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I
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RAPPORT ANNUEL
PAIT
r F
A LA SOCIETE ASIATIQUE
' _ • •
DANS LÀ SEANCE GENERALE DU 9 JUILLET 1868.
EXTRAIT N" 5 DE L'ANNEE 1868
DU JOURNAL ASIATIQUE.
RAPPORT ANNUEL
PAIT
A LA SOCIÉTÉ ASIATIQUE,
DANS LA SÉANCE DU 9 JUILLET 1868.
PAR M. ERNEST RENAN,
SECBËTAIRB DE LA SOCIÉTÉ A5IAT1QUK.
PARIS.
IMPRIMERIE IMPÉRIALE.
M DCCC LXVIII.
PROCÈS-VERBAL
DE LA SÉANCE ANNUELLE DU 9 JUILLET 1868.
La séance est ouverte à une heure par M. MobI,
président.
Le procès-verbal de la dernière séance est lu et
la rédaction en est adoptée.
Est proposé et élu membre de la Société :
M. Auguste SoROMENHO, membre de TÂcadémie
royale de Lisbonne.
Le Conseil discute le programme du prix de
3oo francs, oflfert par M. le docteur Desportes,
pour être décerné par la Société asiatique à un tra-
vail concernant l'histoire de la langue arabe.
Le programme est arrêté ainsi qu il suit :
(( Rassembler dans les ouvrages arabes, tels que
chroniques, biographies, relations de voyage, traitée
grammaticaux, commentaires sur les poètes, re-
cueils de traditions , les passages qui constatent qu a
des époques plus ou moins anciennes la langue
arabe a été parlée avec les désinences qui servent à
marquer les inflexions grammaticales.
— 6 —
u Rechercher dans les autres idiomes sémitiques
et dans les anciennes inscriptions , celles du mont
Sinaï par exemple , les traces de ce mécanisme. Dé-
finir ce qui appartient à Tidiome primitif et ce qui
revient aux travaux des écoles grammaticales arabes,
dans remploi de ces désinences.
« On se contente d'indiquer ici comme un exemple
des éléments qui devront entrer dans la composi-
tion de ce mémoire : i^ une anecdote rapportée par
Ibn Khallicân dans la vie de Gha'by (Abou *amr
'Amir, page 3^5, lignes 5 et suiv. de Tédition de
M. de Slane); 2® un passage du voyageur AI *Ab-
déry, publié dans \e Journal asiatique, avril-mai,
1845, pages 406-607.
« Les mémoires présentés devront être remis au
siège delà Société avant le 3i décembre 186g.
« Le prix sera décerné dans la séance publique
de 1870. »
Le secrétaire donne lecture du rapport sur les
travaux du Conseil pendant Tannée 1867.
M. Feer donne lecture dune notice intitulée :
Une soirée chez le Phra-Klang [Barcalon) à Bangkok.
Plans de réforme religieuse du roi de Siam,
On dépouille les votes de renouvellement du
Conseil. Le dépouillement donne les résultats sui-
vants :
Président : M. Mohl.
Vice -présidents : MM. Caussin de Perceval,
Ad. Rl^GNlER.
— 7 —
Secrétaire adjoint et bibliothécaire : M. Barbibb
DE Meynard.
Trésorier : M. de Longpériea.
Commission des fonds : MM. Gargin de Tassy,
PaUTHIBR, J^ARSIER DE MeYNARD.
Membresr du Conseil : MM. Lamcereau, Pavet
DE CoURTEILLE, IM SaULGY, DE Si ANE, DuLADRIER,
Offert, Stan. Jdlien, Defrémery.
Censeurs : MM. Gcigniaut, Barthi^lemy Saint-
HlLAIRB.
ouvrages offerts à la société.
Par lauteur. An Arabie -English Lexicon^ derived
from the best and the most copions sources, by
E. W. Lane. Book I. Part 3. :» — ^. London, 1 867,
I fasc. gr. in-4^.
Par le ministère. Traités de paix et de commerce, et
documents divers concernant les relations des chré-
tiens avec les Arabes de TAfrique septentrionale
au moyen âge, recueillis par ordre de TËmpereur
et publiés avec une introduction historique par
M. DE Mas-Latrie. Paris, 1868, gr.in-4^
Par Fauteur. Dictionnaire japonais -français ^ par
Léon Pages. Paris, 1868, à livr. gr. in-8".
Par Tauteur. Ibn el-Athiri Chronicon , quod per-
fectissimum inscribitur. Volumen secundum , edidit
C. J. ToRNBERG. Lugd. Bat. 1868, in-8^
Par Fauteur. MisceUaneous papers chiejfy on scien-
iific subjects , by Seymour Burt, London , 1 868, in- 1 a .
— 8 —
Par Tauteur. A chart offamify inheritance accor-
ding to orthodox Moohammadan Law, by Almaric
RuMSEY. Londoii, 1866, in-8^
Par l'auteur. Histoire des orientalistes de l'Europe y
par G. Ddgat. Paris, 1868, in-12. '- ..
Parlauteur. Storia dei Musulmuni ii5rci7îa, di^tta
da Michèle âmari. Firenze, i*86i8^, in-8^.
Par lauleur. Indische Studien, von Aibrecht We-
BER. Zehnter Band. III Heft« Leipzig, 1868, in-8\
Par Tauteur. Value ofearly Mahometan sources y by
A. Sprenger. Br. in-8°.
Par Tauteur. Les auteurs hindoustanis et leurs ou-'
vrages, par Gargin de Tassy. Paris, 1868, in-8°.
Par Fauteur. La Terre-Sainte y Syrie y Egypte et
isthme de Suez, par Tabbé Laurent de Saint-Aignan.
Paris, 1868, in-8^
Bibliotheca Indice. The Grihya Sutra of Aswa-
/oyana, fasc. IL Calcutta, 1868, in-8^
The Ain-i'Akbari y cdited by Bloghmànn. Fasc. IV.
Calcutta, 1868, in-4°.
Parla Société. Bulletin de la Société de géographie y
avril 1868, in.8^
Par la Société. Journal ofthe Asiatic Society of Ben-
ya/. Parti, n^Il, 1867, in.8^
Par la Société. Proceedings ofthe Asiatic Society of
Bengal y Tf'Vm. IX,X,XL
Par les rédacteurs. Journal des Savants, Mai, juin
1868, in-/^^ .
Par Tauteiir. Des nationalité y par A. Verrier, vu*
et VIII* livr. mars, avril 1868.
— 9 —
Par les rédacteurs. Plusieurs numéros du Journal
de Beyrouth.
Par les rédacteurs. Revue de V Orient, n"" 5 et 6,
mars i868.
Par les rédacteurs. Revue bibliographique univer-
selle , 5* lîvr. juin i868.
TABLEAU
DU CONSEIL D'ADMINISTRATION
CUNFORMBIfCNT AUX NOMINATIONS FAITES DANS L*ASSEMBLBE GBNÉRALB
DD 9 JUILLET l868.
PRESIDENT.
M. MOHL.
VICE-PRESIDENTS.
MM. Caussin de Perceval.
Ad. Régnier.
SECRÉTAIRE.
M. Renan.
SECRÉTAIRE ADJOINT ET BIRLIOTHÉGAIRE.
M. Barbier de Meynard.
TRÉSORIER.
M. DE LONGPÉRIER.
COMMISSION DES FONDS.
MM. Gargin DE Tassy.
Pauthier.
Barbier de Meynard.
— 10 —
CENSEURS.
MM. GoiGNIADT.
Barthélémy Saint-Hilaire.
MEMBRES DU CONSEIL.*
MM.* Langereau.
Pavet de Courteîlle.
De Sadlcy.
De Slane.
Ddladrier.
Oppert.
Stanislas Julien.
Defrémery.
DUGAT.
FOUCAUX.
Sanguinetti.
guigniaut.
Barthélémy Saint-Hilaire.
Brunet de Presle.
Bréal.
Derenbourg.
Le marquis d'Hervey de Saint-Denys.
Sl^DILLOT.
De Khanikop.
Garrez.
zotenberg.
Victor Langlois.
L'abbé Barges.
r
— 11 —
RAPPORT
SDR
LES TRAVAUX DU CONSEIL DE LA SOCIÉTÉ ASIATIQUE
PENDANT L'ANNÉE 1867.1868,
FAIT À LA SEANCE ANNUELLE DE LA SOCIÉTÉ,
LE 9 JUILLET l868,
PAR M. ERNEST RENAN.
Messieurs ,
Vous m*avez imposé la plus* difficile des tâches,
en me chargeant de continuer la série de ces rap-
ports qui , depuis des années , ont été Thonneur de
notre Société, grâce aux qualités éminentes de
clarté, de doctrine, de judicieuse critique, d'impar-
tialité quy avait portées notre cher et illustre pré-
sident. La collection des rapports de M. Mohl res-
tera rhistoîre la plus vraie des efforts tentés depuis
trente ans dans le champ des études qui ont pour
objet la connaissance de TAsie. Vous serez indul-
gents, Messieurs, pour un travail auquel, durant
une ou deux années encore, je ne pourrai consacrer
que quelques semaines, soustraites avec peine à
des travaux . depuis longtemps commencés et dont
l'achèvement est pour moi un devoir. Vous m'excu-
^ 12 —
serez d'êlre incomplet, inexact en certains détails,
de souvent remettre d'une année à Tautre la men-
tion de travaux importants. Vous me permettrez .
surtout de continuer à faire ce que j*ai fait cette an-
née S cest-à-dire de demander à chacun de vous,
dans le cercle des travaux dont il s occupe, des in-
dications et des jugements. Si je réussissais à faire
ce que je désire, ce rapport serait votre œuvre com-
mune; je voudrais ny être bien réellement que
votre secrétaire et donner par là aux opinions qui
y seront exprimées une autorité quelles nauraient
point sans cela.
Votre Société, durant Tannée qui vient de se-
couler, n a pas laissé se ralentir son zèle. Le Journal
asiatique, malgré quelques retards, dont la commis-
sion de rédaction n'est pas coupable , a paru régu-
lièrement, et a présenté dans tous ses numéros un
constant intérêt. MM. de Vogué, Joseph Deren-
bourg, Hartwig Derenbourg, Devéria^ Pauthier,
Defrémery, Garrez , François Lenormant , Clément-
MuUet , de Kremer, Belin , Zotenberg , y ont inséré
des travaux qui tous ont apporté quelque donnée
originale à la science de l'Orient. Aucun volume de
^ MM. de Rougé, Bréal, Defrémery, Mohl, Adolphe Régnier,
Joseph Derenbourg, de Slane, Barbier de Meynard, Garcin de
Tassy, Feer, Oppert, Garrez, Pauthier, Zotenberg, Guyard, me
permettront en particulier de leur offrir ici mes remercîments. Le
plus souvent je n ai fait qu*insérer textuellement les notes que ces
excellents confrères m^ont remises. Tout ce qu il y a de bon dans
ce rapport leur appartient; quant aux erreurs qui peuvent s'y être
introduites, elles ne sont imputables qu'à moi seul.
— 13 —
la Collection orientale n'a été livré au public cette
année ; mais nous pouvons espérer que le cinquième
volume de Masoudi paraîtra dans les premiers mois
de 1 869. Vos ressources ont continué de s'accroître;
vos finances sont dans Tétat le plus prospère. Les
difficultés de local qui, depuis quelques années,
ont pesé assez lourdement sur la Société, semblent
en voie de se résoudre de la manière la plus satis^
faisante. Dès à présent, et par mesure provisoire,
notre confrère si dévoué , M. Barthélémy Saint-Hi-
laire, pense pouvoir mettre à notre disposition pour
la bibliothèque unç pièce du local de la Sorbonne
affecté h la collection léguée par M. Cousin. Nous
pouvons espérer mieux encore. Le jour n est peut-
être pas éloigné où votre Société recevra définitive-
ment dans un des établiss^ements de TEtat une hos<
pitalité que certes elle paye largement par les ser-
vices de toute sorte qu elle rend à TÉtat.
Des pertes bien sensibles se sont malheureuse-
ment produites dans votre sein. Deux hommes émi-
nents qui appartenaient à la Société asiatique, fun
comme vice-président, l'autre comme membre as-
socié étranger, M. le duc de Luynes et M. Bopp,
sont morts cette année. M. le duc de Luynes ne te-
nait à nos éludes que par une partie de sa grande
et noble activité. Son nom n'en restera pas moins
attaché à l'un des changements importants qui se
sont faits de nos jours dans les études orientales.
Ces études furent , à l'origine , presque uniquement
philologiques. L'archéologie, l'épigraphie y tinrent
— 14 —
peu de place. Les collections d'antiquités , composées
autrefois pour rornement des palais, ou pour offrir
aux artistes les modèles de fart antique, n appelaient
guère des objets qui nont d'intérêt que pour des
savants. L'Orient proprement dit, du moins l'Orient
qui est resté étranger à la civilisation grecque , n'a pas
produit beaucoup de chefs-d'œuvre d'art; un musée
d'antiquités orientales ne saurait avoir pour les gens
du monde l'attrait qu'ont des salles remplies d'ou-
vrages grecs ou romains. Les amateurs ne recher-
chant que médiocrement de tels débris, souvent
informes, les Européens établis en Orient s*atta-
cfaaient rarement à les recueillir. Les indigènes n'y
attribuant aucune valeur vénale, guidés d'ailleurs
par cette espèce d'antipathie qu'ont les Orientaux
pour les représentations figurées des temps païens,
les brisaient s'ils étaient en pierre, les fondaient s^ils
étaient en métal. De là des pertes irréparables.
M. le duc de Luynes peut être considéré comme le
principal créateur de l'archéologie orientale. En
fondant ce riche cabinet qu'il devait ensuite léguer à
l'Ltat, en encourageant l'activité des personnes qui
en Orient recueillaient des antiques, en montrant
aux indigènes la valeur d'objets auxquels jusque-là
ils étaient restés indifférents , il fournit à l'étude cri-
tique de rOrient des documents de la plus grande
importance , documents qui ont permis d'élargir con-
sidérablement le champ de la paléographie orien-
tale, qui ont apporté de grandes lumières à la
philologie comparée des langues sémitiques et ont
— 15 —
offert à l'histoire ces données positives qui, au mi-
lieu des légendes de FOrienl, ont une valeur sans
égaie. Rappelez -vous, Messieurs, le sarcophage
d'Eschmunazar, cet inappréciable document de lan-
tiquité phénicienne , acquis à la France et expliqué
par notre illustre confrère; ces recherches appro-
fondies sur la numismatique des satrapies au temps
des Achéménides, qui ont rectifié tant d'erreurs
accréditées ; ces essais sur la numismatique et l'épi-
graphie chypriotes, qui ont posé un si curieux pro-
blème; ces travaux sur la numismatique des Naba-
téens, nouveaux de lous points et dont la doctrine
ne sera pas ébranlée; bien d autres mémoires qui au-
raient suffi à fonder la réputation d un savant , si le
patronage que le duc de Luynes exerçait sur tant
de branches de la culture intellectuelle ne Teùt avant
tout fait envisager comme un promoteur éminent
des recherches scientifiques et un Mécène éclairé.
C'est en partie à M. le duc de Luynes que nous de-
vons les travaux de M. Amari sur la géographie de
la Sicile musulmane, ceux de M. Giuseppe Romano
sur certains points de la numismatique siculo-pu-
nique, quelques-unes des plus curieuses fouilles de
M. Mariette, l'image exacte de l'inscription deThugga,
la détermination de la position de Palmyre, l'ex-
ploration géologique, géodésique et archéologique
du bassin de la mer Morte et de la vallée d'Arabah.
Plus heureux que bien d'autres, le duc de Luynes
sut inspirer son zèle à des personnes jeunes et ca-
pables comme lui de servir la science par ces re-
I
I
— 16 —
cherches coûteuses dont les gouvernements ne
sauraient désormais rester uniquement chargés.
Pouvons-nous oublier enfin son plus bel ouvrage,
la collection incomparable maintenant réimie au
département des antiques de la Bibliothèque im-
périale, et qui suffira aux travaux de plusieurs gé-
nérations d*érudits? Ces nobles vies, où la science
du philologue et de Tarchéologue s'unissaient au
goût de lamateur, où la fortune était relevée par la
délicatesse et la générosité, deviennent bien rares.
Il est glorieux pour notre pays d'en avoir offert un
des plus beaux exemples, et pour nos études de
compter parmi ceux qui les ont cultivées des hommes
qui figureront dans l'histoire de notre siècle entourés
d'un respect que les titres et les distinctions offi-
cielles n'entraîneront pas toujours.
L'importance des travaux de M. Bopp est depuis
longtemps comprise. Jamais savant n'a vu ses dé-
couvertes entrer plus complètement dans le courant
de la science et produire de. plus brillants résultats.
Peu d'hommes autant que M. Bopp ont fait école
et assui'é l'avenir de leur œuvre. Cela tient à la mer-
veilleuse précision de ses procédés, à la rigueur abso-
lue qu'il a su introduire dans la philologie. Qu'on
songe à ce qu'était la science des langues au dernier
siècle : un chaos sans méthode, une science pure-
ment descriptive, une sorte d'histoire naturelle, sans
philosophie, sans règle, sans loi , souvent égarée par
les plus folles chimères; que l'on compare à cela la
grammaire générale des langues indo-européennes,
/,
X
— 17 —
telle qu elle est sortie de Técole nouvelle. 11 y a l'in-
fini, je ne dis pas entre Court de Gébelin, mais
entre Adehing et M. Bopp. Pour être trouvée, cette
méthode exigeait infiniment de tact et de justesse
d'esprit; une fois trouvée, elle devait s'imposer à
tous ; elle restera un modèle pour les études du
même genre, car elle nest autre chose que Tejpa*
ploi sagace de l'observation et de l'induction. Par
M. Bopp, la science des langues est devenue Une
science comme la chimie et la physiologie ; il ne
reste plus qu'à étendre à toutes les familles le geiire
d étude que l'illustre professeur allemand a fait sur
les idiomes indo-européens.
Et dans le champ spécial des langues qu'analysa
M. Bopp, quels merveilleux résultats! Sûremejit
l'unité de la famille indo-européenne avait été plu-
sieurs fois entrevue avant lui; Leibnitz, Fréret, sans
rien savoir du sanscrit, avaient aperçu de très-cu-
rieux rapprochements. Le Père Cœurdoux, Paulin
de Saint-Barthélémy, quelques-uns des membres de
la-Société anglaise de Calcutta ne purent étudier le
sanscrit sans apercevoir quelques-uns de ses rapports
avec le grec et le latin. Frédéric Schlegel, dès 1 808,
traçait avec une sorte d'instinct profond les contours
de ]a grande famille qui allait bientôt se révéler
comme une individualité historique. Mais de l'aveu
de tous, ce fut M. Bopp qui donna la démonstration
complète de ce qu'on n'^avait fait jusque-là que soup-
çonner. L'ouvrage intitulé Ueber ias Conjagationssys-
tem der Sanskritsprache ( Francfort , 1816) marque
J. As. Extrait n* 5. (1868.) 2
— 18 —
la date d*une découverte qu*on peut tenir pour la plus
belle du xix" siècle. Cette découverte capitale, qui a
changé la face de la science des langues, qui a mo-
difié toute la philosophie de l'histoire , qui a intro-
duit dans lethnographie , l'histoire littéraire , la cri-
tique, des données qui les ont transformées, cette
découverte, qui renferme même des leçons pour les
sciences naturelles, et qui a déjà une importance
capitale pour la politique , fauteur la conduisit à sa
perfection. L'esprit humain n'a pas construit un plus
bel édifice que cette théorie, où le phénomène le
plus insignifiant du développement de tout un groupe
de langues est pesé, discuté, expliqué avec une ri-
gueur en quelque sorte atomique et avec des instru-
ments de précision qui n'ont rien k envier à ceux
des sciences les plus exactes.
La modestie extrême de M. Bopp, la vie retirée
des savants allemands ne permettent pas de songer
à tracer sa biographie. Né à Mayence en 1791, il
étudia les langues orientales à Paris, à Londres, à
Gœttingue; en 182 1 , il fut appelé à l'Université de
Berlin. C'est là qu'il a formé cette nombreuse armée
de disciples qui s'est répandue dans toute l'Europe
et qui continue ses travaux. Du reste , il avait réalisé si
complètement l'idéal de sa méthode, qu'on peut dire
que sa mort n a pas été un coup bien grave pour
les études qu'il avait créées ; le maître avait si par-
faitement organisé son laboratoire qu'il y était de-
venu presque inutile. Une fondation, instituée à
Berlin il y a deux ans, lors du cinquantième anni-
— 19 —
versaire de sa grande déooiiverle, et mieux encore
les nombreuses chaires où sa méthode est mainte-
nant enseignée^ assurent à Tétude quil a fondée de
longues années de prospérité.
A ces deux grandes illustrations, permettez-moi,
Messieurs, d*associer dans nos regrets un savant
qui , par sa modestie et le caractère religieux de sa
vie, ne fut connu que d'un petit nombre; je veux
parler de M. Tabbé Le Hir, directeur au séminaire
de Saint-Sulpice , décédé également cette année. Jai
pu, mieux que personne, connaître le mérite de
M. l'abbé Le Hir, l'ayant eu pour maître en hébreu
et en syriaque. M. Le Hir a peu publié, et quel-
ques-unes de ses publications, ayant un but théo-
logique, sortent du cadre de notre Société. Mais,
outre sa profonde connaissance de l'hébreu et de la
grammaire comparée des langues sémitiques, M. Le
Hir était chez nous la personne qui possédait le
mieux le syriaque. L'opuscule qu'il a composé sur
la version syriaque de saint Matthieu, imprimée par
Cureton , et où il combat l'importance exagérée que
ce dernier savant avait attribuée à son texte, a une
réelle valeur; il a aussi donné de bons articles à la
Revue critique. C'était un homme de la plus haute
vertu, joignant des dispositions rares pour l'érudi-
tion à un savoir grammatical des plus étendus. Il
n'avait pas plus de cinquante ans quand une mort
subite est venue l'enlever à l'estime de ses cbnfrère^
et de ses élèves.
Malgré des pertes si sensibles, malgré les préoc-
2 .
— 20 —
cupations politiques qui pèsent depuis plusieurs mois
sur l'Europe , et particulièrement sur le pays où nos,
études sont cultivées avec le plus d'ardeur, Tannée
qui vient de s'écouler ne le cède en rien aux années
qui Tonl précédée pour les progrès accomplis dans
les études orientales. Trois branches de ces études,
la philologie comparée des langues indo-euro-
péennes, répigraphie sémitique et les études égyp-
tiennes, ont même vu rarement des années pour
elles aussi fécondes.
Gomme je vous le disais tout à l'heure, la philo-
logie comparée des langues indo-europénnes , quoi-
que portant le deuil de son fondateur, est plus flo-
rissante qu'elle ne l'a jamais été. L'ouvrage qui a
servi de pierre angulaire à la construction de cette
science, la Vergleichende Grammatik de M. Bopp, se
traduit en français, grâce À l'initiative bien entendue
de M. le Ministre de l'instruction publique. Même
quand l'ouvrage de M. Bdpp aura été dépassé, il
sera indispensable que chaque nation européenne
possède à l'origine et, si j'ose le dire, dans les subs-
tructions de ses études philologiques, une édition
de cet ouvrage fondamental. Deux volumes de la
traduction française ont paru ^. M. Bréal consacre à
ce grand travail toutes les ressources de son esprit
lucide et sûr, formé par de longues et solides études
grammaticales. Dans les préfaces qu'il ajoute àl'œuvre
de son maitre, dans les excellentes leçons inaugu-
' Tome I^ i$66; t. Il, 1868. Paris, Imprimerie impériale, gr.
in-8*.
— 21 —
raies qu'il publie ^ M. Bréal explique à merveille
la méthode et l'esprit de renseignement qui lui est
confié dans le premier de nos établissements scien-
tifiques. Les objections qu'on a faites contre un tel
enseignement reposent sur des malentendus. Cer-
tainement il importe de ne pas transporter trop vite
un résultat philologique sur le terrain de l'histoire ^.
Très-souvent un peuple parle une langue par suite
d'accidents historiques et non par suite de son ori-
gine ethnographique. La philologie comparée n'en
reste pas moins un procédé légitime d'investigation
historique. Une famille de* langues est un grand fac-
teur qu'il faut étudier comme une force distincte
dans l'enchevêtrement des faits qui composent la vie
de l'humanité'.
L'étude comparative des langues indo-euro-
péennes se poursuit en Allemagne avec l'ardeur et
la discipline d'une armée exécutant une campagne
militaire. Après les recherches portant simultané-
ment sur toutes les langues de la famille , sont ve-
nus les travaux plus restreints sur des groupes par-
ticuliers d'idiomes. Après les études sur la phoné-
tique et les flexions , commencent à paraître des
* De la forme et de la fonction des mots. Paris » 1 866. — Les progrès
de la grammaire comparée, dans les Mémoires de la Société de linguis-
tique de Paris , premier fascicule, 1868.
' Oppert, L'Âryanisme, et de la trop grande part qaon afaita à son
influence (discours (ait à la Bibliothë({ae impériale le 28 décembre
i865).
' Whitney, Key and Oppert on indo-european pkilology, dans le
Journal ofthe American Oriental Sociefy, octobre 1867.
— 22 —
essais sur la syntaxe. Enfin, une curiosité légitime
porte les esprits vers l'élude de cette langue indo-
européenne primitive que nous pouvons seulement
connaître par induction, mais dont Texistence est
sous-entendue dans tous les rapprochements que
nous faisons entre les divers membres de la fa-
mille.
M. Pott, qui est depuis la mort de M. Bopp le
doyen des linguistes, a fait paraître le commence-
ment d*un dictionnaire des racines des langues indo-
germaniques ^ Ce sont deux gros volumes qui for-
ment la première subdivision *de la deuxième partie
du second tome de la 2® édition de ses Recherches
étymologiques. Dans un intervalle de trente ans, les
deux petits volumes qui composaient la première
«dition de cet ouvrage ont grossi à ce point que
larticle dhâ , qui tenait en une page dans la pre-
mière édition, en prend quarante dans la seconde;
que Farticle div, qui avait autrefois onze lignes, oc-
cupe aujourd'hui cent cinquante pages. L'auteur
n'a. encore examiné que les racines finissant par a,
i, II, r. Ce sont là des trésors de science, un peu
confusément amassés ou qui du moins ont grand
besoin de bons registres et d'index. Le principe
scientifique qui préside à ce travail peut même jus-
qu'à un certain point donner prise à la critique.
M. Pott excède parfois les limites de la grammaire
comparée, et plusieurs des rapprochements qu'il
^ fVurzel- IVôrtcrbuch der Mo- germaniscken Sprachen, von Aug.
Friedr. Pott. Vol. I. Dctmold, 1867, in 8", 1879 pages.
— 23 —
accumule appartiennent à rhistoire spéciale des dif-
férents idiomes. Pasiser en revue tdutes les accep-
tions quont fait prendre à une racine Tusage, le
changement de culture, ou même de purs acci-
dents, dresser en un mot un dictionnaire simultané
de toutes les langues indo-européennes, est une
tentative qui dépasse de beaucoup les moyens dont
la science dispose actuellement. L*histoire des dif-
férents idiomes indo-européens a été trop diverse
pour qu*on doive étendre les rapprochements au
delà de la première 'période de leur existence. L'ou-
vrage de M. Pott n en est pas moins une mine iné-
puisable de faits, où Ton peut étudier le dévelop-
pement parallèle des langues indo-européennes et
les procédés que Tesprit humain emploie instincti-
vement pour varier les acceptions des mots et mul-
tiplier les ressources du langage.
Un autre dictionnaire, beaucoup moins étendu
et composé sur un autre plan, est dû à M. Fick. Il
porte le titre de « Dictionnaire de la langue indo-
germanique primitive, telle quelle existait 'avant la
séparation des peuples ^ d L*auteur, pratiquant une
méthode déjà employée par MM. Pictet, Max Mill-
ier et d'auli^s, part de ce principe incontestable
que des mots évidemment identiques se retrouvant
dans des niembres de la famille , séparés depuis un
temps immémorial , ont dû se trouver dans la langue
^ fVôrterhuch der indo ■ germanischen Griindsprache in ihrem Be-
stande vor der Vôlhertrennung , von Aug. Fick , Gôllingcn , 1 868 , in-8
2â6 pages.
— 24 —
mère. Il cherche d'après cela à reconstituer autant
que possible le vocabulaire du peuple aryen pri~
mitif. Le plan adopté par lauteur Toblige à une net-
teté d'affirmations qui nest sans doute pas toujours
dans sa pensée. On peut dire que son dictionnaire
est aux études détaillées de philologie ce que la
carte géographique d'une région encore peu connue
est aux descriptions et aux hypothèses des voya-
geurs. Le dessinateur qui place sous nos yeux tous
les faits acquis ou simplement supposés est obligé à
une précision de contours qui h'est pas toujours en
accord avec l'état véritable des recherches. Toutes
ces tentatives pour retrouver la langue aryenne pri-
mitive suggèrent d'ailleurs une réflexion. Elles ont
une pleine valeur historique. Le latin serait perdu
que l'on pourrait, à l'aide des langues romanes,
tracer un tableau sommaire de l'état social, moral,
religieux et mythologique du peuple qui imposa sa
langue à l'Occident. Mais de telles tentatives n'ont
qu'une valeur philologique relative : avec les six
ou sept langues romanes, on ne pourrait recons-
truire le latin s'il était perdu. Partir de la langue
aryenne primitive, hypothétiquement rétablie, pour
expliquer la grammaire particulière d'un idiome,
c'est adopter une marche parfois commode dans l'ex-
position , mais scientifiquement dangereuse. A plus
forte raison n'est -il permis de songer en pareille ma-
tière à aucune application pratique. La philologie
comparée est une science spéculative comme la géo-
logie, visant uniquement à reconstituer l'histoire
— 25 —
lointaine d*un passé obscur qui excite vivement
notre curiosité.
C'est à cette espèce de géologie des époques les
plus anciennes du langage humain que se rapporte
le remarquable mémoire de M. Georges Curtius,
intitulé « la Chronologie dans la science des lan-
gues indo-germaniques ^. » L'auteur ne se propose
pas seulement de remonter à l'aryen primitif; il
veut découvrir, expliquer et dasser les faits qui , en
se succédant et en confondant leurs conséquences,
ont produit la langue aryenne telle qu elle existait
au moment de la séparation des idiomes. Dans ces
siècles reculés, M. Curtius, s'aidant des observa-
tions les plus fines et les plus sagaces, distingue
sept périodes différentes. On se demandera sans
doute comment nos instruments d'analyse peuvent
atteindre et diviser de la sorte im âge pour lequel
tout document positif nous manque ; il faut voir les
fines remarques par lesquelles M. Curtius essaye,
comme le géologue , de tirer des moindres indices
des conséquences historiques. Malgré ce qu'il a
d'hypothétique, on peut dire que cet écrit marque
un pas considérable dans Thistoire des recherches
de grammaire comparée. Son ihiportance s'accroî-
tra encore par les controverses qu'il ne pourra
manquer de provoquer. M. Curtius attribue à la dé-
clinaison un âge relativement moderne; sur ce
•
^ Zur Chronologie der indo-germanischen Sprachforschang , von
Georg Curtius. Extrait du tome V des Mémoires de 1* Académie de
Saxe. Leipzig, 1867, in-A*, 77 pages.
— 26 —
point, il se trouve en contradiction avec beaucoup
d'autres linguistes. Il y a désaccord aussi entre plu-
sieuts idées émises par M. Gurtîus et la théorie que
M. Benfey vient de développer dans un mémoire
sur les désinences plurielles du verfoe indo-germa-
nique ^. Enfin M. Ludwig a récemment exprimé
sur lorigine et la filiation des suffixes ^ quelques
vues qui se rapprochent beaucoup moins de celles
de M. Gurtius que des doctrines de M. Benfey et
de son élève M. Léo Meyer.
Les recherches de syntaxe comparative, inaugu-
rées il y a quelque temps par M. Schweizer-Sidler
et M. Adolphe Régnier, se sont enrichies cette année
d'un intéressant mémoire de M. Delbriick', où
Tauteur cherche ;\ montrer comment les différentes
langues indo-européennes , en perdant certains cas
de leurs déclinaisons , ont dû les remplacer par
d'autres, de manière qu'un même cas est souvent
appelé à des fonctions très-diverses. Ces substitu-
tions d'organes grammaticaux les uns aux autres,
1 Ueher einige PluralhUdungen des indo-germanischen Verbum, von
Theodor Benfey. Extrait du tome III des Mémoires de la Société
royale des sciences de Gôttingue. Gôttingue, 1867, in-4% 48 pages.
' Die Entstehung der A-decUnatibn und die Zuràckfahrang ihrer
Elemente aufdas ihr za Grande Uegende Prononien, zagleich'mit der
DarsteUang des Verhàltnisses der A-nomina zu den derivirten Verbal-
formen, von A. Ludwig. Vienne, 1867, in-8' (Extrait du tome LV des
Mémoires de TAcadémie de Vienne, pages 1 3 1-1 94).
* Ahlativ, Localis, Instrumentalis , im Alt-indischen , Lateinischen ,
Griechischen und Deatschen, Ein Beiirag zur vergleichenden Syntax der
indo-gcrmanischcn Sprachen, von B. Delbrfick. Berlin, 1867, in-8^
80 pages.
— 27 —
par suite de réductions ou d'atrophies de certains
organes, sont une des lois les plus importantes de
la philologie comparée. La syntaxe de nos idiomes
classiques, qui depuis tant de siècles s*enseigne
d une façon toute machinale , ne deviendra claire et
sensée que par des études historiques de ce genre.
Le cadre de noire Société, essentiellement asia-
tique, ne nous ffermet pas d'embrasser Timmense
étendue de ces intéressantes recherches. Le jour-
nal de Kuhn, les Beitràge de Kubn et Schlcicher
continuent à en être les principaux organes. En Ita-
lie, la Rivista orientale, dirigée par M. Angelo de
Gubernatis S avait commencé à remplir un' rôle
analogue; mais au bout d'un an, elle a dû cesser
de paraître. En FVance, nous avons vu, depuis peu
de mois, se fonder deux recueils pour les études de
grammaire comparée. La Société de linguistique,
établie il y a trois ans , et qui reconnaît spécialement
M. Bopp pour son maître et son modèle, a publié
le premier fascicule de ses Mémoires ^. L'autre re-
cueil est dirigé par M. Ghavée ^, et contient de^
^ Florence. Premier fascicule, avril 1867.
* Mémoires de la Société de linguistique de Paris, tome P^ premier
fascicule. Paris, A. Franck, 1868, gr. in-8°, 96 pagesT
' Revue de linguistique et de philologie comparée, Paris , Maison-
neuve, 1 867, în-é". Un volume complet. On peut y joindre La langue
latine étudiée dans tunité indo-européenne. Histoire, grammaire, lexi-
que, par Amédée de Gaix de Saint-Aymour. Paris, 1868, in-8^
452 pages. A une direction d*études analogues appartient MorpAo^o^te
oder Formenlehre der griechischen Sprache, zurûckgefûhrt auf die in-
dogermanische Urspraohe , fur Gymnasien bcarbeilet von Prof.
D' Fnisting. Munster, 1867, in-8", 6a pages.
— 28 —
travaux de MM. Hovelacque, de Gaix de Saint- Ay-
mour, Oppert. Ceux mêmes qui pensent que la pré-
tention de remonter à Funité aryaque et de dépas •
ser les limites de Tétymologie historique est parfois
exagérée dans ce recueil , ne peuvent qu'applaudir
au zèle quy déploie une jeune et ardente école.
Les personnes, au contraire, qui tiennent en de
pareilles études à ce qu'on ne leur propose que des
résultats indubitables , liront avec le plus grand
fruit la phonétique indo-européenne de M. Frédé-
ric Baudry ^. Il est impossible de résumer avec plus
d'ordre et de clarté les derniers résultats de la science.
Les hommes instruits qui peuvent encore conserver
des doutes sur la rigueur des procédés de Técole de
M. Bopp , verront certainement tomber toutes leurs
objections si elles veulent se livrer à une étude at-
tentive de cet excellent écrit.
L-étude philosophique du langage ^ pour oi^ne
le recueil de MM. Lazarus et Steinthal ^. Ce der-
nier, <]ui a publié récemment une nouvelle édition
de son livre sur les principaux types du langage hu-
main, vient de soumettre un idiome de l'Afrique
centrale k une analyse à la fois grammaticale et psy-
chologique , d'où il ressort plus d'im enseignement
curieux. Des matériaux aussi neufs qu'abondants et
variés viennent aussi d'être fournis à la science com-
' Grammaire comparée des langues classûiues, par Fr. Baudry.
Première partie : phonéticpie. Paris, l866,in-8^ aia pages.
* Zàtschrijïfûr Vôlkerpsychologie and Sprachwissenschaft, Berlin ,
1867.
-^ 29 —
parative des langues par FAcadémie impériale dé
Vienne. Cette académie publie, comme on sait, les
résultats du voyage autour du monde exécuté par
la frégate la Novara, dans les années iSSy-iSSg.
L'histoire et la géographie remplissent déjà plusieurs
volumes. On nous donne aujourd'hui la première
partie des matériaux philologiques recueillis pen-
dant cette expédition , mis en œuvre et coordonnés
avec les recherches antérieures J)ar M. Frédéric
Mâller^, professeur de linguistique orientale à l'uni-
versité de Vienne. Les langues modernes de l'Inde
y occupent une large place à côté des langues de
l'Afrique , de l'Australie et de la Polynésie. C'est la
grammaire qui a d'abord attiré l'attention de M. Fré-
déric MûUer. Une seconde partie, non encore pu-
bliée, sera plus spécialement consacrée aux voca^
bulaires.
Les écrits philosophiques dont le langage est
l'objet ont toujours été reçus avec faveur en France :
aussi la traduction de la seconde série des lectures
de M. Max Mùller ^ est-elle assurée de trouver
parmi nous l'accueil qu'a rencontré la première sé-
rie. Sous le titre de Copeaux d'an atelier allemand ^,
*■ Reise der CBS^rreichischen Fregatte Nwara um die Erde m den
Jahren 1857 '1858-1859, Linguistischer Theil, von D' Friedrich
Mûller. Publié par rAcadëmie des Sciences de Vienne. Imprimerie
impériale, 1867.
* Nouvelles leçons sur la science du langage, par M. Max Mûller,
traduites par MM. Harris et Perrot. Tome I, phonétique et étymo-
logie. Paris, Durand, 1867, in-8% 386 pages.
^ Chips from a germon toorhshop, 2 vol. Londres, 1867, in-8^ On
— so-
le même M. Max MùUer a réuni un certain nombre
de morceaux, tous ingénieux, tous du plus haut
intérêt , même quand Tauteur parait faire aux goûts
et aux besoins du public anglais , auquel il les a des-
tinés, certaines concessions \
La mythologie comparée était la conséquence
naturelle de la philologie comparée. Les mythes,
outre qu ils résident pour une grande part dans les
mots et consistent dans les mots eux-knêmes, sont
des mots à leur manière, je veux dire des images
fixées, susceptibles de toutes sortes de déformations,
selon des lois organiques. M. Bopp entra peu dans
cette voie de comparaison. Ce soiSt ses disciples,
surtout MM. Kuhn et Max Mûller, qui méritent ici
le nom de créateurs. On sait le résultat capital de
leurs recherches : savoir, que la race indo-euro-
péenne à Torigine n'a eu qu'un système de my
thés, comme elle na eu qu'un langage; en d'autres
termes, que le système de la mythologie aryenne
avait sa complète individualité avant la dispersion
des membres de la famille. La vraie clef des my tho-
logies grecque, romaine, germanique a été ainsi
donnée; les poèmes homériques, Eschyle, ont été
mieux compris. La mythologie comparée est cer-
tainement une science plus délicate que la philolo-
gie comparée, car son objet n'est pas aussi matériel
peut y joindre On the stratification of language. London, 44 pages
in-8', 1868.
^ Nous citerons encore : Frammenti Ungiiutici d'Ascoii. Estratto
dai Rendiconti dcl Reale Islituto Lomhardo. Milano, 1867, in-S**.
