaieté sous laquelle:il chergianit |
en'vaiwà-egeher ün sebtiment-plus-prefénd;!il m'araitiinsensible-
sent préparée vue.du lieu.que je-dlovais visiter ,-et il eniient
” mme ericuretout ile temps ,‘le'jeur.où ‘il me.cosdaisit dans sen
petit :cäbriolet , -attelé d’un gres-et-lourd cheval normand , vers
cétte antique dernewre-de:ses pères.
. Les restes-de ee château: :‘reposunt:sar. uninisguifique platenuqui
dourine.ls cours dela Loire, et-dont la:pente, rachetée par des vs
caliers de pierres ornés de atatues , de rocailles, et-autres embél.
‘ Timements artificiels , forme plusieurs terrasses qui conduisent de
.Gegré en-degré jusqu'au bord du fleuve. ‘Foute cetts décoriiion
æthifectarale, ainsi-que les päréerres remplis de fleurs brillantes,
de planteseuriéuses et d’arbrisseaux exotiques , avaient depuis
pludiours années fait-place ‘aux objets plus wtites des travaux da
_" Nigneron;- cepéndant:les restes de-ces-coustructions trop solides
pour pouyoir être complétement -détriites , prouvelent:cumbiun
Vart:ävaitété jadieieusement employé pour embelir:la rratuve.
- “Aufoutdfhai il «est peu de-ces maisons-de plaisance qui soterst
-_ parfaitement conservées ; car l’inconstance.de‘læmode a opéréren
Augietéère un chengement-aussi complet :que-ctlui. que de‘génie
de:ludévrastation et la fureur populaire-ont produit en: Prato.
Quant à moi; je me eontente de-souscrire à opinion duiiugenle
plus éclairé: de notre époque 1, qui pense que nous:avonis port
heaueoup:trop lvin-notré émour pour lasimplicité, et-quedes tién-
+ôurs d'un édifice: imposant exigent des embellissements plus vo
téhenchés due ceux-quisont dus à de:futiles orrremreits de-paabn
‘dt:de sable. Un site éminemment pittoresqueserait- prébaklieaunt
dégrädé par Tiritroduetiôn ‘de _ces orneïments artificiels: mais îl.
‘en gbéaticotp d'a d'autres où'interventioni d’an plusgrand-nembre
“ornements d'architebture: qu'il n’est Susage d'en emphyer sn-
Jourd'hüi, me paraît mécessaire pour racheter là-nudité uriérme
d'une haute maison qui s’élève isolément au milieu d’unepelonse,
où élle'ne paraît pas: plus en rapport avec te-qui l'environne-que
_sieke: était sortie de là ville pour 4t âHer:se. 2:prèmener dans la cam
. (pagne. 5
.” M "Voyez l'Ersai sur le pitioresqut de Price, et: surtont le:détail eurieux tes sensa-
tions qu’iléprouva lorgque;aur Vaxts dun amatéur, il détruisit un ancien jardin. ,
‘avec ses haies d’ifs, ses grilles de fer et ses sombres allées, lui ôtant ainsi son air de
aolitutle. A. "M.
DA
. ANPRONUCTION. : : 5
| Comment de goût-uinté ehaugor-diune-manièresistufiniset si
dormplète.,re’ast sue Ciroonstanee fort-smguhere ,-et:l’on nepoas-
ait guèved'espliquerque.par leprincipe d'après isquel, dansume
Comédie de Molière 1 des trois esmis du père précomisent un .re-
_mède qui deit:guérir. la -mélencoelie-de-sa fille, t'est-à-dire, de gar-
air son apparéament de tableaux. de tapisseries, de porcelaines.,
” selon le genre de commerce que fait chacun d'eux. En faisant l’ap-
plication de ces anotifs eu cas dont nous parlons , nous décourri-
roùs-peut-ôtre qu'autrefois l'architecte traçait le: jardin et le par-
_terre quientouraieat unenraison, et que naturellement, dépioyant
son art ..il y laçait des statues , des vases , des terrasses pavées,
:etdes-escäliers dont lesbalustrarlesétaient chargées d'ornentents,
.tandis:que le jardinier , son subordonné ,s’effortait de faire cor-
.Fespondre le règne végétal au.goût-dominant , et tailiait ses haies
vives en remparts verdoÿanis. avec des tours et des crénenüx, <t
ses arkres isolés comme l'aurait fait un'statuaire. Mais , depuis .
Jors , la roue a fornéde mänière à placer le jardinier paysagishe
Sur lamêômeiligne-que.barchiterie ; et de À vient l’usagadibéral et
-un.peu son fréquent que l'oa fait deda béche-et.de Ja pioche. et
M manie de eaavenir les ponipeux Âravaux de l'architecte en une
ferme ornée , qui se rapproche de la simplicité que:la:nature -dé-
_ploie dans la campagne environnante. autanit.que cela peut s'ac-
corder.avec l'agrément des aHées.cormmiodes.et sablées qu'exigent
_lmpérienseusnt des. approches: se. da résidense d'un. riche -pro-
-priétaire.
Terminons:icette digrossion qui. dormé A cabriolet du mar-
quis Le tomps-de gravir da collme par ame chaussée tourganfe ,
-agjourd’hui en très-mauvais État; cer sa rapidité avait été forte
ment ratardée parïla roiondiéé pesantede Jean Raast-Béef 3, que
-#ens doute le :ehoval nprman handissait: d’aussi bon.cœur.que
ses compatriotes des vieux ges axécraient la stupide obésité. d'un
esclars-saxon. Nous-enrivémes!enfin.en vue d'unelengue rangée
de,bétiments sanstoitare, et.tomihant @n : raines, qui se Hajent à
l’extrémitéaccidentale da. “châtémm.
=. En votré qualité d'Anglaiss me dit le marquis, j je devis vous
faire desexceuses pour le mauwäis goût de mes ‘ancôtres.. qui-ont
placé cette rangés: d'éenries Ideimaniére à ob quelle fasse corps
“C'L'Amnur médecin. he x.'
"2 Surnom que Je bhs peuple en France a habitude, de anne Aux aigais Eu
certaine corpulence. À. M.
5 Rooffess Guitdinbs, édifices sans'tofti-as M 7 7 “tr "0"
M. QUENTIN DURWARD.
avec ke. château, car je sais que dans votre pays on a coutume de
les porter à une certaine distance. Mais ma famille attachait un
-orgueil héréditaire à la possession de nombreux chevaux; et mes
-pères prenant plaisir à les visiter fréquemment, ils n'auraient pu
de faire aussi commodément si les écuries éussent été plus éloi-
gnées. Avant la réyolution, j ‘avais trente beaux chevaux dans ces
-bâtiments ruinés. » - |
. Ge souvenir d'une magnificence passée lui échappe sans doute
involontairement ; car, en général, il faisait rarement allusion à
-Son ancienne opulence. Dans ces paroles, prononcées avec simpli-
cité, il n’y avait nulle affectation; rien qui indiquât que le vieux
-&entilhomme attachait la moindre importance à la fortune qu’il
avait possédée jadis, ou qu’il demandait qu’on le plaignit de ce
qu'il ne l'avait plus. Toutefois, ce souvenir réveilla quelques idées
pénibles , et nous gardâmes le silence jusqu’au moment où , des
débris d’une maisonnette qui avait été jadis la loge du portier ,
sortit une paysanne française, pleine de vivacité, dont les yeux
étaient noirs comme du jais et brillants comme des diamatits. Eïle
vint à nous avec un sourire qui laissait apercevoir des dents aux-
quelles nombre de duchesses auraient pu porter envie, st prit les
rênes du petit équipage.
« Il faut que Madelon exerce aujourd’hui la charge de palefre-
nier, » dit le marquis après lui avoir fait un signe de tête gracieux,
en retour de la profonde révérence qu’elle avait adressée à mon-
seigneur ; « car son mari est allé au marché, et, quant À la Jeu-
“resse , il a tant.et de si diverses occupations , qu'il en perd pres-
que la tête. Madelon était la filleule de mon épouse, 'et avait été
élevée pour être.-femme de chambre de ma fille, » continua-t-il
‘ pendant ue nous passions sous l'aicade dela porte principale ,
‘surmontée des armôiries mutilées des antiehs seigneurs , et main-
! tenant demi cachées sous la mousseet le‘gramen, sans compter
‘ : des branchés vagabondes de quelques-arbrisseaux non taillés.
" La connaissance que j acquis; par ces paroles jetées en passant,
- que le marquis était un époux , un père, privé de son épouse et
de sa fille, augmenta mon respect poûr ce vieilkärä infortuné ,
- que Chaque objet qui se rattachait à sa situation présente entre-
. tenait. sans aucun doute, dans des réflexions mélancokïques. Après
. une courte pause, il continua d’un ton plus gai : «Mon pauvre la
Jeunesse vous amusera ; et, soit dit en passant, il a dix ans de plus
que moi (le marquis en a plus de soixante) : il me rappelle cet ac
INTRODUCTION. as
teur da Roman comique, qui jouait toute-une pièce à lui seul. f1.
veut absolument être à la fois maître d'hôtel, cuisinier en chef,
valet.de chambre, en un rot représenter toute äne suite de do-:
mestiques dans sa per$ünne. 11 me rappelle quelquefois un person-
hage de la Bride de Lammermoor ‘, que vous devez avoir lue,
puisque c’est l'ouvrage d’un de vos gens de iettras, qu'on appelle,
je crois, le chevalier Scott.
* — Je présume, répondis-je , que vous voulez dire sir Walter.
* — Oui, c’est de lui-même que je voulais parier : j'oublie. tou.
jours les noms qui commencent-pur cefte lettre impossible: »
Cette réflexion écarta des souvenirs plus pénibles; car: j'avais
à redresser mon ami français sur deux points. Sur le premier je’
réüssis, non sans quelques difficultés ; car le marquis, malgréson
aversion pour les Anglais, ayant passé trois mois à Londres , se
piquait d'entendre les difficultés les plus ardues de la langue ; et.
en äppelait à tous les dictionnaires, depuis celui de Florio jusqu’au
plus moderne, pour prouver que le mot anglais bride siguifiait en
français la bride d’un cheval. Son sceptivisrhe alla même si loin.
sut ce point de philologie, que lorsque {8 mie‘hasatdai À lui faire
entendre que dans tout le rorrian il n’y avait rien qui eût-rapport
à une bride, prenant ont grand sarig-froid , et ne se dontant nui-
lenent à qui il parlait, H'rejeta tout: le blème-de:cétté inconsé-
quence sur lé maieureux auteur. J'eus ‘ensuite la franchise d’m-
former . mof ‘ami, d’après des motifs que- personne ne "pouvait
conattre auséf hien que moi, que mon compatriôté, homme dé
lettres: distingué , dont je parlerai toujours ave le 'espoet dû à:
ge talents, n'était pas responsible - des ouvrages futilés que te
diprice du publje-tui avait:trop généreusement t. trop: ‘inconsidé-
néxvent attribués. Saisi. par l'impulsion du miomeñt, j'Autais:mêrne
peut-être été plusloin ; et.cofirmé.ma dénégation par uné preuve
positive, en avouatit à mon hôte qu’il n'était pas possible qu'un
autre eût écrit des quyrages dont moi-même j'étais Pauteur; mais
ÿ'échappai au danger. auquel je m'étais imprudemment exposé,
le marquis m'ayant répondu avec beaucoup de calme qu’il était
biën aise d'apprendre que de pareilles frivolités h’avaient pas été
composées par une personme de condition. « Nous les lisons,
dit-il, commé nous écoutons les plaisanteries . d'un comédien ; ou
"+ Le mot #réde vent dire fiancée ; et 1 marquis le prononce comme si c'était une
dride, qui en anglais se traduit par bridie, et qu'il faut prononcer draidle.ll aurait dû
êfre : braïde. Où verra tout à Pheure utilité de cette remarque. à, Xe
2 Le double W anglais. 4. M.
2% QUEMASF! DOUNIA |
crumemnesiaseëtres -éroubiant:cebés d'un: immfianee que fstsinn:
attashé: à la, familla;-eti siers- fiéssient'uni grand objet: dome
ment, quoiqu'ils eusgené,été fâehés quelles sortissent:de lnbou-
chede. quelqu'un qui aunait: eu: de msilaués-drait ds éter arts:
dans: lemysocetéi ».. |
Cette: déclanâtien ris veppela complétement à prudence: an
dinaire, et je craignis tellement de me. compromettre, qua jen:
mwéhaserdsi mâme pas à. evphiqenà-moR aristearaier;amai. que
l'individu. qu'il avait 5ommé: devait. sem avancement, 0e que
| j'avais entendu. dine:,. à contains an vregns de:s COM PORISOE, quis.
sens lui fare- as pouaient. ôtre: comparés ädeszomanson
. NOT.
. Lavénité est. ques entneautres paéjugés injustes aux quals jai
déjà fait allusion... le-marqguia-ayait.eontraeté une-horneur-méléen
de mépris.paun: teut:hemme qui fait des:livxes,, payee:que firer
_ deslivres.est.un.métian tout, cojame-ua:autre.. Gaéte:horreun.ne
shtanidait eepandant pas.jnsqu'à coux.qui aampesené, ua in-felior
sur la: jurisprudence: on. lethéologie:-meisil, regendait. Lamiaun
dureman dune: nouvelle. ua paëme,. d'aner: pipe fugilisien
envers. où d'un-quynage dé eritique. comme où: regande Hi POP
tile venimeurx. c'est-à-dire; ave craimeret Hfgoik, L'abus decla
presse, soutänait-il, surtout dâns.eps productions les pips/dgénen:
das s6s-fanmata les: plus. mmänces,-avait. empoistueé: où ana
toutes.les.sourçes.de: la. morala, et ieprengit.pau:à ReRAURA ER ‘
fnenes que ke tumulté dela guerre lai avait faitinepdre. Reuwles
écrivains, excepté .ceux-du plas-gros-et duplus dewrdientibna it
les regandait..comme.dévoués à la. mauvais. causa, depuis Roue
seau et. Voltaire jusqu'à PiganMrLebruniet à lautgun, depnomans
écossaise, bien qu'il convint qu'il leslisaitineur passer de larnpés :
ndaamoins, comme. Pistol mangrat son-poireau/l ce n’était par
sans. mamdire la.tendance de L'onrrage qu'il ayait.saus- les yes
Gatle:obsarvation m'empêtha dacfhire:-Leven indp francrauquel
ma: vanité: se préparait. et je-rainenni le: marqisà isassremarques
au: le:manûir de ses aisox : Ici, dit-il, étaitrle. théâtre aun lequel
æonr-pére ebéins. bus d'une:fois -unordre pour Lénine:
1 Allusion à un usage gallois dontil est question dans je Henri y de Shakspears
où uh faux brave noïnmé"Pistuk est exposé au ridicule par un de ses compatriotes ,
la.capitaine Fluellen,. quille force à.mañger le poireau ques. sonfacmément à l'usage
des Gallois: il ayait attaché. à som bonnet le joun de Saint-André, annirersaire de.læ
| bataille d'Azincourt., On sait qne.dajs. catée. journée mémprableles Galiaig. étaiens
postés dans un jardin potager. A. M duree LE tue
ateses de le Coméiis frangaitie- viassent jouet; quand de: reè-oll
madame der Rem padour l'hongraient: der. leut-visite Lèvhes .plas
au:centre , était la:salle baromniale-cirs'eterçait la juaidiotion Sos
dale;. lorsque descriminels dhvaisnt être jugés par le seignstr-otp |
le haïli ; ear nous avions, comme vés-nèhles écossais, le droitidèr
basse et haute justice, ouaütrement de:fosse et. de fourche;ftsss
esmfuros, comme dirait ur juriste: Au-dessous.est la. chaire
du-la: question: où de-la tontuse , et vraiment jo: snid, fché quo
droit.ansei sujet à des abus ait été: oankié: aux. meisa d'une: créa
ture vivante. --Mhis, ». ajoubr-+-l, ayoëi un séntiront. de digrrités
qui prenait sa source dans le souvenir des atrocitéé- querses ane
tres avaiont eoremises-dens les sontenaies doût il:me ruqntraitles
soupiraux grillés,» telies sont les conséquences de. la suporstis
tien, que, ménieaujourdihui, les paysans:n'oseht apprbcher der
088 cadbols: dans! lesquels don, mes aieux. cémminemt pin
d'unrétte de ordauté. »
Tandis œaer-mous-appeochione de La fanêtre car je tévnsigrais
quelque curiosité dé voir ce-séjotr de-terreur, il. s'Mlovai.de: cet
abtme-souterraiü de grands éclats de rire-, que nous déconsrimes
fagitement-pretenir d'un groupe de’ fulâtres enfants: qni;avaisntr
changé le: cawaau emun thiéôéte deloursjeur, oùila frianient une
partie. de-Golin-Dailerd:
Ee marquis s-tronva un: poux déeoarerté el esté. rodouEs à ai :
tabaéière:;: mais se remettant premptement; il medlit: « Ce.soRt
. leg enfants-ile: Mhdoton ; lés terreurs imaginaires db-ces retraites
souterrames leur sont devenues familières. D'ailleurs, pour vous
dire la vérité, ces pauvres enfants sont nés depuis l’époque des
prétendues-lümières qui ont fait disparaître notre superstitionet
en même temps hotre sainte religion: ceci m'amène à vous pré“
venir que c'est aajburd'hui un'jour maigre. Le curé de la pareise
esvle seul'convive que rious aurons. et je ne consentirais pas vos
lontiers # heurter ses prineipes. IJailfeurs, ». continua-t:il d’an
ton plus férme,, et: mieithnt de: côté toute espète’de continte.
“l'adversté:in’a donné sûr ce sujet des idées difiérentes de celles
que néinspireit ta prospérité, et je rends grâces à Bletr de ce-qué
jern'ai pis honterdéroner que jesnik leseoinmandéments de mot
église. » |
Le me hâtai de lui répondre que, bien qu'ils pussent différer. de
ceux delà: mienne, j'avaistout le respect possible pour les -règlo-
ments religieux dé. toute communion chrétienne, pénétré da
œm. :__ QUENTIN DUAWARD.
L'idée que nous adressions nos ‘prières au inôme ‘Dieu; fordiées:
sur le même:et grand. principe’ de la rédemption éterneile, quoi
"qüesous:des .foitmes différentes: que’ j'étais dans la persuasion
.ques'it avait pla ‘air Tout-Puissant de ne pas permettre cette va-:
riété: de culte ; mes devoirs nôus auraient été prescrits aussi dis-
tinctement qu’ils sont tracés dans le Dévalogue.
+. Lemärquis n'était pas un secoueur de main ? ; mais dans le cas
présent , il saisit- lai nmenme et la. secoua avec eordialité : soule
marque: peut-être qui pôût annoricer- qu’il partageait mes senti-
ments, et qu'un:zêké catholique pos convenablement éonner en
pareille cireonstance.
--Cé6s explications, ces remarques, et les nombreuses réflexions
produites par le spectacle de 6es ruines, rémplirentde temps que
nous mfrnes à faire deux ou trois fois le tour de la longue terrasse,
et un quart d'heure pendant lequel nous restâimes assis idans un
pavillon voûté, bâti en pierres de taille, décoré des armoiries du
marquis, et dont le dôme; quoique + ti peu endommagé ‘était en-
core solide et assez bien conservé. |
.# £'estici, » dit-il en reprenant lé ion de la preiière partiede
notue conversation ; «ques j'aime à venir m'asseoir à midi , lorsque
cs.paviblon m'ofifre un abri contre la ehâleur, et dans la soirée:;:
lorsque les rayons du soleil couchant s'éteignent par degrés sur
la nappe étendue et onduleuse de la Loire; c'est ici que, pour .
émployer lé langage de votre grand -poëte, c’est i ici que , malgré
mequanté ‘de Français, je eonnais miéux que bien dès’ Anglais > -
Shewing the code of sect and bitier fancy 2
3 eus grand soin de ne.pas réclamer contre cette variante d’un
passage bien connu de Shäkspeare ; car je soupçonne .fort que
Shakspeare aurait perdu dans l’opinion d’un juge aussi fin que le
marquis, si j'avais démontré que, suivant toutes lesautfes leçons,
il avait écrit chesoing the cud ; au lieu,de shewing'fhe Code 5 . D’ail-
leurs nôtre précédente discussion me suffirait, étant convaincu
depuis long-temps (quoique je ne l'aie été que dix ans après être
sorti du collége d’Edimbourg) que le véritable talent de la -con-
yersation consiste non pas à faire parade de. connaissances supé-
4 Allusion à la coutume des Anglais , qi au Îteu de s’ter le chapeau, ; se pren-
nent la main. 4. M.
‘2 Ce qui veut dire: Montrant le code d'une. amère et douce imagination. 4.26.
3 Ces deux phrases ont en effet deux sens bien différents : to chéo the cud veut
dire ruminer ou méditer ; et #0 shew the Code, expliquer le code. 1. M.
INFAOBUCTION.. . .æ
rieures que l'os: possède sur: des sujots de nr gore
mais à agrandir, à.perfectionner, à corriger 0e que l’on sait ,
s'appéyant de l’autorité de ceux qui savent. Je. laissai donc le
merquis expliquer le. Code tout'à/son ais, et je fus récompensé
. de ma retenue par da dissertation logique et savante ‘qu'il entama
sur le style rhaniéré et-graeidux d’architeeture introduit en France
dans le dix-septième siéele. Il en indiqua les beautés et les défauts
avec infiniment de goût ;..et après avoir -domné ses idées sur des
sujets du même ordre que ceux qui:m’ent déjà fourni une digres-
sion , il fit en leur faveur un appel d'un:autre genre, fondé sur
celles qui naissaient naturellement de ce qui. était sous nos yeux:
- « Qui pourrait sans remords, ditäl, détruire les terrasses du
château de Sully? ces terrasses que nous ne saurions fouler sous
nos pas sans -nous rappeler l'image de cet homme d'état, aussi
distingué.par sa sévère intégrité que par. la force et l’infaillible
sdgacité de sen esprit ! Si elles.étaient d’un pouce moins larges,
ua tant soit peu moiris massives, ou bien si elles étaient dépouil-
Jées de leur solennelle uniformité par Les plus légères altérations,
nous serait-il possible: de nous les @gurer encore comme ayant
été le théâtre de ses méditatioris patriotiques ? Un salon meublé
dens lo goût du'jour pourrait-il vous représenter à l’idée'le duc
assis dans son fauteuil, tandis que la duchesse est aseisosur un
tabouret, donnant des leçons de courage et de fidélité. à leursfils,
de modestie et de:soumission:à leurs filles, aux :uns et aux'au-
tres d’une niorale rigide; tandis qu'un cercle de jeune noblesse
les écoute avec attention, les yeux müdestement tournés vers la
terre , immobiles et muets, sans chercher à s'asseoir ; si ce n’est
d'après le commandement exprèsue léur prince et parent ? Non,
monsieur : détruisez le pavillon royal et séculaire dans lequel se.
passait cette édifiante scène de famille, et vous éloignez de l'es-
prit la vraisemblance , la vérité du tableau qu’il s’était formé. Ou
bien‘encore, vous est-il possible de vous figurer ce pair, ce pa-
triote illustre, se promenant dans ün jardin anglais ? Certes , au-
tant vaudrait vous'le représenter revêtu d’un: frac bleu, et d’un
gilet blanc, au lied de son habit à la Henri IV et de son chapeau à
plumes. Comment aurait-il pu:se mouvoir dans le ttbyrinthe inex-
tricable de ce quevous appelez une ferme ornée ; avec son cortége
habittiel de deux files de gardes süisses entre lesqueïfes il mar-
chait? En vous rappelant sa figure , sa barbe , son haut-de-chaus-
ses à canons, attaché à son juste-au-corps par xhille aiguillettes
. QUENÆEF: DUNCVASEL
etnmudsde:rubssn, “votne-faagisiation ni smaraiéy ces se re
préséntent dunsn-modenne janlin-angiais; lecdistiigner-doiquels
ge viillard an:délinesq ni Jiest avisé dé smrerétiii du, .Césterme dés
sm trisaiout, ot qu'an détachenient de gendatmes: conduit us:
maison: de fous; Mnissieleenistoetnone; ébnémnierlalengue of
magnifique terasse où ie: loyal, le magaenime-Selig-mtait eo
tume-de faire deux..fbis: pan jour se proméeade:scitire, tintin
méditant sar les planscqu'il formait;pear lé bonheur dx penpis:,.
peur la gluire:de la Frane ;. otibiemlomsque, à:une: époque plus
awang6e:et. plus triste: de: sa vie: il: rêvait douletrenspmentaz:
souvenir-de: son mattye: a0802ûré:, et au:sort doson-paye. déchiré
par des:fections qui à déur insu préparaient sa:TUÏRE:: sur Of mma-
gnifique:arrière-plan -dianoades: jetez des:vases ; désatatues:.dés
umes . er un: mot.toub ce: qui-enrpede:le pronimité-d'un-ralais
deal. et le: tableenr;.dans toutes:ses parties. sera eriarmatrié
avee. La figure de:ce grand ministre: Les-faétianmaises-äsmés de
l'anquekuse, et placés aux: dus -extrémités de:la longue thrrèse
bien.ninelée , snnonesnt la: présènos-dinprihoe féodal, plus: évil
demment encore démoninée: par h. garde d'htinneir. qui le pré
oùde-et qui-lersuit aveo:la hallpkandt: hnuée ; L'ain'mertial'et.fiers
esmem£si! l'on était ei:présence da: l'ennemi ‘animés duahême
ssntimont.que leur noble et digne chpf, thus:siétudéené: à végies
louns-pas: d'après les siens, marchant-lorsailimarche, s'arnôtelat
lorsqu'il s'emête , se confürmant aux jlus:légères ivégtiarités dé
ses-churteshaltes: ei; de:sa manehe,; act asionées par‘ses: profomn
dés-rétlexions:;:tous exécutant avec: là pnésision méitaire da. plus
rigoureuse Les: évalutions:requises,.devant:et dernière celui qui
some être le cestre-et: le prinnipe: d'action: de leurs rang, de
même que-le.oœnn estle mabile et la! ferce-du corps hunsai:.. Sè
vous souriez en entendent: cette déseription:d'unp:promerade. sé
peu conforme à la: frivole liberté dés:mœurs maddrnes, » :ajôtite
le-marquis:en-me regardant d'un :air de douter-et de. soupçon,
«vous -décideriez-vous à démolir cette matre: tenrasss.. foulée ‘per:
les-pieds délicats-de la séduisénte marquise de Sévigné, età l'idéer
de. laquelle: s'unissent tant de: sourenirs qui se ratiachong: ‘d one:
foule de passages de-ses -lattresenchantbreseps:?:» U,
Un peu fatigué de-cette-dissentatiôn cuabieneertainbmantles
marquis.awäil: prolongée dans le but de rehausser les bonutési na:
tærellbs de.sa; chère-terranse , qui..auiresta, tbuterdéiabrée qu'élléo
était. n'avait cependant pas-besoia. d’une recommendation aussi
ANERVBUCTION. ° à
fonresile | Fiéfiomé men amé que je venmis dei reseveis-d'Angies.
tesro le jeuennk: d'u voyage-ex éeu té. dans le midi de h Frances
par-un.jeume étiltiné d'Oxfond, avec.que je suis lié d'affection...
litératour; puëte ; dessiveteur, ouvrage dans lequel ii daune:wes:
description sé arimée:et si. intéressante du châteas de Giga. :
demeure de la file hierr-aigsée: dérhadame de: Sérigné.; :et:où elle
méme faisait :de fréquents séjours. F'aiputai uit n'était: perseumei
qui, après avoir ln:le livreot. n'étant. qu'à uae distance de qua
raie milles du châteene,. res ab: y faire vu pèlerinage. Le mar
qués témoigpe sa vive. satisfaetioncpar un seurine, me demanda ies
titre entier de l’opuscule, et:éoririt sous-mn dietée ::« Toinérains
d'un voyage: fait. en. Pretense: cé sur le Rhône en 1849;. por John
Hugues. À.M; maitec:és-arts-du.aaliége Oriel., à Oxfond. » lime
dt: quil-ne pouyait.,, quamé à présenté. faire emplette: de
divrem pour:le châtese.,. mais qui inviterait à le:lui prourerliw
libraive:cheæ lequel it était, ahoriné: dans une: ville du voisinage |
« Mais, ajoutart-A.. voies le curé gai: arrive: bien : à RFOPOS: peur.
metére: fin à-noére-disoussién:;, je vois aussi Ja Jeuneasiee fmisant.ler
taisr: dis vieux pertique:sünla-terrase, pouraler. sonner la: cloche:
da.diners:: cétémanie assurément bien inutile pous réuair troi®
parseunesi, mais à laquelle le: bon. viaillirdi ne renonserait pat
sanméprouser:le pusamsertél chagrin. Ne füfes Ancupe atteatiom
à: li pour-lesmoment, attend. qu'il désire:remplir incognito le!
seruicrdes départements inférieurs lorsqu'il. anra cessé: de: see
ner, il. partira davamt, nous dus taute:sa, gloire, 6x. nié den
maj EnROMhE >"
Roñdant que:le marquis paslait. #insi, nous nous. dirigions vers
lestrépaité orientale duobhieau seule, partie de l'édigee qui fèd,
ancorg habitable
« Eabande noirs, merditril, en démelissent le reske de château:
pour en prendre le plomb ; la clrarpanie-et autres matériaux. Mid
_ rendu .88n8:y penser, le-servicé de:le réduire à des dimensions
plus analognes à la fortune. du. -propriétaire- actuel. La-chenile a
encpre:trouyé dans ja feuille un coin pour y'cather sa chrysalide::
qu'artrebe à senabarrasser-de savoir quéls, en Lorr lese airs qui
aùt dévearé le reste du buisson? »
Comme il finissait de parler, nous arrivâmes à la porte. La Jeu-
nasse S'Y. montra. avec. un air d’empressement et de respect et un
“visage qui: .bien-que.sillonnéde millg rides , était prêt à répondre
à là première parole de‘boñté de som maître par un sourire. qué .
32 QUENTIN DURWARD.
faisait apercevoir deux rangées de dents sokides et bien conser-
vées .en dépit de la vieillesse et des infirmités. Ses bas de soie,
hien tirés et bien propres , si souvent lavés qu'ils en avaient con-
tracté une teinte jaunâtre ; sa queue nouée avec üne rosette, la
boucle grise «t' peu fournie qui s’appliquait sur chacune de ses
joues maigres et flasques;"son habit couleur de perle, sans collet;
le solitaire qui ornait un de ses doigts ; le jabot, lésmanchettes |
et le chapeau-à-bras : tout annonçait qüe la Jeunegse avait consi-
. déré l’arrivée d’un convive au château comme un événement ex-
traordinaire qui exigeait que, pour: sa part, il déployät une ma-
gnificence et une parure proportionnées.
__ En considérant ce bizarre mais fidèle serviteur, qui probable-
ment héritait des préjugés aussi bien que-des vieux habits de son
maître , je ne pus m'empêcher de reconnaître la ressemblanee in-
diquée par le marquis lui-même entre la Jeunesse et mon Caleb,
le fidèle.écuyer de Maître de Rawenswood. Mais un Français, un
. Maître-Jacques ou J ean-fait-tout , une espèce-de Michel-Morin ,
peut naturellement, avec plus d’aisance et de.souplesse , se char-
ger à lui seul d’un grand nombre d'emplois et y suffire avec plüs
. de facilité que ne le ferait un Écossais avec sa roideur et la-lenteur
_ de ses mouvements. Plus habile que Caleb, sinon par le.zèle-du
moins par sa dextérité, la Jeunasse paraissait se multiplier, selon.
les besoins de l’occasion , et s’acquittait de ses divers emplois:
avec une promptitude si grande et une exactitude si remarquable;
qu’un domestique de plus aurait été entièremenl inutile: ‘” …
. Le dîner fut splendide. La soupe , malgré l’épithète’de suigre:
. dont les Anglais n’usent que pär dérision , avait un goût dëli-
cieux ,. et la matelote de brochet et d'anguille me réconcilia , tout
Écossais que j'étais, avec ce dernjer poisson. Il y avait même un:
petit bouilli pour l’hérétique, soigneusement euit de manière à
conserver tout son jus, et en mêime temps rendu si tendre que
rien ne pouvait être plus délicat. Le pofage ét deux autres petits
plats étaient également bien aceommodés. Mais ce-dont.le vieux
maître d'hôtel se glorifiait le plus, comme d’une chose superbe ,
souriant comme un homme satisfait de lui-même, ét jouissant de
ma surprise en le plaçant sur la table, ce fut un iminense plat.
"4 On sait efectivement que le peuple anglais ala soupe en ‘horreur, du moiñs télle
dw’on la mange en France. 11 n’aime qu’une sorte de potage très-épicé, et-qu’il nom-
. me furiie-soup, friandise britannique fort coûteuse, et que l’on ne voit guëre que
chez les grands. 4. M.
"INTRODUCTION. : 33
d’épinards 4, non pas ‘aplani en surface uniforme , eomme ceux
qui sortent des mains de nos cuisiniers non érifiés ; Mais repré-
sentant dés collines et des vallons où l'on découvrait un noble
cerf poursuivi par. une meute de-chiens à la gueule béante ,'et
par d’élégants cavaliers, les uns ‘dognant du cor, les æutres te-
nant la cravache haute et là brandissant comme un coüûteau de
chasse : chiens, chasseurs et cerfs, tout était fait de pain artis-
tement découpé, puis grillé et frit dans le beutre. Joutissant des
éloges que je ne manquai pas de prodiguèr à ce‘chef-d’œuvre, le
vieillard avoua qu'il lui avait failu près de deux jours de-travail
pour le porter à ce degré de perfection ; et voulant'en donnér
l'honneur à qui de droit , il ajouta qu’une conception aussi bril-
lante ñe lui appartenait pas entièrement, mais que monseigneur
lui-même avait eu la bonté de lui suggérer plusieurs idées pré-
cieuses , et même avait bien voulu condescendre à l’aider dans
l'exécutiori en taillant quelques-unes des principales figures. Le
.marquis rougit un peu de cet éclaircissement qu'il aurait proba-
blement supprimé bien volontiers, maïs ïl avoua qu'il avait eu
l'intention de me surprendre ‘par la représentation d’une scène
tirée d’un poëme qui avait eu du succès dans mon pays, Milady
Lac. Je lui répondis qu'un cortége aussi splendide représentait
une grande chasse de Louis XIV plutôt que celle ‘d'in‘pauvre
roi d'Écosse, et que ce verdoyant paysage ressembiait à la forêt
de Fontainebleau ‘plutôt qu'aux montagnes sauvages dela Caké-
doniie. Il me fit un graciéux safat de la tête en réponse à ce cot-
pliment , et reconnut que le souvénir du costame de l’ancienne
cour de France, quand elle était dans toute sa pompe, avait bien
pu égarer son imagination. La conversation fot donc bientôt ane-
née sur d’autres sujets. : ".
Le dessert n’était pas moins recherché que les autres services :
le fromage, les fruits, la salade; les olives, les cernaux et le déi-
cieux vin blanc étaient impagables, chacun dans son espèce ; et le
bon marquis observa, avec uhe grande satisfaction, que son con-
vive y faisait-honneur de ia manière la plus cordiaie. «Après tout,
dit-H, et cependant ce n’est qu’avouer une sotte faiblesse: après |
tout, je ne Sauraïs me dispenser de me réjouir-de ce qu. je me sens
4 En général, on mange en Angleterre les légumes sans les assujettir à une mu-
Ülation; on les fait simplement bouillir, sans nul assaisonnement. 4. M.
2 Walter Scott veut désigner ici la Dame-du Lac (the Lady of the Lake)\,titre don
de ses poëmes; et il faut convenir qu’il exagère bien à son aise l’ignorance du noble
féodal français aux deux ailes de pigeon et à l'épée horizontale. À; M.
‘34 QUENTIN IMERMWARD.
aan éteé d'offrir à nniétranger-une sorte d'ncspitakité quifui steètile
gréabie. Crayer-mai, ee niest pas-entéèrernent par orgueil que
bus autres , paibres devenants , nous mêmes une vié d‘retipée
1@t mégligrens les devoirs del'hospitalité. E.est vrai qu'il n’y ema
-œueoitnop parmi RouS qui errent dans des châteaux de leprs pères,
st que l'on prendrait plutôt pour lbs ‘esprits.de leurs propriétaires
décédés, que pour des homimes-vivants rétablis dans leurs posèes-
-Slons. Gependast c'ést par rapport à eux-mêmes , plutôt que pour
+Æpargner une subtilité‘que nous ne cultivons point la société des
‘voyageurs de votre pays. Nous avors dans l'idée que votre epu-
dente nation tisnt particulièrement au faste-et à la bonne chère,
ju ‘vous aimez vos aises-et recherChez les jouissances de tout
1genre : or les moyens qui nous restent pour vous faire un ‘bon ac-
+ueil sont généralement si limités, que nous sentons le besoin de
-Roës interdire toute sorte de dépense et d'ostentation. Personne
n'’épronve le besoin d'affrir ce qu'il a de mieux , lorsqu'il a raison
-de penser que ce mieux ne fera pas plaisir ; et comme plusieurs
d'entre vous publient le journal de leurs voyages, monsieur le
«narqués h'aurait probablement pas:beauooup de raison d'être sa-
«tisfait en voyant le pauvre diner qu'il a-pu donner à nn-milord an-
‘gfate mentionné dans une relation qui doit être un monument du- :
aeble:» . ‘ | V. .
. J'interrempis le marquis pour ladsurer que, si j'avais mtention
de publier le récit. demon voyage, ve ne'ssrait que pour perpé-
uer le:souvanir du meilleur diner que j’eusse fait de ma vie: Hl me
-Témereia par une inelination de tête, et me. dit qu'il failait ourque
1jeæe.partagensse pes entièrement ke goût national, ou bien que.ce
-Gue l’on en disait fût très-exagéré ; Îl me remerviait particulière
ment de lui avoir montré la valeur des possessions qui lui restaient;
l'utile avait sans doute survéou au somptueux, à Haut-Lieu comme
. Æilleurs ; Les grottes, les statues, les serres pour les plantesexoti-
ques et éurieuses , le temrite et.la tour, avaient disparu :- mais da
-Figne, le.patager, le. verger, d'étang, existaiont-eñcere; ‘et il s'es-
timait heureux de voir que leurs roduits réunis avaient pu ooïn-
Poser un repas qui avait. paru passable, même à un Anglais. «J'es-
père seulement, sjouta-t-il, que vous voudrez:bien me convaincre
de la sincérité de vos compliments en acceptant l'hospitalité au
Château de Haut-Lieu aussi souvent que vous ne serez pas retemi
par des engagements plus agréables, durant votre séjour dans notre
voisinage. » Je promis bien volontiers de profiter d'une invitation |.
TNAOBTONON. | Là
taie Avec tantsde ges qruh raser cemiBlait qu'en Paceestent Po-
bligéasse celui qui me l'adressait.
:La comversation:tonibe #lors-s6r jistoire du chétenx et derses
environs, sujet qui plaçaït lo-marquis sur son terrain, quoiqu'it ne
füt:ni sawant:ni antiquaire ‘hi môme historion profond. lorsqu'il
n'était plus question. :de ses: propriétés. 'Mais:il:se trouva que !6
curé était Lam et Fautre, ‘enrmêmetemps qa'an-hommme aimable,
d’une .conversation ättachente ; plein deprévenance, :et mettant
dans ses vommunicalions cette politesse aisée ‘qui n'a:sentblé être
le type.des:membres du vlergé catholique, -qu'ils aient beaucoup
ou même peu d'ihstructien. :Ge.fut-de lui-que j'appris qu'il exis-
tait ançore au chMeau:deHlaut-Liowie-restediune belle-biblicthé-
que. ke-marquis hanssa les épauies:en antendantile caréme:don-
mertetieinformation, regarda d'un:côté et de Fantre, et témoigna
Ja même espèce de nuérilembharres qu’ikn’avait pu:s'empêcher:de
montrer lansque la Jemnesse avnit auiiserètement révélé linter-
vention de:son-maître. dans-les arrangements ticila:caisine.
« J'aurais, dit-il, beewsoup.de plaisir. à oes-mentrennes li-
xres ; ris ils.-sopt:en-si mauvais état et dansiuins tal désortre; que
Jai honte.de-es faire noir d‘quiqeecesoit. t
—-Pardonnez/moi, morisicur de marquis, sépondit le:cumé: vous
servez que-vous avez pérmis:eu grand bibliomene anglais, 1e due-
feur Dibdin dereensukter ges-préavuses ruliques. ot NOUS devez
Re pas avoir-oublié, Féloge:pampoux qu'il en a:fait.
— Pouvaitjé:m'y nefusér, anen cher ami ? réplipua le _n
Quis ; on-avait faitau bon dupteur un rapportemgéréausujel: des
paet. de-vce qui était autrefois uné bibliothèque ; il shétait étabf
l'auberge voisine ,: bien déterminé à emporter-ka place ou à
Pie au. pied: des memperis.:F'ârmis:mêmé oui dive qu'il:æveit cui-
<alé mathénintiquement la hentour de brtourélie, 4fin.desepoar-
vair d’échelles pour Vescelader. Vons auriez pas voulu que:je
réduisisse. un respeetakle théolügien., quoique:appartenant à nne
religion dissidente., à ùn pareilacte de aléespoir ?-ia:conseiere
#3 serait refusée. .
— Mais vous.sanez #8 outre,mensienrhermerquis, édntinua Je
curé ,-que le docteur Dibdin fat tellement peiné:en voyant la di-
Japidation que votre bibliothèque avait souffente,: qu'il avoua qu'il
regrettait de ne pas avoir les pouvoirs de notre gts pour’ lencsr
. un Aoahee surlatéte les CPAS.
‘9
æ QUENTIN DURAWARD.
Son ressentiment , dit le-merquis; était sabs doute propor-
tionné à son désappointement? . :
— Nullement , répondit le euré ; car ü parlait avec tant d’en-
thousiasme de la valeur de ce qui vous reste, que je suis convaincu
qu'il n’a fallu rien moins que vos instantes prières pour empêcher
le château de Haut-Lieu d'occuper au moins vingt pages dans le
magnifique ouvrage dont fk vous a envoyé un exemplaire, et qui
sera Un MORuMENt impérissable de son zèle et de son érudition.
— Le docteur Dibdin est-d'üne politesse achevée , dit le mar-
quis ; et quand nous aurons pris notre café (le voilà qui arrive),
nous irons à la tourelle ; æt j'espère que, de méme: que. monsieur
n’a pas dédaigné mon humble.dîner, il aura également de l’nda}-
gerice pour l'état de désordre dé ma bibliothèque : je m’estimeraf
heureux s’il y trouve quelque chose qui puissæ l’amuser. D'ail-
leurs, mon cher curé, quelque. chôse qui artive, vous avéz tous
les droits possibles sur mes livres, puisque , sans votre interven-
tion, ils n'auraient jarmais été rendus à leur propriétaire. »
Quoique cet:aete additionnel de courtoisie jui eut été évidem-
ment arraché par Fimportuaité du-curé , et que son désir de ca-
cher la nudité de ses domaines ét-l’étenduë dé ses pertes parût
toujours lutter contre son: penchant naturel à obliger, je ne pus
m'empêcher d'accepter une offre que les rôgles strictes de la poli-
tesse auraient peut-être dû:me faire refuber. Mais renoncer à voir
les restes d’une doilection assez curieuse pour avoir inspiré à notre
hibliomansaque docteur:k« détermination de recourir à l'eécatade
en désespoir de cause, © eût été un acte d'abnégation ea dessu de
mes forces. . -:
La Jeunesse avait apporté le café, tel qu'on ne- le vert tjue sur le
costinent; Sur uù plateau couvert d’une serviette, afin. qu'on püt
penser qu'il était d'argent, et le pousse-café de ia Martinique sûr
An petit plateau qui était réellement de cé métal. Le repas aiñsi
4grminé, le marquis me conduisit, par un escalier dérobé, dans
une vaste galerie, de forme régulière, qui ayajt près de cent pieds
de long. mais tellement dilapidée, que je tins mes ‘yeux fixés sur
le planchér, de erainte que le bon marquis ne.se crût obligé de
faire une apologie pour les tableaux délabrés et les tapisseries en
lambeaux, et, ce qui était pire ; pour les croisées mutilées par la
violence du vent.
._« Nous avons fait.en sorte de rendre la petite tour un peu plus
babitable, » dit le marquis en traversant à la hâte ce séjour de dé-
s0}a4ion y « e’était autrefois ici Ja. galerie de tableaux: et dans le
boudoir qui vient après, et qui est maintenant occupé par la bi-
bliothèque, nous conservions quelques tableaux précieux de ehe-
valet, dont la petite dimension exigeait qu'on les regardât de plus
près. »
En parlant ainsi il écarta un pan de La tapisserie dé citée , et
nous entrâmes dans la chambre dont il venait de parier.
C’était une salle octogone, correspondant à la forme extérieure
de la tourelle dont elle oecupait l’intérieur. Quatre des côtés avaient
des fenêtres gaärnies de jalousies, dont chacune offrait un point de
vue magnifique et varié de la Loire et de la contrée adjacents à
travers laquelle ce floüve majestueux déroule ses vastes replis.
Les croisées étaient garnies de vitraux peints, au travers desquels
l’éclat-du soleïl couchant montrait un assemblage d'emblèmes re-
ligieux et d’armoiries qu’il était presque impossible de regarder
sans être éblôui; mais les deux autres, que les rayons de cet astre
n’éclairaient plus, pouväient être examinées avec plusd’attention,
et l’on voyait facilement qu’elles étaient aussi en verre peint qui
ne leur avait pas été destiné dès l'origine, mais qui, comme je l'ap-
pris ensuite, avait appartenn à la chapelle du château, aujourd’hui
profanée et pillée. Pendant plusieurs mois le marquis s'était faitun
amusement d'accomplir ce rifacimento avec l’aide du curé et de
l’aniversel la Jeunesse; et quoiqu'ils n’eussent fait que réunir. des
fragments souvent fort petits, ces vitraux peints, à moins qu’on
ne les examinât de près et avec l'œil de l’antiquairé, produisaient-
dans leur ensemblé un effet assez agréable.
Les côtés de l’appartement qui n'avaient pas de fenôtres étaient,
à l'exception dé l’espace nécessaire pour la petite porte, garnis d'ar-
moires et de rayons, les uns en bois de noyer parfaitement sculpté,
et auquel le temps avait donné une couleur brun-foncé, à peu près
comme .celle d’une châtaigne müre ; les autres en bois de sapin
ordinaire, réparations de fraîche date, destinées à suppléer au dé-
ficit occasioné par la violence et la dévastation. Sur ces rayons
étaient déposés les débris ou plutôt les précieux restes d'une ma-
gaifique bibliothèque. -
Le père du marquis avait été un homme instrait, et son grand-
père , par l'étendue de ses connaissances , s’était rendu célèbre,
même à la cour de Louis XIV, où la littérature était, jusqu’à un
certain point, considérée comme un objet à la mode. Ces deux sei-
gneurs, qui ayaient joui d’une fortune considérable ; et qui s’é-
QUENTIN DURWARD. 3
8 ._ QUENTIN PURYTARD.
taient librement adonnés à leur goût, avaient fait de si nembran-
ses additions à une ancienne bibliothèque gothique fart eurieuss
qui leur était venue de leurs ancêtres, qu'il yavait pes de colisc_
ions en.France qui pussent être carmparges à-celle de Heui-Liour.
Elle avait été complétement dispersée par suite d’une tenfative
icréfléehie du marquis actuel, en 1790, pour défendreson. château
contre une populæe mutinée. Heureusement. le curé, qui par ea
eonduite charitable et modérée, ainsi qne par ses vertus évangé-
liques, avait beaucoup de crédit sur l'esprit des paysans du voisi-
nage, décida plusieurs d’entre eux à lui cédèr pour quelques sous, .
plusieurs foismême pour un-pelit verre d'eau-de-vie, les volimes
qui aient ecûté des sommes conéidérables, el que ces forcenés,
en pillant le château, avaient enlevés par le seul inétinctde- nuire.
_Le bon curé avait ainsi racheté autant de livres que sa houræavait
pu le lui permettre, et c'était grâee à:ces sains qu’is.avaient été
”-rétablis dans la tourélle-où je les trogvai. H n'était donc pas étun--
nant qu'il se fit une gloire et un plaisir de montrer aux “éirangess
Ja collection qû'il avait formée.
En dépit des volumes dépareillés, mutilés, e des autres morti-
fications que rencontre un amateur.en parcourant une bibliothé-
que mal tenue, il y ayait dans celle de Haut-Liew plnsigurs ou-
vrages faits, comme le dit Bayes !, « pour élever et surprendre »
le bibliomane. On trouvait « le rare petit volume À.la dorure noir-
_ciei,» comme s'exprime le docteur Ferrier avec tonte lasonsibilité
- d’un amateur des missels soigneusement et richament enlumi-
nés ; des manuscrits de 1380, de 1399 , et.mêms d'une date plus
ancienne, et des ouvrages imprimés en carmeières. gothiques dans
le quinzième et le seitième siècle. Mais j je:me. propose d'en rendre
un compte plus détaillé, si le marquis veut bienm'es accorder la
permission.
ÆEn dttendant ; il. saiire de dire que , sevi de da journée que j'e-
vais passée à Haut-Lieu , je renouvélai amiwent ma visite, et que
la clef de la taur ecfegane était toujours à ma dispesilion. Ce fat
alors-que jeme passionnai vivement pour une partie de l’histoire
de France que, malgré la grande importance deses rapports avec
celle de-l’Europe em général,et quaiqne {raitée par un. ancien his-
torien inimitable, je n’avais jamais sullisaramentéudido. En même
4\Poëte bouffon introduit dans une comédie.du dus de Buckingham. a e M,
2 Traduction de ce vers:
“The small rare vôlktme ,.dafk with tarnlgh}4 gold, 1.172
INTRODUCTION... 39
4emps, pour satisfaire les désirs de mon excellent hôte, je m'oc-
cupai de temps en temps de quelques mémoires de sa famille, qui
avaient été heureusement conservés et qui contenaient des détails
curieux relatifs aux liens qui l’attachaient à l'Écosse, circonstance
à laquelle je fus, dans le principe, redevable des bonnes grâces du
marquis de Haut-Lieu:
LL,
Je méditai sur toutes ces choses more meo (à ma manière), j jus-
-qu’au moment où je retournai auprès du becf et du feu de. houflle
de la Grande-Bretagne , retour qui n’eut lieu qu'après que j'’eus
rédigé ces réminiscences gauloises. Enfin le résultat de mes mé-
ditations prit la forme dont mes lecteurs, si cette introduètion ne-
les a pas épouvantés, seront bientôt à même de juger.
Si le public daigne accueillir cet ouvrage avec bonté, jene re-
gretterai point les quelques : mois pendant lesquels j j'ai été absent
de mon pays. -
QUENTIN DUR WARD.
CHAPITRE PREMIER.
| LE. CONTRASTE.
. Regarde ce portrait et puis cet autre, images non
ressorblantes de deux frères.
SHAKSPEARE, Hamlet, acte ILL, scène 1Y.
La fin du quinzième siècle prépara une suite d'événements qu
eurent pour résultat d'élever la France à cette apogée formidable
de puissance qui a toujours été un sujet de jalousie pour les au-
tres nations de l’Europe. Avant eette époque, elle eut à lutter
pour sa propre existence contre les Anglais, déjà en possession de
ses plus belles provinces; et les plus grands efforts de son roi, la
valeur de ses habitants, purent à peine la préserver du joug de
l'étranger ; mais ce n’était pas là le seul danger qui la menaçaït :
les princes qui possédaient les grands fiefs de la couronne, et par-
ticulièrement les ducs de Bourgogne et de Bretagne, étaient par-
venus à rendre: si légères leurs chaînes féodales, qu'ils ne se fai-
saient aucun scrüpule de lever l’étendard contre leur seigneur
suzerain, le-roi de France, sous les prétextes les plus frivoles.
Lorsqu’ils-étaient en paix entre eux et avec lui, ils gouvernaient
en princes absolus; et la maison de Bourgogne, maîtresse dé la
province de ce nom, ainsi que de la partie la plus belle et la plus
riche de la Flandre, était par elle-même si opulente, si puissante,
qu’elle ne le cédait à la couronne de France, ni en force, ni en
puissance, ni en éclat. | |
A l’imitation des grands feudataires, chaque vassal inférieur de
la couronne s’arrogeait autant d'indépendance que la distance
qui le séparait du chef suprême, l'étendue de son fief et les for-
tifications du chef-lieu de sa résidence le lui permettaient : ces .
petits tyrans, auxquels il n’était plus possible de faire sentir le
frein des lois, se livraient impunément à l'oppression la plus vio-
lente, et à la’ cruauté la plus capricieuse. Dans l'Auvergne seule
on comptait plus de trois cents de ces nobles indépendants, pour
qui l'inceste, le meurtre et le pillage n'étaient que des actions
habituelles et familières. | |
42: © QUENTIN - -
‘Outre ces monstraosttéé un aûtre fléau; qut prenait: soeur os
dans les guerres prolongées entre les Français et lés Anglais,
ajoutait encore aux malheurs déjà sf grands de Ce royaume à
demi ruiné, et que déchiraient les dissensions. De nombreux
corps de soldats, réunis en bande sotis le ‘commandement d’offi-
ciers qu'ils choisissaient eux-mêmes parmi les aventuriers les
plus braves .et les plus heureux, s’étaierit formés, dans diverses
parties. de:la France, du rabut de tous les autres pays. Ces soldats
mercenaires vendaient leure:#pves:au plus offrant pour un temps
limité; et quand ils ne trouvaient pas à les vendre, ils faisaient la
guerre pour leur propre compte, s’emparant de ‘châteaux et de
tobrs dont ils se fisaient des places de retraite, faisant des pri-
sonniers-dont its tiraient de fortes rançons, mettant à eontribu.
tion les. villages sans défense, ainsi que les campagnes qui. les.
eñvironnaient, et justifiant, par toute espèce de rapine, leurs droits
‘aux épithètes de tondeurs et d'escorhowrs, qui leur convenaient si.
bien.
Au milieu des horreurs et des calamités que produisait ur état
si déplorable des affhires publiques, il faut signaler: lës dépenses.
extravagantes etes prodigalités insensées auxquelles ge-livrait ln
nüblesse d'un rang inférieur, jakiuse dé rivaliser avec les princes
d’ün rang plus-élevé; à leur éxemple, elle dépersait au milieu
d'un luxe magnifique, mais grossier, les richesses dont eite' dé--
pouiliait le pouple. Un ton de galanterie romanesque et aventu-
riére, que souvent encore déshoncrait une licence effrénée, ca-
räctérisait les relations entre les déux sexes : on employait le
lngage de la chevalerie errante, on:observaît ses lois; lorsque
déjà le chaste sentiment d'un amour honorable, et le généreux
esprit d'entreprise qu’elle inspire, avaient cessé d’en adoucir-et
d'en réparer les extravaganices. Les joutes et les tournois, les:
fêtes et les divertissements qui avaient lieu dans chaque petite
coùr, invitaient à venir en France tout aventurier cherchant
fôrtune, et il était rare qu’en y arrivant fl ne trouvât pas l'oe-
casion d'employer ce courage ‘aveugle, cet esprit téméraire et
* aventureux auquel sa patrie plus heureuse n 'offrait pas un assez
vaste théâtre. :
‘ cette époque: et comme pour sauver ee beau royaume des
mafheurs dt toute espèce dont il était menacé, le trône echance-
lant reçut le roi Louis XI, dont le earactère, tout odieux qu'il
était en lui-même, fit face aux malheurs du temps, les combattit
‘. .. @RPMREZ. D
cflcsnenteaiine de mimeque,s'ilfmtencrcire les-ancions livres:
denédvcise, dus poivesds quaiiés opposées oui la erta dec
haver brere:lbrequ'itarait-dement Joiiun bot utile-ei politique
Louis n’avait pas la moindre étincelle:de-cœette valeur: hasarieuse, .
né descetée ferté quis'yalis:ou: dans lemeléslle prensasource, |
et-qui voutin as à conte re-pour Lo point d'honneur quand ke:but:
Sistiité à éepuis long teraps été-atteint. Calme, artificieux, pro-
fondément attwetif} son intérêt personnel, il savait fabriquer. tout:
emxueilet toute passion: qui. pouvaient le compromettre. Il net
tait le plosgrmdauinsà déguistr ses sentiments ei ses vues, à tous:
coux qui Fapprochaiont, ei répétail: souvent que « le roi qui ne:
sibpes disimoker ne: sait pas .pégnen, ».et.que; «quant à lui, sil
pensait que:sscr bonnet.conrût ses secrets, il le jetteraitau:feu. »:
James pesscume, ni dans son:sibele, mi dans aneuu autre, nesut
mieux tirer parti des faiblesses-dps.antres et.éYiter de donner au--
cas avantage ser joiesso laissent adadroitement dominer; per les
sipneses.
ét vémiieti e cul, aupoint da troesr du plaisir aux.
béquentes-ezée >: qu'ii-commaniait, mais. de môme qu'au
eue ouvementide pitié nele portait jamais à épargaes ceux qu'il
pouvait en toute: sûreté condamner, jimais aucun désir. de venr
goance.ne J'eneits à ua acle prématuré de violence. Rarement. ik
s'élançait sur sé proic: avant qu'elle fàt à sa portés.et qu'elle eût
perdu ivet mesen-de:fuir : tous ces mouvements étaient déguisés,
arocitant desoin, que-ce n'était psesque jamais que par le succès:
qu'il avait: obteuu:. qu'omreconnaissail Is pat.qne : ses PARA DES
avment voulu atteindre.
De même, l'avarics: de Louis faisait: pince. à une profasion ap-
perente:. |orsqu'ii était nécessaire de: corrorapre le favori d'un:
nusisire rival, afin de détourner une attaque don iLétait menacé,
Où pour rempre she. confédération qui.se-formait contre lai.
æioatit lo:plaisir et les divertissements; mais jamais mi l'amour ni
Ixechase, biex que-cæ fussent. là: ses: passions dominantes, ne: le:
détournèrent des soms qi dormait avec là plas constants régu-
larité aux affnires publiques età l'administration de: son royaume.
Ravait one profonde: connaissance des hbrmes, et. i l'avait obte-
hue en ss mélent aumäiliou de tous les rangs de la vie privée.
Qusique natureilenient fler et. bautain, il avait un dédain marqué:
pour les distinutions asbitraires de. la. société, ce qui, dans ces
44 QUENTIN DURWARD.
terps, était regardé comme aussi étrénge que: péu naturel : et: il
n’hésfiatt pas à choisir dans: lés-rangs les plüs bas; des'hommes.
auxquels il confiait les emplois les plus igertants; mais il : savait
si bien les choidif,. qu'il arrivait raremont qu'if se fût trompé dans
l'apprébiatioh de Teurs qualités. +
Cependant 4 y avaîit des contradictions. dans ie caractère de
cet artificieux et habile souverain , car il est dans'la -neturd hu
maine de-ne pas: toujburs se resséutbler à soi-même. Quoique
Loais-fât le plus faux et le plus astucieux des hommes, quelqües:
uñes-dés plus grandes erreurs de.sa vie vinront de sa trop'aveugle
confiance-dans Phomneur:et dans-lintégriô' des autres. Les ar-
reurs de ce genre daus lequel’ il tomba semblent avoir eu pour
cause un raflinement excessif de politique, qui le portait à feindre
unie confiance illimitée envers ceux qu'il se proposait de tromper;
car dans sa conduité ordinaire it-élait aussi jaloux et aussi-soup-
conneux qu’aucur tÿran qui ait jamais existé.
- Deux traits de son caractère peuvent encore être: présentés,
et ils corpléteront l'esquisse du portrait de ce formidablé person-
nage, dont la position, au milieu des souverains grossièrement
chevaleresques de cette époque, ressemblait à celle d’un gardien
au mifleu de bêtes féroces qu'il dompte par sa prudence et son
habileté supérieure, mais par lesquelles il serait mis en pièces,
s'il ne savait leur distribuer & propès et la nourriture et les coups.
- Le prémier de ces traits caractéristiques de Louis était son ex--
_ cessive supeistition, fléau dont le ciel aflige souvent ceux qui.
refusent d'écouter les préceptes de la religion. Jamais ce moner-
que ne chercha, en renonçant en rien à.ses ruses miachiavéliques,
à apaiser les remords-que ses mauvaises actions lni faisaient
éprouver: mais il s’efforçait, quoiqu'en vain, de les calmer et de
leur imposer silence par des pratiques superstitieuses, des péni-
tences sévères, et des profasions en faveur du’ clergé. Le second,
et il se trouve quelquefois bien étrangement associé au premier,
_ était son penchant. pour les.plaisirs crapuleux et. les débauches
secrètes. Le plus sage, ou du moins le plus astucieux des souve-
rains de’son temps, Louis se plaisait singulièrement dans la vie
privée; et, homme d'esprit lu:-même, il prenait plaisir aux bons
mots et aux reparties dé la conversation, plus qu’on n'aurait pu
s’y attendre d’après quelques autres iuances de son caractère. Il
s'engageait même dans des aventures comiques, dans des intri-
gues obscures, avec une facilité et un abandon qui ne s’accor-
+ CHARTERR 2: : #4 .
daient guère ever sa: gébonpe lsbisyelle Æi-son, agraetèra-ormbter:
geux. Enfa, il était tollemant passionné pour ce gonse dé galantenie
qui rêgee.seulemant dens les deruiets rangs de la spciété, qu'il fit
faire d’un grand.nombre d' » Bour la plupart très linenx
cieuses, un recueil bien connu des bibliomanes, aux yeux-da qui
et l'ouvrage n'est pas fait pour d'autres, la bonne “an on
trémement, précieuse. ‘ -
Ce fut per lp Mayen du capactèré énergique et prudent, quaigue
nullement aïnahle, de ee monarqüe, qu'il plut au ciel, qui fait
servir à ses desseins la tempête copume la pluie ie plus douce, de
rendre. à la. grande nation française les bienfaits d'un gouverne
ment civil qu'elle avait presque totarepent perdu à l'époque de
son avénement au trône:
-_ Avant de succéder à son père, . Louis axait donné dés prouvos
de vices phutôt que-de talents: Sa premihre femme, Marguerile
d'Écosse, avait sucoombé sous les. traits. de la calomaie dans la
cour-.de san époux, sans qualque-encouragement duquel personne |
n’eût-osé prononcer un seul mot injurieux contre celte aimable
princesse. Li avait été fils ingrat et rebelle, tantôt conspirant pour
s’emperer de.la personne .de son père, tantôt lui faisant une
guerre ouverte. En punition de ce. premier crime , il avait été
exilé dans le Dauphuné, qui était son apabage; et qu'il geuyerna
avec beaucoup de prudence; le secend-fat puni d’un exil.absplu,
qui le força de recourir à la mierci et prasqu'à la charité du .duc
de Bourgogne et dé son fils, à la-cour desquels il jouit. jusqu'à la
mort de son père, arrivée en 1461, d'une Dospitalité qui dans la
suite fut assez mal récompensée. .
Dès le commencement de sen. règne; Louis fut au moment, de
succomber sous les efforts d'une ligue formée contre lui par les
grands vassaux de sa couronne, à la tête de laquelle était le dus
de Bourgogne, au pour mieux dire son fils, le comte de Charolais.
. Bs levèrent une puissante armée, bloquèrent Paris, liyrèrent sous
les murs même de cette ville une bataille dont le résultat, quoi-
que douteux, hit la monarchie française à ‘deux doigts de sa
perte. Il arrive ordinairement en pareilles circonstances que le
plus politique des deux généraux recueille le fruit, sinon l'hon-
neur de la bataille.-Louis, qui avait montré beaucoup de bravoure
personnelle à la journée de Montlhéry, sut par sa prudence pro-
fiter de cet événement indéeis, comme si la victoire lui était res-
tée. El temporisa jusqu’à ce que ses ennemis eussent rompu
46 QUENTEF SORFWARD.
lmrhigue, etsut avee tant d'advesso semer 1 jabsosie: ttrerces:
granikés puissenees, que leur Bowrdu View public, sinei qufils. Fan
polaient,:mais qui, dansle féit, P'irvait pour but que le-renverses
ment de-hi monsréltie francaise, dent il ne serait: wsté que:l’om-
bre; fat entiérenrent dueoute, et re: se ronvuelu: jamais d'une:
imenibret eunsi. ‘formidable: Depuis oette époque, et pendunt ph
sieurs années consécutives,” Louis, à l’abri de-teut-dmnmger du-côté:
de l'Angleterre, à&-œuse des guerres. cities entre les maisons
d'Forket de Eméistre, #oceupa, en médecin 'htrpltsyabic rauis:
hébile, # guérir les-bleseres du eorpe politique: ow plutôt à ‘arré-
ter; tantôt par des romibies) tantôtren cupioyant:le feretlo.fes
Jos pregtès-de ln gen grème mortelle: dont il était:atinqué, Cesb-àr
dire le brigandage des compagnies franchesset Voppresion à ie-
quelle là noblesse se Hvraitavec angusité. -Sliknoqut lbraîten il
cherche. de meins à y mettre des bornes; et- peu à per, à foree
_ de pérsévérance èt d'attentionit donne une fores nouvelle:à Éaax-
forité royale. . tandis quil afitiaset le pour du cou qu lot
fsbnt'contre clip, ;
‘Poutefvisle roi dè Franve: restait cacues: cavirenné. d'inquié-
tudes-et dv: . dangers: <ar stiles menibres, ds le ligue dun bien: par-
Mie n'étaient pus d'accurd'entre eux; ostte ligue n'était pas: dis
soute, et. les’ tronçobs du roptile pouyment se réanim et venir
de nouveau -dmgereux.-Mhis le péril le: plus. immiment: peur lui
cvuisistuit dans la. puissance: croissante:du due-de. Bunrgogne,
alors Fun des plus-grends: princes. de. l'Europe, et dntle rang
miétait que bien faiblement diuiitrué : par la dépesdence-précaire
où son duché se trouvait de la couronne de Framge: . _
Charles, surnommé le Zurdi, où:plutôt. le: Fiméraire, exr son
courage allait jusqu'àkatémérité, jusqu'à:la frénésie; partait alors
Ja couronne ducaie de. Bourgogne; .qu’'il:brûlait de.ceavertir ex
couroane rovaleset indépendante. Lo.caractère de ee prines: for
mat, sous tous-les rapports, un oontraste. parfait:avec cokui de
bouis XE
Celui-ci était cale, réfléchi etætifisieux, ne poursuivant ; ja
Mais une ontreprise désespérée, n’abendonnant jannuis:celle dont:
le suocès paraissait probable, quelque éloigné ail pût. âtre. Le
sôme du duc:était diamétraiement ogposé : il se précipiail ax
mnbeu des dangers, parce qu'illes aimait, et des-difficuités, parcs
qu'il les méprisait. Louis ne sacrifiait jamais sonintérét.à ses pas-
sions; Charles, au:contraire, n'immolait jamais ses passions, ni
‘ CHAPEIRE E | à
niôme es emprices.. à mucene considération. Malgré les Hens:
étroits de parenté. qéiles unissaïent, et les sécours que ls due et
son père-avatent donnés à-Louis pendant sont exil, lorsqu'if était
dauphin, il régnait entre eux une haireet en mépris réciproques:
. Lesdue de Bourgogne méprise la politique astueieuse dù roi ; it
l'accusait de:manquer de courage, lorsqu'il le voyait;par des- troi-
tés, per in ecrraption, et autres moyens indiieets, chercher à se
procurer des avantages qu'à sa place aureit enlevés à sait ae.
mée3 68 ff lo haïssait, nôn-séulemont & cause de l'ingratitude dont
ilavait payé ses services passés et-des injures personnelles qu'il
lu avait faites, mais encore à cause des imputations que les enr
bhssadeurs de Eouis avaient ésé ever contre lui dé vivent môme
de son père, ef, par dessus tout, à cause de l'appui qu'il préteit:
ek secret aux mécontents de Gand, de Liège, et autres grandes
villes de Flandre. Ges.eités tarbulentes, jalonses de leurs privilé-
ges et Sères de:leurs:richesses, étrient féquemmeht.en: état d'in-
gre; et ne-manquaient jamais de trouver des encouragements:
svcrets à le cour. de Eowis, qui saisissait toutes les cessions de
formenter des troubles dans les états d'un vassal devenu rodoatable.
Be mépris et la haine que lui portait le due, Louis les lui-ven-
dit aree une égale énergie , bieri qu'il cachôt d'ux voile impé--
ntrable-ses' secrets sentiments. HN était impossible-qu'un moner- :
.que-d’ane éagacité si profonde ne méprikät pas cettoiinflexible
obstinatibn qui ne renonce jamais à ses-désseins , quelques suites:
fatales que puisse amener une persévérance trop longue , et cette
aveugle impétuosité qui s’élance.dans la carrière sans prendre la :
peine de réfléchir sur les obstacles’ qu'elle peut ‘y rencontrer.
Cependant le roi haïssait Charles plus encore qu’il ne le mépri-
sait, et son mépris ainsi que sa haine étaient d'autant plus violents
qu'ils étaient mélés de crainte, car il savait que le premier bond.
d’un taureau en fureur doit toujours être redoütable , quoique
cef animal (auquel il comparait le duc de Bourgogne) s’élance .
les yeux fermés. Ce n’était pas seulemeñt la richesse du duché
. de Bourgogne, la discipline: de ses belliqueux habitants, et la
masse de sa nombreuse population, que le roi craignait : les qua-
lités personnelles du chef avaient par eHes-mômes de. quoi les
rendre formidables. Plein d'une bravoure qui alisit jusqu’à:la t6—-
mérité, et même au delà, prodigne dans ses dépenses, splendide:
dans sa cour; duns sa personne, dans tout ce qui se rattachait à
49 QUENTIN. DUR ARD.
‘lui, déployant pertoût la magaificence héréditaire de la maison
de Bourgogne, le . duc Charles attirait à. son. service : (ous les
esprits ardents de ce siècle dont le caractère était analogus an
sien , et Louis ne. voyait que trop bien ce que.pouvait tenter -ct
exécuter une .troupe d'hommes . déterminés, sous les drapeaux,
d’un chef dont le caractère était aussi iñdomptable que le leur.
Une autre ciroonstances nourrissait l'animosité de Louis contre
son. vassal devenu trop puissant: il en avait reçu des services
dont il n’avait jamais eu-dessin de s'apquitier, -et il était sou- -
vent contraint de temporiser:avec lui, de supporter même es:
éclats d’une pétulance grossiète et injurieuse à la digaité royale.
sans pouvoir le traiter autrement que comme s0n beau Sols sde,
Bourgogne.
C'est versl’an 1468,lorsque leurheine étaitparvenueau plus haut
point d’e exaspération, quoiqu’une trève trempeuse. et mal assurée, -
comme cela arrivait souvent, existât entre eux, qu'il faut.plaser
Je commencement decette histoire. Le premjisr personnage qui
va paraître en scène est, à.ha vérité, d’un rang.et dans une posi-
tion qui pourront faire considérer. comme superélue la dissertation
qui vient d'être faite sur la situtaion respective de deux puissants
princes; mais les passions des. grands ,. leurs querelles, leurs
réconciliations., intéressent la fortune de tous ceux qui les appro-
chent ; et, à mesure que l’on avancera dans -cette histoire, on -
reconnattra que cé chapitre préliminaire était indispensable pour .
bien comprendre les aventures du. personnage ‘dant nous elons
nous Oceuper. Le _
CHAPITRE IL
LE VOYAGEUR.
- Eh bien: le monde est une huître , et je veux l'ou-
vrir avec mon épée.
. SHAXSPEARE, Le Maure de Venise,
Par une délicieuse matinée d'été, avant que le soleil se fût
paré dé sa.couronne: de feu, et tandis que la rosée rafratchissante .
parfumait de ses perles liquides l’atmosphère diaphane , un jeune
homme venant du nord-est arriva devant le gué d’une petite
"CHAPITRE IT. 48
. rivière, ou plutôt d'un: grand ruisseau qui se jette-dans le Cher,
près du château royal de Plessis, dont les sombres et nombreux
créneaux -s'élevaient dans le lointain au-dessus de la vaste. fôrét
qui les environnait. Ces bois comprenaient une noble: chasse où
parc royal emtouré d'une clôture; qu'on nommait- dans le latin
du moyen-àge plexitium ; d'où est vent le nom de Piéssis donné
à un Si grand nombre de villages -en France. Lé château et le vil-
lage dont-nous-‘nous occupons particulièrement, pour les distin-
guer des’autres. du même nôm , s’appelaient Plessis-lés-Tours :
ës étaient situés à environ deux miliés-au sud de la -riante- .Capi-
tale de la ci-devant'Touraïne , dont la richer campagne a reçu le
nom de Jardin dela Franee.
Sur le bord opposé à celui vers lequel le voyageur s 'avançait., 4
deux hommes, qui paraïssaient engagés dans une conversation
sérieuse , avaient de temps-en temps l'air d'examiner ses mou-
vements, car se trouvant sur-un terrain plus élevé , ils avaient .
pu l’apercevoir à‘ une distance considérable.
- Le jeune voyageur pouvait avoir de dix-neuf à vingt ans. Sa
figure et-toute sa personne prévenaïénit en sa faveur, mais faisaient
juger- qu’ avait recu le- jour. en un pays étranger. Son: court
fnamean: gris et son‘’haut-de-chausses étaient faits à la mode
de Flandre plutôt qu’à celle de France , tandis que son élégante
toque blèue, surmontée d’urfe seule branche de houx et d’arie
plume d'aigle ,-le faisait reconnaître pour un ‘Écossais. Son costu-
me élaït : “très-propre , et arrangé avec la recherche d’un jeune
homme qui n’ignore pas qu’ila une tournure agréable.Le havre-sac
placé sur son des paraissait contenir son léger.bagage ; à sa main
gauche on voyait un gantelet de fauconnier, quoiïqu’iln’eût point
d'oiseau , et à sa main droite un fort épieuw de.chasse. De son
‘épaule gauche pendait une écharpe brodée qui soutenait un petit
sac de velours écarlaté, semblable à ceux que portaient les fau-
conniers de distinction pour mettre la nourriture deTeurs faucons
et aütres ohjets indispensables à ce divertissement favori. Cette
étharpe était croisée par un baudrier qui soutenait:un couteau
‘de chasse. Au lieu de bottes en usage à cette époque, il avait des
brodequins de peau de daim à demi tannée.
Quoique sa stature n’eût pas encore atteint ce degré qui an-
nonce le complet développement des forces, il était grand et actif,
et la. légéreté avec laquelle il s’avançait: prouvait ques’il voyageait
‘pédestrement,. c'était pour lui un plaisir plutôt qu’une fati-
- me mt aa
AE OR
40 QUENTIN DURWARD.
gue. Ji avait lé teint blanc, quoique légèrement bruni soit par
l’action du soleil de ce climat étranger . soit parce qu'il avait été
journellemerit exposé au grand air dans son pays natal. . .
Ses traits, sans être ‘parfaitement réguliers, étaiont agréables,
” t.domnaient'à sa physionomie une-expression de franchise et de
candeur.. Un demi-sourire, qui semblait naître d’une heureuse :
santé et d’une bonne coüstitution , montrait de tensps en temps
que ses dents étaient bien rangées et blanches comme l'ivoire,
tandis que son œil bleu brillait, et plein d’une gaieté en ‘parfaite
harmonie avec l'ensemble de sa figure, exprimait, em s’arrêtant
sur chaque. objet qui se présentait à lui , la bonne humeur, une
conscience pure.et une résolution peu communs.
Il recevait et rendait leur salut au petit nombre de voyageurs
qui passaient sur celte route dans ces temps dangereux , suivant
le mérite apparent de chacun. Le lancier rôdeur, moitié soldat,
. moitié brigand , mesurait de l'œil le jeune homme , comme pour
calculer la chance du butin ou celle d’une résistance déterminée,
et lisait dans le regard du voyageur une {elle assurance qu’il
changeait son farouche dessein pour lui dire d’un on brulat :
“ Bonjour, camarade! » politesse à laquelle le jeune Écossais
répondait d’un ton tout aussi martial, quoique moins farouche.
Le pèlerin et le moine mendiant lui donnaient en échange de son
salut respectueux une bénédiction paternelle ; et la jeüne pay-
sanne aux yeux noirs, lorsqu'elle était éloignée de quelques pas.,
se retournait plus d’une fois pour le regarder, et écharigeait avec
lui un « bonjour » accompagné d’un sourire. En un môt, d y
avait en lui quelque chose.qui attirait l’attontion ; et cette espèce
de pouvoir attractif qui est l'effet de la réunion d’une franchise
intrépide , d’une humeur enjouée , d’un regard vif et spirituel,
d’une jolie figure et d'une tournure agréable, s’exerçait, facile-
ment sur chacun.-Tout son aspect semblait aussi indiquer ua
jeune homme entrant dans h vie sans aucure appréhension des
maux dont elle est assiégée, ef presque sans dutres moyens pour
lutter contre les peines et les chagrins dont elle est remplie,
qu'un esprit vif-et un cœur courageux :-or, c’est avec de tels ca
ractères que la jeunesse sympathise le plus volontiers, de même
que la vieillesse et l’expériense éprouvent pour eux un intérêt
aflectueux et eompatissani. |
Le jeune homme dont pous venons de faire Le portrait avait été
| depuis long-temps-aperçu par les deux personnages qui 4 psa-
CHPIENE #4
menaisat.sur le bord apposé de la petite rivière, c'est-à-dire du
æûté où ébaient situés le parc et le château; au moment où il dog-
cendait ‘la rive escarpée avec la légèreté d'un daim-qui vient
s'abreuver à une fontaine, le moins âgé des daux dit.à l'autre : |
« C'est notre howme.. c'est.le Rohémien. . S'il teste de passer le
gué, c’est. un homme perdu; les eaux sont.groasas et la rivière
n’est stp guéable, ,
il fasse-cotte détouverte luisméte, compère,. Lui. répondit |
son n Compagnon: il est possible que cola -épargne.-une .corde at
fasse mentir un proverbe. — Je juge que.c’est lui, d'après sa {oque
bleue, raprit-le premier ; car je ne puis distinguersa figure. Écou-
téz; il appelle; il nous demande ai l’eau est profonde.— Qu'il
essaye ; dans: ce monde. il n’y a-rien dé tel que l'expérience.»
€ependant le jeune homme ne recevant aucune réponse, af
prenant le:silence de coyx à qui il s'était adressé pour un engou-
ragement à suivre FOR dessein, eatra.dans le courant sans hésiter
et sans autre délai que le temps néesssaire pour ôter ses brode-
quins. Le plus âgé.de ces deux.hommes lui cris alors de bsondre
garde à lui; et s'adressant à ‘son compagnen : « Par la mort-diou !
compôre, » ajouta<il d’un ton plushas, « vousavez fait encore ane
méprises ce.n’est pas là le.bäward de Bohémien.»
Mais l'avis donné au jeune homme.arriva.trop:tard; ou id Æ
J’entendit pas, ou il ne put en proBter,.car il se trouvait déja dans
l’endrait le;plus.profand. Pour quelqu'un de mains alerte at de
inoins babitué.à nager, La mort aût.été inévitable, le ruisseau élent
profond. etirès-rapide.
« Par sainte Anne! c rest un jeune homme @ qui mérite qu'on.s/in-
téresse à lui, sécria le .mêrne personnage; ‘ourez, eompère, et
réparez voire méprise £n Jui portent secours, si vous le pouyem
11 appartient. à votre: troupe ; et ai le Wieux. “ioionveslurai, l'eau:ne
le noiera point.»
En efet, ile jeune Éoossais: fendeit l’eaï avec une ice rigueur
et unetelle adresçe-que,:malgré la force-duoeurant, ilatteignatde
rivage.presque vis-à-wis.le point d'où 4 étaitparti,
Pendant ce temps, le moins âgé-des deux incanmes:anait sen
en toute hâte vers le hard. de l'eau pour donner :du ssoours au
jeune étranger, tandis que l’autre.ls suivait d'un, plé-plus grave,
se disant à lui-même : « Sür.mon ame ! le voilà à tenre: il saisit son
épieu : si je n'araive promptement, il xa. batireman-compèrerpour
Ja seule bonne notion queije L'aie vu faire-de:sa vies» -
hs QUENTIN DURWARD.
Il y avait quelque raison d’augurer un pareil dénoûment, carie
brave Écossais avait déja aceosté le samaritain qui accourait à son
secours, on s’écriant d’un ton furieux : « Chien discourtois ! pour-
quoi ne m'avez-vous pas répondu lorsque je vous ai demandé si le
passage était guéable? Que le diable m'emporte si je-ne vous
apprehds à connaître une autre fois les égards que l'on doit aux
étrangers ! »
Ces paroles farent accompagnées de ce mouvement significatit
de son épieu que l’on appelle moulinet, parce que, tenant-le bâton
par le milieu, où brandit les deux bouts dans tous les sens, comme
les ailes d’un” moulin poussées par le vent. Son adversäire, se
voyant ainsi menacé, porta la main à son épée; car C'était un de
ces hommes qui, dans toutes les occasions, sont plus disposés à
agir qu'à discourir. Mais s0R camarade, moins bouillant, étant
arrivé, lui.ordonna de se tenir trauquille; et, se tournant vers le
jeune homme, l’accusa à son tour dé précipitätion pour s'être jeté
dans une rivière dont les eaux étaient enflées, et de’ se laisser aller
à un emportement blämable en cherchant querelle à un horame
qui accourait à son secours. .
Le jeune Écossais, s'entendant ainsi répriniander par un homme
d’un âge avancé et d’un air respectable, baissa surle-champ son
épieu, et répondit qu'il serait au désespoir de commettre aucune
injustice envers eux, mais que véritablemerit il lui semblait qu’ils
l'avaient laissé mettre sa vie sn périk, faute de l’avoir averti à
temps, ce qui ne convenait ni à des gens honnêtes, ni à de bons
chrétiens, encore moins à des bourgeois respectables, comme ils
-paraissaient être. :
. « Beau fils, dit le plus âgé, à votre ‘accent et à votre air, il me
semble que vous êtes étranger, et vous devriez considérer que
‘nous ne comprenons pas votre langue aussi facilemént que vous
la parlez.
— Eh bien ! mon père, répondit le jeune 16 homme, je m embar-
rasse fort peu du bain que je viens de prendre, et j je vous pardon-
nerai volontiers d’en avoir en partie été la cause, pourvu que vous
:m'indiquiez un lieu où je puisse faire sécher mes habits; car je
a’en ai pas d’autres, et il faut que je les conserve dans un état pré-
sentable.—Your qui nous prenez-vous, beau fils?» reprit le même
interlocuteur sans répondre à ce discours.
_« Pour de bons bourgeois, sans contredit; ou bien, tenez, vous,
monsieur, vous pourriez bien être un trafiquant d'argent, ou un
CHAPITRE LL | LS
* marchand degrains, et cet homime-ci un boucher ouun herbageur!.
— Vousayez adnirablement deviné nos professions. La mienné
est effectivement ‘de trafiquer sur l'argent autañt que je peux, et
celle de mon “compère a quelque analogie avec celle dé boucher. ‘
Quant à ce quest de vous mettre dans un meilleur état; nous
tâcherons de. vous être utiles ; mais, d’abord, il faut que je sache
qui vous êtes et où vous allez; Car, dans ces temps-ci, les routes
sont couvertes-de yoÿageurs à pied” et à-cheval, dont la tête -est:
remplie de toufé autre chose que de principes d'honnêteté et de
crainte de Dieu.» * .. -
Le jeune bomme jètä un autre coup d'œilvif et perçant si sur celui
qui lui parlait à àinsi et sur son compagnon silencieux, comme in-.
certain si, ( deleur eôté, ils méritaient la confiancequ’ ils Jui deman-
daient ; et Voici quel fut le résultat de ses remarques. ‘
Le plus âgé de ces deux hommes, celui qui par son.costume et
par sa tournure & faisait Je plus remarquer, ressemblait beaucoup
à un négociant ou à un märchamd de cette époque. Sa jaquette,
son haut-de-chausses:et son manteau étaient d'une même étoffà,
de couleur brune, mais montrant tellement la corde que le spiri-.
tuel et malin Écossais eri conclut qu il fallait que celui. qui Les.
portait fût très-riciie ou très-pauvre, et il penchait v vers la première
hypothèse, Sesvétements étaient.étroits et courts, mode qui n’était
pas encore suivie par la noblesse, ni mêrne par la classe supérieure
des citoyens, dont ordinajrerment les habits étaient amples et des-
cendaient plus qu'à mi-jambe. :. | |
L'expression de ja physionoinie de cét honinie était” tout à la fois
attrayante et repoussante : ses traits prononcés, ses joues caves et
ses yeux ! enforicés avaient néanmeins un air de finesse et de gaieté
qui se rapprochaif du caractère du jeuné aventurier; mais, d'un
autré côté, ses épais sourcils noirs avaient: quelque chose d’impo-
sant et de sinistre. Peut-être cet effet était-il rendu plus sensible
encpre par le ehapeau à forme basse , en fourrure , qui, lui cou-
yrant une grande partie du-front, rendait plüs épäissel'ombre sous
laquelle on voyait briller ses yeux ; mais il est certain que le jeune
étranger éprouva quelque ‘difficulté à concilier le regard de cet
bomme avec la condition inférieure. à laquelle il paraissait appar-
tenir. Son chapeau surtout, partie du costume sur laquelle toute
personne d’un certain rang étalait quelque j joyau en or ou en ar-
4 Ce mot, comme il sera expliqué plus bas, signife nourrisseur de bestiaux. Me
QUENTIN DURWARD.
1" 4 QUENTIN DURWARD.
gént, n'avait d'autre pinerhent qu’une misérable plxque dë blbmi,
représentant L l-sainte Vierge; sembtafle à celles que es s plis pau-
- vres pélerins rapportaient de. Lorette.
Son: camarade étañt un-Homme robusté ; date tait moyenne ;
et de di$ ans plus jetme que Jui :‘il'avañ ur air Sournois, et'son
sourire, lorsque par“ hasard it souriait, lui dônnait : un air sinistre,
éntvore cela: nelui érrivait-il j jamäis qu en réponse à certains signes
secrets: que le premier ‘échangeait avéc lui. H était” armé d'une
épéé-el d’un poignard, et T'Écossais remarqü qu'il. cachait sous
son vêtement tout uni un. jazeran (sorte dè vote de railles flexi-
Hle); -et comme dans. ces témps périlleux les hommes. qui exer-
çæient les professions. même fes plus mécaniques avaient adopté
l’asage de porter ce. vêtement lorsqu'ils voyagedlent. pour leurs
affaires, le jeune Écossais se confirma dans l'idée que ce pouvait
être un boucher; "ini herbageur où noüfrisseur de bestiaux , ou
quelque chose de semblable. 11 n° 'eut ‘bésoin que dun coup d'œil
pour faire Jes reinarques qu'il nous a fallu cousatrer tant de temps
à détailler ; et, après un moñerit de silence,:il répondit en faisant
ünetégère salutation : « je: ne sais à ‘qui je puis avoir l'honneur de
parler ; ijais il m'ihporte peu que Fan sache que je‘suis un cadet
. écossais ,.et { que je viens £hercher fortune en France ou ailleurs,
suivant l'usagè de mes compatriotes. — Et, par la Pâque-Dieu !
ê’est ün excéllent- -usage; » s’écria le plus agé des deux inconnus:
«Vous êtes un gérçon de bonnè rfine, ‘et dé l’âge le plus propre à
réussir pañmj les foinmes et auprès « des femmes. Qu'en dites-vous ?
Je suis négociant, et ÿ' ai besoin d’un jeune | hommèé pour: m aider
dans mon.commercé. Mais je süppose que vous êtes trop monsieur
pour vous abaisser à un métier. aussi ignbble. — Mon bon mon-
sieur, si l'offré que vous me faites est sérieuse ; + ce dont je doute
un peu, je vois dois des remerciments, et je vous les adresse; mais
je crains que je ne sois tout à fait incapable de vous servir.—Ah,
. &h! je parierais que ‘tes plus habile à tirer de Farc qu’à faire un
mémoire; tu manies-le sabré mieux que la plume; n'est-ce pas ?
== Je suis un hômme- de bruyères, moñsiéur, et par conséquent
dicher, corne nous le’ disons. Mais j 2: airété dans un couvent , et
les bons pères’ m'ont enseigné à lire, à écrire, ét même à compter
"Par la Pâquie-Dieu! cela est trop magnifique. Par Notre-Dame
_ d'Embrun } tu es ua prodige, mor ami. — Riez tout à votre aise,
mon beau monsieur,» répliqua le jeune homme à qui le ton de plai-
santerie de sa nouvelle connaissance ne convenait quefaiblement;
CHAPETRÉ IL. BE.
edf MOI, johie aller me sévher, #n Tieu de rester ïei pour réport-:
| dre àves questions pendant que: Peau décoûte de mes vôtements. »
Le négociant se prit à rire encore pNis-fôrt en l'emtertlant parler
- ainsi, ei s'éerid: « Pique-Bieu! lé proverbe nement janrais : Fier
comme sn Éeuseais. Mais:allons, jose honimë ; vous êtes. dus
pays-que-j'aime,-epant autrefois trafiqué avec Écosse. Les Éeos-
sus-sent de‘braves st honnêtes gens, quoique pauvres. Si:vous
voulez Fenir'a village avec DOUS ; jé vous-donnécai un: verre de
vin d'Espagne paur xous forti fièr, et un déjeuner chaud pour vous
dédbaimager &c votre bain…: Mais ; tâte-bleue ! que failes-Fous
de’ce gant de. chasso à votre main? Ne SAVEZ-VDUS pas qüe M Chasse
à l'oisétr 66t défendue dans un parc royal? —C'Est ce que jai
appris dun coquim de, forestier du duè de Bourgogne. J'avais à
peine lâché sarturi. héren, : près de Péronne; le faucon que j'aÿais :
. apporté Écosse; et sur leqüef je complais pour me fhire remar-
.quer, que ce pendard'i peita d’ine flèche. Et qu’avez:vous fait-
alors? -— Je Y'ai battu ; » répond#t'le jeuné.homme en brandissant
son épiée ; s «je Fai battu attant qu'il soit permis à un Chrétien de
le fame-sans tuer son hommé ; caf. je ne voulnis pas avoir sx mort
sura Censéience, —"Bavez-yolis que, si vous éliez ‘tontbé- entre
les mains du due de Bourgogne, -il vous aurait fait pendre eoinine
‘une châtaigne? — Oui. j'ai appris qu’à eet égard il. væ aussi vite
en besügne:que 1ë voi de France; ; mais comme Ceci se passait près
de Pérorine, je franehris d’un saut-ta frontière, etje me moquai de:
‘lui. S'il n'eût pas été d'un caractère dussi prompt, J'aurais peut-
être pris du service.chiéz lui..— Il ança fortement # regrètter la
perte d'un tel paladin , si la trève vient À se rompre. »-En parlarit
ain£i, lmärehañd jeta urrcoup d'eiksur son. Compagiton : celui-ei
répondit par un deces sourires.en dessous qui ne font qué passer
sur les lèyres et qui «nimaient sà-physionourie comme > Un léger
. météors illumine un instant un ciel d'hiver.
Lejeune. Écossais Sarrêta tout à coup, Et, ‘abaisant sa toque
sur. sou sourGiE droit, ‘eorime ur homme qui-né veut pas qu’on k
tourne en ridicule, leur dit d'ün ton: résoku : « Messieurs, et vous
gartout, qui êtes le plus âgé et qui dévriezétrele plus ciréonspect,
je vous férai voir, j'espère, qu'ä n’est ni sage nf prudent de plai--
santer à. nes dépens. Le ton de votre eonversation ne me plaît
nullement. Je pais supporter une plaisanterie, je puis souffrir
même une réprimände de la part d’un homme plus âgé que moi,
at l'en remestier sije vois-que je ais méritée ; lnais je n'aîtne pas
56 . QUENTIN DURWARD.
| que l'on me traite comme un enfant, lorsque, Dieu mérci, je me
crois assez homme pour. vous frotter conrenablement tous les |
deux si vous me poussez à bout.»
. Son interlocuteur semblait prêt d'étouffer de rire en voyané la .
contenance du jeune homme ; Vautre inconnu portait la main à la
garde.de son épée, trsque l'Écossais, remarq uant cè mouvement,
lui appliqua sur Le poignet un coup qui lè mit dans l'impossibilité |
de la saisir: cet incident ne fit qu ‘apgmenter la bonne humeur de
l'autre. . 7 |
, « Du calme, a calme: valeurèux Écossais, ‘s'écriait-f, “par
amour -pour'ta chère patrie! et vous, campère; quittez cet ar me-
naçant. Par la Paqué-Dieu! il faut de la justice dans le commerce,
et un bain est une compensation suffisante pour un coup. donné
avec tant de grâce ét d’agilité. Et vous, l'ami, écoutez-moi, » dit-’
il au jeune homme. d’un ton de gravité-sévère qui lui imposa et, .
. Sans qu’il sût trop pourquoi , le remplit d’un respect mêlé de
crainte ; «plus de violence ; ik ne serait pas sage à vous d'en exer-
cer-aucome vontre moi, et mon compère, comme vous le voyez,
eù à suffisamment. Quel est vatre noin ? — Quand-on in’interroge
poliment, je saisrépondre de. méme ; et je conserverai tout le res-
pect qui est dû à votre âge, si vous n’épuisez ma: patience par ves
railleries. , Depuis que jé suis eh France, pendant que j'ai traversé .
la Fländre, ôn s’est amusé à ‘appeler le varlet: au sac-de velours, |
à cause de ce sac à faucon qüe je porte à mon. têté ; mais mon vé-
ritable nom , dans le pays où je suis né, ést Quentin Düurward. —
Durward ! est-ce le nom d’un gentilhomme? — Depuis quinze
générations; et c’est..ce qui fait qu’il me répuügne d’embrassér une
autre profession què.celle des armes. — Écoséais dans toute la
force du terme ! surabondance de sang, surabondance d’orgueil ,
et grande pénurie de ducats, -j’en Suis sûr. Eh bien! compère, dit-
il à son compagnon; allez devant, et faites-nous préparer à déjeu- .
ner. au bosquet des. Mûriers, car ce jeune homme fera autant
d'honneur au repas qu’uné souris afamée au fromage d’une mé-.
nagère. Et quant au Bohémien, écoute.
. Son compagnon s’approchä, et il lui at quelques mots à l'o-
reille. Celui-éi répondit. par un sourire d'intelligence, mais-qui
ayait- quelque chose de sinistre , et partit d’un pas rapide.
Resté' seul vec Durward, le plus âgé de « ces + deux hommes
mystérieux lui dit: : ,
« Nous allons faire route ensemble , et, en traversant la forêt ,
+ CHAPITRE IL | {#7
-nous-pourrons entendre i une messe à la Chapelle de Saint-Hubert
Cär il n’est päs juste dé s’occuper des besoins du corps avant d'a-
-voir-satisfait à ceux de l'âme, ». .
. + Durward, èn bon catholique. n'avait rien: à à objecter à cette
proposition, quoiqu'i it eût prébablement voulu commencer par sé-.
cher ses Habits et prendre quelques rafraithissements. Ils-eurent
bientôt perdu de vue léur sournois compagnon ; -nfais ‘en eontt-
nuant de suivre le mêmé sentier qu’il avait pris , ils entrèrent
dans un: bois lanté de ‘grands arbres entretniélés- de buissoñs et
” de broussaill ; travérsé de longues avenues dans lesquelles- Hs
voyaient des daims. trottani en petites troupes, avec une sécurité
“qui indiquait que ces animaux n ‘avaient aucune, crainte d'être
. attaqués. : | |
_« Vous me demandiez si j'étais bon: aréher, di dit Dürward: don-
nez-moi un arcet-une couple de flèches; et vous.ne tarderez pas
à avoir -une pièce de veriaison. — Pâque-Dieu ! mon jeune ami,
‘prenez-Y- garde; ‘mon ‘coinpère a:l'œil: ‘uyert sur les daims;. ils
sont cénfiés à sa garde, et c’est ün. gärdien sévère. — Ila plutôt
Tair d'un boucher que d'un joyeux, forëstier, Je né peux pas :
croire que-cetter figure patibulaire appartienne à .un homme qui
connaît les nobles régles de la vénérie. — Ah! mon jeurie ami , il
est vrai que mon. eompère a une figure qui.est peu ag gréable au
premier abord ; et cepeñdant on n'a, jamais appris que” ceux qui
ont eu.des liaisons’ intitnes avec-lui s’en soient jamais plaïnts.» :
Quentin Durward trouva quelque chose de singulier et de dés-
| agréable dans le ton avec lequel son compagnon :s'était exprimé,
et, se tournant subitemient de son côté, il crut voirsur sa figuré,
dans le-léger soùrire qui contournait sa lèvre supérieure: dans le
clignotement de. son œil noir.et péréant ; un je'ne sais quoi qui
justifiäit lx surprise qu’il éprouvait. «J'ai entendu parler de vo-
leurs , de brigands, de coupe-jarrets, » se dit-il en lui-même ;
«qui sait si le drôle qui nous précède n’est pas un: assassin , et te
vieux coquin celui qui lui ämène sa proie? 1] faut que jeme tienne :
_sür mesgardés..: Aü reste, Îls n'auront guèré de-moi que de bons |
“horions ÉCOsSais.». : Ut
Tandis qu’il était becupé de ces réflexions, ils arrisérent à uns
tlairière où lès grands arbres de:la forêt étaient plus écartés les
uns des autres ;-la. terre, débarrasséé de byissons-et' de broussail-
les, y était couverte: d’un tapis-de le plus agréable Yerdure, qui,
« protégée contre les rayons brûtañts du: soleil , était plus belle et
%B | QUENTHE : NRA WARD.
he énighepon ne le troaŸs: généralement on, Fignoe.: Less
-bres: dansoetendroit retiré, £taiontprinoipalementdesbouisaux
et des ormes gigantesques "qui séleræient dené les nixs.coamme
.domoniagnes de fouilligs. 4 railieu. de és nm gaifiquesanfents
Ale:}asterre; dasla partie -la plus déoatwerte, S'élovai une ham-
ble chapelle -près:do Inquelle coulait ‘un petit: rlissaau. L'archi-
potune bn était grossière el du genie leplus: sinple ; à côté était
mue -inès-petile-celinle-qui : serwait de logement + l'ermite on.
prêter, qui y remplissail-les-fenotions dé son saiat:ministôre.-Dans
ne petite midhe, pratiquée au-dessus dela. porte était uno sha-
{ne en pierre représentant sut Hubert, avee Un 007 PASS AU-
tour du cou et deux tévriers à:ses pieds. Insituution de: ceéte .
chapelle au milieu”d’un parc ou Chasse:si'bien peuplée de gibier,
-Havait fait dédierau pairen «es. AHASEOTS, -
_ Le vieillapd., suivi du jempe Durward, dinigoasès pes du oôté
dece potit édifice consacré par la religian: et comme ils eniappre-
chsient le prêtre, sewêtu:der ses ornements saperdotaux , .sertit
de sa cellule pour se-rendre à &à chapelle, 5dis doûte. afù- de ,5y
dirrer aux saisis deraire de son mimistôre.: Durward fit au.jrôtre
ne inckination profwide , en. signe : dë rospbel peut. son ca rantèse
Sacré, tandisique sciA COMPAENON , AVEC - l'apparence dus déxe-
#ion. phys:grandeænieæe:, it UN SUnon e% terre pur rebemonr da
bénédiction del'bomme ide Dieu. puis-le suivit. dans l'église. avec
üne-démaréhe etume. éentenange: qui exprimalent. la plus sinpase
contrition ét: liplus-profonde-humiliéé, .
L'intérisur déta:chapelle était ormél'une manière. qui rappolat
-s occupations: du saint patron lorsqu 1 âtait. Sur k-ferre. Les :
Fowrsures:les: plus précieuses des animaux qui, -dèns diférônts
pays :50n Fobiet ‘de da chasse, tonaient diéu de täpisseries -et:de
tentures ‘autour:de l'autdl-et dans iles ‘autres parties-de l’église,
aux-:murs de laquolle- étaient: suspendus des-épussans.blasannés
le cors. d'arcst: de canmois et autres emblèmes de véniérie ,
” écartelés de tâtes de danms, de loups-et d’autres animaux . L'en-
semble des-uornements avait un:caractère forestier, -et a "mense
elle-même, considérablément abrégée, pouvait être appelée .use
* messe dechasme, messe qu'on":célébrait devant les nobles et- les
“grands, qui, en assistant à: cette solennité - étaientiordineisement
“inrpatiortsi dé se dirrer a: teûr-divérligsernent ÉRYO, + . "0
: Durs cette: courte cérémonie, Le compagnon. -d Burward
:sembtà prêter l’atieition la-phus enttiène’et le plus;:sorupulaue ,
GHARITRE. H. .. | #9
. and que.laj deuns bomrs. moins: ahaotbé par.des pensées reli-
gienses,.ne.pouvait s'empôeber de.se repragher”intériéusement
d'avoir pudoncevoir. des saup£ons: injurieÿxsur Je caragtère.d’ mn
homme aussi bon et aussi humble. Biën loin dele ragarder;alors
comme l'associé et le complice de voleurs, il avait peine à se de”
fenüre de le regarder commen sént-pérsonnage. :
Lorsque la messe fut-fnis, ils, sortirent de la chapelle, et le
vieillard dit à Quentin : «Il n’y a qu’une légère distance. d'ici au.
village , et vous pouvez mäatenant.rompre. le jeûne e en toute sû-.
reté de conscience. Suivez-moi. » ©
‘Fournart sûr. Ht-droite , et-suivant:an sentier qui moritäit gra
duellement, il: ‘récermanga. à sen compagnon d’avoir grand goin
de:ne-pss s'éloigner. duchenrin traeé, pris au contraire de garder. .
je milieu autant qu’il le pourrait. Daurward le pria d de Jui expliquer |
Ja cause de £ette, précaution. ue
| « Yausôtes maiptanant près de-la cour; jeume. have ; ets Pi-
que-Dieu.! jy ade là différence entre:.marcher dans cette.partie
du-pays-ou sur vos.montagnes couvertès de; brayères. À Lexpep-
tion-du ‘senlièr que sous sdivons, chique foisé de lerrain .est
rendue dangereuse et presque impraticable par des. piéges et. des
trappes armées.de faux, qui tranchent.les membues:du- voyageur
imprudent, ‘aussi àgttement qu avec Ja: serpetie.an élague une
‘branche d'auhépine; on 4 semé des chausse-trappes qui-vousirÿ-
verseraiant les pieds, et.crensé. des, fosses.assez profondes our eus.
Y ensevelir à toujaurs. Nous: sommes. -malntenant. dans l'enceinée :
du &omajne, royal, et.neiis allons voir togt à Phente la façade dy
château. — i;j'étais roi de Franee,.je ne me denngrais, pas tant
de peine pour plaeer autour de ma demeure des trappes. et.des
.PI$ges ; mais.je.fàcherais, .au lieu de cela, dé: gpuwerner. si.hien,
que personne n 'oserdit éA approcher avec. de mauvaises intenr-
tions; et quant-à Caux qui y viendraient avec des sentiments de
_paix et.de bonne-amitié » 2h bien ! plus. nous serigns, pus nous.
ririens.»
Son.campagnon: regarda autour dé lui, d" un air darmé, st dite
- « Chut! ehut! sire varletau saç.de velouxs; ; Gar j'ai oublié de vous
avertir. d'un. ayire drogue non moins grand que. lo ie gps y
ds se
| —Jem'inquiète fort peu de: cela, répand Quentin Durant |
j'ai dans la boughe une lañgue écossaise, et elle est 45e marie
Ld
‘@ . | QUENTIN DURWARD.
pour exprier monsentiment en présence da roi Louis lar-môme:
“que Dieu le bériisss ! Quant aux oreilles dont vous parlez, si je les
yoÿais sur une tôte humaine, j je. les en détacherais ayee mon cou-
tent de.chasses» ct OU ter ‘
Ra re “CHAPITRE H.. k
oo roy: “2. . , LE CHATEAU,
. Aü mitieu s'élève un immense life : des portes de
rt, fer en défendent l'entrée ; des remparts élevés l’envi-
“1. . : *__‘. ronneit ; dans un fossé profond, coule lentement ne
-- -esu parpsseuse qui- baigne le pied des tours sur les-
quelles sont. postés de , Méilants gardiens. Aron me,
Pendant que Durward et sa nouvellé cohnaissance parlaient
“ainsi its arrivèrent én vue de la.façade du château. de Plessis-lés-
Tours, qui; “méêmé dans: cés temps dangereux, où le$ grands
étaient obligés de résider dans des places fortes, se faisait remar-
quer par le soin extrême et: floux avec lequel il était gardé et
Aéfendu.
À partir dé la” lisière du bois où le jeune Durward et son tom-
pagnon s'étaient arrêtés pour: contempler cette résidence royale,
s’étendait, ou plutôt s'élevait, quoique par une pente fort douce,
“"üne esplanade découverte, sur. laquelle on ne voyait ni arbre ni
‘buisson d'aucune espèce, à l'exception. d’un chêne gigantesque à à
demi mort de vieillesse. Cet espace avait été laissé ‘ouvert, Con
formément aux ‘règles de fortifiéation suivies dans tous les siècles,
afin que l’ennémi ne pût approcher des murs, à eouvert, ou sans
“tré aperçu du.haut des créneaux ; au-delà. s'élevait le château
lui-même.
L’extérieur se. composait de trois raurs 3 d'éniéeinte; garnis de
‘créneaux et ‘de tourelles de distance en distance, et particulière-
ment à chacun des angles. Le second mur s'élevait plus haut qüe
Tepremier, et était construit de manière à commander celui-ci,
daïis le ‘cag où l'ennémi viendrait à S'en erhparer,'et était com-
‘mandé lui-même par. le troisième, qui formait la’ barrière inté-
riéure., Autour. du mur extérieur (ce dont lé Français informa son
| jeunè compagnon, car, étant -sur un terrain moins élevé que les
‘fondations, il ne pouvait. l'apercevoir.): on avait creusé un fossé
&’environ vingt pieds de profondeur, où l'eau arrivait au moyen
CHAPITRE tt #3
d'une saignée faite à. ld'rivièré du. Cher, où plutôt. à on da ses
affluents. «Au pied da ‘second mûr d’énceidte, lui dit-il, est un
autre fossé ; un troisième protége la troisième moraille, et tous
trois sont de dimension. extraordinaire.» Les ‘bords: intérieurs et
extérieurs de- ce triple fossé étaient garnis de palissades en fer,
remplissant l'office de ce qu’on appelle chevaux de frise, en termes -
‘de fortification moderne, la tête de chaque pieu étant armée d’un
faisceau dé pointes aiguës dirigées. ‘en tous sens ; de sorte qu'une
tentätive d'escalade, dernier moyen de s ’emparer d’une place, ne
pouvait avoir lieu sans exposer les as$aillants à à une.mort certaine.
‘ Au milieu de l'énceinte formée par le mur ‘intérieur s'élevait le
château, corhposé de bâtiments construits À diverses époques :
| V'antique ‘et sombre donjon, d’une date” beaucoup plus ancienne, .
s'élevait au-dessus des autres, semblable à un noi géant éthiopien:;
.£t Fabsence de toute fenêtre. plus grande que des meurtriéres
pratiquées à distances irrégulières pour servir à la défense, faisait
naître. dans’ l'ame du spectateur c6 sentiment pénible .qu’on
éprouve € en voyant un aveugle. Les autres bâtiments ne parais-
saient guère devoir offrir plus d’agréments à ceux qui les habi-
taient, Car le petit nombre de fenêtrés dont ils étaient percés don- .
_naient sèr une cour . intérieure, de sorte que toute la façade
extérieure présentait l'idée d’une prison plutôt que celle d’un
palais. Lé roi régnant avait même ajouté à-cette ressemtilance en
voulant: que le caractère des fortifications qu’il-avait élevées ne
s'éloignât en rién de celui du bâtiment primitif, car, de môme que
la plupart des gens SOUPCONNEUX, i s’efforçait de eacher ses SQup-
çons; à cet effet, on avait employé les briques et: lés pierres de.
taille de la couleur la plus sombre, et délayé de.la suie dans la
chaux, de manière à donner à l’ensemblé du château la teinte
. ‘uniforine d’une extrême et grossière antiquité.
| Cette place formidable n’avait qu’une seule entrée, du moins
L Durward n'en vit-qu’ une seule dans toute l'étendue de la façadé;
‘elle était au centre dé l'enceinte extérieure, et, suivant l’usage,
placée. entre deux fortes tours: oh y voyait l'accessoire obligé d'une
herse et d’un pont-levis. La herse était baissée, le pont-levis levé.
Des tours semblables étaren{ également. placées à la seconde et à
‘la troisième enceinte, mais non) sur ja même ligne que celles du
mur extérieur ; Car e passage'ne se prolongeait pas en ligne droite
de l’une à l'autre: après avoir passé la première on avait encore
‘près de trentes toises à parcourir entre les deux murailles’ avant
L | QUENTIN DURWARD. |
d arriver à la seconde, trajet pendant lequel un ennemi eñt été
| exposé aux traits lañcés des deux côtés, De.même, après ‘avoir
‘franchi la. seconde barrière, il fallait de nouveau dévier de Ja ligne
droite pour parÿeair à Ja porle, dela troisième et dernière: enceinte;
de sorte que, avant de gagner la cour au.milieu de laquelle végnait
la. longue façade du bâtiment, il fallait traversèr deux : Ra
étroits et dangereux, EXPOSÉS à des décharges d'artillerie sûr. l'y
et l’autre flane, et forcer. successivement" trois pores déténines
_de Ja manière la plus formidable.
Venant d’un pays égälement désolé par une guerre étrangère
“et;par les divisions. intestines,. pays dont la surface inégale .et men-
_fagneus, entrecoupéé de précipices «et. de torrents, offre- un ‘si
grand nombre de situations fortifiées, le. jeune Durward connais-
sait assez bien les MOYENS extrêmement variés. par lesquels. les.
hommes, dans” ce. siècle : barbare, Cherchaient à protéger leurs
habitations ; -mais.it avoua franchement à sou.compagnon qu’il ne
se serait, pas imaginé.que Part. pit s'élever à à.un tel.degré dans un
dieu où la nature le secondait.si peu; car le château, came nous
. J'avons déjà donné à entendre, n’était. situé que.sur une éminence
_ peu élevée, à laquelle on. arrivait, par. une penle fort douce depuis
l'endroit où. ils étaient arrêtés. : .
Pour augmenter la surprise de Dutwiard, son- coïnpagaon Jui
itque Les environs-du ébâteau, à l'exception du sextier tournant
par lequelon. pouvait sans danger s'approcher de laporie, étaient,
comme les halliers qu ils vepaient de travërser, parseimés. de ‘fes-
sés,.de.piéges. de toute. espèce, dans lesquels tamberait griconque
aurait. le: malheur des’y aventurer sans. guide; que l’on avait plaré
sur les murailles; des guérites en fer, d'une forme particulière,
appelées nids: d'hirondelles, d’oùles sentinelles, qui,y étaient régu-
_lièrement. postées, pouvaient tirer à-conp sûr. sûr quicongue.0ss-
rait tenter ‘d’entrbr sans faire le signal. eu saris. donner le mot
d'ordre, ‘Convenu chaque j jour ; enfin, que : Les archers de la. Barde.
_rpyale faisaient auit:et j jour ce service, pour lequel ils. recevaient
du roi Louis une haute, paie, de riches-habillements, en un mot,
honneur ef profit. « Et maintenant, jeunc homme, contiruüa-t-il,
. ites-moi si vous avez jamais" vu un château aussi fort, et si vous
pensez qu’il.y ait des gens a6sez ‘hardis pour: tenter de le prendre
d'assaut.» |
Dourward tenait depuis long-teraps des veux sur : cetté forteresse,
dont la. vue l'intéressait tellement . ques dans l'ardeur de, la. curio-
CRARRE HL ee | SE
sité naturelle: ehez da j jeunesse, il oubliait l'hmpidité-de ses vâte
menfi. Spmblableä.un bomme.entreprenant qui médite une.a-
‘tion .bardie, il-avait l’œil-étincelant, les jones anigiées. « C'est ua
château, très fort, .et fortement Bardé,; » lépondit-il enfin «mais
. n gra Lien d'impossible-pour des braves. —Y.en a-t-il dans. vu-
e pays qui sojént capables d'ua pareil exploit?" demanda k
cie d d'un: ton un-peû dédaigneux. — «C'est ç8 queje n'aflis-
marais point, répondit le jeune homme ; mais. 1 s’y.érouxe das
milliers d'hosimies qui, peur‘uve benne. CAUSE. ser aiont-asser. hap-
dis pour: enter l'entreprise. — Qui-da! ét vous:môme peut-ôtno
| vons-veis mottez. du hambre?—] sprait mal iwoi de me xanter
lersqu'il.ne 5e. présente aucun anger ; mais mp père A fait-une
-action tout: aussi bardie, et je ne.ss pas bâtard, -j'ose-le croire.
—.{rest ès bien, » dit son compagnon en souriant; «MAIS FOUS
-pourriez.trouver à quiparler, at nfôme des-compatriates,; Car les
.arohers-écassais ds: Ja gane -du.-r6i-"Lbuis-sont 6h sentinelle ser
-0es urs… trois-gants gentilshanunes des meilleures femilles de
votre-pays. — Elsij'étais.le roi. Lonis; je confierais-entiérement
da garde-de-ms. pergapne À ces:trois-cants gontäshommes éveésais;
_F'abattmiscés énormes Murailles pour, eombler: les fossés;; j! appel-
Aerais près de-moi anes pairs et mes paladins, et; je vivrais comme
il eansjent à un r6i,. faisant rampre-des lances .dans.de brillants
teurnois, deiant das -fôtes-aux nables pendent le jour, passant
les nais.à danser avec .les-dames, pt ne craignant ps plus un en
aend-que je ne grainé. .Hoe mouche. » ‘ :
Son-compagnon sourit de npuveau;et tournant ls. dés. au.chè-
, teau:dont, dit-il, ds sétajent.un peu tLop approchés, il Le fit ren-
ver -dane.le hois: ‘par un sentiér plus large-el plus battu. que.celui
_par-loquel ils étaient venus, « Cetie raute ,-dit-il, conduit au -xil-
Jlage dè Plessis, et comme-étranger, veus trouverez à vous y le-
æerconvenablement-età un prix raisonnable. A-énviron deux
foilles plus loin.est la riante ville de Tours, qui donne- SON .NODR à
cette Eiche.et belle province. Mais.lé village .de Plessis, ou, Plessis
du Pare, comme con l'appelle quelquefois à à cause de sa proximité
de larésidence royale.el. du parc; au chasse, qui l'entogre, vous
-fournira.. un asile moins éloigné et nan moins hospitalier. — Je
vous. FEMQLCie de vas, réngeignemènts, -m0n.ban monsieur ; Mais
‘mon;séjoùr iej-Sera.si.Conrt que, pourvu que je trouve un mor-
ceau de viande à manger et quelque those de meitleur que de
l'eau à Foire, ines dffaires ‘au villagé de Plessis, qu’on l'appelle
061 | - QUENTEN DURWARD.
Plessis du Parc on Plessis dé l'Étang, seront bientôt terminées …
Eh! mais je croyais que vous aviez quelque ami à voir dans ces
eavironé. — Cela est -vrai; le propre frère de ma.mère, ét, avant
qu'il quittât les landes: arides du: comté d'Angüs , uh aussi bel
forme que. quiconque aît jamais fait courber la bruyéré sous ses
brogues 1. — Comment se’ nomme-t-il ? Je me ferai ‘eüquérir de
lui, caril ne serait pas prudent à vous de monter au château, on
- pourrait vous y prendre. pour un espion. — Par Ja main de mon
père! moi être prispour un'espion ! Il sentirait bientôt le froid du
fer que je porte, celui qui oserait me flétrir d’une*pareille.accu-
sation. Quant au nom de mon-onèle, ‘jé m'embarrasse fort peu
qu’on le sache : il s'appelle Leslie. Ce nom est noble et honorable.
— Je rr'en fais pas lé moindre doute; mais il Ya trois Leslie dans
la garde écossaise. — Mon oncle: est Ludovic Lealie. — Des trois
Leslie, deux onte prénom ‘dé Ludovic: — On appeHe mon parent
“Ludovic à Ja cicatrice ; car nos noms de famille sont si communs
en Écosse que, lorsqu’ on ne peut y joindre celui d'ûne terre pour
8e distinguer , on prend. toujours ‘un sobriquet. — Un nom de
guerre, voules-vous dire ? T/individu dont vous. parlez est, je pen-
se, celui que nous nommons le Balafré, à cause de la. cicatrice
qu'il a au visage ; c’est un brave. homme êt un bon militaire. Je
. désire pouvoir vous faciliter une entrevue avec lui, car.ilfait par-
: tie d’un corps dont le service est strict; et-dont ceux. qui Je com-
posent sortent rareïnent du château, à moins qe ce ne soit pour
‘escorter.ia personne . du roi. Et maïntérant, jeurie homme , ré-
pondéz à une autre question : je parie‘que vous désirez prendre
du service, comme votre-oncle, - dans a garde. écossaise. Si vous
‘ayez ce projét, il ne vous-sera pas facile de le réaliser; car vous
. êtes bien jeune, et l'expérience de. quelques années est nécessaire,
LES
à cause del'importance de l'emploi auquel vous aspirez. — Il est
possible que j'aie eu quelque idée de cette nafure;-mais én ce cas,
l'envie m'en est passée. — Pourquoi celà, jeune ‘homme ? est-ce
ainsi que vous parlez d’un corps dans lequel les plus nobles de vos
compatriotes se montrent jaloux d’être admis? — Je.leür. en fais
mon compliment. Pour parler franchement, j'aurais aimé le-ser-
. ‘ice du roï.de Frañce autant aû moins que celüi d’un autre ; mais
“qu’on m’habille aussi magnifiquement; qu'on me nourrisse aussÈ
délicatement que l'où voudra, | j aime mieux Court an grand air
1 1 Brogu:s, sortes de sandales que portent les montagnar is écossais. .Voyéz Waver”
ey! A. M. |
CHAPITRE IE, | UE
. qué d'être enfermé dans une .cage..ou dans ces nids d'hirondelles
que l’on voit d'ici, comme vous appelez ces poivrières. D'ailleurs,
» ajouta-t-il en baïissaat la voix, « je n'aime point ie châtéau dont
l'arbre qui lui prête son orbrage porte des fruits. pareils: à celui.
que je vois là-bas? --Je-devine ce. que: vous voulez dire; mais ex-
pliquez-vous plus clairement ? ? Que je m explique. plis claire-.
ment ! Jetez les yeux.sur- ce. beau chène qui est à quelques por-
tées de flèche du ehâteau ;:vous Y-verrez pendu un homufe en.
. jaquette grise pareille à celle que je porte. — En vérité! voyez ce
que c'est que d’avoir de jeunes.yeux ! J'apercevaæis bien quelque
chose, mais: je croyais que c'était un ‘carbeau perché : ‘sur upe
branche. Toutelois ce: spetacle n’a rien â’étrange , mon brave
jeune homme: lorsque l'été fera place à l'automné, qu'il y aura
de longs clairs dé lune, et. què.les routes.deviendront peu sûres,
vous veïrez des groupes de. dix, de vingt.de.ces glands accrochés
à ce vieux chêne à. detni mort. Mais qu'importe ? ce. sont autant
d'épouvantails. pôu les” brigands ; et pour. chaque. coquin ainsi.
pendu, on compte un brigand, un. traître, un voleur de -grand :
chemin, un pillardoti un oppres$eur de moins. en France. Voilà; |
jeune homme, des signes auxquels vous devez retorinaitre la j jus-
tice de notre soüverdin. = Dy moins, si j'étais lé-roi “Louis, jeles
ferais pendre plüs loin de mon palais. Dans mon pays nous SUS-
pendois des corbeaux morts dans les lieux fréquentés par les cor-
beaux vivants, mais non pas dans nos jardins ou dañs nos. pigeon-
‘niers. L'odeur de çe cadavre! pauah!. elle est Yenue jusqu'à
moi , quoique. nous en soyons éloignés. + Sl:.vous vivez assez.
long-temps pour devenir. un bon 1 et lo ÿal serviteur de votre prince,
mon bon jeune homme, vous saurez.qu'iln'y a pas.de parfum qui
égale l'odeur d’un. traître:mort 1, —Je ne ‘désirerais jamais vivre
assez lorig-terpps pour perdre Podorat.où la vue. Moatrés-moi |
un traître vivant, et voilà mon bras et mon‘épée; mais qéand'la
vie lui est arraché, : ma haine ne ) pourrait jui surviyres Mais :voici, :
je pense, que nous arrivons au village, où j’ espère:vous. faire voir .
que ni le: bain que j” ai pris çe matin; ni Je dégoût ‘qüe:je viens, .
d’éprouver; n'ont diminué en rien mou appétit. Ainsi; mon bo,
‘ami, à : Thâtellerie, ausgi vite que, vous. le. pourrez. Cependant,
avant qué j'accepte vatre invitation, Aites-moi de quel. nom je
"4 Ce mot, de Louis'X1 n'est de nouveau, Un dès Bénéraut de l'eniperétur Vitailus
‘lui conseillant ‘de faire enterrer les morts après une, victoire: « Non, non, répbndite
il, le corps d’un ennemi mort sént ioujours bon. » On Tattribue aussl à Charles IX, |
allant voir à Montiqucon le énënyre de l'atniral Goligni, 4. M
?
oœ . QUENTIN DUR ARD, :
dois veus -appéler: — On m'hppelle maître’ Bierre : jene guis pas
niatcharnidide. titres, tBais un homme téut uni qui peut vivre de
son: revenu... C'est'ainsi que l'on-mi'appetle. …ï C'est fort: bien,
moître- Pierre; dit VÉcossäis:; etje m'estinte heureux de-ce quéele:
hasard: m'à fuit vous rencontrer; Car-j'ai “besoin: d'un bon: conseil
qéand il-arrive-à-propos: et je-sai$ m'en montier reeonriaissatt. »
- Tandis qu'ils parlaient-de la sorte. Ji tour’ d'une église et un
grand-crucifix er bols qui s'élevait au-déssus-des- arbrés ; ammon-
cérent à Burward qu’ils étaient à Y’entrée du village." -:
: Mas maître Pierre, se détournanit. un peu du sentiér qui venait
aboutir à tne laige éhatésée: dit à son: coripagnon que l'auberge
dans: laquelle il se proposait de le: <onduirë était:um peu écartée ;
ot que: l'on n'ÿ recevait que- dès voÿageurs dtunte ‘classe. distin-
guée:.— « Si vous parlez-de Ha classe de: “voyageurs dont la’ bourse
est le mieux gafnie; répondit l'Écossais, je-ne suiÿ Pas de ceux-
là, et-j'aimé mieux-courir chance d'être écorchédans tiné mau-
vaisesaubérge que dans Yotrc: brillante: hôtellerle. +Pâque-Dieu !
répondit son. guide; comire-ces Écossais sont prudents!'un Ah-
ghais va.he. jeter sans réflexion dans unie taveihe ;: il y mange-et
boit du meilleur, sans: soriger à l’écot' avant’ d’avoir le ventre
plein, Mais vous oubliez, maître Quentin ; puisque Quéntin- -est
votre nôm, vous oubliez que je vous dois un déjeutier pour le
bain'que ma mépriie vous'a valu :e est Ia pénitence : que je m'im--
pose pour Je ort que j'ai eu “envers vous. — En vérité, j'avais
oubliée bain, le-tort:, la: pénitence ; et de resté. En marchant:
mes habits:se-sunt séchés, ou àpey près. Néamoiris } je ne-refu-
serai pas votre-offre-pléine de bonté; car mon diner d’hier a été-
bien léger, et ‘quenf at Suuper; je n’en ai point tait. Vous me pa-
raissez: ôtre-unt viéux “hoërgeois ‘respectable; et je ne vois. pas
_pourquoiie n 'accepterais pas votre courtoisie» É
Le: Français. sourit-à part-lui : ‘car: il voyait claitemént à que le:
jeune Homme: ‘quêrque: probèblement à demf mort'de: faïni, ‘avait’
néanrhoins delà péine 8e concilier avec l'idéé’dé mahger aux
déperis- d'un: étranger , ‘ets éfforçait- d'impôsér ‘silercé à'la flerté
dé son caractère par cette réflexion .qué lorsqu’ ils agit d'obliga-
_tiôns légères, celui qui aceepte fait un acte dè complasaméertout
aussi grand que celui qui invite: ‘"" ‘":
- Tout en discourant:ainsi ils descendirent unie tilée. étroite, om-
bragée par de granüs ürmés, au bas de‘tâgjelle uhe grandé porte
lès introduisit dans.la our d'une-auberge. d’une étendre peu:or-
: CHAPITRE. Ve .ér
. dmaire:, et destinée-à reeeyoir:les nables-et-tous-ertrx:qui-étrient
attachés au service dans le château voisit, où Houis.XI -permet-
tait bien rarement à à qui que ce fût d’éntre eux d’avoir uñ appar-
tement, à moins d’absolue-mécéssité. Un écusson portant des
fleurs de lis était suspendu. au-dessus de la principale porte de ce
bâtiment irrégülier x mais ni dans la caur, ni dans la maison, on
" ne rernarquait -C6 mouvemént qui annonce des hôtes nombreux
et une. ‘grande activité Commuertialé. On.eft dit. que ke caractère
sümbre et dispouttüis. de la résidente royale située dans le-veisi-
nage,avah commawiqué: une portion ‘de sa grave.et épouvantable
tristes, méme à une. maison destinée à être le terrple de: la s0-
cisbilité,, du: plaisiriet- de le honnechère. .”:
Maître Pisre; séns:appèler. -personute , Bt même sans ‘approdher
-de la. principale, entrée, leya.le loquet d'ume gorte qui. se trouvait:
devant-lui, et.eñtra dans-uue grande.salle ‘oùson compagnon: le
suivit. “La flamme d'un fagot pétillait dansla cheminée, prés de
laqüelle: tout.était dispasé pour ün déjeuner solide:
: «. Mon comipère à eu.soin: que rien np’ manquät ; » dit le Fran- :
ais à Darward : « sous devez. avoir froid; etvoità ‘du feu ; vous
devez avoir fair , et bientôt vousaliez déjeuner. »
“Hisiffla ; ; laubergiste. parut. et répondit à. son bonjour par-une.
iiclination de tête, mais ne montra rien de cette loquacité parti
cukère aux auliergistas français . dertous les-siècles. :
: « Fai envoyé quelqu'üin yous- commabder ve: déjeuner, dis
maitre Bière, Æatah fait?» | |
L'iubergiste.ne répondit que per tr si signe afrmotif, et bientôt
se mit.ôn: devoir d'apporter et d'arvanger sur :la “table les divers:
mets préparés pout- ur excellent déjéuner-: cette opérütian < se:fit
sans qu'if prononçit un'seui mot pour-en relever le mérite. Ce
pendant-le repas avait droit. à tous les éloges:que les aubergisies
français ont eoutume de faire: de leürs talents, comme le Jectomur
1e vO£ra dansle obapitres suivant.
æœ QUENTIN DUAWARD.
| eu t CHAPITRE av
| LE Ève, ei. EEE
La
| .. | Jasie clel quelles dents + quel pain!”
à . BTFANR Foyage sontimentql.
Nous avons laissé notre jeune étremgér en France, das une
situation plus agréable qué toutes celles où il-s’était trouvé depuis
qu'il avait posé le pied sur le territoire de l'ancienne Gaule. Le
déjeuner, ainsi que nous l'avons ‘donné à entendre à la:fi dü cha-
pitre précédent , était splendide. Il y avait-un pâté de Péfigord,
sur lequel un gastronome aurait. désiré pouvyüir vivre et mourir,
comme les mangeurs de Jotus-dont pârle Homère '; oubliant pa-
rents, patrie, et toutes les-obligations sociales : sa croûte. -magni-
_fique semblait s'élever comimé les remparts d'une. opulente capi-
‘tale , emblème des- richesses qu'ils sont destinés. à protéger. I y
avait un ragoût délicieux, avec cette petite pointe d'ail que les
Gascons aiment et qui-n'’est. pas indifférente äux Écossais; et eù
outre un jambon délicieux qui avait naguère. appartenu à-un no-
ble sanglier dans la forêt voisine de Montrichard. Le pain très-
blanc, dés plus délicats, était façonné en boules ( d'où les Français
ont créé le.mot boulanger ), et: la croûte en était si appétissante,
que , même avee de Féau seule, elle eût été une friandise. Mais
l’eau n'était pas seule destinée à l’humecter : sur la table s'élevait
un-de ces flacons: de cuir , appelés botrines, contenant environ
deux pintes d’un vin-de Beaune ° exquis. Tant-de bonnes choses
auraient donné de l'appétit à un: ‘moribond luismême. Quel effet
donc ne devaient-elles pas produire Sur un jeune homme à peine
âgé de vingt ans ; qui dans lés deux j jours précédents, (car, après
tout , il-faut dire la vérité) n’Avait pour ainsi dire rien mangé que
les fruits à demi mûrs qué le hasard lui avait permis de cueillir,
et une ration bien modique de pain d’orge. Il se jeta d’abord sur
le ragoût,, et le plat fut bientôt vide; puis il dirigea sur le superbe
pâté plusieurs attaques sucééssives, dont chacune pénétra jus-
qu’au cœur de la place; et. pour soutenir ses forces ; il arrosait
chaque morceau d’un. verre de vin, au grand étonnement de
l’aubergiste , et au grand amusement de maître Pierre.
4 Odyssée. Les Lotophages , peuple qui babitalt 1 la côte septentrionale d'Afrique.
Le lotus est une espèce de jujubier, À, M.
- CHAPITRE IN, "|
Ce dernier surtout, probablement parce qu'il se trouvait avoir
fait un acte de bienfaisance plus grand qu'il n'avait pensé d’abord,
paraissait charmé de l'appétit du jeune Écossais; ét lorsqu' enfin
il remarqua que son activité-commençait à sé ralehir, il cherche
à le porter à de nouveaux eflvrts'en faisant.servir des eonfitures ,
des darioles et toutes ids autres friendises qu'il put imaginer pour:
prolonger le fepas. Pénidant que maître Pierre tenait ainsi oceupé:
son vigoureux convive , sa. physionomie exprimait une soite de”
bonne huméur qüi était presque de tæbienveillancé, et qui s’éear…
tait de son caractère habituellement piqu ant, caustiqué et sévère:
Les vieïHlards sympathisent avec: les jouissances et les éxerciees
de la jeunesse , toutes les füis. que leur esprit, dans soh état natu=
rel d'équilibre , m’est dérangé ni par une secrète jalousie, ni per |
uné sôtte émulation..
Quentin Durward, de son côté, ‘tout-en é'ocexipant d’une ma-..
nière si agréable , ne put s ’ernpécher de s'apercevoir qué la phy-
sionomie de l’homme qui le régalait, et qu'ilavait d’abord trouvée :
si péu prévenante ; äevenait beaueoup moins désagréable lorsque
celui qui l’observait se trouvait sus Finflüence du vin de Beaune:
il se laissa. donc aller à reprôeher à maître Pierre, d’un ton de.
cordialité , de:rire de son appétit et de ne rien manger lui-même.
« Je fais pénitence ; répondit maître Pierre ; et il me m'est per-.
mis de rien prendre avant midi, excépté un peu dé cenftures et et.
un verre d’eau. Dites à la dame de là-haut de m en 2 apporter »
ajouta-t-il en. se. tournant veré Paubergiste. +
L'aubergiste sortit, ét maître Pierrè continua + # Eh.bien, ai-je.
tenu'parsle relativement au déjeuner que je vous avais promis ?—
C’est lé meilleur repas que j'aie fait dépüis que j'ai quitté Glen-
Houlakin, répondit le jeune homme.—Glen, quoi? demanda maître
Pierre ; allez-vous faire paraître le-diable avec des mots d'une telle :
longueur?—Glen-Houlakin, c’est-à-dire la vallée des moucherons :'
c’est le nom de hotré antique ‘patrimoine, mOn cher monsieur.
Vous avez acheté le droit de rire eh l’entendant prononcer, si'cela
vous plaît.—Je n’ai pas la moindre intention de vous fâchér ; mais
je me dispoéais à vous dire,puisque vous êtes contént du repas que
vous venez de faire; que les archers écossais de la garde en reçoi-
veat un aussi bon , sinon meilleur , chaque jour.—Il n'y a rien
d'étonnant à cela ; car , s'ils sont enfermés toute la nuit dans ces
nide d'hirondélles, ils ddivent avoir ‘un {errible appétit le lendé-
main.—Et de quoi le satisfaire amplement. Je n (12 pas besoin ,
QUENTIN DURWA4RD.
2 QUENTIN PHRWARD.
comme los Bourguignons , d'aller le dés ny paur avoir l'avantage
de se remplir le ventre ; ils sont vêtnscommé des comtes; et font
‘ bombana eorame des abhés. Gas hiqn leur fasse !--Ki poux
Quoi ne. pad préndre.du serripaici, jeune ‘bomme? Votre: onde
ponnrail, je n'en ai sucun douts, vôus faire inscrire sur te-conérêle
dia qu'il sprviendrait une plase vacants. Approebez, que je vous
dia: wa mat à l'axeilie : j'ai moi-méme qnelguie erédit, et je pour
rais.vous ôire de quelque ‘utilité. Je m'imggina qua. vous savez
monter à gheval, aussi bien que. Ürer de V’hro 2 Tous les Dururard
sont Ausai Rops écayars que. qui que ce soit qui ait jemeis placé
gen saulier ferré dans un étrier d'acier ot je ne dis pas que je re-
fus voire offre abligeante. La nourriture et le rôtement sont deux
ebqses de premiärs nécessité; mais, voyez-vous, à mon âge, am
pense à l'honneur, à l'avancemènt, à de Hauts, faNs.d'anqrion. Votre
ei Louis. que Riou leprotége, earil est ami et allié-de l'Écosse.
mais il sé tient sans esse renfermé dans son châteeu, ou Re ments
à. ohéval que pour aller d'une ville fortifiée à une autre à gagne
des willés ei des. previnoes par. des emlassades politiques, et.hon
pas de honnes bataillon: Eh bion! quant à moi, je suis de l'avis der
Pouglss, >: qui étaient toujours en campagne, parce que, dissiont-
ils, Ha aimaient miaux'entendre-le chant de l'alauctte que: le cri
dek sauris :.=—Jeune homme ; ne jugez pas‘ai timérairement des
- aations des souverains Louis cherche à épargne le sang de. sen
sujets, et ent tobe-pou ménager du sion, H s’est montré homme de
courage à Montlhéry.—Qui, mais iy a de cela une dOULaine
dyanées, on davantage. Moi, j'aimèreis à suivre un miaître qui
voulût congerver son hognepr aussi brilant quete poli de son bou
olier, eb taujaurs s.jeter le premier au plus fait de la. môlée.
Pourquoi done n'êtes-vouis pas rosté à Bruxelles avec le dec dn
Borrgague ? Chaque jour , il vous mattrait à même de: vous faire
rompre: lego et plutôé que dé vous leuvrer d'un vain espoir, il vous
los romprait hu-nôme, surtout s'il apprenait ‘que vous, avez frappé
som garde-chasse, "fois est vrai ! Ma mauvaise étoile m'a fermé
cette porte. Au reûte:, i ne manque pas de-gens turbulents qui
hraverajent le. diable bn. personne. et auprès do qui de jeumes
. étourdis peuvent trouver du service, Par exemple, quo pensez-
vous de Guillaume de la Mark Qnoï! lhomme:à la longne her.
bo !.., ls Sanglier des Ardennés ! ‘Vous me parlez de servir un ca
Péaine de piards et d'assesins , Uk sodlérat qui Oterait la vis à
» 4AINRux proterie ébofsis. à. M:
si
4 CHAPITRE IT. : #1
unrhommé pour sa camque , et-qui tubies prêtres et les pélerins
commesio’étaibat des Ianciers et des homines d'armes ! Ce serait
pat tache: indéléhile ; faite-à l’écuson de mon père.—Æh biur,
mon jeonc.et pétuimnt ami, sivous pense que de Sangier'est trop
serupuleux ; pourquoi ne pes suivre le jeune due de Gueldrei
Antantyandräit suivre le grand üidble. Je Yetri vous le dire kT'o-
reïlle à c’estun fardiesh trop pesant pour la terre… l'enfer: s'ouvre
peutr Y'esgleutir. . On we dit qu'if tient'son père en: prisée, Le
même qu'itia frappé! Pouvez-vous le croire ”. w
- Maître Pierre parat un peu déconcerté pari ‘horreur naîve | avec
laquelle. le-jeunre Écosseis parlait de l'ingratithde filiale, et toi ré-
| pondit: « Vous nesaver pas, jeune homme, combien peules Hess
duwsug ont de force entre les hommes d’ut rang élevé: » Pais
quittast aussitôt cé ‘ton sentimental , à ajouta-en riant + « D'ait-
leurs, si ke duc a battu $on père, je réponds que’son père l'a battu
entrefois:'dinoi ce n'esi gi'un compte sokdé:—Je suis étonné’ de
vousenhtendre parier de kr sûrte ,:» dit l'Écosais rongissmt d'in-
dignation :iälerdque #on'a des cheveux gris comme és vôtres ,
‘en derraitmietx-choisir ses sujets de phsisanterie. “Sie viewx duc
a‘battwsuz fils dans son enfance, il ne l’a pas battu saffisammént;
cèr il aurait mieux -vadu qui ftmort sous kes verges que d'avoir
- vécu pour faire rongir le monde chrétien qu'en:tel indnstre ait
jamais été baptisé. — À ce compte, etiéb la manière dont vous criti-
quez le caractère des princes et des chefs , je crois qu'it hé vous
reste rien de mieux que de vous fuire capitaine votis-même : éar
où un homes aussi spge troyvera1-il un chef digne de le com-
mander ?—Vous:vous moquez de moi, maîtré Pierre, » répondit
Île jeune home d'un'ton dé bonne humeur , « et .pout-être avez-
vous raison: -Mfnis vous 1'avér pes encore prononcé le nom d'u
vaillant chef qui coœmmaide non loin‘d'ici à an corps d'Etesllentes
troupes ; ‘et sous lequet orr aimerait asser à prendre du service.
—Je me: devibe pas qui vous.voaler dire. —Æh! mais, céli qui
est comme le cercüeïl de Mahomet (maadit soit le fautprophète 1}
suspendu entre deux aimants; celui qu’on ne pent appeler n$
Français ni Bourguignün, mais qur sait maintesir la balance entre:
eux , et se faire craindre et servir par l’un et par l'autre, tout
grands princes. qu'ils sont.—Je ne devine-pas qüi vous voulex
dire, » répondit de nowvesu maître Piètre d'ün air réveur. « Eh!
dé qui pourrais-je parles -sioe n'est'hr noble Eoaïis de Luxèm-
bourg , comte de Saint-Pvl, grand eonhétable de France ?'H sait
7 QUENTIN DURWARD. »
se‘maintenir dans son poste avec sa brave petite armée, portant
la tête aussi haut que le roi Louis ou le duc:Charles, et sebatañ- :
çant entre-tes deux eomme L'enfant qui se tient debout au mikeu
d'une -planche à bascule, tandis-que -déux autres en font monter
et descendre tour à tour lés.extrémités. —C'ést celui des trois qui
court risque-de faire là chute li plus dangereuse. Mais écoutez-
moi, mon jeune “ami , vous qui regardez le pillage comme un si
grand crime ; savez-vous que votre habile comte de Saint-Pol est -
celui qui.le premier a donné l'exemple d’incendier les campagnes
pendant la guerre, et qu'avant les honteuses dévastations qu’il a
commises les villes ouvertes et les villages qui ne fäisaient pas
de résistance étaient-épargnés par les divers partis. Ah, ma foi!
s’il én est ainsi,.je commencerai à croire qu'il n’y apasun de ces
grands hommes qui vaille mieux qu’ un autre, et que faire un
choix parmi'eux n’est autre chose que choisir un arbre. pour y
être pendu. -Mais ce comte de Saint-Pol ; ce connétable, a su se
mettre en possession de [a ville qui tire son. nom de celui de mon
très-saint et très-honoré patron , saint Quentin (ci il fit uri signe
de croix), et il me semble que si j'étais là mon cher patron au-
rait soin de moi ; car il n’a pas autant de protégés que-vos.saints
populaires, dent un..si grand nombre de persannes prennent le
nom... Il faut cependant qu'il ait oublié le pauvre Quentin Dur-
ward; son filleul spirituel, puisqu ’après m'avoir laissé un jour sans
nourriture.il ni’abandonne le lendemain à la protection de saint
Julien et'à la-courtoisie d’un étranger, achetée par un plongeon
dans la fameuse rivière du’ Cher ; ou dans un de-ses ruisseaux tri-
butaires.—Ne blasphême pas lés saints, mon jeune ami. Saint Ju-
lien est le patrün des voyageurs, et peut-être lebienheureux saint.
Quentin a-t-il fajt pour toi plus et mieux que tu ne. penses. » : : ;
Comme il parlait, la porte s’ouvrit, et üne jeune personne , plu-
tôt au-dessus qû’au déssous de quinze ans; apporta un plateau
couvert -d’uné serviette damassée , sur lequel était placée une pe-
tite soucoupe-remplie de ces prungs sèches qui de tout temps ont
ajouté à la réputation de la ville-de Tours. On y voyait aussi une
de ces conpes d'argent artistement ciselées, que les orfèvres de
cette ville exécutaient:à cette époque avec une délicatesse de tra-
yail qui les- distinguait des ouvriers dés autres villes de France ..
ét même.de ceux de la Capitale. La: forme de ce vase était si élé-
gente que Durward ne songes pas à exarpinet s’il était d'argent,
ou bien, comme le gobelet dont il venait de se servir , d’un métal
PA
. CHAPITRE IV... 73
Lé
moins précieux, ra si bien brüni: qu'on pouvale 5 y tromper ad
ter aperçu.
; Mais la vue de ta jeune personne qui apportait ce nduveau sert
vice attira l'attention de Darward beaucoup plus que les objets
dont ïl était composé... : -
«+ H'reconnut promptement qa'une Diofasion de longues trotses
decheteux noirs ; parini lesquels , de mênie que les jeunes Écos-
éaises , elle avait eritrelacé-pour toat-ornement une légère guir-
Jande de feuilles de lierre, formait .un voile autour d'une figure
dont les traits réguliers, lés ÿeux noirs.et l’air pensif pouvaieñt la
faire comparer ä-celle de Melpumène ; mais il y avait sur sx joue
une teinte dé rougear, et sûr ses: lèvres ainsi que dans son œil un
sourire plein de finesse qui faisait sentir que la gaieté n'était pas
étrangère à une ptiysienomie si expressive , quoique. peut-être
elle ne s'y montrât pas ‘habituellement. Quentin ‘crat même :distin-
, guer que des tirconstänces malheuréuses étaient la cause pour la-
quelle une figure aussi jeune etaussi aimable était plus sérieuse
que’ne Fest ordinairement la bexuté das ses prèmièrés années ;
éteomme l'imagination rémanesque d’un jeune homme est prompte
à tirer des conclusions de : données iégères, il prit plaisir à inférer
de ce qui va suivre que le destin de cette belle inconnüe était e en-
veloppé de silence et de mystère.
* «Eh bien! 7J acqueline, » dit maître Pierre lorsqu’elle-éntra dans
l'appartement, « que signifie ceci? n'avais-je pas demandé que
dame Perrette m’apportât ce donit j'avais besoin ?Pâques-Dieu! est-
elle ou se croit: -elle trop grande dame pour me servir? —'Ma mère
ne se trouve pas bieri, » répondit Jacqueline avec quelque préci-
pitation, mais d’un ton respectueux; « elle est indisposée ,. et elle
garde la chambre. -— Elle la garde seule; j’espère, » répliqua mat-
tre Pierte en appuyant sur le mot ; « je sais un vieux roulier , et
nulienient du nombre deceux auprès de qui les rnaladies de feinte
passent pour des excuses. ». ”
Jacqueline pâlit, chancela même en ‘entendant cette réplique : ;
car il faut avouer que la voix et le regard de maître Pierre , tou-
jours durs, caustiques et désagréables , avaient , lorsqu'ils expri-
maient la colère owle soapçon, uné expression tout à la fois sinistre
et alarmante
La galañ{orie montagnärde Fr Duiwnid prit subifemient l'éveil :
et avee un empressement plein de courtoisie, il s’approcha de
Jacqueline pour la débarrasser du plateau qu’elle portait, et qu’elle
x | QUENTIN éoawanc. |
Jui reusit d'un dr froidet porn; tandis que. Sn rép tie
et inquiet, elle observait.les yeux du bourgeois cousroucé.-Hmÿés
tait pas dans le nature que Fon pât résister à la. vive expression
de 0es yeux qui i semblaient implarerla pitié, ctæaitre féerrecon
- tinua', non seulement d’un ton qui-prouvait queson: mécentente
méèut était apaisé ; madis ‘ohcore-arec.auiant do-doucenr -quetsa
figure et sès panikes pouvaient en expridner : « Ce. n'est pas toi.que
je blème, Jacqueline , .ebtues.trep jeune: pur. être où -qu'ikest
cruel-de penser-que tu dois être tn jour , c'est-dvdire fausse ef
perfide commede reste de ton sexefrirole : personne h'est per vante
à l'âge d’heinme.sans avoir eu: Foucasion dé vous connaître: Vouet
un cavalier écossais qui-te dire la même chose. » O4 va
Jacqueline jeta an coup d'œil sur l'étranger, comme pour : cbéèr
à mabre Pierre ; mais toué rapide qu'il fé, es coùp:d'oil parist &
Durward he appol à. sa proteetion: ef à sx sympathie: l'ue'uas
promptitade naturelle à : un jeûne homme et le respect romanesque
pour le beau sexe que lui avait inspiré sou éduratian, jt s'empresss
de répondre qu'il jetierait 15 gant à tout antagouiste: de-s0n: rang
et-de son: âge qui osersit dire qu'une figure telle quié celle qu
était: maintenant. devant ses YeRx. pouvak tro-aniæée par autre
Chose que l'âme la plus pure et: la‘plus siscère. . .
Le visage de la jeune personne sè ouvrit d’ane pâleur mortalle;
ee jeta un regard craintif sur maître Pierre, à qui la bravade du
jeune galant parut n'inspirer qu’un sourire dé mépris plutôt. quel
d'approbation. Quentin, dont h secunde pensée” -Corrigesi ordi
_ nairement là première , bien que te ne fût quelquefois qu'après
l'avoir exprimée, Fougit fortement d’avoir prononcé quelques mots:
qui pouvaient être-regardés.coïñme une vaine fanfaronnade , 0:
présence d’un vieillard dont ja profession était toute pacifique ; @t
comme pour offrir une juste réparation, proportionnée àson étour
derie, il résolut de sg soumettre avec-résignation au ridiéule qu'il,
avait encouru. Il présenta la coupe et le plateau à maître-Pisrre, :
avec un ajr.confus et bamilié qu'ils efforgait vaindnent: de dégui-
sér par un sourire qui faisait ressortir encôre.son- embartas.
. « Vous êtes un. jeune fou , Jai dit maître Pierre, et vous char.
naissez aussi. peu les femmes que vous connaissez les princess,
dont Dieu, » ajouta-t-il en faisant dévotement un signe de croix,
« tient les cœurs dans sa main..-— Et qui donc. tient ceux des
femmes? » répondit Quentin résolu, s’il pouvait l’éviter, À ne pas,
se laisser subjuguer par la supériorité qu’exerçait sur lui ce viail-.
PL
RARE, Ni
vus -sépenetinah, Gbett ut. mialèr es weUNiSS 24 MALE
tie fonce doit il.s0 s6ntait atmillé, 2 dé-Ais que
vous devriez faire CHE LRGMION à a tro We 2» "Pépémat
tuaitre Piuné avec un giend sang-4red. : à
petit He fort oepotiduiit pare itronn déteeeté pue dec |
nouvélle-rebuffide. « Süreniont ; 4 un Manif, # Co DOME
geo ds Tee: Wa pas d'oit que je Ant Sétroigiéie tin si grattie dé-
Sérone poër lu-misérable obligation vus déppenet, qutiqueBoE
et sohmtintil «dit -dlé ce repus. L'on éttabhie kis chièns el-lei
faueohs on Jour détiriant la noire, ini est de là Dire
Hnce:qu'il: fat motiver à Phonitéé si- Pons veut: se. Pattatier pa
les liens de l'affection et de 1a reconnaissance. Ce personmbige lt
vatinont artère: EX évtte Miennente viskitt qui Bietôt
vu dpwilitie!…. #érement ên être énttesk-peerfeit mer pas pr tags
sauce ou si Des hou, re pout ImfrMe 6tre Satis À dépendante 4h:
side-de cé-marchend gorgé For, truviquh: demie étereir SN
ele eme sorts d'entorié ; dom probabtémert ÎL en exéreë st
tons-cotx. que le-hatuhi autièie nie So petit éerclé, ÉLe6tétetis
tant gai ide d'importance ces Flartisidn ef cos 'rutiqais 4e
tachent-à lu-hichossé l'idée éutlment at-deses de ce œa'èile 64
the, ‘ques doutéée vigeté n#0 han attMbue à s0n dirigent
déférones: que je tort Lémoigne. à cavise de HnAge... S0f,-péritile
bomme écositis; d'une tee shtique. 4 sas mien ; “ét tien
mereté do Tours!»
Fees tent Los ie qu 0 moe AE vante dcnstan
prit du jeune Durward, pendant quenätse Pivrre disait à Ju
Hne., en séutiant'et où pssint le main ser ten lobgaes: frosses de
ses chievex:: «Ge jeuhe hotmtrre me-Servié, Bacuethé: ta pa .
toretirer. 5sdiréi à to négigents mve de’ eléa Loft de l'eupüse
soms-nécemsité sex regards he premier ven.<-C'étrit eniqéemetié
pour vous servir, réporiit Îà jeune: Re”, j'espère Qué VOLS He‘.
r67 pan Fheké contre vôtre parole, pwisque... PhquésiBieul w
écrin le murehani ef Finteromipant, ais. sine reté, «ao
vous- déuuter @vet an ; petite Sie : où Bien rester veus fine
regardur ee june Moto 3. 60r62. Hot medte, A LONDON
SONR, M. »)
Jnoquoiiie seit. ” Doérart eut ienbiéut: océnné: æ: CU
svuvition soudain, que le fl dé: ses véerions 40 rosé ; ®æ
quil obéit machialement lorsque maître Piérre, de Kit d'u
hormme: acvoutené àétre ohét, et où se jetant, nonchana ment:
»
à
nm . | | que AURWERD.
dons un grand fauteuil, lui dit c « Posex. ce, plaisau:derantnôi, »
“Le marchand laissa alors retomber s56:sohrcils-noirs.sur. ses
yeux W£s et peréants, de télle.sorte qu ‘à, peine.étaient-ils wisibles ;
seulement, de temps à autre, il s'en: éphappait: un rayoi rapide. et
brillant-comme ceux du soleit qui se couche. derrre un. Bombe
. DA4G6; À travers: lpqueril sciniille par intervalles:
L teurs a C'É8b UE: charmante créature, » dit enfin Le xiaitierd èa le-
yant la tôte, ot jetant un regard. férme.et pénétrant.aur Quentin
tout en lui-adressant ces. paroles: «une aimsblé file , pour-une
servarite d'auberge , n'est-ce pas? Elle figurerait ‘bien À læ table
d'un honuéte bourgeois; mais éala est mal dlévés. cela éstde basse
origine. : » +.
L'arrive quelquétois qu’ un ro jeté zu hasard déiolit u un. brile
lent château bâti sur les auages: el, en pareille : circonstänce, Yar-
chitecte sait peu de gré à celyi qui a porté le coup fatal, quoiqu'il
v’ait.pas.eu la moindte intention de l’offenser ou de-lui nuire.
Quentin fut déconeerté ; et.se sentait disposé à se'mettre.en eo-
ère (sans trop pouvoir.se + rendre couipte du rhofif) contre-es-vieil-
lard, pour l’ayoir instruit que veite- charmante créature n'était ni
plus ni moins qüe-ce.que.ses occupations annonfaient , une. ser-
‘vante d’un ordre supérieur, à la vérité , probablement: une nièce
de l'aubergiste, ou quelque parente à un degré plus éloigné, mais
une servante enfin, ebligée de se conformer à l'hurieur des habi-
_ tués dela maison, et particulièrement à à celle de maître Pierre, qui
prübablement. avait. assez de caprices , el ässez de e: richpsse pour
exiger qu'ils fassent satisfaits. |
Une pénsée qui ne cessait de se présenter à à: sen csprit, € "était
qu il devait faire eomprendreau vieillard la différence qui existait
entre leurs conditions , et lui-faire remarquer que, quelque riche
qu’il fât, sa richesse. ne pouvait le mettre sur le-pied de l'égalité
avec un Durward de Glen-Houlakiä. Cependant, quand ikportait
la vue sur maître Pierre , il découvrait en lui, malgré ses regards
baissés, ses traits amaïgris ; ef ses vêtements qui annonçaient la
‘’bassesse et l’avarice, quelque chose qui l'empéchait de mettre à
” exécution son dessein-de faire sentir aû marchand la supériorité
qu'il se figurait avoir sur lui. Au-contraire, plus Quentin Je regar-
dait avec attention, plus.il sentait rodoubier sa earipsité de savoir
‘quel était cet homme et quel était son rang , et alors il se persua-
dait initérieurement avoir affaire au moins à un syndic , où à un
membre de la haute magistrature de la ville de Tours ; en un mot,
- I NERARITRE: TV: — #7
à unihétmeiqui, d'une manière où.d'pme: ns dit holicok à
exiger-et ànbtenirlorespeot
: -Le. rparthand ; dè son:côté. paraissait: plongé dans ue réverie
dont il ne sortit que pour se signer dévotement avant. do se.ntattre
à Haugor quelques prunes sèches éf:un morcemgr de biscait; anrès
quoi il ft signe. à Qtrentin de qi: donner. ka coupe. Mais, au: mo-
ment ét celui-6i t& lui présentait; Abajonta::« Vous;ôtes aoble ?
— Bion certainement je-le quis, répondit 1 , Si quinze gér
mérations pouvent: me-rendre tel; :je vous Faidéà dit. Cependant,
que cela ne vaus relienge pas, nattre Pierre : on.m'a toujours ep
pris-qu'ibest du dsvoirdu. plus jeune üleservir le plus âgé, —Excel-
Jenté maxime! » répondit le. inarchand tout en prenant la coupe
des mains du-jeune homme et la remplissant aux môyen: d'une
aiguière. ii ‘paraissait être &u mine méfal, Sans se montrer aus
_cunemeant ému per 0es. scrupiiessur les convenances que Quentin
s'était peut-être. attendu à faire naîtrer.en lui: — «Au diablè soit
Yaisapce:et la familiarité de: ee: vioux bourgenis !. % se dit endore
Durward; +-il.se fait sepvir:par un-noble écossais avec auséi peu
de vésémonie que je lé ferais à l'égard d’un rustre de Glen+isla » :
Eoutefois lemarchand , “ayant vidésa œupe, dit à soir COMpA+
: gNOn :-u D'après le goût que :YOUS.8VEZ PAU. avoir pour le vin de
Bœuno, jo'w’imagine que vous seriez pou “disposé à me faire rai-
son avec cetté liqueur plis commune. Mais j'ai sur moi um£lixir
qui. pouf changer en vin le plus délicieux de ] Fragge leûu Aeroche
elle-méme. » " ” -
En parlant ainsi il Lira de: son sein 06 gross bourse de peau de
loutre de mer, et'ft tembes dans la coupe,.qui au reste n’était pas
grande, üne pluie de petites pièces d'argont, jusqu'à cequ'elle fût
. plus d’à moitié pleine: °_-.
:—«Jéune homme, ajouta maire Piarre, vous devez à votre pa-
tron. saint Quéntin et au bienheureux saint Julien plus de recon-
BaissAnce que VOUS ne paraissiez le cæoire il y a un instant. Je vous
conseille de faire des aumOnes en lour nom: Restez dans cette
hôtellerie jusqu'à ce que vous voyigz-votre parent. le Bajafré, qui
sera relevé de gärde dens l'après-midi. Je le fecaiavertir qu'il pet
vous trouver ici, oar j'ai affaire au château, » . .
.- Quentin Durward aurait voulu dire quelque chose | pours” excu-
sor d'accepter la prodigue Libéralité de-son nouvel ami; mais rnat-
tre Pierre, fronçant ses soureïls noirs, -et relevant son Corps courbe
pour lui donner une attitude de digüité plus imposante que celle
# | QUENTIN DUMMERD.
qu avi déphorés jenetiièns, Jui it d'union diegéscité Dutnt
de réplique, jeune homme ; faites ce-qu'en vous -tieuns.r:$088
+ - sois Huit Foppurtonsent on Mionnt sipasià Quautin qu: no
devait pas de suiere. -: -
Le joune Écomuis-restn pétrifé ; u6 caca que-penser de tout
ce quilul.arrivait So prortivr mouvement iè phasaturel:; tal
lé ttes noble pout-ôtre, fut.de regwder dans iaecoupé, qui était
aturément plus d'à moitib plokie. de pièces: d'argent le nômbre
en était tel, que jamais pout-être, danseurs dé se vie, à n'en
avait. eu la vingtième partis ès disposition. Mais-a'était-ee: 2e
compromettre. sa éigaité de gentéihomine que d'accepter l'agent
d'un. riche : -plétéien ?' Otis quæetion: étit eubarrasmants, 7,
quoiqu'il: oût fait un oupieux déjoûacr, cette semrne rie ‘pou vaË -
jui:sufBre, soit pour retourner. à Bijôh, dans 19-085 où vendait,
bravant le eourrous du duc de-Bourgogne, extser'au sohrics de
co princes, sûit prar sp rendre à Seimt-Quentin, si #5 défer minuit
en faveur de céli du vomic-de Saint-Pol ; « Car eÉbit à londres
deux grands vasseur qu'il sait: résolu doffiie ses services, st
n'entrait pas à-o6tui dn roi de Fouñcs. Le parti auquel if vtavéte,
| comme ‘lui paraissant de piles ago dons les chuourtences, fui de
56 lxissor gwider Dur l'avis de son enter Éa- attendmit., ik mit en
pièces d'argent'dsss son sac Je velours, et appuis l'hôte pour ui
faire retirer la coupe d'argent, ten mème temps ‘pour lui faère
quelques questiétis au vejei de: 0e manrohedd qui camera dl
béral et si impérieux. + po
Le mpttre dé: le Maison 56 présenta Diertée; w# eu peut pas
plas commenieatif -uu nicias s6 rnoÂtra-t-4l moins avéte de pro
Jes qu'if 06 Pavait hé jusqu'alors. ÉL reflex pesitrement de:20+
prendre la coupe d'argent ; elle ne lui appartenait pes, Git-H, ris
bien à maître Pivrre, qui emuvait fuit présent à son ecitvive -IL
avait, à la vérité, quatre hones!, que jui aurait Nyruées sa gramdl'u
mére d'heurousc mémoire, Mais qui 1e ressemblent pas pes à
ce beau morteat de ciseture qu'un navet ne ressrtible à uno pé
che. Colai-ci était eme de-ces fameuses coupes de Touts, travaïl:
Jées par Martin Dominique Jequel-pawvait défier tsut Paris.” :
«Et, s'il-vous plaît, quiom:ce amêtre Pierre qui fuitd6 Bt YICRO
présents. à: des-étiangers7s1iai dome Durwaid er l'intertia-
part, —+Quiestes maître Pierre: 7e rbpôte Fhôts en: rien tome
berde sabouche-cesperviesuncà une, conne s'il les eût aistifécn.
+ Vicez mot fremçuls qui denife tuape, «. 3
{ <CRAMITRE- mr - nt |»
—— sais +-méphique Dares d'un téarienpasient ot imipéeniié, sq,
es ce maîtes terre qui-e montre Si libérant ts prodigue? et;
qui eét-sette engèce da bonéher.q0'i a aameyé on atant pour. von"
mander. te ‘déjeuner? — Oh} oh! mon bemi messiour,. quant à
savoir ce. qu'est maître Pierre, vonsauriez dû lei adressbr cotée
question diei-même; ef quant à cclui qui a Dai préparer le dé-,
jeuner,. -Diqu-vous préservé de je cobnaître d'une manière plus.
intisee, Il y « quelque mystère dass tout cela: Ce nialéro-Pierre
m'a dé qu'est marchant. —sS'id vous l'a.dit, vous devez l'en -
| Creire. + Qselt sent les pbjets de son eüramserce ? 0h! eesont .
des-abjetsde prix. -Entre:antres, il a établi ici-des manmfsctures
de snicrtes qui rivalisent avec les ridhes étofles quo les Vénitions:
apportent de lindeetdu Cathay. En venant ici, vous ayez dé voir
de bellesallées de mûriers : is Ont été plantés par ordre de maîte
Piéres pour nourrir les vera à soie. — Et.entte jeune personns
qui. a ‘apporté des cenfiburés, qui ést-eilo,. wion. bén ei ? — Ms
locataire r eho “ent ici-avee. sa tutrico, ane tante. où: antre par
renie, je m'ipaagine. — Et êtes-vous dans l'usage d'employer vos
locataires à se-servir. les uns les autres ?. J'ai remarqué quemattre
Pierre n'a ries toulu préndre de votre mai ni de colle de la
personne -GI .VONS; ACOOLL PARA. —Les pens riches ont lours
fantaiais, carils peuvent payer poar lesantisfire. Go n'est pasis -
première; fois que maitre Pierre à trouyé 19 moyen do satisfiire
un. de æs- caprices - en se fnisènt Servir par dés gens d'ane class
élevée. » -
Lojoue Écossais se sentit ün pet: roffemsé de cette observation ;
mais, cachent son dépit, il demanda s'il pourrait avoir un appar-
toment-dass l'enberge, pour ua jour, ou pour pes tongrtemps
peut-être.
«Gertainement, répondit l'eubergiste, et porir + aussi long-temps
u'i vous plaira de rester : ici. — Et me sera-t-al permis, continue
Durmarà, de préseñter mes respects aux dames dont je vais de-
venir très-proche voisin. 2 Je n’en sais rien. Elles me.sortent pas,
et. np reÇOivent PerSORNE, -— À. l'exception de maître Pierre, j'i-
magine > 11 Ae o'est-pas permis de nommer d'exception, » é»
pondit l'eubergiste g'ün {en ferme maisretpoctnenx. ——.
Quentin: partait asser haut l'idée qu'il se -fnisnit. do son inpors
tance, queiqu'il £é dépourvu des moyens de la soutenir. Un peu
mortifié de la réplique de l’aubesgiste ; d n'hésite ges à se. préva- |
loir d’un usage assez commun dans ce sièele, «Portez à ces dames,
æœ. QUENTIN" DURWARD.
dit, ün facon de bernat * ; présentez-teur ms très“humbles res-
pets, ‘et dites-ieur ue Quentin Durward, de 1a maison dé Gten-
“Howtakin, Honürable cavalier écossais, ‘et qui vientde prendre: un
légernent daus cette. hôtellerie , leur démande ‘la permission. de
lotir présenter s0$ hommages en persoiine. ». -
‘Le messager partit, et revint presqüe: aussitôt: ‘les dames. refu-
saibnt' d'accepter ‘le: rafratchissément, et offraierit: au cavalier
-écossxis leurs rérherctments; élles regrettaisnt . que ka vie retirée
qu ’élles irenarent les mît dés l'impossibilité de récévoir Sa visite:
+ Quentiti se mordit 1es lèvres, et prit unvérre de ‘Yernät qu'on
avait réfusé et que l’hôte avait posé sut‘la table. «Par-la messe 1»:
dit-il en lüi-même, «Voici un pays bien‘étrange! Des imarcharids-et
dès ouvriers s’y donnent les manières et exercent la munificence
. des nobles, et de petites files qüi tiennent léur coûr dans un ca-
baret; affectent un grand ton, comme si elles étaient des prin-
cedses déguisécs. Il faut cependant que je revoie cette-belle aux
sourcils noirs; Où je serais bien empêché !» Ayant pris cette sage
résolution, il demandä à 6trè conduit à l'appartement qu pl devait
ocetper.
:‘Héubérgiste 1e . monter. par un escalier placé dans une tou-
_ mBei au boût-de cet éstalier il se ‘trouva'dans une galerie sur la-
quellé ouvraient plusiéurs potes, ‘comme dans le dortoïir d'un
coùvent. Cette ressemblance n ’excita" pas une grande admiration
chez notre. jeune héros; qui se souvenait ‘avec: beaucoup d’ennui
de l'avant-gôût qu'il avait eu autrefois de la vie monastique. L’au-
bergiste s’ ‘arrêla à l'autre extrémité de ja gaterie, choisit dné clef
dans un groë trousseau pendu à sa ceinfure, ouvrit une porte, et
fit entrer son hôte dans une chambre: que- formait l'intérieur d’une
tourelle : cette chambre était petite, à la vérité, mais propre et
écartée des autres ;:on-yÿ voyait un-petit Lit et quelques meubles
rangés dans un excellent ordres et tout bien considéré ; elle pa-
rat à Durwärd ün: petit.palais. : : -
«J'espère, m6n- -béau monsieur, lui dit É aubergisfe, que vous
trouverez cetappartement äâgréable. Je me fais un devoir de con-
tenter tous les amis de maître Pierre. — Quel heureux plongeon
j'ai fait!» s'écria Quentin en battant un entrechat dès que son hôte
se fut ‘retiré. «Jamais semblable bonheur ne résulta d'une telle
immersion, £a vérité, c’est un déluge des faveurs de la fortune. »
En partañtainsi, ils’approcha de la petite fenêtre, d’où, atten-
4 Sorte de liqueur usitée da temps de Louis XI. À. x.
| CHAPITRE iv. 8£
du que la tourelle s’ayançgait cossidérahièment-hors æ. la ligne: :
principale du bâtiment , la vue s’étendait. ROR-saulernent.sur un
joli et assez vasle: jardin qui était.une dépendance de l'auberge,
mais encoré sur un charmant bosquet de ces, mûriers que l'of
disait que maître Pierre avait fait planter. pour. servir à La pourais
ture des vers à soie, De plus, si détournant les yeux de ses objets
plus éloignés ;: on les dirigeait..le lang du nur, Qn -voyait.une
seconde tourelle dept une des fenêires correspondait à celle que
Durward occupait en ce moment. Or il serait difficile à an-bom-
me de vingt ans plus âgé qué Quentin: de, dire pourquoi cette
localité l’intéressait plus que lé joli jardin ou-le bosquet de mû-
riers; Car, liélas ; des yeux'de quarante ans et plus. regardent |
avec indifférence une tourelle"dont la fenêtre et la jalousie, sont
entr’auverfes pour laisser entrer l'air , tandis que te volet reste à
moitié fermé: pour intercepter les rayons du soleil, où peut-être
un régard trop curieux ,'un luth à demi caché ; par-Un. léger voile
de soie verte fût-il méme Suspendu, auprès de cette fenêtre. Mais .
à l’âge heureux de Durward, de pareils accidents, comm un |
peintre les appellerait, sont une base suffisante pour élever cent
visions aériennes et former ces vagues Conjectures mystérieuses
au souvénir desquelles Phomme d’un âge mûr sourit et soupire |
soupire et sourit tout ensemble. °° ‘
Comme on peut supposer que notre. ami- Quentin. désirait ap-
prendre quelque chose de plus relativement à sa belle voisine , la
propriétaire du luth et du voile ; ‘comme on peut supposer du
moins qu'il avait quelque désir de savoir si elle n’était pas par
hasard la même. personne qu'il avait vue sérvir maître Pierre
d’une rhanière si humble: + OR doit supposér . d'abord qu’il ne mit
pas Ia tête et la moitié du ecrps à la fenêtre, dans l'attitude d’une
indiscrète curiosité. Durward connaissait mieux l’art de l’oiseleur,
En effet, il s’effaça de manière à ne pouvoir être aperçu du dehors,
se contentant de regarder au-travers de: la jalousie ; et, grâce à
cette précaution , il eut le plaisir de voir un beau bras parfaite-
ment blanc , parfaiternént rond , décrocher l'instrument ; et bien-,
tôt après ses oreilles eurent aussi eur part dans la récompense
que méritaient.ses habiles dispositions.