— 31 —
que le mot et n a pas la même fixité ; plusieurs des
rapprochements qu elle propose laissent place au
doute. Un professeur de Pise, M. Comparetti, trou>
vant exagérées les tendances de cette science nou>
velle^, Ta combattue dans un petit écrit ^ Mais se»
savantes objections ne sauraient ébranler la solidité
de l*ensemble créé par MM. K.uhn et Max Millier.
C*est dans lecrit de ce dernier que nous citions tout
à rheure quon peut se rendre compte de Fintérêt
supérieur de pareilles études. L'imagination pro-
fonde de M. Max MiîUer, sa rare connaissance des
Védas, son instinct poétique, son talent brillant,
qui font de lui un des meilleurs littérateurs de
notre temps, se retrouvent là tout entiers.
M. A. de Gubernatis, dans un intéressant écrit
sur les sources védiques de Tépopée hindoue, mon-
tre les transformations qu ont subies , par suite des
changements survenus dans la civilisation , les
croyances naturalistes du premier âge^. Le savant
éditeur du Samavéda et du Lexique des racines
grecques, M. Benfey, a publié un petit mémoire
qui se rapporte au même ordre d*études^. II y rap-
proche la déesse grecque Tritonis Âthéné du héros
Thraêtâna Âthwjana , plusieurs fois mentionné dans
les textes zends. Tout d'abord l'identité parait frap-
' Edipo e la mitologia comparata, saggio critico, di Domenico
Gomparetti. Pise, 1867, in-S**, 90 pages.
* Fonti vediche deïtepopea. Firenza, 1867, 101 pages in-S*.
^ Tritonid Athana femininam des zendischen masculinuni Thraêtâna
Athwyanaj von Th. Benfey. Gôttingen, 1868, ii>-8°, 3o pages,.
— Sa-
pante; mais M. Benfey est le premier à nous avertir
des difficultés grammaticales qui rendent le rap-
prochement peu concluant. Ajoutons que ceux qui
cherchent pour Athéné une origine phénicienne
ou égyptienne ont aussi plus d'une raison à faire
valoir.
La science comparée des lois et des coutumes
des peuples, envisagée comme un complément de
la philologie et de la mythologie comparée, na pas
encore été ramenée à un cadre régulier. Je ne peux
cependant m'empêcher de citer ici un très-intéres-
sant opuscule de M. Giraud-Teulon ^, composé en
partie d'après un écrit de M. Bachofen, où les per-
sonnes qui aiment à réfléchir sur les antiques civi-
lisations antérieures à l'entrée des races aryennes et
sémitiques dans l'histoire , trouveront des faits cu-
rieux, rapprochés avec intelligence et jetant beau-
coup de jour sur un état très-ancien des sociétés
humaines. Il n'est peut-être pas impossible que
les mémoires de M. Holmboe^, de Christiania, qui
renferment tant de rapprochements de toute espèce,
dont plusieurs assurément ne satisferont personne,
ne contiennent aussi plus d'une indication utile et
certaines comparaisons ingénieuses. Bien plus so-
lides, en tout cas, sont les recherches de M. Pott
^ La mhre chez certains peuples' de tantiquité, par M. A. Giraud-
Teulon fils. Paris, 1867, 66 pages, in-8'.
* Om HeUeristninger ( 2" partie) ; — Om en nordisk og indisk Vœg-
teenhed; — Om Eeds Ringe (2* partie); — Om Hesteoffer ; — Om
Civaisme in Europa ; — Om Tallene i 08 og 13 ; — Ezechiels Syner
og chaldœernes Astrohh (Christiania, i865, 1866, brochures in-S**).
— 33 —
sur ce qu'on peut appeler larithmétique comparée ^
L'arithmétique renfermant un élément de choix,
qui est la base de la numération, cet élément peut
comme le langage, la mythologie, la législation
traditionnelle, être pris pour critérium en ethno-
graphie. M. Pott a porté dans cette étude infini-
ment de sagacité et d'érudition; antérieurement,
du reste, il avait déjà traité savamment le même
sujet.
La grande source de toutes ces recherches , si im-
portantes pour l'histoire et la philosophie , ce sont les
Védas. Il est permis certainement de regretter que
l'étude des Védas, qui, au moment présent, est de
beaucoup la plus importante de toutes les branches
des sciences orientales , ne soit pas cultivée , au moins
chez nous, par un plus grand nombre de travail-
leurs. L'ignorance du public, la manière peu éclai-
rée dont les gouvernements entendent souvent nos
études, le peu de soin qu'ils ont de tenir compte de
l'opinion des personnes compétentes, leur façon tout
administrative d'envisager les choses scientifiques,
et, par-dessus tout , la routine, le petit nombre des
chaires consacrées aux études nouvelles, sont cause
qu'à l'heure qu'il est, au bout de près de cent an-
nées d'études sur l'Inde, et trente ans après que
l'importance hors ligne des Védas a été démontrée,
^ Die Sprachverschiedenheit in Earopa an den ZaMtocertem nachge-
wiesen sowie die quinàre und vigesimcde Zàhlmethode , loo pages, dans
le Fesigabe zur xxv. Versammlang deatscher Philologen, Orientalisten
and Schuhnànner in Halle. Halle, 1867.
J. As. Extrait n" 5. (1868.) 3
— 34 —
ces livres, d*un intérêt si capital, sont à peine pu-,
bliés, que leur interprétation est sur une foule de
points tout à fait obscure, que sept ou huit travail-
leurs seulement dans le monde civilisé essayent de
les éclaircir.
On sait que M. Wilson est mort en 1860 ayant
achevé l'impression du tome IIP de sa traduction du
Rig-Véda. Le quatrième volume était imprimé jus-
quà la page ilid; en outre, M. Wilson laissait le
manuscrit complet du reste de son grakid travail.
M. Gowell a achevé la publication du quatrième
volume, conformément aux intentions de Tillustre
défunt ^ Les principes de M. Wilson étaient fort
simples. Il croyait que les commentateurs hindous
nous ont, saut un petit nombre de icas, conservé le
vrai sens du Big;. chercher au delà de Sayana lui
paraissait chimérique et superflu; si parfois il pre-
nait sur lui de le, corriger^ c était avec infiniment de
réserve et de timidité. La grande autorité dont jouis-
sait M. Wilson aurait rendu fort difficile la position
de celui qui de son vivant aurait voulu donner en
Angleterre une nouvelle traduction du Rig. M. Max
Mûller, d ailleurs, était occupé à exécuter, aux frais
de la Compagnie des Indes, sa grande et magnifique
édition du texte du Rig-Véda , accompagnée du com<
mentaire de Sâyana. Cette grande tâche achevée,
M. Mûller a annoncé Tintention de publier en huit
' Rig-Veda Sanhita, t. IV, contenant Ip 5' ashtaka et le commen-
cement du 6*. Londres, 1866 , in-S**. Une nouvelle édition du tome I
a aussi paru.
— 35 — .
volumes la traduction raisonnée d'un choix d'hymnes
tirées du Rig. Le premier volume de ce grand travail
paraîtra avant la fin de cette année. M. MûHer en
a publié dernièi^ment un spécimen qui donne la plus
haute idée de Tœuvre elle-même^Ce sera là enfin
une traduction critique , je veux dire une traduction
oùTon ne mettra que ce que Ton comprend , où ce qui
est certain sera donné comme certain , ce qui est dou-
teux comme douteux. Songer pour le moment à une
traduction complète du Rig-Véda est, selon M. MùK
1er, chose absolument impossible , une foule de pas*
sages ne pouvant être compris que quand des gêné-'
rations de philologues, au courant des méthodes mo-
dernes, se seront usées à les éclaircir.Une telle asser-
tion a causé en Angleterre et causera peut-être en
France un certain étonnement. 'N*avo«s-nous pas,
dira-t-on, le Niraklay le commentaire de Sàyana,
qui ne supposent et n'admettent rien d'obscur, rien
du moins qui de façon ou d'autre ne s'interprète?
N'avons-nous pas en français et en anglais des tra-
ductions du Rig-Véda, faites d'après Sâyana, par
des indianistes renommés? Comment déclarer à re-
faire un travail exécuté par l'un des fondateurs des
études indiennes, M. Wilson? Une vive controverse
s'est engagée sur tous ces points. M. Max Mûller^,
* The sixth A^mn of the first book of the Rig-Veda, dans le Jour-
iml of the Royal Asiatic Society, mars 1 868.
* The Hymns of the Gaapâyanas and the Legend of King Âsamâti,
dans le Journal of the Royal Asiatic Society, nouvelle série , vol. II ,
partie 2 (déc. i8i66). Voir aussi Chips from a germon v)orhshop, t. I. .
3.
.— 36 -
M. Muir\ M. Roth^, M. Kuhn^ M. WbitneyS
ont victorieusement soutenu contre M. Cowell^ et
M. Goldstûcker^ que la philologie moderne a le
droit et le devoir de soumettre k un rigoureux
examen toutes les explications traditionnelles de
rOrient. Dételles explications ne doivent jamais être
dédaignées, mais évidemment elles ne doivent jamais
être suivies d*une manière aveugle. Où en serait Tin-
terprétation des monuments de la littérature hé-
braïque, si Ton avait tenu Ra&chi ou Nicolas de Lire
pour des interprètes irréformables? La plus grande
marque du progrès dans ces études est justement de
trouver des obscurités dans des passages où les
vieux commentateurs , étrangers à la méthode phi-
lologique, ne voyaient rien que de clair. Plusieurs
versets des Psaumes et du livre de Job , qui narré-
talent pas un moment les scolastiques du moyen
^ Muir, Contributions ta a knowledge of ihevedic theogonyand mytho-
[pgy, dans ]e Journal oJiheR,A,S. nouv. série , vol. Il , part, i (1866);
— Miscellaneous hymnsjrom the Rig emd Àtharva Vedas (ib.); — On
tke interprétation ofthe Veda (même joumid , vol. II, part. 2 , art. 9).
' Roth, dans le Zeitschrift der deutschen morgenlândischen Gesell-
schaft, 1867, p. 1 et suiv.
^ Kuhn, dans les Beitràge zur vergleichenden Sprachforschung ,
5* vol. (1867), 2* fascicule.
^ The translation of the Veda, dans le North American Review,
avril 1 868 , et Proceedings of the Amer. Orient Soc. 1 6 et 1 7 cet. 1 867.
• Préface du volume précité.
* On the Veda ofthe Hindas and the Veda of the gennan school (lu
à la Société asiatique de Londres , janvier 1 867 ). On a peine à croire
qu il n*y ait pas* eu sur la pensée de ce dernier indianiste quelque
malentendu. Nous croyons savoir qu*il se plaint d*avoir été ioexacte-
mnnt compris et qu'il se dispose à répondre. *
— 37 —
ège , sont déclarés maintenant des énigmes, 'qu on
ne résoudra peut-être jamais. H est bien temps que
certains savants anglais renoncent à cette dédai-
gneuse appellation de « philplogues du continent, »
devenue pour eux synonyme d'esprits aventureux,
de faiseurs d'hypothèses, de gens qui ne s'en tiennent
pas aux textes et ne Veulent pas suivre la tradition;
qu'ils cessent d'envisager l'Angleterre comme une
espèce d'île bénie, providentiellement préservée de
Terreur, et qui ne doit pa^ être souillée par les at-
tentats de la critique germanique ^ qu'ils se per-
suadent enfin que, si le détroit qui les sépare du
reste du monde leur a créé une situation pqKtique
sans égale , il ne leur a conféré aucun privilège en
philologie. La mémoire de M. Wilson n'a rien à
voir en tout ceci. Les services rendus par ce grand
indianiste sont reconnus de tout le monde. Sa
traduction du Rig-Véda elle-même reste un livre
de pleine valeur. Si l'auteur l'eût intitulée : « Tra-
duction du Rig, selon Sâyana,)> il serait irré-
prochable. Loin de regretter que le travail ait été
fait une première fois de cette manière, il faut
s'en réjouir. La traduction de Wilson ne deviendrait
préjudiciable aux études sanscrites que si elle ser-
vait de prétexte pour empêcher de faire autrement.
Le grand recueil institué à Calcutta sous le titre
de Bibliotheca indica et où de savants pandits pu-
blient les ouvrages de leur littérature originale , a
donné en 1866 les fascicules 20 et 2.1 de la Sanhita
du Yadjour-Véda noir, avec le commentaire de Ma-
— 38 —
dhaya Atchârya ^ La même année, la même BihUo-
theca indica a publié les deux premiers fascicules du
Grihya Sîitra d'Àçvalâyana , avec le commentaire
de Gârgya Nârâyana ^. M. Stenzler avait déjà publié
le texte et la traduction allemande de ce Grihya
Sûlra*. M. Weber a publié sur le rituel védique
des sacrifices une élude des plus approfondies^. Le
même savant. et M. Kielhorn ont étudié, en en don-
nant le texte et en le commentant, un traité im-
portant sur l'accent védique^. Enfin, M. Siegfried
Goldschmidt a consacré au Saraa-Véda des heures
d'austère et patient travail ^.
Certainement, ce qu'on appelle au sens propre la
littérature sanscrite a un peu perdu de l'importance
qu'on y attacha d'abord, depuis qu'on a mieux vit
les différents plans du vaste ensemble littéraire
découvert entre les mains des brahmanes par les
savants anglais de Calcutta. LiCS Védas et la littéra-
ture qui s'y rapporte ne sont pas des livres d'un
intérêt purement hindou; ils appartiennent à l'his-
toire de la race indo-européenne tout entière. La
littérature sanscrite, au contraire, n'est à beaucoup
d'égards que la littérature propre de l'Inde, de la
même manière que la littérature persane est la litté-
^ Publiés par Râma Nârâyana Vidyâratna.
^ Publiés par le même.
^ Dans les Abhandlungenfur die KandeàesMorgealandes, publiées
par la Société Asi^ticpie allemande, t. III et IV (i 864-1 865).
* Dans les Indische Stadien , X' vol. 3" fascic. (i868).
* Ibidem, p. ^97 et suiv.
* Dans le hfonatshericht de T Académie de Berlin, avril 1868.
— 39 —
rature propre de la Perse. L'enthousiasme de William
Jones ou de Frédéric Schlegel pour le Râmâyanà et
le code de Manou , considérés comme des restes de
la plus haute antiquité, ne serait plus permis de nos
jours. Mais tous ces écrits ont tant d'importance pour
expliquer les Védas, la langue sanscrite est un monu-
ment si capital d'histoire et de philologie , Fhistoire
propre de Tlnde a d'ailleurs un si haut intérêt phi-
losophique, que toute publication sanscrite con-
serve encore dans Tétat actuel de la philologie une
valeur de premier ordre. L'ardeur de l'Allemagne
pour ces belles études, quoique un peu ralentie,
produit encore de beaux fruits. M. Lassen publie
une nouvelle édition considérablement augmentée
du premier volume de la grande encyclopédie histo-
rique qu'il a intitulée Inàische Alterthamskunde *.
L'immense dictionnaire sanscrit que dressent à Saint-
Pétersbourg MM. Bœhtlingk et Roth se continue; le
cinquième volume, atteignant la fin de la lettre m,
est achevé ^. MM. Max MûUer et Benfey n'ont pas cru
dérober quelque chose à leurs savants travaux en
composant, l'un une grammaire, l'autre un diction-
naire,destinésà faciliter l'accèsde ces savantesétudes^.
^ Mentionnons aussi une nouvelle édition de son Anthologia sans-
critica, publiée par Gildemeister (1868).
* Sanskrit'JVœrterbuch , herausgegeben von der kaiserlichen Aca-
démie der Wissenschaften. Saint-Pétersbourg, in- 4°.
^ A sanskrit Grammar for heginners in devanàgari and roman le tiers,
par M. Max Mûller, xxiv-3o8 p. — A sanscril-english Dictionary witk
références to the best éditions of sanskrit aathors and etymologies and
comparisons of cognate words chiefîy in greeh , latin, gothic and anglo-
'saxon, par M. Benfey (Londres, 1866, in-8°). Ces deux ouvrages
— 40 —
M. Mùller a profité de cette occasion pour procé-
der à un nouvel arrangement des matériaux de
Pânini et les adapter au système grammatical cou-
rant en Europe. La nouvelle édition du glossaire
de M. Bopp est achevée depuis un an h peu près^
Il se publie à Londres une édition complète des
œuvres de M. Wilson. Le Vishnou-Pourâna a re-
paru par les soins de M. Filz-Edward Hall^; les Es-
sais du même savant ont été redonnés par M. Rost'.
M. Muir publie également une nouvelle édition de
ses textes sanscrits originaux sur Thistoire de
rinde; le premier volume, contenant les données
mythiques et légendaires sur lorigine des castes et
leur existence dans Tâge védique, a paru avec des
additions qui en font presque un ouvrage nouveau*.
M. Muir prépare un remaniement analogue pour
les tomes II et III. Un éléganl petit volume, publié
dans la nouvelle collection Jannet, offrira aux per-
font partie de la collection des Manuels pour l'étude du sanscrit,
publiée par M. Max Mûller. De la même collection fait partie THi-
topadéça , sanscrit seul et sanscrit avec traduction anglaise interii-
néaire, 186^ et i865.
* Berlin, petit in-d", 1867.
^ Les tomes I, II, III ont paru ( i864i i865, 1866); les tomes
IV et V sont sous presse.
' Essays and lectures, etc. a vol. (1861, 1862); Essajs anafytical,
etc. 3 vol. (1864, i865).
* Original sanskrit Texts on tke origin and history of ihe people oj
India, their religion and institutions , coUected , translaled and illustrated
by J. Muir. Vol. first. Mythical and Ugendary accounts of the origin oJ
caste, loitk an emfuiry into its eaistence in the vedic âge. a°^ édition, re-
written and greatly enlarged. London, 1868. La première édition
était de i858.
— 41 — .
sonnes qui désirent connaître un des chefs-dœuvre
de la littérature hindoue une nouvelle traduction,
avec notes, du drame le plus célèbre de Kâlidâsa,
traduction due à notre confrère M. Edouard Fou-
caux^
L'infatigable M. Albert Weber, qui travaille à lui
seul autant qu'une école entière , a repris dans ces
derniers temps ses travaux sur Tastronomie in-
dienne^. M. Whitney et M. Burgess sont revenus
de leur côté siu* le même sujet*. M. Weber a en-
core publié un travail important sur les castes^;
enfin, il a continué ses études sur la langue et la
littérature des DJainas^. Cette langue desDjainas,
ou mâgadidt a beaucoup d'importance. C'est une
espèce de pâli, dont les textes remontent à peu
près au premier siècle de notre ère. Les rapports
de tout ce développement pendjabien avec le boud-
dhisme ont été savamment relevés par M. Weber.
On est toujours sûr de trouver ce savant à l'en-
droit de la mine où se font les recherches les plus
' La reconnaissance de Sakountala^ trad. par P. £. Foucaux. Paris ,
1867, in-16, xiiY-188 pages.
^ Indische Studien, X, 2' fascic.
^ Journal of the American Asiatic Society, 8* volume ( 1 866 ) , p. i
et suiv. 382 et suiv.
* Indische Stuâien, X, 1*' fascic.
^ Veher ein Fragment der Bhagavati. Ein Beitra^ zur Kenntniss der
heiligen Spra^che und Literatar der Jaina. 1" partie : Einleitany und
erster Ahscknitt : von der Sprache der Bhagavaii, (Beriin, 1866). —
2* partie : 2^"" Ahscknitt : Inhalt der vorliegenden Bûcher der Bhaga-
vat£, und 3"' Ahscknitt : die Légende von Kkamdaka ( Berlin , 1 867 ) ■
Extrait des Mémoires de l'Académie de Berlin.
. — 42 —
ardues, les plus neuves, celles qui demandent le
plus d abnégation et de dévouement.
Conformément au plan qu'il avait annoncé,
M. Gorresio a commencé la publication de TUtta-
rakanda^ complément de sa magnifique édition
du Râmâyana. L'Uttarakanda ne fait pas partie
du grand poëme de Valmiki; mais il y est joint
d'ordinaire comme une suite. Le volume publié
par M. Gorresio ne contient que le texte sanscrit ;
la traduction formera un autre volume. La traduc-
tion du Mahâbhârata^ par M. Fauche a atteint son
huitième volume. Les personnes les plus disposées
à reconnaître les services de ce laborieux traduc-
teur regrettent que ses travaux soient faits avec
trop de hâte et trop peu de scrupule grammatical,
que l'auteur ne se soit pas plus soucié d'entrer
dans l'esprit de la philologie et de la critique con-
tetnporaines. Il est incontestable, d'un autre côté,
qu'une traduction médiocre d'un ouvrage comme
le Mahâbhàrata sera encore un livre utile ; elle ser-
vira à se retrouver dans cet ouvrage colossal et à
donner une idée de l'ensemble, que bien peu de
personnes connaîtront s'il faut pour cela lire tout
l'original. C'est une utilité du même genre qu'on
peut trouver à l'histoire de l'Inde de M. Talboys
' lïttarahanda , testo con note secondoi codici délia recensione
Gaudana. Paris , Imprimerie impériale , 1867.
* Le Mnhâ Bhârata, traduit par Hippolyte Fauche, t. VIII, 1868.
Vpir Journ. asiat. février -mars 1867, article de M. Hauvette-Bes-
nault.
— 43 —
Wheeler^; l'auteur ayant trouvé une traduction
abrégée du Mabâbhârata, qu il croit être de Wibon,
la insérée presque tout entière dans son ouvrage.
La critique du Mahâbhârata s'élabore lentement.
Dans un travail récent, M. Goldstucker^ a montré
qu'il sy trouve des portions assez considérables an-
térieures au code de Manou.
La pbilosopbie hindoue n'a pas été négb'gée. Un
compendium de la philosophie Miœâmsâ par
Mâdhavâtchârya a été publié, sous la direction de
M. Goidstîîcker'. La Biblioiheca Indica a« donné les
fascicules m, iv et v du Mîmâmsâ Darçana avec
le commeataire de Çavara Svâmin\ M. Roèr a
donné dans le journal de la société asiatique alle-
mande ^ une traduction des principes de la philoso-
phie Vaiçesbika de Kanâda.Un petit catéchisme mo-
ral , commun aux brahmanes et aux bouddhistes , qui
parait jouir de beaucoup de popularité dans Tlnde
et au Tibet , a été publié en sanscrit et en tibétain
et traduit en français par M. Foucaux^, qui, dans
* TheHistoiy of Indiafrom the earliest âges. Vol. I. The vedic pe-
riod and the Mahâ Bhârata. Londres, 1867, ijul^576 pages.
' On the Mahâbhârata, extrait de la Revue de Westminster, avril
1868.
^ Âuctores sanscriti, editedfor the sanskrit text Society, ander the
supervision of Th. Goldstûcker. Vol. I , containing the Jaiminiya'Nyâya-
Mâlâ'Vistara. Part, i-v, à partir de i86ô.
* Publiés par le pandit Maheçatchandra Nyâyaratna. 1866-67.
' Année 1867, p. 3o9 et suiv.
' La guirlande précieuse des demandes et des réponses, publiée par
Ph. Éd. Foucaux» in-8°, Paris, 1867. Vo\r Journal asiatique, nov.-
déc. 1867, févriec-mars 1868.
— lili —
une introduction, croit devoir prouver que Tau-
teur ne saurait être, comme on l'a prétendu , le cé-
lèbre philosophe ÇankaraÂtchârya. M. Albert Weber
a repris ce texte et Ta soumis à une critique appro-
fondie ^ M. Brockhaus a achevé Téditîon, depuis
longtemps commencée, du recueil de contes de
Somadéva, intitulé Kathâ Sarit Sdgara^.
Le Digesle des lois hindoues , publié par MM. Ray-
mond West et Georges Bûhler', est un utile com-
plément au grand recueil déjà publié par Cole-
brooke; ce n'est pas seulement un livre de pratique
destiné aux magistrats anglais qui rendent la justice
aux indigènes de THindoustan, cest un livre néces-
saire pour celui qui voudra faire Thisloire des nom-
breux codes de Tlnde brahmanique. L*essai de
M. Sicé sur la constitution de la propriété du sol et
de rimpôt foncier dans l'Inde^ devra aussi être
consulté par ceux qui voudront se former une idée
juste de la communauté indienne. L'histoire si obs-
cure des anciens royaumes de Tlnde reçoit quelque
' Monatshericht de l'Acad. de Berlin, février 1868, p. 92 et suiv.
* Dans les Ahfianàiangen Jur die Kunde des Morgenlandes , de la
Soc. As. allemande, t. IV, n° 5 (1866).
' A Diyest of kindu law,Jrom the replies of the Shastris in the sève-
rai courts ofthe Bombay presidency, with an introduction, notes and an
appendix, edited by Raymond West, B. A. of H. M. Bombay civil
service, acting judge of Canara, and Johann Georg Bûhler, Ph. D',
professor of oriental languag«s in the Elphinstone collège, Bom-
bay. Book I. Inheritance. Gr. in-8", Bombay, 1867, lxx-362 pages.
* Essai sur la constitution de ta propriété du sol, de f impôt foncier
et des divers modes de perception de cet impôt dans ÏInde, par M. E.
Sicé. In^8\ Pondichéry, i86i, 176 pages.
— 45 —
lumière de Topuscule de M. Westergaard^ sur les
anciens pays de Malava et de Kanyakubja.
Si quelque chose pouvait prouver la remarquable
activité littéraire qui s est développée dans llnde
sous la domination anglaise, ce serait le catalogue
publié à Bombay, par ordre du gouvernement, des
ouvrages indigèhes imprimés à Bombay jusqu*à la
fin de Tannée i86&^. Il y a là une foule dmdica-
tions pour, ceux qui s'occupent des dialectes et des
littératures modernes de llnde. Un opuscule de
M. Jones Beames'. fournira aux mêmes personnes
un manuel très-commode. Mais je m*arrète dans
cette voie; car nous connaissons tous ces intéres-
sants discours que M. Garcin de Tassy^ a coutume
de prononcer chaque année à l'ouverture de son
cours, et où il met si bien ses auditeurs au courant
du mouvement littéraire de llnde et en particulier
des curieuses luttes qui se sont élevées depuis quel-
ques années entre la branche hindoue et la brancl^e
musulmane de Thindoustani , l'hindi et l'urdu.
Les Proceedings de la Société asiatique du Ben-
gale pour l'année 1887 montrent l'activité de cette
* Bidrag ùl de indishe Lande Malavas og Ktavjraknhjas Historié. Co-
penhague, 1868.
' Catalogue of native prodactions in tke Bombay piresidency, up to
3i déc, i86à, prepared under orders of govemment by Sir A.Grant,
baronet, director of public Instruction. Bombay, 1867, in-8".
' OuiUnes ofindian philology, par John Beames. Calcutta, 1867.
* Voir en particulier les discours prononcés le 3 décembre 1866
et le 2 décembre 1867. ^' ^^rcin de Tassy vient de donner une
nouvelle édition 4e son ouvrage intitulé : Les auteurs hindbmtanis et
leurs ouorages , d'après les biographies originales. Paris, 1868.
— ^6 —
société. Ses Mémoires continuent d^offrir le plus
grand intérêt. Nous y remarquons une histoire et
une topographie de la ville de Debli , un mémoire
sur les pèlerinages au pays de Gachemyr et de nom-
breuses inscriptions ^ Deux recueils périodiques,
The Pandit (depuis juin 1866), en sanscrit et en
anglais, et The HindaCommerUator, o\i Praina Kamra
Nanàmi (depuis septembre 1867), en sanscrit, con-
tieànent également des aOrticles que les indianistes
liront avec fruit»
L'archéologie de Tlnde commence à être sérieu-
sement étudiée, surtout par les soins de M. Fer-
gusson. Nous avons tous pu voir à l'Exposition uni-
verselle l'admirable collection de photographies
rassemblées par ce savant architecte. Diverses com-
munications de M. Lejean , relatives aux antiquités
de' la Cophène, promettent aussi des résultats fort
intéressants''^. Rien de tout cela ne remonte au delà
du III* siècle avant J. G. ; mais l'étude de ces mo-
numents singuliers fournira certainement à l'his-
toire de l'art les plus curieuses observations*. L'épi-
^ Journal ofthe Asiatic Society ofBenyal, 1866, n° 4-
* Dans les Comptes rendus de VAccul. des inscr. et belles-lettres,
séance du 29 mars 1867.
^ Architecture of Akmedahad, ihe C€^ital oj Goozerat, photogra-
phed by colonel Biggs. With an historical and descriptive? sketch,
by Théodore C. Hope> and architecturaï notes by James Fergusson.
— Architecture at Beejapoor, an ancient mahometan capital in the Bom
hay ptesidency, photograpfaed from drawings by Capt. P. D. Hart ,
A. Gamming, and native draftsmen ; and on the spot by Col. Biggs ,
and the laie major Loch, with an historical and descriptive Memoir
by Capt. Meadows Taylor, and architectural notes by James Fer-
— 47. —
graphie a également profité du zèle qui s'est allumé
pour les antiquités dans la province de Bombay,
sous le patronage dlndigènes éduirés et généreux ^
Le savant numismate et paléographe M. Edward
Thomas a publié un mémoire sur la numisma*
tique du Bengale^, et un autre mémoire sur Ton-
gine de. Talphabet arien ^ auquel on est surpris de
voir quil attribue un.e origine dravidienne'.
Un travail d*un ancien missionnaire danois, B.
Ziegenbalg^, sur la religion indigène dn Malabar,
pourra offrir des renseignements en vue de l'histoire
des cultes dravidiens. Ziegenbalg possédait ime con-^
naissance approfondie du tamoul. Un volume char-
gusson. — Architectwre in Dhartoar and Mysore. Photographed by the
late D' Pigou;, A. C. B. Neill and Gol. Biggs. Wkh an historical and
descriptive Memoir by cap. Meadows Taylor, and arcbitectural
notes by James Fergusson. Tous ces recueils ont été publiés pour
le comité des antiquités arcbitecturales de l'Inde occidentale , sous
le patronage de Premchund Raichund et de Kursondas Madhowdas.
Londres, i865, gr. in-fql, Voir aussi The roch-cut temples o/Àjanta,
with an account oj a trip to Aurangahad and Ehra, by J. Burgess
(Bombay, 1868), et surtout le n" 2 de 1867 du Journal oftheAsia-
tic Society of Bengal.
^ Inscriptions in Dharwar and Mysore. Photograpbed by the late D'
Pigou and Gol. Biggs. Ëdited by T. G. Hope. Publiées par le même
comité. Londres , 1 866 , grand in-fbl. On trouvera aussi des rensei-
gnements curieux dans Miscellaneous Paper chiefiy on scientijic suh •
jects, de T. Seymour Burt, vol. III , part. 3 ( Londres , 1 868 ) , in- 1 2 ,
486 pages > 26 planches.
^ Dans le Journal of the Asiaiic Society of Bengal, 1 867, n** 1 .
^ Dans les Proceedings of the Asiatic Society of Bengal, février
1867.
^ Généalogie der malaharischen Gœtter, aus eigenen Schriften and
Briefea derHeiden, zusammengetragen and ver&sst von B. Ziegen-
balg. Publié par Wilhelm Germann (Madras et Ërlangen, 1867).
— us-
inant de contes populaires du Décan a paru à Lon-
dres et donnera lieu aux rapprochements les plus
intéressants de littérature comparée ^.
Une rare bonne fortune pour les études boud-
dhiques a été Tacquisition par la Bibliothèque im-
périale de la belle collection formée par M. Grim-
blot, à Geylan et à Maulmein. Cette littérature
bouddhique du sud est maintenant regardée comme
nous rapprochant bien plus des origines du boud-
dhisme que les sou Iras népalais du nord. La pré-
cieuse série de grammaires pâlies rapportées par
M. Grimblot sera d'ailleurs d un très-grand secours
pom* la philologie. A Tinstigation de M. Bigandet,
évéque de Rangoun , le roi de Birmanie a envoyé à
TEmpereur un riche fonds pâli , contenant le Tripi-
taka complet en trente beaux volumes écrits sur
olles. L'Empereur a fait déposer ce précieux cadeau
à la Bibliothèque impériale.
Je ne connais que par le titre Tétude que M. Fré-
déric MûUer a publiée sur la langue pâlie ^. M. Bi-
gandet^ a donné une deuxième édition fort augmen-
tée de sa Vie de Bouddha , qui contient de nouveaux
et précieux documents originaux. Le mémoire de
* Old Deccan àays, or Hindoo fairy legends entrent in soathern In-
dia, coUected from oral tradition by Miss Frëre, with an introduc-
tion and notes by Sir Barde Frère. The illustrations by C. Frère.
In*i2, xL-3i pages. Londres, 1868.
* Beitrœge zur Kenntniss der Pâli-Sprache. Gr. in-8', 34 pages.
Vienne, 1868.
^ The lAfe or Legend oJGaadama. Rangoon , american mission press ,
in-8 , 1 866 , xi-538 pages.
— 49 —
M. Westergaard ^ sur la chronologie de la .vie de
Bouddha , quoique déjà un peu ancien , mérite d être
signalé à cause de son importance. M. Westergaard
place Tannée où Bouddha atteignit le niiTâna à une
date plus récente qu'on ne le faisait. Il croit pouvoir
la fixer à 3 68-3 70 avant J. G. , en avouant toutefois
que largumentation au moyen de laquelle il arrive
à cette date précise repose en partie sur de simples
conjectures.
Tout ouvrage de M. Spence Hardy sur le boud-
dhisme mérite 1 attention » puisque M. Spence Hardy
a été durant des années en rapports suivis avec les
bouddhistes. Son dernier écrit ^ ne rentre qu*à
demi dans la plan de nos études , puisque c est une
réfutatioa du bouddhisme. Le but - principal de
l'auteur est de montrer que les théories cosmolo-
giques et historiques de cette religion sont démen-
ties par Texpérience et la .Science; ce dont assuré-
ment personne ici ne doute. La plupart des matières
traitées dans ce livre Font déjà été d'ailleurs par
M. Hardy lui-même dans ses livres antérieurs. Ce-
pendant, outre certains détails nouveaux, le der-
nier ouvrage présente un caractère particulier, c'est
le recours direct aux sources pâlies. Contredisant
l'opinion autrefois reçue, M. Hardy pense que le
bouddhisme date d'une époque intermédiaire entre
^ Uêber Buddhas Jodesjahr, trad. du danois par Slenzler. Brcslau ,
1862.
' The îegendfi xmd théories of the BuÂdhists, compared with history
and science, by Spence Hardy. Londres, lvi et .3 4 6 p. 1866 , in-8".
J. As. Extrait n" 5. (1 868.) 1
— 50 —
l'âge védique et l'àg^ brahmanique, qu'il naquit en
un temps oii le brahmanisme u'élait encore qu'en
formalion, qu'il est par cons<^quent antérieur aux
grandes écoles philosophiques de l'Inde. La cri-
lique à laquelle M. Spence Hai-dy soumet les écri-
tures bouddhiques mérite aussi d'être remarquée.
Chez uous, M. Feer' continue avec zèle l'étude de
ta littérature bouddhique du nord dans ses origi-
naux sanscrits et dans les traductions qui en ont été
faites au centre de l'Asie.
Un ouvrage qui sera précieux pour la connais-
sance du bouddhisme , quan< t
te voyage de M. Bastian^. Un
quième et dernier de l'ouvr t
consacré à l'étude de cette ri s
les trois volumes publiés ,1e! s
celui de l'Indo-Chine, tient beaucoup de place.
M. Bastian donne les détails les plus curieux sur les
couvents, sur la vie des moines, sur leur manière
de concevoir la religion, Il décrit le mouvement
d'idées qni règne chez les bouddhistes éclairés,
mouvement à la tête duquel se place le roi de Siam
' Lt Sâtra en qaaranU-deax arlicUi, Teilfs {:hinois, tibétain et
mongol, autographiés d'après l'exemplaire polyglolle rapporté par
l'abbé Hue, In-8', lï-io p. — TexUs tirés du Handjoiir (sii livrai-
sons, 186A-1866). — Textes sanslirit, libélain et mongol du
Pradjnipâramita hridaja Sûtra, Paris, 1866. — La légende du roi
Asoka , en tibétain. — Dm Vyâkaramu et de leur place dans la lilléra-
lure Jes hoaddhistes (Eilr. de la Henae orientai», juin 1867, in-8*,
19 pagea). Voir aussi Joornnt as. avril-mai 1867.
' Die VaUier dej icillichen Àsieai. 3 vol. 1866, 1867; (.eipiig et
lena. Voir ci-apri-s , p. 1 60.
— 51 —
lui-même, ainsi que lun de ses ministres, et qui,
s il continuait, aboutirait à une réforme, peut-être
à un schisme, dans le bouddhisme siamois. Je vois
aussi que M. Bastian a présenté à la Société asiatique
américaine une traduction de louvrage siamois in-
titulé : Brè'Temiya-Jaiok y traduit du pâli, Vun des
dix principaux djatakas ou Vies de Bouddha en ses
existences antérieures ^
M. Spiegei reste toujours à la tête des savants qui
s*occupent des anciens écrits iraniens. Cette année,
il a publié une grammaire de l'ancien bactrien (c'est
le nom scientifique du zend), suivie d'un appendice
sur le dialecte des gâthâs du Yaçna^, et une lecture
sur la vie de Zoroastre', où il essaye de prouver que
le personnage véel qui porta ce nom vécut à une
époque fort ancienne, qu'il vint des pays du Tigre
et de TEuphrate en Bactriane et qu il conçut sa ré-
forme sous. une influence sémitique. M. Kossowicz^
a donné une nouvelle édition et une version soi-
gnée des Gâthâs du Yaçna. M. Paul de Lagarde a
réimprimé une série de ses opuscules philologiques,
où riran tient une grande place ^. Les gloses ira-
niennes dispersées dans les auteurs anciens, l'in-
' Proceedings de ladite Société, 16 et 17 octobre 1867.
^ Grammatik der althaklrischen Sprache, nehst einem. Ankange ûber
den Gâthâdialect. Leipzig, 1867.
^ Sitzttngsherich(e de l'Académie de Munich, 5 janvier 1867.
^ Gala AhunarM saratusirica septem latine vertit et expiicavit
D'Cajelanus Kossowicz. Saint-Pétersbourg, 1867.
* Gesammelte Abhandlungen , von P. de Lagarde, 186O.
— 52 —
fluenc6 extérieure des langues iraniennes, lexten-
sion. des peuples iraniens dans lantiquité y sont
minutieusement étudiées. Il a en outre publié des
éléments pour la lexicographie de Tancien bactrien\
tirés surtout de la comparaison du zend avec l'ar-
ménien. Gomme supplément de son dictionnaire
persan , M. Vullers vient de publier un glossaire des
mots persans dont Tétymologie doit être cherchée
en sanscrit, en perse ancien,. en pehlvi, en parsi.
Il insiste principalement sur ce point que, Talphabet
arabe étant mal approprié au persan , il faudrait
établir avant tout une correspondance parfaite entre
les sons représentés par les caractères arabes et les
sons tels qu ils étaient prononcés avant la conquête
musulmane^.
Les Parsis de Bombay continuent de montrer
pour le progrès des études philologiques relatives
à leurs anciens livres sacrés Tempressement le plus
louable. Nous avons reçu les cinq premiers numé-
ros d*un recueil en guzarati, intitulé : a Études zo-
roastriennes, » dont Tauteur est Khursedji Rustamdji
Rama^; il s y trouve en particulier un travail in-
téressant sur Tinscription de Nakschi-Ruslem. Un
ancien dictionnaire zend-pehlvi , déjà publié par
^ Beitràge zur haklrischen Lexicographie» In-S**, 80 p. Leipzig,
1868.
' Vethorum linguœ persicœ radiées dialectis antiqaioribus persicis
et lingua sanshrita et aliis Ungais maxime cognatis erutœ atque illas-
tratm, Supplementum lexici sui persico-latini ^cripsit J. A. Vul-
iers. Bonn, 1867, i36 pages.
' Zartoçti Ahkjâsa, Bombay, 1866-67, in-8°.
— 53 — .
Âtiquetil-Duperron , mais dont il était à peu près
impossible de faire usage , a été publié de nouveau
par le destour Hoshengdji Jamaspdji, et revu par
M. Haug ^ Les éditeurs l*ont accompagné d'une
transcription en lettres européennes et d'une tra-
duction anglaise.
Un livre impoi!^tant et depuis bien longtemps at-
tendu vient de paraître par les soins de M. Mohl^.
C'est le texte du grand ouvrage dé M. Lajard sur le
culte de Mithra, dont les planches sont depuis
longtemps entre les mains du public savant. La
question qui donna naissance à ce vaste travail fut
posée par l'Académie des inscriptions et belles-
lettres en 1823. Il y a sans doute de graves incon-
vénients à ce que, dans l'état actuel des études, de
pareilles recherches soient publiées si longtemps
après avoir été conçues. Â l'époque où M. Lajard se
forma ses idées sur l'histoire des religions orientales,
les vrais principes de la critique en cette matière
étaient peu compris. Là philologie comparée venait
de naître; la mythologie comparée n'existait pas. De
là, bien des idées qui paraîtront aujourd'hui suran-
nées; mais la parfaite conscience de M, Lajard, la
manière exacte dont il reproduit les textes, les ins-
^ An oJd zand'pahlavi Glossary, edited in the original characters
by Destur Hoshengji Jamaspji , high priest of the Parsis in Malwa ,
India, revised with notes and introduction by M. Haug. Bombay,
1867, in-8 , Lvi-i 32 pages.
■ Recherches sur le culte public et les mysùres de Mithra en Orient
et en OcciJenf, par F. Lajard. Paris, Imprimerie impériale, yiii-
692 pages in- 4*.
\
— 54 —
criptions, les monuments figurés, font de son livre
un répertoire indispensable pour l'étude des reli-
gions de TAsic. L*ouvrage est loin d'être complet;
M. Lajard n'avait pu remplir qu'une petite partie
du plan qu'il s'était tracé; l'histoire du culte mi-
thriaque en Occident n'est pas touchée. Les cha-
pitres relatifs aux grades d'initiation sont les plus
intéressants et les plus neufs.
Les numismatiques arsacide et sassanide, si im-
portantes pour l'histoire et la paléographie, conti-
nuent à occuper les paléographes et les numismate^
les plus exercés, MM. Mordtmann, Blau, Dorn,
Lévy de Breslau , Edward Thomas, de Longpérier ^
M. Edward Thomas ^ a étudié en particulier les
sceaux sassanides et d'antiques monnaies de sa-
trapes d'Arménie. Les coupes sassanides, dont plu-
sieurs se trouvent dans nos musées, ont fourni à
M. de Longpérier la matière d'observations intéres-
santes et de très-curieux rapprochements avec di-
vers passages des poiygraphes musulmans ^.
Dans quelle mesure le parsisme a-t-il influé sur
le judaïsme, en particulier vers l'époque de notre
ère? C'est là un problème fort difficile, que M. Ko-
but* a entrepris d'examiner à nouveau. Par la com-
^ Voir surtout Zeitschrift der dcalschen moryenlàndiscken Gesell-
schaft, 1867, p. '^* etsuiv. Aai et suiv.
^ Scusaiùan genu and earfy armenian coins, Londres , 1 866 , broch.
in-8*, 8 pages.
^ Dans les Mém. de l'Acad. des inscr. et belles le ttres , t. XXVI,
1" partie, 1867.
* Ucber die jûdischc Angelologie und Dœjtionolotjic in ihrer Ah-
— 55 —
paraison entre un grand nombre de passages dii
Talmud et de TAvesta, il montre que sur des points
importants, sur les anges et les démons, sur la vie
future, sur la rédemption, sur la résurrection et la
fin du monde, c est à-dire en général sur ce qu'on
appelle en style théologique Tangélologic et l'escha-
tologie, le judaïsme de Tépoque moyenne et le
parsisme offrent une telle identité qu il faut néces-
sairement supposer que lun a fait des emprunts à
Tauti^e. De quel côté est la priorité? Dans beaucoup
de cas, surtout en ce qui concerne les anges, le
doute ti' est pas possible. D^ns d'autres, M. Kohut
se prononce avec réserve; cependant, même dans
CQS cas, il incline vers l'opinion qui accorde au par-
sisme la priorité.
Le beau mémoire de M. de Khanikof ^ sur l'eth-
nographie de la/Perse montre bien l'extension pri-
mitive de la race iranienne et le rôle de cette race
dans l'histoire de l'Asie. M. de Khanikof joint la
conn^aissançe des textes à l'observation physiolo-
gique des races et à l'étude de leurs idiomes. Ces
trois sources d'informations, qu'il est rare de voir
possédées par le même savant, donnent à son tra-
hàngigheit vom Parsismus (lï* 3 du tome IV des Abkandlungeafâr die
Kunde des Morgenlandes). fieipzig, 1 866 , iri-8®, io6 pages. — JVas
hat die talnudjsche Eschatoloyie aus dent Parsismus aufgenommen ? dans
le ZeiUchriJt der deutschen morgenlànd, Gesell. 1 867 , p. 553 et suiv.
— Voir aussi Schorr, Hahalouz, t. IX , p. 1 et suiv. Francfort, 1866.
^ Mémoire sur V ethnographie de la Perse. Paris, 1866, in-4'',
i42 pages et 3 planches. (Extrait du recueil de Voyages et de Mé-
moires publiés par la Société de géographie.)
— 56 —
vail une grande solidité. La question des rapports
des Iraniens avec les Sémites, dans la région du
Tigre, est fort bien traitée; l'unité de famille entre
les Afghans , les Béloulches , les Baktyaris , les Kurdes,
les Arméniens, les Ossètes , etc. n a jamais été mieux
montrée.
S'il fallait un exemple pour prouver combien
l'esprit persan est resté fidèle à lui-même et à son
origine aryenne, on le trouverait dans ces quatrains
de Kheyyâm que vient de publier M. Nicolas,
consul de France à Recht ^ Ce Kheyyâm est l'àl-
gébriste célèbre dont le regrettable M. Wœpcke a
exposé les théories dans ce journal même. Mathé-
maticien , poète , mystique en apparence , débauché
en réalité, hypocrite consommé, mêlant le blas-
phème à l'hymne mystique, le rire à l'incrédulité,
Kheyyâm est peut-être l'homme le plus curieux à
étudier pour comprendre ce qu'a pu devenir le libre
génie de la Perse sous l'étreinte du dogmatisme mu-
sulman. La traduction des quatrains a obtenu un
grand succès en dehors du monde des orientalistes.
Des critiques exercés ont tout de suite senti sous
cette enveloppe singulière un frère de Goethe ou de
Henri Heine. Certainement, ni Moténabbi, ni même
aucun de ces adniirables poètes arabes anté-islami-
ques, traduits avec le plus grand talent, ne répon-
draient si bien à notre esprit et à notre goût. Il faut
remercier M. Nicolas de sa traduction , que l'Impri-
* Les quatrains de Kkhycun, trad. du persan. Paris, Tmp. imp.
1867.
— 57 —
merie impériale a 'magnifiquement publiée. On eût
pu désirer plus de critique dans la préface; le texte
est la reproduction d une édition autographiée, je
crois, à Téhéran. Quun pareil livre puisse circuler
librement dans un pays musulman, c*est là pour
nous un sujet de surprise; car, sûrement, aucune
littérature européenne ne peut citer un ouvrage
où, non-seulement la religion positive, mais toute
croyance morale soit niée avec une ironie si fine et si
amère. Le manteau hypocrite des explications mys-
tiques couvre toutes ces hardiesses. Il paraît qu'on
possède du même Rheyyâm un dictionnaire des '
termes du soufisme, où d*un bout à l'autre la même
équivoque entre l'incrédulité et le mysticisme est
soutenue. Il serait bien intéressant d'en connaître
au moins des extraits.
L'immense et splendide publication entreprise
par M. Mohl avance vers son terme. Les tonnes V
et VI du Schah'Nameh, contenant le récit légen-
daire de l'histoire de Perse depuis Alexandre jus-
qu'à Hormisdas IV, ont été livrés au public ^. Un
volume encore, et cette grande publication, qui fait
tant d'honneur et au savant éditeur et à l'Imprime-
rie impériale , sera terminée. Quel dommage que
les deux autres grandes publications de la Collection
orientale semblent destinées à rester inachevées!
Quand on pourra lire dans la traduc4;ion de notre
président l'ensemble de l'œuvre de Firdousi, on en
' Le Livre des Rois, par Abou'l Kasim Firdousi , publié, traduit et
commenté par M. Jules Mohl. Tome V ( 1 866 ), tome Vf ( 1 868 ), in-fol.
— 58 —
appréciera hautement la beauté /le caractère élevé;
on aimera ce haut ton de la narration , où la mé-
lancolie du Persan s*allie cVime façon si originale au
fatalisme du mu$ulman; on comprendra surtout
quel trésor dhistoire littéraire constituent cespoëmes
narratifs de la Perse, combien ils jettent de lumière
sur la théorie de Tépopée, sur la formation des
vieilles histoires populaires, sur les procédés de
revhémérisme, qui transforme une mythologie en
histoires de rois, de reines et de héros. liCs rhapso-
dies grecques et les chansons de gestes ne s'expli-
quent complètement que si on les rapproche des
chants nationaux que produisit la renaissance de la
Perse au xi* siècle; dans ce dernier cas, en effet,
réclosion de Tépopée se fit au grand jour et dune
manière qui nous est pleinement connue.
En Fabscnce dû texte arabe complet de la chro-
nique de Tabari, la traduction persane de cet
ouvrage a beaucoup de valeur. M. Zolenberg\
continuant le travail commencé par M. Dubeux, a
entrepris la traduction de cette traduction. Tabari
a une importance toute particulière dans Thistorio-
graphie musulmane, puisque sa chronique es( la
plus ancienne chronique générale quil y ait, et a
été la source de toutes les autres. Les traductions
persan.e et turque sont loin de remplacer Toriginal,
^ Chronique de Ahou-Djnfar'MoKamnwà ben Djarir ben Yezid Tabari,
traduite sur la version persane d*Abou-Ali-Mohammed-Belanii , par
M. Hermann Zotenberg; 1. 1. Paris, 1867, in-8''(viil et 699 pages).
Publié par la Société asiatique de Londres.
— 59 —
et s*il était possible, par des recherches attentives
faites surtout {\ GonstantinopJe, de retrouver ce der-
nier texte , ce serait là sans doute une bonne for-
tune. En attendant, l'ouvrage publié par M. Zoten-
berg, qui se composera de quatre volumes, aura
pour les historiens un très-grand prix.
Les savants anglais de Calcutta continuent leurs
travaux sur les historiens persans des empereurs
timourides de Dehli. La Bibliotheca indica a donné,
sous la direction de M. Nassau Lees, neuf-nouveaux
fascicules du Badschah-Nameh d*Abd al-Hamid
Labawry ^ C'est l'histoire de l'empereur 'Schah-
Djihan, qui monta sur le trône en 1627, con-
tinuée jusqua la (in de la trentième année de son
règne. La Bibliotheca indica a aussi publié les fas-
cicules X et XI de YAlamgir'Nameh, ou vie de l'Em-
pereur Aureng-Zeb Alemguir, depuis l'an i656, où
Schah-Djihan perdit en réalité le pouvoir, jusqu'à
la onzième année du règne d'Aureng-Zeb ^. Ces
histoires d'une brillante époque, toutes écrites par
des historiographes très bien informés, sont d'un
réel intérêt. Le plan de ce Coq)u$ des historiens
musulmans de l'Inde avait été conçu par un homme
d'un rare mérite, un des derniers survivants de la
grande école d'administrateurs et de savants formée
^ The Badschah Nameh, by Abd ai-Iiamid Lahawry,.ed. by Maw-
lawis Kabir ai-Din Ahmad and Abd al-Bahim. Calcutta, 1866, 1867.
* The Alamgir-Nameih , by Mufaammad Kazim ibn Muhammad
Amin Munschi , edited by Mawlawis Kbadim Husain and Abd al-
Fïai. Calcutta, 1867.
— 60 —
par Tancienne compagnie des Indes , le défunt
M. Elliot. Le premier volume de Touvrage de M. El-
liot lui-même sur Thistoire de l'Inde vient de pa-
raître. Il comprend un travail critique approfondi
sur les anciens géographes arabes qui ont parié de
rinde et sur les historiens de la plus ancienne pé-
riode de rinde musulmane ^. La Bibliotheca indica
publie encore, par les soins de M. Blochmann,
une édition d'un livre connu depuis bien longtemps
par la traduction anglaise , mais dont le texte était
re'slé jusqu'ici inédit, VAîn-Akbéri^.
M. de Gobineau* a publié, d'après ses observa-
tions personnelles, un livre qui contient les détails
les plus curieux sur l'état religieux, moral et philo-
sophique de la Perse, L'histoire si intéressante de la
secte des Babis est écrite dans ce livre en traits bjen
frappants et qui répondent parfaitement au récit que
Mirza Kasem-beg a publié dans ce journal même,
d'après les sources d'information les plus exactes.
J'ai pu moi-même reconnaître l'exactitude de ces
récits par le témoignage de personnes qui ont été
mêlées aux événements dont il s'agit. Rien n'est plus
propre que cette histoire à expliquer la manière
dont se forment les sectes en Asie. Le moderne
* The History ofindia as told by its own historians ( The muham-
madan Period), edited from the posthumous papers of the late Sir
H. M. Elliot, by professor John Dowson. Vol. I (Londres, 1867)»
in-8^ xxxii-542 pages.
* Fascicules i-iv, in-^**. Calcutta, 1867.
* Les religions et les phihsophies de tAsie centrale, Paris, 186S,
544 pages, in-S**.
— 61 —
théâtre persan, ces curieux mystères, tous relatifs
au martyre de la famille d*Âli , et à propos desquels
la Perse a su montrer de la manière la plus remar-
quable sa vive imagination, son romantisme litté-
raire, la profondeur de son sentiment religieux, les
besoins nombreux de son activité politique et so-
ciale, ont été observés de près par M. de Gobineau,
qui entre dans les plus curieux détails et complète
ce que nous avions déjà appris sur ce sujet par
M. Alexandre Chodzko.
M. Pertsch ^ a ajouté un chapitre intéressant à
rhistoirc des contes en Orient par son élude sur le
Toati'Nameh de Nachschabi. C'est, de tous les textes
aujourd'hui existants de ce livre célèbre, celui qui
probablement se rapproche le plus de l'original sans-
crit maintenant perdu, dont le Çukasaptati n'est
qu'un extrait. L'ouvrage de Nachschabi, écrit vers
l'an i33o, a lui-même été rejeté dans l'ombre par
la rédaction de Mohammed Kadiri, composée dans
l'Inde vers le milieu du xvii* siècle.
La poésie soufie, devenue commune à toutes les
littératures de l'Asie qui ont subi l'influence de l'es-
prit persan, nous est maintenant bien connue. Ar-
rivera-t-on jamais à voir les origines de ce genre de
littérature singulier? En attendant,, on lira avec
intérêt l'espèce de traité de philosophie soufie publié
par M. E. H. Palmer^ d'après un ouvrage écrit
^ Dans le Zeitschrift der deutschen morgerdàndischen Geselkckajt,
1867, p. 5o5 et suiv.
' Oriental rriYSticIsm, a treadse on the sufistic and anilarian Théo-
— 62 -
originairement en turc, puis traduit en persan et
intitulé El-maqsod eUaqsa. L*essai sur le dervichisme,
par M. John P. Brown \ secrétaire et drogman de
la légation des Etats-Unis à Constantinople , est 1 ou-
vrage d'un homme qui a longtemps étudié sur place
le sujet dont il parle. L'importance du dervichisme ,
comme réaction et protestation contre Tislamisme
orthodoxe, est un fait dont Thistoire et la politique
ne peuvent tenir trop de compte.
La langue et la littérature du Sindh étaient jus-
qu'ici peu connues. Le gouvernement de Bombay
a rendu un service à la science en faisant publier
par le savant missionnaire Ernest Trumpp ^ le di-
van d'Abd-ul-Latif Schah, poète né en 1680 et
qu'on a surnommé le Hafiz du Sindh. Le capitaine
Raverty a donné de nouvelles éditions de son choix
de poésies afghanes soufies du xvi'' siècle jusqu'à nos
jours *, et de son supplément à la lexicographie de
l'Hindoustan *. Il est fâcheux que le zèle du capi-
sopky of the Persians, compiled from native sources, by E. H. Pal-
mer. Cambridge , 1867, gr. in-12, XIV et 84 pages.
^ Thfi dervUhes, or Oriental Spiritaalism, by John P. Brown^
Londres , ) 868 , 4 1 5 pages.
* Sindhi'Liieratur. The divan of Ahd-ul-Latif Schah , hiown hj the
name of Schcdia jo risalo, editedby the Révérend Ernest Trumpp.
Leipng, i866, 789 pages.
' Sélections from the poetry of the Afghans from the sixteenth to the
nineteenth century, iiterally translated from the original authors , and
remarks on the mystic doctrine and poetry of the sufis. In-8'*. Londres »
1867, ïiouvelle édition. La première édition était de i863.
* Thésaurus of English and Hindustani technical terms used in buil-
ding and other useful arts r and scientific Mcmual ofwords and phrasés
in the higher branches of hnowledge , containing upwards of 5,ooo words
— 68 — .
taine Raverty ne soit pas servi par les connaissances
philologiques et critiques nécessaires en pareilles
matières. Dans un travail considérable et inspiré
parla meilleure méthode, le révérend Trumpp^ a
soumis à un rigoureux examen la grammaire af-
ghane de M. Raverty, en a prouvé Tinsuffisance et
a montré surtout ce qu'avait d'insoutenable la pré-
tention de rattacher l'afghan aux langues sémiti-
ques. Avant M. Trumpp, du reste, un savant an-
glais, le vicomte Slrangford, avait présenté des
observations analogues. Il semble que M. Raverty
a surtout travaillé d'après les munshis indigènes et
s'est laissé conduire par leurs fausses idées philolo-
giques. L'opinion de MM. Dorn et Lassen sur le
caractère indo-européen de l'afghan doit être plei-
nement maintenue. Seulement, au lieu de ratta-
cher d'une manière prochaine le dialecte poushtou
aux langues iraniennes, comme le faisaient ces deux
savants, M. Trumpp le rattache immédiatement à
la famille hindoue et particulièrement au prakrît.
M. Dorn ^ poursuit la série de ses savantes études
sur ces nombreux dialectes iraniens qui continuent
encore de nos jours leur existence en dehors de
not generally to be found in the english and urdu Dictionaries. New
edit. in-8". London, 1867. La première édition était de 1849.
^ Dans le Zeitschrift xler dentschen morgenlàndischen Geselhckaft ,
1866 , p. 10 et suiv.
^ Beilràge sur Kenntniss der iranischen Sprachen, IV" Theil , 1 '*" und
3** Liefening. Masanderanische Sprache, Die Gedichisammlung des
Emir-i'Pasewary. In Verbindung mit Mirsa Muhammed SchafyJier-
ausgegeben von B. Dorn. Saint-Pétersbourg, 1866, gr. in-8'*.
— 64 —
•
la langue classique et officielle que nous appelons le
persan. Gomme spécimen de la langue du Mazan*
déran , il a publié la collection des poésies d*Emir-
i-Paséwary. M. Grigorief a fait une traduction russe
des parties de la géographie de Ritter relatives au
Kaboulistan et au Kafiristan , en y joignant des noies
critiques et en complétant le travail allemand au
moyen des connaissances acquises depuis trente ans ^
Les remarquables analyses de philologie auxquelles
donne lieu la comparaison de Tiranien avec lossète
et l'arménien ont été poursuivies par MM. Frédéric
MûUer^ Ascoli*, Spiegel*, de Lagarde^.
La littérature arménienne continue d'être étudiée
avec un zèle auquel les Arméniens instruits savent
prendre leur part. M. Brosset a terminé la traduc-
tion de l'histoire de Siounie, province de TArménie
orientale, écrite au xiu* siècle par un métropolitain
de cette province, d après des sources d'informa-
tion tout à fait originales ^. Une collection de tra-
ductions des historiens arméniens a commencé de
paraître à Paris sous les auspices de Nubar-Pacha et
par les soins de M. Victor Langlois''. Le plan de
* Saint-Pëtersbourg, 1867» grand in-8*, 1010 pages.
^ Dans les Beitràge zur vergleichenden Sprachforschany de Kuhn et
Schleicher, V*" Band, i'*" Heft (Berlin, 1866), p. 98, 106, iSy.
* Ihid, 2*" Heft (1867), p. a 10 , et Sludj Irani, tirage à part dés
Mémoires de l'Institut lombard , série m, t. X.
* Beitràge précités , 3"* Heft, 1867.
* Ouvrages cités ci-dessus, p. 5i-52.
^ Histoire de la Siounie , par Sléphanos Orhélian, traduite de l'ar-
ménien, in-4^ Saint-Pétersbourg, 1" partie, i864, 2' partie, 1866.
^ Collection des historiens anciens et modernes de l'Arménie, publiée
— 65 —
celte collection, imitée des collections d'historiens
grecs publiées par M. Charles MùUer chez Didot,
est très-bien conçu. Les traductions sont en grande
partie Tceuvre d'Arméniens mékhitaristes résidant
à Paris; quelques-unes sont de M. Émin. Dans cer-
tains cas, on a usé des traductions antérieures d'une
façon qui a provoqué des réclamations de la part
des auteurs de ces traductions. Il est probable que
les arménistes de profession auront aussi quelques
réserves à faire sur les détails; mais il est certain
que cette collection sera extrêmement commode à
tous ceux qui s'occupent de critique historique. Les
observations qui accompagnent les traductions,
quelquefois incomplètes, souvent peut-être attaqua-
bles, sont d'un grand intérêt. Le volume publié
contient les historiens d'Arménie qui ont écrit en
grec ou en syriaque, mais dont on ne possède que
la traduction arménienne, Mar Apas Catina, Bar-
desane, Agathange, Faustus de Byzance, Leroubna
d'Edesse, Zénob de Glag, Jean Mamigonien. Faus-
tus de Byzance surtout est un historien très-impor-
tant, et il a fallu l'antipathie séculaire que les Ar-
méniens ont vouée à cet écrivain pour qu'il soit
resté jusqu'à nos jours sans être traduit.
La philologie comparée des langues sémitiques
sous les auspices de S. E. Nubar- Pacha, et avec le concours des
membres de TAcadémie arménienne de Saint- Lazare de Venise et des
principaux arménistes français et étrangers , par Victor Langlois ,
t. I. Paris, 1867.
J. As» Extrait n* 5. (1868.) 5
— 66 —
n'aura jamais l'intérêt historique de premier ordre
qu offre la philologie comparée des langues indo-
européennes. Les langues sémitiques se ressemblent
tellement entre elles, la comparaison en ce qui les
concerne est tellement à fleur du sol, que Tinter-
vention de la science n a pas été nécessaire pour
découvrir leur unité. Les Juifs ont toujours très-
bien SU' que leur langue sacrée était sœur de l'arabe ;
le clergé syrien de nos jours apprend Vhëbreu avec
une (iicilité extrême et fait sans éducation philolo-
giquc de très bons rapprochements entre les trois
grands dialectes sémitiques L'intérêt de la philolo-
gie comparée sémitique consiste surtout à montrer
la vie intérieure de la famille, l'espèce de végétation
qu'ont traversée les procédés ou les atrophies qu'ils
ont subies. Une classe de faits oflre à cet égard une
prise toute particulière: ce sont les fails grammati-
caux propres à l'un des dialectes et dont il est difficile
ou impossible de trouver le rudiment dans les autres.
C'est surtout l'arabe et l'éthiopien qui présente de
ces sortes de phénomènes. M. Hartwig Derenbourg
a essayé d'en étudier deux, le phénomène de la dé-
clinaison et celui des pluriels brisés, qui, au pre-
mier coup d'œîl, semblent n'appartenir qu'à l'arabe.
Sur le premier point \ M. Hartwig Derenbourg,
réunissant un certain nombre de faits déjà signalés et
y ajoutant ses propres observations, n'a pas de peine
à montrer que le mécanisme des flexions n'est pas
aussi exclusivement propre à l'arabe qu'on pourrait
' Journal asiafufue ,no\emhre-déccmhrc 1867.
— 67 —
le croire. Sur le second point S répondant à une ques-
tion posée par luniversité de Gœttingue, le jeune
philologue émet plusieurs vues ingénieuses et éclaire
la question en publiant pour la première fois quel-
ques chapitres du grammairien Sibawaihi. On sent
dans ces travaux un élève de la forte école de
M, Fleischer. Depuis M. de Sacy, ces recherches de
grammaire arabe, faites au moyen des grammai-
riens arabes eux-mêmes, ont été un peu négligées.
Il est bon de les reprendre en les éclairant par les
résultats acquis de la philologie comparée.
M. O. Vogel ^ s est livré sur le pronom sémitique
à une de ces recherches d'analyse préhistorique qui
ont toujours leurs dangers, mais qui répondent évi-
demment à un besoin de la philologie comparée,
puisque de toutes parts elle sengage dans cette
voie. Le problème de la parenté primordiale des
langues sémitiques et des langues indo-européennes
a encore été repris de différents côtés ^; mais^ je
^ De pluralium lingaœ arahicœ et œthiopicœ formarum oninis gene-
ris' origine et itidole scripsit, et Sibavaihi capita de plural i edidit
Hartwig Derenbourg. Gœttingue, 1867, et Journal asiatique , juin
1867 (tiré à part, io5 pages, sou» ce titré : Essai sur les formes des
pluriels arabes).
* Die Bildung des persœnHchen Fàrwortes im Semitischen. Ein
sprachvergleichender Versuch , gr. in-4°, 28 p. Greifswald , 1866.
^ Rudolf von Raumer, Fortsetzung der Vnlersuchungen ûber die
Vrverwandtschaft der semitischen und indo-europàischen Sprachen.
Francfort, 1867, i'^'^"- — ^® même, Zweite Fortsetzung der Vnler-
suchungen, etc Francfort, 1868, in-8*. Je ne connais que par le
titre : W. R. Burgess, An investigation of a common aryan andsemitic
démonstrative hase. London, in-12. — T. H. A. de Marie, Vrsprung
5.
— 68 —
doute que ces nouveaux essais aient mieux réussi
que ceux qui les ont précédés. Que les ancêtres des
peuples sémitiques et les ancêtres des peuples indo-
européens fussent séparés lors de la création du
système des langues sémitiques et du système des
langues indo-européennes, cela est hors de doute ;
qu'ils aient vécu ensemble dans cette longue pé-
riode d'incubation durant laqlielle les systèmes de
ces deux familles de langues n existaient qu'à Tétat
viituel et non fixé, cela est possible, mais cela n est
pas démontré. On doit reconnaître d'un autre côté
qu'on ne saurait tirer de là aucune conséquence
d'ethnographie primitive S puisque des peuples
congénères ont pu, en se séparant quand le langage
était encore à l'état mou, se constituer des idiomes
différents.
Le premier volume de la grammaire hébraïque
de feu M. Frédéric Bœltcher^ a paru. C'est un im-
mense comnaentaire , fruit d'une vie entière de pa-
tientes observations, qu'il faudra placer à côté des
nnti Entwickelung der sogenannten indo-europœischen und semitiscken
Sprachen in Begriff und Laut. Lœsung dièses grossen mit Unrecht fâr
unlœsbar gehaltenen Problems, ab Grandlage zu einem System der
Sprachwissenscha/t. i'*""Band, 2**Abtbeilung. Vrsprang der primitiven
Sprache. Syt'tematische Entwichelung der Lautformen und ihre Bedeu-
tangen, gr. in-8*.
* M. Chavée est d'un autre avis. Voir Revue de linguistique, i" an-
née, p. 432 et suiv.
* Àusfàhrliches Lehrhuch der hebrœischen Sprache von^Fried.
Bôttcher, nach dem Tode des Verlassers herausgegeben und mit
ausfûbiiichen Registem verseben von Ferdinand Mùhlaii. Erster
Band. Leipsig, 1866-1867, in-8", 654 p.
— 69 —
grands ouvrages de Gesenius et d'Ewald, quoiqu*!!
n'égale ni la lucide méthode du premier, ni la pro-
fondeur philosophique du second. Il faut louer sur-
tout M. Bœttcher du soin qu'il prend de discuter
lexaclitude de chaque texte et de chaque mot avant
de Texaminer grammaticalement, et d'éviter ainsi la
peine que se donnent souvent les grammairiens de
dresser des théories pour expliquer des fautes. On
ne peut signaler ici que d'une manière sommaire les
innombrables observations intéressant la philologie
sémitique qu'on trouve dans des recueils tels que le
«Journal» de Geiger\ les «Archives» de Merx ^.
Ces recueils, même quand ils contiennent plus
dune conjecture hasardetise, plus d'un essai de
philologue novice , sont , comme le « Journal de la
Société asiatique allemande , » d'inappréciables ré-
pertoires de faits pour le sujet qui nous occupe.
M. -Geiger, par exemple , ne laisse pas passer un
mois sans communiquer au public quelque idée in-
génieuse, fruit de sa riche mémoire et de sa vaste
lecture. Si les grandes études hébraïques faiblissent
quelque peu dans les universités protestantes de*
l'Allemagne, il faut se réjouir de voir les savants
israé'lites y porter leur prodigieuse activité et la
perspicacité parfois un peu subtile de leur esprit.
Les sources pour l'histoire antique de la race se-
* Jâdische Zeitschrift. Breslau, 1868 (6° année).
* Archiv far wissenschaftUche Erforschuug des Alten Testaments,
herausgegeben von D' Âdalbert Mei*x. 1" cahier en 1867. liallc,
in-8'.
-- 70 —
mitique ont fourni niatière à des conjectures infi-
nies; la réflexion scientifique en s y appliquant peut
cependant faire encore bien des découvertes, arri-
ver à bien des combinaisons inattendues et suscep-
tibles d'entraîner l'universel assentiment des cri-
tiques ^ Un point, par exemple, où Tétymologie, la
mythologie et la paléographie, consultées avec sa-
gacité et appuyées par les textes historiques , semblent
mener à des inductions sûres, est la part qu'il faut
faire aux Sémites, c est-à-dire aux Phéniciens, dans
l'histoire antique de toutes les côtes de la Méditer-
ranée, particulièrement de la; Grèce et de ses îles ^.
Nul doute que dans les substructions de cette bril-
lante civilisation grecque 5 il ne faille attribuer une
part considérable à l'influence phénicienne. La re-
cherche des mots phéniciens qui peuvent se trou-
ver dans la langue et dans les noms de lieu de la
Grèce demande à être conduite avec réserve ; elle
est légitime cependant^. L'alphabet est sûrement le
plus considérable des emprunts faits par les anciens
Hellènes à l'Orient sémitique. Le fait en lui-même
.n'avait pas besoin d'être démontré ; il n'a jamais été
mis en doute; mais il y avait place sur ce terrain à
^ Nous signalerons, nonobstant bien des rapprochements ténaé-
raires, Grûnbaum, sur Kedem, Kadim, Thenian, etc. dans le Zeit-
schrift der dentschen morgenlàndischen Geselbchaft, 1867» p. 692 et
suivantes.
^ François Lenormant; La légende de Cadmus et les établissements
phéniciens en Grèce (Extrait du tome XV des Annales de philosophie
chrétienne) , Paris , 1867, in-S**.
''* M. Oppert est surtout entré dans cette voie.
— 71 —
de curieuses recherches de paléographie et d'Iiis-
toire. L*ouvrage de M. François Lenorniant ^ quand
il sera publié d'une manière complète, sera à cet
égard des plus instructifs. Tout n y sera pas neuf,
tout n'y sera pas incontestable; mais on y verra
exposée avec suite et ensemble l'histoire d'un des
faits les plus surprenants, je veux dire de la propa-
gation de l'alphabet sémitique dans le monde entier.
I^es recherches de M. Lenormant sur les îles de
Théra et de Cimolos^, celles de M.Salzmann sur l'île
de Rhodes^ montrent également le rôle que les
Phéniciens jouèrent dès une haute antiquité dans
les îles de l'Archipel.
La métrologie, la mesure du temps et de l'es-
pace, est un autre emprunt que tous les peuples de
l'iantiquité classique ont fait aux Sémites , ou plus
particulièrement à Babylone. M. Bœckh l'avait
déjà démontré. M. Brandis ^ a donné à la décou-
verte de M. Boedch une nouvelle précision et a
réussi à rétablir en son entier le système métro-
logique babylonien, système dont nous subissons
^ Voir Revue archéologique , octobre, novembre^ décembre 1867,
mars et avril 1868. L'introduction a paru séparément. Paris, 1866.
Gr. in-8*, 160 pages.
^ Comptes rendus de l'Académie des inscriptions et belles -lettres,
1866, p. 269 et suiv. 358; JReyue arc/i^oio(/i(jfae, juillet, décembre
1866.
' Nécropole de Camiros (de de Rhodes). Journal des fouilles exécu-
tées dans cette nécropole pendant les années i858à i865, par Au-
guste Saltzmann. Livraisons 1 à /i , Paris.
* Das Mûnz- Mass- und Geivichtsuesen in Vorderasien bis auf Àlexan-
der den Grossen, von J. Brandis, in-8", 620 pages, Berlin, 1866.
— 72 —
encore les conséquences, puisque ia division du
cercle et de Theure est encore aujourd'hui celle
quinventèrént les mathématiciens de Babylone.
M. Brandis est même porté à croire que les créa-
teurs du système babylonien firent dériver direc-
tement les mesures de surface et de capacité de
Tunité de longueur, ce qui supposerait chez eux
une pensée identique à celle qui inspira le système
métrique français. Dans tous les cas, le système ba-
bylonien, tel qu'il ressort des travaux de M. Bran-
dis, donne une haute idée de la civilisation des bords
du Tigre et de lEuphrate à une époque reculée.
Dans un autre opuscule consacré à l'étude de ce
que les anciens nous racontent sur les sept portes
de Thèbes\ M. Brandis ajoute quelques données
de la plus haute importance à ce que nous savions
déjà de l'influence orientale en Grèce. Il y prouve
que l'usage , assyrien , ce semble , jl'origine , de dédier
les portes des villes au soleil, à la lune et aux pla-
nètes, s'étendit à une grande parlie du monde an-
tique. Dans cette voie féconde, M. Brandis arrivera
sans doute à bien d'autres solides rapprochements.
L'importance de Babylone dans l'histoire du monde
ressortira de plus en plus. Reconstruire cette antique
civilisation, qui égala au moins celle de l'Egypte et
qui exerça aU dehors une influence plus considérable ,
deviendra pour la science un objet capital.
La nature des anciennes religions sémitiques reste
* Die Bedeutung der siehen Thore Thebens (Berlin, 1867), extrait
du Hertnes.
— 73 —
un sujet de recherches multiples et difficiles. M. de
Vogué ^ a exposé sur la théologie phénicienne des
vues conçues d'après ses propres études et selon
lesquelles le fond de cette religion aurait été une
sorte de monothéisme, la multiplicité des dieux y
provenant de la diversité des noms et des épithètes
par lesquelles le dieu suprême était désigné.
L*épigraphie esf le grand moyen scientifique qui
permettra de faire faire à ces études de solides pro-
grès. C'est ce qui a inspiré à un certain nombre de
membres de l'Académie des inscriptions et belles-
lettres, appartenant tous à votre Société, l'idée de
recueillir en un Corpus, comme on l'a fait à Berlin
pour les inscriptions grecques , et comme on le fait
en ce moment pour les inscriptions latines, toutes
les inscriptions sémitiques anciennes, c'est-à-dire
antérieures à l'universelle prépondérance de l'isla-
misme^. C'est une grande et difficile entreprise,
qui demandera beaucoup de temps, les premières
parties d'un tel recueil' ne pouvant être publiées
que quand les dernières seront déjà prêtes. On a
pensé qu'une Compagnie permanente pouvait seule
mettre une si grande entreprise au-dessus des
chances d'interruption. Ce sera aussi un moyen de
donner au recueil une physionomie en quelque sorte
impersonnelle. Ce qui importera, en effet, dans un
pareil recueil, ce sera moins de proposer des inter-
' Journal asiatique, août iS6'j,
^ Voir le Rapport f^iit à ce sujet à rAcadémie , inséré dans ce
journal « avril-mai 1867.
— 74 —
prétations nouvelles des textes que de les réunir,
de les classer, de faire venir à la lumière ceux qui
sont, à l'heure qu'il est, obscurs ou négligés, d'en
présenter des images aussi adéquates que possible , de
donner la bibliographie exacte de tout ce qui a déjà
été écrit sur chacun de ces monuments. Quand ce
recueil sera terminé, surtout si TAcadémie s'engage
à en donner des continuations ))araissant par pé-
riodes décennales, ce sera là un instrument d'une
grande commodité. Les membres de la Commis-
sion nommée par l'Académie sont MM. de Saulcy,
Mohl, de Longpérier, dç Slane, Waddington. de
Vogué, Renan. lisse sont mis à l'œuvre, et déjà leurs
efforts ont été récompensés par un grand nombre de
textes qui, jusqu'ici restés oisifs entre les mains des
personnes qui les possédaient, sont venus en quelque
sorte les trouver. La confiance de rendre un service
à la science les soutiendra dans le travail.
Le déchiffrement et l'interprétation des inscrip-
tions sémitiques ont été poussés du reste en ces
dernières années avec un zèle remarquable. M. de
Vbgiié a donné un travail étendu sur les inscrip-
tions de Chypre découvertes par hii, ou qui re-
çoivent de ses découvertes un jour nouveau ^. Le
même savant a publié sur les intailles à légendes
phéniciennes, araméennes, hébraïques, un travail
qui se distingue par le sens archéologique le plus
exercé et le tact philologique le plus sûr^. M. Zo-
' Journal euiatique, SLOÛi iSQ'j.
.*. Revue archéologique ^ juin j868.
— 75 —
tenberg a publié des jfra^^i phéniciens ^ découverts
par M. Devéria dans les fouilles de M. Mariette,
au grand temple d'Abydos. MM. de Longpérier^,
François Lenormant^, Lévy de Breslau\ Zoten-
berg'*, Oppert®, de Vogué ^, Renan*, ont publié ou
étudié quelques textes nouveaux. MM. Ernest Meyer^
et Schlottmann ^^ ont traité après tant d'autres de Tins-
cription d'Ëschmunazar; M. Geiger a repris le poids
d*Abydos ^^ ; M. labbé Barges *^ a soulevé de nouveau
les questions relatives à Tinscription de Marseille.
Son mémoire contient des détails du plus grand in-
térêt sur la trouvaille de cette pierre, détails qui
permettent d'espérer encore qu'on trouvera le mor-
ceau qui manque. La partie minéraiogique , si j ose
m exprimer ainsi , du mémoire de M . f abbé Bai^ès est
aussi fort intéressante. On croyait le monument de
' Journal CLsiatique , ai\ri\-inai 1868.
* Comptes rendus de l'Académie des inscriptions 'et belles -lettres,
1867, p. 829.
^ Journal asiatique, novembre-décembre, 1867; Comptes rendus
de t Académie, 1867, p. 64 , 335 et suiv.
^ Zeitschrift der detttsckenmorg. GeseU, 1867, p. 284 « 285.
} Journal asiatique, avril-mai ,. 1 866 , p. 435 ; Revue archéologique,
février 1866.
^ Comptes rendus de t Académie, 1867, p. 2 1 7-218.
^ Ibid. 1 868 , p. 89-90.
* Comptes rendus, 1866, p. 290 et suiv. 323-324<
^ Die Grabschrift des sidonischen Kœnigs Eschmun-ezer, 1 866 , dans
les Abhandlungen de la Société asiatique allemande.
*° Die Inschrift Eschmunazars , Kœnigs der Sidonier. Halle, 1868,
202 pages.
" Zeitschrijt der deut. morgen. Gcsell. 1867, p. 466 et suiv.
'^ Inscription de Marseille. Nouvelles observations, historique delà
découverte et description exacte de la pierre. Paris, 1868, in-4°.
— 76 —
Marseille en pierre de Cassis; il est en pierre de
Carthage; il a ëlé apporté de Carthage; les suffètes
qui y sont mentionnés sont les suffètes de Garlhage.