La dame qui habitait la petite tourelle, la dame à qui apparte-
paient le voilé et je luth, chanta précisément un de ces petits.
airs qui , selon la croyance reçue, coulaient des lèvres des nobles
dames au temps de la chevalerie, tandis que les chevaliers et les
L : QUENTIN DORAWARD.
éroubetiours les éecutéisnt és -soupirunt. Les paroles ‘n'avaient
‘pes assc-de œentiment, d'esprit ot d'imapinntivh pour détourner
l'attenition de le -musiqné , et la musique n'étaitpes atsés savante
pour couvrir le-vide-des parales et ox détruinel'uffèt. ba-chamson
et la musique semblaient tellement avoir été faites lusieipour
leutre ; que si es vors eussunt été rébités sans les note, “où Pair
joué ‘sans les:parokes ; ni: la chanson ni la-niusiqué, aingi-prises
séparément , d'auraient raérité ja moindre. ‘atiention: Nous de-
vriotis done noûs justifier du reproche qu'on pourrait netis faire
de consigner ici des vers qui n'ont'été faits ni pour’ être récités,
ni-pour être los, mais seulethent pour être chantés ; eopendant.,
tomme les lambeaux d’unicienne poésie oht toujours eu füur nous
un aitrait irrésistible: Comme, d'ailleurs, l'air est porde pour tou-
jours, à moins que Bishop 1 non retrouve jier haskrd'la musique,
ou ue quelque rossignol n'enseigne à Stephens 2 à la garoviitier,
nous ne reculons pes devant lé risque ‘db: comfirémettre ‘notre
erédit êt le poût deia ‘dame du lufh;"en conservant des vèrs,
quelque simples et quelque dépourvus à d'oriement eanñis puis-
sont paraftro: . |
LE COMTE GUY. Tu
‘ Ab, comte Guy! Pheure 4 peschaine _
Lo soleil a fui l’horizoï ;
! La fleer de l'oranger paffume le talon,
. Ka-briss qurt sur La limpide plaine ;
‘L’alouette , qui tout lé jour =
À gasouillé son lai d'amour, : _
Amprès de ss compagse est mueite et s'endort. .’.
L'oiseau ,.le fleur, la brise, ohéissent à l'heure;
Mais Véin de moi le comte Guy demeure : "7
Où done est-il quel pout être son mrti
. La jeuna Glle dn village
Fuftivement se glisse sous Lomabrage.; 3 |
Pour écouter un langoureux. berger ;
Près d'uge jalousie , à la beauté timide,
Un chevalier courtois qu’ameur sut engager; .
Vient chanter et sa flamme el Yastre qui le guide.
. L'étoile de Vénus, sur La terre et les airs, .: -
Règne du haut des cieux entre Les feux divers.
Le riche et lindigent ressentent: sa puissance. . °
Mais l'houreux comtes Gay, dont je crains Ploeonstmee ,
Où donc est-il pour .ouir mes concerts !. |
- Quoi que::.le lecteur puisse penser de cette chanson si naïve’, ;
elle produisit un effet magique sur Quentin, orsqu' il l'enten-
4 Compositeur anglais. À. M.
"2 Cantatrice d’un des théâtres de Lorrdres. 1. x.
. CNE +. as
dit chanter par una voix doué at méladionse , dont les célestes
acanrds. lui étaient: appertés per lé doux Ziphyr avec 19 parles
du jardin ; tandis.que le visage de cela qui -chamiaik pouvant à
noi: être ne . astée. séiner sacsblait evene: d'un wie
mystérieux, |.
“Larsans lechent. ét cou, Quentià ne pot. stempêcher de se
mentrer :plus à découvert, -en csmÿjantimpradenenent de. vair
plan qu'il n'avait encore pa désommi .-Ea musique eessa à l'ins-
tant, Ja. erisée.:se ferme; at. un aomhre ridosu, haisaé on de-
dons, arciin le-couss des ehoerratians de l'habitant de La tort L
role voisine. :.
| Anssi mortiié qua surpris des:snites de sx précipitatiqn, il se
anneola cependant par l'espoir que la. dame du luib: n'abandonne-
rait pen fi facilement un ineteuusgnt qui parsisquit lui être très-
fauilies, ok ne poussarail pes ln cruamté jusqu'à reponcer au
plains de:nespiren un air pui où d'onveir sa croise, dans l'intpn-
tion peu généreuse de garder axclusirement peur san areille les
dous semi: qu'alle crésiC Haut-ftre un. léger sentiment de vanité
personnelle. viat-il se môler à cos rélexions consalatriers. . Sé,
comme ik irasapçoneil fort, une belle jouvencella, à tresses
longues et noires, habiteit-l’ane des touselles, il me pouvait s'eme
pâcher de satir qu'un jouvéneeant bien fait ; de bonne mine et
à blondè ehevelure, occupait Fantre; ok les romens, ses sages
bastituteurs., avaiant appris à sa jeusasee que, siies damoiseties
étaient réservées. alles. n'éteient'eopendant dépourvues nà d'une
certainer curienité. que les portait à pénétrer dans lea affaires. de
leurs vwaisios, ni d'ung certaine disposition à s'y intéresser.
- FTondie que Burwark s'abasdoshait à ces réflexions, Un gar-
çon de-l'anbenge vint lai dére qu'uù cavalivr demandait à lui parier.
SR
| | EAMTÉE x.
L' + LRONME D'ARMESS
. sul d jure étrangers, basbe canne Je léopard,
. bravant le feu du canon pour conquérir cetie bulle
d’air que Pon appelle la gloire.
7: 7 Snaxetans., Cum d'emapisire.
La cavalier qua attandaif Durward dans V'apaartement où il
avait déjeuné, était un de ceux dont Loujs XI avait dit depuis
sm QUENTIN -DURWARD.
long-temps qu'ils tenaient entre leurs mains la fortune de la
France, puisque c'était à eux qu'était. confiée la garde imné-
diate de la personne dy roi: … ”
‘Charles IV avaitinstituéce corps célèbre des aichers de da gärde
écossaise, comme on les appelait, espèces de gardes da Corps.
avec-plus ‘de raison qu’on ne peut généralement er alléguer pour
environner le trône d'urie troupe de soldats ‘étrangers et merce-
- maires. Les dissensions qui avaient détaché de.sa Courobne plas
de la moitié de la France, la fidélité. chancolante et douteuse da
petit nombre de noblès qui- défendaiént encorè sù cause, -faisatont
qu'il eût été impolitique et peu prüdent de confier À ces feudatai-
res le soin de sa sûteté personnelle. La nation écossaise était le .
nemie héréditaire des Anglais'et; à ce qu’il semblait, j'ancienne
et naturelle alliée de -la France. Les Écossais étaient päuvrés,
courageux , fidèles ; leurs rangs devaient toujours se rotruter
avec facilité, à cause dela surabondante de la popalation de leur
pays, celui de toute . l'Europe qui vit sortir de.sün'sein les plus
nombreux et les plus bardis aventuriers. Leurs prétentions géné-
rales à unë-antique noblesse étaient un excellent Litre pour qu'il
leur fût accordé d'approcher de la personne du rmonar ue dp-plas
près qu "aucun autre COrps der troupe, tandis qe leur petit nom-
bre était ün obstacle à ce qu ‘ils puséent se rendre redeutables et
dicter des lois là.où ils devaient obéir. .
. D'un aütre.côté, les monarques fränçais s'étaient fait un point
de politique de s’attirer l'affection de ce corps d’élite, en lui actor-
dant des prérogatives honorifiques et-une forte paie, qüe la plu-
part d’entre eux dépensaient avec une prodigalité toute militaire,
pour soutenir-ce qu'ils appelaient leur rang. Chacun d'eux était
considéré comme gentilhomme, tant à cause de son grade “qu’à
cause des honneurs qui y étaient attachés ; et leur’ service; qui les
rapprochait constammient de la personne du roi, leur dennait une
grande importance à leurs propres yeux, ainsi qu’à ceux de Îa
nation française. Ils étaient armés, équipés et montés richement,
et chacun d’eux avait droit à un: supplément de solde pour l'en-
tretien d’un écuyer;.d’un vardet, d’un page et de deux yeomen !,
dont l’un était appelé coutelier, à cause du grand couteau qu il
portait pour acheyer-ceux que son maître avait renversés dans la
mêlée. Avec eettesuite etun équipage qui y répondait, un archer
de la garde écossaise était un personnage de qualité et d'impor-
#4 Ætchers d'un rang inférieur. AM : "
CHARTRE V. #5
tanee : ét, comme les plates vacantes étuient ordinftréement rem-
plies par ceux qui avaient étéélevés au service en qualiff dé pages
ou de varlets, les meilleures familles d'Écosse envoyaient stuvent
leurs cadets pour servir, en l’ane ou l’autre de ces qualités, sous
un ami ou un parent, Jusqu'à ce qu'il se > présenta quelque chance
d'avancement.
Le eoutelier et son compagnon n'était pas nobles, ni suscepti-
bles de promôtion, se recrutaient parmi les gens de la classe infé-
-rieufe; mais comme Ja paie de leur emploïétait fort boyne, leurs
maîtres trouvaient aisément parmi leurs compatriotes ertants, des
‘hommes robustes et courageux pour les emplôyer en cette qualité.
Ludovic Lesly, ou, comme nous -l’appellerons plus fréquem-
ment, le Balafré, nom sous lequel il'était généralement connu en
- France, était un homme de pk de six pieds, robuste, dont le
corps était fortement constitué, mais dont les traits dars et re-
poussants l’étaient devenus davantage encore par suite d'une large
et horrible cicatrice qui; ‘païtant du front et passant tout près de
l'œil droit, laissäit intact l’os de ‘a joue, et descendait presque
jusqu’au bas de l’oreilte La suture profonde qui se dessinait ainsi,
tantôt écarlate, tantôt pourpre, tantôt blèue, tantôt presque noire,
était constamment hideuse, parce qu’elle contrastait avec'la cou-
leur de son visage, dans quélque état qu'il fât, agité ou calme,
enflammé de quelque passion extraordinairé, ou habitweMement
‘dun teint noir, résaliai de l'inflience de Fair et des rayons du
soleil. :
ses armes et son costüme étaient siches et brillants. IL portait
la toque natiônale, surmontée d’une aigrette ayant pour -agrafe
ou boucle’une Vierge Marie d’argent massif. Cet'ornèment avait
été donné par le roi à la garde écossaise, parce que, dans un de
ses accès de piété superstitiense, il avait consacré les épées de ses
gardes au service de la sainte Vierge; et même, suivant quelques
historiens, il avait été jusqu’à rédiger et sigher de sa main un
brevét par lequel il en donnait à Notre-Dame le commandement,
avec le’titre de capitaine-général. Le. hausse-col de r'archer, ses
brassarts et ses gantelets étaient de l’acier le plus fin, artistement
damasquinés d’argent, ét son haubert, ou sa cotte de mailles, bril-
lait du même éclat que la gelée d’une matinée d'hiver sur la
bruyère ou la ronce. Il portait un surtout flottant, ou casaque
4 1 s’agit ici de pieds anglais. Le pied angiale fait 44 pouces ® ligues de France.1.Ms
QUENTIN DUR WARD. 6
, QUENTRFAYNWARD.
d'as saperbevelpurs bleu, ouvertsur los pÜtés came qelui d'où
héramt d'armes, ot.s8r le miliou duquel, par desrière ausei hien
que par: davent, brileit une grande ctaix blanche brodée en
esgent. Ses gemouillères et: ‘ses cuistants étaient de mailles, et 295
soukiere couverts d'egier. Un large et fort poignard. nommé le
merci de Dieu, pendait à son côté droit, et un baudrier richement
brodé; ‘descendant de. droite à gauche, soutenait sa redoutable
épée ;:mais oh 6e momen! pour sa Cosmmodité, il portait à la main
cotte arme pesante que les rôgles de son service ne loi persant
taïent jamais-do quitter. …
Quentin Burwaré, bien qa'habitié de bonno boure, comme ou
les jeunes Évossais de cette-époque, aux armes'ét à la guerre,
orut qu'il n'avait jamais vu un bomme d'arrnes d'un air plus bel-
diqueux, et plus complétement équipé, plus brillant que cekui qui
l'embrasss on <e moment: ceit-homane d'armes était pourtant le
frère de sa mère, Ludovic Lesiy le Balafré | Cependant il ne putse
défendre d’un sentiment peù agréable au moment où cet oncle,
dont la figureavait une expression véritablemant repoussante, Lx
brossané tour à tour les doux joues ave 685 rudes moustaches,
félicite son boau neveu de sun arrivée en France tout en lai de-
mandsnt quolles aonvolles il apportait d'Écosse,
«Pas grand'chos de bon, men cher onc, pépondi Durwend:
mais ju euischaremé que Vous m'ayez reconau si prompiément.—
36 l'aurais robonnt, fon garçon, lors même que je l'aurais ren
contré dans les landes de Bordeaux, marchant comme une grw
#ur uad paire d'échasses. Mais assiods-toi, assieds-toi; et s'il y a
de fâchouses nouvelles à entendre, dious aurons du : Vin pOUT BOUS
inspirer de da résignation. Hola ! vieux Gourte-Mesure,.notze brave
hôte, apporie-nous du meilleur, et sur le champ.»
A cette époque, l'accent particulier avec lequel les Écossais
pronpacent le français était aussi ferailier dans les tavernes, des
environs du Plesais, que l'accent suisse l'est, de.nos jouss, dans
les guinguettes des environs de Paris; on obéit avec uae promp-
titude égale à la précipitation de la crainte. Un flacon de vin de
Champagne fat bientôt posé devant eux : l'oncle s'en versa ua
verre, tdis que le neveu n’en prit qu’une petite dose, pour
répondre à la politesse de -son parent, ens’excusant sur ce qu'il
avait déjà bu du vin dans la matinée.
« Une pareille excuse aurait été excellente dans la bouche de ta
sœur, beau nevéu, dit le Balafré; il ne faut pas'te laisser tant
—— —— — —— _
Le: CAM 5 67
vfirèyer. our M SUR, situ veut -qu'irte potisse- de: haybe un
enendonr ot dir Pair d'en 20108. Mais : allons, royoits, Tour
dcosmeis; couvre te malle, et. donnhe-noûs'ées norwvetles db-Gieñ-
Houkekin. Gorrment- se porle na Sœur? Elo test morte: bel
ont > répondit denloureasement Quentin. 2: «Morte! » répéta
son oncle d’un ton qui exprimait plus d'étennoment que de êhe-
grin. « Eh! mais éllo: était de:-tinq ans ples jeune que moi, et
Jamais de la vie je neme:tuis rieux porté. Morte ! ocls w'est:pts |
possible ! Je n'ai jainafs et thème un mal de tête, excepté après une
ribote de deux ou trois jouts avec les frères de le joyeusescience,
Jorsqué mèw'servict ‘me le permet. : Ainsi dome, ma pauvre-sœur
est morte!.….-Ft votre père, benu neveu, Fest-remerlé?e : : :
Avert que le jeune homme plt articuler urr mot, fl lat sa réponse
dans x surprise que lui eausait cette queslion, et sjouta : « Com-
menti n'est pes rermarié? Féurnis Jeré qu'Aflan Darward n'était
pas homme à vivre sans #ëmine.# aimait à voi” sa maison en
ordre. A aimaît à rogaider eme fe: feirme, quoiqu'il ett ‘une
certaie nostétité de tiers. .Lérheriage hui proenrait toutes ces
Chüses: Quant &moï, je me-soncte fort peu d'un pareil bonheur,
etie pris reparder ire jolie femme Sanssénger au sacrement...
Ma sainteté ne s'êtend pas jusque-là. — Héïhs! mon ther oncle,
ana ntère était veave deptis prés d’un'an, C'est-à-hre, depuis r'6-
poqie où 6ten-Houlskin fi} pHié par les Ogilries!. Mon père,
mes deux onciès, mes deux frères aînés, sept de os parétits, le
méresirel, Pintendint, étenviron sit autres de nos gens, furent
Tués en défendant le-hâteau. H ne resta hi un seal foyer ni me
seule pierre debout dans tont Gien-Hotlakin.— Par Ja croix de
saint. André! voilà ce que f'appelle:une véritable boucherie. Oui,
ces Ogilvies ont toujoars été de mauvais voisins pour Glen-Hoû-
takin. Ce fat une bien mauvaise chance; mais le sortde la guerre.
te sort de laguerre.… Quand ce malheur arriva-t-f, beau neveu? »
En parlant ainsi , $ avala un grand werre de vin; et fl secoca la
tête avec beaucoup de solennité lorsque $on neveu Mi réponit
que la Saint-J üde était le jour arhiversaire du désastre de sa fa-
mile.
« Eh bien ! voyez un peu, a le soldat gvais-je tort de re
que tout n’était quechance ?... C’est justement ce jour-là que moi
et vingt de mes camaradesnous avons emporté d'assaut le château
de Roche-Noire, appartenant à Amaury Bras-de-Fer, capitaine
4 Nom d’ané ancienne tribu écossaise, ennemie de celle des C'urward. 4. M.
88 QUEN PEN BURN ARD.
. Sefrancslanciers , dont. vous devez;avoir oui parler. Je: le tuai
. sur. le seuil de-sa porte; et je gegnai assez d'ur.dens ce coup de
. main.pour acheter cette belle chaîne, qui était jadis deux fois
aussi longue que vaus la voyez maintepant.…. Et ceci me fait sou-
, venir qu'il fant que j en fasse servir. une partie à un pieux usage.
- Hola: André !. … André! Un |
. Aadré entra qussité ; c'était le coutelier. de Lesiy. En général,
: $on équipement était le même que celui de l’archer , avec cette
. différence cependant qu'il ne portait pas de cuissarts, que sa cui-
rase était plus grôssièrement fabriquée: que sa toque n’était pas
. surmontée d’un panache ; enfin que son surtout était de-serge,
ou d’une étoffe plus grossière encore , tandis. que celui. de-son
*, maître était d’un superbe velours. Oftant de-son:cou.sa chaîne
. d’6r. le.Balafré en arracha ave les dents (car elles étaient hon-
: nes et solides) un bont denviron. quatre’ pouces de longueur, et
le remettant à son serviteur, illuiditr. , . : -
.« André, portez ceci à mon joyeux. compère, le père Boniface,
, maiñe de Saint-Martin. Saluez-lé de ma part. À propes, je me
rappelle qu’il ne put me dire Dieu vous conduise, la dernière fois
_que nous nous séparâmes à minuit. Dites-lui que mon frère,
ma.sœur et quelques autres membres de ma famille, sont morts
. et partis pour l’autre monde ; et que je le. prie de dire autant de
_messes qu’il lui sera possible pour la valeyr de ces anneaux : si
cela ne suffit.pas pour les tirer des feux du purgatoire , qu'il fasse
: Je reste à crédit. D'ailleurs... écoutez-moi donc !..: comme c’é-
.taient des gens qui menaient üre vie régulière et qui n'étaient
, aullement entachés d’hérésie, il est: possible. qu'ils soient déjà
“presque hors du purgatoire ; en sorte qu'il ne faudra que peu de
chose pour. rompre entièrement leurs chaînes; et en‘ce cas,
- voyez-vous , je désire. que la bon moine emploie cet or'en malé-
dictions contre une race.appelée les Ogilvies, en malédictions des
. plus sûres que l'Église ait pour les atteindre. Vous comprenez mes
. intentions , André ? » .
: Le coutelier répondit par un signe de tête aff matif.
« Mais, ajouta le Balafré, prends bien garde qu'aucun de ces
, anneaux n’aille. faire un tour chez le marchand de vin avant que
le moine y ait touché ; car; si Cela arrive, tu tâteras de la sangle.
" etde l’étrivière jusqu’à ce que.tu sois aussi complétement écor-
, Ché que saint Barthélemy. Attends, je vois que ton œil s’est fixé
sur ce flacon de vin, ét tu ne Ven iras pas sans y avoir goûté, »
: CHAPETRE V, : 80
Ea partent ais il lei versa trie -#hsade ; et le éoriteller; après :
l'avoir avalée, partit pour s’aequitter de sa cornmission. : ‘ -”
« Etmaintenent , :boau meveu, dit le Bafafré, contez-moi:ce :
qui vous arriva à vous-même dans: cette malheureuse affaire. à -
Je comhattis avec ardear au milieu de ceux qui étaient plus Apés :
et plus vigoureux que moi jusqu’ à ce qu'ils fussent tous renvers :
sés, et je reçus une cruelle blessure. — Pas pire que celle qué je :
reçus-moi-même it y a dix-ans.-Regarde, béau neveu; mets les ”.
doigts sur cètte cicatrice : le sabre d’un Ogilvie n'a jdmais creusé
un sillon aussi profond. — Ils en: creusérent cependant d'assez -
profonds, » répondit Quentin d'un. air triste : x mais enfin ils se .
lassérent de tuer, et ce ne fut qu'à force’de prières que ma: mére
obtint qu’on me laissât la vie, quand on s'apérçut qu'il m’en res-
tait-encore an Kger souffle. Un savant moine d’Aberbrothock'!, :
qai était par hasard au château dans ce fatal moment, et. qui .
faillit être tüé dans la mêlée, obtint la permission de panser -ma :
blessure ; puis de mie faite transporter en lieu de sûreté; mais ce :
ne fut que sur la promesse de lui et de ma mére, que je me ferais » ,
moine. -— Moine : #éorfa son oncle. Bienheureux saint André ;.
c’est ce qui ne: m'est jamais arrivé. Perèone , depuis mon enfance.
jusqu'à ce jour, n'a jamais-eu la moindre idée de me faire moine. .
Et cependant je m’en étonne quand j'y pense, car vous convién=
drez que , excepté la lecture et l'écriture, que je-n’ai jamais pu
apprendre ; la psalmodie , que je n’ai-jamais pu endarer ; le cos- - -
tume-, qui conviendrait assez à des fous, à des mendiants...
Notre-Dame me pardonne ! » ici il fit un signe de croix, «.et les”
jeûnes, qui ne conviennent nullement à mon appétit, j'aurais
assurément fait un tout. dussi -bqn moine que mon compère. du
couvent Saint-Martin. Mais-je ne sais pourquoi personne ne me .
l'a jamais proposé. De sorte donc, beau neveu , que l’én vous fit
moine ; et la raison, je vous prie ? — Afin que-la maison de mon
père s'éteignîit dans le cloître ou dans la tombe. —Je vois, je
comprends... : rusés coquins !.… oui, très-rusés !-Ïls auraient bien
pu se tromper cependant ; ‘car, voyez-vous , beau nevet, je me
souviens mbi-même du chanoine Robersart, qui avait prononcé
ses vœux, et qui ensuite quitta le couvent et dévint capitaine
d'une compagnie franche. 11 avait une maîtresse, qui était la
plus jolie-fille que j'aie jamais vue, et trois enfants aussi beaux.
4 Ville écossaise ä comté de Firth, sur la rivière de Forth, où L y ayait jadis un
abbaye. Voyez l'éntiquaire. À. M.
se QUENYIR EVRINARD.
que:lour mère. nya pes à se fier aux mois, beau nest, il
n’y a pas à #y fier. Ils peuvent duvenir seldais st pères, au mo
ment où on s'y attend le moins... Mais continuez veire histoire.
— J'ai peu de choses à ajouter, #00 m'est: que ‘considémimt que
. me pauvre mèrs. s'était rendue responsakle. pour moi. je pris
l'hehit de novice et me soumis aus austérités du‘'clobre ; j'appris
môme à lire et à écrire. — À live et à éarire! » s'écria le Balséré,
qui'était de ces gens qui pensent que toute schnee est misacu-
lause lorsqu'elle surpasse la lour. « À lire et. à "éerise , dis-tu ! Je
nt puis le-eroire. Jamais ua Durward n'a su éerire son nom, que
je sache, ri un Leslie non pluë. Je puis da moins en-répondre
pour Fun: d'eux; je ne suis pas plus-capable d’écrire:que de voler
en Fair; mais, au nom de saint Louis! eomment ont-ils fait pour
te l’'&pprendre?— Cela me parut fost ennuyeux dans les -cern-
mencements, mais devint plus facile avec le teiaps; puis j'étais
faible par suite de ma blessure et ie la perte de sang que j'arais
éprouvée , et je désirais faire plsisir à mon sauveur, le père Pierre,
en sorte que:je m'apphquai-de bonne grûse à ma tâche. -Maisaprès
avoir langni pendant plusieurs mois, ma-bonne et tendre mère
‘mourat; et comme ma santé était pariaitement rétablie, je com-
muniqueai à mon biénfaitenr, qui était axissi sows-prieur du co
vent, ma répugnance à prononcerles vœux. H fat doc conyentz
entrenousque, pitsque ma vocation ne r'appelait pas au ecloètre,
ox m’enverraik dans le monde. pour ebercher fortune. Pour met-
tre le sous-prieur à eouvert de la colère des Ogivies , mon dépert
devait avoir l'air d’une fuite : pour donner crédit à cette histoire,
j'empertai donc un‘des faucons de l’abbé. Cette pesmission ,.re-
vêtue de la signature et du‘sœau de l’abbé.lui-même, prouve,
au rest, que j'ai pris congé d’une manière régulière. — C'est
bien , très-bien. Le roi s'embarrassera fort peu de savoir si tu as
volé un faucon ou:autre chose ; maïs il a en horreur tout ce qui a
l'air d’un moine défroqué, Mais, dis-moi , je présume que le tré-
sor que tu portes en voyage ne t’empêche pas de ‘marcher légè-
rement. — Seulement quelques pièces-d’argent, car je dois vous
parier avec franchise. — Diable ! cela est tout à fait fûcheux !
Cependant ,.quoique je fasse peu d'économie sur ma paie, parce
que, dans ces temps de dangers, il n’est pas prudent de porter
beaucoup d'argent sur soi, j'ai toujours, et je vous conseille de
suivre mon éxemple, quelque chaîne d’or, quelque bracelet,
quelque collier, qui sert à ma parure, ét dont.je puis détacher ua
i
\: CRARTARY: F4
chalnot où-dewe pour subvenir. aux: néseesièées du moment. Mais
vous ne demanderons peut-être, besu neveu, COMENT ON 56 prOr
oure des bijoux tels que celui-ci ; » ajouta Le Balafré en moouant
se chaîne d’un:air de tiiompha: « il n’y en à-pas de séspendus à
chaque buisson; ils ne ereissent pas dens les champs comme.les
mencidses avec lestiges desquels les enfants font des-coMiers. Non,
noR : on n’en trouve de parciis que à où j'ai trouvé éelui-ci, au
serviee du bon roi de Francs , où il ya toujours fortune à acqué-
»ér, pourvu que j'on ait le courage de risquer sa vie où 308 men
bres: — J'ai awidire, » réplique Quentin , éludaut de so pronom
ce? seat d'être sufisemment instruit ; « j'ai oui dire que:e due
dé Bourgogne lient un plus grand état de meison que ke roi de
France, et qu'il ya plusd'honneur à acquérir sous sea bannières;
au’on y'freppe de bons soupe, et qu’on y voit de Hauts faits d’an-
mes , tandis que roi Lrès-chrétioR ne gagne 5e8 victoires qu'avec
Lx langue de ses ambassadeurs. — Vous parlez comme un jeune
étourdi, beau nevet ; et néanmoins, je me le appelle lorsque
je vins fei, j'étais presqu'anssé simple que vous. Je pe ponvais
ÿrmeis sager à un roi sans me le représenter assis sous un dais ,
faisant bonne chère au métieu de ses vassaux et de ses paladins ,
se Bourrissant de blane-manger, avec une grande. couronne d'or
sur le fronts ou bien chargeant à la tête de ses troupes, comme
Gharlemegne dans les romans, ou comme Robért Brace ou Wil-
liam Wallace dans notre histoire nationale. Mais approche, que
je te dise un miot à l'oreille ; mon garçon... tout cela n'est que
” Image de la lune dans un seau d’eau : la politique ! ont, e‘est la
politique qui fait tout. Notre roi a trouvé le secret de combattre
avee les épées des autres, et de payer ses soldats avec l'argent
qu’il puise dans les bourses de ces mêmes gens-N. Ah ! c’est le
plus sage prince qui ait jamais endossé ka pourpre , quoiqu'il n'en
fasse pas souvent usage : je le vois soavent plus simplément vêtu
que je ne erois qu’il me conviendrait de l'être. — Mais”vous re
répondez pas à mon objection, bel oncle. Puisqu'’il faat que je
serve eR pays étranger, je-voudrais servit quelque prince chez
kequel un beau fait d’armes ; si j'étais e assez heureux pour en trou-
‘ ver loccasion, pût illustrer mon nom.-— Je vous comprends ,
beau neveu ; je vous comprends assez bien ; mais vous #'êles pas
assez mûr pour être juge en pareifte malière. Le duc de Bourgo-
gne est un cerveau brûlé, un homme impétueux, eantêté, un
bras-de-fer; un risque-fout; H chargé à la tôte de se nobles, de
99 QUENTIN, DURWARD.
ses chevaliers; de ses vassaux de l’Artois et du Haipaué : pensez
vous que si yaus étiez là, ou si j'y. étais moi-même ; RQUS pOUr-
rions dépasser le due et toute la-brave noblesse de son propre pays?
Si noug ue les suiviqns pas de près, nous aurions la chance d’ftre
livrés antre les, mains du grand préyôt de l’armée, comme trai-
neurs; si nous allions de front avec eux, peut-être dirait-on que
* c’esthien, et çonviendrait-on que nous avons gagné notre paie ;
mais je SUPPOSR maintenant que je fusse- dela longueur d’une
pique, qu eaviron..en avant, ce qui est diflicile-et dangereux dans
une pareille mêlée où chacua fait de son mieux; eh bien ! mon-
seigneur la duc dirait dans son jargon flamand , comme quand il
voit un soup bien asséné: Gut getroffen ! c'est-à-dire bonne lance !
voilà un brave Écossais ! qu ‘on Jui donne un florin pour boire à,
notre.sagté!..: mais ni rang, ni titres, ni trésors, n arrivent à
l'étranger dans.un pareil service : tout va aux enfants du sol. —
Et, an,nom du ciel, à qui donc reviennent-ils de droit, beloncle ?
— À celui qui protége les enfants du sol, » répondit le Balafré en.
se redressant de toute sa hauteur. 4 Voici comme parle le roi
Louis ; Mon bon paysan français... mon honnête Jacques bon-
homme, allez-vous-en à à voire charrue, à votre herse., eccupez-
vous de-votre serpe et da votre houe', voici un brave Écossais. qui.
combattra pour vous, et vous n’aurez.Ja peine que de le payer.
Et vous, sérégissime duc, illustre comte, très-puissant marquis, ;
vous aussi, retenez. votre bouillant courage jusqu’à ce qu’on en
ait besoin, car il est sujet à s’écarter de la bonne route et à vous
nuire à vous-même ; voici mes compagnies franches, mes gardes
françaises , voici surtout mes archers écossais et mon brave Lu-
dovic le Bälafré : ils combattront aussi bien et mieux que vous,
dont la valeur indiscip}mée ne.vaut pas mieux que celle qui fit-
perdre à vos pères la bataille de Crécy et d'Azincourt. » Mainte-
nant, beau: neveu, ne voyez-vous pas dans lequel de ces deux
états un cavalier de fortune tient le plus haut-rang et doit parve-
nir au plus grand degré d'honneur ? — Je crois que je vous en-
tends, bel oncle; mais. selon moi, il ne peut y avoir d'honneur à
gagner là -où il n’y a pas de risque à courir. C’est ( pardonnez-moi,
je vous prie), .c’est une vie d’indolent, et je dirai même de pa-
resseux, que de monter la garde autour d’un vieillard à qui per-:
sonne ne songe à nuire, de passer les jours d'été et les nuits d’hi--
ver au haut de ces murailles,. enfermé dans des cages de fer de
peur que vous ne désertiez votre poste. Mon oncle ! mon oncle !
CHAPITRE V. :: LA
ce n’est à que ‘ko -sort-du-faucon ‘qui reste sur le perthoir, ot...
qu'on ne mène jamafs à Ja chasse. — Par saint Martin de "Fours !-
le jeune homme #da feu: il y a du Lesty chez lui : c’est un autre
moi-même, maîis.avéc un degré de folie de plus. Écoutez-moi ,
jeune homme: vive le roi de France ! à peine se passe-t-il un
jour sans qu'il ait quelque commission à donner à un de ses-bra-
ves serviteurs, et dans laquelle celui-ci peut gagner honneur et.
profit. Ne croyez pas que toutes les actions Îles plus intrépides et
les plus dangereuses ne se faséent qu’à la- lumière du jour. Je.
pourrais vous en citer, telles que châteaux escaladés, prisonniers.
enlevés, ét d’autres sernblables, dans lesquelles certain: individu
que je ne veux pas nommer 4 COuru plus: de dangers et gagné.
plus de faveurs qu'aucun des enragés qui marchent à la suite de
ce forcené duc. de Bourgogne. Et si, pendant que nous travail-
lons de cette manière, il plaît à Sa Majesté le roi Louis de se.
tenir à l'écart et dens le lointain , ee n’en a que plus de liberté.
d'esprit poar apprécier et pour récompenser convenablement les .
aventuriers-qui le servent : il juge mieux de leurs dangers ainsi: :
que de leurs faits d'armes que s’il.y avait pris part en personne. :
Oh! c'estunmonarqueextrémement politique et plein de sagacité. » .
Quentin garda un instant le sileñce, et dit ensuite d’une voix.
basse; mais d'un ton-expressif: « Le bon père Pierre avait coutume
de me dire-qu'il pouvait y. avoir beaucoup de danger dans des ac-
tions par lesquelles on n’acquérait que peu de gloire. Je n’ai pas .
besoin de vous dire , bel onclé , que ces commissions secrètes, je
crois qu’elles ne peuvent être qu'honorables. — Pour.qui mé pre-
nez-vous., beau neveu ? » dit le Balafré d’un ton sévère. « Je n'ai
pas été élevé dans un cloître, il est vrai; je ne sais ni lire ni écrire; ‘
mais je suis le frèrede votre mère, je suis un loyal Lesly. Pensez-
vous que je -sois capable de vous pousser à faire quelque chose
d’indigne de vous ? Le meilleur chevalier de France, Duguesclin
lui-même, s’il vivait encore, rangerait avec orgueil mes exploits
au nombre des siens. — Je ne doute nullement de ce que vous
me dites , bel oncle ; vous êtes le seul conseiller que m'ail laissé
mon malheureux destin. Mais est-il vrai, comme on ledit, que,
ce roi tient une cour bien maigre dans son château-du Plessis ?
Point de nobles ni de.courtisans à sa-suite; point de grands feuda-
taires, point de grands officiers de la couronne qui l’accompagnent:
des amusements presque solitaires, que partagent seuls les servi-
teurs de sa maison; des conseils secrets, auxquels il n’appelle que
FT QUENTIR-SENWARD.
des hommes csourzei d'une basts:naitsanes : 1b seng:dt le no
Losso.avilis, et des gens sortis de la Ho da pêuple, éloués à Le fe.
war royale... Tout cala me parait irrégulier, el ne-neesemible: mul
lement aux habitudes de son père, le noble Gherles., qui arrache
des grifles du. lion anglais plus de la moitié de ce royaume de
France. — Vous parlez commen jaune étourdi, at, comme un
enfant, vous produises toujours les mêmes 2008 où aétaqnent une
naurelle ecrde, Écoutez. bien :si le roi emplaie Olivier le Dai,
sou berbier, pour. faire ce qu'Olivier peut faire mienx qu'aucus
peir du royaume , le royamme n’y gagne-t-il pas? s’il ordonne à
son vigoureuk grand prévôt Tristan d’arrôler tel oi tel bourgeois
séditieux , de le défaire de tel ou-tei noble turbulent, l'affaire est
faïño; et il n’en est plus question, au:keû .quesi ootle commission
était donné à un due ou à un pair de Franos, celuiei lai. enver-
reit peut-être ua défi enretour.De même, s’il plaît au roi de donner à
Ludovic le Balafré{oe sant là tous mes titrés) une mission qu’il exé-
cutéra , au lieu d'employer le grand gonnétable, qui pout-être le
trehirait, n'est-ce pas là de la sagesse ? Par dessus-tout, un mo-
narque de ce caractère ne convient-il pas mieux à des chevaliers
de fortune, qui doivent aller. où leurs services sont le mieux ap-
préciés et le plus fréquemment recherchés. Oui, oui,. mon enfant,
je te disque Louis sait choisir ses eonfidents et les emplois qu’il
pont leur confier, propèrtionnant , comme on le dit, le fardeau
aux épaules de chacun. Il n'est pas comme le roi de Castille , qui
mourait de soif parce que son grandféchmson n’était pas derrière
lai pour lui présenter se coupe. Mais j'entends la cloche de Saint-
Martin; il faut que je me-hâte de retourner au château. Adieu.
‘Tâchez de passer votre temps agréablement, et demain matin , à
huit heures, présentez-vous devant le pont-levis et demandèz-
moi à la sentinelle. Ayez soin de ne pas vous écarter du droit
chemin et du. sentier battu ; car :il pourrait vous en coûter un
membre, etvous le regretteriez un peu trop tard. Vous verrez le
roi, et vous apprendrez par Yous-même à le juger. Adieu. »
.: À ces mots le Balafré partit en toute hâte, oubliant, dans sa pré-
cipitation , de payer le vin qu’il ayait commandé, défaut de mé-
moire auquel sont sujettes les personnes de ce caractère, et que
l'hôte, intimidé peut-être par le panache flottant et la pesante épée
à:double poignée, n’osa pas relever.
On s'attend peut-être à ce que Durward, resté seul, va de nou-
veau 36 retirer dans sa tourelle pour y attendre une répétition des
CENTRE VL' où
sous -débeienot qui dans:ig matinée lmiont-phogé dens-ene si
" dons varie : mis cetis siscanstakes n'éteié .qu'un-chanitre de
roman ,-et.la conversation de son oncle lai avait ouvert une page
de histoire véritable de lame. Cette page n'était pas agrésble: gt
les souvenirs, les réflexions qu'elle: faisait naître,. étaient de. na
ture écartertouteautreppasée, surtouties lées légères etriantes..
Afe de dimiper son enauii , Quentin: se décida.i faire une pro-
ménsde solitaire sur lés bords du Cher au couxs- rapide, après .
avoir préalahisrment demendé à sen. hôte quelle route il pouvait,
suivre sens étre exposé à voir sa rmevche interrommue d'üme me
nière désagréable par des pièges oùdes chausse-irappes: Là, sel
fonc de. calmer son. esprit agité, et de réfléchir ser le parti qu’
devait adopter, son entrévue NPD ou oncle ayant naiement
dhonpéson Haeariipde.
un ORRPPRE VE |
ni cheminait si lesiament, avec né telle étourderie
etune si grande légèreté, qu'il finit par sauter et gam-
| .° - PSE 000 La paient . #cienne:chaneen.
»
“La manière dont Quentin avoit été. élevé n'élait pas de natnre
à Ji amobir le:cœur ni mômo:à perfectionner en:lu Le sentiment
meral. Do même que tons les Burwerd, il avait été acgoutumé à
regarder le chasfe oomme un amsasement ; ef à considérer Ia
guerre comme la séube cccapation sérieuse. Le plus important
devoir de toute leur vie était, selon eux, dasouffrir ayec une cons
. tancé opinäâtre, et de rendre à leurs enneriis féodaux, par les re-
présaikes tes plus violenies, les maux par lesquels ceux-ci avaiené
récemment presque anéanti leur race. Et cependant ilse mélait à
ces haines-héréditaires un esprit de chevalerie ef de. courtoisie
grossière quien tempérait la rigueur, de sorte que lk vengeance,
Ja seule justice qu'ils connussent , ne s’exerçait pas.sans uà cer-
tais sentiment d'humanité et de générosité. D'un autre çôté , les
leçons du bon vieux moine ; que. Quentin avait mieux écoutées
peut-être pendant un long intervalle de makidie et d'adversité,
qu'il ne l'aurait fait dans un état de santé et de calme, lui avaient
danné des notions plus justes sur les droits de l'humanité ; aussi,
es égerd à l'igéorance qui régnait à cette époque, aux préjugés
qu'on avait conqus en faveur de la vie miliaire ; ei à La manière
Le
98 QUENTIN BURWARD. |
dont Iai-même avait été élevé, le jeune Durward était capable de
comprendre les devoirs moraux qui convenaient à sa .sitaation.,
avec plus de justesse qu’on ne le faisait généralement alors. . . -
fut avec un sentiment d’embarras. et de désappointement | :
qu’il réfléchit à l’entrevue qu’il venait d’avoir avec.son oncle. Il
avait d’abord conçu de hautes espérances; car, quoique la corres-
pondance épistolaire fût pour ainsi dire inconnue à cette époque,
du moins arrivait-il quelquefois qu’un ‘pélerin ,- un marchand . :
aventureux, où un soldat. estropié, apportait le nom de Lesly à .
* Glen-Houlakin: et touss’accordaient à exaltersonceurâge indomp- .
table et sessuçcès dans les diverses expéditions que.son maître
lui confait, L'imagination de Quentin avait complété esquisse à .
sa manière ; et àssimilé son oncle, dont les succès et les exploits. :
ne perdaient rien probablement par la manière dont ils étaientre- ,
contés, à ces champions et à ces chevaliers errants chantés par
les ménestrels, gagnant dés couronnes et des filles de rois à la
pointe de l’épée et de la lance: 1] était-raaintenant forcé de placer
son parent un degré plus bas sur l’échelle de la chevalerie; et cb-
pendant, aveuglé par le respect qu’ilavait pour ses parents et pour
ceux, qui, à ses. Yeux, pouvaient leur être comparés, soutenu
par l’amour-propre naturet aux .jeunes géns, sans expérience
d’ailleurs et passionnément attaché à la mémoire de.sa mère; il
ne voyait pas dans le frère unique de cette mère. chérie ce qu'il -
était en réalité, c'est-à-dire Un soldat mercénaire comme il. y en
avait tant, ne valant ni beaucoup. moins ni beau<oup plus que la.
plupart des gens de la même profession et dont la présence ajou- .
tait encore.aux maux qui désolaient la Francé.
Sans être cruel à plaisir, le Balafré avait contracté, par l'habi-
. tude, une grande indifférence pour la vie et les souffrances des
hommes ; il était profondémentignorant, avide de-butin, peu scru-
. puleux sur la manière dont il se l'appropriait, et le dépensant avec :
prodigalité pour satisfaire ses passions. L’habitude de donner une
attention exclusive à ses besoins et à ses intérêts avaït fait de lui .
un des êtres les plus égoïstes de l’univers; de sbrte qu'il était rare- .
ment en état d'aller bien loin sur aucun sujet sans considérer -en .
quoi il pouvait lui être applicabté, ou, comme on dit, sans en faire
sa propre Cause, mais par un sentiment bien différent de celui :
qu'inspirent les préceptes et les maximes de la saine morale. A :
cela il faut ajouter que le cercle étroit de ses devoirs et de ses:
plaisirs avait graduellement circonscrit ses pensées, ses espérances
* CMAPITRE VI. |
.‘ebees désirs , ‘et amorti jusqu’à ui certain point cette ardeur-int
. pétueusé poar la gloire et cette sôif de se distinguer par les armes
. dont il avait été autrefois agimé.En un mot ; lé Balafré était un
. soïdat actif; endurei, égoïste et d’un esprit étroit, infatigable et
. hardi dans tout ce qui avait rappèit à son service , mais ne con-
naissant presque-rien au delà, si ce n’est l'observance rigide d’une
tiède dévotion, égayée de temps en temps par une partie. de dé- ,
- baunche avec le père Boniface, son camarade et son confesseur. si ”
soni génie avait été moins étroit, ilaurait probablement été promu ”
à quelque gtade.important ; car le roi; qui Connaissait pérsonnel-
: lement chaque Soldat de sa garde, ‘avait beaucoup de confiance
: dans le voûrage et la fidélité du Balafré; et, d’un autre côté, l'É-
. Cossais avait eu assez de jugement ou d'adresse pour ‘connaître
parfaitement :et pour flatter avec habileté'les singularités de ce-
monarque. En un mot, ses talènts étaient trop bornés- pour qu'il.
: pût être appelé à un rang plus élevé: et, quoique le rois Louïs lui-
. aceordät: souvent un sourire Où unie légère faveur, le Balafré res{a
. simple archer au service du roi Louis.
Sans avoir pénétré proféndément dans le caractère de son on-
cle, Quentin fut” choqué de Pindifférénce qu'il àvait montrée en .
. apprenant la destruction toute la famille de son beau-frère, et
ne put s'empêcher d’être surpris qu’un si proche parent ne lui eût .
. pas offert le secours de sa ‘bourse, secours que, sansla générosité .
de mmaîtré Pierre , il aurait été dans:la nécessité de lui demander
directement. Il ne rendait pourtant pas-justite à Son oncle en
supposant que son manque d'attention était l'effet d’une véritable . .
. avarice : n’ayant pas lui-même besoin d'argent en ce re moment, il
n’éfait pas venu à l'esprit du Balafré que. son neveu en:fût dé-
- pourvu ; autrement; il regdrdait un si proche parent comme faisant
-tellement partie de lui-même, qu’il aurait fait pour $onneveu vi-
- vant ce qu’il avait tâché:de faire pour les âmes de sa sœur et de
son beau-frère décédés. Cependant, quel qu'en fât le motif, cette
négligence n’eh.déplut pas moins au jeune Durward, et it regrettæ
plus d’une fois de ne pas avoir pris du’service dans l'armée du duc
de Bourgogne avant sa querelle avec le fürestier..x J’ignore ce
que je serais devenu, pensa-t-il ; mais j'aurais pu me consoler par
l’idée que, quelque chose qui mm'arrivêt, j'avais én mon oncle un
ami solide et qui viendrait à mon secours; mais à présent je l'ai
vu , et , malheureusement pour lui, j'ai trouvé plus de secours ‘
dans un simple marchand étranger que dans le propte frères de ma
æ QUENTIN DURMPARD,
3
anèremenonpatrictent noble cavalier. On croitait quels eue
sabrocail'apcvédevosksacrémentsdels figure,aon méme tomps
tari dans ses tomes jusqu'à ia dernière goutte du sang.6eo5ssés, »
Durvward regrotta abors: de n'avoir pes trouvé l'occasion &e par-
br. de ranitre Picrreau Dalafré, fin d'apprendre quelque chose de
plus sur ce personnage: mais les questions de sa ‘oncie s'étaient
saccédé avec une.tells rapidité, -et la grosse cloche de Suiat-Mar-
tin'de Tours avait rompu la conférence si usqentent. qu'itn'u-
wait pas eu le loisir de satisfaire sa curiosité. « Ce viillwd , 3e
disait-il, est d’une brusquerie rare. d'une: caustioité sans égale,
mais ilest généreux et libéral dams-sa conduite, ‘et an tel étranger
vaut bien ou parent nsendble., Que dit notre vietx prorurbe
écossais : Méeus vaut bon étranger: que parent étranger. R factque
je trouve cet homme : ce ae sera pas chose difliciie , sé est œeesi
riche que mon hôte mo l'a assuré. Au moins À me donnera de bons
avis dans 1n perplexité où.je me trouve; et s'il se rend dans tes
pays étrangers , conne cola est rdinairé À bon membre de mar-
chands, je crois que l’on peut trouver à son service des aventures
tout aussi bien quo dans ls gardes du roi Louis.» |
Tandis que cette dernière pensée occupait l'esprit de Quentit
ane voix secrète, qui partait de ‘ces replis du cisur dans lequet se
cachent béen des choses dont nous ne nous r'endons pas compfe,
eu du moins que nous avens dela poiñe à nous avouer. li supgéra
qu'il nosersit pas impossible Qué Ia dame de la tourelle, le darne du
voile et du futh, fût aussi de ce voyage. _:
+ Ence moment le jeune Écossais rencontra doux hommes sut Va
| fgare desquels régnait la gravité : ot qui paraissmient ‘être des ci-
toyens de Tours. Otant son bonnet avec le respect qu'en foune
homme doit à Ja viciiesse; illes- pria de Hi indiquer Ja maison de
maître Pierre.
«+ Laœmaison de qui, boa fs? dit l'un des passants. _ Be
thaître Pierre, le riche marchand de soie qui a fait planter tous les
- frûriers que l'on voit dans le parc, là-bes , répondit Durward. =—
Jeune homme, » dit celui qui était Je plus près dé Jui, «vousavez
Commencé de bonne heure un métier de fainéant.— Et vous chroi--
sissez mal les personnes à qui vous adressez vos plaisanteries , »-
ajouta l’autre d'un ton de mauvaise humeur. « Le syndic de Tours
“n'est pas accoutumé à s ‘entendre questionner ainsi par des bouf-
fons et des vagabonds étrangers. »
Quentin fat tellement surpris que deux hommes d'an air et.
: CREAMIE NS. 20
-d'iarekiériser détent sè trocvasment célemsés d'une auéonrtrée-
simple: et faite avec politosst; qu'il lui feCimpoisihie de xe fâvher
de la grossièreté de loar réponse: it resta-cemime ébahi, los rogus-
dant pendant qu’ils.s’éloignaient d’un pas précipité et en tournant
de temps en-tempsla tête de son côté, romime s'ils euseent désiré
se motéro le plus:tôt possible hors de sa portée. cs
il rescontesensuits une troupe de vigmerons, et iour aèresnu
même. question, Pour toute réponse, ils lui demandèrent s'il avait
affaire à smaître Piorre io maître d'école, où maître Pistre ie chan.
pentier, où à riaitre ‘Pierre le bedèau, 64 à : une detni-douraite
d'autres mattres Pserre. La description qu’ils loi firent de clmcune
de ces personnes ne s'acecréant en rierl dre colui qu'il cherthait,
les. paysans l’accusèreht d'être‘ un impertinent. et paraissaient dig-
posés à tomber sur lai et à le charger de coups pour le panir dors
radieries; amis lo ples âgé, qui avait quelque ifluence ser les
autres, les ensgagen à renoncer.à tout acte de violence.
+ À-som accent et à son bonnet: de fou, vous voyez, détail, que
c'est un de ces charintans étrangers que les ans appeflent magi.
tiens et disetrs de bonne aventure ; les autres jonglonts ,.ou
autre chose. Sowpnis-nous les tours qu'il penvent nous jouwr?
J'ai entendu parler d’un de ces gens qui avait payé un liard à tn
paurre homme pour mangèr tout son s6ûtde raisin dans sà vigne,
et qui en mages au pois ka charge d’une charretté, ot coïa sans
défaire un seul bouton do sa jaquette. Ainsi, luissohs-is passer
tranquillement et poursuivre son dherhin , conne nous poursus-
vrous le nôtre. 5 vous - l'asni, de crainte de pire, passez votre
Chemin, au noi de Dieu, zu nom & Notre-Dame de Marmoutiors
st de saint Martin de Tours, et ne nous eaguyes pas davantage
de votre maître Pivrve, qui, pôur @e que OUSER EVONS, pourrait
Kion n'être qu’on autre nom pour indiquer tdiable. + : |
Le joane Écossais, ne se trouvant paul plus fort, jugea que 1e
meilleur parti qu'il eût à ptondre était de continuer sa route sal
répondre ; mais les paysans, quoi s’étaiont d'abord éloignés: de lui
avec une sorte d'horreur pour ses talents en sortellerio’et sa vora
cité à manger da raisin , reptirent eourage lorsqu'ils le virent à
une certaine distance , et après avoir poussé quelques cris:et prôr
féré quelques malédictions , finirent par les appuyer d’une grêle
de pierres , quoiqu'ils fussoné trop éloignés pour faire le moindre
mal à l’objet de leur aversion. Quentin, tout en continuant sa
route, commença à croire à son tour, ou qu’il était sous l'influence
400 :_ QUENTIN QURWARD. |
d'un charme , ou'que.les paysans de la Toureihe étmient les plus
.stopides, les plus bruütaux et les plus inhospitaliers de toute la
France.’ Ce qui lui arriva bientôt “après ne tendit pas à lai faire
chariger d'opinion.
Sur une petite éminence située près des hords de la magnifique
et rapide rivière du Cher, et directement en.face du chemin, Dur-
werd vit deux ou trois grands châtaigniers, si heureusement pla-
cés qu'ils forntaient un groupe très-remarquable. À quelques pas
de là se tenaient trois ou quatre-paysans, debout, immobiles, le-
-vant les yeux et paraissant les fixer sur les branches de l'arbre le
plus rapproché-d’eux. Les méditations de la jeunesse sont rare-
ment assez profondes’pour ne pas céder à la plus légère impulsion
de curiosité, aussi aisément-qu’un caillou que la main laisse échap-
-per.par hasard rompt la surface limpide d’un étang. Quentin dau-
bla Le pas, gravit légèrement la colline, et arriva assez à temps
pour voir l’horrible spectacle qui attirait les regards de ces pay-
sans : ce n’était rien moins que le corps d’un homme pendu à une
des branches, ‘et dans les dernières convlsions de l’agonie.
.« Que ne coupez-vous la corde? » dif.le jeune Écossais dont la
main était aussi prête à secourir le malheur qu'à mainfenir son
propre honneur lorsqu'il le croyait attaqué. |
Un des paysans, tournant vers’ lui des yeux où la ‘crainte seule
. était empreinte , et un visage aussi jaune que l'argile, indiqua du
deigt une marque taïlée dans l'écorce de Fafbre, et qui ressem-
-blait à une fleur de lis à peu près comme certaines entailles talis-
maniques bien connues de nos officiers du fisc ressemblent à une
large flèche 4. Ne comprenant point ce symbole, ou s’en inquiétant
peu, Quentin grimpa sur l’arbre’avec l’agilité de l’once, tira de sa
poché cet instrument indispensable à un montagnard, à un chas-
seur, son fidèle skene dhu 3, et criant à ceux qui étaient en bas de
recevoir le corps dans leuts bras, il-coupa la eorde avant qu’il se
fût écoulé une minute depuis qu’il avait aperçu cette scène.
: Mais son humanité fut mal secondée par les.spectateurs. Bien
loin d'être d'aucun: secours à Durward, ils parurent épouvantés
de l’audace de l’action, et prirent la fuite d’un commun accord,
comme 8 "ils eussent craint que leur présence suffit seule pour les
| {Le texte dit broad-arrow, par allusion à une sorte d'estampille employée en
Angieterre pour marquer tous les objets qui appartiennent à l'état. Cette marque
est censée représenter la double pointe d’une flèche. 4. M,
2 Espèce de petit couteau pointu à lame courte, que les Kcossais avaient coutume
de porter, et qu'ils appelaient dirk, à, x.
- CHAPITRE-VE. uw
faire. spganier, comme. complices d'un acte aussi téméraire Le -
corps n'étant point souteñn tomba lourdement sur la terre ,-et
Quentin, descendant précipitemment de l’arbre, eut la douleur de
voir que lés dernièrés étincelles de la vie-étaient éteintes..Il n’a-
bandonpa cependant pas son Charitable dessein sans faire de nau- -
veaux efforts : il débarrassa le cou du malhetüreux dy nœud fatal,
déboutonna son pourpoint , lui jeta de l’eau sur le visago: enfin
il emplaya tous les moyens auxquels on a ordinairement recours
pour rappeler les fonctions suspendues de la vie.
Pendant qu'il s "occupait de cet acte d'humanité, ‘des clameurs
sauvages , proférées. dans une langue qu'il ne cannaissait.point ,
s'élevèrent autour de lui, et à peine avait-il eu le temps de voir
qu'il était environné d'hommes et de femmes d’une apparence
singulière et étrangère, qu'il se sentit saisir rudement par lés deux :
bras, et qu’on lui mit un couteau sur la gorge.
« Pàle esclave d'Éblis! » s’écrià un des hommes en mauvais .
français, « êtes-vous occupé à voler celui que vous avez assassiné ? |
Mais nous vous tenons, et vous në l'échapperez pas. »
Dès que ces paroles furent pronencées, les:couteaux brillèrent |
dans toutes les maios , et les ligures horribles et décomposées des
hommes qui l’entouraient Les faisaient ressembler à des loups qui
se précipitent sur leur proie. ,
Le.courage et la présence d'esprit dix. jeune e Écossais vel aban- .
donèrent cependant pas. « Que vouler-vous dire, mes maîtres?
s'écria-t-il. Si ce corps est celui d’un de vos amis, je viéns de cou-
per, par pure Charité. la corde qui le suispendait, et.vous feriez
beaucoup mieux de tâcher de le rappeler à la vis que de maltraiter
uñ innocent étrapger ai n'avait d'autre but que de. le suustraire
à La mort. » . 2
Cependant les femmes s ‘étaient emparées du corps d du défant et
continuaient les tentatives que Durward avait faites-pour le rap-
peler à la vie, mais avec aussi peu de succès ; .renonçant donc à
leurs vains efforts , elles s’abandonnèrent à toytes.les démonstra- :
tions de douleurs usitées en Orient, et.poussant des cris de déses- :
poir et arrachant leurs longs cheveux noirs, tandis que , de leur
côté , les hommes déchiraient leürs vêtements et se couvraient la
tête de poussière. Leur cérémonie funèbre les occwpait tellement,
qu'ils ne firent plus aucune attention à Durward, la corde coupée
leur ayant prouvé sans aucun doute son innocence. Le parti le
plus sage pour lui aurait certainement été de laisser cette race
QUENTIN DURWARD,
BP re
1: QUENTIN: DORA YEAND.
‘sayrage: s'hbandeaner à 25 ufages partiouliees ; send iFavrit été
élevé dans ur mépris presque absolu du danger, et iéprourait
dans touts:sa forss la curiosité naturelle à: le jeunesse. se
Les hommes et les femmes de-eotte singulière-compagnie por-
taient:des turbans et des bonnets qui, on-générai, avaient plus de
ressemiblance avec sa toque qu'avec le coiffure alôrs eh usage en
‘France. Plusieurs des hommes avaient là barbé noire et frisée, ét:
tons le teiné presque aussi noir que les Afficains. Un où deux, qui
paraissaient être leurs chefs, portaient autour de leu cou et à leurs:
* orgilles de petits ornements eû argent, et de brillantes écharpes
\
jaunes, écariates ou vertes ; mais leurs jambes et leurs bras étaient
nus, et toute la bande paraissait misérable et malpropre. Durward
ne vit aucune arme parmi eUx , excepté les- longs couteau avec”
lesquels ils l'avaient menacé quelques instants auparavant , etun
petit sabre à lame reconrbée , ou sabre moresque , que portait en
jeune homme pléin d'activité, lequel mettant souvent la main à la
poignée de cet arme, surpassait tout le reste de la troupe dans les.
expressions extravagantes de sa douleur, qu il paraissait aecom—
pagner de menasés.de vengeance.
Ce groupe en désordre , qui se. livrait ainsi. x ses lamentations.,
était composé d'êtres si différents de tous.csux que Quentin avait
vus jusqu'alors, qu'il était assez-porté à les prendre pour une
troupe. de Sarrasins ; de: ces Chiens de pmens, ennemis ordinaires
des nobles chevaliers et desmorarques chrétiens dans tous les ro-
maus dont. avait entendu parler ou: qu'il avait lus. Queatin:se
disposait à s'éleiguer d’un voisiriage si‘dængereux, lorsqn'en-bruit
de chevaux arrivant ax galop se fit entendre : et:les préfondus
Sarrasms, qui venaient de placer sur leurs épaules. le corps de
leuf camarade, furent tout.à coup Chargéépar une troupe-de-soi
dats français.
-Gette apparition soudaine changes ke lapontations mesurées
de deuil en cris irréguliers de terreur. Le: cerps fut à l'instant
jeté à terre..et ceux qui lentouraient montrèrent autant d'activité.
que d'adressb pour s'échapper, en passant pour ainsi dire-sous
le ventre des chèvaux et évitant les lances dirigées:contre eux
par leurs. ennemis, qui criaient :.« Mort à ces maudits voleurs
païiens ! Arréteggles ? tuez-les !.:. Enchaînez-les comme des bêtes
féroces !.… Percez-les de vos lances comme des loups! »
Ces ris étaient aceompagnés d'actes de violence non moins
vigoureux ; mais les fugitifs étaient si alertes, et le terrain d’ait-
| ERSATRE WE: 208
ee sé déirere bis à 19 icnmnler ie à cum des initie et desbiais-
sons, que deux sotlement fürent:renversés et: faits: prisouniersé:
l'm:de ces: malheureux était le: jetree-heteme arttié d'un salfre,
et iline fatarrété-qu’aprüs urie-longné résistance. Quentib, que
le torture semblait avoir choisi pour het à-ses twaiis, fut'suisiont |
Môme tons par lés:soMats, qui, malgré ‘ses vives réclamations .
Jui Hérent’ les bras avoc'.une-eurde : coux qui:le tenaibnt ainsi
_ déployérenft tant de-dertérité et de promptitude : dans-Tours:opé:
rations, que Von voyait aesémmeñ qu'fe #'étaient Pas nOvIEOB ot
matière de «@
Jetantrur regard d'inquiétude sur lo-chef des cavaliers, dd qui
ilrespérait oMenir sa mise er liberté, Quertin nè sef:pts bien
exnetement s'it devait se réjouir ou s'elarmer lorsqu'il recormmat
en lui. le sourneis-et siloncioux compagnon de mattre Pierre. À le
vérité, de duelque crime.que l'oh pût accuser ces étrangers; cet
offvrer ne pomvait ignorer, d'après l'aventure de là mat'née même,
que Durwarnd n'avait avec Oux anôure Éason queloonqe:: mais
une question plus-diffcho à résoudre était celle dé serokr si: coë
homme farouche serait pour lui ‘un'juge favorable où: vs tétrois
disposé onrsa: faveur, et: Quéntin ne savait-trop s'il rendraitisu sk
uation moins dangereuse en s'adressant directetont à Jui:
Mais ï? ne resta pas lowg-temps dans -cet état: d'igtertitude:
« Tvois-Éoholles, Petit-Anüré, » dit à deux bommesde sa troupel
Foflcier à figure sinistre, « ees arbres se trotrvent à fort à-propes::
J'approndrai à ces'‘mécréants, à-cès brigands de sorciers; à enr
traver le justioe du-roi- lersqu'élte. a: frappé ‘qéelqu’ün de leur:
mandie race, Bescendez de cheval, mes enfents, æ remphissen |
vos fonctions lestementi »
” Prois-Ectioltèset Petit-André eurent biontôt rt mis pied à torve::
et Quentin reimiarqua que chacun d'eux avait: à la croupière ‘ob
äu pommenit dé. sa selle plusieurs cueilles ou rouleaux de corde:
is les déployérent xla hâte, et le mirent ainsi à mêtne de voir que
, Chaque cueïlte avait justernent la longueur due art, ayañt ur:
nœud coulant tout disposé pour l'exécution. Le sang de Qhemtin
se glaca dans ses-veines lorsqu'il les vit choisir trois cordes-et'se:
“sposer à à lui en passer une abtour du cou. Il appela à haute vORË
Yofficier, lui rappela leur rencontre du matin, réclama les droits:
d'un Écossais libre, dans un. pays ami et ailé, et déclara quil ras
te, > rene do pratique > pour sigoifier la corde servent jadis à étrangler | les critai-
uels,
_ 04 QUENTIN DURWARD.
vait aucune liaison avoc-les gens parmi lesquels il avait été saisi,
qu'il ignorait même quels pouvaient être leurs crimes. .
. L'offbeier auquel Durward s'adressait daigna à peine jeter un
regard sur lui pendant qu’il parlait, et ne fit pas la moindre atten-
tionau souvenir qu'il lui rappélai de leur connaissanee antérieure.
HI se coritenta de se tourner vers plusieurs paysans qui venaient
d'arriver, suit par: curiosité, soit pour porter témoignage contre
les prisonniers, et leur demanda d’un ton sévère : « Ce jeune drôle
était-il avec ces Vagabonds ? — Oui, oui, monsieur le grand pré-
Oôt, répondit un de ces rustres ; iLest arrivé le premier, et c’est
lui qui a eu l'audace sacrilége. de-couper la corde à laquelle
était pendu le coquin que la justice ‘du roi avait condamné,
et qui le méritait bien, comme nous l’avons dit à votre seigneurie.
— Je suis prêt à jurer par Dieu et par saint Martin de Tours, dit
un-autre, que je l'ai vu avec la bande Jorsqu elle est venue piller.
notre métairie. — Mais, mon père, dit un petit garçon, le- paien
dont vous parlez avait la peau noire, et ce jeune homme a le teint
blanÇ: ce païen avait les cheveux courts et frisés et celui-ci a
une Jlongue-chevelure blonde. — Oui, tu: as raison mon enfant,
répondit le pére ; et, de plus, cet autre avait un habit vert, et ce-
Jui-ci à üne jaquette grise. Mais Sa Seigneurie le grand prévôt.
sait bien qu'ils peuvent changer de teint aussi facilement que de
jaquette, en sorte que je suis-encore décidé à dire que c’est le
même. — Il suffit que vous. layez vu interrompre la justice du
roi en essayant de rendre la vie à un ‘traître qni avait été exécuté,
dit l'officier. Trois-Échelles,. Pelit-André, en action. — Arrêtez,
monsieur l'officier ! » s’écria Durward dans une transe mortelle ;-
« écoutez-moi.. . Ne faites pas périr un innocent... mes compa-
triotes en ce monde; et la justice divine.dans l’autre, vous deman-
deront compte de mon sang.-— Je répondrai de mes actions dans
l’un et dans l’autre, » répondit froidement le prévôt, et il fit signe
de la main aux exécuteurs;.puis, avec. un sourire de malice
triomphante, il toucha son bras ‘droit qu’il portait en écharpe, pro-
bsblement par suite du coup qu’il avait reçu de Durward dans la
matinée. — Misérable! ame vindicative, ! » dit Quentin, persuadé,
par ce geste que le plaisir d'exercer une vengeance personnelle
était le seul motif de la rigueur de cet homme, et qu'il n’avait à ‘
attendre de lui aucune merci. « Le pauvre jeune homme extra-
vague, dit l'officier. “Trois-Échelles, dis-lui un mot de conSola-
tion avant de lui donner son passe-port; tu es une excellente res-
| 7. CHAPITRE VI. . 408
source en pareil cas, lorsqu'on n’a pas .un conifesseur sous læ
main. Accorde-lui pendant une. minute tes consolations spirituele
les, et que tout’ soit terminé dans’ la suivante. Il faut que je con-
tinue ma ronde. Soldats, suivez-moi. »
. Le prévôt partit avpe son escorte, à l'exception de deux ou trois
hommes qui restèrent püur assister et aider à lexéeution. Lé
malheuréux jeune’ homme jeta sur. lui un regard où se peigñait lé
désespoir, et au: mement où il cessa d’entendre le bruit des pas
des chevaux, il érüt voir s’évanouir toute chance de salut. Tour.
nant-les yeux auteur de li avec une pénible anxiété,'il fut sur
_pris, même dans un tel moment, dé l'indifférence stoique de ses
: Compagnoris d’infortune. D’, abord ils avaient mentré une grande
crainte et fait tous les efforts possibles pour s'échapper; mais, de-
puis qu’ils étaient-reténus par des liens solides, et destinés à une
mort qui. paraissait” inévitable , ils l’attendaient avec une fermeté
- inébranlable. La” perspective du sort qui leur était préparé donnait
peut-être une teinte plus jaune à lours joues basanées, mais elle
n’agitait point leurs traits et n’abattait point la fierté Gpiniâtre de
leurs yeux. Ils étaient comme les renards qui, après avoir épuisé
toutes leurs ruses pour échapper à la‘ poursuite des chiens achar-
nés, meurent avec ur courage silencieux.et Sombre que ne mon-
trent-point les loups et les Ours ; Gbjets d'une chasse beaucoup
plus dangereuke. . : Le
La constance des traleureux Bohémièns ne fat gas ébranlée
par la.conduite de leurs féroces exécuteurs, qui: 8e-mmirerit en‘be-
sogneaves plus d’e erapressemerit que neteur en avaitrecommiandé
leur chef,-ce qui venait probablement de l'habitude. qui leur
faisait trouver une sorte de plaisir à s'acquitter de eur horrible
emploi: |
:_ Nous nous arrôterons. un instant; pbur tracer Je portrait de ces
deux fonctionnaires, parceque, sous une tyrannie soit despotique,
soit populaire, le personnage: du. bourreau’ devient un sujet -de
grave importance. Ils différaient: essentietlement.entre. eux, tant
pour l'air que pour les manières, Louis avait coutuine. de les ap-
peler Démocrite et Héraclite, et leur maître, le grand prévôt, les
normait Jean qui pleure et Jean qui rit.
. Trois-Échelles était de. grande. taïlle,-sec; d'une physionomie
lugubre of d'uxi caractère tout: particulier: I portaitautour du cou
un gros rosaire:qu’i présentait- d’un air pieux, anx malheureux
qu'il devait exécuter; il avait continuellement à la-bouche deux
106 ee QUENTIN DURAND.
et trois tentes lains ‘sur de néant-pt le-vahité-de lave hunatmez |
ohfin., s'il «eût été régulier de ‘cumuler :plusieutrs fonctions, il
aurait:.pu joindre l’emplai de cpafesseur dela proie cob Lex
cuteur des hautes-œuvres. |
+ Petit-André, pu contraire, étaiiun. petit homme toutrend, ‘actif,
boviat, “qui Éxisait:sa besogne-camme éi-c'eñt ‘été a chose la: plaé
| amusante du 'monde.Il:semblait ayair une-tendreaffeutien pour .
ses victimes, et il:laur-parlait taujours:avec une douceur jet ame
améaité des plus grandes: c'élaient ses braves :5amarades, ses
charmanites petites, seshennêtes compères, ses bons vieux: papes,
suivant. l'âge ou le séxe:de chacun. Si, de-son côté, Tréis-Échelies
éâehait de leur inspirer .des perisées philosephiques ou-religiouses.
sir l'avenir, Petit-André, du sien, manquait rarement.‘de les
égayer:par quelque ban rot, per quelque blaisanterie, afin. de les
disposer à quitter la vie,comime quelque chose. de ridicule, de
éprisable, et qui ne méritait.pas än-seul.rogret.
- ide nesauraisdite ni pourquoi hi comment, maisil est certain
que:ces deux Pxeellents personnages, malgré la variété de :téurrs
talents, et bien qu'il fütrare d'an-érouver de: pareils parmi Jes-gens
de eur profession, étaient peut-être plus complètement -détesiés
qu'aucun de ceux qui :aiont jamais-existé; soit avant, soit depuis
eux :.Ja-séuls.shose air kiquelle il: -pouvait-exister quelquerdoute,
c'était de sayoir lequel, du grave-et pathétique Trals-Échelles, où
dueomique. et. âlerte Petit-Antré, était le plusredenté-owle plus
éxéeré.Alent:oertain qu'ils rèmppetaient la pakne, à :'ees.deux
éards,-aur-iqus les bourreaux de Franée, à l'exception peut-être
de leur maître+Fristan, l'Ermite, le Sompux grand prévés, ou‘dx
maître de celui le-rei Louis XL. ; .
Il ne faut pas s’imaginer que ces réflexions fussent celles. qui
eccupaient Quentin Durwabd.:en «ee moment. Jia wie, da :merÿ, le
temps, J'étemmité, ‘entre lesquels H était-comme suspend, se-pré-
_Séntmient à la fois .devent-ses yebx : perspeptive :accablante qui
faisait reaulerlafaiblesse-del'humaine nature, en-dépit de-Rorgueil,
qui satrait yalu la braver. A s'atressait-an,Dienu de sespères:; ef
gendant quil l'imslosait.sia petite chapelle grossièrement eohs-
truite et à demi ruinée, dans laguelle reposait da dépeuilte: imontelre
da:tonie sx famille, lui-seuf excopté, se prisenta à sa. mémoire.
“Nosennemis.féodaut; peusait-il, nousiont-2ocordésiesitombeænt
dans notrepragre domaines ;mais il:fant que je-serye-.de pâtuse
aux cedbsaux. et aux anilans d'une terre étrangère, somme un
. < CPE NL -807
filon sxpommunéé. «Das-krmosiavonisires viarestadors moail-
ler ses yeux. Trois-Échelles, lui frapparit daucemenñt sur l’épmale,
| Je félitiha, gravement dose. régigeetion à la sort, et,s!60risat d’un
4on.pathétique :«Beati quiie Domino mariungert sil ajouta qu'elle
x était,heureuse, l’ame-qui'quitteit le corps pendent que:l'on avait
la larme à l’œil.» Petit-André, di touchpat Pratre pouls; lui cria:
| « Conrage, æon.cher. enfant! puisqu'il fut:que vous stiriez en
dense, ouurez à baligriement ! Logr des robeest sant d'acaoii; » et -
en môme termps.il faisait wilmer corde pour faire metz sœmtir
le sel de sa plaisanterie. Comme le jeune. homme ke regardait
. l'en. après j'antregves l'expressica du découragoni
.æntendre plus-clairemant en de poussent: vers Larbts datal, el en
_l'eshortañit, & avoir bôi courage, ablondkr-que J'afaire: sermit ter-
.minée. a un. instant .,
Dans cette. affreuse . situation, Qucbtia ‘jeta entour de fui un
regard de désespoir. ss X mtrll ici quelque bon chrétien. quuen-
.tende, dit-il, et qui veuille aller dire à Ludomie Leslycerober. de
Ja garde écasmise, surnonué-en Ce pays lala, ne son neveu,
samir indignemenk amas 2e.
. Ces mgts furent proncnpés Éort à.prOpDs car | 14 anober de a
garde écossaise, qu'avaient attiré-les apprêts de l’exépation, se
Hrouvait. su iles dan, pelil groupe degohs qui, comduits. par le
hasard dans cet endroit, s'étaient arrôtés ppt xoircequise passait.
« Prenez. garde à ce. que:vous: faites! cria-t-il. aux bateaux ;
. fi.œæ jeune: -Homime-ost Écossais, je ne squfrirai posa qu'on le mette
à mèrt igjustement.— A Diou.ng-pläise, monsipur.l'accher.! mais
| Aoug donans-exécuier. moS #rdres »1lit- ‘Frois-Éehelles. en: Lirant
,Durward par ua bras pour. le faire avarioer.— «Le plus court
-4 toujonrsle meilleur, rajonta PetitrAndré in le tirantpar l'autre.
Mais Quentin repqit d'entendre des paroles d'éspérange; faisant
ms de. hautes. ses forces, .il s9 débarrasse des exÉculeurs-de Ja
«haute justice,.et, les bras encore liés, -eogmut seréfugier près de
Larcher, écossais. « Rrotégez-moi ; aa. compatrigie, » hu ditoiE
Sans sa propre. hngue ; «Au ROM de l'Écomséet. de saint Aniré,
vBrolégez-moi!. Je suis inapçent : protégezmoi, RE. 900 de nôtre
foi *ommane.dans 14 jastioe divine au jour du:jngement dernier :
Paz saint 4ndré!ils ne parvisndront. jusqu'àvaus.qu'à, WŒavers
on corps edit l'a aechèr en irank son pég-—# Coupez:1B85 aus
| * Heureux eeûx tré s'entloémertt déste sèin de Dieu. à, sf ar.
À Srwréerrivon iitosicédes.: 43e. : RU Je oeufs tue Pa ttilas CUT
408 QUENTIN DURWARD. .
. AR0R° compatriote; s'écria Quentin, et je ferai quelque chose” pour
. Moi * 'e
: D'un com de sabre, Parther_ mt ee qi Jui demandait, et le
. captif remis en liberté, s’élançant tout à coup sur un des gardes
du. grand prévôt, lui arracha la haïlebarde dont il était armé.
« Maintenant, s'écria-tiil, avancez, si vous l'éset.s
. Lesdeux exécyteurséchangérent quelques parôles à voik basse.
: « Toi, cours après le grand prévôt, dit Trois-Échetles : moi, je
‘ Jes-retiendretioi,si jee puis. Sojdëts de la garde de grand prévot,
: à vos aimes!» “
Petit-Audré monta à chevi et partit au galop, tandis que es
Soldats-tirèréat leurs sabres avbc tant de précipitation, qu'ils'tais-
sèrent échapper les deux autres prisonniers. Peut-être W’étnient-
ils pas fort empressés de les arrêtér: car depuis-quelque teps ils
avaiônt été rassasiés du sang de semblables victimes, et, de même
- queles autres bêtes férôces, ils-s'étmént lassés de Carnage, à force
de massacrer,.Mais ils' donnèrent pour excuse qu'il avaient éru
. e ldur deveir.de velllir'avaht-tout à là sûreté de Trois-Échelles;
car il existait entre l'es archers étoisais et les soldats dé Li Sardé
brévôtaie un esprit de Jalousie qui: “onnait Heu à de fréquentes
: querelles. .
«Nous sommes asser orts pour: battre ces fèrs Éconsais deux
fois pour une, » dit-un ‘de-ces sokdats à Trois Éétielles.
Mais le prudent satellite lui sigrie de restér en repos ;
s'adressant à l'archer écossais avec” ‘beaucéup dé civilité : « Mrs
sieur, dit-4, c’est faire une gréve insulte aù graïid: prévôt que
d'oser iAterrompre le cours de la justice du roi, qui lui est-dûment
ét légalement confiée ; et e’est un acte d'injustiee ervèrs moi, qui
suis valablement saisi de mon criminel. Ce n’est pas ‘d’ailléurs une
charité bien entendue à l'égard de ce :jedrie homme, qui vous
porle à bn‘agir Ainsi, vu qu'il peut rencontrer cinquante 6Ccasiôns
deise faire pendre sans #y trouver’ aussi heuretisément préparé
| qu'il l'était avant vôtre: intervention malavisée.— Si mon jeune
_ compatriete, répondit l'Écéssais en souriant, « pense que je lui
"aie fait le moiñdre tort, je gnis pret è à le remettre entre vos mains
sans'aütre discusion. Nôx ! rion! au nom du ciel, non! s’écria
Quéntin ; je préférerais cent fôis‘que d’un revers dé votre sabre
vous me fissiez sauter là Lété :un tel genrede mort serait plus con-
venable à ma naissance que de passer par les mains.de ce rustre.
— Entendez-vous comme il blasphème? dit-le boutreau. Hélas!
| ,°-CRAPIERE TL É. 2
cûimme nos meilleures résétutionës s'évanouissent. jromptement !
Tout à l’heure il était dans la plas heureuse disposition pour mes-
rir; et le voilà qui outrage: les autorités. — Mais enfin, ditesiinoi
‘ce qu'a fait cé jeune honime ; demanda l'archer, — Il s'est:permis
de décrocher de eet arbre Je cadavre d'un criminel, quoique la
fleur de lis ÿ' ft empreinte de ma propre main Que vout tre
ceci, jeune. hommé? dit l’archor.. Pourquoi avéz-vous conmis un
tel crime 7-— Au nom de. la protection -que.je réclame de vous,
répondit Dürward, je vais vous parler aussi sincèrement :que si
‘j'étais À confesse. J'ai vu un homme qui se débattait-pesdu: à'cet
‘arbre,'êt j'ai coupé la corde par pure humanité. Je h'ai pensé ni à
fleur.de lis ni à fleur de giroflée, et je n’avdis pas plus d'idée d'uf-
feuser le.foi dé France que d’offenser netre saint-père le pape. —
” Mais, que diable ayiez-vous-à démêler avec ce pondu ? lui demanda
Farchér. Marchez derrière: cet honnête homme-là, et vous en
verrez accrochés’à chaque arbre."corime des grappes de raisier.
Vousaurez fort à faire dans Ce pays,'si vous vous amusez à glaner
derrière 46 bourreau. Néanmoins, je n'abandonnerai pas un com-
patriote; si mon secours lui est nédessaire. Écoutezamoi, mousieur
Trois-Échelies + vous vayez que tout éeci n’est qu’ane méprise, et
vois devriez avoir quelque induigence pour un voyageur aussi
jeune. Il n'a pas été accoutumé, dans notre pays, à voir procéder
- aussi lestoment que-vous le faites, vous ét votre maître, — Ce n'est
‘bas-que vous n’en ayéx bon besbin, monsieur l'urcher, » dit Petit
André qui arrivait en cemoment. « Tiens ferme, Trois-ÉcheHes,
car voici le grand prévôt qui arrive; nous glions voir eonwment il
'arrangera qu'on lui retire l'ouvrage dés mains avant qu’il soit
achevé.-Ef voici, reprit l'archer, quelques-an$ de mes cama-
- rade qué arrivent fort à propose . :°.:
‘ En-effét, en même temps que d’un côté Tristan] "Ermitegravis-
sait avec son escorte la petite colline qui était.le théâtre de Paltär-
‘cation, quatre ou ciaqarchers ärrivaient de l'autre eôté avec une:
- égale diligence, etä:leur tête se trouvait le Balafré en personne.
Dans cettegrave.circonstance, Lesty ne montra nullement pogr
son neveucette indifférence dont Quentin l'avait intérienremeñt
accusé ;. car il n'eut pas plus tôt xu som camarade ét Durward se
tenant sur la défensife; qu'il s'éCria : « Cunningham, je to'remer-
cie. Messieurs... camarades , prétéz-moi votre cours. . C'est un
jeune gentithomuie écossais. mon neveu... . Lindesay ; ; Gathrie,
Tyrie, mettons le sabre à Ja main, et frappons. » É
. @uin'étaient pas en ombre élement diaprupertionmé que ta we
ipérierité des emmes ‘he-dennét anx anche. écossais ue chance
de-vistoire, Maisde grend prévêi ; «ait-qw'il-doutât del'isque dm
«comffit, soit-qu'il m'igmopât pas que le noi ei éprouversit du m6-
eéatontement,:fit-signe à ses gens de s'abstenir de touts visiemce,
cet demanda au Balafté , qui:se-tohait à la tête de d'autre pasti,
Peurquoilui, :arçcher de La gardodu nr l'enfoution
d'un Ccrainel. <..'
« C’estec:-que ‘je. nie, répond de. Boieéré Par saint Mentit 31
y « quéique différence entre l'exéeutine d'un briminel sida méer-
re. de. mo prapre neveu. — Voire-neven peté ôtre evismistél
<omme un autre, monsieur. répliqua le gnencl prévêt, et-taat
étranger qui se.trouve-en d'rence est justiciabla des lbis de pays.”
… J'en CONVIENS; IRIS ROBE SYONSNOS privilèges, neus autrbaar-
chers dela garde écpssaise , 1f'est-il pas vrai, Cahniarades?.;{i,
oi , “.s'écrièrent-is tous :enssmbié ; :«,nos priviléges l'aos-privi-
ges! Vive le roi Louis! vive.Jo:brave Halafré L. viveila gande
Éoossise !.… mort à quicogqnéoserait cnfreiasite nos priviléges!, .
ut Rendes-vous- à "da raison; MossieUrs, repré le gran prévôlt ;
sm'oublisr;pas-quels sont les devoirs de-ma:chexge. -—KHei: estipas
…devatne honche que, nous davons-etrmdre ja raison, lui répendit
. Æunaiagham; etsst:de:cslle de nos officiers seuls : aougseronsÿu-
-Sés par le rej, eu par note :capilaihé. puiaquede:connétahle-est
kernit.—Æt nous ne series pondus per :qu que cs.sit , ajonta
YLindesey,0xeopté cependant pat Sendie Wälsan, levieux prévôtde
tetre propre-corpésCe serait faire’ vol à Sandis, qui est aussi
-braxro que. n'importe-qnelhomme qui ait jamais fait uh nœudeon-
lant à une cordé, si nous laissions empiéter:aür.sef droits, dit Ba-
afré; si moiiième.je durais être pendu, persénns autre que lui
-ms'me:serrerait la cravates. Mais, écoutez-nrai:, dit. ke grid
-prévêt cè jeuse.drôle n’est pas des vôtres, etil aerpeuiparéiciper
à-çe que vous ahpslez os. priviléges. — Ceqhe nans appelons nes
spriviléges! siécria ‘Gunningheam, personaene pat lesigacret. —
: Nous me seaffrirèns pas qu'on lesmette.en question Imdrentd'ané
sP6mmAanE: Foix fous tes archers: —« Vous perdez Fesprit., mes
-æmaîtnes, dit Tristan. l'&rmite;:personne ne veusioontegle ves.pri-
1Nilèges ; mais-ce joune homme n'esf pas.des- vôtres, .— ét mon
enen.; «répondit Je:Relgéré d'an air-triomphant.« Mais non
un des archers dela gande,.je arois, » répliqua Tristan. -
LORARTRRR VE: 1. _
Leuekense mgsolireniien Late diun-ain d'imnertiinds :
-. «Ne Mokes paaprse.: sens. ».dit-Gunhinghem :tout:bes au
Malairé; «dites quiibest-enrAié, poerni naus. Der daint Matin !
ons avec. “saison. han conain, » ‘époqudit Lesby ;:et , élomant. Lo
VOX. : 3 pat él era oc jeurtià aétee email. AA: PACOAE PAT
des-hesmsmandesasaite.
Rate décitretian Ai nuacgsment Aériait - es
: ..«_Nost-hion-anessieuss ,” dit Lo. grand péénét .qiienvait pe
sion leroisedontnit qu'ilme :5e,glisait qusique mésontenement
pars ses : : guet, « VIS COTES vos-priviléges. "ROLE V
des Jephoiqc;16t Imbndéreie : ‘m6 “peesomt diéuiter toute pradesers
cavoc: les bem vosarohéens écobssis, bienloin d'en: chentherauoune. .
Cependant je.connscttrai setteaflnire àls-csgesse «roi Je vous
ris Hde me pes:aublier ‘qu'on: agissant. ajÿgsi je -dopne uno plus
randepreuve de smiérationqueie ioesirtloma. chsege: me sf
sambeeiss pout:Btre. » |
: Acc oo , il: ‘ontanue:àèn tréupe de: = watire = rerche.,
taudis que les-aréhors, sans éttet ln piaee:, tiamestt ptmset) à: da
Hhéto surce enidlt œur restait-à faire: .
. « Netdbord. dit Cumminghans, rio mens epations ton ao! 7
astro casihéas, ldCorwferdet que’ mes fissions inserire:te
metnde: 6 joume hontme sorcier eontrôte: -—'Mais, 1jPssients, :114S
dignesninis, mesdibérateuts., » -épuidit Quoentin:avec quelque
hésitation, « jones aris-pus enporc'hiendéoiké-sur liquestion de
-siyoir'ei jerome onu du-sérnite pari us. e Ebbenx!
reprit son-oncle , voyez ce que voüs préférez, ou d'entrer. des
notre -compagnie, ou d’être pendu; car je vous promets quie, tout
mon neveu que vous êtes, je ne vois pas d'autre moyen pour vous
d’échapper à lapoterice, pi :::; 7 ‘"
C'était ur argument sans réptique , ot qui força' Quentin à ac-
quiescer à ce que ; dañs tout -mitrefioment, il aurait considéré
ODA peuagréable. Mais après avoir si récem-
mentéehappé.àls code; quidué wait, à da lettre , été passée au-
tour dû cou, it aurait probablement consenti .à-une alternative
pireencore queçelle-à. Un ua te LA
«Il faut qu’il vienne avec nous à la caserne, dit Cunningham ;
AL a'pas-de sûreté pour: lai hors dé nos: lirnlisss: tait qneces
héngeuré d'homines son; chaos ‘les environs Ne
tpeisodens passer cuite Wait alans Fhpldiérn: où juidétieuné,,
el ones dinanda le jéune: hosmns, :qui ponait:peut-dére ,
. nue __ QUENTIN DURWARD.
comme: beaucoup de nouvelles fecrues, ‘qu'une seule nuit de li-
‘‘berté était'autant de gagrié. “Sans doute, beau seven; » fui ré-
poridit son oncle d’un ton ironique, «si vous voulez que-nous
ayons le plaisir de yous péeker dans quelque canal, dans queique
fossé, ‘ou peut-être dans tn bras-de la Loire, couisu daus un sac,
pour nager plus éommhodément ; car il y'e apperehte que cela
finitait ainsi. Le grand prévôt sourieit pn nous rogardmit, lorsqu'il
‘nous a “quittés, » continua-t-il en s'adressant à Cunningharh , «et
c'est ui signe qu'il avait une-arrière-penéés peu ‘rassurante. — Je
me moque de ce qu’il peut-méditer;. dit Eunningham ; des oiseaux
:_felsque nons sont hors dela portée de:ses traits: Mais jé l'engage
_à-raconter toute Yaflire à Olivièr du Disble, qui est toujours
bien disposé en faveur de ta garde écossaise : ikverrsle père Louis
avant que le prévôt ne puisse sé présenter devant ‘ai; ea il doit
lé raser demain. — Mais, dite Balafré, ponse donc qu'il ne fait
pas bon aller trouver Olivier les mains vides. æt je suis aussi nu
que le bouléau en décembre. Il:én.est dé‘même de ñous tous,
dit Cunningham; Olivier ne fera pas difBculté de sé fier, pou une
fois, à notre parole d'Éeossais ; nous: lui ferons entre nousun pe-
" tit présent lorsque viendra le ‘jour de :Lx paye; .et #'il-s’attend à
partager, permetiérmoi de vous le-dive, ce jour n'eff viendre-que
plus tôt. Et maintenant, au château, dit: k :Balafré : et mon
neveu nous contera , pendant la route, comment 1 seat attiré le
grand prévôt sur les bras ; afin.-qne nous puissions préparer le
rapport que. nous: devons laine ‘à. Grawfbed aimai à: been qu'à eii-
vier.». E
CHAPITRE vi
L EN ROLEMEN T..
Le juge de paix. “Hoi? douner ot Pordonhänte ,
-. -AJisez tes arlieles.Jurez,-balgwz le:Hvre, siguez, pt soyez
4h héros. Pour prix de vos exploits vous recevrez Unp
; portion du trésor publir, six sous par jour, nourtiture
Ta - et Arrérages. FARQUEER , rap ‘en roÉrstentET.
+ * 1,4
:On onlogna à l'en des. hémmos delà suite des archérsde mettre
pied à terre, .et l'on donne son-cheyai à Quentin Durwärd, qui,
accompagné de ses béHitueux compatriotes, 56. dirigea d’un bon
-pas verse château du Plessis, sur .le paiat.de devenir, quoique
CHABITRENE #13
involontairement de.sa part, babitént de eatte sombre. forteresse
dont. l'extérieur l'avait Frappf d'une si. grande surprise dans L
matinée. ..
. Pendaat. la route, en. réponse aux. questions miuléipliées de: son.
onele, il lui ft un récit exact de l'accident qui venait de F'exposer.
à un si grand danger. Quoiqu'il ne vit dans sa narration rien que
de fort touchant, elle fut sependant reste: par Son esaorle os
de grands éclats de rire. ee
«Après tout, cen'est pas Là un extellent bujet d6 plaisanterie, .
dit son Gnele ; püurduoj diable &e jeune écervelé se mélait-ä de
décrœæher ls corps d'un niaudié mécréent, juif, maure ou paien ?.
— Si encors, dit Cueningham , il s’étaif querellé avec. ‘la gardé.
prévôtale pour une jolie fille, comme Michel de Moffat !, il y au-.
raiteu plus de-bonsens à cela. — Mais j6 crois que notre honkeur
est intéressé à ce.que Tristan et-sa troupe-n'éient pas l'audace
de cenfondre nos.toques écossaises avec les turbans, comme on
les: appalle, de cespitlards vagabonds, dit Lindesay S'ils n’ont pas
les yeux aseez-hohs pour s'aperceroir de la différence, il faut le
lour apprendre par la force de.nos bras. Maïs je crois. fermement
que Tostan:ne feiat de. s'y tromper, qu'afin de pouvoir happer-
les: Éeoésais qui viennent ici: pour voir lewrs parents. —— Puis-je
vous demanudér;- mon. oncles dit Quentin, quelle sorte de gens
sant coux-dont vous parlez?.— Sans doute, vous le pauvez, dit.
Lesiy; mais je-ne sais, beau neveu, qui pourra vous répondre. Ce
ne serg pas x0i. hien sûrement, quoique ie sois peut-être aussi
instruit qu'un autre ; mais ds ont paru dans ce pays depuis un-an
ou deux, comme aurait pu y tomber ur nuage de sauterelles. —
C'est ‘cela même, dit Lindesay ; ‘et Jacques Bonhomme (c’est
ainsi que nous désignons ici un paysan; jeune homme, avec
le temps vous apprendrez notre manière-de parler) : l’honnête
Jacques Bonhofnme, dis-je, s’embarrasserait fort peu de savoir
quel veñt apporte ces gens-là, &utremeñt dit, ces sauterelles , s’il-
pouvait savoir qüel autre vent les remportera. — Font-ils donc
tant de mal? demanda Quentin. — S'ils font du mal, mon garçon?
lui répondit son oncle. — Gh! oui, reprit Cunningham; sachez
que ce sont des païens, ou des juifs, ou des mahométans pour le
muins, qui n’honorent ni Notre-Dame ni les saints (ici il fit un
signe de croix) ; qui dérobent tout ce qui leur tombe sous la main,
et qui chantent et disent la bonne aventüre. —- Et l'on dit que
4 Petite ville du midi de l'Ecosse. A M.
#
fh QUEMÉRE BERNARD. ,
pret Tours étnètesiPy à dés MES adsts sentis AN Cuire
rai Gimrinighim suitreelt nfeux que persénne. --10ùuevéuien
vous dire, camarade? s'écria Cünninghaïn ; “j'espère que vôtre its
tentiôn n'éstpas-dé - réesellèr: — Vourihsuliér ! Bien: ét Ent
n6R , réporidit Guthrié: «J'en appellé & Re compagnie: dit- Eur
pinghom ; vus avez vole dire-que moi. gentithomme:decsstés ,
et vivant dans:le giron da l'Église, j'avais une douce-et:bele unie
parmi ces.infâmes païens. — Allons, alions ; dit-le Baé:, : ce
n'était qattne plaisenithrie ; "pas de queretiès entre cambrades, —
Plaisanterié téntique vous voudrez: maso no doit:pwalen fire
de cette espèce,» murmura-Cunningham comme:se pétaut à lui
mêtne. -—«Voit-on de pareils vagabonüs ailleurs qu'en :Rrence?-
demanda Lindesay.— Bien certainement: et-j/en: jure. Fponditis
Btlafré; on.en a vtr des tribus eétières en Allemagne; en:Espagne:
|_eten: Angleterre. Mais, grâterà notre-bon sxint: Audi; FÉpbshes
n’en'a paseneorerequ un sont, -—E’Hcosse; dit Chmainghan, est:
_ paystrop froié pour les sauterelles et trop pauveopour:lesivelonrs:.
= Ou peut-être, dit Guthrie, John Highlundert:ne vout pas que:
d’autres volours que lui préspèrent-dans:sün- paye maink —Itest
boûque vous 'sichiez tous tant rime vousètss, dt'leBdté ; que
je suis orrgiaire dès montaghes d'Angus: que: j'ai flenebles:pe-
rents dans celles:dé Glertisla; et que je ne soufrirai pas:que l'on
dise du-mal'dés: mohtagnarde: —. Vous ne: niprez past sniionte:
qu’ils enlbvent: les bestiaux: tout en faisant semiant scies aphe-
ter, dit Gutlirie.. — Pouser dovaft soiran ou -déèux animaux des
rés n'ést pas-voler, dit-le:Balafté, et-c'est 0e: querje ratintiontirei
quahd et comment ilvous plèire. — Fi donc, éarnarude! Nt@un-
ningham; n'est-ce: pas vous quivous-querelez mañtenant? H'n6
fâut-pas que ee jeune homme-soit'témoin: de tels démélés: parmi
nous... Allons; rou$ voilà arrivés à l4 porte-dii chfiean ; si vous
voulez. venif diner'ayec moi; j6 fépai apporter‘ un bard-dè tin que
nous viderons entre amis, et-nous boirows à {come à sé moR-
trgnes et àises basses terres. — Convenu ! convenu ! s'éetia te Ba-
Iefré, et j'èm puierai unautre pour noyer tout souvenir db mésih-
telligence et nous: réjouir de l'entrée-de mon neveu:dans notre
corps ‘en:lüi portant: quelques santés. »
À leur approche , k guiehet-s'ouvrit-et le pont-levis fut baissé.
4 Jean des Mintagues. C'est un trais lancé par l'auteur comine- les mantsgaards.
<cossais, qui descendaient dans les plaines pour enlever les bestiaux : tel était lo
métier de KRob-Roy. À. M.
. CRAPPIRE VI. atéi
Us oétrèrent m'a vuns mais lorsque Quentin parut, los senfinellée]
crotaèsent lonrs piques, et luiordonnèrent de s'arrêter tandis quo-
les areé et les apquebuses étaient ditigées contre fui. du haut des.
murailles. Gotte -prouve d'une sévère vigilanee fut donnée, quoi
que le jeune’étranger arrivât en compagnie de-gens de là garnison :
qui faisaient eue pere a orps'anquel- appartenaient -
les. sentinelles.
. Le Balañré, qu était recté à dessein à côté de son-neveu, dun-.
na les explieations néeemaires; et, après:urie asser longue hési-.
tation , Quentin. fat conduit sous bonne garde à- l'appartement de
lord Crawfond. |
Ce œigneur était un des derniers restes de cette. vaillants.
tréupe de.lurds et de’ohovaliers écossais qui avaient a ong-temps
et si fidèlement servi Charles VII daus les. guerres sanglantes :
‘qui décidèrent liadépendance de la couronne-de France et l'ex
pulsion des Anglais, Dans-sa jeunesse , il auait combattu àoôûté de.
. Douglès et de Buehan, avait suivi le bannière de-Jeanne d'Arc,
et'était péut-être un des derniers de ces-chevaliers écossäis. qui: .
avaiomt mis tant d'empressement & défendre Jës fleurs. dé lis-con-
tre-les anciens-ennemis de l'Écossé. Les changements qui avaient
eu lieu: dass ce dernier royaume, ef peut-être lhebitude qu'it.
avait contrastée du-chimat et des mœurs de la France, avaient ôté.
au: vieuæ baron toute idée deretourner dans sa patrie, d'autant
plas que.k- peste élevé. qui pecupait dans la maison de Louis,
etson caractère franc etlôyal ; lui avaient donnéan grand ascen-
dant sur le roi. Quoique, en général , if fût peu dispesé à croire.
à la vertu etä l'honneur, te prince avait une confiance entière
dansies sentiments delord'Erawford; etlui acconlait üne infkien-
ce d'autant plus grande qu'il ne se mélaft jamais d'autres affaires
que de- celles qui avaient rapport à-ses fonetions.'
Le Balañé et Cunningham suivirent Durward et son: escorte
dans l'appartement deleur eapitaine; dont l'air de dignité, et le.
respect que Mi témoignaient ces fiers soldats, qui semblaient
n'en avoir-pour personne, fit ane forte impression sw le jeune
Écossais.
_ Lord Crawford était d’une taille élevée; l'âge l'avait amaigri ;
mais d'conservait toute la forte, si non l’élasticité de ]x jeunesse,
et il était en état de supporter le poids de son armure pendant
une marche aussi facilement que le plus jeune cavalier de trou.
pe. Il avait les traits durs, le visage couvartde cicairiges et moiroi
446 QUENTIN: AURXARD.
parle tempa; un œil, qui ayait vu. sans: souroiller-la mort dens.
trente: batailles rangées. mais qui.cependant.exprimait ün mépris
joyeux pour le, danger, plutôt que le courage féroce d'un soldat
mercenaire, SON GOFp# grand et droit était enveloppé dans une
araple. robe de chambre, serrée autour de lui par uû ceinturon
de peau de buflle, auquel était -suspandu. son poignard , dont ke
manche était richement orné.Ilavait autèur du cou le goilier ei.la
croix de l'ordre de Saint-Michel : il était assis sur un fauteuil
couvert d’une peaü de daim. .et avee des lunetlies-sur le, nez, .
invention alors récente, il était occupé lire uù énorme msaus-
crit, intitulé : Le Rosier de ka guerre, code de politique-civile et
militaire que Louis avait compilé pour l'instruction du dauphin,
son fils, et sur loquel il désirait avoir l'opinion d’un guerrier aussi
expérimenté. .
. Lord Crawford rit son livre de côté avec. Un. peu de mauvaise ‘
humeur, en voyant entrer ces. visiteurs inalfendus,. et leur
. demanda, dans son dialecte national ,«.c6 que. diable ils voulaient”
. le lui ?
Le Balafré, avec plus” “de respect. qu'i n'en aurait montré peut-
être à Louis. lui-même , lui fit ua long détail des. circonstances
dans lesquelles son neyeu sé.trouvait , et lui demanda humble-
ment sa protection, Lord Crawford l'écouta’ avec bpaucoup d'at-.
tention. 1 ne put.s'empêcher de sourire de.la simplicité avec la-
quelle.le jeune homme s'était intéressé à un pendu ; ; mais il
secoua la tête quand on lui fit le récit dé la rixe que cetteaffaire
avait amenée entreles archérs écossais et les gens du grand prévôt.
« Combien de fois encore, dit-il, m’epporterez-yous des éçhe-
veaux de fil'à déméler ; combien de fois faut-il que je vous dise
et surtout à vous deux, Fudovic Lesly-et’Archie ! Cunningham,
que le soldat étranger doit se-comporter avec douceur et réserve
envers les habitants du pays, s’il ne.veut avoir à ses trousses
tous les chiens de la ville? Au reste, si faut que vous ayez une
affaire avec quelqu’ un, j'aime mieux que ce soit avec ce chenapan
” de prévôt qu'avec tout autre, et je.vous blâme moins pour cette
incartade que pour les autres querelles que vous vous êtes atti-
rées, Ludovic, car il était naturel et convenable que vous prissiez
‘le parti de votre parent. Le pauvre garçon: ne doit cependant pas
être victime de sa bonté : ainsi, donnez-moi le contrôle de la
compagnie, qui est sur cette tablette, Nous y inscrirons SON NOM,
4 Contraction d'Arcbibald. A. M.
TOHASPNE VN. 14
aflaiqéil puisse jouir ds nos priviiéges — Avde là permission de
Votre: Seigneurie; . dit: Durward, je... —" At: donc : perdu K
tête #s'écria son'oñele. “Fu oses parler à Sa: Sbighourie, Rvant:
qu'elle tait adressé une question? — Patienee, ‘Lutlovie, ak
lord Crewford-sachons ce que ce-garcon a à dire. — Unique-
ment, n’etrdéplae ‘à Votre Seigneurie, répondit Quentin, que .
avais dit ce matin à mon oncle que jen'étäis pas bien decidé à .
profése du services :dans-tette troupé. Mais je déclare maintenant
que jesntai plus vien qui-m'arrête, depuis que j'ai vu le noble et
respectable: ehef sous lequel je vais servir; car son aspect an- .
nonce l'autorité. — Fort bien parlé, mon garçon, » dit le-vieux
lord ; qui ne fut pas insensible à ce compliment ; « si rous-avons
abaquis quelque expérience, Dieu nous a fait la grace d'en profi-
ter, tañt en ohéissant qu'en commandant. Vous vofà reçu,
Quetitin, ‘daus honorable eorps des archers de la garde écos-
saise ,: comme éeuyer de votre onele et servant sous sa lance.
J'espère que vous ferez votre chemin ; car vous devez devenir un
véritable honime d'armes, si, comme on le dit, tout te qui vient
de. haut lieu est brave, ear vons désbéndez d’une noble race:
Lodevie, vous atrêz boin que vütré neveu ‘süive ‘etactement ses
exercices; ' cer. ib'est possible qu'avant-pen nous ayons quelques
lancés. à rotapre. — Par: la poignée de mon' sabre ; j'en suis bien
aise , milord, dit le Balafré; cette paix ne fait de nous que des
poltrens. Moi-même , je ne me sens plusla même ardeur , enfet- .
mé uns coséé comme jele: suis déhs ce maudit doijon. — Eh
bien! continua lord Crawford, un oiseau m'a siffié à l'oreille que
bientôt la visille, bannière flottere de nbuveaa dans les champs.
— J'en boirai-ce soir un coup de:plus sur cet'air , dit le Balafré:
à Ta boiras sur tous les airs imaginables, Ludovic, lui répondit :
lord Crawford: et: j'ai bien peur qtie tu ñe boives quelque jour
une bière amère que tu te seras brassée toi-même.» :-
Lesiy réplique ; d’un air un peu confus, que cela he lui était
pas arrivé depuis long-témps, mais que Sa Seigneurie savait-fort
bien qu'il était d'usage dans la compagnie de faire carrousse 4 à la
sité d'unnouveat camarade. —- « C'est vrai, dit le‘vieux:ehef :
j'avais oublié cotte circonstance: Je vous enverrai quelques me-
sureë de vins, pour vous aider à faire votre cérrousse ; mais que C6
soit fini au coucher du soleil: Et; écoutes-moi:. faites attention à
U, A CT ‘ REC D EL Ù
4 Joyeuse orgie. Carrousse est une expression écossgisg et alemnäe à it M.
QUENTIN DURWARD.
448: QUENSEN: DU AND.
ca.aue ler anhiats -Qpi, sesomk: de.cerien ontin nuit chiant cho
avec. sgin; et qu'AUCUN d'eUE 6 BARRE DIS, en anne: fee,
à la débaushe que.vous projeter. -— Votro-Seignennie 102 pance-
tusllement obéie. répemdit Ludorie. et sasanké.ssua postée: ste
tout. la respect. qui B1i.est. dû, — 14 est: possible, dit Lune Coamfondk.
repas, vaiquement pour voir ai.ioué se.pesse avan dérancst. — Le
visite de. Votre Seignenrie nous. eomblere d'hanneue at-decisie, v
répliqua.Ludavie: El Üsse. ratirèsent, taus.trois. extémement ser
tisfaits., pour s'occuper des apprêts de leur banquet mikiisine,, au-
quak Lady vita nue vingtaine de ses cmardes qu, asten gé-
néralament, étaient deux l'usage de prondse leunseenes sac. bai.
. Una fête de soldats est ordinairement bientôt.srrangis::le paint
capital esé qu'il s'ytreuve, de quoi manger ei.de: gnoi keine. Mais,
en cetta aceasion , Lesly se donne. heawenup de monsement pour
se. procurer du vin de meilleure qualité qu'à lendimnise.Çar, disest-
il, le viewx lord est. la plus-poble: plume de nes tngues, mpe:-viile:
pièce d'or du, meilleur ajni. ILraousprêehe la.sebriété: mis ayrès
avoir bu à La table du. roi autant de vin. qu’iles-peut prendre.dé.-
cemment.. il ne. manque jemais.une:oçcasion. hanpsable de een
pléter La soivée auprès de la. bouteille ;: ainsi , carmaedes,, Heat.
veus prépaer à entendue les:vieilles. histoires das batailles de:Ver-
neuil et de Boaugé. »
L'appartement. gothiqne dans lequel dns réunissent ondinsi--
rement pour prendre leur repas fut mis. entente laûte, dans le:
meilleur ardre; leurs palefreniens.fumnt dépâchéade tentes parts
pour se procurer des janes verts, afin:d'en.consrin 1b-planches +:
et. les hengières saus:lesquelles la garde -écessaise amait marché
combat, ou qu'elle ayait eulevénsà l'ennemi. .fasent déployées;en
guise da tapisseries, au-dasaue de- le table nie : le mamailles- à
l’entour de la chembre...
On s'ocaipaensaite dareôtin,ausoi parspienañtqsepomia,
le.ieuxe soldat desarmes oi de-L'uniforme: panticudier à le: garde-
ésosaise, af, gril pât. paraitre. sous-tous.les sapperti arnin drait
aux. priviléges de ce corps.en vertu desquels, akaves:-Laiile:de ses
compatriotes, il: pouvait bsaver hasdimentle nouneir etlb;ménen--
tontemeut du grand prévôt., qupiqie. L'oivsût FF DleR qu Fan
Clait auçui termible qua l'autse était icnplesable. :
Le banquet fut des plus j joyeux, et les convives donnérent un
+ Cr t loenge détori: * nine ei one tete
CHA VI BU IV I"
Aer esuar-à loursrsantirennis-:aatiqnaux-en-ro0anit dans: lens
rénigs uns-racrae.nousallement arrixée.de leur: chère patrie. Lie:
.chantèientde wsilles obansobs éçormaises, neconfènent de wriless
histpires. de-hénesiécossaie:, nappelèmnt leg auglois dé lengit.2nm.
côtes, aiesi. que: les citconatannes dene:lesquelias: ils:sysiont-6 té
mis fin: eu mot, les riches. ctinpagnes de:la Fouraino: some.
bluient, es.cp:momént,.être.deyxenmer pous qu Ip HOUR. 26:
mentegaouses régions. de le. Calédonie. :
Leur enthousiasme était au comble, et chagum à l'onxi. Selon.
Goié dm-troumen-desparolss crpahies.de. rendrs pliss cher:onenredp
souvenir. del Écosse, lorsqu'ils regupont une impulsion pouÿelle,
par-l'érritée de losd: Crawfbrck, qui, ainsi que le. -Balafré: l'avait :
bien-prémar , -avait.ébé: pour ainsi. dire, asdis sur des.épines.jusqu/à".
ce FH e eût trouxé.Foccasion de.s’échapper de le tahèe du roi pour:
vesir- se $oinde. à la fête.que dennsisnt sose0nspatsiotes.. Un siège, :
de.paraiaiui avait été réposvé au haut bout de la table. oar.d'ar.
près les moours;G& temaps.etia constitution. desarohess.de la gprde .
étassise, quatque leur capiteine:ne.reconsût d'autre sapériorité
qe celle du noi et du grand connétabie, les. membres de ce oops
+ (les simples s0kts , eomme. nous: dérions aujourd'hui) étant tous
noblssde naissance. il pouvait sans-déroger s’asseqis à la table avee.
eux, et prendsé part à ours fétes quand il te. jugeait à propes,
sans détoger à sa dignité +. ,
Cette fois-cinéanmoins tond'érewfard refusa de prendre te,placs..
quon lui avait préparée, ot, engageanf les convives à continuer.
de se Hivror à lu joie, ik se tint debout et. se. mit à les copiemplen.
d'ün air qué faisait voir qu'it jouissaif de lour bonheur |
« Laissez-e fase, » » dit tout bas Gunairigham à Lindesay pendant:
que ce deraier. présentait ua verre. de vin à lbar. noble capitaine,
« Yaissez-le fh$ ; no faut pas pousser. Jes boul. d'un autre trop
Vivement ; it'y arrivera de lui même. »
“Pleclitomentle véoux loué, qui avait d'abordsourisoooua latôte,
et posa le verre de vin devant'lai sana y avoir touché; bieatôt-après.
et comme par distraction, il Le portait à ses ègres. ipraque. tout à
coup il se soûvint fori heureusement que çeserait Un mauvais pré
sage s'f ne buvait pus à be santé du:brave jeune. bemime quiveanit
d'être admis dans le corps. H'porte donc la sahié de Burward; et,
B Past 0e: qui exitis: de non iquee dane Patmée apgidiss : le plaine. 14 gps;
sous-lieutenant méme, mangent à la table du colopel ou du général, #4 que cela.
affaiblisse en rien la discipline et l’ordre hiérarchique. AM :
446 QUENTIN DURWARD.
cottfe on peut bien se l'irnaginer, les convives y répondirent pat :
lès plos Vives acclamations. Le vieux lord les informa ensuite qu’il
avait rendu tompte à rhaître Olivier de ce qui s'était passé dans La
matin@be« Et comme-le tondeur de mentons, ajouta-t-il, n’a pas
un grand amour pour l’alongeur de cous, il s’est joint à moi pour
obtenir da prince un ordre qui enjoint au grand prévôt de sus-
péndre toutes poursuites commencées, pôur quelque cause que ce
soit, contre Quentin Durward , et de respecter en toute occasion
les priviléges de la garde écossaise. »
‘De nouveaux cris de joie se firent entendre ; les v verres : furent de
nouvéau remplis jusqu’à ce que le vin pétillât. sur les bords, et
l'on porta par actlamation la santé du noble lord Crawford, de
l’intrépide conservateur des privilèges. et-des droits de ses compa-
triotes. Le bon'vieux lord ne put se dispenser, en’ bonne cour-
toisie, de’ faire égaloment raison à cette santé, et, s'étant laissé
tomber dans le fauteuil qui lui avait été préparé, sans trop penser
à ce qu'il faisait, il _appela Quentin près de lui, etlui adressa sur
la sitriation de l'Écosse et sur les grandes familles de ce pays
beaucoup plus de ‘questions que le jeune homme n’en pouvait
résoudre. Dans le cours de cet interragatoire, le brave capitaine
appliquait de temps en temps les-lèvres à son verre, par forme de
parenthèse, en faisant remarquer que l’esprit de convivialité était
une qualité distinctive des gentilshommes écossais, mais que les
jeunes géns tels que Quentin ne devaient s’y livrer qu'avec pru-
dence, de crainté qu'il ne es entraînât dans des excès. Il débita
sur ce sujet beaucoup d'excellentes choses, jusqu’à ce-que sa
langue, occupée à faire l'éloge de la témpérance, commenqât ‘à .
devenir plus épaisse qu’à l'ordinaire. Ce fut alors que, l'ardeur
militaire de la compagnie croissant à mesure que les flacons se
vidaiènt, Cunningham proposa de boire « au prompt déploiement
de l’oriflamme ! » (la bannière royale de la France). — Et à une
brise soufllant de Bourgogne, pour la faire ondoyer, ajouta Linde-
say .— C'est avec. toute l’ame qui reste dans ce-corps usé que je
m’unis à vous pour porter cette santé, mes enfants, s’écria lord
Crawford ;'et, tout vieux que je suis, j'espère encore la voir flotter.
Ecoutez, mes camarades, » continua-t-il, car le vin l'avait rendu
un peu communicatif, « vous êtes tous de fidèles serviteurs de la
couronne de Frante, pourquoi done vous laisserais-je ignorer
qu'il y a ici un envoyé du duc Charles de Bourgogne, porteur d'un
message qui ne paraît pas dicté par des sentiments pacifiques. —
#
CHAPATRE- VAL: Aa
Jei vu los équipages, les chetaux et La suite du comte. de Caève-
cœur, ajauta un des convives : on dit que le-roi ne veut par Lag-
#mettre dans le châtéau. — Puisse le ciel inspirer au roi une r$-
ponse vigoureuse! dit Guthrie. Mais de quoi le die Chariès 26
plaïat-il?—D’une foule de griefs relatifs aux frontières, : répondit
lord Crawford ; enfin de ce que le roi a reçu sous sa peofeption
une dame de sori pays, une jetine comiesse qui s’est enfuie do
Dijon parce que le duc, dont àlle est La pupille, voulait 1e marier
à son favori Campo-Basso. — Et est-elle venue. seule ici, milord ?
demaridaä Lindesey. —+ Non; pas tout à fait seule, répondit lord
Crawford; elle est accompagnée d'use vieitie ComMÉESe, sa parente,
qüi a cédé aux désirs de sa cousine dans cette affaire.— Mais,
demanda Cunningham, le roi, en sa qualité de souverain féodal
du duc, interviendra-t-il entré lui et sa pupilie, sur quelle
Charles a les mêmes droits que, si ce même Charles Rii-même était
mort, le roi’aurait sur l’héritière de Bourgogne ? — Le voi, répon-
dit lord Crawford, se déterminera, suivant sa coutume; d'après
les règies de la politique > et vous savez qui n'a pes reçu ces
- dames publiquement ; ime les a point plecées spus la protection
de sa file , ka dame de ‘Beaujeu, non plus que sous cells de la
princessæ Jeanne, en sorte qu’il n’y a pas de donte qu'il ne se règle
d’après los circonstances. Il est ndtre maître. mais il est, permis
de dire, sans sé rendre coupable de trahison, qu’il peut chasser
avec les chiens de quelque prince de la-chrétienté que-ce soit, et
courir le Hèyre avec enx.—Maisle duc de Bourgogne ne s’aceom- -
mode pas aisément de toutés ces finesses, répliqua Cunningham.
—Non, sans doute, répondit le vieux lord, et c’est pourquoi il y
aura probabtement quelque vif débat entre eux.— Eh bien ! dit le
Balafré, je prie saint André qu'il les méintionne dans ces. bons
sentiments. On: m'a prédit, it y a dix ans.,. que dis-je? il y'en a
vingt, je crois, que je ferais la fortune de fha maison par un me-
riage. Qui sait ce qui peut arriver, si nous commençons une. fois
à combattre pour l'honneur et l'amour des dames, comme on le
voit dans les anciens romans?—Toi! parler de l’âmour-des dames,
avec une telle tranchée sur le visage ! dit Giithrio. — Autant vaut
ne rien aimer que d’aimer une Bohémienne, une fille de cette race
de païtns, répondit 18 Balafré.— Holà, cartrarades! dit tord Craw-
ford; ne joutons entre nous qu avec des armes courtoises", des
4 Dans les tournois, on appelait armes courtoises les lances. dut l'extrémité sai
garnie d’un tampon, afin qu’elles ne pussent pas faire de blessure, par opposition à
| QUENTERTEURW AR D.
«stoibmhstiensi HibrdMtisudesntt'otecdes:pisisimtertes 39 jails
doub unis. Poer reve dilatoctitesse elle sstarotirishe peer .
CORBEr 10ù Partage di rukpuivee veineur ‘ébbitais, ab ques
esotétieiidonis par: Pdpe:valuirines préfin tions urtiénit ‘de anus
Idte-:vieigts tu our pou s'en fait: Querqu'iliarsoi, jet voestpte-
npeteshettolte den Mant6, eur en dit que :élestien dstrinistbuté.
tes-H}0 ON OIS laveirryvsecmetin, Sltunetrerærcheor, Aoreque:j'étais
18b4rée à le barré férieurs; ris, cllerrebsembinit:plerità
: Mfiébiläntone toardegrà ane Stolle,-car élle-etrae autto-dante
Méieht'amenées er ctiâtenu'dins:desditiètres forendks-- Fi Ant,
PES: ps lb honte 7 &itiiord: Cheafond sun'sokdlat.me-duilijnrtiés.
répporter'vo'qei ‘a vu ‘étunt en Motion ! H'hileurs, vajoutatail
près dioment de sliunte, et sn curiofité l'elnporémit sarienèlie
éatil'uvait cru nébesire de Üépiuyer en matièrerde discipline,
Iqu'ebteGe qe te fait /punser que:la:vomtesse de Eroyeise tromait
-WéNetivoment-ddnsunit de Cesllittéres 7. Mon, répendit Armtt,
‘fotetsdis réétide todt vel, smon:que mon cottelisréhéé alors
sfére prete d'ér'hchos -bhoveux der da rübte qui ‘coddisit-elix
“flag, à rontoftré Doguih. de mubétier, qui ramonst:istditièries
5à Faubupge,:00r oies agtartisimentà Yaubergiste du' bosquet des
IMEdtière, c'est dire à l'aubergiste qaiapeur'ersbignt kes-Flbies-
“deDis..s; de‘hière dést qué Doguin w #reité Sœundors-Steotlsi
BONE UN verre de vénuitsndt qu'ils :s0 conhaisssent.'et ac les
‘Motte colui:bi était: asser disposé à: faire... Sans dioutb, sus.
dôûte, 4tterrumpitie vééut Ion ‘etfc'estrce'que je van dtais vair
moitie périhi vous, messioors; puis tous tos palefrenicrs, vès
(ébutthets, vesachinen; done nôus is uppelieribns en Éiésse,
inb'seft que trop iépesis à1pfohdre ur vertre:de via:avtec:le pee
“déièr ten. C'est une chose trèsidariporeass:6n' tons deg,
sétilfaut ‘y tétiriamain. Mis, Anüré:%ngot, tu nous vonites ès
ho bionlontue"hisibite, Chou sllonsia couper parun vérede
da: Vétine di To méntgnard, Sievdkredoch ner shirt etcestidu
bé phéliquet. Alone, à lisant de l:cormitésbe Ebell de Gooyb,
Appétit trocrer uh'Mmoïllber maritqe ve CHMpo-Buiso, qu
-riet tn ril'cogihomen itilion Branintonuns, Kiireé ruelqanhlenit
_-polles dut vn 3e serait sans. avoir, ot cetto.précautier . wqui étaient êtes àfer
émoulu. ‘À. M.
re De Ba Date Eten ln linda bide faitéli es Miétitiiihres TS Me,
comme aussi les paysans du pays de Galles et ceux de la Basse-Bretagne. A. M
‘. horgilopoumérétre fradiitiontfranqis querpar ue dapreion ere à po
dllière.*s. "“
sonatdhes dan vence: med yaisgee Fée. Œiyirnie
samtipuivuis, mépondit À rat. il hui rate us le secrétqee 88
dut cilumss ul ponuit devons chiiteut:, Aans-bes Kières
Sosumées. dtiiont de. 1gritsies Lames, qui depuis quelques jours
logeaient en secret cher-sen:raaibré: que roiieurereit Bi pie.
siours sésiesmver boaueven ds trysitre, st dour-uvait-ronên de
coms humuurs:vnfn, qu'clles Sétaiont néfomiéus-dn, châtean::
er htmainte. à-06 qu'il ovvçait, que. tour :enusit 4e vemée de
Crèvecour., smlbaisadeer de duc de Bourgogne, dont tapprothe -
sonaitdlioenmamnode pr :un vourvier-qui de présédit. — Oh"
mic Amré, avt qu'il vagit? ditrGutbrie. Ah ces, je
Juwrais.que destin: mntessæque J'ai-ontendue hanter on-#a0-
Gonmpagesat sur iunlath; sumensent Où js -téversisle cour int
miomviponr mb:rondre ici .“Le B0n-partait des funôtres:cistrées le
MtourduDauplin. et ebtiumélodivétaititohpe que jamais personne
mana eséondt aus surabia tions :le châteen:%a Nemisde Pure.
Serum fai, jui crue L'était ds a rausieee do la sonmanition de
tatéedliébainn, et:quivique: js ‘sauce. qum:latabie était sonic, at
Guam on lou snussn Snéruet do diner. tes longues oreilles
œntondant lamustqee, et:ion pen. de jugersont.ne 4e :porrnettenit
peade éoiior tuquel dos doux tu dofais Honor ha préférence.
Bosudiez ; la tisshbdie la cathédräle ne:nnne-telle pas Los vépren
Dion cortuinurment d'uen est:pas ereore leurs. Le vivux fou de
suriatnin vue l'offive du sir :0nù ‘auune ‘trop 46t.— Ma :jai , ln
cloche ne sonne que trop juste à l’heure, dit Cunningkæa ; cer
voilà le soleil qui descend sous l’horizoïi, à l’occident de cette belle
-plaine. — Ah ! dit lord Crawford, cela est-il croyable ? Allons, res
enfants, il faut savoir se rPéformer dons ile justes bornes. Qui va
doucement va long-temps..… Feu doux fait bière douce. Être gai
et sage, est un excellent prerefhe… Ainsi, encore une rasade à la
prospérité de la vieille Écosse, après quoi chacun retournera à à
so pbsto. .
La vonpe Prélien Ti Villée des TOHVIVES congédiés, tandis
que, d'an-air de dignité, le vieux baroùû prit le bras du balafré,
sous nee de lui donner quelques instruetions au sujet de son
Lére semi, Ales 3e uit, ‘lle eraistesque s0n pui iha-
esntuex 9 pariteur qoux de 5e troupe-müdiss ‘ferme qu'il we
RoarondR à sn HE otà 4h Spas porarmene ‘El terres
son. QUENSEN. DEMI.
tauto:la grarité requis dans us.chel les dou cours:qhisépapaient :
spa appartement de. la selle: du festin, ot 60 fut: atue air éminent
d’un homme œqui-aurait-vidé un, poiaçon de-vin qu'il enhotte Le
dovic à veiller:sur la conduite de-5on neveu, of Parésoul remet
où ce -qoi.agnoernaié be Miolte-ctis bouteille: M ee
: Gependant, pas :un:mot de. ce qui ‘avait. été dit.au suiet-de- ha
belle comtesse labelle n'avait échappé aù jouse Durward, qué,.
-ayantété conduit: dens un petit cabinet qu'il. devait partager avec
le page de son oncle, fit de sa nouyelle et bumble emeure le théà-
tre: de granles-et. profondes méditetious. Le Joeteur_cônéevra fa-
oilement que le jeune svidet se laissa entretrier à bâtir ‘un: Hoëu
roman, fondé sur l'identité supposée, à. laquelle on voulait fairs
exoire, entre la-demeiselle dela tourelle, dont. il avait écouté 1x
‘chanson avec tant d'intérêt, la jéuns fille qui avait présenté la
coupe à maître Pierre, et'une comtesse: d'ugitire; distinguée par
gqn ;rang etsa richesse, se dérobant: à la poursuité. d'un amant
” abhôrré, favori d’un lutour tyrannique qui. abuse. de son pouvoir
féodal. IL y eut aussi, dans le-drame fentastique- de Quentin, une
acène détachée dans laquelle figurait ce maître Pierre qui parais-
sait exercer une:-si grande autorité. sur le formidable officier, aux
mains duquel, lui Quentin, avait échappé cejour 1à avec tânt de
peine. Enfin ses rôveries, qui.avaient été respeetées par lé feune
Wil Harper, son comjpaghon de cellule, furent interrompues par
le retour. de son .oncle, qui vint lui dire de: se coucher, afin de
pouvoir se. lever le lendemain de-bonne heure pour le suivre avec
einq de ses camarades dans l'antichambee du foi, où | PApponi son
service. ,
‘
| CHAPITRE VIHL.:
L'ENVOYÉ.
* Parais comme l'éclair aux yeux de la France ; car »
avant que tu puisses annoncer que je vais arriver” , 6
.-..s. tonnerrede mon canon se fera entendre. Ainsi dope ,
| SL pars : sois la trompetie de ma ‘colère.
PE * + - SHAKSREURE. 14 roi Jean. )
&i la péressé eût étéu une tentatriee, eà laquelle. Durward eût cédé
aisément, le bruit:.qui retentit dans la caserne des gèrdes, aprés le
premier. copp de primas, edf certainement éleigaé cotie sirène de
OOSRE TD .: 888
seRosahe: anile régoluité: tit négnaié: dptaris:ébhieen desan.
pisest-dana te -emsvent:d Abertrothosk l'erait kabitué.à sn :lowr
axeo Laure. et.ù s'hakilla grioment.:au sondes -crsstiau bosit
den armee ; 2e benit anpançaitque les sentiselles qui:vratent fait
le service pañgiant la nié allsiehé étre. relevées: Res gaides ron-
traient à la caserne, d'autres an sortaient pour aller ocouper leur .
. poste pandant La mainée; tahdis que d'autres. oncors, parmi les-
quels était. sn.oncle, 5e nouniaient.sle leur.axmura. paur so reu-
dre auprès dela persañae même du roi: + ©. ‘1. :.
Axes tout le-plaigie qu'éproure an homme. dans un. âge aussi
tendre. et. en pareille, circonstance, Quentin se revêtit de F'ani-
forme splendide et des riches armes qui appartensieat:à son mèn-
vel état. Le Balafré qui veillait avec le plus: grand intérêt et 1e
soin.le. plus sorupuleux à ce @ue rien ne manquât à:508 équipe- :
ment, pe. fut pes raaître de cacher la satisfaction qu'il -éprouxait
en voyant combien. ce changement de costume sugmehtait la
bonne mine de son-nevpu. « Si tu es ausai fidèle et aussi brave
que tu ea hoau garçon, dit-il, j'aurai en'toi un: des plus héaux:ét
un des meilleurs écuyers de la gande,:00-qui ne pout que faire
honneur à la farnille, de ta:mère.. Suis-moi .dans:la salle du trône,
et premds bien soin de te tenir toujours près de moi: :: -:
_ Fu parlant aipsj, il saisit une. grande et-lourée pertuisane, mta-
gnifiquement oruée.et damssquinée ; et ayanf dit à san: neveu
d'en prendre une.semblable, mais qui était plus:légère;-il.se ren-
.dit avec lui dans la cour intérieure du palais, eù ceux de:leurs
. Camarades qui devaient monter la .garda dans des appartements |
étaient déjà en ligne et sous les armes, les écuyers placés chaeuh
derrière son maître. On.y voyait-également.un grand nombre de
piqueurs tenant de superbes chevaux et.des chiens de.raçe que
Quentin regardait avec tant de plaisir; que son. oncle: fut plus
. d’une fois obligé de lui rappeler que ces animaux n'étaient pas là
pour son amusement particulier, mais. paur celui du roj, qui était
très.passionné pour la-chassè. En effet,.cet amusement était. du
petit nombre de. ceux auxquels se livrait Louis XI, môme dans
_les instants où la politique aurait dà l’absorber presque tout. en-
tier; et il avait tellement à cœur la conservation du gibier. dans .
les forêts royales,. que l’on disait communémentque tuer un
homme exposuit à moins de, risques quà tuer-un. cerf. . ,
Aan.signat donné par le Balañré, qui dens cette actasien rem-
plissait les fonctions d'oflicier, les gardes.se mirent on mauve
4008 QUERT ES TERR D.
rmabice tien-äu :motd'erdre, iu-rtpétéeon. Gslmieumenanes.
sitvut emiqesment pour wacätier lusatlilate acresniinme : quiz
:upportaient ‘dans Faccumpliseemont de teurs :d0r0hS, (ue: 10n-
-désenit à la ‘salle d'rallience. où de-roi élit nations
date. .
Pont étranger :qu'étaitiQuentin d dessins sphaues, ee
-fet de veille qui's'onvamit devnt iuiue répond pas ‘tout à Ænit-à
l’idée qu'il s'était faite de la magalie ae -d'ame:cver. Avoyait,
sa yérité, des-cfheiess doi tnison Ou /rvi-vivhoneit VOS ; il
- menait des gardessuparbernont:atmnés; il'veusét aussi des domes-
“ques «de dous ‘grades: :rnais aucun. dès antions evassl Bers Eu
Paume, ateun des grands :6fficiens dela comen nÉtétent JE :
Sun des nOLRS Hi, -à cette époque, révelliaient vrcomelesdtivé-
“mirdosbeaux jouts lle da Ghovdlenie n'était pronos .‘aucun-fle
Les généraux ot deces ehof:qui, ans tenté: vipueut- de. Tage,
Huisaient da force de h Franco, aaouu:de ces jeunes nüMies, brè-
dant d'ardsur et: ingmtionts de lagloire. :l'osgaull doive Dear puis,
‘"nétpamaisstientàises yeux. La:jaleusie, ‘ln réserve, la profuhtio:et
æotificisuse ‘politique, :qui-forshaicut le. ouradtène-de roi, mpaiont
éloigné cette-lilante auréole de sen ire, ët svt qui enrpent
-0û l'onvirusmer :baus :cuse m'éiuiviit appelés à :la-cowr que “fans
ourtaines cvosdions réglées per-Hétiquotte: alors 455 :y vünuiont
‘avec répupmanes, et s'en-rütpurmuient avec f6ib, Lorna lus urisi-
aux de-h:faile s'approchaicitüt stéloigerient de-l'antre du bee.
os Ipetsinaes , ot .en INs petit noble, Qui Y Hptireistft an
quallié-de conseillers. ‘étaient des homes de tiataisé rite,
‘dont ilighrsiotomiedprhnait quélquéftis à sapacilé, méis-dont
us Pthiores faisaient voir-qu'ils-iyaiént-686 apptlés-àse moewolr
‘déhs tire séhère pour: lageshe suriéta cation préttéile, ton "plas
‘qe ershakitudes, He les #ulert:pubre préparés. 'Deotrt persun-
‘nage epändunt paruvetit à Darweri ‘avoir pts‘ Hb ntfilesse ét
êeanité dans I6ürs Ymatibres que 1e autres: /dtson’etel, tai
“ims-de-Moentiisn Bit pes onvére:empééné pat rigaout Îe
réensetvies, put lai apprendre les RUES êe veux gun és et
R'T
: Xiwrd envie uit nsnéttns coteppañanent. revêtu do
sen riche wriffmino, St'tbtiten 1tain sen ton: êe-vomaumlient
“dhrhrpurt, Maitdéjèesanuntis Quentin, cine: Foitiégéloment
ei. Pa Reuutux pursctnte-do quitté, Je flassomur-
rçasbto tin ‘2 vom res Dali, me dEbre Daniele
RES RAM MR: C'ONdRrES, 1, LCOARRNN AVES La Je.
siéroile JérmM0 ER re, Jour en 10100 ist anis ha! DAte QU
man cuioi Rrante de: J6 0 av Aya Son SR tE MS CHARS
ren ét molcréion pass ‘AR AMIS toyile ets popthiteé,
popularité qui le suivait parmi les nobles atisi Mién'uue-pamhi
Je-pouibte, iBééis isvait encmré. én Avbte:obeasion #h‘etaetère
tellement auvest, :fint «ét tovak, Qu'A- shit Anne. avbir
“échippérh out Bo péèh méfiant Los, qui aient à le:véir
prés dis sripursonne EU T'appét quel qééfuiis à sets cb riscits. Quoi
rqu'itoût Rsrépttition tin Hitine acebnipll as Lots 10 CIS
-tices doi chbvakhie, et diiiruce u'on:ippille un parfait eheva-
lien Re conte 16téit ‘loin ‘d'Or le modèle 1léal dt 'héres de
SA AGUONEE ‘Feheril énétitié, “Là ‘taille Mtnit ‘hir-déMous
délatitrehyemte. 6t es: jamibés "tin pou ‘6ribées ‘eh Ucdans, Ponte
Plis-vertimods pour iun:oaaliér "u'ééparite :pout ‘vin piété. IL
ipitôtes dpubtles larges, les éhüveux nüirs, le teint'basené, Rs .
es mg limentent Loris Ut remet; “ReS : traits de son vistige
étabont une tsrégétar#é ‘qui 2H‘ asqu'à %a Jaideur-:"ét:vopen-
Suis fl'régouit ‘dans Sa fhiyeiotüinie än air de noblesse Et Uo-Wi-
pmitéitfii, dès préhfiér coup d'il, Misaitreconauttre en der tin
‘centAHOtME de hutite : naissance ‘ét ‘un soldat Mtrépide. Sün
HhabétiSh GMT EL Ar, sa détiardre aisée tel majelitiense, RE
Jh dtttétic ss véits-etinobhie pur uh tottp d'œil “E cenime te-
Aér de Faiieretitnenatatit comte té Heh::Hipetituit ce'juër
th Mabit Behasseur, Plutôt sniphaeur qu'Élégat ;’car Hi
arévaitebs souvent de remphr les functions de brand Voneur,
‘henmenitinire hoësbortekrervire qu'itotreâtrémicment hetltte.
louis, uv 'OHéuns; prier price de 84ng, Eté qui ‘les'ghr-
Gusitque lassemie tot etitière rendmientis honneurs das
Bosttraunrité. vontit enstite: bn bras phané-thsicéhri de Bt
noë , lache Hilo :ét riélaneclique, :sonMitient iiiier
rs AE Bdoin dé Peppui de Shipaterit.: OMEt dla Mouse sur
vefliaiiet:ot Uéssauprons bouts, ve piite qui . s'le/roi-Mot-
‘réft sis ons rhûles derenult l'Hétitier Prés t de En CO
toihit jehe oct riPétener ed - dot. ob ÉMit hétit
révèle amour oi ‘et he tbuisseft d'ttoun: ft. L'ébétte-
varient: promo leve pevité Haprinriit
PRO Ou Rhone ‘#n 40 non Remote
_
ss QUENEIN:-DUR WARD.
augmenté par la certitude où il-était que le roi. méditait: à -son
égard un des actes les: plus cruels et les ‘plus mjustes qu'un tyran |
pût commettre, celuide le contraindre à .épouser la princesse
Jeeunp de France, la plus jeune de %es filles , à ‘laquelle le prince
avait été fiancé dans sen enfance, mais dont la difformité rendait
toute.insistance sur un pareil engagement l'équivalent d'uh acte
de riguour odiouse. .
L'extérieur de ce ranibeuréux prince n'était distingué par au-
cun avantage personnel; mais il-était d’un caractère doux, hu-
main et bienfaisant, qualités qui perçaiont à travers le voile d&
mélancolie extrême qui-en ce moment couvrait sestraits. Quentin
s'aperçut que le duc d'Orléans évitait avec soin de porter les yeux
sur les gardes en leur rendant leur salut , et qu’il les tenait bais-
sés versla terre, comme s’il eût-eraint.que la jalousie du roi n’in-
terprétât cette marque de courtoisie ordinaire comme une preuve
du désir de se concilier l’attachement particulier de ses soldats.
Bien différente était la conduite du fier prélaf et cardinal Jean
de la Balue , alors ministre favori de Louis ,:et dont Pékévation
ainsi que le caractère établissaient entre lui et Wolsey uneressem- |
blance. aussi parfaite que le pouvait permettre la différence recon-
nue entre l’astucieux, le politique Louis, et le foïgueux. le bouil-
lant Heuri VII d'Angleterre. Le premier avait élevé son ministre,
du rang le plus bas, à la dignité où du moins aux émoluments de
grand aumônier de ‘France , lui avait donné de nombreux bénéf-
ces ; et avait obtenu pour lui le chapeau de-cardinal ; et, quoique
trop méfiant pour accoréler à l’ämbitieux la Balue le pouvoir et la
confiarice sans bornes que Henri accordait à Wolsey , il se laissait
influencer par lui plus que par tout autre de ses canseillersavoués.
Aussi le cardinal n’avait-il pas échappé à l'erreur commune à ceux
-qui d’un état obscur sont tout à coup.élevés au pouvoir ; ébloui
sans doute par la rapidité de son élévation ; il avait la ferme per-
suasion qu’il était capable.de se mêler de toute espèce d’affaires,
même de celles de la nature.la plus étrangère à sa profession et à
ses études. De-haüte taille, mais entièrement dénué de grâce, il
affectait dé la galanterie et de l'admiration pour le beau sexe,
quoique ses manières , autant que le caractère dont il était revê-
tu ; fissent ressortir l'absurdité et l'inconvenance de ses préten-
tions. Quelque flatteur , je ne saurais dire de quel sexe, lui avait
persuadé, sans beaucoup de difficulté peut-être ; que deux énor-
mes jambes çharues , qu'il tenait de son père , charretièr de Li-
|
Î
|
. OHAPTFRE VIE. L: |
moges , offtalent des’ contours d’ine rare beauté retil étuittelles .
ment iafstué de cette idée, que:toujours il portait sa-soutañre de
cardinal. un peu relevée d'un-côté , afin que les robustes propor-
tions-de ses membres ne passent échapper au regard. Revôtu:dé
son. costume. eramoisi que recouvrait en-partie un riche camail ;
il traversa d'en pas majestueux là salle d'audience , s’arrôtant de
temps à autré pour examiner les armes et l'équipement des an:
chers de service, et:lenr faisant diverses questions. d’un ton d’'au-
torité..Il ne craigmit pas mômie d'en censurer -quelqués-uns sur
ce qu'ik appelait des irrégularités de discipline ; dans des termes
auxquels :ce8: :xieux guorticrs n'osaient- répondre’, . quoiqu'il: fût
évident qu'ils 86 Fésoritaion. qu'avec impatineg- “et: môme ave |
mépris.”
« Le rotsaitil, » decianda Dusois au cardinal, à que l'envoyé
bourguignon réclame hautement audience et sans délai ? 1} le
sait , fépondit le eardital, et voici, je crois , l'universel "Oliviér
le. Dain qui. vient nous faire cénnaitre le bon “plaisir de Sa Me-
jesté. # . ! 1
- Gorame il parlait ainsi, un. perscumaie remarquable, quià cette
époque pértageait ia fâvéur de, Louis avec l'orgueilieux cardinal ,
sortit d'uri appartement intérieur et:entra daris:la salle, mis sans
et air d'importance et. de fatuité que l’on remarquait thezFhom- .
me d'église plein:de lusamême et de sa dignité. C'était un: petit
honsime pôle , maigre, dont'ie pourpoint et le “haut-de-chausses
de saie noire , sans manteau ni casaque , étaient peu propres à
relever un extérieur fort ordinaire. Il tenait à la main:un bassin
d'argent; et use serviètte passée sur son bras indiquait la servi-
lité de ses fonctiens. Son regard était vif et pénétrant , quoiqu’äl
s’efforçât d'en: dérober l'expression en tenant .ses yeux fixés à
terre, tandis que traversant l'appartement avee le pas furtif et
tranquille d’un chat, il semblait plutôt glisser que marcher. Mais, '
si la modestie peut.couvrir le mérite, elle ne peut cacher la favear
de la cour ; et toute tentative pour sortir de la salle d'audience-
sans être aperqu; devait être vaine de la part d'un homme gussi
commu pour avoir l'oreille du roi, que l'était sen célèbre -barbier
et valet.de chambre , Olivier le Dain, quelquefois appelé Olivier
lo Mauvais, quelquefois aussi Okvier le Diable, épithètes qu'il der
vaità l'adresse peu serupuleuse avec laquelle il concourait à loxé-
cution.des plabs de ja tortueuse politique de son maître.
Olivier parla quelques instants , et avec beaucoup de vivacité,
Disreatomemett
-anreosin de Rupois. qirasrtis À
hacbier: «'o0r rotommmait pnisiianant vs pmiegtnn
ananas mualtess solisiatiennde a qui nnimnatne dr
aiteniies.. Ludavisohenin eut: bonne: fontne dééihe un: dés il
VALS NA: densonihe cecmien.. Ole fesonea dun anot:;-Gétait.
pont Laamarer hemesissmeborwangée: |
Bientôt après, il eut une autre preuve de la vérité de cette. agrée.
ble-neuvele:, car Triste Rite, grendnneé voi do lsermeient du
nai, entra, duns:l'appartesment:et se-dinigen auesiiét-wencie Dainéré.
Le niche: cosismes die . eo: reslouéable ‘o{lities: neopebditinit: d'autre
effet: on-sfaseurr che de rondte plus frappantes ss mauveisa:mine
et:sa sinistre physioriomie , et ce qui lui paraissait un ton de can
oiiation ne ramamblait: pas: met: ex gmgnement. dun: ours: Ses
narales-a6ammeils: facené plais: douces que, là voix qui ‘les @tion.
tendre. I: témaigan-icheny: sessvegrete.de: l'enxeur-dans ipuelioit
. était tumhé-la:jeur: précédent. ct dié:qu'elle psonenait de:eviqe
lanerven sieur la Baisfré ne pertnif point Funiforme-de-corps
ef ne séhaié pas fait:ccmnaîtne comme en: faisant: partie :-c'étmit Là
oP4hhavait oauséls mépris peur laqueliait iifaisait:ses.exeuses
Eudovic. répandit: à ce-csmplinené dune. manière. très-convs-
nable,. of: dès: que Tristance finit éloigné. ib dit-à son neveu:qu'Hs
anaient, maïstesené: l'honneur: et. le.certitude.de s'être. fait un
epnonti mortel: en. la. personne de: art: offiviér rodonté. « Mais,
mare til. escidatputtat se deroir pené 20: oguer- du grend
PRxt.» -
Quentin nerput s'empêcher dbserençger à Yopinite de: sou. 02-
ce: enr, lenquitiant, Tristan iquriangs ce regarde colère et
de vengoanse que: l'ours :;otts sur le chasseur dentt Fépipu:vibnt de
le Laser: À. la wésité, même lorsqu'aucuno cause. n'éveiiluit se
haine, son œil saembre’onprireait une-malveilance qui fétisait: fré-
mr; eUks jonna Éoossais éprouve uu sentiment d'horreur d'astiant
plue-prefond jun tremiaitiement d'autant plus vif, qu'il-haë soin
blait encore sepéiramtourde,son qou: Métreinte honoht-dès fou
Wn/ian dupekrodisnn factionaise,
um 2 D
| Queer summer: Lens las auinot ténmaienrou der euabté, et.
tek fsé:son. samitasresné .. qu'il'inbenpresque-:écimpser-on as:
Ia patois sous: it seb de-Hlouacerce marahatykde seie : ar
pes peu surpris lorsque le roi, dont l'œil perçant l'avait apénçx: :
surde-dihaun. morche:dtoit vesschi, sais faire attention à pet-
sous atem cotes dit: ::4 hisser | jeume: hommes j'aperends qe:
vous arezfaibbetagmepobndis.k presser jour de votre: usrinée om.
Toni, maitic:vausie perde. pancc:aril fdet-aventttontes
afasser-u8 oux fan dnimsrehand: qui ae: que votrs:sang ce
lédemien. am: bossin:d'Étre échauflé la matin atec de. vin de.
Bassaé. Si ju pui le teoumeer, j'en: feai. un exemple qui: rendba:
Sages: cou .qui:débauclhent suex:gerdes : Dalafré. » sjouts-tilen
s'adressant à Lesly, « votee:paremt ent us baaxe jeune : komaries
uaitpoteænpétshnt peut-être. Noes:amens Cos casactères-là,
etmns acempropcams-de faite plasique jemmis pour les braves:
Sempquènens entourant : Msticzpanéonit l'innée, kxjour, Pimure:.
et a minute damrnateence, af veors dhameten cothosted Gtnirer
1e
he:Balatré Smcionn juaqui teme, pis reprit Y'atitude pores
diselaire. d'un soldat; comme pour mpplirer avec -quelie: ppompti-
tadeilsantionetat la :querele-dr noi: ou prendruit:sa défense.
Cependant Quentin, revéau dass: proimière surprise, exist
ave pinw d'attention La :pluysionommie- du: roi, et:500:étamement
redenhlè anceve lorsqu'ilireconnmet.que se$ traits:et: ses amnières
Lui paaissmiont tout différente de cœ qu'ils: arait jugés im veille.
12 QUENTIN BURWARD.
dens son extérieur; car Louis, qui. méprisait nn éclét ‘ompranté,
poitait en cette occasion un vieil habit de‘chasse bleu foticé, qui
ne.valait guèreimieux que son. habit bourgeois de l1'veitte. Un
énorme rosaire.en ébène eri faisait toute la parure : cet objet lui
avait. été envoyé par le grand seigneur ;:avee.une.attstation fai-
sent foi qu’il avait appartenu. à un ermitecophte renommé pur sa
grande sainteté. Son bonnet ordinaire , crné:d'une seule nage,
était remplacé par un chapeau dont je poustour était garni d'au
nains une douzaine de :gressières figares :de saints en plomb.
Mais. ses yeux, qui; suivant la première irmprebsion qu'ils avaient
faite sur Durwaïd , paraissaient n’étinceler que :de’ l'amour du
gain, étaierit armés, maintenant qu'il Res:connaïissait pour appér-
tenir & un babite et puissent monarque, d’än regard porçant et
majestueux: les rides-de soir front, que Le ‘jeune Écosegis avait
cru devoir attribuer à une longue habitude ‘de réfiéehir sur de
mesquines opérations de commeree ; lui pèraissaiont alors des sil-
lans creusés parle doigt de la sagesse quirmédite sure destin des
‘imroédintement après l'arrivée du roi, les prinosmsosde Fraste
avec les dames de leur suite, entrèrent dans l'appartement. L'ai-
née, qui dansla suite fut mariée à Pierre de Bayrbôn , et qui est
connue dans l’histoire de France sous le nom de la dame de :Boau-
jeu ; n'a que fort peu.de rapport avéc notre narration. Elle était
grande etassez belle, s'exprimait avec éloqueace, possédait quel-
ques talents, et avait héritéen grande partie de la sagacité .deson
père, qui avait une grande confiance en. elle, et. qi l' pimait put:
être autant qu’ä pouvait aimer personne.
Sa sœur cadette, l’mfortunée Jeanne, la. fiancée du” duc d'Or: :
léans , s’avançait timidement à côté de sa sœur, sapbent bien
qu’elle était totalement dépourvue des qualités-extérieures que
les femmes désirent le-plus de posséder, ou du moins qu'elles ai-
ment qu’on leur suppose. Pâle, maigre, elle paraissait d’une santé
dékcate ; sa taille était visiblement contournée d’un côté, et sa
démarche tellement inégale qu’on pouvait dir qü'elle boitait. De
belles dents, dés yeux quiexprimaient la mélancolis, la douceur
et la résignation, et une profdsien de cheveux blonds et bouclés,
“étaient les seuls dons naturels que la flatterie elle-même aurait osé
citer eomme rachetant les défauts de son visage et de sa:stature.
Pour compléter ce porttait , la négligence de sa parure et la ti-
midité de son maintien faisaient voir ‘aisément que celte princesse
+ CHAPTIRE VIEIL : | | ess
‘avoit Ja conséetion pencndipaire, mais décespératte, desà imiduur,
etqu'elleniosait faire suerineiantative pour süppléer, par La gros
ou par:F'ert, à. ce-que li nature lui. errors, Qupour chercher
de toute autre façyles moyenside plaire: dort
. Le,roi, qui ne l'aimait point; s'avanca vers ele en 1e voyant eh>
trer : : «Eh bien ! notre fille, sécria-t-il, toujours le même niépris |
du monde! Vous êtes-vous habiltée.ce-matim pour une partie dé
chasse, eu peur Is coùvent ? pariez..: répondez. — Pour ee qu'il
plaira à Votre Majesté , Sire ; »- répondit la princesté d'une voix |
presque aussi faible que.sa respiration. — « Oh ! sans doale , dit
Lous, vous voudriez me persuader que vatye désir est de quitter
la cour et de rénonçer au monde et à ses vanités. Quoi !"'Jeanne ;
voudrais-tu que l'on:pensât que nous, fs aîeé de la sainte Église,
nous refusons au ciel de Jui denner notre file ? À Notre-Daine et
à saint Martin ne plaiseque-nous-étournions unt telle offrande ,
si eHe-était digne de l’antel, ou situ: y étais véritablement ‘sp- |
peléë ! ». . ue
En parlant ainsi, Le-roi fit äévotement le signe de la croix, res.
semblant en même temps ; à ce qu'il parut à Quentin , ‘4’un rusé
vassal: qui déprécie le mérite d’une chose qu’il soutiaite ‘garder
pour lui-même, afin d'avoir une exeuse pour ne pas l'offrir à sûm
abbé où à'son: seigneur. « Ose-t-il ainsi faire l’hypocrite avec:le
ciel? pensa‘Durward , et se jouer dé Dieu et des Saints, corhme it
peut se jouer des Hommes qui n ‘oseraient scruter sa congciehce
de trop près? »
Cependant, après cét instant consacré à la dévotion mentale ; ;
Louis réprit : « Non, ma fille : ‘moi et un autre, nous -corinaissons
mieux vos inténtions. | Dites, beau cousin d'Orléans, cela n'est-il.
pas: vrai ? AHôns, äpprochez, beau'sire, Me conduisez à son cheval.
votre tobte dévouée veëtale.» ” :. . \
Lé duc d'Orléans tressaiHit lorsque le roi lui, réressnt ta pârolé ,
et se hâte de tar 6béir: mais ce fut d’un. pas si précipité et'avec on
si g'ami trotible, que le roi lui éria : « Doucemenf, 'coubin votre: .
galanterie s'éance au galop. Regardez devant vous. Comme la’
prômptitede d’un -gmant lui fait quelquefois commettre des bé:
vues! Peu s’en eit' faflü que vou ne phissieZ 14 main d’Anné au:
Heu de celle de sa sœur. Faut-il due je vous donné toi-même celle
de Jeanne, Monsieur? ‘
Le malheureux prince leva les yeux , et frénit comme un en
fant que l’on force à toucher quelque objet pour lequel il a une
QUENTIN DUR WARD. 9
134 | QUENTIN DURWARD. |
horrèur d'inbtiant; puis, faisant ui ofort'sur fubiéème, il prié lu
main dé la priroeseë qui me la donne ui nele rufasé, Dans la situa-
tion où ë trouvait cs couple; e’est-à-dite. 14 œufs do 14 princesse,
couverte d’une sueur .früidé, obfermée dans là giain trenibitanto
du due, et tous delix des yeux baissés, il aurait étédilipile de dire
lequel était le plus misérable, eu lu duc, qui #0 séntait chthatné à
Vébjet de sen aversion par des liens qu'il n'oit Dser, ou lin-
fortunée jeutie fille; qui vayait trop ciniraent l'horreur qu’elle
ipspirait à celui dont ellé aurait. aehoté l'affection au prix rHôme
de ses jours... : F
« Maintehant , à cheval, | messistire et dames, af 6 roi; ous
. comduirons nôds2ntms notre lle de Baujeus et la bétédietion
de Dieu ainsi qug Celle dé saint Hubert puissent:lles #ecorhpa-
gner le divertissernent arduel nous allons nouslivrer.-Je crains
d’être fôreé de l'Nterrompre, #x®, » dit to cohte de Buriois qui
_entrait en ée moment: x l'envoyé bourguignoh est à là porté du.
châtéau et exige une audience. — Exige une audience ! Budôis,
répliqua te rôi. Ne‘lui avéz-vods pés répondit , ainsi que fe vüus
- lei fait dire par Olivier, que hous n'avions pas le loisir de le roce-
voir aujourd'hui; que demain c’est la fête de saint Martin , Soken-
nité que. gtéhoe au ciel, nous né voudrroné troubler par atcune
pénaée terrestre: enfin, que, lé jour suivant nous devénis partir
” pour Amboité ; mais qu'à dotre retour nous no mañtquerons fus
de ui audiquer ah jour d'audente ass rapproché que nés autres
affaires nous le permettront ? — ‘J'ai dit tout cela, sire à réporxlit
Dutwis, et cipeniæit… ww Piques-Dieu ! l'anx, .quisitsoe qui
s'arrête donc ainsi dags ton gosier? intérrompit je roi ; difaut que
lës termeb dont ce Bbtüirguignon s'ést sütVi soierst d'ane digestion
bien difficile. 8i hron devoin, les efdres de Votre Majésté:et son
caractère d’envoyé ne m’eussent retenæ; j'aurais essayé dè les li
faite digétor à nt-mênhe ; car, par Notte-Bamhe d'Orléans ! j'avais
pius d'envie de qui faire rentrèr 568 paroles dansie ventre; que de
. les rapporter à Notre Majesté. Par là MortDieu, Banpis, itest
bien étrange que toi, qui es aussi fmpatient qu'hemitie qhi. vive,
ti âies aussi pou-d'indälgente ; e faveurdu ménié défaut, à lé:
gerd.de notre brasque-ét impétueux cousin Chartes -de:Boûrgo
@e Souvisris-toi bieit que je m'inquiète tout aussi péu le seé fou.
gueux messages que les tours de ce châtéau ne s’Mquidtent. dit
sifflement de veñé dé nord-est, qui vient de. Flandre ébmme.ce
rodomont d’eavoyé. — Sachez donc, sire, que Le eamie ile Grève-
LL pu 3 ms” — —— — — — — -
CHAPITRE VI. 43
| _cœur est devant la porte du château, avec son cortége de trompet-
tes et'de poursuivants d'armes ,‘et déclare que, puisque “Votre
Majesté refuse de lui donner l'audience que son maîtrè lui a or-
donné.de demander pour affaires. de l'intérêtle plüs pressant, 4 Y
restera j jusqu'à minuit; qu'il se présentera à Votre Majesté, à quele*
que heure qu'il vous plaise d'en soîtir, soit pour affaires, soit pour
vous promener, soit pour quelque acte de dévôtion, et que rien
au monde, excepté l'emploi de la force ouverte ne pourra le faire
renoncer à sa résolution. — C’est un fou, » dit le roi avec beau-
coup de calme... « Peyise-t-il, ce Flamand à tête chaude, quece soit
une ‘pénitence : pour tn homme dé bon sens de rester pendant
vingt-quatré heures tranquillement enfermé dans son-château ,
_ lorsqu'il a pour s'occuper les affaires d’un royaume ? Ces esprits
brouiïllons ; dans leur pétulance , s’imaginent qu’on ne peut être
heureux que le derrièré-sur la selle et le pied à l’étrier, Qu'on fasse |
rentrer les chieñs:, et qu’en en ait-soin, mon cher Dunois... nous
tiendrons conseil aujourd'hui, au lies d‘aller à la chasse, —Votre
Majesté re se débarrassera pas aipsi de Crèvecœur, car ses ins-
truetions portent que, s’il n'obtient pas l'audience qu’il demande,
H clouera son gantelet aux palissades du cliâteau, en signedle défi
à mort de la part de son maître, et que le duc Charles renonce à
foi et hommage envers Ja France ;.en un "mot; qu'il vous déclare
la guerre à l'instant. — Ah!» dit Louis-sans laisser apercevoir au-
cune altération dans le so de sa voix, mais en fronçant ses épais
sourcils jusqu’à rendre presque invisibles ses. yeux noirs et per-
çants ,« nous ea sommes donc là? Notre ancien vassal prend ce
ten de maître? Notre cher cousin nous traite d’une manière aussi
peu cérémonieuse ? Eh. bien ! Bunois, il faut déployer l’ priflamme,
et crier : Mondjoie saint Denis! — Amen LA la bonne heure ! » s’
cria le belliqueux Dunois; et les. gardes qui étaient dans la salle ,
incapables de résistér À. la même impulsion; firent un mouvement,
chacun à son poste, d’où il résulta un cliquetis d'armes bien dis-
tinct, quoique faible et de courté durée. Le rai leva les yeux, et
.son regard, qu’il proména autqur de lui.d’un air de ‘salisfaction
et de fierté, exREAÎE. des sentiments digues de son aleureux
père: tante ie *
. Toutefois l'enthousiasme ne tarda | pas à. faire place à une foule
de considérations politiques qui, dans cette conjoncture, rendaient
une rupture ouverte avec La Bourgogne particulièrement péril-
leuse, Edoëard IV, roi brave et victorieux , qui avait combattu
4136 | QUENTIN DURWARD.
‘en persanne. dans tréhte batailles, était alors assis sur le trône
‘d'Angleterre ; frère de la: ‘duchesse de Bourgogne, .on pouvait
‘supposer qu il n ‘attendait qu’une mésintelligence entre son beau-
frére et Eoüis pour introduire en Ærance, par la porté tou-
jours ouverte de Calais, ces armes qui avaient triomphé dans les
guerres civiles , ‘et pour effacer le souvenir des dissensions :intes-
tines par une invasion en France, la plus populaire de toutes les
guerres parmi les Anglais. A cette considération se joignait Ia foi
douteuse du duc de Bretagne ainsi que d'autres sujets importants
de réftexion.
- Après quelques moments d’ün profond silence, Louis reprit la
parole : à la xérité, ce fut du- même ton, mais dans-un esprit tout
différent: « Mais à. Dieu ne plaise, dit-il, que toute autre cause
‘qu’une absolue nécessité nous porte; rfous roi très-chrétien, à à oc-
casioner l’effusion du sang chrétien, si noùs pouvons sans dés-
honneur détourner une tellé calamité! Nous avons plus à cœur
a sûreté dé nos sujets que l'atteinte portée à notre propré dignité
par les expressions grossières d’un insolent ambassadeur, qui a
peut-être outrepassé les bornes de ses instructions. Qu on admette
en notre présence. l'envoyé du duc de Bourgogné! — Beati paci-
fici! dif le cardinal la Balue. — C'ést vrai, et Votre Éiminence sait
aussi que ceux qui s’abaissent seront élevés,» ajouta le roi.
Le cardirial prononçga un amen, auquel peu de personnes joigni-
rent leur voix; car Ks joues. pâles du duc d'Orléans lui-même se
couvrirent de la rougevr de l’indignation, et le Balafré fut si peu
maître de celle qu’il énrouvaït, qu’il laissa témber lourdement sur
le plancher le bout de sa pertuisane , mouvement ‘d’impatience
qui lui attira une sévère réprimande de la part dü cardinal, suivie
d’ane dissertation sur la manière convenable de manier les arînes
en préserice du souverain. Le roi lui-même parut extraordinaire
ment embarrassé du silence qui régnait autour de Jui. « Vous êtes
pensif, Dunois, dit-il, vous n’approuvez pas que nous eédions à
ce fougueux envoyé? : — Nuilement, répondit Dunois; : je ne me
.. mêle point'de ce qui: s'élève au-dessus de ma sphère. Je songeais
seulement à prier Votre Majesté de m ‘accorder ‘une fäveur. —
Une faveur, Dunois ? reprit le rüi. Quelle est-elle ? Vous sollititez
‘rarement, et vous pouvez compter sur nos bonnes ‘grâces. — Je
désirerais donc, » répondit Dunois avec la franchise d'un militaire,
«que Votre Majesté voulût bien m'envoyer à Évreux pour y dis-
cipliner le clergé. — Ce serait-em effet au-dessus de ta sphère, »
Li] TT —* Les Dre
CHAPITRE VIL , ‘| LEA
répliqua le roi en souriant, = «je pourrais établir da discipline
parmi des prêtres, répartit; le.comte, aussi bien que monseigneun
l'évêque d’Évreux, ou Son Éminence le cardinal, si. ce titre lui
plaît davantage, peut faire faire l'exerçice aux soldats d de la exrde
de Votre Majesté. ». e
Le roi. sourit de nouveau ; et dit tout bas à Dunois avec. un aix.
de mystère : «Le” temps. viendra peut-être où vous et moi nous
opérerons une réforme parmi les-prêtres en général ; mais quant
à celui-ci, € c’est-un brave homme d’évéque dont Dous supportons
la vanité. Al! Dunois, c’est Rome, Rome qui nous impose ce
fardeau, ainsi que beaucoup d'autres. Majs patience ; cousin , et
battons les cartes jusqu’à ee qu'il nous vienne-une bonne main à »
. Le-son des trompettes qui-se fit entendre dans la çour annonça
l'arrivée du seigneur bourguignon. Toùs ceux-qui étaient dans ja
salle d’ audience s’empressérent-de prendre leurs-places, selon ‘
l'ordre. de préséance , et le roi ainsi que, ses files restèrent seuls
au centre de l'assemblée. |
Le comte de Crèvecœur, guérrier enenimé et intrépide, entra
dans l'appartement ; et, contre l’usage des envoyés des puissances ;
amiés ; il était entigrement couvert d’une ‘somptueuse et superbe -.
armure de Milan , en aciér, damssquinée en or, et travaillée dans
le goût fantastique appelé arabesque : sa tête seule était nue. Au-
tour de son tou ef sur sa cuirasse bien polie., était suspendue la
décoration de l'ordre -nstitué pat son-maître, celui dé la Toison
d’or, l’une des associations de chevalérie les plüs honorables que
lon connût alors dans la ehrétienté. Un page couvert d’habits ma-
gnifiques le syivait. tenant à la main le casque de son maître, et .
il était précédé d’un héraut qui “portait ses lettres de créance, et
qui, mettant un genou en terre, les présenta au roi, tandis que
l'ambassadeur s'arrêta au milieu de Ja salle, comme pour denner
le temps d'admirèr son air noble , sa taille imposante ;et le calme
intrépide de sa figure et de son maintien. Le reste’ de son cortége
demeura dans l’antiehambre ou ‘dansia cour.
« Approchez, seigneur. ‘comte de Crèvecœur, » dit Louis après
avoir jeté un coup d’œil sur les papiers.que le héraut lui avait re-
mis; « il n’était pas besoin de léttres decréance de la part de notre
cousin, ni pour introduire auprès de nous ui guerrier Si bien
connu , ni pour nous assurer du crédit si.bien mérité dont vous-
jouissez auprès de votre maître. Nous ‘espérons que votre belle
4 Ce même proverbe a été donné par Cervantes : Paciencia y barojar. à. M. .
dé - h QUENTIN DURWARD.
‘ébripagne ; dont fe sang est mêlé à teltit de rbs'tnettrés ; dé en
bonne santé. Sl'ous lavier amenéb avec vous, ‘séigeareomte ,
nôus'aurions pensé .dtie vous portiez votre armure; en cette oeca-
sion extraordinaire ; pour soutenir LS supériorité dé ses charmes
contre tous les: chevaliers amoureux de Frante:. Puisqu‘i} en est
autrérhent , nous ne ponvons deviner le môtif de’cette panoplie 1
- ‘Complète. —Sire, répliqua l'ambassadeur, le eomte-de Crèvecœur
… doit déplorer son imfortüne et rétlamer votré pardon, s'né peut,
er cette circonstance; Répondre à Votre Mäjesté avèe toute la dé-
férencé dre à la courtoisie royale dont vous'aveÿ daigné l'honerer :
mais, bien que'ce nb soit que la voix de Rhiippe Erèvecæur des
Cordes qui-se fait éntendre, les paroles qu'il prononce doivent être
celles de son gracieux seigneür et souverain le due de Bourgogne.
_ ei Bt quelles sont les parotes-que Crèvecœur doit fous faire en-
tendre au nôm du duc de Bourgogne?» dersanda Louis en prenant
‘un air de dignité eorivenabte. « Mais tin-Mmstant ! Souvenez-vous
-. qu'en ce lieu, Philippe des Cordes parle à celui ail appete le: soÿ
_ verain de:son souverafn.” » : _:
. ‘Grévecœur fit unè Hiclinatio ; et ait à à Yanto voix : «Roi de
." France, ke paissant dué dé Bourgogne vous:envoie encore une
énumération par éerit-dès griefs et des oppressions cormises sur
tes frontières par tes garnisons et les officiers de Votre Majesté ; et
a première question que je dois vous adrésser est pour savoir si
otre Majésté est dans Finten tion de Jui faire réparation de ées in-
jarés. n° .
‘ Le roi, après avoir ir joté un léger coup d'eei sur le mémoire que
Je héraut lai présentait en fléchissant le genou , répondit : «Ces
plaintes ont depuis lang-temps élé soumises à notre conseil. Des
griefs dont onse plaint, lès uns sont en eorfipeñsation de Ceux que
mes sujets ont soufferts, d’ autres sont dérrués de preuves, et d'au-
tres enfin sont balancés. par les représailles auxquelles se $ent li-
vrés les ‘garnisons et les officiers du due’ Néanmoins, s’il en est
encore qui ne puissent être rangés dans aucune dé ces trois clas-
ses , TOUS ne sommes point, en notre qualité de printe chrétien,
étoigné de‘denner satisfaction. pour les torts réels dont notre voi-
Sin aurait à se plaindre, quoique commis non-seulement sans notre
avét, mais même contre nos ordresexprès.—3e transmettrai à mon
‘très-gracieux maître la réponse de Votre Majesté, dit Fambassa-
deur; mais qu'il me Soit permis de dire-que, comme elle ne diffère
4 Mot inusfté qui signifie armure complète. À. M.
CHAPHRER NH 450
on reu dei répônses évanives qui ont déjà 66 failas à 508 justes
plamias.-iene puis. sspéeox qu'elle sudo pour rétablir be paix:eé l' læ
maitié entra ja Françn ot-la Ronregnane.rril en aûte seqi'il phaira à
Dieu: dit la rei. Ge n'est peint-par erainta dpe armes dn voire maîr
tra, mais yniguerment peur l'eméur.de li paix, qua je fais. Ra r6-
ponse aysai modérée à ses reproches injurious. fopiique:à semr
plit.$on memage.-rLa senonde damainda deinon xiaitre, ditlam
_ bassadqur, ent. que. Votre. Majesté 08520 des divyer à des menées
soumdes:ef ciandestines avoa.ses villes de Gand, le Liége oi de Mar
lipes. Il requiort, Votre Majgsié de ranpoler le agents songs par
la maygn desquels le mécontentement est entretenu, cher ses bons
sitayans dp Flandre 6 de bannir de vos démaines, ou plaiût de
livrer à-Jeur sgigneur ausopain, pour dire punis pomme ile Lo méy
ritent, cos traîtras qui, appès avoir abandonné le thédére da lours
machiyations, n'an$ tronvé que ton facilement nn refuge à Paris,
à Orléans, à Tours, et au d'autres villes de Franoe,—Ditesau.dne
de Bourgogne, répliqua la 563, qupje n'a aucune oennaissance
des sourdeg menées dont il m'aeçuse dune manière aussi inju-
ripuse ; que mes spieta de Frença ont den ralelions fréquentesavec
les bonnes villes da.Flendra, doute Y'hbjet dr penfiter des avantages
mutuels que-laur-proenre la liborté du onmmerre entra les doux
pays; cammeronqu'il serait tout aussi pontraive au intérôts du due
qu'aux miena de voulnir interrampre; enfin, que sombre de Fle
mands ont fixé leur néaidenes dens mon royaume; aù ils jonissent
de la protection dea lais pour Is mêmes causes ;-mais il n'en est
pas un ; à notre cpungissanes, qui s’y sffbretiré par suifé de tra-
bison ou de révolte opntre le dus. Panrapiqes : vous xves antanda
ma réponse, — Comaie la prérédenta, slre 4e l'ai entendus axes
poine ; çar elle n'est ni asso directe ni keges explisite pour que le
dus mon maître veuille l'apoepier an réparation d'une longue suite
de machinations soprètes; qui, hién que- Votre Majonté. les déna-
youe maigfeuant, n’en sont pea moins cortaibes..… Mais ja contir
nue d'exposer l'objpt de ma mission. La duo de Rourgogne re
quiert en outre Is roi de France de renvoyer sans délai dans ses
domaines, et sous bonne et sûre garde, les personnes d'Isabolla,
comtesse de Croye, et de sa parsnta et tutrice, la somtesse Hame-
line, de la même famille, attendu. que ladite comtesse Isabella,
qui, par les lois du pays et l'inféndalité de ses terres., est pupille .
dudit due de Beurgagne, a fui hors du territoire de son suserain,
ot s'est dérohée à la surusillance ne. cfmme prince soigneux et
CA) QUENTIN DURWARD.
attentif; : il voulait “exercer sur sa porsdtiné : éMé estiôi prétégée
en: sséret par te roï de France, et’encouragés dans sa. rébellion |
contre le duc; sen: seigneur suzérain ét son tutèr natafel, ‘au mé-
pris: désrlois-divines ‘et humaines ; telles qu'elles 'onit toujours été
respectées dans l'Europe vivihisée: Je m'ariôte le nouveau , Sire,
pour atteridrs vôtre réponse: —Noûs 4#vez bien fait, comte dé Crè-
veuf, » ditile oi d'arrair dédaignéux ; : à dércommentcer vôtre
ambassade. de'borine héècre: car si voub êtes danÿ Fintention de me
rendre responsable de te fuite de chaquè vassal que la turbulénce
des passions-de votre maître peut avoir Forcé.à qüitter sés domiäi-
nes, l'énuméretion peut: se prolonger josqu'au coucher du soleñ.
Qui:est:ge qui pout affirmer que ces deux dames sont dâris rnès
états? Ft ên supposant qu'elles y soient , qui ‘sera dire que j' aie
favorisé lour fuite, où que je leur aie offert ma protection ? ?— Sire,
n'en déptaise av otre Méjésté, j'avais ün-témüin de ce que j’avance,
* “un témoin qui a vü:ces dames: fugitives dans l'auberge des Fleurs-
de-Lis , non lvin:du-château:; ‘un tébin qui'a vu Votte Majesté
en léur compagsie; quoique sûus l’nidigne déguisement d’un bour-
geois de Tours, un témoirr qui 4 reçu, “d'elles, en votre royale pré-
sence, des messages et-des lettrés pour leurs amis de Fiandre , et
qui a remis le tout entre:les mains du ducde Bourgogrie. -— Pro-
. duisez cé témoin: placez devait moi l'homnie qui ose soutenir
une fausseté- si pälpable. — Vous parlez‘ d’un:air triomphant, Sire;
car vous savez fort hien- que-ce témoin n’exibte plus. Lorsqu'il vi-
vait; ilse nommaitZamet Maugrabin - C’est'un de ces Bohémiens
vagabonds. .AinsPquefé lai appris, il a étéexécuté hier'par un dé-
tachement ‘déda garde prévôtale de Votre Majesté, afin d'empêcher
sans doûte qu'il.nese présentt ici pour affirmer ce qu'il a dit à ce
sujet au duc: de Bourgogne, en: présence ‘de son conseil et de moi
Phitippe Crèvecœur des Cordes. — Par Notre-Darhe d’Embrün !
s'écria le roi; ces accusations sont tellement absurdes, ef je suis si
Join d’avoir la moindre connaissance de ce qui-peat‘y avoir donné
lieu, que, par l'honneur d’un roi, je suis plutôt porté à en rire qu’à
m’en fâcher. Parce que ma £arde prévôtale mettra à mort, comme
c’est son devoir, des voleurs et des vagabonds, s’ensuit-il que ma
couronne puisse être calomniée et rendue responsable de tout-te
_ que ces voleurs’et ces vagabonds peuvent avoir dit à notre bouil-
‘lant cousin de Bourgogne el à ses. sages conseillers? Dites, je vous
prie, à mon beau cousin que, s’il recherche la société de pareilles
gens , il ferait mieux de‘les garder dans ses états, car ils ne trou-
". CHAPITRE VILL. sai |
veront.ici qu’uxe courte: cenfessiori et.un: notud <oulent.bibn s0+
lide.—Môon maître n’a pàs.besain de pareëls sujets, Sira,» répondit
le comte d’un ton moins respectueux que cui qu'ikayait prisius-
qu'alors; «car le.noble duc n’est pas dans l'usage d'interroger des
sorcières, des Égyptiens, et autres vagabonds dela mÊme-Cspèce,
sur-le-destin de ses’ alliés et de ses voisins. — Nous:avons eu as86z
de patience et au delà,» dit le roi en l’interrompant; «.et, puisque
ta mission. ici paraît n'avoir d'autre but que de nous insulter, nous
énverrans quelqu'un en-notre nom-au due de Bourgogne ; con
vaincü qu’en te conduisant ainsi à notre: égard, tu as outrepassé
les bornes de ta commission, quelle qu’elle-puisse être.—Au con- ‘
traire , répondit Crôvecær, je ne m’en suis. pas encore acquitté :
entièrement. Écoutez ; Louis de Valais , roÿ de France ; ‘écoutez ;
nobles et gentilshommes :ici présents ; écoutez, braves et loyaux
sujets; et toi, Toison d’or, » ajouta-t-il en s ’adréssant au héraut,
« répète après moi cette proclarbation : «Moi, Philippe Crèvecœur
des Cordes , cemte de l'Empire, et chevalier de l’ordre honorable
et distingué de la Toisos d'or, au nom de très-puissant sejgneuret
prince Charles, par la grâce de Dieu, , duc.de Bourgogne et.de Lor-
raine, de Brabant et dé. Limbourg , de Luxembourg et. de Guel-
dres, comte de Flandre-et d'Artois, comte ‘Palatin de Haigaut, de
Hollande, de Zélande, de:N amur et de Zutphen, marquis du Saint-
Empire, seigneur de la Frise, de Salihés et'de Malinés, j je fais our
vertementsavoir à vous, Louis, roi de France, que, attendu que
vous refusez de faire réparation des torts. griefs ei offenses. faits
et causés par vous où par votre aide , suggestion et instigation ,
contre ledit duc.et:ses sujets chéris, il renonce par ma bouche. à
sa foi et hommage envers votre couronne € et.votre suzeraineté ;
vous déclare faux etsans foi, et vous défie comrhe prince et comme
homme..: » Voilà mon-gagé en preuve de ce que j'ai dit. |
À ces-mots il ôta lé gantelet de sa Main droite, etle jun sur ke
plancher de la salle. - . 7
- Jusqu'à ce dernier trait d'audace , un profond shence avait ré-
gné dans l’appañtement- royal ; “mais à peine eut-orr entendu le
bruit que fit le gantelet en tombant sur le parquet, ainsi que l’ex-
clamation de vive Bourgogne! fortement prononcée par le héraut
bourguiÿnon, qu'il se fit un tumulte général. Tandis que Dunoiïs, .
le duc d’Orléans, le vieux lord Crawfotd et'un ou deux autres,
que leur rang autorisait à $’immiscer dans cette quérelle , se dis-
putaient à qui ramasserait le gantelet , les cris de « Terrassez-le!
-442 - QUENTIN: DURWARD.
mettes-Je en pièces: Vient:il pour. insulter roi de Franes jus-
que dens'son propre palais! » faisaient. notentir da salle. È
-.Neïs l'roi -apaisa le tumulte en s'éeriant d'une vois sam-
biable. au tonnerre, qui impôça” un silence mâlé:. de erainte à
. tous cés furieux: « Silenee, vassaux | que nai ne porte la main sur
vet homme: que nu ne touche à ‘son gaga ; nôme. du'bout du
doigt ! Et vous, sire comte, de quoi votre vie est-eile-compegée, on
. fusqu'à quel point est-elle garantie, pour qué veus la’ hasardiez
sur ün coup de dé aussi périlleux ? Votre duc est-il fait d'un autre
. métal que les autresprinees, pour soutenir. ‘sa prétendue gusralle,
d'une manière aussi inusitée? … .
. » Bien certainement, » répondit Nintpégide comte: de Orève-
cœur, « il ést fait d’un autre métal, d'un métal plus noble que les
autres princes de l'Europe ; ; CAT, tandis qu'auoun d’entre eux n'o-
sait vous donner UR asie , à vous, rei Louis, exilé de la -Frañnos
et ponrsüiyi aveo toute l'amertumé de la veageanee.par votre père,
vous avez. été reçu et protégé comme-un frère par men noble mat-
iso, dont la généropité a été récompensée par vous d'une manière
. si peu jouable. Adieu, Sire; j'ai rempli ma mission. »
En achevant oss-paroles, le comte, sortit brusquement de Yap-
partement sans prandie autrement congé.
-. « Suivazrle! suiveg+lo! raMABSEZ AN gaatelet et ceuresz après
‘ui, dit le roi. Ce n'est paë à vous que je m'adresse, Dunois ; ni à
vops, lord Crawford ; vous êtes trop vieux, je pense, pour des que-
relles.aussi chaudes ; ni à vous, cousin d'Orléans ; vous êtes trop
jeune pour’ y prendré part. Monsieur: le cardinal; monsieur l’é-
vêque d’'Éyreux, il appartient à la sainteté de vos fonations de ré-
tablir la paix ente.les prinees:; ramassoz ce gantelot , et remon-
trez au comte de Crèvecœur quel péché il a commis ‘en insultant
ainsi un grand monarque dans sq propre eour, et en nous forgant
” & attirer les calamités dela guerre. sur 80N royaume et sur r celui
de son VOISIN. »
D'après oet appel direct ét ersanuel, le cardinal-de la Balue
se miten dayoir da ramasser le gantalet, ce qu'il fit avec autant
. de-précantion que s'il eût touché une couleuvre, tant il paraissait
avoir d'avergion pour ce symbole de là guerre , et sortit sur-le-
ahamp de l'appartement du roi pour. { -courir en toute ho après le
comte.
Louis garda un instant le silence, péomenant ses regards sur le
cercle de ses eovrtisans ,-dont la plupart ; à l'exception de ceux
OUPITRE VI. : | {as
que muiavons dérmentiennés, hommes do besse naissaneo!'de-
valent les emplois qu'ils evoupaient dus la maison du voi à tout
actre mérite que leur courage ou leurs hauts faits d'armes issé
ropurérienties:uns los autres, et la pâlour répandue-sur leurs vi-
sages montréit éridémment que la soène.qui venait de se passer
_ avait fait sur eux une-improssion peu.sgréable. Loyis las convrit
d'un regani de mépris, et dit onquite à ‘haute voix : « Quoique la
comtode Grévaræur soit préspinptueux et arrogant , ilfaut een-
venir qué te: due’ de Budergoghé a ei loi un ‘serviteur aussi hardi
qu'aucun de deux quiont jumais porté-un message de Ja part d'un
priméeo. Jo voudrais savoir 6ù je poürrais trotiver. uh envoyé aussi
fidèle pour transmettre ro 16 pos. Sire , vous. faites injure à
votre noblesse frasçèise ; dit Bynois; ii n'ést pas un d'entre nous
qui ne soit prôt à porter urs défi au duc de Bourgogne à la pointe
de son épée. -— .Et vous n'êtes pas plus juste envers les gen-
tlshommes écossais qui sant à votre servicé, ire, ajouta le vieux
Crawford. Ni moi, ni aueun de eaux qui font partie du cotps que
. Je commande, étant d'un rang eonvenable, rous n'hésitorans ua
instant à demander à set orgueilleux comte raison de sa ponduite.
Mon bras eat encor ais@z vigoureux pou? châtier sôn insplence ,
si Votre Majesté voulait y-oonsentir. Mais Votre Majesté, con-
tioes Dünois, ne vont nous emplayer à quoun sopviôe qui puisse
faire honnanr à sous, à elle-même et à la Franco.— Dites plutôt,
Duneis, répliqua Lois, que je neveux. pas me laisser entrainer
par eotte fougueuse impétuagité qui, pour un point d'hosneur de
chevalier errant, amènerait votre ruine, celle du tréneet dela Fran-
€e. Ei n'est pas un-de yaus quine sache combien éhäque heure de
paix est précieuse en ce messent; nous en avenis besain pour ci-
catriser les plaies d'en pays presqhé réduità un état désespéré; et
cepandantl n'en est pas ua qui ne fât prêt à eammenosr là guerre
sur là. parole d’une Bohémienne vagahonde , on de quelque dar
moiselle errante , dont li réputation ns vaut guère mieux. Mais
voici le cardinal, et nous ogpéroms qu 4l nous apports des nou-
vellès pins paeifiqués: Eh hien! monsieur ; avez-vous ramené le
eomté à la raison et à la modération ? — Siré,-rériandit la Balue,
ma tâche a été diflicite. J'ai demandé à.oe fier eorate pourquoi il
avait eu l’audace d’adreséer à Votre Majesté le reproché qui a mis
fin à l'audience, reproche qui, sans doute, ne lui avait pas été dicté
par son maître , mais par sa propre lisolence ; ajoutant que cette
témérité le livrait à la discrétion de Votre Majesté, pour lui infliger
CS
444 QUENTIN DURWARD.
le châtiment qu'elle trouverait convenable, = C'esitrès-bien, dit
le roi; et qu'a-t-il répondu? — Le comte, réplique le cardinal,
avait en ce moment le pied-à l'étrier, prêt-Â monter à hoval ,.et
en entendant mes remontrances, il a totirné Ja tâle sans changer
de position. « Si. j'avais été, t-il dib,.: à cinquante lioues de
distance, et que j’eusse entendu dire qu’ une question offensante
pour mon prince avait été faite per lé roi de France, je serais à
l'instant même monté à cheval ; et je serais venu déchargermon
cœur par là réponse que je viens de ui faire-» = =— Ne vous Pai-je
pas dit, messiouts,'» dit le roien regardant autour dé lui sans Jlais-
ser paraitre aucun signe de colère : « bb vous ai-je pas dit que dans
le comte. Philippe de Crèvecœur notre cousin le-duc possède un
aussi digue serviteur que quiconque s’est jamais tant-à la droite
d'un prince ?:.. Mais vous avez obtonu de dui. qu'il.résterait ? —
Qu'il resterait. vingt-quatre .heures, .et que; provisoirement , il
reprendrait son gage de-défi, répondit le cardinal, IL est descendu
aax Fleurs-de-Lis, — Veillez’ à ce qu'il sait. soblament traité , et
servi avec soin , età ños frais, dit le.roi.: un tel. serviteur est un.
joyau pour la couronne d’un prince... Vingt-quatre heures ! %
. ajouta-t-il eñ se parlänt àlui-même et en ohvrant. les yeux comme
s’il eût voulu Lire .däns l'avenir ;.« vingt-quatre:heures!.. Gest
un déjai bien court! Cependant. vingt-quatre. heures. habilemeyit
et adroitement utilisées peuvent valoir une année employée par
des agents'indolents ou incapables: - Allons, à la forêt, à la forêt,
braves seigneurs ! Beau cousin d'Orléans, mettez de. Côté cette
modestie, qui: d'ailleurs vous sied à merveille ; et que l’air réservé
de Jeanne ne vous.cäuse aucun. souci: La Loire:ne sautait se re-
fuser à recevoir les eaux du Cher, nori plus que ma fille à répon-
dre à l'amour: que vous lui offrez ,:» ajouta-t-il pendant que le
malheureux. prince suivait lentement sa fiancée. « Et maintenant,
| messieurs., ‘prenez vos épieux ; car Alègre , mon piquèyr,'a re-
connu la retraite d’un sanglier qui mettraet chiens ’et-chasseurs
. à l'épreuve. Dunois, prête-moi ton épieu et prends le mien qui est
trop pesant pour moi; mais quand t’es-tu plaint, toi, d’un tet dé-
faut dans ta larite ? À eheval, messieurs, à chéval ! lo
Et l’on partit pour la chasse. :
—
. ns - — LS LS RS C3 — es en cc CRT
— ee — —
©. CHAPITRE IX. 115
+. © GHAPITREIX :
te" YA CHABSE Au U SANGLIER.
Je causerai avec des enfants qui ne connaissent pas
.les égards, avec des fous dont l'esprit est dur comme
le fer, mais je ne yeux pas de gens dont les yeux soup-
- çonneux cheschent à Hre au fondsde mon cœur.
© SHAKSPEARE, Là roi Richard, .
on se . .
+ Toute Fespérience que le cardihal pouvait avoit acquise du ca-
ractère de son maître ne l'éempécha pas, dans la circonstance pré-
sente , de tomber dans ‘unb grande erreur politique. Sa vanité
l'indoïsit à croire qu’ avait réussi à déterminer le comle de Crè-
vecœur à rester à Tours, mieux que ne l'aurait prabablement fait
tout autre négociateur que Je roi aurait pu employer: et comme
il'savait combien Louis attachait d'importance à éloigner une .
guerré avec le duc'de Bourgogne, il ne put s ‘empêcher de mon-
trèr qu'il se regardait comme lüi &yant rendu un-important sér-
vice. Il se tint plus près de la personne du roi qu'il n’ävait cou-
tume de le faire-, et chercha à faire tomber la conversation sur les
événements de la matinée. C'était manquer de täct sous plus d’un
rapport, ch? les prînees n’aiment pas à voir leurs sujets les appro-
cher d’un air qui annonce là persuasion d’avoir bien mérité d'eux;
et que par conséquent , on s'attend à recevoir des témoignages
dé reconnaissarice ou des récompenses: or Louis, le monarque le
plus jaloux de so autorité qüi ait jarnais existé, se montrait plus
défiant et plus impénétrable encore pour quiconque semblait se
faire uni tnérite deses services, ou vouloir pénétrer ses secrets.
Cependant , se laissant entraîner, comme il arrive quelquefois
à l’honime lé’ plus prudent, à 14 satisfuction intérieure qu’à éprou-
vait én ce moment, le cardinal continuait à se tenir à la droite du
roi, et nie Tissait échappèr aucune occasion. de‘ramener-k cor
yersatioh sur-Crèvecæœur et sur son ammbasdade; sujet sur lerel
le roi, pett-être parce que c'était celai qui en e6 moment vecu
pait le plus sa pensée , était précisément le moins disposé à s'en.
tretenir. Enfin Louis, qui l’avait éeoûté attentivement, mais sans
lui faire aucune réponse qui pût l’engager à prolonger l'entretien,
fit signe à Dunois, qui était à quelques pas de venir se ? acer à la
gauche de son cheval.
448 ._ QUENTIN DURWARD.
«Nous sommes. venus iei pour novs divertir et pour prendre de
- l'exercice, dit-il; mais voici un révérend père qui voudrait que
nous tinssions un conseil d'état. : J’epère que Votre Majesté!
- voudra bien me dispenser d'y assister, répondit Dundis : je suis
né pour défendre la Frtite les aftats à 14 main; mon cœur et
mon bras sont à elle, mais ma tête ne vaut rien. pour le conseil.
— Là tête du’cardinal n’est pas faité poùr autre chose, Dunois : il
& confessé Grèvecœur à la porté du château, et il nous a rapporté
toute sa confestion… N8 nous lavei-vous pas dite toute?» ajouta-
t-il en appuyant fortement sur ce dernier mot , et en lançant au
cardinal un regard qui brila "à travers ses longs cils noirs comme
la lame d’un poignard qui sort du fourreau.
La cardinat frissonna, et s’efférçant de réporidre à la plaisante-
rie du roi, déj que «si, en sa qualité de prêtre, il était obligé de
garder les secrets de ses pénitents en général, il n’y avait cepen-
dant pas.de sigélum conféssianis qui ne-püt.être fondir par un
souffle de Sa Majesté. —4 Et comme Son Éminençe, dit le roi, est
toute disposée à neus communiquer les secrets des autres, elle
s'attend naturellement que je ‘serai aussi communicatif envers
ele: or; af d'établir cette parfaita réciprocité. elle désire,
_CGmime cele-est juste, savoir si ces deux dames de Croye sont
vréfrasnt sur notre territoire. Noms sommes désespéré de ne
pouvoir satisfaire sa curiosité, ne sachant pas hous-nême au juste
en quel Heu des damioisélies errantes; des princesses déguisées,
des cotatesses désolées, pouvent se cacher dahs nos états, qui,
grâce à Dieu ét à Notre-Dime d'Embiun sont ax peu trop vastes
pour que nous-paissions. facilernent répandre aux questions très-
saigouiables de Son Éminence. Mais, -en supposant qu'elles fus-
sent chez nous, que dités-yous, Dunois; de la dementie péremp-
tpire db notre coukin-Cherles-de Bourgogae?— Je vous répon-
” drai, Site, si vou daigner ne dire sincèrement si vous -voulen la
gherfé ou la paix,» réphiqua Dunois ayeo une franchise qui, pro-
venani d'u caractère astureHement ouvertet imipide, était de
temps à autre très-ngréabls à Louis: cer, selon d'hahiude tie tous
les, hommes astacieux; ce prinpe s’étudinit-antanti lite dans le
cneûr, des æitres qu'à dissimuler ce qu se. “passait dans. le sien.
er Sur 1 moR ‘mer reprit la De 15 J'arais autant de: plaisir à ke le
ft : :
4 Le text ! anglais porte highnesé , qui signifié Altessé. 1 n°y a pas long- iomps
ehcore qu’en Angleterre les rois Btateut- indifféremment qualités dé mie ji $8é ot
d'allesse. À. W. | k | es
| eme 15 | 44y
dire que tai àd \ apprendre, : sije le savais au jusle moi-même. Ce-
pendant, Dunois, supposons que je medécide pour la guerre, que
dois-je faire de cette belle; riche et jeune héritière, si effective
ment elle est dans mes états ? — La donner ça mariageà an de vos
vaillants serviteurs, qui aura un cœur pour l’aimér et un bras pour
la défendre. — A toi, n'est-il pas vrai? Pâques-Dieu! avectahrus
que franchise, tu es plus politique que je ne-croyais. — Je ne suis
rien Moins que. politique , Sire, Par Notre-Dame d'Orléans: je .
vais directement au but, de la môme fagon que, dans la lice, je
pousse mor cheval vers la bague, Votre Majesté doit à ka maison
d'Orléans au moins un heureux mariage. — Et j ’acquitterai ma.
dette, comte! Paques-Dieu ! je l'a acguitlerai. Ne voyez-vous pas
ce-beau couple?» .. e.
| En prononçant ces taots, Louis indiquait le malheureux. duc
d'Orléans, et ka princesse: Jeanne, qui, n’osant se ténir à une plus
grande distance du roi, ni-paraitre, eh sa présence, se séparer l’un
de l’autre, s'avauçaiont de front, quoique laissant entre eux un .
intervalle de deux ou trois pas distance que la timidité d'un côté
et l’aversion de l’autre empéchaient de diminuer, tandis qu'aucun
d'eux n'osait l'apgmenter. ,”
Dunois suivit de l'œil la direction dans laquelle. k roi avait
étendu le bras; et comme la.situation de son malheureux parent.
et de sa fiancée lui représentait parfaitemeut-l'idée de deux chiens
qui, attachés ensemble à la laisse, se tiennent néanmoins aus
éloignés l’un de l'agtre que le-leur permet sa lopgueur, il ne put
8 ’empêcher de secouer la tôle, sans oser faire d'autre réponée au
tyran hypocrite, _.:.
. Louis parut datiner sa pensée : : «Ce. seræun à ménage. heureux et
frauquille, dit-il; les enfaats ne leur causerons pas de grands em-
barras, à ce que je puis. préroit ; au rela, ce n'es pas toujours
un hoaheur d'en avoir.» . - ;
. Ce fut-peut-être le. souvenir de son ingratitade envers sou père
qui fit que le roi se tut après ayoir prononcé.ces dernières paroles,
et que le sourire ionique, qui ua Hastapt ContournA ss lèvres s
se Changon es. mue sorte d'expression (le remords. Mais hientôt il
reprit la parole sur un autre ton.
«Franchement, mon cher Dunois, quaique jo vévère infiniment
Re Sint'hüid da-inärfage (fer H'M uni store dé croix), plutôt que
de voir ce royaume déchiré . corûme l'esi l'Angleterre, par des
guerres que suscite Ja rivalité des prétendants légitiiries < à ke dou
D
‘448 _. : , QUENTIN DURWARD.
ônné, je préférerais que la maïsôn &'OrkKans ne ne féurift que de
waflants soldats, tels que ton pèrè et toi, dans les veines ‘de qui
coule le saiig royal, saïis qu'ils puissent en réclanier les déoits. Le
hiôn ne devrait jamais avoir qu’un Hhonçeau. à
:-Dunoîs soupira et garda le silence, bien convaincu que ( chercher
à contredire un maître auési-absolu que Ioûis, Ce serait 5 "exposer
à nuire aut intérétsde-sn parent; sans-les sérvir en aucune ma-
nière. Cependant il ne pt s'empêcher d'ajouter presque-anssitôt :
«Puisque Votre Majesté fait allusion à la hâissanée de iñon
père, je dois avoter que, mettant à part la fragflité des qutetrs de
.ses jours, on péut le regarder corñine plus heureux, plus fortuné
d'avoir été le fruit d’un amour illégitime que d'avoir puisé la vie
dans la.haine conjugale. — Tu'es un mauvais sujet, Dunois ;; d’o-
ser parler ainsi du-saint sâcrement du mariage! Mais au ‘diable
tous ces discours! voilà le sanglier en campagne. Lâchez les chiens,
au nom du-biértheureux saint Hubert ! Ah , ah ! träla-la lirafà !»
‘Et le roi fit retentiÿ les sons joyeux de son cor dans Îa forêt,
tandis qu’il poussait la chasse en afant , suivi de deux'ou trois de
‘ses: gardes , au‘ nombre desquels se trouvait notre ami Quentin
Burward. Nous ne devons pas amettre fei un fait digne dé re-
| farque i c’est que, malgré l'ardeur avec Hiquelle il se livrait à
son divertissement favori, le roi, toujotirs fidèle à son caractère
- caustique’, trouva ke moyen de -s'amuset en tourmentänt lei car-
.dinal de la Balue. : Ut ot
‘Au nombre-des faiblesses de cet habile homme d'État, on
comptait, comme nousl'avons déjà donné à entendre, celle de se
croire, malgré la bassesse de sa naissance ‘et son‘éducation bor-
née ; propre-À jouer le rôle de coùrtisan et'd’homme à bonnes for-
tunes. Il est vrai qu'il n’eñtrait pas en lice comme Becket 4, qu'il
ne levait pas deg' troupes comme "Wolsey * ; mais'la galanterie,
dans laquelle tous les deux s'étaient distingués ,' était un dès ta-
lents dont il se faisait lé plus de mérite, et il affectait également
urre grande passion pour le divértissement guerrier de la chassé.
Mais quelque succès qu'il pût obtenir auprès de certaines femmes
auxquelles sen Pouvoir, 6a: richesse et son imhuenies “€ “cofnmie
‘4 L'un ées courtisans les plos quan de ia cour dé Henrilt, roi dikhgleierre ,
Thomas Becket devint chancelier du royaume, Promu malgré lui à: l’archevèché de
Cantorbéry et revétu de la dignité de primat , il eut avec le roi de longs et graves
dé rhélés, qui se terminèrent par une mort violénte : il fut vesassipé dans son église,
aupied.de l'autel. a. M ,
a Wolsey, cardinal et premier mipistte de Henri VIII. À. M.
= 7” « _
| CCHAPITREIX. 4ds'
homme d'État pouvaient paraître une compensetion de ce qui.
Jui manquait du côté de la tournure et des manières , les-nobles-
chevaux qu’il achetait presque à tout prix étaient totalement in- .
sensibles à l'honneur de porter un cardinal, et n'avaient pas plus
de respect pour lui qu'ils ñ’en auräient eu pour son père le tail- ‘
leur; avec qui il rivalisaïit dàns l’art de l'équitation. Le roi le sa-'
vait : aussi, en poussant et retenant alternativement sa propre
monture, il amena celle du, cardinal, qu’il maintenait toujours à
côté de lui, à un tel état de mutinerie contre son maître, que
bientôt il devint évident qu’ils ne resteraient pas long-temps en-
. semble. Au milieu de toutes ces saccades, pendant que le cour-
sier du prélat ruait, se Cabrait, tournait quelquefois sur lui:mé-
me , le roi s’amusait à augmenter-sa détresse, en lui faisant di-
verses questions sur des affaires importantes , ‘et en lui donnant à
entendre qu'il se proposait de profiter de cette occasion pour lui
communiquer quelques-uns de ces secrets d'État que, peu de
minutes auparavant, le cardinal avait témoigné tant d’empresse-
ment de connaître.
On se ferait difficilement idée d’une situation aussi désagréabie
que celle d’un conseiller privé, obligé d'écouter son'souverain et
de lui répondre, tandis que chaque nouvelle courbette de son
cheval, devenu insensible au frein, le plaçait dans une attitude
toujours nouvelle et toujours plus précaire, sa robe violette flot-
tant dans toutes les directions, et rien ne le mettañt-à l’abri d’une
chute imminente et dangereuse, que les deux arçons et la pro-
fondeur de sa selle. Dunois riait sans se contraindre , tandis que
le roi, qui avait une manière à lui particulière de jouir intérieu-
rement du succès de ses malices, au lieu d’en rire tout haut, re-
prochait doucement à son ministre son ardeur pôur la chasse,
qui ne lui permettait pas d'accorder quelques moments aux affai-
res. « Mais je ne veux pas vous retenir plus long-temps, » conti-
nua-t-il en s'adressant au cardinal terrifié : et en même temps il
lAcha la bride à son cheval. Avant que la Balue.pût dire un seul
mot, soit pour répondre, soit pour s’excuser, son cheval, pre-
nant le mors aux dents, partit au triple galop, laissant bientôt
derrière lui le roi et Dunois, qui le suivaient-d’un pas plus régu-
lier, tout en jouissant de la détresse de l’homme d'État.
S'il est arrivé à quelqu’un de nos lecteurs, dans son temps,
comme à nous dans le nôtre, d’être emporté de cette manière, il
se fera aisément une idée.exacte des angoisses, des dangers et de
QUENTIN DURWARBD. 10
12: QUENTIK DER AND.
la:bizarzeris d’une. pareille situation. Ges quatre. jersbes du qpe-
drupède ; qui, nullement.aux ordres du cavalier, ni même quet-
quejuis à ceux de l'animal lui-même, courent, de manière à faira
croire que celles de derrière veulent atteindre celles de devant; .
cea jambes du bipède, que nous svuhaiterions alous. pouvoir: ap-
puyer sans danger sur la verte pelouse, mais qui ne font qu'’aug-
menter notre détresse en pressant les flancs du coursier, contre
lesquels elles sont pour ainsi dire collés; les mains, qui ont
abandonné. La bride pour saisif la crinigre ;.le corps qui, au. lieu
de se tenir droit sur son centre.de gravité, cafhme le vieux An
gela.! avait coutume de le recommander, où de se pencher en
ayant, comme fait un jockey à Newmarket 2 , st couché sur. le
cau du cheval, sans meilleure chance de ne pas tomber que n’en
aurait ua sac de blé : tout cela forme un tableau très-risible sans
dgute pour les spectateurs , Quoique le héros de la-scène n’y yoie
rien que de pénible. Mais si l’on y ajoute quelque chose de parti-
culier dans les. vêtements ou dans l’extérieur du malheureux
cavalier, uné robe ecclésiastique, un uniforme splendide, ou
tout autre costume particulier; de plus, si l'on suppose que la
soène-se passe à une coursé de-chevaux, à une revye ; à UBG pro-
cession où dans un lieu quelconque de grande réunion publique,
le pauvre diable, pour se soustraire à La mortification d’être bué
‘avec: d'inexfinguibles éclats de rire, n’a d'autre alternative que
de se rompre un membre qu deux, ou, ee qui serait plus efficace
_ençare, de se faire tuer nel, Car ce ne sera qu'à ce prix qu'il
excitera quelque compassion. Dans la circonstance présente, Ia
robe courte du cardinal, qu’il prenait habituellement pour mon-
ter à cheval, car il avait changé de.costume. avant de partir du
château; ses bas écarlates, son. chapeau de même couleur, garni
_ de ses longs cordons., son excessif embarras, donnaient un. ca-
ractère on ne peut plus. pittgresque à cette preuve de son adressé
en équitation.
. Le cheval lui-mêmie vola plutôt qu'il ne galopa dans une longue
avenue<Couverte de verdure, atteignit la meute qui était en pleine
course après le sanglier, renversa un ou deux ‘piqueurs qui ne
s'atténdaient guère à être chargés. à l’arrièré-garde, passa sur le
4 Angelo est un fameux maître d'équitation à Edimboureg, et l'on assure qu'il a
appris à mouter à cheval à Walter Scott luismême , qui a été volontairé dans Les
chevau-légers de cette. ville: avarit la paix d'Amiens. À. M.
Z Newmarket, ville où s’élévent tous les chevaux de race pure, et située à quel
qués lieues db Lonéres. À. K.
+. à
. ‘CHAPITRE IX. : Mit
corps ‘de ‘plusieurs chiens, at mit tonte la meute ex déroute,
puis, animé par les clamours.ét les menaces des chasseurs, il;
omporta le cardinal tout épouvamté jusqu'au delà du formidable
animal, qui fuyait avec autant de rapidité que de furie , et pour
æinsi dire enveloppé de l'écume qu’il soufllait à traversses défenses. :
En se voyant si près du sanglier, la Balue poussa un cri épouryan-"
table pour dermander du secours. Ge &ri, où peut-être la vue-da
féroce animal, produisit un tel effet sur son coursier, qu'il sas-
penditsa course impétuense et fit si brusquement un saut de côté,
que le cardinal, qui ne s'était maintenu en selle que parce que
jusqu'alors lé mouvement avait été: en ligne droite, tomba lour-
dement à terre. Cette-partie de chasse de Ia Balue se termina si
près du sanglier, que, si l'animal n’eût été en ce moment très-
forterment occupé de ses propres affaires, ce voismage aurait pu
devenir aussi funeste at cardinal que pareil événement: le fut
dit-on , à Favila, roi des Visigoths , en Espagne. Il en fut cepen-
dant quitte pour la peur ; et se traînant aussi promptement qu'ik
lai fut possible hors de la route que suivaient les‘chiens et les
. chasseurs, il vit toûte La chasse passer devant lui sans recevoir
de persosine le plus léger secours ; car les chasseurs de ce temps-
là n'avaient pas plus de compassion pour de pareils accidents que
ceux du nôtre. :
- Le roi, en passant, dit à Danois : « Voikà Soni Éminence ASSCE
bas. IE n’est pas grand chasseur, bien qu'à titre de pêcheur, lors.
qu’il s'agit de pêcher un secret, il puisse rivaliser avec saintPierre
lui-même. Cette fois-ci cependant je pense qu'il a trouvé à qui
parier. » Le cardinal n'entendit pas ces paroles, mais l'air de mé-
pris dont elles furent accomipagnéesui en fitsoupçonner à peu près
le sens.
: Le diable, dit-on, profite, pour noustentér, des occasions sem
biahles à celle que lui offraienten ce moment les passions diverses
qui agitaient la Balue, et auxquelles le dédain du roi vint ajouter
ua nouveau degré d'amertumce. Safrayeur momentanée se dissipa.
dès qu'il fat assuré qu'il ne s'était fait aucun mal en tombant :
mais sa vanité mortifiée et son ressentimment contre 5oR souverain
exercérent sur lui une induenee qui fut bien plus durable.
Toute la chasse avait passé, lorsqu'un cayalier , qui paraiseait
moins partager ce divertissement qu’en étrespectateur , s'avança
suivi d’un ou deux domestiques, et ne témoigna pas peu de sur-
prise de trouver là le cardinal, à pied, sans cheval et sans suite,
468 QUENTIN DUAWARD. .
et dans un désordre qui montrait-chairement La naturede l’aocident
qui lui était arrivé. Mettre pied à terre et-lui offrir son assistance
au milieu d’une telle détresse, ordonner à un de ses gens de des-
cendre de son palefroj doux et tranquille pour le céder au cardi-
nal , exprimer sa surprise de ce que les usages de la cour de
France permettaient d'abandonner ainsi aux périls de la chasseet
de iaisser au moment du besoin le plus habile de ses hommes
d'État, furent les secours et les consolations qui se présentèrent
naturellément à l'esprit de Crèvecœur dans une conjoncture si
étrange : car G’était l'ambassadeur bourguignon lui-même qui
survenait sià propos pour le cardinal désarçonné.
ILtrouva la Balue dans un moment et dans une disposition d’es-
prit favorables- pour tenter.sur sa fidélité quetques-unes de ces pra-
tiques auxquelles on n’ignore pas que-ce ministre avait la crimi-
nelle faiblesse de prêter l'oreille. Déjà dans la matinée , ainsi que .
le caractère soupçonneux de Louisle lui avait fait penser, il s'était
passé entre eux des particularités que le cardinal n’aurait pas osé
rapporter à son maître :.il avait écouté avec. beaucoup de plaisir
l'assurance que lui avait donnée Crèvecœur de la haute estime
que le duc de Bourgogne avait pour sa personrie et ses talents , et
ce n'avait pas été sans ressentir un mouvement de tentation ;qu'il
avait entendu le comte glisser quelques mots sur la munificence
de son maître et sur de riches hénéfices situés en Flandre. Cepenu-
dant ce ne fut qu'après aŸoir été si fortement irrité par l’accident
que nous venons de raconter, et lorsque sa vanité eut reçu une si
cruelle blessure, qu’il résout, dans un fatal moment, de montrer
qu'il n’y a pas d’ennemi plus dangereux que l’ami et le confident
que l’on a offensé.
En cette occasion, il se hâta de prier Crèvecœur de se séparer
de lui, de péur qu’ils ne fussent observés, mais en même temps il
lui assigna un rendez-vous, pour le soir. à l'abbaye de Saint-Mar-
tin de Tours, après les vêpres, et le ton qui accompagnait les pa-
roles du cardinal donna au Bourguignon l'assurance que son maf-
tre venait d'obtenir un avantage qu'il aurait à peine osé espérer.
.Gependant Louis, quoique le prince le -plus politique de son
temps, s'étant, en cette occasion comme dans plusieurs autres,
laissé entraîner parsa passion du moment, suivait avec ardeur la
chasse du-sanglier, qui avait ators acquis un nouveau degré d’in-
térêt : il était arrivé qu’un marcassin, ou sanglier de deux ans,
traversant la route que suiväit le sanglier poursuivi , avait donné
nes -
L
CHAPITRE IX. « 183
de change à toutela meute, deux ou trois couples de viéux et exe
cellents chiens exéeptés, ainsi qu'à la majeure partie des chasseurs.
Le roi vit avec -un sècret plaisir Dunois se lancer, comme les au-
tres, sur la nouvelle piste; et goûta par avance la joie du triomphe
qu il allait obténir sur ce chevaliér accompli dans l’art de la yéne-
rie, art qui était alors regardé comme presque aussi glorieux que
celui de la guerre. Louis était bien monté, il suivait les chiens de
près, en sorte que lorsquè le sanglier, parvenu sur un terrain ma-
-récageux, se retourna pour: faire face à ses ennemis, Le roi seul se
trouvait près de lui.
Louis montra la bravoure et toute l'adresse d’un chasseur expé-
rimenté ; car , sans se laisser intimider par la vue. du danger, il
poussa vers l’effrayant animal, qui se défendait avec fureur contre
-Jes chiens, et le frappa de son épieu; mais, comme son cheval ne
s'était avancé qu'avec une sorte de répugnance, lécoup ne fut ni
assez sûr nt assez fort pour tuer le sanglier vu le mettre hors de
combat. Aucun éffort ne put déterminer Le’ cheval à fournir une
secofde charge; de sorte. que le roi, mettant pied à. terre, marcha
contre l'animal furieux, tenant à la main une deces épées courtes,
aiguës, droites et pointues , dontles chasseurs font usage en pa-
-reilles rencontres. Aussitôt'le sanglier ; sans plus s'inquiéter des
chiens, se précipita sur cet ennemi d’une nouvelle espèce, tandis
que le roi, se mettanten position et rassemblant tôutes ses forces,
tint son épée de manière à la diriger contre la gorge du sängliér,
ou plutôt contre son poitrail, aux enviroris de la clavicule, auquêl-
cas le. poids de l’animal et l’impétuosité de sa course n'auraient
servi qu’à accélérer sa perte. Mais l’humidité'du sol fitque lepied
-du roi glissa justement au moment où cette manœuvre difficile
et périlleuse aurait dû être exécutée , et la pointe de son épée,
rencontrant la çuirasse de soies hérissées qui protégeait l'épaule
de l'animal, ñe fit que la lui effleurer sans le blesser,et Louis tomba
rénversé sur le sol. Néanmoins cette chute fut heureuse pour
le monarque, car elle fut cause que le sanglier manqua égale-
ment $on coup, et ne. fit que déchirer , avec une de ses défen-
ses, le court manteau de chasse de son.ennemi, au lieu delui où
-vrir la euisse, Entraîné d’abord par l’impétuosité. de sa course ,
Y'animal revint bientôt sur ses pas pour renouveler son attaque
Contre le rei:æg moment oùil:se relevait, et la vie de:LOuis-Btait
dans un imminent danger, lorsque Quentin:'Durward, que la len-
teur-de son dhatel avait retenu: en axrièra.du:la chasse, mais qui
"#04 | QUENTIN DORWARD.
fort heureusement avait distingué'et süivt le son da vor dû roh
survinten ce moment, et perça le sanglier do son épies.
Le roi, qui dans cet intervalle s'était relevé, vint à s0n tour ab
secours de Durward et énfonça son épée dans là gorge de l'animal
abattu. Avant de dire un seul mot à Quentin, il ën mesura la lon
gueur, non-seulement parle nombre de pas, mais en éalculant les
pieds et les pouces; puis, essuÿant la suèur dè sonfront et le sang
qui ruisselait sur ses mains, il ôta son chapeau de chasse, 1e sus-
pendit à un buisson , et adressa dévotemient ses prières aux peti-
tes images de plomb ‘dont il était gafni. Se tournant ensuite vers
Durward:" Est-ce toi, mon jeune Écossais? lui dit-il : tu as très-
heareusement commencé ton cours de vénérie, et maître Pierre
& le doit un aussi bon régal que celui qu’il t'a donné aux Fleurs-de-
… Eh bien ! pourquoi ne parles-tu pas? As-tu donc perdu toute
a hérdlesse ettouteton ardeur à la cour, où tant de gens trouveat
l'une et l'autre? » |
” Quentin, jeune homme aussi fin el aussi prudènt qui jamais at
respiré l'air dé l'Écosse, était trop adroït pour se prévaloir dela
dangereuse fatniliarité dont il semblait ainsi invité à profiter. 1
répondit briévement, mais.en termes choisis, que s’il dsait adres-
‘ser la parole à Sa Majesté, ce serait pour la prier dé‘lui pardonner
la hardiesse rustique avec laquelle il s'était conduit lorsqu'ils igno-
| rait la supériorité de son rang.
‘& Bah! laissons cela , dit le roi ; je te Dardonne ta hardiesse en
faveur de ton esprit-et de ton ardent. J'ai admiré la justesse avee
laquelte tu -as à peu près deviné la profession de mon’eompère
“Tristan. Tu as été bien près de recevoir un échantillon de son
savoir-faire "à ce que j'ai appris. Je te conseïlte de te méfier de
lui ; c'est an marchand qui trafique en bracelets un peu durs et
en colliers bien serrés. Aide-moi à remonter sur mon cheval. Fu
me plais, -el je veux te faire du bien. Ne compte sur la faveur de
qui que ce soit, excepté sur la mienne , pas même sur ton oncle,
Ou sur lord Crawford... et ne dis mot du secours que tx m'as
donné si à propos dans cette affaire du sanglier ; car celui qui se
vante d'avoir rendu service à un roi dans un cas aussi -brussant
doit être sûr que le plaisir de se vanter sera son unique récom-
pense. » oo
Alors’le roi sonna du cor , et Dunois ainsi que plusieurs autres
Chasseurs né tardèrent pas à arriver près de lui : tous lui adres-
Sèrent sur:le mort d'unsi noble animal dés félicitations dans iles:
- CHAPITRE TX. es
quelles il ne.se ft aucun scrupule de s’approprier une pert.beau-
coup plus large que celle qui lui revenait de droit ; car il parla de
l'assistance de Durward aussi légèrement que le ferait un chasseur
qui, en se vantant du nombre de pices de gibier dont il a rempli
sa carnassièré, pe faitpas toujours edtrer en compte celles qu'il :
doit à l'adresse et au concours du garde-chasse. Il chargea en-
- site Dunois du:soin de porter le sanglier aux moines de Saint-
Martin de Tours , pour"augmenter leur pitance dans les jours de
fête , et afin qu’ils se souvinssent du roi dans leurs prières.
« Mais, reprit-il, quelqu'un d'entre vous at-il vu le cardinal ?
Time. semble que ce serait manquer de courteisie-et montrer pèu
dé respect pour la sainte Église que de | ‘’abandanner, à pied, dans
cette forêt.—Avec votre permission , Sire , » dit Quentin voyant
que tout, le monde gardait le silence, « j'ai vu.son Éminenee sor-
tir de da forêt , montée sur un cheval qu'on lai avait prêté. {Le
ciel n'abandonne jamais ses sérviteurs, répliqua le roi. Allons,
messieurs , retourhons au château, nous ne chasserons pas de-
. ventage ce matin. Vou, sire écuyer, donnez-moi mon couteau
de chasse ; L est tombé du fourreau là-bas, près du lieu du eo-
bat. Atlez on avant, Dünois ; je vous suis à linstant. »
Louis, dont les mouvements les moins importants en appareñoe
étaient. souvent calculés comme des stratagèmes, se ménagea ainsi
l'occasion de questionner Quentin èn ‘particulier. « Mon brave
Écossais, lui dit-il, tu.as des yeux ; à ce qae je vois. Rourrais tu
206 dire qui a donné un cheval au cardinal ? Quelqué étrange ,
je pense, car ; comme j'ai passé près de lui sans m'arrôter, il n’ést
pes prabeble qu'aucun de mes courtisans se soit empressé de lui
rendre ca service. —Je n'ai vu qu'un instant ceux quiétaient près
de Son Éminence , Sire, répondit Quentin, car j'avais eu le mal-
hour de tomber de cheval, et je faisais diligence afin d'aller re-
prendre mon poste ; mais. je crois que-c'était Pambassadeur de
Bourgogne et ses gens.— Ah ! dit Louis; okbien ! soit. La Franee
- @st prête à leur tenir tête. » .
I ne.se ps rie ce jour qu mérité re romerqud
©t le roirentra au château avec toute sa suite. -
’
456 QUENTIN DURWARD.
OU “CHAPITRE X.
| LASENTENELLE, oui
D'où vient. celte musique ? est-ce de l'air? est-ce de
Ja terre? SHAKSMARE, La Fempéte.
: * J'étais tout oreille,st j’entendais des sans dont l'har-
+ monie aurait pu ranimer les cendres des morts.
| LE ” MILTON, Comus.
Quentin ‘avait À peine regagié sa petite chambre, , pour faire
, Quelques changemeñts nécessaires à son costume, que son-digne
oncle se trouva près de lui , et.lui demanda les détails circonstan-
, Clés de ce qui luf était arrivé à la chasse.
Le jeune homme, qui ne pouvait s ’empôcher de penser que le
; bras du Balafré valait probablement mieux que son jugement, eut
Soin, dans ses réponses , de laisser le roi en pleine possession. de
Ja victoiré qu'il avait paru désirer s'approprier, - La réplique du
brave Ludovic, fit sentir à son néveu combien mieux il-se serait
conduit. lui-même. en: pareille circonstance ; et il la termina per
‘quelques légers reproches sur le peu. d’empressement qu’il avait
is à voler au secours du roi au-momént où sa vie pogvait être en
danger. Quentin eut assez de prudence pour se borner, tout en
justifiant sa ‘conduite, à’ faire observer à son oncle que, suivant
. les règles de la chasse, il était peu honnête d'attaquer un'animal
contre lequel lutte un au tre chasseur , à moins que celui-ci ne de-
mande directement du secours:. Gette discussion était à peinerter-
minée, qu’il eut lieu de se féliciter de sa réserve. Un coup tégère-
ment frappé à la porte anionça un visiteur ; elle s'ouvrit au même
… instant, et Olivier le Dain .: ou le Mauvais , ou le Diable , car il
était connu sous ces trois dénominations, entra dansla chambre.
-_ Nous avons déjà dépeint; du'moins quant à son extérieur , cel
homme habile mais sans principes. Par son allure ét ses manières,
on aurait pu le comparer , sans manquer à l'exactitude , au chat
domestique , qui , couché et en apparence € i, ou.se glis-
sant à travers un appartément. d’un pas furtif, ti et lent, tan-
dis qu'il n’est occupé d’autre chose que de gurtter le trou de
quelque malheureuse souris, et qui:, se frottant avec. un air de
confiance et d'amitié contre ceux par qui il désire être caress ,
saute sur sa proie un moment après, en égratignant peut-être
même la personne à laquelle il adressait ses cajoleries.
CHAPITRE X: * ‘27
- Olivier entra enfaisant une humble et modeste inclination ,. et
. mit tarit de civilité dans la manière dent il parla au Balafré, que
quiconque aurait été témioin dé cette entrevue n’aurait pu faire
autrement que croire qu’il vertait solliciter une faveur de l’archer
écossais. Il félicite Lesly sur l'excellente conduite de son neveu
pendant la chasse de ce jour ; conduite qui, dit-il, « avait attiré
Y'attention particulière du roi. » Après ce peu de mots, il fit une
pause, et resta les yeux baissés, les soulevant à peine et seulement
une ou deux fois pour jeter à la.dérobée un coup d'œil sur Quen-
tin, pendañt que le Balafré faisait observer « que c'avait. été un
ralheur pour leroi de ne pas l'avoir près de lui au lieu de son ne-
veu , attendu-que , säns le moindre doute, il aurait couru sur l'a-
nimal et l'aurait percé dé son épieu , soin qui paraissait avoir été
, &bandonné entièrement à Sa Majesté par Quentin, dû moinsautant
qu'il avait pu.en juger d’après. le récit de l'événement. « Mais ,
ajonta<-H,-ce sera une-leçon dont Sa Majesté se sonvieñdra toute
sa vie ,-et elle lui apprendra à monter un homme de ma taille sur
un moilleur coursier. Comment mon grand digble de flamand,
véritable cheval de charrette , aurait-il pu galuper de front avec
le eoursier normand de Sa Majesté ? Cependant je n’ai pas ménägé
mes éperons ; et ses flancs en portent. de bonnes marques: Cela
.est.fort mat vu, maître Olivier, et vous devriez faire à ce sujet .
quelquesreprésentations à Sa Majesté. » |
Maître Olivier ne répondit à cetta observation qu’en dirigeant
“vers l'intrépide ét imperturbable orateur un de ces regards équi-
voques et lents: qui; aecomipägnés d’un léger mouvement de la.
main d’ur côté et d’un petit mouvement de tête de l’autre, peuvent
s’interpréter ou comme un assentiment tacite à ce qui vient d’être
dit, ou comme une invitation prudente à ne pas aller plus loin
sur le sujet dont on s'occupe. Le côüup d'œil qu’il jeta.ensüite sur
le jeune homme était plus vif et plus pénétrant, et il lui dit avec
un sourire dont il eût été difficile dé deviner Fexpression : .
« Ainsi donc, jéune homme , c’est l’usage en Ecosse de laisser
-vos princes en dagger.et sans secours, dans deë eonjonctures pa-
reilles à celle qui s’est présentée aujourd’hui ? — Notre usage, »
répondit Quentin déterininé à ne donner aucun éotaircissement
sur cet objet, « est de ne-pas troubiet les nobles plaisirs de nos
princes par des secours maladroitement empressés, quand ils peu-
vent se passer de notre aide. Nous pensons qu'un prince à la
chasse doit courir sa chance comme tout autre, et qu’il n'y va
LE QUENTIN DURW ARD.
qu'avec eétte intention. Que scruit la ohésse- siclle n'était pañ as-
ssisonnée de fatigues et de dangers? — Entonder-vous oet étout-
di? reprit.son oncle; il est toujours 2 même ; äl a toujours üne
réponse prête, une raison à -dohntr, n'importe Qui lui adresse la
parole , n'impdrte :de quoi il-s'agisse. Je no sais où il a .acuis te
talent: quant à roi, je n'ai jamais pu rendre raison de la moindte
action de ma vie , si ce n’est &elle.de manger. quañd j'ai faim , de
faire l'appel de mes hommes, ‘ei autres devoirs du service. — Et
détes-mei, je vous prie, digne seigneur , » reprit le barbier royel
:6n le regardant de dessous ses longs. cils, « sur quellé raisah vous
‘appuyez-venb pour faire l'appel de votre troupe ?-— L'ordre que .
m'ert'a donné mon-capitaine, répondit de Balafré. Par Saint-Gétles!
4e ne cormais pas d'autre. raison. S'ä l'avait dpniné à T'yrée ou à
Cuoaingham, il faudrait qu'ils le fissent également.…-Cetie-ceuse
finale est tout à fait militaire, dit Olivier. Mais, siro Balefré, vous
‘serez saïs doute bien-aise d'apprendre que Sa Majesté est si loin
d'être mécontents de la manière dont votre neveu s'est eonduit à
. la chasse, qu’elle l’a-choisi pour faire cet- après-midi un service
particulier. — L'a choisi lui? » s'écria le Balafné avoe uns surprise
extrême ; « vous voulez dire. m'a choisi, mo, je penso.! — Je
veux dire précisément ceque je dis, » réplique le tachier d'un tan
_loux, mais péremptoire, - « le roi a dés ordres à donaer à votre
neveu. — Pourquoi ? comment cela ? Pour-qekle raison cloisit-il
cet enfant, et non pas-moi ? — Je nepuis vous en donner d'autre
raison que .votre propre cause finale, sire Balafré, tels sont les
ordres de.Sa Majesté. Mais , s'il in’est permis de hasarder une
conjecture, il est possible. que Sa Majesté ait quelque commission
-à lui donner qui conyienne mieux À un jeune homme tel que vo-
{re neveu-qu'à un guerrier aussi expérimenté que vous. Ainsi
donc, jeune homme, prenéz ‘vos arines-et suivez-moi : mupisses-
vous d'une arquehuse, Car vous devez être mis en sentinelle: —#n
sentinelle !- répéta l'oncle. Êtes-vous bierr sûr qüe vous Re vous
-trompez pas? Les postes de l'intérieur n’ont jantais 666 confiés qu’à
ceux qui, comme moi, ont servi douze ans daas notre honerabie
Corps. — Je suis tout à fait certain des intentions de Sa Majesté,
répondit Olivier, et je ne dois pas différér plus long-temps de es
æxéouter. Ayez la bonté d'aider votre neveu se » préparôr pour
Son service, p
Le. Balafré,qui n’était ni d'un manveis naturel ni d'aa Saraotare
jaloux, s’empressa d'aider sen.neyau à s'éqniper , granant môme
inch de fui donner ses iastreétionssur La matière dont À devsitise
“conduibé sous Îles armes : toutefois il ne put-s'empécher d'entre ,
améler son discours d'interjections qui erprimaient sasurprise dede
«qu'em pareil bonhour (ombât sitôt en partage à un si jeune homme.
« Jamais pareille chose n’a eu lieu dans le gardé écossaise , æ
‘disait Ml, pas mômie pour moi. Mais-sans douts on vale mettre de
garde suprès des perroquets et des paoas. dont l'ambassadeur de
.V'onise a foesièrement fait présent au roi. Ce ne peut. être sure
-€hése, etun pareil -serviee ne pouvant convenir qu'à un. jemée
-homme sans berbe,… ajouta-t-il eu tordant se6 moustaches si
suis ken sise que le choix soit tombé sur On néves. M.
‘Boué d'un esprit vif ét rpénétrant, œussi béen. que d'une imagi-
mation ardente, le jeune Quentin attacha une häute importameeh
l'ordre que le roi vertait de lui faire donner si prompiemenk, st
gen cœur tresssiilit de joie par la perspective qui soffrait devant
“lui d'un ivancement rapide. Il-résoit d'observer soigneusement
‘les meriôtes etie tungage de:s6n guide, qu'il soupeonaait devoir,
du moins ,'en certains cas , être interprétés par les contraires ,
om l'ün-éit que les devins interprètent Les songes; Il ne pormait
- que se fététer d'avoir gardé le: piûs grand soeset sur les événe- -
-monts de la matinée, et dès lors & forma une résolation qui, dans
une personne aussi jeune, montrait une grands prudènes, c'eità-
dire que, tant qu’it respirerait l'air de oette cour salrfaire et mys-
térieuse. il Hendrait ses-penséés ren formées dans son cœur; ets
“Hangue sous les flus étroites-entraves.
*+ Sbri équipement fut bientôt terrhiaé , et son a?quebuse sur l'é- .
-paule (cs, tout eu-conservant.ladénomination d'archers, la:garde
-écosise subétitua de bonne heure les'armesà feu à l’arc, dans
‘exercice duquel l'Écosse n'excela fémais), ë suivit mslire ‘Qh-
“ier et-sorth de 3a ‘caserne. -
… Son:bmele le suivit long-ternps des yeirx, ao air méié d'éton-
némment ét de curiosité, ét. qagique l'envie, non plus que kes s0n-
‘’timonis de makignité qu'elle engendre, fût loi d'entrer dans:s00
-cur, sû propre’ mpôrtance lui paraissit blessée: on ‘diminuée ,
de qii'aitérait un peu le plaisir qu'il reisentait de voir SO ROFEU
“vonrmbticer sa:cétière Sous dés tadispieus sifavorables, : ::
Il brania gravement la tête, ouvrit un ‘bufiet; y. prit une .grome
bottrine de bon vin vieux , l’agita pour voir jusqu’à quel point le
contenu avaît baissé, en remplit un verre, -Je vida d'un seul traif,
puis s’assit ou plutôts’étandit:dansson grand fauteuil de bois. de
‘208 QUENTIN DURWARD,.
ebône ! là, braplant de nouveam latte, ibparutredevoir ur sf grand
soulagement de ce mouvement d’oscillation, que, sewiblable à ce
jouet d'enfant qu’on appelle un mandarin, il 1é continua jusqu'à ce
qu’il tombât dens.un assoupissemment dont à. ne fat tiré que par le
signal du diner... |
Ayant laissé son.oncle à ses: sublimes méditations , Quentin
Durward suivit son guidé, maître Olivier, qui, sans traverser au-
“cune des cours principales, le conduisit par des-passages secrets,
dont les uns étaient voûtés et les autres tout à fait onverts, enfin
à travers uilabyrintbe, d'escaliers et:de galeries, qui communi-
quaient entre elles par des portes secrètes placées en-des endroits
où on ne se.seraitnullement attendu à les trouver. It parvint ainsi
jusque dansune grande et spaoieuse.galgrie. garnie de jalousies, et
‘qui vu salargeur,aurait presque pu passer pour une sale : elle était
décorée d’une tapisserie-moins belle quantique, et-dé quelques
portraits neims dans-isstyle dur et froid de l’époque qui précéda
celle où les arts renaissants jetèrent un si vif éclat.: Ces portraits
. étaient censés représenter-les:paladins-de Gharlemagne, qui tien-
nentun rang si distingué dans les chroniques romanesques de la
.: France; et, comme le célèbre Rolanii ; remarquable par une sta-
ture gigagtesque , était le plus remarquable de tous, ‘on avait
-donné à cette espèce de sallete nom de galerie de Roland.
«C’est ici que vous doveziêtre en faction', » dit Olivier à voix
basse, commes’ileût pensé que lesportraits dès moparques et des
guerriers qui l’environnaient , offansés de lui entendreétever la
voix, allaient donner à leurs traits rudes et'durs l’expression de
la colère, ou bien comme s’il eût-craint d’éveilier leséchos endor-
mis sous les voûtes et les ornements gothiques de cet immense et
. -sombre appartement.— « Quel est le mot-d'ordre? quelle consigne
me donnez-vous? » lui demanda Quentin également à voix basse.
-— « Votre arquebuüse est-elle chargée ? » répliqua Olivier sans ré-
-pondre à cette questiorr. — « Cela -sera bientôt fait, » répondit
‘Quentin; etit se mit à charger son arme, puis'il en allyma la mè-
che ! au-brasier d’un feu de bois presque éteint, qui se trouvait
daps une chéminée de dimensions télement.:grandes que l'on au
rait pu la prendre pON un cébinet ou une e chapelle gothique ‘dé-
‘pendant de cette sale, : . -‘.:. .
4 Les premières a armes à fou n'étaient qu'on canon monté sur ub fût en bois; on
"y mettait le féu au moyen d'une mèche; plus tard, on ÿ adapta un rouet qui enfin a
” té remplacé parle mécanisme employé asjourdtbbt, de 0 " “.i
Là ,
t£ CHAPITRE X. :- Li
Lorsque Durwardent térmisé:ces apprêts, Olivier lui dit qu’à:
ne connaissait pas encore un des plus importants privilôéges du.
corps dans lequel il servait; et qui eonsistait à ne recevoir d'ordres
que du roi en personne, ou du grand connétsble dé France, sans
l'intermédiaire-des officiers. « Vous êtes placé ici, jeune homme,
de l’exprès comendement de Sa Majesté, ajouta-t-il, et vous-ne :
tarderez pas à apprepdre pourquoi vous y avez ‘été appelé: En:
attendant, vous resterez dans cette galerie. Il vots-est permis’ dé .
vous.y promener d’un bout à l’aûtre, ou d’y rester en place; selen :
qu’il vous fera. plaisir, mais non de vous asseoir sous aucun pré-
texte, ni d’abandoïñner votre arme. Vous né .devez:non plus ni
chanter ni siffler, mais vous pouvez, si vous le voulez, marmotter*
quelques prièrés de l'Église, ou quelque innocente ballade pourvu :
. que.ce: soit à voix. basse. Adieu, et faites bonne gurde.-—Bonne:
garde ! » pensa le jeune soldat pendant que son guide s’éloignait
de ce pas silencieux et furtif qui: lui était particulier, et .en le.
voyant disparaître par. ume porte latérale que -recouvrait la tapis-
serie. « Bonne garde! mais sur quoi et contre qui? Quels ennemis
pourrais-je avoir à combattreici, si ce n’est des chauvès-souris ou :
des rats, à moins que ces antiques et hideux portraits ne viennent :
à s’animer pour me troubler pendart ma faction. Maisenfin, c’est
mon devoir, je dois le croire, et il faut que je le remplisbe. »
- Bien résolu à s'acquitter de son devoir même jusqu’à la rigueur,
ilessaya d’abréger le temps en chantant quelques-unes deshymnes
pieuses qu'il avait apprises dans le couvent où il avait. trouvé un ‘
refuge après la mort de son père, toutea convenant avee lui-même
que, sauf le changement de sa robe de novice en un riche costume :
militaire, tel que celui qu’il portait en ce moment, sa promenade
comme sentinelle dans cette galerie d'un château royal de France .
ressemblait beaucoup à celles qui l'avaient si souvent énnuyé
dans les cloitres solitaires d’Aberbrothock.
Bientôt, cornme pour se convaincre qu’il n’appartenait ous au
-eloître, mais au monde, il se mità chanter, mais sur un ton qui
n’excédait pas là permission qui lui avait été donnée, quelques-
unes des grossières et anciennes. bailades que lui avait apprises le
vieux joueur de harpe-de sa famille, telles quela Défaite des Danois
à Aberlemno! et à Forres, le Mèurtre du roi Duffus à Forfar, et.
autres lais ou sonnets non moins intéressants, tous relatifs à l'his-
‘4 Aberlemno, Forres et Forfar sont trois villes du nord de P'Ecosse. où furent vain-
_ us les Danois onyahisseurs, 4, M. :
»
un QUENTIN DUNWARD.
tétre dé s& lointaine patrie, et partieutiérément ‘au district Gdns
leduel if uvait pris naissance. Cette occupation remplit-un temps
asset considérable; et:il était déja plus de deux heures après midi
quand Yappétitée Quentin lof souverir que les bons pères d’Aber.
brothook s'ibexigeaient strictement se présenceaux heures des of.
fices,n'étaientpasmoins étactsä l'appeler à celles des repas; au lieu
qu'ici,dans l’intérieur d’un paleis royal;après une matinée d’exer-
cite, et une autre partie de la jourriée passée en faction, per-
sonfre ne paraissait songèr qui devait naturellement être pressé
de dîner. .
11 existe cependant des sons remplis de charmes qui peuvent
cdmer même les sentiments naturels d'impatience que Quentm
éprouvait en ce moment. Aux deux extrémités opposées de ls
galerie étaient deux grandes portes arnées-de lourdes architrayes,
qui donnaient probablement entrée dans de longues files d’appar-
tements auxquels'ta galerie servait de communica@on. Tandis que
le jeune Écossais se promenmit solitairement de l'une à Pautre de
cé portes; limite de sa faction, il fut surpris pàr lessons d’une
. musique qui se fit entendre tout à coup près de l’une d’elles ; et
cts s0ns, du moins dans son imagination, étaient produits par le
rême luth et par la même voix qui l'avaient charmé la yettie. Tous
ses rêves du jour précédent, déja bien affsiblis par l'agitation que
. les dernières circonstanceslui avaient fait éprouver, s’offrirent de
nouveau, à son esprit d’une manière d'autant plus vive ; si bien
que, .cioué-en quelque sorte dans le lieu d'où son oreille-pouvait.
le plus commodément saisir cette douce mélodie , l'arquebuse-
sur l'épaule , la bourhe entr’ouverte, l’œil et l'oreille, toute son
-ame enfin , dirigés. vers l’endroit d’où elte partait, Quentin res-
semblait à la statue d’une sentinelle plutôt qu’à un être animé,
tn avait plus d’autre idée que celle de recueillir chaque son au.
passage. |
Ces sons délicieux ne s0 faisaient pas entendre d'une manière
suivie ; ils tanguissaïent, ils se prolgngeaient, ils. cessaient totale
ment, puis se renouvelaient à des intervalles irréguliers. Mais le
musique, de même. que la beauté, est souvent d'autant plus:
attrayante, ou du moins frappe d'autant plus l’imsgination, qu'elle
ne déploie qu’impatfaitement ses éharmes, laissant la pensée libre:
de compléter ce que l'éloignement ne permet pas d’apercevoir ; et
Quentin, lorsque par intervalles le charme cessait d'agir, avait
encore de nombreux sujets de rêverie. D’après le rapportdes came-
: GAPITAS X. 408:
raden dé. som pale, oi d'après le scène qui avait en lien dans-ls
salle d'audience, il ne pouvait deuter que la sirèue qi encbantait.
aïiyei ses.oroilles n'était point, conne il l'avait supposé,per une |
sorte de profanation, la fille où je peremée d'un vilaubergiste, mais
la malheureuse comtesse déguisée, pour la cause de laquelle des
rois et des princes étaient au moment de revêtir leur armure et
de mettre La lance en arrêt, Mille rêves étranges, tels que cet
auxquels une jeunesse romanesque et aventureuseainai à s’aban-
donner dans un siècle aventureux et romanesque, firent disparaître.
_ à ses. yeux la féalité du présent pour y sübstituer leurs illusione
trompeuses; mais tout à coup elles furent disgipées par une main
qui se posa.rudement gur son arme, en même temps qu’une voix
sévère lui eria à l’oreille : « Pâque-Diou ! siro‘écuyer, vous parait
sez.bien peu.éveillé, pour. un soldat en faction!»
, G'était la voix monotone, mais grave et ironique, de maître
Pierre; ét Quentin, râäppblé soudainement à lui-même, recopnut
avec. un sentiment de honte et d’efffoi qu'au milieu de 82 réverie
iL s'était oublié g complétement que le roi, probablement entré
par quélque porte secrète, en se glissant ! le long de la muraille. ou
derrière la tapisserie, s'était a300 approché de lui pour s'emparer
presque de s0n arme. |
Son. premier mouvement, inspiré par la surprise, fut de dégager -
son arquebuse par. une violente secousse qui fit reculer le roi de
quelques pas; mais bientôt il sentit la crainte-qu’en cédant à l’ins-
tinet animal, si l'on: peut s'exprimer ainsi, qui porte l’homme
brave à, résistez à la tentative faito pour le désarmer, il n’eûé
aggravé, par cette lutte contre le roi en personne, le mécontente-
mont que Louis montrait de la négligence avec laquelle il faisait
sentinelle. Dominé par cetie idée, il reprit. donc s0n arquebuse,
presque sans savoir ce qu’il faisait, et, l'appuyant de nouveau
contre son épaule, il se tint debout et immobile devant Le monar-
que qu'il devait avec raison croire grièvement offensé, .
. Louis, dont le caractère tyrannique était moins le résultat d'une
férocité naturelle ou d’un penchant à la crusuté.que celui d’une
politique froide et. d'une jalousie soupçonneuse , avait pourtant
upe bonne dose de cette sévérité caustique qui, s’il fût né dans um
rang inoins élevé, en aurait fait un. despote dans-la conversation,
et toujours il jouissait des tourments qu'il causait dans des occa-
sions semblables à celle-ci. Cependant il ne pousse pas trop loin
son triomphe, et se contenta de dire; « Le service que tu m'as
ait: QUENTIN DUAVMRD.
rendu ce matin a déje plus que racheté un. pou ile négligence dans
un si jeune soklat.… As {u dèné 1?»
Quentin, qui s'attendait à être envoyé'au grand prévôt plutôt
qu’à recevoir un pareil compliment, fit humblement une réponse
négative. :
— Pauvre garçon ! » dit Louis d'un ton-plus doux que son ton
habituel: «c'est la faim qui L'a assoupi. Je sais que ton appétit
est un loup, continua-t-il, ‘et je te. sauverai d’une ‘bête fauve
comme tu m'as sauvé d’une autre. Tu as auêsi été diseret dans
cette affaire, et je t'en rémereie. Peux-{u tenir encore une heure
. Sans mariger? — Vingt-quatre; Sire, répondit: Durward, ou je ne
serais pas un véritable Écossais. — Je ne voudrais pas pour un
autre royaume être le pâté que tu attaquerais après un tel jeûne,
répliqua le roi ; mais, pour-le moment, ce n'est pas de ten diner,
mais du rien qu'il s’agit. J’admets à ma table aujourd’hui, et dans
. le plus étroit particulier, le cardinal de la Balue-t ce Bonurgai-
gnon.. ce comte de Crèvecœur… et il pourrait arriver tekle cir-
‘constance. Le diable n’a jamais tant à faire que lersque des en-
nemis se réunissent sur la foi d’une trève. »
‘Il s'arrêta et garda le silence d’un air sombre et comme absorbé
dans ses pensées. Quentin, voyant que le roi ne se pressait pas
” de continuer, se hasärda enfin à lui demander en quoi corfsistait
lé devoir qu'il aurait à remplir en cette occasion.
: «A te tenir en sentinelle au buffet avec: ton arme chargée, dit
Louïs: et s’il y a quelque trahison, à étendre le traître mort
sur la place. — Quelque trahison, Sire ! s'écria Durward, et dans
un château si bien gardé! — Tu la crois impossible? » dit le roi
ne paraissant nullement offensé de sa franchise; «cependant notre
histoire a fait voir que la trahison peut se glisser par le trou que
fait une tarière… La trahison prévenue par des gardes! Eh! mon
pauvre garçon ! quis custodiat ipsos custodes? Qui m’assurera con-
tre la trahison de ces mêmes gardes? — L'honneur écossais, » ré-
pondit hardiment Durward. — «C’est vrai, tu as raison; ta réponse
me plaît,» dit le roi d’un air de satisfaction : « l’honneür écossais
a jamais failli, aussi je mets en lui la plus grande confiance:
Mais la trahison !...» et, retombant dans son humeur sombre, il
u parcourut l'appartement d’un pas irrégulier. “Elle: s’assied à nos
4 Ceci rappelle ce trait de Bonaparte, qui, après la journés d’Arcole, trouvant une
sentinelle endormie, lui prit son Fusil et resta en faction jusqu’à l'heure où ele de-
vait étre relevée. À, M. ,
banquets, ajonta-t-il ; elle pétille dans nos coupes: elte porte tx
barbe de nos conseillers ; elle affecte le sourire étudié de nos cour
tisans et le rire malin de nos bouffons; par-dessus tout, elle se
tient cachée sous l'air amical d’un ennemi réconcilié. Louis d’Or-
léans se fia à Jean de Bourgogne... il fut assassiné dans la rue
Barbelte. Jean de Bourgogne se fia à la faction d'Orléans. il fut
assassiné sur le pont de Montereau. Je ne veux me fier à per-
sonne. à personne. Écoute ; j'aurai l'œil sur cet insolent comte;
et sur l’homme d'église aussi, que je, ne crois pas trop fidèle. Si je
dis : Écosse , en avant! étends Crèvecœur mort sur la place, -=
C'est mon devoir, dit Quentin, si la-vie de Votre Majesté est en
danger. — Sans doute... je ne l’entends pas autrement, dit le
roi. Que gagnerais-je à tuer cet insolent soldat?..: Si c'était la
connétable de. Saint-Pol, oh! alors...» Il s'arrêta, comme:s'il eût
eru avoir dit un mot de. trop, puis continua d’un air riant : «Notre
beau-frère, Jacques d'Écosse... . votre propre Jacques, Quentin.
ne poignarda-t-il pas Douglas, lors de la visite amicale que celui-ci
était venu lui faire dans son château royal dé Stirling. — De Skir-
ling, n’en déplaise à Votre Majesté, dit Quentin, ce fut un acte
qui ne produisit pas grand’chose de bon. — Est-ce Skirling que
tu-appelles ce château? » dit le roi; laissant de côté la dernière.
phrase de Quentin ; «eh bien , Skirling soit... le nom n’y fait rien.
Au reste, je ne médite aucun mal contre Ces gens-ei... aucun.
Cela ne me conduirait à rien. Mais il est possibla qu'ils n’aient pas
les mêmes sentiments à mon égard... Je compte donc sur ton ar-
quebuse.— Au signal doriné, comptez sur moi, dit Quentin; néan-
moins... — Tu. hésites! dit le roi: parle; je te donne. pleine li-
berté... Des gens tels que toi peuvent donter des avis qu'il ne faut
pas dédaigner. — Je ne me perrmmettrai qu’une seule observation,
Sire, dit Quentin, c'est que je m'étonne qu'ayant des motifs de se.
méfier dé ce Bourguignon, Votre Majesté le laisse approcher si
près de sa personne, et cela dans un lieu aussi retiré. — Oh! que
cela ne vous inquiète pas, sire écuyer, dit le roi. Il y a des dangers
qui s’évanouissent lorsqu'on les brave, et qui deviennent certains
et inéwitables lorsqu'on fait voir qu’on les redoute. Quand je m'a-
vance bhardiment vers un chien bargneux et que je le caresse, il y
a dix à parier contre un que je le remettrai en bonne humeur; si,
au contraire, je fais voir que j'ai peur de lui, il se jettera sur moi,
et me déchirera. Je vais te parler franchement : il m'importe beau-
coup que cet homme ne retourne pas auprès de son fougueux
QUENTIN DURWARD. 11
408 QUENTIN, DIRMWARD.
maitre avec un cour chergé de ressantiment., je nosisens .danc à
_ cousir quelques risques; Car je Wal jamais craint d'exposer avis
pour le bien de man royaume. Suie-mois ...
. Louis conduisit son jeune. garde. du corps, pour qui il semblait
éprouver. mhe:affaction toute particulière, per la porte latérale par
laquelle il était entré lui-même, et.diten la lui montsant : «11 £ant
que celui qui veut réussir à la cour, connaisse.tous les -guichets
secrets et taus les escaliers. dérobés. .. uni, mémples pièges et les
tsappes du palais, aussi bien que les. EmÉDea pr cIpaie, des parties
à-denx batiants et les vastes issues.» ,
-Après:avoir. fait plusieurs détours.et parcouru divecs pausages,
le rai.entra dans une-petite chambre veñtée où l’on.avait préparé
une table à.trois eouverts pour le diner. Tout l'ampeu ,
toute la: décoration de cette chambre était d'une sppliaité qui
aHait presque jusqu'à la mesquinerie. Le buffet, espèce d'armoirs
mobile, à double porte, et qui contenait un petit nombre de pièces
de vaisselle d'or et d'argent, était le seul objet qui.fit recannattre
la demeure d’un oi. Derrière ce meuble, qui le cachait compléte-
‘ment, Louis assigna son poste à Quentin Durward; et après s’être
æsuré, en se plaçant tour à tour dans les diverses parties. de la
chambre, qu'il ne pouvait être aperçu d’aucun.côté , il lui domua
ses dernières instructions: Souviens-toi du mot d'ordre, Écosss, en
avant! etau moment même où je le prononcerai renverse ce buffet,
sans t’mquiéter ni des coupes ni des gobelets, et sjuste Crèvecœur
avec forareté. Si tu le manques, fonds sur lui, ton .coutsgau.à la
main. Olivier et moi,.nous viendrons à bout ducerding. .
Cela dit ,'il donna un coup de sifflet ; aussitôt parut Olivier, qui
était prémier valet de chamire:aussi bien que.barbier.du roi. .et
qui, dans lo fait, remplissait auprès.de Louis foutes.les fonctions
qui avaient ua rapport immédiat avec:sa personne. Il était suivi, de
deux vieëlards, seuls donsestiques chargés de servir à table. Aus-
stôt que Louisent pris plase, les deux convives furent admis : et
Quentie, quoique inaperçu lui-même, était posté de manière à ce
qu'aucun des détails de cette entrevue ne lui échappt. .
Le roi aceueïlit ses convives avoc une cordiatité que Quentin
eut. beausoup.üe peine à concilier avec les instractions:qu’i ve-
nait de receveur, et avec le but dans lequel il venait d'être. placé
derrière le buffet avec.uñe arme prête à lanoer la mprt.:Non-seu-
lement le roi paraissait exempt de toute espèce de craintes, mais
on aurait pu penser que les personnes à qui.il avait fait l'insigao
v
- — —- — —— — —— — = — — —
‘+. CHAPITRE X. «y
hotmeur de les admettre à sa-table étaient calles en qui il pouvait
ke mieux rflacer une cofifiance sans réserve, et qu'il eût le plug
de motifs d'honorer de sa faveur. Ses manières étaient pleines de
dignité, et anmonçmient même une rare courtoisie, Si‘tout ee qui
l'entourait, et ses vêtements eux-mêmes, étaient beaucoup au+
dessous da luxe que les petits princes du royaume déployaient
dans leurs banquets, son langage et le ton dont il l’accompagnait
étaiènt ceux d’un puissant monarque dans ses moments de la plus
grande condescendance. Quentin fut tenté de croire, ou que la
conversation qu'il avait eue précédemment avec Louis était un
rêve, ou que la conduite respectueuse du eardinal, l'air franc,
ouvert -et loyal du noble Bourguigrien, avaient porplétement dise
sipé les soupçons de ce prince,
‘Mais tândis que les convives, par chéimence pour le 'monar-
que, prenaient place à sa table, H lança Sur eux un coup d'œil
tapide et pergçant, et dirigea aussitôt un regard vers le poste oc
cupé par Quentin. Ge fut Yaffaire d'un instant; meig ce regard
exprima tant de méfiance et de haine envers ses'hôtes, et transmit .
à Quentir üne irjonttion si précise d’être vigdant dans se sur-
veillasee et prompt dans l'exécution, qu'il ne lui reste aurun
doute que ies sentiments et les cruintes de Louis n'avaient mi
changé ni diminué. H fut done plus étonné que jamais du voile
€pais sous lequel cé monarque savait cacher les PRoU vends de
sa méfianve naturelle: or
Paraissant avoir entièrement oublié le langage que Cebvecœux
Jui avait tertr en présence de la cour, le roi s’entretint avec ui
des temps anciens, d'événements qui avaient eu lieu pendant
qu'it était iwi-mêrne exilé en Bourgogne, fit des questions sux
tons les nobles qu'il avait connus, comme si cette époque eût été
la pies heureuse de sa vie, et comme s’ikeñt conservé envers tons
ceux qu'avaieñt contribué à adoùcir son exil les sentiments les
pes affectueux et &s plus reconnaissanhts.
S'il s'était agi de Farnbassadenr d'une attre nation, dit-il
j'aurais mis quoique appareil dans sx réception ; mais à 11n ancien
ann qui a partagé mes repas at château de Génappe, j'ai vouiu
me montrer tel que j'aime à être, lé vieux Louis de Valois, aussj
simple et aussi nai qu'aucon ce ses badauds parisiens. Cependant,
j'ai donné ordre que }'on nous fit faire meilleure chère à cause
de vous, sire comte, ear je coemais votre proverbe bourguignon :
Mieux vauit bon repes que bel kabit, et j'ai recommandé qu'une
168 QUENTIN DURWARD.
imanquât rien à notre diner. Quant au vin, vous savez que c'est
le sujet d'une vieille rivalité entre la Francé'et la Bourgogne:
fais nous ne tarderons pas à satisfaire ces deux prétentions op-
posées : je boirai à votre santé avec da bourgogne, et vous me
ferez raison avec du champagne. Olivier, donnez-moi un verre
dé vin d'Auxerre, netitse mit à fredonner gaiement une Chanson
alors bien connüe :
# e
. u . Auxerre est Ja boisson des rois. »
ü Allons, : sire comte, continua-t-il, je bois à"la santé de notre bon
ét cher cousin le ‘noble duc dé Bourgogne... Olivier; remplissez
cette coupe d’or de vin de Reims, et’ offrez-la au comte un genou
en terre. il représente notre amé frère... Monsieur le‘eardinal,
nous allons nous-même remplir votre coupe. — Vous l'avez déjà
remplie, Sire, jusqu’à la faire déborder, » dit:le cardinal avec
Pair rampant d’an favori qui parle à un maître indulgent: « C'est
parce que nous savons que Votre Éminence sait la porter d'une
main ferme, dit Louis. Mais quel parti ‘épousez-vous dans notre
grande éontrôverse? Sillery où Auxèrre ? France ou Bourgogne?
& Je resterai neutre, Sire, reprit le cardinal, et j'emphrai de
__ Nouveau ma coupe de vin d'Auvergne. — Cetui qui vent coriser.
ver la neutralité joue un jeu dangereux, * dit:le roi; mais s’aper-
cevant que le cardinal rougissait- un peu; il glissa légérerrent-sur
ce sujet, et se contenta d'ajouter : « C'est-à-dire que vous préfé-
rez le vin d'Auvergne, parce qu'il est généreux et qu’il ne sap-
porte pas l'eau. Eh bien ! sire comte, vous hésitez à remplir vo-
tre coupé? J'espère que vous n'avez trouvé au fond aueune
amertume rnattotrale. — Je sonhaîterais, Sire, dit le comte‘de Crè-
vecœur, que toutes les querelles nationales pussent'se.terminer
aussi gaiement que la rivalité de nos vignobles. — Avec:lé temps,
sire comte, avec le temps, dit le roi; pas plus qü'il ne vous en a
fallu pour boire ce verre de champagne. Et maintenant qu’il est
bu, faites-moi le plaisir de mettre la coupe daris votre seirt; et de
la conserver comme-un gage de nôtre estime. Ce n'est pas au
premier venu que je ferais un tel.présent. Elle a appartenu à la
terreur de la France, à Henri V d'Angleterre, et fut prise lors de
la rédaction de Rouen, à l’époque où ces insulaires furent expul-
sés de la Normandie par les armes réunies de France et de Bour-
gogne. Elle ne saurait trouver un plus digne maître qu'un noble
et-vaillint Bourguignon, qui sait très bien que l'union de ces
deux nations garantit au continent qu'il restera à jamais affrançhi
du joug des Anglais: »
Le comte répondit comme il convenait qu'il Te fit, et Louis
donna un libre cours à la gaieté satirique qui parfois venait adou-
cir les sombres nuances de son bumeur ordinaire. Dirigeant,
comme on le supposera aisément, le cours de la conversation, ses
remarques toujours fines et caustiques, souvent spirituelles,
êtaient rarement marquées au: coin de la bienveillance; et les
anecdotes dont il les appuyaïit étaïeht plutôt libres que délicates.
Mais pas un mot, pas une syllabe, pas un signe, ne trahissait la
situation d’esprit d’un homme qui, craignant d'être assassiné, a
dans son appartement un soldat couvert de son armure et tenant
à la main une arquebuse chargée, afin de prévenir ou d'anticiper
l'accomplissement de ce forfait.
+ Le comte de Crèvecœur partagea de la manière la plus franche
la gaieté du roi, tandis que l’adroit prélat éclatait de rire à cha-
eupe de ses plaisanteries, et faisait ressortir le mérite des bons
mots qui lui échappaient, sans paraître aucunement.choqué de
certaines expressions qui faisaient rougir le rustique et jeune
Écossais, dans l'endroit où il était caché, Au bout d’une heure et
demie, qa se leva de table, et le roi, prenant courtoisement Congé
de ses hôtes, leur fit entendre qu’il désirait être seul. |
Dès que tout le monde, et Olivier lui-même, se fut retiré, il dit
à Quentin qu’il pouvait quitter le lieu de sa retraite; mais ce fut
d’upe voix si faible, que le jeune homme put à peine croire que
ce fût la même qui venait, un instant auparavant, de donner par
ses; plaisanteries un. tour si vif et si piquant à la conversation. En
.S’approchant il vit dans la physionomie du roi un changement
non mAoINn$ mgrqué. Le brillant d’une vivacité empruntée ou fac-
tice avait disparu de ses yeux, le sourire avait abandonné ses lè-
vies, et il laissait voir toute la fatigue sous laquelle succombe un
AGteur. Célèbre quand it vient de jouer un rôle dans lequel le pu-
blic aime à le voir paraître.
« Ta factiou-n’ est pas encore finie. dit-il à Quentin; rafraichis-
toi, un instant. cette table t'en offre. les moyens. Lorsque tu
seras rassasié, je te donnerai. mes instructions sur le service qui
te reste à faire; car je.n’ignore pas.qu’entre un estomac plein gl
un étomac vide la conversation ne peut que languir !. »
9
D
dit is talking belween à foli man and a fasting. Ce qui rappeler notre Proverbe
+, Ventre affamé n'a pas d'etailles.» AG. . ',
Lys.) QUENTIN DURWARD.
. "#6 jeètd' dé Nouveau sur son fauteuil, pois là min sur seb
yeux, et gard@le silence.
ass ds . , , n : $
CHAPITRE XI.
LA GALERIE DE ROLAND.
.) . + Les potètrés représentent Capidon aveugle...
Hymena-t-il des yeux? ou bien sa vue est-elle faussée
par ses lunettes que ïes parents, les tuteurs et les con-
sétllérs lai prétont, afin qu’il regarde au travers p"
verres, les terres, les châteaux , les bijoux, l'or, et
semblables riches dotations , et voie leur valeur dix
fois plus grande ? 11 me semble que ce serait une
question à discuier,
Les malheurs d'un mariage forcé.
Louis XI de France, quoiqu'il fût le souverain de l'Europe le
‘plus jaloux de son pouvoir , bornait son ambition à jouir de ses
‘vantages réels; et quoiqu'il connût parfaitement de qui était dû
& son rang, et que par fois il en exigeât l'observation rigide , en
‘pénéraf il était très-insouciant pour tout ce qui 16 tenait qu'à la
représentation extérieure.
Dans un prince doué de meilleures qualités, la farnilintité avec
laquelle il améttait des sujets à sa table, disons plus, avec la-
“quelle il s’asseyait de temps à autre à la leur. l'aurait renda ex-
‘trémement populaire; et même, tel qu’il était, ses manières
rachetaient uné grande partie de ses vices auprés de cette cldse
‘dé ses sujets qui n'était pas directement exposée à en subir toutes.
es conséquences. Le tiers-état, qu’on vit s'éléver au plus haut
degré d’opalence et di importatieé sous le règne de ce prince rem-
"pli de sagacité, respectait sa personne, mais ne T'aimait point ;
“et ce ne fut que grace à l'appui de cette partie de la nation qu'il
‘parvint à lutter avec avantagé contre la haïne des nobles, qui
“prétendaient que le toi portait atteinte à l'honneur de 1 cou-
ronne de France , et qu’il ternissait leurs brillants priviléges par
te même mépris pour l'étiquette qui plaisait à la bourgeoisie.
‘* Avec une patience que la plupart des autres princes auraient
considérée comme dégradante, et rion sans un sentiment de plai-
“sir, 16 roi de France attendit qu’un de sé$ gardes du corps eût
satisfait te‘ vif appétit dont est toujours douée la jeunesse. On doit
néanmoins supposer que Quentin eut trop de bon sens et de.pru-
dence pour soumettre la patienc d'un soi à une trop longue
. CHAPITRE XF. “FH
ébreuve et, das de fét; ilexprimn : plus d'one fois l'intention
de mettre:fin: à son: repns avant que Louis conspntit: à le lui per-
mottre:
« Jele vois dans: ton œil, Jui dit il, ton courage n'est’ pas affaitii
demoitié. Be par Bieu et saint Benis!. retourne à la charge! Je te
disque jamais long repas: ni courte messe (et il: fit un signe de
croix) n'a nui à la besügne d’un chrétien: Prends.un verre de
-vhr, maté pourtant môfie-toi de El boûteille : c’estle défaut dotes
compatriotes, aussi hien que des Anglais, qui, à part ce mauvais
penchant, sont Les. meilleurs soldats qui: aient jamais endossé
“une armure. Allons, laveitoi promptement les mains ; n "oublie
pas de réciter” tes-graces ,. etsuis-mei. »
Quentin: obéit , et à.travers:des'passæges différents, mais non
moins croisés que ceux par lesquels:il avait déja passé , 4 suivit
: Louis jusque: dens là galerie dé Roland.
« Buviens-toi bien. » lui dit lo roi:d'an ton. impératif, «:que tu
#fas-jamais-quitté: ce poste... telle doït être ta réponse aux ques-
tions de tbn: oncle st # celles detes comarades.…. Et puis, écoute;
sflu que-tu ne perdes pas.la. mémoire ; je te donne. cette chatne
d'or (et lui jeta sur le bras une chaîne d'un grand.prix). Si jo‘ne :
porte pas-de-bijoux moi-même, ceux. à qui j'accorde ma eon-
flance ont toujours les meyens de rivaliser avoe qui que ce soit;
ais lorsaue:des.chalnes:de cette espèce ne suffisent :pas: pour
empéther la langue de se mouvoir trop librement, mon:cempère
FErnite:a une amulette pour la gorge quine manque jamais d'o-
‘Pérer une: euré: radicale. Maintenant, fais attention à ce que je
‘ vris te dire: Perscane, excepté Olivier et moi, n'entre lei ce |
soir ; mais des dames: y wiendront peut-être de l’ane.des extrémi-
ter des cette salle ; peut-être" de l’autre. peut-être des deux. Tu
‘peux léur répondre, si-elles fadressent la parole ; mais. ttendu
- qe tu-es placé: là comme factionnaire .‘ ta réponse: doit. être
varie, et tu. ne: dois ni leur adresser la parole à.ton tour, ni
Yengager dans: une conversation prolongée. Seutement, sois
attentié À" ce’ qu'elles : diront. Tes. oreilles aussi bien que. tes
*breusont à moi : je:C'ai acheté, cons et ame; par conséquent,
© que ti pourras: enterskre de lear conversation, il faudra:le
graver dans-ta mémoire jusqu'à ce que tu mo: l’aies rapporté ;:et
-Voublior:enveite. Et maintenant, touté réflexion fait, .Hryaudra
‘Mieux que:llente prenne pour uns recrue.6cossaise, tout'récem-
ment descandne des. montagnes, et-qui ne. connait pas ençore
Lu d QUENTIN HÜRW'ARD.
nétrelañgué trèscchrétionne. .…:E'est céla? de:serte que si l'on: tà
parle, tune peux -pas répondre, ce -qui :t'affranphira: de tont
embarras ét les engagera à parler sans s'inquiéter de ta présence,
Œu‘m'entends... Adieu. Sois prudent, ‘et tu'as. un amis. :
* Le’ roi eut 4 peine-prénoncé cés mots, qu'il:disparut derrière la
tapisserie ; laissant Quentin méditer sur ce.qu'il avait var et-enten-
du. ‘Le-jeund homme se’ trouva dans une de ces situations où il
est plus ‘agréable de régarder: en ayant.qu'en arrière; car; -lors-
qu'h venait à réfléchir qu'il avait été placé comme un-chasseur
ï, derrière-un: buisson , se tient à l’affêt d'un cerf, pour Ôter:la
vie:au noble comte de Crèvecœur., ilne voyait là rien de flatteur.
A la vérité, les mesures prises parle roi, .en cette occasion,
paraissaient ‘n'être que de pure précaution et défensives ; mais
savait-il s'il ne serait pas bientôt :commandé pour -quelque aote
offensif du même genre ? Il se trouverait alors dans une crise fort
dangereuse, puisqu'il était évident, d’après le caractère de.son
maître ; qu'il se perdrait vil refusait une obéissance passive,
4andi que l'honneur lui :criait qu’il y aurait crime et infamieà
Ækécuter de tels ordres. Il détourna ses pensées de: ce,sujet de
: réflexions , et se consola par l'idée si souvent adoptée par ja jez-
nèsse , ‘lorsque des dangers qui ne sont encore qu'en. perspegiive
se présentent à son esprit, qu'il sera temps de songer à ce qu’il
faudra faire quand le moment sera venu, et, qu'à shaque Jour suffit
sa peine 1. 4.
‘ Quentin g'abandonna d'autant plus facilement à à ‘cette réflexion
rassurante, que les derniers ordres du rei lui avaient fourni un
‘sujet propré à occuper son esprit de pensées plus agréables que
celles qui avaienit rapport à sa propre situation. : -
3’ La dâme'au luth était certainement une des dames sur lesquei-
-Jes devait se diriger son: attention, et'il se. promit-bien d'obéir
“fidèlement à-cette partie-des instructions que le roi venait de lui
donner, et d'écüuter avec le plas grand soin chaque mot qui pour-
- rait sortir de sés lèvres, afin-de savoir si la magie de sa converse
tion ‘égalait celle de sa musique, Mais ce fut avec ‘une: égale
sincérité qu'il jura en.lui-même de ne rapporter au roi aucune
- partie de ses discours qui pât lufi inspirer d'autres sentiments que
* des sentiments favorables.
* Cependant'il à’y avait pas de danger qu'i 's 'endoreatt de nou-
veau-à son poste. Chaque-soufile d’air-qui, se frayatit -un passage
4 AHusioù # ve passdge de PÉcriture : swficif caÿque diei militia sua, À. M. ‘
“OBARTSE XL- :: tes
àtravorsmna fométre-ourerta, faisait ondoyer: la vioillo.tapisserie ,
ressemblaë pour lui à Fapproche du bel objet deson-atttonte. En
un not, il épronvait.cetée anxiété myatériquse, cette impatience,
compagne de d'espérance, qui.sont inséparables de l’ausour et
quiquelquefois même contribuent si puissamnmentà le faire naître.
Enfi il entandit;ne,portecriar on roulant.sur ses gondé, car au
quinsièiie sibale:les portes, même dana les palais ; ne,s'onvraiemt
pes silencusement comme de nes.jours. Mais, hélas! çe ar’était
pasæælle que L'on: voyait à l'extrémité de la galarie d'où les sons
duriuth avaient frappé son oreïlle, Kiles’ouxrit eeppn dant , st une
femme parut : elle était suivie de. deux autres, à qui els fitsigne
de se tenir en:-déhors, tandis qu'ello-mêôme s'avança dans la gale-
rie. À sa démarche inégale, que. l'étendue de:ce vaste appaite-
mentésisait sontird'une manière. plusthoquante encore, Quentin
recormmut la princesse Jeenne, et, prenant aussitôt l'attitude
rospectueuse et.vigilante que:lui prescrivait son devoir, il inalina
son arme vers la terre loraqu'elle passa dlavant lui. Jeanne répon-
di à cosalut-militaire par- uns, gracieuse inclisation de tête ce qui
permit au jeune Écossais de voir sa figure: plus distinetement
-qu'it ne l'avait pu frire dans lamatinée. .
Les traits de cette infortunée, prinppsse ne, présentaient: que
bien peu de chose qui pt racheter les défauts de sa taille et de
seidémarehe. Sa: figure n'avait, à la vérité, rien de désagréshle
en elle-même, quoiqu'elle fût dénuée de beauté; et dans ses
grands:yeux bleus ; qu'ella fenait ordinairement. baissé, op re-
-marquait une expression de douceur, de chagrin et de patience.
Mais, ontre que son feint élait extrêmement pâle, sa peau avait
cette nuande jaunâtre qui.ndique une mauvaise santé habituelle ;
et bien-que.ses dents fussent blanches et régulièrement placées ,
ses lèvres étaient maigres’ et décolorées, Eke ayait una profusion
. de cheveux de: couleur gris de lin, mais tellement claire qu'on
auraitpu croirequ'ils avaient une teinte bleuâtre ; et.sa femma de
chambre ,-qui sans doute regardait comme un .ommemient, des
. tresëes aombreuspss disposéés autour d’un. visage décoloré , n’avait
. Suérs:ajouté à la beanté de sa maîtresse en les multipliant d'upe
-Manigre qui donuait. à sa physionomie une expression pour ainsi
dire étrangère à une personne de ce monde. Enfin , comme si elle
. eût voulu faire ressortir ce défant , .Jegnne avait fait.choix. d'une
robe au. simarre.de soie d’un'yert pâle, qui achevait de ie dopaer
J'aspect d’un fantôme sorti du sépulere.. .
PA QUENTIN SUNWARD.
Bendisque Queñtin stirait œtte.singulirosppariesweu de
+eux dues lesquels la civiosité se mélaitsà le :compasiurs, eur
chaque reged, chaque Mouvement. de: la -Dpviacusse sensbiuit
iéveitier ce dernier sentiment, deux donne entrant par l'autre
entrémité dé la galerie. : Ù
L'une d'ailes étaib larjoune persorme qui, diéismnt auar-caêres
tro, lai avait serv du: fruit, lors du mémamble déjeuner à
:Fniberge des’ Fleurs-de-Eis: Idvestie alors de:toute la mystérieuse
dignité qui appartenait à la mumphe as voite et:aux kuth. dt recon-
auéen outre, du moins das l'opinion de Quentin:, pos être.
“noble: héritière d’an riche comté, sa beauté. fit sur: let dim: fois
-ples d'impression que-lorsqu'il e/avait vu en elle:queia: Slle-d/an
-misérabls. auborgiste servant-un riche bourgebis. vibum at fas-
‘fasque: Il ne concevait pas quel enchantement avait: pu. ini'ce-
cher sh Yéritable rang. Néanmoinsson cosbamerétait à per près
aussi simple qu'auparavant ; car elle’ était en‘grand deinibet:ne
-portait aucun ordomerit ; sa coiffure ne conmstait qu'en'un wie
: crêpe:, rejeté en arrièré, de manière à lnisser son: visegerà «ié-
‘puveért.; el cene fut que lx connaisance qu'il: vanait d'aiquérir
de sa naissance réelle qui fit remeniquer à Questic:, dans an heko
Stuilte une élégance, dans su dévrarche-uae dignité qu'il n° avait
“pas aperçues'aupuiawant, of dans ses traits réguliers , danisson
terat brifant , dans #5 peus Pline da H feu , une: nolleesereaisen
rehaussait l'éctat. :
" Quand la mort aurail’ it en êtsé Je. chétiment, Durwerdinre-
“rat pu ne pas rendre: à cette beauté:, sinsi:qu'à sa eumpaqne. le
: même Hommage qu'il venait de payer à: la princesse rotale: Elles
46 reçurent en femmes accontumées aux marques da: déférentes
to la part de leurs inférieurs , et y répoudirent aves.cpurtoïise :
‘vus il S'imagina (peut être ne fut-Ce. qu'une vision de: jeune
‘homme:) que la jeune dame rougit un pew, tint ses yuunx heiosés ,
et sermbila éprouver un léger embarras on: répondant à s0rssuiut
-“Miltzire. Ceci ne pouvait étre occasioné que par lu-sourrenir: du
l-Séméraîre étranger qui habitait la tourelle: voisine de: la-siéune ,
"# l'auberge: des Fleurs-de-Lis. Mais cet emberras expritiaitil du
:_ mécontentémrent ? ceue question , it n'était pas à de la né-
sadre. :
1 La compagne de la jeune-comtesse, vêtus -CURS eus, dnapte-
: ent 6tow grand. deuil, était dans l'âge où lès femmestienment
le plus à la réputation d’ase beauté souutisu: dépais plusieurs au-
“:CRAPTERE JE. LL.
méss'à mm tite gtdudie. Ce qui Mi0p restaié agffisail ansore
pour prouver quefé avait dû: être antesfois la, paitsance de sas
<harmes:et,.s0.souvenent:de-5es trimphes paada,:il était éviè-
dent qu'élism'avaittpas ahendauné-ses pitentions à de nouvelle
conquêtes. Elle était grande, remplie degnèces., quoique aysnt
Fair un peu:bautain ‘et slle rendit;à Qnentin son:salut ayes un
sou de cosdessandancé ; l'inatant - d' ds, 6e dé quoiques
rheta:àd'andlie: de Ba campagne, qui 35. tourna “vers le joune aol-
-det;comitne pair vérilier quelque nernarque qui venait de fai éup
- féte, et:à laquelle: elle'réponiit sans lower les yeux. Quentèn ne
-puts'èmpécher de sompçonner:que Fobservatian faiée à. la jeune
same. n'était utilement défavarahle ponr ln, et à éprouva, je me
sais pourquoi un certain plaisis à panses qu'elle s'était gardée de
Jever:los:yeux:pour juger de sm justesse. Hi pensa proheblament |
-qu'iboommentaes déjè à s'établir entre eus quelque: TAPPORD SAN
. qui donnait de l'inepsrtancd à la mpingra.hagatells. - . :
. Cette réflexion nal'eccume qu'en morent;. cat l'entrevus do Ja
- princesss et des:doux dames étrangères ahserba bianiôt toute son
1sttention. En les voyant entrer, Jeanne s'éjait arrêtée pour des
: iendes, peut-£tre passe :qu'elle:avait ia conviction que la. mar-
“ehenèiluréteit pan favorable: et, comme elle paraissait éprosver
riquetgée emsbarres on récuvant où en ieur rendant leurs réyénen-
688, laptusâgéodes deux étrangères. ignorant le rang ds la per-.
suano à laduelle‘elle s'adressait, ne se :fit aucan scruptle-de lai
rendre salut d'un ir qui laissait voir ‘qu'elle cooymitimre plus
- d'honneur qu'ellw ren recevait. 11.
« Je suis enchantée, madame , » hui dit-elleravee we sourire de |
condesenudanes ot d'enscuragiment, «qu'il nous soi enfin pet-
- aus de jouir de la sotiété d'une perssnec de netre sexie aussi res-
:.Braotalle que vous k© pamissez. Il faut convenir quesma midga. pt
moinvas: avons eu bien pou de motifs:de. nous leuer de l'hospite-
- Hité du ro Louis. Laisses-moi, me mes, ne-me:tiser.pas par la
- Mancheyje suis sûre que je lis dans: les regauds de. cotte. jeuge
denbiselle snmpathie qu'elle éprouve pournotre situation, De-
puisnetio-srvivés ici. noble dame, tous n'evens guère élé mieux
. traitées que Conmsie des prisonnières ; et après. noùs.a véir énit malle
invitetiors de prttre netre cause et n08 persenhsssous le praûte-
. tion de lt France, lerei tsès-cirrétiet no: metts a.d'abord, danké
-pôer résibente qu'une atisésable auberge, et mainionant, des
00 thélssiu:versmonuls , ga ebinobseurd'eù & ne nons est pesinis
2m QUENTIN DURWARD. |
de sertir fartivement que vers. le eontheé: du sokék ; comme ai
nousétions des chauves-souris où.déschouettes.:dont l'apparition
eu grand jour:doit être reganlée comme-un mauvais présage.
Jo suis fâchée , » répoñdit la princbsse:d’unc:voié mal:assurée,
ear cette entrevue prenait une tournure assez embdrrassante:: «je
suis fâchée que nous n’ayons pu jusqu'ioi vous recevoir suivant
‘votre mérite. Votre nièce. j'én ai Fespuir,'est plus satisfaite. —
Beaueoup. beaucoup plus que. je ne saurais l’exprimer, répondit
la jeune comtesse. Je.ne cherchais qu’un.abri sér, et j'ai trouvé
de plus solitude et secret. L'obscurité de:notre précédente:rési-
dence , la solitude plas graude encore deelle qui nous est main-
tenant assignée, augmentent à mes yeux te prix de lx protestion
que le roi'a accordée à d'infortünées fugitives; —Taisez-veus,
a nièce ; vous parlez peu sagement, reprit la plus âgée des deux
dames. Parlons d’après notre. eénscience, puisque: enfin ripus
sommes seules avec une personne de notre :sexe..Je: dis seules,
car-ce jeune soldat n'est en réalité qu’une belle. statné , puisqu'il
__ Re paraît avoir ni l'usage de'ses membres, ni, si jei bien compris
ee que l’on m'en-a dit, lui de sa langue , du mojes pour garler
an langage -civilisé:. Ainsi: donc, puisqu'il. n'ya ici .que :ertte
darho qui puisse nous entendre, je dirai querje noiregricéte rien
tant que ce voyage. en Erance? Je m'attendais à ne réeaption
spleridide, à des tourness à des:carrausels , ‘à des fétes pompeu-
ses, et'je:n'ai trouvé: que réclusion et obtcurité.:Ea meilleure
-société que le rai nops ait donnée a, été celle d'in .vegabond. de
Bohémien, par l'entremise duquel il nous à:engigées à C<oxres-
pondre avec nos amis de Flandre... Peut-ôtre :salpnlitique a-t-elle
formé.le projet de nous tenir enfarméesicijusqu'à potre dernier
soupir; : afin de pouvoir s'emparer: de nos domaines, lors de EL
tinction de l'ancienne; maison de Croye: Le due: de Bourgogne
s'était pas aussi cruel; car:il offrait à ma-nidoedeis-manier, bien
que ce. fût: à un assez mauvais mari."—J'aurhis-cru le voile pré-
férable à un mauvais mari, » dit la princesse. trouvant. difficile-
ment l’occasion de placer un mot dans:la donpersation. -— IL fau-
_ drait au moins avoir. la liberté du Choix ,'». repnit-la dame: awpe
une grande :volubilité. « Dieu:sait.que. c'est dans l'intéréé de. ma
mièce que je parle ; quant à moi, il y a lông-termpa qie:j'ai renoncé
dttoute idée de changer de condition: Je.vous:vois sourirs; maa-
dame ; mais, sur mon-honneur, c'est la vérité... -etcépendant. ce
est pas un:meÿena d'excuse pour le noi, que saconduite et son
éxtériaur astimilkeut plutôt a vieux-Michaud, chengeur demon,
naies à Gand, qu'au successeur de Gberlemagne. — Arrôtez, dit
la poacegse ; m'aubliez: pes-qne vous ‘parlez de nion père.-— De
votre père ! »rôpliqua:là dame bourguignénne dans le plus grande
surprise. —:« Démon père ; »-répéta la prmçpesse :avec dignité;
«Je suis. Jeanne de France: Mais ne craignez rien:, madame.,;u
-sjoutastrelle avec cet :aerent de: -dduceur qui lui était naturel:
s:vous nlaviez: pos dessein de m’offenser ;, et je ne.m/offense peint,
Disposez de mon influence pour rendre votre-exiket celui de-cette :
intéressante persons moins rigouroux. Hélas! ce que.je puis.faire
est hieñ peu de chose. mais je vous l'offre de.bon cœur. ». : ,
. Ce-fut avec soumission et un profond respect que la comtesse
Hameline de Croye (c'était Le nom dela plus âgée. des deux étran-
gères) reçut l'offre pleine d’obligeance.de la protection de-la prin-
cesse. Elie avait long-temps demeuré dans les cours, elle -cannais-
sait parfaitement las belles manières que l'on y acquiert. et tenait
fortement à la règle établie chez les courtisansde tous les siècles,
qui, bien que leurs conversations particulières roulent ordinaire
ment sur.les vices et:les-folies de leurs maîtres, dont ils se plai-
gnent d'ôtre négligés, eux.et leurs':intérêts, ont bien soin .de ne
proféser. jimais de parpiles plaintesen présence du monarque êu
d'aucun membre de:se: famille... La dame fut donc aecablée.de la
plas grandé confusion lorsqu'elle vit l’errenr dans daquelle elle
était témbée en parlant d'uge manière aussi inconvenante devant
la fie de Louis. Elle se serait épuisée en marques de regret:et en
excuses muitipliées, si.elle n’eût été mterrompue.et rendue à la
tranduillité par la princesse, qui da pria avec le ton de voix le
plos doux, ee qui:tautefois; de la part d’uno fille de France, 6qui-
valait à un ordre; à ne rien ajouter de plus, ui per forme d'excuss,
ni par formé d'explication. :
… La princesse. Jeanne prit alors un siége avec. un air de dignité
conveiahle, etobligea les deux étrangères à s'asseoir l’une à. sa
droite, l’autre à sa. gauche, ce que la plus jeune fit avec une ti-
midité naïve et respeetueuse, et la plus âgée avec une affectation
d’humilité:et de’profond respect qui laissait douter de. ce double
sentiment. Elles s’entretinrent ensemble, mais d’un ton si bas,
que Quentin ne put rien entendre ; il observa seulement que la
princesse témoignait beaucoup d’égards à la plus jeune , à la plus
intéressante des deux dames, et que la comtesse Hameline, quoi- .
qu’elle parlât bien davantage, attirait- beaucoup moins l'attention
tr QUENTIN 'DURWARD.
de Ferame par son obééquibuss voisine, que sh parents par-ses
réponses courtes et modostés. ‘ |
(Cette conversation n'avait ces doré on quart d'heure; tormgue la
porte dé l'extrémité inférieure de la'salle s'ouvrit:tout d'un coup,
et l’on vit entrer un homme énveloppé d'un-mantoau--Se ruppe-
rat:la consigne du roi, et déterminé: à ne pas enconrir'une se-
cende fois le reproche d'avoir manqué de vigilance, Quentin s:'s-
vanca aussitôt vers cet intrus, 'etse plaçant eritre dui'et tes dans,
te somma de se retirer à l'instant.
“-« Par quel ordre? » demanda l'étranger d'un:ton: de surprise
mêlé de dédaïh. — « Par celui du rot, » ‘réponthit Quentin: ave
férmeté, « et je suis placé ici pour le faire exécuter,
phoyet la foree. — Non pas contre Louis d'Ofléens ; » dit le dub
en laissant tomber son manteau.
- Le jetine homme hésita un moment; mais comiment-crééonter
rigoureusemerit sa consigne envers le preitnier prisce du sang, qui
allait biéntôt, ainsi que le bruit en était généralement répondu : ,
s'éllier à la fille du roi !
* « La’ volonté de Votre Aïîtesse, dit-il -estitrop réspectaie pour
que je puisse m’y opposer. J’espère que Votre Altesse daignest
rendre témoignage que j'ai rempli-avec aèle mon devoir, autent
du moins qu'élleime l'a permis. -— "Allez, jeune honune,. ls biâme
fe tobéra point sur vous, «dit le duc, qui, continuant d’areneer,
vint présenter ses hommages à la princesse, avec cet air dé 5on.
trainte qu’il avait toujours quand fliui adnossait la parois} évait
‘Aîné avec Dunéis, dft-il, et apprenant qu'il y avait société densia
galerie de Roland ; il avait osé prendre la äberté de l'y joindre. -
La rougeur qui vint colorer les joues pâles de la malheureuse
Jeanne, et qui pour lé moment répandit une teinte de beauté sur
ses traits, prouva que ce surcroît à la coMmpagisie ne li était rien
moins qu'’indifférent. Elle s’empressa de présenter le ‘prinae aux
deux dames de Croye, qui l'accueillirent avec le'respeet dé à son
rang : et la princesse, lui indiquant an-siége, l'engagea à prendre
part à la conversation.
© Le duc refusa de se prévaloir de la permission qui lui était a0-
cordée de prendre un siége en pareille compagnie ; mais prenant
le coussin d’un des canapés, il le posa aux pieds de La jeume et
belle comtesse de Croye, et s’y assit de manière que, sans paraître
négliger la princesse, il pouvait donner à sa charmante voisine la
plus grande partie de son attention.
:-CHAPETRE XL 40.
- Blabord:sctte disposition parut plutôt agréable qu'cffensante à
la princesse. Elle encouragea le ducà débiter des galanteries à la
bekleétrangèré, etsembla des regarder <ommeautant de comp
ments faits à oëe-même. Mais de due d'Orléans, quoique acocu--
taméà soumettre son esprit au jougaust ère de:son onele lorsqu'il
était en sa présence, avait assez du aatprel d'un prince pour sui
vre ses propres lachnations dès qu'il était dékivré de cette con
trainte; et comme sôn rang élevé lui donnait le droit de mattre de
côté le vérémonial ordinaire et de prendre ie ton .de la farniliarité ,
les louanges qu’äl doaua à la beauté.de la comtesse Lssbelie devin-
reut:si énsrgiques.et se suceédèrent avec une tells tiberté, peut
être parce qu'il avait bu on peu plus de ris qu'à l'ordinaire (cer
Bunoisn'était pas ennemi du culte de Bacchus), qu'à Le fin:il se
montra presque passionné, et que peu à peu äl parut oublier lapré-
sonce de la princesse. .
Leton de galanterie auquel ü selivrait n'était agréable qu’à une
des dames qui composaient te cercle ; car la comtesse Hameline
entrevoyait déjà dans l'avenir ne alliance avec le premier prince
du sang : en effet, la naissance, la beauté.et les domaines considé-
rebles de sa nièce pouvaient readre plausible cœt ambitieux projet
aux yeux de gmioonque n'aurait pas fast entrer les vuesde Louis XI.
daus le calcul. des chances. La jeune comtesse écoutait les galan-
tariss du due avoe embarras et contrainte, et jetait de temps.en
temps un regard supplient ser la prinessse, comme pour la prier.
de vemyir à.s0n seconrs ; mais la sensibilité blessée ot la tanidité de
Jeannp de France la rendaient incapable de touteffort pour rendre
la eonversetion plus générale, si bien qu'enfin, à l'exception de
quelques mots de civiité de.la part dela cemtesse Hamsline, elle
fut sontenue presque exclusivement par le duc lui-même, quoi-
qu'aux .dépens de la jeune Isabelle, dont ia beauté devenait le su-
jet mtarissable de son éloquencs.
.Je-ne dois pas non plus oublier de dire quil y avait là une autre
personne, le factionnaire, auquel on ne faisait pas attention, qui
voyait ses belles visions s’évanouir, comme la cire se fond au s0-
Jeil, à mesare que ke duc paraissait mettre plus de chaleur dansses
discours passionnés. Enfin, la eomtesse Isabelle de Croye se décida
de faire un eflort pour eouper eourt à une conversation qui lui de-
venait exirûmement désagréable, surtont à cause de l'état pénible
Auquel-la conduite du duc paraissait réduire la princesse.
S’adressant donc à cette dexnière, elle lui dit d’un air modeste ,
«es QUENTIN SR ARD.
mais avec un æertain degré de furmeté, que la premiète faveur
qu’elle avait à réclamer de Ia protection que: Son AKesse avait
daigné lui promettre, c'était qu'elle voulût bien chercher à con-
vainore le duc d'Orléans que les dames de Bourgogne, qüoique
inférieures en esprit et en grâces aux dames de France, n'étaient
cependant pas assez sottes pour ne:prendre plaisir à d'autres con-
“versations qu'à celles qui ne consistaient qu'en compliments ex-
travagauls.
, «Je suis fâché, madause, it le duc prenant la parole avant que
la princesse pût répondre, «que vous fassiez tout à la fois la critique
de la beauté des dames de Bourgogne et de la sincérité des cheva-
liers de France. Si nous sommies prompts ét extravagants dans
l'expression de notre admiration, c’est parce que nous aimons
comme nous combattons, sans permettre à la froide délibération
d'approcher de nos cœurs ; et nous nous rendons à la beauté avec
la même promptitude que nous triomphons de la valeur. — La
beauté dé nos coneitoyennes, » répondit la jeune comtesse avec
plus de ‘fierté qu'elle n’avait encore. osé ‘en montrer à son noble
adülateur, «est peu jälouse de pateils triomphès, et la valeur de
nos chevaliers serait incapable de céder. — Je respecte votre pa-
triotisme , comtesse , répliqua le duc, et je ne contestèrai pas la
dernière partie de vatre proposition, jusqu'à ce qu’un chevalier
‘bourguignon se. présente pour la soutenir, la lance en arrêt. Mais
quant à l’injure que-vous faites aux beautés qui ont pris:naissance
dans votre pays, j'en appelle à vous-même. Regardea-là, » ajouta-
t-il en lui montrant une grande glace, présent de la réplique de
Venise, et qui était alors un objet d'une grande rareté et d’une
grande valeur, «et dites-moi quel est le cœur qui pourrait résister
aux charmes qu’elle réfléchit.» :
-:La princesse, incapable de soutenir plus long-temps un pareil
oubli de la part de celui qui devait devenir son époux, tomb ren-
versée sur son fauteuil, poussant un soupir "qui rappéla aussitôt
le duc du pays des romans ; et qui engagea lady Hameline à de-
mander à Son Altesse si elle se sentait indisposée. :
. «J'ai éprouvé une douleur subite à la tête, » répondit la princesse
en essayant de sourire; «mais je serai mieux tout à l'heure.»
Sa pâleur croissante démentait ses paroles, et la comtesse Ha-
meline se mit à appeler au secours, car la princesse était près de
s'évanouir.
Le düc, se mordant les lèvres, et maudissant sa folie qui l'empê-
SU Se RE RS
qhait-de rheitre un frein à sa lañgue; conrtit appeler les dames de
la princesse, qui se tenaient dans l'appartement voisin ; et. pan
_ dant qu’elles s ’empresseient d’administrer à leur maîtresse les se
cours réclamés par la circonstance, il ne put se dispenser, comme |
le lui prescrivait ladevoir d’un loyal <hevälier, d'aider à le soute-
tenir et à lui rendre l'usage de ses sens. Sa voix, devenue presque
tendre par la pitié qu’il éprouvait et paï les reproches qu'il se fais
sait, fut plus eflicace qu'aucun des moyens employés ; et, au mo-
ment.même où J sanne-reprenait connaissanoe 9 le roi entra dans
h galerie: . ._
“CHAPITRE XIL ©
LE POLITIQUE.
tas ts Cent ur orûteur tellement habite en politique, qué
{un ! « s , sans vouloir rien diminuer de la ruse de Satan, il pour:
Der rait fort bien donner dos leçons au diable, et enseigner.
‘* vi. aù viéutx séducteur de nouvelles téntationss ‘|
Dan ns te, . : ù Ancienne comédie.
‘En entrant dans la galerie, Lonis fconça les sourcils de la ra
nière que nous avons déjà décrite. comme Jui étant particulière, |
et jeta, soùs leur sombre. épaisseur, un regard pénétrant sur tout
ce qui l’entourait. Ses yeux, comme Quentin le dit depuis, paru-
rent devenir si petits, si vifs et si perçants, qu’ils ressemblaient à
ceux d’une couleuvre qui, réveillée tout à coup, regarde à trâvers
la touffe de bruyère sous laquelle elle a replié sès anneaux.
Lorsque, par. ce coup d'œil rapide et pénétrant, le roi eut re- |
connu la cause du tumulte qui régnait dans l'appartement, il s’a-
dressa d'abord au duc d'Orléans. -
“Vous ici, bean cousin?» s 'écria-t-il.. Puis, se tournant vers
Quéatin, ilajouta d’un ton sévère : N’aviéz-vous pas reçu l'ordre?
— Pardonnez à ce jeune homme, Sire, interrompit le duc ; il n’a
point négligé son devoir, mais j'avais appris que H princesse était
dans cette galerie. —* El sans doute vous n'avez pas voulu que
rien vous empêchât de venir lui faire votre cour, » ajouta le roi,
dont la détestable hypocrisie persistait à représenter le duc comme
partageant une passion qui n’existait que dans le cœur de sa mal-
heureuse fille, «Et c’est ainsi que vous débauchoz les sontnelles
. QUÉNTIN DURWARD,
tes L QUENTIN DURWARD.
à ina garde? Mais que n'excnse-t-on pas dns en galant chovaliar
qui ne vit que par amour? #.
- Le duc d'Orléans leva la tête, comme s il se disposait àrépondre
de manière à détruire l'opinion qu’exprimaient Îles parolkes-da roi;
mais le respect d’instinct (pour né pas dire la crainte) qu'il éprou-
vait pour Louis et dans lèquel iLayait été élevé depais son eñfance
eachaîna sa voix:
«Et Jeanne a été indisposée ? ‘dit le roi : wnis ne vous chagrinei
pes, Louis; ceja sera bientôt passé : donnez-lui le bras pour la
conduire. à son appartement, pendant: que j ‘accompagnera ces
nobles étrangères jusqu’au leur.» .
Cette invitation fut faite d’un fon qui équivalait à à un ordre : le
duc sortit donc avec la princesse par une des extrémités de la ga-
. lerie, pendant que leroi, ayant Ôté le gant de sa main droite, con-
duisait courtoisement la comtesse Isabelle et sa parente à leur
appartement, situé à l'extrémité opposée. It les salua profondé-
ment lorsqu'elles y entrèrent, resta'eariron une minute devant la
porte lorsqu'elles eurent disparu; puis, avec.un grand sang-froid,
il La ferma, fit ün double tour, retira de Le serrure l'énorme cléf,
et la passa dans sa ceinture, partie de ses vêtements qui le faisait
parfaitement ressemblér à un vieil avare qui ne saurait respirer
Hbrement s’il ne porte sur lui la clef de son eoffré-fort.
-‘ D'un’pas lent, d’un air pensif, et les yeux tournés vers 1x terre,
Louis $'avança alors vers Durwatd, qui, s'attendant à strhfr sa part
dü mécontentement du toi, ne le vit pas S ‘approcher sans épros-
ver un sentiment d'inquiétude."
* «Fu as mal agi, » dit le roi en levant les yeux ét les fixant vi-
vement sur Quentin Jorsqu’il fut à quelques pas de lui; « tu as
hôrriblement mal agi , et tu mérites là mort. Ne dis pas un mot
pour ta défense !... Devais-t tinquiéter de dues etde princes-
ses ?.. , devais-tu penser à autre;chose qu'à exécutèr mes ordres?
| = âvec Ja perrnission de Votre Majesté, dit le jeune soldat , que
pouvais-je faire ?—Ce que tu pouvais'faire , lorsqu’on forçait ton
poste ? * répondit le roi d'un ton de mépris. « À quoi sert cette
arme que tu portes appüyée À ton: épaule ? I1 fallait la diriger
contre le présomptueux rebelle, et s’il ne se retirait pas à l'instant,
l'étendre mort , sur le seuil même de la porte. Retire-toi… dans
Fappartement voisin tu trouveras‘un grand escalier qui conduit
dans la cour intérieure ; là tu trouveras Olivier le Dain : envoie-le
moi, > Puis rentre dans ta caserne. Si tu fais quelque cas de la vie,
= - LD “nt —— — =— —— — _
| drrée xif : : tas
ie 6 bas nussf prompt à te servir déta Yangue que t'as étélent
aujourd'hui à faire usage detonbras. » h
Pléih de joie que cette affhiré n'ait pas pour lui d'aûtrés suites;
mais révolté aa Yond du cœur contre la profonde cruauté que 18
ri paratssait exiger de lui dans l'exécution de ses devüirs, Queñ-
fin saivit Ja route qui lui avaît été tracée, descerrdit l'escalier avec :
promiptitude, et cofnmunîqua à Olivier, qui attendait dans la cour,
les ordres que.lii avait donnés le roi. Le rusé barbier s ’inclina,
éoupira et soürit , tandis que d’une voix plus douce qu'à l'ordi-
taire il souhaitait le bonsoir au jeune homme ; et ils se séparèrent,
Quentih pour retourner à Sa: caserne , et Olivier pour se rendre -
auprès de Louis. |
* Xei, les‘niémoites qui nous’ ont priticipalement servi de guidé
dans k rédaction de cétté véritable histoire, se trouvent malheu-
feuserent incomplets ; car comme ïls se composent eh majeure
pürtie des renseigtiemerits fournis pat Quentif , il né s’y trouve
Hen dé retatif au ‘dialogue qui'eut lieu , en son âbsence , entré lé
foi êt son conselitèr ptivé. réürebserfient \a bibliothèque de Haut--
Lieë tôntenait un exemplaire mänuscrit de fa Chronique scanda-
Buse de Jean: de Troyes, béaucoup plus détaillé que celui qüi a
été fniprimé, et atqtiél ônt été ajoutées plusieurs notes précieuses
due nous sonimies porté à croiré avoit & è écrites par Olivier Jui-
iéthe aprés 14 tort dé son maître, et avant qu’il ait eu le bonhéur
d'étre récompensé par le gibet, récompense si bien et depuis si
lâtitenps méritée. C'est de cé manuscrit que nous avons été à
fnème d'extraire un récit très- détaillé de son entretien àvec Louis.
eh cette cireonstance , entretién qi va jeter sur la politique de
de Münatque une lumiére que nous aurions vainement cherchéé
afieute: : ;
Lorsque le serviteur favori eriträ j dans CU galerie de Roland , it
trouva le-roi aséis d'in’ air pensif sur le siége que sa fille avait
quitté quelqués minutes auparavant. Contiaissant parfaitement le
carattère dé Louis, À s'avança de ce pas léger qui lui était ordi-
naire, jusqu’à ce qu'il fât tout juste placé sur la’ligne du rayon
vishel dt roi, de manière à lui faire connaître qu’it était présent ;
après quoi il se retira modestement en arrière et loin des regards
de son maître, attendant qu ‘il Jui donnât l’ordre de parler ou
d'écouter. Les premières paroles du monarque ne furent rien
moins qu’agréables à l’oreille du souple courtisan. |
« Eh bien 1 Olivier, tes beaux plans disparaissent comme Ja
484 | QUENTIN DURWARD.
peige au souflle du vent du süd. Prions Notre-Dame d'Emmbrun
qu'ils ne ressemblent pas à ces monceaux de glace dont les paysans
suisses content tant d'histoires, et qu’ils ne se précipitent pas sur
nos têtes !— J'ai appris avet regret que tout ne va pas bien , Sire,
répondit Olivier.—Ne va pas bien! » s’écria le roi sel levant et par-
çourant la galerie à pas précipités : « tout va mal, j je te dis; et à
peu près aussi mal qu’il soit possible d'aller. Et voilà à quoi ont
abouti tes. précieux et romanesques avis! Moi, homme le moins
propre de tous à remplir un tel rôle,-me déclarer le protecteur da
damoiselles affligées ! Je te dis que la Bourgogne arme et qu’elle
est à la veille de conclure uneaälliance avec l'Angleterre. Édouard,
qui a chez lui tant de bras inoccupés , va:nous faire pleuvoir deg
milliers d'hommes par cette maudite parte de Calais. Pris séparé-
ment, je pourrais les cajoler, où les défier ; mais réunis. réunis.
et avec cela le mécontentement et la perfidie de ce misérable de
Saint-Pol!. 1, 0est ta faute, Olivier; c’est toi qui m'as conseillé
de recevoir ces femmes, et d'employer cét indigne Bohèmien pour
porter des messages à leurs vassaux. —Sire, dit Olivier, vous con-
Daissez mes motifs: Les terres de la comtesse. sont situées entre
les frontières de la Bourgogne et de la Flandre : _80n château est
presque inexpugnable ; ses dioits sur les, domaines voisins sont
tels que, s'ils étaient bien sontenus, il ne pourrait.en résulter que
| beaucoup d’embarras pour à Bourgogne, si la dame avait. pour
époux un homme bien disposé pour la France. —C si... oui, c’est.
une amorce bien séduisante ; mais si tous avions pu cacher qu’elle
était ici, il nous aurait.été possible d’arranger un mariage de ce
genre pour cette opulente héritière... Mais ce maudit Bohémien,,
comment as-tu pu-me recommander un pareil chien de païën pour
une mission qui était une affaire de commerce ?—Que Votre Ma-
jesté veuille bien se rappeler que ce fut elle-même qüi lui accorda
une trop grande confiance, beaucoup plus grande que je n'aurais
voulu. Ïl aurait porté fidélément uhe lettre de la comtesse à son
parent, pour lui dire de tenif bon dans son château et lui pro-
mettre un prompt secours; mais Votre Majesté a voulu faire l’ex-
périence de sa science prophétique, et l’a mis ainsi en possession
de secrets qui valaient la peine d’être trahis. —J'en suis honteux,
Olivier; ÿ j'en suis honteux. Cependant, on dit que ces païens tirent
leur origine des sages Chaldéens, qui lisaient les mystères des as-
tres dans les plaines de Shinar 1. »
4 En Mésopotamie ou Chaldéo. On écrit plus communément -Sennar, À. M.
= = = ‘+ Lt 7 —
-- — + —— 7 — we <> ver. CZ ve | Lt er LL Æ- 7 en
0
CHAPITRE xt. : {gi
- Sachant fort bien ‘que son maître, malgré Toute : sa finèsse et
toute sa sagacité , était d'autant plus enclin à se laisser tronper
par les prophètes, Les astrologues, les devins et toute ‘cette race
de prétendus adeptes, qu il croyait avoir lui-même quelques con*
naissances dans cetie science’, Olivier n’osa pas insister davan.-.
. fage sur ce point, et se cantenta d'observer que le Bohémien avait.
été un mauvais prophète en ce qui le touchait pérsonnellement ;
car'autrement il se serait bien gardé de retourner à Tours, et au-
rait ainsi échappé. ‘à la corde qu'il avait méritée.
« {1 arrive souvent que ceux qui ont reçu d’en haut la science
prophétiqüe , » répondit Louis avec beaucoup de gravité, « n’ont
pas la faculté de prévoir les événements dans lèsquels ils se trot :
venteux-mêmes personnellement intéressés. — Avec la permission
de Votre Majesté, répliqua le confident, c'est eommie si l’on disait
qu’uti hofmne ne peutvoir sä propre main, au moyen de la chan-
dellé qa ‘iltiént et qui lui moïtre tous'les autres objets de l'ap-
partement. La lumière qui jui montre le visage des ‘autres ne
peut lui montrer ses propres traits, et c’est là l'explication là plus
chire de ee que j'ai avancé. Mais tout ceci est étranger à l'objet
qui n° oecupe énce momént. Le Bohémien a reçu'sa récompense;
qué:la pañx soit avec lui! Mais ces dames... Non seulement le
Boürgutenon nous menace. d’une guerre parce qué nous leur
avons donné asile: fnais leur présence ici va probablement con-
trarier mes projts relatifs à ma propre famille. Mon cousin d’Or-
éans , le pauvre garçon ! a vu la demoiselle, et je prédis « que cette
vue le renüra moins souple “relativement à son mariage avec
Jeanne. — Votre Majesté peut renvoyer les dames de Croye en
Bourgoëne , et par ce moyen faire sa paix avec le duc. Quelques
marmures s’éléveront peut-être, on dira que l'honneur est sacri-
fé. mais si la nécessité commande ce sacrifice. —Si ce sacrifice
était commandé par l'intérêt , Olivier, je le ferais sans hésiter.
Je suis un'vieux saumon : j'ai dé Texpérience, et je ne süis pas
assez simple pour avaler ‘Thamecon du pêcheur parce qu'it est
garni de cette amorce qu’on nomme l'honneur: Mais ce qui est
pire qu’ ’un manque d'hontfeur , c’est que , en rendant ces dames
au duc de Bourgogne, nous perdrions toutes les espérances des
avantages que nous avions en vue en leur accordant un asile." Ce
serait un chagrin mortel que de renoncer à placer un ami à nous,
un enr'enii du duc dé Bourgogne, au centre même de ses domaines,
et si près des villes mécontentes de la Flandre. Olivier, je ne sau-
"«
JP —— QUES HATRVRARD.
Fais renoncer aux Évantages quasemble nous-ppéspeter noire pro-
jet de fvarier lg demoise]lp à un ami de natre maison.— Yotre Ma
jesté, » dit Olivier après un moment de réflexion, »pourraï a0+
corder sa main à un ani digne d’étre investi da.sa coufsnpe, qui
"se chargèrait de tout le blâme, &t qui vois servirait en-socrel
fandis qu'en publié vous pourriez le désavouer.—EÆt où trouverei- .
je.un tel ami ? Si je venais à la. danner à quelqu'un de. pos nobles
mutirs et si dificiles à à gouvernér, ne serait.ce. pas Le rende inr
dépendant? Et ma politique n’a-t-elle pas eu pour but, depuis bien
fes années, d'empêcher qu'ils ne le devinssent?…., Dimals , ilest
vrai... fui, oui, Jui seul, serait peut-être digne de ma-confisnce;
it caipbattrait po la couronne de France, dans quelque situer
tion qu’il se trouvât placé. Mais les honneurs et les richesses
<hangent le caractère des hommes... Je neveyx passe fiermémx
à Dunais.—Votre Majésté, peut eù trouver d'autres, »reprit Oli-
-Vier avec un air plus doucereux et d'un ton plus inshinant que
celui qu'il prenait d'ordinaire eùcanversant avec’ le roi, qi lui
accordait beauçoup de liberté ; « yous pourriez trouver x hpzame
dépeadant entièrement de vos bonnes grâces et de vatre.favour,
et qui ne pourrait pas plus exiséer sans votre protection que privé
de le donçe influence de l'air ou du soleil. . un homme. de tête plu
tôt que d'exécution. : un homme qui..*- Un homme qui te rea-
_Semble ,-n’est-ce pas? Non, Olivier; sur ma foi! cette flèche a
été lancée ua peu i considérément. Quoi! parce que je veux-bien
- accorder quelque confiance , et que par manière de récompense
je te laisse de temps en temps tapdre d'un peu près la tête dé mes
guiets , tu crois que cela te donne le droit d’aspirer à devanix l’é-
“poux de cette beauté inerveilleuse, çf an comte de première chasse
par-dessus le marché? Toi! toi, dis-je, d'une naissance basse,
d’une éducation plas basse encore, dont toute la science n’est
guère qu'une espèce d'astuce, et dont le courage est-plus que
douteux.—Vatre Majesté m'eccuse d'une présomption don je ne
#uia point coupahle.—Je suis charmié que tu. t'en défandes ; &$ ce
désaveu d’une pareille rêverie me donne meilleure vpinion de ton:
jugement. Il me semble cependant que ten discours tepdait.sipr
gulièrement.à faire vibrer cette corde... Mais, pour.en revenir à
mon affaire... je n'ose marier cette j jeune beauté à aucun de.es
sujets. je n'ose la renvoyer au duc de Bourgogne. je n'ose la
faire passer ni en Angleterre ni en Allemagne, où il est probable
qu'elle deviondkait, la proie d'un homme. qui serait.plus porté à.
<a OO MO SO DO DOS DO OO
- CHAPITRE #2
s'unir à Je Bourgngrio-qu'kis Franee, et plus dinposé à déconraget
lés boanôtes mécpnients de Gand st de Liége, qu'à leur accertler
sm appüi suffisant pour donner ceatinuellement de l'occupation
à ja veleur.de Charles:le Téméraire sais Je forcer à sortir de ses
Étsts. Ils étaient si bieh préparés pour une ipsurrechon, les Li
sois surtout. que ces deraiers à eux.seuls, bien excités.et bien
sontenus, occuperaientinan beau cousin pendant plus d’an'an:.…
que me feraient-ils. donc: pas s'ils étaient ‘appuyés par-un belle
queux cgmte de Croye..… Non: Olivier: ve plan donne-detrop .
balles espéraices poûr que nouë.y renonçions sans faire quelque
tentative... Tos cerreai fertile ne saurait-il te fournir aucun
sxpédient 2e. | ru ,
“Après un Jong silence, Olivier. répondit | si
, « Si Von pouvait lire réussir ux mariagé entre Isabelle de
Groyeet le jeuve Adolphe; due de Guekdres? — Quoi « s’écria ke
soi d'uh sir d’'étonnemeht; « la sacrifiér, une créature si ajmable:!
un misérable, à un farcené qui'a déposé, emprisohné ef menñeé
plusieurs fais d'assassmer son propre père! Non, Olivier, non; ce
poraït-moutrer. trop de cruauté, mêine pour vous et pour EOi, {Hi
anarchons d’un pas assuké. vers notre. noble but. la paix et le hong
hour de-la Franoe, at qui-nous inqüiébans si pen dés moyens par
desquels nous esmyons d'y. parvenix. D'ailleurs, le duc-est trop
ébbigné de nous; ilest détesté des habitants de Gand etde Liége…
‘Non, non. je np veux point d’Adolphe-de Gueldreë, Penseè
quelque autre Mon imaginative est épuisée, Sire; je ge trouve
aucun personnage qui, -comme mari de ka comtesse de Croye, me
parasse pouvoir répondre'aux vuss-de Vôtre Majesté. I faut.qu'il
associe tant de qualités diverses !.…Ami de Votre Majesté... . Dr .
nemi du due de Bourgogné.. :’assez politique pour se concilier les
Grantois et les Liégedis,.et. assez vaillant pour défendre:son peuf
territoire contre le puissance dé duc Charles. d’une naissante
lustre ; car Votre Majesté insiste sur cs point. et par-dessus
tout cela, d’un raractère aussi nobleque vertueux.— Doucement,
Olivier, doucement! je n'ai pas fortement, © ’est-à-dire si forie-
ment appuyé sur.le earactère ; mais je pense que l'époux d'Isa-
bblis devrait être un peu moins publiquement et moins générals-
mont abhorré .qu’Adoiphe de Gueldres. Par exemple, puisqu'il
faut que jecherche quelqu’us moi-même, pourquoi pas Guillaume
de la-Marck. —Sur mon honneur, Sire ,ja ne puis me phiadre
us vous deshandiez une inop grande perfection. morale dang
«
es | QUENTIN BURWARD.
Fheureux-époux de Ja comtesse Isabelle, ai:le Sanptier: dés At
dennes vous paralt digne d'elle. De’la Marck! mais, Sire; il est
connû pour le plus fameux brigand et le plus cruel assassin dé
toutes nos frontières... ile été excommunié par lé pape pour mfilé
crimes. — Nous le ferons absoudre, ami OHvier ; P'Eglise est mi-
séricordieuse.— C'est presque un proscrit; il a rété mis au ban dé
l’Empire par un rescrit de la diète de Ratisbonne: — Nous ferons
ever le-ban, ami Olivier, ta chambre impériale entendra r#ison:
s En'adinettant qu'il soit d’une tustre naissance il a les mäniè:
res, .la figure , l'extérieur aussi ‘bien que 1ë cœur d'un bouiéher
” flamand. Elle ne l’acceptera jamais.— Si je le connais bien, s
manière de faire la cour permettra difficilement à Ja comtesse de
faire un autre choix. — Certes , j'avais grand tort, Sire, Jorsque
'accusais Votre Majesté d’être trop scrupüleuse. Sur-ma ‘vie les
‘crimes d’Adolphe sont des vertus auprès de ceux de de la Mark!
Et d’ailleurs, comment lux sera-t-il possible de venir audevant de
sa future épouse? Votre Majesté sait bien qu'itn'ose pas s'éloigner
beaucoup de sa forêt des Ardenries. — C'est à quai il faut songer.
Diabord il s’agit d'informer les deux dames qu'elles re: peuvent
rester” plus long-tomps -daris notre. voür sans. occattoner une
‘guerre entre la France et la Bourgogne, etque , ne ‘voulant pas
| des rerhettre au pouvoir de’ notre beau cousin Charles , je désire
‘qu’elles: ‘quittent: en secret notre tétritoire. — Eltès éevandent à
être transportées en Angleterre ;:et nous les veirons revenir avec
un lord de cetteile , à belle figure conde, à langs cheveux bruns,
marchant à la tête de troismille archers. — Non !.. non!... nous
n'oserjons, vous m ‘entendez, offenser notre beau <ousin de Bour-
gogne a point deleur permettre de passer en Angleterre; ce. serait
exciter Son mécontentement ayec autant de cértitude que si nous
les gardions ici. “Non., non... ce. n’est que soûs la protection de
4'Église que nous pouvonssahs danger remettre la comtesse. Tout
ce que je ptfs faire’, c'est de fermer” les yeux sur le départ des
dames Hameliné et Isabelle de Crove, déguisées, et avec une suite
peù nombreuse, pour se réfugier. auprès de l'évêque de Liége,
qui, pour le moment , placera la bellé Isabelle sous la sauvegarde
d’un couvent. — Et si ce couvent la protége eontre Guittaume de
Ja Marck quand il connaîtra les bonnes intentions de Votre Ma-
jesté , je ne connais pas mon homme, dit Olivier, — A la vérité;
répondit le roi, grâce aux secours d'argent que je jui fais passer
en secret, de la Marck a rassemblé pre joke troupe de soldats aussi
“CHAPITRE. XL. : ‘md
peu sorupuleux qüe bandits le furent jarnais; avec leur appui fl
parviènt à se maintenis dans ses foréfs-de manière à se rendre fots
midable et au duc.de Bourgogne et à l'évêque de Liége. Il né fai
manque qu’uh petit territoire dont H puisse se proclamer le inati
tre; et trouvant üne ‘si belle occasion de s'établir solidement au
moyen ( d’un rnariage , je crois, Pèques-Dieu! qu’il ne la laissera
pas échapper: il prendra fempre et château dès que jelui én auraf
suggéré l’idée. Le duc de Bourgogne aura alors dans le flanc'uné
épine qu'il sera.difficile au meilleur opérateur de notre temps dé
Jui arracher. Quand le Sanglier des Ardennes, qu’il-a déjà pros:
crit, se trouvera. fortifié par là possession. desterres:, châteaux et
seigneuries de tette. charmante dame ; de plus, quand les Liégeois
mécontents se. décideront à le prendrè pour. chef et capitaine, cé
qui, par ma foi! ne peut manquer d'arriver : -qu'alors Gharles.dé
Bourgogne pense à faife la guerre à la France quand il le voudra,
ou plutôt qu'il rende grâce à sa borîne étoile si la France elle-môme
ne la lui déclare pas. Que. dis-tu'de ce plan, ‘Otivier? eh!— Ad«
mirable ; Sire, admirable; si pourtant j'en "excepte la sentence qui
adjuge la daine au Saïiglier des-Arüenñnes. Sur mon âme, s’il pou
vait donner un léger grain dé galanterie de plus , ‘Tristan, le
grand prévôt Jui conviendrait mieux. encore. — Et:il ny a qu’un
moment tu proposais maître Olivier le Barbier. Mais Parni Olivieæ
ét lecompère Tristan, quoiqu ‘ils brillent pour le conseil'et l'exé-
eution, ne sont pas de l’étoffe dont dn fait des comtes. Ne savez-
vous pas que les bourgeois de Flandre font d'autant plus de cas de
la naissance chez les autres, qu'ils en sont dépourvus etx-mêmes ?
Une populace plébéienhé veut toujours avoir un ehef aristocrate:
Ce Kad, ou Eade (comment le nomment-ils) en Angleterre, cher
thait à réunir autour de lui toute la canaille en sè prétendant isgu
du sang des Mortimer. Guillaume delà Marck deicend des princes
de Sedan. Maintenant, revenons à notre-affaire. Il faut quefé
détermine les dames de Groye à partir promptemént et secrètes
menf,.avec une escorte sûre. Gela sera facile: il ne s’agit. que dé”
leur présenter. l'altérnative de-fuir ainsi ou de se voir livrées ad
duc de Bourgogne. Je te charge de trouver les Moyens de donner
connaissance de leurs mouvements à Guillaume deila Marëk,
et ce sera à lui de choisir le temps et le lieu convenables pour et
vedir au déhoûment. Je sais qui je-puis chärger de les accompa
gner. — Puis-je démander à Votre Mæésté à qui elle confiera une
‘4 Chef dune insurréction qui eut lieu en 1448. nc ".
C1 QUENAN : DURWARD.
mission d’une {elle importance? — À ùu étranger. sois-en bien
sûr: à ua homme qui n'a en -France ai parents üi intérêts qui
puissent sontratier l'exécution de mes desseins ;, ot qui connait
iron peu le pays et ses. factians. pour soupooñner dé mes prûlels
plus que.je ne veux bien lui en laisser voir. Eu un mot, je me pro
pO6e d'employer le jeune Écossais qui vient de t'anvoyer ici » .
Olivier se. tut, et'son. air semblait exprimer du. doue.sur la pru-
dence d’un tel choix. « Votré Majesté, dit-il enfin , a mis.sa çon-
fiance dans ce jeune étranger beaucoup-plus promptecnent qu’elle
n’est dans l'usage de le faire. — J'ai mes raisons, répondit le roi.
Tu connais ma déyotion au bientieureux. saint Julien, » ajouta
il en faisant un signe de croix: « je lui avais récité mes oraisons
l'avant-dernière nuit, et je l'avais bumblement prié de vouloir bien
augmenter ma maison de quelques-uns de ces étrangersqui €rTeR.
dans le monde, et qui nous sont sj utilés pour établir dans notre
Fayaume une soumission sans bornes à ngs volontés, promettant
au bon saint, én retour, de les accueillir en son nom, de les sou
hager ei de.Jes protéger.— Et saint Julien vous a-t-il envoyé cette
paire de longues jambes d' Écasge eu réponse à vos prières] » dif
Olivier.
. . Quoique le barbier conaût le faible de son. maire , c'est-à-dire
qu ‘ille sût doué d’une dose de superstition au moins égale à son
propre manque de religion ; et que-rien n’était plus facile que de
l'offenser sur un-pareil sujet; quoiqu'en conségteance il eût eu
grand soin de faire sa question du. ton le plus soumis et le plus
simple, Louis sentii l'ironie qu’elle contenait, et lança sur le ques-
tionneur un regard qui éxprimait le plus vif mécontentement. - _
Coquin, lui ditik, c’est bien avec raisoÿ que l’on t'appelle Olivier
le diable, toi qui oses ainsi te jouer et de ton maître et des bien-
heureux saints! Jo te dis que si tu m'étais un tant sait peu moins
. Récessaire., je te ferais pendre au vieux chêne-qui est devant le
château ; pour servir d'exemple à ceux qui se raillent des choses
saintes. Apprends, vil infidèle, que je. n’eus pas plus tôt fermé les
Feux, que [e bienheureux saint Julien m apparut, conduisant un
jeune homme qu'il me présenta en me disant que son destin s
rait d'échapper au fer , à La corde st à l’eau; qu'il porterait bon-
heux au parti qu'il embrasserait, et qu'ilsortirait triomphané des
aventures dans lesquelles il setrouverait engagé. Je sortis le lende-
main matin, et je rencontrai ce jeune honyge- Dans son pays;
: _ la échappé au glaive, au milieu du massacre de sa famille en-
GUPERE XH: set
bière: et ici, dans ler court espace de deux jours, il à été sauvé
d’une manière, presque miraculeuse de l’eau et de la corde. Déià
même , copune je te l'ai donné à entendre il x a pau d'heures , il
pa'a, dans mme occasion particulière, rendu un-service de la plus
grande importance, Je le reçois donc somme m'ayant été envoyé
par saint Julien pour: me servir: dans les entreprises les phas con
pliquées, les plus dangerouses , eb mômie les plus désespérées. »
En s'exprimant ainsi, le roi ôta son chapeau, 'et, comme ilavait
Æoutume da le faire lorsque Fegpérance.ou je remords venait agi.
ter son esprit, après avoir:ehaisi parmi les nombreuses petites
figures de plomb qni en garaiesaient lé:eordon celle qui représen-
tait saint Julien , Ù la posa sur la table; s'agenouillant ensuite
devant cette image, il marmotta,: avec l'air de la plus profonde. dé.
votion: Sanote Juligne, adsis precibus nostris ! Ore, ora pro nobis. 1
C'était Lx un de ces accès de piété superstitieuss ‘que”fonis
érourait dans des temps et dans des lieux si peu convenables.,
qu'ils donnaient à un des monarque les plus remplis de sagacité
qui aient jamais’ kôgné l'apparence d’un..fou , ou du moins d'un
Romme dont Fesprit aurait été troublé par le vif remords de quels
que grand forfait. .
. Pendant que Louis était ainsi. occupé, son favori. le regardait
avec une expresäion jronique-et dédaigaeuse qu'il cherchait à
peine à déguiser; çar uns des particularités da cet homme était
que dans toutes ses relations avec son ‘maître, il grettait de côté
cette affectation caressante et douegrouse, cet empressement Mir
putieux et humble qui caraçciérisait. sa conduite eriversles-autros
et. s'il lur restait alors quelque ressemblançe avec le chat, c’est
lorsqua-cet animal so tient sur sés gardes, l'œitau-guet, vif et
alerte, prôt à s’élancer auivant le besoin. Ce chaggement prover -
ait sans doute de ce qu'Olivier savait fort-hien que son maitre
était lui-même trop prafonilémant hypocrite pqur ne pas pénétrer
J'hypocrisie des aulres, « Les.traits de cet, Écossais, s’il m'est per-
mis de parler, dit Olivier, ressemblent donc à coux du jeune
homme que voué avez vu-en. songe ? — Ressemblance parfaite,
identique, » répondit le roi, qui, comme cela se vait.chez la plu-
part des esprits saperstitieux, était souvent. dupe da sa’ propre
ämagination.« D'ailleurs j'ai fait tirer son horoscope par Galeoti
-Martivalle, et j'aiappris d'une manière certaine, par s0n art autant
que par ngee qhseevations particulières, que, sous plusieurs rep-
"SSaibt Julien, tesutuz faroratlenenf mos: prièves.Poles peur nous. A: 00.
#ve QUENTIN uw».
ports, la déstiné de ce jeune hoimne sans anis est sonmide à tin
fluence des mêmés constellations que la mienne. »"
. Quelle que fût son 6pinion sur les causes si hardifnent assignéss
par le roi à: la préférence qu'il abcordait à un jeune homme sans
expérience, Olivier n’osa point faire de nouvelles objections, sa:
chant bien que Louis, qui pendant ‘ son exil s'était beaucoup oc-
cüpé de la prétendué science de l'astrologie, ne voudrait écouter
aucune räaillerie qui tendrait à mettre-en doute ses propres con-
naissances. Il se contenta-de répondre qu’il espérait que le jeune
homme remplirait fidèlement une mission si délicate. « Nous au-
rons soin. qu fl ne trouve point d'occasion d'en abir autrernent,
dit Louis : il ne saura rien autre chose, sinon qu'il est chargé
d’escorter les dames de Croÿe jusqu’à la: ésidence de: l'évêque
de Liége.. ‘Quant à l'intervention probable de Guillanme de la
Marck, ilen saura tout aussi peu que les dames de Croye elles-
mêmes. Personne.ne connaîtra ce sècret;, excepté le: guide : il
faut donc que Tristan on toi vous en trouviez un proprb à servir
notre dessein. — Mais dans ce cas, ‘dit Ofivier ; si j'en juge par
son air et'par son pays, j'ai lieuf de croire que le-jeunie homme re-
courra à ses arrnes.dès qu’il verra le Sanglier des Ardennes ae-
courir eontre ces dames, èt il'est-très probable qu'ä n'échappera
pas aussi facilement aux défensës de celui-là qu'à cehés du sari-
glier de ce matin. — ‘S'i perd la vie, » répondit Louis Avec-un
grand sang-froid, « saint Julién… béni soit son nom!..: peut m'en
envoyer un autre à la place. Que le messager soit tüé quand sa
-mission est remplie, que lé flaçon-sôit brisé lorsque le vin est'bu,
. cè sont deux événements ‘aussi-peü importants l’un:qüé l’autre.
Mais il s’agit d'accélérer le départ de ces dames, et ensuite d’in-
‘sinuer au comté de Crèvecœur qu'il a éu Heu sans notre évnni-
vence, attendu que nous désirions les. confier à la garde‘de notre
beau cousin, ce-que leur précipitation nous a empêché dé faire.
— Le comté est peut-être trop fin et son maître trop prévenu
pour.le croire. — Sainte Mère de Dieu! quelle incrédulité ce se-
rait pour deschrétiens! Mais, Olivier, H faudra qu’ils nous croient.
‘Nous mettrons dans toute notre conduite envers notre beau cou-
sin le duc Charles une confiance tellement absolue et tellernerit
iHimitée, que douter de notre sincérité à son égärd soùs tous les
rapports serait être pire qu’un païen. Je te dis que ‘je suis tele-
“thénteonvaiñcu qu’il est en mon pouvoit d'inspirer à Chatles de
Bourgogne telle opinion qu'il me plaira lui donner de moi, que,
- CHAPITRE xx. ; | Li
s’il le fallait pour dissiper ses doutes, j j iraisle trouver, SARS arme8
et monté sur un palefroi, n’ayant d'autre escorte que. tai; l'ami
Olivier. — Et moi, Sire, quoique je ne me flatte pas de manier
l'acier sous aucyne autre forme, que celle d’un rasoir, j'aimerais
mieux eharger.un bataillon de Suisses armés de. piques, que d'ac-
compagger. Votre Majesté dans une paréille visite d'amitié. À
Charles. de Bourgogne, Jorsqu’ il a tant de-raisons d’être bien as
suré,que le cœur de Votre Majesté renferme quelque rgssentiment
contre Jui. — Tu es fou, Olivier, avec toutes tes prétentions à la,
. sagesse, ettu ne conçois pas.qu’une politique profonde doit seu
vent se cacher sous l'apparence de la plus grande simplicité, de
mômé que le courage s enveloppe, suivant l'occasion, du manteau
d’une-modeste timidité, S'il y avait nécessité, bien cetainement
je férais ae que j'ai dit. les saints béaissant nos projets, et les
constellations du ciel amenant dans leur cours une conjonction
favorable à une.telle entreprise. » -« |
Ce fat par. ces paroles que le roi Louis XI donna r'idée première.
de la détermination extraordinaire qu'il exécuta par la suite dans
le;dessein de Auper son. grand rival, ét qui fut bien près de jui
devenir: funêste. ..,:,
_ ILrenvoya spn conseiller, et se rendit ‘ebeuite à l'appartement
des dames .de Croye. Sans être accompagnée de grands efforts
de persuasion , sa: permission, simplement énoncés, suffit pour
les déterminer à quitter la cour de France; car il leur fitentendre
qu’il pourrait arriver qu'elles n’y fussent pas suflisamment pro
tégées aontre le duc de Bourgogne ; mais il ne lui fut pas aussi
facile de Les engager à choisir Liége pour le Lieu de leur retxaite.
Elles le prièrentet le supplièrent- de les faire conduire en Breta-
gne ou à Clais, of, sous Ja protection du duc de Bretagne ou du
roi d’Angleterre;‘elles pourraient rester en sûreté jusqu’à ce que
le due de Bourgogne se montrât moins rigoureux ‘à leur égard.
Mais aucune de ces places de sûreté. ne convenait aux plans de
Louis, et il réussit enfin à leur faire adopter celui qui l’accommo-
dait le mieux.
Le pouvoir qu avait l'évêque de Liége de les défendre ne pou-
vait être mis en doute, puisque sa dignité sacerdotale lui donnait
la faculté de protéger ‘ces fugitives contre tous les princes chré-
tiens, tandis que d’un autre côté ses forces comme prince séculier,
bien. qu’elles ne fussent pas considérables, suflisaïent au moins
pour défendre sa personne , aussi bien que quiconque se. plaçait
ao | QUENTIN ÉUAWERD.
so a protection; contre toute .vielenca: mbite. La difficuité
était d'arriver’ sans dariger. jusqu'à’ lu. petite vour de l'évéque:
ais Louis proinié d'y pourvoit en sement te bruit:que les dinies
de Ctoye s'étaient -échapipées de Poars à le faveur de te fruit, dé
peur d’être Hyrées à Penvoyé bourguignon; et qu’elles s'étaient
énfuies du côté de la Bretagne. Ifleur prortit aussi dé leurs donner
üne escorte peu notibireuse, mais sûre, ainsi que ‘des lettres qui
énjoindraient aux cornmandants des vikles et forteresses pur:
elles devaient passer, d’ethployer tons liés moyens possibles pour
les protéger et les assister-dans leur Yoyage..
” Bien qu'intérisuremient choqtiées de la riamière peu périérenst |
et peu cvurtoise dont Louis les privait de l'asifé qu'il leur’ avait
promis à sa cour, les dames de Croye furent st éloignées ‘de faire
aucurie ohjectiori à ce départ si: précipité qu’elles aférènt mêrné
du-devarit de ses projets en le-priant de-leur permettré de:pérttr
la nuit suivante. La comtessé Hämefine était déjà tasse d'un séjour
où elle ne trouvait mi courtisans ‘pbut l'adnirer, ni fètes pour y
Hier, et sx nièce Isabolle crogait qu'ette en avait Va assez’ pour
se convaincre que, si la tentation devenait plus foité, Lois XŸ
ne se contenterait pas de les renvoÿef de sa cor, titi tffème
fhésiterait pas: à la Urrer' à soit suzerairi irrité, e due de: Bour-
gogne. Elfin, Louis luisméme acquiesca d'autätitphés volotièrs
à leur profnpt départ, qu'it aÿait te plus grand désir de cotidééver
. Ja paix avec’ le duc Charles, et qu'i redoutait' d'añfeurs ‘tie
beauté d'Isabelle ne vint contrarier où niêrne émpérher l'ékétu-
tion de plan ftvori- qu’il ayait formé de donner Ia main æ fe
Jeame à son cousin d'Orléans.
LT
‘ ° . . — = Q = .* —
CHAPITRE XIE, |
* L’ASTROLOGEE.
| Nè nie parlez pas de rois. Je dédaigne une comps-
è | raison si peu.digne de moi. Je suis un sage; -ét.je puis
. _ ommander aux éléménts; du moins en es perauaié
que je le puis, et c’est sur cette persuasion qué je fonde
Mon empire. Albuñiasd rs.
. Les occupations et les aventures semblaient survenir à notre
jeune Écossais avec la rapidité des flots d’une haute marée !; car
t wüh the force of a springtide , dit le texte. C’est le moment d'une syzygie, où
la marée monte à sa plus grande hauteur, 4, x.
: GAADETRE. XL - . té
&netarda pes à être mandé densl'appertemieht de son capitaine ;
lord Crawford, où ,: à-5a grande surprise, il se trouva encoré ét …
présence du roi. Aprés quelques paroles au sujet de 11 confiées
dont it allait être honoré de nouveau , et qui jai firent cramdre
qu'il ne s’agit d’une faction- semblable à celle qu'il avait faite ag :
snjet du- comte de Crèvecœur , ou peut-être de quelque service
#assi-pen de son goût, il fut’, non-seulement rassuré, mais ravi,
en apprenant qu’il avait été choisi-pour, avec l'assistance de trois
hommès placés sous ses ordres, et d’un guide, escorter de la mas
nièré la plus sûre, la piüs eommode et en même temps la plus se»
crète possible, les-dames de Croye jusqu'à la petite cour de leur
parent, l'éréque de Liége. On lui remit des. instructions par écrit
sur-la conduite qu'il devait tenir dans les feux où il férait haté,
et qui étaient ef géniérat des viages, des monastères et d'autres
beux éloignés des villes, dinsi que sur les précaulions génératés
qu'il aorait # prendre, surtout aux approches des frontières de {#
Bourgogne. Enfin, il reçut toutes les indications nécessairés sur
ce qu'il devait dire où faire pour soutenir fe rôle de maître d'hôtel
dt dtux dunes anglaises de distinction qui venaient de faire-uw
pèlerinage À Saint-Martin de Fours, et qüi allaient visiter ta sainté
ville de Colagne, afin d’hünorer les reliques des säges monarque
d'Ohient. qui étaient venus adorer Notre-Seigneur dans l'étabié dés
BétMéem: car était: sous ce ? caractère que les dattes dé Croyé |
devzient voyager:
‘Sens qu’il pût expliquer 1 H cause déson ruvisserent, Quentitÿ
Derwird'sentit Son cœur bondit de ; joie à l’idée qu'itallait setrou-
ver si près de la belle habitanté de la tourelle, et dansdes circotis-
tanées qui li donnaient des droits à sa confiance, puisque le soin.
de la protéger était presque exclusivement remis à sa sagesse € et
à son éouruge. R ne s'éleva pas dans son esprit le. moindre doute
qu'il me rémssit à Ia conduire heureusement au terme hasardeux’
de 508 pélériaage : 14 jeunesse pense rarerhent aux dangers , et
Quentin sartout , étevé dans une liberté complète , étranger à la”
rainte et pléin de confiarice-en fui-même , n’y pensait que pour
tes braver. M lui tardait d’être débarrassé de la contrainte que lui
imposait la présence du roi, afin-de poavoir se livrer à'la joie se-
arète dent cette nouvelle inattendue le remplissait, et qui excitait’
en lui des transports qu’il aurait été inconvenant de faire paraître” |
€n Pareille compagnie. -
Mais Loyis n’avait pas encore fini aveelui. Ce minerque. qui ne
ss QUENTIN DURWARD.
je précaation; avait à consulterun consoitier d'uns
autre een qu'Ovier le Diable, et que l’on regardait <okmme ti-
rabt sa science des intelligeñces célestes et de sa connaissance
des astres, de même que l'où petisaif, à en juger per les fruits,
. que les conseils d'Olivier étaient suÿgérés par le diable ën a per”
SonRe.
Louis s ‘achemina done, suivi de l'impatient Durward, vers une
tour séparée du château de Rlessis , dans laquelle était installé,
| avec beaucoup d’aisance et de splendeur , le célèbre astroiogue ,
poëte et philosophe, Galeotti Maïti ou Martius, ou Maïtivalle; na-
tif de Narni, en Italie, auteur du fameux traité De ouigo iRCOÿRI=
tis 1, et l’objet de l'admiration de son siècle et des panégyriques
de Paul Jove, It avait long-temps fleuri à la cour du célèbre Ma-
thias Corvin, roi de Hongrié; maisil s'était en quelque sorte laissé
attirer par Louis , qui enviait au monarque hongrois la société et
les conseils d’un sage qui passait pour si habile à lire‘dans les dé-
creta du ciel.
. Martivalle n'était pas un de ces pâles. et: ascétiques. professeurs
des sciences mystiques, dont les traits sont flétris, dont les ee
s'affaiblissent par leurs veïlles noeturnes sur leurs fourneaux. ; et
gai macprent leur corps'à force d'observer l'ourse- polaire, Il:se
Lvrait à tous.les plaisirs du grand mppde, et ; avant d'être devesa
trop. corpulent, il avait exçellé dans les jeux. de Mars-et dans les
exercices gymnästiques, aussi bien que dans le maniement des
armes; au. point que Janus Pannorius a laissé une épigramme
latine sur une. lutte qui: eut. liéu-entre Galeotti.et un champion
renommé dans cet art, en présence du -ioi de. Hongrie et de
toute sa cour, etdans laquelle l'astrologue fat complétement vic-
torieux. ,
Les appartements qu occupait ce sage, courtisan et guerrier tout
ensemble, étaient beaycoup plus splendidement meublés qu’au-
cun de ceux que Durward eût. encore vus dans le palais du roi ;
les boiseries sculptées et ornées de sa bibliothèque, aussi bien
que la magnificence déployée dans les tapisseries, montraient le
goût élégant du savant Italten. De sa bibliothèque une porte con
duisait dans sa chambre à coucher, et-une autre à la tourelle qui
lui servait d’observatoire. Une grande table en bois de-chêne,
| placée au milieu de l'appartement, était couverte d’un riche ta-.
4 Des choses inconnues au vdlgaire. La bibliothèque royale possède, dit-on, 1e
maouscrit original de ce traité. a. M. «=
CHAPSIVRE XIE. : 197
pis de Torquis, dépoullle enlevée de la tente d'un pacha après ja
grande bataille de Jaiza, dans laquelle l'astrologue avait combatta
à côté de Mathias Corvin, ce vaillant champion de la chrétienté.
On. voyait sur cette table uné grande variété d’instrumentsde me:
thématiques et d’astrologie, faits des plus riches matériaux et ad-
mirablement travaillés. Son astrolabe, en argent, était un présent
de l’empereur d'Allemagne; et son bâton de Jacob, en ébène, par-
faitemient travaillé et incrusté en or, état une marque d'estime du
pape régnant.
Divers aatres objets de plusieurs genres étaientrangés sur cette
table ou-suspendus le long des murs; entre autres, deux armures :
complètes , l'une en mailles, l’autre en plaques d'acier , et qui
toutes deux, d’après leurs dimensions, semblaient indiquer pour
leur propriétaire le gigantesque astrologue, un véritable toledo t,
une elaymore d’Ecosse, un cimeterre turc, avec des arcs, descar-
quois-et d’autres armes dé guerre; des instruments de musique de
plusieurs espèces’; un crucifix en argent; un vase sépuléral anti-
que , et plusieurs de ces petits pénates de bronze si communs :
dans l'antiquité paienne ; enfin use foule d'autres ehjets curieux :
que nous nous abstenons de décrire, et dont quelques-uns, d'a-
près les opinions superstitieuses de cette époque , .paraissaient
destinés à des opérations magiques. La bibliothèque de cet homme :
étrange offrait une diversité non moins étonnante. De curitaz :
manuscrits d’antiquité classique s'y trouvaient môtés avec les vo-
lumineux ouvrages de théologiens chrétiens et ceux: de ces sa- :
ges laborisux qui avaient profeseé la stience chimique et qui pré- :
tendaient guider leurs élèves dans les replis les plus secrets de la
nature, au moyen de la plrilesophie hermétique. Les uris étaient
écrits en caractères orientaux ; d’autres cachaient leur sens ou
leur non sens sous le voile de figures hiéroglyphiques ou cabalis-
tiques. L'ensemble de l'appartement , et les meubles de toute es-
pèce qui sy trouvaient, offraient un tableau capable d'agir forte-
ment sur l'imagination, dans un temps où la croyance aux sciences ‘
occultes. était aussi générale que leur vérité passait pour incontés-
table; et cet effet étaitaugmenté encore par l'airet le maintion de :
l’astrologue, qui, assis dans -un grand fauteuil, examinait avec la
plus grande et la plus minutieuse attention un essai sort de le
pressede Francfort, production de l'art-de l'imprimerie, ‘invention
toute nouvelle sors.
4 Sorte Pépée espagnole fabrignée à Tolède. à. x.
QUENTIN DURWARD. 13
1%: QUENTIN: RUNWARD.
falnoit Mastéralle-était un horema.de- amade-tiille eh avide
chargé. d'anhoupaint san erléniour. n'éfait pas dépoank d'agnt-
me... H,svait de beaucoup dépassé le peiniemps-de Mvis; ei Flan
bitude-de l'exaseine qn'illauait caatwactfe-dens.ss.jeunese, hebi-
tude à lagyelle il revenait. quelquefois, n'arait. pu lutées-ffigsce
ment contre une. tondanca naturelle à le eprpulonce, sngmautée
d’ulleurs. per ses études sédautaires.et son gai, mononadRonEIES:
plaisirs de Ja, table, Ses traits, quoiqu'on peu grossis par: l'âge,
étaient encore remplis de dignité et de noblesse, et un santen hi
auxait enyié l’élégants at longue barbe noise qui:0rReit 50 Mar
tog.et qui. depeandaihinsqua.sux sa poirine. IL pôrtait une-robe-de-
chambre du,plus beau velours de Gênes, à manches larges garais
d’agrafes.en or, ah deuhise de. martre ziheline: cette rabo étaié
assujettie aaux de 400 coëps pur une large ceinture. de pareher
min viarga, sur laquelle étaient représaniés, en. Garatères 6rer
mais, las signer. du zodiaque, El 59: loun el cola Le roi, Haitasee
les manières d'un. bomine. à. qui l-yrésenge-d'un anal god Bonr.
sopasgh.a familière, manitres Qué ne: paissaent. alone nst
dayair cpnpmetire le dignité-qu'affaciajent alonconux qui sa
dognaieuk à la.plna sublime des saiences
Vous ôtes qasuné, mos-père, bai dif le-sqis-et, à coqu'il mes
sophie. à oef.ark nourellement inventé de-multiplier les meaus-
cris pu lemoyen d'unamachine. Des choses parement mépanér-
ques at.torrestres.peurantalles eequper up.seul:inatent le panaée
d’uy, hoguse. devant qui les cieux:ont déraulé-leurs majesiians:
volumes? Mon. faire, réponulié Martévalle, …. car. c'estainai. que
l'habitant de cette callula doit-apeler le roi de France lui-même,
loragitil daigue vepir:-le visiter.conume un dissiple.…..arage7-que.
lorsque jie-réféçhis sur les conséquences. de.seite ipysntion, je Ris,
avac autant desakitude.que dans tonte combinaisons quelconque
des coran les changements les plus importante et les plug.
mesvaillenx. Queud'ie pense ares quallalenteur eb par quel petit
ngmbra de saguax, moyensi bomé, le fleurs da la-science descend
jusqu'à nous: aux difficultés qu'éprouvent: ceux qui montrent: le
- plus d'andeux pour s'abreuver de. sea soux: ; à l'insousiance.auae:
laguele.les négligent aaus:qui.ne consultent que Jeyrs aison; aan
danger da les voir détaurnées, peut-être méina desséchdes.per les-
inyagiauede la barbarie : puis-je porter. mes ragardsau devant. de
moi sans être étonné, sans être émerveillé à la.vue des destinées
qui se préparent pour les génévations futures, sur qui ba science
| CRAPTERE x. au
dunernäre, comme k premibre etix snnomcie ptdio: tas ihéerrop-
tion, sans diminution, sans limites assignables, fertilisant certaines
terres, eu iaondant quelques antres, ehungeant toutes les fotimes
dela vie saesale: étallissant et renverseat: des roligions : fondant
et détruisent desroyeumes...- C'est asser, Gaipotti! s'écria le roi.