Les hypothèses d*une période phénicienne ou car-
thaginoise dans la longue existence de la ville de
Marseille, hypothèses que Ton bâtissait uniquement
sur cette pierre, se trouvent ainsi sans fondement.
M. labbé Barges nous semble beaucoup moins
bien'inspiré quand il nie Fauthenticitë de Tinscrip-
tion analogue à celle de Marseille que possède le
Musée britannique et qui a été rapportée de Tunis
par M. Davis ^ Nous ne croyons pas que M. Barges
fasse partager ses doutes sur ce point au monde sa-
vant.
, C'est surtout la Tunisie qui dans ces derniers
temps a fourni des textes phéniciens. Outre l'ample
moisson faite par M. Davis, quelques personnages
considérables de Tunis se sont mis à former des
collections de textes puniques, qui promettent de
devenir fort riches. Nous avons vu à l'Exposition
universelle une partie de ces monuments, dont il a
été loisible de prendre des estampages soignés pour
la Commission des inscriptions sémitiques^. D'autres
monuments du même genre nous sont parvenus
par M. Daux, ingénieur qui a fait des recherches à
* Examen dune nouvelle inscription phénicienne découverte récemment
dans les ruines de Carthage. Paris, 1868, in-A", 27 pages.
* Comptes rendus de V Académie des inscriptions, séances du
29 mars et du 9 août 1 867 (en tenant compte de V errata). Voir aussi
séance du 3 janvier 1868.
— 11 ^
Utiqiie et à Hadriimète , et qui a trouvé dans ce der-
nier endroit des monuments figurés très-intéressants.
La plupart des inscriptions phéniciennes de l'Afrique
offrent une regrettable monotonie ; ce sont presque
toujours des inscriptions votives à Tanith et à Baal-
Hammon,. conçues selon la même formule et ne
différant que par le nom propre. Mais le nombre
parlera; une centaine d'inscriptions insignifiantes
donne souvent par le rapprochement autant de lu-
mière qu'un texte de premier ordre. Une société
qui fait le plus grand honneur à notre colonie algé-
rienne, la Société de Constantine^ soutenue autre-
fois par le zèle de M. Gherbonneau , maintenant par
celui de M. Féraud, continue à s'occuper avec un
savoir solide et une louable activité des antiquités
de sa province et en général de celles de l'Afrique
barbaresque. M. Judas y a repris Tétude des ins-
criptions puniques et néo-puniques, et en a donné
d'inédites ^. Il faut parcourir ce recueil planche
par planche et page par page si l'on veut se figurer
la richesse de monuments numides, carthaginois et
mégalithiques que ce sol a su rendre à des explora-
teurs intelligents.
M. Schrœder a publié sous une forme abrégée
une grammaire de la langue phénicienne, présen-
tant tous les faits que, dans l'état actuel de la
science, on doit considérer comme propres à cette
' hecueil des notices et mémoires de la Société archéologique de la
province de Constantine , Consiànime , i864, i865, 1866, 1867.
* 1866, p. 262 et suiv.
— 78 —
langue ^ Votre journal publie depuis plus dun an
une série de miscellanées philologiques et épigra-
phiques, où M. Derenbourg^, reprenant les textes
connus, phéniciens, araméens, hébreux, propose
sur chacun d'eux des conjectures dont plusieurs
pourront ne pas obtenir Tassentiment général, et
dont notre confrère est le prenriier à reconnaître
souvent le caractère hypothétique, mais dont plu-
sieui^ aussi prendront certainement leur place dans
la science. Quoi de plus intéressant, par exemple,
que ses observations sur Tinscription de.Carpentras,
d où il résulte que cette inscription est en vers rimes
et sûrement le plus ancien spécimen de ce genre
que nous possédions dans une langue sémitique P
Les inscriptions hébraïques ont été longtemps
négligées , sans doute parce que ces textes sont rares
et ne remontent pas à une époque fort ancienne.
Que de choses nous saurions, quel instrument d'in-
terprétation et de critique nous posséderions pour
les anciens écrits hébreux, si les ruines de Jérusa-
lem nous offraient une série d'inscriptions compa-
rable à celle que présentent les ruines d'Athènes et
de Rome! Quoi qu'il en soit, les découvertes de
ces dernières années à Jérusalem, en Galilée, dans
l'Arabie méridionale, en Crimée, à Rome et en Ita-
lie, dans le midi de la France, en Espagne, ont
^ De linguœ phxBniciœ proprietatibus. Halle ^ 1867.
^ Journal asiatique ,}ain\ier, fëvrier-mars, août , septembre- octobre,
novembre-décembre 1867; janvier, février-mars 1868. Cf. Geiger,
Jàdische Zeitschrift, 1868, p. i56-i58.
— .79 —
donné un véritable corps à l'ancienne épigraphie hé-
braïque. La Grimée a fourni un trésor, je veux par-
ler de ces- inscriptions funéraires publiéçs et cona-
raentées par M. Chwolson ' ; on y reviendra bientôt
dans ce journal. Il serait fort à désirer que l'Aca-
démie de Saint-Pétersbourg fît exécuter en Crimée
quelques fouilles qui, en fournissant des données
archéologiques au débat, couperaient court à toutes
les objections. Le voyageur Israélite Jacob Saphir
a publié aussi un grand nombre d'inscriptionsjuives
anciennes qu'il a trouvées à Aden ^. M. Lévy de
Breslau ^ a donné l'explication d une inscription
d'Aden, venue par une autre voie. A Rome, le Père
Garrucci * et M. de Rossi ^ ont découvert ou publié
de nouveaux textes, qui, même au point de vue de
l'orientaliste, ne sont pas sans intérêt.
L'archéologie sémitique se constitue en même
temps que Tépigraphie sémitique et pour ainsi dire
du même coup ^. Une collection récemment formée
^ Chwolsobn, Achtzehn hebrœische Grahschriften aus der Krim.
Ëin Beilrag zur bihlischen Chronologie, seniuischen Palœographie und
alten Ethnographie , dans le tome IX ( 1866) des Mémoires de V Aca-
démie de Saint-Pétersbourg , i36 pages, 9 planches.
^ Dans le journal hébreu p^!}?n , < Le Liban • , qui se publie à
Paris, vol. III, nVi.
3 Dans le Zeitschriftder deut. morg. Gesell. 1867 , p. i56 et suiv.
* Dissertazioni archeohgiche di vario argomento, t. II, Roma,
1866, faisant suite à Cimitero degli antichiEbrei (Roma, 186a).
^ \ oir Bullettino di archeologia cristiana, 1867, p. 3, 16.
^ On consultera avec fruit le catalogue de la (collection A. Raifé ,
par François Lenormant, Paris, 1 867, &yi-320 pages. Notez surtout,
p. 53-54, un nouveau papyrus arabe de l'an i33*de Thégire.
— 80 ^
rendra sans doute à ces études de grands services.
Un homme instruit, ayant voyagé en Orient et ja-
loux de cgnsoler la science par Remploi intelligent
d'une grande fortune des regrets qua laissés la
mort du duc de Luynes, a eu l'idée de fonder une
collection oii une particulière attention sera donnée
à lart oriental et à ses rapports avec Tart grec.
M. Auguste Parent a donné à sa fondation les règles
les plus libérales et les plus larges; il a voulu eh
particulier qu'un bulletin, paraissant à intervalles
irréguliers, tînt le public savant au courant des
acquisitions intéressantes faites par le musée. Le
premier numéro a paru ^ Il contient, outre un mot
d'introduction de M. de Saulcy, l'un des parrains
de cette œuvre excellente, des communications d'un
rare intérêt de M. Parent lui-même sur la numisma-
tique grecque de Syrie et d'Arabie ; de M. de Saulcy,
sur une inscription nabatéenne des plus curieuses
et sur des coffrets juifs funéraires trouvés à Jérusalem
et présentant des inscriptions grecques et hébraïques.
M.' de Vogué ^ a réussi, en combinant les res-
sources de la numismatique et de l'épigraphie, à
dresser mieux qu'on ne Tavait fait la série des rois
nabat^ens qui régnèrent à l'orient et au sud de la
Palestine un siècle avant et un siècle après J. C.
Tout en conservant Tordre des princes, lequel est
fixé par la loi numismatique des types, il change la
* BuUedn archéol. du Musée Parent, n* i , octobre 1867.
^ Comptes rendus de tAccui, des inscr. 1 868 , p. 1 2 1 • 1 2 s ; Bévue
numismatique, 1868, p. i53 et suiv.
— 81 —
chronologie de toute Ja série, la faisant descendre
jusqu'à la fin du premier siècle de notre ère, tandis
que le duc de Luynes la terminait à Pompée. M. de
Vogué introduit aussi dans les lectures quelques
changements importants.
La numismatique sémitique des rois et dynastes de
la région du Tigre et de TEuphrate , depuis Alexandre
jusqu'aux Sassanides, s'est enrichie d'un précieux
mémoire de M. Waddington ^ L'histoire du royaume
de Characène sort de ce beau travail avec une clarté
inespérée. Qu'un pareil travail sur les Manou d'E-
desse serait à désirer! Et l'Adiabène! n'est-il pas
surprenant qu'on n'ait déterminé encore aucune
médaille de cette contrée ? La chronologie et Tépigra-
ph\e de la Syrie ont reçu encore bien djautres lu-
mières de la critique exercée de M. Waddington^.
Les fouilles en Orient n'ont pas été interrompues.
Une société anglaise s'est formée pour l'exploration
de la Terre-Sainte'. Des excavations qui ont été
faites à Jérusalem sous la direction de MM. Wilson
et Warren, officiers du génie anglais, ont révélé la
hauteur tout à fait inattendue du mur de soutène-
ment du Haram esch-Schérif, et jeté de vives lu-
mières sur le Xyste , le Tyropéon et les ponts qui le
traversaient. Il parait que les fouilles viennent de
rencontrer des difficultés de la part de l'autorité
^ Mélanges de nnmismatique , 2* série, p. 77-108 (Paris, 1867).
* Même ouvrage, p. i58 et suiv. et Comptes rendus de C Académie
des inscriptions et belles -lettres, années i865, 1866 (voir l'index).
^ The Palestine exploration fund. Rapports de M. CLarles Warren,
d'août à octobre 1867. Londres, 34 pages avec 4 planches.
J. As. Extrait n** 5. (1868.) 6
— 82 —
turque. Je ne crois pas qu*elles aient produit de ré-
sultais épigraphiques. C'est da'nslesremblaisdela val-
lée deJosaphat quon pourrait espérer sous ce rapport
de précieuses trouvailles ; mais il est à craindre que le
scrupule religieux extrême avec lequel sont gardées
les tombes juives qui remplissent la vallée n oppose
longtemps aux recherches d'invincibles obstacles.
Les importants résultats sortis des nombreuses
explorations de la Palestine et de la Syrie exécutées
depuis quelques années ont continué d'occuper Tat-
tention du monde savant. Le deuxième voyage de
M. de Saulcy, le bel ouvrage de M. de Vogué sur
la mosquée d'Omar et le temple d^ Jérusalem sont
trop anciens pour pouvoir rentrer dans ce rapport.
Contrairement à l'opinion de M. de Saulcy, M. de
Vogué pensait que les grands restes apparents des
substructions du Haram esch^Schérif ne remontent
pas au delà d'Hérode. Certaine monuments des en-
virons de Jérusalem que le savant académicien rap-
portait à une haute antiquité, M. de Vogué les
ramena également à l'époque asmonéenne ou héro-
dienne. Il insista en particulier sur un monument
extrêmement important, Araq el-Erair, que le pre-
mier il dessina, et dont if fixa la date avec beau-
coup de critique. Dans un récent mémoire ^ M. de
Saulcy a maintenu ses anciennes opinions sur l'en-
ceinte du Haram esch-Schérif. Dans un second mé-
moire *^, il a traité à son point de vue la question
' Mémoires de l'Acad. des iiiscr. et belle s-letlrcs , t. XXVl,i" partie.
^ Ibidem
— 83 —
d'Araq el-Emii% qiul rapporte, par des raisons qui
n entraîneront peut-être pas tout le monde, à une
époque beaucoup plus ancienne que M. de Vogué. Un
des plus savants connaisseurs des antiquités et de la
(opographiede Jérusalem , M. Rosen , arepris la ques-
tion du Haram ' ; ses conclusions générales sont d ac-
cord avec celles de M. de Vogué. Une opinion propo-
sée il y a quelques années par M. Fergusson , et où ce
savant architecte persévère ^, sur l'emplacement de
l'église de la Résurrection de Constantin , qu il iden-
tifie avec la mosquée d'Omar, parait devoir être
abandonnée; le Saint-Sépulcre na pas changé de
place depuis Constantin.
Bien d'autres résultats de la riche exploration de
MM. Waddington et de Vogué sont entrés dans la
science, avant d'être arrivés à former un livre com-
plet. Ces deux savants et consciencieux voyageurs
on* éclairé d'un jour tout nouveau ce qui concerne
le Hauran, la domination nabatéenne au delà du
Jourdain, le règne des Hérodes et la domination ro-
maine en ces mêmes parages, les âges divers de
l'architecture en Syrie, le caractère particulier de
beauté antiquequ'y présentent les ouvrages chrétiens.
MM. Waddington et de Vogué ne reconnaissent en
^ Dos Haram von Jérusalem und der Tempelplatz des Moria. Ëioe
Untersuchung ûber die Identitât beider Stàtten von G. Rosen. Mit
einer Telrainfcarte von Jérusalem und drei archilektonischen Zeich-
nungen von der Moschee El-Borak , den Unterbauten des Gerichts-
hauses zu Jérusalem und des Teiches Obrak. Gotha > 1 866 , in-8°.
* J. Fergusson, The holy Sepulchre and the temple at Jérusalem.
Londres, i865. '
C.
— Sk —
Syrie que très-peu de monuments antérieurs à
répoque romaine; ils pensent même quen dehors
de la côte phénicienne, la Syrie cis-euphratienne
ne posséda pas avant Alexandre de civilisation com-
plète ni d*art très-développé. C est bien à ce résul-
tat que mes propres observations m'avaient conduit.
A mon grand regret, la Mission de Phénicie n'en est
encore qu'à la 3oo' page du texte et à la 5o* planche;
c'est à peu près la moitié d^ l'ouvrage. M. Vignes'
a publié les résultats du voyage qu'il fit en 186/1
avec le duc de Luynes, et où il a fixé la position et
l'altitude de points importants. Il a donné, en outre,
une admirable carte de la mer Morte et du Wadi
Arabah^ M. Auguste Parent a composé, d'après ses
explorations personnelles, des études sur Jotapata
et Machœrous^. La carte de Palestine de Van de
Velde a reçu dans sa nouvelle forme ^ de nom-
breuses améliorations. M. Guillaume Rey a fourni
sur les vestiges laissés par les croisés en Syrie ^, sur
la montagne des Ansariés ^, sur l'ancienne Baeto-
^ Extrait des notes dun voyage d'exploration à la mer Morte, dans le
IVady Arahah, sur la rive gauche du Jourdain et dans le désert de Pal-
myre. Paris, i865 , grand in-4% 80 pages. — Carte du cours inférieur
du Jourdain, de la mer Morte et des régions qui l'avoisinent, dressée
par M. Vignes, lieutenant de vaisseau, assisté de M. le docteur
Combe, pendant leur voyage avec M. le duc de Luynes en i864 , et
publiée sous ses auspices en i865.
* Siège de Jotapata, Paris, 1866; Machœrous, Paris, 1868.
* 2* édition , Gotha , Perthes, 1 866.
* Essai sur la domination française en Syrie durant le moyen âge,
Paris, 1866, in-4*, 49 pages.
^ Beconnaissancc de la montagne des Ansariés, Paris, 1866, in-8°.
— 85 —
cécé, sur HiérapoJis de Syrie (Mabug)^ des rensei-
gnements et des données, fruits des séjours qu*il a
faits en Orient.
Nous ne devons pas omettre de signaler le com-
mode volume qua publié M. Tobler sur la biblio-
graphie des voyages et des descriptions de la Terre-
Sainte^. Certains jugements de M. Tobler sont
d'un esprit un peu prévenu; quelquefois incomplet
en ce qui touche à l'ancienne bibliographie fran-
çaise, on peut dire qu'il est trop complet pour la
bibliographie moderne. L'énumération de ces in-
nombrables impressions de voyage que produisent
dans toute l'Europe les facilités maintenant offertes
pour les voyages en Palestine grossit assez inutile-
ment son catalogue, indispensable du reste à ceux
qui s'occupent d'une manière suivie de l'histoire el
de la géographie de la Palestine.
Ce grand et important sujet s'est enrichi d'un ou-
vrage qui offre un grand nombre départies nouvelles :
je veux parler de l'essai de M. Derenbourg pour
tirer du Talmud toutes les notions historiques et
géographiques qui y sont contenues^. C'est sûrement
une chose surprenante de voir combien cette im-
^ Archives des Missions scientifiqttes , 2* série, t. Ilf, p. 829 et
»uiv.
* Bibliographia geographica Palœstinœ, Leipzig, 1867, vi>965
pages, grand in-S".
' Essai sur t histoire el la géographie de la Palestine diaprks les Thal-
muds et les autres sources rahhiniqaes, par J. Derenbourg. 1" partie .
Histoire de la Palestine depuis Cyr as jusqu'à Adrien. Paris , Imprime
rie impériale , 1867.
— 86 —
mense compilation renferme peu. d'histoire, com-
bien ses rédacteurs ont, si j'ose le dire, vécu sous
terre , loin de la vue de toute réalité. Dès le x vu* siècle ,
cependant , on s aperçut que Thistoire des origines
du christianisme et la géographie de la Palestine
avaient là beaucoup à prendre. Mais depuis le beau
travail de Lightt'oot, on n avait pas fait dans cette
forêt obscure de battues bien suivies. M. Geiger, en
appliquant les principes de la critique moderne à
rétude de la littérature talmudique, a ouvert aux
études une voie toute nouvelle. M. Derenbourg ne
s'est pas contenté de résumer avec clarté les idées
de M. Geiger; il y a joint ses opinions propres,
conçues le plus souvent avec beaucoup de sagacité.
On admire la finesse de vues et la délicatesse d'in-
duction que l'auteiu* a portées dans cette matière
ingrate. L'essai de M. Zadoc Kahn^ sur l'histoire de
l'esclavage chez les Juifs est aussi composé avec
savoir et méthode.
On sait que la bibliothèque de Munich est , avec la
bibliothèque du Vatican , la seule bibliothèque en
Ëuropef qui possède un manuscrit complet du Tal-
mud de Babylone. M. Raphaël Rahbinowicz a en-
trepris une collation de ce manuscrit^ , qui , étant
^ L'esclavage selon la Bible et le Talmud. Paris, 1867, i^^'S*»
1 44 pages.
' Variœ lecùones in MiscKnam et in Thalmud Babylonicum, quum
ex tiUis libris antiqais et scriptis tt impressis, iam e codice Monacensi
prœstantissimo collecta, annotationibus instructœ, auctore Raphaeio
Rabbinowicz. Pars i : Tract. B«rachoth et totus ordo Seraîm. Mo-
nachii, 1867,84-392-61 pages.
— 87 —
ancien et correct, sert beaucoup à corriger le texte.
L'agencement du travail laisse à désirer : si M. Bab-
binowicz continue sur ce pied, son ouvrage naura
pas moins de vingt volumes. Mais on ne peut assez
louer Texactitude et le savoir philologique dont il
fait preuve en son travail. Le texte courant du Talmud
est très corrompu , toutes les éditions imprimées
nayant fait que se copier et répéter les mêmes
fautes : c est ce qui fait l'intérêt du commentaire de
Rabbi Hananel de Kairoan (xi* siècle), dont on
vient de publier une partiel Ce R. Hananel avait
des leçons à lui, qui sont souvent citées par les
tosaphistes. En attendant que l'on trouve en Orient
(à Bagdad, par exemple) de bons manuscrits du
Talmud, le manuscrit de Munich, celui de Rome
et les commentaires du genre de celui de Hananel
sont les seuls moyens que Ton ait pour améliorer
ce texte toiumenté.
Les études de M. J. H. Weiss sur la langue de la
Miscbna^ ont du prix, même après les travaux de
Geiger et de Efukes. Le Journal de M. Géiger doit
toujours être sous la main Ae ceux qui s'occupent
de littérature talmudique. En particulier, les essais
de M. Geiger pour arriver avec le Talmud et les
Midraschim à corriger les textes bibliques sont
^ Commentarius in traclatu (sic) Pesachimarab, Hananelo. Paris,
Jechiel Brill , 1868, in-8^
^ J. H. Vfeiss.Stadieii iiber die Sprache, der Aiischna, grand iii-S**.
XVIII- 1 a3 pages. Vienne (en hébreu ) , 1 867.
-rr 88 —
pleins d originalité ^ IVJ. Tabbé Barges^ a publié, en
collaboration avec M. Goldberg-, le Sepher Taghin,
relatif aux enjolivements calligraphiques des lettres
hébraïques. L'histoire si obscure de la Massore s est
enrichie d'un travail inachevé de Hupfeld, publié
après sa mort par Vilmar, et qui contient la descrip-
tion d'un manuscrit peu connu ^. Le dictionnaire
biblique et talmudique de M. Hamburger, rabbin à
Strelitz^, est d'un usage commode. M. Eude LoUi,
élève et successeur de Samuel Luzzatto au collège
rabbinique de Padoue, a publié le premier fascicule
dun dictionnaire. hébreu moderne, c est-à-dire con-
tenant les Àiots hébreux qui ne sont pas dans la
Bibles
La littérature juive du moyen âge continue d'être
étudiée avec ardeur par les savants Israélites. Le
troisième et dernier volume du Guide des Egarés
de Moïse Maïmonide ^, traduit par M. Munk, a paru
depuis la mort de ce savant orientaliste , et achève
* Voir, par exemple , l'article intitulé : Mechilta und Siphré, dans
la Jàdische Zeitschrift (Breslau , 1866) , vol. IV, p. 96-1 26.
* Paris, 1866. Woir Journal asiatique , iéwrier-man 1867, p. 342
et suiv. (Note critique de M. Derenbourg).
* Dans le Zeitschrift der deut. morgen. Gesell. 1867, p. 201 et
suiv.
^ Real'Encyclopœdie fur Bihel und Talmud. Biblisch-talmudisches
fVœrterhuch. Strelitz, 3 livraisons, finissant au mot Jahob (1866 et
1 80 7), 542 pages.
' Dizionario del Ungaaggio ehraîco-rahbinico , continente pure moite
voci delV ehraîco posteriore. Padoue, 1857, fascic. I, jusqu'à aha-
riouth, XYi et 70 pages, in-4*.
^ ïje Guide des Egarés,. ^ar Moïse Ben-Maîmoun, publié pour la
première fois dans l'original arabe et accompagné d'une traduction
— 89 —
dignement une publication qui, jointe aux travaux
de feu notre confrère sur la philosophie arabe,
constitue un des pius beaux ensembles de recher-
ches qui aient été faits chez nous dans ces derniers
temps. Un nouvel extrait du commentaire arabe de
R. Yaphet le Karaîte, de Bassora, sur les livres de
r Ancien Testament, a vu le jour à Bonn, par les
soins de M. Zacharic Âueibach. Il a pour objet le
chapitre xxx des Proverbes, et est accompagné d'une
traduction latine et de notes ^ Le manuscrit est
mauvais, et la publication laisse à désirer. M. Paul
Jung a étudié le commentaire du même Yaphet sur
le Cantique des cantiques^. M. Neubauer a extrait
des manuscrits de Saint-Pétersbourg des détails in-
téressants sur le karaîsme ', et a contribué à poser
rimportante question des inscriptions et des manus-
crits de Crimée, sur lesquels tant de doutes planent
encore.
^ Le célèbre commentateur Raschi, qui a exercé
tant d'influence sur Fexégèse chrétienne , a été Tobjet
de très-solides études. M. Berliner* a publié son
française et de notes critiques, littéraires et explicatives, par S.
Munk. Tome III, Paris, 1866, in-8'.
' lepheti 6en Eli Karaitœ in Prov. Salom. cap, xxx commentarius ,
quem nunc priraum arabice cdidit, in latioum converti! , adnotatio-
nibus illustravit Zacharias Aaerbach. Bonn, 1866, in-S*^, ^7 pages.
^ Paul Jung, Vber des karœers Jephet arabische Erklœrung des Ha-
^eiil(e(2ej. Gœttingue , 1867, 38 pages.
^ Âus der Petersburger BibUotheh Beitràge and Dokamente zur
Geschichte des Karœerâiam and der karœischen lÀteratur. Leipzig,
1866, in-8*, xii-i5o-65 pages.
* Raschi (Salomonis Isaaddis) in Pentateachum commentarias.
— 90 —
commentaire sur le Penlateuque, en le débarras-
sant des interpolations que les successeurs de Raschi
y avaient ajoutées, et en indiquant les sources hala-
chiques et midraschiques où Raschi a puisé. M. B.
Zomber^ a prouvé que le commentaire attribué à
Raschi sur le traité Nedarim n est pas de lui ; qu au
contraire, le commentaire sur Moed Katon, qu'on
lui a contesté, lui appartient. Ce petit livre renferme
encore d'excellentes observations sur le traité Te-
moara, et en général pour la critique du texte tal-
mudique.
La philosophie religieuse de Khasdaï Creskas,
Juif de Barcelone (vers iZioo), qu'on a nommé le
Gazzali du judaïsme, a été, de la part de M. Joël^,
l'objet d'une savante monographie. M. J. Weil a
aussi consacré une étude étendue à Lévi-ben-
Gerson'. M. Neubauer a publié, sous le titre de
Meleketh-haschir *, deux traités de cette prosodie hé-
braïque imitée des Arabes qu'adoptèrent les Juifs
du moyen âge. L'un de ces traités est du milieu du
E Godd. mss. atque editis, auctoris in Taimud commentariis , fonli-
biisque preterea optimis critice primum edtdit et auxit, fontium
indices locupletes variasque observationes adjecit A. Berliner. Bero-
lini, 1866, in-8", xviii-378 pages (en hébreu).
^ De commentario Salomonis Isaocidis in rracfatof talmadicos Ne-
darim et Moed Katon, dissertatio critica. Berlin, 1867, in-8°,
li-i 9 pages (en hébreu). *
* M. Joël, Don Chcudai Creskas religions -phibsopkische Lehren.
Breslau» 1866.
' Wei] , Philosophie religieuse de Lévi-ben-Gerson. 1 volume grand
in-8', Paris, 1866.
* l'^^n nSK^D. Francfort-sur-le-Mein , i865, 64 pages.
— 91 —
xv"" siècle ; Tautre , de Tan 1391. Â la suite , M. Neu-
bauer-a publié quelques mekamath de Hariri, tra*
duites en hébreu, çt des extraits du Tahkémoni. Sous
le titre de Imré Schepher, M. Garmoly ^ a , de son
côté , publié le second des traités de prosodie donnés
par M. Neubauer, et qu'il attribue à R. Âbsalom Mis-
racbi. Â la suite, il a donné diverses poésies inédites
de Samuel Ha-Naged , Meyr de Narbonne , Isaac-ben-
Serachia. Une partie du iSc&u2AaR arouk, ou code rab-
binique de Joseph Karo, qui régit encore comme
statut spécial les israélites d'Algérie, a été traduite
ou plutôt analysée d'une façon qui sera utile à ceux
qui rendent la justice en Algérie et à ceux qui font
des études de droit comparé ^. Lé récit des voyages
de l'israélite Jacob Saphir Hallévi eh Egypte , dans
le sud de l'Arabie, dans l'Inde, en Australie, est
surtout intéressant par les détails qu'on y trouve
sur les Juifs de l'Iémen '. R. ^Jechiel Brill , de
Jérusalem, dirige à Paris un journal hébreu heb-
domadaire, le Liban, politique et littéraire. On l'a
^ Imré Schepher. Neue hebrœische Metrik von R. Absalom Misraclù
1391 verfasst, etc. grand in-8'. Sa pages, 1866, Francfort-sur-Ie-
Meio.
é ' Code rabhinique. Eben Haézer, traduit par extraits, avec les expli-
cations des docteurs juifs , la jurisprudence de la cour d Alger et des
notes comparatives de droit français et de droit musulman, par L. Sau»
tayra, président du tribunal de Mostaganem, et M. Charlevilie»
grand rabbin de la province d'Oran. Tome I : traités Ichoth et Kidou-
schin; Paris et Alger, 1868.
3 *^'i9D pK, Eben Saphir (en hébreu). T. ^I. Lyck, 1866,
1 1 1 feuillets.
— 92 —
exempté du timbre , acte libéral que les personnes
les plus timorées trouveront assurément sans dan-
ger.
Rappelons le catalogue des manuscrits hébreux
de la Bibliothèque impériale^ édité par M. Zoten-
berg, d'après les matériaux laissés par MM. Munk,
Derenbourg, etc. C'est un précieux instrument de
•travail livré aux études. Le Musée britannique, de
son côté, a publié le catalogue de ses livres impri-
més en langue hébraïque^, donnant par là un excel-
lent exemple; les livres imprimés, en effet, quand
il s agit de matières aussi rares, demandent à être
traités presque comme des manuscrits.
M. Otto Stobbè a bien exposé Tétat des Juifs en
Allemagne durant le moyen âge*. M. Albert Har-
cavy^ a cherché à prouver que les premiers Juifs
établis dans la Russie méridionale y sont venus des
ports de la mer Noire et de l'Asie en passant le
Caucase. Il montre ces Juifs des pays slaves, durant
la première moitié du moyen âge, cherchant leur
éducation dans les académies juives de France. La
langue 'qu'ils appelaient « la langue de Chanaan »
est le slave, par allusion à Genèse, ix, 25, et à
s.
> Imprimerie impériale, 1866.
. * Catalogae of the hehreto hoohs in ihe lihraiy of the British Mw-
seum (par M. Zedoer). Londres, 1867, in-S".
^ Die Juden in Deutschland, wàhrend des MitteUdters. Brunswick ,
1866, in-8'*, xn-3i2 pages.
* Die Juden und die slavischen Sprachen, von Albert Harkavy.
Vilna, 1867, vin- 1 36 pages (en hébreu). Il y a aussi une édition
russe.
— 93 —
Lévilique, xxv, 46 ^ Comme Lelewel, M. Harkavy
croit à rauthenticité des monnaies slaves avec lé-
gendes hébraïques. M. Âb. Cohen, grand rabbin
dé la province de Constantine, a publié, sur This-
toire des Juifs dans TAfrique septentrionale, des
recherches utiles à consulter^.
L*é(ude des langues araméennes s*est enrichie de
quelques ouvrages importants. Une nouvelle édition
de la grammaire syriaque de Hoffmann a com-
mencé de paraître par les soins de M. Merx.. M. le
rabbin J. Lévy, de Breslau , qu'il ne faut pas con-
fondre avec répigraphiste et le paléographe du même
nom, a terminé son dictionnaire chaldéen ^. Depuis
Buxtorf , la lexicographie araméenne n avait pas reçu
de secours aussi considérable. Le dictionnaire de
M. Lévy contient toute la langue des Targums, et
la plus grande partie des mots chaldéens du Talmud
et des Midraschim. C'est un ouvrage fait avec soin.
M. Fleischer a fourni à M. Lévy des notes sur les
mots venant de l'arabe et du persan.
Le très-exact et très-laborieux grammairien
M. Théodore Nœldeke a publié une grammaire
du néo-syriaque ^, c'est-à-dire de ce dialecte syrien
^ Voir sur ce point Ad. Neubauer, dans ÏAUgemeine Zeitang des
Judenthums , 1 866 , n^ 17.
^ Dans le Recueil des notices et mémoires de la Société archéolo-
gique de Constantine, 1867, p. 102-208.
^ Chaldàischei Wcerterhuch ûher die Targumim und einen grossen
Theil des rabhinischen Schriftthums , onzième et dernière livraison.
Leipzig, 1868.
^ Grammatik der neusyrischen Sprache am Urmia-See und in Kur-
distan. Leipzig» 1868.
— 94 —
qui se parle encore de nos jours près du lac d'Our-
mia et dans le Kurdistan. La connaissance de ce
curieux rameau des langues sémitiques est due aux
missionnaires américains. M. Nœldeke a porté dans
l*étude des matériaux qu'ils nous ont livrés une
précision philologique toute nouvelle. Il envisage
le néo-syriaque non comme une déformation du
syriaque classique, mais comnie un dialecte ara-
méen original qui a eu sa vie propre. Le même
philologue s*est livré à lanalyse de ce que nous
savons sur le dialecte syriaque qui se parle encore
dans quelques vallées de TAntilibaUv en particulier
à Maloula , à douze lieues de Damas. Le fait de cette
conservation singulière dun reste de la vieille langue
araméenne au milieu de Tenvabissement de larabe,
avait été depuis longtemps constaté. M. Ferrelte,
missionnaire protestant à Damas, a pu le pi*emier
se procurer quelques spécimens du dialecte de ces
villages. Ces spéciniens , quoique pris à la hâte , ont
suffi à M. Nœldeke pour déterminer le caractère du
dialecte de Maloula ^
M. Heidenheim continue de publier des travaux
importants sur les textes saniaritains^. Un de ces
textes, consistant en une prière d'un style fort élevé,
a été discuté par M. Geiger, qui a fait faire au texte
^ Zeitsckryï der deutschen morgenlàndiscken GeselUchaft, 1867,
p. 1 83 et suiv.
^ D' M. Heidenheim, Deutsche Vierteljahrsschrift fâr englisch-
theologische Forschung and Kritik (Gotha , Perihes , in-8'*. Parait de-
puis 1861; voir surtout 8' Hefl ou 4* fascicuie du tome II).
— 95 —
et à l'interpréta lion de sensibles progrès ^ M. Samuel
Kohn a repris Tétude de la traduction samaritaine
du Pentateuque, et a ajouté d'utiles suppléments
à la lexicographie samaritaine ^. On attend avec im-
patience ce que peut être le contenu d'une caisse
entière de manuscrits samaritains achetée par* la
bibliothèque de Saint-Pétersbourg, et qui, dit-on,
n'a pas encore été ouverte.
La littérature mendaîte parait se relever d'un
oubli où elle a été laissée depuis les travaux, cepen-
dant bien insuffisants, de Norberg. On sait qu'il y
a plusieurs années M. Petermann fut chargé par
le gouvernement prussien d'une mission auprès des
Mendaïtes encore existants à Bassora et à Howeizeh;
qu'il se mit en relation avec les plus savants d'entre
eux , et se convainquit qu'ils n'avaient pas d'autres
livres que ceux que l'on possède depuis longtemps^
à Paris. M. Petermann "vient de publier une auto-
graphie, ligne par ligne, d'un des manuscrits du
Livré d'Adam, de Paris ^.L'ouvrage n'a été tiré qu'à
cent exemplaires; l'exécution matérielle n'en est pas
fort satisfaisante, et on s'étonne que M. Petermann
qui, ayant vu les Mendaïtes et ayant su leur tra-
dition, est devenu dans la question comme une
sorte d'Anquetil-Duperron , ne se soit pas efforcé
de faire faire à l'interprétation de ces textes difficiles
' Dans le Zeitschrift der d, m. G. 1867, p. 169 et suiv.
^ Samaritanische Stadien. Beitràye zur samaritanischen PetUateuch'
Uebersetzung und Lexicographie. Breslau, 1868, vi-i id pages.
3 Leipzig, Weigel, 1867.
— 96 -
un pas plus considérable. Il se propose, sans doute,
dy revenir. Le docteur Euting a publié, de son
côté, une autographie du Kolasté, livre liturgique
et dogmatique des Mendaïtes, d après les manuscrits
de Paris et de Londres ^. La dextérité de main de
M. Euting est des plus remarquables. Plusieurs
d*entre nous ont pu apprécier Thabileté extrême
qu'il porte dans ses fac-similé. L'intérêt de ces études
mendaïtes est très-réel , surtout depuis que la ques-
tion des Nabatéens a été mise à l'ordre du jour.
La littérature syriaque, si importante pour toutes
les études relatives au christianisme, a donné lieu à
un bon nombre de publications. Les textes syria-
ques occupent une grande place dans la collection
dAnecdota antiques tirés pour la plupart de la biblio-
thèque ambrosienne que publie M. Ceriani^, avec
les types de cet établissement. Dans les sept fasci-
cules parus de cette collection, nous trouvons la
version syriaque faite par Paul de Tela du livre
de Baruch, des Lamentations de Jérémie, et de
l'Epîlre de Jérémie. Cette version a une grande va-
leur critique, car elle a été faite sur les Hexaples
^ Qolasta oder Gesànge uni Lehren von der Taufe und demAusgange
der Seele, als mandœischer Text mit sàmmtlichen Varianten nach Panser
und Londoner Manuscripten. Stuttgard, 1 867 , pubHé avec l'aide de ia
Société asiatique allemande, 1 5o pages in-fol.
' Monumenta sacra et profana e codicibus prœsertim Bibliothecœ
amhrosianœ opéra coUegii doctorum ejusdem ( 7 fascicules) ,1861-1 866.
Milan. — Nous mentionnerons ici : P. de Lagarde, Materialien zur
Kriûk und Cresckichte des Pentateuchs , Leipzig, 1867, xTi-a3i-i82 p.
Ce sont des traductions arabes, en parties nouvelles, de certaines
fractions du Pentateuque.
-^ 97 —
d'Origène et sert plus que tout autre moyen peut-
être à les reconstituer. M. Ccriani a également pu-
blié la version syro-hexaplaire d*une partie de la
Genèse et de l'Exode, cette fois d après un manuscrit
du Musée britannique; de plus, il a traduit du
syriaque le quatrième livre d'Esdras et TApocalypse
de Baruch, se réservant de donner plus tard le texte
syriaque de ces écrits dans un grand travail d'en-
semble sur la Bible syriaque. On voit quelles pré-
cieuses contributions apporte M. Ceriani à Tétude
de la littérature apocryphe, qui depuis quelques an-
nées est l'objet de recherches critiques suivies avec
ardeur en Allemagne, et qui, en effet, a une impor-
tance majeure, puisque tous ces écrits sont nés vers
le siècle même de l'apparition du christianisme et
dans un terrain exactement semblable à celui où
se produisit le mouvement chrétien. Le quatrième
livre d'Esdras, ou Apocalypse d'Ksdras, en particu-
lier, est un livre si capital que tout ce qui peut nous
rapprocher du texte original perdu doit être avide-
ment recueilli. Quant à l'Apocalypse de Baruch, le
manuscrit de M. Ceriani est le seul qui nous l'ait
conservée. Les discussions déjà ouvertes au sujet de
ce livre en Allemagne en montrent l'intérêt ^ Un
autre texte apocryphe, de beaucoup moindre im-
portance, est l'Apocalypse de saint Paul, publiée en
syriaque par M. Perkins^ : c'est une fabrication d'un
^ J. Langen, De Apocafypsi Bariich amio superiori primam édita
comnwntatio , in-4% 2/i pages; Fribourg-en-Brisgau.
* Dans le Joarn, de la Soc, asiat, américaine, t. VHI, n® i (i86a ).
J- As. Extrait n° 5. (1868.) 7
— 98 —
âge beaucoup plus moderne que les compositions
contemporaines de Tâge apostolique dont nous par-^
lions tout à Theure.
Saint Ëphreni est , comme on sait , le premier de
tous les écrivains syriaques. M. BickelP a eu la
bonne fortune de trouver à publier, après les Ma-
ronites établis à Rome à qui nous devons la grande
édition de saint Ephrem, une collection d'hynmes
parfaitement authentiques, et du plus grand intérêt,
de ce père de la littérature syriaque. C'est dans un
manuscrit du Musée britannique que M. fiickell a
découvert ces hymnes, constituant un recueil très-
anciennement formé, plein d allusions historiques,
tout entier relatif à l'histoire de Nisibe sous Constance
et Julien. L'histoire d'Ëdesse, la persistance du poly-
théisme à Carrhes, toute l'histoire civile et ecclé-
siastique de la Syrie, sont écrites dans ce curieux
document en traits d'une étonnante vivacité. 11 est
bien surprenant que Ëbedjésu n'ait pas connu un
ouvrage aussi important ; mais l'ancien neté des manus-
crits du Musée britannique d'où M. Bickell a tiré son
texte (ces manuscrits sont du v® et du vi* siècle) ne
laisse place à aucun doute. Â propos de ces textes
nouveaux et d'autres poèmes syriaques, M. Geiger
a fait sur la versification des Syriens d'intéressantes
observations ^.