Tous ces changements arrivuront-ils de notre temps?— Non, mon
frère, répondit Martivalle:; cetée ivéntion pent se cosparer à un
jeune arbre qui vieat d'être planté, niais qui, dans les générations
suivantes, portera un fruit aussi fatal, mais aussi préciéux que
anti du jardin d'Eden, c'est-à-dire, la connaissance du bien et du
mal.-—Que Favenir songe à ses propres affaires. » dit Louis après
mn moment de silonde. « Nous vivons dans le temps présent, et
d'est au temps présent que nous bérnerons tous nos.soïns. À eha-
que jour suñli sa poine. Rites-m0s, avez-vous ternrimé lhoroscope
que je vous à envoyé, ei dont vous m'avez déja entretenu? J'ai
amené iei le personne. fo: que vous puissiez ecaminer sx mn;
d'vst-à-dire, exPreer à son égard la chéromencie, si vous. lé trouvez
_ctmrenatle. L'offre ei presente.» :
Lesage quitta son sége: sapprochant ensuite drjoens sobdat,
à fixe sur lui ses grands your noirs, où briklait la pénétration,
comme. s'il oùt élé intérieurement ocoupé à détailler, à disséquer
chague trait. chaque. Hinéahent de son visage. Rougisamt ot
inkimidé per un oxamen si aitentif &e:ls part d'un’ hémene dont
Festérienr étai si vénéreble ot si imposant, Qnentih hnissa les
veus, où ne Les relera que: pour obéir à le voit sonere de l'astreio-
ges, qui di: «Mo L'inteiie pas; Rive les poux, etmobire né
ta ntaie.»
. Lorsque Martinalle eut inspecié la paume:de ls main de Dur
wasd, aura la forme des ests mystiques qu'ik-pratiquast, it tira
lo noù à l'écart, ot aphès: avoir fait ensemble quelgies pas; à bei
dik.:.« Mon: royal Grève, la physisnainie de ce jaune homma.et-les
Migees-de sa mais cenbmheont d'une rsanière muspoenshte le rèp-
pont que j'avain fondé surson horoacepe, antéit tien quir Le jnge-
coèmisè mêms.de porter delui. Font amaanenquiil sua bravat
hauseus.-—54i fèle ? dit 2 roi: enr la'velsuret la fortene na wont
pen toujouss de pain -aven le. fdiéiité.—— Et Sgèle, répobdié l'estre--
loge: car di. à dans lei el dans krréçgaré wendik:fniett, où
sa hinea vitæ, sa ligne de vie, est profondément et nettement mar-
quée, ce qui dénote un. attachement. ferme et loyal envers ceux,
6.0 QUENTIN DURWARD.
qui lui féront du. bien ou qei mettront en lui leur: confienee. Fou-
tefois...— Toutefois? répéta I roi, père Galeotti, pourquoi vous
arrôtez-vous ?— Les oreilles des rois ressemblent au palais de-ees
_ malades délicats qui ne peuvent supporter l’amertume dés médi-
caments nécessaires à leur guérison.— Mes orvcilles et mon palais
ne connaissent pas de pareilles délicatesses : je ne repousse pas
un bon conseil, et je sais avaler une médecine salutaire : je ne me
plaindrai jamais ni de la rudesse de l’un, ni du mauvais goût de
l’aatre. Jè n'ai pas été gâté à force de caresses et d’indulgence ; ma
jeunesse s’est passée dans l'exil et dans les souffrances. Mes
oreilles sont habituées à entendre toutes sortes d'avis sûns en être
offensées, quelque durs qu'ils soient. Eh bien, Sire, je vous dirai
donc clairement que, s’il y a‘dans la mission que vous projètez
de donner à ce jeune homme, quelque chose qui... qui, enfin, qui
puisse effaroucher une conscienèe timorée. il ne faut pas la lüi
confier. du moins jusqu’à ce que plusieurs années passées à votre
service l’aient rendu aussi peu scrupuleux que les autres.— Et
c’est là ce que vous hésitiez à me dire, mon. bon Galeotti? ët vous
craigniez de m'offenser en me parlant ainsi ? Traniquillisez-vous.
Je n’igriore pas que vous sentez parfkitement que la politique des
rois ne peut -pas toujours marcher dans la même voie que éelle
de la vie privée, c’est-à-dire suivre invariablement les maximes
abstraites de la religion et de la morale. Pourquoi, nous autres
princes de la terre, fondons-nous des églises et des monastères,
faisons-nous -des pèlerinages, nous soumettons-nous à des péni-
tenoes, et remplissons-nous des actes de dévotion dont les autres
hommes peuvent se dispenser, si ce n’est parce que le bien publie
et l'intérêt de nos royaumes nous forcent à des mesures qui bles-
sent riotfe conscience comme chrétiens? Mais le -ciet est miséri-
"condéeux:.. l'Église à ue fonds inépuisable demérites, et d'inter-
cession de Notre-Dame d’Embrunet des bienheureux saints:est
active, cohtiauelle et toute puissarite.. » Il posa son chapeau sur
la taie: et s’agenouitlant dévotement devant les images qui l’en-
toursient, il. dit avee un air de comporiction : « Sancte Muberte,
sancte Fubliane,sæncte Martine, santa Rosa, sancti quotquot-ades-
_ Es, ortile pro me peccatore! ; » puis se frappant la poitrine, il se
leva, et reprit son éhapeau. « Soyez assuré; mon bon père, eonti-
nana que sil s6:trouve dans la mission dent il-s'agit quelque
4 Saint Hubert, saint tulien , Saint Martin , sainte Rosalie, et vous tous, saints ici
présents, prlez pour us pauvre pécheur qui vous implore. A. M |
SO M EEE M es OM OT Om
cn 6 -1
Fi
Se TARA IN SOL SAS SO
=
chose de la nature de ce que vous venez d'indiquer, l'exéention
n'en sera pas confiée à.ce joune hommpe, et même qu'il ne. spa
pas instruit de cette partie de nos projets.— Vous agirez sagesmont
en-coci, mon royal frère. On pout aussi quelque
ebose de la témérité de votre jeune envoyé, délaut-inhérent aux
personnes d'un tempérament sanguin. Maisje maintiens, d'après
les règles de l’art, que cette.chance ne doit pas être mise en ba-
lançe contre les autres qualités découvertes par san-horosoope et
autrement: [Le müieu de la: nuit prochaine, l'heure de minuit,
sera-t-il une heure favorable pour commencer un voyage danger
reux ?-Fenez, voici vos éphémérides... vous voyez la position de
la Lune à l'égard de Saturne et l'ascendant de Jupiter. Cela devrait,
ce me semble... je parle avèc toute la soumission qui-est due à la
supériorité de vas connaissances... présager le suceës à celui qui
euvoie une expédition à une pareille heure.—Il est. vrai,» dit
l'astrologue après un moment de réflexion, « cette conjonction
promet le succès à celui qui envaie l'expédition ; mais il me semble
que Saturne étant en combustion, elle menace de dangers et de
malbeurs celui qui est envoyé ; d’où j'infère que le vayage-peui
être dangereux et même fatal pour ceux qui seront chargés de
le faire. Violence et captivité, voilà, selon moi, ce que présage
cette conjonction défavorable. — Violence et captivité pour coux
qui partent, répondit le roi, mais succès pour celui qui les enyoje:
n'est-ce pas dans cet'ordre qu’il faut lire le présage, mon doéte
père ?— Certainement, répondit l’astrologue. » -
. Louis se tut sans laisser voir jusqu’à quel point cette prédiction
s’aceordait avec ses vues, prédiction que l’astrologue avait proha-
blement hasardée, parce qu’il avait reconnu que la mission dont
à s'agissait avait rapport à quelque projet dangereux. Ce projet,
comme le lecteur le sait, était de livrer traîtreusement la comtesse
Isabelle de Groye entre les mains de Guillaume de la Mark, chef
distingué par son caractère turbulent et sa farouche bravoure.
, Le roi tira alors un papier de sa poche, et avant de la donner à
Martivalle, il Jui dit d’un ton qui ressemblait à une apologie :
« Savant Galeotti, ne soyez pas surpris que, trouvant en vous
Foracle le plus précieux, un sage supérieur à tout autre sage ds
nes-jours , sans en excepter le grand Nostradamus ! lui-même:
je désire fréquemment profiter de votre science dans ces doutes
* 4 C’est un anachronisme; Nodsiradamus, né en 41505, nuyant publié ses prophéties
qûe Pan 45 AM -. L Lou en.
>
ee QUENTIR BERWAND.
et dans ces difltinliés qui sssiégent sue 0oée Tout. prince 108
deæcombattre, au dedans des sajott raboïes , au‘dbhors des :en-
momis puissants ot invétérés. —Sire, répondit le:philesctihe,
lorgque, sur votre hionotable mvitation, jo quitta la cour de Sade
pour œæile du Plessis, oe fut avec In résolution de mettre au
ordres de mon réveil patron: tout ce que mon art pout fui oflrie
d'atéle. — C'est assez, mon bon Martivalle, intorrompit le rois
le vous prie maiatennat de fétre bien ationtion à obite question. »
Dépliant alors en papier qu'il tenait à le main , il lut ce qui suite
«Une personne engagée dans une ecntestation ‘importante, qui
parait dévoir être réslue seit par les lois, seit par les armes,
désire en ce moment terminer cette affaire per le moyen dans
shtrevae persüinnelle avec 50 antagoniste. Gette personne désire
savoir quel sers: ke jour le plus favorable pour l'exécution d’un tel
dessein; quel pourre être le succès de cette négociation, el $
Son srorsuire est disposé: à répondre par la roconnaissance et 14
franchise à ce témoigriage de confiance, ous" doit ubuser ds
l'avantage qu’une telle démerche poul lui fourtir l’ocension ds
saisir. »— C’est une question importante , » répondit Martivalis
dbroque le roi eut terminé'sa lecture; « elR exige que je trace
un planétaire, et que je la soumette sur-le-champ aux pltis pro-
fondes réflexions: — Owi, mon ‘bon père , vous qui rwavez fai
_ méître à la science, faites-le: et vous vorrez ce que d'est que
d’ebliger un rei de France. Nons sommes <déterrmmmé , les cons
tellations ne s’y opposent poist.…. et nos faibles conwnaïssances
nous portent à ervire qu'elles approuvent notre projet... nous
sommes déterminé à haserder quelque chose en notre propre
personne . pour arrêter ces guerres antiehrétiennes. —— Puissent
les saints favoriser les pienses intentions de Votre Majesté, et
protéger. votre personne sacrée! dit l’astrologue. —Grend'merei,
docte père ! En attendant, voiei quelque chose pour augmente
votre précieuse bibliothèque. »
* En perlant ainsi, le roi giissa sous uà des volumes une petite
bourse d'or; ear, économe jusque dans ses superstitions, Louis
pensait avoir suffisamment acheté les services de l'astrologae au
prix de la pension qu’ lui avait sssignée. et se croyait en droit
de faire usage de ses talents à un prix modéré, même dus 108
üoessions rmportantes.
: Eouis ayant ainsi, pour employer une des expressions du bar-
reau > PAYÉ les honoraires légitimement dus à son sveent consal-
D À. D L 3
ARR 8e AO Ma VEYS Dép A. « Suiderioi, Fét MERE; Mo ie
Héoufs : sbis-MOi eoiiie un home Lhblsi pr le destin ‘Et Pâr
“un Münärue pour tcebrhptir ame svéritére Iniporértite. Pipobe
tout de manière 4 pouvoir 1métfre le piod 4 1Xtrfér & l'ihsbtét
tifêine où la-cioche de:Stiit-Mareih sohnéta hiintiit, Une ftiitte
pltis tôt oû:une miräte plus tard, tu sethñreiposé à perdre Put
pect favorable des constellations qui sourient à ton erftréprise.t,
À ces mots, ilS08R dé l'apparétherit de Martivalie, Suivi dé son
jeune gite. #8 tie fürétit pas plis Bt Uehors, ‘ue Pastiotobile
se Wvra d'désaéiitimetits bien fiérents de céux qui dtététit bia
LiaMtimer pendartt la visite de r0i.« Le mtiséhabte hvare! vs tr fécitalil
"En 'poËrnt la Bourse dans sh nidiñ;' Er, le saéhünit pOPAt-botrrer dés
dépenses , Galeotti avait presque toujours besbin ‘#étgent ; «+ ÿil
et sordide coghons ! ! La femme d’un simple capitaine de chaloupe
en donnerait davantage pour savoir si son mari fera une heu-
reuse traversée. Lui ! acqhérir quéféhbitéinture des belles-lettres!
oui, quand le renard et le loup devenus musiciens cesseront de
glapir et de hurler. Lui! lire le glorieux blason du firmament !
oi, 'quend'ia tape atira le vée peinte du Iynx. Post tot pro-
hissü! Après m'avoir fait fant de proïnesses pour m'’engager à
œtrittér da coûr de magnifique Mit , où le Hun et le Ture, le
crée et fnfidèle, lé ëzar de Méscovie et le kan de Tartarie
x-mômes , me conrblaient à l'envi de présents. Croit-il que je
resteréi dès ce vieux thâteau , coffimé un bouvreuil en cage,
prêt à chanter, aussitôt qu il lui platt, de siffler pour quelques
‘Bfaines ét un pet d’eau! il se‘trômpe granidernent!… ét îhve-
hitin via, aut facia : je SécouViiräi où j'inventeraf wh eéxpé-
dient. Le cardinal de la Balue est aussi libéral que politique : cétte
Œuestion lui sera soumise, et ce ser la fauté de 8of Éminencehi
\és’astres né parlent pas selon ses désirs.
{L'prit de nouveau le présent dédaïgné et Ie pesa dans Sa card.
« Ÿ est possible, dit-il, qu'il y ait quelque bijou ou quelque perte
de prix cachée dans cette misérable bourse. J'ai oui dire quil
Savaïit étre Tbéral jasqu’à ta profusion lorsque son éaprice ot son
intérêt ÿ trouvént leur compte. 5 |
_ Yvida ta bourse, et h’ÿ trouva ni plus ni Moins que dix prètés
d’or. Alorsson indighation fut é£trême. « Croft-11 que pour'cé vi
Salaire j’exercerai à Son profit cette scienèé télesté què j'at étu-
âlée avec l'abbé arinénien d’Istrahoff, qui d'avait pas va te sohl
4 Sot, imbécile, expression italienne. À. x,
"#04 QUENTIN: DENWARD.
epvis quarante ans ; avec ke. Grec Dabravius.- qu'on dit avoir
Kessyscité des morts;"enfin après. avair-meirmême visité de Scheik
Æba-Hali:daps-sa, caverne des déserts da-la Thébaïde ? Non:, de
_par le ciel! celui qui méprise smon.art.périra. par sa propre igne-
rance. Dix pièces d'or ! J'aurais presque honte d'offrir à Toinette
.une.pareille hagatolle pour.s ‘acheter. une nouvelle. garniture de
.Epbans.u 1,1, He
Tout en parlant ainsi, , le sage indigoé : n’en yersa à pas moins les
pièces d’or.méprisées dans .une grande poche qu'il portait à-sa
.&einture, poche que Tainette et les autres personnes.qui l’aidaient
” - dans ses folles dépensespossédaien tle secret de vider aussi-promp-
tement au: moins que. le phiosophe ; avec. c-toute sa scionce, avait
Shui d de Area | cri
| | |: CHAPIFRE XIV. ar ocre
_LE VOYAGE.
PR
es ut Jo te-revois , bglle France ; torre favorisée par Part
| et la nature. .Je te revois ! Oui, j je reconnais Les fils,
pour qui le travail n’est quan jeu, grâce à ta fertilité
-" .." "de ton s01 reconnaissant ! tos filles hâlées bar 1e soleil,
avec leurs yeux brillants de jeie et leurs cheveux noirs
et luisants ! Mais, France favorisée, tu as essuyé dans
rt _Jes anciens temps plus d’uh matheur semblable à celui
. que. tu supportes aujourd’hui. ) 4nonytRe;
L _ Évitant d entrer en conversation avec qui que ce fût, car tels
| étaient les ordres qu il avait reçus,.Durward alla promptement
, revêtir une cuirasse forte , mais simple, des cuissards, des bras-
-sards, et mit sur sa tête un bon casque d’acier sans visière. De
plus, il se couvrit d’une belle casaque de peau de chamois, très-
bien garnie , brodée . sur toutes,les coutures, et qui aurait pu
convenir à un officier supérieur au service d’une famille de dis-
tinction.
Tous ces objets lui furent apportés par Olivier, qui, avec son
air tranquille et son sourire insinuant, l’informa que son oncle
. avait été appelé.pour monter la garde, afin qu’il ne pât lui faire
_kueune question sur la cause de ces mouvements mystérieux.
«On fera vos excuses à vetre parent, » ajouta Olivier en
seuriant de nouveau ; « et, mon frès-cher fils, lorsque vous re-
viendrez sain et sauf, après avoir rempli cette agréable mission ,
ire CRAPIPRE XIV 6
-jerne doute-pas:ique voûs-he soyez trouvé digne d'une promotion
qui vous disponsera de rendre compte de vos actions à qui que
_cesait; car elle vous piacera à La tôte de gens Gui seront obligés
eux-mêmes dé vous rendre compte des leurs. > -
, Atasi paria Olivier le Diable, qui peut-être bien calculait dans
son. esprk les chances probubles que-le pauvre jeune hommé, à
qui il serrait afféctueusement la main ; courait de trouver la mort
où da: captivité dans l'entroprise confiée à ses soins. -. |
Quelques minutes avant minuit ; Quentin; conforément à ses
instructions ;. se rendit daris La seconde cour, et s’arrôta au pied
de iæ igur du Dauphin , qui, comme le lecteur le-sait déjà, avait
été ‘assignée pour résidence temporaire aux comtesses de Croye!
Xl trouva à ce rendez-vous les hommes et les chevaux qui devaient
Composer l’escorte, deux mules déjà chargées de bagage, trois
palefrois destinés aux deux comtesses et.à une fidèle femme de
chambre, et pour lui-même un superbe cheval de guerre, dont
Ja selle garnie en acier brillait à la pâle lueur de la lune. Pasun
mot de reconnaissance ne fut prononcé dé part ni d'autre. Les
hommes se tenaient -eur leurs selles-comme s’ils eussent été im-
_mobiles, et, à la même lueur-imparfaite , Quentin vit avec plai-
sir qu’ils étaient tous armés.et qu’ils avaient de longues lances à
Ja mais. Ils n'étaient que trois, mais l’un d’eux dit tout has à
Quentin, avec un accent gascon fortement prononcé , queleur
guide devait les joindre au delà de Tours.
Pendant ce temps, des lumières brillaient çà et là à travers les
jaluusies de la tour, comme si ses habitants se donnaient beau-
.Coup de mouvement pour faire les préparatifs du départ. Enfin,
une petite porte qui donnait sur la cour s’ouvrit, et if en sortit
trois femmes accompagnées d’un homme enveloppé d'un man-
teau. Elles montèrent, sans proférer un:seul mot, sur les palefrois.
qui les attendaient ; et l’homme qui les accompagnait, marchant
devant elles , donna les mots d'ordre et fit les signaux aux senti-
nelles vigilantes devant lesquelles la cavalcade passa,successive-
ment. Arrivé enfin à l'extérieur de ces formidables barrières, ce
même homme, qui était à pied, s'arrêta, et'parla quelques instants
à voix basse et d’un air préoceupé aux deux dames, qu'il fit pas-
ser en avant.
_ # Que le ciel vons bénisse, Sire , » dit une voix qui fit tressailir
Je cœur de Durward, « et qu’il veuille même vous pardouner si
VOS Vues- sont plus intéressées que vos paroles ne l'expriment :
an QUENTIN /DUMNWARD.
Me trouver s0tib 1x prouetion de box-évéeque" Us EE eut 14m
grend de mes désire. »
L'hodme à qui elle petisét ainsi NePAtHIE UhS 'ÉMOR Se MUR
n’entendit point , et rénéra dans le cour -entétieure dt lite,
tandis ue Quentin , à 44. Clarté de la lune , rat robtmneltié en
dui le roi laisméme, que son inquiétude pour 10 pit le ti
dames avait probabloment engagé à ? présider, éd prévenir
toute hésitation de leur part, où hos Qitheuliés que ie tres ®
chéloau auréiont pu étuver.
Lorsque ja cavelonds fut sertie du eâtent ; A 10 gate pet
quoique temps avanesr avec ga'écaution , 46 d'éVitur loi Érappes,
les. piéges et autres ihbaches platés iet 1h Dour En défend
Fapprocho aux étrangwrs, Mais le Gaséun sbmbiait Dontéder uñ
#4 pour #6 gukler à truvers.ee labyrinthe ; et au bot dur Qquer
d'heure de marche. ils se-trouvèrent ati delé des litnitis du Plesa
le Pare, et non loin do ha vis de Tous.
La lune, qui Verdit de se dégager des uiiages qui renont ju.
qu'alors cbscurcie , répandit un océuh de IaRMère-tur MA farysagt
d'ane rare ragniBobnce. La superbé Loire roulait ées ébark tat-
josiuieuses à travers la plus riche piètie de la Frañoc., et-s’#vam
cuit entre doux rivos otnébs de :tourset dé tuhimsées ; d'oliviurs dt
_de‘vigaés. L'antiérine-capituie dé lt TouPañne état se tétrs,
sbs pottos et. ss tréhoaux Blanehis pur 128 fayohé de à Rhino,
tandis que dans l’enceinté de ses Murs vi détüuvraf l'inihenèe
édifice gothique que :la piété du maîit évêque Purpétue IR bon-
struire dans’ te ciiquième siècle, et que 16 zèlé de Chaflomupte
et dé ses éuccessours avait agrandi avét line splèfrdèur d’atthi-
tecture qui avait fait de éette église la plus magnifique de Pranes.
La vue découvruit aussi lès tours de l’égliée de SamtGratieh,
ainsi que les sombfes rerrparts du châteat fénifé qe l'en dit
avoir été ancienniernént M résidence dé l'empereut Valentinies.
Lés cYvôhstantes dans lesquelles il se tronvait platé, quibique
dé huture ‘à Féccuper. éxclusivettétit, d'empéohètent point le
jeune Évossais d'éprouver -tine sottition de plaisit et d'ététine.
ent. Acéoutatné à-laspoct sauvage mais imposant des ronts
ghes au tifliot deéqüelles À étuit h6, À la pativroté, pourreit-oh
dire, des plus magnifiques paysages de sa patrie, il Coñtettrpiait
avec ravissernent I tablenn qui #6 déroutait dévaht lai ; Eébieau
qué l'art ot la nutuge cohépitaiont à déodrer avec M plus Wiche
splendeur. Hi ft appel à l'ébfet du voyage pat Î4 voit dé lu plus
. “CAMP KI. or
Agbe des dent tomes, montée À use -oôtatve plus haut qe
les deux sons qui avaient vibré à l'oreille de Quentin lersau'oltes
avaient dit adieu bu roi: ele demandait à parier au thefde l'os
courts. Demant de l'éperon à soû cheval, Durtrard. se présenté
devant des -daines en cette quulllé , et La eémteste Finneline tel
fit-subir Pinterrogatoire séivent: _:
« Guelient votre nom 2 quelle eut vêtre qualité? s
R répondit eur ces deux ponts. - : - :
—« Cohaziser-vous parfaiternénit la toute? ve poursuit;
réphique<tsil, aseorer qu'il ft une bien grande connaïssnte de
ln route ; mais A était muni d'amples instraelions: et il deveit à
la promiière hate trouver un guide qui serait. en étal; sbus tous
les rapports, de les diriger dans le reste du voyage; en attetréant,
un cuvalltr qui venait-de les joindre, ot qui. faisait ie quutrième
de l'esevrie, devrait leur servir de guide pendant la prefrière jour-
née. — Et d'où vient que rousuver été choisi pour uh paroi sûre
vice? J'apprends que voes êtes ie même jeune homme que FE
vu hier en Tselion dns ln gulerie où hous'renconträmes la prifte
cesse de France. Vous paraisson bien joune-et bien pou expéréi
menté ‘pour une pareille mission: d’ailleurs, vous n'êtes pas
Français, ear vous parlez -colte languo- avet ün avtent étranger:
— Mon devoir est d'obéir aux ordres du r0i, Madame, et RO
point d'en diseuter les molifé. — Êtes-vous de naissance noble ?
je pois vous Fafirmeren sûreté de bonscience. Et Ales VOUS
pas,» dità son tour la jeune dame, mais avec un accent äirnides
« n'êtes-vous pas la même personne que je vis avet à roi Forsqu'il
me fit appeter à l'auberge des Feurs-de-Li3 ? »
Baissant la voix . peut-être d’après Le même sentinfont de vins
dité, Quentin répondit afrmativemeñt.
= «Ators il me semble, ma tante, » dit Isabelle en s'adressant à
la comtesse Mameline , « que nous n'avons rien à cruitrdre , étant
sous la sauvegarde de ce jeune archer ; du moins il n’a pas l'air
dant homme à qui l'on aurait pu éonfler sans scrupuise l’exéention
d'un plan de trahison ou de cruauté envers deux femmes sans dés
fense. -— Sur mon honnear, Mmadutne, s'écria Durvward, sut la rés
nommée de ma maison , sur les cendres de mes artétres, jé 6
pourrais, pour la Prance et l'Écosse réunies, me rendre coupable ,
de trahison ot de erdauté envers vous. Vous parles bien, jetine
honmme, dit la conrtense Hammetine: mais fous soimes actétle
mées à chtendre de beaux discours sortir dé la Douche du roi 08
208 QUENTEN AURWARD.
France et de celle de ses agents: C’est ainsi Que nous avons été
engagées à chercher un refuge en ce pays; lorsque nous aurions
pu obtenir la protection de l'évêque de Liége avec moins de risque
qu’à présent, où nous mettre sous celle de Winceslas d’Allema-
_gne, sous celle même du roi d’Angleterre.-Et à quoi ont abouti les
promesses du roi? A nous Cacher obscurément, hontpusement,
sous des noms plébéiens, comme des marchandises prohihées,
dans cette misérable hôtellerie ; où nous , et tu le sais, Marton, »
ajouta-t-elle an s'adressant à.sa femme de"chambre , « aqus qui
n'avions jamais fait notre toilette que. sous un dais ou sur une es-
trade à trois marches, nous avons. été obligées da nous. habiller
debout, sur un simple plancher, comme si nous aussions été deux
laitières. » ;
Marton convint que sa maîtresse disait une bien trimte vérité.
. —s Je voudrais que c'eût été ià le plus grand mal, ma.chère
tante, reprit Isabelle ; je me serais bien passée.de faste: :— Mais
. non pas de société, ma chère nièce ;.cela est impossible, — Je me
serais passée de tout, » répondit Isabelle d’un ton de-voix qui pé-
nétra jusqu’à l'âme de son jeune protecteur; «eui, de tout, paurva
qu’on m'eût accordé une retraite sûre et.honorable. Je ne dédie
point. Dieu m'en est témoin !.…: je n’ai jamais désiré amener uos
guerre entre la Francs et la Bourgogne,ma patrie.ou.que la vie d’un
seul homme fût sacrifiée pour moi. Je ne demandais que la permis-
sion de me retirer dans le couvent de Marmoutier, ou dans quel-
que autre saint monastère. — C'était parler comme une véritable
folle, belle nièce, et non comme la fille de mon noble frère. Il est
heureux qu’il existe encore une personne. qui possède quelque
chose de l'esprit de la noble maison de Croye. Comment distingue-
rait-on une dame de haute naissance d’une laitière hâlée par le
sojeil , si ce n’est parce qu’on rompt des lances pour l’une , et des
bâtons de coudrier pour l’autre ? Je vous dis, jeune file, que lors-
que j'étais à la fleur de mon printemps, à peige plus âgée que vous
ne l’êtes aujourd’hui , la fameuse paëse d’armes d’Aflinghem eut
lieu en mon honneur. Les tenants étaient au nombre de quatre,
et celui des assaillants alla jusqu’à douze ; elle dura trois jours, et
coûta la vie à deux chevaliers; une épine du dos, une clavicule
furent fracturées, trois jambes et deux bras brisés : sans parler
d'un si grand nombrè de contusions que les hérauts d'armes ne
purent les compter. Oui, c’est ainsi que Les dames de notre mai-
son ont.toujours êlé honorées, Ah! | si vous ayiez seulement moitié
< CHAMTRE XIV. 77 £o8
autant de eœur que vos antêtres, tous trouveriez le môyen, dans
quelgee cour où l'amour des dames et la gloire des armes sont en-
core en honneur, de faire publier:un tournoi dont votre main se-
rait le prix, corsme celle de"vétre bisaïeule d’heureuse mémoire,
à la joute d’armes de Strasbourg ; vous vous:assureries ainsi la
meitleure lance d'Europe, pour soutenir les droits de la maison
de Croye contre l'oppression de la Bourgogne et la politique de la
France: — Mais, belle‘tante, j'ai oui dire à ma nourtive que, bien
que le rhingrave se soit montré la meilleure lance au tournois de
Strasbourg, et ait obtenu ainsi la main de mia bisajéule d’heurouse
mémoire, ce‘ mariage ne fut pourtant pas heureux , attendu que
souvent il-la grondait et quelquefois mémaeil la battait.-Et pour-
quoi non ? » s'écria la comtesse Hameline dans son énthousiasme
romanesque pour la chevalerie ; « pourquoi ces bras victorieux
accoutamés à distribuer d@ bons horions hors de leurs châteaux,
déposeraient:ils leur. énergie en rentrant chez eux ? J'aimerais
mille fo:s mieux être battue deux fois par jour par un mari dont
le bras serait aussi redoutable aux autres qu’à moi-même, que
d’être l'épouse d’un pottron qui n’oserait lever ta main ni sur sa
femme ni sur qui que ce Mt: — Je vous souhähiterais beaucoup de
plaisir avec un époux $i turbulent, belie tinte, et, bien certaine
ment, ss envier votre sort; car si des menibres cassés sont
l'ornement des tournois , il n’y a rien de moins agréable daris le
boudoir d’une femme. — Oh mais! les coups ne sont pas une con-
séquence néces#äire du mariage avec un chevalier de renom;
quoiqu'il soit vrai que votre aïeul d’heureuse mémoire, le rhin-
grave Gottfried, fût un.peu brusque et aimât un'peu trop lé vin dû
Rhin. Le parfait chevalier, le vrai chevalier est un agneau auprès
des dames et un lion dans les combats. Il y'avait Thibault de Mon-
tigny..… Diou veuille avoir son ame! C'était la meitieure pâte
d'homme que l’on pât voir, et non seulement il ne fut jamais assez”
discourtois pour levér la main sur sa femme, mäis, par Notre-
Dame ! lui qui bsttuit tous ses ennemis en rase catspagne, trouva
chez lui une belle ennémie qui savait le battre. "Eh bien ! ce fut sa
faute... Il ‘était un des tenants de la passe d'armes d'Hafkinghem,,
et il s'y distingue tellement que, si telle eût été la volonté du ciel
et dewetre grand-père, il aurait pu y'avéir une dame.de Méntigny
dont les manières auraient mioux répondu à ladouseur duesrac-
tère du bon Chévälier. » 7
La comteise liabeilé, qui avait. quelque raison de > dédier de
pe | QUEVWTEN-BYAWURD.
oatte passa d'ami d'Heflagber, perce que c'était un sirjei-qur
loquel on tante se montrait souvent irès-déffuse ; lmisan tomber la
conversation ; el Quentis, ares le politesse méerale à un: berame
bian- élevé, croigmant que sa présence ne gânai leur eonversstion,
poussa en avant, ot alle sejoindee le guxle comme pour hui (gra
quelques questions ralativaisent à Le rouie.
. Gepandant las deux dames sontinuèbrent à: voyager en: silence;
qu'en s'ontrétenant de choses qui ne méritené pas d'être repper-
tes. Enfin: le jour commence à parsiire; ét comme elles étaient
à cheval dppuis plusieurs heures, Quantin, craighant qu'elle ne
fussent fatiguées, se: montre impatient d'arriver à la plus pracheine
bekte, « Je vous la mogirereËtiians une demi-heure, dit le guide.
—— Ki alors vous nous laissorez aux seins d'un entre guide?:de-
mendh Quentin. — C'est cols même, monsibur Farcher. Mes
voyages sont toujours courts et en -dréite bgte. Lorsque vous et
ls autres, monsiour Farcber, Yons suives le: evuthare de Far;
Moi je suis toujours le corde. x
. Repuis long-toraps la lune avait disperu:-de Vhoriaon, mais Ver
xore commença à le trindre de ses couleurs vives ot brillantes
qui se réfléchiasniont sur La surface d'un petit lac le -Leng-duquel
pes voysgours marchefent alors. Ce lac étalé situé a milieu d'une
wasie plaine parsmée d'arbres isolés. de hosquets. et -de- tonfles
arbustes, mais en si petit. nombre que l'an pouvait à la rigaeur
leppeler une plaine découvertes; de qui permetéait d'sporoevoir
les ohjets-asses distinctement. Quentin jets les yeux que le per.
soqmeage à eôté duquel il se trouvait, et sous l'ombre d'an large
chepteu rabatts, tel: que le sombrere de paysan espegnel, à re-
| @annud kes traits facébiens: de cb même Petit-André:doné les doigts,
à n'y avait pes bien longtemps, avaient, de. cencart avee cout
de:aon mgagre eomérère Trois-Échelles été si désagréshiorennt
pour: lui affiréé autour desoneou. Céxliaé à un sentiment d'aver-
son, non toutefois exempt de crainte (car dansson pays l'enéeu-
tour des hamios couvres, était regardé avec ùns hbrreur presque
smpersübeue), aversion que no diminsait que £xt pau le hon-
heur qu'il avaï en de lui échapper, Quentin défousna censmerper
ibatinct:la tte-ca son cheval vons la droite, et le pressait en même
temps de l'éperon., lui ft faire une dleumi-volte qui mit enireluict
sen adieux cempagion une distance. d'environ huit pieds. « Ho!
ho ! ho! s’écria Petit-André; par Notre-Deme de 'Grève L'hoire
Jalane. séidat: pa souvient, encpre de nous! Eli bien! cemerade,
MÉMTeE XF, : 2
VANA-AS TAN: HRIÉAE- PIS PADQURE, Fopèen 2 ILfssé que cbreux ge.
BRAIN PAR dau: <0 Rays Paranne Re. doit anoir-hénée d'avoir
par mes Mine: enr je fais men cuvsage. aussi proprement
que quiconque ait jamais affeahé un. fruit viveak à en arbre mort,
De:plus, Diqu ma faif la grâce deseréer ‘an moi un joyeux vem-
pagnon. Ha! ha! ka! Je pourrais vous. racogter bon sambee de si
bonnes plaisasteries de ma façon. faites entre le piesi de l'échelle ot
le haut dela poiençe, que SN MAO: anne, je. me suis: vu obligé de
précipiier ma besogne, de.peur que res ktates:-me: monrasent de
rire, ce qui aurait infailliblement jeté du discrédit sur men métier.
a parlant ainai. à ft appuyer so cheval du pô de l'Écessais
paur regagner L'infervalle que-.calui-ci avait mis entre eux, puis
il ajouta : « Alone, monsieur l’archer, poiat de bonderie. enise
BAM; 94%. Poux 10, j'ai loujours feit mon devoir sans eolère eb
axes ia: ei je m'aime jamais. mieux un homaie que lorsque je
lui 9j ps. autour du 00 mon collier conrte-haleine pour en
faixe un chevalier de Fordre de Saint-Pakibulmins, epnmame le cha
peluin de grand prémt. le-digne père Z’saoneldjahlo.!, a cake
d'apsoler le saint patron de la prévoienie. r En aurière, 2nisé=
rable ».séeria Quentin, vorant que l'exépittone des bomtos: cu.
VIA haha à se rapprocher de li; « éioigne-toi, où je sert
tauif. de e: faise. eonnaître. la distance. qui sépare:-un honsme:
d'honneus da celui qui n'est que:le rebutde la société. — Lai! ki
come. vous des vil! Si vous aviez dit un hemme plain d'Aqnnés.
tadd paie: il y aurait quelque-ombre de vérité R dedans; main
quant aux hommes d'honneur, de par Dieu! j’ai à travailler tons
les jouxraver colle sorte. de-gens, d'ausai, prés ok d’uno manière
aa sgxrée que lonsque j'ai été sur Le paint de. veus faire aobepten
rep seniors. Mais que la paix seit, avec vous, et emez-vous eprun
pagaie. à; vrus-méême, si lolest voire. désis. Je vaua:surais. invité.
à, vider auec moi ua flacon de vie d'Auvergne pour noyer le-sour
venir de toute rancune ; mais vas dédaignes maoourtoisie… elx
biag ! beudez tank qu'il vous plaira.: Le: n'ai jamais de querelles
ayoe mes.prakiques, mes joli sauter mes joyeux danseurs,
re petis.compagaons de jeu, comme Japques:le honcher ap.
PAH:60f ABROQUX.: eR.un moi, ave Ceux qui. cenmee Votre:Seir
FOR ARE MO GOBDX. *éahsu leur Gens: Hess nil
de ŒrUpou sagnnal qui | ent : patgnau dipl M :
2 ANR uction aq, mot anglais HEMP, chapvré, corde, Petit-André Pépelle con ami0=
Tee
es2" : QUENTIN DURWARD.
qu'ilsme traitent éomme ils le voudront, mes petits serviees sont
toujours à leur disposition; et vous verrez vous-même, la pre- .
mière fois que vous tomberez sous ma main, que Petit-André
sait ce que c’est que le pardon des injures.
Après ces paroles, qu’il résuma toutes en un regard des plus
ironiques, Petit-André fit entendre l’interjeetion par laquelle on
a coutume d’exciter un cheval trop lent, et $e rétira de l’autre
côté de la route, laissant le jeune homme digérer ses sircasmes
aussi bien qu’en est capable le cœur haut et er qui bat dans la
poitrine d’un Écossais. -
Quentin avait éprouvé une forte tentation de lui appliquer sur
le dos le bois de sa lance, et de recommencer jusqu'à ce qu’elle se
romptt; mais il réprima sa colère, en considérant qu’uné rixe ou
même une simple querelle avec un tel homme ne pouvait être
honorable en aucun temps ni en aucun lieu, et que dans l'occa-
sion présente, ce serait un oubli de ses devoirs qui pourrait avoir
les plus funestes conséquences. Il méprisa done les railleries im-
convenantes d’un personnage tel que ce Petit-André, et se con-.
tenta de souhaiter bien sincèrement qu’elles ne fussent point par-
venues aux oreilles des dames confiées à ses soins, sur l'esprit
desquelles elles n’auraient pu que-faire une impression défavora-
ble à un homme exposé à de tels sarcasmes. Mais il fut bientôt
détourné de ses réflexions par ces cris que les deux dames pous-
sérent à la fois : « Regardez! regardez derrière nous! Pour l’a-
mour du ciel! veillez sûr nous et sur vous-même... On nous
poursuit. »
. Quentin jeta aussitôt un regard en arrière, et vit qu 'effective-
ment deux cavaliers armés les poursuivaient : la rapidité de leur
arche lui fit penser qu'ils ne tarderaïent pas à les rejoindre : «Ce
sont probatilement des soldats de la garde prévôtale, qui font leur
ronde dans la forêt. Regarde, » ajouta-t-il en s "adressant à Petit-
André, « et vois ce que ce peut être. »
Petit-André obéit, et se replaçant en selle après avoir fait sa re-
connaissance : « Ceseavaliers, beau sire, » dit-il d’un air faeétieux,
«“ng son ni vos camarades ni les miens; ce ne sont ni dés archers
ni des gens de la garde prévôtale; car je crois voir qu’äs portent
des casques dont la visière est baïssée, ainsi que-des hausse-cols.
Je voudrais que ces hausse-cols fussent au diable : de toutes les
pièces dé l'armure, c’est celle qui me contrarie le plis; j'ai quel-
quefois perdu une heure avant de pouvoir défaire les agrafes.
- CHAPFBRE-XKV: ,: ) 343
Nobles dames, » dit Durwerd sans faire attention aux. paroles de.
Petit-André, « allez en avant, non assez vite pour que l’on.puisse
croire que vous prenez la fuite, mais assez cependant pour profiter.
de l’obstacle que je vais opposer à la course de ces deux cayaliers
qui nous suivent. »,
La comtesse Isabelle jeta un Coup. d'œil sur leur guide , et en
suite -adressa à voix basse quelques mots à sa tante, qui dit à
Quentin : « Nous avons toute confiance en vous, monsieur l'ar-
cher , et nous préférons courir le risque de tout ce qui pourra
mous arriver en votre compagnie, plutôt que d’aller en avant avec
cet homme , dont la physionomie ne nous paraît pas de bon au-
gure. — Faites ce qui. vous conviendra, mesdames , répondit
Quentin. Ilsne sont que deux; et quoique ce soient des chevaliers,
comme leurs armes semblent Vindiquer, ils apprendront, s’ils ont
quelque mauvais dessein, comment un Écossais sait faire son de-
voir en présence et pour la défense de personnes telles que vous.
Lequel de vous, » continua-t-il en s'adressant aux gardes qu Li
commandait, « veut être mon camarade, etrompre une lance avec
ces deu x braves ?n . .
Deux de ces hommes manquèrent ubsokiment de résolution : ;
mais le troisième, Bert'and Guyot, jura que, Cap de Diou ‘ ! fus-
sent-ils chevaliers de. la Table ronde du roi Arthur, il s 'assurerait
si leur épée étaitde bonne trempe, pour l'honneur de la Gascogne.
Pendant qu'à parlait ainsi, les deux chevaliers , car ils ne pa-
raissaiont pas être d’un moindrerang, arrivèrent à 1 'arrière-garde
de la petite troupe, où Quentin et son brave compagnon s'étaient
déjà placés. L'un et l’autre étaient couverts d’une excellente ar-
mure d’acier poli. sans aucune devise qui pût les faire reconnaître.
Lorsqu'ils se furent approchés , l’un d'eux cria à Quentin :
« Sire écuyer, retirez-Vous ; nous venons vous débarrasser d’üné
mission qui est au-dessus de votre rang et de votre condition :
yous ferez bien de remettre ces dames à nos soins, comme. étant
plus capables en tout point de veiller sur elles ; d'ailleurs , nous
savons qu'avec vaus elles ne sont guère mieux que captives. —En
réponse à votre demande, messieurs, répliqua Durward , sachez,
en premier lieu, que je m’acquitte d’un devoir qui m'a été imposé
par mon souverain actuel ; et en second lieu , que, tout indigne
que je puisse étre, ces darhes désirent rester sous ma protection.
4 Patois gascon qui veut dire Tête de Dieu. A. Me
QUENTIN DURWARD. _ 44
Hi QUENHIN DUÜRWARD.
La G6inWient, MO! » SétHE uh des detit Chathpions: « oseraise
th, itihendiaht vagabohd, cppéser résistance à deux chérhiiers.
2 Résistétte est bieh dit, répliqua Quentin; car je résistérai 4
Votré attaque insotetité et illégale, et s'il étisté entre hots quet-
que différence de rang, ce dont il m’est encore pertils de douter,
vôtre toriduite discouftoise Ia fait disparaître. Titéz doné vos
épèes , bu; si vos voules faire usage de la lance, prenez du
chap. »
Les ehièvatters tourtièrent bridé , et s'étoignérent dé qieldtrés
ééhtaines dé pas. Alors Quentin , jetant im coup d'@il vérs leé
détx dates, sinélinà sur te pommeau de la selle, cotnine pout
Kur demantièt de faire des vœux pour lui: et tandis qi’elles agi-
taient léurs mouchoirs en signe d'encouragement , les deux as-
saillants arrivèrent À la distatice nécessaire pour charger.
Récomtrandant au Gaston de se conduireen brave, Durivard mit
sd coùrsier au galôp, etes quatre tavaliers se réncoftrérent en
pleine course au milieu du terrain qui les séparaît d’abord. Le
hoc Tut fatal au Gascon: tar son adversaire , dirigeant sà tante
contre son visage, qui n’était pas défendu par une visière ; ka Jui
ft entrer dans l'on, d'où elle pénétra jusque dans ke crâne, et il
toiiba mort aux pieds de sôn chèval.
_ D'un autre côté Quentin, quoique ayant te mème déavantage,
ft un tfotivement sur sa selle avoë tant d'A propos , qüe la tance
dé son énnémi, après lui avoir tégèrement effleuré la joue , passa
par-déssus son épaule droïte, tandis que ia sienne , frappant son
antagonfste fustement sarta poitrine, le ronvèrsa pat terre. Quen-
tin sauta à bas dé cheval pour détacher le casque ‘du vaincu; meis
j'autré chevalièt, qui, pa parenthèse , n'avait envore rien dt ,
voyänt le ‘sort de son compagnon, mit pied à terre plus prompte-
rent encôte que DutrWard , et se plaçant jambe deçà jambe dela
sui le corps de son. ami, qui restaït privé de sentiment, à s’écria t
à Aû nom de Dieu et de saint Martin ! remonte à cheval, rnon
brave, ‘et va-l'en avec ta pacotille de femmes. Ventre-saint-gris !
elles ont déjà causé assez de mal ce matin. — Avec Votre permis”
sion, sire Chevalier, » répondit Quentin qui ne pouvait digérer 1e
ton mentçant avèc lequel cet avis fui était donné, « je veux voir
d'abord à qui j'aieu affaire, et savoir qüi répondra de la mort de
mon cainävade. — Ta ne vivras assez ni pour le savoir ni pour le
dire , retire-toi en paix , jeune homme; si nous avons fait la folie
d’interrempre votre voyage , nous nous en sommes mal trou-
7
. ‘CHAPITRE XIV. ax
vés, coût ta ès fuit plub de.mal que #'oh pourraistit réparer ta vie
et celle de toutes les personnesde ta troupe. Ah! tu le veux donc, »
sjouta-1-i on voyant gomstn s'avancer eur lui l'épée à la main,»
eh hien ! reçois celle-ià…
"En parlant ainsi ; il décharges sur le casque de l'Écossais um
coup si vigoureux que jusqu'alors , quoique élevé dans un pays
où ils étaient aussi fréquents que bien appliqués , Queñtin n'avdit
jermais entendu perker d’use pareille estocade ailleurs que dans
les romans. T1 descendit avec la rapidité de la foudre, abattit la
garde de Tépée que le jeune soldat avait élevée pour protéger sa
tête, et fensiit sen casque, qui pourtant était à l'épreuve, au point
de toucher ses cheveux, maïs ssns lui faire d'autre mal. Cependant
Durward , étourdi et n’y voyant plus, tomba vn genou en terre,
et se fût trouvé pendant un instant à la merci du cheväklier, si ce-
lai-e1 eût vouiu lui porter un secomd coup. Mais, soit compassion
pour la jeunesse de Quentin, soit admiration pour son Courage ,
soit par une générosité chevaleresque qui lui faisait dédaigner un.
combat qui cessait d’être égal, le vainqueur ne voulut pas prof ter.
de ses avantages; et bientôt Quentin, revenant à lui, se releva, et
attaqua son adversaire avec l'énergie d’un homme déterminé à
vaincre où à mourir, et avec la présence d'esprit nécessaire pour
ne perdre aucune chance favorable. Résolu de ne pas s’exposer
de nouveau à des coups aussi terribles que celui qu'il avait déjà
recu, il mit à profit uneagikté supérieure, qu'augmentait encore
la tégéreté relative deson armure, pour harasser son ennemi
en l'attaquant tantôt d’un côté , tantôt de l’autre, avec des mou
vements sisoudains et si rapides que celui-ci, dans cette seconde
escarmouche, trouva difficile de se défendre sans éprouver beau-
coup de fatigue.
” Ce fut.en vain grace généreux advensmirciciia à Quentin qu'ils
n'avaignt plus ancèn motif de se battre , et qu'i ke répugriaié de
bai faire aucun mal. N'éceutant que le désir de laver k honte de
sdéfite momatitanée, Durvwerd' oùtinua, à F'assaillir avec la r2+
nidité de l'éclair, le inebaçant: tantDt du tranchant, tantôt de la
honte de sem épée , etayanst tojoirs.Voni tellatrent attentif aux
mouvements-deson ennemi, dent. il: avait déjà sentà La farce supé-
réuré d'une manière si terrible, qu'il était teuijduré prêt à sanmter
emartidre ou de côté, pour ‘éviter ses coups. «Que le dinble soit
ile où: jeune: feir aueti .obstiné que: présomplueux ! marmoëttà le
chavaber; iLne saeraié.dene se teñir tranquille À naeins d’avoir ls
sis QUENTIN DURWARD.
tôte cassée ! » Changeant alors de.manière ds:comhattre, il:se ro
cueñlit comme pour.se tenir sur la défensive, paraissant vouloir
se borner'à parer, sais les lui rendre, leseoaps que Quentin her.
chait continuellement à lui porter, mais béè décidé'à: mettre fin
au combat d’un seul.coup, au premier monbent.où; soit faute de
force, soit par une fausse passe où pir un coup mal dirigé, iejenne
soldat viendrait à se découvrir tant soit peu: Ilest:psobable que
cette habile politiqué toi aurait réussi; mais lesort'enerait are:
_merit ordonné. |
Cette lutte se poursuivait: avec une | égale fureur de. part. et
d'autre , quand survint un gros de.cavalerie. « Arrêtez ! au nom
du roi ! » cria-t-on aux deux champions, qui reculèrent aussitôt ;
et Quentin vit avec surprise que son capitaine, lord Crawford,
était à ta tête de la troupe qui venait d’interromprede combat. Il
reconnut aussi Tristan l’Ermite , avec deux ou trois de ses gens
En tout il y avait à peu près une vingtaine:de cavaliers.
NE
LL 2 vo metteur.
—_ pl
‘
CHAPITRE XV. - - : out to
* LE GUIDE. : : ‘© © :
11 se disait un enfant de l'Egypte, et un des descen-
dants de ces magiciens, rédoutables erinemis du peuple
- | d’israëlet de son prophète lorsqwil'habliait Gessen...
prétendant lutter contre le pouvoir des enfants de Lévi
et imitant les miracles de Jéhovah au moyen d’enchan-
tements. Mais lorsque l'ange exterminatear appesaniit
son brassur l'Egypte,ces sages orgusitleux pleuréreuÿ
sur leurs premiers-nés, frappés du même fléau que
Pignorant et grossier paysan. " Anonyme. .
L'arrivée de lord Cräwtord et de son détachement mit tout à
coup fin au combat què nous avons essayé de décrire dans le cha-
pitre précédent ;'et le chevalier, ôtant son casque ; s’empressa dé
remettre son épée au vieux tord , en disant : « Crawford, je me
rends. Mais , écoutez, que je vous parle à l'oreille... Un mot:
Pour l’amour de Dieu, sauvez le duc d’Onéäns !— Comment ! quoi!
le duc d'Orléans ? s’écria'le cominandant des archers:écossais. Au
nom du grand diable d’enfer ! comment cela est-il arrivé ? Cet
acte de galanterie va le perdre pour jamais dans l’esprit du roi:
«Ne me faités pas de questions, » répondit Dunois, car ce n'était
rien moins que lui-même ; « c'est ma faute.à moi seul, : Voyez, le
.C CHAPITRE XV: M7
voile. qui fait: nn: mouvement. Je ne:venais que dans le dessein
d'enlever cette jéune-cemtesse et devehir propriétaire de ses do-
maihes én l'époudant.: voyez ce qui en résulte, Ordonniez à votre
canaille de se tehir à l'écart; que personne ne.porte les yeux sur
hi. ».: En; parlant-ansi, il loué in visière du: dno; et lui Îetasarile
visagé de d’eau que lui fonrmt le lec voisin: .
Cependant Quentin restait comme pétrifié, {ant les. aventares
se: bacoéeniént pour lui'avéc : une étonnante rapidité !, Les traits
pâles de $on premier. antagoniste lui apptenaient en ce. moment
qu'itavait. renversé le: premier.princs du: saag de France; etles
paroles du: second, que c'était avec le meilleur chempion du
royaume ; le:famoux: Dunois;, qu'il venait de mesaret son épée.
Ces. deux faits’ d'armes étaient très-honorables en eux-miêrnes ;
Was ls mai les regarderait-il canne méritoires ?. C'était une. autre
question.
:: Le. dec, :aÿant:repris conrisisénce; était. ‘OR état de.se tenir sur
son séant et d'écouter ce qui se passait entre:Dunéis et Crawford,
le premier insistant vivement sur ce qu’il n’était nullèment néces-
saire de _faire-mention du nom du très-noble duc d'Orléans dans
celte affaire, puisqu'il était prêt à prendre tout le blâme sur lui
seulet à affirmer que le duc ne l'avait suivi que par amitié.
: Lord Grawford l’écoutait les yeux baissés , soupirait de temps
én temps, et secouait la tête. Enfin il se rodressa, et répondit :
=. Tu sais. Dunois,-que, par. respect pour la mémoire de ton père
aussi biën que par l'amitié que:je te porte à toi-même, je désire-
ais lien volontiers te rendre service.—Je no. demande rien pour
moi ; répondit Dunois ; je t'ai rendu-mon épée, et je suis ton pri-
sonnier.; que faut-il de plus ? Mais c'est pour ce noble prince, le
seul espoir de la France, si Dieu nous enlevait le dauphin: Il n'est
venu ici que:pour me faire plaisir ,. pour. m'aider à faire ma for-
tune : le. roi m'y avait en quelque sorte encouragé.—Dunois , ré-
Hlique Crawford , si-tout autre que toi me disait que tu as entraîné
le. noble prince dans cette fâchense -affaire pour te servir dans
quelque projet, je.kui dirais sans hésiter qu’il en a menti ; et quoi-
que. tu.me le dises ‘toi-même, j'ai peine à croire que ce soit la
” stérité.—Nokle Crawford , » dit le duc d'Orléans qui était eatière-
Mmentrevoau-deson:évanouissemient, « votre caractère ressemble
vopà-celui de votreami Duneis.pour que vous ne lui rendiez pas
juatice. C'est effectivement moi qui l'ai entraîné ici. pour une folle
entreprise suggérée par une folle passion , et exécutée avec pré-
w QUENTIN 'DURWARD.
cipitation ot témérité: Regardez-imoi tous , « ejoutaiLà on se lee
gant et s tournant vers les:sokiaés ; « je sais Louis d'Orléans,
prôt à sabir la peine de mafolie. J'espère queis:ooi: no fera tons
ber. son ressentiment que- sur m0 ; 'comimne cols : n'eoi que fsep
juste. En attendant, comme un ofent de France ne dnit remettre
son épée à qui que ce. seit, pas méme à vous, brave Crawtonds
adica, mon bon acier !- » : ï
. En parlant ainsi , ‘1h ‘ties son épée da foarrean et la lença dans
ls:lac.:: Elie traça dans l'air un sillon de bamière, ets'enfonbe dans
lès eaux jaillissanées, qui la roeouvrinent aussitéé. -Ghaesm ostait
des l'irrésoiution et étonnement, tant le rang ducourabhis était
respectable, tant:son caractère étail estimé ! et iln'y-àvait pas/un
seul des spoctateurs qui ne seuiit que les suites de. sà témmérairs
oatreprise, attendu les vues que le-roi avai sur ini ,entiraineraient
probablement sa ruine totale.
-Dunois parla le prenier, ch oefut-du ton de repooche que paend
un aini offensé et'en qui ma manqué de confiance. :.
« Ainsi donc. dit-it, Votre Altesse a fegé à peopos, dass à
même matinée, de jeter dens l’eau se meilleure épée, de renonesr
æaxhonees grâces du roi , et de :dédaigner l'amitié de Bunois —
” Mon bieu-aimé cousin , répondit le duc, comment ss-je montré is
dessein de dédaigner votre amitié, quand je dis la vérité que je
dois à votre sûreté et à mon bonnesr ? — De quek droit vous mé
ler-vous de ma sûreté. mon très-honeré consis , js voudrais hien
ie savoir ? » répliqua brasquement Dunois. « Que vous importe,
au son de Dies | si j'ai enviæ d'ôtre pendu , étrangié., jeté dans is
Loire, poignardé , roué., enfermé vivant dess une sage de fer,
enterré tout vif dans un cul de basse fosse du château. ou enfin
traité de toute autre manière qu'il plaira au roi Louis d'ocdoneer
à l'égard de son fidèle sujet ? Il n’est pas besoin de me faire signe
de l'œil. où de froncer le souroi et d'indiquer Tristan l'Ermite,
3e vois le coquin aussi bien que vous. Mass il n’en serait pes ré-
suilé tant de mai pour moi ; ma vie n’était pas si gravement corm-
promise. Quant à ce qui-est de votre honneur’, pàr la rougeur de
sainte Madeleine ! je cruis que- votre honneur consistait à me pes
entreprendre la besogme de ce malin . on damoins à ne pas vous
wmettre en évidence. Voilà maintenant que Votre Aiiesse s'est
Baissé désarçonner par un jeune rustred peine srriné de-ses men
£agnes d'Écosse. --Boucement. douceesent , cét:isnd Crawford :
oéta ne doit pas rous fire rougir. Oe‘u'est pas ka pucasièue fois
| CEMNTRB AY: Me
qu'un jeune Beescaie.a rompu Lae hanns lanse: 34 suié charté
qu'il se soit Hion conduit. Je ne disai pas Je conimiee , réplique
Bupais, ot poawtant ai: Votrn fisignaurie fhail svuivés lant sait peu
plus tard , H'auvait pu y'avois une nlacs vecantadens-witre-com
pagnis d'hnebers fui, oui; népondit dons] rendent; jet vatre
signoture sur 06 merite :foadu; Quan,la:rstire Len pagan, di
qu'on Hi déene un honnet donklé en anies, sel ki gargméita-la
tête mieux que cette boîte brisée, M:imaintenant . Dmeis, jai. à
prier kiduie d'Orléans et vobsde monter chousi ete tme:smiste,
or jai rega:ionére:.de vous conduire dons in dipu différent de
colui que jà désiserais pourvoir vansassipner; -: Ne-peiois disc
ot à ees halles direes .:ntilerd' Creurfird:? demande ie due: d'On
léans.-Peas nnesyilabe: je suis tes Pami de vo "mere,
permbtiné une pastille impeuiense: | ‘1
Pois s'adrvésant à Quentin, à sjonts.
«Vous. joëunchepme, voûs avar: hit-votre devais y parte, 196
vempliesaz fidèlement la mission qui: vous a été: confiée. Sauf
votre perntlsbion, mnilovd.» dit Diristasi avec se brutal ordintates,
‘dujouse homme: deit: ohersher:un autre guide. Je hé puis né
passer ‘de Pulitiändré ; dumid'h est probable qu'il y-aura de 1h
besogne-pour ft. —: Ge'jeune homthe,» dit Potft-Andiré bn sai
vançant , «n'a qu suivré: lé sentier qui est detait lut, et quf
conduirà à l'Hhdroit ét il trouvera Thoémme qui dolf Lai Sortir dù
guide. Je ne voudrais pas pour mille dueats nééloigrier ‘45 mon
chef aujoeærd’huï. Fai pondui bien des chevaliers et des éetryérs :
de rithes échevins et-des bourgmestres par-dessus le marché!
des comtes et des marquis eux-mêmes ont tâté de mon savoiré
fre... hum !s 41 jeta un regard Sur le due, comme pour lui dén-
her à entendre qu’il remplirait volontiers le blane avec tes mots:
Un prince du sang! « Ho! oh! Petit-André, il sera parté dé toi
dans la chronique. —- Souffrez-vous que vos coquins tiennent un
pareil langage en présence d’un personnage si éminent que %
prince? » demanda lord Grawford en regardant Pristan dun air
sévère. — «{jue ne le corrigez-vous vous-même, mflord?» répon-
dit Tristan d’un air bourru. — «Parce qu'A #°y à iei que ta maîn
qui puisse le frapper sans se dégrader en le frappant. — Eh ce
Cas, gouvernez vos Propres gens, miord , et‘ je répondrel es |
miens,» dit le grand prévôt.
Lord Crawford semblait se disposer à ui fire une violente #6:
Pique, mais, comme s'Hedt mieux réfléehi; il lei tourna le dés, ef
an QUEXTIN' DURWARD.
préa le due d'Orléans: et Danois de ‘se placer à: 988 côtés ; après
quoiil fit un signe d'adieu aux dames, et dit à Quentin :
: «Que Dieu te bénisse, 'mon:onifant à tu 4s -cüiimencé to :ser:
ve vailanmamnent, iquoique duns'une maliourouss cause. »
c'H/étéiters moment de partir, lorsque Queñtin-entondit Bunois
dtomeagdertoutibss à Crawford :'« Nous chadaisez-vousau Plessis?
sw" Doôn, mon malseureux et: impradent mix pont Grawford
exQu pére à «é’est'à Éoëhes. x _:{-
“"kochos ! Ce ‘non, :encvse plus rodonté que: li du Plessis;
scies comme celui de glasifuhèbre l'ordille ‘du june Éevssais.
Ibew avait ontendu parier comme d'an.lipu destiné à ces actes
secrbts: de éruauté. dofit Louis 'lürmméêéme avait hoûte'de:souüller
Fintérisnri dersa prairé néidenpe: I ekistait' dans ve lséu-de ter-
reur des cachots creusés sous:des)caohots, dent :queiquet-uns
n'étaient pas connus des:gandigns eus>mémes; tembedut vivants
où coux qui.y.étaient renfkrmés n’avaient.guène d'autre espoir
que de resgiser pour le resta de leur vie.unæir kmpur, et.de se
pawrir-de pain et: d'eau. Dans ca: château formidable :il y avait
sussi de ces horribles Houx de détention appelés cages, dans les-
quels le-malhgureux-prisennier ne pouvait:ni se: tenir debout, ni
s'étendre pour dormir, invention attribués au cardinel de la Ba-
lue. Il n’est donc pas étonnant que le nom de-£e séjourd'horreurs,
et.la pensées qu'il avait en partie contribué à y envoyer ces doux
iustres victimes, remplissent-d'une si grande : tristesse le cœur
du-jeune Écossais , qu’il marcha quelque temps la tête baissée,
les:yeux tournés vers la. ierre, et l'âme remplie des plus doulou-
reuses réflexions.
- Comme il s'était remis à La tête de sa petite troupe, en prenané
la route qui lui avait été indiquée, la comtesse Hameline trouva
l’occasion de lui adresser la parole.' : -
. «Il semblerait, beau sire, dit-elle, que vous regrettiez la victoire
que vous avez remportée pour nous.»
* Il y'avait dans cette question quelque chose qui ressemblait à à
de l'ironie; mais Quentin eut assez de tact pour répondre simple-
ment et franchement ::
.«Je ne puis rien regretter de ce. que j'ai. i fait pour le service de
dames telles que-vous; mais je crois que si cela eût pu s'accorder
avec votre sûreté, j'aurais préféré tomber sous les coups d’un aussi
bon soldat: que Dunois, plutôt que de contribuer à faire renfePmer
eet illustre chevalier et:aon:malheureux cousin, le due-d’Orléans,
€: CHAPÈTRE; XW; : ! D.
dans les affeux &sebots de Loches: —’Ainai. dün6 c'était le duc
d'Orléans!" dit la vieille dame en se tournant vers sa:rèce ; « je
J'avais: bien. pensé; même à 1x distance d’où nous avons vu isicom-
bat. 'Vous voyez, me chère; ce:qui aurait pu arriver Si CE MOnaAn-
que æstdcisux et’avars :mous-eût permis de nous:montrer À sa
cour. Le premierprintce dusurig dé :France et le vaillant Donois,
dont le nom est aussi commu.que uelui‘ds soh'älustre père! Ge
jeuhé homme a fhit son devoir bravemient et ioÿalemient ; mais je
sorais'tentée de: regretèer qu'il n'ait pas saccombé avec hormeur,
puisque 5s bravoure intempestive s'est. placée ertren0es et deux
Libérnteurs aussi -disthjués. > 7 L' Dee 5
: La comtesse -Idabelie céphique d'a ten. foime et qui trahissait
même un certain mééontentement,: eù.un mot'avec uns. énergie
qué Quentin n'avait pas engore remidrqués-en elte:. -.:::.:
1: + Madame, :dit-eBe ;:sù je: n°6 snveais: que vous vouiez’faire une
plaisanterie ; je-dirais quie le distaurs qtie voûs:tenez «st une in-
geatie envers notre ibrayendéfenseur, à qui nous devons peut:
tre plus que vous ne ponsag: Si:ces chavaliers-avaibnt réussi dans
lens témérairp entreprise ei roniporté la victoire, il'n’est pas bien
sûr qu'à l'arrivée des gardes du roi naus n'auriéns pas partagé leur
captivité. Quai, à moi, je-donde des larmes au brave jeune: homme.
qui-est mort-en.6ombatiant neut nous. et bientôt je fonderai des
messes pour le repas de'sm âme; enfls,jespère, » contiaua-t-elle
d'un ton plas.timide ; «que cebai qui survit. voudra bien recevoir
l'expression de ma.seconneisænee.» : : :
Gùmme Quentin se tourngk vers elle pour “jui faire un remerct-
ment convenable; elle aperçut des traces de sang sur l’une deses
joues, et s'écria du ton .de la plus grande sensibilité : « Sainte
Vierge ! il est blessé ! son sang coule! Descendez de cheval, mon-
sieur ; il faut panser votre blessure, » .
…. En dépit de tout ce que Durward put dire pour persuader aux
deux comtesses que sa blessure n'était que légère ; il fut forcé de
mettre pied à terre, de s’asscoir sur-un-bertre et d’ôter son casque; :
et les dames de.Croye, qui, suivant un usage qui n’est pas encore
passé de mode, prétendaient à quelques connaissances en chirur-
gie, lavèrent. ja blessure, en étanchèrent le sang, et la bandérent
avec le mouchoir de la jeune comtesse, afin d'empêcher le contact
de l'air, précaution que leur art leur prescriyæit, : : .
Dans Les temps:modernes, il arrive rarement, peut-être. nôme
jamais, qu’un galani reçoive une bisssure pour l'amour d’une
ee. QUENTIN DURWARD.
bakle, ot les belles, de leur oûté, up focoupont aucunement ‘dt
soin de les guérir : de part et d'autra, an -oourt un danger
moins, Celui auquel las hommes: échappent: sé générelement
reconnu; mais le danger de-pansor une biesere couune-oulle: de
Quentin, blessura-légére at nulismant dangarouss, éinit peut-être
ausai réol, dans san genre, que calui-auquels'était snpogé ie jeune
Bcoessis et qui'la lui avait fait roccweir,
ee avons déjà dé que le hiodsé étall d'una honuté-ramarauer
6. Lorsqu'il détacba:son onsane Qu, pourris dire, 208 Pier
rion, une grande profusion de housies de: ehovens hloudis-dos
échappèrent autour d’un visage sur-lequal ls gaioté-ardimaien à ls
$cuneses était tempérée par la rougeur de 1n mocdastie af le soléris
du plaisir. De son côté, la jourie enrntssse, loraqu'utie fut oldigés
de tenir le moushoir ser kx bisssuve pendant que sa tante xhep
chait quelque vulnéreise dans des'hagnges ; Éprenvs mue éaotion
et un ernbarres, môtlés d'yn sentiment de:compassion poaris my
Inde et de: gratitude pour ses servibes, qui était lois de dimitner
à ses you la bonne mine et les trtits-enchentours de Dukwars.
En un mot, cet moident sembinit améné per !v destin: pour com
Pléter la epmmuanication rystériouse que, par diverses petites
circonstances, en apparerice embnébe par le hasaid , {L avaît de.
blie entre deux personnes qui; bien que'@ffiéréntes pat le rang
et la foréane, se ressemblaient imfimimerit par la jéühesse, M
beauté, et un cœur tendre en même téthips que romariesqe.
n’est donc pas étonnant qu’à compter de ee moment , liée de la
comtesse Isabelle, déjà si famitiôre à l'imagination dr Jeune Éevs-
sais, ait rempli eomplétement son cœur, pt que la comtesse, quoi.
que ses sentiments eussént un caractère moins décidé, autant du
moins qu’elle se l’avouait à elle-même, aît pensé à son jeune dé-
fenseur, à qui elle venait de rendre un service essentiel, avec plus
d'émotion qu'à aucun des nombrewx gentilshommes qui, depuis
deux ans, l'assiégoaient de leurs adorations. Par-dessus tout, lers-
que l'image de Campo-Basso, l’xdigne favori du due Charles, avee
son air hypocrite, son esprit bas et perfide, son eou de travers et
. on œil louehe, se présentait À sa mémoire, fl lui paraissait plas
dégoûtant et plus hideux que jamais :.et sors elle prenait la ferme
résolution de résister :k toute tyrannie qui voudrait ta forcer à
contracter une umion si odieuse.
D'un autre côté, soit que ta bonne comtesse Hameline de Groye
se connêt en boanté maseutine, et l'edrnirât autant que lorsqu'elle
: CHAPITRE: FY. 28
n'avait que .quieze aus. (car ls bonne desne.en avait au mains
trentecing, s’ilfaut-en eroire les. mémoires da cotie noble famille,
sait. qu'elle erût g'avair pas repsu à leur jeune praertaur louis le
justice qu’il méritait, d'après la manière dont, ele avait prinsitir
veman£ jugé.se8 services, il est certain qu ‘a sormenn alors
garder d'u çeil.plus favorable, … .
« Ma nièce vous a donné ma meueheir pour bander votre bles
sure: ni dit-ella: ép:voua qu donnerai un pour honorer otre.
brayoure et jour VOME AAMOUTADET À faire de nouresns. PCOBRÈN
dans l'art de la .cheyalerie. »
À cos mets die ini dpana ao mouchoir richewent becdé an-snie
bleue et on argeni, et, lui mopirant la housse de son palefroi,
ainsi que les. plumes qui arnaiant son bonuet de voyags , els la
pria se semarquer que les couleurs on étaient les mêmes. .:.,
L'usage du temps faisait une loi ef, prescrivait Le manière de re-
cevoir une pertille faveur, et Quentin s'y conforme en atiachané
le meuchoir autour de san bras: cependant il mit dans eet acte
de renonnaisenpe plus da gaucherie et moins de galanierie qu'il
ne l'aurait fait dans une aura cireonsiance.et daysnt d'auges parr
sonnes.; Gar , bien, qu'en se parant des couleurs d'une dame , 4er
cordées de cette manière, il de fit qu'une sorte de compliment
qui ne tirait pas. À conséquence, U aurit de beaucoup préféré
jpuir da droit de. porter À.san bras le. mouchoir qui enuyrait ls
blessure que lui avait faite l'épée de Dunois. .
Cependant on se remit en roule, et Quentin se tenait àcôté des
dames de Croye, qui paraissaient l'avoir tacitement admis dans
leur société. Néanmoins il ne parla que peu ; son âme était remplie
de ce sentiment intime de bonheur qui craint de se manifester ay
dehors avec trop d'abandon. La comtesse Isabelle parla encore
moins, ea sorte que la conversation fut principalement soutenue
par sa tante, qui ne paraissait nullement disposée à la laisser lan
guir; car pour initier, disait-elle , le jeune archer dans les prin-
cipes et la pratique de la chevalerie , elle fit avec le plus grand
détail La description de la passe d'armes d’Haflinghem, daps le-
quelle elle avait distribué les prix aux vainqueurs.
Ne prenant qu’un faible intérêt, je suis fâché de le dire, au récit
de ce spectacle splendide ainsi qu’à la description des emblèmes
et des couleurs béraldiques des chevaliers flamands et allemande
que La comtesse expliquait en. tezmes de blason avec 1ù6 axeGlir
tude minutieuse ei sgas pitié.poux 395.adieus, Quentin come
ser QUENTIN DURWARD.
Meriga hrexprimer:quelque crainte d’avoir-dépassé lé-lieu où le
guide devait-les rejoindre, accident très-sérieux, et dont, si-véri-
tablement était arrive on à devait appréhender les | conséquences
tes: plus! désgréables.
vante qu'itihésitait our sureéireri enrvertäit ctemièreun de
ses gens , afin de s'assurer de la véräé; il entondit'sônner du cor,
et regardäiht de eôté-d’éû vénait le sûn, H'apérçutunr cavalier qui
aceoürait vers lui à toute wide. La’ potite:taille, la-lorigue cri-
dé) l'air.sautvage ‘et indompté de l'ariitnal qu’il méntit., rappe-
lérent à Quentin la race des chevaux de montagne: de:sûn :pays;
mais cebriei était béaubup niieux fait et #tet:la même appa-
rénos dé force: joïéte’ä Mhabitude de: la fatigue’, i awiit: plüs de
rapidité dans'ses mouvements. La:tôte, surtout; :quidans le potit
cheval écvssais est souvent lourde et: parâït: brie tasse ihforme,
était petite et:bieu placée sur-le:cou:de l’animäl, dént les lèvres
étaient fines, les yeux élincelants etles naseañx biet ouvérts. :
‘ Ée: cavelier: avait: Fair: ericore. plus ‘étranger quo le cheval
qu'il ‘aiohtait ; quoique celui-ci ne rosssrhblét nulloment aux
cheveux de-Frence.-Sés ‘pieds pesaierit datis de larges. étriérs,
dot la férine tensitun peu de: qelle -dana pélle ; et ténus si
bourts que’ses genoux étaïent presqueaûssi 'élerés que le pom-
meau de la selle. Cependant il matniait son palefroi avec beaicoup
de dextérité: Il portait sur la tête un petit turban' rouge, ‘orné d'un
panache fané qu ’assujettissait une agrafe d'argent {Sa tunique, qui
avait la forme de celles des Estradiotés; troupes qüe les Vénitiens
lovaient à eette époque dans les provinces: situées à l’est de teur
goke ; était de couleur verte et garnie de galons d’or usés et ter-
üis. Les-plis d’un large-pantalôn blanc , assez: malpropre poûr ne
plus-être digne de cette épithète, étaient réunis et ‘sèrrés au-des-
Sous de ses genoux, et: ses-jamibès noires étaient entièrement nues,
sauf la multitude des handelettes qui attachaïient à ses pieds üne
paire de sandales. Il n’avait pas d’éperons, les bords de ses larges
étriers étant assez trancharits pour piquer les ancs de son che-
val d’une manière sensible. La ceinture cramoisie de ce singulier
Cavalier soutenait à droite-un poignard, à gauche un sabre mo-
resque à lame recourbée, et le. cor qui avait annoncé son arrivée
était suspendu à un baudrier teini qui passait sur son épaule. Il
avait le visage basané et brâké jar le soleil, la barbe peu épaisse,
tes yeux noirs et pergahts; l4 bouche et le nez bien formés; enfin
868 trails on Bériérat auraient pu passer. pour assez beaux , si ce
| : CHARÈTRE XW, : > ses
n'eussent été les boucles de cheveux noirs qui tombaient autour
de son visage , et un air de férocité , joint à une maigreur qui le
faisait ressembler à un sauvage plutôt qu'à un homme civilisé.
« C’est encore un Bohémien, » se dirent les deux dames l’uné :
à l’autre, « Sainte-Marie ‘le roi peut- encore avoir placé sa con-
fiance ds un de ces brigands ? — Je questionnerai cet homme,
si vous le désires , dit. Quentin, et j je: m'essurerai de sa fidélité au-
tant qu'il me sera possible. »
Durward, de méme que les dames de Croye, avait reconnu dans
le costume et l’apparence de cet homme l’habillement et les ma-
nières de ces vagabonds avec desquels il'avait été si: prôt ':dfitre
confondu, grâce. à. la célérité des.procédésde Trpis-Écholles et de
Petit-André : il était donc naturel qu’ vit du danger à:ss-confier
à un individu de cette raca vagabonde.. : nn ei int)
« Es-tu venu ici pour nqus chercher? » fat prendre gens
qu'il lui adresea. TUE
! - L’étranger répondit per en signe de tête afBrmatif. 0
".—« Et dans quel dessein ?-— Peur vous guider jones pas
de celui de Liége.—De l'évêque, veux-tu dire?» 1: ‘19
‘ LeBohémien fit un nouveau signe aflirmatif. : 4: 5
: —«Quelle preuve peux-tu me donner que nous devéns te onoire?
— Pas d'autre que ce vieux refrain: | PE ENT |
Le page tua le sanglier , rs Si tt 6e
Le prince en eut la gloire :, ee
_—La preuve est bonné, dit Quentin; marche en avant, mon
Sarçon; je ne tarderai pas à revenir te parler.» Retournant aussitôt
auprès des dames, il leur dit :’« Je suis convaincu que cet hommé
est le guide que nous devons attendre; car il m’a donné un mot
d'ordre que je crois n’être connu que du roi et de moi. Mais je vais
Causer de nouveau avec lui, et je tâchérai de m' assurer du dégré
‘de confiance qu’on peut lui accorder. »
ÿ
4 The page slew the boar.
. Tha peer had the gloire.
| | QUENTIN PORWARD:
. “ . , .
AL vos RER à ass. “ 1. i *, PRE 22 L .
LL it * £ + BE
ur outit auprRE XVI.
po et 1: LE VAGABOND.
"Je suis aussi libre que pouvait l’être l’homme de la
| beture avant que tes lôis dégradèntes de la servitude
eussent été établies, +t quand.le noble sauvage errat
à son gré dans les forêts,
| BayDEr , La conquête de Grenade.
| Pendant que Quentia. avait avot les s deux comtesses la courte
ebitrersstion indispensable pour leur donner l'assurance que le
-@£traordmaire qui venait d'augmenter leur troupe
était le guide qui devait leur être envogé de la part du roi, il
rediarqua, Car. il était aussi alerte à observer les menvements de
l'étranger que celui-ci pouvait l’être à observer les siens : il reimar-
qua, dis-je, que cet hommé, non-seslement toùrnait la tête en
anière autant qu'il le pouvait, pour jeter sur eux des regards de
curiosité, mais qu'avée une agilité singtlière, plutôt semblable à
celle d’un singe qu'à eoke d'un homme, it se tournait sur sa selle
de manière. à être assis presque de côté, afin de pouvoir lesobser-
ver plus à son aise et plusattenhvemeat.
Peu satisfait de cette manœuvre, Quentin s’avança vers le Bohé-
mien, et lui dit en le voyant reprendre la position convenable sur
son cheval :
—« Il me semble, l'ami, que vous ne nous $erez guère plus
utile qu’un guide aveugle : car vous regardez la queue de votre
cheval plus souvent que ses oreilles. — Et quand je seraïs effecti-
vement aveugle, répondit le Bohémien, je pourrais encore vous
servir de guide à travers quelque province que ce soit du royaume
de France ou de ceux qui l’avoisinent.— Cependant vous n'êtes
pas né Français, dit Durward.— Non.— De quel pays êtes-vous
donc? — Je ne suis d'aucun pays. — Comment ! d’aucun pays?—
Non, d'aucun. Je suis un Zingaro, un Bohémien, un Égyptien,
ou tout ce que les Européens, dans leursdivers langages, peuvent
juger à propos d’appeler notre peuple; mais je n’ai pas de pays.
— Êtes vous chrétien ? »
Le Bohémien secoua la tête.
« —Chien, » dit Quentin, car à cette époque l'esprit du catholi-
cisme était peu tolérant ; «adores-tu Mahomet ?—Non, » répondit
| CHABITRE XVE. |. 4
d'en ait tésmeehat ei d'en. tou levenienne le guide, ai ne parut
ni offonsé: Hé surpris de l'ERPONEIR ET dt jeune hotes. — « tes
voes done palba ; qu'étés-vous Citfia ? -— Je ne profes aeuns
poligion. » |
Durward recula étonné: car, quoiqu'il eût entendu parier de
Serrebine ot d'idoifitres, il ne lai était jamais venu à fidée qu'il pût
exister une association d'hommes qui nb séivissent aueun culte.
Cependant él revint de sa surprite, ot-denmande à s6n guide où il
habitait ordinairement. Partout où je me trouve, réplique 16
Dobéarien; je n'ai pas de résidence fite.— Goitunent conserver
voës ce Qui vous appartient ?—A l'exception des habits que je
porte et du cheval que fe tubnte. je ne possède rit au iromde —
Cependant'sotre habillement ne Maique pas d'élégance et votre
cheval est ancollent, Quels s6nt vob moyens. d'étistonce? - Jo
name qaaud j'ai fais, je bois quand j'ai soif et je n'ai d'autres
moyens d'existence que ceux que le hasati ie fait rencontrer.
Sous des tois de qui. vivez-veus?— je ne dois vbéissanee à personne
qu'uatent que vla me ‘convient. Qui est votre chof? qui vous.
commande ?— Le père de notew/tibu, s'il me platt de tui obéir; fe
be. conhuis point d'autre chef. … Vous tes donc dépourvus de tout
ce qui réuaft les autres hommes? » dit Quentin dont la serprise
dlait toajours üroiBsenit. « Vous n'avez hi lois. ni chef, ni moyens
siburés d'etistehos, ni maison, hi demeure. Vous n'avez (que lo
ciel ait pitié do vous!}, veus n'avez point de palrie, et (vouilie
l'Ëtre sopréme vous écluireret vous pardonher!) vous n’aves point
@e Dieu. Que vous reste-t-il, privés éoinane vous l'étes de gouver-
nôiment, de bonheur domestique et de seligion ? = La Kberté, Je
ne rip -dèvant perstsue ; $e n'obéis à personhe ; je nè respect
porsunne. Je vais là où je veux. fe vis cine je peux, etje mour
roi Quant rhon feure sere vénue.Mhis vous êtes &£posé à être
tit à mort à Chaque instant, suivant ie bon plaisir du juge. - Soit!
cen’estuque méerirub peu plus tôt. Mais vous tes exposé aussi
à être emprisonné; 6t'où st alors tette liberté dont vous vous
pontez 7 Dans mes ponsées, qu'aweute chaîne ne peut entraver
tandis que les vôtres, môêtre. lorsque vos membres sont libres, r'es-
tent enchaînées par vos loiset par vos superstitions, par vos 1ôves
d'attachement local, par vos visions fantastiques de politique Ci
vile : moi, mon esprit est libre lors méme que meëmembres S0nt
enchaînés ; vous. votre esprit est captif lors tnômme que vos MeM-
bres jouissent de toute leur liberté. — Toutefois, la liberté de votre
208 QUENTIN BURMWARD.
esprit ne pout alléger les chaines qui pésent sun .tos matniires.
C’est un mal qui peut s’endurer pendant quelque ternpé, et'si je
ne parviens bientôt à m'échapper, ou simes camarades ne péu vent
m'y aider, je puis toujours mourir : la mort est la liberté Je plus
parfaite. » ; :
Il y eutun intervalle de silence qui dura quelque torpe. Ques-
tin le rompit-en reprenant: ses questions:
—« Votre race est une race yagabonde, iaconnue aux nations
de l’Europe. D'où tire-t-elle son origine ?— Je, ne saërais vous le
dire, répondit le Bohémien.+—Quand délivrera-t-elle ce royaume
de sa présence pour retourner dans Ie pays d'où -ella est venue?—
Lorsque le temps de son pélerinege sera secompli.—Ne déscendez-
vous pas-de ces tribus d'Israël qui. furent emmenées. on saptivité
au-delà du: granû. fleuve de l’Euphrate ? » lui démanda Qupntin,
qui n’avait.pas oublié ce qu'on lui avait enseigné:à Aberbrothock.
— S'il en eût été ainai, nous. aurions suivi leur foi, pratiqué leurs
rites. Quel est ton non, à toi!—Mon véritable nom n’est connu
que de mes frères; les étrangers, eeux qui ne vivent pas sous nos
tentes, m’appellent Hayraddin Maugrahin, c’est-à-dire Hayraddin
le More africein.—"Fu:t'exprimes trop bien pour un homme qui
as toujours vécu, dans. ta misérable horde.— J'ai appris quelque
Chose-de la seiench de ice pa ys. Lorsque j'étais encore enfant, notre
tribu fut poursuivie par des: chasseurs db. chair humaine. Une
flèche traversa la tête de'ma mère, et elle mourut, J'étais emhar-
rassé dans la couverture de laine-qui cçuyrait ses épaules, ft je
fus pris par les chasseurs. Un-prêtre me demanda aux .erchors dg
prévôt, it m'obtint, et m'isstruisit dans les sciences frapques per-
dant deux ou trois ans.— Comment et. pourquoi as-tu, quitté ? —
Je lui avais volé de l’argant, même le dieu qu’il adogait, »répondit
Hayraddin avec-un calme parfait. « Il me dénouyri et mp. hattit.
Je le perçai de mbn couteau ;'je m'enfuis dans les:boig.et: je me
trouvai de nouveau réuni à mon peuple. —Misérable ! {has aspas-
siné ton hienfaitenr ?— Que m'importaigat. ses bianfaits : ? Lejeune
Zingaro n’était pas un chien domestique pour margher sur les pas
de son maître et ramper sous ses coups pour obtepir les bribes de
sa table. C'était le jeune loup mis en captivité: à la première oeca-
sion, il a rompu sa chaine, a déchiré son maitre, et est retourné
dans ses déserts: » "He,
- Il se fit une nouvelle pause, après laquelle le jeune Écossais ,
dans l'intention de pénétrer plus avant dans Je caractère de ce
cuartte: XVI: . ” 209
güide sugpect, demanda à Hayraddin s'il. n’était pés- -Vrai que sen.
peuple, malgré l'ignoratice, dans-laquelle il était plengé, prétendait
avoir Ja connaissance de fayenir ; connaissance qui n’ayait point
été donnée aux sages , aux philosophes et aux prêtres d'une so-
ciété plus policée ? .
=— «Nous le prétendons, répondit Haÿréddin, et c'est âvec rai-.
SOR : — Comment un don si précieux a-{-il été accordé à une race’
_ Si ahjecte ?— Puis-je ous le dire? Cependant,-oüi, je té puis; mais
ce sera quand vois m’ aurez expliqué pourquoi le chien peut sui-.
vre à la piste les pas de l'homme, tandis que Fhorme, animal plus
noble, ne saurait suivre ceux du’ chien. Ce pouvoir qui vous pa-
raît si merveilleux , notre race le possède d’instinet. D'après les
traits du visage et les lignes de la main, nous pouvons prédire leur,
‘sort-futur à ceux qui nous-consultént, avec autant de certitude.
qu’en examinant la fleur'd’un arbre, au printemps, vous direz
quel fruit il portera er automne. — Je doute de ta science, et je.
te défie de m'en donner une preuve. — | Ne in’en déliez pas, sire
écuyer, - À quelle religion que vous préteridiez appartenir, je puis
vous dire que la déesse que vous adarez se trouve dans cette COmI-
pagnie. — Paix ! » dit Quentin ‘saisi d’étonnement; « sur ta vie ne.
prononce pas un-mot de’plus, si ce n’est-pour répondre aux ques-
tions que je tadresse. Peux-tu être fidèle? :— Je peux tout ce qui
est possible à-un homme. .— Mais vepx-{u l'être? :—« Si je ke ju-
rais m'en croirais-tu. davantage?» répondit le Méugrabin. d’un ton
sarcastique. — «Ta Yje est entre mes mains, {u le sais. — Frappe,
et tu verras si je crains la mort. = = L'argent peut-il faire de-toi un:
guide sûr et fidèle ? — Non, si je ne le suis pas sans, cela.—Alors,
dis-moi. quel lien je dois employer. — La bonté. — Te ferai-je
serment d’en avoir pour toi si tu nous es fidèle pendant ce voyage?
— Non. Ce serait prodiguer à la fégère une denrée raré. Je te suis
déjà dévoué: —- Comment ?» s’écria Durward plus étonné que ja-
mais. — « Souviens-toi des châtäigniers sur les bords du'Cher. La
victime dont tu voulus sauver les jours , était mon frère; c'était .
Zamet le Maugrabin.—Et cependant je te trauve-en relation avec
ces. mêmes officiers par qui ton frère a été mis à mort - car c’est
l’un d'eux qui m’a indiqué l'endroit où je te trouverais; et c’est
le même sans doute qui t'a donné comme guide à ces dames..—
Que pouvons-nous faire? » répondit Hayraddin d’un air sombre...
« Ces hommes nous traitent comme le chien du berger traite ie
troupeau : il le protége pendant quelque temps, le fait aller çà el
QUENTIN DURWARD,
330 QUEMEIN DERWARD. .
là euivabt son. bon plaisir, et finit tosjours per Je oomdien à ie
. tuerie. »
- Quentin eut. par fasuite ocrasion à d'ahrondre A is Bobérien
avait dit la vérité à cet égard, et que la garde prévûtale, employée
à détruire les hordes vagabondes qui infestaient le royaume, en-
tretenait avec elies des correspondances, s'abstenait pendant un
cærtain temps d'exécuter ses devoirs, et finissait toujours par con-
. duire ses alliés à la petence. Cetle sorte de relation politique entre
le voleur et l'officier de police, pour l'exercice profitable de leurs
professions respectives, . à existé dans tous les pays et hesi rulle-
ment ipcorinue au nâtre.
. Durward , en se séparant de sn giide. wiut rejoindre de reste
de ia troupe , très-peu satisfait du caractètb d'Hayräddin, et ao-
cordant peu de. confiance aux protestations’ de recennaissance
qu'il en avait- recues personriellement. 31 se mit alors en devoir
de sonder les deux autres hommes qui lai avaient été donnés pour
faire partie dé l'eseprte., et ik eut le chagrin dé les trouver aussi
stupides et aussi péu capables de l'aider de leurs avis, qu'ils ’é-
taient, ce jour même, montrés peu disposés à faire sage de leurs
arumnes,
-« Cela n'en vaudra que mieux. » se ait Quentin dlui-même, son.
esprit s'élevant en raison des difficultés que sa position devait .
faire redouter. «Cette aimable j jeune dameme devra tout. J'
que je puis haïdtinent compter sur ce que mn bras et ma non
peuvent faire: J'ai vu la maison de mon ‘père livrée aux flarames;
je l'ai vu, lui et mes frères , nâger danb son sang au tmilieu des
flammes. Je n'ai point reculé d'un on pouce, et j'ai cfinbettu jus-
qu'au dernier moment. Aujourd’hui, avec deux ans de-plus, j'ai
pour me comporter’avec courage, le meilleur et le plus beau mo-
tif qui jamais ait enflammé le cœur d’un brave chevalier. »
- Faisant de cette résolution la règle de sa conduite, Quentin
: montra péndant le voyagé tant d’êttention et d'activité, qu'il pa-
raissait être partout en même temps. Son poste principal, ou plu-
tôt son poste favori, était à côté des dames, qui, sensibles au soin
extrême qu'il prenait de leur sûreté, commencèrent à converser
avec lui presque sur le ton d’une familiarité amicale ; et-elles pa-
raissaient prendre beaucoup de plaisir à H. naïveté sinéi qu’à la
finesse de sa conversation.
S'il était souvent auprès des comtesses, essayant 4e fairé à des’
personnes qui étaient nées dans un pays plat là description des’
enonté Gremsgie n8'4, et sértut des henutés de Clone, C
_ ‘marchait tout aussi fréquemment avec Hayraddin à Ha fête cle:be
petite caraicaié , ke questionnant. sur la route , sur les Keuir de
hmités, ét gravant sés réponsés dans se mémoire, afin d'être à pot
tés de:raconaitre;, par de nouvelles questions, s'il ne:méditäit pas
relie trabison. Souvent aussi on le voyait-à l'arriéregarde,; té.
chsaut de F'esdurer Fattachement des deux honkmes diescorte par
dés parles de bonté par des présents, et par lespreiesses denme- ci
selles ré6omipenses. aussitét que’ leur iaché serait renbphis.
Hs:voyagèsenl de cette manière perdant. plus d'une semdiné : |
suivant des chémins écartés et des routes déteurnées, traversant
dés vaetbes peu fréquentés, afin d'éviter les grandes: vikes. Ü ne
leur arrita rien de remarquable, si cé-n’est que de tempsenttemps
ils reneontraient des hürdes érrantes de Éthériens , qui les res
pectiient eomnie-étant sous la conduite d'un individu dclesresstés
des-s0kdats trafnards , ow-peicôtre des bandits ; qui ‘irjuvent Te
parfle trop inégsle, 5 'abatenaient de ies attaquer : vf; dés déta-
Chements de 1+ maréchaussée , “eomnie on nommerait à prébent.
" -cks mibiéaives: ‘et que Louis, qui sondait et. cautérisait les plaies.
du pays avet le fèr et.le feu ; employait- pour. détraire les bédes:
effréniées qui infostaient le royaume. _Ces derniérs-les-talssaient -
poursuivre leur voyage. sans les fquiétér ;'en vertu Ü’an ordre
étrit dont Qéentin avait été muni-à cet effet par: lé roi tai-tiême.
‘Eeury lieux de haïte étaient le plus ordinairement des monas-
. ères , dot M plupart étaient obligés ‘par les règtes de Fear fonda
tion de : recevoir les bèletins; comme les dames voyageaient sous
ce titre élles recevaient l'hospitalité ; sans qu'ù leur fût adressé
aücune. question sur leur rang ét leur condition : en effet, it était
d’asage. que les personnes de “distinétion qui voyagèalent pour
accomplir un vœu cachassent leur nôm èt leur quafité.Earri
vent , les comtesses de Eroye prétextaient crdmairement ta fti-
gte pour se livrer. au repos, .6t Quentin, en sa qualité dé major: |
dôme’, déployait, dans les arrangements qu’il était nécessaire de
| prendre avec leurs hôtes, üne sagacité qui leur épargnait benu-
Coup d’embarras, en même témps qu'une promptitate qui'ne'
menquait. jamais d’exciter un sentiment d'affeetiontet de recon-
naissance chez celtes qui étaient l’objet der tant de-s0iné. *
. Une chose cependant était pour Quentin urie œbse d’inquié-
tude presque jodrnalière ‘son guile, eppertoret à à une ‘carte:
« Montagnes d'Ecosse, 4 ÿ.
Q32 | | QUENTIN : DURWARD.
dont: les membres étaient réputés poir. païens ; ; vagahonds, et
idonnés à l'étude des sciencéa occultes , n'était jamais admis sans!
de grandes diffeultés dans les monastères où la chvalcade s'arrés.
tait de préférence ; et il me pouvait qu'à grande peine obtenir Dour
eet hoinine un Jogemient dans l'enceinte extérieure de leurs murs,
C'était là-un grand embarras'; car, d’un .côté, À était. nécessaire
de teniren bonne. humeur un homme qüi possédait _le’sacret du.
‘voyage; tandis que’dé l'autre, Quentin jugeait indispensable” de
veiller attentivement, ‘quoique : secrètement ; sur la conduite.
d'Hayraddre , afin que > s'il était. possible, : il n’eût aucune cort-
muméation avec qui que 0e fût. Gr, cela né pouvait être si le.
Bohémien logeait hors de l'enceinte .des couvents dans lesquels
” on garrétait. D'ailleurs Durward' ne pouvait s empêcher de croire.
que Hayräddin avait te’ désir qu'il-en füt'ainsi; car au'lieu de se
tenir:tranquitke dans le réduit qu’on lui assignait, il- eritrait en
» Conversation. avec les jeunes frères.,et les-novices, et les arnusait
beaucotp ; par ses fours, par ses. chansons, ce qui édifiait fort
peu les vieux moines; de sorte que, ‘dans plus d’une cireonstance,
il- fallut à Quentin toute l'autorité, appuyée de menaces .. dont k
pouvait faire-usage envers le Bohémien ; paur éprimer sä gaieté
licencieuse. et l'emploi des prières Auprès des supérieurs pot
.… @mpéeher que le cliien de paien: ne-fût mis à-la porte. Il réussis-
. sait pourtant , pür la manière adroite-avee laquelle 1 demandait
pardon des irrégularités commisespar cet. homme, insinuant que
le voisinage des reliques , la fréquentation des édificés consacrés
. à la religion, et surtout ses communications avec des-hommes'
voués au culte des autels , parvieridraient à le ramener à de meil-
leur$ principes et. à une eonduîte plus régulière. .
Gepengant, lé dixième où douzième .jour du ‘voyage, après
leur. entrée.en Flandre et lorsqu'ils approchaient de Namur, tous
les: efforts de Quentin. devivrent insuffisants pour prévenir les
suites du scandale donné par.son guide. La scène se passait dans
un couvent de françiscains d’un ordre strict et réformé , dont le
prieur mourut-dans la suite en ôdeur de sänteté. Après avoir sui
raonté des seropules plus. grands qu’à l'ordinaire, et auxquels il
est vrai qu’en paréils cas on devait s'attendre , le mauülit. Bohé-
mien obtint enfin un logis dans un bâtiment écarté; habité par
un. frère lai: qui :faisail les fonctions de jardinier. Les dames
s'étaient retirées dans leur appartement comme à l'ordinaire , et
le prieur, qui par hasard avait des parents ei des amis en Écosse,
- CHAPITRE. XVI. : | 3%.
" et qui. aitpait à entendre © losétPangets acier de. leur pays, irivita
Quentin; dont’ probablement la bouna mine.pt1lacondtite hi
-aväient-plu, à venir faire une légère. cellation. dans sa celluls.
Ayant reconnu dans ce religieux un: homme intelligent, Quentin
nè négligea pas l’occasion de s'iiformer de-l'état.des affaires dans
Je pays de Liége , dont pendant les deux. dernières. journées de
. marche il avait euteñdu-diredes chases : ‘qui ‘lui donnaient des
craintes pour la.sûreté des damies confiées à sa.garde, avant la fi
du voyage; et qui lui laissaient même des doutes sur le pouvoir
qu avait Pévêque de. les protéger, une fois- qu'elles seraient arri-
vées saibes pt sauves dais son palais. Les réponses du prieur ue
fureñt pas-d'üne nature. trés-rassurante. à 4
.. «Le peuple de Liége , disait-il, est un peuple de bourgeois
riches, qui, | comme .J$hu dans les-temps aÿcCiens, se sont en-
graissés et, regimbent aujourd’hui. Leprs richèsses et leurs privi-
léges leür ont-enflé Le cœur. Jis-ont eu diverses querelles.avec.le
due de. Bourgogne, leur: seigneur suZergin, au sujet des impôts
"etdes immunités : ‘etiks.se sônt fréquemment mis en révôlte ou-
verte, Le duc en a été tellement irrité, car c'est un hemrñe boail-
lant et:ernporté, qu'il à juré par saint George, qu'à la première
provocation il porterait dans-la ville de-Liége.la désolation dont |
a été atfigée Babylone, qu'il là fuinerait aussi complétement |
qu’a été ruinée celle de Tyr; en un mot; qu'it-en ferait uis.objet
de. mépris et de honte pour toute-k- Flandre. — Et d’après tout
ce que j'en ai entendu raconter, ce. prince est bièn eapable de
tenir son serment , dit Quentin; par ‘conséquent ilest probable
que lés Liégebis se garderont bien-de lui en fournir l'occasion
On devrait Fespérer, répondit le prieur, et c est h. l'objet des
prières des saintes âmes dù pays, qui ne voudraient pas; que le
sang des hommes fût répandu comme de d'eau, ‘et qu ils périssent
comme des êtres entièrement réprouvés, avant d’avoir fait leur
paix avec de ciel. Le bon évêque travaille aussi puit. et jour. à.con-
server la paix , comme il convient à. un. serviteur de l'autel ; ‘Car,
-CormBe il est dit dans l'Écritire : ‘Beati pacifici. “Mais. » Xeile
bon prieur s’interrompit en poussant un profond soupir: ..
. : Quentin ‘exposx avec. modestie de .quelle importance il était
pour les dames qu'il aecompagnait d'obtenir des renseignarhents .
positifs sur Pétat intérieur du pays, ajoutant que le digne-et. ré-
vérend père ferait un grand acte de charité chrétienne s il ‘Youlxit
bien l’éclairer sur ce sujet... . . =. 7. ..
Ld
+
2 QUÉRTIN DURWARD..
.« Gest jen ‘enibt ; sut lequel petionné 26 parie qu'aros np |
Biants! répondit le prisun, car ceux qui disént-du:mal des puis
- sets do da terre, cliem is culicuo, courent de langer. qui.
messager ailé ne. porte ces discours josqa’à leurs oreüles ‘Fonte
‘fois, poiir vous. rendre, à ‘vous gui paraideez ei jeune hoims
feanc et koyat ainsi ŒU':à 10€S daines, dui sont de pietsbs sortante
du Seigneur, et qüi acocmpkissent en ce menant ün saint pèlerk .
‘mègt; pour vous readre, dis-6, les faibles services ea sut en
Thon poutair, je vais vous parler sans suiCLRE rÉgÉrve. » |
‘1l regarda alors autour de lui-avef .un:air de pebcaritiqu; prit
haissant la voix., comme s’il eûl craint d'être entendu t
. « Les Liégeois, dit-il, sent secrètement excités à leorsfréquen,
-tasrémwolies par des hemmes de Bélial, qui prétendent, vais faus- .
sement, je l'espèrs, æôir mission de notre rei très-chrétien, que
je: crois trop digne‘ de ce. titre pour troublé aiasi:la, paix d'at |
élat voisin. ‘Et cependant son. nomest ouvertement:employé par
chiz qui: soutiennent êt abnment ie. mépontentement- parmj:ls
habitatits de Liége. U ÿ a en oatrs.dans le pays un seighoux de
bon ligeage st qui jouit d’une grande rentmmée cormme bominé,
das la guerre ; ‘mais qui n’en est pas moëns... pour :aimsi.dirs , +
prie ‘offonsidnis el petra scondaii une pierre d'achopperment pour à
Bourgogne et:la Flandre :-son ngin est Guillaume dé la Marck.
Swnomné Guillaume le Barbur, su le Sanglier des Ardennes, di
le jeuns: Écobsais. …— Et c'est. avec raison qu'orr lui a: donné €
sous ; mon Gs, dar d est comeile sanglier d61a foréé, gai fous
bts ses pieds tout ce qu'il'rencantré:et le déchire avac scs dé
fenses. 1l-sest:formé ane. bande de Plus dé mille eines, tors
semblables .à lei, c'està-dire méprisaut taûte autorité.cirileet
sbkgieuse; avec leur assistance , il s'est déclaré indépondant dt
tlue de Bourgogne, et vit.; ki.-et ses partisans , de rrapimes et de
violdaces, qu'il :exorce indistinetément sur les ecclésiastiques ét
sur les tiques : doipeeuit munas in christos Doinins : ia portéls
ain sur l16s oipts du. Seigueur, au mépris de oe qui est éentt
dVeseucher.pus à mes sinis, el ne faites pus d'injures à mes prophè
tes jusqu'à nottepauvre maison: laquelle il à fait demagdor dé
. Setmrhes d'et:et d'argent ponr rançon denotre vie et de celle de
. æ0s frèses, demande.à laquelle nous ayons répondu pâr ame SP
glique ‘en ‘latin, dus laquelle nous expssions l’impossihélilé où
mous socamnes de sutislaire à sa réquisition ; et nous d'exhortionf
par © ces paroles du prédicateur : Ne makaris amico.feo malum cb:
ORRPITRE XVI: < à
pabès mn. fe sdséion 1 Nésamoins ce Cahebnes: Busbatus, ce
Gœilmense de:la Marek , qui ignore’ aissi complètement les:beb-
Jessiettres que les leés de Ybumenité, nous répondit: dups som jen-
gon ridicule : Sinénpagutis, brutabo monciter nan véstrsan.1Lalitr
| barbare ; qui dependent, men rétérend père; il ne vous fat-q .
irop:facile de -cvmpreadré.—Hélss ! mon fils, le craitite et 1x
nécessité sont d'Habiles interprètes ; et nous fûmes ebligés de fon- |
dre jes rase d'argent de notre autel pour satisfhire la rapacité de
œæ chef impitoyable. Puisse: le ciel lui paÿer sept ais be récom-
pense -qui lai est due ! Pereat improbus ! Auen! Amen! Atathens
este ! — Je suis surpris que:le duc'ds Bourgogne , dout ixfurce ,
pst égale à sa puissancp , ne réduite pas aux ‘aboës ee sanglier,
dont les ravages ont déjà fait tant de.bruit. — Hélas! méit Gls, 4
duc est sn cs moment à Péronke , où il rassemble-ses capitaines |
ou mecher: contre la France ; aimsi , tandis qoe le cel:a pemmis .
que la diseurde enrirèi dans bes cœurs de deux grands prinebs , le
royaumes subit le:joug des oppreiseurs subaltermes. Maïs c’est à
tort que le ducnéglige de.débarrasser ses.états, de cette gangrèse
quai tes ronge, car ce Gaitiaume de La Marck a, depuis peu, em
treteñu: oxrertement des relations avec Ronslaer et Pavillon, .
chefs des -mévcontents de Liége, et 4 est à eraindre- qu’il ne les
excite bientôt à quelque entraprise désespérée. — Mais l'évêque
de Liégo n's-fi donc js le, pouvoir nécesmire poux sabjuguer
cet esprit inquiet et turbulent? Yotre réponse à:catta question
est d'un grand intérêt. pour raoi;anon père.-— L'ésêque, mon
Ss, « l'épée de saint Pierre comme il:en a des clefs: à} possède le
-paurvoir comme price séculier, et il jouit de la”puissante preteë-
tion de la maison de Boürgogue; ik a l'antorité $pirituokle comme
prélat ;et:il sou Gest tous ces avantages par un hombre sufisant
de bons sokietset d'hommes d'armes. Ce Guillzume de la Marck
a êté élevé dans sa maison, oi il en à reçu une foule de bienfaits
mais à la cour même de pieux évêque; son” carattène eruel et
samguinaira se révéla bientôt , et il en'fut chassé pour un home
eide:commris sur Fun des principaux domestiques de ee prélaf,
Boni pour ce fait de la ruaisqn du bon évêque, .il n'a cessé :
d’être pour lui ün ennemi implacahée ; et maintenant, je ke dis
avec douleur, il s'est coint-les reins, et il a tourné, ses apncs con-
ve son bienfiiteur. — Vous-corsidéres donc la situation du digne
prélat comme dangereuse ? » lui demanda Quentin avec inquiés
‘+ 4Ne fais pas de-mel ton aini.qui æplueé on toi sa conflance, 4 ..
2 QUENTIN DURWARD, |
tude. — « Hélas! mon fils, répondit: bon franciscain qu et
-@lui que: nous ne puissions. regarder conmms'en danger. dans ce
triste exil? Mais le ciel me préserve de prétendre que. te-vénérs-
ble -prélat-soit-dans un péril imiinent. Ile uti trésor conbidére-
“ble, de fidèles censeillers, de brave soldats; et deiplus, je:vous
dirai qu'en messager. qui se dirige du: ebté de l'ast:,et qui a paxé
‘ici hiér, nous a dit que le duc; à‘la requête de l'évêque ; lurae-
#oyé en toute hâte eent homrhes d'arrñés , ayec ia saite qui acton
-pagne chaque lartce, Gette troupe saffirapour résister à Guillaume
de la Maïck dont:le-nom soit-maudit !'Amen1 5.
Dans Ce moment, leur conversation fut interrompue par le
sacristain , qui, d’une voix eñtrecqupée: par la colère, accusait
le- Bohémien d’avoir mis en pratique les plus abominables tu.
fices envers les-jeunes frères: il'Avait rnêlé- dans Jeur‘boisson , al
repas du‘soir, üne liqueur enivrante qui: avait dix fois le fores
du vin le plus capiteux , et sous le-pouvoir de-taquelle plusieurs
frèrés avaient succambé: Dans Le fait’; quoique la tôte du sseris-
tain-eût été assez solide pout résister à à l'influence de cette bois
son dangereuse et défendue; it était facile au prieur-et à Barwand
de reconnaître à son visage enflammé et À sa langueembarrisstt,
‘que l’accusetéur” lui-même n'avait pas été tout à fait à l'abri de
‘ses atteintes. De plus; le Bohémien avait chanté diverses chansons
dans lesquelles il n’était question que de vanités mondairies et de
“plaisirs” impurs ; ‘il avait tourné en dérision le cordon de saint
François ainsi que ses miracles , et il.avait donné aux fidèles
soumis à ‘ses saintes règles le nomi de-fous et de vaziriens pares-
seux. Enfin, il'avait mis-en pratique la chiromancie et’ prédit a
jeune père Chérubin qu’il serait aimé d’une belie dame qui le ren-
drait père d’un fils dont l'esprit le conduirait à La fortune.
. Le père prieur écouta quelque temps en silence le récit du si-
cristain , "comme si Fhorreur produite par des.crimes aussi atro-
ces laï- eût ôtél’usage de la parole. Lorsque le ‘frère eut terminé
ses plaintes, le prieurse leva, destendit dans'ia cour du couvent,
et ordonna aux-frères lais,' sous peine d'encourir les châtiments
spirituels pour crime de.désobéigsanee, de chasser l’impie Hay-
raddin de l'enceinte sactée à coups de fouetset de verges.
-_ Cette sentence fut exécutée en. présence de. Durward,, qui;
| quoique contrarié par cet incident, n’intervint point- en favenr du
coupable, certain que son intercession serait inutile. - .
Le châtiment infligé à Hayraddin fut, malgré les exhortations
CHAPITRE XVE y
du prieur, ‘plus amusant que formidable. Le Bohémien courait où
et 1à dans la cour au milieu des cris de ceux qui le fustigeaient, et
du bruit dès coups dont une grande partie ne l’atteignait pas,
parce que probablement on n'y .mettait pas la rigueur prescrite
par le père prieur. Par s0n agilité, H parvenait à-esquiver La plu-
part des coups ‘qùi lui étaiént réellement destinés, supportant
avec assez de résignation et de courage le petit nombre de veux
qui l'atteignaient. Le bruit et le tumulte étaient d'autant plus
:grands que les gens. iphabiles par les maias deéquels passait
Ha yraddin se rappaient entre. eux. plus souvent qu’ils na le frap- |
-péient lui-mênie. Énfin le prieur.désirant mettre ün terme à à une
”_.seèñe qui devenait beaucoup plus scandalèuse qu'édifiante . or--
donna qu'on ouvrit le guichet ;:et le Bohémien, se précipitané
bar cette.issue avec la rapidité.de l'éclair, profita. du clair de lune
pour .fuir de -toutes ses forces. ct
Pèndant.ce tumulte, un SOUPÇOTI que Durward avait déja conçu.
_reyiat à son esprit avec une nouvelle force. Hayraddin., le matin
même de ce jour, lui avait promis , lorsqu'ils s’arréteraient
dansquelque monastère, de se: conduire avec. plus .de retenus et
de prudénge q\'il.n’était dans. l'habitude de le faire; cependant il
. avait violé sa parole, etil avait agid’une Twaniére plus iñdéceriteet
plus révoltante que jamäis. Cette conduite-singuliére cachait sans
doute quelqie dessein car ,.quels que fussent ‘és défants du
Bohémien, il he manquait ni de bon sens, ni d’empire sur lui-
même quand il k voulait : n’était-il. donc pas probable que ke
désir d’aydir des communications, soit avec ceux de sa horde, soit
avec d'autres, dont la surveillante contiauelle de Quentin l'avait
tenu éloigné tont: le j jour, lui avait fait recourir à ce stratagéme
pour sortir du ‘Couvent? :
Ge soupçon he se fut-pas. plus tôt ernparé de esprit de Quentin,
que, alerte comme il l’était:dans tous ses mouvéments, il résokut
de se mettre à la poursuite du Bohémien flagellé, et d'observer
le plus secrètement possible cé qu’il deviendrait. Ainsi donc;
aussitôt qu'Hayraddin eut pris la fuite, Quentin.se. hâta d'expli-
quer en quelques mots au prieur la nécessité où il était de ne pas
perdre de vue son guide, et se mit à courir sur ses traces.
J
2 QUENTIN DUBWARD.
. CHAPIFRE XVE.
| | L'ESPION ÉPIÉ.
Quel et cet insokenà rodate} pet ein qua
- _ pionne ? A bas les mains ! vous n’êtes pas fait pou de
" Les vaintus. _:" Be Foxsox, contès, Robin Hood,
Locsque Quentin sortit du couvent, F aperçut 4e vi, it
| ülarté de ke lupe, le Bokémien. qui fayait ävec la ra padité d'un &
‘mier quai à senti le fouet; le vit ensuite traverser en potit Re
‘age, puis entrer : dans une prairie située à l'extrémité dé h rue.
‘erLe coquin coitrt vite, -se dit Quentin, mais’ il, lui faudrait des
Jembes bien agiles pour échapper:au pied le.plus leste.et le pis
léger qui ait jamais foulé les brüyères de:Glen-Houtakin. »
. Comme henreutement il avait quitté son manteau ‘et son ar-
mure, montagnard écossais put’ déphoyer Hbrerment us talent
qui était sans égal dañs son. pays, et qui, malgré Ja manfèré sapé-
rieure dont le Bohémien s'en acquittait, était tek, qu'en trés pen
d'instants ire pouvait manquer:dé l’atteindre: Ce n'était cepr
dant pas l'in intention de Quentin; éar it jugéait beaucoup plus &”
* sentiel d'observer -8es. mouvements et de saiveitier sa eondeïte.
4 fat:confirmé dans. cetté résolution eri-vemarquant la prompt
. tade avec laquelle le Bohémien poursuivait sn Coursé, mème près
%a premiÿre impulsion, Cette faite toujours précipitée parois
indiquer un but certain, et tout différent de celui qu'aurait pi
@veir ur hdrme chassé inepinémient æun bôn gite et au mitien
de la nuit: Flayradin nestetourne ‘pas la tête eñ arrière, ce qu
‘laissa à Durward la possibilité de’le suivresans en être ‘Hperti:
insis, après avoir traversé la prairie, iks’arréta aa bord d'un pelit
roisseau cmbragé par des aûnes et des saules; alors ñ donna dt
cor à bas brüit.et avec précaution, et un voup de sifflet qui pe
tait à peu. de distance lui répondit presque aussñtôt. « C'est tn
rendez-vous, pensa Quentin ; hais: comment mi 'approéher 2%
pour-enténdre ce-qui va se &ire? Le bruit de mes pas et celui ds
branches au travers desqueties il Fant que je mie frayeur passes?
me-trahirent si je n’y prends garde. Je les surprendrai pourtant,
par saint André ! comme s'ils étaient des daims de Glen-Isla; ils
apprendront que je ne suis pas un novice. Les voilà ensemble, les
.. deux fripons; et s'ils me découvrent, et que leurs intentions n6
ban
Tr x. . | 238
soient point amicalus, comiie il y. a tout heu 'de le penser, is me
feront un matweuis. parti : aiors la: comitose Isabette perdra son”
peurre ani ! Mis que dit-je? nie serait pes digne dé ce rom, Ce»
Jui pui. craindrait de-faire face à une douzaine de tels adversaires
pour la servir. Mon bpée ne s'eët-elle pas inéstmée avec celle de
Dunois, avec 15 plu brave Chevalier de Franeo? et je craindrais
une bénide de pareïls. vagäbonds? “Non, non; avec l'aide de"Bigu
et de saint André, ils me-trouveront ferme autant que prévoyant. »
. Ayant pris 0e parti, et avec ‘ostte prudence que lui avait don-
née l'habitude de la chasse, motre iéros descendit duns le lit du
petit ruissohu ; da profondeur en était imôgele, et quelquefois l'exa
vouvrast à peine ses souliers, ‘dans d'autres moments-eke lui ron-
tait ‘jusqu'aux genoux. Il s'avança dond entièrement ‘caché par
les branéhes qui retombaient sur la rive, ét'le murmure de l'eau
” ermapêchait qu'on n’entendit le bruit dé ses pas: € est ainsi que
jadis nous nous sommes souvent epprochés. du nid du-oorbesu
vigilant. De: çetto manière Quentin se glissa, ‘sabs être aperçu;
assez avant pour entendre distitctement la voix de ceux quil vou- ‘
lait observer, inais sans pouvoir distinguer ce:qu'äs disaient. En-
. fin, ayant pénétré sous un magnifique saule pleureur dont les
branches recourbées balyaient presque la surface des eaux, LÀ
en sais une, puis mettant en œuvre toute son agilité, toute su
Force et-toute son adrèse, À s’en aida pour grimper sur l'arbre; et
parvint à s’y asseoir sans. crainte d'être découvert, étant protégé
lefeuitlage. .
Bel A viÉ que le la p persomme ‘avec c laquelle Hayrèdäin B 'enirete:
nait alors-éfait un hommè de sa tribur'; inais en même temps, et à
sa grande mortificätion, il recomnut que, quand même il serait
encore plus.prèés d'eut, .l'ne-pourrait. comprèuûre Jeur langage,
ui Hai était totalement inconnu. lis riaient beauedup ; et comme
ÆHayraddin, faisant un signe qui semblait indiquer. qu’h s'était en-
fui, fruit par se frotter les épaules, : Brarward ne douta pas qu’il ne
‘tacontät l'histoire de la: fustigation qui Jui avait été administrée |
‘vent sa. fuite du-couvent:
+ Font à coap ‘on entendif dés le Agiritain on riovvesu. coup de .
#tflet; Hayraddin y répondit en tirant de sôn eor deux ou trois
faibles sons, comme il l'avait fit en arrivant, et bientôt aprés pa-
rut un homme grand et vigoureux, qui avait l'air d’un soldat, et
‘dont les formes robustes contrastaïent en toût point avec tes mem-
“bres minees et frêles des Bohémiens. Undarge baudrier, passani
go QUENTIN DURWAHD.
sur son épaule, soutenait une épée qui pendaif. presque horizons
-talement .& son côté. Son: haüt-de-chausses,. couvert de tailladé
d’où softaient des bouillpns de saié et de gazerde côuleurs:veriées,
éfajt attaéhé par àu moins cinÿ cents cordons -ou aiguillethes de
rubans à son étroité jaquette de‘buffle, sur la miandhe droite de
laquelle brillait une. tête de sanglier, marque distinctive de son
capitaine. Un très pêtit chapeau était posé . de travers sur sa tête,
et.il s'en échappait une forêt de chéveux frisés ‘qui, tombant de
chaque côté, de sa large face, se mêlaient à ‘une barbe épaisse d'à
. peu près quatre pouces de long. Il tenait à Ja main. upe longue
lance, et Son actoutremenf, faisait reconnaitre en lui un.de cé
aventuriers allemands, connus. sous lg n6m de lansquenets, en
- anglais lanciers, qui formaient à cette époque t une partie form
dable de l'infantérie. Ées mercenaires étaient, comme chacunsait,
des. soldats féroces etpillargs ; un” conte absuirdé s'était répandu
parmi eux, savoir, que Ja porte du ciel avait été réfusée à un lans-
queuet, à eause de ses vices, etcelle de l'enfer ,. à eause: de ses
* penchants à la mutinerie, à'la révolte et à la désohéissance: aussi
se conduisaiènt-ils comme des gens qui n’éspirent point. au ciel,et
.qûi ne redoutent- nullement l'enfer. «Donner und blitz ! ‘» tels Îu-
ren! ses.premiers mots; puisiil continua dans une espèce de fran-
co-allemand, quenous ne pouyonsi imiter que très imparfaitement:
« Pourquoi: yous m’aydir empêché de danser, . -en passant tri
| nuits à vous attendre..— Je n'ai pu venir plus tôt, meinheer, «1é
pondit Hayraddin d'un air très soumis; « il ÿ à yn jeune Écossais,
dont-l'œil est aussi vif que.celui d'un .Ghat sauvage, et qui sur-
veille toutes mes actions. Je lui suis déjà suspect, et, s’il voyal
que ses soupçons eussent de justés fondements, je. serais un
horhme mort, et H ramènerait en France les femmes qu'il escorte.
— Was henker.!. nous être trois, nous attaquer eux demain, el
enlever les femmes sans plus loin aller. Vous avoir dit à moi les
deux valèts être: des poltrons; “vous et votre camarade pouvoir
vous charger d'eux, et, der. Teufel : l'moi faire mon affaire de votre
Écôssais, de votre chat sauvage. — Vous. y ‘trouverez: quelque
difficulté, reprit Hayraddin; car, outre que nous ne comptons ps
pour beaucoup dans un combaf, ee galant a fait ses preuvés ave
le méilleur chevalier de France, et s'en est tiré ayec honneur. À
* lai vu serrer Dunois assez vertement: — Hagel und séhurmuetter!
c’est votre poltronn erie qui voué fait parler ainsi! —Je ne suis pé
plus poltron que vous; mais mon métier : n’est pas de me battre.
D
CHAPITRE xvIt. gai
Si vons vous ténez à l'endroit convenà, c'est bien : sinon je les
conduis sains et saufs au palais’ de: l'évêque, et Guillaume dé Ià
Mark: pourra les y aller prendre, s’il-aseulement la moitié des for
ces qu’itse vantait- d’avoir il y& huit j jours.— Poz tausend ! Nous
être atssi. forts, et bien-plus encore! Maïs nous entendre parler
dun centaine de lances arrivées de Bourgogne ;' dus if, el à ciné
_bomimiès pour un lance, cela faire cinq cents; et alors le ‘diable
ÿm "emporte : eux.'être'plas disposés à chercher nous que rious à
chercher eux; 'car l'évêque ‘avoir un gränd force sur pied; oui, .
avoir de grands forces. — Vous devez donc tenir pour l'embuscade
de la croix dés Trois-Rois, Ou renoncer à l'aventure, — Renoneer
à ’aveñturé! renoncer à Vaventure d’un riche flancée pour femme
à notre noble capitaine, der Teufel ! moi chargerais platôt au tra-
vers de l'enfer: Mein seele (sur mon ame)! nous tous devenir des .
princes, et des hertzogs, que eux appellent ducs; nous avoir un .
bon cave, de bons éces de France, 'et peut-être de joliés filles aussi,
quand le-barbu-n’én plus vouloir: -- L'embuscade de la croix des
Trois-Roïs fient dénc: toujours? — Mein Gott ! oui, l'embuscade
tenir toujours, Vous) jurer de conduire eux'là ; ‘ét quand être des-.
cendù de cheval, et être à genoux devänt la Croix, comme tous
les chrétiens le faire, excepté de-noirs païens comme toi, nous
tomber ‘sur eux, et eux être à nous. — C’est cela même; je n'ai
promis mon“assistance dans cetté. surprise qu'à’ une condition :
vous -né!’ toucherez point:à un:$eul-chevew de la: tête du: jeune
homine. Si vous me jurez cela par vos trois cadavres de.Cologne,
je vous jurerai par les septs Dormants de Vous servir fidèlement
pour le reste; et si, vous vous parjurez, les sépt Dormants vien- .
dront troubler votre sommmei{ peridant sept nuits ‘de suite; depuis ,
le coucher du soleil jusqu’à l'aube du jour, et là huitième ils vous
étrangleront et vous manggront.—Mais, donner und hagel (grêle) !
quel besoin vous avoir de tenir si fort à la vie de.-ce garçon, lui
n'être hi de votre sang ni de votre tribu ? — Que vous importe ;
brave Heinrick ? Il ÿ a des hommes qui prennent plaisir à couper
la gorge à leurs sernblables ; il y.en a d’autres qui aiment à la leur
conserver: intacte. Ainsi, jurez-moi que vous épargherez sa vie et
sa persoine; ou, par l'étoile brillante d’Aldebaran, cette affaire
en restera là. Jurez-le-moi par les Trois-Rois de Cologne, ainsi
que voüs les nommez, car je sais que vous ne vous inquiétez guère
d'aucun autre serment. — Toi être un .drôle de personnage? eh
bien ! je jüre.. — Pas si vite! s’écria.Hayraddin ; faites un demi-
Se | QUENTIX DETARD. |
tour, “brave lausmnienet, ét.tounez. og port: datée ut a
irament les Rois 36 vous éntensiraient pas. M
… Le soldat prêtale serment dans Faititusle prescrite: per sos
meocié, et:dit ensuite. qi sengit: prôt s .ahéervant que Fendroit
était très-convenahle; puisqu'il était à-poine à eng mitles de dis-
tonce du lieu où ile étaientréntis, « Mais ,ajouta-4 il ; nerserait-i
pas plus $ûr:si nqus avoir quelques cavakers-our La rente à gaie
de l'auberge ; qui les attrapéraient sioux prernipe <9 chemin, »'
Après avoir réfléchi uarinstant, le Békiémien répondit: <Nos:
le vüa de .ebtte troupe dé . ce côté alsrmerait-la"gemison de Nr
INMF », ak alors il-peurpait: s'enauivre un carmbat douteux-au lion
d'un succès assuré. -D'ailleürs ils suivront la rixe-droitede la
Maÿse, car je puis los conduire par:tek chemin: qua‘bon: ‘ne sem
_ blsra, ca moniagaard écossais, quoique:hien rusé, n'ayant janei
demgndé à personne autre qu'à: moi rucun ais sur du poutequ'il
doit suivre..A là vérité, je lui ef été donné .par-un ami sûr, par
“wa homme: doat personne ne s'esi jamais aéfié'avait.de le con-
mere un: peu, — Écoute, ami-Heyreddia ::moi souloir wur
adnesser eneone un question. Vous et votra. frère être; comme
vous le: dire vous-même db grands séerméndeuter, c'est-à-dire
de grands sstrokigues ei devins; pourqnoi donc vetrei science
n'avoir pas fait vous devinér lui être pendu? Henker.! —Je.voss
dieni, Hoinrik ; si javais pu prévoir que mon frère’ serait assti
fos pour rapporter au duc de Bourgogne ce qui se passait danse
conse il du roi Louis, fl pyaurait été facile de prédire sa mt
aussi-certainement . que je prédirais des beaux jeurs pour le moi
de juëllet. Louis à des areilles:et des nains à la qour de-Bourgi"
‘ane, et les conæillers de. Ghanles trouvent. le son: de l'or de
France auséi: agréable.que l'est pour toi lé bruit: des verses: Mis
__ adieu, et: sdis-exack -au-rendbz-vous. El faut qe j'attende mon
7 matinal Écossais à portée de flèche de. la porte de l'antre de ces
” disifs pourceaux, autrement il attribuerait mon absence à quel
que machination oontraire.aû auctès de sun voyage. — Poi
prendre auparavant un coûp de consolation. ," dt le: Jansquénet
en lui présentant un flaton. «Oh! mais, rai éublier: que toi
” être assez imbécile pour boire que de l'eau, comme un vil esclav®
de Mabhomét et de Termagaut.— ‘Fu n'es toi-même qu'ün 6
élave du vin et.dn flacon: je ne suis pas: surpris-que l'exéerit
des mesures de violence conçues pas des têtes plus saines que #
tienne soit remise entre tes mains. Celui-là.ne doit point boire
de vie quivent connaitre 1x pensée: des autres du Éschée 1 sien.
ne. Mais à quai sert te prôcher, toi-dont Ia-soff est aussi insatiabte.
que celle des sables ‘de l’ArabiekAdieu. Hmmène eves toi nron
comerade Tuisve; æ :présente auprès dm monastère port
faire. naître des. seupeacs »
: Après s'être deuné ieur parolé.d'étre exacts au rendes-vous de
lacwoïx des: Tiois-ois, des dignes sssèpiés 60 séparèrent.
Quentin les survit des yeux aussi Song-emps qu'it put les per
covir, pois d descendit de l'arbre pur lequel à s'était tenu caché.
San cœur battit.ee songenit au danger auquel ios dutnes. de Croye
et lni-même vensient d'échapper, si sitéutefois ft était encore pos-
siblede déjousgr-une si nôire trahison. Crsigaant de. renoontrer-
Hagesddin en revenant au monastère, il prit. un chemin dé-
tourné, ap risque d'être obligé de passer à travers champs. :
Tput.‘on marchant, il réfléehit sur lelan db conduite qu'il
devait adopter. Lorsqu'ilavait entendu Hayiaddin avouer 8 por-
fisie, il avait d'abord fhrrné la résolution de l6 tupr ausitôt que:
le congivence serait ‘terrsimée et ses compagnons suflisannnent :
éloignés; mais ls chaleur. quele Bohéméen déploya ensuite pour
lui assurera vie.-sèuvo lui fit sentir l'impossibilité. d'mfliger à ce
traître, dans tonte sa rigueur, le châtiment qu’il, méritait. {ré
seket donc de l'épargner, êt môme , s'il était possible, dé conti
rrasnèse servir de cef homme.en qualité de güide, en proriant les
plus grandes précaitions pour la sûreté de celle qui‘tui était con
_fite,-et à faquelle il était entiérement dévoué.
- Mais où ailer ? Les cowtesses de Croye ne pouvaient chercher |
un asile:nion Bourpgôgne:d'où vies s'étaient exfries, m1 en Frauve
d'où ellesravaient.été pôur ainsi dite expulées.. La violence da
dur Charles dans le premier de ces deux pays n'était guère plus. -
à redouter pour elles que la froide-et tyrannique pelkique da roi
Louis dans l'autre. Après: de profondes réflexions, Durward ne .
past former un plan meilieur et plus sûr que celui d'éviter Fers-
buscade en prenant La route de Éège per la rive gauche. de le
Moese . et se meître, ainsi que les dames l'avaient d’abord pre-
” jété , sous la protection dû bon évêque de cette vilke. On ne pou-
vait douter qu'il àe mit le plus grand empressement à les servir ;
et si, osrame k priear le ini avait dit ; it jai arrivait de Bourgogne. .
ui reafert de cerit hommes d'armes, le digne prélat.en avait pro
bablement le pouvoir. Quoi qu’il pût en être, si les dangers aux-
quels l’Pxposaient les hostilités de Guillaume de la Marck et les
LA
ass CT QUENTIN DURWARD..
troublès de la ville de Liège paraissaient trop redoutables, jl lui
était encore possihle de fairepasser en Allemagne ces malheureuse
dâmes convenablement escortées. |
Cette résolution prise { car-quel Homme a jamais délibéré. avec
lui-même sans se.livrer à quelques réflexions qui Iüi‘soient:tout
à fait personnelles ?), Quentin pensa qu’en le vouant de sang-froil
à la moît ou à la captivité, le roi Louis l’avait délié de ses engage-
ments envers la couronne de France; il se détermina donc à y
renoneer complètement. L'évêque de Liége avait sans doute besoin
_ de soldats, et à la demande de ses belles amies, qui, particulière-
ment la comtesse Hameline, traitaierit alors leur j jeune protecteur
avec beaucoup-de famñtiarité, il pourrait obtenir quelqué commar-
dement, peut-être même être chargé d'accompagner les dames dé
Croye dans quelque place plus sûre que la ville de Liége ou se :
environs. Enfin, pour he rien oublier, ces damés avaient park,
quoique pourainsi dire par plaisanterie, de lever les propres vas-
saux de la comtesse Isabelle, comme les grands personnages le
faisaient dans ces temps de troubles, afin de méttre son château
en état de défense : et. à ce sujet, elles avaient demandé à Quentin
s’il voulait accepter la charge périlleuse de sénéchal. Ayant ré-
pondy qu’ilaécéptait cette proposition avec une grande joie et un
vif. empressement, ces dames lui avaient accordé la faveur de leut
baiser la main,-en signé de sa promotion à urfe fonction ‘si honor
ble et si digné de confiancé. Quéritin avait même cru 8’apercevoir
que la main de la comtesse Isabelle, une des mains lés mieux
faites et tes plus belles à qui fidèle vassal] eût rendu un el hom-
mage, tremblait lorsque.ses lèvres y demeurèrent attachées uD:
moment de: -plus.que la cérémentie ne le réquérait, et que, lors
_-qu'elle la retira, un vif coloris couvrait ses joues, en même temps
que ses yeux exprimaient quelque embarres. IL était permis d
. tirer quelque conséquence de. tout-cela : et. quel: homme brave, à
l’âge de Quentin, ne sè laisserait aller avec un certain plaisir à des
corisidérations si capables d’influer sur sa détermination! *
Ce point établi, il eut ensuite à considérer comment il- devait
agir désormais avec le perfide Bohémien. Il avait abandonné si
première idée de le tuer dans le bois ; mais si, prenant un autre
guide, il R congédiait et dui laissait: la vie, ce serait ‘envoyer le
traître au camp de Guillaume de la Marck pour l'instruire de lt
‘_ direction que prendraient les dames et leur escorte.Il pensa à CO
sulter le prieur et à lui demander de retenir lé Bohémien prison
CHAPITRE XVIL. <4ë
nier jusqu’à ce qu'ils eussent eu le temps d'arriver au château de
l’évêque ; maïs, après y avoir réfléchi, il craignit de faire une telle
demande à un bomme que la vieillesse et sa qualité de moiné ren-
daient timide, et qui, envisageant la sûreté de son couvent comme
le plus important de ses devoirs, était rempli de. terreur au seul
nom du Sanglier des Ardennes.
Enfin Durward arrêta un plan sur la réussite duquel il pouvait
d'autant mieux compter que l'exécution dépendait entièrement
de sa volonté; et, dans l'intérêt .de la cause à laquelle il s'était
dévoué, il se- sentait en état de pouvoir tout tenter. Doué d’un
cœur ferme et hardi, quoiqu'il ne se dissimulât pas le danger de
sa situation, Quentin était tel qu'un homme qui marche sous le
poids d’un fardeau dont il sent la pesanteur, mais qu’il regarde
cependant comme n'étant pas au-dessus de ses forces. II venait de
prendre une dernière résolution quand il arriva au couvent.
Il frappa doucement à la porte; un frère, à qui le prieur avait eu
soin d’ordonner de se tenir prêt pour ne pas le faire attendre, la
Jui ouvrit, et l’informa que les moines devaient rester dans le
chœur jusqu’à l'aube du jour, afin de demander.au ciel, par leurs
prières, le pardon de tous les scandales qui avaient eu lieu dans la
communauté pendant la soirée. Il offrit à Quentin de venir parta-
ger leurs exercices de dévotion; mais les vêtements du jeune
Écossais étaient tellement humides qu’il se crut dans la nécessité
de refuser cette pieuse invitation, et il demanda. la permission
d'aller s'asseoir devant le feu de la cuisine, afin de pouvoir les
sécher avant le jour, car il désirait particulièrement que le Bohé-
mien, lorsqu'il le reverrait, ne pût apercevoir aucun. indice capa-
ble d’éveiller en lui le moindre soupçon sur sen excursion noc-
turne. Non-seulement le digne frère souscrivit à sa prière, mais il
s'offrit même à lui tenir compagnie, ce qui s'accorda parfaitement
avec le désir que Durward avait d'obtenir quelques renseigne-
ments sur les deux routes dont le Bohémien avait parlé dans sa
conférence avec le lansquenet.
Le frère, à qui la plupart du temps les affaires extérieures du
couvent étaient confiées, se trouvait justement la personne de la
communauté la plus capable d’instruire Quentin de ce qu’il voulait
savoir; mais il fit observer qu’en qualité de fidèles pèlerines, il était
du devoir des dames que le jeune archer accompagnait, de suivre
la rive droite de la Meuse pour se rendre à la Croix. des Trois-
Rois, où les bienheureuses reliques de Gaspard, de Melchior et de
QUENTIN BURWARD.
m6 QUENTIN DURWARD.
Balthasar (noms que l’église catholique a donnés aux mages qui
vinrent de l'Orient apporter leurs offrandés à Bethiéem ) s'étaient
arrêtés lorsqu'on les transportait à Cologne, et où elles ont opéré
‘une multitude de miracles.
Quentin répliqua que les dames avaient formé la résolution de
s'arrêter à toutes les saintes stations, et qu’elles ne manqueraient
certainement pas de visiter celle de la Croix, en se rendant à
Cologne, ou en en revenant, mais qu'on leur avait rapporté que
la rive droite de la rivière était fort dangereuse, à cause des soldats
du terrible Guillaume de la Marck.
— «Le ciel nous préserve, dit le frère François, que le Sanglier
des Ardennes ait encore établi sa bauge si près de nous ! Et copen-
dent, si celà devait être, la largeur-de la Meuse serait une bonne
Barrière entre lui et nous.— Mais elle ne sera pas une barribre
entre ces dames et ce maraudeur, si nous la traversons pour suivre
la rive droite, répondit Quentin.—Le ciel protégera ses enfants,
jeune homme, ear il serait bien douloureux de penser que les Rois
de la bienheureuse ville de Cologne, qui ne permettent pas-qu'un
juif ou qu’un infidèle pénètre dans l’intérieur de la ville, passent
oublier assez les fidèles pèlerins qui viennent visiter et adorer
leurs reliques, pout souffrir qu’ils fussent pillés et maltraités par
un chien de mécréant tel que ee Sanglier des Ardennes, qui eg
plus infâme que tout un camp de païens Sarrasins et les dix tribus
d'Israël par-dessus le marché. » ,
Quelque confiance que Quentin, en quahté de bon catholique,
füt porté à avoir dans la protection spéciale de Melchior, de
Gaspard et de Balthasar, il pensa tout naturellement que les dames
de Croye n'ayant pris le costume de pèlerines que par pure polti-
que terrestre, on ne pouvait guère se flatter d'obtenir leur appui
dans la cireonstance présbnte : en conséquence il prit la sagé réso-
lution d'éviter, autant que possible, que ces dames eussent besoin
d’une entremise miraculeuse. Mais en même temps, dansla sim-
plicité de sa bonne foi, il fit vœu d'entreprendre kii-même un
pélerinage aux Trois Rois de Cologne, st ces très-discrets, très-
nobles et très-saints personnages permettaient que cekkes qu'il
escortait arrivassent heureusement au but secret de leur voyage.
Afin de prendre eet engagement avec plus de solennité, il pria
le frère François de le conduire dans une des chapelles latérales
de T'église; et là, se jetant à genoux avee une sincère dévotion, ä
renouvela de vœu qu'il avait fait intérieurement. Le son des voit
CHAPITRE XVI. ae
qui s'éeraient dans le choeur, là triste sé slencieusé sûkentité de -
l'heure à laquelle-il accomplissait cet acte de dévotion, la faible
“lunsière de Ia lampe qui brilait dans ce petit édifice gothique, tout
tontribuait à jeter Quentin dans cette disposition d'esprit où
l’homme est k mieux préparé à recônnaître sa faiblesse, et'où #
‘cherche cet aide, cette protection surnatireile qui , dans toutes
les croyances, sont le fruit du repentir pour Les péchés passés et
-de la résélution d’un changement pour l'avenir. Si l’objet de sa
dévotion était mal placé, ce n’était pas la faute de Quentin; et sa
dévotion étant sincère, nous ne pouvons nous refuser à croire
qu’elle fut agréable au séul vrai Dieu, qui regarde l'intention et:
_nôn la forme des prières qui lui sont adressées, et aux yeux: du-
quel la dévotion sincère d’un païen est plus estimable que l'hypo-
crisie spécieuse d’un pharisien.
Après s'être placé sous la protection des saints et sous la garde
de la Providence, et avoir imploré leur secours en faveur de ses
compagnés, Quentin se retira pour se livrer au sommeil, laissant
Le frère fort édifié de l'étendue et de la sincérité de sa dévotion.
CHAPITRE XVIII.
‘LA CHIBONANCIE,
Quand dés contes joyeux et de vives chansons égayent
une route aride, nous désirons que cette route 86 pro-
longe. Mais nous marchens sur une terre de féerie,
ef le charme qui guide mos pas nous ramène sur la
même route. BEx Jonsonx.
A la poiate du jour, Durward sortit de sa petite cellule, réveilla
Jes palefreniers endarmis, et surveilla les préparatifs du voyage
avec plus de soin encore que de coutume. Il inspecta lui-même
les sangles, les brides, les harnais et les fers des chevaux, afin
d'être exposé le moins possible à ces accidents qui, quoique fort
légers en eux-mêmes, getardent les voyageurs sur la route. Il
veilla aussi à ce que les chevaux, reçussent léur proveade, afin
d'être sûr qu'ils særajient en état de résister à la fatigue de la
journée, ou de fuir avec vitesse, si cela. devenait nécessaire.
Retournant ensuite. dans sa chambre, il endossa son armure,
qu’il affermit avec un soin tout particulier, et ceigait son épée
comme un hemme qui s'apprête à faire face au danger, avec la
ferme résolution de ke braver jusqu’au dernier soupir.
48 | QUENTIN DURWARD,.
: Cette résolution généreuse lui donna un imaintien assuré et un
air de ‘dignité que les dames de Croye n'avaient pas encore re-
marqué en lui, quoiqu’elles eussent déjà remarqué avec un vif
plaisir la grace naïve qui régnait dans ses actions, dans $es dis-
cours, ainsi que l'heureux mélange de finesse naturelle et de
simplicité qu’il devait à une éducation reçue dans le cloître et
dans un pays presque inconnu. Il leur fit observer qu’il serait né-
cessaire qu’elles se missent en route ce jour là plus tôt qu’à l’or-
dinaire ; et, conformément à cet avis, on quitta le couvent immé-
diatement après le repas du matin, pour lequel, aussi bien que
-par reconnaissance pour l'hospitalité qu’on leur avait accordée,
les dames firent à l'autel une donation plus convenable à leur
rang qu’à leur apparènce. Cette libéralité n’excita pourtant aucun
soupçon, car on les prenait pour des Anglaises; et, à cette époque
aussi bien que de nos jours, ces insulaires avaient la réputation
de posséder d'immenses richesses.
Le prieur leur donna sa bénédiction à l'instant: où elles se pré-
paraient à partir, et témoigna à Quentin la joie qu’il ressentait de
l'absence de son guide pâien : « Car, dit-il, mieux vaut trébucher
en chemin que de marcher appuyé: sur le bras d’un larron ou d'un
brigand. »
Quentin n’était pas tout à fait de cette opinion; quoiqu'il sût
que le Bohémien était un homme très-dangereux, il croyait pou-
voir se servir de lui, et en même temps renverser ses projets cri-
._minels, maintenant qu'il les connaissait. Mais son anxiété à ce
sujet ne fut pas de longue durée, car la petite cavalcade était à
. peine à cent toises du monastère et du village, que le Maugrabin
‘la rejoignit, monté comme de coutume sur son petit cheval vifet
‘léger. La route passait le long du même ruisseau où Quentin l'a-
vait surpris la nuit précédente dans un mystérieux entretien, et
Hayraddin ne faisait que de les rejoindre lorsqu'ils passèrent sous
-Ce-saule qui avait permis à Durward d’être un auditeur inaperçu
de ce qui s'était passé entre son guide ele lansquenet.
Les souvenirs que cet endroit rappela à Quentin le porférent
‘à entrer brusquement en conversation avec le Bohémien, à qui
il aväit à peine dit un mot jusqu'alors. « Où as-tu trouvé un gîte
Ja nuit dernière, profane scélérat ? lui dit-il. — Votre sagesse peut
limaginer en regardant ma souqueñille, »répondit-il en indiquant
‘du doigt son habit qui était couvert de brins de foin. « Une meule
de foin est un lit très-convenable à un astrologue, et bien meil-
CHAPITRE XVIIL 249
leur qu'il ne faut pour un païen qui tourne en dérision notre
sainte religion ainsi que ses ministres. — Ce lit a cependanit été
plus agréable à mon Klepper qu'à moi, » répondit Hayraddin en
caressant de la main le cou de son cheval; « car il avait en même :
temps gîte et nourriture. Ces vieux fous de tondus l'ont mis à la.
porte de leur maison, comme si le.cheval d’un homme sage eût
pu infecter de son esprit ou de sa sagacité toute une congrégation
d’ânes. Par bonheur que Klepper connaît môn siffiet:et suit ma
trace comme un chien de chasse, car nous ne nous serions jamais
rencontrés; et vous auriez pu siffler tout à votre aise pour retrou-.
ver un guide. —- Je t'ai recommandé plus d’une fois, » répondit
Durward avec sévérité, « de mettre un fre à la licence de tes
discours quand tu te trouves dans la compagnie de gens respec-
tables, ce qui, je pense, ne t'était guère arrivé jusqu’à ce jour, et.
je t'assure que si je Le croyais un guide aussi peu fidèle que je
suis persuadé que tu es un blasphémateur et un indigne pendard,
mon épée écossaise ferait bientôt connaissance avec ton cœur.
de païen, quoiqu’une telle action soit presque dussi ignoble que
celle de tuer un paurceau. — Le sanglier est proche parent du.
pourceau, » répondit le Bohémien sans être intimidé du regard .
que Quentin lui lançait, et sans changer en la: moindre chose
l’indifférente causticité qu’il affectait de mettre dans ses paroles ;
« et pourtant, ajouta-t-il, beaucoup de gens trouvent gloire, plaisir
et profit à le tuer. »
Surpris de l’effronterie de cet homme et craignant qu'il ne sût
de sa propre histoire et de ses sentiments plus qu’il.ne jugeait
convenable qu’il en apprît, Quentin rompit une conversation dans
laquelle le Maugrabin aurait eu tout l'avantage, et alla reprendre
son poste accoutumé auprès des dames. .
Nous avons déjà remarqué. qu'il commençait à s'établir entre
les voyageurs un certain degré de familiarité. La comtesse Hame-
line, bien assurée de la noblesse et de la naissance de leur protec-
teur, le traitait en égal et en favori; et quoiqu’Isabelle lui laissât
voir moins ostensiblement l'estime qu’elle faisait de, lui, Quentin,
malgré la réserve timide-et la modestie qui le distinguait, n’était.
pas sans s'apercevoir que sa compagnie et sa conversation n'étaient
point du tout indifférentes à cette jeune dame.
Rienn ‘anime la gaieté de la jeunesse comme la persuasion qu’elle
est vue de bon œil; aussi Quentin , pendant la première partie de
son voyage, ayait-il pris plaisir à amuser la belle et jeune comtesse,
QUENTIN DURWAND.
tatôt par une conversation enjouëe , tantôt par des ‘chahsens'et.
des histoires de son pays natal ; il chantait les prensières dans ss
langue maternelle , et ä s'évertuait à raconter les:secondes des
son mauvais français abHké à la mode de son pays, ce qui oecs-
sionait une foule de petites méprises et de petits contre-sensgis
vertissants encore que le récit même. Maïs co matini-N, en pro
à l'inquiétude, il marchait à côté des dames de Croye sans penser
aucunement à les amuser, et elles ne purent s'empêcher de-faire
l'observation que son silence avait quelque chose d'egtraurét.
« Notre jeune chevalier a vu un up, » dit la comtesse Rane-
. Hne , faisant allusion à une âneienne superstition , « et éette rene
contre lui a fait perdre la langue.—Dire que j'ai dépisté un-remmd
serait plus juste, » pensa Quentin, Maïs À ne fit cette ‘répons
qu'intérieurement. — « Vous senter-vous indisposé , mesire
Quentin? » dit l# comtesse Isabelle d'un ton d’intérét qui la ft
rougir, parce qu'elle sentit qu’il y avait dans cette demande quel:
que chose de trop famäier eu égard à la distance qui fes séparait.
<< Il a passé la nuit à boire avee les joyeux moïnes, reprit Wco-
tesse Hameline : les Écossais sont semblables aux Allemands, qui
épuisant toute: leur gaieté avec le vin du Rhin , n'apportent à la
danse , le soir, que des pas chancelants, et, le tendeinain mais,
une tête pesante-dans le boudoïir des dames. — En vérité, aimæ
bles dames, je ne mérite pas vos reproches ; les bons moines sont
restés presque toute Ja nuit en prières : et quant à moi, je n'a
bu qu'un verre de leur vin ordinaire et le plus léger.—C'est peut
être la mauvaise chère qui le prive de sa bonne humeur, ajouit
. Fa comtesse Isabelle. Allons, messire Quentin. si jamäis nous allons
ensemble dans mon ancien château de Braquemont, je me ferii
votre échanson , et comptez que je remiplirai votre coupe d’on
excellent vin , d’un vin meilleur qu'aucun de ceux qu’ont jamais
donnés les vignes d’Hoccheim ou de: Johannisberg.—Un verre
d’eau de votre mäâin, noble dame... » répondit-Quentin ; mais
ren put dire davantage , car sa voix était tremblante ; et Isabelle
poursaivit comme si elle n’avait point remarqué l'accent de ten-
dresse avec lequel il avait prononcé le pronom possessif.—Ce vif
fut placé dans les caves immenses de Braquemont par les soins d8
mon bisaïeut le rhingrave Godfrey. — Qui obtint la main de h
bisaïeule d'Isabelle , » interrompit la comtesse Hameline, « pour
s'être montré le plus vaillant des enfants de la chevalerie au.grand
RO CR RO 2 DS ss
CHAPITRE AVHL: ; ”
todinai do Strasbourg, tournoi dans leqgael.dix, chqvelies: pardis
potilavie, Mais ces-beaux jours sont loin de Ras : pergonue an
jourd'nii. né pense à charolier le danger par:amour peus Fhôns
asor. Où pour sosourir le beauté perséquiée. »
Ces paroles furent prononcées dur ton. qus prend une- Heanté,
moderne dont les charmes approchent de leur déclin. quaëd ele
ensure le. peu.de politesse des temps-où: RORS vivons, Quentin
pritsuh lui de répondre qu'il restait encore quelque chose de se
ewrit de chevalerie que la: enmtesse semblait. regarder canme
perdu, et qu'on 1e verrait encore briller dans lo eut des: gens
tüshemmes écossais, quand même. il aurait dishars de:tous-Jen
aëtres lioux. - « L’entendez:vous? s'ébria-t-elle. H vpudreit qua
pouscrussians que son pays froid ot iseulie conserva anobre.<a
nobls feu qui siest éteint. en France:et.en Germanie! Le pauvet
jeune honime ressemble à ün montagnard suisse, pot squel: rien
ne:%:peut'ovisparer à sa terre natdie. El nous dira bientôt mes:
véilles du. vir et des olives d'Écos».-:Non, madame, réplique
Burwed; de que je puis dire da vin et. de l'huile-denos monta
ÿfres, c'est que. nos épées peuvent forcer nos opulurits voisins à
nous fier. comme tribut-0o8 riches productiths.. Mdis quait à la
fidélité inviolable et à l'honneur parfait des Écussais, je suis. es
ce mottiéht danmla: nécessité. de vous prouver combiéh vous deyez
Vous y fier . quoique le faiblé individu. qui vient vous-ofrir céttg
Préuve ne puisse vous donner d'autre gage de votré sûreté. tous
pétiez mystétiousement, dit la. comtesse Hamieline ; vous avei
dbntappris que quelque danger nous enacs?--Depuis une hetiré
}e l'ai lu-dans ses yeux, » s'écria Isabelle ert joignant los mains.
* Sainte Vierge. du: deviendrons-nous ?=-Cela dépend'de votre
volonté, du. moins je l'espère , répondit Durward; mais jo süig
forcé de-vous demander , nobles dames, si vous voulez vous fiéf
à moi?Nous fier à vous! répondit la comtesse Hamieline: dssu
rément!. Mais pourquoi cette question? et jusqu'où voulez-voû#
que notre confiance s’étende ?-Pour ma part, reprit Isibelle , j&
Vous la donne sans aücune restriction, sans aueune condition. Si
ous pouviez nous trahir, Queñtiri,. je penserais que kx bonne foi
4 àbandonné la terre et n'existe plus que dans le ciel.—Noble
damb, » reprit Durward avec un vive satisfaction, « vous: rho
rôtdez justice. J'ai le projet de changer de route, et d'aller dirébx
teiient à Liége en côtoyant la rive gauche de lx Meuse, au Heu
de la traverser & Namut.. Ceci. est contraire aux okdres que-ni'ù
ae QUENTIN ‘DUR WARD.
donnés lo roi Louis, et auxiinstructions qu'a rogbes notre guide:
mis j'ai appris dans le oouvent:où nous avons passé ia dernière
nuit que des maraudeufs infestaient la rive droite de la Mouse, et
que le duc de Bourgogne a Mis dés troupes à leur: poursuite. Ces
deux circonstances m’alarment pour votre sûreté. Me permettez.
vous de faire changer votre itiméraire ?—}y consehs de tost mon
cœur ; répandit/la feune comtesse:—Ma nièce, ajouta sé tante, je
crois, comme vous , que ce jeune homme nous est dévoué; mais
crûyez-vous que nous puissions sans danger contreveñir-äux ins-
tructions du-roi Loüis, et changer l'itinéraire qu’il nousa si posi-
tirement: prescrit ?—Eh ! ‘pourquoi auriotis-nous égardà ces ins
truetions? dit Issbetlé. Grâce au ciel, je ne suis pas-sa sujette. Je
mesuis mise sous sa protection, et il'a abusé de la confiance que
javais eue en lui. Je.ne. voudrais pas faire injure à ce jeune
homme en: hésitant-un seul.moment entre sa parole ‘etiles injonc-
tions de ce despote égoiste et trompeur.—Que le ciel vous récom-
pesse pour les paroles que vous venez de prononcer , madame!»
s'écria Quentin avec joie’; « et si je ne justifie pas-la confie
qu'ellès anrioricent , être éeartelé dans ce monde par des chevaux
sauvages, et condamné dans l'autre à des tourments éternels, #7
rait une peine trop douce pour un:tel crime. »
A.ces mots, il piqua son cheval :et rejoignit 1e Bohémien. Cet
bomme. semblait d’un caractère singulièrement : passif , sinon
oublieux . Injures ou menaces, il semblait ne garder, aucun souvé-
nir ;.et il répondit aux paroles que Darward lui adressa pour en-
tamer la conversation , du même ton que s’il ne se fût rien pas%
de désagréable entre eux dans le cours de la matinée. — « L£
chien , pensa l'Écossais, n’aboie pas en ce moment, parce qu'il 4
l'intention de régler ses comptes avec moi d’un seul coup en
sautant à la gorge; mais nous reconnaîtrons avant tout s’il n'est
pas possible de battre.un traître avec ses propres armes. Eh bien’
honnête Hayraddin, lui dit-il, vous voyagez avec nous depuis dix
jours, ét vous ne nous avez encore donné aucun. échantillon de
votre savoir dans l’art de-dirè la-bonne aventure; cependant vo
êtes si ardent à le mettre-en-pratique , qu’il faut que vous étaliez
vos connaissances dans chaque couvent où nous nous arrêtons, au
risque de n’ayoir d'autre logement pour la nuit qu’une meule d
foin.— Vous ne me l'avez jamais demandé, répondit le Bohémien:
Vous êtes comme le commun des hommes , vous vous conel”
tez de tourner ces mystères en ridicule par cela seul que vous 1°
pouvez les: comprendre. Donnez-moi danc ün échantillon:de
votre savoir, » dit “QRents et -0tant son ganéeiet, ‘ jui présente
sa main. . ei
-Hayraddin examina, avec ‘uns 2 grande attention les lignes qu la.
traversajent en tous.sens, ainsi que les petites protribérances ou
élévations qui se trouvent à La naissance des doigts., et qu'à cette
époque on croyait avoir ayec les:habitudes et la fortune des indi:
vidus les mêmes rapports qu ‘anourd'hui on- trouve dans les OFga*
nes du cerveau. . .
- «Voici upe min, dit-il évsuite, qui. parle de travaux soufferta
et de périls. encourus. J'y lis qu’elle:a fait de bonne heure .côn-
paiqsance avec la poignée de l'épée; et cependant il s’y trouve
aussi quelque gigne qui indique qu’elle n’a pas toujours été étran-
gère aux agrafeadu missel. — Ca qui est dexma yèe passée, vous
avez pu l’apprengre ailleurs; dites-moi quelque chose de l'avenir.
— Cette ligne q@iæart du mont de: Vénus: , êt qui, n’étant.point
interrompue brusquement, suit. et. accompagne la ligne de-vie ;
annonce clairement qu’un mariage vous procurera.nne fortune
immense, et qu’un amour heureux vous: élèvera au: rang des puis»
sants et des riches, — Vous en annoncez autant à quiconque vous
interroge; c’est là un des secrets de vatre art. — Ce que .je vous
prédis:est certain , aussi certain qu'avant pen vous serez exposé
à uptrès-grand péril; c’est ce:que prouve cette ligne:transparenie,
couleur de sang, qui coupe transyersalement la ligne de vie : elle
annônce un coup d'épée ou quelque autre viclence à laquelle. vous
serez soustrait par l'attachement d’ün ami dévoué. — Par le tien,
veux-tu dire? » s'écria Quentin indigné que ke chiromantien es-
sayât ainsi d’abuser de sa crédulité, et de se faire une réputation
en lui prédisant les conséquences-de sa propre trahison. —«Mon
art ne m’apprend rien de ce qui a raffport à moi , répliqua le Zin-
garo. — Les sorciers de mon pays, reprit Quentin, possèdent donc
une science supérieure à votre savoir tant, vanté;. car elle leur ré-
vèle les dangers dont ils sont menacés. Je n’ai pas quitté mes mon-.
tagnes sans avoir reçu quelque petite portion du don de seconde
vue dont leurs habitañts sont doués, et je t’en fournirai la preuve,
en échange de ton échantillon de chiromancie. Hayraddin, le
danger qui me menace est sur la rive droite de la Meuse, je l'é-
viterai en suivant la rive gauche pour me rendre à-Liége. »
Le guide entendit ces paroles avec une apathie que, dans les
circonstances où il se trouvait, Quentin ne pouvait comprendre.
Tr
ue QUENEIE DURWAMD. .
« Bi.vousacdomplisses votre dessein, répliquit-il;. danger ta
sera de voire tte sur Ja mienne. Si je. ne me trothpe, vous has
suriez , il n’y a qu’un instant, que votre art n'allait pas jusqu't
psénoir votre propre destin? — Pas de la manidre qu'il m'a wi
<8.qui vous rogande ; mais: quichaque connaît un-peu Iouis de
Valois peut prédire qu'il fa pendre vothe guide paneb qu'il vous
aura. plû de ne:pas prendre la route qu'ila ondonné.dé #tivte,
Attendre en sûreté lbibut de notre voyage, . et le terminer ldureus
sement, doit être une excuse suffisante pour nous ôtié écantés de
ln route prescrite. — Gortaingment, si vous êtes assuyé-que Îé roi
n'ait pas un autre: but que celui qu'il vous.a-intiiqué..-—#t que)
autre but pourrait-il avoir ? Qui paut vous porter à cuire qu'itait
d'autres intentions que celles qu'il m'a fai conriditre en: ttio din
aunt ses ordros? — Rion,-si c6 n'est que coux qui Gotitimisént ui
pou: 18 roi. très-chrétion ne doutent. jamais que:lu-proist qui Foc-
eupe:le plus est:tpujours celui-dout il:a le ph@de süin dé ne pas
parler. Quand. votre gracioux roi Louis’ envoié doute attiluste
deurs , je consens à livrer mon: cou: à la eorde un an:plhs tôt quil
ne doit y être attaché, si: dans-cu nombre il s'en trouve-dn-suil |
qui n'ait t pas awfond de sou ouvrier quelque chose do plus-quiée
-qui:est écrit dans ses lettres de'eréante. — Je _a'attachié autuné
inportance à ces-vxtravagants SOUDGUHS ; UN devoir. est clair d
positif : c'est:de conduire ces dames en sûteté à Liôgo, Je pobié:
que je le remplirai: mieux, eu devoir, en ne prenant pas la-roul
-qui-m'est prescrite, et. c'est pourquui je continuerai dé'sidvte W
rive gauche de la Meuse; D'ailleurs , c’est la plus dirécte ; ën ta
_versant la rivière, nous alongerions notre chemin: et notis auf
menterions nos fatigues sans aucune'utilité, Pourquoi dotio
ferions-nous pas? — Uniquement parte que d’ordiniaire les pèle-
rins, comme ils s'appellent , qui #e rendent à Cologné', ne sulvelif
pas la Meuse jusqu'à Liége ; et que la route que vous vous propo
sez de faire suivre à ces dames donnera lieu de croire qu’elles n°
sent pas des pélerines comme elles feignient de l'être. —- 9i-l'où
ñous fait des reproches à ce: sujet, nous réporidrohs que nou
avons craint de rencontrer le duc de Gueldies, Guillaume de le
Mark, les écorcheurs et les lansquenots sur la rive droite; et 0
nous sera une excuse suflisinte pour avoir contiriué de suivre #
rive gauche, quoiqu'il hous soit prescrit de’ passer sur la rie
droite. — Comme il:vous plaira, monsieur l'arckiet ; je suis prôti
vous guldér par lé rive gauche aussi bien:que par la rite droite.
“euañrre tvint, ai
Vous vous exeuserez auprès de votre maître selon: que vois os nl
serer. »
* PBién que surpris de [4 fodité avec laquelle Hayraddin conserr- :
tait à Changer de route, Quentin en fut eharmé, car il avait besoie
de ses secours comme guide, et il-craignait qu’en voyant son pré:
jet de trahison déjoué, cet homme ne # portät à dhelque extré-
mité. W'ailleurs, l'exclure de leur troupe aurait été le.sûr moyet:
de tomber entre les mains de Guillaume de la Martk., dvee qui if!
était eni correspondance, au lieu que, tanit qu’il resterait avec Eux,
il serait toujours: possible de te surveiller de manière à. Pompe"
d'avoir aucune communication avec dés étrangers. |
-“Abandonnant donc le premier projet de changer de route , de
suivirent celle qui se prolonge sur la rive gauche de la Meuse; ef!
leur marche rapide fut couronnée d'ün si heureux suceès, que le
léndemain ils arrivèrent de très-bonne heure à leur destination.
Is trouvèrent que l’évêque de Liége, à. eausé de sa santé, ainsi
qu'il l’altéguait, mais plutôt, peut-être, pour éviter d’être sarpris
par‘ population nombreuse et turbulente-de la ville, avait étab#}
sa demétrre-dans son magnifique château de Scherwaldt , à env
ron un mille de Liége.
Comme ïs approchaient du château; ils aperçurent le prélat qui
révenait processionnellemment de la ville voisine , ott il ævait
célébrer pontificalement la grand’messe. Il était suivi d’un now
breux certége de fünctionnaires religieux , civils et militaires;
marchant pêle-méle, et il était , comme dit un ancien trouvêre : 3’
« Précédé de maint porte-Jance ,
Et suivi de méint porte-ereix. »
* Cette procession présentait an bet aspoct, ex eétoyant les bords:
verdoyants de la Meuse, qui-déployait au loïn ses eaux majes-
taeuses ; ele fit an détour sut la droîte, et sembla s’engloatir sous
le superbe et gothique portail de la demeure épiscopale.
Mais lorsque les voyageurs furent plus près du château , ils
virent qué tout annonegait au dehors la erainte et l'inquiétude quf'
régnaient au dedmns, ce qui contrastait singuMèrement avec la:
pompe et {x magnificénce dont ils venaïént d'ôtre témoins. Une
forte garde de soldats de l’évêque était placée autour du bâtiment!
et dans quelques postes avancés ; et l'aspect per ordinaire d6 cette”
cour ecclésiastique semblait déceler dans le respectable prélat l’ap-
prébension d’un danger qui lui faisait trouver nécessaire de s’en-
tourer de toutes les précautions d’une guerre défensive.
us , QUENTIN BURWARD.
. Lorsque Quentin eut annoncé.les comtesses de Croye ; on les
introduisit avec respect dans le grand salon, où elles reçurent de
l’évêque, qui était à la tête desa petite cour, l’accueil le plus cor-
dial. 11 ne voulut pas leur permettre de lui baiser la main, maisil-
les embrassa ; et dans ce baiser déposé sur leurs joues il y avait
tout à la fois quelque chose de la galantgrie d’un prinçe qui reçoit
de jolies femmes, et de la sainte affection d'un pasteur pour k
partie féminine de son troupeau. .
Louis de Bourbon, évêque de Liége, était réellement un prince
_bon et généreux : sa vie n’avait peut-être pas toujours été renfer-
mée dans les limites sévères du caractère sacerdotal ; mais il ne
s'était jamais écarté du. caractère de franchise et d'honneur qui
distingue la maison de Bourbon, de laquelle il descendait, .
. Dans les derniers temps, car ilavançait en Âge, le prélat avait.
adopté une vie plus régulière que dans lé commencement de son
règne, et plus convenable pour un membrede la sainte hiérarchie.
Il était aimé des princes ses voisins comme un noble ecclésiasti-
que généreux el magnifique dans toutes les actions de.sa vie,
quoique s’écartant quelquefois de la rectitude et dela sévérité de
conduite dont sa qualité d'évêque lui faisait une loi, et gouver-
nant avec une molle indifférence qui encourageait à la rébellion
ses sujets riches et mutins, plutôt que-de les maintenir dans le
devoir. 2
1l était si étroitement allié avec le duc de Bourgogne , que €
dernier se croyait presque en droit de réclamer une partie de s
souveraineté temporelle, et récompensait la faeilité avec laquelle
le prélat admettait des prétentions qu’il aurait pu aisément rélu-
ter, en emibrassañt son parti en toute occasion avec ce zèle fou-
gueux «et violent qui fut toujours le trait le plus saillant de s02
caractère. Charles avait coutume de dire qu'il considérait Liège
comme lui appartenant , et l’évêque comme son frère (en eflel le
duc avait épousé en premières noces une sœur de ce prélal); -ajou
tant que quiconque ferait injure à Louis de Bourbon aurait à fairé
à Charles de Bourgogne; menace qui, si l’on considère le Carat
tère et la puissance de ce prince , devait être peu agréable poil
_les habitants de la ville de Liège, où, suivant un vieux. proverbe :
« L'argent faisait trébucher l'esprit. »
4 C'est-à-dire que, tous doux: mis dans la balance, le premier l’emportait sur le s€-
cond; ou bien encore, que leur richesse tournait la tète à ces honnêtes industriels
À Ne
CHAPÉTRE:-XVUX. : er
Leprétat, ainsiquenoust'avonsdit, pronit aux damesde Er ye
de fire-tout ve qu’il. pourrait en leur faveur :äuprès du duotde
: Bourgogne. Il espérait d'autant plus leur être utile que Campo-
: Basso, d’après quelques découvertes que venait de faire son mat-
tre et qui n'étaient nullement à son avantage ; avait perdu la fa-
vour de ce prince. Mais'le soupir qui accormpagna cette promesse
de les protéger-semblait déceler que son pouvoir à-eet égard était
plus précaire qu’il ne voulait le laisser entendre.
« Quoi qu’il arrive, mes très-chèrés filles, » ajouta-t-il d’un air
qui, de même que dans son premier accueil, était un mélange
d’onction spirituelle et de cette galanterie héréditaire qui carac-
térisait Ja maison de Bourbon, « le ciel me préserve d'abandonner
jamais l’agneau au loup vorace, ou de nebles dames à l'oppression
du méchant. Je suis un homme de paix, quoique le bruit des
armes se fasse entendre dans ma demeure ; mais soyez certaines
que je prendrai autant de soïn de votre sûreté que de la mienne ;
et si les affaires vènaient à prendre un aspect plus alarmant…
quoique je me flatte, avec la grâce de Notre-Dame, que les. têtes
se Calmeront au tieu de s’enflammer davantage... je vous procu-
reräi tes moyens de vous relirer avec sécurité en Allemagne ; car
la volonté même de notre fréreet protecteur. Charlés de Bourgo-
gne serait impuissante pour nous faire disposer de vous d’une
manière contraire à votre intention. Nous ne pouvons vous pér-
mettre de vous retirer dans un couvent; car, hélas ! telle:est Pin-
fluence des-enfants de Béliaf sur les habitants de la vilie de Liège ,
qu’au delà des-murs de ce château et loin de la protection de nos
soldats , nous ne connaissons plüs de’retraite sur laquelle s'étende
notre autorité. Cependant vous êtes les bien-venües ici; votre
suite y sera honorablement traitée , notamment ce jeune homme
que vous avez recommandé d’une manière toute particulière à
notre bienveillance, et à qui nous donnons notré bénédiction. »
| Quentin s’agenouilla , comine il le devait, pour recevoir cette
bénédiction épiscopale.
« Quant à vous, poursuivit le digne prélat ; vous resterez ici
” avec ma sœur Isabeïle, chanoinesse de Trèves: vous pouvez rési-
der avec elle en tout honneur, même sous le toit d'un galant céli-
bataire comme l’évêque de Liège. » [
En terminant ce discours de réception, l’aimable prélat-condui-
sit les dames à l’appartement de sa sœur ; et l’intendant de sa mai-
son, officier qui, ayant reçu l’ordre du diaconat , participait tout
tas QUENTIN. DUR WAR D.
à datois.au posvoir sécalier et au peuroir ecelésiantiqne; nrodipue
à Quentin tons les soinà d’une hienveillante hospitakité , come
le ii avait récommandé son maître. Les :autres personnes-de h
Suite des -dames de Craye. furent Plaobes dans des apparamss
d'un ordre inférieur. :
Au mikeu deert arrangernené Quentin ne put s'empêcher de
remarquer que la présence du Bohémien, qui, dans tous les cou-
vents du pays, avait-été la source de mike ohjäctions, semblait ne
äonner lieu à aacune remarque dans Ja maison de ce riche, el
nous pouvons peut-être ajouter, de ce mondain prélat-
Lé
CHAPITRE XIX.
| LA CITÉ.
Mes. bons amis , mes chers amis , gardez-vous d
croire que je veuille vous exciter à aucun acte soudain
de mutinerie ! . SHAKSPEARS , Jules César.
Séparé dé La vomtesse Isabelle, dont les yeux avaient été depuis
plusieurs jours son étoile polaire, Quentin sentit au fond de son
cœaor ua froid et un vide étranges qu'il m'avait pas encore éprouvés
au milieu de tous les tourments dont sa vie avait été assiégée. Sans
doute, les relations et cette intimité que la nécessité avait établies
entre eux, devaient inévitablement cesser aussitôt que la comiess
. serait établie dans une résidence fixe ; car quel-prétexte pouvait-
<ile faire naître, en supposant toutefois que l’idée lui en fût venue,
pour conserver auprès d'elle, sans inconvenance , un joune ef a
mmable écuyer tel que Quentin?
Cependant, quelque préparé-qu'il y fût, cette inéyitable sépér
ration lui porta un eoup cruel; et son orgueil fut blessé de voir
qu'on le quittait comme on quitte un postillon ou un soldat d'es-
corte dont le devoir est achevé: une ou deux larmes tombèrent
même ea secret de ses yeux sur les ruinep de ces châteaux aériens
qu'il s'était occupé à bâtir pendant la durée de son trop intéres-
sant voyage. L fit un courageux effort pour sortir de eet abatit
ment d'esprit ; mais ce. fut d’abord en vain: cédant donc à un
sentiment dont il ne pouvait se rendre maître, il s’assit dans l'en
bresure d'une fenêtre qui laissait pénétrer le jour dans le gothique
et grend salon de Schonwaldt, et il se mit à réfléchir sur son trisi®
‘ “CNAPIIRE XX. ap
dei, quine iniavai accardé ni ie rang ‘élevé mi les richensag
qui lui enssené 646 nécessaires peur soutenir de taliss prétentions |
Kafn Ja fermeté naturaile de son caractère l’enmorta , grêce .au
stimmalsnt qu'elle reçut d'un vieux poëme an langue romeue, ré
cemmenf imprimé à Strasbourg, et qui était placé près de lui sur
de rabard de la croisée: le tre de ce roman anaoncçait
. Commentun écuy er, né d’une humble famille,
Du prince de Hongrie aima, dit-on, la fille.
T'andis qu'il avait les yeuk fixés sur les lettres gothiques d’une
historietée en rimes qui retraçait une situation si semblable à la
sienne, Quentin fut inferrompu par quelqu'un qui lui frappa’sur
d'épaule ; et, se retourgant pour voir qui. ce pouvait être, il aper-
Qui le Rohémien. |
Hayraddin, qui ne hu avait jamais inspiré de La bienveillance ,
qui était devenu insupportable depuis qu'il avait découvert sa
trahison, et il hui demanda d'un air sévère pourquoi il était assez
hardi pour toucher un obrétien et un gentithomme?
«Tout sisaploment, répondit le Bohémien, parce que je désire
san ox si le gentilhomme chrétien à perdu le sentiment auset bien
que l’ouie et la vue. Il y a cinq minutes que je suis devant vous
à vous parler, et vous restez les yeux fixés sur ce morceau de
prrebemin jaune, comme si c'était un charme pour vous méte-
maexphoseren statue, et qui eût déjà fait la moitié de sa hesogne.
kb bien! de quoi as-tu besoin ? Parle, ei va-t’en.—J’ai besoin de
ce dleni: fous les houimes ent besain, quoique peu d'entreeux s'en
gonientent ; j'ai hegoin de ce que vousme derez, dix éeus d’ur,
pour avoir sprvi de guide aux dames jusqu'ici. — Comment oses-
tu demander un salaire ? N'es-tu pas assez payé, puisque je te.
laisse ta coupable vie? Tu sais que ton dessein était de les trahir
pendant le voyage. — Mais je ne les ai pas trahies;. si je l'avais
fait, je n'aurais pas réclamé mon salaire, ni d'elles, ni de vous,
aoaia de celui qui aurait tiré parti de leur passage sur la rive droite
de la Meme. Les gens que j'ai servis sont ceux qui doivent me
payer. — Périsse donc ton salaire avec toi, traître !» s’écria Quen-
tin .en, comptant l'argent que ki demandait le Bobémien ; car, en
sa qualité de majordome, il avait été muni d’une somme sufli-
sente pour payer toutes les dépegses du voyage. «Va trouver le
Senglier des Jadennes, ou le disble ! mais ne te présente plus de-
veni moi, à moins que {u-no veuilles que je Le fasse.sortir dp 4e
a60 QUENTIN DÜRWARD.
monde plus tôt que tu ne’ t’ÿ attends. — Le Sangtier des Arden-
nes !» répéta le Bohémien avec surprise, tandis que sa figure lais-
sait apercevoir fus d'émotion qu’il n'avait coutume d'en montrer;
«ce n'était donc pas une conjecture vague, un soupçon enfanté
par le hasard, qui vous ont porté à vouloir obstinément changer
de route? Serait-il possible qu'il existât réellement dans d'autres
pays un art divinatoire plus infaillible que celui de nos tribus er-
rantes? Le saule sous lequel nous parlions n’a pu rapporter no
paroles. Mais, non, non, non, que je suis sot ! Je sais ce que c’est
m'y voilà : ce saule sur le bord du ruisseau, nof loin du couvent,
je vous ai vu le regarder en passant, à un demi-mitle environ de
cetle ruche de bourdons ; certes, ce saule n’a pu parler, mais il a
pu cacher quelqu'un qui nouséceoutait ! A l’avenir, je donnerai
audience en pleine campagne ; il n’y aura pas près de moi une
touffe de chardons dans laquelle un Écossais se puisse cacher.
Ah, ah! l’Écossais a été plus fm que le Zingaro malgré toute s
subtilité! Mais sachez, Quentin Durward, que vous l'avez em-
porté sur moi au détriment de votre bonheur personnel : oui, l
fortune que les lignes de votre main annoncent, et que je vousai
prédite, votre obstination vous l’a fait manquer. —- Par saint Ar
dré! je ris malgré moi de ton impudence ! Comment, où et en
quoi ta perfidie, si elle n’eût été déjouée, aurait-elle pu me servir!
Je vous ai entendus convenir que mes jours séraient épargnés,
condition que vos dignes alliés auraient eu bien vite oublié
quand nous en serions verius aux Coups; mais à quoi eût pu m'é-
. tre utile ta lâche trahison , si ce n'est à m’exposer à la mort oui
la captivité, c’est une question à laquelle nul homme ici-bas ne
“pourrait répondre. — Il ne faut donc point y penser; car mart-
connaissance va vous donner un autre sujet d'étonniement. Si vous
aviez retenu mon salaire, je me serais regardé comme quitte er
vers vous, et je vous aurais abandonné aux inspirations de voir
folie; au lieu que, dans la situation où nous sommes placés mait-
tenant, je suis encore votre débiteur pour l’affaire- -qui s'est passée
sur les bords du Cher. —- II me semble que j'ai déjà pris une par-
tie du paiement par les malédictionis et les injures dont je t'ai at-
cablé. — Des duretés ou des douceurs ne sont que du vent : elles
ne sont d’aucun poids dans la balance. Si vous m'aviez frappé au
lieu de me menacer... — Je me sens assez disposé à me payer &
cette manière, si tu me provoques plus long-temps. — Je ne vow
le conseille pas, car un pareil paiement, fait par une main tém-
| GAPITRE. XIX. . ..' 4
raire, pourrait excéder la dette et faire pencher la balance contre
vous, Ce que je ne suis pas homme à oublier. Maintenant, je vous
dis adieu, _mais ce n’est pas pour long-temps; je vais également:
faire mes adieux aux dames de Crôye. — Toi! » s’écria Quentin -_
saisi d’étonnemgnt «toi; être admis en la présence de ces dames!
et cela ici, dans ce château où elles vivent en quelque sorte comme
des recluses ! où elles-sont sous Ja protection de la sœur de l’évé-
que, d’une noble chanoinesse ? t'est impossible ! = Marton m’at-
tend cependant pour m’introduire auprès d'elles, » répondit le Zin-
garo avec un rire ironique ; «et il faut queje vous prie de m’ ex
cuser si je vous quitte si brusquement.» .
Tournant alors le dos à Durward, il fit quelques pas pour s’éloi-
gner ; mais, revenant presque aussitôt sur ses pas, il se rapprocha
de lui, et, avec un {on d’emphase mystérieuse : «Je connais vos
secrètes espérances, dit-i}; elles sont audacieuses , mäis elles ne
seront pas vaines, si je: vous : prête mon appui. ‘Je connais. vos
craintes ; elles doivent vous conseiller Ja prudence, maïs non vous
donxer de li timidité. Il n'existe pas de femme qu’on ne puisse
gagner. Le titre.de comte n'est qu’un sobriquet, et il siéra tont .
aussi bien à Quentin que celui de duc à Charles, et celui de roi à.
Louis. ».
Avant que Durward eût eu Le temps de lai répondré, le Bohé-
mien avait quitté | la salle. ILle suivit à l'instant; mais Hayraddin,
plus ‘initié que l’Écossais dans la connaissance des distributions
intérieures du château, conserva. l'avantage qu’il avait obtenu, et
disparut bientôt à ses yeux en prenant un petit escalier dérobé.
Quentin continua pourtant de le poursuivre, quoiqu'il sût à peine
le motif qui l'y portait. L’escalier se terminait par une porte qui
dennait sur un jardin, là‘ il aperçut de nouveau le Zmgaro préci-
pitant ses pas et parcourant en tous sens des avenues, afin d'éviter
qu’il ne l'atteignit. : #
Ce jardin était bordé de deux côtés par les bâtiments du chà-
” teau, vaste et antique ‘édifice que sés fortifications faisaient res-
sembler à une citadelle autant qu’à un mopument religieux ; les
deux autres côtés étaient fermés par une hàute murailie crénelée.
Une de ses nombreuses avenues conduisait à une autre partie du
.château , où l’on voyait une petite porte située derrière un äre-
boutant d’une haüteur immense:et tout couvert de lierre ; Hay-
raddin, après avoir suivi cette direction, ‘se retourna vers Dur-
ward, et lui fit de la main un geste qui pouvait étre considéré
QUENTIN DURWARD. 17
2e QUERTIN DUKWARD.
conte tri adieü ou ur signe de triomphe. .En éffet, Queñitin vil
Marton duvrir là petite porte et introduire lé vil Béhémien, comme
il le présuma naturellement, dans l'appartement des comtesses de
Croye. Il se imordit les lèvres d’indignätion , et se blâmä sévère-
ment de n’avoir pas instruit les dames du' caractère infâme d'Hay-
taddin, ainsi que des machinations diaboliques qu’il avait tramées
contre leur sûreté. L'air d’arrogance avec lequel cét homme lui
avait promis de le seconder dans ses projets ajoutait à 4 colèreet
au mépris qu'il lui inspirait; il lui semblait même que la main de
la comtesse Isabelle serait profanée, si ne devait l'obtenir que par
une telle protection. «Mais tont cela n’est que déception, se dit-
il, pure jonglerie, bas et grossier artifice. Il s’est procuré accès
auprès des dames de Croye sous quelque faux prétexte et dans
quelque intention-perfidé. Mais je sais maintenant.où elles logent,
cela me suffit; j'épierai l'occasion de parler à Marton, et je solli-
Citerai une entrevue avec ces dames, ne fût-ce que pour lesaver-
tir de se tenir sur leurs gardes. N est dur que je sois contraint
d'employer l’artifice et de souffrir le mointire.détei, quand un pa-
reil être est ädmés ouverterhent_et sans scrupulé. Eltes verront
pourtant que, bien'que je sois exclus de teur présence, la'sûrété
d'Isabelle est encore le principal objet de mes soins et de ma sur-
veillance. »
Pendant que le jeune amañt s xbandonnait à ces 3 réflexions
on vieux gentilhomme de la maison de l’évêque, entrant dansk
jardin par la même porte qui y avait donné accès à Durward,®
dirigea vers luf , et le prévint, avec ta plus grande politesse, que
ee jardin était exclusivement réservé à l'évêque et aux persons
qui, par leur haute distinction , étaient: admises dans son intimité.
Cet avis fut répété deux fois avant que Quentin fût capable de
1 comprendre ; sortant.enfin de sa réverie, il Salura le-genlil-
hommé , et se hâta de s'éloigner, tandis que celui-ci, continuait
à le suivre, l’accabltait d’excuses sur la nécessité où il était de
#aequitter d’un devoir dont l’accomplissement lui paraissait
peut-être une impolitesse. I1 mit ‘une telte persistance dans %
éfforts pour éloigner de l'esprit de Durward toute idée qu'il ell
voulu l’offenser, qu’il alla jusqu'à lui offrir de lui tenir comp4-
gnie pour tâcher de le désennuyer, Quentin, maudissant inté-
rieurement son importune obséquiosité, ne trouva pas de mell-
leur moyen pour lui échapper, que de prétexter le désir de visiter
da ville voisine, et il pressa le pas de manière à ôter bientôt
CHAPITRE XIX. | 263
Poflicieux vieillatd tout désir de l'accompagner plus loin que le
pont-levis. Au bout de quelques minutes, Quentin sb trouva dans
-J’enceinte des murs de Liége, ville qui était alors l’une’ des plus
riches de‘la Flandre , et par conséquent du monde entier.
La mélançolie, et même la mélancolie d'amour, ne s’empare
pas aussi profondément de l'esprit, surtout de celui de l’homme,
que les âmes tendres et enthousiastes sont disposées à le croire.
Elle cède aux impressions frappantes et subites produites sur les
__ sèns par l'aspect de lieux i inconnus, par des scènes qui créent une
nouvelle série d’idées, et par le spectacle du mouvement conti-
nuel et de l'activité d’une grande ville. Au bout de quelques in-
stants, l'attention de Quentin fut captivée aussi complètement
par la variété des abjets qui s’offraient suçcessivement'à lui dans
les rues de Liége, que s’il-n'eût existé dans le monde entier pi
comtesse Isabelle ni Bohémien.
. Les rues immenses, quoique sombres é éfroites ; l'élévation
des maisons; l’étdlage brillant des plus riches marchandises et
des plus magnifiques armures; le nombre et l'éclat des magasins
et des houtiques; la foule de’citoyens affairés, de’ toutes condi-
tions , qui passaient et repassaient avec un air de préoccupation, -
d’importañee ou d'empressement ; -les énormes chariots qui trans-
portarent çà .et là les 0bj ets d’exporfatien et d’ importation, tels
que des draps, de la serge, des armes de toute espèce ; des clous,
du fer, et divers autres articles de nécessité ou de luxe, les uns
destinés à être consorhmés dans-une ville apulente, lé autres à
être éehangés-contre d’autres marchandises, ou à être transportés
ailleurs : tous ces objets réunis formaient un tableau d'activité,
de richesse <t de splendour auquel Quentin avait été étranger
jusqu’ators. Il admmirait ‘aussi les nanibreux canaux euverts pour
communiquer avec la Meuse, et qui, traversant la ville en sens
divers, offraient au commerce, dans tous des quartiers, lés faqi- .
ktés du transport par eau. Énfin , lorsqu'il eut visité et regardé
tout ce qui bal parut je plus digne d'intérêt , ü entra pour enten-
dre unie messe dans la vieille et vénérable église de, Sainl-Lam-
bert ; fondée, dit-on ,-dans lè huitième sidele.
Ce fut en sortant de ce liea consacré à la religion que. Quentin
commença à remarquer qu'après avoir examiné tout ce qui l’en-
touraif avec une curiosité que rien ne le forgait à réprimer, il
‘était devenu, à son tour, l’objet de l'attesition de plusieurs grou-
pes de bons bourgeois qui.paraissaiont gccupés à l’examiner de-
L 3
264 | QUENTIN DURWARD.
puis le moment où il sortit de l’église, et parmi lesquels il s'élevait
un murmure, une sorte de chuchotement, qui passait de l’un à
l’autre. Le nombre des curiéux s’augmentait rapidement, et les
regards de chaque nouveau ‘venu se dirigeaient à l'instant sur
Quentin’ avec une. expression d'intérêt et dé curiosité à laquelle
se mélait un certain degré de respect. ‘
* Ji finit par se trouver-au tentre d’un rassemblement considéra-
ble qui s’ouvrit cependant devant lui pour lui livrer passage , et il
poursuivit son chemin, tandis que ceux qui le suivaient ou qui
marchaient à ses côtés, évitaient avec soin de le serrer de trop
près ou de gêner ses mouvements. Celte position devenait néan-
moins trop embarrassante pour que Durward pût la supporter
plis long-temips sans désirer de faire quelque tentative pour en
sortir, ou pour obtenir quelque explication à ce sujet.
Jetant les yeux autour de lui, il remarqua in homme de faille
. assez ronde et dont la physionomie respectable avait un certain
enjouement : à sdn manteau de velours et à sa chaîne d’or, jugeant
que ce dévait être un bourgeois de distinction, peut-être même
un des magistrats de la ville , il lui demanda s ‘il y avait en sa per-
sonne quelque chose d’assez singulier pour ättirer l’attention du
public à un degré si extraordinairé , ou Si c'était l'usage des Lié-
geois de s’attrouper ainsi autour des: étrangers que le hasard
amenait dans leur ville. '
— « Non certainement, mon ‘bon mônsieur, répondit le bour-
geois; les Liégeois ne sont ni assez oisifs , ni ‘assez curieux pour
- adopter une telle coutume ; et il n° y a rien non plus, ni dans votre
mise , ni dans votre tournure, qui ne soit digne de recevoir un
bon accueil dans cette ville, et que nos habitants ne soierit char-
més de veir et ne désirent honorer. -— Ce langage est très-poli,
mon cher monsieur, répondit Quentin ; mais, par là croix de saint
Andrè: je ne puis même me douter de ce que vous voulez dire.
— Gette expression , jointe à votre accent , monsieur, me donne
la certitude que nos conjectures sont justes. — Par mon patron
saint Quentin ! je suis plus loin que jamais de vous comprendre.
— Encore mieux ! » repritle Liégeois en regardant le jeune Écos-
sais avec un air de malice qui pouvait peut-être le blesser, quoi-
que joint à une politesse extrême. « Certes, il ne nous appar-
tient. pas, monsieur, d’avoir l'air de voir ce que vous jugez à
propos -de cacher ; mais pourquoi jurer par saint Quentin , si vous
ne voulez pas que je donne une certaine interprétation à vos pa-
( CHAPITRE XIX. : 265
roles ? Nous savons que le bon comté de Saint-Pol , qui est ici en
ce moment; favorise notre cayse. — Sur Ma vie, vous êtes sous
l'influence ds quelque illusion : je n’ai rjen de comiun avec le
comte de Saint-Pol. — Oh ! nous ne vous questionnons pas ; ef
cependant, écoutez, j'ai quelque chose. à vous dire à l'oreille ;
mon nom ést Pavillbn. — Et en quoi cela me regarde-t-il, mon-
sieur PaviHoù ! ?2— Oh! en rien. Seulemént il me semble que vous
devez reconnaître avec plaisir que‘je suis digne de votre .con-
fiance ; et voici mon collègue Ronslaer. » | -
. Ronslaer s'avança. C'était un fonctionnaire d'une v vaste corpu-
Jence, et.dont le ventre arrondi faisait oùvrir la foule devant lui,
comme un bélier ébranle et renverse les murailles d’une ville. IL
s’approcha de son voisin, et lui faisant un signe comme pour lui
recommander la prudence, il lui dit d’un ton de reproche : « Vous
oubliez, mon cher collègue, que nous sommes dañs.un lieu pu-.
blic. Si: monsieur veut bien venir chez moi ou chez vous, et ac-
cepter un verre de vin du Rhin au sucre, nous,entendrons plus
commodément ce qu’il a:à nous dire sur niotre bon amiet allié que
nous aisions avec tout l'abandon de nos cœurs flamands. —Je n’ai
aucunes nouvelles à vous apprendre, » répondit Quentin avec im-
patience ; «.je refuse votre vin du- Rhin : tout te que je vous de-
mande , Comme à des'gens respactables, c’est de disperser cette
foule oisive, et de permettre à un étranger de sortir de votre ville
aussi tranquillement qu’il y est entré: — Eh !-bien, monsieur, dit
Ronslaer, puisque" vous insistez tant pour garder | incognito, même
avec nous qui sommes des hommes dignes de confiance, permet-
tez-moi de vous demander sans plus de détours, pourquoi vous
porteriez la marque distinotive de votre compagnie si vous vouliez
rester inconnu à Liége ?—De quelle marque, de quelle compagnie
parlez-vous ? vous me paraissez des:homimes estimables , d’hon-
nêtes et graves citoyens; mais , sur mon âme , ou vous.êfes fous,
ou vous avez juré de me le faire devenir. —Sapperment ! s’écria
Pavillon , ce jeune homme ferait jurer saint Lambert lui-même !
Qui a jamais porté-un bonnet avec la croix de Saint-André et la
fleur de lis, sinon les archers de la garde écossäise du roi Louis XI?
— Eten supposant que je sois un archer de la garde, qu’y a-t il
d'étonnant, que je porte le signe distinctif de ma compagnie ? » ct
Quentin d’un ton d'humeur. — « Il l’a avoué , il l’a avoué! *
s’écrièrent en même temps Ronslaer et Pavillon én se tournant
vers la foule , les bras élevés , les mains étendues , et leurs larges
A
doc QUENTIN DURWARD.
figures exprimant l'enthousiasme et la joie qui lus shimaiont : «il
convient qu’il estarcher de la garde écossaisé de Louis, de Louis
Îe gardien des libertés de la vie de Liége! »
Un cri unanime s’éleva, ét tes paroles retenttrent de fous vôté:
« Vive Louis de France ! vive la: garde écossaise ! vive le brave
archér ! nos libertés ! nos priviléges ou la mort! Plus d'impôts !
Vive le vaillant Sañglier des Ardennes ! ! A bas Charles de Bour-
‘gogne! Ruine et destruction à Boutbon et À son évéché ! »
À moitié assourdi.par ce bruit, qui recommençait d'un côté dès
qu'il avait.cessé de l'autre ; et qui, se gonflant et-s'abaisent
comme Îles flots de la mer, s *accroissait à-chaque instant par les
milliers de voix qui, partant des rues et des marchés les plus
éloignés, retentissaient dans les airs, Quentin eut à peine le temp
de faire une conj jecture sur la causé de ce tumulte et de se former
- un plan de conduite.
It avait oublié que dans son combat contre lé due d'Orléans
| tontre Dunois,'son casque ayant été fendu par le shbre de ce der-
‘
\
nier , un de ses cämarades , d’après l'ordre de lord Crawford, lu
avait. donné pour le remplacer un des bonnets doublés en acier
qui faisaient partie du costume des archers de la garde écossais,
costume généralement connu. Or un membre de ce corps dont k
service spécial était de garder la persônne du roi Louis, paraissant
tout à coup dans les-rues d’üne ville où-le nombre des mécontents
s’angmentait chaque jour par.les intrigues des agents de cemo-
harque , sa présence devait naturellement être interprétée par les
bourgeois de’ Liége comme l'annonce de la détermination qu'il
‘avait prise de-soutenir ouvertement leur cause. La vue d’un sul
‘de tes àrchers devénait donc pour eux le gage assuré d'un appui
immédiat. Il y.en eut même parmi eux qui ne craignirent pas
“d'assurer que les forces auxiliaires. du roi entratent en ce mome
par une-des portes de la ville, quoique personne ne pât dire pose
vivement laquelle.
Quentin reconnut bientôt l'impossibilité de détraire une erreur
si généralément adoptée ; ilsentit-mêrne que foute téntattve pour
détromper des hommes si obstinés däns leur opinion pourrait lui
faire courir quelques risques pérsonnels auxquels fl ne vit aucune
nécessité de s’exposer. Il prit donc à la hâte la résolution de tein-
poriser ét de se tirer d‘embarras du mieux qu’il pourrait ; cette
résolution, il s’y arrêta pendant que la foule 1e coñduisait à-l'AÔ-
tel-de-Vilie, où les plus notables habitants se rassemblaient déjà
CHABITRE XIX, #67
pour apprendre les nouvelles dant ils le présyinaiont orjenr, #
Hi offrir ensuité un banquet splendide. 1,
En dépit de toutes ses représentations et de ses refus, que lag
attribupit à la modestie , il fut entouré par les dispensateurs dla
popularité, dont le lux importun se dirigeait alors vers lui. Ses
deux amis les bourgmestre, qui étaient shoppen , où ayndies de
la vie , le tenaient chacun sous un bras. Nikkel Blk, chef de le
corporation des bouchers qui était.accouru À la hâte, marehait
davaat lai en brandissant avep üh ‘courage ef une .grâpe que Je
brandevin seul pouvait donner, sû hache encore couverte de sang
et de quelques débris de cervelle. Derrière lui se tenait, dans un
état complet d'ivresse , le-long et maigre Glaus Haramerlein , pe-
triote bipn cennu ; il était président de la compagnie des ouvriers
ea fer,dont un müler le suivaient dans un epstume sale et avec deg
figures noircies qui annongaient leur profession. Bes tisserands, des
cloutiers , des cordiers des artisans de toute espèçs , sortant en
foule de rues étrpites et sombres , venaient augmenter le cortége:
S’échapper état done impossibls, gt c eût, êté une enteeprise folle
et désoépérée que de l'essayer. … -
Dans cet embarras, Quentin eut recours à Bonslder, qui avait
un bras passé. ous le sien, et à Pavillon , qui s'était emparé de
l’autre, at qui tous deux le conduisaient à la tête de cette espêee
de. marehe riomphale, dent il était devénu si ipopinémpht
cause et l’objet. Il les informe à la hâte qu'il avait pris sans y ré-
| féchir le bonnet-de kr garde écossaise , par. suite d’un accidené$
arrivé an casque qu'il devait parter pendant son-Voyage ; qu'il re-
grettait que cette circonstance: et Ja sagacité ayee . laquelle Les
Liégeuis ayaient deviné sa qualité et le mgtif.de sa présence dans
leur ville.eussent donné à son arrivée nf si grande publicité ;
ajoutant que si on le conduisait à l’Hôtel-de-Ville , il se trouverait
peut-être dans la matheureuse nécessité de eammuniquer à l’as-
semblée rertaines choses què le roi lui ayait ordonné de réserver
pour Foreille privée-de ses exgellénts PORTpÈReS Mein herrs Rons-
laer et Pawälon , de Liége. .
. Ces dernièresparales Droduisirent un eftet magique sur les deux
citoyens, qui:étaient Les principaux chefs des bourgebis insurgés,
et qui, comme tous les démagogues. de leur espèce, désiraient
ardemment conserver autant. que possible la haute main dans
toutes les affaires. Ils-convinrent. danc. à la. hâte que Quentin
qiiélereit la ville peur quelques heures; et qu’il y rentrerait pen-
$
268 QUENTIN DURWARD.
dant la nuit pours ‘entretenir sécrêtement avec eux dans la maison
de Ronslaer , située près dela porte qui faisait face au château de
Schonwaldt. Quentin n’hésita pas à leur dire qu'il résidait pour
le moment dans le palais dé l’évêque .. sous prétexte de lui-porter
des dépêches de la cour de France , tandis que sa mission rétlk,
comme ils l'avaient conjecturé ; était toute particulière-aux ci-
toyens de Liége. Cette manière tortueuse- d'établir des comm
nications , le rang et le caractère de l'individu auquel le message
était confié, ‘étaient si conformes'au caractère de Louis, qu ilne
S'éleva ni doute ni surprise. |
À peine cet éclaircissement était-il terminé .que la foule: arriva
devant a porte de la maison dè ‘PaviHon , située dans l'une des
principales rues, et qui comrauniquait à la Meuse par derrière,
au moyen d’un jardin et d’une tannerie immense, avec toutes ses
dépéndaänces; car'le bou rgeois patriote était tanneur et corroyeur.
. IL était natureL-que Pavillon désirât faire les honneurs de &
maison à l’envoyé supposé de Louis XI, èt une halte chezlui n’ex-
. Cita nulle surprise de la part de la multitude , qui au .contraire
applaudit mein herr-Pavillon par un bruyant vivat! aù moment
où il y introduisait un-hôte si honorable .-Sans perdre de temps,
Quentin, remplaça son bonnet trop remarquable par un chapeau
de tanneur, et jeta un grand ”mantèau. par-dessus ses vêtements.
Pavillon lui'remit ensuite un passe-port au moyen duquel'toules
{es portes de la välelui seraient ouvertes, soit de nuit soit de jour,
commie il le jugerait à propos. et termina ên le confiant aux soins
de sa fille, jeune et joyeuse Flamande à laquelle il donna toutes
les instructions nécessaires .poùr la sécurité du jeune homme.
Pavillon courut ensuite rejoindre son collègue dans d'intention de
conduire leurs amis à l’'Hôtel-de-Ville, et de les y amuser par le
meilleures excuses qu’il pourrait imaginer refativement als dis
parition de l’envoyÿé du roi Louis.
. Nous ne pouvons, comme dit le valet de la comédie, nous sou-
venir exactement de. l'espèce de mensengé-que les moutons à
clochettes firent au reste du troupeau, mais nous osons dire que
rien n’est plus fäcile que d’en imposer à’ une multitude dont ls
préjugés et les sentiments impétueux ont déjà fait plus de Ja moi-
tié du chemin avant que l'imposteur ait prononcé un seul mot.
Le digne bourgeois ne fut pas plus tôt parti, que la grosse et frai-
che Trudchen, le visage couvert d'un riche incarnat auquel &
joigoait un sourire qui convenait admirablement à des lèvres ver-
CHAPITRE XIX. | 200
imeilles 6 comme des cerises , à des yeux bleus. remplis d’enjoue-
ment, et à un feint d’uné pureté et d’une blancheur parfaites; se.
mit en devoir de conduire‘ le’ bel étranger à travers le jardin du.
sieur Pavillon, jusqu’ au -bord de l’eau; là Quentin monta dans une
barque conduite par deux vigoureux Flamands: vêtus de larges
” pantalons, de‘jaquettes garnies de nombreux boutons ; et la tête
couverte d’un bonnetfourré. Bientôt la jeune fille le-vits’éloigner
avec toute la rapidité que leur lenteur flamande permettait aux
deux bateliers d'imprimer à leurs avirons. °
Cémme la gentille Trudchen ne: parlait qu’allemand, Quentin, 3
sans aucun préjudice pour la tendresse fidèle qu’il avait vouée à
la” comtesse de Croye, ne put remércier sa jeune libératrice. qu’en
imprimant un baiser sur ses lèvres aussi roses què des cerises;-et
ce baiser, donné avec une exquise galantèrie, fut reçu avec une
gratitude modeste; car des galañts de la taille et de la’figure de
notre archer écossais né-se rencontraient pas tous les jours parmi
les bourgeois de Liége. | -
- Tandis que la barquerementait le cours paresseux de la Meuse,
et s’éloignait des fortifications de la ville, Quentin eut le temps de
réfléchir sur le rapport qu’il devait. faire de son aventure à Liége
quand il serait de retour 4u château de Schoniwaldt. : Repoussant
toute idée de trahir quiconque avait mis sa confiance en lui, cette
confiance ne lui eût-elle été accerdée que par suitè d’une méprise,
mais non moins déterminé à ne pas. cacher au vénérable prélat les
dispositions séditieuses qui agitaienten ce moment les esprits dans
sa capitale, il résolut de ne faire qu’un récit vague et général, afin
de mettre Févêque sur sés gardes, sans que pérsonne en particu
lier fût exposé à sa vengeance. -
Il débarqua à à un demi-mille du château, et don na un guider à
-868 conducteurs, qui parurent entièrement satisfaits: Quelque peu
éloigné qu'il se trouvât de Schonwaldt, la cloche avait sonné le
diner lorsqu'il arriva , et il s’aperçut, en outre’, qu’il était arrivé
par-un côté ‘différent de celui dé l’entrée principale, et qu il pro-
longerait son retard s’il entreprenait de faire le tour du château,
Ii s’avança donc sans hésiter vers le côté dont il était le plus près:
c'était un mur fortifié qu’il présuma être celui du petit jardin dont
nous avons déjà parlé; une poterue percéedans ce mur ouvrait sur
Jles fossés, et un esquif était amarré près de cette poterne. Il es-
péra donc qu’en appelant, quelqu'un paraîtrait et lui amènerait
l'esquif pour l'aider à traverser les fossés. Comme il s’avançait
mn QUEN‘FIN BURWARD.
dans cette intention: la poterne souvrit tout à coup , un 1 home
sortit du château, 8 s'élança dans la barque, la dirigoa vers la rive
opposée , et, après être descendu àteri, la repoussa au milieu de
. Veau à l’aidé d’une longue perche. 4 sa grande surprise, Quentin
recannut le Bohémiôn, qui, lerecannaissant às0n tonr, l'évitaen
prenant un autre chemin qui conduisait feelemens à Liégs, et dis
parut bientôt.
- Ce fut là unnouyeay sujet de réflexions pour Durwérd. Go paies
avait-il passé tout ce tempsavec les: dames de Grôye ? Quel motif
pouvaient-elles avoir eu pour lui dounier aceès auprès d’ebes ?
Tourmenté par cette pensée ; il se sentit plus déterminé que ja-
mais à avoir une explication avec lesdeux comtespes, afin de leur
dévoiler la perfidie d’Hayraddin ‘et les instruire en fnême temps
de la situation périlleuse dans laquelle les dispositions séditieuses
dé la vible de Liége plaçaisnt l’évêque, leur profecteur.
” Quentin venait de prendre cette résolution, lorsqu'apmès ayoir
fait un long détour , Harriva enfin devant. la porte prinèipale du
_ châtéau; il y entra , et tréuva à table , dans la grande sale ; thus
le commeñsaux.de la maison, e’est-à-dire le clergé de l’évéque,
ses grahds officiers, et quelques étrangers qui. n'étant pas d'un
rang assez élevé dans Fordre de la noblesse, ne pouvaient ftre ad-
. mis à celle du prélat. Une placé avait pourtant été réservée pour
le jeune Écosshis au bout'de la table, à côté de l'anmônier de l'é-
vêque, quifaccueillit en “lui rappelant cette plamenterie nsitée
dans les collèges : serè venientibus. 955 4, tout on se hâtent db
charger son assiette de mets suffisants pone donner tin démenti à
ee dietan , dont les gens du pays de Quéntin disent que c’est use
plaisanterie qui n’en est pas une, ou < moies qu'etio est d'un
goût peu agréable.
Pour prévenir le reprocheque les. convives auraient pi le] faire-
en eux-mêmes d’avoir manqué de saveir-vivre , Quentin raeonta
brièvement le tumulte survenu dans la ville sitôt que l’on avait
découvert qu’il apparterait à la garde écostaisede Lois XI , et il
s'efforça de donner à.son récit une tournure plaisente ; en ‘disant
que s’il.s’était retiré d'embarras, c'était grâce à un gros hourgeois
de Liége et à sa jolie fille.
: Mais ses auditeurs prenaient trop d'intérét à cotte histoire pour
ka traiter comme une plaisanterie. Toutes les opérations de la
table furent suspendues, le service ianguit, pendant que Quentin
:4 Les os sont pour ceux qui arrivent trop tard. à. M. |
CHAPITRE XIX.: s#
faisait son à rédit; et quand il l'eut terminé ; il 86 fit ve silance s0x
lennel que le mhjordome rompit le premier en disant à voix basse
et d’ua ton mélancolique: « PIût à Dieu. que les vent lances pro-
mises par k Bourgogne fussent ici! - Pourquoi mettre tant d'ims
portance à lèur arrivée? dernanda Quentin. Vous avez ici bon nom-
bre de soldats dont la guerre est le métier, et vos antagonistes ne
sont que la lie d’une populace en désordre : ils-prendront la fuite
au premier aspect d’ane bannière soutenue par de braves hommes-
d'armes. — Vous ne connaissez pas les Liégeois, répondit le cha-
pelain: on peut dire d’eux , sans mêirie en excepter lés Gahtois,
qu’ils sont et lesplusterribles et les plus indornptablés del’Europe.
Deux" fois le duc de Bourgogne a châtié leurs révoltes réitérées
contre l’évêque; deux fois il les a traités avec sévérité, les a pri-
vés de leurs priviléges, leur a Ôté leur bannières ; les a soumis. à
des droits, a exigé d'eux ‘des impôts auxquels Liége, comme ville
libre de l'Empire, n'avait jamais été assujettie. IL y a° péu-dé temps
encore , il les a battus et en a fait un carnage. horrible près .-de
Saint-Tron, et Liége perdit dans cette journée près de. six müle
hommes, dont lesuns périrent: sut le champ de ‘bataille, et lesau:
. tres se noyèérent en fuyant. Pour les mettre hors d'état de s’insur-
ger de nouveau, Ghärles refusa d'entrer dans la vâlle par aucuns
des portes, quoiqu'elle eût fait sa soumission ; maisil fit abattre
quarante coudées dèses murailles, et yentra par cafte brèche, en
conquérant, là visière baïssée et la lunceen arrêt, ét suivi de touy
ses chevaliers. Les Liégeois.ne purent douter , dans vette circons-
tance, que sans l'intercession du duc Philippe le Bon, ce Gharles,
alors comte de Cherolais ; aurait livré leur ville au pillèges et pe-
pendant, malgré le souvenir d'événembnts si récents, malgré a
vue continuelle de cette brèche qui n’est pas encore répare, mal-
gré le mauvais éfat'de eûr arsenal, qu'ils n’ont pu remplir, le seul
aspect d’un bonnet d’archer suffit pour les exciter de nouveau à
la révolte. Puisse Dieu disposer leurs âthes au repentir ! mais je
crains bien qu'entre ure population si irritable et un souverain
si fier et si impélueux, il nes'élève an sanglant débat! et je vou:
drais que mon bon'et excellént maître eût, un siéte qui lui pro-
curât moins d’honneuts et plus de sécurité, car sa mitre est dou.
blée d’épines et nôn d'hermine ! Je vous- parle ainsi, jeune étran-
ger, pour vous avertir que siivos affaires ne vous retienrient. pas à
Sehonwaldt, vous ferez Sién d’en partir au plus tôt, Car. c'est un
lieu funeste dont tout homme prudent doit chercher à's éloigner
37? QUENTIN DURMARD. -
le plus promptement possible. Je présume que vostdames sont da
même avis, car elles ont dépêché à la cour de France un des gens
de leur suite, avec des lottrés qui annancent probablement leur
intention d'aller chercher ailleurs unasile plus sûr. »
+
me:
in CHAPITRE XX:
| LE BILLET.
ee | Va, te voilà homme si tu veux Pêtre : sinon je te
verrai exgcore le dernier des valets, et un être indigne
. de touchgr la maïn de la fortune. _
"SHAKSPEARE , La Doisième nuté.
-Quand le eonvert eut été enlevé ) Je chapelain , qui semblait
avoir pris une sorte de goût-pour la société de Durward , où qui
peut-être désirait tirer de lui de plus amples renseigaements sur
son aventure de la matinée, le conduisit dans” ‘un appartement
écärté dont les fenêtres donnaient d’un côté sur le’jardin';:et s'a-
percevant que les ybux de son jeune oumpagnén se dirigeaient de
ce côté, comme s’il désirait y descendre, il proposa d'aller visiter
les arbustes étrangers et curreux dont l'évêque l'avait enrichi.
. Quentin s’en excusa süur ce qu’il n’osait se hasarder dans un lieu
dont l'entrée paraissait interdite aux étrangers, ét raconta au cha-
pelain ce qui lui était arrivé le matin même: « Enveffet, » lui ré-
pondit en souriant. celui-ci, « il existe un ancien règlement qui
interdit l'entrée du.jardin particulier de l’évêque ; mais il date de
l’époque 6ù notre’ révérend prince était encore jeune et p'avait
guère plus de trente ans. Maintes belles dames fréquentaient sou-
vent le château alors, pour y venir chercher des consolations spi-
rituelles; et il était juste, » ajouta-t-il err baissant les yeux et en
souriant d’un air moitié: ingénu , moitié malin , « que ces belles
péniterites, qui logeaient dans les appartements qu’occupe main-
tenant la noble chanoinesse,. eussent quelque endroit où il leur fût
permis de .préndre l’air sans craindre d'être importunées par les
regards des profanes. Mais depuis plusieurs années, cette prohibi-
tion ; sans avoir.été formellement-abolie , a cessé tout à: fait d’être
-en vigueur, et elle ne subsiste plus que comme une.aneienne su-
perstition dans le cerveau d’un vieil intendant. Si cela peut vous
plaire, nous descendrons au jardin, et nous verrons s’il nous sera
permis ou non d’y rester. » .
+ eT— — — — a ——_ — — ——
>»
| CHAPITRE XX. | 273
Rien ne pouvait être plus agréable à Quentiri que la perspective
d'entrer. librement dans ce jardin. Il espérait dès lors pouvoir
communiquer avec l’objet dé ses affections , ou du moins l’aper-*
cevoir à quelque. balcon ou à la fenêtre. de quelque tourelle,
comme à l’auberge des Fleurs-de-Lis, ou dans la tour du dauphin
au Château du Plessis ; car Isabelle, dans quelque lieu qu’elle se
trouvât, semblait destinée à être toujours la Dame de la toürelle.
. Lorsque 1 Durward fut descendü dans le jardin avec son nouvel
agii, celui-ei lui parut un. philosophe terrestre, complètement pré-
occupé des choges de ce bas monde qui avaient en Ge moment le
moins d'intérêt pour lui-même, tandis que de son côté, si ses :
yeux ne contemplaient pas le ciel comme ceux d’un aästrologue,
ils s’élevaient du moins vers les fenêtres. et-Jes balcons des tourelles
qui-flanquaienf de tous côtés ce vieil édifice , cherchant à déoou-
vrir sa cynosure !. Pendant qu'il était livré tout entier à cette re-
cherche , le jeune amant entendit, si toutefois il l'entendit , la
nomenclature des plantes, des ‘herbes et des arbustes que son ré-
vérénd conducteur désigoait à son attention : telle-plante était
précieuse parce qu ee était d’un grand usage en médecine, telle
autre l'était davantage parce-qu’elle donnait une saveur exquise
au potage; une troisième, et c’était là tout son mérite, parce
qu'elle était d’une grande rareté: Il fallait pourtant que Quentin
parût accorder quelque attention à l’officieux naturaliste , ce qui
lui était tellement difficile qu’il éprouva la tentation de l'envoyer
à tous les diables , lui et tout le règne végétal. Enfin le son d’une
cloche qui, appelant le chapeläin à quelque devoir religieux , le
força de s éloigner , délivra le. jeune homme du supplite .qu’il
- éprouvait.
Aprèsavoir fait 0 une foule d'excuses fort inutiles sur.la nécessité
où il se trouvait de le quitter, le bon ecclésiastique finit par lui
donner l’agréable assurance qu’il pouvait se promener dans ce
jardin jusqu’à l'heure du souper, sans aucun risque d’être troublé.
«C'est l'endroit, lui dit-il, où je viens toujours apprendre mes
homélies, parce qu'il est le plus retiré et que j’y suis moins exposé
à être troublé par les étrangers. Je vais, en ce moment , en pro-
noncér une dans la chapelle ; s’il vous plaisait de me favoriser de
votre présence. -On dit que je ne manque pas d'éloquence ; mais
gloire en soit rendue à qui elle appartient! » ", =
1 Nom sous lequel on désigne quelquefois la petite ourso , c’est-à-dire l'étoile po-
laire. À. Me.
3" QUENTIN DURWARD.
Quentin s’en exeusa pour ceîte fois, sous lo prétexte d’un vio-
lent mal de tête pour lequel le grand air serait sans doute le meil-
, leur remède; et l'obligeant Chapelain le His$a enfin à lui-même.
On imaginera aisément que, dans. l’inspettion. qu’il fit alors
beaucoup plus à loisir de chaqué fenêtre; de chaque otiverture
donnant sur la jardiri ; celles qui se trouvaiént dans le voisinage
de la petite porte par laquélle il avait vu, à ce qu'il‘ présumait,
Marton introduire Hayraddin dns l'apparterhent des comtesses,
de lui échappérent point. Mais quoiqu'il eût constamment es
yeux et les oreilles au guet , ducun bruit, aucun mouvement ne
vint contredire ou confirmer.ce que:te Bohémien lui avait dit ; et
le.crépuscale commençant à s'étendre, Bnit par craindre, sans
trop savoir pourquoi, qu'une si lengué promenade dans ce jardin
ne parût suspecte et.n vexcitat quelque mécontentèment ou quet-
que Soup{On..
* Il venait de se décider à partir , et il faisait , àce qi il croyait,
ün dernier tour sous les croisées qui avaient pour tui tnt d'at-
traits, quand'il enterdit au-dessus de sa tôte .an léger bruit,
comme de quelqu'un qui feint de tousser pour attirer l’attention
d’une autre persorine, .sanis éveiller céelle‘des gens qui seraient
à portée d'entendre. Levant les yeux avet un mouvement de sur-
_prise ef de joie, Quentin vit une fenétre s entr'ouvrir; uné main de
femmé s’y montra, et laissa échapper un billét : il toinba sur on
remerin qui croissait au pied du mur. La précaution qu’on em-
ployait pour lui faire parvenir ee billet lui prescrivait une égale
prudence pour 4 tre. Le jardin, éntouré de deux côtés, ainsi que
hous l'avons dit, par les bâtiments du palats épiscopal, était néces-
sairement dominé par les fenêtres d’un grand nombred'apparte-
ments ; mais sy trouväit une espèce de grotte que le .chapelain
avait montrée À Quentin'avec time complaisance toute particukère.
Ramasser le billet, e glisser furtivement dans son sein, ët cou-
rir vers cotté retraite mystérieuse, fut l’affhire d’an ustant. Là,
äl oavrit le précieux billet en bénissant Ta mémoire des moines
d'Amberbrothock dont les soins l'avaient mis- en état d'en lire le
| <ontenu.
La première ligne renformait cette injonction : « Lisez en se-
rt. » Le reste était conçu en ces termes : « Ce que voi yeux
«ont eu la témérité de me dire, les miens l'ont peut-être trop
« aisément compris. Mais une précaution injuste enhardit celle qui
« en est la victime , et il vaut mieux me confier à la reconnais-
. CHAPITRE XX. . "3
« sance. d’un seul homme que de rester exposées aux prétentions
« et aux poursuites de plusieurs. La fortune a placé son trône sur
« le sonrmet d’un roc escarpé, mais l’homme brave ne craint pas
_« de Île gravir. Si vous osez faire quelque chose pour une femme
« qui hasarde beaucoup, demain matin, à l'heure de primes,
« passez dans ce jardin, portant à vôtre bofnet àri pañache blanc
« bleu;. mais d'ici là, n’attendez pas d’autres éclaircissements.
« Les astres, dit-on, vous ont destiné aux grandeurs èt ont disposé
« votre âne à la reconnaissance. Adieu , soyez fidèle, prompt et :
a résolu , et ne doutez pas de la fortune. »
Cette lettre renferrhait en outre un anneau portant un diamant
taillé en losanges, ‘sur lequel étaient gravées les armes de l'an-
cienne maison de Croye. |
La première sensätion- de Quentin en ce moinent fut un bon-
heur sans mélange, une joje et un orgueil qui semblaient l’éle-
ver jusqu’au ciel. Il forma sur-ke-cherap- la résolution de mourir
ou d'atteindre le termede ses vœux, ne songeant qu'avec mépris
aux nombreux obstacles qu’ avait à surmonter. |
Ne pouvant, dans l'excès de son ravissement, supporter aucune
interruption qui pourrait détourner son esprit ; ne fût-ce qu'un
instant, d’un sujet de méditation aussi enchanteur ; il se hâta de
rentrer au Château, allégua, pour se dispenser de paraître au sou-
per, le mal de tête qu'il avait déja prétexté; êt, après avoir altumé
sa lampe, il se retira dans l’appèrtement qui lui avait été assigné,
pour kre et relire le précieux billet et couvrir de maille baisers Ià
non moins précieuse bague.
Maïs des sentiments si exaltés ne pouvaient ‘tre de longue
durée. Une pensée fâcheuse vint passer sur son cœur, quoiqu'il _ :
s’efforçät de da repousser. comme un acte d'ingratitade, commie
en Outrage. Il lui sembla que la franchise d’un tel aveu annonçait
moinis de délicatesse de la part de celle qui k faisait, que le senti--
ment d’adoration romanèsque qu’elle lui avait inspiré ne Pavait
porté à lui attribuer. Mais à peine cette idée pénible s’était-élle
‘emparée de lui qu’il se hâta de l’étoaffer , comme si c'eût été une
vipère qui sè fût glissée dans sa couche, et dont l’horrible sifilemerit
le faisait frémir. Était-ce lui, à lui qui recevait une si grande
faveur, à lui, pour qui une femme d’un rang si supérieur au sien
daignait descendre de sa sphère élevée, à la blämer d’un acte de
condescendance sans lequel il n’eût jamais osé lever les yeux jus-
qu’à elle? Sa fortune et sa naissance ne l’affranchissatent-elles pas,
276 … QUENTIN DURWARD.
dans la situation où elle se trouvait, de la règle commune qui
prescrit le silence à une femme ; jusqu’à ce que son amant ait osé
lui faire l’aveu de ses sentiments ? À ces arguments qu'il S’OPpO-
s ait. ui-mêmeé, et qu’il transformait en syllogismes irrésistibles,
sa vanité en ajoutait un ayntre auquel il n’osait sé rendre ayec la
même ‘franchise le mérite de. l’objet aimé, lui disait-elle , pou-
vait. peut-être justifier. üne femme le dévier quelque peu des
règles générales ; et après tout il s’en trouvait plus d’un exemple
dans les chroniques: Ce raisonnement-ressemble beaucoup à celui
de Malvio !. L’humble écuyer dont il avait lu l’histoire peu d’heu-
res auparavant était, comme lui, un gentilhomme sans fortune et
dépourvu . de biens, et cependant la généreuse princesse de Hon-
grie ne’ s'était fait aucun scrupule de le combler de preuves d’af-
fection plus positives que: n'en renfermait le-billet qui 1l venait de
recevoir. ° .. |
« Sois le bienvenu, lui ält-elre,
Doux écuyer, qui pris racine dans mon cœur :
Cinq cents livres pour prix de ta noble candeur,
Unis à‘trois baisers , 6 viendront d’isabelle, »
. Et la méme histoire véridique fait dirè auroi de Hongrie lui-même:
« J'ai connu plus d’un beau page .. .
| | Qui devint roi par mariage. » ‘ ,
De sorte que, tout bien considéré, Quentin, avec une généro-
sité magnanime, faisant taire. ses scrupules, approuva complète-
ment dans la comtesse une conduité qui devait assurer. son
* bonheur... |
Mais ce scrupule fut. bientôt remplacé par un soupçon. beau-
. Coup plus difficile à dissiper. Le traître Hayraddin était resté
dans l’appartement des dames, à -ce que Durward pouvait présu-
mer, perdant environ quatre heures ; et en se rappelant la ma-
nière dont il avait cherché à lui fairé entendre qu'il pourrait
exercer une grande influence sur sa fortane, il se demanda si
cette aÿenture n’était pas le résultat des intrigues de ce fourbe,
et s’il n’était pas à craindre qu’elle ne fût. le prélade de quelque
nouveau complot, dont le but était peut-être de soustraire Isabelle
à la protection du respectable évêque. C'était une question qui mé-
ritait d’être examinée avec la plus grande attention ; car Quentin
_ éprouÿait pour cet homme une répugnance proportionnée à l’in-
4 Personnage ridicule d’un drame de Shakspeare , à qui une soubrette fait croire
awil est aimé de sa maîtresse. À. M.
. CHAPITRE XX. : : 272
pudence sans égale eysc: laquelle it avait aÿoué sa. perfidie, et'i
æe pouvait: se résoudre à croire. qu'aueune entreprise ferorisée
par lui'pôt jemaisarviver à uns conclusion henorabie et houreués.
. Ces diverses pensées, telles que de sombres nuages, .obsourvis-
siohé le beat péysage que —l'smagination de notre hérté lui avait
d'abord présenté; €t dies éloignèrent! le: sommail de'ses'yeuk. À
heure de primes, et méme-une'heure :avarit: it-était: flans le far
dan, pt'cette fois persénne né:s'oppose à:e6 t'il y entrât ai à: ce
qu'u y resfkt. Al'portait à som bonnet 'un pahache blanc ét Bleu,
#usei parfait qué:le peu de temps. qu'il avait eu pair se te-protu-
ror le fui'avait permis. Beux hèures:5e passèrent sans qu'on-pa+
rât faire la moindre attention à ini: enlin les abodrds d'un. ‘kHth
sè'firent entendte ; uñb fenÿtre placée au-dessus dela petite porte
par : quelle -Martoh. avait. introduit Hayraddin ne tarda-:pans 4
s’oarrir, ol Isabelle y parut ans tolit l’éclat-éga sa fratchèur et dé
sa beñaté: Ellele salun d'on ai? amicai mélé de réserve, reugit -
beapcoup en remarquant.la-ménière mystériense et sigaiécatise :
avec inqeolle il-lui rénditson salut, ferme le: Fenêtre, et disparut.
:, Le jour commençait à luire; cependant malgné tousses æeéforts
pour voir ou pour entemire 0e qui se passait: dhmé: l’intérieur dn
bâtiment, Quentin-ne put rien-dédouvrir qui lai expliquét la sin-
gularité de eétte disparition. L'authenticité du biliet était sufisam-
ment prouvée ; il ne restait qu’à savoir ce qui .devait:s'ensuiÿre,
et sa helle correspandants ne lui avait pas adressé usie seule pa-
pole. Au surplus, rieh. n’atinoriÇait auèsn: dangèr: immédiat: La
enimiesse était dans un château fort, sous la protection dan prince
aussi respectable par son pouvoir séculier, que vénérable par.son.
caractèrsé ecülésiastique; il n’y avait donc aucune nécessité pour.
Fécuyer avéntærex. dé déployer sa xalour ehevaloresque , et
d suffisait qu'il se tint prêt à,oxécuter les Ordrèa dé celle:qui lui
avait écrit, aussitôt qu'il lea receyrait. Mais le destin avait résolu,
de mettre à l’épreuve son activité avant se ses-ondres tanérdési-
rés.lui parvinssent, .
La quatrième nuit après son arrivée i à Schonwaldé Queatin
avait fait ses dispositions pour renxoyer le lendemain à la cour de
Louis le second des deax varlets qui eomposaient son escerte; et
[ui avait remis pour son oneleet-pour lord Crawfdrd des. lettres
per lesquelles il leur déclarait ren0noer:au service de. la Franoe ,
dont il se trouvait dégagé par la trahison à laquelle les instruc-
tiops secrètes , d'Hayraddin l'avaient exposé : ce motif. usutit
QUENTIN DURWARD,
Le QUENTIN DURAMBRD.
äne rémintion que l'hotmear et la prdionce nie pouvaient qu'#t
prouvet, Lis/étaié misas ht; l'imaginationremmlie-déiésutes c&
idéts: cotileuside rasmiquéientonventin coneho d'tns jetée: Ruirmee
quant tendsemment:éé: qui eruit sekk: amor payé don retour
sinoèrei Mais sniut ves ;: qi, se sessbatiront d'yberdsdes ebpôrses-
tes enchantioheises au: miliée desgobilies &b s'endomity Sanest
pen à pes: par 'prondre eus:codiour:sosbee
H lai -smbla : qu'ibse: promenait avao:lx coralesse Isabella «
her d'u: lat pirisihia, tel eue :denx: qui .emhelEssuit les sitg
_ pittoresques de san: pays nalab, et:qu'il lui parlait 'dà So pmoer
sans Singoraux:chstacies qui s'éleyamat entre eg x. isabelle rour
gisnit: el sourieit.on l'écontant, ane: à pouvait l'eipérer du-
prés:le :centenuide: L lettre que. zartiqu'il fût endévint cusévsillé:;
À postait:constamment sai soi cœur. Mais la .sekte-tlaujgea sx
bitoment:;il.cret pasher dé Elnirer äil’été du edinso à be temrpéte.
lesventswmmginest etles vagues s'élenürent érec un'liuit aflèdus,
comme: si les démos de l'air et del'ohée: s0 fussont récigeoqne:
mené dispsté-l'Empine dedeurs demeures: S'enfiarit dvres d'usi,
des:0ùm x -menarategit d'envalsir Haretraste-dhs deux amants, teniiis
que. l'aqoioû déchaîné, des re poussant avec une VIOLE: ÉOU TURN
ercisshaie:, semblait vouloir :chasser: los: flats:-dedoér Lit. Jnési
| l'aniité douioiibrseique-deruit:pr duré ca ing sbnmirisent
éveilla e:dorimeur. Ÿ
,H ouvritkes veux’; “sis quoique Jes éironmstanver de me mve
assèst disparu, :le:braîtaqui: j'wveit: probablement: -oeukssné
contiquait à retentr:à snioreille. Son: premier Môutement fui
de. se npttre sur sonsbant et d'écouter avec une indiibte attentéos
des:spas-qué; v'is n'étuientipés ceux d’ünetammête; lembuortaisnt
or les plus:épouvantebles ouragansqui fussent jamais descendus
des monts: Graiugiens Au bot de quelques riauites, & -n8: pu
doutes quess tre hibne fil eausé non par ka faveur ds ébéments,
ris parcelle dos kommgest …. :. :
Quentin s’élance hors de son lit et se met à la fenétss é son
”_ sppartemient. Elle dognait sur le jardin : tout était trabquille de
ce côté, maïs fe-bruid devenait: à. chaque: instunt plus denésible,
et se convainquit, d'après les cris ‘qué vendient fappar son
erille . que. le château était attaqué à Fextérier per des enne-
mis aonibreux et déterminés. Il prit à la hâte ses Mbits et se
‘atmes;.et tandis qu'il s'en revêtait avec: amant de promptitude
que le lui permettaient obseurité efla surprise, quetqw/ue frappe
- 'COHAPÉTRS AE ds.
& sx porte. Ouetitinr ayant pas répéndtl hsM8t Æ'cé pif L'Île
porte, qui était fort: miinéé, fat enfoncée en un iriétrnt, de
“Bbhémtiien Hatrakiin , de s6fi dialecte faïuit sitmént reéch-
rare, se présénts devant'Hf. I? tremrpt'ane minette dalis tfe
petite fleïe qu'if'teñiait 4 lrmaltr, et fer Sôrtit tre Béhr oit-
lante el'passagért, au moyen: de Raquette il atfriier tie Panipe
qui tira dé son seit. +
. ie fhoruseupe de votre dot, Hi” PT énerictiot à
Dérwérd sms le saluer autrement i que par ces paroles + déperti
de la étéritiinetion qué vous prendtez d'iéf & dhe nimite! Na
sérabté "reprit Qtertti, trahfsori mous étivironne: el partôut üù
elle se piésenté td dots ÿ ‘avoir ‘part. 1’ Yôtis êtes ot ! JE Ha
Htnitis tfaNl: personne" qué Ivrèque j'avais quelque: fhlérét'à
fâire: Püuftuoi vous trehirais-fe, puisqie je dois pagret davart-
1196 ét vous sxtivint qu'éh wous perdant 'Étouter in mornért,
si ‘ébia vous tsfpossthlé , à voie dg la raléoni; avant qé tetib
r'rhbrt'ét Mu ‘carnage rétentisse à votre drefffe.: Les! LRpebis '%
soutévettt Guiltatrnié dé M Marck'est à leur RIÉ'"avol à HariiS:
Pévétité PTE Ues moyens dé Fésistancé, teur hombte ‘ét tetfr
furétit tés sûbimontétaient, maïs Hifen a‘pas: St-vos vôtkér-eni
ver la comtesse et ne pas perdre vôs espérances, suivez-fhoi , dà
nottr dbcelle qui vous à envoyé itnre bigue dé-diariant su la-
quelle: sont gravés trois lécpärds! — Condnfs-mot lsébrik Qéelt-
tin avec érdeur : {te nom, je suis prét # Bravér tous fes ngers.
— Déta triariiète” que’ je m'y prendrai, répondit te Bohéfen, 4
n'Y en a -aucun'4 ersiridré, si voüs poufez vous ‘empéther ‘#e
prerrdfe patt à one quereltes qui ne vous régardé pas; éar, aprés
tout; que’vobs importe que l'évêque, coin on l'appelte; Éégôrge
son froupéntr, ou que lé troupeau’ égorge le pasteur he haha!
SuiveZ-moi, Mafs avec précaution ‘et patience. Héprimez--votre
coudèe;, et flez-vous À ma prudeñce: atôrs la detit de mar recéri-
näissance est payée, et vous avez une comtesse pour ‘épottsé.
Suivez-moi. — Jete sais, » dit Quentin en tirant son épée; «+ Mais
Si j'apérçois en toi te moindre signe de trahisotr ; ‘ta téte et tot
corps seront bientôt à trois pas fur de l'autre.
Sarts répondre à celte menace; le Bottémien', voyant-que But
ward était armé et prêt # partir, descenit l'escalier en téute
bâte, et parcotirüt rapidement divers passages qu? fe éodiisirent
dans un petif'jardin. À peine voyait-on one Imhière-dé ce côté
du palais , à peine entendait-on quelque bréfit; ris dés qu'ils
a20 _ QUENTIN, DUEWARD.
furent. entrés dans le jardin ; le tuaylte qui régnait du.côté op-
pis devint beauconp plus distinct, et Quentin entendit.les divers
cris de guerre : « Liége ! Liége ! Sanglier ! Sanglier!» que pous-
.saient les asgaillants , tandis que:les soldats qui, surpris par cette
ætiaque imprévue, avaient couru aux murailles, y répondaient
JU: de plus fables ::« Notre-Dame pour le prince-évêque ! »
. Mais malgré son Caractère martial, l'intérêt que Durward por-
tait au pombat était, bien inférieur à celui que-lui Anspirait le sort
i Isabelle. de Croye;. il se figurait taute l'horreur de. sa position si
_eke tombait au pouvoir des cruels et,perfides brigands qui parais-
#aient s ’efforger de, pénétrer dans le château..Il s ’abandonpa à la
direction du Bobémien, semblable à un home qui, succombant
à une maladie: désespérée , accepte les, médicaments que lui
offrent des charlatans et des empiriques ;.il le Auivit.ayeé Finten-
on de se Jaisger guider par lui jusqu'au. moment où, au moindre
Sigue de. trahison ..il li percgrai le cœur où Lui séparerpit La tète
Au corpe.. “Ha yéaddin lui-même semblait sentir que, sa yie n’était
pas én sûreté, car dès, qu’il fut entré dans le jardin, il fit trève à
ses railleries et à ses särcasmes accoutumés, et paru avoir pris
. l'engagement tacite de 58 copdaire avéc modestie, courage et
Activité...
. Arrivés à la porte qui conduisait à l'appartement des dames,
Hayraddin ft un-petit sigpal, et deux femmes, enyeloppées de
longs voiles de soie noire, qui alors, comme agjaprd’bui, étaient
portés par les dames flamandes, parurent aussitôt. Quentin offrit
gon bras à l’une d'elles, qui le saisit avet une viqlente agitation,
et elles’y suspendit si pesimment, que si elle eût été plus lourde,
.Jeur retraite aurait été considérablement retardée. Le Bohémien,
_.qui-condujisait l’autre dame, se dirigea droit vers la poterne qui
donnait sur le fossé ; le petit esquif à l’aide duquel, peu de jours
auparavant, Quentin l'avait vu sortir du château était près du
aur du jardin. \
. Pendant qu'ils traversaient la cour, les cris de triomphe qui ac-
gompagnent une attaque couronnée de suçcès semblèrent annon-
cer que le châteañ nè tarderait pas à être pris; ces cris affectérent
si péniblement les oreilles de Quentip, qu'il ne put s'empêcher
de s'écrier : «Ha! si mon sang n’était pas dù tout entier au devoir
que je remplis en ce moinent, je “volerais à la défense du charita-
ble évêque, et réduirais au silence quelques-uns de ces séditieux
RoquIns qui ne respirent que le pillage.»
n —-- — —
CHAPMRE XX: TU où
- La dame dont 16 bras était appuyé sur 18 sien le sérra Kgère-
ment tandis qu’ parlait afnsi, -comme pour lai faire ebtendte
qu’une voix plus puissante imifhorait st bravoure chevalerèsque ;: ;
tandis que le Bohémien s’écria assez. Maut: pour être entendu ::
«J'appellerais une vraie frénésie Chrétienne celle’ qui ferait re-
tourner pout's6 Battre quand l'amour et Ia fürtune ordbnnent de’
fair le plus vite possible." Avancons, avançons; {l y a déschevaux
qui nous nttendent-non'loin d'ici ;. dans ce bouquet dé santes. -24
H n'yena'que deux, dit Quentin, qui les aperçut à la elarté de!
la lune. — «Je n'aurais pu m'en procurer davantage sans éveiller!
des soupçoñs, répondit le Bohémien. D'aillenss, ils noùs sûfsént.
Vous les prendrez pour vous rendre à Fonigres pesdént:qué lei
chemin est'eneore sûr. Marion restera avéc Les fenrnnes:de notre:
horde, dont elle est une vieitle .connxissmbe; tar ik faut qüe vous!
lé sachez, Martôn est une fils de hottÿ" tribus elle: n'est'restéb
avèc Yüus que pour nüus servir quthd l'Utension s’eh présente
rait. — Marton ! » s'écria la comtesse’en regaidunit ka fêmme vois .
lée qui les acconipagnait el en poussatt.un cvide sürprise, 08 :
n'est dénc pas ma parerite? —:Ce n'est que Marton, réporidit
Hayradih ; excusez cette:petite supercherie. Fe:n'ai pus dé eri
lever les deux dæmes de:Oroye au Sanglier: es: Aréehnes. Mi
sérable! » s'écrix’Querfin.avec fureur. « Mais it n'est! pas... no
Sera pas trop tard'; je retourne au ‘tiAtead pour délivrer la Comte!
tesse Hamoline. — Harneliñet» marmura id'uhe voix émue [a darnie
qui n'avait pas quitté son bras: selle est'àrvotre éôté, ét votis re-
merci de lui avoir cunservé le liberté, — Qubii coment! que
signifie ceci! » S'écria Quentin: en dégagpant son bras avec hexis
Coùp moins de pohtèsse- qu'il n'en aurait’ mis: dans touts ‘autre!
circonstance ; à l'égard d’une femme même don ranginférisur.:
«La comtesse Isabelle dst donc restée au châtedu... Adieu. ‘adieu: »!
-" Comme il se précipitaitdens. cette diredtioi,; Hay radtiin Farrêtæe:
«Écoutez-mol; écoutez-moi, luidit-it; d'est-courià le mort! Par:
tous les diabtes! ne porties-vobs pas les Couleurs dela vigillu dame?
je'ne:me fiers pius désormais aux écharpes de-soie, blunes. bla;
ches, n'importe de-quetie couleur! Mais-celie-ci à urçe: dot press
que auséi considérable: elle a des joyaux, seras ‘et-ihème des
prétentions sur Je comté.» 2 A tient des}
"‘Paridis qu’il parlait aimisi en phrases eitrecoutiécs; le Bonnet :
tuttàit contre Quentin pour chercher à‘ retentr; ‘rails cauitln
voulant faire cesser ce débat, tira son.poignand; r ‘::: 1: !
M QUENYN PHNWMRP.
AB! paisqu'il.en ot ainsi, ».dit Hayreddier an iehant prise,
<AHass 6 querladiable., si pon a:A, von aCepRpagRR + Elle
jeune. Scans, enfin déharramé 1 Bobine séenga rers- LU
châtaeu, rapide eagme.d'aquilan. :: NT
| Hagrodion se roue aloue vers Ja care, 4 s'étoiiisissée
toiber.à- épars. de-honte,, de enamte.et do depppintement. :
znfreek ns méprise, dui: dit-il: allons mademe, Jeyes-vous k
vencs ave DO): ravaiM de lover du.soléil, 'je-vousauraitrouré wa
br pins giiimt, que 8 jnuno efféeniné a ret fi 48 BA. VOUS sit
PA NOUS 0B-ATER TGS: RE DOCS ES
".Kibea: la eomtoise:Hesmelite, ja violer des passions égalait le
folblesse at £a siardéé de bn: entaptère, Comme tant d'auties per:
sonees sle:son sexe, elle remplissait aséez bien Les devairs-0rdi-
misende hvid: mais dans-an: momemide erise tel que. celui où
Qé.an tronnait alors, ble-fieit incapable de fonte. auiwe cheque
de:se lgmenier, at d'eneusen. Far afidisr d'être HR Voleur: MR je
. phstenn:ain stélérat;:un meneur: DL TC ES
sx Ditesunfangaie, \uirépliqua-tsi, " Nous enrentout dit d'un
Sibhongé, — Montrer ségrial'infortunée cpratase, «vom mme
viez-sib que lasuasiresiayaient: décrdié notre umien,, et 108 êtes
cés£e que pelué ai ésrit: 0h 1.que je snisrmblhommanse tr Ils l'en
wictit déerétée. répandit le Jehémion, ponwxix duè-les deux: pars
tes fument. consemtantes. Croyez-vous que les: hienheureuses
eansicHhions néssent: fire mener les geus:contre ntm velsaté?
Lei étérionbuit &y erneur per votre mandita gslmééterie chrétienne,
wsnidacries de tuhanset dençauds, vos seûtes couleurs bigarréesr
_obée vois ea 20 mocsent que le jaune hongne préfère le gévime à
leruaghe : voilà tout. Allons; levez-vous, et'suivez-mioi. Nèier
pheuss ni le éransuissements ne sont de mon goût, je vons an.
prévidns, ++.Je nerboiigerai pas d'ici,.n.dit la comicsee d'u air
és. + «far le brillant mebkén t, vous miargliosen !: s'écria Hay-
radio: Je vousÿune, per ‘tout ca qua les:aots de ce nionde ont. je
fais ére.; que dons aveg affaire à gn'honame qui s'itquitiereit fort
pou de vous gdrraeher vos vêtements. de voue ntéacher à un'erbre,
ete vohs:y ahandoëaer à voire Honveos.à voire meuuaise for-
tuée: Malte Jà, +-tpprit Marton Sislerpoimt thine eux; «Re
mettez-moi de vous dire qu’elle ne sera pas inabreitée. Je porte
* Gnome {put sumi hion-que vous et-j6 sais Rr'eu sorrin Quoi-
qénh:neufolie,. ae n'est pes RE RÉ PARe Fu. Et VOS ;: MR
4 Le ciel visible au Aime Œ. mu” 115
Rte: 1, l:4 » KE À
ds, mme vencnatee- mous: c'eit SAINT ENST :
devoir. vosinèamsbresct. inventé. cRiql eus Da cou (ré db:
dif qui dan nesaisal de beri coment ce-quis possèdent ser”
Inteure past as tros rdi, vins bles manlèteceMtn ‘11.5 0 511100
316 péne Mhstcnhehevaitællu:de:partern qe’ entendre iv A
lever dans le. château de Schonwaldt des clameurs, affreux’ mé
lange de cris de triomphe et d’exclamations de désespoir et. de.
tèrreur.. -
«Prêtez l oreille, madagé di Main ; et trouvez-vous heu-
reuse de ne pas joindre votre fausset à ce concert. Ayez confiance
en moi, j'agirai honnétement avec voûs, et les étoiles tiendront
perle .0n.souspounçerent d'anbonimasi. »
pelle qu/trre bte” ft forcés par fes chasseurs, succombant à
là terreur ét à fatigue, la comtesse Hameline s’abandonna à la
conduite de ses deux. guides , et prit avec eùx , sans opposer au-
curé résisianez;, de phompini au'itdodo phét de suvrrd: Relie était La
canfnsias. de: qe Paprit:et l'iqpuiisepontdie ses farcèsy quel hdi ue:
Qtupie, da;psstentplutit que d-ccnduisint;-entra-en vou version"
smisqu'aile pardtéaire lsméindiouitinèien à ces lisaiont ;:1
«ef doujesrs.enasidéréwithe préjet comrnie nelle, .&it Mar.
tom: Sè vousamez travaillé à ohit les doentricunes-gens ; ‘certes,
nespaqrianspu compter sur io gralitudeet noûs-mottre:an fl!
dameieur ohâtuex.: Minis pouvuit-on dinagihor quinis si bendi-jèunie
Homine:cût lo: dbsseïs d'éponçor lotte vieil olé 7-4: Résipail
répondit. Hi yraÿllin ::vous ave portée th ‘nom /chékeir ebvoùs
aveu reins arésous ins tentes «ie de betipiq irisetiséis je ne int oies -
pasique-vous partagieis: fours fofien:Cuititnent pou vies rirael,
gimp ‘qu'à frait attention: à quokihus armées de phasioc de moitié!
losqueicsihariage:tul: présents des :evamtages: si bridents? JE ti
issue soisin'uniens pu déterminer cuite présiiuse à-fuir de
chftcan ; |œunii aiséagstt que s'y.cst:dévidée cobte | ponttensu qui
sappèie sur: nos biau:com nie: Le fers ir corps taort où'unsii de!
laiec: D'adleurs:: fuinsais ve jbuus hénne, ot iadrais ouh corvi.
tribuer à ten sprhour 16 marier: à-Mivivie : etes fathe) sac Ron
tone; mais dei éqire épouse Istbellé, était ättéresisut toi Vivihis
mositéde Guilluumo:kiéte Mrcié delletde:la Bourugteide I
Brune, ei un met de dohauis peu 2 qui otét iritétt' aliopésee:
de la main de cette jeune fille. En outre, la fortune de cette sotte
fémnié consistant prifipalelhént € én'or et én'bijoux, nous auriông
pu en avoir notre part. Mais la corde de Larc s'est nompueaset.le
Le. QUENTIN. DUNWERD.
flèche resk paspartie..N'y pensens plas;-nouseomiairungtenieiel
à Guillaume à, la Langue bare. Quand il s sera corgéde vinaves:
s66 YASMUX, MLivVANÉ sa coutumes, iine distingnons:pés 4ne vieilli
comtesse d’une jeune. Akons, Rispah, : du courage En briant!
Alÿebaran! déverse opcore son iufhonee eur les dnféuts de dé-
sert. «. . .. t: ! Seti te
re sacre ce pale ets cr
GHAPTTRE XL. res ot
| LE SAC DU CHATEAL, Ces a
. La miisécisorés ne parte Yan drtéti dires tstéuit,
ke t farouche et irriié prasrènéns partons pauses
sang ante, avec upe conscience qusel large que I l'enfer.
. “Suax#au: murs ».
ŒULS mo, +. IN oth otat, "5
La garaison ân château de Sabot; quoique sarprbe et de
hord#appée de terreur, oppesa pendant quelque temps’'hne#vigbu-:
reuterésistance aux assaillants | Mais la foule, immese rai sortait
des mmirs de Eiége, se prénipitant à-Fassaut coimg un essais
d'aheilbs, divissit:l’ettention des soldatset abattait teur courige.
.Miyravait aussi slu. mauvais. vouloir, -péut-ôtre sême.de li:tra-
hisdg: parmé les défenseurs, du château. cer quelques-uns propo-
saient :de:sei rendre, tandis que d'antres, abésionnant leur péste,
charehaient à fuir. Pinsieura s'élançaient du bant des murs-dans:
ledossé,. ot ceux quiréuasissaiont à ne passe noÿer, jetant loin
doux tout ce qui aurait parles faire: reconnaître; afin d'échapper
plua.sûrement, se mélaient ensuite à la: foule bigarrés des aspail-.
lants..Un pott nombre, par attachement à Ja personie db l'évêque, .
se:rangèrent. autour de lui, +t-epntinuèrent.de défendre ls tour.
oqùils'était réfugié, et pluseurs aulies, craighant qu'on ne: leur
fit aucun quaxtier, “ou. poussés par le courage: du désespoir, dér
fendaiemt les boulevards les plus éloigaés en quelquonantregéours
de.set. immense. bâtiment. Cependant: les :assaillenés; stiaitrbs- des.
cours etdes parties inférieures de. l'édifice, a'actupaient à pour
suiyre les vaincus et à.le metite au pillage, lorsque tout à coup!
un sul.homme.. comme sit eût.ekmrebé bla. mort: au moment:
MMA -OÙ. tous ‘les autres Je. Furet s'éflorçade se frayer uni
ol: , ct. ‘ 4 1 ets f 4° 7 ‘5,11 «*{ ss: fe fois: F,
4 giésharen qi p. suparhe éoile pri 8 de la copstoll n du Tapregn ; oÙe
le avéc'plusteurs hutres une espèce de couché pe: Voye més Létties sur Pas
nb; tome EE, pc U72. Ms 'Uipl:, Ji"; Feet Toovo tt …
‘ "ORAPERRE MA: me
chemin au :mileu de -cetie:stbnéide tumnlte et d'horreur, rar
som imegisetion an redoutnit:une:plus:terrible.que eelle:qui-fraps
paif: dans ee. moinent sû-wue ef si:eaprits.. Quieonque: eût ve
Qnentin: Durward:dabs,icetté. muit fatels l'eût classé parrai lea
pla gramiia-fous ; quisonque eût. apprésié-la. cause qui le faisoit
agir. l'eût.rangé au nombre.des héros de reman.
- En s'approchant:de Schanwaldt par le môme cûté qu'i en était
parti, il rencontra plusiéurs. fayards qui, .se précipitant vers le
bois, l'évitèront comme ue oanemi, paree qu’il venait par une di.
rection opposée à celle qu'ils snivaient. Arrivé plas près du chèr
teau, il put entendre, el-mêtme presque voir, des hommes qui-#e-
laissaient glisser des murs du jardin dans Les fossés , tandis ail
lui semblait que d'autres étaient précipités. des créneaux par.ios:
-assaillants. Son courage n’en fut pas ébranlé un seul instant. {FE
n'avait pas lo temps dé chercher l’esquif, quend même il kui oût
6té posaihls de s'en :servir; il-ne fallait. pas davantage songér. à:
approthér de la polema du jardin, : obstruée comme ele l'était
par de nogibroux fuyards, pressés et renversés par -ceux qui.les
suivajent et tombant dans le fossé qu'ils ne pouvaient traverser.i
. Étitant cet: endno., Quentin .se jeta à la nage près de ca que
Pon appolait la: petite:ports- ‘dpæthâteau, où an:pont-levis était eri4
core levé. Il évita non sans peine k main de plus d’un malheureux!
qui, 2e-sentant ‘enfoncer, chérchait.à-s'accrocher: à lui: Rarvenu
auprès du pont-levis.'irsaisit-nne.des-tliaines qni pendatènt, et;
grace à: son agilité, il parviikt, après de-grands eflorts, & s6.tireh
de l’eau. Halait atteindre da pléte-formè du pont; dorsqu un: lans:
quenat:.accourut vers Ini,-et'lèvant:son babre. ansinglanté:, 5e
dispqsait à lai porter un coup fqui-bien ‘certainement eût été cetoi
de la mort. « Gorstment dont; caniarade ! » dit’ Quentir d'on trs
dautorstéz « estkae ajasi que vous.secourbz on em? Donner-#hoi
la mains 5 7 eos not anti te
Le soldat, sans répondte ‘um mot, et-avec um, peu d’hésitatieny
Ini-tendit ka main et aida ”ü monter -sar là plateforme ; lois]
sans lui : :ésspnicitemps ‘de réféchir;-Durwarid,s'écria du môma
ton d'atitorité::, « A laitour -de'4'Ouesk, si-vous voulez vous our b!
Chir: Lé’trésor de l'évêque:est:dans la tour dé l'Onoëf. — À je toux
de l'Oxisst, le-trésor: est dèas;la’tour de l'Ouest ln répétit-t-on'de
£ous oûbés : et les traîneurs qui Les entenitirent,;sembiabies à des
loups-Furieix, se précipitérent dans ie-chemie bppobé à detairque
Quentin, mort ou vif, était résolu de:quiÿèes.: : ‘2h "ce"
te QUENTIN DURAND.
Avr he dudhies ques'il oûtébl) non Humélsbro des vais.
-e0s, mais at nombre des vainimenrs, üli solrendit dérèctipuent se
jurdin, qu'il fraversa plus aisément .qu'it n:debait sy attendre.
ke ché À ln toitr de l'Onbst ! » avait iattivé vers gette Lob-une
pintie.des. hssafilentss ete sq tlé de tromperie, des rise guerre,
appelaient en ce mérrient:los autres pour 'repousier:ané sbris
due. les défénédurs de fa tour phretais, #Y et pluicé l'étéqueax
Milieu d'eux, S'aphirôtaientà tenter, -eni désvspoir::de causé) pour
sb frayèr un chemin étsortiridh châtens: Quentin 5e dirégeë! done
vérs: lefardin d'un pas rapitie; et le etEup agité par l'empéremeÿ 2t
Fa ctainte, 4e recoariaident à v6s-puissances célestes quid'is-
Vaient protégé dans les nemibreër périls dinquèls se vie vanité
étposée, ‘et’ déterminé à vainereron à mourit dans cétéd: etre
prise désespérée: | L
j:Gominie ‘il s'appréteit à Y entrer, trois bras fohatisetit sur
lait lance: lévée'et criaht : « Liége ! «Liége! s Se miettanteerdié-
fünse, ils sans frapper, ibr répéndit ti Franbe! Franeed éai ds
‘Éiége!:— Vive ia France! slécrièrent ibs buurguois ds Liége,et
ils passèrent outre. Lermêe signal fut ustalisinari qui le
entre l'attaque de quatré ou cinq dés soldats d5 Guitiauee della
March, qu'il bouve ‘rôdent dans le: ‘jardin, et: qai. obtient sr
‘-Imiren-erihnt : in Sengher ! Sanglier Low RC ST TE CET
n'Ba-un rnot ;: Quéntin comanença à ‘espéser ue eo: ‘carertére
prétendu il’enroyé du'veii Lentis;rinstigatolir sect des insurgés
de-Liége:et prütecteer:caché de Gulkinmg fe la Marok:,peurrait
lei ‘faire traverter ss danger Les horreurs de dette neïg. 111 - ° ‘
En: approchant de da tourelle, à frisson :entéouvent:laipotits
parie lskérale par inqüetie Martbü:pt a comtesse j'a vaiah tinepsist
peu aufaravant: obstruée:par-de. nombrentemdavbs. .::1.
en mit précipitammtent deux de etté, et -ibpobmit koproë sat
le troisième pour franchir le seuil dela porte, quand ui detre,
Qué gisait enveloppé “de :s0n rhanteau., 15:priè-dà s'artétée et. do
l'aider à se relever: Quentin ‘s'epprétai à employer ‘tn: img on
pou dout pour se débarratserid'iét-obsthche si- intempestif, qtiand
la mort supposé mjoutz: « Mon arfnute m'étouifl +jomitis Pevillen,
lesyndit de Liége ! Si'vons: êtes:ideg 0e, je vons’ènrkchirais
sivousêtés contre niôbs ; fe: vots! pratégéei y mais: Mais : ! nd
me Mist. pasimourin domine en popc-qui éboufle bdas-scé toit. *
ü shitiér' de cette scie de. sxhg et de: cünfrsion } in ‘peésenee
d'esprit de Quentin lui fit'apeætevoir tot d'uti coupique ca idigni-
tige pepyaitayair lonpyen de proidger sarotral- nid à se.
rpinetére;: sur 564 pieds ,.et lui-deppandass'il. était blessé,
. rs 180€ suis par-blessé, du moinsje. ne,le pensA pas: népondit.
é Hourgagi ais je n'en pyia plus-Asseyez-vons deng sur
cette pierre, et reprenez haleine ; je reviendrai dans un moment,
mQuel.partisuivss-Koyai.» di, le hourgenis le retenant encore.
r.“£eli, dela France, calui de-la France, » répapdit. Quentin
Gherchagt n'en. aller. + « Eh !wais.,: rest. mon aimable etjenne,
archer?s"écrie le:dignesyadic. Puisque. mon heureux. dastin m'a.
Uit-rençontrer je ami -dnacelte eUrpgable suit, je Fous jure ques
je ne le-quitierah.pas. "Allez pariqué, où, ban, veus semhlera , je,
vou-acçumpagnerai ; Rf S: l'RELARA analques hraves garcons de,
ma carperation. je, BORrrAL ON BrY Ur À mopLour; xals ils sanf,
dispersés.çà. et. là, commune ‘une mesure sn FRA Qbe |
quelle terrible quit! > ,, 3:
. Tout ep,parlant ainsi, il s'était, pu dix bras. æ Quentin ,
qui.-sentant.ÿp.quelle importance pouvait être Bapphi-d'un per-
sonnagpsi influent. ralentit son pas afin qu'il pit.le suivre, tout.
en mangdisent au, fond du cœur l'obsjacla .que He SARPAGRIS
apparit à.la rapidité de aa marçhe, à : 1.
a &hegt, de l'escalier était us autichambee dans lyquelle des,
baltesiat des imalles portainnt- les anarques.. d'un .récent pillage.
qer une parle de ce qu'elles ayaient contenu était. dispersée sur la
pauaker ; une larupe .presgneéfeint, pasée sur la cheminée ;
mépondait sa lmour mayrante pur le sopsd'ux hamme mort, où.
primé de teutsmtiment, qui gisait:deranf Le foyer. ‘;
« Dégagesut.som bras de celui de Ravillon;. par unie violente se-
_Chusse qui faillit renvarsar celmiei, et sguablakie à pin lévrier qui.
entratnn avec lui la laisse par leqüelle-son-gaxdien le retenait,
Quentin. siélança dans une secopda chambre , puis dans une troi«
situe -qui paraissait être Ja chambre à couoher des dämes da
Groje. Line s'y trouvait aupune créature vivante, il appela Isa-
balle, d'eboni à voix basse, ensuite plus haut, puis enfin avec
Faorentdu.nius wialont désespoir: point de s#ponre, Ibse fordait.
leinaiss, s'erzachañ les cheveux: fenpritda torre avec fureur;
lonsqu'une faible lueur, qui brillait-à travers 1ps fentes. de la hoi=
taie daps un co-ahmpur dela chamkma;:lni Bteanjecturex que
la tapisserie cachait Fentrée-de-quelse réduit sesrot. Al l'es amine
avoc-adtanideoin mue depromntilade, et-dépanvriten sfet una
pire sprrète, sis /ele réitiarnns-aarts péitérés qu'il it-poat
255 QUENTIN DURWARD.
l'ouvrir. Dédaïgnant le danger auquél fl s'éxposait", HS" Éaria
contre cette porte de toute sa füree et de tout le poids de’#on
corps ; et telle fut la violence d’un effort suggéré par l'espérate
et par le désespoir qu'une ferineture plus sotidé” n'aurait puy
résister.
Ce fat. ainsi qu'il entra, It tête. en avant, dans ün petit ioräteire
où une femme , plongée dans les ahgoissés He \xiterreur ; Ktait
agenouillée devant uné sâinte imagè à Taqueïle lle oil’ ses
férventes prières. Une nouvelle terretr 1a saisit # te nouveau
bruit, et elle tomba évanoüie sur te plancher. Quentin se préci-
Pite, se hâte de Ki relever. O bonheur ! t’est cehle: qu’il a vouin
sauver, c’est la comtessé féabelte ! Il la presse contre $on eœur,
ki conjure de revenir à'élle et de tepréndre courage ; car elle est
maintenant sons la protection d’un-'homrne dônt le cœur et le
bras sufliraient pour la défendre coñtre une armée entière.
— « Durvward, » dit-elle enifih en recouvrant ses ésptits, sest-co
bien vous? it:me reste-donc encore tjuielque éspbir/Je croyais
que ‘tous mes -afs, que le monde entier m’avüit abmdotivék à
mon malheureux destiti. Ah! ne me quittez plus. --‘TaratàT5a-
mais ! s’écria Durward, quoi qu’ puisse arriver, quelqué démger
qui se présente : ‘püisse”cètte säiitte imagé me rétirér' #4 ‘Uivine
protection , si je ne partage yotre'desfin jusqu'à ce qu'il sbit pros
heureux !—"Très-pathétique, très-touchant èn vérité! » dif
dérrière eux ane voix étoufféé et asthmatique: «c'est-une affüire
d'amour, à cè que je‘vois..Suür moti honnéar; éetté dôtice créature
ne me touche pas moins de pitié que si @’étäit a chéié Trudeken
éïle-miême. — C’est plus que de la pitié que je réclame püur eblte
dame , meintieer Pavilion , » dit Quenitin erl.se tournant Vers fi,
« accordez-lui secours-et protection. Appreriez qu'elle à été evhn-
flée à ma garde d’une manière toute particulière par votre aHié le
foi de France; si donc vou rie m'aidéz’pas à la garétitir de Béaité
espèce d'insuité et: de vYiolencé, votié: cité’ perdra: Ia ‘faveèri de
Louis deValois.. H faut surtout émpêeher qu'elle: né tofhb6: au
pouvoir‘ de Guillattihe de la Mardi. :— Cela sera difficile ;'répomtiit
Pavillon , ‘car ces coquins: dë lansyaënets! sont Gé'vrais démons
pouf ‘dériicher lesjblfos fflès : tais'je férat' de mob rhiétik: Pari
sons êats l'autre'äppértement:, et là fe songerai… D'escallèr est
étroit: et Vôus’ pourrez gakidh M! porté üvécl voire pitt; Æaridis
que,-placd' #11 fetôlre, jé tathorit'@s véir queues dès
braves barçôns de M vorpbratitnilles corféyeuts dé°Ilége : ils
.: CHAPITRE XX. 90
ausqi fidèles que le.couteau qu'ils portent à leur ceinture.
Mais d'abord, .détachez-moi ces agrafes, car je, ne Re Suis pas
servi de. ce. corselet depuis la bataille de Saint-Tron , et je pèse
aujourd’hui vingi-quafre livres de plus qu’alors, si les balances
de Flandre-sont justes. »
Lorgque Jes épaules de ce brave homme furent déchargées du
poids de l’armure de fer dans laquelle il était renfermé, il se sen-
tit extrémement squlagé , ax en s'en revétant il avait moins con-
sulté ses forces que son zélé pour.la cause de Liége. On a rap-
porté depuis que le digne magistrat, poussé en avant, et presque
malgré ni. par les hommes de sa corporation au moment où ils
couraient à l’aësaut , ayait été hissé par-dessus les murailles ; puis
porté çà et là par le flux et le reflux des combattants des deux
“partis , Sans pouvoir prononcer un-seul mot, jusqu’à ce qu enfin,
semblable à une piècé de bois que les flots de la mer rejettent sur
le rivage, il fût renversé à l’entrée de l'appartement des dames
de Croye, où Je paids de son armure, joint à celui de deux hom-
mes tués en.entrant, et qui tombèrent sur lui, aurait pu le retenir
Jong-femps étendu s’il n’eût été secouru par Quentin.
\ La même chaleur de caractère qui, en politique, transformait
Hermann Pavillon en une tête chaude, en un insensé perturba-
teur, produisait des résultats plus heureux dans son intérieur, en
faisant de lui un hemme bon et obligeant, un peu vain peut-être,
mais toujours rempli de franchise et de bienveillance. Il recom-
manda à Quentin d’avoir un soin particulier de la pauvre petite
Fung-Frau!; 1; et après cette exhortation ay moins inutile , il se
mit à crier par la fenêtre : « Liége ! Liége! par la brave corpora-
tion-des {anneurs et des corroyeürs! »
Un ou deux de ses gens accouryrent à cet appel, et au coup de
sifflet dont il fut accompagné, chaque corporation de la ville
ayant adopté un signal particulier, plusieurs autres vinrent les
joindre, et formèrent comme ane garde devant la porte située
au-déssous de la fenêtre à laquelle ils voyaient leur chef.
"Cependant la chaleur du combat semblait apaisée, et la tran-
quillité succédait au tumulte. Toute résistance avait cessé , et les
différents chéfs prenaient les mesures nécessaires pour prévenir
le pillage. La grosse cloche du chäteau sonnait pour convoquer
un conseil rilitaire, et sa voix d’airain annonçait à Liége que
les insurgés victorieux étaient en possession de Schonvwaldt ;
4 Mot allemand, qui veut dire jeune femme, à. M.
900 . QUENTIN DURWARD.
toutés celtés de’a site fi tépÜnditient. el teurs: voïs ‘16frtafires
"ét brfyarites Sribläient crier : « Gloire aux vañtiquédrs ? x ft-eft
été nafurel que meïñheér Piviton sortit afors de ‘son Yôrt'! iiaif,
soit pour ïle bas perdre dévue ceux qu'il avai pris sous sd'pro-
tection, soit pour sa propre sûreté, il sé Conterita té dépéther
messager sur mésséget 4 son fieutenant Peterkin Ééisther. “Pour
fui donner ordre de’se réhdte auprég de lai. ‘""
*Enfñ, à sa grande joié, fl'vit arriver Petertint; cars dis tourtts
fes’ ctreonstances urgentes, sûit qu'it s’agft de guerre, de pélitique
ou de commerce, c'était en Peterkin que meinheér Pavifion avaft
coutume de ‘mettre toute sa confiance. Peterkin ‘éthit mn bte
vigourëux et’ trapu, à visage large, à sourcñs noifs et épis ‘qui
n’annoñçaient pas un caractère des plûs accommodants ;:et dort
l'attitude ordi naire‘inspirait un certain respect. portait un jus
taucorps dé bufflé, un farge ceinturon sôutenait son coutelas, &
sa main était armée d’une hallebarde. n
« Peferkin, mon cher Mfeutenanf, lui dif son éhéf, voici-un fout
_ glorieux :..‘une nuit glorieuse , devraië-fe dire; j'espère que pour
cette fois tu es satisfait? — Je suis charmé qué vous lé soyéz , ré
pondif le lieutenant; et pourtant, si vous appelez céla une vittôtré,
je n’aurdis jamais cru qué vous la célébriez, en vous trouvant dans
un ‘grenier quand on vous attend au conseil. — Mais est“ déni
si nécessaire que je m’y rende ?— Oui, aüi, “bieñ certaïnéhient,
pour soutenir les droits ‘de la ville de Liége, qui sont ‘plus en dai-
ger que jamais. —Mon bon Peterkin, tu seras donc toujoürs
deur ÿ — Grondeur! je ne le suis aucunement ; ce qui ph
autres me plaira toujours. Seulernent, je désire que moûs n ayons
. pas pour roi une cigogne au lieu d’un soliveau, commé IT est dit
dans la fable que le clerc de Saint-Lambert a -coutüme de nous
lire et qui est tirée du livre de meister Ésope ?. 1. — Je ne puis de-
viner ce que vous entendez par là, Peterkin. — Eh bien done, je
vous dirai, meister Pavillon, que ce sanglier, cet ours , s ‘apprôte
à faire son repaire de Schonwaldt; «et il est probable que nousau-
rons un aussi mauvais voisin que le vieil évéque, ef peut-être plus
mauvais encore. If semble très-disposé à garder pour luiseul notre
conquête, et n’éprouver d’embarras qu’à l’égard dutitre qu’il doit
prendre : sera-te celui de prince , ou celui d’évêque ? C’est ane
honte de voir comme ils en agissent avec le vieux préfat, qui est
tombé entre leurs mains. — Je ne le souffrirai pas ; Pelerkin [»
3 Maître Esope.
-GRERTERE XL. Le |
s'ésria Pavillon d'un:ton amaplhatique: « jn détestais sx mjtre. mais
non Je- télé quila-poitait. Bleus sortmes déx.conttt un, et seunne
permettsünp pésdqakion Commatte de :tols excûs. -— Qui, naus
mantsszaontreunion rasé ChIRpagUe., Ma daus ee: chétenii
nous mogomasès qu'honume à kenuhc. D'alleurs Nikkel Blu. ès
bpucheret tiute la causille: des laobogres sqsmnoncent en fryeut
dGuileurte dela Marck,‘tant:deause des: topasaux d'uls:etdéé
barriqutsde-vin qu'il a fa mettse en perce ,..qu'icsûse de l'amt
eienne ÿplousie-qu'ils ant centre nqua, n00s qi faisons pestie: du
corpmdesmétiers et qui 6n possédonsies priviléges. —+ Peter. dit
Pwillo ,:nous:partirons ser l’heose pous la ville. Jane restesai
pès-plus lenÿ-temps:à Sohoawaldé. :Mais:ies ponte sont levée,
ka portes .sqné. fermées et gardées par:les lansquenets, Si nous
essxyoba de heusfrayer ax chemin de vavs fonte, ses gons-rkt; qui
p'ent d'antre oceupation que de se battre tous les jours, nous àti
reugerené de la ballemauitre; nous qui n'avoni routubes dshcad
bettnsique lea jours de, ft. -Meis-pounquoë att+il feemné.lps pom
Mis ? »éexit lesyndicalacmé:; Qu/a-t-i bein de retenir. d'hèm«
es-gens-prisanmiers? — Ma: foi. je np saurais vous dire, Le
bruitsqut.que las demes:de: Croye 3e; sont évadébs: pendant à
. Mégrduthètons. Cela 2. mis, d'abord l'homme à Lx x Jongee herbe
| dans maneokëbe qui Hti:faiait- pendre l.raisck, ebnisimpenant.c'ent |
kevin qui:lui troie laccerveliez. »:
Le bourgimantre. jeta sur Quentin en regartk. de éémbtion, di
srobléit ne: saÿeis quel, parti neendre. Durward n'avait pes porcs
ue mot der: œtte-nenvessatièn-ctélait fort alumé ; il. VE: aussitôt
que son: salut et: ciui d'issbalie dépendait. dir degré de méme
d'esprit.qu'ibpotbeæit sonternvet, et ini courage qu’il ingpiretait à
Raillbw: Brepané. donc liparole carnème 311: eût eu le dreit d'és-
mattré:spn opinèqn = » Je-rpugis pour vous, -msinhesr Pavillon:
dit à..er voyait. que: vous hésitez ser es que vous avez à farce
catib ecœasion Allez bardiment trouver: Guillaume de la: Manch .;
et denmasestleri à sortir der châteax avec votre liemienant., votroi
éuyertet votse. file. Ike peut allégnoraucunprétexte pous von
retenir nrrmemnéer. — Moñet men lieutenant, c'est-à-dire moi et:
Bolcr?c'eat au mieux. Mais qui est man éciyes st r Bibi, pour le
moment, « réponlit l’oudneieux Écossais.
« Vous |. » s‘éeria. le bourgeois. embarrnssé ; 5" mas. n’êtes-vous:
Pas ici en qualité. d’envoyé de Louis, du roi de France ? — Cela ést
Vrai, mais je n’ai.affaire qu'aux magistrats dela ville de. Liége. et
me QUEXTIR DUAWARD.
és n'est: qu'à Liôge que je délivrerairmon messaÿs. Gi; jeme faisais
ecnnaître à Guïllaume-de Ja Marck, ne serdisie:pas obligé-d’en-
trer:en négociation avec lui? et alors ilest probable qu'il me:re-
tiendrait auprès de sa personne..il faut donc qné.vous me fassiez
sortir. du-château en qualité devatre écuyer? -—Passe:peur mon
écuyer... -.mais:veusevez pari de rha fille. Trhsohen. est, je
Fespère, bien:tranquille dans mamaisün de Liége::.-e$ naôh:désr
le.plus ardent serait que son père pût y arriver. —Cetisulame
vèus dppgHere son père, tant quenous serons dans ce château. —
Et, »s’écria la comtesse ense précipitant aux pieds du bourgmæes-
se eten embrassant ses genoux , «.si. vous m'accordez. votie se-
çours, il ne se passera pas, un seul jour de ma vie qui ne me voie
. soüûs honorer, vous aimér comme si vous étiez rson'ipère, et prier.
pour veus comme une téndre fils, Oh ! laissez-vous fléchir!:N'ou-
bliez.pas que votre fille peut tomber aux genoux d’uv étranger,
_ lui demandant et la vie et l'honneur. Songez àcela, et accerdet-
“moi la protection que vous désireriez qu’on ui acoordât::-Bn vé-
rité, » dit le bon bourgeois touché de ce pathétique discours, « je
csbis, Peter, que cette jolie fille a quelque chose du doux regatd
de notre Trudchen ; je l’ai-pensé dès le. premier mümont que je
lai aperçues et ce jeune henrme.si pétulant, si protpt'à donner
son avis, & quelque chose du galent de Trudehen : jé parierais un
groat 1, Peter, qu'il y a de l'amour daus cetie affaire, du véritable
amour, et ce serait un péché de ne'pas lui être socourable. — Une
honteest un péché, » répondit Petérkih, honnête Flamand dont le
cœur était plus tendre que la tête; et tout:en parlant ainsi, il s'es-
suyait les yeux avec la manche de son justaucorps: > « Elle pas.
sera donc pour ma fille , ‘dit Pavillon , bien enveloppiée dans son
grand voile de soie noire ; et s’il ne se trouve pas assez de fidèles
tanneurs pour "protéger la fille de leur syndic, je vaux qu'ils ne
trouvent plus de cuir à tanner.. Mais voyons, il faut avoir ane
réponse prête pour chaque question. Que venait faire. ma fille
ici, dans un tel tumulte ? —- Et que venaient y faire. la moitié des
femmes de Liége, qui nous ont suivis au château, si ce n’estqu’on
les trouve {oujours partout où elles ne devraient pas aller?.répon-
dit Peter, Votre yuxgfrau Trudchen a été nn peu plus loin que Les
autres ; voilà tout. — Bien parlé ! s’écria Quentin. Du courage
meinheer Pavillon: il ne faut qu’un peu de hatdiesse; suivez l'avis
qu’il vous donne, et en eonservant votre présence d'esprit vous
#“.°
‘4 Pièce de monnaie équivalant à trois senarf de la nôtre. A, M. : -
‘. CRAPITRE EX, 20
ferx la plus belle action qui ait été faite ;par. Gharloniagne li:
méms: Vous, auademe, envelappez-vous hion dans ce yaile-{ car
poule répétons, un grand nombre de vétements.de forme étaient
épars sur le plancher ); ne mentrez snctme-eraints; peu d'instants
sufinont pour voiwmatire en Hbertéet en sôneté. Noble seigieur;&
ajouta-t-il en: s'adressant à Pavillon, « merechons..— Aftiendez 3
attendes ! dit lesyndic , j ‘apprébende quelque malheur, CeGuike
lume de Ja Marek:est un démon ,‘ un vrai sanglier de caractère
autai bisn-que de nom. Si cette jeune 1ème sst en eat. ane des
comtesses de Oroye,et qu'il vionne à le découvrir, que rie fera-t-àk
pes où sneolèrt s'arrétera-t-elle-? -— Et en admettant que je sois
une de ces infortunées, » répondit Isabelle en essayant de se jeter
de nouveau à ses pièds, « pourriez-vous pour cela me repousser
daus ce moment de désespoir? Gh! que ne suis-je vatre:fille , le
fille du pins pauvre bourgeois ! — Pas si pauvre ; pas si pauvre,
madame; npus payons ce que nous devons. — Pardon, noble sei-
gneur, répondit l'infortunée Isabelle. -— Je ne suis ninohle, ni
æigneur, mais unsimple bourgeois de Liége qui paie. ses lettres de
ebange en. bons florins. Mais celane fait rien à l'affaire : vousêtes
comtesse, dies-vous ? eh bien ! malgré cela je vous protégerai.
—Fôt-elle. duchesss , dit Peter, vous avez donné votre parole,
et yous:ôtes tenu. de. la protéger. — Bien parlé, Peter , très-bien
parlé : c'est ce que dit notre vieux proverbe hollandäis : Ein wort,
ein mdn 1. Maintenant, voyons à exécuter notre projet. IT faut que
nous ptenions congé de ce Guillaume de la Marck; et cependant,
je ne sais pourquoi le courage me manque lorsque j'y pense. Je
serais enchanté de pouvoir me dispenser de cette cérémonie. —
Puisque vous avez quelques hommes armés prêts à vous seconder,
marchons vers la porte et forçons le passage, ( ce sera | peut-être le
mieux, dit Quentin, » :
Mais Pavillon et son conseiller, tous deux d’une même voix, s 'é-
levèrent contre l’inconvenance d'attaquer les soldats d’un allié, et
firent si bien sentir la témérité d’une telle entreprise, que Quenn
tin, après les avoir écoutés avec une grande attention, reconnut
aisément qu’il'serait ifnprudent de la tenter avec de tels compa-
guons.-Ils-résulurent done-de se rendre hardiment dans la grande
salle, où, disait-on, le Sanglier des Ardennes était attablé, .et de
démander -pour le syndic fe Liége et ceux qui l’accompaguaient.
4 Mot à mot : wne parole, un homme. À. M. a
QUENTIN DURWARD, 19
set CONTE DEN ARD.
ht pormaion de’ sMir.de chtén , requis qui tarde trop
jumte poër nepas tre accueitiie. Cependant le Bob bourgmestre
Sotrpirai en regamdant. #05 COS HUE, 66 it dt à son fidéle Peter:
Voyez. ce.que c'estqned'être trop sensible et-{rop heerdi ! Hélas !
Peterkia , combien mon. courage et mon hurmañité me coûtent
déjà cher! Mais :cokshitn ess vortus ne mecoûierunt-elies-pas
ebevre, avant que nous ' soyons sortis ‘de ce -mmlit château de
Schonwuldt! » En traversant les cours ancbre jonchées de morts
ét de mourants, Quentin , ‘au miketr dé cet horrible spectacle,
doutenait Isabelle, cherchant à rebérer son espoir el s01t CCurag,
ét Ri'rappelant à voix basse que som salai dépondait-entiiremont
Œe sa fermeté et de sa présence d'esprit.
=} ne dépend pas de La mienne, lui répotdit-elle, mais de La
vôtre , de lé vôtre seule. Oh! si j'échappe aux horreurs de cie
moi crache, toujours eme rappellerai mou Hiérateur ! J'exige
cépendant de vous un nouveau service ; au nom de l'honneur de
votre mbré ,; au nomt de Ha générosité de votre père. je vous sp
plie de-me Faccorder. -— Que pourriez-vous me demander Que je
#e sois toujours prêt à exéeuter ? » répondit Quenfin. d'une. vois
émes.-«Plongezmoi votre poignard dans le cor, s’écria-t-die,
phutôt que de me laisser eaptive dans les mains de ces monstres.»
* Pour loute réponse, Quéntin pressa Ja main de la jeune een
tesse , qui parut vouloir lai répondre de-mêthe; mais die en fut
erpéchée par la terreur qui Faccablat. Enfin, tosjours appuyée
str le bras de son jeunc protoeteur, précédée de Pavilion et deson
lieutenant, et suivie d’une douzaine de kurschen-schaft, ou Un
meurs, qui formant une sûrte de garde d'honneur à leur spadie,
ce eñtra dans la‘térrible salle.
: Les breyantes elametirs, Les éclats d'un rire féroce qûi portaient
. de ce lieu, semblaient plutôt annoncer l’orgis d'mfâmes déssons
se réjouissant après un triomiphe remporté sur k: malheureuse es-
bèce humaine qu’un festii donné pat des mortels pour célébrer
une victoire. Une résolution que le désespoir seul pouvait avoir
inspirée soutéenait le courage factice de la comtesse ; une formeté
indomptable, qui prenait àne nouvelle force dans le danger, rele-
vait clui de Dürwärd, tandis que Pavillon et soa lieutenant, fai-
#ant de nécessité vertu, pouvaierit être comparés à des ours 6R-
éhaîtiés au poteau. prêts à soutenir une lutte dangerguse et iné-
Yitable.
* AUHAPITRE XXII. 5
. X e
11 À Le » ; …
A FrrRE xx.
| Le ee. L'ORGE. .
x cos O8 ent Dick, ie beiher tord? e
Dick. Ici, monsieur.
! Gade. Is sont tombés dovant moi comme des mou
tons »t des bœuf, et (u' esconrporté toimêtse comire
si tu avais été, dans ta beucherie.
SHANSPEARE ; Henri FI, ‘
\°
_. “I etoît: presque impossible de se figurer ün changement plus
“étrange et‘plus horrible que celui qui était arrivé dans la grande
elle du château de’Schonwaldt depuis que Quentin y avait diné :
les traîts hidèux des hommes qui s’y trouvaient rassemblés pré-
sontaient k vive image des misères del guerre ; d'une” guerre
surtout faite par les plus redoutables des soldats, par les merce-
-naires d’an siècle barbare, hommes famiiliarisés par habitude et
par métior tvec ce que leor professibt a de plus cruel'et de plus
-sänguinsire , et’ privés de tout sentiment de patriotisme , :de la
moindre Tueur de l'esprit romanesque de la chevalerie; vertus
dont la‘première distimguait, à cette époque, d’une manière parti-
cubière, les braves paysans qui combattaiént pour la défense de
leur patrie ; - la seconde, les galants Chevaliers qüi prerisiént: lob er-
mes pour l'honrieur et l'amour de leurs dames.
"Dans cette même saile où, qifelques heures auparavant, des ot.
“fidiers civils etecclésiastiques, assis autour de la table, prenaient
un repastranquille et décent, dans lequel le cérémonial permettait
à peine une plaisanterie faite à voix basse : dans ce même lieu'où
au milieu de la supetfluité des mets et du vin, régnait jadis un dé-
cérummn qui allait presque jusqu’à l'hypocrisie, on voyait alors une
Beëne de débauche si farouche et si bruyante, que, Saturn lui-
mêine Y eût-1? préside , le désordre n'aurait pu atler plus loin.
Au haut bout de la table , sur le trône superbe de l’évêque, que
Ton avait apporté à la hâte de la salle-du conseil’, était assis le re-
doutable Sanglier des Ardennes, bien digne de cé nom terrible
dont il affectait d’être charmé, et qu’il éherchait à justifier plei-
hemerit. Son casque ne couvrait point sa fête, tnais il portakt sa
pesante et béilahte armure, dont il se dépouiftaït rarement. Sar
ses épaules était ën vaste surtout fait de h peau apprêtée d’un
énorme sanglier ont deb pieds et les-défenses étaient d'argent
:886 . QUENT IN DURWARD.
massif : la peau de la tête de.cet animal était arrangée de manière
que quand le baron la tirait- sur son casque ouba tête nue, en
guise de capuchon, comme il se plaishit souvent à la placer (et en
ce moment il la portäit ainsi , Ayant déposé son-easque) . elle lui
donnait l'air d’un monstre ricanant d’une manière horrible. Ses
‘traits n’évaiétit paë bésoin de cet horrible ornement pour augmen-
ter l'expression horrible qui leur. était naturelle. -
La partie supérieure du visage de Guillaume de la Marck, telle
que la nature l'avait formée ; pouvait presque tromper sur son
caractère: car quoiqueses cheveux, lorsqu'ils étaient découvérts,
, ressemlilassent aux soies rudes. et sauvages de l’animal.sows la
. hüre duquel il les cachait le plus. ordinairement, un -front élevé,
. découvert et mâle, des joues larges et colorées, de grands veux
-vifs et un nez arqué comme .le bec: d’un aigle, aomonçaient le
courage et quelque générosité. Cependant l’effet de l'expression
.que devaient avoir de pareils traits était détruit par sa violence et
son insolence accoutumées, qui, jointes à la débauche :et à l'in-
:tempérance, les avaient marqués d’un caractère qui formait un
contraste frappant avec. fa rude galanterie qu'ils auraiont pu ex-
-primer, s’il avait-eu l'habitude de vaincre ses passions. Sa violence
habituelle avait enflé les muscles de ses joues; tandis que là dé-
..bauche'et l’intempérance avaient terni l'éclat. de ses yeux, rougi
. la partie qui aurait dû enêtre blanche, st donné à toute sa figure
une hideuse ressemblance ayec-le monstre auqéel le terrible ba-
-ron se plaisait à ressembler. Mais, par une contradiction bizarre,
: de la Marck, tout en affectant d’avoir quelque rapport avec k
sanglier et de se plaire à en porter le nom, s’efforçait, par la lon-
. gueur et l'épaisseur de sa barbe, de eacher la cause qui le lui
-ayait fait. donner dans l’origine, c’est-à-dire une bouche projetée
. en ayant et une mâchoire supérieure extraordinairernent épaisse,
. garnie de longues dents qui le faisaient. ressembler à cet animal.
Enfin, son ardeur passionnée pour la chasse avait contribué aussi
/ à le faire nommer le Sanglier des Ardennes. Sa longue barbe; hi-
_deuse et jamais peignée, ne diminuait ni cette diormité ni l’hor-
.reur qu'elle faisait naître, êt ne répandait aucune dignité sur la
brutale expression de sa physionomie.
Les officiers et les soldats étaient assis autour de la table, mêlés
“avec des Liégeois dont quelques-uns étaient du rang le plus bas:
parmi ces derniers on distinguait Nikkel Blok de-boweher, placé
à £hié dede la Marck :,ses:manches retrouseées laissaient à nu
: CHAPITRE “XXI, =. 2#s°
ses bras téints de sahg jusqu’au coude; son couperét, placé de-.
vant lui sur à: table, en était également couvert. Plisiours des
soldats portaient des barbes-longueset affreusos à l'instar de leur:
chef: leurs-cheveux tressés étaient ramenés sûr leur tête de ina-
mière à augmenter. la férocité naturelle de leur aspect." Evres,i
comthe lé péraissait le plus grand tiombre, et-de leur triomphe et:
de leurs chpieüsesiibetions, ils présentaient un spectacle aussi’
bideux-que dégéûtant. Leurs discours étaient tellement mèlès dei
blasphèmeés, les thansens qu'ils chantaient, sans que l'an montrât
la moñidré intention d’écouter.l'autre, étaient si licericieuses, que:
Quentin rendit grâce 4 Dieu de co qu’un tel tumuite empéehait:
sa joane cémpagne de les entendte’ - . ts
“Il. nous reéle: à-dire que les visages pâle et le maintien in?
quiet des béurgeoia réunis aux Soldats de Guillaume de la Mark!
dans cette terble.orgie, montraient le peu de-plaisir qu'ils pre-
aient à cotte fôle:et la-crainte que leur inspiraient léurs compa-1
gnons ; tandis que: les hommes du;peûple, ayant des sentiments:
moins élevés ne voyaient dans les excès de cette soldatesque
qu'ünié ardbur martiale qu'is s'efforçaient d'imiter, et au nivéau
de-laquelle ils cherchaient. à atteindre, en avalant à grands traits’
le vin et. le char zbier : c'est:ainsi: qu'ils excitaient leur éourage:
en $e"#vrant. à ‘un ve que Fat-toajoues Krop corarcun dans les.
Pays-Bas. - ”.
La mauvaise ordonnance: da festin répondait'au | mauvais choix: |
des <onvives. Toute :lx vaisselle plate -de l’évêque, et mênie les
vases qui appartenaient à l'église, car. le Sanglier-des Ardennes ge :
sonciait peu-d'être. accusé de sacrilège, étaient péle-mêle sur La”
table avec dés brocs, des outres; et des gobelets ie. corne de l'es-
pèce la plus commaue. . :
Une cireonstance horrible nous reste < encore à décrire, et nous
laisserons volontiers à l'imagination. du. lecteur’ le soin d'achever:
cette scène. Au-milieu de l’affroüse. licènce à laquelle-s’abandon-
naient les soldats de de la Marck, un lansquenet qui s'était dis-!
tingué dans te.canibat par son courage et son audace, n'ayant pas
trouvé place à table, s'était emperé, avec uhè rare impudence,.
d’une grañde coupe d'argent et l'avait emportée en disaht qu’elle
lindemniserait:dé Ia perte qu’il faisait"en ne prenant pas part au. :
festin. Le chef rit de bien bon cœur à une plaisanterie.st conforme:
au caractère dela <empagnie ; mais Jonqu'us autre, probable
ment moins renommé pour sbn audace-dans le; combat, 86-hasardx
200: | QUENTIN -DHR WAAD.
à prendrpda mômeiberté, de la. Marckcmit peomptemonk:un farm.
dnhe telle prétention, qui n'aurait pas;tardé ändépouiles la table
da-tousies ornements les plus précieux. * ‘ .
«Par Fespnit.du tonnerre! sécria-t-il, eeux qui n'osent tre de
hommes dexaot l'ennemi doiyent-ils: prétendre .à être des voleus
avec lours:amis:l Quoi ! effranté. poliron | toi qui-attendais que a
perte fât ouverte et Je-pont-levis baissélasaque Conrad Honi:s
feéyait un chenin:en franchissant. le fassé'et: en. -emaladant ke
murailles, oses-tu être si impudent? Atiachez-de.au hauk descelie
fanêtre; il-battra la mesure avec..s08 pièds, tandis que. pos bai
rsins rasade à la-sûreté de son voyage.chez le diahla; ». +: -
Cet arrêt ne fut pas plus tôt prononcé. qu’on le mit arpaéooions
etn:instant après, le malheureux, suspondu a8x. banreapx, ld-
tait avec la mort. Lorsqué Quentin et,ses, compagnens eatrèreuk.
dene la grande. sable, son cadawre était. encore. à ér'gihet, ob inier-
ceptant. les pâles rayons: dede lune,. il jetait sur le: plancher ue
ohbre:incertaieso et. horrible. quhfaisai soupgonner la mue
coups qui'læ produisait.
:-Quand.le syndic Pavillon entra, son nom presa. de. bonohe es
bouche dans cette! tumeltneuse:réunion ; il ‘s'afltuça de: prendre
un air de:suffisance et de calmes. convenable à - -sau éutorité-et à
sen influence, mais un ‘regard lancé susle terrible: 6bjet suspends
à la croisée lui fit presque perdre toute sa réselution, en dépit.des
exhortations de Peter, qui lui murmurait dans: Fongille-d'us
voix dgités: « Courage, mon maître, où nGUus sommes perde »
Quoi qu’il en'soit, le syndie.conserva sa dignité autant qu'il lui
fat possible, et, dans un discours laconique, complimenta la com
pegnie sur la‘grande:victoire-qu'avaient rempontéa les soidats de
de la Marck ét les bons citoyens‘de Liége « Oui, »répliqua dela
Marck ironiquement, « nous avons enfin.abatéu le:gibier, disiil
le petit: chien de-ma dame.au chien ceurant. Mais, monsieur b
bourgmestre, vous arrivez telque Mars, accompagné dela.beauté:
Qui est cette belle? écartez.son voilé, écartez son voile ; -aucum
femme ne peut dire cœtte nuit que se beauté lui appartient. —
C'est: mai file, vaillant. capitaine, répondit Pavillon;-ef.je vous
conjure de-lui permettre de cansërver son voile. C'est un v@il
qu'elle a.fait aux trois biehheureux Rein de Cologne: Bientt-
je la relèverai de ce vœu; car; d'un coup de -couperet, je wais tou
à l'heure me consacrer érêque de Liége.;:et, je crois utaa dreqne
vivané vaut miens que: 1n0is:vois DaOris AU TS et ste.
| . CROIRE AE :. ess
. dites mristsios savires fans, entie commu nié. de
Liése, ot méme quelqunt-nns des faueuthes sridets du iSenglr
. ee Ardennes révésaient :l2s ‘Treis-Bais de Gologne, san eg
Vésuommbelt céarmenétncnt, qualehe du rase 5x a roepocinasant
sièn:
…edemientamis point cflemscriouns dédu nées muieatés reprit de
da dterc , jessis salement:résoiu à me face éxèqur Le priheg
pont:àla feiiséoulior 6 Scchinientique., qui:s da srai dé List aide
débier ,:st plusccamnemable pour: diriger. up bande damigsnunés
tie que vus. à qi ponsenne .rosésait ecsorder Fabebhstine.
Mais approcbez, noble bourgnesteæ ; asséyer-eroes grès de snaki,
Wous-verreti combné je Ty prends pour: rendre vacnsts a place
jé veux Être été: Qu'en eméee motre:potibécmeenr mess
amatalégs. »'.-.
." Al iacirarrt Pélondens is sis, dioique: PébiLonrotaset
œet:-mmodestierls plore:d'hoeseurague de la'Mereir, vospit de li
afiir, s'asit à l'antes boat: jie La talde:; ses 0017 tisse" prosméent
derribpelni , tel qu'oe voit-en:teouipenr de saputons se-rssimller
derrière on :véeux liélier qui, por:dreitiet-per’auterité ; Leur sol:
le mai oi courage supérieur au leur. Tobt près:de:ia plaus qu'il
iotarmpait était: mn: très-boau jeune:homme : en de disait:ôtre fie
eaturdl: dr fécocs dote Marek, qui pérfors lui témoignait dia tu
ééctién et méme del teutirense, La mère de e-joine homme;
famtne d'uus boseté paréaite , et. concubine du Sanglier: des An
dennes , avait péri d'en coup que ce dhefodieut lui avait paré
duis:om aveës d'ivreise et de: jalousie. Son tristé-soit ft éprouver
eutyein autant de remords que sen cœur était capable-d'enre8s
sentir, et ét est: possible queson'attschement pour le-fils-qui-éure
réeut à. cvite-miortunéo: ft dû -ên partie: à cé triste événement;
Quentin ; quele vieux prêtre ail ibstrait de-ceifé particularité
_duearactère du corsmandant , s plage aussi: près qu'il le put da
jeune horatie. eu'question, détermité à s'en. fdire où un Ülage où
a protecleur ; sil ne-voyait pas d'autre mioyen:de salut. ‘25
Tianmdisique chacun: attendeit-avec inquiétude le. résuhat de
crüres que le Cyran. venait de donner, ‘un4ies homme den suite
dé‘ Pavilion äit:bout:bas à Forofils de Peter : « Notre: maitte:n'x
til pes tiquecetto fotaime ést-sn Bille 2’ Pour quel motif donc?
GH'ne1pont être:suPrudéhen - cette: grande:gañtlarde à du Iu0ing
deux poucus-de plus ; cti$e vois: te bencle de: chevènx noiras6e
Chapper de dessous son ‘raile.: Rar.Saiet-Michel de Ja place du
ee QUENTI DUEWARD.
Marohé, on pourrait tout'aussi bien dire queda pose d'ats bhi-
‘ëho génisse appartenait à ur noir bouvillop: Chat! cliuth» ré
gondit Peter, que sà présence d'ésprit n'abisdonna-pas, « “arnatre
imaître veut dérober uñe pièré-de gibier-du parc dé l'évêque; ed
l'insu de notre bonne maîtresse, est-ce à tof où à moi de nous
quiéter ?—Ce n'est pas mon: intention, frère, répondit Sen cama-
gade , mais je n'aurais jammis imaginé:qu’à son âge. il. se fût has
dans la tôte de dérober une telis-biehe. Tudian ! quelle prude:fée!
waois-capamne. elle. se tapit sur: son siége ,demribre n0ô8 gens ; pour
éviter les regards des-marckers 1: Mais nogarde, regardes quevont-
dl: fair du ‘pauvre-viefl évêque ? #7 + ii":
.-Ep.06 raoment l’évêque de Liéga, Louis de Bourber: à rentrit
tes a grande s4He: de-son propre palais, trainé par'une:soidates-
que en délire. Le désordre de ses cheveux, de sa barbe.ét-de ss
Ivêtements., attestait les-mauväis traiteshents qu'ilrvait déjà 'es-
isuyés; quelques-uns de ses ornements sacehdatait avaient-été
jetésaux fui à la hôte, probablamentinour onsner én: désision:son
Raiactère-sueré, où pour.se mpquer de son pouvois tergporel :Pur
an: hereux hasard ,-aimsi que Quentin fit nortéà de croire ;:h
comtesse Isnbelle, dostt les sentiments ,.en-vayent soû protecteur
dans-une . telle situation. auraient sans douée tmaht son secnet et
orhprOMIS sa sûreté, était placée. de: manière à ce qu'il lui. fé
jmposaible de. voir bi d'entendre. ce qui alléitise pésser ; et il se
tint constamment devant elle, afin qu'elè ne pit rien chserver
14 $0re observée elle-même. tape nt
‘La.scène qui.suinit fut-courte, et effroyable. ‘Gonshait devant ls
marohepiel- du trône du sanguinaire’.comamatidant, l'infortuné
prélat ;, .quoiqu’il-n’eût.été remarquable, dabs toute sa vie que
par la douceur et la: sensibilitéxle,son: caragtère, dénieya en cet
affreux moment ane dignité et jme noblesse qui Convenaiert au
noble sang dont il était.issu. Lorsqu'a fut. dégagé es mains bru-
tales qai l'avaiénit amané , son regard dévinteakme et-ferme., son
maintien noble et résigaé,; il y avait alors en: li qüelque-chose
qui participait à Ja fois et d’un patissané princé et d'un rnartyr
chrétien. De la Marck: lui-même: éfirouva quelgse émotion en
voyant le calme kHéroïque dé spn, prisonnier ;: Jesouyemindes bien-
faits dont ce prélat l'avait comhlé le rendait résolu: il baisse les
zeux., st ce.ne.fet qu'après aroir vidé. 4n:grand-verre de vin que
regards et s0$ manières reprirént teur HertéietiJerr insglene
4 Métokeré (marcaiéitly: les gt du'énfblienl ua ‘7 "1. :
.CŒRAPITRE LAN: : a
hébiléblies.. S'atrémant ensuits'x son méletreut priuier: ‘il:
Hiridit en: respirdnt avec peine. tai nontrant le: poing ; grinçant
hs:dents, et-eherchanst par” ses’ gestes’ à: éxiciter-at: entretenir: sé
férocité naturelle sx J'ai. recherché "vaine anitih) vousmel'avet
refusés ::j6: vous dhoffert la miorirre ; vous l'avez dédaignée ee -
hedomwrier vous pasmaintonaé pour ap'avairagi atnementx
Nikkel, prépare-toi. » : U" org tt 4 vuf
‘Le bouctiué se leva: inisitr sa hache, ét | courant ra plates der.
rite 1e vhbge: da frrotohe dela Marèk, à la tint yréed'an bras
Hervèux. LES *
Voigtu cet homme; Louis de Bousber? ropritie commandant,
que 'offcires-u ‘pour - te 'scustrhire au deetin qui (e meme” ‘on ce
moment? n°7 0 .}
— "E’évégue jeta un idgaid méläuovlique his ferme surie iorrible
satohite,:qui semblait prêt à exécuter. les ordres du :tyrari, puis
répondit:uvec fermeté : « Écontez-moi ; Guikisansé der la Marek
et- vous tous, Hommes. vertueux ; s’A'est'ici quelqu'humiedqui
soit dne'de.cb'acm:; eitemdei-rèus ce.que. jo-puisoffrin à est
fumé dillèume de la-Maroie. ‘Tu as poussé: à da rébellion -une
ville impérials, tu: 4s atlaqué ot pris d'assaut le pakis d'an:printe
dur sait Empire germanique : tue avmassatré ses mÿets, pillé-ses
trésprs, nliraité sa. personne. Pour tous-06$ méfaits, tu as mé
rité d’être ris a ban:de: l'Empire; d'être déclaré proscrit et hosh
la doi ; d'être prité: détes biens-ét de tesdroits. Tuas fit pire en
eore ; tu as fait plus que violer les lois humaaines , plus que-niéris
tes la vengeance dès hommes: {u ag viok la maison ‘dn_Geignens;
porté tes mains injustes sur un père de l’Église , souîlké le sanci:
téaire de-sahg étderapine’, commiun brigand sacrilége:—Asstu
fini? »-sécria del Marek. l'interrotmpant-avec fureur et frappant
du pied. -— « Non, reprit beiprélat; Car je ne t'ai pas-encore dit
ce-queij'ai à ’offrir.—Poursuis done, et puisse ta péroraison être:
plus de m'en goût que ton exorde., où rhalheur à ta tété grise 1»:
répondit de‘la Merck. Et'il se jeta sur le dos de son siégeren grin-! |
çant les dents, tandis qe l’écume sortait. de sa bouche commé de!
côlle: dé l'animal sauvage doht il portait le nofn'et les dépouiles ;
— « Je t'ai dit quels sont tes crimes ; » repèit Yérôque avec fer.
mpééet résolution, « maititenant Connais:ca que js)pois t'offiir.
Comme prince miséricbrdieux . ‘comme ‘prélat chrétien:, jo mets,
de eûté més:pflenses sersopneljes ; et te.les :pardonne tontes sent
exeaptien. Jette-tonr bâteh ds comañilant ; -ahdique, un-pounoir
ze QUENTIN JUSYADD.
* Msurpé, vends iliberfé à tes-prisouniers , restitue:le petidpit de
ies rapines; distribue ts biens entre coux:que ttes faits orphe
ns, entre celles quetu;es rendues vouress jetiailcseondres su
te tôte , revôts-toi d'un set-et , ns RMorniER mais, vaiè Réstan an
- pélerisage: nôus implorerons nons-aiémé pobr: tnvieda CS
côrde de la:chambre”inpérisie de-_Ratishonme , et pourren êsue
pécheresse celle de notre saint père le pape. #1: ‘-.-.1* 1,
- Tandis que Evaisxle Bourbon 'prennenit ces chadititen d'nn ir
aussirésoht quo:s'ileût été assis sut sont: brûme épissepel:eé.éue
… Fusurpateur eût été agenouillé en suppliant à ses pieds , leéyren
se rédressait ientement.sur.son.siége. Lai saiprise, qui :dhbord
s'était empérée die son esprit, cédait; peu: à peu: à la rage. Enbn,
lorsque l’évêque eut cessé de parler , il regarda Nikkel Rlok, et;
sans prononcer: un mot, itleve mmdtigt | Le:béurreauifcepne eum-
me s'il'eût. repli. sen affice habituel dans at-uenie; at F6 véque
tomba, at pisddesoti:trônesans isisser Échapphar-ut géesisipenent.
. Les Liégeais, qui n’étaserit point poépanéed ane ai horrible cata.
tronke, et qui-gspérmient' que tpite conférenesss forminerait per
miaceoniiodement, se Jlevèrent spontanéinent,rietant des: érié
d'horreur et de vengeunos Mais Guillgome die-tà Merck, agitant
se main fer mée-et:30n bras étendu! s'écpis d'une voix toérible: qui
se ft entendre au-dessus du turaulte «By quoilivils pourocent
_decLiiége! vous qui voos véttrendans ki bünrbe de li Monsè veus
esortez lutter contre Le Sasgilier tles: Ardemñes Allons: mes man
esssins (expreion dont: lui-mémie et'heaueeup d'antres be me
vaient ponr désigner ses podats) |nontsez:vas défense à css porSs
flamands. » A
à Tous-les siens tereat debout sa mé. sustint, -8becmmme: ls
êtaient mélés.avee leurs cidevant: alliés, qui ne :s'attendaient
güère:à une telle surprise, chaoah:d'eax saigit son voisin-au callst,
tandis que de la main. droite ikibrandissait sur sa tôte : un: large
coutelas: sur {equel se réfléchissait. la lusur des lampes st: de lx
lume. Fous les bas étaient levés, mais personne no frappait; cer
‘les Liégooïis‘étaient trop surpris pour oppèser quelque résistence,
‘et iest même probable que de la Mepoi menait: ‘que finbeméion
d'effrayer ses conférés,
. Mais, grâce au courage de Quentia Dururrd, demt le présence
.Sraprit etla. résolution étaient an-dsssus de: son Âge, et ei. était
sttmmié en ice:moment par tout ce:qui était le plos éxpabls d'oug-
menton pen énanè natarolle, da: sont elmhgowtout:à coup: imi-
CHARITRE XXE. JR:
tant les saklais de:da je: Merck, il s'élanga sus Carl Eberen, le. Ge.
du.Spoglier des Ardennes, s'en rendit aisément matira;.el, Lai.
appuyast la poiaie de son poignard sur:la gorge, ike'éuria: s Estroa .
donc:là votrs jou? hé bien] ja.me mets de la partieArrôtezs
s'écaia. dela Marek: corn’est qu'un.jeu, uxs plaisanterie ! Cropez:
vous .que j'aie. la pensée de menacer la. vie de mes bens amis, de
mes chers alliés de La. ville de. Liége? Soldats, chez prise; ot.
assaqas- vous! Allons ! qu'on emporte cette charpgne qui a 66 la,
cause de cette querelle entre amis,»poursuivit-iLen poussant du,
pied le.cadarre ds l'évêque, «et. Faisoma-en dispgraltre, lasqumnir.
en vidant de nouveau no6 verres.» - . :
Chawun obéit; et tous, soldats.et Liégeois, se ragardärent losüns,
les autres, sactiant à peine. s'ils étaient amis.ou ennemis. Quant.
Duswardisisit ce moment et s'éçria:
. +4 uilaurme de la Marek,.at vous, beurgeais et citoyens de.
Liége, faites silonce; quant à vous, jeune. homme, ne bpugez. pe.
( ele jenme.Canl essayait de lui échapper): vous necourez aucun
risque, à moing que es jeux piquants ne se reupuvellent.— Qui,
estu-as. nom du disble |» dit de le Marek frappé d'étannement,,
qui e5tu,, tai qui siens m'imposer des conditions et me prendre.
des okages... à moi qui en impose aux autres, ef. quin'en donne.
à .pensemnp ?--Je.spis un: serviteur- de ‘Loüis, rpi de France, ».
réperdit bardiment Quentin, « un aseher de se garde éeossaise,.
comme mon langage et mon costume doivent vous le faire reçon-
naître: Je: auis-ici: pour. absarver. votre oonduife.ei lui en rendre
evmpte; et je suis étonné de voir qu’elle est celle d’un païen plutôt.
que d'un. chrétien, d’un fou plutôt que d’un homme sensé. Ees
troupes de Charles de Bourgpgne vont marcher dans peu çontra.
vous, et si vous voulez 4ne la France: vous envoie du, spçours, il.
faut que:vous ‘en: agissiez autrement. Quant à vous, habitants de
Liége, retirass. sat-le-champ. dans votre ville ; et si quelqu’um
vient:mettre-abstaele à votre départ. ‘je le déclare ennemi de mon,
maître le roi de France, Sa Majesté très-chrétienne.— France gt.
Liége ! .» criérent-les gens qui ascprtaient Pavillon , et plusieurs
aukros bourgeois dont le langage de Quentin commengait à relever
le:counage ; « France et Lifge: vive 19. beays-anier nous DOS VINFONS-
et nous mourrons avec init » ‘
L'œi de Guillaume de la Marek: brille d'u sipistze éelat : il
seisstson poigoard somme pour le plonger dans lecperde l'audas
cieux oratear; mais jetant un coup d'œil autour de lui, il vit-deng
ét : QUENTIN DÜRW RD.
les régar@s le ses soldäts quelqué those quitébligeatt ai ‘respect.
* Bon nonibré d’entre ëux étaient Français, et aucun n’ignort les
secours secrets, tint en hommes qu'en argent; que Guilliitme
avait reçus dé ce royaume ; plusieurs même étaient épouvantés de
l'action sacrilégeet du méürtre que leur chef venait de commettre.
Le nom de Chartes‘dë Bourgogne, prince dont la colère devait être
extitée par les évériements dont cette nuit avait été témoin, lé peu
de politique. qu'il y avait k entrer en querelle avec les Ifégéoïs et
à‘mécontentèr le roi de France, venaient effrayer ‘leür - “esprit;
malgré lé‘troubte dans lequel leur raison était tombéé. En tn‘inot,
dela Marek vit que s’il se portait à quelque nouvélle violénce, il.
nè serait méme pas sécondé*par les siens. Affaïblissant ‘dore la
sévérité de son front et la férocité de son regard, il déciata « qu'il
n'avait aucun mauvais dessein eontre ses bons dis de- Biôge, qui
pouvaient en toute liberté, et quand it leur eonviendrdit, quitter
Sthonwaldt, quoiqu'it se fût flatté qu’ils resteräient au moins à
täble toute læ nuit pour célébrèr avec lui leur victoi?e: Il ajouta,
avec plus de calme qu’# son ordinaire, qu'fi serait prêt à entrer ot
arrangement touchünt le partage du butin etivachanit les rtiéstres
nécessaires pour assurer leur commune:défense, soit le joub sui-
vant, soit tout autfe jour qu’ iéurconviendraft d'assigner. Quant
at jeune arche écossais,'il éspérait qu'il’ Consentirait 4 fiasser le
reste dé Ix nuit Sehonwräkt, et: à honofer son-festin sa pré-
snce. » L
Quentin lé remérela, tfrais lui dt que ses: mouvemefts- éteient
suborädénnés à: Ceux de .mein-hetr Pavillün, auquel'il lat était
enjôint de s'attacher particulièrement ; maïs qué bien certaine-
ment il lui ferait compaguiela première fois quil retourheraitaus
quartiers du vaiHänt Guillaume de la Marek.
« —$i vos mouvements doivent être. vénformes- aux miens, dit
Pavälon, il est probable que’vous düitterez Séhonvaldt sans un
seul moménit de retard ; et-si vous.n'y revènez qu’avec-mdi, il. est
probable aussi que vous ne le reverrez pas de long-Cemps. »
” L’honnête citéyen se conteñta de prononcer entre:ses dents oette
dernière partie de sa phrase; effrayé qu'il était des conséquences
que pourräitentrainer la nranifestation de tels‘sentiments, et ince-
pable cependant de les renfermer tout à fait dans-son cœur. :
: —u Ne me quittez pas, mes-braves enfants, » dit-il À ses gardes
du corps, «et sortons aussi Promnptontont que possible: de cette
Chtterné dé voleurs.» : UE UT
ne RAPNTSE UE AS
- La plupart des Liépeois de la clesse la plugslistinguéesesmhlaiont
, étrode Fayis-du:syndie, et ils n'avaient pas ressenti autant de joie
. lorsqu'il s'étaient pmparés du château, qu'ilsen éprouvèrentisms-
qu'ils, eurent L'espoir. d'en sortir sains. <t sanfs. Ils auittèrent
:Schomwalsit. sans quçun obstacle, at Quentin fut au Forile qu
-bomhens lorsqu'ils vit hors de ce$murs fogmidahles: -
* Pour la. première. fois. depuis qu'ils étaient entrés dns cote
. termible salle, Quentin se basarda de domendierà “Rene cent
. comment:elle se trouvait. , + ,1
—{aBien, bien, s 'emprasr-trelle de. réponde. parfaitement
biem.-Ne vous‘arrôtez pas pour. m'adresser d'ipmiles eALIOR
Ne perdone pas un, instant; fu yons!fuyens!». . .: .
En prononçat ges paroles, elle s’efforgait de hôter sa marche,
mais si-infruetueusement qu'elle serait tombée de fhiblesse si :Prr-
ward me l'eût soutenne. Telle qh'une femire mère qui sauve son
enfant du danger, le.jeuné Ecossais prit dans ses bras ce prétieux
: fardeau;-etlersqu'elle. lui passa les siens autour du con, sans
autre pènsée que de hâter leur fuite, Quentin n'aurait pas voulu
avoir été exposé. cette nuit-là at uu soul danger de MP Puisque
: tel-en était Le résultat.
_ L'honnéte. bourgmestre, .dé sen nebté était soutenu et: peur sinsi
. dire tratné per son fidèle conseiller Peter at.un autre de sas.cors-
mis; ce fut ainsi qué, tout sors d'haleine, ils atéeignirent 1g-hod
de Ja rivière, où ils rencontrèrent plusieurs groupes d'habitants de
Liége, avides d'apprendre comment les choses s'étaiont pnasées à
: Schonwaldt , et si en effet , comme le bruit en-cireulait déjà, les
. vainqueurs s'étaient querellés entre eux. Ils éludèrent.du mieux
qu'ils purent:lx curiosité de ces honnêtes citayens, et, grâce aux
soins de Peter et de quelques-uns deses-camarades, ils se procq-
. Tèrent un bateau. Ce moyen leur permit de jouir d’un peu de re-
-pes, dont avaient si grand besoin et la comtesse Isabelle, presque
. inanimée dans les bras de son libérateur, et le digne bourgmestre,
-qui,. après avoir adressé quelques remercîments sans suite à Dur-
:ward, dont Pesprit était trop oceupé en ce moment pour qu'il pût
. Jui répondre, commença une longue harangue adressée à Peter,
sure courage que lui, Pavillon, avait déployé, sur la-bienfaisançe
dont il avait-fait preuve , et sur les dangers auxquels ses vertus
:Pavaient -exposé. tant dans cette gccasion que dans beaucoup
d’autres.
—e Peter! Peter! 1 ditril en reprenant ani lastiréepré-
‘is QÉENTEN DOAWARD.
jtédenté, hr R'éviis phs où tit dé eounraÿt dans M'OUME Fe ne
‘uihe-serdis pas/opposéà ee-qué les bourgeoise Iii6gté payhsséitie |
girigtièine, quéndir n’y. 0n-Avéit pas mn-s68f qui} evnséiit. :
1Gest eneorb lé môtne ecurage, et‘if n'en faHiaii-pus Méltis. qufit'a
æonémià céftétbatsitle dé Shint-Tror, ‘où -un sbMat du Mléineut
me précipiia d'ux Gewp-dé Ianiee danse loséé Hloht 06 bout, &bat
ni ma bravoure nimes efforts ne purenit ‘m6 tiror qu'à 1% de
Favtion.….Oùi, c'est eriebro Sion -tourage ‘quim'i porté ‘à araf-
fubler de ce corselet-dans lequel j'aurais étouffé sans éuéours
‘ce jéund gentilhotiine danit-le rmétitrest de se'battre, ee à quoi
jélui soubaite beaucoup de‘phisir..: Etms bonté dé cœur, Féier,
élle est cause que je suis pauvre, c'est-à-dire quej'autris éétee-
we sijo n'xvuis possédé: assez de-fortuné pour: five motichenin
dans ve monde pervers. ‘Ht'Biou sait qurels tourmenté mé susci-
tterbnt:encte peut-ôtre des dames, des-comitèsses:, des secrets à
garder! Sans’me présenter aueurie -chance de profit ’tolit vela
fout tie céûter la mofié de més biens, æt ma tête: PR comes le
marché » C -
‘ «Quentin. no put garder phas- long-ternps le silence, ti aura
le digne bourgmestre que quelques dangers qu'il courêt, vu quel-
que perte qu’ éprouväf par rapport à la jeune dame qui était sous
8x protection, elle san montrerait reconmaissante et lsrécompen-
‘merait avec toute la-libéralité possible.
: <= « Je vous remercie, mionsiour l'archer; jé vous remercie , »
“répondit le syndie de Liégé > mais qui vous a dit que je dénire
«être payé lorsque je remplis le devoir Fun galant homme?3e suis
#fâthé ssuléement qu'il puisse m'en coûter guelque chose, soit d'une
"manière , soit d'ans autre ; et je pense qu'il #est/ permis de par-
- ler de La sorte d'inon Hestansnt, sans que personne eû conélée que
-$ Me plaiss des-pertes et des dangers auxquels fe ivéte exposé: »
:. Quentin conelut de-ces patoles que son nouvel ami'était de la
hémbreuse. classe des bionfaïteurs qui se récoumpensent on gron-
dant , sans autro-motif que de faire valoir la peine .qu'is'se sont
donnée , afin d'augmenter Yimportance de leurs bons eflices. Il
gurda done. un siletice prudent, et me s’opposa pas à.0e que le syn-
dic étalàt à. son lieutenant les dangers :et les pertes auxquels il
“avait été exposé, tarit par-son rèle-pour le bien pubhic que par-er
Hbtifuisance désintéressée envers ses-semblables : sujet dont ft ne
trouva le terme qu’en arrivant à la porte de sa maison. :
: Lurvérité est que l'ixinnéte-eiter on Sédtait qu'ilawal laissé por-
_ CRAMSTRE EL. : . : se
ter.aitointe à som: hhporteses:en souffrant querio jeune étranger
prit la hastcumain use crise qui sent d'avoir lieu dance le-salle
du chitenu de: Sechonwaldt ; et quoiqu'il eût été charmé dans Le
moment de l'heuroux résultat produit par d'intervention deQuen-
tin, il lui semblait, en y réfléchissant, que sa eonsilératine arait
éprouvé un échec, et il cherchait à se dédommager en exagéranf
les droits qu’il croyait avoir à la gratitude de son pays en général
et de ses amis en partisékiev, mas plus mécialement encore à la
reconnaissance de la comtesse et de‘son jeune protecteur.
Cependant lorsque le bateau fut parvenu à l’extrémité de son
jardin. et qu'avec l’aide de Peter le syadic Pavillon fut descendu
serie rivage, ‘on aurait dit:qu'en tonthant le seuil de sa maison,
ses idées d’amour-propre blessé et de jalousie se dissipaient , et
que Pobscur et mécontent démagoguese franéformait tout à coup
en ami sensible ét en hôte hospitalier. Il appela d’une voix forte
Frudehen, qui parut aussitôt (car la erainte'et l'anxiêté n'avaient
presque: pas perniis au sommeil de visiter la: cité dé Liége derant
œtte nuit-de dengèrs), et il recommanda à sa fe de donner eus
sois à la belle étrangère, encoré à detni éranouie. La bonne Frud-
chôn, admirantiles chatmes de ia jeune comtesse et plaignant son
infortune, remplit aussitôt auprès d'elle les devoirs de l'hospétaliié
avee-le zôle et l'affactionr d'ane steur.
Quoiqu'A fût très-tard et que le symdie se sontit fatigué , ce de
fut pas sans beaucoup de difficultés que Quentin esquive une beu-
teille d'an excellent vin, aussi vieuk que la bataille d’Aziñcoanrt ;
et il aurait été foreé en prendre sa part, quoique bien à éontre
œur, si la mère de Tradéhen, aux cris jue poussait Pavillon pour
avoir les élefs de la cave, n'était arrivée sortait de son Lit. C'était
ane petite fernme toute ronde: elle avait été jolie-dansson temps,
mais elle ne se fuisuit remarquer alors que par-un nez pointu ot
rouge, une voix percante. et une résolution bien ‘arrêtée que le
syndic, en compensation de Pautorité qu’il exerçait au dehors,
serait souinis dans sa maison à uhe discipline sévère.
Aussitôt qu’elle eut.apprss la cause du débat qui vonait de s'é
lever entre son mari et son hôte , elle déclara d’utie mauidre pé-
rérsploire que le premier, loin d’avoir besoin de vin , n'en avait
que trep pris ; au Heu donc de se servir, corne ik leu priait, de
Tune des clefs dent un énorme trousseau pendait à son côté, sou
{enu par une chaîne d'argent, lle lui tourna le dos sans eéréino-
‘mie, éteonduisit Quentin daus:un appatiement si propre, si bien
nes . QUENTIN 'TDAEMNWARD.
garni de tant e jui peut résdre-commotie ptégréellouns them
” bre:à coucher, que jisqu'à se jour il-n’en avdit pas même obnçu
l’idée : tant, à cette époque, les riches Flamands Fomportaiont ar
1es Écossais,-et même surles Français, dens tout eequi contriue
äux aises 8 de: le vie 2 domestique:
; DO ee ee : *
. | GHAŸFFRE aie Le
LA FUITE. «
* Maïntehant ordonnez-moi de m'y précipiter »etje
m'eflurcerai de fairedes choses impossibles... sui, j'ebr
tiendrai le succès. Levez-vous sûr vos pieds, et avec
* un cœur tout de feu je vous suivrai et serai expable
, |‘ detout. , | Dex E, Jules César.
|. Mislgré 18 mélange de ; joie, de crainte. de doute, À’ anxiété, et
des autres passions qui l’agitaient, les.fatigues exçessives du jour
précédent plongèrent notre jeune Écossais dans un sonmeil.très-
profond, et il ne s'éveilla que. fort tard le lendemain; au moment
aù:s0n digne | hôte € entrait dans sa chambre, l'œil merne et le front
soucieux.
Pavillon, étant assis is près du it de Durvard, tommenca : un long
et fort peu clair discours sur les deyoirs respectifs des personnes
mariées, et particulièrement sur le pouvoir respectableëtla supé-
riorité que les maris doivent’oonserver toutes les fois que leur
opinion diffère de celle de leurs femmes. Quentin l’écoutait avec
enxiété ; itn’ignorait pas que les maris, semblables en cela à toutes
les puissances belligérantes, sont parfois disposés à entonner le Ze
Deum, plutôt pour dissimuler une défaite que pour célébrer une
victohte; et il se hâta d'amener une explication,:en disant qu'il es-
gérait que la présence dela comtesse Isabelle et la sienne n "avaient
pas été si importunes à la dame du logis.
« Importunes ! répliqua le bourgmestre, nos. Aucune femme n6
peut moins étre prise à l'improviste-que la mère Mabel ;:elle est
toujours charmée de recevoir ses-amis. Et, Dieu merci! jamais
son hospitalité ne se trouve en défaut : elle a toujours à leur ser.
vice un appartement tout prêtet une table bien servie: soulement
ilest Mcheux qu'elle ait un caractère tant soit pou bizarre. —
Notre séjour ici lui serait-il désagréable ?» répondit Quentin sor-
lant. de son 1if et s’habillant à la.hâte, «%i j'étais sûr qu'après les
CHAPITRE XXUI. 309
terreurs de Ja nuit dernière, la comtesse Isabelle eût la force de se
mettre-en voyage; nous n'ajouterions pas à l’indiscrétion que nous
avons commise en demeurant plus long-temps en ces lieux. —
Fort bien! dit Pävillon ; voilà justement ce que la jeune dame a
dit elle-même à la mère Mabel : oh ! j'aurais voulu que vous eus-
siez vu les couleurs qui lui couvraient le visage pendant qu’elle
parlait ainsi. Une litière qui a patiné pendant cinq milles contre
le vent du nard, pour se rendre au marché, a les joues blanches
comme un lis; en comparaison. Je ne suis pas surpris que la mère
Mabel ait un peu de jalousio. Pauvre chère âme ! — La comtesse
est-elle donc sortie de son appartement? » demanda Quentin en
continuant sa toilette avec plus de promptitude encore. — «Cer-
tainement, répondit Pavillon, et elle vous attend avec impatience,
pour déterminer quelle route vous prendrez, puisque tous deux
vous êtes détérminés à partir. Mais, j je me flatte que vous ne nous
quitterez pas avant d’avoir déjeuné. —- Pourquoi ne m’avez-vous
pas dit cela plus tôt? » s’écria Durward d’un air d’impatience. —
“Hé ! 14, là, je crois que je vous en ai parlé trop tôt, puisque eela
_vous met toùt hors de vous. Maintenant je vous dirais bien quel-
que chose à l’oreille si je croyais que vous eussiez assez de patience
pour me prêter un peu d'attention. — Parlez, mon chrer monsieur,
parlez, je vous écoute de toutes mes oreilles. Eh bien donc, je
n’ai qu’un seul mot-à vous dire, et le voici : c’est que Trudehen,
qui a autant de chagrin de quitter la jolie dame de là haut que si
c'était sa propre sœur, désire que vous changiez de costume ; ca?
on dit dans la ville que les dames de Croye courent le pays en ha-
bit de pèlerines, escortées d’un archer écossais de la garde du roi
de France; une d'elles, ajoute-t-on, a êté ramenée la nuit dernière
à Schonwaldt par un Bohérmien, à l'instant où nous venions d’en
partir; et ce Bohémien-a affirmé à Guillaume de la Marck que vous
n’aviez aucune mission ni pour lui ni pour le bon peuple de Liége;
que vous aviez enlevé la jeune comtèsse, et que vous voyagiez
avec ellé comme son chevalier. Toute cette histoire nous-est arri-
vée ce matin de Schonwaldt, à moi et aux autres conseillers, et
nous ne savons trop que faire; car, quoique nous pensions que
GuïHaume de la Marck en a mal agi envers l’évêque et envers
nous-mêmes, cependant on le reconnaît en général comme un
brave et honnête homme au fond. lorsqu'il est à jeun, s'entend...
et comme le seul homme au monde qui soit capable de nous com-
mander contre le duc de Bourgogne ; et, en vérité, dans l'état où
QUENTIN DURWARD,
340 QUENTIN DUBWARD.
sont les choses, ja suis très-parté à croire:que nous devons éviter
de nous mettre. mal avec lui, ear ñous avons été trop:avant pour
rétrograder. .
Quentin se garda bien de-faire à Pavillon aucun reproche niau:
cune observation, car il sentait que rien ne pourrait faire ehanger
la résolution du digne: magistrat, résolution qui lui:avait été dic-
tée par Ja volonté de sa femme autant que par sesopmions comme
Bomme de parti. |
« Votre fille a ouvert un avis fort sage, lui dit-il; il faut que nous
partions à l’instant même, et déguisés. Nous pouvons, j’espère,
compter sur vous pour le secret si nécessaire en cette occasion,
et pour les moyensde favoriser notre fuite? —De tout moncœur, »
répondit le brave citadin, qui, presque honteux de sa conduite,
désirait trouver quelque moyen d’en expier le peu de dignité; «de
taut mon cœur. Je ne puis oublier que je vous ai dû deux fois la
vie la nuit dernière : la première ,-quand vous m'avez débarrassé
de cette maudite armure; la seconde, quand vous m'avez tiré
d’autres filets bien plus dangereux encore, car ce Sanglier et ses
marcassins ressemblent plutôt à des diables qu’à des hommes. je
vous serai aussi fidèle que là lame l’est à la poignée, comme disent
nos couteliers, qui sont les plus habiles de la terre. À présent que
vousêtes prêt, venez avec moi, et vous allez voir combien j'aicon-
fiance en. vous.»
: Sortant de la chambre où Quentin avait. couché, le syndic le
conduisit dans le cabinet où était renfermée sa caisse, et où se
faisaient toutes les affaires relatives à son négoce. Après en avoir
soigneusement fermé la porte au verrou, il regarde autour de lni
avec-précaution, ouvrit un cabinet voûté dont la porte était cachée
- par la tapisserie, et dans lequel se trouvaient plusieurs coffres-
forts en fer. Il en ouvrit un qui était plein de guilders, et le.met-
tant à la discrétion de Quentin, il lui dit de prendre la somme
qu’il jugerait nécessaire, {ank pour lui que-pour sa compagne de
voyage. Comme Quentin avait dépensé presque tout l’argent dont
il avait été pourvu lors de son- départ du Plessis, il accepta déux
eents guilders sans hésiter. Pavillon se sentit dès lors soulagé d’un
poids-accablant, car il regardait .cet argent, à la perte duquel il
s’exposait volontairement, comme:une expiation pour le manque
d’hospitalité que diverses considérations le forçaient si impérieu-
sement de commettre.
Après avoix refermé avec soin la caissæ et le cabinet qui renfer-
CHAPITRE XXIU. |
‘mait son trésar, le riche Flamand conduisit son hôte dans loise-
Jon; où il trouva la comtssse, vôtue en fille du pays de ls moyenne
classe. Quaique pâle encore par suite de la terreur que lui avaient
inspirée les événèments de la veille, elle jouissait de toute:sa pré
$ence d'esprit, et avait recouvré ses forces. Frudchen était seule
-avec élle, et mettait toute son attention à ferminer sa toilette et:à
lui apprendre de quelle manière elle davait porter ce costume. La
-comtesse présenta à s0n libérateur sa main, qu'il baiss avee res+
pect, et lui dit : «Messire Quentin, il faut que nous quittions nos
amis, si:je neveux attirer sur eux: upe partie des chagrins qui
am’ent accahiée depuis la mort de mon père. It faut que vous cha
‘giez d’habits, et que vous partiez avee moi, à moins que vous ne
soyez las de protéger une infortunée. — Moi! lis de vous accoms
pagner!... J'irais pour vous défendre jusqu'au bout de l'univers:
Mais vous... vous-même... aürez-vous la force de supporter ld
tâche que vous entreprenez? Pouvez-vous, après les térreurs dd
Ja nuit dernière... — Ne les retracez pas à mon esprit, répondit
la comtesse; jone me les rappelle que commeun songe horrible et
confus... L'excellent évêque est-il sauvé?—Je ervis qu’il est à l’abri
de tout danger; » répondit Quentin en faisant un signe à Pavälon
pour lui recommander le silence, ear ce dernier s’apprêtait à eoms
mencer l'horrible récit de la mort du prétat. — «Nous est-it pos
sible de le rejoindre ? A-t-il rassemblé quelques troupes? demanda
Isabelle. — Il n’a plus d'espoir que dans le ciel. Mais en quelque.
lieu que vous vouliez aller, je vous suivrai, je serai votre guide:
votre défenseur. — Nous y penserons, » dit Isabelle; et après une
mivute de silence, elle ajouta : «Je choisirars volontiers un cou-
vent; mais je craindrais qu’il n'opposât qu'uns faible. barrière à:
mes perséeuteurs. — Hem! hem ! dit le syndic ; je ne vous cons
seillerais pas de choisir un couventdans le district de Liége; car le:
Sanglier des Ardennes, brave chef d’ailleurs, fidèle confédéré, et:
bien intentionné pour notre cité, a l’humeur un peu brusque, et
respecte peu les couvents, les cloîtres, las abbayes, et autres lieux
de.ce genre. Le bruit court qu’une vingtaine de nonnes… c’est-à
dire de ci-devant nonnes, suivent toujours s& compagnie. .….—To-
nez-vous prêt à partir sans délai, messire Durward, » reprit Isa
belle, ne donnant pas au syndie le temps d'entrer das plus de:
détails, «puisque je dois me -cemmettre à votre foi.»
Quentin et le syndic ne furent pas plus tôt sortis de la chambre;
qu'isabelle commença à faire à Gertrude plusieurs questions re-
B12 QUENTIN DURWARD. .
Jativemerit aix routes et à d’autres sujets, avec tant de précision
et de présence d'esprit, que cette bonne fille ne put s'empêcher de
‘s'écrier : « Vous m’étonnez, madame; j'ai: entendu parler dé
femmes douées d’une mâle fermeté, ais il me semble que l
vôtre est au-dessus des forces de l'humanité. — La nécessité,
répondit la comtesse, la nécessité, mon amie, est mère du cou-
rage aussi bren que de l’industrie. Il n’y a pas. long-temps encore,
je me trouvais mal en voyant une ‘goutte de sang sortir d’une
légère piqûre. Hier j'en ai vu, pour ainsi dire, couler des flots
autour de moi, et cependant je ne me suis pas évanouie et j'ai
conservé toute ma présence d'esprit. Ne croyez pas que cette
tâche ait été facile, » ajouta-t-elle en posant sur le bras dé Gèr-
trude une main tremblante, quoique sa voix fût pleine de fer-
meté; « ma force intérieure est comme une garnison assiégée à
tout moment et de tous côtés par des milliers d’ennemis, et que
le courage le plus désespéré peut seuk faire résister à leurs as-
sauts. Si ra position était moins. dangereuse, si je n’avais la con-
viction que le sang-froid et la présence d'esprit ont seuls le pou-
voir de me soustraire à un destin plus affreux que la’ mort, je
me précipiterais dans vos bras à l'instant même , Gertrude, et je
soulagerais mon cœur eppressé en vous confant mes chagrins, et
en versant un torrent de larmes, des larines les plus arnères qui
aient jamais été versées.— Gardez-vous-en bien , madame, s’écria
la compatissante Flamande; ne perdez pas couräge, dites votre
chapelet, fiez-vous à la bonté de Dieu ; et certes ,; si jamais le
ciel envoya un libérateur à quelqu'un prêt à périr, ce jeurie hom-
me, qui est si brave, si entreprenant, doit être le vôtre. I1 y a
aussi quelqu'un , » ajouta-t-elle en rougissänt ,.« sur qui j’ai quel-
que pouvoir... n’en dites rien à mon père; mais j’ai ordonné à
mon galant , Hans Glover, de vous attendre à la porte de l'Est,
et de ne jamais se présenter devant moi que pour venir me dire
qu'il vous a conduite en sûreté hors du territoire de notre ville. »
: La comtesse ne-put exprimer sa reconnaissance à la bonne et
excellente fille qu’en l’embrassant avec tendresse ; et celle-ci, en
lui rendant ses caresses avec beaucoup d’affection, ajouta en sou-
riant : « En vérité, si deux jeunes filles et leurs arhants dévoués
ne peuvent réussir dans un déguisement et un projet de fuite, le
_ monde est bien changé, il n’est plus ce que j'ai entendu dire
qu’il était. »
- Une partie de ce discours fit renaître les plus vives couleurs
CHAPITRE XXL 833
sur. les joues de la comtesse, et l’arrivée soudaine de Quentin ne
diminua en rien leur éclat. Il était complétement habillé à la
- façon des paysans flamands de la haute classe, ayant mis les ha-
bits de fête de Peter, qui prouva l'intérêt que lui inspirait le jeune
Écossais par la promptitude avec laquelle il les lui offrit, jurant
on même temps que, dût-il être tanné et corroyé comme la peau
d’un bouvillon , on ne parviendrait pas à lui faire trahir d'aussi
bons jeunes gens. -
Grâce à l’activité de la mère Mabel, deux excellents chevaux
avaient été préparés; car cette bonne femme désirait réellement
qu'aucun événement fâcheux n'arrivât. à la comtesse et à son
écuyer, pouryu que les courts instants qu’ils avaient passés chez
elle ne missent en danger ni sa imaïson ni $a famille. Elle les vit
donc ayec une satisfaction bien sincère monter à cheval et partir,
après leur avoir dit qu’ils trouveraient le chemin de la porte de
_ Y'Est en. ne perdant pas de vue Peter, qui devait suivre la même
direction pour -leur servir de.guide , maië sans paraître avoir au-
cune communication avec eux.
Aussitôt que ses hôtes furent partis, la mère Mabel saisit cette
occasion de faire à Trudchen une bonne-leçon sur la folie de lire
des romans : cette lecture avait rendu les dames de la cour-hardies
et coureuses d'aventures ; au lieu d’y apprendre à conduire ss-
gement leur ménage, elles y puisaient des leçons pour menter à |
- <hevalet courir le pays sans autre suite qu’un fainéant écuyer, un
page débauché, ou un libertin d’archer étranger, en grand dan-
ger de perdre leur santé, de ruiner leur fortune, et de détruire
d’une manière irréparable leur réputation.
Gertrude écouta tout cela en silence et n’y fit aucune réponse;
amais, vu son caractère, il est permis de douter qu’elle en ait retiré
le fruit altendu par sa mère.
Pendant ce temps, nos voyageurs avaient atteint la porte oien-
tale de la ville , après avoir traversé une foule immense de gens
qui, par bogheur; étaient trop.occupés des événements politiques
et de la ruheur du moment pour faire quelque attention à deux
personnes dont l’extérieur.n’avait rien de remarquable. Les sen-
tinelles les laissèrent passer en vertu d’un permis que Pavillon
avait obtenu pour eux au nom de son collègue Ronslaer, et ils
firent à Peter Geslaer l’adieu le plus amical en peu de mots, et
en se souhaitant mutuellement toute sorte de bonheur. .
À peine Geslaer les avait-il quittés, qu’ils rencontrèrent nn
TE QUENTIN DURWARD.
jénnéhoime: vigoureux , monté sur un bon theval gris :-il-se.fit
énnaître pour Hans Glover,.le galant de Trudohen Pavillon.
C'était an bon. Flamand, d'une intelligence peu brillante , dont
l'esprit:ne répondait pas à son enjouement -et à la:bonté de son
éœur,et, comme la comtesse ne put s'empêcher de le penser, peu
digne d'être aimé. de la généreuse Trüdchen. Il parut cependant
désirer seconder de tout son pouväir:les intentions de sa belle;
car, après les avoir salués respectueusement, il demanda en fa.
and à'la comtesse quelle route elle désirait prendre.
-em + Guidez-moi, lui répondit-elle , vers la ville la plus voisine,
Sur les frontières du Brabant. — Vous avez donc fixé le ‘but et
l'objet de votre voyage ? »-dit Queritin .en faisant approcher son
Gherval de celui d'Isabelle, tt lui parlant français , en. iangae que
eur guide ne pouvait comprendre. — « Oui, réptiqua la jeune
dame; car dans la situation où:je me trouve et dans les circos-
Btances qui m’environnent, je me ferais 4e ples grand-tort en
prolongeant mon voyage; dût-il avoir pour terme une prison,
je dois l’abréger autant que possible. Une prison ? s'écria Quen-
tin: — Qui, mon ami, une prison ; mais je ferai en sorte que vous.
me la partagiez pas. — Ne parlez pas de moil ne vous oocnpez
pas de moi ! que je vous voie en sûreté, et je me:soucie fort peu
de ve qui me concerne. — Parlez plus bas, dit Îsabelle; vous
étonnsrez notre guide : vous voyez qu'il nous a-déjà dépassés. »
En effet, le bon Flamand, désirant agir avec eux cumme il aurait
voulu -qu'on agit envers lai, avait pris l'avance lorsque Quentin
s'était rapproché de la comtesse, pour deur épargner la contrainte
où jette ordinairement un tiers. « Oui, » poursuivit-élle quand
efe vit que lear guide ne pouvait lesientendre ; « oui, mOn ami,
mon protectéur (car pourquoi rougirais-je de vous donner le nom
de ce que le ciel vous a rendu pour moi?) je dois vous dire qet
j'ai réselu de -retourher aux heux qui m'ont vue naître , et de
t'en remettre à la générosité du dac de Bourgogne. Ce fut un
tauuvais conseil, quoique donné avez de bonnes intentions , qui
teporta à rejeter.sa prokection pour recourir à celle du politique
“tastucieux Louis de France. — Etivous êtes donc déterminée k
ous unir au ‘comte de Carapo-Basso , à ‘06. méprisable favori de
Charles? » |
. Ainsi parlait Quentin d'une voix agées par les sentiments 5e-
crets qui assiégonient son cœur, et par'‘son désir d’affecter un ten
d'indifféreuce: : tel un rnalheureux condamné à maurt s'arme. dune
‘CHAPITRE XXII. #1k
tomté factice, ‘qu'il est loin de posséder, quand:il demaride À 50 sa
svtitonce seta bientôt exécütée.
“Non; Durward, non, » luïrépondit Isabelle en se redressant Sûr
sa séfle, « toût lé pouvoir-du duc de Bourgogne ne pourrait con-
trairidre une fie de là maison de Croye’à s’avilir par cet odieux
masiage. I pont saisir mes terres ét mes fiefs, me relégüer dans
æm-couveht} mais Tà sé borrie tout ce que j'ai à redoùter de lui:
æt "j'eñdarerai de plas grands maux encore plutôt que d'épouser
%ampo-Basso.— De plus grands-maux encore ! s'écria Quentin :
æt ert est-il de plus insupportables que la perte de ses biens et de
da Hiberté? Af ! penser-y bien, tandis que vous respirez cet air.puf!,
présent ‘da ciel, tandis que vous êtes sous la protection d'un
hontime qui hasardera sa vie pOur YOUS conduire en Angleterre ,
æn Allemagne, en Écosse même, et vous y trouverez de généreux
protecteurs. Puisqu’il en est temps encore, ne faites pas si témé-
rarement Le sacrifice-de votre liberté, -du don le plus précieux que.
puisse vous acéorder la bonté divine! Ah! qu’un poële de ! mon
“paÿs la chante dignement, cette liberté: -
. © liberté, &es cieux ineffable présent Lu _
”_ vocla liborté l’homme a tout ve qu'il aime; |
Elle offre du plaisir le charme bienfaisant. m
L'homme libre est heureux de sa liberté même.