* .S. Ephrœmi Syri Camùna Nisibena, addiiis prolegomenis et sup-
plemento lexicorum syriacorum, priiiius edidit, vertit, explicavit
D' Gustaviis Bickell. Leipzig, 1866, iv-234-ià6 pages.
* Zeitschrift der dent, morff. Gesell. 1867, p. 469 et sniv. 487 et
^ 99 -^
Jacques de Sarug (commencement du vf siècle)
a été lobjet dune monographie de M. Abbeloos,
de rUniversité de Louvaîn ^ M. Abbeloos a publié
quelques ouvrages inédits de ce docteur, tirés des
manuscrits du Vatican, et son panégyrique en vers
écrit par son disciple Gçorges; il y a joint une dis-
cussion géographique intéressante sur les noms de
Sarug et de Batna. Le père Zingerle a publié, de
son côté, six homélies du même Jacques de Sarug^.
Le Livre de l'Abeille, de Salomon, évêque nestorien
de Bassora, vers i 22a , a été publié par M, Schœn-
felder *. C'est une petite histoire sainte assez 'sèche,
en syriaque et en karchouni, qui avait déjà été ana-
lysée par Assemani, et qui n'est bonne que pour
montrer les opinions apocryphes qui avaient cours
à^jette époque chez les nestoriens. M. Rœper a étu-
dié le singulier ouvrage intitulé «Histoire des Her*
mes» quon attribue à Honein ibnJshak, et notam-
ment la partie de ce livre consacrée à Platon *.
Les riches suppléments à la littérature grecque
suiv. Voir aussi les observations de M. l'abbé Le Hir dans la Revae
criti(iue, 9 février 1867.
* De vita et scriptis S. Jacobi, Bataarum Sarugi in Mesopotamia
episcopi. Scripsit J. B. Abbeloos. Louvain et Bonn , 1867, în-8'.
* Des heiUgen Jacob von Sarug sechs Homilien. Aus syriscfaen
Handschri(\en ûbersetzt von P. Pius Zingerle. In-8"*, xii et 1 07 pages.
Bonn, 1867.
* Saiomonis, episcopi Bassorensis, Liber Apis; syriacam arabi-
cumque textum latine vertît , notis illustravit ïf J. M. Scbœnlelder.
Bamberg, 1866.
* Theopbilus Rœper, Lectiones Abulpharagianœ atterœ : de Ho-
nainivita Pia/onii. ln-4*, 22 pages. Danlzig, 1867.
1'
— 100 —
que fournit la précieuse collection de Sainte-Marie
Deipara , déposée au IVI usée britannique , continuent
d'occuper M. Land. Le second volume de ses Anec-
dota syriaca^ contient le texte syriaque de divers
ouvrages de ce Jean , évêque d'Epbèse, dont l'Histoire
ecclésiastique est publiée et traduite du syriaque
depuis plusieurs années. Tous ces écrits ont beaucoup
d'intérêt pour Thistoire de Thérésie monophysite et
pour rhagiographie orientale. Le nouveau volume
de M. Land contient aussi d*utiles additions au pre-
mier volume. Le troisième volume contiendra la
traduction syriaque de Zacharie de Mélitène. Plus
tard, M. Land se propose de publier la logique de
Paul le Perse et quelques autres écrits péripatéti-
ciens. On nous annonce la procbaine publication
du dictionnaire syriaque de M. Payne Smitb, qui
sera pour ces études une bonne fortune. M. de La-
garde a réuni en im volume plusieurs de ses anciens
opuscules, qui apportent à un pareil travail d'u-
tiles contributions^.
Depuis la publication des nombreuses inscrip-
tions himyaritcs découvertes par les Anglais, et les
travaux de feu Osiandcr, M. François Lenormant'
est, à ma connaissance, le seul savant qui se soit
occupé de ces textes, ou du moins qui en ait en-
^ Anecdjota Syriaca , tomus If. Lugduni Batavoium, petit in-4°,
1868, xii-35-392 pages, 2 planches de fac-simiie.
^ Cresammelte AhkandLungen, 1866, déjà cité.
' Comptes rendus de t Académie des inscriptions, 1867, p. 96 , i 23,
222, 242, 256, 283, 3o2 et suiv. 1868, p. 63'et suiv.
— lOl —
tretenu ie public savant. Les textes himyarites sont
pourtant très-intéressants pour l'histoire des religions
sémitiques. Un fait bien remarquable est le grand
nombre d'inscriptions en ce caractère que MM. Wad-
dington et de Vogué ont trouvées dans le Hauran.
M. Lejean a également rapporté la copie de quel-
ques textes himyarites et ghez. On n avait déterminé
jusqu ici aucune monnaie homérite. M. de Longpé-
rier en a découvert une, frappée à Reidiin, proba-
blement peu de temps après le commencement de
ïëve chrétienne^.
Je ne connais en fait de récentes études élliio-
piennes que le travail qui a paru dans votre journal
sur le livre d*Hénoch ^, livre qui ,'comme vous- savez ,
n'a été conservé qu'en éthiopien. Il parait que l'expé-
dition anglaise contre Théodore a eu pour résultat
scientifique d'enrichir le Musée britannique d'un
grand nombre de manuscrits ghez. MM. de Long-
pérîer et d'Abbadie out publié sur la numismatique
de i'Abyssinie un travail qui fera époque^. Deux des
pièces qu'ils ont décrites sont antérieures à la con-
version du pays au christianisme; d'autres sont du
vu* et du VIII* siècle. Les éléments recueillis pour
un dictionnaire tigré par feu M. de Beurmann ont
été publiés par M. A. Merx^.
' Revue nomismaiique , nou\. série, mai-juin 1868.
* Journal asiatiifue, avril-mai 1867 (article de M. Joseph Hal-
lévi).
^ Revue numismatique, nouv. série, t. XIII ( 1 868 ) , tiré à part.
^ Vocabalarj oftfie Tigré hnguage. Halle , 1 868 , in-8**, VII-7 8 paj^es.
— 102 —
La langue ambarique et celle des Gallas ont été
Tobjet d'un livre fort étendu, qui a pour auteur le
Père Massaja^, vicaire apostolique dans le pays des
Gallas. M. Blumhart a publié un livre destiné, je
crois, à Tusage pratique des soldats hindous qui ont
pris part à la guerre d'Abyssinie, mais qui ne sera
peut être pas inutile à ceux qui voudront faire une
étude scientifique de lambarique ^.
Arrivons enfin à cette immense littéi^ture arabe
qui, par son intérêt propre et comme répertoire
universel de faits relatifs à TOrient, continue tou-
jours d^occuper une si grande place dans les travaux
des orientalistes. Pour suivre Tordre logique, et
nous conformer à Topinion des Arabes eux-mêmes
sur Tordre hiérarchique des sciences , commençons
par la grammaire.
« Les savants parmi les Arabes qui s^occupaient
de philologie [adeb) recueillaient et mettaient par
écrit d'anciens poèmes, des morceaux de prose ca-
dencée, et y mêlaient par-ci par-là assez de pro-
blèmes philologiques et grammaticaux pour.qu« le
' Lecdones grammaticales pro missionariis qui addiscere volant Un-
guanAmaricam seu vulgarem Ahyssimœ, necnonet Unguam Oromonicam
seu populorum Galla nuncupatorum ,aLUCiore RR. DD. G. Massaja, ord.
Miuorum capucinorum , episcopo Cassiensi et vicario aposlolico ad
populos Galla. Parisiis, excusum in typograplieo imperiali, 1867,
in-S", xix-5o5 pages.
* Handbook of tlie amharic language, containing a vocahalary in
englisk, oordoo and amharic , with paraUel sentences in th»se Icaigoages,
by the Rev. G. H. Blumhart. Lukhnow, 1867.
— 103 —
lecteur, après avoir fini Touvrage, se trouvât pos-
séder la plupart des règles auxquelles le langage est
soiimis. On choisissait parmi les récits consacrés aux
journées célèbres des anciens Arabes autant quil en
fallait pour rendre intelligibles les allusions des
poètes; on y ajoutait les généalogies les plus im-
portantes, ainsi que les anecdotes les plus répan*
dues. Le lecteur arrivait ainsi à connaître la langue
des anciens Arabes, ia tom^nure de leurs phrases,
leui^ modes d'expression. » Ainsi s'exprime Ibn-
Khaldonn (Prolégomènes , t. III, p. QgS, 296 du texte
arabe), et il cite lui-même quatre modèles de ce
genre de littérature. Parmi ces modèles, il compte
le Kamel d'Ël-Mobarred , écrivain mort Tan 899 de
Jésus-Christ. Cet ouvrage est en voie de publication
par les soins de M. W. Wright ^ C'est un amas de
notions jetées pêle-mêle, où un récit s'enchevêtre
dans un autre, toujours avec une arrière-pensée de
pédagogie. Il s'y trouve un certain nombre d'indica-
tions historiques, dont M. Dozy le premier a fait
connaître l'impoi^tance dans son histoire des musul-
mans d'Espagne. Ce qui ajoute à l'intérêt de ces
sortes d'écrits, c'est que le Kamel de Mobarred, et
les trois autres ouvrages mentionnés par Ibn-Khal-
doun, ont servi à Djeuhari pour )a confection de
son Sahâh el-Logha.
Le célèbre grammairien Djémal eddin Moham-
^ The Kdmil oj El-Mubarrad, edited i'or ihe German orientai
Society from the manuBcripts of Leyden, Saint-Peter sburfç, Cam-
bridge aad Berlin, by VV. Wright. Part. i-iv. in/i°, 1864-1867.
— \0k —
mcd , plus connu sous le nom dlbn-Malik , mort à
Damas en Tannée 672 de Thégire (layS-iayà de
Jésus-Christ), a composé, entre autres ouvrages, un
petit poème intitulé Lamiya, où il traite des diverses
formes du verbe. Ce poème a été commenté par
le fils de fauteur, Bedr-eddin, dans un opuscule
qui a été publié à Leipzig, en 1866, par le docteur
W, Volck , professeur ordinaire de langues sémiti-
ques à la Faculté de théologie de T Université de
Dorpat^ Les pronoms relatifs en usage chez les
Arabes ont fourni à M. Eugène Prym le sujet d'une
publication intéressante, dont la première partie
seule a paru. L auteur y donne le texte et la traduc-
tion d*un long fragment du commentaire d*Ibn-
Yaïch sur le célèbre traité grammatical intitulé
Al-Mofassalj par Zamakhchary ^. M. Fleischer ^ con-
tinue à communiquer aux arabisants ses précieuses
scholies sur la grammaire de M. de Sacy, vrai travail
de commentateur arabe, qui aura le plus grand
prix pour une future édition de louvrage français.
M. Lane a publié la troisième partie du vaste
^ Ibn-Mcdik's Lamiyat al-afàl, mit Badraddins Commentar. Revi-
dirte Textausgabe von D' W. Volck. Leipzig, 18C6, petit in-4* de
VIII et ko pages.
^ D^ enimtiationibus relativis semiticis dissertatio linguistica. Scripsit
Eugenius Prym , phil. doctor. Pars prior. Bonnae ad Rhenum , 1867 ,
in-8° de xii et 1 1 1 pages.
^ Beitràge zur arabischen Sprachkunde, 3* série; Leipzig, 1867
(tiré des Berichte ûber die Verhandlungen der hœniglich-sœchsischen
Gesellschaft der fVissenschctften , pour 1867). Nous ne connaissons
que par le titre : 6. Sapeto, Grammalica araba volgare, in-8°,
3o2 pages. Firenze e Genova, 1867.
— 105 —
dictionnaire arabe (pi'ii a entrepris^. Cette partie
atteint la lettre za. C'est toujours ia ménae richesse,
]a même exactitude dans le dépouillement des dic-
tionnaires arabes originaux. Quelques connaisseurs
regrettent pourtant une certaine absence de critique
et voudraient que le savant anglais ne se bornât pas
aussi souvent à reproduire le sentiment des lexico-
graphes arabes y qu il fût plus au courant des travaux
des orientalistes contemporains. Mais tout le nK)nde
assurément est d*accord pour assigner à Touvrage
de M. Lane une place parmi les ouvrages qui font
le plus d'honneur à la science orientale européenne
en notre siècle.
Djawâlîki , philologue mort Tan i i A 5 après Jésus-
Christ, a composé un dictionnaire de tous les mots
d'origine étrangère quon trouve dans le Coran et
chez les auteurs classiques. Son- ouvrage, intitulé
Al-Moarraby a été publié par M. Sachau^, jeune
disciple de M. Fleischer. M. de Jong a imprimé i
Leyde, d'après un manuscrit de cette ville et un
autre de Berlin , un lexique des surnoms ethniques
et patronymiques qui ont une origine différente,
quoique leur forme soit identique'. Ce travail a
* An Arahic-^ngUsh Leadcon, derived from the hest and the most
copions eastern sources, Book I, containing ali the classical words
and significations commonly known to the leamed among the Arabs.
Partie 3'; Londres, 1867, très-grand în-4°> p. S^g à 1280.
* Djatcalikis almuarrah, nach der Leidener Handschrift mit Er-
làuterungen, herausgegeben von £d. Sachau. In-8*', Leipzig, 1867.
Le même : De Aljavâliqi ejusque opère quod inscrihitar €d*moarrab,
adjecta textusparticula. Halie, 1867.
^ Homot^ma inter nomina relativa, auctore Abul-Fadhl Mohammed
— 106 —
pour premier auteur Mohammed ibn-Tahir, de Jé-
rusalem, surnommé Ibn-al-Kaisarany, et a été
complété par Abou^Mouça dlspahan. C'est un ou-
vrage utile pour la lecture des écrivains arabes, et
M, de Jong s'est acquitté de sa tâche d'éditeur avec
beaucoup d'exactitude.
Ija poésie arabe a servi de matière à deux publi-
cations, relatives à deux anciens poètes, à peu près
contemporains, mais dont la renommée est fort
inégale. Lun est le célèbre Antara , l'auteur d'une des
sept Moallakât; l'autre est Alkama, fils d'Obda , rival
d*Imrou'l-Ray». La vie du premier a été écrite par
M. Henri Thorbecke, qui l'a fait précéder du mor-
ceau du Kitâb-el-Aghâni relatif à Antara ^ Lies poésies
du second ont été réunies par M. Albert Socin, qui
y a joint une version allemande, des notes assez
étendues et la notice que l'auteur du Kitâb-^l-Aghâni
a consacrée au fils d'Obda *. M. de Kremer a pu-
blié, sur les poésies et les légendes de l'Arabie 'mé-
ridionale, une étude que nous ne connaissons que
Ibn^Tahir (d-Makdisi, vulgo dicto Ibn al-Kaisaram, quse cum appen-
dice Abu Musœ Ispahanensis e codd. Leyd. et Berolin. edidit D' P.
de Jong. Lugduni Batavorum ; 1 865 , in-8° de xix et 239 pages^
^ Antara, des varislamischen Dichters ,Leben dargestelit von D'phii.
Heinrich Thorbecke , Privaldocent zu Heideiberg. Heideiberg, 1 868 ,
grand in-8° de 45 pages. (Cf. Journal tuiatique, avril- mai 1868.)
' Die Gedichte des 'Alkama Aljahl , mit A nmerkangen , herausgegeben
von Albert Socin, W phil. Leipzig, 1867, grand in-S" de viif , 4 2
et 24 pages. -— De *Alkamœ ElfaJd carminibas et vita, adjecto textu
arabiuo adhuc inedito. Dissert, inaugur. scr. Alb. Socin. Halis, 1867,
in-8^
— 107 —
par le titre, mais qui doit être dun grand inté-
rêt i. .
M. Thomas Ghenery a publié le premier volume
d'une traduction des Séances de Hariri ^, dont les
notes prouvent un arabisant exercé.
Je ne connais aucune grande publication relative
à la théologie musulmane. MM. Fliigel et de Kremer
nous ont donné des détails du plus haut intérêt sur
un des derniers représentants du mysticisme mu-
sulman au xvi' siècle, TÉgyptien Scharany ^. C'est un
bien curieux spectacle que celui de la douceur et
de la vraie piété de ce derviche, citant sans cesse
comme modèle fexemple des chrétiens par antipa*
thie contre Tislamisme orthodoxe. Le beau caractère
de Scharany et son esprit si différent de celui des
musulmans, même des musulmans pieux, sont des
laits très -propres à faire comprendre le penchant
pour le christianisme qui se cache souvent sous le
dervichisme oriental.
La géographie arabe sest enrichie d'une édition
complète de la cosmc^raphie de Schems-eddin Âbou
^ Vber die sudarabische Sage, Leipzig, 1 866 , xx-i 5a pages » in-8^
-^ Le même , Altarahische Gedichte àber die Volkssage von lemen als
Tesoibelege zurAhkandlang • Vber die sudarabische Sage. > Leipzig, 1 867,
27 pages,! 11-8'. '
^ The AjsembUes of aJlrHariri , transiated from thearabic, wilb an
introduction and notes histoncal and grammatical « by Tbomaa
Gbenery. Vol. I, containing tbe first tweaty^sii assembUes. Londres «
1867, in-8^ bào pages.
^ Zeittcbrift der deut morg, Gesell» 1866, p. 1 et suiv. 1867,,
p. 371 et suiv. *— Journal asiatique, février-mars 1868, p. 26 J
et suiv.
— 108 —
Abd-AHah Mobammed ed^Dimiscblci \ écrivain du
XIII* siècle de notre ère, qui prolongea sa carrière
jusqi/à Tannée iday, vit ia fin de la domination
latine en Orient, et fut le contemporain d'AbouIféda
et dlbn-Batouta. Dimischki, qui professait la doc-
trine des soufis, passa la plus grande partie de sa
vie en Syrie, soit dans le village de Raboué, aux
enviions de Damas, où il remplit les fonctions
d'imam, soit à Safed, où il finit ses jours : aussi
s*étend-il de préférence sur la description de la
Syrie. L'ouvrage de Dimischki abonde en notions
historiques, ainsi qu'en détails sur la botanique, la
zoologie, la minéralogie, les divers produits de Tin-
dustrie orientale. L'importance de ce livre avait
attiré l'attention de M. Fraehn , qui avait entrepris
de le publier, d'après un manuscrit appartenant à
la bibliothèque impériale de Saint-Pétersbourg. Cette
édition étant restée interrompue, M. Mehren, pro-
fesseur à l'Université de Copenhague, a repris et
mené à bonne fin la tâche commencée par Fraehn,
en mettant à profit des secours que ne possédait
pas celui-ci. Le texte de Dimischki est donné d'après
' Cosmographie de Chems-eddin Abou- Abdallah Mohammed ed-
Dimischki, texte arabe, publié d'après l'édition commencée par
M. Fraehn et d'après les manuscrits de Saint-Pétersbourg; de Paris,
de Leyde et de Copenhague , par M. A. F. Mehren. Saint-Péters-
bourg, 1866, très-grand in-4° de xc et a85 pages. L'Académie
impériale des sciences de Saint-Pétersbourg a fait les frais de cette
belle publication, et en a fixé le prix à ia somme modique de 3 rou-
bles, ou 3 thalers, 10 gros de Prusse. C'est là un exemple qui
mérite d'être suivi par d'autres compagnies savantes et que n'avait
pas attendu la nôtre pour sa collection d'auteurs orientaux.
— 109 —
quatre manuscrits et accompagné d'un index très-
complet. M. Mehren, qui a publié en danois deux
extraits étendus de cet ouvrage, et qui en a donné
plusieurs autres en français dans les Nouvelles annales
des voyaijeSf nous en fait espérer une traduction
complète, «écrite dans notre langue. Ce sera un
nouveau service que lui devra la littérature orien-
tale et qui lui créera en même temps des titres à la
reconnaissance des géographes.
Une des parties de Touvrage de Dimischki dont
M. Mehren a déjà publié la traduction en danois
est celle qui est relative à TËspagne ^ MM. Doxy
et de Goeje ont publié le texte arabe de la descrip-
tion de TÂfrique et de TËspagne, par Edrisi^ avec
une traduction et un commentaire qui corrigent sur
une foule de points le travail de M. Jaubert.
M. Paul Berlin Noskowyj * a publié lopuscule, peu
important du reste, de Makrizi sur le Hadhra-
maut. Cet opuscule a été de la part de M. Defré-
mery * l'objet de doctes observations.
M. Schier a publié le globe céleste arabe que
possède la bibliothèque de Dresde ^ M. Ferdinand
' Den Pjrenxiske Hahoô soMneidigende geographisk Studie ajter
Shems edrdin ctUDimishqi og Spcuuk arabiske geographer, ved A. F.
Mehren. Copenhague, 1 864, brochure in-4^
' Leyde, 1866.
^ Macrizii de vaUe Haâroaumi libellas arabice editus et illustratus.
Dissertatio quam. . . . publiée défende! Pau) Berlin Noskowyj y Siie-
sius. Bonnae, 1866 , in-8° de 87 pages.
^ Journal asiatuiue , ayrïi-mdà 1867.
^ Glohiu cœUftis arabicus qui Dresdœ in regio Museo mathematico
— 110 —
Wùstenfeld continue à mériter grandement des
lettres arabes et de la géographie orientale en pcar*
suivant airec une infatigable activité son édition du
vaste dictionnaire géographique de Yakout, d'après
les manuscrits de Beriin, de SaintrPétersbourg, de
Paris, de Londres et d'Oxford, aux frais de la So-
ciété orientale allemande ^ Le second volume a vu
le jour Tannée dernière et comprend les lettres djim
à za. L*importance de l'ouvrage de Yakout a été
trop souvent signalée dans ce recueil, par notre
président actuel et par son prédécesseur, pour qu'il
soit nécessaire de nous étendre derechef sur ce
sujet ^.
La publication du curieux ouvrage de Beladori*
sur l'histoire des conquêtes des premiers musulmans
est maintenant complète. Un troisième et dernier
luservàtur, a Car. H. Schîer, Dresdensi, illudCratus. Lipsix, i865,
grand in-8°.'
* Jjacut's geographisches Wôrterback. . . . herausgegeben von Fer-
dinand Wùstenfeld, Zweiter Band. Leipzig, 1867, in-8° de 968
pages.
^ Qu'il nous soit seulement permis d'émettre un vœu , c'est que
la Société orientale de Leipzig se détermine à faciliter l'acquisition
de cette belle publication, en la livrant à un prix moins élevé que
celui àei premiers volumes. En effet , au taux ' fixé pour ceux-ci ,
l'ouvrage entier rerriendrait k plus de 200 francs, ce qui est beau-
coup pour un dictionnaire d'une science particulière.
^ Liber expugnationis regionwn, auctore Imam Ahmed ibn-JcJua
ibn-Djabir at-Beladsori , quem e codice Leidensi et codice musei
Britannici edidît M. F. de Goeje. Pars III, pr»f. gios». et indices.
Lugduni Batavorum, 1866, in-4* de 1 28 pages, plus 65 pages pour
ies index. Les pages 121 à i a8 des préliminaires sont imparfaitement
chiffrées 221 à 228.
— 111 —
*
fascicule, comprenant la préface, un glossaire très^
détaillé, des additions et corrections, des index des
noms propres et de lieux, a paru il y a deux ans.
Cette publication fait un grand honneur à M. de
Goeje, jeune savant qui marche dignement sur les
traces de son maître, M. Dozy, dont il est mainte*
nant le collègue à l'Université de Leyde. On sent
que la glorieuse école des Ërpenius, des Golius,
des SchultenSy nest pas près de s éteindre. M. de
Goeje a encore publié une histoire des khalifes omey-
yades, Omar II, Yézid II et Hischam, extraite d'un
manuscrit de la bibliothèque de Leyde ^ M. de
Goeje a mis sous presse , conjointement avec M. de
Jong, une édition complète du manuscrit d où ces
biographies sont tirées.
11 y a près de -vingt ans que M. Tornberg d'Upsal
a conçu le projet grandiose de donner au public le
texte arabe de la chronique dlbn-al-Athir. On sait
que cette chronique, la meilleure de toutes les
chroniques arabes, embrasse l'histoire universelle,
telle que la connaissent les musulmans, jusquà
Tan 6a8 de lhégire(i23o de J. G.). Voulant pro-
fiter d'abord des ressources que lui offrait la biblio-
thèque d'Upsal , M. Tornberg fut amené à commen-
cer sa publication par les dernières parties. De 1 85 1
à 1 865, il impriina les six dernières parties de fou-
* Historia hhalifatus Omari IP, Jazidi IV et Hischami, sumpta ex
Hbro cui titulu» est ^U^Jt ^La^I «j ^^'^^^^ iùji^^ C.>U^
quam ex codice Leyd. nunc primum edidit M. J. de Goeje. Lugd.
Bat. i865 , in-S**, vi-yS pages de texte arabe.
- 112 -
vrage avec l'aide des manuscrits d'Upsal , de Paris ,
de Berlin. Il atteignit ainsi, à reculons, Tannée 228
de rhégire (842 de J. G.). A partir de ce moment,
M. Tornberg a suivi un ordre inverse, et a com-
mencé à donner les premières parties de Touvrage
d'Ibn-al-Athir. En 1867, il a publié le commence-
ment de la chronique, la partie qui renferme l'his-
toire des peuples anté-islamiques ; le tome II, paru
en 1868, va jusqu'à l'an 20 de l'hégire ^. Les tomes
III, IV, V, VI, paraîtront successivement et rempli-
ront la seule lacune qui reste dans cette grande pu-
blication. Depuis la publication des volumes XI et
XII de son ouvrage (les deux premiers parus),
M. Tornberg a pu se servir du manuscrit complet
d'Ibn-al-Athir que M.' de Slane a acheté à Constan-
tinople pour la Bibliothèque impériale de Paris. En
confrontant rétrospectivement son ouvrage avec cet
excellent manuscrit, il y trouvera la matière de
nombreuses additions et corrections.
Un des vétérans de la* littérature arabe, M. de
Slane, s'est acquis un nouveau titre à la reconnais-
sance des orientalistes, par la publication du troi-
sième volume de sa traduction anglaise du grand
recueil biographique d'Ibn-Khallican. Plus de la
moitié de ce volume avait été imprimée il y a vingt
et quelques années^ aux frais delà Société asiatique
de la Grande-Bretagne et de l'Irlande, mais n'avait
' thn-al-Athiri Chronicon quod perfectissimnm ingcribitur, kd ùdeni
codicum Parisinorum , Londinensium et Berolinensis. Edidit G. J.
Tornberg, Lundensis; vol. II, Leyde, 1868.
— 113 —
reçu qu'une publicité très-restreinte; presque toute
rédition de ce demi-volume avait disparu dans la
faillite de Timprimerie où vl\e avait été exécutée.
M. de Siane a reproduit son premier travail en le re-
voyant avec Texactitude qui lui est habituelle, et en
le complétant^. Il ne lui reste plus quà donner un
quatrième et dernier volume, dont l'impression est
commencée, pour avoir terminé cette vaste et dif-
ficile entreprise. Le volume quil vient de publier
renferme des articles d'une grande importance,
tels que ceux du poète Bohtori et du célèbre général
Mohallab ibn-Abi-Soufra. Le prix du travail d'Ibn-
Khallican est encore rehaussé par le savant com-
mentaire dont M. de Slane a fait suivre chaque bio-
graphie, et où il a donné une foule d'indications
utiles pour l'histoire littéraire et politique de l'O-
rient musulman et pour la philosophie arabe.
Sous le titre de. Documents pour l'histoire des Arabes
d'Occident^, M. Marc-Joseph MûUer a publié, aux frais
de l'Académie de Munich , le premier cahier d'un re-
cueil où il entreprend de rassembler divers mor-
ceaux d'Ibn-al-Khatib et d'autres écrivains arabes
d'Espagne, relatifs à l'histoire de la péninsule ibé-
rique sous les Arabes. L'avantage qu'a eu M. Mùller
• Ibn-Khallikans biographical die lionarj irans\aied from the arabic
by baron Mac Guckiu de Slane. Vol. III , Paris , printed for tbe orien-
tal translation fund of Great Britain and Ireland, 1868. In-Zi** de
699 pages.
* Beitràge zur Geschichte der wesdichen Araher, herausgegebcn
von Marcus Josepb MûUer. i**** Heft, Miinchen , 1866, in-8° de 192
page».
J. As. Extrait n" 5. (1868.) 8
— 114 —
de pouvoir puiser dans les riches trésors de TEscu-
rial fait vivement désirer qu'il mène à fin cette en-
treprise. C'est une bonne fortune dun autre côté
que la publication de la suite de l'histoire des mu-
sulmans de Sicile de M. Amari^ Cet ouvrage, était
interrompu dépuis des années par suite des impor-
tantes fonctions que l'auteur a si honorablement
remplies. La première partie du tome lll paraît
aujourd'hui. Elle comprend l'histoire de la conquête
normande, et montre combien l'élément arabe,
même après avoir perdu la domination, fut tenace
en Sicile et quelle large part il conserva dans le
mouvement social. Encore un demi- volume, et le
grand travail de M. Amari sera terminé.
La littérature arabe possède un grand nombre
d'ouvrages qu'on ne peut comparer qu'à des collec-
tions d'ana, ou à des dictionnaires de la conversa-
tion, non rangés par ordre alphabétique. Ce sont
des espèces d'aide -mémoire, où l'on trouve des
traits, des mots, des faits susceptibles d'entretenir
une conversation agréable. Un célèbre compilateur,
Abou-Mansour Atthaalibi , qui vécut de l'an 96 1 à
l'an io38 de notre ère, a composé plusieurs de ces
recueils. Deux ont déjà été publiés; un troisième,
intitulé : Les connaissances élégantes, vient d'être
donné par M. de Jong^. Il y a dans ce fatras, qui ne
' Storia dei musulmani di Sicilia, vol. III, parle i*, Firenze, 1868.
- Lataifol'Mdarif, auctore Abu Mançur Abdolmalik ibn Mohammed
ibn Ismail at-Tha alibi; qiiem iibrum e codd. Leyd. et Goth. edidit
P. de Jong. Lugdimi Balavornm, 1867, in-8° de XLi et i58 pages.
— 115 —
vise à aucune unité, des choses fort piquantes. Le
livre, tout frivole qu'il est, donne une idée avanta-
geuse de la société musulmane à une époque où
rOccidenl n avait guère le loisir de songer à de pa-
reils divertissements de beaux esprits. Les ouvrages
qui sont ou pourraient être intitulés : Kitâb el-awâïl ,
appartiennent au même genre de littérature. Ce sont
des écrits destinés à enseigner l'origine vraie ou
fausse de toutes choses , les noms des premiers inven-
teurs, des endroits où se firent les inventions, etc.
M. Gosche a fait sur ces sortes de livres une très-
élégante étude d'histoire littéraire comparée ^ Ibn-
Koteiba , Âskari .et* Soyouthi sont les principaux
auteurs qu'il examine. Il suit ce genre de littéra-
ture chez les Ottomans, en recherche les analogues
dans l'Occident et publie un extrait de l'ouvrage de
Soyouthi.
Quoiqu'on ne mentionne ici que les travaux de
sources, nous ne pouvons omettre de- citer un ré-
sumé qui, par une rare exception, a pour auteur
un savant original : nous voulons parler de l'histoire
d.es peuples musulmans depuis Mahomet jusqu au
règne de sultan Sélim, par M. Gustave WeiP. Un
Voir i'article de M, Defrémery, Journal asiatique, septembre -oc-
tobre 1867.
' Die Kitâb al-awâïl, eine Ulterarhistorische Studie, 38 et 26 pages,
dans le Festgahe zur xxv, Versammlung deutscher Philologen , Orienta-
Usten und Schulmànner zu Halle. Halle, 1867.
* Geschichte der islamitischen Voelker von Mohammed his zur Zeit
des Sultans Selim ûhersickdich dargestellt von D' G. Weil. Stuttgard ,
1866, vii-5o/i pages in-S-".
8.
— 116 —
tel ensemble historique, resserré en un volume de
5oo pages, ne peut être que fort sommaire; mais
on sait combien M. Weiia étudié avec soin 1 époque
dont 'il parle; ses jugemenls, même dénués de leurs
preuves, gardent leur valeur.
L'étude de la philosophie arabe n a pas fait, de-
puis le commencement de ce siècle, tous les pro-
grès qu'on eût pu désirer, en partie parce qu'on
s'est trop borné à Tétude des philosophes qui ont
eu de la, célébrité dans l'Occident, en partie parce
que les manuscrits de philosophie arabe sont rares,
poursuivis qu'ils ont été avec fanatisme par une réac-
tion théologique victorieuse. M. Dieterici , de Berlin ,
s'est attaché à l'école la plus curieuse peut-être de
la philosophie arabe, à ces Ikliouân es-Saf a , docteurs
motazélites, rationalistes et éclectiques, qui, vers
le X® siècle de notre ère, composèrent une vaste en-
cyclopédie, dont le but était de réconcilier, d'une
part, Aristote et Platon, de l'autre , la philosophie
grecque et la théologie musulmane. L'entreprise
était difficile, périlleuse, et n'eut qu'un médiocre
succès. M. Dieterici nous a déjà donné une analyse
de cette vaste encyclopédie; cette fois, il en a extrait
et traduit huit nouveaux chapitres, pleins d'intérêt,
sur la science théorique , la logique , la science pra-
tique, la psychologie, le système général des sciences^
La logique est conçue sur le plan de YOrganon d'A-
ristote , mais avec un mélange considérable d'em—
^ Die Lo^ik and Psychologie der Araber im zehnten Jahrhundert nach
CAr. par le docteur F. Dieterici. Leipzig, 1868, x-i 96 pages.
— 117 —
prunts faits à la théorie des idées de Platon. L'ou-
vrage montre bien ce qu il y eut de véritable esprit
philosophique dans certaines écoles arabes. Ces
Ikhoaân es-Safa sont, en un sens, supérieurs aux
péripatéticiens absolus comme Ibu-Roschd. M. Die-
terici a joint à son beau travail un chapitre renfer
mant Texplication des termes techniques qui sont
employés dans Touvrage. La lexicographie philoso-
phique des Arabes trouvera là beaucoup à prendre.
En fait de travaux sur les mathématiques arabes ,
je ne connais qu un essai de M. Aristide Marre ^ sur
une partie de l'algèbre de Mohammed ben Mousa
Al-Khowaresmi , et une lettre de M. Steinschneider au
prince Boncompagni sur quelques manuscrits arabes
de mathématiques^. M. Dorn a décrit trois instru-
ments astronomiques, avec inscriptions arabes, que
possède la Bibliothèque impériale de Saint-Péters-
bourg*. — MM. Lederc et Lenoir ont publié, après
beaucoup d'autres, une nouvelle traduction du
traité de la variole de Rhazès^. M. Clément- Mullet
a traité des pierres précieuses selon les Arabes ^. Le
^ Le Messahat de Mohammed ben Moussa al Kharezmi : Extrait de
son algèbre traduit et annoté par Aristide Marre, a* édil. revue et
corrigée sur ie texte arabe publié par Rosen, Rome, 1866, in-d%
là pages.
• ^ Intorno ad otto manoscritti arabi di matematica posseduti dal siy,
G. Libri. Gr. in-4", 24 pages, Roma.
* Dans les Mémoires de tÂcailémie de Saint-Pétersbourg , 1866,
1 5o pages in-4°.
^ Traité de la variole et de la rougeole de Hazès. Pai'is, 1866,
in-S", 58 pages.
^ Journa/ asiati(/ue> janvier 1 868.
— 118 —
même savant a terminé Tannée dernière sa traduc-
tion du traité d'agriculture d*lbn el-Awwam * par un
second tome divisé en deux parties , dont la seconde
traite de Tétable, de i'écurie, de la basse-cour, et
enfin des soins à donner aux abeilles. Le laborieux
traducteur a réuni les mots arabes cité» dans le
premier volume et dans la première partie du se-
cond , et en a formé un index. C'est un travail dont
Tutilité est incontestable, mais qui aurait pu être
exécuté avec un peu plus de soin en ce qui regarde
l'exactitude orthograpbique et surtout la coirection
typographique.
La riche collection de manuscrits arabes, persans
et turcs que possède TUniversité de Leyde et qu'elle
doit en grande partie à la libéralité de Levin War-
ner, ambassadeur des Provinces- Unies des Pays-
Bas à Conslantinople vers le milieu du xvu* siècle,
est Fobjetd un catalogue descriptif i commencé il y a
seize ans environ , par M. Dozy, qui en a donné deux
volumes, continué immédiatement après lui par
M. Abraham Kuenen et repris ensuite par MM. de
Jong et de Goeje. Ces deux savants en ont publié
les tomes III et IV ^, qui sont leur œuvre , sauf les
160 premières pages du premier de ces volumes,
* Le livre de t agriculture dlbn-al-Awam, traduit de t'arabe par
J. J. Clément-Muliet. Tome II, en deux parties. Paris, 1866-1867,
in-8*de 4 60, 24, x et 298 pages.
* Catalogus codicum orientalium hibliothecœ académies Lugduno-Ba-
tavœ, auctoribus P. de Jong et M. J. de Goeje. Lugduni Batavorum,
voiumen tertium, i865, in-8°, de 894 pages; volumen quarlum,
1866, in-8", de 35o pf^ges.
— 119 —
qui sont de M. Kuenen. On doit à M. de Goeje la des-
cription de la majeure partie des manuscrits arabes.
Le travail de MM. de Jong et de Goeje est exécute
avec beaucoup de soin et d*exacliliide; leurs notices
abondent en indications utiles et intéressantes pour
la bibliographie, Tbistoire littéraire et ia pbilologie.
Un ou deux volumes seront encore nécessaires pour
conduire à son achèvement ce beau catalogue, qui
mérite detre offert en modèle aux ouvrages du
même genre. La bibliothèque de Munich a publié
également le catalogue de ses manuscrits arabes et
persans, dressé avec beaucoup de soin par M. Au*
mer ^ M. Gustave Flûgel a achevé le catalogue des
manuscrits arabes, persans et turcs, de la biblio-
thèque de Vienne^; c'est un travail qui répond à
ce que le nom de son auteur donnait droit d at-
tendre.
Les relations des chrétiens avec les musulmans
de TAfrique septentrionale au moyen âge ont été
étudiées par M. de Mas-Latrie avec une remarquable
érudition^. M. de Mas-Latrie embrasse naturelle-
ment son sujet en savant voué à letude du moyen
^ Die arahischen Handschriften der k. Hof- und Staatsbibliothek in
Màncften, von J. Aumer. Munich, 1866, in-S**. — Die persischen Hand-
schriften der k, Hof- und StaatshibUothek in Mûnchen, von J. Aumer.
Munich, 1866, in-8°.
' Die arabischen, persischen und tarkischen Handschriften der kais.
kœnigl. Hofbibliothek zu Wien. 3 vol. gr. in-4'*, «990 pages. Vienne,
1865-1867.
^ Traités de paix et de commerce , et documents divers concernant les
relations des chrétiens avec les Arabes de l Afritfue septentrionale au
moyen âge. Paris, 18C8, in-/|'.
— 120 —
âge chrétien plutôt quen orientaliste; mais aucun
orientaliste, réduit à ses études spéciales, n aurait pu
faire un ensemble aussi complet. M. Âmari a ajouté
d^importants suppléments à la belle collection de
traités conclus entre les républiques italiennes du
moyen âge et les musulmans, qu'il avait déjà pu-
bliée ^ Les ^archives de lancien consulat général de
France à Alger ont donné également la liste des
documents quelles possèdent 2. Le recueil delà So-
ciété de Gonstantine contient, pour Tépoque mu-
sulmane comme pourTépoque antique ^ de bonnes
recherches originales ^.
La numismatique et larchéologie arabes ont
donné lieu à des opuscules ou à des notes éparses
dans les journaux savants, qu'il serait long d'ana-
lyser ici. Les noms de M. Soret et de M. de Long-
périer paraissent être ceux qu il serait le plus injuste
d'oublier dans cette rapide énumération^.