Chagrin, besoin, misère, indomptables douleurs ,
|. Le stupide -escharage uuit tous les malheurs. »
‘La comtesse ‘écoùta avec un sourire mélancolique ces vers ef
honneur de la berté, puis, après un court silence, elle répondit:
‘« lu'tibetté n'appartient qu’à l’homme: la femme a besoin d'un
“protecteur, paisque la nature ne lui a pas donné les moyens de
‘se piotéger elle-même. Et où en trouverai-je em ? sera-ce le vo- :
Aupiœux Edward d’Angitterre, l’ignioble Wenceslas d'Allemagne,
-qui sans :vesse est gorgé de vin ? En Écosse, peut-être? Ah, Bur-
tpanid *si j'étais wutre sœar et que vous pussiez me premettre um
‘sstile dans ta vallée d'une!deices montugnes que vous vous plsisez
-Xsat à décrire: un.asiwroù ,:s0it par charité, soit au prix-du pou
“dé Mijoux'qui mme restent, il'me sérait perinis de mener eme vi
“puidéble etd'oublier ie rang dans. lequel je ‘suis née ; ‘si vous pou
riexifassarer'la protection de ‘quelque respectable matrone de
ugotre pays, de quetque baron:dont l’isoanéar soit aus fidéde que
“h:hime de- son épée, cet "espoir pourrait m'eugager'à braver de
-Rowvepi dla: consure du ‘monde en m'aventurant-dans te pays
“Æibigaé > “
546 QUENTIN DURWARD.
- Il y avait dans la voix d'Isabelle un accent si tendre et’ sé on:
chant, que Quentin sentit, à ces paroles, une douce joie s’insinuer
au fond de son cœur. If hésita un instant avant de répondre , ré-
fléchissant à la possibilité de lui procurer en Écosse un asile sûr
et honorable; mais la triste vérité vint.éclarrer son esprit; H re-
connat"que ce serait desa part une action-aussi basse que cruelle
que de l’engager à fuir vers un pays où iln'avait ai le pouvoir ni
de moyen de lui procurer une retraite sûre. « Madame, dit-il.en-
fu, j'agirais contre mon honneur et contre les lois de la chevalerie
si je vous laissaïs former un plan basé sur. cette idée que je pas
vous offrir en Écosse quelque protection autre que celle du:faible
bras qui depuis peu de temps est à votre service. À peine sais-je
si mon sang circule dans les veines d’un seul habitant de mon
pays natal. Le chevalier de l’Innerquuharity prit d'assaut notre
château au milieu de la nuit, et tous ceux qui portaient mon nom
-ÿ périrent. Si je reparaissais en Écossé, j'y retrouverais nos.enne-
mis fébdaux : ils sont nombreux et puissants; moi, je suis seul et
faible; ainsi quand même le roi voudrait. me rendre justice, il
-n "oserait pour protéger un simple individu, provoquer un chef
qui marche à la tête de cinq cents cavaliers. — Hélas! dit la com-
tesse, il n’existe donc pas dans le monde entier un seul abri con-
tre l'oppression , puisqu’ellé se déchaîne Sur ces montagnes sau-
vages qui offrent si peu d’attraits à la cupidité, aussi bien que sur
nos vastes et riches plaines! — C'est une triste vérité , et je n’o-
serais la cächer ; cé n’est guère que le désir de la vengeance, la
-soif du sang, qui mettent les armes à la main à nos clans, qui les
portent à s'égorger réciproquement ; et les Ogilvies présentent en
. Écosse les mêmes actions et les mêmes scènes que celles dont
Guillaume de la Marck et ses satellites se rendent coupables dans
ce pays.— En voilà assez sur l'Écosse, » dit Isabelle d’un ton-d'in-
différence réelle au affectée ; « ne m’endites pas d'avantage. Dans
le fait, je n’en ai parlé qu’en plaisantant, pour voir si vous oseriez
sérieasernent me présenter comme un pays tranquille le royaume
le plus déchiré de l’Europe, Je voulais seulement mettre à l'é-
-preuve votre sincérité, sur laquelle je suis charmée de voir qu’on
‘peut compter lors même que le sentiment. le plus vif chez un
‘Écossais est le plus fortement excité. Ainsi donc, je le répète, je
‘ne-chercherai d'autre protection que celle d’un honorableet puis-
sant baron, feudataire du duc Charles, dans les mains duquel j'ai
décidé de me remettre.— Mais pourquoi ne vous retirez-vous pas
CHAPITRE XXLE : HAN
piotôt sur ves-derbeines , dans votre-château fort, ainsi que vous .
le.disiez lorsque. nous ftians encore peu éloignés de Tours? Pour-
quoi ne pas rassembler autour de vous les vassaux de votre père,
et traiter avec le duc de Bourgogne , plutôt que de vous remettre
entre ses mains ? Bien certainement il ne manquera pas de braves
qué embrassaront votre défense ; et jen sais au moins nn qui sar
crifierait volonéiers se vie pour danner l'exemple: — Hélas! ré-
æonditila comtesse , ce projet suggéré par l’astucieux Eouis, était,
comune tout ce qu'il a jamais imaginé, plus pour sen avantage que
pour le mien, et il ne .peut aujourd’hui être mis à exécution,
puisqu'il.a été livré au duc de Bourgogne, par le perfide.Zamaet
Hayraddin. Par suite de cette trahison, le due Charles a jeté-mon
æarent dans une prison, et mis garnison dads mou châfeau, Toute
tentative de ma part ne ferait qu'exposer mes vässaux à sa vea-
geancs; et pourquoi ferais-je-couler plus de sang qu’il n’en a déjà
été versé pour une cause qui en est si peu digne ?-Non, je mere-
mettrai entre les mains de mon suzerain , comme une fidèle ves-
sale, me réservant la liberté qui m'appertient de choisir moi-même
mon époux ; et avec d’autant plus de raison que je penses que ma
- tante, la comtesse Hameline , qui m’a conseïllé la première , qui
même m'a sollicitée de fuir, a probablement déjà pris elle-même
cette sage et honorable résolution.— Votre tante! reprit Quentin
à qui ces paroles rappelèrent des circonstances que la jeune com-
tesse ignorait complétement, et qu’ane suite de périls et-d’événe-
ments des plus graves avaient effacées de sa mémoire comme étant
” de peu d'intérêt. — Oui... ma tante... la comtesse Hameline de
Groye. Savez-vous. ce qui peut lui être arrivé ? J'espère qu’elle
est maintenant sous la protection de la bannière de Bourgogne.
Vous gardez le silence! qu’en avez-vous appris ? »
Cette dernière-question, faite du ton de:la.plus vive inquiétude,
obligea Quentin à faire le-récit de ce qu’il savait du sort de la
comtesse Hameline.. Il dit comment il avait été averti de l'accom-
pagner dans sa fuite de Schonwaldt, fuite dans laquelle il ne dou-
tait pas que la comtesse Isabelle ne Ll’accompagnât ; comment il
avait recoanu son erteur après avoir atteint la forêt ; enfin, cow-
ment retourna au château, et l’état dans lequel il l’avait trouvée
elle-même. Maïs il ne dit rien des vues qu'avait la vieille dame en
quittant Schonwaldt, ni du bruit qui courait qu’elle était tombée
Aupouvoir de Guillaume de la Marck : sa délicatesse lui faisait un
devoir du silence sur le premier motif, et ses égards pour la sen
Be QUENTIN DURWARD.
wibitité de sa compagne, dansun moment dut it forco’et le'corage
Jui étaient si nécessaires, lui défendent de s'étendre sur ls:den.
air, qui d’ailleurs: n'était parvene jusqu'à a” ‘que tonne une
‘Vague rumeur.
Ce récit, quoique Quentin en eût rétranché es circonstances
es plus importantes , fit une forte impressidn sur Issbelle, qui,
après avoir-poursuivi son chomin quelques instants en silence,
dit enfin, d'un air mécontent : & Ainsi dontvous avez abandonné
mon-infortanée parentà dans une forêt, à la merci dan vif-Bohé-
mien et d'une femme de chambre infidble? Ma pauvre tante!
Elle avait coutume dé louer le dévouement de notre joane pro-
toctour ! — Ai-je manqué ‘à mon devoir, ‘madame ? :» répondit
Quentin justement offensé de. ja manièro dont ia comtesse parais-
sait envisager sx conduite ? « Que:serait. devenue -celle-à qui je
m'étais. entièrement dévoné, si je n'avais pas laissé la comtesse
Hameline de Croye sous da garde de ceux qu'elle môme avaitchor-
sis poor conseillers, la comtesse Isabelle nô serait-elle pasen æ
moment l'épouse de Griliæamede la Marck, du Singer des:Ar-
kiernes? — Vous avez raison. » répondit Isabolïle en reprenant ls
ton qui lui était.ordinaire ; «et moi.qui recueilis teut:le fuit d'un
dévouement siabsolu, j'ai pu vous acomser-de bassésss et d’ingra:
titude !' Maïs, hélas! ma malhenrouse tante - est victime des éatri-
gues de cette Martom en:qui elle avait mis nne confiance que cette
fie méritait si pou ! C’est elle qui luifit'ounnaître Zamet et Hay-
raddin Maugrabin , dont le prétendu savoir en divination et en
‘astrologie fascina :son esprit; c'est encore elle qui, apparyant
‘avec force sur leurs prédictions, l’'encouragea dans... je ne suiside
quel terme me: servir. vlans de folles idées: relativement à un
mariage, à des-amants, esque son âge rondait ridicule t toutà
fait ‘iayraisomblable. Je ne doute. pas qué, «ès l'origine, ce ne
soit} astucieux Louis de France.qui aoas sit livrées res serpents,
pour nous déterminet à nous retirer à sa cour, ou :phetôt pour
“nous faire tomber en son pouvoir.-Après que nous eûmes commis
:cétte: impardonnabie imprudence ,-Avdc quéilé bassesse , quelle
méchanceté, de quelles manière indigne d’an-hortme bien: né,
d'un chevalier. il: s'est ‘conduit à nôtre égard! Vous en avez été
témoin, Dèrward. Mais ! ane pauvre taato.. :quelreort: voroyte-
“vous qu'elle puisse avoir è » :
: Chercharit à lurinspirer unespoir qu'il avait à eine. Inimème,
-Quenim jai: répondit que’ la cupidité était 1x pamion éonrinunate
ÆCANTRE: SAN. ©
dus -Bhémius, qu'au momeut:où il les -qaittait : Murtpn-parais..
sait vouloir -prañdre la comtesse Manoline s00s:s82 protections
qu'eufin il était difieile d'imaginer. quel motif pourraitporter Les
misérables à:la tuèr ou seulement à la-maltraitor, tandis qu'en
da :traitaut.avec égards. ds avaiet L'espoir d'en tirer.une forte
rançon. |
Pour distraire sa belle-de ces pensées mélanceliques, Quentin |
Aoi racemta da trahison du Maugrabin;, epmmenl il avait décou-
‘ertses projets pendant. la nait-qu'ils passèrent dans ca couveñt
près-de Namaor, projets qui paraitsaient le résultat d’un arrange”
ament-fait sntre.le roi et Guillaume de la Marck, Isabolle frémit
d'horreur; pis. reprenant: queique empire sur elle-em0me , elle
s'écria : « J'aihonte de eette. émotion ;. j’ai péché:e mo perret-
taut de douter: de :la ‘protection. des saints , et de croire-un sw
dnstant qu'un projet si vil, si-cruel, si-déshonorent, pût s'accom-
plir tant qu’il y aura‘dans.le ciel des feux ouverls sur. les misbres
humaines, ot que. les prenant en pitié, ilsjettentsurektesien regard
proteeteur. Un el projet. quelque horrible :qu'il séit. ne : doit
pas ‘inspirer de crainte ; il faut le regander comme une trabison -
infâre, inouie, et he pas.8e rendre coupable d’athéisme on
croyant qu'ilait pu réussir. Mais je vois.clairenent à présent
pourquoi l’hypocrite Marton s’efforçait souvent d'entretenir .les
petites jalousies ‘et tes petites querelles -qui parfeis s'étevdient
cntre-ma pauvre tante et moi; pourquoi , employant toujours a
flatterie envers celle de nous avec qui ellese trouvait. «ile faisait
ressortir-uvec adresse ce qui était au:désuvantage de l’ubsente.
Et :copendant je IFaurais jamais imaginé qu'elle -oût pu décider
ma tante, jadis si wffectionnée pour moi, à me laisser à Sohon.
walät au mikoudesi grunds-éangers , tandis qu'olle effectuait sx
faite. — Elle ne vous a danc pas fait part du projet qu'elle médi-
tait ? — Non 'rais-elle ne -parla de je ne sais quelle communien.
tion que Mertün:devait me fuire. A-âire vrai, la tôte de ma pauvre
tante::était :si troublée par le mystérieux engage: de. l'infime
Hayraddin, à qui dlle:avait accordé ce jour-là même un: long
&t secret oniretien, set elle m'entretint d'idées si extracrdinaires
que. .qüe jen ponsis guère à lui -dernander- aubune:explicn
tion en:l voyant dans-wne telle situation: d'esprit. 31 étuit pour.
tant bionafireux-deme laisser danse châtoua i--Je dois: jostiftr
da comtesse Éatnetins de -co:dernier roproche ; :car . au milieu de
Æ'obsvurité to lanuit. :et dans Jeu :mbmsænt où .ilféilnit déphoper la
33 QUENTIN DURWABD.
plus grande cékérité, je suis convaineu qu'elle se croyait aecom-
pagnée de sa nièce, de même, que.je le croyais moi-mêine; car,
trompé pax l'habillement et.le maintien de Marton, je m’imagi-
nais guider les deux dames de Croye, et particulièrement, »
ajoula-t-il d’une voix basse mais bien accentuée, s -partigulière-
ment celle sans laquelle tous les trésors de l'univers n'auraient pu
me déterminer à-sortir de Schonwaldt.» | ou
… Isabelle baiss£ la tête, et feignit de ne ps ayoir remarqué le ton
exalté avec lequel. Quentin venait de parler. Cependant :elie: ports
de nouveau les yeux sur lui, quand il commença à parler de ls
politique de Louis; et il leur fut aisé de reconnaître,. par les.com-
munications qu'ils se firent réciproquement , que les deux.frères
bohémiens et Marton , leur complice , avaient été les agents de
ce prince artificieux, quoique Zamet, l'aîné des deux , avec «uns
” perfidie particulière .à sa raçe , eût essayé de remplir an double
rôle. duplicité qui. avait reçu sa récompense. Lot,
. Touten se donnant:aipsi des preuves d’unaconfance wutuell
et oubliant la singularité de leur situation aussi bien que les périls
auxquels ils étaient encore exposés, nos deux voyageurs pou-
suivirent leur reute pendant quelques heures, ils ne s’arrétérent
que pour faire rafraîchir leurs chevaux dans un dorff ou hamesn
” écarfé, où les conduisit Hans Glover, qui, sous tous les rapports,
se conduisit à leur égard en homme sage:et discret, comme il
l'avait déja fait en s’éloignant d’eux-pour leur permetire, de s'en-
treteniren toute liberté.
Cependant la distinction conventionnelle que l'usage avait ét
blie. entre les deux amants, car nous pouvons à présent les quali-
. fier ainsi, semblait diminuer ou-même s’effacer entièrement, par
guitede la situation dans laquelle ils setrouvaient. Si la comteæe
était placée dans un rang plus élevé, si par sa naissance-elle devait
posséder des richesses bien plus. grandes qu’un jeune homme qui
n’ayait pour toute fortune queson épée, il ne faut. pas oublier que,
pour le moment, elle n’était pas plus riche que lui , et qu’elle de-
wait à la présence d'esprit, à la valeur et au dévouement de œ
Jeune homme, son salut, son honneur et sa‘ vie. Quentin ne ki
parlait pourtant pas d'amour ; car quoique,.le .cœur de la jeuns
dame fût tellement rempli de confianee et de reconnaissance,
qu’elle.n’aurait point fait un crime à son protecteur d’une telle
-déclaration, la timidité naturelle et les sentiments chevaleresques
de celui-ci enchaînaient sa langue , et. lui auraient reproché de
. CHAPITRE XXI." DRE
cherther à abuser de la situation où se trouvait Isabelle. S'il en
eût profité pour placer le moindre mot, il eût cru se rendre cou-
pable d’une insigne-déloyauté. Fs ne parlèrent donc pas d'amour;
mais, chacun à part soi, ils ne pouvyaient s'empêcher d’y-penser ;
et ils se trouvaient ainsi placés , l’un par rapport à l’autre , dans
cette situation où les sentiments d’une affection mutuelle se com-
prennent beaucoup plus aisément qu'ils ne s'expriment; dans cette
situation qui, au milieu de la liberté qu’elle permet et de l’incerti-
tude où elle jette, forme presque toujours les instants les plus
heureux dela vie humaïne, et qui trop souvent apporte à ceux qui
y cédent légèrement , l'ineonstance et tous lés chagrins d'un es-
poir trompé et d’un attachèment non payé de retour.
IL était deux heures après midi quand leur guide, la pâleur ; sur
lé visage et l’effroi dans les yeux , vint exciter leurs alarmes en
annonçant qu'ils étaient poursuivis par les schwarz-reiters ! de
Guillaume dela Marck. Ces soldats, ou plutôt ces brigands, étaient
levés dans les cercles de la Basse-Allemagne, et ressemblaient
parfaitement aux lansquenets, à cela près cependant qu'ils for-
maient une cavalerié légère: Pour soutenir le nom de cavalerie
noire, et frapper leurs ennemis d’un surcroît de terreur, ils étaiont
ordinairement montés sur des chevaux de cette robe, portaient
des vêtements noirs, et couvraïient leur armure d’un enduit. de
cette couleur, opération qui donnait souvent ‘la même teinte à
leurs mains et à leur visage. En moralité et en férocité ces sch-
warz-reiters étaient les dignes émules de leurs pédestres confré-
res les lansquenets.
Jetant un regard en arrière, Quentin vit un ñuage de poussière
qui s’élevait sur une route unie qu’ils venaient de parcourir , et
qui s’avançait de leur côté; un ou deux soldats couraient ventre à
terre en avant de la troupe. S'adressaht à sa éompagne, il lui dit :
« Chère Isabelle, je n'ai d'autre arme que mon épée; mais si je ne
puis combattre pour vous, je puis fuir avec vous. S’il nous est pos-
sible de gagner le bois que traverse la route avant que ces cava-
liers nous aient atteints, nous parviendrons sans doùte à leur
échapper. — Essayons-y, mon unique ami, » répondit Isabelle en
mettant son cheval au grand galop; « et toi, mon brave garçon, »
ajouta-t-elle en s'adressant à Hans Glover, « prends une autre
route, et net’expose pas à partager nos périls et nos infortunes. »
L’honnête Flamand secoua la tête , et ne répondit à cette sens
.
4 Schiwoars, noir, et reiler, cavalier. A. M.
ms: .. QUENTIN DURS.
reus recommandation: que par ees mots :Véin !' rein dus- get
nivhi F'et" il continue à les-suivre, tous trois se ditigeant:vers le
bois avec ‘autant de vitesse qu’en pouvaïent déployer leurs che-
_ varx épuisés de fatigee. Lés schwarz-reiters de leur côté , en les
voyant fuir, redeublèrent d’éffbrts pourles atteindre. Mais, malgré
Je: Rtigue de leurs chevaux, 165 fugttifs n'étant point armés: etteur
poids étant conséquemment moins lourd, ils gagnaïent du terrain
sur coux qui-les poursuivaient : ils-étñiènt-À environ un quart de
nville du bois, lorsqu’ils’en. virent sortit une compagnie d'hommes
d'ârmes marchant sous la bannière sé un €hevalier : cette troupe
vint leur barrer le-chemin: |
« À ces brillantes armures, dft Isabelle, je crois reconnaître des
Bourguipuons. Mais, quels qu'ils-sotent’, il vaut: mieux nous ren-
dre à eux qu’aux brigands qui sont à notre poursuite. »
*_ Un instant après, regardant la bannière, eHes’écria, « Au cœur
fendu qu’ellé porte, je reconnais cette bannière! c’est celle de
; Crévecepur, dun noble Bourguighon, je me rendrai à lui? »
- Durward : soupira; mais que pouvait-il faire? combien il se serait
trouvé heureux, un instant auparavant, s’il ‘eût bu assurer le sa-
ut d'Isabelle, même à des conditions moins favorables. Is joigni-
rent'hbientôt la troupe de Crèvecœur, qui avait fait halte pour re-
eennaître les schwarz-reitérs, et la comtesse demanda à parler au
commandant. Voyant que le ‘comte la regardait d’ün air de doute
et d'incertitude, ellë lui parka en- ces termes : « Noble comte,
. Isabeñié de Croysé, la fille de votre ancien frère d’armes ; la fille
du comte Reinold de Croye, se déclare votre prisonnière, el
implore votre protection pour elle et pour les personnes. qui
l'accompagnent. — Tu l’auras, belle cousine, même eontre une
-ärmée entière ; toujours sauf et excepté monseigneur le duc de
Bourgogne; mais nous n'avons pas le Lemps de parler de cette af-
färre : les infàmes coquins ont fait halte comme s’ils prétendaient
disputer le terrain. Par Saint- George de Bourgogne ! ils ont l'in-
solence de s’avancer contre la bannière de Crévecœur ! Ces bri-
gands ne seront-ifs donc jamais réprimés? Damien, ma lance! En
avant, ma bannière! Les lances en arrêt! Crèvecœur à la rescousse!
” Poussant ce cri de guerre , et suivi de ses-hommes d’armes , il
partit au grand galop pour charger les schwarz-reiters.
. 4 Mon, man, cale. he. va pags à: M)
em:
° " = ‘ : C1 ° |
CHAPITRE XXIV.
LA PRISONNIÈRE.
Qu'on me sessure où ne», sire ‘chevalier , jé sul
votre captive; tradez-moi selon la peblesse de votre:
caractère. Pensez que les hasards dé la guerre peu-
vent vous placer un jour #u nombre des malkeureuz :
dont.je suis condameée à faire partie. mynt.
L'escarmouche entre les schwarz-reiters et les hommes. d'en
mes bourguignons dura à péine cinq minutes, tant ces merce-
naires furent promptement mis en déroute par latroupe de Crève-
cœur, qui avait sur eux la supériorité des armes, des chevaux. et
surtout de la valeur. En moins de temps qu "il ne nous en a fallu,
pour le dire, le comte, essuyant son épée ensanglantée. sur la cri--
aière de son coursier avant de la remettre dans le fourreau, s8 rer:
trouvait à l’entrée du bois, où Isabelle attendait l’issue du caabat
dont elle était restée spectatrice. IL était accompagné d'une per.
tie de ses gens, tandis que le reste poursuivait l'ennemi en dé
route.
« C'est une honte, ditil, c'est une e tache indélébile pour les ar-
mes de chevaliers et de gentilshommes d'être souillées da s0ng de
ces vils pourçeaux. »
En parlant ainsi il remit son épée dens le fourreau, puis il ajour:
ta :« Voici, ma belle.cousine , un accueil un peu brusque pour
votre retour dans votre pays; mais les princesses errantes doivent
s'attendre aux aÿentures de cette espèce. Ma foi , je suis arrivé à.
temps; car je puis vous assurer que ces schwarz-reitersn’ont pas
plus de respect pour. la couronne d’une comtesse que pour.la coiffe:
d’une paysanne, et.ilme semble-que votre suite n’était. pas très
capable de faire une longue résistance. — Comte, répondit Ise-
belle, je vous demande, avant tout. si je suis prisonniève, et dans
ce cas,.où vous avez dessein de me conduire. — Vous savez bien,
méchante enfant, répondit le comte, comment je voudrais résou-
dre cette questiun; mais vouset votre folle de tante, àvee ses. pre-
jets de mariage, vous avez fait depuis peu un si mauvais usage de,
vos ailes, que je crains que vous ne sayez condamnées pendant.
quelque tamps à.ne les déployer que dans une cage. Quant à moi,
mondlevoir, et c’en est un bien pénible, sera accompli quand ja:
a QUENTIN DURWARD.
vous aurai conduite à la cour du duc à Péronne ; et c’est dans ce
dessein que je crois devoir remiettre le commandement de ce dé.
tachement à mon neveu le comte Etienne, tandis que j'aurai
l'honneur de vous y.accompagner, car je pense que vous pourrez
avoir besoin d’un intercesseur. J'espère que ce jeune étourdi s’ac-
quittera de ses devoirs avec sagesse et prudence. — Avec votre
permission, bel oncle, dit le comte Étienne, si vous doutez que je
sois capable de commander vos hommes d'armes, vous pouvez
rester avec eux; je prendrai volontiers la charge de serviteur et
de gardien de la comtesse Isabelle de Croye. — Sans doute, beau
neveu, c’est vraiment renchérir d’urie manière admirable sur mon
dessein : mais à vous parler franchement, je l’aime autant tel que
je l’ai conçu. Ayez donc la-complaisance de vous rappeler que
votre affaire ici n’est pas de donner la chasse à ces pourceaux
noirs, oecupation pour laquelle vous paraissiez, il y a peu d’ins-
tants, avoir une vocation toute particulière, mais de me rappor-
ter des nouvelles certaines de ce qui se passe dans le pays de Lié-
ge, afin que nous sachions à quei nous en tenir sur-kes bruits
étranges que l'on fait courir. Je n'ai besoin à ma suite que d’une
dizaine de lances. les autresresteront sous ma bannière : je vous
en donne le commandement. — Un instant , cousin Crèvecœur,
‘dit la comtesse : .en me rendant prisonnière , que du moins il me
soit permis de stipuler la-sûreté de ceux qui m'ont secourue dans
mes malheurs. Permettez à ce brave garçon, mon guide fidèle, de
retourner librement dans la ville de.Liége, »
Après avoir jeté un regard pénétrant sur la large et honnâte
figure de Glover, Crèvecœur répondit : « Ce brave garçon ne ps-
raît nullement dangereux : il restera avec mon neveu, et l’accom-
pagnera.aussi loin qu'il pourra s’avancer sur le territoire de Liége;
il sera libre ensuite d’aller où bon lui semblera.—Ne manquez pas
de me rappeler au souvenir de la bonne Gertrude, » dit la-com-
toesse à son guide, « et, « ajouta-t-elle en lui présentant un col
liér de perles qu’elle tira de dessous son voile, « priez-la de porter
ceci en mémoire de sa malheureuse amie. » -
L'honnête Glover prit le collier, et baisa avec une galanterie
toute campagarde, mais avec une affection sincère, la belle main
qui le récompensait d’une manière si délicate des fatigues et des
périls auxquels il venait de s’exposer.
« Ah! ah! des signes et des gages d'amitié! » murmura le comte
d’un air mécontent. « Avez-vous encore quelque autre cadeau à
_CHAMTRE XXI. ss:
. faire, ma belle cousine ? « sjonta-t-il d'un ton railieor : « il est
temps que nousnous mettions en chemin.—Il ne me reste ples, »
dit la côintesse en faisant ua eflbrt pour parler, « qu'à vous prier
d’être favorable à.… à.:. Ce jeune gentilhomme.—Vraiment ! » ré-
pondit -Crèvecœur en jetant sur Quentin le même coup. d'œil pé-
nétrant qu’ ayait fixé sur Glover, mais, à ce qu’il parut, avec
un résultat beaocoup moins satisfaisant. « Diable! » ajouta-t-il
en imitant d'une manière plutôt pisisante qu’offensante l'embarras
de la comtesse , « voici une lame d’une autre trempe ! Je vous-en
prie; belle tousine, qu'a fait ce... ce ‘jeune gentilhomme pour
s'être rendu digne à ce point de votre intercession?—Il m'a sauvé
. Phonneur-et la vie, » répliqua la comtesse, sur le front de qui la
modestie et le ressentiment firent monter une subite rougeur:
Quentin rougit aussi d’idignation ; mais la prudence hui fit sentir.
een $ y.abandonnant il ne feräit qu’empirer les choses. — « Dia-
ble! :»-répéta le comte de Crèvecœur ; «l'honneur et {a vie? Il
me'semble , belle cousine, qu'il'aurait été plus convenable que
vous ne‘vous fussiez pas mise dans le cas d’avoir de semblables
oMigations à ce jeune homme. Mais n’importe.:il peut nous suivré,
sé sa qualité 1e lui permet ; et je veillerai à ce.qu'il n'ait à souffrir
avwemne injure: Quant à votre honneur: et à votre vie, c’est moi
qui me chargerai désormais du soin üe les défendre ; et peut-être
trouverabje pour ce: jeuné hômmerquelque emploi plus convena-
ble que celui d'éeuyer-servant de damoiselles errantes.—Comte, à
dit Durward; incapable de garder le silence pluslong-temps, « de
pewr:que vous ne parliez d'un étranger sur-un:ton plus léger que
vous’ ne jugariez convenable ensuite de l'avoir fait, je prends la
hiberté de vous apprendre que je suis Quentin Durward, archér
de la garde écossaise du roi de France , corps-dans lequel, ainsi
que vous:le savez fort bien, on ne reçoit que des gentäshommes
et des hommes d’honneur.—Je vous remercie de l'information et
je vous baise les mains , seigneur areher , » répondit Crévecœur
sur: le môme ion de raïllerie. « Ayez la bonté de marcher près de
moi, en tête du détachement. » .
Au moment où Quentin s’apprétait à obéir aux ordres du com te;
qui avait alors sinôn-le droit, du moins le pouvoir de lui comman-
dér, il remarqua que la comtesse Isabelle suivait tous ses mouve-
ments avec un air d'intérêt inquiet et tirnide, qui ressemblait
presque à l’expresaion de la tendresse ; et cette vue l'émut si vive-
ment que ses yeux se remplirent de larmes. Mais il se rappelæ
QUENTIN DURWARD. 21
L à: | QUENFIN BERNARD. -
quiil'avait e nôle- diun homme ,Atnon.ceisi die sbent, à son
tenir devant Cnèvedœur; qui de:touslos ehesaliers:de Frones:ot.
de Beurgngas était. le moins propre à siattendrin.sur: den chagrins.
damoun.. ILnéswlut dons de ne-pas attendre plus kong-tampspour
lui:parier , et: d'entrer en.conwapsetion avec dui.sues ‘wa:ton quiile:
aanvainquit du: droit qu'il: avait. d'être: traité hepsrmblempnt: et:
avea los. d'égards: que .le cnmie ñe semblait dispesé à. lui ex
accorder , peut-être parce que sen. orgueil offensé hui éaisait voir.
avec déplaisin qu'un homme d’un: rang. peu éiové. sGuobienu la
confianne de sa riehe.et noble cousine: . ..
« Comte: de Crèvecœur.,. ». lui dit-il avea: politésse, maisdiene
voix ferme, = puisrie vaus-demander, ayant d'aber plus.lois, si,
je: suis libre , ou: si je: dois me regarder commevotre priscuniec ?
La:question sst adroite * répondit le comte ; mais en-cemoment:.
jeans puis y-répondre-que par celle-ai: Pensez-vous qua la Enanee:
et là Bourgogne soient en paix, on en. guerre C'est rm que Vous
savez certainement beaucoup mieux .que mai, signeun comte;
je, suis shsent de la tour de France depuis quelque temps, .at je
p'en:ai ragu: AauGyDe. nouvelle: Cela;suffit,. pousauivit le: comte;
vous voyez combien il:est aisé de faire des.questians, mais coms
bien autsi di est diffleile d'y. népandre. Moi-mêine:; .quisai passé
une samains et nlusà Péronne avec le duc, je:ne suis pas plus on
état-que vous d'expliquer cette énigme, Et cependant; sire écnyer,
g’est.de.la-salution de ce:problâme que.dépend':la.-question de se-
voirei vous êtes libre ou prisonnier :.et:quant-& présent. je:dois
vous copsidérer en.cette dernière qualité: Voilà nsa réponse; Seu-
lement, sj vous gvez:été réellement et honcrabiement: utile: &me
parente, ot.si vous répondez avec. sineérité.à: mes questions , vos
affaires pourront. prendre. une tourmurs favorabls.—La.comtesss
de Croye peut: seule j juger:si jé luirai.nesdu quelque serwéce .. ob
c'est à elle que je. vous-renyoie à oet- égard. Quant àmes:répon-
. Ses, vous en jagerez lorsque-vous:rniaurez: questionné.—Hom:!
vil upmiton passabloment. bautain, murmura érèverceur :. ibeon-
vient assez à celui qui porte à sonchapeau:le gage d’une belle; et
qui croit pouvoir prendre les:chosessur:un ton élevé, pér respect
pour cœ prédieux.ohiffon:de.soie ou de brosand... Eh-biem, mon-
sur l'archer; j'use croire que,. sans déroger à:votte dignité, . vous
pourrez me dire depuis combien de temps vous btesattaché au ser-
vice de la:comtesse Isabelle de Groye.—€Comte de Crèvecœur, sije:
méponds des questionsqui mo sout adressées sur un:ton-qui:ap-
"CHABFERE XIV. 2
| proche de:L'insulte, c’est seulement de peur que moa silence nie
seit-interprété. d'une manière isjuriouse pour une personne que
ous devons-honerer également tous deux... J'ai servi d’eseorte à
la: comtessæ Isaboilé dépuis qu’ elle a-qmitté la France pour se reti-
rer en. Mandre.—@h!. oh ! c’est-à-dire-dépuis qu'elle s'est évadée
du Plessis-lez-Tours ? Et votre qualité d’archer de la garde écos-
saise rend asserprobable que yous l'avez Pesompagnée d'après les
ordres-exprès du roi Louis? »
Quoique Quentin se crût fort peu redevable envers: le roi de
France, qui, en imaginant de faire surprendre Isabelle par Gui
laume de la. Marck, avail probablement calculé que le jeune
Écessais serait tué en la défendant, il ne se Croyait pas en droit de
trahir la oanfiance: que Louis avait. placée, ou avait paru placer
en lui; ilrépondit done au comte qu’il luisuffisait pour agir d'avoir
reçu.les ordres de son. officier supérieur, et qu’ n'en : demandait
jamais davadiage. :
” «— En effet, cela suffit, dit le comts; mais nous sarons-que le
roi ne permet pas que ses officiers envoient les archers de sa gardé
courir comme des paladins àla suite des-princesses érrayites, sans
avoir. pour cela quelque motif de politique. Il sera-diflicile au roi
Louis-de-persister à-soutenir hardiment qu’il ñe:savait pas que les
comtesses Hameline et Isabelle de Croye fuyaient dela France,
puisqu'elles devaient étre escortéespar un:des-archiers de sa propre
garde. Et de quel côté dirigiez-vous votre retraite, messire areher?
— Sur Liége, segneur comte: ces dames désiraient êtres mises
sous la protectioh de feu l'évêque. de cette ville.— Defeu l’évêque!
Louis de Bourbon est-il donc mort? le duc n’a point entendu
parler de sa maladie : de quoi-est-il mort? — Il repose dans une
tombe erisanglantée, monsieur.le comte, si toutefois ses meurtriers
en ont.accordé une à ses restea —Ses meurtriers ! Sainte Mère de
Dieu! Jeune horame, cela est impossible :—J'ai vu le crime de mes
propres yeux, et beaucoup d’autres encore.—T'u l'as vu! et tu
n’as- pas secouru ee.bon prélat ! tu l’as vul.et. tu n’as:pas soulevé
tout. le château contre ses-assassins? Ne sais-tu pas qu'ayair été
témoin d’un pareil forfait sans chercher à s’y opposer, c’est être
coupable d’un odieux-sacrilége.— Pour. tout vous-dire en peu de
mots, avant que cet assassinat fût commis, le château avait été
pris d'assaut par le sanguinaire Guñlaume de la Marck, avec le
secours des Liégeois insurgés.— C’est un coup de foudre ! Liège
en état d'insurrection! Sehonwaldt pris! l’évêque assassiné !
328 - . QUENTIN DURWARD. .
Messager de malheur ! jamais homme ne déroula le tâbleau'-de
fant de crimes à la fois! Mais parle, que sais-tu de cet assaut, de
cette insurrection, de ce meurtre ? parle, tu es un des archers de
confiance de Louis ; c’est ja main qüi a dirigé cette flèche cruelle!
parle, te dis-je, ou je té fais écarteler par des chevaux indomptés.
— Et quand vous le feriez, sire comte, vous n’arracheriez de moi
rien dont un gentilhomme, écossais eût à rougir. Je suis aussi
étranger que vous à tous ces crimes, et j'étais si éloigné d'y préndre
part, que je m’y seraïs opposé de-tout mon pouvoir si es fôrces
" avaient égalé la vingtième partie de mes désirs. Mais que pou vais-
je faire? ils étaient des centaines, et j'étais seul. Mon ‘unique soin
fut de sauver la comtesse Isabelle, et-j’eus le bonheur d’y réussir,
"Si cependant j j'eusse été assez près du vénérable vieillard lorsqu'il
“fut si cruellement assassiné, j'aurais sauvé ses cheveux blancs,
ou je les aurais vengés. J’exprimai même assez haut Fhorreur
que m'inspira cet exécrable forfait, pour empêcher de nouveaux
crimes.— Je te crois, jeune homme; tu n'es pas d’un âge et tu ne
parais pas d'un caractère à être chargé d’actions aussi sanguinai-
res; quelque häbile que tu puisses te montrer comme écuyer de
dames. Mais, tiélas ! est-il possible que le bon, le généreux prélat
ait été assassiné dans le lieu même où-si souveñt il déploya envers
jes étrangers la charité d’un chrétien et: l'hospitalité d’un prince.
Faut-il croire qu ‘il a été assassiné par un misérable, par un mons-
tre de sang et de-crüauté ?Est-il possible que ce tigre, élévé dans
l'asile sacré, ait souillé ses mainè du sang de son bienfaiteur ! Mais
je ne connaîtrais pas Charles de- Bourgogne et je douterais de la
justice du ciel, si la vengeance n’était aussi prompte et aussi terri-
ble que le crime a été atroce et inouï. Et si nul autre ne se char-
geait de poursuivre le meurtrier.» Ici il arrêta son cheval; lâcha
la bride, fit retentir sa cuirasse en se frappant la poitrine de ses
mains garnies de gantelets, puis les levant vers le ciel, il continua
d’un ton solennel : « Moi, moi, Philippe Crèvecœur des Cordes, je
fais vœu à Dieu, à saint Lambert et aux trois Rois de Cologne, de
n’occuper mon esprit d'aucune affaire terrestre, jusqu'à ce que
j'aie tiré pleine yengeancè des meurtriers du bon-Louis de Bour-
bon, dans les forêts ou en champ clos, dans la ville ou en rase
campagne, sur les montagnes ou dans les plaines, à la cour du roi
ou dans l’église de Dieu, et j’y engage mes terres, mes biens, mes
amis, mes vassaux, ma vie et mon honneur. Ainsi, me soient en
aide Dieu, saint Lambert et les trois Rois de Cologne! »
CHAPITRE. XXIV. : ‘529
. Après avoir prononcé : ce serment, le comte de Crèvecœur parut
un peu souligé de l'accablement et de l’étonnement douloureux
que lui avait fait éprouver le récit de la fatale tragédie jouée à
Schonwaldt, et il pria Durward de lui donner. des détails plus
circonstanciés sur ce désastreux événement. Le jeune Écossais,
qui n’éprouvait nul désir de calmer le ressentiment du comte
contre Guillaume de la Marck, les. lui donna. volontiers, et de
manière à satisfaire complétement sa curiosité.
—« Quoi ! ces inconstants et aveugles Liégeois, ces brutes : sans
foi, ont pu se liguer avec ce brigand, cet impitoyable assassin ! ils
ont pu, sans craindre d'irriter le ciel, mettre à mort leur prince
légitime ! » . .
Ici Durward. infora le Bourguignon indigné que les Liégeois,
ou. du moins la partie ja plus respectable d’entre eux, quelle que
. fût la part que; dans leur témérité, ils eussent prise à la révolte
qui avait eu lieu contre leur évêque, n’avaient cependant eu,
d’après toutes les apparences; aucun dessein de tremper dans le
forfait exéerable commis. par de la Marck; qu'au contraire ils
. Tauraient empêché de l’aceomplir s'ils en avaient eu les moyens,
et qu'ils n’en avaient été témoins qu’en témoignant la plus pro-
fonde horreur.
—« Ne me parlez pas de ces misérables plébéièns, de cèlle
populace sans foi et sans honneur ! s’écria- Crèvecœur. Quand .ils
prirent les-armes contre un prince qui n'avait rien: à se reprocher
que d’avoir eu trop de bonté pour une race de vils et ingrats
esclaves ; quand ils se révoltèrent contre lui et violèrgnt sa paisi-
ble demeure, quel était leur projet, si non le meurtre ? Quand ils
s’unirent au Sanglier des Ardennès, le plus grand assassin. qui
existe dans toute la Flandre, quel autre dessein pouvaient-ils -lui
supposer, si ce n’est encore le meurtre ? Le meurtre n'est-il pas
le métier qui le fait vivre? Et d’après ce que vous venez de me
dire, jeune homme, n'est-ce pas une-de ces viles canailles qui a
commis le forfait? J'espère voir un jour, à la clarté-de leurs mai-
sons embrasées, le sang couler dans lès canaux de leyr ville!
Quel noble et généreux prince ils ont assassiné ! On a vu se révol-
ter des vassaux accablés par les impôts et la misère; mais ces
Liégeois, au milieu de l'abondance et des richesses qui alimentent
leur luxe et leur orgueil, commettre une telle horreur ! »
I abandonna de nouveau les rênes de son cheval, et, avec l'ex-
pression d’upe douleur amère, se tordit les mains malgré les
=. QUEÏAEN BÉRWARD.
gantélsts: ‘äont-elles ébiient esuvertes. Quentin eupergutehfément
quelle ehagrm que'ile comte manifestait était -mugménté : par‘ie
survenir pénié de emiitié qui ‘avait uni &l'infortané prébat :
ét: il garda:le:sitence; respectant une otleurquiil ne votiait pas
agsraverpar-e. nouveaux détails , -et-qu'il se cmt incapee
feëoacir'par auicune:parôle de consolation. core
--IMris'le-eointe de Crôvyoeœur revint à: Dtusiente-réprises sui
même sujet, le questionna de nouveau sur-éhaerine des partiou-
lbités-de la prise de Schonwälüit:et dela mort de l'évêque, ettout
&vcoup.-comme #il æ ‘fût rappelé quelque chese qui ‘AN -usit
_ ééhappéiile le rmémoire, 4: demandä -ce qu'était. devenue la-oom-
. tesse Hameline, et pourquei elle n’était pas avec sa nièeg:r Ce
æostipas, + a il-avec un air de mépris, «que je:regarde-son
absense:cpmime une pette pour ‘la conitesse. läbélle "car quoi:
mu’éke Ai:sa-parorite,-et-qu’elle eût, au totdi, -de-benrestiton- :
tions, je: puis dire quelle royaume de Cocagne neproduisitjamsis
uno telo’fülle: et'je trens-pour cortäin que'sa Mmièse, querjlai ton
fours regardée-comme une jeune pernonno motieste-et sage, ea
eonûn ke projet extravagant de s'enfuir delBourgogne pour coërit
en Frenee,: que par (les insipuations: de’cette-vielie tête éventée
et romanesque, de cette sotie surannée qui ne sorige- qu'à troc
ver-des maris-pour des autres-et pour élle-mênge.» ''.
:Quel-lmgage pour lesoreiles d'an'amartt, tue ée: prrséie-
” ment romanesque, et dans un momeñt: :sortout où'il -auræt été
ridicule à lui de-tenter. ee qui alérs-était: impossible, c'est-à-dire
die cénvaincre le comté par'la force des-arrnes qu'il: faisait Pmjure
fa: plus grossière à la eomtesse Isalielte, -à eette ‘femme d'une
béauté:et d'un: ésprit meomparables, en la désignant:comnse « une
jeune personne modeste et sage! » Un tel éloge, selon:lui, aurait
beaueoup'rieux eonvenu à'la fille ‘hôjée d’unpaysan, dont: Foc-
eupation est d'aiguilienner les bœuffs tandis que son père conduit
Ja eharpue. Puis la supposer assez faible pour-se laisser dominer
par une folle, pour se laisser guïder par Tes conseils d'une:vieile
extravagante! Avec quel plaisir il eût fait rentrer‘une telle..ca-
Lemmie dans la gorge du calomniateur! Mais la physionomie ou-
verte, quoique sévère, du comte de Crèvevæur, le mépris-souve-
pain qu'il-paraïssait avoir pour les -sentiments qui dans Pame de
Quéntin lemportaient sur:tous les autres, -lui-on imposaient:mal-
gré lui :'ee n’est pas’ qu'il:redoutât la brillante renommée que le
éonke avait acquise dans les armes (eette circonstance n'eût
CRAPITRE LLEV. sai
Aibadaccraltre son :évir do l'appeler au ecmbat y; ris étrit
retepa par la-erainte du riieule,-celle de-toutes lesarmes que re:
doutent le phus’les enthousiastes de tout-genre, ‘celle qui, par:&où
influence our leur-esprif, ‘réprime quelquefois des idées #bsurden,
"gabique-souventausii elle étouffe de nobles inspirafions,
Aaftuencé:par lacrainte-de devenir un ébjet de raillerie: plutôt
que de ressentiment, Durward se borna donc, queiquavec réptt.
gnetcs; à dire d'uné matière assez confuse,.qué'la comtesse Ha-
anbline était parvenue à s'échapper du-château de Schonwaüldt
pou d'restarits avant l'assatit. Alfa vérité, il ne pouvaït entrer: à ce
‘sujet: dans de‘biens longs détails, -sansjeter dü ridicule sur la-prer
élre parerite d'Isabelle, et sans $’y exposer ‘un peu ‘lui-#hême,
vormieaÿant Eté l'objet des-espérences matrimoniales de 1 tendre
ét romartesque dame. 'H djouta.à. cette narration , tant soit pet
Æhecure et emibréuilée, qu'i avait entendu.dire, : d'une mariièré
‘yague cependant, que la comtesse Hameline était tontbée dé
mbtwoau:entre lesmains-de.Guillarme de la Matck. « Puisse saint
Batwibert ‘lui fnspirèr Fidée -de l'épouser! dit Crévecœur’; il est
tôme-assez probable qu'il le fera par:amour pour'ses sacs ‘d'aru
gent, et-qu'il l'assommera aussitôt qu'ils sorobt en sa possession,
où, plus tard, Jorsqu'it lesaura vidés. »
Le comte fit alors tant .de questions -à Orrentin sur la mariièré
dent'les-datnes s'étaient conduites pendant levoyage, sur le degré
d'intimité qu’élles lui‘avaient accordé, et sur mille-antres-choses
fort délicates, que le jeune homme, .contrarié, confus:et irrité,
_œut péine à-cacher-son-embarras aux regards scrutateurs du vieux
-sodat courtisan qui, éhangeant'tout à cotrp dé manières , s'éloi-
gna de lui én s'écriant : « Oui-da ! je vois que les choss:en sont
où je l'avais présumé, d'un côté du moins; j'espère que de l’autré
on me-montrer4 plus de -bons sens et de retenue. Altons, siré
écuyer, un coup d’éperon, marthez à l'avant-garde, tandis qaë
je eauserai avec la comtesse Isabelle. Je pense que ‘Yous m'en
avez assez appris pour que je puisse maintenant Jui : parler de
toutes ces tristes aventures-sans trep blesser sa délicatesse, bien
qué j'aie pu froissér un pou la-vôtre. Mais un moment, jeune
homme, un mot éncore avant de vous éloigner. Vous avez fait, à
ce que je vois, un heureux :voyage dans le pays des féeries,
voyage tout rempli d'aventures ‘héroïques, de brillantes espéran-
ces et d’extravagantes chimères, telles que l’on en rencontre dans
les jardins de Ia fée Morgane. Mais, jeune séldat, » ajouta-t-it en
#3? __ QUENTIN DURWARD. |
lui frappant sur l’épaule, « crayez-moi. oubliez toué cela: ne.vous
rappelez cette. jeune dame que comme l'honorable comtesse de
Groye, et perdez tout souvenir de la damoiselle errante et aven-
turière : ses amis (et je puis au moins vous répondre d’un) ne.se
souviendront que-dés services. que vous Jut:avez rendus, et ou-
-blieront la récompense déraisorinable à Jaquelle 1 vous avez-eu Ja
témérité de prétendre. »
. Dépité de n'avoir pu cacher au pénétrant Grèveomur des senti-
ments que ce dernier paraissait n’envisèger que comme un sujet
de raillerie. et de ridicule, Quentin. réplique avec une expression
- de fierté offensée : « Comte, quand j'aurai besoin de vos avis, je
vous les demanderai ; quand j'implorerai yotré assistance, il sera
assez temps d de me la refuser; et quand'j ’attacherai une valenr pàr-
ticulière à l'opinion que vous. pouvez avoir de moi, il ne.sera pas
trop tard pour l’exprimer. — Qui-da! : s’écria le comte, mevoici
entre Amadis et Oriane,:et je dois m attendre à un défi! — Vous
parlez comme si cela était impossible. Quand j j'ai rompu.une lance
avec le duc d'Orléans, j j'avais pour adversaire. tin homme dans le
sein duquel coule un sang beaucoup plus. noble que celui de Crè-
vecœur ; et quand j'ai mesuré mou épée avec celle. de Dunois, je
combattais contre un guerrier .qui lui est, bien supérieur. — Que
le ciel mûrisse. ton jugement, mon bon jeune homme ! Si-tu dis la
vérité, tu as reçu une faveur singulière de la fortune; et, en yérité,
s’il plaît à la Providence de te destiner à de pareïlles épreuves
avant que tu aies de la barbe au menton, la vanité te rendga fou
avant que tu puisses te dire un homme: Tu peux me faire rire,
mais non me mettre en colère. Crois-mdi, quoique, par un de cts
caprices que la fortune montre quelquefois, tu aies combattu con-
tre des princes .et aies été le champion d’une comtesse, tu n’es
nullement l’égal de ceux dont, par un:effet du hasard, tu es de-
venu l'adversaire, et dont-un hasard plus extraordinaire encore
t’a fait devenir le compagnon. Je puis te permettre, comme à un
jeune homme qui s’est nourfïi l'esprit de. la lecture des romans
jusqu’au point de rêver qu’il est un paladin, de continuer. pen-
dant quelque temps tes jolis songes ; mais il ne faut. pas te fàcher
contre un ami bienveillant s’il te secoue un peu rudement par les
épaules pour t'éveiller. — Ma famille, monsieur le comte... —
Ce n’est pas de ta famille que je parle ; je parle de-rang, de for-
tune, d’élévation, et de tout ce qui établit une distance marquée
entre les hommes. Quant à la naissance, tous les biommes des-
CHAPITRE XXIV. 353
cendent d'Adam et d'bve. — Mes ancêtres, les Durward de Glens:
Houiskin… — Ma foi si vous prétendez à une généalogie quire-
monte au délà d'Adam, je n’ai plus rien à dire; Dieu nous.soit en
aide! »
. À ces-mots, il arréta son cheval pour laisser à la comtesse le
temps dè le rejoindre. Mais malgré ses bonnes intentions, les ob-
servations et les avis du comte furent encore plus désagréables à
-cekle-ci:qu'à Quentin ; qui, tout en marchant en avant, murmu-
rait à demi-voix: « Arrogant et froid railleur ! fat présomptueux !
je voudrais que le premier archer Scossais qui aura son arquebuse
pointée sur toi ne te laissät pas échapper aussi aisément que je
J'ai fait. » S
Ils arrivèrent dans la soirée à la ville de Charleroi sur la Sam-
bre, où le comte de Crévecœur se détermina à laisser la comtesse
Isabelle, que la terreur et la fatigue de’ ce jour et du précédent
(ils avaient fait un trajet de cinquante milles *), jointes aux sensa-
tions pénibles qui la poursuivaient:sans cesse , avaient mise dans
l’impessibilité d'aller plus loin. sans compromettre sa santé. Le
comte la confia , dans un état d’épuisemént total, aux soins de
l’abbesse d’un couvent de l’ordre de Citeaux, dame de haute nais-
sance, qui était alliée aüx deux familles de Crèvecœur et de Croye,
et sur la sagesse et l'affection de laquelle il pouvait se reposer en
toute eonfianèe.
Crèvecœur ne s'arrêta à Charleroï que pour recommander les
plus grandes précautions au commandant d’une petite garnison
bourguignonne qui occupait cette place , et pour le requérir de
donner au eouvent une garde d'honneur pendant tout lé temps
que la comtesse Isabelle de Croye y résiderait, mesüre prise en
apparence pour sa sûreté, mais qui probablement n'avait d'autre
but que.de rendre nul tout projet d'évasion si elle était disposée à
en former quelqu'un. Le comte donna ordre à la garnison de re-
doubler de vigilance, se bornant à dire pour motiver cette mesure,
qu'il courait un bruit vague de troubles survenus dans l'évêché.
de Liège: ilavait résolu d’être le premier qui. porterait au duc
Charles les afiligeantes et déplorables nouvelles de l'insurrection
- des Liégeois el du meurtre de leur. évêque. S’étanit procuré des
chevaux frais pour lui et pour sa suite , il se remit donc en che-
min, déterminé à se rendre à Péronne sans s’arréter. En informant
Quentin de la. nécessité de le suivre, il lui fit, avec son ton rail-
3 Envirop seize lieues. AM
et :_ QUENTIN DUHWMARD. ,
| fur, es-excuses Le le séparer de br belle étéimaile conpague
qu'il avait eue:jasqu'alors, ajoutanit-qu'il -espérait quiet -écayer
dévoué aux dames trouveräit un voyageau clair de la me Mus
agréable qu’ün lâche sommeil, auquel il n'est permis qu'à des mon
tels crünaires de s'abandonner.
‘Quentin , déjà suffisamment curitrarié en se voyant séparé ET.
sabelle, brûlait do:répondre à ce- sarcasine pat'un défi : mais éon
vaincu que: le-conile ne ferait tueirire Ge-sa-volère étmépriserait
ses prorocatiohs, il:se- décida d-attendre. dt temtps-oécssion fave:
table pour 6btenir:satisfaction-de cet-orguellleux seigneur , ‘qui
_: lui était devenu, quoiqué. pour des raisons'bien différentes, pres:
" Que âussi odieux que le Sanglier des Ardennes. Il consentit denc
dobéir aux ordres de Grèvecœur ; puisqué la: résistamee-étüit:km-
possible; ét is firent de: compagnie etavec” la: Pas: grinde cétérité
ke cher de Charleroi à Péronne, |
“LHÔTE INATIENDE.
“Le canevab des quañités hitmäines n’est jamais velle-
ment bien tissé qu’il ne s’y glisse. queigue défaut. Fri
YA.un brave fuir devant un chien de berger; un sage
” ‘se conduire si sotteñènt, qu’üh idiot en eût rougi.
_ Quant'à votre homme da monde, skprudent, sradrokt,
7" . vil tendses flots. avec: tantde malioeetd'adresge, que
souvent, il est pris plus promptement que les autres.
Preille Cornédie.
Pendant son voyage nocturné Quentit euit à: lutter contre cs
ourment de l'âme qu’un amant éprouve lorsqu'il se sépare, pro-
“bablemerit pour toujours. de ce qu'ilaime. Nos'voyageurs, pressés
par la nécessité des cireonstances et par l'impatiencé de. Grève-
<œur , traversaient à la‘hâte tes riches plaines du Hdimault, guidés
par la bienfaisante clarté de la lune d'août, qui-étlairait:de ses
pâles rayons-les gras pâturages , les terres boisées et les champs
vouverts de gerbes, tandis que le laboureur, favorisé par son éclat,
pourstrivait les'travaux-de la moïsson ; car, déjà à cette époque ;
es Flamands étaient très-avancés en agriculture. Son éclat s
répandait encore sar les larges rivières dont le cours'tranquille
répandait la fertilité et n’était intorrompu.par aweun-recher; sur
lesrmioir où voyaitilyblanche-voile se dépioyerevecgrire poux, |
porter d’une ville à useautse-les:bieudiés du commerceetde is
dustrie. Cette douce et:m ystérieuse clarté: permettait aussi devoir
des:villages d'un:espect riant.et paisible, dont-il était -facile:der
deviner l'simace-et:le:bonhéur:parka propreté etliagrémentex-
térisur-dss buhitations.; dens d'autresosiioits, on vovait:s’élsser
le château féodal, avec ses fossés. profonds , ses murailles -créme
tésset son beffroi, carla chevalerie da: Hainauit était redonauée
parmi:la nobleme-de l'Hurape. puis enfin , à des distances plus
éloignées, les: tours gigantesques et ‘les nombreux einchers de |
admbreux:moumstères.
-Ea:beauté :et: la variétédoeo-iibleau, si différent de: tu. solitade
et de -Y'aridité.de.}’Écesse , ‘navaissit cependant pas le pourdir.
d'imtorrompre le coùrs-des tristes réflauions et des regrets do Guen
tin.:Il'avait:laissé son cœur derrière hsi.on partant de -Charierei:;
et la seule pensée qui ‘vecupât son esprit pendant ‘Cce:voyage fut
que chaque pas l'élorgnait davantage: d'Isabelle. Son imagination
ne cesaitide lui rappeler chaque mot qu'elle. avait dit , chaque
regard qu'elle avait dirigé sur lüi, ét, comme cela:arrive ssuvent
en parell:cas, Fimpression causée:par le souvenir. de ees cirenns-
tanees était: beatræup plus forte. que celle qu'arañ prodaite lg
réalité.
<QusméienfitiTheare froide deirsimeit Tutpassée; Quentin on d-
pit de Pamour et du chagrin,commençcaàs apercevoir de l'extrême
fatigus :qu'ilavait subie dans les deux journées précédentes, fati-
güe que ses habitudes d'exercice dans tous les genres , sa vive
eité, l’activité de-son caractère, ainsi que la nature pénible de ses
réflexions ; l'avaient empêché de ressentir jusqu'alors. Ses sens
épuisés-et'engourdis par la fatigue, -commencérert à seconder si
faiblement les opérations de son'esprit, que les visions enfantées
person imagination. éhengenient ou.défiguraient tout ee qui lui
était transmis par Tes organes «émoussés dela vue et-de l'oute. I
ne savait qu ’il-étæit éveité que par -les-éfforts ‘que le sentiment .
machinai de: danger de-sa situation le portait à faire de temps à
antre- pour résister au sommeit profond qui l’eccablait, ét:qui, s'il
y-avait-cédé, l'ex posait à tomber decheval ; mais à peine-entr'ot- .
vrait-itles yeux, que des ombres -confuses:lui-obscurcissaient læ
vue, ot :le paysage que -la lune-échirait:diors-disparaissait à ses
regavée. Enfin, son aceablomert devint tél, que le comte-de Ürès
vecæur;, qais'onapergut. fut obligé d'ordennerà deux-de ses gens
ses QUENTIN DURWARD.
de marcher de chaque oûté du jeune écuyer, afin de le garantir
‘d’une chute dont il était à tout moment menacé.
* Lorsqu'ils arrivèrent à Landrecies, le comte, tauehé de com
- passion: pour Quentin, et réfléchissant qu'il avait passé trois nuits
presque: sans dorrbir, accorda une halte. de quatre heures pour
donner. à lui-même et à sa suite le temps de se rafraichir et.de se
reposer
; Quentin était hongé. dans un profond sommeil lorsqu'il en fut
tiré parle :son de la trompette du comte et par les cris de ses four.
riers.et de ses:maréchaux de logis :« Debout! debout! Allons, mes-
sire, en route! »Quelque désagréable que fût ce réveil matinal, Dur-
ward.se sentit, sousie rapport de la force et du courage, un étre tout
différent de ce qu'il était quelques heures auparayant.Sa confiance
en:lui-même et en sa fortune lui revint avec la vigueur de ses es-
-prits, qu’augmentait l'éclat du soleil levant. Il ne pensait. plus
à son amour. que comme. à un songe chimérique et sans espoir;
- le considérait comme un heureux principe de vigueur pour son
amé, dans -laquelle il devait le nourrir, quoique les nombreux
obstaeles qui l’entouraient ne-lui permissent pas d'espérer le. voir
un jour couronné de succès. «Le pilote, pensa-t-il, dirige sa bar-
que par l'étoile polaire quoiqu'il ne puisse espérer d'en devenir
“jamais possesseur : de même le souvenir d'Isabelle de Croye fera
de moi un digne bomme d'armes, quoique peut-être je sais destiné
à ne la revoir jamais. Lorsqu'elle entendra dire qu’un soldat écos-
sais nommé Quentin Durward s’est distingué sur le-champ de ba-
taie ou a laissé son corps sur la brèche, elle se souviendra de
Son compagnon de voyage comme d’un homme qui fit:tout ce qui
était en son pouvoir pour la préserver des piéges et des malheurs
dont elle était environnée, et peut-être alors honorera-t-elle sa
mémoire d’une larme, et son tombeau d’une guirlande. »
” Déterminé-à supporter son malheur avec cette mâle fermeté,
| Quentin s sentit plus disposé à supperter avec résignation les
raïlleries du comte de- Crévecœur, qui-ne manqua pas de lui en
adresser plusieurs sur sa délicatesse et sur son manque de vi-
gueur, qui l’empéchaient de-résister à la fatigue. Le jeune Écos-
sais se prêta de si bonne grâce à son persifilage, et y répliqua d’une
manière si beureuse et en même temps'si conforme aux conve-
nances et au respect dû à un supérieur, que ce changement de
ton et de langage produisit évidemment sur le comte une impres-
sion beauçoup plus favorable que celle qu'avait faite sur lui la
| "CHAPITRE XXV::” ss
conduite de:son prisünmier pendant la soirée. précédente. lors.
qu'irrité de sa situation pénible, il avait gardé le silence avec we
meur, ou riposté avec fierté.
Le vieux chevalier commencà enfin à faire queique. athention
à lui ; et à le regarder commé un jeune homme dont il était possie
ble de faire quelque chose; il lui donma même à entendre assez
clairement que, s’il voulait quitter le service du roi de France et
renoncer à son grade d’archer de la garde , il lui ferait obtenir de
l'emploi dans la maison du duc de Bourgogne; où il serait-traité
honorablement, et qu’ veillerait lui-même à son avancement.
Quentin , avec toutes les expressions de reconnaissance convenæ-
bles, refusa’, quant à présent, d'accepter cette faveur,-et jusqu'à
ce qu’iksût d’une manière positive jusqu'à quel point il avait à se
plaindre de son premier protecteur, le roi Louis; mais la bonne
intelligence qui s'était établie entre lui.et le comte:de Crèveeœur
n’en fut pas ébranlée. Enfin, si son:‘imagination enthousiaste, son
accent étranger, sa manière de pensér originale, appelaient sou-
‘vent le sourire sur les traits graves du vielllard , ce sourire , loin
d'exprimer, comme le jour précédent, le sarcasme.et Famertirme,
n’anhonçait plus que la bienvéillance etia-gaieté. .
Continuant donc son veyage avec beaucoup plasd’accord que ja
veille, la petite troupe arriva enfin à deux nritles. dela fameuse st
forte ville de Péronne , près de hiquelle était campée Varmés du
duc de Bourgogne , prête, comme on le supposait alors, à faire
une invasion en France ; tandis .que, d'un autre côté, Ecuis: A
avait assemblé des forces considéraliles aux environs de Pont-
Saint-Maxeñce, dans le dessein de mettre à la raison son tout-
puissant vassal.
Péronne, située sur une rivière profonde dans un | PAYS blat,
entourée de forts boulevards et de larges fossés, était regardée
dans les temps anciens, comme êlle l'est encore de nos jours, com-
me lune des plus fortes places de la France !. Le comite de Crève-
Cœur, sa suite et son prisomnier s ’approchaient de cette forteresse
vers les trois heures après midi, lorsque traversant à cheval les
clairières d’une vaste forêt qui en couvrait alors les environs du
côté de l’est, ils rencontrèrent deux individus qu’à leur nom-
breuse suite ils jugérent d’an rang distingué. Ils étaient vétusdu
4 Sir Walter Scott, essaie dans une note, d'enlever à Péronne son ütre de oucells,
en prétendant que Wellington la prit en 1815: il n’était pas difficile de s'emparer
d’une ville qui ouvrait d’elle-même ses portes à des alliés de Louis XVIII, 4. M.
| © _ QUENTIN PUR WARD.
enstuuné qW'én'pertait aiers: entompe de pañx:;: et lesfaciconx qu'is
amient:ser le poing, les chiens couchantset les lévriers.que-leurs
gens conduisaient en laisse, indiquaibnt une:ehasme à l'oiseau. Fa
apercerant Gièveccnr, dont les cemleurset-les armes leur étaient
connues , ls: chasseurs abandénnérent un‘héron qu'ils poursat-
. ientsurles-bords d'un canal, et accomrtirent-vers lui au galop
- sw Des nouvokes !'des nouvelles l'comte de Crévecœur! n'3'6-
cridrentt-ils àla fois. :« Voutez-vous nous-err doRüér, ou en recevoir
. e-nous? ou: bien. voalez-vous que hous en fassions échange ? —
Je consentirais- volontiers: à un ‘pareil: ‘échange, messires, » répon-
dit le comte après les avoir salués avec coértoisie , « si je-croyaïis
que-vous eussies quelques nouvelles assez, impertantes pOur Sr
wir d'équivalent:aux mienwes. »
‘Les dbux chasseurs se regardérent en souriant. hé: plus-grani
des-deus, porteur d'une de:ees physionomies féodales qui éistin-
graient les:baroris de ce temps, et qui-en- autre avait le-teint rem-
broni-que les uns- regardent comnie le signe-d’un tempérament
mélancolique ; et o:ls:antres:, de même que ce statuaive-italion
qui , d'après les traits.de Chaïries.I*, tira un “augure semblable,
voient le présage d'une:mort fmests'; le plus grand dés deux di
son éofipagnion:: « Grévécæur arrire du: Bräbanit : c'est: le pays
du-commeret, ot il en a appris toutes les ruses ::ilknous sera.diff-
_cile-de faire-un:marché avantageux. avec lui. —En:constience ,
messires, dit Crèvenœur, letduc-doit voirle premier mes marehan-
dises , car droit de vente doit être payé au. seigneur avait l'ou-
aarché. Mais vos-nouvellss, étitee-moi, sont-elles d'uss
ebuleur triste, au d'usé couleur gate ?
Célui auquel il adressait particulièrement cette question. était
urihoamme de petite taille et: de bonne-mine:, à l'œikvifet animé,
quoiqne-tempéré per quelquechose: de grawe: et de réfléehi qui
perqait par le jeu decsa bouche: et par le mouvement:-de sx lèvre
supérieuve:. Toute: sa physianemie anhonçgait un homme plutôt
prepreran eonseilqu'à l'action : uns Homme capable de voir-et de
juger avee promptitude , meis qu’une profonde: sagesse: portait à
s'exprimer ses opinions: et à ne prendre-ua parti qu'avec lenteur:
Giétait le célèbre sine. d'Argenton.. mieux eonnu; dans l’histoire
ef parmi les: histeriens sous le mem de Philippe de Comines, alers
attaché à la personne du duc Charles le Téméraire, et l’un de ses
conseillurs les plus intimes.et les plas- éclairés. Répondant à la
question que lui adressait Crèvecœur relativement à la couleur
CHABYFRS EE: un
des. nenwalles dont. lui. et son. compsgnen ,.le bären.d'Hypibes
court, axaient le sécret:« Elles sent:, lui:dit-il,eouleur de l'arc
en-aiel.: elles varient do tainies,. selon les différents aspects sous
lesquels. on. veut las envisager, selon ‘qu'elles. sont placées en
avant d’un.nuaga:somhre, ou.on avant d'un ciel azuré; jamais
pareil.atc-an-cis] ne s’estmontré en Frence ni en.Flandre depuis
Varche de Naé.-—-Mes. nouvelles , reprit Crèvecçur, ressemblent.
à une comète : sombres , cffrayantes- et terribles..elles sont. les.
avant-courières de malheurs.effroyables — Allons. il faut qua
nous ouvrions nos balles, dit d’Argenton, sans quoi quelque nou-
veau vou nous préviondira, car. nos nouvelles sont publiques, En
un mot, Grèvecæur.,. écoutez et soyez surpris. le roi Louis est À
Péronne !—Quoi.. » s'écria le-comte avec étonnement, « lédue
s'est-il danc rètiré sans livrer bataille ? et restez-vous ainsi, parés.
comme sinous étions dans :un.temps.de paix , lorsque La ville.est,
assiégée par les- Français? car ja ne. puis supposer qu'elle. soif,
prise. Non, certainement, répondit d'Hymbercburt;les bannières
de Boyrgagpe n'ont pas-rsoulé d'un pas ;.et pourtant le roj.Eouis
est. ici. — Il faut.dpne. qu’Édouard d'Angleterre .ait traversé les
mers-aye0. &s.archess, dit Grèvecœur, et.que, semblable à son,
aieul. il.ait remporté une seconde victoire de Poitiers. —Il n’en,
est.rien.non plus , reprit d'Arganton, Pas une bannière français
n'a été nenversée ,.pas une voile. britannique n'a paru Sur n06 €.
tas: Édouard s'amuse trop parai les fecomes des.citoyens de Lon-.
dres,. pour songer à. jouer. le rôle du Pnnce Noir. Mais écoutez
une” vésité extraordinaire. Vous savez que, lorsque, vaus nous,
avez quittés , le conférence entrs les. plénipotentiaires français.ef
bourguignons avait. été rompue , et.qu'i ne restait. plus aucune
Ghance.appsronte de. réconciliation, —Oni , en-eflet ; el nous. ne
mvions plus que guerre.—ÆEh bien l tjut ce qui s'est passé ensuite
ressemble tellement äiun rêve, continua d’Argenton, que j'attends,
presque le moment du,réveil. IL. ‘y avait.à paine. un jour que-la
duc... ea plein. conseil, avait protesté aver tant de; fureur. contre,
tout nouveau délai, qu'il avait.résolu d'envoyer un carteL'au roi,
et. de marcher surla France à l'instant même. Toison-d'Or, char-.
gé de.cette mission. venait de revêtir:son costumeefficiel, et déjà
iiavait.le pied à l’étrier ;. tout à coup on.vit Mont-Joie, le béraut,
d'armes français, se diriger. en toute diligence vers le camp. Nous.
pensâmes d'ahord que Louis avait-eu avis denotre projet, el:nous,
commençines.à.snger au. ressentiment que-le.due éprouyerait
ES
sa6 | Quentin DERWAËD.
| contre ceux dont les conseils l’avaiént détourné ‘dû projet de dé-
clarer la guerre le premier. Maïs le conseil ayant‘été conŸoqué à
ki hâte, quelle fut notre surprise *orsqué le héraut nous informa
que Louis , roi de France ,‘était à peine à üne heure de mriarehe ,
et qu’il arrivait derrière lui , pour rendre visite à Charles, duc de
Bourgogne , avec üne suite peu nomibteuse, dans l’intentiôn d'ar-
ranger. leur différend dans unè entrevue particulière.—Vous me
surprenez, messieurs ; et cependant voùs me Surprénez moins que
vous ne vous y seriez attendus peut-être. La dérnière fôis que j'ai
été au Plessis-lez-Tours, le tout-puissant caidinial ‘la Bälûe, mé-
content de son maître’, et Bourguignon au fond du cœur’, m'a fait
‘enténdre qu'il satirait si bien tirer parti des faibles bartiedlibrs à
Louis, qu'il 'amèneraïit à se placer lui-même, à l'égard-de la Bour-
- gogne, dans tne position telle que le duc pourrait dictér'ies con-
ditions de la paix. Mais j'avoue que jarhaïs je n’aurafs- imaginé
qu’un vieux renard comme Louis'se fût laissé prendre: auf piége.
Et que dit le coriséil ?—Comme-voüs pouvéz le présurier, .r'épon-
dit d’Hyrübercourt, on y fit de loàgs discours sur Fhonneuÿ et la
- bonne foi, parlant fort peu dés avantages qte l'on pouvait rétirer
d'une semblable visite; quoiqu'il fût évident que cette dernière
considération était celle qui éccupait le plus la majorité des mem-
bres du conseil et qu'ils ne songeaient qu’à trouver quelque moyen
d’en tirer parti tout en sauvant les apparentes.—Et'qué dit le duc?
=Selon sa coutume, il parla d’un'ton bref et décidé, dit d’Afgen-
ton : « Quide vous, défandest-it , fut témoin dé mon'entrevue
‘avec mon cousin Louis après la bataille de Montlhéry, et de l'im-
prudence avec laquelle je me mis à'sa merci en le recondüisant
_ jusque dans les retranthements de Paris, sans autre suite qu’une
dizaine de mes gens ? » Je lui répondis que la plupart d’éntréhious
avaient été présents à cette entrevue, et que personne n’avait dû
. perdre le souvenir des alarmes qu’il lui avait plu de nous donner.
. « Eh bien ! reprit le duc, vous blamâtes ‘ete folie, et j je vous
avouerai que j'avais agi comme un jeune. étourdi ; je sais’ aussi
h que mon père d’heureuse mémoire vivait encore alors ; et que
mon cousin Louis aurait trouvé beaucoup moinsd’ayantige à s'enr
parer dé ma personne qüe je n’en trouveräis aujourd’hui à m’em-
. parer de la sienne. Maisn ‘importe, si mon royal cousin vient ici,
2
dans la circonstance présen le, avec la même sintérité de cœur qui
me faisait agir alors , il sera accueilli en roi; si, au contraire, Ha
l'intention, par cefte apparence de confiance , de me circonvenir
CHAPITRE XXVY. t-
"et de me fanciner la vue jusqu'à ce qu'il ait mis à exécutiou quel
que projet politique, par saint George de Bourgogne, qu'il y re-
garde dè près! ». En parlant aixisi, le- duc releva ses moustaches,
frappa du pied ,-et nous donna l’ordre de monter tousu «Cheval
pour aller. à la rencontre de cet hôte extraordinaire. — Et vous :
allätes à la rencontre du roi ? reprit le comte de Crèvecœur. Les
miracles n'aht pasepcore cessé : Comment sa suite était-elle com
posée ?—Elle était des plus mesquines , répondit d'Hymbercourt :
une vipgtaine d’archers de sa garde écossaise , quelques Cheva-
liers , et quelques gentilshommes de sa maison, parmi lesquels
son astrologue Galeotti faisait la plus brillante figure.—Ce drôle,
reprit Crèvecœur ; est vendu au cardinal la Balue ; je ne serais pds
surpris qu’il eût contribué à déterminer le roi à une démarche po-
litique si dangereuse. A-t-il avec lui quelques membres de sa haute
noblesse ?—Monseigneur d'Orléans et Dunois, répondit d’Argen
ton.—Dunois?.s'étria Crèvecœur ; nous furons quelque chose à
. déméler ensemble , arrive ce qu'il pourra! Mais j'avais entendu
dire qu'ils étaient tous deux. en prison ?—Ils furent en effet arrêtés -
et enfermés au château de Loghes, ce.charmant séjour de retraite
et de repos pour la noblesse française, répliqua d'Hymbercourt ;
mais Louis les a fait meltre en liberté pour l'accompagner ici,
peut-être parce qu’il ne se souciait pas de laisser d'Orléans der-
rière lui. Quant au reste de sa suite, je crois, ma foi, que son
compère le.grand-prévôt avec deux où trois de ses gens, et Olivier.
le barbier, en sont les personnages les plus importants. Et tout ce
cartége est si misérablement aceoutré , que le roi, sur mon-hon-
neur, ressemble moins à un souverain qu’à un-vieil usurier allant.
recouvrer de chétives crésnees, avec une bande de recors et :
d’huissiers.—EÆEt où est-il logé ? demanda Crèvetœur.— Ceci, ré-
pondit d’Argenton , est le plus merveilleux de tout. Le duc avait
d’aherd offert de laisser aux archers du roi la garde de l’une des
portes de la ville et du pont de bateaux situé sur la Somme; «et il
avait assigné à Louis pour résidence la maison voisine, qui appar-
tisat à un riche bourgeois nemmé Gilles Orthen ; mais en s’y ren-
dant, le roï:aperçut les bannières de la Lau et de Pencil de Rivière,
qu’il a bannis dé France; et, probablement contrarié de l’idée.
d’avoir pour si proches voisins des réfugiés et des mécontents
qu'il a faits i-même, il:a demandé avec instance qu’on le logeët.
au château de Péronne, et on y a consenti. —Que Dieu nous sait.
en aide! s’écria Grèvecœur; ce n'était pas assez de s'aventurer
QUENTIN DURWARD.
FE QUENMAN BERNARD. :
josque dass l'autre. de lion , à a vouly-eneorc:loiaustéress de
dens:la gueule ; il-nfa fallu qu'one:ratière: pour guendre le viens
renard politique.—D'Hymieroourt, dit d'érperiton, nergaits aipes
rapporté ile mot plaisant. du"Glorieux ; à mome vis, c'est + quan
a dit ‘jusqu’à présent de'plus serséset decplusjuete àve: sujdt. —Et,
qu’à dit :sa ‘très-illustre sagesse? «demanda !le-vomte. — Eommeile
duc, reprit d’Argenton, orlommait à la hâteqn'onioffrît-en présent
awroi quelques pièees-d’arganterie, comme témoignage.du plaisir
que lui ‘causait.son:arrivée,:« Me trouble pas tton petit cerveau
pour cela, mon ami:Charles, dit: le Glorieux, je: ferai à‘ fon cousin
Louïs un présent plus ‘noble etplus eunvendble que cébai quertu
veux lui-offtir; ice sera:mon ‘bonnet deifou , imesigrôléts æ{' ra
marotie:par-dessusle marché, var, parka sairitemneuse! ‘iliest plus
fou'que moi. de‘venir-ainsi se:méttre enton pouvoir.-—ÆMhais:si je
ui onhe aucun môtifde j'en:repenitir,quieudissi-ite? esquin,
Marréponiit' le-dac:—FHà eexvas,'Oberies.iœ sure à. tohquegb-dos-
néraimon'bennét:étmaermurütte, eur’ tu: sors évidesmentis-plus
“fou de nous trois. » ‘Je: vous réponds que co:trait fbinpveession eur
ledue ,:cer je l'ai-vuthanger deeoukeur.et:se mordrettes- lèvres.
… Véllanosnouvelles, ndble Crèveeœur; à quoi: penses-ous gui élles
ressemblent ?—4iunemine chargéede poudre, répondit leteemte,
et je crams'que'ie destin ne:m’ait choisi-pour y-ræmettrela/nrèohe.
Vos notiveltes et les-miermes sont comme:le feu etiles ébeupes,
Otr'romme-certaines subetarices chimiques que'l'er mspeut:nôler
ensemble sans qu'il ‘en résulte une ‘expiesion. Mes noblesenrs,
approthez-vous Te ‘moi; 'et' lorsque je-veus aurai «dit re qui et
&erivé dans l'évêché le Liége, je crois-que”vous serer:dlavis que
” lerréi Louis'aurait aussi ‘biôn fait:d’entréprendre un pèlerinage
aux régions iriferhétes qu’uhe "visite à Pérenne dansrun Tnoment
dass): soabreux. »
. Lesédeux seigneurs se: rapprechérentt do ro0niteset: éoutiveit,
dvéc uimiétonnement’et un‘intérét:qui ‘teur arméhiérent souvent
désinouvemertoet desexélamatons d'horreur, lorbvit:des événe-
merits quivendiarit-de se passer à Liégeël à. Sthormvalit. Quentin
fit:alers appelé et :intervogé Üe nouveauét:à plusieurs reprises
sar toutes les ‘particularités ‘de ‘la mort de l’évêque, ‘si hien
enfin ,'Mtigué:de toutes ces ‘questions , il refusa d'y répoa-
dre davañtage, ‘ne sactrent Gans:quéf bat on'les-klti :adressaît , ri
quél usage on pourrait fairede'sessaveux.
"Dis étaient alors sur les :rives)furtiles dola Somme, et ils Aécou-
CHAPITRE EXVI, 56
veslenéiepaneinnsas murailles-du'ia petite ville de Péronne ln Pr .
esfe; einei: "qm018s vasiospraitioe San la verdnre sontrasteit.amse
la:hlsncheiur dlestentes de J'arenée de Beuxgegne, fonte S'anienn,
Lrentinnt ;
en =: a ,
° CAAPITRE XAVL
« °°
L'ENTEEVIR. - :
, Lorsqué les potentats se réunissent, les astropomes
peuvent regarder cet événement comme un présage
"fancsie al senetibie à la coxonction de Mass lle
“Hsessit dificite de dire ponitinemsntsi-e/0si qu pririlége ou. 1m
iscenwériont viiashé à la souseraineté. que, dans.les relations qui
existent eatre-eux , les priuves spient contraints, par le+ospect
qu'oux-miémes doinenl avair peur.lour rang-ot.lour dignité, à rén
ger leutrs sentiments-eileurs discours d'après las lois d’ane ti
.queittesériee qui lenrinkendi toute manifegtation d'émption, un
peusire, Crée cosdnitepourrait.anec neifOR DASROF BOUT AE Bar
fande dissimulation, s’il n’était pas généralement reconau qu'elle .
nsst qu'unpur efrémonialennsaoré par l'usage. Il 2'est pourtant
pas moins certain -que., lorsqu'ils s'effrauchissqni de.nes lois de .
l’étiquetteipourgenmeitre à leuns passions haisauses de s'exhalpr
liksempnt, is cumprometteut leur dignité aux yeux dû puhlic.<e .
qui a tenjaurs des:conséquenees fâcheuses.: c'est ce. que firent .
deux illustnes rivaux , François 1“ et l’empereur Cherles-Quint.
qui, s'étant deuné an démenti réciproque, vonlument vider leur :
querelle par un-combet semer. ‘ |
‘Gharkesde Beurgagne, Je plus impient Lo pion ipébieux sk,
peur éout dire ee un vaof, loplsts impradent des princes de son .
sièele , se trouva cependant enfermé. aalgré-lui dens mn-9pxele :
magiqué, testé par le éféérpnce qu'il dovait à Logis comme à-6qm
suzerain et à:s0n seigneur ige-euidaignait l'honçner, lai xassal de .
la-souranne, de sa royale visite. Ré vôtu de san manipau qducal ; et
abcompagné de:ses grands-ofliciens, des principaux S8igPOUES et
cheuciiers-qui formaient autonr de lui une brillamte caxalcade, 11.
mureka à fa rencontre de Louis XI. Tour cette. suite resplendis- :
seit d'oset d'angent, :onx des sicbesses dé 18 cor d'Angleieres.
344 QUENTIN DURWARD.
étant épuiséés.par les guerres d’York et de Lanèsstre, ef: lès dé-
pénses de celle de France étant fort limitées par l’économie paroï-
moñfeuse de son souverain, la cour de Bourgogne était à-cette
époque la plus magnifique de toutes celles de l’Europe. Le cor-
tége de Louis, au contraire , était peu nombreux et d’une exces-
sive mesquinerie , comparativement à celui du Bourguignon.
Louis portait un habit râpé et son vieux chapeau à baute forine ,
garni d'images de plomb. Tout son extérieur formait avec celui
de Charles un contraste frappant, voisin même du grotesque,
lorsque le duc, paré de son Manteau de cérémonie , sa couronne
sur la tête, descendit de son noble coursier, et, mettant un genou
en terre, se prépara à tenir l'étrier tandis que Louis descendait de
.son petit palefroi dont lamble était le pas ordinaire.
Par une conséquence’nécessaire , l’accueil que se firent réci-
proquement les deux potentats fut aussi rempli d’affection, -d’a-
mitié et de félicitations, qu'il était dépourvu de sincérité; mais le
caractère du-duc lüi rendait très-difficile de donner à sa voix, à
ses discours et à sa contenance les apparences convenables , tan-
dis que tous les gerrrés de fente et de dissimulation semblaient
teliémetit Inhiérents à la nature du roi, que ceux qui le. connais-
satent le miéux n ‘aurarent pu distinguer ce qui était affecté de.ce
qui était réel.
Pour se faire une idée de la situation respective de ces deux
princes, il faudraît (si tontefois une telle comparaison n'était pas
inidigne de pareils potentats) il faudrait supposer le roi dans eelle
d’un étrangér qui connaît parfaitement les habitudes et les dispo
sitions naturelles de la race canine, et qui, par-quelque motif
particulier, désire se faire ami d’ün gros mâtin hargneux qui l’in-
quiète, et qui est disposé à se jeter sur lui au moindre motif de
mécontentement ou de méflance. Le mâtin gronde tout bas, hé-
risée ses poils; montre les dents , et pourtant il n’ose s’élancer sur
celui qui Jui montre à la fois tant de bonté et de confiance ; il souf-
fre donc des avances qui sont loin de lapaiær , et il épie la pre-
mère occasion de pouvoir, en-toute sûreté de conscience, sauter
à Ta gorge de celui qui lui donne-ces marques d'amitié.
-Le roi s’aperçut sans doute, à la voix altérée , aux manières
contraintes et aux mouvements brusques du duc, que le rôle qu’il
avait à jouer était fort délicat, et peut-être se repentit-il plus d’une
fois de l'avoir pris ; mais le repentir arrivait trop tard, et il ne lui
réstiüt d'autre ressource que cette politique profonde. dans là-
" CHAPITRE XXVE "306
. quelle l'astueieux monarque était aupek babile que personne qu
monde.
Les manières que Louis prit à l'égard. du duc ressemblaient à
cette expansion, à cet abandon auquel le cœur se livre dans le
premier moment d’une réconciliation sincère avec un ami-éprouvé
et estimé auquel, par suite de circonstances qui n'existent. plus 4t
. que l'on a déjà oubliéès , on est resté quelque temps étranger, H
se blâmait de n'avoir pas pris plus tôt le parti décisif de venir lui-
même convaincre son bon et cher parent que les nuages passagers
qui s'étaient élevés entre eux n'étaient rien dans son souvenix,
quand il les mettait en comparaison avec les preuves d'amitié qu’il
avait reçues de lai pendant son exil de France, lorsqu'il élait-squs
le poids du ressentiment du-roi son père. Il parla du duc de Rowr-
gogre, Philippele Bon, comme on nommait généralement le père
. du:due Charles, et rappela mille exemples de la bonté toute Ps
ternelle qu'il lui avait témoignée.
«Je crois, beau cousin, lui dit-il, qe vtre père, dens le par
tago de son affection, faisait peu de différence entre vous et moi;
eas-je me souviens.que, m’élant égaré par accident dans une par-
tie de chasse, je trouvai, à mon retour, le bon duc qui vous-répri-
mandait pour m'avoir laissé dans la forêt, comme si. vons eussiez
été coupable de négligence relativement à la sûreté. d'un frère
aîné.»
Les traits du duc de Bourgogne étaient naturellement durs. et
sévères, et lorsqu'il essayà de sourire ‘pour ‘reconnaître poliment
la vérité de ce que le roi lui disait, la grimace qu’il fit était v Vrai
ment diabolique.
« Prince des fourbes, »- dit-il dans le secret de son âme, «que ne
m’est-il permis de te rappeler ici la manière dont tu as payé tous
les bienfaits de. ma maison ! — Et en supposant, continua le roi,
. Que les liens du sang et de la reconnaissance ne suffisent pas pour
. nousattacher l’un à l’autre, beau cousin, nous avons de plus ceux
de la parenté spirituelle, car je snis parrain de votre fille, La belle
Marie, qui m'est aussi chère que si elle. était ma. propre fille ; et
lorsque les. saints (que leur. bienheureux nom soit béni! ).m’en-
voyérent un rejeton qui se flétrit et se dessécha eh moins de trois
mois, ce fut le prince votre père qui tint cet enfant sur les fonts
baptismaux, et qui voulut que l’on célébrât cette cérémonie avec
plus de pompe et de magnificenee que la ville de Paris elle-même
n’en aurait pu déployer. Jamais je n’oublierai l'impression pro-
A6 QGENXTIN DURWARD.
fonde quel générosité du-due Plilipps:et Latôtie, mort: eher
éousin , firent sur le cœur à moitié brisé du pauvre exilé; #68,
“émis ete .ne s'efleera de mow cœur. — Votre Majesté, …8k le
- dué faisant un éffort sur lui-même pour trouver ane:répéusoben-
vénable: «Votre Majesté a reconna ostte légère: obigutiit en
lterimés qui ont surpasséen nragnificonce touts oellt: que la Bots -
l'gogwe à pu déployer pour prouver qu'elë sentait commé ele æ-
wait le faire, Phonneur que vous aviez bien voulu éconiër:à son
‘Souverain. — Je me rappelle les termes-dont vous voulez pévisr,
-bean cousin, » reprit le roi en souniant; « c'étuit québré échaätige
‘d'une si préciéuse marqtie d’amitté, js n'avais titre chéde vous
offrir, pauvre exifé que j'étais albrs! ue ma personne, ide
#iæ femme et de mon: enfant. Eh bien! je crois que j’tiassezbihn
‘exéeuté rna parole. — Je n’ai pas l'intention de tontredire on rien
te qu'il ptaît à Votre Majesté d'avancer, maïs... - Mais vôus de-
mandez,» reprit le roi en l’interromrpant, «comment rsos:attiés
* dt répondu à mes paroïés, Le voiei :.le corps de morr fie Joa-
Chim repose sous tre ferre bonrgaigrionne ; j'ai: placé ec nétti,
. “Sans aucuné réserve, ma personne en votre peuvoir: et quatfbà
"celle de ma ferhmé , en vérité, beau eotisin, je érois que, væle
‘temps qui s’est écoulé depuis cette époque , vous-rifhsistéros:pàs
pour que -je remiplisse rigoureusement mes’ engagements à cet
égard. Elle est née.le saint jour de l’Annônciation, » continde#il
“en faisant un äigne de croix ét en murmurant un ora pro-nbhis,
«it y a quelques cinquante âns: mais eHe n’est pas plus lôfn dèe
‘Reims; et si vous tenez absofument à ce que mx protiresé sait
exécutée à la lettre, elle sera incessamment à votre bon-pluñtr»
Quelque courroucé que fût le duc det’kypocrisie avec: fagnelle
le roi prenait 4 son égard'le. ton: de Pamitié et de:le: plus étroite
{ntimité, il ne pat s’empécher de rire de la réplique sirgelière
dé ce monarque, et.éet aceès de gaieté se manifesta: par des at-
_ éords aussi discordants que:ceux delà colère à laqueHeils-li-
‘trait si-seuvent. Après avoir ri beaucoup plus long-tempset d'une
iiénière plas-brayante que la bienséance ne:le permettrait'atiear-
-huiet ne le permettait même à eotté époque, il réponditistisle
même ton, mais d'une mianiére moins fine-et moins pitt,
qu’ilne pouvait accepter l'hemmeurque lui faisait le roi en k#ÿhb-
“posant I compagriie-de la reine, mais qu’en revarchet accéple-
‘trait très-volonitiers celle de sa fille aînée, dont partout onvantait
Rai beauté.
RAITERE XENL. - Hg
Soesin botmees, beaiousis, nmépswait le: roi.avec-un-de.cæs
-sousesbqrisiéques dont:l faisait fréquemment usagp, «que:votre
Hos-plaisis-aorge soit pas fué ser ma Glle Jeanne: car centaine
amant VOUS. Une. lances à: rompre ayec mOn cousin d'Or
.Jéanse;ei sû éintarriwé malheur, soi d’un eût, soi de l'autre,
“aen: ss, opt. le.duo: Chegles,, d'Ortéansin'a à-redouler de
ne pont mcounrivalité, je neveux en aucnée fgon traverser ses
amours. Si jamais je romps uhe: lance .auec lui, €8: séra: peur ung
camemat plus Delle:et: plus: cite ».
Laine presse: en mauvaise part .estie allusion grossière. à. la
-diflassité dela prinnesse: Jaanue, Lonis parut, au contraire, vair
ae: plhisio que: le.dgc paraissait s'ammiser de ges grossiéres.plai-
_ssntosies; jeu d’espuiti dans lequel. ik était: Iui-mêâme fort habile et
_i,-selon Hexpression maderue., Ini épsagnait beaucoup d’hyps-
_Gnisin: smbinesituis:. En: casséquence:il mit la convérsation-sur un
tliomque Ghaslhs,.quoqu'ilsentit l'impossibilité: de jouar- le rôle
dlumami vérisbl et ftanchamant. récengilié. ayes un monarque
: Sum il avait en ai seuxent.à se plaindre: et dont la sincérité.en
.Sétie cecmion lui: paraissait. si fortement douteuse, n’éprouva au-
eme diffculié:à. prendra celui d'un hôte bienveillant. à l’égagd
-dun-cœnanre si facétiaux ::68 qui leur rpanquait récipreqpement
F0 sntimantsaffectmeux fut nemplacé par ce ton,de cordialité at
d& gaieté-qui emiste:entredeux bons vivants ;. ce ton, qui était na-
“turebau/dus-d'hprès: 1e franchise.et, on peut le ‘dire, la grassiäraté
- dn son: caxastère. liétait également à Louis, pance:que:. quoiqu'il
.cûk le talent de:prondre: à vaolsnté tout. genre.de-canversetion qui
- lui paraissait: conyensble.. le plus analugue:à ses goûts. ef, à san
‘caractère élail:celui.qui pasfait uns; espaainte marguée.de gras
siècaté et. de canstiaité:
Bendapt tout: le temp que div Je hanqet, qai.eut lieu:à lhô-
tel-dmsville de-Déromne, lesdeux princes. soutinrent: font heurau-
j'annmis-pérdmen-nx.bon anti où UR:CQusin. #ffectionné.. — Non,
!
senrent-et également: bien lo:mâme style: de conversation. c'était |
pomeuxs uv tesrain: neutre sur lequel:ils:semblaient prendre plai-
sir -siesensen réciproquement, of. plus. prepre-que taüt autre,
aommele:roi s'en apergut: aisément, à entretenir-le duc de-Roux-
«ogne:densscot Stat de:ciline et. de gaiaté ail jngonit. nÉcessRire
dre sûraté-persnnelle. _:
EL congut. œpondent.quelque alamme-en. ‘apercavant. autour: du
“do plusieurs ssignours: français. qualqnes-uns. même du: plus
#
36 QUEXTIN DURWARD.
. “haut rang, que sa sévérité et son iiesties avaient condamnés à
Jexil, et qui occupaient près de Charles: des emplois de haute im-
portance. Ce fut donc pour se mettre à.l'abri d’un ressentiment et
d’une vengeance qu'il pouvait craindre, qu'ibdemeandz, ‘ainsi que
ous l'avons déjà dit , à être logé dans la citadeile de Pérenne,
_plutôt que dans la ville: même. Le due acquiesça sur-la-champ à
‘cette demande, et l'on vitbriller sur son visage un. de ces sourires
équivoques dont:on n'aurait sa dires‘il était de bon où de-mauvais
‘dugure pour celui qui l'avait excité. . - :
Mais lorsque le roi, s'exprimant avec autant de délicatesse qu'il
le pouvait, et de la manière qu'il jugeait la plus eficace pour dé-
tourner tout soupçon, demanda qu'il fût permis-aux archeraécos-
sais d’avoir la.garde du château de Péronne pendant-tout le temps
sde sa résidence dans cette forteresse, au lieu de celle de la porte
-de la ville que le duc leur avait offerte, Charles répondit d’une
:yoix rude et d’un ton brusque que rendait plus alarmants enpore
‘Phabitude qu’il avait prise de relever sà moustache en: parlant,
u de porter la main à son poignard ,; dont il semblait prendre
‘plaisir à tirer et retirer à chaque instant la lame du fourreau:
«Non, Sire, de par saint Martin! vous êtes dans le:camp et dans
‘la ville de votre vassal, car c’est ainsi qu’on me nomme à l'égard
‘de Votre Majesté; mon.chèteau et ma cité sont à vous, mes .sol-
‘dats sont les vôtres; il est donc fort indifférent que ce soient eux
ou les archers écossais qui gardent-les portes extérieures ou les
remparts du château. Non, de par saint George ! Péronne est. nano
forteresse vierge ; elle ne perdra pas son honneur par suite de né-
-gligence de ma part. Les filles doivent être gardées avecsoin, mon
‘royal cousin, si l'on veut qu’elles conservent leur bonne réputa-
tion. — Sans doute, beau cousin, sans doute, je suis tont à fait
d'accord avec vous, répondit le roi ; et d’ailleurs je suis, dans le
fait, plus intéressé que vous-même à la réputation de la -bonme
ville de Péronne, qui, comme vous Le savez, beau cousin., est
-l’ané des places situées sur la Somme qui ont été engagées à votre
‘père d’heureuse mémoire en garantie de certain argent qu'il nous
a prêté, ef que nous nous sommes réservé le droit de racheter en
le remboursant. Et, à vous parler franchement, en débiteur hon-
nête , et prêt à m’acquitter de mes -obligations de toute: espèce,
j'ai amené ici quelques bêtes de somme chargées d'argent pour
Æffectuer ce rachat ; et je crois, beau cousin, qu’il s’en trouvera
@ssez pour subvenir aux dépenses de votre maison, pendant trois
a Lo 2 Lo LT re CS 5 se
=
.. CHAPITRE XXWYI. ‘ 300
ans, malgré votre faste rayal. -— Je: n’en récovrai pas.un sou, »
dit le duc en tardant ses moustaches ; «le jour.du-rachat-est passé,
nes royal sousin, et jamais on »'a eu, de part ni d'autre, l'in-
céention sérieuse: que ce drokfàt exercé; 6arla cession de ces villes
est la seule réeompense que mon pèré ait reçue dela France lors-
:que, dans un moment heureux pour votre famille, il consentit à
oublier le meurtre. de mon aïeul, et:à échanger l'alliance de l’An-
eterre pour cælle de votre père. Par saint George ! s’il en eût agi
_ autrement, votre persanne royale, -loin d’avoir dés villes sur la
Somme, aurait à peine su conserver celles qu'elle possède au delà
de h Loire. Non ! je n'en rendrai pas-une pierre, dussé-je recevoir
pour-chacune son pesant d’or. Grâce à Dieu ,.grâce à la sagessé
-et à la valeur de.mes ancôtres, les revenus de la Bourgogne, quoi-
quelle ne seit qu’un duché, suffisent pour soutenir l'éclat de ma
Cœur, dors même qu’un roi devient mon hôte, et eela, sans que je
: sois obligé de trafiquer de mon héritage. — Eh bien! mon beau
_Cousin, » répondit le roi avec un calme et use douceur dont la vio-
4ence et l’emportement du duc ne le firent aucunement se dépar-
-tin, sje vois que: vous êtes pour la France un ami si zélé, que vous
- ne voulez vous séparer de rien de ce qui lui appartient. Maisnons
aurons. besor de quelque médieteur lorsqu'il sera question de
-traiter ces affaires en conseil. Quedites-vous de Saint-Pod.—Ni
saint Paul, ni saint Pierre, ni aucun saint du calendrier ne me
feront renoncer à là possession de Péronne.— Vous ne me com-
-prenez pas,» dit Louis en souriant ; «je vous parle de.notre fidèle
-Cconnétable, ‘Louis de Luxembourg, comte de Saint-Pol. Par
sainte Marie d'Embrun! il ne manque que sa tête à notre confé-
rence! la meilleure tête de France, celle qui serait la plus capable”
de rétablir entre nous une harmonie parfaite. — Par saint George
de Bourgogne ! s'écria le duc, je suis étonné d'entendre Votre:
Majesté parler ainsi d’un homme qui s’est montré faux et parjure
“envers la France et la Bourgogne, d’un homme qui s’est toujours
efforcé d’envenimer nos fréquentes querelles et d'allumer entre
nous le feu de la discorde, et cela sous le voile de la médiation.
Je jure par l’ordre qué je porte que ses marais ne lui serviront
pas long-temps de refuge. — Pas tant dé chaleur, beau cousin, »
dit le roi toujours souriant, et en baissant la voix ; « quand je di-
sais que la tête du cosnétable pouvait servir à terminer nos légers
différends, je ne voulais ‘bas parler de son corps; on peut le lais-
ser à Saint-Quentin pour plus de commodité. — Ho! oh!.je vous
‘WB0 QUENTTK: DEMMARD.
comprends, monropabcgusin, » siécria Cherku:avec der dlisner-
dant éciat derire:queules plaisanteriongressières ds noi bib semiant
"déja arraché ; ef il ajouts en frappaut du pied:lk terre: : « Jeoca-
viens:que, dans:09-80m8,. La ot dur cobnétalorpourseibnons être
- fort utile ici: . . 7
-Guspropes, ctd'eatrosarmoyew desquois larci ebeechaitèmé-
pandre da-fenjouement sur:une conversation : qu a%ait rappontà
des dffétres:fort. sérieuses, ne se suivirent.pag.consécutivement,
mais furent amenés adroitement pendant le: bamquet. qui: eut: beu
& Yhôtel-de-vilte et'pendant l'entrevuc: qui eut lieu snsuïtmdans
les appantements: du duc, toutes Los fois enfin/qus l'occasion patut
‘&'y prêter.tout naturellement.
‘ Quelqgao imprudont que Eouïks se fût montréen, faisant uns dé-
marche dont le caractère fougueuwx. du duc .et les metifsuiæ haine
qui esistaient eatre-eux rendaient l'issue dputeuse amétantique
dangereuse, jamais pilote abordant sur uue plage incenmue nes
_ bnduisit arec plus: de prudence et de fermeté. On aurait.pæoom-
“parer l'ame de son rival à une. mer crageuse dont. sandasbasec
.-&dresso ct précaution les profondeurs et les:bas-fhauis:;: ot qnoime
: Je-résdltat de-sesexpériençes:lui ait nreuvé qu'it degait x ronce-
:: trer beomeoup-moins de bons:ancrages que:de rochessoti diéaueils,
il ne laissa paraître. sur son visage aueun inilice d'in cartttede où
“&e crainte.
Enfin: se termina une journée: ausai fatigante: pour puis pers
efforts -eontrauels: de vigiance.et d'attention quo:sa: situatses ni
.Conmanduit, qu'elle. avait. dt Fêtre-pour le :duc par: la nécessité
«oi il avait été à son. tour de se:contraindre. et de néprinser.ks
-mouvements rmpétusux sax quels il était Dabitué à: siabandsaner
æw toute liberté: ;
4 peine Charles fut-iPrentré dans sen:appactement, apmoaasoir
pus congé du roi pour lx nuit awec-le:0érémonial cndinaire, que
Je colère-qu’i avait silong-temps comprimée fit amplbeionr,. et
que, -cormme le: dit-son. bouffu, le Giorieux, il St tamabes nn dé-
-.Mge'de:jurements:et d'épithètes injuvieuses. sur: des--têibe:aux-
‘quelles il ne:destinait pes:cette monaaie'au: memeont'os à Le [rap-
: pit; car'ce furent ses gens: qui recueillirent ot: amas d'iaraeki-
'ves dont il na pouvait décemmont gratifes sen royai hôte, même
où son.absemer; mais qui- était devenu top: comsilérakls .pour
qauiblui: Mt possible de le tenir renffrmé: plus long-tomps..Bes
bons mots de:sor boufln parvinrent pourtant à .hnes-cnumen-
— LT Lo —
[1
7 CHAATRE XXVL- _<s
“mise Huments;-A fliie par tro ax éclats: puis, Eti jotatit une
“pééeouler, 1 ve lrisea détiabiier, but un ‘énermo bol de vin
“épisé;:s6 mit au Mt, ot dormit profondément: ..
.eæouvhor du: rot Lewis mérite plus-d'attention. que: ‘cha &
Chertes, ear l'expression viéléate de l’impétuosité et de'kx colère,
qui appartient à la partie brute plutôt qu'à la partic-intuoetuelle
&æ notre: 'baiure, nous offre uir fuite intérêt en cémpatuison de
pol qeé ne -ppuvent manquer d'exeiter les ‘er der esprit
exe et vigouporrt :
Botis fut esonté. jusqu'au logement quil'evait choisi dansk
‘Châteur ou citadelie de Péronne; "par les chamehiuns.ot les. mé-
réchaux des legis du due de Bourgogne, et il trouva. à l'entrée
une forte-garde d'arekers et d'hommres-d'armes qui:le recurent. |
Au morrrent où il descendait de cheval pour traverser un pont-
Tevis jeté sar nn fossé-dane largewr' ei d'ame profondeur peu ot-
dittires, il'regarät les sentinelles, et dit à\’Argenton, qui laecom-
pagnait avec quelques autres-seigneurs botrguignèns : « Ils por-
tent M'eroix de Saint-André, mais ce-n'est pas ‘celle: de mès
* archers écossais: — Vous les trouverez tout aussi disposés qu'eux
& mourir pour vous défendre, Sire, » répondit d’Argenton dont
l'éreifle subitfle avait deviné dans le ton-de Louis Fetpression d'un
sentiment qu’il ne lui avait pas été possible de cacher entitre-
ment. « Ts portent la:croïx de Saint-André, comme un des signes
distinetifs dé l'ordre-de-lx Toisot d’or de mon: maftre Re duc de
Bourgogne. — Ne le sais-je pas? » reprit Louis en lei montruntie
‘coffier que’fii-méme portait par considération pour son hôte;
« c'est un des plus doux Hens de fraternité qui: existent entre le
“her duc ét moi: Nous sommes frères en chevalerie aussi Bièn
que frères en Bieu; cousins par le sang, etais par teus les lièhs
de‘ pios tendre afleetion et d'urr bon voisinage... Vousn'irez pas
‘pfas Tin que-cette cour, nobles seigneurs! je re perritettrar pas
que vous mé conduisiez dus loin : c'est'assez honneurs! — Nous
étions cirargés par le duc, reprit d'Hynberecurt, de condaire Vo-
tre Majesté jusqu'à son appartement. Nous osons espérer qu'elle
‘nous permettra d'obéir'aux ordreside-motre maître. — Je pense,
dit is roi, que d'éns wne-affäire-de si peu d'importénee, vous serez
disposés vous-mêtnes, quoique-ses sujets liges, à - reconnaitre que
mes ordres doivent‘ l'emporter sur les siens. Je-mesens unt petin-
disposé, mesiéars; tn peu fatigué: Le-plhisfra ses fafigues aussi
“bieir que fe douleur. Denain je seraf nrieux préparé, je Fespere,
me QUENTIN DURWARD. |
à jouir de votre société, de, la vôtre surtout, seigneur Philippe
.d’Argenton. Je sais que vous êtes l’annaliate de ce temps; et nous
qui désirons avoir un nom dans l’histoire, nous ne devons parler
levant .vous qu'avec justesse et préeision."car on dit que, lorsque
vous le voulez, votre plume est bienacérée. Bonnenuit, messieurs,
bonne nuit à tous et à chacun de vous. »
Les seigneurs bourguignons se retirèrent très satsfnits des ms-
nières_ gracieuses de Louis, anssi bien que des paroles flatteuses
qu'il leur avait adroitement distribuées, et le roi resta avec uneou
deux personnes de sa suite sous la porte voûtée qui conduisait à
. la cour du château, dans l’un des angles de laquelle. s'éleyait une
énorme tour qui ressemblait beaucoup à une prison. d'état. Ge
lourd, haut et sombre édifice se dessipait à la lueur des mêmes
rayons de la lune qui éclairaient Quentin Durward entre Charle-
roi et Péronne, et qui, comme le lecteur le-sait, déjà, Brillajent
. d’un éclat particulier. Il: avait une grande ressemblance agxec la
tour. blanche de la citadelle de Londres ; mais l'architecture en
était encore -plus ancienne, Çar sa construction remontait au
temps de Gharlemagne. Les murs en étaient d’une épaisseur for-
. midable, les fenêtres très étroites.et garnies de barreaux, de fer;
sa masse énorme projetait sur toute la cour.une ombre noire.et
lugubre.
Jetant un regard sur cette tour : « Ce n’est pas là que je vais
loger ? » demanda le roi avec un frissonnement qui semblait de
mauvaise auguré.
« Non, Sire, » répondit le vieux sénéchal qui se.tenait Ass cÀ-
‘tés, la tête-découverte; « à Bieu né plaise ! Les appartements de
Votre Majesté.sont préparés dans le bâtiment moins.élevé quiest
, auprès, et où le roi Jean coucha déux nuits avant la bataille de
Poitiers. — Hem ! ce n’est pas encere-là un très heureux présage,
murmura le roi. Mais qu'avez-vous à dire au sujet de la tour, mpon
vieil ami, et pourquoi priez-vous le ciel que je n’y sois pas logé?
. — Gracieuse Majesté, répondit le sénéchal, je ne saurais dire du
mal de cetté tour ; seulement les sentinelles prétendent qu’on y
voit des lumières et qu’on y entend des bruits étranges pendant
la nuit; et cela pourrait s'expliquer facilement, car elle servait ja-
dis de prison d'état, et l’on raconte bien des histoires sur les cho-
ses. qui se-sont passées entre ses murailles. » .
_ Louis s’abstint de faire d’autres questions, car nul prince n'é-
fait plus obligé que lui à respecter les mystères d’une prison d’é-
(CHAPITRE XVI : 383
tat. A 1 porté des appartéments qui lai étaient destinés, et qui;
bien! que d’une époque beaucoup plus moôderneque la. tour.
présentaient encore un aspect gothique et sombre, il trouva un:
petit détachement de ses archers écossais à la tête duquel ‘était
leur. vieux êt fidèle eommandant. : - ::
‘« Crawford! mon brave Erawford ! s'éeria le roi, où. as-tu donc
été âujourd’hui? Les seigneurs bourguignons ont-ils assez peu:
d’hospitälité pour avoir négligé un des gentilhommes les plus bra-
ves-et lés plus nobles qui aient jamais paru dans les salons d’on
roi? Je ne t'ai pas vu dans la-saHé du banquet. — J'ai refusé l’in-
vitation, Sire, répondit Crawford; -on change avec l’âge. — J'af
vu le témps'où j'aurais risqué une carouse ? avec le plus intrépide
buveur de toute la Bourgogne, même avec le jus de ses propres
treillés: mais aujourd’hai, quatre malheureuses pintés suffisent
pour mé troubler la cervelle; et j'ai cru, dans l'intérêt de Votre
Majesté, devoir donner l'exemple de la tempérance aux hommes
que je commande. — Tu es toujôurs prudent, Crawford ; cepen-
dant, cela est certain, tn as beaucoup moins de bespgne aujour-
d’hai, n'ayant qu'un fmible détachemént à commander; et uni
jour de fêté: n'éxigeait pas une abstinence aussi rigoureuse qu’on
jour de combat. — Sire , ‘moins ‘j'ai d'hommes à commander, et
plus il est nécessaire que je maintienne le bon ordre pærffi'ces
maroufles. Tout ceci finira-t-il par un festin, ou par un contbat?
c’est ee que Dieu et Votre Majesté savent mieux que le vieux
John de Crawford. — Vous ne prévoyez sans doute aueun dan
ger? » demanda le roi avec précipitation et à voix basse. — Non;
Sire; et je prie le ciel qu'il m'en fasse prévoir ; car, comme avai£ :
coutume de le dire le vieux comte Tineman ?, « Bangers -prévtis
sont presque évités. » Le mot d'ordre pour cette nuit, s’il plaît à
Votre Majesté. — Ce sera Bourgogne, en l’homneur de notre hôts
et d’une liqueur pour laquelle vous n’avez aucun dégoût, Craw-
ford. — Je‘n'aurai de querelle ni avec le duc ni avec le vin qui
porte ce nom, pourvu que l’un et l’autré ne soient pas frolatés.
Bonne nuit à votre Majesté. — — Bonsoir, , mon fidèle Écosshis, »
répondit le roi; et.il entra dans ses appartements. : |
A la porte de sa chambre à couther, il trouva k Balafré en fac-
tion: « Suis-moi, » lui dit-il en passant devant lui; et l'archer;
4 Vieux mot qui signifie : une débauche de vin. 4. M.. |
2 Un des comtes de Douglas avait été surnommé ainsi, parce qu’il perdaît toujours
beaucoup dé monde dans ses batailles. (Wote de Pauteur.)
dE QUENTIN DONARD.
- semblable èuns machisemiseen'monv#mont par lamain qui
a touchée ressort, le suivit -dans-san appastoment, et, s'arrêtent
wer le-semtk de Ja'‘perte, :y #psta immahile-et-on ailonces ‘shmnèmi
les vrdres du: roi.
-« Avez-vous quelque nouvelle depe paadin ‘eemnt, poire ne
veu? lui-demande:le roi; -esr'il a été-esname perdu pour menpde-
puis que, semble à un joune-chevalier'qui-s'élæmoe ile soober
chedle:sespromières-avantures, il-nose noyé dax prisonmiars
pour. gage de 648 premiers etploits. — J'en airhendu-dlies quel-
que :Chote, Sire, dit le Ralaîré; maisj'egpère-que Votre Msgosté
daignera:crairé que:s'al.amalagi, iln’y-a été autorisé ni par ane
. ptécantes ni:par 05 example : jamais je m'airété/ un 4nener
téméraire pour faire vider. les axçons àun- 1Heomker de.L'iinstwe
rheisen: de Votes Majesté; mon; je counuis-ttep bien misn-hamble
cœndition, et... Brisons:h-dessns, Losiy: wotre.npver ae Gif
que son: Üevair dags-catte aocawpamee. — 0h! quané à dia jeu
” aifait-sa taçgon: Quentin, duiajije dit.-quei qu'il pige erniver,
seurians<eique 1 anpartians à leipande écossaise. sf fais ton
devrais quel‘qu'en puisse éérederépiltat. « Je ciois <n-effat quil
. avait raqu rqnolguasinstsuations:ils es genre: sais répondez à
the question. cela me suflit. Awaz-wous eu depuis pen-quelques
” nouvélies de votre neveu. Rebiraz-vaus, mostieurs, rajouti-4-à
<n:s'adrosentanx gentilhommes de.sxchamhee;; : swcaneentse
orsüle que la mienne me:doit s'interpeser ci. -—64i ,sérement,
sonsile ben plaisir de.Votee Majesté : jlai vu-cs:s0ùr Chianlot, un
des-varlets-ese men never avait emmenés:avec-lui : :H-Fabnwoyé
de Liége, peut-ôtre-de quelque château voisin appartenant à. l'é-
véque, oùil a aonduit les dames de Gnoye.-—-Que Netro-Dame,
mine:duiciel, en snit:iouée.! Maïs:en bs-tu:tfen. sûr ? Es-inhien nûr
de ces bonnes newralles?-— dussi-sûr qu'il me soi passible de
Fôtre, Sire; je croismême gnece gargen'egt pertcur de lsttwes des
dames de Üroye adressées à Vatre.Mijesté-— Cours des chercher.
Donne ton ar quebuse:à l'un de ees:drôles, à Okwier, à qui un son.
dres, et pars... Maintendht, que Netre-Bane d'Emkran en soit
louée! jechangersienergentia gréllaqii entoure snmrtte-autel!
-Doss :cct'accts de.gratitude:et de dévotion, Louis, selssse cau-
tame., ôta sen chapeau, choisit parmi fes figures dant il était armé
celle qui représentait la Vierge , la plaça sur une table, et s’age-
nouillant, répéta avec ferveur le vœu qu'il verrait de faire.
Le premier méssager dépéché de Schonwaldt par Durward fut
intropinit alpes dt présenta en roi lesilatises éenties dames da
Cuye l'avaiont.chargé pour lui. Ges dames :56.harnaïient à le re-.
mepcier en armes froids de la courtoisie dent il avait ws6 envers
elles pendant le temps quieles étaient westées à sa cour, et, .avne.
ubpouw phusde-chdleor; dela permission qu'il laur-await- accordée
diem soxtir; ainsi que des sains qu'il:sraitpris-de:les faispeondaire:
enwôâveté horsde ses Stats. Ge passage fit:rire Lovis:detbon cœnx;:
lon. qu'il en:conçût du ressentiment. K demande tiers à iharlet,
d'un srquiaanonçait en ryéritalile tiéré, si, pondant:le voyngn,
on n’avait pas éprouvé quelque alarme, nid'on avait: pes dé -ab
Gherlètgasgon enturcllament shupide et qui demsit drcetieques
lité ls æhoix qu'on.a vait fait de lui, ne rendit au oi qu'on compte.
fort maertain:dt très-vagne de:l'alerte-dans laquelle son-carsenade.
le Gascon avait été tué; et assura:qu'il:æ’en:savait pas:davahtegs:
Lons luiifit encore des quastions mimutieuses.sur a route-quills
avaient pise pour se rendre à Liège; -ci:son intérêt parut radoi
bler quand Ghartat lui répondit qu'en apprachant de Naraur ils.
avaient suivi la meute la plus direcée en cétogent.lanive danite-de..
la Mouse. :aulieu derprandre:la rive gauche, comme il leur avait:
étérecommandé-dele faire. ‘Le roi le cangédia.après Zlui.awnir.faitr
donger ane petite récompeuse., et s’efforça de:denser pour pné-
tente à l'inquiétude-qu'il avait d'abord :manifesiée, Meyer qu. |
lasûreté des dames de Groye nieût été compromise.
-1Qanique es nouvélles donnassent à Lonis la certitude qu'om
de-ses;plansfaveris a vait échoué, elles senbiôrent.lui.causer pins,
de satisfaction intériouxe «qu'il n'en.aurait ressenti paut-ôtre à Ja
nouxelie diun:succès brillant. El soupira-comres en hamme.dent
le:awer-est:déchargésubitement d’un pesant fardeau, pronança à
demiwydix, et:avec:un air de ferveur profonde, des.oraisonsot.den
actionside grâces, lera lesyeut au ciel, après quai'il'5ediven à la
ooxibinassôn dexncuveaux plans dont le réussite pûtétr PIS CRE
taine.
Dans cedesscin, iétappeter auprès. de. jui ‘sen. arrdlague Mar-
tius Geledtti, quine tarda pas à-se présenter avec.son air de di-.
gsitéesmprontée ; ras son front était chargé-d'an nuage dewagus
inquiétude. ICONE s'il etit douté-que le roi :dût duii fasse un :bon
æaoureil. Li en fut aependant accueilli favoratilement.et avec des
démenstrations -d'mmitié plus vives que jamais. Louis de Doname,
son si, sen père dans les sciences ; lui dit qu'il était le æixéir:à
© ©
HE QUENTIN DUAWARD. |
l’aide duquel uni roi pouvait lire dans l’ayenir, et finit par lui glis-
ser au doigt un anneau d’une valeur considérable. Galeotti ne con-
naissait pas les circonstances qui avaient si subitement rehaussé
son mérite aux yeux de son patron; mais il entendait trop bien
son métier pour laisser deviner son ignorance. Il reçut les éloges
de Louis avec une gravité modeste, répondit qu’elles n’étaient dues
qu’à la noblesse de la science qu’il pratiquait, science d'autant
* plus digne d’admiration , qu'elle produisait des merveilles par
c
x
l'intermédiaire d’un agent aussi faible que lui. Ils se séparèrent
très-satisfaits l’un de l’autre,
Après le départ de l’astrologue, Louis se jeta dans un fauteuil ,
car il paraissait épuisé de fatigue, et congédia le reste de sa suite,
à l'exception du seul Olivier qui, s’approchant de son maître d’un
air empressé et sans bruit, pour remplir auprès de lui $on service
ordinaire, l’aida à se mettre aulit. :
‘ Pendant qu’Olivier s’acquittait ainsi de ses fonctions habituel-
les, le roi, contre sa coutume, resta tellement passif et silencieux,
que ce zélé serviteur fut frappé d'un changement si extraordi-
naire. Les ames dépravées ne sont pas toujours tellement dépour-
vües de tout bon principe qu’elles n’en conservent certains restes
qui se développent dans les circonstances nécessaires : les bandits
sont fidèles à leur capitaine, et il arrive parfois qu’un protégé, un
favori, éprouve une lueur soudaine d'intérêt sincère pour le mo-
narque auquel il doit son rang et sa fortune. Olivier le diable, ou
quels que fussent les autres surnoms qu’on lui avait donnés pour
exprimer -ses mauvais penchants , ne s'était pas assez compléte-
ment identifié avec Satan pour ne pas sentir au fond de son cœur
quelque mouvement dé reconnaissance pour son maître : c’est ce
.qui arriva dans ce moment critique, où il le voyait accablé de fa-
tigüe et d'inquiétude. Après avoir pendant quelques instañts rem-
pli auprès’ du roi l’offiee de valet de chambre, il céda enfin à la
tentation, de lui dire avec la liberté que l’induigence dé son sou-
verain lui permettait en pareille occasiôn :
- <«Tôte-Dieu ! Sire, on dirait que vous avez perdu une bataille;
et cependant moi qui ai été près de Votre Majesté pendant toute
cette journée, je ne vous ai jamais vu combattre plus vaillamment
et remporter d’une manière plus complète les honneurs du champ
de bataille. — Le champ de bataille ! » répéta Louis en levant les
yeux et en repreñant la causticité habituelle de son ton et de ses
manières ; « Pâques-Dieu ! rhon ami Olivier, dis plutôt que je suis
CHAPITRE XXVL 7 S87.
resté maftre'de l'arène daris‘un combat contre un taureau ; non,
it ñ’a jamais existé brute plus aveugle, plus opiriâtre; plus indomp-
table que notre cousin de Bourgogne, si ce n’est l’un dé ces tau-
reaux dé Murcie que l’on élève pour les combats “N'importe , je
l'ai harcelé de ka bonne manière. Mais, Olivier, réjouissez-vous
avec moi de ce que mes plans en Flandre ont éehoué ,'ainsi que
mes projets reldtivement à ces princesses Yagabondes de Croye et
à Ja viflb de Liége. Vous m'entèndez? — Non, sur ma fei, Sire; il
nrest:impossible de félicitér Votre Majesté sur le renversement
de ses espérances, à moins qu’elle ne m’apprenne quel motif l’a fait -
changer de vues et de projets. — Soùs uri point de vue général,
ilnes est opéré aucun changement.dans"mes projets. Mais, P4-
ques-Dieu ! mon aïni,.j'ai appris aujourd’hui à connaître le duc ‘
Charles, beauçoup mieux que je he l'avais fait encore. Lorsqu'il
était comte de Charolais, au temps du vieux duc Philippe, et moi
le dauphin de Francé banni, nous buÿions, nous chassiohs, nous
courions ensemble les aventures; et il nous en est arrivé de pas-
sablement bizarres. J'avais à cette époque un avantage décidé sur
lui; celui qu’un esprit fort prend naturellement sur un esprit fai-
ble. Mais Ha changé ‘depuis : il-est devenu opiniâtre, audacieux,
afrogant, quérellèur, dogmatique ; il nourrit évidemment le désir
de pousser les chôses à l'extrême quand il se croit à peu près sûr.
de la partie. J'ai été forcé de glisser légèremént sur tout sujet ca-
pable de l'irriter, éomme si J'eusse marché” sur un fer rouge. À’
peine lui ai-je eu fait entrevoir Ja possibili té que ces comtesses va-
gabondes de Croye fussent tombées entre les mains de quelque
maraudeur des frontières avant d’avoir atteint la ville de Liége
(car je lui avais avoué franchement qu autant que je pouvais le
présumer , e’était là qu’elles se rendaient), Pâques-Dieu ! vous
auriez cru , à l’entendre, que je lui parlais’ € d’un sacrhége.. Il est
inutile que je vous répète ce qu’il a dit à ce sujet ; il suffit que
vous sachiez que j'aurais cru ma tête-en grand péril si l’on était
venu lui apporter la nouvelle du succès que ton ami Guillame à
la longue barbe a obtenu dans l'honnête projet conçu par lui et
par toi pour améliorer sa fortune par un. nrariage. — Il n'est pas
mon ami, n’en déplaise à Votre Majesté ; ni l’homme, nike projet .
ne sont miens. —"Tu as raisOn, Olivier; ton plan avait été de faire
la barbe à ce futur mari ; mais tu souhaitais à la comtesse un
époux qui né valait pas mieux que lui, quand tu pensais modes- .
tement à toi-même. Au surplus, Olivier, malheur à celai qui Ja
QUENTIN DURWARD.
SR QUENTIN BURMAPP.
possédeun ! car être.pandiu, voué ,.fcactelé, voi fe Sert Joli
doux que mon grarieux coin promettait, À. RRiCORQUE : era
aasaz. lénafraire PONT: époyiser sa. jemne vassele sans.sa permission.
r- Etilne serait guère mins mécanient sans douta, s'il appce-
” aait qu'il est suryenu quelque trouble dansla bpanerille de Liége?
— Autant, .et même beançconp plus, comme tan intelligence ie
Le fait-si hien.préroir. Mais dès.que j'eus pris la résolution. de me
gendre ici, jeavoyai des moseagersi Liége ; din d’axxôter, pour
instant fout isapvement d'inmwrection: ‘et j'ai danné pendre à
JURS TeRUANLS. et tushulents amis, Ronalser et. Pavillon, des {e-
nr tranquilles comme-des sopris dans leur trou jusqu'après cette
heurenseeniravue satre mon bpau-couain elmoi. —4-enjuger d'a-
près ee que Vatre Majesté ‘viant de dire, ce qu'il.y.a dé,mioux à
æenérer de £gtle entrevue, c'est qu'elle n'exmpirera pas otre gasi-
tian..Cetle aventure ressemble fort celle de la cigogua, qui, aprés
Avoir enfoncé sa {ête dans la gueule du loup, se trouva fort, beu-
ouse qu'il hi eût ppcrmis de l'en:tirer. Cependent Voire Majesté,
-encqre {put à l'heure... paraissait Adresçor des rexnerGimanis au
sège: philosophe qui l'a. décidée à jauer.un jeu qui-faisait maître
de.sibelles espérances ! + è n'ai:pas joué toutes m6 arte, « ré-
poudit le roiavec une expression de malite : « Il ne faut -
|. espérer de la partie que lorsqu'elle est perdue, et je n'ai Augune
raison pour, craindre qu'il en advienge Ainsi ; ‘je da pagnerai, au
pontraire . jen suis sûr s'il n'arrive rien qui réveilla Ja rage-de.ce
fou vindicatif ; +t bien. certainement je n'ai pas peu d'obligatices
.à la science. qui qu'a fail choisir pour agent, #tpour :esppr4er: les
dames de Craye, un jeune bhamme.dont l'horgsgppe est eu carres-
pondange si. directe avec le mien, qu'il m’a,sauvé d'un grand den-
ger, mâmé.en désebéissant À. mes.ordres exprès. .c'est-à-di, an
prenant de préféranct la route qui devait ini. faire éviter. l'embns
£ade. de Guillaume.de la Mançk. — Voire Majesté. trauvera. aus
peine heauceup d'agents toujours.prêts à la servir, à de pareilles
_£onditions. C'est passible, Olivier, c'est possible : le.poële pain
parle de rôta dis exomdiss maligñis !, de vœux dont les saints per-
mettent l'accomplissement dans ler ealère; et, dans les circans-
tançes présentes , c'en est un de cette espèce que j'aurais adressé
. Au éiel en fayeur de Guillaume de La Marck, ‘s'il eût été aecampli
pendant que je suis au pouvoir de ce duc de Bourgogne. C’est ce
qu'a prévu mon art, fortifié de celui de Galeotti; c 'est-à-dire, ja.
4 Veux exaucés par des dieux spaom is. A, Me
_ nm LR — — —
— ns — — — = - — — LU — — ms — LS LL 2 — ——— — TU
CCHAWIERE XOVL 559
préva, non que dé la Marck'he rétssirait pas dans sen entreprise,
mais que Fexpédition du'jeune Koossaisse terminerait favorable-
ment pour moi; et c'pstico qui est arrivé quoique d’une manière
différente de ce que j'avais ponsé;:car-lés astres, loût-en nous pré-
disant des résullats gédérenx ; se taisent-sur:les voies par lesquélles
#ls sont amenés.et qui sont souvent tout le contraire de ee que
nousattendons ou même de ëe que nous désifons. Mais.à quoi bon
. te parier de-ces mystères, Olivier, à toi qui es plus enduréi que
le: diable dout tu portes le nom, puisqu'i croit et quil tremble,
aukeu-que tu n'as fofni dans. la. religion, ni-dans la science; et tu
resteras incrédue jusqu'à l'aècomplissement de ta. destinée, qui,
comme m'en assurent ton horoscope et ta: physionomie , 56 termi-
tiera par l'iritérventien de gibet 1? Elt-si cela arrive, » reprit Oli-
ter d’un air très-résigné , «ee sera purée que j'aurai été ui ser-
viteur trop. reconnaissant peur ne pas. ‘exécüter les ordres de mon
royal faître. » ” 8
“Lois partit d’un de ces éclats écrire sardonique: qui lui érient
tabitasls. «Bien réponde , Olivier ! .s'éeria-teil ; et, de par Notre-
‘Dame , le-ripost est héritée , car je t'avais attafqué. Mais parlons .
sérieusement + amtu découvert danses mesures que ces ‘gens-M
prennent à notte égard, quelque chose qui puisse faire sbupconner |
dé mauvais desseins?—Sire, répondit Olivier, Votre Majesté et son
savant philosophe cherchent des augures dans: les astres et dans
l'armée céleste; môi je:se avis qu un : repibile de ce bas monde et
je ne dois m ’ocçupèr que des choses terrestres. Il me semble
donc que. vous ne trouvez pas ici'toutes tes attentions, tous les
soins que devrait-avair -pour Yoire Majesté l'hôte auquel vous
frites l'honneur de'le visiter. Le doc ; ce soir, a prétendu qu'il
était fatigué ; il n'a, reconduit Votre Majasté que jusqu’à la porte
de la rue, laissant aux. officiers de sa maisori le soin de vous ac- :
compagaet jusqu'à votredogis:0es appartements out été préparés
à la bits etsans aucuns recherche. Regarder dns ia chambre
ioisine ; vôus y verrez la fapisserie suspémine tout ile {ravers ;
Jes figures-sont presque renverséss ; l’on divait qu'elles marchent
sur la tête, et les racines des arbres sont tournées vers le plafond.
— Bah? c'est .un aocident-et un effet de li précipitation. M'aves-
vous jaraûis vm' faire. ationtion.à de paréilles bagatelles ?— Elles
ne méritent pas que.vous y pensiéz un seul instant, Sire, si'ce n’est
corme à-un indice du degré derespect que les officiers de la mai
‘4 Cette prédiction fut réalisée.a: 06: :
_
300 | QUENTIN DURWARD.
son du duc remarquent en leur maître pour Votre Majesté. Soyez
“bien assuré que #’il eût voulu que votre récéption ne laissât rien
à désirer, le zèle de ses gens eût fait en chaque minute la besogne
- d'une journée. Et. depuis üand voit-on sur la toilette de. Votre
. Majesté des vases qui ne soient pas d'argent ? » ajoüta-t-il en mon-
trant un bassin et une aiguière qüi étaient dans’sa chiambre.—ÆCette
dernière remarque, Olivier, ».-dit le- roi avec un sourire forcé,
«est trop dans le cercle de tes fonctions particulières pour que je
prenne Ja peine d'y répondre. Il est vrai que durant mon éxil en
ces lieux ; j'étais servi en vaisselle d'or par - l'ordre de ee même
. Charles : alors il régardait l'argent comme un métal trop peu di-
gne du. dauphin, quoiqu'il semble à présent le regarder cemmne
trop précieux pour le roi de France. N'importe , Olivier, nous al-
Jons nous mettre au ht. La résolôtion que nous avons prise,
nous l'avons exécutée.'il ne s’agit plus maintenant que de rem-
plir avec prudence le rôlé que nous avons entrepris de jouer. Je
sais que:mon cousin de Bourgogne , semblable à un taureau sau-
vage, fermeles yeux quand il s’élance en avant; je n’ai qu’à épier
ce moment; voinme je l'ai vu faire à un tauridèr-lorsque j'étais
à Bürgos, et son impétuôsité" le mettra bien certainement à: ma
discrétion. » | .
2 1
e
(.
. cuire XXVIL.
L 'EXPLOSION.
Lo rsqu'on éclair patt du sud fend soudain le nue et
freppe notre œil ébloui, c'est avec crainte et dens une
surprise fnuette que nous attendons la suite de ce phé-
nomène, St TaowPsox, L'Été. ..
e
Le chapitre précédent , d'accord avée son titre , était. destiné
à faire jeter au lecteur un couf d'œil en arrière, afin qu'’ikse mette
en état de juger à quels termes en étaient le roi de Franite et le
.… duc de Bourgogne quand le premier, cédant.en partie à sa croyance
à l'astrologie, qui lui promettait un heureux résultat, en partie au
sentiment intirné de la supériorité de son esprit. sat. celui de
Chartes, eut pris là résolution de confier sa personne à la foi d'un
ennemi hautain et exaspéré. Çette résolution extraordinaire,
inexplicable même , était d'autant plus téméraire, qu’on’ avait eu,
dans ces temps orageux, mille preuves que lès gaufs-conduits les
CHAPITRE XXVH. . .. - s4
plus solennels n'offraient aucune garantie. En-effet, le meurtre
_ de l’aïeal du duc, sur le pont de Montereau, en présence du père
de Louis XI, et dans une entrevue solennelle, acceptée pour trai-
ter du rétablissément de la paix et d’une amnistie générale, offrant
au duc un hotrible exemple à imiter. .
Mais le caractère de Charles, quoique brusque, fier, emporté,
opiniâtre, ne manqüaif ni de bonne foi, ni de générosité, excepté
lorsqu'il se laissait entraîner par la fougue de ses passions: ces
deux vertus ne sont pas ordinairement le partage des tempéra-
ments froids. il ne.se ‘donna aucune peine pour montrer au roi -
plus de courtoisie que ne l’exigeaient les lois de l'hospitalité; mais,
d’un autré côté, il ne.témoigna en aucune manière le dessein de :
franchir les limites sacrées qu’elles imposent.
Le lendemain de -l’arrivée du roi, il y eut üne revue générale |
- des troupes da duc de Bourgogne ; ekes étaient si nombreuses et
si bien équipées, que peut-8tre il n’était pas fàché d’avoir une oc-
casion deles montrerà son puissant rival. En effet, tout en lui faisant
le complirnent dû par un vassal à son suzerain, c'est-à-dire, que ces
troupes étaient celles du roi et non les siennes, le mouvement de sa
lèvre supérioure et le regard de fierté qui brilla dansses yeuxmon-
traient assez que ces paroles ! n'étaient qu’une vaine formule , et:
qu’il savait fort bien que cette superbe armée, entièrement à sa
disposition, était prête à marcher sur Paris aussi bien que dans.
toute autre direction. Pour ajouter à sa mortification , Louis re-.
connut dans cette armée tes bannières de plüsieursseigneurs fran-:. :
Cais, uomseulement de Normandie èt de Bretagne, maïs de pro
vinces plus immédiatement spumises à son autorité, et qui, par
divers motifs de mécontentement ; avaient réuni leurs forces à.
celles du duc de Bourgogne et fait cause commune ävec lui.
Néanmoins , fidèle à son caractère ; Louis ne parut. faire que peu
” d'attention à ce ñouvéau sujet de déplaisir, quoique dans le fait ,
il repassât dans son esprit Jes moyens qu'il pourrait employer pour.
les détacher de la Bourgogne et les ramener À lui. Dâns ce des-. -
sein, il résolut de faire sonder sécrètement les principaux d'entre
eux par Olivier et d’autres agents. Lui-même il travailla avec
soin, mais avec. une grande précaution, à se concilier l'intérêt des
principaux officiers et conseiHers du duc, employant. à cet eftet.
les moyens qui-lui étaient familiers, accordant des égards à ceux-'
ci, distribuant des flatteries à ceux-là , et faisant à d’autres de
riches présents. Il ne voulait aucunement, disait-il à ces derniers,
ss | QUENTHS DUNWÉAD. |
mattre..imais les engager. #.secondèr ses efforts peut 1a:chniservas-
tion -de La paix-entre la Frames et la Bourgogas:, bat dexceilint
. Dar tai-mérus; el quitendait si évidèmrbeet irdatéhioité desahbez
pays'et des deux princes qarles goevermaients
Les égards d'un si-grand roi: d'am roi'si: ; prudent: ebsiisage,
étaient déjà par eux-mêmes de. puissants inoypns dé: séduction:
los-promesses venaient à l'appui, ed tes -prétents diroëtse quel u-
sagè da temps permettait aux:courtisans d'accspter sans ser paie,
âobevaient le reste. Pendant-une chasse aux sanglier dansia firrôtt
tandis que ‘die , toujours: rempbi de-l'objetqri:l'otcamifr durs
le moment, soit affaire sérieuse, soit plaisir; stabaridénsaientié
rement à son ardeur peur ia chasse, Lonis, étant pas gémt. par:
st -présenes; trouva'le-moyen.de. parler sacrétementistteur à téur
àcoux descourtisansde Charles qui passientriouriosir d'où gemeb
crédit-sur sen esprit, et parmi-eces persoanages:diinpbercoust:et
d'Argentorne furent paint oubliésr aux avancesqu'it ft ices-deux
hommes distingués, .ilne mäniqua pas de:méler l'éloge de la valeur
sinsl.que des talents mälitaires du premier; et de ta. rare-sspacité
alnsi que des-conraissances litbéraires; du socorik, historien-futer
de cette époque.
. Une-telle occasion n des concilier ‘persoanellement , ou, .$ le
Woteur le préfère, de. corrompre lés ministtes de Gharies , était
peut-être ce que lé roi s'était proposé comme uh:deé prinipaux
_ ebjetsdesa visite, ses tajeleries auprès du duc tui-mêms dtssent-
elles rester sans effet. Les relations entre la: ‘France et ie Bonrgo--
gne étaient si-étroites, que plusieurs nobles de: ca dernier. pays
avaient: dans le premier des. espérances futures ou des: intéréts
actüels que la faveur de Louis tbe: servir, de même que SOBD
déplaisir pouvait les ruiner. :
Formé pour ce genre d'intrigue , aussi bien que pour tücs les
autres, libérakjusqu’àla profusiomlorsqueses desssius l'oxigenient..
- habile.à revêtir ses propositions. ét ses présents des couleursles
us plausibles, le roi réussit à fléchir l'orgueil des uns: par
perspective ayantagense qu'il mettait devant eux , et à présenter
aux autres, véritables ou prétèndus patriotes, le bien commueæ
de la France et de la Bourgogne eomme un motif ostens-
- ble, tandis que le moteur réel , l'intérêt particulier, sers
bléble à js roue cachée qui imprime le mouvement à une msehine,.
n'agissail pas moins puissamment,. quoique-inaperçu. Houis one
| “cmamiter HE |
nsissmié Pappét le-plaseonvenable à chacun; afnsi que W'rhanière
dé képrésenter: à gfisenit ses dons dans la manche dé celui qai.
était trop flér pour-tendre fa main, presque assnré que sa géné
rosité;, quoiqu'elte descendi, comme la rosée, sanis biuit et enr
gouttés'imperceptibles , ne mariqnerait pas de produire en termpr
convenable une moisson-abiondante, at moins de bonne: votmté, |
sfion"de bons-oflfces-en fayetr du dénateur.
non mot, quoiqu'il se: fût occupé depais lonig-tenfs , et par
l'éntrenmise-de ses agents, des moyens de se procurer à [a cour
de Bourgogne une. influence avantageuse à la France, lés efforts
pérsonhels de Louis, dirigés’ sans doute -par les: informations |
qui s'était préniablement proturées ; fireht plus, en pex d'hen-
res, pour l'üceomplissement de: ses projets, que n'avaient pu
faire ces’ mémes ‘agents _pendänt des: années entières’ de négocia- -_
tions.
Parmi les courtisans de doc dè Sourgogrie iten était ut. qmele
ri désirait plas particaliérement s'attacher: c'était le ‘comte dé
Crèvecœur: Loin d’exciter son ressentiment, la noble fermeté que
le-comt-avait déployée en sa qualité d’ambassadeur au châteant
dé Piessis avait paru à Éouis-un motif de plus.pour chereher à lé
mettre dans ses intérêts. If: ne fut donc pas trés-charmé d’apprenz
dre que lé comte était partf pour”les frontières du Brabant, à là
tête de cent lances, afin de porter du secours à l'évêque; en cas dèr
nécessité; soit contre Güïlaume de la Marek; soit contre sessu-
jéts mécontents. Cependant il-se _congola en pensant que la prés
sence de ces forces .. jointe aux instructions qu’il avait, envoyées
par de fidèles messagérs, empêcherait d'éclatér dans ce pays
des troubles prématurés, troubles dont l'explosion actüelle le mre-
naçait dé retidre sa sijuation trèé-précaire.
La cour, en cette occasion , dina dans la forêt quand l'heure de
mi fut arrivée, comme c'était l'usage dans les grandes parties’
dé chasse: dans la .circohstance présente, cet arrangement füt
particulièrement agréable au duc, qui désirait se dispenser autant’
que possible de cétte sévérité d'étiquette et de cette: déférence:
solennelle avèc laquelle, dans- tout antre cas, il aurait été obligé
de traiter le roï. Danse fait, laconnaissarice que Louis posSédait”
du cœur trumain l'avait, sous un certain rapport, trompé en cette:
ovcasion. It avait pensé que 1e duc aurait été flatté au delà de:
tôute expression en recevant. de son sefgrieur suzerjin une teilé”
iarque dé condescéèndante et de confiance ; avis i avait oublié”
ma | Que PURWARD.
que. la dépendance .où était ce duché de. la couronne ds France
devenait en secret une ruelle mortification pour un prince aussi
puissant, aussi riche et aussi hautain que Charles, qui bien oer-
tajnement aurait voulu pouvoir l’ériger en royaume indépendant.
La présence du roi à sa cour lui imposait l'obligation de se renfer-
mer dans-le rôle subordonné de vassal , d'accomplir divers actes
de déférence et.de soumission féodale, £e qui, pour un hômme
d’un tel Caractère, était déroger à sa dignité de prince souverain,
dignité qu’en toute occasion il affectait de iaintenir autant qu'il
dépendait de lui:
Maijs si dans un dîner sur l'herbe, fait au Soù des < cers at au
| milieu des barils mis en perce, Gh pouvait excuser la liberté
qu'autorise-un repas champêtre , iln’en devenait que plus indis-
pensable d'observer dans le festinr du soir les lois de la plus stricte
étiquette. °
_ Des ordres préalables aväient été donnés à cet ef, et, à son
retour à Péronne, le roi trouva ün banquet préparé aveé une
splendeur ef une magnificence proportionnées à l’opulence deson
formidable vassal, qui possédait la presque totalité des Pays-Bas,
alors la plus riche contrée de l’Europe: Le duc était assis au haut
bout d’une loñgue table qui gémissait sous le poids de la vaisseile
d'or et d'argent dans laquelle étaient servis avec profusion les
mets les_plus exquis. À sa droite, et sur un siège plus élevé que
le sien , était, placé le roi, l'hôte: en l'honneur duquel la fête se
donnait. Debout derrière Charles se, tenaient, d'un côté le fils du
duc de Gueldtes, qui faisait “L'office de. grand écuyer tranchant,
et de l’antre son fou, le Glorieux sans Jleqüel ilse montrait ra-
rement ; car, comme la plupart des hommes de son caractère, ce
prince portait à l'extrême le goût général dans les cours de ce
siècle pour les fous et les bouffons, trouvant dans leur infirmité
morale et dans les saillies qui leur échappaient , le plaisir que son
rival plus pénétrant, mais non plus bienveillant, préférait tirer
‘des imperfections de l'humanité envisagée sous un point de vue
plus noble, « riant plus volontiers des craintes du brave et des
erreurs du sage.» Et en effet, si, comme le rapporte Brantôme, il
est vrai qu’un fou de cour ayant entendu Louis XI, dans un de
ses accès de repentir, avouer avec contrition qu'il avait été com-
plice de l'empoisnnement de son frère Henri, conte de Guienne,
en fit le récit à haute voix, le lendemain à diner, devant toute la
… Cour assemblée, on peut croire que le monarque.se sentit peu de
“'CHARITRE XXVIL. 708.
goûf pour les: plaisanteries des fous de profession pendant. tout le:
“ reste de sa vie. Mais dans l’occasion actuélle il ne dédaigna pas
cependant de faire attention aux'saïllies du fou favori du duc de.
Bourgogue, et d'y. applaudir : et cela d’antant plus volontiers
même qu il crut s'apercevoir que la folie du Glorieux , toute gros-
sière qu’elle parût, couvrait plus de finesse et de causticité que
l'on n’en remarquait ordinairement parmi les gens: de eette classé.
Dans le fait, Tiel Wetzweiler, surnommé le. Glorieux, était
sans contredit un bouffon d'une espèce peu commune. Il était
grand, bien fait, excellait dans plusieurs exercices qui parais-.
saient dificilement se concilier avec une inteHigence faible et
bornée, puisqu'il faut déployer de patience et de l'attention
pour’ acquérir des talénts de ce genre. Il suivait ordinairentent le.
duc à la chasse et même à la guerre ; et à la bataille de Montihéri,
quand ce prince courpt un notable danger, ayant été blessé à la
gorge et setrouvant sur le point d'être fait prisonnier par un che-
valier français qui avait déjà saisi les rênes de son cheval, Tiel
Wetzweiler chargea l’assaillant avec tant de vigueur qu'il lui fit
mordre la poussiète ; et il dégagea son maître. Peut-être crais -
gnait-il que ce service ne fût regardé comme trop important pour.
un bomme de sa condition, et qù’il-ne-lui suscitât-des émnemnis.
parmi les chevaliers et Jes seigneurs ‘qui avaient laissé au bouffon
de cour le soin-de défendre le prince : quoi qu'il en puisse être,
au lieu de rechercher les éloges que méritait cet exploit, ils'é- .
tudia à s’attirer la raillerie, et il fit tant de gasconnades sur ses |
faits d’armes dans cétte bataille, que beaucoup de gens crurent
que le secours porté par. lui äu duc Charles était imaginaire |
comme tous les contes qu’il: débitait. Ge fut là ce qui] lui valut
le sobriquet de Glorieus 5.n0om qu il porta depuis, ‘al exclusion
du sien. +:
Le Giorieux avait ûne mise très-riche, et conservait peu de
chose des signes distinctifs.de sa profession ; encore ces faibles
marques étaient-elles plutôt. syrnboliques que littérales. Au lieu
d’avoir la tête rasée, il portait une longue et épaisse chevelure
qui, s’échappant de dessous son bonnet, venait rejoindre une
barbe bien peignée et ärrangée avec som : cette disposition Jais-
sait à découvert des traitsréguliers, qui auraient même pu passer
pour beaux si ses yeux n'avaient eu quelque chose d’égaré. Une.
bande de velours écarlate, placée transversalement au baut de
son bonnet, indiquait plutôt qu’elle ne représentait le sommet ou
à QUEENEEN BURW AD.
lefronton datiniotifde Ta coiffure d'a féu-en fre d'éficé- SL ner
rotte en. ébène portaÿt, suivant l'usage, une tête de-füu avec des‘
_ cueities d'âne.en argent, maiæsi petité et si déBcatementciselée,
qu’à-moins de la eonsidérer dé trèsprès, oneût: rt qu'il portait:
le bâton officiel de quelque dignité plis sértèuse. Tèltes étrient'
les seules marques auxquelles on pût reecrmaîtie son ernvpféi : Dur”
reste: il rivulisait de luxe avec la pläpart des nobles dé 1x cour.
Une médaille d'or était suspendue àson bbmiet : ke chaîte de
mine. métsf pondait À so cou, et des Habits étaient pas ples-
Branres que coux des jeunise élégants qui ‘cherchent &'ontrer 14
Charles et Loëis, _ee dernier à l'exeriple de son-Héte, adrené--
“réntisdurent la: perle: à cer bouffèn' pondét le féstixt, et tous:
déux, par des-éclats de rirespontanés, montryient combien les
_ fpenses du: Glorieux les dévestisshionts« Pber qui sônt ces-dèui’
siéges vacants? lui demande. Charles L'un, tout ax moins,
derrait. m'appartents par: Groît-de suecession, répondit#8. -—Ef
pourquoi cela, faquin ? Parce qu'ils appartient. à d'Éyrti-
bercourt età d'Argentôn, qui sont aHés:si lois pour voir lesquels
de ur fautons. voteñt le mieux, œu’ñs ont oaMiéte souper.
Gr: dont, ceux qui préfèrent un; fatoon volant à-un fkisar sur
table, sent proehes'parenté d’un fou, et-eplai-ci devrait s'empa-:
rer de lours.siéges commë.faisant partie de leur strecesion rmobè-
-lière. — Gette plaisanterie n’ést pas nouvelle, répondit le: dnc,
is, fou's ou sages, les voici: qui arrivent. »
Comme it parlait, d’Argenton: et d'Hymberecourt entrérent dans:
. le sake, et'après avoir salué humblement les princes, ils prirent
- askence les places qu’on leur’ avait réservées. -
__ —#h bien, messieurs, leurcria le duc, if faut que votre chasse
ait été bien bonne ou bien mauvaise, pour vous avoir retenus st
tard. Sire. Philippe de Comines, vous paraissez tout abatts ;
dHyrmbercoûrt vous a-t-H gagné une grosse gagetre? Vous êtes
ua philosophe, et vous devriez présenter meilleur:visage à mao-
vaise forlune. Par saint George l‘d'fymbereowrt n’a pas: Fair
Moins consterné que vous. Qu'est-ce que cela signifie, messieurs ?
N’avez-yous pas trouvé dé gibier ? avez-vous perdu vos faucons?
quelque sorcière: vous a-t-elle choisés en chemin ? avez-vous renu
contré le Chasseur Sauvagé! dans la forét? Sur mon homeur?
4 Dans limitation de la ballade de Burger, sir Walter Beot-.no0s fera connaitre la
Chasseur Sauvage, 4. M.
chavreus XVI ser
onrdira que vous venez ainister à dés funérailles plat qu y
faste? >
Pendis que:ks duc partait. lesyvax & l'assembiée étaient tours. .
és sur d'Hyrmbercourbet d'Argeston; otcomme is n'étaient nuls
lement de ces: gens'chez qui me expression de: mélancolie est
lubitneïle, leur -contenante emblavrassée etiriste:fut si:aisément:
remmeuésque: Je stenpersuctéda aux: bruyants éeitts:dota joie:
malpyéd'excoitent vin dont les obavives avaient:déja fait de vepietn
ses ibations, saus que personne pût xesigner luraison d'un chu
gement: SErVERU presque tout à coup: dans les dispositions des
. esprits ; chacun &e mit à parler à Poreille de ëon voisin, counno sé
Fon'odb été à. voille d'appéendre quelque grand événement.
« Que sigaiôs ce sitenes', messhèurs ? + dit lestoe on levant le
voix qu'avait nattirellement sirotoritissunte.- Si vous appsrèns
& notre 'barquet 0e: regañis étranges et. cotte taviturnité mes
mpinasquliète, jkést fipheux 40e vonsss s07ez pes rostésésmes
lbs murais:à chercher des hérons, des bécasses, ot: même des hi
bus. — Môn gracieux maître, dt d'Argenton, comes nous
réresions do x forêt nioes: avons rencontré:le comte :de Crèvos
oœur:.—Quail reprit le duc , déja de retour des Brabant ?.il Ÿ à
trouvé: tout: en" bon état, j'espère! — Lie come vaus présunterai
lüi même, dans un instant, F'oxposé des nouvelles qu'il rapporte:,
répondit d'Hyrmbercourt , car-rfous ne lés avons esteñdües-quith+
parfkiéomont. —Mort de ma-vie!'Et où est.le cothte ?-—:}1 chang:
de vêtemernss pour ‘se reridre aaprès de: :Votre' Altese, réporrdit
d'Hymbercourt.—Devétements? Par Ja semibleu! qu'avaitsit besoin)
den changer? Je erois: que.vous vous‘êtes ligwés- ensemble pour’
mé rendfe fou, — Pour parter plas frineherment, -dit d’Argenton..
ik désire vous commaniquer ses nouvelles en audience pastieu-+
Jière: — Tête-Dieu ! sire roi, dit Charles, voilà comme nos ten--
sillers nous. servent toujours: s'ils. ont appris: quelque: choss
quiis jugent de quelque: importance pour notre: oreille , ils pren
nent mwr-le-chiamp le ton de geavité ; et sont aassi fiers de co far
deau qu’un âne l'est’ d’une selle neuve. Qu'on prévieane Crère— :
cœus:de.se rendre i ici incontment. Il arrive: -des frontières de
Liège, et quant à nous, du moins, » dit-il en appuyant surle,
pronom ; « NOUS N'AVONS pas de: secrets dans ce pays: que nous no;
puissions prochimer à la face de l'univers.
Tout ie monde s’aperçut que: le duc avait assez: bu: pour accroh
Ateson entôtement naturel: et quoique plusieursde ses courtisang
L 3 A DURYTARD.
lui eusseut volontiers fait observer qüé- le moment n'étais. Spro-
_… pice ni pour entendre des gouvelles, ni pour tenir conseil, cepen-
. dantils comnaisséient trop bien la fbugue de san <arastère pour
hasarder la moindre objection ; cliseun demeure dans une attente
inquiète des nouvelles qué le conxte devait communiquer.
Après. ün court intervalle durant lequel le dut resta les yeux
ipapatiomment fixés sur laporte, tandis que les convives tenaient
les leurs attachés sur la table, emme pour cacher leur curieuse
amxiôté, Louis seul conservait un sang-froid impassible et con-
tipuait dé causer altecnativement avec Fécuyer tranchant el le
bouffon. .:
Enfin Crèvecœur entra ; 7 fut interpellé aussitôt : « Quelles:
atuvelles de Liègé, sire-comte ? L’annonçe de votre.arrivée a
banni l'enjouement de cette table ; nous espérons que votre pré-
sence y ramènera Ja gaieté. — Seignenr et maitre, » répondit je
comte avee fermeté, mais avee tristesse, « les nouvelles que je
‘vous apporte sent plutôt de nature à être révélées dans un conseil
‘que. dans un banquet. — Quelles sont-elles ? s’écria le duc : sn-
nasçassent-eles l'antechrist. je veux les connaître sur-le-champ.
Mais je les devine ; les biégeois se sont encore mutinés ! — C'est
la vérité, monsieur, « dit. Crèyecœur don air grave..— Voyee,
repritle due, voyez comme j'ai deviné ce que vous hésitiez tant
à me dire! Ainsi ces bourgeois. sans cervelle ont encore pris les
armes, Celane pouvait arriver plus à propos, «. ajouta-t-il en jetant
sur Louis ua regard oi il se péignait un ressentirgent-qu’il s’effor-
çâit cependant de déguiser , « car nous “pouvons aujourd'hui.
prendre l'avis de notre seigneur suzerain sur li manière de répri-
mer une telle révolte, Est-ce là toutes vos nouvelles? Pourquoi
| n'avez-vous pas vous-même marché au secours de l’évêque ? Ré-
pondez!— Ii m'en coûte, monséigneur, d’avoir à vous répondre,
comme il vous en coûtera de m’ehtendre. Mon secours et celui
de tous les chevaliers du monde ne serviraient de rien à cet excel-
lent prélat : Guillaume de la Marck, uni aux Liégeois insurgés,
s’est emparé du château de Schonwaldt, et l'a. assassiné dans sa
propre demeure. — A#ssassiné! » répéta le duc d’un ton. bas et
concentré, mais qui fut néanmoins entendu d’un bout de la'salle
à l’autre; « tu as été trompé par. quelque faux rapport, Crève-
cœur. Cela.est impossible. --Hélas! monseigneur, répondit le-
comte , je le tiens d’un témoin oculaire, d’un archer de la garde
écossaise du roi de France, qui était dans la sallo au moment où
?
CHAPITRE XXVIL. #0
ce meartre a été consommé par de” laMarek. — —-Ef-qui sans duts
a-prôté la main à cet: horrible sacrilége ! » reprit le duc en se 19e
- vantet en frappant du pied avec-une tele furie, qu’il nüt'en
pièces le marchepibd placé derant lui. « Qu'on ferme les portes.
de cette salle ! qu'on en garde les fenêtres !. Qu’aueun étranger nè
bouge de son siége, sous peine de mort, Gentilshommes de ma
chambre, l'épée à la main ! » Et se‘tournant vers Louis, il porta
lentemient:la nain dun air déterminé sar la poignée de son-épée,
tandis que. le roi, sans montrer aucune crainte, sans même
_prendre uné ättitudé défensive, lui dit avec calme : Ces nouvel»
les, beau cousin, ontébranlé votre raison. — Non, » répondit
le duc avec un accent terrible, « mais elles ontéveillé -un juste
ressentiment que j'avais ldissé trop lonig-temps étouffé sous de
vaines considérations de lieu et'de. circonstances. Meurtrier de
ton frère; rebelle contre ton père, tÿram de tes sujets, alé
traître, roi parjure, gentilhomme déshoncré,, tu es en ma püis-
sance , tt j'en remercie le-ciel. — Remerciez-en plutôt ma folie,
dit le roi, car lorsque nous nous réncontrâmes à Montlhéri, à ter.
“nes- au Moins égaux il me semble que vous. auriez vouiu- être.
plus loin de moi que vous ne l’étes en ce moment. » *
. Le duc avait-toujours la main sur la Poignée de son épée, mais
ilne latira pas du fourreau pour frapper un enneini qui ne faisait.
aucune résistance , et dorit la contenance impassible pe. pouvais
justifier aucun acte de violence.
‘Cependant -une confusion générale et étrange régnait dans le L
salle ;-les portes en étaient fermées et gärdées selon. l’ordre de
. duc; mais plusieurs seigneurs français, quoique en petit nombre;
s'étaient levés de leurs sièges, et s6 disposaient à défendre leu
souverain. Louis: n’avait dit un mot, ni-au duc d'Orléans ni à
Duñois , depuis qu il les avait fait sortir du château de Locties ; et
à peine pouvaient-ils se regarder comme en liberté, traînés comme
ils l’étäient à la suite du monarque ,'et objet évident de ses soup-
çons plutôt que de ses égards et.de son ‘estime. Néanmoins la voix
de Dunois fut la première à s'élever au milieu de ce tumeite , et
s'adressant au duc de Boürgogne : « Sire ‘duc, lui ditit, voué
oubliez que vous êtes vassal de la France, ef que nous, vos CON:
vives, nous sommes Français. Si vous levez [a main contre votre
roi, préparéz-vous à soutenir les plus violents efforts du déées-
poir; Car, croyez-moi, nous nous abreuyerons du sang de la Bourse
gogne comme nous venons.de nous abreuver de son vin, Courage;
on - : QUENTIN DURAMED,
auvsaigeeur d'Onlésèss: etrvous, :gentishomemes français, ran
@u-vous smtour: de Bunois, et faites ce. quevous verrez faire, :
. )En:ce.moment,:le roi put cexisaître" ‘quels étaient ceux re ses
sujets eut lesquels il pouvait le-phiscompter. Le pen de sdigneurs
at de choraliors indépendants qui:s6 trouvaient auprès de: hi, et
dènt la plupart s’én evafent: reçu que des dédains et des: merifi-
ctions, sans être effeayés par anë foree infaiment supérieure,"
- siparia-certitude dune sort prompte, se bâtérent de-se-ranger
autour de Dunoïis, et se frayèrent un passage à sû suite vers le
: haut hout de la table où les deux princes étaient assise
. Au:voptraire, ceux de ss serviteurs que Louis avait-tirés de
&a bassesso pourdes élever à des places importantes qu’ils n ’avaient
aueunement môritées; #e éantrèreni que Meheté «et froidenr, et
- demeurant tranquillement assis, 'parurent détenninés à:me point
anticiper sur leur destinés par une interrentiin.quétoonque, qi
qu'il pêt advenir de leur biénfaiteur..
Le premier parmi.les hommes généreux qui prirent tar déténse
duiroi était lo vémérable lord Crawford, qui, avec. une agilité
‘qu'on m'aurait pu attendre de son âge, se faya un éhemin- rsaigré
toute opposition: À. x vérité, iln'en rencontra qu'une faible: car
‘süit: par point d'honneur, soit par un désir:sécret de- prévenir ke
L -boup qui :menaçait Louis, les seigneurs hourguigaons: Livétreit
passage au noble Épossais, qui vint se placérentre le roi etrkednc.
‘’Enfonçant de côté sa toque, de-dessoes laquelle:s-échaäppsient
quekques mèches decheveux:blaries, .péadlant que :ses joues pôles
stsen front fidé reprénaient leurs primitives esuletrs, et quescm
@ilétoint par l'âge brillait d'un nouveau feu, signal d’urie résolu-
tien désespérée il:tira-son épée de la main-droite, et rejetant son
rhantess de ia main gauthe; ilse mit surla- défensive.
”_ «J'atoonbelts pebrison pére:etpour sen aieul F'éeria- til 6,
par saint André! quoi: qu'il puisse résulter de: tout ceci. jome Fe
hansionnotai pis dans une telle crise. »‘
‘ont ee qu'il nous à faHu quelque temps pour le: rappoiter æ
passa rapide comme l'éclair ; car à peine le. due avait-il prèsune
attitude menaçante, que Graw ford s'étéit.élancé entre lri et l’objét
de sx vengeance, et que tous-les gen{fishommes français sétaient
portés din même: côfé aussi vite qu'il. Jeur avait été possible.
Leduc de Bourgogne tenait toujours main sur:son épée, et
seneMait-prêt à donner le signal de Pattaque, dont le résultat eût
jafaillibiement:été le msassacre-durperti.lo phus-tuibles gaie
-veccebr,.accoucènt api, écris d'une voix laine :6t sanare::
« Monseigneur. de Rorgogne, oonsidénes £e que veus allez faire!
Vous êtes.dans votre palais: voûs êtes de vesml du noi! Ne régan-
_dez pas Je sang.de-votra hôte. dans votne demeurse,.ls seng de ve-
- tre souverain assis sur le trône que vous avez élevé poux:hii, :at
oil il s'est placé sous votresauvegande. Par égand pour l'apamur
de votre MAOR; ne cherchez pas à venger na-horrible essassioat
per mn. assassinat NON. mains. horrible, —Relire-toi, Grèveoæur, .
s’écria. le duc. . et. laisse-moi. assouxir mia vengeance, Retire-toi;
la colère’ des princes ot. aussi redoutable -que celle du ciel.
Qni, » répondit Gréveaæur avec. fermeté; mais seulement - Jous-
qu'elle-est juste camme esile du ciel. Permetiez-moi, 10h prince, »
d'arrôter. da violence de vatre caractère, quelque jusbeméné f-
fensé que. Fous 507. “Et vous, nobles de Frances, loraque joue
.pésistapce est, xaine;trouvaz.bon que je: VOUS rocenmande d'édi-
ter ce qui pourrait sxaener l'effasion du SRG. —r Il à Haison,;»
dit. Louis, ;que son. sang-froid N ’abandenna:.pas dans: cet instant
texvible, .et qui. prévoyait que si les roies de fait coummengeient,
An.se, porterait à nlus de-violence-dans la. chaleur du moment
Au'au. milieu du calme; si la paix pouvait-être, meinlemue. « ila
21599... Mon cousin d'Orléans, man brave: Danois, mon fidèle
.Crawford, n'amenez pas des malheurs at une éffuinion de sang par
- une colère irnéfiéchie.. Notre cousin Ie dus rest icrité-de 1a mpat
A'un.ami cher à sonicœur, du vénérable évêque. de.Liége, dont
Aous.déplonons .le meurtre autant quille déplore luismims :
d'anciens et. malheureusement, 46 noureaux majeis de discussion |
le.portent.à nous .soupconner. d'avoir inenpé en. quelque ‘lapin.
sans a crime que nous Abborrans. Si notre hôte -roulaitse souit-
ler d’un-crime semblable en nous ssasinent iei:nous sen;néi
&k #00, Parent, sous. la fausse sypposition.que nous aunions cantri-
bué-à .la-mort déplorable de l’évêque de.liige, vatne résistenne
ae. pourrait. guère alléger notre destin ;.ex oantraire, elle ne.pour-
Jait que l'aggraxer. Ainsi donc, CraWfoxd, relirer-vous, :Dussent :
«es paroles être les dernières que je. pronamer, je narle.comme
ua roi. son officier, et j'exige ahéissanne. Retinez vous; -et-si on
le requiert, rendez votre: épée; je:vous l’ardônne.: votre serment
vous Gbligeà m’obéir. — C'est la vérité, Sire, » répandit Crawéoril
‘en reculant, et en replongeant. s0n--épée dans ls faunrean, . d'où il
l'avait tirée.à moitié; «oui, c’est.la vérité; mais, sur. ren het
neur, si j'étais à la tête de spixante-dix de m5 Leaves FORPAGROUS,
SM QUENTIN DURWARD,
au liea d’être.chargé dur même nombre d'années, je voudrais es-
sayer s’il ne serait pas possible de me faire raison dé ces galants
si recherchés avec leurs. chaînes d'or et leurs bonnets à ganses,
surehargés de bordures de toutes couleurs et de devises emblé-
matiques. »
. Ée-duc resta long-temps les yeux fixés : sur le plancher, puis,
.… avéc une ironie amère : « Vous parlez bien, Crévecœut, dit-il ;
notre honneür demande que nos obligations-envers ce grand roi,
@et- hôte chéri, ñe. soient pas payées aussi-à la hâte que nous
nous l’étions proposé dans notre impétüeuse côlère. Nous agirons
de telle sorte que toute l'Europe connaîtra l'équité de nos pro-
cédés: Gentilshommes de France, il. faut que vous rendiez vos
armes à mes officiers. Votre maître a rompu la trève et n’a plus
“auoun titre à en jouir. Cependant, .pour ne point blééser vos sen-
timents d’honnewr, et par respect pour le rang dont, il a dégé-
néré, nous ne demanderons pâs à notrè cousin Louis son épée. —
.. Aucun de nous, s’écria Dunois, ne rendra. ses armes et ne sortira
de cette saile qu’avec la ferme assürance qüe notre roi ne court au-
cuh danger. — Et pas un homme de la‘ garde écossaise, » s'écria
-à son tour lord Crawford, «. ne déposera. lés siennes que par ordre
éxprès da roi de Frañce ou de son grand connélable. — Brave
.: Bunois, dit Louis, et vous, mon fidèle Crawford, votre zèle me
nuira au lieu de m'être utile, Je compte, » ajouta-t-il avec digni-
té, « je compte sur la justice de ma cause plus que sur une vaine
résistance qui coûterait la vie aux meilléurs etaux plus braves de
mes sujets. Rendez vôs épées; les nobles bourguignons qui rece-
ront ces’ honorables ‘gages sauront noûs protèger, vous et moi,
“Mieux que vous ne pourriez le faire vouë-mêmes. Rendez vos
pées, je le veux , je vous l’ordonne. »
- Ce fut ainsi que, dans cette crise imminente, Louis moûtra
cetté prompte, résolution et ce jugement aussi profond que juste
_-qui seul pouvait lui sauver la vie. 11 était convainou que , jusqu’à
ee qu’on en vint aux mains , il pouvait compter sur l'assistance
-de la plüpart des nobles bourguignons qui étaient présents, pour
_-modérer la fureur de leur prince ; mais que, si une fois la mêlée
commençait , lui et le petit nombre de ses défenseurs seraient
immolés à l'instant même. Et cependant ses ennemis les -plus.
-acharnés avouèrent que dans ce moment sa conduite n'’offrait
_‘#len qui sentit la bassesse ou la lâcheté. IL ne chercha point à
augmenter la rage du duc; mais il ne parut ni redouter ni vou-
CHAPITRE ZXXWIL. . 53
loir conjurer cette étrange frénésie, et il continga à le regarder
avec ce calme que l’on remarque dans les yeux d’un homme
brave qui observe les gestes menaçants d'un aliéné, et qui, sait
que sa fermeté, son sang-froid , sont un frein capable de répri-
mer son délire.
Au commandement du roi, Crawford remit son épée à Crève-
cœur en lui disant : « Prenez-la , et que le diable vous en doxne
üune.grande joie ! je ne vois pas de déshonneur à vous la rendre,
car nous n’ayons pas eu la liberté du choix. » — Un instant,
messieurs ! » s’écria le duc d’une voix entrecoupée, comme un
homme à qui la colère a presque Ôté le pouvoir de-s’exprimer ;
« gardez vos épées ; il me suffit que vous donniez votre parole de
pe pas vous en servir. Quant à vous, Louis de Valois, vous êtes
mon prisonnier jusqu'à ce que vous.vous soyez lavé du soupeon
d'avoir trempé dans un meurtre ét.dans un sacrilége. Qu'on le
mène à la tour du comte Herbert, qu'il ait avec lui six hommes
de sa suite et à son choix. Lord Crawford , il faut que votre garde
se retire du château ; on lui donnera ailleurs un logement conye-
pable. Qu'on lève tous les pont-levis, qu’on baisse toutes .les
hersés, qu'on triple la garde à toutes les portes de la ville, qu'on
ramène le pont de. bateaux sur la rive droite de la rivière; que
ma troupe de Noirs-Wallons entoure le château, et que l’on triple
le nombre des sentinelles à tous les postes. D'Hymbercourt, vous
ferez faire des patrouilles à pied et à cheval autour de la ville, de
demi-heure en demi-heure, pendant la nuit, et d'heureen henre
durant le jour, si toutefois cette mesure est encore nécessaire
après le lever du soleil , car il est probable que nous irons vite en
besogne. Ayez l'œil sur lg personne de Louis; yous en. répondez
sur:Ja vie.» …
Il se leva de. table. avec.yne 1e précipitation qui montrait encore
la, violence de la colère qui l'animaif,, lança au roi un regard où
se peigoait une inimitié mortelle , et sertit brusquement. de la
salle du banquet.
+ — « Messieurs, » dit le roi en à regardant autour de jui d’un air
de dignité, « le chagrin de la mort de son allié a plongé votre
prince dans un état voisin de la frénésie. Je me flatte que vous
eonnaissez trop bien vôtre devoir comme chevaliers «et comme
gentilshommes, pour le soutenir dans un acte de trahison ou de
violence contre la personne de son seigneur suzerain. »
_ En te moment on entendit ‘dans les rues le son des tam-
7" QUENTIN DURWARD. 24
sua : QUEXTIN DURANT.
bours et dès tsompettes, qui ppelarent s st detontespartx
…. — « Nous sommes sujets de la Bourgogne, » dit Chévecœut qui
remplissait auprés de son mottre les fonctions -de: maséelsal da
palais , «et nous ferons notre devoir comme tels. Nés:espéraneus
nos prières, nos efforts, seront employés à ramener la paix ot
Ponion entre: Votre Majesté et notre maître. En attendäut, mous
devons ous conformer à ses crdres Cessrgneuats et ces chevz
liers se feront un honneur de contribuer de: leur mibex à rendre
moins désagréable à Fillustre: nc d'OrWans., au:brave Dunis at
au vaillant lord Crawford leur changement de logis: Qtant à moi,
Sire ,.je düis être k chambehlan de Votre Majesté, et vous: con:
duire:-duns un appartement tout aulse que je ne le désiressis, car
jo n'ai pas perdu le: souvenir de lhespihalilé que j'&i reçue au
Plessis. Vous n'avez qu'à désiguur ls personnes -qui doivent
composer votre soits ; et'queles ordres: dusdue limitent à sn. —
Eh bien!» dit le roi en regardant autour dei, et après un mo:
ment de réflexion, « je désire avoir auprès de moi, Olivier lb
Dain;. ur archer dei ma garde: écossaise , noué > Bulafré ;
Fiistau l'Ermite avec deux de ses gens, et morrtrès-loyaLet. fig
philasophe Mhrtius Galpatti: —- Ea volonté de. Votre Wajeshbsera
exécutée an tuus points, dit le comte de Créveboar. Galeotts, :
aiquta-t-il. après avoir pris quelques ronseishemonts, «est. à.ce
que j'apprends, à souper ce sûir: en joyeuse compagnie; amis-ow
va l'envoyer chercher. À l'instant même, les: atttes:se rundromd
aax créres de Votre Majesté. — Rendons-rivus done duxle noc-
veau Jogemeut que nous assigne l'hospitalité de notre eousiss , dit
roi. Nous savons que la tour est forte, et nous‘espérons qu'ells
_ smarégalement sûre: —- Avez-vous entend le nom :de ceux. dun
le roi Louis à fait choix pour composer sa suite? » demanda tout
base Glürisux adeomte de Crèvecuuren suikimit oais qd sdr-
thit de ty salle: —-Assnément, mon joyeux :compére, répondit le
oumte. Eh bien:! que-trouves-tu à. dire Ki-dèssus —-Olelriers,
rien ; à cela près que c’est une collection assez singulière. Ux
entremetteur, un ikfamé paillard de barbier ?,.uw'oewpe-jarrets
écusmis à dages, un léurreait en titre avé'tes deux vakRts, et
@u fripon dé charlatan. Je veux allér'avec vous, Créveetwur, afin
-de: prendre mes degrés en coquiniérie en les observant. pendene
que vuus Les conrduirez: Le apte Rsi-n6hre arait eu peite à eon-
4 Pandarly, Voyez dans la Dièce de Trois and Cressida, dle Shakspeare, le-sêôle
de* Pandaruÿ. La vraiè traduction dé Panddrly barber est MAG.eure de barbier. A. M
CRAPTTRE ÆXVTIL.' 28
voquer in parelli synôde, dont # serait tout ar plus dn asser dr
gue président. »
Usant donc de ses priviléiies , k fou pvit famätèrement ke bras
de Crèvecæur et s6 init ën marche avoë mi, tandis que, sous
groteetiün: d'ane benne escorte, mais sans oublier dé lui rendre
toutes les marques éxtérivures du respect, le corhte cvhduissit jé
réf à son, iphatecont.
CC CHAPITRE XXVHE.
. L'INCERTITURE.
ft, houveut séif, hétteut indiptan Mbtibl ip
ta basse origine met à l'abri des coups de 1g fortune 2
couche-Joi, repase-to}, livre-toi au repos... Elle né
tepose pas tranquife et à sori aise La.tôte qui pote une
. fourenns. Suanpwmasr, Henri FI.
… Quareate honames d'armes portant alternativement, l’un un
épée nuë, l’autre une torche enflammée, sertirent d’escorte où
plutôt de garde au--roi Louis. depuis Yhôtel-de-ville de Péronng
jusqu'au-château ; et, lorsqu'il entra dans cette sombre et redou-
fable forteresse ; H erut «a moment entendre une voix qui faisait
retentir à son oraille cet avis que le poële florentin a écrit Au-dése
sus de fn porte des régions infornales :
‘Voné qui vous avancez dtts Gé Heu de sonfrancé,
4H ports, tn extrènt, lnisszs 4eme ctpéragne }.
Peut-être quétque sentiment de remords aurait éMuré Jane
du roi , $’il eût pensé en ce moment aux centaines, disons Mieux;
aux milliers di individus que, sur bii léger soupçon, quélquéfüis
même sans motif, il avait plongés dans les cachots, leur 6tant
tout espoir de liberté, et les forçant méme à détester là vre à
laquelle ils ne téhaient plus que par le simple instinct anima.
” La vive clarté des torches l'emportait sur a pâle lueur le la
lune, dont les ayons étaient encore plus obsturcis cette auit-à
que la précédente, et la lurnière roügeñiré, qu’au mñieu dé là
fumée qui s’en élevait elles répandaient awtour d'elles, Gotinait
une teinté cent fois plus sombre ä limmense donjon que Pen ap-
pelait la tour du cothte Herbert. ‘C'était cette même tüur que
. etre
4 suscite si speransa, pes oh’ entraie. ,
PRE Dante, tmferto, Mb bc
276 QUENTIN DURWARD.
Louis avait observée la veille avec up pressentiment pénible , et
qu'il était maintenant destiné à à habiter, en proie à la crainte des
xiolences auxquelles le caractère irascible-de son trop puissant
| veseal pourrait se livrer dans ces sécrets repaires du despotisme.
. Les pénibles sensations du roi s’aggrayèrent encore -lorsqu’en
traversent la cour il aperçut un ou deux cadavres sur lesquels on
avait jeté à la hâté des manteaux de soldats : il ne .fut pas long-
temps à reconnaître que c’étaient les cadavres de deux arehers
de sa garde écossaise. Ayant refusé, comme le comte de Crève-
eœur l’en informa, d’obtempérer à l'ordre de quitter le poste qu'ils
occupaient près de l'appartement du roi, une rixe s'était élevée
entre eux et la garde wallone du duc ; et avant que les officiers
des deux corps fussent parvenus àla faire cesser, plusieurs soldats
avaient perdu la vie.
. « Mes fidèles Écossais ! » s’écria le roi en voyant ce triste spec-
tacle; « s’il ne se fût agi que d’un-combat d'homme à homme , la
Flandre et la Bourgogne réunies n auraient pu fournir des cham-
pions capables de lutter avec-vous. =: Sans doute, » dit le Balafré
qui marchaït immédiatement derrière le‘roi; « mais si Votre Ma-
testé veut bien me permettre de le dire-, « nombreux moisson-
aéurs, prompte moisson. » I} y a peu d'hommes capables de faire
face à. deax ennemis à la fois. Moi-même je n’aimeris guère à
en avoir trois sur les bras, à moins que ce ne fût dans l’accom-
plissement d’un service tout spécial, auquel cas il ne s’agit pas de
” s'amuser à compter les têtes, — Ah ! te voilà ma vieille connais-
sance ! » dit le roi en.se tournant wers.lui. « J’ai doncencore près
de moi un sujet fidèle.— Et un fidèle ministre, soit dans vos con-
seils, soit dans les devoirs qu’il a à remplir auprès de votre royale
personne , » dit Olivier le Dain d’une voix basse et insinuante.
. « Nous sommes tous fidèles, : » reprit Tristan l'Ermite d’un ton
bourru; « car si l'on abrége les jours de Votre Majesté, on ne lais-
sera la vie à aucun de nous, quand même nous voudrions la con-
server.— À la bonne heure! voilà ce que j'appelle une bonne ga:
rantie de fidélité, » dit le Glorieux qui, comme nous l'avons déjà
remarqué, avec cet esprit incapable de repos et qui caractérise
‘un cerveau détraqué, s’élait mis de la compagnie.
. Pendant ce temps le vieux sénéchal,. qu’on avait appelé à La
‘hâte, faisaif de pénibles efforts pour tourner la pesante clef qu’il
avait introduite dans la serrure rouillée de cette vasie prison go-
thique ; et il fut enfin obligé de recourir à Faide d’un des gens de
— ss D = - LD 7 = a - LL SE
- = CS CES —
_ CHAPITRE ÆZXVEL \ ST.
la suite de Crèvecœur. Quand on:eut réussi à ouvrir la porte: sig
hommes:entrèrent avec des torehes, afin d'éclairer , en marchant
les premiers, un passage étroit et tortueux, commandé de dis.
tance en distance par des meurtrières ou embrasures ‘pratiquées
dans l'épaisseur des. voûtes.et des murs latéraux. Au bout de ce
passage se:trouvail an. escalier d’une construction non: moins ef
frayante, et-dont les degrés étaient d'énormes quartiers de pierre,
grossièrement façonnés au marteau et d’une hauteur. inégale.
Loïsque Louis.et son cortége en eurent atteint la dernière marehe,
une porte garnie-d'épaisses barres de fer leur donna l’entrée detre
qui avait été autrefois la grande sale du donjon : très-faiblement
éclairée, même pendant le jour (car l’excessive épaisseur des murs
faisant paraître plus étroites encore les ouvertures par lesqueltés
la lumière devait y pénétrer, on les aurait prises pour descre-
vasses plutôt que pour des fenêtres), une obscurité complète y
eût:régné en ce moment, si la lueur des torches ny avait répandà
quelque clarté. Deux ou trois ehauves-souris , ou autres bisezux
de sinistres présages, réveiltés par cette clarté inaccoutumée, vol-
tigèrent autour des torches et faïllirent mêmo:les éteindre, tandis
que le sénéchal, avec toute la roideur de l'étiquette; s'excusait
auprès du roi de cs que le principal appartement de la tour n’a
vait pas été mis'en ordre: on lui avait laissé si peu de temps pour
le préparer ! « Et dans le fait, .ajouta-t-il, cet appartement n’a pas
servi. depuis vingt ans, et même, d’après ce que j’ai entendu dire,
fl l'a été bien rarement depuis le temps de Charles le Simple.— De
Charles le Simple! répéta Louis. Oh ! je connais l’histoire de cette
tour, maintenant; c’est ici qu'il fut assassiné par son perfide vassal
Herbert, comte de Vermandois… aïnsi le racontent nos annales.
Je savais qu’il y avait, relativement au château de Péronne, quet-
que souvenir qui me trottait par la tête sans. que je pusse m'en
rappeler les circonstances. Ainsi donc, c'est ici qu’un de mes pré-
décesseurs a péri misérablement!— Nôn, pas ici, pas.exactement
ici, Votre Majesté est dans l'erreur ,. » répondit le vieux séné-
chal en s’ayançant avec l’empressement d’un cicérone qui fait.
voir les curiosités d’un édifice; «c’est un peu plus loin, dans
une petite pièce attenante à la chambre à coucher qu’eccupera
Votre Majesté. » |
Ii ouvrit. à la hâte une porte placée à l’autre extrémité de l'ap-
partement, et qui donnait entrée dans une chambre à coucher
assez petite, comrne c’est l'ordinaire dans ces vieux'édifices, munis
SE QUENTIN DURWARD.
qui, pair estéé raison même, était plu agrébis que la granile sal
On y avait fuit à la hâte quelques préparaifs porrecévroir keroi:
uaé tapisserie avait lé clouée sir le mur;on avait allumé du fen
. dans une grille rengée par la rouille, prouve certains qu'onaren
&rait.pas fait usage depuisdong-temps , et on 5 avait dreséé uné
sôpte de lit de camp pour'ceux qui, swivant is coutume de ee
tôrnps, devaient passer la nuit dans la chambre du roi,
+ Je ferai placér des lits dans la grande sallé pour le reste de
vètre suite, Sire continua lo vieux s6kéchal ;.ôn. m'a donmé si
pou de-tomps, qu'en vétité..…. Mainténant , si plait à Votre Ma
jesté de passer par cette petite porte, Là , derrière la tapisserie,
ee entrera dens on petit cabinet pratiqué dans l'épaisseur du mir;
c'est dans cet aatique cabinet que Charles perditla vie: um passage
secret , au moyen duquel il communique avec l'étage imférræur ,
* imtroduisit les hommes chargés de lui donner. la mort, Vetre
Majesté, dont j'espère que la vue esk meilleure que in naienré,
poiara encore distinguer Les traces de sang snr le plancher, quoi-
qu’il y ait cinq cents ans que cette aventure est arbivée: »
En périant ainsi, il s’efforçait d’ouvris la petite porte dont à
pariait. Le roiluidit enfin : « Arrête, bon viaitiard, attshés encsre
un pou; tu pourras avoir uné histoire pius récents & raconter, el
du.sag plus frais à montrer. Qu'en dites-vous, ceinte de .Enève-
ecauw ? — ‘Foul ce.que je puis: vous dire, Sire, répondit le comte,
c'estquecesdeux appartements inéérisurs sont auisi absaliment
à l-dispcsiiion de Votre Majesté que eux de: votre: ohâtsau du
Plessis, ot. que la garde extérieure en est confiée à: Créveeæar,
duat le. nom: n’a jamais été terni par:lés épithètes:de traître ou
dassessin-.— Mais lo passage:secret dont parlé cervisillard ? le-pas-
see quèconduit dans ce cabinet? » dit Louis à vorx baaso-et. d'uri
tri. d'inquiétude, et enserrant d'une main le:bras: da Grèveecur,
tdhdis qe.de l’aotre ilen montrait là ports.
« Ge-n’ent sans doute qn'un-rôve de Mornay, répondit le enmt,
eu: quelque veille et absurde: tradition du châléau : mais: je vais
dsaniner cela. »
allait ouvrir porte hi-cahinet,. quand loués l’en-enspéche
on: hi:diséat : « Non, Crèvècæœur, non, votre henneue m'est une
garantie suffisante. Mais qu'est-ce que votre duc.8e propose: dé
faira dé oi? Hine peutiespérér me retenir long-témpé priseanéer,
at. on-urs mot:,. dites-moi ci que.vous penséz de tout ceci... Crè-
RUE ven Bite. Voise Malesté: péut, jager elle-même jnaqu'à
AORRNTRE KXWIH. ! 2
quel point de.dac de Rbusgogne doit êtroiccurrencéide oënlb.
asessist Cormnss sur là pensvane de son-proehe parent de sn
allié: vonsaol ai avez qnels motifs peut soir de croire que
ke hutouss de ce icrshe-ont agi à l'instigatien dés émissaires ‘de
Votre Majesté. Mais niori, maître a ame-noblesse «de-caractère qui
le-rpnd incpeble, môême:iu pas rt de:sa colère, d'employer x
trahison. Quelque détermination qu'ilpronne, il l’exécutera new
grand jour'et où fans des seux poanies. Et'jie ne puis qu’ajouter
ae le désir de bois. les oonseibérs. qui l'emtoureat. peut-être à
l'exception dun: soul, est qu'il se conduise en cette pocaaion aveo
autant sie donveur et de geméresité que de justice.— Ah ! Crève-
cœur; dit Louis en lui prenant ia main. .eonmse s’il eût été affecté
pat quelqmesouvestr pénible, « qu't ést heureux le-princs qui a:
pnèsde:sa personne cles, conssillers eapables de le prémunircontre:
sas paenons gt contre leurs suites. ! Leurs noms seront écrits en:
lettres d'or dans l'hiséaire de son règue.: Oh! si ma bonne étoie:
eût vouis que:ÿ'eusse eu près de mei des hommes tels que toi,.:
Grévecœur..… — Alors, dit le Giorieuwx, Votre Majesté n'aurait
eu d'autre sun:qhe de s’en débarrasser au plus vite. — Ah! ah!
sieur de la Sagesse , Êtes-vous donc là ? » dit Louis en se retoar
nént-eten quitant ie ton pathétiqueavee loquel it parlait aurcomte
pour is remplarer-aussitôt, avec une étonnante facilité, par on
autre qui pouvait presque passer pour de la'gaisté: « nous avez
veusdone suivis jusqu'ici? — Qui, Sire; la Sagesse.doit axivre en.
vétemenis bigarrés. quand la Folie marthe-en avant couverte deila
poupoe. -— Cominenit dois-je interpréter ces paroles ,'Sire Salo-
mion ? Vouidrais-tu changer de place avec moi? — Non, sur mon.
ame, Stre! quand même vous medonneriez cinquante couronnes
en retour. —#ÆEt pourquoi œla? D'après ce que sonties princes
aujourd’hui, ä me semble que je pourrais me contenter de t'avoir
pour roi.— Je ne dis pasie contraire, Sire; niais la question est
de:saroir si, jugeant de l'esprit de Votre Majesté d'après le loge-
nent qu'il bei a procuré:ici ; je-ne devrais pas être honteux 4h
voir an fou si stapide.— Silence ! monsieur le drôle ! s'écria : le
comte de OCrévecæur ; votre langue se donne trop de Yberté. -—
Laissez-le parler tout à son aise, dit Le roi; je ne connais pas ds
sujet de railieries plus faste que les:folies dé ceux qui devraient
se montreries plus euges. Tiens, müh judicieux ani, prends cétte
bourse d’br, et.recois:en:même temps un bon conseil , c'est à dire,
de ne jamais être assez foupour te pnoive plus sage que .les autres.
és6 QUENTIN DURAND.
Jé t'en prie; rends-«moi le servics de t'enquéfirdsmon astroiügue,
Martius Galeotti, et de ‘me l'envoyer à l'instant. -—"3y coûrs:;
Sire ; et je suis sûr que je Te trouverai chez Jearr Doppletbuar { ;
car les philosophes savent aussi bien -queles'fous où se vend
meilleur vin. Comte de Crévecœur, dit alors Louis, voudrez.
vous bien donner ordre à vos gardes de laisser passer brement ce
savant personhage?--Rien rie s'oppose à ce qu'il entre, 'Sire; miais
je suis fâehé d’être daris le nécessité de vous dire que mies ins-
tructions ne me permettent pas dè laisser qui:que ce soit sortir de
votre appartement. Je souhaite à Votre Majesté une bonnewesit,
ajouta-t-il ; et je vais donner mes soins à ce que les personres de
votre suite qui doivent rester dans l’antichambre s’y trouvent ptus
à leur aise. — Que cela ne-vous inquiète en rien, sire comte, ré-
_pliqua le roi ; ce sont des gens habitués à la fatigue, et qui s’ac-
‘commodént de tout; et, pour vous dire la vérité, à f’exception de
Galeotti,que je désire voir, je serais bien aise d'avoir, cette nuit,
aussi peu dé communitations avec l'extérieur que vosinstruetions
vous le permettent. — Mes :instructions-prescrivent que. Votre
*- Majesté ait la pleine et entière. possession de:s60n: appartement :
tets sont les ordres de mon maître.— Votre maître, comte de Cré-
vecœur, et je pourrais aussi le nommer le mien , est un:très-gra-
cieux maître. Mon royaume n’est pas trop vaste en ce moment,
puisqu’il se réduit à une vieille salle et à une chambre à coucher:
mais il est assez étendu pour les sujets queje puis compter encore.
“Le comte de Grèveeœur" prit congé du roi ,-qui, bientôt après,
entendit le bruit des sentinelles qui se promenaient. chacune à
son poste , la voix des officiers qui dennaient des ordres, et la
marche précipitée des soldats qu’on relevait de garde. Enfin le
- silence régna de tous côtés, et aucun son ne troubla le calme de
la nuit, excepté le murmure sourd des eèux profondes et -bour-
beuses de la Somme, qui baignaient les murs du château. :
« Retirez-vous dañs l’antichambre, mes bons amis ,:» dit Louis
à Olivier et à Tristan qui l’avaient suivi jusque dans sa chambre ;
«“ mais ne Vous endormez pas ; tenez-vous prêts à recevoir mes
ordrés; car il y a encore quelque chose à faire cette nuit, quel-
que chose d'important, même. »
” Okvier et Tristan se retirèrent done dans la grande salle , où le
Balafré était resté avec les deux soldats du grand prévôt. Ceux-ci
avaient allumé un feu de fagots suiiisent pour éclairer et chauffer
” 4 Crest-à-dire, Jan (ou Jean) Double-bierre. :4. M.
.. €HAPITRE XXVITS. as
Ja salle , puis, enveloppés de leurs manteaux , s'étaient assis sut
Je plancher dans diverses attitudes qui-exprimaient.le trouble. et
Yabattement de leur esprit. Olivier et Tristan ne: virent rién ds
mieux à fâire que de suivre leur éxémple:-et conme ils n'avaient
jamais .6t6 irès-grands «mis dans les jours de leur prospérité; ile
n’éprouvaient ni l’un ni l’autre le besoin de:se parler avec con
fiance dans cet étrange et soudain revers de fortune... Touté la
-coipaguie resta donc plongée dans un muet abattement. .
- Cependant. leur maître, dans sa retraite silencieuse, était.en
proie à des angoisses tapabies de-servir d’expiation à quelques-
unes dé celles qu'il avait fait endurer à d’autres. Il parcourait sa
ehambre à pas précipités et mégaux, s'arrêtait tout à coup en joi-
gnant les mains ; en un mot, it sabandonnait à toute l'agitation
qu'ilesavait si bién réprimer en public. Enfin, s’arrélant devant
Ja petite porte que lui avait indiquée le vieux Mornay corame con-
duisant sur le théâtre du meurtre d’un de ses prédécesseurs, il
se tordit Les mains, et donna.un:.libre cours aux sentiments qui
l’agitaient ,-dans un monolgue souvent interrompu... .
“ Charles le Simple !... Charles lé Simple ! Quel surnomda
postérité. donnera-t-elle à Louis XI, dont probablement le sang
rafraîcbira bientôt les taches du tien? Louis le Sot. Louis.le
Niais..… Louis l’Infatué... Ce sont des épithètes trop. douces pour
exprimer mon extrême imbécillité ! Avoir pu penser.que ces têtes
chaudes de Liégeois, pour qui la révolte est un besoin aussi natu<
rel que-celui de remplir leurs estomaes, resterarent en ropost Me
figurer que le féroce Sanglier des Ardennes interromprait un its
tant sa carrière de violence et de sanguinaire férocité ! M'imagi-
neïr que je pourrais emplayer avec quelque avantage le langage
de la raison et du bon sens vis-à-vis de Charles de Bourgogne ,
avänt d’avoir essayé la force de mes exhortations sur un taureau
sauvage ! Sot, double sot que j'étais ! Mais ce scélérat de Martius
ne m’échappera pas: Il a été un des principaux leviers dans cetts
affaire. .Et ce maudit prêtre, ce détestable la Balue , n'y a-t-il
pas aussi joué son rôle ? Si jamais je puis me tirer de ce danger,
je lui arracherai son chapeau de cardinal, dussé-je lui enlever en
même temps la peau de la tête. Mais l’autre traitre-est entre mes
mains... je suis encore assez roi... j'ai encore un empire assez
étendu pour châtier ce vendeur dorviétan, ce marchand de pa-
roles, ce contemplateur d'étoiles, ce fabricant de mensongés, cet
jmposteur, qui a fait de moi tout à la fois-un prisonnier et une
as QUENTIN DLRNMARR
dupe... Le-bobisncotion kies planèles’!.. om, la comienctien. 1
va délété un fatras. dessottises qui auraient à peine tnantpé ane
te de monton-Arois foës bouillie, ‘ot J'ai-été sets idiet peux ms
persuader que je lecomprenais!. Mais anus verrons tout à1'houre
ob que cetie conjohotion a réellecaent. prédi, fepehdasn, areni
teut, faisons.nos dévolions. » .
. Atu-déssss:dé là porte du petil cabmat, et peut-être en mémoire
de l'événement qui s'était passé dans l’mtérienr, était une nicho
grossiorement sculpiée, dans laquelle on voyait'un crucifix en
piorre. Le roi fixa los yeux sur cette saisie image; comme s4
s'apprétait à s’ugenouvillér devant ele ; mais/à Farrôta tout eeurt,
eemme s'iteût:criint te manquer de respect à cet embième reli-
geux, eu le Éxusant participer aux principes d'une politique men
dainre, et jugé téméraire de s'én approcher avant de s’Étre:assñré
Pintercesion particilière de queiqué patron faveri. H:s0 détüums
donc du crucifix, Comme se ‘croyant indigne de le regarder: #6
choisissent, parrait les images hi, :ccmme nous l'ayons tiéjà dif
souvent, garnissaient le tour/de son chapeau, celle qui nemrésen-
tit-Notre-Dame de Gléry, d'se-1inét à genoux devait-els , Et lui
adress le prière extraordinaire que #ous allons rapparter. On y
réraarquera que sa grossière superstition de:portait ien quelque
sorte :à vousidérer. Natre-Damo:de Cléry come un àtvé différent
de Notre-Dame d'Embrun, à lagoelie il adoaenit sOuBemÉ 80
vœux avoe une dévotion toute spéciale...
.« Douce Notre-Dame de Ciéry, + s'écria-t:l' en signant les
mains'et en se frappant la poitrine; «bienhosreusæ mère de mi-
séricordé ! toi qui es toute-paisiante auprés du T'out-Puissant,
a pitié de moi, qui ne suis qu'un péeheur:! H est vrai que je t'ai
ua:pau négligée pour ta bicnheureuse sœur d'Embrun ; sais j0
ssis:roi, mon pouvoir est grand , ma richesse’ sans hornes ; et si
elle n'était pas assez grande, j‘hnposerais une dooblè gabeiler ser
miss sujets, plutôt que de.ne-pasvous payer mes. dettes à éoutes
lehx./Quyre ces portes de fer. conible ces aflfoyables fossés.
tire-moi de set imminent danger, comme une mère qui conduit
sou fs! Si-jai donné à ta sœur le commandement de mes. gar-
des , tu'auræ là vaste et riche province de Champagne, et ses
vignes verseront l'abondance dans ton couvent. J'avais .promis
<stte province àimon frère Charles... maisil est mort, tu lo sais:
&mpoisonné par ce méchant abbé d'Angely{, que je punüti si
&Cent lun des snachronismes que-se permet qaclanefois-notre sutsèr. ‘Ohaties,
CHANIIRG XNVUL à
je conserve le. vie::je te Eups chbéh promis ; md patte. foit-cir je
tendre pérole. Si j'ai-aù quelque cabanes de-La: cime,
voué trdiré, rs:très-chère patsenha, quh:0'éliail parceque in
pb voyais pes. de meilleur mé6ybu pour. dotepict les mécontents
de mon royaume. Oh! ne porte pas cette vieille detée à mwm
cdraphds mais sôis, codeme tu es tohjeurs été. bonnd, hénigne,. et
fooile à Séehir pat les. prières. Trés-aeinte Viarge, ierpède ‘as
près de ton fils, pour du'i mi rartionne men péchés passés, eteer
li... tolui ion petit,… qu'il faut qué je Corimette cette nuit...
Ençore h’esti-ca pas un péehé, chère Notse-Dame le Clépy… 00
n'est paé un péshé, mais un acte db justice scertlement éxereé ;
ear le scélérat est le plus grami imppstonr qui ait jameis versé le
mensonge dsné l'oreille d'u prince: -et d'ajllesrsil a du penchonht
pour l’akonnnahie Hérésis dés Grecs! : à n'es pes dignà de Le
protection s mefs+le à ma discrétion, étregarde comme. une bohne
œuvre ce que. je vais faire, eër d'est un aénrormenciph, wa-sotcier,
qui 2e mérite .pes que tu penses à lui, que tn t'oecnpes de lui.
un chéen, dont la mort ne deit pes ôlse pins importante à tes
goux que l’extiastion de létincelle qui tornhe d’une: lampe on
qui s'éthegpe du ftu. Ne fais nulle attention à cette hagatelle,
douce et hagtie Notre-Dame; ne songe qu'aux mtioyens de me dé:
livres du péri que je cours.ici. Mon sceau royal, que j'appene sur
ton effigie , est.uhe preuve que ja tiendiai ro prameise à l'égard
du comté de Charnpagne:; et ce sers la derpiñte fais-que.je: t'im-
portudenas peur quelque sffèire de eng, vu: qe te es si benne,
ei tloues et si compatisiante. »
Aprèt avoir pour aissi dire signé te éoMreé axtsserdinireaves
lVobéet-de ses ndbratioùs, Louis récits, en apparence avec la plus
haimible dévotion, les segt Jeans de lr.péritence..en latin, qnéil
ques.fve, et plusieuts aitres prières spécialement consacrées à le
Vierge. il se selvadnsiste, charmé de S'ôtrs assuré l'internession
de la sainte à laqnelip il avait adressé ses prières, et d'autsat, plus
sûrement, comme ilen fit l'ebtueiouse réBesion. .que.ln phuparf
des. péchés pour le pardon desquois il avait épioré précédemment
drié de Bert, frère de Louis XT, reçut ta Normandie par.le doublé traité du 56 deto.
bre 1468 ; le rei ne vint à Péronne que postérieurement à ce traité; et le duc de
GCuicnne-(ninei romaté puree-que, depuis èate époque, il arai remoncé à La Brie, à
4n Chompagne et à ln Nornandie, pour 4st autre apanaÿs) ne mourut empolsonné;,
ootnime en le ornt généraiement, que quelque iompe après. à, M.
4 LiSglies grebqne, qui reconnait deux parsonnes'cn Jésus-Cbrisi ; Ja divine Là
De Gr neo 72 Pau Mie Qoruma Mdve de Rien , mais soulément ‘OuEsme Mère
de Chritoaim .
me. QUENTIN DEAWARD)
sa médiation, étaient d'une natire différente, et que, par ecwsé-
quent , Nôtre-Dume de-Cléry nv pouvait-pus Je’regarder comme
üb meurtrier habitaél et endurei, comme auraient dû le faire les
: éttrés saints qu il avait pris: plus fréquemment por-confidernts de
sus crimes ?. : -
Ayant ainsi -purgé sa: consciohes ; ; Où phutôt- l'ayant: blanchie
comme un Sépuicre, le roi entr’ouvrit la porte de:sa obaribre, et,
mettant la tête en dehors, appéla le Balafré. -
«Mon brave, lui dit-il, il y a long-temps que tu:es à mon ser.
vice, et tu n'as eu que peud'avancoment. Je suis ici dans une
circonstance où ma vie aussi bien que ma mort tiennent à peu de
chose ; mais. jo ne voudrais pas mourir ingrat, c'est-à-dire sans
récompenser, autant que les saints m'en donnent le pouvoir, soit
uh ami, soit un ennemi, chacun selon ee qu'il mérite. Or, j'ai un
ami à récompenser, c’est toi-même ; un ennemi:à panir, ‘et c'est
ce:vit, ce perfide scélérat, Mänrtius Galeofti, qui, par ses inrpostures
et ses mensoriges artificieux., m'a entrainé ici pour me livrer au
pouvoir de mon ennemi mortel, avec uno préméditation aussi ar-
rêtée de -me faire périr que celle da boucher qui fait entrer un
bœuf dens la tuerie. — Je l’appellerai au combat, répondit le Ba-
lafré : le duc de Bourgogne-est trop l'ami des gens d'épée pour ne
pas rious accordet le champ clos, un: terrain d’une étendue rai.
sonnable. Et si Votre Majesté vit assez long-tentps , ‘et qu'elle
jouisse d'assez de liberté, elle me verra combattre pour soutenir
sa querehe, et tirer de ce philosophe -une vengeanee telle que
vous pouvez la désirer. — Je rends justiee à ta bravoure ; et je
eonnais ton dévouement à mon service; mais ce vil scélérat est
un vigoureux compagnon , et je ne voudrais pas te faire courir le
risque de la vie, mon brave. — Votre Majesté me permettra-de lui
dire-que je ne serais pas un brave si je n'osais me mesurer contre
en homme plus redoutable encore-que Galeotti. Ii serait vraiment
beau:à oi, qui ne sais ni lire ni écrire, d’avoir peur d’un gros
lourdaud qui n’a guère fait autre chose de sa vie. — N'importe :
notre bon plaisir n’est pas que tu exposes ainsi ta vie, Balafré. Ce
traître va venir ici d’après notre ordre, saisis l’occasion, approche-
4 En parcourant les passages correspondants dans la vieille chronique manuserite,
je ne pus m'empêcher d'être étonné qu'un prince doué d'autant de jugement que
l'était certainement Louis X1, eût pu se laisser aveugier par un genre de superstition
dont on ne croirait pes capables les sauvages les plus stupides; mais les termes de la
prière que fit le roi dans une occasion pareille, et qui nous ont été conservés par
Brantôme, sont tou: aussi extraordinaires. (Note de l'auteur.) :
CHAFTERE XX VI. . dd
toi de lui,.et.frapne-le.au-dessous de la cinquième côte. Me cam
prends-tu ? — Qui, vraiment, Sire, je vous comprends; mais Vo-
tre Majesté me permettra de lui dire que ce n’est pas tout à fait
là ma manière de combattre, Rien au contraire; je.ne.saurais tuer
même un chien, à moins que ce ne.fût dans la chaleur d’un com-
bat, d’yne poursuite ou d'un défi, ou dans toute autre circons-
tance semblable. — Mais, dit. le roi, tu n'as sans doute pas la prér
tention de passer pour avoir le cœur tendre, toi qui, comme je
V’ai oui dire. as, toujours été le premier à l’escalade,.et qui l'es
toujours montré avide des plaisirs et des ayantages qu’un cœur
dur et,un bras qui ne craint pas de.verser le.sang saypnt recueil-
lir dans ne ville prise d'assaut. — Sire, l'épée à la main, je n'ai
jamais craint ni‘épargné vos ennemis. Un assaut est une affaire
où l’on se bat en désespéré, et où l’on court des risques qui éçhauf-
fent le sang d’un homme à un tel point que, par saint André ! una
beure ou deux ne suffisent pas pour le refroidir : c’est. ce. que
j'appelle un droit bien acquis de se livrer au pillage. Dieu veyillg
avoir pitié de nous, pauvres soldats ! le danger nous fait tourner
Ja tête, et la victoire. nous la fait perdre davantage encore. J'ai
“entendu parler, d’une légion qui n’était absolument composée que
de saints: ils devraient bien s'occuper à prier et à intercéder
pour le reste de l'armée et pour tout ce qui porte le panacheet le
corselet, le pourpoint de cuir et le sabre. Mais ce que Votre. Ma-
jesté me .propose est tout.à fait hors de la route que je me suis
tracée, quoique je: doive convenir qu’elle est assez large. Quant
à l’astrologue, si c’est un traître, qu’il meure de la mort des trai-
tres; je ne veux m'en mêler en aucune façon. Votre Majesté a
dans l’antichambre son grand prévôt et deux de ses gens; cette
affaire estde leur ressort ; il ne convient pas, qu'un gentilhomme
écossais dè ma race et qui a vieilli au service s’en mêle en rien.
— Tu as, ma foi, raison, Balafré;. mais du moins il est de ton.
devoir de veiller à l'exécution de ma juste sentence , d'empêcher
qu'on n’y apporte interruption. — Je le ferai contre tout Péronne,
Sire-; Votre Majesté ne doit pas douter de ma loyauté en tout ce
qui peut se concilier avec. ma conscience, qui, je puis le dire, est
assez large pour ma propre convenance et pour le service de Votre
Majesté. Je me souviens d’avoir fait pour vous certaines choses,
et j'aurais plutôt avalé le manche de mon poignard que de les
faire pour tout autre. —N’en parlons plus, et écoute-moi. Quand
Galeotti aura été introduit, et la porte fermée sur lui, mets le
Li | QUENTIN DORWAS.
“dafre à la thin, ét gards-f en defére "tr né RSA "otthe) pa
@ôhfié. Vofià fobé ce qe je té densité Va; # en tie nét x
Brand prdvétir
Le faitifé rétré Ans te bridé site, éf, arr riomenc af;
Phièlih l'Eriritté-de présents devant Louis. ”
| raciste b'étiventt, éditipère, lui-4R férte qié pétisti ad
nothésitaafion? = One nié porivühé notis éonsidérer éBNf dés
Seris condammiés À mort, répoireft le grid PRÉvOE, Eros qUEN
dut tie noûs enivoié-üri sutsit cu Sürvis ON'HÔN tar qui MoUS à
Mit tomber dansé prépe partfra:avaht nous péut Phatientiünde,
et quafité dé tourrier! pour nous prépérer Key Ibgentetité: > Ait Xe
tôt dveu'uiisbubire féroce ef atabotité. «'PENta; tar 48 REbuEÉ
bien des actes de bonnéfasties ; finis, je dévrdiséiré rés: coronct
épars? tl'hut qué tir me serves fidéleménit fésqu'A Br fin! "th
te fbrat , Sfre: jé né sus qu'tn homme écttitné un autre, hits du
fMoiris je sis récontraissant. “ant qué'fe-vitaf ; fe Moinidré-rhôt
de Yotré Majesté sera üunñe-éondanmätion ausstirtérocs ble, dés
ponttuellement ‘exécutée que forsquié vous été assis sur tbtre
ttôhe. fe reipliraï mon devois entré cés murs’ atsti hier que pa
"_ tont'aifféurs - qu'ont fasse ensuite’ de:moi ce qu'on voudra, je ten
Sbuicie fürt peu, — Cest ce die Fhttendhis' de foi, men chér cor
père, mais äs-tu de bons aides? Le traftre est un güton: figon-
réux: ét'sans douté if appellera at sécouré de toutes $es'lbrtes.
L'Écossais nefera due garder ft'pbrte, et c'est déj betucoäipqwé
je l'y aie décidé à force de flatteries et de cajolëries. Olivier test
bon qu'à mentir, à flatter et à suggérer des conseils dangérént :
ët, ventre: saïnt-Pieu! {Se crois ‘plus: probable qéf dut un jour
tüi-héme’à cérde at cou, que de ha ltit voir jimais aftaciret au coti
d'un autre. Croyez-vous avoir Tes hommes ét les moyens Héces.
shirés pour fire prompte ét sûre besdgne ? == Jhi:avéec mot frois-
Ééheties et Petit-Antiré, gens teflement experts dans feut métier,
due, sur trois hottires ils eti auraient pendu uiravart que les
detx autres s'en fussent doutés ; ét ous ayons r'ésütir anantimne:
tireñit de vivré ou de mourir avec Votre Mafèsté, sachatrt fort ffen
tue, $t vous W'éxistiez plus, it he trous resterait guère plus dé
temps À vivre què ndus ren accordons à nos:patients. Mais Vôtre
Mäjesté toüdra-t-ellé bien me dire quel est le sujet sur Iequel
nous aurons à exercet otre falerit ? J'aime à étre sûr de mo
4 Jeu de os eDhro finies ln y 08 fun vordey 2e haie der dire:le corde,
couronne l' uvre, 4. M.
home; eur comme Votre: Majesté 48 plait: qusfieréis à rit 11e
rappoler, il m'est atrivé A6 temps eh: téhps de ré troiiher, el, an
lieu du criminel, d'étrangter uh honnête labouteuws qui n'avait
point cffansé Votre Majesté. C’est la vérité. Sâche dotié; Trié
que'le condamné est Martius Galbofti.… Cola l'étonns ; c'est poirs
tant comme je:tu le dis. Ce: traitre- nous ‘a aienés: icl, a& Nibyÿoh
dé fausses ot perfidés: infinuatitns, pour noës livrer 1405 saxts
défense entre!los-rtaints du duc dé Bouygogne. Mais 66 Ko sb
pas sans que nous en tirions vetigéance ; quad 6e devräif 656 M
dernier sete-de ma vie, je lui févaf séntir mon aiguihon, conme
une/giôpe expirants ; dussé-je être brüyé l'itistant d'après !29
connais ta fidélité; et je sis que, éomme tous lès Rotiiôtes Hotiis
mes, fu trouves du phisirà remplir toti devoir : dar lt vériu, disent
les suvants, thourre en elte-rhôtrie s4 réébinpense, Mals-va-l'ent
ef prépare les saerificatèurs ; la victiie né-tarderà Dés à parait)
Votre gracieuse Majesté désireraitelle qié l'Eëxéeution. 4e: ft
ex sa préseneel» demanda Tristsh:—Lotris:rejete éetto offfé: mais
A chatgez ke grand prévôt de tout disposer pôur exécéter pont
tuellement ses: ordres at rôiment où l'astrologue sertiraif de:sà
Chambre ä coucher. « Car, dit-il, je veux. voir le scélérut éhcoré
une fois, re fût-ee que.pour observer.cotmiment H sercorportert
envers le maître qu’il a fait:tomber dans le piége. Je rie serais pas
fâché de voir l’appréhension d’une mort prochaine effacer les coû:
leurs de. ses joues -emumitées; et ternir éclat de cet œil qtii séu-
réait si fiiement au moment même où.it me trahissait. Oh ! si je
ténais attssi l'autre traître, eélui dont les conséfls ont. se6onidé se
proriosties! Mais si-jé rte tire de ee. danger, prenez gürtle à votié
pourpre, monssigneur le cardinal, Rome perdrait sa péirié à von
Juir vous sauver. ..soù dit sans offenser saïnt Pierre ni la-Bietis
heureuse Notre-Dame de Cléry, qui est toute misérieordieuse Je
EX bien l'quaétends-tà ? Va préphrer' tes gens. Le fratére: pett #r-
river: durs fhstant à Pâutre! Fasse le eiel qu rt ne conÇoive. aucütié!
crainte, et aire rieti re Le retiemtie ! S’A'ne veriiif: Has ce séruit un
crueHé contrariété! Va-t'érr, donc, Tristän…;" {ur f’avdis pas Cou
iume d’être si lent à remplir ta besognie: — ka éontraîre, Sire,-cuv!
Votre Majesté disait tous les‘ jours que j'y Mettais tiép de prop
tifude, que je-me méprerais sur vos intentions; et que je suisis-
si un sujet pour ur autre. Je désire donc que Votré Majesté
veuille bien me donner un signe à l’aide duquel , au moment où
vous prendsex congé de Galoottj ; je puisse. Fo09anaître si je dais:
me QUENTIN DURWARD.
‘an non me mattre en besogne ;.car j'ai vu deux ou trois foisVetre
Majesté changer d'avis, et me blâmer de m'être trop hâté.—Créa-
ture soupçonneuse ! je te dis que mon parti est pris. Au surplus,
pour mettre fin. à tes remontrances, fais bien attention aux pa-
roles que je prononcerai en me séparant de ce.drôle. Si je lui dis :
T1 y a un ciel au-dessus de nous, rempliston devoir ; mais si je dis :
Allez en paix, tu reconnaîtras que j'ai changé d’avis. — Mon in-
telligence est parfois de l’espèce la plus épaisse et la plus lourde ;
permettez-moi, Sire, de répéter ce que Votre Majesté vient de me
‘dire : si vous lui dites d’aller en paix, ce sera Le signe de me jeter
sur. lui ; si... — Non, idiot, non ; dans ce cas, au contraire, tu le
laisseras aller en liberté. Mais si je lui dis : Z/ y a un ciel au-dessus
de nous, alors élève-le de quelques pieds, et rapproche-le des pla-
nètes avec lesquelles il est si familier. — Je doute que nous en
trouvions les moyensici. — Eh bien, soit que tu lui élèves la tête,
soit que tu la lui abaisses, peu importe, pourvu qu’il périssè. » Et
va sourire effleura les lèvres du roi. — « Et le corps, reprit Tris-
tan , qu’en ferons-nous ? — Laisse-moi réfléchir un moment : les
fenêtres de la grande salle sont trop étroites, mais celle-ci 4, qui
avance en saillie, est assez large. Vous le jetterez dans la Somme,
et vous attacherez sur sa poitrine. un papier où seront écrits ces
mots : «Laissez passer la justice du roi. Les officiers du duc paur-
ront s’en emparer, je le leur perméts. »
-Le grand prévôt quitta l'appartement de Louis, et appela ses
conseillers dans une encoignure de la grande salle, Trois-Échelles
y attacha contre la muraille une torche destinée à les éclairer.
Ils s’entretinrent à voix basse, quoiqu'’ils n'eussent pas à craindre
d’être entendus, ni par Olivier le Dain , qui semblait plongé dans.
un accablement complet, ni par Je Balafré , qui dormait d’un pro-
fond sommeil.
_. « Camarades, » dit le prévôt à ses deux satellites, “« VOUS avez
peut-être cru que votre vocation était finie; peut-être même avez-
vous présumé qu'au lieu.de remplir notre ministère auprès des
autres, nous les verrions remplir nos fonctions à notre égard :
mais courage, mes amis, notre gracieux souverain nous réserve
une noble expédition dans laquelle nous devons déployer notre
” valeur, comme des hommes qui désirent vivre dans l’histoire.
— Oh! vb! je devine cé que c’est ; dit Trois-Échelles ; notre pa-
"4 Le texte dit orie/, mot qui n’est pas anglais. Ce mot signifie proprement un ofra-
toire, comme il'en existe dans les maisons particulières des catholiques anglajssa.n.
CHAPITRE XXVHI, 30
tron est comme les anciens Césars de Rome, qui, lorsqu'ils
étaient réduits à la dernière extrémité, etqu'ils se voyaient,
comme nous disons, au pied de l'échelle, choïsissaient parmi les
ministres de leur justice quelque homme habile et expérimenté
qui pût épargnér à leur personne sacrée la tentative maladroite
d’une main novice ou peu légère dans l’exécution de nos mysté-
res. C'était une excellente coutume pour les païens, maïs, comme
bon catholique, je me ferais scrupule de porter la main sur le roi
trés-chrétien. — Bah! vous êtes trop scrupuleux, confrère, dit
Petit-André; si le roi donne l’ordre de sa prôpre exécution, je ne
vois pas quel droit nous aurions d’y résister. Celui qui vit à Rome
doit obéir au pape. Les gens du grand prévôt doivent ‘exéêuter les
ordres de leur maître , comme lui-même ceux du roi. — Silence, |
drôles! dit le grand prévôt ; il ne s’agit nullement de la personne
du roi, mais bien de celle de cet hérétique grec, de ce païen, de
ce sorcier mahométan, Martius Galeotti. — Galeotti! reprit
Petit-André : cela me semble beaucoup plus naturel; je n’ai ja-
mais connu aucun de ces faiseurs de tours passant leur vie, comme
on peut dire, à danser sur une corde horizontale, qui ne l’ait
terminée par une dernière gambade au bout d’une corde perpen-
diculaire.. Tchickt!— Mon seul regret, » dit Trois-Échelles
en levant les yeux au ciel, c’est que cette pauvre créature
mourra sans confession. — Bon! bon! reprit le grand prévôt;
c'est un hérétique, bien certainement un nécromancien : l’a
lution d’un couvent entier de moines ne pourrait le soustraire à la
damnation éternelle. D'ailleurs, s’il désire se confesser , tu peux
fort bien, Trois-Échelles, lui servir de père spirituel: Mais .ce
qui est plus important, c’est que je crains que vous ne soyez forcés
de faire usage du poignard, camarades; car vous n’avez pas ici
les instruments nécessaires à l'exercice de votre professi on. —
Veuilke Notre-Dame de Paris me préserver d’être-jamiais pris au
dépourvu lorsqu'il s’agit d'exécuter les ordres du roi! s’écria
Trois-Échelles. Je porte toujours sur moi un cordon de Saint-
François qui me fait quatre fois le tour du corps, et à l’extré-
mité duquel il y a un joli nœud coulant ; car je suis de la confrérie
de Saint-François, et je pourrai en porter le froc quand je serai
in extremis.. grace à Dieu et aux bons pères de Saumur. — Et
moi, dit Petit-André, j'ai toujours en poche une bonne poulie,
4 Dernier cri du pendu. À. M.
QUENTIN DURYYARD. 25
ese0 QUERTIN :AURMARD.
ane vis; et.tout ce.qw’il.feut.pour la fixer solidement, dans le cæ
où nous nous trauverions dans les lieux .où les arbres seraient
rares ou. ayant Leurs.branches à une trop. grande distance de l
terre. Gest ue. bonne etsage/précaution. — Eh bién ! voilà notre
affaire, reprit le.grand prévôt ; vous n'avez qu’à attacher votre
_poulie dans. cette: poutre qui est au-dessus. dela porte , ensuite
vous. y passerez la corde. J'amuserai le drôle par quelques.menus
propos lorsqu'il sortira .de la. chambre .dü roi, et pendant ce
temps vaus lui. jetterez.adraitement .le nœud coulant. sous le
menton, .et puis.:. -— Et pnis nous tirerens la.corde, dit-Petit-
-André.et tchiek ! . potresastrologue se rapprochera du ciel, car
ses..pieds quitteront.ka. terre.— Mais , reprit Trojs-Echelles, ce
messieurs ne nous.aideront-ils pas , ne fût-ce que pour faire un
-petit apprentissage dans.notre profession ?-— Non, nou ! répondit
Tristan ; le barbier est.excellant pour imaginer le mal, mais il
laisse aux autres le soin de l’exéeuter. Quant à l'Écossais, il gar-
:_derala porte-pendant que nous serans.occupés d’une opération.à
Jaquelleson.manqué.de .destérité et de courage ne lui permettra
:pes de prendre une part plus.active. Chacun san métier. »
Avec ane.activité et.ane sonte.de plaisir qui. leur faisaienit pres-
que 'oùblier Ja situation précaire dans laquelle. ik se trouvaient
eux-anêmes, les dignes exécuteursdesordres.duy, grand prévôt pré-
parèrent leur. corde.et leur poulie de manière à mettre à exécution
la sentence .pranancée contre Galeotti par le monarque captif ,
chacun d'eux paraissant se féliciter que-sa dernière action se
irouvât en telle conformité awec..toutes celles de .sa vie passée.
Tristan l'Exmite, assis à quelques pas. regardait leurs apprêts
-avec une sprte..de satisfaction, tandis .qu’Olivier ne paraissait
£aire-aucune attentioù à eux ; et si Ludoxic Lesly fut éveillé par
Je bruit «qu'occasionaient :ces préparatifs. il ne.les. regarda que
pour se-convainore-que.les.trois.amis s'occupaient d’affaires entié-
.Fement étrangères à ses devoirs -et dont.an.ne pouvait en aucune
manière Je-considérer <orame responsable.
: CHAPMRE TX": "w!
a
CHAPITRE XXIX.
LA A ÉGRIMEN ATIO.
Ton temps “west pas encore venu. Le didble que tu
sers ne Ua ‘pes encore hbamdonné ; il ide‘les ainisiqui
travaillent pour lui comme set aveugle qui, prétent à
son guide le secours de sesépaules , le conduisit par
\ ” les chemins réboleux aussi bien que par les chemins
pais, jusqu’à ce que,.parvenu an bord.de L'enfer , ütle
précipita dans ses profondeurs. Vieille Comége.
Lorsque Gbéissant à l’ordre, où plutôt à la prière de Louis, ear,
quoique monarque, Louis se trouvait dans 1me situation ‘téiie,
-qu'il-ne :pouvait guère-que prier, le Glbrieux se#üt mis à.la ve-
cherche de -Galootti, 1l n'eut aucane peine à remplir sa mission.
. A1 se dirigea sens hésiter vers la meïlleure taverne de Péronne,
lisu que lui-même fréquentait souvent, on sa qualité d'umateur
prononcé de oette espôce de hiqnour qui anattait da cervelle es
autres at niveau-de la sienne.
11 frouva l’astrologue :assis dans on coin-de la‘salle-destinéeau
publie , et: rommée en aHkemand comme en flamand atove. Une
femme revêtne d'im costume singulier, assez semblable à celui
des Maures on des itsintiques , y était en cuünférence avoc'lni. En
voyant le Glorieux s'approcier, elite se jera comme pour ét retirer.
« {les nouvelles, » 1bt-elle à Galéothi, « sant certaines vous
pouvez y compter. » 4, à ces mets, elle disparut parmi la foire
. deshôtesassis-et groupés autour des différentes tables. — « Cou-
sin'phiosaphe, » dit le fonen s'avascant vers Martius, «ke ciel
2e relève-pes plus fêt une sentinelle qur'il en envoie une-autre pour
prendre sa placs. Une tête sans cervelle te quitte ; en voici-:une
antre qui est dépntée +ers toi pour te conduire dans l'appartement
‘Marfius «en fixant:sur de foa-un regard méfiant ; et devivant aus-
sHôt la nature des fonttions de celui qui lai parlait ., quoique sen
costume el tout son extérieur, enmme nous l'avons déjà dit, ne
pértasent pes tous les indices prescrits par l'usagèe..— « Oui,
baau sire , n’en déplaise à votre acience, répondit le Glorieux :
quand le Pouvoir enveieia Folie à la recherche de la Sagesse ,
c'est un signe infailible pour retonaaître de quel pied hoïte le
patient. — Et si je me refuseà marcher quand je suis mandé à une
telle heurcetpar un tel messager. que vous en sembierat-i ? —
"
2 QUENTIN DURWARD. |
En ce cas, nous consulterons vos aises, et nôus vous ferons por-
ter. J'ai ici à la porte une dizaine de robustes Bourguignons que
Crèvecœur m'a donnés à cet effet ; car il est bon que vous sachiez
que mon ami Charles de Bourgogne et moi nous n’avons pas en-
levé à notre cousin sa couronne qu'il a été assez âne pour mettre
en .notre-pouvoir, mais que nous nous sommes contentés de la
limer un tant soit peu ; cependant , quoique réduite à l'épaisseur
d’une paillette, elle n’en est pas moins d’or pur. En termes clairs,
Louis est encore le souverain des gens de sa suite, y compris votre
personne , et de plus roi très-chrétien dé la vieille salle à manger
du château de Péronne, dans laquelle, vous, son sujet lige, vous
êtes tenu de vous rendre sur-le-champ.--Je vous suis, monsieur, »
. répondit Galeotti. Et il marcha derrière le Glorieux, convaincu
sans. doute qu'il ne lui restait aucün moyen d'évasion. — « Ma
foi, » lui dit le fou chemin faisant, « vous faites fort bien, car
- nous traitons notre cousin Louis comme on traite un vieux lion
affamé dans sa loge, et à qui, de temps à autre on jette un veau
pour exercer ses vieilles mâchoires.—Prétendez-vous dire que le
roi ait l'intention de me faire subir quelque mauvais traitement ?
—C'est ce que vous pouvez deviner mieux que moi; car, quoique
. la nuit soit obscure , je parierais que vous n’en voyez pas moins
les astres à travers les nuages. Quant à moi, je ne sais rien à ce
sujet. Seulement ma mère m'a toujours dit qu'il ne fallait appro-
cher qu'avec précaution d’un vieux rat pris dans une trappe,
attendu qu’il.n’est jamaïs plus disposé à mordre. »
L’astrologue ne poussa pas plus loin ses questions; mais le
Glorieux , suivant la coutume des gens de sa profession, continua
“à lui débiter à tort et à travers une foule de sarcasmes et de raille-
. ries malignes, jusqu’à cé-qu'ils fussent arrivés devant la porte du
château: Après avoir passé successivement de poste en poste,
l’astrologue fut introduit dans la tour du comte Herbert.
Les vagues propos du fou n'avaient pas été perdus pour Galeotti,
. et les soupçons qu'ils avaient fait naître en lui furent confirmés
EN
à ses yeux par le regard et les manières de Tristan ; Car l’air som-
. bre et taciturnè du grand prévôt lorsqu'il le conduisit à la chaw-
: bre à. coucher du roi, paraissait de mauvais augure. Observateur
. attentif de ce qui se passait sur la terre, non moins que de la
* marche des corps célestes, la poulie et la corde n’échappèrent
point à l’astrologue ; et la corde encore en vibration lui fit recor-
- naître que ces préparatifs venaient à peine d'être terminés au mo-
CHAPITRE XXIX. - 39
ment de son arrivée. Un coup d'œil Jui. suffit pour yoir tout cele;.
et appelant à son secours toute sa subtilité et toute sa finesse,
pour échapper au danger qui le menaçait, il résolut , s'il p£ pou
vait y réussir, de défendre courageusement sa vie, jusqu'au der
nier soupir , contre quiconque oserait l’attaquer.
Ayant ainsi pris sa résolution, et marchant d’un pas ferme et
avec un regard assuré, Martius se présenta devant Louis , sans |
montrer aucun embarras du mauvais succès de ses prédictions, ni
aucune frayeur de la colère du monarque, célère qu'il devait Dér
cessairement avoir prévue.
« Puissent toutes les planètes être favorables à Votre Majesté! »
dit-il en faisant au roi une salutation dans le genre oriental; « et
puisse chaque constellation détourner de mon royal maître toute
influence funeste. !—]I1 me semble, répliqua le roi,. qu’en jetant
les regards autour de cet appartement, en voyant où il est situé, .
et comment il est gardé, votre sagesse peut reconnaître que mes .
planètes favôrables m'ont manqué de foi , et que je suis sous l’in-
fluence de leurs conjonctions les plus funestes. N'es-tu pas hon-
teux, Martius, de me voir ici, et de m’y voir prisonnier , en te
rappelant les assurancés qui m'ont déterminé à m'y rendre?—Et
n’es-tu pas honteux toi-même , royal prince, répondit le philoso-
phe, toi dont les progrès dans la science ont été si rapides ; toi,
#
dont l'intelligence est si prompte; toi, dont la persévérance est si :
infatigable : u’es-{u pas honteux, dis-je, de reculer dès le premier .
revers de fortune, comme un poltron au premier bruit des armes?
Ne t’es-tu pas proposé de.t’initier à ces mystères qui élèvent l’hom-
me au-dessus des passions, des. malheurs, de (outes les. peines, de .
+
de tous les chagrins de la vie, privilége qu'on ne peut obtenir :
que par une fermeté semblable à celle des anciens stoïciens ? Le .
premier coup de l'adversité te fera-t-il fléchir, et perdre le prix .
glorieux auquel fu oses prétendre ? l'arrêteras-tu dans ta carrière, .
comme un coursier qu’effarouchent des ombres et des dangers .
imaginaires? — Des ombres! des dangers imaginaires! impudent .
que tues s ls’écria le roi. Cette tour est-elle donc imaginaire ? Les
armes des gardes de mon ennemi de Bourgogne, de mon ennemi
détesté; ces armes, dont tu as pu entendre le cliquetis à la porte, ,
sont-elles aussi des ombres? Traître! quels sunt donc les maux .
réels, si tu ne regardes pas comme tels l'emprisonnementf, la,perte ,
d’une couronne et le danger de la vie? Parle! —L'ignorance ! mon |
frère , » répondit Le philosophe avec fermeté; « l'ignorance etles
LÀ QUENTIN" DER MID:
préfégést'vofff les seuls maux vétiémiès: Croyérimoï; un rof
denis fa plénitude de son pouvoir , if es£ plongé üimsl’fgnorance:
etes préjugés, est moims libre que le sage déns-urcacfief et Char-
gé dé lourdes ehaes: E"ést:# moi qu’A appartient de vouscen-
duire vers le bontreur véritable, et'c'est #'vons d'écouter mesins-
tractions. — Est-ce dome # cette Éberté philésophique que vos
Jetons prétendent me conduire + demendalée roïavec aberture:
«fe voudrais quié vous m'eéussier;ditau Plessis, que te domaine par
vous si généreusement promis ‘étrit-onr empire sut mes pæssÿons:
que le succès que vous m'assuriez était relatif! & mes‘proprés er
pMilosephie; et que je ne’ pouvais devenir aussi stgé et aussi sa-
vant qu'un vagaboné , ur charlatenr d'Itatié ; qu'à rtrodique et
nfsérable prix delà p'us Belle couronne de la chirétienté, et delà
détention dans: urt donjon de Péronne. Éfoignez-vous d'ict, et
n’espérez pas échapper au châtiment que vous’avez st justement
méré. Hyaun cielau-dessus dé nous: —Je me puis vous aban-
dônner- à votre destfir, Sire , avant d’avoir justifié, mêtne à vos
proprés yeux , quelque troutités qu'ils soient , cette renommée,
joyau plès brifant que les: plus briflants de votre couronne , et
que l'univers admirerz encore plusiears siècles aprés que la race
des Gapets sera éteinte’; Hrsque vous ne serez plus vous-même
qu'ime ponisière oubliée dans les caveaux de Saint-Denis. — Eh
bren! parle. Ton: impudence , soïs-err sûr , ne cfangera ni mor
opinion: nt ma résolution. Ce jugement est peut-être le dernier
que je rendraï à titre de’ roi, et'je ete condamnerai pas sans
t'ävoir entendtr. Purie donc ; maïs lé nrieux que:tu puisses faire
est d'avouer fx vérité. Conviens que je suis ta dupe, que tu esun
‘imposteur-; que ta prétendue sciente est un rêve, et que lés pla-
nêtés qui brillent au-dessus de nous ont pas: plus d’inflrence
sue notre destinée que leur image n’a le pouvoir de : ‘Changer le
cours du flèuve dans les eaux duquel elle se réfléchit. — Et com-
ment conriaîtrais-tu Pinfluence secrète de ces lumières célestes?
Tüù prétends qu’elles sont incapables d'exercer aucune influence
sur tes eaux ! mais tu ne sais donc pas que la lune ellé-même , la
plus faible de toutes les planètes, parce qu’elle est ta plus rappro-
chée de cette misérable terre, tiémt sous sa domination, non-
seulement de faibles ruisseaux comrhe là Somme , mais encore le
vaste Otéan lui-même, dont elle règte les marées selôn ses diver-
ses phases, et'qui tui obéit comme une esclave vubéit au moindre
signe d'ûne suftanie ? Et maintenant, Louis de” Valois ; réponds
GEMRISE AIX: :
à-ttus vor: um parole cenmionven., nemtt jus taniret lé:paes
sagerinsensé qui cntre:eù fureurrcosttases nioteparaec cu iles
peutftire entrer son yaisson: dans L& post:antaeveir amelæsmafois
à-huter:contve larfurce-centreire-desrrentd etdes-sonsents 2... J'ai:
pw , à la véridé:, L'annbneer que, d'iprhptasiendes probabilités ;;
Fisets:dé tes entrepris: serait. lisureuss); mais ;il réteit qui
pouvoir du ciel de te eondsirmaubet:: .obsi la aeatier dnsisqueli
tu: rachis estépinenx: et entironmé:dedengers: dépnesk.il de
moi de Faplemir etide le remdrerpius ed? Qu'est dévemmn cetioi
Sagerss-que-tw:-montrais lier, et. quite fiat resonmaltycamecs
tant:dé discernement qué 18s:voiss hrdestin sent ssusont:dispe
Sés potr mptre piles sandlavatass; queiqualissmwient enuoppa
sttionarco nos désirs Jeerbasenvime, otriu ecrappaliqnnas
de tewfausses-prédictions. Pu ni'as:prédit.quee jeans .Hessasis
rersplirnil se mission: das mamiire heureuse pour: auc-:gliraet:
mon‘iatérôt: Tu sais maittenant coupent elle j'esè terminés:. Je:
ne’ pouvais-recovtoirnx. c08p plus. ‘aveablhnt., plais tocwible, que.
l'isue de cotté:affire, vu: Fisprefsion que, sARD axumdente,
ee va produire:sar cervelle taureau furiosaie Becsge—
gas: La fâussetéidè cette préd : est: évidonte: : tu: n0-pouR,
trouver'ioci aucun: sublerfwgo: tu:.n0: peuxine répondre quels,
rmarée precbiaïnerenmrettra me barque: à: flot ,-et:nse<Gonmseilier: de.
m’asseoir sur da plage pour'atiendres, come un:véritable idiot.
que lès eaux.seisoient retirées. Cette: fois ten'art:a:failli: tucas éiée
assez fou pour-me fre une prédiction spécixie, etalle.s'esttrous
vée: positivement fâusse.—Le tompsen prouverz ki jestessset-ku;
vérité , » répondif l’astrologue:aves ‘hardiesse: «: Je no demandé
pas de ples grand triomphe de l’art’ sue l'ignorance que l'accent:
phissement de cette prédéotion.. Je fai: dit queree- joene liomnmer
remplirait fidèlement toutemission‘honorabie: ne Ÿa-t-ilpas{sst?
Je t'ai &t'qu'ilse ferait ur serupule de. tremper:dans-toute man:
vaise-action; cela:re s'est-il pas vérifié? Sivowsen.doutez, inter.
rogez-le Behénmer Hayraddin Maugrabin: ».A:ces paroles, le woïi
rougit de‘henty et:decolère. « Je t'ai dit', continua l'astrologne,,
que‘h-comjenction des planètes sous laquelle il so mettuiten che--
mm menaçak sa-personne.de danger, n'enat-il pas couru? Je t'ai
prédit encore que la conjonction sur-hquealle vous appeliez mes;
regards promettait le sueeès:à:coluiqui fuisait partir d'expédition:
vous ne tandét'ez pas & en‘aroit lupreuvuiel à en necu@ñhir lofruit:
— ken "recueillir 4e: frnit! s'étriadu:roi; ne l'aile pas:déjà re:
388 QUENTIN BURWARD.
omeïilé ? la'honte-et emprisonnement !-—Non, répondit Fastrolo-
que; la fin n'est'pointencore venue: avént peu, ta propre .bouehe
avouera que l'avantage est de ton côté, lorsque tu auras appris de
‘ton messiger.lui-mênie la manière dont-il a rempli sa mission. —
C'est.par trop d’insolerice! s’écria le roi; tromper et insaiter en
même temps ! Retire-toi ! et n’espère pas que ta perfidie reste
.… Iimponie : Ÿ y a'uns.ciel au-dessus de nous ! »
: Galeottise dirigea vers la porte de l'appartement. « Ur. instant
loi dit le roi, tu soutiens bravementton imposture ; réponds encore
&-une question. et réfléchis avant de répondre : peux-tu, à l'aide
de ta prétendue .seience, prédire l'heure de ta mort ?— Je ne le
puis qu'en le mettant eh rapport avec la dernière heure d'une
autres personne. Je ne te-camprends pas.— Eh bien! comprenez-
mbi dont, Ô roi Louis ! Tout-ee que je‘puis dire avec certitude de
mon trépas > c'est: qu'il précédera -exactément de : “vingt-quatre
heures cetai: de Votre Majesté.— Que dis-4u ? » s'écria le roi en
changeant de visage. « Atiends, attends un moinent ; ne ‘+’éloigne
pas encore. Tu disque ma mort doit suiyre la tienne de si près ?
— Dans l’espace dé vingt-quatre, heures, » répéta Galeotti d’un
ton assuré; « s’il existe uns étincelle da vérité dans ces brillantes
eb'nsystérieuses intelligenees qui parlent, quoiqu’elles n’aient pas
de langues. Je souhaite une bonne nuit à Votre Majesté.—Un
instant, un instant; reste, » dit le roi en le setenant par le bras et
en l'éloignant de la porte. « Martius Galeotti, j'ai été pour toi un
bon maître... je t’ai-eririch.… j’ai fait de toi mon ami... mon.com-
pagnon…. le directeur de mes études. Parle-moi franchement, je
t'en conjure. Y at“ dans cet art que tu professes quelque chose
de: vrai, d'infaillible? La mission de cet Écossais me sera-t-elle
véritablement avantageuse ? Et la longueur de ma vie est-elle si
exactement mesurée sur la tienne? Conviens franchement, mon
cher Martius, que tu ne parles ainsi que pour ne pas renoncer au
jargon de ton métier ; conviens-en, je t’en prie, et tu n’auras pas
lieu de regretter ta franchise. Je suis vieux ; je suis prisonnier, et
probablement à la veille de perdre un royaume. Dans une telle
situation, la vérité vaut des empires, et c’est de toi, mon cher
Martius, que j'attends ce trésor inestimable.— Et je l’ai mis aux
pieds de Votre Majesté, dit Galeotti, au, risque de-vous voir, dans
un--accès d’aveugle colère, vous tourner contre moi pour me
déchirer .—Qui ? moi! Galeotti? Hélas! que tu me connais mal ! »
reprit Louis d’un ton doucereux. «Ne suis-je pas eaptif? ne dois-je
CHAPMITRE XXE. L: ; À
pas dès Lors être pationt, puisque ma colère ne servirait. qu'à mon
trer mon impuissance ? Parlez-moi donc ayec sincérité. Avez-vous
abusé de ma confiance? ou votre scienee est-elle’ réelle? Ca que
vous venez de me dire.est-il bien vrai?— Votre Majesté mé per-
.donnere, si j'ose lai répondre que le temps seul, le temps et l'évé-
nement peuvent convaincre lincrédulité. Il conviendrait mal à la
place de. confiance que j'ai occupée dans le censæil de l’illuetre
conquérant; de Mathias Corvin de Hongrie, dans le cabinet de
l'empereur lai-même, da réitérer l'assurance de ce que j'ai avancé
comme vrai. Si vous refusez de me croire, je ne-puis qu’en référer
au temps et aux événements qu'il amène. Un ou deux jours de
patience prouveront ai j'ai dit la vérité au sujet du jeune Éeossais;
et je consens. à mourir sur la roue, à avoir mes membres rompus.
l’un après l'autre, si Votre Majesté ne retire pas un avantage, un.
avantage très-important, de la conduite intrépide de ce Quentin
Durward. Mais si je dois mourir dans de pareilles tortures, Votre
Majesté fera bien de se -pourvoir au plus tôt d’un père spirituel.
car, du moment que j'aurai rendu le dernier soupir, ilne lui restera
que viogt-quatre heures pour se confesser et faire pénitence.
. Louis continua de tenir le bras de Galeotti tout en le conduisant |
vers la porte; eten l’onvrant, il dit à haute voix : « Demain, nous.
parlerons plus au long de cette affaire: Allez en paix, mon docte:
père; Allez en paix ! allez en paix ! »
. Il répéta trois fois ces paroles; et cependant, dans la. crainte
que le grand prévôt. ne eommiît quelque erreur, il accompagna.
l'astrologue jusque dans la grande salle, en le tenant toujours par
le bras, comme s’il eût craint qu'on le-lui arrachât pour le mettre
à mort sous ses yeux. Il ne quitta Galeotti qu'après ayoir non-
seulement répété plusieurs fois ces paroles de salut : Allez en paix!
mais encore fait un signe spécial au grand prévôt pour lui enjoin-:
dre de ne pas porter la main sur la personne de l'astrologue.
. Ce fut ainsi que,.grâce à quelque information secrète, à son.
courage audacieux ‘et à sa présence d'esprit, Galeotti. échappa au.
danger le plus imminent; et ce fut ainsi que Louis, le-plus subtil
comme le plus vindicatif des monarques de cette époque, se vit
déjoué dans ses projets de vengeance par l'influence de la super-.
stition sur son caractère égoïste, et par les épouvantables terreurs
de la mort qui assaillent sans cesse la conscience d'un Lopime :
chargé de crimes.
Il fut cependant mortife en se voyant obligé de renonçer àses”
Là QUENTEK DOAVRAND.
preléts.de- vongemce ot'is-catebselhrgés-di Phxédutièn: ne:
paruront: guère moins-désapporntés dé ce sursis: Be Hé sl,
parfitement indifférent &ce'svjets quittrson'pestéiprèg-idle hé poste
aussitôt quete roi eut Mitsigne à’THistarr dé’hisser aRer Galédiii
s'énveloppa: de sen manteau, s'éteult'i-tbree; et ad-baus de :quel-
ques :minates:-domnait profbadérment: -
Le grand prévôt, perdent ue chacun Mir ses dispositions:
pour guûtér quelgre: repos; aprésque: le-rot'füt renttédèns:sa-
chambre-à.cucher: resta lescyeux: fiiés suv Ies-rmemiires: véges
1ère de l'âstrolgue, tél qu'en-métin: qui guetté-urn-mbrcemrde
Vande que le-euisinéer lof #'arractié de là gueule; et; déiéar côté
se: deux-satbifiles-se communieuèrent, à voñx Hasse:et'rpes de:
mots, les sentimentsquif éprouvaient, chacunr-d'éprès son care:
t8vte particalier:: ‘
(Ce parrrre”avenglie dé : nécromanoiett, dit Trofé-Étielle
dan ton de commmisération et: d'onétion spirituelle; «-a perd te
pius-belle oecasion d’expier quelques-urres de 'ses'infâires sorcek--
léries etr mourant parlé moyen dé cordon:du Biènhereux: saint
François; cependant ÿe-m'étais proposé de hi laïéser ee vharmant
coflier autour dt-cou pour servir d'épouvantéà au diffé et Fémpé-
cher‘de-vetrir Sémparer dé sa malheureuse carcasse: —Et moi, dit:
FtitiAndté, jai: manqué là plus belle -cocasion-dévérifièr dé-
combien un poids de deux cent'quarantelivres: peut‘alôtiger une.
cordé: à trois brins: était une précieuse: expérience qui aurait
tourné au- profit: de: notre profession; et puis le vieuxet joyeux
conpèreseratt mert si'doueemenñt'! »
Pendant ce dialogue, Martius; qui s'était piècé de l'autre côté
dé l'énorme chemirrée de pierre, autour de laquelle on 5'était ras
semblé, les regardait de côté et ‘d'un aîr de méfiance. Il mit d'abord
la-mairr sous so pourpoint; afin de s'assurer's'il pouvait saisir
avec facHité-le tranche d'ün poignard à deux tranchants et bien
affflé qu'it portait toujoarssurlui< car, comme-mous l'avons déja
remarqué, quoique dévent un peu lourd-par suite de ‘son ensben-
puint, c'était un'homme vigoureux, alerte et adroit dans le manie-
ment d'une arme. Convaincu qtie le fidèle mstrament était con-
veñabléement placé; il 'tira de son sein un rouleau de paærchermin,
sar lequel étaient tracés des ‘caractères grecs et dés'signies caba-
listfques, rapprocha les: tisohs, et ‘etr:fft jdiflik une flamme à la:
clarté de laquelle if lui fut possible de distinguer les trails et F'atti-
täadé: dé chacun de ceux qui'étaient (assis ou cowehés autour de
ERAPTENE XXIX : 390":
lui 1e pesanteffprofiünd somme da sbidat écoutis, dont fs traits
Étmient aussi'immoliilos-que 57 son-risage cé ovale bronze:
la fure pâiè-et souelense POirier, qui tintétavait l'éir-dé sons
mroïfièr, et tahbôt en trou vreit Tes yeux: et Ibwei Dresquement
tête: comme #iRet' été troublé-par quelque: ‘remords; ou‘révèiMé:
par-queltee: Bret Iômmtain ; Féspoet mécontent! sauvape:et Hars-
groutdirgrandprévôt, qui avañl' l'air d'in Homme alléré dé sarre,
aurquePil fé pas-66 permis d'hssouvir sa soi? ; ‘tandiy que-le fée
ÉBhekes dint: lee: yeux éthient tournés vers:ls’ciét; comme:s18
lui eût adressé une prière mentule; et par le riant'et grotesque!
Peiii-André, qui-s'ammuseit à contrelaire Les gostes-ot-les grimaces.
de son camarade avant de seliyrec.an 50mmeil .
. Au milieu de ces êtres vulgaires et ignobles, rien ne pouvait
contraster d’une manière plussvesémeuse que la belle taille, la
noble physionomie et les traits imposants de l'astrologue; on
ausait pu voir .en.lui jan, ancien.mage. enfermé dans une caverne
de voelosrs,'et uwwupé à invoquer un esprit pour obtenir sa déli-
“vrance. Et en effet, quand il n’aurait été remarquable que par la
‘béxaté dè-sa' barbe longue et'ondoyante; qui’ descendait: jusytre
sur lé rouieau nrystérieux qu’it’tentait à là main, on eût été pare
dônmatié de regretter que celui qai n’émpioyait lès avantages dir’
talentdu savoir, de l'éloquence et: d'un extériear ‘nrajestaeux:
que pour servir les Tâches projets dé là fourberie et'de limposture; |
ait reçu en partage un si nobte attribat.
Ainsi se passa larnait dans ta tour da-comte Herbert, au’châtener
de Péronne. Quand tes prenriers rayons de l'aurore pénétrèrent'
dans l'antique chambre gothique; le roi’ appela Olivier ; celét-ef
le troiva assis, en robe de chambre, et fat sarpris du changement
qu’une nuit passée dans des inquiétudes: mottelles avait produit
sur son visage. [l'aurait exprimé sort inquiétude à cet égard, si’
‘le roi ne lui eûtimposé silence-erentrant dans le détail des divers’
moyens par lésquels il: avait’ déjà cherché à se faire des amis-à-la
cour du duc dé Bourgogrre, et en chargeant Olivier d’ent reprendve
la trame interrompue, dès qu'il tu serait permis de sortir’ de eur”
commune prison.
Jamais ‘cet astucieux: ministrene-füt'plus-snrpris que dans cet!
entretien mémorable, de la jœstesse d'esprit de son maître, etde la“:
-COnnaÏissaRCE approfondie ‘qu'it possédait: dé tous les ressorts qe”
peuvent infler sur les actions des hommes: ‘-: ;
Boum ne me
400 : QUENTIN DURWARD.
Æaviron deux heures après, Olirier reçut du comte defrève-
cœur la permission de sortir pour s ’açguitter des différentes com-
missions dont, son maitre l'avait chargé; et Louis, faisant venir
son astrologue, en qui il semblait de nouveau avoir mis sa c0n-
fiance, eut avec lui une longue conférence, dont le résultat lui
donna manifestement plus de courage et. d'assurance. qu'il n'en
avait d’abard montré. Si bien qu'après s'être habillé, il reçut les
hommages du comte. de Crèvecœur avec. un calme dont le si
goeur bourguignon fut d'autant plus étonné que, déjà il avait
appris que le duc ayait passé plusieurs beures dans une agitation
qui semblait.rendre la Free eu roi précaire. ot
| CHAPITRE XXX.
- LE ‘Daurs.
Notre esprit balance comme la barque agitée quiva-
cille au mitieu ‘dela lutté'de divers courants 0
ARGÉTIR Cophéie
Si Louis passa la nuit dans une inquiétude et une agitation des
plus vives, le duc de Bourgogne fut encore plus troublé, lui qui,
dans auçun temps, ne savait, comme son rival, exerçer un grand
empire sur ses passions, mais, au contraire , leur permettait de
dominer sans contrainte sa volonté et ses actions. |.
Suivant l'usage du temps, deux de ses principaux et de ses
plus intimes conseillers, d'Hymbercourt et d’Argenton, étaient
restés dans sa chambre à coucher, où des lits leur avaient été
prépare és à peu de distance ‘de celui du prince. Jamais leur pré-
sence n’y avait été plus nécessaire que cette nuit-là; car, en proie
au chagrin, à la colère., au désir de la vengeance, tandis que
d’un autre côté il était combattu par les lois de l'honneur qui lui
défendait de se venger de Louis dans la situation où il s'était is
lui-même, l'esprit de Charles ressemblait à un volcan en érup-
tion, qui vomit toutes les matières contenues dans son sell,
mêlées et fondues en une seule masse.
Il refusa de se déshabiller et de faire aucun préparatif pour $&
mejtre au lit, et il passa la nuit à se livrer successivement ai
passions les plus tumultueuses, Dans quelques-uns de ces parosÿs
mes, il parlait à ses conseillers avec une volubilité et une prolixité
quileur faisaient craindre que sa raison ne s’aliénât tout à fait.Pre-
: CHAPITRE XXX. “ Ads
nant pour texte les vertus ét là bonté de l'érêque de Liége si'in-
* dignement assassiné, il réeapitulait'les preuves d'affection et de
confiance mutuelles qu’ils s'étaient données si soûvént ; enfin, il
exalta à un tel point lés sentiments douloureux qu'il éprouvait ,
qu’il se jeta en avant sur son lit, paraissant près d’étouffer' par
‘ les efforts mêmes qu’il faisait pour arrêter ses lirmes et ses san-
‘ glots. Se relevant ensuite avec précipitation, ïl s’abandonna à un
transport d’ün autre genre, et se mit à parcoutit l'appartement à
‘ grands pas, proférant des menaces incohérentes et des serments
de vengéance plus incohérents encore ; frappant du pied, suivant
sa coutume, il invoquait saint Georgé; Saint André, et tout ce
qu'il y avait de plus sacré à ses yeux , les prenant à témoin de la
“promesse qu'il faisait de tirer la vengeance la plus éclatante de
‘ Guillaume dela Marck, du peuple de Liège. et de celui qui était
la cause première de tout le mal. Cette dernière menace, moins
explicite que les autres, avait évidemment pour objet la personne
de Louis, et il y eut même un moment où le duc exprima la déter-
mination d'envoyer thercher le duc de Normandie, frère du roi,
et avec lequel Louis était en fort mauvaise intelligence , et de for-
cer le royal captif à lui céder la couronne, ou du moins quelques-
‘uns de ses droils et de ses apanages les plus précieux.
Un autre jour et une autre nuit s'écoulèrent au milieu de ces
orageuses résolutions, ou plutôt de ces rapides transitions d’une
passion à uñe autre, et dans cet espace de temps le duc ne prit
pour ainsi dire aucune nourriture et ne quitta pas ses vêtements.
Enfin on remarquait un tel désordre dans ses discours et ses
actions, que ses serviteurs craignirent un moment que son esprit
ne fût dérangé. II se calma pourtant peu à peu, et commença à
tenir avec sés ministres des conférences dans lesquelles on pro-
posa bien des choses sans rien’ décider. Comines assure qu’un
courrier monta une fois à cheval, prêt à partir pour aller cher-
‘ cher le duc de Normandie ; et il était probable que le monarque
‘ déposé allait trouver dans sa prison, comme cela s’est vu dans
"plusieurs circonstances semblables , un court chémin vers leu tom-
beau.
Dans d’autres instants, lorsqu'il était épuisé par sa rage, Charlés
s’asseyait, l’œil fixe et le corps immobile, comme un homme qui
‘ médite quelque projet désespéré auquel il n'a pu encore se ré-
soudre entièrement. Il n’aurait fallu que le plus léger effort de la
part d’un des conseillers qui l’entouraient pour le porter à une
. 46e QUENTIN BURVMARD.
_ætction ‘vislenie,; sais les: nobles hourguignaw: -considérant Je
.ÆCasactère.saoré aitaçhé à. pessonüe d'un roi-etd’ua- soigeeur
.suzerain,, par égard aussi pour da fui publiqueiet pour l'hcmneour
_de leur duc qui-avait engagé sa parole lersque Louis s’éfæit -en
anelque sorte œis-en.s0n pouvoir, inolinaient presque tous à Ini
_æecomraander.des mesures. de modération. Les .argumemts -que
.d'Hymbercourt et d’Argenton avaient'hesardés -pandant ja nuit
. furent danc repraduitsde lendemain par Créveccur et plusieurs
sautres. Le zèle qu'ilsmonteaient en favear du roi n'était peut-être
has chez tous «entièrement désintéressé ; car keaueawp-d’entre
eux comme mous l'avons dit. avaient déjà éprouvé lessfisfs de
sa libéralité; d'autres avaient.en-France-ou espéraient y.avoir-des
domaines... ce qui Les mettait dans une sorte de‘:dépendanse du
“monarque ; enfin, il:est certain. que:le trésor porté par. quatre
aules, lorsque Louis vint.à Péronne, 5 s'allégea sensiblement; pen-
dant toute la durée de ces négoniations.
Le troisième j jour, le camie de Gampo-Basso apporta au conseil
dle Charles.le tribut de-son esprit itaién , et il fut henunaëx pour
. Lou que ce.seigneur ne fût pas arrivé lorsque le duc-était-encore
dans sa première fureur. Un.conæil régulier fut assembléà l'is-
stant même, .pour aviser aux mesures. quil importait #ledopier
. dans cette-crise singulière.
Gampo-Basso exprima. san Apinion par l'apologue du NOyageur,
de la couleuwre et du renard, et rappela au due L'avis que.le re-
nard donnait à l'homme d'écraser son .annemi mortel quand le
.80nt l’a fait tamher entre.ses. mains. D’Argenton , qui vit les yeux
du duc étinceler à une proposition que la violenee de-son-caras-
:tèreJui.axait.déjà plusiaurs fois suggésée, s'empressa.de répondre
_qu'il était possible que Louis n’oût pas .pris une part diveete au
meurtre commis.à Schomwaldi', que.paut-être il pauraait: se jus-
tifier de cette accusation, et.se décider .à faire réparation des
_Mommages que ses:ipirigues avaient occasionés sur le ternitaæire
flu duc et.sur celui de .ses alliés; qu'enfin .un acte -de violence
exercé sur la personne du roi me pouxrait qu'attirer d'affreux
malheurs sur la Bourgogne et sur la France, et que, sans aueun
Moule, l'Angleterre profiterait de ces commotians intestinesçpour
.S’emparer de nauveau de la Normandie et de Ja Guiense, renou-
welant ces guerres ruineuses qui.n’avaient eu.un terme Que.per
l’umiondela Franae et de.la Beurgugne cantne l'ennemi commu.
Al ajauta qu'il n'entendait,pas <onseiller de rendre la liberté.à
1 OBMRISE TOME. * : MS
Lou siieronnlitiete; mais :que de.-Auc ne :dexait -tirer diatére
aventage de lausitusiéon desan:noyal ririspnmier, que pour cosv-
cluse antre:des .denx: pays un: iseité juste èt-honembié en exi-
teantdu-roi sgasantées telles, qu'ikini {ûüi-difinile de violbreæ
fait. de troukier:à Haveair/la paix ‘intérieure dela :Bourgegne.
DHymhorcosrt.,-Grèvenur :at ,plupienrs-autres se déclarènenft
dawtement conéire:les mempes-violpnies popadées : par.Gampe-
Basso ,t-dirant, qu'encponvait abienirpar un: traité des.avantages
plus dunaheatt ples gibrieux pour :le -Ronrgogse, que parue
aotion qui dmaprimensii shrdepaysiuns tache kentense lee
que de foi ei la: violation des: loiasaerées ile L'hospitalité,
Lo lue.-entandit:6es arguments Les eux :fixés à: terre ea
fresgant:les: aurollsprequ'an paint de.les oanfondre. Lorsque
.Crèyecæur:aiouta.qu'ilne pensait pas. que Louis -fñt camplive de
L'actestpene ge -vielence commis à Schonwaldt , Charles leva.in
tête ,-et lançant 1m ragard::s6yère:sur-6en canssiller :-< Avez-vous
.dane aussi , Goèpeoœur;,-entendu:le son.de l'er-de France ?.il:me
-seinsble que crier senne-dans.man.conseil aussi fort. que les-cle-
Shes,de Saini:Dens. Quoi or dine que. Louis. nait pas été fauteur
.de :la-bebelion :sn: Klandre ? — Man.gracieux maître, épondit
Crévecæur, ma.main -s6t.plus.habituée à manier da fer qu'à :m4-
nier l'or. et. je sains téllement conrainèn. que Louis st. caunaile
4e: tasse Les trombles- qui ent ei lien en Ælandre.. que naguère.je
l’en-ai sceueé deyanttautoisa conr., etluiaiïpiopèsé un cantéLen
_æotse Rem. Mais quoiquesss intrigues aientété la-cause premitee
.4e.tautes ces -conmptions , jo:amia-si loin de.croirp.qu'il.sit auto-
rise -le-menrire de :lévêque, «que rje: me rappelle qu'un:sdo:ses
:émisseines- a pualiqnement:proiesté nontre:cet assssaïnat. :e
.Pourrais fsiresparaître.est kpmme.derant:Veatre.Altesse, ai-c'était
.$Qn ban plaisir. — Qui » Sans deste, c’est notre bon:plaisir,:s'éoria
le duc: par saint. Geerge !.pomvaz-veus douter que.nons.vosiions
-agirantrement ane depnis.l plus suacte juatèoe ? Môme «dans les
accès de colère les plus violents, nous sommes cenau:panrÿjuger
donjons, awec: daeiture.. Nous verrons neus-même le roi: Louis ;
nons.lui.fepens. conpalee.aps grinés, et.la réperation que nous
satiendeons.de.l..$S’i1l.est. recammu immapent de.ce meurise. naus
serons; plus.fatile.sar:lereste ; «il @st coupable, qui sers dise
-éuRe.année. de pénitence:dansiqualgseinanastèreiaeléne.asit
.-hasune sentence. aussi nisénicoidiense auejuste? Quiasera.-dire;»
ajouta le duc.en,s/animant à moaure qu'il parlait ;« qui cesrædire
404 QUENPIN BUK WARD. |
qu’une vengeancé plus directe et plus expéditive serait infuste?
Faites venir devant. moi. votre témoin. Nous irons au château,
une heure avant midi : nous rédigerons quelques articles , et il
faudra que Louis les accepte, ou malheur à lui!-La séance est
lovée, messieurs; que chaeuh .de vous se retire. Moi, je vais
Changer de vêtements, car je suis à peine en costume convenable
pour paraître devant mon très-gracieux souverain. » Le duc se
leva en appuyant avec une ironique emphase sur ces derniers
mots, et il sortit de l'appartement. — « La sûreté de Louis et, ce
qui est plus grave encore, l'honneur de la Bourgegne dépendent
d’un coup de dé , » dit d‘'Hymbereourt à Crèvecœur et à d’Argen-
ton. « Cours au château, d’Argenton ; tu as'une langue plus dé-
liée que la mienne et que celle de Crèvecœur : fais connaître à
Louis l’orage qui s'approche; il saura mieux que personne com-
mént le conjurer. J'espère que ce jeune garde ne ‘dira rien qui
puisse aggraver la situation du roi, car qui sait de quellé mission
secrète il a été Chargé ! — Ce jeune homme, dit Crèvecœur, parait
hardi, mais prudent, plus qu’on ne serait en droit de l’attendre
d’après son âge ; dans tout ce qu'il m'a dit, il s'est attaché à mé-
nager le roi, comme un prince au:service duquel il se trouve:
j'espère qu’il en agira de même en présence du duo; je vais ke
.… Chercher, ainsi que la ‘jeune comtesse de Croye.— La comtesse !
vous nous avez dit que vous l'aviez laissée au couvent-de Sainte-
Brigitte, s'écria d'Hymbercoûrt. — En effet. répondit le comte,
mais les ordres exprès du duc m'ont obligé de l'envoyer cher-
Cher; elle a été amenée ici en litière, ne pouvant pas voyager
. autrement ; elle est dans la plus grande anxiété, tant à cause de
son incertitude sur le sort de sa tante la comtesse Hameline, qu’à
cause de l'obscurité qui plane sur le sien propre; car. elle s'est
. rendue coupable d'un délit féodal en voulant se soustraire à la
protection de son seigneur suzerain, et le duc .Ghatiles n'est pas
homme à voir avec indifférence la. moindre infraction à ses droits
seigneuriaux. »
La nouvelle que la jeune comtesse était au 1 pobrvoir de Charles,
vint ajouter de nouvellés inquiétudes aux réflexions‘de Louis. Il
savait qu’en révélant les intrigues à l'aide desquellés il l'avait
déterminée ; ainsi que la comtesse Hameline , à fuir en France,
elle fournirait les preuves qu’il avait fait disparäftre en ‘ordonnant
l'exécution de Zamet Maugrabin; or, il n'ignorait pas combien
une telle preuve de son intervention dans les droits da duc de
Bourgogne, fourairait à celui-ci de modifs et de prétextss pour go
prévaloir de ses avantages actuels. |
| En proie à:la plus vive anxiété, le roi fit part de ses inquiétu-
deS as sire d'Argenton, dent la finesse et les talents politiques
_ étnient mieux assortis à l'humour de Louis que le caractère brus-
que et martial de Crévesœur, © ou que. l'erguei féodal de d'Hym-
bercourt: : :.
«. Qesisolidats berdés de fer, mon cher Comines, » S dit-il à son fu-
tur bistorien, « ne devraient jamais entrer. dans le cabinet d’un
roi: ds devraient rester dans l’antichambre aveo les hellebardes
et les-pertuisanes. Leurs mains sont faites pour nous servir; mais
le monarque qui veut donner à:leurs têtes une autre ocœeupation :
que oelle de servir d'enclume.aux épées et aux massues de ses
ennemis, agit comme ce fou qui voulait mettre aù-cou de sa mat- .
tresse un collier de chien. C’est à des homrnes teis que toi, Phi-
lippe, à .des bommes dont.les yeux sant. doués de cette vivacité
et de cette pénétration qui voient au delà de la surface des choses,
qu'un priace devrait.ouvrir son: Cabinet, que dis-je ! les plus se-
creta replis de sp cœur. »
Il était naturel que d'Argenion, doué:d’un esprit des plus déliés,
fût-flatté de l'approbation du prince de L'Europe qui passait pour
avoir le pluside-sagacité, et il ne put tellement déguiser l'impres- -
sion que-tet éloge avait produite sur lui, que Louis ne s'en aperçût.
« Plué à Dieu, continua lé rei, que je fusse digne d'avoir un tel:
conseiller ! js ne me trouverais pas dans une situation aussi mal-
houreuss: Et cepondantie regretterais à peine de m’y trouver, si
je. pouvais découvrir les moyens de m'assurer les services d’un
homme d'état aussi expérimenté. » ..: :.
D’Argenton répondit que toutes #ès. facultés étaient au service
de Sa Majesté très chrétienne, toujours sous la. réserve de ia fi-
défité qu'il devait à son 1 maitre Mgitime, le duc Charles de Bour-
gogne. ..
« Et suis-je homme à faire la moindre tentative pour ébranler
cette fidélité? s’écria Louis d’un ton pathétique. « Hélas! ne suis-
je-pas maintenant en péril pour avoir mis trop de confiance en
mon vassal ? Et à qui la byauté féodale peut-elle être plus sacrée
qu’à moi dont le salut dépend d’un appel à cette loyauté? Non,
Philippe de Comines, continuez à servir Charles de Bourgogne;
et vous ne pouvez mieux le faire qu'en. ménageant un heureux
aecommodement entré votre prince et Louis de France. ce sera
QUENTIN DURWARD.
me QUERTIN. BUFARD. 2
nous rendre un service à tous deux, etl'un:dsmouenumaissen
sera reconnaissant. On m’assure que wsappointementsdansoutte
coeur égalentà peine ceuxidu grand faiconnéer : c'astdsmc: ainsi
que les services. du-ples sege-consciller de l'Europe: sut mis eu
mivesu où phitôt-au-desscus des services de l'isomns qua vauseit
et. soigne des-ciseaux de prois ! La. Frence possède: de. vastez
Champs: son roi a beaueoup d’or. Souffrez, mon ami, queue ré
pets seandalense inégalité : j'en. wi les mopeusa mediepus
tion ; permettez-moi d'en: faére usage, »
, En parent aiosi, te rèi présenta à Comiaæun gronsnvdiargeaé.
mais, plus délieat dans ses sentiments que: la riupart:-des-courti-
sans de:cstte époque, Cemines refusa-cséts offre en disant à Lemis
quid était pleinement satisfait de la libéraliéé deson princes; ei en.
l'assurant qu'aucun présent. ne pousreik. sg manie hdésrqri
avait da svovir le roi. de Franee.
« Homme:ezxtraordimaire!s'écrse le-rhi; pesmeléaz-enoi :d'ent-
brasser le-æul courtisæe de-ve:sièsle qe lon puisae-dive-tout à
la fois-capable:et incenruptible. La sagem est plus préciouse que
l'or ; et croyez-moi, Philippe, dans cet embarres, je:commpie: plus
sur votre bienveillance: que sur l'asmstanes vénale. de:hismdes
gens qui ont regu mes dans. Je anis que vous-ns:contaillapes:pss
à. votre maître: d’abuser d'ene::orcasion que la fostames;ou,.pour
parier plus franchement, que me propre. apéfise: eùt vonne lui
offrir. —-B'en abeaser ! non assurément: sais d'en weer, bien-cer-
tainement.—Comment, et jmaqu'à quelpoint? Jene suis pen esees
nkis pour me flatter de sortir d'ici. SN T-DA pr SRE LANÇOR ; mas
qu'elle soit raismnahle : je suis. toujouss peêt à ésoutbr ia reison,
à Paris, aussi bien qu’au Plessis.ou.à-Pénonnie. -— Avec la-per-
méon de Votre Majeské. je vous répondrai qu'à Penis en au
Plessis la raison était habitués à parier dian ton si bussbie ok ai
bas, qu'elle ne pourait na toujoussohienis-audienge : de: Votre
Majesté. Mais à Péronne, elle emprunte le porte-voix de pers
cessé, ei sen langagp devient péremptoire. et impéretif. — Vous
aimez les métaphores, » dit Louis, incapable de réprimer un. moe-
vementd'humeur ; « je suis un borme tout simple, sise d’Argen-
ton. Laissez Ïà, je vous prie, vos-figures da rhétoriqüe, pariez
tout.uniment. Qu'est-ce que votre duc attend de moi? — Je ne
stwis perteur d'aueuns prapostion, Sire:: le duc vous:fera bientôt
conaaitre lui-même ses intentions. Ganendant il se présenta à
ma pensée quelques demandes que mon niaître neurrait faise à
“Votro:lésueté:; et aux quelles if'est Low qu'olle:svit préparée: Pa
-exemple, bcession définitive: ds-viles siluées sur ja Somme. —
Jo en} yrettesideis: --- De: dégayouor les Fiégoois et Guiliiame del
Mféook:.—-D'acssiiDun cœur que ie détavoue l'enfer: el'satèn, —
St mndens des:vtages:; occegation de cortbihes forteresses:
ou quoique :chse de semblable, pour garantie qu'é Fuvenir kr
Fremcos'ahetivaira de pousser Les Harsendsàla révolte. -.('èst
quelque chuse domouveau, Philippe, qu'in vessai dennindé des
gages: à soh surotain ; mais, passe encore pour eolx. — Un -apé
tege-ccavennblo-ctindépendent pour votre illustre frère, l'a et
Vani de onmaire, la: Normandie ou l# Chanipagne, peut-être
Ewdac:aime la: maisen-de votre père, Sire. —Oüi, par la! Morts
Llies!.et:i Faime tant, qu'il fruit volontiers rois tbuts-coux dont
n:æ compose: Avez-vous enfin épuisé votre ballet de: conjectu-
res? Pas:tout à féit, Sibc-:-01t démandèra-certainement encore!
à Vatreflisiestt, de s'abstenir dermolester; comme elle-fit mguère,
le-duede)Btotaume, et-de cesser de‘Fui contester ainsi qu'aux aut-
tres-grends.fomdataires:ie-drett. qu'il ont de battre rhônnaie et'dè’
s'intit ion duos et prinoes par la grâce de-Bieu. — En: ur mot, de’
faiede mes vasssaxautant derois! Sie Philippe, votidriez-vous:
faire de moiunfratrioMe ? Il vous sourit dè nron-frère Eharles:ill
ne Mi pus plusdôt duc: de Guibmme auf} mourutf. Etque restera
t-il: do:plus-sux desrondants de Charlemagne; lorsqu'il auront:
été dépoutilés de .ves-riches provinces, que le droft de se faire ré- :
pendre: de: l'issite:sur: le: tôte: à. Ruims; et de dier assis:sous ufr
dais somptueux ? —— Nous démineerons- les inquiétudes de Votre:
Maesté à ect:éauré, en le donnant un, compagron-darrs eettt af.
gmité-sobituise. Leïdue de Bourgogne, quoiqu’# ne-dernande pas,
qua à présent, le titre de rai isdépendhnt, désire-eependant :
êtos aflanclii à l'aven des marques’ àabijectes de sujétion: exft
gées de-iué à Pégard dela: couromme de France. Sbnr intention-est-
de fermer s4:couvonre-dueale per: un quert de cercle, à l'imita- :
tion de celle-de l’empereur; et de-la-surmontér: d’un giobé, enr
bhème do l'indépendance de: 508 domaines. — Et comment le-dac
de Beurgegne, » s'éeria Louis on: redressant et avec une émo-
tion quisne luïr était pas-ordinaire: + comment un vassa? qui a
prété serment à la couronne dé KFfranes, ose-t-H' proposer à son
suzertin dés:comditions quai, pur: toutes les lois de:l'Europe, en
1 Louis n'avait qu’un frère; ici l'auteur lui en suppose deux. Voyez la note de la
page 362.
M$ QUENTIN. DURWARD. _.
txaîneraient de droët. la forfaïture de son fiof? — Dans L'état où
sont Les choses, il na serait pas facile de. metére à :exécrition la
sentence de forfaiture, » répondit d’Argenton avea:chlme. « Votre
Majesté n'ignopre pas que la stricte -ohservationx des lois féodeles
tombe en désuétude, même dans l'empire germanique, et que le
suzerain ot le vassal travaillent à améliarar jeur pœition respee-
tive, autant que leyr pouyoir ou l'osceaion le. leur permettent.
Les menées secrètes de Votre Majesté: avec les vesseux:1in dne
en Flandre justifieroné suffisament la conduite de mon: maitre,
en supposant qu’il insiste pour que:la Franpe, en reconmaissant
son. indépendance absolue, n'ait plus à l’ayenir la tentetian d'en
pratiquer de nouvelles. — D’Argenton l'd'Argenton! » dit Louis en
se leyant de nouyeau et en parcourant la chambre d’un air pensit,
« ceci est un effroyable commentaire du texte : væ victis 11 Vous
ne voulez pas sans doute me fare entendre que, le duc.insistera
sur de si nombreuses et si dures sonditions ? — Bu moïns vou-
drais-je que Yotre Majesté fût préparée à les disauter toutes. —
Cependant la modération, d’Argenton, la modération dens le sue
cès, personne ne sait cela mieux que vous, est nécessaire pour
sgssurer des avantages définitifs. — N’en déplaise à Votre Ma-
jesté, j'ai toujours vu que la mérite de la modération n'est jamais
tant vanité que-par le vaincu. Le vainqueur fait plus de cas de la
prudence, qui lui dit de ne pas laisser échapper l'aecasion favo-
rable. — Eh bien! nous y penserops; mais j'espère que vous êtes
arrivé à la dernière limite des prétentions déraisonnables de vo-
tre duc? Est-ce bien tout ?.. Mais non, ton regard me l'annonce!
Que veut-il donc encore? que peut-il vouloir de plus? Est-ce a
couronne ? Mais toutes les demandes que vous m'avez déja faites
lui auront rayi tout son lustre, si j'y accède jamais! — Ce qui me
reste à dire, Sire, dépend en partie, en grande partie, de la vo-
lonté du duc; cependant il a dessein d'inviter Votre Majesté à y
donner son agrément, car, en effet, c'est une chose qui vous tou-
che de près. -- Pâques-Dieu ! et quelle est cette chose? » s’écria
le. roi d’un ton d’impatience, « expliquez-vous, sire Philippe:
faut-il que je lui envoie ma fille pour concubine ? ou de quel autre
déshonneur veut-il encore que je me couvre ?— Il n’exige de
vous auçun déshonneur, Sire. Le cousin de Votre Majesté, Le duc
d'Orléans... — Ah !.., » s’écria le roi; mais d’Argenton poursuivit
sans prendre garde à cette interruption. « ayant donné son af-
4 Malheur aux vaincus ! avait dit Brennus. A. M.
CHAPITRE XXX. ‘100
fection à la jeune comtesse Isabelle de Croye, le duc espère que
Votre: Majesté woudra bien consentir à ce mariage, et se fointdrè
à lui pour doter le noble couple d’un apañage capable dv forrher,
avec les domaines de la comtésse, un établissement digne. d’un
Se de France. Jamais! jamais! » s’écria le roi: laissant éclater
Ja colère qu'il n'avait contenue qu'avec pee, et s'abandonnant
à un mouvement désordonné qui formait lé contraste le plus
frappant eskè le sang-froïd qu'il savait si bien affecter br:
dinairement. « Jamais! jamais! Qu'on apporté des éiseaux, et
qu'on me tonde comme un fou de paroisse avec lequel j'ai tant de
ressemblante aujourd'hui! qu'on ordonrie au ‘elvitre ou à la
tombe de s'ouvrir pour moi! qu’on apporte un fer rouge pour me
dessécher les yeux { qéoi emploie contre moi la haëhe, la ciguë,
tout çe que l’on voudra : mais d'Orléans ne rompra pas la foi qu’il
a jurée à ma fille ; ïl n’aura pas d’autre épouse, tant qu’elle vivra.
+= Avant de se prononcer si fermement contre ce projet, Votre
Majesté considérera l'impossibilité où elle est de s'y opposer. Un
homme sage qui voit se détacher un quartier de rocher n'entre-
prend pas de faire d'mutiles:efforts pour'en retarder la thtite.
Mais du moins un homme de cœur trouve ‘un ‘tombeau sous $es
débris. D'Argenton, songez qu'un tel mariage amènera la ruine,
la ‘destruction complète de mon royaume; songez que je ñ’ai
qu'un fits d’une santé débile, et qu'après lui d'Orléans est'le plus
proche héritier du trône. Considérez que l'Église a consenti à son
union avec Jeanne, union qui concile si heureusement les imté-
rêts des deux branches de ma famille. Songez aussi que cette
umion a été le projet favori de toute ma vie ; que j'ai médité, com
battu!, veillé, prié, péché même, pour la préparer. Non, Phi-
Hppe, non, je n’y renoncerai pas; aussi vrai que vous êtes un
honnête homme ! Ayez compassion de moi dans cette extrémité.
Votre génie inventif peut trouver quelque équivalent à ce sacri-
fice , quelque bélier à offrir en échange de cé qui m'est aussi cher
que sôn fils unique létait au patriarche. Ayez pitié de moi, Phi-
lippe; vous, du moins, vous devez savoir que pour un homme
doué de jugement et de prévoyance, la destruction du plan qu'il
a log temps müûri, et pour lequel if à long-temps travaillé, est
infiniment -plus douloureuse que ne lé sont au commun des hom-
mes les peines qui résultent du renversement de leurs éphémères
desseins, nés de quetques passions fugitives. Vous qui savez sym-
pathiser avec les douleurs plus profondes et plus aignës de Ja prur
dm _ QUENTIN. PENRRD.
dence:déjoudn, de le segasité 'tuite-bn défaut, monettnewses.
écuche-t-il donc-pas?--J6 pronds:partè-ves'paimes) fini, antant
ue -apn sâle pour meon-maitre "Ne: pales nasale lubt = s6-
ADte Louis-obéispant ot foignast d'hhéir à: ui teamiporé fongeeux
et: irrésistible qui Jui. féissit oublier :4 réterme habstuellé: de se
fengage; « Charles de -Bourgégne:rest-ildipne de vôtre 1aténche-
antat, lui -qui -poutinsmiteret érapher-see)cnstiiens! beraui os
dpnner:atr plus isage irerr ples-fdéless tees-lohontex ones
de Tête bettée! +: on Lpoer
. La sagesse de Philinseide Gornines ne Lempbeissit apes. d'arsir
ainé haute opinionde sen'impprtamce persengélle, etñk füttelie-
anent frappé des paroles qui veuaient-d'éahenpérarboi: dés in.
thaleur d'un sentiment qui bannisseit tonte contrainte, dune
sput-se défendre de répéter: «-Tfteboitée !.. H'esbèrhpensibis que
Je-duc,:nron maître. ‘ait-donné-tn:tel eurmonau #rpienr:eiioe
d'e.pas quitéé dopuis qu'il peutimenter à-ohewal:; rot-esia, devant
ma monarque Stranger ! C'est imtiooèhle !» :
Louis viisur-le-chaten l'impression q'ilavaitprodste;etériant
également de prendre-un ton de commisérntion-qui eureit:pupas-
sr poar-uné:msulte, -owde sympathie:qui aurait pu ressernisler à
delaffettation;ilditavecsipkcité eton même tempsevec digeibé.
“'Mes maihenrs me font ouhlierdes:lois de krpolitesse, antrenent
ge‘n’aûpais fas:parlé de cequ'il dés vous étrerpeu-agtéalied'en-
tcndrèe Mais votrerépots m'accusedediredes chosesimposéhles,
Ædla touthe à mon‘hohneur , ‘et ce: serait: reconnaîtte le: inatesse
db-cetio accusation, que de. ne pas vous repportet les eiraonstèn-
ces auktitrelles fe-duc, ‘än riant jusqu'aux-larmies ; attnibea diosi-
gite de ot rom mjuridux, qui né‘blessora. pas de nouveau: ves
preilles en:se retrouvant:-dens ara banche. ‘Voiti donc <ommaé
B'a-contétetteeffhire: vous l'aviez acoompagné à une parie
dtrasse; loteqiu'au rétour il'out-mis piod: teree , 11 vous pris
Anidér:à rétiver 3ss bottés.-Lisahtipeut-ôtre dansé: yeux un mé-
échtentemant bien-naturel'diun traitement si dégradat ; él vous
fit: asséoir à votre tour, et-vousrréndit.e mémerservios qu'il ve-
uit de-recéveir: de vies. Mais, offensé detvous'voirdui obbir à la
lettre, ilneut pes phastôt tiréune de rvos bottes, qu'il raus-endé-
<bergei brusquement sur le 4ête un eonp'quirent fitijailir le cang,
æe féchiant-contre l'insolence-d'un sujet tui'avait le présonintion
rorepter arrtel suryice des'mainis-de sonsouventin. Bepuisioss,
dit ch Ær: favori, Le Glaribux, dssopt:dens1l'hañstnde: de vous
: CRRPPERE INK, ‘#81
dinigserparisssh atenrde ebrilècnbe de Tétabaiti ; ; t'estpourie
‘des:un-sujeidepiasentert saquel d'trouve beaucoup de plaisir,»
Zn rappelait cetie fisheuse .arenture, Louis avai le plu-
2 ; d'ahard de piquer:ao vif-eelui auquel:il parlait (sstisfaction
quil'était. dass sa nture de goûter., même quand ik n'avait pas,
cmemodens ccthecmeoesince. lexeuss de:se:lirer à des repré-
_snilles) puis ; devoir quil avait:eu.enfin.décotsrir dans de carac-
tère de d’Argeutenyun peint chetenilieux-qui pouvait Famoner
- Amoensiblement à abendonner:les.intéréts de la Bourgogne ‘pour
eoux.de de Framee. Mais «quoique ie prafond ressentimont que
Lo-canrtisan cfiensé nonraisait contre son maitre dût le conduire
Plus:tard à passer.du serwice de Charles.à celui de Louis, ilse
borne, pour de moment. à donner au roi, en termes généraux,
Yasuwnce.desss dispositions ruaicales envers la France, expres-
sions .qu'il:ne doutait pas que Leuis aesût fort bahilement intar-
“préter. Et sesait injuste d’accuser l'illustre historien d'avoir déserté
la cnase de son maitre dans cetta occasion ; maison peut afirmer
qu'il fat. dès iers dans des dispositions plus favorables à Louis que
quand él:'était arrivé auprés de:fai.
«3e n'eusais piscru qu'une circonsiance si indifférente en elle-
name resisreit assez iong-ienmsps dans la mémoire du duc pour
-qu'il on‘parlèt ésrmais , ». répondit-il en s’efforçant de rire de l'e-
mecdote que Louis. venait de raconter. Il:y a bien eu quelque
chose qui-ressemble à cette histoire de hottes, car Votre Majesté
sait que ics plaisanteries du due ne sont.pas toujours desplusK- .
-@èses; mais il Fa un peu bredée: N'en parlons plus. — Oui,.n’en
-parions:plus, dit leroi: il est même honteux que neus nous y
soyons srrétés une souke minute. Mais sise Phdippe, j'espère que
- vous êtes assez Français pour m'aider de vos bons avis dans cetfe
épinouse affaire. Vous tenez le fil de ce.labgrènfhe., je n’en puis
douter, il ne s’agit plus qne de me: le mettre dans la main.-—Vaire
Majesté poat disposer de més avis et de mes.services, toujours,
.mous la réserve de la:fidélité que je dois à mon maître »
C'était à peu près.par ces paroles que le courtisan avait débuté:
sais jkbes répétait alorsd’on ton si différent. que Louis, qui, d’après
la premiéredéciaration. avait vu dans. cette réserve de fidélité au
ducie Bourgogne la basede toute la conduite de Comines, comprit
-Claiverment que le vent avait changé, car il appuyait avec plus-de
-ferce:sur la promesse de ses avis. et de ss bons coflices que sur
“ancréserve: qui nesesmblait- énoncée que pour .la forme et par
"428 QUENTIN. BURWARD.
bionséunbe : Le'réi reprit sôn'éiégs , força d'Argenion à:siasseoir
peës de hi, et kx prôta la méme attention quest ses paruies-étsiont
. ssrties dela bouche d'un creele: L'hothme d'État. parta à voix
basse, de.ce toi pénétrant qui-féree la cenfance , péroe quil an-
. nance à la: fois une grande sincérité et une sorte de précæutien,
. etaveeune lenteur quisembiaitcaicalée pourdennerau mROmarqUue
le temps de peser claque mot à. mesure qu'il lerononçait ,
<onme ayant un sens particulier et une valour loexlé. |
des propositions que j'ai soumises à ts considération de Votre
Majesté, dit-il, quelque dures qu’elles soient à enteridré, ‘diflrent
cependant beaucoup des mesures aeerbes qui ont:6t6 proposées
et discutées dans le.conseil du duc par des gens plus hostiles que
. Moi à l'égard de votre Majesté ;: et je n'ai: pas besoin de vous rap-
peler que les avis les plus emportés , les plus violents, sont oeux
que mon maître accueille toujours:le plus favorablement, :parce
“qu'il aime à prendre la voie la plus ‘courte, malgré les dangers
qu'il peut y rencontrer, plutôt que d'en suivre uneplus sûre, mais
: qui le forcerait à de longs détours. — Vous avez raison, et jé me
souviens de l’avoir vu , étant. à cheval, traverser une rivièreàla
Râge, au risque de s’y noyer, quand, à deuf'cents pas tout au
plus, il y avait un pont sur lequel il aurait pu:passer. — G'est La
vérité, Sire; mais celui qni compte sa vie pour rien, quand il s'a-
git de satisfaire la passion du moment, saerifiera , pour lo seul
plaisir de faire sa volonté, l’occasion d’accroître sa puissance. —
J'en conviens avec vous: un fou s'attache plutôt. à l’apparenoe
qu’à la réalité du pouvoir. Tel est, en. effet, Charles de Rourgo-
_ “.gne. Mais, mon cher ami d’Argenton , que concluez-vous de ces
prémisses. — La conclusion est simple, Sire ; Votre Majesté a vu
un pêcheur habile prendre un gros poisson , et finir par l'amener
à bord avec un fil presque aussi faible qu’un cheveu, tandis.que
ce poisson aurait brisé une corde dix fois plus forte si le pêcheur
avait prétendu le tirer à lui avec violence, au lieu de lui.laisser du
champ pour se débattre en liberté. De mêmé Votre Majesté, en
cédant au duc sur les points auxquels il a particulièrement attaché
ses idées. d’honneur et de vengeance, peut échapper à des propo-
sitions révoltantes, semblables à celles dont je vous ai déjà entre-
tenu ; par exemple (ear je dois parler sans détour à Votre Majesté),
celles qui tendent à l’affaiblissement de la France : elles s’efface-
‘ront de sa mémoire, ou seront-facilement éludées si vous en reje-
_:tez la discuésion à un autre témps.—Je vous comprends mon cher
— CRMMTRE TX. ss
: Philippe; mis venons su fait. Quelles sont, parmi cbadiosueuses |
propesitions, colles auxquelles votre duc. eat:asez aheuxté, paur
que la contradiction le rende déraisennable ot inireitable. Avec
voire.permission, Sire, ce sont toutes nelles sur lesquelles ongle
. Contradiripz, Voilà précisément ce que Votre. Majesté dait éviter:
et, pour reprendre ma prasiérecemparhison, il fautque vons-vans
. tonier sur vos-gardes, loujaurs prôt à laisser au duo nez de: ligne
. pour qu’il puisse dpgner carrière à sa.fureur, Geite fureur, déjà
. cansidérablement, aÉiblie.:se dissipera d'elle-même si elle nesen-
contre point d'obstacles ; et bientôt vous de .trauverez plus doux
et plus iraitable. — Mais oncere ,. » dit 1e roi d'un air ponaif,
« parmi les propositions que. mon beau cousin sers tebté. de me
faire, il doit y en avoir quelques-nnes qui lui tiennent plus au cœur
que les autres? Ne pouvez-vous me les indiquer d'avance. sire
Philippe? — Votre Majesté peut faire que le plus légère des pré-
tentions du duc devienne à ses youx la plus impbriante de: tontes :
il ne fau pour cela que s'y opposer. Cependant, Sire, je puis'au
moins yousdireque vous dever renoncer à tout espoir d'acobrans-
dement, si vous n’abandonnez Guillaume dela. Marck:ot.les: Eié-
gonis.— J'ai déjà. dit que je les abandonnerai ; et c’est toutee qu'ils
méritent de moi. Lesscélérats! commencer leur insurrectios dans
un moment.où il pouvait m'en coûter la. vie : -— Celui-qui maetis
feu: à une traînée de poudre doit s'attendre à la prompte explosion
de la mine. Mais le duc Charles compte sur queique chose-de’plus
qu'un'simple désaveu de votre part: sachez qu'il se propose de
demander la coopération de-Votre Majesté pour étouffer l’insur-
rection, et votre présence royale pour rendre plus solennel le
châtiment qu’il destine aux rebelles. — Cela s’accorderait mal
avec mon honneur, d’Argenton. — Un refus ne s’accorderait pas
: mieux avec la sûreté de Votre Majesté.:Charles est déterminé à
prouver aux peuples de Flandre. que ni les promesses ni l'appui
dela France ne les mettront à l'abri de la colère et des vongeances
de la Bourgogne, s'ils osent encore se révolter:—Je vous parlerai
franchement , d’Argenton. Si nous trouvions le. moyen de gagner
. Au temps, peut-être ces misérables Liégeois en pourraient-ils pro-
fiter pour prendre une borne attitüde vis-à-vis le due Charles ?
Les coquins sont nombreux et résolus. Ne pourraient-ils pas te-
‘mir bon contre lui, eux et leurs muraiïltes? — Avec le secours de
- Mille archers français que Votre Majestéleura promis, ils auraient
pu faire quelque chose; mais... — Que je leur ai promis! Hélas!
Ds QUEFRR USER D.
ave Philippe ; vous nie faites: grand tort en:patlnt efasi. -— Mis
privés: dec . » continua d'Arganton senc faire ettontien.i
nostie-interruption, - car amfourd'huission touts apparence , Votre
Majesté ne jugora pas à propos do lo lour fourir, quelle.cheuce
:068. bourgeois euront-4s dé Héfendreleur ville, puisque les larges
Zrèches faites à 508 mureities, après lu hatnille de Sairit-Tron, pur
‘ie due Charles, no :s0nt pus enconc réparé Les ca ors de-Hai-
gant, ds Brabantetde Bourgogne repeuvent-ils pas-$’y présenter
-pondant l'attaque.vor vingt hottnses de front?-—'Impnéroyants
Adivts!: S'is ont nébligé:à en-teh point leur:propre sûreté. fisaunat
idigues de ‘ma proiettion. Je ne me furai pas:dé querelle pour
Famour d'eux. Uh.autre point, je lo eraims, sers ptus-snsibie
‘oeors.: pour lo:otwur de Vatre Majesté. — Ah! reprit le roi, vous
maulez parier devet infernal menage ! Jene:ronsontirgi-pas à reu-
-pre l'unisn projetée entra ra lle Jeanue-ét mon cousin d'Orléans.
eesraiém'areachpr lescepire deFrance , à awiet des postérité:
tar:le Dauphin, ce fnible-cnfant. cume our étieiée quisn Mnera
“ans donner de fruit. Ce marisge entre Bomane: et d'Oriéeers mété da
peñsée de Hs jeuss, is rêve de mesnuits. Jeto.le dis, d'A rgentue,
Done pus y renoncer: D'aillous i-est inhumain d'exiger-de moi
que je détruire desma pespnemaein-tRon plea:fé vers ce politique
tds bonheur de -deux/jeunes:gens qui ont.été :élovés l'ampoer
L'autre. — Leur atiachormant:est-il donc si:fort ?.— Biun oûté.du
æmoins , .t.c'ont celui qui duit m'idanirer.le, plus d'intérêt. Mais
ous souris, sûre Philippe ; veus-ap-eryezpas à. la £ençe de Ve-
maur? — Bien, aueoutraire, Sins, m'en déplaieà Votre Mogesié-
puis a peu liacrédule sur Ce chapitre. ane j'allnis veus deman-
der si-vons Re vous déciderien pas à contenir An mariage, proposé
æntre le duc. d'Onléans:et lsabelle de Graye, dans le eas.où je mes
‘a ppepadanis sue-la corntasse a ane mcination ei. pponançeés, pour
‘ua eutre , qu'il 96 probable que.e<e mariage.n'aure janseis lies.
—Héles! mon bonet cher ami, » dit le-rai en saupirmet,.« de qui
‘paicre avez-vous-tirécetie eonsalation tout au: plus hanne por
uAmort? Son inclinalion, dites-vous ! Mais, pour dire da vérité,
en süppesant.que d'Orléans déteste mn lle Joenus, él. n'anneit pes
“mpias fu qu'il l'éponsât, malgré oette malheureuse enbipathie.
Vosez done combien if y a peu. de chances que cette dameiselle
Buise.sefuser une telle siens, quand. elle.sere, planée-dens was
:semblahle nécessité, et.larsque d'aillenrseet époux qu'on lui pro-
‘powara est ua file de Frange. Non, ren, Philippe. J y a peu de
| . ONAMRE ÆXX. ! : ms
‘rdvistauce/dittenire se part esnitre la rmherdiol'quiéstpens
menslant. Sie wacubils 1; Plippo:—'Iheeréit ponsille qu'en
ceéttenctusien Votre Majesté apptéciätenel di courageuse ubstins-
tion: cetitiomtodme. Elle sert d'une ‘race tsloniske «et opi-
-nâtre; ef soude Crôveacur gnells « congé run sttitbement
-fHnemesque pour ar jbume dewyor,.qué, faeton convenir, taie
-somadoigrands services pemdunt:50s deurlicr-voyuge : — Ah! sé
cria lerroi; un archorde ma garde ;'momeé @ ventin Perwwri?
"# 0itéase. je lecpois dis mOihs: l'a 6té fait-prisemn ier :aver-l
socbtésss;; mor genient, pourainai dire, ueixis. --- Bénie ses
Potre:Ssigacer. Notrodaime. monstigmeursant Marin et nes
sicneursaint:lulion! Homgeer:et sloire aux eevmst Gaibotti , qui
æku deus les astres quels cestinéc de: cuisune home :était | liée
à la asiermie !-Si cétte'jsiune demcisédle dui est ‘asset attacksés peur
æ:rondéérrobblle à:ie volentédu Bourpeisnon. os Qeentinin!sura
rendsunbisnsigndiéservics. D'après ec quenra ditümvècess,
jedrois. ‘Sibe. aie pout consptersur-Fubétinetion dois vemtesse
Esnbelie.:Dan‘autre édité, te noblodue d'Oriéses iuismième , mat
-grédis ssputition quil: plu û Votre: Majesté ‘de faire, mo rene
Cera-pss faeilpment sans doute :èsa belle cousins ,'à Laquelle dl ent
engagé depais si long-tomps.-—Quedilss-vous là, men eker'Pis-
Swve? Mais voss:a'arec jamais -ru:me fie James. d'est une
-Choustte, ne kéritäble chouette dont jeisuis'honteus ! Mais, pou
iosportet qu'il se mentre raisonnable , qu'il l'épouse: je tai per-
mettrai ensuite d'ôtre fou d'amour:pour dla plus belle .deme de
Frave. Revenons à notre affaire, Phitippe: VOUS n'avez SatS
doute dénoelé sum mienant tonte laccurte des dispositions de wntre
mai? — Je vous hifaitconnaître, Sire, les points sur lesquels 1l
est, mat à présent; de plus disposé à msister. Mais Votre Majesté
ours pas que des dispositions de duc:ressembient:à un torrent
-quis'avan0e:sans fratas qomndses vagries ne renCHMreRl aUC um
résistasce. etdont à est impossible de prévairdeceurs qu'ilpren-
dra sion chstacie visait exciter su 'furie. Sil-arrivait. inopinémont
edes prouves plus -vléires: des pratiqueside Votre Majesté avec :læ
Läbgooisiwt Guilaume do:la Marok (pardosnez-met Fecprestion ,
etes presssiet nots-dispensc die touts -vérémomte). les consÉ-
quences puunaietit en ét terribles: Host arrévé d'étsangesinen-
‘velles:de Ce pas on tt que dela: Merck: épots6 ln-Cobt Lens
;
4 Le sexe est volage. Les dames noùs pardonneront de traduire ainsi cette citation ,
que lagnlartefie frençaiseirous défentd-de-compléter. à. ar.
.8°
M8 QUE, PURWARD.
Hemeline , la plus âgée des.dames de Croye. — Cotée:vieulle folle
avait tellement lo mariage en tête qu'elle-surait accepté la. main
de Satan. Mais que la Marck. tont brute qu'il est , se sait décidé
à l’épousér ; c'est ce qui m'étonne davaniege encore. — On dit
aussi qu'un envoyé où un héraut, député par de la Marek , s’a-
_vanco vers, Péronne. Voilà de quoi faire tourher la tête au due,
de rage. J'espère qu’il n’a à montrer ni:-lettres, ni rien dé sembile-
ble adressé à sou maitre par. Votre Majesté. -— Moi, écrire à un
Sanglier! Non, non, mon cher Philippe , je n’ai jamais été assez
méais pour jeter des .porles aux pouresaux. Le peu de relations
que j'ai eues avec cet animal, avec.oette brie, ne-se sont opérées
qu'à l'aide d'émissaires ,.et.j'y ai employé des gens de si bas lieu
et de-teis vagabands, que leur témoignage ne serait pas reçu dans
ua-procès où à s'agirait du vold'une cage:à poulets. Je n'ai plus
qu’une chose à recommander à Votre Majesté , » dit d'Argenton
en sæ lovant ; « c'est de se tenir sur ses gardes , d'agir suivant les
circonstances ot, sur toutes choses, d'éviter avec le duc un len-
gage ou des. raisonnements beauopup plus convenables à votre
dignité qu'à votre condition présente.— Si ma dignité me-doevient
incommode, ce qui arrive rarement quand il siagit pour moi d'in-
térêts plus-sérieux, j'ai un remède efficace contre les bouffées de .
lorgueil, c’est de regarder dans ce cabinet à demi ruiné, sire Phi-
lippe, et deme rappeler la mort de Charles le Simple ; cela me gué-
rira aussi vite qu’un bain froid dissipe la fièvre. Maintenant, mon
bon ami, mon conseiller, il faut donc que tu me quittes? Eh bien!
Philippe, un temps viendra où tu te lasseras de donner des leçons
de. politique à ce taureau bourguignon, qui est incapable de com-
prendre le plus simple argument : alors, si Louis de. Valois est
encore vivant, n’oublie pas qu’il te reste un ami à la cour de France.
-Crois-moi, mon cher Philippe, si je.puis jamais t'avoir auprès de
moi , ce.sera une bénédiction pour mon royame; Car à une pro-
fonde connaissance des matières d'État , tu joins une conscience
-Qui te fait reconnaitre le bien et le mal et.-discerner entre eux; au
lieu que... Notre-Seigneur, Notre-Dame et monseigneur sain?
Martin .me soient:en aide. Olivier et la Balue ont le oœur .4nssi
dur qu’une meule de moulin , et ma vie est remplie d’amertume
- par le remords et les pénitences descrimes qu'ils mefont commet.
tre. Mais toi, Philippe, riche de la sagesse des temps présents et
de celle des temps passés , tu peux m’apprendre à devenir grand
sans cesser d’être vertueux.— C’est une tâche difficile et que peu
" ICHABITRE XXXL - fr
de souveraïas ont remplie , quoiqu'elle ne soit pas au-dessus do
ceux qai veulent fuire quetques'efforts pour atteindre un si noble
but. Adiee, Siré: préparez-vôus à : l'entreÿee que Là dae ne ‘tar-
dera pas à avoir AVEE VOUS. »
Eouis resta quetque temps les yeux fixés dais' In direétion &é
la porte par laquelle d'Argenton était sorti de l'appartentient. «T1
m'a parlé de:pécbet à ditiit enfin avec uri sourire amer i'« J'ai
laissé gartir la: truite -bien chratouilléé ! il ss erdiC vertueux parte .
qu’il n’a pas accepté une légère somme d'argent ; maïs il n’a pus
été imsensible à més flatteries, à mes protnosses ; et au plaisir de
vonger un affront fait à'sa vanité! Qu'en résalte:t-h ? il est plus
pauvre de l'argent qu'il à refusé ,: sans en:être d'u rota plus'‘hon-
nête : voilà tont. H. faut. pourtant qu’il soit à moi, our C’est Fa:
moilleure tôte , l'esprit le plus subtil de {ous ces gons:là... Aprés
sent , préparôns-no0s à prendre une plus noble proie ! HF faut
aborder (barles, cé léviathan qui va se diriger vers moi'en fondatit’
les eaux profondes de la mer. H:faat que, semblable à un murin
tremblant , je lui jette un tonneau par-dessus le besd'pour l'amw-
ser; mais peut-être un jour trouverai-je le moment favorable pour
lui enfoncer le harpon dans les entrailles.
| CHAPITRE XXXI.
L'ENTREVUE DES AMANTS.
Jeune soldat, conserve bien ta franchise; jeune fille, °
soyez fidèle à vôtre promesse, et laissez à la vieillesse
ses sabtarfuges’et ses détours poBtiques. Vous! soyez
pur comme le ciel du matin avant que le soleil ait pom-
pé les vapeurs qui le ternissent. L Épreuve.
Pendeat l'importante et périlleuse matinée qui précéda l’entre-
vue des deux princes dans le château de Péronne, Olivier le Dain
servit son maître en agent habile et actif , semant: de tous côtés
les dons et.les promesses pour faire des amis à Louis, afin qué,
lorsque Ja colère du duc ferait explosion., ceux qui l’entouraient
fussent plutôt disposés à calmer qu'à irriter l'incendie. Il se glissa
comme la nuit de maison en maison ; de tente en tente, se faisant
partout des amis , non dans lé sens de l’apôtre , mais avec les tré-
sors de l’iniquité. Comme on l’a dit’ d’un autre agent politique :.
non moins actif, son doigt était dans la main de tous, et sa bouche
à l’oréille de tous. Paï des arguments variés, dont plusieurs ont”
#?
" QUENTIN BEM.
été : exposés: phes haut. ir hntusa:lesc- lions: nÜnocr dfumenptaist.
nombre dé nebire Deurgaignens-qRietaient rique: bone à-ce-
pérsrau-à canine deis: Far, :ou-qui niauinient , sb ipuis-
sance de Louis venait à être trop diminsés-querlkcurmsitsen ce
trât.d'un-pes plumlarneer at plus aût dane-arveis du dhapctiaune ,
wors lasuelle. H-étuié déià 55 noturellesenti ceiiminé. -Aupnie:.de:
osux. qu'il gen dloneir-epsuallliis saits éaverniéensmbbe, per
sonne ec ergamenie, Olivier empiogest dismtreriss diputes:
* squvitouss du:r0i reten futainni:qu'ét chéimt de -cemtederfrère.
our que lord -Crawient,.ecpomyageé de Bilaké, oût.uns-entre-
wue.avec Quentin Purmard, qui, depuissén srsiréitià Bérenne,
. était rekeau00mme-enr:nrisen quaigue érmibée d'esmex atinnéèseris.
narable, Des 2ffaires pertieuliéren sarvèrent: de prétexte à cette
demande . mais iles ppobable:sesGrimwetstr;-2trrélienstentique
l'mpétpaité de-semmeitre nale Btiseporter-ennees lcs à quek-
qme ater: de: nisisnes dan 3 retirer: di lai bouée. me : fist pas
fâohé-de fournir à Gresferst Losasionds dhbanean jmnemmehe
quelqgbsanvisqui pparsiont: devenir uéilennes rai:..
--L'enisennie, des:tnos meet ooniaie.c; méme ton
chante.
« Tu es un singulier garçon y” dit Crawford à Durward enlui
passant légèrement la main sur la tête , comme un aïeul le ferait
à son petit-fils, « certes, tu as eu du bonheur autant que si tu
étais né coiffé.— Tout &ela vieptdese-qu'ila obtenu si jeune une
place d’archier , dit le Balafré; on n’a jamais tant parlé de moi,
beau neveu, car j'avais vingt-cinq ans avant d’être hors de page.
—-Kttu. étais. un, page montagnard asses.laid, Ludovic, dit le vieux
Commemdant, avec ta barbe large comme une pelle de boulanger,
et ton dos qui ressemble à celui du vieux Wallace Wight. — « Je
Crains,.= kt.Quentin en baissanties. yeux, «de mones joustient-
| Legs doxca tire dershistinehon can j ai lerdeanciards remenser ac
ser vice d'archpnde. la garde. . »
Le, Balafr 6. nesta inamobile ehprosquer met der durptise ile
tralis du, vieux: Crawford exprimèrené:le métontestement. : EBnë£u
le premier, rasouvrent la parole, pat: siécrier.:*'Teovetèepr re-
nonçeriänta place dans les archers-écossais! on ee jamais vu one
paseillerchese. Je ne changerais pas là mienne:pour esllede.emn-
nétable de Frence.—Paix! Ludovit, dit Gramfbrd, ceÿeune kom-
1na:sait disiger se course selon le: vent, mieux: que.neus.eutres
ayee noke vieille barbe. Son vayage lui a fourniquelques char-
”_ _— # œ
+. 22
< +
ments-centtes à fabriquer sun le:roiLoubs, ot:ilse fait Romrgus-
gnom , sfta d'en-pouvoir. faire: sen petit prafit. en les rasoutant au.
due Charles. — Sije la croyais, ditile-Ralsfré, je: lui compennit:ier
george de-mes propres mains. fil-il cinquante. finis le ‘a devex
scur.—-Mais vous vous infommerion d'a her où j'eù mémité un-pareik:
traïñtement., bel:ohde, répondit Quentin: Quent à vous, mmléné;,
appronez que je-pe suis pas un fsiseut de rapports, que ni quon
tion ni torture d'aucpn genre ne serait capshie: de-w'arracher; an.
préjudice du roi Louis, un. meot.de eo que j'ai pu snprendre-pen-
dat que ÿ'éfais à san servie. Men: serment de fidélité res fait un.
devoir: du sine ; mais je voux: quitier un seuvice dans: lequel,
indépandenment da danger queie puis copriren combattant rase.
ennene,. je me:verrais-c5 posé aux cmbustades dresées par mes
propves ais. —-Si les emhuseades. ki. déplsisent tant. dit ler
Ralatré.en: regardent isistemont loed Crasviond, «-je craina lion.
mhond , qu'ibe’r ait rien à faire de lé. l'aieu, noi, trente eme
buseedes-à: braver, et j'y ai bien éié mis-soitente fais 'aumoms,
car c'est la méthede favosite du roi Lonis-et sa manière de fire -
la-guerre, —G'est la. vérité, Ludonie , répondit lord Crambrd:
n6aRMOÏRS taisez-vous, car je-cnvis. entendre. mieUX. Que. vous
l'affaire doné à s'agit.—Diaise-à Nolse-Dasse qu'i en snit: ainsi.
roilord! répondit Ludovia ; mais eala me-blesse jusqu'au cœur de.
pesser que le fils de ma sœur eraigne une:embascade.—Jaunes:
homme, dit Crawfard, je devine à peu près vaitre affuire. Vous
a vas fait queleur-mauvaise rencontre pendant le. wo yage-que vous
vauez de: faire par. ordea due ro ..et vous eroyezavair lieu de Fse-
cuser d'en: être l'extour.—J'aiété-menacé d'une inehison em ex6+
cutant sasorêres ;. mais j'ai eu le honteux d'y échapper. Qua Sa
Majesté en sait.inngecnte eu coupable, je m'en rapporte à Dieuat
à.sa.propre.consoience. Il m'a nouzni quand j'avais faire ; il ma.
retiz quand j'étais iacenau.et sansasile ; je ae la chargerai jamais,
dans l'advergté, d'accusations qui d'aileurs peuvent élsainjusies,, |
Car ce n’est que des heuches:les plus viles que.je les ai recueillies,
—Men. brave .gercen. mon aher anfant, » dit Crawford. en. le ser.
rant: dass ses bras, « c'est penser en véritable Écossaie! et. c'est
parier comme un homme qui, en Yorant.son.ami au pied du mur.
oublié ses griefs pour pa sa souvenir que de sa bonté. —Puisque:
milond £rawlord. a. embresaé mon neveu, di Ludovic. Lasty, je:
veux l'embrasser aussi. Je désirerais pourtant qu'il se persuadât
bierr tqi'if est aussi nécessaire à: un soldat d'entendre le service de
m6 QUENTIN DUNWARD. |
l'embuscade qu’à un prêtre d'être on état de Tire son Erériaire.
_Taiwéz-vous., Ludovic, dit Crawford :.vous étes un âne, mon
æni, et vous ne savez pas quelle grâce le ciel vous a faite en vous
dosnant un si brave neyeu. Maititenarnit dftes-mei ; Quentim mon
ami, de roi est-il instruit de votre noble, chrétitrineet:courageuwse
résolution"? .C&r:, Mon pauvie ami, dans la position critique où il
setrouve, il a grand besoin de savoir sur quoicompter. Pourquoi
n'a- t-il pas amené toute la brigade de ses gardes avec: lui! Mais
la volonté dé-Bieu soit faite ! Dites-moi, contiaît-il votre dessein ?
Je ne pourréis l'assarbr, répondit. Quentin; cependant j'ai in-
formé son savant ustrologue , Martius Galeotti, de M'résolètion
que j'ai prise de garder le sHence sur tout.ce qui pourrait rraire au
roi auprès du duc de Bourgogne. Votre Seigneurie voudra men
m'encuser si je ne lui comtimunique pas Îes particularités que je
soupronne, et-croire quefétais ericore bieh moins disposé à en
rien dire au phiosophe.—Ah ! ah ! répondit loÿd Crawford; effec-
tivement, Okvier m'a dit que Galeotti prophétise hardiment
quelle tigrie de conduite vous devez tenir , et je suis charmé d'ep-
prendre qu’il ait pour le-feire une autorité plus sûre que celle des
étoiles. — Lui, prophétiser ! » dit le Balafré on riant : « les étoiles
ne lui ont jamais dit que l'honnôte Ludovie Lesly aidait. à une de
ses maîtresses à dépenser les beaux duoats qu'il jette daus son
grron.—Paix, donc Ludovic! lui dit sen capitainèe ; paix donc!
brute que tu es. Si-tu he respectes pas mes-chéveux gris, paree
_q@e moi-même je sais un vieux routier, il faut que ÿ/en eénvienne,
respecte lx jeunesse et la candeur de.ce garçon, et ne nous füis
plus entendre de pareilles sottises.— Votre Seigneuriedira tout ce
qu'il lei plaira, répondit Ludovic Lesly; mais, par:ma foi, le
voyant! Saunders Souplesaw , savetier à Glen-Houlakin , valait
bien votre Galeotti, ou-Gallipotÿ, comme vous voudrez l'appeler,
dent vous faites un prophète. Il prédit que tous les. enfants de
ma sœur mourraient un jour , et il prédit cela ai moment même
de là naissance du plus jeune, lequel est précisément Quentin,
qi , Sans doute, mourra quelque jour pout vérifier la prophétie.
Lé plus triste est que toute la nichée est morte, excepté lui.
Saunders m'a prédit aussi qu’un jour je ferais ma fortune par un
mariage, ce qui indubitablemeat adviendra en son temps, puisque
la chose n'est pas encore arrivée, et quoique'je puisse à peine
4 Devin, homme doué de seconde vue. Cette prétendue faculté est une des super-
stitions les plus répandues parmi les inontàgnards écossais. À. M.
.4
| GHAMTAZ LEE Le PA |
deviner: quand-et coimelt , dar j'ai-peu de goût pour le-2eere-
. mnt; .et Quentin æst-trôp jeune péur:y penser. Enfin, -Sauntiers |
a prédit—Assez, âôsez, dif lord Crawford ; à:spoins que 1n:pmé:
diction ne s'applique à le ‘circonstance actuelle, je vous prie: de
u couper eourt., non bon Logôvie. u faut. que: -vous et:moi'2o8s
läissions quant à présent votre neveu, priant:Wotre-Danis:q'ele
le. fertifie dans. ses-borines intentions ; car c'est ue, affaire dans
| lymeñjeunè papole dite à'la légère pourait:faire plus.de miatdue.
tont le. parement de Paris à'6e. saurait réparer. Recevez :ma ké-
nédigfion', mon. garçon, æt.he vous presses pas {ant-de señger à
| quitter votre corps, car, avant peu ;-il ‘Y-aure-dg:bens coups por-
tés, La face du ciel , et sans avoir d'esbusosde é redonter;-J6" te
doméèausii ma bénédiction.:neveu, ditHndotic; ca püisque notre |
‘très-noble’ capitaine” est content de toi, je le-suis dinesi,, :cornme
mon devoir me l'erdonme.— Uu instant, monseigueur, » ditQuen-
tin Let tirant'lord Cravilord-en-peu à l'écart : « Je ne deis:peaou-
_blier de: vous infoftner, ajouta-t-il qu’il y:aencore dans’ ie monde
| use pÉFEnRE; qui, «ayant éppris. de noi : les eircenstances qu'il
importé ausalnt du’ roi-Louis df éeuirirmaiatanant cachées, peut
Rb Pas DEUSCE. que la distsétibn qui d'est, imposée: par: ma-qualiéé
dssckiat dus roi, et per M recünnkissance dû je lui dis d’ailleurs,
est :égalenient- une. gbligation pour-:ele, -— Pour: elle ! réplique |
Grewford : :ab{ si ya vor: fensire dns:lé.seeyet, que le Seigneur
sibipitié de-news! car sibus voilà rejelés sur leg rnènies éeuvils:…—
Bip faites: pas-unb téile sanpositien, rhonseigheur, réprit Bevward-
mais pmpléqee votre.crédit asprÿs -du vomts de'Gréeesiur :poui
mer-nééleder-ane enfrévus avec id comtesse leubelle::de Coupe :.
cest-elle. qui est-en. possession de:rnon- seerat ,'et jé né deufe:pes
qué je ne’ rétssisie. À ‘ln. “décidèr- à être aussi. discrète que moi-
riôthe sur Aout :ce qui pouriuit, irriter le-duc contrede roi: » -‘."
-. Lorioug mélitairs resta quelques instants-commieabeoehé anis.
ses réfiériens ; Jersries éux a péafond, les report vor de fhn-
cher, secona la tête et ditenfin : . «+... A7
4 Sir. mon héneüp ;-R ya dexis tout ei qualéue de qe
je ne comprends pas. ‘a comtés Isgbeld 45 Oroyé! demsmentier .
L uholenterab rec md dime-d'une haissemeu jot-d'up rangéi dis-
tisgéés-ler toi ; jeune Éeusshis shnë:fortone;: sfsér d'avoir: paie
de vase près delle !-..; OW'ta: ds: use:étrange confiant d: ontois!
même ,. mion-jeune &mi; ou te n'is parelemphoré ton tps
QUENTIN DURWARD. - OT :
um QUENEI SEINE.
perdent. ln'vayige:que ta tte de fisnc Mais, péer dns. ce. de
smint hndcé! je consens ‘à parber à Erèverur. en ta roux;
. commné il oraint:péritablemsent.pee ln: dus Gharissne-stél irnité
sm point de:s0 démaluios en wess le soi due nuapise gen avhle., ke
pose qcif fem drôit à [x sequète, rique née mess,
… dlle soit assez siugulitse, »
Eh schcuand: eos. moËg, . laviet Joni. hemsanc en :éjailes ot
srbit de Foppartement., suri.deEudysie Leëly,:@ni jospañiennnt:
ses visàgé sur celui du son chef, tbbait, susripm-enmereaiiseà
le eue de ani étonnement, de sn: codes ami Le sourmas
_ auatiiesportant que. Cræutèed lué-tame. |
. Au-bost dequelques mimentes : Grardusd. sevink, népie 252 Âjue
aonpgné du Bélahé. Le. visilord- pumimei-d'unn gaieté siege
hèse® : il ninié comes ntalgné ti , ee qui, ecnisackant stp touts
ridés et: natnenllenvant sévènes., jour: désmmit : mue eapremsion.bi-
amounx:i-il. spcamail en mme iamps ia tête; orme s'ireût été de
enpé d-quelthie che ui ne pauveit stmpéchier de-cnndiamess,
qooique:caîte chasectui panûttrès-auiginale. « Gacten-ruur jeune |
Orexpatrinée, dit-il, vos êtes pas. dégaûté: Jampis leu Ginsidiéé:
De vous:fara évaouen : ‘mir upe. belles. Crèvecpur a apeueilà
voté prôpesilion: cenüie - en als: üns: fasamde vimigre.. kate
juré: per Loux loschénls du LrRaurpugne; que-slil neslagismait de
Hhoaneurde-deurs prinues:et de-le paix dé: detre Éds, vawno
vacrien pas ruée de la éoméeise Esxhe lodiesmprei
stuis-tenc:. S'il n'avét unpdame, atops-tsflt dameaspaier, jf
Btornis ‘smpoouiné dervpoidir sempre: lui-même -uph lanta en
Fhemnsus de odtés jeusic.eodetennes Bout-être pansert-ib: à san
mqon, is con tà Étienne. Une canitosser!… vens:es fui ee
déocette: espèce? Mais abens »Seteztmoit ‘Votisi-eabsesser: anse
elle doit êtreceeste: mais jer seit: porté core: ue ous enE
{eine baswecep-de hesegoe-an Jeu ée:teams. Ba, Lx, bubpesms
fais fai peine fecede ingraies dés pénmtiion Jamie
me donne envie de rire. »
Épscauts spbpes cher de: Hétasiat®, eGande ei décaaeeté
tort ensemble pas kts biaqueeinsinmet ans, du tienx:rmilitaine,
veié deséeir' quensa: posait mA se ptécenéait que sons pniDi de
s-rideubt à quioonque ‘serait môti -per:l'âger.pt lespérienne,
Déreurd saménit: env: silomte lsnd-Grewéerd juin: 2e ent des
Tapokihes:, otre es Renan pale.
il y timva le comée de Crèvecœur. u n
E « Aneë diet, jeune borne, MES eue Durmtudrtts .
+ Ai faut que: vous voyiestemeoie: ne: fois belle 'compagne
vire espätither romatésque, ‘doe-qutkpearaft "Qui, motéidur
#-csmté, “répondit: QuEntinrek fonineté; « et; oui bus of,
Bfmtque jrisvois-sues téiiuist à Noir, OC n'en sb: pair
ainsi, sécripCrbrecair; Jerivis mhisfage, II Granit, ete
hiséer dire) Pefis, cést:une.fols , store NE dférmetriiét
grémat-n: ft pristinptaeus Et urrmet, id: nes: -veNot'pas
sens: (ésuoiis. …… Eh bien F4 n6'dirpes un. son Trn6t à: 1x Gène
| tome, -car je tint pashanà in hors de-votre préfenet: YÉ RON |
… ditQuirtie transporté: de joie. — Qéekjae prétéihptiette te jui
piriesettre; cœque-vois ven de‘twdire rte aapatit been
plus que je n'aursis: osé mé lbspérEr : 4 Cut DVI, Hi
and’; ditÉrawéord'aucomte; vous'arer prié assrritrennsfl eu.
ment: finis paisque vour vous eu: fapporter miow at, cône
Bye use boune gris, : etbiun:sblfe; ét tiavers dr puribir:, Je:
| vemseonsellie de vousyfer etéb tt Tatsuer libveronat dloivier cé
* réteà leuvs-lisgués. Gas. duc! ll vie &'un: rot: el: otre Aeplies.
: siourstailliors Poney peuvemt:eîles être thises wir Heltite avec.
ledanger de tniger:pendqntens mise deux En Arts eine
äDorsiieluimdi-l'autut : . -
+ ho partant sin; + entra Ghrdbtbér Bots Bu paris ‘ep
tuidei, ‘De submit: or saris: résiste, sbrtR ere Mani pie
jeune arche désuegards de obtbré:
‘Ua momditmpiès; lircbitosse Téteti phetit de midi set
grille: Dés-qu'ollerit que Guentins était seal dir Re Dattbi,
eblesieiétis le rthatins vod 2 TB pettiattl espnet d'irfe dettiiu
trinute:: « “Mgnisntweruie)g &bne tagtité; ER-Mf8 ef; patte
que d'eutsævat-cone:difintés soudboMr!. Mt gitiBel rois
sauront. :06 ju puise, se "Meur dés TRE RES es th'énu:
vironnaientt aon:umique, vert Rdv de COS tte ©
. Bontlen pariknt:aitieh,-s1l:tti-BNTE Tin Àtré vent PL HE-
ét me-sofigeu: d'lknothier “que lonmpaif L'odt: vétiterté dt ‘Baibets
miôiés dé” larides:, ‘5 ‘hérnanl' til dites SI AUS MES THEY
révruir'encers ; Durant, jè te vousperfhettréis ps cette: fOtiéi +
Sb l'ov: wakehit: que: Oomiin:ltvait. déRmee “du Heu: de
tuntrdu: péril, quitavult VE dans te MiPsot-uñdné, MAY HAN
ebrélérprotetteur, pout-étru:que:mes béfies lc étices!' se trou vain
. 4W * QUENTIN BERWARD. |
. même.des comtsstes parmi cles, parésner et Habelé d'rvoir
en. cette. cireonstanéeldéogé à se dignité: ” use ee
Cependant. fisabolle, après avoir dégagé: nr main ilercclle: de
Qurward , reoula à uriprs de distance dé legriilé, etlui démande
d'un ton fort spbarrassé : « Ëh bien! quelle desfnitie AVOE-VÉ0É
âme lire? jai uppris. du-vieux.prijraétir ié0ossnis qui-est eau
tout-à-l’houre avec. mon cousin: de Crèvocæur: que vous-veulei
obtenir quéique chese de moi. Si votre demande dit raisoimiabts,
etitelle.que ia pauvre Isabelle puisse. l'aécerilen : sas manquer à
Khgnnesr ,: disposez de mon- faible pouvoir. Mais: ne VOUS. pres+
sen pas:dé parler, ajoutant-ellsen promensnt antourd'elleunre-
; garkorainiif;« a» dites rien qui ptite neusicempaoiettre; ni vous |
ni mai ,:6i fon rous-enténdalt: — Ne craigsez ren noble dames
- sépondit. Quentin. avec. tristesse; x caun’esi -pas:tier. que-je puis
oublierla distance que.le. destie:agmiseentre nous, miwous: ex peser
au blâme de vos orgneilleux parents , Comme d'objet de : Famoue
des-bhamme moirs: riche mins puiseané ; meis ! peué-ôtire: oùn
moin nohle qu'oux-mômes. Que tant CHA patte porsnie un'songù
pour équt:Je.xonde; escepté pour le sbul-cieur 0:06 songe
doit-tenir }à place ds; toutes les réglés +-#Faiset-verus | taisez-
vous! pour l'amour:de vous, par amour de met, ne partez pas
ainsi: Dites-moi prénipiement ee. que: voté avez à:nie-demandèr.
— Le pardon d’un hômme qui, dans des vués d'intérôt.fiertonmél,
S'estoonidait en ennemi. à votre égardi:---Je ehait-que.je ‘pardefihe
à ous mes ennemis. Mais. & Purwerd;:eu-nrilien-dé: quelles séès:
nes votre courage et votre’ semgoid m'ont protégéet:: « Gatte
salla sanglante l:.. ce bo :évéqne... #> aiai nppré-qu'hier le abi-
tié ‘des horrqurs. dont j ai été-tévarin. sans Je savoir. IN y pensez
plus, x dif Quentin, qui reMAnqUE 400 Jos meurs soit les jouts
d'Isibelle étaient couvertes an début rie leur entrethin ; faisuiont
place à la pâlour dé lx mort, « ot ne jetez pas iirégard en arrière,
mais QnyisAgez l'avenir ayeg ass ARCe ;: conmeadoryent fire ceux
qui. marcheñt dans än., chemin périfleux: Écoutez noi :, Ee-roi
Lonis ne méfite de, personne pps: que:dle vons-d'être proclamé te
qu'il et -vériablanent,-uniugidions et rusé politique;"maig: si
vous l’accusez d'être le proygcateur ide voire fuite. :et-surtét l'au-
toux plan congu-pour veus. faie 4oniber entre les meins-de
Guillaume de la Marck, yous:prononcerer la iéclséance ,'peùt-
êtse même la mont, de cemonarque ;:ou du mains vous alumerez
entre la Françe ot la Bourgogne la guerre la plus sanglante que
Lei deûx: pays dent jam it peste d'uri centre Yentre- “1
ae dépendra pas de mél déc de tes malheurs n'arrivent pus ; SH
s’est possie: de és éviter! Quand mêtne le yengoancerauiit
- pour Moi-.des charines, la méiniee prière dé votre: part suffirait
pour ay faire. ronoacer. Ma: soraitiil possiblerde garder le spurë-
| sir des-outrages du-roibouis, phatôt.que celui des sorriegs isdp:
. précishies-que #vous”m'iavez rendus ?.Mais comment five ? arand
je paraitrai‘devent mon’ potverairt' le duc-do'Bourgogne , iPfeura
que je garde: te-sitence ; -eu-que je'dise 14 vérité: Le prériier parti
serait. de Vopinidéreté, ot, l'an autre côté; vous ne voudriéz pas
que ina langue se souillit d'u mensonge. = Bin certainement
non | mis ñe diles, au sujet de Louis, que ce que, persennëller-
ment igt: par vous-même, vous savez'ôtre Ja-vérité. Quant-aux
choses que: VOUS n'avur apprises üe-par d'autres, oroyables ou
. ä0n, répétez-1es seuleriènt eomrhe deé-on-dit : ‘gardèz vous de
és appuyer de votre prapré. témoignage, quelqné foï que vous
. Puissiez y ajouter vous-même. Le conseil d'État de Bourgogne ne
. peut refuser à un ‘monarque la’justies que ; dans mion pays, on
aecorde-au: moindre acedié -‘on'duit le ‘coñsidérér Tomme erine
hocent , jusqu'à ce que la ontpabitité soit démontrée par dés 'préal
_+es directes: ét suffisantes: Or, tout:ce dont vous n'aurez pas ane
-cpnnaissance certaine 'elpérsorinele, hadévre être: prouvé atitres
‘ment qüe: paf’ des’ ouidire.: — Je-crois que. jé vohs compterids,
Je vaisar ’exphiquér: plus: clairement encore, s vépondit Queritin; :
ilsiefforça derrenidre sa -pensée:plus iatolkgTble-par” des/etemples;
. mais il n'avait-pas encore terminé ; que la cloche. du cotirent s6
‘fit.entendre: -< Cp\aighat, dit-la cointesse ; tièus avertit qu'iffabt ,
nÔus: séparer. mous. séparer : pour. toujours ! Mais ne m'oubiez
bus Dariward; jene vous vbliereï jmais. Vos:fièles services. : ».
« Bllene put lui en‘dire dsvanagé , ‘mais elle Jui tendit-de!notr-
vou la:maia ; Quefitin la pressa contre ses lèvres, et jé ne sais
Comment iLasriva qu'en ‘essayant:de: la-rétirer, Isabelle s'eppro-
cha si près de la grille ; que le jeune Écossais o8a imprimer ses
adieux:sur ses lèvres même. La-eomtesse nelai:én fit aneun're-
proche; peut-être s’en sat-elle pas le:ténpe, car Oréveeæur et
… Grawferd, qui, poètésidans un lieu. secret, avaient pu voir mais
nan eétondre tout ee.qui:sé passait. entrérent dans l'appartement,
je- premier. trassporté-de toière et'avec impétaasité ; Re seeünd ,
riant de toutes ses ferces.et s’efforçané do. le’ retenir parle bras.
-.. À votre chambre ; jéune dame:! » vria le certe Isabelle,
| Ftes-poorttentonos-
sie. Anent-à mens, mon been Hiensieur; gai r0umS120ûtren Gi
apbmpremat., un onpe-riénilescpeut-Btre: oh dintérét deseciet
des régné” rien de-can nan aivari eu benimerile révise
napère ; at-alors vous appwendotc quel chitiment : Fon-réserre à
d'avdace d'un misérable qui ose -lever les yeux juspie. Maix!
paix! em voilà ses; modéreævens, modéresvaus, eéerie Je
Maui: lord; el vous, Quendin , lsines-vohs, ‘je-mauis losonne , et
seloarriès danse cherabte-gui:vous à ééé hasignée. Sire defrève-
LOT, MONSreZ VOS moins dédaignenx : :Quastih Durwiari st
aussi bon gentilhomme aue-eroi, aeuleipentilest ipeine, riche,
comme dit l'Espagaok: ilest-aussipeble qus meï..ét je cuis le-chef
de raa niaispe. Cessez ‘'onc. ji vèbs eu‘prie sde parier de. châti-
mant.devags des hommes... Milérd, milard! »:5'éerix Grève-
sseur avac-imapationse, « l'iasélence.de ces menciosires étrangets
A&i passée-es-praserbe,: at onarqui êtes ietsr-chef, soumdenriex là
réprimer. au lieu. de. Fepaourager. — Mangiqur de come, il 7R
Singuante dns que.je termande.kinarchérs dela gargleécosaisf
Atda.nraiiamaié nris-comsail, ni ds Français, di.de Resrgoignen;
ef, ne vous on-sléplhise, je/suisrésgist dan da-inêree aueié lens
tomnt-que-ie Conaer vomi sos-oommandement. Alpe :2lions?
ls:hai.pes auJ'intention.derons-cflonser ; “Potbroceinsanss a0sei
Bien us-voie. ago vas doñnesk:Le- droit de panier ainsi. Qoentiè.
APE jennes gans, je Eur poniosne-volsetiss-lapemé, tar j aussi
AA Ha NA rhroicni jangis, — Ni enigarer pas-suv-àn salt de
| Makeome., Carecœun!.» répondit le visux led cmsriapé; «des:
JnpnéiASReR;:ditron, peuvent se-rannatanr qui-prantehentitans
fréatimeslmrpeines, quicant. des janvhes;-aresala liamaunset. de ls
ace .panr-methre-com janibes -en-meohvemestt. de s.menconteer
_ Mi Loikuiser était:hien 4endpe , ÆOptneersürs me semi de
| PRAUNAIS ANGUES. w You vanier donc ou fans laine paid
Écoutez l entiidals alochonde aléteau | selle sommepour cannes
_sfarlapenpailr Pieueeutphut:pré voir qmellopn nspe.liesnei = .
ès
dvoinsprérair. rmei, quasi loñiputs tiezemenqueigee
Waoga4urin:pomanne er si green mer
nn semes d'a pere prier enrerememnrs
scies prétente à le viphiare:en mostwent-dpa dssjnhes présente:
rées, êf vous vorrez que la joùirné se passera plus paisiblenant
siemens PILES
MR rs | durirnt Ar
te, D : meer
| ‘ _. ‘ “Mon cœur où ressènil ; voire Amiour Deaucqup pl
A . que res regards inécontents n’eussent:va cette eouvt-
ot debont;:vatre ame s'élère du moins, guoique ws #
": mou ploye encore devant roi.
re. -*, 1. se ee -*. . ns, renier ‘
|“ graine: po; de in cigale Qui sppciadt an coma den goss
de Rouigeages, ainsi ique.le petit aormbre-de pairside Francs: qui
seumièrit y-assister, ie de: Cheries,:suini d'un détechoment de:5es
unies mmmis\üs poitdimars side-haéhes-d'aomes, we randis nes |
Ronr-Siéuixut; an chtcmu de Pérouse.
… Locdi Sons, qui detbndestärocite mile , an low: où meyontile
dec catsordaisiin:grandesalie, At deux pas-au devsat defui, puis
Ifaméle due ah rire dignité-uien dépit la mesrainene de
prendre: gunmé iii japnait miéenemsiee, Lens evimsiment de‘crise,
sen ranittion:c4lnte produisit un cle: Vssible sur-ian rival, quis
déententé dus l'appaitoment dan pas risque <t-pmébipité, pit
2e: dimanche pies convensbie- un gen vassal qui paneté
présehce de son spigneur suzerain. Selon toute appasence, le due
amaitrésele: de: taniter Leuks, axbétienseinont du madiis, -aracries
Sois des àton sang fie; maison môme:temps iébait aisé-ds
wir qu'en. agissant :sicai ir lui en voûtait ipaucong de onnienir
an inpétnselé anturcile. ai quik poise poumiisi 76prüner-les
| aatinquts db Amine et. vf de RAGE : qui: espennu
=: ee QUEYE- DUNWARD..
“cnxd'ux hoinme iipatièntde. fvoin qi s'optimpotéinieisée;
ü:fronçsit-Ie sôurciket se-mordeit leé'hèrrésj péqn/en sthg. Daft, |
chacun ‘de s6s regards, chacun de:ses mouveeñts-mmmemçait que
Je phei irritenis des prices était sous d'ébtpirotdi pins:viclont ne-
cès de Aroër : NE OU ES LRU EUet LS La
Le roi observait dur œil éalme et impasse calts lutte ‘que les
passions de Charles se livraient dans son cour ;. car quoique les
règards du duc tui fisserit-sentir an avänt-goût des amertumes de
la-mort, .quäl redoutait comme coupable, cependant il arait ré-
sokr ; en habile et intrépide. pote, -de ne pas 5e laisser déconcer-
tér par ses craintes, “et dé cénserver le goüxernail tant qu'il jai
“résterail. quelque chance de salut. ‘Lorsque-le due, d'un ton see et
brusque , lui eût: adressé quelques excusès sur l’incommodité de
‘sde legementt ; 4 répondit en souriant. : qu il n'avait pas lien de se
plaindre, puisque; jusqu'à ce montent, K tour d’Herbert avait été
pour lui eme habitation plusagréabie que pour l'un deses-ancêtres.
x Vous étesdofc an courant de cbtte tradition ? dit Charles. Oui.
Ciest-ici qu'it fut rhis-à: iort; minis parce qu’il rofoearde presûre
‘e:frét'et 1e @inir:ses jours dns nr mionsstère. —:Boukle:ssétise
‘à lui, s dit lerroi en aéctant: Fam air d’inéitiérence, : car datés
. ‘les doyieurs ht'Martyre- bars voir is: méfite:de mourir sainie-
ment. — Je viens, reprit 4e dué , “ptier Vetre. Majéeté d'assister à
ütl'grand éviseil daus lequel: :ôn vé ddlibérer s sur des' questions de
Aa plûs héute mportmce pour lé. bémheër comhnk:de lsifrance
‘et de h'Bourgogie. ‘Vous allez vous y rendré ; , Ctest-dlire}, site
est votre bon-pltisif… — Bearcpusin , ne poussez. pas larcétirtoisie
jusqu'à phiér quand vous. pouvez: comtatider : ‘hautement: :AHons
au. Leone puisque tel est; le bon-plaisir de Votys-ttrâce: Montrain
est fort’ modeste , »‘ajouta-t-it ef: t'egardänt la faible suète qui: se
disposait à' l'aéoompagners «mais béau © ceusin; vops brilieeaz peur
nous deux. » ” … "7. L " DHMT
+ “Prévédés par Toison der, bhet des hérabts de Bérirgoÿnd, les
deux priides quittérest la tour du-cômté Herbert ettrapséèrent
‘Aaièour dû' château. ‘Louis remarqua-qu'elle:était-renrplie:de ger-
<dés'4t. corps Et d'hommes d'arihes du ducrivhement vêtus et ESR-
“gés en ordté dé bataille: Ils -entrèrent egsnite dans là grarisatie
du”consil; située dans une partie du bâtiment beatieoup ples-m6-
dèrnie que'célle qu'avait obeipée. Louis: ot dupigéorcutte sallerfèt
dahs uni état quioxigeait ‘des réparations, on l'avait dieposésà ta
hâte Pour’ l'aseiiiée: œlenneile qui:ellait. 5:y-tenis: Dé fan
Losi-appamtarsieut #43 placés sin ia méea dus + antsidis
roi, plie Send de-dets marches queclii-quiélait destinées. den;
etune vingiae clasiépes; préparés panr: lès nhbés de la noblente,
s'étendaient en. derni-orgcio.à droite-et &-gaucheiies denx:tréets.
De cette rnanière , lersque les deux. princes. eurent pris place. .
-l'acsusé si l'on peut Lei-dopnerce nom; senpait-lesèige d'hon-
Deurs ebsembiait présiderie coéaeil asareblé poir ie jaÿen, -
a nt pantétee phian étire-ditpasalire cette: iacensiquenes st
prévenie les idées qu'élle pounait faire neftok, que: Je des:Chañes,
apsès avoir fait -mne légère inolemtion auch pronpement ‘a |
-sémce par:ie disocurs:smivant » : ::.:
.—-« Mes bons: vassaux ; ous âges cpmaillers , suven derveus
n'igaote combien dei déserdres à produitsdisns dia États, tant sous -
le règne-de-mor père que. sous Je:mien} de nétolle des-vessaux |
cotre leurs anserains., et des sujets contpe laurs prinoe; n'y
a pas leng-teusgs eaçore ; agus avbna en la proutéilx:plès léplo-
rable de l'ettésauquet ces déserdres-snnt fesvenneide-mcs:jours, :
-par la fuitüseandaiousé derla-cpetasse Isabelle de-Creyeset dela
cemitèsse Hémeline sa tanjo; qui onl'chesdhé;un séfage auprès
-d'u2 prints étringder, -renosçant sinei à Ja. foiqu'elles. nes deb
-véat-et encourent:lé forfaiture de leurs. fiat; nn Éxe5ple plan af
frouz,, plus déplorable sneore , -eët -mburtts-sesnilége de notre
-bien-aimé: frère et ailié évêque. de Liège , :ek: de, rolielion de este
-eité perfide, ‘qui avaitcréqu an châtiment toi doux dèes.d5:sa der-
-nibreirévelte: Nousivons éhé isifarmé,que-cob tristes événements
pouvant. être‘imputés àon-solement à le folie ; 44. légératé-de
deux femmes-et.à la: présomption: 3e: quelques ‘héurgéois -enor- |
guéübiside leurs richesses, mais sux.iattighés dl’nna .e6ur'étran-
gère. anx menées d'un :voisin puiiashnt, "de si. si les -hons-proré-
. dés méritent d'être payés:de retour; la Bogsgeghe.n’ avait doait
d'attendre ‘que la; plus. franche: et. la -plüs. entière: anditié: Si:0es |
_ faits viennent à étre prouvés, ». casiinsa lo. duo an, sarrank les
dents-et enappuyané avec. force hoa talon ventre le-plagcher,
« quelle considération pOUrr& NON: sapécher ‘d'atéployer::les
moyens qui sont: aujeurd'heï en-natre pausoir pour:tarie dans
tour source mme Jes maux: qui où répandent #07 nou chaque
année ? » :":, .