Un des résultats les plus importants auxquels
sont arrivés les travaux scientifiques suivis avec une
méthode et une persévérance des plus louables par
' / diplomi arahi del R. archivio Jlorentino, Testo originale coa la
traduzioae letlerale illustrazioni. Appendice. Firenze , in«4% xii-80
page*. «
* Les archives du consulat général de France à A Iger, par Albert
Devoulx (Alger, i865).
' Années i865, 1866, 1867.
* Fr. Soret, Éléments de la numismatique musulmane, dans la fie-
vue de nnmismalique belge, à* série, t. II, et suiv. — Stickel, dans la
Zeitschrift der deul. morg. Gesell. 1867, p. 298 et suiv. — Joseph
— 121 —
les officiers militaires et civils de ioccupation fran-
çaise en Algérie a été la constitution bien nette d'une
vaste Famille de langues, s*étendant de TÉgypte au
Sénégal, et dont le type le plus pur paraît être le
touareg. Cette famille est restée jusqu'ici absolument
isolée; mais il est bien probable qu'on lui trouvera
un tronc ou des rameaux parmi les autres idiomes
connus depuis plus longtemps. Quoi qu'il en soit,
l'étude simple, désintéressée, dégagée de toute pré-
occupation et de toute idée préconçue , appliquée à
ces idiomes sahariens, est, à l'heure qu'il est, une
des œuvres les plus délicates de la science. M. le
colonel Hanoteau fait preuve dans ce travail de
l'esprit le plus sûr, le plus juste et le plus conscien-
cieux. Pas de système, pas de philosophie, nulle
tendance secrète pouvant fausser le coup d'oeil de
l'observateur. C'est à travers ces sortes de verres
lucides et sans nulle sorte de réfraction que la science
aime à voir les faits éloignés et observés pour la
première fois. A sa grammaire berbère et à sa gram-
maire touarègue, deux ouvrages excellents, M. Ha-
noteaii vient d'ajouter un volume de poésies popu-
laires recueillies dans la Rab^lie^ Les Kabyles n'ont
Karabacek» ibidem, p. 618 et suiv. — Le Iscrizioni arabe délia reale
Armeria di Torino, illustrate da Isaia Ghiron. Firenze, 1868, in-4*
de ix-i 2 1 pages et 8 planches. — De Longpérier, Comptes rendus de
tAcad. des inscr. et belles- lettres , 1866, p. 291 et suiv. — Fr. Lenor-
mant„dans de Cherrier» Histoire de Charles VUl, append. au i*' vol.
* Poésies populaires de la Kabylie du Jurjura, texte kabyle et tra-
duction, par M. Hanoteau, colonel du génie. Volume m-8**, de 48c
pages. Paris» Imprimerie impériale, 1867.
— 122 —
pas de textes écrits en dehors des ouvrages arabes;
mais ils ont une poésie populaire , œuvre d^hommes
illettrés, chantée par des rhapsodes héréditaires,
parasites et parties nécessaires des noces et des fêtes,
souvent aussi œuvre de femmes (couplets dont elles
accompagnent leurs danses, longues complaintes
qu'elles mêlent à leurs travaux). La mémoire extraor-
dinaire des chanteurs kabyles explique l.es miracles
que durent accomplir les aèdes grecs qui gardèrent
les poèmes homériques, les tribus arabes qui eurent
de longs divans, les jongleurs du moyen âge.
M. Hanoteau nous donne sur le compte de ces
derniers des rhapsodes les plus curieux détails, dé-
tails d autant plus précieux que tout cela a été ob-
servé et recueilli sans nulle préoccupation littéraire
antérieure. La pensée si juste qui porta les Fauriel,
les Augustin Thierry, les Ampère à attacher une
importance majeure aux chants populaires, devait
dégénérer vite, par l'espèce de dilettantisme qui s y
mêla, en légèreté et même en fraude. Ici, rien de
semblable. Toutes les transcriptions en caractères
arabes oilt été faites par des indigènes; la transcrip-
tion en caractères français et la Iraduciion ont été
écrites en quelque sorte sous leur dictée. Il est bien
remarquable que dans ces chants il n'y ait pas un
mot d'histoire, pas un souvenir du passé.
Bien d'autres recherches sur les Berbères, leur
origine, leur histoire, ont été le fruit de l'activité
scientifique que notre colonie algérienne a su dé-
ployer. Une société qui s'est formée à Bone semble
— 123 —
diriger surtout ses efforts de ce côté ^ Cépigraphie
berbère ou Hbyque a fait, grâce aux efforts réunis
de ces zélés explorateurs, de précieuses acquisitions.
Un vrai trésor d'inscriptions libyques a été décou-
vert. Quatre inscriptions bilingues, libyco4atines ,
sont maintenant connues^. Le nom de M. Fai-
dherbe, qui a tant contribué à Textension de nos
connaissances sur TAfrique , celui d*un jeune offi-
cier plein de zèle et d'intelligence, récemment
frappé dune mort subite, M. Henri Aucapitaine,
et celui de M. Berbri^ger, doyen de ces savantes
études , méritent surtout d'être ici mentionnés '.
Les études égyptiennes sont cultivées depuis quel-
que temps dans toute l'Europe avec un zèle extraor-
dinaire. Grâce à la façon large et éclairée dont
le vice-roi d'Egypte a organisé le service des anti-
quités , les monuments des âges les plus reculés et
de la plus haute importance ne cessent de sortir du
sol qui sait le mieux conserver tout ce qu'il a re-
couvert. Un homme du plus grand courage , un vrai
héros de la science, M. Mariette, consacre sa vie à
* Bulletin de ï Académie dHippone, 1868.
* Revue et Afrique, mai 1868, p. 161-17^, 23â-3^o.
^ Faidherbe, Recherche anthropologique sur les tombeaux mégali-
thiques de Roknia. Bone, 1868, 76 pages, 6 tableaux, i3 planches.
— Aucapitaine, Ethnographie. Nouvelles observations sur t origine des
Berbers Thamou, Paris, in-8", 1867. — Le même. Les Beni-Mezub
(Sahara algérien). Paris, 1867, in-8°. — G. Olivier, Recherches sur
t origine des Berbhres,BoTkej 1868. — Gian Carlo Gonestabile, Al-
cune osservaziùni sovra il sistema di numerazione pressa i Berheri e gli
Aztechi € sovra loro idiomi. Perugia, 1866 , broch. iD<8°.
— 124 —
ces recherches, qui lui assurent Timmortalité. En
Europe, des philologues comme M. de Rougë et
M. Lepsius, continuant les méthodes de Champol-
lion, ont su faire école et grouper autour d'eux des
disciples qui appliquent sous leurs yeux leurs savants
procédés. Que Ton ajoute à cela des bonnes fortunes
comme la découverte de la nouvelle inscription tri-
lingue de Canopus, de la nouvelle table d'Âbydos^
des monuments persépolitains de fisjthme de Suez ^ ;
que Ion considère surtout finlérêt hors ligne qui
s'attache, à une civilisation de beaucoup plus an-
cienne que toutes celles que nous connaissons ail-
leurs, à une civilisation qui offre un caractère
d'originalité absolue et qui peut-être doit servir à
expliquer bien des choses en Grèce et en Judée, et
l'on comprendra le goût qui entraîne de ce côté tant
d'esprits curieux. L'histoire d'Egypte forme le pre-
mier chapitre de toute philosophie de l'histoire,
avec l'histoire antique de la Chine et celle de la Ba-
bylonie. Sûrement l'histoire des antiquités védiques
et aryennes a pour nous un intérêt plus direct; la
critique des vieux documents sémitiques est plus at-
tachante encore; mais aucune science ne remonte
plus loin que l'égyptologie dans l'échelle des temps;
aucune science ne contribue davantage à expliquer
l'origine des sociétés et le lent développement de
ce que nous appelons civilisation.
* Mariette, dans la Revue archéologiqae , février 1866.
* Voir sur ce dernier point les Comptes rendus de F Académie des
inscriptions, de mai àaoût 1 866*; Revue archéologique , décembre 1 866.
— 125 —
M. deRougé, dans un résumé substantiel récem-
ment publié ^ a présenté Thistoire des études égyp-
tiennes jusqu'à la fin de 1866. Depuis ce temps,
i ardeur des égyptologues ne s est pas refroidie. Un
recueil spécial, dirigé par MM. Lepsius et Brugsch^,
est consacré à représenter les progrès journaliers de
leurs études. Chaque érudit y vient à- son tour en-
registrer le caractère déchiflVé, le groupe éclairci
par des variantes ou la tournure grammaticale ana-
lysée à nouveau. Sans pouvoir énumérer ici toutes
les conquêles partielles qui signalent à Tattention
chaque page de ce précieux journal, nous rendrons
hommage aux travaux de MM. Birch, Brugsch, Cha-
bas, Goodwin, Le Page-Renouf, Lauth, Pleyte, Dù-
michen, de Horrack, Devéria, Lieblein, A. Baillet,
dont les communications, de mérites très-différents
sans doute, ont néanmoins toutes contribué à enri-
chir le dictionnaire. L'usage du système de transcrip-
tion emprunté au Standard Alphabet de M. Lepsius
tend à se généraHser; son effet sera d*effacer dans les
transcriptions toute divergence qui ne serait pas
fondée sur une dissidence réelle dans les apprécia-
tions.
L'apparition du décret trilingue de Canopus, en
confirmant tout ce que le déchiffrement direct avait
* Dans le Recueil de rapports sur les progrès des lettres et des sciences
en France, publié sous les auspices du ministère de flnstniction pu-
blique. Paris, Imprimerie impériale, 1867.
^ Zeitschriftjûr œgyptische Sprache und Alterthumshunde , de i863
à 1868, in-4^
— 126 —
révélé depuis vingt-cinq ans, a contribué à fixer le
jugement d*homaies, fort instruits d ailleurs, qui
n avaient pas accordé à Tégyptologie la place émi-
nente qu'elle mérite au milieu des études orientales.
M. Lepsius^ et M. Reinisch^ ont publié, chacun
de leur côté, une copie de ce monument inesti-
mable, rencontré par eux dans les ruines de San,
et ont donné une traduction du texte hiérogly-
phique. Des empreintes fidèles, et mieux encore un
moulage des inscriptions, promis à ilnstitut par
M. Mariette, permettront d'opérer certaines recti-
fications quexigent ces copies. L'utilité du texte
grec et du lexte hiéroglyphique seâ^a dailleurs dou-
blée par Fétude du texte démotique gravé sur une
autre face du monument, et que les premiers explo-
rateurs n'avaient pas- aperçu. Les égyptologues ziélés
remettent les retards apportés à la publication de
ce nouveau document , si essentiel pour la discus-
sion des passages les plus difficiles.
M. Chabas a repris l'étude, de l'inscription de
Rosette ^ et n'a pas épuisé la matière. Quoique ce
texte trilingue soit très-ancien dans la science, il
' Dos bilingue Dekret von Kanopus in der (higinalgrôsse mit Ueher-
setzung und Erklœrung heiier Texte. Erster Theil : Einleitung. Griechi-
scher Text nût Uebarsetzung, Hierogfypkischer Text mit Vmschrift and
InterUnear-àbenetzung^ ln-8*, 36 pages, huit planches, in-4*', Berlin.
' Reinisch und Rœsler. Die xweisprachige hschrift von Tanis.
Gr. in-8^ Vienne. 1866.
' U inscription hiéroglypkique de Rosette, analysée et comparée à la
version grecque, avec 2 planches et un glossaire égypto-grec. In-S**,
1 28 pages, Paris.
— 127 —
<
n'a pas encore porté tous ses fruits, el Tétude du
texte dëmotique, éclairé maintenant d'un jour plus
vif par le texte similaire du décret de Ganopus,
nous promet encore des révélations précieuses.
Parmi les traductions et les analyses de textes
considérables, on peut citer le voyage en Palestine *,
contenu dans le papy rus Ânastasi, et traduit pour la
plus grande partie par MM. Goodwin etChabas, qui
lont accompagné d un large commentaire. Quelque
opinion qu'on puisse avoir sur l'exactitude de tel ou
tel détail et sur l'appréciation de telle ou telle tour-
nure grammaticale , on ne peut méconnaître l'im-
portance de ce travail et la perspicacité des deux
auteurs. Le dictionnaire en a reçu un notable ac-
croissement^. M. Ghabas a encore publié d'autres
traductions moins importantes. M. Pleyte^ a, de
son côté, entrepris la traduction de divers papy-
rus avec des succès inégaux; l'étude sur le cha-
pitre 1 a 5 du Rituel semble écrite d'une main plus
exercée et avec une critique plus sûre que les
autres essais du même auteur.
^ Voyage iun Égyptien en Syrie, en Phénicie, en Palestine, etc. au
x// sikcle ODont notre hre, traduction analytique d*un papyrus du Mu-
sée britannique , comprenant \%fac-simiie du texte hiératique et sa
transcription complète en hiéroglyphes et en lettres coptes. Publié
avec la collaboration de Gh. Wicliffe-Goodwin, Chalon-sur-Saône,
1 866 , in.4'.
^ Cet ouvrage a été l'objet d'une critique très- sévère de la part de
M. Brugsch ; M. Ghabas a répondu à son tour, et sur un ton qu'il
est toujours regrettable de voir introduire dans les discussions scien-
tifiques.
^ Étaàeaégyptologique8.he,^àt,^T\\\y i866, 1867, ^9^^*
— 128 —
M. S. Birch a joint à la seconde édition anglaise
du grand ouvrage de Bunsen , revisé par M. Cot-
trell, un dictionnaire hiéroglyphique remarquable
par le nombre des mots traduits et par l'énorme
dépouillement de matériaux qu'il suppose; toute-
fois ces résultats ne peuvent être acceptés sans
discernement, dépourvus qu'ils sont de toute preuve
et de toute discussion. Le même savant a complété
son œuvre par un abrégé grammatical et par une
série d'exemples transcrits et traduits , qui seront d'un
grand secours aux commençants.
La Chrestomathie égyptienne, de M. de Rougé^
est destinée à publier, le résumé des leçons, du Col-
lège de France. Le premier fascicule de la partie
grammaticale , contenant les règles de l'écriture hié-
roglyphique, a seul paru jusqu'ici, La lithographie
n*ayant pas donné, malgré les soins de Téminent
auteur, un résultat satisfaisant, l'éditeur s'est décidé
à recourir à l'Imprimerie impériale. Le second fas-
cicule, contenant les noms, les adjectifs et les pro-
noms, est prêt à paraître; le premier fascicule sera
réimprimé.
Le début d*une entreprise colossale a également
marqué les deux dernières années'^ : nous voulons
* Chrestomathie égyptienne, ou choix de textes égyptiens transcrits ,
traduits et accompagnés d'un ^commentaire perpétuel et précédés dun
abrégé grammalicaL i""* partie ; Grammaire, i "fascicule. Paris, 1867,
in-4% i58 pages et i5 tableaux.
* Hieroglyphisch-demotisches fVôrierhach, enthaltend inwissenschafh
licher Anoninung die gehrœuchlichsten JVôrter und Gruppen der Heiîi-
gen- und der Volkssprache und Schrift der alten Mgypt. Nehst deren
— 129 —
parler du dictionnaire de M. Bnigsch. L*auteur y
donne un choix de preuves et d'exemples pour tous
les mots hiéroglyphiques et démotiques connus de
lui. Ort pouvait douter du Succès avant d'avoir feuil-
leté les deux premiers volumes, entièrement publiés
avant la fin de 1867. Il est bien évident qu'une
partie des matériaux de cette immense collection
demandera une révision sévère; mais il e3t impos-
sible de ne pas accorder son admiration à ce vaste
dépouillement de textes de tout âge et à la justesse
de coup d'œil qu'y montre habituellement lauteur.
Les questions historiques ont été l'objet de di-
verses publications que nous énumérerons en sui-
vant l'ordre de la chronologie égypiienne. Nous ren-
controns d'abord, pour l'ancien empire, divers
articles de M. Mariette^ et de M. Devéria^, dans
lesquels ces deux auteurs ont discuté les premiers
cartouches de la nouvelle tabled' Aby dos! M. J. Lauth ,
dans son Manetho, s'est attaché aux mêmes ques-
tions. L'abrégé de l'histoire d'Egypte de M. Mariette a
Erklœrung infrdnzôsiscker, deatschSgr und arabiscker Sprache , nnd An-
gabe ihrer Verwandtschaft mit den entsprechenden Wœrtern der hopti-
schen und der semitischen Idiome, iii-4°. Autres travaux de M. Bnigsch :
Die œgypùsche Grœherwelt. Vortrag gebalten in der Muséums -Ge-
sellschaft zu Frankfurt am Mein, i5 November 1867, nebst einem
Ânhang enthaltend 6 autograpbirte Tafein mit 1 70 Tnschriften einer
altxgyptischenGrabkapeile. In-8^ 58 pages. Leipzig, 1868. — IVan-
derangen ncuih den Tàrkis-Minen and der Sinaî-Halbinsel , mit 3 iiiho-
graphirten Tafein sinaitiscber iaschriften , 2*' Âuflage. fn-8% v-96
pages. Leipzig, 1868. — Revae critique, 17 août et 7 septembre 1867,
— Revue archéologique , septembre 1867.
* Revue archéol. (éyrier 1866,
* Revue archéol. ^smvier i865^
J. As. Extrait n" 5. (1868.) 9
— 130 —
éclairé la liste de Manétlion par Tétude des tombeaux
des plaines de Gizeh et de Sakkarah. Un des princi-
paux objets de la mission d'Egypte confiée à M. de
Rougé fut rétude de ces premiers monuments des
Pharaons. Notre savant confrère a donné le résumé
de ses recherches dans son Mémoire sur les mona-
ments des six premières dynasties^. On peut encore
citer quelques articles de M. Goodwin, insérés
dans le Zeitschrift de Berlin ^ et relatifs aux Pharaons
Sémempsès et Séberchérës. Enfin , on doit à M. Cha-
bas^ la discussion dune inscription considérable
appartenant au règne d*un Pharaon dont le prénom
est Sanch'ka-ra, et qui parait antérieur k la xn* dy-
nastie; elle a révélé de curieux détails historiques
sur une époque presque inconnue jusqu'ici.
En passant au nouvel empire, nous rencontrons
une masse considérable de documents historiques
fournis par les diverses publications de M. Dûmi-
chen ^ et par les deux premiers volumes des fouilles
de M. Mariette. La plus grande partie de ces ma-
tériaux se rapporte à la xix* et à la xx* dynastie. Les
•
* Paris, Imprimerie impériale , 1866; extrait des Mémoires de
V Académie des inscriptions,
* 1866, p. 3; 1867, p. 34 et 82.
' Voyage dan Égyptien, p. 56.
* Altœgyptische Kalender-Inschriften, iii-fol. Leipzig , 1 866 ; — His-
torische Inschriften^ etc. 1867 ; — AUœgyptische Tempel-Inschriften in
den Jalwen.i863 his 1865 an Ort und Stelle geiommelt. T. I: WeUiin-
sckriften aus dem Horustempel von Edju, 1 1 3 hieroglyphische Tafeln in
Autographien vom Verfasser. T. 11 : Weihinschriften ans dem tiathor-
tempel von Dendera, 47 pi. d'hiéroglyphes imprimées en autographie.
Gr. in-fol. Leipzig, 1867.
— 131 — •
planches des fouilles d*Abydos, dessinées par une
main habile et d après les copies savantes de. M. De^^
véria, ont été communiquées à divers savants en
1866, et M. de Rougé a pu se servir, pour son
cours historique au Collège de France, de la grande
inscription qui constate lassociation à la couronne de
Ramsès II tout enfant par son père Sëti-Meren-
ptah. M. Mariette avait confié ce texte à M. Maspero,
qui en a fait une traduction remarqua*ble à plus
d'un titre ^ Ce début promet un égyptologne doué
de brillantes qualités.
La famille de M. Raifé a fait don au musée du
Louvre d'un fragment de papyrus où M. de Rougé
a reconnu une nouvelle page du papyrus Sallier,
contenant le poème de Pentaour. Avec ce secours
inattendu, auquel il a joint de nombreux fragments
inédits, copiés à Thèbes pendant sa mission, M. de
Rougé a pu continuer au Collège de France, en
1 866 , rétude du monument littéraire qui jette le
plus de jour sur le règne de Ramsès IL Le traité
conclu par ce même Pharaon avec le prince de Chet ,
reconnu d'abord par Champollion, a été Tobjet
d'études nombreuses. Traduit successivement par
MM. Brugsch, Goodwin, de Rougé et Chabas, ce
texte mutilé n'en a pas moins été la source dune
multitude de révélations curieuses sur l'état des po-
pulations asiatiques à l'époque de Ramsès IL
^ L'inscription dédicaloire du temple d Ahydos , texte, traduction et
notes, suivies d'un essai sur Ja jeunesse de Sésostris. Paris, 1 vol.
in-4.°. 1867.
— 132 —
Pendant son séjour à Karnak, M. de Rongé fit
déblayer jusqu à la base une grande inscription re-
lative à Tinvasion tentée en Egypte, sous le règne
de Merenptah, fils de Ramsès II, par les peuples
de la Méditerranée. M. Dùmicben en a publié une
copie, qui nest pas complètement satisfaisante.
M. de Rougé a entrepris d*esquisser fhistoire de
celte terrible invasion, dans laquelle il a cru recon-
naître des peuplades maritimes de Grèce et d'Italie,
qui se joignirent aux populations libyennes et cher-
chèrent à s*emparer, au xiv* siècle avant J. C, des
riches contrées arrosées par les branches du Nil à
son embouchure ^ M. Goodwin s'était rencontré avec
notre savant confrère en ce qui concerne les Schar-
dana, M. Lauth a publié des conclusions à peu près
semblables à celles de M. de Rougé ^. Les monuments
de Médinet-Âbou, publiés par M. Dûmichen , et dont
les plus importants ont été également mis au jour
pendant la mission de M. de Rougé, jettent aussi
beaucoup de lumières nouvelles sur les invasions
des mêmes peuplés , repoussées un peu plus tard par
Ramsès III.
La vive curiosité qu'avait excitée l'apparition de
la stèle de Pianchi-Meriamun et des autres monu*
ments éthiopiens récemment découverts à Gébel-
Barkal s'est accrue, d'une part, par la connaissance
sommaire que M. Mariette a donnée de ces nou-
^ Bévue archéologique, juillet et août 1 867.
* Dans le Zeitschrift der deutschen morgenlànditchen Gesellschafi ,
1867, p. 653 et suiv.
— 133 -
voiles inscriptions, et, de l'autre, par la singu>
lière concordance qu'elles ont présentée avec des
textes assyriens de la même époque. Un savant émi-
nent en plusieurs genres et dont nous déplorons la
perte récente, M. Hincks, avait attiré Fattention sur
celte coïncidence. L'état d'abaissement de l'ÉgypIe ,
après la xxin' dynastie, qui avait rendu possible la
conquête des Pharaons éthiopiens, aide à com-
prendre le succès d'Assar-Haddon et de ses lieute-
nants, qui établirent également leur domination
passagère sur la vallée du Nil. M. Oppert et tout
récemment M. Haigh d'Erdington ont indique des
coïncidences remarquables entre les données des
stèles éthiopiennes et les récits des textes assyriens.
Le même genre ^intérêt se retrouve dans les
stèles bilingues érigées par Darius auprès du canal
des deux mers. Ces monuments ont malheureuse-
ment été brisés avec un incroyable raffinement de
barbarie. M. Oppert et M. Mariette ont pu néan-
moins reconnaître, chacun de leur côté, dans les
débris de la stèle de Chalouf, quelques traces qui
indiquent le contenu de l'inscription : Darius y
énumérait les provinces de son empire, et le nom
de la Cappadoce ^ s'y lit dans un carlouche égyptien.
Les questions chronologiques sont toujours l'ob-
jet de profonds dissentiments, ce qui trahit mal-
heureusement l'absence de bases certaines pour les
calculs rétrogrades. Le Zeitschrift de Berlin a fourni
* Il est écrit Katapatuha, conformément à Torthographe des textes
— 134 —
ici le champ le mieux approprié aux discussions.
M. Brugsch, à qui Ton doit la publicatioD d'une
foule de matériaux inédits pour l'étude du calen-
drier, a proposé un nouveau système d'année civile
qu'il a cherché à établir par l'étude d'un certain
nombre de doubles dates. M. de Rougé a attaqué
son système. MM. Lepsius, Goodwin et Dûmichen
ont successivement pris part à une discussion qui,
tout en éclairant certaines parties de la question ,
parait n'avoir encore rien apporté de décisif en ce
qui concerne les applications à la chronologie. Le
décret de Canopus a prouvé la réelle existence ,
chez les anciens Egyptiens, de l'année vague et de
l'année sothiaque; toutefois il subsiste une difficulté
considérable sur la date du lever de Sothis donnée
dans celte inscription; 'elle diffère d'un jour avec
celle qu'on eût obtenue par les tables acceptées jus-
qu'ici pour la période sothiaque, d'une part, et, de
l'autre, pour le règne de Plotémée Evergète I.
Parmi les explications proposées, celle de M. Vin-
cent aurait le mérite d'embrasser toute la question
et de poser les prémisses d'un accord vainement
cherché jusqu'ici entre le calendrier macédonien et
les doubles dates égyptiennes du temps des Lagides.
Ce savant pense que le premier mois de l'année
macédonienne changeait avec le début de chaque
nouveau règne; de plus, il croit que la date du
règne d'Evergète I est comptée à partir de son as-
perses. Voy. M. Mariette, sur la stèle de Chaloiif, Revue archéoL
1866, t. II, p. 433.
— 135 —
sociation à la couronne, du vivant de Philadelphe.
Mais avant de rien préjuger sur la réalité du système,
ces nouvelles propositions devront être soumises au
contrôle des dates historiques. Les fnonuments re-
latifs au calendrier se sont d^ailleurs multipliés, et
M. Dûmichen a spécialement apporté un contingent
considérable d'inscriptions de ce genre recueillies
sur les temples de l'époque grecque ou romaine.
La; comparaison critique de Manéthon avec les
données hiéroglyphiques* a été Tobjet de nouveaux
travaux. Après le Manéthon de M. J. Lauth , M. Unger
a entrepris courageusement une révision complète
de toutes les questions qui se rattachent au plus pré-
cieux texte grec que nous possédions sur l'ancienne
Egypte. Ses aperçus hardis et ingénieux prêteront
beaucoup à la controverse; mais les archéologues
liront certainement son ouvrage avec grand profit ^
La géographie s'est également enrichie de nou-
veaux matériaux. M. Dûmichen lui a consaci*é une
partie notable de ses publications. M. Brugsch a
continué à étendre le domaine de cette partie de la
science, dont les grandes lignes lui appartiennent
en propre. Lçs textes géographiques d'Edfou, com-
parés avec les notes nombreuses recueillies pendant
le cours de la mission de M. de Rougé, ont fourni à
M. Jacques de Rougé le sujet d'un travail très-
utile ^, qui sera continué et abondera en renseigne-
* Chronologie des Manetho, von G. Friedrich Unger. Berlin , 1 867.
* Bévue archéologique, mai , septembre , novembre 1 865, novembre
186H et mai 1807.
-. 136 —
ments curieux sur la statistique ^ religieuse des
nomes.
La questiou des chiflres et des nombres et la mé-
trologie ont donné lieu à d'intéressants travaux de
M. Lepsius, de M. Pleyte et de M. Goodwin^
M. Chabas, de son côté, tout en poursuivant ses
recherches sur la détermination des poids égyptiens,
a cherché à fixer la valeur de capacité du hin d*après
le poids connu du vin et du miel mesuré par ce
vase -.
Remarquons aussi i article de M. Mariette^ sur
Tusage des allitérations dans certains textes religieux.
Cette petite pédanterie littéraire des anciens Egyp-
tiens est intéressante pour nous, en ce quelle peut
servira révéler la valeur de signes douteux. Mention-
nons enfin la publication du papyrus de Turin , conte-
nant le plan du tombeau de Ramsès IV, expliqué
par M. Lepsius *, avec les légendes qui raccompa-
gnent; le travail de M. Devéria sur le papyrus ju-
diciaire de Turin, dont les lecteurs du Journal asia-
tique^ ont pu apprécier la nouveauté et l'intérêt;
les ostraca déchiffrés par M. de Horrack et par
M. Chabas *. , ,
' On trouvera toutes ces études réunies dans les divers numéros
du Zeitschrift de Berlin, pour 1866 et 1867.
* Détermination métrique de deux mesures égyptiennes de capacité.
Chalon-sur-Saône, 1867. Jn-8®, *^®^ * planche.
^ Revue archéoL 1867, p. 280.
* Grundplan des Grabes Kœnigs Rojtises IV in einem tariner Papyrus ,
gr. in-4^ 21 pages, avec une planche chromolith. Berlin, 1867.
^ Jour/ta/ ojiatt^ue, novembre-décembre 1867.
* Zeitschrift, elc. 1867, p. 37.
— 137 —
Cest une bien précieuse trouvaille que celle d'un
roman écrit en langue et en écriture démotique,
et reconnu par M. Brugsch dans un papyrus du
musée de Boulaq. Le texte démotique n'est malheur
reusement pas encore publié; mais M. Brugsch Ta
copié, et il a donné la traduction de diverses par-
ties du récita Le caractère historique des person-
nages, empruntés au grand règne de Ramsès II,
et la couleur merveilleuse des événements rendront
la lecture de ce roman extrêmement intéressante.
Le cadre même du récit n est pas la paitie la moins
curieuse : ce sont des momies qui causent entre
elles dans leur tombeau de famille et qui se ra-
content les aventures les plus étranges.
En ce qui touche la religion égyptienne, la
science s* est aussi enrichie de documents considé-
rables. Parmi les inscriptions que M. Dûmichen
publie avec une si louable activité, on étudiera
avec fruit sur ce sujet les deux volumes intitulés
Alt-œgyptische TempeUinschriften. Les deux volumes
des fouilles de M. Mariette ^ contenant Âbydos et
Denderah, renferment également une très-riche
matière. M. Lepsius a appelé Tattention sur les plus
anciennes formes du Rituel funéraire, et il a publié
toute une série de textes de celte espèce ^, apparte-
. nant au premier empire. Ces Fragments prouvent
#
^ Le Roman de Setnaa, dans la Revue archéol. sept. 1867.
* Mlteste TfxU des Todtenhuchs nach Sarcophagen des altmgjrpùschen
Reichs im herliner Muséum, Ëinieitung und 43 lithographîrte Tafeln ;
gr. in-4*, 53 pages; Berlin, 1867.
— 138 —
tout à la fois et lantiquité des doctrines fondamen-
tales consignées dans le livre sacré , et les renoanie-
ments qu'il a $ubis par la suite. On peut citer ici
Tarticle curieux de M. Brugsch sur les changements
de forme traversés par Tâme du défunt, change-
ments qui sont exposés aux chapitres 76-88 du Ri-
tueP, et la traduction des Lamentations d'Isis, par
M. de Horrack^.
A la mythologie, ou plutôt aux prescriptions du
culte, se rattachent les recettes pour la composition
des parfums sacrés, indiquées d*abord par M. Brugsch,
puis traduites par ce savant et par M. Dùmichen.
Elles apportent l'indication d'une foule de subs-
tances précieuses et contribuent largement à enri-
chir le dictionnaire. Ces recettes ont également
étendu nos connaissances sur les formes des calculs ,
et elles ont fourni à M. Lepsius de nouvelles re-
marques sur le système égyptien des fractions. En
terminant ce qui concerne la religion, nous avons
enfin k signaler la tentative audacieuse de M. Birch,
qui n'a pas craint de publier, dans la deuxième
édition anglaise de Bunsen, une traduction com-
plète du Rituel funéraire. Les hymnes de ce livre
des morts sont remplies d'allusions à tout un monde
mythologique encore bien peu connu. Dire que ces
textes si difficiles ont été interprétés fidèlement.
* Zeitschrift, 1867, p. 21.
^ Les lamentations dUsis et de Nephthys, manuscrit hiératique du
Musée royal de Berlin , publié en fac-similé a\ec traduction et analyse.
Paris ,"1866, in-4^
— 139 —
dans leur entier, ce aérait peut-être dépasser les
espérances de Fauteur lui-même; nous pouvons ce-
pendant a£Brmer que beaucoup de passages ont été
bien compris, et que Tessai de M. Birch jettera une
première lumière sur les di£Bcullés dont il n'aura
pas obtenu la solution.
Oh voit quels éléments essentiels Tégyptologie est
en mesure de fournir à l'histoire générale. La géogra-
phie des Égyptiens surtout, nous devenant chaque
jour mieux connue, projette de singulières lueurs
sur un passé fort antérieur à celui que les plus an-
ciens documents sémitiques nous Élisaient atteindre.
La transcription des noms sémitiques en égyptien,,
matière si importante, s'éclaire dun grand nombre
de faits nouveaux. Les doutes sur la haute antiquité
arrivent, par des rapprochements successifs, à être
cernés et limités.
Letude du système de la langue égyptienne mo-
derne doit à M. Veit Valentin de bonnes recherches
sur la formation des noms coptes ^ M. P. de La-
garde a publié un texte en partie nouveau de la tra-
duction copte du Pentateuque ^.
La perte de M. Hincks a laissé un très-grand vide
dans les études assyriennes. Peu de temps avant sa
mort, a paru de lui un essai de grammaire assy-
^ Die Bildany des koptischen Nomens, par Veit Valentin de Franc-
fort-sur le-Mein , couronné par la Faculté de philosophie de l'Uni-
versité de Gœttingen (Gœttingen, 1866, in-4'').
* Der Pfiitateuch copiisch, Leipzig, 1867, in-8°, xxxviii-5o4 pages.
— 140 —
rienne ^ fort incoinplet , mais qu*il est utile de rap-
procher de la grlammaire de M. Oppert pour les re-
cherches de philologie comparée. Le système de
M. Hincks dififère de celui de M. Oppert sur des
points importants ; cependant la grammaire que ces
deux savants proposent pour Tidiome sémitique que
1 une des écritures cunéiformes paraît avoir recou-
vert est essentiellement la même. Il est certain que
ce système grammatical , surtout en ce qui concerne
les formes 4u verbe, explique beaucoup de parti-
cularités du système général des langues sémitiques;
mais quelle bizarrerie qu on en soit encore à se
demander si, dans Tidiome sémitique de rAssyrie,
le temps qu'on appelle prétérit (l'aoriste premier)
existait I M. Joachim Menant^ â aussi donné en ces
derniers temps une grammaire assyrienne qui est
un développement méthodique de celle de M. Op-
pert. Une nouvelle édition du travail de ce dernier
savant, considérablement augmentée, parait en ce
moment.
Un ouvrage qui sûrement fera époque dans ces
difficiles études, est le Dictionnaire assyrien de
M. Norris'. Un volume, formant à peu près le quait
de l'ouvrage , en a paru. Ce grand travail porte les
traces de nombreux tâtonnements, et il en faut louer
M. Norris. Dans une étude comme celle-ci, en voie
* Journal ofthe Boyal asiadc Society de Londres, nouvelle série,
volume II, partie s (1866).
' Exposé des éléments de la langue assyrienne. Paris, Imprimerie
impériale, 1868.
^ Assyrian dictionary, intended to further ihe sludy 0/ cuneiform
— 141 —
de fondation et, si j'ose le dire, en pleine ébuUition
créatrice, il est naturel que Fauteur, à quelques
pages de distance, hésite et modifie sa première opi-
nion ; mais Timmense travail de rapprochements de
textes fait par M. Norris gardera toujours son prix.
On sait que le Musée britannique, guidé par une
pensée des plus louables , a entrepris la publication
de tous les textes cunéiformes qu'il possède. Le
tome II de ce grand recueil a paru en 1 866 par les
soins de MM. Rawlinson et Norris ^ Quelques ré<^
centes acquisitions de ce musée et le travail qui>s*y
fait pour la reconstitution des tablettes en terre cuite
promettent d'intéressants résultats^.
Outre la nouvelle édition de sa gi*ammaire , M.Op ^
pert a publié l'analyse et la traduction de quelques
textes^. Il a lu aussi à l'Académie des inscriptions
et belles-lettres un mémoire sur les rapports de
l'Assyrie et de l'Egypte*. Un travail de M. Paul
Glaize^ présente l'histoire des études assyriennes
inscriptions of Âssjrria and Babylonia, Partie !• Londres, 1868, in-8^
Voir aussi Journal oftke Bojral asiatic Sociely» nouvelle série, volamo
II, partie 1.
* The caneiform inscriptions of western Asia, t. II. Londres, in-fol.
* Comptes rendus de V Académie des inscriptions et belleS' lettres,
1867, P' ^^^' ^^^*
' Revue archéologique, septembre 1866; Inscription deNabuchodo^
nœor sortes merveilles de Babylone (Extrait des Mémoires de 1* Aca-
démie de Reims ) , 1866.
* Comptes rendus de l! Académie des inscriptions et heUes-lettres ,
1867, p. 287 et suiv.
^ Les inscriptions cunéiformes et les travaux de M, Oppert ( Metz et
Paris), 1867, inS'.
— 14^ —
(l'une façon qui intéressera même les personnes qui
pensent que ces études ont encore des princi|)es
importants à acquérir et de grands progrès à faire
avant que Ton en puisse introduire les résultats dans
l'histoire avec une entière sécurité.
Les études relatives aux langues du centre de l'A-
sie , communément appelées tartares , continuent
detre cultivées en Russie avec un zèle auquel la
politique nest pas étrangère, mais une politique
cette fois parfaitement entendue et légitime. 11 faut
parcourir le catalogue des livres imprimés depuis
le commencement de ce siècle à Kazan^ pour se
faire une idée de lactivité que le gouvernement
russe a déployée de ce côté. Il se passe peu d années
sans que les divers recueils publiés par TÂcadémie
de Saint-Pétersbourg contiennent des communi-
cations importantes sur quelque peuple plus ou
moins connu de TÂsie centrale ^. M. Radloff se crée
un titre considérable par la publication des chants
populaires des tribus turques et tartares de FÂltaï
et du sud de la Sibérie. Le texte est publié en ca-
^ Chronologisches Verzeichniss der seit dem Jahr iSOi his iS66 in
Kazan gedruchten arabischen, tûrkischen, iartarischen und persischen
Werke, ab Katahg der in dem iuiatischen Muséum hefindUchen Schyïen
der Art, von B. Dorn. ( Mélanges asiatiques tirés du Bulletin de TAca-
démie impériale des sciences de Saint-Pétersbourg, t. V, 1866^
in-8\ )
' Beitràge zur Geschichte der Vôlker Mittelasietis. B. I (portant aussi
pour titre : Untersuchungen ûher die Kasimofschen Zaren und Zarc-
witsche) , von W. Weljaminof-Zernof. Aus dem Russischen ûbersetzt
von J. Th.Zenker, Leipzig, 1867, in-8°.
— 143 —
lactères russes, la traduction est donnée en alle-
mand. M. Schicfner, dans la préface, explique le
caractère de cette singulière littérature orale. Le
fond en est formé de contes hindous, modifiés par
diverses influences iraniennes et slaves ^ M. Schief-
ner préside à ces études avec sa méthode et son
bon esprit. C'est grâce à lui que nous connaissons
les travaux du baron d*Uslar^ sur Tidiome kasiku-
muk^. parlé du côté de Bakou et du Daghestan,
et qui présente au linguiste philosophe des phéno-
mènes dont le plus singulier assurément est d'avoir
quatre genres : le masculin , le féminin , le genre
animal , le genre ange et enfaiit *.
Des travaux importants ont en ces derniers temps
étendu le cercle des études mongoles. Sans parler
des louables efforts que fait chez^nous M. Feer pour
répandre et faciliter ces études^, M. Jûlg y a apporté
* Proben der Volkslitteratnr der tûrhischen Stœmme Sûd-Sibiriens.
\" Theil : Die Dialekte des eigentUchenAltaX: der Altajer und Teleuten,
Lehèd - Tataren, Schorenund Sojonen . Saint-Pétersbourg', 1 866 , partie
russe XXI v-4 1 9 pages , partie allemande , xvi - 434 pages. II*' Theil ,
X11-720 pages.
* A. Schiefner, Ausfàhrlicher Bericht ûber Baron P. von Vslars ka-
sihûmâkische Sladien (Mémoires de TÂcadémie impériale des sciences
de Saint-Pétersbourg, vii* série, t. X, n^ 12), Saint-Pétersbourg,
gr. in-4^ 1 36 pages, 1866.