‘ Leduc arait commencé ion disbonrs axe astez dervalipes mais
il fteva la voix on le terminant; et la dernière phrase fétipronen-
cée d'un ten qui-ft-tremabler_tons:les-canshilless 6 pamer-sur les *
Jepes .que:létiieude lu héblense: ete Meur de:1a cbr derier Pot
dem euusin: de Bourgoges: ints Lt que rende. has aber:
querelle qui nous s divise; en rite per qualite, dép
sine, apte die me bete destinée à: om causer Hexpio-
aid. ;smméitile trsagocs:ohmparéoà fe:micaue. Nous douio:pes
| ue; pémmi les Matouvs:deihomities ettentatr soumis à-Sobun-
«malt ; des scélérats n'aient peensmeé onu; mais;cnilnis-je
dtet. response , qui qui ne leur ai Gouné.aceus dinit de ven
spa? SideuxÉcnmiswineensées, pér quolquomsetif somaneegue
: de déphaisir ou de dégoût, ont cherché ! un asile à ma: couryeke
ame; Qué, à quiaon 105 ené pe T ges, menti pins élec!
que tessaoenheemsn restes, alcamañt Le dçoited étescpensant ielt-
que ter ps ile-p: doideux fempnen annees, rtidente fais
urine a pm eur signanr met vds dns qu
dessouien étrcenslaiucrqui,u Srsmiarespeel rntrisaniréd aus
debtege:Reuagogne d'indignes:sonpçens aentacmaei) posent tre
expliquées pâr les plus néblesetiespionhonesahies métiée-jodis
chorplon qu'onns-pent.ap pme locmeihare Mémbigeeg ag e6 de
É ÿ #
Te,
revues borbti de Gti nmitié ssbuattiens qui diontiyorkià acer
æorhicila séfede festin auuno-sens:ds juxties, si npadnikhaapiéer
Jiercan aneiprises. we ire: Grec «6 émis Chatiee dés-que. lu ani
eut cessé de.penier; in él arié ioidaneneséen ss bai
t _ QUENTN DURWARD.
- éntevdirent : à un tek. point Isakelle ; .qu'il'esé bhi fut pas possible
" dexééuter la” pésolation qu’ellecerait-prisé: ideise foteraux jieis
du ducpoër le'supplièr-tie prendré péssessionr dh:se$ dlbmiginés êt
ds:-lui porisstére fie se rotifer dans mroisttré: Elie resta itimpbile
eonime ‘une fees qui, técrifiée: per-wr orage sabitiot entéadant
| deltonuierre grpndée:pestbat autour d'elle, trecablé, à chaque éclair
nouvom;. que la fudre.ne tombe: sûr sitôt. La: -ocsiatesse- d&
Bèvécosr, ‘femme dont. l'esprit était: égal à la: naissante et la
Lekmté bien cpnsbriés, qhoiqu'elleéûtaiteint la matisitéde l’âge,
cit dervirprotidre is: parole: <Méüseignear; dit-dlis-ai due,
‘wie belté-cousihe est sous ma-prelection. Je sais mionx que Votre
‘‘Altesso: commient les femmes déivont'être:traitées ; 26 nous nous
retrerons. À l'instant, .si-vous ne-prenez un ton etux laigago plus
‘éavonables à noére-seno ot à-notre rahgs
"Le düc-pastit d'an:grand-éclat ile rire: Gtévecoar , dits; gréce
ata bouhomie, ta comtesse: est devouee.daime et mèttresse; mais
ve m'est pas mon afliire. Qé'en déane-üun ätége: à cette jeune de-
-smoiseile : loin de:iti ’garder: de, reéseutiment, : je lai destine-tes
honneurs lé dus élevés. Asèrez-vous, madémoisélle, atdites-
nous, s'ilvous piatt) quel: démin Vous'a’exeitée à fuir votre pe-
Mtis et: à féner ie rél:d'une cherchouse d'aventures: + LE
U : Avec ipaueoèp:de: polie et-nerieans quebènes interruptions,
Asbèlle: voi qu'étant: shuolmment:résolie.à se soustraire :à un
Héiagé que lui graposait Le duc ds Rourgogne , elle avait espété
“pouvoit een protection de la'oour dé France. ‘1 .:
L'#Et celle dé hiénarque frènoiis, ajouta Carlos; oui cu lies
Lion asseréd-eris doutbà —"Enieflel,:jo:m'on croyais aésurés;
sais quoi jord’aunds past’ ne’-démirehe ‘si ‘dheiside: » En de
‘hérent Ghenics ‘regtrda Lbuié aveu un sontire sin: d’une umer-
tune’ inexbtérhatile;,: êt'Le rôi’le sbutiat avec ‘le plés igrande.fer-
smeté ; seuléasent :sés Mvies pardrent un pes plis blénohès: que
‘de couteme, “Mais, » continua là comitéssc après uns gère pause,
36 ne vortnaissais ls intentions ‘du. roi: Louis ‘à nobre-égard que
paé:ce que m'en avait dit ma nalhomouse touts, la comtesse: He-
‘meline, dont Rophaion se fondäit sûr les ssiufances: de gons-que
‘Jai-roconnus depuis pour être les . plés perfiies soélérats: du
hote.» Bille rapporta ators, en pet de mots, ce qu'elle avait ap-
. “péis de la trakison.do Martoh et dé : Ha raddin Maugrebin , ‘ajour-
‘tant qu'elle ne doutait nullement : que Zamet, l'aîné des Maugre-
dns, aide precier leur avait-consesité de fuir; ne [04 capables de
% , La
tantarspèce de pertes re
prise da phâteacs dir Sebénaalsitôt au rsgmpent di élle Juisencons |
tréo-qur ‘in eéniéé de Crètecwur:.Chaoux gard le silent quand
ellèrent.fini ce réeit'aussi cout que peù suivi; etle/dup.dehoer.
gegnb;:teriant:10s :s0mbres .at façoudhés ropards. atlatins:.à la
terrs , rossomablait à us boue qui cherche uû prétexto-pour-se
livier à es ocière, ei qui non Aréere aicun d'éseur plauathés poux
kx-justifies-à ses propres yeux. | DURE
-: «La téupe, * nt enfe. L. levant des -yéux ; saén-crowehes
moins certainenrént son terrier sous nos piedä, quaitqu'i tons seit
impossible de sgivre ss:marcfe:]Cépengient:je voutirais quels roi
Louis feulôt hien roms dire pouriquei il arepaces dames à sw éour,
si-éperne s'y étaient-pas:rondues sürtson idvitation?.— Je niei
point reçqi. cps-daméa à: ‘10e Ouf. tesm- beau::Cotin, vépendit le
rai! Pap composition, il eétivrai, je les ai yues.:eh-pastinglier, mais
j’abtéèsbls piemièné-cecégien ppuviledpléesr Sbus:la:pebtyetipn de
l'exceiient: évêque ; votre prôproiallié (Dieë veuille lire. gai à.
sôn-lus !), car.c'éleitun meileuniageque.mei, etique tnt autre
prince.séeulieri, désinogens. de:coriciliee. l protection dan à des
fugitives érveciles deroirsqu'uir roi avait à-rpasplieetxpette vécue
SIO& eévers:ün: iprmeb allié: dont. les avuicèt. ‘fai -lesrdèmiairies.
J'aijoré-hasdipsebf oéttetouaë: dame: de Béelares si elles onteocu.
de maiun: accmeihbiérredrdinl ; :s l'aceuail: que jauleuriai: faite.
pas 606;:au.contiséfe.. capalle de leur faire -emprinierléragret diar
voir choisi ina ‘tour peur asile: Hi fatbidoin 'étrécordiai;ré-
pesilit-larcenntenss; me tÉtrar oissdauter que Fimphation
que.nodà avaent;Paite-<oûxquise thstrent:vos agents, :émenèt de
Vatre Majesté ; paisju'essubposant qu'ils n’episent-ag} que:d'e-
pubs ‘vos instroctions-précises; il devenait difleilegid ecacilier:lz
ennduite: de. Voire Majogté avez:ce que nous avions droit d'etten
dre d'un rai; -d'un.eliévatier st d'un gentilhomme:». ©)...
.. Eu proncaçent sœ dernières paroles,-la comtesséijetaiau.roi
on. regsed'Quisefsblait:exprimer un reproche ; saisi cœur: de.
Eouis était: garni d’une ouiraise qui ne permettait pas à :dértdlles
attaques de lémeewit:iAu contraire, promsenent 05 iègards me:
tour de lui en étendanit les bras avec lenteur, ik sembla demander,
EC | QUERONT-DENTPARRE
‘derrsisdeirionghe. à bequis? ontétéstenté sinus
de là comtesse n'était pas untémiéignagh scadu à setsismat eue:
Æapeudanticdui-daieurgmeneitisenristienmgstqinin |
blsib: disé: qe,: bien que. sédaite enr silteër jHaipréèr ais curtuiis
phiit: ilétaitctioies.que. pans satisihity:pistfalrentanit-à) le
eomsoseaaif uet:tén-temnaquis : « Eesnembls, isndemthyiqu, dune
| totbliboaitanr és
sonillentidhotitde ait éérdee, ee parereri ces iso: |
cboblèrdéotde: Bousyngine ; amer :2afpmeins-émebbeire; d'ai COTE
uns fonth blonue, kirsghejemetsuisseutraite éredtreauonité
senberatte'practtns-prétissionr:: cjemedoubotsfirmnblemet à
tant'eisiéhaut i if vous qlicaelé: mi infiègesr: Je tnimrè voire
dpontinw nes terms inesr:ebiéenst: ré vque mrltinnse
pète ;: imgnbéo de iniesomuiatien rétro dimilende ere
.… cerquéltrivest'itsiiepenisnble: pou s0airo:mdinattee dalin ent cou
sattejemmn
dacen:5 éémesent:-à: Louis. — “Pme, répeil/ier rai
ares uns btymfibè 5t;shiute isispirationdecette pubs quèens dti
tuwmter mibep pañiliens ni: résistants + @uistihquir f'ubliaiseis: sers
_élevé, dit Charles Retarermvous, com taits-iibalis:: Nèus nererees
meusintehtnné:pour: vont que vetiaeEétea vess-astene: Nés
. avons ‘détssin ni: de ségnestrer: vasdommièse: ri de diminuer
vosihonbe te; TOME vonsdons ail: conéseine anerblire les rene et:l0s
auéret-4iéles : monemigneur, »diloia camésseemistnbienest ds
none nésises
Pi Gomgun ie Page Lééimte ducs has voinaiésstrénti.
elice san cesse: concerts: ‘etnes-oûiuss eujcums-cebsttns2:
Row ipns, veus ditrj®. pau mignons, elaisra-vous poule
maman. Quend'nous.éureus le loisir denenix ave pen de:vausc,
BUS HOMNY poundsomeïds tellmerisque; | Mierinith gui, item
que vou nous obéissiez, Sin0n .:» … tip mec
Mai cotée népaei série, lanhélacreseit à senplads leon |
epéxiionté ui arm “1pcobeblement atéèré dips -pancien.pèus data
encore, shla-cuntesse doCsémécesnrs, geosaniané l'humeur:
Pere c en mieux que one mngiet nor
biens mé #é hinn- éionb qui ai rendre: bee iéur ‘à qi etdé,. |
Doniasuas or leisse éblanier né tpoubber pee lppniseses ds ee
quil dat honseer: Sen csske hi suit. énnsi. leneéques dir pe
rsétre aveu lampe sops: l'exifnne dtinnieiugerduisns |
suiiers: ot;sc0-nonimtics sn fhatdhter; smbohsemninr: pépandeient
périsiinnont, à ce brillant. eustunie: M-gramie jme dispqus:
damaceuirs pomiitesss. rer: can péoqune Lie Douraitiss:
persuader . que le roj Louis, dont là prudence était. estiéms-dûéi
chmisi unianisi feuné. euro | x comfitont dés intrigues po-
kliques: Chi int: que Ibn. dinstatte dispongientel éme!
dmvituscop dimntres mhz roitide grandi cn tagéoude
éhaiseiagäken quitlésui die spot hüishe févr se
aprbeï ordre dede, sanctinanépur
suivit à {ae hpramratièns Bacnous- noyppeareclles sant db Groger
jaqe'aux «oarénins dhiége -sscnirmençail pur retule etaxptes
denisstrestisns qi avait noir: Qu ro Éonis:; etoailui cnjniè
_-gmoient: dé-lisesvertes-fdéiament jampian aisbestsie-Dévéque.
so. vus vos ren pli: se paleusement - “es snilus?:dit le so:
Du Ming;-répliquadtÉcntis-Voesacitezramb ainermstansse,
dite: dc: ta Lei ébéattarqeé- dus loin di Pissés. past)
chgvaisrs ecrantse Him qui iendeit-per. do rappeler un: eo:
reil incident, » répoñdit le jeune archér.ensrémpissent:rcersme:
destiau+—" Mais ihnetconwondæit:gas. quetja llaublissee.;ihoi, dit
ledoad@rins..-Ge joune-Bormastairempli se misiqn:et hesner
2 QUENTIN. FUN VWARD. |
"dd ben - ét -déféndu ke dpries: qui: émitut-aondées à. saigne,
d’usie manière dont je me souviendrai lang-temps. Jeune:archer,
. Yious ni trouver dans moû eppartoment aprés -cotio-séencn, et tu
versas Que je- n'ai-pes-ouhlié . ta brayonre.: Je. vais avec plaisir au-
jourd'hui que ta modestie égal ton courage: Viens mairouver
” aussi, s'écria Dunois; jé te dogherai Len 26e pans car je
crois que je t’en dois un.» * “… me eux qu
Quémie leur fità tous doux, pnisaint ronge, of ons reprit
sou. iiterrogaioire. . Sur J'onire du duc Chaïlesi. il produisit ee
instructions. qu'it avait peciges per écrit pour: son:Yépege..
” «Averous saivi à Lrlettre ces instrwetions, jeune Hosme ? bai
deuiañda le duc. — Noni:mah prince. Hlles rt'ebjoigrmient, comme
vous pouvèz jereihabquer vous-Méme, de traverser la Mouse.près
“ds. Namur, st cophndsat. jai continué. desuivre/la: rive gauche,
comme : étant la {pis larvée. le plus éptriel ot. la plus-sûne: pour
arfiver à Liége. Bt petrqioi cœ changoméônt? rmbdrôt que je
commençaisà mwsponter de fidélité de mon. giide..— Maintenant.
reprié:le dus’, fais aitentin aux Gucstians que j je. vois, 'adresser :
Répondig. arts Jranthisn ‘etnérürains je rospntimont de quique
cuonit, Mais aid sen de ssbiertage.dres. Les réponaos. je ie fais
ansparidreper-un£ shaîne- dh jer au. haut, du tlbaher de:kéglise du
marché, ot: li teappelieras iongitenpe patte mème
tadélienr:> : 1 : DR ele ee . 19.
+ kjmprofondaibènse msitit ess perolon:enês, sat nie js
hemme le iamps. qu'il jugea téisessairt peuribiän réfishès: à, la
situation dans Ihqueilo-ilis trottit, le-due desnga à Duswari
quel: étrit: ‘sod, guide ; de qui: ik loirsiat, dtichhamont il avait 66
amené $408eNtir déé snpodne airs détité? Quentin : réppn-
| ditièla pressiète-de #05 quebtiont: en nommant Heytaddin : Maur
grabiri, le Avkéinieñ, À daseocade coslétiprent que ceguide ei
arsjtété donné per Tsiñéon l'Brmiée ; ot Du satisfaire à:la froi-
sièuge ; il raopnin ceiqéi s'était :passédans de :Copvent.ées frantis-
caine, près de Namur, cümment te RÜhémien-avait-été chassé de
catie sainie muiisen ;: et eomement, se défiant de sésidtenGons , il
l'avait surpris: dans: eu -rendes-FouA vec. ui. der lansquensts de
Guillaume dela Mabck; rendez-vous dans dequal:ib ioÿ-aviait en:
temjuszcencerter:en: plan: pous sorpromdiio-les dames qi voræ
genient sous:soni:p86vnt6,". ‘7: ‘11 | idem tre
: sriu El ces: misérabbles ?.- . his; éconte. hiort, dit de. due, et
souvieni-toi'que ta: vie dépendiide ta véracité; ot misérables ont-
üls dit qu'ils étaient antorisés per le roi, par le roi Louis de
Franee‘ici présent..….entends-tu bien? dans le projet de sur-
prendre l’escorte des deux dames et de s'émparer de leurs per-
sonhes ? — Quand ces infâmes coquins l’auraient dit, il m’eût été
impossible de les croire , puisque j'avais les paroles du roi lui-
même à opposer aux jeurs. »
Louis, qui avait écouté jusqu'alors avec la plus grande atten-
tion, ne put s'empêcher, en entehdant la réponse de Durward ,
de-respirer: avec force, eomme.un homme qu’on vient de déli-
vrer d’un poxis qui lui pesait-sur la poitrine. -Le duc parut de
nouveau déconcerté et mécontent ; revenant à la charge, il de-
mända encore plus positivement à Quentin s’il n'avait pas com-
pris, d’après la conversation de ces deux misérables, que le
complot dont ils s’occupaient avait l’assentiment du roi Louis ?
—«Je n’ai-rien entendu qui puisse m'autoriser à le dire, »
répondit le jeune homme, qui, quoique intimement convainen
dé la participation du roi à la trahison d’Hayraddin, n’en regar-
dait pas moins comme contraire à son devoir de révéler ses soup-
gons. « Et je le répète, ajouta-t-il, si javais entendu de pareilles
gens avancer une telle asserlion, leur témoignage n'aurait. ea
amcun poids pour moi, après Les instructions que le roi m'avait
données de vive-voix. — Tu.es un fidèle messager, » dit le duc
avec un sourire amer ; « et j'oserais dire qu’en obéissant si bien
aux instructions du roi, tu -as trompé son attente d’une manière
qui aurait pu te coûter cher; mais, par suite des événements,
ton aveugle fidélité ressemble beaucoup à un.leyal service. — Je
pe vous. comprends pas, monseigneur; tout ce que je sais, c’est
que mon maître le roi Louis m'a donné mission de protéger ces
dames , ce que je n'ai cessé de faire, tant en nous rendant à
Schonwaldt qu’au milieu des scènes qui sont survenues après
notre arrivée. Les instructions du roi m'ont paru honorables , et
je les ai remplies honorablement : si elles avaient été d’une autre
xature, elles n’auraient nullement convenu à un homme de mon
nom et de mon pays.—.Fier comme un Écossais ! » s'écria Char
les, qui, quoique désappointé par la réponse de Durward,
n’était pas assez injuste pour lui faire un crime de son -courage.
« Mais, dis-moi , archer, en vertu de quelles instructions t’a-t-on
vu , ainsi que je l’ai su de quelques misérables fugitifs de Schon:-
waldt, parcourir les rues de Liége à la tête de ces mutins qui,
bientôt après, égorgérent leur prince temporel, qui, stait en
QUENTIN DURWARBD.
ass QUENTIN DER WARD.
même. temps leur pére spirituel ?..:Et cette haxamgue que tn as
grononcée immédiatement après que ce meurtre fut commis,
harangue dans-laquelle, te qualifant d'agent du roi Louis, tu
pris le ton de l'autorité vis-à-vis des scélérats qui venaiènt de se
souiller &e cet-abaminable crime, réponds-moi, que signifie-t-elle ?
— Monseigneur, je ne manquerais pas de témeins pour atiester
que:je n'ai nullement pris à Liége la qualité d'agent du roi de
France , mais que ee titre me fut obstinément donné par le peu-
ple ameuté, qui refusa d'ajouter foi à toutes: les assurances con-
traires que je tm’etforçais de lui donner. Je l’ai dit'aux serviteurs
de l’évêque lorsque je fus parvenu à m’échapper de la ville; je
leur ai recommandé de veiller à.la sûreté du château ; et, si l'on
‘sût tenu compte de mes paroles, .on aurait peut-être prévenu les
calamités etles horreurs de, la nuit suivante. Il est vrai, je l’a-
voue. que, dans un moment où nous étions menacés des plus
grands dangers, je me suis prévalu de l'influence que.me donnait
mOn caractère süpposé. paur sauver la cœntesse Isabelle, protéger
ma propre vie , et, autant qu’ était en moi, mettre-un terme à
des seènes qui n'avaient déjà .que trop duré. Je répète, et je le
sutiendrai au péril de ma vie, que je n’avais aucune-mission du
voi de France auprès des Liégeoïs ;'et qu’enfin, en me prévalant
de caraetère qu’on m'’attribuait, je n'ai pas.agi autrement que si
#amassont un bouctier, je m'en couvrais pour me protéger dans
un pressant danger , moi et d’autres , sans m’informer si j'ai le
droit ou non de porter les armoiries dont il est. orné. — Eten
cela , » dit Crévécæur, incapable de garder plus long-temps le
Silenee ; « mOn jeune compagnon:et prisonnier a agi avec autant
‘de courage que de jugement. Sa conduite, dans une telle cir-
<onstance, ne peut nullement être imputée à blârire au roi Louis.»
‘Un murmure d'approbätion, qüui-parcourut toute la noble as-
semblée ; flaitta vivement les oreilles du roi, non sans blesser aussi
vivement celles de Chartes. Le duc roula auteur de lui des re-
‘gards furieux. Ces sentiments-si généralement exprimés par ses
"plus grands vassaux et ses plus prudents conseillers ne l’auraient
probäblement pas-empééhé de dennef carrière à son naturel vio-
tent-et tyrannique , si d’Argenton, qui prévit le danger, ne l'eût
détourné en annonçant tout à coup à son maître l’arrivée d'un
“héraut envoyé par la cité de Liége.
« Un héraut envoyé par des tisserands et des cloutiérs ! s’écria
%e duc, qu’on l’irtroduise à Finstant. De par Notre-Dame ! cet
.-GHAPITRE XXXYIT. . ##0
envoyé nous fera cormaître , au sujet des espérances et des pro:
jets. dé ceux qui l'envpient , queique chose de plus que ce que’ ‘ce
jeune.homme d'armes franco-écossais ne-veyt'en dire. % |
CHAPITRE. XXXUIL.
LE HÉRAUT.
CS
dtriel. Écoutez ! ils rugissent.
: Prospers. Qu'ils soient promptememt chassés. |
| SHAKSPE ARE , La Tempôte.
-Chacon s'empressa de faire place , car on éprouvait une vive
curiosité de voir.ee héraut que les insurgés de ‘Liége osaient en-
-voyèer à un prince aussi altierque le duc de Bourgogne ,'dans un
motnent où fi était si violemment irrité contre eux - En effet , il
faut-se rappeler qu'à cette épeque-les princes souverains avaient
seuls le privilége de s'envoyer réciproquement des ‘hérauts, et
seulement dans les oecasions solehnelles , tandis que Ja noblesse
inférieure n’employait qué des poursuivants d'armes ,: officiers
d’un rang bien inférieur. Il est à propos aussi de remarquer en
passant que Louis’ XI , aéeoutumé à voir d’un. œil au moins indif-
férent tout ce qui ne procure ni puissance ‘réelle ni avantage
matériél, était eonnu:pour-professer le plus profond:mépris jour
la science héraldique et: pour les hérauts rouges , ‘bleus ou verts,
avec leurs oripeaux, toutes choses auxquelles l’orgueil de Charles
attachait au cofitraire un hatit degré d'importance.
‘Le héraut introduit devant les deux princes étaît revêtu d’une
cotte d'armes brodée. aux armes de-soh maître , parmi lesquelles
figurait une tête de sanglier, ce qui, au jugement des habiles dans
le noble art du blason, était plus "brillant qu’exact. Lé reste de
son costume, ridicuke par -5on éclat luismême, était surchargé de
gelons, de'broderies et d’ornements de toute espèce ; et son pa-
nache était si élevé q@’il semblait vouloir balayer le pläfond de:la
salle. En un mot, la pompe habituelle de l’attirail héraldique était
outréeret chargée. Non-seulement la tête de sanglier se retrouvait
dans chaque partie du vêtement de-cet envoyé , mais son bonnêèt
même en avait la forme, etreprésentait une hure avec des dé-
fenses teintes de sang, ou ,-en termes de blason , gueules langriées
et dentées. Sa eontenance cffrait un mélange d’audaceet de frayeur,
comme cela est ordinaire à un homme qui s'est chargé d’une mis-
419 QUENTIN PURWARD.
sion périHleuse , et qui sent que l'audace seute peut d'en faire sortit
sain et sauf. Quelque chose de ce mélange de crainte et d'effron-
terie se révéla dans la manière dont il salua l'assemblée, car il le
fit avec une gaucherie grotesque qui était inconnue chez les hé-
rauts habitués à être admis en présence des princes.
« Qui es-tu, envoyé du diable?» Tel fut le compliment par
lequel Charles le Téméraire accueillit ce singulier envoyé. ”
« Je suis Sanglier-Rouge, répondit le héraut, officier d'armes de
Guillaume de la Marck, par la grâce de Dieu et l'élection du cha-
pitre; prince-évêque - de Liége.— Ah! »s’écria Charles; puis,
comme réprimant sa colère, il lui fit signe de continuer.— « Et
du chef de sa femme; l'honorable comtesse Hameline de Croye,
comte de Croye et seigneur de. Bracquemont, » ajouta te héraut.
Charles sembla devenu muet par suite de l'étonnement extrême
dans lequel le'jeta l'excès d’audace avee lequel ces titres étaient
proclamés en. sa présence, et le hérauf, s'imagipant sans doute
que l’énumération des titres de celui qui l'envoyait avait produit
une profonde impression, continua en.ces termes ce.
. + Annuntiatoobis gaudiwm magnumt., dit-il. « Charles, due de
Bourgogne et comte de Flandre, je vous fais savoir, au nom de
mon maitre, qu'en vertu d'uñe dispense de notre saint-père le
pape, qu'il attend en .ce moment et qui contiendra la nomifation
d'un coadjuteur ad'sacra; il: se propoèe d'exercer à la fois les
fonctions de prince-évêque de Liège et les droits de comée de
Croye.»
. Le duc de Bourgogne, à cette pause du discours du. héraut « età
plusieurs. autres, ne laissa échapper que le mot ak ! ou quelque
aütre interjection . semblable, sans rien répondre de plus, et, à
chaque exclamation nouvelle, du ton d’un homme qui, quoique
irrité et-surpris, veut écouter jusqu’au bout-ce qu'on a à lui dire
avant de faire aucune réponse. Au grand étonnement de tous les
spectateurs, il réprima les gestes. brusques êt violents qui lui
étaient habituels; mais il tenait l'ongle de son pouce serré entre
ses dents, ce qui était son attitude favorite dans les moments où
iképontait avec attention, et:les yeux invariablement fixés à terre,
comme s’il eût craint de laisser voir la colère qui s’y peignait.
. Sanglier-Rouge continua donc hardiment de remplir son impu-
dent message. « En conséquence, dit-il, je vous requiers, duc
Charles, au nom du prince-évêque de Liége etcomte de Croye, de
+ 4 11 vous annonce une grande joie, 4. M.
CHAPITRE XXXHEI. . it
vous désistor de ves prétentions sur la ville libre et impériale ‘dé
Biége, ainsi que des‘usurpations que vous‘y avez exercées, de con-
mivence avec feu Louis de Bourbon, évêque indigne de cette ville.
Ah!» s’écria de noüveau le duc.--« Comme aussi de reslituer
les bannières de la commune, au-nombre de trente-six, que vous
avez enlevées avéc violence aux habitants de Liége.. de réparer:
les brèches que vous avez faites à leurs murailles. de recons-
truire les fortifications que vous ‘avez tyranniquement démante-
lées.… de reconnaître mon maître, Guillaume de la Marck, comme
prince-évêque, légalement et librement élu par le chapitre des
chanoines dont voici le procès-verbal. — Avez-vous fiii ? dit le duc!
— Pas. encore, répondit l'envoyé : je requiers en outre: Votre-
Altesse, de la part duditnoble et vénérable prince-évêque et comte;
de-présentement retirer du ehâteau de Bracquemont et autres :
places fortes du comté de Croye, les garnisons qui y ont-été mises,
soit ên votre propre nom, soit au nom d'Isabelle de-Croye, ou en:
tout autre, jusqu’à ce qu’il ait.été décidé par la diète impériale si
les fiefs en question n’appartiennent pas à la sœur du dernier
comte, la très-graçcieuse comtesse Hameline, plutôt qu’à sa fille, :
en vertu du jus emphyfeosis'.—Votre maître est: très-savant,'
répliqua le duc.—Toutefois, continua lé héraut, ledit noble et:
vénérable prince-évêque et comte est disposé: toutes autres dis-'
cussions entre la Bourgogne et Liége étant aplanies, à concéder à:
la comtesse Isabelle un apanage convenable à sa qualité.— Il est:
&énéreux et sage,» dit le duc. sur le même ton.—« Sur la con-"
science d’an pauvre fou,» dit le Glorieux à l'oreille du comte de
Crévecœur, « j'aimerais mieux être dans la peau de la plus misé-
rable vache qui soit jamais morte de la contagion, que dans le:
vêtement bariolé de ce drôle. Le pauvre garçon en agit comme
les.ivrognes qui ne songent qu’à faire venir une nouvelle bou-
teille, sans s'inquiéter du compte qu’en tient l'hôte derrière la:
cloison.— Est-ce tout, pour cette fois ? demanda le duc au hérant.
(Je n'ai-plus qu’un mot à ajouter de la part de mon dit noble et
vénérable seigneur, et il est relatif à son digne et fidèle allié te ror
très-chrétien.—Ah ! »s’écria le duc avec un frérnissement et d’un-
ton plus véhément que celui qu’il avait pris jusqu'alors ; mais if
se contint, et donna toute son attention à ce qu'allait dire le
héraut.— « Lequel roi très-chrétien, continua Sanglier-Rouge, on
dit que vous retenez prisonnier, vous, Gharles de Bourgogne,
4 Du droit d'emphytéose, À. M.
M2. QUENTIN: QUR WARD!
contrairement àvos dévoirs ‘comme: vassal dé là couromme de
France, et À la foi observée parmides princes-chrétiens. Pour cetie
raison, mon dit noble et vénérable: maître: veus somme par: me
bouche de-mettre son royalallié le-roi:trés:chrétien imerédiaie
ment en liberté, ou darecevoirle défi-querje sais autorisé ‘à: vous
porter de sa part:= Avez-vous Gèi?:- Ori; et j'aflendsia réponse
de Votre Altesse avec la: confiance qu'elle: préviendra:l'effasion
du’sang-humain.— h'bien 1 par saint Georges de Bourgogne ! ».
s'éeria le duc; mais avant qu'il pt: endire dévantage, Liouis'ss
leva; et prit la paroled’un air si pléin de dignité et de'majesté que
Charles #osa l’interrompte.—«Beau cousin. de Bourgogne: avec
. vétre permission, dit-il, nous-réclamons là priorité. pourrépondre
àncet impudent:.. Coquin de héeaunt, ou quique turisois,; ve direau.
meurtrier, au parjure Guillaume déla Marck, que le rot:de France:
sera bientôt’ devant Liége, dans l'intention: de ‘punir: 16 moertrs:
saerilége de son: bien-aimé parent Louis ‘de:Bourbon, et qu'f.s6
propose de faire attacher de la Märcktout vifà-une potence, peer:
l'insojence qu'il a de.me dire sonallié et'de placer mon nom royal
dans: la bouche d'in de ses-vils messagers &-Et'tu ajouteras de
ma part, dit Charles; tout ce: qu'un prinee peut avoir:à- dite à ua
brigandet à un assassin. Va-t'en:.. Mais non, attends uns instant :.
jamais héraut n’a qritté la cour de Bourgogne sans avoir‘o0casion
de-crier lapsesses:: qu'orr lé fouette jusqu’à lui enlé ver là peau. —
Nous demandons à Votre Altesse la permission de lai faire obser-
ver,» s'écrièrent à la fois Crèvecœur et d'Hyÿmbercourt; « que cet
homme étant un héraut, it doit fouir des priviléges qui leur appar-
tiennent.— Est-ce bien vous, messieurs, répliqua lé duc, qui êtes
assez simples pour-croire.que le tabard! fait lé héraut ? Les armoi-
ries même de ce. malkeureux me prouvent qu’il n’est qu'un im
posteur. Que Toison-d'Or s'avance et qu'il le questionne en notre
présence. »
, En dépit de son effronterie naturelle | J'envoyé du Sanglier des
Ardennes pâlit, et l’on s'en aperçut malgré plusieurs coaches de
vermillon qu’il avait étendues -sur son visage. Toison-d’Or, chef
des hérauts du duc, comme nous Yavons dit ailleurs, et roi dar-
nes dans ses domaines, s’avança de l'air d’ün homme qui savait
ce qui était dû à sa place, et demanda à son frère supposé dans
quel collége:il avait étudié la science qu’ikprofessait.
1 Vêtement qui a quelque ressemblance avec la dalmatique que les diacres et les
sous-diacres portent pendant la messe, lorsqu'ils assistent lofficiant à Pautel. 1. x.
CHAPITRE XKXIN. . | 4143
- «J'ai étérreçu poursuivant d'armes au. collége héraldique de:
Ratiskhwame, répondit Sanglier-Rouge, ot:je dois mon diplôme de
maîtrise à cette savante confrérie. — Vous ne pouviez 16 receyoi#:
-de plus dignes mains,»répondit Tôison-d'Or ons'inchuant plus
profondément ensors qu'il ne l'vait fait auperarant: «et si je me
permets le conférer avec vous. sur les.mystères de notre noblé
.Setoncs, par rsspect: pour les ordres-de mon trés-gracieux maitres
co nest pas dans l’ospérance.de vous donner des: leçons, mais
Hien d'en reeeroir.— AHons, allons, » dit le duc rec impatience:
« trère de cérémonies, et fais dei quelque question qui motte son:
savoir à l'épreuve.— Ce serait l’bffenser que dé demauder à un
disciplede l’iltustre collége héraldique de Ratisbonne sil connaît!
les termes les plus usités du blason, dit Toison-d'Or ; mais je puis
sans l'offénsèr. prier Sanglier Rouge de dire s'il possède lestormes
les plus mystérieux dela scionee, par lesquels Les véritabiés iniliés-
communiquent d’üre manière emblématique, et pour ainsi dire:
parahalique, ce qu'ils transmettent. aux antres.daes le langage
ordinaire ; tormes-qui sont la quintescence de la seience héraldi--
que.—Je connais toute. espèce de blason anssi biën l'une que:
Yautre,» répondit Sanglier-Rouge avec assurance ; «mais pout-être:
los termes -doni nous nous servons'en Allemagne ne sont pas les’
mêmes. que ceux que vous omployez en Flandre. Hélas ! por
vez-vous parler ainsi? répliqua Toison-d’Or : notre noble seienee,
qui est la vraie‘ banmére de la noblesse et la gloire des preux;
apparaît la môme dans :toute la chrétienté; les Sarrazins: et: les.
Maures eux-mêmes en ent quelque teinture. Je vous prierai donc
de décrire d’après là méthode célèsie, c’est-à-dire d’après les:
planètes, teHes armoiries qu'il vous platra de choisir.— Décrivez-
vous-même votre blason comme il vous plaira, dit Sanglier-Rouge:.
je ne m'occuperai pas de telles niaisenes : suis-je donc un singe
accoutumé à sauter au commandement ?—Montrez-lui les pre-
maières armoiries vénues, et qu’ilies décrive à sa manière: dit le
duc; s’il est.pris-en défaut, je lui promets que son dos sera guew-
lés, azur et sable. — Voici,» dit le héraut bourguignon en tirant de.
sa poche un parchemin ; « voiei d’enciennes armotries que de
puissants motifs m’ônt porté à décrire d’après mes faibles lumiè-
res. Je prie mon confrère, s’il appartient en effet à l’honerable
coltége héraldique-de Ratistionne, de le déchiffrer en termes tech
niques ?» .
Le Glorieux, qui semblait prendre grand plaisir & cette discus—
As . QUENTIN DURNVWARD.
sien, s'était. avanné tout près des deux hérants. « Je vais f'akler,
mon ami, » dit-il à.Sanglier-Rouge en le-voyant jeter sur le roaleza
des yeux où se peignait.son anxiété. « Messeigneurs-et maîtres,
ceci représente nn chat faisant le'guet.à la fenêtre d'une taiterie. »
. Gette saillie provoqua un éclat de rire général, et Sanglier-
Rouge y trouva quelque avantage: car Foison-d'Or; indigné de La
malicieuse interprétation donnée à son dessin, 's’empressa de dire
que ces -armoiries avaient ‘été adoptées par Childebert ; roi: de
France, après qu'il-eut fait prisonnier Gondemar, roi de.Bourgé-
gne, et qu'elles représentaient une once ou: chat-tigre derrière.
une grille, emblème du prince-captif ; il termina on les expliquant
en termes techniques qu’il sesait superflu de rapporter ici.
«Par ma marotte! dit le Glorieux, si.le chat représente ta
Bourgogne, du moins est-il aujourd'hwi du bon‘oôté dela grille.
—Tuas raison, mon ami;» répondit Louis-en riant, tandis que le
reste de l'assemblée et Charles lui-même semiblaisht déconcertés
par une plaisanterie .si grossière. « Je te dois une pièce d'or pour
avoir jeté au milieu d’une scène. qui a commencé d'urr ton fort
sérieux et fort triste, une plaisanterie qui, je l’espère, la terminera
gaiement.—Silencs, le Glorieux! dit le duc ; et vous, T'oison-d'Or,
qui vous-montrez trop savant pour être intelligible, retirez-vous.'
Qu'on fasse avancer ee: drôle. Réponds-moi; misérable, » lai
cria-t-il du ton le plus acerbe. « connais-tu la différence qui existe
entre or et argent, dans la langue du blason? Par pitié, monsei-
gneur, ne m’accablez pas. Noble roi Louis, parlez pour moi.—
Parle pour toi-même!séeria le duc; ja te le demande, es-tu
héraut ou non?— Je ne l’ai jamais été qu’en éette occasion.— De
par saint George! » dit le duc en jetant sur Louis un regard de
travers, «nous ne connaissons aycun monarque, aucun gentil-
homme qui aurait voulu prostituer ainsi. la noble gcience sur
laquelle reposent la royauté et la noblesse, si ce n’est ce roi qui
envoya à Édouard d'Angleterre un valet déguisé en‘héraut:— Un:
tel stratagème, dit Louis, pouvait se justifier dans une cour où il
ne se trouvdit point de héraut pour le moment, et par l'urgence
des circonstances. Mais quoiqu'il ait pu réussir auprès de gros-
siers et ignorants insulaires, il fallait ne pas avoir plus de jugement
qa’un Sanglier, pour espérer qu'une supércherie semblable pûé
passer à la cour si éclairée du duc de Bourgogne.— N'importe qui
l'ait envoyé,» dit le duc avec colère; « il ne retournera vers son
maitre que dans un fâcheux état. Gardes, qu'on le conduise jus-
- CRLAPEFRE :XAXHE AA
qu'à la plaes du marché, et là, qu'on le:déclire avec des fouets.et.
des lanières jusqu’à ce que. son tahard tombe.en lambeaux !. - Sas
au Sanglier-Rouge ! çà, çà! tayaut ! tayaut !» |
: Quatre au cinq ‘Chiens. de jremièse taille, semblables: à ceux
qu'en: voit dansies parties de chasse peintes parRubens et Schnei-
ders, entendirent les derniers mots prononcés par le-duc, et, à ces
mots bien-connus d’eux, ils se mirent à aboyer et à hurler coms
si un sanglier venait. de s’élancer de sa bauge.
: « Par la croix de Notre Seigneur! » dit'le roi Louis cherchant:
à entrer dans la disposition d’esprit de sqn dangereux. cousin,
« puisque l’âno s’est affublé de la peau du sanglier, je lancerais les
chiens sur lui pour qu'ils la lui arrachent !-— C'est çela 1 c’est eela!».
s'écria le duc Charles, avee l'humeur duquel cette idée se trouvait
en parfaite harmonie: «cela va être-fait! Qu'on déoouple, les
chiens ! Sus! sus ! Talbeau! Beoumont ! Nous le eourrons depuis
la sortie du .château jusqu’à la porte-de l'est.— J'espère que
Votre Grace me traitera en bête de chasse, » dit le malheureux
héraut faisant aussi bonne contenance que possible, « et que vous.
me permettrez de prendre du champ.— Tu n’es qu'use vermine!,
répondit le duë, et, d’après -le code des chasses, tu: n’as droit à:
aucune protection ; néanmoins, en faveur de ton igpudence sanë,
égale, tu auras environ cent pas d'avance. Allons, Messieurs,
allons : voyons un peu ce divertissement. »
. À ces mots, l’assemblée se leva tumultueusement, chacun se
montrant très-empressé, rmais personne plus que les deux princes, .
de jouir du doux passe-temps dontle roi Luis avait suggéré l’idée.
Le plaisir qu'ils se promettaient fut complet, car Sanglier-
Rouge, à qui la terreur donnait des ailes, et qui avait à ses trous-
ses, une dizaine de chiens courants excités par Les sons du cor et
les cris des piqueurs, courut comme porté par le vent; et s’il n'avait:
point été embarrassé par ses vêtements de héraut, le plus mauvais
costume possible pour un coureur, il aürait pu échapper à la
meute; il la dérouta môme une ou deux fois, avec une adresse.
et une légèreté qui lui attirèrent les applaudissements des spec-
tateurs. Mais aucun de ceux-ci, pas même le duc Charles, ne.
prenait à cette chasse autant de plaisir que le roi Louis, qui, mu
par des considérations politiques , tout autant que par le plaisir
4 En termes de fénerie, ce.mot s’applique à toutes Les bêtes qui Be méritent pas
d’être chassées selon les nobles règles"de l’art : tels sont les blaireaux , les fouines »
etc., ete. .
| QUENTIN DURE
que Ini:faisait natareliementépreuver le spoctaols dessouffiances-
humaines lorsqalekles sa présentent. seau un aspect burideque,
riait jusqu'aux larmes. Daus.les élans de 8a-joie, il saisit le man».
tesa d’hermine de Charies yeomme pour 58 souténir., tandis que
le duc, non. moins agréablement oecupé, appuyait sé main. sus
Yépanle du:roi, ces deux: princes se témoignent ainsi ue con.
fanvo:et uno familisrité réciproques qui faisaient un: parfait con
traste avec ce qui vehait de: ‘30: passer entoeux por d'inabamés au
‘Enfin, P'egitités du faux hérgab ne put lé. protéger. plus long
temps coutre les déats desennefis acharnés à sa poursuite: Les-
obicas l’atteignirent , Je térrassèrent ; et l’aursiont probablement
étrangié à l'instant môme, si lé duc ne sefât écrié: « -Arrêtez los:
ehiens! arrêtez les chiens l'urrachez-le àleurs-dents! Il 5'est mon».
ési-boù coureur , que ; quoiqu'il nidit pas- fait ‘bonne résistinos:
aux-abois ; nous ne voulons pes qu'ils en fassent curée. » :
Quelques venours s’empressèrent done d'écarter dés chiens ob
de: les ‘secoupier ; d'autres -poursuivirent :ceux-qu'On: n'avait pa
sais, et qui couraient däns las-rues , emportant ent#iomphe les:
lambeaux de: drap. peint et les broderies déchirées de la .cotte
d'urmes que l’infortuné. héraut avait endossée peur son/malbeur.
. Dans ce.moment, et pendant qué lé. duo était tropoeeupé de ce:
qui se passait devant lui pour fäire attention à ce qui se dibait der
rière, Olivier:le Dain se glissa près du roi, ot lui dit à l'oreille :
« C’est le: Buhémion. Häyraddin Maugrabin.; il ne faudrait pes:
qu'il parlätau due.—Qu'il meure!! » répondit Louis du:rsâme tons
«-les morts ns parlent plus. ».
Un instant après, Tristan l’Rrmite, qu'Olivier le Dainavait pré--
veau., s’avanga devaat le robet le. dnc., et leur dit avec.la brus-
querie qui lui était ordinaire ; « Sauf La permission: de Votre Mar
jesté.et de Votre Altesse, ce gibier m’appartient. et je lé réclame:
ilest marqué de mon sceau, une fleur de lis sur l’épaule , comme:
chacun peut le voir. C’est un scélérat bien connu ; il a assassiné
des.sujets du roi, pillé des églises, violé des vierges, taé des daims
dans les. parcs royaux, etc.—C'est assez , c’est assez, dit le duc;
itest. avec justice et à plus d’un titre la propriété de mon royal
cousim. Qu'en veut faire Votre Majesté ?—S/il ést laissé à ma dis-
position, dit le roi, je.me contenterai de lui faire. donner une leçon
de blason, science dans laquelle if est si ignorant; on lûi montrera
par expérience ce que signifie une croix potencée avec acCompa-
CHAPETRE CNIL. Li
gneinent'd'tne benne vorde à l'un des: bres.—-6roic qu'fl'ne per:-
thra pas; rmais qui lui servira dé support Î »repritl6 duc; etik partit
d'u éctat de rire à cette 'exosklente saïle ; «-aHlos! qu'il prenne:
ses degrés:sous Priséan ; votre compère est'un hakèle profcoseurt
en cotté science: »
Le roi: répond si cordialement à co bruyant témoignage ‘de lat
gawté de Chavles, que celni-et.ne -put's’enmpéeher-de lui dire en
le rogaidnt d'onair presque emical:-« Ah! Louis; Louis, plt'ài
Dieu que. vous fussiez uæ price aussi-fidèle quevous 6tès-ut:
joyeux'compagnon?! Je‘pense encore bien souvént'aux jours dè
plaisirs que nous avons naguère passés ousemtio. — 1} dépend de
_vous:de‘les voir: reveñir, répondit Louis, je vous acvordéral les:
onddilions les plus avantageuses que: savf mon honneur, et'sans:
véus rendre vous-rmême"ls fable dé la chrétienté ; vous ptiissier
1e démaner (dans la situation où je mie-Uouve; ét je férai serment!
de les-obsérter, sur în sainte rofique que j'ai le-botvseur de porter
sur:moi , el qui-est un morceau de la vraie ervix. »:°-
En parismt atusi, itfit voir ua pétit reliquaire d'or qui était sues-
pendu àson:oou par umérchelus de’ isêtne métal , et'qu'il portal |
par-dessus sx,chemise ; puis #joutà” après l'avoir baisée dérote
ment: -« Jamais faux serment n'a: été fuit ser cotté retique saoréë
qu'it n’ditété puni dans l’annés.—Cependint, dit le duc ; c'est la:
mérmoser laquelte vous n'avez jaré arsitié en qüittantia Bourgos
gnes-et bientôtaprès, vous ‘envoyêtes lo bêtand de Rirderapré por:
m'asssésiner où s'emparer de'rna -personne.—Ah, beau cousin!
vous révoillez là d'anciens griefs; mais jé vous âssare qué vous
êtes däns l'erreur à ce sujet. D'ailleurs, ce n’est-pas sur cette re:
lique-que j'ai: fait le serment dont il's'aght; c'était sur un autre
morceau de la vraie croix, présent que na fait le grand-soigneur,
mais 8a vertu s'était sans doute affaiblie pendant son séjour chez
les”midèles. Eh bien ! la guerre du bien: public. n’éclata-t-eMe
pas dans l’année ? une armée bourguignonne ne campa-t-elle pas:
à Saint-Denis, soutenue partous les grands feudätaires de France?
et ne fus-je pas obligé de céder la Normandie à-:mon frère? O mo
Dieu, préservez-moi de me parjurer sur une si sainte relique !—
Eh bien, cousin, je crois que vous avez reçu une leçon suflisante
pour garder votre foi à l’avenir ; et aujourd’hui , par exemple, ré-
pondez avec franchise et sans détour : êtes-vous disposé à tenir
votre promesse , et à marcher avec moi contre le meurtrier de la
Marck et ses dignes ailiés les Liégeois, pour en tirer une ven-
en QUENTIN DURWARD.
geance éclatante.-— Je.marclierai contre eux avec le ban et Far-
rière-ban de France, l’oriflamme déployée. — Non, non, c’est
plus qu'il ne faut , plus:qu'ilne convient. La présence de votre.
garde écossaise: et de deux ou trois cents lances d'élite suflira-
pour montrer que vous agissez librement. Une armée considéra-.
ble pourrait. — Me rendre libre en réalité, voulez-vous dire,
beau cousin ? Eh‘bien , vous fixerez vous-même le nombre des
troupes qui devront me suivre. — Et, pour prévenir désormais
tout mntif de discorde , vous.consentirez au maniage:de. la.com-
tegse Isabelle de Croye avec.le due d'Oriéans ?— Beau ceusin ,
vous abusez de ma courtoisie. Le duc.est fiancé à a fille Jeanne.
Sayez généreux : cédez sur-ce point , et parlons plutôt des villes.
fortes sur la Semme.-—Mon conseil régiera .ce-point-avec Votre
Majesté ; quant à moi, j'ai moins à cœur .ude augmentation. de
territoire, que la réparation des injures que’ j'ai reçues. ‘Vous
veus êtes immiscé-dans-les affaires de-mesvassaux , et vous avez:
voulu disposer. de la main d'une pupille:du duché de Bourgogne:
selon. votre royale volonté ; eh bien ! puisque Votre Majesté s'est
chargée de ce soin, qu’elle marie la comtesse Isabelle à un-mbm-
bre de se propre. faille ; antremient ; natre conférence est rom-
pue, — Persapne,ne me croirait , si je disais que j’y-consens:vo-
lentiers ; jugez donc. beau cousin, de moù extrôme- désir de
vous obliger, quand je vous promets, bien malgré moi, que si les
parties y conseutent et obtiennent.ure dispense .du pape , je na
m'opposerai pas-au mariage que vous proposez.—TFout cela peut
être facilement arrangé. par nos ministres, et nous voilà redeve-
aus cousins. et.amis.—Dieu en soit toué! répondit Louis ; il tient
dans sés.maiss le cœur des princes , et, dans sa miséricorde,
les inclinant .vers la clémence et la paix, il sait prévenir l’effu-
sion du'san humain... Olivier , » ajouta-t-il à demi-voix en s'a-
dressant à ce favori qui rôdait sans cesse autour de lui comme
le démon familier qui ne quitte. pas -les côtés d'un. magicien ,
« écoute : dis à Tristan d “expédier en toute diligence € ce 2 vagabond
dBohérion. n
ss
+
.CHAPTINE XXXIV. Me
- CHAPITRE XXXIV. -
. L "EXÉCUTION. | .
de te. conduirei dans l’benrouse et vérte forêt ; ta
. main elle-même choisira l’arbre du rendez-vous.
| Vieille Ballade.
. ‘ fo, « . . ? : }
… « Dieu soit béni, qui nous a donné le pouvoir de rire et de faire
rire les autres, et peste soit du triste animal qui mépriserait tes
fonctions de fou ! Voilà une-plaisanterie , et non des-meilleures
(bien qu’elle soit passable, puisqu'elle a eu l'avantage d'amuser
deux princes), qui a mieux valu-que milk raisons d’État pour pré-
vénir une guerre entre la France et la Bourgogne. » : :- ‘ :
Telle fut la réflexion que fit le Glorieux , lorsque , par suite de
la récanciliation dont nous avorÿs donné les détails dans Le chapitre
précédent , les Noïrs Wallons du duc Charles quittérent le poste
qu’ils occupaient dans le château de Péronne, que le roi cessa
d’habiter la sombre et sinistre tour d’Hérbert, et qu’à là satisfac-
tion des Franeais et des Bourguignons, tous les signes extérieurs
de la confiance et dè l'amitié reparurent entre leur maître.et s6n.
.seigneur suzerain. Cependant, quoique traité avec tous les égards-
dus à sen rang, Louis ne se dissimulait pas qu’il continuait à être
observé avec défiance, mais il afféetait prudemment defne pas s'en
apercevoir, et de se regarder comme entièrement libre.
Toutefois, comme il arrive souvent en pareil cas, tandis que kes
principales parties intéressées avaient terminé leurs différends,
-urr des agents subalternes, mêlé à leurs intrigues , fit uné expé-
rience bien amère de la vérité de cette maxime politique, que si
les grands ont souvent recours à de vils instruments , ils font ré-
paration à La société en les abandonnant à leur mauvais sort auséi-
tôt qu’ils n’ont plus besoin de leurs services.
Ce malheureux était Hayraddin Maugrabin, qui, livré par les
officiers du duc au grand prévôt du roi, fut remis par lui entre les
mains de ses deux fidèles aides de camp, Trois-Échelles et Petit-
André, pour qu’ils l’expédiassent sans perte de temps. Placé entre
ces deux personnages, l’un jouant l’4/legro, l’autre le Penseroso,
et suivi de quelques gardes et d’une foule de peuple, ä s'avançait
(pour nous servir d’une comparaison moderne) , comme Garik
entre la Tragédie et la Comédie, vers la forêt voisine , où, pour
U i QUENTIN :DURNNERD.
abréger la cérémonie et s’épargner la peine d'élever une potence
ses exécuteurs résolurent de l'accrocher au premier arbre qui
leur paraitrait convenable. : es
‘Ils ne furent pas long-temps sans trouver un chêne qui, suivant
l'expression facétieuse de Petit-André, était propre à porter un
Lel-gland ; et, laissent: lo malheureux condamné sur un montieule
avec une bonñe escorte, ils commencèrent à improviser leurs pré-
paratifs pour la Catastrophe finale. En ce moment Hayraddin, pro-
menant 565 regards sur la foule, rencontra les yeux de Quentin
Durwerd, qui, croyant avoir reegnnu dans: les traës. de Fimpos-
teur démasqué ceux.de son guide perfde, avait suivi la foule pour
être témoin de sen exésution et s'assurer de son identité...
Quand les exéeuteürs l’informèrent que tout était prêt, Hay-
raddin , avec beaueoup.de calme, leur dit vaut réclamait d'eux
upesaule.grÂce. :
— « Dernandez-nous, men fils, tout ce qui:peurva s'aëcorder
avec notre ministère, lui répondit Trois-Échelles.—C'est-à-dire,
répondit Hayraddin, fout, exoepté la vie. — Gui, reprit Trois-
Échelles; sar, comme vous paraissez résolu à: faire hopneur à
æetre profession, et à mourir en homme ,:sans faire de grimaces,
de n'hésite pas à vous accorder déx minutes:dé répit, quoique nous
ayons ordre.d’ôtre expéditifs. —-Vous êtes trop généreux, répon-
dit Hayraddin.-—Nous en serons peut-être bMmés, objoeka Petit-
hadré ; mais qu'importe ? Je eonsentrais presque à donner ma
vie pour ua luron tel qe toi, pour ur garçon résolu autant que
Saillerd Qui est disposé à faire le saut'avec grâce ; comme it Con-
Mint à un honnête homme. — Ainsi done, reprit Frois-Échelles,
_- #i.vous désirez un confésseur. ;. — Qu an pet dè vin... interrom-
pit son fecétieux compagnon. — Ou un psêuine, continc de tra-
_ Sédie.—Ou une chanson, riposta la comédie.—Rien de tout cel,
mes bons, eimables et très-expéditifs änmis, répondit le:Bohe-
mien... Je vous prie seulement'de me laisser causer pendant
Quelques minutes avec cet archer de la gande écossaise.»
Les exécuteurs hésitèrent un moment ; mais'Trsis-Éechelles se
souvenant que, d’après diverses circonstances, Quentin Durward
passait pour être très-haut placé dans la faveur du rei leur maître,
is résolurent de permettre l’entrevue.
. Sur leur invitation, Quentin s'approcha donc du patient : mais
ilne put s'empêcher de frémir sur le sort qui attendait cet homme,
ueique le coquin l’eût bien mérité. Les ambeaux de son :fanx
- . 4 CHAPETRE-XEXIV. |
cosbusme. hévaldique , ermmaobés par. la ident des :chiens.vtpar 4
main des bipèdes:-qui l’ausient soustrait à ur furie pour le mener
à la potence , lui deniesient tout à:la:fois un: air burlesque et.dé-
plorsble. Son visage portait encore ‘quoiques traces du fard dont
il l’arait couvert, -et son menton :quetqees restes.de L4 barbe pos--
tiche-à l’aide de lageellail-evait shenyé des: déguiser, tandis que
la pâleur de la-mort réganit ser ses joues et surses tèvres. Gopex-
dant, aumé d'un cowrage pessif, comme 1x plupært:des gons de:sa
oaste son regard'briblant, quoique:égaré et le:suarire contraint
de sa bouche ; semblaient défier la.mort.qui l'attendait. Quentin
fut ému d'herreur-et de pitié en. approchant de ce-melheareux ;
æt ce. dote sentiment se rat 2 sans ‘doute dans sa conténanes ,
car PefitrAngré hui cria :
- -"Allons, mon jsune archer, up peu moinsde lenteur; comvbte
personsage n'a pas le loisir de vous attendre, et vous marchezsar
223. cailloux camme si c'étaient des ‘œufs et que:vous eussiez peur
de tes casser. — Î1 faut que je lui parle’en particdier, » dit May-
. æaddin avec un atcant qui annonçait ie désespoir.-«Cela ne s’4c-
corde.guère avec nstre devoir, mon:aimable-Saute-l'Échèle , lui
répondit Petit-André ; nous.vous.connaissons de vieille date, vous
êtes une angulle très-prompte à nous. pisser dela main. J’ai
lea pieds etes poings liésavec les sangles de vos chevaux, répar-
tit le Bobémien ; vous poysrez faire boigne garde autour de moi ; à
ane diséanse raisonnable. Cet.archer est serviteur de votre roi ; et
si je- vous. denne dix güidiers ‘...— Employés à faire dire des
messes, ils peuvent être utiles à:sa pauvre amie, dit Trois-Échel-
des.—. Employés en vin et en eau«desvie , ils pourrént faire da
hion à mon pauvre corps, répondit Pelit-André. Ainsi donc, mon-
tre-nous tes florins, mon:petit danseur de corde. — Dommie lear
cunée_à ees.chiens, » dit Hayraddin à Durward , « tu y gagneres
quelque chose : on'ne na pas laissé Une obole quand € on m'aar-
rôté. » .
‘Quentin pa ya: aux exécoteurs ta s0hme conpeuté, et en hom-
mes de parole, ils se retirèrent.hors de la portée de la voix, ayant
soin toutefois de suivre d’un œil attentif toes les mouvements dè
leur proie. Quentin attendit en instant que le malheureux lui
adressêt la parole : mais voyant qu'il gardait le silence, it Hai dif :
-«Voïlà done où tu en es enfin arrivé. — Oui, répondit Hayraddin,
et il.n'était besoin: ni d’astrotogues , ni de physionomistes , ni de
+-Monnaie hollandaise connue plus généralement sous le môm de fforin. À. M.
au . QUENTUN PURWARD.
chiromaneiens, pour prédire qué j'anraiste mms suft qué le reste
de ma famille. — Et tu arrives à cette mort prématurée par nne
Tongue suite de crimes et de perfidies ! —— Non, Ge par le brillant
Aldébaran ét tous ses radieux confrères ! j’y suis arrivé par ma
propre folie, qui m'a fait croire’que la soif sanpuinaire d'un Frane
pourrait être réprimé6 par çe qu’il regarde luÿmême comme ce
qu'il y a de plus sacré. L’habit d’uu prêtre n'aurait pas été pour
moi un manteau plus sûr que la cotte d'armes d’un hérant, tant
il y a de vérité dans vos protestations de dévotion et de chevalerie!
— Un impoéteur démasqué-n'a pes le droit de réclamer les pri-
viléges du costume qu’il a usuyrpé. — Démasqué ! Mon jargon va-
lait bien; celui de cet autre vieux fou de héraut. Mais n’en parlons
plus. Aujourd’hui ou demain , qu'importe? :— Vous’oubliez que
le temps s'écoule. Si vous avez, quelque chose à me dire , hâtez-
vous, et puis songez pendant quelques minutes au salut de votre
ame. — De mon ame! » répondit le Bohémien avee un hideux
sourire. « Pensez-vous qu’une Kpre de vingt äns puisse se gué-
rir en un moment ? Si j'ai une ame, elle a si bien travaillé de-
puis J'âge de dix ans ; et même avant cet âge, -qu'il me faudrait
un mois entier pour me. rappeler tous mes crimes ; et un autre
mois pour les raconter à un prêtre. Mais uartel répit me fût-il ac-
cordé, il y a cinq contre un à-parier que je l'emploierais tout au-
trement. — -Pécheur endurci, ne blasphème pas! » s'écria Dur-
ward avec un mélange d’horretir et de pitié ; « dis-moi ce que tu
as à me révéler, après quoi je t'abandonne à ta destinée. — J'ai
une grâce à vous demander : mais d’abord il faut que je l’achète,
car, avec toutes les bellés maximes de charité, ceux de votre socta
ne dopnenf rien pour rien. — Je pourrais te répondre, périssent
tes dons avec toi! mais.tu es sous la menace de l'éternité. Quelle
faveur veux-tu me demander? parle, et garde tes présents, ils ne
peuvent m'être d'aucune utilité ! je n’ai pas oublié les services que
tu as voulu me rendre. — Je vous aimais depuis l'aventure des
bords du. Cher, ef je désirais vous servir auprès d’une grande
dame. Vous portiez une écharpe.dont elle vous avait fait don, et
c'est ce qui ocçasiona ma méprise ; d’ailleurs je pensais qu’Hs-
meline, dont les richesses pouvaient être facilement transportées,
était mieux votre fait que cette jeune poulette avec son vieux pou-
laillier de Bracquemont , sur lequel Chaïles a mi la griffe et que
sans doute il ne lâchera pas. —- Tu sacrifies en paroles inutiles le
peu d’instants quite restent à vivre; je vois que ces gens-là com-
CHAPITRE XXXIV. ‘88
meogecent à perdre patience. -— Donne-leur dix guïlders pour dix
minutes de plus , » dit le-patient, qui, comme cela est:arrivé à
beaucoup d’autres en pareille circonstance, éprouvait, malgré sa
férmeté affectée, le désir d’éloigner l'instant fatal; «je t’assure que
tu n’auras pas mal placé cet argent. — Emploie doté bien les ins-
tants que je-vais acheter, » répondit Durward, qui n'eut pas de
peine à cénciure un nouveau marché avéc les affidés du grand
prévôt. -
-_ Cetarrangement terminé, Hayraddin reprit la parole : « Oui, je
vous assure que j'avais de bonnes intentions pour vous. C'était
Hameline qui vous convenait à tous égards; et il vous eût été fa-
eile d’obtenir sa main. Elle s’est arrangée du Sanglier des Arden-
nes, quoique de la Marck s’y soit pris d’une manière un peu rude
pour lui faire sa cour ; et elle règne dans sa bauge, comme si, de
toute.sa vie, elle eût été habituée-à n’avoir d’autre nourriture que
des faînes et des glands. — Fais trôve à ces plaisanteries aussi
grossières quedéplacées, ou, je’ te le répète, je t’abandonne à ta
destinée. — Vous avez raison, » répondit Hayraddin après un mo-
ment de silence ; « Il faut savoir se résigner avec courage aù sort
que l’on ne peut éviter! Hé bien, sachez donc que je suis venu
ici, sous ce dégaisement, dans l'espoir de recevoir une grande ré-
compense de dela Marck, et une plus grande eneore du roi Louis,
non-seulement pour porter à Charles le défi dont vous pouvez
avoir entendu parler, mais pour révéler au roi un secrét impor-
tant: — C'était s’exposer à un grand risque. — L'événement l’æ
prouvé; mais j'étais payé en cohséquence. De la Marck avait d’a-
bord essayé de communiquer avec Louis par l’entremise de
Marton ; mais elle ne put, à ce qu’il paraît, parvenir que jusqu’à
son ‘astrologue, à qui elle a raconté tous les incidents de notre
voyage, ainsi que ce qui s’est passé à:Schonwaldt : c’est un grand
hasard si Louïs en entend jamais parler autrement que sous une
forme prophétique. Écoutez donc’mon secret, il est beaucoup
plus important que tout ce qu'elle a pu dire. Guillaume de la
Marck rassemble dans la ville de Liège dés forces nombreuses,
qu’il augmente chaue jour, grace aux trésors du vieux prêtre.
Mais il n’est pas dans l'intention de hasardér une bataille contre
la chevalerie de Bourgogne, et moins encore dé soutenir un siége
dans une place démantelée. Voici ce qu’il veut faire. Il laissera
cet écervelé de Charles camper sans opposition autour de la ville,
et la nuit suivante ül fera une sortie à la tête de toutes ses forces.
QUENTIN DURWARD. 29
aa QUENTIN DURWARD.
Ua certain nombre de ses gens Seront armés à la française, ei
grierent : « Françe ! saint Louis ! Montjoie! Saint-Denis! » comme
#il avait avee lui un corps nonibreux de Frapçnis auxiliaires.
Gela ne manquerd pas de jeter le désorüre paribi les Boufguignons,
et ai Le roi Louis, aidé du ses gardes, des gens de se suite et des
soldats qu'il pourra avoir autour de sa persdnne, veut seconder
ses efforts, le Sanglier des Ardennes ne doute pasdela déconflire
‘totale de l’armée bourguignonne. Voilà mon secret, et je vuus le
donme: Favorisoz.ou empêchez l'entreprise; vendez oet avis au
roi Louis eu eu due Gherles, cela in’eët indifférent ; sauvez on
perdex qui bon vous semblera; cela ne. m'importe guèré. Mon
seul regret, e’est de ne pas pouvoir le faire éclater, bomtes une
mipe, pour la destruction de tous. — C’est en effet un sbcret im
portant, » dit Quentin, qui comprit aussi&ôt consbien. ik était facile
d'éveiller le ressentiment national dexs un Ltamp composé en
partie dé Français et en pertie de Bourguighons. —— Oui impor-
tant, répondit Hayraddu ; et maintenant que vuus le posséde,
vous. vowiriez être déjé hion loin, et me quitter snïis m'acvordet
le service pour lequel je voté ai payé d'avarite ?-- Dis-moi quel
service tu attends de mei : je tele rendral si dela es$ en mor pour
voir. — Gertes, il n’est. p4s du: defus de votre pouvoir : à s'agit
du pauvre Klepper, de rôn cheval; le seul être xivabt à qui
mort puisse laisser quelques regtots. À un mille d’ini, vers le sud,
vous lg thouveres paissant près de la hutte déserte d’an charbon-
nier: Siflez ebtme ceci (et en même temps à siffle sur un tou
partivuker); appelesele par son nom de Kliepper 6t ik viebdra à
vous Voiei sa bride que j'avais mise sous mon mante#u, et ik est
boureux que les chiens qui m’üht arrêté ne mel'aieht pas prise; caf
M n'en sautait porter d'autre. Prenezle, et'ayoï-en biefr soin, je
_#e-dis pas pour l’aincur de mn maître, rhsis parce que j'ai mis à
votre disposition l'érénenient d’un gtandeombat. ] nd vous
menquerd jamais au besoin; ta miit et lo jour, la teinpête eb le
dl, La pluie èt le beau temyié, une écurie chaude eù-lx rigueur
de Fhivér, tout cela est égal Bar Klepper. St j'évais pur ghgnéf
la porte de Péronne, et arriver à l'endroit où je lai laissé; j'aurais
échappé 4 La micrt qui im’atténd.… Sèroz-vÜus un bon mâître pouf
ÉBispper ? «— Je ls: jûre, » répondit Quentin, affieté par ce tra
dattachélnent qui l'élonna bemicôup ans un earaütère si en-
dutti.+- Ædisu, donc ! dit Hayraddin ; nrais hou, eskote ut ius-
tant... je ne veux pas être hssz discourtuik pour œxiblidr, à més
CHAPITRE XXXIV. 455
derniers iastants, la commission dont j'ai été chargé par une da-
me... Voici'un billet de la très gracieuse et très sotte épouse du
Sanglier des Ardennes à sa nièce aux yeux üoirs. Je vois dans
vos regards que j'ai bien choisi le meseager.-Encore un mot; j’a-
vais oublié de vous dire qu’au milieu de la bourre de ina selle
vous trouverez une bourse bien remplie de pièces d’or; c'est lé
prix que j'ai reçu pour exposer ma vie dans .une aventure qui à
si mal tourné pour moi : prenez-les, elles vous indemniseront aû
centuple des Guilders que vous avez donnés à ces coquins tou-
jours altérés de sang. Je vous fais mon héritier.—Je les emploie-
rai en bonnes œuvres, et en messes pour le repos de ton ame.—
Ne prononce plus ce mot! » s’écria Hayraddin, tandis que sa phy-
sionomie .prenait une expression épouvantable. « Il n’y a pas
d'ame; il ne peut y.avoir, il n’y aura jamais rien de semblable :
c’est un rêve inventé par les prêtres. — Infortuné ! reviens à des
idéeÿ plus sages, n’aggrave pas ton malheur ! Laisse-moi faire ve-
nir un prêtre; j’obtiendrai de ces gens qu’ils différent encore un
peu; j’achèterai d’eux un nouveau -délai. Que peux-tu espérer,
si tu emportes dans la tonibe de tefles opinions, si tu meurs dans
limpénitence? — D'être rondu aux éléments dont mon corps est
composé, » répondit l’athée enduréi, en pressant contre sa poi-
trine ses bras chargés de liens. « Mon espoir, ma eroyance, mon
désir, c’est que cé composé rnystérieuxt 5e fondra dans fa rasse
générale d’où la nature tire chaque jotr, pouf Îes reproduire sous
d’autres formes, les substances que chaque jour voit disparaître :
les parties aâqueuses s’uñiront aux rivières, ou bien, s’élevanf
dans la région des nuages, retornberorit aveé lés pluies ; les parties
terrestres enrichiront la terre, nôtre mère commune; les particu:
les aériennes voltigeront au gré des vents, et les particules igñées
iront entretenir les flammes d’Aldebatan et de ses frères. l'elle’est
la croyance dans laquellé j’ai vécu, dans laquelle je veux mourit!
Laissez-moi, partez; ne me troublez pas davantage : j’ai prononcé
la dernière parole que l'oreille d’un mortel éfitendra jamais sortit
de ma bouche. »
Saisi d'horreur à la vue d’un tel endurcissément. Durvvard vit
bien qu'il n’y avait aucun espoir de faire Comprendre à ce mal
heureux l’affreux avenir qui le menaçait. 11 lui fit donc ses adiéuk,
mais Hayraddin n’y répondit que par ‘ün léger signié de tête, tel
qu’un homme qui, absorbé dans une profonde rêverie, supporte
avec impatience que l'on en intérrompe le cours. Quentin erttra
456 QUENTIN DURWARD.
dans la forêt, et trouva aisément la hutte aux environs de laquelle
Kleppler errait en paissant; il siffla, et, à ce signal; l’animal ac-
courut à lui. Cependant il fut quelque temps sans vouloir .se
laisser prendre, ouvrant les naseaux et lançant des ruades dès
que l'étranger s'approchait. Enfin, la-connaissance générale que
Quentin avait des habitudes du cheval, jointe aussi peut-être à
quelques remarques sur le caractère particulier de Klepper, ayant
souvent admiré cet animal pendant le voyage qu'il avait fait
avec Hayraddin, k mirent en état de prendre possession du legs
que lui avait fait le Bohémien à ses derniers moments.
Long-temps avant que Durward fût rentré à Péronne, Hayrad-
din était allé là où la vanité de son affreuse croyance devait être
mise à une épreuve décisive; épreuve terrible pour celui qui n’a-
Yait témoigné ni remords pour le passé, ni crainte pour l’avenir!
| "7 - CHAPITRE XXXV.
| LE PRIX DE LA VALEUR.
La beauté doit être fière de se voir conquise par la
meilleure lance. Le comte Palatin.
Lorsque Quentin Durward arriva à Péronne, le conseil du due
de Bourgogne était assemblé, et le résultat de cette séance devait
être beaucoup plus intéressant pour lui qu’il n’aurait pu le suppo-
ser : en effet, quoique composée de personnages dont le rang ne
lui permettait guère d’imaginer qu’il pût jamais avoir avec eux la
moindre communauté d'intérêts, cette réunion eut l’influence la
plus extraordinaire sur sa destinée.
. Le roi Louis, qui, après avoir pris grand plaisir à l’intermède
de l'envoyé de Guillaume de la Marck, n'avait laissé échapper
aucune occasion de cultiver le retour'de confiance et d'amitié que
cette circonstance lui avait valu dans l'esprit du duc, s’était oc-
cupé du soin de le consulter, ou, ‘plus exactement peut-être,
de recevoir son opinion sur le nombre et la qualité des troupes
dont, comme auxiliaire du duc de‘Bourgogne, il devait se faire
accompagner dans l'expédition faite en commun contre Liége. Il
vit clairement que Charles, en n’admettant au milieu de ses trou-
pes qu’un petit nombre de Français d’un rang distingué, avait
l'intention de s’en faire des otages plutôt que des auxiliaires. Ce-
pendant, fidèle aux instructions que lui avait données Comines,
CHAPITRE-XXXV., A7
il consentit à toutes les demandes du due, aussi facilement et avec
un air aussi empressé que s’il n’eût suivi d'autre impulsion que sa
volonté particulière.
Il ne manqua pas, cependant, de s 'indemniser de cette eom-
plaisance en selivrant à son humeur vindieative, et il en fit sen-
tir les effets au cardinal de la Balue, dont les conseils l’ayaient
déterminé à accorder une confiance si excessive à son puissant
riyal. Tristan reçut la double mission de porter aux forces auxi-
liaires qui devaient marcher sur Liége l'ordre de se mettre eu
mouvement, puis de conduire le catdisal au château de Loches
et de l’enfermer dans une de ces cages de fer dont on assurA qh il
était lui-même l'inventeur. 4,
«Il est juste quäl fasse l'épreuve de ses propres.inventions dit
le roi; il appartient à la sainte Église, ef il ne nous est pas permis
de répandre son sang. Mais, Pâques-Dieu, si son évêché, pendant
un laps d'années, est resserré dans d’étroîtes limites, il en sera
dédommagé par des remparts inexpugnables… Prends soin que
les troupes se mettent en marche sur-le-Champ.» : ,.
Peut-être Louis ‘espérait-il, par ce prompt acquiesçement aux
demandes du duc, éluder la condition la plus désagréable que ce
prince avait attachée à leur réconciliation. Mais s’il conçut un tel
espoir, il connaissait encore bien peu le caractère de son cousin,
car jamais homme ne se montra plus opiniâtre dans ses résolutions
que Charles de Bourgogne .. et ne fut moins disposé à se relâcher
de ce quelle ressentiment d’une injure qu'il croyait avoir reçue, ou
l'esprit de vengeance lui donnait le droit d'exiger.
. Louë n'eut pas plus tôt expédié les messages nécessaires pour
meitre en marche les troupes qui devaient agir comme auxiliai-
res de, la Bourgogne, que son hôte le requit de donner publique-
ment, son consentement au mariage du duc d'Orléans avec Isa-
belle de Croye. Le roi l’accorda en poussant un profond soupir ;
mais, bientôt après, il représenta avec douceur qu'i il était conve-
pable de consulter préalablement l'intention du prince.
«C’est un point qui n’a pas été négligé, répondit le duc de
de, Bourgogne. Crèvecœur a eu une entrevue à ce sujet avec
monseigneur d'Orléans, et, chose étrange! il l’a trouvé tellement
insensible à l'honneur d'épouser une princesse du sang royal,
qu'il a regardé la proposition-de recevoir la main de la comtesse
de Groye. comme l'offre la plus agréable. ‘qu'un pére eût pu lui
faire, — IL n'en es que plus ingrat el-plus coupable, dit Louis;
v
e
Avé . QUENTIN DURWARD.
mais, beau cousin, cette affaire ira suivant Yotre votollé si vous
réussissez à obtenir le consentement des deux parties intéressées.
— Soyez sans inquiétude à cet égard, » répondit le duc; et, en
conséquence, quelques minutes après cet entretien , le due d’Or-
léans et la comtesse de Croye.reçurent l'ordre de rparatifé devant
les deux princes : Isabelle se présenta, coinine là première fois,
aécompagnée de la comtesse de Crévecœur et de l’abliesse des
Ursulines. Le duc dé Bourgogne déclara ( que la sagesse réunie de
leurs souverains réspectifs avait décidé leur ution pour cimenter
l'alliance perpétuelle qui existerait-désormals entre la Ffince et
da Boargogne. Pendant ce discours, auquel fl ne fit aueune objec-
tion, Louis garda un sombre silence ; car une telle atteinte portée
à son autorité lui faisait éprouver un profond chagrin.
Le duc d'Orléans eut beaucoup de peine à réprimer Ta'joie que
lui causait une telle proposition, mais la délicatesse ne Iüi per-
mettait pas de se livrer à ses transports'en présence” du roi;fl
fallut aussi tout le respect, toute la craînte mémé que Iui inspi-
rait habituellement ce monarque, pour que, dissimulant ses dé-
sirs, il se bornât à répondre que « son devoir lüi préserivait de
‘Jaisser son choix à la disposition de son souÿerain.— Beau cousin
d'Orléans , » dit Louis avec un ton de gravité: qui décelait son
mécontentement, « puisqu'il faut que je parle dans une occasion
si peu agréable, je n'ai pas besoin de vous rappeler que, cOn-
naissant votre mérite, j'avais formé le projet de vous choisir une
épouse dans ma propre famille ; mais, puisque mon cousin de
Bourgogne pense qu'en disposant ainsi de votre main, ilobtlent
le gage le plus assuré de l’union qui, doit régner désormäïé entre
ses États et les miens, j'ai trop à cœur le bonheur des deux pays
pour hésiter à faire lesacrifice de mes désirs ef de mes espérances.»
Le'duc d'Orléans tomba aux genoux du foi et baisä, cette fois
du moins ayec un attachement sincère, la main que Léuis lui
présentait en détournant la tête. Dans le fait, il reconinut aisé-
ment, aussi bien qué la plupart de ceux qui assistaient à cette
scène , que ce consentement n’était donné qu’à règret ; car, en
homme qui possédait à ün rare dégré le grand art'de la‘ dissimu-
lation. , Louis laissait à dessein paraitre sa répüghance ; afin qu'on
retonnût en sa pérsonne un roi qui renonçait à sôn projét favôrt ,
et qui sacriflait sès sentiments patèrnels au bien de sés États et à
l'intérêt de son pays. Le ‘duc de Bourgogne lüi-nème se sentit
ému ,'et le cœur du duc d'Orléans palpita d’une joie involäntaire
CHAPITRE XXXV. An9
en se voyant affranchli ainsi de ses engagements. S'A eût su com-
bien le roi le maudissait intérieurement, et quelle vengeance il
se prometlait de tirer un jour de son manque de foi, il est prôba-
ble que sa délicatesse lui aurait paru moiris compromise qu'il ne
se lereprochait.
Charles, se tournant ensuite vers la jeyne comtesse, lui an-
nonça d’un ton brusque que l'alliance projetée était une affaire
qui n’admettait ni délai ni hésitation, ajoutant que c'était là une
suite beaucoup trop heureuse de l'opiniâtreté qu’elle avait mon-
irée dans une occasion récente encore.
« Monseigneur, » répondit Isabelle, appelant tout son courage
& son aide , « je reconnais l'autorité suzeraine de Votre Aitesse,
et je m’y soumets. — C'est assez, c’est assez ! » répondit le duc en
l’interrompant ; « nous vous dispensons d’un nouveau serment
d’allégeance.. Votre Majesté, » continua-t-il en s'adressant au
roi, «Votre Majesté a eu ce matin le divertissement d’une chasse
au sanglier; voudrait-elle prendre cette après-midi celul de la
chasse au toup ? »
La jeune comtesse vit la nécessit4 de prendre un parti décisif.
« Votre Altesse n’a pas compris mon intention , » dit-elle aveo
timidité, mais assez haut et d'une voix assez ferme pour forcer
Je duc'à lui accorder une attention qu’un pressentiment secret
l'aurait volontiers porté à lui refuser. « La soumission dont je
parle n’a rapport qu’aux terres et aux domaines que vos ancêtres
ont éctroyés aux miens, el que je remets à la maison de Bourgo-
gne ,si mon souverain pense que mä désobéissance sur ce seul
point me rende indigne deles conserver. — Ah ! par saint Gcor-
ges ! » dit le duc en frappant violemment du pied contre terre,
« cette sotte sait-elle en préseñce de qui elle est, et à qui ellé
parle. — Monseigneur, » répondit-elle sans se déconcerter, » je
suis devant mon suzerain , et j'espère que je puis compter sur SR
justice. Si vous me privez de mes biens, vous m'enlevez fout ce
que la générosité de vos ancêtres a donné à ma maison , et vous
rompez les liens qui nous attachaient à la vôtre. Ce n’est pas de
vous que je tiens ni ce corps pauvre et persécuté, ni l’esprif. qui
l'anime : j'ai dessein de consacrer au ciel lun et l’autre dans le
couvent des Ursulines, et d'y finir mes jours sous la direction de
cette sainte mère abbesse, » |
La râge et l’étonnement du duc peuvent difficilement se con-
cevoir, à moins que l’on ne se représente la sutprise d’un faucon
AGQ QUENTIN DURWARD.
qui verrait une colombe hérisser ses plumes comme pour Le dé-
fier. « La sainte mère abbesse vous recevra-t-elle sans dot? » ré-
pondit-il d’un air de dédain.
. « Si, en me recevant sans dot, elle fait d'abord quelque tort à
son couvent, je me flatte qu’il se trouve assez de charité chez les
vobles amis de ma maison pour qu’ils ne laissent pas sans secours
une orpheline, la fille des seigneurs de Croye, qui veut s’ensevelir
dans un couvent. — Cela est faux ! s’écria le duc; c’est un faux
prétexte. pour couvrir quelque secrète et indigne passion. Mon-
seigneur d'Orléans, elle sera à vous, dussé-je la traîner : à l’autel
de mes propres mains ! » .
La comtesse de Crèvecœur, femme d’un grand caractère, ef
qui. comptait sur le mérite de son mari ainsi que sur la faveur
dont il jouissait, ne-put garder plus long-temps le silence. «Mon-
seigneur, dit-elle , vous vous laissez emporter par la colère, et ce
langage est indigne de vaus... On ne. peut disposer par force de
la main d’une femme de naissance noble. — Et c’est .oublier les
devoirs d’un prince chrétien , ajouta l’abbesse, que. de s’opposer
aux désirs d’une ame piéuse, qui, brisée par les squeis et les
persécutions du monde, veut devenir l'épouse du roi du ciel. —
D'ailleurs, dit Dunais, mon cousin d'Orléans pe saurait accepter
honorablement une proposition de mariage contre laquelle cette
dame fait des objections si publiquement. — S'il m'était accordé
quelque temps,» dif le duc d'Orléans sur le. cœur duquel la
beauté d’Isabelle avait fait une profonde impression, «pour tâcher
de faire voir mes prétentions à la comtesse sous un jour plus fa-
vorable...— Monseigneur, » Jui répondit Isabelle, dont la fermeté
avait acquis le plus haut degré d'énergie par l’encouragement
que lui donnaient les paroles des personnages dont elle était en-
tourée, « ce délai serait tout. à fait inutile... ma résolution est
prise de refuser cette alliance , quoiqu'’elle soit bien au-dessus de
ce que je mérite. — Et moi, dit Charles, je n’ai pas le loïsir d’at-
tendre que tous ces caprices tournent avec le plus prochain chan-
gement de lune... Monseigneur d'Orléans, elle apprendra, avant
une heure d'ici, que l’obéissance est pour elle une affaire de né-
cessité. — Non pas en ma faveur, » répondit le prince, qui,sentit
qu il ne pouvait, sans manqüer à l’honneur, se prévaloir de l'opi-
niâtreté du duc. « Avoir essuyé une fois un refus.si public et si
positif, c’en est assez pour un fils de France; il ne lui est plus
permis d'élever aucune prétention. »
CHAPITRE XXXV. . 461
Le duc lança un regard furieux, d'abord sur d'Orléans, puis
sur Louis; et. Lisant sur la figure de ce dernier, malgré tous les
efforts qu'il faisait pour réprimer sès sentiments, le triomphe dont
il jouissait sn secret, sa fureur ne connut plus aucun frein.
« Écrivez, » dit-il au secrétaire du conseil; « écrivez notre
sentence de _confiscation et ‘d'emprisonnement contre cette
rebelle et insolente vassale. Qu’ on la conduise à là Zucht-Haus,
à la maison de pénitence, où elle aura pour eompagnes celles que
leur vie passée a rendues ses rivales en effronterie. »
Un murmure général s’éleya dans l’assemblée. |
«Monseigneur, » dit le comte de Crèvecœur prenant la parole au
nom de tous, « cette affaire mérite de plus mûres réflexions.
Nous, vos fidèles vassaux, nous ne pouvons souffrir qu’un tel
déshonneur soit imprimé sur la noblesse et la chevalerie de Bour-
gogne. Si la comtesse s’est rendue coupable, qu’elle soit punie,
mais que cé soit d’une manière convenable à son rang ainsi qu’au
nôtre, puisque nous sommes unis à sa maison par le sang et Les
alliances. »
_ Leduc garda un mornent le silence, et fixa les yeux sur celui
qui osait lui donner un tel conseil, avec l'air d’indécision . d’un
taureau qui, forcé | par le pâtre de s’écarter du chemin qu'il veut
suivre, délibère en lui-même s’il obéira, où s’il fondra sur son
conducteur pour le lancer dans les airs.
La prudence l’'emporta pourtant sur la fureur ; Charles vit que
le conseil se rangeait uniquement à l'opinion de Crèvecœur ; il
craignait que Louis ne fit tourner à son avantage le méconterite-
ment. de ses vassaux ; et probablement (Car soh caractère était
brusque et violent plutôt que méchant ) il sentit quelque honté de
l'arrêt sévère autant qu’irréfléchi qu’il venait, de prononcer.
« Vous avez raison, Crèvecœur, dit-il; j’ai-parlé trop à la hâte :
son sort sera décidé d’après les lois de la chevalerie. Sa fuite
dans les états de Liége a été le signal du meurtre de l'évêque :
celui quitirera de ce forfait la vengeance la plus éclatante, celui
qui nous apportera la tête du Sanglier des Ardennes, réclamera
de nous, comme récompense , Je don de sa main ; et si cétte-belle
comtesse s’y refuse, nous nous réservons le droit d’accorder tous
ses domaines au vainquéur, laissant à la genérosité de celui-ci le
soin de lui fournir telles sommes d’argent qu’il jugera nécessaires
pour qu'elle puisse : se retirer dans un couvent. — Monseigneur ,
dit Isabelle , songez. que je suis Ja fille du comte de Reinold , de
462 QUENTIN DURWARD.
ce vieux, de ce vaillant, de ce fidèle serviteur de votre père.
Youdrlez-vous me proposer en prix au soldat qui saura le mieux
manier l'épée ? — Votre aïeule à été le prix d'un tournoi; on com-
battra pour votre main dans une mêlée ÿéritable. Seulement,
par respect pour la mémoire du comte de Reinold, l'heureux
vainqueur dévra étre un gentilHomme dont la naissance et les
armoiries soient sans tache. Du reste, quel qu'il puisse” être,
_fût-il même le plus pauvre de tous ceux qui ont jamais fait pas-
ser l’ardillon d'une boucle dans l’oreitlette d’un baudrier , il aura
le droit de réclamer votre main; j’en jure par saint Georges, par
-ma couronne ducale, par l’ordre que je porte! Eh bien! messieurs, »
ajouta-t-il en se tournant vers les nobles qui l’entouralient , « {e
me flatte que cela est conforme aux lois de la chevalerié. »
Les remontrances d'Isabelle ne purerit se fairé entendrè, au
milieu des acclamations excitées par une satisfaction et un assen-
timent universels; et par-dessus toutes les autres voix on enlen-
dit celle du vieux lord Crawford, qui regrettait que le poids des
années l'empéchat de se mettre sur les rangs pour remporter un
si beau prix. Le duc fut satisfait de ces marqués “gériérales d’ap-
plaudissement ; et sa violence commença à se calmer, comme
celle d’un fleuve débordé orsque enfin ses eaux ‘rentrent dans
leur lit ordinaire. -
« Et nous, à qui le sort: a déja aëcordé des damies, dit Crève-
cœur, faudra-t-il que nous nous bornions Y n'être que simples
spectateurs de, cette lutte glôrieuse? Mon honneur serait peu
satisfait de ce rôle; car j'ai fait un vœu et je dois l’accomplir aux
dépens de cette brute aux défenses aiguës et aux soiés hérissées,
aux dépens de ce farouche de la Marck. — Eh bien ! Crèvecœur,
Jui répondit le due, montre-ton courage, remporte le prix ; ct
puisque tu ne peux le garder pouf toi, cède-la à qui tu voudras…
au comte Étienne, ton neveu , si bon te semble. —Grand'merci,
monseigneur. Je ferai de mon mieux dans la mêlée ; et si je suis
assez heureux pour l'emporter sur mes rivaux, Étienne essaiera
si son éloquence peut l’emporet sur celle de l’abbesse.—J’espère,
dit Dunois, que les chevaliers français ne serônt pas exclus d’un
concours qui excite un si vif intéréf ? — A'Dieu ne plaise, brave
Dunois! repliqua le duc,’ ne fût-ce que pour le plaisir de vous
voir acquérir une gloire nouvelle. Je ne m'oppose pas à ce que la
comtesse épouse un Français. ‘Cependant, ajouta-t-il, j'y mets
pour condition expresse que lé comte de Croÿe deviendra vassal
CHAPITRE XXXV. iei
du duc de Bourgogne.—C'est assez, s s'écria Dunois ; Ja barre d'’il-
légitimité de mes armoiries ne sera jamais surmontée de la cou-
ronne de comte de Croÿe. Je veux vivre el mourir Français. Mais,
si je renonce aux domaines , je n'en frapperai pas moins vigou-
reusement pour la dame. »
” Lé Balafré n'osx élever la voix dâns cette auguste assemblée
mais ji! marmota entre ses dents :
« Maintenent, Saunders Souplesaw 1, il ne s’agit plus de belles
paroles. Tu as toujours dit que la fortune de notre maison serait
le résultat d'un mariage ; jamais tu netrauveras une occasion plus
favorable de tenir ta promesse. — Personne ne pense à moi, dit
le Glorieux ; cependant je-suis sûr de remporter le ptix:, en dépit
de vous tous.—Tu as raison, mon sage ami , lui répondit Louis;
quand il s’agit d'une femme, le plus grand fou” ‘est toujours lé
plus favorisé. » : *
” Tandis que les princes et lés nobles français et bourguignons,
plaisantaient ainsisur le sort d'Isabelle, l’abbesse et la comtesse de
Crèvecœur, qui s'étaient retirées avec elle de la chambre du con-
seit, faisaient de vairis effurts pour la consoler. La prèmière l'as-
surait que la sainte Vierge refuserait sa protection à quiconque
oserait concevoir l'idée d'arracher au couvent de Sainte-Ursule
une personne qui voulait se consacrer à Dieu; la seconde lui don-
nait à voix basse des consolations -plus mondaines, en lui disant
qu'aucun chevalier digne de ce hom, après avdir réussi dans l’en-
treptise proposée, ne voudrait se prévaloir de l'arrêt'prononcé par
le duc pour ebtenir sa rain malgré elle ; ajoutant mêrne awil
pourrait arriver que l’heureux vainqueur fût tel qu'il pourrait
trouver grace à ses yeux et lui faire un plaisir : de l’obéissance.
L'amour, comme le désespoir, cherche à s'appuyer môme sur
un fétu de paille, et quelque faïble; quelque vague que fât l’es-
pérance que ce discours lui donnait, les pleurs de la comtesse
Isabelle coulaient moins amères à mesure qu'elle l'écoutait.
L soprano Deus dicinns 1 frangais le das partisan, la bdblayr. Aï M.
4e QUENTIN RURWARD.
+ - F 1
CHAPITRE XXXVI.
L’'ATTAQUE. ot
Le malheureux moribond consejye antore queique
espoir , et chaque palpitation de son cœur déchiré 1ni
dit qu’il peut survenir un heureux changement.
r: . Telle qu'en rayon: preniee, l'espérence emhellis et
égaye le chemin de la vie; de même lorsque la nuit
nous entoure de ses ombres, salumière jette à ‘nos yeux
. uu éclat plus vif encore. . ‘ .: Sarpaierh:
peu de jours s'étaient écoulés lorsque Louis reçut, : avec cle sou-
rire. de. la vengeance satisfaite, la nouvelle que son Conseiller
favori , le cardinal de la Balue, gémissait dans une cage de fer où
il éprouvait le-supplice de ne pouvoir se tenir ni. debout ni cou-
ché, et où, soit dit en passant, il resta enfermé pendant près de
douze ans saris que personne s’inquiétât aucunement de lui. Les
troupes auxiliaires que le duc avait forcé le roi de lui fournir
étaient arrivées, et Louis se consolait en pensant que, si elles
étaient-trap pau nomhreuses pour lutter, s’il en ayait eu le des-
sein, contre l’armée bourguignonne, elles suffisajent du moins
pour le protéger, lui, contre toute violence de la part du duc.
D'une antre part, {lse voyait libre de reprendre dans un temps
meilleur ses projets de mariage entre sa fille etle duc d'Orléans ;
et. quoiqu'il sentît combien il était humiliant pour lui de servir
avec ses plus nobles pairs sous la bannière de son propre. vassal
et contre un peuple dont il avait favorisé la cause , il ne se laissa
pas décourager par des circonstances aussi défavorables, espérant
que l'avenir lui offrirait quelque dédommagement; «car, » disait-il
à son fidèle Olivier, « au jeu, le hasard'peut amener un coup
avantageux ; mais c’est la patience et l'expérience qui faissent
par gagner la partie. »
” Occupé de ces réflexions, le roi Louis, par un beau jour de la
fin de l'été, monta à cheval ; ef s’inquiétant peu qu’on le regardàt
comme faisant partie du cortége d’un triomphateur plutôt que
comme un souverain indépendant environné de ses gardes et de
ses chevaliers, il sortit de Péronne en passant sous la porte gothi-
que de cette ville pour aller joindre l’armée bourguignonne qui
commençait à se mettre en marche sur Liége.
La plupart des dames de distinction, qui étaient alors en grand
CHAPITRE XXXVL. 4cs
nombre à Péronrie, montèrènt sur les remparts, parées de leurs
plus riches atours, afin dejouir du superbe spectacle que présen-
taient les nombreux guerriers qui partaient pour cette expédition.
La comtesse de Crévecœur y avait conduit Isabelle, qui s’en était
défendue avec une extrême répugnance ; mais Charles avait donné
l’ordre péremptoire que celle qui devait devenir le prix du combat
se monfrât aux braves qui se disposaient à entrer dans l'arène.
Pendant que les troupes défilaient, on vit plus d’un pennon et
plus d’un bouclier ornés de nouvelles devises qui exprimaient la
résolution bien prononcée dé celui qui le portait de se mettre sur
les rangs avec les chevaliers qui s’apprêtaient à combattre pour
un si beau prix. Îci c'était un coursier s’élançant dans la- carrière,
là, une flèche Iancée contre un but; celui-ci portait sur so écu
un cœur percé d’ün trait, emblème de sa passion; celui-là une tête
de mort et une couronne de lauriers, pour añnoncer sa ferme
détermination de vaincre ou de moarir. Enfin, parmi les inventeurs
de ces emblèmes, un grand nombre avaient eu l’art de les rendre .
si compliqués et si obscurs, qu’ils auraient défié le talent du plus
subtil interprète. Comme on se Fimaginera aisément'aussi, chaque
chevalier fit faire à son coursiér les courbettes les plus gracieuses,
et prit sur sa selle l'attitude la plus élégante, au moment où il
passait sous les yeux de ce charmant essaim de dames et de damoi-
selles qui entourageaient leur valeur par de doux' sourires et en
agitant leurs mouchoirs et leurs voiles. Les archers de la garde
du roi de France, choisis parmi Ja fleur de la nation écossaise, et
pour ainsi dire homme à homme, attirèrent particulièrement les
regards, et furent couverts d'a applaudissements uñanimes à cause
de leur bonne tenue et de lèur uniforme splendide.
Il y eut aussi parmi ces étrangers uû individu qui se hasarda à:
prouver qu’il n’était pas inconnu de la comtesse Isabelle, ce que
n'avaient point osé les membres même les plus distingués de la
noblesse française. Ce téméraire était Quentin Durward. En pas-
sant devant les dames, il présenta à la comtesse de Croye, au bout
desa lance, la lettre que sa tante luiavait envoyée par le Bohémien.
« Sur mon honneur, s’écria le comte de Crèvecœur, voilà qui est
de la dernière insolence de la part d’un indigne aventurier !— Ne
le quälifiez pas ainsi, Crèvecœur, dit Dunois; j’ai de bonnes rai-
sons de rendre témoignage à sa valeur; et même c’est en faveur
de cette dame qu’il me l’a montrée.—Voilà beaucoup de paroles
pour rien, » dit Isabelle rougissant de honte et de ressentiment
408 QUENTIN DURWARD.
tout ensemble , « o'est une lettre de ma malheureuse tante ; elle
m'écrit avec un certain enjpuement, quoique sa situation doive
être atfreuse.— Voyons, dit Crèvecœur; communiquéz-noûs cé
que vous dit l'épouse du Sanglier. »
La comtesse Isabelle lut lalettre dans laquelle sa tante paraissait
déterminée à présenter sa situation sous le point de vue le plus
agréable possible, et à justifier à ses propres yeux l'indecorum de
son mariage précipité, par eette idée qu’elle avait le bonbeur
d'être unie au guerrier le plus brave de ce siècle, qui venait d'ac-
quérir une principauté par son courage. Elle suppliait sa nièce de
Re pas juger de son Guillaume, comme elle l’appélait, par les dis-
cours d'autrui, mais d'attendre qu’elle le eonnût personnellement.
Sans doute il avait des défauts ; mais ces défauts ui étaient com-
mans avec des personnes pour lesauelles elle avait toujours eu une
grande-vénération. Guillaume aimäit un peu trop la bouteille;
mais Godfrey, un. de leurs vénérables aïeux, n’était nullement
ennemi du vin ; Guillaume était d’un caractère un peu violent,
peut-être mémesanguinaire : c'était aussi celui de son frère à elle,
le comte Reinold d’heureuse mémoire ; Guillaume était brusque
dans ses discours : il y a peu d'Allemands qui ne Le soient; un peu
“volontaire. et impérieux : mais tous les hommes n’aiment-ils pas
à dominer ? Le vieille comtesse faisait beaueoup d’autres rappto-
chements de ce genre; et finissait en disant qu’elle désirait beau-
ecup; qu’elle espérait même qu’Isabelle profiterait de l'assistance
du porteur de sa lettre pour tàcher d'échapper à la tyrannie du
due de Bourgogne, et pour se rendre à la cour de son bien-aimé
parent, à Liëge, où les petits différends qui existaient entre elles
relativement à leurs droits respectifs dans la succession du comte
de Croye pourraient s'arranger au moyen du mariage d’Isabelle
avec Carl Eberson, un peu plus jeune, à la vérité, que sa future
épouse ; mais cet inconvénient (la comtesse Hameline pouvait ei
parler d’après sa propre expérience) était moins grave que. sa
nièce ne pouvait se l’imaginer. .
Ici Fsabelle s'arrêta, l’abbesse ayant fait observer, avec un air
de pruderie, qu’il ne fallait pas s’appesantir sur ces vanités mon-
daines, et le comte de Crèvecæur S’étant écrié dans un transport
de colère: «Qu'elle aille au diable, cette trompeuse sorcière ! Quoi!
ekle.n’a pas senti que sen dégoûtant grimoire resserüble à l’appäl
rauséabond que l’on met.dans une sourieière ? Fi ! mille fois fi de
l visille et portide traitresge ! » De
| CHASBITRE XKXXVI. 4çc7
La comtesse de Crèvecœur reprocha gravement à son mari une
sortie si violente ; « de la Marck, dit-elle, peut avoir trompé la
comtesse Hameline par une apparence de courtoisie. — Lui mon-
trer seulement une ombre de courtoisie! s’écria le comte; je le
proclame innocent du érime de dissimulation sur un tel sujet. De
h courtoisie ! autant vaudrait en attendre d’un véritable sanglier,
autant vaudrait essayer d'appliquer une feuille d’or sur la rouille
d’un vieux carcan, ou sur Ja chaîne à laquelle il est attaché. Non,
non, toute folle qu’elle. est, Hameline n’est pas assez sotte pour
s’épreadre de la bête fauve qui l’a saisie et qui la retiont dans sa
propre tanière, Mais vous autres femmes, vous êtes Loutes de la
même étoile : quelques belles paroles sullisent pour réussir auprès
de. vous ; et j'ose dire que ma jolie cousine. meurt d'impatinea
d'aller se réunir à sa tante dans ce paradis des sots, et d’épouser
le marcassin.— Bien loin d’être capable d’une telle foke, dit Isa-
belle, je désire doublement la punition de lassassin du bon
évêque, afin que ma tante soit tirée des mains de ce seélérat.—
En ce moment je reconnais la voix d’une de Croge,» s’écria le
comte. Et il ne fut plus. question de la lettre.
Mais il est à propos de faire observer qu’en lisant cette épître
à ses amis , Isabelle ne crut pas nécesæire de leur communiquer
un certain post-scriptun, dans lequel sa tante, en véritable femme,
lui faisant le détail de ses occupations, disait qu’elle avait pour le
moment suspendu la broderie d’ua surtout destiné par elle à son
mari , et qui porteraif Les armes de Croye et de la Marck réumies,
avec un pal en travers, en témoignage de leur alliance conjugale,
attendu que son Guillaume avait résolu, par des motifs qu’il tenait
secrets ; de faire porter ses armes et son costume par quelques-
uns de ses gens, dans La première affaire qui aurait lieu , et de
prendre lui-même les armoiries d'Orléans , avec la barre d’Hlégi-
timité; en d’autres termes , celles de Dunois. Dans la lettre était
aussi enfermé un petit billet, dont Isabelle ne jugea pas à propos
de communiquer le cuntenu, qui ne eousistait qu’en ee peu de
mots, tracés par une main étrangère : « Si vous n’entendez pas :
bientôt L4 renommée parler de moi, coneluez-en que je suis mort,
mais d’une manière digne de vous. »
: Une pensée, qu'elle avait jusqu'alors repoussée eemme tout à
fait invraisemablahle , se présenta à l'imagination d'Isabelle , avee
. une notivele force ; et comme l'esprit d’une ferame marque rare-
ment de trouver Re moyens de mettre ses proiets à exégution ,
A68 QUENTIN DURWARD.
‘elle prit si bien ses mesures qu’avant que les troupes fussent en
pleine marche, Durward reçut par une main: inconnue la lettre
d’Hameline, portant trois croix vis-à-vis du post-scriptum, avec
l'addition de ces mots. : « Celui qui ne recula pas devant les ar-
moiries du fils du bâtard d'Orléans, quand elles briHlaient sur la
poitrine du brave chevalier qui seul a droit de les porter , ne les
redoutera point quand il les verr4 sur célle d’un tyran et d’un as-
sassin. » Le jeune Écossais baisa, et'pressa mille et mülle fois sur
son cœur le précieux avis qui lui parvenait ainsi, car il lui indi-
quait la route au bout de laquelle l’honneur et l’amour lui prépa-
raient une double couronne , et il mettait en sa possession un se-
cret, inconnu à tout autre , à l’aide duquel il saurait reconnaître
celui dont la mort pouvait seule donner la vie à ses espérances,
secret qu’il prit la sage résolution de renfermer religieusement
dans son sein.
. Toutefois Durward vit la nécessité d’agir autrement relative-
ment à l'avis que lui avait donné Hayraddin, puisque la sortie que
de la Marek se proposait de faire pouvait causer la destruction de
l’armée assiégeante, si on ne prenait les plus grandes précautions :
tant il était difficile, dansla manière tumultueuse dont on faisait
encore la guerre à cette époque, de se remettre d’une surprise
noëturne ! Après y avoir mûremeént réfléchi, il ajouta à sa pre-
mière résolution , qui était bien de révéler cet avis, celle de ne
le fatro que personnellement et aux deux princes réunis, peut-
être parce qu'il craignait qu’en -communiquant-à Louis en parti-
culier un plan si bien concerté-et dont le succès paraissait assuré,
ce ne fût une tentation trop forte pour la probité vacällante de ce
monarque, qui s laisserait” peüt-être entraîner à seconder les
assaillants , au lieu de les repousser. Il se détermina donc à atten-
dre, pour révéler son secret, que Louis et Charles se trouvassent
ensemble ; occasion qui probablement devait ne pas se présen-
ter de sitôt, car ni l’un ni l’autre n’était empressé de se soumet-
tre à la contrainte que leur imposait mutuellement leur présence.
Cependant les confédérés continuaïent leur marche , et bientôt
is entrèrent sur le territoire de Liége. Là , les soldats bourgui-
gnons, ou du moins une partie d’entre eux, c’est-à-dire ces ban-
des qui avaient acquis le surnom d'éscorcheurs, montrérent qu'ils
méritaiont ce titre honorable par les mauvais traitements qu'ils
firent subir aux habitants des campagnes, sous prétexte de ven-
ger la mort de l’évêque. Cette conduite désordonnée fit un tort
CHAPITRE XXXVL.. - 406
grate à la cause de Charles’; car les paysans ainsi maltraiiés qui
auraient pu: rester neutres daris la querelle, ‘âyant pris Les armés:
pour se défendre, rendirént sa marche difficile en attaquant les pe-
tits détachements qui s'éloiguaient du gros de l’armée , puis enfin ,
se repliant sur Liége, augmentèrent le nombre de ceux qui étaient
résolus à défendre la ville jusqu'à à la dernière extrémité. Les Fran-
ais, au contraire, quiétaient en petit. nombre, et l'élite des trou-
pes de leur pays, fidèles aux ordres qu'üs-avaient reçus du roi,ne
s'éloignaient j jamais dé leurs bannières respéctives, et observaient
la plus sévèré discipline. Ce contraste augmenta les soupçons de
* Charles, qui re put s empêcher de remarquer qu’ils se compor-
taient plutôt en amis des Liégeois qu’en alliés de la Bourgogne. -
- Énfin , sans avoir éprouvé aucune opposition sérieuse ; l’armée
arriva dans la riche vallée de la Meuse, déyant la grande et popu:
leuse cité de Liégé. On vit alors que. le château de Schonwaldt
. avait été presque ruiné, 'et l’on apprit qué: Guillaume de la Marck,
à qui ses talents militaires tenaient lieu de toute autre vertu, ras-
sémblänt toutes ses forces dans,la ville, avait résolu d’éviter une
rencontre en rase campagne avec les cavaliérs de France et de
Bourgogne. Mais les confédérés ne ‘furent pas long-temps sans
éprouver, le danger qu’il ya toujours à attaquer une grande vilie ,
quoique ouverte ;‘ lorsque les habitants.sont disposés à se > séfen-
dre avec le courage dü désespoir. _. ::
+ Persuadés qu’une ville. démanteléé, et dont los: murailles of-
fraient de larges brèches, ne pouvait opposer aucune résistance, les
Bourguignons qui composaient l'avant-gàrde s ‘imaginèrent qu'ils
y pénétreraient ‘aisément. : ils entrèrent- donc dénsun des fau-
bourgs aux cris de « Bourgogne! Bourgogne !: !:.. tuez !... tuez !..
tout ici est à nous!.... Souvenez-vous de Louis de Bourbon ! !h
Mais comrhè ils maréhaient en- désordre dans des rues étroites, et
qu'ils se dispérsaient pour se livrer au pillage, un corps nombreux
de Liégeois, sorti tout à coup de la ville, tomba sur eux avec fu-
reur et en fit un horrible carnage." Guillaume-de la Marek profita
môme des brèches qui existxient: dans les murailles pour faire :
faire une sortie aux défenseurs de la ville par plusieurs points, et
ces détaçhements, entrant par plusieurs côtés à la fois dans le fau
bourg, attaquèrent les assaillants tout à:la fois en front , sur les
flancs et sur les derrières ; ceux-ci, surpris par une attaque aussi
vive qu’imprévue, et éerrés de près per des enriemis si nombreux,
QUENTIN DUAWARD. Lt ",. :: 80
4: QUENNTIR-DUENARD.
purent à porto soi sevvir de leurs asmes:pour-se défense . et ba
na, quicominéaguit tomber, ajôuta. au.désordse: : - .
-Lorsque ls. dec Charles. FequÊ cetie riauvelke:, id fit: | Beisk d'=.
transport de rage qui me sô cdina que goand Louis ki-eué offert
d'envoyer ses honmmeë d'armes français ay fauhousg , afle db,5e-
- courir l'avant-garde bourguignonne. Rejotant cette offre. d'un bon
sec, à voulait se mettre hni-mfmeà ln, tête de ses. gandess mais
d'Eymbercuurt et Crévecœur ke pridront.de leur epnfernce service.
Marchant done vers.ie lice du combat, sur deux points différents, .
es bon opére et de. mapière à pouviie. se: porter-muinellement
sevours , ces deux cékébres. capitaines réyssiren ‘à repousser:les
Liégeois et.à dégager Pavant-garde, qui, indépendamment àes pri-
souniers.: prédit plus de lait cents horines, domi une centaine
étaient des homnes.d'arises. : Les prisonniers. ne- furent pourtant.
phs-en grand nombre, l plupart ayant été déliviés par d'Hymber-
court, qui, ayubt réussi à se repdre maître du fmbourg . établit
des postes vis-à-vis de ja ville , dont on était séparé par un espace
découveit, d’environ-huit.à neuf cents pas, formant comme unè
esplanade :en effet, ls maisons quille couvaaiont. nagnèie avsisnt
été démpiies dans la :ciaints. ‘qu'elles: né fusseal un ebstacke pour
la défense .&u corps du la-place: El n’y avait pas de: fossé exitre-
Liège ete faubourg, lo terrain étant {rop pierreux:peur qu'il eût
été possible d’eh ouvrir un. En face du faubourg'se tsouvait une
porte par laquelle 6n pouvait Rise des sarties, et danx au trait des
btèches que le duc Charkes avait fait pratiquer dans les murailles.
après la bataille de Saint-Tron, avaient.été bouchées à la bhte. per”
de simples .paliisades en bois D'Hymbercoart lil tourace denx
_ coulevrines.contre-la-porté , eh diriges deux antnes contre les.
bréches, afin d'êôtse prèt à repousser .COUX. qui. essaieraiant. de
_ faire une sortie , pals alla revindre- l'éraée lourguigionnes qu'il
trouva dans un grand'äésordre.
- En efft, le CUT ph principal et. l'acrièpe-garde du due avalbnt
continué À avadcer pendant que sor avarit-ganie, nepoushée et
rompu, sei retirait en.désordre :.ces fu ÿards vinrent heurter con-
tre les autres trouines, et jeter. la confusion .jasque dans leurs.
rangs. L'absence de d'Hymbercourt, qui remplissait les. fonctions
de maréclial de:camp, ou, tomme nous ledirions aujourd'hui, de
quartier-mäître général, permit à la confusion de se propager;
el, pour que rien n’y manquât, la nuit devint aussi noire que la
gueule-d'un loup, une forte pluie tomba tout à coup. Enfinle sol
.cHANSRE XVI x
ar lequel Ë armés beligéränie était obligée de ‘prendre pobition:
étail.marécagent ; ‘et eoupé par mn gréad: nombre dé cadqux.:
Il sert diffcile.de: #6:faire une:idée de la: confusion tyini régnait
en-cemement dans L'armée hourgeigrionne: Les ehefs ne retrour.
väent plus.leurs-soldhis: les soldats né reccnimissaient plus ni.
leurs étendards ni leurs-0ffieirs, tous, sans distinction dé rang;
cherehaient ün abri partout où ils pouvaient-en trouver. Les,
firyards el les blessés, pôle-mêle au milieu .de leur déroute, de-:
mandaient en vain :des. secours et des tafratehissements ; tamilis,
que leë tnoupes.qui formaient l'arriére-garde, ignorant. ce déses-.
| tré, aecouimient pour prendre part ta saû de k vie, quels.
aoyañntdéià commencé. :
À son retour, d'Hyinberéourt trouva donc use {bebe bien di
” éléäremplir; et; pour comble de malheur, il eseuya les plus vafs
réprôckes de la part de:son maître, qui n'eut ageun égardau de
voir plus-pressant énieore.-dont il vemait.de s'acquitter. Ne pouvant:
‘ supporter des reproches si injustes.: « C'est d'après vos oxdres,.
lui dit, que:j'ai été porter ‘des secours à l'avant-gurde; ÿai
| listé le carps-prinsigal sous le-commandement'dp Votre Mtesse,,
ét à mon rètour je trouve: l’armée dans un tel désordre que je 20
vois plus ni front, ni ailes, ni arriéregarde: — Nous n’en réssem
Blois que migax à wh baril de harengs, répartit je Gonieux, et
_ c'est uns comparaison assèz juste pour une anmée famande:» _:
* La plaisanterie de sbn fon privitégié fit rire 14 duc, et pent-être.
empéeha<-elle qué Faltéheatierquivonait de $ ‘Slexor cure" Wie:
son pénérab n'ait plus loin. |
+ Ons'empara d'une petite lust-hous, ou mwéison de. cnmpègie,
appartenant à uh riche éitoyen de Liége: oh en chassa tous ceux.
qui s’y trouvaient, ete duc #y élablit avec ses oficiars: D'Hym-
bercourt'et Crévecasar:plandrent dans le voisinage uns garde
d'environ quarante hoemmes d'armes: qui. allusmèrené im: gtamd
feu avec le bois que leur: fourni Ja prompte émotion de que
‘ques-bâtémonts voHins -,
À peu de distance sur la gêtche, entre ceite: maison. et 1e fau
“bourg; qui; eonawe nous l'avañs.dit,-était en face d'une des portes
de la ville et'eocupé par les troupes qui étaientiderenues l'avant:
garde de l'armée hourguignonne, on voyait une autre :inaison. da
plaisance, avec cour et jardin, ‘et ayant: sur le dérrièrs deux où
trois potits sncies. Ce fut là que, de son oûté, le-rei de France étas
blit son quartier géuéval.. ILne prétendait pas À de grands talonés
#1È QUENTIN DUR WARD.
militaires, mais il était indifférent au danger, ëa profondé sagacité:
lui fournissant -aïsêment les moÿens de lui faire face : if sut. tou
jours choisir etemployer les hommés les plas habiles dans cetart,
et il mettait en eux, à cet égard, une confiance dont ‘ils- -se mon-:
trèrent toujours dignes: Louis et les principaux personnages de-
sa suité occupèrentt celte maison dé plaisarice; une partie des ar-
Chers ‘de sa garde écossaise s’établirent dans la cour; où quelques
bâtiments pouvaient .leur servir d’abri.contrè le‘mauvais temps,
ét le reste bivouaqua danse jardin. Quant aux autres ‘troupes
françaises, elles s’établirent-dans les environs, en bon ordre, et
l'on plaça des postes avancés pour donner l'alarme en cas d'alta-
que. Dunois et Crawford, aidés de quelques vieux officiers et
soldats, au nombre desquels le Balafré se faisait remarquer par
son activité, réussirent, en abattant des muraïlles, en perçant des
haies, en'comblant des fossés, à rendre les communications faci-
les entre ces différents: corps et à leur assurer les moyens d'agir
de concert en cas de nécessité.
Cependarit le roi jugea à propos & sè rendre sas cérémionie at au
quattier général du duc de Bourgogne, pour prendre connaissance
du plan d’opérätiôns, et s'informer en quoi et comment ce prince
désirait qu’il y prit part. Sa préséntce nécessifa la convocation d’un
Conseil de guerte auquel, sans cela, Gharles n’eût point songé..Ins-
truit de cette circonstance, Quentin Düurward sollicita l'honneur
d’être admis dans l'assemblée ; comme ayant uñe communication
importante-à faire aux deux princes. Cette permission ne lui fut
pasaccordée sans beancoup de difficulté ; et Louis éprouva la plus
grande surprise’en l’entendant détailler avec calme et précision'le
projet coriçu par Guillaume de la Marck de faire une sortie noc-
turpe, à la tête de troupes qui devaiént porter l’üniforme français
et marcher sous les bannières de cetté nation. Luis aurait sans
doute préféré que des nouvelles si importantes lui eussent été
communiquées ‘en particulier ; mais comme elles veriaient d’être
annoncées en public, il pensa que vraieæ ou fausses, elles méri-
taient que l’on y fit quelque attentn. :
: « AuCunement, aucunement, » dit le duc.avee un air d'insou-
ciance; « si un tel projet eût existé, ce ne serait pas ün archer dé
la garde écossaise qui viendrait me le révéler. — Quoi qu’il en
soit, beau cousin, répondit Louis, je vous prie de faire bien atten-
tion, vous et vos capitaines, que, pour prévenir Les conséquences
funestes qui pourraient résulter d’une telle attaque, si elle avait
. CHAPITRE XXX VI. .* AB
lieu, je. veux: donner ordre À mes soldats de porter une écharpe
‘blanche à leur bras. Dunois, allez sur-le-champ faire exécuter
.cet ordre, © c'est-à-dire. ajouta-t-il, si notre beau cousin qui esten
même temps notre général, l’approuve..— Je n'ai pas d'objection
à y faire, répondit le duc, si les chevaliers français veulent-courir
le risque d’être surnpramés à l'avenir Chevaliers de la manche de
chemise.—Ge serait une dénomination: assez juste, notre ami
- Charles, dit le Glorieux; si:l’on considère qu’ une-femmie doit être
-la récompense du plus brave. —Bièn parlé, Ja Sagesse! dit Louis.
-Bonne nuit, beau ‘cousin, jé vais .m’armer : eh mais! si je gagne
moi-même, si j 'acquiers te droit d’épouser la conitesse, qu’en di-
rez-vous? — Votre Majesté, » répondit le duc d’un ton. ‘de ‘voix
altéré, « devra aloïs devenir un vrai flamand. — Je ne puiss ».ré-
pliqua Louis du ton de la plus entière confiance, « l'être.plus que
je-ne le suis déja ; je voudrais seulement que mon cher cousin en,
fût persuadé. n , et
Le duc ne répondit au roi qu en n lufsoühaitant: une bonne nuit,
avec un accent qui ressembiait assez à l'espèce de ronflement que
fait enteridre un cheval fougueux qui se refuse aux caresses par
lesquelles son cavalier cherché à à le flatter lorsqu' il se dispose à le
monter, . .,
« Je lui pardonnerais xolontiers sa äupicité, » dit le duc à Cré-
vecœur pendant que.le roi s’éloigriait, «mais je ne puis lui par-
donner de me supposer assez fou pour être dupe de ses protesta-
tions. »
Lonis, de son côté, avait.s ses confidences à faire à Olivier le
Daïn.en rentrant à son quartier général. « Cet Écôssais, Jui dit-il,
est un tel mélange de ruse et. de simplicité, que je ne sais qu’en
faire. Pâques-Dieu ! quelle impardonnable folie de vénir révéler
le plan dede la Marck, et cela en présence de Charles, de Crève-
__ car et de tous ces Bourguignon, au lieu de me le conter à Fo-
rele, afin de me Jaisser au moins le, choix de lé-fàvoriser ou de
le déjouer ! — Il vaut mieux qu'il en ait agi ainsi, répondit Olivier.
Il ya dans votre armée beaucoup de gens qui se-feraient un
scrupulé d'assaillir, les Bourguignons sans y être provoqués, ou
de séconderlesprojets de Guillaume de la Marck.— Tu as raison,
Olivier, reprit le mpnarque; il $e trouvé de tels fous dans le
monde, et nous n’avons pas le temps nécessaire pour neutraliser
leurs scrupules ‘au. moyen d’une petite dose d'intérêt personneR
Hl faut que. nous SOYONS, Pour cette nuit du DACUEN atr
$ LE) sr
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ON dé
et
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T2, CS
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39 mm . DA
æn — QUENTIN DURWABD.
Miés. dé le Bourgéné. Avecle temps, In-chameE pont owéner'ut
‘hots donner meilleur jeu. Va-porter l'ordre :qué personne ve
‘Quitte ses:brmes, ët qus, si'besoin en-e8t.:on Eharge aussi vigurs.
reusernent ceux qui. crieronit : France et Montjoie Sir-Dit
que s'fis crinient : Enfer et Sétén ? Moi-ftibrie je vaisthe coticher
dout armé: Dis à’ Crawford de plecer Quentin Darwird à Fexiléé
:tmité de nôtre Higne de séritineflés, 16 plus prés possiHié de Pa ville
L-est juste qu'il soit le prenribr à profiter de l'avaritège qéfil'atiets
a donné en fisant commaftré l'attaque projetée. Bu le Borftionr
% sen tirer, je l'en: fékicite d'avarice… Mais, Omer, Pettds th
Hein tout particulier de Martius Galeütti; fais:le refñitrer à T'æriôre-
garde, dans quelque endroit où isoitaue et sûreté quepéséhi.
“Haine trop lé danger, et.serait'aez fort pouf vouloit tre Shen
wèr et 'phflosophe ‘tout ensemble. Veille Atout eétà, (OÂVIEY, 6
. boéte nuit F'PiHasent Notre-Dame de Cléry ët monsehghour M
Martin de Tours me protéger pendant mon somnteAt
» CHAPITRE XXXVII ET DERNIER. :
. LA. SORTIR. ,
tee eo ee, 2 No:
n regarda ‘et vit une | foule innombrabfe sortir des
| pores de La vie + NHLTON, Le PAraÉPresnéee |
Un profofd: élènce régna piento dans t& gtaride artidé qui
campait sous les mürs de Liège. Pendätit atelque fers es éris
des spidats répétant kurs sighaux et éherchant à vojdimire leurs
vomibreuses’bannières; retentirent cormeles aboiement# de chihs
“égarés qui cherchent Jeurs maîtres: mais-enfin ; acosblés fair les
tatigues ‘de-cette jourmée ,'ils se rénmivétit en foulé sous totis Tes
wbris qu'ils pouvañent rencomtrér, ef ceux qu? h’en ouvrent
aucun s'étendent de hssitude le Tong des'riitirs, des traies, pan
tout erifin où ñs pouvaient étre protégés contre leventiet la plais,
pour attendre ke fevér du doleil que plusieurs d’entr'eux % de-
valent jarriais roveir. Le sommeil étendfit ses ailes sûr tous, etvepté
eur'eeux qui, malgré jé besoirret 1x fatigue. étaient de garde de-
vent les iaisons bceupées parle roi ef par le dtic. °
… Les danigers et les espérances du lendemain , les prujéts rtiôme
de gloire que beaucoup de jeunes nébles dyient for en son
CHAPLERE KXZXVI. ‘1
-gomt au prix magaifiquenque l'an éffexit: à oehai Qui seiait assez
“hecreax.pour venger lomeurtre de l’évéquè-dé:Liége, s'évanani-
_pontde Jeur:esprit à mesure qn'ils cédérent à la fatigne et au
sommbil. mien était pasainsi de Quentja Durward. Lacertitqle
… d'être de seul. gi pât reconnaître de la Marck :dans la.mélée. de
souvenir de celle qui lui en avait fourni Je moÿb0. et l'hpuvoux
.amgurerqu'il-tisait de de mwnière.dont cette, isfarmationlui était
parvenue ; la pensée que le destin l'avait placé dans üne rrisopé-
Sillegse., ileët vrai, msis dent la tonséqiente probable élait de
.… ni fesmmir l'occasion de remporté le plus-bouu triomphe , cha
Swsat. bein de dui toutepavie-de derœir. ei fui domadvent üne:
nouvelle fonce pour:résister à fatigue.
: Mlacé, par midre enprès du; roi au-poste je plus avancé entre
detcamp: français et tx ville ,-qui.s'étendait vers la ‘invite du’ fau-
_:koung dent mous Hvous ‘af: parlé , à aurait voulu:percer “de des
‘yeux les puisses murailles qui étaient devant lui, it forcer des
‘oreilles à saisir le moinire broit qui pourrait-ærinoncer -queRjue
mouvement dans la vile:sssiégée. Mais les immenses horloges-ile
Liége avaipnt sommé tour à tour trois heüres après ‘minuit, tout
-contimuait à être catre ét-stlenvioux comte ‘ls tombeau.
Enfin, à l'instant où‘il coemmenvait à croire que ta sottie profe-
tée n’aurait lieu qu’au point du jour , et ‘qu'il se ‘disait tyoc jdie
‘qu'il pourrait, dans ce Gas, régsrmaftre plas fac#emiént'h fâcheuse
‘barre qui traverse les fleurs-de lis dans lésurtnoiries da bâtard
d'Ovléens ; il crot entendre dans la ville‘ un hruit semblablé au
eurdongement d’abeilles en rumeur , lorsqu'elles se préparent à
| ‘défendre leur ruche. Il prêta l'oréikle : le‘bruit-continuaît, maissi
sourd et si vague, qu'il pouvait être le murmure duvent qui agi-
‘tait les’branches des arbres d’an petit bois situé.dans-le voisinage,
“eucelui de quelque ruisseäu gonflé parla pluie de la soirée pré-
cédente, et qui se jetait avec plus de rapidité que de coutume ,
dans les flots païsibles de la Meuse, dont il troublait le -vours. ‘Ces
+éflexioes empêchèrent Quentin de donner l'alarme, :car coût
" ‘été. une grade fante que de.la donner: inponsidérément. Mails
Gientôt le bruit-devenant-plus distinct et paraissant:s’approdhèr
de soû poste ef du faubourg à la droite duquel äl était. placé, il
gugeh qu’il était de son devoir de se. retirér aussi.slenciousement
que possible , #t:d’allèr prévenir son-oncle, qui cotamandait din
petit corps d’archers destiné à le soutenir. En un moment tous
furent sur piéd sans le moindre bruit , et bientôt lord Crawford
ar QUENTIN DURW ARD.
était à leur tâte: dépéchant un archer pour donner l'alarme au
roi -alusi qu'aux troupes qui entoraient sa maison, il se retira
avec son petit. détachement à quelque distance derrière les feux
que l’ôn avait allumés pour Ja nuit, afin que la lueur ele trahit
. pas. Enfin le bruit de plus en plüs fort qui samblaitse rapprocher
d'eux cessa toùtà coup; maisils entendirent encoré distinctement
la. marche pesante. et plus-éloignée. d’une troupe nombreuse qui
- S ’avançait vers le faubourg. .
{
.« Ces paresseux. de:Boyrguignons sont endormis-à leur poste, »
dit Crawford à demi-voix ; .« courez au faubourg ,. Cunningham ,
et réveillez ces.bœufs stupides.— Et pour vous y rendre, faites un
détour sur les derrières; dit Durward ; car, si j'ai jamais su recon-
. naître des hommes en marche ,-ua corps de troupes considérahle
- . a passé.entre nous et Le faubourg. — Bien .parlé ,. Quentia , -hien
. parlé, mon brave camarade! dit Crawford : tu es un soldat.plus
expérimenté que. ton âge ne devrait le faire espérer. Ces gens-là
. ne font halte que pour donner aux autres Le temps de les rejain-
dre : je.vaudrais savoir jilus précisément. où ils sont. — Je vais
me glisser de <e côté, milord , afin de les reconnaître si je puis.
— Va, mon.enfant: tu as de bonnes oreilles, de hons yeux et de
--la bonne volonté: mais he t'expose pas trop, je ne voudrais pas te
perdre pour trois placks 1. »
Quentm, portant.son arquebuse de ménière à à faire. feu au pre-
. mier besoin, -S’avañça sur ‘un. terraîn qu’il avait observé avec soin
, au déclin du jour précédent , jusqu’à es qu'il fût certam qu'an
. grand corps de troupes dont il s'était approché s’avançait entre le
. Quartier du roi et le faubourg, précédé d’un détachement pou.
: nombreux qui avait fdit halte à si peu de distance du lieu où il se
. trouvait, lui-même , qu’ entendit les soldats ‘parler ensemble à
voix basse comme s'ils se fussent consultés sur. ce-qu'ils devaient
_ faire. Enfin deux ou:trois enfants perdus de ce détachement , qui
S’étaient avancés en éclaireurs; s ’approchérent de lui presqu’à la
. distance de deux: piques. Voyant qu'il ne pouvait fre rétraite
sans être aperçu, Quentin cria: « Qui vive?—Vive Li... Li.:.6...ge,
c'est-à-dire, Vive la France! » Fépondit un soldat, criant ausg-
sitôt sa première réponse. :
Quentin. fit feu de son arquebuse et": un “homme tomba en
poussant un gémissement ; quant à lui ; eruyant une décharge
4 Monnaie de cuivre écossaise. À. M.
CHAPITRE XXXVIT. m1
irrégulière et à toute volés, il retourna en toute hâte vers ses ca:
maradés. Ces coups de feu ; qui partaient de tous les points de la
colonne ememie , montrèrent qu 'elle-était plus norsbrouss, qu'il
ne Favait d’abord sapposé. ‘+
—v«Admirablement, mon digne garçon! dit Greord; et main-
tendnt, mes braves; retirons:nous sûr 1e quartier général qu roi :
nôus sommes trop peu de monde pour jeurenir tête en FASG-Catir-
pagne. » Ts
Ils-se retirérent dans la cour r ét dus le jardin'de la maison où
était logé le roi, et y trouvèrent tout préparé pour faire bonne dé-
‘fense. Louis:lüi-même s’apprôtait à monter à cheval ‘ |
. .—« Où allez-vous, Sire? lui demanda Crawford. Vous êtes plus.
en:sûreté.ici, entouré de votre propre garde.—Non pas, répondit
Louis, il faut que je me rende sur-le-champ auprès du duc.'Il -
importe qu’il soit persuadé de notre bonhe foi dans ce moment
mêrne ; autrement nous aurions tout: a la fois sur iles ‘bras ef les
Liégeois et lés Bourgüignons. »
- À ces mots s’élançant en selle ,‘il drdonna à Dunüis de prendre
| le commandement des troupes françaises qui étaient placées-hors
de la maison, et à Crawford d'en défendré j'intéfieur avec-ses ar-
- Cherset ses autres gardes. Il fit atancer deux sükers {et autant de
fauconnaux , pièces de campagne ‘en. usäge à œtte épodue, qui.
avant été laissés à environ un demi-raïHe en arrière, et re00m-
manda que chacun tint ferme àson poste, défendant en même
tempa.que personne.ne.se portât en avant, quelque.succès qu'on
-pût obtenir. Après avoir donné ces ordres, Louis piqua des deux,
et eourut vers le quartier-général du due de Bourgogne. .
Le délai qui permit de prendre ces dispositions fut dû à cé que
Quentin, par un heureux hasard ; avait tué le propriétaire même
de cette maison, qui servait de guide-à la colonne destinée à Fat-
taquer ; or, si cette attaque eût été faite par surprise . elle aurait
probablement obtenu un plein succès. |
Durward ; par l’ordre du roi, le: suivit chez le duc. Ils trouvé- |
rent ce dernier dans un tel transport de colère, qu'il était presque
hors d'état de remplir ses devoirs de général ; cépendant le smg-
froid n’avait jamais été plus nécessaire ; Car indépesdamment d'un
combat furieux qui se livrait dans le faubourg. ,.Bar la gauche de
l'armée, ei et dont le bruit peu a éloigné parvenait jusqu'à eux ; ; outre
r
4 Ce mot allemand signifie proprement ravageur, À, M. -
7m _ QUENTIR DUE WARD.
Pattéqes dirinéb-sur Je quastier gériéral durei, platd:ae centre, ot
qué étuit chaudoment repoasée, nue troisième ccionne: de Eié-
guois ; sopérisure on nombre-sux deux antres, sttie par Une
brèche plus éloignée, et s ‘avançant par de petits sentiers, des vi-
gues et_des cheniiné de trarerse qui leur étaient bien connus,
venait de tomber sùr le flanc droit des Bourguignone 065 trobges,
éffragées par:lôurs eris de : Pâte la France ! Monigoial Saint-
_ Denis! mêlés à ceux de Liége! Sanglier Rouge, èt soupçonnant que
les Francais leurs confédérés les trahéiemebt. ne Grent qu'une
füble et imparfaite résistance, tandis que l dac:écunmant de
” rage, jurant, maudisent-son ssigfneur suserum et.tesst ce.qué lei
.-@ppartenait, criait qu'on tirât indistinctemént. au. toub oe--qui
-Était Français noirs où blancs, éuisatit allusion aux échmpes blne-
* thespar Iroqueiles Louis avait vois que ses s0dets fussontdistih-
gas.
| L'érrivée du roi dui h'était suivi que d'une tingaine d'evehers,
parmi lésquels figuraient Quentin et le Batafré, rétablit :ja.con-
finnce, D'Hyabbroont, Créyecgar et d'autos généraux bôur-
‘Baignions dont les noms élajent alors l'ofgacil de leus paÿs et M
terreur dé 305. 6huvthis, se yrécipitèront . pleins d'an noble dé-
vouertiont, ‘vers-le lieu du combat ; et tandis que:les uns se hà-
tuient de fre avanesr les topes les plus-éloignées, auxquelles
la terreur panique ne 5était pas encore fait scutir , les autres, 50
jetant au-milieu de lamôlée, rnimaient l'instinct-de la disocigine.
Le duc kti-néme-se mettant à.la tête de-sés sokiats , gosahattit
comue ui sjmple home d'armes. À cette vua, es Rourguigaons
. “reprirent geu:à peu. leurs rangs, et front sur les assaillants un
feu bien nourri. De son côté Louis se conduisait en‘capitaine plein
Je sang-froid , de calme et xle-smoité, qui-ne fuit mi ne cherche
. 6 danger; il montra tant.de prudence et une telle justesse d'es-
prit, que les chefs-bourguignuns eux-mêmes exécætaiont comme
à l’envi l’un de l’autre tous les ordres qu'ilidonnait.
.Btontôt lé combat devint une. scène. des plus hofribles. Après
wnc lutte acharnée à la gauche, le faubourg fui livré,aux flam-
mes, et cet. ‘immense , cet effroyable incendie n'empéchait pas
qu’on: s'en disputât encore les ruines. Au äcpére, les troupes
françaises, quéique pressées par des forces inymenses, faisaiont
un. feu si contiauel et:si bien soutenu , que la lust-haus était en-
tourée d’urie couronne de lumière, semblable à l’auréole d'un
martyr. Sur la gauche, le combat se soutendit ayec.des sacçès
ÆHAPTISS XEXVE. 40
variés, suitent. au il'amixait atx Liégeois de nouveaux ronforts
:de da ville ou Gui Bourguignons des vorps .de réserve... On 58
-battit tinsi pendant trois môrtelies heures; avec un acharngment
toujours.égal, jusqu'à cc qu'enfe fes premiers rayons de l'aurore,
Æant:désirés par-ls dssiégeants, brillrent à l'horizon. Alors des
“efforts de:l'xamemi patürbat se ralentir dur la droitéet-au core,
et Fou entendit plusieurs détharges d'artillerie -qui'parteient de
la lust-haus. — Bénie soit la sainte Viergol + s'écrig le roi dès que
\cétée détonnatiôfi eut frappé des orfoilles, « les sakurs et los ‘fau.
-Cbaheus 80n arrivés; 14 lubé-hads n’a plus riëh à craitdre, Puis,
-2e tournant vérs Quentin el de Balafré : « Allër, ajouta-il; allez dire
à Dunois dé s0-porter sur la dreite, eñtre.la lusthmis et la ville,
“hais aussi prés que possible de coHé:oi ; avec ous Des hommes .
armes, on:laissant toutéfois pour déferidre la maison les fbrees
mécéssaires, hfin d'enspéoher quil n'arrive plus aueuR. renforé à
-ces.vbetinés Eiégoois. »
- L'pracle ét1e nevoë partiront at ssioe, etse roardifent euprès de
Duriois et de Grawfohd , qui, imputients de preridre enfin l'offen-
sive, obéirent-avec joie. Sortant done dela maïsoh 4 le: éétts-de
deux: cents gentilshomines fiunbais econpagnés de kétrs ébu père
èt choisis parmi tes plus intrépides, auxqèls se. joignirént ufe
‘partie des archers dela gatde écossaise, Hs" traversèrent lb then
ee bataille ; foulant aux pieds:les rhorte-et des blessés ;‘juequ'à 60
-qu'enfin -Hs atlaigairent ke-flanc du corps principal’ des Lidgebis
qui aval attaqué lu droite des Boërguignôns avec. une furie e%-
-&rême. La lumière du jour , qui devenait de plus en plus sensibla,
Leur fit voit que l’enhemi faisait sortir de nouveaux:renforts de da
ville, seit pour continuer le combat de ce côté, soi pour soutenir
Les troupes qui étaient déjà bagagées. 4
— «Be pat:.le ciel! » dit le vieux Crawford à Dunois, si je n'étais
certain que-c'est toi qui es à cheval à mon côté, je dirais que je te
vois au milieu de ces fourgeeip et de ces. bandits , es mettant-en
drète et tenant son Hâton decommanidement à la mein ; seulement
si c'était toi, tu serais plus gros que. de’coutumie. Est-tu bien sûr
-qut ce chef armé ne soit pas toit wraith, ton homme double, eorame
disent.ces Flamawds? — Mot wr&iih | répondit.Dunois; je ne sais
ee ue vous voulez dire; mais cé qu'il y'a de sûr; c'est que je vois
un pondhrd tui porte mes armoiries sul son bouclier ; et je vais
ls punir de cette insolence. —- Au nom de:teus les saints Lmon-
scigoeur;, s'écrit: Quentin, sbandonnez-anoi le soin d'en: tirer ven-
‘480 QUENTIN DURWARD.
geance. — À toi, jeune homme ! ! dit Bunbis ;-an vérité, cette de-
mande est très-modeste! Non; non; ces sortes d’affaires ne peuvent
‘se faire par substitution. » Et se tournant vers ceax qui Fenton-
raiènt : « Gentilshonimes français ; e’écria-t-il, formez vos rangs,
abaissez vos lances ; marchons én avant | Faisons pénétrer les
| rayons du soleil levant: à trayers les bataillons dé: cs .péureeaux
de Liége, de ces marcassins des Ardentes, qai se travestissent
‘avec nos anciennes'armoiries. ».
Tous les chevaliers répondirent par de grandé ons : «’Bemois !
Puünois! Vive le fils du hardi Bâtard !:Orléans, à la resbousse ! »
et, entourant leur chef, is chargèrent au grand galop: Fils ne
rencontrèrentpas un-ennemi timide. Le corps nombreux qu’ils
chargeaient consistait entièrement en iafanterie à Fexesption. de
quelques-ofliciers cheval. Le ‘premier reng mit un:genèw en
terre en. appuyant le bout:de leurs lances. contre leurs.pieds; le
second. se courba légèrement ; et le troisième ; présentant leurs
lances par-dessus. kx tête de leurs compagnons }: Offraient à la
: Charge rapide des hommes. d’armes une résisthnte semblable à
celle que le hérisson présente à son ennemi. Peu d'entre eux
réussisserit à se frayer «un ebemin à travers ce mur'dé fer; mais
Dunois fut de ce petit nombre. Donnant'de l’éperon à son cheval,
‘il fé faire à ce noble’ animal. un Bond <é plus de doaze pieds , et
pénétra ainsi au milieu de cette phalange ; tout aussitôt il se pré-
cipita-vers l'objet de son animosité. Mais quelle fut sa surprise en
voyant encore Quentih près de ur et combattant au môine"vang'
La jeunesse, ‘le courage -excité par l'espoir, la ferme -détermi-
nation de vainere ou de mourir, avaient maintenu le jeune Éeos-
sais sur la même ligne que le plus iustre.chevälier de ce temps,
car telle était la réputation: de Dunois en Franceet par toute l'Eu-
rope. : . .
Leurs Jaices fürent bientôt rompues: mais les iansquenets ne
purent résister aux coups de feurs longues et pesantes épées,
tandis que les chevaux et les cavaliérs, entiérement couverts de
leur armure d’acier , sentaient À peine les eoùps qui leur étaient
portés. His luttaient à l'envi l’un de l’autre, afin de pénétrer jus-
qu’au guerrier qui avait usurpé les: armes de: Dunois, et qui,
entouré des siens, remplissait toùs les devoirs d'un bonret vaillant
capitaine, quand Dunois, en. apereevant un autre dans la mêlée ,
qui portait sur sa tête une hure de sanglier garnie de ses défen-
ses, dit à Quentin : « Tu es digrie de venger l’insulte faite aux
CHAPITRE XXXVI, 41
armoiries d’Orkans, et je t'en laisse ke soin. Balafré, soutiens
ton neveu ; mais que personne n'ose disputer à Punois l'honneur.
de donner la.chasse au véritable Sanglier.»
:# Ainsi qu’on peut bien s’en douter, Burward reçut cetié mission
avec joie , et ehaeun d'eux s’efforça de se frayer un chemin Vers,
celui qu'il voulait combattre et vaincre , suivi el soutenu par ceux:
qui purent rester à ses côtés. .
Mais, en ce moment, la colonne que de a Marek se proposait
de secourir quand il-s’était vu arrêter par Dunois dans sa course,
avait. perdu tous les avantages obten us. par elle pendant.la muit ;
tandis que les Bourguignons ; au contraire, avec le retour de
l'aurore, avaient reconquis ceux quupe discipline supérieure
manque rarement d'obtenir. La grande masse des Liégeois , forcés
de battre en retraite, se mit à fuir en désordre ,.et vint retomber.
sur les lignes de ceux qui étaient engagés avec les Frapçais. Alors
on ne vit plus qu’une mêlée confuse de combattants.et de fuyards
se dirigeant vers-les murs de la ville, dañs laquelle les Liégeois
rentrèrent par la brèche immense et sans défense que avait favo-
risé leur sortie. __ <
. Quentin fit des efforts au-dessus de l'âpmanité pour atteindre.
l'objet de sx poursuite, qu'ik ne perdait pas de vu un seul'instant..
et qui, par ses cris et par son exemple, s'efforçait de renouveler
le combat à latête d’une troupe choisie de lansquenets. Le Balafré
et quelqnes-uns de ses camarades, toujours aux côtés deOuentin,
s’émerveillaient de la valeur exfraordinaire que dépiayait un si
jeune soldat. Sur la brèche, de la Marck, car.c’était lui-même ,
réussit à rallier un moment sa troupe et. repousser ceux. des
assaillants qui les serraient de plus près. Il tenait en main-une
-massue de fer devant laquelle tout semblait tomber, et il était telle-
ment couvert de sang que l’on ne pouvait plus distinguer sur son :
bouclier les armoiries dont la vue avait si fortement irrité Dunois.
Quentin trouva alors peu de difficulté à J'aborder, car la posi-
{ion avañtageuse qu’il oceupait. et l’usage qu'il faisait de sa ter
rible massue, engageaient le plus grand nombre des assaillants à
chercher un point d'attaque moins dangereux que celui où se
tenait un défenseur si terrible: Mais Quentin, qui connaissait
toute l'importance de la vietoire qui serait remportée sur un si
formidable antagoniste, $e précipita à bas de son cheval au pied
de la brèche, et abandonnant ce noble animal, présent que lui
avait fait le duc d'Orléans, s’élança au milieu de cette nouvelle
p *_ QUENTIN DÜRWARD.
mêlée et” gravit les déconibres , afin d'alfer mesurer ses érmes
grec'velles du Sanglier des Ardenhes. Ce dérhièr, comme sil eût
deviné l'intention du jéune Écossais, se tourna vers luf, Tæ mas-
sue hâae, et ils éthieñt surle point d’en venir aux mains , quand
des cris tumaltueur…t de triomptie auxquels se mélaient ceux de
la frayeuriet du désespoir, annoncérent que les assiégesnts étaient
entrés dans h vilke par un autre côté, et qu'ils menacent de
prendre à revers les défenseurs de la brèche. À ces cris d’alartne,
dé la Marck abandünña sa position, et rassemblant autüur de
lui, à l’aide du cor'et dè-la voix, ceux qui voulaiènt partager
son destht désespéré, il s’efforça d'effectuer sa retraite vérs une
partie dela ville d’où il pourrait gagner l'autre côté de la Meuse.
Les soldats qui le suivirent formaient un corps considérakle et
bien discipliné ; et eés hommes farouches, n'ayant jémiis accordé
quartier à teurs ennemis vaincus, n'étaient nullement disposés à
le demander. Dans ce moment de désespoir, ils se retiraibnt duns
k méilleirotdre : oécupant toute la largeur dé la rüe, dé temps
à autre ils faisaient face à l'ennemi, et parvénalent qüetquelois à
l'arrêter; ear plusieurs de ceux qui les poursuivaîent éommen-
énient dGà à chercher une occupation moins dangereuse en bri--
sant les portes des maisons afin de les :méttre au piflagé. f est
donc prübable que de la Marok, saëhé. par son déguisement à
tous-ceux qui se promettaient des honmetrs et-de la gloire en
faisant tomber sa tête, aurdit pu s'échapper sl n'eût été pour-
gaivi par Quentin , son enelé le Bafafré, et quelques-uns & lears
__ eamarader. Chaque:fols que les larisquenets s’arrétaient, un com-
‘bat furieux s'engageait entre eux et. les archers, et chaque fois
Quentin cherchait à joindre de la Marék; mais celui-ci, qui n’a-
vait d'autre but que d'effectuer sa retraite, semblait voaloir éviter
en combat singulier. La confusion était générale : les cris des
fermes, les horribles clameuss des habitants exposés à toute la
licence d’une soldatesque effrénée, formaient un turuite non
mois épouvantable que celui du combät : on «trait dit que la
voix de la douleur et du désespoirlutia avec celle de lt vicienee
et de la fureur; qui se faisait encore-entendre avéc force, quoi-
qu'elle s'éloignât de plus .en plus: ;
A l'instarit même où de la Marck; faisant sa | retraite de cette
scène d'horreur, venait de passer devant la porte d'une petite
chapelle pour laquelle les habitants de Liége avaient une vénére-
tion toute particulière, les cris-de « Franee ! Prancel Bourgogne:
CHAPFISE XARVI.. | "ÿ
Bourgogne ! » Hi agprirent.qu'une partic des assiégeants, arvixait
par l’autre extrémité de le rue, qui était fort étroite et que par
conséquent Ja retraite lui devenaitimpossible, .
« Conrad, dit-il.à son lieutenant, prenez avec vas. tous Leu
braves gens, chargez vigoureusement les coquins-qui s’apprôtent
à nous tomber sur les bras et tâchez de vas frayèr passage à
travers leurs rangs, Quant à moi, tout est dit; ‘d'ai toujours com:
battu en brave, maintenant le fangker. est aux ab6is; cependant
je veux. engore dépêcher aux enfers quelques-uns de +e5 vage-
bonds d'Écpssais, afin qu'ils aillont y annoncer OR SIT ivÉe, ne
Conrad obéit, et, à la. tête. du patit nomhce de soldais Qui lui
restaient. se précipita vers l'extrémité de le rue, dans le deseeis
de charger les Bourguignons et de se fraxer un passage du mien
d'eux. Cinq ou six des plus braves et des plus dévoués, déterrmi-
n$s à. péri avec leur chef, restérent auprès de-de la, Marck, et
firent, face aux archers, qui n'éfaiont guère plus nombreux,
«Sanglier : Sanglier [» s'écria celui-ci en agitarit se masstie. «Holà!
très-nobles Écossais, qui: de vosis.veut gagner upe couronne de
comte? qui veut emporter la tôte du-Saaglier ? Vous semblez aut-
bitionner çette faveur, jeune homme , mais À Les gagner le prix
ayant de mettre la main defsus.” ,
Quextin n’entendif ces paroles qu “imparfitemeht, parce qi elles,
furent étouffées par la visière du casque de de la Merck; mais le
mouvement quiles suiyit bientôt ne put lui laisser aucun doute;
car, à peine avait-il eu ls temps. de crier à son oncleet à ses cama-
rades de se tenir en arrière s'ils étaisnt de vrais gentilahommes,
que de la Marçk.s'élança sur lui avec le bond d'un tigre, faisant
tournoyer sa massue de manière que, retomhant au moment même
où ses pieds toucheraient la terre, le coup dont il menaçait son
antagoniste ft aggené avec toute sa force, Mais Durward, qui
avait le pied aussi léger gne l'œil:vif, fit un saut de ‘côté, et es
quiva une atteinte qui menñaçait de‘lui êtra si fnneste. . ,
Ils s'abhordèrent alors, eomme le.leup et le ‘chian: du. benger ..
leurs compagnons restant. de chaque côté spertateurs oisifs du
combat ; car le Balafré, saisi d’admiration devant un si beau apec-
tacle, criait de toutes ses. farces : « Laisaez-les faire ! lnissez-lea
faire ! Mon neveu en. viendra bien à bout, cer, par-ma foi! il ES
toute la valeur de Wallace ! !+
4 Un des plus illustres champions de la nationalité écossaise, Voyez PAistoire:
dAcosse, par sir. ‘Water Scott, À. x.
. 48 QUENTIN DURWARD.
Sa confiance ne-fut pas trompée : quoique les coaps du brigand
” réduit.au désespoir tombassent sur le jeune ‘Écossais comme ceux:
du marteau sur l’enclume, la vivacité des mouvements de celui-
‘ci, son adresse à manier l’épéé , lui fournissaient le moyen de les
éviter tout en les rendant avec -la pointe de son arme, plus sûre
quoique Moins bruyante ; et il en joua si bien et avec tant de suc-
cès, que les forçes de son adversaire s’épuisèrent avec son sang,
qui bientôt coùvrit la terre. Cependant, soutenu par le courage
et la colère, de la.-Marck combattait toujours avec la même éner-
gie, et la victoire de Quentin paraissait encore douteuse et éloi-
gnée, lorsqu'une voix de femme se fit entendre derrière lui en
l'appelant par son nom et en criant : «Au secours ! au secours!
_ pour l'amour de la sainte Vierge!» |
Durward tourna la tête, et-un simple coup d’œil lui fit recon-
naître Gertrude Pavillon: son manteau lui avait été arraché de
dessus les épaules, et-elle était entraînée par un soldat français.
Entré avec plusieurs autres dans la chapelle où, remplies d’effroi,
s'étaient réfugiées quelques femmes, ce soldat s'était emparé de
Gertrude ; comme ses compagnons des autres femmes , et cha-
éun d'eux les emmenait pour les sacrifier à sa brutalité.
«Attends-moï un instant, » cria Quentin à de la Marck ; et il
courut vérs sa ‘bienfaitrice, afin de la tirer d’une situation dont il
voyait tout le danger. — «Je n’attends lé bon plaisir de personne, »
répondit de la Marck en agitant sa massüe. et il se mit à battre en
retraite, très-satisfait sañs doute d’être débarrassé d’un si formi-
dable adversaire. — «Vous attendrez pourtant le mien, ne vous
en déplaise , répliqua le Balafré; je ne souffrirai pas que mon
reveu reste en si beaü chemin.» Et, à ces mots, il se précipita sur
de la-Marck, avec son épée à double tranchant."
Cependant Quentin éprouva pour délivrer Gertrude plus de ré-
‘sistance qu’il n’en-attendait. Celui qui l'avait choisie, soutenu par
ses camarades, refusait de lâchér sa proie; notre jeune Écossais
fut donc obligé d'appeler à sôn aide deux ou trois de’ses compa-
triotes, et dans ce court espace de temps la fortune lui ravit la
chance-heureuse qu’elle lui ayait présentée. Eri effet, lorsqu'il fut
parvenu à dégager sa protectrice, la rue était déserte, et à s’y
trouva seul avec elle. Oubliant alors quelle serait la situation de
sa compagne si elle était sans défense, ilse disposait à se mettre à
la poursuite du Sanglier des Ardennes, comme le lévrier suit le
daim à la piste, quand cette infortunée , dans son désespoir, s’at-
CHAPITRE XXXVII. A85
tachant à ses vêtements, s’écria : «Par l'honneur de votre mère,
ne me laissez pas ici ! Si vous êtes un véritable gentilhomme, re-
conduisez-moi à la maison de mon père, qui vous a servi d’asile
ainsi qu’à la comtesse Isabelle! Pour l'amour de cette jeune dame,
ne m’abandonnez pas! »
Cette prière, prononcée avec le désespoir de l’agonie , était ir-
résistible. Disant adieu, avec une amertume de cœur inexprima-
ble, aux brillantes espérances qu’il avait nourries dans ce jour de
carnage , et qui semblaient s’évanouir au moment même où elles
allaient se réaliser, Quentin, semblable à un esprit qui obéit à un
talisman dont l'influence le pousse malgré lui, reconduisit Ger- .
trude jusqu’à la maison de son père, où il arriva à temps pour la
protéger, ainsi que le syndic Pavillon lui-même, contre la fureur
d’une soldatesque effrénée. :
Cependant le roi et le duc de Bourgogne entraient à cheval
dans la ville par une des brèches. Tous deux étaient armés de
pied en cap ; Charles, couvert de sang depuis son panache jusqu’à
ses éperons, poussa son Coursier avec fureur à travers cette brè-
che, tandis que Louis la franchissait du pas mesuré d’un pontife
qui marche à la tête d'une procession. Après avoir envoyé des or-
dres pour arrêter le sac de la ville’qui venait de commencer, et
pour rassembler leurs troupes dispersées, ils se rendirent dans la
cathédrale, tant pour protéger un grand nombre d’habitants de
distinction à qui elle avait servi d'asile, que pour y tenir une
sorte de conseil de guerre, après toutefois y avoir entendu une
grand’messe. |
Occupé, comme l’étaient les autres officiers de son rang, à réu-
nir les soldats placés sous ses ordres, lord Crawford, au détour
d’une des rues qui conduit à la Meuse, rencontra le Balafré qui
se dirigeait vers la rivière avec un air et une démarche remplis de
gravité, portant à la main, avec autant d’indifférence qu’un chas-
seur porte une gibecière, une tête d'homme qu'il avait saisie par
sa chevelure ensanglantée. — Hé bien! Ludovic, lui dit son com-
mandant, que voulez-vous donc faire de cette charogne ? — C’est
le reste d’une besogne que mon neveu avait assez bien commen-
cée, et à laquelle je viens de mettre la dernière main, répondit le
Balafré : un brave garçon que j'ai dépêché là-bas, et qui m’a prié
de jeter sa tête dans la Meuse. On voit des gens qui ont de singu-
lières idées quand la vieille au petit dos les agripe, cette vieille
qui, bon gré mal gré, nous force à danser chacun à notre tour.—
QUENTIN DURWARD, 61
486 QUENTIN DURWARD.
Et vous allez jeter cette tête dans la Meuse ?» dit Crawford en con-
sidérant avec plus d'attention cet effroyable emblème de la mort.
— Oui, certes, répondit Ludôvjc ; car celui qui refuse à un mou-
rant sa dernière demande s'expose à être fourmenté par. son es-
prit : et j'aime à dormir tranquillement la nuit. — Il faut que vous
vaus exposiez à voir l'esprit, dit Crawford; car, sur mon âme,
cette tête a plus de prix que vous ne vous l’imaginez; venez avec
moi. Pas de réplique, suivez-moi. — Volontiers, mon comman-
dant ; aussi bien, je ne lui ai fait aucune promesse, car, en vérité,
je lui avais, je crois, coupé la tête avant que sa langue eût fini de
me faire cette demande. Après tout, il ne m'a pas fait peur pen
dant sa vie, et, de par saint Martin de Tours ! il aeme fera pas
peur après sa mort. D'ailleurs, si j'en ai besoin, mon compère Bo-
üiface, le petit moine de Saint-Martin, me donnera une fiole d’eau
bénite. »
Lorsqu'une messe solennelle eut été célébrée dans la cathédrale
de Liège, et que la ville, revenant peu à peu de sa terreur, ent vu
l'ordre se rétablir dans son sein, Louis et Charles, entourés de
leurs pairs, se disposèrent à écouter les réclamations diverses de
ceux qui s'étaient distingués durant l’action. Ceux qui croyaient
avoir acquis des droits sur le comté de Croye et sur la main de
la jeune Isabelle furent appelés les premiers; mais grand fut le
désappoïntement de chacun d’eux, lorsque après avoir présenté
tour à tour les trophées de leur victoire particulière, Üs virent
leurs prétentions réciproques enveloppées d’un voile de doute et
de mystère. Crèvecœur produisit une peau de sanglier semblable
à celle que de la Marck portait habituellement ; Dunois présenta
un bouclier pergé de coups et qui portait les armoiries du Sanglier
| des Ardennes: beaucoup d'autres enfin s’attribyaient la gloire
d’avoir immoJé le meurtrier de l’évêque, s ‘appuyant fous de preu-
ves semblables : tant la riche récompense promise à celui qui
apporterait Ja tête de de la Marck avait armé de bras contre ceux
de ses fidèles soldats qui avaient pris son costume ef ses ar1mn06 !
Des disputes et des contestations s'élevaient parmi les egmpéti-
teurs, et Charles se repentait intérieurement dayoir, Par np pro-
messe inconsidérée, disposé au hasard de la main et de Ja fortune
de sa belle vassale ; déja il méditait sur le moyen d'éluder ce con-
flit de réclamations, quand Crawford, se faisant jour À travers le
cercle, arriva en traînant après lui le Balafré, qui s’avançait de
l’air embarrassé et honteux d’un mâtin aus 8 son maire Lire par là
CHAPITRE XXXVIL. 487
laisse. « Enlevez tous ces cuirs, tous ces morceaux de fer peints,
s’écria le vieux lord écossais : celui-là seul a tué le sanglier, qui
peut en montrer les défenses.» .
À ces mots, il jeta à terre la tête sanglante de de la Marck ; très-
reconnaissable à la singulière conformatiôn de ses mâchoires et à
leuf ressemblance avec telles du monstre dont il portait le nom ;
et aucun de ceux qüi l'avaient vu he put faire autrement que de
le reconnaître.
« Crawford, » dit Louis, tandis düe Charles gardait Je silence
d’un air triste et rêveur, « je parierais que c’est à un de mes fidèles
Écossais que nous devons ce trophée. — Oui, Sire, c’est à Ludovic
Lesly, que nous nommons le Balafré, répondit le vieux comman-
dant.— Mais est-il noble? dit le duc; de quel sang sort-il? c’est
une condition sans laquelle notre promesse est nulle.— Lesiy,
j'en dois convenir, est une pièce de bois assez mal taillée, » dit
Crawford en jetant un coup d'œil du haut en bas sur l’archer,
dont 14 physionomie et la pose droite et roide révélaient en lui
une grande timidité et un extrême embarras,« mais je puis vous
assurer que ce garçon est un rameau de la sonche des Rothes,
maison non moins noble que celle de France ou de Bourgogne,
depuis le jour où l’on a dit de son fondateur : |
Entre Les-lee et le pré jaunissant
._ Il'abaltitie preux et le laissa pisant *.
— 1] n’y a donc pas moyen de s’en défendre! dit le duo; il faut
donc que la plus belle et la plus riche héritière de toute la Bour-
gogne devienne l'épouse d’un soldat mercenaire, d’un soldat gros-
sier, tel que l’est cet homme, ou qu’elle finisse ses jours dans un
couvent? elle, la fille unique de notre fidèle Reinold de Croyc !
Ah | j'ai agi avec trop de légèreté! »
‘ Pendant qu’il parlait ainsi, un sombre nuage s'étendit sur le
front du duc, à la grande surprise de ses pairs, qui rareinent le
voyaient donner la plus légère marque de regret lorsqu'une fais
it avait pris une résolution.
« Un instant, dit lord Crawford ; le mal eat moins grand que ne
le pense Vatre Grace. Veuillez seulement écouter cé que ce cava-
4 Between the Lees lee and the mair
He siew the kniyht, and left him there.
S Nous laissons quelquefois le titre de Grace, au Lieu da celui d'éffétse, qui bei
répond dans votre langue, surtout lorsque c’est un Anglais qui parle: 4. M.
488 QUENTIN DURWARD.
lier a à vous dire. Allons! parle donc, ou que la peste t’étouffe !"
ajouta-t-il en s'adressant au Balafré.
Mais le vieux soldat, quoiqu'il n’hésitât jamais à s'exprimer assez
intelligiblement-devant le roi Louis, à la familiarité duquel il était
habitué, se trouva en défaut en présence d’une assemblée si nom-
breuse et si imposante. Tournant une épaule du côté des deux
princes, et préludant par un éclat de rire discordant, et par-deux
ou trois contorsions convulsives, il ne put prononcer que ces
mots : « Saunders Souplesaw...» puis il s'arrêta tout court.
. «Avec la permission de Votre Majesté et de Votre Grace, reprit
Crawford, je parlerai pour mon concitoyen et vieux camarade : je
vous dirai donc qu’un voyant lui a prédit dans son pays que la
fortune de sa maison se ferait par un mariage; mais comme, de
même que moi, son temps est passé, et qu’il préfère la taverne au
boudoir d’une jolie femme ; en un mot, comme il a certains goûts
et certaines habitudes de caserne qui font que l’opulence et la
grandeur lui seraient plutôt un embarras qu’un plaisir, il suit
l'avis que je lui ai donné, et il cède les prétentions que lui a dévo-
lues le destin en lui livrant la tête de Guillaume de la Marck, à
celui par lequél le farouche Sanglier des Ardennes a été mis aux
abois, c’est-à-dire, à son’ neveu, au fils de sa sœur.—Je garantis
Jes bons services et la prudence de ce jeune homme, » dit le roi
enchanté de voir que le destin avait gratifié d’un prix inestimable
un jeune homme sur lequel il avait quelque influence ; « sans sa
vigilance et sa sagacité, c'en était fait de nous. C’est lui qui est
veau nous prévenir de la sertie nocturne projetée par l’ennemi.
—En ce cas, répondit Charles, je dois lui faire réparation pour
avoir eu quelque doute sur sa véracité. —Et je puis attester sa
bravoure comme hamme d’armes, dit Dunois.—Mais, interrom-
pit Crèvecœur, quoique l'oncle soit un gentillâtre écossais, cela ne
prouve pas que le neveu soit de sang noble.— Il est de la maison
de Durward, répondit Crawford, et descend de cet-Allan Durward
qui fut grand intendant d'Écosse. — Oh ! oh! si c’est le jeune
Durward, répartit Crèvecœur, je n’ai plus rien à objecter : la for-
tune se prononce trop manifestement en sa faveur pour que je me
permette de lutter contre cette divinité non moins fantasque et
pon moins bizarre que son sexe.— Nous avons encore à nous
assurer, » dit Charles d’un air rêveur, « si les sentiments de la belle
comtesse seront favorables à cet heureux aventurier.—Par la
sainte messe! s’écria Crèvecœur, j'ai plus de raisons qu'il n’en
CHAPITRE XXXVII. 489
faut pour croire que Votre Altesse la trouvera beaucoup plus
docile à votre autorité qu’elle ne l’a jamais été... Mais pourquoi
l'avancement de ce jeune homme me mettrait-il de mauvaise
humeur? Après tout, c’est à l'esprit, au courage et à la fermeté,
qu’il doit la beauté, la richesse et le rang.» |
CONCLUSION.
. J'avais déja envoyé à mon imprimeur les feuilles que l’on vient
de lire, et à la fin desquelles se trouve une assez belle leçon morale
qui peut servir d'encouragement à tout jeune homme aux che-
veux blonds, à l’œil vif et brillant, à la jambe bien tournée, qui,
abandonnant notre pays natal, s’aviserait, dans des moments de
troubles politiques, de se jeter dans la carrière hasardeuse ou
dans l'honorable profession de cavalier de fortune. Mais un ami
sincère, un sage conseiller, un de ces hommes, enfin, qui savou-
rent avec plus de plaisir le morceau de sucre qui reste au fond de
leur tasse à thé,que le parfum du souchong! lui-même, m'a fait
une semonce amère, et insiste pour que je rende un compte par-
ticulier et précis des épousailles du jeune héritier de Glen-Houla-
kin et de la charmante comtesse flamande, pour que je décriveles
tournois qui eurent lieu en cette intéressante occasion, et que je
dise combien de lances y furent rompues. Enfin, il exige même
que je ne fasse pas grâce au lecteur curieux, des vigoureux gar-
cons qui héritérent de la valeur de Quentin Durward, et des
aimables filles auxquelles Isabelle de Croye transmit ses charmes,
J'ai répondu à cet ami, par le même courrier, que les temps sont
bien changés,et que La publicité des cérémonies nubptiales est
tout à fait passée de mode. À une époque qui n’est pas encore
tellement éloignée de moi que je ne me la rappelle parfaitement,
non-seulement les quinze amis de FPheureux couple étaient invités
à être témoins de leur union', mais les ménétriers ne cessaient
de jouer en branlant la tête, comme dans l’Ancien Marinier?,
jusqu’à ce que les rayons de l'aurore vinssent frapper leurs yeux.
On buvait le sack-possetS dans la chambre nuptiale; on jctait en
1 Une des meilleures espèces de thé. 4. M.
2 Poëme de Coleridge, un des partisans de l’école moderne anglaise, dite des Lacs,
et à la tête de laquelle se trouve le vaporeux mais profond Worthworth. À. M.
SLe Sack-posset est un breuvage tonique : il y entre du vin, de la crême , du
sucre, des œufs, de la muscade. 4. M.
A9Û QUENTIN DURWARD.
V'air lo bas de la marléet, et sa jarretière était disputée et partagée
en présence du couple fortuné dont l'hymett venait de faire une
seule et méme chair. Les écrivains de celte époque en suivaient
la mode avec un soin minutieux ; ils ne passaient sous silence ni la
moindre teinte de rougeur qui montait au visage de la mariée, ni
le moindre coup d’œil furtif que le marié jetait sur elle; ils comp-
taient les diamants semés dans les cheveux de l’épouse ; ils ne
faisaient pas grâce au lecteur d'un des boutons qui brillaient sur
la veste brodée de l’époux, jusqu’à l'heure enfin où, au lever de
l'aurore, ils conduisaient poliment le couple au lit nuptial. Mais
aujourd'hui, combien seraient ridicules de pareilles peintures,
depuis que les vertus modestes et privées de nos mariées moder-
nes, de ces jeunes, douces et timides créatures, les forcent à se
soustraire à la pompe, à l'admiration, et à la flatterie, et, comme
le bon Shenstone, à chercher la liberté dans une auberge?.
Il est hors de doute qu’une relation exacté de tous les détails et
de toutes les circonstances par lesquels un mariage était rendu
public et célébré dans le quinzième siècle, répugnerait au nôtre.
Isabelle de Croye se trouverait placée, dans l'opinion des belles
d'aujourd'hui, bien au-dessous de la fille qui trait les vaches et de
la domestique chargée des soins les plus serviles dans la maison
de ses maîtres;car celle-ci, fût-elle sous le portail même de l’église,
rejetterait la main du garçon cordonnier, son futur époux, s’il lui
proposait de faire nopces et festins (comme il est écrit en toutes
lettres sur les enseignes de quelques traiteurs dans les faubourgs
de Paris), au lieu de monter sur l’impétiale d’une diligence pour
aller passer incognito la lune de miel à Deptford ou à Greenwich.
Je ne m'étendrai donc pas davantagé sur ce sujet, et je me
déroberai habilement aux noces de la comtesse, comme l’Arioste!
à celles d’Angélique, laissant à més lecteurs la satisfaction de
compléter, s'ils le veulent, la fin de cette histoire, chacun au gré
de son imagination.
1 Usage du temps, et dont voici explication: Lorsqué la mariée était couchée, os
éteignait 18s lumières dans sa chambre,où étaient réubies toutes lus filles de la noce.
Elle jetait son bas en l'air, et si quelqu’une était assez heureuse pour le recevoir,
c'était un présage qu’elle serait mariée dans Pannée. 4. M.
2 Seck for freedom at un inn. Shenstone est un poëte anglais plein de grâce , qu
a laissé bon nombre de poésies légères, 4. M.
3 On sait qu’en Angleterre, immédiatement après la cérémonie nuptiale, la nou-
veau couple s’éclipse, et va passer dans une retraite mystérieuse les premiers jours
de son bonheur conjugal. 4. M.
4 Orlando furioso, c. xxx, 5.16. À M.
CHAPITRE XXX VII. a91
Quelque barde dira, plus fortuné mortel,
Comment de Braquemont s’ouvrit le vieux castel,
Quand au jeune Ecossais, illustré par les armes,
Isabelle eut donné sa fortune et ses charmes.
- FIN DE QUENTIN DURWARD.
IMPRIMERIE DE MOQUET ET C°, RUE DE LA HARPE , 90.