^ Les Kasikumuks s'appellent eux-mêmes Lcdt. Leur nom vient
de Tarabe (jyÀ , «combattant pour la religion, » et du nom de leur
capitale Gumuch ou Kumucb.
* Il faut se rappeler que, selon les idées musulmanes, les anges
n ont pas de sexe.
* La puissance et la civilisation mongole au xi ti' siècle. Paris, 1867,
brochure in-8'*. — Tableau de la grammaire mongole (Paris, 1866,
in-4° autogr. de 7 pages), suivi de pièces diverses.
— 144 —
d*utiies contingents. En 1866, M. Jûlg fit paraître
un recueil de contes kalmouks, le Siddhi-Kàr^, dont
il donna le texte et la traduction en allemand avec
un glossaire et des observations grammaticales. Ces
contes, évidemment empruntés à des recueils in-
diens, existent aussi en mongol, et M. Jûlg, dans la
préface du Siddhi-Kûr kalmouk , exprimait l'inten-
tion de publier neuf récits plus détaillés dans la ré-
daction mongole que dans la rédaction kalmouke. Il
annonçait aussi la pensée de publier le recueil
complet de THisloire d*Artchi-Bortchi-Khân, recueil
de contes mongols également empruntés à Tlnde.
M. Jùlg était à celte époque retenu par des diffi-
cultés matérielles : il n'y avait dans toute l'Europe
de caractères mongols qu'à Saint-Pétersbourg et
à Kazan. Ces difficultés ont été levées par le libraire
de l'Université d'Innspruck, qui a fait fondre un
corps de caractères mongols dune grande netteté,
quoique un peu lourds. Avec ces types, M. Jùlg a
imprimé, comme spécimen, un extrait de THistoire
d'Artchi-Bortchi-Khân^. Dès i858, le lama Galsang
Goniboïeff avait publié à Saint-Pétersbourg une tra-
duction complète de FArtchi-Bortchi, laquelle a
•' Die Màhrchen des Siddhikur. Kalmàkischer Text mit deatseher
Uehersetzung wid eincm kalmûkisch-deutscheti fVôrtrrbuch, heraus*
gegebea von B. Jûlg. Leipzig , 1866.
* ArJschi'Bordjchi, Mongol isches Màhrchen. Erzâhlung aus der
Sammlung Ardschi Bordschi. Ein Seitenstûck zum Gottesgericht im
Tristan und Isolde mongolisch und deiiUch-, nebst dem Bruchsiûck
aus Tristan und isolde, herausgegeben von B. Jûlg. Gr. in'â%
37 pages, fnnsbruck, 1867.
— U5 —
été à son tour traduite en allemand par M. Benfey ;
mais ^inexactitude de la traduction de Galsang Gom-
boîeff, tour à tour écourtée ou prolixe, laisse au
travail de M. Jûlg tout son mérite. Au texte et à la
traduction du morceau qu*il a choisi, M. Jûlg a
joint un épisode du poème de Tristan et Yseult
de Gottfried de Strasbourg, qui présente avec le
récit mongol d'étonnantes ressemblances. Ges rap •
prochements portent M. Jûlg à croire que la poésie
européenne du xin* siècle ne fut pas inconnue des
Mongols et que ceux-ci purent s'inspirer des idées
qui étaient en circulation dans le monde chrétien ,
à l'époque où les conquêtes de Gengis-Khân et de
3es ^ccesseurs les mirent en rapport avec les Latins..
Il est certain que la littérature de la Tablé ronde a
presque fait le tour du monde au moyen âge; ce-
pendant, pour admettre l'hypothèse de M. Jûlg, il
faudrait de bien forts arguments.
L'oîgour avait été négligé depuis plusieurs années;
M. Vambéry a donné un spécimen de cette langue
qui ofire beaucoup d'originalité. G'est une sorte de
kassida, recueillie par lui et qu'il a publiée avec
une transcription, une traduction et des commen-
taires, que les personnes vouées à l'étude des langues
tartares apprécieront sans doute ^ Le même voya-
geur a publié des études sur le turc oriental ou dja-
gatai^. Ce volume, imprimé sous les auspices de la
^ Dans le Zeitschrift der deiitschen morgenlàndischen GeseUschaft^
1867, p. 638 et suiv.
' Çagataîsche Sprachstudien, enthaltend : Grammatischen Um<
J. Ks, Extrait n*5. (1868.] 10
— 146 —
Société asiatique de Londres , renferme une esquisse
de grammaire, une chrestomathie , un vocabulaire
et une liste des ouvrages écrits en turc oriental. La
chrestomathie présente une intéressante collection
de poésies, de proverbes, de l^endes populaires
prises sur le vif, et nous, initie à Tidiome peu étudié
jusquà ce jour des populations de Kbiva, de Kho-
kand et de Bokhara, sur lesquelles les conquêtes
de la Russie attirent en ce moment Tattention de
l'Europe. Tous les textes donnés par M. Vambéry ont
été , dit-on , contrôlés par un lettré du pays. La pu-
blication du Dictionnaire turc-oriental de M. Pavet
de Courteille, tiré des documents et des vorabu*
laires originaux que possèdent nos bibliothèques,
achèvera' d*éclairer une branche de la philologie
comparée d'où Ton a tiré des conséquences peut-être
prématurées.
Un de nos confrères, M. Belin , si bien placé pour
connaître les progrès de la littérature ottomane , lit-
térature secondaire , il est vrai^ mais «riche en tra-
ductions et en commentaires des classiques musul-
mans, continue les notices bibliographiques qu'ont
données dans ce recueil MM. de Hammer et Bian-
chi. Un des prochains numéros de notre journal
donnera la liste complète de ce qui est sorti des
presses de Gonstantinople dans ces trois dernières
années. On se bornera à indiquer ici le caractère
dominant de ce mouvement et les ouvrages qui
ris5, Chrestomathie und Wôrterbuch der çagataîschen Sprache.
Leipzig, gr. in-d**» viii et 36o pages.
- 147 -
intéressent particulièrement i'érudition. Le nombre
des volumes publies par l'imprimerie officielle du
Moniteur ottoman n*a pas été considérable, si on
le compare à la quantité d'ouvrages sortis de l'im-
pulsion qui fut donnée en Egypte par Méhémet-
Ali, à Constantinople par sultan Mahmoud et par
son successeur Abd-ul-Medjid, durant les premières
années de son règne. L'état critique dans lequel se
trouve la société ottomane, les graves préoccupa-
tions qui assiègent toutes les classes de la société,
suffiseilt à expliquer cet affaiblissements II est cer-
tain que, depuis plusieurs années, le gouverne-
ment turc a fait peu de chose pour sa littérature na-
tionale; les idées et les innovations étrangères ont
conquis toute Tattention. La loi musulmane, il est
vrai, n'apporte que peu d'entraves au développement
de la presse ; mais l'initiative individuelle , paralysée
par l'état politique du pays, n'a donné que de mé-
diocres résultats. Les trois ou quatre imprimeries
turques qui publiaient, en même temps que leurs
journaux, divers ouvrages estimés des Osmanlis , ont
ou disparu, ou concentré leur activité sur les ques-
tions politiques.
Cependant, les monuments de l'histoire nationale
dont la réimpression avait été commencée sous les
auspices d' Ahmed- Véfik EQendi, et les traités de ju-
risprudence et de morale si goûtés des ulémas , ne
paraissent gas avoir perdu toute faveur. Les Prolé-
gomènes d'Ibn-Khaldoun ont été traduits en turc
par le scheikh-ul-Islam , Piri-Zadé; le sirièare livre
lO.
— 148 —
a été terminé par Djevdet Ëffendi^ C'est aussi une
intéressante publication que l'histoire de Petchevi ^,
chronique qui commence au règne de Soliman le
Grand et se termine en iS'jlx. L'auteur, Ibrahim
Effendi , qui avait exercé des fonctions militaires et
joué uû rôle important dans les guerres entre la
Turquie et FÂlIemagne, se distingue par Tindépen-
dance de $es opinions et la franchise avec laquelle
il les exprime. Le style provincial et vieilli de cette
chronique est lui-même un sujet intéressant pour
fétude des variations de la langue. Mentionnons en-
core l'Histoire de Selanikli', depuis l'époque de sultan
Soleiman jusqu'en iSgi, chronique qui précède,
dans le Coq^as des historiens ottomans, celle de
Naîma , laquelle débute par le récit des événements de
Tan 1 59 1 ; — l'hisjoire ottomane de Khaïr-oullah-Ef-
fendi^ ; — ihistoire ottomane de Rachid^ depuis 1660
jusqu'à 1 7a 1 , avec un supplément par Açim Etfen-
di, réimpression; — l'histoire des Afghans ^, réim-
pression de l'édition de 1728; — l'histoire de Ta-
merian"^ par Nazmi-Zadé, publiée pour la première
fois en 1729; — les Lingots d*or^, par Suheîli-Zadé ,
^ Goiistkniinopie, Imprimerie impériale, 1 volume gr. in-4*»
3] 6 pages.
Gonstantinople , Imprimerie impériale , i865, 3 vol. in-8*.
Constantinople , Imprimerie impériale, in-8^ i864*
1 4* et 1 5* fiiscicule , 1 866.
6 vol. in-8^. Imprimerie impériale, i365.
1 vol. in-8*, 1866.
1 vol. in-8*, 1866.
Lithographie à Bagdad, 1866.
— 149 —
compilation historique renfermant de curieux ren-
seignements surles an5a6 ou généalogies musulmanes.
Parmi les ouvrages qui traitent de religion , de morale
ou d ascétisme, on remarque un recueil contenant
sept traités sur Torthodoxie musulmane , une compa-
raison entre le mosaîsme et le christianisme, une ré-
futation du schiisme persan , etc. par Sangouri Husein
Ëffendi^ professeur dans une des mosquées de Gons-
tantinople, une traduction du Colloque des oiseaux^
d'Attar; le Miroir des croyances, traité des dogmes
sunnites, par Mollah Djami, traduit en turc'; les
Cortèges, commentaire du Coran par un des princi-
paux fonctionnaires du divan impérial^; un Guide
dans la voie spirituelle^,' sditis nom d*auteur;un grand
recueil relatif au mysticisme et aux pratiques reli-
gieuses, par un affilié de Tordre des mevlévites^;
YExposition de la Vérité'', recueil de conférences et
de discussions relatives à la religion entre un savant
indien et un chef spirituel, traduit de Thindoustani
en turc. Parmi les commentaires des ouvrages de
jurisprudence, on trouve le TV/iîa- Tiftian , un com-
mentaire de VIzhar, avec l'indication des sources et
un index des gloses ; parmi les traités de linguistique ,
quelques livres destinés à faciliter la connaissance
' Lithographie à Constantinople, i865.
^ Constantinople, i865.
' €onstantinople , i vol. in-8*, i865.
^ Un fort volume de 1020 pages, i865. [mprimerie impériale.
' 1866.
• 1866.
' 1866, in- 8".
— 150 —
de l'arabe et du persan , si étroitement liés à la langue
ottomane moderne, et une ou deux méthodes pour
Tétude de la langue française.
L'Allemagne nous oflre deux ouvrages élémen-
taires relatifs à la langue ottomane. Le docteur J.
Goldenthal de Vienne a publié une grammaire ^ où,
selon le plan tracé par Meninski , les trois langues
musulmanes sont exposées simultanément, ou pour
mieux dire, dans laquelle larabe et le persan sont
étudiés dans leurs rapports avec le turc. Malgré cer-
taines irrégularités dans le style des exemple^ et
loubli de quelques expressions introduites dans la
langue moderne, cet ouvrage se recommande par
la clarté , la précision , et peut rendre des services aux
élèves des écoles orientales. C'e^t également dans
un but pratique que TÂcadémie des langues orien-
tales de Vienne a fait paraître un recueil de pro-
verbes ottomans^, recueil utile, qui cependant ne
laisse entrevoir ni les formes modernes de la langue ,
ni les complications de la syntaxe. Le Dictionnaire
turc, arabe et persan de M. Zenker' est un ouvrage
estimable; la partie turque, pour laquelle Fauteur
s'est aidé des matériaux recueillis par M. Qua-
' Àusfàhrliehes Lehrbuch der twrkischen Sprache. Vienne, i865»
in-S**. Imprimerie impériale. Voy. Journal a^iatiqae, octobre -novem-
bre 1866. p. 433.
* Osmanische Sprichwôrter, herausgegeben durch die k. k. orien-
taiischc Akademie in Wien. Imprimerie impériale, i865, grand
in.8*.
^ D' Jul. Thdr. Zenker, Dictionnaire tare-arabe -persan, maintenant
complet. Leipzig, gr. in-/i°.
— 151 —
tremère, maintenant déposés à Munich, a une par-
ticulière valeur. Rappelons aussi le Dictionnaire
turc-français de Nasifi Mallouf ^
La littérature tibétaine s est enrichie d'un ouvrage
peu étendu, mais très-intéressant; c est le texte et
la traduction, accompagnés d'analyses, de notes,
d'index, de tableaux généalogiques , d*un livre tibé-
tain intitulé Gyelrah, «Race royale^. » Ce livre, rap-
porté du Ladak par M. Hermann Schlagintweit et
publié par M. Emile Schlagintweit, son frère, re-
trace fbistoire des rois du Tibet depuis les plus
anciens souvenirs qu a conservés la légende boud-
dhique jusqu'à la destruction de l'indépendance du
Ladak par Randjit-Singh, en i83â. La liste des
rois donnée dans cet écrit se trouvait déjà dans le
Père Giorgi et dans l'histoire mongole de Sanang-
Setsen , traduite par Schmidt ; mais c est la première
fois que Ton a ces noms donnés par un livre tibé-
tain, sous leur forme authentique, forme dont le
mongol peut à peine donner une idée. M. Schla-
gintweit a été aidé dans son travail par les extraits
que M. Schiefner lui a communiqués d'un manus-
crit tibétain de Saint-Pétersbourg, portant le même
titre, traitant du même sujet, mais d'une rédaction
différente et malheureusement presque illisible. On
peut dire que l'ouvrage publié par M. Schlagintweit
^ Dictionnaire turc-Jrançais , avec la prononciation figurée , t. II ,
in-12, de la page 781 à la page 1^89. Paris, 1867.
* Die Kôrûge von Tibet, Extrait des Mémoires de l*Acad(ÎKiie de
Munich. In-4", 87 pages , plus 19 pages de texte tibétain , 1866.
— 152 —
est le premier ouvrage tibétain original, laïque et
non religieux, que nous connaissions. Il est loin de
satisfaire à tout ce que nous voudrions savoir, en
particulier sur rétablissement du pouvoir temporel
du dalaMama, fait dont Torigine nest pas encore
expliquée. M. Schlagintweit croit cependant avoir
établi que Bouddha-Çri , fondateur de la monarchie
tibétaine, serait venu de llnde vers le milieu du
premier siècle avant notre ère , que les premières
manifestations du culte bouddhique au Tibet date-
raient de Tan /i63 ou &8i. En 629, monta sur le
trône Srong-tsan-Gampo, qui introduisit définitive;
meut le bouddhisme dans le Tibet.
Une ère nouvelle a commencé en ces dernières
années pour les études relatives à TÂsie orientale.
Les rapports des races européennes avec ces con-
trées ont pris un caractère complètement différent
de ce quils avaient été jusqu'ici. Certes, on ne peut
dire que ce changement politique ait jusqu'à présent
profité à la science. Les conflits d'une nature brutale
qui étaient inévitables en de pareilles circonstances
ont plutôt élargi que comblé le fossé qui séparait
le monde chinois-japonais avec ses dépeudances du
monde européen. La vue superficielle que des mar-
chands et des militaires ont jetée sur ce monde
nouveau pour eux a semblé mettre dans l'ombre
l'existence d'une antique littérature propre à ces
contrées, bien plutôt qu'attirer l'attention sur la
haute originalité de la civilisation qui s'y est dé-
_ 153 —
• pJoyée. Les jésuites du xvii* et du xyIII^siècle virent
clair dans ce vieux monde chinois avec infiniment
plus de perspicacité, parce qu ils se trouvèrent tout
d'abord en rapport avec les classes instruites, quils
prirent au sérieux la littérature chinoise, et aussi
parce que la Chine, loin d*être alors en décompo-
sition comme de nos jours, était dans Tétat le plus
florissant. Il faudra beaucoup de temps pour que les
nouvelles relations ouvertes avec la Chine appor-
tent à la science des avantages qui puissent compen-
ser un désastre, comme celui de f incendie du palais
d'été à Pékin.
La conséquence nécessaire de ces relations nou-
velles sera cependant de fournir des facilités à l'é-
tude de la langue chinoise. Le dictionnaire de
Lobscheid ^, missionnaire qui a longtemps résidé
en Chine, est un instrument utile et commode, dont
les sinologues paraissent faire beaucoup de cas. Le
grand nombre de personnes qui s'initient à la langue
chinoise perfectionnera sans aucun doute les instru-
ments pour transciîre et reproduire typographique-
ment cet idiome singulier ^. Mais peut-être le gros-
sier malentendu qui porte si souvent les gens 'du
monde à confondre l'usage pratique de la langue
actuelle avec la science delà langue classique, n'en
^ English and chinese dictionary, with the Punti and Mandarin
pronunciations » by the Rev. W. Lobscheid. Hongkong, 1866-1867.
1 vol. en deux parties.
* Voir Lepsius, dans le Monatsherickt de TAcad. de Berlin, mara
1868, p. 168 et suiv.
— 154 —
sera-t-il qua^ravé. M. Ântelmo Severini a publié
quelques observations sagaces sur le monosyllabisme
du chinois ^ Nous croyons savoir que la Grammaire
chinoise de M. Stanislas Julien s'imprime en ce mo-
ment. M. Wassilief a publié un dictionnaire chinois*
russe, où il a échappé au système de classification
en a 1 4 clefs par un système dont les avantages pa-
raissent fort douteux^.
M. James Legge, missionnaire de la Société de
Londres, a publié le troisième volume , en deuji par-
ties , de ses o Classiques chinois '. » Ce volume con>
tient le Choa-King. Ce que cette publication a de
remarquable, cest que fauteur y essaye pour la
première fois d'élever des doutes sur' les idées re-
çues en ce qui concerne fantiquité de la chronolo-
gie et de l'histoire chinoises. Les doutes de M. Legge
partent d'idées souvent préconçues et d'une con-
fiance absolue dans les textes bibliques , auxquels il
refuse, d'un autre côté, d'appliquer la critique. Il
est certain que, si on appliquait à ces derniers textes
des principes aussi exigeants que ceux que M. Legge
applique aux textes chinois, l'honorable mission-
naire protesterait et serait forcé de reconnaître qu'il
emploie deux poids etdeux mesures. Les tentatives de
^ Dans la Rivista orientale de M. Augelo de Gubernatis, fascic. i^
(Firenze, i868).
* Le sytûme graphique des hiérogfyphes chinois. Saint-Petersboiirg ,
1 867, grand in-i**, xvi-466 p£^es.
' Hong-Kong, i865 (Londres, Trûbner). L'ouvrage du même
auteur The Ufe and teachings ofConfuciiis (chez Trûbner) est un ex-
trait des Classiques chinois.
— 155 —
M. Legge ont amené chez nous M. Pauthier ^ à exa-
miner le degré de crédibilité que mérite la vieille
histoire chinoise et à rechercher si les traditions
sur Fantiquité des plus anciens textes littéraires chi-
nois sont fondées. M. Pauthier oppose peut-être une
fin de non-recevoir trop absolue aux doutes de la
critique en pareille matière; toute opinion tradi-
tionnelle doit être scientifiquement discutée avant
de devenir, une certitude; avec les raisonnements
de M. Pauthier, on eût arrêté, dès le premier pas,
Wolf et Niebuhr. Les jésuites adoptèrent^ en fait
de chronologie chinoise, le système quils trou-
vèrent oflBciel en Chine ; ils firent bien. On arrive-
rait à prouver Tinconsistance de ce système, que
cela n'impliquerait aucun reproche contre les fon-
dateurs de Fétude du chinois, pas plus que William
Jones et Schlegel ne se sont trouvés diminués le
jour où Ton a renversé les idées quils s'étaient
faites d'après la tradition hindoue sur Tâge des dif-
férentes parties de la littérature sanscrite. Quoi qu'il
en soit et tout en faisant des réserves sur le second
mémoire de M. Pauthier, dont quelques pairlies
prêteraient à des objections, je dois dire que les rai-
sons apportées par le savant orientaliste pour main-
tenir le système traditionnel m'ont paru très-fortes.
Le nœud de la question est de savoir quel fut en
réalité l'effet (Je l'édit de destruction des anciens livres
porté par l'empereur Thsîn-Cbi-boâng-ti, l'anaiS
* Journal asiatique , sepiemhre'Oclohre 1867, avril-mai 1868.
— 156 —
avant Jésus-Christ. M. Pauthier montre que cet édit
ne put avoir les conséquences radicales qu*on lui at-
tribue ; ce nest pas une persécution de quatre ou cinq
ans ou même de vingt-deux ans (l'édit n exista que
pendant ce temps , et encore il tomba très-vite en dé-
suétude), ce ncst pas, dis-je, un accès de mauvaise
humeur d'un souverain en désaccord avec une grande
partie de son gouvernement, qui peut détruire une
littérature ayant profondément pénétré dans les
mœurs d'une nation. Les pièces importantes citées
par M. Pauthier, l'inventaire des livres retrouvés
après la proscription , le catalogue de la vieille littéra-
ture au premier siècle avant notre ère, montrent
très-bien la solidité de la chaîne traditionnelle. En
Chine, comme en Egypte, il est probable que l'an-
tiquité résistera aux recherches de la critique et aux
tentatives d'explication mythologique. Ces sortes de
pays administratifs ont des annales bien mieux or-
données que les peuples qui écrivirent tard et
n'eurent longtemps d'autres archives que leur my-
thologie.
M. Wylie a publié à Shang-Haï un essai de bi-
bliographie chinoise, tiré en partie du catalogue de
Khien-Long, en partie de ses propres recherches,
et qui est en son genre le livre le plus complet
que Ton possède ^ C'est sûrement l'ouvrage où l'on
peut puiser l'idée la plus exacte de l'histoire litté-
raire de la Chine. M. G. Schlegel, interprète du
«
^ Notes on chinese literature, uith introductory remarhs on tke
— 157 —
gouvernement de llnde néeriandaise pour la langue
chinoise, a publié, dans les Actes de la Société de
Batavia ^ un roman chinois et d'importantes études
sur les mœurs de la race chinoise , en particulier
sur ces associations secrètes des Chinois entre eux ,
qui de la Chine s'étendent à tous les pays où les
Chinois colonisent. Une belle collection d'inscrip-
tions chinoises en caractère archaïque a été rap-
portée par M. Pontanier, agent consulaire, et se
trouve maintenant à la Bibliothèque impériale.
M. Léon Pages a achevé cette année la réimpres-
sion du dictionnaire japonais- portugais composé
par les jésuites et imprimé en 1 6o3 à Nangasaki ^.
M. Pages traduit en français le travail des mis-
sionnaires et y ajoute les caractères japonais. Dans
l'état actuel de la science, était -il opportun de
réimprimer ainsi, avec des changements d'une na-
ture fort délicate , un ouvrage ancien , qui certes fait
beaucoup d'honneur à ses auteurs, mais qui peut-
fïTogressive adoancement ofthe art, and a list of translations Jirom the
chinese into varions european îanguages. Shaag-HaF , 1 867, in-â*> zxvm-
360 pages.
^ VerhandeUnyen van het Bataviaasch Genootschap van Kunsten en
fVetenschappen,l>ee\ XXXII, Batavia, 1866.
* Dictionnaire japonais-français, contenant : i** la transcription
des mots et exemples japonais; 2* les caractères japonais; 3^ Tinter-
prétaiion; traduit du dictionnaire japonais-portugais composé par
les missionnaires de la (Compagnie de Jésus et imprimé en 1 6o3 à
Nangasaki, et revu sur la traduction espagnole du même ouvrage,
rédigée par un dominicain et imprimée en i63o à Manille; publié
par Léon Pages. Paris, achevé en 1868, 933 pages. Une livraison
complémentaire renfermera la grammaire du P. Rodriguez.
— 158 —
être ne répond plus aux besoins du moment? Cest
ce que nous ne voulons pas décider. Un vieux dic-
tionnaire anglais, du commencement du xvii*siècle\
peut avoir été un livre d*un grand mérite sans que
pour cela on le réimprime pour Tusage. Quant aiix
bibliophiles et aux értidits, il est douteux que la ré-
impression modifiée équivaille pour eux à l'édition
.originale. Cependant, dans le cas dont il s*agit, Té-
dition originale était devenue tellement rare que
l'édition de M. Pfeigès sera certainement recherchée.
La première livraison "du Vocabulaire français-an-
glais-japonais, composé par M. Tabbé Mermet de
Cachon, a été également publiée par les soins de
MM. Pages et Le Gras K
Je ne trouve, en fait d'études sur la littérature
Japonaise , qu'un seul écrit ; c'est le text€ et la traduc-
tion d'une espèce d'anthologie poétique fort répan-
due au Japon et qui compte de nombreux commen*
taires^. En fait d'études de philologie comparée sur
la langue japonaise, je ne connais qu'une brochure
de M. Léon de Rosny'. M. Léon de Rosny a égale-
ment continué à s'occuper de la Corée, jusqu'ici peu
^ Dictionnaire Jrançais'ttnglais -japonais , composé par M. Tabbé
Mermet de Gachoù , et publié par les soins de M. A. Le Gras pour
la partie anglaise , et de M. Léon Pages pour la partie japonaise,
i" livraison, Pai'is, 1866, in-8".
• Hyak nin is'shiu, or Stanzas hy a centary of poets, heing japanese
lyrical odes, translated by F. V. Dickins. In-8°, Londres, 1866.
^ Des (iffinités dujaponais avec certaines langues du continent asiatitiae.
In-8% 16 pages, Paris, 1867.
— 159 —
connue ^ Une belle collection chinoise coréenne,
en 297 Volumes, a été rapportée de Corée par la-
miral Rose, en 1867. Elle est déposée à la Biblio-
thèque impériale. La plupart de ces volumes sont
relatifs aux règlements funéraires et au cérémonial.
Le dialecte annamite a été Tobjet d'une élude
consciencieuse de M. Aubaret ^. L'annamite offre
différents phénomènes linguistiques remarquables;
c'est, à ce qu'il semble, un dialecte du chinois qui
s'est fait un syllabaire de neuf cents et quelques sons
avec le caractère chinois. G* est là un fait dont on
avait déjà des exemples dans l'Asie orientale, et qui
est très-important pour la grammaire comparée aussi
bien que pour l'histoire de l'écriture ; peut-^être doit-il
servir à expliquer la formation des syllabaires cunéi-
formes. On ne peut pas dire que i'annamite s'écrive
en chinois; mais à l'aide du caractère chinois, les
Annamites se sont composé un syllabaire de con-
vention, purement phonétique. Les caractères chi-
nois, ainsi modifiés , ont été gravés à l'Imprimerie
impériale pour l'ouvrage de M. Aubaret. Il parait,
du reste, que les Annamites, à côté de ce caractère
chinois , altéré et phonétique , emploient , comme
les Japonais, une seconde écriture, qui n'est autre
chose que le chinois pur. Il est très-important,
sur tous ces faits singuliers , d'avoir l'impression des
V Revue orientale, a' série, n^ 6, Nancy, 1868.
* Grammaire annamite, suivie d'un vocabulaire français-annamite
et annamite -français, par G. Aubaret. Paris, Imprimerie impériale,
1867.
_ 160 —
indigènes; cest ce qui fait Tintérêt dune petite
grammaire annamite, imprimée à Saigon, avec les
presses du gouvernement ^. Il y aura là, pour ceux
qui voudront écrire une grammaire savante de
l'annamite, du point de vue de la philologie com-
parée, une matière bien attachante.
Les îles Lieou-Kieou , leur histoire , leur langue ,
ont été Tobjet d'une étude approfondie de M. J.
Hoffmann ^, qui s'est surtout servi dans son travail
des sources chinoises et japonaises. Tout le monde
est d'accord pour reconnaître le service que M. Bas-
tian rend h la science par la publication de ses
voyages dans les contrées les plus reculées de l'ex-
trême Orient *. L'auteur se montre au courant des
nouvelles études de philologie et de mythologie
comparée, et si l'on peut lui faire un reproche, c'est
de dépasseï' souvent le cercle des comparaisons or-
ganiques et d'entrer dans le champ indéfini des rap-
prochements ♦ purement extérieurs. L'histoire de
rindo-Chîne, tracée par M. Bastian, est dans son
ensemble quelque chose de tout à fait neuf, une
^ Abrégé de grammaire annamite, par P. J. B. Truong-Vinh-Ky,
directeur du collège des interprètes (Saigon, Imprimerie impériale,
1867).
* Dans les Bijdragen tôt de Taal'- Land- en Volkenkande van Neder-
landsch Indîe. La Haye, Eerste'deel, 3* stuk, 1866.
' Die Vœlker des œstlichen Asiens, Stadien und Reisen von D' Adolf
Bastian. Vol. I. Geschichte der Indo-Chinesen ; xin-b'j6 ^ges,,heipziQ ,
1866: — vol. II. Reisen in Birma in den Jahren 1861-1862; xiii-52 1
pages ^ Leipzig, 1866; — vol. III. Reisen in Siam in Jakre 1863; %x-
54o pages, lena, 1867, avec une carte de l'Indo-Ghine, par M. Kie-
pert. L'ouvrage aura 5 volumes.
— 161 —
sorte de pendant à l'ouvrage de Lassen sur l'histoire
de l'Inde. Les volumes consacrés au Birman et à
Siam sont d'un grand inlérêt. M. Bastian décrit mi-
nutieusement tout ce qu'il voit; il peint les mœurs,
les croyances, les façons de parier. Le tableau de la
société bouddhiste , dans l'Indo-Chine, sortira de ce
précieux ouvrage avec une grande exactitude.
L'archéologie de l'Tndo-Chine a commencé d'atti-
rer l'attention; mais il serait prématuré d'exprimer
un jugement sur des données qui n'ont pas encore
été soumises à un assez mûr examen. 11 faudra, ce
semble , prendre garde aux hypothèses qui atlribue-
raient aux monuments de ces contrées des antiqui-
tés exagérées. Espérons que l'occupation française
en Cochinchine portera pour la science quelques-
uns des fruits excellents qu'a portés l'occupation de
TAlgérie.
Les études raaiaies et javanaises continuent d'être
cultivées avec zèle par les Hollandais. Les grands
recueils imprimés à Batavia et à La Haye sont de
précieux répertoires pour la philologie de ces con-
trées ^ Je trouve une nouvelle grammaire malaie
•
* Tijdschriftvoor indische Taal- Land- en Volhenhunde, publié par
la Soc. des arts et sciences de Batavia, sous la direction de W. Stor-
tenbeker (nous avons reçu jusqu'à Deel XVI, Vijde série, deelii, afl.
3, i866). — Notulen van de Alyemeene en Bestaurs^-Vergaderingen van
het Bataviaasch Genootschap van Kunslèh en fVetemchappen (jusqu'à
Deel IV, aflev. i), Batavia. — Bijdfagen tôt de taal- Land- en Volken-
kunde van nederlandsch Indïe , publié par l'Institut royal pour l'étude
de l'Inde néerlandaise. Derde Volgreeks. Eerstc Deel. i -2-3-4 Stuck.
La Haye, 1866 et 1867. — Catalogua der Bibliolheh van het ha(a-
J. As. Extrait n" 5. (1.868.) 11
— 162 —
par M. Pijnappel ^ Chez nous, M. Tugault^ en a
également publié une. M. Aristide Marre ^ a relevé
les mots malais qui se sont introduits dans les tan-
gues européennes et a traduit en français ime cu-
rieuse autobiographie malaie déjà donnée en an-
glais par Marsden.
Que de travaux, Messieurs, et quelle somme
énorme de dévouement, de désintéressement, de
sacrifices de toutes sortes suppose la longue série
de recherches qui vient de se dérouler devant vous!
Que d'efforts d^esprits excellents pour résoudre des
problèmes dont le seul objet est de savoir un peu
mieux le passé et le présent de f humanité. Poursui-
vies sans relâche , à travers les mille épreuves de la
vie, souvent malgré la maladie, parfois au risque
de la mort et au prix d'une pauvreté voulue et no-
blement supportée, ces recherches sont la meil-
leure preuve 'de ce qu il y a dans notre civilisation
de noble et de grand. Nous nous usons pour con-
naître un monde disparu depuis des siècles, ou qui
viaasch Genootschap vaii Kunsten en Wetenschappen , door X. A. van
der Ghijs. Batavia , i864*
^ Gz. J. Pijnappel , Maleische SpraakkutisLGr, in-8^ La Haye , 1 867.
^ Alfred Tugault , Greunmaire de la langue malaye ou malaise, in- 8",
98 pages. Paris, 1868.
^ A. Marre. Petit vocabulaire des mots malais que l'usage a introduits
dans les langues di Europe (Rome, 1866, br. in-8°, 1 4 pages). Je n'ai
pas vu cet écrit. — Le même, Mémoires de Nakhoda Mouda de Sa-
mangka, écrits par lui et ses enfants, traduits pour la première fois
en français sur la version anglaise de W. Marsden. Paris , 1 868 , in-8^
88 pages.
— 163 —
ne se soucie guère de nous connaître, et cela par
Tunique plaisir de savoir, par Fattrait qu'a pour
nous. la connaissance du vrai. Persévérons, Mes-
sieurs, dans ces difficiles travaux, dont la récom-
pense est la conscience d avoir bien fait et lestime
d'un petit nombre. Notre temps semble pencher
de plus en plus vers une appréciation superficielle
des choses, dont Tune des conséquences est de con-
fondre les ordres divers de la culture intellectuelle
et de méconnaître la part de mérite qui revient au
savant original. Les parties élevées de la société
suivent trop souvent en cela les erreurs de la foule ;
la science, qui n'a jamais eu les encouragements du
public, n a plus auprès des gouvernements Taulorité
et la valeur qu elle avait autrefois. Dans la première
moitié de ce siècle , il exista une société éclairée qui
avait le sens de nos études, en comprenait l'impor-
tance, voyait à quoi elles se rattachent. De nos
jours, des recherches qui n'ont en apparence qu'un
résultat spéculatif et dont la valeur d'application,
quoique très-réelle, ne s'aperçoit pas tout d'abord,
ne pouvaient manquer d'être écrasées par les pe-
santes masses qui composent notre mécanisme so-
cial. Une administration n'est pas une aristocratie;
elle sert et flatte souvent les idées d'un public fri-
vole; elle se croit dispensée de consulter les hommes
spéciaux dont elle ne craint pas des réclamations
bruyantes, et dont les conseils la conduiraient rare-
ment à ce qu'elle se propose, à la popularité.
Serrons-nous d'autant plus, Messieurs; la tâche
] 1
— 164 -r-
et l'importance des sociétés savantes sont en raison
inverse de ce que fait TEtat. Si TÉtat el le public
nous manquent, ou du moins n accordent pas à nos
travaux le rang qu'ils méritent, créez par lautorité
dont vous jouissez une revanche pour l'étude solide
et la recherche sérieuse. Gardienne de plus, d'une
moitié de l'histoire, possédant ou recherchant le se-
cret des origines les plus intéressantes à connaître,
notre Société , sans avoir aucun parti dans les ques-
tions philosophiques, politiques, religieuses, est au
cœur même de tous les grands problèmes philoso-
phiques, politiques, religieux. Tout le monde a
quelque chose à apprendre d'elle. En fraternité avec
l'Académie des inscriptions et belles-lettres, dont
uous ne nous séparons jamais, remplissons cette
noble tâche. Rien ne reste que les travaux solides;
telle recherche érudite qui a eu dix lecteurs en son
temps, si elle a introduit une pierre dans l'édifice
de la science , vivra bien plus que l'œuvre superfi-
cielle à laquelle, sur la foi d'une vogue momenta-
née, on a témérairement décerné l'immortalité.
- 165 —
RAPPORT SOMMAIRE
I I
SUR LES RECETTES ET LES DEPENSES DE LÀ SOCIETE
PENDANT L*ANNÉE 1867,
LU DANS LA SEANCE DU CONSEIL, DU 1 3 MARS 1868,
PAR M. PAUTHIER, COMMISSAIRE RAPPORTEUR.
RECETTES.
193 cotisations courantes de
1867 5»79o' 00'
2 cotisations anticipées 60 oc
2 cotisations à vie 600 00
74 cotisations arriérées 2,a3o 00
1 5 cotisations reçues par MM. Wil-
liams et Nbrgate 462 5o
1 don volontaire d*un membre,
M. Rosin 1 00 00
88 souscriptions particulières au
Journal ( y compris .un reli-
quat de 67 fr. 5oc. de 1866). 1,817 ^^
Souscriptions annuelles du Mi-
nistère de Tinstruction pu-
blique a, 000 00
Total du produit des cotisations
et à\x Journal de la Société. . . i3,o6o 00 i3,o6o' 00'
Vente des publications de la Société par le li-
braire i.îiag 00
Solde de Tavance faite en i858 par la Société
pour des essais de fonte de caractères chi-
nois en Chine i65 00
A reporter 1 4,354 00
— 166 —
Reporl 1 /i,35i^ oo'
Intérêls des fonds de la Société
en 3 p. o/o i ,3oo' oo
Intérêts de 69 obligations de
TEsl à 5 p. 0/0 1,675 32
Intérêls des ao nouvelles obliga-
tions d'Orléans ^91 60
Intérêts des a obligations d*un
an , à 5 p. 0/0 3 1 o 00
Intérêts des fonds placés en
compte courant ^< 9^
Total des intérêts des divers
fonds 3,628 87 3,6a8 87
Montant du crédit ouvert par rimprimerie
impériale, pour Timpression du Journal
de Tannée 1 866 3, 000 00
Total général des recettes faites en 1867 * • ^0,^82 87
Le restant en caisse au 1" janvier 1867. . . . 1 4^886 87
Total des recettes de 1867 et de rencaisse. 35,869 7^
Observations. Sur cette somme, 6,232 fr. 10 c. ont été
convertis, le 23 février 1867, ^^ ^^ obligations d*Orléans,
à 5 p. 0/0 , acbelées au taux de 3i 1 fr. 60 c. et 1 2,000 francs
ont été placés en obligations d'un an, à 5 p. 0/0 également.
Les intérêts de ces diverses sommes ainsi placées figurent
aux recettes énumérées ci-dessus.
DÉPENSES.
Droit de recouvrement des cotisa-
tions 1,020 bo''\
Frais d'envoi du Journal aux
membres de la Société 266 87 } 1,^89' 24*
Dépenses diverses du libraire de
la Société 201 87
A reporter 1 ,489 24
— 167 —
Report 1,489' '2^'
Loyer des salles des séances el de
la biblîolhèque de ia Société. 1,000' oo**)
r rais divers 70 00 )
Honoraires payés au sous-biblio-
tbécaire 600 00 ) qq^ r
rrais de reliure 202 7» )
Circulaires et frais divers i23 75
Droit de garde des titres de la Société 1 3 00
Frais d*impression du Journal de 1866 6,6oD 70
Frais d*un tirage à part porté en recette dans ^
le compte de Tannée dernière, par M. Nève. 89 64
Total des dépenses de l*année 1867 10,274 08
Balance :
1" Fonds de rencaisse du 1" jan-
vier 1867 capitalisés 6,282' 10*
2° Obligation à échéance au
4 mai 1 868 9,000 00
y Obligation à échéance au
1" juillet 1868 5,200 00
à"* Espèces en compte courant à
la Société générale 7,1 63 56
Total 25,595 66 25,595 66
Total égal aux recettes de 1867 ^^ ^ l'encaisse. 35,869 74
RÉSUMÉ GÉNÉRAL.
I) résulte du compte que je viens d*avoir
riionneur de présenter au Conseil :
1 • Que les recettes réelles de la Société , pen-
dant l'exercice de 1867, se sont élevées à. . 20,982' 87"
2* Que les dépenses diverses se^sont élevées à 10,274 08
Diilérence 10,708 79
— ins —
3" Que l'excédant des recettes sur les dépenses
a été de 10,708' 79*
4" Qu'avec rencaisse du i" janvier 1867, de.. i4,886 87
La Société possédait donc, au 1" janvier 1868,
un encaisse disponible de aô.ÔgS 66
RAPPORT DES CENSEURS
SDR LES COMPTES DE 1867 ET LE BUDGET DE 1868.
Il résulte des documents qui nous ont été communiqués
et que nous avons soigneusement examinés , que pour Texer-
cice 1867, les dépenses de notre Société se sont élevées
à 10,27/1' 08*"
et que les recettes ont été de 20,98a 87
Excédant des recettes 10,708 79
Comme le solde , soit en caisse , soit en compte courant ,
était, au i*'janvier 1867, de 1 4,886 fr. 87 c, il s'ensuit qu'au
i" janvier 1868, ce solde, joint à Texcédant des receltes sur
les dépenses, formait un total de 26,595 fr. 66 c. dont la
Société pouvait disposer pour les besoins de l'exercice cou-
rant.
MM. les Membres de la Commission des fonds ont dressé
le budget de 1868; et il ressort de leurs prévisions que
pour l'année 1 868 les dépenses présumées seront d'environ
1 7,200 francs , tandis que les recettes se monteront approxi-
mativement à 20,800 francs. Il restera donc, selon toute
probabilité, à la fin de cette année, un excédant de plus de
3,000 francs applicable à l'exercice suivant.
Ainsi, Messieurs, notre ^service actuel est parfaitement
assuré. Si nous regardons à l'ensemble de notre situation
financière, elle n'est pas moins satisfaisante. Nous vous la
— 169 —
rappelons en peu de mots , comme nous favons fait pour les
années précédentes.
Le capital fixe de la Société se montait au i" janvier 1868,
en rente 3 p. 0/0, obligations du chemin de fer de l'Est et
du chemin de fer d'Orléans, à la somme de.. qUyOlxb^ oo*'
Le capital disponible en obligations à courte
échéance et en compte courant, à la qiême
époque, se montait à la soucune de 19,363 65
De telle sorte que ie capital total de la So-
ciété fixe et disponible s'élevait en totalité à. . 93,408 65
Au 1" janvier 1867, ce capital u*était que de 80,367 fr. ;
Tannée 1867 Ta donc accru de i3,i4i francs.
En présence de cette situation excellente, et en tenant
compte des nécessités de l'avenir, il est sage, comme le pro-
posent Messieurs les Membres de la Commission des fonds »
d'augmenter notre capital fixe et de le porter à 90,000 fr.
Nous vous demandons , Messieurs , de sanctionner cette propo-
sition et d*autoriser la Commission des fonds à faire ce pla-
cement en obligations de chemin de fer garanties par l'Etat,
ainsi que celles que nous possédons déjà. Il resterait, de cette
façon, un disponible de plus de 3,ooo francs, qui accroî-
trait encore en 1868 Texcédant prévu des recettes; et nou»
aurions ainsi plus de 6,000 francs pour subvenir aux cir-
constances qui pourraient se présenter en dehors de toutes
les prévisions.
Nous devons encore. Messieurs, vous renouveler nos re-
commandations ordinaires en ce qui concerne la rentrée des
abonnements. Avec un peu d'attention et de zèle, les mem-
bres de la Société ppurraient très-aisément faciliter cette
partie du service; on éviterait par là des démarches à la fois
pénibles. et coûteuses; et pour notre part, nous serions heu-
reux d'être dispensés du devoir de revenir chaque année
sur ce sujet. l'ar là, notre administration serait soulagée de
quelques dépenses inutiles, et nos recettes s'en accroîtraient
d'autant.
— 170 —
Nous devons ajouler, Messieurs, une autre remarque qui
n'esl pas sans quelque analogie avec ceUeci, el qui regarde
plus spécialement ceux dVnlre nous qui veulent bien fournir
des travaux au Journal de la Société. En apportant plus de
soins préliminaires dans la rédaction du manuscrit, il y au-
rait nécessairement moins de frais de corrections, et les dé-
penses afTéroiites au Journal seraient diminuées en propor-
tion. C'est une recommandation bien naturelle que nous
adressons à Messieurs les auteurs ; la publication du Journal
en profiterait doublement, en ce qu*eile pourrait être plus
régulière el moins dispendieuse.
Il ne nous reste. Messieurs, qu*à vous proposer d*adresser
à Messieurs les membres de la Commission des fonds des
reinercîmenls très-mérités , pour la peine qu'ils veulent bien
prendre et pour les résultats excellents qu'a procurés leur
gestion active autant qu'intelligente.
te
Les Censeurs
Barthélémy Saint-Hii.aire; Guigniaut.
— 171
SOCIÉTÉ ASIATIQUE.
I.
LISTE DES MEMBRES SOUSCRIPTEURS,
PAR ORDRE ALPHABÉTIQUE.
Nota. Les noms marqués d'un * sont ceux des Membres à vie.
L'Académie des Inscriptions et Belles-Lettres.
MM. Abbadie (Antoine d'), correspondant de ITns-
titut, rue du Bac, n** io4, à Paris.
Abd- Allah (Mirza), premier secrétaire de la'
légation de Perse, avenue Joséphine , n° 65 ,
à Paris.
Amari (Michel), sénateur, professeur d'arabe
à Florence.
Andreozzi (Alphonse), via del Agnelo, n° 84,
à Florence,
Arconati (Le marquis Visconti ) , rue Durini,
•n" 13, à Milan.
Arnaud, pasteur protestant à Crest (Drôme).
Aubaret, capitaine de frégate , consul de France
à Sculari d'Albanie.
AuMER (Joseph), employé à la Bibliothèque
royale de Munich.
j
i
— 172 —
MM. Bibliothèque Âmbroisienne, à Milan.
Bibliothèque Nationale , à Florence.
Bibliothèque de l'Université, à Erlangen.
Bader (Mademoiselle Clarisse), rue de Baby-
lone, n® 62, à Paris.
Barb (H. A.), professeur de persan à TAcadé-
mie orientale de Vienne (Autriche).
Barbier de Meynard , professeur à TÉcole des
langues orientales vivantes , rue de Lille ,
n** 37, à Paris.
Barges (L'abbé), professeur d'hébreu à la fa-
culté de théologie de Paris, rue Saint-Tho-
mas-d'Enfer, n° 3 , à Paris.
Barré de Lancy, secrétaire archiviste de l'am-
bassade de France à Constantinople.
Barth (Auguste), rue des Moulins, n"" 12, à
Strasbourg.
Barthélémy Saint-Hilaire, membre de l'Ins-
titut, rue d'Astorg, n** 29 bis, à Paris.
Baudet (L'abbé) , à Montigny-sur-Crëcy (Aisne).
Beames (John), magistrat, à Motihari (Ben-
gale).
Beauvoir-Priaux(De), Cavendish Square, n** 8,
à Londres.
Behrnauer (Walther), secrétaire de la* Biblio-
thèque publique de Dresde.
Belin, secrétaire interprète de l'Empereur et
de l'ambassade de France à Constantinople.
Bellegombe (André de), homme de lettres,
avenue de Paris, à Choisy-le-Roi (Seine).
— )73 —
MM. Berezine, professeur de langues orientales à
l'Université de Saint-Pétersbourg.
Bertrand (Labbé), chanoine honoraire de la
cathédrale , impasse des Gendarmes , à Ver-
sailles.
Bhâu-Daji, à Bombay.
BoiLLY (Jutes), boulevard Saint-Michel , n** i i 3,
à Paris.
BoissoNNET DE LA ToDCHE , directeur de Tar-
lillerie , rue Jean-Bart, n** i 5 , à Alger.
BoNCOMPAGNi (Le prince Balthasar), à Rome;
chez M. Eugène Janin , rue Saint-Hippolyte,
n" 3 , à Pas3y.
BoNNETTY, directeur des Annales de philoso-
phie chrétienne, rue de Babylone, n^^Sg, à
Paris.
Botta (Paul-Emile), consul général de France à
Tripoli de Barbarie, correspondant de l'Ins-
tilut.
Boucher (Richard), rue Miromesnil , n° 12,
à Paris.
BoY (Victor), boulevard Dugommier, n**25,
à Marseille.
Bozzi, médecin de la marine impériale , àlar-
senal de Constantinople.
hhikL (Michel ), professeur au Collège de
France, rue de Grenelle-Saint-Germain,
n" Zig, à Paris.
* Briau (René), docteur en médecine, rue de la
Victoire, n* 4 1 , à Paris.
— 174 —
MM. Brosselard (Charles), préfet à Oran.
Brown (John), secrétaire interprète de la lé-
gation des Etats-Unis à Constantinople.
Brunet de Presle, membre de l'Institut, pro-
fesseur à l'École des langues orientales vi-
vantes , rue des Saints-Pères, n° 6 1 , à Paris.
Bruston (Charles), pasteur* protestant, rue
Rode, à Bordeaux.
Bgchârb (Paul), rue des Bons-Enfants, n*" i3,
à Versailles.
BiJHLER (George), professeur d'hindoustani ,
Elphinston Collège, à Bombay.
BinxAD, interprète de Tarmée d'Afrique, au
Fort-Napoléon (Algérie).
Bdreau (Léon), rue Gresset, n* i5, à Nantes.
BuRGGRAFF, profcsseur de littérature orientale,
à Liège.
BoRNOUF (Emile), directeur de l'Ecole fran-
çaise, à Athènes.
* BoRT (Th. Seymour), P. R. S. M. A. S. etc.
Pippbrook House Dorking Snrrey, Angle-
terre.
Cahen, élève de l'Ecole des langues orientales.
Caix de Saint-Aymocr, boulevard Haussmann,
n** 79, à Paris.
Calfa (Ambroise), ancien directeur du Col-
lège arménien de Paris.
Cama (Khursedji Rustomdji), à Bombay.
Carathéodory (Alexandre), à Constantinople.
— 175 --
MM. Catzephlis (Alexandre), consul de Prusse à
Tripoli de Syrie.
Caussin de Pehceval, membre de Tlnstitut,
professeur d*arabe à TEcole des langues
orientales vivantes et au Collège de France.,
rue Bonaparte, n** 6, à Paris.
Chaillet, payeur chef de comptabilité, à Sai-
gon (Cochinchine).
Challamel (Pierre), rue des Boulangers*Saint>
Victor, n° 3o, à Paris.
Gharengëy (De), rue Saint-Dominique, n° i i,
à Paris.
Gharmoy, ancien professeur de langues orien-
tales à rUniversité de Saint-Pétersbourg,
à Aouste (Drôme).
Cherbonneau, directeur du Collège arabe , à
Alger.
Chodzko (Alexandre), chargé du cours de lit-
térature slave au Collège de France, im-
passe Cloquet, n** 8, à Issy- sur-Seine.
Clément-Mollet, membre, de la Société géo-
logique de France, boulevard de Strasbourg,
n° 79, à Paris.
CoHN (Albert), docteur en philosophie, rue
Richer, n** /i 2 , à Paris.
CoMBAREL, professeur de langues orientales,
à Oran.
CoNON DE LA Gabelentz, consoiUer d'Etat, à
Allenbourg (Saxe).
— 176 —
MM. CopiSTANT (Boghos), rue Hautefeuille, n*" i , à
Paris.
Constant (Calouste), à Smyrne; chez M. Cons-
tant Bey, rue Hautefeuille , n° i , à Paris.
CooMARA SwAMY, mudellar, membre du con-
seil législatif de Ceylan , à Colombo.
CosENTiNO (Le marquis de),
Dalsèmï: (Maurice) , rue Chauchat , n"* 9 , à Paris.
Daninos, attaché au département des antiques ,
au Louvre. ' *
*Dastugues, lieutenant-colonel, directeur des
affaires arabes, à Oran (Algérie).
Dax, capitaine d'artillerie, Bureau politique
à Alger (Algérie).
Débat (Léon), secrétaire du consulat général de
Grèce, boulevard Magenta , n" i 78, à Paris.
Defrémery (Charles), professeur suppléant au
Collège de France, rue du Bac, n° 42, à
Paris.
Delamarrb (Th.), avenue Trudaine, n° 10, à
Paris.
Delondre, rue Boulard, n° 87, à Paris.
Derenbourg (Joseph), docteur en philosophie,
rue des Marais-Saint-Martin, n° 46, à Paris.
Derenbourg (Hartwig), rue des Marais-Saint-
Martin, n° 46, à Paris.
Desghamps, rue de l'Ouest, n° 5o, à Paris.
Des Michels (Le baron], rue de Bruxelles,
n° 4 4 , à Paris.
— 177 —
MM. Desportes (Le D*^), rue d'Algçr, n*" i 2 , à Paris.
Destailleurs (Gabriel), avocat à la cour im-
périale, rue Garancière, n° 7, à Paris.
Devéria, conservateur adjoint du musée égyp-
tien au Louvre.
Devic, élève de l'Ecole spéciale des langues
orientales vivantes , rue Daumesnil , n° 1 4 , à
Vincennes.
DiLLMANN, professeur, à Giessen (Hesse-Darm-
stadt).
Djemil Pacha (S. Ë.), ambassadeur de la Su-
blime Porte, à Paris.
Drouin, avocat, rue Bellefond, n*" Zi, à Paris.
Duchateau , élève de l'Ecole des langues orien-
tales vivantes, trésorier de la Société lin-
guistique de Paris, rue des Poissonniers,
n^'Sg, à Montmartre.
DucHiNSKi, rue d*Assas, n° 100, à Paris.
Ddgat (Gustave), employé au Ministère de
Tintérieur, rue de Varennes, n* 78 bis, à
Paris.
Dolaurier (Edouard), membre de l'Institut,
professeur à l'Ecole des langues orientales
vivantes, rue Nicolo, n° 27, à Passy.
Dunant (G. Henri), rue de Reuilly, n° i4, à
Paris.
Durr. •
*Eastwick, secrétaire du Ministère de Tlnde,
à Londres.
J. As. Extrait n' 5. {i8()8.) 12
— 178 —
MM. EicHTHAL (Gustave iV), secrétaire de la Société
ethnologique , rue Neuve - des- Malhurins ,
n° loo, à Paris.
Emin (Jean-Baptiste), secrétaire du Gymnase,
à Wladimir (Russie).
EscAYRAc DE Lautdre ( Lc cointeo), rue du
Luxembourg, n^ Ixi, à Paris.
EsTOR (Léon), à Bois-Colombe, n° 7, Seine.
Fano (Le comte Marcolini di), à Fano, Italie.
Favre (L'abbé), professeur à TEcole des lan-
gues orientales, avenue de Wagram , n° 5o,
à Paris.
Feer (Léon), chargé du cours de tibétain à
TEcole des langues orientales vivantes, rue
Monsieur-le-Prince , n** a5, à Paris.
FiNLAY (Le docteur Edouard), à la Havane.
Fleischer, professeur à TUniversité de Leipzig.
Florent (J. L. L.), rue Notre-Dame de-Lo-
retle , n° 1 6 , à Paris.
Flûgel, professeur, à Dresde.
P^oocAux (Edouard), professeur au Collège de
France, rue Cassette, n° 28, à Paris.
Fournel ( Henri ) , boulevard Malesherbes ,
n° 62 , à Paris.
FouRNiER, notaire, à Bordeaux.
Franceschi (Richard), chancelie» du consulat
d'Autriche à Scutari d'Albanie.
Frankel (Le docteur), directeur du séminaire,
h Breslau.
' ': — 179 —
- *
MM. Friedrich, secrétaire de la Société des sciences,
à Batavia.
Gânneau, chancelier du consulat de France à
Jémsalem.
GXrgin de Tassy, membre de Unstitut, pro>
fesseur à TEcole dqs langues orientales vi-
vantes, rue Saint-Andrë-des Arts, n" 43, à
Paris.
Garrez (Gustave), rue Jacob, n* 52, à Paris.
Gâyangos, professeur d'arabe , Barquello , n° /i,
à Madrid.
Gilbert (Théodore), vice-consul de France à
Casa Blanca et Mazagran (Maroc).
GiLDEMEiSTER , profcsseur, à Bonn.
GoLDENBLDM (Ph. V.), à Odessa.
GoLDSTDCRER , profcsscur au University -Collège,
Saint-Georges Square , n** 1 4, Primrose Hill ,
à Londres»
GoRRBSio (Gaspard), secrétaire perpétuel de
TAcadëmie de Turin.
GoscHE (Richard ) , professeur à FUniversité de
Halle (Prusse).
GrigoriIsff, conseiller d'État, professeur d'his-
toire orientale à FUniversité de Saint-Pé-
tersbourg.
GROTE*(Georges), vice-chancelier de l'Univer-
sité , à Londres.
Guerrier de Dumast ( Le baron ) , correspondant
de rinstitut, à Nancy.
12.
— 180 —
MM. fiuiGNiAUT, membre derinslitiit, au secrétariat
de rinstitiit.
GuYART (Stanislas), rue de Fleurus, n° 3i, à
Paris.
Haigh (Rév. B.), Brahmam Collège, Yorkshire,
Angleterre.
Hall (Fitz-Edward), bibliothécaire du Minis-
tère des Indes, à Londres.
Hassan Effendi , rue de l'Odéon , n° i 6, à Paris.
Hassleb, professeur, à Ulm.
Hauvette-Besnault, bibliothécaire de l'Ecole
normale, à Paris.
Hebmite, membre de l'Institut, rue de la Sor-
bonne, n° 2 , à Paris.
Hervey de Saint-Denys (Le marquis d ), rue
du Bac, n° 126, à Paris.
Hoffmann (J.), professeur de langues orien-
- taies, à Leyde.
HoLMBoË , conservateur de la bibliothèque de
Christiania.
Hu (Delaunay), à Pont-Levoy, près Blois.
Hureau de Villeneuve, faubourg Montmartre,
n"* 1 3 , à Paris.
HuREL , rue Bridaine , n° a , à Batignolles.
Jebb (John), recteur de Peterstow, Hertfort-
shire (Angleterre).
JossÉLiAN (Platon), conseiller d'Etat actuel, à
Tiflis.
— 181 —
MM. Judas, secrétaire du conseil de santé au Mi-
nistère de la guerre, rue des Trois-Sœiirs,
n° 9, à Paris -Plaisance.
Julien (Stanislas), membre de l'Institut, pro-
fesseur de chinois et administrateur du
Collège de France, rue des Fossés-Saint-
Jacques, n° 26 , à Paris.
Kâsem-Beg (Mirza A.), professeur à l'Univer-
sité de Saint-Pétersbourg, membre du con-
seil privé.
Kemal ËFENDi (Son Exe), ex-ministre de l'ins-
truction publique à Gonstantinople.
M"' Kerr (Alexandre).
Khanikof (Nicolas de), conseiller d'État actuel ,
rue de Condé , n° 1 1 , à Paris.
KossowiTCH, professeur de sanscrit et de zend
à l'Université de Saint-Pétersbourg.
Krehl, professeur de langues orientales à
l'Université de Leipzig.
Kremer (De), consul d'Autriche à Galatz.
KiJLRÉ, rue de la Pompe, n** 20, à Passy.
Laemmerhirt (D^), auditeur à la cour d'appel
de Weimar.
Laferté-Senectère (Le marquis de), à Tours.
Langereau (Edouard), licencié es lettres, rue
de l'Oseille, n" 3, à Paris.
Lànglois (Victor), rue SouHlot, n° 2/1, à
- Paris.
— 182 —
MM. Laurent De Saint Aignan (Labbé), vicaire de
Saint-Pierre-Puellier, à Orléans.
Lazareff (S. E. le comte Christophe de), con-
seiller d*Etat actuel, chambellan de S. M.
Temporeur de Russie.
Lebidart (Antoine de), secrétaire de légation à
l'ambassade autrichienne à Constantinople.
Lebrun, membre de T Académie française, sé-
nateur, rue de Beaune, n"* i , à Paris.
Leglerg (Charles), quai Voltaire, n° i5, à
Paris.
Leglerg, médecin-major au 4 3" de ligne, Fort
de Montrouge, à Paris.
Lefèvre (André), licencié es lettres, rue du
Jardinet, n** i 2 , à Paris.
Lenormant (François), sous -bibliothécaire de
rinstitut , rue du Dragon , n** i 5 , à Paris.
Leqdeux, drogman-chancelier au consulat gé-
néral de Tripoli de Barbarie.
Levander (H. C), de TUniversité d*Oxford.
Le VIE (Ferdinand) , rue du Cirque , n** a , à Paris.
Lévy-Bing, banquier, à Nancy.
LiÉTARD (D"), à Plombières.
LoEWE ( [jOuis) , docteur en philosophie . Buc-
kingham Place, n°* 1x6-1x8, k Brighton.
Longpérier (Adrien de), membre de Tlnstitut,
conservateur des antiquités au Louvre, rue
de Londres, n° 5o, à Paris.
Mac-Douall, professeur, à Belfast.
— 183 —
MM. Madden (J. p. a.), agrégé de l'Université, rue
Saint-Louis, n° 6, à Versailles.
Mahmoud Efendi, astronome du vice-roi d'E-
gypte, au Caire.
Martin (Labbé Paulin), chapelain de Sain t-
Louis-des-Francais , à Rome.
Massieu de Clerval (Henry) , rue des Martyrs ,
n° 62, à Paris.
Mehren (D'j , professeur de langues orientales ,
à Copenhague.
Meignan(M^), évêque de Châlons.
Mekertich-Dadian ( Le prince ) , avenue des
Champs-Elysées, n° i34, à Paris.
Melgounoff, à Leipsik.
Menant (Joachim), juge au Havre.
Mergian (Rév. Père Grégoire) , membre du Col-
lège Mourad, rue Monsieur, n° 1 2 , à Paris.
Merlin (R.), conservateur du dépôt des sous-
criptions au Ministère d'Etat, rue des Ecoles,
n" 68, à Paris.
MetzNoblat (Alexandre de), membre de
TAcadémie de Stanislas, h Nancy.
Mezbodrian (Narsès), rue Saint-Jacques, n**6 1 ,
à Paris.
MiLLiÈs (D'), professeur de langues orientales ,
à Utrecht.
MiNAYEFF (Jean), à Moscou (Russie).
Miniscalchi-Erizzo , à Vérone.
Mniszegh (Le comte Georges), rue Balzac,
n** 22 , faubourg Saint-Honoré.
— 184 —
MM. MoHL (Jules), membre de l'Institut, professeur
de persan au Collège de France, rue du
Bac, n° I 2 0, à Paris.
MoHN (Christian), vico Nettuno, n° 28, à
Chiaja (Naples).
Mondain, colonel, commandant la direction
du génie, à Toulouse.
MoNRAD, à Copenhague.
Mouchlinski , professeur, à Varsovie.
MuiR (John), membre du service civil de la
Compagnie des Indes, Regenfs Terrace,
n" 1 6 , à Edimbourg.
MiJLLER (Joseph), secrétaire de l'Académie de
Munich.
*Mdller (Maximilien), professeur, à Oxford.
Nériman (Khan), aide de camp du schah de
Perse, avenue des Champs-Elysées, n"" 1 8/i ,
à, Paris.
Neubauer (Adolphe).
NèvE , professeur à l'Université catholique, rue
des Orphelins, n° /io, à Louvain.
NoEïHEN (Ch. Maximilien) , pasteur, à Kleinen-
broich (Allemagne du Nord).
NoMÈs (Pierre), à Paris.
NoRADOUNGUiAN (Artin), à Constantinople.
NoRDMANN(Léon), ruedeClichy, n°/i6 , à Paris.
NoTARA (Emile), rue Bréa, 28, à Paris.
Oppert (Jules), professeur de sanscrit à l'Ecole
— 185 —
des langues orientales, rue de Grenelle-
Saint-Gernnain, n° 65, à Paris.
MM. Orbélian (S. E. le prince Djambakour), aide
de camp de TEmpereur de Russie, à Saint-
Pétersbourg.
Orlando (Diego), à Palerme.
Pages (Léon), rue du Bac, n" i lo, à Paris.
Palmbr, Saint-John s Collège, à Cambridge.
Paspati, docteur-médecin, à Constantinople.
Pauthier (G.), rue Saint- Guillaume, n° 29, à
Paris.
Pavet de Courteille (Abel), professeur au
Collège de France, rue du Bac, n** 35, à
Paris.
PsRi&Tiii, chancelier du consulat général de
France à Beyrout.
Perny (Paul), pro-vicaire apostolique de Chine,
aux Missions étrangères, me du Bac, n° 3o,
à Paris.
Pertsch (W.), bibliothécaire, à Gotha.
PETrr (L'abbé), à Blacourt, par Ons-en-Bray,
Oise.
PicHARD, vice-consul à Llanelly (Angleterre).
Pilard , interprèle militaire de première classe,
à Tlemcen.
Plasse (Louis), rue Montaigne, n^ay, à Paris.
* Plaît (William), à Londres.
Pleignier, professeur, à l'île de Man (Angle-
terre).
— 186 —
MM. Port AL, maître des requêtes, cité du Coq,
n" 3, à Paris.
Pratt (John).
Prud*homme (Evarisle), avenue de Breteuil,
n® 78, à Paris.
Pynappel, docteur et professeur de langues
orientales, à Leyde.
Rat, capitaine au long cours*, rue Traverse-
Cathédrale, n° 12, à Toulon.
Régnier (Adolphe), membre de Tlnstitut, rue
de Vaugirard , n"* 2 2 , à Paris.
Renan (Ernest), membre de l'Institut , rue
Vanneau, n® 29, à Paris.
Rey (Em. Guill.), membre de la Société des
antiquaires de France , rue Billaut , n"* 3 5 ,
à Paris.
RiCHEBÉ, professeur d*arabe, à Constantine.
Rivii (L'abbé), vicaire de Saint-Thomas -
d'Aquin, rue du Bac, n° 44 , à Paris.
RoBiNSON [J*. R.), à Newbury (Angleterre).
RocHET (Louisr), statuaire, boulevard Richard-
Lenoir, n° 1 1 9 , à Paris.
RoDET (Léon), ancien élève de TEcole poly-
technique, quai Bourbon, n° 27, à Paris.
RoNDOT (Natalis), ex-délégué du commerce en
Chine, rue Meslav, n? 2/1 , à Paris.
RoNEL, capitaine au 2Manciers, à Verdun.
RosiN, propriétaire à Nyon (canton de
Vaud).
— 187 —
MM. RosNY (L. Léon de), professeur de japonais à
rÉcole des langues orientales vivantes , rue
Lacép^de, n° i 5, à Paris.
RosT (Reinhold), secrétaire de la Société asia-
tique de Londres.
Rothschild (Le baron Gustave de), rue Laffitte ,
n** 1 9 , à Paris.
RouGÉ (Le vicomte Emmanuel de), membre de
rinstitut, conservateur honoraire des mo-
numents égyptiens du Louvre, rue de Ba-
byione, n"* 53 , à Paris.
RoYER , rue de Provence , n° i , à Versailles.
Rddy, rue Saint-Honoré, n^'âSa, à Paris.
Salles (Le comte Eusèbe de), rue Mague-
lonne, n** 5, à Montpellier.
Sangdinetti (Le docteur B. R.), avenue Bou-
don, n" i6, à Auteuil.
Sadlcy (F. de), membre de rinstitut, sénateur,
rue du Cirque , n" j 7 , à Paris.
ScHACK (Le baron Adolphe de), à Munich.
Schefer (Charles), interprète de TEmpereur
aux affaires étrangères, professeur de persan
à l'Ecole des langues orientales vivantes,
boulevard Ingres, n° 6, à Passy.
ScHLECHïA Wssehrd (OttokarMarfa de) , direc-
teur de l'Académie orientale, à Vienne.
Schleswig-Holstein-Adglstenburg (S. A. le
prince de), à Londres.
ScHMiDT (Waldemar), à Copenhague.
— 188 —
MM. Sédillot (L. Am.j, secrétaire du Collège de
France et de TÉcole des langues orientales
vivantes, au Collège de France.
Seligmann (Le Docteur Romeo), professeur, à
Vienne.
SiiNARD (Emile), rue de Grenelle-Saint-Ger-
main, n® 69.
SiNBT (A.), Saigon (Cochinchine).
Sratsghkoff (Constantin), consul de Russie,
à Tien-tsih (Chine).
Slane (Mac Gockin de), membre de Hnstitut,
rue de la Tour, n° 60 , à Passy.
Soleyman aL'Harairi , secrétaire arabe du con-
sulat général de France à Tunis, rueBer-
thplet, n® 12 , à Paris.
Soromenho (Augusto), membre de l'Académie
de Lisbonne, traverse de San Gertrudes,
n*' 68 , à Lisbonne.
Specht (Edouard), rue de Valois-du-Roule,
n** 5o, à Paris.
Steingass (F.), rue de Grenelle-Saint- Ger-
main, n"3i, à Paris.
STiEHELiN (J. J.) , docteur et professeur en théo-
logie, à Baie (Suisse).
SUTHERLAND (FI. C).
Taillefer, docteur en droit, ancien élève
de rÉcole spéciale des langues orien-
tales, boulevard Saint-Michel, n° 17, à
Paris.
— 189 —
MM. Teubien-PoiNcel , rue des Pénitents, n° i/i , au
Havre.
Tbi^roulde.
Thomas (Edward), du service civil de la Com-
pagnie des Indes, à Londres.
Thonnelier (Jules) , membre de la Société d'his-
toire de' France, rue Lafayelte, n** 66, à
Paris.
ToRNBERG, professeur de langues orientales à
rUniversité de Lund.
Trîjbner (Nicolas), membre de la Société eth-
nologique américaine, à Londres.
TuRRETiNi (François) , rue de Vaugirard , n"" m ,
à Paris.
Van der Maelen, directeur de l'établissement
géographique, à Bruxelles.
Veth (Pierre -Jean), professeur de langues
orientales, à Leyde.
ViLLEMAiN , secrétaire perpétuel de TAcadémie
française, à Tlnstitut.
Vogué (Le comte Melchior de), rue de l'Uni-
versité, n*" 93, à Paris.
Waddingïon (W.V.), membre de l'Institut,
rue Fortin , n° 1 4 , à Paris.
* Wade (Thomas) , à Pékin (Chine) ; chei M. Ri-
chard Wade , à Londres.
Weil, bibliothécaire de l'Université de Heidel-
berg.
— 190 —
MM. Westergaabd, professeur de littérature orien-
tale, à Copenhague.
WiLHELM, duc d*Urach et comte de Wurtem-
berg (S. A.), à Stuttgart.
WiLLEMs (Pierre), professeur, à Louvain.
Wdstenpeld, professeur, à Gœttingen.
Wylie, à Shanghaï.
Wyse (Lucien -Napoléon), enseigne devais-
seau.
Youçodf-Khan (Mirza), chargé d*aflaires de
Perse à Paris, avenue Joséphine, n*" 65 , à
Paris.
ZoTEMBERG (D^ Th.), employé au département
des manuscrits à la Bibliothèque impériale,
rue de Richelieu, n** 65, à Paris.
— 191 —
H.
LISTE DES MEMBRES ASSOCIÉS ÉTRANGERS,
SUIVANT L'ORDRE D£S NOMINATIONS.
MM. MACBRiDE(Le docteur), professeur, à Oxford.
Briggs (Le général).
HoDGSON (H. B.), ancien résident k ia cour de
Népal.
Manakji-Cursetji, membre de la Société asia-
tique de Londres, à Bombay.
Lassen (Ch.), professeur de sanscril, à Bonn.
Rawlinson (Sir H. C), à Londres.
VuLLERS, professeur de langues orientales, à
Giessen.
RowALEWSKi (Joseph-Etienne), professeur de
langues tartares, à Varsovie.
Flogel , professeur, à Dresde.
DozY (Reinhart), professeur, à Leyde.
Brosset, membre de FAcadémie des sciences,
à Saint-Pétersbourg.
Fleischer, professeur à TUniversilé de Leipzig.
DoRN, membre de l'Académie impériale de
Saint-Pétersbourg.
Weber (Docteur Albrecht), à Berlin.
Salisbcry (E.), secrétaire de la Société orien-
tale américaine, à Boston (Etats-Unis).
Weil (Gustave), professeur à l'Université de
Heidelberg.
— 192 —
III.
LISTE DES OUVRAGES
PUBLIÉS PAR LA SOCIETE ASIATIQUE.
«
Journal asiatique, seconde série, années 1828-1 835, 16 vol.
in-8*, complet ; 1 44 fr.
Chaque voluiue séparé (à Texception des vol. I et II, qui ne se
vendent pas séparément) coûte 1 a fr. 5o c.
Journal asiatique, troisième série, années i836-i84a«
i4 vol. in-8*; 126 fr.
Quatrième série, années 1 843 -1862, 20 vol. in^**;
1 80 fr.
Cinquième série, années i853-)862, 20 vol. in -8*;
25o fr.
Sixième série, années 1863-1867, 10 vol. in-S**; 126 fr.
Choix de fables arméniennes du docteur Vartan, en armé-
nien et en français, par J. Sainl-Martin et Zohrab. 1826.
In-8- ; 3 fr.
Éléments de la grammaire japonaise, par le P. Rodriguez,
traduits du portugais par M. C. Landresse; précédés d'une
explication des s^yllabaires japonais , et de deux planches
contenant les signes de ces syllabaires , par M. AbeJ
Rémusat. Paris, 1825, in-8*. = Supplément à la Gram-
maire japonaise , ou remarques additionnelles sur quelques
points du système grammatical des Japonais, tirées de la
grammaire composée en espagnol par le P. Oyanguren et
traduites par C. Landresse ; précédées d'une notice com-
parative des grammaires japonaises des PP. Rodriguez
et Oyanguren, par M. le baron Guillaume de Humboldt.
Paris, 1826. ln-8°; 7 fr. 5o c. '
Essai sur le Pâli , ou langue sacrée de la presqu'île au delà du
— 193 —
Gange, avec 6 planches lithographiées et la notice des ma-
nuscrits palis de la Bibliothèque du Roi, par MM. E. Bur-
nouf et Lassen. Paris, 1826. In-S**; 9 fr.
Meng-tseu vel Mengium , inter sinenses philosophes ingé-
nie, doctrina, nominisque claritate Confucio proximum,
edidit, latina interpréta tione ad interpretationem tartari-
cam utramque recensita instruxit, et perpeUio commenta-
rio e Sinicis depromptoillustravil Stanislas Julien. Lutetiœ
Parisiorum, 183 4» 1 vol. in-S**; 9 fr.
Yadjnadattabadha , ou LA Mort d'Yadjnadatta, épisode
extrait du Râmâyana, poème épique sanscrit, donné avec
le texte gravé, une analyse grammaticale très -détaillée,
une traduction française et des notes, par A. L. Chézy, et
suivi d'une traduction latine littérale par J. L. Burnouf.
Paris, 1826. In-4°, avec i5 planches; 9 fr.
Vocabulaire de la langue géorgienne, par M. Klaproth.
Paris, 1827. In-8"; 7 fr. 5o c.
Elégie sur la Prise d'Edesse par les Musulmans, par Ner-
ses Klaielsi, patriarche d'^Arménie, publiée pour la pre-
mière fois en arménien , revue par le docteur Zohrab.
Paris, 1828. Tn-8*; à fr. 5o c.
La Reconnaissance de Sacountala, drame sanscrit et pra-
crit de Câlidâsa, publié pour la première fois sur un. ma-
nuscrit unique de la Bibliothèque du Roi, accompagné
d'une traduction française, de notes philologiques, cri-
tiques et littéraires, et suivi d'un appendice, par A. L.
Chézy. Paris, i83o. ln-/i°, avec une. planche; 2a fr.
Chronique géorgienne, traduite par M. Brosset. Paris, Im-
primerie royale, i83o. Grand in-8°; 9 fr.
La traduclion seule, sans texte, 6 fr.
J. As. Kxtraitn" 5. (1868., i.i
— 19a — ,
Chbestomathie chinoise (publiée par Klapro(li). Paris,
i833. In-8^9 fr.
Eléments de la langue géorgienne, par M. Brossel. Pam,
Imprimerie royale, 1837. In-8**; 9 fr.
GÉOGRAPHIE d'Abou'lféda , tcxtc arabe, publié par MM. Rei-
naudetle baron de Slane. Paris , Imprimerie royale, i84o.
In.4^* 24 fr.
Hadjatarangjni, ou Histoire des rois du Kaghmîr, publiée
en sanscrit el traduite en français, par M. Troyer. Paris,
Imprimerie royale et nationale, 3 vol. in-8'*; 36 fr.
Le troisième volume «ett2, 6 fr.
Précis de législation musulmane, suivant le rite malékite ,
par Sidi Kbalil , publié sous les auspices du ministre de la
guerre. Paris, Imprimerie impériale, i855. In-8; 6 fr.
COLLECTION D'AUTEURS ORIENTAUX.
Les Voyages d'Ibn Batoutah, texte arabe el traduction par
MM. C.Defrémery et Sanguinetti. Paris, Imprimerie im-
périale; 4 vol. in-8" et 1 vol. d*Index; 3i fr. 5o c.
Table alphabétique des Voyages d'Ibn Batoutah. Paris,
1859, in -S**; 1 fr. 5o c.
Les Prairies d'or de Maçoudi , lexle arabe et traduction
[)ar M. Barbier de Meynard (les trois premiers volumes
en collaboration avec M. Pavel deCourteille). Premier vo-
lume. P«n5, 1861, in-8; 7 fr» 5o c.
— Deuxième volume. i863, 7 fr. 5o c.
— 195 —
— Troisième volume. 186/I, 7 fr. 5o c.
— Quatrième volume. i865, 7 fr. 5o c.
Chaque volume de la collection se vend séparément 7 fr. 5o c.
Nota. Les membres de la Société qui s'adresseront directement
au libraire de la Société , M. Adolphe Labitte, quaiMalaquais, n" 5 ,
ont droit à une remise de 33 p. 0/0 sur les prix de tous les ouvrages
ci-dessus.
LISTE DES OUVRAGES DE LA SOCIETE DE^ CALCUTTA.
Journal of the Asiatig Society of Bengal. Les années
complètes, de 1837 ^ i36o, 4o francs l'année. Le nu-
méro 4 fr. 5o c.
Mahabhabata , an epic pocm , by Veda Vyasa Rishi. Calcutta ,
1837-1839, 4 vol. in-A** 180 fr.
Ra'ja Tarangini', a History of Cashmir. Calcutta, i835,
in-Zi" 3ofr.
Inayah. a commenlary on the Idayah, a work on mahumud-
dan law, edited by Moonshee Ramdhun Sen. Calcutta,
1 83 1 . Tomes III et IV 76 fr.
The Moojiz ool Kanoon , a médical work , by Alee Bin Abee
el Huzm. Calcutta, 1828, in-i", cart i5 fr.
The LiLAVATi, a treatise on arithmelic, translated into Per-
sian, from ibc sanscrit work of Bhascara Acharya, by
Feizi. Calcutta, 1827, in-8', cart 6 fr. 5o c.
Sélections, descriptive, scientific and historical translated
I
— 196 —
from Ënglish and Bengalee into Persian. CalcuUa , 1827,
in-8^ cart 8 fr. 5o c. "i
Tytler. a short anatomîcal description of ihe hearth, trans-
lated into Arabie. Calcutta , 1 8a8 , in-8'', cart. 2 fr. 5o c.
The Raghd Vansa, or Race of Baghu, a historical poem, by
Kalidasa. Calcutta, i83a , in-8" 17 fr. 5o c.
The Susrdta. Calcutta , i835, 2 vol. in-8° br. 11 fr. 5o c.
The Naishada Charita, or Adventuresof Nala, raja of Nai-
shada, a sanscrit poem, by Sri Harsha of Cashmir. Cal-
cutta, i836,in-8'* , 25 fr.
(Le tome I", le seul publié.)
AsîATiG Resbarches, or Transactions of tbe Society insti-
tuted in Bengal , for inquiring into the history, the anti-
quities, the arts, sciences and literature of Asia. Calcutta,
1882 et années suivantes.
Vol. XVI. XVII, XVm, le vol 22 fr.
Vol. XIX, part i; vol. XX, parts i, 11. Chaque par-
lie 1 2 fr.
I
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